PCA o U ME )JNNAIRE PAR UNE SOCIÈTE DE GENS DE LETTRES. MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR M' #*# Tantüim Jeries junéluraque poiler, ï Tanium de medio Jümpris accedir honorrs J HORAT, A NEUFCHASTEL, Cnez SAMUEL FAULCHE & Compagnie, Libraires & Imprimeurs. M DCC. LX Y. te ; LR 44 AA pren PE PRE, D preneur Mr LT rte ui RAF \ # or n Le a. i pairs ue 15 RÉ LRRERAENRNTSREUS RSR EN, f m.(Mefure de longueur.) | mefure de diftance dont on fe fert dans le royaurne de Siam. Quatre /ez fontlejod, & vingt- cinq jods la roe-neug , c’eft-à- dire lalieue fiamoife , quicon- tient un peu moins que deux mille de nos toiles. (D. J.) | SENA » ( Geog. arc. ) 1°. ile de la mer Britannique près de la côte des Ofifmiens. Pomponius Méla, y. IL, ch. vj, dit que les Gaulois avoient dans cette ile un oracle célebre, On n’y voit aujourd'hui rien de remarquable. Elle eft à l’oppoñite de la ville de Bref. ad 2°, Fleuve d'Italie. dans l'Umbrie , entre le Merau- rus &t le Mifus. Silhus Italicus, 46. VIII. v. 455, après avoir nommé quelques fleuves, dit : Er Clanis, & Rubico, & Senonum de nomine Sena. C’eftaioh qu'il faut lire ; car 1l eft queftion dans cet endroit de is non de villes ; encore moins cela regarde-t-1] la ville de Sezzz en Tofcane. Lucain, 4. TI, y. 406. écrit Senna : Etryjunêtus Sapis Îfauro Sennague , 6 Hadriacas qui verberat aufidus undas: Cluyvier dit que c’eftaujourd’hui le Céfano, qui coule quatre milles au-deflus de Sinigaghia ; car le fleuve qui arrofe Seza , Gallica ou Senogallia eft ap- pellé Mifus dans la table de Peutinger , & à-préfent Mifa par quelques-uns , quoiqu’on le nomme aflez communément Nigole. 3°. Sena-Gallica , ville d'Italie dans lUmbrie. Pto- lomée , iv. -IIT, c; j. la donne aux peuples Sezones, de qui elle tiroit fon nom. | 4°. Sena-Julia , ville d'Italie dans lEtrurie , à l’o- rient d’êté de Volarerræ ; c’eft aujourd’hui la ville de Sienne. (D. J.) SENABRIA , LAC ,( Géog. mod.) où lac Sara- bria ; lac d’Efpagne au roÿaume de Léon , au midi d’Aftorga. Sa longueur eft d’une lieue , & fa largeur de demi-lieue, Il eft formé par la riviere de Tera, & | appartient à des moines. ( D.J.) SÉNACULE , {. m..( Antiq. rom.) fenaculüm ; lieu où fe tenoit le fénat de Rome. Il ÿ avoit trois fénacules , ou trois endroits où ce corps illuftre s’af- fembloit; lun entre le capitole & le forum, un autre à la porte Capène , & letroifieme près du temple de Bellone dans le cirque Flaminien. L’empereur Hé- liogabale fit bâtir un lieu pour l'aflemblée des dames, &t ce lieu fut appellé /exzaculum matronarum. {D.J.) SENAGE ,1. m. (zmp0t de France, ) droit qui fe paye en quelques lieux de Bretagne , particuliere- ment à Nantes fur le poiflon de mer frais venant de la mer, entrant & pañant le trepas de S. Nazaire , à commencer dèpuis le premier jour de cafême jufqu’à la vigile de Pâques. (D. J.) | | SENAT ROMAIN , ( Gouvern, de Rome. ) tem- ple de fainteté de majefté, de fagefle , la tête de la république, l’autel des nations alliées de Rome , lef- poir & le réfuge de tous les autres peuples ; c’eft Cicérontquidonne cette belle définition du /ézar dans fon oraifon pour Milon, Voici fes propres paroles : cernplum fancitatis | ampliudinis , mentis | confiliique . publici Romañi, capur orbis, ara fociorum , portufque OFTLTLLLLTTN SeT2ELITIz. Telétoit en effet ce corps refpettable dans fon inf htution, & fous les beaux jours de la république. Nous allons indiquer quelle fut fon origine, fa conf- Tome XF, | titution , fajurifdiétion , fa puiffancé , les eux où 1l s’aflembloit, le tems &c la durée de fes afflemblées. Les citoyens qui compofoient le Jérar fe nom- moient Jénareurs ; nous détaillerons , {ous ce mot, leur nombre , leurs devoirs, leur état, leur rans, leurs honneurs & leur dignité, | Les délibérations , ou les décrets qu'ils fendoient, s’appelloient fézatus-confultes, Voyez SÉNATUS-CON- SULTE. er Le érat comprenoit la nobleffe & le facerdoce; il comprenoit la nobleffe, & Tacite l'appelle femrerium ommumdignitatum, quoique la plüpart des-quefteurs & des tribuns qui ‘y étoient adnus , à ranon de la magiftrature qu'ils avoient exercée, étoient fouvent tirés des familles plébéiennes. Le /Ëzar comprenoiït auff le facerdoce;c’eft-à-dire que quoique les minif- tres de la religion ne fuflent pas membres dece corps, à l’exception du flamine Dial, ils pouvoient être fé- nateurs & devenir pontifes, augures & flamines, Ils ajoutoient dans ce ças à leurs titres le caraétere de fénateurs. , Tr L'opinion commune eft que fous les rois de Ro- me , l’éleétion &c le choix de tous les fénateurs , dé- pendoit uniquement, de la volonté du prince , fans que Le peuple eût droit d’y prendre part direétement ou indireétement ; que les confuls qui fuccéderentau pouvoir des rois, eurent la même prérogative jufqu’à la création des cenfeurs qui depuis jouirent du droit particulier de nommer les membres du /ézas, ou de les priver de ce rang. M. Middleton penfe au contrai- re que les rois , les confuls, les cenfeurs agifloient dans cette affaire en qualité de miniftres , &. fubor= donnément à la volonté fuprème du peuple, er qui le pouvoir abfolu de. créer les fénateurs a toujours réfidé. Nous croyons auff cette oPinion la plus vrai emblable , parce qu’elle eft fondée fur l'autorité de Denis d'Halicarnafle, quis’eft donné la peine d’écri- re pour linftruétion des étrangers, & d’expliqueren antiquaire exact, ainfi qu’en hiftorien fidele , Le gou- vernement civil de Rome & l’origine de fes lois. Ce célebre auteur nous aflure Que quand Romulus eut formé le projet de compofer un férar qui devoit être de cent fénateurs , il fe referva feulement l’élec- tion du premier ou du préfident de l’aflemblée, & qu’il laifla Péleétion des autres au peuple, puifqu’elle fe fit par les fuffrages , & de l’avis des tribus & des curies. | Le même Dénis nous apprend que depuis l'alliance faite entre Romulus & Tatius roi des Sabins, le nom- bre des fénateurs fut doublé par l'addition de cent nouveaux membres que l’on prit des familles des Sa- bins , 8 que le peuple les choifit dans l’ancienne &- même forme. , Lorfque fous le regne de Tullus Hoftilius la ville d’Albe fut démolie, quelques-unes des familles de cette cité furent également infcrites dans Le fézar ; . Tite-Live en compte fix ; mais ce qu'il y a de plus probable , & que lon doit fuppofer, c’eft qu’il n'en- tra dans le fra que le nombre d’albains néceffaire pour remplir les places vacantes, afin que ce corps füt complet, & qu'il fe trouvât fixéà 200 perfonnes, ce qui ne fut point fait fans le confentément du /éras &t du peuple. La derniere augmentation du /énar , fous le regne des rois , fut faite par Tarquin l’ancien. Il ajouta cent nouveaux membres à ce cotps, &c il les tira des fa- rmilles plébéiennes. Il porta le nombre des fénateurs jufqu'à 300, au rapport de Tite-Live : ce prince en agit ainf dans les vues d’un intérêt particulier , &£ 3, à SEN pour s’aflurer une fa@ion puiffante dans [a perfénne des nouveaux fénateurs fes créatures. Depuis l’expulfon des rois jufqu’à l’établiffement de la cenfure , c’eft-à-dire pendant un intervalle de plus de 6o ans, nous ignorons de quelle maniere on remplifloit les places vacantes des fénateurs ; mais s'il eft vrai que le /érar commença dès-lors à être renou- vellé par les magiftrats annuels, qui vers ce même tems furent choifis par le peuple , c’eft qu'il y avoit deux quefteurs pris dans les familles patriciennes, cinq tribuns du peuple , & deux édiles plébéiens, qui en vertu de leurs charges , eurent l’entrèe du feras , & compléterent les places qui vaquoient ordinaire- ment dans ce corps. | Dans le cas des vuides extraordinaires occañon- nés par les malheurs de la guerre du dehors, les dif fentions domeftiques ou autres accidens , Le /érat avoit befoin d'une augmentation plus confidérable que celle qu'il pouvoit tirer des magiftratures publi- ques. Or pour remplir les places vacantes dans de tels cas, il eft vraiflemblable que les confuls choïfif- foient dans l’ordre équeftre un certain nombre de citoyens d’une probité reconnue qu'ils propofoient au peuple dans les aflemblées générales, pour en faire l'éle&tion , oufbour l’approuver ; & le peuple de fon côté, pour autorifer la lifte qu’on lui préfentoit, don- noit à ceux qui y étoient nommés , le rang & le titre de fénateurs à vie. Lorfqué la cenfure fut établie , l'an de Rome 311, pour foulager les confuls du poids de leur adminif- tration, & pour examiner les mœurs de tous les ci- toyens , plufñeurs fénateurs furent chaflés du /ézac par les cenfeurs , prefque toujours pour des raïfons juftes ; quelquefois cependant par un efprit d'envie, ou par un motif de vengeance : maïs dans des cir- . conftances de cette efpéce, on avoit toujours la li- berté d’appeller de cé jugement à celui du peuple; de forte que le pouvoir des cenfeurs, à proprement par- ler , nétoit pas celui de faire des fénateurs , ou de les priver de leur rang, mais feulement d'infcrire ceux que le peuple avoit choïfis de veiller fur leur conduite, & de cenfurer leurs défauts , objets fur lefquels ils avoient reçu du peuple une jurifdi&ion exprefle, Cet ufage de cenfurer les mœurs paroît fondé fur une ancienne maxime de la politique ro- maine , qui exigeoit que le /ézar ft exempt de toute tache , & que les membres de ce corps donnaffentun exemple de bonnes mœurs à tous les autres ordres de l’état. Après avoir parlé de la création du /ézar & de la maniere d'en remplir les places vacantes, 1l faut faire connoitre Le pouvoir & la jurifdiétion de cet illuftre corps. Les anciens auteurs qui ont traité des ations publiques , s’accordent tous à dire que le /ézar don- noit {on attache ou decrétoit, & que le peuple or- donnoit ou commandoit tel ou tel aéte. Ainfi puifque rien de ce qui regardoit le gouvernement ne pou- voit être porté devant Le peuple avant qu'il n’eût été examiné par le feras : dans plufieurs autres occafons où la célérité & le fecret étoient requis , &c lorfque les décifions de ce corps étoient fi juftes & fi pruden- tes, que le confentement du peuple pouvoit fe pré- fumer ; dans ces occafons , dis-je, le /ézar ne pre- noït pas le foin de convoquer le peuple , de peur de le déranger de fes affaires particulieres en le raflem- blant inutilement ; & ce qui dans les premiers tems n'avoiteu lieu que pour des affaires de peu de confé- quence , fut obfervé dans les fuites lors des affaires les plus férieufes & les plus importantes. Le /ézar ac. quit donc ainfi une jurifdiétion particuliere , & la connoiïffance de quelques matieres à l’exclufon du peuple , dont le pouvoir abfolu s’étendoit fur-tout, fuivant les lois & la conftitution du gouvernement ; par exemple: SEN 1°, Le férat prit pour lui l’iñfpeétion &c la furinten: dance de la religion, de forte qu’on ne pouvoit ad- mettre quelque nouvelle divinité, ni leur ériger d’au- tel, ni confulter les livres fbyllins fans ordre ex- près du /érat. | É 2°, L'une des prérogatives de ce cofps fut defixer le nombre & la condition des provinces étrangeres , qui tous les ans étoïent affignées aux magiftrats ; c’é- toit à lui de déclarer quelles de ces provinces étoient les confulaires, & quelles étoient les prétoriénnes. 9, Le /érat avoit entre fes mains la diffribution du tréfor public. Il ordonnoït toutes les dépenfes dit gouvernement; il aflignoit les appointemens des gé- néraux , déterminoit le nombre de leurs lieutenans , de leurs troupes, des fournitures , des munitions & des vêtemens de l’armée. Il pouvoit , à fa volonté, confirmer ou cafler les ordonnances des généraux, &c prendre au tréfor l'argent néceflaire pour les triom- phes qu’il avoit accordés ; en un mot, le fézar avoit l'autorité dans toutes les affaires militaires, 4°. Il nommoit les ambaffadeurs qué Rômé en- voyoit, & fournifoit les fecours néceflaires aux peuples indigens. Il ordonnoit la maniere dont on devoit recevoir & renvoyer les miniitres étrangers , & rédigeoit ce qu’on devoit leur dire ou leur répon- dre , de forte que pendant l’abfence des confuls la ré- publique parut toujours gouvernée par Le /ézar. Il pouvoit , au bout de l'an, prolonger le commande- ment aux confuls , & le donner à d’autres. Tiberius Gracchus voulant diminuer lautorité du fear, fit paffer la loi que dans la fuite le /ëzar ne pourroit pas permettre que perfonne gouvernât plus d'un an une province confulaire. Mais il femble que les Grac- ches augmenterent par ce moyen plutôt quilsne di- minuerent l’aûtorité du /ézat , puifque par la loi £m- pronia, dont parle Cicéron, Caius Gracchus ftatua que, le gouvernement des provinces feroit toujours donné annuellement par le /érar. $°. Il avoit le droit d’ordonner des prieres publi: ques, des aétions de graces aux dieux pour les viétoï- res obtenues , ainfi que le droit de conférer l’hon- neur de l’ovation où du triomphe , avec le titre d’ez- pereur aux généraux viétorieux. 6°. Une de fes affaires & de fes foins étoit d’exa- miner les délits publics, de rechercher les félonies ou les trahifons , tant à Rome que dans les autres par- ties de l'Italie , de juger les conteftations entre es alliés & les villes dépendantes. Cependant quand il s’agifloit de juger des crimes capitaux, le /ézat ne fe croyoit pas le feul juge. En effet , lors du facrile- ge de Clodius, quand les myfteres de la bonne déefle furent profanés , les confuls demanderent la jonétion du peuple pour décider de cette affaire; & il fut dé- terminé par un fenatus-confulte que Clodius ne pou- voit être jugé que par les tribus aflemblées. 7°. Il exerçoit non-feulement le pouvoir d'inter- préter les lois , mais encore de les abroger , & de difpenfer les citoyens de les fuivre. 8°, Dans le cas des diflentions civiles, des tumul- tes dangereux de l’intérieur de Rome , &c dañs tou- tes les affaires trèsimportantes , le /ézas pouvoit ac- corder aux confuls un pouvoir illimité pour le gou- vernement de la république , par cette formule que Céfar appelle la derniere reflource de l'état , que les confus euffens foin qu'il r’arrivat aucun dommage à la république. Ces paroles donnoïent une telle autorité aux confuls, qu'ils étoienten droit de lever des trou- pes comme bon leur fembleroit, faire la ouerre, & forcer les fénateurs & le peuple ; ce qu'ils ne pou- voient pas exécuter, au rapport de Salufte, fans la formule exprefle dont nous venons de parler. 9°. Le féxat étoit le maître de proroger,ou de ren- voyer les affemblées du peuple , d'accorder le titre de roi à quelque prince , ou à ceux.qu'il lui plartoit S EN de favorifer. C’étoit à ce corps de déférer les a&tions : de graces ou les éloges à ceux qui les avotent mé- rites ; le pardon & la récompente aux ennemis, ou à ceux qui ayoient découvert quelque trahifon ; il avoit le droit de déclarer quelqu'un ennemi de la patrie , & de prefcrire un changement général d’ha- bits dans le cas de quelque danger, ou de quelque malheur preffant, ’ 10°. Tels étoient les principaux chefs dans lefquels le Jérat avoit conflamment exercé une jurifdiétion particuliere à l’exception du peuple. Ce n’étoit pas en conféquence de quelque loi exprefle; mais en fe conformant aux coutumes & aux anciens ufages qui avotent eu lieu dès les premiers tems ; & comme on éprouvoit , par une longue expérience, que c’étoit la maniere la plus utile de régler les affaires publi- ques , & la plus convenable pour maintenir la tran- quillité &c le bonheur des citoyens , cette jurifdi@ion fut, du confentement tacite du peuple, laiflée entre les mains du /êzer , bien plus comme une chofe de convenance que de droit. Ainfi, dans l’objet du bien public , cet ufage fut plutôt approuvé & toléré qu'il ne futaccordé. Mais toutes les fois qu’un tribun entreprenant, ou ue quelque magiftrat fa@ieux mécontent d’obtenir 2e Vufage les dignités de la république , que le Jénit étoit difpofé à lui accorder , fe déterminoit à recourir à l’autorité du peuple, pour obtenir quelque diftinétion particuliere ; dansce cas , le peuple excité par Les intrigues & Partifice de ces hommes fa@tieux qui fe déclaroient leurs chefs , cherchoit à reprendre les différentes parties de cette jurifdiéion dont j'ai parlé, & qui avoit toujours été adminiftrée par le Jénar. Depuis que cette méthode avoit été employée avec fuccès dans quelques cas, elle devintinfenfble- ment le recours de tous ceux qui, pour fatisfaire leur ambition, affeétoientun carattere de popularité. Elle fut portée fi loin à la fin , que le /ërar fut dépouillé de tout fon pouvoir & de toute l'influence qu’il avoit dans les affaires publiques. Paflons à la convocation & aux lieux d’aflemblées du /érat. Le fénat étoit toujours convoqué par le diétateur lorfawon le créoït dans quelque conjon@ure criti- que ; mais dans tous les autres cas , le droit de con- voquer le /éxar appartenoït aux confuls, fuprèmes magiftrats de la république. Dans leur abfence , ce droit étoit dévolw, felon les lois, aux magiftrats fu- bordonnés , tels que les préteurs êx les tribuns. Il ef vrai que ces dermers fe croyoient fondés à convo- quer le /érar dans quelque tems que ce fût, & lorf que les intérêts du peuple le requéroient ; mais mal- gré cette prétention , par refpeët pour l’autorité con- fulaire , on ne convoqua jamais de cette maniere le fénat , quelorfque Les confuls étoient abfens ; Amoins que ce ne füt dans des affaires d'importance & dans des cas imprévus , où il falloit prendre une prompte détermination. Enfin , lorfque ies décemvirs , les entre-rois ou les triumvirs furent établis pour gou- verner la république, ce n’étoit qu’à eux qu'il ap- partenoit de convoquer le /érar , comme Aulugelie le rapporte après Varron. | Dans les premiers tems de Rome, lorfque l’en- ceinte de la ville étoir peu confidérable, les fénateurs étoient appellés perfonnellement par un appariteur, Où par un courier, quelquefois par un crieur pu- ble, quand les affaires exigeoient une expédition immédiate, Mais dans les tems poftérieurs, on les convoquoit d'ordinaire par le moyen d’un édit qui affignoit Le tems & le lieu de l’affemblée, & que l’on pubhoit quelques jours auparavant , afin que la con- noiïffance & la notoriété en fufent publiques. Ces édits n’avoient communément lieu que pour ceux qui réfidoïent à Rome, ou qui en étoient peu éloi- Tome XP, | SE N 3 gnes, Cependant quand ils’agifflon detraiter.quelque alaire extraordinaure , il paroïît qu'ils, étoient auf publiés dans les autres villes d'Italie Si quelque fé nateur refufoit ou négligeoit d'ohér à l'appel, le conful l'obligeoit de donner des füretés pour lepayez ment dune certaine fomme ,.au cas que les raifons de {on abfence ne fuffent point reçues. Mais dès que les fénateurs étoient parvenus à l’âge de foixanteans, ils n’étoient plus aflujettis À cette peine 187 ils n’éa toient plus obligés de fe rendre dans les aflemblées., que lorfu’ils le vouloient bien, Love Dans les anciens tems , au rapport de Valérius s les fénateurs étoient fi occupés du bien publie, que fans attendre un édit , ils étoient dans l'habitude de fe raffembler d'eux-mêmes fous un certain portique près le palais du fénat, d’où ils pouvoient s’y rendre promptement , dès que le conful étoit arrivé. Ils croyoient à peine digne d'élope leur attention à s’ac- quitter des devoirs de leur état & de leurs obligas tions envers la patrie, fi ce n’étoit volontairement & de leur propre gré, & s'ils attendoient le com mandement d'autrui, où l'intimation qui leur en {6- roit faite, Mais où s’aflembloient ils? Les anciens Romains , pleins. de relision &z de vertu, avoient coutume d'aflembler le /éras dans un lieu facré dédié aux auipices, afin que la pré- fence de la divinité fervit à faire rentrer en eux-mê- mes ceux qui fongeroient à s’écarter des regles de la ptobité. Romulus le convoquoit hors de la ville dans le temple de Vulcain , & Hoïtilius dans la curie Hof tie. Nous lions , dans les anciens auteurs, qu'après l'expulfon des rois, le /£zaz s’affembloit tantôt dans les temples de Jupiter, d’Apollon, dé Mars, de Bel- lone , de Caftor, de la Concorde, de la Vertu, dela Fidélité , & tantôt dans les curies Hoftilienne & Pompéienne , dans lefquelles les augures avoient fait bâur des temples pour cet effer. Tous ces tempies formoient les heux d’affemblée du /énar. Voyez Tam- PLES des affemblées du Jénar. Il y avoit des tems marqués pour aflembler le fé rat , favoir les calendes , les nones & les ides, ex= cepté les jours des comices , pendant lefquels on traitoit avec le peuple, Dans ces jours-là , la Loi Pa= pia défendoit d’aflembler le /ézcs, afin que les {éna- teurs ne fuflent point diftraits dans leurs fufrages ; mais fuivant la loi Gabinia , les fénateurs devoient s’affembler pendant tout le mois de Février pour ré- pondre aux gouverneurs de provinces & recevoirles ambaffadeurs. Lorfque le /ézar s’aflembloit dans les jours fixes marqués ci-deflus , on l’appelloit le vrai Jénat ; lorfqu'il s’aflembloit hors de ce tems-là , & extraordinairement pour traiter de quelque affaire de confèquence & inopinée , on le nommoit fénes convoqué; & 1l l’étoit alors par le premier magif- trat, De-là cette diftinion de jézar ordinaire & de Jénat convoqué , que nous lifons dans Capitolain, cité par Gordianus. . Le fénat, felon lufage, s’aflembloit toujours le prenuer de Janvier,pour l'inauguration des nouveaux confuls, qui prenoient alors pofieflion de leurs char ges. [l s’aflembloit auf quelques autres jours du même mois, felon les anciens auteurs , & il n’y avoit d’exceptés , qu'un ou deux jours de ce mois jufqu’au quinzieme. La derniere partie de Janvier étoit probablement deftinée pour les affemblées du peuple ; le mois de Février étoit refervé tout entier par ancien ufage au fézar, pour donner audience aux ambatladeurs étrangers; mais dans tous ces mois généralement, il y avoit trois jours qui paroiffent avoir été deftinés d’une façon plus particuliete aux affemblées. du Jézar. Ces trois Jours étoient les ca- lendes,les nones & les ides;c’eft ce qu’on préjuge des fréquentes aflemblées tenues dans ces jours , ëe qui font rapportées dans l’hifioite ; mais ae la fuite 1 4 SEN des tems Augufte ordonna, par une loi, que le fée ne püt répulierement s’aflembler que deux jours du mois , les calendes & les idées. : On n’affembloit que très-rarement le Jérat pen- dant les fêtes publiques, deftinées à des jeux, & confacrées aux pompes de la religion , telles que les faturnales | que l’on célébroit dans le mois de Dé- cembre, & qui duroient plufieurs jours confécutifs. Cicéron ; lorfqu'il rapporte les difputes élevées dans le fénar en prélence de deux cens fénateurs, appelle l’affemblée tenue dans cette occafion, une affemblée plus nombreufe qu'il n’auroit eru qu’elle dût l'être, lorfque les jours faints étoient déja commencés. Le Jérar, dans fes jours d’aflemblée, ne mettoit fur le tapis aucune affaire avant le jour , & ne la ter- minoit point après le coucher du foleil. Toute affaire propofée & conclue avant ou après ce tems, étoit nulle & fujette à caflation , & celui qui lavoit pro- pofée étoit foumis à la cenfure ; de forte que ce fat une regle ftable, qu’on ne propofât aucune affaire dans le /êrat après la quatrieme heure de Paprès- dinée ; ce qui fait que Cicéron cenfure certains dé- crets prononcés par Antoine dansfon confulat, com- me rendus trop avant dans la nuit, &c qui par cette. raifon n’avoient aucune autorité. On voit cependant un exemple d’une afflemblée du Jérar tenue à minuit, l’an de Rome 290 , à caufe de l’arrivée d’un exprès envoyé par l’un des con- fuls , pour informer le /éras qu’il fe trouvoit afliègé par les Eques les Volfques, dont les forces étoient fupérieures , & qu'il rifquoit de périr avec toute fon armée, fi on ne lui envoyoit un prompt fecours; ce qui lui fut accordé tout de fuite par un decret. C’eft Denis d’'Halicarnafle, 2. IX. c. lxuy. qui le dit. Le fénas étant aflemblé, le lecteur fera fans doute bien aife de favoir la méthode que cette compagnie célebre obfervoit dans fes déliberations. Il faut d’abord fe repréfenter qu’à latête du Jéras étoient placés le diétateur & les confuls dans des fieges diftingués , élevés , ainfi que nous le croyons, _de quelques degrés au-deflus des autres bancs. Par égard pour la dignité de ces premiers magiftrats, lorfqw’ils entroïent dans la curie , tous les fénateurs étoient dans l’ufage de fe lever de leurs fieges. Le préteur Décius ayant manqué à ce devoir , un Jour que le conful Scaurus pafloit près de lui, ce conful le punit d’avoir méprifé fa dignité , & ordonna qu’on ne plaideroït plus à fon tribunal. Manuce croit que les magiftrats inférieurs étoient placés à côté les uns des autres, au-deflous des fieges des confuls, chacun fuivant fon rang ; les préteurs , les cenfeurs , les édiles, les tribuns & les quefteurs. Il eft toujours vrai que les fénateurs fur leurs fieges , gardoient entr'eux un ordre de préféance, pris de [a dignité de la magiftrature qu'ils avoient auparavant remplie. Lorfque Cicéron en parle, il iudique cet ordre. C’étoit aufli celui que gardoient les magiftrats en fe plaçant , & lorfqw'il s’agifloit de propofer leuropinion, chacun dans {on rang & à {on four. Quelques favans conjetturent que les édiles , les: tribuns &c les quefteurs, étoient affis fur des bancs féparés ; avec cette différence , que ceux des magif- _trats curules étoient un peu plus élevés que les au- tres. Il femble que Juvenal indique cette différence dans fa fatire jx. 52. contre celui qui veut faire voir qu’il a une dignité curule. Ces bancs étoient en quel- que forte femblables à nos petites chaïfes fans dof- fier. Suétone, dans fa vie de Claude , c.xxzy. dit que quand cèt empereur avoit quelque grande affaire à propofer au Jérat , il s’afleyoit fur un banc des tri- buns , placé entre les chaires curules des deux con- fuls. Mais il falloit auffi qu'il y eût d’autres bancs longs’, de maniere que plufeurs fénateurs pouvoient s* 1 z SE AE È s'y placer ; car Cicéron rapporte , dans fes épi. fa” w ut - e. Li À mil. ii. a. que Pompée appelloit Les décifions du /ézar, le jugement des longs bancs , pour Le diflinguer des ” tribunaux particuliers de jufüce. indépendamment de la diverfité des bancs, & des places aflignées à chaque ordre de fénateuts, lun des membres de ce corps augufte étoit toujours diftingué des autres par le titre de prince du Jénat. Cette diftinéhon , qui avoit commencé fous les rois, eut lieu dans tous les tems de la république. On vou- lut conferver cette premiere forme établie par le fondateur de Rome, qui s’étoit refervé en propre le choix &c lanomination du principal fénateur, qu, dans fon abfence & dans celle des rois, devoit pré- fidet danscette affemblée ; le titre de prince du /ézae étoit dans les regles, &c par voix de conféquence donné à celui dont le nom étoit placé le premier dans la lifte dé ce corps, toutes les fois que lés cenfeurs la renouvelloient. On eut attention de le donner toujours à un fénateur confulaire, qui avoit été re- vêtu de la dignité de cenfeur. On choïfifloit l'un de ceux que fa probité & fafagefle rendoient recomman= dable ; & ce titre étoittellement refpeété , que celur qui l'avoit porté étoit appellé de ce nom par préfé- rence à celui de quelque autre dignité que ce fût. dont il fe feroit trouvé revêtu. Il n’y avoit cepen- dant aucun droit lucratif attaché à ce titre , & il ne donnoit d’autre avantage , qu’une autorité qui fem- bloit naturellement annoncer un mérite fupérieur dans la perfonne de ceux qui en étoient homorés. Mais voyez PRINCE DU SÉNAT. Le fénat étant aflemblé , les confuls ou les magif- trats qui en avoient fait la convocation par leur au- torité , prenoient avant tout les aufpices , &c apres avoir rempli les devoirs ordinaires de la religion par des facrifices & des prieres , ils étoient dans lufage de déclarer le motifde la convocation de cette aflem- blée, & de propofer les matierés des délibérations de ce jour. Par préférence à tout, on expédioit d’a- bord &c fans délai les affaires de la religion êt qui concernoient le culte des dieux. Lorfque le conful avoit foumis à l’examen quelque point , onlle difcu- toit ; s’il étoit queftion de rendre un decret , il difoit fon opinion à cet égard, & parloit aufhi long-tems qu’il le vouloit ; il demandoit enfuite les opinions des autres fénateurs, en les appellant par leurs noms, & fuivant l’ordre dans lequel ils étoient placés ; 1l commençoit par les fénateurs confulaires , & conti- nuoiït par les prétariens. | Originairement on étoit dans l’ufage d'interroger le prince du fézas le premier; mais bientôt on ne fe conduifit plus ainf, & cette politeffe fut accordée à quelque vieux fénateur confulaire , diftingué par fes vertus , jufqu'aux derniers tems de [a république, que S’introduifit la coutume fixe de donner cette marque de refpeët à fes parens, à fes amis particu- liers, ou à ceux que l’on croyoit vraiffemblablement d’un avis conforme à fes propres vues, &c à fes fenti- mens fur la queftion propofée. Quelque ordre que les confuls obfervañlent, en demandant les opimions le premier de Janvier , ils le sardoïent pendant tout le refte de l’année. C. Céfar, à la vérité, fe mit au-deflus de cette regle & en changea l’ufage ; car quoiqu'il eüt au commence- : ment de fon confulat interrogé Craflus le premier , cependant ayant marié fa fille à Pompée , dans le ‘cours de cette magiitrature , il donna cette marque de prééminence à fon gendre; politeffe dont 1l fit enfuite excufe au /érat. | Cet honneur d’être interroge d’une maniere ex- traordinaire , &c par préférence à tous les autres {&- nateurs du même rang, quoique d’âge & de noblefie plus ancienne, paroït ne s’être étendu qu'à quatre ou cinq perfonnages confulaires, Tous les autres f6- C2 nateurs étorentinterrogés fuivant l’ancienneté de leu âge ; cette méthode étoit généralement obfervée ; ; / : ALAN ° e pendant l’année, jufqw’à l’éleétion des confuls fui- vans , qui fe faifoit d'ordinaire vers le mois d’Aoûr. De ce moment jufqu’au premier Janvier, en confé- quence d’un ufage conffamment fuivi , on deman- | doit aux conuls deéfignés leurs avis, avant de le de: mander aux autres fénateurs. Comme ils étoient follicités.de parler fuivant leur rang , il n’étoit auffi permis à perfonne de le faire avant fon tour, àl’exception des mapiftrats, qui fem- blent avoir eu le droit de parler dans toutes les occa: fions, &c toutes les fois qu'ils Le croyoient néceflaire; c’eft par cette raifon fans doute qu'ils n’étoient pas | interrogés.en particulier par le conful. Cicéron dit , à la vérité, que dans certaines occafions 1l fut inter- rogé le premier de tous les fénäteurs privés ; ce qui veut dire que quelqu'un des magiftrats avoit été in- terrogé ayant lui; mais alors ils Pétoient par le tri- bun du peuple qui avoit. convoqué l’aflemblée, & qui donnoit naturellement cette préférence aux ma- giftrats fupérieuts qui s’y trouvoient préfens. Maïs on ne trouve pont qu'un conful interrogeät d’abord quelqu’autre qu'un fénateur eonfulaire, ou les con- fuls défignés. | mt Quoique chaque fénateur füt oblige de dire fon avis, lorfque le conful le lui demandoit , 1l n’étoit cependant pas reftreint à la feule queftion qui fe dif- cutoit alors ; 1l pouvoit pafler à quelqw’autre ma- tiere , la traiter aufi longuement qu'il vouloit ; & quoiqu'il püt dire Hbrement fon avis, lorfque c’étoit {on tour , le Jénar ne s’occupoit point à le réfuter ,& ne traitoit pas cette queftion épilodique., à moins que quelqu'un des magiftrats ne la propofat dans la mêmé aflemblée. Ils avoient feuls le privilege de de- mander qu’on opinât fur quelque queftion , ainfi que le droit de renvoyer celle qui fe traitoit. Toutes les fois qu'un fénateur donnoïit fon avis, il fe levoit de fon fiege , & demeuroit debout jufqu’à ce qu'il eût achevé de parler ; mais quand il ne fafoit. que fe ranger à Pavis des autres , 1l demeuroit à fa place. Les magiftrats , dans la même féance, avoient la liberté de propofer des avis différens, &c de traiter différentes queftions dans le /ézer. Si par hafard on vouloit remettre fur lé tapis quelque affaire d’impor- tance , &. que les confuls euflent négligé de la pro- pofer , ou qu’ils fuffent éloignés de le faire, lufage étoit que le fézat , par certaine acclamation , &c qui devenoit générale, excitoit à la propofer ; & lorf- qu'ils refufoient de le faire , les autres magiftrats avoient ce droit, même malgré eux. _$i quelque opinion propofée à l’affemblée du /£zas renfermoit difiérens chefs , dont les uns pouvoient être approuvés & les autres rejettés, c’étoit encore l’ufage de demander qu’elle fût divifée ; quelquefois d’un accord unanime, & par un cri général de lPaf-. femblée exprimé par ces mots, divide , divide ; ou fi dans la difcuffion des affaires il y avoit eu différens U nl . ya 4 avis , fi chacun de ces avis avoit ète appuyé par un nornbre confidérable de fénateurs, le conful, fur la: fin , étoit dans l’ufage de les rappeller tous , pour que le fénar traitât {éparément chacune de ces opi- nions ; mais en même tems ce magiftrat préféroit , felon qu'il lui paroïfloit convenable , l'opinion la plus favorable à la fienne; il fupprimoit alors, ou ne parloit pas de celle qu’il defapprouvoit. Dans le cas toutefois où1l ne paroifloit n1 dificulté ni oppofñition, on rendoit le decret fans demander & fans donner les avis à cetécard. Tr _ Quand une queftion avoit été décidée par lefcru- tin, on féparoit les parties oppolées dans les diffé- rens côtés de la curie ou lieu d’affemblée ; ce que le conful ou magiftrat qui préfidoit en fon abfence, fai- feit de cette maniere : « Que ceux qui font de tel SE N ÿ »avis,.pañlent de ce côté; 8 que ceux qui penfent » différemment, pallent de celui-ci 1 L'avis que le plus grand nombre de fénateurs approuvoit s’expris moit dans un decret qui d'ordinaire étoit conçu dans les termes ciétés par le premier de ceux qui avoieat traité la queffion, ou par le principal orateuren fa- veur de cette opinion; lequel, après avoir dit tout ce qu'il croyoit propre à lærendre agréable au /£- nat, terminoit {on difcours dans la forme du decret qu'il vouloit obtenir. Ce decret qu’on nommoiït /é#4s zufconfulte, étoit toujours foufcrit par un nombre confidérable de fénateurs, en témoignage de leur ap- probation particuliere. F’oyez SÉNATUSCONSULTE. _ La république ayant été opprimée par Jules-Céfar, il formoit tout feul les fénatufconfultes , & les four. crivoit du.noim des premiers fénateurs qui lui ve: noiïent dans l’efprit. Le féras fe vit fans fonétions, fans crédit &c fans gloire. Enfuitefous le reone des em< pereurs, ce même /ézat, jadis fi refpetlable, tomba dans la fervitude la plus bafle. JL porta l’adulation jufs qu'à encenfer Les folies de Caligula, & jufqu’à décer« ner deshonneurs exceflifs à Pallasaffranchi de Claude. Pline le jeune parlant de l’état de ce corps iminédias tement avant le regne de Trajan, avoue qu'il étoit toujouts muet; parce qu'on ne pouvoit y dire fans péril ce qu'on penfoit &t fans infamie ce qu’on ne penfoit pas. Mais j'ai cru devoir me borner à crayon- ner l’hüftoire du fézat dans le tems de.fes beaux jours; Le leéteur peut confulter les favans qui ont le mieux approfondi cette matiere , Manuce, Sigonius, Hot- man, Zamoléus, & récemment MM. Midleton & Chapman, dans de petits ouvrages pleins de goût, e recherches &r de précifion. (Le chevalier D£ Java COURT.) SÉNAT DES CINQ CENS, ( Hif. d'Athènes.) fènas d'Athènes, lorfque cette ville eut été divifée én dix tribus. On élifoit tous les ans dans chaque tribu cine quante hommes qui tous enfemble compofoient le. Jénat des cing cens. Ce fut Solon qui l'inftitua, 8c qui établit que chaque tribu auroit tour-à-tour la pré- féance dans Pailemblée, & la céderoit fucceflives ment à la fuivante. Ce fézas étoit compoié de pry= tanes, de proëdres & d’un épiftate. Foyez Éris- TATE, PROEDRE @& PRYTANE. (D. J. _ SÉNAT DES QUATRE CENS, (Æiff. d’Arhènes,) an- cien fénat d'Athènes, lorfque cette ville n’étoit di- vifée qu'en quatré tribus. On éhifoit dans chaque tribu cent hommes qui tous enfemble compofoient le fénat des quatre cens. Ce fénar dura jufqu'à Solon qui inftitua le férar des cinq cens dont nous avons Date C2) | SÉNAT DE VENISE, (Æüf?, de Venife.) Voyez Pr- GADI. (D. J.) SENATEUR ROMAIN, ( Gouvernem, de Rome.) membre du fénat de Rome, c'eft-à-dire, de ce corps | augufte qui étoit l’appui, le défenfeur êc le confer- vateur perpétuel de la république. On eft avide de favoir quel étoit Le nombre des membres d’un corps qui tenoit dans fes mains les rênes d’un fi puiant empire, qui régloit toutes les affaires avec les étran< gers, & qui dans fon luftre préfidoit à toute la terre, On demande à quel âge on pouvoit devenir /Enareur, quelle qualité de biens ils devoient avoir aux ter- mes de la loi, quels étoient leurs devoirs, les hon= neurs de leur charge, &c leurs privileges ; tâchons de fatisfaire à toutes ces queftions curieufes. Quant au nombre des fénateurs, l'opinion séné- rale eft qu'il fut borné à 300, depuis le tems des rois jufqu'à celui des Gracques; mais on ne doit : : 2n 1 À Lee pas prendre cette fixation à la rigueur, parce que quelquefois ce nombre peut avoir été moindre ; 8 dans le cas d’une grande diminution imprévue, on completoit de nouveau les places vacantes par üne promotion extraordinaire, Ainfi, comme le nombre 6. SEEN des magiftrats augmentoit dans les nouvelles con- quêtes de la république, & dans les accroifiemens qu'elle faifoit à fon domaine, de même le nombre des férateurs a dû varier, & par plufieurs accidens, expofée à des vuides. Le diétateur Silla, lorfque ce corps fe trouva comme épuifé par les profcriptions 8 les guerres civiles , créa 300 membres en une feule fois. Il les prit deW’ordre équeftre. Cette aug- mentation fit probablement monter Le nombre entier des /érateurs à environ 500. il paroït que le fénat s’eft maintenu dans cet état jufqu’à la ruine de la liberté par Caius Céfar; puifque Cicéron dans un récit qu'il fait d'une affaire particuliere, dit à Atti- cus, que 415$ fénareurs y avoient afñifté, ce qu’il ap- pelle le plein fénar. Lesanciensauteurs nous indiquent clairement qu’il étoit néceflaire d’avoir un certain âge pour être Je- nateur, quoiqu'aucun d'eux ne nous ait précifément marqué quel devoit être cet âge. I! fut fixé par les lois fous le regne de Servius Fullius, à 17 ans pour entrer dans le fervice militaire ; & chaque citoyen, au rapport de Polybe, étoit obligé de fervir dix ans dans les guerres, avant que de pouvoir prétendre à aucune magüitrature civile. Ce qui fert à déter- miner l’âse auquel on pouvoit demander la quefture ou le premier grade des honneurs, c’eft-ä-dire l’âge de 28 ans; of comme cette magiftrature donnoit en- trée dans Le fénat, la plus grande partie des favans aroît avoir fixé l'obtention du rang de /érareur à Pâge de 28 ans. À la vérité quelques écrivains, d’après l'autorité de Dion Caflius, ont penfé que l’âve d’adniffion dans ce corps étoit de 25 ans; ne faifant pas atten- tion que Dion ne rapporte ce fait que comme une regle propofée à Augufte par fon favori Mécène ; mais à en juger par l’ufage de la république en ces derniers tems, l’âge pour être quefteur, ainfi que pour Ôtre Jezareur, étoit de 30 ans accomplis, parce que Cicéron qui déclare dans quelques-unes de fes oraifons , qu'il avoit obtenu les honneurs de la répu- blique, fans avoir efluyé aucun refus, chacun de ces honneurs dans l’âge requis pat la loi, n'obtint en effet la quefture qu’à 30 ans pañlés; &t lorfque Pom- pée fut créé conful d’une maniere extraordinaire à âge de 36 ans, fans avoir paflé par les grades infé- rieurs, Cicéron obferve à cet égard qu'il fut élevé à la plus haute magiftrature, avant que les lois lui | permiflent d'obtenir les moins confidérables ; ce qui regarde l’édilité qui étoit le premier emploi, ap- pellé proprement wagiffrature, &t qui ne pouvoit être obtenu qu'après un intervalle de cinq ans entre cette charge & la quefture. Mais l'opinion que nous adoptons, femble confir- mée par la difpofition de certaines lois, que donne- rent en divers tems les gouverneurs de Rome aux nations étrangeres, fur les réglemens de leurs petits fénats. Par exemple, lorfque les Halaïfins, peuples de la Sicile, eurent de grandes conteftations entreux fur l’éle&tion des /ézateurs, ils requirent le fénat de Rome de les diriger à cet égard; èc le preteur Caius Claudius leur envoya des lois &z des réglemens con- venables. L’un de ces réglemens étoit, que l’on ne pût devenir férareur avant l’âge de 30 ans, & qu'on ne reçût perfonne qui exerçât quelque métier, ou qui n’eût une certaine quantité de biens. Scipion prefcrivit les mêmes lois au peuple d’Agrigente. Enfin, Pline fait mention d’une loi donnée en pareille occafion aux Bythiniens par Pompée le grand. Cette loi défendoit la réception dans le fénat avant l’âge de 30 ans : elle ordonnoit de plus, que tous ceux qui avoient exercé une magiftrature, fuffent confé- quemment admis dans ce corps. Ces divers régle- mens indiquent d’une maniere affez claire la fource dont ils étoient émanés, & prouvent que le magif- trat romain avoit naturellement donné aux autres peuples les ufages établis dans la république. Cicéron prétend que les lois pour régler l’âge des magiftrats, n’étoient pas bien anciennes ; qu'on les fit pour mettre un frein à l’ambition demefurée des nobles, & rendre tous les citoyens égaux dans la recherche des honneurs ; & Tite-Live nous apprend. que L. Villius, tribun du peuple, fut le premier qui les introduifit , Fan de Rome 573, ce qui lui fit don- ner le furnom d’annaire. Mais bien du tems avant cette époque, on trouve que ces lois & ces ufages avoient lieu à Rome, dans l'enfance même de ia république. Par exemple, lorfque les tribuns furent inftitués, les confuls déclarerent dans le fénat, que dans peu de tems 1ls corrigeroient la pétulance des jeunes nobles , au moyen d’une loi qu’ils avoient pré- parée pour régler l’âge des fénateurs. _ Il y avoit une autre qualité requife, & regardée comme néceflaire à un /ézuteur. On exigeoïtun fonds de biens confidérable pour le maintien de cette di gnité, & cette quantité de biens étoit établie par les lois. Mais on ne trouve en aucun endroit le tems de cet établiflement, ni à quelle fomme ces biens devoient monter. Suétone eft le premier des auteurs qui en ait parlé, & qui nous apprend que la quo- tité des biens étoit fixée à 800 felterces avant le reone d’Augufte ; ce qui fuivant le calcul de la mon- noie anglone, monte de fix à fept mille li. Cette fomme, ainf que quelques auteurs l'ont prétendu, ne devoit pas être regardée comme une rente an- nuelle, mais comme le fonds des b'ens d’un /ë7a- teur, fonds réel, appartenant en lui en propre & ef- timé ou évalué par les cenfeurs. Cette quantité de biens paroitra peut-être trop peu confidérable, & onne la trouvera pas proportionnée au rang & à la dignité d’un /érateur romain. Maïs on doit faire attention que c’étoit la moindre quantité de biens qu’on püt avoir pour parvenir à ce grade. En effet, lorfqu'l arrivoit que les /ésareurs poflédoient moins que cette fomme, 1ls perdoient leur place dans le fénat. D'ailleurs , quelque peu confidérable que paroïffe aujourd’hui cette proportion de biens, il eft certain qu’elle fufifoit pour maintenir un /érareur convena- blement à fon rang, fans qu’il füt forcé de s’occuper de quelque profeflion vile & lucrative , qui lui étoit interdite par la loi. Mais la conftitution en élle-mé- me ne paroît pas avoir été bien ancienne, cequ'on peut affément fe perfuader, puifque dans les pre- miers tems, Le principaux magiftrats étoient tirés de la charrue. Corn. Rufinus, qui avoit été diétateur &c deux fois conful, fut chaflé du fénat l’an de Rome 433, par le cenfeur C. Fabricius, parce qu’on trou- va dans fa maifon des vafes d'argent du poids de dix livres. On ne donnoit donc pas alors dans l’éle&tion d'un férateur , la préférence à Ja quantité des biens. Nous voyons en effet Pline fe plaindre de la vicifi- tude des tems , & déplorer le changement qui s’étoit introduit dans le choix des Jénareurs, des juses & des magiftrats qu’on élifoit, felon le calcul de leurs biens, époque à laquelle on commença de n’avoir plus d’é- gard au vrai mérite. Cicéron dans une de fes lettres écrites lors de l’ad- miniftration de C. Céfar, rend un témoignage afluré de la quotité des biens que devoitavoirun /érereurs il prie un de fes amis, qui avoit aïors du crédit, d’em- pêcher que certaines terres ne foient enlevées par les foldats à Curtius , qui fans fes biens ne pourroit conferver le rang de /éraieur, auquel Céfar l’avoit lui-même élevé. Ce n’étoit pas aflez aux fénateurs d’avoir une cer: taine quotité de biens ; 1l falloit encore qu’ils don- naflentun exemple de bonnes mœurs à tousles ordres de l’état ; mais indépendamment de cette régularité ‘de mœurs qu’on exigeoit d'eux, Cicéron nous parle ‘encore des devoirs auxquels ils étoient aflujettis; l’un de ces devoirs , étoit l'obligation d’être affidu. La liberté qu'ils avoient d'aller à la campagne, dans les intervalles d’une affemblée à l’autre, ayant décéneré ‘en abus , les confuls leur défendirent dans plufieurs circonftances de s’abfenter de Rome plus de trois à a fois , 8 de s'éloigner de maniere qu’ils ne puflent reveniw dans le jour. Le fecond devoir confiftoit à ne parler qu’à fon tour. La troifieme regle de difcipline, toit de ne pas étendre fon avis au-delà des bornes ; mais cette regle eut fouvent fes exceptions. Au refte, un /énareur perdoit fon état lorfqu'il fe dégradoit lui même, en montant fur le théâtre, ou en defcendant dans larene. fl arrivoit aufli que les 1lluftres membres d’un con- feil fuprème , qui tenoit dans fes mains les reñes d’un auf puiflant empire , qui regloit toutes les affaires avec les étrangers, & qui dans fon luftre préfidoit à toute la terre, étoit regardé partout, avec la plus grande diffinétion. Nous voyons en effet, que plu- fieurs d'entreux avoient fous leur proteétion parti- culiere , des rois, des villes & des nations. Cicéron rendant compte des avantages d’un /éra- teur fur les membres des autres ordres de la républi- que, dit qu'il avoit Pautorité & l’état dans Rome, le nom & la faveur chez l'étranger. Il jouifoit du pri- vilege de prendre place dans les affemblées des fénats des provinces alliées à la république. Quelle eft la ville, ajoute Cicéron , dans les parties les plus éloi- gnées de la terre , quelque puiflante & quelque libre qu’elle foit , quelque rudefle & quelque barbarie qu’elle puiffe avoir ; quel eff le roi qui ne fe fafle un plaifir d'accueillir & de bien traiter chez lui un /éra- cer du peuple romain ? | Parmi les membres de cet ordre feulement, on choïfifloit rous les ambafladeurs , & ceux qu’on em- ployoit dans les états étrangers ; & lorfqu'ils avoient quelque motif particulier de voyager au dehors,même pour leurs propres intérêts, ils obtenoient du fénat le privilege d’une légation libre. Ce privilese leur donnoit le droit d’être traités partout avec les hon- neurs dûs à un ambafladeur , & d’être fournis pen- dant leur route d’une certaine quantité de vivres, &t de chofes qui pouvoient leur être néceffaires,ainfi qu’à leurs gens. De‘plus , pendant tout le tems qu'ils réfidoïent dans les provinces de la république , les gouverneurs de ces provinces étoient dans l’ufage de leur donner les liéteurs qui les précédoient. S’ils avoient quelque procès, ou quelque difcuffion d'in- térèêt dans ces provinces , il paroît qu’ils jouifloient du droit de demander leur renvoi à Rome. Il wétoient pas moins diftingués ‘des autres ci- foyens dans cette capitale , par des privileses & des sonneurs particuliers ; puifque dans les fêtes & les jeux publics ils ayoient des places qui leur étoient afhgnées dans le lieu le fi commode 6r le plus ho- norable. Lorfqu’on offroit des facrifices à Jupiter, ils jouifloient feuls du droit de donner des fêtes publi- ques dans le capitole , revêtus de leurs habits de cé- rémonie, Où des habits prôpres aux charges qu'ils avolent exercées. Lis étoient d’ailleurs diftingués des autres citoyens par les ornemens de leurs habits ordinaires , ainfi qué par leur tumique , par la matiere, 8 la forme de leurs fouliers , dont les anciens auteurs rendent compte. L’ornement de leur tunique étoit le laticlave. Voyez LATICLAVE. La forme de leurs fouliets étoit particuliere, & différente de celle des autres citoyens. Ciceron par- lant d'un certain Afinius, qui, dans le défordte gé- néral caufé par la mort de Céfar , s’étoit introduit dans le fénat , dit que voyant la cour ouverte, il changea de chauflure , & devint tout d’un trait fé- 1 È SEN 5 narür; cette différence confiftoit dans la couleur, dans la forme , & dans l’ornement de ces fouliers. Leur couleur étoît noire, tandis que ceux des autres citoyens n'avoient pas une couleur particuliere, & Qu'elle dépendoit de leurfantaifie, La forme en étoit en quelque forte femblable à nos brodequins. Ils remontoient jufqu'au milieu de la jambe, ainf qu’on le voit dans quelques flatues antiques , 8 dans deg bas-reliefs, & ils étoient Omés de la figure d’une demi-lune, coufue & attachée für la partie de de- yant, près la cheville du pié | Plutärque dans fes queftions romaines, donne di: verfes raïfons de cette figure emblémätique. Mais d’autres auteurs difént que cela n’avoit aucun rap- port avec la lune , quoiqu'il parût que la figure le dénotât , mais qu’elle fervoit feulèement à exprimer la lettie C, comme un figne numératif, & comme la Teftre initiale du mot cezrum , nombre fixe des /ë- nateurs dans leur premiere inftitution par Romu- lus. . : : La toge & la robe d’un Jérateur ordinaire, ne dif féroient point de cellé des autres citoyens ; maïs les confuls , les préteurs, les édiles, les tribuns, &e, portoient toujours dans l’année de leur magiftratifre, la prétexte, qui étoit une robe bordée d’une bande . de pourpre; & c’eft aufi l’habit que fout le refte dû fénat qui avoit déja rempli les grandes charges, por- toit aux fêtes & aux folemnités. Dans les commencemens dé la république , les Jénateurs #'ofoient quitter en aucun lieu les marques diféinéhives de leur rang ; mais dans la fuite on fe né: gligea fur ces bienféances refpettables. C'eft à cette époque qu'il faut rapporter le trait fatyrique de Ju- venal contré les Jénateurs de fon tems : il dit qu'ils aiment à paroître tous nuds en plein fénat, parce que la folie eft moins honteufe que la molleffe, Le luxe vint eñcore au fecours de l’indécence, & l’aima- ble fimplicité des premiers romains füt entierement bannie ; nous laiflerons-là le tableau de ces fératenurs efféminés,plus immodeftes que les courtifanes : nous nous fomrhes propofé de ne préfenter aux yetüx des leéteurs que lhiftoire d’un corpsaugufte , digne de nous être tranfmife,lorfque ce corps au comble de fa gloire & de fon pouvoir , étoit également vertueux & libre dans fes délibérations. (Le chevalier DE Jau- COURT.) | SÉNATEUR PÉDAIRE , (Æiff. rom.) Ce nom fut donnéaux chevaliers qui entrerent dans le fénat, pour lesdiftinguer des férateurs d’un rang fupérieur,qui fui. vant les commentaires de Gabius Bazius , avoient le privilege de venit au fénat en voiture. Pline, Af. nat. l, VIT, c. xluy. nous apprend que cet honneur fin- guliér fut accordé à Métellus, qui avoit perdu la vue pouf fauver d’une incendie le palladium dépofé au temple de Veïta, Les férareurs pédaires furent ainfi nommés, parce qu'ils ne parloient point , & qu'ils exprmoient leurs fuffrages , s’il y avoit üuné divifion dans l’aflemblée ; en paflant du côté de ceux dont ils approuvoient l'avis. Ainf pour faire allufion à cet ufage , qui femble toutefois 4vOtr entierement ceflé dans les dermiers tems de la république, cette partie du fénat qui ne difoit pas fon avis, fut toujours qua: hfce du nom de pédaire, Il eft aifé de le voir dansle rapport que fait Ciceron à Atticus ; de certaines dif- | putes, & d’un décret du fénat à cet égard ; il dit que cela füt fait par le concours général des pédaires quoique contre l'autorité des confulaires. (D. 7.) SENATEURS DE POLOGNE, (Hiff. moderne.) c’eft ainf que l’on nomme en Pologne les grands du r0yau- me qu forment un corps de 128 perfonnes, deitiné a mettre des bornes à l’autorité royale & empêcher le monarque d’empiéter fur les droits de fes fujets. On diftingue les féraseurs en grands & en petiss. Les grands /énareurs font, 1% vingt-trois palatins ou Way= 8 S E N wodes, c’eft-à-dire, gouverneurs de provinces ; 2°, les trois caftellans de Cracovie , de Vilna, &c deTroki; 3°. le ftarofte de Samovitie. Les 29 autres fé nateurs S’appellent petits fenateurs, quoique lon compte parmi eux des archevêques,, des évêques &c d’autres perfonnes éminentes par leurs dignités êc leur naïlance. Ce font les Jénateurs qui forment en Pologne Paf- femblée, que l’on nomme /enarus-confilium. SÉNATEUR DE SUEDE, (Auf. de Suede.) les féna- teurs de Suede {ont des perfonnes de qualité & de mé- rite, qui aident fa majefté fuédoile à gouverner lé royaume , & de qui le roi prend Pagrément , pour toutes les grandes affaires qu'il fouhaite d’entrepren- dre. Entre les fézateurs , 1] y en a cinq qu font tu- teurs du prince pendant fa minorité, & à qui dans les réfolutions des dietes, on a donné le titre de gouverneurs du royaume. Mais en général les /éxzareurs {ont appellés les Jérateurs du roi & du royaume, Leur nombre fut autrefoit fixé à 12, enfuite à 24, 8 main- tenantils étend à 40. Leurs charges nefontnivénales, ni héréditaires; quand on leur parle , ou qu'on leur écrit, on lestrâäite d'excellence. ( D.J.) SENATUS CONSILIUM, (Hifi. mod.) on défi- gne fous ce nom en Pologne Paflemblée des féna- teurs du royaume, dans laquelle, au défaut de la diete , on délibere fur les affaires de l’état. SÉNATUS - CONSULTE ROMAIN , ( Gouver. de Rome.) fenatus-confultum ; decret , délibération, ar- +èt du fénat romain fur quelque queflion , quelque point de droit, quelque fait, ou quelque réglement concernant l’état. Voyons comment fe formoient ces decrets, & quelle en étoit la force. Un decret du fénat étoit toujours foufcrit &c at- tefté par un nombre confidérable de fénateurs, qui avoient voulu intervenir à tout ce qui avoitété fait pour y ajouter leurs noms , comme un témoignage de l'approbation particuliere qu’ils donnoient à cette affaire , ainfi que du refpeét pour la perfonne , par l'autorité, ou en faveur de qui ce decret avoit été rendu. | Ces foufcriptions ou fignatures étoient appellées les autorités des fénatus-confulses , & telle étoit leur forme , in fenatu fuerunt CCCLXXXLLL. on met- toitles noms des fénateurs , celui de la tribu dont ils étoient. Voyez le decret du fénat rapporté dans fa véritable forme dans une lettre de Célius à Cicéron, alors proconful de Cilicie. Lorfque l’on découvroit que le fénat étoit difpofé À rendre un decret, il dépendoit de quelqu'un des tribuns du peuple d’interpofer fon autorité, & de renverfer d’un {eul mot tout ce qui avoit été réfolu par la fimple oppofition, fans en rendre aucun raïon. La loi générale de ces interventions , étoit que cha- que magiftrat et le pouvoir de s’oppoler aux aétes de fon collegue, ou des magiftrats qui lui étoientfu- bordonnés. Les tribunsavoientencore la prérogative de s’oppofer aux aétes des autresmasifirats, quoique perfonne ne füt en droit de contredire Les leurs. Maïs dans tous leg cas où les déterminations du fe- nat étoient renverfées par la fimple oppoñtion d’un tribun, ce dont on trouve des exemples fans nom- bre, fi le fénat étoit unanime dans fes fuffrages , & qu'il füt difpofé à rendre le decret , on fe fervoit d’u- ne formule ordinaire , 7 le decret changeoït denom; il étoit-appellé lausorité du Jénar. On le mettoit alors dans les resiftres de ce corps, quoiqu'il ne fervit qu’à rendre témoignage de la fa- çon de penfer du fénatfur cette queftion particuliere, & à faire retomber fur le tribun qui l’avoit empêché la haine de l’oppofñtion faite à un aéte avantageux. Ainf pour tenir chaque magiftrat éloigné d’une con- duite fadtieufe dans des affaires d'importance , ceux qui étoient d'avis de rendre le decret , y ajoutoient que fi quelqu'un fongeoit à s’y oppofer, on leregat- deroit comme ayant travaillé contre les intérêts dela république. Cette claufe néanmoins feryoit rarement à mettre un frein à l’entreprife des tubuns , accoutumés à faire leur oppofñtion avec lamême liberté que dans les oc- cafñons les plus indifférentes. Les fénateurs les moins confidérables , les faétieux &c les chefs de parti, avoient encore différens moyens d'empêcher'ou de renvoyer un decret fous plufieurs prétextes & par les obfiacles qu'ils y mettoient:, Tantôt par des fcrupu- les en matiere de religion, ils fuppoforent que les au- guxes n’étoient pas favorables, & qu'ils n’avoient pas été pris legitunement,.ce quuétant confirmé par les augures, retardoit l'affaire pour quelquesiours; tantôtilsinfiftoient fur quelque prétendu paflage des bvres fibylhns, qu'il falloit alors confulter ; & qu'ils interprétoient felon leurs vues. t _Ainf, dans une conteftation qui s’éleva fur la pro- potion faite de remettrele roi Ptolomée fur le trône d'Egypte, letribun Caton qui sy oppofoit,rapporta quelques vers des livres fibyllins, qui avertifloient de ne rétablir {ur fon trône aucun roi d'Egypte avec une armée, ce qui fit qu'on décida dans cette occa- fion qu'il étoit dangereux de donner à ce roiune ar- mée pour rentrer dans fon royaume. | Mais la méthode la plus ordinaire d'empêcher fa décifion d’une affaire , étoit celle d'employer le jour entier à parler deux ou trois heures de fuite, de fa- çon qu'il ne reftât pas aflez de tems ce jour-à. On trouve dans les anciens auteurs des exemples de cette conduite ; & lorfque quelqu'un des magiftrats les plus {éditieux abufoit trop ouvertement dece droitcontre le penchant général de l’aflemblée , les fénateurs étoient alors fi impatiens, qu'ils lui inpoiotent filen- : ce, pour ainfi dire , par la force; & 1ls le troubloient de telle maniere par leurs clameurs , leurs Huées,, &c leurs fiflemens., qu’ils l'obligeoient à fe défifter. Il eft probable que les lois exigeoient la préfénce d’un certain nombre de fénateurs pour rendre un afte légitime , 8 donner de la force à un decret ,, puif- qu’on s’oppofe quelquefois aux confuls pour avoir pourfuivis des decrets fubreptices fecrétement dans une aflemblée qui n’étoit pas aflez nombreufe ; & nous y voyons que le fénat avoit renvoyé quelques affaires , lorfqu’il ne s'étoit pas trouvé un nombre fuffifant de fénateurs pour la décider. Ainf, lorfque dans une aflemblée qui étoit imparfaite, un des fé- nateurs avoit deflein d’empêcher le jugement de quel- que affaire, il intimoit Le conful dé compter le {énat, en lui adreflant ces mots, #wmera fenatum , comptez les fénateurs. On ne voit à la vérité dans aucun des anciens au- teurs qu'il fallüt un nombre déterminé de fénateurs , fi ce n’eft dans un ou deux cas particuliers. Par exem- ple , lorfque les bacchanales furent défendues à Ro- me, on ordonna que perfonile n’osât les célebrer fans une permiffion particuliere accordée à cet effet par le fénat, compofé au-moins de cent fénateurs ; & peut-être dans ce tems , étoit-ce le nombre jufte & requis dans tous les cas , &c lorfque le fénat n’étoit compofé que de trois cens perfonnes ? Le fezasus- confulte dont nous parlons fut fait dans le temple de Bellone , lan $68 de Rome, fous Le confulat de Pof- thumius , & de Q. Marius Phihippus. Ce /érarus-con- Julre eft en ancienne langue ofque, On le trouvera rapporté en entier dans l’hiffoire de la jurifprudence romaine, par M. Terraflon. Environ un fiecle après, lorfque le nombre des fénateurs augmenta, & fut porté jufqu'à 500, Caius Cornélius, tribun du peuple , donna lieu à Pétablif= fement d’une loi, qui toit au fénat le pouvoir d’ab- foudre aui que ce fût de l'obligation des lois, fi200 fénateurs au-moins n’avoient été prélens au decret d'exemptiors | SEN d'exemption. Ce Cornélins voulut rétablir la jurif- piudence des premiers tems de la république, fui- vant laquelle le fénat n’accordoit point de difpenfe , où la claufe de la faire agréer au peuple ne füt infér- rée. Cette claufe ; qui n’étoit plus que de flyle, né- gligée même depuis quelque-tems dans les difpenfes, dont un très-petit nombre de fénateurs s’étoient ren- dus les maîtres, déplaïfoit au fénat. Il fut cependant forcé après une pénible réfiftance , lan 688 , fous le confulat de L. C. Calpurnius Pifo, d'accueillir cette loi dans lescomices. On fit en même tems céfente. à celui qui auroît obtenu la diipesfe , de s’oppoier à ce qui en feroit ordonné par le penple, lorfque le decret d’exemption lui feroit rapporté. Après tout, il eft aflez difiicile de décider quel nombre de fénateurs étoit requis pour porter un /e- nasus-confulte, Les anciens auteurs ne nous en ap- prennent rien exactement, 7 par conféquent nous ne fafons que deviner. Denys d’Halicarnatfe a écrit qu'Augufte voyant cue les fénateurs étoient en petit nombre, régla ion pouvoit porter des fésarus-con- fuises, quoiqu'il n’y eût pas 400 fénateuxs préfens. Anciennement, dit Prudence, il n’étoit pas permis ic porter de feratus-confillres qu'il y eût 300 pe- res confcrits du même fentiment ; mais ce pañlage paroit plutôt fe rapporter au nombre des avis qu’au nombre des fénateurs. {left cependant certain qu'ily avoitun nombre fixe de fénateurs néceflaires pour les Jenatus-confultes ; cat, comme je lai remarqué, tout fénateur qui vouloit empêcher de porter de jexx- sus-confulres , pouvoit dire au coniul , compiez Les Jenateurs. Les décrets du fénat étoient d'ordinaire lus & pu- bliés dès qu’ils avoient été rendus , & lon en dépo- foit toujours une copie authentique dans letréfor pu- blic, qui étoit au capitole, awlieu où l’on voit à pré- fent le palais du confervateur. Sans ce préalable, on ne les. regardoit pas com- me des decrets valides, ê rendus felon la forme des lois : lorfque l'affaire dont on traitoit dans le jour étoit fime , le coniul ou quelqu’autre magiftrat, qui . avoit convoqué l’aflemblée, étoit dans l’ufage de la icparer, & de la rompre par ces paroles , peres conf” cris, 1 n'eft plus befoin de vous retenir 1c1, ou bien il dy a plus fienici qui vous retienne. Ilreft encore bien difficile de dire précifément quelle étoit la force des decrets du fénat. Il eft cer- tan qu'ils n'étoient pas regardés comme des lois ; mais :l paroït aw’originairement , ils avoient été ren- dus dans l’objet de préparer la loi dont ïls étoient comme le fonds &c la bafe principale. Ils avoient une efpece de force &c d'autorité provifontelle, jufqu'à ce que le peuple eût fait une loi felon les formes pref- crites & ordinaires ; car dans tous les fiecles de la republique on ne fit jamais aucune loi fans le confen- tement général du peuple. Les decrets du /ézarregardoient principalement la partie exécutrice du gouvernement, la deftination des provinces à leurs magiftrats , la quotité des ap- . pointemens des généraux. Ils portoient auffi fur le nombre des foldats qu’on leur donnoit à comman- der ; fur toutes les affaires imprévues, & de hafard, fur lefquelles on n’avoit fait aucun réglement, & qui en requéroient un ; de forte que l'autorité de la pià- part de ces decrets , n’étoit que paflagere & momen- tanée; qu'ils n’avoient ni force ni vigueur , fi ce n’eft dans les occafons particulieres, & pour lefquelles ils avoïent été faits. Mais quoiqu’en rigueur ils neuf lent point force de loi , ils étoient cependant reoar- dés comme obhsatoires, & l’on y obéifloit. Tous les ordres des citoyens s’y foumettoient, jufqu'à ce qu'ils euffent été annullés par quelqu’au- tre décret , ou renverfé par l’établiffement de auel- que loi. Il eft vrai qüe le refpe&au’onavoit pour eux, Tome XF, | S EN 9 étoit plutôt la fuite d’un ufagerécu, & venoir plus de l’eflime générale des citovens pour l'autorité de ce confeil fuprème , que de quelque obligation prife de la forme du gouvernement , puifque dans lestems les plus reculés, lorfqu’il naïfloit quelque difficulté fur un decret particulier, nous trouvons que les con- fuls auxquels Pexécution en étoit confiée ; 8c qui ne voulaient pas leur donner force de loi, fe fon- dotent fur ce qu’ils étoient faits par leurs prédécef feuts, 87 donuaient pour ralfon que Îes decrets du Jenut ne devoient avoir lieu qu'une année feule- ment , & pendant la durée de la magiftrature de ceux qui les avoient rendus. | Cicéron dans un cas pareil, lorfqu’il plaidoit la caufe d’un de fes chiens qu'il défendoit fur le mépris qu'1l avoit marqué pour un decret du férar, déclara que ce decret ne devoit avoir aucun effet , parce qu'il n'avoit jamais été porté au peuple pour lui don- ner l'autorité d’une loi. Dans ces deux cas, quoique le conful $& Cicéron ne diflent rien qui ne fût affé- rant, & qui ne convint à la nature de la caufe, ils le difoient cependant, peut-être plus par nécefliré, &z à raïfon de Pintérèt particulier qu'ils y avoient , qu'ils ne l’auroient fait dans d’autres circonftances ; les confuls le faifoient pour éviter exécution d'un aéte qui-ne leur plaifoït pas; 8 Cicéron pour la défen- {e dun client qui £e trouvoit dans le plus grand danger. | . Mais véritablement dans toutes les occafons, les magiftrats principaux, foit de Rome, foit du dehors, paroifent avoir eu plus ou moins de refpet pour les decrets du Jérat, felon qu'ils étoient plus où moins avantageux à leur intérêt particulier ; à leur penchant Où au parti qu'ils avoient embraflé dans la répubii- que. Dans les derniers tems, lorfque le pouvoir fu- prème ufurpé per quelqu'un de ces chefs , ent {ur- monté tous les obftacles , 8 eut mis à Pécart toutes fortes de couturnes & de lois, dont le maintien & la confervation pouvoit nuire à leurs vues ambitieufes, nous trouvons que les decrets du /érat étoient trai- tés avec beaucoup de mépris par eux &@c par leurs créatures, tandis qu’ils avoient à leurs ordresune po- pulace fubordonnée , auffi corrompue que prompte à leur accorder tout ce qu’ils demandoient, jufqu’à la ruine entiere de la hberté publique. ( Le Chevalier DE JAUCOURT.) | SÉNATUS-CONSULTE /écrer , ( Hiff. rom.) fenatus- confulrum tacitum. C’étoit une délibération fecrerte, à laquelle les anciens fénateurs feulement étoient d’ordinaite appellés dans les premiers tems de la ré- publique. | C. Capitolinus nous apprend que cet ufage éma- noit de la néceffité publique, lorfque dans quelques dangers preflans de la part des ennemis , le {nat fe trouvoit forcé de prendre de prompts expédiens, qu'il falloit employer avant que de les divulguer, &t qu’on vouloit tenir cachés à fes meilleurs amis. Dans ces fortes d’occañons , le fénat formoit un de- cret tacite. Pour y parvenir, l’on excluoit alors de laflemblée les greffiers ; & les fénateurs fe char- geoient eux-mêmes de leur emploi , afin que rien ne tranfpirât au-dehors. Onvoit dans les tems les plus reculés de la république divers exemples de ces aflem- blées fecrettes , où n’afliftoient, & ne pouvoient être admis queles vieux fénateurs. Ces affemblées convoquées par les confuls, fe tenoient dans leurs propres maifons , ce dont les tribuns faifoient de grandes plaintes. Voyez Denys d'Halicarnañe, Z. X, c xxxx, L. XI, c. lv, &cc. (D: 7.) | SÉNATUS - CONSULTE MACÉDONIEN , ( Hifoire rom.) c'étoit un Jérarus-confulre | par lequel il étoit ordonné que toute aétion fût déniée à celui qui prê- teroit de l'argent à un fils en puiffance de pere. Ce Jénatus-confulte n’eft point reçu en pays Fi se +0 SEN & les enfans de famille fe peuvent valablement obli- -ger pour prêt d'argent, s'ils font majeurs; &c s'ils 4ont mineurs, ils peuvent recourir au bénéfice de reflitutions. (D.J.) | _ SÉNATUS-CONSULTE VELLEIEN, ( Droiscourum.) “C’eft par ce Jénarus-confulre que les femmes ne peu vent pas s’obliger valablement pour d’autres ; en : forte que ‘fi elles fe font chargées de quelque obliga- tion contraétée par une autre perfonne , comme {er- vant de caution'ow autrement, elles ne peuvent être “valablement pourfuivies , pour raïfon de telles obli- gations. Ce Jératus-confulre a été long -tems obfervé dans toute la France ; mais fous Henri IV. par un édit du mois d'Août 1606, fa difpofition fut abrogée ; ‘cependant on la confervée en Normandie, où le cautionnement des femmes eft nul de droit. (2. J.) . SENAU , fm. (Marine. ) barque longue, dout les Flamans fe fervent pour la courfe , &c qui ne portte que vingt-cinq hommes. | SEND , (:Géogr. mod.) ce terme des géographes orientaux. défigne le pays qui eft au-dezà de locci- dent, & au-delà à lorient du fleuve Indus. Ils difent rque Le pays de Sezd a à lorient cel de Hend, qui eft la partie des Indes de deçà & de delà le Gange. Ils le bornent à l’occident par les provinces de Kerman, Makeran , & de Segeftan. Ses Hmites du côté du feptentrion font le Touran ou Furqueftan , que nos géographes nomment Jrdo-/cythia. Enfin la mer de Perte le borne en forme de golphe au midi. SENDO , f. m. ( Phyfique G hiff. nar, ) ce mot fignifie erpent dans la langue des Abÿ#ins ; ils s’en fervent pour défigner un vent impétueux qui {oufle ‘en de certains tems avec une telle violence; qu'il ar- rache les arbres , renverfe les édifices, 8z quelque- fois même fouleve & fait tourner en Pair les quar- tiers de roches qu'il rencontre. On prétend que lon -difingue à l’œil ce vent qui rafe la terre , &c for- me des ondulations femblables à celles d’un grand ferpent. . SENDOMIR oz SANDOMIR , DE PALATINAT , { Géogr. mod.) palatinat de la petite Pologne. Il eft borné au nord par ceux de Rava , de Mazovie, & de Lencizca , au midi & au couchant par celui de Cra- covie., à lorient par ceux de Lublin & de Ruffe. Il y a des mines d’or, d'argent, de cuivre , de plomb, & de fer. Les fruits qu’on y recueille, font excellens, Ce palatinat prend le nom de fa capitale, & eft divifé en huit territoires. ( D. J. SENDOMIR 04 SANDOMIR, ( Géogr. mod.) ville de Pologne, capitale du palatinat du même nom, à l'embouchure du San dans la Viftule, & à vingt-huit lieues au levant de Cracovie. C’eft une ville fortifiée, & le fiege du tribunal de la province; les jéfuites y ontuncollege. Les Suedois prirent cette villeen 1655, &c la réduifirent prefque en cendres. Long. 49 , 50. latit. Sc, 24. (D. 1.) SÉNÉ, fena ,{.m. (Hifl. nar. Bor.) genre de plante, dont la fleur eft compofée ordinairement de cinq pé- tales difpofés en rond. Le piftil de cette fleur de- vient dans la fuite une filique prefque plate, courbe & compofée de deux membranes, entre lefquelles on trouve des femences qüi reflemblent à des pe- pins de raïfins , & qui font féparées Les unes des au- tres par de petites cloïfons. Tournefort, #nf£, rez herb. Voyez PLANTE. u SÈNÉ , ( Mar.med. ) On trouve fous ce nom dans les boutiques de petites feuilles feches affez épaifles, fermes , pointues en forme de lance, d’un verd jau- nâtre , qui ont une odeur legere &c qui n’eft point dé- fagréable, d’un goût un peu âcre, amer & raufta- dond. On nous apporte deux fortes de éné ; favoir celui d'Alexandrie, ou /ézé de Seyde ou de la palte, ainf appellé du nom d’un impôt que le grand-feigneur a SEN mis fur cette feuille; 8 celui qui s'appelle Jézé de Fripoly. Outre ces deux fortes de Jézé, on trouve encore le féné de Mocha , & le féné d'Italie. Ces deux dernieres efpeces fe trouvent beaucoup plus rare- ment dans les boutiques , & elles font'bien moins ef- ficaces que les deux précédentes. | | Le fene d'Alexandrie ef celui qu’on doit préférer, & qu'on doit choïfir récent , odoraat, doux au tou- ché, dont les feuilles font entieres &cne font point tachées. | Les fruits du féré font auf en ufage en Médecine; ce font des goufles obilongues , recourhées , lifles, applaties., d’un verd roufsâtre ou noirâtre , qui con- tiennent des femences prefque femblables aux pepins de raïfin, & qui font applaties, pâles ou noirätres : c’eft ce qu'on appelle dans les boutiques fo//icules de Jêné. Les anciens médecins grecs & latins n’ont point connu le féne ; lufage de cette plante eft dû aux Ara- bes. Serapion eft le premier qui l'ait fait connoitre, & après lui Mefué. Parmiles nouveaux grecs, Aftua- rius eft le premier qui en ait fait mention, 6 qui em ait expofé Les vertus. Extras de Geoïroi, Mas. med. Les feuilles de /£zé contiennent, felon M. Cartheu- fer , une huile eflentielle , maïs en très-petite quan- tité, & une huilé qu’il appelle craflus unguinofum , & qui eft de l’efpece des huiles végétales que nous avons appellées éezrre où huile féparable par la dé- coëtion. Voyez a Particle HUILE. Cet auteur a retiré environ fept grains de cette matiere d’une once de feuilles de fézé. Ces feuilles contiennent aufli une partie odorante proprement dite ; car, felon le même chimifte , elles donnent une eau diftillée d’une faveur & d’une odeur nau- féeufe. Il paroït que la vertu principale du /ézé dépend de cette partie volatile ; car non-feulement fon goût êc fon odeur annoncent des propriétés médicinales, mais il eft encore obfervé que le fézé eft dépouillé en très-grande partie de fa vertu, lorfqu’il a été foumis à une longue ébullition. Ceci eft affez conforme à l'opinion la plus répandue ; car on a coutume de ne donner le fézé qu’en infufon , ou d'en employerune : plus grande dofe lorfqu’on veut le faire bouillir , &c cela précifément dans la vüe de ménager cette partie mobile, ou de la compenfer. M. Cartheufer dit que la partie du Jézé qu'il appelle gommeufe , ’eft-à-dire la partie fixe qu’on en retire par le menftrue aqueux, eft plütôt diurétique que purgative , & que la partie réfineufe qu’on en fépare par l’efprit-de-vin, caufe de vives tranchées, mais ne purge point; ce qui con- firme le fentiment commun que nous avons embraffé. Au refte M. Cartheufer compte encore parmi les principes médicamenteux d'une infufion de /ëré, fon huile eflentielle & fon huile orguineufe ou busyreufe ; mais que ces principes poffedent où non une vertu femblable à celle de l'infufñon du fée; il eft sûr qu'ils ne contribuent en rien à l'efficacité de cette infuñon, puifque cette infufñon ne les contient pas. Tout ce que nous venons de dire des feuilles de féré ;convient auffi très-vraiflemblablement aux follicules. Les feuilles & les follicules de /éré fourniffent un pureatif très-efficace, quoique fon ation ne foit point violente : l'une ou l’autre de ces matieres fait la bafe des potions purgatives le plus communément ufitées. On les ordonne dans ces potions depuis un gros juf- qu’à demi-once, On emploie auffi quelquefois le ézé en fubftance & en poudre , mais feulement ou du- moins prefque uniquement dans les éleétuaires offi- cinaux ; car on l’emploie bien quelquefois fous cette forme dans des remedes folides magiftraux , mais très- rarement. ni | Le /éné caufe fouvent des tranchées : on croit quie cet accident eft moins à craindre { on a foin de le SEN mondef exaftement des queues où pédicules des feuilles ; on a taché d’ailleurs de corriger cé mauvais effet en mêlant avec le /ëre diverfes fubftances aro- matiques , fortifiantes ou carminatives , comme le gingembre, le nard , anis, le fenouil, la coriandre, éc. On la fait infufer encore dans la décoétion des fruits fecs & fucrés, tels que les raifins fecs, les fi- gues, les jujubes , les dattes, &c. ou de quelques ra- œines fucrées ou mucilagineufes , comme celles du polypode, de réglifle, de guimauve , tant pour chà- trer fa trop grande adivité , que pour mafquer fon mauvais goût. Voyez CORRECTIF. V= Certains fels”, foit alkalis, foit neutres, tels que le fel de tarte, le nitre , le fel végétal, le fel de fei- gnette, le tartre vitriolé, 6c. diflous d’ayance dans la liqueur deftinée à tirer l’infufion du /éré, font re- gardés comme favorifant lation menftruelle de cette hqueur, 8 comme cotrigeant Le principe du fézé dont elle fe charge. Ces deux effets de.ces fels font égale- ment peu conftatés. | Dans un yreémoire de l'académie royale des Sciences, année 1701, par M. Marchand, il eft rapporté que les feuilles de la fcrophulaire aquatique étant mêlées en partie égale avec le Jéxe. & infufées enfemble, en corrigeoient le mauvais goût d’une maniere fingulie- re; cette efpece de correétion eft cependant abfolu- ment hors d'ufage. | C’eft au contraire une pratique très-commune de mêler aux infufons de éné du jus de citron: cette in- fufion , deftinée à être prife en plufeurs verres, & qui porte alors le nom de sfane royale, eft ordinaire- ment chargée d’une bonne quantité de jus de ci- trons. Ileftobfervé que le fézéelt dangereux dans les ma- ladies inflammatoires exquifes, & fur-tout dans les hémorrhagies. Il eft donc prudent de ne pas employer ce purgatif dans ces cas. On penfe communément que les follicules de fére font beaucoup plus foibles que les feuilles ; & comme la plüpart des malades, & fur-tout dans les grandes villes , fe font une efpece de gloire d’être foibles & délicats , tout le monde veut être purgé avec des follicules ; il feroit même mal- honnête d’ordonner des feuilles de Jéréraux per- {onnes d’un certain rang. Il y a peu d'inconvénientà fe prêter à leur fantaifie fur ce point : les follicules font réellement un peu moins aftives que les feuilles, mais la différence n’eft pas très-srande. Au refte les Médecins ont été divifés fur ce problème. favoir s/ falloir toujours préférer les feuilles de {éné , où bien Les follicules. Les follicules ont eu despartifans d’un grand nom, tels que Sérapion, Mefué, Aduarius , Fernel , &c. Geoffroi dit que tous les médecins de fon tems étoierit décidés pour les feuilles: Le tour des follicules eft re: venu depuis, Ve da Le éné entre dans le firop de pommes compofé , dans celui de rofes pâles compoté ; l'extrait panchy- magogue , le lénitif , le cesholicum , la confe&ion ha- mech , les pilules fixe quibus, la poudre purgative contre la goutte, 6. ( b SÉNÉCHAL ,f. m. ( Gram. & Jurifprud.) fenifa- leus, fenefcaleus, fenefcallus dapifer ,eftun officier dont les fonétions ont été différentes felomles tems. Il paroît que dans l’origine v’étoit le plus ancien officier d’une maïfon , lequel.en avoit Le souverne- ment. Il y en avoit non-feulement chez les rois & les grands , mais même chez les particuliers. Mais on diftinguoit deux fortes de /énéchanx , les petits ou communs , & les grands. Les premiers étoient ceux qui avoient l’intendance de la maïfon de quelque particulier. Les grands/éréchaux étoient ceux qui étoient chez les princes, ils avoient l’intendange de leur maifon Tome XP Fr SEN ii enpeneral, & fingulierement de leur table ; ce qui leurfit donner letitre dé dapifer:ils étoient à cet égard ce que lon appelle aujourd'hui grand-mañtrà de Ja maïfon chez les princes ; où maftre d’hôrel chez les autres feigneurs : mais les grands féréchaux ne por toient les plats que dans les grandes cérémonies , comme au couronnement du roi, où atx cours plé: nieres ; © hors ces cas, cette fonétion étoit laiflée aux fénéchaux ordinaires. Le grand fénéchal ne portoit même que le premier plat ; 8 l’on voit énplufieurs occafons qu'il fervoit à cheval : Pintendance qu’ils avoient de la maifon du. pringe comprenoit ladminiftration des finances , ce qui les rendoit comptables. | Ils avoient en outre le commandement des armées, ët c’étoient eux qui portoient à l’armée & dans les combats la banniere du roi, ce qui rendoit cette place fort confidérable® Sous la premiere race de nos rois, les fézéchaux étoient du nombre des grands du royaume ; ils afif- toient aux plaids du roi, & foufctivoient les chartes qu'il donnoit. On trouve des exemples quil y en avoit quelquefois deux en même tems. Il ÿ en avoit auf fous la feconde & la troifieme race de nos rois. Ils font nommés dans les aétes après le comteou maire du palais, 8 avant tous es autres grands officiers. La dignité de maire du palais ayant été éteinte, celle de grand-/éréchul de France prit la place. Ce grand-/éxéchal avoit fous lui un autre /éxéchal, qu’on appelloit fimplement féméchal de France, Le dernier qui remplit la place de grand-fénéchal fut Thibaut dit Te Bon, comte de Blois & de Chartres fous Louis VIE, ilmourut en 1191. Toutes les chartes données par nos rois jufqu’en 1262 font mention qu'il n’y avoit point de erand fénéchal | dapiféro nullo | comme fi cette charge n’elt pas encote été éteinte, mais feulement vacan- te ; quoi qu’il en foit, celle de grand-maître de la maifon du roi paroïît lui avoir fuccédé, Enfin l’une des principales fonétions du grand-J2- néchal étoit celle de rendre la juftice aux fujets du prince , &c en cette qualité il étoit prépofé au-deflus detous les autres juges. « Les fouverains qui poflédôient les provinces de | “droit écrit avoient chacun leur Jézéchal; celui d’A- quitaine avoit fous lui trois fous -fénéchaux , qux étoient ceux de Saintonge, de Quercy & du Li- mofin. Lorfque ces provinces ont été réunies à la cou- ronne , leur premier officier de juffice a confervé le titre deYénéchal ; au-liéu que dans les pays de cou- tume nos rois ont établi des bailifs, dont la fonction répond à celle de féréchal. Quelques-uns prétendent qué les féréchaux de province &c des baïllis n’étoient au commencement que de fimples commiffaires que le roi envoyoit dans les provinces , pour voir fi la juftice étoit bien rendue par les prevôts, vicomtes & viguiers. Quoi qu'ilen foit, fous la troifieme race ils étoient érigés en titre d'office ; &'depuis Louis XL. n'étant plusré- vocables , ils travaillerent à fe rendre héréditaires. Ils ont toujours été officiers d'épée, & ont ; comme les baillis d'épée, le commandement des armes ; mais on ne leur a laiffé que la conduité du ban &c de l’'arriere-ban , on leur a atiffi ôtéle ma- niement des finances , on leur a aufi donné des lieu tenans de robe longue , pouf rendre la juftice en leur nom. Ils choififloient eux-mêmes ces lieutenans juf qu’en 1491 ; prélentement il ne leur refte plus de même qu'aux baïllis, que la féance à l'audience & l’honneut que les fentences & contrats paflés fous le fcel-de la fénéchaufée font intitulés de leur nom. | Les comtes d’Anjou , les ducs de de 6e L if ni = *2 S EN d'Aquitaine, êc autres grands feisneurs, ont auf eu leurs fénéchaux ; cette place étoit même héréditaire dans #certaines. familles nobles. Voyez le recueil des ordonnances de la troifieme race, Védir de Cremien, ce- lui de Crepy, Joly, Loyfeau , le gloffaire de Ducan- ge, & les rors BATLLIS, BAILLIAGE. ( 4) SÉNÉCHAL AU DUC, (Æ1/4. mod.) c’étoit un grand officier créé par les ducs de Normandie, qui jugeoit les affaires pendant la ceffation de l'échiquier. Il re- voyoitles jugemens rendus par les baillis,, & pou- voit les réformer. Il avoit foin de! maintenir l’exer- cice de la juftice & des lois par toute la province de Normandie. Par les lettres qui rendirent l’échiquier fixe & perpétuel fous Louis XIT. en 1409 , il eft por- té qu’arrivant le décès du grand-/éréchal de Brezé, cette charge demeureroit éteinte, & que fa jurifdic- tion feroit abolie. Szpp. de Morer1, tome II. SÉNÉCHAL D'ANGLETERRE , (if. d'Angleterre.) le grand-féréchal d’ Angleterre étoit autrefois le pre- mier officier de la couronne ; mais cette charge fut fupprimée par Henri IV. parce qu'il en trouva l’au- torité trop dangereufe. Aujourd’hui lon en crée un nouveau ou quand'il faut couronner le roi, ou quand il s’agit de juger un pair du royaume accufe de crime capital. (D. J.) SÉNÉCHAUSSÉE, fm. (Jurifprud.) eft la jurif- diftion du fénéchal, l'étendue de cette jurifdiétion. HU ya des Jénéchauffées royales & des féréchauflées feigneuriales : ces deux fortes de Jénéchauflées {ont réslées comme les bailliages. Voyez BAILLIAGE. (4) SÉNÉCHAUX , ( Hiff. mod. ) en France officiers qui avoient autrefois une très-grande autorité , puif- qu’elle s’étendoit fur les lois , les armes &r les finan- ces. Les ducss’étant emparés du pouvoir d’adminif- trer Ja juftice , &ne voulant pas l'exercer en per- fonne , établirent des officiers pour la rendre en leur nom &c fous leur autorité : ils les appelloient #zi/lis en certains lieux, ê&c en d’autres féréchaux. Mais lorf- que les rois de la troifième race commencerent à réunir à la couronne les villes qui en avoïent été démembrées, particulierement du tems de Hugues Capet , ils attribuerent aux juges ordinaires , c’eft- à-dire aux baïllis & äux fézéchaux la connoïffance des cas royaux & des caufes d’appel duterritoire des comtes. Sous la feconde race, c’étoient des commif- faires où rzffe dominici, que les vieux hiftoriens ap- pellent zreflagèrs, qui jugeoïent ces caufes d'appel dévolues au roi. Ainfi ces baïllis &c Jéréchaux, fous la troifieme race, furent revêtus non-{eulement du pou- voir des commiflaires royaux ouf dominici,:mais ils fuccéderent en quelque forte à toute l'autorité des ducs & des comtes , enforte qu'ils avoient l’adnui- niftration de lajuftice , des armes & des finances. Ils jugeoïent en dernier reflort, ce qui a duré jufqu’au tems où le parlement fut rendu fédentaire fous Phi- lippeleBel. Avant cela, on ne remarque aucun ar- rêt rendu fur des appellations des jugemens pronon- cés par les baillis ou Jérzéchaux : maïs toutes les charges étant devenues perpétuelles par Fordon- nance de Louis XI. lesbaillis & Jéreéchaux non-con- téns de n’êtte plus révocables, tâcherent encore de devenir héréditaires. C’eft pourquoi les rois appré- hendant qu'ils nufurpañlent l'autorité fouveraine, comme ayvoient fait les ducs & les comtes. leur.ôte- rent d’abordle maniement des finances, & enfuite le commandement des armes en établiflant des souver- neurs. On leur laiffa feulement la conduite de l’ar- riere-ban , pour marque de leur ancien pouvoir. Il ne leur refte que-.la fimple féance à Paudience, & l'honneur que les fentences &t contrats font intitulés en leur nom. Lorfque le fénéchal eft préfent , fon lieutenant prononce, zonfieur dit, 8 lorfquil eft abfent , nous difons. La plüpart des fénéchauflées ont £té réunies fucceflivement à la couronne, Les pre- miers rois de la troïfieme race n’avoient même con: fervé fous ce titre que Paris, la Beauce, la Sologne, la Picardie , &t une partie de la Bourgogne. Le fene- chal de Bourdeaux eft prand-fénéchal de Guyenne. La Provence eft divifée en neuf /énéchaufftes ious un erand-fénéchal. Il ÿ a un fénéchal particulier dans chaque fénéchauflée. François de Roye, 17 rraët. de miffi dominict ; Piganiol de la Force , zouv. deferip. de la France ; fupplém. de Moréti , rome II. SENECON, £ m. Jénecio , (Hit. nar. Bor.) genre de plante à fleurs en fleurons profondément décou- pés , portés fur un embryon, & foutenus par un ca- lice d’une feule feuille, qui eft d’abord cylindrique . & découpé en plufieurs parties, & qui prend enfuite une forme conique. L’embryon devient dans lafuite une femence garnie d’une aigrette ; alors le calice eft communément replié en-deflous. Tournefort, inf£. rei herbs Voyez PLANTE. | Entre les quatre efpeces de ce genre de plante, la petite eft connue de tout le monde ; c’eft Le férecio minor vulgaris C. B. P.131. I. R. H. 456, en anglois, the common [mail groundfel. | _ Cette plante a une petite racine fibrée, blanchà- tre ; elle poufle même une ou plufeurs tiges à la hau- tèur d'environ unpié, rondes, cannelées, creufes en-dedans, quelquefois rougeâtres , rameufes , ve- lues dans de certains endroits expofes au foleil, chargées de feuilles oblongues d’un verd obfcur , découpées , dentelées , rangées alternativement, at- tachées par une bafe affez large fans queues, &ter- minées par une pointe obtufe. Les fommités dé la tige & des rameaux portent des fleurs en bouquets, compofées chacune de plufeurs fleurons jaunes, dif pofés en étoile , &c foutenues parun calice d’une feule piece, avec cinq petites étamines à fommets cylin- driques dans leur milieu. Après que leurs fleurs font tombées , 1l leur fuccede plufeurs graines ovales , couronnées d’aigrettes longues , qui forment toutes enfemble une tête blanche. Cette plante croît par-tout dans les champs, le long des chemins, dans les vignes, dans les jardins, aux endroits fablonneux & expofés au foleil ; elle fe reproduit continuellement, & refte verte toute l’an- née : elle fleurit dans toutes les faifons , même en hi- ver, & eft déja vieille au printems. (D. J. | SENECÇON , ( Mas, méd,') cette plante eft fort peu ufitée intérieurement ; plufeurs auteurs aflürent pourtant que fa décotion purge légerement , & même qu'elle fait vomir. Mais encore un coup, le Jeneçon eft abfolument inufité pour l’intérieur. Son ufage le plus ordinaire eft d’entrer , & même aflez mal-à-propos, dans la décoétion pour les clifte- res appellés émolliens ; car le fèreçon ne peut pas être proprement appellé éwo/lienr. Voyez EMOL- LIENT. . On le fait entrer aufli quelquefois dans les cata= plafmes réfolutifs & maturatifs ; mais il poffede la vertu réfolutive dans un degré affez foible. (3) SENÉE, adj. (Gram. & Lutér.) rime fénée, terme de Pancienne poéfie françoife ; c’eft une forte d’acrof: tiche ,.où tous les mots commencent par une même lettre, ardeur, amour ; adorable, angelique. Didion. de Trévoux: | SENEEF ox SENEFFE, (Géog. mod.) village des Pays-bas dans le Brabant, à deux petites lieues de Nivelle vers le midi. Ce village eft célebre par la ba- taille qui s’y donna le rx Août 1674, entre M. le prince de Condé & leprince d'Orange , depius rot d'Angleterre. Cette bataille fut affreufe , ou plutôt ce fut l’aflemblage de plufieurs grands combats. On rapporte qu’il y eut environ 27000 corps d’enterrés dans unefpace de deux lieues, Les François fe van- terent de la viétoire , parce que le champ de bâtaille leur refta ; mais les alliésprirent dans cette campas SEN gne depuis le jour de la bataille, Dinan, Grave & Huy. (D: J. }s SÉNÉGAL, LE ROYAUME DE, (Géog. mod,) ou royaume de Séréga ;royaume d'Afrique dans la haute Guinée , le long du fleuve Sérégal, où il s'étend Pef- pace d'environ 40 lieues. Son roi tributaire d’un au- tre , s'appelle Prac mot qui veut dire, roi des rois ; mais ce fouverain n’eft qu'un miférable , qui Le plus fouvent n’a pas de mil à manger, & qui pille les vil- Tages de fon domaine, efcorté par une centaine de coquins qui font fes gardes, Ses fujets ne valent pas mieux ; 1lsfe volent réciproquement, & tâchent de fe vendre les uns les autres aux Européens qui font commerce d’efclaves fur leurs côtes. Leurs maifons, comme celle de leur roi, {ont de paille & d’entrela- cemensde palmier, fans portes, ni fenêtres, êtn’ayant qu'un trou pour ouverture, Le bas de ces chaumieres eft un plancher de fable, où l’on enfonce à mijambe. Leurs lits fonts faits de quañtité de petits bâtons joints enfemble par deux cordes ,,à-peu-près comme une claie. Quant aux produétions de ce pays & aux au- tres détails qui le regardent , je renvoie le lecteur à Phifloire naturelle du Sénégal, par M. Adançon ; elle eft imprimée à Paris, 27-4°. 2 vol. avec fg (2. J.) SÉNÉGAL, Le, ( Géog. mod. )'autrement {/e de Saint-Louis par les François; petite ile d'Afrique, à Tembouchure de la riviere de Sérégai, à deux lieues au-deflous de la grande ile de Bifeche, & environ à trois quarts de lieue au-deflus de lIflet aux Anglois, Les François y bâtirent un fort dans le dernier fiecle, & c’étoit-là le: principal comptoir de la compagnie dite du Sérégal, Cette petite ile qui n’a pas une lieue de circuit, eftà 15 d. 57. de latitude feptentrionale, au milieu de la riviere de Sérégal. (D...) SÉNÉGAL, riviere de, ( Géog. mod. ) riviere d’Afri- que. Elle prend fa fource dans le milieu de la Nigri- rie, coule vers le couchant, forme à fon embouchu- ré la petite île de Sézégal, & vient fe rendre dans Océan, après un cours detrois à quatre cens lieues. Cette grande riviere épare les Maures ou bazanés d'avec les Negres ; de façon que d’un côté du fleuve ce font des maures jaunâtres , & de l’autre, des hommes parfaitement noirs; Les premiers font ertans & libres ; les Nestes font fédentaires, &c ont des rois qui lesfont efclaves. Les Maures font petits, maigres, d’un efprit fin & délié: les Neores font grands, gras, fans génie: (D. J.) SÉNÉGAL, gorame du , ( Hifi. des drogues exot. ) somme entierement femblable à la gomme arabique. On l'appelle gomme du Sénégal, parce qu’on lappor- te de la province des Nesres, fituéefurle bord du fleuve Sénégal. On en trouve préfentement une gran- de quantité dans les boutiques, 8 en plus grands morceaux que la gomme arabique ; mais on ne fait pas de one elledécoule, à moinsque ce ne foit de quelque efpece d’acacia. On en vend fouvent des morceaux blancs & tranfparens, pour la véritable gomme arabique; on ne peut les en diftinguer en au- cune maniere ; & ces sommes ne paroïfent point différentes pour les vertus & les qualités. Les Negres fe nourriflent fouvent de cette gomme difloute 6c bouillie avec du lait. Geoffroy. (D. 1.) : SENÉKA , LE, ( Botan. exot. ) on lappelle en anglois éhe rattle-fnake-roos,racine de ferpent à fon- nettes ; c’eft la racine de polygala de Virginie, dont. on doit laconnoïffante à M.T'einnint, médecin écof- fois. | Au commencement de 1738 , l’académie des Sciences de Paris recutune lettre de ce médecin, par laquelle 11 lui faifoit part de fes obfervations à la côte de Virginie fur l'ufage de la racine d’uné plante nommée fénéka, ou feroka dans le pays , & qu'il avoit, difoit-il, employée avec beaucoup de fuccès pour la guérifon des maladies inflammatoires de la SEN +9 poitrine. M. Teinnint joienit à fa lettre le deffein de la plante , & environ une demi-once de cette ra- cinequ'il avoit f heureufemêft mis en ufage, tantôt en fubftance à la dofe de trente-cinq grains (ce qu'il répétoit pluñeurs jours.de fuite ), tantôt en infufom à la dofe de trois onces bouillies dans deux pintes d’eau, dont 1l donnoit au malade trois cueillerées par jour. Gronovius 8& Miller nomment la plante, polygala virgimana foliis alterris, integerrimis, racemo termi- zatrice ereéto, Gron.flor. virg. polygala virginiana , foliis oblongis, floribus in :hyrfo candidis, radice alexi- pharmacé , Miller. Sa racine eft vivace, longue d’un demi-empan ou d’un empan, de la groffeur environ du-petit doigt, plus ou moins, felon que la plante eft plus ou moins avancée, tortueufe, partagée em plufieurs branches garnies de fibres latérales , & d’un côté faillantes, qui s'étendent dans toure fa lon- gueut ; elle eft jaunâtre en-dehors , blanche en-de- dans , d’un goût âcre, un peu amer , & le germe eft aromatique. | | Les tiges qui en partent, font nombreules; les unes droites , & les autres couchées fur terre, me- nues, jaunâtres , fimples ; fans branches, cylindri- ques, lifles , foibles, &c d'environ un pié de lon- gueur. Ces tiges font chargées de feuilles ovales , pointues, alternes, longues d'environ un pouce , lifles , entieres; elles deviennent plus grandes à me- fure qu’elles approchent du fommet, & paroïflent n'avoir point de queue. Les mêmes tiges fonttermi- nées par un petit épi de fleurs, clair-femées, fembla- bles à rcelles du polygala ordinaire, mais plus pe- tites , alternes , & fans pédicules. On diftingue la ra- cine du /éréka pan une côte membraneufe,, faillante, * qui regne d’un feul côté dans toute fa longueur. M. Teinnint dans {on eflai o7 che pleurefy , attri- bue à cette racinenon-feulement les qualités diapho- rétiques , mais encore la vertu de réfoudre le fang vifqueux , ténace &c inflammatoire, celle de purger, 8 d’exciter quelquefois le vomifflement ; il ajoute que les Indiens la regardent comme un puflant re- mede contre le venin du ferpent à fonnettes. M.Orry ; contrôleur général , ayant fait venir en France une quantité confidérable de.cette racine, la fit diftribuer à quelques médecins de Paris, qui en= chantés de la nouveauté, en rendirent un compte fs favorable , que l’hiftorien de l'académie des Sciences appuyé de leur témoignage, mit le /ézéka au rang desfpécifiques du nouveau monde; mais cettesloire qu’on lui attribuoit d’opérer des merveilles dans l’hy- dropifie & les maladies inflammatoires de la poitri- ne, s’eft évanouie. Tous les exemples rapportés par M. Bouvard, un des grands partifans de ce remede annoncent d'autant moins fes vertus dans les mala- dies chroniques, qu'il avoue lui-même que de cing hydropiques auxquels ila donné le po/ygala de Vir- ginie,, il n’y ena pas un feul qui ait été guéri radi- calement. Elle n’a pas été plus efficace dans les ma- ladies inflammatoires de la poitrine. Le médecin écof- fois parle du polygala de Virginie comme purgeant légerement ; & le médecin françois prétend qu'il purge très-abondamment. Dans cette contrariété d'avis, il faut que les ex périences de lun ou de l’autre médecin-mal faites nous aient également été données pour des vérités. Enfin ce nouveau remede a de grands inconvéniens ; \ ikne peut êtreemployé à caufe de fon aivité, qu'a vec beaucoup de circonfpeétion , fans: quoi, il ne manqueroit pas de caufer plufieurs défordres dans la machine, de l’âveu de fes proteéteurs ; la chaleur brûlante qu’il fait fentit à la région de leftomac lorfqu’on s’en ferft en bol, prouve qu’il poffede üine âcreté corrofive , & par conféquent dangereufe même.dans les premieres voies; ç’en eff aflez pour 14 S EN fentir la faufleté des louanges prématutées prodi- guées en 1744 à cetteracine de l'Amérique. (D: J.) ” SENEMBI, £.m. (ff. mar. ) nom d’un lézard de l'Amérique, long d'environ quatre piés , &c large d’un demi-pié ; 1l eft écaillé, d’un beau verd, marqueté de taches blanches & noïrâtres ; 1l a la tête longue d'environ deux doigts , les yeux grands, vifs, noirs, le mufeau & la langue gros ; les dents petites &t noi- tes ; ontrouve dans fa tête de petites pierres , &c fur- tout une grofle dans fon eftomac ; il a le cou gros ëc long ; il a tant de vie qu’il remue après qu’on Pa dé- pouillé de fa peau, & qu’on lui a coupé la tête ; on ufe des pierres qu’on trouve dans fa tête, contre la avelle & le calcul de la veñfie &c des reins. SÉNESTRÉ , adj.( cerme de Blafon. ) 11 fe dit d’une piece de l’écu qui eft accompagnée à gauche ou à feneftre de quelqu’autre. La ville de Narbonne porte de gueulesà la croix patriarchale d’or , fereftrée d’une clé d'argent. (D. J.) | SENESTROCHERE ., ( serme de-Blafon. ) ilfe dit de la figure d’un bras gauche qu'on repréfente fur lécu, & qui eft oppofé à dextrochere, qui fe dit du bras droit. ( D. J.) SENEVÉ , f. m.( Jardinage. ) plante qui produit une graine appellée affez communément la graine de moutarde , parce qu’elle entre effeétivement dans la compoftion de la moutarde. | Il yatrois fortes de fénevé , favoir le fénevé fauva- ge, celui des jardins, & une troifieme forte qui tient des deux autres. Le /érevé des deux dernieres efpeces fe feme; celui qui vient dans les jardins, porte une graine noire qui entre dans la compoñition dela mou- tarde. Il n’eft pas permis aux marchands grenetiers de faire venir, ni d’expofer en vente du /érevé, à moins qu'il n'ait été vifité par les jurés vinaigriers, & ne peuvent même en acheter que quand les Vinaigriers en font fournis. Voyez MOUTARDE & VINAIGRIER. SENTA ;( Géog. anc. ) ville de la Liburnie , dans lIllyrie. Ptolomée, Z. L.c. xvj. la marque fur la cô- te, entre Velcena & Lopcica. C’eft aujourd’hui la ville de Ségna. ( D. J.) SÉNEZ ou SÈNES , ( Géog. mod. ) en latin mo- derne, Sanitium, Sanitienfium urbs, &tc. petite ville, ou plutôt méchante bourgade de France, en Proven- ce , fituée dans un terrein froid & ftérile, entre des montagnes, avec un évêché à quatre lieues de Digne, à égale diftance de Caftellane , & à quatorze d’Am- brun. L’évêché de Sérez n’eft connu que depuis le vj. fiecle ; il eft fuffragant d'Ambrun, & vautenvi- ron douze mille livres de rente. La modicité de fon revenu a fait qu’on a parlé quelquefois de Punir à ce- lui de Vence ; mais eft-1l néceflaire que tous les évê- chés foient riches 8 confidérables, Long. de Sérez 24.18. latis. 43.54. (D. J.) SENGLONS , f. m. serme de galere , pieces de bois qu’on met à lintrade de proue &t Paiflade de poupe, d’un côté & d'autre, 8 à même diftance. : SEN-KI , f. m. ( Médecine. ) maladie particuliere au Japon, & fi commune dans ce pays, qu'il n’y a prefque perfonne qui n’en ait reflenti les atteintes ; Le fiege de cette maladie eft dans les mufcles &c dans les inteftins du -bas-ventre ; elle y caufe des tiraille- mens & des douleurs infupportables, furtout dans les aines & dans les parties voifines ,où fouventilfe for- me des tumeurs & des abfcès. Ce mal cruel eft caufé par l'ufage immodéré du facki quieft une bieretrès- forte faite avec lerris. SENLIS , (Géog. mod.) par les Romains Azguflo- magus, Auguflomagum, Atrebatum civitas ; Ville-de File de France, fur la petite riviere de Nonnette, à deux lieues de Chantilly, & à dix de Paris. Il y a dans cette ville fix paroïfles , bailliage, prevôté roya- de, préfidial, éleélion, grenier à iel, maréchauflée 8t capitainerie de chafle. Cette ville eft reolée en partie par la coutume de fon nom, qui fut redigée en lan 1530, & en partie par la coutume du Vexin françois. Le château oùle préfidial tient fes féances, a été bâti par S. Louis ,& quelques enfans de France y ont été élevés. s | L'évêché de Senlis eft fufragant de Rheims, & a été établi, à ce qu'on dit, vers le milieu du ii, fie- cle, Le chapitre de la cathédrale eft compofé de trois dignités & de vingt-quatre canonicats ; ce chapitre a le privilege de committimus , par lettres patentes du mois de Janvier 1550, reviftrées au parlement le 20 Mai 1560. , Senlis eftaujourd’hui un gouvernement particulier de Pile de France. Elle étoit autrefois de la feconde Belgique, & les Romains qui Pont bâtie, lui attrr- buerent un territoire. Hugues Capet étoit déjà pro- priétaire de cette ville, lorfqu’il fut élu roi. Longir, fuivant Cafimi, 19. 36. 30. at, 40. 12. 26. -Goulart (Simon), un des plus infatigables écri- vains d’entre les Proteftans, étoit natif de Serlis , & fut miniftre à Genève. Peu de gens ont exercé cet emploi aufli long-tems que lui, car 1l fuccéda à Cal- vin l’am 1564, mourut l’an 1628 , âgé de 86 ans, & il avoit prêché fept jours avant fa mort. Il étoir tel- lement au fait de tout ce qu fe pafloit en matiere de librairie, qu'Henri II. defrant connoître l’auteur qui fe déguifa fous le nom de Séphanus Junius Bru- tus, pour débiter fa doétrine républicaine, envoya un homme exprès à Simon Goulart, afin de s’en in- former ; mais Goulart qui favoit en effet tout Le my- ftère , n’eut garde de le découvrir. La Croix du Maine vous indiquera plufieurs tra- duétions françoifes compolées par notre fenlifien. Ajoutez-y la verfon de toutes les œuvres de Séne- que, & les méditations hiftoriques de Camérarius, Scaliger eftimoit beaucoup les ouvrages de M, Goulart. Son Cyprien eft fi bien & f joliment tra- vaillé, dit-il, que je lai lu tout d’une haleine. Quand il ne mettoit pas fon nom à un livre ,1lle défignoit par ces trois lettres initiales S. G.S. qui vouloient dire, Sinon Goulart fenlifien, C’eftà cette marque que le P! Labbe croit, avec raïfon , l'avoir reconnu pour l'auteur des notes marginales, 8 des fommaires qui accompagnent les annales de Nicetas Choniates, dans | Pédition de Genève 1593. Pajot (François ), plus connu fous le nom du poë- te Liniere, étoit furnommé de fon tems l’arhée de Sen- lis." Il étoit bien fait de fa perfonne, & né avec d’a- gréables qualités. Il avoit de l’efprit, de la vivacité | & du talent pour la poéfie aïfée; mais fatyrique, li- bertin, débauche. Il acheva de fe pâter par fa crapu- le. Il ne réwiffiffoit pas mal à des couplets fatyriques, & fur-tout à des chanfons impies, ce qui fit que Def préaux lui dit un jour, 945] n'avoir de l'éfprit que con- tre Dieu. Madame Deshoulieres, qui prend quelquefois le parti des mauvais poëtes, s’eft efforcée autant qw'el- le l’a pu, de juftifier Limiere du reproche d'irréligion &c de Libertinage , quoiqu'il eût entrepris une criti- que abominable du nouveau Teftament. Voici les propres vers de cette dame. On le croit indévot , mais , quoique l’on en die, Je crois que dans le fond Tirfis z’eft pas impie. Quoiqwil raille fouvent des arucles de foi , Je crois qu'il ef? autant catholique que mor... ; Ce dernier vers ne donneroit pas une haute idée de la catholicité de la belle mufe françoife; mais Linie- re lui-même n’en avoue pas tant dans fon propre por- trait, où il s'explique ainfi fur les fentimens qu’il avoit de la religion. La leëlure arendu mon efprit allez fort Contre toutes les peurs que l’on a de la mort à } SEEN Erma religion ra rien qui m'embarraffe ; Je rie ris du fcrupule, & je hais la grimace, &tc, Il mourut'en 1704, âgé de 76 ans. On voit de lui di- verfes pieces dans les volumes de poëfies choïfies;, imprimées chez Serci. Il en court aufli beaucoup de manufcrites. (D. J.) | F SENNAR;, ROYAUME DE, ( Géog. mod.) royau- me d'Afrique, dans la Nubie au midi, borne à l’oueff par celui de Sudan. Ce royaume, autrefois tributaire de Pempereur des Abyfins, eft aujourd’hui dépen- dant du roi de Fungi. Les peuples de cet état ont le vifage noir, les levres épaiffes & le nez écrafé. Les femmes riches font couvertes d’une toile de coton. Leurs cheveux font treflés , & chargés comme leurs bras, leurs.jambes & leurs oreilles, d’anneaux d’ar- gent, de cuivre, de laiton, ou de verre de diverfes couleurs ; mais les pauvres filles n’ont rien de tout cela, & n’ont pour vêtement qu’une petite piece de toile , depuis la ceinture jufqu’aux genoux. Les en- fans vont tout nus. La chauflure des hommes &c des femmes confifte en une fimple femelle attachée aux piés avec des courroies ou descordons. Les chaleurs du pays font infuportables depuis le mois de Janvier juiqu'à la fin d'Avril; elles {ont fuivies de phuies ‘abondantes qui durent trois mois, & qui infeétent l'air. Les habitans vivent de pain fait d'une graine appellée dora. Leurs maïfons {ont de terre, bafes & couvertes de feuillages. Le palais de leur roi eft en- touréde murs de briques cuites au foleil. Ce prince eft vétu d’une robe de foie, & ceint d’une efpece d’é- charpe de toile de coton. Il a fur la tête un turban blanc, & paroit toujours en public ayant le vifage couvert d’une gaze de foie. On tire du royaume de Senna des dents d’éléphant, du tamarin, de la pou- dre d’or & des efclaves. Sa capitale, ou plutôt la feule ville de ce pays s’appelle Sernar. Voyez-en l'article, SENNAR, ( Géogr. mod.) ville d'Afrique, capitale du royaume de même nom, fur une hauteur, au cou- chant &c près du Nil. Ses maifons n’ont qu'un étage & font mal bâties; celles des fauxbourgs ne font que de méchantes cabanes faites de cannes: mais la fitua- tion de la ville eft très-favorable, &c tous les vivres y {ont à grand marché. Long. 50. 24. latis. feptentrio- nale , fuivant les obfervations du P. Brevedent!, 13.4. 20 D ANTON ne SENNE , (Péche.) Voyez SEINE & SEINETTE. _ SENNE, LA, (Géog. mod.) riviere des Pays-bas. Elle prend fa fource dans le Hainaut, entre le Roeulx &t Soigues, coule à Soigueis, à Halle, à Bruxelles, à Vilvorden , à Heflein, & de-là elle va fe perdre dans la Dyle, à une grande lieue au-deflus de Malines. (2. J.) FLE _ SENONES, (Géog. anc.) 1°, Peuples de la Gaule Celtique ou Lyonnoïfe, vers l'embouchure de PYon- ne. Ptolomée, LB. IT. c. yüj. nomme leur capitale _Agedicim où Agendicum aujourd’hui Provins. . 2°. Peuples d'Italie dans la Gaule Cifpadane, fur le bord de la mer Adriatique. Ces peuples gaulois d’o- rigine, ne s’étoient point avilés de pafler les Alpes, aux quatre premmeres migrations des Gaulois fous Bellovèfe. Ils n’y penferent qu'environ 200 ans après, à la folhcitation d’Aruns qui vouloit fe venger de Lucumon. Celui-ci parmi tous les peuples de la Gaule Celtique, choifit les Séronoïs, peut-être parce que leur pays étoit moins épuifé d'hommes; puifque les : Sénonoïs n’avoient point fuivi Belloyèfe. Il leur van- ta l'abondance dont ils jouiroient en Italie, & leur fit goûter du vin qu'il en avoit apporté. Les Séronois fe déterminerent à le fuivre, & leur armée fut très- nombreufe. , | Après avoir pañlé les Alpes, ils n’attaquerent point les Celtes, mais allerent fe jetter fur PUmbrie, qui S EN 15 “avoit encore été que peu entamée, Ils &’y étabii- rent, felon Polybe &c Tite-Live, depuis l’Uteus jnf- qu'à lÆfis, & depuis la mer Adriatique jufque vers lPApennin. Ils mirent environ fix ans à cet établiffe- inent. Au bout de ce tems, 8 de l’année de Rome 362, Aruns les conduifit devant Clufium, pour afié- ger cette place, où fa femme & fon ravifleur s’é- toient enfermés. Les Romains inquiets du voifinage de ces peuples, offrirent de terminer le différend à l'amiable par leur médiation; cette médiation fut re- jettée. 2 . Les ambaffadeurs romains, de pacificateurs étant alors devenus ennemis, les Séronois qui s’en apperçu- tent, enenvoyerentdemanderjuftice à larépublique; &t comme elle refufa de leur donner la fatisfaéhion qu'ils exigeoient , 1ls marcherent droit à Rome, Ils défirent , chemin faifant, l’armée romaine &c entre- rent quelques jours après dans Rome, qu’ils pille- rent & reduifirent en cendres, à l'exception du ca- pitole qu'ils tenterent inutilement d’emporter; & dont la réfiftance facilita aux Romains le moyen de chaffer à la fin leurs ennemis. Environ 100 ans après cette grande expédition, les Séronois furent, felon Strabon, Z6. V. extermi- nés par les Romains; mais Polybe, 6. IL. plus exact dans cet endroit queStrabon , dit qu’ils furent chañlés du pays qu'ils occupoient, par M. Curius Dentatus, conful avec P. Cornelius Rufnus, l'an de Rome 463. Ce ne fut qué 7 ans après, à ce que nous appren- nent Polybe:, Denis d'Halicarnaffe &c Florus , que les S'énonois furent exterminés par le conful Dolabella. Is furent alors tellement anéantis, qu’à peine refta- t-1l dansPitalie quelques veftiges de cette nation que la prife de Rome avoit fi fort diftinguée. Dès le con- fulat de M. Curius Dentatus, ils avoient perdu la plus grande partie de leur pays, depuis PÆfis juf qu'au Rubicon, & les Romains avoient envoyé une colonie à Sera gallica, aujourd’hui Sirigaglia, Ils oc- cupoient lerefte dupaysdepuisle Rubicon jufqu’à PU- teus, lorfque P. Cornelius Dolabella les défit fur les bords du lac de Vadimon en Etrurie. (D .J.) SENONOIS LE, ( Géogr. mod.) pays de France le long de la riviere d’Yonne, faifant partie du grand gouvernement de Champagne. Il efttrès-dificile d’eñ déterminer les bornes ; ceux qui font les plus éclai- rés fur cette matiere, par la connoiffance aqw’ils ont du pays dans lequel ils demeurent, ne donnant rien fur quoi on puiffe fatisfaire la curiofté du le@eur. Ce fut en partie la demeure des anciens Séroxes, peu- ples puiflans de la Gaule Celtique , dont Céfar dans fes, commentaires, fait un grand éloge en difant: ci- vicas imprinis firme, 6 magne inter Gallos ausoriratis. Il faut remarquer que céviras, dans Céfar, fe prend très-fouvent pour le peuple dépendant d’un pays. Arnfi les Senones au jugement de Céfar , avoient une valeur qui les accréditoit beaucoup parmi les Gau- lois. | | _ Les Séronois étoient néanmoins #7 fide Æduorum ce qu'il faut entendre d’une efpece de ligue offenfive & défenfive qui était entre ces peuples. Mais l’an- cienne étendue eft impénétrable ; 1l faut fe contenter de celle de nos jours, qui ne va pas d’un côté jufqu’à Joigny , & de l’autre va beaucoup au-delà. Pour éviter le fabuleux, il eft bon de ne pas pou- fer plus loin les bornes de ce pays. Les Séquaniens & les Séronois étoient deux peuples diftingués ; & pour peu qu'on life Florus avec attention , on verra qu’il ne confond point ces deux peuples, Cet hifto- rien dit d’une maniere fort claire, que les Sézomors étoient des peuples. de fa Gaule, qui étoient venus s'établir entre les Alpes & le PÔ. Ainfi une colonie des Sénonois, ou les S'éronois domiciliés, doivent en- core être diftingués. Voici comme s'explique Florus, LL c, xiij. Hi, id eff Senoncs galli, quondem ab ulris 16 SEN «ns rerralumt Oris, G cingente omnia Oceano , ingeñti agrmine profedli, quum jam media vaftallent, poitis inter Alpes & Padum fedibus, ne his quidem contenti , per taliam vagabantur. Florus dans un autre endroit affu- se que cette colonie fut entierement détruite par la valeur des Romains. ( D.J.) SENS , fm. (Grarmm.) ce mot eft fouvent {yno- myme de fpnificarion &c d'acceprion ; &t quand on n’a “qu'à indiquer d’une maniere vague &c indéfnmie la re- préfentation dont les mots font chargés, on peut fe ervir indifféremment de lun ou de l’autre de ces ‘trois terwes. Mais il y a bien des circonftances où le Choix-n’en eft pas indifférent , parce qu’ils font dif- tingués l’un de l’autre par des idées accefoires qu'il ne faut pas confondre, filon veut donner au langa- ge gtammaticäl le mérite de la juftefle, dont on ne Aauroit faire aflez de cas. Il eft donc important d’exa- miner les différences de ces fynonymes ; jecommen- ‘cerai par les deux mots fomfication &t acceprion , & Je pañlerai enfuite au détail des différens Jezs que le gremmairien peut envilager dans les mots ou dans des phrafes. | Chaque mot a d’abord une fignification primitive «8 fondamentale, qui hu vient de la décifion conf- tante de l’ufage, & qui doit être Le principal objet à déterminer dans un diétionnaire, ainfi que dans la traduétion littérale d’une langue en une autre ; mais quelquefois le mot eft pris avec abftrattion de l’objet qu'il repréfente, pour r'être confidéré que dans les élémens matériels dont il peut être compofé, ou pour être rapporte à la clafle de mots à laquelle il appar- tient : fi l’on dit, par exemple, qu’un rudiment eft un livre qui contient les élémens de la langue latine, chorfis avec fageffe, difpofés avecintelligence, énon- cés avec clarté, c’eft faire connoître la fgrification primitive & fondamentale du mot; mais fi lon dit _-Que radiment eft un mot de trois fyllabes , ou un nom du genre mafculin , c’eft prendre alorsle mot avec abfiraétion de toute figrifcarion déterminée , auoi- qu'on ne puifle le confidérer cemme mot fans lui en fuppofer xne. Ces deux diverfes manieres d’envifa- ger la fgrification primitive d’un mot, en font des acceptions différentes , parce que le mot eft pris, accz- .pitur, où pour lui-même ou pour ce dont il eff le fi- gne. Si la fgnificarion primitive du mot y eft direéte- ment &T déterminément envifagée , le mot eft pris dans une acception formelle ; telle eft l’acception du mot rudiment dans le premier exemple: fi la fgrification primitive du mot n’y eft point envifagée déterminé- ment , qu’elle n’y {oit que fuppofée, que l’on en fafle abfiraétion, & que l'attention ne foit fixée im- médiatement que fur le matériel du mot, il eft pris alcrs dans une ACCEPTION materielle ; telle eft l’ac- ception du mot rudiment dans le fecond exemple. En m'expliquant , artiçle MOT , fur ce qui concer- ne la fgnificanion primitive des mots, j’y a1 diflingué la figmification objeftive , &c la fégnifcation formelle ; ce que Je rappelle, afin de faire obferver la différen- ce qu'il y a entre la fgrificarion & Vacception formel- le. La fgrification objeétive , c’eft l’idée fondamen- tale qui eft l’objet individuel de la fgnification du mot ; ÔT qui peut être reprélentée par des mots de alors , pour ainfi dire, fous une forme empruntée, # fous une figure qui n’eft pas fa figure naturelle, # c'eft-à-dire celle qu'il a eue d'abord ; alors on dit # que ce mot eft dans un SENS figuré , quel que puif : # fe être le nom que l’on donne enfuite à cette f- # gure particuliere: par exemple , l FEU de vos # yeux, le FEU de l'imagination, la LUMIERE de » Pefprit, la CLARTÉ d’un difcours..…. La liaifon, » continue ce grammairien , ibid. dre. vij. S. 1. qu'il * y a entre les idées accefloires , je veux dire, en- > tre les idées qui ont rapport les unes aux autres, » ff la fource & le principe de divers fers figurés * que Fon donne aux mots. Les objets qui font fur » nous des impreflions , font toujours accompagnés » de différentes circonftances qui nous frappent, & * par lefquelles nous défignons fouvent , ou les ob- # Jets mêmes qu’elles n’ont fair qu’accompagner, ou » ceux dont elles nous rappellent le fouvenir.…. Sou- >» vent les idées accefloires, défignant les objets avec » plus de circonftances que ne feroient les noms pro- » pres de ces objets, les peignent ou avec plus d’é- » nergie ou avec plus d'agrément. De-là le figne * pour la chofe fignifiée, la caufe pour l'effet, la par- * tie pour le tout , l’antécédent pour le conféquent » Gt les autres tropes, voyez TRoPE. Comme l’une » de ces idées ne fauroit être réveillée fans exciter » l'autre, il arrive que l’expreffion figurée eft auf » facilement entendue que f l’on fe fervoit du mot » propre; elle eft même ordinairement plus vive & » plus agréable quand elle eft employée A-propos, * parce qu’elle réveille plus d’une image ; elle atta- » che où amufe l'imagination, & donne aifément À » deviner à l’efprit, .» Tn’y apeut-être point de mot , dit-il ailleurs - » $. 4. qui ne fe prenne en quelque fes figuré Tome XF. , sh 6 à ANR SEEN 17 c’eft-à-dire , éloigné de fa fégnifcarion propre &e primitive. Les mots les plus communs, & qui re- viennent fouvent dans le difcours, font ceux qu& font pris le plus fréquemment dans un fèns figuré , & qui ont un plus grand nombre de ces fortes de Jens : tels font corps , ame, tête, couleur > AVOÏT » faire , êcc. » Un mot ne conferve pas dans la tradu@ion tous les Jèzs figurés qu'il à dans la langue Originale = chaque langue a des expreffions figurées qui lui . font particuhieres, foit parce que ces expreflions {ont tirées de certains ufages établis dansun pays , & inconnus dans un autre; foit par quelqu’autre raifon purement arbitraire, . . . Nous difons porter envie, Ce quine feroit pas entendu en Jatin par ferre invidiam ; au contraire, morem gereré alicui , eft une façon de parler latine, qui ne feroit pas en tendue en françois ; fi on fe contentoit de la ren- dre mot-à-mot, &c que l’on traduisit, porrer La cou ture a quelqu'un, au-lieu de dire , faire voirà quel- qu'un qu’on fe conforme à fon goût , à fa maniere de vivre, être complaifant, lui obéir . .... ainff quand 1l s’agit detraduireenuneautre langue quel- que exprefhon figurée , le traduéteur trouve fou- vent que fa langue n’adopte point la figure de [x langue originale ; alors ildoit avoir recours à quel- qu'autre exprefhon figurée de fa propre langue , qui réponde , S'il eft poflible , à celle de fon au= teur. Le but de ces fortes de tradu&tions n’eft que de faire entendre la penfée d’un auteur ; ainfi on doit alors s'attacher à la penfée & non la lettre, &t parler comme l’auteur lui-même auroit parlé, { la langue dans laquelle on le traduit, avoit été fa langue naturelle ; mais quand il s’agit de faire en- tendre une langue étrangere , on doit alors tradui=. re littéralement, afin de faire comprendre le tour original de cette langue. » Nos diéhionnaires, (+. #’ont point aflezremar- qué ces différences, je veux dire, les divers fers que lon donne par figure à un même mot dans une même langue , & les différentes fenifcarions que celui qui traduit eft obligé de donner à un même mot ou à une mémeexpreffion, pout faire enten- dre la penfée de fon auteur. Ce font deux idees fort différentes que nos diétionnaires confondent x ce qui les rend moins utiles & fouvent nuifibles aux commençans. Je vais faire entendre ma penfée par cet exemple. » Porter fe rend en latin dansle fèzs propre par Jerre : mais quand nous difons porter envie, porter la parole | fe porter bien ou mal, &c. on ne fe {ert plus de ferre pour rendre ces façons de parler em latin ; la langue latine a fesexpreflions particulie- res pour Les exprimer ; porcer ou ferre ne font plus alors dans l’imagination de celui qui parle latin = ainfi quand on confidere porter, tout feul & féparé des autres mots qui lui donnent un /èzs figuré, on manqueroit d'exaétitude danslesdiétionnairesfran- çois-latins, fi Pon difoit d’abord fimplement, que porter fe rend en latin par férre, invidere, alloqui, valere, 8&cC. » Pourquoi donc tombe-t-on dans [a même faute dans les diétionnaires latin-françois, quand il s’a- git de traduire un mot latin? Pourquoi joint-on à la fgnification propre d’un mot, quelau’autre fignification fieurée | qu'il n’a jamais tout {eul en latin ? La figure n’eft que dans notre françois , parce que nous nous fervons d’une autre image, &t par conféquent de mots tout différens. ( Foyez le diétionnaire latin-françois, imprimé fousienom de R. P.Tachart, en1727, & quelqu’autres dic- tionnaires nouveaux. ) Misrere , par exemple, fig- nifie , y dit-on, envoyer, retenir , arrêter , écrire n’eft-ce pas comme fi l’on difoit dans le diétions C 18 S EN # naire françois-latin, que porter {e rend en latin par » ferre, invidere, alloqui , valere ? jamais wistere » n’a eu la fégnification de retenir , d'arrêter , d'écrire, » dans l'imagination d’un homme qui parloit latin. # Quand Térence a dit, (Adelph. TITI. 3. 3 7.) lacry- » mas mice, &c(Hec. Vi. 14.) miflam iram facier ; » nittere avoit toujours dans fon efprit la fionifñica- » tion d'envoyer: envoyez loin de vous vos larmes, # votre colere, comme on renvoie tout ce dont on » veut fe défaire: que fien ces occafions nous difons # plutôt, resenez vos larmes, retenez votre colere, C’eft »# que pourexprimer ce/ézs, nous avons recouts à » une métaphore prife de l’aétion que lonfait quand # on retient un cheval avec le frein , ou quand » on empêche qu'une chofe ne tombe ou ne s’é- » chappe : ainfi il faut toujours diftinguer deux 5 fortes detraduions. (voyez TRADUCTION, VER- # SION, /yr: ) Quand on ne traduit que pour faire » entendre la penfée d'unauteur, on doit rendre, s'il » eft poflble, figure par figure, fans s’attacher à tra- » duire littéralement; mais quand il s’agit de donner » l'intelligence d’une langue ; ce qui eff le but des: » dionnaires, on doittraduire littéralement, afin » defaireentendre le fers figuré qui eften ufage dans » cette langue à l'égard d’un certain mot; autrement »# c’eft toutconfondre. » Je voudrois donc que nos diétionnaires don- » naflent d’abord à un mot latin la fgruification pro- » pre que ce mot avoit dans l'imagination des au- » teurs latins: qu’enfuite ils ajoutaflent les divers » fens figurés que les latins donnoïent à ce mot; mais » quand ilarrive qu’un mot joint à un autre, forme » une expreffion figurée , un /ézs, une penfée que # nous rendons en notre langue par une image diffé- » rente de celle qui étoit en ufage en latin ; alors je » voudrois diftinguer : 1°. fi l’explication littérale » qu'on a déja donnée du mot latin, {ufit pour faire » entendre à la lettre l’exprefion figurée, ou la pen- » fée littérale du latin ; en ce cas, je me contente- | » rois de rendre la penfée à notre maniere ; par » exemple, ritrere, envoyer ; rite iram , retenez # votre colere; ritrere epiffolam alicui, écrire une » lettre à quelqu'un. 2°. Mais lorfque la façon de # parler latine, eft trop éloignée de la françoife, » 8z que la lettre n’en peut pas être aifément enten- » due , les diétionnaires devroient l'expliquer d’a- » bord littéralement , & enfuite ajouter la phrafe » françoife qui répond à la latine ; par exemple, /z- » zerem crudum lavare , laver une brique crue , c’eft- » dire, perdre fontems & fa peine, perdre fon » latin; qui laveroit une brique avant qu'elle fût » cuite, ne feroit que de la boue , &c perdroit la » brique; on nedoit pas conclure de cet exemple, # que jamais /avare ait fignifié en latin, perdre ; ni # Later, tems OU PErne. » IL. SENS dérerminé, SENS indéterminé. Quoique cha- que mot ait néceflairement dans le _difcours une fignification fixe , 6t une acception déterminée , il il peut néanmoins avoir un Jens indéterminé , en ce qu'il peut encore laifer dans Pefprit quelque incertitude fur la détermination précife &c indivi- duelle des fujets dont on parle, des objets que l'on défigne. Quelon dife, par exemple, des HOMMES ont cru que Les animaux font de pures machines ; ur HOMME d'une naiffance incertaine , Jetta les premiers fonde- mens de la capitale du monde : le nom homme, qui a dans ces deux exemples une figrification fixe , qui y eft pris fous une acception formelle ëc détermi- native, y conferve encore un Jens indèterminé , parce que la détermination individuelle des fujets qu'il y défigne , n'y eft pas affez complette ; il peut y avoir encore de l'incertitude fur cette dé- termination totale , pour ceux dumoimns qui 18R0- 4 reroient l’hifloire du cartéfianifme & celle de Ro- me; cé qui prouve que la lumiere de ceux qui ne refleroient point indécis à cet égard, après avoir entendu ces deux propofñtions, né leur viendroit d’ailleurs que du /£rs même du mot Aomme. Maish Pon dit, Zes C'ARTÉSTENS ent cri que les ani- maux font de pures machines ; ROMULUS jetta Les pre- mers fondemens de la capitale du monde : ces deux pro- pofitions ne laiffent plus aucune incertitude fur la dé- termination individuelle des Zomvmes dont il y eft queftion ; le /érs en eft totalement déterminé, IL. Sens atif, SENS paffif. Un mot eft employé dansun/érsaéhif, quandle fujet auquelilfe rapporte, eft envifagé comme le principe de lation énoncée par ce mot ; il eftemployé dans le /ezs pafif, quand le fujet auquel il a rapport, eft confideré comme le terme de limpreffion produite par lation que ce mot énonce: par exemple les mots aïe & Jecours font pris dans un /é7s a&tif, quand on dit,"107 41DE, OÙ Mm07 SECOURS vous eff inutile ; car c’eft comme ft lon difoit, PAIDE, ou le SECOURS que je vous donnez rois, vous effinurile : mais ces mêmes motsfont dansun lens pañlif, filon dit, accourez à mon AIDE, venez à mon SECOURS ; car ces mots marquent alots l’aide ou le Jecours que lon me donnera , dont je fuis le terme & non pas le principe. (Voyez Vaugelas, Rem. 541.) CecenfantSE GATE, pour dire qu'iltache feshardes , eft une phrafe où les deux mots Je géce, ont le fers aëtif, parce que l’erfzns auquel ils ferapportent, eft envifagé comme principe de l’aétion de gérer: cesre robe SE GATE, eît une autre phrafe où les deux mê- mes mots ont le /ezs pafhf, parce que la robeà laquelle ils ont rapport, eft confiderée comme le terme de limpreflion produite par laétion de gérer, Voyez PASSIE. « Simon, dans PAndrienne, (I.iy.17.) rappelle à # Sofie Les bienfaits dont il Va comblé : ze remertre » ainft vos bienfaits devant Les yeux, lui dit Sofie, » -c’efime reprocher que je les ai oubliés ; (ifthæccom- » memoratio quaf exprobratio eft IMMEMORIS be= » nefici.) Les interprètes,d’accord entr’eux pour le » fond de la penfée, ne le font pas pour le fers dim » memoris : Le doit-il prendre dans un /ézs atif, où » dans un jrs pafñf ? Mad°. Dacier dit que ce mot » peut être expliqué des deux manieres :exprobrario » MelIMMEMORIS, && alors tmmemoris et actif; ow » bien,exprobrario beneficit IMMEMoORIS,lereproche » d’un bienfait oublié, & alors memoris eft pafñf. » Seloncette explication, quand zem0r veut dire » celui qui oublie , il eft pris dans un/ézs adif; aus » lieu que quand il fignifie ce qui ef? oublié, il eft » dans un /ézs paflif, du moins par rapport à notre » maniere de traduire littéralement. » ( Voyez M: duMarfais, Trop. part. TITI. arr. üj. ) Ciceron a dit ; dansle Jens aétif , adeonè IMMEMOR rerum à me gefla- ru effevideor ; & Tacite a dit bien décidément dans le Jens paflif, immemor bencficium. C’eft la même cho- fe du mot oppofé remor. Plaute Pemploie dansle /ens adif, quand il dit fäc fs promiffi MEMoR ; (Pieud.) & MEMOREM mones , ( Capt.) au contraire, Horace l’'emploie dans le fers pañlif, lorfqu'il dit : | Impreffit MEMOREM dente labris notam. L. Où. 13% M. du Marfais, ( Loc. cir.) tire de ce double /êxs de ces mots, uné conféquence que je ne crois point jufte ; c’eft qu’en latin ils feroient dans un {ens neu- tre. Ilme femble que cet habile grammairien oublie ici la fégnification du mot de zeutre, c’eft-à-dire, fe- lon lui-même, n1 aëtif ni pafiif : or on ne peut pas dire qu'un mot qui peut fé prendre alternativement dans un fezs aétif & dans un fes pañhif, ait un /ers neutre, de même qu’on ne peutpas dire qu’un nom comme fris, tantôt mafculin & tantôt féminin, foit i SREUN du genre neutre, Il faut dire que dans telle phrafe, le mot a un /ézs aétif ; dans telle autre , un /ezs paflif, & qu’en lui-même 1l eft fufceptible des deux /ezs , (utriufque & non pas neutrins. ) C’eflpeut-être alors qu’: faut dire que le Jéss en eit par lui-même indé- terminé, &c qu'il devient déternuné par lufage que l'on en fait. | D’après les notions que j'ai données du Jêrs aëtif &c dü/ers paf, fi Pon vouloit reconnoitre un /ès neutre , il faudroit l’attribuer à un mot effentielle- ment a@if, dont le fujet ne feroit envifagé ni comme priacipe , nicommeterme de l’aétion énoncée par ce mot: or cela eft abfolument impoïible, parce que tout fujet auquel fe rapporte une aétion , en eft né- ceffairement le principe ou le terme. Une des caufes qui a jette M. du Marfais dans cette méprife, c’eft qu'il a confondu Jéns & fégnificarion ; ce qui eft pourtant fort différent : tout mot pris dans une acception formelle , a une fonficarion attive, ou pauive , ou neutre, felon qu'il exprime une ation, une pafhon, ou quelque chofe qui n’eft ni aétion, it pañion, mais il a cette fsxification par lui-même, & indépendamment des circonftances des phrafes : au lieu que les mots fufceptibles du /ers actif, ou du Jens paffif, ne le font qu'en vertu des circonftances de la phrafe, hors de-là , 1ls font indéterminés à cet ésard. IV. SENS abfolu, SENS relauif. Jen ai parlé ail- leurs, & je n'ai rien à en dire de plus. #7. RELATIF, ait. IT. V.. SENS colleëtif, SENS diffributif. Ceci ne peut regarder que les mots pris dans une acceprion univer- felle : or 1l faut diffinguer deux fortes d’univerfalite, Fune métaphyfique, & l’autre morale. L’univerfali- té eft métaphyfque quand elle eft fans exception, comme tout HOMME eff mortel. L’univerfalité eft mo- rale, quand elle eft fufceptible de quelques excep- DONS, COMME 404 VIFEILLARD loue L: tems palfe. Left donc à l'égard des mots pris dans une acception univerfelle , qu'il y a fezs colletif, ou /ezs diftribu- üif. {ls font dans un /ers colleétif, quand ils énoncent la totalité desindividus , fimplement comme totalité: ils font dans un /ezs diftributif, quand on y envifage chacun desindividus féparément. Parexemple, quand on dit en France que {es ÉFEQUES Jugens infarllible- ment en matiere de foi, le nom évêques y eft pris feule- ment dans le /êrs colle&tif, parce quela propofition n’eft vraie que du corps épifcopal , & non pas de chaque évêque en particulier , ce qui eft Le /exs dif- tributif. Lorfque l’umiverfalité eft morale, il n’y a de mème que le /ezs colledtif qui puifle être regar- dé comme vrai; le /êrs diftributif y eft néceflaire- ment faux à caufe des exceptions : ainfi dans cette propoñtion , sous VIEILLARD lous le sms pal[e , 1l n’y a de vrai quele /ezs colleétif, parce que cela eït aflez généralement vrai, ve plurimim ; le fens diftri- butif en eft faux, parce qu'il fe trouve des vieillards équitables qui ne louent que ce qui mérite d’être loué. Lorfque l’umverfahté eft métaphyfique, & qu’elle n’indique pas individuellement la totalité, 11 y a vérité dans Le /éns colleétif & dans le fes diftri- butif, parce que l'énoncé eft vrai de tous & de cha- cun desindividus;, comme souf HOMME eff mortel. VI. SENS compofé, SENS divifé. Je vais tranfcrire ici ce qu'en a dit M. du Marfais , Trop. part. III. art. Vi. | # Quand Pévangile dit , Mar. xj. 5. les 47 EU- » GLES voyent, les BOITEUX marchent , ces termes, » les aveugles , les boiteux , {e prennent en cette oc- » cafon dans.le Jess divifé;.c’eft-à-dire , que ce mot » aveugles Le dit Là de ceux qui étoient aveugles & » qui ne le font :plus ; ils font divifés, pout ainfi » dire, de leur aveuglement; car les aveugles, en Tome XF, : SEN 19 » tânt qu'aveuglés (cé quiferoit le /£25 compoié ), » ne VOyEnT pas. n L'évangile | Mar. xxvj. GC. parlé d’un certain » Simon appellé le lépreux , parce qu'il Favoit été ; » c'eft le /erzs divifé. » Ainfi quand $. Paul a dit, £. Cor. yj. 9, que Les » IDOLATRES n'entreront point dans de royäume des » cieux ,1l a parlé dés ido/ésres dans le fêrs compolé , » c’eft-à-dire , de ceux qui demeureront dans lido: » lâtrie. Les idolâtres, en tant qu’idolâtres , n’entre- » Yont pas dans le royaume des cieux; c’eft lé /èns » compolé : maïs Les 1dolâtres qui auront quitté li » dolâtrie, ê7 qui auront fait pénitence , éntreront » dans le royaume des cieux ; c’eft Le féxs divité. » Apelle ayant expolé, felon fa coutume ; un ta- » bleau à la critique du public, un cordonnier cen- » fura la chauflure d'une figure de ce tableau : Apelle » réforima ce que le cordonnier avoit blâmé, Mais le » lendemain le cordonnier ayant trouvé à redire à » une jambe , Apelle lui dit qu’un cordonnier né » devoit juger que de la chauflure ; d’où eft venu le » proverbe, re for ultra crepidur , fuppléez judicer, » La récufation qu’Apelle fit de ce cordonnier, étoit » plus piquante que raifonnable : un cordonnier, en » tant que cordonnier, ne doit juger que de ce qui » eft de fon métier ; mais fi ce cordonnier a d’autres » lumieres, il ne doit point être récufé , par celafeul » qu'il eft cordonnier : en tant que cordonnier , ( ce » qui eft le Jezs compofé ), 1l juge fun foulier efthien » fait à bien peint ; &c en tant qu’il a des connoifflan: ».ces fupérieures à fon métier , 1l eff juge compétent »fur d’autres points ; il Juge alors dans le /éns di- » vifé, par rapport à fon métier de cordonnier. » Ovide parlant du facrifice d’'Iphigénie, Mer. xij. » 29. dit que l’éxérés public criompha de la rendrejfe » paternelle ; [| & que | Ze roi vainquit Le pere : po/f » qua pietatem publica caufa , rex que patrem vicit, » Ces dernieres paroles font dans un fers divifé. » Aoamemnon fe regardant comme roi, étouffe les » fentimens qu'il reflent comme pere. » Daus le /ezs compofé ,un mot conferve fa fgni: » fication à tous épards, & cette fgrifsation entre » dans la compofition du /rs de toute la phrafe : au » lieu que dans le /ezs divisé , ce n’eft qu’en un cer: »tainfers, & avec reftriftion, qu’un mot confervé » {on ancienne fprifecation », | VIL SENS dttéral , SENS fpirituel, C’eft encoré M. du Marfais qui va parler. 1b:2, arr. 1x. « Le Jens litteral eft celui que les mots exçitent » d’abord dans lefprit de ceux qui ehtendent une » langue; c’eft le /eys qui fe préfente naturellement » à l’efprit. Entendre une exprefion littéralement, » c’eft la prendre au pié de la lettre, Que diéfa fun » Jecundium licteram accipere, id ff ; non alirer intel » ligere quam ditrera fonat ; Aus, Gen. ad. hrs, Lib. » VIII. c. 1. rom. LILI. C’eft le /éns que les paroles » fignifient immédiatement, 15 giem verba immediatè » fignificant. | » Le Jèns {pirituel eft celui que le fers littéral ren- » ferme ; 1left enté, pour amd dire, fur le fs lit- »téral ; c’eft celui que les chofes figmifiées par le » fers littéral font naître dans l’efprit, Ainf dans les » paraboles, dans les fables, dans Les allérories, l » y a d’abord un ÿézs littéral : on dit , par exem- -»ple, qu'un loup & un agneau vinrent boire à un » même ruiffeau ; que le loup ayant cherché querelle » à l'agneau , il le dévora. Si vous vous attachez fim- » plemeut à dla lettre , vous ne verrez dans ces pa- » roles qu'unefimple avanture arrivée à deux ani- # Maux & Mais cette narration a un autre Gbjet,ona » deflein de vous faire voir que Les foibles font quel. » quefois opprimés par ceux qui font plus puiflans : » &c voilà le /ezs fpirituel , quieft toujours fondé {ur » le Jens httéralw | C1 20 SEEN $. 1. Divifion du SENS listéral. & Le fens Vittéral # eft donc de deux fortes. 1.» Il y a un fers littéral rigoureux ; c'eit le fèrs » propre d’un mot, c’eft la lettre prife à la rigueur, » féricée. 2. La feconde efpece de fers littéral , c’eft celui » que les expreffions figurées dont nous avons parlé, » préfentent naturellement à l’efprit de ceux qui en- #tendent bien une langue ; c’eit un /ezs littéral f- » guré: par exemple , quand on dit d’un politique, » qui feme à propos la divifion entre fes propres »ennenis , femer ne {e doit pas entendre à la rigueur s felon Le fers propre, & de la même maniere qwon » dit fémer du blé : mais ce mot ne laiffe pas d’avoir » un fèrs littéral, qui eft un /ezs figuré qui fe pré- » fente naturellement à l’efprit. La lettre ne doit pas: # toujours être prife à la rigueur ; elle tue, dit faint » Paul , If. Cor. üj. 6. On ne doit point exclure # toute fégnification métaphorique & figurée. El faut » bien fe garder , dit S. Augufhin, de doûfr. chrift. » L. III. c. v. tom. III. Paris, 168$ , de prendre à » la lettre une façon de parler figurée ; & c’eft à cela » qu'il faut appliquer ce pañlage de S. Paul , Zx lettre situe, & l'efprit donne la vie. În principio cayerdum » cfè ne figuratam locutionem ad liueram accipias ; & » ad hoc ertm pertinet quod aït apoflolus , littera oc- » cidit, fpiritus autem vivificat, » Il faut s'attacher au fers que les mots excitent # naturellement dans notre efprit , quand nous ne » fommes point prévenus êc qué nous fommes dans >» l’état tranquille de la raifon: voilà le véritable /ers » littéral figuré ; c’eft celui-là qu’il faut donner aux » lois , aux canons, aux texies des coutumes , &c »# même à l’Ecriture-fainte. » Quand J. C. a dit, Luc. ix. Ga. celui qui met La » main à la charrue & qui regarde derriere lui, n’eft » poirt propre pour le royaume de Dieu | on voit » bien qu'il n'a pas voulu dire qu'un laboureur qui » en travaillant tourne quelquefois la tête , n’eft pas » propre pour le ciel ; le vrai fézs que ces paroles » prélentent naturellement à lefprit, c’eft que ceux » qui ont commencé à mener une vie chrétienne & » à être les difciples de Jefus-Chrift, ne doivent pas » changer de conduite ni de doëtrine, s'ils veulent » Être lauvés:: c’eft donc là un jers littéral figuré. Il » en eft de même des autres pañlages de l’évangile, » où Jefus- Chrift dit, Mes, v. 39 , de préfenter la » joue gauche à celui qui nous afrappé fur la droite , » À, 1b.29. 30. de s'arracher la main ou l'œil qui » eft un fujet de fcandale : il faut entendre ces baro- » les dela même maniere qu'on entend toutes les » expreflions métaphoriques érfipurées ; ceneferoit »# pas leur donner leur vrai /ens que de les entendre » felon le Jens littéral pris à la rigueur ; elles doi. » vent être entendues {eion la feconde forte de Jens » Hittéral, qui réduit toutes ces fäçons de parler f- » gurées à leur jufte valeur, c'eft - à - dire, au fé»s » qu’elles avoient dans l’efprit de celui quia parlé, » êc qu'elles excitent dans l’efprit de ceux qui enten- » dent la langue où lexpreflion figurée eft autorifée » par l’ufage. Lorfque nous donnons au blé le nom de » Cérès, dit Cicéron, de nat. deor. lib. III, n°. 41. » a lin. xvj. & au vin le nom de Bacchus , zous nous » Jervons d’uné façon de parler ufitée en notre langue, » & pérfonne n'eft af[ezg dépourvu de fens pour prendre # ces paroles a la rigueur de la lettre. » Il ya fouvent dans le langage des hommes un » fers litréral qui eft caché, &t que les circonftances » des chofes découvrent : ainfi il arrive fouvent que » la même propofñtion a un tel /ézs dans la bouche # ou dans les écrits d’un certain homme, & qu’elle #ena unautre dans les difcours &c dans les ouvrages » d’un autre homme ; mais ilne faut pas légerement » donner des /exs défavantageux aux paroles de ceux SE N » qui ne penfent pas en tout comme nous » il faut » que ces /éxs cachés foient fi facilement développés » par les circonftances, qu'un homme de bon fers » quin’eft pas prévenu ne puifle pas s’y méprendre. » Nos préventions nous rendent toujours injuftes , » & nous font fouvent prêter aux autres des fenti- » mens qu'ils déteftent auf fincerement que nous » les déteftons. » Au refte, je viens d’obferver que le /ezs littéral » figuré eft celui que les paroles excitent naturelle- » ment dans l’efprit de ceux qui entendent la langue » où Pexpreffion figuréeeftautorifée par l’'ufage : ainf » pour bien entendre le véritable /ezs littéral d’un au- » teur, ilne fufñit pas d’éntendre les mots particuliers » dontils’eit fervi, il faut encore bien entendre les fa- » çons de parler ufitées dans le langage de cet auteur; » fans quor, ou Pon n’entendra point le paflage , ou » Von tombera dans des core - fens. En françois, » donner parole , veut dire promettre ; en latin, verba » dare, fignifie #ormper : pœnas dare alicui, ne veut » pas dire donner de la peine à quelqu'un , luifaire de la » peine , il veut dire au contraire , étre puni par » quelqu'un , lui donner la fatisfattion qu'il exige de » nous , lui donner notre fupplice en payement, » comme On paye une amende. Quand Properce dit » à Cintme , dabis mihi perfida pœnas, 11. ele. v..3. »ilne veut pas dire, perfide, vous m’allez caufer bien » des tourmens , il lui dit au contraire, qu'il la fera » repentir de fa perfidie. Perfide | vous me Le paye- » rez : vOilà peut-être ce qui répond le plus exaéte- » ment au dabis imihi pænas de Properce. » Il n’eft pas poffible d'entendre le /ers littéral de » l'Ecriture fainte, fi l’on n’a aucune connoïfflance » des hébraïfmes &c des hellénifimes , c’eft-à-dire, des » façons de parler de la langue hébraïque &c de la » langue grecque. Lorfque les interprètes traduifent » à la rigueur de la lettre , ils rendent les mots"& »non le véritable /ézs. De-là vient qu'il y a , par » exemple , dans les pfeaumes , plufieurs verfets qui » ne font pas intelligibles en latin. Mowces Dei, pf. »35, ne veut pas dire des montagnes confacrées a » Düuu , mais de hautes montagnes ». Voyez Ipio- TISME 6 SUPERLATIF. | » Dans le nouveau T'eftament mêmeil y a plufieurs » paflages qui ne fatroient être entendus, fans la » connoïflance des idiotifmes , c’elt-à-cire , des fa- » cons de parler des auteurs originaux. Le mot hé- » breu qui répond au mot latin vérbum , fe prend or- » dinairement en hébreu pour chofe fignifñiée par la » parole; c’eft le mot générique qui répond à zege- » cum ou res des Latins. Trarfeamus ujque Berhleem, » G videamus hoc FERBUM quod fuitum efi. Euc y. » 15. Paflons jufqu’à Bethléem , & voyons ce qui y » eft arrivé. Ainf lorfqu’au trotfieme verfet , du cha- »pitre 8 du Deutéronome, il eft dit ( Deus ) dedir » tibi cibum manna quod ignorabas tu € patres tut , » ut offenderet tibi quod non in folo pane vivarhomo , » fed in ormni verbo quod esreditur de ore Dei. Vous » Voyez que ir omni verbo fignifie in omni re, c’eit- » à-dire, desout ce que Dieu dit , ou veut qui ferve de » nourriture. C’eft dans ce même /ezs que Jefus- » Chriff a cité ce paflage : le démon lui propoñoit de » changer les pierres en pain ; 1l n’eft pas néceffaire » de faire ce changement, répond Jefus-Chrift, car » l’homme ne vit pas féulemens de pain , il Je nourrit » encore de tout ce qui plaït à Dieude lui donner pour » zourriture , de tout ce que Dieu dir qui fervira de » nourriture. Mat. iv. 4. Voilà le fers lttéral ; celui »qu’on donne communément à ces paroles, n’eft » qu'un fers moral ». $.2. Divifion du SENS fpirivuel. « Le Jens fpiri- » tueleft aufli de plufieurs{ortes. 1. Le SENS moral. » 2. Le SENS allégorique. 3, Le SENS anagogique. 1. SENS moral, » Le fers moral eft une interpré- S'EUN #tation felon laquelle on tire quelque inftruétion # pour les mœurs. On tire un /4s moral des hiftoi- » res , des fables , &c. Il n’y a rien de fi profane dont »onne puile tirer des moralités, ni rien de f {£- » rieux qu’on né puifle tourner en burlefque. Telle » eft la raïon que les idées ont:les unes avec les au- » tres : le moindre rapport réveille une idée de mo- » lalité dans un homime dont le goût eft tourné du » côté de la morale ; & au contraire celui dont l'1- »# maginaton aime le burlefque , trouve du burle{- # que par-tout. » Thoinas Walleis , jacobin angloïis , fit impri- # mer vers la fin du xv. fiecle, à Pufage des prédi- » cateurs , une explication morale des métamor- » phofes d'Ovide. Nous avonsle Virgile travefti de » Scaron Ovide n’avoit point penfé à la morale que » Walleis lui prête , &c Virgile n’a jamais eu les idées » burlefques que Scaron a trouvées dansfon Enéide. » Iln’en eft pas de même des fables morales ; leurs » auteurs mêmes nous en découvrent les moralités ;, »elles font tirées du texte comme une conféquence » eft tirée de fon principe. 2. SENS allégorique. » Le [ès alléporique fe tire » d’un difcours, qui, à le prendre dans fon /ezs pro- » pre, fignifie toute autre chole : c’eft une hiftoire » qui eft l'image d’une autre hifloire , ou de quel- ».qu'autre peniée. Voyez ALLÉGORIE. » L’efprit humain a bien de la peine à demeurer » indéterminé fur les caufes dont 1l voit ou dont il » reffent les effets ; ainfi lorfqu'il ne connoït pas les » caufes ,1len imagine & le voilàfatisfait, Les payens »# imaginerent d’abord des caufes frivoles de la plü- » part des effets naturels : l'amour fut l’effet d’une » divinité particuliere : Prométhée vola le feu du » ciel : Céres inventa le blé , Bacchus le vin, &a »# Les recherches exaétes font trop pémibles, & ne » font pas à la portée de tout le monde. Quoi qu'il » en loir , le vulgaire Juperfhtieux , dit le P. Sanadon, » poëfies d'Hor, 1. 1. pag. 504 ; fut la dupe des vi- ® » fionnaires quiinventerent toutes ces fables. » Dans la fuite , quand les payens commencerent » à fe policer &x à faire des réflexions fur ces hiftoires » fabuleufes , 1l fe trouva parmi eux des myftiques, » quien envelopperentles abiurdités fous le voile des » allégories &c des /érs fipurés, auxquels les premiers » auteurs de ces fables n’avoient jamais pente. » Il ya des pieces allégoriques en prole &c.en vers : # les auteurs de ces ouvrages ont prétendu qu'onleur » donnât un fes allégorique ; mais dans leshiftoires, #» t dans les autres ouvrages dans lefquels il ne pa- » roit pas que l’auteur ait iongé à lallégorie , il eft » inutile d’y en chercher.Il faut queleshiftoires dont # on tire enfuite les allégories, ayent étécompoñées » dans la vue de l’allégorie ; autrement les explica- » tions allégoriques qu’on leur donne ne prouvent »rien, & ne {ont que des explications arbritraires » doit 1l eft hbre à chacun de s’amufer comme:il lui » plait, pourvu qu'on n’en tire pas des conféquen- # ces dangereufes, » Quelques auteurs, {rdiculus hiflorico-chronolo- » gicus, in fabrithefauro , ont trouvé une image des » révolutions arrivées à la languelatine, dans la fta- »#tue que Nabuchodonofor vit en fonge ; Dan. y. » 31. ils trouvent dans ce fonge une ailegorie de ce # qui devoit arriver à la langue latine. » Cette flatueétoit extraordinairement grande ; # la langue latine n’étoit-elle pas répandue prefque » par-tout ? 1 » La tête de cette ftatueétoit d’or , c’eft le fiecle » d’or de la langue latine; c’eft le tems de Térence, » de Cefar, de Cicéron, de Virgile ; en un mot, c’eft -#le fiecle d'Ausufte. . » La poitrine & les bras de la ftatue étoient d’ar- _#gent ; C'eft le fiecle d'argent de la langue latine ; SEN af » C’eft depuis le mort d’Augufte jufqu’à la mort de » l’empereur Trajan, c’eft-à-cire jufqu’environ cent » ans après Auguite. » Le ventre & les cuifles de là flatue étoient d'ai- »rain ; c’eft le fiecle d’airain de la langue latine; » qui comprend depuis la mort de Trajan,, jufqu’à la » prife de Rome parles Goths, en 410. » Les jambes de la ftatue étoïent dle fer, & les pics » partie de fer & partie deterre; c’eft le fiecle de fer » de la langue latine , pendant lequel.les différentes »incurfons des barbares plongerent les hommes » danstune extrème ignorance ; ä-peine la langue la- » tine fe conferva-t-elle dans le langage de lEglifes » Enfin une pierre abattit la ftatue ; c’eft la langue » latine qui cefla d’être une langue vivante. » C’eft ainfi qu’on rapporte tout aux idées dont on » eft préoccupé. » Les féns allésoriquesont été autrefois fort à la mo- y de,& ilsle font encorcen orient;onentrouvoitpar- » tout jufque danslesnombres. Métrodore de Lamp- » faque , aurapport de Tatien , avoit tourné Homere » tout entier en allégories. On aime mieux aujour= » d’hui la réalité du fers littéral. Les explications myf- » tiques de l’Ecriture-fainte qui ne font point fixes » par les apôtres , ni établies clairement par la revé: » lation , font fujettes à des illufions qui menent au » fanatifme. Voyez Huet, Origenianor, lib. II. queffs » 13. pag. 171. & le ivreintitulé, Traité du fens Zir- » céral & di ens myflique , felon La doëtrine des peres. 3. SENS anagogique.«Le féns anagogiquen’eft guere » en ufage que lorfqu’il s’agit de différens férs de l'E+ » criture-fainte, Ce mot aragogique vient du grec » dvayoyh , qui veut dire élévation : dre , dans la » compofition des mots, fignifie fouvent au-deffus , » en-haut , aywyh veut dire conduite ; de dyw, je con- » duis : ainfi le fers anagosique de l'Ecrituré-fainte eft » un frs myftique quiéleve l’efprit aux objets célet- » tes & divins de la vie éternelle dont Les faints jouifs » fent dans le ciel. » Le fèns littéral eft le fondement des autres /èzs » de l'Écriture-fainte. $i les explications qu’on en » donne ont rapport aux mœurs , c’eft le /ezs moral. » Si les explications des pañlages de l’ancien Tefta- » ment regardent l’Eglife & les myfteres denotrere- » ligion par analogie ou reffemblance , c’eftle /£4s al- » légorique ; ainf le facrifice de l’agneau paical, le » ferpent d’airain élevé dans le defert, étoient autant » de figures du facrifice de la croix. » Enfin lorfque ces explications regardent l'Eglife » triomphante &c la vie des bienheureux dans le ciel, » c’eft le /èns anagosique ; c’eft ainfi que Le fabbat des » Juifs eft regardé comme l’image du repos éternel » des bienheureux. Ces diférens /ézs qui ne font » point le Jens littéral, mile /ézs moral, s'appellent » auff en général SENS rropologique, c’eft-à-dire fers » figuré. Mais, comme je l’ai déja remarqué, il faut » fuivre dans le /ers allécorique &c dans le /e7s anago- » gique ce que la révélation nousenapprend, &s’ap- » pliquer fur-tout à l'intelligence du /enslittéral, qui » eft la regle infaillible de ce que nous devonscroire » 8 pratiquer pour être fauvés ». | VIII. SENS adapré. C'eft encore M. du Marfais qui vanousinftrure, 1b. art. x. 0 « Quelquefois on fe fert des paroles de l’'Ecriture: » fainte ou de quelque auteur profane , pour en faire » une application particuliere qui convient au fujet » dont on veut parler, mais qui n’eft pas le fezs na- » turel & littéral de l’auteur dont on les emprunte ; » c’eft ce qu’on appelle fexfus accommodatitius , fers » adapté. » Dans les panéeyriques des faints & daris les orai- » fons funebres, le texte du difcours eft pris ordinai- » rement dans le /ézs dont nousparlons. M. Fléchier, » dans fon oraïfon funebre de M, de Turenne, aps 22 SEN 5 » plique à fof héros ce qui éft dit dans l'Ectiture À » Poccafion de Judas Machabée aui fut tué dans une » bataille. | » Le pere le Jeune de l’ofatoire , fameux mifion- »naire, S'appelloit Jean ; il étoit devenu aveugle : » 1l fut nommé pour prêcher le carême à Mareille » aux Acoules; voici le texte de fon premier fermon: » Fuit homo miflus a Deo , cui nomen erat Joannes : » non erat ille lux , fed ur seflimoniom perhiberes de lu- » ruine , Joan.j. 6. On voit qu’il faifoitallufion à fon » nom &t à fon aveuglement. » Il y a quelques pañlages des auteurs profanes qui » font comme pañlés en proverbes , & auxquels on » donne communément un /érs détourné, qui n’eft » pas précifément le même es que cel qu'ils ont » dans l’auteur d’où ils font tirés; en voici des exem- » ples: 1.5 Quand on veut animer un jeune homme à » faire parade de ce qu'il fait , ou blâmer un favant » de ce qu'il fe tient dans l’obfcurité, on lui dit ce » vers de Perle , Jar. j.27.Scire tmum nihil eff, niff te » foire hoc [état alter, Toute votre fcience n’eft rien, fi » les autres ne favent pas combien vous êtes favant. » La penfée de Perfe eft pourtant de blâmer ceux qui » n'étudient qne pour faire enfuite parade de ce qu’ils » favent : En pallor, Jriumque : 0 mores À ufque adeone Serre tuum huhil eff, mit re foire hoc fciut alter ? » Il y a une interrogation 8: une furprife dans le wtexte, & l’on cite Le vers dans un fens abfolu. 2. # On dit d’un homme qui parle avec emphafe, » d’un ftyle ampoulé & recherché, que Projicis ampullas € fefquipedalia verba : » il jette , 1l fait fortir dé fa bouche des paroles en- » flées &c des mots d'un pié & demi. Cependant ce » Vers à un /ezs tout contraire dans Horace, Ars por. » 97: La tragédie, dit ce poëte, ne s'exprime pas » toujours d’un ftyle pompeux & élevé : Télephe & »Pélée, tous deux pauvres, tous deux chaflés de » leurs pays, ne doivent pas recourir à des termes » erflés, n1 fe fervir de aränds mots : il faut qu'ils » faffent parler leur douleur d’un ftyle fimple & na- » turel, s'ils veulent nous toucher, êc que nous nous » intérefons à leur mauvaife fortune ; ainfi proyi- » cit, dans Horace, veut dire / rejette. Ec tragicus plerumque dolez fermone pedeflri Telephus & Peleus, cum pauper & exul uterque Projicis ampullas & féfquipedalia verba , Si curat cor fpetlanurs tetipiffe querclä, » M. Boileau , Art poérig. ch. LIL, nous donne le # même précepte : Que devant Troie en flamme , Hecube defolée Ne vienne pas Boujfer une plainte ampoulée. » Cette remarque , qui fe trouve dans la plüpart » des commentateurs d'Horace , ne devoit point » échapper aux auteurs des diétionnaires fur le mot # proyicere. 3. » Souvent pour éxcufer les fautes d’un habile » homme, on cite ce mot d'Horace, Arr poés. 3 9. 5 Quandoque bonus dormirat Homerus ; comme fi » Horace avoit voulu dire que le bon Hosmere s’en- » dort quelquefois. Mais gu2ndoque eft là pour quan- » documque, ( toutes les fois que } ; & bonus eft pris » en bonne part. Je fuis fâché, dit Horace , toutes > les fois que je m’appercois qu'Homere, cet excel- » lént poëte, s'endort, fe néglige, ne {e foutient » Das. . Indignor quandoque bonus dormirar Homerus. » M. Danet s’eft trompé. dans l'explication qu'il » donne de ce pañlase dans fon difonnaire latin- « françois fur ce mot gardoque, # 4. » Enfin pour s’excufer quand on efttombé dans » quelque faute, on citecevers de Férence, Heawr. » À. 7. 25. 3 Homo [um , humani nihil à me alienum puto , » comme fi Térence avoit voulu dire , Je fiis homme , » Je ne fuis point exempt des foibleffes de l'humanité ie » n'eft pas là le /£rs de Térence. Chrémès, touché de » Paflition où il voit Ménédème fon voifin, vient lui » demander quelle peut être la caufe de fon chagrin, » Gt des peines qu'il fe donne : Ménédème lui dit » brufquement, qu’il faut qu'ilait bien du loïfir pour » venir fe mêler des affaires d'autrui. Je Juis homme, » répond tranquillement Chrémès; rien de tour ce qui » regarde les autres hommes nefl étranger pour moi, je » m'intérelle à tout ce qui regarde mon prochain. » On doit s'étonner, dit madame Dacier , que ce » vers aitété fi malentendu, après ce que Cicéron en » a dit dans le premier livre des Offices. » Voici les paroles de Cicéron, I. Offic. n. 29. »a lin.IÎX, Eff enim difficilis curs rerum alienarum , » quanquam Terentianus ulle Chremes humani nihil à fè » alienum putat, Vajouterai un paflage de Séneque, » qui eft un commentaire encore plus clair de cespa- » roles de Férence. Séneque ce philofophe payen, ex- » plique dans une de fes lettres comment les hommes » doivent honorer la majefté des dieux : il dit que ce . »weft qu’en croyant à eux, en pratiquant de bon- » nes œuvres , & entâchant de Les imiter dans leurs » perfeétions, qu'on peut leur rendre un culte agréa- » ble ; il parle enfuite de ce que les hommes fe doi- » vent les uns aux autres. Nous devons tous nous » regarder , dit-il, comme étant les membres d’un » grand corps ; la nature nous a tirés de la mêmefour- »ce, & par-là nous a tous faits parens les uns des »autres ; c’eft clle qui a établi l'équité &z la juftice, » Selon linffitution dela nature, on eftplus à plaindre » quand on nuit aux autres , que quand on en reçoit » du dommage. La nature nous a donné des mains » pour nous aider les uns les autres; aiañ ayons tou- #jours dans la bouche & dans le cœur ce vers deTé- » rence ; 7e Juis homme , rien de tour ce qui regarde les » hommes nejl étranger pour moi ». À Mermbra fumus corporis magni , natura nos copratos edidir , com ex iifdem © in idem gign:rer. Mec nobis amorem indidis muuum 6 fociabiles fècie ; illa œquum Juflumque compofuit : ex illius conflieutione miferius eff nocere quam lædi ; 6 illius imperio parate funt ad ju vandum manus, Îfle verfus 6 in peëlore 6 ir ore fit, Homo fum , humani nihil à me alienum puto, H4- beamus in commune, quod nati fumus , Sénec. ep. +. XCY, «Ileft vrai en général que Les citations & les ap- » phications doivent être juites autant qu’il eft poff- »ble , puifqu’autrement elles ne prouvent rien, & » ne fervent qu’à montrer une fauffe érudition : mais »il y auroit du rigorifme à condamner tout /éas » adapte. » Il y a bien de la différence entre rapporter un » paflage comme une autorité qui prouve, ou fim- » plement comme des paroles connues , auxquelles » on donne un /ézs nouveau qui convient au fujet » dont on veut parler : dans le premier cas, il faur con- »ferver le fers de l’auteur ; mais danslefecond cas, » les paffages auxquels on donne un /èzs différent de »celui qu'ils ont dans leur auteur, font resardés » comme autant de parodies , & comme une forte » de jeu dont il eft fouvent permis de faire ufage #. IX, SENS louche, SENS équivoque. Le fens louche naît plutôt de la difpofrion particuliere des mots qui entrent dans une phrafe , que de ce que les termes en font équivoques en foi. Ainfi ceferoit plutôt la phrafe qui devroit être appellée Zouche, fi Pon vouloit s’en tenir au Jerslittéral de la métaphore : « çar, dit M. SEN » du Marfais, Trop. part. II. arr. vj, comme Îles per- » fonnes. louches paroïflent regarder d’un côté pen- » dant qu’elles regerdent d’un autre , de même dans » les conftruétions louches , les mots femblent avoir » un certain rapport pendant qu'ils en ontun autre»: ar conféquent c’eft la phrafe même qui a le vice d’être louche ; & comme les objets vus par les per- fonnes louches ne font point louches pour cela, mais feulement incertains à l'égard des autres, de mêine le èns louche ne peut pas être regardé proprement comme louche, il n’eft qu'incertain pour ceux qui entendent ou qui lifent la phrafe. Si donc on donne Je nom de frs louche à celui qui réfulte d’une difpo- fition louche de la phrafe, c’eft par métonymie que l’on franfporte à la chofe fignifiée le nom métapho- rique donné d’abord au figne. Voici un exemple de conftruétion & de fers louche, pris par M. du Mar- fais, dans cette chanfon fi connue d’un de nos meil- _ leurs opéra : | Tu fais charmer , Tu fais défarmer Le dieu de la guerre Le dieu du tonnerre Se laifle enflammer. « Le dieu du vonnerrre, dit notre gramtmairien , paroît » “abord être le terme de l’aétion de charmer &t de » défarmer, aufh bien que le dieu de ls guerre : cepen- 5 dant quand on continue à lire, on voit aifément » que Ze dien du tonnerre eft le nominatif ou le fujet » de fe laiffe enflammer ». x | Voici un autre exemple cité par Vaugelas, Rem. 110, « Germanicus , (en parlant d'Alexandre) a épalé » fa vertu, & fon bonheur n'a Jamais Eu de pareil... » On appelle cela , dit il,une conftruition louche, par- » ce qu'elle femble regarder d’un côté , &c elle re- i ‘ . Û Ç { » garde de l’autre ». On voit que ce purifte célebre. fitromber en effet la qualification de louche fur la conftrudion plutôt que fur le /êzs de la phrafe, con- formément À ce que j'ai remarqué. « Je fais bien, ajoute-t-il en parlant de ce vice d’élocution > êT adopte volontiers fa remarque : » Je fais bien qu'il y 5 aura aflez de gens qui nomimeront ceci un {crupule » &nonpas une faute, parce que la ledure de toute » la période faït entendre le Jens, & ne permet d'en 5 douter: mais toujours ils ne peuvent pas nier que » le lecteur &lauditeur n’y foient trompés d’abord, » 8 quoiqu'ils ne le foxent pas long tems , il eft cer- » tain qu'ils ne font pas bien-ailes de l'avoir été, & » que naturellement on n'aime pas à fe méprendre s » enfin C’eftune imperfection qu'il faut éviter, pour » pêtite qu'elle foit, s’il eft vrai qu il faille toujours » faire les chofes de la facon la plus parfaite qu'il fe » peut, fur-tout lorfqw’en matiere de langage il s’agit » de la clarté de l’exprefions. Le /èns louche naît donc de l'incertitude de la re- lation grammaticale de quelqu'un des mots qui com- pofent la phrafe. Mais que faut-il entendre par un Jèrs équivoque, ét quelle en eft l’origine ? Car ces deux expreflions ne font pas identiques, quoique M. du Marfais femble les avoir confonduies (/oc. cit.) Le fèns équivoque me paroït venir, fur-tout de lin- détermination eflentielle à certains mots, lorfqu'ils font employés de maniere que l'application actuelle n’en eft pas fixée avec aflez de précifon. Tels {ont les adjettfs conjonétifs qui ÊT que, êt l'adverbe con- jonétif donc ; parce que n'ayant par eux-mêmes mi nombre ni genre déterminé, Îa relation en devient néceffairement douteufe , pour le peu qu'ils ne tien- nent pas immédiatement à leur antécédent. Tels font ns pronoms de la troïfieme perfonne ; 4}, lui, elle, la, le, les, ils, eux, elles, leur ; parce que tous les objets dont on parle étant de la troifieme perfonne, i] doit y avoir incertitude fur la relation de ces mots, S EN 23 dès qu'il y à dans le même difcours plufieurs noms du même venre &t du même nombre, f l’on n’a foin de rendre cetre relation bien fenfble par quelques= uns de ces moyens qui ne manquent guere à ceux qui favent écrire. Tels fônt enfin les articles poflef: fifs de la troifieme perfonne, 07, fa, fes, leur, leurs? & les purs adjeëtifs poffeffifs de la même perfonne , Jfièen, Jienne, fiens, fiennes ; parce que la troifieme perforne déterminée à laquelle ils doivent fe rap- porter, peut être incertaine à leur égard comme à Pégard des pronoms perfonnels, & pour la même raifon. | . Jene citer&pointiciune longue fuite d’exernplesÿ je renverrai ceux qui en defirent , à la remarque 547 de Vaugelas, où ils en trouveront de toutes les-ef- peces avec les correétifs qui y conviennent ; mais je finirai par deux obfervations. La premiere , c’eft que phrale fouche & phrafe équivoque , font des expreffions , comme je l'ai déja remarqué, fynonymes fi l’on veut, maïs non pas identiques ; elles énoncent le même défaut de nets teté, mais elles en indiquent des fources différentes, Phrale amphibologique, eft une exprefion plus géné: rale, qui comprend fous foi les deux premieres , comme le genre comprend les efpeces ; elle indique encore le même défaut de netteté , mais fans en aff gner la caufe. Aïnf, es ëmpreffions qu'il prit depuis , qu'il tâcha de communiquer aux fiens, &tc. c’eflune phrale louche, parce qu'il femble d’abord qu’on veuille dire, depuis le sems qu’il tächa , au lieu que depuis eft employé abfolument, & qu’on a voulu dire , lefquelles 11 zächa ; incertitude que l’on auroit levée par un 6’ avant qw’il tächär. Lifias promit a fon pere de n'abandonner jamais fes amis , C’eit une phrafe équivoque ; parce qu’on ne fait s’il s'agit des amis de Lyfas, ou de ceux de {on pere : toutes deux font amplubologiques. La feconde remarque, c’eft que M. du Marfais n’a pas dû citer comme une phrafe amphibologique, ce vers de la premiere édition du Cid, ( ZZL, 6. ) L'amour n'eft qu'un plaifir, & l'honneur un devoirs La conffruétion de cette phrafe met néceffairement de niveau l’amour & l'honneur, 8 préfente l’un & Pautre comme également méprifables : en un mot, elle a le même /ezs que celle-ci. L'amour n’eff qu'un plaifir, lhonneur n’eft qu'un devoir. Il eft certain que ce n’étoit pas l’iñtention de Cor= neille, & M. du Marfais en convient ; maïs la feule chofe qui s’enfuive de-là, c’eft que ce grand poëte a fait un contre-fens , & non pas une amphibologie ; & l'académie à exprimé le vraifezs de l’auteur, quand elle a dit : | L'amour n’eft qu'un plaifir, l'honneur eff un devoir: Il faut donc prendre garde encore de confondre amphibologie & contre-fèens : Vamphibologie eft dans une phrafe qui peut également fervir à énoncer plufeurs fézs différens , & que rien de ce qui la cons flitue , ne détermine à l’un plutôt qu’à l’autre : Le contre-fens eft dans une phrafe qui ne peut avoir qu’un Jens, mais qui auroit dû être conftruite de maniere à en avoir un autre. Voyez CONTRE-SENS. Réfumons. La fpnificanion eft l’idée totale dont un mot eft le figne primitif par la décifion unanime de Pufage. | L'acception eft un afpett particulier fous lequel la fignification primitive eft envifagée dans une phrafe, Le Jens eftune autre fgrification différente de a primitive, qui eftentée, pour ainfi dire, fur cette premiere , qui lui eft ou analogue ou accefloire, 6£ 24 SEN ‘qui eft moins indiquée par le mot même que par fa tombinaïon avecles autres qui conftituent la phrafe, C’eft pourquoi l'on dit également le /ezs d’un mot, & le Jens d'une phrafe; au lieu qu’on ne dit pas de même la fonication où l’acceprion -d’une phrafe, (B.E.R M.) SENS , ( Meéraphyfique.) Jens elt une faculté de l’a- me, par laquelle elle apperçoït les objets extérieurs, moyennant quelque aétion ouimpreffon faite en cer- taines parties du corps, que l’on appelle es organes des Jens, qui communiquent cette impreflion aucer- veau. Quelques-uns prennent Le mot /ézs dans une plus grande étendue ; ils le définiflent une faculté par la- quelle lame apperçoit les idées ou les images des “objets, foit qu'elles lui viennent de dehors, par lim- preflion des objets mêmes , foit qw’elles foïent occa- fionnées par quelque aétion de l’ame für elle-même. En confidérant fous ce point de vûe le mot /ëzs, on en doit diftinguer de deux efbeces, d’extérieurs & d’intérieurs ; qui correfpondent aux deux diféren-' tes manieres dont les images des objets que nous ap- percevons., font occafionnées & préfentées à l’ef- prit, foitimmédiatement du dehors, c'eft-à-dire ; par les cinq Jers extérieurs, l'ouie, la vûe , le goût, le ta, & lPodorat; foit immédiatement du dedans, ceft-à-dire, par les /ezs internes, tels que Pimagina- tion, la mémoire, l'attention, 6. auxquelles on peut joindre la faim , la foif, la douleur, &c. Les Jens extérieurs font des moyens par lefquels Vame a la perception ou prend connoïfflance des ob- jets extérieurs. Ces moyens peuvent être confidérés tant du côté de lefprit, que du côté du corps. Les moyens du côté de lefprit font toujours les mêmes È c’eft toujours la même faculté par laquelle on voit, on entend. Les moyens du côté du corps font auf différens, que les différens objets qu'il nous importe d’appercevoir. De-là ces différens organes du {enti- ment; chacun defquels eft conftitué de maniere à donner à l’ame quelque repréfentation & quelque avertiflement de l’état des chofes extérieures , delleur proximité, de leur convenance, de leur difconve- nance , & de leurs autres qualités : 87 de plus à don- ner des avis différens, fuivant le degré , Péloigne- ment, ou la proximité du danger ou de avantage ; & c’eft de-là que viennent les différentes fon&ions de ces organes, comme d'entendre, de voir, de fen- tir ou flairer, de goûter, de toucher. Un excellent auteur moderne nous donne une no- tion du /éxs très-ingénieufe; felon fes principes, on doit definir le fers une puiflance d’appercevoir, ou une puiffance de recevoir des idées. En quelques oc- cafñons , au lieu de puiffance, il aime mieux l’appel- ler une détermination de l’efprit à recevoir des idées ; il appelle Jéxfasions, les idées qui font ainf apper- çues, ou qui s’élevent dans Pefprit, | Les fens extérieurs font par conféquent des puif- fances de recevoir des idées , à la préfence des ob- jetsextérieurs. En ces occafions on trouve que lame eft purement pañlive, & qu’elle na point directe- ment la pufance de prévenir la perception ou li dée , & de la changer ou de la varier à fa réception, pendant tout le tems que Le corps continue d’être en état de recevoir les impreflions des objets exté- rieurs. Quand deux perceptions font entierement didé- rentes l’une de Pautre, ou qu’elles ne fe conviennent que fous l’idée générale de fenfation, on défigne par différens /ers la puiflance qu'a lame de recevoir ces différentes perceptions. Ainfi la vue & l’ouie déno- tent différentes puiflances de recevoir les idées de couleurs & de fons ; & quoique les couleurs comme es fons, ayent entre elles de très-grandes différen- ses; néanmoins 1] y a beauçoup plus de rapport SEN | entre les couleurs les plus oppofées, qu'entre une couleur & un fon : & c’eft pourquoi Pon resarde les couleurs comme des perceptions Qui appartiennent à un même Jens ; tous les fers femblent avoir des or- ganes diftingués, excepté celui du toucher, qui eft répandu plus ou moins par tout le corps. Les Jens intérieurs font des puufflances ou des dé- terminations de l’efprit, qui fe repofe fur certaines idées qui fe préfentent à nous, lorfque nous apper- cevons les objets par les fers extérieurs. Il yena de deux efpeces différentes, qui font diftinguées par les _ différens objets de plaïfir, c'eft-k.dire » par les formes agréables ou belles des objets naturels » & par des actions belles. . Enréflchiffant furnos /2rs extérieurs, nous voyons évidemment que nos perceptions de plaifir & de douleur , ne dépendent pas direétement de notre vos lonté. Les objets ne nous plaifent pas comme nous le fouhaiterions : il y a des objets , dont laspréfence nous ef néceflairement agréable ; & d’autres quinous déplaïfent maloré nous : & nous ne pouvons, par notre propre volonté, recevoir du plaïfir &z éloigner le mal, qu’en nous procurant la premiere efpece d'objets, & qu’en nous mettant à couvert de la der niere, Par la conflitution même de notre nature , l'un eft occañon du plaïfir, & l’autre du mal-être, En ef- fet, nos perceptions f{enfitives nous affeétent bien ow mal, immédiatement, & fans que nous ayons aus cune connoïffance du fujet de ce bien ou de ce mal ; de li maniere dont cela fe fait fentir, & des occa- fions qui le font naître, fans voir l'utilité ou les in- convémens, dont l’ufage de ces objets peut être la caufe dans la fuite. La connoïflance la plus parfaite de ces chofes ne changeroït pas le plaïfir ou la dou- leur de la fenfation ; quoique cela püt donner wrz plaïfir qui fe fait fentir à la raïfon, très-diftin@ dw plaifir fenfible, ou que cela pût caufer une joie di- fünéte, par fa confidération d’un avantage que l’on pourroit attendre de l’objet, ou exciterun fentiment d’averfion , par l’appréhenfon du mal. H n’y a prefque point d'objet, dont notre ame s’occupe, qui ne oitune occafñon de bien ou demal- être : ainfi nous nous trouverons agréablement affe étés d’une formeréguliere, d’une piece d’archite@ure ou de peinture, d’un morceau de mufique; & nous fentons intérieurement que ce plaifir nous vient na- turellement de la contemplation de l'idée qui eftalors prélente à notre efprit, avec toutes fes circonftan. ces ; quoique quelques-unes de ces idées ne renfer- ment fien en elles de ce que nous appellons percep. sion ferfible ; & dans celles quile renferment , Le plaï- fir vient de quelqueuniformité, ordre, arrangement où imitation, & non pas des fimples idées de cou leur, de fon. | I paroït qu'il s’enfuit de-là, que, quand l’inftru tion, Péducation, où quelque préjugé, nous fait naître des defirs ou des répugnances par rapport à un objet; ce defir oucette averfion font fondés fur l'opinion de quelque perfeétion ou de quelque dé- faut, que nous imaginons dans ces qualités. Par con. féquent , f quelaw’un privé du /ezs de la vue, eft a£ feété du defir de beauté, ce defir doit naître de ce qu’il fent quelque régularité dans la figure, quelque grace dans la voix, quelque douceur, do mol- lefle, ou quelques autres qualités, qui ne font per ceptibles que par les /ezs différens de la vue, fans au- cun rapport aux idées de couleur. Le feul plaïfir de fentiment, que nos philofophes: femblent confidérer, eft celui qui accompagne les fimples idées de fenfation. Maïs il y a un très-srand nombre de fentimens agréables , dans cesidées com- plexes des objets , auxquels nous donnons les noms de beaux & d'harmonieux; que lon appelle ces idées de beauté & d'harmonie, des perceptions des fers ExICrIeUurs SEN extérieurs delavue & de l'ouie, ou non, cela n’y faittien : on devroit plutôt les appeller un /ezs ix- terne y Ou fertiment intérieur, ne füt-cefeulement que ‘pour lés diftinguer des autres fenfations de la vue &c de loue, que l’on peut avoir fans aucune percéption de beauté & d'harmonie. JP cite préfente unerqueftion, favoir , fi les es font pournousunereolede vérité. Cela dépend de la ma- niere dont nous les envilageons. Quand nous vou- lüns donner aux autres la! plus grande pretivé qu'ils attendent de nous touchant la vérité d’une chofe, nous dons que nous l'avons vue de nos yeux; à 1 Pon fuppofe que nous Fayons vue en etfet, on ne peut manquer d'y ajouter foi; Le témoignage des/ezs eft donc par cèt endroit une premiere [vérité, puif- qu'alors il tient lieu de premier principe, fans qu’on remonte, ou qu'on penie vouloir remonter plushaut:, c’eftdé quoi tous conviennent unanimement. D'un autre côté, tous conviennent aufli que les /ézsfont | trompeurs; & l'expérience ne permet pas d’en dou- ter: Cepéndant fi nous fommes certains d’une chofe dès-là que nous l'avons Vue, comment le /£zs de la vue peut-il nous tromper ; èt s'il peut noûs tromper, comment fommes-nous ceftains d’une chofe pour l’a- voir vue? | La téponfe ordinaire à cette difficulté, c’eft que notre Vue &C nos Jens nous peuvent tromper, quand 1ls ne font pas exercés avec-les conditions requifes ; favoir que l'organe foïit bien difpofé , & que l’objet foit dans uñe jufte diftance. Mais ce n’eftrien dire là. En eflet , À quoi fert de marquer pour des regles qui juftifient le témoignage de nos /ézs, des conditions que nous ne faurions nous-mêmes juftifier, pour fa- voir quandelles fe rencontrent ? Quelle regle imfail- lible me donne-t-on pour juger que l’organe de ma vue, de monouie, de mon odorat, eft actuellement bien difpofé à Nos organes ne nous donnent une cer titude parfaite que quand ils font parfaitement for. més; mais ils ne le font que pour des tempéramens parfaits ; & comme ceux-ci font très-rares, 1l s'en- fuit qu'il n’eft prefque aucun de nos organes qui ne Toit défeétueux par quelque endroit. Cependant quelque évidente que cette conclufion paroïfie , elle ne détruit point une autre vérité, fa- voir que lon eft certain de ce que l’on voit. Cette contrariété montre qu'on a laïflé 1c1 quelque chofe à démêler, puifqu’une maxime fenfée ne fauroit être contraire à une maxime fenfée. Pour développer la chofe , examinons en quoi nos /e7s ne font point re- gle de vérité, & en quoi ils le font. 1°. Nos fens ne nous apprennent point en quoi confifte cette difpofition des corps appellée gualire, qui faittelle impreffion fur moi. J’apperçois évidem- ment qu'il fe trouvé dans un tel corps une difpofi- tion qui caufe en moi le fentiment de chaleur & de pefanteur ; mais cette difpofition, dans ce qu’elle eft en elle-même, échappe ordinairement à mes /ens, & fouvent même à ma raifon. J’entrevois qu'avec certain arrangement êc certain mouvement dans les plus petites parties de ce corps, 1l fe trouve de la convenance entre ce corps & l’imprefion qu'il fait fur moi. Ainñ je conjetture que la faculté qu'a le {o- leil d’exciter en moi un fentiment de lumiere, con- fifte dans certain mouvement ou impulfon de petits corps au-travers des pores de lair vers la rétine de mon œil ;mais c’eft cette faculté même, oùmesyeux ne voyent goutte, & où ma raifon ne voit guere da- vantage. 2°. Les fes ne nous rendent aucun témoïsnage dun nombre infini de difpoñitions même antérieures qui fe trouvent dans les objets, & qui furpañlent la fagacité de notre vue , de notre ouie, de notre odo- rat. La chofe fe vérifie manifeftement par les microf- copes ; ils nous ont fait découvrir dans l'objet de la Tome XF, SEN 25 vue une infinité de difpoñtions extérieures, qui marquent une épale différence dans les parties inté- rieures, &C qui forment autant de différentes quah- tés. Des microfcopes plus parfaits nous feroient dé couvrir diautres difpofitions, dont nous n'avons ni la percefôn ni l’idée, 3°. Les fers ne nousapprennent point l’impreffion précife qui fe fait par leur canal en d’autres hommes que: nous: Ces.eftets dépendent de la difpofition de nos-organes, laquelle eft A-peu-près aufhi différente dans les hommes que leurs tempéramens ouleurs vi- fages ; une même qualité extérieure doit faire auffi différentes impreffions de fenfation en différens hom- mes : c’eft ce que l’on:voit tous Les joufs.La même liqueur caufe dans moi une fenfation defagréable , & dans une autre une fenfation agréable; je ne puis donc m'aflurer que tel corps fafle précifément {ur tout autre que mor, Pimpreffion qu'il fait fur moi- même. Je ne puis favoir aufli f ce qui eft couleur blanche pour moi, ’eft point du rouge pour un au- tre que pour moi: | 4°. La raifon & l'expérience nous apprenant que les corps font dans un mouvement ou changement continuel, quoique {ouvent imperceptible dans leurs plusipetites parties, nous ne pouvonsjuger sûrement qu'un corps d’un jour à l’autre ait précifément là même qualité, ou la même difpofition à faire l'im- prefhion qu'il fafoit auparavant {ur nous ; de fon cô- té 1l lui arrive de l’altération , & il m’en arrive du mien. Je pourrai bien m'appercevoir du Changement d'imprefion, mais de favoir à quoi ilfiut lattribuer, fi c'eit à l'objet où à mot, c’eft ce que je ne puisfai- re par le feul témoignage de Forgane de mes fens. 5”. Nous ne pouvons juger parles /ézs mi de la grandeur abfolue des corps , ni de leur mouvement abiolu, Laratfon en eft bien claire, Comme nos yeux ne font point difpofés de lamême façon , nous n° de- vons pas avoir la même idée fenfible de l'étendue d’un corps. Nous devons confidérer que nos yeux ne {ont que des lunettes: naturelles, que leurs humeurs font le même effet que les verres dans les lunettes, & quefelon la fituation qu'ils gardent entr’eux , & felon la figure du cryftallin & de fon éloignement de la rétine , nous voyons les objets différemment ; de forte qu'on ne peut pas aflurer qu'il y ait au monde deux hommes qui les voyent précifément de la mê- me grandeur , ou compoiés de femblables parties , puifqu'on ne peut pas aflurer que leurs yeux foient tout-à-fait femblables. Une conféquence aufli natu= relle, c’eft que nous ne pouvons connoître la gran deur véritable ou abfolue des mouvemens ducorps, mais feulement le rapport que ces mouvemens ont les uns avec les autres. Il eft conftant que nous ne faurions juger de la grandeur d’un mouvemént d’un corps que par la longueur de l’efpace que ce même corps a parcouru. Ainf puifque nos yeux ne nous font point voir la véritable longueur de lefpace par- couru, 1l s'enfuit qu'ils ne peuvent pas nous faire connoitre la véritable grandeur du mouvement. Voyons maintenant ce qui peut noustenir lieu de premieres vérités dans le témoignage de nos fers. Où peut réduire principalement à trois chefs les premicz res vérités dont nos /»s nous inftruifent. 1°. Ils rap- portent toujours très-fidelement ce qui leur paroit, 2°. Ce qui leur paroit eft prefque toujours conforme à la vérité dans Les chofes qu'il importe aux hommes en général defavoir, à moins qu'il ne s'offre quelque fujet raifonnable d’en douter. 3°. On peut diicerher aifément quand le témoignage des /éns eft douteux, par les réflexions que nous marquerons. 1°. Les fers rapportent toujours fidellement ce qüi leur paroït ; la chofe eft mamifefte , puifque ce font des facultés naturelles qui agiflent par l’imprefion néceflaire des objets , à laquelle Le rapport des Jexs D 26 SEN eft toujours conforme. L'oeil placé fur un vaiffeau qui avance avéc rapidité , rapporte qu'il lui paroït que le rivage avance du côté oppofé; c’eft ce qui lui doit paroïtre : car dans les circonftances l'œil reçoit less mêmes impreflions que fi le rivage & lélvaiffeau avançoient chacun d’un côté oppolé, comme l’en- feignent &c les obiervations de la Phyfique , & les regles de Optique, À prendre la chofe de ce biais , jamais les /ezs ne nous trompent ; c’eft nous qui nous trompons par notre imprudence, fur leur rap- port fidele. Leur fidélité ne confifte pas à avertir l’ame de ce qui eft, mais de ce qui leur paroit ; c’eft à elle de démêler ce qui en ef. 2°. Ce qui paroît à nos /ézs eft prefque toujours conforme à la vérité, dans les conjonétures où 1l s’a- git de la conduite & des befoins ordinaires de la vie. Ainfi, par rapport à la nourriture, les fezs nous font fuffifamment difcerner les befoins qui y font d’ufage : enforte que plus une chofe nous eft falutaire, plus aufh eft grand ordinairement le nombre des fenfa- tions différentes qui nous aident à la difcerner ; & ce que nous ne difcernons pas avec leur fecours , c’eft ce qui n'appartient plus à nos befoins, hais à noire curiofité. 3°. Le temoignage des /ens eft infaillible, quandil n’eft contredit dans nous ni par notre propre raïon, ni par un témoignage précédent des mêmes fers, n1 par un témoignage adtuel d’un autre de nos /ezs , ni par le témoignage des /es des autres hommes. 1°. Quand notre raïfon, inftruite d’ailleurs par cer- tains faits & certaines réflexions, nous faitjuger mani- feftement le contraire de ce qui paroït à nos /ezs, leur témoignage n’eftnullementencepointregle de vérité. Ainf, bien que le foleif ne paroiïfle large que de deux piés, & les étoiles d’un pouce de diametre, la raifon inftruite d’ailleurs par des faits inconteftables, & par des connoïffances évidentes , nous apprend que ces aftres font infiniment plus grands qu'ils ne nous pa- roiffent. | | 2°, Quand ce qui paroit attuellement à nos /ezs eft contraire à ce qui leur a autrefois paru ; car on a fu- jet alors de juger ou que l'objet n’eft pas à portée, ou qu'il s’eft fait quelque changement foit dans l’objet même , foit dans notre organe: en ces occafions on doit prendre le parti de ne point juger , plhtôt que de juger rien de faux. L’ufage & l'expérience fervent à difcerner le témoi- gnage des /éxs. Un enfant qui apperçoit fon image {ur le bord de l’eau ou dans un miroir, la prend pour un autre enfant qui eft dans l’eau ou au-dedans du miroir ; mais l’expérience lui ayant fait porter la main dans l’eau ou fur le miroir , 1l réforme bientôt le fers de la vüe par celui du toucher, & il fe convainc avec le tems qu'il n’y a point d'enfant à l'endroit où il croyoit le voir. Il arrive encore à un indien dans le pays duquel il ne gele-point, de prendre d’abord en ces pays-ci un morceau deglace pour une pierre; mais l’expérience lui ayant fait voir le morceau de glace qui fe fond en eau, il réforme auffi-tôt le /ezs du toucher par la vüe. La troifieme regle eft quand çe qui patoït à nos fens eft contraire à ce qui paroït aux Jèrs des autres hommes, que nous avons fujet de croire aufñi-bien orgarifés que nous. Simes yeux me font un rapport contraire à celui des yeux de tous les autres, je dois croire que c’eft moi plütôt qui fuis en particulier trompé ,que non pas eux tous en général : autrement ce feroit la nature qui meneroit au faux le plus grand nombre des hommes ; ce qu’on ne peut juger raïfon- nablement. Voyez logique du P. Bufer , à l’ersicle des premieres vérités. Quelques philofophes , continue le même auteur que nous venons de citer, fe font occupés à montrer que nos yeux nous portent çentinuellement à Fer- SIEIN reur , parce que leur rapport eft ordinairement faux. fur la véritable grandeur ; mais je demanderois vo- lontiers à ces philofophes fi les yeux nous ont été donnés pour nous faire abfolument juger de la gran- deur des objets ? Quine faitique fon objet propre &. particulier font les couleurs ?Ïl eft vrai que par ac- cident ;felon les angles différensique font {ur la rétine les rayons de la lumiere, l’efprit prend occafon. de former un jugement de conjeétures touchant la. dif- tance &c la grandeur des objets ; mais ce jugement n’eft pas plus du /ezs de la vûe, que du /ézs de l’ouie. Ce dernier, par fon organe, ne laïffe pas auffi de ren- dre témoignage , comme par accident, à la grandeur êt à la diflance des corps fonores, puifqu’ils caufent * dans l’air de plus fortes ou de plus foibles ondula- tions , dont l’oreille eft plus ou moins frappée. Se- roit-on bien fondé pour cela à démontrerles erreurs des féns., parce que l’oreille ne nous fait pas juger, fort jufte de la grandeur &c de la diftance des objets à il me femble que non ; parce qu’en ces occafions l’o= reille ne fait point la fonétion particuliere de organe & du fes de louie, mais fupplée comme par acci- dent à la fonétion du toucher, auquel il appartient proprement d’appercevoir la grandeur & la diftance des objets. | C’eft de quoi l'ufage univerfel peut nous convain- cre. On a établi pour les vraies mefures de la gran- deur., les pouces, les piés, les palmes, les coudées, qui font les parties du corps humain. Bien que l’or- gane du toucher foit répandu dans toutes les parties du corps, il réfide néanmoins plus fenfiblement dans la main; c’eft à elle qu’il appartient proprement de me- furer au jufte la grandeur, en mefurant par fon éten- due propre la grandeur de l’objet auquel elle eft ap- pliquée. À moins donc que le rapport des yeux fur la grandeur ne {oit vérifié par la main , le rapport des yeux fur la grandeur doit pafler pour fufpeét:cepen- dant le és de la vüe n’en eft pas plus trompeur, ni fa fonétion plus imparfaite; parce que d’elle-même & par l’infüitution direéte de la nature, ellenes’étend qu’au difcernement des couleurs , & feulement par accident au difcernement de la diftance & dela gran deur des objets. Mais à quoi bon citer 1c1 Pexemple de la mouche, dont les petits yeux verroient les objets d’une gran- deur toute autre que ne feroient les yeux dun élé- phant |! Qu’en peut-on conclure? Si la mouche & l’é- léphant avoient de l’intellisence, 1ls n’auroient pour cela ni Pun ni l’autre une idée faufle de la grandeur ; car toute grandeur étant relative , 1ls jugeroient cha- cun de la grandeur des objets fur leur propre éten- due , dont ils auroient le fentiment : ils pourroient fe dire, cet objet eft tant de fois plus où moins étendu que mon corps, ou que telle partie de mon corps; &'en cela, malgré la différence de leurs yeux, leur jugement fur la grandeur feroit toujours également vrai de côté & d’autre. C’eft auf ce qui arrive à l’égard des hommes ; quelque différente impreflion que l'étendue des ob- jets faffe fur leurs yeux , les uns & les autres ont une idée également jufte de la grandeur des objets ; parce qu’ils la mefurent chacun de leur côté, au fentiment qu’ils ont de leur propre étendue. On peut dire de nos /ezs ce que l’on dit de la rai- fon. Car de même qu’elle ne peut nous tromper , lorfaw’elle eft bien dirigée , c’eft-à-dire, qu’elle fuit la lumiere naturelle que Dieu lui a donnée, qu’elle ne marche qu'à la lueur de Pévidence, & qu’elle s’arrête là où les idées viennent à lui manquer: ainf les fers ne peuvent nous tromper , lorfqu'ils agiflent de concert, qu'ils fe prètent des fecours mutuels, & qu'ils s’aident fur-tout de lexpérience. C’eft elle fur-tout qui nous prémunit contre bien des erreurs , que Les /éz:s feuls occafonneroient. Ce n’eft queparun SE N long ufage,, que nous appfenons à juger désdiftances par la vue; & cela en éxaminant par le taét les corps que nous voyons, x en obfervant ces corps pla- cés à différentes diftances & de différentes manie- res, pendant que nous {avons que ces corps n’é- prouvent aucun changement. Tous les hommes ont appris cet art, dès leur pre- muere enfance ; ils font continuellement oblisés de fairé attention à la diftance des objets; écilsappren- nent infenfblement à en juger, &c dans la fuite, ils fe perfuadent, que ce qui eft l’effet d’un long exer- eice ,eft un don de la nature. La maniere dont fe fait la vifion, prouve bien que la faculté de juger des objets que nous voyons, eft un art , qu’on apprend par l’ufage & par Pexpérience. S'il refte quelque doute fur ce point, il fera bientôt détruit par l’exem- pie d’un jeune homme d'environ quatorze ans, qui é aveugle , vit la lumiere pour la prenuere fois. Voici Phiftoire telle qu’elle eft rapportée par M. de Voltaire. | + «En1:729, M. Chifelden, un de ces fameux » chirurgiens qui joignent l’adrefle de la main aux » plus grandes lumieres de l’efprit , ayant imaginé # qu'on pouvoit donner la vue à un aveugle né, en # lui abaïflant ce qu’on appelle des cararaëles | awil » foupconnoit formées dans fes yeux prefqu’au mo- # ment de fa natflance , il propofa opération. L’a- # veugle eut de la peine à y confentir. Il ne conce- # voit pas trop que le /ezs de la vüe püt beaucoup # augmenter es plaifirs. Sans l'envie qu’on lui infpira # d'apprendre à lire & à écrire, il n’eûüt point defiré » de voir, Quoiqu'il en foit, l’opération en fut faite »# ct réuflit. Le jeune homine d'environ 14 ans, vit > [a lumiere pour la premiere fois. Son expérience » confirmatout ce que Loke & Barclai avoient fi ». bien prévu. Il ne diftingua de long -tems ni gran- >» deuts, ni diftances, ni fituations , ni même figu- # res. Un objet d'un pouce mis devant fon œil , & # qui lui cachoït une maïifon , lui paroïfloit auffi » grand que la marfon. Tout ce qu'il voyoit, lui fem- »# bloit d'abord être fur fes yeux, & les toucher cor- # me les objets du ta@t touchent la peau. Il ne pou- # voit diftinguer ce qu'il avoit jugé rond àWaide de » fes mains, d'avec ce qu'il avoit jugé anetlfif®, ni # difcerner avec fes yeux , f ce que feSMhains # avoient fenti être en haut ou en bas, étoit en + effet en haut ou en bas. Il étoit fi loin de connoître # les grandeurs, qu'après avoir enfin conçu par la » vue que fa maïfon étoit plus grande que {a cham- » bre, il ne concevoit pas comment la vue pouvoit » donner cette idée. Ce ne fut qu’au bout de deux » mois d'expérience , qu'il put appercevoir que les > tableaux repréfentoient des corps folides ; & lorf- » qu'après ce long tatonnement d’un /érs nouveau » en lui , il eut fenti que des corps & non des furfe- » ces feules , étoient peints dans les tableaux ; 1l y # porta la main, & fut étonné de ñne point trouver »# avec fes mains ces corps folidés, dont il comen- # çoit à appercevoir les repréfentations. ii deman- » doit quel étoit le trompeur, du /érs du toucher , » ou du fers de la vue. » S1 au témoignage des fézs, nous ajoutons l’ana- logie , nous y trouverons une nouvelle preuve de la vérité des chofes. L’analogie à pour fondement ce principe extrêmement fimple, gue l'univers eff gou- verné par des lois générales & conftantes. C’eft en vertu de ce ratfonnement que nous admettons la regle fui- vante , que des effets femblables ont les mêmes caufes. L’utihté de l’analogie confifte en ce qu’elle nous “épargne mille difcufions inutiles, que nous ferions obligés de répéter fur chaque corps en particulier. Il fufft que nous fachions que tout eft gouverné par des lois générales & conftantes , pour être bien fon- dés à crotre, que les corps qui nous paroïffent fem- | Tome XF, SEEN = biables ont les mêmes p'opriérés, que les fruits d’un même arbre ont lemême goût, 6, La certitude ani accompagne l’analogie retombe fur les férs mêmes ; qui lui prêtent tous Les raïfonnemens qu’elle déduit. En parlant de la connoïffance , nous avons dit, que fans lefecours des fers, les hommes ne pours roient acquérir aucune connoiffance des chofes cor: porelles; inaïs nous avons en même tems obfervé, que les feuls /ers ne leur fufiloient pas, n'y ayant point d'homme au monde qui puifle examiner par lui-même toutes les chofes qui lui font nécefaires à la vie ; que, par conféquent , dans un nombre infini doccafions , 1ls avoient befoin de s’infruire les uns les autres , & de s’en rapporter à leurs obfervations mutuelles ; qu'autrement ils ne pourroient tirer aus cune utilité de la plipart des chofes que Dieu leur a accordées. D'où nous ayons conclu, que Dieu 4 voulu que le témoignage, quand il feroit revêtu de certaines conditions , ft aufliune marque de la vés rite. Or, fi le témoignage dans certaines circon£- tances eft infaillible, les /2zs doivent l'être auf, puifque le témoignage eft fondé fur les /êxs, Ainf prouver que le témoignage des hommes en certaines circonftances , eft une regle sûre de vérité, c'eft prouver la même chofe par rapport aux Jéxs, fur lefquels aleft néceflairement appuyé, SENS COMMUN ; par le fêns commain on entend la difpofition que la nature a mife dans tousles hommes, ou manifeflement dans la plüpart d’entreux, pouf leur faire porter, quand ils ont atteint lufage de la taifon , un jugement commun & uniforme, fur des objets différens du fentiment intime de leur propre perception; jugement qui n’eft point la conféquence d'aucun principe antérieur, Si l’on veut des exem= ples de jugemens qui fe vérifient principalement par la regle 6c par la force du /êzs commun, on peut, ce femble, citer les fuivans. 1°, 1 y a d'autres êtres, 6 d'autres hommes que moi ak 1107de: L£: 2°. [y a quelque chofe qui s'appelle vérité, fagefe, prudence ; 6 c'eff quelque chofe qui n'eff pas puremens arbitraire. 3°. I Je trouve dans moi quelque chofe que j’appellé intelligence, 6 quelque chofe qui n’eff point intelligence G qu'on appelle corps. 4°. Tous les hommes nè font point d'accord a me rrom: per, G a m'en faire accroire. $°. Ce qui n'eft point intelligence ne fauroit produire tous les effets de l’intellivence , ni des parcelles de matiere renuêes au hafard former un ouvrage d'un ordre € d’un mouvement régulier , tel qu'un horloge, Tous ces jugemens , qui nous {ont didés par le Jens commun , {ont des regles de vérité aufli réelles & auffi fires que la regle tirée du fentiment intime de notre propre perception ; non pas qu’elle emporte notre efprit avec la même vivacité de clarté, mais avec la même néceñlité de confentement, Comme il m’eft impoflible de juger queje ne penfe pas, lorfqué je pente a&tuellement ; 1l m’eft également impofñfible de juger férieufement queje fois le feul être au mon: de ; que tous les hommes ont confpiré à me tromper dans tout ce qu'ils difent ; qu’un ouvrage de l’induf: tie humaine, tel qu'un horloge qui montre réguliez tement les heures , eft le pur effet du hafard. Cependant 1l faut avouer qu'entre le genre des premieres vérités tirées dsfentiment intime , & tout autre genre de premieres vérités, il fe trouve üne différence ; c’eft qu’à l'égard du premier on ne peut imaginer qu'il foit fufceptible d'aucune ombre de doute; &c qu'à Pégard des autres, on peut alléguer qu'ils n’ont pas une évidence du genre fuprème d’é- vidence. Mais il faut fe fouvenir que ces premieres vérités qui ne font pas du premier genre , ne tombant que fur des objets hors de nous, elles ne peuvent D j 28 SEEN faire une impreffion aufli vive fur nous , que celles dont l’objet eft en nous-mêmes : de forte que pour nier les premieres , 1l faudroit être hors de foi; & pour nier les autres , 1lne faut qu'être hors de la rai- for. C’eft une maxime parmi les fages , direz-vous, & comme une premiere vérité dans la morale, que/s vérité n'eff point pour la mulritude, Ainfi ilne paroit pas judicieux d'établir une recle de vérité fur ce quieff jugé vrai par le plus grand nombre, Donc le /ezs commun neft point une regle infaillible de la vé- dite. Je réponds qu’une vérité précife & métaphyfique ne fe mefure pas à des maximes communes, dont la vérité eft toujours fujette à différentes exceptions : témoin la maxime qui avance, que La voix du peuple eff La voix de Dieu, I] s’en faut bien qu’elle foit uni- verfellement vraie ; bien qu'elle fe vérifie à-peu-près auf fouvent que celle qu'on voudroit objecter , que la vérité ref? point pour la multitude. Dans le fujet même dont 1l s’agit, touchant les premiers principes, cette derniere maxime doit pafler abfolument pour être faufle. En effet , fi les premieres vérités n’e- toient répandues dans l’efprit de tous Les hommes, 1l feroit impofñble de les faire convenir de rien , puif- qu'ils auroient des principes différens fur toutes {or- tes de fujets. Lors donc qu'il eft vrai de dire que la vérité reff point pour la multitude, on entend'une forte de vérité, qui, pour être apperçue, fuppofe une attention , une capacité & une expérience particu- lieres, prérogatives qui ne font pas pourla multitude. Maïs eft-il queftion de premiere vérité, tous font philofophes à cet égard. Le philofophe contempla- tif avec tous fes raonnemens n’eft pas plus parfai- tement convaincu qu'il exifte & qu'il penie , que ef rit le plus médiocre & le plus fimple. Dans les cho- ie où il faut des connoifflances acquifes par le rai- fonnement , 8 des réflexions particulieres , qui fup- pofent certaines expériences que tousne font pas ca- pables de faire,un philofophe eft plus croyable qu'un autre homme : mais dans une chofe d’une expérience manifefte , & d’un fentiment commun à tous les hom- mes, tous à cet égarddeviennent philofophes: de for- te que dansles premiersprincipes de la nature & du Jens commun, un philofophe oppofé au refte du genre humain, eftunphilofophe oppofé à cent mille autres philofophes ; parce qu'ils font aufh bien que lui inf- truits des premiers principes de nos fentimens com- muns. Je dis plus ; l'ordinaire des hommes eft plus croyable en certaines chofes que plufieurs philofo- phes ; parce que ceux-là #’ont point cherché à forcer où à défigurer les fentimens &c Les jugemens , que la nature infpire univerfellement à tous les hommes. Le fentiment commun des hommes en général , dit-on , eft que le foleil n’a pas plus de deux piés de diametre. On répond qu'il n’eft pas vrai que le fen- timent commun de ceux qui f6at à portée de juger de la grandeur du foleil, foit qu'il n’a que deux ou trois piés de diametre. Le peuple le plus groffier s’en rapporte fur ce point au commun, ou à la totalité des philofophes ou des aftronomes, plutôt qu’au té- moisnabe de fes propres yeux. Auf n’a-t-on jamais vu de gens, même parmi le peuple, foutenir férieu- fement qu’on avoit tort de croire le loleïil plus grand qu’un globe de quatre piés. En effet, sil s’étoit ja- mais trouvé quelqu'un aflez peu éclairé pour con- tefter là-deflus, la conteflation auroit pu ceïffer au moment même, avec le fecours de expérience ; fai- fant regarder au contredifantun objet ordinaire, qui, à proportion de fon éloignement, paroïît aux yeux incomparablement moins grand , que quand on s’en approche. Ainfi les hommes les plus fupides font perfuadés que leurs propres yeux les trompent fur la vraie étendue des objets, Ce jugement n’eft donc SE N pas un fentiment de la nature , puifqu’au contraire il eft univerfellement démenti par le fentiment le plus pur de la nature raifonnable, qui eft celui de, la ré- flexion. SENS MORAL , ( Moral.) nom donné par le favant Hutchefon à cette faculté de notre ame, qui difcer- ne promptement en certains cas le bien &c le mal moral par une forte de fenfation & par goût, inde- pendamment du raifonnement & de la réflexion. C’eft-là ce queles autres moraliftes appellent znffircf moral, fentiment , efpece de penchant ou d'inchina- tion naturelle qui nous porte à approuver certaines chofes comme bonnes ou louables, &c à en condam- net d’autres comme mauvailes & blämables , indé- pendamment de toute réflexion. C’eft ainfi, qu’à la vue d’un homme qui fouffre , nous avons d’abord un fentiment de compañfon, qui nous fait trouver beau &c agréable de le fecourir. Lepremier mouvement, en recevant un bienfait, eft d’en favoir gré, & d’en remercier notre bienfai- teur, Le premier & le plus pur mouvement dun homme envers un autre, en faifant abfiraétion de toute raifon particuliere de haine ou de crainte qu’il pourroit avoir, eft un fentiment de bienveillance, comme envers fon femblable , avec qui la conformi- té de nature & de befoins lient. On voit de même ue , fans aucun raifonnement, un homme groffier fe récrie fur une perfidie comme fur une aftion noire 8&c injufte quile blefle. Au contraire, tenir fa paro- le, reconnoître un bienfait, rendre à chacun ce qui lui eft dû, foulager ceux qui fouffrent, ce font-là autant d’ations qu’on ne peut s'empêcher d'approu- ver &c d’eflimer, comme étant juftes , bonnes, hon- nêtes &c utiles au genre humain, De-là vient que l’'efprit fe plaît à voir &c à entendre de pareils traits d'équité, de bonne-foi, d'humanité 87 de bénéficence; le cœur en eft touché, attendri. En les ant dans l'hiftoire on les admire, & on loue le bonheur d'un fiecle, d’une nation, d’une famille où de fi beaux exemples fe rencontrent. Maïs pour les exemples du crime, on ne peut m les voir, ni en entendre par- ler fans mépris &z fans indignation. Si l’on demande d’où vient ce mouvement du cœulifqu: le porte à aimer certaines actions, & à en ter d’autres fans raifonnement & fans exa- men, jene puis direautre chofe, finon que ce mou- vement vient de l’auteur de notre être , qui nous a faits de cette maniere , & qui a voulu que notre na- ture fût telle , que la différence du bien ou du mal moral nous affeétât en certains cas, ainfi que le fait | celle du mal phyfique, C’eft donc là une forte d'inf tinét, comme la nature nous en a donné plufieurs autres , afin de nous déterminer plus vite &c plus for- tement [à où la réflexion feroit trop lente. C’eftainf que nous fommes avertis par une {enfationintérieu- re de nos befoins corporels , pour nous porter à faire promptement & machinalement tout ce que demande notre confervation. Tel eft aufli cet inf- tinét qui nous attache à la vie, & ce defir d’être heu- reux, qui eft le grand mobile de nos aétions. Telle eft encore la tendrefle prefqu’ayeugle , mais très-né- ceflaire , des peres & des meres pour leurs enfans. Les befoins preflans & indifpenfables demandoient que l’homme fût conduit par la voie du fentiment, toujours plus vif & plus prompt que n’eft le raifon- nement. Dieu donc a jugé à propos d'employer auf cette voie à l'égard de la conduite morale de l’homme , & cela en imprimant en nous un fentiment ou un goût de vertu & de juftice, qui décide de nos pre- miers mouvemens , & qui fupplée heureufement chez la plüpart des hommes au défaut de réflexion; car combien de gens incapables de réfléchir, & qui font remplis de ce fentiment de juftice ! Il étoit bien utile que le Créateur noms donnât un difcernement au bien & du mal, avec l’ameur de l’un & laverfion de l’autre par une forte de faculté prompte & vive, qui n’eût pas befoin d’attendre les fpéculations de lefprit ; & c’eft-là ce que le do@eur Hutchefon a nommé judicieufement fezs moral, Princip. du dreir naturel, (D. J.) SENS DE L’ÉCRITURE , (Théolog.) eff la fignifica- tion que préfentent ou que renferment les paroles de l’Écriture fainte. | … On peut diffinguer cinq fers dans l’Ecriturée ; 1°. le fers grammatical ; 2°, le fers ifttéral ou hiftorique; 3°. le Jens allégoriqué ou figuré ; 4°. le /ëzs anago= gique ; 5°. le fers tropologique ou moral. I. Le/érs grammatical eft celui que les termes du texte préfentent à l’efpfit , fuivant la propte fienif- cation des termes. Ainfi quand on dit que Dieu fe repent, qu'il fe met en colere, qu’il monte, qu’il defcend , qu'il a les yeux ouverts & les oreilles at- tentives , Gc. Le fers grammatical conduiroit à croire que Dieu feroit corporel & fujet aux mêmes infirmi- tés que nous , mais comme la foi nous apprend qu’il n’a aucune de nos foiblefes & de nos imperfeétions, & que la raifon même le diéte, on n’en demeure jamais au fers grammatical , & l’on penfe avec fon- dement que les auteurs facrés n’ont employé ces ex- preflions que pour fe proportionner à la foiblefle de notre intelligence. IL. Le fers littéral & hiftorique eft celui qui s’at- tache à l’hiftoire, au fait, au fers que le récit &c les termes de l’Ecriture préfentent d’abord à l’efprit. Ainf, quand on dit qu’Abraham époufa Agar, qu'il la renvoya enfuite, qu'Ifaac naquit de Sara, qu'il reçut la circoncifion , &c. tous ces faits pris dans le Jens hiftorique & littéral ne difent autre chofe finon ce qui eft exprimé dans l’hiftoire , le mariage d’Abra- ham avec Agar, la répudiation de celle-ci, la naif- fance d’Ifaac & fa circoncifon. IT. Le /ezs allégorique & figuré eft celui qui re- cherche ce qui eft caché fous les termes ou fous l’é- vénement dont 1l eft parlé dans l’hiftoire. Ainf le mariage d'Abraham avec Agar , qui fut enfuite répu- diée & chaflée à caufe de fon infolence &e celle de fon fils , eft une figure de la fynagogue qui n’a été qu'une efclave, & qui a été reprouvée à caufe de {on ingratitude & de fon infidélité. Sara eft la figure de l'Eglife , & [faac la figure du peuple choifi. IV. Le /érs anagogique ou de convenance , eft celui qui rapporte quelques expreflions de l’Ecriture à la vie éternelle , à la béatitude, à caufe de la con- formité ou proportion entre les termes dont on fe fert pour exprimer ce qui fe pañle en ce monde, & ce qui arrivera dans le ciel, Par exemple, à l’occa- fon du fabbat ou du repos qui étoit recommandé au peuple de Dieu, on parle du repos dont les faints jouiffent dans le ciel. A l’occafion de l’entrée des I£ raclites dans la terre promife, on traite de l’entrée des élus dans la terre des vivans, Ge. V. Le Jers moral ou tropologique eft celui qui tire des moralités ou des réflexions pour la conduite de la vie & pour la réforme des mœurs, de ce qui eft dit êc raconte hiftoriquement ou littéralement dans l'E- criture. Par exemple, à l’occafion de ces paroles du Deutéronome, ch. xxv. verf. 4. Vous ne lierez point la bouche du bœuf qui foule le grain, S. Paul dit dans . fa premiere épitre aux Cotinthiens , ch. ix. verf. 10. qu'il faut fournir aux prédicateurs & à ceux qui nous inftruifent de quoi fe nourrir &c s’entretenir. Le Jens littéral a pout objetles faits de l’hiftoire ; Pallégorique , ce que nouscroyons , ou les myfteres de notre foi ; l’anagogique , la béatitude & ce quiy a rapport; le tropologique , le réglement de nos mœurs : Ce qu'on à compris dans ces deux vers : Ltèra pefla docet : quid crédes ailegoria ; Moralis quid agas, quo tehdeas arLagogias au /£rs littéral, parce qu'il eft fort aifé d’abufer du Jens allégorique. SENS EXTERNES , (PAyfol.) organes corporels , fut lequels les objets extérieurs caufent les différen- tes efpeces de fenfations , que neus appellons le sou- cher ; le goét , l'odorat, l'ouïe, la ve, &c. L'auteur de l’hifloire naturelle de l’homme vous expliquera mieux que moi comment ces différentes efpeces de fenfations parviennent à l'ame. Elles lui font tranf- miles , nous dit-il, par les nerfs qui forment le jeu de toutes les parties 8 l’aétion de tous les membres. Ce font eux qui font l’organe immédiat du fentiment qui fe diverfifie & change, pour ainfi dire , de na ture, fuivant leur différente difpofition; enforte que, felon leur nombre, leur finefle , leur arrangement, leur qualité , ils portent à lame des efpeces diféren- tes de manieres de fentir qu’on a diftinguées par le nom de férfarions | qui femblent n’avoir rien de fem blable entr’elles. Cependant fi lon fait attention que tous ces fers externes Ont un fujet commun, & qu’ils ne font que des membranes nerveules, différemment étendues, difpofées &c placées ; que les nerfs font l’organe gé- néral du fentiment ; que, dans le corps animal , nul autre corps que les nerfs n’a cette propriété de pro- duire le fentiment, on fera porté à croire que les /ezs ayant tous un principe commun , & n’étant que des formes variées de la même fübftance , n’étant en un mot que des nerfs différemment ordonnés & difpo- {és , les fenfations qui en réfultent ne font pas auff effentiellement différentes entrelles qu’elle le pa- roiflent. L’oœil doit être regardé comme üne éxpanfon du nerf optique , où plutôt Pœil lui-même n’eft que l’é- panouifflement d’un faifceau de nerfs, qui étant expofé à l’extérieur plus qu'aucun autre nerf, eft auffi celui qui a le fentiment le plus vif & le plus délicat ; il fera donc ébranlé par les plus petites parties de la ma- tiere telles que font celles de la lumiere, & il nous donnera par conféquent une fenfation de toutes les fubftances les plus éloignées ,pourvu qu’elles foient capables de produire ou de réfléchir ces petites par ticules de matiere, L’oreille qui n’eft pas un organe aufi extérieux À 30 SEN que l'œil, & dans lequel il ny a pas un auf grand épanouiflement de nerf, n’aura pas le même degré de fenfibilité, & ne pourra pas être affeélée par des parties de matieres auf petites que celles de la lu- miere ; mais elle le fera par des parties plus grofles qui font celles qui forment le fon, & nous donnera encore une fenfation des chofes éloignées , qui pour- ront mettre en mouvement ces parties de matieres. Comme elles font beaucoup plus groffes que celles de la lumiere & qu’elles ont moins de viteile , elles ne pourront s'étendre qu'a de petites diffances , êT par conféquent l'oreille ne nous donnera la fenfation que de chofes beaucoup moins éloignées que celles dont l’œil nous donne la fenfation. La membrane qui eft le fiege de lodorat étant en- core moins fournie de nerfs que celle qui fait le fiege de l’ouie , elle ne nous donnera la fenfation que des parties de matiere qui font plus groffes & moins éloi- onées , telles que font Les particules odorantes des corps qui font probablement celles de l’huile eflen- tielle , qui s’en exhale & furnage , pour ainfi dire, dans l’ar. Comme les nerfs font encore en moindre quanti- té & plus groffers fur le palais &c fur la langue , Les particules odorantés ne font pas affez fortes pour ébranler cet organe ; il faut que Les parties huileufes &e falines fe dérachent des autres corps, & s’arrêtent fur Ja langue pour produire la fenfation qu’on ap- pelle le goës, &c qui differe principalement de Po- dorat , parce que ce dernier /ezs nous donne la fen- fation des chofes à une certaine diftance, &t que le goût ne peut la donner que par une efpece de con- ta& , qui s’opere au moyen de la fonte de certaines parties de matieres , telles que Les fels, les huiles, &c, Enfin, comme les nerfs font le plus divifés qu'il eft poffible & qu'ils font très-léserement parfemés dans la peau , aucune partie auf petite que celles qui forment la lumiere , les fons, les odeurs, les fa- veurs, ne pourra les Chranler, ni les affeéter d’une maniere fenfble , & il faudra de très-grofles parties de matiere, c’eft-à-dire des corps folides , pour qu’ils puiflent en être affectés. Auffi le fens du toucher ne nous donne aucune fenfation des chofes éloignées, mais feulement de celles dont le contaét eft immé- diat. Il paroït donc que la différence qui eft entre nos Jèrs vient de la pofition plus ou moins extérieure des nerfs, de leur vêtement, de leur exilité, de leur quantité plus ou moins grande , de leur épanouiile- ment dans les différentes parties qui confituent les organes. C’eft par cette raïfon qu’un nerf ébranié par un coup , ou découvert par une bleflure , nous donne fouvent la fenfation de la lumiere , fans que Vocil y ait part ; comme on a fouvent auf par la même caufe des tintemens & des fenfations des fons, quoique l'oreille ne foit affectée par rien d’exte- rieur. : Lorfque les petites particules de la matiere lumi- neufe & fonore fe trouvent réunies en très-grande quantité, elles forment ‘une efpece de corps folide qui produit différentes efpeces de fenfations , lef- quelles ne paroïflent avoir aucun rapport avec les premieres ; car toutes les fois que les parties qui compofent la lumiere font en très-grande quantité, elles affeétent non-feulement les yeux , mais aufü toutes les parties nerveufes de la peau ; &t elles pro- duifent dans l'œil la fenfation de la lumiere ; & dans le refte du corps , la fenfation de la chaleur qui ef une autre éfpece de fentiment différent du premier, quoiqu'il foit produit par la même caufe, La chaleur n’eft donc que le toucher de la lumiere qui agit comme corps folide,.ou comme une mafle de matiere en mouvement ; on reconnoit évidem- ment lation de cette mafle en mouvement, lorf- SEN qu’on expofe les matieres légeres au foyer d'un bon miroir ardent ; lation de la lumiere réunie leur communique , avant même que de les échauffer , un mouvement qui les pouffe &c les déplace ; la chaleur agit donc comme agiflent les corps folides fur les autres cofps, puifqu’elle ef capable de les dépla- cer en communiquant un mouvement d'impulfion. De même lorfque les parties fonores fe trouvent réunies en très-grande quantité, elles produifentune fecouffe & un ébranlement très-fenfible ; & cet ébran- lement eft fort différent de l’aétion du fon fur lo- reille. Une violente explofion, un grand coup de tonnerre ébranle les maïfons, nous frappe 8& commu- nique une efpece de tremblement à tous les Corps voifins ; c’eft par cette a€hion des parties fonores qu’une corde en vibration en fait remuer une au- tre, & c’eft par ce toucher du fon que nous fentons nous-mêmes, lorfque le bruit eft violent , une efpece de trémouflement fort différent de la fenfation du fon par l'oreille, quoiqu'il dépende de la même caufe. Toute la différence qui fe trouve dans nos fenfa- tions ne vient donc que du nombre plus où moins grand, & de la poftion plus ou moins extérieure des nerfs. C’eft pourquoi nous ne jugeons des chofes que d’après l’impreffion que Les objets font fur eux; &t comme cette impreflion varie avec nos difpofi- tions , les fers nous en impofent néceflairement : les plus importans ne font fouvent que de légeres im- preffions ; êc pour notre malheut, le méchanifme de tout le mouvement de la machine dépend de ces refforts délicats qui nous échappent. Cependant les fezs nous étoient abfolument nécef- faites, & pour notre être & pour notre bien-être : ce font, dit M. le Cat, autant de fentinelles qui nous avertiflent de nos befoins & qui veillent à notre confervation. Au milieu des corps utiles & nuifbles qui nous environnent, ce font autant de portes qui nous font ouvertes pour communiquer avec les au- tres êtres, & pour jouir du monde où nous fommes placés. Ils ont enfanté des arts fans nombre pour fa- tisfaire leurs délices , &c fe garantir des imprefions fâcheufes. On a tâché dans cet ouvrage de dévelop- per avec briéveté le méchantfme êc des arts & des Jens ; peut-être mème trouverat-on qu'on s’y efttrop étendu ; mais quand cela feroit vrai, comment ré fifter au torrent des chofes curieufes qui s'offrent en foule fur leur compte ; & combien n’en a-t-6n pas fupprimé avec quelque regret ? Car enfin les arts font précieux, & les /ers offrent le fujer Le plus in téreflant de la phyfique, puifque ce font nos moyens de commerce avec le refte de Punivers. Ce commerce entre l'univers & nous fe fait tou- jours par une matiere qui affecte quelque organe. Depuis lé toucher jufqu’à la vûe, cette matiere eft de plus en plus tubrile, de plus en plus répandue loin de nous, & par-là de plus en plus capable d'étendre les bornes de notre commerce. Des corps, des K- queurs, des vapeurs, de Pair, de la lumiere , voilà la gradation de fes correfpondances ; &clesens par lefquels'elles fe font nos interpretes &nospazettiers. Plus leurs nouvelles viennent de loin, plus il faut s’en défier. Le toucher qui eft le plus borné des /ès eft auffi le plus für de tous ; le goût & lodorat Le font encore aflez, mais l’ouie commence à nous tromper très-fouvent; pour la vüe, elle eft fujerte A'tant d'erreurs, que l'induftrie des hommes, qui fait tirer avantage de tout, en a compofé umart d’en impofer aux yeux ; art admurable , & pouflé fi loin par les peintres , que nous yaurions peut-être per- du à avoir des /érs moinstrompeurs. Mais que dire des conjectures dans lefquelles ils nous entrainent2 Par exemple , la lumiere, fluide particulier qui rend les corps vifibles, nous fait conjecturer un au- SEEN tre fluide qui les rend pefans, un autre quiles rend éledriques, ou qui fait tourner la bouflole au nord, &c. Tant de fuppoñitions prouvent aflez que ce que les fers nous montrent , eft encore tout ce que nous {avons de mieux. L Qu'on juge par-là des bornes étroites & du peu de certitude de nos connoïflances , qui confiftent à voir une partie des chofes par des organes infideles & à deviner le refte. D'où vient, direz-vous, cette nature fi bonne , fi libérale , ne nous at-elle pas donné des fers pour toutes ces chofes que nous fom- mes contraints de deviner , par exemple, pour ce fliide qui remue la bouflole , pour celui qui donne la vie aux plantes & aux animaux ? C’étoit le plus court moyen de nous rendre favans fur tous ces phénomenes qui deviennent fans cela des énigmes : car enfin les cinq efpeces de matieres qui font com- me députées vers nous , des états du monde maté- fériel ne peuvent nous en donner qu'une vaine F à - = « (- 4 ébauche ; Imaginons un fouverain qui n’auroit d’au- tre idée de tous les peuples que celles que lui don- neroient un françois , un perfan, un ésyptien, un créole, un chinois, qui tous cinq feroient fourds &c muets ; c’eft ainfi tout au-moins que font toutes ces efpeces de matieres. En vain la phyfique mo- derne fait fes derniers efforts pour interroger ces de- putés ; quand on’ fuppoñferoit qu’ils diront un jour tou ce qu'ils font eux-mêmes, 1l n’y a pas d’appa- rence qu'ils difent jamais ce que font les autres peu- ples de matiere dont ils ne font pas. + Le créateur n’a pas voulu nous donner un plus stand nombre de /ézs ou des /êxs plus parfaits, pour .nous fairé connoître ces autres peuples de matiere ni d’autres modifications dans ceux-mêmes que Ne connoïffons. Il nous a refuié des aîles , 1l a fixé la médiocrité de la vüe qui n’apperçoit que les feules furfaces des Corps. Mais de plus grandes facultés eufent été inutiles pour notre bonheur & pour tout le fyftème du monde. Accuferons-nous le ciel d’être cruel envers nous &c envers nous feuls ? Le bonheur de Fhomme, dit Pope , ( quiemprun- te pour le peindre, le langage des dieux )le bonheur de l’homme’, fi lorgueil ne nous empêchoit point de Vavouer , n’eft pas de penfer ou d’agir au-delà de l’homme même, d’avoir des puiflances de corps & defprit » au-delà de ce qui convient à fa nature & À fon état. Pourquoi l’homme n’a-t-1l point un œil mi- crofcopique ? C’eft par cette raïfon bien fimple , que l'homme n’eft point une mouche, Et quel en feroit l'ufage , fi Phomme pouvoit confidérer un ciron, & que fawue ne pût s'étendre jufqu’aux cieux ? Quel feroit celui d’un toucher plus délicat, f trop fenf- ble., & toujours tremblant , les douleurs & les ago- nies s’introduifoient par chaque pore ? D’un odorat plus vif, fi les parties volatiles d’une rofe, par leurs vibrations dans le cerveau, nous faifoient moutir de peines aromatiques ? D'une oreille plus fine, fi la na- ture fe faifoit toujours entendre aveëé un bruit de tonnere, & qu'on fe trouvât étourdi par la mufique de fes fpheres roulantes ? O combien nous resrete- tions alors que le ciel nous eñt privé du doux bruit des zéphirs & du murmure des ruifleaux ! Qui peut ne pas reconnoitre la bonté & la fagefle de la Pro- vidence , également & dans ce qu’elle donne, & dans ce qu'elle refufe ? Û Regardons pareillement les fenfations qui affigent où qui enchantent l'ame comme de vrais préfens du ciel. Les fenfations triftes avertiflent l’homme de {e mettre en garde contre l'ennemi qui menacele corps de fa perte. Les fenfations agréables l'invitent À la confervation de fon individu & de fon efpece, Peut-être que des /ézs plus multipliés que les nô- tres, fe fufent embatraflés , ou que l’avide curio- firé qu'ils nous euflentinfpiré, nous eût procuré plus S E N- 31 d'inquiétude que de plaïfir. En un mot , le bon ufape de ceux que nous avons, fufit à notre félicité, Jouit- fons donc, comme il convient , des /es dont la na- ture a bien voulu nous sratifier : ceux de Voute &c de la vue me femblent être les plus délicats &e les plus chaftes de tous. Les plaïfirs qui les remuent, font les plus innocens ; &c les arts à qui nous devons ces plaï- firs, méritent une place diftinguée parmi les arts i- béraux, comme étant des plus ingénieux, puifqu’on y emploie toute la fubtilité des combinaifons mathé- matiques. La peinture reyeille l'imagination &r fixe la mémoire ; la mufique agite le cœur, &c fouleve les pafions. Elles font pañler les plaifirs dans l’ame : l’une par les yeux, l’autre par Poreille, On diroit même que les pierreries ont un chatme fingulier , dont la mode fe fert pour fixer la curiofité. Il Le faut bien ; car fans cet éclat-impérieux , notre folie auroit des bornes, du moins celles que linconftance a foin de mettre à tous nos goûts. Éff-ce que ces étincelles pures qui petillent au fein du diamant , feroient une efpece de collyre pour la vue? Les luftres & les gla- ces feroient à ce prix une merveilleufe invention, & peut-être ces chofes ont-elles avec nous une douce fympathie, dont nous fentons l’effet fans le deviner? Les plaiñirs des autres /ëzs peuvent être plus vifs, mais je les crois moins dignes de l’homme. Ils s'é- mouflent, ilsfe blafent , quand on les irrite; &c quand on en abufe, ils laiffent dans la vieillefle un trifte repentir ou de fâcheufes infirmités. ( Le chevalier Da JAUCOURT. ) SENS INTERNES, ( Phyfiol. ) aétions de l’ame où de l'intelle@, auxquelles il eft excité par la percep- tion des idées, | Les feules voies par où les connoïflances arrivent dans l’entendement humain, les feuls paflages, com- me dit Loke, par lefquels lalumiere entre dans cette Chambre obfcure , fontles frs externes 8 internes. Les Jens internes font les paflions, lattention, Pi- magination & la mémoire. Telle eft l'énumération ordinaire , & à mon avis, peu exaËte, qu'on fait des fers internes ; mais ce n’eft pas ici le lieu de la rééti- fier ; nous ne traitons qu’en phyfologifte, &c feule- ment ce qu’il convientau médecin de connoïtre, pour entendre, expliquer, & guérir, s’il eft poflble, les fâcheufes afeftions du cerveau. Il femble que les perceptions de notre intelle& naiflent de la différence des nerfs affectés , de la dif- férente ftruêture de l’organe du fentiment , des diffé- rentes parties de la moëlle du cerveau d’où les nerfs prennent leur origine , 8 du cours différent des ef prits animaux, Nous fommes tellement formés, qu'à loccafion des divers états de l’ame il fe fait dans le corps des mouvemens mufculaires , une circulation ou une ftagnation d’'humeurs , de fang & des efprits. Les mouvemens mufculaires dépendent de linflux du fuc nerveux que le cerveau porte dans les muf- cles; la partie du cerveau du /eforimm commune, ot les efpriis animaux fe trouvent raffemblés , eft peut- être la moëlle du cerveau dans la tête. Cette partie a diférens territoires, dont chacun a fon nerf & fa lo- ge pour les idées ; le nerf optique donne l'idée des couleurs ; lolfa@if, des odeurs ; les nerfs moteurs, ceux des mouvemens. Une goutte de liquide , fang ouautre, épanchée fur l'organe des nerfs, produit l’apoplexie. Dès-lors plus d'idées fimples ni accefloi- res, plus de mémoire, plus de paññon , plus de Jezs internes, plus de mouvemens mufculaires, fi cen’eft dans le cœur où ils font pañlés. Qu'on ne craigne point qu'il foit trop humiliant pour l'amour propre, de favoir que l’efprit eft d'une nature f corporelle ? Comme les femmes font vaines de leur beautés, les beaux efprits ferent toujours vains du bel-efprit ) &C les philofophes ne fe montreront jamais aflez philo- fophes , pour éviter cet écueil umyverfel, 32 SEN Les pafions font des affeétions fortes qui impri- ment des traces fi profondes dans le cerveau, que toute l’économie én eftbouleverfée, & ne connoit plus les lois ‘de la räifon. C’eft un état violent au nous entraine vers fon objet. Les paffñons fuppofent 1°. la repréfentation de la chofe qui eft hors de nous : 2°. Pidée qui en réfulte & qui accompagne, fait naître l’affeétion de lame: 3°. le mouvement des ef- prits Ou leur fufpenfon en marque les effets. Le fiege des afeétions de l’ame eft dans le feforium commune. Un fommeil profond fans rêves doit donc afloupir, comme 1l arrive , toute pafñon. Un homme en apo- plexie ou en léthatgie n’a ni joie ni triftefle, ni amour ni haine. Aprés avoir pailé deuxjours dans cet état, ilreflufcite, 87 n’a pas fenti la peine de mourir, Les médecins entendent un peu leffet des pañfons fur les liquides & les folides du cofps humain. ls ex. pliquent affez bien leur méchanifime fur la machine par l'accélération ou le rétardement dans le mou- vement du fuc nerveux qui agit enfuite fur le fang, enforte que le cours du fang réglé par celui des ef- prits s’augmente &c fe retarde avec lui. Que n’ontsils le fecret du remede ! Chaque pañion a fon langage. Dans la colere, cette courte fureur, fuivant la définition d'Horace , tous les mouvemens augmentent, celui de la cifculation du fang, du pouls, de la refpiration ; le corps de- vient chaud, rouge, tremblant , tenté tout-à-coup de dépofer quelque fécrétion qui l'irrite. De-là ces inflammations, ces hémorrhagies , ces plaies r’ou- vertes, ces diarrhées, ces 1étères, dont parlent les obfervations. Dans la terreur, cette pafion, qui en ébranlant toute la machine, la met quelquefois en garde pour fa propre défenfe, & quelquefois hors d'état d'y pourvoir, naiflent la palpitation, la pâleut , le froid fubit, le tremblement , la paralyfie , Pépilepfe, le changement de couleur des cheveux, la mort fubite. Dans la peur, diminutif de la terreur, là tranfpira- tion, diminuée difpofe le corps à récevoir les miaf mes confagieux, produit la pâleur , le relâchement xPourayoir prédit dans une pareille cifconftance une hémor- rhagie falutaire. | TION E PERS Quand lame ne peut fe détromper par les fers ex- ternes, de la nonçexiftence des phantômes que les fers Lsternes ui préfentent, comme étoit celui qui croyoit avoir unnez de vérre 5, Ceux qui fe perfua> dentêtre obligés de fuivre tel régiment, dans l'idée qu'ils yont été engagés, & autres chimeres :C/eft dans ce cas une efpece de manie, mal qui demande des remedes, & quiy cede quelquefois. Quiconque jetterales yeux fur les triftes effets du dérangement de l'imagination comprendra combien elle efkcor- porelle:, 8 combien ef étroite la liaifon qu'il y a entre Les mouvemens vitaux cr les mouyemens ani- maux. = La‘mémoire, qûiéft le fouvenir des chofes qui ‘ont fait-des traces dans le cerveau, eft un quatrieme fères irerne, fi dépendant des organes du corps, qu’- elle fe fortifie, & s’afoïblit, lon les changemens qui atrivent à la machine. Ni la converfanion , ni la connoïifiance des chofes, ni le fentiment interne de notre propre exiftence nepeuvent réfider en nous fans lamémoire. W epfer parle d’un malade qui avoit perdu les 1dées des chofes ; 1l prenoit le manche pour Je creux de la cueillere; 1l en a vu un autre qui ne pouvoit jamais finir fa phrale, parce quil perdoit d’abord la mémoire. du commencement de fon idée. EL donne lhiftoire d'un troifieme, qui voyant les lettres, ne pouvoit plus les épeler. Un homme quiperdroit toute mémofïre, ne feroit pas même un être penfant; car peut on penfer fan elle? Cela ne répugne point aux phénomenes des maladies dans lefquelles nous voyons les malades faire plufieurs aétions, dont ils n’ont aucune réminif- cence , lorfqu'ils font rétablis ; or ces a@ions que Fame fait fans connoïffance, fans jugement, doivent être rangées parmi les mouvemens automatiques qui 4e trouvent partout pour conferver la machine, M. Jean le Clerc fi connu dans la-république des lettres, &frere dé M. Dahiel le Clerc non moins célebre par fon hiftoire de la Médecine, a écrit que la fievre fufi- Toit pour boulverfer toutes les traces desimages dans le cerveau, & caufer un oubli univerfel ; 1l a été lui- même un trifte exemple de cette vérité ; après une petite fievre de deux ou trois jours, 1l tomba dans. Poubli total de tout ce qu'il avoit jamais fait & fu ; Penfance &c l’imbécillité fuccéderents le favant ne fut plus qu'un objet depitiél : ; _ Thucidide raconte que dans. fa pefte d'Afrique, plufieurs perfonnes perdirent entierement la mémoi- re, Maïs tous les jours la perte de cette faculté n’eft- elle pas dépendante du fommeil, du vin, de Fapo- plexie; de la chaleur exceflive ? Er puis, elle fe ré tablit avec le tems par des remedes convenables. En- fin Phydrocéphale, la mollefle aqueufe du cerveau, * toutes dégénérations de cette partie, une chûte, un ulcere trop tôt fermé , ces caufes & plufeurs autres, font pérdre la mémoire, fuivant l’obfervation de tous les auteurs. Cependant puifqu’elle revient auf méchaniquement qu'elle {e difipe, elle appartient donc au corps, elle eft donc prefque corporelle. Mais alors quelle place infiniment petite, tient la mémoire dans le fenforium commune? Cette exilité infinie effrayera l'imagination de ceuxquicalculeront les millions de mots, de fait£, de dates, de chofes différentes, exiftantes dans Le cerveau de ces hom- mes dont parle Baïllet, fi fimeux par leur mémoi- re, & qui iembloïent ne rien oublier, Tant de chofes - Tome XF, €ft réellement borné! ES TT | AS téfidoient, donc 1dans, la moële du cerveat de. ces gens-là, & ne loccupoient pas même toute entiere? Que cette faculté eff immente , & que {on domicile … On: fait.bien des queftions infolubles für les xs raterres; en Voici quelques-unes, qu'il femble qu’on peutréloudre. Lui ex Pourquoi les fignés. corporels qu in’ont fien que d’arbitraire, affectent-ils,, changent-ils fi fort les idées ? Ikfalloit à homme un grand nombre de ter. mes. pour exprimer la foule de fes idéés ; ces termes qui font arbitraires, deviennent tellement familiers par l'habitude où Fan, eft de les prononcer, qu'onne le fouvient pas davantage le plus fouvent des idées mêmes des chofes; que des termes qui font des cara- éteres expreflifs de cesidéess; &c les mots & ces idées font fi intimement liés enfemble,, que l'idée ne re- vient point fans fon expreflion , n1 le mot fans l'idée. D'ailleurs, en penfant nous fommes oins OCCUPÉS des motsique des chofes, parce -qu'il en coûte À l'i- magination, pour trouver des idées complexes, au lieu que les mots fimples êr faciles, fe prélentent d'eux-mêmes. | D'oir vient querl’attention, limagination fufpen- dent laétion des fers externes & les mouvemens du corps ? Parce qu'alors rien ne diflrayant les {rs ex- ternes, l'imagination eneft plus vive &c la mémoire plus heureufe. Ceux qui font devenus aveugles, font fort propres à combiner.à la fois un erand nombre d'idées. j | Pourquoi eft-on, fi faible lorfqu’on a trop long- tems, ou fortement exercé les /èrs internes à Parce qu'il s’eft fait une très-crande confommation des ef. prits du cerveau; & par la même raïfon, toutes les païties du corps humain trop long-teurs tendues 1e fatisuent. Pourquoi les alimens, les boiflons, les médica- mens, les poifons, les paflions, le repos, le mouve- . vement, l’äir, le chaud, le froid, l'habitude, pour- quo1, dis-je , toutes ces chofes ont-elles tant de pou- voir fur tous les fers? Parce qu’ils dépendent du bon état, ou du mauvais état des organes dufcorps. Tout le juftifie, Péducation, les mœurs, les lois, les cli- mats, les breuvages, les maladies, les aveux de foi- bleffes, êc de pañlions qu'on fait aux médecins & aux “confeffeurs , les remedes, les poifons , &c. Tout in: dique l'empire de ce corps terreftre; tout confirme l'efclavage, l’obfcurciflement de cette ame qui de= vroit lui commander. A 4 ë ET \YE E f£ ce la ce rayon de l’e énce fuprème Que l'on nous peine fi lumineux ? . 1 . : J ” à , EfE-ce La cet efprit furvivant à lui-même à Hékas l'on ne reconoît plus fa fpiritualité au milieu du tumulte des appétits corporels, du feu des paf- fons, du dérangement de l’économie animale, Quel flambeau pour nous conduire, que celui qui s'éteint à chaque pas! (Le chevalier DE JaucourT.) SENS (LE BON), GOUT (LE BON), (Béfles-Ler- tres.) le Bon Jens 8c le bon goér, ne font qu’une mêre chofe, à les confidérer du côté de la faculté, Le 4ox fins eft une certaine droiture d’ame qùu voit le vrai, le jufte & s’y attache ; le 207 goËr et cette même droiture, par laquelle l’ame voit le bon & Papprou- ve: La différence de ces deux chofes ne fe tient que du côté des objets. On reftraint ordinairement le ox Jèrs aux chofes plus fenfbles, & le £oz goér à des ob- jets plus fins & plus relevés. Ainfile 07 goér , pris dans cette idée, n’eft autre chofe que le 407 Jens rafliné & exercé fur des objets délicats & relevés : & le or fers n’eft que le oz gor, reftraint aux ot jets plus fenfibles & plus matériels. Le vrai eft lot. jet du goût, aufh-bien que le bon; & Pefprit a {on goût, aufi-bien que le cœur: ( D. J.) 34 SEEN "SENS, {Géopr. mod.) enlatin Agendicum, Ageri- reum , Agenniacum ; Nille de France en Champagne, capitale du Sénonois, au confluent de l'Yonne & de la Vanne, à 12 lieues au nord d'Auxerre, à 13 au couchant de Troyes, & à 25 au fud-eft de Paris. Cette ville autrefois capitale du peuple Sénonoïs, fort peuplée & connue des Romains , eft aujourd'hui aflez chétive, & contient à peine dans toute fon éten- due fix mille habitans. Ilstne purent arrêter les pro- grès des conquêtes de Céfar dans les Gaules, &t fe trouverent mal de leur révolte contre ce général ; rhais l’empereur Julien n'étant encore que céfar ,fou- tint avec fuccès un fege dans cette ville contre les Germans. Toutes les antiquités de Sezs fe bornent aujourd'hui à quelques mannotes de Charlemagne ëc de fa poftérité , qui ont été battues à Sens. Vers l'an 940 elle étoit au pouvoir de Hugues le grand, due de France. En 1015 le roi Robert prit cette ville , & la réunit à la couronne. L’archevèché âe Sens fut érigé, felon M. de Marca, vers l'an 380; fon archevêque prend le titre de primat des Gaules, mais la primatie eft demeurée provifionnellement à Parchevêque de Lyon. Celui de Sezs n’a pour fuffra- gans aduels que les évêques de Troyes, d'Auxerre & de Nevers : il avoit encore autrefois les évêques de Paris, de Chartres, de Meaux &r d'Orléans. Son archeyêché vaut au moins 70000 livres de revenu, & fon diocèfe eft d’une grande étendue; car il ren- ferme fuivant le pouillé, 766 cures, tant féculieres que régulieres ; 26 abbayes, tant d'hommes que de filles; & 1r chapitres, fans compter celui de la métropole, dont l’églife a quelques privileges parti- culiers. Le chapitre de Sens a une bibliotheque qui renfer- me quelques manufcrits, &t entr’autres l'original de l’ancien office des Fous, tel qu'il fe chantoit autre- fois dans l’églife de Sezs. C’eft un 27-fo/io long &c étroit, écrit en lettres aflez menues, & couvert d'i- voire fculpté : on y voit des bacchanales &c autres folies de l’ancienne fête des Fous repréfentés grofie- rement; On y lit au commencement uneprofe rimée au fujet de l'âne, qu’on fêtoit aufhi dans quelques diocèfes. Le refte de l'office eft compofé de prieres de l’éolife , confondues les unes dans les autres, pour répondre au titré de la fête des Fous. ’oyez FÊTE DES Fous. Entre plufieurs conciles tenus à Sens , le plus céle- bre eftle premier, de Pan 1 140. Le roi Louis le jeune y aflifta, & S. Bernard, ennemi d’Abailard, fit con- damner dans ce concile ce fameux doéteur , qui n’a- voit aucun tort dans fa doëtrine, & qui appella de fa condamnation au pape. Sens eft le fiege d’un préfidial, d'une éleétion & d'un bailliage. Il y a dans cette ville deux abbayes de bénédi@ins, un college, un féminaire dirigé par les PP. de la miflion, & plufieurs couvens. Ea fitua- tion de Ses feroit très-propre pour le commerce, 8 cependant il ne s’yenfait prefque aucun. Long. fui- vant Caffini, 20.45. 30. lat. 48.11. | Malingre ( Claude) , né à Ses dans le xvi. fiecle, publia fur l’hiftoire de France, un grand nombre d'ouvrages qui ne font point eftimés, &c qui ne Pont jamais été. Le premier qu'il mit au jour en 163:5 ,eft une Hifloire des dignités honoraires de France, ët c’eft le feul de fes livres qui ait une certaine utilité, parce qu’il a eu foin de citer fes garans. Il eft mort entre les années 1652 & 1655. Loifeau (Charles), fon compatriote, eff un des plus habiles jurifconfultes de la France, & a donné plufieurs ouvrages excellens fur des matieres de droit. H eft mort à Paris, en 1627, âgé de 63 ans. (D. J.) SENSAL , adj. (Comm.) qu’on écrit plus ordinar- rement cen/ul. | C’eft ainfi qu’on appelle en Provence, en quelques endroits d'Italie, & dans les Echelles du Levant, ce qu'on nomme ailleurs uz courtier, Woyez CENSAL & COURTIER. Tout le commerce de Livourne fe fait par la voie des fénfaux , dont les journaux font foi en juftice. ls font tousitaliens ou juifs, & paient au grand ducune taxe. plus ou moins forte, à proportion des affaires qu'ils ont faites pendant le cours de Pannée, Dé, de Comm. Fait SENSATIONS, f. £ ( Métaphyfig. ) les fénfations font des impreflions qui s’excitent en nous à l'occa- fion des objets extérieurs. Les philofophes moder- nes font bien revenus de Perreur grofliere qui revé- toit autrefois les objets qui font hors de nous des di- verfes fenfations que nous éprouvons à leur préfence. Toute ferfation eft une perception qui ne fauroiït ie trouver ailleurs que dans un eiprit , c’eft-à-dire, dans une fubftance qui fe fent elle-même, & qui ne peut agir ou pâtir fans s’en appercevoir immédiatement. Nos philofophes vont plus loin; ils vous font très- bien remarquer que cette efpece de perception que Pon nomme /énfation , eft très-différente d’un côté de celle qu’on nomme idée , d'autre côté des actes de la volonté &r des paffions. Les paflions font bien des perceptions confufes qui ne repréfentent aucun objet ; mais ces perceptions fe rerminant à ame mé- me qui les produit , lame ne les rapporte qu’à elle- même , elle ne s’apperçoit alors que d’elle-même ,: comme étant affectée de différentes manieres , telles que font la joie , latriftefle, le defir, la haine & l’a- mour. Les fenfations au contraire que lame éprouve en foi , elle Les rapporte à l'aétion de quelque caufe extérieure , & d'ordinaire elles amenent avec elles l'idée de quelque objet. Les /enfarions font auffi très- diftinguées des idées. | 1°, Nos idées font claires ; elles nous repréfentent diftinétement quelque objet qui n’eft pas nous : au contraire, nos /ézfations {ont obfcures ; elles ne nous montrent diftinétement aucun objet, quoiqu'elles at- tirent notteame comme hors d'elle-même; car toutes les fois que nous avons quelque Jenfation, 1 nous pa- roit que quelque caufe extérieure agit fur notre ame. 2°, Nous fommesmaîtres de l’attention que nous donnons à nos idées ; nous appellons celle-ci, nous renvoyons celle-là ; nous la rappellons, & nous la faifons demeurer tant qu’il nous plaît ; nous lui don- nons tel degré d'attention que bon nous femble : nous difpofons de toutes avec un empire aufli fouve- rain , qu'un curieux difpofe des tableaux de fon ca-. binet. Il n’en va pas ainfi de nos /érfations ; l’atten- tion que nous leur donnons eft involontaire , nous fommes forcés de la leur donner : notre ame sy ap- plique, tantôt plus, tantôt moins, felon que la /er+ fation elle-même eft ou foible ou vive. 3°. Les puresidées n'emportent aucune fenfation 3 pas même celles qui nous repréfentent les corpss mais les féenfations ont toujours un certain rapport à lPidée du corps ; elles font inféparables des objets corporels , & l’on convient généralement qu’elles naïflent à l'occafñion de quelque mouvement des corps , & en particulier de celui que les corps exté- rieurs communiquent au nôtre. Æ 4°. Nos idées font fimples , ou fe peuvent réduire à des perceptions fimples; car comme ce font des perceptions claires qui nous offrent diftinétement quelqu’objet qui n’eft pas nous, nous pouvons les décompofer jufqu’à ce que nous venons à la per- ception d’un objet fimple & unique , qu eft comme un point que nous appercevons fout entier d’une feule vue. Nos Jérfarions au contraire font confufes > &ceft ce qui fait conjeéturer, que ce ne font pas des perceptions fimples , quoi qu'en dife le célebre Locke, Ce qui aide à la conjeëiure, c'eft que nous PU st N dprouvons tous les jours des fénfarions qui nous pà- roiffent fimples dans le moment même, mais que nous découvrons enfuite ne l’être nullement, On fait , par les ingénieufes expériences que le fameux chevalier Newton a faites avec le prifme, qu'il _aque cinq couleurs primitives. Cependant, du diffé- _rent mélange de ces cinq couleurs, il {e forme cette diverfité infinie de couleurs que l’on-admire dans les ouvrages de la nature , & dans ceux, des Peintres, fes imitateurs & fes rivaux, quoique leur pinceau le plus ingénieux ne puifle jamais l’égaler. À cette va- riêté de couleurs, de teintes, de nuances , répon- dent autant de /ér/rions diflinétes, que nous pren- drions pour fézfarions fimples, auffi bien que celles du rouge &c du verd, fi les expériences de Neuton me démontroient que ce font des perceptions com- pofées de celles des cinq couleurs originales. Il en ‘eftide même des tons dans la mufique. Deux ou plu _fieurs tons de certaine efpece venant à frapper en même tems l'oreille, produifent un accord : une oreille fne apperçoït à la fois ces tons différens, fans les bien diftinguer; ils s’y uniflent & s’y fondent Fun dans Pautre ; ce n’eft proprement aucun de ces deux tons qu’elle entend; c’eft un mélange agréable qui Le fait des deux , d’où réfulte une troifieme /£r: Jatior, qui s'appelle accord , fymphonie : un homme Qui R'auroit jamais oui ces tons féparément , pren droit la Jénfation que fait naître leur accord pour une fimple perception. Elle ne le feroit pourtant pas plus que la couleur violette, qui réfulte du rouge & dubleu mélangés fur une furface par petites portions égales. Toute /éxfation , celle du ton, patexemple, où de la lümiere en général , quelque fimple , quel- que incivrble qu’elle nous paroifle , eft un compofé d'idées, eft un aflemblage ou amas de petites per- ceptions qui fuivent dans notre ame fi rapidement, & dont chacune s’y arrête f peu, où qui s’y préfen- tent à la fois en f grand:nombre , que lame ne pou- ant les diftinguer l’une de Pautre , n’a de ce com- poié qu'une feule perception très-confufe , pat égard aux petites parties ou perceptions qui forment ce compolé ; mais.d’autre côté, très-claire, en ce qué J’ame {a diffingue nettement de toute autre fuite ou aflemblase de perceptions ; d’où vient que chaque fenfation confuie , à la regarder en elle-même, de: Vient très-claire , fi vous oppofez à une /erfarion différente. Si ces perceptions ne {e fuccédoient pas fi rapidement l’un à l’autre , fi elles ne s’offroient pas à la fois en f grand nombre, fi l'ordre dans lequel elles s'offrent & fe fuccedent ne dépendoit pas de celui des mouvemens extérieurs , s’il étoit au pou= voir de l'ame de le changer; f tout cela étoit , les , 0 L Là * Jenfations ne feroient plus que de pures idées, qui, repréfenteroient divers ordres demouvement, L’ame fe les repréfente bien , mais en petit, mais dans une rapidité & une abondance qui le confond , qui lem- pèche de démêler une idée d’avec l'autre, quoi- qu'elle foit vivement frapnée du tout enfemble , & qu'elle difingtie très-nettement telle fuite de mou- vemens d'avec telle autre fuite , tel ordre , telamas de perceptions d’avec tel autre ordre & tel autre amas, | Outre cette premiere queflion , où l’on agite les fenfations {ont des idées, on en peut former plu: fieurs autres , tant cette matiere devient féconde j quand on la creufe de plus en plus. , 19. Les impreflions que notre ame recoit À l’occa- fon des objets fenfibles, font-elles arbitraires? I paroït clairement que non , dès qu'il y a une analo- gie entre nos fémfztions &t les mouvemens qui les caufent , & dès que ces mouvemens {ont , non la fimple occafion , mais Pobiet même de ces percep- tions confufes. Elle paroîtra cette analogie , f d’un EÔté nous comparons ces /érfanons entr'elles Ci . Tome XP, d'autre côté nous compatons entr'eux Îles Greanes de ces Jénfarioms | & limprefion qui fe fait fur ces différens organes. La vué eft quelque chofe de plus délicat &z de plus habile que l'ôuie ; loue à vifbles ment un pareil avantage fur l’odorat & {ur le goût ; & ces deux derniers genres de /2k/atior l'émportent par le même endroit fur celui du toucher. On ob: ierve les mêmes différences entre les Organes dé nos fens , pout la compofition de ces Organes , pour la délicatefe des nerfs, pour la fubuliré & la viteflé des motvemens, pour la grofléur des Corps exté= fieurs quiaffeétent immédiatement ces organes, L’im prefon corporelle fur Les Organes des fens, n’eft qu'un ta plus ou moins fubtil & délicat, à propor- tion de la nature des organes qui en doivent être afle@tés. Celui qui fait la vifion eft le plus léger da tous ? le bruit & le fon nous touchent moins délica= tement que la lurmiere & les couleurs ; l'odeur & là faveur encore moins délicatement que le fon; lefroid & le chaud, & les autres qualités tadiles , font lim prefhon la plus forte &c la plus rude. Dans tous ,ilné faut que différens degrés de la même forte de mou> vement , pour faire pale l’äme du plaifir à la dou- leur ; preuve que Le plaifir & la douleur , ce qu'il y. a d’agréable & de défagréable dans nos Jenfarions à eft parfaitement analogue aux mouvemens qui les produifent, ou, pour mieux dire, que nos /érfarions ne font que la perception confufe de ces divers mou vemens. D'ailleurs , à compater nos Jenfations entre elles, ony découvre des rapports & des différences qui marquent une analogie parfäite avec les mouve: mens qui les produifent , & avec les organes quire+ çoivent ces mouvemens. ‘Far exemple , Podorat & le goût s’avoïfinent beaucoup , & tiennent aflez dé l’un &r de l’autre, L’analogie qui fe rémärqüe entre les fens & les couleurs eft beaucoup plus fenfible. If faut à préfent venir aux autres queftions, & entrer de plus en plus dans la nature des fénfarions. Pourquoi, dit-on, lame rapporte-t-elle fes férja* tions à quelque taufe extérieure ? Pourquoi ées /énf: tions ont-elles inféparables de l’idée de certains ob- jets ? Pourquoi nous impriment-elles fi fortenent ces idées, & nous font - elles regardet ces objets; comme exiftans hors de nous? Bien plus, pourquor regardons -nous ces objets non-feulement comme la caufe , mais comme le fujet de ces /enfacions ? D'où vient enfin que la fèrfarion eft fi mêlée avec l’idée de l'objet même , que quoique Pobjet foit diftingté dé notre ame, 6t que la Jérfarion n’en foit point diftin= guée , il eft extrêmement difficile, ou même impoi= fible à notre ame , de détacher la fénfarion d'avec li: dée de cet objet ; ce qui a principalement lieu dans la vifon. On ne fauroit prefque pas plus s'empêcher ; quand on voit un cercle rouge, d'attribuer au cercle la rougeur qui eft notre propre Jenfation, que de lui attribuer la rondeur , qui eft la propriété du éerclé même, Tant de queftions à éclaircir touchant les fers Jations , prouvent aflez combien cette matietceft épi nette. Voici à-peu-près ce qu’oh y peut répondre dé plus raifonnable. Les Jérfations font fortir l'ame hors d'elle-même ; en lui donnant l’idée confufe d’une caufe extérieure qui agit fur elle , parce que les féxfarions font dés pers ceptions involoïtaires ; l’ame en tant qu’elle fent eft pailive , elle eft le fujet d'une a@iori; il y à doné hors delle un agent. Quel fera cet agent ? 1 ft rai fonnable de le concevoir proportionné À fon ation ;: êc de croire qu’à différens effets répordent de diffé: rentes caufes ; que les fénfations {ont produites paf des caufes auffi diverfes entre elles, que le font les | Jénfations même. Sur ce principe, li caufe de la lus . . & miere doit être autre que la caufe du feu ; celle qui excite en moï la /erfavion du jaune , doit n'être pag lamême que celle quime donne la fezfasion du violet, 36 SHEUN … Nos fénfations étant des perceptions repréfentati- ves d’une infinité de petits mouvemens indifcerna- bles , il eft naturel qu’elles amenent avec elles li- dée claire ou confufe du corps dont celle du mou- vement eft inféparable, 8 que nous regardions la matiere en tant qu’agitée par ces divins mouvermens, comme la caufe univerfelle de nos fénfations , en même tems qu’elle en eft l’objet. Une autre conféquence qui n’eft pas moins natu- relle , c’eft qu'il arrive de-là que nos fénfations font la preuve la plus convaincante que nous ayons de l’exiftence de la matiere. C’eft par elles que Dieu nous avertit de notre exiftence ; car quoique Dieu foit la caufe univerfelle & immédiate qui agit fur notre ame, fur laquelle, quand on y penie, on voit bien que la matiere ne peut agir réellement &r phyfiquement; quoiqu'il fufhle des feules /enfarions que nous recevons à chaque moment, pour démon- trer qu’il y a hors de nous un efprit dont le pouvoir eftinfini; cependant la raïfon pour laquelle cet efprit tout-puiffant aflujettit notre ame à eette fuite fi va- riée, mais fi réglée, de perceptions confufes, qui n’ont que des mouvemens pour objet, cette raïfon ne peut êtreprife d’ailleurs, que de ces mouvemens mêmes ; qui arrivent en effet dans la matiere aétuel- lement exiftante ; & le but de l’efprit infini , qui n’agit jamais au hafard, ne peut être autre, que de nous manifefter l’exiftence de cette matiere avec ces divers mouvemens. Il n’y a point de voie plus pro- pre pour nous inftruire de ce fait. L'idée feule de la matiere, nous découvriroit bien fa nature, mais ne nous apprendroit jamais fon exiftance , puifqu'il ne lui eft point eflentiel d’exifter. Mais Papplication in- volontaire de notre ame à cette idée, revêtue de celle d’une infinité de modifications & de mouvemens fucceffifs, qui font arbitraites & accidentels à cette idée , nous conduit infailliblement à croire qu’elle exifte avec toutes fes diverfes modifications, L’ame conduite par le créateur dans cette fuite réglée de per- ceptions, eft convaincue qu'il doit y avoir un monde matériel hors d’elle , qui foitle fondement, la caufe exemplaire de cet ordre, & avec lequel ces percep- tions ayent un rapport de vérité. Ainfi, quoique dans l’immenfe variété d'objets que les fens préfen- tent à notre efprit, Dieu feul agiffe fur notre efprit, chaque objet fenfible avec toutes fes proprietés , peut pañler pour la caufe de la /érfarion que nous en avons, parce qu’il eft la raifon fufñifante de cette per- ception , & le fondement de fa vérité, Si vous m'en demandez la rafon , je vous répon- drai que c’eft, 1°. Parce que nous éprouvons dans mille occa- fions qu'il y a des /enfations qui entrent par force | dans notre ame, tandis qu'il y en a d’autres dont nous difpofons librement , foit en les rappellant, foit en les écaïtant , {elon qu'il nous en prend en- vie. Si à midi je tourne Îes yeux vers le foleil , je ne faurois éviter de recevoir Les idées que la lumiere du {oleil produit alors en moi: au lieu que fi je ferme les veux, ou que je fois dans une chambre obfcure, je peux rappeller dans mon efpritquand je veuxles idées de la lumiere ou du foleil , que des fenfañions précé- dentes avoient placées dans ma mémoire ; êc que je peux quitter ces idées, quand je veux ; pour me fixer à l’odeur d’une rofe , ou au goût du fucre. Il eft évident que cette diverfité de voies par lefquelles nos fenfations s'introduifent dans lame, fuppole que les unes {ont produites en nous par la vive impref- fion des objets extérieurs , impreflion qui nous mat- trife, qui nous prévient, & qui nous guide de gré ou de force ; & les autres par le fimple fouvenir des impreflions qu’on a déja reffenties. Outre cela il n’y a perfonne , qui ne fente en elle-même la différence qui fe trouve entre contempler Le foleil , felon qu'il en a l'idée dans fa mémoire, &c le regarder auelle- ment: deux chofes, dont la perception eftfi diftinéte dans l’efprit, que peu de fes idées font plus diftinc- tes les unes des autres. Il reconnoït donc certaine- ment qu’elle ne font pas toutes deux un effet de fa mémoire , ou des produétions de fon efprit , ou de pures fantaifies formées en lui-même ; mais que la vue du foleil eft produite par une caufe, 2°, Parce qu'il eft évident que ceux qui font def- titués des organes d’un certain fens, ne peuvent ja- mais faire que les idées qui appartiennent à ce fens, foient aétuellement produites dans leur efprit. C’eft une vérité fi mamifefte , qu’on ne peut la révoquer en doute ; & par conféquent , nous ne pouvons douter que ces perceptions ne nous viennent dans l’efprit par les organes de ce fens, & non par aucune autre voie: il eft vifible que les organes ne les produifent pas ; car fi cela étoit, les yeux d’un homme produi- roient des couleurs dans les téñebres, 8 fon nez fen- tiroit des rofes en hiver. Mais nous ne voyons pas que perfonne acquiere le goût des azaras , avant qu’il aille aux Indes où fe trouve cet excellent fruit, &c qu'il en goûte aétuellement. 3°. Parce que le fentiment du plaïfir & de la dou- leur nous affeéte bien autrement , que le fimple fou- venir de l’un & de l’autre. Nos férfarions nous don- nent une certitude évidente de quelque chofe de plus , que d’une fimple perception intime : & ce plus eft une modification , laquelle, outre une particu- licre vivacité de fentiment , nous exprime l’idée d’un être qui exifte atuellement hors de nous, & que nous appellons corps. Si le plaïfir ou la douleur n’étoient pas occafonnés par des objets extétieurs , le retour des mêmes idées devroit toujours être ac- compagné des mêmes /érfations. Or cependant cela n'arrive point; nous nous reflouvenons de la dou- leur que caufent la faim , la foif, 87 le mal detête, fans en reflentir aucune incommodité; nous penfons aux plaïfirs que nous avons goûtés, fans être péné- trés ni remplis par des fentimens délicieux. 4°, Parce que nos fens, en plufieurs cas, fe ren- dent témoignage l’un à l’autre de la vérité de leurs rapports touchant l’exiftence des chofes fenfibles qui’ font hors de nous. Celui qui voit le feu, peut fe fentir ; & s’il doute que ce ne foit autre chofe qu’une fimple imagination, 1l peut s’en convaincre en met- tant dans le feu fa propre main, qui certainement ne pourroit jamais reflentir une douleur fi violente à l’occafion d’une pure idée ou d’un fimple fantôme; à-moins que cette douleur ne foit elle-même une imagination, qu'il ne pourroïit pourtant pas rappel- ler dans fon efprit, en fe repréfentant l’idée de la brûlure après qu’elle a été guérie. Ainf , en écrivant ceci, je vois que je puis chan- ger les apparences du papier, & en traçant des let- tres, dire d’avance quelle nouvelle idée il préfentera à l’efprit dans le moment fuivant, par le moyen de quelques traits que j'y ferai avec la plume; mais j'aurai beau imaginer ces traits, ils ne paroïtront point, fi ma main demeure en repos, ou fi je ferme les yeux, en remuant ma main : &c ces caraéteres une fois tracés {ur le papier, je ne puis plus éviter de les voir tels qu’ils font, c’eftà-dire, d’avoir les idées de telles & telles lettres que j'ai formées. D’où il s’en- fuit vifiblement que ce n’eft pas un jeu de mon ima- gination, puifque je trouve que les caraéteres qui orit été tracés felon la fantaifie de mon efprit, ne dépendent plus de cette fantaifie, 8 ne ceflent pas d’être, dès que je viens à me figurer qu’ils ne font plus ; mais qu’au contraire ils continuent d’afecter | ‘mes fens confflamment & régulièrement, felon la figure que je leur ai donnée, $1 vous ajoutez à cela, que la vûe de ces caraëteres fera prononcer à un au- tre'homme les mêmes fons que je m'étois propofé SEN nd + de leur faire fisnifier, on ne pourra douter que ces mots que écris, n’exiftent réellement hors de moi, puifqu'ils produifent cette longue fuite de fons régu- Kers dont mes oreilles font adtuellement frappées, lefquels ne fauroient être un effet de mon 1magi- nation, &c que ma mémoire ne pourroit jamais rete- nir dans cet ordre. | ÿ°. Parce que s’il n’y a point de corps, je ne conçois pas pourquoi ayant fongé dans Le tems que j'appelle veille, que quelqu'un elt mort, jamais il ne m'arrivera plus de fonger qu'il eft vivant, que je m’entretiens &T que je mange avec lui, pendant tout le tems que je veillerai, & que je ferai en mon bon fens. Je ne comprends pas aufli, pourquoi ayant commencé à fonger que je voyage, mon égarement enfantera de nouveaux chemins, de nouvelles vil- les, denouveaux hôtes, de nouvelles maifons ; pour- quoi je ne croirai jamais me trouver dans le lieu d’où il femble que je fois parti. Je ne fai pas mieux commentilfe peut faire qu’en croyant lire un poëme épique, des tragédies &c des comédies, je fafle des vers excellens , & que je produife une infinité de belles penféés, moi dont l’efprit eft fi flérile & fi oroffier dans tous les autres tems. Ce qu'il y a de plus étonnant, c’eft qu’il dépend de moi de renou-- veller toutes ces merveilles, quand 1l me plara, Que mon efprit foit bien difpofé ou non, il n’en penfera pas moins bien, pourvu qu'il s’imagine lire dans un livre. Cette imagination eft toute fa ref- fource , tout fon talent. À la faveur de cette illu- fion, je lirai tour-à-tour Pafchal, Boffuet, Fénelon, Corneille, Racine, Moliere, 6c. en un mot, tous les plus beaux génies, foit anciens , foit modernes, qui ne doivent être pour moi que des hommes chimériques , fuppofé que je fois le feul être au monde, & qu'il n’y ait point de corps. Les traités de paix, les guerres qu'ils terminent, le feu, les remparts, les armes, les bleflures; chimeres que tout cela, Tous Les foins qu’on fe donne pour s’avan- cer dansla connoïffance des métaux,des plantes & du corps humain;tout cela ne nous fera faire des progrès que dans le pays des idées. Il n’y a ni fibres, nifucs, ni fermentations, ni graines , ni animaux, ni cou- teaux pour les diffléquer, ni microfcope pour les voir; mais moyennant l'idée d’un microfcope, il naï- tra en moi des idées d’arrangemens merveilleux dans de petites parties id éales. Je ne nie pourtant pas qu'il ne pufle y avoir des hommes, qui dans leurs fombres méditations, fe font tellement affoiblis l’efprit par des abftraétions conti- nuelles, &, fi je lofe dire, tellement alambique le cerveau par des pofhbilités métaphyfiques, qu’ils doutent efeétivement s'il y a des corps. Tout ce que l’on peut dire de ces contemplatifs, c’eft qu’à force de réfléxions ils ont perdu le fens commun, méconnoiffant une premiere vérité dictée par le fen- timent de la nature, & qui fe trouve juftiñiée par le concert unanime de tous les hommes. Il eft vrai qu’on peut former des difficultés fur lexiftence de la matiere; mais ces difficultés mon- trent feulement les bornes de l’efprit humain avec la foibleffe de notre imagination. Combien nous pro- pofe-ton de raifonnemens qui confondent les nô- tres, & qui cependant ne font &c ne doivent fare aucune imprefhion fur le fens commun? parce que ce font des illufions, dont nous pouvons bien apper- cevoir la fauffeté par un featiment irreprochable de la nature; mais non pas toujours la démontrer par une exaéte analyfe de nos penfées. Rien n’eft plus ridicule que la vaine confance de certains efprits qui fe prévalent de ce que nous ne pouvons rien ré- pondre à des objettions, où nous devons être per- fuadés, f nous fommes fenfés, que nous ne pouvons rien comprendre, N'eft-1l pas bien furprenant Gue notre efjrit perde dans l’idée de lin? Un homme tel que Bayle , auroit prouvé à qui l’eût voulu écouter, que la vue des objets terreftres étoit impoñfble, Mais fes difficultés n’auroient pas éteint le jour ; &z Von n’en eût pas moins fait ufage du fpettacle de la nature, parce que les raifonnemens doivent cé: der à la lumiere. Les deux ou trois tours que fit dans l'auditoire Diogène le cynique, réfutent mieux les vaines fubtilités qu’on peut oppofer au mouvement, que toutes fortes de raifonnemens. Il eft aflez plaïfant de voir des philofophes faire tous leurs efforts pour nier l’a@ion qui leur commu- nique, ou qui imprime régulièrement en eux la vue de la nature, &c douter de Pexiftence des lignes 6€ des angles {ur lefquels ils operent tous les jours. * En admettant une fois l’exiftence des corps com: ne une fuite naturelle de nos différentes /érfurions, on conçoit pourquoi, bien loin qu'aucune fénfation foit feule & féparée de toute idée, nous avons tant de peine à diftinguer l’idée d'avec la férfarion d’un objet; jufques-là , que par une efpece de contradic- tion, nous revétons l’objet même, de la perception dont il eft la caufe, en appellant le foleil Zmineux, êc regardant l'émail d’un parterre , comme une chofe qui appartient au parterre plutôt qu’à notre ame; quoique nous ne fuppoñions point dans les fleurs de ce païterre une perception femblable à celle que nous en avons. Voici le myflere. La couleur n’eft qu'une maniere d’appercevoir les fleurs ; c’eft une modification de lidée que nous en avons, en tant que cette idée appartient à notre ame. L'idée de l'objet n’eft pas l'objet même. Lidée que j'ai d’un cercle n’eft pas ce cercle, puifque ce cercle n’eft point une mamiere d’être de mon ame, 5i donc la couleur fous laquelle je vois ce cercle, eft auf une perception ou mamere d’être de mon ame, la cou- leur appartient à mon ame, entant qu’elle apperçoit ce cercle, & non au cercle apperçu. D'où vient donc que J'attribue la rougeur au cercle auffi bien que la rondeut, ny auroit-1l pas dans ce cercle quelque chofe, en vertu de quoi je ne le vois qu'avec une Jenfation de couleur, &t de la couleur rouge, plutôt que de la couleur violette? Oui fans doute, & c’eft une certaine modification de mouvement imprimé fur mon œil, laquelle ce cercle a la vertu de pro- duire, parce que fa fuperficie ne renvoye à mon œil queles rayons propres à y produire des fecouf- fes, dont la perception confufe eft ce qu’on appelle rorge, Jai donc à la-fois idée &c fzfarion du cercle. Par l’idée claire &c diftinéte, je vois le cercle étendu & rond, & je lui attribue ce que y vois clairement, l'étendue & la rondeur. Par la fézfzsion J'anperçois confufément une multitude êz une fuite de petits mou- vemens que je ne puis difcerner , qui me réveillent l'idée claire du cercle, mais qui me le montrent agif- fant fur moi d’une certaine maniere, Tout cela eft vrai ; mais voici l’erreur : dans l’idée claire du cercle je diffingue le cercle de la perception que j’en ai; mais dans la perception confufe des petits mouve- mens du nerfoptique, caufés par les rayons lumineux que le cerclé a réfléchis , comme je ne vois point d'objet diftiné , je ne puis aifément diftinguer cet ob- jet, c’eft-à-dire cette fuite rapide de petites fecoufles, d'avec la perception que j’en ai: je confonds aufñi- tÔt ma percepüon avec fon objet ; & comme cet ob- jet confus, c’eftà-dire cette fuite de petits mouve- mens tient à Pobjet principal, que j’ai raifon de fup- pofer hors de moi comme caufe de ces petits mou- vemens , j'attache auffi la perception confufe que j'en ai à cet objet principal, & je le revêts, pour ainf dire , du fentiment de couleur qui eft dans mon ame, en regardant ce fentiment de couleur comme une propriété non de mon ame, mais de cet objet. Ainf, x SEMN “au lieu que je devtois dire le rouge’eft eh moiime “maniere d’appercevoir le cercle, je dis, le rouge eft “une maniere d’être du cercle apperçu. Les couleurs “ont un enduit dont nous couvrons les objets corpo- “rels ; 8 comme les corps font le foutien de ces!petits “mouvemens qui nous manifeftent leur exiftence,, nous regardons ces mêmes corps comme le foutien -de la perception confufe que nous avons de ces mou- vemens, ne pouvant, comme cela arrive toujours dans les perceptions confufes, féparer l’objet d'avec da perception. La remarque que nous venons de faire fur l’erreut de notre jugement, par rapport aux perceptions con- fufes , nous aide à comprendre pourquoi l’ame ayant une telle /ézfation de fon propre corps, fe confond avec lui, & lui attribue fes propres fezfations. C’eft que d’un côté elle a l’idée claire de fon corps, & le diftinpue aifément d'elle-même ; d'autre côté elle a ‘un amas de perceptions indiftinétes qui ont pour objet l'économie générale des mouvemens qui fe paffent dans toutes les parties de ce corps , de-là vient qu’elle attribue au corps dont elle a en gros l’idée diftinéte, ces mêmes perceptions confufes, & croit que le corps fe fent lui-même , tandis que c’eft elle qui fent le corps. Delà vientqu’elles’imaginequel'oreille entend, que Poil voit,que le doist fouffre la douleur d’une pi- ‘quûre, tandis que c’eft Pame elle-même, entant qw'at- tentive aux mouvemens du corps, qui fait tout cela. Pour les objets extérieurs , Pame n’a avec eux qu'une union médiate, qui la garantit plus oumoins de l'erreur, mais quine l’en fauve pas tout-à-fait. Elle Les difcerne d’avec elle-meme, parce qu’elle les regarde comme les caufes des divers changemens qui lui ar- rivent ; cependant elle fe confond encore avec eux à quelques égards, en leur attribuant fes fézfations de couleur, de fon, de chaleur, comme leurs propriétés. inhérentes, par la même raifon quila faifoit fe confon- dre elle-même avec fon corps, en difant bonnement, c’eft mon oeil qui veit les couleurs, c’eft mon oreille qui entend les {ons, &c. Mais d’où vient qu'il arrive que parmi nos ferfz- tions diverfes, nous attribuons les unes aux objets extérieurs, d’autres à nous-mêmes, & que par rap- port à quelques-unes nous fommes indécis, ne fa- chant trop qu’en croire, lorfque nous n’en jugeons que par les {ens? Le P. Mallebranche diftingue trois fortes de ferfations ; les unes fortes &c vives , les au- tres foibles & languiffantes , & enfin des moyennes entre les unes &c les autres. Les /ézfations fortes & vives font celles qui étonnent l’efprit &c qui Le ré- veillent ayec quelque force , par ce qu’elles lui font fort agréables ou fort incommodes ; or l'ame ne peut s’empêcher de reconnoitre que de telles fenfatiors lui appartiennent en quelque façon. Ainfi elle juge que le froid &c le chaud ne font pas feulement dans la glace 8 dans le feu , mais qu'ils font aufli dans fes propres mains. Pour les /ezfations foibles , qui tou- chent fort peu lame , nous ne croyons pas qu’elles nous appartiennent , ni qu’elles foient dans notre propre corps , mais feulement dans les objets que nous en revêtons, La raïfon pour laquelle nous ne voyons point d’abord que les couleurs , les odeurs, les faveurs , & toutes les autres fenfarions , font des modifications de notre ame , c’eft que nous n’en avons point d'idée claire de cette ame. Cette igno- rance fait que nous ne favons point par une fimple ve, mais par le feulraifonnement, f la lumiere , les couleurs , les fons , les odeurs, font ou ne font pas des modifications de notre ame. Mais pour les /é2/4- sions Vives, nous jugeons facilement qu’elles font en nous, à caufe que nous fentons bien qu’elles nous touchent, & que nous n’avons pas befoin de les con- noître par leurs idées pour favoir qu’elles nous appar- tiennent. Pourles fezfations mitoyennes, quitouchent lame médiocrement, comme une grande lumiere , SE N un fon violent , l'ame s’y trouve fort embarrallèe, S1 vous demandez à ce pere pourquoi cette inflitu: tion du créateur, 1l vous répondra que les fortes Je: Jations étant capables de nuire à nos membres , il eft ä-propos que nous foyons avertis quand ils en {ont attaqués , afin d'empêcher qu'ils n’en foient offenfés ; mais il n’en eft pas de même des couleurs, qui ne. peuvént d'ordinaire blefler le fond de Pœil où elles fe raffemblent , & par confeéquent il nous eft inutile de favoir qu’elles y font peintes. Ces couleurs ne nous font néceffaires que pour connoître plus diftinc- tement les objers , & c’eft pour cela que nos fens nous portent à les attribuer feulement aux objets; Ainfi les jugemens, conclut-l, auxquels les impref- fions de nos fens nous portent, font très-juftes , fi on les confidere par rapport à la confervation du corps ; mais tout-à-fait bifarres & très-éloignés de la vérité, fi on les confidere pat rapport à ce que les corps font en eux-mêmes. | SENSÉ, adj. ( Gram. ) qui a l’efprit droit & jufte; de lexpérience , du jugement , & qui eft peu fujet à fe tromper, foit qu'il parle, foit qu'il agile. Sice mof s’applique à une chofe , cette chofe fuppofera toutes les qualités que nous venons d'attribuer à la perfon- ne. On dit un homme /én/é, L'autorité d’un homme Jenfe eft en certains cas de fait de plus grand poids que celle de vingt hommes d’efprit. On dit une ré- ponfe fenfee. | SENSET , LE , o7 LA SANSSE, ( Géog. mod.) pe: tite riviere des Pays-bas ; elle prend fa fource en Ârtois , auprès du village de Boilioux , & fe perd à Bouchain dans l'Efcant. (D. J.) | SENSIBILITÉ , SENTIMENT , (Médecine ) la fa= culté de fentir, le principe fenfitif, ou le fentiment même des parties, la bale & l’agent confervateur de la vie , l’animalité par excellence, le plus beau, le plus fingulier phénomène de la nature, &r. La fenfshilité eft dans le corps vivant, une pro- prièté qu'ont certaines parties de percevoir les im preffions des objets externes, & de produire en con- féquence des mouvemens proportionnés au degré d’intenfité de cette perception. La premiere de ces aétions eft ce qu’on appelle le Jentiment, fenfatio , fenfus , à égard duquel la /ezf- bilité n’eft qu’une faculté , une puiflance reduite en atte, potentia in attum redaita, comme on parle dans les écoles : or le fézriment {e définit une fonétion de animal, qui le conflitue tel, & diftinét , par-là, des êtres inanimés; il confifte eflentiellement dans une intelligence purement animale, qui difcerne-lutile ou le nuifble, des objets phyfiques. La feconde aétion ou la mobilité, n’eft que Pex- preffion muette de ce même /ersimenr, c’eft-à-dire , limpulfion qui nous porte vers ces objets , ounous en éloigne : ainfi Paraignée fe contraéte toute en elle- même ; les limaconsretirent foudainement leurs cor- nes, lorfqu'ils fe fentent piqués ou blefles ; au con- traire ces mêmes ammaux fe dilatent, s’'épanouiflent, pour ainfi dire , fe dreflent , er2guntur ; à l'approche des objets qu'ils reconnoïfflent leur étreutiles, ou qui flattent agréablement leur fen/fbilité, C’eft dans ce double rapport d’aétions fi étroitement liées en- trelles , que limagination peut feule les fuivre ou les diflinguer, que la fez/thilicé doit être confiderée , &t fes phénomèneseftimés. Les anciens philofophes & médecins ont parlé de la en fcbilité comme d’un objet qui leur étoit familier, & qui fembloit fait pour leur-génie, c’eft toujours à un principe fentant & femouvant en foi, aux facul- . tés de l’ame animale ou corporelle , que font livrées dans la plüpart de leurs écrits, toutes les fon@ions du corps animal. Les différentes feétes ont employé à défigner ce principe ; des expreflions conformes à leur enthoufafme , ou à leur maniere de philofopher; tels font Les mots cpuui n ,#mpetus , appetisio, de l’an- cienne académie; eroppuv 272pelim faciens » d'Hip- pocrate;opunT dpcod' sit, ÉrCILAELO lbidinis d'Ariftote; anima fenfitiva , vis abdita., natura , &c. de quelques autres ; à quoi reviennent le ffridum & laxum des mé- thodiques:, le mouvement tonique, le mouvement fibrillaire, le fpafme, la contraihiliré, Virritabilite des modernes, &c. qu'on retrouve à chaque inftant dans les ouvrages de Wepfer , Baglivi, Stahl , & autres foldiftes. Ur, La premiere notion dans l'animal, la feule qu yraiffemblablement foit commune aux efpeces de tous les genres, lunique peut-être dans un très-grand nombre , porte fur la fenfation intime &c radicale de fon exiftence, fur limpreffion de cette athvité, de ce principe impulff inféparable de la vie, & qui dans chaque individu eft la fource detous lesmouvemens qni confpirent à la durée de Pêtre &c à fa conferva- tion. C’eft fur des vues aufh précieufes à l'animal, qu’eft fondée la fenfibiliré, ainft que Zénon la re- connu, & que fes difciples le repetent dans plu- fieurs endroits de leur doétrine. Les animaux , le moins animaux qu'il eft poffble , s'il eft permis de qualifier atnf les polypes, & quel- ques autres qu’on a laiflé fur la ligne de féparation des deux regnes animal & végétal, donnent, com: me l’ont remarqué plufieurs obfervateurs » les plus grands fignes de fenfibilité; on a même trouvé que cette propriété étoit pouflée dans le polype ; jufqu’à le faire paroître fenfible aux imprefhions de Îa lumie- re; ces circonftances fufliroient fans doute pour ran- ger-décidément les zoophites du côté des animaux , s'il n’y avoit eu de tout tems des philofophes, qui, frappés de la maniere d’être d'une plante » Par exem- ple la fenfitive , & celle d’exifter d’un animal » au- roient prétendu reculer les bornes de la fenfébilité, en y renfermant les végétaux eux-mêmes ; enforte que l'animal le plus parfait , &cla plante la plus vile, donneroient dans ce cas, les deux extrêmes de la /ez- fébilité ; la fenfibilité ou le Jextimens feroit donc en- ‘core unefaculté commune à tous Les corps organifés ? Après l’idée que nous venons de tracer de Ja /éx- fibilisé & de Pétendue de fon domaine, il paroit à propos d'examiner quelleeft{on effenceou fa nature. La nature ou l’eflence de la /enfshilité, a toujours été un des points curieux &c des plus agitésde fon hiftoi- re ; les anciens ne concevant pas que deux contraires comme l’ame & le corps, puflent être joints autre- ment que parun milieu , imaginerent ce milieu de plufeurs façons; ainfi les Platoniciens voulurent que ce fût un jene fais quoi, qu'ils appelloient e/prer ; les . Péripatéticiens , une forme ; Dicéarque » Pythago- re, & quelques autres, établifloient des harmonies, des tempéramens , qui rendoient le corps fufcepti- ble de Jénriment 8 d'aûtivité, éc. à toutes ces hy- pothèfes on peut joindre celle des efprits animaux, naturels , vitaux, &c. fi accrédités dans les écoles, les démons qu’un auteur moderne (le P. Bougeant ) transforme en ame des bêtes, 6c.hypothèfes qui, comme on voit, ne préfentent à l’efprit que des no- tions abftraites, & auxquelles nous ne croyons pas, par cette raïfon , qu’on doive du-tout s'arrêter. Le fyftème de lame du monde, en donnant plus de furface , & plus de liberté auxidées fpéculatives, nous a fourni fur le principe fenfitif, des chofes bien plus poftives &c plus fatisfaifantes , qu'on ne peut que regretter detrouver à côté des dogmes les plus dangereux. Les Stoiciens afluroient donc que ce principe étoit de feu; Démocrite, Héraclite , Epicure, Diogène Laërce , Lucrece, & toutle refte des atomuftes , parmi lefquels on peut ranger les par- tifans des femences , n’ont pas une opinion diffe- rente. Hippocrate & Galien penfent tout de même. Fovez far-tout Hippocrate , de carnibus 6! de ratione yidus, ib, L, le Jpiritus intus alir, Ge, de Virgi- 1 SEEN 39 le. Le témoignage des livres facrés 8 d’un pere de l'éslife ( S. Auguftin }, font encore autant d’autorités qui miltent pour la matérialité ou fubifance ignée de lame fenfitive. Enfin Néméfius , &r quelques autres plus modernes , tels que Fernel , Heurnius, Hono- ré Fabri, le fameux chancelier Bacon ;Vanhelmont, Gaflendi, Willis, 6c. ont adopte la même idée; mais Les trois derniers méritent des diftinéions fur tous les autres, en ce qu’ils ont fixé les principes va gues des ftoiciens & des atomiftes , par des méthodes très-ingénieules , dont ils ont fondé, chacun en par. ticulier, un corps de doétrine. Vanhelmontfur-tout, & Willis, ont traité cette matiere d’une façon trèss intéreflante pour nous , en la confidérantdanstoutes fes relations avec la médecine & la philofophie, L’ame fenftive eftdonc, fuivantces deux auteurs, une lumiere ou une flamme vitale: quoique Willis défigne plus particulierement fous ce dernier nom la portion de lame fenfitive qui réfide dans le fang , elle n’eft pas proprement la vie , mais elle en eft Pat- tribut, comme la lumiere ou l’éclat eft attribut de la flamme; ils s'accordent d’ailleurs à dire que cette ame réfide dans la fubftance la plus intime de nos parties, & qu’elle y eft comme l’écorce , la J£/ique de l’ame raifonnable ; 1ls déduifent de leurs théories des conféquences très-avantageufes à Pexplication des phénomènes de l’économie animale , fur lefquel- les les bornes d’un article de diétionnaire, ne nous permettent pas de nous étendre. Tout cela mérite d’être lu dans les auteurs mêmes. Voyez Vanhelmont, pallim, & principalement de luhyafr, & Willis, de animé brutorurt. | LANCER RE: Il faut néanmoins convenir que Vanhelmont a re- pandu par intervalle dans fon fyftème, desidées bien fingulieres ; & pour nous entenir à celles qu’ila fur l’origine de cette ame fenfitive , il prétend qu'avant le peché d'Adam , l’homme n’avoit point d’ame fen- fitive, ante lapfum Ade autem , non erat anima fenfrri- va inhomine, de fede animæ , pag. 178, L’ame fen- fitive eft entrée avec la mort dans le corps de l’hom- me ; auparavant l’ame raifonnable & immortelle étoit feule chargée des fonétions de la vie, & elle avoit à fes gages l’archée , qui depuis eft pañlé au fervice de Pame fenftive ; c’eit pourquoi nous étions immor- tels , & les ténebres de l’inftinét ou de lame des bru- tes, n’avoient point encore obfcurci nos facultés in- telleétuelles , zeque intelleélum belluinæ tenebræ adhuc occuparant , (ibidem.) Enfuite pour repréfenter de quelle mamiere l’homme , après le pêche, fut doué de l’ame fenfitive , il dit que cette ame fut produite dans l’homme, comme le feu efttiré du caillou , san quam à felice ignis, ( pag. 189. de duumviratu ). Voi- la fans doute une philofophie qui ne fauroit plaire à bien du monde; mais tel eft ce conftrafte frappant dans l’enthoufafme de ce grand homme , que tantôt il offre à fon leéteur le fpetacle lumineux de mille créations nouvelles, tantôtil difparoît dans l’obfcurité des hypothèfes les plus hafardées & les plus puériles. 1l faut fe décider fur ces matieres par le nombre & le poids des autorités, on fera porté à croire que la fen/cbilité ou lame fenfitive eft fubftantielle & non- fimplement formelle à l'animal ; cela pofé, & en n’adoptant ces opinions qu’à titre de théories lumi- neufes , &c à quelques égards même fublimes , il eft à préfumer que cette fubftance eft un compofé d’a- tomes fubtils & légers comme ceux du feu, ou mé- me qui feront tout de feu , non de cefeu groflier & deftruéteur , appellé feu élémentaire, mais une éma- nation d’un principe plus fublime , ou le feu intelli- gent , zntelligens , des ftoiciens. Cesatomes ainfi animés , comme ceux de Démo- crite, s’infinueront dans la texture de certaines par- ties du corps difpotées à les admettre, enforte qwon pourroit fe repréfenter l’affemblage diftributif de ces 40 S EN | ; atomes ,.comihe un tout fiouré ou modelé fur Pen- “emble de ces mémestparties : «Part, dit Bayle , » oneft à l'abri defl’objeétion foudroyante dèGa » lien, lorfqu'l mterprete ces paroles d'Hippocrat #% te, fc urum effet homo, non dolèret, quia nen foret » undè dolerdiy Voyez diétion. de Bayle,, v0/1 IT. art. Epicureat A1 Dureite, on fe recriera peut-être fur l'idéedécet. te figuredque nous afe@tons , d’après Willis, à lame fenfitive; mais ce ne fera, fi lon veut, qu'une mé: taphofe qui paroît en quelque façon juftifiée parce quiffe manifefte du principe fenftif dans les pafñons. C’eft'en effet le relief de cette ame qui femble va: trier celui du corps fous des caratteres relatifs aux af fetions qu’elle éprouve; fouvent même ces carac- teres reftent reprélentés fur certaines parties, quel- ques momens après [a mort; célqui rend prefque applicables rdes'êtres réels, les exprefions figurées des hiftoriens & des poëtes , comme par exemple, le reliiæ in yulribus mine. de Florus , Zh, I. Gt le < mofto anco ininaccia , du Tafle, &c. Derout ce que nous venons de dire il fuit, qu'on peut regarder le Jerriment dans les animaux, comme une pañion phyfque où de la matiere , fans qu'il foit befoin , pour rendre taifon des dpafmes affreux que peut caufer un ffimulus même leser, de recourir à lame fpiriwelle quijuge, ou quieftime les fenfa- tions ,-comme Je prétend Stahl, Vid. 7er. ver. om, IT, capit, de fenfibilirate, On connoit cette hiftoire de Gaken; ce grand homme racconte qu’étant tombé dangereufement malade,êc entendant que deux aff tans de fes amis s’entretenoient de quelque mauvais f- gnequ'ils venoient de reconnoïtre en lui, il s’écria qu'on y prit bien garde, qu'il étoit menacé du délire, 8z demanda qu’on lui fit des rémedes en conféquence ; cet exemple eftirémarquable , il n’en efl point qui établifle mieux la difinétion des. deux ames dans l’homme | favoir la raifonnable, & la fenfitive , & les différentes fon@ions de chacune; lPamefenftive de Galien malade, eft occupée du mal qw’elle reffent das fes organes, & detout le danger qui menace le corps, elle en eft troublée , cetrouble, cette afec- tion fe manitefte au dehors par des palpations invo- lontaires, lame raifonnable paroït au contraire in- différente à cet êtat de paflion du corps , ou de lame fenfitive , elle attend qu’on l’en avertifle , Ge, Ga- lien remarque même que tel étoit dans ces momens, l’état afluré de fon ame, que fa raifon n’avoit rien perdu de fon afliette ordinaire, af rationalis facultas non Vacillarer. Vid. de locis affechis, Lib. IV: cap. à. Charter, tom. II. On fent les conféquences qui ré- fultent de ce que nous venons de rapporter, contre les prétentions trop abfolues des ftahliens, Aïnf le plaïfir & la douleur feront, en fait de fen- fation, comme les données ou les deux fenfations élémentaires dont le mode, le ton, s'il eft permis de le dire, eftoriginairement conçü dans lame fenfitive; ce fera la bafeou la sammerde toutesles autres fenfa- tions qu'onpourroit appeller /écondaires, & dont l’or- dre , la férie exifte néceflairement dans des relations infinies , tirées de l'habitude des individus ou de la variétéides efpeces: C’eft donc une condition mféparable de l’état d’a- nimal., que celle de percevoir où de fentir marériel- lernenr, comme on dit, ou dans fa fubffance. L’ame raifonnable peut fans doute ajouter à ces fenfations par des circonftances morales; mais encore une fois ces circonftances n’appartiennent point à l’animal confidéré comme tel, &c il eft mémeprobable qu’el- les n’ont point lieu chez plufieurs. Reftera toujours cette différence notable entre l'homme @c la bruté , que dans le premier la /2z/bi- lisé on Panimaliré eft dirigée ou modérée par un prin- éipe {pirituel 8x immortel quieft ame de l’homme, C An + SE: StEUN &c que dans-a brute elle tient à un êtré moinsipat fait écipériflable appellé ration eme desuhéses Voyéz Am &. Les payensreux- mêmes ontireconnu cette diftinétion bienfaïfañte ;quibaiplüau-Créateur d'établir en faveur ded'hommes 1hefrisleurem fenfum G motum dedit, 6 cum guodamappesitu aceeffam a | res Jalutares ;\a\ pefhiferis receflims homint hoc-amplins quod addidit rationem Wqia régerentur animilappetises qui tin remitterentur » um Continerertur. C'eft. dans ces termes! que Cicéronten parle-d'aprèsukes Stoi- cienss Woyez de natura deorirms Lib, II, 3 Jufqu’ici, nous ne nous fommes occupés.de-la-f2: Jibrlieé jique comme d'un objet purementmétaphyfi: que, où.en ne la prenant que du côté fpéculatif Voyonsmmaintenant ce que lobfervation nous ap prend de fon influx fur léconofnie animalei, &c par: courons-en pour cet effet , les principaux phéno- menes, Au : Senfibilité dans l'embryon, Ï paroît en réfumant un grand nombre d’'expériences,quelembrsron faifi dans ce point de petiteffe où Pimagination eft oblisée.de fuppléer à la foiblefle des fens ; il paroït, dis-je, que embryon ne reprélente dans cet état qu'un cyline dre nerveux d’une tenuité prefqn'infinie, nageant ou fe mouvant dans unsfluiide muqueux. Or caicys lindre eft déja fenfible ; purfqu’il {e meut 82 fe con tra@te par l'effet des ffimulans. Voyez Harvée , exer: Citat) 57: | S'il eft permis de fe livrer aux conjettutes dans des matieres d’une fi grande: obfcuritér,) apparem- ment que la premiere étincelle de lame fénfitive au- ra pénétré les premiers atômes de ce cylindre dans linftant précis defon azimation, ou même aura porté dans. cette matiere Île caraëtere d’animaliré requis pour que Pame rafonnable puiffe s'y unir ; ce qui revient au fentiment de Willis, qui croit que cette particule ignée préexifte dans le éylindre, | Ce cylindre qu’on pourroït dès-lors appeller in- différemment fbre animale où atome animal, doué de l'ame fpirituelle dans Phomme , s’accroït de plus en plus , en s'appropriant les molécules du fluide qui lenvironne ; ‘11 fe couvre d’afperités & jette de tou- tes parts de petits rameaux dont il trace les délinéa- mens des parties, conformément au type imprimé par le Créateur. Enfin tous les organes fe dévelop pent fous Paltivité des rejettons de ce premier & unique nerf, qui travaillent de différentes facons le mucus de fa nature très-duëile pour s’en confiruire , comme autant de domiciles. | | * Cependant la mafle du principe fenfitif ou de l’a: me fenfitive identifiée avec l’atome animal, augmen- te en proportion de la mafle de ce dernier qu’elle anime ; il en émane de tous côtés comme autant de filets fenfirifs, d'irradiations qui fuivent les rameaux nerveux dans le développement des parties: d’où il eft clair que la combinaïfon de toutes ces émana- tions de l’ame fenfitive répandues avec les rameaux nerveux dans les organes, doit y établir autant de centres de fen/fibilité dont l'influx fera plus où moins étendu relativement au département de l'organe, plus ou moins vif, fuivant la difpofition des parties nerveufes de cet organe , laquelle peut varier par beaucoup de circonftances. r Le cœur fera vraiflemblablement un de ces pre- miers centres ou foyers, qui une fois mis en jeu, continuera d'attirer ou de rejetter par {on aétivité, l'humeur qui y aborde; de-là mille petits ruifleaux qui , comme autant de colonnes liquides dirigées par quelques filamens nerveux, & fuivant les réfif tances, fe répandront par tout Le corps pour former le fyflème vafculaire ; & fe mouleront en allant & venant fans cefle par les mêmes endroits, des canaux dans le tiflu muqueux. Mais tout ce qui ne vient pas originairement du cylindre SEN cylindre nerveux ou n’eft pas de fa nature, ñe pou- vant être difpofé pour admettre [a /én/£hilire, fe con- vertit en un organe sénéral & paññf appellé fx cel: lulaire où corps miuqueux , dont le principal ufage eft de contenir les fucs aqueux du corps, de renfor- cer les produtions de la fibre animale , ou d’en mo- difier la fénfibilire, &tc. | Voilà à«peu-près tout ce qu’on peut préfumer de la fénfibilite dans l’état de fimple ébauche où fe trou- ve l'embryon ; ce tableau , tout imparfait qu'il eft ; ne laifle pourtant pas que de renfermer des vérités trèsimportantes qu’on peut fe repréfenter par autant de corollaires. 1°, On voit que la férfbiliré ou lame fenfitive eft une avec la vie de l’anwnal, qu’elle naît avec elle, & eft inhérente à la fubftance du nerf ou des parties nerveufes , à l’exclufion de toutes les autres fubftan- ces du corps. 2°, Que le nerf doit compofer eflentiellement l’a- nimal en tant qu'être fenfible ou vivant car ce que nous avons appellé siffu cellulaire wappartient pas plus à l'animal proprement dit , que la terre n'ap- partient à la plante qui y vegete; ce n’eft-là que lé- corce, l’enveloppe de Panimal , la terre dans laquielle la plante nerveufe fe plait à vivre ; enforte que Phom- me phyfique n’eft à cet égard que le fquelete ner- veux , s'il eft permis de s'exprimer ainfi , animé de la Jénfibilisé & plongé ou niché dans différens tas de matiere muqueufe , plus ou moins compaéte, fuivant a nature des organes; ce qui revient à-peu-près à 3 comparaifon qu’Ifaac fait de l’homme à un arbre tenverfé dont le cerveau eft la racine , ex libris Ga- leno adfcriptis, pag. 45: 3°. Les nerfs formant & la bafe & l’effence de tous Les organes , il eft clair que toute partie du corps doit être douée plus ou moins de fentiment, ou de Jenfibiliié , de mouvement ou de mobilité, Les feules parties purement muqueufes font infenfibles &c immobiles, ou du moins n’ont-elles qu’un fenti- ment & un mouvement empruntés du nerf ; car leur difpoñition au defféchement & à adhérence propre à tous les corps muqueux, ne doit pas être confon- due avec la faculté animale ou vitale propre au nerf, &c. Cette fenfibiliré générale des parties eft d’une vé: rité conftante en Médecine. Hippocrate avoit déja remarqué que toutes les parties de l'animal étoient animées , animantür animalium omnes partés. Elles ont, dit Montagne , des paffions propres qui les éveil- lent G les éndormenr, Voyez Efjais , lib. I. c. xx. Lucrece s’en explique plus pofitivement encore dans fon poëme. Senfus jurgitur omnis Vifceribus, nervis , venis quæcumque videmus , Mollia mortali confiffere corpore creta Lib. I. de rerum nar. 4°. L’aétivité de l'ame fenfitivé étant une pto- priété inféparable de cette ame, & comme fon ar- chée , & la fenfibilité {e mefurant elle-même fur la difpoñtion des parties nerveufes , combien n’en doit- il pas réfulter de modifications ou de nuances de fenfibilité & de mobilité, conféquemment au plus où au moins de corps muqueux qu'il peut y avoir dans une partie, & aux autres variètés de l’organifation ? De-là peuvent fe déduire les différens goûts & ap- pétits des nerfs, ainfi que leufs différens ufages ; pourquoi, par exemple, le fon qui frappe les nerfs de l'oreille y caufe un fentiment qu’il ne fauroit pro- dure fur l'œil, & que la lunrere fait fur celui-ci une fenfation qu’elle ne fauroit faire fur l’autre ? Pourguoi de même leflomac ne peut fupporter le tartre émétique qui ne fait rien fur Poil, tandis que Vhuile qui eft infupportable aux parties fenfbles de _ Tone XF, | | | |. PR ; SEN 41 ce dernier organe, fie fait aucune impreffion fur l’ef- tomac? Enfin, pourquoi tel organe eft plus mobile que fenfible, tel autre au contraire plus fenfble que mobile , &c. toutes ces différences dérivant naturel- lement de cette fpécification d’ofganifition , il eft donc bien inutile de créer des nerfs de plufieurs {or- tes, comme le font ceux qui d’après Erañftrate ; en. veulent pour le fentiment, & d’autres pour le mouve- ment , fans penfer que lé mème nerf réunit néceflai: tement les deux propriétés, & qu’elles font enco- re une fois abfolument dépendantes 6 inféparables une de l’autre . e, ê S'enfibilité dans le fœtus. L’embryon ayant acquis toutes fes formes au point de donner l’enfemble ou là figure entiere de lanimal , le foetus en un mot ; ren- ferme dans fes parties l’appareil économique de la vie ou de la /érfbiliré ; il vit par conféquent, néari- moins cette vie du foëtus ne perit guere être qu’em- pruntée dès qu’il lui manqne plufieurs circonftances qu'il ne fauroit trouver que hors du ventre de là mere ; pour exercer toutes Les branches de la fez/5- biliré, Y n’y aura donc que quelques centres, com- the le cœur & certairis autres organes prépoiés à la nutrition & à l’accroiffement du fœtus, qui, aidés de l’impreffion de la vie de la mere , exerceront ac- tuellement le {entiment. Tout le refte de la fenfibilité attendra que animal jouiffe de la lumiete pour fe de- velopper fous limpreffion des agens externes , établir le concours des fonftions d’où dépend la vie générale , ou la vie propremenit dite. Voyez ce qu’en dit lillufire auteur de l'idée de l’homme phyfique & moral, . , Senfibilité dans l'état naturel dé l'homime, où par rapport à la Phyfiologie. Dans le tems marqué par la nature ; le fœtus éprouve l'effet puiffant d’une /e7/2 bilise étrangere qui le met au jour. Il eft d’abord frap- pé du nouvel air qui lenvironne, & on fent quelles révolutions doit éprouver la /éxfbiiré pour que la convenance Où le rapport des températures s’établiffe entre elle & ce fluide. | Cette premiere impreflion de l'air excite für-tout la ammie vitale dans les poumons , comme parune efpece de ventilation ; cette ation fe communique à plufieuts autres centres dontles forces & l’aîivité fe déployant , tout $’anime , toùt fe meut dans ce nou- velhomme , & la fez/bilisé jouiffant de prefque tous fes droits , ouvre le cercle des phénomensés de là vie. , 1°. La difpofition & la fituation favorables des or: ganes influant fur leur fen/fbilice , il arrive qu'il y en a qui doivent paroïître avoir différens mouyemens & fentimens ,.&c plus ou moins de mouvement & dé fentiment, fuivant qu'ils font plus où moins à portée des impreflions externes. Voilà le fondement & lo: rigine des cinq fens qui radicalement {& réduifent à ün, c’eft-à-dire le éaif, | ": 2°. Mais comme, ainfi que notis l'avons remarqué plus haut en parlant de là formation ; il {e trouve dans le corps différens centres ou foyers de Jenfibilité qw- of pourroit évaluer par une plus grande ou uñe moin- dre combinaifon de filamens nerveux ou de fubftance rierveufe , & peut-être encore par la circonftance d’avoir été les premiers jouiffans de la féz/bilire ; if fuit que les principaux de ces centres doivent ab{or< ber à eux feuls préfquétoute l’aêtivité de l'âme fenfi- tive. Tels font , fuivant des obfervations aïfées À faire; la tête , le cœur ou la région précordiale, l’eflomac où la région épigaftique , Où reviennent très-bien les divifions que les anciens avoient faites des fonétions enanimales, vitales & natärelles, lefquelles fe foutién- nent réciproquement les unes les autres ; en fe vo: lant où fe prêtant mutuellement de leur aétivité ; ce qui paroît vifiblement dans le fommeïl: Ces trois fa: meux centres feront donc comme le triumviraë ou 1e # SEN trépié de la vie , & cette circulation d’a@ivité établira la marche des fonétions qui , fuivant Hippocrate mê- me, abeuntin circulum. _ Aïnfi, pour nous en tenif aux principales de ces _ fonétions, qu'on peut regarder comme les modeles de toutes les autres, la digeflion, ou ce qu’elle à d’a- mimal ou de propre au corps vivant, dépend de Ja Jenfibilire finguhiere de leftomac, de fon appétit par- ticulier au moyen duquelil defire & retient les ali- mens qui li plaifent , & cette Jenfrhiliié qui veille fans ceffe s’oppofe en mème tems ou du-moins fe re- fufe à ce que leftomac fe remplifle au-delà de ce qu'il faut, Gc. Nous verrons également les fecrétions & les ex- crétions dépendre de cette Jen/rbiliré quiaugmente le reflort de chaque organe fécretoire , y occafonne une forte de fpafme ou d’érettion qui conflitue lef- fence de ces deux fonctions, de même que le goût ou Pappétit particulier des nerfs de l’organe conftitue le choix qu'il fait des humeurs fecrétoires. Voyez ce que nous en difons au 101 SECRÉTIONS. Les effers de la ferfébilité fe manifeftent encore mieux par l'hiftoire du flux menfiruel chez les fem- mes ; ces évacuations, on a beau dire , ne fauroient s'expliquer méchaniquement , & il faut toujours avoir recours à la prodisieufe /éz/bilité de l'utérus, à ce centre qui fe reveille & s’afloupit périodique- ment, & dont tout le monde connoiït le grand inlux fur l'économie animale. La fon@ion du cœur & du fyftème vafculaire eft également dûe à l’a@tivité de ce principe fenfitif, qui en fe portant tantôt plus vers les parties qui font comme l'écorce du corps, & tantôt plus vers celles qui en font le centre, établitentre elles un antagonif- me qui exphque tout le jeu de la circulation. Vous trouverez qu'ileneft de même de la refpiration, c’eft- à-dire , que fon méchanifme confifte dans l’aétion al- ternative des parties fenfibles de ces organes , prin- cipalement dans celle du diaphragme, qu’Hippocrate & de bonnes obfervations mettent avec le cœur au nombre des parties éminemment fenfbles: cor impri- mis © diaphragma fèntiuns, dit ce pere de la Méde- cine , de morbo facro , fit. ti]. pag. 309. Voyez encore l'idée de l'horrme phyfique 6 moral. Les opérations de l’ame ne tiennent pas moins à la: Jenfibilité. Le plaifir, le chagrin , toutes les paflions femblent fe peindre dans le centre remarquable for- mé dans la région épigaftrique par quantité de plexus nerveux ; & certes 1l n’eft point de combinaïfon diff- le, d'attention bien forte , point d'effort de mémoi- re , qu’au préalable l’effomac & tout le centre épi- galtrique ne foient comme preflés d’un fentiment de mal-aife qui dénote l’aétion de ces organes. C’eft une affaire de fentiment pour qui veut lobferver. Aïnfi dans le plaïfir , ame fenfitive agréablement émue dansle principal de fes centres, femble vouloir s'élargir, s’'amplifier pour préfenter plus de furface à la perception. Cette iriumefcence , s’il eft permis de le dire, de l’ame fenfble, répand dans toutes les parties le fentiment agréable d’un furcroit d’exiften- ce ; tous les organes montés au ton de cette fenfa- tion, s'embelliffent, & l’animal, entrainé par la dou- ce violence faite aux bornes ordinaires de fon être, ne veut plus, ne fait plus que fentir, 6:c. Dans le chagrinau contraire, ou dans la triftefle, l’ame fenfitive fe retire de plus en plus vers le noyau du corps dont elle laffle languir les fonétions ; maisfi la pafñon va jufqu’à la terreur, c’eft alors une irrup- tion foudaine de lame vers ce noyau où vous diriez qu’elle fe comprime tant qu’elle peutpour fe garantir des perceptions : bientôt cependant revenue à elle- même , elle fe débandeen portant à la circonférence du corps les humeurs qu’elle yavoit concentréesavec elle, & fi quelque partie qui, durant fa retraite, n’avoit point l’exercice du fentiment, a été ofenféé, elle ne manque pas de reconnoitre le dommage, & de fe jetter avec une plus où moins grande quantité d’humeurs & de force dans cette partie pour le ré- parer, 6'c. Or cette collettion d’humeurs, de forces ët de fenfibilicé , ne peut {e faire fans douleur; & il y . à même tout lieu de penfer qu’elle en eff la caufe ma- térielle, La théorie des centres de l'ame fenfitive & des tranfports de fon aëtivité, facilite encore l’explica- tion de beaucoup d’autres phénomenes, comme par exemple, celle des tempéramens qui , fuivant nos principes, peuvent être regardés comme le réfultat des modifications imprimées à certains organes par un furcroit de fenftbiliré & d’attion habitué à ces or- ganes; enfin celle des différentes habitudes des indi- vidus , dont nous aurons occafon de parler dans la fuite de cetarticle, & qui ne font pas afflurément un objet änégliger dans l'étude de l’économie animale, Éc. Il faut donc confidérer la Jenfibilité dans l’état na- turel de l’homine comme un être qui ne cherche, qui ne refpire que fentiment & mouveinent, dont la na- ture eft la même dans tous les fujets ; mais dont les effets varient conféquemment à la difpofition ou à lindifpofition des organes, à quifeule on doit fmpu- ter les aaxies apparentes de l’exercice de cette ame fenfible ; c’eft en même tems, comme nous l'avons vu, par les tranfports de fon aftivité d’un organe à l’autre , qu’elle fe procure les différentes fenfations, &t détermine les différens appétits qui conflituent & aigwillonnent notreexiftence; en quoi fe trouve con- firmée cette vérité de tous les fiecles, favoir, que vivre , c'ef proprement Jemvir. Senfihiliré dans l’état contre nature, ou par rapport a la Pashologie. La f'nfibiliré fuivant tout ce que nous venons d’expofer, étant diftribuée par dofes à toutes les parties organiques du corps, chaque organe fent Ou vit à {a mamiere , & le concours ou la fomme de ces vies particulieres fait la vie en général, de mê- me que lharmonie , la fymmétrie & l’arrangement de ces petites vies fait la fanté. Mais lorfque cette diftribution & cette a@ion économique de la férfbilité fe trouvent dérangées à un certain point par l’indifpofition des nerfs ou des parties organiques , ce dérangement eft l’état qu’on appelle demaladie , ou la maladie même, laquelle fe borne pour l'ordinaire à ce dérangement, fans y fup- pofer la deftrudion du principefenfitif Néanmoins cette deftruétion arrive quelquefois lorfque l’intenfité des caufes nuifibles venant à éloi- gner ou à fufpendre trop long-tems la préfence ou l'exercice de la fér/rbilité dansune partie, cette partie vient à fe corrompre phyfiquement, comme dans la gangrene ; ainfi par le progrès de cette corruption, la maladie amene la mort, qui confifte dans un chan- gement du corps animal en corps phyfique. Voilà donc pourquoi l'animal meurt, c’eft qu’il cefle d’a- voir dans la contexture de fes parties la difpofition qui y fixoit ou entretenoit la flamme fenfitive qui en faifoit un être vivant; voilà pourquoi les parties des animaux morts de mort violente poffedent pendant quelque tems un refte de vie ou de /énfébiliré, parce que les filamens nerveux de ces parties n’ont pas en- core recu le coup mortel que leur porte feulement le commencement de corruption phyfique ou de putréfation qui eft diretement oppolée à la vie. Ce phénomene de la palpitation des chaïrs & des vifceres obfervé detouslestems, apperçu mêmepar les bouchers , eft égalemert attribué à un refte du feu fenfitif par de très-grands & très-anciens philofo- phes. Voyez Cicéron, de natura deorum. C’eft-là cette prétendue divinité que cherchoïent dans Les entrail- les des animaux les harufpices des anciens , & dont Lé les volontés: étoient annoncées.par. une varièté fin- guliere dans:-les mouvemens.des fibres: È Maintenant ce fond de vie ou.de feaffbiliré donné à chaque individu , ee foyer général qui cherche tou jours à s'étendre. & à durer jufqu'à la mort naturelle, c'eft la narure.,mot facré en Médecine , &:qu’on comprend mieux-qu'on ne peut l'expliquer. La nature donc prife comme nous la prenons, tend toujours à la fanté,-ou bien la dofe ou la quantité de Jénfbilité une fois donnée au nerf, tend toujours à fe répandre dans les différentes parties de ce nerf ; c’eft ce qu'on remarque évidemment dans les phénome- nes du fommeil ; on voit donc que Le fommeïl qu fuf- pend la plüpart des fonétions par le tranfport de toute la@ivité de l’ame fenfitive dans quelques centres , fe détruit infenfblement de lui-même en reftituantaux parties le furcroît de fezfibiliré qu'avoient reçu ces au- tres : mais ce qui eft remarquable, c’eft qu'il met un certain tems à fe difpofer , à durer, & à fe détruire. Il en eft de même dans toutes les maladies qui ont leurs tems , leur marche & leurs périodes qu'il faut refpetter ,, comme autant de pas facrés que fait la nature vers le mieux être , ou le rétabliflement de Pindividu, Éc. Des maladies, où des anomalies dans lexercice de la fenfibilité, Les unes dépendent des impreflions vicieufes des concepts. morbifiques ; pour employer lexpreffion de Vanhelmont , reçus originairement par les fubftances animées du-principe fenfüf, & qu'on doit foupçonner dans les individus mal conf- titués,; ce font les maladies néceflaires, & qu'on ne peut pas plus ôter qu’on ne peut remettre un bras lorfqu'ila été emporté. D’autres maladies font les fuites prefque néceffai- res de la marche de la vie , les phénomenes des dif férens âges. qu'Hippocrate avoit déja obfervés, qu’il faut laifier s’ufer à mefure que lindividu fe rentor- ce, & qu'on ne peut pas plus guérir qu'on ne peut d'un vieillard faireun enfant, où d’un enfant faire un vieillard. Ce font-les efforts de lame fenfitive qui travaille à développer ou à établir quelque centre; Vanhelmont eût dù allumer quelque foyer nécef- faire pour équilibrer les différens départemens ac- . tifs de lame fenfitive , .8t completer l’enfemble des vies qui forme la vie générale de l'animal. Teleft, parexemple, ce fameux centre dont le développe- ment conftitue la puberté, développement qui ft quelquefois annoncé par des révolutions effrayantes dans la machine. Enfin il y a des maladies accidentelles , paflage-, tes, fondées fur la préfence ou l’aGion de quelque caufe quiindifpofele nerf ou l’organe, 8 interrompt Paétivité de lame fenfitive dans fa marche. Ce font les maladies qui font du domaine de l’art, à condition que leurs caufes {oient amovibles, ou puflent être emportées par des remedes appropriés. Les parties fenfibles du corps pouvant, au moyen de la proprièté du fentiment | difcerner plus ou moinsles différentes qualités de la caufe des mala- dies, ce difcernement en varie les phénomenes ; mais il eft des maladies d'autant plus funeftes, que leur type particuliereft de ne pas en avoir , du- moins de régulier, de marcher à la faveur d’un cal- me trompeur ; la raifon en eft qu’elles font d’ordi- naire occafonnées par des efpeces de miafmes ou êtres morbifiques, eztia morbo/z, qui frappent d’en- gourdiffement &c de flupeur les parties fenfibles, & enchainent l'exercice de la fer /ffhilisé dans quelques- uns de fes principaux difiriéts. L'effet de l’oprum nous donne un exemple de ces maladies. Communé- mentcependant, telle. eft la aualité de la caufe mor- bifique aw’ellefollicitela /érfbilité de la fibre animale dont les fecoufles, les eflorts , l'accélération des mouvemens font ce qu’on appelle la fepre, Tome XF, S EN 43 Qu'effzce donc que:la fieyre? un élañ un fur- faut général de lame fenfitive-qui agite violemment les nerfs &zrles parties nerveules , & s'irrite toute entiere patune fenfation faufle:ou éontraire aux fen- fations ordinaires ; c’eft-là cefte difconvenance , ce dérangement.dans la difpoñition des principes dont parle Lucrece, & qui fait que les humeursn’ont plus un goût qui fe rapporte au fentiment naturel des par- ties:, m1 les parties un ton convenable à l’élaboratio ordinaire des humeurs: Quippe ubi cui febris , bili fuperante , coortaeft ; ÆAut alid ratione aliqua ef? vis excita morbi, Perturbatur 2bi otum jam corpus | & omnes Commutantur ii pofiure principiorum : Fc prius ad fenfum ut que corpora conveniebane Nunc non conventant ; © cœtera fint magis apta Que penetrata queunt fenfum prosignere acerbum. Lib. IF. de rer, natur. Ainfi dans la fievre humorale , la fibre animale fe fronce fous l’aétion de cette caufe irritante , fes pro- duétions fe hériflent, s’il eft permis de le dire , ainfi que les pattes d’un infeéte qu’on inquiette;cependant toute la /erfrhiliré femble fe jetter avec fes forces fur les fonétions vitales, c’eft-à-dire fur le cœur & le {yflème vafculaire , 8c négliger entierement les au- tres fonétions ; les humeurs {ont entraînées de la cir- conférence au centre, à-peu-près comme nous l’a- vons vu arriver dans la terreur ; le corps pâlit &c fri- fonne , &c cet état violent dure jufqu'à ce que par Pabord d’un fluide fain qui eft le produit de cette commotion générale , le fluide de l’erher foit invit- qué au point de ne plus caufer, la même fenfationaux patties nerveufes ; d’où vient que pour lors ces par- ties fe relâchent, 6e. & comme le plus fouvent cette caufe réfide dans les premieres voies ou aux envi- rons , On fent jufqu’où peuvent aller quelquefois les fpafmes!, les confiritions des produétionsnerweufes de ce fameux centre , dont les fuites trop ordinaires font le reflux du fang dans certaines parties ,: des en- gorgemens de vifceres, des ftafes d’humeuts , G:c. {ources funeftes de tant de maladies, Il en eft de même dela fievre qu’on appelle ze veufe. C’eft toujours lirritation de l’ame fenfitive, un fpafme des organes qui en reflerre toutes les voies excrétoires , & qui peut êtré occafionné, ou par une caufe matérielle qui a pénétré fort avant das, la fubftance de ces organes, & qui y adheré opini trement, ou par une indifpofition vicieufe que l’ha= bitude, & les paflions même, font capables de don- ner aux nerfs, Gc. VEN On voit dans cette légere image de toutes les'fies vres & de toutes les maladies, que la /érfbiliréeft toujours le même principequiagit dans ce cas, com- me 1l agit dans la fanté, c’eft-à-dire , relativement aux difpoñitions des parties organiques ; mais ce qui mérite une confidération particuliere , on a dû s’ap- percevoir que ce principe s’irritant plus ou moins , êt augmentant {es forces fuivant les réfiflances & les variations qu'éprouve dans fes qualités la caufe mor- bifique, il n’eft pas poffible de vouloir adapter les lois méchaniques à de pareils phénomenes. En continuant d’après cette confidération,&c {e rap- pellant ce que nous avons dit des trois tems :mar- qués dans le fommeil, on trouvera qu'il arrive dans le cours de la maladie aux parties fenfibles autant d’époques remarquables qui {ontles phafes des mala- dies , favoir l’érrisation, dont.nous ayons déja parlé, la coifion &c l'excrétion. La cottion eft donc encore l'ouvrage de la fén/fibr- lité , du moins en partie. C’eft elle qui difpofe les nerfs de maniere à Les faire contribuer à ce travail des humeurs qu’on pourroit aflez bien comparer à la maturation des fruits, mA F1 Fe 44 SE N Les crifes on l’excrétion ne font auffi qu'un appa- xeil extraordinaire detoute lame fenfitive prête à li- cvrer combat, comme le difent les anciens, ou bien les efforts brufques 8c redoublés de toutes les par- ties fenfibles ; pour le rétabliflement de l’exercice œconomique de la Jerjébihise, & l'expulfion des ma- tieres quil’embarraffent ou qui lui font nuifibles.Ces trois phafes, ces trois états, vous les trouverez dans toutes les maladies, &t le médecin fage n’a rien de mieux à faire qu'à obferver ces trois tems , & à détourner les accidens qui les empêchent de s’écou- ler. Pour cet effet on ne fauroït trop étudier la fe- meïotique des anciens , &c les connoïffances non moins utiles que peut fournir la doétrine des moder- nes {ur le pouls. Foyez POULS. Nous ne pouvons ici que donner des généralités ; linflammation qu'eft-elle autre chofe qu'un nouveau centre de /emffhiiré qui s'établit autour de quelque obftacle contre lequel il femble que lame fenfitive drefle ou érigeles vaiffeaux de la partie, quiadmet- _tent alors plus de fang , en même tems que la vibra- tion des fibrilles nerveufes rayonne l’obftacle ? Or cet obftacle c’eft le noyau inflammatoire qu’accom- pagnent la douleur, la tenfon, la tumeur, la rou- geur, &c. Telle eft l'épire de Vanhelmont, image fimple qui rend la nature , 8 qui par-là mérite d’E- tre le-modele de toutes les théories de ce genre. Voyez INFLAMMATION. L'irritation des parties fenfbles explique égale- ment les caufes des bonnes & des mauvaifes fuppu- rations. Il eft tout naturel-de penfer qu'une partie irritée jufqu'à un certain point ne fauroit bien pré- parer les fucs qui y abordent , puifqu’elle n’eft plus au ton naturel de ia vie, & que ces fucs de plus en plus viciés par l’état des folides, ajoutent encore à cette irritation; mais une fois ce ton reftitué à lapar- tie, fonaétion fur les humeurs eft telle qu’elles en deviennent de plus en plus douces & affimilables à fa fubftance : ce qui produit infenfiblement la cica- trice.,, Éc. sa -Enfin, quant à ce qui regarde les médicamens , on eft prévenu fans doute que le goût, la difpofition particuliere , & l'irritation des organes en, confé- quence de leur Jenfbilire | doit en {pécifier les ver- tus & diriger les effets: ce qui renferme Pexphca- tion de ce qu’on appelle /a vertu éleëlive des remedes, æeft-à-dire, pourquoi, par exemple, les cantharides affetent conftamment les voies urinaires , l’émétr- que affecte l’eftomac,, 6e. La théorie des centres, de leurs départemens êz de la circulation des forces de lame fenfitive, don- neen même tems la raifon qui fait qu’un médicament À peine avalé emporte fur le champ un mal de té- te, Gc. Elle explique encore les admirables effets des véficatoires , des uftions, des fynapifmes , des ventoufes & autres femblables remedes fi vantés par les vrais maîtres de l’art, dont toute l’a&ion con- fifte à établir des centres artificiels dans la partie {ur laquelle on les applique , & d’y attirer une dériva- tion falutaire de Jér/éhiliré, de forces 8 d’humeurs. Confultez fur tout ceci les différens ouvrages de M. Bordeu, médecin des facultés de Montpellier & de Paris. Iréfulte de l’idée que nous venons de donner de Pœconomie animale, que tout étant borné dans le corps à l’aétivité de cette ame fenfble, tant dans lé- tat defanté que dans l’état de maladie, &r la marche de toutes lesfonéions, foit dans l’état naturel, foit dans l'état de maladie, étant marquée par des tems &t dés périodes qui doivent néceflairement avoir leurs cours , & qu’on ne peut changer, il en réfulte, dis-je, que les fecours qu’on a à efpérer des reme- des, fe réduifent à bien peude chofe. Il n’eft que rop vrai en effet que la plüpart des remedesne tien- nent pas ce que des enthoufaftes leur fontpromettre,! quoiqu’en fait de médicamens, il faut avouer qu'il s'en trouve qui maniés par un médecin habile, 8e combinés avec une diette convenable, font quelque- fois des merveilles ; mais ces remedes {ont en très-pe- titnombre; &c quant à la faignée,on peut ajouter, 1°. que dans beaucoup de maladies aiguës la matiere | morbifique réfidant dans le tif fpongieux ou cellu- laire des parties , les faignées dont l'indication eft le plus ordinairement fondée chez les modernes fur la théorie de la circulation, ne fauroient entrer dans le traitement de ces maladies; 2°, le corps animal étant un compofé de folides &c de fluides, quifont les uns à l'égard des autres dans une réciprocité abfolue de befoins & d'utilité, on peut eninférer que des fai- . gnées multipliées dans une maladie doivent être aux fluides ce que la mutilation eft aux folides. En vain prétendroit-on juffier l'abus de ce remede par des théories & des exemples, en imaginant même d’a- voir à combattre dans les humeurs une dépravation 2 équivaudroit à l’état de gangrene dans les parties olides d’un membre; l’on ne voit pas à quoi fervi- roient quelques poëlettes de fang , le vice gangre- neux étant fuppofé infeéter toute la mafle des fluides. Ce n’eft pas cependant que la faignée ne produife d’admirables effets, lorfquw’elle eft placée à-propos, par exemple , au commencementdes maladies aigues ou dans le tems d'irritation, fuivant la pratique des anciens , dans la fuppreffion des regles & d’autres hémorrhagies habituelles , dans certaines douleurs vives , dans une chaleur, une lourdeur exceflive du corps, G'c. Mais dans tous ces cas même il n’eft per- mis d’ufer de ce remede quetrès-modérément, parcä manu ,à titre d'adjuvant, adjuvans, & jamais titre de curatif, comme lorfqu’on applique des émolliens furun abfcès pour en aider la maturation, qu’on fait desfcarifications à une partie, qu’on emploie les vé- ficatoires, &c. Car le corps eff le même à l’intérieur q& l'extérieur. Voyez là-deflus un excellent ouvrage in- titulé , Les abus de la faignée démontrés , &c. Effers particuliers de la fenfibilise. Nous croyons avoir fufifamment établi l’influx admirable du prin- cipe fenfitif dans les trois états de la vie, de la fan té & de la maladie. Il eft pourtant encore des difpo- fitions ou affeétions nerveufes finguhieres qui, com- me autant de bifarreries dans la fenfbilité, augmen- tent fon huftoire de quelques autres phénomenes. Ces difpofitions ou affeétions nerveufes tenant, fuivant nos principes, à des cozcepts dans lame fen- fitive, nous en reconnaiflons, comme dans l’hiftoire des maladies, d’originaires & d’accidentels, quipeus vent fe rapporter plus où moins aux trois états dont: nous venons de parler, On doit placer parmiles pre- miers quelques antipathies , fympathies, & autres incommodités dont 1l meft pas toujours prudent d'entreprendre la curation , étant identifiées avec la vie, & comme autant de conftitutions irrégulieres. Ainf Pline rapporte d’après Valere Maxime, que le poëte Antipater fidonien avoit la fieyre chaque an- née, le jour de fa naiffance, Voyez kiff. marur. lib. VIT. pag. 407. Schenckius fournit de pareils exemples dans le livre VI. de fes obfervar. médic. On a vu des perfonnes qui ont eu habituellement la fievre durant toute leur vie, & qui n’ont pas laiflé que de parvenir à une vieillefle très-avancée ; tel a été l'illuftre Me- cène. Quant aux concepts accidentels , 1l y en a qu’on peut regarder comme de fortes habitudes nerveufes. désgénérées en tempéramens , & qu'il faut traiter avec la même circonfpettion que les premiers. D’au- tres font dùs aux impreffons fâcheufes de quelque maladie grave qui a été mal jugée, ou interrompue ‘dans fa marche, ou reconnoiflent pour caufe quel- qu'autre accident: ceux-ci admsttent le plus fouvent les fecours de l'art. Kaw Boërhaave raconte» qu’un » vieillard nommé Monroo, par une fympathie con- # tratée depuis l'enfance , ne pouvoit regarder per- » fonne dontil ne fût obligé d’imiter tous les mou- » vemens corporels; ce pañtomime fingulierportoit » limitation jufqu’à rendre {fcrupuleufement les plus » légers mouvemens des yeux, des levres, des » mains, des piés , 6c.[l fe couvroit &c fe découvroit » la tête, fuivant qu’il le voyoit faire aux autres, » avecune liberté & une facilité furprenantes; lorf- # qu'on eflayoit de lui ôter l’ufage d’une main, tan- » dis qu'il gefticuloit de l’autre, 1l fe débattoit avec » des efforts extraordinaires, &c la raifon qu'il en » donnoit, c’eft qu'il y étoit forcé par la douleur » qu'il reflentoit au cerveau & au cœur. Enfin ce » pauvre homme, en conféquence de fon incom- # modité , nalloit jamais dans les rues que les yeux # bandés ; &c lorfqu’il lui arrivoit de s’entretenir # avec fes amis, c’étoit en obfervant la précaution » de leur tourner Le des. Foyez Kaw Boërhaave de Ampetum faciente, feu enormon Hippocrar. pag. 345. On peut confuiter fur les autres affeétions acciden- telles tous les livres de pratique. Voyez encore le /y- nop.imedic. de Allen, tom. I. page 12, où il eft parlé d’un théologien nomme Bxloin | au territoire de Sommerfet, lequel fut attaqué à l’âge de 34 ans, d’u- ne fievre intermittente quotidienne qui lui dura tout le refte de fa vie, c’eft-à-dire, 6o ans encore, n’e- tant mort qu'à l’âge de 04. Locke fait encore men- tion dans fon ouvrage admirable fur lentendement humain, d’un homme qui ayant été parfaitement guéri de la rage par une opération extrèmement fenfible , Je re- connut oblisé toute [a vie & celui qui lui avoit rendu ce Jervice, qu'il regardoit comme le plus grand qu’il pât ja- mas recevoir ; mais malgré tout ce que La reconnoiflance 6 la raifon pouvoient lui fuggérèr il ne put jamais [ouf frir la vue de l'opérateur ; fon-image lui rappelloit tou- jours l’idée de l'extrème douleur qu'il avoir endurée par [es mains, idée qu’il ne lui étoit pas poffible de fuppor- ter, tant elle faifoit de violentes impreffions fur fon ef- prit ; nous dirons , nous, fur fon ame fenfitive, Voyez Locke, pag. Quine fait combien les charmes dela mufaue font puiflans fur certains fujets ? Qui ne connoit pas l’ef- fet de la beauté fur lame fenfitive? Enfin qui ne s’eft pas quelquefois fenti épris de prédile&ion ou d'in- térêt, à la fimple vue, pour une perfonne plutôt que pour une autre qui avoit plus de droits, fuivant la raifon,, à nos fentimens? Tout cela eft une difpofi- tion dans les organes ,une affaire de goût dans l'ame fenfitive qui s’affeéte de telle ou telle maniere , fans qu’on s’en doute: ce font-là les zœuds fecrers quinous lient, qui nous entraînent vers les objets, & que les Péripatéticiens n’avoient pas tant de tort de mettre au rang deleurs qualités occultes. R j Les habitudes particulieres à certains organes ou diftri@s de la Jenfibilisé offrent encore des variétés remarquables ; telle perfonne , par exemple, ne fau- roit pañler l’heure accoutumée des repas, fans reflen- tir tous les tourmens de la faim ; tel autre s'endort & fe réveille conftamment à la même heure tous les jours ; les fécrétions & excrétions fe font dans cer- tains tempéramens régulierement dans le même or- dre, Gc. & certes il y auroit beaucoup de danger pour ces perfonnes ainfi coutumieres | à s'écarter de ces habitudes qui font devenues chez elle une fecon- de nature, fuivant l’axiome vulgaire. Les tems des paroximes dans certaines maladies font également fubordonnés aux mêmes lois d'habitude de la part de la fénfibilité, nous croyons inutile d’en rapporter des exemples. Mais fi ces habitudes conftantes font communé- ment des déterminations invincibles pour l’exercice de la /énfrhilité dans les organes; il eft aufi des.ças SEN 45 où par la raïfon des contraires ces habitudes anéan- tiflent abfolument cet exercice dans ces mêmes or- ganes. Un chevalier romain ( Julius Viator ) datoit l’'abftinence dans laquelle il vivoit, de toute boiïflon, d’une maladie chronique dans le traitement de 1a- quelle les medecins lui avoient interdit entierement le boire. Cette habitude des organes va plus loin encore ; puifqu’elle fe proroge au-delà de la vie; on a vu des viperes à qui.on avoit coupé la tête & enlevé les en- trailles , on a vu, dis-je, ces troncs de viperes aller fe cacher fous un amas de pierres où l’animal avoit coutume de fe réfugier. Poyez Perauls, efai phyf. Boylerapporte que les mouches s’acconplens & font des œufs, après qu'on leur a coupé La tête. Rien de fi com- mun que des exemples de cette nature. De-là peut être encore ce mouvement animaltoux jours fondé fur l'habitude de notre fexfbiliré, renou- vellée par {on imflinét en préfence d’un objet qui nous eft cher, & qu’un changement dans les traits déguife à nos habitudes intelleétuelles ; telle eft 1æ fituation d’une mere tendre en préfence d’un fils qu’- elle ne reconnoïit pas encore , & vers lequel cepen- dant fon ame fenfitive femble vouloir s’envoler : f- tuation qu’on attribue d'ordinaire à ce qu’on appelle la force du fang. Ainfi Mérope, après avoir interrogé le jeune inconnu qu'on lui a amené, s’écrie : . + «+ + Hélas l'sandis qu'il ma parlé, Sa voix m’attendrifloit ; tout mon cœur s’ef£ trouble. Cresfonte .. . 6 ciel! ... j'ai cru... que j'en rougis . de honte ! Qui j'ai cru déméler quelques traits de Cresfonte.. A. IT. {cen. IL. La théorie des convulfions , des fpafmes, &c. ne préfente pas moins de fingularités dont l’explication découle naturellement de la même fource, c’eft-à- dire , des affeétions des parties nerveufes , en confé- quence de leur fenfôité , fans qu’il foit befoin de recourir à des deffléchemens & aridités des nerfs, où à des féimulus caufés par des acrimonies. Car enfin, fi le premier cas avoit lieu , un vieillard, ainfi que Pobferye Vauhelmont , devroit être tout racourci par un fpafme continuel. Voyez de lirhiafr. Et dans le fecond, c’eft-à-dire , dans le fyftème des acrimo- nies , tous Îes vifceres devroient s’en reflentir; les plus délicats fur-tout, ou les plus mols, comme le cerveau, feroient anéantis de fpafmes ou de coz- traitures ; Mais au contraire On voit bien fouvent que ces fpafmes n’affectent qu'un feul organe , ou partie même de cet organe : ainfr dans quelques angines on remarque qu'il n’y a qu'un côté de la gorge de pris; dans les hydropifes , ou les iéteres commençans , avant même qu'il y ait le moindre figne d’épanche- ment dans le bas-ventre, 1l arrive quelquefois de ces tractures dans un feul côté du ventre , &c en confé- quence des duretés de ce même côté, fouvent en- coreils’eft vu oœdemes de tout le côté droit du corps, occalionnés par une affection au foie. Les paralyfies, quelles fingularités n’offrent-eiles pas en ce genre? I Jémble que Le corps foir divifé naturellement en deux Parties qui fe rencontrent ou fe joignent dans le milieu ou dans l'axe, Voyez Bordeu , recherches fur le pouls. Il arrive encore que la fér/fhilité plus ou moins aga- cée dans certains endroits des produétions nerveufes que dans d’autres, peut faire çà & là, dans le même organe, de petits points de conftrihion qui laifferont entr'eux des efpaces, fi vous voulez, comme des mailles ; ces particularités fe rencontrent plus ordi- narement dans l’effomac; on a également vu fur des pleurétiques la plevre détachée en certains endroits de la furface des côtes ; fans doute que ces décole- mens de la plevre fe trouvoient dans les points qui répondent aux fibrilles nerveufes diflribuées dans 46 S'EN cette toile celluleufe, Stahl parle encore de quelques fpafmes qui fe bornent à la cage de la poitrine, &c. Mais, ce qui n’eft pas moins digne de notre atten- tion. 1l fe trouve de ces fpafmes particuliers qui font périodiques, Hoffman remarque avec étonfiement, que dans quelques coliques néphretiques , la caufe de la douleur, c’'eft-à-dire le calcul , étant continuel- lement préfente dans les reins, ces coliques ne re- prennent dans la plüpart des calculeux que par in- tervalles , comme f la fenfébiliré abandonnoït & re- prenoit alternativement certaines parties. Nous di- fions donc bien que chaque organea fa vie, fes goûts &t {es pafñons qui lui font propres, indépendam- ment de tout ce qui peut lui revenir de fon confenfus avec les autres organes , propria vivit quadra ; il peut donc fe faire une contratture particuliere & fpontanée dans une partie , par Les feules facultés de cette par- tie, qui sirritera fous une caufe que nous ne fpéci- fions point , mais qui fera vratfemblablement de la nature de celles qui produifent des fenfations défa- gréables , ou tout fimplement Phabitude. Néanmoins il neft pas toujours befoin d’un fenti- ment contre nature , ou de douleur dans une partie, pour la faire contraéter ; il lui fuffit d’un léger mal- aie ,ou d’un inftant de difpofition finguliere dans fes nerfs : par exemple, le férosum ne fe contraéte-t:l pas fans douleur ? &c n’en eft-il pas de même des in- teftins, qui, femblables à un animal logé dans un au- tre animal, {e jettent d’un côté & d'autre du bas- ventre avec de orands mouvemens, 8 même avec une efpece de rugiflement? Les paflions peuvent encore être les caufes occa- fionnelles de ces fpafmes particuliers; & fi l’on con- fidere les différens organes qui concourent à former le centre épigaftrique ,les gros vaifleaux qui s’y trou- vent,& dont les tuniques font prefque toutes nerveu- Les, il fera aïfé de fe repréfenter les accidens qui peu- vent réfulter des fréquentes fecouffes portées à ce centre; car vraflemblablement 1l eft de ces organes, qui à raufon de leur plus grande /en/ibilité | doivent retenir {es impreflions /paffques plus long-tems que les autres, ou chez lefquels ces impreffions doivent comme fe réfoudre & s’incorporer, s'il eft permis d’anfi parler , avec la fubftance nerveufe d’où lon eft conduit naturellement à reconnoitre la caufe de beaucoup de maladies chroniques , des tumeurs ; 8 entr’autres du flux hémorrhoidal, fur lequel Stahl nous a laifé de fi belles chofes en théorie &r en pra- tique. Voyez Sthal , chéor, pathol. Jet. IL. pag. 161 & Jeg. Voyez encore Le mor HÉMORRHOIDES. Ici revient ce que nous avons dit de la circulation ou des tranfports des forces du principe fenfitif, qui fe cantonnent quelquefois dans un centre, en ab- forbant la fomme d'aéivité des autres centres qui correfpondent à celui-ci; ce qui peut même fe faire par un acte de volonté, comme on le raconte du colonel Townshend, chez qui le mouyement du cœur étoit prefqu'arbitraire , comme il Peft dans quelques animaux, Ÿid. lifler de cochleis & linacibus, pag, 38. . C’eft ainfñi qu'un homme abforbé dans une pro- fonde méditation , ne vit, pour ainfi dire, que dela tête ; tel étoit le cas d’Archimede, lorfque le foldat de Marcellus lui donna le coup de la mort; celui de François Viete dans les deux jours qu'il pañla, fans s’apperceyoir , à Pexplication d’une lettre écrite en chiffres; & vraiflemblablement encore celui debeau- coup de perfonnes qui fe trouvent dans des états contre nature, tels que les mélancholiques , les ma- niaques , certains fous , &c. qui paroïflent plus ou moins infenfibles. C’eft ce que Vanhelmont a très- bien obfervé , contigis namque, dit-il, forfiran fpi- rivus ile (ceftà-dire, anima fenfiriva ), ob profun- das fpeculationes vel infaniarm occuperur , quod corpus dolorem ñon fentiat, famem, frigora, firim. de lythiafe, E SEN cap. x, pag, 32, I] rapporte à ce fujet , dans lemême chapitre , exemple d’un malfaiteur, qui éluda plu-= fieurs fois les tourmens de la queftion , en avalant, quelques inftans avant de la fubir, un morceau d'ail, &t buvant par-deflusun coup d’eau-de-vie ; mais enfin fa petite provifion étant confumée ,le malheureux fut obligé d’avouer fes crimes par le fentiment des tortures. Tous ces phénomenes rentrent , comme on voit, dans la théorie que nous avons d’abord établie fur les centres & leur influx ; théorie qui, outre les exem- ples extraordinaires déja rapportés , eft confirmée journellement fous nos yeux par ce qui arrive aux épileptiques, aux goutteux,6c. dont les paroxyfmes paroïffent conftamment déterminés parune émotion préalable dans quelque centre. De la même théorie peuvent fe déduire les fenfa- tions que rapportent les perfonnes mutilées au mem bre qu’elles n’ont plus; car un centre quelconque portant vraifemblablement en lui comme l’empreinte ou l’archeripe en racourci de tout fon département, il eft à préfumer que l'irradiation fenfitive deftinée au membre amputé, fe renouvelle quelquefois par l'habitude ou autres accidens , & produit la fenfa- tion affectée à l’exiftence du membre. On expliquera également , par ces principes , les caufes de la régé. nération des os ; on trouvera toujours que c’eft dans un de ces centres qu’il faut chercher l'agent pla/ffi- que ; qui eft le même & dans la formation des os, &t dans leur régénération. Nous avons vu que la terreur étoit capable d’é- chipfer, pour quelque tems, la féxfébiliré ; il faut en dire autant d’une douleur extraordinaire , qui en cela ne differe point des extafes procurées parlajoie & par Le plaïfir ; les excès étant les points par où fe touchent tous les contraires, ces grandes joies & ces grandes douleurs peuvent également aller jufqu’à la deftruétion de la Jérfébiliré , c’eft-à-dire , jufqu’à la mort : cela s’eft vu plus d’une fois, La fénfibilité peut fe trouver bien fouvent fi fort exaltée dans certains fujets chatouilleux , qu'on ne fauroit même les menacer de les approcher fans les jetter dans des convulfions, Mais rien qui manifefte tant ces variétés &t excès négatifs & poñtifs de lame {enfible , que la plûpart des maladies , telles que la rage , le chorea fanëh viri, certainesmanies, les fuites de la morfure ou de la piquûre de certains animaux , comme la vipere, le tarentule , les effets de quelques remedes ou poifons , &c. la lepre , les différentes ef- peces d’apoplexie , de paralyfñe, &c. les affeétions vaporeufes, le pica ,le malacia , &cc. En voilà déja trop fur cette matiere. ‘ Senfibilité dans les différens âges , les différens fixes, &tc. L’homme eft fans contredit l'animal qui doit pofléder la fenfibilié au plus haut degré. Il peur en effet pañler pour le chef-d'œuvre des ames fenfitives où animales , par l’arrangement merveilleux de fes patties & la prodigieufe quantité de nerfs qui en- trent dans leur conftruétion. Difpofé par la nature à la connoïffance des chofes dont le concours fait ce qu'on appelle éducation, M eft étonnant avec quelle facilite fes organes fe plient fous les habitudes de Pinftruéhion & des exemples ; au contraire il faut des foins infinis , des peines extrêmes pour faire fur les organes d’une brute une impreflion aflez pro- fonde pour lui inculquer les documens les plus faci- les ; cependant on a des exemples d’une fagacité merveilleufe dans quelques animaux , comme le chien , le finge, &c. 8 même quelques poiflons, comme les wwrenes fi cheres , à ce qu’on prétend, aux Romains , par la circonftance de reconnoître la voix de leurs maïtres, &c. Parmi les hommes , les enfans, &c après eux les perfonnes du fexe, font ceux qui font le plus émi- SEN mefment fenfibles , ce qui eft une fuite de la fou- plefle , la fraicheur &c la ténuité des lames du tiffu muqueux, toujours plus compaéte dans les adultes , & parmices derniers plus dans les hommes que dans les femmes. Cet excès de fex/fibiliré des enfans fur. les adultes , explique les caufes des fréquentes con- vulfons & {palmes qui les agitent à la moindre ma- ladie , à la moindre paññion. De célebres praticiens ont très-bien obfervé que cet excès même chez les enfans, en les rendant plus fouvent malades, les oa- rantifloit de beaucoup d’autres plus graves maladies qui affeétent les adultes , parce que chez ces derniers les voies qui menent à la /éx/#bilisé étant moins faciles ou plus longues, la caufe du mal avoit plus de terms pour s'établir ou fe fortifier. AE + Quant aux femmes , leur confitution approche beaucoup , comme on fait, de celle des enfans ; les aflions font chez elles extrêmement plus vives en l Pa 3 général que chez les hommes, Leur grande fen/thiliré, dont un des principaux centres eft l'utérus, les jette auf dans des maladies que la nature fembloit avoir affe@té uniquement aux femmes, mais dont le luxe &. la molleffe ont fait préfent aux hommes : je veux parler des vapeurs. Enfin , comme l'enfance eft le premier terme de la fénfibilité dans l'homme, de même lâge adulte en peut pañler pour le moyen ; d’où les effets de ka flamme fenfitive vont en diminuant fous la quantité de mucus qui empâte les nerfs, & qui devient de jour en jour plus compatte , jufqu’à la vieilleffe qui eft la derniere époque de cette flamme fenfitive qui luit à peine dans les organes les plus eflentiels à la vie. Ainfi , par la raifon des contraires, le vieillard fe rapproche de plus en plus de l’état imparfait par où a commencé {on être; rien n’eft en même tems fi vrai, comme le dit Macrobe, favoir que dans les animaux , l’ufage de l’ame s’affoiblit à mefure que le corps devient plus denfe. Jz'animalibus hebefcit ufus anime denfrtate corporis.Macrob. 17 fomn. Cicer. Gi. I. cap. xjy. Voilà encore pourquoi le tiffu muqueux étant en moindre quantité & denfité dans quelques perfonnes maigres, elles font f fenfbles, & qu'au- contraire celles qui ont les lames de ce tiflu bien fer- rées & bien battues, font ce qu’on appelle dures , robuftes , &tc. Les lames du tiflu cellulaire du lion, parexemple, font prefque tendineufes, fuivant lob- feryation de M. d’Aubenton. Sersfébilité par rapport aux qualités de l’air & à l'im- preffion de quelques autres corps externes. L'air eft à l’é- gard de la fénfrbiliré comme un médicament dont elle diffingue & évalue les bonnes & les mauvaifes qua- lités à l'avantage ou au préjudice du corps. F. AIR. Il femble que les méthodiques foient partis de ce principe dans l'attention extrême qu’ils avoient à mé. nager les imprefions de Pair, 6’c. à leurs maladescon- formément à la nature des maladies. Le doéteur Ar- buthnot a" fort bien remarqué que cette confidéra- tion doit nécefflairement entrer dans le traitement des fievres aiguës : en effet on fent combien les par- ties fenfñbles occupées entre les effets de la maladie, & lation continuelle de l'air , peuvent être utile- ment ou défavorablement émues par l’impreflion de ce fluide. L'air chaud ou froid, par exemple, de quelle influence n’eft-il pas fur lopération des re- medes ,en évaporant, ou en concentrant l’aétivité de l'ame fenfble ? ; L’obfervation apprend que Pair natal eft quelque- fois un très-grand remede ; mais 1l peut fe faire auffi qu'il produife des révolutions funeftes ; lorfqu’on vient à le refpirer après une longue abfence. Ces ré- concilations de Pair natal avec la /ézfibiliré indivi- duelle , font pour elle une épreuve pareille à celle de la naïffance, & dont les parties nerveufes d’une perfonne âgée ne s’accommodent pas aifément. S EN 47 C’eft une tradition fort ancienne & fort répañdue dans nos provinces méridionales , que lair vif eft ufi funefte aux perfonnes attaquées de la poitrine , que l’air gras leur eft falutaire ; la raifon phyfique qu'on en donne n'eft rien moins que fatisfaifante : car 1] paroît que les phthifiques font pour le moins en auf grand nombre à Paris , où Pair paffe pour être fort gras ,.que dans les contrées du royaume où V’air efttres-vif. Il faut croire que le moral, dans les grandes villes où la tyrannie des paffons eft portée à l'excès , influe encore plus que l’air fur cette indif- poñition des parties Jenf£bles qui produit 27 receff un vice fpécial dans les poumons. On dit encore aflez communément que les plaies de la tête font plus dangereufes à Paris qu'à Mont- pellier , & que les plaies des jambes font técipro- quement plus dangereufes dans cette derniere ville que dans la capitale, Nous doutons fort que les per- ionnes de l’art qui font pour lafirmative, ayent là- deflus devers elles une raifon fuffifante d'expérience. Cette queftion qui, en 1749, lors de la difpute d’une chaire vacante à Montpellier, fut donnée à traiter par MM. les profefleurs de cette faculté à un des conten- dans, n’à pas même été décidée dans les thefes de celui-ci. Quoi qu’il en foit, on pourroit concevoir que lation de la fénfbiliré produisit des effets éga- lément mauvais & fur les plaies des orsanes conti- nuellement enveloppés d’un air épais, froid & hu- mide , qui concentre la tranfpiration de la tête, oc- - cafñonné de fréquentes céphalalgies, &c. & fur des plaies d’un autre organe expofé aux influences d’un air vif & en quelques endroits falé , aux exhalaifons d'un terroir fec , aride & brûlant une partie de lan- née , qui doivent caufer un relâchement, une raré- fattion finguliere à la fubftance des parties les plus à portée des impreffons du fol, fur-tout chez les pay fans ou le bas peuple qui va dans ces provinces les jambes nues la moitié de l’année, On pourroit donc préfumer que ces différentes impreffons de l’air font autant de -préparations funeftes pour ces organes, indépendamment des raïfons titées de la différence des chmats, du révime de vivre , &c. qui influent tant, comme on fait, fur le bon état de quelques principaux centres de la feffbilisé , dont l'aétion in- flue tant , à fon tour ; fur les plaies. Il eff des auteurs qui prétendent que les émana- tions que peuvent fournir les corps des perfonnes fraîches & vigoureufes , des jeunes nourrices, par exemple, qu’on fait coucher avec d’autres perfonnes exténuées de maladies, où abfolument épuifées d’ex- cès ou de vieiilefle; que ces émanations, dis-je, pro- duifent fur ces derniers fujets des effets admmirables : les médecins de David fe fervirent de ce moyen pour réchauffer la vieilleffe du propheteroi, & Foreftus, auteur refpettable |; rapporte qu’un jeune homme qui étoit dans le dernier degré du marafme, fut par- faitement guéri par le même remede. Si ces faits font vrais, c'eftune nouvelle acquifition au domainede la Jenfibilité, La modification que peut imprimer à l’at- mofphereanimale du vieillard ou du malade, la chaleur exhalée du corps fain, eft perçue par l’ame fenfitive. Or 1l faut {e rappeller que cette perception fuppofe une augmentation , une direélion plus exptefle, fui- vant Stahl , du ton ou des forces des nerf, laquelle aidée vraiffemblablement encore, dans le cas pré- fent , de tout ce que l'imagination peut prêter aux fens , comme cela eft obfervé à l’article lait, voyez LatT, occafionnera un changement favorable dans l'économie animale, , Du refte, cette théorie nous paroît préférable à celle de l’infinuation des corpufcules déliés seruiffima exhalantia à-travers le corps du malade. En effet, de quelle utilité pourroïent être des corpufcules qui ne font que les débris, rerenra | ou les parties ufées de AS SEEN nos humeurs, & qui par conféquent ne font plus propres à notre fubftance ? D’ailleurs ne voit-on pas que fans admettre de ces infinuations , la tempéra- ture de l'air produit feule des effets pareils À ceux de certains poifons fur les animaux ! On en a une preuve convainquante dans les fymptomes obfervés fur le chien, que le doéteur Boërhaave expofa à la chaleur d’une raffinerie de fucre, & dans ce qui arrive aux animaux qu’on foumet aux expériences de lamachine du vuide. * l Dans les endroits où il y a des mines, des vol- cans , Gc. dans le voifinage des maraïs, des camps, des hôpitaux, des grottes, comme celle du chien, au royaume de Naples, qui exhalent des mouphe- tes, 2. Pair ne peut que faire des impreffñons fu- neftes fur Le corps, ou plutôt fur les organes de Ja fenfibiliré, L'événement desprifons de Newoate à Lon- dres, eft encore tout récent. L’explication de ces phénomenes & de tant d’autres fur lefquels il ne nous eft pas poffible de nous étendre, va d’elle même, pour peu qu'on veuille furvre la chaîne de nos prin- cipes. . Toutes les parties du corps qui vivent d’une dofe de Jenfibilise , doivent participer en propottion du goût ou de linftinét que nous reconnoiflons dans l’ame fenfitive , c'eft une vérité déja établie ; mais cette propriété fe manifeftera toujours mieux dans les parties où la fenfibiliré fe trouve fans cefle irritée par l’indifpofition ou la maladie de ces mêmes par- tes. Voilà pourquoi le poumon des afthmatiques , l'œil d’un ophralmique ; 6c. difcernent fi bien les bonnes ou les mauvaifes qualités de l'air, fur-tout s’il eft charge de vapeurs acres ou humides, La peau, cette toile nerveufe qui forme un orga- ne général, & dont l’aétion contrebalance celle des organes intérieurs , la peau eft encore éminerament douée de cet inftinét ; Harvée appuyé de quelques expériences qu'il hafarda fur lui-même , s’explique poftivement fut ce point. Quiz caro etiam ipfa, dit:l, venenatuin a non venenaio facile diffinguit ideoque conf- tringit fifé & denfatur, unde tumeres, phlesmonodes excttantur Ut videre ef} in itibus apum , culicis, aranei , Écc: exercitatio 57. pag. 250. Vanhelmont avoit déja parlé de ce difcernement de l'ame fenfitive, qu'il appelle en quelques endroits internat thymofim facultaus Jenfiuive, Voyez le chap. ix de /ychiaf, qu'Harvée femble avoir copié en quelques endroïts. En combinant toutes ces propriétés de la peau ou de fa fenfibilité fi étroitement hée à celle des autres organes, on voit d’un coup d'œil en quoi confifte l'action des topiques , par ex. de l’opium & de quelques poifons appliqués extérieurement ; celle des parties volatiles de quelques purgatifs , par lef- quelles 1ls’eft vu des perfonnnes réellement purgées, celle fur-tout du mercure employé en fri&ions que nous croyons bien moins eftimée par l'introdu&tion de ce minéral dans le torrent des humeurs , que par fon pañlage à-travers le tiflu cellulaire dont il défob{- true &c élaroit les cellules de l’une à l’autre, en éten- dant fes feuillets, & par les perits étranglemens ou Jümilus qu'il caufe aux vaïfleaux capillaires | ou à leurs fibrilles nerveutes , d’où naît une petite fievre dépuratoire. Voyez là-deflus une differtation fr L’u- Jage des eaux de Bareges , 6 du mercure pour Les écrouel- les ; Gtc. qui a remporté un prix à l’académie royale de Chirurgie en 1752, par M. de Bordeu. On verra fur quoi iont fondés les fuccès merveilleux des bains, fur-tout des froids dans les fievres ardentes, que quelques malades entraînés par le feul inftinét de la fenfibilité, fe {ont procuré fi avantageufement ; enfn les bons effets de toutes les reffources de la gymnaf- tique qui confftent à renouveller , à varier agréa- blemènt, ou à multiplier Fénergie de la femfhrieé , & dont les anciens tirorent un fi grand parti, Mai, SEN nous le répétons , 1 ne faut jamais perdre de vueles difpofitions particulieres où peuvent fe-trouver les parties fenfbles en conféquence de l’habitude, ou de quelqw’autre circonftance +, & qui font ‘autant d’exceptions à la regle générale. Telle eft l’obferva- tion de M. Spon, médecin de Lyon , rapportée dans le journal des favans du mois de Janvier 1684, au fujet d’une fille qui ne pouvoit vivre que dans lhô- tel-dieu, & quine manquoit jamais d’être attaquée de la fievre, lorfqu'eile feretiroit à la ville, & qu’elle refpiroit un air plus pur. Il croît en Penflvanie un arbre empoifonné ; que les Angloïs nomment poi/or- tree; dont le maniment, ou la vapeur apportée par le vent, caufe des accidens étranges à certaines per- fonnes , & ne fait rien fur d'autres. On voit bien{ou- vent des maladies contagieufes attaquer Les perfon- nes qui s’obfervent le plus , tandis que celles qui approchent fans ménagement des malades , n’en re- çoivent aucune incommodité. Il eft quelquefois arri- vé, au rapport de Kirker de pefke, fe&. II, cap. üij. pag. 139 ; que la pefte n’a gagné que les riches ou les nobles, & a épargné le bas peuple on les pauvres. On ne finiroit pas de rapporter de pareils exemples. Serfibilité par rapport aux influences des afires. Les plus célebres médecins , tant anciens que modernes, le font occupés de l'influence des aftrès fur le corps humain. On fait tout ce qu'Hippocrate en a dit dans fes ouvrages , notamment dans celui de aëre, locis & aquis qu n’eft pas fuppofé. Voyez encore ce que Gal- lien a écrit fur cette matiere, Ly. III. prorericor. Il eft tout fimple en effet | en confultant l’aétion des différentes planettes fur la nôtre , par ex. le flux & le reflux des eaux de la mer, l’altération que recoi- vent certaines plantes du lever & du coucher des aftres, G'c. d'imaginer les changemens que de pareilles caufes peuvent apporter à notre frèle ma- chine, qu’on fait d’ailleurs être fi fenfble, Les différens poids de atmofphere quivarient fous les diférens afpeéts des aftres,; donnent la raïfon de plufieurs phénomenes extraordinaires qu’on remar- que dans le corps humain. La furface du corps d’un: adulte fupporte ordinairement , fuivant des calculs très - bien faits, un poids d’environ 35 mille livres. La totalité de ce poids correfpond, à-peu-près, aw degre 28 delafcenfion dumercure danslebaromettre; ce rapport ainfi établi, on obferve que là variation d’une ligne au baromettre , à compter de cette gra- dation Fe du mercure, en eft une de cent livres & au-delà ; dansle plusou dans le moins , pour le corps humain. Ces variations font ordinairement plus fen- fibles vers le tems des équinoxes & desfolftices, & par conféquent leurs effets fur l'ame fenfitive plus re- marquables. On n’a , pour fe convaincre de cette vé- rité , qu'a Jetter les yeux fur l’hiftoire ancienne &c moderne des épidémies. L’écoulement des menftrues dans les femmes , beaucoup d’autres évacuations encore , foit périodiques, foit critiques, tout cela eft plus ou moins foumis à l’influence des aftres fur les corps fublunaires. Les livres font pleins de faits fin- guliers, dans lefquels cette caufe célefte intervient toujours pour quelque chofe; c’eft ainfi qu’on pré- tendavoir vu des perfonnes être privées de la parole durant le jour , & ne la recouvrer que le foir. L’ob- fervauion de Baïllou au fujet de la dame de Varades, eft connue de tout le monde ; de même que celle que rapporte le doëteur Rich Mead , d’un enfant qui ha- bitoit fur les bords dela Tamife , &c qui étoit attaqué de convulfions , dont les paroximes étoient reglés fur lé flux & le reflux de la mer. Charles Pifon avoit déja vu un cas à-peu-près femblable , kif. nas. lib. I. pag. 24. Maurice Hoffman parle d’une jeune fille épileptique âgée de 14 ans, dont le ventre croifloit & décroifloit conformément aux différentes phafes de la lune. Voyez obferv. 161. mifcell, cur. dec. IL. ann. GS SEN L 2 Le E &. Ceux qui fe plaifent au merveilleux de ce genre; pourrontconfulter Les auteurs que nous avons cités, en outre la diflertation de Fred, Hoffman de fÿderum influxu in corpora humana , & celle de M. Sauvages ; célebre profefleur enmédecine de la faculté de Mont- pellier, qui a pour titre : de a/frorum influxu in horni- aim, Monfpelii 1757. Us trouveront dans tous ces Ou= vrages de quoi fe fatisfaire. oyez INFLUENCE DES ASTRES. , L’attion des corps céleftes fur l'ame fenfitive, fe menifefte fur-tout dans les maladies aigués, ainfique nous l’apprenons de tous les bons obiervateurs ; 1ls nous recommandent encore defaire la plus grande at- tention aux changemens des tems, des faons, ëec. l’effet de beaucoup de remedes étant fubordonné à ces influences qui décident ordinairement de la plus grande ou de la moindre ferfibiliré des organes. Præ- ciouè vero maxume anni, temporum mutationes Obfër- yande funt, ut nequè medicamentum purgans lubenter exhibeamus , nequè partes citcè ventrem wramus aut fece- veus antè dies decem autetiam plures. Hippocrate, foës. de aere, locis & aquis , pag. 288. $. 10, H feroit bien à defirer que la plüpart des médecins vouluftent imc- diter furce pañage du pere de la médecine ; 1ls ver- roient qu'il n’ett pas indifférent de favoir placer un médicament dans un tems plutôt que dans un autre, de le fufpendre ou de le fupprimer, même tout-à-fait, dans quelques circonftances ; mais cette fcience eft le fruit de l’obfervation, & l’obfervation eft dure, rebutante. Des connoïffances purement tradition- nelles, une routine qui formule toujours , qui court toujours, qui n’exige qu'un peu d'habitude ou de mémoire , tout cela doit naturellement paroitre pré- férable , parce qu'il efl plus commode ; d’où il arri- ve que les larges avenues de cette médecine fufñfent à peine à la foule auis’y jette, que toutes fortes de gens viennent s’y confondre, tandis au contraire qu'on diftingue à peine quelques génies chorfis dans les fentiers pénibles quimenent au fanétuaire de l’art. Les variations des vents tiennent de trop près à Padtion des aftres, pour ne pas mériter les mêmes confidérations, quant à la féexfbulise. Hippocrate pré- tend que dans les changemens des vents les enfans font tres-fujets à l’épilepfhe. Voyez Lib. VI, 6 Ub. II. épidem. Les imprefions des vents du nord & du fud tur lame fenfitive, ont cela de commun avec les in- fluences des faïfons , aw’elles font fpéciñées par les maladies que chacun de ces vents occafionne en par- ticulier, L'infünét fenfitif va même jufqu’à s’apper- cevoir du changement prochain d’un vent en un au- tre vent; de forte qu'il y a beaucoup de malades ou de pérfonnes à incommodités, qui à cet égard pour- roient pañler pour d’excellens barometres. Enfin, Pame fenfitive de certains animaux n’eft pas exemp- te, non plus que celle des hommes, des effets de ces variations : Virgile nous apprend que les corbeaux , par exemple, en font notablement affectés, Woyez Le livre 1. des Georgiques. Verdm ubi tempeflas 6 cœlimobilis hurmor Mutaverewices & Jupiter humidus auftri Denfat, erant que rara modd 6 que denfa relaxat, Vertuntur fpecies animorum , peëlora & motus, Nunc alios, alios dim nubile vertus agebar. Tels font en général les effets de l'influx des aftres fur l'ame fenfble , &t dont l’obfervation avoit porté les anciens à foumettre divers organes à différentes planetes. Leurs prétentions à cet égard étoient afù- rément outrées : mais nous leur oppofons le même excès dans notre indifférence fur des matieres les plus faites pour exciter notre zele par la gloire &c Pa- vantage qui en reviendroient à l’art. Senfibilité par rapport aux climats. Cette matiere eft tellement liée aux précédentes, que nous aurions dû les confondre enfemble , fans la crainte de déro- : Tome XF. ip S SEN 49 ger à l'ordre que nous avons fuivi dès Le commence- inent ; 1] n’eft pas douteux que les climats n’influent Pour beaucoup für la /éxfbiliré. Les différentes tem- Pératures dans un même climat variant la difpoftion & le tiflu de nos parties, quelle prodisicufe diffe-. rence ne doit-1l pas y avoir dans les effets de la fen/r- Delisé Par rapport aux individus d’un climat, compa- rés à Ceux d'un autre climat? Voyez CtuMAT, Mé- decine. C’eft en ce fens qu’on pourroit compter des nuances de fenfrbiliré, comme on en compte de la couleur des peuples depuis le nord jufqu’à la lene ; en lotte qu'un habitant de ces dernieres contrées ; comparé avec un lapon, donnera prefque une idée des contraftes en férfébilicé : mais en évaluant ainfi les tempéramens de /enffbiliré far les différentes lati- tudes, on n’en doit jamais { Barer l’idée phyfique d'avec l’idée morale ; car nous croyons pouvoir nous dipenier d’obferver ici, vu la publicité du livre im- mortel de lÆfpric des lois, combien les ufages, les coutumes des pays, &c. méritent de confidérations dans l’eltimation des facultés fenfitives. Il ef encore plus important de ne pas perdre de vue cette adtivité originale de l'ame fenfible, qui eft la même dans tous les individus d’une même efpece, & qui ne fauroit éprouver des variétés que dans fes organes ; un ob- lervateur exaét aura tôt ou tard occafon de s’en con- vaincre. C’eit ain qu'Hippocrate a obfervé que les ciiies avoient heu dans l'île de Thafe, qui eft voifine de la Fhrace , aufli-bien que dans l'ile de Cos ; deux iles dont les climats font tout différens ; & des obfer- Vations modernes ont enfin conftaté que les crifes étoient à-peu-près les mêmes dans tous les chmats; lleneft, ait Hippocrate (car les vues fupérieures de ce grand homme fe font portées fur tout } ; il en eft des confüitutions des individus , comme de la nature du fol qu'ils habitent ; les animaux, les plantes, & quelques autres produétions de la terre, ont donc à cet égard une entiere conformité de fort entre eux; cela n’a pas befoin de preuves. On peut encore juger de cette influence des cli- mats fur les effets de la fénfbitiré, par les affe@ions corporelles qu’on éprouve dans des pays d’une tem- pérature difiérente de la natale. Il fe trouve, par exemple, des montapnards qui rie fauroient habiter des villes fituées dans des plaines ; dans quelques- uns même un pareil féjour développe le germe de beaucoup de maladies, comme les écrouelles, que Vair de la montagne retenoit dans un état d'inertie. Il faut ajouter que les mœurs & la qualité des alimens, qui font autant de créatures des climats, peuvent contribuer encore à ce développement. Ceci analy- fé &c fuivi, donnera la raifon des maladies endémi- ques, de la différence des vertus dans les mêmes re- medes , &c de plufeursautres objets de cette nature, {ur lefquels on ne doit pas s'attendre À trouver ici un plus lono détail. Nous nous fommes trop étendus fur cette matiere, pour pafier fous filence un fyftème qu’on peut re- garder comme une branche égarée de l’ame fenfitive, qui cherche à fe rejoindre à {on tronc, dont réelle- ment elle ne peut pas plus être féparée, que l'effet ne peut l’être de la caufe. Nous voulons parler du nouveau fyftème de lérricabilisé , fur lequel la répu- tation méritée de fon auteur ( M. le baron de Hal- ler ), fes talens continuellement employés à des tra- vaux utiles pour l’art, demandent que nous entrions dans quelques difcuffions qui mettent le leéteur à portée d’aifeoir un jugement fur ce fyffème. Pour cet effet, nous allons voir ce que cette érri- tabilité, qu'il feroit peut-être mieux d’appeller de fon ancien nom d’irrication , ainfi que nous l'avons obferve à l’arricle SECRÉTION ( Poyez ce mot) ; nous allons voir, dis-je, ce qu’elle a d’effentiel en foi, pour en autorifer les réflexions qu’elle nous don- so SEN nera lieu de fairé, en la confidérant dans lé nouveau fyfième. L'irritabilisé n’eft autre chofe que la zobillié où contraïhilire dont il a êté queflion au commencement de cet article 8 que nous avons dit être une des deux aétions comprifes dans Pexercice de la fé fhsr- té ; c’eft toujours l’exprefhion dulentiment; mais une expreffion violente , attendu qu’elle eftle preduit de la fenfibilité violemmentirritée par des fimulus ;aufñ eft-elle quelquefois défignée fous le nom mêime de fimutus chezles Phifologiftes, ou fous celui de fire motrice, Gc. Qn ne fauroit douter qu’elle n'ait été connue de tous les tems : les plus anciens poëtes, à commencer par Homere ( Woyez Le WII. livre de POdyffée ), parlent en plufieurs endroits de leurs ou- vrages, de chairs palpifintes, de membres à-demiani- més, fémi-animisartus.... Elf£ trepident [ub dentibus artus, fait dire Ovide au géant Polyphème. Voyez des Méramorphofes. Or qui pourroit méconnoitre la coz- sradiliré où lirritabilité moderne à cette palpitation, à ce tremblotement de chairs, fous des dents qui les déchirent ? Nous avons vu que de très-grands phi- lofophes avoient même été juiqu'à expliquer la caufe de cette palpitation par un refte deflâme fenfitive ou de feu vital. Cicéron, d’après Cléanthes leftoicien, lavance pofñitivement du cœur fraîchement arraché de la poitrine d’un animal. Voyez de natur. deor, lib. IT, Pline dit encore à l’occafon des inleétes, mihil intis, nift admodum paucis intejhirum implicatun ; ira- que divulis precipua vivacites 6 partium palpitatio, guia,quecunque eff ratio vitalis, illa non certis 2nefl membris , fed toto in corpore, Natur. hifior, Lb, X4, 1 eft à préfumer que l’ufage des facriñices avoit appris aux anciens tout ce qu’on peut raiionnablement {a- voir fur cetre matiere. Le couteau égaré du viétimai- re en bleflant quelque organe confidérable, devoit fouvent y produire des mouvemens extraurdinaires qui n’échappoient fans doute point à des perionnes fi inrérefiées à les obferver. Les philotophes & mede- cins de ces prermiers tes avoient conçu, d’après ces phénomenes, les grandes idées qu'ils nous ont tran{fmifes fur le principe qui anime les corps : mais ils ne croyoient pas (leur philofophie étoit en ce point au niveau deleur ame, dont on ne ceflera d’ad- mirer l'élévation ) , 1ls ne croyoient pas qu'on düt employer le manuel des expériences à creufer plus avant dans les myfteres les plus profonds de la natu- re. Les Chinois chez qui les découvertes les plus nouvelles pour nous ont des dates fi anciennes, ob- fervent dans l’'acupunéture des regles & des précau- tions qui ne permettent pas de douter qu'ils nayent acquis depuis long-tems beaucoup de lumieres fur les effets de la fezfcbilité des parties ; 1] paroït même que es plus grandes vues de leur pratique s’y rapporten direétement : « À la Chine on pique au ventre dans » les fuffocations de la matrice, dans les coliques, » dans la dyffenterie, 6: On y pique une femme » enceinte, lorfque le fœtus fe mouvant avec trop » de violence , avant que le tems de Paccouchement » foit venu, caufe à la mere des douleurs fi excefii- » ves, qu'elle eft en danger de fa vie : en ce cas, on # y pique même le fœtus, afin qu'étant effrayé par » cette ponttion, il cefle de fe remuer, 6c. ». Wil- lelmi, tem, Rhine, M. d’irans-ifalano da ventrienfrs mantifla fchematica de acupunélura. Enfin, dans le der- nier fiecle, quelques modernes déterminés ou par une fimple curiofté d’érudition, ou par des vues plus particulieres , fe font exercés à appliquer divers ffimulans à différentes parties du corps, & ont ap- proprié les phénomenes de cette irritation fatice à défhéories. Tel a été un Vanhelmont , dont les pa- à ce fujet méritent d’être rapportées : ami- due Æ dit-il, zimiram feduld contrafuram in uno } à!) ropè iodum dolore ; aded ut oblato ledente oc- Jlaiim pars lava velui per crampum contraita, corrugataque doloren mamifeflet fuum. Voyez de = thiafi, cap. 1x. p. GG. Tels ont été Harvée, voyez à l’article SECRÉTION , Swammerdam,Glflon, Peyers voyez Bohnius , Baglivi, & autres, dont il eft fait mention dans les obfervations du do&teur Robert Whitt, fur l’irrisabilité, page 263. Après tout ce que nous venons d’expofet , il eft évident 1°. que lrrricabilisé en ce qu’elle a de réel & d’eflentiel, étoit connue des anciens; 2°, qu’il faut dater de plus d’un fiecle les premiers travaux qui ont concour à la fondation de la méthode fyftématique qu’on nous préfente aujourd’hui. Tout leteur im- partial en jugera fans doute de même, & il eft bien étonnant que M. Tiflot , d'ailleurs fi louable par l’at- tachement qu'il témoigne pour le célebre M. de Haller, veuille nous perfuader que ef véritablement M. de Haller qui a découvert & mis dans tout fon jour Pirrisabilisé | p. 11. du difcours préliminaire à la tra- duétion des mémoires fur l'irritabilité 6 la fenfibilité. Il paroit donc qu’on ne peut trouver à M. de Hal- ler des droits fur Pirricabilité, que dans la partie fyf= tématique dont, à la vérité , 1l a exceflivement éten- du & défriché en beaucoup d’endroits,le terrein déja mamé avec économie par Glifion & quelques autres. Si c’eft-là une proprièté que M. Tiflot reclame en faveur de fon illuftre maitre, nous convenons qu’on ne fauroit la lui refufer. Les limites refbe@ives ainfi reglées , parcourons cette nouvelle édition , s’il eff permis de le dire, du territoire fyffématique de lir- ritabilité , que nous venons reconnoiître appartenir à M, de Haller. M. de Haller établit d’abord fa théorie fur un ap- pareil effrayant de fes propres expériences & de cel- les de quelques-uns de {es difciples. Conduit , com- me il l'annonce lui-même, par l'envie de contribuer à l'utilité du genre humain il n’eft point d’inftrument de douieur , point de fimulus qu’il nait employé à varier les tourmens d’un nombre infini d'animaux qui ont êté foumus à fes recherches, pour en arracher des preuves en faveur de la vérité. Il réfulte des tra- vaux de cet homme celebre une divifñon des parties du corps en parties /é/ffbles, infenfbles, iritables, airritables, & en parties qu'on pourroit appeller mixtes, C’eft-à-dire , qui font tout-à-la-fois fenfibles & irritables. Son traduéteur, M. Tiflot, à même porté fes foins pour la commodité du leéteur, juf- qu'à dreffer une table dans laquelle chaque partie du corps humain ‘eft rangée d’après une des propriétés énoncées dont on a fait autant de clafles ; ainfi, par exemple, le cerveau , les nerfs, les muicles, &c. font dans la claffe des fenfibles ; les membranes tant celles qui enveloppent les vifceres, que celles des articulations, la dure-mere, les ligamens, le périofte, :c. dans la claffe des infenfibles ; le diaphragme, l’ef- tomac, les inteftins, &c. dans celle des irritables ; les nerfs, l’épiderme , les arteres , les veines, le tiffu cellulaire dans les airritables ; enfin dans la clafle des nuxtes ; On trouve un peu de tout, c’eft-à-dire, Les parties qui ont des nerfs, des fibres mufculeufes , le cœur , le canal alimentaire, 6, Ce petit précis doit nous fufhre pour découvrir manifeftement les ufur- pations faites fur l’ame fenfitive par lirritabilité donc M. de Haller prétend faire un être abfolument diftin& &c indépendant. ; Nous ne penfons pas devoir employer de nouvel- les raifons à réfuter le paradoxe de M. Haller : après celle que nous avons donné de l’indivifibilité de ces deux effets de l'ame fenfble , 1l eft aflurément tout naturel de penfer que les agens employés à irriter une partie, n'étant , par leur aétion , que caufe oc- cañonelle de fa mobiüité , 1l faut néceflairement que cette attion foit perçue ou fentie par la partie, & qui plus eft,appropriée au fentiment de cette même par- tie ; & quelle autre puiffance animale que la /27/b:- lité pourra être le juge des corps fenfbles appliqués dun corps vavantà Le taét qu’effil, finon le fatellite univerfelde lame fenfrtive à Il femble que cela n’a pas befoïn d’une plus grande démonftration. Voyez ehcore l'exercisation 57 d'Harwée. | . Quant au plus ou au moins de fenfibilité que M. de Haller a reconnuans les différens organes, c’eft, avons-nous dit, une fuite néceflaire de leur organi- #-fation qui eft comme fpécifiée dans chacun d’eux par une quantité de tiffu cellulaire, & la maniere dont ce tifiu y eftemployé, par leur confemfus avec les organes voifins , par leur fituation, & une multitude inñnie d’autres circonftances qu’on peut fe repréfen- ter. Du refte, on doit fe rappeller que tous ces or- ganes font eflentiellement forimés par les nerfs ; & à Fégatd des membranes, elles font pour la plñpart ou d’une fubftance toute nerveufe , où animée en quel- ques endroits par des rameaux nerveux plus où moins clairlemés, qui s'étendent dans le tiffu même de la membrane , où qui rampent fur {es vaiffeaux ; nous en avons pour preuve l'inflammation qui y furvient quelquefois. Les membranes du fœius que M. de Faller donne pour irritables fur la fimiple autorité de Eups , reçoivent vraiflemblablement des nerfs du cordon ombilical, anfi que le foupçonne M. Whitt. Une erreur non moins confidérable encore , & contre faquelle nous croyons qu’on ne fauroit être uflez prévenu, c’eft la faculté airritable que M. de Faller accorde au tiffu cellulaire, enforte que ce quil y a de vraiment a@if dans le corps humain, eft con- fondu avec ce qu'il y a de paf. Nous avons afez clsirement expolé, en parlant de la formation , ce qui eft purement phyfique d'avec ce qui eft animal dans le corps, pour faire fentir l'inconvenient aw’il . Y auroit à ne pas diflinguer ces deux chofes, lorf- qu’on expole les parties des animaux à lation des acides , ou de telautre agent. Encore une fois , tout ce qui eft fufcepuble d'irritation eft dépendant du principe vital ou fenftif, Or on ne fauroit recon- icitre dans le tiflu cellulaire qu'une difpofition au deféchemenr, & à ladhérence qui lui eft commune avec tous les corps muqueux , 8 un mouvement emprunté de lation des parties fenfibles, &c. ainfi, placer dans une claffe de propriétes le nerf au même rang que le tfu cellutaire, c’eft y placer l'être à côté du néant, Foutes ces raifons s’oppofent encore d’el- les-mêmes à ce quele figne de Pirnitabilité foit dans le gluten de nos parties, ainfi que le prétend M. de Faller : 1ly a plus; ce favant auteur femble {e con- tredire lui-même dans cette prétention; car toutes _ no$ parties Étant liées par ce gluten, toutes devroient être fufceptibles d’irritabilité,commele remarque M. Whitt; cependant dans le fyftème de M. de Haller , 2 plûpart font privées de cette faculté. | C'eft en vain qu’on voudroit argumenter des expé- riences de M. de Hailer pour défendre fon fyftème. Cet appareil impofant de faits , quelqu’exa@s , quel- que vrais qu'ils puifient être, ne fauroit fubfilter, pour peu qu'on faffe d'attention à la variété des dif- pofitions dont lame fenfitive eft fi fort fufceptible, &z qui doit néceflairement entrainer celle des pro- duuts dans les mêmes procédés &c les mêmes circonf- fances appliquées aux individus d’une même efpece. Voilà la fource de cette contradiétion qui fe trouve entre les expériences de M. de Haller, & les mêmes expériences répétées par MM. Bianchi, Lorri, Le- cat ; Regis, Robert Whitt, Tandon , habile anato- mifte de Montpellier, & quelques autres. Auf ces confidérations n’ont-elles point échappé à M. Whitt, il en a tiré autant d’argumens viétorieux contre M. de Haller. Voyez les obférvations für la fenfibitiré & Pir- ritabiliré, Ca Poccafion di mémoire de M. de Haller; & ce qu'il y'a de plus heureux , lorfqu’on a des ad- verfaires de la plus grande réputation à combattre, Hippocrate hu a fourni les premieres & les plus for- ‘Tome XF PPT SEN JL tés armes dans cet aphorifme ; favoir, qe de deux douleurs dans diférens endroits du corps la plus forté l'emporte fur la moindre: duobus doloribirs férul obor<: Lis, RON 1m coder loco , Vehementior 6bfcurat alterurm Aphorif. Lib. II. n°.46, Cette maxime eft confirmée par l’expérience journaliers. Une piquure qui caufe une douleur vive fait ceffer le hoquet, &:c. on ne doit donc pas s'étonner , dit M. Whitt , « qu'après la fes » Étion des parties plus /éz/ffbles, les animaux qn’ou- » vroit M. de Haller ne donnaffent aucun figne de » douleur , quand il blefloit des parties qui Pétoient: » MOINS. , Lorfqu’on bleffera le cœur à un chien après avoir ouvert la poitrine, Pirritation de ce vifcere fera tou-. jours moindre , par la plus grande douleur qu'aura, d’abord excitée cetre ouverture. D'ailleurs, ne feroitz il pas néceéflaire, comme on la dèja dit, pour bien confiater lPirritation du tœur, d'appliquer les fimuz lus dans l'intérieur même des ventricules? Et en ce: Cas, pourroit-on compter fur le réfultat d’une expé: rience qui paroït fufceptible de tant d’inconvéniens? La théorie des centres & des tranfports de Paétivité de Pame /enfible, nous a fourni plufieurs autres exeme ples du rique qu'il y a de s’en impofer à foi-même. daus les épreuves fur les animaux ; tel eft celui du nalfaiteur dont nous avons parlé d’après Vanhel mont; l’obfervation d'Hoffinan fur le retour pério- dique des coliques néphrétiques , &c. Bianchi a re- marqué dans fes vivi-fections l'abfence & le retour de la fenfibilté , dans l'intervalle de quelques mo: mens, fur une même partie, @c. La crainte dont les animaux font fufceptibles aufi-bien que les hom- mes , influe fingulierement fur l'exercice de la fenf2 bihté, comme nous Pavons vu. Mais jufqw’où n'iront pas les effets de cette pañfion fous les couteaux d’un difeéteur? Voyez dé contraëkilitare & fenfébilie. thefes aliquot. D. D. Francifto de Bordeu , Monfpeli , &c On doit faire encore la plus grande attention au confenfus de la peau avec les parties internes, &8c à celui de tous les organes entr'eux ; par exemple, fi après avoir irrité les parnies de la répion épigaftri- que, vous portez le /mulus fur une extrémité, où fur une partie quelconque qui peut être du départe- ment de ce centre, la /enfhiliré que la premiere ir Station aura, pour ainfi dire, toute tran{portée dans ce foyer général, ne fauroit fe trouver en affez gran- de aétivité dans la partie que vous irritez en fecond lieu , pour répondre aux agens que vous y em- ployez. Autre exemple du con/érfus ; dans Pouver- ture d’um chien vivant, apres avoir fait plufieursine cifions au diaphragme , on a vu le mefentere fuivre les mouvemens des lambeaux de ce mufcle , 8 s'éle. ver en forme de gerbe, en entraînant le refte des in- teftins qui n’étoient pas fortis par l'ouverture. Foyez l'idée de l'homme phyfique & moral, p.205. Combien d’obfervateurs ont vainement tenté d’irriter le me- fentere faute de cette attention au con/enfus de la par- tie avec le diaphragme ? 6x. L’antagonifme dés pé- rioftes interne &z externe entre eux & avec la peau, les prolongemens, les connexions de la dure-mere avec les tégumens de la tête &c de certains endroits de la face, &c. ne font-ils pas d’une confidération ef- fentielle dans les expériences qui fe font dans la vue de reconnoître Ja fén/tbilisé de ces parties? Ajoutez à ces raifons l’impreffion de l'air externe {ur une par- tie mife entierement à nud, fuivant la méthode que prefcrit M. de Haller, page 108 de fon mémoire, Valtération graduelle qu’elle éprouve dans la diffec- tion par le progrès de la folution de continuité, &e. la différence qu'il doit y avoir entre la /én/fhilisé des animaux 8c celle de Phomme, il fe trouvera qu'il n’y a pas moyen de pofer aucun principe fur de pareilles 4 expériences. L’ulcere fut plus encore fur une pates les SEN 32 ï F5 4! f AE =: e bleflüires ou les déchirures récentes; 1 ef certain ‘que les humeurs viciées d’une vieille plaie où d’une vieille tumeur ,-confidérées dans les diverfes eipeces de dépravation qu’elles peuvent avoit , altéreront confidérablement l’organifation d’un tendon ou de tel autre organe , & des parties adjacentes cotame la peau, le périofte, x. dont le bon état de chacun ) Re LM on Vu contribue , ainfi qu'il eft bien aifé de le penier, à TVexercice de l'ame fenfitive. C’efl comme un pot- fon qui détruit fourdement le tu organique qui conftituoit dans ces parties leur aptitude à la Jenfsoi- dité ; cette altération peut encore moins fe révoquer endoute lorfqu’il y a eu précédemment deseicharres, T1 n’eft donc pas étonnant que Le tendon nefe foit pas trouvé fenfble dans quelques obfervations qu'on a communiquées à M. de Hailer, ou dans celles qu'il peut avoir fait lui-même; & que MM. Zimm & Me- kel aient trouvé la dure-mere inienfible dans un hom- me à qui la carie avoit ouvert le crâne. Nous ne faurions fuivre plus loin M. de Häaller dans le détail de fon fyfième ; M. Whiit a fait pour nous dans l'ouvrage dont nous ayons parlé, & dont nous ne pouvons 1C1 que recommander la lecture. En attendant, ce petit nombre de réflexions pourra faire connoître combien les expériences les mieux faites font infufifantes pour avancer dans la connoiffance d’une matiere,.dont Les objets délicats fe dénaturent ou‘difparoïflent fous la main qui cherche à les travail- ler ; c’eft-là un caraétere de réprobation attaché à toutes les tentatives humaines de ce gente ; parvenu après de grands efforts aux objets qu por tot1- cher le plus immédiatement la nature, l’obferyateur le plus heureux fe trouve savoir que quelques pou- ces de terrein au-deffus des autres, avantage qui-ne peut lui fervir qu’à découvrir une plus grande dif- 13 A tance du point où il eft à celui où il fe flatoit d’être, &c qu'il doit défefpérer de pouvoir jamais atteindre. « Combien de chofes, difoit Séneque, fe meuvent ÿ LA LA 1 » dans les ombres d’un fecret impénétrable , & dont . ' LA » la connoïffance nous fera éternellement dérobée? L. annœi Senece, natur. queft. Lib, VIT. I faut donc. nous contenter de quelques formes fugitives que la nature, comme un Prothée qu'on ne fauroit forcer, veut bien de tems en tems fe laiffer furprendre ; &c celui-là aura vraiment attrapé le but qui réuflira à le mieux faifir. Arricle de M. FOUQUET , doëleur en me decine de la faculté de Montpellier. SENSIBILITÉ, ( Morale.) difpofition tendre & délicate de lame, qui la rend facile à être émue, à être touchée. La fenfcbilisé d’ame, dit très-bien l’auteur des mœurs, donne une forte de fagacité fur les chofes honnêtes, &. va plus loin quela pénétration de l’efprit {eul. Les ames fenfibles peuvent par vivacité tomber dans des fautes que les hommes à procédés ne commettroient pas ; mais elles Pemportent de beaucoup par la quan- tité des biens qu’elles produifent. Les ames fénfibles ont plus d’exiftence que les autres: les biens & les maux fe multiplient à leur égard. La réflexion peut faire l’homme de probité ; mais la Jémfibiliré fait l’homme vertueux. La fezfibilisé eft la mere de lhu- manité , de la générofité; elle fert le mérite, fecourt lefprit, & entraîne la perfuañon à fa fuite. ( D. J.) SENSIBLE , adj. Voyez les articles SENS , SENSA- TION , 6 SENSIBILITÉ. : SENSIBLE , en Mufique , voyez Accor, NoTE SENSIBLE, ( S ) SENSIBLE A L'ÉPERON, ( Maréchall. ) {e dit d’un cheval qui y obéit pour peu qu’il le fente, SENSIBLE, d'arbre, ( Hifi. nat. Botan. ) atbre des Indes orientales, dont le nom vient de ce que fon fruit commence à fauter pour peu qu’on y touche. Il eft furprenant que Gautier Schouten foit le feul vOYa- geur qui ait parlé d’un phénomene fi fingulier, ce qui tenteroit de croire que cet arbre eft fabuleux. SEN SENSILES , f. £ pl. (Marine.)nom que l’on donne en France aux galeres ordinaires., à la différence des plus groffles appelées galeres extraordinaires. (D.J.) SENSITIVE , (Boran. } plante fort connue par [à proprièté qu’elle de donner des fignes de fenfibilité, &t pour ainf dire de vie quand on da touche. On rapporte qu'un philofophe de Malabar et dévenu fou à examiner les fingularités de cette plante , & à en rechercher la caule. Je ne fache pas que cet accident {oit arrivé à aucun de nos phyficiens de l’Europe ; ils font f accoutumés à ces fortes de phénomenes, dif- ficiles à expliquer , qu'après tout celui-ci ne fera ja= mais pour eux qu'un feuillet de plus à ajouter à un grand livre. Tandis que nos dames ont la curiofité. d'aller voir cette merveille végétale dans ies jardins où elle fe trouve, les botaniftes qui la cultivent la caractérifent de la manieré fuivante. % Ses caraëteres. Ses fleurs , ramaflées en têtes , font monopétales, faites en forme d’entonnoir, ordinai= tement munies d’un grand nombre d’étamines dans le centre, Sa filique eft ou fimple, à deux panneaux, & remplie de femences oblongues ; ou compofée de plufieurs, parties unies par des nœuds tranfvertes , dont chacun contient une femence arrondie. Ses feuilles ont un mouvement de fyftole & de diaftole. Elle s'appelle en latin mimofz, frurex Jénfibilis herba viva. On en compte cinq efpeces , qu’on cultive com- munément, Les anciens les nommoient p/rsæ ejchy- zomenæ. Décrivons ici l’efpece ordinaire. Deféription de la fenfitive ordinaire. Elle poufe plu- fieurs tiges ou rameaux, la plûpart rampans & incli- nés vers terre, chargés de feuilles longuettes, polies, étroites à-peu-près comme celles des lentilles, ran- gées de côté & d’autre en ordre ou par paires fur une côte, fe rapprochant l’une de l’autre quand on les touche , comme fi elles avoient de la fenfation. II {ort des aïffeles des feuilles, des pédicules qui fou tiennent chacun un bouquet de fleurs fait en forme d’entonnoir ,incarnates , agréables à la vüe, pouffant de leurs fonds une touffe d’étamines , & une filique à deux panneaux , qui renferme oftdinairement des femences oblongues & plates. Sa racine eft petite. Cette plante merveilleufe méritoit un traité à part par la fingularité de fes phénomenes. Hook en An- gleterre les a le premier examinés avec beaucoup d'attention ; mais fon examen au lieu d'empêcher MM. du Fay & du Hamel d’en faite en France une étude particuliere, les y a invités. Voyez les mém. de l’acad. des Scienc, ann. 1736. Plufieurs plantes; telles que lesacacias , les cafles> les cafles , ont la même difpoñition de feuilles par paires fur une côte , comme à la /enfirive ; elles fer- ment auf leurs feuilles le foir , & les r’ouvrent le matin, comme la fénffrive fait les fiennes. Ce n’eft pas ce mouvement périodique qui fait le merveilleux de la fenférive, 1l lui eft commun avec d’autres plantes ; c’eft ce même mouvement entant qu'il n’eft point périodique & naturel , mais accidentel en quelque {orte , parce qu’on n’a qu'à toucher la J2zffrive pour lui faire fermer fes feuilles, qu’elle rouvre enfuite naturellement. C’eft-là ce qui lui eft particulier, & qui lui a fait donner le nom de #imofa , imitatrice, d’un animal qu’on auroit incommodé ou effrayé en le touchant. Mais ce mouvement eft beaucoup plus confidérable que nous ne difons encore; & ilaun grand nombre de circonftances dignes d'attention. Voici donc les principaux, faits qui attachent nos re- gards fur cette plante. Obférvations détaillées qui la concernent. 1. I] ef difficile de toucher une feuille d'une /erfftive visou- reufe & bien faine, fi légerement & fi délicatement, qu'elle ne le fente pas & ne fe ferme : fa plus groffe nervure étant prife pour fon milieu , c’eft fur ce mi: lieu , comme fur une charmere, que les deux moitiés SEN ‘fémeuvèentén s'approchant lune de l’äutre, jufqu’à ce | ‘qu'elles fe foïent ap phiquées l’une contre l’autre exac- tement. Si l’attouch ement a été un peu fort, la feuille “oppofée & de la même paire, en fait autant pat une efpece de fympathie. 2. Quand une feuille fe ferme , non-feulement fes deux moitiés vont l’une vers Pautre, mais enmême tems Le pédicule de la feuille va vers la côte feuillée d’oùil fort, fait avéc elle un moindre angle qu’il ne faifoit auparavant, & s’en rapproche plus ou moins. Le mouvement total de la feuille eft donc compoié de celui-là & du fien propre. 3. Si l’attouchement a été plus fort, toutes les ‘feuilles de la même côte s’en reflentent & fe ferment. À un plus grand degré de force, la côte elle-même s’en reflent, & fe ferme à fa maniere , c’eft-à-dire fe rapproche du rameau d’où elle fort, Et enfin la force ‘de Fattouchement peut être telle, qu'aux mouve- mens précédens s’ajoutera encore celui par lequel les rameaux fe rapprochent de la grofle branche d’où ils fortent, & toute la plante paroïtra fe vouloir réduire en un fafceau long & étroit, & s’y réduira jufqu’à ‘un certain point. 4. Le mouvement qui fait le plus grand effet, eft une efpece de fecouffe. s. Trois des mouvemens de fa plante fe font fur autant d’articulations fenfibles ; le premier fur Parti- culation du pédicule de la feuille avec la côte feuil- lée ; le fecond fur l'articulation de cette côte avec fon rameau ; le troifieme fur celle du rameau avec fa groffe branche, un quatrieme mouvement, le pre- mier de tous , celui par lequel la feuille fe plie &c fe ferme , doit fe faire aufh fur une efpece d’articulation qui fera au milieu de la feuille, mais fans être auf fenfible que les autres. 6. Ces mouvemens font indépendans les uns des autres, & fi indépendans , que quoiqu'il femble que quand un rameau fe plie ou fe ferme, à plus forte raïifon {es feuilles fe plieront & fe fermeront. Il eft cependant poffible de toucher le rameau fi délicate- ment, que lui feul recevra une impreffion de mouve- ment ; mais il faut de plus que le rameau en fe pliant maille pas porter fes feuilles contre quelqu’autre par- tie de la plante , car dès qu’elles en feroient touchées eîles s’en reffentiroient. 7. Des feuilles entierement fanées & jaunes , ou plütôt blanches & prêtes à mourir, confervent en- core leur fenfbilité, ce qui confirme qu’elle réfide principalement dans les articulations. . 8. Le vent & la pluie font fermer la férffrive, par Pagitation qu'ils lui caufent ; une pluie douce & fine n'y fait rien. 9. Les parties de la plante qui ont reçu du mouve- ment, & quifefont fermées chacune à fa maniere, {e _rouvrent enfuite d’elles-mêmes , & fe rétabliffent dans leur premiér état. Le tems néceflaire pour ce réta- -bliflement eft inégal , fuivant différentes circonftan- ces , la vigueur de la plante, la {afon , l'heure du jour : quelquefois 1l faut 30 minutes , quelquefois inoins de 10. L'ordre dans lequel fe fait le rétablife- ment , varie aufh ; quelquefois il commence par lés feuilles ou les côtes feuillées ; quelquefois par les ra- meaux , bien entendu qu’alors toute la plante a étéen mouvement, 10. Si l’on veut fe faire une idée ; quoique fort vague & fortfuperficielle, de fa caufe des mouvemens .quenousavons décrits,ilparoïtra qu’ils s’exécutent fur des efpeces de charnieres très-déliées, qui communi- -quent enfemble par des petites cordes extrèmementf- nes, quilestirent êc les font jouer dès qu’elles font fuff: famment ébranlées ; & ce quile confirme aflez, c’eft que des feuilles fanées & prêtes à mourir, font en- core fenfbles ; elles n’ont plus de fucnourricier, plus de parenchime, plus de chair, mais elles ont confer- Vé leur charpente folide, ce petit appareil, & cette SEN 53 difpofitionparticuliere des cordageéqui fait tout le jeu, 11. Ces mouvemens que nous avons appellés acczs dentels parce qu'ils peuvent être imprimés à la planté pat une caufe étrangere-vifble, ne laiffent pas d’être naturels aufi, comme nous Pavons dit d’abord; ils ac- compagnent celui par lequel elle fe ferme naturelle- ment le foir, & fe r’ouvre le matin, mais ils font ordi- hairement plus foibles que quand ils font accidentels. La caufe étrangere peut être dès qu’elle le veut, &c eft | prefque toujours plus forte que la caufe naturelle. Nous allons rapporter maintenant les principales circonftances du mouvement total naturel de la /ez/£- tive, | | 12. Il a été dit dans lhiffoire de Pacadémie des Scien- ces , année 1 729, que dans un lieu obfcur & d’une température aflez uniforme , la Jérfétive ne laïfle pas d'avoir le mouvement périodique de fe fermerle {oir, &c de fe rouvrir le matin. Cela n’eft pas conforme aux obfervations de MM. du Fay & du Hamel. Un pot de /enfrrive étant porté au mois d’Août dans une ave plus obfcure , & d’une température plus égale que le lieu des obfervations de 1739, la plante {e ferma à la vérité, mais ce fut , felon toutes apparen- ces, par le mouvement du tranfport , elle fe r’ouvrit le lendemain au bout de 24 heures à-peu-près , & demeura près de trois jours continuellement ouverte, quoiqu’un peu moins que dans fon état naturel. Ellé fut rapportée à Pair libre , où elle fe tint encore ou- vette pendant la premiere nuit qu’elle y pañla , après quoi elle fe remit dans fa regle ordinaire, fans avoir êté aucunement affoiblie par le tems de ce déréole- ment forcé, fans avoir été pendant tout ce tems-là que très-peu moins fenfble. 13. De cette expérience , qui n’a pas été la feule’; il fuit que ce n’eft pas la clarté du Jour qui ouvre la Jenfiave, m1 Pobfcurité de la nuit qui la ferme: ce ne font pas non plus le chaud & le froid alternatifs du jour & de la nuit ; elle fe ferme pendant des nuits plus chaudes que les jours où elle avoit été ouverte. Dans un lieu qu’on aura fort échaufié , & où le thermome- tre apporté de dehors hauffe très-promptement & d’un grand nombre de degrés, elle ne s’en ferme pas plus tard qu’elle n’eût fait à Pair libre , peut-être mé- me plütôt : d’où l’on pourroit foupçonner que c’eft le grand & foudain changement de température d’air qui agit fur elle ; & ce qui aideroit à le croire , c’eft que fi on leve une cloche de verre, où elle étoir bien expofée au foleil & bien échauftée , elle fe ferme prefque dans le moment à un air moins chaud, 14. Cependantil faut que le chaud & le froid con- tribuent de quelque chofe par eux-mêmes à fon mouvement alternatif ; elle eft certainement moins fenfible ; plus pareffeufe en hiver qu’en été; elle fe reffent de l’hiver même dans de bonnes ferres , où elle fait {es fonétions avec moins de vivacité. 15. Le grand chaud, celui de midi des jours bien ardens; lur fait prefque le même effet que .le froid ; ellefe ferme ordinairement un peu. Le bon temspour Pobferver eft fur les neuf heures du matin d’un jour bien chaud, & le foleil étant un peu couvert. . 16. Un rameau coupé & détaché de la plante; continue encore à fe fermer, foit quand on le tou- che, foit à l'approche de la nuit ; 1l fe rouvre enfui- te. Il a quelque analogie avec ces parties d'animaux retranchées qui fe meuvent encore. Il confervera plus long-tems fa vie, s’il trempe dans Peau par un bout. à Mr à . 17. La nuit lorfque la fénfirive eft fermée, & qu'il n’y a que fes feuilles qui le foient, fi on les touche; les côtes feuillées &c les rameaux fe ferment ; fe plient comme ils euflent fait pendant le jour, & quelquefois avec plus de force. | | 18. Il nimporteavec quel corps on touche la plan- te, il y a dans les articulations des feuilles un petit endroit, reconnoïffable à fa couleur blanchâtre, où 4 SEN il paroît que réfide fa plus grande fenfbilité. 19. La fenfitive plongée dans Peau, ferme fes feuil- les & par l’attouchement, & par le froid de l'eau: En- fuite elle Les rouvre, &t fi en cet état on les touche, elles fe reférmént, comme elles euflent fait à l'air; mais non pas avec tant de vivacité, Il en va de même des rameaux. Du jour au lendemain la plante fe ré- tablit dans le même état que fi elle n’avoit pas èté tirée de fon élément naturel. 20. $1 on brûle ou avec une bougie, où avecun miroir ardent, ou avec une pince chaude, l’extré- mité d'une feuille, elle fe ferme aufhtôr, & dans le même moment fon oppofée ; après quoi toute la cô= te feuillée, & les autres côtes , même le rameau, & même les autres rameaux de la branche en font au- tant , l’impreflion de la brûlure a été aflez forte, & felon qu’elle l’a été plus ou moins : cela marque une communication, une correfpondance bien fine &t bien étroite entre les parties de la plante. On pour- roit croire que la chaleur les a toutes frappées; mais on peut faire enforte qu’elle ne frappe que l’extrémi- té de la feuille brûlée : on fera pañler l’a&tion du feu par un petit trou étroit d’une plaque folde, qui en garantira tout le refte de la plante, & l'effet fera pref- que entierement le même. _ 21. Une goutte d’eau-forte étant mife fur une feuille ,aflez adroïitement pour ne la pas ébranler, la Jenjitive ne s’en apperçoit point, jufqu’à ce que l’eau- forte ait commencé à ronger la feuille ; alors toutes elles du rameau fe ferment. La vapeur du foufre brülant fait dans le moment cet effet fur un grand nombre de feuilles, felon qu’elles y font plus ou moins expofées. La plante ne paroït pas avoir fouf- fert de cette expérience. Une bouteille d’efprit de vitriol très-fulphureux & très-volatil, placée fous une branche, na caufé aucun mouvement. {l n’y en a eu non plus aucune altération à la plante, quand les feuilles ont été frottées d’efprit de vin; ni même quand elles l’ont été d’huile d’ansande douce , auoi- que cette huile agifle f fortement fur plufeurs plan- tes, qu'elle les fait porir. 22, Un rameau dont on avoit coupé, mais avec la dextérité requife, les trois quarts du diametre, ne laiffa pas de faire fur le champ fon jeu ordinaire; il fe plia, es feuilles fe fermerent & puis fe rouvrirent , &c il conferva dans la fuite toute fa fenfibihité. Il eft pourtant dificile de concevoir qu’une fi grande blef- ure ne lui ait point fait de mal. 23. Lorfqu’on coupe une grofle branche de /erfi- | sive , avec un camif tranchant & bien poli, la lame refte teinte d’une tache rouge qui s’en va facilement à Peau, & qui eft âcre fur la langue. Cette liqueur blanchit en féchant, 8c s'épaiflit en forme de muci- lage. M. Hook rapporte que fi lon arrache une bran- che de Jinfirive lorfque les feuilles font fermées, 1l ne fort point de liqueur par la partie arrachée ; mais que fi on larrache adroitement fans faire fermer les feuilles, il en fort une goutte. MM. du Fay & au Ha- mel ont fait cette expérience avec foin ; mais il leur a paru que la goutte de liqueur fortoit toujours, foit que les feuilles fuflent ouvertes ou fermées iorfque l’on coupe ou que l’on arrache la branche; cepen- dant ce qui eft arrivé dans le cas rapporté par M. Hook, dépend peut-être de quelque autre circonftan- ce, comme de la groffeur de la branche, ou du plus ou moins de vigueur de la plante; d’ailleurs cette ex- périence n’eft pas facile à exécuter, parce qu’il faut ufer de beaucoup de précautions, pour couper ou arracher une branche fans faire fermer les feuilles. 24. La vapeur de l’eau bouillante dirigée fous les bouts des feuilles , fait le même effet que fi on les brüloit, ou f on les coupoit; mais fon effet s'étend fur toutes les feuilles vorfines, & elles font engour- ies pendant plufieurs heures , & même ne fe rou- rent pas entierement du refte de la journée, SEN 35: La tranfpiration de la plante empêchée ou di- minuée par une cloche de verre, dont elle fera cou- verte, ne nuit pointàäfonmouvement périodique. 26. Il eft troublé, déreplé par le vuide de la ma- chine pneumatique, mais non pas anéanti; a plante tombe en lanoueur, comme toute autre y tomberoit. Explications imaginées de fes phénomènes. Tels{ont les faits réfultans des obfervations faites en France fur la fénffrive : on a tenté‘de les expliquer fans Les connoître, & cela r’eftnirare ni nouveau. M.Parent ditque ce font des mouvemens convul- fifs; il imagine qu'il y a dans cette plante un fluide très-fubtil comme desefprits | que limpreflion reçue de dehors agite plus qu’à Pordinaire, & détermine à couler plus abondamment dans certains canaux. Mais cette idée n’approfondit rien, &c n’eft qu’un jeu d’efprit. | Miller a recours à la ffruure des fibres, desnerfs, des valvules & des pores de la plante. Son explica- tion plait, parce qu’elle paroit méchanique; cepen- dant dans l’expofñtion, elle eft fi confufe & fi chargée d’autres fuppoñtions , que je n’ai pas le courage de es détailler. D'ailleurs 1l eft certain que toutes les explicationsnepeuvent être qu'imparfaires &z fauf- fes, fi elles nefont auparavant appuyées fur la con- noïffance des faits & des expériences multipliées. MM. Hook, du Fay & du Hamel, ont montré l’e- xemple, ils fe font attachés à l’'obfervation des phéno- mènes de la fenfitive; mais il yen a peut-être d’autres aufh importantes qui leur ont échappé, & qui nous font encore inconnus. Enfin quand or les connoitra tous, les expliquera-t-on ? De la culinre de cesse plante. En attendant lévé- nement, cette plante par fa fingularité mérite, plus qu'aucune autre, d’être cultivée dans les jardins des curieux ; & voici laméthodede s’y prendre, avec des remarques particulieres fur la plupart de fes efpeces. Les fenfitives fe multiplient toures de graines, qui doivent être femées {ur couche de bonne heure au printems ; & quand elles ont pouffé, être tranfplan- tées dans de petits pots remplis de bonne terre lépe- re. Onplongera ces pots dans un lit chaud préparé, &c Po aura foin d’arrofer & d’abrier les plantes; juf- qu'à ce qu’elles aient pris racine. Alors on les arrc- fera plus fouvent, & l’on leur donnera de Pair à pro- portion de la chaleur de la faifon. On obfervera tou- jours de leur conferver une bonne chaleur, & de couvrir les verres tous les foirs avec des nattes, ce qui contribuera fort à laccroifflement de ces plantes. De cette maniere dans l’efpace d’un mois, leurs racines remphront les pots; c’eft pourquoi il faudra les tranfplanter dans de plus grands, en faïfant fortir les plantes par fecoufles des petits pots où elles étoient, avec la terre qui fe trouvera attachée à leurs racines. On continuera de lestenir dans un lit chaud, de les arrofer, & de leur donner de Pair à propor- tion que la faïfon deviendra plus chaude ; maisil re faut pas Les expofer trop long-tems à l'air , parce qu'il détruiroit leur qualité fenfitive. La premiere des efpeces dont nous avons parlé, étant ainf foignée, croîtra dans le terme d’une faïfon, à 8 ou o piés de haut, & produira abondance de fleurs; mais fa graine vient rarement en maturité, excepté que l'automne ne foit chaude; & comme cette efpece eft plus délicate que les autres, on a de la peine à la conferver pendant l'hiver. La feconde efpece, mimofa humilis, fpinofn , fru- cefcens, eft beaucoup plus petite, s’élevant rarement au-deflus de deux piés de haut; maïselle eft épineu- fe , & pouffe plufieurs rameaux. Elle fubfifte 2 ou 3 ans’, fon la tient dansune bonne ferre, & produit coutumierement des graines chaque année: c’eft la plus commune dans les jardins de France & d’Angle- terre, la plus facile à conferver , 8 la plus abondante en graines, Lätroifieme efpece, r2%0/2 fpinis horridifenta a des feuilles larges & eft armée d’épines pointues; elle s'élève à la hauteur de $ ou 6 piés , poufle des tigestrès-déliées, Elle graine rarement dans nos pays. ._ La quatrieme efpece, mimofà latifolia, paroît être de toutes la plus fenfible. Elle refflemble à la troifie- me, excepte qu'elle eft plus droite, qu’elle a moins d’épines & qu'elle produit des fleurs d’une couleur différente, On apporte fouvent de fa graine en An- oleterre de Pile des Barbades, d’où l’on juge que c’eft l'efpece la plus commune de tout ce pays-là. M . La Ginquieme efpece , mimofa fpuria, iralica dite : n'eft cultivée dans les jardins que pour l'amour de la variété, car elle eft moins eflimée que les autres, parce qu’elle n’a aucun mouvement de contraétion quand onlatouche. A Up 19 On croyoit autrefois que ces plantes étoient an: nuellés , parce qu’elles périfloient à l’approche de l'hiver; mais depuis l'invention des lits de tan & des ferres, la plupart de ces efpeces fe confervent fort bien deux ou trois ans, & produifent des femen- ces. La ferre dans laquelle on mettra ces plantes en hi- ver ; doit être graduée à la chaleur des ananas; on les arrofera fréquemment, maïs en petite quantité d’une eau un peutiede. On aura encore foin d’émonder tou- tes les feuilles flêtries , qui ne feroient que fervir de nid aux infeêtes, &c porter préjudice, Si l'on manque de ferres pour confervef ces plan- tes pendant l’hiver, 1l faut en élever chaque année de graine, &t les tenir dans un lit chaud, où elles fub- fifleront jufqu’au froid de l'automne ; ainf que divers particuliers le pratiquent. Des fenftives érangeres, Ce font [à les fenffcives les plus communes qu’on cultive en Europe. Il yen a beaucoup d’autres efpeces dans les Indes orientales & en Amérique, que nous ne connoiflons point. Les voyageurs difent qu'à Toqué près dé Panama, on en trouve des champs couverts. ; …Chriftophle de la Cofte (Chrifflophorus à Cofla), décrit dans ion Traité des drogues d'Amérique , une et- ece de férfriivé rampante, qui s'appuie fur les ar- Doux &x fur les murailles voifines; {a tige eft me- nue , prefque ronde, d’une belie couleur verte, par- femée par intervalles de petites épines piquantes; fes feuilles d’en-haut reflemblent à cellesde la fougere femelle, êz ont Podeur &c le soût de la réghiffe ; fa ra- cine eft longue. Cette fez/rive croît dans les jardins, aux lieux humides & pierreux. | On parle d’une autre efpece de fénfliive des Indes orientales beaucoup plus curieufe, & que les Mala- bares appellent rodda-vaddi, Elle eft auf fenfible au toucher que les mimofes qui le fontle plus; mais au- lieu que toutes les autres ferment leurs feuilles en- defius, c’eft-à-dire en élevant Les deux moitiés de chaque feuille pour les appliquer l’une contre l’au: tre, celle-ci les ferme en-deflous. Si lorfqw’elles font dans leur poñtion otbiculaire, on les releve un peu avec les doigts pour les regarder de ce côté-là, elles fe ferment aufii-tôt malgré qu'on en ait, & cac chent ce qu’on vouloit voir. Elles en font autant au coucher du foleil; &t 1l femble que la plante fe pré- pare à dormir: auf eft-elle appellée tantôt dormeufe, tantôt chafle Mais outre ces noms quilui conviennent aifez, on lui a donné quantité de vertus imaginaires; &t iln’étoit guere pofhble que des peuples ignorans s'en difpenfaffent. | Lesyertus médicinalés de la fenfitive font imaginaires. Quelques-unsmémedenos médecins, parl’admiration qu'ils portoient à notre férfrive, lui ont attribué les qualités de calmer la toux, d’éclaircir la voix, de mi- tiger les douleurs des reins ; que ne lui doñnoient-ls plutôt la vertude confolider les plaies, d'arrêter les hémorrhagies, de guérir les convulfons ? Chimetes SEN ‘5 pou chiméres , ces dernieres étoient plus attfayan- tes, & plus analogues aux phénomènes de la mimofes (Le chèvalier DE JATcOURT. ) SENSORIUM, 1. m. le fégse du fens éommun: C'eit cet endroit ou cetre partie où l’on fuppofe qué lame fenfible réfide le plus immédiatement, Voyez ÂME & SENS RnA On fuppofé que le fiége du fens commun doit être cette partié du cerveau où les nerfs de tous les or ganes du fentiment viennent aboutir, On tombe d'accord généralement quec’eft vers le commence- ment de la-moëlle alongée. Defcartes prétend que ce fige eft dans le conarion ou glande pinéale, Voyez CONARION. | M. Newton repréfente le férforium des animaux comme une place à laquelle viennent fe rendre les efpeces fenfbles des chofes, apportées par les nerfs 62 le cerveau, afin que l'ame les puiffe appercevoir par leur préfence immédiate. Les organes du fenti: ment ne font pas capables de faire äppercevoir à Pamé Les efpeces des chofes dans fon Jenforium à ils ne peuvent fervir qu’à les y apporter. 77 0yez SENS G ORGANE. Ce grand homme regarde l’univers comme le Jos Jortum de la divinité. Foyez Dieu, Univers j NATURE, &c. | SENSOULTE,, f. m. (Æiff. nat.) oifeau du Méxi: que & de la nouvelle Efpagne, Il eft A-peu-près dé la groffeur d’une grive. Son plumage eft fort écla: tant; il eft d’un gris-cendré très :luifant ; orné de taches blanches ; fort régulieres für les ailes & fur la queue; fon chant eft très:agréable, comme Vans nonce fon nom indien qui fignifie cinq cons voix. SENSUALITÉ, £. f. (Morale.) La plupart des ob- jets qui flattent f fort nos fens, nous enchantent MOINS par eux-mêmes, que par labizarrerie des cou: leurs que leur prête lPimagination; mais le désoût eft fi près de la jouiffance! c’eft une fleur dont le parfum s’évapore, & dont l’éciat s'éteint fous la main qui la cueille. (D. 7.) SENTENCE, (An orar.) le mot de fensentid chez les anciens latins, fignifioit tout ce que l’on à dans lame, tout ce que lon penfe : outre qu'il eft pris le plus fouvent en ce fens dans les orateurs j nous Yoyons encore des reftes de cette premiere fignification dans lufäge ordinaire ; car f nous afir: mons quelque chofe avec ferment, ou fi nous féli: citons quelqu'un d’un heureux fuccès, nous em- ployons ce terme en latin ex arzimi Jententi&, pouf marquer que nous parlons fincèrement & {elon no: îte penfée, Cependant le mot de /érfa étoit auf employé aflez communément dans le même fens, Pour celui de enfus, je croi qu'il étoit iniquemenf affecté au cotps ; mais l’ufage a changé, Les concep- tions de l'efprit font préfentement appelées Jenfus à êc nous avons donné le nom de /errentie à ces pen- {es ingénieufes 8 brillantes que l’on afede par: ticulierement de placer à la fin d’une période par un goût particulier à notre fiecle, Autrefois on en étoit MOINS Curieux; aujourd’hui on s’y livre avec excès ët fans bornes, C’eft pourquoi je croi devoir en dif tinguer les différentes efpeces, & dire quelque chofe e l’ufage qu'on en peut faire. Les penfces brillantes ou folides les plus connues de lantiquité, font celles que les Grecs & les Latins appellent proprement des féntences, Encore que le mot de /eztentia foit un nom générique, il convient néanmoins plus particulierement À celles-ci ; parce qu’elles font regardées comme autant de confeils, OU pour mieux dire, comme autant d’arrêts en fait de mœurs. Je définis donc une férreñce, une pen- f£e morale qui eft univerfellement vraie & loua: blé,-même hots du fujet auquel on l’appliques Fantôt elle fe rapporte feulerment à une chofe, com 56 SEN me celle-ci: « Rien ne gagne tant les cœurs: que » la bonté ». Et tantôt à une perfonne, comme cette autre de Domitius Afer : « Un prince qui veut tout » connoître, eft dans la néceffité de pardonner bien » des chofes ». Quelques-uns ont dit que la Jérence étoit une partie de l’enthymème; d’autres que c’étoit le com- mencement ou le couronnement & la fin de l’épi- cherème, ce qui eft vrai quelquefois, mais non pas toujours. Sans m’arrêter à ces minuties, je diftingue trois fortes de féntences ; les unes fimples, comme celle que jai rapporté la premiere; les autres qui contiennent la raïfon de ce qu’elles difent, comme celle-ci, « Dans toutes les querelles, le plus fort, » encore qu'il foit l’offen{é, paroiït toujours loffen- » feur, par cette raïfon même qu’il eft le plus fort ». Les autres doubles où compofées, comme: » la com- » plaifance nous fait des amis, & la franchife des » ennemis. | Il y a des auteurs qui en comptent jufqu’à dix fortes, fur ce principe qu’on peut les énoncer par interrogation, par comparaifon, par admiration, par fimilitude, é’c. Mais en fuivant ce principe, il en faudroit admettre un nombre encore plus confidéra- ble, puifque toutes les figures peuvent fervir à les exprimer. Un genre des plus remarquables, eft celui qui naît de la diverfité de deux chofes, par exemple: # la mort n’eft point un mal, mais les approches de » la mort font fâcheufes ». Quelquefois on énonce une /entence d'une maniere fimple & direéte, comme : « l’avare manque autant de ce qu’il a que de ce qu'il » n'a pas »; & quelquefois par une figure, ce qui ui donne encore plus de force. Par exemple, quand je dis:» Eft-ce donc un fi grand mal que de mourir ? On fent bien que cette penfée eft plus forte, que fi je difois tout fimplement: « la mort n’eft point un » mal. Il en eft de même quand une penfée vague & oé- nérale devient propre & particuliere par l’applica- tion que l’on en fait. Ainf, au lieu de dire en géné- ral: « Il eft plus aifé de perdre un homme que de le » fauver». Médée s'exprime plus vivement dans Ovide, en difant : Moz qui l'ai pu fauver, je ne le pourrai perdre ? Cicéron applique ces fortes de penfées À la per- fonne , par un tour encore plus régulier, quand il dit : « Pouvoir fauver des malheureux, comme vous » le pouvez, c’eft ce qu'il y a, Céfar, & de plus # grand dans le haut degré d’élevation où vous êtes, » &t de meilleur parmi les excellentes qualités que » nous admirons en vous »; car 1l attribue à la per- fonne de Céfar ce qui femble appartenir aux chofes. ‘Quant à Pufage de ces efpeces de /éxrences , ce qu'il y faut obferver , c’eft qu’elles ne foient ni trop fré- quentes, n1 vifiblement faufles , comme il arrive quand on s’imagine pouvoir les employer indiffé- remment par-tout; Ou quand on regarde comme in- dubitable tout ce qui paroît favonifer notre caufe. C’eft enfin , de prendre garde fi elles ont bonne grace dans notre bouche ; car il ne convient pas à tout le monde de parler par Jentences. Il faut que l’impor- tance des chofes foit foutenue de l'autorité de la perfonne. Toutes ces judicieufes réflexions font de Quintihen. Cicéron dans fon dialogue des orateurs, a auf donné plufieurs regles fur les fércences. Il {eroit trop lon de les répéter ; outre qu’en géneral, il eft établi que les plus courtes fésrences plaifent ie plus ; cependant celle-ci, quoique longue, a paru à des critiques digne d’être propofée pour exemple : Lucaïn s’arrète dans la rapidité de fa narration fur l'erreur des Gaulois qui * croyoient que les ames ne fortoient d’un corps, que pour rentrer dans un autre, & dit, {elon la traduc- äon de M, de Brebeuf: SEN Officieux menfonge , agréable impoflure ! La frayeur de la mort, des jrayeurs la plus dure, Na jamais fait pälir ces fieres nations Qui trouvent leur repos dans leurs illufions ; De-la naît dans leur cœur cette bouillante envie, D'affronter une mort qui donne une autre vie, De braver les périls, de chercher les combats, ‘Où l’on fe vois renaître au milieu des rrépas. (D. TI.) . SENTENCE, (Poëfie épiq.) Voici quelques regles à obferver fur les fensences dans l'épopée. Il faut les placer dans la bouche des aéteurs pour faire plus d'impreflion. Elles doivent être clair-femées, & telles qu’elles paroïffent naître indifpenfablement de la fituation. Il faut qu’elles foient courtes , générales 8 intéreffantes pour les mœurs. Elles doivent être courtes, fans quoi elles dégénerent en traité de morale , & font languiffantes. Elles doivent être gé- nérales, parce que fans cela, elles ne font pas inf truéthives, & n’ont de vérité & d'application que dans des cas particuliers. Elles doivent intéreffer les mœurs ; ce qui exclud toutes les regles, toutes Les maximes qui concernent les fciences & les arts. En- fin, 1l faut que la fencence convienne dans la bouche de celui qui la débite, & foit conforme à fon carac- tere. L’Ariofte a fur-tout péché dans fes /entences mo- rales , qu'il fait débiter à-tort & à travers par fon héros. (D. J.) SENTENCE , ( Listérar, ) les Grecs avoient grand foin de faire apprendre à leurs enfans les fésences des poëtes, & cette coutume étoit fort ancienne dans la Grece. Céfar aflure que la même chofe fe pratiquoit dans les Gaules. Les jeunes gens tiroient de cette forte d'étude, trois avantages confidérables, elle exerçoit la mémoire, ornoit l'efprit , & formoit le cœur ; ce dernier avantage étoit celui qu’on avoit principalement en vue; on vouloitinfpirer de bonne . heure à la jeunefle , la haine du vice, & Pamour de la vertu ; rien n’étoit plus propre à produire cet ef- fet, que les /értences repandues dans les ouvrages des poëtes Grecs. C’eft une vérité dont on convien- dra , pour peu que Pon connoïffe les écrits de So- phocle, d’Euripide, de Ménandre ; d’Ariftophane ; de Pindare, d'Héfiode, & d’'Homere. Je ne crains point de dire que dans les Jersences dont ces beaux génies ont embelli leurs poemes , les fouverains & les fujets, les peres & les enfans , lesmaïîtres & les ferviteurs, les riches ôt les pauvres, & généralement tous les états de la vie , peuvent trouver de quoi s’inftruire de leurs devoirs. Quelques poëtes avoient fait auf des ouvrages purement enomiques, c’eft-ä-dire, entierement tiflus de fentences. Tels étoient le poëme moral des Théog- nis, les inftruétions de Phocylide, Les vers d'orqu'on attribue communément à Pithagore, &c. On fait que lés anciens rhéteurs entendoient par Jéntence | une maxime qui renferme quelque vérité morale, & qu’ils en diftinguoient de pluñeurs fortes. Aphtone remarque qu'il y a des /eztences qui exhor- tent, d’autres qui détournent , & d’autres qui ne font fimplement qu’expofer une vérité; ily en a, continue-t-1l, de fimples, de compofées, de vraiflem- blables , devraies, d’hyperboliques; en voici quel- ques exemples uniquement tirés des poëtes, carilne: s’agit pas 1c1 desrhéteurs. | Sentence qui exhorte. « Il eft bon d'engager un hôte » à demeurer avec nous, par la bonne réception, » & lui laïfler pourtant fa liberté fur fon départ. » Oif. O. Sentence qui détourne, » ne faut pas qu’un homme » d'état pañfe lesnuitsentieres à dormir.» [/iud. B. Sentence & expofition d’une vérité. « Il faut des fonds » pour la guerre , fans quoi tous Les projets, les me- » fures, SEEN » fures , &c les précautions, deviennent inutiles, » Olyat. 3. Ca * Sentence fimple, « Le meilleur de tous les ‘préfages # c’eft de combattre pour la patrie ». Liad, à, Sentence compofée. « Le pouvoir fouverain ne peut » Être partagé : qu'il n’y ait qu'un maître & qu'un » roi». liad, B. Sentence vraiffemblable. « On eft tel que ceux qu’on » fréquente». ÆEwripide. | Sentence vrate. « Nul homme ne peut être parfai= » tement heureux dans cette vie». Æéfode. Sentence hyperbolique. « La terre ne produit rien » de plus foible que homme ». Odyff A. Cette divifion qu’on a fait des fenrences | n’eft point exaête ; mais on a eu raïfon de faire lireles poë- tes de mérite à la jeunefle, Nous avonsfoin, dit So- lon à Anacharfis , d’éveiller d’abord lefpritdes jeu- nes gens, par l'étude de la géométrie , après leur avoir appris à lire & à écrire, & nous l’adoucifions par la mufique ; enfuite nous les portons à l'amour de la vertu par la leéture des poëtes , où voyant les paroles &r les aétions des grands perfonnages, le de- üir de leur reffembler échautfe leur ame : car la poé- fie a des charmes particuliers qui attachent l’efprit, & qui impriment les belles chofes dans la mémoire & dans le cœur. (2.7) SENTENCE,, (Jurifprud.) eft le jugement querend un juge non-fouverain ; fur une caufe, inftance , OU procès. | | Le juge prononce la féztence , le greffier la rédige . par écrit, & en délivre des expéditions aux parties, Une Jénrence d'audience n'a que deux parties , favoir les qualités &t le difpofitif; celle de rapport a de plus le vi de pieces qui efl entre les qualités & le difpoñtif, Voyez Disposrrir & QUALITÉ. L'appel d’une fértence en fufpénd l'exécution, à moins qu’elle ne foit exécutoire par provifion ; au- quel cas le juge fupérieur peut, s’il y a lieu, accor- der des défenfes d'exécuter la fénence. V. oyez APPEL, DÉFENSE, EXÉCUTION PROVISOIRE, Sentence arbitrale , eft celle qui eft rendue par un ou plufieurs arbitres. Foyez ARBITRE. Sentente d'audience, eft celle que le juge rend fur une caufe , & qu'il prononce à l’audience. Sentence contradidloire, eft celle qui eft rendue fur la plaidoirie refpetive des parties, ou dé leurs dé- fenfeurs. Sentence par defaut, eft celle qui eft donnée contre une partie qui ne comparoït point, ou qui refufe de défendre , ou quine {e préfente pas pour plaider. Sentence définitive, ef celle qui décide le fond des conteftations. Seruence fur déliberé | eff celle qui eft rendue fur une affaire d'audience, après que le juge ena dé- liberé, Sentence par forclufion, Voyez FORCLUSION. Sentence Interlocutoire | eft celle qui avant faire droit fur le fond, ordonne quelque chofe de préa- lable. Sentence au premier où au fecond chef de l'édir, eft celle qui eft rendue dans un préfidial, & qui juge une caufe dont l’objet n’excede pas le premiet ou le fecond chef de l'édit des préfidiaux. Foyez PRésr- DIAL , EDIT DES PRÉSIDIAUX. Sentence préparatoire , eft celle qui ordonne quel- ques infiruétions , avant d’en venir au fond ; comme de fatisfaire à des exceptions, de fournir des défen- fes, Éc. | Sentence préfidiale, eft celle qui eft rendue par un ptéfidial , & fingulierement celle qui y eft rendue au fecond chef de l’édit des préfidiaux ; on l’appelle ainfi pour la diffinguer de celle qui eft rendue au rs chef, où le préfidial prononce par jugement ermer. _ Tome XV. SUEMN ‘4? Sentence provifoire, eft celle qui ordonné quelque chofe qui doit s’exécuter par provifon, … Sentence de rappors, eft celle qui eftrendue furune inftruétion par écrit , & fur le rapport qu’un des ju- ges en fait en préfence des autres. Voyez APPoin- TEMENT, PROCÈS , RAPPORTEUR. (4) d SENTENE , f. £ ( Commerce de fils.) c’eft l'endroit par où l’on commence à dévider un écheveau; ce ui fait la Jéntere , font les deux bouts de fil liés en- bte ët tortillés für Pécheveau. (D. 7) SENTENTIEUX , adj. ( Gram. ) qui eft plein de fentences, Il fe dit des perfonries 8&c des chofes ; c’eft un home Jerrentieux } le trait eft fententieux ; le ton Jéntentieux eft la cognée de la converfation, SENTEUR , £ £. ( Gram. ) fynonyme à odeurs mais odeur fe peut prendre en bonrie & en mauvaife part, au lieu qu’il me femble que fezeur fe prend tou jours en bonne ; quand on dit des fézteurs, on fous- entend boares, de même lorfqu’on dit des eaux de Jenteur. | SENTICE , ( Géog. añc. ) contrée de la Macédoi= ne : Tite-Live , qui en parle, Z IF. c. ue. donne à la ville d'Héraclée , qui y étoit fituée, le furnomde Sentice, Célar, civ. L. III. & Pline, 2. 17, é. x. écti: vent Sirsica : les habitans de cette contrée font les Sintt, Sir, de Thucydide, Z. /I. p. 169. ( D. J.) SENTIERS , Lm. pl. (Jardin. ) Ce font , dans les parterrés, de petits chemins paralleles, quien divi- fent les compartimens, & qui ont ordinairement la largeur de la moitié des platebandes, On appelle aufñ feriers | des petits chemins droits ou obliques, qui féparent des héritages à la cam- pagne. (D. J,) SENTIH , ( Géog. anc. ) peuple de la Gaule nar- bonnoife; Ptolomée, Z. IL. c. x. leur donne la ville de Dinia, qu'il marque dans les terres. Ce font les habitans du diocèfe de Die, (2. J.) SENTIMENT , AVIS, OPINION, ( Syronym. ) 1l y a un fens général,qui rend ces mots fynonymes , lorfqu'l eft queftion de confeiller ou de juger ; mais le premier a plus de rapport à la délibération, on dit fon fertimens ; le fecond en a davantage À la décifion, on donne fon avis ; le troifieme en a uñ particulier À la formalité de judicature , on va aux opinions. Le /entiment emporte toujours dans fon idée celle de fincérité, c’eft-à-direune conformité avec ce qu’on croit intérieurement, L’avis ne fuppofe pas rigou- reufement cette fincérité , il n’eft précifément qu’un témoignage en faveur d’un parti. L’opirion renferme l’idée d’un fuffrage donné en concours de pluralité de voix. Il peut y avoir des occafions où un juge foit obli- gé de donner fon avis contre fon /énrimenr, & de le conformer aux opirions de fa compagnie. Girard, | (D.J) SENTIMENT INTIME, ( Méraphyfq.) Le fentiment intime que chacun de nous a de fa propre exiftence, & de ce qu'il éprouve en lui-même, c’eft la premie- re fource & le premier principe de toute vérité dont nous foyons fufceptibles. Il n’en eft point de plusim- médiat, pour nous convaincre que l’objet de notre penfée exifte aufli réellement que’notre penfée mê- me, puifque cet objet & nôtre penfée, &z le ezri- ment intime que nous en avons, ne font réellement que nous mêmes qui penfons, qui exiftons, & quien avons le féntimenr. Tout ce qu’on voudroit dire, afin de prouver ce point ou de léclaircir davantage, ne feroit que Pobfcurcir : de même que fi l’on vouloit trouver quelque chofe de plus clair que la lumiere, êt aller au-delà , on ne trouveroit plus que ténebres, Il faut nécefairement demeurer à cette premiere reple qui fe difcernepar elle-même dansle plus grand jour , & qui pour cette raifon s’appelle évidence aw fuprème degré. Les fceptiques auroient beau objec- 58 SE N ter qu'ils doutent s'ils exiftent : ce feroit perdrele tems que de s’amufer à leur faire fentir leur folie, &x de leur dire que s'ils doutent de tout , :l eft donc vrai qu'ils exiftent, puifqu’on ne peut douter fans exifter. Il fera toujours en leur pouvoir de fe retran- cher dans un verbiage ridicule, 8 où il feroit égale- ment ridicule d'entreprendre de les forcer. Quoiqu'on ne donne pas de nos jours dans un pytrhouifme fi univerfel , & de là fi extravagant, prufqu'il va jufqu'à éteindre toutes les lumieres de la raïon, & à mer l’exiftence.du /eztiment intime qui nous pénetre, on peut dire néanmoins qu’on ne s’eft jamais plus approché de leur opinion. Certains phi- lofophes de notre tems n’ont excepté du doute uni- veriel , dans lequelils ont fait périr toutes leurs con- no#ffances , que cette prenuere regle ou fource de vérité qui fe tire de notre Jeztimenr intime ; ils n’ont pas daigné reconnoitre ni admettre d’autres genres de vérité & d’évidence. Ainf quand on leur deman- de s’il eft évidemment certain qu'il y aït des corps, ê&t que nousien recevions les impreffons , ils répon- dentnettement que non,& que nous n'avons là-def- fus aucune certitude évidente ,puifque nous n’ayons point ces connoiflances par le /eztimentinsime de no- tre propre expérience , hi par aucune con{équence néceffaire qui en foit tirée. C’eft ce qu’un philofophe anglois n’a point fait difficulté de publier. D'ailleurs on ne peut foupçonner quelle autre certitude évidente admettroient ces philofophes, Se- roit ce le témoignage des fens , la révélation divi- ne, l'autorité humaine? Seroit-ce enfin l’imprefion immédiate de Dieu fur nous? Le témoignase des fens étant corporel, il ne fauroit être admis parmi ceux qui par avance n'admettent pas l’exiftence des. corps. La révélation divine &c l'autorité humaine ne font encore impreffion fur nous que par le témoigna- ge des fens ; c'eft-à-dire, ou de nos yeux qui ont vu les mracles du Tout-puiffant, ou de nos oreilles qui ont entendu les difcours des hommes qui nous parlent de la part de Dieu, Enfin l'impreflion immé. diate de Dieu fuppofe un Dieu, &c un être différent de moi. Mais fi le /értimenr intime de ce qui fe pañle en moi eft la feule chofe évidente, tout ce qui ne fera pas formellement ce /ézsiment intime, ne fera point évident pour mor. De ce principe, que le fenriment intime eft la feule regle de vérité , 1l s'enfuit 1°, que nous n’avons nulle certitude évidente de l’exiftence des corps, pas mê- me du nôtre propre; car enfin un efprit, une ame telle que la nôtre , reflent bien limpreffion que le corps, & le fien en particulier, font fur elle ; mais comme au fond {en corps eft très-difiingué de cette impreflion, & que d’ailleurs cette 1m- prefion pourroit abfolument fe faire éprouver dans notre ame fans l’exiftence des corps, il s’enfuit auf que notre fentiment intime ne nous donne au- cune conviétion de l’exiftence d’aucun corps. 2°. Une autre conféquence tout aufli naturelle, eit que nous n'avons nulle certitude évidente de ce -qu'hier il nous arriva ou ne nous arriva pas, ni mé- me finous exiftions ou nous n’exiftions pas. Car fe- lon cer abfurde fyftème , je ne puis avoir d’évidence que par une perception intime qui eft toujours ac- tuelle. Or actuellement j'ai bien la perception du fou- venir de ce quim'arriva hier; maïs ce fouvenir n’eft u’une perception intime de ce que je penfe préfen- tement, c’eft-à-dire, d’une penfée adtueile, laquelle n’eft pas la même chofe que ce qui fe pafla hier, & qui n’eft plus aujourd’hui. Par la même raïfon, je ferai encore moins certain fi je ne {is pasen ce mon- de depuis deux ou trois mille ans. Qui m’empèchera de poufler cette réflexion jufqu’à l'éternité même, puilque nous pourrions avoir toujours exifté, fans que nous nous en reflouvenions? Que ft on nous re- SEN a 1 1 préfente que nous avons été produits ; nous pouf- rons répondre que nous n’en avons point de certitu- de évidente. Car avoir été produit eft une chofe pal | fée , & n’eft pas la perception ni le fénsiment intime de ce qui fe paile aétuellement en nous. Je n’ai que la percepüon aftuelle de l4 penfée , par laquelle je crois avoir exifté avant le moment oùje me trouve préfentement. | 3°. Enfin, une autre conféquence auf légitime que les précédentes, eft que nous n’xvonsnulle cer. 1! titude qu'il exifie au monde d’autres êtres que cha- cun denous. Nous avons bien une perception intime des imprefhonsreçues en nous, dont nousattribuons l’occafion à des efprits & à des intelligences qu’on fuppofe exifter hors de nous; maïs cette perception intime ne portant conviéhion que elle-même, & étant toute intérieure , elle ne nous donne aucune 0 ja. 9 A 0 e! , certitude évidente d'un être qui foit hors de nous. En effet, felon cette belle philofophie , lame n’eft point évidemment certaine , fi elle n’eft pas de telle nature, qu’elle éprouve par elle-même & par fa feu- le conftitution , les impreffions dont elle attribue la caufe à des êtres qui exiftent hors d'elle. Elle n’a donc pas de certitude évidente qu’il y aît hors d'elle aucun efprit , ni aucun être quel qulfoit; elle n’a donc point d'évidence qu’elle n’exifte pas de toute éternité,.ou même qu'elle ne foit pas l'unique être qui exifte au monde. Après une Conféquence auffi finguliere, ce n’eff pas la peine d'indiquer toutes les autres qui fe préfenteroient en foule, pour montrer que je n'ai nulle évidence, fi je veille aftuellement, ou fi je dors ; fi j'ai la liberté d'agir ou de ne pas agir, de vouloir où de ne pas vouloir, rc. Toutes ces . conféquences fautent aux yeux d'eélles-mêmes, fans qu'il foit befoin de les marquer plus au long. Puifque les conféquences quis’enfuivent nécefai- rement de ce principe, favoir que le féntiment intime de notre propre perception ef l'unique regle de vé- rité, font fi bifarres, fi ridicules & fi abfurdes, il faut néceflairement qu'il foit lui-même bifarre, ridicule &t abfurde, puqu'il eft démontré que les confé- quences ne font qu’une même chofe avec le princi- pe. Voyez EVIDENCE 6! SENS COMMUN. SENTIMENS , en Poëfre, & particulierement dans le poëme dramatique, font les penfées qu’expriment les différens perfonnages,, foit que ces penfées ayent rapport à des matieres d'opimon, de pañfion , d’af- faires ou de quelque chofe fembiable. Voyez PEN- SÉE. Les mœurs forment Paëtion tragique, & les /er- timens lexpofent, en découvrant fes caufes, fes mo- tifs , G'c. Les féntimens font aux mœurs ce que les mœurs font à la fable. Voyez Mœurs. Dans les fénsimens , il faut avoir égard à la nature &c à la probabilité. Un furieux, par exemple, doit parler comme un furieux , un amant comme un amant, & un héros commeun héros. Les férrémens fervent beaucoup à foutenir les caraéteres. Voyez CARACTERE, DicTION, HÉROS, Ge. SENTIMENT D'ÉPÉE, SENTIR L'ÉPÉE , ( Æ/crime.) on dit d’un efcrimeur qu’il a le /éziment délicat ; lorfqu’en touchant lépée de l'ennemi avec la fienne, il connoït fon attaque & la poñtion des épées. Le féntiment d'épée doit être tel qu'il ne fatiguepas le bras de l'ennemi, & qu'il ne Le contraigne pas de dégager. Maisil doit être aflez fenfible pour s’apper- cevoir fi l’ennemi quitte l'épée, sil fait un coule- ment d'épée , ou sil force l'épée. Voyez ENGAGE- MENT. : i SENTIMENT , ( Vénerie, ) lorfqu’un chien recoitle vent de la voie, on dit qu'il a du férrimens, SENTIN, fm. (Gram, & Mytholog.) dieu qui pré- fidoit à tout ce qui avoit le fentiment. On linvoquoit aux Couches des femmes, afin qu'il donnât des {ons bien difpofés à l'enfant. or SENTINE, f € ( Marine. ) terme du levant qui fignifie ou l’anguillere où Feau puante & croupie qui s’y corrompt. Voyez ANGUILLÈRE, … SENTINE, L. f. (Charpenter, navale. )iorte de grand bateau ou chaland , dont on fe {ert en Bretagne pour la voiture des fels fur la riviere de Loire. (D. J.) SENTINELLE , {. £ rerme de Guerre, C’eff un {ol- dattiré d’un corps-de-garde d'infanterie, qu'onblace “en quelque pofte pour découvrir les ennemis, pour prévenir les furprifes ; & pour arrêter ceux qui veus lent pañler fans ordre, & fans fe faire connoitre. Ce mot eft moderne; il n’y a pas long-tems que Pon difoit étre aux écoutes, pour figmifier ce que l’on dit à préfent, évre en fenrinelie. Menage dérive ce mot a fentiendo, du vethe appercevoir. Sentinelle perdue, {oldat qu’on place dans un polte dangereux & prefque defefpéré. On appelle auffi enfans perdus, des foldats qu’on expofe dans une ba- taille à la premiere fureur de l'ennemi. Voyez En- FANS PERDUS. La fénsinelle appelle, erié où arrête par un gx vive? qui Va-la ? demeure-la, Chambers. On appelle coz/gne les ordres qu’on donne à la fentinelle. La fensinelle doit refter à {on poîte , quoi qu'il puiffe arriver, à moins qu’elle n’en foit relevée par {on officier. Pendant la durée de fon fervice ou de fa fa@tion , fa perfonne eft en quelque façon re- gardée comme facrée ; elle peut arrêter & empêcher de pañer quelque officièr que ce foit, fans pouvoir être maltraitée ou punie qu'après avoirété relevée, c'eftà-dire, qu'il ait été mis un autre foldat à fa pla- ce. (Q) leu SENTINELLE, ( Marine, ) voyez HUNE. | _SENTINO 1e, ( Géog, mod. ) riviere d'Italie, dags Pétat de l'Eglife, Elle fort de l’Apennin, au du- ché d’Urbin, & fe joint enfuite au Jano ; alors tou- tes deux perdent leur nom , & ne coulent plus que dans unfeul lit appellé Fiumeftro. (D, J.) SENTINUM, ( Géog. anc. ) ville d'Italie, dans PUmbrie ; felon Strabon , Z. W. p. 227, & Prolomée, L. IUT. c. 7, C’eft aujourd’hui Seztina, ( D. J.) SENTIR , v. a. & neut. voyez les articles SENS, SENSATION, SENSIBILITÉ | SENTIMENT. SENTIR, ( Maréchal, ) faire fenrir les éperons à fon cheval, c’eft en appuyer un-coup. Faire fensir Les gras des jambes , c’eft les approcher du cheval pour qu'il obéifie. Servir fon chevalidans la main, c’eft le tenir de la main & des jarrets, de façon qu’on enfoit ne pour tout ce qu’en veut entreprendre fur UL. S'EN VA CHIENS, (7’énerie.) c’eft une expreffion dont fe fervent les piqueurs pour fe faire entendre des chiens quichaffent; voici encore d’autres termes qui fignifient la même chofe , 47 vala, chiens coutre- vaux, chiens ; le piqueur doit les prononcer les uns après les autres & fuivant fa difcrétion. SENUS,, (Géop. anc.) fleuve de lfrlande : fon em bouchure eft marquée par Prolomée , 2. LL. «, à. fur la côte occidentale de l’île , entre les embouchures de PAufoba &c du Dur : ce fleuve qui eft appellé Sce: za; par Orofe, L. I, c. ij. eft le plus grand fleuve de l'ile, & fe nomme à préfent le Schannon: (DJ) SEP , {. m, serme de Vigneron ; c’eft le tronc de la vigne, quiporte & jette le farment qu’on taille tous les ans. On voit des féps bien plus gros les uns que les autres , ce qui provient fouvent de l’efpece de rain qu'il apporte; car, par exemple, un fé de bourdelais, de mufcat, de taïfin de damas,, devient plusigros qu’un /êp de mélier où pineau,noïr & blanc, êt ainf de plufeurs autres, dont on fait des plants de vigne. Il ya toujours à efperer du profit d’un jeune fep , au eu qu'un vieux n'eft propre qu’à brûler & Tome XF, x Li | S E P Prmd à donnet de bonnes cendres pour Ja leffive. (D. 3.) SEP DE DRISSE , 04 BLOC D'issus, ( Marine, } groffe piece de boïs quarrée, qui eft entäillée avec un barrot du prémier pont, & un barot du fecond pont, qu'elle excede d'environ quatre piés, pofée derriere un mât, &c au bout de laquelle il y a qua= tré poulies fur un même effieu , fur quoi paftent les grandes driffes. On diflingue deux grands Jéps de drifs Je: celuidu grand mât qui fert à la grande vereue , &t celui de mifaine qui fert à la vergue de mifaine. Les autres féps de driffe {ont attachés aux grands, & 59 on'en fait ufage pour mettre les mâts de hune hauts, par le moyen des guindereffes | & pour manœuvres les drifes des huniers. Voyez MARINE, PL 19. fie. 1, lé grand Jèp de driffe, cotté 96. & celui de mifaine cotté 97. Dans les flûtes, on ne met point de /eps de driffe ÿ mais des poulies où des rouets contre le bord, & des taquets contre le mât; & dans les autres bâti= mens, comme les tialques , les damelopres, les fe males, 6c. on fait ufage d’un bloc appellé petit /» de driffe, qu’on met en pluféurs endroits fur les borx dages, & fur-rout à Pavant & fur la couverte, dans la têre duquel pafle une cheville de bois fort lon: gue, qui déborde de chaque côté & où l’on amarrë lésmanœuvres | “ SÉPARATION , £ £. (Gram. GJurifprid.) eft lorfa quel’on metune perfonne ou une chofe à part d'avec une autre. vu ? | Il y a trois fortes de /éparations , deux qui regarà dent les perfonnes mariées, l’une que l’on appelle Jéparation de Biens, l'autre Jéparation de cotps ; læ troiieme eff la feparation des biens de l'héritier d’a= vec ceux du défunt, Séparation des biens , eft lorfque deux conjoints ont chacun leurs biens à part & divis, -Quelquefois les conjoints font féparés de biens par contrat de mariage , ce qui arrive lorfqu’ils ti pulent que la femme jouira à part & divis de fes biens ; dans ce cas on autorife la femme à toucher fes revenus , &t ordinairement elle paye penfon # fon mari, On ne doit pas confondre une femme non comi+ + mune en biens avec une femme féparée dé biens paë contrat de mariage ; la premiere eft feulement ex chufe de demander communauté dans Les biens ac quis par fon mari, du refte elle n’a pas l’adminiftras tion de fes biens à moins qu’elle ne fit fépärée. Les féparations volontaires, {oit des biens feule< ment confenties depuis le mariage, & lés féparations de corps &t de biens, quorqu'autorifées par quelques coutumes, ne font point permifes dañnshos mœurs! Dé telles féparations par rapport aux biens font ordinai+ rement frauduleufes ; les fépararions volontaires de corps-font de plus contre les bonnes mœurs, Toute féparation de corps & de biens, où même dé biens feulernént depuis le mariage, doit être ordonnée par juftice & en connoiïffance de caufe. La fépararion de biens ne peut être demandée qué par la femme , en cas de difipation de fon mari. Elle n’eit pourtant pas obligée d'attendre que le mari ait diffipétout fon bien, 8 encore moins la dot de la femme, la féparation {eroït alors un remede inutile x il fuffit que le mari foit diffipateur ; 6: que vergat ad inopiam , que la dot foiten péril : À XAUF. ff. folurs rmatrim, lib. XXI, cod, de jure dotium: & I. cod, dè cural, furiof. | Si la femme qui demande fa Jépararion eft com« mure en biens avec fon mari, il faut qu’elle renonce à la communauté , autrement l’acceptation qu’elle en feroit feroit préfumer qu'il n’y a pas eu de diffi« pation de la part du mari. Le défaut de renonciation à la communauté ne {es Toit pourtant pas un moyen de nullité n une fétis 1} # 6o S E P tence de féparation | maïs faute d’avoir renoncé, la femme demeureroit commune, La femme qui demande fa /éparation doit d’abord fe faire autoriier par juftice, à l'effet de pourfuivre {a Jéparation. La demande en fépararion doit être formée devant le juge laïc; le juge d’églile ne peut en connoitre , s’agiflfant d’un intérèt purement temporel, Quand 1l y a des créanciers, 1l eft à-propos de les mettre en caufe pour voir déclarer commune avec eux la fentence qui ordonnera la féparation, afin qu'ils ne puiffent pas la débattre comme collu- foire. L'effet de la féparation ordonnée par juftice , eft que la femme peut feule fans l’autorifation de fon mari, faire tous actes d’admimiftration & même ef- ter en jugement ; mais elle ne peut,fans une autori- fätion fpéciale de {on mari, ou par juftice à fon re- fus, faire aucun acte qui emporte aliénation. La féparation pour être valable doit être exécu- tée, c'eft-à-dire qu’il faut qu'il doit fait inventaire &c un procès-verbal de vente des meubles du mari. Cependant, fi les meubles étoient faifis par des créanciers, la féparation feroit cenfée exécutée à l’é- gard de la femme , par la reftitution de fes propres outautres aûtes qui prouvent qu'il ny a pas eu de fraudes telles qu’une faïfie-réelle , &c. | La /éparation de biens peut être ordonnée en cas de démence du mari, quoiqu'il n’y ait point de diff pation de fa part. Séparation de corps & d'habitation ou féparation à thoro , eft un jugement qui ordonne que deux con- joints par mariage auront à l'avenir chacun leur ha- bitation féparée. Chez les Grecs & les Romains, lorfqu'il y avoit quelque caufe pour laquelle les conjoints ne pou- voient plus demeurer enfemble , 1l y avoit la voie du divorce qui dans certains tems & dans certains cas étoit ouverte à la femme comme au mari, dans d’autres au mari feulement. "Tr L'effet du divorce étoit d’opérer abfolument la diflolution du mariage , tellement qu'il étoit libre à chacun des conjoints de fe remarier, Le divorce étoit encore autorifé en certains cas du tems de Juftinien; mais parmi nous l’on tient , fuivant Le droit canon, que le mariage eftun lien in- difloluble, lequel étant une fois valablement con- traté ne peut plus être diflous., quoad fœdus 6 vin- culum ; 8&t quoique les auteurs latins qui parlent des féparations de corps & d'habitation fe fervent fou- vent du terme divortium en parlant de ces fortes de féparations , cela ne doit pas s’entendre du divorce proprement dit, lequel n’eft pointadmis parminous, quoad fœdus & vinculum , mais {eulement gxoad tho- rurr € habitationem. Il y a en effet une différence effentielle entre le divorce &c la féparation de corps, en ce que celle-ci ne diflout pas le mariage. Cette efpece de féparation ne s’ordonne que pour caufe de févices & de mauvais traitemens de la part du mari envers fa femme. Il n’y à guere que la femme qui demande d’être féparée de corps & de biens , parce qu’étant fous la puiflance de fon mari, elle ne peut régulierement le quitter fans y être autorifée par juftice. Il y a cependant quelques exemples que des maris ont demandé d’être féparés de leurs femmes à caufe de leur violence ou autres déportemens, mais ces exemples font rares & ne font pas dans les vrais prin- cipes ; la femme qui fe conduit mal envers fon mari ne doit pas pour cela être délivrée de fa puiffance, le mari peut faire ordonner que fa femme ferarren- fermée dans un couvent. La féparation. de corps ne doit être ordonnée que pour des caufes graves ; ainf la diverfité d'humeur ; & même les petites altercations qui peuvent furve- nir entre mat1 &c femme ne font pas des caules fuffi- fantes de féparation. Les caufes pour lefquelles la femme peut deman- der fa féparation {ont : A 1°, Les févices & mauvais traitemens, mais il faut qu'ils foient confidérables ; cap. xuÿ. extr, de refétur, fpoliat. Des injures ni des menaces ne font pas ordinairement une caufe fufhifante ; cependant entre perfonnes d’une condition relevée , les juges pourroient y avoir plus d’égard, parce que pour ces fortes de perfonnes , .des injures font auffi fenfibles que des mauvais traitemens pour des gens ordi- naires. 2°, Si le mari eft convaincu d’avoir attenté à la vie de fa femme. | 3°. S'il vit dans la débauche, & qu'il y ait du dan- ger pour fa femme. | 4°. S'il accufe fa femme d’adultere, ou autres faits graves contre l'honneur , & qu'il y fuccombe. 5°. La folie & la fureur du mari, lorfau’elles don- nent lieu d'appréhender pour la vie de la femme. 6°. S'il a conçu contre fa femme une haine capi- tale, L’honneur du mariage exige que la demande en Jéparation ne fe pourfuive que par la voie civile, & non par la voie extraordinaire , à moins que ce ne fût pour une caufe capitale, comme fi le mari avoit voulu faire affaffiner fa femme. Tous les auteurs conviennent que le juge d’églife eft compétent pour connoître de la demande en /e- paration de corps, pourvu qu'il n’y ait aucun inté- rêt temporel mêlé dans la conteftation ; mais comme on ne manque point de demander en même tems la Jéparation de biens , comme une fuite néceflaire de la Jéparation de corps , on porte ordinairement ces for- tes de demandes devant le juge laïc. La Jéparation ne doit être ordonnée que fut des preuves fuffifantes , foit par écrit, s’il y em a, ou réfultant d’une enquête ou information. Lorfque la femme a obtenu fa /éparation , le mari ne peut l’obliger de retourner avec lui , quelques of- fres qu’il fafle de la traiter maritalement. Lorfqu’au contraire la femme eft déboutée de fa demande, on la condamne à retourner avec fon mari, auquel on enjoint de la traiter maritalement ; mais en ce cas on permet , quand les juges nadoptent pas la demande en féparation , à la femme de fe retirer pendantun certain tems dans un couvent où fon mari a la liberté de lavoir, afin que les efprits irrités aient le tems de fe calmer. . La féparation de corps & de biens exclud les con- joints de pouvoir fe fuccéder en vertu du titre wrde vir Guxor; ce droit de fucceflion réciproque n'ayant été accordé que pour honoter en la perfonne du fur- vivant lamémoire d’un mariage bien concordant. Si les mari 8&c femme qui ont été féparés de corps & de bien fe remettent enfemble, l’effet de la /épara- tion cefle même pour les biens, & toutes chofes font rétablies au même état qu’elles étoient aupara- vant la féparation. Voyez les lois eccléfiaffiques de d’'Hé- ticoutt. Le srairé de la jurifdiit.eccléfraft. de Ducañe, ê&c les mors ConroINTs, DIivORCE, DISSOLUTION, MARIAGE. Séparation de biens d’une fucceffcon, eft un jugement qui ordonne que les biens de l'héritier feront féparés de ceux du défunt. Cette éparation a lieu lotfque Pon craint que les biens du défunt ou de l'héritier ne foient pas fuff- fans pour payer les créanciers de l’un & de lau- tre. | Suivant Le droit romain, il n’éroit permis qu'aux créanciers du défunt de la demander, afin d’être payés SEP fur fes biens par préférence aux créanciers de f’héri- tier, foit qu’ils fuflent antérieurs où pofiérieurs en date. | Maïs en France les créanciers de l’héritier peuvent auf demander la Jéparation des biens de leur débi- teur d'avec ceux du défunt, pourvu que l'héritier nait pas encore reconnu la dette, où que le titre n'ait pas été déclaré exécutoire contre lui. Cette Jéparation chez les Romains devoït être de- mandée dans les cinq ans ; mais parmi nous Paétion dure trente ans. Voyez au ff. le wir. de féparar. & Cujac. ibid. & leg. penulr. cod. de heredir. at. Bouvot , le Pré- tre, Boniface, Loyfel , Bacquet, Henrys. (4 SÉPARATION, (Chimie) Il eft dit à article Cur- MIE, p. 417, col. premiere, que la chimie s'occupe des /éparations &c des unions des principes conftituans | des corps; que les deux grands changemens effec- tués par Les opérations chimiques, font la féparation & l'union des principes ; que la /éparation chimique eft encore connue dans l’art fous les noms d’analyfe, de compofition, corruption, folution, deffruilion, dia- crefe, ou plutôt diacrife ; que de ces noms les plus ufités parmi les chimiftes, les françois font ceux d’a- nalyfe & de décompo/fition. Quoique les affeclions des corps aggrégés n’appar- tiennent pas proprement à la chimie ; & qu’ainfi firiétement parlant elle nes’occupe que de celle des corps unis chimiquement; cependant ; comme plu- fieurs de fes opérations ont pour objet au-moins fe- condaire, préparatoire, intermédiaire, éc. la dif- srégation ou féparation des corps aggrégés, la divi- fon méthodique des opérations chimiques qui appar- tiennent à la féparation, doit fe faire en celles qui dé- compofent des corps unis chimiquement , & celles qui ne féparent que les partiés des corps agerégés. Auf avons-nous admis cette divifion, Voyez l’article OPÉRATIONS CHIMIQUES. Les deux inftrumens généraux de la féparation chi- mique proprement dite font Le feu &c la précipitation. Voyez FEU, Chumie, @& PRÉCIPITATION, Chimie ; c’eft pourquoi il eft dit dans ce dernier article que toutes les opérations de Panalyfe menfiruelle (or, analyfe eft fynonyme à féparation) {ont des précipi- tations. Les féparations difgrégatives s’operent , 8z par les infrumens chimiques proprement dits, favoir, le feu 8 les menftrues , &c par divers inftrumens mé- chaniques , des limes, des rapes , des mortiers, &c. Voyez l’article OPÉRATIONS CHIMIQUES. (b) SÉPARATION Ou départ par la voie feche, (Métal- durgie, Chimie & Arts.) c’eft une opération par la- quelle on cherche à féparer une petite quantité d’or melée dans un grand volume d'argent , de maniere que lor fe précipite au fond du creufet & fe dégage par fon propre poids de l'argent que l’on réduit en {cories par l’aétion du feu. On a vu dans l'article DÉPART la maniere dont l'or, qui eft uni avec de l’argent,, s’en féparoit à Paide des diflolvans humides. 7. DÉPART, INQUART," QUARTATION, Ge. Nous allons faire voir dans cet article comment cette féparation s’opere par la voie feche , c’eft-à-dire , à l’aide du feu. _ Un grand nombre de livres font remplis de métho- des & de recettes pour faire la féparation par lavoie feche ; mais lorfqu'on vient à vérifier ces procédés, on trouve que la plüpart font fautifs ou inintelligi- bles. Parmi ceux que l’on a eu occafñon de connoï- tre, on n’en a point trouvé de mieux décrits que celui que M. de Jufti, célebre chimifte allemand, a inféré dans fes œuvres chimiques, publiées en allemand en 1760 : on a donc cru devoir le rapporter 1c1 en en- tier , 1l fervira à faire connoitre le progrès que cette opération pénible a fait jufqu’à préfent. La matiere qui contribue le plus à la féparation de SEP 6: 1 Patgent d'avec l’or.eft le foufre.; cette fubftance su nitavec l'argent qu’elle attaque, fans avoir la moin- dre aétion fur l'or, qui par-là fe dégage de l'argent, &t forme un régule à partau fond du creufet, Lorfque cette féparazion fe fait en grand, on n’obtient jamais un régule ou culot d’or pur, & l’on eft très-content lorfque la male reguline eft compofée de trois par- ties d'argent contre une partie d’or. Cela vient, fui- vant M. de Jufti, de ceque pour ménager les creufets, on en tire le métal fondu avec des cuilleres , ou bien on le vuide dans des cônes ou des creufets pointus, ce qui ne peut guere fe faire aflez promptement pour qu'une portion du métal ne fe refroidifle pas, alors la matiere n’eft point aflez fluide , &c l’or en coulant entraîne avec lui une portion confidérable de l’argent. Voici un procédé par lequel M, de Jufli affure avoir obtenu l’or en une mafle réguline aflez pure; il prit un demi-marc d'argent qui contenoit de l'or, al le mit en grenaille , & après en avoir fait Peflai avec exadtitude par la coupelle &z par l’eau-forte,il trouva que la mafle d'argent tenoit quatre grains d’or. Il mit cet argent en grenaille en cémentation avec du foufre dans un creufet couvert & bien lutté; & lorfque l’ar- gent eut été bien pénétré par lefoufre, il en fit la pré- cipiration, en y mettant du flux noir, du fel de verre, de la limaille de fer &c de la litharge. Après que le tout fut entré parfaitement en fufon , 1l laiffa refroidir le creufet. Alors il cafla le creufet , & 1l trouva au fond de lamañle d'argent, un petit bouton ou culot d’or, qui avoit la couleur de l’or qui eft allié avec de l'argent; fa petitefle empêchoit qu'on ne pût le féparer parfaitement de l'argent, néan- moins M. de Jufti, en fe donnant beaucoup de pei- ne, en détacha 3 + grains, il en étoit refté environ un demi-grain uni avec argent. À l’eflai, il trouva que cet or étoit à 20 karats. Ayant réitére cette expé- rience, il eut le même fuccès. Ce favant chimifte ne doute pas que cette expérience ne réufsit encore mieux en grand, & il croit que ceux qui s'occupent du travail de la fépararion où du départ par la voie feche dans les monnoïies , feroient mieux de ne point tant regarder à la dépenfe du creufet qu'ikfaudroit brifer , qu'à ce qu’il en coute pour multiplier les /ë- parations afin de faire enforte que les régules contien- nent trois parties d'argent contre une partie d’or, pour en faire enfuite le départ avec l’eau-forte. En effet , il paroït que l’on épargneroit beaucoup de charbon & les frais de l’eau-forte en fuivant le pro- cédé qui a été rapporté, ce qui feroit profitable, fur- tout fi l’on peut fe procurer des creufets à un prix raifonnable. D'ailleurs , on n’auroit qu’à purifier Por; qu’on a dit être à 20 karats, en le faifant fondre avec Pantimoine. On fuit deux routes principales pour opérer lapré- cipitation dans la féparation par la voie feche. Les uns fe fervent du flux noir , & d’autres {els ou fubftances alkalines , telles que le fiel de verre , pour fervir de précipitant ; d’autres rejettent cette méthode, &c fe fervent du fer pour cette précipitation.Il y a à Leip- fick deux familles qui depuis plufieurs années font en pofleffion du fecret de faire la Jéparation ou le dé- part par la voie feche, elles fe fervent de deux mé- thodes différentes. La premiere de ces familles , qui eft celle de Pfanenfchmidt , fe fert principalement du fer pour la précipitation , fans employer de fondans alkalins. La feconde famille, qui eft celle de Stole, fe fert de fondans alkalins pour la même opération. Ces deux méthodes font connues en Allemagne fous le nom des deux familles qui les exercent. M. de Jufti examine laquelle de ces deux métho- des mérite d’être préféréé. Pour cet effet, 1l faut faire atténtion à deux chofes ; r°. à ce qui rend l’opé- ration plus facile ; 2°. à ce qui la rend moins cou- teufe. Il n’eft pas douteux que les alkalis fixes, tels Ga $S E P que leflux noir, la :potaîle & icfieldé verre font les! : fubftances les plus propres à fe combiner avec le fou- fre ; elles furpaflentmêmele fer dans cette propriété, qui pourtant eft de toutes. les fubitances métalliques ‘celle qui a le plus de difpofition à s'unir avec le fou- fre. Ainfi, en joignant Le fer avec ces fubffances al- kalines , il n’eft pas douteux que la précipitation fe era plus promptement & plus parfaitement, & les matieres falines en nageant à la furface des métaux en fuñon doivent empêcher, que le foufre pouflé par Jation du feu , n’entraîne êc ne volatilife avec lui un grand nombre de molécules d'argent, D'où lon voit que les fondans alkalins ont leur avantage; mais d'un autre côté, on ne peut fe diffimuler qu’ils n’aient aufh leurs inconvéniens. D’abord ils endommagent confidérablemenr les creufets , &7 les mettent hors d'état de fervir davantage , ce qui augmente les frais dans une opération où l’écononue fait tout le profit. De plus, tout le monde fait que les fels alkalis com- binés avec le foufre forment ce qu’on appelle l’hepar : ou le foie de foufre, qui, à la vérité , facilite la fufion des métaux , mais qui diffout en même rems l'or & Varcent de maniere qu’il eft impoñfible de {eur rendre leur forme métallique , du moins fans des peines & des dépenfes confidérables ; d’ailleurs ce foie de {ou- fre rend ces métaux aigres & caflans , de forte qu'il faut recourir à des fufions réitérées avec le fel ammo- niac, le nitre, le borax, 6x. pour dévager ces mé- taux de la mauvaife qualité qu'ils ont contraétée;tou- tes ces chofes augmentent la dépenfe , &z font qu’une portion de l'argent fe perd, vu que Pon ne retrouve point exaftement celui qui seit converti en fcories. M. de Jufti'a trouvé par des expériences que le flux noir &c le el de verre, furtout quandrces deux fon- dansfont combinés, produifoient dans le feu une plus grande quantité de foie de foufre que lon ne pour- roit l’imaginer. Outre cela le flux noir, à caufe du aitre qui y entre, ne laïfle pas d'augmenter la dépen- Le, furtout fi l’on travaille en grand ; d’ailleurs il at- tire très-rapidement l'humidité de l'air, ce qui peut caufer beaucoup d’inconvéniens dans l’opération. ‘D'après toutes ces confidérations, M. de Juffi don- ne la préférence à l'opération dans laquelle on em- loie le fer au lieu de fubftances alkalines, vu que ce métal eft à très-bon marché, qu'il a tune très-srande difpofition à abforber le foufre, &:que parfonmoyen on n’eft point expoié à perdre une portion de Far- gent. Cependant il eft à-propos d’y joindre un peu de #iel de verre. qui eft une fubftance peu couteufe ; elle facilitera la fufon , empêchera le foufre de difi- per ou d'entraîner avec lui une portion de l'argent, favorifera la formation des fcories, & s’il fe forme du foie de foufre, ce ne fera qu’en très-petite quan- tité. Si lon a une certaine quantité d’argent contenant &e l’or, dont on veuille faire la féparation par la voie 4éche , il fera à propos d’enfaire l’effai avec beaucoup O4 |Vénus. (GR om les| { (Saturne. me un nombre myftérieux , à caufe du fabbat qui Dix mernbres de Phomme rerre- fire. Dix planeres, ou " P Dix comimandemens me célefte. de la loi, —————— — A TU Tu n'auras point d’au-} | tre Dieu, \ Le premier [Tu ne te feras point | mobile. Le poumon. à Se pa | d'image taillée. | |Tu ne prendras point. Le firmament.|Le cœur. le nom du feigneur] | en valn, L’eflomac. [Tu fan@ifieras le jou du repos. Honore ton pere &c tal mete. Jupiter. Le foie. Le fiel, Tu ne tueras point. La rate, [Tu ne paillarderas point. Tu ñe déroberas point, Les parties nobles de Tu ne diras point faux: l’homme. | Mercure: Our témoignage, Tu ne convoiteras | point. } La lune. La matrice, te. Paufanias ajoute: comme je favois qu’Homere ; en parlant des Arcadiens, a fait mention du tombeau d'Epythus , je le confidérai avec foin ; c’eft un petit tertre, environné d’une baluflrade de pierre, qui tourne tout-à-lentour ; & je crois qu'Homéere ne l’a tant vanté, que parce qu'il n’en avoit point vû dé plus beau. (D. J.) | SEPIAS , ( Géog. anc. ) promontoire de la Thef: fake, dansla Magnéfie, à l'entrée du golfe Pélafpi- que. Diodore de Sicile, liv. VIT. & Ptolomée, 2. IT. c. xuy. parlent de ce promontoire, (D, J.) SEPS , f. m. ( if. rar.) efpece de lézard, où plutôt animal qui tient le milieu entre le ferpent & le lézard , parce qu’il reflemble par la forme du corps à un ferpent, &c qu’il a quatre petites pattes très-pe apparentes. On trouve le /eps dans la Tofcane; ileft petit, rond, & couvert d'écailles ; il a fur le dos des lignes noires longitudinales & paralleles entre elles ; les oreilles & les yeux font petits, & la queue. eft terminée en pointe; les pattes de devant font fi= tuées fort près de latète, & celles de derriere con- tre l'anus ; les écailles ont unie figure rhomboïde ; le ventre eft d’un blanc mêlé d’un peu de bleu, Cet ani- mal eft vivipare ; Columna rapporte qu'ila tiré du corps d’un /eps femelle, quinze petits tout vivans & enveloppés dans une membrane comme les petits de la vipère. Ald. de Jacertis , pag. 628. SEPT , (Arithmérig. ) nombre impair compofé de fix & un, qui en clufre arabe s'écrit ainfi , 7; en chifre romain, de cette maniere, VIT; & en chifre françois de compte, de cette forte, bij. Le Gendres (D.J.) SEPT , ( Critig. facrée. ) ce nombre étoït très-cher aux Juifs, qui le regardoient fuperflitieufement com.- 3 66 SEP revenoit le feptieme jour , de la feptieme année con- facrée au repos de la terre, & des /epr femaines de fept années qui formoient leur jubilé ; de-là vient que pour s’accommoder à leurs préjugés , le nombre fept fe rencontre fi fouvent dans l’Ecriture ; Jeps égli- fes , fépt chandeliers , fps branches au chandelier d’or, Jépr lampes , féps étoiles , fepr fceaux , fépt an- ges , Jept trompettes, féps phioles , /épstêtes de dra- gon, fépt diadèmes qu’elles portent. Ainfi le nombre Jept eft choïfi par préférence pour tout autre nombre indéterminé. En voici de nouveaux exemples, Cela vous eft plus ävantageux que d’avoir /eps fils , Ruth, iv. 15, c'eft-à-dire , plufeurs fils. Le parefleux croit être plus habile que /éps hommes qui parleroiïent par fentences, prov. xx. 16, c’eft-à-dire que plufeurs perfonnes éclairées. En conféquence , ce nombte étoit confacré aux cérémonies dela religion: les amis de Job offrirent un facrifice de /épr veaux & de fepr béliers ; David, dans la folemnité de la tranflation de l’arche, crut qu'un pareil facrifice feroit le plus agréable qu'il püt offrir au feigneur ; Abraham lui en avoit donné l'exemple, en faifant préfent à Abimélec de /éps bre- bis pour être immolées en holocaufte fur l’autel, à la face duquel il avoit contra@é alliance avec ce prince. Remarquez auf que ce nombre /eps étoit affeté chez les payens , tant à l'égard des autels que des viétimes qui devoient être immolées ; c’étoit une ef- pece de rit, tiré de l’art magique , fuivant lequel Le nombre /épc étoit un nombre myftérieux , confacré aux fépc planetes, & qui avoit la vertu , à ce que prétendoient les magiciens , d’en tirer les génies, pour les faire defcendre furla terre, (D. J.) SEPT A , (Æiff. anc.) c’étoit anciennement un enclos, ou un endroit fermé de barrieres ou de ba- luftrades faites de planches, par où l’on pañloit pour donner fa voix dans les affemblées des Romains, qui fe tenoïent dans le champ de Mars , comme l’'attefte Servius, cité parRofin, Zv. VI. dés antiq. rom. On nommoit encore ces enclos , ovilia. Voyez OVILTA. SEPTAINE , ff. (Jurifprud.) c’eft la banlieue, le finage, ou territoire dépendant d’une ville ; ceter- me vient a /ceptis, comme qui diroit une enceinte ; ilefttrouvé dans quelques anciennes chartes, & fin- guliérement dans Le procès verbal de la coutume de Berri , où la banhieue de Bourges eft ainfi nommée. Veyez la coutume de Berri , le g/offar. de M. de Lau- riere, & les mors BANLIEUE, BANNIE , QUINTE, DÉTROIT, DisTRICT, TERRITOIRE. ( 4) SEPTANTE, ( Arithmérig.) nombre pair, com- pofé de foixante & dix , ou de fept dixaines, ou de cinq fois quatorze , ou de quatorze fois cinq, ou de dix fois fept ; ainfi que fept foit multiplié par dix, ou que dix le foit par fept , ou quatorze par cinq, ou cinq par quatorze, le produit fera toujours fép- sante, On dit plus ordinairement foixante-&-dix ; féptante , ou foixante-êc-dix , en chifre commun ou arabe , s'écrit de cette maniere, 70; en chiffre ro- main de cette forte, LXX ; & en chiffre françois, xx. Le Gendre. (D. J.) | SEPTANTE, Verfion des ( Cririq. facrée.) tradu@tion greque des livres de Morfe , dont les juifs n’enten- doient plus lalanoue originale ; comme cette verfon fut faite à l’ufage des fynagogues d'Egypte, qu’elle eft la premiere &t la plus célebre de toutes ,ilimporte d’en difcourir avec l'étendue qu’elle mérite. Le livre le plus ancien quienparle, porte le nom d’Ariflée, &eft parvenu jufqu’à nous. Le defein de cet ouvrage eft uniquement d’en donner l’hiftoire, êt dans cet événement , l’auteur Ariftée y eft qua- lifié d’officier aux gardes de Ptolomée Philadelphe. Voiciuncourt extrait de farelation. Ptolomée Philadelphe, roi d'Egypte, ayant fort à SEP cœur la belle bibliothèque qu'il formoit à Alexans drie, & qu'ilremplifloit detoutes fortes de livres , donna la direttion de cette affaire à un illuffre athé- | nien, qu'il avoit à fa cour, Démétrius de Phalere, qu’il chargea de lui tirer de tons lesendroits du mon- de, tout ce qu’il pouvoit y avoir de curieux en fait de bvres. Démétrius , en s’acquitant de cette commif- fon, apprit que les Juifs avoient un livre qui conte- noit Les lois de Moiïfe ; il en avertit le roi : ce prince ayant confenti d'en faire venir une copie de Jérufa- lem, avec des gens qui le traduififfent en grec, or- donna à Démeétrius de lui dreffer un mémoire fur cette affaire , & d’en écrire au fouverain facrifi- cateur. Ariftée, l'auteur prétendu decette hiftoire des /ep- tante interprètes, Sofibius de Tarente, & André, tous trois gens de qualité de lacour de Ptolomée, & amis de la nation juive , prirent cette occafon.de demander au roi la grace de ceux de cette nation qui avoient été mis en efclavage par Ptolomée, &.em- menés en Egypte ; le roi accorda leur demande. En- fuite Démétrius lui remitun mémoire; pour obtenir des juifs le livre de la loi de Moïfe , quil fouhaitoit. Selon le plan de ce mémoire, le roi demandoit à Eléazar, fouverain facrificateur à Jérufalem , le livre de Moife, &c fix perfonnes de chaque tribu pour le traduire en grec. | Ariftée & André furent les porteurs de cette let- tre, avec des préfens immenfes qui leur obtinrent toutes fortes d’honneurs à leur arrivée à Jérufalem. Ils revinrent à Alexandrie munis d’une bonne copie de la loi de Moïfe écrite en lettres d’or, & accom- pagnés de fix anciens de chaque tribu, c’eft-à-dire 72 interprètes , pour la traduire en grec. Le roi ayant vu ces 72 députés , en fut très-fatis- fait, leur fit préfent de 3 talents à chacun, & les en- voya à l'ile de Pharos , près d'Alexandrie ,pour exé- cuter commodémentleur entreprife. Démétriusles y conduifit par Heptaftadium qui joignoit cette île au continent , &c les logea dans une maïfon qu’on leur avoit préparée. Ils fe mirent auffi-tôt àtravailler à leur verfion ; &t quand une période étoit faite , après qu”- elle avoit paîlé dans une conférence générale , Dé- métrius l'écrivoit. L'ouvrage fut achevé en 72 jours. Il fut lu & approuvé en préfence du roi , qui fiten- core préfent à chaque traduéteur de trois habits ma- gnifiques , de deux talens en or, d’une coupe d’or d’un talent, 8 puisles renvoya dans leur pays. Voilà le précis de la relation d'Ariftée. Ariftobule , juif d'Alexandrie, & philofophe pé- ripatéticien , eftle fecond qui parle de cette verfon des féptante, I] vivoit vers la CLXXXVIIL année de l’ere des contraëts, c’eft-à-dire CXXV. ans avant Jefus-Chrift ; car on trouve une lettre que lui écri- virent dans ce tems-là Les juifs de Jérufalem &z de Ju- dée, comme cela paroït par le {7 Jiv. des Macchabées. On dit que cet Ariftobule avoit compofé un com- mentaire fur Les cinq livres de Moyfe , & qu'il l'a- voit dédié au roi Ptolomée Philométor , dont il avoit té précepteur ; & c’eft-là qu’on prétend qu'il parloit de cette verfion faite fous la dire&ion de Dé- métrius de Phalère, par ordre exprès de Ptolomée Philadelphe roi d'Egypte. Ce livre eftperdu ; tout ce qui nous en refte font quelques fragmens qu’en ci- tent Eusèbe & Clément Alexandrin. Après Ariftobule vient Philon ,autrejuif d’Alexan- drie , qui vivoit du tems de Notre-Seigneur ; car eu après fa crucifixion , il fut député par les juifs d'Alexandrie à Caius Céfar empereur romain. Dans la relation qu'il donne de la verfon des feptante ,on trouve les mêmes chofes que dans celle d'Ariftée:il y brode feulement quelques nouveaux traits, pour en pouvoir conclure que les traducteurs étoient des hommes infpirés par l’efprit de Dieu, Jofephe qui a écrit fes antiquités judaiques vers fa fin du premier fiecle , s'accorde pareillement avec Ariflée ; & ce au'ilen dit, antig. jud. xy. 2: n’eft qu'un abrégé de cet auteur. Seulement dans Jofephe le prix de la rédemption des juifs efl différent de celui d’Ariftée ; car au-heu qu'Ariftée dit vingt drachmes par tête, & la fomme totale fix cens foixante talens ; Jofephe met cent vingt drachmes par tête, & fait monter la fomme totale à quatre cens foixante ta- lens ; dans tout le refte ils s'accordent enfemble. Après Jofephe , lé premier qui parle de la verfion des Jéptante, &de la maniere dont elle fe fit, eft Juf- tin martyr, qui vivoit vers le milieu du fecond fie- cle, environ cent ans après Philon. Il avoit été à Alexandrie , & s’étoit informé de ce fait aux juifs du pays. Il nous dit ce qu'il avoit appris d'eux , & ce qui étoit reçu conftamment parmi eux pour véri- table ; & ce qu'il en dit prouve qu'on avoit encore enchéri fur ce que Philon avoitécrit dela conformité miraculeufe ‘des traduéions ; on y avoit ajouté des cellules différentes, dont chaque traduéteur en avoit une où il étoit renfermé, & où il avoit fait à part fa traduétion particuliere de tout l'ouvrage ; & que quand on vint à comparer ces traduétions les unes avec les autres , il ne sy trouva pas un feul mot de différence. Ce bon pere prend tout cela pour argent comptant. | VE Irénée , Clément Alexandrin, S. Hilaire, S. Au- guftin, Cyrille de Jérufalem, Philaftre de Bree , &c le gros des peres qui ont vécu depuis Juftin, ont tous ces cellules, & laccord merveilleux de toutes les verfons. Quelques modernes défendent avec la mê- me chaleur cette hiftoire;, 8 ne peuvent confentir à laiffer tomber un miracle qui confirmeroit fi. bien la divinité de la fainte-Ecriture contre tous les contre- difans. C’efl dommage qu’on y oppofe des objections fans réplique. ni pes LT Du tems d'Epiphane , qui fut évêque de Sala- mine en Chypre l'an 368, des faufles traditions avoient encore corrompu davantage cette hifloire ; en eflet, la mamere dont il la conte eft différente de celle de Juftin, aufli-bien que de celle dAriftée ; & cependant il appelle Ariftée à témoin des faits même qu’il rapporte autrement que lui: ce qui prouve que de fon tems il y avoitun autre Ariftée , & que celui que nous avons aujourd'hui eft le même qu'avoient Jofephe &r Eusèbe. Après cette relation hiftorique dé la verfion des Jeptante, 1l faut dire ce que nous penfons fur cette matiere. tar: I. On ne peut pas douter qu'il ne fe foit fait uné traduétion greque des livres facrés hébreux du tems des Prolomées en Egypte ; nous avons encote cette traduétion; & c’eft la même qu’on avoit du tems de Notre-Seigneur , puifque prefque tous les paña- ges que les écrivains facrés du nouveau T'eftament citent du vieux dans l’original grec ,fetrouventmot- à-mot dans cette verfion. L’on ne peut pas douter non plus, vu la paflion qu'ont eu les princes de la race des Ptolomées deremplirleur bibliotheque d’Alexan- drie de toutes fortes de livres, pallion dont tous Les hiftoriens de ce tems-là parlent, on ne peut douter, dis-je , que cette traduétion n’y ait été mule dès qu’- elle fut faite. | IL. Le livre qui porte le nom d’Arifée, qui eft le fondement de tout ce qu’on a débité {ur la maniere dont fe fit cette tradu&tion par les 72 anciens, en- voyés exprès de Jérufalem à Alexandrie, du tems de Ptolomée Philadelphe , eft une fiéion imani- fefte inventée pour accréditer cétte verfon. Les Juifs, depuis leur retour de là captivité de Babylone jufqu'au tems de Notre-Seigneur, donnoient extré- mement dans les romans de religion , comme cela paroït par leurs livres apocryphes qui fe font confer- Tome Xi | A LE 67 vés jufetà nous. Le livre que nous avons encore fous le nom d’Arifiée, eft un de ces romans écrit par un juif hellénifte; & c’eft une chofe évidente par plufieurs raifons. Fame 1.0 Quoique l’auteur de ce livre fe dife payen grec, il parle partout en juif, &t dès qu'il s’agit de Dieu ou de la religion des Juifs, 1l en parle dans des termes qui ne conviennent qu'à un juif, &c fait parler de la même maniere Ptolomée , Démétrius , André, Sozibius , & les autres perfonnages qu'il introduir: furt la {cene. | | >! 2°, Il fait faire une dépenfe prodigieufe à Ptolo- mée pour avoir cette verfon. Îl lui en coute pour racheter les captifs, 660 talens : en vafes d'argent envoyés au temple, 7o talens : en vafes d'or, 50: è en pierreries pour ces vafes, cinq fois la valeur de l'or; c’eft-à-dre 250 talens : en facrifices & autres articles pour l'ufage du temple, 100 talens. Il fat préfent outre cela à chacun des 72 députés, de 3 ta- lens d'argent à leur arrivée, c’eft-à-dire en tout, de 216 talens; & quand il les congédie, de 2 talens d’or à chacun, &£ d’une coupe d’or du poids d’ün talent. Tout cela mis enfemble, donne la fomme de 1046 talens d'argent, & 1600 talens d’or, qui ré- duite en monnoie d'Angleterre, fait 1918537 Liv. fterlings 10 fchellings, en comptant Le talent fur le pié de celui d’Athènes, comme le doéteur Bernard en a réglé la valeur. Si on prenoit les talens pour des talens d'Alexandrie , où étoit la fcene, ce feroit bien pis encore, car ce feroit Le double, Si l’on ajoute à cette largeffe plufñeurs autres me- nus préfens qu’Ariftée fait faire par ce prince aux députés; outre les frais de leur voyage &r de leur dépenfe pendant leur féjour en Égypte, il fe trou- vera que Ptolomée, pour avoir le livre de Morfe en grec, aura dépenfé plus de deux millions-fter- lings, c’eftä-dire à peu-près vingt fois autant que la bibliotheque alexandrine pouvoit valoir. Com- ment imaginer que Ptolomée ait fait cette prodi- gieufe dépenfe pour un ouvrage, dont ni lui, ni fa coeur ne devoient pas certainement être fort CUrIeUX: 3°. Les queftions qu’on propofe aux 72 députés ; ê&c leurs réponfes, n'ont pas moins l'air d'un roman. L'envoi des anciens de Jérufalém à Aléxandrie pour cette traduttion,; & qu'on tira fix à fix de chaque tribu, font l'invention d’un juif, qui a en vue le fanhédrin, &c le nombre des douze tribus d’Ifraël ; mais il n’y a pas même apparence qu'il y eut alors dans toute la judée fix hommes qui euffent les qua- lités qu’on leur donne pour cet ouvrage, &t qui en- tendiflent aflez de grec pour le faire, Ce n'eft pas tout ; il falloit également entendre Phébreu qui étoit. la langue de l'original : or Phébreu alors w’eétoit plus leur langue, car depuis le retour de la Chaldée, c’é- toit le chaldéen. . 4°. Il ÿ a dans le récit d'Ariftée plufeurs autres faits qu’on ne fauroit ajuiter avec l’hifloire de ce tems-là. En particulier, ce Démétrius de Phalere qu’Ariftée repréfente comme lé favori de Phila- delphe, loin d’être en faveur à la cour de ce prince, avoit encouru fa difgrace ; pour avoir voulu de- tourner fon pere de lui mettre la couronne fur la tête; & d’abord après la mort du pere qui Pavoit protégé, on mit Démétrius en prifon où il mou- rut peu de tems après, comme le dit Diogène de Laërce. Mais ceux qui feront curieux d’approfondir davantage la fable d’Ariftée, peuvent lire ce qu'en ont écrit MM. Dupin ; Simon , & fur-tout Le doëteur Hody dans fon favant ouvrage de Bibliorum verfioni=, bus græc. a Il. Atiflobule ne mérite pas de nous arrêter fong- tems, parce que fon récitieft tiré dAriftée, dont le roman avoit déja la vogue parmi Les. js d'Alexan- 3 drie. Ce que le: 17, Liv. des Macchab, 7. x, rapporte de cét Ariftobule qui étoit précepteur de Ptolomée,, Van 188 de l’ere des contrats , ef contre toute appa- rence, C’étoit Ptolomée Phyfeon quirégnoit alors; 8 Pan 188 de l’ere des contrats eftla 21 de fon regne, &t la 56 apres la mort de fon pere. Il falloit donc qu'il eût près de forxante ans pour le moins ; ët l’on ma pas de précepteur à cet âge. | On dit encore que cet Ariftobule avoit écrit un commentaire fur les cinq livres de Morfe, & qu'il Pavoit dédié à Ptolomée Philometor ; mais tout fait foupconner que ce commentaire étoit l'ouvrage de quelque juif hellénifte, compofé long-tems après la date qu’il porte; & ce qui fortifie ce foupçon, c’eft que Clément Alexandrin eft le premmer qui en parle, êt Eufebe.le dernier. Cette obfervation prouve tou- jours que ce commentaire, quel qu'il füt, n’a pas duré longtems. IV. Quänt à Philon , fes additions à Phiftoire d’A- riftée font tirées des traditions reçues de fon tems pari les juifs d'Alexandrie. Le principal & Paccef- foire viennent de la même fource, c’eft-à dire que lun & l’autre étoit inventé pour faire valoir la reli- gion judaïque , pour la faire refpetter aux étran- gets, & attirer à cette verfion une vénération & une autorité particuliere du commun de leurs propres gens. Quand cela eut une fois pañfé, il ne fut pas dif- ficile d'introduire la folemnité d’un anniverfaire pour en faire la commémoration, telle que Philon Pa vue pratiquer de fon tems. V. Il paroît que la différence du prix de la rançon des Juifs qui fe trouve entre Jofephe &c Ariftée, eft vifiblement une faute, ou de Pauteur ou des copiftes; cat la fomme totale ne s'accorde pas avec ce qui ré- fulte des fomimes particulieres. Le nombre des juifs rachetés, dit Jofephe, fut 120 mille, à 20 drach- mes par tête, comme Ariftée le raconte, c’eft jufte- ment 400 talens qui eft la même fomme d’Ariftée; mais Jofephe dit que la rançon étoit de 120 drach- es par tête, c'eft-à-dire fix fois autant, 8 cepen- dant fa fomime totale ne va qu’à 460 talens. Il y a donc erreur dans les nombres ; ou il faut que la rançon foit plus petite, ou il faut que la fomme foit plis grofe. | VI. Pour ce qui eft de Juftin, martyr, &c des au- tres pertes qui l'ont fuivi, ils fe font perfuadé trop aifément ce qu'ils fouhaitoient qui füt vrai; car, que foixante & douze perfonnes renfermées dans des cellules différentes pour faire une traduéfion de l'E- criture, fe rencontrent fans aucune communication à traduire tous mot pour mot de la même mamiere, ce feroit ün müraclé qui prouveroit inconteftable- ment, non feulement l’autorité de la verfon, mais la vérité de l'écriture du vieux Feflament; & les chrétiens d'alors s’intérefloient également à ces deux chofes, aufli bien que les Juifs, | Juftin martyr donc trouvant à Alexandrie cette tradition reçue, y donna toute fa croyance, & s’en fervit même contre les Payens pour défendre la reli- gion qu'il profefloit. Enfuite Irénée & les autres peres de PÉglife goûterent à leur tour la même idée fi flatteufe. Mais pour fe convaincre du peu de fonds que mérite l'autorité de Juftin martyr dans cette af- faire, il n’y a qu’à jetter les yeux fur Les erreurs de fa narration. Selon lui, Ptolomée envoye demander à Hérode le hivre de la loi. Juftin ne fongeoit pas que non feulement Ptolomée Philadelphe dont 1! vouloit parler, mes tous les autres Ptolomées fes fucceffeurs, étoient morts avant qu'Hérode parvint à la couronne en Judée. Cette bévue n’accrédite pas Le refte de fon récit. Ajoutons que ce pere de l'Éelife étoit fort cré- dule ; & que quand 1l eut embrafé le chriftianifme, il fe laïfla trop emporter à fon zele pour la religion, 8c donna trop aifément dans tout ce qui lui paroïffoit la favoriler, En voici un exemple Bien fenfble. Étant à Rome, il y rencontre une flarue confacrée à Sé- mon Sancus, un ancien demi- dieu des Sabins. Il s'imagine auffitôt qu'elle eft dédiée à Simon Magus ou le magicien ; &t fans autre fondement que cette vifion , 1l reproche au peuple romain de s'être fait un dieu d’un impofteur. La même facilité lui fit ajou- ter foi aux difcours des juifs d'Alexandrie, qui en lui montrant les ruines de quelques vieilles maifons de Pile de Pharos, laffurerent que c’étoient les ma- fures des cellules des /eprante. | VIL Larelation qu'Épiphane donne de cette ver: fion, eft fi différente de toutes les autres , qu’elle fem- ble tirée d’une autre hiftoire que de celle où avoient puifé Jofephe & Eufebe. Apparemment que quelque chrètien, depuis Juftin martyr, avoit ramañlé tout ce qu’il avoit pu rencontrer fur cette matiere, & en avoit compolé le nouvel Ariftée d’Epiphane, d’où il a tiré ce qu'il en dit. Il eft du-moins bien für que PAri- ftée d’'Epiphane a paru après Le tems de l’auteur pré- tendu de cette piece; car la feconde lettre qu'Epi- phane en cite, comme écrite par Ptolomée Phiia- delphe à Éléazar, commeiice par cette maxime: » Un tréfor caché, & une fource bouchée, de quel » ufage peuvent-ils être »? Cette fentence eft vifble- ment tirée dulivre de lEccléfaftique, A xx. 30. & ch: xlj, 14. qui ne fut publié par le fils de Sirach que vers lan 132 avant Jéfus-Chrift, & 115 ans après la mort dePtolomée Philadelphe, par l’ordre duquel, felon cet auteur, la ver/fon des feprante s’eft faite. . Enfin, le détail qu’on vient de lire, prouve, je crois, fufifamment que tout ce qu’Ariftée, Philon, Juftin martyr, Epiphane, êr ceux qui les ont fuivis, ont débité fur la verfion des /épéante, eit une pure fable, qui n’a d’autre fondement, finon que fous le regne de Ptolomée Philadelppe, il fe ft une verfion de la loi de Moïfe en grec, par les juifs d’Alexan- drie, | VII. Pour le mieux comprendre, il faut obfer- ver, que quand Alexandre bâtit Alexandrie, il w attira quantité de juifs. Prolomée Soter ayant fait auffi fa capitale de cette ville, apporta tous fes foins à augmenter ; en conféquence 1l y attira encore un grand nombre d’autres Juifs, en leur accordant les mêmes privileges qu'aux Macédoniens &t aux Grecs; de forte qu’ils faifoient une partie très-confidérable des habitans de cette grande ville. Le commerce con- tinuel qu’ils avoient avec les citoyens du lieu, les obligea bientôt à apprendre la langue dominante qui étoit le grec, & à la parler communément. Il leur arriva dans cette occafñon, ce qui leur étoit déja arrivé dans une autre pareille à Babylone ; je veux dire, d'oublier leur langue, 87 de prendre infenfi- blement celle du pays. N’entendant donc plus Phé- breu, où on avoit accoutumé de lire encore pre- mierement le texte; ni le chaldéen, où l’on.en don- noit l’explication dans les fynagogues, ils en firent une verfion grecque pour eux-mêmes. Voilà la véri- table raïifon qui produifit cette verfion grecque, à. qui le roman d’Ariftée a fait donner le furnom des Jféptante. | | D'abord on ne traduit en grec que la loi, c’eft-à- dire les cinq livres de Moïfe. Enfuite du tems d'An- tiochus Epiphane, ceux d'Alexandrie, qui pour lors fe conformoient à tous les ufages de la Judée & de: Jérufalem pour le fpirituel, traduifirent en grec les prophètes. Enfin ,des particuliers traduifirentle refte pour leur ufage domeftique, enforte que la verfion. à qui l’on donne le nom des Jépsanse, e trouva.com- plette; & cette verfion fut celle-dont fe fervirent les juifs helléniftes dans tous les endroits de leur: difper- fion où l’on parloit grec. … | 1°, Qu'il n’y eut que la loi de traduite en grec SEP: du téms de Ptolomée Philadelphe, c’eft un fait clais rement marqué dans tous Les auteurs qui ont com- mencé à parler de cette verfon : dans Arifiée, Arif- tobule, Philon & Jofephe, cela eft dit expreflément. 2°, Que ce fut à Alexandrie que fe fit cette verfon; la diaieéte d'Alexandrie qui y regne par-tout, en eft une preuve fufifante, 3°. Ow’elle fut faite 8 plufieurs tepriles, & par des perfonnes différentes. La diffé- rence du flyle des différens livres, la différente ma- mere dont on y trouve les mots hébreux &c les mê- mes phrafes traduites , enfin le foin qu'il paroît que Fon a apporté à la traduction de certains livres , & ka néghpence qui fe voit dans quelques-autres, ou plutôt l'exaétitude de quelques-unes de ces traduc- tions, &c le manque d’exatitude des autres, en font une démonftration fans réplique. | IX. La pafñon qu'avoit Ptolomée Philadelphe, de remplir fa belle bibliotheque de toutes fortes de li vres, ne permet pas de douter que, dès que cette verfion fut faite à Alexandrie, on n’y en mît un exemplaire qui y demeura jufqu'à ce que ce riche magafin des fciences fut confumé par un incendie que Jules Céfar occafñonna. Mais il falloit que cet exemplaire fût bien négligé; puifque pas un des au- teurs grecs qui font parvenus jufqu'à nous, ni les an- ciensauteurs latins, n’en a jamais ditle moindre mot. La curiofité pour cette verfon grecque de l’Ecri- ture, fe borna à la feule nation juive; ils s’en fer- voient en public dans les fynagoeues, pour y lire les leçons réglées par leurs canons; & fans doute qu'ils en avoient auf des copies en particulier dans leurs familles : mais jufeu’au tems du nouveau Feflament , il ne paroït point qu'ils les montraf- fent aux étrangers. Quand l’'évansile fe fut étendu à toutes les nations, alors cette verfion s’étendit avec lui partout où l’on entendoit la langue grecque ; elle ne fut plus renfermée entre les juifs helléniites, elle fut entre les mains de tous ceux qui en eurent envie , &t les copies fe multiplierent. Auf voit-on, quelque tems après Notre-Seigneur , que les payens commencent à connoître Le vièux Peffament ; au lieu En le chriffianifme, très-petfou plutôt pas un ‘eux, ne l’avoit connu. + X. À mefure que la religion chrétienne fe répan- dit, cette verfiongreque des Jéprante fut auffi plus re- cherchée &c plus eftimée. Les évangéliltes & les apô- îres qui ont écrit les livres du nouveau Teftament, la citent ; les peres de la primitive Eglife la citent auf. “Foutes les églifes greques s’en fervoient ; & jufqu’à S. Jérôme , les latines m’avoient qu’une traduction faite lur cétte verfon. Tous les commentaires pre- noient cette verfion pour le texte, &c y ajuftoient leurs explications. Et quand d’autres nations fe con- vertifloient & embraïloient la religion chrétienne, pour avoir lEcriture en leur langue , les verfons fe failoient fur celle des /éprante ; comme l'illyrienne, Ta gothique, l’arabique , l’étiopique , l’arménienne x la fyriaque. : | XI. Cependant à mefure que la verfon des /p- Fante gaognoit du crédit parmi les Chrétiens , elle en perdoit parnu les Juifs. Comume ils fe trouvoient pref- fés par divers pañlages de cette tradu@ion que les Chrétiens faloxent valoir contre eux , ils fongerent à s’en procurer une nouvelle qui leur fût plus favo- rable. Aquila, iuif profélite, exécuta le premier cette befogne, Peu de tems après Aquiïla, 1l fe fit deux autres verfions greques du vieux Teftament, lune par Théodotion , & l'autre par Symmachus, comme nous le dirons plus au longs au mor VERSIONS GREQUES. or ; | C’eftafler, de remarquer ici qu'Origene raflembla dans fes héxaples les trois dernieres verfons dont nous venons de parler , conjointement avec celle des fépiante, Pamphile & Eufebe ayant découvert SEP 6 vets la fin du üj. fiecle l'héxaplé d’Origene dans la bibliotheque de Céfarée, tirerent de cet Guvragé quelques copies de la verfion des féprante | & les communiquerent aux églifes de ces quartiers-là, qui la reçurent généralement depuis Antioche jufqwen Egypte. I fe fit à-peu-près dans le même tems deuxautres éditions des /éprante; la premiere par Lucien, prêtr de Péghife d’Antioche, qui fut trouvée après fa mort à Nicomédie en Bithymie, Ce fut cette édition que reçurent dans la fuite toutes les églifes, depuis Conf: tantinople jufqu’à Antioche. l’autre fut faite par Hé- fychius, évêque d'Egypte, & fut reçue d’abordÀ Alexandrie , & enfuite «dans toutes les églifes d’E- gypte. Ces deux correéteurs entendoïent l’hébreu , & avoient fat par-là plufieurs correftions à la ver- fon. | Les auteurs de ces trois éditions des /2pranse fouf. frirent tous trois le martyre dans la dixieme perfé- cution; cet événement donna une fi grande répus tation à leurs éditions, que toute l’éclife greque s’en fervit, de l’une dans un endroit, & de Paurre dans un autre. Les colifes d'Antioche & de Conftan- tinople , & toutes celles d’entre deux, prirent celle de Lucien. Celles d’entre Antioche & l'Égypte, celle de Pamphile, & en Egypte celle d'Héfychius,. C’eft ce qui fait dire à S. Jérôme qu’elles partageoient le monde en trois ; parce que de fontems aucune églife greque ne fe feryoit d'aucune autre que d’une de ces trois, qu’elle regardoit comme une copie authenti- que du vieux Teflament, Ces trois éditions, à en juger par les copies manufcrites quenreftentencore, ne différoient en rien de confidérable, pourvu qu'on ne mette pas en ligne de compte les fautes des co- piftes. De la même maniere que les anciens avoient trois éditions principales des fépsare, il eff arrivé que les modernes en ont aufli trois principales depuis limprefion , dont toutes les autres ne font que des copies. La premiere eff celle du cardinal Ximenès, imprunée à Complute, où Alcala de Henarès en Ef. pagne ; la feconde celle d’Aldus à Venife, & latroi- fieme celle du pape $ixte V.à Rome. | Celle du cardinal Ximenès eft imprimée l’an 1615 dans fa polyplotte, connue fous le nom de 44e dé Complute | qui contient 1°. Le texte hébreu ; 2°. la paraphrafe chaldaique d’Onkélos fur le Penrateuque 3 3°. la verfon des épranre du vieux Teftainent, & l’o- riginal orec du nouveau, & 4°, la verfion de l’un & de l’autre, Ce furent les théologiens de l’univerfité d’Alcala, ê&t quelques autres qui préparerent les ma- tériaux pour limpreflion ; mais comme c’étoitle car- dinal Kimenës qui en avoit fait Le plan, qui les diri- geoit, & qui en faifoit toute la dépente , cette poly glotte a retenu fon nom. Le deffein qu’on.s’eft pro- poié dans cette édition des /épssrseayant éré de choi- fr dans fous les exemplaires qu’on avoit la leçon qui approchoit le plus de l’hébreu , il fe trouve que ce qu'ils. ont donné «ft plutôt une nouvelle verfon greque, que les anciens /éprante, ou la verfion qui fous ce nom a été d’un f grand ufage aux peres de la prinutive Églile. C’eft fur cette édition des /épronre que font faites celles des polyglottes d'Anvers & de Paris , dont la premiere parut d’an 1672, & l’autre lan 1645. Celle de Commelin , imprimée à Heidel- berg avec le commentaire de Vatable, l'an 1600 , eff auffi faite fur cette édition. IL. L'édition d’Aldus à Vemife eft de 1578. Ce fut André Afulanus, beau-pere: de imprimeur , qui en préparala copie parla.collefhion de plufieurs an- ciens manufcrits. C’eft de celle-ci que font venues toutes les éditions d'Allemagne , à lareferve decelle in (D | d'Heidelberp dont nous venons de parler. ÎIE, Mais l'édition de Rome eftpréférée aux deux 7e S E P autres par tousles favans, quoique Voffius l'ait con- ‘damnée comme la plus mauvaife. Le cardinal de Montalte , qui parvint enfuite au pontificat, l’avoit ‘commencée. ‘Come il pottoit le nom de Sixte V.' quand elle parut l'an 1687, cette édition eft auf connue fous ce même nom. Il commença par recom- ‘mander cet ouvrage à Grégoire XIIT. en lui repréfen- ant que C’étoit ce qw'ordonnoit uñ decret du concile de Trente ; &c {on avis ayant été {uivi, on en char- #ea Antoine Caraffe, favant homme , d’une famille illuftre d'Italie, qui fut fait enfwute cardinal & biblio- thécaire du pape. Avec l’affiftance de quelques fa- vans qui travailloïent fous lui,il achéva cette édition. = On fuivit prefque en tout un ancien manufcrit de {a bibliotheque du Vatican, qui étoit tout en lettres capitales fans accens , fans points & fans diftindion de chapitres n1 de verfets. On le croit du tems de $,. Jérôme. Seulement là où 1l manquoit quelques feuil- les, on fut obligé d’avoir recours à d’autres manuf- crits, dont les principaux furent , un de Venife de la bibliotheque du cardinal Beffarion , & un autre qu'ils firent venir de la Calabre , qui étoit fi confor- ime à celui du Vatican, qu'on croit que l’un eft une copic de l’autre , ou que tous deux ont été faits fur le même original. L'année fuivante on publiaà Rome une verfon la- tine de cette édition, avec les notes de Flaminius Nobilius. Morin les imprima toutes deux enfemble à Paris lan 1628. C’eft fur cette édition qu'’ontété fai- tes toutes celles des /éprante qu’on a imprimées en Angleterre. Celle de Londres 27-8°. de 1653, celle delapolyglotte de Walton de 1657, & celle de Cam- bridge de 1665 , où ef la favante préface de l’évêque Péarfon , 8 qui nous donne bien plus fidelement le- dition de Rome , que celle de 1653, quoique toutes deux s’en écartent en quelque chofe. Mais le plus ancien & le meilleur manufcrit des Jéptante, au jugement de ceux qui Pont examinéavec beaucoup de foin , c’eft Palexandrin qui eft dans la bibliotheque du roi d'Angleterre à S. James. Il eft tout en lettres capitales , fans diftinétion de chapitres, de verfets, ni de mots. Ce fut un préfent fait à Charles I. par Cyrille Luçat, alors patriarche de Conftanti- nople; il avoit été auparavant d'Alexandrie: quand il quitta ce patriarchat pour celui de Conftantinople, il y emporta ce manufcrit , & l’envoya enfuite à Londres par le chevalier Thomas Roe , ambafladeur d'Angleterre à la Porte, & y mit cette apoñtille qui nous apprénd lhiftoire de'ce manufcrit. Liber ifte Scripture facre n. & v. Teflamenti, prout ex traditione habemus , ef/fcriptus manu Theclæ nobilis fæmine ægyptiæ , ante mille 6 rrecentos annos circiter , paulo poft concilium Nicænum. Nomen Theclæ in fine Libri erat exaratum ; fed extintto Chrifhianifno in Æpyp- $o à Mahometanis , © libri una Chrifhanorum in fémi- em funt redatti conditionem ; extinélum ernim eff Thecle nomen 6 laceratum ; fed memoria & traditio recers ob- fervat. : - Cyrillus , patriarcha conflantinopolisanus.\ C’eft-à-dire : « Ce livre qui contient l'Ecriture » fainte du vieux & du nouveau T'eftament, felon que » nous l’apprend la tradition , eft écrit de la propre # main de Thécla , femme de qualité d'Egypte, qui # vivoit 1l y a près de treize cens ans , ‘un peu après » le concile de Nicée. Le nom de Thécla étoit écrit # à la fin; maisla religion chrétienne ayant étéabolie # par les Mahométans en Egypte, les livres des Chre- » tiens eurent le même fort. Le nom de Thécla adonc » été déchiré, mais la mémoire ne s’en eft pas per- # due, & la tradition s’en eft très-bien coniervée «, Cyrille, patriarche de Conftantinople. Le dotteur Grave, favant pruflien, qui a demeuré plufieurs années en Anpleterre, avoit entrepris de gonner une édition de cette copie, & la reine Anne lui fatfoit même ne penfion pour cette befogne; il en avoit déja publié deux tomes quand la mort em- pêcha de mettre au jour les deux autres qui devoient achever l’ouvrage. $i quelque habile homme vouloit bien donner ce refte au public, & y prendre autant de foin que ce doéteur , nous aurions une quatrieme édition des /éprante, qui feroit aflurément approu- vée, & regardée déformais comme la meilleure de toutes ; celle de Lambert Bosn’eft cependant pas mé- prifable. | Voilà ce que l’hiffoire noùs met en droit dé dire de cette ancienne verfion du vieux Teftament , & des éditions anciennes & modernes qui s’en font fai- tes. Si quelqu'un eft curieux de voir les difputes & les remarques de critique que cette matiere a caufées, & ce qw’en ont écrit Les favans, 1l peut confulter {/f- Jèrii fyntagma de græcé LXX. interpretum verfione. Morini exercitationes biblice 1. pars, &c la préface qu'il a mife au-devant de fon édition des LXX. Wower , de greca € latina Bibliorum interpretatione ; les Prolé- gomenes de la polyglotte de Walton; ck.7x, Voffius, de LXX. int. lhutoire critique du vieux Teftament de Simon ; l’hiftoire du canon du vieux Teftament de Dupin; les Prolésomenes de Grave, misau-devant des deux parties des LXX. qu'il a données ; & fur- tout le favant livre du doéteur Hody, & Biblior. verfion grec. car C’eft lui qui a Le plusapprofondi cette matiere , & qui l’a Le mieux traitée de tous ceux qui en ont écrit. ( Lechevalier DE JAUCOURT.) SEPT-DORS ou MAILLE DE SEPT DOIGTS, éerme de pêche, forte de filet dont on fe fert à l'embouchure de la Loire pour faire la pêche des faumons &c des alo- fes. Cette pêche commence ordinairement en Fé- Vrier, & dure jufqu’àla fin de Juin. Quelquefois celle du faumon commence à la fin de Décembre. Ce filet eft un de ceux qui font tramaullés, voyez TRAMAIL , & eft le même que l’on nomme s/ofiere dans la ri- viere de Seine. La nappe du flue ou rets de ces tra- meaux eft de trois fortes ; la premiere forte 2 pou- ces 5 lignes, la feconde 2 pouces 4 lignes , &+ la troi- fieme 2 pouceslignes, Les hamaux ou hamails , que les pêcheurs nomment gardes , font auffñ de deux fortes ; les plus grands ont 11 pouces en quarré, & les moindres feulement 10 pouces 9 lignes. SEPTEMBRE, (calendrier des Romains.) ce mois; le feptieme de l’année romaine, &r le neuvieme de la nôtre, étoit fous la proteétion de Vulcan. Onle trouve perfonmñé fous la figure d’un homme prefque nud , ayant feulement fur l’épaule vine efpece de manteau qui flotte au gré des vents. Il tient de la main gauche un lézard attaché par üne jambe à une ficelle. Ce lézard fufpendu en Pair , fe débät autant qu'il peut. Aux piés de l’homme font deux cuves où vafes préparés pour la vendange, commé le mar- quent les quatre vers d’Aufone, dont voici Le fens : « Seprembre cuëille les grappes, c’eft en ce mois que » les fruits tombent. Il fe divertit à tenir en l'air un » lézard attaché par le pié , qui fe démene d’une ma- » niére agréable ». Les fêtes de ce mois étotent le 3 les dionyfaques ou les vendanges , le 4 les jeux ro- mains pendant 8 jours, le r> Les grands jeux circen- fes voués pendant cinq jours , le 20 la naiflance de Romulus, le 30 les méditrinales. (D.J.) à SEPTEM-COLLES ,( Lirtér.) C'eft ainfi que les auteurs latins nomment par excellence les fept mon- ticules'ou collines que Rome renfermoit dans fon en- ceinte. Virgile dit : Septem quæ una fîbi muro eircumdedit arces. Ces fept anciennes collines de Rome , font le mont Quirinal, le mont Viminal, le mont Capitolin, le mont Efquilin , le mont Palatin , le mont Cælius & le mont Aventin ; on en ajouta enfuite cinq autres; favoir , colis Hogeulorum , mons Circrius, mons 1e: flaceus, le Vatican &c le Janicule. De ces doure col- lines, les deux dernieres font féparées des autres parle Tibre. (D. J.) 1 Eee BA SEPTEMPEDA , ( Géog. ane.) ville d'Italie dans le Picenum , felon Strabon, Z. #7 p. 241. Frontin, qui en fait une colonie romaine, ne lui donne que le titre d'Oppidum. On voit par une ancienne in{crip- tion recueillie par Gruter, p. 308. 7°. 3. que Sep- rempeda étoit un municipe: Fam. Peron. Municip. J. Sepremp. & dans une infcription rapportée à la page 284, n°. 4 on lit: Ordo Septempedanorum, On veut ue ce foit aujourd’hui San-Severino. ( D. J.) SEPTEM-FRATRES, (Géog. anc.) montagne de Afrique , dans la Mauritanie tingitane. Ptolomée, L. IV. c. j. la nomme Æepradelphns mons , & la place fur la côte feptentrionale , entre Exiliffa & Abyla. On lui donna le nom de Sept-Freres , Seprer-fratres, à caufe qu’elle s’éleve en fept fommets qui pareïflent de même figure. Cette montagne domine fur le de- troit de Gibraltar. (D. J.) | SEPTEMVIRTI, epulonum, ( Lirérar.) c’eft-à-dire les fept maîtres des feflins ; c’étoit fept prêtres nom- més ainfi, ou fimplemeut eplones , &t qui éroient éta- blis à Rome pour régler & arranger les leétifternes , ou feftins publics que l’on donnoit aux dieux dans des occafions importantes. Voyez EPULONS. (D. J.) SEPTENAIRE , adj. ( Gramm. ) qui eft au nombre de fept. On dit le nombre féprenaire des planetes. SEPTENAIRE, 04 REGENT SEPTENAIRE, (Jwri/pr.) eft celui qui a profeflé pendant fept ans dans Puniver- fité de Paris. w' Les régens feptenaires ont pour les bénéfices un pri- vilege qui confifte en ce qu'ils font préférés dans les mois de rigueur à tous les gradués nommés, excep- té aux docteurs en Théologie, lefquels concourent avec eux. | Pour jouir de ce privilege , les régezs féptenaires doivent avoir leur guinquennium. . En cas de concurrence entre plufeurs profefeurs feptenaires de différentes facultés, le plus ancien gra- dué eft préféré. -« Ceux qui ont été principaux d’un college célebre &c de plein exercice pendant fept années entieres , &c fans interruption , ont le même privilege. Le privilege des éptenaires a heu contre fous les radués , même des autres umverfités , &c pour des Eansétes même fitués hors du diocèfe de Paris. Du refte , comme ce privilege eft contre le droit commun , il ne reçoit point d’extenfon ; il a cepen- dant lieu dans les univerfités de Caën & de Reims. Poyez les flatuss de Vuniverfiié de Paris , la pratique de Rebufre , le rraité des bénéfices de Drapier , la declara- sion du 26 Janvier 1680.(A ) SEPTENTRION , L m. ez Affronomie , c’eftpro- prement une conftellation du nord , que lon appelle plus ordinairement r/4 minor , ou la petite ourfe. Voyez OURSE. En IE. ; Seprentrion , en Cofmosgraphie , fignifie la même chofe que zord, ainfi appellé de l’ancienne conftella- tion féptentrion. L'étoile polaire eft une étoile de cette conftellation. Voyez NorD, POLAIRE , 6c. Delà eft venu le mot feptentrional , féprenrrionalis, pour défigner tout ce qui a rapport au nord, Comme les fignes feptentrionaux, les paralleles feptentrio- naux, &c. font Les fignes &c les paralleles qui font du côté de l'équateur vers le nord, cette dénomination vient de ce que l’on divife la terre en deux hémif- pheres, terminés par l'équateur ; celui qui eft du côté du féprentrion s'appelle hémifphere feptentrional , &t l’autre hémifphere méridional : or tout ce qui fe trouve dans lun de ces deux hémifpheres, conferve la déno- mination. Ainf on dit que la latitude /épcentrionale d’un lieu eft à 48°. pour dire que ce lieu fe trouve dans l’hémifphere feptentrional, & eft éloigné de 48 S E P+ 7E degrés de l'équateur, & ainf du refte, &c. (O ) SEPTENTRION, (Ati. rom. ) en latin féptenrio ; c'étoit le nom ou le fobriquet que l’on donnoit à une certaine efpece de mimes ou danfeurs. M. de Caylus a fait graver d’après un bronze antique , la repréfen- tation de ces fortes de gens, dont les geftes & l’atti- tude paroiffent très-comiques. Les efpeces de cafta- gnettes qu'il tient aux mains, ne reflemblent point dutoutaux nôtres ; elles fervoient apparemment à marquer la mefure, & appuyoient les mouvemens d’une danfe qui de fa nature devoit être ridicule. Ce mime eff nud , il n'a qu'une écharpe autour des han- ches, & elle efl renouée fur le côté. La chauflure n’eft qu'un fimple chauflon qui paroît n'avoir point de couture : la pointe au-deflus du talon remonte aflez haut , & le devant fe rabat fur les cordons qui le tiennent en état. La dénomination de féprentrion don- née par lesRomains aux mimes ou danfeurs ainfi vê- tus, eft employée dans plufieurs infcriptions , nom- mément à Antibes, où M. de Caylus a copié la fui- vante , D, M. Pueri feptentrions Aznor. XII. Qui Antipollin Theatre Biduo falsavie 6 placuir, Anti. de M. de Caylus , som. II. (D. J.) SEPTENTRION, Z , (Géog. mod. ) l'un des quatre points cardinaux, C’eft celui qui répond fur lhorifon au pole boréal , & par lequel pafle le méridien. Ce mot défigne en Géographie la partie du ciel & celle du globe de la terre qui eft oppofée au midi, & qui fe trouve entre l'équateur & Le pole. On a donné à cette partie le nom de éptentrion , &t celui de fépten- trional à tout ce qui eft tourné de ce côté-là, parce que les anciens y remarquerent fept étoiles qu'ils nommerent fépéem triones, C’eft la même conftellation que les Affronomes appellent la pesire ourfe, & le peuple Ze chariot de faint Jacques. Comme les mots nord & feptentrion font fynonymes , Voyez Norp. (CD) * SEPTENTRIONAL , adj. qui eft du feptentrion. Ainfi l’on dit le pole , un figne,un parallele ,un vent, un quadran , &c. féptentrional ; l Amérique feptensrio- _nale, les nations féprentrienales. SEPTEREE, ff. ( Gramm.) qui contient un ef- pace de terre d’environ un arpent, ou un feptier de femence. SEPTÉRIE , ( Antiq. greg.) GéTTUpLov ; fête que les habitans de Delphes célébroient tous les ner fans en mémoire du combat & de la viétoire d’Apollon con- tre le ferpent Python, La tradition difoit que Le com- bat d'Apollon contre Python s’étoit pañé à Delphes; que le monftre ayant été bleffé, s’enfuit par le che- min qu'on appelloit facré, jufques dans la vallée de Tempé; qw'Apollon ly pourfuivit, & qu'il letrouva mort & même enterré. Aïx, fils du monftre, lui avoit rendu ce dernier devoir. Mais voici quelle étoit la cérémonie de la fête. On drefloit une cabane de feuillages dans la nef du temple d’Apollon , qui repréfentoit la fombre de- meure de Python. On venoit en filence y donner af faut par la porte qu’on appelloit dolonie : on y ame- noit après Cela un jeune garçon ayant pere & mere , qui mettoit le feu dans la cabane avec une torche ar- dente : on renverfoit la table par terre, & puis cha- cun s’enfuyoit par les portes du temple. Le jeune garçon fortoit de la contrée ; & après avoir erré en divers lieux où il étoit réduit en fervitude , il arrivoit enfin à la vallée de Tempé , où il étoit purifié avec beaucoup de cérémonies. ( D.J. ) SEPTICOLLIS, ( Géog. anc.) nom que l’on don- na anciennement à la ville de Rome. Romulus qui d’abord n’avoit environné de murs & de foffés que le mont Palatin , y ajouta le mont Tarpeïen lorfque Titus-Tatius & les fabins de fa fuite , eurent pris le parti de fe faire citoyens de Rome. Numa étendit en- core la ville, & y joignit le mot Quirinal, où l’on 72 SEM - avoit dreffé un temple à Romulus ; fous le nom de Quirinus, Tullus Hofühus, quand if eut tranfporté à Rome les Albains , après avoir détruit Albe , enferma . le mont Cælius dans l’enceinte de Rome. Sous Ancus Marcius Le mont Janicule , fitué au-delà du Tibre, fut joint à la ville par un pont de boïs. À la vérité le premier Tarquin s’étoit contenté de confiruire de belles pierres, au moins en partie, les murs de Rome, fans faire d'augmentation à fon enceinte, Pour Ser- ius Tullius, non content d'achever l'ouvrage que fon prédécefleur avoit commencé , 1l ft enclore le mont Efquilin & le montViminal dans les nouveaux murs qu'il érigea. Ainfi Rome commença pour lors à porter le nom fameux de Sepricallis, qui veut dire une ville compofée de fept collines. (2. J.) SEPTIEME , ( Arihmér. ) partie d’un tout divifé en fept parties égales. En matiere de fraétions , un Jeptisme 1e marque ainfi +, & deux , trois ou quatre Jéptiemes, &c. , 3,3% (D:J.) SEPTIEME , en Mujique, eft un intervalle diflo- nant, que les Grecs appellent hepracordon , parce qu’il eft formé de fept {ons , c’éft-à-dire, de fix de- grés diatoniques : il y en a de quatre fortes. Lapremiere, eft la /éprieme diminuée ; elle eft com- poiée de trois tons & de trois femi-tons majeurs, comme de lus dièfe au /; bémol; fon rapport eft de 7$ d 128. La feconde, eft la Jéptieme mineure ; elle eft com- poiée de quatre tons, & de deux femi-tons majeurs, comme de wi à ré, &t chromatiquement de dix fermi- tons : fon rapport eftde 5à9. La troifieme, eft la fépsieme majeure, compofée de cinq tons & un femi-ton majeur; de forte qu'il ne faut plus qu’un femi-ton majeur pour achever l’oéta- ve : comme d’z à f£ ; & chromatiquement d’onze femi-tons ; fon rapport eft de 8 à 15. La quatrieme, eft la féprieme fuperflue; elle eft compoiée de cinq tons, un femi-ton majeur & un femi-ton mineur, comme du / bémol au /4 dièfe ; de forte qu’ilne lui manque qu’un comma pour faire un oétave ; fon rapport eftde 81 à 160; mais cette der- niere efpece n’eft point uftée en la Mufique, fi ce h’eft dans quelque tranfition enharmonique. Il y a trois accords de féprieme. Le premier eft fondamental, & porte fimplement le nom de féprieme : mais quand la tierce eft majeure & la feprieme mineure , il s'appelle accord fenfible où dominant ; il fe compofe de la tierce, de la quinte, de la féprieme, & de l’oftave. Lefecond eft encore fondamental, & s’appelle zc- cord de feptisme diminuée; ileft compofé de la tierce mineure, de la fauffe quinte, & de la /éprieme dimi- nuée dont il prend le nom, c’eft-à-dire, de trois tier- ces mineures confécutives; & c’eft le feul accord qui foit ainfi formé d'intervalles égaux ; 1lne fe fait que fur la note fenfible. Voyez ENHARMONIQUE.(S) M. Rameau dérive cet accord de l’accord de do- minante tonique , 8 de celui de fous-dominante dans le mode mineur, en cette forte ; foient les accords mi fol & fi ré, &c ré fa la; de dominante tonique & de fous-dominante dans le mode mineur de le ; M. Rameau joint ces deux accords, en retranchant 1°. mi dont le fo % eft cenfé tenir la place; 2°. /z qui eit cenfé continu dans ré. Voyez ACCORD & FONDA- MENTAL. Voyez auffimes élémens de Mufique. (O) Le troifieme s’appelle accord de féprieme fuperflue ; c’eft un accord par fuppoñtion , formé par l'accord dominant, au-deffous duquel la baffle fait entendre la tonique. Il y a encore un accord de féprieme &t fixte, qui n’eft qu’un renverfement de l'accord de neuvieme ; il ne fe pratique guere que dans les points d'orgue, à caufe de fa dureté. Voyez ACCORDS, CADENCE, Dissonance, (S) | SÉPTIER , £. m, ( Mefurerde liquides.) cette mes fure eft différente fuivant les lieux, ou Pefpece des chofes mefurées; elle fait en plufeurs lieux de la France la chopine , & la moitié d’une pinte en fait de vin, d’eau-de-vie, &c. (D. J.) | SEPTIER , ( Jauge. ) ce mot en fait de jauge, s’en: tend d’une certaine quantité ou mefure de liqueur, qui eft la valeur de huit pintes de Paris. Le muid de vin doit contenir trente-fix fepriers ; le demi-muid où feuiliette, dix-huit fépsiers ; le quart de muid , neuf fepriers ; t le denu-quart ou huitieme de muid, qua: tre fépriers & demi, Savary, (D. J.) SEPTIER , ( Mefure de Jet, ) le fepuer pris pour me: fure de fel , eft compofé de plufeurs autres mefures ; il contient quatre minots ou feize boïffeaux, &c les douze éptiers font le muid : le fel ainfi que les grains, fe mefurent ras. Savary: (D. J. SEPTIER , ( Mefure fèche, ) certaine mefure de grans , comme froment, feigle, orge, &c. de léou- mes, comme pois, lentilles, fèves, &c. degraines ; : comme millet, navette , chenevi , &c. de farine, de châtaignes, de noix ,& d’autres femblables marchan: difes. Cette mefure qui eft différénte fuivant les eux , n’eft pas un vaifleau qui ferve à mefurer tou- tes ces fortes de chofes, mais une eftimation de plu- fleurs autres mefures , telles que peuvent être le mi- not, leboïfleau, 6'c. À Paris le /éprier fe divife en deux mines ; la mine en deux minots, le minot en trois boiffeaux ; le boif feau en quatre quarts ou feize litrons, & le litron contient fuivant quelques-uns , trente-fix pouces cu- biques ; les douze fépriers font un muid ; le féprier d'avoine eft double de celui de froment; en forte qu’il eftcompofé de vingt-quatre boifleaux, ou deux mines ; chaque mine de douze boïffeaux , quoique le muid ne foit que de douze fépsiers. Les grains, les graines , les légumes, & la farine, fe doivent mefu- rer ras, fans rien laïfler fur le bord de la mefure; c’eft-à-dire , que la mefure étant fuffifamment pleine, elle doit être rafée ou radée avec une radoire, in- ftrument de bois deftiné pour cela. Les châtaignes, les noix, & autres femblables fruits fecs , doivent être auf mefurés ras ; mais la mefure ne doit être rafée fimplement qu'avec la main. Diéfionnairé di Commerce. (D. J.) SEPT ISLES Les, ( Géog. mod.) petites îles de France, à deux lieues de la côte feptentrionale de la Bretagne , & à cinq de la ville de Trépuier. Ces îles font au nombre de fept; ce {ont celles que les anciens appelloient Sade & Byadeæ, Long. 14.28. laur. 48. 43. ( D. J.) SEPTIMANCA , ( Géog. anc, ) ville d’'Efpagne : l'itinéraire d’Antonin la place fur la route d’'Emerita à Sarragofle , entre Amallobrica &t Nivaria, à vingt- quatre milles du premier de ces lieux, & à vinet- deux milles du fecond ; Merula &c d’autres, croyent ue c’eft préfentement Seranca. (D. J.) | SEPTIMANIE, ( Géog. mod. ) Sidoine donne le nom de Septimame à fept cités, dont Euric roi des Vifigoths s’empara. Ce prince auffi célebre par-les cruautés qu'il exerça contre les Catholiques, que par fes intrigues & par fes conquêtes, foumit d’abord, fans coup férir , une partie de l’Aquitaine , & for- ma un gouvernement particulier de fept cités, qu'il occupa dans cette province, La Seprimanie, ainfi nommée des fept villes qui étoient fous la métropole de Narbonne, comprenoit alors , outre le fiége du métropolitain , les diocèfes de Befiers, de Maguelone, aujourd’hui Montpellier, de Nîmes, d'Agde, de Lodeve, de Carcaffonne, & d'Elne , aujourd’hui Perpignan ; car, afin de rem- plir le nombre de fept diocèfes, d’où la province ti- toit fon nom, les Goths érigerent ces deux dernie- tes villes en évêchés, & les fubftituerent à la place de SEP de Touloufe & d'Ufès, qu'ils avoient perdues en 507: après la bataille de Vouillé, environ à trois lieues de Poitiers. Ce changement eft attefté par les foufcriptions du concile tenu à Narbonne en 389, fous le regne de Rocarede, & par celles de plufeurs conciles d'Ef pagne , auxquels affifterent, comme fujets des Goths, : le métropolitain, & les fept fuffragans qu’on vient de nommer. Les foufcriptions du concile affemblé À Orléans en s1r, prouvent qu’au tems de la mort de Clovis, la monarchie françoife n’étoit plus bornce que par la Sepéimanie & par le royaume de Bour- gogne.. . La Seprimanie fut foumife aux Goths tant que leur domination fubffta au-delà des Pyrénées; mais la ré- volution qui dépouilla leur roi Roderic de toute l’'Ef pagne, leur fit perdre en même tems ce qu’ils pofé- doient dans les Gaules. Les Sarrafins , Minuftres du reflentiment d’un feul particulier, détruifirent tout- à-la-fois en 714, & l'empire des Goths, & la nation même prefque entiere. L'entrée de la France leur étant ainfi devenue li- bre, ils linonderent fouvent d’armées formidables ; & pénetrerent par PAquitaine jufqu’au centre du royaume. Charles Martel gouvernoit alors les Fran- çois en qualité de maire du palais ; il réprima les in- -curfons des, Sarrafins, & arrêta leurs progrès, par la viétoire. qu'ilremporta fur eux en 732 entre Tous & Poitiers, Cependant cette défaite, qui avoit couté la vie à leur chef Abdérame y 6t qui auroit épuifé un peuple moins nombreux, ne les ayant pas empêchés de pañler le Rhône; Charles les força après un long fiége defortir d'Avignon, que le due Maurontus leur avoit livré. Il les pourfuivit encore en Seprimanie 3 & reprit enfin fur eux en 737, toutes les villes qui avoient autrefois appartenu aux Goths , à la réferve de Narbonne qui leur refta. Cette place ne fut ré- duite qu'en 752, depuis la proclamation de Pepin. SEPTIMIANE PORTE, Septimiana porta, ( To- pogr. de l’anc. Rome. ) porte de Rome entre le Tibre êt le Janicule ; elle fut ainfi nommée de Septimus Severus, felon Spartian; cet empereur l’anoblit en- core en y faïfant conftruire des bains pour le pu- blic. ( D. J.) … SÉPFIMINICIA,, ( Géogr. anc.) ville de Afrique propre : elle eft marquée dans l'itinéraire d’Antonin, fur la route d'Affure à Thenæ , entre Madaffima & Tablata, à vingt-cinq milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond ; c’étoit un fiège épifco- pal (D. JT.) SEPTIMONTIUM , (Antiq. rom. ) fête des fept montagnes de Rome , qu’on célébra au mois de Dé- cembre , après que la feptieme montagne fut enfer- mée dans la ville; on offroit aux dieux ce jour-là fept facrifices en fept différens endroits , Mais non pas conftamment fur ces montagnes ; ce même Jour les empereurs faifoient des libéralités au peuple. (2.1) SEPTIQUE , {. m. & adj. serme de Cho cor-| cerrart la matiere médicale externe, remede topique qui corrode les chairs. C’eft un efcharotique putré- fant, tel que la pierre à cautere, le beurre d’anti- moine. Le mot /éprique eft grec; il fignifie pucréfiant , qui a la vertu de difloudre & de faire corrompre ; du verbe cimw , ptrefacio, je fais pourrir. Voyez CAUS-: TIQUE, ÉSCHAROTIQUE. . M. Pringle, de la fociété royale de Londres , & médecin des armées britanniques, a donné à la fuite de fes obfervations fur les maladies des armées dans les camps & dans les garmfons , des mémoires ex- cellens, lus à la fociété royale , fur les fubftances /ep- tiques & anti-fépriques. Ses expériences prouvent qu'il y a beaucoup plus de fubftances qui réfiftent à _ Tome XF, \ S E P 73 la putréfadtion ; qu'il n’y en a qui la favorifent: l'eau de chaux 87 le quinquina font d’excellens anti-/epei- ques, au point que des morceaux de chair À demi- Pourrié, mis en macération dans une infufion de Quinquina, ont rendu à cette chair {on premier état. Foyez QUINQUINA, GANGRENE. (F7) SEPTIZONE.,, {/m, (Architeét, ) nom du maufo- lée de la famille des Antonins, qui felon Aurélius Victor , fut élevé dans la dixieme région de la ville de Rome. C’étoitun grand bâtiment ifolé, avec fept étages de colonnes, dont le plan étoit quarré : au- deflus étoient d’autres étages qui faifoient une large retraite ; ce qui donnoit une figure pytamidale à ce bâtiment terminé par la flatue de Septime Severe, qui avoit fait conftruire. Ge maufolée fut appellé Jeptiçone, du latin fèprem, & zone » C'eft-à-dire à fept ceintures ou rangs de colonnes, Les hifforiens font encore mention d’un autre Jéptigone plus ancien que celui de Septime Sévere, 6c près des thermes d’Antonin. (D. 7.) SEPTUAGENAIRE , adj. & f. m. qui a atteint l’âge de foixante & dix ans : onne peut ni faire met- tre, ni retenir en prifon un Jeptuagénaire pour dette civile. SEPTUAGÉSIME, (Théolog.) terme de calendrier qui fignifie le troïfième dimanche avant le carême. Ce dimanche 8 les deux fuivans qu’on nomme /e- xagéfime &t quinquagéfime , l’Eglife exhorte fes enfans à la pénitence, pour les préparer à la mortification du carême qu’elle va bientôt commencer. Quelques-uns croient que la Jéptuagéfime a pris fon nom de ce qu’elle eft environ 70 jours avant Pâques, &que le pape Télefphore fxa à ce jour le commen- cement du careme. Poyez CARÊME. | En Angleterre, les lois du roi Canut ordonnoient que les tribunaux feroient fermés, & l'exercice de lR juflice feroit fufpendu depuis la fépragéfime juf- qu’à qguindena Pafche, c’eft-A-dire la quinzaine de Pä- ques. Le droit canon défendlacélébration des mariages ; depuis la féptrage/fime jufqu’après les oftaves de PA- ques ; mais aujourd’h1 cette défenfe ne commence qu'au mercredi des Cendres. | SEPTUMANT, (Géogr. anc.) peuple de la Gaule narbonnoïfe, felon Pline, 46. If. ch. iv. Comme il leur donne la ville Blitere ou Bilreræ ; On voit que ce font les habitans du diocèfe de Béziers. Pomponius Mel , Z6. II. ch. v. écritau@M Seprumani. Le pays de ces peuples eft appellé Seprimania, par Sidonius Apol- lnaris | par Eginhart & par Aimoin ; & ce nom lui avoit été donné à caufe que la feptieme légion y avoit eu fes quartiers, (D. J.) SEPIUM LUCIDUM, (Anar.) ou cloifon tranf= parente ; elle fépare les deux ventricules fupérietrs du cerveau; elle eftainf appellée à caufe de fa tranf- parence. Voyez CERVEAU. SÉPULCHRALE, COLONNE, (Archir.) cétoit anciennement une colonne élevée {ur un {épulchre Ou tombeau, avec une épitaphe eravée fur fon fuft. Il y en avoit de grandes qui fervoient aux tombeaux des perfonnes de diftin&ion > Gt de petites pour ceux du commun; celles-ci étoient appellées par les La- tins f/ece 8 cippi. On donne aujourd’hui le nom de colonne fépulchrale À toutes les colonnes qui portent des croix dans les cimetieres , ou qui fervent d’orne- ment aux maufolées. (D. J.) SEPULCHR AUX, £ m. (Hif8. eccléf.) hérétiques qui moient la defcente deJ. C. aux enfers quant à l’a- me, & difoient qu'il n’y étoit defcendu que quant au Corps, donnant au mot erfer , Le nom de fépulchre, SÉPULCHRE , { m. (Gramm. € Hifl) fepul- chrum ; tombeau ordinaire deftiné À enfermer les morts, ou les os & les cendres des corps morts, lor£ 74 SE P que lufage étoit de les brüler. Voyez SEPUE- “CHRUM. Les fépulchres magnifiques, ou pour mieux dire Les -tombeaux des-princes, des grands, des riches de la terre, fe nommoiïent pyramides, maufolees, monu- mens, cénotaphes., voûtes fépalchrales, &c. mais les pauvres citoyens n’avoient que des fépulchres de peu ‘de montre ; on les appelloit en latin fuivant leur for- ‘me ou leur ufage ,.co/umelle, menfæ, labella, labra , -arc@., coltimbaria. Les columellæ étoient de petites colonnes fembla- ‘bles à des bouquets ou troncs de pierre que les La- tins appellent'cppi, avec cette différence que les co- Jonnes étoient arrondies, &.leurs troncs quarrés où de quelque figure -irréguliere. Properce en parle ainfis TI puer, & civus hec aliqué præpone columné, Et dominum exquiliis dic hahitare tuurme On fait que les exquilies étoient certains lieux hors dela ville, où l’on exéeutoit à mort les crimi- nels, & où les pauvres éroient enterrés: Hoc mifèræ plebi flabat commune fepulchrum. Hotat. 24. IL. fac. vu. Les tables, menfæ, étoient des pierres quadrangu- laires plus longues que larges, aflifes fur une petite tombe , foit à fleur de terre, foït fur quatre bouquets de pierre élevés d’environ-2 ou 3 piés; & comme le verbe ponsre étoit de commun ufage pour fignifier mettre, pofer , les Latins difoient porere menfam , pour défigner la ftrm@ure , la potion ou l’afhette des tom- ‘bes des morts. L’infcription fuivante qui fe trouve à Milan, & que Grutera recueille, 850, 6, pourra ervir d'exemple, M. M. Minicie Rufinæ Innocentiffime fœrnine Que. Vixis. Annis.xxige Menfe. Uno. Dieb.xxxiti Minicia. Domitia. Sorort Pofuir. Menfam contra Vorum. Labellum ou Labrum, étoit une pierre creufée en £otme de bain de fontaine ; ces baflins étoient les uns ronds, les autres ovales & les autres quatrés ; mais ces derniers s’appelloient proprement arcæe ou arculæ, parce qu'ils refembloient aux coffres, excep- té que leurs quatre côtés ne tomboïent pas à-plomb, & qu'ils étoient ordinairement portés fur quatre piés de lion, ou de quelqu'autre bête. Les mots cupæ, dolia, majle, olle , urnæ , ampul- Le, phiale, thecæ , laminæ , &t quelques autres fem- blables, ne fignifient point des fépulchres entiers, mais des vaïfleaux de différente forme ou matiere, dans lefquels on mettoit les os ou les cendres des corps brülés. Columbaria, étoient des niches où on pouvoit pla- cer deux ou trois urnes pleines de cendres, fur lef- quelles urnes on gravoit une petite épitaphe. Agène Urbique parle de quelques endroits des fauxbourgs de Rome , où l’on voyoit quantité de /é- pulchres de petites gens & d’efclaves ; tel étoit le lieu nommé caline; tel étoit encore le lieu nommé fe/er- zium , où étoient enterrés Les corps des perfonnes que les empereurs faïfoient mourir. Quand on lifoit fur les inferiptions d’un fépulékre, zacito nomine , ces mots vouloient dire que les per- fonnes à qui ce Jépulcre étoit deftiné, ayoient été dé- clarées infàmes, & enterrées à l’écart par la permif- fion du magifirat. (D. J.) SÉPULOHRE de la fainse Vierge. (AU, ecclé[.) on S E P ignore Le lieu de ce facré monument; 8 Pon ne fait pas même où la Ste Vierge a fini fes jours. Les apô- tres feuls qui pouvoient en être inftruits, ont eu grand foin de ne pas divulguer ce fecret. Ainfitoutes les traditions qui ont couru dans le monde fur ce mo- nument, & fur le lieu de la mort de la Ste Vierge, font également incertaines. Ainfi quand l’on foutint dans le concile d'Ephèfe, tenu en 431, que la Ste Vierge y étoit morte & qu’elle y avoit fon tombeau, ce fentiment ne put prévaloir contre l’opinion de ceux qui montroient le tombeau de la mere de notre Sauveur à Jérufalem. On a foutenu depuis qw’il étoit dans la vallée même de Jofaphat; d’autres ont pré- tendu le voir au pié de la montagne des Oliviers ; &c dans chacun de ces deux endroits on en a donné des defcriptions fi différentes, qu’elles ne peuvent con- venir au même tombeau. (D. J. | SÉPULCHRE des Juifs, (Crisig. facrée.) en grec ra ges ; les Hébreux creufoient ordinairement leurs tom- beaux dans les rocs, comme il paroit par Ixxiy. 16. C’eft pour cette raïfon qu'Abraham acheta une dou- ble caverne, pour en faire fon /épulchre. Genèle, xlix. 30. Lorique leurs tombeaux étoient en plein champ , ils mettoient une pierre taillée par-deflus, pour avertir qu'il y avoit deflous un Jépuichre, afin -que les paflans ne {e fouillaffent point en y touchant. Le Sauveur fait allufon à cette coutume, quand il compare les Pharifiens à des Jépulchres cachés, fur lefquels en paflant fans le favoir , on contraéte une {ouillure involontaire. Luc, xy. 44. Les Juifs endui- foient auffi de chaux leurs fépu/lchres, pour qu’on les apperçût mieux ; & tous les ans le 15 d'Adar, on les reblanchifloit, C’eft pourquoi J. C. compare encore les Pharifiens hypocrites , qui convroient leurs vices d’un bel extérieur, à des /épulchres blanchis. Habiter dans les fépulchres, c’eft dormir auprès des tombeaux , pour confulter les devins , à la maniere de ceux d’entre les Gentils qui couchotent près des Je- pulchres fur des peaux de bêtes, afin d'apprendre en fonge ce qui devoit leur arriver. [faie, xxxv. 4. re- proche aux Juifs cette pratiquefuperftitieufe. Sépulchre fe prend au figuré dans l'Ecriture; 1°. pour la mort. Il ne me refte que le fépulchre, dit Job, xvij, 1. C'eft-à-dire je n’attens plus que la mort dans mon afflidion. 2°. pour l’excès de la mifere. Ezé- chiel, ch. æxxvij, 12. promet aux Juifs que Dieu les retirera de leurs /épulchres, c’eft-à-dire de leur dure captivité. 3°. pour une chofe pernicieufe; c’eft dans ce fens que S. Paul dit aux Romains, #7. 13. le go- fier des méchans eft comme un /épulchre ouvert, dont fortent des paroles nuïfibles au falut. Enfin laïffer une ame dans le /épulchre, dans la mors ou dans l’ez- fer, eft une expreflion hébraïque qui défigne une feule &t même chofe. (D. J.) SÉPULCHRE , SAINT, (Ordre milir.) nom d’un or- dre militaire établi dans la Paleftine. La plupart des écrivains en attribuent la fondation à Godefroi de Bouillon ; mais c’eft une idée chimérique, Les che- valiers du fairt fépulchre ne s’éleverent que fur les ruines de chanoines réguliers ainfi nommés; ce fut Alexandre VI. qui infitua l’ordre militaire de ce nom, dont il prit la qualité de grand-maître. Clément VIL en r$25, accorda de vive voix au gardien des religieux de S. François en Terre-Sainte, le pouvoir de faire de ces chevaliers. Paul V. fous Louis XIII. confirma la réunion de Pordre du Jar fépulchre, à celui de S. Jean de Jérufalem. (D. J:) SEPULTURA , SEPUECHRUM , MONU- MENTUM , (Antiq. rom.) il y a de la différence entre ces trois mots, confidérés dans leur fignifica- tion propre. Sépulchre marque en général tout lieu de ftpulture, felon le jurifconfulte dans la loi 3. de fé puichro vielato. Toutefois à prendre ce terme à la ri- gueur, tel a Jépulrure qui n’a point de /épulchre; car SEP À LÀ nt ‘1e RS est C4 LA lemot Jépuirure défigne non feulement tout lieu où les corps {ont enfevelis, mais même Les cérémonies de l’enfevelifiement. Les Payens ne s’inquiétoient pas du fépulchre ; mais beaucoup de la Jépulture ;, | parce qu'ils croyoient que lame de celu: dont le corps étoit privé de Jépulrure, teftoit errante, & ne pouvoit être admile au rang des autres dans les champs élifées. | Nec ripas datir horrendas , nec rauca fluenta Tranfportare pris, quam fedibus of[a quierurt. Ænéid, 1, 6. Voilà d’où vient l'inftante priere que le pauvre Palinure fait à Enée, de vouloir à fon tour , enterrer fon corps, qui étoit encore porté fur les flots près du port de Vélies, depuis l'heure de fon naufrage. Mais quant au fépulchre, il n’étoit réputé ni né ceflaire, ni utile; achetoit un fépulchre qui vouloit, car ilne confiftoit qu’en une mafle de maçonnerie | faite au-deflus, ou au-devant de la épulure. Et mê- me de ce genre d'ouvrage les Germains avoient cette opinion, que cela ne fervoit que de fardeau inutile aux corps des défunts. Mais ils penfoient que la /e- pulturé étoit louable en elle-même, agréable aux dé- funts , & pleine de confolation aux vivans. Ce que nous avons appris de l'acite, qui dit que Jépulchrum CeJpes erigit: monumentorum arduum & operofum ho- norem jui gravem defunétis, afpernantur Germani. À confidérer enfuite les mots fépulchre & monu- ment ,1l y a cette différence, que le monument indi= que toute forte d’édifice pour tranfmettre à la pofté- rité la mémoire de quelque chofe ; morumentum e guod memorie fervande gratié exiflir. Que fi dans ce monument on met le corps d’un homme mort, de fimple monument qu'il étoit, il devient vrai fépul- chre, tombeau, &c fe revêt de la nature des lieux faints & religieux, Que f l'édifice eft fait à la gloire d'un défunt, êtque {on corps n’y foit pas mis en Jé- pulture, on le nomme un, fépulchre vuide, que les Grecs appellent seroraguer. Telle eft Pidée qu’en don- ne la loi 42, de religiofis & fumptibus funerum. De-là vient que plufeurs hommes illuftres de l'antiquité “avoient plufieurs montmens, dont un feul portoit le nom de tombeau. C’eft ce que Denis d'Halicarnafle rapporte au fujet d'Enée. (D. J.) | SEPULTURE, (Pros naturel.) on entend en gé- néral par fépulsure dans le droit naturel, les derniers devoirs rendus aux morts, foit qu’on enterre leurs corps, foit qu'on les brûle ; car tour dépend ici de la coutume qui détermine la maniere d’honorer la mémoire du défunt. Le droir de fépulrure eft fondé fur la loi de l’huma- nité,, & en quelque façon mêmeifur la juftice, Il eft de l'humanité de ne pas laïffer des cadavres humains pourrir, où hvrés en proie aux bêtes. C’eft un fpe- Éacle affreux aux vivans ; & il leur en proviendroit un dommage réel par l'infeéion de l'air. Ainfi les perfonnes les plus indifférentes font obligées par cette feule raïfon de donner elles-mêmes la fépulrure aux morts, loriqu'iln’y apointdegens,de parens ou d'amis à portée de leur rendre ce dernier devoir. Que f l’on empêche les parens ou les amis de s’enacquitter, on leur fait uneinjure, On augmente la doûleur qu’ils reflentent de la perte d’une perfonne quileur étoitches re. on leur ôte la confolation de lui rendre ce qu'ils regardent commeun devoir. C’eft fur ce pié-là que la chofe a été envifagée de tout.tems parmi les nations qui n’ont pas été plongées dans la barbarie. C’eft aufñ en partie là-deflus que {ont fondées les lois qui privent de la fépulrure ceux qui ont commis de très. | grands crimes ; car elles fe propofent autant de ren- dre chacun foïgneux de détourner de tels crimes fes enfans , fes parens,, fes amis , que d’intimider le crie munel. . Tome XF, S AEPEUE 75 Mas eñtefufant la Jépzreure à quelqu'un, ne viole f-On point en quelque maniere envers lui l'humanité &x la juftice? M, Thomañus & quelques autres ne le croient pas, parce que le moït ne fent point lou trage qu'on fait à {on cadavre ; cependant ce n’eft pas toujours aflez pour étre léfé, de fentir l’offenfe que l’on nous fait; on fait du tort à un infenfé , dUOI= qu'ilne comprenne par le préjudice qu’on lui caufes Après tout les raifons qui fe tirent de Pinjure faite aux vivans, fufhfent pour eninférer, que la /épzlruré refulée malicieufement, fournit un jufte fujet de ven: séance aux parens où ans du défunt, & que les lois même de la guerre ne s'étendent pas juiqu’à refu- fer la Jépulture aux morts de l’armée ennemie; c’é- toit là du moins l’idée de Platon, & à fon autorité On peut ajouter celles que Grotius cite en aflez grand nombre, Z. Îl. c, xix, (D.J.) # SÉPULTURE ; (Ang: greque € rom.) le foin dà la fépulture eft du droit naturel & du droit des gens. Tous les peuples peuples fe font accordés à penfer ainf, & l'antiquité a repardé la épuré des morts comme un devoir inviolable , dont on ne pouvoit fe difpenfer fans encourir la vengeance des dieux: Dans l’liade d'Homere, Priam obtient une fufpen: fion d'armes pour enterrer les morts de part & d’au- tre. Jupiter envoie Apollon pour procurer la fépul- ture à Sarpedon. Iris eft dépêchée des dieux pour en- gager Achilleà rendre ce devoir à Patrocle, & Thé-= tis lui promet d'empêcher que ce corps ne {e Corrom= pe, au cas qu’on le laifle une année entiere fans Jé= pulture, Homere fe fonde ici fur la coutume des Égyptiens qui refufoient la Jéplure au défunt, s’il avoit mal vécu. Ce refus failoit qu'on ne permettoit pas de tranfporter le corps des impies au-delà du fleuve près duquel étoient les fépulures des juftes: De-là venoit l’idée que la privation de la fépuliuré fermoit à une ame les: Champs élifiens , & la cou vroit d’infamie. Je me fers ici du mot de fépulrure pour les tems même d'Homere, où l’on brüloit les COfpS , d'autant qu'il refloit toujours des os ou des cendres du cada= vie qu'on mettoit en terre enfermés dans des ur < nes. - L’ufage de brûler les corps eut dé la peine à s’étas blir chez les Romains , parce que Nüma Pompilius, défendit qu’on brülât le fien; cette coutume devint cependant générale fur la fin de la république ; mais elle fe perdit au commencement du regne des em- pereurs chrétiens , &c s’abolit entierement fous Graz tien. Perfonne , & même les criminels ne pouvoient être privés de la /épuliure parmi les juifs. Jofephe, antiq. judaig. 1, IV, ©. vy, dit que Moïle avoit com- mande qu'on donnât la fépulsure à tous ceux qu'on condamneroit à mort pour leurs crimes. Nous voyons que les Romains étoient affez dans le même üfage , car Pilate permit qu’on détachât le corps de J.C. & qu'on le miît dans le fépulchre , quoiqu'il l’eût fait mourir comme criminel de léfe-majefté. Les empe< reurs Dioclétien & Maximien marquerent par un de leurs refcriprs | qu’ils n’empêcheroient pas qu’on donnêt la fépulsure à ceux qu’on avoit fuppliciés. Àu commencement de la républi pue , tous les Ro- mains avoient leur fépulrure dans la ville , mais la loi des douxetables le défendit pour éviter linfed@ion que les corpsenterréspouyoientcaufer dansun climat auffi chaud que tale.’ La république n’accorda le droit de Jépuliure dans Rome qu'aux veftales , à unpe= tit nombre de particuliers qui avoiïent rendu des {er- vices confidérables à l’état: Les Claudiens eurent le privilègede conferver leur fépz/surefous le capitole, Le peuple romain accorda de même par une ordon- nance exprefle à Valérius Publicola & à fes defcen= dans, Fhonneur de la fépuliure dans da ville. Plutar= K 1 76 SEP que écrit néanmoins.que de fon tems , ceux de cette race fe contentoient , lorlque quelaw’un d'eux mou- roit, demettre une torche ardente fur le tombeau de famille, qu'ils retiroient aufitôt, pour montrer qu'ils ayoient ce privilege , maïs qu’ils s’en déportoient en faifant enterrer leurs parens dans la contrée de Vélie. Adrien mitune amende de quatre pieces d’or con- tre les contrevenans , & étendit cette peine aux ma- giftrats qui l’auroient permis. Il voulut encore, pour me fetvir des termes du jurifconfulte Ulpien , que le lieu de la Jépzarure fût confifqué & profane, & qu’on exhumät Le corps ou les cendres de celui qu'on y auroit enfeveli. Cette ordonnance fut renouvellée par Dioclétien & Maximien, l'an 290 de V’ere chré- tienne. Des lois fi formelles obligerent les Romains d’eta- blir leur tombeaux hors de l’enceinte de Rome, & les élever fur les grands chemins les plus fréquentés, comme fur la voie appienne , la voie flamnienne, la voie latine, où l’on voyoit les fépuchres des Col- latins , des Scipions, des Servihiens; des Marcellus , &c. objets propres à porter les pafflans à limitation des grands hommes qui étoient couchés dans ces tombeaux, & dont les noms étoient gravés fur cha- cun. (D. J.) SÉPULTURE des Chinois | ( Hif£. de la Chine.) les fépuleures de ce peuple font hors des villes , &z autant qu’on Le peut fur des hauteurs ; fouvent on y plante dés pins êr des cyprès. Jufqu’à environ deux lieues de chaque ville, on trouve des villages, des hameaux, des maifons difperfées çà & là, & diverffées de bofquets & de petites collines couvertes d’arbres, & fermées de murailles. Ce font autant de /épultures différentes, lefquelles forment un point de vue qui n’eft point défagréable. ; La plüpart des fépuichres chinois font bien blan- chis, & faits en forme de fer à cheval. On écrit le mom de la famille fur la principale pierre. Les pau- vres {e contentent de couvrir le cercueil de chaume, ou de terre élevée de cinq à fix piés , en forme de pyramide ; plufeurs enferment le cercueil dans une petite loge de brique, repréfentant un tombeau. Pour ce qui eft des grands êc des mandarins , leurs Jépultures {ont d'une aflez belle ftruéture. Ils conf- truifent une voute dans laquelle 1ls renferment le cercueil : ils forment au-deflus une élevation de terre battue , haute d'environ douze piés &c de huit ou de dix pouces de diametre , qui a à-peu-près la figure d’un chapeau; ils couvrent cetteterre de chaux & de fable , dont ils font un maftic, afin que Peau ne puifle pas y pénétrer; ils plantent tour-autour avec fymmétrie des arbres de différentes efpeces. Vis-à-vis eft une longue & grande table de marbre blanc & poli, fur laquelle eff une caflolette, deux vafes & deux candelabres auf de marbre: De part & d’autre, on range en plufeurs files des figures d’of- ficiers, d’eunuques , de foldats, de lions, de che- vaux fellés, de chameaux, de tortues, & d’autres, animaux en différentes attitudes , qui marquent du refpe& &r de la douleur, autant que leurs artifies font capables d'exprimer les pafions ; vous trouverez les détails de leurs funérailles an #70: FUNÉRAILLES des chinois. (D, J.) SÉPULTURE, (Cririq. facrée.) lesJuifs avoient grand foin d’enfevelir lesimorts,8ttenoient à deshonneur d'être privés de la Jépulure; aufli étoit-ce chez eux unoffice de charité que ce dernier foin, comme on le voit par Tobie, qui s’en faifoit un devoir, malgré les défenfes de Sennachérib, & quoiqu'il courüt if que de la vie en ofant enterrer les corps des ifraéli- tes qu’on:expofoit aux bêtes. Jérémie, ch. vi. 1. menace les grands , les prê- tres , & les faux prophetes qui ont adoré les idoles, SEQ de faire jetter leurs os hors de leurs /érulures ; cont- me le fumier qu’on jette {ur la terre. Le même pro- phete , ch. xxi7. 19. prédit que Johakumi, roi de Juda, qui fe plongeoït dans toutes fortes de crimes, feroit jetté à la voirie, Les Juifs cependant n’avoient point de lieu déter- miné pour la fépulture des morts; plufieurs de leurs tombeaux étoient faits dans Le roc ; d’autres étoient dans les villes, à la campagne, fur les chemins, dans Jes jardins. Les tombeaux des rois de Juda étoient creufés fous la montagne du temple, comme Pinfinue Ezéchiel, quandil dit, ch. xlij. 7. qu’à l'avenir la montagne fainte ne {era plus fouwillee parles cada- vres des rois. Le tombeau que Jofeph d’Arimathie avoit préparé pour lui-même , & quil deftina pour le corps du Sauveur, étoit dans fon jardin. Saul fat enterré fous un arbre, & Moife, Aaron , Eléazar, Jofué , le furent dans des montagnes. Maimonides, il eft vrai, fait mention du cercueil où les Juifs mettoient les morts , avant que deles dé- pofer en terre ; mais il parle plutôt de la maniere dont les juifs difperfss enfevelifoient leurs morts, que de celle qui étoit en ufage parmi eux , lorfaw’xs habitoient leur propre pays. On croit donc que du tems de J. C. après avoir préparé les corps, avant que de les mettre dans le fépulchre, ils es pofoient liés de bandes & enveloppés d’un linçceul , fur de pe- tits lits, & les plaçoiïent ainfi dans les grottes qui étoient leurs fépulchres. Les railons qu’on a d’enju- ger ainf , font 1°..que dans l’hiftoire de la fépulture &c de Ja réfurrettion de J, C. 1l n’eft fait aucune men- tion de cercueil. Iln’y eft parlé que du linceul & des bandes de toile, dont le corps du Sauveur fut enve- loppé. 2°. La même chofe paroït dans l’hiftoire dela réfurreétion de Lazare. S'il avoit été enfermé dans un cercueil , TJ. C. ne pouvoit lui dire , Lazare , fors dehors. Il auroit fallu ouvrir le cercueil auparavant, comme il fallut Ôter la pierre qui fermoit l'entrée du fépulchre , afin que Lazare en püt fortir ; ou il fau- droit fuppofer un miracle que J.C. n’a point voulu faire, parce qu'il n’en fait point de fuperflu ; c’eft pour cela qu’il fait ôter la pierre , avant de comman- der à Lazare de fortir. 3°. Dans l’hiftoire de la ré- furreétion du fils de la veuve de Nain, Jéfus s’appro- che du mort, &c lui dit: Jeune homme, levez- vous = comment auroit-1l pu fe lever, s'il eht été enfermé dans un cercueil ? Quoi qu'il en foit , auffitôt que quelqu'un chez les Juifsétoit mort, fes parens 87 fesamis, pour marquer leur douleur de fa perte, déchiroïent leurs habits, fe frappoient la poitrine, & mettoient de la cendre fur leurs têtes. La pompe funebre étoit accompagnée de joueurs de flutes , d'hommes & de femmes gagées pour pleurer. Voyez PLEUREURS 6 PLEUREUSES, SÉPULTURE , {. € (Archi) c’eft le lieu où font les tombeaux d’une famille, comme étoit la chapelle des Valois à $. Denis en France. Les mahometans font curieux de fépzxltures qu'ils bâtiflent en forme de petites chapelles d'une arch1- te&ure fort délicate, Ils appellent sarbes, celles des fondateurs des mofquées qui en font proches. Davi- der, ( D. 1.) | | SEPULVÉDA , ( Géog.mod.) petite ville d'Efpa- gne., dans la vieille Caftille , au fud-oueft & près de Ségovie, fur la petite riviere de Duraton. On lap- pelloit anciennement Sepulvega, dont on a fait Se: pulveda. Villeneuve prétend que c’eft la Segortia lata de Ptolomée , Z. IL. c. vj. (D.J.). | SEQUANA ,(Geogr. anc.) nom latin de la riviere de Seine. Céfar & Ptolomée difent Sequana , Stra- bon Sequanus , & Etienne le géographe Secoanus, Cette riviere, felon Céfar , de Bel. Gal. 1. I. faifoit avec la Marne, la féparation entre les Gaulois &c les Belges. (D.J.) SÉQUANIENS , £. m. pl. (Æif£ ancienne.) peuple de la Gaule, qu, du tems des Romains, habitoit le pays connu aujourd’hui fous le nom de la Franche Lornté. | SÉQUANOIS , Les, (Géog. anc.) Sequani , peu- ples de ancienne Gaule; du tems de Céfar, ils fai- doient partie de la Celtique : mais Augufte les mit fous la Belgique , Ce qui paroïît par les defcriptions le Ptolomée & de Pline. Céfar.dit encore, que le mont Jura les {éparoit des Helvétiens : d’un autre côté, les bornes de leur pays s’érendoient jufqw’au Rhein, à ce que prétend Strabon , Z, 17. On peutdire que le Rhein bornoit originairement le pays des Séquanois ; avant que les Germains les - euflent éloignés des bords de ce fleuve; car on voit qu'Ariovifte leur enleva la troifieme & la meilleure portion de leur pays, & fans doute celle qui étoit la plus voifine du Rhein. Ammien Marcellin, Zv. XP. c. xxvi. étend auf les Séquaniens jufqu’à ce fleuve ; mais il fuivoit lu- fage de fon tems: il y avoit une province appellée Maxima Sequanorum , & dans laquelle on compre- noit non-feulement les Seguani , mais encore les Æe- . petit & les Rauract Enfin, le pays de Seyxaniens, felon Tacite, étoit d’un autre côté limitrophe de celui des Ædui, voyez M. Dunod dans fon Afloire des Sequanois G de la province Sequanoife, Cet ouvrage cit imprimé à Di- jon en 173$. 2. vol. in-4°, (D.J.) SEQUELLE , DIXME DE , ( Droit d’églife. ) on appelle dixme de féquelle une certaine dixme qui fe perçoit en Bourgogne , parce que le curé qui la le- ve fuit Le laboureur qui va cultiver des terres hors fa dixmerie, Les dixmes perfonnelles ne font point reçues en France, cependant les dixmes de /eguelle approchent fort de leur nature, dit Fevret. (D. J.) SÉQUENCE, £f. rerme de jeu de Ambigu ; la féquence eftune fuite de trois cartes de la même cou- leur , comme cinq, fix & fept. La féquence emporte le point & fes primes, & fait gagner trois jettons de chaque joueur, outre ce qui eit au jeu, la plus haute en points va devant la plus bafle. _ SÉQUENCE, au jeu de ma Commere accommodez- moi , fe dit de trois cartes qui font dans leur ordre naturel, ne laifant aucun intervalle à remplir en- tre une carte & celle qui lui eft inférieure en valeur, comme roi, dame & valet, dame, valet & dix, &c. La féquence de ce jeu ne differe de latierce du piquet, qu’en ce qu'il faut que celle-ci foit en même couleur, êt en même efpece , & que la féquence peut être de trois couleurs & de trois efpeces différentes, pourvû qu’elle aille de fuite. SÉQUENCE , au jeu du Hoc, ce font trois cartes d’un même couleur qui fe fuivent. La féquence de quatre vaut mieux que celle detrois, celle de cinq, que celle de quatre & ainfi des autres. Et quand les cartes font égales en nombre, la plus haute sagne ; dame, valet 6 dix, & la plus forte féquence fimple ; as, deux & trois la moindre de toutes. Voyez SÉQUENCE s1M- PLE. SÉQUENCE SIMPLE , au jeu du Hoc, c’eft une f£- quence qui n’eft compofée que de trois cartes feule- ment. SÉQUENCE , au jeu de Commerce, {e dit de l’aflem- blage fuivi de trois cartes de même couleur, que l’on appelle serce au jeu de piquet; conune as, roi, dame; roi, dame ; valet ; dame , valet @c dix , &c. La plus haute ayant toujours la préférence. SEQUESTRATION , 1 £ (Gremm.G Jurifpr.) eft laétion de mettre des revenus ou autres chofes en fequettre. On entend auffi quelquefois par ce terme l’a@tion de détourner des deniers , des papiers ou autres cho- fes, pour en ôter la connoïflance & fe les approprier. Poyez ci-après SEQUESTRE, , SER 77 SEQUESTRE , fm. (Jurifprud.) eft une perfon- ne prépoiée pour recevoir & garder comme en dé- pôt des deniers, revenus &t autres chofes qui font en Lrige, jufqu'à ce que la juftice ait décidé à qui les chofes féqueftrées doivent appartenir. Le Jéqueftre differe du gardien où commiffaire , éf ce que celui-ci eft établi à une faifie, au lieu que le Jequefire eft établi à des biens & revenus, quoique non faifs. Les nominations de fqueffre fe font ordinairement en juftice , fur la démande des parties ou d'office par le juge lorfqu’il y a lieu. | Les parties peuvent néanmoins convenir entr’elles d’un /éguejtre à l'amiable, . Le juge ne peut nommer pour fégueffre aucun de fes parens & alliés, jufaw’au degré de coufins-ger+ mains inclufivement , à peine de nullité & d'amende, mème de répondre en fon nom des dommages &c in- térêts en cas d’infolvabilité du /egeffre, Le fequeffre doit prêter ferment devant lefuge, Quand les chofes fequeftrées confiftent En quelque jouiffance , le fiquejfre doit faire procéder au bail ju- diciaire, au cas qu'il n’y en eût pas de conventionnel ou qu'il eût été fait en fraude 8 à vil prix. Le devoir du Jéqueffre en général, eft d’adminifrer les biens & revenus dont il eft chargé, comme un bon pere de famille, & de rendre compte de fa com- miflion à qui par juftice fera ordonné. Voyez Com- MISSAIRE , DÉPÔT , GARDIEN , © lord, de 16G1. tir. 19. (4) SÉQUIN , f. m, ( Mornoie.) monnoie d’or qui fe bat à Venife, au titre de vingt-trois karats, trois quarts. Il s’en fabrique auffi dans les états du grand- feigneur , particuliérement au Caire, que de-là on appelle féguins de Turquie où shérifs ou futsanins. On appelle à Conftantinople féquins hongres , des ducats d’or qui fe fabriquent en Allemagne à divers coins. La valeur de ces féquins n’eft pas tout-à-fait fem- blable, ceux de Turquie & d'Allemagne valent un quinzième moins que le vénitien. Aux indes orienta- les, le fequrr vénitien s’y prend pour quatre roupies fix peflas, c’eft-à-dire pour 10 liv. 4 f. de France; & le Jiquin de Turquie feulement pour quatre roupies juites , ce qui eft 4 fols moins que l’autre. (2.J.) SER , f. m. ( Poids étranger, ) poids dont on ufe aux Indes orientales, particuliérement dans les érats du grand-mogol, ainfi que l’on fait en France & ail- leurs de la livre. Il y a de deux fortes de fé, l’un qui eft employé à pefer les denrées & chofes propres à la vie, &t l’autre dont on fe fert pour pefer les mar- chandifes qui entrent dans le négoce. Le premier eft de feize onces, poids de marc, qui eft égal à une li- vre de Paris, & Le deuxieme n’eit que de douze on- ces , auffi poids de marc, qui font les trois quarts de la livre de Paris ; enforte que ce dernier /er differé d'un quart du premier. (D. J.) SER À, (Géog. anc.) ville métropole de la Séri- que, felon Ptolomée, Z VI. c. xvj. Le nom moder- ne €ft Camnbalech, felon Niger, & Sindiufu , felon Mercator. (D. J.) SERACH , . m. serme de relation ; c’eft ainf qu’on appelle l'officier qui tient létrier du caïa des janiai- res en charge, l'accompagne partout à cheval , & lui fert comme d'aide de camp. Au bout d’un cer- tain tems , 1l obtient le titre de chous, & enfin de- vient lui-même caia des janiflaires, fous le comman- dement de l’aga du corps. Pocock. Hifloire d'Esypre. (D. J.) SERAT ox SERAY , terme de relation: ce mot f- gnifie une maifon, mais une maifon grande &z ample, un palais. C’eft le nom du palais du grand-feigneur, qu’on appelle mal-à-propos érai/, car il s'écrit ferai en turc ; mais lufage Pa emporté. Les palais des ba- chas &c des autres grands de la Porte prennent auf 78 SER cenoms c’éft ehcore celui au’on donné à cesthôtel- leries publiques , où vont loger les caravanes; ear on les appelle caravanférai où carvan-feraï.t1Quel- ques-uns écrivent ce nom par un Æ;- d’autres, com- me Thevenot ; dans-fon voyage des Indes, écrivent guervar-ferai; un ufage vicieux a prévalu , &tidéci- dé pour Jerrail, lorfawil s’agit d’un palais des fouve- rains orientaux, & furtout de ceux où leurs femmes font enfermées. Voyez SERRAIL, (D. J.) SERAT , ou SARAI, ox SULTAN-SARAI, ox BA- CHA-SERAI, ( Géogr. mod.) valie du Capchac, fur le Volga,où le kan faifoit fa réfidence ; mais les Ruf fes ont ruiné en 1736 cette ville, ou plutôt ce pa- lais. Long. 81. lat, 52. (D..J.) SERAN , £. m.( Tifferand. ) outil à prépareriles chanvres, les lins, les orties, &c autres plantes dont les tiges font pleines de filamens, pour les mettreen état d'être filées. Les /érans {ont des aisten forme de grandes cardes; armés de dents de grosfls-de-fer, à-travers defquels on fait pafler ces plantes, après qu’elles ont été aupara- vant sroffterement concaflées. avec un inftrument de bois. Ces deux apprêts qui les réduifenten filafles & en état d’être filées au rouet où au fufeau , ne fe don- nent que lorfqu’au fortir de l’eau où elles ont été roues, on les a bien fait fécher au foleil, (2.7) SERAN, LE, (Géog. mod.) petite riviere de France. Elle prend fafource dans les montagnes de Michaille, vers le grand abergement,, court dans Le Valromey, & fe perd dans le Rhône , au-deflous de Roche- fort , à fept ou huit lieues de fon origine. (2, J) SERANCER , v.a@. ( Tifferanderte.) c'eft faire pañler les chanvres , lins, orties &T autres matieres propres à être filées par les ferans. Lés chanvres /c- rances , ce fontles chanvres qui ont reçu cet apprèt, &t qui font réduits en filafe. Les dents du deran doi- vent être plus où moins ferrées, felon la fineffe dont on veut que foitle chanvre. : : On a ordinairement plufieurs ferans de différente grandeur. Quand on veut /erancer, on les attache au Bout d’une table, fur un efcabeau , ou autre uftenfle de ménage ; le principal eft qu'ils foient fermes; on pañe le chanvre plufieursfois a-travers de ces pointes de fer; & quand'il eft bien peigné, bien propre & bien clair , onle met en botte pour le vendre à me- fure qu’on en/erance, ou-bien on le file ; foit à grand rouet, à la quenouille , ou au fufeau, fuivant.les dif: férens ufages auxquels on le define. ( 2.J.) SERANCOLIN, MARBRE , ( Litholog.) lemar- bre férancolin eft un marbre ifabelle & rouge ;: ou couleur d’asathe des Pyrénées. La carriéred'ohonle tire eft dans la vallée d'Or, proche de Serancolin, dans l'évêché de S. Bertrand. L'on a été long-tems que lon ne pouvoit avoir de ce marbre que par mor- ceaux ; mais depuis que le fieur Miflon aitrouve le fecret de fcier le marbre dans leroc avec des fcies qui tournent àwolonté, on peut avoit toutes fortes de marbres par grandes preces. (D. J.) SERANDIB, (Géogr. mod.) nom arabe de la plus fameufe île de l'Océan oriental. Le fchérif Al-edriffh lui donne 80 parafanges de longueur, &autart de largeur ; &c le géographe perfien la met fort proche de la côte des Indes , entre l'équateur & le premier climat. Tout cela nous indique que cette ile eft la mème que celle de Ceylan. (D. J.) SÉRAPÉON , £ m. ( autig. d'Egypte.) temple fa- meux d'Alexandrie ,ainfinommé parce qu'on y avoit dépofé la flatue du dieu Sérapis. à Rufin qui étoit à Alexandrie lorfqu'il fubfftoit en- core, nous en a fait la deferiprion.C’eft un lieu élevé, dit-il, non par la nature, mais de main d'homme. Il eft, pour af dire, fufpenduen Pair. Ce vafte bà- timent eft quarré, &t foutenu fur des volites depuis le rez-de-chauflée jufqu’à ce qu'on foitarrivé auplain- pié dutemple, auquel on monte pat plus de cent deprés. Ces voûtes font partagées en plufieurs appart: temens féparés les uns des autres, qui fervent à dif: férens minifteres fecrets. Sur cés voûtes en-dehors font de grandes falles pour conférer, des refedoires, &c la maifon où demeurent ceux qui ont la garde du temple. En- dedans régnoient des portiques qui com- poloient une efpece dercloître au-tour de ce bâti- ment quarré. C’étoit au milieu de ce cloître que s’é= levoit le temple de Sérapis orné de colonnes, & dont les murs étoient de marbre. , Ptolomée, fils de Lagus, Pavoit fait bâtir, felon Tacite, dans un lieu où il y avoit en long=tems au> paravant une chapelle confacrée à Sérapis &c à Ifis, furune petite éminence dans le quartiernommé Ra: cotis ; dont 1l fauloit Le plus bel ornement. Théophile, patriarche d'Alexandrie, ayant pris la réfolution de ruiner abfolument le paganifine dans la capitale de PEgypte, fit tout ce qu'il put pour ob- tenir des ordres afin demeétftre en exécution fon def- fein, Ilobtint en effet de Pempereur Théodofe en 300, un édit qui lui permettoit de démolir tous les tem- ples. L'expédition de Théophile fe fitavec tout le zele deftruéteur dont il étoit capable , & il n’étoit pas petit. Les chofes ne fe paflerent pas fans tumulte ; les payens, au rapport des auteurs eccléfaftiques , ou trés de ce qu’on vouloit abolir leur ancienne religion, fe retirerent dansle Sérapéon , comme dans une cita- delle ; de-là ils fe détendirent, & foutinrent les atta- ques-des chrétiens. Quelques philofophes s’étotent mélés dans cette émeute en faveur de leurs compa- triotes ; mais Théophile appuyé du préfet d’Alexan- drie & du commandant des troupes, ayant eu la- vantage,, un grand nombre de iavans du paganifme cruellement perfécurés, furent obligés de prendre la fuite, & de de diperter dans plufieurs villes de Pem- pire. Onnomme entre autres le philofophe Otyÿm- pus & les grammairiens Ammonius & Helladius, Ce magnifique temple de Sérapis fut détruit de fond en comble, & quelque tems après on bâtit à fa placeune églife à laquelle on donna le nom de l’empereurAr- cadius: } Ce temple avoitune bibliotheque qui devint très- célebre,.& qui n’étoit cependant qu’un fupplément de la bibliotheque d'Alexandrie , aufi Pappelloit-on {a fille; mais avec le tems cette file devint belle & grande ; elle échappa aux flammes qui confumerent celle d'Alexandrie. On croit que ce fut dans le Séra: péon que Cléopatre mit les deux cens mille volumes de celle de Pergame, dont Marc-Antoine lui fit pré- fent. Cette addition &t d’autres que les conjonftutes amenerent, rendirent la bibliotheque du Sérapéor plus nombreufe que celle dont elletiroit fa naïflance. Pillée plus d’une foispendant les révolutions de l’em- pire romain, elle fe rétablit toujours de fes pertes. En un mot, elle a fubffté ouvrant fes tréfors aux eu- rieux jufqu’au vi. fiecle , qu’elle eut enfin le même fort que fa mere , & qu'elle fut brûlée parles Sarra- fins quand'ils prirent Alexandrie Pan de J. C. 642. (2:17) | 4 SÉRAPHINS, £. m. pl. ( Théolog. ) anges du pre- mier ordre de la premiere hiérarchie, Voyez ANGES G HIÉRARCHIE. Ce mot vient de l’hébreuzarapk, brûler ouenflam- mer; & l’on croit que ces efprits céleftes font ainf nommés de amour divinquilesconfume , parce que de tous les anges ils font les plus près du trône de l'Eternel. Taie, ch. 7. les dépeint comme des anges qui.étoient au-deflus dwtrône du Seigneur , & qui avoient fix ailes ; deux dontals voiloient leur face , deux dontals couvroient leurspiés , & deux avec lef- quelles ils voloient. C’eft le feulendroitide Ecriture où1l loit fait mention des Jéraphuns prisven ce {ens ; SER car ailleurs Jéraphins, dans l'hébreu , le prend pour les fondeurs & les erfévres; &z dans les Nombres, 1. XXI. le nom de féraphin ou faraphin eft donné aux ferpens aîlés qui firent mourir les [fraélites dans le defert. SÉRAPHIQUE., adj. ce qui appartient aux féra- phins, ou ce qui les imite. Boylea compofé un traité de l’errour féraphique, c’eft-à-dire de l'amour de Dieu. On donne dans les écoles le titre de doéfeur féraphi- que à S. Bonaventure , à caufe de fa ferveur & de fon extrème piété. | S. François d’Affife et appelléle pere féraphique,en mémoire ou en honneur d'une vifion qu’il eut fur Le mont Alverne, où, aprèsun jeûne de quarante jours & d’autres grandes auftérités, étant en extafe, 1l vit un féraphin qui defcendit rapidement du ciel fur lui, & lui imprima aux mains , aux piés &t au côté des fHigmates qui repréfentoient les plaies que les cloux & la lance firent au corps dé Jefus-Chrift lorfqw’on le crucifia. Voyez STIGMATES. SERAPIDIS 1NsuLA, ( Géog. anc. ) ile fur la côte de l’Arabie heureufe , dans le golfe Sachalite, {elon Ptoloinée , Zv. VI. ch. vij. Elle étoit remar- quable par un temple, & étoir voïfine des fept iles qui étoient auffi dans ce même golfe. Arrien, p. 19. &T Oxon, dans fon Périple de la mer Erythrée, met environ deux mille ffadesentre elle & le continent ; il Jui donne environ 200 flades de largeur.« Il ya, » dit-il, trois villages dont les habitans font les pré- #tres des Ichtyophages. Ils parlent arabe , &c cou- » vrent avec des feuiiles ce que la pudeur ne per- # met pas de montrer. Cette ilea quantité d’excellen- » tes tortues. Les habitans de Cané ont coutume d'y » aller avec de chaloupes & des barques ». Ramuño croit que c’eft aujourd'hui Pile nommée Maziza. (D:7:9 SÉRAPIS , oz SARAPIS (Myrhol. Médaill, Inferips. Monum. Pierres gravées & Lirrerar. ) c'étoit un grand dieu des Esyptiens, connu , felon toute apparence, par ce peuple , long tems avant les Prolémées, fe- lon l'opinion de M. Cuper, qui nous paroît la plus vraiflemblable. Tacite, Aïff. div. IV. ch. lxxxiy. le prétend auffi. Les Egyptiens , dit-il , nation fuperfti- tieufe, révéroient Sérapis plus qu'aucun autre divi- nité: Serapin dedita gens fuperfhtionibus Juper alios colit. Ce n’étoit pas feulement le dieu tutélaire de toute l'Egypte en général, plufieurs des principales villes de ce royaume l’avoient choïfi pour leur patron par- ticulier , & le firent graver fur leurs monnoïés en cette qualité ; mais entre toutes ces villes , aucune ne lui rendit des honneurs plus folemnels &c plus fur- prénans que celle d'Alexandrie. Alexandria civiras que conditorem Alexandrum macedonem gloriatur, Se- tapin arque Î/în cultu penè attonitæ venerationis obfer- vat, dit Macrobe, iv. I. Saturn. On l'y adoroit, felon Tacite, comme une efpece de divinité univerfelle qui repréfentoit Efculape , Ofiris, Jupiter, Pluton : deum ipfum mulri Æfcula- pium quod medeatur ægris corporibus , quidam Ofirir antiquiffimum 1llis gentibus numen , plerique Jovem, ut rerum omnium potentem , plurimi ditem patrem infigni- bus quæ in ipfo maniféèfla aut per ambages conjettant. On le prenoit aufli pour Jupiter Ammon, pour le Soleil, felon Macrobe, & pour Neptune. Le bufte de Sérapis, au revers d’Antonin Pie, nous le montre, dans Seguin, fous prefque tous ces différens rapports; le boïffeau fur la tête , la couronne rayonnée , les cornes de bélier, la corne d’abondance devant ln, & derriere lui un fceptre à trois pointes entortillé d’un ferpent, même avec la cuirafle , comme le dieu Mars. On s’étoit auffi formé de Sérapis une idée comme dun dieu unique, qui comprenoit les attributs de SER 79 toutes les autres divinités ; ce qui donna lieu aux payens de publier que les Chrétiens &c les Juifs, qui ne reconnçifioient qu'un feul Dieu , adoroient Séra- pis ; c'elt ce qu'aflure l’empereur Hadrien dans une lettre à Severianus, rapportée dans Vopifcus d’après Flegon : 2/4, dital, qui Serapin colunr chriffiant [une , & qui fe Chrifli epifcopos dicuñt , unus illis Deus eft ÿ hunc Chrifliant, hunc Jude , hunc ornnes VERCranur , G genres, C’eftà cette divinité qu’étoit confacré le fuperbe temple d'Alexandrie , dans lequel on transféra la fta- tue de ce dieu , que Les habitans de Sinope pofté- doient, & qu'ils adoroient fous le nom de Jupiter Sé- rapis, Plutus où Pluron. ILefttrès-fingulier que les Alexandrins qui avoient cette divinité chez eux pour ami dire , pufqu'elle étoit la premiere divinité de toute l'Esvpte, fefoient avifés de l’aller chercher au-delà des mers, & dans une ville auf éloignée d'Alexandrie que l’étoit Sino- pe, & d’adorer Jupiter-Serapis, divinité égyptien- ne, fous le titre d’un dieu étranger , favoir fous celui de Zeve Swomiras , Jupiter de Sinope. Tacite, Piutar- que ct Euftathe nous en difent la raifon, dont le dé- tail feroït trop long à raconter autrement que par l'extrait fuivant. Entre plufeurs temples des plus magnifiques dont Ptolemée Soter, fils de Lagus, avoit ornéla nouvelle ville d'Alexandrie, qu'il avoit choifie pour la capi- tale de fon royaume, 1l en avoit fait bâtir un beau- coup plus fuperbequ’aucun autre, &c tout éclatant d'or. Comme il étoit en fufpens à quel dieu il devoit le dédier, un génie d’une beauté charmante, & d’une taille au-deffus de Phumaine , lui étant apparu en fonge , lui confeilla de faire venir fa ffatue du Pont, après quoiil difparut en s’élevant dans les airs envi- ronné de flammes. Ce prince ayant raconté fa vifion à Timothée, fa- vant athénien, de la race des Eumolpides , il apprit de lui que près de Sinope, ville de Pont, étoitun vieux temple confacré à Jupiter-Plutus ; dont la fta- tue étoit fingulierement refpettée par les habitans de cette contrée. Surcet avis, Ptolemée envoya Timo- thée en ambaflade à Scydrothemis roi de Sinope, pour Le prier, en lui offrant en même tems de riches préfens, de vouloir bien lui accorder ce dieu. Scydrothemis fit d’abord de grandes diflicultés, & cependant retint Timothée à fa cour le plus long tems qu'il put, en l’amufant toujours de belles pro- mefles. Mais enfin au bout de trois ans, Le dieu fe dé- clara de lui-même , & fe rendit de fon temple fur le vaifleau de ’ambafladeur , qui aufi-tôt ayant mis à la voile, arriva , par un miracle encore plus inoui , en trois jours dans Alexandrie. Cette divinité y fut reçue avec toutes les marques- pofibles de vénération ; & à l’inftant Ptolemée la fit mettre dans le temple qu'il lui avoit deftiné , avec d'autant plus de pompe , qu'il reconnut que c’étoit le portrait même qui lui étoit apparu , & que c’éroit auih l’image de Jupiter-Serapis , qui étoit adoré en Egvpte pout Le dieu Pluton. C’eft ce même dieu qu’A- thénée nomme le Jupiter épyprien | & Martial le Ju- piter pharius , comme étant la divinité du Nil. . Scis quoties Phario madear Jove fufta fyene. Tacite rapporte que Jupiter-Sérzpis étoit encore en vénération de fon tems dans Alexandrie ; qu’on s’adrefoit à hui comme à un oracle, & que Vefpa- fien étant venu dans cette ville, fe renferma dans le temple de ce dieu pour le confulter fur les affaires de l'empire. On publia même que ce prince avoit opéré quelques miracles je la puiflance de Sérapis ; &t Pon eut grand foin de femer ces faux bruits parnu le peu- ple, tant pour y accréditer davantage le culte de cette divinité, que pour rendre la majefté impériale 80 S ER toujours plus refpeétable aux Egyptiens. . es Athéniens quiavoient reçu la connoïflance de l'Egypte par Cécrops &z Eretthée ; deux de leurs rois qui étoient de ce pays-là , reçurent en même tems le culte d’Ifis & de Sérapis, qu'ils établirent dans la Thrace & fur les côtes du Pont-Euxin , OÙ ils furent puiflans pertdant un. aflez long efpace de tems, & où ils fonderent tant de célebres colonies. Quand même leshiftoritns fe tairoient fur ce point, quantité de médailles nous apprennent que Jupiter- Plutus ou Sérapis, fut la divinité tutélaire de plu- fieurs villes confidérables des environs de cette mer, fur-tout de la Thrace & de la Moœfie inférieure ; les médaiiles de Marcianopole , d'Odefe &t de Diony- fiopole en rendent témoignage. | Les médailles nous difent encore que ce dieu ne fat pas moinsrévéré dans l'Arabie, la Phénicie &t la Syrie, qu'en Âfe,en Thrace & dans la baffle Mœ- fie; c’eft cedont nous affurent lesmédailles de Boftra, de Ptolémais, de Céfarée, de Paleftine , d'Æka ca- pitolina, d’Antioche de Syrie, où il eut même un temple fameux. La ville de Sinope en particulier avoit putecevoir le cuite de Sérapis , fi ce n’eft immédiatement des ha- bitans des provinces voifines, qui le tenoient des Sy- riens & des Phéniciens, chez qui il étroit pañlé del’E- gypte, au-moins des Colches, colonie égyptienne, avec qui Sinope étoit en relation de commerce , ou- bien même des Miléfiens dont cette ville étoit co- lonie. Ce ne fut point fans de grandes raïfons que les Si- nopiens prirent Jupiter-Plutus, c’eft-à-dire Sérapis , pour leur divinité tutélaire ; car outre que plufieurs auteurs prétendent que ce fut Jupiter-même, & non pas Apollon qui tranfporta de Grece en AfeSinope, fondatrice de la ville de ce nom, les Sinopiensétoient . aufh perfuadés que c’étoit à Jupiter-Plutus , dieu des mines, qu'ils etoïent redevables de lopulence où les mettoit le grand trafic qu'ils faifoient fur toutes les côtes de la mer Noire, d’une quantité prodigieufe de fer qu’ils tiroient des mines deleur contrée &c des pays voifins; raonpourlaquelle vraiffemblablement : Pomponius Mélanommeles Sinopiens chalibes, c’eft- _ à-dire forgerons ou marchands de fer. __ Le culte de Sérapis pafla de la Grece chez les Ro- mains , qui lui éleverent un temple dans le cirque de _ Flamimius , &r établirent des fêtes en fon honneur en diférens tems de l’année, Une multitude prefque in- nombrable fréquentoit Le temple de ce dieu; de jeu- nes gens entr'autres y couroient en foule , pour ob- tenir de lui, comme une faveur fignalée , qu'il leur fit trouver des perfonnes faciles qui euffent la com- plaifance de fe livrer à leur paflion. Unnombre pref- qu'infini de malades & d’infirmes alloient lui deman- der leur guérifon, ou plutôt fe perfuader qu'ils Pa- voient recue. Enfin les maux qu'occafonna le culte de Sérapis, obligea les empereurs de Fabolir dans Rome , & Théodofe détruifit fon temple à Alexan- drie. | Cette divinité figuroit Jupiter qui commande au ciel & à la terre, & Le dieu Plutus ou Pluton qui pré- fide aux enfers &r à tous Les eux fouterreins, fur-tout aux mines, & par conféquent aux richeffes puifau’on les entire; c’eft à caufe deces deux différens rapports qu’on préfente ce dieu fur les médailles, tantôt avec une aigle fur fa main droite, ainfi qu’on le voit au re- vers d’une médaille de Mithridate V. pere de Mithri- date Eupator , & d’une autre médaille de Caracalla, où Sérapis paroït à-demi couché fur un sriclinium , efpece de-canapé ; tantôt avec le cerbère à fes piés, ainf qu'il eft fifouvent gravé fur les médailles de plu- fieurs villes d'Afe, de Thrace & de Grece : par exem- pie fur celle de Pergame, de Laodicée, de Side de Pamphilie, de Nyfa en Carie, d'Amañie dans le Pont , SER -où fe voit dans le champ de la médaille une étoile; pout marquer la puiflance de ce dieu dans les cieux ; des Callatiens dans la Thrace , des Pénéates en Ar- cadie , & même des Marcianopolitains dans la bafle Mosfie. | Sérapis tel qu'il eft gravé fur une médaille de Gor- dien Pie, expliquée dans les zsémoires de littérature, a un boïfleau, ou un panier fur la tête , à la mamiere : des divinités d'Egypte ; type qui fignifie non-feule- ment que l'abondance & tous les biens yenoient des dieux , mais auf que c’étoit eux qui mefuroient, c’eft-à-dire qui régloxent tont fur la terre felon leur volonté. On donne particulierement ce fymbole à Sérapis., comme inventeur de l'agriculture : il lui Convient encore comme dieu des richefles, pout marquer qu’elles procurent aux hommes tous les be- foins de la vie; d’où vient que les anciens mettoient quelquefois une corne d’abondance à la main , com- me il paroit fur quelques médailles. Ce dieu, dont le caraétere eft de ne faire que du bien , n’a point dans la médaille de Gordien Pie, la foudre à la main, ainfi que le porte le plus fouvent Jupiter, comme divinité terrible; maïs 1l tient dans {a main gauche Aa/am puram ,fceptre qui étant émouflé par le haut fans fer aigu,à la différence des lances or- dinaires , défigne que la bonté & la clémence font le propre des dieux. PET La main droite de la figure du dieu, & fes re- gards levés vers le ciel, femblent attefter, qu'il ne commande pas moins aux cieux que fur la terre, & aux enfers. C’eft auf l'attitude qu'a .ce dieu {ur plu- fieurs médailles des villes de l'Egypte, de Syrie, d’Afie & de Thrace. On le voit ainf fur.les médail- les de Boufiris ,: de Cabafe, de Ménélas , d’Oxy- rinche, de Profope, de Naréolis, de Coptos &c d’au- tres villes d'Egypte; fi ce n’eft que cette divinité porte fouvent fur la main droite l’animal , ou autre fymbole de la ville dont elle ef la patrone ; par exempleun lion, un cerf ,unibis, lelotus , une palme & au- tres types. Sérapis a la même attitude fur lesmédailles d’Ama= fie , de Tomes , & d’Anchiale dans le Pont, de Ni- cée , de Ciane en Bithymie, de. Mida en Phrygie, de Céfarée la Germanique.en Syrie, de Céfarée de Cappadoce , ayant le mont Argée fur la main droi- te ; de Perinthe , de Sardis, de Bizuenne , de Calla- fie, de Mefembrie dans-la, Thrace, Éc. Mais le fymbole le plus commun, & le plusuni- verfellement employé dans les médailles, images , fatues , 87 pierres gravées de Sérapis ,.eft le boifleau ou panier appellé en latin calarhus, qu’il porte {ur fatète; la forme n’en eft paslamême par-tout; quel- quefois ce panier eft également large dans toute fa hauteur; ailleurs on le voit évafé par le haut, ici élevé, là plat , d’autresfois orné dans fon contour de branches feuillées , le plus fouvent tout uni; dans d’autres, treflé en maniere de jonc ; ou enfin en- touré de plufeurs bandes horifontales, & terminé par une elpece de rebord, fallant dans fa partie fu- périeure. Le muid.fe trouve fur la tête de quelques divinités égyptiennes, & en particulier fur celle d’Ifis ; mais on peut dire que c’eft proprement l’attribut de Séra= pis; ceux quiregardent ce.dieu comme étant le {o- leil, prétendent que le boïffeau mis au haut de da té- te, marque la prodisieufe élévation de cet aftre ; d’autres , -que cette divinité conduit tout avec.poids & mefure; quelques-uns enfin, en confidérant.Se- rapis comme l’inventeur de l’agriculture. Il ’eft pas pofñble de fuivre tous. ces détails; lesautres attributs de Sérapis, font le cerbere , lesrayons, le ferpent, le bâton , les cornes de belier , le trident, la corne d’abondance , l’ibis, le vaifieau , le papillon, lai- gle, de cerf, & le phalle. On ne.s’attend pas fans à quite doute qu'on établifle les raifons qui ont fait donnerà cette divinité tous ces différens attributs ; mais on peut lire les Mémoires’ de littérar, tom. X. in-4°, les auteurs de l’art numifmatique ; Spanheiïm enparticu- her ; & finalement une differtation fur le dieu Séra- pis jimprimée récemment à Amiterdam ,z#12. (Le chevalier DE JAUCOURT.) SÉRAPOULE,, ( Géog. mod. ) petite ville de l’em- pire rufien, dans la province de Permie, &cla plus méridionale, {ur une petite riviere qui , un peu au- deflous , fe joint au Kama. (D.J.) SERASKIER , ox SARESKER , {. m. (Æ/.od.) c’eft le nom que les Turcs donnent à leur généraux, ou à ceux qui commandent en chef leur armée ; ils Leur donnent auf le nom de Zachbog , chef ou gé- néral. On choïfit le féraskier parti les bachas à deux outrois queues; mais fi le féraskier n’a que l'honneur des deux queues , onnefouffre point de bacha àtrois queues dans fon armée, parce que ce feroit à lui que le commandement appartiendreit. Un féraskier n'eft tenu que de communiquer fes plans aux autres ofMciers généraux , mais il n’eft point obligé de fui- vre leur avis, & fon pouvoit eft arbitraire; il cefle auflitôt que la campagne eft finie. Le bacha de Si- hftrie porte toujours le titre de féraskier , parce qu’il eft obligé de veiller à la füceté des frontieres, du côté de la Pologne, Vüyez Cantemir , hif£ ottom. SERAVY-AGAST, (Hiff. turque.) c’eft le quatrieme aga du ferrail ; 1l ne fort jamais de Conftantinople, & eftappellé pour cette raifon féray-agafr , l'aga du ferrail. Il fait l'office des trois autres aga, pendant qu'ils font abfens , c’eft-à-dire, du capi-aga, du kha- zinedar-bachi, &c du kilerdgi-bachi. d4 Loir. (D. 7.) SERBAJÉE , {. m. ( serme de relation. ) nom qu’on donne à un capitaine de cavalerie qui eft au fervice (D ou feioneur. Pocock, deféripe, d'Egypte, p.176. SERBETES , ou SERBETIS , ( Géog. añc.) fleuve de la Mauritanie céfarienfe, dans Ptolomée, 1. IV. 1j. Villeneuve croit que c’eftle ferdabala de Pline. Le nom moderne eft Miron , felon Caftalo, &t Hued-Tcer, felon Marmol. (D.J.) SERBOCAL,, fm. ( Æeur d'or. ) c’eft parmi les fleurs d’or un petit cylindre de verre , fur lequel pafle l'ouvrage , afin qu’il ne coupe point le bois du rouet. $ SERCHIO , Le ( Géog.mod. ) tiviere d’italie ; el- le prend fa fource au mont Apennin, dans l’état de Modène , arrofe Luques dans fon cours, &c fe jette dans la mer de Tofcane , environ à fix milles au-def: us de PArno. Le Serchio eft l'Æfaris , l’Anfir, ou V'Aufer des latins. (D. J.) | SERDAR, fm, ( Hi. mod.) c’eft le titre qu’on donne à un général de la Moldavie, qui eft chargé de défendre les frontieres contre les incurfons des Cofaques & des Tartares: . SERDEN-GIECHDI , £. mt: ( Æiff. mod. ) nom que les Turcs donnent à une milice qui n’eft point fur un pié fixe, mais qui eff levée ou caflée au gré du fultan. Ce mot fignifie homme qui méprife la vie. Dans les expéditions difficiles , le fultan ordonne la levée d’un certain nombre de ces foldats, à quion donne dix afpres par jour; les janiflaires eux-mêmes s’y entôlent, pour augmenter leur paye. Ces foldats combattent avec une férocité 8 une valeur à toute épreuve, & ceux qui échappent , ne peuvent être forcés à fervir une feconde fois dans le même pofle ; quand ils font eftropiés, ils ont une penfon viagere de dix afpres par jour , & on leur donne le titre d’o- turak, ou fédentaire. Voyez Cantenur, if. otrom. SÉREGIPPE , ( Géog. mod. ) riviere de l’'Améri- que méridionale, au Bréfil; elle prend fa fource dans le gouvernement de Sérésippe, qu’elle arrofe, & va fe jetter dans la mer du Nord. (2, J.)- Trme XV, ÊE SÉRÉCGIPPE DELREY, où S. Chriflophé ; ( Géog. mod.) ville de l'Amérique méridionale , au Bréfl; capitale du gouvernement de mêmenom , fur la rivé feptentrionale du Vazabaris , à onze lieues de Rio: Réal. Le gouvernement de Sérégippe eft entre Rio: Réal, au midi, & la riviere de $S. François au nord: (D.J.) il | | SEREIN, (Phyfique & Médecine.) on appelle éom: munèment ferez, l'humidité dont l'air elt chargé , principalement en été, 8 après les joursiles plus Je: reins , quelques heures après le coucher du foleil ; lorfque le vent eft au midi, & qu’on n’eftime com: munément que par un fentiment de froid qu'éprou- vent ceux qui y font expofés. Le /éreiz n'eft autré chofe que larofée dufoir , ou larofée commençante, quin’eft pas devenue ençore fenfble par l’accroiffe- ment qu’elle reçoit pendant la nuit, &T qui cit par- venue à fon complément peu de tems après le lever du foleil ; c’eft une erreur populaire que opinion qui fait regarder le férein comme une émanation {é- che, plus nuifible que larofée proprement dite. Foy ROSÉE, Chimie & Médecine. (b) | SÉRENA LA ( Geéog. mod.) Ville de l'Amérique méridionale , au Chili , dans l’évêché de Sant-Jaco. Cette ville qui eft la premiere du gouvernement dé Chili , 6 la plus proche du Pérou , fut bâtie par le gouverneur du Chili, Petro de Valdivia, lan 1544 Il lui donna le nom de Séxéna fa patrie ; maïs les Ef- pagnols Pont appellé depuis Coquimbo ; du nom de la vallée dans liquelle elle eft bâtie. C’eft une sran- de villace, dont les rues font larges , longues & ti- rées au cordeau , mais dans chacune defquelles on trouve à peine fix maifons; & quelles maifons enco- re ? Elles font toutes bafles, étroites ; :8c couvertes de feuilles de palmier ; elles ont toutes un grandjar. din, où lon cueille tous les fruits d'Europe & du pays, qui font d’un goût merveilleux, & dans une abondance étonnante, Il pafle au nord de la ville, une belle riviere , qui prend fa fource dans les hautes montagnes des An- des ; elle arrofe la vallée, qui eft toute remplie de befliaux qui y paiflent pêle-mèle, fans qu’on en prenne aucun foin. Le port de la Séréna eft fous le 30° des. de latituile méridionale , dans une baie fort étendue , & fituée environ à deux lieues de là ville. C’eft dans ce port, au grand que commode, que l’on décharge les na: vires. Comme la riviere qui fertilife la vallée, pafle auf dans la ville, elle y apporte abondamment du vin, du blé, des fruits, de la viande, & du poifon ; cet- te villene manque pas de couvents , ilyena de cor- deliers , de dominicains , de peres de la merci, de jéfuites , Ge. | Ce pays étoit autrefois fort péuplé ; il eff à préfent prefque défert ; les Efpagnols , dans le tems de leurs conquêtes , & depuis, par les travaux des mines d’or & de cuivre , ont tellement détruit tous les ha= bitans de cette contrée ; que les mines d’or & dé . on 1 à cuivre qui s’y trouvent, ont été abandonnées, faute de monde pour y travauller. - Longitude de la Séréna , fuivant le P. Feuillée, 306. 24.15. laïir. 29.84: 10. elle efkde 73. 35. 454 plus occidentale que Pobfervatoire de Paris.( D.J. ) SÉRENADE , f. f. efpece de concert qui fe don: ne de nuit fousles fenêtres de quelqu'un ; left com- pofé ordinairement que de mufique inftrumentale ; quelquefois on y ajoute des voix. On appelle auffi /£: rénades les pieces que lon compole, ou qu’on joué dans ces occafions. La mode des férénades eft pañlée depuis long-tems, & ne dure plus que parmi le peuple. Ce mot, italien d’origine , vient fans doute de Jéreno ,leferein ; & par métonymie, le forr. (s) SÉRÉNISSIME , adj. ( Æiff.mod. ) Fe d’hon- % SER neur , dérivé du mot férériré , qu’on employoit au- trefois pour les rois mêmes, &t la France n’en done noit point d'autre aux rois dunord; mais depuis que le nom de majefle eft devenu commun à tous lestou- verains rois , le titre de Jéréniffeme et refte aux fou- verains qui ne {ont pas têtes couronnées ; aux répu- bliques de Veniie êc de Gènes , aux princes du fang de France qu’on traite d'afreffe féréniffème , excepté M. le dauphin, pour qui ce titre ne paroiït point af- fez convenable, SÉRÉNITÉ DE L’AME, ( Morale.) vertu morale, qui a fa fource dans l'innocence &r le tempérament; vive fans êtreemportée, ferieufe: fans être graves, avec elle habite la paix, avec elle habite la füreté ; heureux celui qui la conferve, &c dont toutes fes pafions iont en harmonie au milieu d’un monde en- flamme de vices | Il faut fe muïir de bonne heure contre les mali- gnes influences de fon climat & de fon tempérament, en s’accoutumant à faire toutes les réflexions qui peuvent dont.er de la féréniré à Pefprit, &c le mettre en état de foutenir avec courage , les petits maux & les revers de la fortune qui font communs à tous les hommes. Celui qui poflede cette heureufe dif- poñtion , na point l’imagination troublée , ni le jugement prévenu ; il eft toujours le même, foit qu'il fe trouve feulou en compagnie ; affable envers tout le monde, il excite les mêmes difpoftions dans tous ceux qui l’approchent ; le cœut s’épanouit en fa préfence, & ne peut qu'avoir de l’eftime & de l’amitié pour celui dont il reçoit de fi douces in- fluences. J’envifage enfin cet état comme une recon- noïffance habituelle envers l’auteur de la nature ; la gaieté du printems , le chant des oïfeaux, la ver- dure des prés , la fraicheur des bois , raniment la /é- rénité ; la leture & le commerce d’untendre ami, y répandent de nouveaux charmes; en un mot, c’eft le fouverain bien de la vie que Zénon a cherché fans le trouver. (2. J.) SÉRÉNITÉ , ( Hiff. mod.) titre d'honneur quia été pris autrefois par les rois de France, & même parles évêques. Nos rois de la premiere &c dela feconde ra- ce, en parlant d’eux-mêmes, difoient , zosre féréniré, férenicas noffra ; & on voit qu’Adalard , évêque de Clermont, s’appliquoit la même qualité ; le pape êc le facré college , écrivant à l’empereur, aux rois, au doge de Venife, leur donnent le titre de Jéremÿf me Cœfer ,yourex, ou princeps ; le doge de Venife prend particulierement ce titre de féréniré ; le roi de Pologne le donneaux éleéteurs , quand il leur écrit; & l’empereur, lorfqu'il traite avec eux, les qualifie de féréniré éleétorale, &z les princes de Pempire de fé- rénité ducale ; les plénipotentiaires françois , à Munf- ter, le refuferent à léledteur de Brandebourg , fur ce que le mot de éréniré m’étoit pas françois, &t que le roi ne laccordoit à perfonne ; les princes alle- mands eflimoient autrefois plus ce titre que celui d’alteffe, mais Pufage a enfin prévalu en faveur de ce dernier, & l’on qualifie fur-tout les électeurs , d’a/- zefle électorale. SERENUS , ( Myrhol.) épithète donnée à Jupi- ter, commeau dieu qui regle letems ferein, la pluie, & les faifons. (2. J.) SÉREQUE ., {.m. ( Botan. ) nom vulgaire qu’on a donné à l’efpece de genêt appellé geriffa tinéloria frutefcens , incana ; par C. B. P. Voyez GENET. (D. J.) SERÉS Les, ( Géog. anc. ) Seræ , les Sères occu- poient ce que nous appellons /e Chine feprentrionale, &t quelque partie de la grande Taïtarie orientale. Ptolomée eft le feul des anciens qui ait le mieux par- lé de leur pays , quoiqu’avec plufieurs erreurs ; les autres auteurs en font des peuples d'Ethiopie. Hora- ce, 2, 1. od. 12, les joint aux Indiens, SER Szbjeétos orientrs or& Seras G Indos. Lucain les place vers les fources du Nil. Hélio- dore, L. LX, les compte entre les Blémies, Pompo- nius Mela les met au centre des Scythes & des In- diens, au lieu de les placer à l'extrémité. FPaufanias, après. avoir fort bien décrit les vers- a-foie , fe trompe fur les Sères qui les élevoient, &t les place dans la partie la plus reculée de la mer Rouge, Anfi tout ce que les anciens ont fu de vraitou- chant les Sères, c’eft qu'ils fontles premiers qui aient nmaginé de travailler la foie. C’eft d’eux qu’elle eft venue aux Perfes , &c des Perfes aux Grecs & aux Italiens. La premiere étofe qu'on en ait vu en Eu rope, fut après la conquête de la Perfe par Alexan- dre ; & c’étoit encore de ce pays-là que les Romains la tiroient, quand leur empire fut devenu floriffant. Voyez Sois. (D.1J.) SERET , LE, ( Géog. mod. ) Sereh, où Moldawa , riviere de la Turquie en Europe, Elle a fa fource dans la Tranfilvanie, pafñle dans la Moldavie, où elle arrofe Soczowa & Targorod ; entrant enfuite dans la Valaquie , elle y reçoit le Miflovo & le Batdalach ; enfin elle fe va jetter dans le Danube, un peu au-deffous d'Aniopoli. (D. J.) SEREUX , adj. ( Grarn. 6 Méd. ) il fe dit du fang -8&t des humeurs, lorlqu'ils font délayés d’eau. Ainfr Jéreux eft prefque fynonyme d’aqueux. SERF , f. m. ( Gram. & Jurifprud.) dn latin fer- vus, eft une perfonne aflujettie à certains droits & devoirs ferviles envers fon feigneur. L'état des ferfs eft mitoyen entre celui de fa hberté &r l’efclavage. Chez les Romains il y avoit des efclaves qui étoient dans une dépendance abfolue de leur maî- Lee Il y en avoit aufli de femblables en France fous la premiere &c la feconde race de nos rois. | Mais ces fervitudes perfonnelles furent abolies peu-à-peu fous la feconde race de nos rois, oufdu moins elles furent mitigées ; & comme ilyavoitchez : les Romains certains efclaves qui étoient attachés à la culture d’un fond particulier, & que lon appelloit adfcriptitios feu additlos glebe , lefquels cultivoient le fond à leur volonté, moyennant qu'ils rendoient à leur maître, tous les ans, une certaine quantité de blé & autres fruits; de même aufli en France la plà- part des habitans de la campagne étoient /erfs, c’eft- à - dire attachés à certains fonds dont ils ne pou- voient être féparés. Les bâtards &z les aubains étoient /érfs du roi. Vers le commencement de la troifieme race nos rois affranchirent plufieurs communautés d’habitans, auxquelles ils donnerent des chartes de commune ou permiflion de s’afiembler, Louis hutin & Philippe le bel affranchirent tous les /erfs de leur domaine, moyennant finance, e Le roi donnoit quelquefois à certains /é7fs en par- ticulier, des lettres par lefquelles ils étoient réputés bourgeois du roi, &z cefloient d’être Jerfs. Les feigneurs donnoient auffi de femblables terres à leurs Jerfs , au moyen defquelles ils étoient répu- tés bourgeois de ces feigneurs, Cependant plufeurs feigneurs ne confentirent point à l’affranchiflement de leurs /éfs; de forte qu'il eft refté des vefliges de cette efpece de fervitude dans les provinces régies par le droit écrit &c dans quelques-unes de nos coutumes , telles que Bour- gogne, Bourbonnoiïs , Nivernois & quelques autres. _ Lufage de ces différentes provinces 6c coutumes n’eft pas uniforme par rapport aux /erfs. Dans quelques pays les hommes font /érfs de corps, c’eft-à-dire, que leur perfonne même eft HER fèrve, indépendamment de leurs biens ; ils ne peu- vent {e délivrer de la fervitude, même en abandon- nant tout à leur feigneur , lequel peut les révendi- quer en tous eux; c’eft pourquoi on les appelle /&fs de corps & de pourfuite. En d’autres pays les ferfs ne font réputés tels qu’à caufe des héritages qu’ils tiennent du feigneur à cette condition: ces fortes de /érfs font ceux que lon ap- pelle mainrnortables où mortaillables. Les Jérfs deviennent tels en plufieurs manieres, favoir 1°. par la naïfflance , l'enfant né dans un lieu manmortablefuit la condition du pere; 2°. par con- vention , lorfqu'un homme franc va demeurer en lieu de mainmorre, & y prendun mein ou tene- ment; 3°. par le domicile annal en un lieu mainmor- table, & le payement qu'une perfonne ffanche fait au feigneur des droits düs au feigneur par fes main- moftables; 4°, par le inarrage à l'égard des femmes ; car lorfqu'une femme franche femarie À un homme Jerf 8 de mainmorte , pendant la vie de fon mari elle eft réputée de même condition que lui. Les droits que Les feisneurs ont fur leurs /&:f5, font différens , felon les pays ; ils dépendent de la cou- tume ou ufage du lieu, & des titres des feioneurs ; c'eit pourquoi lon ne parlera ici que de ceux qui fent les plus ordinaires ; ‘encore ne fe trouvent-ils pas toujours réunis en faveur du {eigneur. Un des premiers effets de cette eipece de fervi- tude et que le /é:fne peut entrer dans l’état de clé- ricature fans le confentement de fon feigneur. Par rapport aux femmes, le feigneur à le droit de for-mariase qui confifte en ce que le feigneur prend les héritages que la femme , ferve de corps, a dans le lieu de la mainmorte , lorfqu’elle va fe marier ail leurs. Les héritages affis en un lieu de mainmorte font réputés de même condition que les autres, sl n'y a titre Ou ufance au contraire. Les Jérfs ne peuvent vendre 8 aliéner leurs héri- tages mainmortables qu'aux gens de la feieneurie & de même condition, & non à des perfonnes franches n1 d’une autre feigneurie, fi ce n’eft du confente- ment du feigneur, ou qu'il y ait ufance ou parcours. Ils ne peuvent pareillement difpofer de leurs biens meubles &z héritages par teftament ni ordonnance de derniere volonté , fans le confentement de leur fei- gneur. Vivant dibers, moriuntur ut fervi. Quant aux fuccefhons , les /érfs mainmortables ne fe fuccedent les uns aux autres qu’au cas qu'ils de- meurent enfemble , & foient en communauté de biens, &z à défaut de parens communs, le leigneur fuccede à fon mainmortable, La communion ou communauté une fois rompue entre les /erfs mainmortables, ils ne peuvent plus fe réunir fansle confentement de leur leigneur. S1 le Jerf s’abfente, le feisneur peut pourvoir à la culture de fes héritages , afin que les droits foient payés ; mais le mainmorttable peut réclamer l’hérita- ge, pourvu qu'il vienne dans les dix ans. Quelque favorable que {oit la liberté, le ferf ne peut prefcrire la franchife &c la liberté contre fon feigneur par quelque laps de tems que ce foit. Le témoignage des ferfs mainmortables n’eft pas reçu pour leurs feigneurs. Voyez Les coutumes d’Au- vergne, Bourgogne , Bourbonnois, Nivernoiïs , Ber- ty, Vitri, la Marche , & les commentateurs ,-le gloff. de du Cange au mot Jérvus , celui de Lautiere au mot ferf, &t les mors CORVÉE, ESCLAVE , Maïn- MORTE , MAINMORTABLE, MorrarLre, Mor- TAILLABLE, SERVITUDE. (4 SERF ABONNÉ , eft celui qui a compofé de la taille avec fon {eisneur, & n’eft pas taillable à vo- lonté ; il eft parlé de ces fortes de ferfs dans les cou- tumes locales d'Azay le Feron, de Buzançois, de Tome XF, 17 : SER E Et 3 Bauche, de Saint-Genou 8 de Méricres en Tourai- ne, & de Saint-Cyran en Brenne. | SERF BÉNÉFICIAL 04 BÉNÉFICIER , étoit ün /érf' attaché à la glebe danstune terre qui avoit été don f \ - 4 ‘ née à titre de bénéfice ou fief : ces fortes de Jerfs paf- foient au nouveau bénéficier où feudataire avec l’hé. ritage, Voyez BÉNÉFICE, Fier, & le gloffaire de du Cange au mot Jérvi beneficiarii. SERF CASE , Jérvus cafatus, étoit celui qui étoit attaché à une cafe ou héritage. Foyez le g/off: de du Cange , au mot cafarus & fervi cafati. | SERF DE CORPS ET DE POURSUITE, eft celui qui eft perfonnellement f&rf & en fa perfonne , indépen- 3 damment d'aucun héritage, & que le feigneur peut réclamer &t pourfuivre en quelque endroit qu’ilaille, Voyez l'article 116 des anciennes courumes du duché de Bourgogne. SERF COUTUMIER, 04 réputé tel, dans la coutume de la Marche | quiconque doit à fon feigneur par chacun an, à caufe d’aucun héritage, argent à trois tailles payable à trois termes , avoine & geline. Voyez la differtatron de M. de Éauriere fur Le rene= ment, ch. iv. & fon gloffaire au mot ferf. SERF DE DÉVOTION, étoit un feigneur ou autre qui, quoiqu'il ne fût pas /érfd’une églife, cependant pat un motif d’humilité & de dévotion fe"déclaroit Jerf dune telle églife, & donnoit tout fon bien à Dieu &c aux faints & faintes que l’on y révéroit. Voyez le mercure d’Aoët 1750 , p. 92. SERF DE DOUZE DENIERS , de {x deniers, de qux- tre demiers, étoient des gens de condition fervile qui payoient à leur feigneur une efpece de taille an nuelle ou capitation de douze deniers , fx deniers : plus ou moins. Voyez la coutume de Bourbonnois ; art 189 & 204, le gloffaire de du Cange, au mot capirel Gt au mot férvus. SERF ECCLÉSIASTIQUE, n’étoit pas un eccléfiaf- tique qui fût ferf, mais un laïc qui étoit attaché à une manfe eccléfiaftique : ce qui eft de fingulier, c’eft que ces lortes de férfs étoient fort improprement nommés ; car ils n'étoient pas de mêmegcondition que les autres; tous nos monumens prouvent au contraire que cet état donnoit la liberté à celui qui étoit de condition fervile ; & quelques-uns penfent que c’eft de-là que les vrais ferfs étoient obligés d’a- voir le confentement de leur feigneur pour entrer dansila cléricature. Foyez le gloffaire de du Cange au mot Jervi ecciéfiaftiques, &c le sraitéde M. Bouquet , avocat, com. Î. p. 45. SERF FISCAL ox SERF FISCALIN 04 FISCALIN fim- plement , f/calinns, étoit autrefois en France un ferf attache à exploitation du fifc ou domaine du roi. il en eft parlé dans plufeurs endroits de la loi des Loim- bards,dans Aymoin , Marculphe, Grégoire de Tours. SERF FONCIER , eft celui qui ne peut changer de demeure au préjudice de fon feigneur, dont il eft homme de corps & de fuite ; il en eft parlé dansun titre de Thibaut, comte palatin de Champagne &c de Brie, roi de Navarre, du mois de Mai de Pan 1329. Voyez le traité de la nobleffe par de la Roque, chap. xzt7. SERF DE FORMARIAGE , eft celui qui ne peut fe marier à une perfonne franche , ni même à une per- {cnne mainmortable d'autre lieu que celui de fon do- micile , fans la permifion de fon feipneur. Voyez FORMARIAGE, MAINMORTABLE 6 MAINMORTe. SERF FRANC À LA MORT, eft celui qui eft taillé haut 8 bas par fon feigneur, fans être néanmoins mainmortable, de maniere qu'après fa mort {es héri- tiers lui fuccedent. Voyez l'article 125 des anciennes coutumes du duché de Bourgogne. SERFS GERMANIQUES; On a nommé de ce nom ceux dont la coutume étoit venue des'peuples dela Germame , &r dont l'érat étoit reglé de même : quel- Li 84 SNENR ques-unstiennent que nos ferfs de France ont été tas blis à l’inftar des /érfs germaniques; d'autres croyent qu'ils viennent des Romains, ce qui eft plus vraif- {emblable. Woyez les notes de Bannelier /#r Davor, LA OS SERF DE GLEBE , étoit celui qui étoit attaché à la glebe, c’eft-à-dire à un fonds pour le cultiver. Ils étoient de deux fortes; les uns appellés 4d- Jcripii glebe , les autres addiéi glebæ. Les premiers Ctoient des efpeces de fermiers qui cultivoient la terre pour leur compte, moyennant une rétribution qu'ils en rendoient au propriétaire pendant leur bail. Les feconds , addi&li glebæ , étoient de vrais Jerfs, qui cultivoient la terre pour le feigneur;ou proprié- taire, & demeuroient attachés pour toujours à cette glebe. Foyez le gloff. de Ducange au mot afcripuiii , &t au mot fervi. | SERF DE MAIN-MORTE 04 MAIN-MORTABLE, eft celui qui eft fujet aux lois de la nrain-morte envers fon feigneur. Voyez MAIN-MORTABLE, MAIN-MORTE 6 SERVITUDE. SERF À LA MORT, eft celui qui étant originaire- ment main-mortable , & ayant quitté le lieu de la main-motte fans le congé du feigneur, pour aller demeuretfen un lieu franc & non mortallable, vit comme franc, & eft ferf à fa mort, parce qu'après fon décès, fon feigneur originaire vient réclamer fa {uc- ceffion. Voyez Particle 124 des anciennes coutumes du duché de Bourgogne. SERF PISSENE, quaft pejornatus; on appelle ainf en Nivernois Les bâtaras des ferfs; c’eft ainfi que M. de Lauriere explique ce terme en fon gloffaire. SERF DE POURSUITE , eft celui que le feigneur peut fuivre &c réclamer en quelque lieu qu'il aille ; c’eft la même chofe que /érf de corps. Voyez l'article 116 des anciennes coutumes du duché de Bour- gogne. SERF DE QUATRE DENIERS, voyez ci-devarnt SERF DE DOUZE DENIERS, &c. ‘ SERF-SERVAGE 04 SERVAGIER , eft celui qui.eft ferf de forfchef & de fa tête , & doit chacun an qua- tre deniers au feigneur pour rançon de fonchef, Le feioneur peut , quand il lui plait, prendre tous les biens de ce /erf, mettre fa perfonne en ôtage, le ven- dre &z aliéner: quand ce /érfn’a point de quoimansger, le feigneur eft tenu de lui en donner. Voyez Particle 119 des anciennes coutumes du duché de Bourgo- one , êc l'article SERF DE QUATRE DENIERS. SERF TESTAMENTAL, étoit celui que lon avoit loué par un pate particulier , Le mot seflament figni- fant dans cette occafon écrir. Voyez le gloffaire la- tin de Ducange au mot férvus. SERF A LA VIE, eft celui qui vit comme /érf, & qui meurt franc , lequel étant taillé haut 8 bas par fon feisneur , n’eft pas main-mortable, &c après fon décès fes héritiers lui fuccedent. Voyez Particle 125 des anciennes coutumes au duché de Bourgogne, &t ci-devant l’arricle SERF FRANC À LA MORT, 6 ci-après SERF À LA VIE ET À LA MORT. SERF À LA VIE ET À LA MORT oZ À VIE ET À MORT , eff celui qui étant originairement main-mor- table &c taillable , vit 8t meurt comme /erf. Voyez l’article 123 des anciennes coutumes du duché de Bourgogne. (4) SERFO ox SERPHO, (Géog. mod.) comme Tour- nefort l'écrit , ile de lArchipel. Voyez SERPHo,. (D.J. petitoutil de fer renverié, qui a deux branches poin- tues d'un côté, &c n’en a point de l’autre, lequel étant emmanché d’un manche d'environ quatre piés delong, fert àmouver la terre , à donner un petit labour autour des laitues, des chicorées & des au- tres plantes. ( D. J.) ) | SERFOUETTE, f. f. rerme de Jardinier; Ceft un SER SERFOUIR ox SERFOUETTER , #rmeide Jardi= nier; c'eft mouver la terre avec la ferfouette | don- ner un petit labour avec fa ferfouette autour de quel ques plantes potageres, comme pois, chicorces , lai- tues, 6e. (D.J7.) | SERGE, dans le Commerce, eft une étoffe de laine pi- quée ou croifée, manufaturée fur le métier à quatre matches ou pédales, de la même maniere que l'on fa- brique les ratines & autres étoffes. | La bonté des ferges fe connoit à la croïfure , & celle des draps à la filure, Voyez Drap. I yardes férges de différentes efpeces , qui pren- nent leur nom de leurs différentes qualités ou des endroits dans lefquels on les fabrique. Celle quia le plus de réputation , eff la /érge de Londres, elle et: maintenanfitrès-eftimée dans les pays étrangers, par- ticulierement en France, où Pon a éfabhi avec beau- coup de fuccès une manufaéture de cette efpece fous le titre de ferge façon de Londres. 4 4 Marufalure de ferge de Londres. Quant à la laine, on choifit la plus longue pour la chaine, & la plus courte pour la trame : avant que de faire ufage de Pune & de l’autre , on doit premierement la dégraifler, en la mettant dans une chaudiere de liqueur , un peu plus que tiede , compofée de trois quarts d’eau bien nette | & un quart d'urine ; après qu'on y a laiflée aflez long-temps pour s’y difloudre, &c avoir Ôté la graifle, &e. on la remue brufquement avec un bâton ; on l’ôte enfuite de la liqueur; on la laiffe écouter, & après lavoir lavée dans dé l’eau courante , & fechée à Fombre; on la bat avec des bâtons {ur un ratelier de bois, pour en chañfler Pordure & la plus srofle poufliere. Après quoi on Vépluche bien proprement avec les mains. Quand elle eft ainfi prépatée, on la graifle ou on limbibe d'huile d'olive , & l’on peigne avec de grands pei- gnes la partie la plus longue, deftinée à la chaine; on la fait chauffer dans un petit fourneau pour cet ufapge pour la dégraifler une feconde fois , ou pour lui ôter fon huile; on la met dans de l’eau de favon très-chaude ; après l’en avoir retirée, on la tord, on la feche &z on la file au rouet. Quant à la laine la plus courte, dont on veut faire trame , on la carde feule- ment fur le genou, avec de petites cardes très-fines; on la file enfuite au rouet fans en Ôter V’huile. Re- marquez que le fil deftiné à la chaine doit être tou- jours beaucoup plus fin & plus retors que celui de Îa trame, Quand la laine eft filée , tant celle qui eft pour la chaine que celle qui eft pour la trame , & que Pon a mis le fil en écheveaux, la laine deftinée à la trame eft mife fur des efpolins (à moins qu’elle n’ait été f- lée deffus) proportionnés à la cavité où à œil de de la navette; & fa laine, qui eff pour la chaine , eft dévidée fur une efpece de bobines de bois, afin dela préparer à être employée: quand elle eft montée, on lui donne de la confiftance , c’eft-à-dire , qu’on la rend ferme moyennant une efpece de colle, dont celle qui eft réputée la meilleure , eff faite de coupu- res de parchemin : quand elle eft:feche , on la met fur le métier. Quand elle eft montée fur le métier, Pouvrier élevant & abaïffant lesfils ( que l’on pañle à-travers une canne ou un réfeau ), parle moyen de quatre édales, fituées dans la partie inférieure du métier , qu’il fait agir tranfverfalement , également êz alter- nativement l’une après l'autre , avec fes PIés , à pro- portion que les fils font élevés & abaïflés , il jette la navette à-travers d’un côté à l’autre ; &t à chaque fois qu’il jette la navette, &c que le fil de la trame eft croifé entre les fils de la chaine , ille frapperavec le chaflis , auquel eft attachée la canne , à-travers les dents de laquelle les fils de la chaine font placés , &z il répete ce coup deux ou.trois fois ; ou même plus, jufqu'à ce qu'il juge que la croifure de la /éroe eft fufhfamment ferrée ; &c ainf de fuite, jufqu’à ce que la chaine foit entierement remplie de la trame. Auflitôtque l’on a Ôté la /érge de deflus le métier, on la porte chez le foulon, qui la foule ou qui Pé- cure dans l’auge ou le baquet de fon moulin, avec une efpece de terre grafle qui fert à cetufage, dont on a eufoin d’abord d’ôter les pierres & les ordures. Après qu’on l’a écurée pendant trois ou quatre heu- res , on Ôte la terre à foulon , en lavant fa ferge avec de l’eau nette, que l’on met petit-à-petit dans Pause, d’où on lagetire quand elle eft entierement nettoyée de la terre; enfuite avec une efpece de pinces de fer, on atrache tous les nœuds, les bouts, les pailles, rc. qui s’attachent fur la furface de la férge des deux côtés : après cela on la reporte dans l’auge à foulon, où on la repafle avec de l’eau de favon un peu plus que tiede, pendant environ deux heures : on la lave alors jufqu’à ce que l’eau vienne parfaitement claire, &c qu'il n’y ait plus aucune apparence de favon: après quoi on l’ôte de l’auge, on arrache les nœuds, &c. on la met à des crocs ou crochets, afin qu’elle feche ; en prenant bien garde à mefure qu’elle feche, de l’étendre en long & en large, jufqu’à ce qu’elle ait fes juftes dimenfons ; quand elle eft bien feche, on lôte des crochets, on la teint ,on la tord , & en- finonlaprefle. Foyez TEINTURE , PRESSE, TENTE, Serge, croffe de foie. Cette étofte eftun tiflu dont le gran fe fait obliquement au moyen du remet- tape &c de l’armure; elle fe fait avec une feule chaîne &t la trame dont on met le nombre de bouts pro- portionné à la force dont on la veut. Cette étoffe a toujours à Lyon r1 vingt-quatriemes d’aune, Voyez ÉTOFFE DE SCIE. | Les férges font un diminutif du fatin, voyez Sa- TiN. Elles ont fix Lifles & fix marches; chaque mar- che fait lever & baïfier trois liffes. Voici l’armure d’une /érge à fix lifles. C£452r iffes. GRARQUN wa Marches. Les fils font paflés dans ces lifles deffous 87 deflus la marche, de façon que la même liffe qui fait Le- ver le fil, le baifle auf. Toutes les éroffes unies font paflées de même ; ce qui nel peut avoir lieu aux £toffes faconnées. Les fils aïnfi difpofés, ne pour- zoient être levés par la tire, arrêtés qu'ils feroient par la liffe, On donne le nom'de petises ferges à celles qui n’ont que 50 à Go portées; de moyerres à celles qui en ont depuis 7o jufqu'à 8o ; & de formes, celles aux- quelles on en donne de 110 à 1201. + ON RER 8$ Armure d'une Îetge à quatre liffis. 4 [ Marches. SERGEANTEÉE, Jérjanie, À £ (Hi. nat. Boïan.) genre de plante à fleur en rofe, compofée le plus iouvent de quatre pétales difpofés en rond. Le pif. til fort du calice, & devient dans la fuite un 4 Qui eft divifé en trois capfules , ou qui a trois têtes: chaque tête renferme une femence arrondie. Plu- imier, zova plant, amer. gen, Voyez PLANTE. SERGEANTIE. £ € (Gram. © Jurifprud.) On dit tenir ên fergeantie, &t tenir en grande ou perit: fèrgean- te. Tenir en grande /érgeantie , c’eft tenir du roi, pour faire fervice en perfonne, comme porter {a banniere, fa lance, fon épée, à {on couronnement, même fon oft, être fon maréchal, &e. Tenir en pe- tite férgeanrie | c’eft tenir une terre du roi, à condis tion de lui donner chaque année quelque chofe d'u fage en guerre, comme un arc,une épée, une lance, des éperons , un cheval , des gantelets , &c, SERGENT, £ m, (Gram. € Jurifpr.) eft un of- cier établi pour faire toutes fortes d’exploirs judi- ciaires & extrajudiciaires,& pour mettre à exécution les jugemens & mandemens de juftice. Pafquier & Ménage ont avec raifon repris Cujas d'avoir voulu dériver ce mot de cafärianus, ainfi qu'il fait fur la loi defenffonis 7. au code de jure fifi. Ce terme vient du latin /erviens, qui fignifie fera vant, parce que les /ercens font en effet les miñiftres de la juftice, & qu’ils exécutent fes ordres & man- demens. | Du latin ferviens On a fait par corruption /érvyens &t en françois Jéryens , férjens, fergent. On trouve quelquefois écrit férregens ; ce qui a fait croire à quels ques-uns que ce terme venoit de ce que les /ergens faWoient ferrer Les files des gens de guerre; d’autres Ont cru que cela venoit de ce que les Jérgens ferrent les gens, c’eft-à-dire , emprifonnent ceux qui font condamnés par corps ou decretés; mais c'eft par corruption que l’on a écrit Jérregens pour Jérgens, & la véritable étymologie de férsert vient, comme on l’a dit, du latin Jérviezs, & de ce que les férgezs font les miniftres de la juftice. Préfentement prefque tous les fervens {e font attri- bué le titre d’hxiffrer-férgens où d’huiffier fisnplement, quoique le titre d’Axiffier ne Conviénne véritable: ment qu’à ceux d’entre les Jérgezs qui font prépolés à la-garde de l’huis où porte de l’auditoire. Le fitte de Jérviens ou férgens leur étoit commun anciennement avec tous les nobles qui fervoient à la guerre fous les chevaliers. Armiser, feutarius Ou férviens Étoient termes fynonymes; les écuyers ‘étoient appellés Jervienres , patce qu’ils fervoient les SER ichevaliers , portoient leur écu : & comme ancien- nement il falloit être chevalier pour rendre la juf- tice, il ne faut pas s'étonner f ceux qui exécutoient les mandemens de juftice, furent appellés Jérviences de même que les écuyers; d'autant mieux qu'il y avoir des férgens de l'épée ou du plaid de Pépée qui étoient établis fingulierement pour exécuter par les armes les mandemens de juftice. Ces fortes de Jergens faifoient alors'ce que font aujourd’hui Les archers. Ils étoient quelquefois prépofés à la garde des chä- teaux qui n’étoient pas fur la frontiere, &z alloïent en guerre fous les châtelans, comme on voit dans Pancienne chronique de Flandre, ch. xiy. xv. xlviy. dexviis. boxes. Ixxsxix. wc. &t au Liv. I. de Froïi- fart, ch. xix, | Le fervice des écuyers étoit néanmoins différent de celui des Jérgens de jufice. Et quoique les /érgens tant à pié aw’à cheval, ayent été armés, 67 ayent eu folde pour le {ervice militaire, leur fervice êc leur rang étoit moindre que celui des écuyers; c’'eft pour- quoi les férgens ou maïfiers du roi furent appellés Jergens d'armes, pour les diftinguer des Jergers ordi- nares, & parce qu'ils étoient pour la garde du corps du roi ; ils pouvoient pourtant aufl faire fergenterie partout le royaume , c’eft-à-dire exploiter. Mais Charles V. en 1276 leur défendit de mettre à éxé- cution les mandemens de juftice qui étoient adreflés àtous férgens en général: le fervice des armes &e celui de la juflice étant deux chofes diflinétes. Il y avoit deux fortes de érgens poux la jufice : les uns royaux : les autres pour les juftices fergneu- riales. Le nombre des uns & des autres étoit devenu fi excefñf, & ils s’étoient rendus tellement à charge ‘au peuple, qu'on les appelloit mangeurs, parce qu'ils vivoient à difcrétion chez ceux chez lefquels on les avoit mis en garnifon. Le peuple demanda en 1351 que le nombre de ces oficiers fit réduit ; & en conféquence le roi Jean ordonna qu'il n’y en auroit plus que quatre dans les endroïts où il y en avoit vingt, & ainfi des autres endroits à proportion. Âu commencement , les falaires des Jérgens, quand Yls alloïient en campagne, fe payoient par journées, &x non pas par exploits. Les ergers à cheval n'avoient que 3 fois par jour, & les Jérgens à pié 18 demiers; les uns ni les autres ne pouvoient prendre davan- tage, quelque grand nombre d'ajournemens qu'ils donnaflent dans différentes affaires & pour diffé- rentes parties ; leur falaire fut depuis augmenté, & néanmoins encore réglé à tant par jour. Ils ne pouvoient autrefois exploiter, fans être re- vêtus de leurs manteaux bigarrés , &c fans avoir à la main leur verge où bâton dont ils touchotent légé- rement ceux contre lefquels ils faifoient quelque exploit. Ce bâton étoit femé de fleurs-de-lis peintes. Leur cafaque ou habit appellé dans les ordonnances arnefium , étoit chargé des armes du roi ou autre fei- gneur, de autorité duquel 1ls étoient commis dans les villes. Les fergens royaux portotent fur leurs ca- faques les armes du roi en-haut, & celles de la ville en-bas. Une des obligations des /erges étoit de prêter mam-forte à juitice, & d’aller au fecours de ceux qui crioient à laide. Les Jérgens font encore regardés comme le bras de la jufice; c’eft pourquoi François premier, averti d’un excès, quoique leger, fait à un fimple /érgene, porta le bras en écharpe, à ce que content nos an- nales, difanr qu'on lavoir blefié à fon bras droit. Il neft pas permis en effet d'excéder les /érgers £fant leurs fon@ions. Anciennement les affignations ne fe donnoient que verbalement; c’eft pourquoi les férgens n’avoient pas befoin alors d’être lettrés. Ils certifioient Les juges SER des ajournemens qu'ils avoient donnés pour com: paroître devant eux. L’ordonnance de Philippe-le-Bel en 1302 leur dé- fendit de faire aucuns ajournemens fans commiffion du juge , ce qui n’eft plus obiervé; c’eft pourquoi lon dit communément que les huiffiers ont leurs commiffions dans leurs manches. Ils étoient autrefois obligés de fe faire affifter de deux records ; ce qui ne s’obferve plus depuis Pédit du contrôle, finon en certains exploits de rigueur. Voyez ExrLoir, Huissrer , RECORD. (4) SERGENS des aides , tailles &t gabelles, étoient ceux qui étoient deftinés à faire les exploits néceflaires pour le recouvrement des aides ou droits du roi qui étoient anciennement tous compris fous le nom gé- néral d'aides, & auxquels on ajouta depuis les tailles &c gabelles pour lefquelles ces Jergens faifoient auffi les pourfuites néceflaires. Les Jergezs des aides font les mêmes, que l’on a depuis appellés Aziffiers des tailles. Voyez au mos HUISSIER, & au m0t TATLLE. Les fergens ou huifiers des éleétions , 87 ceux des greniers à fel ont fuccédé à ceux des aides &c ga- belles. SERGENT APPARITEUR. On donnoit autrefois aux Jergens le titre d’appariteur , ou de Jérgenr indifférem- ment, & quelquefois tous les deux enfemble , com- me termes fynonymes. En effet, dans une ordon- nance du mois d'O&tobre 1358, ils font appellés /ér- vientes feu apparitores. Préfentement, par le terme de /érgent appariteur, on eutend ordinairement celui qui fait les fonétions d'appariteur ou huifier dans une offcialité ou autre tribunal eccléfiaftique. Voyez ci-devant le mor Appa- RITEUR , & le gloffaire de Ducange, au mot 4ppa- rilor. SERGENS ARCHERS , ou plutôt ARCHERS SER- GENS EXTRAORDINAIRES ; il y en avoit douze au châtelet de Paris. Voyez la déclarar. du 18 Avril1555, Blanchard, peg. 732. SERGENS D’ARMES étoient les mafers que le roi avoit pour la garde de fon corps. Philippe Augufte les inflitua pour la garde de fa perfonne : ils étoient gentilshommes ; &c à ka bataille de Bouvines, où 1ls combattirent vaillament , ils firent vœu ,-en cas de viétoire, de faire bâtir une églife en honneur de fainte Catherine; & faint Louis , à leur-priere , fon- da l’églife de fainte Catherine-du-Val-des-Ecoliers , poflédée à-préfent par les chanoines réguliers de Jante Génevieve. | Quoiqu’ils fuflent gens de guerre, ils étoient auffr officiers de juftice, & pouvoient en certains cas ve- nit à la chambre des comptes avec des armes ; ils pouvoient faire l'office de fergenterie dans tout le royaume , c’eft qu'ils avoient la faculté d'exploiter par-tour ; ils étoient gagés du roi, & exempts de tou- tes tailles & fubfides ; ils n’avoient d’autres juges que le roi & fon connétable, même en défendant ; leur office étoit à vie, à moins qu'ils ne fuffent deftitués pour forfaiture; tellement que la mort du roi ne leur faifoit pas perdre leur office , comme cela avoit lieu pour tous les autres officiers. On leur donnoït orai- nairement la garde des châteaux qui étoient fur la frontiere , fans qu'ils euffent d’autres gages que ceux attachés à leur mafle. Ceux qui demeuroient près du roi, prenoient leurs gages, robes & manteaux pour le tems qu'ils avoient lervi en Phôtel ; ils furent en- fuite aflignés fur le tréfor. Par une ordonnance de Philippe VI. de l'an 1342 , une autre ordonnance de Pan 1285, pour l'hôtel du roi &t de la reme , titre de fourriere | porte « ivem, fergens d'armes 30, lefquels » feront à court fans plus, deux huïffiers d’armes &c 8 » autres fergens avec,& mangeront à court,ëc porte- sronttoujours leur carquois plein de carreaux, ëc ne » fepourront partir de court fanscongé».PhilippevE. SER en fixa Le nombre à 100 en 1342. Charles V. étant régent du royaume , les réduifit au nombre de fix en 1359, &c leur defendit de tenir enfemble deux ofi- ces ; illeur défendit aufi en 1376, de mettre à exé- ‘“cufion les mandemens de juftice adreflés à tous /&r- gens en général, autre étant le fervice des armes & celui de la juftice. On trouve aufü au regiftre oZirm un arrèt du 12 Septembre qui cafe des lettres de Ber- trand du Guefclin, connetable ;ou de fon lieutenant, par lefquelles il prétendoit avoir droit de jurifdiétion fur les fervans d'armes. SERGENT BAILLAGER eft celui qui fert près d’un bailliage, qui a droit d'inffrumenter dans le refort d'icelui. Voyez Imbert, p. 4. & Boucheul /#r Poitou, corne II. p.722 , n°. 9. SERGENT BATONNIER. On donna ce nom aux fergens qui portoient des bâtons ou verges , dont ils touchoient ceux contre lefquels ils faifoient quelque exploit. Boutlullier fait mention d’un férgent béronnier de la ville de Fournay ; il en eft auffi parlé dans la ‘coutume de Valenciennes, article 3.8. 10 G 11. SERGENT BLAVIER eft celui des habitans d’une paroïfle qui eft éfabli pour la garde des blés & autres grains. C'eft la même choie que #7e{fier ou ferger: met- fer , mefffum cuflos. La coutume d'Auxerre l’appelle fergent blavier. SERGENS CHATELAINS ; il y en a en Poitou, & dans quelques autres provinces de France, des /érgens héréditaires qui font appellés chételains ou fergens chételains, & qu tiennent leurs offices en fief, Loy- feau , en ion sraité des offices , liv. IT, ch. y. n°.50, tient que c’étoient jadis les gardes & concierges des châteaux ; & en. effet, fuivant des ordonnances des 18 6c 28 Juillet, & 16 Novembre 1318, on voit que la garde des châteaux étoit donnée à des férgens d’ar- mes, qui étoient obligés de les garder fans autres ga- ges que ceux de leur mañfe. SERGENT AU CHATELET Où d4 chételes, eft un férgent étabh pour faire le fervice au châtelet de Pa- ris, 8 pour exploiter dans l'étendue de cette jurif- diéon , fuivant le pouvoir qui lui eft attribue. Il y a au châtelet quatre fortes de férgers ; favoir Les fix fergens ou huiflers fieftés. | Les douze /érgezs de la douzaine. Les Jergens à cheval. Et les férgens à verge ou à pié. Les férgens fieffés paroïflent être Les plus anciens de tous, & les premiers férgens établis pour le fervice du châtelet ; ils furent furnommés fffés , parce que leur office fut érigé en fief du tems que l’on inféoda la plûpart des offices. La déclaration du mois de Juin 1544, confirmative de leurs privileges , dit que les quatre Jergezs fieffés du châtelet ont été créés de très- grande ancienneté. Du tems de la ligue, 1l en fut créé un cinquieme, &êc depuis encore un autre; de forte qu'ils font pré- fentement au nombre de fix. Ces fix offices font prélentement du corps des huif- fiers-commiffaires-prifeurs vendeurs de biens meu- bles ; ils ont toujours eu le privilege d'exploiter fans demander permiffion , placet, vifa ni pareatis, Mais ils n’avoient autrefois le pouvoir d'exploiter que dans la ville, faubourgs, banlieue, prevôté & vicomté de Paris. François [. par fa déclaration du mois de Juin 1544, en les confirmant dans tous leurs droits & privileses, leur accorda en outre d'exercer leurs offices par tout le royaume , & d’y faire tous exploits de juftice, & exécuter tous jugemens &man- demens, tant du roi que des chancelleries , parie- mens , c autres juges quelconques. Les plus anciens après les Awiffrers fieffés ; font les férgens de la douzaine, ainf appellés, parce qu'ilsfont feulement au nombre de douze. Ils furent inflitués par faint Louis, qui les tira du corps des Jérgens à SER 87 verge, & leur donna 18 livres 5 fols parifis de gages. Es portoient fur leurs habits douze petites bandes de foie blanche , rouge & verte. La premiere fois qu’il en foit parlé , eft en 12988, ainfi que le remarque M. Brufielles, « Is étoient, comme on vient de le dire, du corps des Jergens à verge ou à pie. En effet, l’ordonnance de Philippe le Bel, du mois de Novembre 1302, por- tant réglement pour les officiers du châtelet, dit qu’il yraura 80 Jérgens à pie , & les douze de la douzaine, ëc non plus; que chacun donneïa de plece ou caution 20 livres, &c aura armures fufffantes pour foi , qui feront examinées parle prevôt de Paris, & par deux autres perfonnes quifont nommées, Cette même ordonnance porte, arricle 8. que les Jergens de la douxaïne feront Ôtés à-préfent, & que le prevôt , felon ce qu'il verra que néceñité fera, fera garder la ville, jufqu’à ce qu'il en foit autrement or- donné. On voit par-là que ces férgers de la douzaine étoient deftinés pour la garde de la ville : cet article au refte femble fe contredire avec l’arsicle à ; aufli M. de Lau- riere remarque-t-1l qu'il n’eft pas dans le resiftre du trélor des chartes. Le même prince, par fon ordonnance du 12 Juin 1309 , confirmative de celle qu’avoient faite Guillau- me de Haugeft, tréforier , & Pierre le Feron , garde de la prevôte de Paris, touchant les officiers & les Jérgens du châtelet, dit qu'il ÿ aura 90 férgens à pié, dans le nombre defquels douze férgens de la douzaine feront pris & élus comme il plaira au prevôt de Paris qui fera pour lors en place, & que ces douze férgens feront changés tous les deux mois, | On voit par-là que ces /érgens de la douyaine étoïent dés-lors à la nomination du prevôt de Paris, & com- ine fa garde ordinaire, qu'il choïfifloit par détache- ment dans le corps des /ergezs à pié, François I. par des lettres de 1529, ordonna qw'ils porteroient un hocqueton argenté à une falamandre, qui étoit lors fa devife , & une hallebarde, pour ac- compagner le prevôt de Paris. Il leur donna les mé- mes franchifes & privileges qu'aux archers de ville, êt accorda au fieur de Villebert , lors prevôt de Pa- ris , la nomination de ces gardes ; ce qui fut confirmé par une déclaration du 27 Décembre 1551. Les pre= vôts de Paris jouiffent encore de ce droit, & les /er- gens de la douzaine leur doivent une certaine fomme à chaque mutation de preyôt , mais ils prennent des provifions du roi. Ces mêmes gardes ont une barriere qui eft le lieu certain de leur aflemblée, afin qu’en toutes occañons &t quand 1] plaït au prevôt de Paris, il puiffe leur en- voyer fes ordres , foit pour le fuivre , foit pour la facilité des autres fonttions de leur charge. Cette barriere étoit ancieñnement rue des Ecrivains ) pro- che le grand châtelet, où Les prevôts de Paris ont tou- jours demeuré jufqu’au regne de Charles VIIL. Pré- lentement elle eft adoflée contre l’églife faint Jac- ques de la Boucherie. Les armes de M. Seguier, pre- vôt de Paris font au-deflus , ce qui fait préfumer qu’elle a été confiruite de fon tems. Girard, dans fes obfervations fur le srairé des off- ces de Joly, cisre des fergens de la douzaine , dit qu’ou- tre les treize-vingt férgens à verge, il y en a une pe- tite troupe que l’on appelle les Jergens de la douyaine, qui ne font que douze , qui ont leur confrairie dif- tinéte & féparée des autres , que cela vient de ce qu'au prevôt de Paris appartient la force des armes , comme premier chef militaire de la ville de Paris, pour la manutention de laquelle il avoit été par nos rois ordonné qu’il y auroïit douze perfonnes comme domeftiques du prevôt de Paris, qui lui feroient per- pétuelle affiftance ; que pour cette caufeils font pour- vus de leurs offices par le roi fur la nomination du br SER prevôt de Paris ; que par leur infitution ils doivent | porter le hocqueton &t la hallebarde, comme archers de ville; qu'auffi font-ils gagés &c falariés de 25 livres tournois pour lentretien de leur hocqueton, que le prevôt de Paris eft tenu de leur donner lorfqu'ils font poutvus ÊT reçus. Le même auteur ajoute que ces Jérgers font toutes fortes d’exploits dans la ville, faubourgs &c banlieue de Paris, comme les /érgens à verge du châtelet , fans qu'ils foient tenus de faire aucun fervice au châtelet, ni afliiter les juges ni les commiflaires lorfqwils exer- cent leuts charges, non plus que les Jergens fieffés du châtelet ; qu'ils ne reconnoïflent que le prevôt de Paris , lequel ils font tenus d’affifter avec leurs hoc- quetons & hallebardes lorfqw’il va au châtelet tenir le fiéoe , & aux cérémonies publiques. Qu’aux pompes funebres des rois , 1l y en a quatre feulement qui accompagnent le prevôt de Paris avec des robes de deuil qui leur font données comme aux autres officiers du roi. Enfin Girard remarque que ces officiers ne pou- “voient faire prifées ni ventes, & qu’ils n’étoient point reçus à payer le droit annuel, non plus que les com- mençaux de la maïfon du roi. Les Jérgens de la douzaine obtinrent d’Henty I. des lettres-patentes en forme d’édit, du mois de Mai 1558, portant que les Jérgens de la douzaine pourroient faire tous exploits & informations, non- feulement en la ville, fauxbourgs & banlieue de Pa- ris , mais aufli par toute la ville, prevôté, &t vicomté de Paris, & anciens reflorts d'icelle, ainfi que fai- foient-8r avoient accoutumé de faire les autres /er- gens à verge fieffés, &cautres, fans qu'ils fuflent te- nus de demander afliftance , placet, vifa, n1 pa- rearis. Mais Les Jérgens à verge &c à cheval, ayant formé oppoñtion à l’entérinement defdites lettres , Les huif- fiers de la douzaine furent déboutés de l'effet d’icel- les, par arrêt du premier Juillet 1560. Les fergens de la douzaine obtinrent encore le 7 Oftobre 1475, des lettres en forme de déclaration, portant qu'ils jouiroient de pareil pouvoir &e privi- léges que Les 1120 férgens à verge, prifeurs, ven- deurs au châtelet, prévôté &c vicomté de Paris, unis en un feul corps avec 40 autres férgens à verge, pri- “eurs vendeurs audit châtelet. Mais les Jérgens à verge s’étant encore oppoñés à l’entérinement de ces lettres, par arrêt du 6 Juin 1587, les Jérgens de la douzaine furent déboutés de l'effet de ces lettres, avec défenfes à eux de faire au- ‘cune prifée ou vente de biens meubles en la ville, - banlieue , prevôté & vicomté de Paris, de faire au- cuns exploits ou aétes de juftice hors la ville &c ban- lieue, à peine de nullité, & de s’entremettre d'aller aux barrieres avec les fergens à verge, n1 de fe qua- difier de férgens & verge, du nombre de la douyaine au chiieles, prevôté & vicomté de Paris, prifeurs & ven- deurs de biens, mais feulement /érgens de la douzaine du chéreler de Parts. lis ont néanmoins été maintenus dans le droit de faire Les mêmes fonétions que les /érgens à cheval & à verse du châtelet, par deux arrêts du confeil des 29 Mars & 12 Juin 1677. Les férgens à cheval du châtelet de Paris ont ête in- {titués pour faire leur fervice à cheval dans la pre- vôré &r vicomté de Paris, pour tenir la campagne sûre, & pour exploiter dans l’étendue de la prevôté _&z vicomté, mais hors la banlieue qui forme les li- mites du diftriét des /érgens à pié ou à verge. On ignore quel étoit d’abord le nombre des Jér- gens du châtelet, foit à cheval ou à pié; on trouve feulement que Philippe-le-Bel, par fon ordonnance du mois de Novembre 1302, fixa le nombre de ces Jérgers à cheval à So ; qu’en 1309, 1l fut réduit à 6o ; SER aen 1321, Philippe-le-Long les remità 08, Leñnom- bre total des fergezs du châtelet étoitnéanmoins accru jufqu'à 700; mais en 1327, Philippe deValeis rédui- fit les fergens a cheval à 8o. Le nombre en étant de puis beaucoup augmenté, Charles V,. par édit du 8 Juin 1 369, les réduifit à 220: Chacun d'eux devoit donner caution jufqu’à la fomme de 100 livres de bien, & loyalement fer genter; ils devoient avoir un bon cheval à eux, &é des armes fufhifantes, lefquelles devoient être exa- minées par le prevôt de Paris, &c deux autres per» fonnés à cé commis. Philippe-le-Bel reçut en 1309 , plaintes de la part du peuple fur la grande multitude &c oppreflions des fergens à cheval &t à pié du châtelet de Paris, pour les grandes extoffions qu’ils faifoient; à quoi il pour- vut par {on ordonnance du 20 Avril de ladite année, Il diminua , comme on l’a dit, le nombre des /er- gens, 8t ordonna que tous férgers de cheval & de pié, feroient demmeurans en la ville de Paris, & que nul n'iroit hors la ville fans impétrer commande- ment du prevôt de Paris, ou de {on lieutenant, ou des auditeurs. La journée de ces Jergens futreclée à 6 fols parifiss Les /érgens à cheval & à pié étoient alors la feule garde qu'il y eut le jour dans Paris; c’eff pourquoi cette ordonnance porte que toutes les fois que lon criera à la juflice le roi, qu'ils viendront tous fans délai, & que quand le roi viendra à Paris ou s’en ira, ils s’approcheront du prevôt de Paris pour faire ce qui leur fera commande ; que toutes les fois qu’il y aura feu en la ville, ou quelque aflemblée com- mune, 1ls s’aflembleront devers le prevôt; &c que fr quelqu'un empêche le droit du rot, ils le feront fa- voir au prevôt ou à {on lieutenant. Phihippe-le-Long, par fon ordonnance de 1325 ; dit que d’ancienneté 1l avoit toujours été accoutu- mé que les /érgens a cheval ne devoient point fergen- . ter dans la banlieue de Paris, ni ceux de pié hors la banlieue ; finon en cas de néceffité, il ordonna que cet ordre ancien feroit obfervé. Suivant l’édit de leur création du 8 Juin 1369, & les lettres-patentes & ordonnances rendues en leur faveur au mois d'Août 1492, Décembre 1543, 20 Novembre 1566, Mat 1582, Juin 1603, 13 Juin 1617 & 1644 , confirmés tant par arrèts du confeil privé, que du parlement, des 4 Mars 1600, 10 Mai 1603, 24 Avril 1621, 4 Mars & 17 Avril 1622, de l'année 1648 , 2 Janvier 166$ , & autres poftérieurs, ils ontnon-feulement la faculté d'exploiter dans toute l'étendue du royaume, mais encore celle de mettre à exécution toutes fentences, jugemens , arrêts, &C autres ates , de quelques juges qu'ils foient émanés, & de faire leur réfidence où bon leur femble; de mettre Le fcel du châtelet à exécution exclufivement à tous autres huifiers, & de faire dans toutes les vil- les & lieux du royaume les ventes de meubles, à l'exception de la ville de Paris , où 1l y a des huiffiers- prifeurs en titre. Ils ont leurs caufes commifes au châtelet, tant en matiere civile que criminelle. Les derniers édits ont attribué aux /érgens d cheval le titre d’hxiffrers-fergens à cheval. L’édit du mois de Février 170$ , avoit ordonné qu'ils ne feroient qu’une feule &-même communauté avec les férpens à verge ; mais par une déclaration du mois de Novembre furvant, les deux communautés ont été féparées comme elles Pétoient précédem- ment. } Les férgens à verge où a pie, qu’on appelle préfen- tement huiffiers-fergens à verge, étoient dans l'origine les feuls qui faifoient Le fervice dans le tribunal & dans la ville , fauxbourgs, & banlieue, Ils étoient obligés de demeurer dans la ville, &c | être L2 être toujours prêts à s’aflembler aupres du prevôt ; mais 1l ne leur étoit pas permis d'aller deux en- {emble. | Ils fe tenoient ordinaitement appuyés {ur la bar- riere qui étoit au-devant du châtelet, pour être prêts au premier ordre du juge ou requifitoire des parties; dans la fuite on leur conftruifit en différens quartiers de Paris, différens corps-de-varde qui conferverent le nom de barrieres des fèrgens. Le nombre de ces /ergens qui étoït devenu exceflif, fut réduit en 1321 à 133; en 1327 à 120; depuisil fut augmenté jufqu’à onze-vingt ou 210. Anciennement ils ne pouvoient exploiter hors de la banlieue de Paris ; en 1543 , on donna à 85 d’en- tre eux le pouvoir d'exploiter dans toute la prevôté ë& vicomté; & en 1550, on leur accorda à tous le même pouvoir; &c enfin on leur a donné à tous le pouvoit d’exploiter par tout le royaume, comme les hauffiers à cheval. Ils faiforent autrefois les prifées de meubles, mais préfentement elles fe font par les huiffiers-prifeurs, qui ont été tirés de leur corps. (4) . / SERGENS DES CHEFS-SEIGNEURS , étoient ceux qui étoient commus par des fergneuts à la juftice def- quels refortifloit quelque jufice inférieure ; ils ne pouvoient faire aucune dénonciation dans les jufti- ces des feigneurs inférieurs; de même qu'il n’étoit pas permis à ceux des juflices inférieures d’en faire dans les juftices des chefs-feigneurs, ainfi qu'il eft dit dans une ordonnance de fat Louis, de l'an 1268 ou 1269. SERGENT CHEVALIER, eft un titre que prenoient autrefois les féroezs à cheval, ce qui venoit fans dou- te de ce que dans les anciennes ordonnances ces Tortes de /ergers font nommés eguites fervientes ; quel- ques-uns d’entre eux prennent encore abufvement ce titre de chevalier, mais en juftice lorfqu’on y fait attention, On leur défend de prendre cette qualité. SERGENS À CHEVAL, font des fergens inftitués pour faire leur fervice à cheval. L'objet de leur infti- tution a été qu'il y ebt des /érgezs en-état d'exécuter les mandemens de juflice, dans les lieux les plus éloignés , ce que ne pouvoient faire les férgens à pié, ou du moins aufh promptement. Voyez ce qui eft dit ci-devant des Jergens à cheval à l’article des SERGENS DU CHATELET. SÉRGENS CHEVAUCHEURS étdjent des gardes des eaux &c forêts, créés par édit du mois d’Août 1 572; pour vifñter à cheval les forêts du toi. Plufieurs fu- tent fupprimés par édit du mois d'Avril 1667; le refte fut fupprimé en vertu de l'ordonnance de 1669, - 4, 20. art. 3. &t en leur place on établit d’autres par. des à cheval, fous le titre de gardes généraux. SERGENS COLLECTEURS,Ondonna d’abord cenom à certains férgezs royaux, qui furent inftitués dans les paroïffes par l’édit du 23 Oëtobre 1581, pour ex- ploiter & faireles contraintes à la requête des collec- teurs , fermiers &c autres commis &c députés à la re- cette des aides, tailles & autres droits du roi. Ces Jergens étoient comme on voit, les mêmes que ceux qu'on appelloit férgens des aides, tailles & pabelles. On a depuis donné le nom de /ergent colleëleur , à Pofficier qui dans chaque maîtrife des eaux & forêts Ou grurie, eft charge de la colleéte ou recette des amendes qui font prononcées au profit du roi, pour raifon des délits commis en matiere d'eaux & forêts. Ils doivent avoir un rôle & y emmager ce qu'ils re- çoivent, & en donner quittance; & faute par eux de pourfuivre, ils font garans de leur négligence. Poyez Vordonnance de 1669, tir, 3. art. 24, ris, 4. art, 3.9, & tit. O, art, 6. SERGENT CRIEUR JURÉ , Où proclamateur public, c’eft un Jérgers Ctabli dans chaque bailliage ou féné- cauflée royale, pour faire les annonces & procla- Torne XF, SER 89 mations publiques, affifté d’un ou deux jutés trom- petites. Il y avoit au châtelet de Paris, un de ces /er- gent crieur juré, qui a été incorporé êc uni au corps des /érgens à verge. Il y a pourtant encore dans ce Éege un crieur juré. Il y a eu de femblables ofices de Jérgens crieurs proclamateurs généraux , créés dans chaque balliage. On trouve dans Joly, l’édit de créa- tion pour Angers, du mois de Février 1587. SERGENT CRIEUR JURÉ , eft celui qui eft établi pour faire les cris & proclamations publiques. Il y a au châtelet de Paris un /érgezt crieur juré, & un trompette juré , à linftar defquelsil y en a eu d’é- tablis ës villes où il y a baïlliages &c féiéchauflées, . Le érgent crieur du châtelet de Paris, eft incorporé & uni au corps des /érgens à verge. Henri IT, en créa dans chaque fiege royal de la province d'Anjou, par édit du mois de Février r581. Voyez Joly. nt < SERGENS DANGEREUX ; ainfi appellés parce qu'ils furent inflitués par édit d'HenrilL, délant5s2, pour conferver le droit du roi dans les.forêts-où le roi a droit de tiers & danger, c’eft-à-dire droit de dixie: me, ou dans lefquels 1l a fimplement droit de danger. Îls furent révoqués par ordonnance de Charles VI. de lan 1413 , art. 238 ; par celle de Charles IX. en 1563 ; & par l'ordonnance 1660. SERGENS DE LA DOUZAINE , voyez ce qui en eff dit ci-devant à l’arsicle des SERGENS DU CHATELET DE PaRrs. SERGENT DE L’ÉPÉE 04 DU PLAIT DE L'ÉPÉE, dd plactnun enfis, c'étoient ceux qui exécutoient par la force , & même par les armes, les mandemens de ju- ftice, fuivant le chap. v. de l’ancienne coutume de Normandie: voici quel étoit loffice de ces Jergens. « Sous les vicomtes, dit cette coutume, font les /er- » gens de l'épée, qui doivent tenir les vies, & faire » les femonces & les commandemens des afifes, & » faite tenir ce qui y eft jugé , & délivrer par droit # les namps qui font prins, & doivent avoir onze » deniers par chacune vûe qui eft foutenue, & auffi » @e chacun namps qu'ils délivrent, & pour ce font- » ils appellés /érgens de l'épée ; car ils doivent jufti- » cièr vertueufement à l'épée & aux armes tous les » malfaiteurs, 8 tous ceux qui font diffamés d’au- » cun crime & les fuitifs ; & pour ce furent-ils éta- » blis principalement, afin que ceux qui font paif- » bles, foient par eux tenus en paix, & les malfai- » teurs fuffent punis par la roideur de juftice, &c par » eux doivent être accomplis les offices de droit. » Les bédeaux, dit ce même texte, font mendres » férgens, qui doivent prendre les namps, & faire » les offices qui ne font pas fi honnêtes, & les men- » dres femonces ». On voit par-là que les Jérgens de l’epée avoient fous eux d’autres férgers. L’ordonnan- ce du 20 Avril 1309, dit que les férgens du plait de l'épée donneront plege fuffifant pour eux & pour leurs fous-férgens , de loyaument fergenter & répondre de leurs faits. La chatte aux Normans, porte que nul Jergent de l'épée ne pourra faire exercer fon office par un autre fous peine de le perdre ; dans d’autres let tres , datées du 22 Juillet 131$, où le férgent de l'épée eff nommé Jérviens noffer fpade, 1 eft dit qu’il ne poutra louer fon office à perfonne. Woyez le gloffaire de M. de Lauriere, au mot férgene. | SERGENS EXTRAORDINAIRES des lieutenans cri- minels ,étoient des fergens qui furent établis outre les Jérgens ordinaires du tribunal, pour faire le fervice auprès du lieutenant criminel, & faire tous ex- ploits en matiere criminelle feulement. Ils furent in- flitués par Henri IL, en 1552. Ces offices ont depuis été fupprimés & réunis aux autres offices de férgens êc huifiers ordinaires. SERGENT FÉRMIER étoit celui qui tenoit à ferme un office de fergenterie; ce qui fut défendu par les M 90 SIERE ordonnances : il en eft parlé dans la coutume de Bre- tagne, art. 674. | n + SERGENT FÉODÉ eft la même chofe que /ergent fieffé ; ondit prefentement Jergent fieffé. Voyez ce qui eft dit ci-après au7oz SERGENT FIRFFÉ. SERGENT FÉODÉ, FIEFFÉ 04 DU FIEF, OU Comme on difoit autrefois SERGENT, eft celui qui tient lof- fice de fergenterie en fief. Ces Jergers étoient fujets à certains devoirs pour raifon de leur fief. Il en ef parlé dans un titre de l'évêché de Paris, de lan 1222; dans une autre charte, de lan 1230; dans Matthieu Paris, À l'an 1266; dans les aflifes de Jérufalem, c4. exe, comme auf dans un arrêt de la Chandeleur, de Van 1269 ; & dansun autre du parlement de la Pente- côte, de l’an 1273.Ilyaencore en plufieurs endroits de ces férgens féodésou feffés. Le fergentféodéou frefféadans cettains lieux charge & pouvoir de farre les exploits néceffaires, pour la recherche & confervation des droits féodaux du feigneur. Il reçoit les cens, rentes, coutumes, & autres devoirs du feigneur. Il a même en quelques lieux, comme à Senlis, quelque jurif- diébion , & peut commettre trois fous-/érgens, deux à cheval & un à verge, qui font inflitués par le baïl- li, & révocables à volonté. A Dun-le-roi en Berri, & en quelques autres lieux, cet ofüce eft héréditai- re, & tenu en hommage du roi. Au châtelet de Pa- ris il y a quatre offices de Jérgens fiefes. Foyez SER- GENS DU CHATELET. Voyez la coutume de Senlis , arr. 87; les arrêts du parlement de Paris, du 16 Juillet 1351,3 Juin 1301; les ordonnances de l’échiquier de Normandie, de Van 1426; l’ancienne coutume de Normandie, ch. xv. art, 1213 le ffyle du chételet de Paris & d'Orléans, in fine ; l'auteur du grand coutumier , Lib. T. ch. 1} ; la cou- tume de Bretagne , art, 21 ; l’ordonnance de Charles VI. de l'an 1413; Joly, des offices de France, tom. II, &b, LIL, tir. 35; Brodeau, fur Paris, art. 1. n°. 14. SERGENS DES FOIRES DE CHAMPAGNE ET DE Brig, étoient ceux qui étoient établis par le juge confervateur de ces foires, pour exécuter fes man- demens, & les actes pañlés fous le fcel de ces foires. Le nombre en étoit fi exceffif, que Philippe le Long, par des lettres du mois de Juin 1317, les rédufit à 140, #20 à cheval & 20 à pic. SERGENT FORESTIER eft celui qui eft prépofé à la garde des bois & forêts du roi; ces fortes de er- gens font préfentement appellés Jergens à garde. Voye SERGENT À GARDE. SERGENT FRANC eft un garde que certains fei- gneurs ont pour la confervation de leurs bois, ou pour la prife & la garde des beftiaux trouvés en dé- lit. Voyez le gloflaire de M. de Lauriere. (4) SERGENT À GARDE, ce font ceux qui font prépo- fés à la garde des forêts du roi; ils ne peuvent faire aucuns exploits que pour le fait des eaux & forêts, & chafles de fa majefté. Ces offices font fort anciens. Suivant Pordonnan- ce de Philippe le Long, de Pan 1318, 1ls n'étoient mis & infhtués qu’à la délibération du grand-confeil, dans les endroits où ils éroient jugés néceflaires. De- puis, par édit d’Aoùût 1526, &t autres édits pofté- rieurs , ilen fut établi en divers lieux pour la garde & conervation des forêts du roi. Les maitres des eaux & forêts ne laifloient pas d'en établir où 1lsqu- geoient à propos , à l'exemple des baïllis & fénce- Chaux ; mais ce droit leur fut Ôté par Parric/e 45. de Pordonnance de 1549, &il n’y a que le roi qu les puifle infhtuer ; mais ils peuvent être deflitués par Jes grands-maîtres, lefquels peuvent commettre en leurlieu, en cas de prévarication. ù On ne doit enrecevoir aucun que fur information de vie & mœurs, & par témoins admimitrés par le procureur du roi; & 1ls doivent favoir lire & écrire. Ils doivent être affidus en leurs gardes, & nes’en SER abfenter que pour caufe de maladie ou autre excufe, légitime, en demandant permiflion au maître parti- culier & procureur du roi, qui fubflituent en leur place. Ils font obligés d’avoir chacun un regiftre cotté & paraphé du maitre & procureur du foi, pour y inf- crire leurs procès-verbaux de vifite, rapports, ex- ploits &c tous autres aétes , enfemble l'extrait de la vente ordinaire &c extraordinaire, &c l'état, tour, qualité &c valeur des arbres chablis OU encroués , &: généralement tout ce qu'ils font en vertu de leur mi- uftere, , | Leurs procès-verbaux doivent être jugés fommai- rement, par les officiers à la prochaine audience. Ils fignent les procès-verbaux des gardes mar- teaux, lefquels doivent les appeller à leurs vifites. Le nombre des férgens à garde eft divifé en deux parties, qui comparoïffent alternativement à Pau- dience de la maïîtrife ou grurie, même aux aflhfes, pour les informer de létat de leurs gardes, y préfen- ter, affirmer &c faire enregiftrer leurs rapports, fur lefquels les juges peuvent condamner à des peines pécuniaires, quoiqu'il n’y ait aucune autre preuve ni information; pourvü que les parties accufées ne propofent pas de caufe fufifante de récufation. L’ordonnance {es rend refponfables de délits com- mis en leur garde, faute d’en avoir fait leur rapport, & de l'avoir mis au greffe deux jours au plus tard après Le délit comnus, ou faute de nommer dans leur rapport les délinquans, & d’avoir marqué le lieu du délit & les autres circonftances, Tout ce qui concerneïlles fonéhions de ces férgens a garde eft expliqué fous les sr. 3.44 6. 7. 10. 11.15. 17. 18. 19. 21. 23. 25.27. 30. 31. & 32. de Pordon- nance des eaux & forêts. SERGENT GARDE-PÊCHE, eft un Jérgers des eaux & forêts, établi dans une maitrife ou grurie, pour veiller à la confervation des eaux & pêches fur les fleuves & rivieres dans l’étendue de fon diftriét. Ces fergens font pour les eaux & la pêche, ce que les Jër- gens à garde font pour les bois. Voyez les rie, 12. € 31. de l'ordonnance de 16609. SERGENT-GARDIEN , étoit celui.qui étoit chargé de veiller à la confervation de quelque lieu qui étoit fous la fauve-garde du roi. Tous les lieux qui étoient fous la fauve-garde royale avoient des fergens royaux pour gardiens particuliers; on peut voir à ce fujetles différentes lettres de fauve-garde qui font rapportées dans le recueil des ordonnances de [a troifieme race. | SERGENS DE GARNISON, dans les anciennes or- donnances font ceux que l’on établit en garnifon chez les parties faifñies, pour les contraindre de payer. SERGENS GÉNÉRAUX, étoient des Jérgezs royaux qui avoient le pouvoir d'infrumenter, non pas feu- lement dans le diftriét d’une juftice royale , mais dans toute l'étendue d’une province ; il y en avoit en Nor- mandie qui furent fupprimés par une ordonnance du roi Jean, du ; Avril 1350. SERGENT A LOI, férviens ad lepem , eft un titre ufi- té en Angleterre, pour exprimer un grade que l’on acquiert en jurifprudence & qui eft le feul grade connu en ce genre, les titres de bachelier, de licen- cier & de docteur, n’y Étant point ufités. Ce‘titre fe confere avec beaucoup de folemnité & de dépenfe; c’eftun degré pour monter au plus hau- tes dignités : pour l’acquérir, 1l faut avoir étudié Les loïs au moins pendant feize ans; ce font proprement des doétéurs en droit qui exercent la profeffion d’a- vocat & de jurifconfulte, avec de certaines diftinc- tions au-defflus des fimples avocats. | Il y a ordinairement en Angleterre, fix férgens du roi à Loi &t deux en-Irlande. I y a d’autres férgers a loi communs ; il y en a ordinairement vingt en An- CS SER gleterre, & deux en Irlande; il peut y en avoir da- vantage. | | Les fergens du roi peuvent pour toutes perfonnes autres que le roi, Les Jergens communs peuvent travailler contre tous. Voyez le gloffaire de Ducange au mot érvientes ad leger. SERGENS LOUVETIERS, c'étoient des fergens des forêts du roi, établis finguliérement pour donner la chafle aux loups, & pour fare devant les maîtres & gtuyers leur rapport des prifes qu'ils aurotent faites; 1l en eft encore parlé dans le réglement des eaux &r forêts du mois de Mai 1592, art, 32. SERGENT MAITRE, eft la même chofe que gruyer ou verdier. Selon Saint-Yon, dans fon traité des Eaux & Foréts, gruyer, foreftier, verdier, feprayer, chà- telain, concierge, férgent matiere, maître garde, nef qu'un même office , ayant mème fonétion, pouvoir, jurifdiétion & connoiffance premiere des déhts qui fe commettent ès forêts jufqu’à 60 fols , appellé di- verfement felon les lieux, en quoi Ragneau s’eft mé- pris dans fon indice fur le mot verdier, où 1l fuppofe que le verdier eft en plus grande charge que le fer- gent naître, & aufli qu'ilconnoït des amendes coutu- miers; car il ne connoît que des amendes légales juf- qu’à 6o {ols, c'eft-à-dire de celles qui font taxées par les ordonnances , lefquelles amendes légales Ra- gneau a apparemment entendu par le termes de coz- tumiers. Woyez la note de M. de Lauriere fur Le tom. I, des Ordonnances, p. 464. SERGENT MAÎTRE 04 SERGENT GARDE DES ME- TIERS. Woyez ci-après l’article SERGENS DES M£- TIERS. SERGENT À MASSE, ferviens ad clavam , C'eft le ti- re que prenoient & que prennent encore certains huifliers , qui dans leur inftitution portoient des 2a/° fes ; il en eft parlé dans la coutume du Hainault, qui les appelle /ergens à maffe d'argens au bailliage d’A- miens. Il y a huit férgens à maffe à la jufice civile. SERGENT MESSIER 04 SERGENT MESSILIER, #7/- fum cuftos, eft un des habitans d’une paroiïfle qui ef commus par le juge pour la garde des moïfons ; on les appelle ailleurs /érgens blaviers. SERGENT DES MÉTIERS, étoient ceux quiavoient la garde & infpeëtion fur les perfonnes d’un certain état & métier ; on les appelloit aufüi ergers 6 gardes Ou Jergens maîtres d’un tel métier ; 1l eft parlé dans une ordonnance du mois de Mai 1360, des Jérgens êt maitres de la draperie , ou /érgens 6 gardes de ce mé- fier ; c’eft de-là que les gardes &c jurés des commu- nautés d'arts & métiers tirent leur origine. SERGENS DE L'ORDONNANCE DES FOIRES DE CHAMPAGNE ET DE BRIE. Voyez SERGENS DES FOïRES DE CHAMPAGNE ET DE BRIE. __ SERGENT DE LA PAIX, dans la coutume de Va- lenciennes , art. 138.ont lés férgens des jurifdiétions ordinaires ; ils font ainfi appellés , parce que dans le pays l’auditoire du juge dont ils font les minifires eft appellé zraifon de paix. SERGENT DU PARLOIR AUX BOURGEOIS, étoient ceux qui exécutoient les mandemens ou commiffions du bureau de la ville de Paris appellé anciennement le parloer aux bourgeois ; ces férsensjouifloient des mêmes privileges que les archers & arbaleftriers de la ville de Paris, excepté feulement pour les forti- fications & réparations de la ville pour larriere-ban & pour la rançon du ro Voyez lOrdonn, de Louis XT. du mois de Novembre 1465. SERGENT DU PETIT SCEL DE MONTPELLIER , étoient ceux qui fervoient près la cour du petit [cel de Montpellier; 11s étoient obligés de comparoître en perionne à Montpellier tous les ans le jour de la 8. Louis , il en eft parlé dans Ordonnance de Charles VIT. du 28 Décembre 14904 Tome XF, | SER 91 SERGENT À PIÉ ox À VERGE, eft celui qui pat fon inftitution doit faire le fervice à pié, foit auprés du juge, foit dans l’étendue de la jurifdiion, à la différence des férgens à cheval qui ont été inflitués pour faire le fervice à cheval. Weyez ce qui eft dit ci-devant des /érgent a verge à l’arricle des SERGENS DU CHATELET DE PARIS. n SERGENT DU PLAIT DE L'ÉPÉE , Je ad placieum enfis, étoit la même chofe que fergent de l'épée. Foyez ci-devant SERGENT DE L'ÉPÉE, SERGENT PRAIRIER, eft un des habitans d’une paroïfle qui eft commis par la juftice à la garde des prés. SERGENT PREVÔTAIRE, en la coutume de Mehun: fur-Eure , en Berry , ef le fergent du prevôt. SERGENT DE QUERELLE ; on donnoit autrefois ce nom au fergent qui failoit les aétes dans les cas dé duels , on lappelloit ainf par oppofñition au titre de Jergent de la paix où de paix, que lon donnoit à ceux qui faifoient le fervice de fergens dans le tribunal, où qui faifoient les autres exploits en matiere conten- tieufe. Dans la coutume de Normandie, arr, 63. le fer gent de la querelle eft le fergent ordinaire de l’aétion \ 1 ou du lieu où le différent des parties eft pendant: Voyez Berault /#r cer article. SERGENS ROUTIERS 04 TRAVERSIERS, étoient des gardes des eaux &c forêts, créés par l’arricle 21, de l’édit de Janvier 1583 , dont les fonétions étoient de brofler ê traverfer les forêts, routes 8& chemins d'icelles ; plufeuts furent fupprimés par édit du mois d'Avril 1667, le refte fut fupprimé par ordonnance de 1669, tir. 10. arr. 3. & en leur place on établit des gardes généraux à cheval. Voyez SERGENS CHE- VAUCHEURS , SERGENS À GARDE, SERGENS TRA- VERSIERS , MAÎTRES SERGENS. SERGENT DU ROI o4 SERGENT ROYAL, eft celui qui a été inflitué par le roi. Les vieux praticiens di- {ent que Jérgenr à roi eff pair à comte | ce qi vient de ce qu'anciennement un pair ne pouvoit être afligné que par fes pairs ; de forte qu’un comte ne pouvoit être femons ou ajourné que par un autre comte: mais comme dans la fuite on fe relâcha de ce cérémonial &c que les pairs furent afignés par un fimple huifier royal, amfque cela fut pratiqué en 1470 à l'égard du duc dé Bourgogne accufé de crime d'état; cette nouvelle forme de procéder fit dire que férgent à ror où du roi , toit pair à comte. Voyez Loïfel en fes 1rffitutes , tit. des perfonnes, ñ. 31. SERGENT ROYAL, eft celui qui tient {es provifons du roi : linftitution des /ergens royaux et prefaue, aufli ancienne que la monarchie ; au commencement ils étoient choïfis par Les baïllifs ou les fénechaux, ce qui devoit fe faire en pleine afife. Les baïllifs & fénechaux pouvoient auf les defti tuer, quoiqu’ils euffent des lettres du roi : ils étoient refponfables des fujets qu'ils avoient nommés aux places vacantes. | | Les /ergens royaux avoïient néanmoins dès-lors des provifons du roi, pour lefquelles ils payoient au roi un droit : Philippe le Long & Charles le Bel leur f- rent payer une finance, & le roi ordonna que le nom- bre en feroit fixé, Ils éroient obligés de donner caution , & d’exer- cer leur office en perfonne, s'ils Le louoient à un au- tre , ils s’expofoient à le perdre , ils ayoient cepen- dant des fubflituts, car f le ro1 donnoit une fergen- terie à quelqu'un qui ne vouloit pas l'exercer ; fon fubflitut ne devoit être reçu que comme les férgens, avec le confeil de ro ou 12 perfonnes, & en don: nant caution, quand même celuidontils remplifloient la place, en auroit donnéune, Ils ne pouvoient ajourner fans ordre des juges , ‘ni M 3 92 SER faire aucune exécution en des fieux éloignés fans commiflion. Pour ce qui eft de leur difiriét , ils ne pouvoient fersenter généralement dans tout un bailliage ; mais chacun d'eux feulement danswune châtellenie ou pré- vÔté.. - | Eux feuls avoient droit de faire toutes exécu- tions pour.les dettes du roi; mais ils ne pouvoient pas contraindre les fujets des feigneurs à les faire por- teurs de leurs lettres, fous prétexte qu’elles étoient pañlées fous le {cel royal. Iispouvoïent être arrêtés pat ordre des feigneurs , s'ils alloient faire de nuit des exécutions dans leurs jufices, Il leur étoit défendu en général. d'exercer leur of- fice dans les terres des feigneurs qui avoient haute & baffle juftice , finon dans le cas du reflort ou dans es autres cas qui appartiennent au roi, fuivant le droit & la coutume , & alors ils ne pouvoient ex- ploiter fans unmandement du jugeroyal, dans lequel ft contenu le cas royal. Il ne leur étoit pas non plus permis d’établir leur domicile danslesterres des feigneurs haut jufticiers ou des prélats, à moins qu'ils n’y fuflent nés, ou qu'ils n’y fuflent mariés : ils ne pouvoient même en ces deux cas y faire aucune fonétion de leur office, même dans les cas de reflort , &-dans les cas royaux; &c ils étoient foumis à la jurifhétion tant fpirituelle que temporelle des prélats &c des feigneurs, en tout ce qui ne concernoit pas la fonéion de leur of- fice, utre les férgèns des juftices royales, il y avoit encore d’autres férgèns pour le fervice du toi; cha- que receveur des deniers.du roi pouvoit avoir deux Jergens à {es ordres; sil en avoit befoin d'un plus grand nombre, il devoit fe fervir de ceux du bail- liage. C’eft probablement là l’origine des Jergers ou huifiers des tailles. Louis Hutin permit auffi au col- leéteur des décimes dans la province de Reims de créer des fergens & de.les révoauer. (4) SERGENT SEIGNEURIAL 04 SUBALTERNE eft un Jergert non royal commis par un feigneur pour ex- ploiter dans fa juitice. Foyez SERGENT ROYAL. SERGENT ; fémple, cette qualité eft donnée par les anciennes ordonnances aux /érgezs des forêts ; pour les diftinguer des maîtres Jérgens , qui étoient la mé- me chofe que les verdiers ou châtelains. Poyez lor- donnance de Philippe de Valois du 29 Mar 1346. SERGENT , fous-, étoient des Jérgens inférieurs, aui étoient commis par un fergent fieffé. Woyeg ci- devant SERGENT FIEFFÉ. SERGENT DES TAILLES, voyez ci-devant al mot HUISSIER DES TAILLES 6 SERGENT DES AIDES, TAILLES @ GABELLES. + SERGENT TRAVERSIER, #0yez ci-devani SERGENT ROUTIER. SERGENT À VERGE, ft un Jérgers qui fait Le fer- vice à pié: on a donné à ces férgers le fürnom de /er- ens à verge, parce que dans leur inftirutionils étotent obligés de porter une verge ou bâton femé de fleurs- de-Ës, pour marque de Pautorité de juftice en vertu de laquelleils agiflenr. Ils touchoient de cette verge ou baguette ceux contre lefquels ils faifoient quel- que exploit. Voyez ce qui et dit ci-devant des /er- pins à verge à Varticle deSSERGENS DU CHASTELET. 2 SERGENT, c'eft dans Pars militaire, un {oldat qui pañlé parles degrés d’anfpeffadetëc de caporal , &c dont les principales fonétions font de veiller àce que les foldats faffent leur fervice ;:8 àleur apprendre le manimeñt desarmes.! : bg Le férgent eftun-bas officier dans les compagnies d'infanterie, comme lemaréchal de-logis left dans celles dé cavalerie , SE À Les fergsas tiennent un rôle du nom des foldats 8€ : de leurs logemens. Ils doivent les vifiter le foir &r le matin, furtoutaprès que la retraiteeft battue , afn de connoître ceux qui font libertins où débauchés, êc de les faire chatier. Ce font eux qui pofent le corps-de-sgarde & les fentinelles dans les endroits qu'on a marqués, Ils vont prendre l’ordre dumajor de la place tous les foirs. [ls s’afflemhlentren rond au- tour de lui dans la place d'armes , & ils ont le cha- peau bas. Le major donne le mot à l’oreille au plus ancien, qui eff à fa droite. Celui-ci le dit de même au fuivant ; ainfi ce mot faitle tour du cercle, &re- vient au major, qui connoit par-là fi tous Pont rete- nu. Voyez MoT. Lorfqu'une compagnie eft en marche, les férgers font fur Les aîles pour fire drefler les rangs êc les f- les , ét pour empêcher que les foldats ne s’écartent, Ce font eux qui reçoivent les vivres êc les munitions des compagnies, qu'ils donnent enfuite aux capo- raux, lefquels en font la répartition à leurs efcoua- des, Le capitaine choïfit parmi les ergens celui qui eff le plus entendu êc le plus fidele , & il le charge du prêt. Voyez PRÊT. (@) SERGENS D’ARMES, dit en latin, fervientes armo- rum , furent une garde inftituée par Philippe Augufte pour la confervation de fa perfonne. Ce prince forma cette garde à loccafñon du vieux de la Montagne, petit prince dans PAfe vers la Terre- fainte, fameux par les entreprifes que faifoient fes fu- jets fur la vie des princes à qui il en vouloit. Les armes des férgens d'armes étoient , outre la mafle d'armes, l'arc & lesfleches. Ilsavoientauff des lances.Cette garde,qui étoit d’abordaffez nombreufe, fut diminuée par Philippe de Valois, &t caflée par Charles V. pendant la prifon du roi Jean fon pere. Daniel, kiff, de la milice françoife. (Q) | SERGENT DE BATAILLE, c'étoit un officier d’un grade inférieur à celui de maréchal de bataille ; mais dontles fonétions approchoïent de celles des infpec- teurs. Le pere Daniel croit que la charge de féroezr de bataille a ceflé depuis la paix des Pyrénées ,&t que les fonétions de ces fortes d’officiers variotent felon fa volonté des princes. | Il y a dans les troupes d'Allemagne &r d'Efpagne des férgens généraux de bataille , tant pour l'infanterie que pour la cavalerie, qui ont en quelque façon dans leur diftri& le même commandement que les maré- chaux-de-camp dans nos armées. (Q) SERGENT EN LOI, ( Hifi. mod. d'Angleterre. ) fer- viens ad levem ; les fergens en loi, font des doéteurs en droit civil, au-deffus des doéteurs-en droit ordi- naire. Ils ne plaident qu’à la cour des communs plar- doyers ; & le roi en choïfit ordinairement deux ou trois , qui font l'office de fes avocats , &t qui parlent pour lui, principalement dans les procès criminels, où il s’agit de trahifon, (D. J.) SERGENS DANGEREUX ,(Æaux & Forérs.)officiers des forêts qui furent infütués par édit de Henri HT. l'an 1552, pour conferver le droit du roi dans les bois où le prince a tiers 8 danger, ou fimplement danger; mais ils ont été fupprimés par Charles EX. en 1563. Il y avoit encore autrefois dans Les forêts des, fergens traverfiers &z des furgardes-routiers, au. lieu defquels on a établi de fimples gardes. (D. J. ) SERGENT , £. m. ( Owxil.) c’eft un mftrument de menuiferie , dont fe fervent aufli quelques autres ou- vriers-en bois. Le férgent eft une efpece de barre de fer quarrée longue à volonté, recourbée en crochet par un des bouts : le long de cette barre monte êt defcend un autre crochet mobile auffi de fer, qu’on appelle main du fergens. On fe fert de cet inftrument pour te- SEP nit 87 joindre les pieces & planches de bois, lorf- aw'on les veut coiler enfemble, ou pour faire reve- mir la befogne , c’eft-à-dire , en approcher & pref fer les parties les unes près des autres, quand on veut les cheviller. Les tonneliérs ont aufh une ef- pece de /érgent , pour faire entrer les derniers cer- ceaux fur le peigne des futailles ; ils l’appellent plus communément #rtoire, Savary. ( D. J.) SERGENTERIE , f. f. (Jurifprud. ) eft l'office de érgent ; 1ily eut anciennement des feigneurs qui don- nerent en fief ces offices de férgens , foit avec quel- ques terres annexées, foit office fimplement fans terre : ces fergenteries ainfi données en fief furent ap- pelkes férgenteries feffées. Les quatre plus anciens fergens du châtelet ont encore de ces fergenteries fief- {es ; il y en a aufñi en plufieurs autres lieux. Woyez l’ancienne coutume de Normandie, celle de Breta- gne, arr, C74 & 677, le gloff. de M. de Lauricre, & le 101 SERGENT. (4 SERGER , ox SERGIER , { m. ( Sergerie. ) c’eft un ouvrier, un marchand qui fabrique ou qui vend des ferges ; il n’y a pas de provinces en Francé oùil y aittant de /érges qu’en Picardie. Savary. (D. J.) in SERGERIE, £ £ ( Manufaélure de fergers.) ce mot le dit tant de la manufadture des ferges , que du com- merce quis’en fait. La province de Picardie eftune de celles de France où il fe fabrique le plus de /erge- nie. (D, J.) SERGETTE, 1 £ ( Sergerie.) petite{erge, étroite, mince, & légere ; on met au nombre des férgertes, les cadis qui n’ont qu’une demi-aune moins un douze de large, & les ferces de Crevecœur , Policourt, Chartres , & autres femblables, dont la largeur n’eft que de denu-aune ; la férgerre eft encore une efpece de droguet croifé & drapé , qui fe fait en quelques lieux du Poïtou, Savari, ( D.J. SERGETTE , {. f, terme de manufaiture, Ceft une ferge légere & fine , que les bénédiétins reformés portent au-lieu de chemife ; outre les habillemens marqués par la regle, les moines de Cluni portoient autrefois des robes fourrées de mouton, des bottines Fa 0 pour La nuit, des /érgertes | &t des caleçcons. SERGETTERIE, £. £. ( Manufait. & Corporation) on appelle ainfi à Bauvais , ville de Picardie, non- feulement la manufadture des ferges , où l'ouvrage des tiflerans & fergers qui les fabriquent , mais en- core le corps & la communauté des maîtres qui en font profefion. Savary. (D. 3.) SERGIOPOLIS , ( Géog, anc.) ville de l'Euphra- teufe, àcent vingt-fix flades de Sura , du côté du nord, felonProcope, quidit qu'il y avoit une éoli- 1e de S. Serge, & que Juftinien fortifia cette ville f bien, que Cofroès, roi des Perfes, l’ayant attaquée, fut obligé d’en lever le fiege. (D. J. SERGNA o2 SERGNI, (Géog. mod. ) petite ville d'Italie , au royaume de Naples | dans le comté de Molife ; elle étoit épifcopale dès l’an 402, fous la métropole de Capoue. On la connoifloit alors fous fon ancien nom dÆfurnia où Aférnia. (D. J. SÉRIAD TERRE DE, (Géop. anc.) Manethon a entendu l'Egypte, par la terre de Sériad; felon Dod- weléc Selden, on doit à la canicule le nom du Ni/; ce fleuve eft appellé Siris dans les auteurs profanes, d'où dérive Sepros, que les latins écrivent ffrios, & quiet le nom de la canicule , dont le lever a tant de rapport avec l’accroiflement du Nil; mais de même qu'Héfiode défigne cette étoile, par l’expreffion z«- prosaonp , de même auff il eft vraïiflemblable que les anciens ont défigné l'Egypte par les termes xeprada , OÙ Sepiadhn yy terre de Sériad, terre fériadique , ter- re où coule le fleuve Siris. C’eft ainf qu'ils ont ap- pellé le même pays Ægyptus, du nom fous lequel Homère aconnule Nil. ( D. J. ) SE À 9} SERJANTA , £ £ ( Hif nat Bo. ) géhre de plan te, ainfi nommée par le P, Plumier, en mémoire du P. Serient, minime. Sa fleur eft en rofe ; compofée dequatre ou cinq feuilles placées circulairèment ; du milieu du calice il partun piftil qui désénere en- fuite en un fruit, qui a trois cellules, trois aïles; & dont chaque cellule contient une femence ronde, Le P. Plumier en compte trois efpeces ; le doéteur Guillaume Houfton à trouvé ces plantes à la Vera cruz & à Campêche, où elless’élevent à une grande hauteur ; elles croiffent dans le voifinage des arbres; qui fervent à les foutenir, car elles ont des vrilles avec lefquelles elles s’attachent à tout ée qui les en- vironne. (D. J\ SÉRICH , in. cerme de relation , nom d'uné gralé ne que les Coptes d'Egypte mettent dans leurs mers; ils la pulvérifent, & en tirent de l’huile par expref- fon. On peut avoir cette huile toujours fraîche, & on fait du marc de petits gâteaux applatis. Les Cop- tes mangent leur pain trempé dans cette huile, avec des oignons crus, &c ils rompent leurs gâteaux en pe: tits morceaux qu'ils trempent dans du fyrop de fucre: Pocock, deféripr. d'Egypte, pag. 183. (D. J.) SERIE oz SUITE, L.f ex Alpebre, Le dit d’un ordre ou d'une progreflion de quantité, qui croïiflent , où décroiflent fuivant quelque loi : lorfque la fire ou la férie va toujours en approchant de plus en plus de quelque quantité finie , & que par conféquent les termes de cette Jérie, ou les quantités dont elle eft compofée, vont toujours en diminuant, on laps pelle une fuite convergente, &c fionla continue à l’in- fini, elle devient enfin égale à cette quantité. Foyer CONVERGENTE , c. Ainfi io eat rie LU forment une Jäire qui s'approche toujours de la quantité 1 , & qui lui de- vient enfin égale | quand cette fuite eft continuée à l'infini. Voyez APPROXIMATION , Gc. La théorie & l’ufage des fuires infinies , à été cul- tivée de nos jours avec beaucoup de fuccès ; oncroit communément que l’invention en eft due à Nicolas Mercator de Holftein | qui paroït néanmoins en avoir pris la premiere idée de l’arithmétique des in- finis de Wallis, on fait ufage des Juires principale- ment pour la quadrature des courbes, parce que cette quadrature dépend fouvent de l’expreffion de ceftaines quantités qui ne peuvent être repréfentées par aucun nombre précis & déterminé ; tel eft le rapport du diametre d’un cercle à fa circonférence , &t c’eft un très-grand avantage de pouvoir exprimer ces quantités par une /wre, laquelle, étant conti- nuée à l'infini , exprime la valeur de la quantité re- quile. Voyez QUADRATURE, Ge. Nature, origine & ufage des fuites infinies. Quoique larithmétique nous donne des expréfions très-com- plettes & très-intelligibles pour tousles nombres ra- tionnels, elle eft néanmoins très défe@tueufe, quant auxnombres irrationnels , ‘qui font en quantité inf- niment plus grande que les rationnels ; il y a, par exemple , une 1infinité de termes irrationnels , entre 1 & 2: of que l’on propofe de trouver un nombre moyen proportionnel éntre 1 & 2, exprimé en ter- mes rationnels, qui font les feuls que on! conçoit clairement , la racine de 2 ne préfentant cértaine- ment qu'une idée très-obfcure, il eft certain qu’on pourra toujours approcher de plusen plus de la jutte valeur de la quantité cherchée, maïs fans jamais y arriver; ainfi, pour le nombre moyen propottion-. nel entre r & 2, ou pour la racine quarrée de 2; fi Pon met d’abord x , ileft évident que l’on n’a pas mis aflez; que l’on y ajoute, on à mis trop : car le quarré de 1 ++, eft plus grand que 2 ; fi de # +=, lonôte+, on trouve ra que l’on 4 retranché trop, &c fi Pon y remet -£, le tout fera trop grandi ainfi , fans jamais arriver à la jufte valeur de la quan : 94 SE R sité cherchée, on en approchera cependant toujours de plus en plus. Les nombres que l’on vient detrou- ver ainf, & ceuxque l’on peut trouver dela même maniere à l’infini, étant difpolés dans leur ordre na: turel, font ce que l’on appelle une férze, ou une fire infinie: ainfi la ferie 1 + 5 — LE — Ge. continuée à l'infini, exprime la valeur dela racine quarrée de; quelquefois les /uires ne procedent pas par des addi- tions &c des fouftraétions alternatives, mais par de fimples additions ou parune infinité de fouftraétions ; dans toutes les fuites infinies dont tous les termes pris enfemble ne doivent être égaux qu’à une grandeur finie , il eft vifible que leurs termes doivent aller “toujours en décroïiflant ; il eft bon même, autant qu'il eft pofible, qu’elles foient tellés que Fon en piufle prendre feulementun certain nombre des pre- miers termes ; pour la grandeur cherchée , & né- glhigertout le reite. : «3 Mais ce ne font pas feulement lesnombres irration- nels que l’on peut exprimer en termes rationnels,par es fuites infinies :\es nombres rationnels eux-mêmes, font fufceptibles d’une femblable expreffion ; 1, par exemple, eft égal à la faire, +,<,6c; masily a cette différence , qu'au lieu que les nombres irra- tionnels ne peuvent être exprimés en nombre ration- nels que par ces Jaures , les nombres rationnels n’ont pas befoin decette exprefon. Parmi les ares infinies | 11 yen a quelques-unes dont les termes ne font qu’une fomme finie ; telle eft la progreflion géométrique =, 3, +, &e. &c en général toutesles progreflions géométriques décrort- antes : dans d’autres Juires , les termes font une fom- meinfinie ; telle eft la progreffion harmonique , =, 4 5 &c Voye HARMONIQUE. Ce s’eft pas qu'il y ait plus determes dans la progreflion harmonique, que dans la géométrique, quoique cette dermere nait point de terme qui ne foit dans la premiere , & qu'il lui en manque plufieurs que cette premiere con- tient ; une pareille différence rendroit feulement les deux fommes infinies , inégales ; & celle dela pro- greflion harmonique , feroit la plus grande : la raiion en eft plus profonde ; dela divifibilité de l'étendue à l'infini , al fuit que toute quantité finie , par exem- ple un pié , eft compofée pour ainf dire , de fini &c d’infini : de fini, entant que c’eftun pié; d'infimt, en- tant qu'il contient une infinité de parties , dans lef- quelles il peut être divifé: fices parties infinies font conçues comme féparées l’une de l’autre, elles for- meront une /#ire infinie, & néanmoins leur fomme ne ferà qu’un pié: or c’eftce qui arrive dans la fuire géométrique +, + 3 G'e.décroiflante : carileft évi- dent que fi vous prenez d’abord + pié , enfuite + ou la moitié de ce qui refte, c’eft-à-dire ; de pic; & puis +, ou la moitié du refte, c’eft-à-dire, 5 de pié, vous pouvez opérer fans fin, en prenant toujours de nou- - velles moitiés décroïflantes, qui, toutes enfemble ne font qu'un pié. Quand on dit même que toutes ces parties prifes enfemble font un pié, il ne faut pas prendre cetre expreflion à la rigueur, carelles ne fe- roient un pié que dans la fuppofñition que lon eñt pris tous les termes. de la faire , &ercela ne fe peut, puifque la frite eft infinie ; mais on peut prendte tant de termes de la fuite qu’on veut, plus on en pren- dra, plus on approchera de la valeur d’un pié, & quoiqu’on n’ait jamais le pié exaétement , on pourra en approcher auf près qu’on voudra : ainf cette fuite n’a pas proprement un pié pour lafomme, car une füite infinie n’a point defomme proprement dite, puifque fa fomme variefelon qu’on en prend plus ou moins de termes, & qu'onne peutjamais les prendre tous; mais ce qu'onappelle la Joe d’une furse, c’eft la hmite de la fomme de fes différens termes, c’eft- à-dire une quantité dont on approche aufli près qu’on: veut, en prenant toujours dans la: fazse un nombre SER de termes de plus en plus grand. Nouséroyons de- voir faire cette remarque en pañfant, pour fixer li dée nette du mot de forme d'une Juite. Revenons à préfent à notre fuire +, 1,2 Dans cet exemple nous ne prenons pas feulemen les parties qui étoient dans le tout,, diftinguées l’une de Pautre , mais nous prenonstout ce qui y étoit; c’eft pourquoi ilarrive.que leurfomine redonne pré- cifément le tout ou la quantité entiere ; mais f nous prenons la progreffion géométrique +, 3, -L, 6, c’eft-à-dire, que nous prenions d'abord + de pié , & que du refte l’on en prenne 5» Étquedece dernier refte l’on prenne encore de pié, &c. ileft vrai que nous ne prendrions que les parties qui font dit tinétes l’une de l’autre dansle pié;mais nous ne pren< drions pas toutes les parties qui y font contenues, puifque nous n’y prenons que tous lestiers, qui font plus petits que les moitiés; par conféquent, tous ces: tiers qui décroifent, quoiqu’en nombre infini, ne pourroient faire letout ; &c il eff même démontré qu'ils ne feroient que la moitié d’un pié; pareille- ment tous les quarts, qui décroiffent à l'infini, ne donneroient qu'un tiers pour fomme totale, & tous les centiemes ne feroient qu'un quatre-vingt dix-neu- vieme ; anf, non-{eulement la fomme des termes d’une fuise géométrique, dont les termes décroiflent à l'infini, neft pas toujours une quantité finie; elle peut même être plus petite qu'une quantité finie quelconque : car nous venons de voir comment on peut former une faire de quantités qui ne foient ga les qu’à +, +, +, & on peut de même en former qui ne foient égales qu'à +, +, &c, =, =, ——, Gc. 8 ainf à l'infini, Si une fuite infinie décroiffante exprime des par: ties qui ne puiflent pas fubfifter dans un tout {épa- rément les unes des autres, mais qui foient telles que pour exprimer leur valeur , il foit néceflaire de fuppofer la même quantité prife plufeurs fois dans le même tout ; alors la fomme de ces parties feraplus grande que le tout fuppofé, & même pourra être in= finiment plus grande, c’eft-à-dire, que la fomme fe= raïnfinie , fi la même quantité eft prife une infinité de fois. Ainfi dans la progreffion haronique:, ,£, Éc. finous prenons + pié ou 6 pouces , enfuite : de pié ou 4 pouces, il eft évident que nous ne pouyons plus prendre + de pié ou trois pouces, fans prendre 1 pouce au-deflus de ce qui refte dans le pié. Puis donc que le tout eft déja épuifé par la fomme des trois premiers termes, l’on ne fauroit plus ajouter à ces trois termes les termes fuivans, fans prendre quelque chofe qui a déjà été pris; &c puifque ces termes font infinis en nombre, il eft très-poffible que la même quantité fime puifle être répétée un nom bre infini de fois: ce qui rendra infinie la fomme de la fuite. Nous difons poffible ; car, quoique de deux faites infenies , Vune puifle faire une fomme finie, & l’autre une fomme infinie, 1l peut fe trouverune füize où les termes finis ayant épuifé le tout, les termes fuivans, quoiqu'infnis en nombre, ne feront qu’une fomme finie. De plus il eft néceffaire de faire deux remarques fur les /éries en général. 1°. Il y a quelques Jiises dans lefquelles, après un certain nombre de termes, tous les autres termes, quoiqu’infinis en nombre, deviennent chacun égaux à zéro. Il eft évident que la fomme de ces fuites eft une fomme finie , & qu'on peut atfément la trouver. Soit , par exemple, la fuite ak ma?t+Æm,m— 143 mx Mm— I. Mm—2at 4 mm—i.m— 2m 3.4, Ge. ileft évident que on fait, par exemple ,77 —3 , cette fire fe termine ra au 4°. terme. Car tous les autres devant être mul: tipliés par » — 3 qui eft=o à caufe de m—3, ces termes feront néceflairement chacun épaux à zéro } ces fuites n'ayant qu'une apparence d'nfinité. 2°, Que la même grandeur peut être exprimée par différentes Jus, qu’elle peut l'être par une jur- 2e dont la fomme eff déterminable, & par une autre, dont on ne fauroit trouver la fomme. La géométrie n’eft pas fujette, dans l'expreffion des grandeurs, à autant de difficultés que larithmeti- que : on y exprime exaétément en lignes les nom- bres irrationnels,& l’on n’a point befoia d'y recourir aux fuites infinies. Ainf l’on fait que la diagonale d’un quarré , dont le côté eft r, exprime la racine quarrée de 2. Mais en quelques autres cas, la géo- métrie elle-même n’eft pas exempte de ces inconvé- niens, parce qu'il y a quelques lignes droites que l’on ne peut exprimer autrement que par une /xire infinie de lignes plus petites , dont la fomme ne peut être déterminée: de cette efpece font les lignes droites égales à des courbes non reétifiables ; en cherchant, par exemple, une ligne droite égale à lacirconféren- ce d’un cercle, on trouve que le diametre étant fup- pofé 1 , la ligne cherchée fera $ 445-745, Ge. Voyez RECTIFICATION. Quant à l'invention d’une faite infinie, qui exori- me des quantités cherchées , Mercator,, le prenuer inventeur de cette méthode, fe fert pour cet effet de la divifion. Mais M. Newton & M. Léibnitz ont porté cette théorie plus loin; le premier, en trouvant fes faites par l’extra@tion des racines ; & le fecond, par une autre fxire préfuppofée. Pourtrouver,par le moyen de la ivifion, une /#rse aui foit l’expreflion d’une quantité cherchée. Suppo- fons qu’on demande une /xire qui exprime le quotient de 4 divifé par a+ c , divifez le dividende par le divi- feur, comme dans l’algebre ordinaire, en continuant la divifion, jufqu’à ce que le quotient faffe voir l’or- dre de la progreffion , ou la loi fuivant laquelle les termes vont à l'infini ; obfervant toujours les regles de la fouftra@tion , de la multiplication , de la divi- fion , par rapport au changement des fignes. Quand vous aurez pouilé cette opération juiqu à un certain 0 point , vous trouverez que le quotient eft = — LAS bc3 . . s: + —“" , Gc. à infini, Ces quatre ou cinq ter- a 2 mes étant ainfi trouvés, vous reconnoitrez facile- ment que le quotient confifte en une /#re infinie de frztions. Les numérateurs de ces fraétions font les puifflances de c, dont les expofans font moindres d’une unité que le nombre qui marque la place que ces termes occupent, & les dénominateurs font les puifances de z, dont les expofans font égaux au nom- bre qui marque la place de ces termes : par exemple, dans le troifieme terme, la puiffance de c eft du fe- cond degré dans le numérateur ; & la puiflance de a eft du troïfieme degré dans le dénominateur. Par conféquent 1°. fi b==1 & a = 7 ,enfubftituant ces valeurs , nous aurons le quotient ci-deflus = 1 —c+c— 0, 6rc. à Pinfini: c’eft pourquoi —— = 1 —çc+e@— 05, Ge, à infini. 2°. Donc fi les termes qui font au quotient dé- croiflent continuellement, la fuite donnera un quo- tient auft près du vrai qu’il eftpoffble. Par exemple, fib=1i,c=1,4a=2, ces valeurs étant fubftituées dans la faire générale , & la divifion étant faite com- me dans l'exemple général ci-deflus, on trouvera Æ 1 I I Li x Re ve bre ge fe Ge SUpe pofons maintenant que la férie ou la fuite s'arrête au quatrieme terme , la fomme de cette /xite fera au- deflous de la véritable ; mais 1l ne s’en faudra pas +=. Si elle s'arrête au fixieme terme , elle fera encore en-deflous, mais moins que de +: c’eft pourquoi plus on pouffera la férie ou la fuire | plus auf on ap- prochera dela véritable fomme, fans pourtant jamais ÿ arriver. bc Dé fa même maniere, 6n trouve que 2 = 1 SEEN. NÉE E "” IE l f VE as — 3 5 + 2 AT 343 9 ‘e a Linfnnl..….; Cr RS RS TN Te en AS ON à eee TS ; = 3 € 4 5569 Éc. à l'infini... é — = = + = sas — 025 06. à l'infini. Ce qui donne une loi conftante, fmivant laquelle toutes les fra@ions, dont le numcrateur eft l'unité , peuvent être expri- mées par des /wites infinies ; ces fuites étant toutes des progrefhons géométriques, qui décroiflént en telle maniere que le numérateur eff toujours l'unité, & que le dénominateur du premier terme , qui eft auffi lexpofant du #pport, eff moindre d’une unité que le dénominateur de la fraétion que Pon a propofé de réduire en /uire. S1 les termes du quotient croiflent contintielle- ment , la Jérie s'éloigne d'autant plus du quotient ; qu'elle eft pouflée plus loin ; & elle ne peut jamais devenir égale au quotient, à moins qu'on ne limite ce quotient, &c qu'on ne lui ajoute le dernier refte avec fon propre figne. Par exemple , fuppofons 5 = 55,2 On trouvera que le quotient = 1 — 2 + 4 = 8 + 16—64-+# 128, éc.prenonsle premier terme 1 ,1lexcede— ; de =; deux termes, c’éft-à-direr — 2, feront plus petits de + ; trois termes feront trop grands de +; quatre termes feront trop petits que - de =, Ge. Si lon fuppofe que la féris ou la fuise fe termine au terme — 8 ; alors on aura = = 1 — 2 + 4 — 8 2 DER PR ;masi—2t+4-8=—$z it; anf — SÉRCE Amos cree 5 SUR T Mais, dira-t-on, qu'exprime donc alors une pa- reille fuite ? car par la nature de opération, elle doit être égale à la quantité ou fradion propofée ; & ce- péndant elle s’en éloigne continuellement. Un auteur nommé Gzido Ubaldus, dans fon traité de quadratura circuli & hyperbolæ , à pouflé ce rafonnement plus loin, & en a tiré une conféquence fort fingulhere. Ayant pris la fuite+= +, & ayant fait la divifion il à trouvé au quotient 1 — 1 + 1 —1+1—1, Ge qui à l'infini ne peut jamais donner que 1 ou o ; fça- voir 1, fi on prend un nombre impair de termes ; & o,fi on prend un nombre pair. D'où cet auteur a conclu que la fraétion + pouvoit devenir 1 par une certaine opération ,& que o pouvoit être aufll égal à +, &c que par conféquent la créafion étoit pofhible, puifqu'avec moms on pouvoit faire plus. | L'erreur de cet auteur venoit de n'avoir pas remar- qué que la fuite 1 = 141 = 71,6. &t en général T—c+e— 05 Gc, n’exprimoit point exaement la valeur de la fraétion ——. Car fuppofons qu’on ait pouffé Le quotient de la divifion jufqu’à cinqtermes; comme la divifion ne fe fait jamais exa@tement , il y a toujours un refte; doit ce refle r ; & pour avoir le quotient exaét, 1l faut , comme dans la divifion ordi- naire ; ajoûter ce refte r divifé par le divifeuri1+c, à la partie déjà trouvée du quotient. Ainfi fuppofons que la férie générale foit terminée \ = 1 . c* 5 — É 2 ? 3 + à — CyONAUTA —— = I — CHE — Oo + —— 1+c—cr+ct ei —c3 = c# + ct ï À 1 4 j = ONE TU CNE DT : me Par ; confé- ET I J : ; quent la valeur exaéte de? = ——eftr-i+i-i I " ; H——; & cette valeur fe trouve toujours égale I1+iI à, & non pas zéro à 1. Voyez dans les Mémoires de l’acadèm. de 1715. un éerit de M. Varignon, où cette dificulté eft éclaircie avec beaucoup de foin. Pour s’inftruire à fond de la matiere des fuites, on peut confulter Le traité de M, Jacques Bernoulli, in- titulé Traëtatus de feriébus infinitis , earumque fummé Jinitd , imprimé à Baïle en 1714 , à la fuite de l’47s conjeitandi du même auteur; le feptieme livre de l'Analyfe démontrée du P. Reyneau ; ouvrage de M; Newton, intitulé Analyfts per æquationes rumero ter= minorum infinitas ; enfin le traité de M. Suirling , de Jummatione ferierum ; & celui de M. Moivre, qui a 96 SER pour titre Mifcellanca analytica de feriebus & guadra- turis. On joindra à ces ouvrages la leture d’un grand nombre de mémoires fur cette matiere, one par MM. Euler, Bernoulli, &c. &c. imprimés dans les volumes des académies de Pétersbourg & de Berlin. Pour extraire les racines d’une faire infinie, voyez EXTRAGTION DES RACINES. Retour des Jéries ou des fuites. Voyez Particle Re- TOUR. Dans la doëtrine des Jéries, on appelle frxéion con- äinue , une fraétion de cette efpece à l'infini a B+c âd+e f+8 h+6&e M. Euler a donné, dans les Mémoires de l'académie de Pérersbourg , des recherches fur ces fortes de fraétions. Tnterpolation des fèries ou fuites. Elle confifte à inférer dans une fuite de grandeurs qui fuivent une certaine loi, un ou plufieurs termes qui s’y confor- ment autant qu'il eft poflible. Cette méthode eft à- peu-près la même que celle de faire paffer une courbe du genre parabolique, partant des points qu’on vou- dra. Par exemple, fi on a quatre points d’une courbe aflez près les uns des autres , & qu’on veuille con- noitre à-peu-près les autres points intermédiaires ; on prendra un axe à volonté , &c on menera des 4 points donnés les ordonnées #,8,c,d, qui ont pour abf£ cifles e,f,g, k. On fuppofera enfuite que l’ordonnée de la courbe foiten général 4+Bx4+Cx+LExs; &t on fera A+Be+Ce+Ee—=a, A+BFECF+Ef =, A+Bg+Ce+ES—=c, PESVEN A ES NN) ce qui fera connoître les quantités 4, 8,C, D; & par ce moyen on aura les ordonnées de la courbe parabolique , pour une abfciffe quelconque x.Or ces ordonnées ne différeront pas beaucoup de celles qu'on cherche. Voyez les Mémoires de l'académie de Pérersbourg, tome II. page 180. (O) SÉRIEUX , adj. ( Gram. ) terme relatif à l’habi- tude du corps & au caraëtere de lefprit. L'homme Jérieux eft grave dans fon maintien & dans fon dif- coùrs; il imprime du refpe& ; on fe compole comme lui, pour en approcher; le férieux & la gravité con- viennent aflez aux magiftrats. Le /érieux s’'oppofe au frivole ; il n’y a point d'affaire fi fériewfe qui puifle fixer la légéreté de certains hommes. Il s’oppofe auffi à la plaifanterie : ce n’eft point en plaifantant que je vous parle; ce que je vous dis eft Jérieux. SÉRIGNAN , (Géog. mod. ) petite ville de Fran- ce, dans le bas-Languedoc , au diocèfe de Beziers ; c’eft un fiege particuher de l’amirauté. (D. J.) SERIN , CERISIN , CEDRIN, f. m.( Æif£. rar. Orritholog. ) férinus , oifeau dont on connoit deux efpeces; l’une vient des iles Canaries fituées dans la mer Atlantique, & l'autre fe trouve en Stirie : ce dernier a le dos un peu roux, & le milieu de chaque plume eft noir, comme dans la bergeronnette jau- ne; la tête du mâle a une couleur jaune plus foncée que celle de la femelle ; le croupion eft d’un beau verd jaunâtre , & la poitrine a une couleur jaune mêlée d’un peu de verd ; le ventre eft blanc ; les cô- tés du corps ont des taches noires & oblongues ; la queue eft noire , à l’exception des bords extérieurs de chaque plume qui font verds ; les grandes plumes des ailes ont les mêmes couleurs que celles de la queue; les plumes du fecond rang font blanchätres à l'extrémité , & les petites ont une couleur verda- tre ; le bec eft pointu &c plus court & plus fort que celui du tarin; la piece fupérieure déborde un peu Pinférieure ; les piés font bruns , & les ongles ont une couleurnoire. Willughby. Gris. Foyez OISEAU. Le erir des Canaries auquel on a donné le nom de Canari, varie ici beaucoup pour lacouleut, com- me tous les oifeaux domeftiques ; il eft trop connu pour en donner une defcription. On peut voir dans le traité de M. Hervieux fur les /érins de Canarie , la façon de les élever ,.de les multiplier, & de les gutC- rir des maladies auxquelles ils font fujets. SERIN , LE, ( Géog. mod. ) ou le Serain , petite ‘riviere de France. Elle prend fa fource dans la Bour- gogne , au diocèfe d’Autun, vers les confins du bail- hage de Saulieu, & va fe rendre dans l'Yonne, en- tre Auxerre & Joigny. (D. J.) SERIN,.m. ( Tifferanderie, ) inftrument de bois avec des efpeces de dents de fer , dont on fe fert en quelques lieux pour féparer la filafle de chanvre, de la plus groffe chenevotte qui ÿ refte, après que le chanvre a été broyé. Cet inftrument s’appelle en- core écouffoir, & dans d’autres endroits , échanvroir. (D. I.) SERINCER , v.n. ( Tifféranderie. ) c’eft fe fervir de Le , pour féparer la chenevotte de la filafle. SERINETTE., £. f, ( Lurherie. ) petit orgue de Bar: barie , aujourd’hui en ufage pour apprendre aux fe- rins à chanter plufieurs airs ; elle fonne l’uniflon du larigot de orgue. Voyez ORGUE , LARIGOT G& FLA- GEOLET. L'orgue de Barbarie , & par conféquent la férierre qui n’en differe qu’en grandeur, eft compofée de deux foufflets , ou d’un foufflet double, d’un fom- mier ou laye, où le vent des foufllets eft conduit par un tuyau ou porte-vent d’un clavier à pillottes, c’eft-à-dire, qui fait ouvrir Les foupapes en foulant , & d'un cilyndre noté qui fait agir les touches, Le mouvement eft communiqué à cette machine par le moyen d’une manivelle qui fait tourner une vifle fans fin B D. La tige de cette vifle a une cheville ex- * centrique C’, laquelle répond vis-à-vis des foufflets, St communique avec l’inférieur par le moyen d’une bride de fer C#, qui entoure par fon extrémité fu périeure la cheville €, & qui eft attachée par fon extrémité inférieure M: au moyen d’une cheville à la queue, entaillée en. fourchette qui eftà la table inférieure du fouflet de deflous M, lorfque l’on tourne la manivelle, à caufe de l’excentricité de la cheville €’, à laquelle la bride qui communique au foufflet inférieur eft attachée; cette bride CM haufe & baïffe à chaque tour de manivelle : ce qui fait de même haufler & baïfler la table inférieure du fout- flet, qui afpire & chaîfle par ce moyen Pair exté- rieur dans la faye , d’où il pañle aux tuyaux, lorf- que les pilotes des touches ouvrent les foupapes. L’extrémité D de la tige 8 D qui eft tournée en vifle fans fin engrene dans une roue dentée d, qui eft appliquée à une des extrémités du cilyndre quitour- ne fur lui-même de la quantité d’une dent à chaque tour de la manivelle 4B; enforte qu'il y a autant . de coups de foufflets que de dents à la roue D, au peut en avoir cent. Cet inftrument a ordinairement une 8°. d’étendues ainf il doit avoir 13 tuyaux & 13 touches à fon cla- vier qui eft compofé d’une barre de bois D E , à la- quelle les touches font attachés par-deflous , au moyen d’un double crochet de fer faiten forme d’'U, lequel eft pañlé dans un trou de la touche, &r dont les pointes entrent dans la barre , enforte que les touches qui font attachées par leur milieu puiffent fe mouvoir librement. À l'extrémité des touches qui regardent les tuyaux, eft un pilote a attache à la touche par un petit morceau de peau de mouton qui eft lié autour du pilote & collé fur la touche. A la partie inférieure 2 du pilote eft une pointe de fil de fer qui traverfe le fommuer , & porte fur la RaPage quelle enrelle ouvre en pouflant dé haut-en-bas. Voyez Sou- PAPE, SOMMIER DE POSITIF, auquel celui-cireflem- ble , avec cette feule différence que la laye, voyez Lave ,eftici en deflous; au lieu qu’au fommier du pofñitif elle eft en- defflus; du refte les foupapes, leurs reflorts & les pilotes font difpofées de même. L’extrémité antérieure des touches a des pointescece qui portent fur les notes des cilyndres; enforte que lorfque lontourne le cilyndre, & que les notes dont il eft entouré, fe préfentent aux pointes des tou- ches:, elles font lever ces dernieres, & par confé- quent baïfler la pilote qui eft attachée à l’autre ex: trémité dela touche , laquelle ouvre la foupape qui laifle pafler le vent aux tuyaux. oyez la defcription du cylindre noté à l'article CARILLON. Le foufilet double M 7 eft comprimé en en-bas; afin de chafier l'air qu’il contient dans la laye, lorf- que le foufllet inférieur afpire pat les deux reflorts de fil de fer élaftiques $ $. Ce foufilet a auffi une foupape T qui s'ouvre de dedans en-dehors: cette foupape eft tenue fermée pat le reflort de fil de fer 1,87 elle ne s'ouvre que lorfque l’air contenu dans les foufflets eft condenfé jufqu’à un certain point ; pañlé lequel, fi elle ne s’ouvroit pas, le foufflet fe- roiten danger de. crever : ce qui ne manqueroit pas d'arriver, lorfque l’on tourne rapidement la mani- velle; mais au moyen de cette foupape , cet accident n’eit point à craindre, Aurefteil ne faut nulle fcience pour jouer de cet inftrument ; la feule attention qu’il faut avoir eft de tourner la manivelle d’un mouvement égal & pro- portionné à celui des airs qui font notés fur le cylin- -dre , lefquels s'exécurent aufh facilement à 2, 3,4 Ou 5 parties qu'à une feule. Foyez CARILLON &+ la figure de laierinette,, PL de Lutherie. SERINGUE , ARBRE, ( Botan.exor. ) c’eft ainfi que cet arbre de la Guiane eft nommé par les portu- gais du Para, pao de xiringa , C’eft-à-dire, bois de feringue. Les habitans de la province d’Efmeraldas, au nord-eft de Quito, Pappellent hhéve, & les Maï- nas le nomment czourchoue du nom de la réfine fingu- liere qu'on en tire. Voyez RÉSINE CAOUTCHOUE. Cet arbre eft fort haut & très-droit ; 1l n’a qu’une petite tête, & nulles autres branches dans fa lon- gueur ; les plus gros ont environ deux piés de dia- metre ; on ne voit aucune de fes racines hors de terre. Sa feuille eft aflez femblable à celle du manioc; elle eft compoiée de plufeurs feuilles fur une même queue ; les plus grandes qui font au centre, ont en- viron trois pouces de long fur trois quarts de pouce de large; elles font d’un verd clair en-deflus , 8 d’un verd plus pâle en-deflous. Son fruit eff triangulaire , à-peu-près femblable à celui dû palme Chrifhi, mais beaucoup plus oros ; il renferme trois femences ob- longues, brunes, dans chacunedefquelles on trouve une amande. : Ces amandes etant pilées 8 bouillies dans l’eau, donnent une huile épafle en forme de graifle, de laquelle les Indiens fe fervent au lieu de beurre pour préparer leurs alimens. Le bois de larbre eft léger & liant; & comme il vient très-droit & très-haut , il peut fervir utilement à faire de petits mâts d’une pie- ce, ou des meches pour les gros mâts. Pour en tirer le fuc laiteux ou la réfine , on lave le pié de l'arbre, & on y fait enfuite plufieurs en- tailles qui doivent pénétrer toute l'écorce : ces en- tailles fe placent les unes au-deflus des autres, & au-deflous de la plus bafle on maftique une feuille de balifier ou quelqu’autre femblable, quifert de sout- tiere pour conduire le fuc laiteux dans un vafeplacé pour le recevoir. Pour employer ce fuc , on en enduit des moules préparés pour cela, &r auflitôt que cet enduit y eft appliqué, on Pexpole à la fumée épaifle d’un feu Tome XF, RL. SER 97 qu’on allume à cet effet , prenant sardé furtout qu la flamme ne l’artergne : ce qui feroit bouillonner là réfine , & formeroit des petits trous dans le vafé qu'on en veur faire, Dès qu’on voit que l’enduit à pris une couleur jaune, & que le doigt ne s’y attaché plus, on retire la piece, & on y met une fecondé couche qu'on traite demême, & on en ajoute ju au’à ce qu’elle aït lPépaiffeur qu'on veut lui donner 5 alors , avant de la deflécher entierement , on ÿ im- prime avec des moules de boistaillés pour cela, tous les ornemens qu'on juge à-propos d’y ajouter, Si le vaifleau qu’on veut faire de cette réfine , doit avoir une embouchure étroite, comme, par exem: ple, une bouteille, on fait le moule avec de la terré grafle ; & quand la réfine eft defféchée, on Le cafle en preflant la bouteille, & on y introduit de l’eau pour délayer les morceaux du moule, & les faire {ortir par les soulots. "+ En étendant cetre réfine fut de la toile, on la peut fubfituer auxtoiles goudronnées, defquelles on fait des prelarts, des manches de pompe, des habits dé plongeur , des outres, des facs pour renfermer du bifcuit en voyage; mais tout ce qu’on voudra faire de cette réfine, doit être fait fur le leu même où font les arbres , parce que le fuc laiteux fe deffeche & s’épaifit très-promptement ; lorfqu’il eft tiré de l’ar: bre : ce fera un objet de commerce exclufif pour là colomie qui poffede cette efpece de petit trélor. Les ouvrages faits avec le catoutchoue font fujets; lorfqu'ils font récens, à s'attacher les uns auxautres, furtout fi le foleil donne deflus; mais en frottant l’en- duit frais avec du blanc d’'Efpagne, de la cendre, ou même de la poufliere, on prévient cette adhérencé incommode, 8 on fait par le même moyen, pren- dre fur le champà l'ouvrage une couleurbrune, quäl ne pourroit acquérir qu'à la longue. Tous les fucs laiteux tirés de quelques autres ar: bres du Para peuvent fervir à-peu-près au même ufa: ge que celui de Parbre /éringue ; mais le fuc de ce dernier furpañle tellement les autres, tant par fon élafticité que par la propriété de s’attacher plus inri- mement aux corps {ur lefquels on lapplique, qu’on lui a donné la préférence, & que les Portugais n’en emploient point d'autre. On parvient à difloudre la réfine caoutchoue, en la mêlant avec huile de noix , & la laïffant long- tems en digeftion à un feu de fable fort doux. Æ1f£. de lacad. des Scienc, année 1751. (D. J.) | SERINGUE, {.f, (Chirurg.) cylindre creux avec un pifton garni à fa tête de filafle , de feutre ou de caftor, bienuni &c oraïflé, pour en remplir exaétementla capas cité, glifler facilement dedans, & poufler quelque li queur dans une cavité, ouen pomper les matieres pu= rulentes.fl ya des féringues quicontiennentune chopi: ne ou feize onces de liquide ; d’autres pour injecter les plaies , les ulceres , les fiftules , l’uréthre , la vef: fie, le vagin, la poitrine ; par conféquent il faut en avoir de différentes grandeurs. Celles qui fervent à faire des injections dans la veffe , dans la poitrine & dans les grands abfcès, fontordinairement longues dé quatre pouces & demi, fur un pouce neuf lignes de diametre , fig. 4. PI. XX°XT. On en a de plus petites par deorés , à proportion des cavités qu’on veut in: jeéter. La plüpart de ces férëngues font d’étain ; leurs fiphons ou canules qui s'adaptent à l'extrémité anté- rieure du cylindre , font plus ou moins longs , gros ou menus ; droits ou recourbés , fuivant le befoin, Quelques-unes ont le bout fait en poire, percé de petits trous, añn que la liqueur en forte comme d’un arrofoir ; tel eft celui qu’on emploie pour le vagin, fig. 6 & 7. Les petites feringues n’ont pour fiphon qu’: un petit tuyan pyramidal , foudé ou monté à vis au milieu de l’extrémité antérieure du cylindre , fg. 8 6 . 9: Lepifton de toutes les férirgues , excepté de celles 98 SE R à lavement , eft terminé poftérientement par un an- neau dans lequel on le pafle pour appuyer deffus , êc faire fortir la liqueur, pendant qu'on tient le corps de la féringue avec les autres doigts. On faitauffi des féringues de cuivre , affez grandes pour injeéter les vaifleaux dans les préparations anatomiques. Les ocu- liftes fé fervent d’une petite Jertrgue d'argent , ap- pellée Jéringue oculaire, pour injeéter les points lacry- maux. Voyez fig. 10.P1. XXIII. Elle eft longue d’en- viron deux pouces. Son diametre a quatre lignes ; fon fiphon long de dix lignes & demie s’adapte fur la féringue par le moyen d’une vis qui s’ajuite dans un écrou. L’extrémité antérieure de ce fiphon donne naïiflance à un petit tuyau d'environ trois lignes de longueur , qui eft fi fin, qu'à peine apperçoit-on l’ou- verture qui eft au bout. Enfin l’on ainventé une ef- pece de feringue pour injeéter l'oreille par la trompe d'Euftache. Son corps eft aflez femblable à celui des autres petites féringues ; mais {on fiphon eftun canal de cuir long de trois piés &z demi , fur trois lignes de diametre, À ce canal terminé en vis on ajoute encore un fiphon auxiliaire long de fix grands pouces, fur trois où quatre lignes de diametre, fait d’étain, fort courbe & recourbé à contre fens versfon extrémité , qui eft terminée par un mamelon alongé , applani par-deflus , & dont la figure imite en quelque ma- niere celle d’un pigeon. Au bout de ce mamelon eft un bouton haut de deux lignes , percé fur fon fom- met d’un petit trou. C’eft ce bouton qui doit s’adap- ter à l'entrée de latrompe d'Euftache dans le fond de la bouche , derriere la cloïfon du nez. Deux chofes particulieres à cette Jéringue, c’eft 1°.une foupape de cuivre garnie de cr, appliquée fur la tête du cy- lindre , couverte d’un petit chapiteau d’étain {ur le- quel s’ajutte le fiphon par le moyen d’un écrou d’é- tain qui y eft lié, & qui reçoitune vis percée qui fe trouve für lefommet du chapiteau. Cette foupape en s’élevant permet à la liqueur de la érirgue de pañler dans le canal de cuir, & en refufe le retour en s’a- baïffant. 2°. C’eft une pompe d’étain compoiée d’un tuyau long d'environ fix pouces , fur trois lignes de diametre , dont l'extrémité poftérieure eftévalée en mamelon, montée fur un petit refervoir de neuf li- gnes de large vers fa bafe, & fur une culaffe quarrée faroe de huit lignes, haute de quatre. Toutes ces pre- ces fe montent à vis. La culafe eft percée d’un trou large de quatre lignes , bouchée par une cheville de bois auffi percée d’un trou, dont le diametre eft d’en- viron une ligne &c demie. Sur le fommet de cette cheville eft attachée une foupape de cuivre garnie de cuir, qui permet à la liqueur qui entre par la culafle & Le trou de la cheville , de paffer dans le tuyau de la pompe & dans la féringue, & qui en empêche le retour. La pompe fe termine antérieurement par une vis percée qui s'engage dans l’écrou d’un petit canal pyramidal fitué horfontalement à côté de la tête du corps de la féringue. C’eft par cette pompe poite dans un grand pot d’eau tiede qu'on charge la Jerin- gue. En la faifant jouer l’eau entre par ce tuyau dans le cylindre, parcourt toute la machine , s’infinue dans la trompe d’Euftache , & fort par le nez & par la bouche. Voyez le rraité des infrumens de Chirurgie par M. Garangeot , feconde édition, où il eft marqué que le fieur Guyot, maître des poites de Verfailles, a inventé cette /érireue pour fon utilité particuliere , êc a été entierement guéri d’unefurdité de cinq ans, par le moyen de plufeurs injeétions d’eau chaude qu'il fit avec cette machine. Le mot de /éringue vient du grec oué, fyrinx, fffula, flûte, ou tout corps cylindrique creux. On peut aufh fe fervir d’une Jeringue avec des fi- phons particuliers pour fucer les plaes fans fe fervir de la bouche. Voyez Succron. Daus quelques pays étrangers, &c fur-tout en, | Hollande , au-lieu de féfingue on {e fert d'une veffie préparée, comme on voit , fig. 11, PL VAI, Le dé- faut où on peut fe trouver de l’inftrument convena- ble à faire des injeétions dans une partie, peut être réparé par l’ufage de la veffie. Onnoue d’abord au- deflus de la canule en 4; on la remplit de la liqueur; on la noue enfuite en b; on Ôtelelienz ; & par la preffion des mains, on fait fortir la liqueur parle tu- be. Hippocrate a décrit cette maniere d’injeéter, Nos féringues font d’une invention moderne. (F) : SERIO , LE, (Géog. mod.) riviere d'Italie ; elle prend fa fource dans le Bergamafc , aux confins de la Valteline, & fe jette dans PAda , un peu au-deflus de Picighitone. (2. J.) SERIPHIUM , fm. ( Æifl. nas, Boss) genre de plante à fleurs monopétales, qui ne font à propre- ment parler que desdemi-fleurons réunis quiforment deux têtes alongées , & compofées d’écailles inéga- les ; ces têtes font placées le long des branches, & renferment des femences nues 8&adhérentes àla cou che. Pontederæ differt. Voyez PLANTE. | SERIPHUS, (Geog. ane, ) Fépi@ce y île de l’Archi- pel, & l’une des Cyclades. Elle eft fort connue des anciens. Tacite, arnal. Lib. IV. cap. xxy. la nomme faxum Seriphium. Elle n’étoit pourtant pas defertes car Hérodote dit que les Sériphiens &les Syhmiens furent prefque les feuls des infulaires qui prirent le parti des Grecs contre Xercès. Ovide , Mésamorph. L. V'.v. 241. a fait mention de cette ile enrces termes:: Inde cavé circundata nube Seriphon Daeferis a dextré Cythico, Gyaroque reliütis. Ses montagnes font fi rudes & fi efcarpées , que les poëtes ont feint que Perfée par le fecours de la tête de Médufe , avoit changé en pierres jufqu'aux habitans du pays. Le nom de /ériphe fignifie prerreufe, & de-là vient que cette île eft appellée /zxum Seriphium. Les Romains regardoient Sériphos comme un lieu propre à faire mourir de chagrin les malheureux & les fcélérats mêmes. Augufte y relégua l’orateur Cafius Severus , que dix-fept ans d’exil en Crete n’avoient pu corriger de fes médifances , & qui vieillit dans cette île : in faxo Seriphio confenuit, dit T'acite. Vaf- tilia femme de Labéon , convaincue d’adultere , y fut auf reléguée ; & Stratonicus trouvoit le féjour de cette îlefiinfupportable, qu'il demanda un jour à fon hôte quel étoit le crime que lon punifloit d’exif chez eux; c’eft la mauvaife foi, dit l'hôte. Hé que ne fais-tu donc quelque fourberie infigne , repliqua Stratonicus , pour te tirer de ce miférable lieu. “Pline , Elien & Théophrafte aflurent que lesigre- nouilles étoient muettes dans Seriphos , & qu’elles recouvroient leur voix f on les tranfportoit ailleurs. Théophrafte rapporte la caufe de ce filence à la froi- deur de l’eau du Heu. Il faut que la race de ces gre- nouilles muettes {e foit perdue , dit plaifamment M. de Tournefort , cat le plus grand plaïfir que nous eumes dans cette île, ajoute:t-1l, fut d’entendrecrier les grenouilles dans les marais au-tour du port. Her- molaus Barbarus a rétabli l’endroit de Pline où ce fait eft rapporté; il prétend que dans les anciens exemplaires on lifoit des cigales pour des gremouilles. C’eft dans Sériphos que Polydeéte a régné. Lenom moderne de cette île eft Serpho. Voyez; SERPHO. (D.J1.) SÉRIQUE , LA, ( Géog. anc.) Serica ou Serum- regio , contrée de l'Afe, fameufe chez les anciens, & qu'ils n’ont point connue. Pomponius Méla lui- même , 2. I. c. 1j. la place au milieu de Porient, au- lieu de la mettre à l’extrémité. Ptolomée , Liv. PI. c. xvj. eft celui des anciens géographes qui en a le mieux parlé. Il la borne au nord & à l’orient par des terres inconnues ; au midi SER par une partie de l’Inde, au-delà du Gange, & à l’oc- | cident par la Scythie , au-delà de l’Imaüs ; ce qui répond à-peu-près à la partie feptentrionale de la Chine , ou au Cathay ; car il eft vraiflemblable, par la carte chinoïfe , faite en caraéteres chinois , que la province de Quantong qui fournit la foie , & qui eft dans la partie feptentrfonale de empire, eft pro- prement la Sérique des anciens. | Il eft vrai que Ptolomée diftingue la Sérique du pays des Sines, qui doit être la Chine d’aujour- d’hui; mais il eft fort poffble que du tems de Pto- lomée , on ne donnât le nom de pays des Sines qu’à 1a partie méridionale de la Chine ; & en effet , il met au 35 degré de Zasisude les limites de fa Sérique &c de {on pays des Sines qui eft plus méridional ; & c’eft à cemême degré, à 15 minutes près, que font par des obfervations modernes , leshimites de la province de Quantong & de celle de Nankin , qui fans diffi- culté étoit enfermée dans le pays des Sines. [left bon de remarquer que Prolomée nous avertit lui-même , que c’eft vers le 36 degré de Zaritude , ou vers le parallele de Rodes , que l’on avoit defontems le plus d’obfervations. Il eft aïlé d’en voir la raïfon par les navigations qui fe fafoientalors , &elleavoit lieu pour les navigations mêmes qu’on entreprenoit dans les mers d’orient , plus fréquentées vers ce mé- me parallele, à caufe des marchandifes qu’on y alloit chercher. On doit donc fe fier à Ptolomée fur la pofition des confins de la Sérigue & du pays des Si- nes, & par conféquent rendre la Sérique à la Chine {eptentrionale. Cependant toutes les cartes mettent la Sérique dans la Scythie ; mais 1l y a grande apparence que c’eft une faute, Ptolomée ne l’y met pas ; d’ailleurs la Sérique doit produire de la foie, & il n’en vient point aujourd’hui dans la Scythie des anciens, qui eft notre Tartarie. Il eft vrai que quand Ptolomée eft hors du 35 ou 36 degré, & dans le pays des Sines , on ne trouve aucune exaétitude dans {a géographie; apparemment parce que les navigateurs ñne connoïifoient encore de {on tems que les lieux où fe vendoit la foie. Il place la capitalé des Sines au 3 degré de Zarirude méridio- nale ; mais par les obfervations modernes il n’y a aucune partie de la Chine qui foit plus proche de Péquateur que de 18 degrés. Il réfulte donc que Pto- lomée a mieux connu la Chine feptentrionale que la méridionale, laquelle il a étendue exceflivement au- delà de fes bornes. (D.J.) SERIR-ALDHEHEB , ( Géog. mod.) c’eft-à-dire le rronc d’or; nom perfan du pays qui s'étend entre le Pont-Euxin & la mer Cafpienne, dans lequel pays cit fituée la ville de Derbend, On a nommé cette contrée le Trône d'or , parce que Noufchirvan , roi de Perfe, accorda au gouverneur qu'il établit fur cette frontiere le privilège de s’afleoir fur un trône d'or, en conféquence de Pimportance du pofte qu’il huconfoit. (D.J.) SERIR-EL-LAN , ( Géog. mod. ) ville de Perfe. Long. 63. 15. lat, 45, 15. SERKASS , (Géog. mod. ) ville de Perfe, que les géographes du pays placent à 835. 35. de longitude, fous les 32. So. de Jaritude. SERKE, ( Géog. mod. ) ville d’Ethiopie , au mi- lieu des montagnes dans un beau vallon, au pié du- quel coule un ruiffeau qui fépare l'Ethiopie du royau: me de Sennar. ( D.J.) SERMANRAT, ( Géog. mod.) ville de l’Irac ara- bique , qui eft ’Affyrie ou la Chaldée. Les tables ara- biques la placent fur la rive orientale du Tigre, à 72. 30. de longitude , & à 34. de latitude feptentrionale dans le quatrieme climat. * SERMEGHON , ( Géog. mod.) ville de Perfe. Les géographes du pays la mettentà #7. 37. de longitude, Tome XP, | SER | 99 fous les 37. 32, de Harirude. (D. JT.) _. SERMENT, JUREMENT , (Syzon.) Le fermens fe fait proprement pour confirmer la fincérité d’une promefle ; Le yxrement pour confirmer la vérité d’un témoignage, ” Le mot de Jérmenr eft plus d’ufage pour exprimer l'aétion de jurer en public , & d’une maniere folem- nelle. Celui de yrement exprime quelquefois de em- portement entre particuliers. Le /érmenr du prince ne l’engage point contre Les lois ni contre les intérêts de fon état. Les fréquens /uremens' ne rendent pas le menteur plus digne d’être cru. Enfin le mot Jérmens eft d’un ufage beaucoup plus étendu que celui de jurement , car il fe prend au figuré pour toutes fortes de proteftations qu’on fait dans le commerce du monde. Balfac dit en ce fens ; que Jupiter rit également des /érmens des amans & des rois. (D. 7) SERMENT, VŒU, (Religion , Morale.) ce ne font point deux termes fynonymes , & la différence qui fe trouve entre ces deux actes religieux , mérite d’être expofée. Tout Jérmens, proprement aïnfi nommé, fe rap porte principalement &c dire&tement à quelque hom- me auquel on le fait. C’eft à l’homme qu’on s'engage par-là: on prend feulement Dieu à témoin de ce à quoi on s'engage , & l’on fe foumet aux effets de fa vengeance, fi l’on vient à violer la promefle qu’on a faite , fuppoté que l’engagèment par lui-même n'ait rien que Le rendit illicite ou nul, s’il eût été contratté fans l'interpoñition du /érmenr. Mais Le vœu eft un engagement où l’on entre direc- tement envers Dieu , & un engagement volontaire, par lequel on s’impofe à foi-même de fon pur mou- vement, la néceflité de faire certaines chofes, aux- quelles fans cela on n’auroit pas été tenu, au moins précifément , & déterminément ; car f l’on y étoit déja indifpenfablement obligé, il n’eft pas befoin de s’y engager : le vœx ne faitalors que rendre l'obliga- tion plus forte, & la violation du devoir plus crimi- nelle, comme le manque de foi, accompagné de par> jure , en devient plusodieux, & plus digne de puni- tion, même de la part des hommes. _ Comme le férmens eft un lien accefloire qui fup- pofe toujours la validité de l'engagement auquel on l'ajoute, pour rendre les hommesenvers qui l’on s’en- gage plus certains de notre bonne-foi; dès-là qu'ilne s’y trouve aucun vice qui rende cet engagement nul où illicite, cela fuffit pour être afluré que Dieu veut bien être prisà témoin de Paccompliflement dela promefle, parce qu’on fait certainement que obligation de te- nir fa parole , eft fondée fur une des maximes évi- dentes de la loi naturelle, dont il ef l’auteur. Mais quand il s’agit d’un væ, par lequel on s’en- gage directement envers Dieu à certaines chofes 2 auxquelles on n’étoit point obligé d’ailleurs, la nature de ces chofes n’ayant rien par elle-même qui nous rende certains qu'il veut bien accepter l’engagement ; il faut , ou qu’il nous donne à connoître fa volonté par quelque voie extraordinaire , ou que l’on ait là- deflus des préfomptions très-raïfonnables ; fondées fur ce qui convient aux perfeétions de cet être fou- verain. On ne peut s’imaginer, fans lui faire outrage, qu'il fe prête à nos defirs, toutes les fois qu’il nous prendra envie de contraëter avec lui, & de gèner inutilement notre liberté : ce feroit fuppofer qu'il retire quelqu'avantage de ces engagemens volontai- res, qui doivent être toujours des devoirs indifpen- fables. Le doéteur Cumberland prétend qu'on fe forme une nouvelle obligation après le ferners dans les engagemens qu'on prend ; mais cette nouvelle obliz gation n’empêche pas que la validité du férmenr n’ait une liaifon néceflaire avec la validité Le l’engage- 1] # 100 SE R ment, pour la confirmation duquel on le prête. La premiere & la principale raifon , pourquoi celui qui inanque à la parole donnée avec /érment, mérite d’é- tre puni, c’eft parce qu'il a violé fes engagemens ; le parjure le rend feulement plus coupable, & digne "d’une plusrigoureufe punition. Quoiqu'ilpeche alors, & contre cette loi naturelle qui ordonne dé tenir ce que l’on a promis, &t contre celle qui défend d’invo- _quer le nom de Dieu témérairement, cela ne change point la nature des obligations qui naïlent de-là , en tant que jointes enfemble , de telle maniere que la violation de ce qui fe rapporte à Dieu, fuppofe 1ci néceflairement une infrattion de l’autre qui regarde les hommes , auxquels on s'engage en prenant Dieu à témoin. On ne le prend à témoin , que pour con- firmer l’engagement où lon entre envers ceux à qui Pon jure; & fi l’on a lieu de croire qu'il veut bienfe tendre garant de l'engagement &c vengeur de fon in- fration , c’eft uniquement, parce que l’engagement n’a rien en lui-même qui le rende ouillicite , ou in- valide. Traité des lois naturelles, ( D. J. ) SERMENT , {. m. ( Lisiérar. ) atteftation religieufe de la vérité, de quelque affirmation , engagement, ‘promeffe, 6'c. Mais nous ne voulons pas 1c1 confidé- rer le férment en théologien, en jurifconfulte, ni en moralifte ; nous en voulons parler en fimple littéra- teur , & d’une façon très-concife. On trouvera dans les mem. des infc. des détails étendus fur le même fu- jet, & dans le même plan, car cette matiere envi- fagée de cette maniere , préfente quantité de chofes agréables, curieufes & fohides; c’eft lhiftoire de tous les peuples. _ Lufage des /érmens fut ignoté des premiers hom- mes. La bonne-foi regnoit parmi eux, & ils étoient fideles à exécuter leurs engagemens. Ils vivoient en- femble fans foupçon, fans défiance, Ils fe croyoient réciproquement fur leur parole, & ne favoient ce que c’étoit, ni que de faire des Jérmens , nide les vio- ler. Dans ces premiers jours du monde naïflant, dit Juvenal , les Grecs n’étoient pas toujours prêts à jurer, & fi nous en croyons M. Defpréaux. Le Normand même alors ignoroit le parqure. Mais fitôt que l'intérêt perfonnel eut divifé les hom- mes , 1s employerent pour fe tromper la fraude & Vartifice. Ils fe virent donc réduits à la trifte néceffité de fe précautionner les uns contre les autres. Les promefles, les proteftations étoient des liens trop foibles ; on tâcha de leur donner de la force en les marquant du fceau de la religion, & l’on crut que ceux qui ne craignoient pas d’être infideles, crain- droient peut-être d’être impies. La difcorde, fille de la nuit, dit Hefñode, enfanta les menfonges, les dif- cours ambigus & captieux, & enfin le /ermezt, fi fu- nefte à tout mortel qui le viole. Obligés d’avoir re- cours à une caution étrangere, les hommes crurent 1a devoir chercher dans un être plus parfait. Enfuite plongés dans l’idolâtrie , le ferment prit autant de for- mes différentes que la divinité. — Les Perfes atteftoient le foleil pour vengeur de linfraion de leurs promefles. Ce même /érment prit faveur chez les Grecs & les Romains : témoins ce beau vers d'Homere. HéAuos 06 avr Épopes © avr eraoueic, = Je vous attefte, foleil, vous qui voyez & qui en- tendez tout. | Virgile a imité la même idée dans le iv. de PE- neide. « Soleïl qui éclairez par vos rayons tout ce qui » fe paffe fur la terre. . . . » st Sol qui terrärum flammis opera omnia luffras , & dans le xij. livre. * Eflo nunc jol teflis , Ke. SER Les Scythes ufoient auffi d'un fermer, qui avoit je ne fai quoi de noble & de fier, & qui répondoit aflez bien au carattere un peu féroce de cette nation. Ïs juroient par Pair 87 par le cimeterre, les deux prin- cipales de leurs divinités ; l'air comme étantle prin- cipe de la vie , & le cimeterre comme étant l’une des caufes les plus ordinaires de la mort. | Enfin les Grecs & les Romains atteftoient leurs dieux, qui la plüpart leur étoient communs , mais fur-tout Les deux divinités qui préfidoientleplus par: ticulierement aux /èrnezs que les autres, je veux dire la déefle Fides & le dieu Fidius, Les contrées, les villes, & les particuliers avoient certains férmens dont ils ufoient davantage , felon la différence de leur état, de leurs engagemens, de leur goût, ou des difpofitions de leur cœur. Ainf les veflales juroient parda déefle à qui elles étoient con- facrées, | | Les hommes qui avoient créé des dieux à leur image, leur prêterent auf les mêmes foiblefles, & les crurent comme eux dans la néceflité de donner par des Jérmens une garantie à leur parole, Tout le monde fait que les dieux juroïent par Le ftyx. Jupiter établit des peines très-feyeres contre quiconque des dieux, oferoit violer un ferment fi refpeétable, Nous avons vu que la bonne-foi eut befoin pour fe foutenir d'emprunter le fecours des férmens. I] fallut que les Jérmens à leur tour, pour fe conferver dans quelque force, euflent recours à certaines cérémo- nes extérieures, Les hommes efclaves de leurs fens, voulurent qu’on les frappât par des images fenfibles , &c'à la honte de leur raifon: l'appareil fit fouvent plus d’imprefion fur eux que le ferment même. L’ufage le plus ancien, & peut-être le plus natu- rel & le plus fimple, c’étoit de lever la main en fai- fant ferment, Du-moins ce fut en cette forte que fe fit le premier férmens dont nous ayons connoiïffance. Jen leverai la main devant le Seigneur le Dieu très- haut, dit Abraham. Mais les hommes ne fe conten- tant pas de cette grande fimplicité, ceux qui pour leur état étoient diflingués des. autres, voulurent jufques dans cette cérémonie, faire paroître des fym- boles & des inftrumens de leurs dignités, ou de leurs rofeflions. .Ainfi les rois leverent leur fceptre en po les généraux d’armées leurs lances ou leurs pavois , les foldats leurs épées, dont quelquefois auf ils s’appliquoient la pointe fur la gorge, felon le témoignage de Marcellin. On crut encore devoir y faire entrer les chofes facrées. On établit qu’on jureroit dans les temples , on fit plus , on oblisea ceux qui juroient à toucher les autels. Souvent aufñ enjurant, on immoloit des victimes , on faifoit des libations , & l’on joignoit à cela des formules convenables au refte de la pompe. Quelquefois encore pour rendre cet appareïl plus terrible , ceux qui s’engageoient par des férmens, trempoient leurs mains dans le fang & dans les en- trailles des vidimes. Mais outre ces cérémonies , qui étoient prefque communes à toutes les nations, il y.en avoit de par- ticulieres à chaque peuple, toutes différentes felon la différence de leur religion , ou de leurs caraéteres, On voit dans Ecriture qu’Abraham fait toucher fa cuiffe par Eliezer dont il exigeoit le férmenr. Jacob mourant , prefcrit la même formalité à Jofeph: fue quoi l’hiftorien Jofephe dit fimplement, que cette coutume étoit générale chez les Hébreux, qui félon les rabbins juroient de la forte pour honorer la cir- concifion. | 2. Les Scytes accompagnoient leurs férmens de pra- tiques tout-à-fait conformes à leur génie ; lorfque nous voulons, dit Fun d’eux dans Lucien , nous ju- rer folemnellement-une amitié mutuelle, nous nous piquons le bout du doigt, & nous en recevons le fang dans une coupe; chacun y trempe là pointe de fon épée, & la portant à fa bouche, fuce cette liqueur précieufe : C’eft parmi nous la plus grande marque : qu’on puifle fe donner d’un attachement imviolable, &c le témoignage le plus infaillible où l’on eft de re- pandre l’un pour l’autre jufqu'à la derniere goutte de fon fang. | - Souvent les Grecs pour confirmer leurs fermes, jettoient dans la mer une mafle de fer ardente ; &c ils s'obligeoient de garder leur parole jufqu’à ce que cette mafle revint d'elle-même fur l’eau; c’eft ce que pratiquetent les Phocéens , lorfque défolés par des actes continuels d’hoftilités, ils abandonnerent leur ville, & s’engagerent à n’y jamais retourner. Les Romains.fe contenterent du plus fimple /érmenr. Po- Aybe nous aflure que de fon tems les /érmers ne pou- voient donner de la confiance pour un grec,, au lieu qu'un romain en étoit pour ainfi dire enchainé. Agé- flas cependant penfoit en romain ; car voyant que les Barbates ne fe faïfoient point fcrupule d’enfrain- -dre la religion des fermens : bon, bon, s’écria-t-1l , | ces infra@teurs nous donnent des dieux pour alliés & -pour feconds. pe Quelques-uns ne fe bornerent pas à de fimples cé- rémonies convenables , ou ridicules, 1ls en invente- rent de folles & de barbares. Il y avoit un pays dans la Sicile, où l’on étoit obligé d'écrire fon ferment fur de l'écorce , & de le jetter dans l'eau; s’il furnageoit, il pafloit pour vrai ; s’il alloit à fond, on le réputoit faux , & le prétendu parjure étoit brûlé, Le fcho- iafte de Sophocle nous aflure que dans plufieurs en: droits de la Grece, on obligeoit ceux qui juroient de tenir du feu avec la main, ou de marcher les priés nuds fur. un fer chaud ; fuperftitions qui fe confer: -verent long-tems au milieu même du chriftianifme. La morale de quelques anciéns fur Le /érmens étoit très-févere. Aucune raïfon ne pouvoit dégager celui qui avoit contraété cet engagement, non pas même la furprife , ni l'infidélité d'autrui, n1 le dommage ‘caufé par l’obfervation du ferez. 1ls étoient obligés -de l’exécuter à la rigueur ; mais cette. regle n’Étoit pasuniverfelle, & plufieurs payens s’en affranchirent fans fcrupule. Kuer ! Danstoutes les occañons importantes , les anciens fe fervoient du férmenr au-dehors & au-dedans de létat ; c’eft à-dire, foit pour fceller avec les étran- gers des alliances , des treves , des traités de paix; , foit au:dedans, pour engager tous les citoyens à concourir unanimement au bien de la caufe com- mune. Lesinfratteurs des férmens étoient regardes com- me des hommes déteftables , & les peines établies contr’eux, n’alloient pas moins qu’à l’infamie 6t à la mort, I fembloit pourtant qu'il y eùtune forte d’ex- ception & de privilese en faveur de quelques per- fonnes, comme les orateurs , les poëtes ,-.&c les amans. a Voilà en peu de mots le précis de ce qui concerne les fermens ou ufage parmiles anciens. Là, comme dans la plüpart des infütutions humaines , on peut ‘rémarquer un mélange furprenant de fagefle 6c de folie, de vérité & de menfonge : tout ce que la re- lision a de plus vénérable & de plus augufte confon- du avec tout ce que la fuperftition a de plus vil & de plus méprifable. Tableau fidele.de l’homme qui fe peint dans tous fes ouvrages , & qui n’eft lui-même, à le bien prendre , qu'un compofé monftrueux de lumiere &c de ténebres, de grandeur & de mifere. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) | _ SERMENT des foldars , ( Aresmilic, des Romains, ) -ce quiconcerne le ferment que les armées romaines prêtoiént à leurs généraux, eft un des points Les plus obfcurs de l'antiquité. Nous avons dans Aulu-Gelle un paflagetrès-fingulier d’un auteur nomme Cinçius, SFR Tor On voit parce pañage, qu'anciennèment les citoyens à mefure qu'on les enrôloit pour le fervice, jurotent. que s1 dans le camp , ni dans lefpace de dix milles à la ronde, ils ne vôleroient rien chaque jour qui ex- cédât la valeur d’une piece d'argent ; & que s’il leur tomboit entre les mains quelqu’effet d’un plus grand prix, ils le rapporteroient fidelement au général, ex: cepté certains effets fpéciñés dans la formule du fer- Here, | Lorfque tous les noms étoient inferits , on fixoit le jour de l’aflemblée générale, & tous faifoient un fecond: ferment, par lequel ils s'engageoient de fe trouver au rendez-vous, s'ils n’étoient retenus par des empêchemens légitimes , qui font aufli fpécifiés, Il eft hors de doute que ce fecond /érmens renfermoit la promefle de ne point quitter l'armée fans permif- fion du général. Aulu-Gelle ne rapporte point les termes de cette promefle, mais Tite-Live nous les a confervés. Le conful Quintius Cincinnatus traver(é par les tribuns du peuple dans fon deffein de faire la guerre aux Volfques, déclare qu'il n’a pas befoin d’un nouvel enrôlement , puifque tous les Romains ont promis à Publius Valerius , auquel il vient d’être fubrogé , qu'ils s’afflembleroient aux ordres du con: fu}, & ne fe retireroient qu'avec fà permiffion. Selon Tite- Live , jufqu’au tems de la feconde guerre punique, On n’exigea d'autre /érmens des foi- dats que celui de joindre l’armée à jour marqué, & de nepoint fe retirer fans congé, 11 faut ajouter le ferment de ne point voler dans le camp ; quoique cet liftorien n’en parle pas, 1l eft d’ailleurs fuffifamment attefte. Mais lorfque les foldats étoient affemblés & partagés en bandes de dix & de cent, ceux qui for- moient chaque bande fe juroient volontairement les uns aux autres de ne point fuir, & de ne point fortir de leur rang, finon pour reprendre leur javelot, pour en aller chercher un autre, pour frapper l'ennemi, pour fauver un citoyen. | L’an de Rome 538 , quelques mois avant la bataille de Cannes, dans un tems critique où l’on croyoit ne pouvoir trop s’aflurer du courage des armées, les tribuns de chaque légion commencerent à faireprêter juridiquement, &c par autorité publique , Le Jérmens que les foldats avoient coutume de faire entr’eux. Il ef à croire qu’on leur fit aufi promettre de nouveau ce quals venoient de promettre en s’enrôlant , &c qu’alors ou dans la fuite | on groffit la formule de quelques détails que Pon jugea nécefaires. Quoi qu'ilen foit, à la tête de la légion, un foldat choïfi par les tribuns , prononçoit la formule du /ér- ment ; on appelloit enfuite chaque légionnaire par {on nom ‘il s’avançoit ; &c difoit fimplement: 7e promers la même chofe., 1dem in me ( {uppl. recipio). La formule de ce nouveau /érment n’eft rapportée nulle part, & peut-être qu'iln’y enavoit point de déterminée, Mais en combinant divers endroits de Polybe , de Denis d'Halicarnañle, de Tite-Live, & de Tacite, on trouve qu'elle fe rédufoit en fubftance à ce qui fuit: « Je » jure d'obéir à un tel (on exprimoit le nom géné- » tal), d'exécuter {es ordres de tout mon pouvoir, » de le fuivre quelque part qu'il me conduife, de ne » Jamais abandonner les drapeaux, de ne point pren: » dre fa fuüte, de ne point fortir de mon rang ; je » promets auf d’être fidele au fénat & au peuple » romain, &t de ne rien faire au préjudice de la f- » delité qui leur eft dûe ». Cette derniere claufe fut peut-être inférée depuis que l’on s’apperçut que les généraux s’attachoient trop les foldats. Voilà ce qu’on appelloit y#rare in verba imperatoris: expreflons quifigmifient à la lettre, jurer que l’on res gardera comme une loi toutes les paroles du géné+ ral, 8 non pas comme quelques-uns fe limaginient, répeter la formule que prononçoit le général. Ce n’étoit point lui au1la prononçoit: à neconfulter que 102 SER les apparences, il femble qu'il n’exigeoit point le .fermens des légions, & que c’étoient les tribuns & les {oldats qui, de leur propre mouvement , s'empref- {oient de lui donner cette aflurance autentique de zèle & de founuffion à toutes fes volontés. Les armées préterent /ermenr aux empereurs, comme elles avoient fait aux généraux. On juroit 7 werba Tiberii Cefaris, comme l’on avoit fait autrefois quré in verba P. Scipionis. Mais il faut remarquer, 1%, Que fous Les empereurs, la preftation du er- “ment {e renouvelloit chaque année le jour des ca- Aendes de Janvier. Ce ferment annuel doitêtre regardé “comme un veftige d’antiquité. Dans l’origine , le commandement des armées appartenoit aux confuls &t aux préteurs, & par conféquent le général étoit “annuel aufli-bien que le confulat & la préture. On ne #auroit prouver que la coutume de renouveller le Sérment, füt plus ancienne que les empereurs : cepen- dant je croirois volontiers qu’elle s’étoit introduite avec l'abus de continuer les généraux. Il eft rarement arrivé que les romains fe foient écartés d’un ufage ancien, fans lui rendre en même tems hommage par ane formalité. Sous les empereurs on répetoit encore le ferment aux jours anniverfaires de leur naïfance & de leur avénement à l'empire ; mais on le renouvel- doit avec plus de folemnité de cinq en cinq ans , à compter du premier jour auquel 1Îs ayoïent commen- cé de regner. Augufte n'ayant jamais accepté l'empire que pour cinq ans ou pour dix, lors même que la dignité im- périale fut devenue perpétuelle, fes fuccefieurs à la fin de chaque cinquième & de chaque dixieme année de leur regne , folemnifoient une fête , comme s'ils euflent pris de nouveau poffeffion du généralat en ver- tu d’une nouvelle éleétion. La premiere fois que lon prêtoit le ermens , &z toutes Les fois qu’on le renou- velloit furtout aux fêtes des quinquennales & des décennales , les empereurs donnoïent à chaque fol- dat une petite fomme d’argent. Liesanciens généraux n’avoient rien fait de femblable. Dutems d’Augufte, de Tibere,, & même de Cal- gula, on ne connoïfloit point encore ces libéralités toujours onéreufes , fouvent funeftes à l’état, qui prirent depuis le nom de donarivum ; & dans le bas empire celui d’augaflalicum, Elles dûrent leurorigine à la timidité de Claude , qui le premier de tous les Céfars, fuivant l’expreflion de Suétone , acheta la f- délité des foldats. Ces sratifications devinrent des dettes ; & malheur au prince qui ne les eft pas payées , il auroit été bientôt détrôné. Les foldats en recevant leur folde, à plus forte raïfon lorfqu’onleur faifoit des largefles , juroient de préférer à tout le falut de l’empereur. On fe fervoit peut-être dans ces occafons d’une formule particuliere. 2°. Il y a une autre différence à obferver entre le ferment que l’on avoit fait aux généraux, & celui que Pon faifoit aux empereurs. Tacite , au premier livre de fon hiftoire , raconte que les légions de la haute Germanie, le jour même des calendes de Janvier , au lieu de prêter ferment à Galba, felonle coutume , mirent en pieces fes images ; mais que craignant de aroître {fe révolter contre l'empire , elles jurerent obéiffance au fénat & au peuple, à qui depuis long- tems , dit lhiftorien, on ne prêtoit plus /érmerr. Tpfo calendarum Januariarum die dirumpunt 1magines Galbæ.... ac ne reverentiam imperti exuere viderentur , in S.P.Q.R. oblirerata jam nomina , facramenta ad- vocabant. Ce pañlage prouve qu’autrefois en prêtant au général le ferment de fidélité, l’armée le prêroit nommément à la nation, & confirme ce qui fe trouve dans le dixieme livre de Denis d'Halicarnañle , que les foldats juroient de ne rien faire au préjudice du peuple romain. Le même texte prouve auffi que dès l’an 68 de l’ere SER chrétienne , il y avoit long - tems que les chofes étoient changées à cet égard, & que l’on ne prêtoit plus le fermens qu’à l’empereur. Mais il n°’eft pas aifé de fixer époque de ce changement, il eft antérieur à Néron & même à Claude, puifque dès le tems de Galba il étoit déja fort ancien, S. P. Q. R. obliterata Jam nomina. Suppofé que Caïus l’eût introduit, Phor- reur que l’on avoit de ce tyran l’auroit fait abolir aprés fa mort. Tibere & Auvufte ne paroïflent pas en avoir été les auteurs, Aïnf il faut croire que nous devons remonter jufqu’au tems de Jules-Céfar. Le fénat & le peuple ayant accumulé fur fa tête tous les titres , tous les privileges , tous les honneurs humains êc divins, on déclara le généralat héréditaire pour fes defcendans, foit par la nature, foit par l’adop- tion. Il eft vraiflemblable que les armées reconnurent folemnellement Jules-Céfar pour général perpétuel , &c lui prêterent férment de nouveau. Les tribuns qui le firent prêter , fupprimerent fans doute le nom du fénat & du peuple , bien aflurés de faire leur cour à un defpote qui ne gardoit plus de mefures avec la na- tion. Rien n'empêche de croire que dès le tems d’Au- gufte la formule n’ait été celle-là même que rapporte Vegece , & de laquelle on fe fervoit fous Valenti- mien [l. en exceptant pourtant la différence qu’avoit introduite le changement de religion. Les foldats, dit cet auteur, jurent au nom de Dieu , du Chrift & de PEfprit , & par la majefté de l'empereur... . d’exé- cuter en braves gens tout ce que l’empereur leur commandera ; de ne jamais deferter , & de facrifier leur vie , s’il le faut, pour la république romaine. /x- rant autem per Deum & per Chriflum , & per Spiritum Jenëlum , & per majeflatem imperatoris . .. . omnia fe Jirenue faüturos que precéperit imperator ; numquam de- Jérturos militiam ; nec mortem recufaturos pro romané republicä. Ces mots , pro roman& republicä, étoient une efpece d’équivalent qu’on avoit fubftitué à ceux du Jénat 6 du peuple, qui y étoient auparavant. Il n’eft pas douteux que pendantes vingt mois qui s’écoulerent depuis la mort du diétateur jufqu’à la li- gue des triumvirs, le nom du fénat 8 du peuple w’ait été rétabli dans le ferment ; mais on doit croire auff que fous le trrumvirat 1l fut retranché pour toujours. Lorfque le jeune Céfar ayant réuni toute la puiffance de fes collegues , fe fit contraindre d’accepter l’'em- pire, les officiers exigerent le ferment: felon la formule nouvelle, Augufte ne fit pas femblant de s’en apper- cevoir, perfonne n’ofa s’en plaindre ; & d’ailleurs dans les tranfports d'admiration & d’idolâtrie qu'avoit excité dans tous les cœurs fon abdication préten- due , les Romains étoient plus difpofés à le forcer de recevoir ce qu'il refufoit, qu’à lui contefter ce qu'il vouloit bien recevoir. Ajoutez à cela que peut-être la formule n’avoit jamais été fixe, & que les tribuns étoient maîtres de choïfir les termes. C’eft ainfi , {e- lon toute apparence que s'établit ce nouveau férment, fans aucune attache de Paütorité publique , fans or- dre de l’empereur , fans decret de la nation, fans qu’elle renonçât à fes droits. Enfin , pour donner au leéteur une idée nette des Jérmens militaires des Romaïns, il doit favoir que fous la république il y avoit trois fortes d’engagemens pour les troupes. Le premier s’appelloit /acramentums c’étoit celui par lequel chaque foldat prêtoit férmenr en particulier entre les mains de fon général, & pro- mettoit de le fuivre par-tout où fes ordres le condui- roient , fans jamais l’abandonner , fous quelque pré- texte que ce pt être, jufqu'à ce qu'il eût été li- centie. La feconde efpece d'engagement militaire s’appel- loït conjuratio ; c’eft-à-dire que dans les troubles im- prévus, ou qu’à l'approche fubit de l'ennemi, cas qui . demandoit un prompt fecours,& qui ne laïfloit pas le tems d'exiger le /érmenrs de chaque foldat en particu- lier , le conful montoit au capitole , &de:là levant deux étendards, l’un de couleur derofe pour l'infan- terie , l’autre bleu pour la cavalerie, al s’écrioit : Quiconque veut le falut de la république, qu'il me Juive. Les Romains alors fe rangeoïent fous le drapeau , tous juroient enfemble d’être fideles , & s’obliseoient au fervice que-la république attendoit d'eux. Le troifieme engagement.fe faifoit lorfque les ma- giftrats dépêchoient en divers lieux des hommes de choix.,ayec pouvoir de:lever des troupes pour les befoins de la république. Cetteitroifieme maniere de s'engager s'appelloit evocærio: ?, | | Outre le fermer: qu'on prêtoit dans ces trois ma- _nieres de s’engager , les tribuns éxigeoient Le ferment particulier de tous les foldats deine rien prendre pour eux; mais.de porter tout ce qu’ils trouveroient, à la tente du général, | HULL, Plutarque nous apprend qu'il n’étoit permis à au- cun foldat de tuer ou de. frapper l’ennemi avant qne d'avoir fait le férment militaire, ou après avoir obtenu fon congé. (-D.J.) cs SERMENT ,.( Gramm, & Jurifprud. ) eft une invo- cation que l’on fait dequelquechofe de faint, pour | attefter d’une maniere plus forte ce que l’on dit, ou pour s’obliger plus efficacement d’obferver: quelque chofe., | Les plus anciens exemples que l’ontrouve de /er- mens , {ont ceux d'Abraham au roi de Sodome, & au roi Abimelech , celui d’'Eliefer à Abraham, 8 ce- lui de Jacob à Laban. | Le fermens devroit être une cérémonie fuperflue , fi tous les hommes étoient bien perfuadés que l’on ne doit jamais s’écarter de la vérité ni de fon devoir; mais comme on a malheureufement reconnu qu'iln'y en aique trop: qui s’en écartent!, on a introduit Vap- pareil du férment, dans la vüe de contenir par: : ceux qui feroient difpoiés à s’oublier. Anciennement en France on employoit en toute occafñon la formalité du Jérmént, comme dans les contrats & autres affaires civiles. Au concile de Clermont en 1095 ; il fut ordonné que tout homme au-deflus de douze ans jureroïit de garder les articles donnés aux gens de guerre par l'archevêque de Bourges entre les mains de fon évé- que ; & que l’on ne feroit reçu à la foi d'aucun fief | fans renouveler fon férmenr, C'eft inf que les juges d’églife commencerent à s’attribuer la connoïfiance de toutes fortes d’affaires temporelles, même entre les laïques, fous prétexte que la foi du Jérmenr avoit été violée. En quelques endroits les nobles prétendoient n’é- tre point aflujettis à la formalité du Jermenr comme les roturiers , & que leur parole fufifoit. On en trouve un exemple au terrier de Chaffagne , où G:il- des d’Arlos reconnuten 13 ÿ8 une vigné » Promettant de bonne foi, & fans faire aucun ferment | fuivant (eft-il dit) la coutume des nobles, de déclarer les fens & fervis lorfqu’il verroit le contrat qu'il n’avoit pas. Préfentement toutes perfonnes font obligées de prêter ferment quand le cas y échet, excepté le roi ci qui prète ferment à {on face. La reine ne prête pas non plus de férmens en jufti- ce. Lorfque la reine femme de Charles VIL. fut inter- rogée par le chancelier Juvenal des Urfins > pour Pin- formation que lon fit fur les calomnies répandues contre la dauphine qui venoit de mourir ; elle ne fit point de ferment. 5 Lorfque les princes du fang font dans le cas de pré- ter Jerment en juftice, c’eft-à-dire de faire une a&r- mation , ils la font en l'hôtel du juge. Les évêques jouiflentauffi de cette prérogative. Le Jermert eft ou déféré d'office par le juge , ou SE R 103 déféré par la partie, & ordonné par le juge Poyet SERMENT SUPPLÉTIF , G SERMENT DÉVISOIRE. On prète aufli ferment de dire vérité, avant de fu- bir intérrogatoite. Voyez INTERROGATOIRE. Lorfqu’on eft recu dans un office ou fonétion pu- blique, On prête Jérmens. Voyez Orrice , RÉcrr- TION. La forme de prêter le fermes pour les laïcs, eft de lever la main droite , laquelle doit être nue & non gantée. Une perfonne étäñt incommodée dé la main droite , on lui fit lever la maïn gauche. Les eccléfiat- tiques qui font dans les ordres facrés, mettent la main adipeifus, Lorfaue celui qui doit faire une affirmation eft in- commôdé où abfent ; ou qu’il eft retenu par quelque autre émpêchement , il peut donner procuration à un tiers d’afirmer pour lui. Foyez AFFIRMATION. Voyez au digefte le £irre de jure-jurando ; Defpeifes’, tome Il pl 527 € fuiv. (4) | SERMENT D’ALLEGEANGE eft un férment ufté en Angleterre, par lequel-on condamne & on abjure lopinion de ceux quradmettent une puiffance fupé- rieure au rot, de quelque nature qu’elle {oit. Æiff. des révolut. d'Anglet. tome III. Liv. ET. p. 409. SERMENT PAR L’AME. Louis VIIL. jura en 1209 une convention par Pame de fon pere vivant, pour lequel ïl füpuloit. Lestres kiff, fur le parlement , tome IT. p. 100. SERMENT DE CALOMNIÉ, jtramentum calumnie » étoit un ferment que les plaideuts prêroient chez les romains, pour attefter à la juftice qu’ils agifloient de bonne foi, & qu’ils croyoient être bien fondés Pun dans fa demande , l’autre dans fa défenfe. Celui qui refufoit de prêter Jérment ; perdoit fa caufe. TL A Ce férment a été reçu par le droit canonique , com- me on levoit, Zv. II. des decrers, vit. vis. Ils’étoit en conféquence introduit dans le royaume, &c il y a quelques anciennes ordonnances qui pref- crivent tant au demandeur qu’au défendeur, dele fai- re fur les faints évanpiles. Mais il y a long-tems que l’ufage én eft aboli ; om a craint fans doute que cette formalité ne fît faire . | - beaucoup de parjures. La feule chofe qui foit reftée de cet ufage, eft'le ferment que les avocats & procureuts prêtent à leur réception , & qu'ils réiterent chaque année , même dans quelques tribunaux , deux fois lan : on le leur faioit autrefois prêrer au commencement de chaque caufe ; mais comme cela prenoit trop de tems, On s’eft contente de leur faire prêter cé ferment à leur réception, & à chaque rentrée du fiéce. Voyez au digefte, liv. AA, ritre 1j. iv. XXII. titre üij. Liv. XXV, $- 3: & iv. XXXIX. tre) ; iv. V. . 4 6 ritre 1j ; Liv. XII. K. 3 & 13. SERMENT CORPOREL, On appelloit ainfi celui qui fe fait dans la foi & hommage fimple par le vaflal en levant la main , à la différence de celuiquele vafal lige fait en touchant les évangiles. Voyez les arricles 137 & 138 de la coutume d'Anjou; & les 148, 149 €& 150 de la coutume du Maine. Q SERMENT DÉCISOIRE eft celui qui éft prêté en juflice après avoir été déféré par une partie à l’autre. On Pappelle décifoire, parce qu'il décide la contef- tation fans retour. Celui auquel fa partie adverfe dé- fere le ferment, et confüitué juge dans fa propre caufe, | Ce férmens a tant de force, qu'après qu'il eft prêté on n’eft plus recevable à faire retracter le jugement qui a été rendu en conféquence. On peut feulement révoquer le confentement que l’on a donné pour déférer Le ferment , les chofes étant encore entieres. Pour ce qui eft du /érmenrt déféré d'office par le 104 SER juoe à lune des parties, l’autre eft toujours rèce- vable à faire preuve du contraire. Le férment décifoire ne peut être demandé au dé- biteur qui oppofe la fin de non-recevoir réfultante du laps de cinq ans , pour les arrérages de rente confütuée. Voyez les lois 2.34 &c 40, ff. de jure ju rando ; Lepreftre , Cambolas , Dufail, Henrys. SERMENT DÉFERE, eft celui qu'une partieeft auto rifée à faire par ordonnance du juge, foit du confen- tement de la partie, ou que le juge l’ordonne de {on prôpre mouvement, Au premier cas, c’eft-à-dire, quand une partie le défere à l’autre, on l'appelle fer- ment de victoire. Voyez ci-devant SERMENT DE vic- TOGRE, SERMENT SUR LES ÉVANGILES, eft celui que l’on prête, la main pofée fur le livre des évangiles, pour marquer que l’on jure par la parole de Dieu conte- nue dans ce livre. Préfentement on ne fait pas jurer fur le livre entier des évangiles, mais feulement fur lévangile de Saint-Jean, qui fe dit à la fin de la meffe, SERMENT DE FIDÉLITÉ, eft un /erment folemnel que le fujet fait à fon prince ou le vaflal à fon fei- gneur, par lequel 1l s'oblige de lui être toujours fidele. Nos rois ont droit de l’exiger de tous leurs fujets. On l’exigeoit autrefois au commencement de cha- que regne. La confiance légitime que nos rois ont en leurs peuples fait qu'ils n’ont confervé cet ufage que pour leurs vaflaux & pour ceux des feigneurs, & auf à l'égard des évêques, lefquels doivent prêter ce férment, à leur avénement au fiége épifcopal, foit comme étant vaflaux de la couronne, foit à caufe qu'ils acquierent une jurifdition fpirituelle dont on craint qu'ils n’abufent. Le ferment de fidélité dû par les vafaux à leur fei- gneur, eft fimple ou lige. Le fimple eft celui qui fe fait pour les fiefs fimples & non liges. Le lige eft celui qui fe fait pour les fiefs liges. Voyez FIEF LIGE, SIMPLE, 6 FOI ET HOMMAGE. Les ferfs 8 gens de man-morte prêtent aufi le ferment de fidélité à leurs feigneurs. Le ferment de fidélité des évêques eft en ces termes: « Je jure le très-faint & facré nom de Dieu, fire, & #» promets à votre majefté , que je lui ferai tant que » je vivrai, fidele fujet & ferviteur , & que je .pro- » curerai fon fervice & le bien de fon état de tout # mOn POuUVOIr; que je ne me trouverai en aucun »# confeil, deffein ni entreprife au préjudice d’iceux; # &cs'ilen vient quelque chofe à ma connoïffance, .» je le ferai favoir à votre majefté. Ainfi me {oit # Dieu en aide & fes faints évangiles. Les évêques font obligés de prendre des lettres du roi pour cette preftation de /érment, & de les faire regiftrer en la chambre des comptes. Voyez le g/of. de M. de Lauriere, au mot /érment, 8 les mots breves de ferment de fidélité, EVÈQUE, RÉGALE. SERMENT A JUSTICE, C’eft le ferment qu’un offi- cier public a prêté en juftice, On dit qu'il a Jérmens a juffice, pour fignifier que fes ates font foi jufqu’à in{cription de faux. SERMENT 1N LITEM, {eu Jus-Jurandum in litem, eft celui qui eft déferé à une partie par le juge {ur leftimation d’une chofe, pour la reftitution de la- quelle il y a procès lorfque les autres preuves man- quent, & fur-tout lorfqu'il y a eu fraude de la part du défendeur, & qu’il a fupprimé les aétes qui au- xoient fervi de preuve. Ce férment a heu principalement dans les contrats de bonne foi, comme dans le commodat, le dépôt, Ja reftitution de la dot, le compte de tutelle, le par- tage de la communauté. | On joint ordinairement çette preuve à celle de la commune renommée, Mais on nè laiffe point à la partie la liberté d'évas luer à fon gré la chofe dont il s’agit : le juge y met d’abord lui-même une valeur fur laquelle 1 défere enfuite le Jérment, Voyez au disefte letitre de in lis tem Jurando. | SERMENT LITIS-DÉCISOIRE , voyez ci-devant SER: MENT DÉCISOIRE, SERMENT LA MAIN MISE AU Piz, fignifioit en langage ancien, le /erment qui fe prête par les ec- cléfaitiques, la main mife ad pe&us, fur la poitrine. SERMENT EN PLAIDS, /us-jurandum in litem, C’eft le ferment décifoire , ou le férmens èn lirem, voyez Col- ler, fur les fleurs de Savoye pour la province de Brefle, p.187. coli 14 Voyez SERMENT DÉCISOIRE , SER- MENT. DÉFERÉ PAR LE JUGE, SERMENT SUPPLÉ- TIF, SERMENT IN LITEM. SERMENT RÉFERÉ , eft lorfqw’une partie, à la quelle fon adverfaire ou le juge a déferé le Jérmenr, refufe de-le faire, &c offre elle-même de s’en rap porter au fermenr de fon adverfaire. SERMENT SUR DES RELIQUES; c’éfoit autrefois la coutume de jurer fur les reliques des Saints, & fingulierèment fur le tombeau des martyrs, d’où eft encore reftée la coutume obfervée dans l’églife de Paris, que les licentiés de l’univerfté vont prêter le Jèrment {ur l'autel de Saint-Denis. Anciennement, quand on vouloit éluder fon er: ment, On le prétoit fur un reliquaire vuide, comme sal étoit pernus de fe jouer ainf de la relision du ferment. SERMENT SUPPLÉTIF, eft celui qui eft déferé par le juge, pour fervir de fupplément aux autres preu- ves qui ne font pas aflez fortes, comme quand on décharge une partie, en affirmant par elle quelque fait; où qu’on adjuge au demandeur fes conelufions , en afirmant de même par lui quelque fait. # oyez ÂFFIRMATION 6 SERMENT DÉFERÉ. SERMENT DE SUPRÉMATIE, eft un Jérmenr ufité en Angleterre, par lequel on reconnoît que le roi eft chef de Pégliie dans fes états. Ai, des révolur, : d'Anglet. tom. 111, liv. XI, p. 400. SERMENT DU TEST, ainf appellé, comme par abreviation du latin se/fimonii,eft un ferment ufité en Angleterre, par lequel on attefte la religion que lon profefle. Il fut ajouté en 1672 aux /érmens d’allegeance & de fuprématie. Il ne confftoit alors qu’à abjurer la préfence réelle de Jéfus-Chrift dans leuchariftie: on y a depuis ajouté une abjuration de l’invocation des faints, du facrifice de la mefle, & une renon- ciation au parti du prétendant. Perfonne ne peut avoir aucun emploi d’églife, de robe, ou d'épée, qu'il n'ait prêté ce férmenr. Hif?, des révolur. d’Angl. com. III, iv. II. p. 400. SERMENT PAR LA TÈTE & LES CHEVEUX DE Dieu, étoit très-commun chez les Romains : il fut défendu par Juftinien. Voyez la differtar, de M. Mat feu /ur les ermens. Mémoires de l’académ. des Infcripe. tom. Î, p. 279. SERMENT VILAIN. On appelloit ainfi ancienne- ment les juremens de ceux qui prenoient à témoin quelque chofe deshonnète, ou qui blafphémoient le faint nom de Dieu. Voyez les ordonnances de la troifcemc race , tom. I, (4). SERMENTÉ , adj, (Gram, & Jurifprua.) {e difoit dans l’ancien ftyle, pour exprimer quelqu'un qui avoit ferment à juftice. #oyez JURÉ € SERMENT. À ) | | SERMIONE , ( Géog. mod.) en latin Sermio ou Sirmio , bourg d’Italie dans l’état de Venife , au Vé- ronèfe, fur une petite prefqu'ile, près du lac de Garde. C’eft cet endroit que Catullea chanté, & dans lequel il avoit établi fa retraite. Voyez SERMIO , Géog, anc. (D. I.) SERMOLOGUE, ?. S E R SERMOLOGUE, £ m. (Æif4 ecclf) nor quon donnoit anciennement à un livre eccléfa- ftique ou recueil de fermons 8 homélies des pa- pes ou d’autres perfonñages éminens en fcience & enpieté, & qu'on lifoit autrefois aux fêtes des confefleurs , de la Touflaints, de la purification, & tous les jours depuis Noël juiqu'à l’oétave de PÉpiphanie: Voyez HOMELIE. SERMON , 1. m. (Gram. ) difcours chrétien pro- noncé en chaire, dans une églife , pour inftruire & édifier les fideles. SERMON DE J. C: ( Cririque facrée.) c’eft ainf qu’on nomme le difcours que J. C. tint fur la monta- gne à fes apôtres, & qui fetrouve dans S. Matthieu, chap. v. vj.vi. N'importe de nous étendre plus que de coutume fur ce difcours de notre Seigneur , par- ce qu'il renferme plufieurs préceptes qui paroïffent impraticables, à caufe des conféquences qui en ré- fultent néceflairement, Par exemple, J. C. dit: « Ne » réfiitez point à celui qui vous fait du mal ; au con- » traire fi quelqu'un vous frappe à la joue droite, » préfentez-lui aufli l’autre joue », chap. v. », 30. C’eft interdire la défenfe , qui eft du droit naturel de tous les hommes, fans quoi ils ne fauroient fe con- ierver, De même:« Siquelqu'un vous veut faire un » procès pour avoir votre robe, laïffez-lui aufi vo- s tre manteau ». Qu'on pratique ce précepte , & les gens de bien feront expoés à toutes les injures des méchans ; on les frappera, & on fe moquera de leur patience , qui les expofera à de nouvelles injures, èz au mépris. On les dépouillera dé leur bien , &on les réduira eux & les leurs à la mendicité. Encore : # Ne vous amaffez point des tréfors fur la terre | où » les vers & la rouille les confument, chap. vj. v. » 19 ». Eft-il donc défendu à un chrétien de profiter des bénédiétions du ciel, de l'héritage de fes ancêtres, & du fuccès de fon travail ? Ne peut-il rien amañer pour l'avenir, ni prévenir les revers de l’adverfité ? Faudra-t-1l qu'il vive au jour la journée, pendant qu'il peut très-innocemment fe mettre à abri de la difette, & amafler de quoi fubfifter, lorfque l’âge ou la maladie le mettront hors d'état detrayailler? JC, dit de même : « Ne vous mettez point en peine de »# ce qui regarde votre vie, de ce que vous mange- # rez , de ce que vous boirez, & à l'égard de votre » corps de quoi vous vous habillerez, chap. v. v. 25 ». ur quoi le feigneur propofe à fes difciples , l’exem- ple des oïfeaux de Pair, qui ne fement ni ne moiffon- nent, & qui n’amaflent rien dans les greniers : & ce- lui des lis des campagnes, qui ne travaillent ni ne f- lent, &c que Dieu prend foin de vêtir. Il defend auf d’avoir aucun foncipour le lendemain, parce que le lendemain aura foin de ce quileregarde 5414, v. 31. 33- [veut enfin que fes difcipies demandent les cho- fes qui leurfont néceffaires, affurés que Dieules leur donnera, chap, viy. v. 7. & fuiv. Pour accorder ces préceptes de J. C. avec la pru- dence & la juftice, les interpretes ont cherché des explications ; ils ont limité les expreflions générales du Sauveur ; 1ls y ont appofé des conditions. Quel- ques-uns ont cru que l’évangélifte avoit obmis quel- ques paroles de J. C, qui auroient fervi à entendre fes commandemens, & à prévenir les mauvaifes conféquences qui en réfulteroient, fi les Chrétiens les obfervoient à la rigueur; d’autres ont imaginé des confeils évangéliques, c’eft-à-dire, des confeils de perfeéion, qu’on n’eft pas obligé dépratiquer pour être fauvé; mais qui donnent à ceux qui les ob- fervent, un mérite fupérieur aux autres , & des de- grés de gloire dans le ciel. C’eft une mauvaite défaire: tout eft précepte , commandement; & fi bien com- mandement, que notre Seigneur finit fon fermon fur la montagne, par la comparaifon d’un homme pru- dent, qui bâtit fa maïfon fur le roc ; c’eft celui qui Tome XF, S'EUR 105 obférve les cotimandemens qu’il vient de dontier & d'un homme infenfé qui bâtit fa maifon {ur le fa ble ,chap. vi, v. 24.6 fuiv, | ; Cependant, comme on convient que fi les Chré: tiens vouloient obferver plufieurs de ces commande: mens de J,C. la focièté feroit bientôt renverfée ; les gens de bien en proie à la violence des méchanss le fidele expoié à mourir de faim, parce qu'il n’auroit rien épargné dans fa profpérité, pour fe nourrir & fe vétir dans l’adverfité : en un mot, tout le monde avoue queles préceptesde N.S. ne font pas incompas tibles avec la sûreté & la tranquillité publiques: voilà ce qui a obligé les interpretes à recourir À des reftria étions, à des modifications, à des paroles foufenten: dues ; mais tout cela n’eft pas néceflaire, & nous pa: roit trop recherché : un légiflateur qui donne des préceptes, doit s'expliquer clairement ; les parado- xes ne conviennent point dans les lois; chacun ÿ apporteroit des reftriétions & des modifications à fon gré, . Ce qui a jetté les interpretes dans l'erreur, c’eft qu'ils ont cru que les préceptes du Seigneur dans ces trois chapitres, regardoient tous les Chrétiens; au lieu qu'ils devoient prendre garde, qu'encore qu'il y en ait beaucoup qui foient communs à tous les Chrétiens , il y en a beaucoup d’autres qui font par- ticuliers aux apôtres du Seigneur, & qui leur ont été donnés pour l'exercice du minifiere dont ils furent revêtus. C’eft ce que l’on verra, fi l'on fait attention au récit de S. Luc, qui rapporte en abrégé Le fermon de J. ©. fur la montagne. Confultons-le; cet évangé- life nous raconte , chap. vj. y. 12. & fuivans , que J. C. ayant pañlé la nuit en prieres fur une montagne, lorfqu'il fat jour , appella fes difciples, c’eft-à-dire S tous ceux qui faifoient profeffion de croire en lui; & qu'alors il en choïfit douze , qu’il nomma fes apérres. Après cela il defcendit dans la plaine avec ceux qu'il venoit defe choïfir, & guérit un grand nombre de malades. Enfuite il monta fur le penchant de la mon- tagne, s'y affit, & fes difciples s’approcherent de lui, Maëth, c.v.v. 7. Ce font donc ici les difciples aux- quels 1l avoit conféré l’apoftolat : a/ors jesart Les yeux Jar eux, il leur dis ; ce font les paroles de S. Luc, chap. v]. v. 20. C’eft donc à eux qu'il s’adrefle , À non en général à toute la troupe, qui étoit au-bas de la montagne. I] vient de leur confier une charge; il leur donne fes inftruétions ; rien de plus clair & de plus fimple. | 1! ne faut après cela que confidérer divers endroits du férmor de J. C. pour voir que c’eft à {es apôtres qu'il parle : « Vous êtes le fel de la terre , vous êtes » la lumiere du monde, la ville afife fur une monta- » gne , Math. c. y, v.13. 14 ». Tout cela convient, non en général aux chrétiens, mais aux apôtres de J. C. deftinés par leur minittere À préferver le monde du vice, & à prévenir les jugemens de Dieu fur les hommes , en procurant la converfion des pé- cheurs. Ils étoient la lumiere du monde par la pré dication de l'Evangile ; ils étoient la ville afife fur une montagne, pour fervir de modele & de {pe@a- cle à Punivers; ils étoient la lampe qui devoit éclai- rer tous ceux qui font dans la maïfon, favoir dans l'E- ghfe de Dieu. Il les avertit qu'il nef point venu abohr la loi ou les prophetes, mais les accomplir, ibid. v. 19. C’eft une inftruion dont ils avoient grand befoin dans leur miniftere. Il leur parle des pei- nes & des récompenfes , non-feulement de ceux qui auront obfervé ou violé la loi ,ce qui ne regarde que les particuliers ; mais aufñ de ceux qui auront enfei- gné aux hommes à la violer, ou à l’obferver, ibid. Le Seigneur dit encore à fes mêmes difciples : « Cherchez premierement le royaume de Dieu & fa » juftice , &c les autres chofes vous feront accordées » par-deflus, 1bid, chap, vj, y. 33 ». On peut donner . © fl 1C6 SER a ces paroles unfens qui fe rapporté à tous les Chré- tiens en général, je l'avoue; maïs le vrai {ens con- vient aux apôtres du Sauveur : cherchez à établir le royaume de Dieu &c fa juftice ; 'étoit à eux à éta- -blir le royaume de Dicu, dont ils étoient lés min:- fires. « Ne donnez pointles chofes faiñites aux chiens, & » ne jettez point vos perles devant les poufceaux, » de peur qu'ils ne les foulent aux piés, 8 que fe » tournant Contre vous, 1ls ne vous déchirent, 1h14. » chap. v.v. On, Celaregarde évidement les feuls apôtres, appeliés à prêcher l'Evangile, & à qui J.C. donne ce précepte de prudence. On voit donc clairement dans S. Luc, que le fer- mon du Seigneur, s'adrefle aux apôtres, & non à la troupe ; en voici de nouvelles preuves. Après leur avoir prédit les perfécutions qu'ils foufftiront à caufe de lui, il ajoute : « Réjouiffez vous alors, 8c foyez »# tranfportés de joie, parce qu’une grande fécom- # penfe vous eft aflurée dans le ciel : car c’eft ainfi # que leurs peres ont traité les prophetes, Luc, vj. s, 23 ». J, €. parle donc à fes apôtres , & les aver- tit des perfécutions qu'ils auront à fouffrir, comme les prophetes en ont efluyé. De même encore, il employe la comparaifon fuivante : « Un aveugle » peut-1l conduire un autre aveugle? fie tomberont- » ils pas tous deux dans la fofle ? id. v. 39 ». Ce propos fegarde les feuls apôtres, appelés par leur miniftere à conduire les autres hommes. Dés qu’on a pofé ce principe , que le /érmon de notre Seigneur s'adrefle à fes apôtres, il n’y a plus au- cune dificulte. Tous les préceptes qui femblent cho- quer la prudence, la juftice , ruiner la sûreté publi- que , & jetter le trouble dans la fociété ; tous ces préceptes, dis-je , font très-juftes, & n’ont plus be- foin de limitation , ni de reftriétion. Les apôtres de J.C. occupés de leurs fonétions , ne doivent point s’'amafler des tréfors fur la terre. Il falloit fur toutes chofes qu'ils fe gardaflent d’avarice; ce défaut feul pouvant détruire tout le fruit de leur miniftere. Ce font eux que Dieu noutrira comme les oifeaux du ciel, qu'il vétira comme les lis des champs; ce font eux qui à l'exemple de leur maître, au miniftere du- quel ils ont fuccèdé , doivent quand on leur frappe fur une joue, préfenter auf l’autre, c’eft-à-dire , uter de la plus grande modération. Ils feront les viétimes du monde, mais la foi chrétienne dont ils font les miniftres , ne peut s'établir autrement que par la pa- tience ; ce font eux qui né doivent être en aucun fouci du lendemain, parce que Dieu s’eft chargé immédiatement de pourvoir à tous leurs befoins. Ce fut aufli pour cela que le Seigneur après les avoir choïfis, les envoya, &c leur défendit de faire aucune provifion pour le voyage, parce que louvrier eft digne de {on falaire, Luc, c. 1, v. 3.6 fuivant, Matrh. €: x. v. 1. G fuivant. _Ilne faut pas cependant conclure de-à, que tous les préceptes des chap. v. vj. 6 vi. de S. Matthieu, ne regardent que les apôtres; car ces faints hommes ont deux caracteres, celui de fideles , & celui d’apô- tres de J. C. le Seigneur leur donne des commande- mens qui leur conviennent en ces deux qualités, & d’autres qui ne font relatifs qu’à leur qualité d’apô- tres &c à leur miniftere, Beaufobre, remarques criri- ques. ( D.J.) | SERMONAIRE, f. m. (Gram. ) auteur qui a com- pofé & publié des fermons. Fléchier, Bofluet, Maf- filon, Cheminais, Bourdaloue, font nos plus grands férmonaires. SERMONETA , ( Géog. mod. ) bourgade d’ftalie dans la campagne deRome , à 4 milles au midi orien- tal de Segni, & environ à 6 milles au midi d’'Agnani. Cette bourgade a titre dé duché, & toute fa campa- gne efl ce que les anciens appelloieñt Pa/us-Pomp- SE tins. Pline dit que de fon tems on y voyoït cinq villes ; à peine ÿ voit-of aujourd’hui éinq fermes, (RTS #4 SERMYLIA , ( Géog. añc.) ville dela Macédoine dañs la Chalcidie , près du mont Athos. Hérodote, 1. VIT. c, cxxuj: place cette Ville fur le golfe Toro- née, (D:J.) 1à SERONGE , f. £. ( Commerce.) efbece de toiles peintes quie fabriquent dans la ville de lindoftan de ce nom. Pendant la faifon des pluies qui durent quatre mois, les ouvriers imprimént leurs toiles ; quand la pluie à ceffé & awelle a troublé l’eau de ta riviere qui pañle à Seronge, ils y lavent les toiles qu’ils ont imprimées ; cette eau trouble a la vertu de faire tenir les couleurs, & de leur donner plus de vivacité ; de forte que plus on les lave dansta füite, plus elles deviennent belles , au-Hieu queles couleurs des autres toiles peintes des Indes ne font pas fi vives , &c qu'elles S’effacent en les lavant plu heufs fois. On fast à Seronge une fotte de toile peinte qui eff fi fine , que Pon voit la chaïr au-travers quand elle eft fur le corps : il n’en vient point en Europe, élles font toutes retenues pour le ferrail & la cour du mogol ; les fultanes &c les femmes de comdition en font faire des chemifes & des robes d'été pour leur ufage , & la volupté des homes y trouve leur compte. SERONGE, ( Géog. mod.) ville des Indes dans les: états du mogol , fur la route de Surate à Agra. Elle: eft grande & peuplée. Ils’y fäbrique des toiles qu'on. appelle chufes , dont tout le même peuple de Perfe, & de Turquie eft habillé ; mais on faitaufh dans cette ville une forte de toile fi fine, que quand elle eft fur le corps, on le voit comme s’il étoit à nud. 11 ef pas pernus aux marchands de tranfporter cette fine toile hors de la viile. Elle eft deftinée pour le ferrail du grand-mogol & pour les principaux de fa cour. DENT. SÉROSITÉ , ff. ( Médec. ) les Médecins enten- dent par /érofrté cette humeur qui eft inêlée avec le fang , & chargée d’un grand nombre de particules falines 8 mucilagineufes, dont la fecrétion & l’éva- cuation fe fait par une multitude prodigieufe de cou- loirs & d’émonétoires, d’où 1l fuit que la Jérofré eft d’une confiftance plus ou moins épaifle & variable, tant par rapport à la couleur que par rapport au goût. [l ne faut pas confondre la /érofié avec la [ya phe. Cette derniere eft une liqueur tranfparente, infipide , pure, dont la partie la plus fubtile com- pofe le fluide qui circule dans le cerveau, dans {a moëlle fpinale , & peut-être dans les nerfs. (D. J.) SEROU , LE, ( Géogr. mod.) petite riviere de rance. Elle a fa fource en Roueéroeue , & {e jette dans l’Avéiron , au-defflous de Milhars en Albigeois. (D.J.) SERPA, ( Géog. anc. ) ville de la Lufitanie, que l'itinéraire d’Antonin marque entre Ebora & Fines, à 13 milles du premier de ces lieux, &c à 20 milles du {econd fur l’Anas ; il y a des favans qui préten- dent que cette ville fubfifte encore aujourd’hui, & que c’eft la Serpa , ville de Portugal dans PAlentejo, au midi de Moura ; mais comme lancienne Serrz étoit fur l’Anas , il en rélulte qu’elle étoit différente de la Serpa moderne , fituée à une lieue de la Gua- diana qui eft l’Anas des anciens, ou du-moins la Ser- pa moderne n’eft pas fituée précifément dans le même lieu ue l’ancienne. (2. J.) SeRPA , ( Géog. mod.) ville de Portugal dans PA- lentejo , aux confins de PAndaloufie , fur une hau- teur remplie de rochers, à une lieue de Guadiana, à 30 au fud-eft de Lisbonne, & à 10 des confins de PAndaloufe. Elle eft foriñée, & on y tient une bonne garnifon. Long. 10. 15. latit. 37.55. (D.1J.) SERPE , £ € ( Ouil d'ouvriers. } inftrument de LE fo : fer plat 82 tranchant en forme de grand & large cou teau qui a le bout courbé en croiflant , & une poi- gnée de bois ; c’eft après la coignée un des princi- paux outils des bucherons. Les Jardiniers s’en {er- vent aufli pour émonder les arbres ; les Plombiers ont pareillement des Jérpes pour divers de leurs ou- vrages ; les Vanniers particulierement, ceux qu’on nomme cloturiers & mandriers {e fervent de la Jérpe, pour appointer les plus gros morceaux de châtai- gniers & autres bois dont ils font les montans de leurs ouvrages. Les petits bois & les ofiers s’appoin- tent avec le couteau à travailler. Pour forger une /érpe à deux bifeaux , le forgeron met un morceau d’acier entre deux morceaux d’une barre de fer, &foude. Lorfque le tout eft bien cor- royé, il donne à fa erpe la figure qu’il juge à propos. La /érpe a un bifeau d'acier comme la doloire. (D. J.) SERPENT, 1. m. férpens , ( Hif. na.) animal qui m'a point de piés, & qui rampe. VoyezReprise. On divife les /érpens en deux claffes ; la premiere con- tient ceux dont lamorfure n'eft pas venimeufe, & ue l’on nomme couleuvres ; ils font des œufs qu'ils dépofent dans des endroits chauds , &c il en fort au bout d’un certaintems de petits /érpens, voyéz Cou- LEUVRE, 6 la fig. 3. de la PI, XVI, où on a repré- fenté un petit férperz dans fon œuf. Les /erpens de Ja feéonde claffe font appellés viperes ; leur morfure eft très-dangereufe ordinairement , même elle caufe la mort, fi on n’y apporte un prompt,remede ; ils font leurs petits tout vivans. Foyer VIPERE. Il y a peu d’endroits où 1l n’y ait des Jerpens, ils aiment le chaud, & ils font en plus grand nombre dans les pays mérnidionaux que dans les feptentrionaux ; ils varient beaucoup pour la grandeur &t la couleur. Dapper, hifl. de l'Amérique , fat mention d’un férpeze que l’on trouve au Bréfil, & qui a vingt-quatre piés de lon- gueur ; & Chrétien Mentyelius dit qu'il y en a dans les Indes orientales qui dévorent &c qui avalent un buf- fle tout entier. Les auteurs qui ont écrit fur les fer- pens fe font contredits les uns les autres dans la plû- part de leurs defcriptions, de façon qu'ilefttrès-difi. cile de déterminer les différentes: efpeces de ces animaux. | SERPENT AMPHISBENE , On a donné ce nom aux Jérpens dont la queue eft auf groffe que la tête ; on prétend qu’ils marchent en avant êt en arriere com- me les écrevifles, c’eft pourquoi on les appelle auffi doubles-marcheurs. SERPENT des Îles Antilles, dans le nombre des iles Antilles, les feules îles de la Martinique & de Sainte-Aloufe nourriflent dans leurs forêts & fur leurs montagnes une multitude de Jérpers venimeux dont la morfure eft mortelle. Ce reptile tient de la nature des vivipares ; la femelle produifant à-la-fois jufqu'à foixante & quatre-vingt petits ; onrencontre des Jerpens de huit à dix piés de longueur fur quatre pouces de diametre & même plus , couverts fur le dos d’une peau écaillée de couleur grife ow noire marquetée , quelquefois verdâtre où d’un jaune- brun; le deffous du ventre eft toujours plus pâle & prefque blanc, couvert d’écailles plus grandesique celles du dos ; leur tête , qui eft de forme triangu- laire, un peu arrondie fur les angles, paroît comme écrafée , ils ont les yeux petits, vifs , la gueule demefurément fendue & garnie de petites dents ; fur les côtes de la mâchoire fupérieure font deux longs crocs un peu courbes, fort pointus , creux à leur naïffance, mobiles dans Palvéole , & percés dun petit trou latéral au-deflus dela gencive, qui, dans cette partie, paroît gonflée , renfermant une vefficule remplie d’un venin du plus funefte À ceux qui ont le malheur d'en éprouver les effets, princi- palement fi la piquure rencontre une veine ou une artere, on ne doit point alors efpérer de remede. Tome XF. S E R 107 Les férpéns s’élancent avec une extrème rapidité, ils piquent de leurs crocs les parties qu’ils touchent, & y ferinpuent leur venin au moyen du petit trou laté- tal dont on a parlé, Le parti le plus convenable . dans ces occañons eft de fe faire une forte ligature à fept ou huit doigts au-deflus de l'endroit piqué , & de prendre promptement un bon coup d’eau-de-vie, ou , à fon défaut, d’avaler de l’urine toute chaude ; fi on a tué l’anumal, il eff à-propos d’en écrafer la tête & de l'appliquer fur le mal, ayant grande atten- ton de ne pas refter en place, mais de courir très vite , chercher du fecours avant que l’enflure &z Paf- foupiflement dont on eft pris ayent fait des progrès. Quoique dans un pays chaud, on fait toujours du feu auprès du malade, on le couvre bien, & on l’a- gite un peu pour l'empêcher de dormir au-moins pendant vingt-quatre heures; la foif qui le tourmente ne doit point Être étanchée par de l’eau fraîche qui feroit pernicieufe ;il ne faut pas non plus qu’il prenne de nourriture , mais on lui fait avaler une forte dofe de thèriaque délayée dans de l’eau-de-vie, & on opere fur la bleflure en y faifant des fcarifications, ët y appliquant les ventoufes à plufieurs reprifes juf- qu'a ce qu'on juge qu'il ne refte plus de venin ; alors onmetfurlaplareuncataplafme compofé d'ail pilédans' un mortier de bois, avec unê forte d’herbe appellée mal-nommée, quelques autres plantes connues dans le pays &r un peu de poudre de tête ferpent. Avant d'appliquer ces drogues, on en exprime le fuc pourle faire boire au malade, lequel, au bout de trois ou quatre jours, doit être hors de danger. Les negres piayes, médecins ou forciers, font ufage de là fuccion au-lieu de ventoufes, ayant foin de ie rincer la bouche à chaque fois avec de l’eau de-vie ; 1ls appliquent enfuite fur la bleAure plufeurs fimples & drogues , dont ils fe réfervent la connoif- fance ; c’eft un fecret qu’on n'a jamais pu tirer d'eux. Comme lefpece de ferperr, dont on vient de par- ler, meft autre chofe qu’une très-groffe vipere , on pourroit fans doute avec fuccès faire ufage du re- mede que M. de Jufieu a employé f heureufement fur un homme qui , en herboriffant, fut piqué au bras par un de ces animaux. Ce remede confifte à faire prendre au malade dix à douze gouttes d’eau-de: luce dans du vin , le bien couvrir enfuite, & répé: ter ce traitement de demi-heure en demi-heure, juf- qu'a ce que les fueurs abondantes ayant emporté la caufe du mal. La chair du Jérpens étant rôtie fur Le gril &accom: modée comme celle de l’anguille eft très-bonne au goût, mais 1ln°en faut pas faire un long ufage , l'ex: périence ayant appris qu'elle fubtilifoit trop le fang: Les /erpens changent de peau tous les ans ; ils fe nourriffent de rats fauvages, de volailles, de gre- nouilles & d'infeétes ; ils s’eñndorment aufi-tôt qu'ils {ont repus,, jufqu'à ce que ce quäls ont avalé fe foit entierement corrompu & confommé, caf ces ani- maux n'ont pas une autre façon de digérer. Serpent tête de chien. Cette efpece fe trouve com- _ munément dans l’île de la Dominique ; fa longueur cit d’environ huit à neuf piés, & fa groffeur eft plus forte que le bras ; il à la tête ramafñlée , ayant quel: que rapport à celle d'un chien; fa gueule éft fendue, bien garnie de dents , fans crocs ni venin. La peau de ce Jérpenr ef couverte de petites'écailles grifes & comme argentées fur les flancs ; le dos étant varié dé grandes marques noires bordées de jaune, & le détfous du ventre , dont les écailles font prefque auf larges que l’ongle & fort minces , tire fur la couleur de nâcre de perle. La srafle des tête-de- chiens eft eftimée un fouverain remede contre les thumatifmes ; on prétend qu’étant appliquée un:peu chaude , elle appaife les douleurs de la so, ; la 1] 103 SER façon la plus ordinaire de s’en fervir eft de la mêler avec partie égale d’eau-de-vie ou de taña. SERPENT AVEUGLE. Voyez ORVET. SERPENT CORNU , CERASTE. Ce férpent a furla - mâchoire fupérieure une corne dure & pointue , d’où lui vient le nom de /érpens cornu. Seba donne la def- cription &c la fioure de plufeurs efpeces de ces Jèr- Pers. SERPENT ESCULAPE. Ce férpent eft très-commun en Allemagne, enltalie, en Efpagne , en Pologne, en Afe, en Âfrique & en Amérique. Ruifch dit que la face fupérieure de ce /érpent eit d’un verd tirant fur la couleur de poireau , à l'exception du dos qui a une couleur noirâtre : la face inférieure eft d’un blanc verdâtre. Seba donne la defcription de fept efpeces de Jerpens efculapes. SERPENT À LUNETTE , 04 SERPENT COURONNE. (PI XVI. fig. 4.) Il eft ainfi nommé parce qu'il a {ur la tête une tache dont la figure reffemble beau- coup à celle d’une paire de lunettes à mettre fur le nez. On trouve ce /erpens dans l'Amérique méridio- nele, au Pérou, à Siam , aux grandes Indes, Grc. Seba donne la defcription & la figure de plufieurs efpeces de ferpens à lunerres , qui different les uns des autres par la grandeur & la couleur. SERPENT A SONNETTES, boicininga, Vipera caudi- fon. ( PI. XVI. fig. 2. ) On a donné le nom de /er- pent à fonnettes à ce reptile , parce qu'il a l'extrémité de la queue compofée de plufeurs anneaux larges & mobiles , qui en frottant Les uns contre les autres, font un bruit femblable à une forte de cliquetis , ou au fon d’une fonnette fêlée. La morfure de ce Jérpent pañle pour très - venimeufe. Seba donne la defcrip- tion & la figure de plufeurs efpeces de érpens a [on- nettes qui different par la grandeur &c par les cou- leurs. On en trouve en Amérique , dans les Indes orientales & dans les Indes occidentales, II eft fait mention , dans les tranfaétions philofophiques , d’un ferpent à fonnetres qui avoit près de cinq pieds &z demi de longueur : c’eft Le plus grand de tous ceux dont les auteurs ont parlé. SERPENT MARIN , poiflon de mer auquel on a donné ce nom, parce qu'il a beaucoup de reflem- blance avec ile Jerpent. Il devient long de trois ou quatre coudées ; 1l a Le corps plus rond que celui de Panguille ; la tête reflemble à celle du congre ; la râchoire fupérieure eft plus longue que Pinférieure, êt elles font garnies de dents toutes les deux comme celles de la murene ; 1l y a aufñi des dents au palais, mais en petit nombre. La couleur de ce porflon eft jaune en entier, à l'exception du ventre & du bec qui font cendrés. Il a deux petites nageoires auprès des ouies ; les yeux ont une couleur jaune. Ronde- let, Æiff nat. des poiffons , premiere partie, liv. XIV, chap, v]. Le même auteur fait mention , au chap wij.dulivre déja cité, d’une autre efpece de ferpent marin rouge, dont les côtés font traverfés par des lignes qui s’é- tendent depuis le dos jufqu’au ventre. Ce poifona fur le dos une nageoire & une autre fur le ventre, qui s'étendent toutes les deux jufqu’à la queue ; elles font compofées de deux petits poils très-minces & tous féparés les uns des autres. Il y a untrait fur les côtés du corps depuis la tête jufqu'à la queue qui eft terminée par une nageoire, Voyez Poisson. SERPENT VOLANT. Seba donne la defcription de deux efpeces de /érpens volans ; comme il ne parle pas de leurs ailes , c’eft fans doute des efpeces d’a- contias qui fe tiennent fut les arbres, &c qui s’élan- cent fur ceux qui paflent deffous avec une impétuo- fité fi grande, qu’on croiroit qu'ils volent. Foyez Acontias. Cependant Vefputius aflure avoir vu des /érpens qui avoient des ailes , 6c Artus dit qu'il y a à la Côte d’or des Jérpens aïlés qui volent aflez SER bien pour prendre des oifeaux en l'air. Poye Dra- GON. ; SERPENT , rampement du, ( Phyfig.) j'ai déja parlé , au os RAMPEMENT , de ce mouvement pro- greflif des ferpens ; mais je ne puis m'empêcher d’a- jouter encore deux lignes fur la jufteffe & Pexa@ti- tude prefque géométrique qui fe rencontre dans les mouvemens finueux que les /érpens font en rampant. Les écailles annullaires qui les affiftent dans cette attion , font d’une flruéture très-finguliere. Sur le ventre , elles font fituées en travers , &c dans un or- dre contraire à celles du dos & du refte du corps: non-feulement depuis la tête jufqu’à la queue , cha- que écaille fupérieure déborde fur Pinférieure , mais’ les bords fortent en dehors; enforte que chaque: écaille étant tirée en arriere , ou dreflée en quelque maniere par fon mufcle, le bord extérieur s'éloigne un peu du corps, &t fert comme de pié pour appuyer le corps fur la terre, pour l’avancer , & pour faci- liter fon mouvement {erpentin, Il eft aifé de découvrir cette ftruture dans la dé- pouille, ou fur le ventre dun ferpezs, quel au'ilfoir. Maïs ce n’eft pas tout, ily a encore ici une autre méchanique admirable, c’eft que chaque écaille a fon mufcle particulier , dont une extrémité eft atta- chée au milieu de Pécaille fuivante. Le doéteur Ty- fon a découvert cette méchanique dans le érpens à fonnettes; & felon les apparences, elle exifte de même dans les autres /érpens | ou du moins dans les gros Jérpens des Indes orientales & occidentales. (220) | SERPENS , pierres de, ( Hiff. nat, ) nom donné par quelques auteurs aux coquilles foffiles pétri- fiées, connues fous le nom de cornes d’'ammon. SERPENS , langues de, ( Hiff, nas. ) nom que l’on donne quelquefois aux dents de poiflons pétrifiées. Voyez GLOSSOPETRES. SERPENT-FÉTICHE , ( Æff. mod. fuperffrrion. \les negres d'Afrique prennent pour objet de leur culte. le premier objet, foit animé , foit inanimé , qu'ils rencontrent en fortant de chez eux pour exécuter quelque entreprife ; tantôt c’eft un chien , un chat, un infeéte , un reptile ; tantôt c’eft une pierre, où un atbre, 6. Lorfque les negres ont fait choix d'une divinité qu'ils nomment féiche , ils lui font une offrande , & font vœu de continuer à lui rendre un culte, s’il les favorile dans le projet qu'ils médi- tent ; lorfqu’ils réuffiflent , 1ls attribuent leur fuccès. à la divinité dont ils font choix ; fi au contraire lentreprife manque , le fesiche eft oublié ; de cette maniere ces peuples font & défont leurs divinités à volonté. Ces fuperftitions fi groflieres , n’empêchent point ces negres d’avoir des idées aflez juftes d’un être fuprême , qu'ils regardent comme le fouverain du ciei & de laterre; 1ls lui attribuent la jufice, la bonté, Pomnifcience ; c’eft un efprit qui réfide dans les cieux & qui gouverne Pumvers; malgré cela leurs hommages font réfervés pour Les féx- ches dont nous avons parlé, C’eit {ur-tout un férpens qui eft la divinité la plus révérée des nesres de la côte de Juidah ; ils lPinvo- quent dans les tems de fécherefle , dans les calami- tés publiques , dans la guerre, &c. On lui offre alors de l'argent, des pieces d’étoffes de foie , des mar- chandiles précieules, des beftiaux vivans & des mêts délicieux ; toutes ces offrandes tournent au profit des prêtres. Le /erpent qui eff l’objet de ce culte eft très-famiher ; fa peau eft de la plus grande beauté par la varièté de fes couleurs. Il n’eft point veni-: meux , mais eft d’une efpece qui fait la guerre aux autres & qui les détruit efficacement ; 1l eft même facile de les diftinguer par leur forme & leurs cou- : leurs, Le refpeët que l’on a pour le grand /erpenr- fétiche, s'étend à tous les ferpens de fon efpece, Un SER £apitaine anglois fut maflacré impitoyablement , parce que les matelots de fon équipage avoient eu le malheur de tuer un de ces /érpens qui étoit venu Îe loger dans leur magafn. Comme les cochons fe hourrifloient de férpens , on a pris le parti d’en dé- truire l’efpece , de peur qu'ils ne continuaffent à manger les divinités favorites de la nation. Le grand Jerpent-fétiche, que les negres croient immortel , aun temple magnifique, des prêtres auxquels la crédu- lité des fouverains a fait accorder des terres & des revenus confidérables : de plus tous les ans on con facre à ce dieu un certain nombre de vierges choi- lies deftinées à fes plaifirs, ou plutôt à ceux de fes miniftres, Ces impofteurs {ont parvenus à perfuader au peuple qu'il eft un tems dans l’année pendant le- quel les ferpezs fafiflent toutes les jeunes filles qui leur plaifent , & les jettent dans une'efpece de dé- lire qui fuit leurs embraflemens ; les parens de ces filles, pour les faire guérir de cette frénéfie , les met- tent dans des hôpitaux fous la direétion des prêtres, qui travaillent à leur cure , & qui fe font payer un prix confidérable à titre de penfion; de cette ma- niere ils favent fe faire payer même des plaïfrs qu'ils fe procurent. Ces penfons & Les préfens qui les ac- compagnent, font un produit immenfe , que les pré: tres font pourtant obligés de partager avec le fou verain, Les filles qui ont été guéries dans ces fortes d'hôpitaux, font obligées de garder un fecret in- violable fur les chofes qu’elles y ont vues ; la moin- dre indifcrétion feroit punie de mort, Cependant on nous dit que les prêtres impofteurs parviennent à fafciner tellement ces vitimes de leur brutalité, que quelques-unes croyent réellement avoir été hono- rées des embraflemens du grand férpert-fériche. Bof- man raconte que la fille d’un roi fut obligée de fubir les mêmes épreuves que les autres. Rien ne feroit plus dangereux que de révoquer en doute la probité des prêtres &z la certitude des amours de leurs dieux. Ces prêtres fe nomment féricheres ; ils ont un chef ou fouverain pontife qui n’eft pas moins révéré que le roi , & dont le pouvoir balance fouvent celui du monarque. Son autorité eft fondée fur lopinion du vulgaire, qui croit que ce pontife converle familie- rement avec le dieu , & eft l’interprete de fes vo- lontés. Les fésicheres ont une infinité de moyens pour s’engraifler de la fubftance des peuples qui gémiflent {ous leurs cruelles extorfons ; ils font le commerce, ontun grand nombre d’efclaves pour cultiver leurs terres ; & la noblefle, qui s’apperçoit fouvent de leur manege , eft accablée de leur crédit, & gémit en filence des impoftures de ces miférables. Le grand férpens-fétiche a aufli des prêtrefles, ap- pellées feras | qui fe confacrent à fon fervice ; les anciennes en choïfifient tous les ans un certain nom- bre parmi les belles filles du pays. Pour cet effet, armées de bâtons , elles vont courir dans les villes, elles faififlent toutes les jeunes filles qu’elles ren- coutrent dans les rues; & fecondées des prêtres, elles aflomment quiconque voudroit leur oppoñfer de la réfiftance. Les jeunes captives font conduites au féjour des prêtrefles , qui leurimpriment la mar- que du grand férpent. On leur apprend à chanter des hymnes en fon honneur, à former des danfes autour de lui ; enfin à faire! valoir leurs charmes, dont elles partagent les revenus avec les vieilles prétrefles qui les inftruifent. Cela n'empêche point que l’on n’ait pour elles la plus profonde vénérarion. _ SERPENT, ezcerme d'Aftronomie, eft une conftella- tionde l’hémifphere boréal , qu’on appelle plus par- ticulierement /erpens ophiuchus, Les étoiles de la conftellation du férpers, font au nombre de 17 dans le catalogue de Ptolomée, de 19 dans celui de Ticho , & de so dans celui de Flam- teed, Chambers, (O) SER «os © SERPENT D'ATRAIN , ( Z/£ jnd. ) figure d'atrain qui repréfentoitun /#raph, ou férpers volant, &e que Moife fit mettre au-deflus d’une pique ; afluranit que tous ceux qui le régarderoient feroient guéris de la morfure des /érpers ailés qui défolerent les Ifracliteé dans le defert , commeileft rapporté dansle livre des Nornbres, chap. xxj. v. 9. Jefus-Chnit, dansS. Jean, ch üj,v. 4. nous avers tit que ce Jérpens ainfi élevé, étoitune figure de fa pafhon & de fon crucifiement : feur Moyfes exalravis ferpentem {7 deferto, ita exaltari oportet Filiuwm ho= minis, Ce ferpent d’airain fut confervé parmi les I£: raélites jufqu’au regne d'Ezéchias, qui ayant appris qu'on lui rendoit un culte fuperftitieux!, le fit mettre en pieces ; &c lui donna par dérifion le nom de #04 heflan. Foyez; NOHESTAN. Marsham $’eft imaginé que le férpent d'airain étoit une efpece de talifman , c’eft-à-dire de ces pieces de métal qui font fondues & gravées fous certaines conf: tellations , d’où elles tirent une vertu extraordinaire pour guérir certaines maladies. Lesuns attribuent ces effets au démon, d’autres à la nature du métal, d'au tres aux influences des conftellations, Marsham penfe donc que ce férpent d’airain élevé par Moïfe, guérif foitles hébreux mordus des ferpens , de la même ma- niere que les talifmans guériflent certaines mala= dies | par la proportion qui fe rencontre entre les * métaux dont ils font compofés, ou les influences des aîtres fous lefquelsils font formés, & la maladie dont on dit qu’ils guériffent ; maïs c’eft atraquer un mira= cle par des fuppofñtions chimériques , puifque rier n'eft plus incertain que ces prétendues qualités qu’on attribue aux talifmans, Voyez TALISsMAN. Buxtorf le fils au contraire dans fon hiftoire du ferpent d'airain , croit que cette figure devoit natu= rellement augmenter le mal des bleflés au-lieu de le guérir , en leur retraçant l’image des monftres qui les avoient ficruellement déchirés , 8c que Dieu fit écla- ter doublement fa puflance en guériffant par un moyen qui devoit produire un effet contraire, Mais il eft auffi inutile de groflir ce miracle qu’il eft té- méraire de le réduire à un effet purement naturel. On prétend montrer à Milan , dans léglife de S. Ambroife, un /érpent d’airain qu’on dit être le même que celui de Moïfe. L’Ecriture raconte trop poñti- vement la deftruétion de ce dernier par Ezéchias, pour qu'on ajoute foi à la tradition populaire des Mi: lanois. Calmet , Dit, de la Bible, some III, page 542 6 343. SERPENT, dans Ecriture, {e prend auffi pour le démon. Le férpent inviñble qui tenta Eve par l'organe du férpenr fenfible , étoit le démon , comme l’Écri- ture &c tous les commentateurs le remarquent. Quel: ques-uns expliquent auf du démon ce que dit Job du ferpent tormmeux , chap. xxv]. v. 13. S. Jean, dans lApocalypfe, ch. xij. v. 9 € 14. marque clairement que le /érpent ancien eft le démon & fatan : draco ifle magnus , {erpens antiquus , qui vocatur diabolus & fa tanas , & féducit univerfumorbem, Les Juifs appellent auffi le démon Pancien ferpenr. SERPENT , ( Mychol.) cet animal eft un fymbole ordinaire du foleil. Dans quelques monumens il fe mord la queue , faifantun cercle de fon corps, pour marquer le cours ordinaire de cet aftre. Dans les figures de Mithras , il environne quelquefois Mi- thras à plufieurs tours, pour figurer le cours annuel du foleil fur Pécliptique, qui fe fait en ligne fpirale. Le ferpent étoit aufilefymbole de la Médecine, & des dieux qui y préfident, comme d’Apollon , d’E£- culape. Mais Paufanias nous dit que quoique les fer- pers en général foient confacrés à ce dernier dieu, cette prérogative appartient fur-tout à uneefpece par. ticuliere dont la couleur tire fur le jaune ; ceux-là ne font point de mal aux hommes, & l’Épidaurie eff le. 10 SER pays où il s'en trouve davantage. Le fervent d'Epi- daure qui fut tranfportéà Rome pour Efculape , étoit de cette efpece. C’étoit peut-être aufi de ces fortes de férpens dont les bacchantes entortilloient leurs tyr- fes, ou les paniers myfliques des orgyes, & auine laifloient pas d’infpirer tant de crainte aux fpec- tateurs. Les Egyptiens ne fe contentoient pas de mêler le ferpent avec leurs divinités ; les dieux-mêmes étoient fouvent repréfentés chezeux , n’ayant que leur tête propre avec le corps & la queue du /érpezt, Tel étoit pour l’ordinaire Sérapis , qu’on reconnoit dans les monumens , à fa tête couronnée du boifleau , mais dont tout le corps n’eft qu’un /erpens à plufieurs tours. Apis fe voit aufli avec une tête de taureau, ayant le corps & la queue de /érpent retrouflée à l’extrémite. Les génies ont été quelquefois repréfentés fous la figure d’un /erperr. Deux ferpens atteles tiroient le char de Triptolème , lorfque Cérès envoya par- courir le monde pour apprendre aux hommes à fe- mer le blé. Quelques poëtes ont imaginé que les /er- pens étoient nés du fang des Titans, & d’autres en at- tribuent l’origine au fang de Python ou de Typhon. (D.J.) SERPENT , (Luther, ) inftrument de mufique à vent que l’on embouche par le moyen d’un bocal. Cetin{- trument eft du genre des cornets , & leur fert à tous de bafle. Il forme l’uniflon du baflon de hautbois ou de huit piés. Voyez la table du rapport de l'étendue des inftrumens de Mufique. Cet inftrument, ainfi nommé à caufe de fa figure ployée comme les ferpens repti- les, eft compolé de deux pieces de bois de noyer ou autre propre à cela, que l’on creufe après avoir tracé le contour B C D E F G endemi-cylindre concave, lefquelles on colle enfuite l’une deflus Pautre | & qu’on réduit enfuite par-dehors avec des rapes à bois à environune ligne ou ligne & demie au plus d’épait- {eur ; puis on le couvre d’un cuir mince ou de chagrin pour le conferver. Avant de mettre le cuir, on met fous les plis, dans la partie concave, du nerf ‘de bœuf battu pour Le renforcer en cet endroit, &c l'empêcher de rompre lorfqu’on le prend par la par- tie B C. Voyez la fig. Pl.de Lurh. Cet inffrument a fix trous notés., 1 2 3 4 5 6, parle moyen defquels & du vent que l’oninfpire par le bocal 4 B, on lui donne l'étendue d’une dix-feptieme. Le bocal 4 B s’emboïte dans une frette de cuivre ou d'argent, felon que le col du bocal eft de lun ou lPautre métal. Ce col eft recourbé, comme on voit dans la figure, pour préfenter plus ficilément le bo- cal( lequel on emboïte dans le col ) à la bouche de celui qui joue de cet inftrument. Le bocal eft une petite cuvette où hémifphere concave, laquelle eft ordinairement d'ivoire ; au milieu de cette cuvette, qui peut avoir : = pouce de diametre, eft un petit trou qui communique par le collet 4 fo. fuiv. dans le col de métal du /érpent dans lequel il entre. Pour jouer de cet inftrument, il faut le prendre des deux mains , en forte que les trois doïsts, irdex, medius & annulaire de la main gauche bouchent les trous 1 2 3 , le pouce de cette main étant placé à loppoñite des trous , pour pouvoir avec les autres doigts tenir l’inftrument enétat. Les trois mêmes doigts de la main droite fervent à boucher les trous 45 6, vis-à-vis defquels le pouce de cette main eft placé pour la même raïfon. | Après avoir pofé les doigts fur les trous, on pré- fente le bocal à la bouche , & on lapplique fur les levres , en forte que Pair que l’on infpire dans le /er- pent ne puifle trouver aucun paflage entre les bords du bocal & les levres, mais qu'il foit contraint de pafler dans le corps de l’inftrument ; pour cela on mouille avec la langue les bords du bocal, qui s’applique nueux par cemoyen fur les levres pour faite les tons graves fur cet inftrument , particulie- rement ceux qui fe font tous les trous bouchés, Il faut bien ménager Le vent, & foufiler également ; pour les autres tons où 1l y a quelques trous de débou- ches, ils font plus faciles à faire : il s’en trouve ce- pendant quelques-uns qui ont le même doigté , lef- quels par conféquent ne different que par Les diférens degrés de vitefle du vent quianime l’inftrument ; tels font la plüpart des dièfes , des tons naturels, que l’on peut faire cependant en ne débouchant que la mor tié du trou fupérieur, ou en croifant les doigts, c’eft- a-dire en débouchant le trou de lanote fupérieure, &t en bouchant: celui de l’inférieure de la note dont . on veut faire le diéfes. Voyez la tablature fuivante,où les notes de mufique font voir quelle partie & quelle étendue forme le ferpenr. Voyez aufli la sable du rap- port de l'étendue des infirumens. Les zéros noirs & blancs qui font au-defious des notes , lefquelles cor- refpondent aux trous du /érpers, font voir quels trous 1l faut tenir ouverts ou fermés pour faire les tons des notes qui font au-deflus, = 1 = Hate 0x Do C*G | A ; ; Sue re mfa Sol La Siut te mifa Jol la Si ut se nfe è | 6 © & © &.9 & © e 0 O © ® » 6 2660688 O0 0688 FRR RSS Ses 0086000688 9 866600 8 08S 54%. 0 9 0 © © & 9 6800000888 8 889880 0 6800 16. % 6 6 & a 8e 800000008888 6008%8%e 8 © 60 Q 56 8 9 © © à & O0 0000000808 O0 00086 ® 08e Q bea e 8 8 00090000000%680 0 000% 8 086 0 SERPENTAIRE , £ f. ( Æ5ff. nat. Bot. ) dracun- culus, genre de plante, qui reffemble au pié de veau, par les fleurs & parles fruits , & dontles feuillesfont découpées profondément en plufieurs pieces. Tour- nefort , 2nf£, rei herb, Voyez PLANTE. Cette plante eft le dracunculus polyphyllus de C. B.P.195. & de Tourn. I. R. A. 160. dracunculus major, vulgaris, Ray , kif. Sa racine eft plongée profondément danslaterre, elleeft blanche, vivace, arrondie, de la groffeur d’une pomme, femblable à SER une bulbe, garnie de plufieurs fibtes, capillaires, blanches , couverte d'une écorce jaunätre , d’une faveur brûlante, Il vient ordinairement à fes côtés plufeuts petites bulbes par lefquelles elle fe multi- phe ; fa tige eft unique , droite , dela groffeut d’un pouce & plus, hauté d’üñie à deux coudées, cylin- dtique , kffe , panachée de taches de différentes cou- leurs, comme la peau dés ferpens, & compofée de DANES, RE D Sés fetnlles font portées fur des queues fonoueu- fes, 6: longues de neuf pouces, elles font partagées enf£x, fept, où un plus grand nombre de fegrnens en maniere de main, étroits, liffes , & luifans ; du milieu des feuilles s'éleve une tige, grofle à peine comme le doigt, dont le fommet eft occupé par uné gaine d’un pie de longueur, verte en-dehors , purpurine en-dedans , d’une odeur fort puante: cette gaine étant ouverte, forme une fleur d’une feule piece, irrégulere, de la figure d’une oreille de hevre; ce fon fein fort un pifl noirâtre, long, gros, pointu., accompagnée à la bafe de plufieurs fommets, &t de plufieurs embryons ; qui fe changent en des baies prefque fphériques , fucculentes, difpotées en erappes vertes d’abord, enfuite rouges , brulantes, t piquantes ; ces baies contiennent une ou deux graines arrondies , un peu dures, & en quelque facon ridées. La /érpentaire vient dans les pays chauds, & eft cultivée dans les jagdins des apotmcçaires. (D.J.) SERPENTAIRE , ( Mat. méd. ) les racines & les feuilles de cette plante, ont les mêmes vertus que celles du pié-de-veau ; de forte qu’on peutfubftituer ces deux plantes l’une à lautre. Cependant Simon Pauli avertit que le pié-de-veau eft plus doux que la Jérpentaire ; C’eft pourquoi il faut préférer cette der- niere plante ; lorfquw’on veut dérerget un peu plus fortement ; c’eft pour cette même rafon qu’on l’em- ploie plus fréquemment à l'extérieur. Géoffroi, mar. med. La racine de ferpentaire entre dans l’emplâtre diabotanurm. SERPENTAIRE de Virginie, ( Botan. éxot.) racine, autrement nommée viperine de Virginie , férpentaria virginiana, colubrina virginiana , offic. C’eit une ra- cine fibreufe ; menue , légere ; brune en-dehors, jaunâtre en-dedans , d’une odeur agréable , aroma- tique, approchant de l'odeur de la zédoaire, d’un goût un peu âcre &c amer, On nous l’apporte de la Virginie. Il faut choifir celle qui eft récente, aromatique, pure, & non mêlée avec d’autres racines. Quelques- uns confondent cette plante avec la racine du cabaret de Virginie ; mais le coup d'œil les diftingue facile- ment, puifque les racines de ce cabaret font noires; il s’appelle afarum virginianum , pifolochie foliis Jubrotundis , cyclaminis more macularis. Thomas Johnfon, qui a corrigé l’hiftoire de Gé- rard , affure que c’eft la racine d’une plante appel- le ariflolochia, feu piflolochia altera | fèmper virens ; Mais Rai qui avoit dit la même chofe , d’après John- fon , dans fon premier tome de l’hifloire des plantes, paroït en douter dans le fécord volume: & enfin dans le troifieme , il prouve que cette plante eff dif- férente de la piftoloche de Crete de Clufius ; Pluk- net aflure que l’on nous apporte de Virginie, les ra- cines de trois plantes , fous le nom de /érpentaire de Viroinie, | La premiere fe nomme ariffolochia polyrrhifon , ar- ticulatis foliis, virginiana, Pluk. Cette racine eft un paquet de fibres & de chevelus attachés à unetête , de laquelle s’éleve une tige hau- te de neuf pouces, garme de quelques feuilles en forme de cœur, & portée chacune fur une petite queue ; ces feuilles, en naïflant , font phiées par le milieu, ont la figure d’une orcille , & une longue SER tif pointe à leut extrémité fupérieure ; les fleurs naïffent du bas de latige, fur de longs pédicules ; elles font longues, creufes, droites, comine celles dés arifto= loches; portées fur un embryon , qui devientun pe tit fruit à cing angles , lequel renferme de petites graines femblables aix pepins de fraïfins. Lafeconde /érpentaire {e noïnme ariflolochia viol fruëticofe , foliis virginianæ , ctjus radix ferpenrarit dicitur, Ç’eft uné racine compofée de fibres très-me: nues, & blanche, de laquelle s'élève une tige, le plus fouvent feule, grêle , garnie de peu de feuilles, placées fans ordre , larges d'environ ünñ pouce , fer: nes , taillées en forte de cœur à leut bale , & ter: minces par le haut en une pointe aigue ; chaque feuille eft foutenue fut unie queue d’un pouce de lon gueur; les fleurs naïflent vers le bas dela tige ; les graines font petites, &c femblables à celles que con tient la figue. vs La trofieme férpeztaire eftappellée ariffo/ochia pif= tolochta , caule nodo/o , feu ferpeñtaria , virginianz, D. Banifter, c’eftla véritable efpece de Jérpentaire. Cette racine n’eft qu’un compofé de petites fibresz de couleur jaune, d’une odeur, & d’un goût arotna: tique ; elle poufle une ou deux tiges, lifles, ou du doing très-peu velues, cylindriques, fouvent droi- tés ; elles ne font ni quadrangulaires , ni couchées vers laterre, ni grimpantes comme les farmens ; les fewlles naïffent fur la tige alternativement, & fonf placées fur chaque nœud ; elles font minces, loñgues, pointues, taillées en maniere de cœur vers la qüieue, un peu velues en-deflus, rudes en-deflous, faillantes aux côtés ,un peu gluantes, & s’attachent aux doists j les fleurs fortent près de la terre, elles font feules , Ou au nombre de deux; leut talon qui eftlarge, ar. rondis en forme de bonnet, foutient un pavillon ou: vert dañs.le centré , lequel eff de couleuf pourpre foncé ; le refte de lafleur eft d’un jaune falc ;le fruit eff à fix angles, enformede poire, & a environun pouce de diametre lorfauwil eft parvenu à fa maturité, Cette plante n’eft pas toujours verte, car lorfqueles femences font mûres , les feuilles & les tiges fe fan- ñent & fe defléchent. (2. J.) SERPENTAIRE de Virginie , ( Mat. éd. \ viperine de Virginie, Ou piffoloche de Viroinie ; la racine de Jérpentaire de Virginie nous eft apportée feche de l'Amérique, & principalement de la Virgime; elle a une faveur âcre, amere &c camphrée , & une odeur aromatique camphrée. | | M. Cartheufer aflure qu’on n’en rétire point d’hui- le éffentielle, excepté qu'on n’en diffille une très- stande quantité d’une feule fois ; cet auteur a retiré d’une once de ces racines, environ deux gros d’exs trait , par le mehftrue aqueux, & environ un gros de matiere réfineufe,, par l’application de l’efprit dez vin, ce dernier principe lui a paru plus aéif que le premier, l’un & l’autre retiennent aflez la faveur propre de la plante, & le dernier retient de plus une patte de fon parfum. Cette racine eft fingulierement éftimée parles ha bitans de la Virginie, parce qu’ils la resardent com: me un réemede fouverain contre la morfure du fers pent très-venimeux, appellé #occiringa ; elle pañle auffi pour guérir de la morfufe des chiens enragés , pour prévemr & mème guérir lhydrophobie. Elle eft comptée.en Europe , parmi les remedes diaphorétiques | diurétiques , cCarminatifs , forti- fans , &c vermifuges ; &c parmi les alexipharmaques, & les hyftériques les plus puiflans ; & même M. Car: theufer avertit de l’employer avec beaucoup de cir- confpeétion : dans les cas où il feroit dangereux de trop échauffer, exciter, irriter, on doit la donner en:infufion dans du vin, depuis un fcrupule jufqu’à un gros; &c on peut la faire entrer en fubftance dans les poudres compofées, & dans les életuaires mas 112 6 E D piftraux ;. ladofe de la teinture eft depuis dix uit à uarante gouttes ; tous Ces remedes font recomman- dés dans la pefte, les fieyres malignes, la petite vé- role , êtautres maladies éruptives , la faufle efqui- nancie , lapoplexie féreufe , la paralyfe , les fe- vres quartes intermitentes rebelles, la pafñon hyfte- rique , la fuppreffion des regles , la morfure des ani- maux vénéneux , Ge. à Es La racine de férpentaire de Virginie entre dans l’eau thériacale ; l’eau générale, & Porvicranum præftan- tius de la pharmacopée de Paris ; l'extrait de certe racine entre dans la thériaque célefte. (4) SERPENTAIRE, 1. im. eft le nom qu’on donne dans l'affronomie une conftellation del’hémifphere boréal, appellée auffi ophiucus, & anciennement £fcxlapius, Voyez CONSTELLATION. Les étoiles de cette conftellation font au nombre de 29 , dans le catalogue de Ptolomée; de 25, dans celui de Ticho, & de 69 dans le catalogue de Flamf tead. Chambers, (O0) SERPENTE , ( Papeterie. ) efpece de papier qui prend fon nom du ferpent dont 1l eft marqué; il eft du nombre des petites fortes de papier ; fon ufage ordi- naire eft pour faire des éventails. (D. J. SERPENTEAU , {. m.( Arrifice.) les artificiers appellent ainfi de petites fufées volantes fans baguet- tes , qui au lieu d'aller droit en haut , montent ob- liquement, & defcendent en tournoyant çà & là, & comme en ferpentant fans s'élever bien haut. On fe fert de la compoñition des fufées volantes pour les faire; à l'égard de leur conffruétion , il faut prendre des baguettes de fer, rouler deflus deux cartes à jouer l’une fur Pautre, qui feront couvertes d’un papier , enforte que ce papier paroïfle toujours deflus , & que les cartes foient au-dedans ; il fera néceflaire de mouiller un peu ces cartes, pour les rendre plus maniables; mais il faut ne les employer que feches ; on collera avec de la colle faite de farine &c d’eau , ce papier dans toute fa longueur , pour larrèter. Onprend la culotte du moule, que lon fait en- trer par un des bouts du /érpenreau, 8&cen cet endroit on l’étrangle avec de la ficelle à paulmier, que l’on graifle d’un.peu de favon , &c quand il a été étran- glé , vousle liez avec un peu de fil. On rapporte enfuiteunautre moule N par deflusce Jérpenteau , qui par ce moyen fe trouve enfermé de- dans ; on le charge de la compoñtion marquée ci- deflus ,| avec un tuyau de plume, & d’abord on ÿ en fait entrer jufque environ au milieu du férpenteau; on tefoule la compofition avec la même baguette de fer , fur laquelle le Jerpenteau a été roulé , & l’on frappe deflus avec quelque palette ou léger maillet, Lorfque ce Jérpentean eft chargé à moitié, lon y fait entrer un grain de vefle, & lon acheve de le charger avec de la poudre grenée , jufqu’à une dife tance du bout, pour y pouvoir mettre un petit tam- pon de papier mâché, que l’on frappe par - deflus avec la baguette de fer; ce papier étant entré, & laïffant un petit efpace vuide au-deflus de lui, on étrangle le /erpenteau dans cet endroit, & on le lie avec un bout de fil, comme on l’a fait de l’autre cÔ- té , avec cette différence que ce bout-ci eft tout fer- mé, & que l’autre a confervé l’ouverture qui y a été faite par l'aiguille ou broche qu’on a fait entrer dedans ; on remplit enfuitece vuide d’un peu d’a- morce que l’on fait avec delapoudre écrafée & pai- trie avec de l’eau. On donne encore le nom de férpenteau, à un cer- cle de fer muni de petites grenades chaïgées, & de pointes aiguës , qu'on jette fur une breche. SERPENTEMENT ,. f m. ( Géom.) partie d’une courbe qui va en ferpentant. Le caractere du /érpersement eft que la courbe peut SER étrecoupée en 4 points, par une même ligne droites ainfiles Jérpentemens ne peuvent fe trouver que dané les lignes du quatrième ordre, Voyez Course & ÉQUATION, | On appelle féfpentement infiniment petit , celui où on peut imaginer une ordonnée, quiétant fuppofée touchante de la courbe, y ait 4.valeurs égales, ou davañtage ; par exemple le courbe qui a pour équa= 4 tion y = y” x a un /érpentement infiniment petit à fon origine, puifque fi on tranfporte l’origine à une dif- tance —4 , en confervant toujours les, on aura en rt fafant y= 224, léquation 24 = x, qui donne lorfque x = 0 , quatre valeurs de à , toute égales à &. C’eit pourquoi un point d’un courbe fera un /er- pertenent inhmment petit, fi en tran{portant l’ori- gine en ce point, & rendant les nouvelles ordon- nées z paralleles à la tangente en ce même point , on a en ce point # # — 475, 3 étant un nombre impair quelconque < 4: LEE Si on avoit 4 = 475, le point de Jérpentement feroit avec inflexion,, fi on avoitué = 475, lepoint de /érpentement feroït double ; fiu7 = 475, il feroit double avec inflexion , & ainf de fuire. Voyez le traité des courbes de M. Cramer. (O SERPENTER , v. n. (Gram, ) c’eft fe mouvoir d’une maniere tortueufe ; comme le ferpent, 74 oVez SERPENTEMENT. # ï SERPENTER , £erme de Manege , c’eft conduire un cheval en ferpentant, & tracer une pifte tournée en ondes. Le mot /érpenter a été fubftitué à celui de fer- péger, quin’eft plusen ufage. (D.J.) SERPENTIN, f m, (Chimie.) long canal en zig-zag interpoié entre la cucurbite & le récipient dans le grand alembic à efprit-de-vin , & à rettifications. Cetappareil difilatoire n’eft prefque plus employé par les artiftes modernes, & 1l eft en effet d’un ufa- ge fort ncommode &c aflez inutile , du moins pour les opérations communes-qu'on avoit coutume d'y exécuter, la diftillation de l’efprit-de-vin par exem- ple, voyez DISTILLATION 6: ÉsPRIT-DE-VIN , fous le mor VIN. On donne auffi le nom de férpentin à une efpece de réfrigerant, Voyez RÉFRIGERANT. (4) SERPENTIN , cerme de l'Art militaire; c’eft propre- ment le chien du moufquet ou la partie de la platine qui tient la meche, avec laquelle on met le feu au moufquet. Foyez CHIEN. SERPENTIN, {.m. serme de relation; C’eft un ha- mac de coton dans lequel les gens riches fe font por- ter au Bréfil. Ces hamacs de coton s’appellent férpez- tins ; 8t ce nom leur vient peut-être de ce qu'ils font faits fur le modele de ceux dans lefquels les fauva- ges dorment, après les avoir fufpendus entte deux arbres, pour éviter les ferpens. (D. J. SERPENTINE , ff. (Hifi, nat, Licholog.) ophires, Jerpentinum marmor. marmor zoeblicenfe. Pierre du genre de celles qu'on appelle o//aires , qui eft ordi- nairement verte ou grile, remplie detaches noires ou blanches ; elle eft douce au toucher, peu dure & facile à tailler ; M, Pott la met au nombre des pier- res argilleufes , à caufe de la propriété qw’elle a de fe durcir dans le feu , & de ne point faire effervefcen- ce avec les acides. Par ces qualités la férpenrine dif. fere eflentiellement du marbre , & l’on voit que c’eft à tort que quelques naturaliftes Pont mife dans ce genre; peut-être qu'ils ont été trompés par des mar- bres dont la couleur pouvoit être la même que celle de quelques /erpentines, Son nom lui vient de ce qu’el- le reffemble à la peau d’un ferpent. La ferpentine {e trouve {ur-tout à Zoeblitz en Mif- nie ; voilà pourquoi on l’a quelquefois nommée war- mor zoeblicenfe. La facilité avec laquelle cette pierre {e taille fait qu'on en forme une infinité de vaifleaux, de SER de boîtes, d’écritoires, &c. ane l’on tranfporte fort foin. | On a été autrefois dans le préjugé de croire que la ferpentine avoit la vertu de déceler les poifons; mais 1l ne faudroit confeiller à perfonne d’en faire l’expé. rience. On voit parce qui précede, que cette pierre, à exception des couleurs & des accidens, ne differé en rien de la pierre de lard & des autres pierres ol- laires. Voyez OLLAIRES. SERPENTINE , ( Maréchal.) langue ferpeñtine. Voyez LANGUE. SERPER , ferme de Galere ; c’eft lever l'ancre. SERPERASTRUM, (Liriérar.) forte d’écliffe de | bois que les Romains attachoient aux jambes des en- fans pour les fedrefler, Cicéron appelle figurément Jeperaftra les officiers d’une cohorte romaine , chat- gés de rétablir l’ordre dans la province , comme les éclifles redrefloient les jambes cagneufes. (D, J.). . SERPETTE, L f. ( Ouril d’Agriculs.) petite ferpe qui fert aux vignerons & aux jardiniers à tailler, à enter Les arbres & à faire les vignes. Pour tailler les arbres, foit branches, foit racines, : où a néceflairement befoin de deux bons outils; fa- voir, d’une érpetre 8 d’une fcie. La ferpere fert à couper rout d’un coup le bois qui eft jeune &c vif, tendre, bien placé, & d’une groffleur médiocre, f bien qu'il ne faut jamais employer la férperre à l’en- droit où {on tranchant s’'émoufleroit aufli-tôt, & où la fcie feroit mieux qu’elle. Quelques érpesres font trop courtes, eu égard à leur longueur , & d’autres ne le font pas aflez, I] faut qu’elles tiennent un jufte milieu. La matiere doit être d’un bon acier & bien trem- pé; de forte que le tranchant ne fe rebroufle, ne s’é- graine ou ne s’ébreche pas aifément. Il faut qu’elles {oient bien aflilées, fouvent nettoyées de la crafle -quis’y atfache en travaillant, & qu’elles foient au- tant de fois repaflées qu'on s’appercçoit que le tran- chant ne coupe pas bien, c’eft-à-dire qu’elles ne paf fent pas aifément à proportion de l'effort qu’on fait. __- Quand on a beaucoup d'arbres à tailler , il eft be- foin d’avoir beaucoup de /érpertes pour en changer fouvent. Il faut encore que l’alumelle de ces ferpestes foit de médiocre grandeur, c’eft- à- dire qu’elle ne foit que d'environ deux pouces, jufqu’à l'endroit où la coutbure du dos commence ; & enfuite toute la courbure, jufqu’à l'extrémité de la pointe, doit en- core avoir deux pouces ; enforte que le tour du de- hors ne foit que de quatre pouces en tout. Le man- che doit tirer plus au quarré qu’au rond, & le bois de cerf y eft très-propre. Il faut que ce manche foit d'une groffeur raffonnable pour que la main foit plei- ne, & qu'elle le puifle tenir bien ferme, fans qu’il tourne ou qu'il lui échappe en faifant effort ; une grofieur de deux pouces & huit lignes , ou tout au plus de troïs pouces, eft celle qu’il faut pour l'ufage d’un homme qui fe plaît à tailler toutes fortes d’ar- bres , & c’eft une des plus utiles occupations de la campaghe; c'étoit celle du grec dont parle Aulu- gelle: Un Jage affez Jemblable au vieillard de Viroite, | Homrmeégalant les rois, hemme approchant des dieux Æt comine ces derniers, fatisfait 6 tranquille. Son bonheur confiftoir aux beautés d’un jardin. Un Scythe Py trouva, qui la ferpe à la main , De fès arbres à fruit retranchoit l'inurile , ÆEbranchoit , émondoit, éroivceci, cela, Corrigeant par-tout la nature, # Exceffive a payer fes foins avec ufure. (D.J.) SERPHO oz SERFO ox SERFOU , (Géog. mod.) ile de PArchipel, connue des anciens Grecs & Ro- _ Tome XF. SER ÊLE Mains; fous le nom de feriphos &c ferphirs. Voyez SE: RIPHUS. | . Les François nomment cette île Sériphe ; les An: glois , Serfanto ; &c les Italiens, Serfino. Le périple de Scylax & Strabon , la mettent au nombre des Cy- clades; mais Etienne le géographe la compte entre. les Sporades ; elle eft fituée à 36 degrés, 6 de Zar, feptentrionale, à 20 lieues nord-oueft de Naxie, à 30 de la côte orientale de la Morée, &c à,12 milles N. O. de Siphantho. Pline ne donne que 12 milles de circuit à cetteile, quoiqu’elle en ait plus de 36. Son port l’a rendu recommandable, même du tems de la belle Grece; cependant il ne faut pas chercher des antiquités dans Serpko : cette Île n’a jamais été nt puiffante , ni magnifique ; c’eft un petit pays dont les montagnes font rudes & efcarpées, couvertes de pierres & de rochers , & l’on y trouve encore ceux qui ont donné lieu à la fable de Perfée, Séneque parle de cette île , comme d’une île inculte , & le Scholiafte d’Ariftophane la qualifie de très-chétive. Il y a beaucoup d’appatence que les mines de fer &c d’aimant de cette ile , n’éroient pas connues dans ce tems-là ; car on n’auroit pas manqué d’en attribuer la produétion au pouvoir de la Gorgone; cependant ces mines {ont à fleur de terre, & les pluies les dé- couvrent tous les jours. La mine de fer y eft éroilée en plufieurs endroits , comme le régule d’antimoine étoilé. Celles d'aimant y font fort abondantes ; mais pour en avoir de bons morceaux, il faudroit creufer profondément, ce qui eft très-dificile dans un pays où parmi tant de fer, à péine trouve-t-on des outils propres à arracher les oignons qu’ils cultivent par- mi leurs rochers dans de petits fonds humides; ces oignons font fort doux, au lieu que les oignons de Siphanto font aufli âcres que ceux de Provence. Enfin, les habitans de Serpho font f glorieux d’a- voir de fi bons oignons, &c ils les trouvent fi déli- cieux, qu'ils ne s’avifent päs de prendre les perdrix qui mangent la moitié de leurs grains &c de leurs raï- fins. Il n’y a dans cette île qu’un bourg qui porte le même nom ; & un méchant hameau appellé Sex-N5- colo. | L , Le bourg eft autout d’une roche affreufe à 3 mil= les du port, & ce port qui eft d’une grande beauté ne fert de retraite qu’à des vaifleaux dévoyés dans une violente tempête , qui viennent s’y, mettre à couvert de la fureur des vagues ; car Les habitans de File font auffi fainéans 8c auffi méprifables que leurs ancêtres. Îls font pauvres, grofiers, parlent un grec fort corrompu, & le prononcent d’une maniere niai- fe &c rifible. Ils ne recueillent qu’un peu d’orge & de vin, ne forment dans toute lile qu'environ mille perfonnes, qui payent huit cens écus de taille réelle êt de capitation: va. Le . L'ile eft gouvernée pour Le fpirituel pat un vicaire de l’évêque de Siphanto. Les meïlleures terres appar: tiennent aux moines de $, Michel, dont le couvent eft au nord, à deux lieues du boure, & habité par des caloyers fous la direétion d’un abbé, Nous remar- querons en pañlant, que quoïiqu’en France on com: prenne tous les moines grecs fous le nom de ca/oyers, il n’en eft pas de miême en Grece ; il n’y a que les freres qui s’appellent ainfi, cat pour ceux qui font prêtres, ils fe nomment Zéromonaches, M. de Tournefort étant à Serpho, dit qu'après les mines d’aimant, la plus belle chofe qu'il y ait dans cette ile en fait d'hifoire naturelle, eft une efpece d’œillet, dont le tronc vient eñ atbriffeau dans les fentes de ces horribles rochers qui font au-deflus du bourg ; c’eft le caryophyllus grecus , arboreus, leu coi folio peramaro. Corol. I. R, H. 53. (D. J.) … SERPIGO , f. m. ez Médecine, c’eft une efpece de herpes, appellée vulgairement darsre, Voyez HERPES 6 DARTRE, à ; IT4 SER Cette maladie confifte en un grand nombre de très-petites puftules, qui s’élevent très-près les unes des autres; quelquefois en forme circulaire, en cau- fant des démangeaifons & des douleurs très-prandes; elles ne viennent jamais à fuppuration, & onne les guérit qu'avec beaucoup de difiiculté; car après qu’elles ont paru entierement diffipées, elles repa- roifient fort fouvent en différens tems de l’année. Le peuple les frotte ordinairement avec de l'encre; mais quand la maladie eft fixée, 1l faut premierement employer quelques remedes généraux. Voyez Lr- CHEN , IMPETIGO, Éc. SERPILLER , v. n. (Jardinage.) terme fort ufñté dans le jardinage ; c’eft couper des deux côtés juf- qu’au maitre-brin , des paliflades trop épaiñles, qui fans ce foin déchoieroïent bientôt de leur beauté. Il eft vrai que cette opération les dégarnit la premiere année; mais elles pouffent fi vigoureufement de tous côtés, qu’elles en font plus belles la feconde année. SERPILLIERE , f. £ (Emballage.) forte de groffe toile que quelques marchands font pendre aux au- vents de leurs boutiques, pour ôter une partie du jour, afin d'empêcher qu’on ne découvre facilement les défettuoftés qui fe rencontrent fur leurs mar- chandifes, Ce mot fe dit encore d’une forte de très- grofle toile de fort bas prix, dont les marchands & les Emballeurs fe fervent pour emballer leurs marchan- difes. La plupart des marchands qui vont aux foires, renvoient chez eux les ferpillieres qui ont fervi aux emballages des marchandifes qu'ils ont vendues. On fe fert auffi de ferpillieres pour faire destorchons, Sa- vary. (D. J.) SERPOLET , f. m. ferpillum, (Hiff. nat. Botan.) genre de plante qui ne differe du thym qu’en ce que {es tiges font plus bafles, moins dures &t moins ligneufes. Tournefort , 2f£. rei. herb. Voyez PLANTE. Ce genre de plante fi bien nommé par les Anglois, he mother of thyme, plait beaucoup par fon odeur agréable, & par fes jolies fleurs. Tournefort en com- pte douze efpeces ; mais je m’arrèterai à la plus efti- mée dans la Médecine : c’eft le petit ferpoler . férpil- lum vulgare minus, inf?. rei herb. 197. Sa racine ef menue ; ligneufe, vivace , brune, garnie de fibres ca- pilaires. Elle poufle plufieurs petites tiges, quar- rées, dures, rougeâtres êc bafles ; les unes s’élevent droites à la hauteur de la main; les autres ferpentent & s’attachent çà @c là à lafurface de la terre par des fi- bres déliées, d’où lui vientfon nom, tanten grec qu’en latin. Ses feuilles font petites, vertes, un peu plus larges que celles du thym, arrondies, nerveufes, d’un août âcre & aromatique. Ses fleurs naïflent aux fom- mets des tiges, petites, difpofées en maniere de tête, de couleur ordinairement purpurine, quelquefois blanche; chacune d'elles eft un tuyau découpé parle , haut en deux levres, & foutenu par un calice fait en cornet. Lorfque ces fleurs font tombées, il leur fuc- cede de petites femences prefque rondes, renfer- mées dans une capfule, qui a fervi de calice à la fleur. Cette plante croît aux lieux incultes, montagneux, fecs, rudes, fablonneux, nierreux; dans Les champs; dans les pâturages; en un mot prefque par-tout. El- le fleurit au mois de Mai. Elle répand une odeur agréable, & a un goût aromatique. (D. J.) SERPOLET , (Mar. mméd.) ferpoles citroné &c petit ferpoler ; on emploie indifféremment ces deux plan- tes. Elles ont les vertus & les ufages communs de la plupart des plantes à fleurs labiées de Tournefort, qui font aromatiques &c chargées d’huile effentielle. . Le ferpoler a fur-tout la plus grande analogie avec la marjolaine, le baflic, l’origan &z le thym. Ces plan- tes conflituent dans cette clafle, relativement à leur compofition naturelle & à leurs vertus médicinales, MER une divifon fpéciñée par une douceur finsuliere dans leurs principes aétifs , un degré d'énergie moyen où tempéré. Foyez MARIOLAINE 6 THYM. SERRE 04 SERROŒU, (Géo. mod.) ville de la feconde Macédoine, dans Pexarchat de ce nom, fur la mer Blanche, vers l'embouchure du Stromone. Elle étoit évêché dans le v. fiecle, & archevêché ho- noraire dans leix. (DJ) _ SERRAGE oz SERRES du vaifleau, Voyez Waï- GRES. SERRAIL, (Arche, turque.) palais deffiné à ren- fermer les fultanes &c les efclaves de l’empereur turc & perfan. Les feigneurs de ces deux empires ont auf des férrails proportionnés à leurs facultés 8 à leur puifflance ; mais 1l ne s’agira dans cet arjicle que du Jérrail de Conftantinople , nommé padifcha-ferai , pa- lais de l’empereur ; ferai d’où nous avons fair le mot ferrail, veut dire palais, & padiftha, empereur. Ce palais eft à gauche tout à lentréé du port, 8 occupe la place de l’ancienne ville de Byzance, fur la pointe de la prefqu'ile de Thrace, où eft précife- ment le Bofphore. Le Jerrail qui eft Pouvrage de Ma- homet IL. a près de trois milles de circuit; c’eft une efpece de triangle, dont le côté tenant à la ville eftie plus grand, celui qui eft mouillé par les eaux du Bofphore eft à left, & l’autre qui forme l'entrée du oft eff au nord: les appartemens font fur la hau- teur de la colline, & les jardins fur le bas jufqu'à la mer. | Quelque grande que foit cette enceinte, les de- hors du palais n’ont rien de rare ; &c s’il faut juger de la beauté des jardins par Les cyprès que l’on y décou- vre, l’on conviendra qu’ils ne font pâs mieux enten- dus que ceux des particuliers. On affeëte de planter dans le férrail des arbres toujours verds, pour déro- beraux habitans de Galata & des autres eux voifins, la vûe des fultanes qui s'y promenent. Quoiqu’on ne voie que les dehors du /érrail, il eft à préfumer que l’intérieur de ce palais n’a rien de ce que nous appellons fuperbe & magnifique ; parce que les Turcs ne favent guere ce que c’eft que magnift- cence en bâtimens , & ne fuivent aucune reole de bonne architecture, S'ils ont fait de belles mofquées, c’eft qu'ils avoient un beau modele devant leurs yeux, qui étoit l’églife de Ste Sophie; encore ne fau- droit-1l pas fuivre un pareil modele pour bâtir des palais fuivant Les regles de la bonne architeéture. On s’appercoiït aifément en voyant les grands combles des kiofcs ou pavillons turcs, que l’on commence à s'éloigner d'Italie, & à s'approcher de la Perfe & mê- me de la Chine. Les appartemens du /érrail ont été faits en différens tems, & fuivant le caprice des princes & des fulta- nes ; ainfi ce fameux palais eft un aflemblage de plu- fieurs corps de logis, entaflés fouvent les uns fur les autres, & {éparés en quelques endroits. On ne doute pas que les appartemens ne foient fpacieux & riche- ment meublés. Leurs plus beaux ornemens ne conf ftent ni en tableaux, n1 en ftatues; ce font des pein- tures à la turque, parquetées d’or & d'azur, entre- mélées de fleurs, de payfages, de culs-de-lampes, & de cartouches chargés de fentences arabes, comme dans les maïfons des particuliers de Conftantinople. Les baflins de marbre, les bains, les fontaines jail- liffantes, font les délices des Orientaux,-qui les pla-. cent aux premiers étages , fans craindre detrop char- ger le plancher. C’éroit auffi le goût des Sarrafins &e des Maures, commeil paroiït par leurs anciens palais, & fur-tout par celui de l’Alhambra qui eft à Grenade en Efpagne, où l’on montre encore comme un pro- dige d'architecture, le pavé de la falle des Lions, qui eft fait de plaques de marbre plus grandes que celles des tombes de nos églifes. S'il y a quelques beaux morceaux dans le ferrac?, SEÆER ce font des pieces que les ambañladeurs des princes ÿ ont fait apporter, commedes glaces de France & de Venife, des tapis de Perfe, des vafes d'Orient, On dit que la plupart des pavillons y font foutenus par des arcades , au-deflous defquelles font les logemens des officiers qui fervent les fultanes. Ces dames occu- pent les deflus, qui font ordinairement terminés en dômes couverts ae plomb, ou en pointes chargées de croiflans dorés ; les balcons, les galeries, les cabi- nets, les belveders, font les endroits les plus agréa- bles de ces appartemens. Enfin à tout prendre de la maniere qu'on dépeint ce palais , il ne laiffe pas de répondre à la grandeur de fon maître ; mais pour en faire un bel édifice , 1l faudroit le mettre à-bas, & fe fervir des matériaux pouren bâtir un autre {ur un nouveau modele. ; L'entrée principale du Jerrail, eft un gros pavillon à huit croifées ouvertes au-deflus de la porte ; une grande entrée qui eft fur la porte même, quatre plus petites à gauche fur la même ligne, & autant de même grandeur à droite. Cette porte dont l'empire ottoman a pris le nom, eft fort haute, fimple, cein- trée en demi-cercle, avec une infcription arabe fous le ceintre; & deux niches, une de chaque côté, creulées dans l’épaiffeur du mur. Elle reflemble plutôt à un corps-de-varde, aw’à lentrée du palais d’un des plus grands princes du monde: c’eit pourtant Mahomet If. qui la fit bâtir ; & pour marquer que c’eft une maïfon royale, le comble du pavillon de Pentrée eft relevé de deux tourillons : $o capigis ou portiers, font commandés pour la garde de cette porte ; mais ils n’ont ordinai- rement pour arme qu'une baguette à la main. On entre d’abord dans une grande cour, beaucoup _plus longue que large; à droite font les infirmeries , à gauche les logemens des azancoglans, c’eft-à.-dire des perfonnes deftinées aux charges les plus viles du Jérrail; la cour des azancoplans renferme les chan- tiers pour le bois qui fe brûle dans le palais; on y en met tous les ans quarante mille voies, & chaque voie eft une charretée que deux bufles ont peine à tirer. | Tout le monde peut entrer dans la premiere cour du férrail ; les comeftiques & les efclaves des pachas &t des agas qui ont affaire à la cour, y reftent pour attendre leurs maîtres, & prendre foin de leurs che- Vaux: mais On y éntendroit pour ainfi dire voler une mouche ; & fi quelqu’un y rompoit le filence par un ton de voix un peu trop élevé , ou qu'il parût man- quer de refpeét pour la maïfon du prince, il feroit bâtonné fur le champ par les officiers qui font la ron- de : il femble même que les chevaux connoïflent où ils font, & fans doute ils font dreflésà y marcher plus doucement que dans les rues. Les infirmeries font deftinées pour les malades de la maifon; on les y conduit dans de petits chariots fermés, & tirés par deux hommes. Quand la cour eft à Conftantinople, le premier médecin & le pre- mier chirurgien y font leurs vifites tous les jours , &c Von aflure que l’on y prend grand foin des malades : on dit même qu'il y en a plufieurs qui ne font pas trop incommodés, & qui n’y vont que pours’y repo- fer & pour y boire du vin ; l’'ufage de cette liqueur, défendue févérement partout ailleurs, eft toléré dans les infirmeries, pourvû que l’eunuque qui eft à la porte, ne furprenne pas ceux qui le portent; car en ce cas, le vin eftrépandu parterre, & les porteurs font condamnés à deux ou trois cens coups de bA- ton. De la premiere cour on pañle à la feconde ; {on en- trée eft auffi gardée par jo capigis. Cette cour eft quarrée, d’environ 300 pas de diametre, mais plus belle & plus agréable que la prémiere ; les chemins en font pavés, & les allées bien entretenues ; tout le Tome XP, SER t1$ refte eft eh gazon fort propre, dont la verdute n'eft interrompue que par des fontaines qui en entretien- nent [a fraicheur, | Le tréfor du grand-feigneur, &c la petite écurie 16nt à gauche, & l’on y montre une fontaine où l'on faloit autrefois couper la tête aux pachas condam nés à mort; les offices & les cufines font à drois te, embellies de leurs dômes, mais fans cheminées : on y allume le feu dans le milieu, & la fumée pañe par des trous dont les dômes font percés. La premie- re de ces cuifines eft deftinée pour le grand-feisneuts la feconde pour la premiere fultane, & la troifieme pour les autres fultanes; la quatrieme pour le capi- aga Où commandant des portes; dans la cinquieme où prépare à manger pout les miniftres qui fe trou: ventau divan; la fixieme eft pour les pages du grand: feigneur , que l’on nomme ichoglans ; la feptieme eft pour les officiers du /érrail; la huitieme pour les fem: mes & les filles qui fervent dans ce palais ; la neus vieme pour tous ceux qui font obligés de fe trouver dans la cour du divan les jours de juftice. On n’y ap: prête guere de oibier ; mais outre les quarante mille bœufs que lon y confomme tous les ans, frais où fa- lés , les pourvoyeurs doivent fournir tous les jours 200 MOUTONS ; 100 agneaux ou chevreaux , fuivant les faïfons ; ro veaux ; 200 poules; 200 paires de poulets; 100 paires de pigeons; so oïfons, VoilÀ pour nourrir bien du monde. . Tout à Pentour de la cour regne une salerie aflez baffe, couverte de plomb &foutenue par des colonnes de marbre. Il n’y a que le grand-feigneur qui entre à cheval dans cette cour; c’eft pour cela que la petite écurie sy trouve, mais il n’y a de place que pour environ 30 chevaux; on ferre les harnois dans des falles qui font au-deflus, & ce font les plus riches harnoïs du monde, par la broderie &cles pierres pré- cieufes dont ils font relevés. La grande écurie dans laquelle on entretient en- viron mille chevaux pour les officiers du grand-fei- | gneur, eft du côté de la mer fur le Bofphore, Les À: f Jours que les ambfladeurs font recus à l’audience, les janiflaires proprement vétus fe rangent à droite fous la galerie. La falle où fe tient le divan, c’eft-à- dire où l’on rend la juftice, eft à gauche tout au fond. de cette cour ; à droite eft une porte par où l’on en- tre dans l’intérieur du Jérra/: le paflage n’en ett permis qu'aux perfonnes mandées. Pour la falle du confeil ou divan , elle eft grande, mais baffle, couverte de plomb, lambrifée & dorée aflez fimplement à la morefque. On n'y voit qu'un grand tapis étendu fur l’eftrade, où fe mettent les oficiers qui compofent le confeil ; c’eft-là que le grand-vifir , afifté de fes confeillers , juge fans ap- pel de toutes les caufes civiles & criminelles : le caimacan tient fa place en fon abfence, & lon ‘donne à manger aux ambaffadeurs le jour de leur au= dience. Voilà tout ce qu'il eft libre aux étrangers de voir dans le /érrail; pour pénétrer plus avant la cu- riofité coûteroit trop cher. Les dehors de ce palais du côté du port, n’ont rien de remarquable que le kiofc ou pavillon, qui eff vis- a-vis de Galata; ce pavillon eft foutenu par douze colonnes de marbre ; 1! eft lambrifé, peint à la per- fienne & richement meublé. Le grand-feigneur y vient quelquefois pour avoir le plaifir de remarquer ce qui fe pafle danslepert, on pour s’embarquer lor{- qu'il veut fe promener fur le canal. Le pavilion qui eft du côté du Bofphore , eft plus élevé que celui du port, &il eft bâtifur des arcades qui foutiennent trois falons terminés par des dômes dorés. Le prince s’y vient divertir avec fes femmes êc fes muets: tous ces quais font couverts d'artillerie, mais fans affuts ; la plüpart des canons font braqués à fleur d’eau; le plus gros qui eft celui que PRÉESRe TET 116 SE R dit-on, Babylone à fe réndre à fultan Mourat, eft par difinion dans une loge particuliere. Cette ar- tillerie fait grand plaifir aux Mahométans ; car on la tite pour les avertir que le carême eft fini, & qu'ilne faut plus jeûner : on la décharge auffi les jours deré- jouiflance, & pour les conquêtes des fultans ou de leurs généraux, Telle eft la defcription qu'a donné Tournefort du férrail &x de fes dépendances. La parefle afiatique rend de tels palais des lieux de délices pour tous Les hom- es de la cour du prince; des gens qui ne craignent que le travail, peuvent trouver leuï bonheur dans des lieux où l’on n’a rien à faire. Mais quels peuvent être les plaïfirs & les amufemens des femmes du ful- tan, qui font à jamais enfermées dans ces fottes de prifons ? On eft difpenfé d’en rien favoir, puifque ces dames ne tombent pas plus fous les fens d’aucun étranger, que fñ elles étoient des efprits purs. Ces beautés rares deMengrélie & deGeorgiene font faites que pour amufer le fultan, & pour faire enrager les eunuques. Tous les gouverneurs des provinces font à l’envi préfent au grand - fergneur, des plus belles perfonnes de l'empire, son-eulement pour lui plai- re, mais pour tâcher de fe faire des créatures dans le palais , qui puiflent les avancer. Ce n’eft point la naiflance qui regle les prérogatives des filles que leur fort conduit dans le ferai, c’eft leur beauté, au goût du grand-feigneur,, qui peut faire leur fortune. Ainfi la fille d’un berger peut devenir fultane favorite, &r l'emporter fur cent autresque le fultan jugeà-propos de négliger. Après fa mortles femmes qu'il a daigné honorer de fes carefles, & les filles majeures pañlent dans Île vieux /érrail de Conftantinople où elles fechent de langueur. Le vieux /érrail qui eft proche de la mof- quée du fultan Bajazet, fut bâti par Mahomet. On y confine ces pauvres femmes ou filles pour y pleurer tout à loifir la mort du prince ou celle deleuts enfans, que le nouveau fultan fair quelquefois étrangler. Ce feroit un crime depleurer dans le /érrailoh loge Pem- pereur ; au contraire chacun s’emprefle d'y témoi- gner de la joie pour fon avénement à l'empire. Les plus jeunes filles font quelquefois réfervées pour lui, ou mariées à des pachas qui les recherchent , au re- fus du fultan. Quoi qu'il en foit, comme c’eft un cri- me de voir celles quireftent dansle palais, 1l ne faut point compter fur tout ce qu’on en a écrit; quand même on pourroit trouver le moyen d'y entrer un feul inftant, qui eft-ce qui voudroit mourir pour un coup d'œil fi mal employé? Tout cé quon peut penfer de mieux, c’eft de regarder les fultanes favo- rités comme les moins malheureufes efclaves qui foient au monde. Mais dé combien la liberté eft-elle préférable à un fi foible bonheur ! (D. J.) SERRAIN , ( Géog. mod.) petite ville dé PArabie heureufe, fur lebord de la mer. Elle eft éloignée de la Mecque de quatre journées. (D. J.) SERRAN, SERRANT,SERRAT AN, f. m.( Æi/?. nat. Ichthiolog. ) hiaticula , poiflon de la haute mer, qui reflemble au loup marin par la forme du corps & parl’ouverture de la bouche. Voyez LOUP MARIN. Le férran a la machoire inférieure plus longue & plus avancée que la fupérieure , les dents pointues &c les yeux petits ; il reflemble au tourd par les nageoires, par la queue, par les aiguillons &c par Les ouies. Voyez Tourp. Le dos eft en partie rouge, & en partie noir ; il y a furles côtés du corps des traits roux qui s’étendent depuis la tête jufqu’à là queue ; la nageoiïre de la queue eft rouffâtre , & la queue a des taches roufles. Le /érran fe nourrit de poiflon ; fa chair eft un peu plus dure que celle de la perche, Rondelet, #iff. na. des poiffons ; 1. part. div. WI. ch, ix. Voyez POISSON. SERRANA ox SERRANO , ( Géog. mod. ) petite SER ile de l'Amérique feptentrionale, dans Ja mer du Nord, entre la Jamaique &c les côtes de Nicaragna. Elle eft déferte , n'ayant pas un feul arbre, pas un brin d'herbe , pas la moindre fource d’eau douce. Son circuit eft d'environ deux lieues, (D. J.) SERRANT , voyez VERDIERE. SERRATA , f. f.( Botan. anc. ) nom donné par quelques auteurs romains à la plante que les Gaulois nommoïent , felon Pline, beronica | mais qui paroit cependant être la même que notre farriette. Il y avoit une autre plante appellée /érrara, que Pline dit être la germandrée des Grecs ; je crois qu'il fe trompe. CDITR) En SERRATAN, voyez SERRANT. SERRAVALEÉE 04 SARRAVALLE, ( Géog.mod.) petite ville d'Italie, dans l’état de Venife, au Tre- vifan , à deux milles nord-eft de Cénéda, Long. 20. Sz. lait, 46. 1. Il ÿ a un gros bourg de même nom dans le duché de Milan , aux confins du Tortonnèfe & de l’état de Gênes, près de la petite riviere de Scrivia, Ce bourg donne fon nom à un petit territoire qui eft comme enclavé dans l’état de Gènes. (D. J.) SERRE, . f. (Econom.ruft. ) couvert pour mettre certaines plantes pendant l’hiver ; c’eft une efpece. de falle de trois, quatre ou cinqtoifes de largeur fur une longueur proportionnée au rez-de-chauilée d’un jardin, expofée pour le mieux au midi, bien percée pour en recevoir le foleil, & clofe de porres & chafis doubles, dans lefquelles on ferre les ar- briffeaux, les orangers, Les fleurs & les fruits, qui ne peuvent pas foufirir la rigueur de l'hiver, Ïl y a beaucoup d'art &r d'intelligence dans la con£ truétion des Jerres , & plufieurs jardiniers, faute d’en être inftruits , en ont fouvent éprouvé du dommage, comme, par exemple , fi les perfonnes qui ont bâti des Jérres pour conferver des plantes en hiver , n’ont pas eu foin d'y donner accès au foleil par des fené- tres difpofées de façon que les rayons puiffent par- venir jufqu’au fond ; fans quoi , toutes chofes d’ail- leurs égales , 1l fe trouve une humidité froide qui venant à tomber fur les plantes, fait périr prefque toutes les plus tendres. Il faut donc que ces fèrres expolées direétement au midi foient conftruites de maniere qu’elles aient des vitrages bien tranfparens, &t qui s'étendent , s’il eftpoffble, jufqu’au pavé, en faifant avec la perpendiculaire un angle de 14 degrés 30. Enfuite le plafond doit être bâti de forte que dans le pays où l'élévation du pole eft de 2 degrés Z, il fafle avec la ligne horifontale tirée du haut des fenêtres vers la paroi oppoiée , un angle de 20 de- rés 30 |. +: Le détail de la bonne conftruétion des férres nous conduiroit trop loin, & demanderoit des figures en nombre. Il faut en prendre des modeles fur celles de Hollande & d'Angleterre ; car notre nation n’eft pas encore aïlez éclairée fur ces fortes de bâtimens con- facrés à Pavancement de la Botanique ; nous ai- mons mieux des avenues éloignées | & des champs ftériles. Voyez les PL, d’Agriculr. (D. J) SERRE, ( Géog. mod, ) nom d’une riviere & de deux bourgs de France , que nos géographes appel- lent perites villes. La riviere coule en Champagne, prend fa fource dans la Thiérache, & fe jette dans lOiïfe à la Fere. Les deux bourgs font dans le Dauphiné : Pun à quatre lieues de Saint-Marcellin, éleétion de Ro- mans ; l’autre eft dans les montägnes , à cinq lieues de Sifteron. (D. J.) SERRE , (Fonderie, ) terme de fondeurs des me- nus ouvrages ; c’eft une des deux fortes de prefles dont ces ouvriers fe fervent pour ferrer, & prefler une contre l’autreles deux parties de leurs moules. (D: J) | SERRE, ff, ( Sucrérie,) coin long & plat de fer & de buis, dont on fe fert pour arrêter les rouleaux ou cylindres de bois, dont on remplit les tambours de fer des moulins à fucre. (D. J) | SERRE, { f. (rerme de Vigneron: ) preflurage du marc de ranfin au prefloir. Ce mot énergique he de- vroit pas refter confiné dans lès provinces qui pro- duifent du vin blanc. | | Pour faire ce vin blanc, oh commence par jetter Les raifins fur le preffoir fans les fouler dans la cuve. Après avoir donné proprement la premiere férre, on releve les raifins qui fe font écartés de la mafle , & on donne la feconde/érre; enfuite avec une grande pelle tranchante ou taille quarrément les extrémités de la mafle des raifins ; on rejette par-deflus tout ce quiacéte taillé des côtés, & on donne la troïfieme ferre qu’on appellé pour cette raifon la premiere taille. (D.J) | | SERRES , ferme de Fauconnerie, ce font les ongles & les griffes d’un oïfeau de proie. SERRÉ CHEVAL, ( Marege.) on nomme cheval ferré un cheval qui s’étrécit , & ne s’étend pas aflez d'une mai à lautre, qui ne prend pas aflez de ter- rein. Quelquefois un cheval marche trop large, & quelquefois trop ferré. Serrer La démi-volre, c’eft faire revenir le cheval fur le même terrein oùil a com- mencé la dem-volte. Ecole de cavalerie. ( D. J.) SERRE-BAUQUIERES, £ m. ( Marine. ) ce font de longues pieces de bois, fur lefquelles le bout des baux eft pañlé, & qui regrent autour du vaifleau. Voyez MARINE, Planche IV, fix. 1. Serrè-bauquieres du premier pont cotté 68. Serre-banquieres du fecond pont cotté 118. SERRE-BOSSE, ( Marine.) groffe corde amarrée, ou aux bofleurs , ou auprès d'eux, qui farfit la boffe de l'ancre , quand on la retire du vaiffeau, & qu’on la tient amarrée fur l'épaule du vaiffeau. SERRE-DE-MAT ,( Marine. voyez ÉTAMBRAIE. SERRE-FEU, er tèrme d'Orfevre, eft un morceau de fer ou de terfe à creufet de différentes grandeurs, mais communément de 6 à9 pouces de haut. Il faitun demi-cercle un peu alongé qui renferme la cafe, & qui s'appuie contre le jambage de la forge. Voyez Force. Il faut que le Jérre-feu furpafle le couvercle du creufet, de quelque chofe en hauteur. Il y a des trous au /erre-feu pour laïffer là liberté de fouffler avec le fouet à main. Il ne fert qu’à re- tenir le charbon autour du creufet. Voyez Les fig. 6 Les PL d'Orfer. | | SERRE-FILE ; c’eft le dernier homme d’une file de fantaffins ou de cavaliers. Payez Fize 6 Évoiu- TION. (Q) … SERRE-GOUTTIERES, ( Marine.) ce font des piéces de bois pofces fur les bouts des baux, qui donnent coritre les alonges &c les alonges de revers, . où contre les aigwillettes quand il y en a; & qui fai: fant le tour du vaifleau , lui fervent de liaifon. Elles font jointes avec les ceintés, les baux & les barrots, avec des chevilles de fer. F’oyez MARINE, P2. F. « . A: . ° r Jig. 1. Les férres-gouttieres du premier pont, cotés 7$, ët les férrès-gouttieres du fecond pont , cotés 122: -SERRE“LA-FILE , ( Marire. ) cet faire appro- cher les vaifleaux les uns desautres , quand ils font en ligne. SERRE-LIONNE La, (Géogr. mod, \ nom cor: fompu , Que donnent les François à une grande ri- viere d'Afrique en Guinée ; cette riviere eft avec raifon nommée par les Efpaägnols & les Portugais, 10 di Sierra- Lioñe , riviere des montagnes des lions, parce qu'elle tire fa foutce des hatütes montagnes d'Afrique , où fe trouvent quantité de lions ; ainf Voyez SIERRA - LIONE , rio di. ( Géogr. mod. ) CD:T9 SERRE-PAPIERS, ( Menziferie.) c’eft une forte | ferré. SER de tablette divifée en plufieurs compartimens, qui fe met ordinairement au bout d’un bureau, & où l’on ‘arrange des papiers. (D. J.) | . SERREMENT, £ m, (Gyram, ) fenfations {ur les parties intérieures, femblablés À celle du ferrer fur les’ parties extérieures ; c’eft en ce fens qu'on dit uh Jérrement de cœur , un férremenr d'eflomac ; un férrement dame. SERRER.,wv. aût. (Gram.) c’eft prefler fortement en embraflant, en liant, & en faifant effort pout diminuer le volume. C’eft auffi renfermer. On ère un nœud ; on fe /érre Les uns.contre les auttesi; on eft trop Jérré à table ; Jérrer la mefure , s’eft s’avan: cer fur fon ennemi; il eft ferré de près; voilà une étoife bien ferrée , il y a des alimens qui Jérrens le ven: tre ; ferrez foigneufement ce que vous ne voudrez pas pefdre; Jerrer les orangers, c’eft les mettre dans:la ferre ; il fe prend auf au figuré; un raifonneur Jerré ; un ftyle Jèrré ; Pame ferrée. SERRER, LES VOILES , ( Marine.) c’eft porter peu de voiles. SERRER DE VOILES. (Mañine.) Voyez Ferrer, SERRER LE VENT, ( Marine.) Voyez PINCER. SERRER, ( Maréchal.) fe dit d’un cheval qui fe retrécit, & ne s'étend pas aflez à une main ou À l’aus tré, qui ne prend pas affez de terrein, Un cheval marche quelquefois trop large , &c quelquefois trop Lorfqu’un cheval fe /èrre trop , il faut pour l’élar- gir l'arrêter de la rêne de dedans ; é’eft-à-dire ; por ter en dehors, & le chaffer en avant fur des lignes droites avec le gras des jambes, Il faut auf non feulement , férref en tournant un cheval qui marche trop large , mais encore le tenir fujet; & s’il fe fèrre trop , il faut l’aider du gras des jambes , le pincer même s'il ne répond pas, & appuyer enfuite le ta- lon du dehors, Serrer la demi-volse , ’eft faire revenir le cheval fur la même pifte où il a commencé la demi-volte, SERRER LA MESURE , £erme d'eférime , c'eit faire un petit pas en avant. Voyez ENTRER EN MESURE: . SERRES oz CERES, ( Géogr. mod. ) ville de la Turquie européenne, dans la Macédoine au terris toire de Jamboli, dans les terres, près de Tricala avec un archevêché. Quelques fävans prennent cette ville pour l’Apollonie en Mygdonie de Pline & de Ptolomée, & cette conjeéture paroît fort plaufible, Long. 40 ,.18. Lait. 40, 43.(D.J.) SERRETTE , SERATULE, £. £, ( Hifl. mar. Bor.) nom vulgaire d’une efpece de jacée , nommée par Tournefort , Jacez nemorenfis que ferratula vulod, Ti R, H, 444. Ceft la raponticoides nemorofa de Vail- lant ; af, Acad, par. 1718, Sa racine eft fibrée, vivace, d’un goût un peu amer ; elle pouffe une ou plufieurs tiges à la hauteur de deux ou trois piés , droites , fermes , cannelées, glabres, ou fans poil, rougeâtres, & divifées vers leurs fommités en plufieurs rameaux, garnies. de feuilles découpées , comme celles de la fcabieufe ordinaire , & différentes de celles d’en bas, qui font: oblongues , larges , plus grandes que celles de la bé: toine, entieres ; dentelées en leurs bords , lifles, & dun vérd brun ; fes fleurs naïffent aux fommets des branches en maniere de petires têtes, oblonoues, écailleufes, qui forment chacune un bouquet de fleurons ordinairement pupurins, quelquefois blancs, évaiés par le haut, & découpés en lanieres, com- me dans les autres efpoces de jacée, avec cinq éta- mines capillaires & très-courtes, à fommets cylin- driques. Quand ces fleurs font tombées, il leur fuc- cède des femences un peu ovales | & couronnées chacune d’une aïgrette, Cette plante croît dans les bois , dans les prés, aux lieux ombres & humides ; 116 SER “lle fleurit en Juin, & eft de quelque ufage aux tein- #uriers, (D. J. SERRETTE, f. f. (Teinture.) cette plante fert aux Teinturiers pour reindre en jaune ; elle ne fait pas une fr belle couleur que la gaude, & conféquem- ment il ne faudroit l’'employer que pour les verds, bour les feuilles mortes, && autres couleurs compos {ées Où entre le jaune; elle peut auf fervir pour Les jaunes des couvertures de laine les plus groffieres, &T des!étoffes d’un très-bas prix. (2. J.) SERRION , £ m,( ff. mod.) efpece de litiere ou devoiture d’une grande magnificence , dans la- quelle lerror de Péou fe fait porter les jours ‘de cérémonies , lorfqu'il paroït en public. Cette voi- ‘ture eftune efpece de bâtiment ou de maifon carrée, couverte par le haut , & ouverte par les côtés ; elle eft revêtue de lames d’or, 8 garnie de rubis & de faphirs , elle eff portée par 16 ou 18 hommes. SERROIR , {. m. ex terme de Vergertier, Ceft un l'O 1} 124 S. À R bligation de les rendre , ce qui fait diflinguer les Jér- vitudes en adives & paflives. I y adeux fortes de fervisudes ,foit aétives ou paf- fives , les unes perfonnelles , les autres réelles, Les fervitudes perfonnelles font auffi de deux fortes. L'une eft celle qui met une perfonne dans une dépendance fervile d’une autre. L'autre efpece de fervitude perfonnelle, eft celle qui éftimpofée fur des fonds pour lPufage de quel- ques perfonnes, tels que l’ufufruit , Pufage & lha- bitation. Souvent aufñi lon qualifie ces fortes de Jérvitudes de mixtes, parce qu’elles font parties perfonnelles & parties réelles , étant dûes à une perfonne fur un héritage. Les férvitudes réelles font celles qui aflujettiffent un héritage à certaines chofes envers un autre hé- ritage. On diflingue deux fortes de Jérvisudes réelles, favoir celles qu’on appelle vrbaines | & les ferviru- des rurales ou ruftiques qui font impofées fur Les hé- ritages des champs. Voyez au ff. & au code les titres de fervituribus , les traités de Coras,de Cœpola,deDavezan &t de Gamar; les commentateurs des coutumes fur le #sre des fer- virudes | & les fubdivifions qui fuivent. ( 4) SERVITUDE ACTIVE eft celle que quelau’un a droit d’excercer fur un autre ou fur fon héritage; la même fervitude qui eft a@ive pour l'un eft pañfive à l'égard de lautre, Voyez SERVITUDE PASSIVE. (4) SERVITUDE APPARENTE , eft celle qui fe mani- fefte continuellement d’elle-même , comme un che- min pratiqué au-travers d’un champ , légoût d’un toit qui tombe fur un héritage voifin ; des vues droites qui portent fur un héritage, & il n’eft pas befoin de s’oppofer au decret pour la confervation des /érvitudes apparentes , à la différence des fervi- tudes latentes qui font purgces par le decret lorfque lon ne s’y oppofe pas. Voyez DECRET 6 SERVvI- TUDE LATENTE. ( 4 SERVITUDE DE BOIS ; ( Coutume de Béarn. ) droit en Béarn de prendre & de couper du bois dans une forêt avec le talh & le dalh ; fervitude de dent, c’eft le droit de faire paître fon troupeau ; fervitude de Jafilha , c’eft le droit de le faire coucher fur une terre pendant deux nuits pour le faire repofer ; fer- yitude de pexe, c’eft le droit de le faire paitre. Tré- voux. (D.°JI.) SERVITUDE CACHÉE, LATENTE. SERVITUDE CONTINUE , eft celle dont lufage eft continuel, comme des vues fubfiftantes fur l’héri- tage voifin, à la différence des /érvisudes dont on mule que de tems à autre , comme un droit de pañage. | | SERVITUDE DES HÉRITAGES DES CHAMPS. Voy. SERVITUDES RUSTIQUES. SERVITUDE DES HÉRITAGES DE VILLE. Voyez SERVITUDE URBAINE. SERVITUDE LATENTE , eft celle qui n’eft annon- cée par aucune marque extérieure , comme le droit de paffage que quelqu'un a dans un champ. SERVITUDE MIXTE , eftcelle qui tient de la per- fonnelle & de la réelle, comme Pufufruit qui eft dû fur un fonds. Voyez USUFRUIT. SERVITUDE NATURELLE , eft celle qui eft dans l'ordre même de la nature, comme l’écoulement des eaux qui viennent du fond fupérieur fur le fond inférieur. SERVITUDE NÉCESSAIRE , eft celle qui eft düûe fans autre titre que celui de la néceflité , comme le pañlage pour aller à un héritage qui eft enclavé de toutes parts dans des héritages appartenans à autrui: ’oyez ci-après SERVITUDE SERRE la régle en ce cas eft que l’on donne le pañfage par l'endroit le moins dommageable. Voyez SERvITUDE NATURELLE. SERVITUDE OCCULTE 01 CACHÉE , eft lamême chofe que Jérvicude latente. Voyez SERVITUDE LA- TENTE. SERVITUDE PASSIVE,eft celle qu'une perfonne ou un héritage doit à une autre perfonne ou héritage; la ervitude paflive eft oppofée à la ferviude aûive. SERVITUDE PATENTE. Voyez SERVITUDE AP- PARENTE. SERVITUDE PERSONNELLE , eft l’état d’une per- fonne qui eft l’efclave d’une autre. Voyez EscLaAve & SERF. SERVITUDE PRÉDIALE, ainfi nommée du latin præ- dium , qui figmifie hérirage , eft celle qui eft impofée furun héritage en faveur de quelqu'un ou d’un autre. Voÿez SERVITUDE RÉELLE , URBAINE & Rusri- QUE. SERVITUDE RÉCIPROQUE,, eft lorfque deux per- fonnes ont chacune un droit pareïl à exercer l’une fur l'autre, foit fur leur perfonne ou fur leur héritage. . SERVITUDE RÉELLE, eft un fervice dû par un hé- ritage à un autre héritage. | De ces fortes de férvitudes quelques-unes font na- turelles, comme l'écoulement des eaux du fond fu- périeur fur le fond inférieur ; d’autres néceffaires , comme le pañlage qui eft dit pour aller à un héritage qui efl entouré de tous côtés d’héritages apparte- nans à autrui; d’autres font établies par convention; d’autres enfin par la pofleffion dans les pays, où Les férvitudes peuvent s’acquerir fans titre. Il ne peut y avoir de /érvitude proprement dite ; qu'entre deux héritagés, appartenans à différens pro- pritaires ; car 1l eft de maxime que zemini res [ua Jervie. Les férvitudes réelles font urbaines ou ruftiques, on en trouvera Pexplication ci-après. Suivant le Droit romain , les fervisudes s'acquierent par la quafi tradition qui fe fait par l’ufage qu’en fait le propriétaire du fonds dominant , la tolérance du propriétaire du fonds fervant, lorfqu’il y a eu poffef fion de bonne foi avec titre pendant dix ans entre préfens , & vingt ans entre abfens. On peut auf acquérir une férvitude par l’ordonnan- ce du juge, lorfque partageant des biens communs à plufieurs perfonnes, il ordonne que l'héritage de Pun {era fujet à certains devoirs envers l’autre. Il eft encore permis à un teftateur d'établir une Jervitude furun de fes héritages, au profit d’unautre. Dans la plüpart des pays coutumiers, il eft de ma- xime, que nulle fervitude fans titre ; la coutume de Paris rejette même la poffeffion de cent ans. Les fervitudes s’éteignent par plufieurs moyens. Le prenuer eft la confufion qui fe fait de la pro- priété des deux héritages, lorfqu'ils fe trouvent réu- nis en une même main. . Le fecond ef le non ufage pendant le tems déter= miné par les lois, qui eft, fuivant le Droit romain , dix ans entre préfens, & vingt ans entre abfens ; en pays coutumier 1l faut trente ans , entre âgés & non privilegiés ; Paris, art, 186, Le troifieme, eft la renonciation à la /ervitude. Le quatrieme, eft la réfolution du droit de celui qui l’avoit conftituce. Le cinquieme , eft la perte de l'héritage qui doit la fervitude, Le fixieme, enfin, eft lorfque le cas de ceflation , prévi par le titre, eft arrivé. Poyez au digefte, de fer- viinr. & le titre quemadmod, férvitut. amis, SERVITUDE RURALE, v0ye? ci-après SERVITUDE, RUSTIQUE. SERVITUDE RUSTIQUE , ou des héritaces des champs, eft celle qui eft dûe à un héritage, autreque SER ceux qui font deftinés pour l'habitation du pere de famille , quand même cet héritage feroit fitué dans une ville. Les principales férvisudrs de cette efpece chez les Romains étoient celles appellées, iver, aus , via. La /érvitude appellée ter, revenoit à ce que nous appellons droit de paflage pour les gens de pié; aûus droit de paflage pour les bêtes de fomme , & via le pañlage pour les chariots & autres voitures. | Les autres férvitudes font aque dutfus, c’eft-à-dire de faire pañler de Peau par l'héritage d'autrui; 2g2æ hauftus,}e droit d’y puiferde Peau; pecoris ad aquam ap- pulfus, le droit d’abreuver fes beftiaux dans l’eau du Voifin ; pafcendi pecoris | droit de pafcage ; calcis co- quende, de faire cuire fa chaux dans le fonds d’autrui; arenæ fodiende , de tirer du fable fur le voifin; creræ fodiende , d'y tirer de la craie où marne ; eximendi lapidis, d’en tirer de la pierre, Voyez ff. de fervis. Præd. ruflic. SERVITUDE URBAINE, eft colle qui eft dûe à un bâtiment deftiné pour l’habitation du pere de famille, quand même ce bâtiment feroit fitué aux champs. On en diftingue ordinairement huit. La premiere, qu’on appelle fervirus oneris ferendi, oblige celui qui la doit de porter les charges d’un autre. La feconde appellée Zigni immitrendi, c’eftle droit de pofer fes poutres dans le mur voifin. La troifieme , Zgni projiciendi , eQt le droit d’avan- cer fon bâtiment fur l’héritage voifin, comme font les faillies & avances, les balcons. La quatrieme, ffilicidit recipiendi vel non recipien- di, eft l'obligation de recevoir l’eau du toît du voi- fin, ou au contraire l’exemption de la recevoir. La cinquieme , fluminis recipiendi vel non, c’eft par Veau qui tombe du toit voifin, mais raflemblée dans une gouttiere. La fixieme, /4s alriis non tollendi , confifte à em- pêcher le voifin d'élever fon bâtiment au-delà d’une certaine hauteur. | La feptieme eft, 7us profpeitus où ne luminibus of fictatur, c’eft le droit d'empêcher le voifin de rien faire qui puifle nuire aux vües de l'héritage domi- nant. | La huitieme appellée, fervirus luminum, eft le droit d'avoir des jours fur le voifin. Voyez au ff. Le tit. de fervit. prædior. urban. SERVIVT , (Jurifprud.) terme latin qui s’eft con- fervé long-tems dans l’ufage des chancelleries , pour exprimer l’atteftation que chaque officier de chancel- lerie devoit donner à l’audiencier du tems qu’il avoit fervi, foit au confeil, foit au parlement, à la chan- cellerie du palais ouaïlleurs. Ces fortes d’atteftations furent ainfi appellées, parce qu’étant autrefois rédi- gées en latin comme tous les aétes de juftice, elles commençoient par ce mot fervivi. Voyez le féiendum de la chancellerie. (4) SERUM, f. m. (Gram.) la partie aqueufe , claire & tranfparente , du fang , du lait, des humeurs ani- males, SERUS , ( Géog. anc. ) fleuve de l’Inde, en-decà du Gange. Ptolomée, Lv. WII. ch. j. place l’embou- chure de ce fleuve fur Le grand golfe, au midi d’Aga- nagara. [l ajoute que ce fleuve fe formoit de deux fources, qui étoient dans le mont Semanthinus. Mer- cator croit que le nom moderne eft Coromaran.(D.J.) | SERVUS apedibus meis, ( Lisrérar.) c’étoitlenom qu’on donnoit à Pefclave dont on fe fervoit pour les meflages & pour porter les lettres , du tems de la ré- publique des Romains ; car il n’y avoit point alors de commodité réglée pourles faire tenir par des pof- tes : auffin’avons-nous point de terme qui réponde exaétement aux mots latins férvus 4 pedibus mis : ce- lui de pales de pié, qui femble les exprimer, n'en SE R 125 donneroit pas une idée affez jufte. Mongaul, (D:1.) SERY ,#0yez MUSARAIGNE. C6 el SESAC; ( Mythol. orientale, )\divinité des Baby loniens., à ce que penfent la plûpart des Critiques A crés. Ils ont cru trouyer dans Jérémie le.nom de ce dieu. Voici les paroles du prophete, 4, xx. v. 1.5, “ Ainfia dit le feigneur : prends de ma main la cou: » pe du vin de mafureut, & fais:en boire à toutes » les nations... &r le roi Sefac enboira avéc eux ; » puis 1l ajoute dans un autre endroit : « comment a »_Cté prife Sefac? Comment:Babylone eft-elle deves » nuelétonnementde toutes.les nations? » | Les intèrpretes qui conviennent qué'dans ces déux pañlages, Se/zc défigne également le roi &la villé de Babylone: , font perfuadés que ce Sefuc étoituné des divinités des Babyloniens, &c que Jérémie-a préten. du défigner la ville même par Le nom de cette divi- + Pi cette opinion eft puremént conjeéturale, . SÈSÂME, fm. ( Boran. )fuivant Linnœus., le ca- lice de ce genre de plante eft monopétale , divifésen cing fegmens : la fleur eft auff monopétale., en for- me de cloche, & découpée en cinq parties dont Pu- ne ft beaucoup plus longue que les antres; les éta- mines font quatre filets plus-courts que la fleur; leurs boffettes font oblongues, droites & pointues ;le ger- me du pifil eft ovale & rude ; leftile eft un filet; le ftigma eft en forme de lance, divifé en deux ; le fruit eft une capfule oblongue à quatre loges qui con- tiennent quantité de femences ovoides. Lirnæi gen. Piant. p. 293. | Tourneïort met cette plante parmi les digitales ; & l’appellent digiralis ortencalis J'eamum dia , I R° H, 164: Sa racine eft annuelle; fon calice part des ailes des fleurs , prefque fans pellicules ; il eft petit & divifé en cinq fegmens longs & foibles; fa fleur eft monopétale; fon ovaire eften filique, tétrago- nal, oblong, divifé en quatre cellules , pleines de fe- mences qu'on peut manger. Elles font modérément humeétantes , émollientes, parégoriques , vifqueu- les, grafles, & par conféquent emplaftiques. Les Egyptiensfe fervent beaucoup de Jefame, tant. en alimens qu’en remede, parce quil croît prompte- ment, & qu'il précede les autres fruits après les inondations du Nil ; il récompenfe bien ceux qui le cultivent de leurs travaux par la quantité de filiques qu'ildonne. Parkinfon prétend que le /#zme croit de lui-même aux Indes orientales , mais qu’on le cultive en Egypte, en Syrie, en Grece, en Crete & en Si- cile. Les Arabes ufent fréquemment dans leurs mets de l’huile exprimée de la graine de féfame. Il eft vraif. femblable que notre /éfame n’eft point celui des an: ciens; car les vertus que Diofcoride lui attribue , ne conviennent point au nôtre. ( D. J. SÉSAMOIDE, £. £ ( Æif. rar. Bor. ? Jéfamoïides ; genre de plante dont la fleur reffemble À celle du réfeda. Voyez RÉSEDA. Le fruit a différente forme felon les diverfes efpeces ; tantôt il eft compofé de plufieurs petites cornes qui fontremplies chacune par une femence qui a la figure d’un rein; dans d’autres efpeces il reffemble par fa forme à une étoile, &il eft divifé en plufieurs capfules. Tournefort , inff. rei herb. Voyez PLANTE. SÉSAMOÏDE, adj. ez Anatomie , nom de quelques petits os qui reffemblent à la femence d’une plante de ce nom. Les vrais os féfamoïdes font au nombre de deux , & on les obferve dans le pouce tant de la main que du pié. C’eft à ces os que les fléchiffeurs du pouce fur le métacarpe font attachés, &c outre cela l’abduc- teur du pouce dansle pié. On remarque encore dif: férens autres os féfamoides dans les autres articula- tions des doigts , mais ils ne fe trouvent pas conf= | tamment. 126 (CE petitsoffelets fe trouvent pour l'ordinairedans les ligamens capfulairesded'articulation des dosts à des orteils de plifieuts adultes; leur figure & eur groffeur varientinfiniment quelquefois lsfont pros commeideserains de moutardey éc quelquefois com me de gros pois 1kes phalanges mêmes ne font pasles feules-parties où Pon:trouve les ds féfamoïdesi: orient’ rencontre Je les conduits dufémur:, à la partie inférièure dupéroné fur los. dutalon; 6e: . Onroomprendra fans péiné la caufe de céjeude la. natukesiquandion!nerégarderatpds ces offelèts com- me des pieces féparéest,/maïs -Comme une portion de là capfule ligamenteufe qui ts’eft: oflifiées” « Ibleft certainrque ces pétits os ne font autre-chofe que les-ligatnens des articulations; ou de.forts ten- dons-de muifcles Low Pum 8c l’autre devenus offeux par la-violentercomprefliont.qu'ils éprouvent dans les endtoits oùilsfontplacés.:Enrvoici la preuve. 1°, Onne rencontre pas les os /éfamoides dans tous lesfujetss'on lesitrouve ordinaifement cartilagineux. Lisine font, communément bien offifiés que dans les fuets robuftes ézvieux.!1e 19 ” À “48, Tisfont placés furila partie la plus élevée dela tête des osdumétatarfe 8 des phalanges qui foutien- nentles tendons'des fléchifleurs: ce qui juftifie que: ia comprefon des figamens eft la caufe de cette Offi- fications: 115 of ol À Su 6 3 :1Bestos féfamoïdesau commencement des muf- clesigaftrocnémiens ; rie font évidemment compofés querde fibrès tendineufes:: ‘1 ji A À 4°, Les mêmes os à la premiere phalange dugros. orteil; né font auf; vifblement que la continua- tion de la fubftance des igamens & des tendons des mufcles-de-cetteiparties"&e celui qui eft quelquefois double à la feconde phalange:du même ofteil, eft. |. une partie du ligamenticireulaire. _#%-Enfn ces offelets doubles fous les:tendons fen- dus du fublime , prouvent encore cette vérité. -Finiffohs par trois rémarques: de M. Winilow. -x°, Dans tous lesfujets .où.les tendons êc les lipa- mens ont beaucoup defermeté, où l'aétion:des muf- cles eftforte ; & la compreflion violente, 1l;y a lieu de s'attendre à trouver deices os. | 3°, Toutes chofes égales d’ailleurs, plus le Sujet eft âgé, plus onftrouveratderces os, &-plus ils fe- ront gros. BI Leu ocre 11 -39, Pluslefujet afatigué.ces extrémités inférieures ou füpérieures, plus auf, toutes chofes égales d’ail- leurs, ces'os: feront gros &inombreux te .Maisiquand M:Winflow-ne craint point d'ajouter üe ces offelets augmententla force des mufcles, en Éciten lé jou , & font que les orteils; lorfqu’on marches fppoftent mieuxile poids de toute la mañfe du corps ; je ne! reconnoïs plusle phyficien qui ve-, | noit.tout-à-l’heure deparler raïon & méchanique ; je n’yivois. qu'un-homme quildécouvre les préroga- tives délarnatute dans fa dégénératiôn même, qui préfere pour la force:ês la flexibilité des organes, la vieilleffe.àla jeuneffe ;: & qui compte apparemment le mérite des faifons patl’hiver. (D. J.) SESBAM , fm. ( Æ5f. rar, Bot. ) genre de plante À fleurs polypétales, papilionacées, & en forme de grappe ; les embryons {ortent de la partie intérieure de la fleur ,:& deviennent-dans la fuite des filiques oblongues.8 divifées en plufeurs nœuds; elles ren- ferment des femences rondes. Ajoutez au caractere de celgenre-que les-feuillessnaïflent par paires. Pon- tederæ erthologia. Voyez PLANTES, © à SESBAN., dm. (Æiff mar. Botan, éxot:.) arbrif- {eau de la-srofleur du myrte. Ses branches{ont ten-| dies -herbacées,, .& d’un verd-d’eau tant-foit-peu rougeâtre ; fes.fleuts {ont de couleur de fafran.,aflez femblables à. celles: de Lanagyris, 6€ pendent en toutes. Il naît de fes fleurs des longues fiiques::telles . Paris, (b) SES aue.celles durfonu-grec , &iqui confiennent des fe- mencesipareilles. Veflrigius a remarqué.que le.nom- bre des cellules de chaque filique varie félon le nombre des graines, & quele tronc de l’arbrifleau eft armé d’épinesraresl&courtes, (2.4) we 1SESCHAN, ( Géog: mod.) anciennement Buge, Byces &z Byce ; grand laco de la petite Tartarie, en. Europe. Il fépare la Tartarie des Nogais, de Ja Cri- mée, & fe décharge dans la mer de Zabache parun canal fort court, n'étant féparé du golphe de Nigto- poly.que par un ifthme de: demi-lieue ; fur lequél 14 ville dePrécopeft fituée. (D: JT). 0 SESELE, £ m:( Aif£ nat. Botan. ) genre de plante dont voiciles caraéteres, fuivant Linnœus. Le calice qui enveloppe la fleur ,:eft à peine remarquable; la couronne de la fleur éft généralement umforme ; la fleureft à cinq pétales à-peu-près égaux, éctaillés en forme de cœur; les étamines font.cinq filets qui. finiffent en pointes aiguës ; les boflettes des étamines font fimples; le germe du piftil eft placé fous len- veloppe de la fleur ; les files font recourbés ; les {Homa fontobtus ; le fruit eftovale, petit, cannelé, & féparable en deux portions. Les graines font au nombre de-deux ,-de forme ovoide , convexe d’un côté, @ applaties de: l’autre. Il paroït,decetre def- cription que Tournefort s’eft trompé en rapportant les diverfes-efpeces de /e/eli au génre de plante qu'on nomme féroul. ( D, J:) Tite 1 SESÈLE COMMUN , ( Boran.) c’eft un des noms qu'on donne vulgairement à la livêche,, en latin Z- guflicum. Voyez LINÊCHE , Boran. (D. J.) - Seseze DE CANDIE, (Boran.) nom vulgaire d’une des-efpeces. du genre de plante , que Tournefort appellesordylium. Voyey TORDYLIUM ,, Botanique. (2.7) | | Sesktiane MARSEILLE; Boran. ) plante nom- mée par Tournefort, fœriculum tortuofum , & par : les autres Botaniftes:, fe/eli maflilienfe ; la tige s'éleve à la hauteur.d’environ un pié 8 demi, & eft rem- plie de moëlle blanche. Elle porte en fes fommités des :ombelles: qui foutiennent de petites fleurs à cinq pétales, difpofées en rofe, de couleur blan- che; Gr quelquefois purpurine. Après la chute de la fleur, fon calice devient un fruit compofé de deux graiñes oblongues, ftriées, arrondies d’une part, & applaties de l’antres elles font d’un gris pâle, d'une odeur aromatique &c d’un goût fort âcre. Toute la . planréa une odeur forte &ctagréable. Elle croît aux eux fablonneux dans les pays chauds, comme en Languedoc, en Provence, & aux environs.de Mar- fille, (D,.J.) | e Seserx, DE MARSEILLE ( Mar, méd. ) la femence eftla feule partie de-cette plante qui foit d’ufage en médecine. Elle eft comptée parmi les femences car- minatives. Elle eft fort analogue avec celles des, au- tres plantes ombelliferes ufuelles,, telles que le fe- nouil, Janis, le cumin, 6%. Auf eft-ce prefque toujours avec ces dernieres femences qu’on lem- ploie 8c très-rarement feüle, Sonufage eft fort rare pour les prefcriptions maoiftrales. On Pemploie da- Vantage dans les compofitions officinales :elleentre, | par-exemple dans lathériaque , le mithridat, l’eau. générale, & la poudre de calibe de la pharmacopée de SESIA (LA ); ox LA SESSIA ; ( Géogr. mod. ) ti- viere d'Italie, dans le Milaner. Elle prendfa fource dans:les Alpes, aux confins du Valais, traverfe la vallée de fon nom , & fe décharge dans le P6, au- | deffons dé Cafal. ( D. J.) SESQUI, eftune particule fouvent employée par les anciens mufciens , dans la compofition des mots | fervant à exprimer-différentes elpeces de mefures. Ils appelloïent donc Jéfqui - alieres , les mefures , dont la principale note valoït une moitié en fus de SES plus que fa valeur naturelle ; c’eflädire, troïs des notes dont elle n’auroït valu autrement que deux ; ce qui avoit lieu dans toutes les mefures triples, foitles majeures , où la'breve même fans point valoit trois femi-breves :foitles mineures, où la femi-breve valoit trois minimes. Ils appelloient encore féfquioëfave , le triple mar- qué par ce figne C 2. Double Jéqui-quarte, le triple marqué C2. & ainñ des autres. … Sefqui-diton où hemi-diron dans la mufique orec- que , eft l'intervalle d’une tierce-majeure diminuée d’un femi-ton, c’efl-À-dire, une tierce-mineure, Voyez Tisrce. (S) SESQUI-ALTERE , er Géomérrie, & en Arithiméri= que, c’eft un rapport entre deux lignes, deux nom- bres , 6c, dans lequel une de ces grandeurs contient Vautre une fois & une demi-fois. Voyez RAISON. Ainf les nombres 9 & 6, font entre eux en taïfon Jefqui-altere ; car o contient 6 une fois & une demi: fois : tels font aufli les nombres 30 & 20. (Æ) SESQUI DOUBLE, adj. (Géom. Mathém.) où dit qu'une raifon eft Jefgui-doubiée, quand le plus grand de fes deux termes contient le plus petit deux fois & une demi-fois ; telle eft la raïfon de 15 à 6, dé $oä2o; Gc, Voyez Raïson. (E ) SESQUI-QUADRAT, adj. (Æ4ffron.) aipe& fefoui: guadrat , eft un afpeët ou pofition des planetes, où elles font éloignées l’une de l’autre de 4 fignes & demi, ou 135 degrés, c’efl-à-dire, 90 + 45. Foyez ASPECT. (E ) ler "SESQUI-TIERCE, ( Géomérie. ) on dit qu’une quantité eft en raïfon fe/qui-tierce d’une autre quan- tité, quand la premiere contient la deuxieme une fois & un tiers de fois; telle eft la raifon de 8 A6 3 ou de 44 3.(£ SESSA ou SEZZA , ( Geogr. mod.) bourgade d'I: talie , au royaume de Naples , dans là terre de La- bour , à cinq milles de Carinola, & à vingt-deux de Capoue, près du Gariglan, avec titre de duché, & un évêché fuffragant de Capoue. Si cette bourgade eft l'ancienne Szeffa-Arunca, elle a bien perdu de fon luftre, &lonne peut plus dire d'elle ce qu’en difoit Cicéron , lautiffimum ‘oppidum, car c’eft un lieu miférable , malgré tous {es titres. Long. 31, 35. latir, 58 , 30. Corradini (Pierre - Marcelin ), favant cardinal, naquit à Scfla, & donnaune hiftoire de cette ville en Jatin ; mais il s’acquit une toute autre gloire par {on bel ouvrage intitulé : vecus Jatium profanum & Jacrum, 2 vol. infol. I] mourut à Rome en 1743, à 83 ans, (2.J.) | SESSE , f. f. ( rerme de relation. ) c’eft une bande où écharpede toile , dont les Orientaux entourent le bonnet de leur turban, & qui leur ceint la tête. Les émurs , ou defcendans de Mahomet, ont droit de porter feuls le turban avec la fe de laine verte. L'habit des femmes de Samos, au rapport de Tour- nefort, confifte en un doliman à la turque, avec une coëffe rouge , bordée d’une féffe jaune ou blanche qui leur tombe fur le dos , de même que leurs che- veux, qui le plus fouvent font partagés en deux trefles , au bout defquelles pend quelquefois un troufleau de pérites plaques de cuivre blanches, ou d'argent bas. { D. J. Den SESSION , f. £ (Gram. ) il eft dit pour féance, la Jeffion de tel concile ; cette affaire a été renyoyée à la féffion fuivante du parlement. SESSITES , (Géogr. anc. ) fleuve de la Gaule Tranfpadane. Pline, Z III, c. xyj, le compte au nombre des fleuves confidérables qui fe jette dans le PÔ. Leander le nomme Sezgz. (D. J.) SESTAKOF 04 SESTANOS, ( Géogr. mod.) ville ge l'empire Rufien , dans la province de Viarka ) [uf Le SES 123 la rive droite de la Viatka. Long, 60. latir, 58. 30 SESTE, 1. f. ( Mefure feche. ) on s'en fert à Siam pour Îles grains , graines & lévumes feches. I! fut quarante facs pour faire le Jéffe, & quarante Jeftes pour le Cohi ; enforte qu'évaluant le fèfe fur le pié de cent catis, où cent vingt-cinq livres, poids de marc , le faé pefe environ trois livres un peu plus, ë le cohi cent vingt livres , Savary. (D. J.) SESTERAGE, {. m.(Gram. Jurifp. ) tributs qué quelques feigneurs levoient autrefois fur chaque feptier de bled, SESTERCE,, f. m. ( Monrote romaine.) le féflercé étoit une petite piece d'argent, qui valoit le quart du denier ou deux as & demi. Cette marque À. S. fignifie d'pondium cum femifle, & Jeféeriius ef la même chofe que fériffersins. | | Les Romains comptoient par Jéfférs: & par Jeffer: fa , Car On ne trouve jamais féf/errium au fingulier , parce qu'on difoit rule Jéflertit | & non pas urum Jéfertiur. Les Jeffertia , qui étoient une monnoie de compté LI |. comme le talent, valoient autant de milliers de ces pêtités pieces d'argent, nomtméés Jeflertii, qu'il y avoit d'unité dans le nombre. Ainf Jefeertia X. où Jefrertinm decem fupplée millia, c'étoit dix mille pe tits fefferces. Ce n’eft que par le fujet qui eft traité qu'on peut reconnoître s’il s’agit de grands ou de petits fefier- ces , lès uns & les autres s'exprimant par cette mar- que 7, S. le féflertius, parce qu’il valoit deux as & demi, & le féffertium , parce qu’il valoit deux livres | & demie d'argent. M. de S, Réal s’eft perfuadé que les Romains né {e fervoient de cette marque ÆZ. . que pour les pe- tits Jéfferces ,| & que pour les crands ils écrivoient tout-au-lonpg féffersia ,au-lieu que les copiites avoient écrit en abrégé les uns & les autres, Mais cette Opi* ion nous paroït fans fondement ; luniformité qui fe trouve dans les manufcrits fait voir que cette mas mere de marquer les grands féferces ne vient point des copiftes. Il y a même un endtoit dans Suétone qui prouve décifivement que les Romains écrivoient en abrégé les grands Jéféerces, aufli-bien que les pe= tits ; c’eit dans la vie de Galba, cap. FT, | Quand on trouve féffertinm decies numeratum effe dans Cicéron , c’eft une fyllepfe de nombre , OÙ zu mmeratum , qui fe rapporte à zegotium, eft pour ru= merafa , qui {e devroit dire, comme il ef même en quelques éditions , parce que l’on fuppofe cenenæ millia. De même, an accepto centies Jeféertizm fecerir à dans Vellems Paterculus pour accepis centies centenis millibus féflertium. De même encore, trapeziræ mille drachmarum funt redditæ | bout res mille drachmarume ef? reddita , Plaut. | Or comme les anciens ont dit , decies Jéflertinm où decies centena millia feflertium , ils ont dit auf æcies æris pour decies centena millia æris. Souvent le mot de feflertinm eft omis dans les'au- teurs par une figure nommée e/lipfe, comme fair Sué- tone dans la vie de Céfar, promiffumque jus annulo: run ch millibus CCCC diffulir ; & le même dans la vie de Vefpañen, primus à ffco latinis, grecis “hetoribus annua centena conffituit | c’efl-à-dire ) CeTIs tena 1millia féffertiurm. fr Selon Popinion de M, Gaffendi ; l'as romain valoit neuf deniers de notre monnoie, (lonce d'argent étant effimée fur le pié de foixante-dix fols), le de- nier romain valoit dix as, c’eftà-dire huit fols de notre monnotie, & le petit féfferce, nommé en latin Jefterttus, valoit, fuivant ce calcul, deux fols;le grand Jéflerce , qui en comprenoït mille petits, valoit envie ron cent & une livres dix-ept fols ; aujourd’hui que l'once d'argent eft eftimée fur le pis de fix livres &z m2$ SES le marc fur le pié de cinquante livres, le Jef HÉNEUT droit un peu moins de quatre fols, & les mille envi- ron cent quatre-vinat-ept livres ; 1l eft aifé de faire cette évaluation en tous tems d’aprèsla valeur fixée de lonce d'argent. (Le chevalier DE Jauco URT.) SESTERTIUM , ( Topogr. de Rome. } lieu de Rome, fitué à deux milles & demi de la porte Ef- quiline ; ce lieu étoit ainfi nommé, dit Jufte-Lipfe, gudd feri tertio ab wrbe milliart diffabar, C’étoit l’en- droit où l’on jettoit les cadavres de ceux que les empereurs fafoient mourit ; êc ce fut dans ce même endroit, dit Rs » qu'on Jetta la tête de Galba, après qu’on l’eut affafliné & qu'on Juien fait toutes fortes d’outrages. (D.J.) SESTIARIA EXTREMA, (Géog. anc.) pro- montoire d'Afrique dans la Mauritanie-Tingitane, Ptolomée, Z. IV. c.j. le marque fur la côte de la Méditerranée, entre Tæeniolonga & Ryffadirum, | y avoit fur ce ptomontoire une ville que Caftald nom- me Galba. ( D.J.) : SESTINATES , (Géog. anc.) peuples d'Italie dans l’'Umbrie. Leur ville étoit un municipe, à la Tource de l'Iffaurus ou Pifaurus. Ce-municipe étoit télebre, comme le témoignent diverfes infcriptions anciennes. (D. J.) 1 SESTIUM , (Géeg. anc.) ville d’Itake dans les terres de l'Œnotrie. Gabriel Barr1 croit que c’eft au- jourd'hui Saracena. (D.J) za SESTO , (Géog. rod.) petite ville d'Itahe dans le Milaner., fur la gauche du Téfin, à E endroit où il fort du lac Majeur. Elle a titre de duché , poffedé par la maifon de Spinola. (D. J.) tie SESTOLA , (Géog. mod.) ville d'Italie dans le duché de Modene, & le chef-lieu du Friguano. Il y a un gouverneur & une garnifon. (2. J.) SESTRI, (Géog: mod.) petite ville d'Italie dans l’état de Genes, à 30 milles de cette capitale. C’eft la réfidence de l’évêque de Bruguano. On la nomme Sefiri di Levante | & quelques-uns la prennent pour la Sefla Tiguliorum de Pline. Longit. 27. 2. latit. 44. 33 de la précédente, eft une autre petite ville de l’état de Genes , mais qui n’eft qu'à 6 milles à loueft de la capitale, On a cru que c’étoit l’ancienne Tigulia. Long. 26. 33. latit. 44. 27 (D. J. ) SESTUS ou SESTOS, ( Géog. anc. ) ville du Cherfonnèfe de Thrace, fur la côte de l'Hellefpont, & au milieu de cette côte, vis-à-vis de la ville d'A- bydos. L’efpace entre ces deux villes eft de 7à 8 fades. Seffos eft à jamais célebre par les amours d'Héro &c de Léandre, dont je parlerai au #01 Tour DE LÉANDRE ; & cet de-là qu’elle. eft appellée : 2 lé à de bd Saçlac Hpo, Seflies Héro, par Mulée, qui un peu auparavant dit : Sefus erant & Abydus , è regione po- fitæ , propè mare, vicina oppida. Thucydide, /. VIII, p. 588. en parlant de Strom- bichide, remarque que ce chef des Athéniens étant venu à Abydus , & ne pouvant engager les habitans à fe rendre ni les réduire par la force , naVigea vers le rivage oppoié, & mit une garmfon dans Sefus our être maitre de l’Hellefpont. Pomponius Méla, 1, I, c, i. place auffi ces deux villes à l'oppoñite l’une de l’autre : £/2 Abydo objacens Seftos , Leandri arore nobiles, Le nom national étoit Sefus , felon Etienne le géographe, êr nous ayons une médaille de Gor- dien avec ce mot. Il y a, dit Procope, Ædif. ZIP. ©, x. à l'oppoñite d'Abydos une ville fort ancienne, nommée Scffos : qui eft commandée par une colline » & qui avoit autrefois m1 fortifications , ni murailles. LE empereur Juftinien y a fait bâtir une-citadelle qui eft de tres- difficile accès, 6t qu pañle pour imprenable, Les Géogtaghes croient ordinairement que les Seftri, larnommée di Ponente, pour la diftinguer châteaux des Dardanelles font bâtis fur les ruines de Seflos &t d'Abydos ; mais ils fe trompent mamfefte- ment, car les châteaux font vis-à-vis Pun de l’autre, au-lieu que ces deux villes étoient fituées bien difé- remment : Seffos étoit flavancée vers la Propontide, que Strabon , qui compte avec Hérodote 875 pas d'Abydos à la côte voifine, en compte 3750 du port de cette ville à celui de Seffos. Léandre devoit être bien vigoureux pour faire ce trajet à la nage, quand il vouloit voir Héro fa maïs trefle ; auf l’a-t-on repréfenté fur des médailles de Caracalla & d'Alexandre Sévere, précédé par un cupidon qui voloit le flambeau à la main pour le gui- der ; flambeau qui ne lui étoit pas d’un moindre {e- cours, que le fanal que fa maîtreffe prenoït foin d’al- lumer fur le haut de la tour où elle l’attendoit : 11 fal- loit être un héros & tout des plus robuftes pour faire Pamour de cette maniere. Il vaut donc mieux s’en tenir à ce que dit Strabon pour la fituation de Se/fos 8 d’Abydos ; d’ailleurs on ne trouve aucuns reftes d’antiquité autour des châ- teaux , & l'endroit le plus étroit du canal eft À trois milles plus loin fur la côte de Maïta en Europe : on voit encore des fondemens & des mafures confidé- tables fur la côte d’Afie, où Abydos étoit placée. Xerxès, dont le pere avoit fait brûler cette ville ; de peur que les Scythes n’en profiraflent pour entrer dans lPAfie mineure, choïifit avec raifon ce détroit pour faire pañler fon armée en Grece ; car Strabom affüire que le trajet fur lequel il ft jetter un pont, n’avoit que fept flades, c’eft-à-dire qu'environ ur mile de largeur. ( D. 7.) | SESUVIT, (Géog.anc.) cité maritime de la Gar celtique dans lArmorique, felon Céfar, Bel. Gal. L IT. c. xx1y. qui la nomme avec celle des peuples Periri, Unelli, Ofimit, Curiojolire, Aulerei & Rhedones. Ni- colas Samfon obferve dans fes remarques fur l’an- cienne Gaule que le nom Sefavii eft fort corrompu. chez les anciens , ce quil prouve par plufieurs paf fapes , qui montrant que Effui & Sefuvii (le pays de Séez ) ne font qu’un même peuple dont les noms ont été altérés. (D. J. SETÆUM , ( Géog. anc. ) petite contrée d'Italie dans la Calabre , aux environs de la ville de Sybaris. Gabriel Barri croit queS. Mauro , évêché de la Ca- labre, redevenu fimple village , étoit dans Le voifi- nage de ce petit pays. (D. J.) SETANTIORUM PORTUS , (Géog. anc.) port de la grande Bretagne. Ptolomée, Z II. c. üj. mar- que ce port fur la côte occidentale de l'île entre les golfes Moricambe & Belifama. Camden croit que c’eft le lac appellé Wirander-mer. ( D. J.) SETE , ( Géog. mod. ) province d'Afrique , dans la bafle-Ethiopie , au royaume de Louango , à feize lieues de Majambre. Elle produit du gros & du petit millet , du vin de palme &7 du bois rouge, dont les habitans trafiquent. ( D. J.) SETEIA ÆSTUARIUM, ( Géog.anc.) golfe de la Grande-Bretagne; il eft placé par Ptolomée, Z. IIS c. y. fur la côte occidentale de l’île, entre Le solfe Bélifama & l'embouchure du fleuve Tifobis, C’eft préfentement Dee-mouth, ou embouchure dela Dée, felon Cambden. ( D. J.) SETHREITES-NOMUS , (Géog. anc.) ou Sethroï- es , comme lifent Pline & Etienne le géographe , nome d'Egypte , lun des dix du Delta. Sethrum ou Sethron en étoit la capitale. (D. J.) SETIA , (Géog. anc.) 1°. ville d'Italie dans le La- tium, aujourd'hui Sezz. C’étoit, felon Tite-Live , 1, VIT. une colonie romaine voïfine de celle de Nor- ba, Pivernates Norbam atque Setiam finitimas colonias romanas , incurfione fubité , depopulari funs. 1 dit, 1. XXVT. c. xvuiy, que c’étoit un municipe, & il Le place fur la voie Appiçnne : Cerful per Appiæ muni- cipia > SE T pie, quequs propter eam via fun, Setiam foram ; Lavinium premifir. Cette ville étoit fituée fur le haut d'une montagne , ce qui a fait que Martial lui a don- né Pépithete de pezdula. Le même poëte dit dans un autre endroit, Z. X. epigr. C4: Nec que paludes delicata pomptinas Ex arce clivi [peitlat uya Setini. On recueilloit beaucoup de vin dans le territoire de Sera : Silius Italicus fait l’éloge de ce vin. 1 quos ipfus menfs fepofla liei Setia, © 2ncelebri miferunt valla velirre. Les habitans de Sesza étoient appellés Sent, & la ville elle-même fe trouve nommée Serra colonia dans. une infcription rapportée par M. Spon , page 170. Patrono. Fabrum Colonie Setine. Cette ville conferve fon ancien nom; elle ef fituée fur une montagne, dans la campagne de Rome , en- tre Setmonette &z Piperno. Maïs aujourd’hui fon ter- roir a change de nature ; il ne.produit prefque rien du tout. L'on remarque parmi lesbois dont fes mon- tagnes font préfentement couvertes, beaucoup de ces plantes appellées fcus zndica ; 1 y en a qui s’êle- vent juiqu’à la hauteur de trente piés, & qui font un tronc de la groffeur d’un homme. Les lauriers & les myrthes y font communément dans les haies, & on commence à trouver afiez fréquemment les oranges en pleine terre. Proche de Sesia , au village de Ca- fenove , on rencontre un fort grand marais, fur le- quel on peut s’embarquer pour aller à Ferracina. 20. Setiz eft encore le nom d’une ville d'Efpagne, dans la Bétique, que Ptolomée, Z IL. c. jv, place dans les terres, & qu'il donne aux Turdules. 3°. Setia, ville de l'Efpagne tarragonnoufe, fituée dans les terres & chez les Vafcones, felon Prolomée, 2, IL c. vj. Valerius Flaccus, poëte latin, étoit natif de Sea dans le Latium, & felon d’autres, de Padoue. Quoi qu'il en foit , ce poëte, qui fleurifoit fous l’empire de Domitien, vers l'an 71 de Jefus-Chrift, eut beau- coup de part à Pamutié de Martial, & ne fut pas fort accommodé des. biens de la fortune. Son poëme des Argonautes en huit livres, demeura imparfait ; & Quintihen regrete ce malheur pour les Lettres. (2.J.) _ SETIE, ( Marine.) voyez Sutrie. SÉTHIENS, ox SÉTEINIENS, £ m. pl. ( Æif. eccléf. ) hérétiques fortis de Valentin, ainfi appellés du nom de Serh. Ils enfeisnoient que deux anges ayant créé l’un Cain, & lautre Abel, & celui-ci ayant Été tué, la grande vertu qui étoit au-deflus des autres vertus, avoit voulu que Seth fût conçu comme une pure femence ; mais qu’enfin les deux premiers anges s'étant mêlés les uns avec les autres, la grande vertu avoit envoyé le déluge pour ruiner la mauvaife engeance qui en étoit venue ; que toutefois il s’en étoit gliflé quelque partie dans l’arche , d’où la ma- lice s’étoit répandue dans le monde, Ces hérétiques compoferent plufeurs livres fous le nom de Seth & des autres patriarches. Quant à Jefus-Chrift, ils fe perfuadoïent ou qu'il etoit Seth, ou qu'il tenoit fa place. Tertullien , de præfcr. c. xlyij ; Saint Irénée, L Le. vi. & fe. Saint Epiphane, her, 31 ; Baromius, À. C. 145 ; Sixte de Sienne, Z. IL. bibliorh. Godeau, Rift. ecclef. &cc. SÉTHIM, ( Cririg. facrée. ) forte de bois précieux dont Moïfe fe fervit pour conftruire l'arche, les au- tels, la table, le tabernacle même, & plufeurs au- tres chofes qui y fervoient. Ce boïs fe trouvoit dans les deferts d'Arabie, mais nous ne le connoiffons point ; & les feptante ont traduit Le mot hébreu /£- thim par leterme général de bois incorruprible ( D. J.) SETIER , f. im. rerme-de relation ; c’eft le nom que Tome XF, SET 129 les Francs donnent à des barques turques, avec lef quelles ils font le commerce de proche en proche, (D: Ja) SÈTINE, f. f. zerme de laboureur, mefure de prés dans lé pays de Bugei &c de Gex ; c’eft l'étendue de pré que fix hommes peuvent faucher en un jour: On eftime la Jésine au pays de Gex douze charretées de foin de vingt quintaux, qui font vingt-quatre méaux du pays de Breffe. À Geneve la Jeune ou féterée eft autant de pré qu'un homme en peut faucher en un jour. (D. J.) SETINUM, ( Botan. } nom donné par quelquess uns à la Meleze, & par quelques autres à lagaric de Diofcoride, (D. J.) SE FIOLER , rerme de Jardinage. Ce terme fe dit ces plantes qui, pour être trop preflées dans leurs planches , montent plus haut qu’elles ne devroient, |. ce auiles rend foibles 6z menues. Le même mot fe dit auffi des branches aui font dans le milieu des ar= bres trop touffus. ( D. J. ) SETON , f. m. rerme de Chirurgie, bandelette de linge qui fert à entretenir la communication entr deux plaies. Ce mot vient du latin fer, parce que lon fe fer- voit anciennement de crins de cheval pour la même intention. | Fabrice d'Aquapendente employoit un cordon de foie. Jai vu plufeurs chirurgiens qui fe fervoient de ces meches de coton qu’on met dans les lampes ; maïs on doit préférer une petite bande de toile, parce que le linge convient mieux aux plaies. On a foin d’effiler cette bandelette fur Les bords, pour qu’elle pañe plus facilement , & qu’elle s'applique plus mollement aux parois de la plate. Le feton eft d’un grand fecours pour porter les mé: dicamens tout le long du trajet d’une plaie contufe qui a une entrée & une fortie, comme cela arrive ordinairement dans les plaies d’armesà feu. Quelques praticiens objectent que le /éro2 eft un corps étran- ger qu'on entretient dans la plaie, &t qu’ainfi Pufage doit en être profcrit; mais on ne peut lui refuier d'avoir de grandes utilités ; 1l empêche que les en: trées Ge les iflues des plaies fe referment avant le mi- lieu ; il fert à porter les remedes convenables dans toute leur profondeur, & à conduire aifément au de- hors les matieres nuifibles. Si le fésor a quelquefois produit des accidens que lon a vu cefler par la fup- preflion qu'on en a faite, c’eft que la plaie n'étoit point affez débridée, ou que le /£ron tiré d’un mau- vais fens, accrochoit quelque efquille, laquelle en picotant les parties extrèmement fenfbles , excitoit des douleurs cruelles , comine je l'ai remarqué plu- fieurs fois. Lorfque le /éson eft à l’aife dans la plaie, il ne produit aucun mauvais effet, il procure au con- traire de très-orands avantages. Lorique la plaie eft mondifiée, on Ôte le /2or, & alors elle fe guérit fort afément, s'il n’y a aucun obftacle d’ailleurs. Pour pofer le Jéroz au-travers de la plaie, il faut avoir une aiguille deftinée à cet ufage. Voyez Ar- GUILLE. | Le /éron doit être fort long , parce qu’à chaque pan fement il faut retirer ce qui eft dans la plaie , & en faire fuivre une autre partie, que l’on aura couverte d’onguent dans toute létendue qui doit occuper la longueur de la plaie. On coupe enfuite ce qui en eft forti , & qui eft couvert de pus. Quand tout le /érox eftulé, & que l’on a encofre befoin de s’en fervir , il "ne faut pas en pafler un nouveau avec l’aiouille, mais on lattachera au bout de celui qui finit, en obfervant autant qu'il eft poflible de faire entrer le /ééoz par le côté fupérieur de la plaie, &c de le faire fortir par ce- lui quien eft l’égoñt. | Quand on fupprime le feton , on met affez ordinai- rement de la charpie brute fur toute la de 130 SIEST* lendroit fous lequel le fésoza pañlé, 8c par-deflus üne comprefeaflezépaifle. Enrapprochant parce moyen les parois du finus, on procure une prompte réu- nion. SETON , opération de Chirurgie par laquelle on perce d’un feul coup la peau en deux endroits, avec un inftrument convenable, pour pañler une bandeletre de linge d’une ouverture à l’autre , afin de procurer une fontanelle, ou ulcere dans une partie faine. Voyez FONTANELLE. Le /éron fe. pratique le plus ordinaire- ment à la nuque. | Ily a bien des auteurs qui ne font point partifans de cette opération. On fait contre elle des objeétions qui lui font particulieres ou communes avec les cau- teres. Plufeurs perfonnes, fort éclairées d’ailleurs , ne croyent pas qu’un trou fait à la peau & à la graifle puifle fervir d’écoût aux humeurs vitiées qui pro- duifent des maladies habituelles ; telles que les maux de tête invétérés , les ophthalmies opimätres , c. Cette opinion eft contredite par un grand nombre de faits qui aflurent l’utilité de ces fortes d’évacua- tions ; elles peuvent même fervir de préfervatf: on a l'expérience que les perfonnes qui portent des cau- tetes ne font point attaquees de la pete. Voyez Am- broife Paré & autres auteurs , qui rapportent des obfervations pofitives à ce fujet. Les raifons particulieres qw’on trouve dans les li- vres contre l’opération du /étor, ont pour fondement la méthode cruelle dont on la pratiquoit, Les anciens pinçoïent la peau avec des tenailles percées, &c paf- foientun ferardent au:travers de ces ouvertures pour percer la peau. Pour faire cette opération par une méthode plus fimple & moins douloureufe , le chirurgien pince la peau & la graïfle longitudinalement avec Les pouces êt les doigts indicateurs des deux mains ; 1l fait pren- dre par un aide Le pli de peau qu'il pinçoit de la main droite, & dé catte main il perce la peau avec un pe- tit biftouri à deux tranchans ; après avoiriretiré {on inftrument , 1] pañle la bandelette par le moyen de l'aiguille à éroz, 8 on panfe les deux petites plaies avec de la charpie, une comprefle, & quelquestours | de bande. On peut avoir un biftouri avec une ouver- ture ou oœ1l vers la pointe : par ce moyen on pañlera la bandelette en même tems qu'on fait Les incifions. La fuite des panfemens eft la même que nous Pa- vons décrite 44 mot SETON , piece d’apparezl, Cette efpece de fontanelle à {ur le cautereles avan- tages d’être faite dans le moment: la fupputation ÿ eft établie dès le fecond jour; & dans l'application du cautere , il faut attendre la chüte de l'efcarre, qui ne fe fait fouvent qu'au bout de douze ou quinze jours. L’ulcere produit par le féton eft tellement fou- mis à la volonté du chururgien, qu’on lentretient tant de tems qu'on le defire , & qu’on le gucrit de même dès qu'on le fouhaite, en Ôtant la bandelette, L’ulcere qu’on a fait avec le cautere, fe guérit quel- quefois malgré qu'on en ait ; & fouvent on defreroit le guérir fans pouvoir y réuflir, du-moins aufli promp- tement que le /éroz ; dans ce dernier cas la guérifon eft une affaire de vinot-quatre heures, & Pulcere du cautere doit être mondifié, détergé & cicatrifé, ce qui demande un tems plus long. (F) SE-TSE , ou TSE-TSE, ( Hiff. nat. Botan. ) efpece de figues, quinecroiïffent qu’à la Chine, & fur-tout dans les provinces de Chan-tons êt de Yun-nan. Ces figues ont un parfum délicieux ; l'arbre qui les pro- duit eff de la grandeur d'un noyer, dont les feuilles {ont d’un très beau verd d’abord, mais enfuite elles deviennent d’un rouge très-vif. Le fruit eft de la grofieur d'une pomme médiocre ; 1l jaunit à mefure qu'il mürit. Lorfqu’on fait fécher ces figues, elles fe À ‘couvrent à l'extérieur. d’un enduit femblable à du fucre. SE Ve SETTE , 02 STE, ( Géog. mod,) cap de France dans le bas Languedoc, fur la côte de lamer , au midi du: lac de Maguelone & de la bourgade de Fronti- gnan. Louis XIV. y fit conftruire un-port qui eft pour les galeres &c les petits bâtimens. C’eft-là que com- | mence le canal de Languedoc, qui va fe terminer dans la Garonne à Touloufe. Lors. fuivant Cafini, prile au fanal de cette ville, 21,13. larie. 43. 24. 40. ( 2, J, ) æ, SETTENIL , ( Géog. mod.) en latin barbare Sep- cenilium, petite ville d’'Efpagne, dans le royaume de Grenade, fur un rocher, au couchant de Munda, & vers les contns de PAndaloufie. La plüpart des mai- fons font taïllées dans le roc; le terrein des environs ne produit que des pâturages. (D. J. y SETT LA » ( Géog. mod.) province de Pile de Can< die, du côte de l'occident, dans Pendroit que l’om appelle J/fhene ;cetteprovince eft très-petite, n'ayant wenvirondouzemilles détendue, & pour chef-lieu une petite ville de fon nom. ( D. J.) SErTiA, ( Géog. mod.) ville de l'ile de Candie; êt le chef-lieu de la petite province de même nom; elle eft fituée au feptentrion fur le bord de la mer; fon château qui étoit aflez confidérable, a été détruit par les Vénitiens en 1651, & n’a point été rétabli par les Turcs depuis que l'ile de Candie à paflé dans leurs mains. (D. J. ) ? SETUBAL , ( Géog. mod.) ville de Portugal, dans l'Eftramadoure au midi du Tage, vers embouchure du Zadaor, à 10 heues au fud-eft de Lisbonne. Sétubal a été bâtie des ruines de l’ancienne Cero- briga, qui toit un peu plus avant au couchant, & dans laquelle Jupiter Ammon avoit un temple, On a eu foin de la fortifier , &z de la fermer de murail- les. Elle ef fituée au boutd’uné plaine de deux lieues de longueur, extrèmement fertile en grain, en vin, ê&t en fruits. Au couchant de cette ville, la terre fait un promontoire avancé dans la mer, qui préfente deux cornes, l’une au nord du côté duTage, & l’autre au midi du côté de l’océan ; ce dernier promontoire eft le promontorium Barbarium des anciens , & le cap de Efpichel des modernes. Sérzbal s’étoit accrue par la commodité de fon port, par la fertilité de fon terroir, par la richefle de fa pêche, êc par la fécondité de fes falines. Enfin, fon commerce floriffant avoit rendu depuis deux fie- cles cette ville confidérable, lorfw’elle a été détruite par ceterrible tremblementdeterre, du premier No- vembre 1755, qui a f prodigieufement endommagé Lisbonne. Long. 8, 45. latit. 38. 22. ( D. JT.) SETUNDUM , ( Géog. anc. ) ville de PEthiopie, fous l'Egypte, Le long du Nil, felon Pline, Z. FL. c. KEANE) SETZ , (Géogr. mod. ) par M. de l’île Seezin, ville de la bafle-Hongrie, dans le comté de Barauyvar , à la droite du Danube, entre Bude & Peterwaradin, (D.J.) SEVA , 1. m.( Æff. nar. Botan. ) arbrifleau de l’île de Madagafcar; {es feuilles font d’un verd foncé pat- deffus ; elles font blanches & cotonneufes par-def- fous , & de la grandeur de celles d’un amandier; elles font aftringentes &t peuvent fervir de remede contre le flux de fang. SEA, ( Antig. rom. ) couteau dont on fe fervoit dans les facrifices pour égorger les viétimes. (D. J.) SEUDRE LA , ( Géog. mod.) riviere de France, en Saintonge ; elle fe jette dans la mer près de Ma- rennes, &t vis-à-vis la pointe méridionale de l'ile d'Oleron. Au refte, la Seudre eft plutôt un bras de mer qu'une riviere, puiqu'elle n’eft navigable que par le fecours des marées ; fes environs en tirent de grands avantages..parce qu’elle donne entrée quatre lieues avant dans les terres à des vaifleaux de deux cens tonneaux. Le cardinal de Richelieu projettoit de faire conduire un canal de l'extrémité de la Seu- dre jufqu’à la Gironde ; mais l’idée de ce projet utile eft morte avec lui. ( D. J. ) | SÈVE , ( Botun. ) humeur aqueufe qui fe trouve dans le corps des plantes, & qui les nourrit. Nous ne connoïffons point encore la caufe de l’é- évation de la féve dans les plantes : cette caufe réfi- deroit-elle dans quelque mouvement analopue au mouvement périftaltique des inteftins ? L’aétion d’un air plus ou moins chaud {ur la lame élaftique des tra- chées, feroit-elle le principe de ce mouvement ? La roideur que le defféchement produit dans les parties élaftiques & ligneufes, s’oppoferoit-elle à ce mou- vement ? Quelques phyficiens ont imaginé que la fève cir- culoït dans les plantes comme le fang circule dans les animaux; mais les expériences de M. Hales ont dé- montré la faufleté de cette opinion ; aufli n’admet-il dans la Jéve qu’une forte de balancement. Les judi- cieufes réflexions fur lefquelles il établit fon hypo- thèfe , méritent d’être lues dans ouvrage même ; je ne ferai que les indiquer ici. Les plantes reçoivent & tranfpirent en tems égal beaucoup plus que les grands animaux ; les plantes font dans un état de perpétuelle fuccion ; elles pren- nent fans cefle de la nourriture pendant Le jour par leurs racines , pendant la nuit par leurs feuilles ; les animaux au contraire pe prennent de la nourriture que par intervalle, La digeftion de cette nourriture ne s’opéreroit point ou s’opéreroit mal, fi de nou- velles nourritures ne fuccédoient fans interruption. La méchanique qui exécute la nutrition des plantes, paroït donc devoir différer beaucoup de celle qui exécute la nutrition des animaux qui nous font les plus connus. A La nutrition des plantes femble devoir fe fair d’une maniere plus fimple, exiger moins de prépa- rations que celle des grands animaux; c’eft ce qu'in- dique encore l’infpeétion des organes. Les plantes n’ont point de parties qui répondent par leur ftruéture ou par leur jeu, à celles qui ope- rent la circulation du fang dans les grands animaux. Elles n’ont ni cœur, ni arteres, ni veines ; leur ftru- dure efttrès-fimple & très-uniforme ; les fibres li- gneufes , les utricules, les vafes propres, les tra- chées , compofent le fyftème entier de leurs vifce- res ; & ces vifceres font répandus univerfellement dans tout le cogps de la plante : on les retrouve juf- que dans les moindres parties. Les vaifleaux féveux n’ont point de valvules deftinées à favorifer l’afcen- fon de la Jéve, & à empêcher la rétrogradation. Quand ces valvules échapperoient au microfcope, l'expérience en démontreroit la faufleté ; puifque les plantes que lon plonge dans l’eau , ou qu’on met en terre par leur extrémité fupérieure, ne laiflent pas de vépéter. Il eft fi vrai que la féve monte & defcend librement par les mêmes vaiffleaux, que fi après avoir coupé dans la belle faifon, une des grofles branches d’un . arbre, on adapte au tronçon un tube de verre qui contienne du mercure, on verra la féve élever le mercure pendant le jour, & le laiffer tomber à lap- proche de la nuit. On parviendra de cette façon à mefurer la force de la Jéve par l'élévation du mer- cure, & à comparer cette force dans différens {u- jets. Toutes chofes d’ailleurs égales, les variations du mercure feront d'autant plus confidérables , que le jour fera plus chaud, & la nuit plus fraîche. La marche de la Jéve dans la belle faifon, reflemble donc aflez à celle de la liqueur d’un thermometre : l’une ëc l’autre dépendent également des alternatives du chaud & du frais. Enfin, les divers phénomenes botaniques qu’on a Tome XF, S E V 137 regardes comme de fortes preuves de la circulation de la Jéve, ne la fuppofent point néceffairement. Tous ces phénomenes s’expliquent de la maniere la plus heureufe par un principe fort fimple , fondé fur l’obfervation ; c’eft qu’il y a une étroite commun: cation entretoutes les parties d’une plante ; elles{ont toutes les unes à Pégard des autres, dans un état de fuccion : la nourriture que prend une de ces parties, {e tranfmet aux autres; les feuilles fe nourriffent ré. ciproquement ; la racine pompe le fuc de la tige; la tige pompe le fuc de la racine. Ainfi, du commerce mutuel qui eft entre le fujet & la greffe, réfulte cette communication réciproque de leurs bonnes où de leurs mauvaifes qualités, qu’on allegue en preuve de la circulation. Le fuc nourficier pañle alternative. ment du fujet dans la greffe, & de la greffe dans le fujet. Certainement les plantes n’ont point d’efto- mac, d'intefins, d’arteres, ni de veines ; mais il {e peut que la Jéve monte par le bois, & defcende par l'écorce. Une partie du fuc nourricier qui s’éleve par les fibres ligneufes, peut pafler par les feuilles dans lécorce, de-là dans la racine, Une autre partie de ce fuc retourneroit par les mêmes vaifleaux vers la racine; d’où elle repañleroit encore dans la tige; c’eft du-moins la conje@ture de M. Bonnet ; & mal beureufement toutes les conjedtures en ce genre, ne {ont que de pures dépenfes d’efprit. (D; 7) SÉVE , ( Géog. mod. ) village de France près de Paris, &fameux par le pañlage dela riviere de Seine, qu'on y traverfe fur un pont de bois de vingt & une arches , qui embrañe les deux bras de la riviere. M. Perrault de l'académie royale des Sciences, avoit projetté un pont de boïs d’une feule arche, de trente toifes de diametre , qu'il propofa de faireconftruire. Le trait de l’arche eft une portion de cercle ferme & folide. Il auroit été compofé de dix-fept afflemblages de pieces de bois, qui pofés en coupe lun contre l'autre , {e devoient foutenir en lair par la force de leur figure, plus aifément que n’auroient fait des pierres de taille, qui ont beaucoup de pefanteur, Cette ingénieufe invention auroit eu l'avantage de ne point incommoder la navisation : ce pont n’au- roïf jamais été endommagé par les glaces & par les grandes eaux, & on auroit pu le rétablir fans que le paflage en eût été empêché. ( D. J. SEVE , ( serme de marchand de vin. ) ce mot fe dit d'une qualité ou d’une certaine faveur que le fep de vigne à communiqué à la grappe, & la grappe au vin, ce qui le rend agréable à boire : C'eft une pe- tite verdeur qui fe tourne en force dans la maturité du vin. Les gourmets font grand état de celui quia de la Jeve ; mais il y a autant de différentes fèves qu'il a de différens vins. ( D. J. SEVENBERG , ( Géog. mod. ) petite ville des Pays-Bas, dans la Hollande , À trois lieues de Breda ; 6 à deux de Willemftad. (D. J.) SÉVEND LE, ( Géog. mod. ) riviere qui coule entre celle de Terk & celle de Coiï, en Derbend. Elle fe décharge dans la mer Caïfpienne , felon M. Petit de la Croix. (D. J. ) SEVENNES LES , ( Géog. mod. ) la meilleure or- tographe eft Cevennes ; montagnes de France , au bas-Languedoc. Elles regnent dans les diocèfes d’A- lais , d'Uzès , de Mende & d’une partie du Viva- rais. Céfar, dans fes commentaires, appelle cette chaine de montagnes , mons Cebenna , & dit qu’elle fépare les Hélviens des Auverpnats, parce qu’en ce tems-là les peuples du Gevaudan & du Velay , ( qui font féparés du Vivarais par les Cevennes Ÿ étoient dans la dépendance des Auvergnats. Les poëtes la- tins appellent indifléremment ces montagnes, Ce- benna où Cebernæ, mais Strabon & Ptolomée écri- vent Cemmenr. Les Cevennes {ont de difficile accès 3 &t ont Été cependant très-peuplées le grand } nombre de Calviniftes qui s’y retirerent dans les derniers fiecles, comme dans un lieu de retraite. (D.J.) | SEVER SAINT, ( Géop. mod, ) où Saint-Sever- Cap , pour le diflinguer de Sains-Sever de Ruftan. Saint-Séver-Cap eft une petite ville de France, dans la Gaäfcogëne, au diocèle d’Aire , fur l'Adour , à 6 lieues au nord-oueft d’Aire , &à 155 de Paris. Il y a une fénéchauflée du reflort d’Acas, & une abbaye d'hommes , ordre de Saint Benoït , fondée Pan 993. Long. 17. 44. latit. 43, 40. Saïnt-Sever de Ruftan, eft une autre petite ville de France dans le Bigorre , au diocèfe d’Auch, & à deux lieues de Tarbes, fur l’Arros , avec une ab- baye d'hommes , ordre de Saint Benoît, unie à la conprécation de Saint Maur. Long: 17. 37. Lait. 43. 6. : D. Martianay , bénédiétin de la congrégation de Saint Maur, naquit à Sainr-Sever-Cap en 1647 , & mourut à Paris en 1717. Il a donné une nouvelle édition des œuvres de Saint Jérôme, & un grand nombre d’autres ouvrages , dans lefquels il regne plus d’érudition que de jugement & de faine criti- que. Sa vie de Magdelaine du Saïnt Sacrement , qu’il mit au jour à Paris en 1711, eft aufi ridicule qu’au- cune de celles qui fe trouvent dans les légendes. (2.1) | SEVERAC LE CHATEL, ( Géog. mod. ) petite ville , ou plutôt bourgade de France , dans le Rouer- gue , élection de Milhaud; ceite bourgade eft au- jourd’hui toute dépeuplée. (2. J.) SEVERAK, ( Géog. mod. ) ville dela Turquieen | Afie , fur la route d'Alep à Tauris, par Diarbékir & VER CDTI) SEVERE , adj. ( Gram. ) obfervateur fcrupuleux des lois. Il fe dit des chofes & des perfonnes. .Il eft juge févere ; 1l a le goût /évere. SÉVERIE , ( Géog. mod. ) province de l’empire Rufien , dans la Mofcovie , avec titre de duché ; c’eft une province remplie de forêts ; la partie mé- ‘ridionale en a une fenle, qui eft longue de vingt- quatre lieues d'Allemagne , & la partie feptentrio- nale n’eft pas moins couverte de bois. La /évérie eft bornée au nord par les duchés de Smolensko & de Mofcou , au midi par le pays des Cofaques , au le- vant par le même pays & la principauté de Voro- tink, & au couchant par le duché de Czernigove, Ses principales rivieres font la Dubiecza, la Dezna êc la Nezin. Sigifmond III. s’empara de cette pro- vince en 1611. Le czar Alexis la recouvra en 1654; & depuis ce tems-là , elle eft reftée à l’empire de Ruflie , comme fafant partie du duché de Smolens- ko. Novogrodek en eft la capitale. ( D, J.) SEVERINO san, ( Gcog. mod.) il y a deux ‘villes de ce nom en Italie, dans le royaume de Na- ples. La premiere eft entre des collines , à fix milles de Tolentin, à feize de Macerata , & à douze de Camerino. Elle a été bâtie en 1198 , près des ruines de lPancienne Septempeda, que les Goïhs avoient détruite en 543. Son évêché eft fuffragant de Fermo, & a été érigée par Sixte V. en 1586. Long. 30. 54. lait, 43. 10. La {econde Saz-Severino eft dans la principauté citérieure , au nord de la ville de Salerne, près de la nviere de Sarno. Elle appartient au prince d’Avel- lino de la maifon Caraccioli. (2. J. ) SÉVÉRITÉ , RIGUEUR , ( Syronym. ) la féve- rité fe trouve principalement dans la maniere de penfer & de juger ; elle condamne facilement & wexcufe pas. La rigueur {e trouve particulierement dans la maniere de punir ; elle n’adoucit pas la peine & ne pardonne rien. Les faux dévots n’ont de /évérisé que pour autrui ; prêts à tout blâmer , ils ne ceffent de s’applaudit eux- S'E V nêmes. La rigueur me patoït benne que dans les 6e: cañons où l'exemple feroit de la plus grande confé+ quence : par-tout ailleurs on doit avoir beaucoup d'égard à la foiblefle humaine. L'ufage a confacré Les mots rigweur & févériré à de certaines chofes particulieres. On dit la Jévériré des mœurs, lariguerr de la raïfon. La févériré des fem- mes, felon l'auteur des maximes, eft un ajuftement & un fard qu’elles ajoutent à leur beauté, Dans cé fens, le mot rigzeurs au pluriel répond à celui de | Jévérisé. 11 s'emploie fort bien en poéfie pour les def= tins. Brébeuf a dit : 3 + L TMS. : L'une 6 l'autre fortune à d'égales rigueuts, £ tlaffront des vaincus ef UT Crimée aux VanQUeurs, (D.1.) SEVERO SAN , ( Géog. mod. ) petite ville d’Itas lie , au royaume de Naples, dans la Capitanate, à vingt-quatre milles au couchant de Manfrédonia.Son évêché , auquel on a uni celui de Civitare, releve du faint fiege. Long. 32.56. latir. 41.40.( D. J. ) SÉVÉRONDE, £ f. ( Charpenrer. ) c’eft la faillite d’un toit fur la rue, ou fi l’on veut, Île bas de la cou: verture d’une maïfon, On dit auffi /xbgronde, (D. J.) SEVERUS-MONS , ( Géog. anc.) montagne d’I- talie, dans la Sabine , Virgile en parle au FI. livre de l'Enéide, vers 7134 Qui retricæ horrentes rapes | montetque Seyerum ; Cafperiamque colunr. Severus , dit Feftus, eft le nom propre de cette montagne, qui felon Léander, conferve encore cet ancien nom , car il veut qu’on la nomme wonte-Se. véro. ( D.J.) SEVICES , (Jurifprud.) du latin fœvicia, eft un terme ufité au palais, pour exprimer les traitemens inhumains que l’on fait fouffrir à quelqu'un. On joint ordinairement enfemble les termes de Jévices & mauvais traitemens | quoique celui de /évices foit le plus fort. Pour ordonner la féparation de corps entre mari &t femme, 1l faut qu'il y ait des févices de la part du mari ; ces févices {e mefurent à la qualité des per- fonnes , à leur éducation , & à leur maniere ordi- naire de vivre; entre gens de bafle condition, il faut des faits plus graves qu'entre gens qui ont pius de fentimens & de délicatefle. Voyez SÉPAR À. TION. (4) SEVIE , ff, ( Marine ) forte dégpetit bâtiment flamand. SEUIL , fm. ( 4rchie.) c’eft la partie inférieure d’uneporte , ou la pierre qui eft entre fes tableaux; . ellene diffère du pas qu’en ce qu’elle eft arrafée d’a- près le mur. Le feuil a quelquefoisune feuillure pour recevoir le battement de la porte mobile. (2. 7.) SEUIL d’éclufe | ( Archie. hydraul,) piece de bois qui étant pofée de travers , entre deux poteaux au fond de l'eau , fert à appuyer par lebas, la porte ou les aiguilles d'une éclufe | ou d’un pertuis. Seuil de pont-levis , groffe piece de bois avec feuil. lure , arrêtée au bord de la contr’efcarpe d’un foffé, pour recevoir le battement d’un pont-levis, quand on l’abbatile. On l'appelle auf forzmier. ( D. JT.) SEVILLE, (Géog. mod.) ville d'Efpagne, capitale de PAndaloufie , fur la rive gauche du Guadalqui- vir, à 16 lieues aunord-oueft de Grenade, & à 88 au fud-oueft de Madrid. Elle eft une des premieres, des plus belles, & des plus confidérables villes d'Efpagne,à tous égards; elle porte le titre de citéroyale , & de capitale d’un. beau royaume ; elle tient le premier rang dans lé- ghfe des vaftes états efpagnols , par la dignité de métropole dont fa cathédrale eft reyêtue; le com- merçe y fleurit par fa fituation fur le Guadalquivir , SE V près de la mer; les flotes des Indes viennent y ap- porter lor & l'argent du nouveau monde, & on y ecnvertit ces métaux en monnoie. . Elle cftfituée dans unebelle & vafte plaine à perte de vue, qui lui donne fes fruits 8 les riches toifons de fes brebis, Un aqueduc de fix lieues de long , ou- vrage des Maures qui fubffte encore, fournit de l’eau à tous fes habitans, | … Elle eftde figure ronde, ceinte dehautes murail- les flanquées de tours, avec des barbacanes , &c fer. mées de douze portes. On diftingue entre fes faux- bourgs , cehu de Triana, fitué à l’autre bord dufleu- ve, où on pañle de la ville’ fur un pont de bateaux. Long. fuivant Caflini, 11, 21, 30. lait. 37. 36. Séville portoit dans Pantiquité le nom d’Æifpalis + les Maures , qui n’ont point de p, ont fait /sbilia, & de-là eft venu par corruption le nom Sévillz; comme c'eft denos jours une des plus riches ville d'Efpagne, ‘c'étoit. aufhi la plus opulente ville des Maures ; Fer- dinand Lil. roi de Caflille & de Léon, en fit la con- quête en 1243. & elle ne retourna plus à fes anciens maîtres. La mort qui terminala vie de ce prince quatre ans après, mit fin à fes briilans exploits. - Les maïfons de cette ville font toujours conftrui- tes à la morefque , & mieux bâties que celles de Grenade & de Cordoue ; maïs les rues font étroires &t tournantes. Les églifes y font fort riches ; la ca- thédrale eft en particulier la plus belle églife , & la: plus régulierement bâtie qui foit dans toute PEfpa- gne ; fa voute , extrémement élevée, eft foutenue de chaque côté , par deux rangs de piliers ; elle eft longue de 175 pas, & large de 80. Son clocher eft d’une hauteur extraordinaire | bâti tout entier de briques , percé de grandes fenêtres , qui donnent du jour à la montée; il eft compofé de trois tours l’une fur l'autre , avec des galeries &c des balcons; l’efca- er a fa montée fi douce , qu’on peutla parcourir en mule 6 à cheval , jufqu’au plus haut, d’où l’on dé- £ouvre toute la ville &lacampagne, L’archevèque de SéviZ/e, dont le fiege eft fort an- cien, a pris quelquefois le titre de primat d'Efpaone; on prétend que ce prélat a plus de cent mille ducats de revenu; la fabrique de Péglife en a trente milie, à quarante chanoines ont chacun trente mille réaux. La plüpart des autres égliles de Séville font belles, & particulierement celles qu’on voit dans quelques maifons religieufes ; on y compte 85 bénéfices, & plus de trois mille chapelles ; l’églife de S. Salvador, qui fervoit autrefois de mofquée aux Maures, ef par conféquent bâtie à la morefque , c’eft-à-dire aw’elle cit faite en arcades , foutenues par des piliers qui forment plufieurs portiques. L'univerfité de Séville a été fondée en 1537. par Roderique Fernandez de Santaella , favant efpagnol de fon tems ; enfuite les rois d'Efpagne lui ont accor- dé les mêmes privileges qu’à celle de Salamanque , d'Alcela, &t de Valladolid ; elle a toujours pour pa- tron quelque grand feigneur efpagnol, qui pour ce- la ne la fait pas fleurir davantage. Au midide la ville, près de léglife cathédrale , eft le palaisroyal, nommé a/caçar, bâti en partie à l'an- tique par les Maures, & en partieà la moderne par le roi D. Pedro , furnommé Le cruel: mais l'antique eft infiniment plus beau que le moderne. On donne à ce palais un mille d’étendue; 1l eft flanqué de tours, qui font faites de groffes pierres taillées en quarré. La Bourfe où Les marchands s’afflemblent, eft derrie- re Péglife cathédrale; elle eft faite en quarré, d’or- dre tofçan, & compofée de quatre corps de logis: chaque façade a deux cens piés de longueur avec trois portes & dix-neuf fenêtres à chaque étage : elle a deux étages , dont lun fert pour les confuls ; fes ap- pattemens font de grandes falles lambriffées , où les inarchands traitent enfemble des affaires ducommer- SE V 133 ce ; Tebâtiment, commencé en 1384, & qui n'aété fnique foixante ans après a couté prodisieufément, puiique Pachat de l’emplacement feul ; fut payé foi: xante & cinq mille ducats. À l'entrée du fuxbourg nommé Triena , eft lé couts, où toute la ville va prendre ie frais en été ; 11 eff fait comme un jeu de mail double, partasé eñ ceux allées de grands arbres , avec de petits foffés pleins d’eau. La boucherie , par une plus fage politique qué: celle de Paris, eft hors dela ville ; mais par une dé lcatefle de luxe, également cruelle & effrénée, on prend foin avant que d’égorger les bœufs, de les fai: re combattre contre les dogues , afin que leur chair en toit plus tendre. En rentrant dans la ville par le pont de bateaux, on voit à l'entrée du port, qui eft fpatieux,, le long du bord du Guadalquivir , une grande place nommée l’Aréral , la maïton de For, où l’on décharge les ef fets, & où l’on met l'or & l'argent qui viennent des Indes. Cette maïfon a un grand nombre d'officiers qui tiennent resiltre de toutes les marchandifes qui arrivent du Nouveau-monde, ou qu'on y porte. Oncompte plus de cent hôpitaux dans Séville, la pRpart richement dotés; il y en a un où l’on don- ne à chaque malade fes mets particuliers, felon l'or: donnance des médecins ; les gentilshommes, les étu: dians de Puniverfré , y font reçus, & ontles uns & les autres , des chambres {éparées ; c’eft une fort belle inflitution. ! | Enfin Séyillee® une ville d'Efpagne des plus dignes de la curiofité des voyageurs ; elle eft moins peuplée que Madrid , mais plus grande & plus riche ; auf fournit-elle feule au roi un million d’or par an. Le pays dans fequel elle eff fituée, eft extrémement fer: tie en vin, enblé, en huile, & généralement en tout ce que laterre produit pour les befoins, ou pour les délices de la vie. Le Guadalquivir lui fournit du poiflon , & la marée qui remonte deux lieues aua deflis de Séville, yjette entr’autres , quantité d’alo= fes & d’efturgeons ; cependant tout ce beau pays, Ëx la villemême, peuvent être regardés comme dé- {erts, en comparaifon du tems des Maures; on en fera bien convaincu fi lon lit Phiftoir d'Efpagne, fous le regne du roi Ferdinand, Le commerce des Indes & de l’Afrique , faitqu’on {e fert beaucoup à Séville d'efelaves qui font marqués au nés , ou à la joue ; onles vend & on les achete à prix d'argent, comme des bêtes, & on les fait tra= vailler de même, fans que le chriflianifme qu'ils ema braflent , ferve à rendre leur fort plus heureux. Je n’entrerai pas dans d’autres détails fur Séville , parce qu'on peut s’en inftruire dans plufeurs ouvra: ges traduits en françois ; mais il faut que je parle de’ quelques hommes célebres dans les lettres } dont el- le a été [a patrie. Averçoar ( Abu Merwan Abdalmalek Ebn Zohr), célebre médecin arabe, qui florifloit dans le xij fie cle; Léon Pafriquain place fa mort à 92 ans, dans l’année 564 de lhégire, qui tombe à Van 1 167-8. de J.C. Né dans la médecine, & d’une famille de mé= decin , il eut pour maitre Averroës, & exerça fon art avec beaucoup de gloire dans Séville fa patrie, I rejetta les vaines fuperflitions des affrolovues, fui: vit principalement Galien dans fa théorie , & a ce- pendant inféré dans fes écrits des chofes particulie- res , dont 1l parle d’après fa propre expérience. Son ouvrage intitulé, Tagafir flmédavat waltadhir, qui contient des regles pour les rémedes & la diete dans la plüpart desmaladiés, a été traduit en hébreu l'an de j.C. 1280. & de l’hébreu enlatin, par Parayicius: Alcafar (Louis de) ; jéfuite, a fait un ouVrage fur l’apocalypfe , qui paffe pour un des meilleurs des catholiques romains ; ileft intitulé, Veffigatioarcani 134 SE V Jenfäs in Apocalypfi, & il a été imprimé plufieurs fois de fuite , favoir à Anvers en 1604, 1611, & 1619. & à Lyon, en 1616, ix-fol. L'auteur pré- tend que l'apocalypfe eft accomplie jufqu'au ving- tieme chapitre , & ne fait aucune difhculté d’aban- donner dans fon explication, les peres de l’églife. Il mourut dans fa patrie en 1613, âgé de 6o ans. Antonio ( Nicolas ), chevalier de Pordre deS. Jac- ques, & chanoine de Séville, a fait honneur à fon pays , par fa bibliothèque des écrivains efpagnols, qu'il mit au jour à Rome en 1672 , en 2 vol. ir:fol. Elle a été réimprimée dans la même ville , en 1606, au frais du cardinal d’Aguirre ; c’eft un très-bon livre en fon genre, avec une préface pleine de jugement. L'auteur mourut en 1684, à 67 ans. On lui doit en- cote un livre d'érudition: De exilio , five de pœnä exulii, exulumque conditione , & juribus , Antuer- piæ 1659 , 2n-fol. Cafas ( Barthelemi de las ) , évêque de Chiapa, fuivit à 19 ans fon pere , qui pafla en Amérique avec Colomb, en 1493. Il employa cinquante ans fans fuccès à tâcher de perfuader aux Efpagnols qu’ils de- voient traiter les Indiensavec douceur , avec defin- téreflement, & leur montrer l’exemple des vertus. De retour en Efpagne , en 1551, à caufe de la foi- blefle de fa fanté, il fe démit de fon évêché, & mou- rut à Madrid en 1566, à 92 ans. Ona delui une re- lation intéreffante, de la deftruttion des Indes par les barbaries des Efpagnols, Cette relation parut à Séville en efpagnol, en 1552; en latin à Francfort, en 1598 ; en italien à Vemife, en 1643; &en fran- çois à Paris , en 1697. C’eft un ouvrage qui refpire la bonté du cœur, la vertu, & la vraie piété; ona encore de ce digne & favant homme, un livre latin, curieux & rare , imprimé à Tubinge en 1625 , fur cette queftion : « fi Les rois ou les princes peuvent 5 en confcience , par quelque droit ou quelque ti- » tre, alièner leurs fujets de la couronne, & les # foumettreà la domination de quelqu’autre feigneur »# particulier ». Payez fur ce fujet la B27. ecclef. de M. Dupin , xvj fiecle. Cervantes Saavedra ( Miguel de } , auteur de don Quichotte, naquit à SeviZle, en 1549 ,felon Nicolas Antonio. Il avoit tant de pafñon pour s’inftruire, qu'il dit : « je fuis curieux jufqu’à ramafler les moin- # dres morceaux de papier par les rues». Mais il fit fon étude particuliere des ouvrages d’efprit, tant en vers qu'en profe, & fur-tout de ceux des au- teurs efpagnols & italiens. On voit qu'il étoit fort verfé en ce qui a du rapport à cette forte de li- vres , parle plaifant & curieux inventaire de la bi- bliotheque de don Quichotte, par les fréquentes al- lufions aux romans , par le jugement fin qu’il porte de tant de poëtes , & par fon voyage du parnal]e. Il pafla en Italie pour prendre le parti des armes, & fervit plufeurs années fous Marc-Antoine Colon- ne. Il fe trouva à la bataille de Lépante, en 1571, &t y perdit la main gauche d’un coup d’arquebufe ; ou du moins en fut:l fi fort eftropié, qu'il ne put plus s’en fervir. Peu de tems après, il fut pris par les Mau- res, & mené à Alger,où 1l demeura plus de $ anspri- fonnier. De retour en Efpagne, il compofa plufeurs comédies , qui eurentune approbation générale, tant parce qu’elles étoient fupérieures à celles qu’on avoit vues jufqwalors , qu’à caufe des décorations , qui étoient toutes de fon invention, & qui parurent très- bien entendues. Les principales de fes comédies, _étoient les coutumes d’ Alger, Numancia, & la bataille navale. Cervantes traita le premier & le dernier de ces fujets en témoin oculaire. Il fit aufi quelques tragédies qu’on applaudit. Ban 5 84 1l publia fa Galarée, qui fut très-accueil- lie. Il prouva par cet ouvrage la beauté de fon ef- prit dans l'invention , la fertilité de fon imagination \ dans la variété des defcriptions, fon adrefle à dénouer les intrigues , & fon habileté dans Le choix des ex- prefhions propres au fujet qu’il traitoit. On eftima fur-tout la modeftie avec laquelle 1l parloït de l’a- mour, On ne critiqua que la multiplicité des épifo- des, qui quoiqu'amenés avec beaucoup d’art, em- pêchent de fuivrele fil de la narration, & l'interrom- pent trop fouvent par de nouveaux incidens. Cer- vantes fentit bien lui-même ce défaut , & il en fait prefque l’aveu , quand il introduit le curé Pérez, gradué à Siguenza , & maitre Nicolas le Barbier, difant : « Celui-là que voilà tout-auprès du recueil » de chanfon de Lopès de Moldonado , comment » S’appelle-t-1l , dit le curé ? C’eft la Galarée de Mi- » chel de Cervantes , répondit maître Nicolas. Il Y » a long-tems que cet auteur eft de mes meilleurs » amis, reprit lecuré, & je fai qu'il eft plus mal- » heureux encore que poëte. Son livre a de linven- » tion; 1 promet aflez , maïs il n’acheve rien. Il » faut attendre la feconde partie qu'il fait efpérer ; » peut-être qu'il réuflira mieux, & qu'il méritera » qu’on fafle grace à la premiere: compere gardez- » la». La feconde partie , quoique fouvent promife, n’a Jamais paru, Ce joli paflage eft, comme on fait, dans don Qui- chotte , ouvrage incomparable par la beauté du fty- le , par la juftefle de lefprit , la finéfle du goût, la délicatefle des penfées , le choix des incidens , & la | plaifanterie fine qui y regne d’un bout à l’autre. Don Quichotte nous offre en fa perfonneun fou vraiment héros , qui s’imaginant que quantité de chofes qu'il voit, reflemblent aux avantures qu’il alues, s'engage à des entreprifes glorieufes dans fon opinion , & folles dans celles des autres. On voit en même tems ce même héros-chevalier , raïfonner fort fagement quand il w’eft pas dans fes accès de folie, La fimpli- cité de Sancho Pança eft d’un comique qui n’en- nuie perfonne. Il parle toujours comme il doit par- ler, & agit toujours conféquemment. Pour que l’hiftoire d’un chevalier errant ne fati- guât pas Le lecteur par la répétition tédieufe d’avan- tures d’une même efpece, ce qui ne pouvoit man- quer d'arriver , s’il n’avoit été queftion que de ren- contresextravagantes ; Cervantes 4 fait entrer dans fon roman divers épifodes, dont les incidens font toujours nouveaux & vraïflemblables. Tous ces épilodes, hormis deux, favoir , l’hiffoire de l'efclave, & la nouvelle du curieux impertinent , font enchâflés dans la fable même , ce qui eft un grand art. Le ftyle eft approprié au caractere des perfonnages & des fu- jets. Il eft pur, doux, naturel, jufte & fi corret, qu'il y a peu d'auteurs efpagnols qui puiffent aller du pair avec Cervantes à cet égard. [lena pouflé f loin l'étude, qu’il emploie de vieux mots pour mieux ex- primer de vieilles chofes. Enfin , les raifonnemens font pleins d’efprit , le nœud eft habilement caché, & le dénouement heureux. | La premiere partie de don Quichotte parut à Ma- drid en 1605 ,:-4°. & eft dédiée au duc de Bejar,de la proteétion duquel Pauteur fe félicite dans des vers qu'il attribue à Urgande la déconnue , & qui {ont à la tête du livre. La feconde partie de l’ouvrage ne parut qu’en 1615. Le débit du livre fut tel ; qu’a- vant que l’auteur eût donné cette feconde partie, il fait dire au bachelier Samfon Carafco : « A l’heure » qu'il eft, je crois qu’on en a imprimé plus de douze » mulle à Lisbonne , à Barcelonne & à Valence, & » je ne fais point de doute qu’on ne le traduife en » toutes fortes de langues ». Cette prédi@ion s’eft f bien vérifiée , qu’il faudroit un volume pour entrer dans Je détail de fes différentes éditions & tradu&ions. Tous les plus célebres artiftes, peintres, graveurs, fculpteurs, deffinateurs en tapifleries de haute &z bafle-Lifle , ont travaillé à lenvi à repréfenter les SE V avantures de don Quichotte, & c’eft ce que nous avons de plus amufant. Dès que cet ouvrage parut en Efpagne , on lui fit un accueil qui n’avoit point eu d'exemple; car il fut univerfel, chez les grands, le militaire, & les gens de lettres. Un jour que Philippe HT. étoit fur un bal- con du palais de Madrid , il apperçutun étudiant fur le bord du Mançanarès , qui, en hifant, quittoit de tems en tems fa leûure, & fe frappoit le front avec des marques extraordinaires de plaifir : « cet homme » eft fou, dit le roi aux courtifans qui étoientauprès # delui, ou bién il lit don Quichotte, Le prince avoit raïon , c’étoit effeétivement là le livre que l’é- tudiant lifoit avec tant de joie. En 1614, Cervantes fit imprimer fon voyage du Parnaffe, qui n’eft point un éloge des poëtes efpa- gnols de fontems ,mais une fatyre ingénieufe, com- me celle de Céfar Caporali, qui porte le même t1- tre, en eft une des poëtes italiens. En 1615 il publia quelques comédies &r farces nouvelles, les unes en vers, les autres en profe. II y joïignit une préface très-curieufe fur Porigine &c les progrès du dramatique efpagnol ; cependant les co- médiens ne’ jouerent point les nouvelles pieces de lauteur, & c’eft lui même qui nous Papprend avec fa naïveté ordinaire. « Ily a, dit-il, quelques années qu’étant revenu » à mes anciens amufemens, & m’imaginant que les # chofes étoient encore fur le même pié, que du # tems que mon nom faoit du bruit ; je me misde » nouveau à compofer quelques pieces pour le théâ- » tre; mais les oifeaux étoient dénichés ; je veux » dire, que je ne trouvai plus de comédiens qui me » les demandafent. Je les condamnai donc à demeu- » rer dans l’obfcurité. Dans le même tems, un hi- » braire m’aflura qu’il meles auroit achetées ; fun # célebre comédien ne lui avoit dit, que lon pou- # voit efpérer que ma profe réufliroit, mais non pas # mes vérs. Alors, je me dis à moi-même , ou Je » fuis bien déchu , ou les tems font devenus meil- » leurs, quoique cela foit contraire au fentiment » commun, felon lequel on fait toujours l'éloge des # tems pañlés. Je revis cependant mes comédies, » & je n’en trouvai aucune aflez mauvaife, pour » qu’elle nepütappelier dela décifionde cecomédien, # au jugement d’autres acteurs moins difficiles. Dans » cette idée, je les donnai à un libraire qui les im- » prima. Il men offrit une fomme raifonnable , &c » je pris fon argent. Je fouhaiterois qu’elles fuffent » excellentes ; du moins jefpere qu’elles feront paf- » fables. Vous verrez bien-tôt, cher leéteur , ce que » c’eft; f vous y trouvez du bon, & que vous ren- » contriez mon comédien de mauvaife humeur, » priez-le de ma part de n'être pas fi prompt à faire » injure aux gens ; qu'il examine murement mes » pieces, il ny trouvera ni ridicule , ni pauvreté ; » leur défauts font cachés ; la verffication eft {orta- >» ble au comique; & le langage convient aux per- » fonnages qui y paroïflent. Si tout cela ne le con- # tente pas, je lui recommande une piece à laquelle # je travaille , intitulée l'abus de juger fur l'étiquette, # qui, fi je ne me trompe , ne peut manquer de # ‘plaire. En attendant , Dieu lui donne la fanté, & » à moi de la patience. Il fe divertit encore à compofer quelques hiftoi- rietes, qu'il publia fous le titre de zovelus exemplares, &t qu'il dédia au feigneur de Lemos. « Votre excel- # lence, lui marque-t-il, faura que je lui envoie » douze contes; quoique je ne fois pas dans le goût » d’en débiter , néanmoins, j’oferois les mettre au »# nombre des meilleurs , fi ce n’étoit pas mon ou- » vrage ». Il parle ainf dans fa préface : « Je vous avertis, # gratieux leéteur, que vous ne trouverez rien 101 ; Æ S E V 135 » dont on puifle abufer ; j'intitule mes nouvelles, » exemplaires, parce que, fi vous y prenez garde , » il n’en eft aucune qui n'offre quelque exemple » utile. J'ai eu deflein d’amufer fans danger, & les » amufemens innocens font , à coup für , légitimes. » On nepeut pas toujours être occupé de la priere, » de lameéditation, ou des affaires : 1l faut des tems » de récréation pour délafler l’efprit, & réparer fes » forces ; c’eft dans cette vue qu'on a des hbois,1des » fontaines & des jardins cultivés. La leéture que je. » vous offre, ne peut exciter de pafñion criminelle, » Ilne convient pas à un homme de mon âge, qui » touche à fa foixante-quatrieme année , debadiner » avec l’autre vie. | » Comme j'ai fait cet ouvrage par goût, je n’aï » rien négligé pour le mettre en état derplaire, & » j'ai quelque gloire à dire, que je fuis le premier » quiaie écrit des contes originaux en efpagnol ; ils » font tous tirés de mon fonds, &c il n’en eft aucun » imité ni puifé dans d’autres écrivains. Mon imagi- » nation les a enfantés , ma plume les a mis fur le » papier , & l’impreffion va les faire croître ». Il y avoit long-tems que Cervantes s’occupoit à un autre livre d'imagination , intitulé les sravaux de Perfile & Sigifnonde, qu'il fnit immédiatement avant fa mort, arrivée en 1616. Il étoit alors attaqué d’une maladie qui ne l’empêcha pas d’écrire ce roman, & les petites anecdotes qui $’y rapportoient, Comme nous wavons point d'autre hiftorien que lui-même, &c qu'il raconte tout avec grace : voyons ce qu'il nous dit à ce fujet. Il s'exprime en ces termes, » Ilarriva, mon cher leéteur , que comme je ve- »# nois avec deux de mes anus de la fameufe ville » d’Efquivias, je dis fameufé par mille endroits ; » premierement par fes familles illuftres; en fecond » lieu, par fes excellens vins, &t ainfi du refte ; j’en- » tendis quelqu'un galoper derriere nous , comme » pour nous attraper , à ce qu'ilme paroïfloit ; & ce » cavalier ne nous permit pas d’en douter , nous » ayant crié de n’aller pas fi vite. Nous Pattendimes » donc, & nous vimes approcher monté fur une » ânefle un étudiant gris (j'entends qu’il étoit tout » habillé de gris ) : il avoit des botines femblables à » celles que portent les moiflonneurs, pour empê- » cher le blé de leur piquer les jambes ;, des fouliers » ronds, une épée & un collet noir , que le mouve- » ment de fa monture faloitfouvent tourner de côté » & d'autre , quelque peine qu'ilfe donnât à le met: » tre droit. Vos feigneuries , nous ditl, vont ap- » paremment foiliciter quelque emploi ou bénéfice » à la cour ; fans doute que fon éminence eft à To- » lede, ou du moins le roi , puifque vous allez fi vi- » te. Franchement j'ai eu bien de la peine à vous atteindre,quoique mon âne ait plus d’une fois pañfé » pour un bon coureur. À ce difcours un de mes » compagnons répondit; le cheval du feigneur Cer- » vantes en eft la caufe, c’eft un drôle qui n'aime » pas à aller doucement, » À peine mon homme eut-il entendu le nom de » Cervantes, qu’il fauta à bas de fa monture, en » faifant tomber fon couffin d'un côté, &c fon porte- » manteau de l’autre ( car 1lavoit tout cet équipage » avec lui); il vint à moi, 8 me prenant par la » main gauche; oui, oui, dit-il, c’eft ici le fameux, » le divertiflant écrivain, le favori des mufes! Me » voyant complimenter fi magnifiquement, je jugeai » qu'il y auroit de l’impolitefie à ne pas lui témoi- » gner quelque reconnoiflance de fes louanges ; je » l’embraflai (& lui fis tourner {on collet. par mon » accolade }, 8 je l’aflurai qu'il étoit dans la même » erreur fur mon fujet, que d’autres perfonnes , qui » me vouloient du bien. Je fuis , lui dis-je, Cervan- » tes, ileft vrai, mais non le favori des mufes, ni » rien de tout çe que vous m'avez dit de beau, Ayez Le 2 LA Le Le NA + + 136 SE V » donc la bonté ,mon cher monfeur ,.de remonter » fur votre bête, & continuons notre voyage , en # nous tenant compagme. Mon étudiant bien élevé, # obéit. ; »# Nous rallentimes notre pas, & nous marchâmes » bien doucement enfemble. On parla de mon mal, » & mon homme me prononça bien-tôt mon arrêt , » enme difant que j’avois gagné une hydropife, & » que toute l’eau de la mer, füt-elle douce ,nepour- » roit me défalterer. C’eft pourquoi , feéigneur, Cer- # vantes, ajoute-t-1l , vous devez vous abftenir de »-boire, mais n’oubliez pas dé manger ; cela feul » vous guérira fans la moindre médecine. D’autres » m'en ont dit autant, lui répliquai-je ; maïs je ne » puis m'empêcher de boiré , tout comme fi je n’é- » tois néjque pour boire. Ma vie tend à fa fin , & » par lexamen journalier de mon pouls, je trouve » que Dimanche prochain , au plus tard, 1l achevera » fa befogne , & moima courfe. Vous êtes arrivé # encore à point pour me connoïtre, mais je n’au- » rai pas le tems de vous prouver combien je fuis » fenfble à vos obligeans procédés. » En difcourant ainfi , nous gagnâmes le pont de ». Tolede, que j'enflai, comme lui celui de Séco- # vie. Ce qu’on dira de mon avanture, c’eft l'affaire » de la renommée ; mes amis peuvent avoir envie » de laraconter, & j'en aurai une plus grande de » l’éntendre. Je retournat fur mes pas;pour embraf- » fer encore une fois mon étudiant , & il en fit au- # tant de fon côté: Enfuite il donna des deux à fa »# monture, & me laiflà aufi malade fur mon cheval, » qu'ilétoit mal monté fur fon ânefle , au fujet de » laquelle ma plume vouloit faire encore quelque » plaifanterie: mais adieu mes bons amis; car je m'en » vais mourir ; & J'efpere de vous revoir avant qu'il » foit long-tems däns Pautre monde ; auf heureux » que vous le pouvez défirer », Voilà donc Cervantes fur le bord du tombeau. L’hydropifie augmenta , & fon mal épuifa fes forces. Mais plus fon corps s’afoiblifoit;plus il s’attachoit à fortifier fon efprit. Ayant reçu l’Extrème-On@ion, il'attendit la mort avec tranquilité ; & ce qu'ily a de plus furprenant, c’eft qu'il ne pouvoit.s’empé- cher de dire ou d’écrire quelque chofe de plaifant , à mefure que des idées riantes lui en venoit dans l’ef- prit. En effet, après avoir reçu les facremens le 18 Avril 1616 , il diéta le lendernain la dédicace de fes cravaux de Perfile & Sigifmonde , adreflée ; comme je Paï dit , au comte de Lémos, & conçue en ces termes : « Il y a une vieille balade , qui étoit jadis fort en » VOgtLe, T qui commençoit , avec un pié fur l’évrier. » Je fouhaiterois qu'elle ne convint pas fi parfaite- » ment à cette épitre , car je puis dire à-peu-près de » même, avec un pié fur l’étrier. En partant pour les » fombres répions , je prends le courage d'écrire » cette épitre , &c je falue monfeigneur avec ce der- » nier foupir. Hier on me donna l’Extrème-Onétion, 5 & aujourd'hui j'écris ceci. Le tems eft court, le »# mal croit, l’efpérance diminue ; cependant il me » femble que je voudrois vivre un peu plus lone- stems , moins pour l’amour de la vie , que pour » avoir encore une fois le plaïfir de voir votre ex- » cellence faine & fauve en Efpagne , & il ne feroit » pointimpoñlible que ceplaifir ne me rendit la fanté. » Mais sil eit arrêté que je doive mourir , la volonté » du ciel foit faite ; cependant votre excellence me » permettra de linformer de mes defirs, & de l’aflu- » rer qu’elle a en moïun ferviteur fi zélé , qu’il iroit » même au-delà du trépas pour vous fervir , {on » pouvoir égaloit la fincérité de fes fentimens. » Je n'ai pas laïffe que de me réjouir prophétique- »ment du retour de votre grandeur en Efpaeñe ; # mon Cœur s'épanoufloit de joie, quand je me re- 7 D 4 sr Ee. es er NE NS, EAST LOU se Etre LA LA ie SET be 7 Es log S E V _ »préfentois tout le monde vous montrant du doist , » 6 criant : voilà le comte de Lémos! Mes efprits » fe taniment , én voyant mes efpérances accom- » phes,, & vos grandes qualités juftifier les idées que: » jen avois conçues. ILrefte encore chez moi quel: » ques lueurs dé li meche du jardiz ; & fi par un » heureux hafard, ou plutôt par un miracle, le ciel »#me confervoit la vie, votre excellence verra la » feconde partie de la Galatée ,que je lui confacrois. » Agréez mes vœux pour votre confervation , » À Madrid, le 10 Avril 1616 ». | | Il finit fes jours peu detems après, & ne vit point limpreflion de fon livre, dont le privilege fut ac- cordé le 24 Septembre 1616, à Catherine de Salazar fa veuve. L’hifloire de Perfile & Sigifimonde , & les contes Où z0velas examplares , ont été traduits en françois, & ne font pas inconnus aux gens qui ai ment ces fortes de produétions. La vie de l’auteur a été donnée par don Grégorio Mayans Efifcar, bi- bhothécaire du roi d'Efpagne, Elle eft à la tête de l'édition efpagnole de don Quichotte , imprimée à Londres en 1738 , :7-4°, J'ai dit , au commencement de cet article, fur l'autorité de Nicolas Antonio, que Cervantes naquit à Séville ; cependant l’auteur de fa vie , que je viens de citer , eftime qu'il étoit né à Madrid , & il appuie fon fentiment fur ce que Cervantes s’adreñle à cette ville, en prenant congé d’elle dans fon voyage du Parnafle, en ces termes: | «Me tournant enfuite vers ma pauvre cabane ; »adieu, lui dis-je, &c toi, Madrid, adieu ; adieu » Fontaines , Prado , 87 vous campagnes où coulele »neétar & degoûte l’ambroife ; adieu aimables & » douces fociétés, où les malheureux oublient pour » un tems leurs peines. Adieu charmant & romanef- »que Séjour, où deux géans qui avoient entrepris » d’efcalader le ciel , frappés de la foudre, maudiffent » leur chûte, &c font renfermés dans les fombrespri- » fons de la terre. Adieu théâtres , dont nous avons » banni le fens commun ; pour y faire régner la bouf- » fonnerie. Adieu belle 8z vafte promenade de Saint- » Philippe, où l’on difcute les intérêts des puiffan- » ces, où les nouvelles fe débitent, & font l’uni- » que fujet des converfations , où l’on examine fi le » croïffant brille ou päit, fi le lion aïlé ( Venife} »triomphe ou fuccombe. Adieu pâle famine ; je » quitte aujourd’hui #07 pays, pour éviter le trifte » fort de mourir à ta porte, fi je demeurois plus ong- TES 1C1 ». Nicolas Antonio répond que par ces mots mor pays, on peur.entendre toute l’Efpagne ; que d’ail- leurs, 1°. ce qui femble favorifer fon opinion , c’eft que Cervantes dit , dans la préface de fes comédies; qu'étant petit garçon 1l avoit vu à Séville Lupus de Rueda, un des plus célebres comiques efpagnols. 2%, Que les furnoms que porte Cervantes, font ceux de familles illuftres de Séville, & non de Madrid. Quoi qu'il en foit , il eft conftant que Cervantes étoit bien mal logé à Madrid ; c’eft ce qui paroït par la maniere dont il finit fa relation du voyage du Par- nafle, Plein de fouci, dit-l , je cherchai mon ancienne obfèure retraite. I n’avoit pas à fa mort dans cette ville un meilleur domicile. On admuroit fes ouvra- ges , & perfonne ne lui donna du pain ; 1] mourut dans Pindigence, à la honte de fa nation; mais fon nom ne moufra jamais. J'ai trop amufé les gens qui goûtent les écrits de cet aimable écrivain , pour leur faire des excufes fur la longueur de fon article , &r je plains ceux qui n’ai- ment pas à la folie l’auteur de don Quichotte. Mais je pafle à deux ou trois autres hommes de lettres nés à Séville , & je ferai très-court fur leur compte. Fox de Morgillo ( Sébaftien ) , en latin Seba/fia- aus Foxus Morgillus,.e(t du nombre des enfans de venus SE U venus célebres par leur génie &parleurs études, I paquit én 1628. Philippe H. nomma pour précep- teur de Dom Carlos, Morzillus, qui étoit alors À Lou- vain; 1l s'embarqua dans les Pays-Bas pour être platôt auprès du jeune prince. [| fit naufrage , & périt à la fleur de fa vie. La publié avant Pâge de 25 ans, 1°. un commentaire AS in Plasonis Timæœum. 2°, De corfcribendé hiflorié , libellus. 3°, De regno , 6 regis infiuiutione, hbritres, &c. . Monardés ( Nicolas ) , médecin, florifoit au xvi. fieclé, & mourut en 1578, Il fe fit une grande répu- tou par la pratique de fon art , & par les ouvrages qu'il mit au jour. 1°. De fécandé vend in pleuritide, Fipalr, 1539, 27-49, 29, De rofés , malis citris -, a- rañtis , & linonis, Antuerpiæ, 1565 ; n:4°. 39, De das droÿas de las ndias, à Séville, 1574, 24°. Ce dernier Hvrea été traduit en anglois & en françois par Antoine Colin. | Pineda (Jean ) ; théologien ; entra dans la fotiété dés jéfuites en 1572, & mourut en 1637 âgé de 8o ans. Ses commentaires latins fur Job & fur l'Ecclé- faite, forment quatre volumes 52/04 ( Le-chevklier BE JAGCOURT.) Res SÉVILLE , ( Géog. mod. } Ville de l'Amérique fép- ténirionale, vers le bout occidental de lle de la Jamaique , aflez près de la mer, avec un port, Lori 299,, 38: latir, 181 42. ( D. J.) | SEUILLETS , { m. ( Marine.) ce font des plan- ches qui font pofées fur les parties inférieures & Ar érieures du fabord , qui couvrent lépaifleur du Rordage , &t qui empêchent de pourrir les membres du varffeau en y entrant. On appelle hazteur de ferit- Zers , la partie du côté du vaifleau comprife entre le pont &c les fabords.. SEVIR , v.n. ( Gram. ) punir, châtiet ; la cout J'evis contre les gens de robe fubalterñes quifont mal leur devoir. | | SÉVIR; {. m. ( Aaig. rom. ) nom d’uh officier chez les Romains. Il y avoit deux fortes de Jevirs : les premiers étoient des décurions dés fix décuries des chevaliers romains. Les feconds étoient les prin- cipaux officiers des colonies , anxquêls on aécordoit même le titte d'Avgnffares: Le trimalcion de Pé- trone eft titré de férir Auguñte, au pié du trophée que lui érigea Cinnamus fon tréforier, ( D, J. jo . SEULAGE , f. m. ( Commerce. ) terme normand Qui fignifie maga/inage. Voyez MAGASINAGE. SEULE, . £ fignifie en Normandie maÿafn. MAGASIN. PF . SEULEON , {. m. ( Drois cout. ) le fééllon, Jéillon ou filon de terre ; a quatre piés de largeur , & cent vingt piés de longueur. Trévoux. (0.J.) SEUMARA ,( Géog. anc. ) ville de l’Ibérie. Stra- bon, Z. XI. p. 501. dit qu’elle étoit bâtie für un ro- cher au bord de l'Aragus , à feize ftades de la ville Harmorica. (D. J.) SEURE ou SEURRE, ( Géog. mod, ) en latin bat- bare Surregium ; petite ville de France dans la Bot 11— LC CEL gone, fur le bord de la Saone &c du diocèfe de Be- fançôn. Il y a des ausuflins, des capucins ; deux cou- vens de religieufes & un collège. Elle eft 1à doutieme qi députe aux états de Bourgogne. (2. J. SEURE, LA, (Géog. mod.) riviere de Fränce en Poi- tou. Elle commence à porter bateau à Niort, & fe jetté dans la mer au-deffous de Matans. On appelle communément cette riviere Seure miortoife, pour la difinguer de la Sezre nantoife, laquelle tornêe dans la Lorre pres de Nantes. (D. J.) SEVRER, v. aû. (Granum.) c'eft ôter à un enfant lufage du lait de fa nourrice , & le fätré paflér à une nourriture plus folide. SEVRER, (Jardinage) On dit févrer un arbre ; une marcotte quand on la fépäre du tronc d’où elle’part, ëc qu'elle a pris racine dans la terre, C’eft aint Tome XV A # Pojez SE X 137 use Fat ; “{ 3 Pret ; # que lon élève les fs, les tilieuls , les cOigna{” fers, les orañgers en partie, & les autres arbres de fleur, la charmmille 8c la vigne. SEURETÉ , £ f. (Comirer.) affurance, prédution que ceux qui négocient & contraétent enfemble , Ont coutume de prendre, & doivent prendre pour n'être point trompes. La parole ,ou au plus l'écrit dos hom: mes, devroit Être, & eft en effct, la plus grande fr. reté des honnêtes gens; mais la malice & fa chiran de la plupart, obligent fouvent de prendre d’autre précautions, même avec ceux qui ont le plus de ré- putation de probité, & c’eft ce qu’on appelte prendre les Jeureres, Le cautionnement , le nantiffemenr , les gages, les endoffemens; les foufcriptions , 6e, font autant de fewretés que l’on peut prendre füivantle ca= ractere dés gens avec qui lon traite, ou des affaires dont il s’agit. Di, de Comm. (D. JT.) SEUSNE, f. . (Péchérie.) on nomme fétfne en Pré. tagne, un grand filet ou efpece de fenne, dont fe fer: vent les équipages des vaïffeaux qui vont à la pêche de fa morue ; pour prendre le petit poiffon dont on fait lhameçon des lignes avec lefauelles on pêche la morue. Chaque bâtiment a ordinairement trois fiuf° nes. Voyez SuiNE, (D. J.) … SEUVO-MONS, (Géog. anc,) montagne de la Scandinavie; Plines 2h IV c. xiJ, en fait une mot: tagne immente, égale aux monts Riphées, Tous lés G£ographes s'accordent dire quePline défighe pat, cette grande chaine de montagnes qui s'étend én fof- me de croiflant, depuis l’extrémité feptentrionale de la Scandinavie, & vient finir au promontoire brique, après avoir traverfé toute cette grand niniule. Cette montagne eft connte aujourd’hui f différens n6ms; une partie entr'autres eft appel E) eo d — CII æ} Le Skars ; on denneà une autre le nom de Sara, 6t à un troifieme cekii de Doffrafez. CRUE) En SEX, (Géog. anc.) Ex, SEXI où SEXTI, car ce mot s’écrit différemment, ville de P'Efpagne bé- tique. Pline, Lh, JIT. &, j. donné à cette ville le fur: nom de Firmum Julius; & les habitans font appellés Exitari, par Strabon. On croit que c’eft préfente- ment Ÿelc7-Malaga, (D. J. SEXAGENAIRE, fm. 6£ (Gram.) qui a atteint l'âge de 6o ans. Il yades cafuiftes qui difbenfent les Jexagenaires du jeûne. Ce n’eft pas l’âge, mais la rés ceflité, qu d'fpenfent des lois. La loi Pappia Pappea défend le mariage aux févasénaires. SEXAGENE, . £ (Gram.) la fixieme partie du zodiaque ; le /exagene eft donc de 60 dégrés, êr com: pren:] deux fignes. SEXAGENARIUM de ponre dejiccre, (Æiff Rom. ) priver un vieillard fexagenaire ( éeft à-dire qu a 60 ans ), du droit de donner fon furave dans lisa GE = les éleions à Rome; parce que le peuple pafioit fur une efpece de péiit poñt, pour aller Jettér {a ballote dans l’urne pour élire lés magiftrats, & on réjettoi les vieillards quiavoient 60 äns , au cas que quelaw’uri de cet âvefe préfenrât. ( D, J. ME SEXAGEÉSIMALE, adj. (Arichmér.) les frattions Jexagéfemales {ont des fra@tions dont les dénomina- Te : Hon esse VA: pen E TE teufs: procedent en raïfon fexagécuples par exemple, une prime Ou une minute = =, une feconde Ê2Z = une tiéree = ,—e I 600 6000 C. Voyez DEGRÉ, MINUTE, & Autrefois on ne fe fervoit que des fraétions féxari- fimales dans les opérations aftronomiques, & on s’en fert encoré dans bien des cas, voyez LOGISTIQUE: Cependant Paritimétique décimale eft aujourd’hui fort en ufage, même dans les calculs aftronomi- ques. Dans ces fraions, qu'on nomme auf faéfions . affronomiques , le dénormnateur étant toujours 60, ou un fultinle de 606, on le fousentend ordinaire- ment, 6c on n'écrit Que le numérateurqu’on met plus 13 SEX as. Ainfiauandonvoit4®. 59/. 327, $07!, 167 1lfaut dire 4 desrés, 59 minutes, 32 fecondes d’un deoré, ou 60 parties d’une mintte, so tierces, 16 quaftes, -CcMPoyez FRACTION. Chambers. ( E) SEXAGÉSIME., { € serme de calendrier-eccléfrafti- -gne ; C’eft le fecond dimanche avant le carême } OÙ -celui qui précede le dimanche gras. On Pappelle ainfi parce qu'il tombe à peu près 60 jours avant Pâques, du latin Jexagefimus, Joixantieme. La féxagéjime eft le dimanche qui fuit fa feptuagé- fime, & qui précede la quinquagéfime. Voyez SEP- TUAGÉSIME 6 QUINQUAGESIME. SEXANGLE., adj. (Géom.) fe dit d’une figure qui | a fix angles. Ce mot n’eft employé que par quelques ‘anciens auteurs. SEXAVA , (Gog. mod.) petite ville de Perfe, tou- te entourée de vaftes deferts, à cinq journées de Com, fur la route de Tauris à Ifpahan, en paffant par Langan, Sultanie 8 autres lieux. Ses caravanferais ont commodes, & leur nombre fupplée au défaut de leur grandeur. (2. J.) SEXE, LE, (Morale.)le fèxe abfolument parlant, ou plutôt le eeu-fexe, eft l'épithete qu’on donne aux femmes, & qu’on ne peut leur ôter, putfqu’elles font le principal ornement du monde. Qu’elles joignent à cetitre mérité, tout ce qui efé propre à leur état, la pudeur, la retenue, la douceur, la compaffon & les vertus des ames tendres : la mufique , la danfe, Vart de nuancer les couleuts {ur la toile, font lesamu- femens qui leur conviennent ; mais la culture de leur efprit eff encore plus importante & plus effentielle, Que d'autre part leur heureufe fécondité perpétue les amours & les graces;, que la fociété leur doivefa politeffe & fes goûts les plus délicats; qu’elles faffent les plus cheres délices du citoyen païhble ; que par une prudence foumife & une habileté modefte, adroite & fans art, elles “excitent à la vertu, rani- ment le fentiment du bonheur , êc adouciflent tous les travaux de la vie humaine : telle eff la gloire, tel eftle pouvoir du eau-fèxe. (D. J.) SEXTANT ,f. m.ez Mathématique , Mignife la f- xieme partie d’un cercle, ou un arc qui comprend -6o degrés, Voyez ARC 6 DEGRÉ. On fe fert plus particulierement du mot féxrant, -pour fignifier un inftrument d'aftronomie qui reflem- ble à un quart de cercle, excepté que fon étendue ne comprend que 66 degrés. | L’ufage & l’application du fexrant eftle même que celui du quart de cercle. Joyez QUART DE CER- CLE. SEXTANS ,{.m. (Poids 6 mefur. rom.) le féxrans pefoit deux onces, ou feize drachmes poids de Troie, Les Romains divifoient l'as qui étoit la livre d’ai- rain, en douze onces ; once étoit dite wzcia, du mot um ; &t les deux onces /éxtans, fexta pars affis, la _féxieme partie de l'as ou de la livre. En fait de mefure, le fextans contenoit femblablement deux onces de li- queur. ; . Sextantes., Califle, duos infunde Falerni. & Verfez-moi, mon cher Califte, deux doigts de ce » vin de Falerne ». (D.J.) SEXTARIUS, (Mefur, rom.) le fextarius ({ep- tier ) des latins étoit une petite mefure de liquides, -qui-contenoit à peu près trois demi-feptiers de Paris. C’étoit la mefure d’Augufte pour le vin , quand il vouloit boireun peu plus qu’à fen ordinaire. On l’ap- pelloït Jextarius, parce qu'il faifoit la fixieme partie -du congius. Htenoit douze cyathes, & notre pinte de Paris en tient feize. (D. J.) SEXTE, {. f. cerme de Breviaire; c’eftlenom qu’on donne à une des petites heures ou heures canomiales qui font partie de l'office divin. Yoyez HEURES. | On l'appelle anf, parce que chez les anciens on SEX a récitoit vers la fixieme heure du jour, qui, felon leur maniere de compter, répondoit à l'heure de mi- di; & les écrivains eccléfiafiques difent qu’elle fut _ inflituée pour honorer la mémoire de lheure où Je- fus-Chrift fut mis en croix: c'eft ainfi que porte la olofe chap. x. de celèbrar miffar. Sexta cruci neëtir. S, Bafle , regul. major. quefl. 37. dit que les chrétiens chantoient ou récitoient à cette heure le pfeaume or. priant Dieu qu'il les délivrât du démon du midi, dus ons peouuGpwe, qui eft le pfeaume que nous chantons aujourd'hui à complies, Il n’ajoute pas quels étoient les autres pfeaumes , maïs nous pouvons aflurer {ur la foi de Cafien, qu’il y en avoit encoïe deux autres, & que probablement ils étorent relatifs à la mort de Jefus-Chrift 87 à fon facrifice. Bingham , org. Ecclef. tom. W, lib, XIIL, c. ix. Gi 12. De Aujourd’hui parmiles catholiques, exe eft compo: fée du Deus in adjurorium, de trois pfeaumes fous une feule antienne , d'un capitule, d'un répons brefavec fon verfet, & d’une oraifon tirée du propre du tems, ou du propre des SS. ou du commun. SEXTE ; (Jurifpr.) eft la colle&ion des decrétales,; faites par ordre du pape Boniface VIIT. on l'appelle Jexte , parce qu'elle eft intitulée, Zber fextus decrera- lium', comme fi c’étoit un fixieme livre des decréta- les qui ont éte recueillies par Gregoire IX , en cin livres ; cependant cette colleétion de Boriface VIII contient elle-même cinq livres; la maniere de citer cette colleétion eft de dire 171 fexto. Cette colle&tion comprend les conflitutions des papes, publiées depuis celle de GrepoireIX ; favoir, celles du même Gregoire, d’Innocent IV. Alexan- dre[V. Urbain IV. Gregoire X. Nicolas III Clément IV. & Boniface VIIL, par l’ordre duquel cette com- pilation fut faite. Boniface VIIL. employa à ce travail Guillaume de Mandegot, archevèque d’Embrun; Berenger de Fré- dol, évêque de Beziers ; & Richard de Sienne, qu'if nomma depuis cardinal en 1298 ; ce livre fut publié le 3 Maïs à la fin de Pan 1298 , c’eft-à-dire en 1299 avant Pâque. Le Jéxte ne fut point reçu en France, & il n’eft per mis mi de l’enfeigner dans les écoles , ni de le citer au barreau, à caufe des démêlés qu'il y eut entre Boniface VIIT. & Phihppe le Bel, _ On a joint à la fuite du texte & dans le même vo lume , les clementines & les extravagantes de Jear XXIL. &c les extravagantes communes. Voyez Dro1t CANON , DECRET, DECRÉTALES. SEXTELAGE, {. m, (Jurifprud.) appellé auffi {2 terage Ou flelage, eft un terme formé par corruption de celui de fexcierage , appellé dans la baffle latinité Jextariaticum ; c’eft ce qui fe prend fur un fextier ow feptier de grain au profit du feigneur, pour le mefu- rage des grains qui fe vendent dans fon marché, Ce droit-dépend des titres & de la poffeflion, voyez le gloff. de Ducange au mot Jéxrariaticum , 87 celux de Lauriere au mot Jexrelage ; le sraité des Ficfs, de Guyon, chapitre unique du Droir de fextelase, 6 Les mots MITAGE , PINTAGE. (4) | SEXTERÉE , 1. £. (Gram. 6 Jurifprud.) c’eft dans la coutume de Troye & Rheïms, une efpace de terre contenant huit boiflelées. SEXTIL , adj. (4ffronom.) eft la pofñition ou l’af- peét de deux planetes , lorfqw’elles font éloignées lune de lPautre de la fixièeme partie du zodiaque, -c’eft-à-dire de 60 degrés, ou de la diftance de deux lignes. On le défigne par cette marque (*). Voyez ASPECT. (0) SEXTILE, (Calend. des Rom.) ce mois étoit le fixieme à commencer par le mois de Mars, felon l’an- cien ufage., &c ce nom lui refta, depuis même qu’on eut ajouté Janvier & Février aux mois de linfti- tution de Romulus, On lui donna enfuite le nom d'Auotille , menffs Auguffus, comme on avoit donné au mois précédent, le nom de Ju/es-Cé/ar, en l’ap- pellant senfs Julius. (D. J.) À SEXTULA , (Poids & Monn. rom.) nom chez les Romains, qui défignoit la fixieme partie de Fonce. On fait que l’as romain valoit une livre, &r fe divi- {oït en douze onces ; onappelloit Jéxsans, la fixieme partie de l'as, c’eft-à-dire deux onces. Quadrans, la quatrieme partie, c’eft-à-dire trois onces ; siens, La troïfieme partie, c’eft-à-dire quatre onces; qguincunx, cinq onces ; Jérmis ou féminis, la moitié de l’as, c’eft- à-dire fix Onces ; feptunx , fept onces ; bes, huit on- ces ; dodrans , neufonces ; dextans, dix onces ; deurx, onze onces: j'ignore les 045 des parties de l’once, mais On fait que /exrla étoit la fixieme partie de on- ce. (D. J.) SEXTULE , £ ni. (Cosrrm.) petit poids dont fe fer- vent les Apoticaires, pour pefer les drogues qu'ils compofent ou débitent ; 1l pefe un fcrupule plus que la dragme ou le gros. Voyez DRAGME, GROS, SCRU- PULE. Diéfionn. de Commerce. SEXTUMVIR AUGUSTAL, (471. Rom.) on fait que ce fut Fibere qui inflitua la fociété des pré- tres appellés /odales Auguffales, en l'honneur d’Au- gufte mis au nombre des dieux, pour lui offrir des fa- crifices dans les temples, qu'il lui avoit fait élever. Ïls ne furent pas feulement établis à Rome; Les prin- cipales villes des Gaules en eurent auffi, & fur-tout celle de Lyon , où étoit ce temple fameux, confa- cré à la mémoire d’Auguite par {oixante nations qui y avoient placé chacune leur flatue avec leurs {ym- boles, pour juflifier à la pofterité qu’elles avoient toutes contribué à fon embellifflement. Il y avoit cette différence entre les Jéxsumvirs auguflaux, éta- blis à Rome, & ceux des autres villes, qu'ils n’é- toient que fix dans les provinces , & que les pre- miers étoient plus diftingués & en plus grand nom- bre. Ils étoient vmgt-cinq à Rome, dont vingt-un furent tirés au fort entre les principaux de la ville; les quatre autres furent Tibere lui-mème , Drufus , Germanicus & Claude. Néron, & quelques-uns de fes fuccefleurs le furent aufli dans la fuite; mais à mefure que l’on s’éloigna du fiecle d’Augufte , l’or- dre des féxiumvirs auguflaux s’avilit & s’anéantit également par-tout. (D. J. | SEXTUPLE , adj. ez Mufrque ; eft le nom que plu- fieurs ont donné aflez improprement aux mefures à deux tems, compofées de fix notes égales, trois pour chaque tems ; ces fortes de mefures ont été appel- lées encore plus mal-à-prepos par quelques fran- cois, mefures a fix tems. On peut compter cinq efpeces de ces mefures /ex- zuples, c’eft-à-dire autant qu’il y a de différentes va- leurs de notes depuis celle qui eft compofée de fix rondes, appellée en France sriple de fix pour un, &c qui s'exprime par ce chiffre £, jufqw’à celle appellée sriple de 6 pour 16, qui eff compolée de fix doubles croches feulement , & fe marque ainfi #. La plüpart de ces difinéions font abolies aujourd’hui, & elles font en effet aflez inutiles, puifque toutes ces diffé- rentes figures de notes font moins des mefures diffé- rentes, que des modifications de mouvement du vite au lent dans la même efpece de mefure ; ce qui fe marque encore mieux avec un feul mot écrit à latête de l'air, qu'avec tout ce fracas de chiffres & de no- tes qui ne fervent qu’à embrowuiller un art déja aflez difficile en foi. Voyez TRiPLE, FEMS, MESURE, VA- LEUR DES NOTES, Gc. (S) SEYA où SEA, (Géog. mod.) en latin Sera, petite ville de Portugal, dans la province de Beïra , au pié du mont Herminio, entre cette montagne & le Mon- dego , dont les fommets font toujours couverts de neige. (D.J.) SEY AH ;f. m. ( Hiff mod. ) efpeces de moines Tome XF. Ft se | E Z 139 tures ; 1ls ont des monafteres, mais lotfquls en font une fois fortis , ils n’y rentrent plus, & pañlent le reite de leur vie à courir de côté & d'autre & À faire les vagabonds. En leur donnant leur congé , leurs fupérieurs lestaxent à une fomme d’argent, ou À une certaine quantité de provifions qu'ils font obligés d'envoyer au couvent , faute dequoi l'entrée leur en eft fermée. Lorfqu’un /éyak arrive dans une vitte, il va au marché ou dans la falle qui eft auprès de la grande mofquée, là il crie de toute fa force, 6 dieu, envoye-roi cinq mille écus, où mille mefures de riz, &tcs Après avoir reçü les aumônes des ames dévotes, le moine mendiant va faire le même métier dans un aus tre endroit, & vit toujours errant jufqu’à ce qu'il ait amañlé la fomme à laquelle il a été taxé, Il y a chez es Indiens & dans les états du grand-mogol une gran. de quantité de ces pieux fainéans , qui viennent fou- vent infefter les états du grand-feigneur , à quiils font fi fort à charge, qu’un vifir fit dire au orand-mo- gol qui avoit fait des offres de fervices au fultan, que la plus grande faveur que fa majefié Indienne pit faire à for maitre, étoit d'empêcher que Les religieux mendians de fes états n'entraffent fur ceux de fa hauteffe, Voyez Cantemir , He, Orromane. SEYMAR-BASSY , £ m. ( A. Turg. ) premier lieutenant des janiires ; il commande en particulier ceux qu'on appelle /éymenys, Lorfque l’aga marche en campagne, 1l prend le titre de fon lieutenant à Conftantinople, 1l peut mettre fon propre cachet fur les ordres qu'il donne: enfin, il a le maniement de toutes les affaires des janiflaires. Dujoir. (D. J.) SEYNE, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Se- dena , petite ville de France, dans la haute-Proven- ce, chef-lieu d’une viguerie de même nom, fur une petite riviere qui fe jette dans la Durance. (D, J,) SEYSSEL, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Bugey , fur le Rhône, qui la divife en deux parties, & qui en ce lieu commence à être navigas ble; on y décharge le fel qui vient du pays pour le tranfporter en Savoie. Longir, 23. 31. latis. 48, 44, Seyffe! (Claude de) favant du feizieme fiecle, prit le nom de cette ville dans laquelle il étoit né; il pro- fefla le Droit à Turin , devint maître des requêtes , confeiller de Louis XII. évêque de Marfeille, & f- nalement archevèque de Turin, où il finit fes jours en 1520. Il a publié plufeurs traduétions & ouvra- ges de différens genres. Son hiffoire de Louis XII, a été réimprimée plufieurs fois. Sa grande Monarchie de France, traduite en latin, par Sleidan, fit du bruit. Il y foutint une opinion fort extraordinaire pour un maître des requêtes , & pour un évêque ; C’eft qua le roi eft dépendant du parlement. (D. J. SEYTA , f. m. (Æif. mod. fuper/t.) idole fameufe adorée par les Lapons. Ce dieu eft une pierre qui n’a aucune forme déterminée, non-plus que fa femme &t fes enfans qui ne font autre chofe que des maflés de pierre informes, auxquelles les Lapons font des facrifices , &c qu'ils frottent avec le fang & la graiffe des viétimes, qui font communément des rennes. Le hafard ou l’art ont donné à la partie fupérieure de quelques-unés de ces pierres une forme dans laquelle on a cru trouver la reffemblance de chapeaux. Le lieu où font placées les idoles eft à endroit où le lac de Tornotrefch forme une riviere 8 une catarate. SÉSANNE , ( Géog. mod.) petite ville de France, dans la Brie , au diocefe de Troyes , frontiere dé la Champagne , à 25 lieues au fud-eft de Paris, dans une plaine entourée de collines du côtédelaBrie ; & fur une petite riviere qui n’a point de nom. S'éanne étoit fondée avant la fin du vj.fiecle , & fujette alors à Hugues,feigneur de Breques.Elle a été jointe au do- maine du comté de Troyes, & finalement réunie à la couronne avec la Champagne. En 1632 elle fut ré- duite en cendres par un incendie, &c rétablie quel- S | 1 40 S H A que tems après ; mais elle eft retombée dans un grand délabrement. (D. J.) S F SFACCHIA , ( Géog. mod. ) ou monti Sfacchiof , montagnes de ile de Candie, au territoire de la Ca- née, vers le midi. Ces montagnes s'étendent vers la petite ville de Caffel-Sfacchia habitée par les Sfac- chiotes. "7 SFETIGRADO, ( Géog. mod.) petite ville de la Turquieeuropéenne, dans l’Albanie, fur les confins de la Macédoine , à 20 lieues au fud-eft de Croye. Amurath Il. prit cette ville d’affaut , dans le xv. fie- cle, & elle eft reftée aux Turcs. Ils la nomment Sar- gice. (D.J.) SG SGRAFITTO , f. m. (Peinture.) terme italien qui défigne une efpece de peinture à frefque , que nous appellons maniere égratignée, Voyez ÉGRATIGNÉE, maniere ,Peint. (D. J.) S H SHAFTSBURY , ( Géog. mod. ) en latin Septo- 3 \ 4 7 #ia, grand &T beau bourg à marché d'Angleterre, dans Dorfet-shire, fur une colline , près des fron- tieres de Wilt-shire , entre les forêts de Craneborne & de Gillingham , à trois milles de la derniere, pro- che la Stoure. On y jouit d’une fort bellevue , &c fes maifons au nombre de‘cinq cens , font toutes bâties de pierres de taille. Shafisbury a le titre de comté; mais c’étoit dans fon origine une place beaucoup plus confidérable qu’elle ne left aujourd'hui ; car elle avoit jufqu’à dix églifes paroïfliales dans fon en- ceinte. Alfred la fonda en 880, &r la nomma Sheaf- tesbyrig , du mot faxon sheaft, qui veut dire une pyramide. Le roi Canut y eftmort, 6c y eft enterrée. Long. 17. 36. lat. 51. 40: Maïs la longitude , fuivant Streét, eft 19. o!. 111. latir, 32. 48, (D. J.) SHAGRI-COTTAM , £. m. (Ai. nas. Bor. ) ar- bre des Indes orientales , qui eft, dit-on, une efpe- ce de cornouiller ; il produit un fruit très-agréable & très-rafraïchiflant qui fe mange avec du fucre. Le fuc des feuilles pafle pour un bon remede contre la diarrhée & le flux hépatique ; ces mêmes feuilles en décottion font un excellent garoarifme, SHAKRI , ox CHAKRI, 1 m. ( Hïf. mod.) dans le royaume de Siam on défigne fous ce nom un des premiersmagiftrats de l’état qui eft chargé de la poli- ce de l’intérieur. Toutes les affaires des provinces fe portent devant lui, &c les gouverneurs font obligés de lui rendre compte & de recevoir fes ordres ; c’eft lui qui eft le préfident du confeii d'état. SHANON , LE ( Géog. mod, } riviere d'Irlande, Elle prend fa fource dans un lac du comté de Lé- trim, fépare la Connacie de laMomonie, court en- fuite à Limmerik , & fe jette enfin dans POcéan. SHAPINS , ( Géogr. mod. ) ile de la mer d'Ecoffe, & l’une des Orcades, vis-à-vis la partie orientale de Mainland, Elle eft longue de fix milles , large de trois. Elle a une églife paroïfale , &c un aflez bon port. SHAPOUR , ( Géog. mod.) où Shapor, ville de lînde, dans les états du grand-mogol , au royaume de Berar. Quelques uns imaginent que c’eft la ville de Sora de Ptolomée en-decà du Gange, à laquelle cet auteur donne le titre d’Arcasi regis, (D. J.) _ SHARVAKKA,, ( Æiff. mod.) nom d’une feéte de bramines , ou de prêtres indiens qui ont des fenti- mens très-peu orthodoxes & conformes à ceux des Epicuriens. Ils ne croient point limmortalité de la- me, mn la vie à venu , & als exigent de leurs adver- faites des preuves fenfbles & poftives que l’on ne peut point trouver dans une faufle religion ; maleré cela, on dit que les Sharvzkkas menen: une vie très- exemplaire, La SHASTER , o4 CHASTER , f. m.(Æifimod. fup.) c’eft le nom que les idolâtres de l’indoftan donnent aun livre dont l'autorité eft très-refpe@ée parmieux, qui contient tous les dogmes de la religion des bra: mes, toutes les cérémonies de leur culte, & qui eft deftiné à fervir de commentaire au livre appellé ve- dam , qui eft le fondement de leur croyance , & il étoit fait dans la vue de prévenir les dif putes qui pou- voient s'élever au fujet de celivre ; mais il n’a point produit cet efet, parce qu'il n’eft guere poflble d'empêcher les difputes entre des difiérentes fe@tes d'une religion abfurde par elle-même. Cnle nomme Shafter, shaflrum , où jaflra, ce qui fignifie fcience 3. /i\ ou fÿffème : aufh donne-t-on ce mêtne nom à plu- fieurs autres ouvrages, fur-tout fur la philofophie &c Fe ae fur Paftronomie , qui n’ont d’ailleurs aucun rapport ‘avec la religion des Indiens, Il n’eft permis qu'aux bramines 7 aux rajahs ou princes de l’inde de lire le vedam, voyez VEDAM ; mais les prêtres des Banians, appellés sazderers, peuvent lire Le shaffer : quant au peuple, il ne lui eft permis de lire que le livre appellé puran Où pouran, quieft un commentaire du shaffer ; ainfi 1lne leur eft permis de puifer les dogmes de fa religion que de la troifieme main. Le shafler eft divifé en trois parties, dont Ia pres mere contient la morale des bramines ; {a feconde contient les rites & les cérémonies de leur religion, & la troifieme divife les Indiens en différentes tribus ou clafles, &c prefcrit à chacune les devoirs qu’elle doit obferver. Les principaux préceptes de morale contenus dans la premiere partie du skaf/er font 1°. de ne point tuer aucun animal vivant , parce que les animaux ont, felon les Indiens,une ame auffi-bien que les hommes ; 2°. de ne point prêter l'oreille au mal, & de ne point parler mal foi-même ; de ne point boire du vin, de ne point manger de viande, de ne point toucher à tien d’impur ; 3°. d'obferver les fêtes prefcrites , de faire des prières êc de fe laver; 4°. de ne point men- tir, & de ne point tromper dans le commerce; 5°. de faire des aumôOnes fuivant fes facultés ; 6°, de ne point opprimer , nifaire violence aux autres; 7°. de célébrer les fêtes folemnelles, d’obferver les jeûnes, de fe retrancher quelques heures de fommeil pour être plus difpoié à prier ; 8°. de ne point voler ; ni frauder perfonne de ce qui lui appartient. La feconde partie du skaffer a pour objet les céré- monies : elles confiftent 1°. à fe baigner fouvent dans les rivieres. En y entrant, les Banians commencent par fe frotter tout le corps avec de la boue ou du ii: mon, après quoi 1lss’enfoncent plus avant dans l’eau, &t fe tournent vers le {oleil; alors un bramine ou pré- tre adrefle une priere à Dieu pour le prier de puri- fier l’ame de fes fouillures ; ies Banians fe plongent quelquefois dans lariviere, & ils croient par-là avoir obtenu.le pardon de tous leurs péchés; 2°, les Ba- nians {e frottent le front d’une couleur rouge, qui eft le figne qu'ils font partie du peuple de Dieu; 3°. il leur eit ordonné de faire des offrandes , des prieres: fous des arbres deftinés à ces ufages facrés , & qu'ils doivent tenir en grande vénération ; 4°, de faire des prieres dans les Se , de faire des offrandes aux pagodes ou idoles , faire des proceflions , &c.: 5°, de faire des pélerina- ges, à.des rivieres éloignées , 8 fur-tout au Gange, afin de s’y laver, & de faire des ofrandes ; 6°, d'a drefler leurs vœux à des faints qui ont chacun des dé-. partemens particuliers ; 7°. 1l leur: eff ordonné de rendre hommage à Dieu, à la vue de la premierede. fes créatures qui s'offre à leurs yeux aprèsle lever du le chanter des hymnes , & de. Fr: foleïl; de rendre leurs refpeËs au foleïl & à la lune, qui font Les deux veux de la diviuté ; de refpecter paretllement les animaux qui font repardés comme #22 = Éc. parce que Les ames des hommes palfent dans ces animaux : c’eft pour cela que les Banians frottent leurs maifons avec leur fente, dans l’idée de les fanétifier par ce moyen. | | La troïfieme partie du skaffer établitune difinfion entre les hommes, & les divife en quatre tribus ou claffes : la premiere eft celle des bramines , ou pré- tres charoés de linftrution du peuple ; la feconde eft celle des kutteris où nobles , dont la fonétion eft de commander aux hommes ; la troifieme eft celle des shudderis, ou des marchands , qui procurent aux au- tres leurs befoins à l'aide du trafñc ; la quatrieme clafls eft celle des vifes, où artifans, Chacun eft obligé de demeurer dans la clafle ou tribu dans laquelle il ef né, & de s’en tenir aux occupations qui hu font aff- gnées par le safe. Suivant les bramines , le sha/fer fut donné par Dieu Iui-même à Brama, qui par fon ordre le remit aux bra- mines de fon tems pour en communiquer le contenu aux peuples de l’Indoftan, qui en conféquence fe di- viferent en quatre tribus qui fubfftent parmi eux juf- qu'à ce jour. | SHEAD'S-TINNEMOUTH ox TINMOUTH- CASTLE , ( Géog. mod.) ville d'Angleterre dans le Northumberland, C’eft une place forte à Pembou- chure de la Tyne, au hu donne fon nom. Du tems des Saxons, on l’appelloit Tunna-Ceafler, & les an- cien l’avoient nommée Turnecelluin. Elle eit déten- due par un château fortifié, fitué fur un rocher battu de lamer, & inaccefñble de deux côtés. Les Ro- mains y tenoient une efcadre pour s’oppofer aux def centes des pirates, &c pour faire des courfes fur Pen- nem1 en cas de befoin. ( D. J. ) SHEAFIELD , ( Géog. mod. ) gros bourg à marche d'Angleterre dans Yorck-Shire , fur le Derby, au- deflus de Rotherham.Toutes les maifons de ce bourg font bâties en brique & en pierres de taille, Il sy fait un grand trañc de blé, cles meilleurs couteaux d'Angleterre, ( D. J. ) SHEBAN,, ( Géog. mod.) ville & forterefle de l’Arabie-heureufe dans le pays d'Hadramont, à #7 ftations ou 60 parafanges de Sanaa, Cette ville porte auf le nom d’'Hedramons. (D. 1.) SHECTEA où CHECTEA , ( AE. mod.) c’eft le nom d’une feéte des bfamines ou prêtres indiens, aui croient contre toutes les autres que Ramon, Brarma, Fifinou & Ruddiren font des êtres fubordonnes à Shetti ou Cheëfi de qui feul 1Îs ont dérivé leur pou- voir, & qu'ils recardent comme Île créateur & le modérateur de lumvers. Ces fetaires, qui font des déiftes , n’admettent point l'autorité du vedem ou livre facré ; de plus, ils refufent de croire les chofes qui ne tombent point fous leur féns, pat conféquent iis ne croient aucuns myfteres. Les Indiens les reoar- dent comme des hérétiques dangéreux , qui ne mé- ritent que d’être exterminés. SHEFFORD , (Géog. m0.) bourg à marché d’An- oleterre en Bedfordshure. (D. J.) | SHIETK , {. m. serre de relation, nom de celui qui a le foin des mofquées en Esypte, & dont la charge répond à celle des imans à Conffantinople. Is font plus ou moins de sheks dans chaque mofquée, felon fa grandeur &c fes revenus. Dans les grandes mof- quées , il y en a un qui eft le chefêr n’a rien à faire; mais dans les petites mofquées, tous les sheiks ont foin d’ouvnr le temple , d’appeller pour les prieres, &:de défiler enfemble pour faire leurs courtes dévo- tions, Poçogk , deféription d'Egypte, p.174, (D.J.) plus purs que les autres, tels quela vache, le bufie,. pe is di | ñ SHE tai SHEIK-PBELLET, rérme de relation, nom d'un off cier rurc en Egypte, qui eft le chef de la ville &c qui eft placé parle pfasha. Son emploi eft d’avoir foin qu'il n’arrive alicune innovation qui puife préjudis cier à la Porte ; mais toute fon autorité dépend unis quement defon crédit; car legouvernement d'Egypte eft de telle nature, que fouvent ceux à qui l’on con= fere les moindres poftes ont cependant la plus grande influence, & qu'un caya des janiffaires ou des araz bes trouve le fecret par fes intrigues de gouverner malgré le pacha même, Pocock, defcription d'Egypte, POSAIT) SHELF , £. m, (Minéralog,) eft ce Œue lesmineurs, particulierement dans les mines d’étain , appellent Zz cerre-glaife : ls entendent par-là une furface imagi- naire de la terre , que la fecouffe des eaux du déluge n'a jamais pu Cbranier : ils prétendent que toutes les veines de plomb & autres minéraux étoient paral= leles à cette couche dé terre; que cependant depuis le déluge les unes le font élevées & les autres rens foncées. ( Par shelf, ils entendent cette {urface dure ou en veloppe de la terre qu'on rencontre fous la terre. franche , & qui eff ordinairement de lépaifleur d’un pié ; car 1ls fuppofent que depuis le déluge la terre a acquis une nouvelle enveloppe de terre végétable, ou qui eft telle qu'elle a été formée par la corruption des végétables & des animaux, loyez DÉLUGE, STRATA, FOSSILE , MINE, Grec. SHEPEY ,( Géog. mod. ) ile d’Anoleterre, formée par deux branches de la riviere de Medway , dont l'une coule à Poccident & l’autre à l’orient. Cette île peut avoir environ 20 milles de tour. Son terroir eff fertile & abondant en pâturages. On y voit deux ou trois bons villagesoutre Quéetisboroush, grosbourg, accompaoné d’un château, bâu dans le 1v. fiecle par Edouard Lil. On croit que Shepey eft la Toliapis de Ptolomée, / Ælic. y, (D. 7.) SHEQUE, f. m. (Æ1f. anc.) les Arabes nomment sheques les chefs de leurs tribus. Les anciens Grecs les appellorent phylzrques ; ce fut un de ces shegues où phylarques arabes qui, femblables à Sinnon, eut l'a- drefle de faire goûter à Craffus un plan de guerre contre les Parthes, dont le but étoit la perte de ce général, & 1l réuffit dans fon projet. Les anciens ne s'accordent point fur le véritable nom de ce fourbe fi célebre dans l’hiftoire romaine ; Dion Caflius le nomme Æézarus, Plutarque Ariamnes , Florus Mu- geres &t Appien Acbarus. Quoi qu'il en foit, l’armée fut taillée en pieces ; Craïflus périr'dans des marais: pleins de fondrieres, & fa défaite fut le plus terrible’ échec que les Romains euflent efluyé depuis la ba- taille de Cannes ; on leur tua vingt mille hommes à &c 1ly en eut dix mille de pris, Artabaze recut latête de Craflus au milieu d’un feftin de noces ; & la joie fut telle à cette vüe , qu’on verfa de l’or fondu dans la bouche de cette tête, pour fe moquer de la foifin- {atiable que ce romain avoit toujours eu de ce métal. Dion Cafius,, 12 c.1. Florus, Z LEZ, c.ij. (DJ) SHERARDIA, £ £ (Boraz.) nom donné par M. Vaillant à un genre de plante, en mémoire de Guillaume de Shérad le plus fameux botanifte de fon fiecle. La fleur de ce genre de plante eft labiée , & n’a qu'un pétale divifé en cinq parties par les bords: la levre fupérieure en contient deux, & l'inférieure trois ; fon ovaire qui eft placé au fond du calice dé- génere ençune capfule feche qui contient deux {e= mences oblongues. L’on peut ajouter que fes feuilles | -naiflent deux à deux, & oppolées: Miller en compte pa treize efpeces, ( D. J. SHERBURN , ( Géog. mod.) gros bourg à mar 1 79 : ; + va ; ché d'Angleterre, dans Dorfetshire, vers le nord de F 1 Er + la vallée nommée Whire-harr, Ce bourg a été autre- 142 SHE fois ville épifcopale, dont Adélme fut le premier évêque en 703 ; cet évêché fut uni dans le xj: fie- cle à celui de Salisbury, &c y fut transferé : mais le bourg de Sherburn demeura aux évêtues. (D,J.) . SHERIF, fm. (Æ1f. mod.) eft en Angleterre, un magiftrat dont le pouvoir s’étend fur toute une province , &t dont le principal devoir ei de faire exécuter les fentences dés juges, de choïtir les ju- rés, &c, C'eft, pour ainfi dire, le grand prevôt de la province. Les s2-rifs éroient aurrefois choïfis par le peuple : aujourd’hui c’eft Le fouverain qui les nom- me en cette mamiere. Les juges préfentent fix per- fonnes de chaque province, chevaliers ou écuyers riches ; de ces fix le confeil d'état en choïifit trois; & parmi ces derniers le roi donne fon agrément à celui qu'il veut. Is étoient auf anciennement plu fieurs années de fuite en charge : préfentement on les change tous les ans ; il n’y a que celui de Weft- morland dont la dignité foit hérédktaire dans la fa- miile du comte de Tanet. Les sherifs ont deux foïtes de cours. La premiere fe tient tous les mois par le sherif ou fon fubftitut qu’on appelle #nder sherif ou Jous-sherif, qui juge les caufes de ia province au- deflous de 40 fchelings. L'autre cour fe tient deux fois année; un mois après Pâques, & un mois après la Saint-Michel. On y fait la recherche de toute offenfe criminelle contre le droit coutumier, hors les cas exceptés par aéte du parlement. Les pairs du royaume & tous ceux qui ont droit de tenir de femblables cours, font exempts de la jurifdi@ion de celle-ci. C’eft encore un des devoirs du sherif de rendre à la tréforerie toutes les taxes publiques, les amendes & les faifies qui fe font faites dans les provinces, ou d’en difpofer fuivant Les ordres du roi. Quand les juges font leurs tournées dans les pro- vinces , le skerif doit prendre foin qu'ils foient bien recus &c bien gardés tout le tems qu'ils font dans la province dont il eft f#erif. À Londres feulement il ya deux sherifs qui portent tous deux Îe titre de sherif de Londres: & de Midlefex province où Lon- dres eft fituée. Dans chaque province, le sherif a un fubfitut qui fait prefque toutes les affaires, &z dont l'emploi ef fixe. Ezar de la grande Bretagne fous George II. rome II. page 188. | SHETTI o4 CHETTI, (A. nas, Bor.) arbrifleau des Indes orientales qui produit des baies. Sa racine pilée & prife dans de l’eau froide, appaife l’ardeur des fievres chaudes, arrête les crachemens de fang. Le bem-sherri eft un arbrifleau de la même efpece, mais dont le fruit eft plus farineux & plus doux que celui du premier. SHUTÉS oz CHIITES, f. m. pl. (if. mod.) De- puis environ onze fiecles : les Mahométans font par- tagés en deux feétes principales qui ont l’une pour Vautre toute la haine dont les difputes de religion puiflent rendre les hommes capables. Les partifans de lune de ces feêtes s'appellent Sozxites , parce qu'ils admettent l'autorité des traditi@ns mahomé- tanes contenues dans la Sonna. Voyez cet article. Les Sonnites donnent à leurs adverfaires le nom de S'hïtes , par où ils défignent des hérériques, des fec- taires , des gens abominables | nom que ceux-ci re- torquent libéralement à leurs adverfaires. Les Shires fe foudivifent, dit-on, en foïxante & douze feétes qui enchériflent les unes fur les autres pour leurs extravagances, C’eft Ali, gendre de Ma- homet, &c fon quatrieme fuccefleur ou calife, qui eft l’objet de leur querelle avec les Sonnites & les Karejites. [ls prétendent qu’Abubecr, Omar & Ot- man, qui ont fuccédé immédiatement à Mahomet, n’étoient que des ufurpateurs ; &c que la fouverai- neté & le pontificat des Mufuimans appartenoit de droit à Ali &c à fa famille, Non contens de ces pré- tentions, quelques Shises foutiennent qu’Ali étoit SHR au-deflus de la condition humaine ; que Dieu s’eft manitefté par lui; qu'ila parlé par fa bouche Hs le préférent à Mahomet lui-même. D’autres, plus miti- gés, les mettent fur la même ligne , & difent qu'ils Je reffemblent auffi parfaitement que deux corbeaux : ceux-ci s'appellent Gobarires, c'eft-à-dire, parrifans de la feële des corbeaux, Quoiqu’Ak ait été aflaffiné, il y a des shutes qui foutiennent fa divinité : ils atten- dent fon fecond avénement à la fin du monde, ce qui ne Les empêche point d’aller faire leurs dévo- tions à Cufa où eft fon tombeau. Le refpeét des Shi- tes pour Ah eft fi grand, que toutes les fois qu'ils Le nomment, ils ajoutent que Dieu plorifis [a face. Le furnom qu'ils lui donnent eft celui de Zion de Dieu, Les Shies n’admettent point la fonra : ils traitent de menfonges & de rêveries les traditions conte- nues dans ce livre. Voyez SONNA. Tels font les motifs de la haine implacable qui divife les Sonnites &e les Shires. Ces querelles qui ont fait couler des flots de fang, fubfftent encore dans toute leur force entre les Turcs qui font Son- nites, & les Perfans qui font Shires , ainfi que les Tartares-usbecs & quelques princes mahométans de Pindoftan. SHINN , (Géog. mod.) lac d’Ecofle dans la pro- vince de Sutherland au fud-oueft: c’eft le plus confi- dérable des lacs de cette province : on lui donne douze milles de longueur ; mais il ef fingulierement étroit, & fe décharge par une riviere qui prend fon nom. (2. J.) SHIPHAVEN ox SHEPHAVEN, (Géog. mod.) petit golfe d'Irlande dans le comté de Dunghall, fur la côte feptentrionale , au couchant du lac deSwilie, . dont il n’eft féparé que par un petit cap. (D. J.) SHIP-MONEY , (Hif. d'Angl.) Ce mot fignifie argent de Vaiffleau, ou pour les vaiffleaux. C’eft une taxe qui avoit été anciennement impofée fur les ports, les villes, Éc. pour fervir à la conftrudion des vaïileaux. Charles premier renouvella cette taxe de fa propre autorité en 1640; mais elle fut abolie par le parlement le 7 d’Août 1641, comme con- traire aux lois du royaume, à la propriété des fu- jets, aux réfolutions du parlement & à la requête de droit. (D. J.) SHOGGLE , (Géog. mod.) ville de Syrie au bord de l’Oronte, qu’on y paffe fur un grand pont. Le vizir Cuperli y a fondé un beau kan pour la fubfiftance des voyageurs & des pauvres. (D. J.) SHOKANADEN, f. m. (Ff£, mod. Superfhir.) di- vinité adorée dans le royaume de Maduré, fur la côte de Coromandel, & qui a un temple très-fomp- tueux à Maduré capitale du pays. Dans les jours de folemnité, on porte ce dieu fur un char d’une gran- deur f prodigieufe, qu'il faut, dit-on, quatre mille hommes pour le traîner. L’idole pendant la procef- fion eft fervie par plus de quatre cens prêtres qui font portés fur la même voiture, fous laquelle quel. ques indiens fe font écrafer par dévotion. SHRE WSBURY ox SHROPSHIRE, (Geéog. mod.) en latin falopienfes comitatus , province d'Angleterre. Elle eft bornée au nord par Chefter-shire , au midi par la riviere de Temde , à lorient par les comtés de Worcefter &t de Srafford, & à l'occident par les provinces de Denbigh & de Montgommeri qui font du comte de Galles. On donne à la province de Shrewsbury trente-cinq milles de longueur, vingt-cinq de largeur, & cent trente-cinq de circuit. Elle contient environ huit cens quatre-vinot-dix mille arpens de terre. On la pattage en quinze hundreds, ou quartiers. Il s’y trouve une ville capitale qui porte fon nom, & quinze gros boures à marché, & cent foixante-dix églifes paroïffales. Cinq de fes places ont droit de députer au parlement d'Angleterre; Shrewsbury , SR ‘Bishop’s-Caftle, Bridgenorth, Ludlow &e Wenïock. Elle eft arrofée de plufieurs rivieres. La Saverne la traverfe par le milieu, &t la Temde en mouille les parties méridionales de lorient à l'occident. Deux peuples habitoient autrefois cette contrée; les Gor- nayiens poflédoient la partie qui eft au nord-nord- -eft de la Saverne, &c:les Ordoviens avoient l’autre partie. Enfin , depuis deux fiecles cette province a pro- duit tant de favans illuftres , que j'en dois nommer quelques-uns : & pour plus de commodité, je les -raflemblerai fous le mot de Séropshire, fous lequel ft plus connue la province de Shrewsbury. (D.J.) SHREWSBURY (Géop. mod.) ou SALOP, en latin Salopia, ville d'Angleterre , capitale de la pro- vince du même nom, avec titre de duché. Elle s’ap- pelle autrement Séroswsbury, du faxon Shrobbes-birig. Les Gallois la nomment Pengwern, à caufe d’un bois d’aube qui étoit dans fon voifinage. Cette ville eft l’une des plus belles, des plus +peuplées, des plus riches &c des plus marchandes du royaume. Elle eft fituce fur une colline, dans une prefqu'ile que forme la Saverne , à 150 milles de Londres. Elle eft ceinte de bonnes murailles, êt partagée en belles & larges rues, qui compofent cinq grandes paroïfles. Deux ponts de pierre , l’un à lorient, & l'autre à l'occident, fervent à entrer dans la ville. - Le voifinage du pays de Gaïles contribue beau- coup à rendre cette ville floriffante, Ses habirans font en partie anglois, en partie gallois ; 8e comme ils entendent également les deux langues, leur ville devient le bureau du commerce de tout le pays de -Galles. Les manufaétures y regnent, 6e leurs frifes {e débitent dansles autres provinces du royaume. Le lord Charles Talbot , auparavant comte de Shrewsbury, recut le titre de duc du roi Guillaume, avec la dignité de fecrétaire d'état. Long. 14. 48. rat. 54:44 (D. J.) SHROPSHIRE , (Géog. mod. ) Salopienfis comira- tus ; province d'Angleterre , autrement nommée Shrewsbure ; & dont nous avons fait article ; mais je me fuis propofé de parler ici des grands perfonna- ges qu’elle a produits dans les fciences ; 1l importe aux gens de lettres de les connoîitre. Baxter ( Richard ) , fameux théologien non-con- fornufte, devint un des chapelains ordinaires de Charles 11. &refufa l'évêché de Hereford. Il mourut en 1607 , dans un âge avancé. C’étoit un homme qui auroit tenu fon rang parini les plus favans @e fon fie- cle, s'il nefe fût pas mêlé de trop de choïes , &t en particulier, de répandre la métaphyfique fur toutes iortes de fujets. Il mit au jour plus de cent livres, qui n’ont point pañlé à la poftérité, quoiqu'’ils foient écrits d’un ftyle touchant & pathétique ; mais dans ce grand nombre d'ouvrages, il attaque toutes les feétes & tous les partis ; ce qui lui fait honneur néan- moins, c'eft que l’âge changea la maniere dontil jugeoït des hommes , 1l devint tolérant fur la fin de {es jours ; il fe convainquit de limuftice qu'il y a à exercer des actes d’inhumanité , fous prétexte de faite du bien auxhommes , & de maintenir le bon rdre dans léplife ; enûn, il apprit à défapprouver les doftrines corrompues ; plutôt qu'à damner ceux qui les profeffent. . Son neveu ê fonhéritier, Baxter ( Guillaume )3 fe montra un excellent grammairien , &t un fort ha- bile critique. Il mourut en 1723, âge de 73 ans; il étoittrès-verfé dans la mythologie, &t entendoit fort bienla plpart des langues de POccident & du Nord. -$es écrits lui ont acquis beaucoup de réputation dans la république des lettres; il publiaen 1719, fon G/of- fariur antiquisatum bricannicarum, dont il a paru une feconde édition.en 1733 , 47-87. avec des augmen- SHR :48 tations. Son Gloffarinr éntiquieneum romanartin, à été donné depuis fa mort, à Londres, en 1726, ir-8°. Cet ouvrage eft rempli d'érudition grammaticale, Son édition d'Anacréon a été effacée par celle de M. Pauw, imprimée à Utrecht'en 1732, 27-4°. mais dans laquelle l’auteur n’auroir pas dû traiter avectant de méprisi, les notes de Baxter, & celles de Barnes; fur larmable poëte de Téos. Le Brooke (Robert), premier juge de la cour des plaidoyers-communs, fous le regne de la reine Ma- rie, ferendit par fon favoir, un des premiets jurif- confultes de fon tems;& mourut comblé d’eftime en 1551. Il eft auteur de divers ouvrages de droit, & entr'autres de celui quia pour titre, le grand abre: ge la graunde abridoement ; c’eft un extrait alpha- bétique de matieres choïfies du droit de la Grande: Bretagne : 1l s’en eff fait plufeurs éditions, princi- palement à Londres, favoir en 1573, 1576, 1586; Gc, & parmi ces éditions , les plus anciennes font eftimées les meilleures , comme il arrive ordinaire ment aux recueils de ce genre. ie (Thomas), defcendéit d’une ancienne & bonne famille de Shropshire ; il naquit en 1574. & fe montra par fon érudition, un des favans anglois du dermer fiecle; il mourut en 1654, âgé de 8o ans. c’étoit un homme d’une ledture prodigieufe , & d’un jugement exact en matiere de critique ; fes œuvres ont été recueillies ; & impriméesà Utrecht en 1698; in-fol, Son difcours de la zature & de l’ufage du-forc , eft le meilleur que nous ayons fur cette matiere: il ÿ prouve avecraïfon, 1°, qu'il y a autant de fuperfti- tion à un homme de penier que certaines chofes dé- plaifent à Dieu, qui ne lui font réellement point dé- {agréables , que de fuppofer que la créature a un pou= voir qu'elle n’a réellement point. 2°. que plufieurs perfonnes, vraiment pieufes , ont joué, &c jouent communément, par délaflement &c fans cupidité , à des jeux de hafard ; & que d’autres gens du même ordre, fe font trouvés & fe trouvent expolés à di- vers inconvémiens , en refufant par fcrupule, dy jouer , lorfqu’ils y font follicités par les perfonnes avec lefquelles 1ls vivent en relation ouavec lefquel- les 1ls ont des ménagemens à garder, 3°. que les rai fons fur lefquelles on condamne ces jeux, ont été caufe de lirréfolution de bien des gens, par rapport à l’ufage néceflaire du fort dans les affaires férieutes, & dela vie civile; par exemple, lorfque dans des narchés communs entr'eux, &c d’autres cas fembla: bles , ils ont té contraints d’y avoir recours , &fe font trouvés dans l'incertitude s'ils le pouvoïent lé- gitimement, OU non. | Sa differtation latine ; de rovi Tefhamenri flylo , eft une piece curieufe ; il y prouve qu'il eff fort incer- tain quelles langues font des meres langues, mais qu’en tout cas, 1l eft für que la latine n’eft pas de cé nombre, puifqu’elle a beaucoup de termes de la lan- gue fabine & tofcane ; & qu’elle tire principalement lon origine de la greque, & fur-tout de la diale&te éolienne; &1l cite là-deflus Dionyf. Halicar. Ang. rom. lib. I. Euftath. ir Œdyf]. ib: I. Quintilian. Zaftir, lib. I, cap. v. & y. Varro, de lins. las. lib. IF, € TX. Suidas , 22 voce Naba. Julius Scaliger , de planr. Lib, I. Jofeph Scaliger , 27 Féflum. Dan.Heinfius, de fazyr, Horar, Hugo Grotius, de farisfaël. chrifli , cap, viij. Jo. Neurfius ; 2 zantiffa ad luxum romanum , c, xij. Voflus , 47 prœfar. ad lib. de visiis fermonis. Laur. Ramirez, Pentecontarch. cp. vj. Conrad. Gefner, zx Mithridate ; & Seron Meñgerus, in præfat. Polyglos. Pour le prouver, il remarque que fi nous prenons quelque auteur latin, nous y trouverons peu de li- gnes, où 1ln'y ait divers mots dont l’originene foit 4 vifblement greaue ; il donne pour exemple, les cint premiers vers de la premiere éclogue de Virgile: 144 S HR nous tapporterons iciles deux preïniers. Tityre, tu patulæ recabans fub repmine fagi : Syl veftrem ternur num IneAitaris avend. Il n’y a rien à dire du mot Tisyrus , parce que c’eit un nom propre ; #u eftdoricurn, vo. putulus , a pateo réTat,leCubo, cubo, rualo urt,fub, ut Üaep fuper. ÊTey@ tego , & inde tegmen grycs, dOrCE payes, fagus; YA®, fylva, fylvèfiis. Teivw, tendo, extendo; use , mufa ; LeXETH , editor; avos ficcus, aridus; œua iun, ani ma ficca ; ab duarréo , exficco, avarte ; unde ab aridi- tate, vox latina, avena. Hyde (Thomas ), favant d’une habileté textraor- dinaire dans les langues orientales, naquit en 1626, &t mourut en 1706. Profeñeur en arabe à Oxford, à la place du doéteur Edmond Pocock. IHprouva fa fcience par fon travail fur la polyglotte de Walton; 1l corrigea non feulement l'arabe , le fyriaque, & le famaritain , mais ilmit le Pentateuque perfan en état de paroitre,. Ce Pentateuque avoit èté imprimé à Conftantinople en caraéteres hébraiques , M. Hyde le tranfcrivit en caraéteres perfans; ce que le favant archevèque Ufier croyoit impofble , à pouvoir mê- me Être exécuté par un perfan naturel, parce qu’une lettre hébraïque répond fouvent à plufieuts lettres perfanes , de forte qu'il eft difficile de démêler la- quelle 1} faut prendre. Il traduifit aufi ce Pentateu- que en latin. En 1665 , 1l publia une verfionlatinedesobferva- tions d’Ulugbeig , {ur la longitude & la latitude des étoiles fixes , avec des notes; il a joint à cet ouvra- ge les tables de la déclinafon &c dé l’afcenfon des étoiles fixes, de Mohamedes Tizinus. En 1674, il mit au jour le catalogue des livres imprimés de la bibliothèque bodléienne. En 1677, ilpubia les quatre évanpiles & aétes desapôtres, en langue malaïfe, & en caraétetes européens. En169r, il doune, tirer murdi , fes cofmographie Abraham Pertjoi, cum verfione & notis. En 1694, il publia à Oxford in-8°. de ludis orientalibus, dibri duo. En£n, fon grand & beau traité de la religion des anciens Perfes , hifforia religionisveterum Perfarum , eorumaue magorum ; patut à Oxford, en 1700, 27-49, c’eft. un ouvrage où regne la plus profonde érudition. M. Wood nous a donné la lifte d’une trentaine d'autres ouvrages très-curicux , que le favant Hyde fe propoloit de publier, s’il vivoit aflez de tems pour les £nir, ayant déja travaillé à tous ; c’eft un tréfor que poflede luniverfité d'Oxford. Liutl:ton { Edouard }, garde du grand fceau d’An- gleterre,, fous le regne de Charles [. naquit dans la comté de S#rop,en 1589 ; futnommé chévalier par le roi en 1635, garde du grand {ceau en 1639, & la même année pair d'Angleterre. Il nous refte de lui des difcours fur la Hberté des fujets , & la préroga- tive du fouverain ; ils ont été imprimés à Londres, en 1628 &t 1667, in-fol. On les trouve auffi dans les coilettions de Rushworth. C’étoit, dit milord Clarendon, un homme de cœur , qui s’acquit une grande réputation pat la profeffion des lois &c du droit coutumier, de forte qu'il étoit regardé comme le plus favant dans les antiquités de ce genre; & dans les cours fupérieures , il parut toujoursavec éclat, Zitleton, ( Adam) plilologifte habile, &favant grammairien , naquit dans Séropshire en 1627, & rourut en 1694. Le diétionnaire latin &z anolois’, qu'il a mis au jour , en 1678 , in-4°, lui a fait beau- coup d'honneur ; on l’emploie dans les écoles, & on le réimprime perpétuellement ; cependant le dic- tionnaire de Cambridge mérite la préférence, à cau- fe des autorités dont les mots {ont appuyés ; maisle doëteur Littleton, outre fon didionnaire latin, a publié plufieurs autres ouvrages, foit en helles-let- ires, {oit en théolosie ; 1l entendoiït même les lan- SHR gues orientales, &z dépenfa la plus grande partie de fon bien pour fe procurer des livres 8c des manuf-' ciits ence genre. Maynwaring (Arthur), écrivain politique du der- nier hecle, naquit en 1668 , & mourut en 1712. dl eft auteur de plufeurs brochures pleines d'efprit far les affaires politiques , & entr'autress de la feuille hebdomadaire intitulée le Mélange. Il aima fur la fin defes jours , avec la plis forte pafion, la célebre attrice mademoïfelle Old£eld, & la fit fon exécutri- ce téftamentaire ; elle fut fans contreditredevableà fes inftruétions , d’être devenue fi excellente com£- dienne; car comme il n’y avoit perfonne qui en- tendit mieux que lui laétion du théatre, il n’y avoit auf perfonne qui fût plus charmé d'y voir exceller mademoifelle Cldfieid. Wluchcot (Benjamin), naquit dans le comté de Shrop, en 1609, & mourut chez fon ani le dodeus Cudworth. Ses fermons choïfis parurent à Londres ; en 1698 , 1-6°, avec une préface du comte de Shaf- tesbury , auteur des Charadériflicks : Cet une chofe bien finpguliere de voir un homme fi célebre sf peu croyant, éditeur de fermons ! mais en même- rems fa préiace ef & belle , & fi peu connue des étrangers , qu’ils nous fauront gré d’en trouver ici un allez grand extrait, Arai Milord Shaftesbury obferve d’abord ,» que quand On fait réflexion fur la nature dela prédication , que l’on confidere l'excellence de cet établiflement ,e cas qu’on en a toujours fait dans le chriflianifme ; le grand nombre de faints hommes mis À part pour cette grande œuvre, à qui l’on accorde tous les avan- tages pofhbles , pour avancer les grandes vérités de la révélation, & pour infpirer aux hommes dutef peét pour la religion; quand on fait attention à {a folemnité des aflemblées relisieufes , à la préfence efpettable 67 à l'autorité de l’orateur chrétien, äl y a peut-être lieu de s'étonner qu’on ne lui voit pas produire de plus grands & de plus heureux effets dans le monde ; on doit néanmoins reconnoître que cette infitution eft un fi puiffant appui de notre religion, que s’il n’y avoit point d’aflemblées publiques, ni de mimitres autorifés, i1n/y auroit, enfort peu de tems, non-feulement plus de chriflianifme , mais de vertus; puifque nonobftant tous les fecours de la prédica- non ; & les appuis qu’elle fournit à la vertu, il s'en faut de beaucoup que les mœurs foient reformées 5 & que les hommes {oient devenus meilleurs. Mais quelque raïfon que nousayons de penfer ton- jours relpeétueufement de cette inflitution » T des bons effets qu’elle produit fur Les hommes ; quelque avantageufe que fort l’idée quenous pouvons avoir du travail de ceux à qui le miniftere de laparoleeftcom- nus, 1l femble néanmoins qu'il n’eft pas impofhble qu'il n’y ait quelque chofe de défedueux , & que Le peu de fuccès ne doit pas être uniquement attribué à Ja malice , à la corruption, à la ftupidité des audi- teurs, ou des leéteurs. Ona vù que dans quelques pays, & parmi ces- tain ordre de chrétiens, le miniftere de la parole n°a pas été entierement confacré aux chofes fpirituelles ; mais qu'une grande partie de cesdivinesexhortations, a eu quelque chofe de commun avec les affaires d’é- tat. De quelque utilité que cela ait pu être aux hom- mes, Ou à la paix du chriftianifme , il faut avouer que la prédication en elle-même doit être d'autant moins propre à produire une heureufe révolution dans les mœuts, à proportion qu’elle a fervi à pro- duire des révolutions d'état, ou à appuyer d’autres intérêts que ceux du fovaume de Jefus-Chrift. Nous ne trouvons pas nor plus , que depuis que la politi- que êt lesimyfteres de la religion ont été unis enfem- ble , Pune n1 Fautre en aient tiré beaucoup d’avan- tiges; du moins n'a-t-il jamais paru que la théolopie io foit devenuemetlleure par! la politique , ‘ou.que la politique ait été épurée par la théologie. | Entreles auteurs qui ont étézélés pourcètte male heureufe alliance, &:quiontvoulu fai un {yftème de politique chrétienne, on nomme le fameux Hob: bes , lequel, foit qu'ilait, rendu quelque lervice au vouvernement civil, où non, a du moins fait bien ilu mal aux moœurs ; & files autres parties de la phi- lofophie lui ont quelque obligation , la morale neilui en a aucunement: Îl eft vrai que tout ce quil y a eu de-grands théologiens dans léglife anglicane ; l'ont attaqué avec beaucoup dezèle & d’érudition,. mais fi l'on avoit travaillé avec le même foin à corriger fes principes demorale , qu'on.a eu à réfuter quel- ques autres de fes erreurs, cela eût peut-être été dun plusterand {ervice à la rehoion pour leflentiel. . Je nomme.ce philofophe , parce qu’en faifant l’énu- zmération des paflions quitiennent les hommes unis en focièté , & les engagent à ‘avoir quelque com- merce enfemble., il oublie-de parler de la douceur, de Pamitié, dela fociabilité, de laffetion naturel- le, & des autres difpofitions de, cet ordre ; je dis qu’i/ oublie, parce qu'il eft difcile de concevoir qu'il y ait un homme aflez méchant , pour n'avoir jamais éprouvé par expérience, aucun de ces fenti- mens , & pour pouvoif en conclure-qu'ils ne fe ren- contrent point dans les autres, À toutes les paflions & à toutes Les bonnes difpo- fitions, cet auteur a fubftitué une feule paffion domi- mante, favoir la crainte qui ne laiffe fubfiiter qu’un defr immodéré d'ajouter pouvoir à pouvoir, defir qui ; felon lui, ne s’éteint que par la mort; il accor- de aux hommes moins de bon naturel qu’aux bêtes feroces. Si le porfon de ces principes contraires À la faine morale ne s’étoit pas répandu au-defà de ce qu’on ‘peut s'imaginer , furtout dans le terms que le doéteur Whicheor vivoit, peut-être que lorfqu'il s’agifloit des intérêts de la vertu, aurions-nous entendu moins parler de terreur &c de châtimens , & davantage de reénitude morale & de bon naturel. Du moins n’au- roit-on pas pris l'habitude d’exclure le bon naturel, & de rabaïfier la vertu, qu’on attribue au feul tem- pérament. Au contraire, les défenfeurs de la religion fe ferotent fait une affaire de plaider en faveur de ces bonnes dfpofitions, & de faire voir combien elles font profondément enracinéés dans la nature humaine, au lieu de prendre le contrépié, & d’avoir bâti fur leurs ruines ; car certaines gens s’y prenoient ainfi pour prouver la vérité de lareligion chrétienne. On établifloit la révélation en déprimant les prin- cipes fondés dans la nature de l’homme , & l’on fai- {oit confifter la force de la religion dans la foibleffe de ces principes ; comme fi un bon naturel & la reli- gion étoient ennemis : chofe fi peu connue parmi les ayens mêmes, que la pigté par laquelle ils défi- gnoient la religion ( comme le nom le plus honora- ble qu'ils pouvoient lui donner ), confiftoit en gran- de partie en de bonnes difpofitions naturelles ; 8 qu'on entendoit par-là non-feulement l’adoration & le culte de la divinité, mais l’affeftion des parens pour leurs enfans, celle des enfans pour la patrie, & en général celle de tous les hommes les uns pour les autres, dans leurs différentes relations. z On a eu raifon de reprocher à quelques fetes chré- tiennes que leur religion paroiïfloit oppofée au bon naturel, & n’être fondée que fur la domination, fur l'amour propre &c fur la haine, toutes difpofitions qu’il n’eft pas aïfé de concilier avec lefprit de ke vangile. Mais on peut dire certainèment de l’églife anglicane, autant& plus que d'aucune autre au mon- de, que ce n'’eft pas là fon elpnit ; & que c'eft par des traits totalement oppofés que cette églife fe fait Tome XP, É 9 SHR 145 conñoïtre, plus que toutes les autres, pour Vraiment êt'dignement chrétiennes! AN Wÿcherléy (Guillaume) , un des plus célèbres poëE- tés comiques ; naquit vers Pan! 1640. Il étudia quel- quéstems à Oxford , quitta luniverfité fans avoir pris aucun degré , & fe ft recevoir dans Ja fociété des jutifconfuites dé Middlé-Temple. Maïs comme ce tems-là étoit celui du règne des plaifirs & del’e£ prit, Wycherley qui avoit de l'efprit & dn goûtpour les plahrs ,abandonna promptement l’étudé feche des lois , pour des occupations Plus agréables & plus à la mode, Il compofa fa premiere piece de théâtre intitulée amour dansun bois, repréfenté en 1672 avec un grand fuccès. Ce début favorable lui procura la connoïffance de tous les beaux efprits de la cour & de la ville, & en particulier célle de la ducheñé de Cleveland, qu'il ft d’une façon aflez finguliere. Un jour que Wicherléy alloit en caroile du côté de $: James, il rencontra près de Pall:Mail, la du- cheffe dans fa voiture , qui méttant la tête hors de la portiere, lurcria tout haut :« vous, Wycherley, » vous êtes un fils de putain; » & en même téime elle fe cacha, 8 fe mit à rire detoute fa force. Wy- cherley fut d’abord un peu furpris de ce compliment; mais il comprit bientôt qu’il faifoit allufion à un en droit de fa comédie, où il dit :« quand les parens » font efclaves, leurs enfans fuivent leur deflinée ; » les beaux génies ont roujouts des PP... pour » meres, p Comme dans les premiers momens dela furprife de Wycherley les caroffesavoientcontinuéleur fOu- te, il fe troûvoït déjà aflez éloigné ; maïs notre poë- te revenu de {on étonnement ordonna À fon cocher de fouetter fes chevaux, & d’atréindre le caroffe de la duchefie. , Dés qu'il l’eut atteint: « Madame, Ti dit-il, vous m'avez donnéun nom qui'appartient généralement aux gens heureux, Votre prandeur voudroit-elle fe trouver ce foir à la: comédie de Wycherley.Eh bien, reprit-elle, fi je my ttouve , que lui arri- ». vera-tl.dheureux? Ceft, répondit le poëte, que »_ J'aurai l'honneur de vous y faire ma cour, quoi- qu'en même tems je manquedune belle perfonne, qui m'a donné rendez-vous ailleurs. Quoi, dit la ducheffe, vous avez l'infidélité de manquer à une belle femme qui vous a fivorifé à ce point, pour » une autre quine l’a point fait, & qui ny {onge »# pas? Oui, reprit Wiycherley, dès que celle quine » m'a point favorifé , eft a plus belle des deux ; » Nails QUICONQUE , COntinua-t-il , derneürera conf » tamment attaché à votre grandeur } juiqu'à ce » qu'il en ait trouvé une plus belle, eft fr de mou. » tir Votre captif. » La ducheffe de Cleveland rou- git, & ordonna à fon cocher d'avancer, | Comme elle étoit dans la fleur‘dé-la jeunetfe > pie rituelle, &c la plus grande beauté qu'il yet en An- gleterre , elle fut fenfible à un compliment auffi ga- lant. Pour couper court, elle vint à Jacomedié dur poête , elle fe plaça comme de coutumeau premier rang , dans la loge du roi. Wycherley fe mit diree- tement au-deflous delle ,:& l’éntretint péndant tout : le cours de la piece. Tel à été le commencement d'un commerce, qui fit dans la fuite béaucoup de bruit. | Maïs le plus étrange, c’eit que ce fat ce commerce méme, qui mit Wycherley dans les bonnes graces du duc de Buckingham, lequel paffionnément épri de cette dame, en étoit mal-traité >» ét de perfuada que Vycherley étoit heureux. Enfin, le duc ne recueillit aucun fruit de fes longues aflidnités anprès de la ducheffe, foit qn’elle fût retenue par la‘proxi= mité du parentage qu'il y avoit entreux (car elle LA étoit fa coufine germaine ), foit qu’elle craignit qu'une ? > » Ve. } > + D 4 D » OO + v | intrigue avec un homme de ce rang, fur qui tout le 4 146 SHR monde avoit les yeux , ne pt demeurer cachée au roi; en-un mot, quelle qu’en fut la raïfon , elle re- fufa de recevoir pluslong-tems fes vifites , & s’obf- tina f fort dans Le refus, que lindignation, larage, & le mépris, fuccéderent à Pamour dans le cœur du duc, qu réfolut de perdre fa parente. Cette rélolution prate , il lait obferver de fi près, qu'il {cut bien-tôt qui étoient ceux qu'il pourroit Tresarder comme fes rivaux. Lorfqu'il en fut inftruit, al eut foin de les nommer ouvertement, &c le poëte ne fut pas oublié, pour faire.encore plus de tort à la curer unappui dans laperfonne du premier miniftre. | On les écouta favorablement y Nipeu de temsaprès l’empereur de Ruflie fut reconnu par tous Les Samoz jedes pour leur fouverain. Onéleva des forterefies lé long de lariviere d'Oby, on y mit des garnuons, c on nomma un gouver- neur général de tout le pays. On continue d'y.ens voyer des colonies de ruiles, de tartares, de polo- nois. On y condamne même comme à un exil, des voleurs, des miférables & autres gens quifont l’écu- me. des hommes. Enfin des prifonniers de guerre fué- dois du premier mérire y.ont été relégués par le czar Pierre. C'eft.Rà qu’on à bâti Tobolski, devenue capitale de cette vaite contrée, &c le féjour du vice-roi. Tous ceux qui doivent des tributs en pelleterie les portent dans cette ville; & quand ces tributs font recueillis, on les envoie à Mofcou.fous une bonne efcorte. La Sibérie eft occupée par trois fortes d’habitans ; favoir, 1°. par des peuples payens , qui font les an- ciens habitans du pays ; 2°, par des tartares mahomé- tans ,. qui font ceuxfur lefquels les Ruffes l'ont con quife ; 3°. par les ryfies qui enfontä-prefent les mat- tres. Les peuples payens quihabitent la Sibérie Le divi- fent en plufeurs nations , dont les principales font les Voguluzes &cles Samojedes , qui habitent, les uns entre l'Oby & la Lena vers la mer Glaciale, & les autres fur la côte feptentrionale de la Ruflie, Les Of tiaques habitent vers le 6o degré. de latitude. Les Tingoëfes, ou Toungonfes , occupent une grande partie de la Sibérie orientale, &c {ont divifés en plu- fisurs branches. La plüpart de ces peuples n'ont point d'habitation fixe ; 1ls vivent fous des hutes, ils demeurent pendant l'hiver dans les forêts , cherchant leur nourriture à la chafle, & dans l’étéils vont oa- gner les bords des rivieres pour s’entretenir de la pê- che. Les peaux des pouflons font leur habillement d'été, & les peaux des élans & desrennes leurfervent au mème ufage en hyver. Un arc, une fleche , un couteau, une hache avec une marmite font toutes leurs richefles. Les râclures d’un certain bois leur tiennent lieu de lit de plume pour le coucher ; les rennes & les chiens leur fervent de chevaux pour ti- rer leurs traineaux fur la neige. La religion de ces différens peuples confiite en quelque honneur qu'ils rendent au foleil, à la lune &c à leurs idoles. Les tartares mahométans font la feconde partie des habitans de la Sibérie, Ils occupent un grand nombre de villages le long de l’irtis & de la Tobol, & ils ont le libre exercice de leur religion. Leurs principaux chefs font des murfes, d Les rufles qui font la troifieme efpece d’habitans . = SIB atuels de ta Sibérie, font venus s’y établir depuis que ce pays eft fous l’obéiflance de la Ruffie , & leur nombre s’eft accru en peu de tems. La partie feptentrionale de la Signe ne produit aucune forte de grains ni de fruit, en forte qu’elle eit tout-à-fait inculté; mais la partie méridionale n’a be- foin que d’être cultivée pour produire les chofes né- ceflaires à la vie. Les pâturages y {ont excellens, & les rivieres fourimiilent de poiflon, C’eft uniquement dans la Sibérie 8 les provinces qui en dépendent , qu’on trouve les renards noirs & les zibelines , de même que les gloutons ; les plus belles peaux d’hermines & de loups-cerviers en vien- nent pareilement. On y trouve auifi des caftors en abondance, & ceux de Camizchatka entr’autres font d’une grandeur extraordinaire. Comme toutes ces peileteries font fort précieufes , 1l n’eft permis à qui que ce foit d’en faire négoce ; mais les habitans du pays qui en ont font obligés de les porter aux com- us du tréfor, qui les doivent payer à un certain prix réglé. La Sibérie eft aujourd’hui partagée en autant de gouvernemens qu'il y a de villes; chaque ville a fon varvode fous les ordres du vice-gouvefneur-géné- ral, qui eft un pofte également honorable & prof- table. La monnoïe de Ruffie eft la feule qui ait cours dans ce continent, inais elle y eft fortrare , & tout le négoce s’y fait en échange, faute d’argent. Le gouvernement fpirituel de la Sibérie eft confié à un métropolitan du culte grec, tel qu'il eft reçu en Rufie , & ce prélat réfide à Toboloskoy. Qui croiroit que cette contrée a été long-terns le éjour de ces mêmes Huns qui ont tout ravagé jufqu’à Rome, fous Attila, & que ces Huns venoient du nord de la Chine ? Les Tartares usbecs ont fuccédé aux Huns, & les Rufles aux Usbecs. On s’eft difputé ces contrées fauvases, ainfi qu’on s’eit exterminé pour les plus fertiles, La Sibérie fat autrefois plus peuplée qu’elle ne Peff, fur-tout vers le midi; on en juge par des tombeaux & par des ruines. Toute cette partie du monde, de- puis lefoiantieme degréouenviron, jufqu'aux mon- tagnes éternellement glacées quibornent les mers du nôrd; ne reflemble en rien aux régions de la zone tempérée ; ce ne font niles mêmes plantes , ni les mêmes ammaux fur la terre, n1 les mêmes poiflons dans les lacs & les rivieres. Il feroit curieux d’en avoir des defcriptions par un naturalifte , & ce fera le fruit du progrès des fciences en Rufie. Gmelin a déja ouvert cette carrriere fur les plantes de cette froide contrée, par fa flora Siberica , Perropoli 1750, en desx vol, 17-49, avec fig. Quant à la defcription géographique de la Sibérie, on l’a mife au jour à Nu- retiberg en 1730, #7-fol, Les curieux peuvent la confulter. (Le Chevalier DE JA COURT.) SIBOLE, fm. ( ff. nar.) animal quadrupede de la nouvelle Efpagne , dont on ne nous apprend rien finon qu'il eft de la grandeur d'une vache, & que lon eftime beaucoup fa peau par la douceur de ion oil. SIBUZATES , ( Géog. arc. ) peuples de la Gaule aquitanique , que Céfar , Bell, pal, liy. TITI, met au nombre de ceux qui fe foumirent à Craflus. On ne les connoït point. SIBYLLE, {. £, (Divinat. des Grecs 6 des Rom.) femme infpirée de l’efprit prophétique, & qui étoit douée du don de prédire l'avenir. La premiere femme qui s’avifa de prononcer des oracles à Delphes, s’appelloit Sihy{/a. Elle eut pour pere Jupiter au rapport de Paufanias, 8: pour mere Lamia fille de Neptune; & elle vivoit tort long-tems avant le fiege de Troie. De-là toutes les femmes qui fe difinguerent par le même talent, furent appellées Jibylles. Ÿa-t-1l eu des fhylles dans le pagenifme, & Tome XF, | GIE 155 quel étoit leur nombre ? Sur quel fondement les an: ciens ont-ils imaginé qu eiles avoient le don de pros phétie ? Comment anionçotent-elles leurs oracles à Enfin quel culte leur a-t-0n fendu ? Varron , cité par Laïtance, dérivoit le nom de fs bylle de deux termes Sulieñs ou doriens ; il le CrOÿOit fynonyme du mot sheoboulé, confeil divin; ave, pour Bsoc, dieu; & Ban pour Brun, confil. Cette étymologie ett conatmée par la Signification que plu- leurs écrivains grecs donnent au mot fÿhillz. Dio- dore, db, 19. qui l'explique par exchoufiafte, dit qué le mot rGv\ñaseir, jibyilifer, fignifie à la lettre la mê- me chole que vez Ce, étre faife par l'efprit divin. Stra- bon rend auii le inot de fbyila par celui d’ébluc » Arrien , Cité par Euitathe, afluroit que les fé;/les avoient reçu ce nom, parce quëlles portoient un dieu au-dedans d’elles-mémes, Les defcriptions que Virgile & Ovide font de la f£bylle de Cumes rendant {es oracles, nous apprennent ce qu’on entendoit par cette rhéophorie. Nier qu'il y aiteu plufeurs fébylles ,feroit renver- fer tous les témoignages de l'antiquité. Platon, iz Phedo &' in Theage, à loccafon de cette forte de fu reur dont quelques perlonnes font faïfies, &r qui les met en €tat d'annoncer l'avenir, fait mention de la Pythie, des prétreiles de Dodone & de la Xiylle, Diodore de Sicile dit que Daphné fille de Tiréliass n'étoit pas moins favante que fon pere dans l'art de la divination ; qu'après avoir été tran{portée à Delphes, elle écrivit un grand nombre d’oacles, Comme cette file, ajoute-t-l, étoit fouvent éprife d'une fureur divine en rendant fes réponfes, on lui donna le nom de féy/le, Strabon, Lib. XIV, fait men: tion de la ffsylle Erythrée, & d’une autre nommée Arhénaïs , qi feioa lui vivoit du tems d'Alexandre. Îl prétend encore dans un autre endroit, 44, XPI. . qu'il y en avoit eu une plus ancienne. Paufanias , êr Phoc, parlefort au long de ja ble Erophyle aui vi- voit avant le fiege de ‘l'roie, Le même auteur décrit le rocher où elle rendoit fes oracles, & en cite quel- ques-uns. Arifiote, en philofophe éclairé, exami- nant dans es problèmes, Probl. 30 n°, 1. en quoi confifte l’enthoufafme qui faifñfloit les devins infpi= rés, nomme Bacis & la fbylle, & range cet enthou- fiaime parmi les genres de délire ou de folie. Il eft donc certain qu'il y a eu en différens tems, & dans des lieux différens , des femmes qui fe font données pour avoir le don de prédire Pavenir, & qui ont porté le nom de féylles. Aux témoignases que J'ai déja cités pour preuve, je pourrois joindre celui de Varron, cehu de Cicéron, celui de Virgile qui dit des &holes fi curieufes fur la ffkyZe de Cumes, ceux de Pline, de Solim, du philolophe Hermias, de Procopé, d'Agathias , de Jamblique, d’Ammian Mar: cellin , de Juftin & d’une infinité d’autres. | Maïs fi les anciens ont établi l’exiftence de pareil: les femmes, ils ne s'accordent ni fur le nombre, nt fur la patrie, ni fur le nom des différentes jebylles. Le problème n’étoit pas encore réfolu au tems de Taci- te; & tout ce que les critiques ont débité à ce fujet, n'en a pas rendu la folution plus aifée, En donnant, comme fatloit Héraclite cité par Plutarque, une du rée de mille ans à la vie de la /£4y/Le, on pourroit con- cilier les différentes opinions; & c’étoit probable ment le parti qu'avoit pris Ovide, Il fuppofe qu'au tems d'Enée, la f4y/l: de Cumes avoit déja vécu 700 ans, &c qu’elle devoit encore vivre pendant trois fie- cles, Dans cette fuppoñtion , la féy/le ayant pu habt ter fucceflivement divers pays, & fe rendre célebre dans différentes générations ; elle avoit pu porter les différens noms de Daphné, d'Erophile, de Démophi- le, &c. Au refte, commela fire ne nous peut inté- | refler, qu'autant que fon hiftoire fe trouvera liée avec celle de l’efprit humain en général, ou avec cel V1 156. SIB le d’une tation particuliere : la difcuffion de ces dé- tails nous doit être aflez indifférente. Il nous fufüt de favoir que par le nom de fbylle, on défignoit des femmes qui fans être prètrefles, &£ fans être atta- chées à un oracle particulier, annonçoient Pavenir & fe difoient infpirées. Difiérens pays & différens fiecles avoient eu leurs f£by/les ; on confervoitles pre- diétions qui portoient leurs noms , & l’on en formoit des recueils. Le plus grand embarras où fe font tronvés les an- ciens , c’eft d'expliquer par quel heureux privilegeil ‘s’eft trouvé des fé2ylles qui avoient le don de prédire l'avenir. Les Platoniciens en ont attribué la caufe à l'union intime que la créature parvenue à un certain degré de perfe@lion, pouvoit avoir avec la divinité. D'autres rapportoient cette vertu divinatrice des fr- .bylles, aux vapeurs & aux exhalaïfons des cavernes qu’elles habitoient. D’autres encore attribuoient lef- prit prophétique des ffbylles à leur humeur fombre & mélancolique , ou à quelque maladie finguliere. S: Jérome a foutenu que ce don étoit en elles la récom- penfe de leur chafteté ; mais il y en a du moins une très-célebre qui fe vante d’avoir eu un grand nom- bre d’amans , fans avoir été mariée: Mille mihi let, connubia nulla fuere. Il eût été plus court & plus fenfé à S. Jérome, &z aux autres PP, de l’Eelife, de nier lefprit prophéti- que des féhylles , & de dire qu’à force de proférer des prédiétions à l'aventure, elles ont pu rencontrer quelquefois ; fur-tout à Paide d’un commentaire fa- vorable, par lequel on ajuftoit des paroles dites au hafard, à des faits qu’elles n’avoient jamais pu pré- voir. A ue: Le fingulier, c’eft qu'on recueillit leurs prédiétions après l'événement, & qu'on les mit en vers, quol- qu'il n’y ait pas la moinère apparence qu’elles aient jamais prophétifé de cette maniere; outre qu’elles ont vécu dans dés tems différens, 6c dans des pays éloignés les uns des autres. Cependantil fe trouva une colle&tion de leurs prophéties du tems de Tar- win le Superbe, & ce fut une vieille femme qui lui fit préfent de cerecueil en neuflivres,qu'on nomma livres fibyllins, & qu'il dépofa dans un fousterrein du tem- ple de Junon au Capitole. Poyez-ez toute lhiftoire au mot SIBYLLINS LIVRES, (Aréiq. rom.) Quant aux autres vers fibyllins rédigés en huit li vres , & qui font vifñblement un ouvrage du 1j, fiecle de J. C. voyez SIBYLLINS LIVRES (Æf. eccle[.) Cette nouvelle colleétion eff le fruit de la pieufe fraude de quelques chrétiens platoniciens, plus zélésgu’habi- les ; ils crurent en la compofant, prêter des armes à {a relision chrétienne, & mettre ceux qui la défen- doient en état de combattre le Paganifme avec le plus arand avantage : comme fi la vérité avoit befoin du menfonse pour triompher de l'erreur. | Enfin il y a eu trois colleétions de vers fibyllins, fans parier de celles que pouvoient avoir quelques particuliers. La premiere , achetée par Tarquin, con- tenoit trois livres; la feconde fut compilée après Pincendie du capitole, mais on ignore combien de li- vres elle contenoit ; la troifieme eff celle que nous avons en huit livres, êc dans laquelle il n’eft pas dou- teux que l’auteur n’ait infére plufieurs prédiétions de la feconde. Mais pour revenir aux /£hylles de Pantiquité, 1left trop curieux de connoître la maniere dont elles pro- phétifoient pour n’en pas rendre compte au leéteur. Comme la Pythie de Delphes rendoit quelquefois fes oracles de vive voix, la fameufe fhylle de Cumes en Italie, rendoit auffi quelquefois les fens de la même mamiere; c’eft Virgile, foigneux obfervateur du coftume, qui nous Papprend. He/enus dit à Enée, en lui confeillant de çonfulter cette fy1le quand il SIB feroït arrivé en Italie, de la prier de ne point écrire fes prédiétions fur des feuilles d'arbres, mais de les lui apprendre d’une autre façon: ce qu'Enée exécute à la lettre lorlqu'il va la confuiter. | Foliis tantum re carmina manda, Ne turbata volént rapidis ludibrix ventis, Jpfa canas, oro. | Enéid. Z5, VI. vers. 74. La Pythie, après avoir demeuré quelque tems fur le trépié, entroit en fureur, € dans le tranfport qui l’a gitoit elle rendoit fes oracles; la fhylle étoit faïfie des mêmes fureurs lorfqw’elle débitoit fes prédic: tions. | S'ubire non vultus, non color unus, Non compte manfére come, [ed peülus anhelum ; Et rabie fera cordatument , majorque videri ; Nec mortale fonans , afflata ef numine quañdo Jam propiore der. Ibid, v. 48. . C’eft-là que Roufleau a puifé ces vives idées. Outel que d’ Apollon le mirif?re terrible, Trnpatient du dieu dont le fouffle invincible, Agite tous fes fers, Le regard furieux ; La iése échevelée, Du ternple fais mugir la domeure ébranlée Par fes cris impuiflans. Des prêtres établis à Delphes ayoient foin de re- cueillir ce que la Pythie prononçoit dans fa fureur, & le mettoient en vers. Il y a bien de l’apparence qu’on faifoit à peu près de même des réponfes de la Jibylle, puifque toutes celles que l'antiquité nous a tranfmiles {ont aufli en vers. On fait que les oracles fe rendoient de différentes autres manieres, ou\en fonges, ou dans des billets cachetés, Ge. La fbylle de Cumes annonçoit les fiens. d’une façon finguliere, dont Virgile nous a infiruits. Elle les écrivoit fur des feuilles d'arbres qu’elle ar- rangeoit à entrée de fa caverne , &z il falloit être af- fez habile & aflez prompt pour prendre ces feuilles dans le même ordre où elle les avoit laiflées ; car le vent, ou quelaw’autre accident les avoit déran-. gées, tout étoit perdu, & on étoit obligé de s’en re= tourner fans efperer d'autre réponfe, Rupe fub imä Fata canit, foliifque notas 6 nomina mandar. Quæcumque in folits defcripfit carmina virso, Digerisin numerum , atque aniro féclufa relinquit. Îlla manent immota locis, neque ab ordine cedunt. Verèm eadem verfo tenuis cum cardine vertus Tmpulit, & tenèras turbavit janua frondes, Nurnquarm deinde cavo volitantia prendere faxo ; Nec revocare fitus, ait Junÿere carmina curar. Inconfulri abeunt, fédewrque odére fibylle. Eneid, 4h. ITI.vers 443. « Au fond d’une grotte, près du port de Cumes, » eft la fhylle qui annonce aux humains les {ecrets » de l'avenir; elle écrit fes oracles fur des feuilles » volantes, qu’elle arrange dans fa caverne, où ils » reftent dans l’ordre qu'il lura plu de leur donner. » Maïs 1l arrive quelquefois que le vent, lorfqu’on » en ouvre la porte, dérange les feuilles ; la {bye » dédaigne alors de raflembler ces feuilles éparfes » dans fa caverne, &c néglige de rétablir l’ordre des # VEÏS #e Virgile a fuivi Pancienne tradition qw’on trouve dans Varron, êc que Servius a confirmée. Au refte, rien n’étoit plus célebre en Italie que l’antre où cet- te fbylle avoit rendu fes oracles. Ariftote en parle comme d’un lieu très-curieux ; & Virgile en fait une defcription magnifique. La religion avoit confacré cette caverne, on en ayoit fait un temple. Les Romains ayoient prefque pour les yes el= SI les-mêmes , autant de refpe&t que pour leurs oracles: s'ils ne les reparderent pas comme des divinités, ils les crurent au moins d’une nature qui tenoit le mi- lieu entre les dieux & les hommes, Laftance prétend que la Tiburtine étoit honorée comme une déeffe à Rome. M. Spon rapporte que près du lieu que les gens du pays difent être l’antre de la f2yZ/e Tiburti- ne, on voit les ruines d’un petit temple qu’on croit lui avoir été confacré. On peut remarquer ici que les habitans de Gergis dans la petite Phrygie, avoient coutume de repréienter fur leurs médailles a /6y/le qui étoit née dans cette ville, comme étant leur gran- de divinité, Pour terminer cet article, je n'ajouterai qu’un mot du tombeau & de l’épitaphe de la fhylle Érythrée, la plus célebre de toutes. Dans fes vers, dit Paufa- nias , elle fe fait tantôt femme, tantôt fœur, &c tan- tôt fille d’Apollon. Elle pafla une bonne partie de fa vie à Samos, enfuite elle vint à Claros, puis à Délos, &t de-là à Belphes où elle rendoit fes oracles fur une toche. Elle finit fes jours dans la Troade ; {on tom- beau, continue-t-1l, fubffte encore dans le bois facré d’Apollon fmintheus, avec une épitaphe en vers élé- giaques , gravés fur une colonne, & dont voici le fens. Je fuis cette fameule f’hyZle qu’Asollon voulut avoir pour interprete de fes oracles ; autrefois vier- ge éloquente, maintenant muette fous ce marbre, êt condamnée à un filence éternel. Cependant par la faveur du dieu, toute morte que je fus, je jouis de la douce 1ociété de Mercure &t des nymphes mes compagnes. | . Ceux qui feront curieux d'approfondir davantage Phifioire des /2hylles , peuvent parcourir les favantes diflertations de Gallæus : /ex Gallæi differtationes de fr- byilis, Amit, 1688, in-4°, Le traité qu'enafat M, Petit medecin de Paris, Per. Pesii de fibyllé traëlatus, Lips. 1686 ,17-6°. L'ouvrage de Th. Hyde, de rezi- gione Perfarum. Van Dale, de oraculis Ethnicorur, êt Laétance qui-nous a confervé fur les fhylles Van- cienne tradition, qu'il dit avoir puifée dans les écrits de Varron. (Le Chevalier DE JaUCcOUKkT.) SIBYLLE de Delphes, (Antiquir. grecq.) prophé- teffe qui prononçoit des oracles. Diodore de Sicile, Denis d’rHlalycarnafle , Plutarque & Paufanias, nous la repréfentent comme une femme vagabonde, qui alloit de contrée en contrée débiter fes prédiétions. Elle étoit en même tems la fb}//e de Delphes, d'E- rythrée, de Babylone , de Cumes & de beaucoup d’autres endroits. Plufeurs peuples fe difputoient honneur de l'avoir pour concitoyenne. Elle-mème dans un de {es oracles, que nous avons encore, fe dit fille d’un pere mortel, & d’une mere immortelle. Ïlne faut pourtant pas la confondre avec la Pythie, puiqu’elle prophétifoit fans le fecours des exhalai- ons qui fortoient de lPantre de Delphes, & qu’elle n’a jamais monté fur le facré trépié. D'ailleurs, la vraie Pythie ne fortoit jamais du temple d’Apolion, dès qu’une fois elle avoit été confacrée à ce dieu ; la fibylle au contraire, étoit étrangére , & toujours er- rante. Voyez PYTHIE. (D.J) + SIBYLLINS , LirvRES, (A2. rom.) anciens livres d’oracles & de prédittions extrèmement accrédirés chez les Romains. Ils furent apportés à Tarquin le Snperbe, ou, felon Pline , à 1'arquin l’ancien, par une vicille myftérieufe quidifparut comme une om- bre ; on la crut fibyile elle-même. On afflembla les augures, onenferma les livres dans le temple de Ju- piter au capitole; on créa des pontifes pour les gar- der; on ne douta point que les deftinces de Rome n’y fuflent écrites. Ces livres prophétiques périrent cependant dans l’incendie du capitole l’an 671 de Rome, fous la dictature de Sylla ; mais on fe hâta de réparer cette perte. On en recueillit d’autres dans la ville d'Enithrée & ailleurs ; on les rédigea par STB bc: Ar: LIRE. TES à £ = LE à nr 5 A à Note les renferma dans des ccfres dos rés, & les mit fous a bate du temple d’Apollon Pas latin qu'ilvenoit de bâtir, Ils y démeuterent tems d'Honorius en 405 de J. C. & cet empereur j dit-on , donna des ordres à Silicon deles jetter dat a Lis au LA f F. LM . - "! le feu. Lraçons en détail toute cette hiffoire d’apre les écrits de M. Freret, & £iïfons-la pré = F f L Les différentes efpeces de divination que le ha fard avoit fait imaginer , & qu’adopta la fuperfti- on, confftoient d’abord dans une interprétation conjeéturale de certains événemens qui par eux- mêmes ne méritoient le plus fouvent aucune atten- tion ; mais qu'on etoit convenu de prendre pour au tant de fignes de la volonté des dieux. On commenca probablement par Pobfervation des phénomenes cé- leftes, dont leshommesfurenttoujours très-vivement frappés ; mais la rareré de ces phénomenes fit cher- cher d’autres fignes qui fe préfentoient plus fréquem- ment, ou même que l’on püût faire Daroître au be foin. Ces fignes furent le chant & le vol de certains oïfeaux ; l'éclat à le mouvement de la famine qui | confumoit les chofes offertes aux dieux: l’état oh fe REA PTS L) trouvoient les entrailles des vidimes ; les paroles prononcées fans deffein, que le hafard fufoit entene dre ; enfin, les objets qui fe préfentoient dans le fommeïil à ceux qui par certains facrifices ou par d'autres cérémonies, s’étolent préparés à recevoir ces fonges prophétiques. a Les Grecs furent pendant plufeurs fiecles fans. connoitre d’autres moyens que ceux-là de S'inftruire de la volonté des dieux; & chez les Romains, fi on en excepte quelques cas finguliers , cette d vination conjeéturale fut toujours la feule que le gouverne- ment autorifa ; on en avoit même fait un art qui avoit fes regles & fes principes. | Dans les occafñons importantes c’étoit par ces re gles que fe conduifoient les hommes les plus fenfés. les plus courageux ; la raifon fubjuguée dès Pen fance par le préjugé religieux , ne fe croyoit point en droit d'examiner un fyftème adopté par Le corps de la nation. Si quelquefois féduite par cette nou= veille philofophie, dont Tite-Live fait gloire de s’ê- tre garanti, elle entreprenoit de fe révolter, bien tôt la force de l'exemple , & le refpeët pour les an ciennes opinions la contraignoient dé rentrer fous le joug. En voulez-vous un exemple bien fingulier À le voici. a | Jules Céfar ne peut être accufé ni de petitefe d’efprit , ni de manque.de courage, & on nele {oup+ çonnera pas d’avoir été fuperftiteux ; cependant, ce même Jules Céfar ayant une fois verfé en voiture, n'y montoit plus fans réciter cértaines paroles , qu'on croÿoit avoir la vertu de prévenirceite efpece, d'accident. Pline qui nous rapporte le faits iv, XXFII. chap. ij. allure que de fontems, prefque tout le monde fe fervoit de cette même formule, &t 1l en appelle la confcience de fes leteurs à téx moin. ! ; Du tems d'Homeére & d’Hefiode } on ne connoif2! {oit point encore les oracles parlans , ou du-moins : ! QUE 158 S TB ils avoient fort peu de célébrité ; appelle oracles parlans , ceux où l’on prétendoit que la divinité con- fultée de vive voix, tépondoit de la même maniere par l'organe d’un prêtre, ou d’une prétreile qu'elle mfpiroit. L’oracle de Delphes qui fut Le premier des racles parlans , ne répondoit qu’un feul jour dans l'année, le feptième du mois bufos , .ulage qui fub- fiffa même aflez long-tems : ainfi on imagina pour la commodité de ceux qui vouloient connoître Pave- nir, de drefler des recueils d’oracles ou de prédic- tions écrites, que pouvoient confulter les curieux qui n’avoient pas le loifir d'attendre. Ces prédiétions, conçues en termes vagues &c ambigus, comme ceux des oracles parlans, étoient expliquées par des de- vins particuliers , qu'on nommoït chre/mologues, où interpretes d’oracles. On trouve dans les anciens écrivains trois diffé- rens recueils de cette efpece, celui de Niuice, celui de Bacis, & celui de la Sibylle. Quoique ce dernier ait été beaucoup plus célébre chez les Romains que chez les Grecs, on voit néanmoins par les ouvrages de ces derniers, qu’ils ne laïfloient pas d’en faire ufage. Il falloit même que ces prédiétions fuflent très-connues aux Âthéniens, puiique le poëte Arf tophane en fait le fujet de fes plaifanteries dans deux des comédies qui nous reftent de fur. Différens pays, & différens fiecles avoient eu leurs fibylles : on confervoit à Rome avec le plus grand foin les prédiétions de celle de Cumes, ëe on les confultoit avec appareil dans les occañons impor- tantes ; cependant les écrivains de cette ville, Pine, L XIIL c. xij, & Denis d'Halicarnaffe , 2. 1, c. iv. ne {ont d’acord fur le nombre des livres qui compo- foient ce recueil, ni {ur le roi auquel il füt préfenté. Ils s'accordent feulement à dire que Tarquin, foit Le premier , foitle fecondde ceux qui ontportécenom, ft enfermer ce receuil dans un coffre de pierre, qu'il le dépofa dans un fouterraiu du temple de Junon au capitole , l qu’on prétendoit contenir le deftin de Rome, deux magiftrats fous le titre de dumvirt Jacris faciundis , auxquels il étoit défendu de les communiquer , & à qui même il ’étoit permis de les confulter que par l'ordre du roi, & dans la fuite par celui du fénat. Cette charge étoit une efpece de facerdoce où de masiftrature facrée, qui jouioit de pluñeurs exemp- tions, & qui duroit autant que la vie. Quand les plébéiens eurent été admis à partager Les émplois avec les patriciens, l'an 366 avant J. C. on augmenta le nombre de ces interpretes des deftinées | de la nation, comme les appelle P. Decius dans Tite- Live, fatorum populi Romani interpretes. On les porta juiqu'à dix, dont cinq feulement étoient patri- ciens, & alors on les nomma décemvirs. Dans la fuite, ce nombre fut encore accru de cinq perlon- nes , & On les appella grindécemvirs. L’époque précife de ce dermier changement , n’eft pas connue ; mais comme une lettre de Célius à Cicéron, épiff. famil. 1 VIIL, c. iv, nous apprend que le quindécimvirat eff plus ancien que la diétarure de Jules Céfar, on peut conjedurer que le changement s’étoit fait fous Sylla. | pr als à Ces magiftrats que Cicéron nommoit tantôt //ky£ linorum interprètes tantôt, fibyllini facérdotes, ne pouvoient confulter les Zvres fbyllins fans un ordre exprès du fénat, &c de-là viént l’expreftion f: fou- vent répétée dans Tite-Live libros adire juffr funr. Ces quindécimvyirs étant les feuls à qui la lecture de ces livres fut pérmife, leur rapport étoit reçu fans examen, @c le fénat ordonnoït en conféquence, ce qu'iléroyoit convenable de faire, Cette confultation ne fe faifoit que lorfqu'l s'agifioit de raflurer les ef: ptits allarmés , par la nouvelle de quelques prefa- ges. fâcheux , ou par la vue d’un danger dont la ré- & qu'il comimit à la garde de ces vers Le 4 SIB publique fembloit être ménacée: ad depenéndas po- tius quam ad fufcipiendas religiones , dit Cicéron; & afin de connoïtre ce qu’on devoit faire pour appaifer les dieux irrités, &c pour détournef l'effet de leurs menaces, comme l’obfervent Varron &c Fite-Five, La réponfe des livres fibyllins étoit communé- ent, que pour fe rendre la divinité favorable, 1f falloit inflituer une nouvelle fête , ajouter de ner: velles cérémonies aux anciennes , immoler telles ou telles viétimes , &c. Quelquefois mêmes les prè- tres fibyllins jugeoient, qu’on ne pouvoit détourner l’effet du courroux célefte que par des facrifñices bar- bares , & immolant des viétimes humaines. Nous en trouvons un exemple dans les deux prertieres guer- res puniques , les années 227 &c 217 avant J, C. Les décemvirs ayant vu dans les Zves fibyllins que des Gaulois &c des Grecs s’émparéroient de la ville, arbem occupaturos, On imagina que, pour dé- tourner Peffet de cette prédiétion , il falloit enterrer vif dans la place, ua homme &t une femme de cha- cune de ces deux nations, & leur faire prendre ainft. pofleflion de la ville. Toute puérile qu’éroit cette interprétation, un très- grand nombre d'exemples nous montre que les principes de l’art divinatoire admettoient ces fortes d’accommodemens avec Ia deftince. Le recueil des vers fbyllins dépolé par lun des Tärquins dans le capitole, périt comme on la vu au tems de la guerre fociale , dans l’embrafement de ce temple en 671. Mais on fe hâta de remédier à la perte qu'on venoit de faire, & dès Pan 76 avant J. C. le fénat fur la propoñtion des confuls Géta- vius & Curion, chargea trois députés d'aller cher- cher dans la ville d'Erithrée, ce qu’on y confervoit des anciennes préditions de la fbylle. Varron & Feneftella cités par Lattance, ne parlent que d'Err- trée ; mais Demis d'Halicarnafle & Tacire ajoutent les villes grecques de la Sicile & de litalie. Tacite qui devoit être inftruit de l’huffoire des Z- vres fibyllins, puifqu'il étoit du corps des quindecim- vis, dit qu'après le retour des députés, on chargea les prêtres fhyllins de faire l'examen des différens morceaux qu'on avoit rapportés ; & Varron afluroit felon Denis d'Halicarnaffe, que la reslequ'ilsavoient faivie, étoit de rejetter comme faux tous ceux qui n’étoient pas aflujettis à la méthode acrofäiche. Nous indiquerons dans la fuite quelle étoit cette méthode. Augufte étant devenu fouverain pontife , après la mort de Lepidus, ordonna une recherche de tous les écrits prophétiques , foit grecs, foit latins , qui fe trouvoient entre les mains des particuliers, & dont les mécontens ponvoient abuler pour troubler fa nouvelle domination. Ces livres remis au preteur , montoient à deux mille volumes qui furent brülés; & l’on ne conferva que les vers fbyllins , dont on ñt même une nouvellle révifon. Comme l’exemplaire écrit au tems de Sylla com- mençoit à s’altérer, Augufte chargea encore les quin- decimvirs d'en fre une copie de leur propre main , & fans laifier voir ce livre à ceux qu n'étoient pas de leur corps. On croit que , pour donner un air plus antique & plus vénérable à leur copie, ils lécrivirent fur ces toiles préparées qui compofoient les anciens Zbri lintei, avant qu’on connût dans l'occident lufage du papier d'Egypte , &c avant qu’on eût découvert à Pergame Part de préparer le parchemin , carta Persamena. | Cet exemplaire des vers fébyllins fut enfermé dans deux coffrets dorés , & placés dans la bafe de la farue d’Apollon Palatin, pour n’en être tiré que dans les cas extraordinaires. Il feroit inutile de fuivre les différentes confulta- tions de ces livres, marquées dans lhiftoire romai- ne ; mais nous croyons devoir nous arrêter fur celle tn fe fit par l'ordre d’Aurélien, au mois de Décer- bre de l'an 270 de J.1C. parce que le récit en eff extrémement citconftancié dans Vopiicus. - Les Marcomans ayanttraverté le Danube ; &t for- cé les pañlages des Alpes, étoient entrés dans Pta- lie, ravageoient les pays fitüés au nord du P6, & menaçoient mème la ville de Rome > dont un mou- vement mal-entendu de l’armée romaine , leur avoit ouvert lé chemin. À la vue du péril où 1e trouvoit Pémpire , Aurélien naturellement iupertütieux, écri- vit aux pontifes, pour leur ordonner de confulter les Zvres fibyllins. il falloit pour la forme un decret du fénat ; ainfi le préteur propola dans l'aflemblée le réquifitoire des pontifes, &e rendit compte de la lettre du prince, Vopieus nous donne un précis de da délibération , qu'il commence en ces termes : præ- or ürbanus dixi, referimus ad vos ; paires confertpti , pontificum fuggefhonem, (es Principis litteras quibus jube- gur ut infpiciantur fasales libri , ête. Le decret du fénat rapporté enfuite, ordonne aux pontifes fyt- Zins de fe puriñer , de fe revêtir des habits facrés , de monter au temple, d'en renouveler les bran- ches de laurier , d'ouvrir les livres avec des mains findifiées, d'y chercher la deftince de empire, &c d'éxécuter ce que ces livres ordonneront, Voici les termes dans lefquels Vopiteus rapporte l'exécution du decret: isum ft ad templum, injpecti libri , proditi verfus, luftrata urbs , caniaia Carmina amburbium ce- Zbratum , ambarvalia promija , atque ita folemniras quæ jubebatur expleta eff, | n La lettre de l'empereur aux pontifes , qu'il appelle patres fartii , finit par des ofires de contribuer aux frais des facrifices , & de fournir les viétimes que les dieux demanderont, même s’il le faut des cap- tifs de toutes les nations , cayufliber gentis captivos, guelibes animalia regra. Ceite offre montre que, malgré les édits des empereurs, on croÿyoit, com- me je l'ai dit , Les facrifices humains permis dans les occafñons extraordinaires , &c qu'Aurélien ne pen- foit pas que les dieux fe contenteroient de canti- ques & de proceflions. Sa lettre aux pontifes commence d’une facon fin- guliere, il marque qu'il eft furpris qu’on balance f long-tems à confulter les Jivres fbyllins. I] femble, “ajoute-tsl, que vous ayez cru délibérer dans une “églile de chrétiens , & non dans le temple de tous les dieux: perindè quaft in chriflianorum ecclefié., non in templo deorum omntum tratlaretis, Ce qui augmente la fingularité & l’expreflion de l’empereur , c’eft qu'il eft prouvé par les ouvrages de S. Juflin , de Théophile d'Antioche, de Clément d'Alexandrie, &z d'Origene, que depuis près de fix vingt ans, les chrétiens citaient , au tems d’Aurélien, les ouvra- ges de la fbylle, & que quelques-uns d’entr'eux a traitoient de prophéteñe. Les livres ftbyllins ne furent point Ôtés du temple d’Apollon Palatin par les premiers empereurs chré- tiens. Ils y étoient encore au tems Julien qui les fit confulter en 363 lur fon expédition contre les Per- fes ; mais au mois de Mars de cette année , le feu ayant confumé le temple d’Apollon , on eut beau- coup de peine à fauver ces livres, qu’on plaça fans doute dans quelqu'autre lieu religieux: car Claudien nous apprend qu’on les confulta quarante ans après fous Honorius, lors de la premiere invafñon de lIta- lie , par Alaric en 403. Ce poëre parleencote de ces vers dans fon poëme fur le fecond confulat de Sti- Hcon en 405. Ifaut conclure de-là, que fi, comme le dit Ru- tilius Numatianus , Stilicon fit jetter ces livres au feu, cefut au plutôt dans Les années 406 , ou 407. Au refte, comme ce poûte, zélateur ardent de l’an- ciennereligion, accufe en mêmetems Stilicon d’avoir appellé les barbares ; & d’avoir détruit les vers fyt S Fi 07 lins, dans la vué de caufer la'ruine de l'empire, ‘en lui enlevant le gage de fa durée éternelle ; peut-être la feconde dé ces deux aecufations n’eft - elle pas mieux fondée que la premiere. | Après avoir donné cette efpece d'hiftoiretdes Zivres fibyllirs, qui renfermetout cé qu'on enfait d'affuré, je dois ajouter quelques remarquesfur ce ils conte: noient. Ceque Tite-Live 8 Denis d'Halcarnafle nous racontenttouchantles diverfesconfultations qu'on en fautoit, donne lieu de penfer,'qu’on nepublioit point le texte même des prédiéions, mais feuletnent la fubftance de ce qu’on prétendoit ÿ avoir trouvé 3 c’eft-à-dire , le détail des nouvelles pratiques reli- gieufes ordonnées par la fbylle pout appaifer les dieux.Comme ilne nous refte aucun des hiftoriensam térieurs à la perte du premier recueil des vers (byZ2 lins , 1l faut nous contenter de ce qu’en difent Denis Gt Tite-Faive ; & nous devons même regarder com- me fuppofé le long fragment des vers fbyllins!, rap= porté par Zozime , à l’occafñon des jeux féculaires, Ces vers qui devoient être tirés de l’ancien rez cueil, ne font point dans la fôfme acroftiche; ils contiennent lenôm de Rome, du Tibre, de l'Italie, Ge. &c prefcrivent les cérémonies qui devoient ac- compagner les jeux féculaites dans un détail qui démontrela fuppoñtion. Le fecondrecueil compilé fous Sylla, noùseft un peu mieux connu, & je vais rapporter ce que les anciens nous en apprennent. 1°, Varron cité par Laëtance, aflure que ce recueil contenoit d’abord mille vers au plus; & comme Augufte ordonna une feconde révi- fon , qui en fit encore rejetter quelques-uns , cé nombre fut probablement diminué. 2°, Ce que difoit Varron cité par Denis d'Halicar- nañle , qu’on avoit regardé comme fuppofés tous les vers qi interrompoient la fuite des acrofhiches , montre que cette forme regnoit d’un bout à l’autre de louvrage. 3°. Cicéron nous explique en quoi confiftoit cette forme, Le recueil étoit partagé en diverfes fe&tions , & dans chacune , les lettres qui formoient le premier vers , fe trouvoient répétés dans le même ordre au commencement des vers fuivans ; enforte que lai femblage de ces lettres initiales devenoit auffi larépé: tition du premier vers de la fe@ion : acroffichus dici= fur , cam deinceps ex primis verfüs litseris aliquid con= néétitur, . . . ; En fibyllinis ex primo verfu cajufque Jéntentiæ primis litreris üllius fenrenrie carmen omne prætextitur. 4°. Les prédi&tions contenues dans ce recueil étoient toutes conçues en termes vagues & généraux, fans aucune défignation de tems ou de lieu; eñforte, dit Cicéron, qu’au moyen de l’obfcurité dans faquelié Pauteur s’eft habilement enveloppé, on peut applis quer la même prédiétion à des événemens différens : Callide, qui illa compofuit , perfecit ut, quodcumaqtte ac: cidiffet , predictum videretur , hominum & tempotum de: fénirione fublaté: Adhibuit etiam larebram obfeuritaris ut tidem verfus alias in aliam rem poffe actoñmodari vi= Œererrbils Dansle dialogue où Plutarque recherche pourquoi la Pythie ne répondoitplus en vets, Boéthius, un des interlocuteurs qui attaque vivementle furnatutel des oracles, obferve dans les prédi@ions de Mufée, de Bacis & de la Sibylle , les mêmes défauts que Cicé- ron avoit reprochés aux vers ffbyllins. Cés auteurs de prédiétions , dit Boéthius , ayant mêlé au hafard des mots & des phrafes qui conviennent à des évé- nemens de toute efpece, les ont, pour ainf dire, vertés dans la mer d’un tems indéterminé: ainfi lors même que l'événement femble vérifier leurs prophé- ties, elles ne ceffent pas d’être faufles, parce que c'eit au hafard feul qu'elles doivent leur accompli fement, ” 160 S I B Plutarque nous a confervé dans la vie de Démof- thène, un de ces oracles qui couroient dans la Grece fous ie nom de la Sibylle ; c’eft à loccafion de la dé- faite des Athéniens , près de Chéronée; on étoit, dit lutarque, dans une grande inquiétude avant la ba- taille , à caufe d’un oracle dont tout le monde s’en- tretenoit : » Puiflai-je , difoit-1l , m'éloigner de la » bataille du Fhermodon , & devenir un aigle pour » coftempler du haut des nues ce combat, où le vain- » cu pleurera, & où le vainqueur trouvera fa perte ». Il étoit bien difficile d'appliquer cet oracle à la défaï- te de Chéronée; 1°. 1l falloit trouver un Fhermo- don auprès du champ de bataille ; & Plutarque qui étoit de Chéronée mème, avoue qu'il n’a pu décou- vrir dans les environs de cette ville, ni ruiffleaux, ni torrent de ce nom. 2°. Le vainqueur ne trouva point fa perte à cette bataille, & même il n’y fut pas bleffé. Lotfqu’on examinera les prédiétions des oracles les plus accrédités, celles de la Pythie, de Mufée, de Bacis, de la fbylle , &tc. rapportées dans les an- ciens , on trouvera toujours que Cicéron, Z&v, II. #. 56. de divinat. a raïfon de dire , que celles qui n’ont pas été faites après-coup , étoient obfcures &c équi-, voques, & que fi quelques-unes n’ayoïent pas été démenties par l'événement, c’étoient au hafard qu’el- les le devoient. Quelque abfurdes que faflent les conféquences que les partifans du furnaturel de la divination fe trouvoient obligés de foutenir dans les controverfes philofophiques, ils étoient excufables jufquà un cer- tain point. Le principe awils défendoient , fafoit chez eux une partie eflentielle de la religion commu- ne ; ce principe une fois admis, l’abfurdité des con- féquences ne devoit point arrêter des hommes reli- gieux, Mais que dire de ces rufés politiques , qui pour couvrir les defleins de leur ambition, forgeoient à leur gré des oracles fbyllins? C’eft ainfi que P. Len- tulus Sura, un des chefs de la conjuration Catilinaire n'eut point de honte de femer comme vraie, une pré- tendue prédiétion des fibylles, annonçant que trois Cornéliens jouiroient à Rome de la fouveraine puif- fance. Sylla & Cinna, tous deux de la famille Cornélien- ne, avoient déja vérifié une partie de la prédiétion. Lentulus qui étoit de la mème famille, répandit dans le public que l’oracle devoit avoir fon accomplifle- ment dans fa perfonne ; &c peut-être eût-1l réufli fans l’heureufe prévoyance de Cicéron, qui fit mentir lo- FACILES Pompée voulant rétablir Ptolomée Auletès dans fon royaume d'Egypte, la faétion qui étoit contraire à ce puiflant citoyen, prit le parti d'inventer une pré- diétion fibylline qui portoit, qu’au cas qu’un roi dE. gypte eût recours aux Romains, 1ls devoient Pafif- ter de leur protettion, fans lui fournir de troupes. Cicéron qui foutenoit le parti de Pompée, favoit bien que loracle étoit fuppofé ; mais pertuadé qu'il étoit plus fage de l’éluder que de le réfuter , il fit ordon- ner au proconful d'Afrique, d'entrer en Esypte avec fon armée, de conquérir ce pays, & d’en gratifer Ptolomée au nom des Romains. Jules-Céfar s'étant emparé de l'autorité fouveraine fous le nom de ditfareur, {es partifans qui cherchotïent à lui faire déférer la qualité de roi, répandirent dans le public un nouvel oracle /hy/in, felon lequel les Parthes ne pouvoient être aflujettis que par un roi des Romains. Le peuple étoit déja déterminé à lui en accorder le titre, & le fénat fe trouvoit contraint d’en figner le decret , le jour même que Céfar fut affafiné. Enfin cet abus de faire courir dans Rome êr dans toute l'Italie des prédiétions ffhyUines , alla fi loin, queTibere tremblant qu’on n'en répandit contre lui, défendit à qui que ce fit d’avoir aucun papier de pré- ! S IB diions fhyllines, ordonnant à tous ceux qui en au- roient de les porter dans le jour même au préteur: Jfimul commonefecit, Tiberius , quia multa vana fub no- mine celebri vulgabantur, fanxiffe Augtlu, quenr in- trà diem ad prærorem urbanum défétreniur , nèque habere privatim liceret. Ce qui caufe mon étonnement, n’eft pas de voir que les Romains cruflent aux oracles des fibylles, ©é- toit un principe de leur religion , quelque ridicule qu'il füt en lui-même ; mais je fais toujours furpris que dans des tems éclairés , tel qw’étoit la fin du der- nier fiecle, la queftion du furnaturel des oracles eût encore befoin d’être traitée férieufement, & qu’une opinion fi folle & contredite par les faits mêmes {ur léfquels on la fondoit dans le paganifime, ait trouvé de nos jours, pour ainf dire, & dans le fein du chrif- tanifme, des défenfeuts très-zélés. ( Le chevalier DE JAUCOURT. SiBYLLINS , LIVRES , (Af£. ecclèf.) Vouvrage mo- derne qu nous eft parvenu fous cenom, eftune com- pilation informe de prophéries différentes, fuppofées la plüpart vers le premier ou le fecond fiecle du chri- ftianifme, par quelques-uns de ces hommes, qui joi- gnant la fourberie au fanatifme , ne font point {cru- pule d’appeller le ménfonge & l’impofture au fecours de la vérité. Les livres ou vers fhyllins dont nous parlons, font encore remplis de chofes contre l'idolatrie & la cor- ruption des mœurs des payens, maison a eufoinpour accréditer ces prophètes, d'y inférer plufeuts cir- conffances véritables que fournifloient les añciennes hiftoires qui fubfiflotent alors, 6c que la barbarie des fiecles poftérieurs a détruites. Il eft auf fait mention dans ces vers, d’une comete que l’auteur annonce devoir préceder certains événemens qu'il prédit à. coup-sûr, puifquils étoient arrivés ainfi que la co- mete , plufñeurs fiecles avant lur; mais on attend fans doute de nous quelques détails de plus fur cette col- leétion des vers fbyllins, Elle eft divilée en huit livres, 8c a été imprimée pour la premiere fois en 154$ fur des manufcrits, & publiée plufieurs fois depuis avec d’amples commen- taires, {urchargés d’une érudition fouvent triviale, & prefque toujours étrangere au texte que ces com- mentaires éclaircifient rarement, Les ouvrages com- pofés pour & contre l’authenticité de ces livres f4yz- lins , {ont en très-erand nombre, & quelques-uns même très-favans ; mais il y regne fi peu d’ordre & de critique, & leurs auteurs étoienr tellement dénués de tout efprit philofophique, qu'il ne refteroit à ceux qui auroient eu le courage de les lire, que l'ennui & la fatigue de cetre letture. Le favant Fabricius, dans le premier livre de fa bi. bliotheque grecque , donne une efpece d’analyfe de ces cifférens ouvrages , à laquelle 1l joint une notice aflez détaillée des huit livres f£y/ins. On peut y avoir recours; c’eft aflez de nous borner dans cet article à quelques obfervations générales fur ces huit livres fhyllins modernes. 1°. [left vifible, qu'ils ne font autre chofe qu’une miférable compilation informe de divers morceaux détachés , les uns dogmatiques, les autres fuppolés prophétiques , 8 ceux-ci toujours écrits depuis les événemens , & le plus fouvent chargés de détails fa- buleux ou du moins peu aflurés. 2°, Il eft encore certain que tous ces morceaux font écrits dans une vue ablolument différente de celle que s’étoient propofée les auteurs des vers qui compofotient le premier & le fecond des deux re- cueils gardés à Rome. Les anciens vers fébyllins pref- crivoient les facrifices , les cérémonies, & les fêtes par lefquelles les Romains pouvorent appaifer le cou- roux des dieux qu'ils adoroient, Le recueil moderne eft au contraire rempli de déclamations très- vives contre SIB contre le polythéifme & contre lidolätrie ; & par. tout on y établit, ou du moins on y fuppofe l'unité - de Dieu. Prefque aucun de ces morceaux n’a pû for- tir de la plume d’un payen ; quelques-uns peuvent avoir été faits par des Juifs, mais Le plus grand nom- bre refpire le chriftianifme s il fuffit de les lire pour s’en convaincre. 3°, Les prédiétions des vers fhyllins confervés à Rome, & celles qui étoient répandues dans la Grece, dés le tems d’Ariftophane & de Platon, étoient, com- me l’obfervent Cicéron & Boëthus , des prédiétions vagues, applicables à tous les tems & à tous les lieux; elles fe pouvoientajufter avec des événemens oppo- Lès : ze idem verfus alias in aliam rem pole accomodari Viderentiur ..«.. Ut, quodcumque accidif{c; , preditturs vidererur. Au contraire dans la nouvelle colle&ion tout eft fi bien cconftancié , qu’on ne peut fe mé- prendre aux faits que l’auteur avoit en vüe. S'il ne nomme pas toujours les villes, les pays & les peu- ples dont 1l veut parier , 1l les défigne fi clairement qu'on ne fauroit les méconnoître, & le plus fouventil indique le teins où ces chofes fontarrivées d’une ma- ere qui n'eft point fufceptible d’équivoque, 4°. Les anciens oracles fhyllins gardès à Rome étoient écrits de telle forte qu’en réuniffant les let- tres initiales des vers qui compofoient chaque arti- le , on y retrouvoit le premier vers de ce même article. Le nouveau recueil offre aucun exemple de cette méthode , car l’acroftiche inféré dans le huitieme livre , & qui eft emprunté d’un difcours de empereur Conftantin, eft d’une efpece différente, Ïl confifte en trente-quatre vers, dont les lettres ini- tiales forment l'arc Xpigos Oeë uoc corn græbpos , Mais ces mots ne {e trouvent point dans le premuer vers. 5° Les nouveaux vers fbyllins contiennent des _chofes qui n’ont pu être écrites que par un homme inftruit des dogrnes du Chriftianifme, & des détails de Phifioire de Jelus-Chrift rapportés par les évan- géliites. L'auteur fe dit même dans un endroit enfant du Chrift : ailleurs 1l aflüre que ce Chrifteft le fils du Trés-haut, &c il défigne fon nom par le nombre 88, valeur numérale des lettres du mot l'aves dans Palphabet grec. 6°. Quoique les morceaux qui formerit ce recueil puuiflent avoir été compofés en différens fems, celui auquel on a mis la derniere main à la compilation fe trouve clairement indiqué dans le cinquieme &c dans le huitieme livre. On fait dire à la fibylle que l’em- pire romain aura quinze rois : les quatorze premiers font défignés par la valeur numérale de la premiere lettre de leur nom dans lalphabet grec. Elle ajoute que le quinzieme , qui fera, dit-on, un homine à rére blanche, portera le nom d’une mer voifine de Rome: le 'quinzieme des empereurs romains eft Hadrien, &c le golfe adriatique eft la mer dont il porte le nom. De ce prince , continue la fibylle , il en fortira trois autres qui régiront l’empire en même tems ; mais à la fin ; un feul d’entt’eux en reftera poflefleur. Ces trois rejettons , Aadv/, comme la fibylle les appelle, font Antonin, Marc-Aurele &c Lucius-Vérus, &elle fait allufion aux adoptions &7 aux aflociations qui les unirent. Marc-Aurele {e trouva feul maitre de l’em- pire à la mort de Lucius-Vérus, arrivée au commen- cement de lan 160, &c il le souverna fans collegue lan 177, qu'il s’aflocia fon fils Commode. Comme il n’ÿ a rien qui puifle avoir quelque rapport avec ce nouveau collegue de Marc-Aurele, il eft vifible que la compilation doit avoir été faite entre les années 169 à 177 de Jefus-Chrift, 7°. On trouve encore un autre cara@tere chronr= logique, mais moins précis dans le huitieme livre, Il y eft dit que la ville deRome, Pour, fubfftera pen< dant neuf cens quärante-huit ans feulement, fuivant la valeur des lettres numérales de {on nom , après Tome XF, | SIB 167 quoi ellé deviendra une rüine , äum Cétté defs truéton de Rome eft annoncée dans préfqie tous les hiyres du recueil, mais fa date n’eft marquée qu'ei ce feul endroit, Nous lifons dans l'hiftoire de Dion qu'autems de Tibere il courut fur la durée dé Rorié une prédiéhon attribuée à la fibylle , où cette duréé Étoit fixée à neuf cens ans, Cet oracle attira l'attenz tion de Tibere , & occafonna une nouvelle recher= che des vers fhyllins confervés par les particuliers cependant on ne comptoit alors que l’an 772 de là iondation de Rome, & on ne devoit pas être fort alarmé. Cette réflexion de l'hiftcrien nous montré que l'addition de quarante-huit ans avoit êté faite à deifein par quelqu'un qui écrivoit après l’an 900 dé Rome, 148 de Jefus-Chrift, mais avant lan 196 : la valeur numérale des lettres du mot Poux Étoit fans doute ce qui l’avoit déterminé 4 préférer lé nombré de 948: Jofephe , däns fes anriquirés Judaïques, lv, XX, chap, &v]. compofées depuis les livres de là guérré des juifs &c vers la treizieme année de Domitien l'an 93 de l’ere vulgaire, cite un ouvrage de la fibyile où l’on parloit de la tour de Babel & de ja confuñon des lanpues , à-peu-près comme dans la Genèfa st y dans le tems auquel écrivoit J ofephe , cet ouvrage de la fibylle n’eût pas déja pañé pouf ancien, sf n'eût pas été dans les mains des Grecs, l'hiftorien juif ne l’auroit pas cité en confirmation du récit de Morte. Il réfulte de-là que les Chrétiens ne font pas les premiers auteurs de la fuppoñtion dés livres JE: byllins. Jofephe ne rapportant pas les paroles mêmes de la fibylle , nous ne fommes plus en état de véri- fer fi ce qui eft dit de ce même événement dans no: tre colleétion étoit tiré de ouvrage que cite Jo= fephe ; mais on eft für que plufeurs des vers attria bués à la fibylle dans l’exhortation qui fe trouve para mi les œuvres deS. Juftin, dans ouvrage de Théo=:. phile d’Antioche, dans Clément d'Alexandrie, & dans quelques autres peres , ne fe Hfent point dans notre recueil ; & comme la plûpart de ces vers ne portent aucun caraëtere de chriftianifine , il feroit pofible qu'ils fuflent l'ouvrage de quelque juif platonifant. Lorfqu’on acheva fous M. Aurele la compilatiort dés vers Jebyllins , 1 y avoit déja quelque tems qué les fibylles avoient acquis un certain crédit patmk les Chrétiens. Nous en avons la preuve dans deux pañlages de Celfe, & dans les réponfes que lui fait Origene. Celfe qui écrivoit fous Hadrien & fous fes fuccefleurs , parlant des différentes fe@es qui partas geoient les Chrétiens, fuppofoit une {ee de Sibyls liftes ; fur quor Origene obferve qu'à la vérité ceux d’entre les Chrétiens qui ne vouloient pas regarder la fibylle comme une prophétefe , défignoient par ce nom les partifans de lopinion contraire ; maig qu'on n’avoit jamais connu de feétes particulieres des Sibyllifles, Celle reproche aux Chrétiens dans le e- cond pañlage d’avoir corrompu le texte des vers Je= byllins , defquels, leur dit-il, quelques-uns d’entre vous emploient les témoignages, AXpOTA Tivée dudv êc Vous les avez corrompus, ajoute-t-il, pour y met tre des blafphèmes. Il entendoit par-là fans doute les inveétives contre le polythéifme & contre l’idolâtrie.: Origene fe contente de répondre au reproche , en défiant Celfe de produire d’anciens exemplairesnon- altérés. Ces pañlages de Celfe & d'Origene femblent prou: ver deux chofes ; 1°, que l'authenticité de ces pré= diétions n’étoit point alors mife en queftion ; & qu’elle étoit également fuppofée par les paiens & par les Chrétiens ; 2°. que parmi ces derniers il y en avoit feulement quelques-uns, rives , qui resardoient les fbylles comme des prophétefles | & que les au« tres chrétiens blâmant la fimplicité de ces hommes crédules , leur donnoïent l’épithete de Qi Pess 1 ke 102 SI C Plutarque qui vivoit prefque dans Île même tefñs , appelle ainft, dans la vie de Marius , les interpretes des prédidions de la fibylle, ou les chrefmologues. Ceux qui ont avancé que les parens donnoient à tous les Chrétiens le nom de Siy/lifles , n’ont compris le vrai fens ni du reproche de Celfe, ni de la réponfe d'Origene. | Too favorable aux fibylles qui, de Paveu de Celfe , étoit d’abord celle d'un aflez petit nombre de Chrétiens, devint peu-à-peu lopmion commune. Les vers fhyllins paroïffant favorables au Chrifhia- nifme , on les employoiït dans les ouvrages de con- froverle avec d'autant plus de confiance que les Païens eux-mêmes, qui reconnoïfloient les fibylles pour des femmesinfpirées , fe retranchoient à dire que les Chrétiens avoient falfñifié leurs écrits , quef- tion de fait qui ne pouvoit être décidée que par une comparaifon des différens manuicrifs, que trés-peu de gens étoient en état de faire. Les regles de la critique &: même celles de la faine logique étoient alors peu connues, où du-moins très-négligées : à cet égard, les plus célebres philo- fophes du paganifme n'’avoient aucun avantese fur le commun des auteurs chrétiens. Il fuflira d'en ci- ter pour exemple les dialogues ëz les traités dogma- tiques de Plutarque ; qui, malgré ce grand fens dont on le loue , ne pafoït jamais occupé que de la crainte d’omettre quelque chofe de tout ce quon peut dire de vrai & de faux fur le fujet qu'il traite. Ce même défaut regne dans les ouvrages de ceux qui font ve- nus après lui. Celfe, Paufantas , Philoftrate , Por- phyre, l’empereur Julien, en un mot, tous les au teurs paiens n’ont ni plus de critique, ni plus de me- thode que Plutarque. On les voit tous citer fous le tiom d'Orphée, de Mufée, d'Eumolpe, & des autres poëtes antérieurs à Homere , des ouvrages fabriqués ar les nouveaux Platoniciens , & donner comme authentiques des oracles fuppofés par ces mêmes phi- lofophes, ou plutôt par les feétateurs du nouveau Pythagorifme , ou de la feéte orphique » Qui joignoit les dogmes égyptiens & chaldéens à quelques points de l’ancienne doûtrine de Pythagore. Comme les auteurs de ces oracles &c de ces vers philofophiques fuppofoient la fpiritualité , Pinfinité, la toute-puiffance du Dieu fuprème , que plufeurs blâmoient le culte des intélligences inférieures, con- damnoient les facrifices & faifoient quelquefois al- lufion à la Trinité platonicienne, parlant d’un Pere, d'un Fils, d'un Zfpri, les Chrétiens crurent qu'il leur étoit permis d'employer ces autorités dans la controverie avec lespaiens, pour les battre par leurs propres armes. Mémoires des Infcriptions , &, XXII. (D. J.) | SICA , (Armes des Romains.) fica étoit une petite épée courbée en forme de faulx , comme la portoient les Thraces. Le gloffaire grec le dit fica ; Opaxiron êr- qùc émixdjumie, fica , épée thracienne fort courbée ; c’eft pourquoi Capitolin appelle Maximinus qui étoit en Thrace, ficilatum latronem. (D. J. SICAIRE , £ m. (Æiff. juive.) les Juifs de Céfarée pilloient , commettoient toutes fortes de briganda- ges, &c l’on donnoïit le nom de fécaires aux plus cruels d’entr'eux , à caufe qu'ils portoient de courtes épées comme celles des Perfes, & courbées comme le poi- gnard que les Romains nomment f£ca. Ils fe méêloient ordinairement dans les jours de fête avec Le peuple qui fe rendoit à Jérufalem par dévotion ; &tentuoient plufieurs au retour. Ils attaquoient les villages de ceux qu'ils haïloient, les pilloient &c y mettoient le feu. (D. J.) | SICAMBRES, (Géogr. anc.) Sicambri , peuples. de la Germanie. Leur nom eft différemment écrit dans les anciens auteurs. Céfan dit ordinairement S7- sambri ,; quoique dans quelques manufcrits on life SF Sigambri. Suétone , Florus, Horace, Martial, Sido= nius Apollinaris & Claudien lifent aflez générale- ment Sicambri. Strabon , Plutarque & Tacite difent Sagambri | | On convient que ces peuples furent ainfi nommés du fleuve Sigus ou Segus, la Siga. Ils s’avancerent de-là vers le Rhin ; car du tems de Céfarils étoient voifins de ce fleuve, Sicambri qui proxtmi [uns Rheno. Ils étendirent enfuite leurs limites jufqu’au Wefer. Ce fut un peuple puiffant & nombreux, le plus con- fidérable des Iftévons , & qui pañloit pour le plus belliqueux de la Germanie : on fait la réponfe fiere qu'ils firent à officier que Céfar leur avoit envoyé, pour leur demander qu'ils lui livraflent la cavalerie des Ufipetes qui s’étoit retirée fur leurs’ terres. Ils lui dirent que l'empire romain finifloït au Rhin, & qu'il n’avoit rien à voir dans la Germanie. Céfar ou- tré de cette réponfe , fit faire un pont {ur ce fleuve: L'ouvrage fut achevé en dix jours. L’armée romaine marcha contre les Sicambres, qui fe retirerent dans les bois, réfolus de s’y défendre s’ils y étoient atta- qués. Céfar n'ayant ofé entreprendre , fe contenta de ravager leurs terres, après quoi il repafla leRhin, & fit rompre le pont qu'il y avoit fait conftruire. Les Sicambres paroïffent avoir été partagés en trois nations ; celle des Ufipetes, elle des Taneteres & celle des Bruéteres. Les Ufipetes ayant été chañlés de leur pays par les Cattes, furent errans pendant quel- que tems; une partie pafla dans lés Gaules où elle fut défaite par Céfar ; ceux qui échapperent après le combat , s'étant joints aux autres, vinrent s'établir dans cette contrée des Sicambres , qui forme préfen- tement le comté de la Marck &une partie de la Weft- phalie. Ils furent fubjugués par Drufus Pan 743 de Rome, & ne voulurent pas fuivre les autres Szcam- bres dans la Gaule Belgique , les duchés de Guadnes & de Cleves. Les Teneteres ayant été chaflés de leur pays, comme les Ufipetes, par les mêmes ennemis, eurent la même deftinée , & s’arrêterent avec eux dans le pays des Sicambres, qui leur en affignerent une aflez grande étendue entre les Ufpetes , les Bruéteres &c les Ubiens , ce qui forme à-préfent une partie de la Weftphalie & du duché de Berg, & quelque peu du côté de la Marck. Ils pafloient pour les meilleurs ca- - valiers de la Germanie. C’étoit leur paflion , & on remarque dans l’hiftoire qu'ils aimoient tellementles chevaux , que l’ainé des enfañs avoit le privilege de choïfir le cheval qui lui plaïfoit dans écurie de fon pere. Les Sueves les chafferent de ce pays, ce qui Les obligea de pañfer le Rhin, & de fe réfugier parmi les Ménapiens. Les Bruéteres habiterent originairement entre les Angrivariens & les Chamaves. Ils étoient divilés en grands & petits. Ceux-là occupoient partie del’Over- Iflel, &c les évêches de Munfter & de Paderborn. Les petits demeurotent vers la fource de lEms, dansure partie de l'évêché de Paderborn & dans les comtés de Lippe & de Rieteberg. Ce pays avoit été habité auparavant par les Juhons. Les Angrivariens & les Chamaves s'étant emparés des terres des Bruëteres , ceux-ci vinrent occuper la contrée des Sicambres, qui s’étendoit le long de la riviere de Segus qui renferme aujourd’hui partie du duché de Berg, de larchevêche de Treves & de la. Vétéravie. Segodunum | qu’on prétend être Siegen, étoit leur demeure la plus remarquable, Ces trois peuples auxquels d’autres fe joignirent, quitterent le nom de Sicambres vers la décadence de lémpire romain, pour prendre celui de Francs. Ils occupoient alors tout ce qui étoit entre l'Océan êc le Meyn; & comme le pays étoit extraordinairement peuplé , une pattie pañla dans la Gaule Belgique, &z y jetta Les fondemens de la monarchie françoife ; Les autres demeuterent dans la Germanie, & firent dif- tingués par le furnom de Francs orienraux;:c’eft d’eux qu'eft dérivé Le nom de Frzxconie qui étoit la France orientale , dont une partie a confervé le même nom de Franconie. ( Le Chevalier DE JAUCOURT.) SICAMOR, f. m. (rerme de Blafor:) c’eft un cer- ceau ou cercle lié comme celui d’un tonneau. On voit des écus de fable à un fcamor d’or. (D. J) . SICANDRO , LE, (Géog. mod.)ile imaginaire de la mer Egée; nous d’avons jamais fu la trouver dans PArchipel, dit Tournefort, ni même eñ apprendre aucune nouvelle: les nouveaux voyageurs n’ont pas été plus heureux. (D. JT.) | | SICANIENS, LES, (Géog. anc.) ou les SICANES, Sicani, peuples de Sicile, qui en occupotent la par- tie occidentale. Ce peuple, fuivant Thucydide, étoit originaire de l’Ibérie, & venu des bords du fleuve Sicants , que les écrivains poftérieurs ont appellé Sicoris, &t que nous nommons Sepro. Thucydide ne donne pas ceci comme une fimple tradition, mais comme un fait inconteftable, Ephorus au rapport de Strabon , & Philifte de Syracufe cité par Diodore de Sicile, tenoient le même langage dans leurs écrits. Il eft vrai que le même Diodore fe déclare pour le fentiment de Timée, qui regardoit les Szcani comme Autochthones : mais ni l’un ni l’autre n’ont fait ré- flexion que ce mot d’aztochthones ne pouvoit fe pren- dre au {ens qu'ils lui donnent, que par ceux qui, felon Le fyftème des mythologues srécs, croyoient les hommes fortis même du fein de la terre. Pour Strabon , 1l fuppofe avec Ephorus, l’otigine ibé- rienne des Sicani. Au tems de Thucydide & des autres écrivains al- legués ci-deflus, il étoit facile de vérifier le fait. Les Carthaginois employoient des troupes efpagnoles dans leurs guerres contre les grecs de Sicile: Ces Efpagnols pris dans les combats, 8 vendus comme éfclaves, fe trouvoient mêlés avec Les Sicani ; &.par ce mélange on connoïfloit aifément s'ils parloïent tes dialectes d’une même langue. Dans la guerre que Denis-le-tyran fit aux Carthaginois en 386 ,un grand nombre de Sicani fe joignirent à fes troupes : peu après, un corps d'Efpagnols mécontens des Cartha- ginois , quitta leur fervice, & renforça l’armée fyra- cufaine. Philifte qui tenoit un fang confidérable à la cour de Denis, avoit fans doute profité de l’occa- fon pour conftater l’origine ibérienne des Sicani, en comparant leur langue & leurs coutumes avec celles des Efpagnols qui fefvoient dans la même “armée. | Thucydide dit que ces Ibériens, qu’il nomme S7- cani, ne pañlerent en Sicile, que parce qu’ils avoient ête chaflés par les Liguriens de la contrée qu'ils habi- toient auparavant, Dé ce paflage il faut conclure avec M, Freret, que les Sicani avoient autrefois pof- fédé le pays où les Liguriens fe trouvoient au tems de Thucydide, c’eft-à-dite, vers l'an 430 avant l’ere chrétienne. Or les Liguriens occupoient alors toute la côte de la mer, depuis les Pyrénées jufqu’aux Alpes, & depuis les Alpes jufqu’à l'embouchure de lArné, Scylax qui nous a donné une defctiption des bornes de la Méditerranée vers l’an 350, & fous le regne dé Philippe, pere d'Alexandre, diftingue trois éfpeces de Liguriens : les Ibéroligyes, dépuisles Py- renées jufqu'au Rhône : les Celtoligyes, depuis le Rhône jufqu’aux Alpes : & les Ligyes ou Liguriens proprement dits, depuis Les Alpesjufqu'à l’Arne. Les Liguriens étoient fi anciennement établis entfe le Rhône & les Alpes, que les Grecs crurent pouvoir fairé mention d’eux dans les fables qu'ils débitoïent fur le voyage d'Hercule. Obfervons encore avec M. Freret ; qüe fi le pays dont les Ibériens furent chaffés , etit été en-deça des Alpes, ces peuples, loin de pouvoit pénétrer en lta- Tome XP; MomL Teil, A6 lie, auroient été contraints de fe retirer À l'occident du Rhône. Ils fe trouvoient donc alots établis au delà des Alpes : & c’eft de-là que s’avançant toujours de proche en proche jufquà l'extrémité de lItalie, ils pañlerent enfin en, Sicile. Le tems du pañlägé des Sicarii n’eft pas fixé par Thucydide qui fe contenté de mettre cet événement avant la prife de Troie ; c’eft-ä-dire, dans fa chronologie, avant lan 12643 mais il paroît par les témoignages d'Heljanicus & de Phuihfte, que les Sicaniens étoient déjà poffefieurs d'une partie de l'ileen1364 L Si loû prenoit à la lettre plufeuts expreflioné femées dans l'Enéide, on concluroit que les Sica- niens avoient confervé des établiffemens aux envi: rons du Tybre; Virgile en parle fouvent, & les nomme veteres Sicari. Mais peut-être , par une li- cence ordinaire aux poëtes, aura-t:il dofiné le nom de cet ancien peuple efpagnol aux Sicules, nation trés-différente ; puifqu’elle étoit illyrienne , & dont il reftoit en effet able peuplades dans le Latium (De à inferipuons, tome XVIII. HIff, pag. So: DET. SICANUS , Géog. anc.) 1°: fleuve d'Efpagne, fe: lon Thucydide. On croit que c’eft le Même que lé SICORIS. * 2°. Fleuvé de Sicile : Etienne le géographe qui cite Apollodore, remarque que ce fleuve couloit près d’Agrigente, & que la contrée voifine fe nommoit Sicania, Héfichius fait inention d’une ville de Sicile appellée Suyay, & d’une contrée à laquelle il donne le nom de >syavn. (D. J.) | SICCA , (Géog. anc.) ville de l'Afrique propré felon iles uns, 8 de la Numidie felon d’autres. L'iti: néraire d’Antonin la marqué fur la route d’Hippone royale à Carthage. Sallufte, Jzgurtk. c. lyj. Pline s lv, F, ch. uj. écrivent fimplement Sicez, Mais Pto: lomée, div. IV. ch. üj. la cable de Peutinger, & Pro- cope, liv. II. ch. xxiv. y joignent le furnom dé veneria. Ce dernier ajouté qu’elle étoit à trois jour- nées de Carthage. Siccz véneriä devint un fiége épif- copal:1l ne faut pas la confondre avec Sicca ou Siga ville de la Mauritanie céfarienfe, & où Syphax avoit eu fon palais. Voyez S1GA. | C’eft à Sicca dans la Numidie, ou dans Afrique propre, que naquit Arobe vers la fin du ü. fiecle, ët 1l y profefla la rhétorique, avant que d’embraffer le Chriftianifme. Pour obtenir fon admüffion À l'E. glfe, il écrivit un onvrage contre les Gentils : cet ou: vrage dont il s’eft fäit plufieurs éditions, contient fept livres. L'auteur y employa toutes les fleurs de fa fhétorique , & y débita beaucoup de littérature ; mais comme il fe hâta trop à compofer fon ouvrage, de-là vient que l’ordre & la belle économie n’y pa- roiffent pas avec toute la juitefle qui feroit à defirer; M. Düpin ajoute que le tour des penfées eft d’un orateur, &t que les termes font durs, mal-arran: gés, peu polis, & quelquefois même peu latins. Proclus (Eutychius), grammairien célebre du {e: cond fiécle ,étoit aufli natif de Sicca. Il fut nommé précepteur de l’empereur M. Antonin le philofophe : & élevé par ce prince à la dignité de proconful, I! mit au jour un livre (cité par Trébellius Pollion) fur ce qu'il y avoit de plus curieux dans les pays étran- gers: c’elt dommage que ce livre foit perdu. (D. J.) SICCITÉ, f. f. (Gräm.) privation de toute humi= dité. Faites évaporer jufqu’à fcciré, difent les Chi: muftes ; & plus l’évaporation fera lente, plus les cryflaux que vous aurez feront beaux & réguliers. | , SICELTA-CÆSARE A, (Géog. añc.) ville d’A- frique dans la Mauritanie. Xiphilin nous apprend que c’étoit la patrie de lempereur Macrin, oladia- teur de fon premier métier, puis notaire, inten: dant, avocat du fifc, & enfin préfet du prétoire: Peu de tems après que Caracalla eut été tué par Les X ij 164 SIC embuches de Macrin, les foldats defefpérés d'avoir perdu un prince qui donnoit fans melure, élurent Héliogabale: &c Macrin fut tué dans une batailie à Archélaide en 218. (D. J.) SICERA, (Critiq. Jacrs) airepa ro , mot grec em- ployé par Saint Luc, 7. 1.5. & qui fignifie toute boif- on enivrante outre le vin: ton fils, dit l'ange à Za- charie, ne boira point de vin ni de toute boxfon qui peut enivrer, #æl o4voÿ Kai cxepa sun mir; C'etoit la loi des Réchabites & des Nazaréens. (D. J.) SICHEM, SICHAR , NÉAPOLIS, ( Géog. arc.) aujourd’hui NAPLOUSE, ville de la Samarie, fituce entre Guerizim & Heba, dans la vallée qui fépare ces deux villes, à quarante milles de Jérufalem, De- puis la ruine de Samarie par Salmanafar, Sichem fut la capitale des Samaritains , & elle létoit encore du tems d'Alexandre. Les Juifs Pappelloient par moque- rie Sichar ; & de-là vient qu’on la voit af nom- mée dans l’évangile de Saint Jean, iv. 3, Ce terme fignifie la ville des ivrognes, du mot hébreu feccorim, ivrognes. C’étoit dans le voïfinage de Sichem qu’on enterra les os de Jofeph que les Hrathtes apporte- rent avec eux d'Égypte; -& dans le même endroit étoit le puits de Jacob, comme on l'appelloit, où Notre-Seigneur étoit aflis, quand il eut avec la fama- ritaine la converfation que l’évangile rapporte. Juftin Martyr étoit de Sishem, non de la race des Samaritains, mais defcendu des Grecs que Vefpa- fien établit dans cette ville qu'il nomma ffavia Cefa- rea , enmémoire de fon nom de Favius, Il nous refte de Juftin qui étoit grand platonicien, divers ouvra- ges. Les premieres éditions en ont ete données par Robert Étienne en 1531 & 1571 en grec. Enfuite parut celle de Commelin en 1593 en grec & en la- tin: Morel la donna beaucoup plus belle en 1656, greque & latine. Enfin a paru celle de dom Prudent Marand, favant bénédi@in, en 1742. 2n-fol, J'ai parlé de Saint Juftin parmi Les peres de l'Eglite. (D. J.) SICHINO , ( Géog. mod.) île de la mer Ægée, entre celles de Milo à l’occident& Amorso , proche de Policandro ; en latin Sicinus ou Sicenus. Elle n’a pas plus de cinq à fix lieues de tour. Ce n'eft pro- prement qu'une montagne , Mais Qui ne laifle pas de produire le meilleur froment de PArchipel. Hwya que deux villages , qui font fur le haut de cette mon- tagne, & peuplés feulement de laboureurs & de pay- fans, qui ne vivent que du rapport de leurs terres. Commeïl n’y a point de portun peu confidérable dans l’île de Sichino , 1 ny a aufh point de trañc. (D. J.) SICHOR , ou SIHOR , ( Géog. ane. ) on imagine ue c’eft une ville dans la partie occidentale de la tribu d'Afer. Cet endroit ne doit pas être loin du Carmel. M. Reland conjeture que ce pourroit être la ville ou le fleuve des crocodiles, que Pine, Z. #. e. xix. & Strabon mettent dans ce pays-ià. Strabon, 1. XVI. dit qu’elle eft entre Ptolémaide & la Tour de Straton, ou Céfarée de Paleftine. L’hébreu lit Sichor-Lebenath ; & l’on croit que Lebenath ef le promontoire blanc , entre Ecdippe & Tyr, & que Sichor eft un ruiffeau de ce canton là. Szchor fignihe trouble. ( D. J.) SICIGNANO , ( Géog. mod. ) bourgade d'Ita- lie, au royaume de Naples, dans la principauté ci- térieure, fur une montagne qu'on prend pour l'az- burnus mons des anciens, (D. J. SICILE , ( Géog. mod. ) c’eft la plus confidérable par fa grandeur & fa fertilité des îles de la Méditer- ranée , entre l’Afrique & l'Italie. Elle n’eft féparée de l'Italie que par le petit détroit de Meffine, qui n'a que trois milles de large ; au lieu que le plus court trajet de Sicile en Afrique eft de quatre-vingt milles. Sa longueur , prife de l’eft à l’oueft , eft d'environ 180 milles d'Italie, & {a largeur du midi au nord de 130, d'autant qu'elle commence au cap Paflaro, SIC fous la hauteur de 35:15 , & finit à 37-30 de U- Litiide. | Sa forme eft triangulaire, dont chaque angle fait une pointe ou un cap. Celui qui regarde l'Italie a été nommé par les anciens Pelorus, & aujourd’hui capo del Faro. Celui qui regarde la Morée, Pachynum , aujourd’hui capo Paflaro; & celui qui regarde l’A- frique , Lylibæum | aujourd’hui capo di Dico. … La Sicile eft divifée en trois provinces qu’on nom- me vallées, dont l’une s'appelle vaZ di Demona, Yau- tre val di Noto, & M eme val di Mazara. Le val de Demona contient les villes de Meffine , Me- lazzo , Cefalu, Taormina quifont maritimes , & quel- ques autres dans le pays. Le val de Noto a dans fon enceinte les villes de Catania, Agofta , Syracufa, Noto , Lentini, Carlentini & autres, Le val de Ma- zara comprend les villes de Palerme, Mazara , Mar- {ala, Trapano, Lermuni, Girgenti , Xaxa, Licate & autres. Palerme , Mefline & Catane font les trois capi- tales du pays , chacune dans fa province. Les villes où 1l y a port de mer, font Mefine , Agofta , Syra- cufa, Trapani , Palerme & Malazzo ; le climat de cette grande île eft chaud, mais lair y eft pur, le printems y eft continuel,êt Le terroir fertile, Le nom- bre des habitans de toute Pile montoit, par le dé- nombrement qui en fut fait dans le dernier fiecle, à plus de neuf cens mille ames ; mais on fait que ce nombre a beaucoup diminué depuis. Les principales rivieres font Le Cantaro , l'Æ/abus ou Onabola des anciens , la Jarreta, anciennement S'ymœthus , felon quelques-uns : les rivieres de Patti & d'Oliviero , le"Termini, l’Armiraglio, le Drago, la Terra-Nova, l’Abiflo , &c. Le Monte-Gibello , anciennement Ætna, moins redoutable que le Véfuve , eft cependant renommé pour fa hauteur , fes forêts , fa neige perpétuelle, & le feu qu'il jette fouvent avec force cendres. Le tour de cette montagne eft d'environ foixante milles. Du levant au midi ce font des vignes , & du cou- chant au nord des bois pleins de bêtes fauvages. Le mont Frapani , anciennement Eryx, eft près de Pa- lerme. Les autres montagnes de l'ile font moins con- nues dans l’hiftoire ; mais toutes abondent en fources d’eau douce , & quelques-unes fourniffent des bains d'eaux chaudes, tiedes & foufrées. | Le terroir de la Sicile eft des meilleurs. I produit abondamment du blé , du vin , de l'huile, du fafran, du miel , de la cire, du coton & de la foie. La vallée de Noto eft couverte de gras pâturages & de blés ; & celle de Démone ef fertile en bois & en arbres fruitiers. La mer fournit auf beaucoup de poifon. Enfin la Sicile eft heureufement fituée pour le com- merce & la navigation. On peut voir, à Particle Sicilia qui doit fuivre ce- lui-ci , les premiers peuples qui ont pañlé dans cette île & qui y ont dominé , jufqu’à ce que les Romains s’en foient rendus les maîtres. Dans la décadence de leur empire , cette ile fut dévaftée par Genferic, rot des Vandales, qui la foumit. Le trop malheureux Bélifaire , général de Juftinien , la reconquit fur eux en $35;mais elle redevint la proie des Sarrazins d’A- frique dans le 1x. fiecle. Ils y établirent des gouver- neurs , qui fe nommoient émirs , &t qui fe maintin- rent à Palerme jufqu’à l'an 1074 ; qu'ils en furent chaflés par les Normands, qui avoient pour chefs Robert Guifcard & Roger fon fils. Ce dernier fonda en 1139 un nouveau royaume en Sicile , qui fut en- fuite expofé à bien des révolutions , par lavidité des princes qui y prétendoient en vertu de leurs al- lances. | Roger , vainqueur des mufulmans dans cette ile, &c des chrétiens au royaume de Naples, baïfa les piés du pape Urbain II, fon prifonnier , & obtint de Lui SIC linveftiture de fa conquête , & fit modérer la rede- vance à fix cens fquifates, monnole qui vaut environ une piftole. Le pape conientt encore qu il n'y eût jamais dans l’île de Sicile, mi lègation , ni appellation au faint fiege, que quand le rot le vo udroit ainfi. C'eft depuis ce tems-là que les rois de Sicile ,feuls rois vaflaux des papes , font eux-mêmes d’autres papes dans cette ile. Conftance, fille de Roger , porta le royaume de Naples &c de Sicile dans la maïon de Souabe , par fon mariage avec l’empereur Henri VI en 1186. Après la mort de Conrard leur petit-fils ; Mantroy fon frere bâtard , fut reconnu pour fon héritier ; mais Charles de France, comte d’Anjou & de Provence, s'étant fait invefir du royaume de Naples & de S:- cile par le pape Clément IV. en 1 265 , tua Mainfroy l’année fuivante, & fit couper la tête au fils de Con- rard en 1269. Pierre II. roi d'Aragon, qui avoit époufé Conftance fille de Maintroy y fit égorper tous les François en 1282, le jour de pâques au premier coup de fon de vêpres, d'où ce mañlacre a été appellé depuis les vépres fieiliennes. | Cette affreufe cataftrophe envenima les fameufes querelles des deux maïfons d’Anjou & d'Aragon ; dont l’hiftoire eft fi remplie. La derniere eut l'avan- tage , fe maintint en pofieflion » & chafla les Fran- çois qui n’ont pu depuis remettre le pié dans ces deux royaumes. Lan La Sicile eft reftée fous la domination des Efpa- gnols jufqu’à la paix d’Utrechten 1713 , que les al- liés la donnerent au duc de Savoie qui y fut cou- ronné la même année. Les Efpagnols qui avoient été forcés à cette ceflion, revinrent en Sicile en 1719, & l’envahirent prefqu’entierement ; ils en furent ce- pendant chafiés par les Anglois. Le traité de Lon- dres difpofa de la Sicile en faveur de l'empereur, qui céda en échange au duc de Savoie le royaume de Sardaigne , & promit les fucceflions de Toicane , de Parme & de Plaifance à l’infant Don Carlos. En- fin la guerre de 1733 , fuivie du traité de 1736, a mis ce dernier prince en pofleflion des royaumes de Naples & de Sicile, fous le titre de ro des deux Si- ciles , favoir de la Sicile en deçà du Phare, & de la Sicile au-delà du même Phare. \ Il gouverne cette île par un vice-ro1, comme cela s’eft pratiqué depuis la guerre de Mefline , qui donna lieu à la deftruétion des lois & des privileges de tou- tes les villes. De-là vient que les peuples sombreux qui y étoient autrefois , fe font fondus. Le plus grand commerce eft un revenu d'environ cent nulle écus que produifent les permifhons accordées à chaque particulier de manger du laitage & des œuis en ca- rême. Le clergé féculier & monaitique jouit du droit de franchife pour l’entrée de routes iortes de mar- chandifes & de denrées de leurs biens ; de-là chaque famille a quelque eccléfiaftique pour fils & pour pro- che parent, & ne paye rien: mais ce qu'il y ade plus fingulier, c’eft qu’un eccléfaftique qui n'eit attaché par le fang à aucune famille , vend fon droit de fran- .chife à ceux des féculiers qui n’ont point d’eccléfiafti- que pour parent. Toutes les églies &c les chapelles du royaume , qui font en très-grand nombre dans chaque ville , & même à la campagne , jouiffent d’un droit d’afyle en faveur de tous Les fcélérats qui s’y retirent. Prefque toutes les charges de robe & d'épée fe vendent, & l’on peut croire fi d'ordinaire l'argent eft préféré au mérite. La ville de Palerme eft la feule du royaume où Ton bat monnoie : encore y fabrique-t-on rarement des efpeces d’or ou d'argent, faute de matiére, qui fort toute du pays. | | Abrégeons : la Sicile n’a plus rien aujourd’hui de confidérable que fes montagnes & fon tribunal de linquifition, qui a des çommifaires avec çour & S LC 16$ officiers dans tous es coins du royaume: Ceux qui pofedent les charges & offices de l'inquifition, jouit tent , ainfñ que leurs maïfons, des privileces qui ÿ {ont attachés , ne reconnoïffent point d'autre tribu nal ; & la multitude de ces charges & oMices rem- phies par la nobleffe , les riches &7 les bourgeois eft il grande , qu'il ne faudroit pas d'autre caufe pour ruiner entierement la monarchie de Sicile, On fait que pour comble de maux , cette île éprou- va en 1693 un afreux tremblement de terre ,.qui porta partout la defolation. Les villes de Catane, d’Agouite , de Syracufe, de Lentini, de Carlentini , de Modica, furent prefque détruites : un grand nom- bre de bourgs & de villages efluya la même cataftro- phe, & l’on compta prés de quinze mille perfonnes qui périrent dans ce bouleverfement, Tant de révolutions qu’a éprouvé la Sicile, ren- dent intéreflante l'hiftoire & la defcription de cette île , & c’eit fur.quoi les curieux peuvent confulter l’un ou l’autre des ouvrages fuivans. | Burigni , hiftoire de Sicile, imprimée à la Haye en 1745 , 2 VOL 7-4°, . Fazelll, de rebus Siculis, Catanæ, 1749 , 2 vol, 1n-fol, Defcription de la Sicile , publiée en Italien par lé marquis de Villa-Blanca. Cet ouvrage a paru en 1760. ( Le chevalier DE JAUCOURT. SICILE, MER DE, ( Géog. mod. \ la mer de Sicile eft la partie de la mer loniene , qui eft au midi de la Caïabre, & qui baigne la côte orientale du royaume de Sicile. (D. J.) SICILE , tribunal de la monarchie de, ( If, de Sicile: ) c'eft ainf qu’on nomme cette heureufe ju riidiétion eccléfiaftique 8: temporelle, indépendante de la cour de Rome, dont jouxffent les rois de Sicile, Ï faut indiquer l’origine de ce beau privilege. Dès que le comte Roger eut enlevé cette île aux Mahométans Gt aux Grecs, & que l’églife latine fut établie , Urbain IL. crut devoir y envoyer un lé- gat pour y régler la hiérarchie ; mais Roger refufa fi fortement & fi conftamment de recevoir ce légat dans le pays de fa conquête, que le pape voulant ménager une famille de héros fi néceffaire à l’entre- prile des croifades , dont il étoit tout occupé, pritle parti d'accorder , la derniere année de fa vie, en 1098 , une bulle au comte Roger , par laquelle il ré- voqua fon légat, & créa ce prince & tous fes fuc- cefleurs , légats nés du faint fiege en Sicile, leur at. tribuant tous les droits & toute l'autorité de cette dignité, qui étoit à la fois fpirituelle & temporelle. Voilà ce fameux droit attaché à cette monarchie ; droit que depuis les papes ont voulu anéantir, & que les rois de Sicile ont maintenu. Si cette préro- gative , ajoute M. de Voltaire , eft incompatible avec la hiérarchie chrétienne , ileft évident qu’Ur- bain ne put la donner ; fi c’eft un objet de difcipline que la religion ne réprouve pas , il eft également certain que chaque royaume eft maître de fe lattri- buer. Ce privilege au fond, n’eft que le droit de Conftantin & de tous les empereurs, de préfider à la police de leurs états ; cependant il n’y a eu dans toute l’Europe catholique , qu’un gentilhomme qui ait fu fe procurer cette prérogative aux portes de Rome même. (D. J. SICILTA , (Géog. anc. )île de la mer Méditer- ranée , près de la côte d'Italie, dont elle n’eft fé- parée que par un détroit auquel elle donnoit fon nom, & qu'on appelle aujourd’hui le phare de Mef- fine. Elle eff fi voifine de l'Italie, que plufeuts des an- ciens ont cru qu’elle avoit été jointe au continent, & que quelques tremblemens de terre, ou l'effort des deux mers l’en avoient féparée : Sicilia , ut ferunc, aliquando continens, 6 agro Brattio adnexa , dit Pom- 166 SIC ponius Méla. Virgile, Æneïd. lib. LIT. v. 414. fe fert auffi de la même expreflion , férunr: Hec loca vi qwondam , & vaflé convula ruiné , Diffiluiffe ferunt, quum protinus utraque tellus Una foret, Venir medio vi Pontus , G'undis Hefperium ficulo latus abfcidit. Arvaque & urbes Lirtore diduitas anguflo interluit æflu. « On dit qu'autrefois l'Italie & la Sicile jointes » parunifthme, ne formoient qu'un méme conti- » nent. Une violente tempête brifa l’ifthme, fépara » les deux régions , 8 ouvrit aux flots un pañage » étroit entre l’une êc Pautre ». Silius Italicus, Liv. XIV. v. 11. aflure fi pofitive- ment que la Sicile a été anciennementjointe au conti- nent, qu’onjureroit qu'il en a été témoin. Pline , £y. III, ch. vi. en parle fur le même ton que Silius [ta- licus : Sicilia quondam Brurtio agro cohærens, mox incerfufo mari avulfa. Ce qu'il y a de sr, c'eft que cette proximité étoit fi grande, qu’on entendoit des deux côtés Le chant des cogs & le cri des chiens. Pli- ne donne quinze cens pas de largeur au détroit qui fépare l'Italie de la Sicile. Agathamere , Av. I. ch. v. dit que le trajet du promontoire Pelorum en Itahe , étoit d’onze ftades. Cette île a été connue fous différens noms qui lui ont été donnés, ou à raifon de fa fituation, ou à caufe des peuples qui l'ont habitée. Lies noms les plus ufi- tés font ceux de Trinacria , Triquetra , Sicania , Si- cilia. Ce dernier nom a été employé par divers au-. teurs, entr'autres par Pline, Æy. IL, chap, vu. qui préféroit la Sicile à toutes Les iles : axe omnes infulas eff claritare Sicilia Elle eft appellée Sicania par Thucy- dide ; & par plufieurs auteurs Triracria où friquetra, à caufe de fa figure triangulaire , ou à caufe de fes trois principaux promontoires. Le nom Trinacrta eft cependant plus ufité chez les poëtes que chez les hif- toriens. Les Sicani, peuples d'Efpagne, en pañlant dans cette île, lui donnerent le nom de Sicania ; & les Siculi, peuples d'Italie, en fe retirant dans cette mé- me île occañonnerent le nom de Sicilsa. On compte aufli parmi fes anciens habitans, les Lefirigons , peu- ples d'Italie. Enfin il eft certain que la Sicile a encore été peuplée en différens tems par diverfes colonies grecques venues de Naxos, de Chalcidie, de Co- rinthe, & d’autres endroits. Les Carthaginoïs même occuperent la plus grande partie de l'ile. Ce mélangé de peuples a été caufe qu'Apulée appelle les Sici- liens Trilingues , parce qu'il fe parloit trois différen- tes langues chez eux; favoir , la grecque, la cartha- ginoïfe & la langue latine. Ptolomée , y. III. c. jv. a fait une defcription de la Sicile telle qu’elle étoit de fon tems ; on peut la confulter. C’eft affez pour moi de remarquer qu'aucun prince n’a eu l’île entiere fous fon obéiflance avant la domi- nation desRomains, qui furent appellés parles Mam- mettins contré Hiéron roi de Syracule , & les Car- thaginoiïs fes alliés. Après plufieurs combats, les Ro- nains demeurerent maîtres de ce friand morceau, dont ils tirerent dans la füite de grands avantages. Ils firent de la Sicile le grenier de l'Italie. Cette ile leur donna le moyen de former des armées navales , & de fe rendre maîtres des mers Adriatique & Médi- terranée. D'un autre côté, les arts &c les fciences fleurt- tent dans cette île fous l'autorité des tyrans qui la gouvernoient. Gorgias, ficilien, fe diftingua dans l’art oratoire, &c. fut le maître d’Ifocrate. Il fleurifloit vers la 80. olympiade. Epicharme, fon compatriote &c fon contemporain , fe diftingua par fes écrits fur la Philofophie. Dinolochus, ficilien , fe montra un des premiers poëtes comiques. Timée, ficilien, qui flo- roit du tems ds Ptolomée Philadelphe , écrivit Phi- ftoire de la Sicile, de l'Italie & de la Grecè avec beaucoup d’éloquence , fuivant le témoignage de Ci: céron. Je tais les hommes illuftres qui fleurirent à Sy- racufe , à Agrigente , à Panorme , €c. patce qu’on les nommera en parlant de leur patrie. Pour ce qui regarde la Sicile moderne, poyez St- CILE. (Le chevalier DE JAUEOURT.) SICILIBRA , (Géog. anc.) ville de l'Affique pro pré, à 29 milles de Carthage, entré Unuca & Vullis, à 7 milles du premier de ces lieux , & à 1; milles du fecond. Cette ville étoit un fiege épifcopal , dont l'évêque fe nommoït epifcopus ficillibenfss. SICILIENNE,, L £ ex Mufique; {orte de danfe com: muneen Sicile, dont lair eft dans la mefure à €, ou à$; d'un mouvement beaucoup plus modéré que ce- lui de la gigue ; mais en même teéms plus marqué: SICILIQUE,, £. m. ( Poids anc. 6 mod.) ficilicum ; forte de poids qui chez Les anciens pefoit deux drach- mes, ou fix fcrupules. Le fcilique des modernes , & dont les Apothicaires fe fervent , pefe un fextule & deux fcrupules. (D. J.) SICIMIN A & PAPINUS , (Géog. anc.) monta- gnes d'Italie , dans la Gaule cifpadane. Tite-Live, Liv. XLV. ch. xiy. en parlant de ces montagnes , fait entendre qu’elles étoient aux environs des champs appellès Macri campi , aujourd’hui Valle di Montiro= ñe , felon Léander. SICINUS , (Géog. anc.) felon Ptolomée , Zy. III. c, xy. Sicenus ; lelon Strabon , Z. X, 5. 484.8 Pline, Z, IV, c. xij. Sycinus ; ile de la mer Evée, & l’une des Cyclades , à l’occidént de l’île d'Ios. Le même Pline nous apprend qu’elle fe nommoit auparavant Onde ; fes habitans font appellès Sicinises par Dio- gene Laërce. S'il en faut croire les fables des poëtes, Thoas, roi de Lemnos , & fils de Bacchus, fut garanti par fa fille du malheur où tousies autreshommes de Lemnos qui furent mafflacrés par leurs femmes avoient été enve- loppés. il fut pouflé dans Pile dont il eftici queftion , &t il y époufa la nymphe Œnone ou Œnois, de la- quelle 1l eut un fils appellé Sicinus, qui donna fon nom à l'ile. On la nommme aujourd’hui Sichire ou Sicine;, mais elle eft défignée dans les cartes marines fous le nom de Zérine, Sétine, ou Sétin: Voyez Si CHINO. (D. J.) sJ SICKU , . m. ( Æiff. nat. Bor. ) c’eft un poïrier du Japon , qui porte un fruit d’une figure extraordinaire, & d’un goût agréable , femblable à celui de la poire de bergamotte. Ce fruit dontle pédicule eft fort long, fe divife d’abord comme en deux branches , enfuite en plufieurs autres, appofées les unes aux autres, plus groiles qu’un tuyau d'orge, tortueufes , & longues d'un demi-pouce , à l’extrémité defquelles font fuf- peñdus à une petite queue , deux grains de la figure & de la groffeur d’un grain de poivre, divifés en trois lobes, qui contiennent chacun une femence affez femblable à celle du lin par fa couleur, fon bril- lant & fa groffeur. Les feuilles de larbre font ovalés, pointues, d’un verd clair , & finement dentelées, SICLE , £. ni. ( Monnoie des Hébreux. ) monnoiïe d'argent des Juifs qui avoit cours dans leur pays dès le tems d'Abraham. Gen. xxuy. 15. Les Hébreux avoient non-feulement des f£cÆs, mais des demi-ffczes, ou des békas. Le ficle pefoit environ trois shellings d'Angleterre. Ezechiel , c. lxv.12.nous apprend qu'il ÿ en avoit foixante à la mine. Le fc/e des Hébreux contenoit quatre dtachmes , de forte que leur dfachime devoit valoir neuf fous d’Anglererre. M. Brerewood ne l’eftime que fept fous, & de- mi ; mais felon l'évaluation du doéteur Bernard , qui paroït avoir le mieux examiné ce fujet , en éva- luant à neuf fous la drachme juive & attique, le béka ou le demi-J£cle fait un shellin fix fous , le cle trois shellins , la mine neuf livres fterling, &c le talent d'argent quatre cens cinquante livres fterling. ST Ïi nous refte encore plufieurs fc/esjuifs, avec linf- ctiption ; Jerzfalem kedushah , c’eft-à-dire , Jérufislens la fainte, Cette monnoie fe répandit chez les nations voifines , fur-tout depuis que la captivité de Baby- lone eût difperfé ce peuple dans lorient, Voyez à ce fujet Lighfoot , & Papparat de Walton à la tête de la bible polyglotte de Londres. | On lit dans Le ZI. L. des Rois , c. xyv. 26. que la chevelure d’Abfälon, qu'on lui coupoit une fois l'an, : | pefoit deux cens fêcles ; cette pefanteur ne doit pas étonner, parce qu'il s’agit ici du Jfcle babylomien, qui étoit environ les deux tiers plus léger que le /£cZe hébreu ; car l’auteur qui a rédige le livre des Rors vi- voit à la fin de la captivité de Babylone, où les J uifs ne connoïffoient que le poids babylonien. (D. J.) SICLI 04 , SICHILI , (Géog. mod.) ville de Sicile, dans Le val dé Noto,à 3 lieues au fud-oueft de la ville de Noto, fur le bord d’une petite riviere, Long. 32. 0. lat. 36, 52: SICLIQUÉ , £ m. ( Comm.) petit poids dont fe fervent les Apothicaires pour peer leurs drogues. IL pefe un fextule &c deux fcrupules. Foyez Sixtule & fcrupule. Dicé. de Comm. | SICORIS , (Géog. anc.) fleuve d'Efpagne. IL {= paroit les Hergetes des Lacetani. Céfar, Pline, Dion Caffius & Vibius Sequefter en font mention; & il eft à croire que c’eft de ce fleuve que prétend parler Thucydide, Zv. WI. lorfqu'il fait venir des bords du fleuve Sicarus en Efpagne , les Sicaniens aui ailerent s'établir en Sicile. Ce fleuve fut plus connu du tems de la guerre civile. Lucain, Zv.1#, y. 11. le décrit ainfi en parlant de la ville Iilerda bä- tie fur fes rives : Colle tumet modico , lenique excrevit in aliurn Pingue folum sumulo + fuper hunc fundata vetufté Suroit Ilerda manu ; placidis prælabitur undis Hefperios inter Sicoris zon ultimus amnes , Saxeus ingenti quem pons ampleëitur arcu , Hibernas paffurus aquas. Ce fleuve fe nomme préfentement le Segre,, & les Catalans l’'appelient 4gza naval. (D.J.) SICUEDON , ( Lexic. médic.) on entend par ce mot grec la fracture entiere &t tranfverfale d’un os long faite avec égalité, comme lorfqu’on caïfle un concombre en deux. Cette fraéture ne differe point de celle qu’on appelle raphanédon ; frcuedon muiado veut dire, e# maniere de concombre, de cmvos , COn- cornbre. re SICULES, tes, ( Géog. anc.) peuples originai- tes des confins de la Dalmatie ; ils vinrent après les Liburnes s'établir en Italie. Ces Sicules formoient tune nation nombreufe quis’empara d’une partie con- fiderable du pays ; ils peuplerent l’'Ombrie du milieu, la Sabine , le Latium, & tous les cantons dont les peuples ont été connus depuis fous le nom d’Opiques. En comparant quelques pañlages d’Hérodote, de Thucydide, de Platon & d’Ariftote, on voit claire- ment que les noms de Sicules & d’Opiques étoient deux noms généraux qui comprenoient tout ce qui s'étend depuis le Tibre jufqu’à l'extrémité orientale de l'Italie, à l'exception de ce qu’en ont occupé les Liburnes. Ces deux noms généraux furent peu-à- peu abolis parles ligues particulieres des Sabins , des Latins, des Samnires, des Œnotri êt des Itali , quife formerent dans la fuite. Les Sicules qui pafferent en Sicile , font les feuls qui ayent confervé leur ancien nom, que cetteîle a reçu d'eux. Nous avons la date précife de ce paflage des Sicules dans l'ile: Hellanicus de Lesbos , hiftorien plus ancien que Thucydide , &t même qu'Hérodote, donnoit pour époque à cet évenement la vingt-fixieme année du facerdoce d’Al- cyonée , prêtrefle d’Argos: ce qui répond à l’an 80 environ avant la prifede Troie, marqué par Phiifte, SIC 167 auteur ficiien ; c’eft-à-dire À l’an 1364 avant l’ére chrétienne , felon. la chronologie de Thucydide, (2. J.) É En . SICULIANO ox SICULIANA , ( Géog. anc.) pe: tite ville de l’île de Sicile, dans le val Mazzara, à la gauche de Fiume di Cani , environ à deux milles de la côte. C’eft l’ancienne Cena, entre Agrigentum & Allava. (D. J) _ SICULOTÆ , ( Géog. anc. ) peuples de la Dalma- tie, felon Ptolomée, 2 II. c. xviy. & Pline, liv. LIT, c. xxi, Ce dernier dit qu'ils étoient partagés en 24 décuries. SICUM, (Géog. anc.) ville de VIllyrie, dans la Dalmatie , fur la côte. Pline, 2. IT. c. xxij. dit que lémpereur Claude y envoya des foldats vétérans. Sophien veut que ce foit aujourd’hui Sebezicos (D. J.) * SICYNOIDE, ff (Hif. ner. Bo.) ficynoïdes, sente de plante à fleursmonopétales, en forme de cloches ouvertes & profondement découpées, Les unes font ftériles & n’ont point d'embryon,; les autres font fou- enues par un embryon, qui devient dans la fuite un fruit femblable à une amande , charnu & hériflé de pointes. Ordinairement ces fruits font réunis en ma- iere de tête, & renfermés chacun fous une peau mince, une feule femence. Tournefoit , inf. re herb. Voyez PLANTE. SICYONE,, (Géog. anc. & mod.) ville du Pélo- ponnèfe dans l’Achaie propre , & dans Îes terres, près de lPAfopus. Cette ville autrefois puiflante, ëT qui eut fes propres rois , devint enfuite libre ; & durant la guerre des républiques de la Grece, elle fut tantôt loumife aux Athéniens, tantôt aux Lacé- démoniens. Juftin dit, Zv. XIII. ch. v. Démoflhenss, Sicyona , Argos , G& Corinthum , cæterafque civitates eloquentid fut , Athenienfibus junxir. Quoique Sicyo- ne fût dans l'Achaie, comme le marque Pline, Z. 7. ch, y, cependant elle fe trouve avoir été comprife dans lAroolie. | Le royaume de Sicyoneeft Le plus ancien royaume qui ait été dans la Grece, Son premier roi s’appelloit Epialée, 8 felon EBufebe, le commencement de fon reone précéda de 74 ans la naïflance d'Abraham. Le dernier roi, qui €toit le vinet-fixieme, s’appelloit Zeuxippus. Après lui, la forme du gouvernement changea ; les prêtres d’Apollon exercerent l'autorité fouveraine pendant 30 ou 40 ans; & enñn les rois d'Argos & de Mycenes s’en emparerent. Ce royau- me dura 962 ans; 1l finit lorfqu'Hélie étoit fouverain facrificateur & juge des Juifs. i On célebroit à Sicyone decimq en cinq ans des jeux pythiens en l'honneur d’Apollon, & on y donnoit pour prix des coupes d'argent. Les ouvriers de cette ville le difputoient à ceux de Corynthe pour la per- feion des ouvrages. Dipænus & Scyllis enrichirent Sicyone des plus belles ftatues en marbre; ils forme- rent plufieurs éleves , qui fculpterent tant de figures de dieux, que les Sicyoniens en prêterent à leurs voi- fins ; qui n’en avoient point encore ; mais le culte que les Sicyoniens rendoïent à Bacchus, étoit trop honteux pour être agréé dans d’autres pays; car iis adoroient ce dieu fous un nom fi contraire à la dé- cence, qu'il n’y a que des gens très-effrontés qui ofaf- fent le profèrer dans une converfation libre; du moins c’eft ce qu’aflure Clément d'Alexandrie, ad- honit, ad gentes , p.15. Le luxe étoit fort répandu à Sicyone ; les fouliers de cette ville paflerent en proverbe ; ils étoient fi ga- lans, qu'il n’étoit pas permis à un homme grave de les porter. Mais au milieu de ce luxe, Sicyore donna la naïf- fance à l’un des plus grands capitaines de Pantiquités je veux parler d’Aratus, qui défit Nicoclès tyran de fa patrie , s’empara de la cidadelle de Corinthe, 168 Sr C chaffa le roi de Macédoine, & délivra la ville d'Ar- gos de fes ufurpateurs. Philippe IL. roi de Macédoi- ne, le fit empoifonner, vers l’an 214 avant I. C. Il mourut à Ecion , & fon corps fut porte à Sicyoe, où on lui éleva un monument qui fubfftoit encore du tems de Paufanias. Aratus avoitécrit l’hiftoire des Achéens , qui s’eft perdue , & dont Polybe fait un grand éloge. Prafeilla, qui fe rendit illuftre par fes poéfies ly- tiques, étoit auf de Sicyone. Elle vivoit en la 28°, olympiade, felon Eufebe. Suidas & Athénée la ci- tent quelquefois. Phylarque naquit, felon quelques- uns, à Szcyone, 8 mit au jour plufieurs ouvrages hifioriques , entr’autres une hiftoire de l'expédition de Pyrrhus dans le Péloponnefe. Plutarque parle de cet auteur grec. Athénée & les fcholaftes de Pindare, citent l’hifiore de Sicyore donnée par Menechme , qui y étoit né , & qui florifloit du terns des premiers fucceffleurs d'Alexandre. Si cette luiftoire nous füt parvenue, nous ferions inftruits de mille chofes cu- rieufes que nous ignorons fur le royaume de ce nom. | La ville de Sicyone a été fouvent endommagée par des tremblemens de terre. Celle que l’on a rebâtie fur fon territoire, fe nomme préfentement Vafilica , ou Bajilita ; elle appartient au turc ; elle avoit en- core quelque apparence, lorfqueles Vénitiens étoient maîtres de la Morce ; mais ce n’eft plus à préfent qu’un monceau de ruines ; ce monceau eft fitué fur une montagne , à une lieue du golfe de Lépante, & la riviere Afopus pañle au-deflous. Foyez SICYONIE. (2.7) SICYONE, (Lexicog. medic.) axvovn ; ce mot dans les médecins grecs défigne tantôt une fige fauvage , tantôt la co/oquinte, & tantôt une vertoufe conique, ouverte par {on extrémité pointue. (D. J.) SICYONIE , (Géog. anc.) Sicyonia, contrée du Péloponnèfe, dans lAchaie propre, & féparée du territoire de Corinthe par le fleuve Némée, Tite- Live, XXIIT. c. xv. remarque qu’on la nomma d’a- bord Micone, & enfuite Ægialee : cette contrée avoit deux villes dans les terres ; favoir, Phlius & Si- cyone. Les Sicyoniens, dit Paufanias , veulent qu'Esialé, originaire de leur pays, en füt Le premier roi; que fous fon regne , cette partie du Péloponnèfe, qui s’appelle encore aujourd’hui l£Egiale, prit fa déno- mination ; que dans cette contrée, 1l batir en rafe campagne la ville d'Egialée, avec une citadelle, qui occupoit tout le rerrein où ils ont à préfent untemple de Minerve. Dans la fuite des tems, Lamédon ayant fait épou- fer fa fille à Sicyon , né dans PAttique , Sicyon ac- quit le royaume ; ce fut fous fon regne que tout le pays changeant de nom fut appellé la Sicyonie , & que la ville qui s’appelloit autrefois Egralée, {e nom- me Sicyone. Les Sicyoniens devinrent dans la fuite Doriens, & commencerent à faire partie des états d’Argos. Ils font à préfent miférables, ajoute Paufanias , & fort différens de ce qu’ils étoient autrefois. D’en vouloir rechercher la caufe, continue l’hiftorien , c’eft peut- être ce qu'il ne nous eft pas permis : il vaut donc mieux fe contenter de celle qu'Homere donne de la décadence de tant d’autres villes ; dx piffant Jupiter la volonté fuprêmne. Ils étoient déja réduits à cet état de foiblefle , lorfque par furcroit de malheur ils fu- rent affiégés d’un tremblement de terre, qui fit de leur ville une folitude, & renverfa beaucoup de mo- numens & d’édifices publics, qui étoient d’une gran- de beaute. Le même accident ruina plufieurs villes de la Carie & de la Lycie, & lile de Rhodes en fut ébranlée. Les Sicyoniens enterroient leurs illuftres morts d'une maniere aflez convenable ; ils jettoientfe corps dans une foffe, & le couvroient de terre; ils conf truifoient un petit mur tout-à-lentour ; puis ils éle- voient quatre colonnes qui foutenoient un toit fait en forme d’aîle déployée &c panchée;ilsne mettoient aucune infcription fur la fépultures, mais en rendant les derniers devoirs au mort, ils l’appelloient feule= ment par fon nom, fans y ajouter celui de fon pe- re , & tout-de-fuite ils lui donnoient le dernier adieu. Les Sicyoniens, continue Paufanias , ont plufeurs fiatues, qu’ils renferment dans une efpece de facrif- tie : mais chäque année durant une certaine nuit ) US les tirent de ce lieu pour les porter dans le temple ; ils allument des flambeaux afin d’éclairer la cérémo- mie , & chantent des hymnes compofées en vieux langage. La ftatuè qu'ils nomment le Bacchéus tient le premier rang à cette proceflion ; c’eft une fa- tue qu'ils croyent avoir été confacrée par Androma- das , fils de Philias ; Enfuite paroit le Lyfus , autre ftatue que Phanès, difent-ils , tranfporta de Thèbes 4 Sicyone par ordre de la Pithie ; il eft certain que Phanès vint à Sicyone en même tems qu'Ariftoma- que, fils de Cléodée : mais pour avoir négligé d’ac- complir un certain oracle, ïl ne put rentrer dans le Péloponnèfe , auffi-tôt qu'il fe l’étoit propofé, En defcendant du temple de Bacchus dans la pla ce, On trouve à main droite le temple de Diane ; lurnommée Limnea. Ce temple eft fi vieux, qu'il n’a plus de toit. La ftatue de la déeffe y manque auf, & lon ne fait f elle a été tranfportée ailleurs, ou f elle a péri par quelqu’accident. Dans la place, il y a un temple dédié à la Per- fuafion : &c voici la raifon que l’on en apporte, On dit qu’Apollon & Diane ayant tué Python, vinrent à Egialée pour fe faire purifier ; mais qu’on leur Y fit une fi grande frayeur, qu'ils furent obligés de pafler en Crete, & d’avoir recours À Cramañor. En effet, on voit à Sicyone un endroit qu’on appelle encore aujourdhui /2 Peur. On ajoute qu’aufli-tôt la ville d'Egialée fut frappée de la pefte , & que les de- vins contultés , répondirent que ce fléau ne cefleroit peint, qu'Apollon & Diane n’euffent été appaifés : qu’en conféquence de cet oracle, on envoya fept jeunes garçons, &c autant de jeunes filles , en habit de fupplians , fur Le bord du fleuve Sythas ; que le dieu & la déefle fe laiflerent fléchir à leurs prieres , & qu'ils voulurent bien revenir dans la citadelle de Sicyore. C’eît la raïon pourquoi l’on a confacré ce temple à la Perfuafon dans le lieu même où Apol- lon & Diane s’étoient arrêtés en rentrant dans la vil le ; & encore à préfent , ajoute Paufanias, ils pra- tiquent la même cérémonie tous les ans ; car le jour de la fête du dieu, 1ls envoyent des jeunes enfans fur le bord du fleuve, & tirent du temple d’Apollon les ftatues des deux divinités, pour Les porter dansle temple de la Perfuañon ; & enfuite ils les portent où elles étoient. Ce temple eft dans la place, & l’on dit qu’ancien- nement Prætus l’avoit fait bâtir dans ce lieu , parce que fes filles y avoient été guéries de leur frénéfie. L’on tient pour certain que Méléagre y fufpendit la lance dont 1l avoit percé le fanglier de Calydon , & que la flute de Mariyas y fut aufi confacrée; caron dit qu'après le malheur qui arriva à ce Silene, fa flute tomba dans le fleuve Marcias , que de-là elle pañla dans le Méandre , & du Méandre dans PAfope, qui la jetta fur le rivage, où un berger ayant ramaf- fée , la confacra à Apollon ; mais toutes ces offran- des ont été brûlées avec l’ancien temple. Celui que j'ai vu, dit Paufanias , & la flatue qui y eft, font modernes ;.@c c'eft Pytoclès qui en a fait la confé- cration. sr ete Au milieu de la place publique , continue Paufa- NAS 3 nias ,1l y a un Jupiter en bronze fait pat Lyfippe, natif de Sicyore même , & auprès eft une ftatue de Diane toute dorée. Aux environs , lon voit un Her- cule en bronze du même Lyfppe, & un Mercure Agoreus. Dans ie lieu d'exercice , près le marché , il y a un Hercule en marbre, ouvrage de Scopas. Toute enceinte de cette efpece d'académie eft def- tince aux exercices qu’apprennent les jeunes gens ; aufh ne Pappelle-t-on point autrement que le gym- nafe. Au milieu eft le temple d’'Hercule ; on y voit une ftatue de bois d’un goût antique; cel qui la faite eft Laphnes de Phlus , où Hercule eft honoré d'un culte tout particulier. Du temple d'Hercule on va à celui d'Efculape; dans le parvis de celui-ci, on trouve à main gauche deux chapelles qui fe joignent; dans l’une eit la figure du Sommeil, mais il n’en tefte plus que la tête; lau- ire eft confacrée à Apollon, & il n’y a que les prè- tres du dieu qui aient permifhion d’y entrer. Sous le portique qui eft devant le temple, on conferve un os de baleine d’une grandeur prodigieufe. Derriere eft la figure du Songe, & tout aupres, celle du Som- meil qui endort un lion. À l'entrée du temple, vous voyez d’un côté une ftatue de Pan affis ; de l’autre une Diane qui eft debout. Danse temple ; ce qui s'offre d’abordà vos yeux, c’eftun Efculape, mais fans barbe; cette fiatue eft d’or & d’ivoire, & c’eft un ouvrage de Calais; le dieu tient d’une main un fceptre , &c de l’autre une pomme de pin. Les Sicyoniens difent que ce dieu leur eft venu d'Epidaure, fous la forme d’un dragon, dans un char attelé de deux mulets, & conduit par Nicesora ficyonienne. Plufieurs autres ftatues de | grandeur médiocre font fufpendues à la voute; il y en aune entrautres qui eft afife fur un dragon , & qui , f l’on les en croit , repréfente Ariftodama , la | mere d’Aratus, qui, felon eux , eut pour pere Efcu- lape : c’eft tout ce que ce temple contient de remar- quable. | Celui de Vénus n’en eft pas loin ; la premiere fta- tue eft celle d'Antiope ; car ils prétendent que les enfans d’Antiope étoient originaires de Sicyoze ; que” pour cela leur mere vint s’y établir, & fe regarda toujours comme liée de confanguinité avec Les Sicyo- niens : perfonne au refte n’entre dans le temple de Vénus , excepté une femme, qui en qualité de facrif- tine, s'oblige à n'avoir aucun commerce avec fon mari, & une jeune vierge qui en eft la prêtrefle , & dont le facerdoce ne dure qu’un an; fa fon@ion eft d'apporter lés cuvettes & les vafes néceflaires au fa- crifite, d’où elle prend fon nom. Les autres peuvent voir &c adorer la déefle du feuil de la porte, mais fans entrer plus avant. La déefe eft affife ; c’eft Ca- naächus de Sicyone qui a fait cetté ftatue, le même qui a fait l'Apollon Didyméen, pour la ville de Mi- let, & l’Apollon Ifménien pour celle de Thèbes. La Vénus eft d'ivoire & d’or: elle a fur la tête une ef- pece de couronne terminée en pointe , qui répréfente 1é pole ; elle tient d’une main un pavot, & de l’au- tte une pomme. Hls lui offrent en facrifice les cuiffes, de toutes fortes de victimes , à la réferve du porc, quine lui eft pas agréable ; les autres parties de la viétime fe brülent avec du bois de.genievre : maïs pour les cuiffes , on les fait rôtir avec des feuilles de Péderos. Voyez PEDEROS. Vers la porte facrée de Sicyone, 8t tount-auprès de cette porte, l’on trouve , ajoute: Paufanias , un tem- ple de Minerve , qui fut autrefois confacré par Epo- pée, & qui, foit pour la grandeur, foit pour la ma- gmficence, l’emportoit beaucoup fur tous les édifices de ce fiecle-là ; mais le tems n’a épargné que’ fa ré- putation, car ce templea été brûlé par le feu du ciel, & lon n’y voit qu'un autel que la foudre nait pas endommage , & qui fubffte dans Je même état qu'il Tarme XF, S I D 169 RE RS RU RL # / Le ; 1 ; étoit du téms d'Épopées Devant éet autel eft la La pulture du héros; auprès de {on tombeau l’on a ran= gé les fiatues de ces dieux, que Pon appelle préfèrvas reurs, auxquels les Sicyoitiens font des facrifices avec les mêmes cérémonies que les Grecs ont accoutumé de pratiquer pour détourner d’euxles maux qu'ils aps préhendent, (2, J.) SIDA-POU , £. mu ( Boran. exot. ) nom d’un arbre qui croit au Malabar : 1l n°eft rematquable que parce qu'il ne porte des fruits que quandil eft extrêmement vieux. Ray, 212 plans, ( D. TI.) SIDARISO , ( Géogr. mod.) bourg de la Morée, dans la Zaconie ; entre Mifitra & Malvaña , x-peu- près à égale diftance de l’un & de l’autre, On prend ce bourg pour l’ancienne Geremia de Paufanias y OU Gerarta de Pline. { D. J.) SIDAŸE , ( Géog. mod. ) M. Réland écrit Sydaye; ville des Indes; dans Pile de Java , fur la côte fepter- trionale de cette ile, aflez près de Touban, avec un poït qui a dix brafles de profondeur, fond de terre valeux. Las. mérid, 6; 44, (D. J.) SIDE , où SIDA , ( Géog. anc. ) ville de lAfe rni- neure dans la Pamphylie ; fur le bord de la mer. Pro- lomée, /. Fc. v. la marque immédiatement après l'embouchure de l’Eurymédonte ; mais Strabon met un fleuve entre deux. Cependant comme il ne nom: ne point ce fleuve, il y a apparence qu’il n’étoit pas confidérable. Îl ajoute que Side étoit une colonie des Cuméens ; & qu’on y voyoit un temple de Minerve. Le Périple de Scylax fait auffi de Side une colonie des Cuméens , & lui donne un port, Ciceron, Z. III. evift. 6. ad Arric. Tite-Live, L XXXVIL c. xxiij. & Paufanias , L VIIL c. xxvüij. parlent auffi de cette ville ; &t le dernier remarque que le Mélas couloit aux environs. La ville de Side eft aujourd'hui pref= que toute rüinée, & fes ruines fe nomment Scanda lor, ou Canelohora, felon Thevet. Niger dit Cairi- fonda. Side eftencore une ville du Péloponnèfe , felon Paufamas, L. 111, c. xxij. elle avoit, diton ; pris fon nom de Sida , une des files de Danaus. Euftathius , patriarche d’Antioche dans le iv. fie- cle , étoit de Szde en Pamphylie. Sozomene fait ua grand éloge de fes ouvrages. L’églife grecque honore {a mémoire le 20 Février , & la latine le 16 de Juil- let, Sa difertation de la Pythonifle a été donnée en 1529 pat Léon Allatius, & ce n’eft pas un chef-d’œu- vre de jugement & de critique. (D.J.) SIDEN , ( Géogr. anc. ) fameux étang de l’Inde, Pline , 2, XXI. c. ij. dit que Ctéfas rapporte que tout y va à fond, &c que rien n’y furnage; c’eit une pure fable. Cet étang eft appellé Sika par Strabon, Silla par Diodore de Sicile, &c Six par Arrien. Les habitans de ce quartier font nommés $:41, (D J.) SIDEN A, ( Géog. anc. ) nom d’une contrée du Pont de la Cappadoce, d’une ville de l’Afe mineure dans la Eycie , & d’une villede la Froade, fur le Gra- nique. Cette derniere étoitruinéé du tems de Strabon, L XIIL:p. 887, (D.F.) SIDÉNIENS , Les, (Geog, anc.) Sideni, peuples de la Germanie, Ils habitoient fur FOder, felon Pto- lomée, Z.0.x;. On prétend que leur pays étoit dans leterrein de Stetin. (D. J.) SIDERA, o4 SIDRA , ( Géog. mad.) petite ile de l’'Archipel, près de la côte de la Morée, entre les golfes de Napoli & d’Engia, Cette ile a été bien con- nue desanciens fous le nom de Ca/auria. Strabon lui donne trente ftades , qui font à peine une lieue de. ciret. Neptune y avoit un temple célebre ; avec droit de réfuge , auquel les Macédoniens , maïtres de la Grece, n’oferent jamais toucher; 8c ce fut en con- fidération de ce temple , que l'ile fut appellée Po/£do- ria. Diane y étoit auf revérée d’une maniere parti- cuhere , d’où vint à la déeffe Pépithete < Calau- 170 SID #ienne. Enfin cette‘île eft fameufe par la mort de De- mofthène, qui s’y retira , comme dans un afyle afluré que lui procuroit le temple de Neptune , contre les pourfuites d’Antipater. ( D. J. SIDEÉR ATION , f. f. rerme de Chirurgie , gangrene parfaite. Voyez SPHACELE. En Médecine le mot fdération eft pris pour la para- lyfe. Voyez PARALYSIE. SIDERÉAL , adj. ( 4/ffronom. ) On appelle année Jideréale, le tems de la révolution de laterre d’'un.point ‘de fon orbite au même point, Elle eft diflinguée de l'année rropique. Voyez AN. SIDERITES , 1. im. (Phyf.) eft un nom que quel- ques anciens auteurs donnent à la pierre d’aimant, voyez AIMANT. SIDERITIS , £ f. ( Botan. ) Ce genre de plante s'appelle vulgairement en françois crapaudine , nom fous lequel on Pa caraétérifée. Tournefort en compte quatorze efpeces, dont il fufira de décrire la plus commune, féderitis vulgaris, lurfuta. I. RH, 191 ; en anglois che procumbent ironwors. Cette plante pouffe des tiges à la hauteur de deux piés, quarrées, velues, jaunâtres ; fes feuilles font oppofées l'une à l’autre le Tong des branches , oblon- gues, velues, crénelées"en leurs bords, ridées , d’un goût aftringentun peu âcre. Ses fleurs font en gueule, verticillées , ou difpofées en rayons & par étage , d'un blanc jaunâtre, marquetées de points rouges ; chaque étage de ces fleurs eft foutenu par des feuilles prefque rondes, coupées fouvent en crêtes de coq, & différentes des autres feuilles qui naïffent plus bas. Chaque fleur eft un tuyau découpé par le haut en deux levres , & foutenue par un calice formé en cor- nette. Les graines qui fuccedent aux fleurs font au nombre de quatre, oblongues , noires, enfermées dans une captule qui a fervi de calice à la fleur. Cette plante a une odeur puante , croît aux lieux monta- gneux, & pafñle pour vulnéraire ëc deflicative. Les Botariites n’ont point encore découvert les trois efpecs de ideritis mentionnées dans Diofcoride. (D. J.) SIDERO , cap , ( Géog. mod, ) cap de l'ile de Can- die, fur la côte orientale de Pile , au territoire de Sit- tia. Le long de ce cap la mer a 24 braffes de profon- deur , où l’on peut mouiller &r fe tenir à l'ancre en furete. (D. J.) SIDEROCAPSA , ( Géog. mod, petite ville de la Turquie européenne , dans la Macédoine, au midi des ruines d’Emboli, au nord-oueft de Bolina, & à quelque diftance du golfe Conteffa. On la nommoit anciennement Chryfires , à caufe de quelques mines d’or qu'elle renferme, &c qui ne font pas encore épui- fées. Long. 31. 20. latit, 40. 32. ( D. TJ.) SIDÉROMANTIE , f. f. ( Divination. ) cid'npquav- rtix | efpece de divination qui fe fafoit parmi le peu- ple avec un fer rouge, fous lequel on plaçoit avec art un certain nombre de petites paillettes, & le de- vin annoncoit les événemens d’après les figures , les écarts, les étincelles que rendroient les petites pail- lettes en brûlant. Potter, archæol, græc. 1. LI. ©, xvui. om. 1. p.353. (D. J.) SIDEROXY LUM , 1. m.( Boran. ) genre de plante dans le fyftème de Linnæus , &c qu’il caraétérife ainfi. Lé calice eft une petite enveloppe compofée d’une feule feuille découpée en cinq quartiers , & qui fub- ifte. La fleur eft formée d’un feul pétale , divifé en cinq fegmens arrondis & concaves,; à la bafe de cha- que fegment eft une denricule pointue êr courbée in- térieurement ; les étamines font cinq filets aigus & de la longueur dela fleur ; les boflettes des étamines font fmples ; le germe du piftil eft arrondi , le füle eft pointu, & a la longueur des étamines ; Le ftigma eft fimple ; le fruiteft une baie rondelette ayant une feule loge; les grains font au nombre de quatre, Zn- 2er, Gen, plant. p: ls SIDETES , LES , ( Géog. anc. ) Sidere , peuples de VAfie mineure, dans la Pamphylie , felon Tite-Live, l. AXX XV, c. xlviy. Us prenoient leur nom de la ville Sida ; ce font les Sidrræ d'Arrien. Il eft fait men- tion de ces peuples fur une médaille rapportée dans le tréfor de Goltzius ; on y lit ce mot , zur. (D. J.) SIDIRUS , ( Géog. anc.) lieu de l'Afie mineure dans la Phrygie , au voifinage de fa ville de Trallis. C’étoit la patrie de Chéremon, qui, à ce que dit Aga- thias, Z. ZI. engagea par fes prieres l'empereur Au- gufte à rétablir la ville de Trailis, qu’un tremblement de terre avoit renverfée. Du tems d’Agathias on voyoit à Sidirus un autel très-ancien, fur lequel on avoit élevé autrefois la ftatue de Cheremon ; mais Agathias ajoute qu’il n’y vit point cetre ftatue.(D.J.) SIDOL, ( Dicte.) elpece de fauce fort décriée pat les voyageurs européens , maïs qui eft fort agréable pour les Indiens des royaumes de Pégu, de Siam '8c d’Arrakan. On dit que ce n’eft autre chofe que le jus ou la faumure tirée du poiflon qui eft entré en pu- tréfaétion. LES habitans de ce pays mêlenteette fauce, qui eft extrèmement puante & désoûtante, à tous leurs alimens. Les rois & les grands féigneurs aflai- fonnent leurs mets avec une fauce faite avec des cre- Ne pulvérifées., &t mêlées avec du fel & du poivre ong. | SIDOLOUCUM , ou SIDOLEUCUM, ( Géog. anc, ) le nom moderne eft Saulieu , ville de [a Gaule lyonnoïfe, dans l'Auxoïis en Bourgogne. Elle eft pla- cée dans l'itinéraire d’Antonin, fur la route de Lug= dunum à Gefforiacum , entre Augufiodunum 8 Alb@ lone, à vingt-fept milles de la premiere de ces pla- ces, & à vingt-quatre milles de la feconde. ( D. J.) SIDOM, o4 SIDOMI-NOTTT, f. m, ( ÆXf£. nar. Botan.) c’eft unarbriffeau du Japon, qui par fa feuille &t {es autres apparences, reflemble à un prunier fau- vage; {a fleur eft rouge, à cinq pétales, avec an ca- lice de figure conique, duquel il fort avant la chûte des pétales, un fruit charnu. SIDON , ( Géog. anc. ) ville de la Phénicie, dans la Syrie, à vingt-quatre milles de Sour (autrefois Tyr), à trenre-cinq nulles de Barut , & à cinquante de Damas. Il eft quelquefois fait mention de cette ville dans l’Ecriture, comme dans Jofué, x1x, 28. Judic, I. xxx. & ui. Reg. xvi. xxx]. Elle a été fa- meufe par fon commerce. Les principales divinités des Sidoniens étoient Baal & Aftarte, ou Le Soleil &c la Lune, &c les Hé- breux ont fouvent embraflé leur idolâtrie, fur-tout depuis qu’Achab roi d'Hraël, eût époufe Jefabel fille: d'Ethbaal , roi de Sido7. Alexandre fubiugua les Si- doniens , prit la ville , 87 en donna le gouvernement a Abdolomine, qui étoit jardinier , mais de la famille royale de Sidon , comme nous le dirons à la fin de cet article. . Les anciens peuples de Sidoz avoient du génie pour les arts méchaniques ; ils étoient d’habiles tiffe- rands, & d’excellens charpentiers. La ville de Sidor fubffte encore {ous le nom de Zaide ou Sexe. Zénon, philofophe épicurien, & qui foutint glo- rieufement l’honneur de fa feéte, naquit à Sidon : eut entre autres difciples Cicéron, Cotta, & Pom-. ponius Atticus; d’où lon peut juger du tems auquel: ce philofophe vivoit. Cicéron oùit Zénon à Athènes lan 674 de Rome, c’eft-à-dire, la premiere année de la 175$ olympiade. Nous avons perdu tous les écrits de Zénon, & entre autres Pouvrage qu'il fit contre le foible des Mathématiques, & les obfcurités de cette fcience. Gaflendi difoit à ce fujet , que les Géometres ont établi leur empire dans lepavs des abftraétions &c des idées, & qu'ils s’y promenent tout à leur afe; mais que s'ils veulent defcendre S ID dans le pays des réalités, ils trouvent bien-tôt une réfiftance infurmontable. | | Au refte, il faut fe rappeller qu'il ÿ a eu plufeurs Zénon , & qu’ils ont tous été célebres dans leur gen- re. Le plus ancien & l’un des principaux philofophes de Pantiquité, étoit Zénon d’Elée, difciple de Par- ménides ; il fleuriffoit dans la 70 olympiade. Amou- reux de la liberté, il entreprit de la procurer à fa pa- trie Opprimée par un tyran, nommé par les uns Néarque , & par d’autres Dénylus ; mais le projet de Zénon ayant été découvert, il fouffrit avec une fer- meté extraordinaire les tourmens les plus rigoureux. Le fecond Zénon furnommé le cynique, fut le chef des Stoiciens ; c’étoit un homme de la plus haute vertu : les Ath£éniens eurent tant de confiance dans fa probité, qu'ils lui envoyoient tous les foirs les clés de leur ville: Le troifieme écrivit fur la Géogra- phie. Le quatrieme fit l’hiftoire des hauts faits de Pyr- rhus en Italie & en Sicile, avec un abrégé de Phi- ftoire de Rome & de celle de Carthage. Le cinquie- me étoit difciple de Chryfippe. Le fixieme profef- foit la Médecine avecune grande gloire. Le feptieme étoit grammairien difftingué. Le Inuitieme eft celui qui nâquit à Sidon. . Quand cette ville fe fut remdue à Alexandre le Grand, il dépofa Straton qui avoit ufurpé la cou- _ronne, & s’informa s’il n’y avoit aucun des defcen- dans de Cinyras en vie, pour le placer fur le trône; On Croyoït généralement que toute la famille royale étoit éteinte ; mais enfin, quelques perfonnes plus éclairés nommerent Abdolonyre. Diodore de Sicile -Pappelle Ballonyme , & Plutarque Alynome. il fub- iftoit à la campagne de la culture des jardins ; Ale- xandre Penvoya chercher fur le champ, & lui ayant donné la couronne qui lui appartenoït par fa naïf- fance, il lui demanda de quelle maniere il avoit fup- porté fa pauvreté, « Je fouhaite, feigneur , répondit # Abdolonyme!, de foutenir aufi-bien le nouvel état » dont vous m’honorez : ces mains ont pourvu à # mes befoins ; je n’airien eu, &c rien ne m’a man- » qué». Alexandre touché de la beauté de cette ré- ponfe , augmenta les états d’Abdolonyme, lui donna les biens de Straton, & y joignit de riches préfens de fon butin fur les Pertes, Tous les Anglois favent par cœur les vers char- mans de Cowley fur la vie ruftique, tirés de certe hifoire, rapportée dans Diodore de Sicile, 4. XVII, Quinte-Curce, /. 19. Juftin, Z XL c. x. & Plutarque, de fortuna Alexandri. Us commencent ainf : Happy the man, whom bounreous Gods allow With his own hauds paternal grounds to plow ! &c. « Heureux, cent fois heureux, l’homme, qui loin # du tumulte , & exempt de crainte & d’efpérance, » vit des fruits dé fon champ & de fon jardin ! Son » champ lui fournit ce dont la fimple nature a be- # befoin ; & fon jardin lui offre libéralement par fon # ombre &c par fes fruits, des plaifirs innocens. Il # voit, fans que cette vue altere fa tranquillité, le * poids onéreux des grandeurs , ambitionné par des » inienfés , & poflédé par les méchans. .... C’eft » ainfi que le fage Obdolonyme pañoit {a vie, lorf- » que les envoyés d’un grand roi vinrent lui offrir » une couronne, & le trouverent occupé à cultiver # fon jardin. Ce ne fut qw’à regret qu'il quitta fa * Campagne chérie, pour monter fur le trône ; ilne # put s'empêcher de s’arrêter fouvent fur la route, » de tourner fouvent les yeux vers le féjour qu'il » abandonnoït, & on l'entendit plus d’une fois ré- » péter: Hélas! je quitteun royaume bien plus propre » à rendre heureux, que celui que je vais poffé- » der ! » ( Le chevalier DE Jauco URI.) SIDONES , ( Géog. anc, ) peuples de la Germa- Tome XF, S TE 171 nie, entre les Luti-Buri & les Cogni, felon Ptolo- mée, /. IT. c. 7. Ils habitoient donc entre l’Oder & : la Viftule. (D. J.) SIDONIA , ( Géog. mod. ) &c plus communément Medina-Sidonta, ville d’Efpagne, dans l’Andaloufe, à fept lieues du port Sainte-Marie. Elle a été autre. fois le fiéce d’un évéché transféré à Cadix enr 264; & c’eft feulement depuis ce tems-là, que Cadix a cté reconnue pour ville épifcopale, Voyez MEDINA- SIDONI A. Géog. mod. ( D. J.) SIDONIORUM INSULA , ( Géog. arc. ) île du golfe Perfique : Strabon, Z XW1, p. 784. dit que ce fut une colonie venue de cette île, qui fonda la ville . de Sidon en Phénicie. Il ajoute qu'on difputoit, fi : C’étoit des habitans de cette île dont Homete avoit voulu parler dans ce vers : ! ! ! \ / S 07 Auiorac d'rnopenv He Zrdeviue Her EsouRoue. Ventt é ad Æihiopes, 6 Sidonios , & Erembos. Ortélius croit que cette île eft la Sidodona d'Ar- rien, ( D. J. | SIDRA ,( Géog. mod. ) grand golfe d'Afrique, fur la côte de Barbarie , entre Fripol & Barca. On l’ap- pelloit anciennement Syrris magna : fon nom mo: derne lui vient de la petite île Sida qui eft au fond, On voit dans ce golfe les feches ou bafles de Barba- rie , qui font dangereufes. LAN SIDRO , ( Géog. mod.) cap de Grece, dans la Livadie , en latin Cyrofura, SC Dorifcum Promonto- rium. Ï] eft à l'embouchure de la riviere d'Afopo, dans le golfe de Nésrepont. (D.J.) SIDRONA, ( Géog. anc. ) ville de l’Illyrie, dans la Liburnie : Ptolomée , Z ZT. c. xvi. la marquée dans les terres ; le nom moderne eft Be/us , {elon Niger. | SIDUS , (Géog. anc.) nom d’une bourgade du territoire de Carinthe dans la Mévaride, felon Pline, 1. IV,c. vij. 2°, d’une bourgade de l’Afie mineure, dans Plonie, au voifinage de Clazomene ; 3°. d’un lieu de l’Afie mineure, dans la Pamphylie, | SIDUS 4 , ( Géog. anc. ) île de lÂfie mineure ; Pline , ZW c. xxx. la place fur da côte de l’Ionie : Thucydide, Z VIII. p. 36o. fait auf mention de cette ile; Etienne le géographe écrit Siduffa, &en fait une ville, , SIECLE , f. m, ( Chronoloo. ) c’eft dans la chro- nologie un efpacé de cent ans : les anciens poëtes divifoient le tems en quatre fiecles. Le premier A nomme Le ecle d’or, défigne l'innocence d'Adam & d'Eve dans le paradis terreftre, oùils trouvoient fans peine &c fans travail ce qui leur etoit néceffäire. Le fecond, appellé fecle d'argent , marque le fruit de leur péché, qui eff le travail &les douleurs. Le troi- fieme, dit le fec/e d'airain | eft pour le tems de la corruption des hommes jufque au déluge. Etle qua- trieme , connu fous le nom de féecle de fer, marque le tèems de ja guerre que les hommes fe firent les uns aux autres, &c les fuites de leurdivifion. (D. 17) SIECLES DES PORTES , ( Âyrhol. ) ce font les quatre âges du monde, qui, felon les poêtes, fui= virent la formation de l’homme. A l’âge d’or fuccé- derent l’âge d’argent , lâge d’airain, & l’âge ou le fiecle de fer. Voyez-en les articles, & Joignez-y ce beau pañlage d’Héfiode. « Les habitans du fecle d’or, » dit ce poëte ingénieux , devinrent autant de bons » génies & d’ances tutélaires. Les hommes de l’âge » d'argent furent changés en génies fouterrains bien. » heureux, mais mortels, comme s'ilpouvoit y avoir » de vrai bonheur fans l’immottalité. Les hommes » du fiecle d’airain font defcendus aux enfers , » morts fans reflource. Enfin ceux de l’âge héroïque, » font allés habiter les champs élifées, ou les îles » fortunées fituées aux extrémités du monde », CRE | | Y ï 172 SEE. __ SxECLE DE FER, ( Myrhol. ) les tems rapides & innocens , d’où les poëtes fabuleux ont tiré leur âge d’or,ont fait place au fiecle defer. Les premiers hom- mes goûtoient lenelar de la vie, nous en épwlons aujourd’hui la lie. Les efprits languiflans m'ont plus cet accord &c cette harmonie qui fait lame du bon- heur; les paffions ont franchi leurs barrieres ; la rai- onà demi-éteinte , impuiffante où corrompue, ne s’oppofe point à cet affreux defordre ; la colere con- vulfive fe répand en fureur , ou pâle & fombre, elle engendre la vengeance. La bañle envie feche de la joie d'autrui ; joie qu’elle haït, parce qu'il men fut Jamais pour elle. La crainte découragée , fe fait mille fantômes effrayans qui lui raviffent toutes les reflour- ces. L'amour même eft l’amertume de l’ame ; iln’eft plus qu’une angoïfie trifte &t languiflante au fond du cœur ; ou bien suidé par un fordide intérêt, il ne fent plus ce noble defir qui jamais ne fe raflañie, & qui S’oubliant lui-même , met tout fon bonheur à rendre heureux le cher objet de fa flamme, L’efpé- rance flotte fans raifon. La douleur , impatiente de la vie, fe change en délire, paffe les heures à pleu- ter ,.ou dans un filence d’accablement. Fous ces maux divers, & mille aütres combinés de plufieurs d’entr'eux , provenant d’une vue toujours incertaine & changeante du bien & du mal, tourmentent l’ef- prit & lagitent fans cefle. Tel eft le principe de la vile partialité ; nous voyons d’abord avec froideur & indifférence l'avantage de notre femblable ; le dé- goût & la fombre haine fuccedent êe s’enveloppent de rufes, de lâches tromperies & de bañles violen- ces : tout fentiment fociable 8&c réciproque s'éteint & fe change en inhumanité qui pétrifie le cœur ; &c la nature déconcertée , femble fe venger d’avoir perdu fon cours. Jadis le ciel s’en vengea par un déluge : un ébran-- | lement univerfel fépara la voûte qui retenoit les eaux du firmament. Elles fondirent avecimpétuofité; tout retentit du bruit de leur chüûte, l'Océan n’eut plus derivage , tout fut Océan ; &c les vagues agi- tées fe rouloient avec fureur au - deflus des plushau- tes montagnes, qui s’étoient formées du débris du globe. Les faifonsirritées depuis ont tyrannifé l'univers confondu.L’hiver piquant l’acouvert de neiges abons dantes ; les chaleurs impures de l'été ont corrompu Vair. Avant ce tems un printems continuel regnoit fur l'année entiere ; les fleurs & Les fruits ornoient à l'envi la même branche de leurs couleurs variées ; Pair étoit pur & dans un calme perpétuel. Mainte- nant notre vie eff le jouet des élémens qui paffent du tems ferein à l’oblcurité , du chaudau froïd , du fec à l’humide, concentrant une chaleur maligne, qui fans cefle affoiblit nos jours , & tranche leur cours par une fin prématurée. (D. J.) SIECLES D'IGNORANCE , ( Æff. mod. ) les neuf, dix & onzieme féecles font les vrais féecles d'ignorance, Elle étoit fi profonde dans ces temns-là, qu’à peine Îes rois , les princes, les feigneurs , encore moins le peuple, favoient lire; ils connoïfloient leurs poflef- fions par l’ufage, & n’avoient garde de les foutenir par des titres , parce qu’ils ignoroient la pratique de l'écriture ; c’eft ce qui faifoit que Les mariages d’a- lors étoient fi fouvent déclarés nuls. Comme ces traités de mariage fe concluoient aux portes des égli- fes, &ne fubfitoient que dans la mémoire de ceux qui yavoient été préfens , on ne pouvoït fe fouvenir ni des alliances. ni des degrés de parenté , & les pa- tens fe marioient fans avoir de difpenfe. De-là tant de prétextesouverts au dégoût & à Ja politique pour fe {éparer d’une femme légiiime : de-là vient aufñ le crédit que prirent alors Les clercs ou eccléfiaftiques dans les affaires, parce qu'ils étoient les feuls qui euflent reçu quelque inftru@ion. Dans tous les fecles, STE ce font les habiles qui dominent fur les igtorans. (D.J.) _SIECLES , LES QUATRE , ( Arts 6 ftiences. ) c’eft ainfi qu'on nomme par excellence les quarre ftecles celebres, dont les produétions ont été admirées par la poftérité. On fait que le mot de f£ecle fe prend ici d’une maniere vague, pour figniñer une durée de 6o ou 90 ans , plus où moins. Ces quatre fiecles heureux , où les arts ont atteint une perfection à laquelle ils ne font point parvenus dans les autres, font celui qui commenca dix années avant le regne de Philippe , pere d'Alexandre le orand ; celui de Jules-Céfar & d’Auguite ; celui de Jules IT, & de Léon X.; enfin celui de Louis XIV. Ce dernier a fini comme les autres , malgré lesefforts qu'ont fait les caufes morales & phyfiques pour fou- tenir les lettres êt les arts au point d’élévation où ils: avoient atteint rapidement. Ce tems ne fe trouvera plus, dit M. de Voltaire, où un duc de la Rochefou- cault, l’auteur des maximes , au fortir de la conver- {ation d’un Pafcal & d’un Arnauld, alloit au théâtre de Corneille. Ainfi difparoît le géme des arts & des fciences, jufqu'à ce que la révolution des fecles le vienne encore tirer une autre fois du tombeau, où il femble qu'il s’enfevelifle pour plufeurs généra- tions , après s'être montré feulement durant quel- ques années. ( D. J.) SIECLE ; ( Critiq. facrée. ) ce mot, qui fe prend ordinairement pour une efpace de cent ans , ne fe trouve point en ce fens dans FEcriture, mais 1l f- gnifie Jong-rems. Les géans font des hommes fameux depuis lono-tems, a f&culo, Gen. vj. 4. L'Ecriture donne aufi lenom de /£ecle , au tems qui s’écouloit d’un jubile à autre. Ille fervira jufqu’au fec/e, Exod. xxj, 6. C’eft-à-dire jufqu’au jubilé prochain. L’efcla- ve hébreu qui ne vouloit pas profiter du privilege de l’année fabbatique , demeuroit efclave jufqu’æ l’autre année fabbatique. Siecle fe prend encore pour toujours dans ce monde; ainf fœdus fæculi eft une alliance indifloluble, ou, comme nous difons , éter- nelle. Lesenfans du fiecle , ce vol ré waves, défignent les hommes, Luc. xyj. 8. (D. J. SIEGBOURG , ou SIGEBERG , ( Géog. mod. } petite ville d'Allemagne, au duché de Berg, fur la Sies. (D. J.) SIÈGE , ( Scienc. égymolog. ) on fait qu'on entend par fcege , une dignité , une jurifdiéhon, une place, un canton dépendant de quelque prélat ; en voici l’é- tymologie & la filiation. Du mot grec sara , on a fait le mot latin /e//a , par l’afinité du fifflement entre H & S, & du mot /é/la on a fait le mot françois f£ege. Les hélies de Pindare , qu'Homere nomme /e//es, étoient le fege , le lieu de loracle. Le fertile canton, qu'Héfiode appelle HeZlopie, étoit toutes les terres de la dépendance de ce même fege ; & le fleuve Selléis , quien pritle nom, y couloit ; cette expli- cation femble répandre la lumiere fur une infinité de pañlages obfcurs. Enfin le chriftianifme , qui a confacré jufqu’aux termes de religion employés par les payens , &c qui quelquefois même a étéplus loin, appelle à fon tour f£eges les endroits où doivent réf- der les principaux de fes miniftres , les lieux deleur jurifdiétion ; & en conféquence la premiere de toutes ces jurifdiétions , eft nommée le fans frege, Le pape a pris un titre magnifique, pour défigner fon difriét ; cependantila donné lui-même ce titre à l’archevé- ché de Mayence. (D. J.) Siece, m.( Affron. ) eft une étoile fixe de la feconde grandeur , qui fe trouve dans lajointure de la jambe &c de l’épaule gauche de la conftellation, appellée pévoafe. Voyez PÉGASE. (0) SIEGE , LE SAINT , ( ff. ecclef. ) le faint frege eft proprement l'évêché de Rome, que l’églife romaine eft convenue de regarder comme le centre de fon unité ; mais fi Rome étoit détruite ou devenbit hé- rétique, l’églife conviendroit d’un autre centre d’u- nité, qu'on regarderoit toujours comme le /aënz fege, tant qu’on y conferveroit la foi de léglife. Amf ce n’eft pas l’éelife qui doit fe régler fur Pévêché où eft le fans frege ; car il étoit autrefois à Antioche ; mais eft cet évêché qui doit garder les dogmes 6 fe con- former aux regles de léghife ; ê&tce n’eft que tant qu'il conferve ces dogmes & qu'il garde ces regles, que l’échife le regarde comme le centre de Punité, La cour de Rome eff fort différente du /aznt fiege ; quelquefois on entend fimplement par ce mot , des officiers du pape ; c’eft en ce fens que l’on dit fe pour- voir encour de Rome ; mais la cour de Rome dans un autre fens , c’eft cet afiemblage de courtitans at- tentifs à relever la grandeur & la puiflance des pa- pes, afin d’y trouver eux-mêmes de quoi fe relever & s'enrichir ; c’eft une foule de flatteurs , qui attri- Duent aux pontifes romains des perfeétions que Dieu feulpoflede, & qu’il n’a communiquées à aucun hom- memortel; ce font enfin des gens quin’oublientrien, pour changer l'humilité fainte & le défintéreflement apoftolique , en un intérêt condamnable &c en une domination arbitraire. C’eft de cette extravagante prétention , que font venus tant d’abus & de défor- dres qui défolent l’églife chrétienne êc foruifient le fchifme. ( D. J.) SIEGE, dans L Art militaire , eft le campement d’une armée autour d'une place à deflein de s’en em- parer , foit par famine en faïfant des retranchemens “out-au-tour, &7 empêchant tout convoi de s’y in- troduire , foit à force ouverte en combattant les fof- fs &c faifant des attaques formelles. Foyez LIGNES, TRANCHÉE , APPROCHE. Ce mot fignifie à la lettre demeure, faifant allufion à ce que l’armée y fait fa demeure jufqu’à la réduc- tion de la place. Les feges les plus célebres de l'antiquité font ceux de Troye, de Tyr, d’Alexandie, de Numance, 6. &t parmi les modernes , ceux d’Oftende, de Candie, de Grave, de Prague, &c. Les fieges peuvent {e divifer en plufeurs efpeces, fuivant la nature des villes qu’on doit attaquer, & la méthode qu’on y employe. Le premier eff le f£ege royal ou le véritable fege ; t’eft celui dans lequel on fait tous les travanx nécef- faires pour s'emparer de la place, en chafiant fuccef- fivement l’ennemi de toutes les fortifications au la défendent; cette forte de ffege ne fe fait qu'aux villes confidérables & importantes, & c’eft de ce fiege qu’on entend parler ordinairement ; lorfqu'on dit qu'une armée fait le fége d’une place. Le fiege qui ne demande point tous les travaux du frége royal fe nomme fimplement asraque ; c’eft pour- quoi, lorfqu'un corps de troupes elt envoyé pour s'emparer d'un poite important, comme d’un château du de quelqu’autre petit lieu occupé par l'ennemi; on ne dit point qu'on en va faire le f£ege, mais lat- faque. M. de Folard ,dans fon Traité de l'attaque & de La défenfe des places des anciens , blâme avec raifon ceux qui confondent le Jege avec le blocus ou le bombar- dement. Il attaque à ce {ujet un officier d'artillerie, qui daris un mémoire donné à l’académie des Scien- Ces, fur la méthode de tirer les bombes avec fuccès , ne met aucune différence entre un fege dans les formes & un bombardement. Cet officier réduit à vingt-cinq es défauts où Pon tombe dans le jet des‘ bombes pour y remédier, 6 les corrige autant que faire fe peur: voi- ct, dit-il, ce que j'ai pratiqué aux fieces de Nice, Al- gers Gènes , Tripeli, Rofe, Palamos, Barcelonne, Ali- gant, & nombre d'autres places que j'ai bombardées. » Qui ne croiroit, en lifant cela, dit M. de Fofard , » qu'Alger , Gênes & Tripoli, ont foutenu un fege? SIE 173 La » &t ces feges font imaginaires, du moins de fon tes. » Ces tyoïs villes furent bombardées par mer , & per- » 10nne ne mit pié à terre; c’eft donc improprement » qu'ouféfertduterme de fge, lorfqu’il s’acit d’un » bombardement, confondant ainfi l'un avec l’autre, La réfolution des J£cges eft une affaire de cabinet elle eff une fuite naturelle de la fupériorité que Pon croit avoir fur fes ennemis : mais leur exécution Ctant une des plus férieufes, des plus importantes & des plus dificiles parties de la guerre, elle demande auf le plus de mefure & de circonfpe@ion ; leur fuccès dépend de plufieurs chofes, 1°. Du fecret fans lequel il eft difficile de réufüir. 2°. Des forces qu'on a fur pié pour attaquer les places des ennemis, & défendre les fiennes. 3°. De la difpoñition des ennemis; car s'ils font réums & auf forts que celui qui veut les attaquer ils peuvent empêcher le fuccès du feège. ! 4°. De l'état des magafins les plus à-potrtée des lieux fur lelquels on peut entreprendre, | 5”. De la conjonéture des tems ; car tous ne font Pas propres aux feges , & rien n’étant plus ruineux pour les armées que ceux d'hiver, on les doit évi- | ter tant qu'on peut. 6°. Des fonds néceflaires à leur dépenfe; car l’ar- gent Ctant le nerf de la guerre , fans lui on ne fauroit réulir en rien. Ce font toutes mefures à prendre de longue-main.. qui doivent être dirigées à loifir ; & après fout Hp quand On croït les avoir bien prifes, fouvent tout échappe ; Car l'ennemi qui n’eft jamais d’accordavec Vous ponira Vous interrompre. 1°. Parce qu’il fera auffi fort que vous, & qu'il. vous obfervera de près. | 2°. Parce qu'il aura auffi deffein d'entreprendre de fon côté fur des places , dont la confervation vous importe plus , que la conquête de celles fur lefquel- les vous pourriez entreprendre, 3°. Parce qu’il fera en état de courir fur votre pays Ô£ d’y porter la défolation , pendant que vous ferez occupé au fege d’une place, dont là prife , qui peut être incertaine, ne vous dédommageroit pas des pertes que vous pourriez fouffrir, | 4°. Enfin, parce qu'il peut fe mettre à-portée de vous combattre , avant que vous puifliez être établi devant la place que vous voulez attaquer. Il faut bien peer toutes ces confidérations avant que de fe déterminer, &c prendre toujours & bien {on tems, que l'ennemi ne puiffe vous tomber fur les bras avant votre établhiflement. Dans lun & lautre cas le mieux eff d’être le plus foit, & d’avoir deux armées quand on le peut ; fa- voir, une qui afhége, &c l’autre qui obferve. Celle qui afliéce le renferme dans fes lignes, & celle qui - obferve ne fait que rôder & occuper les avenues par où l'ennemi peut fe préfenter ou prendre des poftes, ëc s’y retrancher , ou le fuivre s'il s'éloigne, en le côtoyant &c {e poftant toujours entre lui & l’armée iiepeante , le plus avantageufement qu'il eft pof- fible, | | L'armée d’obfervation eft encore d’un grand {e- cours à lafègeant dans le commencement du Jfeege, ; | parce qu’elle veille à fa confervation, peut le favori- ter, elcorter fes convois, lui fournir des fafcines, & faire plufieurs autres corvées. Réciproquement l'arc mée afhégeante la peut renforcer dans le befoin,après les fix où fept premiérs jours de tranchée, quand elle a bien pris {es avantages contre la place. C’elt encore une circonftance bien favorable de pouvoir attaquer avant que l'ennemi fe puifle mettre en campagne avec toutes fes forces, ou dans l’ar- ere fafon , après qu'une partie de {es troupes s'é- tant retirée, 1l n’eft plus aflez fort pour s’oppofer aux entreprifes, M, de Vauban, Awag. des places, 174 Si E Un desobiets ies plus importans, lorfqu’on entre- prend un fege ; c’eit de lenvironner de maniere que Pennemi ne puifle y faire entrer aucun fecours. M. de Vendôme ayant affiégé Verue à la fin de l’annce 1704 , fans couper abfolument la communication de cette place avec Parmée de M. le duc de Savoie; la ville fe défendit depuis Le 14 Oftobre de cette année jufqu'au 7 Avril de la fuivante, & M. de Vendôme auroit été obligé d’en lever le fége, s'il n’étoit par- venu à couper la communication avec l’armée enne- mi; c’eft ce qu'il fit la nuit du premier au fecond de Mars. . Ayant fait après cela fommer le gouverneur de fe rendre, celui-ci lui répondit, qu'il comptoit n’être affiéoé que du jour de l’interruption de la communi- cation, quoiqu'il y eût déja près de cinq mois que M. de Vendôme fût devant la place. Avant de former un fege, on doit évaluer à-peu- près la quantité de troupes 6c de munitions dont on aura befoin pour la prendre ; cette évaluation eff af- fez dificile, & nous n'avons aucun livre où elle foit traitée avec précifion. Ciran, lun de nos plus anciens ingénieurs, fup- pofe que l’armée aflaillante doit être dix fois plus nombreufe que la garnifon , & qu'ainh 1l faut une armée de dix mille hommes pour attaquer une place dans laquelle il y en a mille; mais ce rapport qui peut être aflez exa@t dans cette fuppoñtion, pourvü qu'il ny ait point à craindre qu'il vienne une armée au fecours de la place , ne feroit pas fuffifant dans une ville où il y auroit deux mille hommes, fur-tout sil falloit fe circonveiller contre l’ennemi. Ce rapport fe trouvera donc trop petit dans plu- fieurs cas, maïs il fera auf trop grand dans d’autres. Par exemple, on n’a pas befoin d'une armée de deux cens mille hommes pour afliéger une place dans la- quelle il y en a vingt mille; c’eft au général à déter- miner par la grande connoïffance qu'il doit avoir de la guerre, le nombre de troupes dont il a befoin pour faire un f£ege quelconque, relativement à la grandeur de la place, à l'excellence de fes ouvrages, au nom- bre & à la valeur de la garnifon qui y eft renfer- mée. Pour lamas de munitions qu’on peut confommer dans un fege, 1l faut regler d’abord quelle en fera à- peu-près la durée, quelles feront les différentes bat- teries qu’il faudra élever , ce qu’elles pourront con- fommer par jour , &c. on a des tables dans plufieurs livres, notamment dans les mémoires d'artillerie de Saint-Remy, qui contiennent le détail des munitions de guerre menées à différens £eges ; mais comme on n’y rend aucune raon de la quantité des chofes qu’el- les contiennent, elles ne peuvent être d’un grand fe- cours aux généraux. Cependant au défaut des précep- tes , on joint ici quelques-uns de ces états pour don- ner une idée de la quantité de ces munitions qui fe confomment dans un f£ege. Eat des pieces d'artillerie €: munitions de guerrequiont été menées devant Luxem- bourg , pour en faire le fie- ge, en 1664. Pieces de fonte, Munitions confommées. de 33 | 7 de 24 33 Il y en eut quelques- de 8 8 unes d’éventées. de 4 12 ( | 60 Affurs avec leurs avantrains de 33 12 4 de 24 46 2 de 8 8 S de 4 Paires d'armes. Lanternes de rechange 20 Chariots à porter canon. I Charretes 1 : Boules, de 33 10620 de 24 55274 de 8 3800 de 4 s000” Mortiers 15 Ce qui a été mené au féege de ***# Mortiers 16 Chariots à porter afluts à mortiers _16 Plufieurs fusbandes d’af- futs à mortiers , avec leurs boulons. Bombes 7092 Fufées à bombes 7300 Pierriers montés 6 Grenades 40304 Fufées à grenades 57000 Poudre 953000 Plomb 90800 Meches 133600 Sacs à terre 199049 Moufquets 2400 Hallebardes 200 Fufils 100 Paires d'armes à Pépreu- VÉA à 100 Pots à terre 100 Salpetre 534 Soufre 240 Une tonne de poix-réfine.. Une tonne de poix-noire, Deux tonnes de gaudron, Mortiers de fontes, avec leurs pilons 2 Chaudieresde fer 2 Outils à pionniers 38809 Haches 2310 Serpes 6670 Manches d'outils 3300 Hottes 510 Brouetes 260 Outils à mineur 184 À charpentier & à charron: 210 Trois forges complettes , & un foufflet. Criks 6 Un équipage de pont de bateaux. Trois cens tonnes de cor- dages. Et quelqu’autres corda- ges. Chevres $ Madriers 750 Coins de mire 138 Leviers 45 Feuilles de fernoir 73 Feuilles defer blanc 340 Effieu de bois 24 Peaux demoutons 115 Clous GC430 Clous de cuivre 16 Fer en barre IE “ Lanternes: Refouloirs, Ecouvillons., Ce qui y a été confommés - { Quelques fusbandes. ÿsoù 560a 20669 40000 835300 5980 67900 109019 618 92 100 . £ 13 . 384 104 18795 1076 2120 1800 soo 11Q 26 Et quelqu’autres corda- ges. . Equipag.de chevres. z! Li SAE Effieux de fer 4 Chevilles ouvrieres 3: Lanternes à éclairer 4 Boëtes pourlanternes 24 Caiflons 6 Chariots à porter timbal- les : Menus achats fairs pour Je fiege de *% Vieux oing 6;ol. Flambeaux de cire jaune, 100 Bougies de cire jaune 301. Bougies de cire blan. 401. Cire neuve , Poe Chandelles 500 [. Aulnes de toile so Fil 61. Aiguilles ,… 3600 à Grands facs 32 Grandeslanternes fourdes 33 Petites lanternes fourdes FU Mefures de fer blanc 29 Barrils à bourfes 24 Fournimens 20 Fil de laiton Dal Ficelle 401 Menu cordage LOU Etoupes 1001. Romaine T Peaux demoutons 100 Taule - 161. Âcier sol Clous de cuivre 19 Rames de papier 2. Rame de grospapier 1 Rame de pap. en quart. : Menus achats conformes au fiege de *** 6joL C tout entier, "T'amis 2 Balance Es Poids de marc d’une livre chacun TEL ES Poix grafle 1001, Suif de mouton sol, Clous de toutes fortes 4001 Plumes & encre. Une chapelle complette. Un coffre de médicamens. Ünbarril d’eau-de-vie. Etat des pieces d’artilleries É munitions de guerre qui ont été menées devant Turin ,én170$, pour ez faire le fièpe. | Mol: 2 Munitions ufées E:con- Jomimées à ce fiege. Pieces, de 24 : 104. de 16 G de 12 7 des Sri 40e 10 de :4, dont 13 longues. 4 de la nouvelle inven- - tion, & 6 à dos de mu- ler. 3$ Affuts, 2 de 24 153 de 16 1E de 12 3, de 80vet 10 de 4, dont 13 longues, 4 de la nouvelle invens. STE tion , & 4 à dos de mu- 1er 21 Avantrains , dont 2 À dos de mulet, 1860 Charriots à corps de ca- non 90 Chariots à ridelles 110 Chariots à boulets 30 de 12 pouces 13069 dé 9 pouces 5549 de 6 pouces 5646 Charetes 30 Chevres garnies 8 Trinquebaile E Armes des pieces , de 24 126 de 26 10 de 12 20 de 8 T2/4 de 4 40 Tirebourres 29 Boules, de 24 89633 de: 16 26259 de 12 21210 de 8 380a de 4 9400 Cartouches pour les trou- pes 278000 Cartouches de fer blanc , de 16 150 . de 12 AO de 8 so de 6o Mortiers , de 12 pouces 39 : de ‘9 pouces 7 de 6 pouces 13 Afuts , de 12 pouces, dont ra de fer coulé, 43 de 9 pouces 12 de 6 pouces 14 Bombes , Fufées à Bombes , de 12. pouces , 20009 Fuiées à bombes , de 9 pouces, 1000 Fuiées de6 pouces 8000 Grenades chargées 25547 Grenad. nonchar. 2118$ Fufées à grenades , non chargées, 30000 Balots de laine 224. Sacs à terre 174160 Pierres à fufils 415200 Outilsà pionniers 56375 Manches d'outils 24580 Cileaux à grains d'orge 99 Tranches à grains d'orge G. Outils à charpentiers & charrons , de toutes{or- tes, 316 Outils à forgeurs à de tou- 4 Haches 2685 Sérpés 5230 Qutils à Mineurs. Piques à rocs 1000 | Maïes 150 1 Pinces 102 Pinces à pié de biche 30 Poinçons 300 Aiguilles 32 : st 216 176 SITE tes fortes , Outils à menuifiers,de tou- tes fortes, 43 : Cordages. ; Prolonges doubles 86 Cables pour chevres 20 Prolonges fimples 100, Paires de traits à canons ‘200 Paires de traits communs 42 Ballots de cordages, pour emballer 42 Menus cordages 35001. Ficelles 500 Î. Bots de remontage. Timons 200 Limonniers 30 Eflieux 100 Jantes : 500 Rais 800 Roues de 24, ferrées, 20 Roués de 24,en blanc, 10 Roues de chariots, à corps decanon 30 Roues de chariots, à ri- - délles & à boulets, 10 Roues d’avantrans 10 Leviers . 100 Coins de mire 800 Chapiteaux 300 Madriers à plate-forme 100 Planches de fapin $00 Artifices, Souffre 2000 |. Salpetre 2.500 Î. Balles à feu 150 Fafcines goudronnées 100 Huile de térébenth. sol. Goudron 2001 : Caïffes d’uftenciles à bom- *. bardiers £ Cire préparée pour coëf- fer Les fufées àbombes, | 300 |. Cire jaune 100 |. Barrils de pulverin TR Caïfle de compofition : Fer neuf en plat, quarre, & long, sooo I. Boëtes de fer de toutesfor- tes 20000 Vieux clous de toutes for- TES 10000 Acier 400 |. : Clous à rouage 10000 Clous à flafques 15000, Clous de toutes fortes 60000 Etous picards 50000 Clous detonnelier 10000 Clous à écouvillon 12000 . Clous de cuivre à lanter- ñe 200 I. Mefures de fer blanc. de 10 200 de 8 100 de G 80. de 4 150 de 3 100 . de 2 de : 80 de demi-livre 10% HOUR 3) 30 30 12 50 120 30 30 2200 |. oo! SITE de deux onces eo) Entonnoirs defer blanc so Fleau avec fes plateaux 1: Poids de fonte de 25 liv. Poids de marc 4 de 10 livres I de ; livres ï Soufflets 8 Encluimes o Fer de taulés . 388L Feuillés de cuivre , pour _pontons, Peaux de mouton, pour écouvillons, 210 Paniers d’ofier 200 Hottes d’ofier 300 Sacs à boulets 100 Menus achats Bougies 1100 L, Chandelles 800 1 Flambeaux 144 1, Vieux-oing 3100 |. Torches à vent 4001. Dix-huit caifles de lanter- nes à éclairer 570 Lunes triangulaires, quar- rées , plates , & ron- des, 116 Petites lunes 36 Etaux A Fil de fer 100 |. Fil de laiton 47 1 Scies à main 130 Grañdesfcies 3 Rapes 36 Feuilles de fer blanc 1200 Cricks | Toile péinte pour mulets 100 Toile peinte pour la pou- dre 30. Couvertures de toile ci- rée 300 Poulies de fonte SA Rames de papier à états, fin 5 Rames de papier commun à faire gargouches 52 Rames de papier à lettre 6 Plumes 209 Canifs 12 Vrilles 30 Aïguilles 500 Fil à coudre 20 1. Huile d'olive , pour les fineuts ; 8ol. Coton - 1801. Lampes à éclairer 69 Poudre 1411200 |. Plomb 150900 Î. Meche 41800 sd | 388 L 9 210 209 300 109 Menus achats confommes, 1100 L 808 Il. 144 1 52 6 209 12 39 500 201. 80 1 120], 60 11767601. 1305071, 18794 Comme dans le tems desfieges pour lefquels on a dreflé lés états précédens, on ne fafoit point ufa- ge des obus, il n’y en eft.pas fait mention ; mais comme l’on s’en eft ferviavec fuccès,au f£ege deMaef- tricht, en 1747, on ne doit point oublier d’en infé- rer dans le détail des munitions qui concernent les fieges. Voyez fur tout ce quiconcerne ce fujet , & le détail des feges, notrerraité d'artillerie, & celui de lactaque des places, feconde édition. ( Q) SIEGE d’aifance , {. m.( Archit. ) c’eft la devanturé & la lunette d’une aïfance. SIEGE d'une felle , ( Marege, ) le fiepe d'une felle : | eft SIE eft Pendroit du haut de la felle où le cavalier eft affis. SIEGE , {. m. ( serme de Posier de terre. ) c’eft une planche un peu penchée en-devant,placée derriere la roue, fur laquelle s’afied l’ouvrier quand il veut tour- ner un vale, ou quelqu’autre ouvrage de poterie. Cette planche a des deux côtés deux pieces de bois qu'on nomme des payens, qui font fendues en hoches, de diffance en diftance pour lui fervir comme de marche-pié. C’eft fur ces hoches que l’ouvrier met fes piés lorfquil travaille , ce qui les lui tient fort écartés l’un de l’autre, pour qu'il ait plus de facilité à fefervir du tournoir, avec lequel il donne le mou- vement à fa roue ; les payens font mis en penchant aufh-bien que la planche. Savary. ( D.J.), SIEGE ; voyez GARDON. SIEGEN , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Wétéravie, fur un ruifleau de même nom. Elle eft chef-lieu d’une principauté qui appartient à une branche de Ja maïfon de Naflau. Long. 23. 58. lat. 50. 42. SIÈGER , v. n. ( Gram.) occuper le fiege. On dit ce pape a fégé dix ans. Il fépeorr lorfque certe affaire a Êté jugée. Siéser fe prend alors pour préféder. SIÈNÉ , ( Géog. anc. ) voyez SYÈNÉ. SIENNE , ( Géop. mod.) ville d'Italie , dans la Tofcane, capitale du Siennois, à 9 nulles de Monte- Pulciano , à 11 de Florence , à 18 dePéroufe, & à 22 de Pife. | Elle eft grande & aflez bien bâtie ; fa fituation fur une colline fait qu'on y refpire un air pur , & qu'en même tems il faut toujours monter & defcendre. Ses rues font propres & pavées de briques mifes de champ. La cathédrale, quoique gothique , pafle en total pour un-bel édifice ; elle eft revêtue de marbre en- dedans & en-dehors ; le pavé du chœur eft de mar- bre blanc & noir, en maniere de mofaique. Plufieurs fontaines fourniflent de l’eau dans tous les quartiers. Les couvens de religieux y font en grand nombre, & la plüpart ont des églifes riches, L'évêché de cette ville fut érigé en métropole en 1459 ; lumverfité fut établie en 1387. Cefut à Sienne que le pape Nicolas IL. tint le concile qui décida que l’éleétion des pontifes de Rome n’appartiendroit qu’- aux cardinaux. Îl y a une citadelle pour la défenfe de cette ville, dont le territoire rapporte du blé, du vin & d’excellent fruit. Long. fuivant Caflini, 28. S1. 30. lat. 42. 22. Pline appelle Sienne, coloria Senenfis, &Tacite, colonia Senienfis. Le nom de Seze lui eft donné par Caton , par lItinéraire d’Antonin & par Ptolomée. Plufieurs favans croient que les Gaulois fénonois bâ- tirent cette ville pour leur repos. Quand les Romains en devinrent les maitres , ils l’agrandirent afin d’y pouvoir loger leurs colonies. Dans le dénombrement de leur empire , Sienne imita les autres villes fes voifines qui s’érigerent en républiques. Enfuite il s’éleya dans fon fein des partis quis’armerent les uns contre les autres. Petruccio flo- rentin, profitant de la foibleffe des Siennois, s’empara de leur ville par furprife , & la gouverna tyranni- quement. Après fa mort , le peuple chafa fes enfans, recou- vta & conferva pendant quelque tems fa liberté, fous la proteétion de l’empereur. Enfin Sienne fut foumife à Côme I. duc de Tofcane. Philippe I. roi d'Efpa- gne , lui céda cette ville pour payement des fommes qu'il lui devoit. Depuis lors , 1l ne lui eft pas refté la plus petite ombre de fon ancienne fouveraineté. Mais quelques papes , & des gens de lettres des plus illuftres y ont pris naïflance ; je dois d’autant moins oublier de les remémorer, qu'ils n’ont point Jaiflé après eux de rejettons : cette ville eft retom- bée dans la barbarie. Tome XF, SIE 197 Je connois quatre papes nés à Sienne; Alexandre IT. Pie HIT. Paul V. & Alexandre VII. Un des hommes du monde qui, dans les teins grofs fiers qu'on nomme dx moyen âge | mérita le plus du ente humain , dit M, de Voltaire, eft Alexandre IIL, élu pape en 1159, après la mort d’Adrien IV, Cé fut lui qui dans un concile abolit la fervitude, C’eft cé même pape qui triompha dans Venife pat {a fagefte de la violence de l’empereur Frédéric Barberoufe, & qui força Henri IT. roi d'Angleterre, de demander pardon à Dieu & aux hommes du meurtre de T ho- mas Becket; ce papereflufcita les droits des peuples, réprima le crime danslesrois, & fut referver au fiege pontifical de Rome le privilege de la canonifa- tion des faints. Après avoir gouverné lasement lE- ge , 1l mourut comblé de gloire le 30 Août 1185. Pie III. fils d’une fœur du pape Pie IL. fuccéda À - Alexandre VI. le 22 Septembre r 503.11 eft loué dans les Cpitres de Marfile Ficin, de Philelphe , de Sabel: licus & de quelques autres sens de lettres , qui avoient concu de grandes efpérances de fon gouver< nement ; mais 1l mourut peu de jours après fon exal- tation d’une plaie à la jambe, avec foupcon d’avoir été empoïfonné. | UT Paul V.(Camille Borghèse), otiginaire de Sienne, fuccéda au pape Léon XI. Monté fur le trône pontifi< cal, il reprit les fameufes congrégations de anxifiis & défendit aux deux partis de 1e cenfurer, Enfuite il s’avifa d’excommunier & d'interdire la république de Venife , pour avoir fait des lois qu'il jugeoit con- traires aux libertés des eccléfaftiques ; maïs les Vés nitiens armerent, & Paul V. leva l'interdit &r l’ex- communication. Depuis lors il s’appliqua à embellir Rome , & à raffembier dans fon palais les plus beaux ouvrages de peinture & de fculpture. Il mourut en 1621, à 6gans, & eut pour fucceffeur Gregoire Alexandre VII. de la famille des Chigi, né à Sien- ne en 1599, fuccéda à Innocent X. en 1655. Une de fes premieres démarches fut de renouveler les cen- fures de fon prédécefleur contre les cinq propofitions de Janfénius. Il compofa lui-même un nouveau for mulaire qui fut reçu en France par une déclaration enregiftrée , 8c par tous les évêques, excepté par quatre quirefuferent de figner ce formulaire. Alexan- dre VIT. nomma neuf évêques françois pour faire le procès aux quatre prélats réfraétaires , ce qui ne fer: vit qu’à aigrir davantage les efprits. Louis XIV. & le pape étoient alors en bonne in: tellisence ; linfulte faite au duc de Crequi en 1662 avoit été réparée par fa fainteté , & le roi jui avoit rendu la ville d'Avignon. Ce pontife mourut peu de tems après en 1667, âgé de 68 ans , & eut pour {uc= cefleur Clément IX. On dit que dans le tems de fa nonciature d’Alles magne, 1l avoit refolu de quitter la religion romaine , & d’embrafler la proteftante ; mais que la mott du comte Pompée fon parent , qui fut empoifonné en paffantpar Lyon, pour fe retireren Allemagne, après {on abjuration, lui fit retarder l'exécution de fonpre- mier deflein, & que fon élévation au cardinalat lui infpira de toutes autres vues. Il aimoit les belles-let tres ; & quoiqu'il fût poëte médiocre, on a cepen- dant imprimé au Louvre en 1656 , un volume in-foZ. de fes poélies , fous letitre de Philomaïhi mufe ruve- ziles, Je pafle aux fimples hommes de lettres nés À Sie ne , Ôt quelques-uns d’eux ont immortalifé leur nom. Bernardin de Sienne étoit cependant natif deMaffa- Carera en 1583. mais on lui donnale furnom de Sjer- 2e, parce qu'il pafla dans cette ville la plus grande partie de fa vie. Ses prédications , fesauftérités, fon humilité , fon zele pour le foulagement des pefufé.. rés, lui acquirent une très-srande gloire. Il devint ché. Il prétend que $. Jean 178 SIE vicaire général des freres de lobfervancede S. Fran- cois dans toute l'Italie ; il y réforma , ou établit de nouveau plus de troiscens monalteres, èc refufa les évêchés de Sienne , de Ferrare & d'Urbin. Pour animer davantage la dévotion des fideles, 1l fit faireun beau tableau , au milieu duquel étoit peint notre Sauveur entouré du foleil, & il obligeoit le peuple à adorer Jefus - Chrift dans ce tableau. Cette conduite fut imitée par plufeurs moines du même ordre, qui expofoient le tableau en public dans les proceffions. Cependant quelques perfonnes fages n’approuvant point cette nouveaute , 6 Cratgnant qu’on ne rendit plus d'honneur au tableau qu'à lort- ginal , porterent l'affaire au tribunal de Martin V. Ce pape, après avoir fait là-deflus une confultation de prélats & de dofteurs éclairés, défendit à Bernardin cette pratique comme dangereute &c fuperfütieufe , & Bernardin s’y conforma. Il mourut à Aquila l'an 1444, dans la foiante- quatrieme année de fon âge , & Nicolus V. l’a cano- nilé, Ses œuvres qui ne roulent-que fur des fujets de dévotion, ont été imprimées à Vénife chez les Jun- tes en159s , par les foins de Rodulphe, évêque de Sinigaghia, &c à Paris lan 1636 en deux vol. 1n=fol, par ceux du pere la Haye. Le ftyle de S. Bernardin n’eft ni pur, niéleyé; mais dans le recueil donné fous fon nom, les fermons qui font véritablement de lui, contiennent une morale fimple , dépouillée des faufles penfées & des jeux de mots de la phüpart des fermonaires d'Italie. Catharin ( Ambroïfe }, célebre théologien du xvj. fiecle, natif de Sierre , enfeigna le droit dans plu- fieurs univerfités d'Italie , fous fon nom de Polius Lancellotus. I entra dans l’ordre de S. Dominique Van rçrs, à l'âge de 33 ans; il prit alors le nom d'Ambroïfe Catharin , fe donna tout entier à la Théo- logie , & fe rendit bientôt célebre par fes écrits. Il parut avec éclat au concile de Trente en 1545, fut évêque de Minorien 1547, 6€ archevêque de Conza en1sç1. [1 mourut fubitement quelque tems apres, & lorfqu’il touchoit au-moment d’être nommé car- dinal. Ïla publié un grand nombre d'ouvrages , &c avancé dans quelques-uns des fentimens libres & bardis , fans s’embarrafler s'il s’écartoit de ceux de $. Auguf- tin, de S. Thomas &c des autres théologiens. Il dé- clare dans un traité fur la Prédeftination, que Dieu n’a point prédeftiné les hommes par un decret im- muable , mais que leur falut dépend du bon ufage qu'ils font des graces que l'Etre fuprème leur accor- de. El établit la chûte d'Adam dans le péché qu'il fit en mangeant du fruit défendu, qui eft, dit-il, un pe- ché en nous en tant que notre volonté eft comprife dans la fienne. Il penfe aulli que Jefus-Chrift feroit venu fur la terre quand mème Adam n’auroit pas pé- lévangéliite. n’eft point mort, mais qu'il a été enlevé au ciel comme Ffenoch n Z &z Elie. Dans fon traité de la Réfurreétion, loin de, damner les enfans morts fans baptôme, il aflure qu’ils jouiflent d’une félicité convenable à leur état. Il fou- tient dans un autre ouvrage que ces paroles , ceci eff mon corps, ceci efé mon fang, ne font qu'énonciatt- ves, & que Jelus-Chrift n’a point confacré en les prononçant. Enfin il a défendu au concile de Trente un fenti- ment qui a préfentement un grand nombre) de fe&ta- teurs enforbonne, favoir , que l'intention extérieure eft fuffifante dans le miniftre qui adminiftre les facre- mens; £’eft-à-dire que le facrement eft valide, pour- vu que celui qui Padminiftre fafe extérieurement les cérémonies requifes,quoiqueintérieurement1l puiffe avoir la penfée de fe mocquer du facrement & des chofes faintes. Ferrari( Jean-Baptifte ) , jéfuite.de Sierre, mort en 1664, a donné au public un dictionnaire fyriaa ue utile , imprimé à Rome en 1622, in-fo1, fous le titre de Nomenclator fyriacus. Wtemoigne dans fa pré- face qu’il a été aidé par de favans maronites fur Pin- terprétation des termes Les plus obfcurs. Ochino ( Betnardino) fut un de ces eccléfiaftiques d'Italie, qui fortirent de leur pays dans le xvj. fie- cle, pour embräffer la religion proteflante. Ochin avoit été d'abord cordelier , puis capucin , & même général de ce dernier ordre. Les hifioriens du tems difent qu’il enchantoit es auditeurs par la grace, la polirefle, abondance, la douceur & la pureté de fon ftyle. I quitta lhabit de capucin , embraïfa le luthé- ranifme, & pafla par Genève pour fe rendre à Auf. bourg. Il entreprit en 1547 le voyage d'Angleterre avec fon ami Pierre martyr , d’où il fut appellé à Zurich en 135$ pour y être nuniftre de l'églife tas Benne, qu'il deflervit pendant huit ans. Ses dialogues qu'on imprima, & qui fembloient | contenir entr'autres erreurs l’approbation de la po- lysamie , irriterent les maoïftrats de Zurich, qui le chafferent de leur ville en 1563. Comme on ne vou- lut pas lui permettre de s’arrèter à Bañle, feulement pendant lhyver, il pourfmvit tout de fuite fa route en Pologne ; mais à peine y étoitil arrivé, que le nonce Commendon lobligea d'en fortir, en vertu d’unédit qu'il obtint contretous les hérériques étran- gers, Ochin fe rendit en Moravie, &t mourut à Slau- cow en 1564, âgé de 77 ans. La pefte l'emporta, lui, fes deux filles & fon fils. La lifte de fes écrits fe trouve dans la bibliotheque des Antitrimitaires. [! publia enitalien fix volumes, de fermons ; une expoñtion de l’épitre de S. Paul aux Romains , un commentaire fur l’épitre aux Galates ; un dialogue fur le purgatoire; des apologues, éc. La plüpart de ceslivres ont été traduits en latin ; maïs les ouvrages de cet auteur qui ont fat le plus de bruit, & qu’il eft difficile de trouver, font fes dialogues, fes labyrinthi fur la prédeftination & Le franc-arbitre , & les fermons {ur la mefle, Ochin publia fes dialogues au nombre de trente en italien ; Caftalion les mit en latin, & les fit impri- mer à Bafle en 1563. Le vingt-unieme de fes dialogues traite de la polygamie. Il n’eft pas vrai cependant qu'il tâche d'y prouver qu'il eft permis, &c qu'il eff même ordonné aux Chrétiens d'époufer autant de femmes qu'il leur plait. Si vous lifez le commence- ment du dialogue de polygamié, vous verrez que l’'é- tat de la queftion eft cehu-ci: « Un homme quifouhai- » te des enfans , &c quieft marié à une femme flér:- »le, maladive, &c avec laquelle 1! ne fauroit s’ac- » corder , peut-il en époufer une autre , fans répu- » dier la premiere »? Ochin fuppofe qu’on le confulte fur un tel cas de confcience. Il prend le parti de la névative ; & après avoir mis dans la Bouche de fon confultant les raifons les plus favorables à la pluralité des femmes , & avoir répondu foiblement d’aflez bonnes chofes , il conclut par confeiller de recourir à la priere., &c par aflurer que fi on demande à Dieu avec foi la continence, on l’obtiendra. I déclare enfin que fi Dieu ne donne point la continence , on pourra fuivre l’inftin@t que l’on connoïtra certainement ve- nir de Dieu, Voila du pur fanartfme , mais il n’y a rien de plus, | | M. Simon, dans fon Auf. critig. des comment. du N. T. c: y. parle fort pertinemment des dialogues d'O- chin,qui roulent fur la Trinité. Il reconnoit que l'au- teur ne s’y déclare pas tout-à-fait unitaire ; il rap- porte feulement les rafons de part & d'autre, en pouffant fort loin les argumens des antitrinitaires , fous prétexte d'y répondre, Les labyrinthes de cet écrivain, ont paru à Bayle ouvrage d’un homme qui avoit l’efprit net &z péné- trant. Ochin, dit-il, y prouve avec force que ceux SITE Ve ER uaE SE Le UE EL Ness) y ri NE, À ‘ui foutienhent que l'homme agit lbrément, sein. | barraflent dans quatre srandes difficultés , & que Ceux qui tiennent que l’homme agit néceflairement ; tombent dans quatre autres #rands embarras ; & bien qu'il forme huit labyrinthes , quatre contre le franc- arbitre , &c quatre contre lanéceifité, T1 fe tourne de tous les côtés imaginables pour tâcher de rencontrer une iflue , 8 n’en trouvant poiñt, il conclud à cha- que fois par une priere ardente adreflée à Dieu, afin d’être délivré de ces abîmes, Néanmoins dans la fuite de l'ouvrage, 1l entreprend de fournir dés ou- vertures pour fortir de cette prifon; maïs il conclud ‘que lumique voie eft de dire comme Socrate ; zum: Jcio;juod nihil fe1o. I faut fe taire, dit-11, 8c juger que Dieu n’exige de nous ni l’afirmative ; ni la négative fur des points dé cette nature | . M. d’Aubigne difcourt aflez au long des férmons d’Ochin fur la mefle. Cet italien, dit-il, vouloit pre- muerèment que Île fervice füt en langage vulsaire, & qu'on en fupprimât plufieurs ornemens, afin de pouvoir dire fur Le refte que c’eft la cène du Seigneur quis'eft faite religieufe, per purer pin faréta. Othin a donné douze fefmons fur là mefle. L'un porte pour Ütre fe cragædia , ac primum guomodoconcepth, ne- ta , bapufata Juerit. L'autre, guomoëo nurrita,, edu- cata, orndta , ditataque ad furnmam pr@ffantiam pèrue- nerit Cette maniere dramatique fent tout-afait le génie des Italiens , &c ne refpire point la dignité que __ demandent les myfteres. _ Patricis{ Franciico ) fennois , évêque de Gaiete , Horifoit dans le xv. fiecle fous Sixte IV. & motrut en 1494. Il publia deux ouvrages , lun 4e repno € regis inflitutione lib, LX. l'autre ; ‘de ferpublice inftiru: tione, lib, IX. Ces deux traités firent du bruit; ce- | pendant m l’un, ni l’autre ne font eflimés des con- hoïfieurs, parce qu'il y regne plus de leéture que de jugement. Le premier a paru deux fois À Paris ; fa- | Voir , en 1519 & en 1530, 2#-jo/io. Le fecond a été traduxt en françois par le fieur de Mouchetierre, & imprimé à Paris en 1610 27-8°, Les Piccolomini ont fait un grand honneur à Siezne | leur patrie. Piccolomini ( Alexandre ), archevêque de Patras, floriffoit dans le xv. fiecle , & prouva par fes écrits l'étendue de fa fcience. I publia des ouvra: ges fur la théorie des planetes , les étoiles fixes. les | Lo] 2 L} queftions méchaniques ; la philofophiegls morale , la rhétorique, & la poétique d’Ariftot él fe fervit de fa langue maternelle dans la plüpart defes ouvra- ges, &c 1i pale pour être le premier qui en ait ufé de la forte en matiere de philofophie& d’érudition. Im- perialis l'en blâtne, mais avec nobleffe : Efferbuie mirè, dit-il, éngerium Alexandri Piccolominei fenen: fEs , in cogendo fub etrufcis vexillis agmine fcientiarum Omnium ; quo intentato alias fafcinore ; immortalem febi Pareret in Jialicé celebritate triumphum. Le traité que Piccolomini mit au jour fut la réformation du calen- ürier, mérita les éloges des plus grands juges ; mais {on application à des ouvrages férieux, ne Pempêcha point de s’amufer à la poëfie, & à donner des pieces de théâtre : fes deux comédies lAleffandra, & V'A- nor conffante , furent fort eflimées. Îl mourut à Siez- né, en 1578, âgé de 7o ans: F1 en M. de Thou étant en Itahe ; en 1573, l’alla vor avec Paul de Foix, embaflaideur de Charles IX. ‘ils le trouverenttoutoccupéà l'étude, & pleinde la con- folation qw’iléprouvoit dans la leQure, au milieu dés infirmités de la vieillefle, mulia (dit de Thou) de j?udiis Suis differuit | eorumque Ve demm in e& œtare dulciffe- num frutlum chpere dixit , aliis oble&lamentis déficienti- bus, quibus alie ætates innoceñter | 6 citra offenfar Baudere poffunt. Quod cm divebar | nor ram fencéturi Jolatium querere dicchatur | quam adolefientes qui ade- Tant, qhà humanitate erat ad defidiam visandam ,; @ Phitojophie fludia capeffenda ; exemplo fuo cohortari, Tome XF, | # ti el # LE … Picoléin: (François) de la mêlé familie qu'As lexandre, s’attira l'admiration de toute l'Italie paË fa beauté de fes leçons pmiléféphiques , avil dénnà pendant ÿ3 ans avec la Même réputation, À Sisnes à Maxerata, à Péroufe & à Padoue, 11 mourut en 1604; âgé de 84 ans, fans jamais avoir eu befoin dé lunettes. Ses funérailles témoïipherent d’une façon. fingulieré Peftime que les Siehnois lui portoient ; ea toute la ville prit le deuil le jour de fon enterrement, & l’on ferma tous les tribunaux. Son ouvrage latin de philefophia morali imprimé à Venife enr 583, lui fit beaucoup d'honneur. Le p. le Moïne dans fes pein- tures moräles , parle de cet ouvrage avec eflime, & en Critique aufü quelques endroits, ra ee ee CRC: Hart ri Sixte de Sienne, né juif à Sienne, {e Convéttit au chriftiänifme, embrafa l’ordre de S. Dominique, 8 mourut en 1566, à l’âge de 49 ans. Il mit au jour; en 1566 , {a bibliotheque fainte , dans laquelle il ex pofe la critique des livres de l’ancien Teftament ; & indique des moyens de les expliquer. Les catho= liques & les proteftans paroïffent en général fort pré venus en faveur du mérite de cette bibliotheque; dont la meilleure édition eft celle de Naples, en 1742, en deux Volumes 1-f62. Cependant ; pour né rien déguifer, c’eft un ouvrage très-imparfait, L’aus teur y juge communément en mal-habilé homme dé ceux dont 1l parle. Son érudition critique eft fort chétive, ce qui ne doit pas furprendre ; çar Sixte né favoit bien que l’hébreu , médiocrement le latin, 8&é très-peu le grec. | | Je ne connois point de famille plus illuftre dans les lettres que celle des Socin, tous nés à Sienne, Ils fé {ont diftingués dans la jurifprudence & dans la théo: logie ; pendant deux fiecles confécutifs , pere , fils; petits-fils , arriere-petits-fils, oncles & neveux. Socin (Marianus ) naquit à $éerne, en 14013 & mourut en 1467. Ce fut l’homme le plus univerfel de fon fiecle ; & le premier jurifconfulte , au juge ment d'Æneas Silvius ;, & de Pancirole , qui à donné fa vie. Le pape Pie IL le combla de marques de fon éftime. Cet homme illuftre eut cependant un fils qui le fur: pañla, j'entends Socir (Barthélemi), né à Sienne, en 1437. Sa réputation le fit appeller à Ferrare . à Boulogne êr à Pife, au moyen d’une penfon de millé ducats. [mourut en 1507. On a imprimé à Venifé fes confultations avec celles de fon pere, ent 5793 en quatre volumes i#-foL. Ch 1 | | Socir ( Marianus) petits-fils dû précédent, & no moins célebre, naquit à Sierre en 1482, & mourut en 1556. Il profefla le droit comme fon grand-pere; . dans plufieurs univerfités d'Italie , fuccéda à Alciat ; &t Boulogne fut enfin le retenir par des penfions & des privileges extraordinaires. Il eut treize enfans ; entre lefquels Lélius & Alexandre fe diffinguerent éminemment, | : Socin ( Lelius ) le prémier auteur de la fe@é 105 cinienne ; naquit à Siesre, l'an 152$: Il commenca pat étudier le droit, mais ayant encore plus de goût pour la Théologie, il apprit le grec, hébreu, l'arabe, ët voyagea en France, en Angleterre, en Hollaride, en Suifle , en Allemagne & en Pologne, Il £e fit con noitre aux plus fävans hommes de €e tems-là ;& né feignoit point de leur commuiiquér fes doutes, où plutôt fes fentitnens dans les atieres de religion. Sa famille qui les émbrafa, fut obligée de fe difper« fer. Camille fon frere fut mis en prifon. Quelques autres parens s’évaderent , & entr'autres fon neveu Faufte. Lélius fe rendit à Zurich ; où il mourut, en 1562. Faufte recueillit fes papiers, & les ft valoir dans la fuite: Socin (Alexandte ), pere de Faufte Socin , dont fious parlerons bien-tôt; mourut 15413 à L 5j 180 SE Macerata , avec-la réputation d’un dofte jurifcon- fulte. Socin (Faufte ), fils d'Alexandre, & petit-fils de Marianus , naquit à Sienne en 1539. Il embrafa avi- dement , ainf que tous {es parens, hommes & fem- mes, les opinions de Lélius fon oncle. Auffñi ce fau- va-t-il de Sierre avec toute fa famille par la crainre de l’inquifition. Il revint cependant en Italie , où le grand-duc Paflura de fa protettion, & lui donna des emplois honorables, qui lempêcherent pendant 12 Ans de fe fouvenir qu'il avoit été regardé comme celui qui mettoit la derniere main au fyffème de théologie famofaténienne , que fon oncle Lélius avoit ébauche. Enfin l'étude férieufe de PEcriture lPemporta fur les délices de la cour, il s’en exila vo- lontairement , & vint à Baîle, où il féjourna trois ans, & compoia fon ouvrage de Jefu-Chriflo Serva- core. Les difputes qu’il eut avec des théologiens pro- teftans du pays, lobligerent de fe retirer en Pologne, | en 1579 , defrant d’entrer dans la communion des unitaires ; cependant fes ennemis ameuterent contre lui la populace , qui pilla fes meubles, 8 quelques- uns de fes manufcrits, qu'il regretta extraordinaire- ment, fur-tout fon traité contre les athées. Il fe ré- fugia dans la maïfon d’un gentilhomme polonois, chez lequel il mourut en 1604. Mais fa doétrine, loin de mourir avec lui, a pris tant de faveur, qu’elle re- gne & domine à préfent d’une maniere invifible dans toutes les fectes chrétiennes. Les beaux arts ont été accueillis des Siennois, en même tems que les fciences. Lorenzert: ( Ambroife), né à Sienne dans le xjv. fie- cle, & contemporain de Giotto , apprit de lui les fe- crets de la peinture. Mais pouflant plus loin fon gé- nie , il fe fit un genre particuher, & s’y diftingua. Il fut le premier qu tenta de repréfenter en quelque forte lesvents , les pluies, les tempêtes, 8c ces tems nébuleux , dont les effets font fi piquans fur la toile. FVannius ( François), né à Sisnne en 1563 ,mort à Rome en 1609 , fit remarquer dans fes ouvrages un coloris vigoureux , joint à la touche gracieufe du Correge. Il mit en même tems beaucoup de correc- tion dans fes defleins , & fut comblé de faveurs par le pape Alexandre VIL. fon tableau de Simon le ma- gicien qu'on voit dans l’églife de S. Pierre à Rome, pañle pour fon chef-d'œuvre. ( LeChevalier DE Jau- COURT.) SIENNE, /a, ( Géog. mod.) riviere de France , dans la Normandie, au Cotentin, vers le midi du diocefe de Coutances. Elle a fa fource dans la forêt de S. Se- ver, fe sroflit deplufeurs petits ruifleaux , & après avoir reçu la Sône, elle va fe perdre dans la mer du Havre. (D.J.) SIENNOIS , (Géog. mod.) province d'Italie, dans la Tofcane. Elle eft bornée au nord par le duché de Florence , au midi par la Méditerranée , au levant par le Perugin , l’Orviétano , & le duché de Caftro, &c au couchant par la mer de Tofcane. On lui donne 65 milles du nord au fud, & prefque autant du le- vant au couchant. Le Siennois, ainfñi que fa capitale, a éprouvé bien des viciffitudes, avant que de jouir de la liberté, que les Efpagnols lui enleverent vers le milieu du xvj. fiecle, après quoi ils vendirent ce pays au grand duc Côme de Médicis. (2.J.) SIÈOUTSAI, (ft. mod) c’eft ainfi qu’on nomme à la Chine le premier grade des lettres ; 1l répond à celui de nos bacheliers. Pour y être admis, il faut que les étudians aient fubi un examen, qui confifte à compofer un ouvrage fur une matiere qui leur a été donnée par un mandarin envoyé par la cour: lorf- qu'ils ont réufli, ils obtiennent ce premier grade, & commencent à jouir de plufieurs privileges, comme de porter une robe bleue bordée de noir, & un DIRE ‘oifeau d'argent fur leur bonnet. Ils font foumis à u fupérieur particulier, qui feul a droit de les punir > car dès-lors qu'ils font admis, ils ne font plus fujets à recevoir la baftonnade par ordre des masïfirats or- dinaires. Les ffeourfai {ont obligés de fubir un nou- vel examen, qui ne fe fait que tous les trois ans dans la capitale de chaque province, en préfence des man- darins & de deux commuflaires de la cour ; ceux dont les ouvrages ont été approuvés , font déclarés kr- gin. Voyez cer article. SIER , voyez SCIER. | SIÉRIBON , ( Géogr. mod.) c’eft ainfi qu'écrit M. Reland , dans fa carte de Java, ville des Indes dans l'île de Java , fur la côte feptentrionale, entre Teg- gal & Dermayaon , à environ 20 lieues de la ville de Mataran vers le nord ; elle eft capitale d’une provin- ce particuliere dumêmenoin. (2.J. SIERRA , (Géog. mod.) terme que les Efpagnols &c les Portugais emploient pour fisnifier une montagne, ou un pays montagneux , dont les cimes de monta- gnes font femblables aux dents d’une fcie. [l'y ade ces, /£erras dans plufieurs endroits de l’Efpagne êc du Portugal , mais furtout dans la Caftille nouvelle , dangla Caftille vieille, 8 au royaume de Grenade; les Efpagnols ontaufli nommé Sierra une petite pro- vince dans la Caftille nouvelle, parce qu’elle eft un pays de montagnes vers fa partie méridionale. Sierra de Balbanera, montagne d'Efpagne dans la vieille Caftille. Ces montagnes avec celles d'Yangas vers Rioia, font le Diéerius mons des anciens. Sierra de Guara , montagne de l’Efpagne, qui ef une branche des Pyrénées vers les confins du Rouf- fillon & de la Catalogne. l Sierra de Jafquivel, autre branche des Pyrénées , qui,environne du côté de terre la ville de Fonta= rabie. | Sierra de Molina, montagnes d'Efpagne, au-def- fous de Moncayo (mons Caunus). C’eft dans ces montagnes que Le Tage & le Guadalquivir prennent leur fource. Sierra de Morena , en latin , montes Mariani, mon- tagne d’'Efpagne, qui commence à l'extrémité dela Caftille nouvelle , qui fépare les royaumes d’Anda- loufie & de Grenade. Les avantures de don Qui- chote ont immortalifé le nom de cette montagne. Sierra Neyada ,eft 1°.le nom d’une montagne d’Ef- pagne T— de Grenade, qu’elle fépare de ce- lui de Murcie. C’eft 2°..le nom d’une montagne de l'Amérique feptentrionale, dans la Caftlle d’or. Son étendue eft d'environ 40 lieues, Ces deux montagnes font furnommées Nevada, parce que leurs fommets font toujours couverts de neiges. Sierras de Cogollo,ymontagnes d'Efpagne dans la Caf- tille vieille , au fortir de Burgos ; elles font très-hau- tes & très-droites. Sierras de Ronda , en latin, mons Illipula , monta- gnes d'Efpagne au royaume de Grenade , Le long des frontieres de l’Andaloufe ; elles n’offrent partout que roches , qui s'étendent au long &c au large jufqw’à la mer. Sierras de S, Andrien, montagnes d'Efpagne dans le Guipufcoa ; elles féparent la petite province d’Ata- va, de la Caftille vieille. | _ Sierras d’ Alcoba , montagne de Portugal, dans la province de Beyra. Toute la côte qui s'étend de Porto à Coimbre , eft bornée à lorient par une chaîne , de ces hautes montagnes, qui s'étendent de l’une de ces villes à l’autre, & plus avant au midi pendant Pef- pace de douze lieues. La premiere chaine de mon- tagnes eftle Tapieus mons des anciens. Le chemin de Porto à Lisbonne eft dans une longue plaine bornée par cette premiere chaîne demontagnes.En traverfant cette plaine , on voit une campagne agréable, culti- vée & peuplée, Elle eft arrofée par des fourçes abon- dantes qui fortent de ces montagnes , &c forment di- verles rivieres, dont les unes ie jettent dans le Due- _xo, d'autres dans le Vonga, & d’autres dans le Mon- dego. (D. J.) | SIERRA-LIONE , Rio DE, (Géog. mod.) c’eft-à- dite, riviere de la montagne des lions, nom donné par les Efpagnols & les Portugais à une grande riviere d'Afrique, dans la haute Guinée, à la côte de Malaguette, fous le 8°. degré 25 minutes de /ai- sude feptentrionale, & par les 339 degrés 40 minutes de Zongiude. Elle tire {a fource de hautes montagnes peuplées de lions & d’autres animaux fauvages. C’eftune des plus confidérables rivieres de l'Afri- que , &c fon embouchure peut avoir trois à quatre lieues de largeur. Elle fépare deux royaumes ; ce- lui du nord nommé Boulon, & celui du fud appellé Bouré, Son lit renferme quantité d’iles, d’un excel- lent terroir, couvertes de palmiers & toutes bor- dées de mangles. . La riviere de Sierra-lione, porte aufli les noms de Tagrin & de Mirouba dans les relations de nos voyageurs, Il eft bon d’être averti de ces noms dif- férens, afin de ne pas faire en géographie trois ri- vieres d’une feule. (D. J. SIEUR , f. m. (Æiff. mod.) eft un titre d'honneur ou une qualité chez les François. Les Jurifconfultes s’en fervent fouvent dans les aétes publics ou au- tres aÛtes de cette efpece. Voyez SIRE. On dit, je plaide pour le feur un el, le fieur abbé, le eur marquis, &c. Voyez MONSIEUR. Le nom de feur eft un titre qu'un fupérieur donne ordinairement à fon inférieur dans les lettres où au- tres écritures particulieres ; comme drses au fieur Hu- Bert qu'il fair, &cc. Les auteurs l'emploient fouvent dans ce fens, par modeftie en parlant d'eux-mêmes ; ainfi nous voyons à la tête de leurs livres : Traduétion du fieur Dablan- court, Œuvres du fieur Defpreaux, 8tc. Sieur eft auf. un terme qui figniñe le poffefleur d’une terre feigneuriale : comme écuyer ou fieur d’un cel endroit. Voyez SEIGNEUR 6 ÉCUYER. SIEUREL , voyez SAUREL. SIFAC, f. m. (Hit. nar.) efpece de finge qui fe trouve dans l’ile de Madagafcar ; il eft blanc ; fa queue eft blanche ; il a deux petites taches fur les côtes & d'une grandeur médiocre. On trouve d’autres finges blancs, dont les queues font blanches & mouche- tées de noir : ils vont par troupes de quarante ou cinquante. [! yyen a d’autres qui font gris : ils ont le poil ras; mais jamais on n’a pu parvenir àles appri- voifer. SI-FAN , (Géog. mod.) vafte pays de la Tartarie afratique. Dans la carte que les jéfuites ont donnée du Tibet, le pays de S:-Far eft diftinétement mar- qué comme borné à left par la province de Se-chuen au nord par le pays de Coconor, & à l’oueft par la #iviere de Tiacho-Tfitfirhana. | Suivant cette pofition, le pays de Si-far eft en- tre 29 degrés $4 minutes 8 3,3 degrés 40 minutes de latitude , &t entre 12 degrés 30 minutes & 16 de- grés 20 minutes de /ongisude , oueft de Pekin. Sa figure forme un triangle, dont la bafe qui eft au nord, offre environ 300 milles de longueur; &. les deux autres côtés qui font un angle au fud, font chacun environ de 245 milles. C’eft encore aujour- d’hui ce qui refte aux S1-fans d’un domaine qui comprenoit tout le Tibet, & même quelques terri- toires de la Chine. On peut inférer de-là & de la conformité qui fubfifte entre les langues du S:-far &t du Tibet, que les Chinois étendent le nom de Si-fan à toute cette région, & quelquefois à toutes les nations qui font à l’oueft de lPempire de la Chine. È - Suivant les apparençes, c’eft ce grand empire de SIF {8 Si-fan , comprenant tout l’efpace qui eft entre: la Chine & l’Indouftan, avec toutes les vaftes plaines & les deferts au nord & à lPoueft habités par les Tar- tares éluths , qui portoit autrefois Le nom de Tangur, Tanguth, où Tarkur. On a d'autant moins fujet d’en douter, que la langue & les caraëteres du Tibet, qui font encore en ufage dans le pays de S:- fan, confervent le nom de Zangue & de caraëteres ‘de Tangur, | Suivant les hiftoriens chinois, l’année 1227 eft époque de lentiere ruine des Si-fans, après de longues guerres qu’ils ont eues avec les empereurs de la Chine, Leur état préfent ne reflemble ouere à celui où ils étoient anciennement; car ils n’ont pas une feule ville, au-lieu qu’autrefais ils formoient une nation nombreufe & puiflante. Les lamas qui les gouvernent, ne les inquiettent pas beaucoup, pourvu qu'ils leur rendent certains honneurs, & qu'ils payent exaétement les droits de fo, ce qui va à trés-peu de chofe Ces droits fem- blent être des efpeces de dixmes religieufes. Les Si-fans ont toujours fuivi la religion de Fo , & ont toujours choifi leurs miniftres d'état & quelquefois leurs généraux parmi les lamas. Les livres &c les ca-- raéteres de leurs chefs, font ceux du Tibet. Quoique voifins des Chinois, leurs coutumes & leurs céré- monies reflemblent peu à celles de la Chine; par exemple , dans les vifites que les Si-färs rendent à ceux qu'ils refpectent, 1ls leur préfentent un grand mouchoir blanc, de coton, ou de foie. Ils ont auffs quelques ufages établis parmi les Tartares-kalks, & l. d’autres de ceux du Coconor. Les Si-fans ne reconnoiflent qu’à-demi l’autorité des mandarins chinois | & ne fe hâtent guere de ré- pondre à leurs citations : ces officiers n’ofent même lestraiter ayecrigueur, n1 entreprendre de les forcer à obéir; parce qu'ilferoit impoñlible de les pourfuivre dans l’intérieur de leurs affreufes montagnes dont le fommet eft couvert de neige, même au mois de Juil- let: d’ailleurs, la rhubarbe croiflant en abondance dans leur pays, les Chinois les ménagent pour en : tirer cette marchandife précieufe. (D. J.) SIFANTO, (Géog. mod.) ile de l’Archipel. Voyez SIPHANTO. (D. J.) SIFARBAHR , (Géog. mod.) nom d’une contrée dePerfe , la plus méridionale de la province de Fars. Elle comprend quelques bourgades , quoique Pair y foit exceffivement chaud. (D. J.) SIFFLANTE, (Gram.) ad]. f. On appelle ainfi, & avec rafon, certaines articulations, qui font en effet une forte de fifflement qui précede la voyelle. il en a quatre linguales : deux foibles & deux fortes, 7,5, | 7, ch; deux labiales : Pune foible, & Pautre forte, v, f; & la gutturale 4. Voyez LINGUALE. SIFFLER , v. a&. Imiter avec la bouche le bruit du fifllet, Voyez l’arsicle SIFFLET; on produit ce bruit avec le fiflet même, Le merle /fZ, le ferpent | fe. On fiffle un oïfeau ; on if à quelqu'un fa leçon. SIFFLER wye piece, (Lirrérat.) c’eft la huer tout haut ; c’eft en marquer par des ffffemens les endroits dignes de mépris & de rifée. L’ufage de ffflér aux repréfentations publiques, n’eft pas d’infitution mo- derne. Il eft vraifflemblable que cet ufage commença prefqu'’aufli-tôt qu'il y eut de mauvais poëtes & de mauvais aéteurs qui voulurent bien s’expofer aux décifions de tout un monde raflemblé dans un même lieu. Quoique nos modernes fe piquent de la gloire de favoir juger fainement des pieces qui méritent leurs applaudiffemens ou leurs /éfffess ; je ne fai fi les Athéniens ne s’y entendoient pas encore mieux que nous. Comme 1ls l’emportoient fur tous les autres peuples de la Grece pour la finefle & la délicatefle du goût, ils étoient auf les plus difficiles à fatisfaire, 182 SI G Liorfque dans les fpedacles, quelqu’endroit n’êtoit pas à leur gré, ils ne fe contentoient pas de le ff: ter avec la bouche, plufeurs, pour mieüx fe faire entendre, portoient avec eux des inftrumens pro- pres à ce deffein. La plüpart même,autant qu’on en peut juger par quelques pañlages des anciens auteurs, » employoienr de ces ffflets de berger, que Virgile nous décrit dans une de fes éclogues v ŒfE mihi difparibus fiptem compaëta cicuss Fiflula, En effet, il y a toute apparence qu'ils ufoient de es fhfflers, qui étoient compofés de fept diférens tuyaux, & qui parcette raifon, rendoient jufqu’à fept ons différens ; en forte qu’ils cara&térifoient le degré de leur critique par ün fon varié plus ou moins fort du /2ffet , rainement de l’art dont nous n’avons pas encore imaginé les notes. Mais fi les Athéniens Jloierñir avec des tons gradués les mauvais endroits d'une piece ou le mauvais jeu d’un aëteur, ils fa- voient appleudir avec la même intelligence, aux beaux, aux bons, aux excellens morceaux. Et com- me pour exprimer le premier de ces deux ufages, ils employoient le mot piles; ainfi pour marquer le fecond, ils avoient le terme emicnualres dou, Le dofte Muret obferve que les Grecs fe fervoient du même mot comyé, pour fignifier la ffure des ber: gers, & le fiffier des fpeétateurs ; comme ils fe fer- Voient auf du mot cupirlsw, pour dire jouer de la Juice, 8 filer à un fpeëtacle les endroits des pieces qui leur dépluifoient. (D. J.) | SIFFLET , {. m. (Gram.) petit inftrüment de bois, d'os ou d'ivoire, qui a toutes les parties du bec de la flute, voyez FLUTE ; mais qui eft fort court, fermé par le bas & fans trou, & qui ne rend qu’un feul fon plus ou moins fort, felon la groffeur du ffzer. SIFFLET de Pan, (Luth. anc, & mod.) c’'eft un aflemblage de douze tuyaux placés les uns à côté des autres, qui vont en diminuant de longueur, & qui n'ont qu'un ton:ces tuyaux peuvent être de bois, de cuivre , de rofeau ou de fer, Ils rendent fuccefive- ment la gamme #t,ré, mt, fa, fol, la, fi, ut, ré, ani, fa, fol. On a appellé cet infirument le fffler de Pan, parce qu’on le li voit pendu au cal, ou à la main, dans quelques ftatues antiques, Ce /ffler à pañlé du dieu Pan, à lufage des chauderonniers ambulans dans nos provinces, qui vont achetant la vieïlle vaïf felle de cuivre, & châtrant les chiens &c les chats. SIFFLEUR , voyez BOUVREUIL. | SIGA ,(Géog. anc.) nom d’un fleuve dé la Mau- ritanie céfariente fuivant Ptolomée. Ce fleuve eft Rio de Arefgol, {elon Ambroïfe Moralès, Siga eft auffi le nom d’une autre petite ville de la Mauritanie céfarienfe, qui fut détruite par les Romains, felon Strabon, Liv. XVII. p. 830.(D.J.) SIGAH-GUSH , f. m. (Zoolog.) nom d’un animal de Perfe, qui ne paroit différer du lynx, que parce qu'il n’eft point tacheté. Ses oreilles ont, comme celles de tous les Lynx, uñ toupet noir de poils fins & veloutés au fommet. (D. J.) … SIGALÉON, oz SIGALION, (Mychol, égypt.) dieu du filence chez les Egyptiens. On portoit fa flatue dans les fêtes d’Ifis & de Sé- tapis; & on le repréfentoit dans leurs temples en forme d’un jeune homme qui fe tenoit la bouche fermée avec un doigt fur les lèvres. Les Grecs adopterent ce dieu, & le nommerent Harpocrate. Aufone eft prefque le feul entre les Latins qui Pappelle Sigaléon., & 1l a forgé ce mot du grec éryae je me tais, (D. J.) si SI-GAN, (Géog. mod.) SI-GAN-FU, & par le pere le Comte, qui eftropie tous. les noms, SIGNAN- SIG FOU, grande ville de la Chine, dans la province de Xenx1 où elle a le rang de premiere métropole de la province, Elle eïft bâtie fur le bord de la riviere de Guüci, en forme d’amphitheâtre : {es environs {ont agréables 8c fertiles. Longitude, fuivant le pere Gau= bil, 125% 9. 16 labs. 32, € | - Rien, felon les jéfuites, n’a feñdu certe ville plus remarquable que la découvette qui S'y fit en 1625, d'une infcription dé plufeuts pages, qui nous apprend que la relision chrétienne eft éntréé à la Chine en 631. On trouvera cette inféription dans toutes les relations & dans le Séonnaire de la : Martiniere. Ce n’eft cependant autre chofe qu’uné fraude pieufe, une piece manifeftement füppofée, comme M. de la Crofe la prouvé fans réplique. En vain les peres Magalhanès &c le Comte établiffent la venue de l’apôtre Saint Thomas à la Chine, M. Mais grot, évêque de Conon, & vicaire apoftolique dans ce même royaume , feconnoît que les miffionnaites ont pris pour lapôtre Saint Thomas, un certain Ta mo, ce font fes propres termes, l’un dés plus infignes fripons qui foient jamais enttrés à la Chine, & qui n’y vint qu'après lan 582. (D, J.) SIGE , LA, ( Géogr. mod. ) petite riviere d’Alles imagne , qui prend fa fource près de Sigen, & va fe perdre dans le Rhin , à une lieue au-deflus de Bon CDS SIGÉE, Sigeum , (Géog. anc.) promontoire, villé &c port del’Afie mineure dans la Troade, tinmédias tement après la ville de Rhosteum. La ville de Sigeur - étoit ruinée du tems de Strabon, Z XIII. p. 305, cé qui fait que peu d’auteuts en parlent, Pline, Z 7, c. xx. dit : 17 promontorio quondam Sisenm oppidur, Prolomée , Z. F. c. ij. marque le promoñtoiré Sigeur entre lembouchure du Scamañdre & Alexandria Troa. On comptoit foixante ftades de cé promon- toire à celui de Rhœteum , en prenant le long du ris vage. C’eft aujourd’hui le cap Jazirzari, On y trouve un village, que les Greës âppellent Troius, I] contient trois cens feux où environ. Tous les habitans fontgrecs , &c vivent de la vente de leurs denrées , qui font des blés, des vins ; des fafrans, des melons & d’autres fruits. Tout ÿ eft À fi grand marché, qu’on y a quinze poules pour une piaftre, qui vaut un écu de notre monnoie, La douzaine d'œufs n’y coute qu’un fol, Ce fut à Sigée, fi oh en croit Cicéron & quelques auteurs anciens, qu'Alexandre,en voyant le tombeau d'Achille, s’écria + Trop heureux héros , qw’Homere ait chanté tes exploits. Cela eft vrai, ajoute l’orateur ro= main ; car fans l’Iliade, Achille mouroït tout entier, & fon nom ne lui furvivoit point. Cependant Pom: ponius-Mela , Pline & Solin placent ailleurs: qu’à Sz gée le tombeau d’Achille, La villede Sigée a été autre: fois épifcopale : elle eft aujourd’hui ruinée. (D. J. SIGINDUNUM , (Geog. anc.) ville dé la Pans nonie, Les Grecs & les Latins ont fort varié pour lortographe de ce mot. La plus commune eft Singis dunum. Voyez donc SINGIDuNum. (2. J.) SIGILLAIRES , SIGILLARITES, £f pl (Gram.) nom d’une fête des anciens Romains. Elle étoit ainf appellée des petits préfens, tels que des cachets , des anneaux, des gravures , des fculptures qu’oh s’en< voyoit, Elle duroit quatre jours : elle étoit immédia- tement après les faturnales qui en duroïent trois, ce qui faifoit enfemble fept jours : & comme les fatur= nales commencoient le 14 avant les calendes dé Jan: vier, c’eft-à-dire lé 19 de Décembre ; les fégf/aires commençoient le 22,6 duroient jufqu’au 25 inelufi- vement. On dit qu’elles fureñt inftituées par Her- cule , lorfque revenant d'Efpagñe , après avoir tué Geryon, 1l conduifit fes troupeaux en Italie , & qu'il en bâtit fur le Tibre un pont à l'endroit où lon cond SIG 2 TV, trifit depuis le pont $ ublierus, D'autres en attribuent linflitution aux Pélagiens , qui imaginerent que par le mot de réte l’oracle ne leur demandoit pas des fa- crifices d'hommes vivans , ni par celui de gus, des homunes., mais par le premier des ftatues, & par le fecond des lumieres ; ils préfenterent à Saturne des bougies, 8n à Pluton des figures humaines ; de-là viennent & les égillaires & les préfens qui accom- pagnoient la célébration de.cette fête, SIGILLATEURS, 1. m, pl € Listérar. ) c’étoient chez les Egyptiens les prêtres qui étoient chargés de marquer les viétimes deftinées aux facrifices, Comme il falloit que l'animal füt entier , pur , &c bien conai- tionné pour être facniié, 1l y avoit des prêtres defti- nés à examiner les animaux qu'on deftinoit à être victime. Quand labêtefe trouvoit propre aux autels, ils la marquoient , en lui attachant aux cornes de l'écorce de papyrus, étenimprimant leur cachet fur de la terre figillée qu'ils lui appliquoient. Hérodote raconte qu’on punifloit de mort quiconque offroit une viétime.quin’avoit pas été ainfi marquée. (2. J.) SIGILLÉE,TERRE, serrafroillata, (Hift. nas. Mur. médie.) nom que lon: a donné à des terres bolaires, auxquelles on attribuoit de grandes vertus ; on en formoit des petits gâteaux ronds, fur lefquels-onim- primoit unfCeau ou cachet, afn.de certifier ceux qui lestachetoient que la-terre qu’on leur vendoit étoit réellement tirée de Pendroit qu’ils vouloient & n’e- toit point contrefaite. La verre figillée de Lemnos étoit regardée comme factée ; fluvant le rapport de M. Hill, les prêtres feuls avoient la permilion d'y toucher, on lamêleit avec du fang de chêvre, après quoi on y imprimoit un: cachet. Comme les prêtres aidoient à laformer, onlappelloitserre facrée, ya ce. Posez les notes de M. Hill f#r Théophrafle, p. 179. Cette vénération fubffte encore aftueliement, ce n'eft qu’une.fois dans l'année que l'on ouvre la car- riere où fe trouve cette terre , alors l’évêque à la tête de fon clergé s’y rend en proceïflion , on tire la terre avec des cérémonies, & onrefenme l'enceinte helie fetire. Les:Grecs: font des préfens de cette 1erre frpillée-au\ fuitan 8e aux grands officiers de l’em- pire, qui en font un très-orand cas, perfuadés que cette terre et un antidote fouverain contre toutes fortes de porfons. F’oyez l'article LEMNOS,, terre de. Heft ailé devoir queles serres fipillées n'acquierent aucune vertu par le {ceau qu'onideur imprime. Elles varient pour la couleur & pour la qualité, fuivant les ” difrens endroits où omles trouve ; & ily a autant de terresique l’on appelle fésillées , qu'ily ade pays chlon veut fe donner la peine d'y imprimer un ca- chet (—) SIGISTAN,, (Géog. mod.) province de Perte. Foyez SEGESTAN. | SIGIUS-MONS, ( Géog. anc.) montagne de la Gaule narbonnoïfe, fur la côte de la mer Méaiter- ranée. Prolomée écrit Serius-mons , &c ileft vraifiem- blable qu'il a raïfon, car cette montagne s’appelle préfentement dans le pays Loz cap de Sete, ( D. J.) SIGLE , 1. f. (Litérar.) on appelle figles les lettres initiales que l’on employoit feules dans la maniere d'écrire en abresé, lorfqu’on n’y exprimoit les mots que par des initiales. Ces lettres préfentoient aux yeux du lefteur ou par Parrangement qu’elles avoient entr’elles, oupar la place qu’elles tenoient dans je Fe Die 9 HE dcours,une fuite d’expreflions connues, & n’étoient querarement fufceptibles de différentes interpréta- tions; par exemple, tout le monde étoit convenu que cette efpece de formule S. P. Q. R, fienifioit Senatus populufque Romanus. ( D. J.) SIGMA, {.1m. (Antig, rom.) table en fer à cheval. Les Romains ayant négligé dans leurs tables lufage de ce au’rlsappelloienteric/irinm, fe fervirent d’une table faite en forme de jp , c'eft-à-dire quiavoit la figure Time 183 1 d’un fer à cheval, autour duquel étoit pofé un lit plus ou moins grand, fait de même en dern-cercle, ‘{elon le diametre de la table, Les placesles plus honorables étoient celles qui fe trouvoient: aux dèux extrémutés du lit, C’étoir par lintervalle du demi-cercle que l’on fervoit ies vians des. Ce lit étoit fait ordinairement pour fix ou fept convives: feprem fiegma capit, dit Martial. I'avoit, félon Voffius, la figure d’un arc commun, & non celle de l’arc des Scythes qu’Athénée ditavoir reflemblé à&fa lettre capitale. Fulvius Urfinus, dans fon appendix au traité de Ciaconius de sriclinio, nous apprend que les anciens s’afleyoient fur des coufins autour de cette table , 8 qu'ils étoient dans l'attitude de nos tailleurs. Ehogabale , prince fort groffier dans le choix des plaïfirs dont il égayoit fes repas, faifoit mettre un lit autour de la table , nommée Jigrma , & ce lit portoit aufilemêmenom. Ifaoitplacer fur celitaujourd’hui Buit hommes chauves , demain huit goutreux, un autreJour huit grifons, d’autres fois huit hommes fort gras, quiétoient fi preilés, qu’à peine pouvoientils porter la main à la bouche. Un autre de fes divertifs emens étoit de faire faire le lit de table de.cuir, de le remphr d’airau-lieu de laine ; @c dans le terns que ceux qui Poccupoient ne fongeoient qu’à bien man- ger & à bien boire, il faifoit ouvrir fecrérement un robinet qui toit caché fous la courtepointe , le lit s'applatifioit, &c ces pauvres gens tomboient fous la table, (D. J.) | SIGMOIDES, vALVULES, (Anratom.)valvules au nombre de trois, fituées à la naïffance de l'aorte. Elles font faites comme de petits capuchons., & difpofées de maniere que quand le {ang fort du cœur, il les ap- piatit ; & que sïl fe préfentoit pour y rentrer , il les remplroit & les gonfleroit ; ce qui fait qu’elles ne s’oppolent point à fa fortie , mais feulement à {on retour. La figure circulaire qu’elles ont quand elles s’enflent, ne permet pas qu'elles ferment exattement l'entrée du cœur, mais leur nombre fait qu’elles la ferment fuffamment, & qu’elles empêchent un re flux confidérable & nuifible à la circulation. M. Litre a cru que dans une femme qu’il a ouverte , le défaut d'une des valvules figmoides avoit été la caufe de fa moft fubite. ( D. J. SIGN A, (Art militaire des Romains.) nom géné. rique de différentes enfeignes des Romains, Dans les unes, on portoit image du prince , & ceux ‘qui les pertoient s’appelloientimaginiferi : d’autres enfeignes avotent une main étendue pour fymbole de la con- corde, & ces porte-enfeignes fe nommoient fois fer : dans quelques-unes étoit une aigle d'argent, qui faifoit nommer ceux qui la portoient zguiliferi, les porte-aigle. On voyoit dans d’autres un dragon atète d'argent , & lerefte ducorps detafetas que le vent agitoit comme un vrai dragon, & ces fortes de dragons étoient appelés draconarii. Enfin l'enfeione de empereur , nommée /abarum , fe portoït quand lPempereur étoit à l’armée ; ceux qui portoient cette enjeisne , fe nommoient {cbarifere, Le Jaberum étoit une ctoffe pourpre enrichie par le bout d’une frange 1 = d'or, & garmie de pierres précienfes, Toutes ces en- feignes étoient foutenues fur une demi-pique, poin- tue par lebout du bas , afin qu'on la plantâtaifément en terre. (2. J.) SIGNAGE,, {.m. (Virrer. } deffein d’un compar- timent de vitres, tracé en blanc fur le verre ou à la pierre noire , fur un ais blanchi pour faire les pan: neaux t les chef-d’œuvres de virrerie, (D, J.) SIGNAL, SIGNE, CGram. fÿnon.) le figne fait connoître ; ileft quelquefois naturel. Le foz/aver- tit, 1 eft toujours arbitraire. | Les mouvemens au paroïflent dans le vifage font ordinairement les f2zes de ce qui {e pafle.dans Le 1-7 1 154 SIG cœur. Le coup de cloche eft Le fgral qui appelle le chanoine à l’églife. | On s'explique par figues avec les muets ou les fourds; & l’on convient d’un fgrzzlpour fe faire en- tendre des gens éloignés. Girard, (D. J.) SIGNAL par le feu, (Littérature) les fgnaux par le feufe nommoient ævupooi 8 æpurro) , &c l’art de les don- ner s’appelloit mUpocpopiæ ; GBUXT Ie. Homere eft le premier qui en ait fait mention. L’ufage en étoit déja fi établi de fon tems, qu'ilena employé la comparaifon comme d’une chofe con- nue & propre à petndre dans Pefprit de fes leéteurs l’image de ce qu’il vouléit faire concevoir. « Comme lorfqu’une ville aflife au milieu de la » mer vient à être afliégée, on voit de loin durant » le jour, dit le poëte, des tourbillons de fumée » s'élever au nulieu de la ville dans les airs, & pen- » dant la nuit on apperçoit d’épaifles colonnes de » feu s’élancer jufque dans les nues, & appeller de » chez les peuples voifins un fecours puiflant contre » les efforts de lennemi , telle paroïfloit la flamme » qui voltigeant autour de la tête d'Achille répan- » doit au loin fonéclat.....» Ce qu'Homere n’a fait qu'indiquer affez légere- ment, Efchyle l’a marqué fort-au-long en plufeurs endroits de fa tragédie, « Puiflent enfin les dieux, s’écrie l’efclave qui fait » le prologue de la piece, me délivrer de la pénible » fonétion qui m’attache depuis fi long-tems à ob- » ferver le moment du fgzal dont on eft convenu. » J'ai vu par pluñeurs révolutions fe montrer &r dif- » paroître ces aftres brillans qui amenent à la terre - » les différentes faïfons; j’ai toujours attendu le flam- » beau qui doit parler à nos yeux, & mous appren- » dre la deftruétion de Troie ..... que ces feux fi » long-tems efpérés viennent enfin me dégager. Je » vous falue , ambeau de la nuit, votre lumiere eft » agréable comme celle du plus beau jour ; quelles » fêtes vont éclater à l'occañon de l’évenement que » vous annoncez » | 1 À peine l’efclave de Clytemneftre a-t-il porté la nouvelle au palais , que la reine fort pour en infor- mer le peuple ; & quand les vieillards qui compo- {ent le chœur demandent, quel eft le meflager affez vite à la courfe pour avoir apporté fitôt la premiere nouvelle de la prife de Troie , Clytemneftre leur ré- pond en ces termes : « Nous en fommes redevables » à Vulcain, l'éclat de fes feux eft parvenu jufqu’à » nous, un fpzal a fait allumer un autre fpral, Aux » premiers feux apperçus fur le mont Ida, les feconds » ont répondu de deflus le fommet de la montagne » confacrée dans l’île de Lemnos à Mercure. L’éten- » due des eaux qui féparent cette île du mont Athos, » a été bientôt éclairée par les flammes , & la mon- » tagne de Jupiter aufli-tôt après a été tonte cou- » verte de feu : femblables aux rayons du foleil qui # fe répandent fur la terre, ces feux ont annoncé » la hauteur du mont Macifte, ce que le Macrfte de. » voit publier, pour ainfi dire, jufque fur les bords » de l’Éuripe. Des gardes placées fur le Méfape in- » acceflible au fommeil , fideles à des ordres rigou- » reux,ont fait paroître à leur tour des feux qui, tels » qu'une lune brillante, franchiflant rapidement les » campagnes de l’Afope, ont réveillé fur le mont » Cythéron les figraux qui devoient en faire naître » d’autres encore plus loin. La garde chargée d’ob- » ferver de deflus cette derniere montagne n’a pas » tardé , malgré la diftance , à reconnoitre ces feux. » Elle a augmenté ceux qui devoient fervir de ré- » ponfe. Les ténebres du lac Gorgopis, ont été diffi- » pées par ce nouvel éclat , &t le mont Egiplanete, » frappé de cette lumiere, nous a avertis de ce qwil »# venoit d'apprendre. Mes ordres ont été pon&tuel- » lement fuivis ; les gardes que J'avois difpofés fur » l'Egiplanete ont à l’énvi redoublé les feux , le » golfe & le promontoire Saronique ont vu {e pro- » dure le jour que ma volonté faifoit naître | & de » grandes traces de lumiere font arrivées jufque fur » le mont Arachnéen : c’étoit le lieu le plus proche » d’Argos & du palais des Atrides. Aïnfi a été appor- » tée importante nouvelle que je vous apprends. » Telles ont été les lois que j’avois établies pour une D _» jufte correfpondance entre ceux qui devoient fe » fuccéder dans la fonétion de donner & de recevoir » les fgnaux..,. Les Grecs à cette heure font maï- » tres de Troie ». L'ufage des fgraux, dont linventiontoute entiere étoit dûe aux Grecs, fe perfeétionna à mefure que ce peuple réfléchit fur l’art de la guerre. Ces fgraux y étoient fouvent employés. De tout ce qui s’eft in- venté, dit Polybe, pour mettre à profit certaines occafons qu'il eftimportant de ne point laifler échap- per , rien n’eit plus utile que les fgnaux par le feu. Dès-iors 1ls ne furent plus un fimple figne d'inftitu- tion pour apprendre feulement le gros d’un fait , on s’étudia à trouver comment on pourroit faire com- prendre les différentes circonftances de ce qui fe pañloit à un éloignement de trois ou quatre journées de ceux avec lefquels 1l auroit été à defirer que l’on püt s'expliquer ; en un mot, on parvint, comme Po- lybe laflüre , à faire connoitre des événemens que lon navoit pas pu prévoir & qu'on pouvoit de-= viner. Le même Polybe rend compte, d’une excellente méthode pour les fgnaux par le feu, qui avoit pour auteur Cléoxene , ou Démoclite, fuivant quelques écrivains, & qu'il avoit perfetionnée lui-même. Elle confiftoit à faire lire peu-à-peu à un obfervateur ce qu'il étoit important d'apprendre. On ne montroiït pas des mots n1 des phraies dont le bon fens demeu- rât équivoque , ou fujet à des difficultés, comme il arrivoit fouvent dans la pratique d’Enée; mais après que toutes les lettres de l'alphabet avoient été ran- gées en quatre ou cinq colonnes , perpendiculaire- ment les unes au-deflus des autres. 1°, Celui qui devoit donner le fgr4l, commençoit pardéfigner le rangdelacolonneoùïfedevoitchercher la lettre que l’on vouloit indiquer. Il marquoit cette colonne parun, deux, trois lambeaux qui levoit toujours à gauche, fuivant que la colonne étoit {a premiere, la feconde ou la troïfieme, & ainfi du reite. 2°. Aprés avoir fait connoître le rang de la colon- ne, & fixé l'attention de l’obfervateur à chercher où étoit la lettre ; celui qui étoit chargé du gel, indi- quoit la premiere lettre de la colonne par un flam- beau , la feconde par deux, la troifieme par trois, de forte que le nombre des flambeaux répondoit exattement au quantieme de la lettre d’une colonne, alors on écrivoit la lettre qui avoit été indiquée; & par ces opérations répétées plufeurs fois, on parve- noit à former des fyllables, des mots, &t des phrafes qui préfentoient un fens déterminé. Celui qui donnoit le /gral avoit encore un inf- trument géométrique garm de deux tuyaux, afin qu'il püt connoître par l’un la droite, & par Pautre la gauche de celui qui devoit lui répondre. Le témoignage de Polybe, hiftorien judicieux & exemt de foupçon de menfenge, ne nous laïfle pas douter qu’on ne fe fervit avec fuccès de la méthode qu'il a expliquée & perfeétionnée ; mais sil étoit betoin de fortifier {on témoignage, la pratique des fiecles qui ont fuivi celui de Polybe , feroit une nouvelle preuve de la vérité de récit de cet hiftorien. Voici ce que dit Jules Africain des {oraux par le feu , dans fon livre intitulé Ke. Cet auteur em traite dans un chapitre particulier. Il eft vrai qu'il eit affez difficile, par Paltération du texte de RATES us eng. Sens net &c fuivi dans ce qu'il dit à ce fujet, &c les différentes lecons que Pon a tirées des manufcrits, ne {ufñfent pas encore pour le faire entendre. On va tâcher cependant de traduire la fin du chapitre, & lon n’héfitera pas à y faire un ou deux changemens, quiféront aflez juftifiés par la clarté qu’ils feront naî- tre dans l’explication de Jules Africain. . ; _ 4“ Je m'étonne aflez fouvent, dit-il, de la facilité # Que les fgraux nous procurent d'écrire tout ce » que nous voulons; voici ce qui fe pratique. On » choiïfit d’abord des lieux propres à donner êcà re- » cevoir les foraux. On y détermine le côté gau- » che , le côté droit, & l’entre-deux de ces côtés ; » enfuite on difiribue les lettres de l'alphabet, &c on » en fait pañler du côté gauche un certain nombre, » par exemple, celles qui font depuis Pa/pha juf- » qu'au zhera ; les fuivantes, depuis lioszjufqu’au pi # demeureront dans le milieu, & le refte de Palpha- » bet fera tout entier du côté droit. Lorfqu’on veut » défigner la/pha, on n’allume qu’un fgral du côté » gauche, deux fi c’eft Le bera, trois fi c’eft le gam- » ma, Lorfque c’eft l'iosz qui doit être indiqué, on » leve un /ignal entre le côté gauche & le côté » droit ; dans l’entre-deux du terrein où doivent » s’exécuter les opérations , on en leve trois fi c’eft » le Zambda, & on fera la même chofe pour mar- » quer lés lettres comprifes dans la troifieme diftri- » bution, fans avoir aucun égard à la valeur numé- » rale des lettres ; car par exemple , on n'ira point » lever cent fignaux pour défigner la lettre ro, parce » que dans les nombres le r%o vaut cent. Il faudra » qu'il y ait un concert bien établi entre ceux qui _» donnent, ou ceux qui reçoivent le {9241 , & qu'il » y ait des gens chargés d'écrire. Tel eft le difcours » de Jules Africain » | Il ne nous apprend rien de plus particulier , fi ce n’eft quelle étoit la matiere de ces f£gnaux. « Il faut # avoir fait provifion, dit:il, de bois {ec , de chau- » me, de branches d'arbres & de paille ; fi Pon en- # duit ces matieres de graïfle , elles rendront beau- » coup. de flamme , & une fumée épaifle que l’on » verra monter au.ciel par tourbillon ». Jules Africain nous aflure que les Romains ufoient de fignaux , tels qu'il les a expliqués ; auffi remar- t-on dans Tite-Live, dans Vegece , & dans la vie de. Sertorius par Plutarque , quelques occafons où les généraux romains avoient eû recours à ce moyen de ie parler de fort loin les uns aux autres ; mais il fufñt de citer ces auteurs, fans rapporter les faits dans un plus grand détail. Mém. de livrér, tome XIII. (2. 7.) à SIGNAUX, c’eft dans L'Art militaire différentes ma- nieres de faire connoître à une troupe ou une ar- mée , les mouvemens qu’on veut lui faire exécu- ter, & à ceux qui font du même parti, ou de la même armée, le moyen de fe reconnoîre les uns & les autres. Ces figranx font de trois fortes. Les vocaux ainfi appellés de la voix humaine qui les forme ; les demi vocaux qui fe font par le tambour, la trompette , le canon, Gc, & les muers qui fe font par les diffe- rens mouvemens des drapeaux & des étendars. Il y a d’autres fpraux muets qu’on fait mettre fur les habits des foldats , pour qu'ils fe reconnoif- fent dans la mêlée ; par exemple, de la paille ou du papier au chapeau, la chemife par-deflus habit dans les camifades. Voyez CAMISADE. Des corps féparés peuvent auffñi fe reconnoître par la fumée pendant le jour , & par le feu pendant la nuit. Une armée , par exemple , qui s’avance au fecours d’une place affiégée, peut annoncer fon ar- rivée par des feux allumés, lorfqw’elle occupe quel: ques endroits de la campagne, d’où ces feux peu- vent être vus de la place, Tome XP. SIG 185 & Toutes les évolutions & les motüvemens qui fe # pratiquent parmi lé fracas des armes, dit le fa< » vant commentateur de Polybe , ne fauroient être » commandées par la voix ; on devroit les faire au » fon du tambour, pourvu que les évolutions fuffent » diftinguées par les différens roulemens. Qw’on ne » me parle pas de l'exercice au fon du tambour, tel » qu’on le fait aujourd’hui, 1l efttrop ridicule, puifque » les évolutions ne font pas diftinguées, Je dis done » que dans une affaire générale ou dans uñ combat , # le bruit des autres tambours, celui du canon , les » décharges continuelles de linfanterie, & les cris » militaires , empêchent de diftinguer les comman= » demens qui ne font pas les mêmes par-tout, à » cafe des différens cas qui arrivent. Il me paroît » qu'il feroit mieux d'introduire deux corps de chafle » par régiment, dontles différens fons diftingueroient » les diverfes évolutions & les manœuvres qu'il fau- # droit faire, & auxquels il feroit bon d’accoutu= » mer les foldats à la maniere des anciens. Cet inf- » trument eft de tous , celui qui fait un plus beau » bruit de guerre , & qui me femble digne d’être mis » a unautreufage, qu’à fervir à animer les chiens ». Traité de la colonne , par M. le chevalier de Folard. Les ennemis fe {ervoient des fonaux par le feu, pour s’avertir réciproquement des différens événe- mens qui arrivoient pendant la guerre, & même pour commencer le combat. « Ce fignal de guerre » avoit précédé l’ufage des trompettes. Un prêtre » couronne de lauriers précédoit l’armée avec une » torche allumée à la main. Les ennenus l'épar- » gnoient prefque toujours dans la chaleur de la ba: » taille, De-là eft venue lPancienne façon prover- » biale d'exprimer une défaite complette. Le porre- » flambeau même n'a pas été épargné. De-à vient en- » core, avec aflez de vraifflemblance, l’ufage de re- » préfenter la difcorde avec des torches ardentes. » Théatre des Grecs , par le P: Brumoi, L IV. in-12 , Pris | Polybe nous à laffé une digreffion fort curieufe fur les /grzaux par le feu. On la trouve dans le fixie- me vol. du commentaire fur cet auteur , par M, le chevalier de Folard ,p. 139, M. Rollini a auf donné cette même digreffion dans fon hiffoire ancienne , p. 162 , du hitieme vol. de l'édition 7-12 de cet ou- vrage. (Q) art À SIGNAUX , ( Marine.) ce font des inftruétions qu’on donne fur mer par quelque marque diflinétive, Il y a deux fortes de oraux ; des fignaux généraux, & des /gnaux particuliers. Les premiers concernent : les ordres de batailles , de marches , de mouillage & de route ; Les feconds les volontés du comman- dant pour tous les capitaines de chaque vaifleau en particulier , & réciproquement les avis que donnent au commandant les capitaines des vaifleaux. On fe fert pour cela le jour, de pavillons de diverfes cou- leurs, de flammes & de gaillardets; & la nuit de ca: nons, de pierriers, de fufées , & de fanaux ou feux. Dans un tems de brume, on fait ufage de trompettes, de la moufqueterie , des pierriers & du canon, & on employe ces fignaux , {elon qu'on eft convenu réciproquement ; & de quelque maniere qu’on les fafle, pourvu qu'ils foient clairs, faciles à diftin- guer & à exécuter , ils font toujours bons. Pour avoir cependant une idée de la maniere dont on fe parle fur mer , par fignes, je vais rapporter un pro- jet univerfel de fgraux, que le P. Hôte a donné dans fon art des armées navales , p. 421, 8 dont la plüpart font pratiqués fur les vaifleaux. Je dois dire aupara- vant, que les fgraux qui font reçus par-tout, c’eft un baril d’eau pendu à Pextrémité de la vergue d’un vaifleau, lorfqu’on a befoin de faire aiguade ; & une jache attachée au même endroit , quand on veut faire du bois. À a 186 SIG Pour revenir aux autres fyraux, le P. Hôte les prefcrit dans Pordre fuivant. SIGNAUX de commandement pour le jour, ( Marine.) pour toute l’armée , on mettra un jacq fur le bâton du grand mât. Pout chaque efcadre, où mertra le pa- villon de l’efcadre. Pour chaque divifion , on mettra une cornette de la couleur de l’efcadre, au mât pro- pre de la divifon. Pour chaque vaïfleau, on mettra uñe des cinq flammes les plus remarquables, à un des trois endroits les plus en vue du mât, où lon aura mis le fignal de la divifion du vaifleau. SIGNAUX de commandement pour la nuit où pour La brune, ( Marine. ) pour toute l’armée, trois coups de canon précipités. Pour la premiere efcadre , trois coups pofés ;. pour la feconde, deux ; pour la troi- fieme , un. | + Sionaux de parrance. Pour fe difpofer à partir, le petit hunier désbelé. Pour défaffourcher, deux coups de canon précipités. Pour mettre à pic . deux coups de canon précipités en bordant l’artimon , avec un feu fur le beaupré, fi c’eft la nuit. | Pour appareiller , le petit hunier hiffé péndant le jour , & un feu au bâton d’enfeigne pendant la nuit. SiGNAUX pour les ordres , ( Marine.) Pavillon à la veroue d'artimon. Ordre de bataille. Stribort ; blanc. Bas-bord,, rouge. Premier ordre de marche. Stribord, blanc & rouge. Bas-bord , blanc & bleu: Second ordre de marche, bleu. Troifieme ordre de marche , blanc facié de rouge. Quatrieme ordre de marche, blanc facié de bleu. Cinquieme ordre de marche, rouge facié de blanc. Ordre de retraite, bleu facié de blanc. SIGNAUX pour les mouvemens de l'armée; ( Marine.) Pavillon fous le bâton du mt. Forcer de voiles, blanc & rouge. Carguer des voiles, rouge &t bleu. Arri- ver, écattelé , blanc & rouge. Venir au vent , écar- telé, blanc & bleu. Courir vent arriere , écartelé, rouge &z bleu; lanuit, deux feux au bâton d’enfeigne. Courir au plus près firibord , rayé, blanc &c rouge ; la nuit, deux feux à la vergue d’artimon. Bas-bord, rayé, blanc & bleu; la nuit, trois feux à la vergue d’artimon. Courir vent large de deux rumbs. Stibord, blanc facié de rouge. Bas-bord, blanc facié de bleu. De quarre rumbs. Stribord , rouge facié de blanc. Basbord , rouge facié de bleu. De fix rumbs. Stribord, bleu facié de blanc. Bas- bord, bleu facié de rouge. De huit rumbs. Stribord , blanc bordé de rouge. Bas-bord, blanc bordé de bleu. Revirerpar la con- tre-marche , rouge bordé de blanc ; la nuit deux coups de canon précipités, & un poié. Revirer tous enfemble , rouge bordé de bleu; la nuit un coup de canon , & deux précipités. Revirer vent arriere, blanc bordé de rouge; la nuit quatre coups de canon pofés. A SiGNAUX de chaffe & de combat , ( Marine.) Pa- villon de fous le mât de miflaine. Se rallier, blanc & rouge. Donner chafle à une armée qui fuit, blanc êc bleu. Donner chafle à des vafleaux qu'on veut re- connoître , rouge &c bleu. Aller à l’abordage, blanc facié de rouge. Doubler les ennemis, blanc facié de bleu. Apprêter les brülots,, rouge facié de blanc, En- voyerles brülots aux ennemis, rouge facié de bleu. Commencer le combat, troïs coups précipités. Finir le combat , le général amene fon pavillon &t fon en- feigne. Finir la chafle , le général amene fon pavil- lon, avec un coup de canon. | Signaux de confèils, Pavillon au béton d’enfeigne. Confeil des généraux , blanc & rouge. Confeil des capitaines, blanc &c bleu. Confeil des commiflaires , rouge &c bleu. ‘4. . . Signaux de confultation. Pavillon au bäton d er Jügne. Demande, Pour combattre, blanc facié de rouge. Pour relâcher, blanc facié de bleu. Pour pourfuivre ennemi, rouge facié de blanc. Pour faire retraite, rouse facié de bleu. Réporfe, flamme . blanche au même endroit , pour Pafirmative ; & flamme rouge pour la négative. SIGNAUX pour faire venir à l'amiral, Flamme au bour de la vergwe d’artimon, ( Marine.) à l'ordre , blanche ; | les chaloupes armées, rouge ; les vaiffeaux., bleu ; le commandant du vaïfieau , blanche & rouge. Signaux de mouillage, Pour mouiller , deux coups de canon précipités , & deux polés ou une enfeigne bleue. | Pour affourcher, une petite ancre, & une enfeigne blanche-êc bleue. Pour défaffourcher ,' une groffe ancre & une enfei- gne rouge &c bleue, —— Signaux des particuliers pour avertir le général : pa- villon at beaupré & au bâton d’enfeigne. Quand on voit la terre, rayé blanc & rouge. Quand on voit des vaifleaux étrangers, rouge. Quand on voit une flotte, rayé blanc &c bleu. Quand on voit les ennemis , rayé rouge &c bleu. Quand on eff près du danger, écartelé blanc & rouge, avec un coup de canon. Quand on veut parler au général , écartelé rouge &cbleu ; & fi la chofe prefle ,un coup de canon. Flamme au béton d'enfeigne. Quandon a dés mala- des, blanche. | Quand on fait eau , rouge. Quand on n’a d’eau que pour peu de jours, bleue. Quand on manque de bois , blanche & rouge. Quand on manque de pain, blanche &c bleue. À tous ces /£onaux , le général répond de même, & alors les particuliers amenent & hiffent leur /27a/ autant de fois qu'il eft néceflaire pour exprimer le nombre des chotes dont 1l s’agit. Tout ceci eft fort bien imaginé ; il ÿ a cependant une petite difficulté, c’eft que le mélange des cou- leurseft très-dificile à diftinguer lorfque les vaifleaux font un peu éloignés. Pour remédier à cela, jai pro- poié , dans l’idée de Pétat d'armement des vaiffleaux de France , de fe fixer au rouge &c au blanc; & j'ai avance que de quarante pavillons feuls ou joints avec autant de flammes femblables:, 8: mis en divers lieux, feroient plus de dix mille f£gzaux , &ferviroient par conféquent à donner autant d'ordres différens, fans compter quarante gaillardets, qui fe muluplieroient tous feuls à plus de 120, en les changeant de place. On peut employer fur les galeres les mêmes /- gnaux ; @t pour les placer, on doit choïfir la poupe & le deflus du calut des arbres, qui font les endroits les plus vifibles, SIGNAUX, ( Marine. ) ce fontdes noms & foufcrip- tions de ceux qu'on enrôle qui favent figner, où leurs marques & traits informes qu'ils font avec la plume, quand ils ne favent pas écrire leur nom. SIGNALEMENT , {. m. ( Gramm, ) defcription de la perfonne faite par tous fes caradteres extérieurs, que l’on donne à un prevôt de maréchauflée , à un {ergent, à un exempt, pour reconnoitre l’homme & s’en faifir, On donne le fonalemens d’un moine échap- pé de fon couvent , d’une religieufe fugitive , d’un criminel, d’un deferteur. Quoique ces fortes de def- criptions foient très -imparfaites , cependant elles contiennent toujours quelque chofe de fpécifique ; &T ceux à qui on les confie ont une fi grande habi- tude à les rapporter aux perfonnes défignées, que sil leur arrive quelquefois de trouver de la reffemblance entre un fgralement & une autre perfonne que celle du /gnalement , ineleurarrive jamais de rencontrer celle-ci, & de s’y méprendre. Avec un f£oralemenr un peu détaillé, 1ls prennent de tems en tems celui qu’il ne faut pas prendre , mais ils ne manquent ja- mais celui à qui lon en veut , s’il fe préfente à eux. me S À G SIGNALER , v. a. (Gramm.) c'eft défignet par un fignalement, SIGNALER,, c’eft rendre remarquable, prouver avec publicité , montrer dans des circonftances dif- ficiles quelque qualité rare en elle-même , ou com- mune en elle-même, mais rare par fonintimité, ou le degré de force. Il a fégnalé fon courage ; il à par- devers lui des aétions fgralées de générofité , d’hu- marité , de grandeur d’ame.!ll fe prend rarement en mauvaile part ; cependant fi l’on dit un avocat fgrulé, on dit aufh un f’gralé fripon. SIGNANDAIRE, [. m. (Gran. & Jurifpr. ) terme dé pratique par lequel on entend quelqu'un qui fait êt peut figner, ou qui a figné. Dans les actes impor- tans, tels que les teflamens,, donations , crices , il faut des témoins fsnandaires , C’eft-à-dire.qui fignent effetivement les aËtes, & non de ceux qui décla- rent qu'ils ne le favent ou ne peuvent figner, Voyez SIGNATURE & TÉMOIN, ( À) SIGNATURE, f. € (Botan, ) rapport ridicule des plantes entre leur figure êc leurs effets. Ce fyftème extravaguant n'a que trop régné. (D. J.) SIGNATURE , ( Jurifprud. )eft la fouicriprion d’un atte, ou l’appoñtion du nom de quelqu'un au bas de cet aéte, mife de fa propre main. Anciennement du tems que l’ufage.des lettres étoit fort négligé, on ne fignoit point les aétes; au lieu de jigrature, on mettoit ion fceau ou cachet. Les notaires fignoient bien leurs aétes, mais ordi- nairement les parties ne fionoient pas avec eux; c’eft pourquoi l'ordonnance d'Orléans en 1560, arricle 84, leur enjoignit de faire figner Les parties &c les témoins inftrumentaires. Ce qui fut renouvellé par l’ordon- nance de Blois en 1579, article 164, _ I y a des actes fous fgrature authentique , d’au- tres fous fépnature privée ou fous feing privé, ce qui eft la même chofe. La fgnature des patties , des témoins , & des off- ciers publics , dont les attes doivent être foufcrits, eft ce qui donne la perfeétion à V’ade jufque 1à ; & tant qu'ilmanque quelawune des forarures néceflai- res , l'aéte eft imparfait. | Dans les jugemens rendusà l’audience, c’eft la pro- nonciation qui en fixe la date;maisdans les procès par écrit, c’eft la fgnature du juge ou dugrefñier. Voyez ÂCTE, JUGEMENT, NOTAIRE , ScEau , SEING, EMOIN. ( 4) SIGNATURE DE COUR DE ROME, eff une réponfe du pape au bas d’une fupplique, par laquelle il ac- corde à limpétrant la grace ou le bénéfice qu'il lui demande. | En matiere de bénéfice, cette forature tient lieu de provifions , excepté pour les bénéfices confifto- riaux ou chefs de communauté , pour lefquels une fimple fgrarure ne fufit pas, étant nécefaire d’obte- air des bulles. Sous le terme de f£gxerure , on entend nonfeule- ment la fégnature proprement dite, mais auffi la {up- plique ou aéte au bas duquel elle e# appotée, lequel prend fon nom de la fonature qui eft au bas. , La fignature contient les claufes , dérogations & difpenfes , avec lefquelles la grace ou le bénéfice {ont accordés avec la commiffion pour l’exécuter. Toute fgrature ou réponfe a une fupplique qui porte. dilpenfe ou provifion de dignité dans une ca- thédrale ou collégiale, prieurés conventuels , Caño- niçats de cathédrale , doit être fignée par le pape mê- me, quirépond par ces mots far wr pesitur ; les autres Jigratures font données par un officier de la chancelle- reromaine, appellé préfer de la fignature de grace, qui répond la fupplique en ces termes :.C once [fur ut pert- tur, nr prefentid D. N. papa. La date de la fonasure fe prend ordinairement du jour que la fuppliquea été mife entre les mains du Tome XF, SIG 187 dataire, & non pas feulement du jour qu’elle a été répondue. | Îleft d’ufage en France que les fgnasures originales de cour de Rome y font foi, pourvu qu’elles foient vérifiées par un certificat de deux expéditionnaires. Ces fignatures fufifent pour prendre poffeffion des bénéfices ordinaires , pour lefquels il ne faut pas de bulles. Ïl ya trois fortes de fgnaiures ; l’une en forme gras cieufe, l’autre 27 formé dignum antiqué, la troifieme in formé digrum noviffimé, dont on trouvera l’expli- cation craprès. Voyez l'ufage € pratique de cour de Romè de Caftel, (4) SIGNATURE AUTHENTIQUE , qu'on appelle auff | Jigreature publique,eft celle qui eff émanée d’un officier public, & qui fait foi en juflice , fans qu'il foit be- foin de la faire reconnoître. Voyez SIGNATURE PRI- VÉE. (4) | SIGNATURE 22 formé disnum noviflimé , eft une feconde fignature que le pape accorde par forme de lettre exécutoriale , faute par ordinaire d’exécuter dans les trente jours la commiffion portée par la f: grature , le pape enjoint à fon refus à ordinaire plus voïfin de l’exécuter. Voyez Caftel, SIGNATURE in formd dignum antiqué ,eftune f£yna- ture de cour de Rome ainfi appellée , parce qu’elle commence par ces mots dignum arbisramur. C’eit celle dont le pape ufe pour les cures & dignités , les cano- micats des égliles cathédrales, & pour les dévolus , dont il ne pourvoit l’impétrant que fous la condition de ne pourvoir prendre poffeffion du bénéfice qu’a- près avoir obtenu le vifz de l'ordinaire dont il dé- pend. Woyez Caftel, SIGNATURE EN FORME GRACIEUSE,, eft une f= gnature.de cour de Rome qui s’expédie fur une attef tation de ordinaire ; c’eft pourquoi elle ne contient point de commuiffion de procéder préalablement à | examen de l'impétrant , de maniere que celui-ci, en vertu de cette provifon, peut fe faire mettre en poffleffon autoritate proprié, fans aucun.yifz de Por dinaire. SIGNATURE DE JUSTICE, eft une fégrarure de cour de Rome donnée fur quelque matiere de jurif- diétion contentieufe, dans l’affemblée des officiers prépofés pour cet effet, appellée aufli la fgracure de | Juffice ; telles font les commiffions, délégations , ref- crits , &t autres attes qui font adreflés aux tribunaux où fe rend la juftice. Voyez lufage & pratique de cour de Rome de Caftel, som. Î. p. 10. & le mot SIGNATURE DE GRACE. SIGNATURE ORIGINALE, c’eft celle qui eft écrite de a main même de celui dont elle contient le nom, à la différence des fonatures qui font copiées d’une main étrangere, 6 feulement par forme de mention des vraies fgnatures. SIGNATURE PRIVÉE , eft celle qui émane d’une petfonne privée , c’eft-à-dire qui n’a point de caracte- re public. Ces fortes de fignarures ne font point foi en juftice, juiqu’à ce qu’elles y foient reconnues. Poyez ci-après SIGNATURE PUBLIQUE. (A) SIGNATURE PUBLIQUE , Y0yez ci-devant SIGNA= TURE AUTHENTIQUE. SIGNATURE, terme d'Imprim. c’eftun figne ou une marque que l’on met au bas des pages au-deflous de la derniere ligne, pour la facilité de la reliure, & pour faire connoître l’ordre des cahiers &c des pages quiles compofent, Les fgrarures fe marquent avec des lettres initiales qui changent à chaque cahier. S'il y a plus de cahiers que l’alphabet n'a de lettres, on ajoute à l’i- nitiale un caraétere courant de même forte, c’eft-à. dire un petit + à la fuite d’un grand 4, & ainfi de fuite , ce qu’on redouble tant qu'il eft néceffaire, Pourindiquer l’ordre des feuilles qui compofent cha- À ai 188 SIG que cahier, on ajoute après la lettre initiale quelques chiffres qui ne paflent pas le milieu du cahier, &cqui par leur nombre marquent le format de l'édition: ( D. JT.) SIGNE, f. m.( Méraphyf. ) Le figncreft tout ce qui ‘eft deftiné à repréfenter une chofe. Le fg7e enferme ‘deux idées, l’une de la chofe qui repréfente, l’autre de la chofe repréfentée ; &c fa nature confifte à exci- ter la feconde par la premiere. On peut faire diverfes divifions des Jignes, mais nous nous contenterons ici de trois, qui font de plus “grande utilité. Je diftingué trois fortes de Jignes ; 19. les fignes ac- cidentels , ou les objets que quelques circonftances particuliers ontliés'avec quelques-unes de nos idées, enforte qu’ils font propres à les réveiller : 2°. les f£- gnes naturels ou les cris que la nature a établis pour les fentimens de joie, de crainte, de douleur, &c. 3°. les f£gnes d’inftitution , où ceux que nous avons nous-mêmes choïfis , &c qui n'ont qu'un rapport ar- bitraire avec nos idées. Ces derniers f£gres font né- ceflaires à l'homme , pour que lexercice de fonima- gination foit en fon pouvoir. | SIGNE er Alsebre fe dit des caraëteres + & —, plus & moins, qu'on met aw-devant des quantités al- gébriques. Voyez CARACTERE , ALGEBRE, 6x. Signes femblables , voyez SEMBLABLE. Signe radical, c’eft le fgney/ qu'on met au-devant d’une quantité radicale, Voyez RApicar 6 RACINE. (0) | | SIGNE, en Affronomie., eft la douzieme partie de Pécliptique où du zodiaque, ou.une portion de ce cercle qui contient trente degrés. Voyez ZoDra- QUE. > _ Les anciens ont divifé le zodiaque en douze fes- mens nommés ges ; en commençant par le point d’interfe@tion de l’écliptique avec léquinoxial, ces fignes furent défignés par les douze conftellations qui occupoient ces fegmens du tems d’Hipparque. Mais depuis ce tems ces conftellations ont tellement chan- gé de place , par la préceffion de équinoxe, que le Bélier eft maintenant dans le taureau, le taureau dans les gemeaux, 6e. Voyez PRÉCESSION, EQuI- NOXE, &c. Voici les noms de ces douze /fgnes & leur ordre: aries, taurus, gemini, cancer, leo, Virgo, libre, fcorpio, | fagittarius,capricornus,aguarius,pifces jenfrançois. le be- lier, le taureau les gemeausL'écreviffe ou le cancer, le lion, La vierge , la balance , le fcorpion, le fagtttare , lecapri- corne, Le verfèau, les poiffens. On les peutwoir avec leurs différentes étoiles, fous l’ersicle qui leur eft par- ticulier , Éc. On diflingue les ffones par rapport à la faïfon de l’année où le foleil y féjourne, en Jignes de printems, d'été, d'automne & d'hiver. Voyez PRINTEMS, ÊTÉ, Éc. | Les ffgnes du printems font aries, taurus, gemine, le bélier ; le taureau, les gemeaux; ceux de l'été font cancer, Leo, virgo, l'ésrevifle, le lion, la vierge; ceux d'automne font Zbra, fcorpio, Jagittarius, la balan- ce, le forpion, le fagittaire; ceux d'hiver font capricornus, aquarius , pifees, le capricorne, le ver- feau , les poifions. Lu. Les f£gnes du printems êc ceux d'été font auffinom- més Jéprentrionaux ; & ceux d'automne & d'hiver ont appelés figres méridionaux ; parce que durant le printems &c l'été, le foleil eft fur lhémifphere fep- tentrional de la terre , que nous occupens ; & pen- dant l'automne & l'hiver, il eft fur l’hénufphere me- æidional. (O0) SIGNE, (Médecine Jéméiorig.) on appelle de ce nom tout etfet apparent, par le moyen duquel-on patvient à la connoiflance d’un effet plus caché, dé- robé au témoignage des fens. Ainfile phénomène ou fymptome, peut devenir un fre lorfqu’oncefle de le confidérer abftraétiyement , & qu'on s’en fert comme d’un flambeau pour percer dans l'intérieur obfcur de l’homme fain ou malade. Le pouls eft, par exemple, un phénemène qui frappe les fens dans l’économie animale ; j'en ferai un fégze fi je remonte par fon moyen à la connoiffance du mouvement du lang &c de la vie; fi, quand je le trouve bien réeu- lier, j’en conclus que le fujet eft bien portant; où quand, inftruit par fes diverfes irrésularités, je dé- couvre différentes maladies. Toutes ces différentes modifications peuvent être autant de fgzes qui m’é- clairent pour la connoïffance de la fanté ou des ma- ladies. Il n’eft point d’a&tion, point d'effet fenfible dans le corps humaïn, qui ne puifle fournir quelque Jigne. Les effets font tous f£gnes de leurs caufes ; mais tous les fgres doivent être fondés fur lobfervation fouvent réitérée, afin que la correfpondance, la re- lation entre Le ffgne &t la chofe fyrifiée, {oient folide- ment établies. C’eft la difficulté de connoître & de fixer comme il faut ce rapport, qui a embarraflé les premiers féméiolosiftes, & qui doit leur avoir coûté un travail 8 un temsinfinis. Voyez SÉMÉIOTIQUE. Combien d’obfervations n’a-t-1l pas fallu pour déci- der & conftater la valeur des divers figres , où même d’un feul dans'les diférens fujets, les différentes ma- ladies & les diverfes circonftances ? C’eft à Hippocra- te que la fcience des fgnes a le plus d'obligations: le premier féméioticien a été le plus grand; aucun mé decin poftérieur , quoique enrichi des tréfors de cet illuftre lésiflateur de la médecine, n’a été au-deflus de lui ; il s’en-eft même trouvé peu qui Patient égalé, c’eft-à-dire qui aient fu mettreen ufage tous les fgnes qu'il avoit établis. | On peut, à la faveur des fgres, acquérir trois {or- tes de connoïffances ; ou remonter aux tems pañlés, & s’infttuire par les effets préfens de ceux qui ont précédé ; ou diffiper l’obfcurité répandue fur des ob- jets préfens; ou enfin porter un œil pénétrant fur les événemens futurs. On appelle aramnefliques tous les fêgnes qui nous rappellent l’état dans lequel le corps s’eft trouvé plus où moins long-tems auparavant; de cenombre {ont les creux en différentes parties du cotps, qui font connoître que la petite vérole a pré- cédé ; les cicatrices, /£gnes des bleflures paflées, &c. Les feconds, qui nous éclairent fur l’état préfent de la fanté ou de la maladie, font appellés dixgnofficsz ils font extrèmement variés dans la maladie, pou- vant avoir pour objet de déterminer ie genre, l’ef- pece, le caractere particulier, le fiege, 6. de Paf- feétion préfente. Enfin on a donné le nom de fgzes prognoflics à ceux qui mettent le médecin à portée de lire dans l'avenir, foit en fanté ou en maladie; ces | fignes {ont extrèmement étendus, difficiles à far &êt à bien évaluer; ils exigent une grande habitude à obferver, beaucoup de travail & de pénétration: leur avantage compenfe bien au-delà toutes ces dif- ficultés. Voyez ANAMNESTIQUE, DIAGNOSTIQUE, PrRoGNOSTIC , G tous Les articles particuliers de Se- miéiotique. | Parmiles fees, il y en a qui font communs à plu- fieurs maladies, & qu’on appelle égzivoques ; 1ls in- diquent différentes chofes, fuivant Les circonftances dans lefquellesils fe rencontrent. Telle eff, par exern- ple, la limpidité de l'urine, qui dans les flevres aïe ouës annonce le délire; dans les coliques néphréti- ques, le paroxyfme prochain, de même que chez les perfonnes vaporeufes, & dans les feyres inter- nüttentes ; & quelquefois n’eft qu'une fuite 6 un j£-. gne d’abondantes boiflons aqueufes. D'autres f£gnes font plus diftimétifs ; on leur a don- né le Rom de pathognomonique, lorfqu'ils ont tous jours la même fignification , & qu’ils ne fauroient exi- {ter fans que cette feule chofe ipriftée n’exifte auf. Telle eft la vitefle du pouls dans la fievre, lexcré- tion de femence dans la sonotrhée, &c. Il eftrare de - trouver des maladies, caraëtérilées par un feul /fexe pathognomonique ; la plupart ne Tont”difingnées que par l’enfemble de plufieurs fgres , qui ne font pathognomoniques que iorfqu'ls font raffemblés. elle eft la pleuréfie, qui eft marquée par le con- cours d'un point de côté, d’une difficulté de refpirer, de la toux & d’une fievre aigue, &c. Le défaut d’un de ces fignes rendroit Le diagnoftic incertain, SIGNES de Mufique , font en général, tous les ca- raéteres dont on fe fert pour noter la mufique. Mais ce mot s'entend plus communément des dièzes , bé- mois, béquarres, points, reprifes, paufes, guidons, êt généralement de tous ces petits caraéteres déta- près de pareille ftruéture , mais qui fuccedent à des fleurs qui ne font pas légumineutes ; cependant on n’a point encore pu engager les botaniftés À adopter cette diftinétion , & les deux mots font reftés enties rement fynonymes. (D. J.) | SILIQUE , 4. f. ( Monnoie. ) ancienne petite mors noie d'Alexandrie , valant une quinzaine de fous dé la nôtre. Il en eft parlé dans l’hiftoire eccléfaftique de M. Fleury. S'ILIS , ( Geog. anc.) fleuve d'Italie , dans le ter: ritoire de Venile. Pline, iv. ZT. ch. xviij, veut qué ce fleuve prenne fa fource dans les monts Tuwr fans. Ce fleuve , felonCluvier, Jral. antig, lib, L,c, xvüyy retient fon ancien nom ; car on le nomme préiente- ment Sie. Il a fa fource dans une plaine, au-deflus de Tarvifo , qu'il partage en deux, & il y groffit fon lit des eaux de plufieurs ruiffleaux. (D. J.) SILIS TRTA , o4 DORESTERO , ( Géog. mod. ) en latin Duroflorum ; ville de la Turquie européenne, dans la Bulgarie, près du Danube, vis-à-vis de l’erma bouchure du Mifloro , à 80 lieues de Sophie, & à 6c au nord-eft d’Andrinople. C’eft le chef-lieu d'un gouvernement qui eft fort étendu. Elle a pour fa dé: fenfe une bonne citadelle, Longir. 45. 18, Jar. 42. 124 SILLAGE , o7 L'EAU DU VAISSEAU , LANGUE SEILLURE , OUAICHE, HOUACHE, TRACE NAva- LE, {. m. & (Marine. ) c’efft la trace du cours du vaif feau ; & ce mot fe prend fouvent pouf le cours & lé chemin même Ou dit ce vaifleau fuivoit le {age de l'amiral. Je connois le fl/a9e de notre vaiffeau , & je fai par expérience qu’il fait trois lieues par heure de vent largue. Ces deux capitaines vantoient le f//agé de leurs frégates , qui à la vérité étoient plus fines de voiles que les nôtres, mais en revanche notre équipage manœuvroit beaucoup'mieux. Voyez SEIL: LURE. C’eft lorfque le vaifleau avance beaucoup, boxe féllage, Doubler le {age d’un vaiffeau , c’eft allerune fois aufli vite que lui, ou faire une foisautant de chemin: SILLE, 1. m. ( Poëf. greg. ) efpece de poëme faty= rique des Grecs. Les Grecs n’ont jamais rien eu d’ap- prochant de [a faryre romaine que leurs J£/es , qui étoient aufli des poëmes mordans, comme on peut encore le reconnoître par quelques fragmens qui nous teftent des /{//es de Timon. Ils reflemblent f fort à la plüpart des traits des fatyres d'Horace, qu'ils pourroient fort bien être appellés des fzsyres , de même que les fatyres pourroient être appellées des Jilles. y a pourtant cette différence effentielle, que les /z/les des Grecs étoient des parodies d’un bout à l’autre, ce qu'on ne peut pas dire des fatyres des Romains ; car fi on trouva quelquefois quelques pa- todies , on voit bien que ce n’eft qu’en paflant, & que le poëte n’a eu garde d’en abufer, & par con: féquent la parodie ne fonde pas l’eflence de la fatyre romaine comme elle fonde l’eflence des ///s des Grecs. (D. J.) SILLEBAR , ( Géog. mod. ) ville des Indes fur la côte occidentale de Pile de Sumatra , le long d’un golfe, Il croît dans fes environs beaucoup de poivre, Lat, méridionale 4. 30. SILLER , v. n. (Marize.) c’eft cheminer , ouavan- cer en avant, en coupant l’eau & pañlant à-travers. On dit mettre un varfleau dans la fituation dans las quelle il peut mieux fer, c’eft-à-dire en laquelle if peut mieux chemmer. 4 | Vaiffeau qui fille bien, c’eft-à-dire qu'il fait bien: du chemin, qu'il avance beaucoup , & fait bonne route. Un vaiffeau qui ne file pas bien , c’eft-à-dire qu'il chemine lentement, & avancepeu, à 196 S FIL SiLLER, ( Maréchal.) cheval qui f£lle, qui eft {Ue, eft celui qui a les fourcils blancs. SiLLER, serme de Fanconnerie, c’'eit coudre les pau- pieres d’un oïfeau de proie afin qu'il ne voye goutte, &t qu'il ne fe débatte pas ; ce qui fe fait pour drefler les oïfeaux de proie, à: voicicomme ilfauts’y pren- dre: Ayez une aiguille enfilée d’un fl fin; faitestenir Voifeau parle bec , puis pañfez-lui cette aiguille à- _travers la paupiere de Poil droit à Poœilgauche , & moins près du bec afin qu'il voie devant, On doit avoir attention, en f//ant les yeux d’un oïfeau , de prendre la pellicule qui couvre la paupiere, de paffer l'aiguille à Pautre paupiere, êcde tirer les deux bouts du fil, & onles attache fur le bec coupant le fl près du nœud, & le tordant de mariere que les paupie- res foient leyées fi haut que loifeaunepuuifle voir que devant lur. SILLET , f{, m. ( ferme de Luthier.) c’eft un petit morceau de bois qui va tout le long du bout du man- che d’un inflrument à corde, &c fur lequel pofent les cordes de linftrument. SILLON, £. m. ( Agriculture. ) c’eft une longue raie qu’on fait fur la terre, quand on [a laboure avec la charrue. La figure que le laboureur donne à fon champ en le façonnant, doit être réglée fuivanr ce qui eft plus avantageux pour la terre, &c pour les bé- tes qui labourent. Onne doit jamais faire de f{/Z/ons trop longs, parce que les bêtes ont trop à tirer tout d'une traite; les taies n’en font pas fi étroites, & la terre n’eneft pas fi bien mélée, ni figurée agréablement, c’eft pour- quoi les curieux veulent qu’on fépare leurs terres par quartiers, chacun de quarante perches de long tout au plus. | Quand on laboure fur une colline, pour foulager les bêtes, & faire fa befogne plus aifément , 1l faut travailler en-travers horifontalement à la coïline , & non pas de haut-en-bas. On laboute à plat uniment & également les terres, qui comme dans l’île de France, ont befoin de lar- rofement des pluies. Au contraire on laboure en ta- lus 8c en dos d'âne à ///ons hauts &c élevés les tèrres argilleufes , les terres humides, &c généralementrou- tes celles qui n’ont pas befoin d’eau , où quifont dif- ficiles à fe deflécher. Ainf dans la Brie êcdanslape- | tite Beaufle, on laboure par planches, & on lafle d’efpace en efpace, un large {lon en talus pour re- cevoir les eaux, & les porter dans des foffés qui font pour cet effet aux deux côtés des terrés. Au furplus, on fait les {ons plus où moins lar- ges, plus ou moins élevés, & les raies plus ou moins ferrées dans certains pays que dans d’autres. On les ‘| faitpourtant en général beaucoup plusélevés, moins larges, & moins unis dans les terres humides 67 sraf- fes, que dans les terroirs fecs; &c cela pour faciliter Pécoulement des eaux qui pénetrent difficilement dans ces terres , &c pour empêcher qu’elles n’y erou- piffent. | - Il y a des laboureurs qui ne font leurs f/ons que de quatorze à quinze pouces de largeur, fnrtreize où quatorze de hauteur; quand on fait-de ces f//azs étroits, il eft bon de labourer du midi au nord, pour qu'ils ayent le foleil de deux côtés ; & que les grains müriflent ésalement ; finon ceux ducôté du midi müûriroient huit à dix jours avant les autres. Il weft pas néceffaire d’avoir cette attention quandiles /7- ons font plats, larges’, fpacieux de huit ; dix à douze’ piés, parce qu'ils ontlefoleil detous leurseôtés. Les terres fortes, qui boivent l’eau aflez aifément ; peu- vent être labourées en planches, larges de huat à dix piés , dont le milieu fera pourtant un peu plus élevé quedes deux extrémités, afin de faciliter Pécoule- ment des eaux les plus abondantes, parce que les blés, principalement le feigle, Les craignent beau- coup; elles battentlaterre, & la font durcir, fur- tout quand elles font fuivies de. fécherefle; mais quand elles tombent doucement, elles fertihfent beaucoup Le terrein. . 5e 1 Il y en aune efpece deterre fi feche , quel’eaus’y imbibe aufa-tôt qu’elle tombe : 1} lui faut de l’eau prefque tous les huit jours en été , pour qu'elle fe de belles produétions. Quand on laboure de ces for- tes detèrres, on n’y fait mi /2//ons ni planches ; mais on met ces terres à uni à tous les remuemens qwon y fait, 87 même apres que le grain y eft feme. Ce que les Laboureurs appellent Jabourer à uni, c’eftre- lever avec l’oreille de la charrue toutes les raies de. la terre d’un même côté; de maniere que lorfqwon a achevé delabourer le champ, il ne paroït aucun filon, n1 aucune enrue qui eft un /£/on fort large, & compofé de plufeurs raies élevées par la charrue ; on fe fert d’une charrue à tourne-oreille pour cette maniere de labourer, & on laboure ainf principa- lement les terres pierreufes, où on ne met fouvent que de menus grains. H eft aflez d’ufage de donner le troïfieme labour aux terres , différemment des deux précédens, c’eit-: a-diré, en traverfant les premieres façons; &c ce la- bour eft le meilleur qu'on puifle donner, parce qu'il ne laifie aucune ordure, êt que toutelaterre eftésa- lement remuée. Cependant, il n’eft bon que pour les: pays fecs, où l’eau s’imbibe promptement , & il ne vaut rien pour Les terres qui font trop humides, ou qui rétiennent long-ters de l’eau, à-moins que Pan- née ne foit extrèmement feche; autrément les eaux quifurviendroient, 6e qui n’auroient aucun écoule- ment de deflus cette terre ainf trayeriée, l’humecte- roient fi fort, qu'on wen pourroit. tirer aucun bon parti dans la fuite, Liger, (D. J,) SILLON, ( Conchy£, ) les Conchyliologiftes appel- lent fillon une cavité formée par l'élévation de deux ftries, ou de deux côtés. SILLON , ez Anaiomie, petite trace fur les osfor- mée par le battement des arteres lorfqu'ils font en- core mols ; on obferve plufeurs de ces flons dans la face interne des os pariétaux. Woÿez PARTÉTAL, SILLON , en Fortifitation , et une efpece de petit ipe terreplein qu’on forme dans le milieu d'un foffé ex- trèmement large, pout en diminuer la largeur ; il eft couvert d’un parapet & comme la tenaile. Voyez Fossé, SILLON , ( Géog. mod. ) lac d'Irlande, dans PUI- tonie ; il fépare la ffontiere méridionale du comté de Cavan, de celle du comté de Weft-Méath. Le £llon fe nomme plus ordinairementerveloppe. Voyez ENVELOPPE. (Q) | SiLLows , ( Filage.) ce font les diverfes éléva- tions que forme le fl jur la bobine du rouet en pai- fant par les différentes diftances de l’épinglier. Les fllons des fileules ne dorvent point être trop élevés, de peur que le filne s’éboule. Savary. (D. J.) SILO , ( Géog. facrez. ) ville dans PAcrabatène, éloignée de douze milles de Sichem, felon Eufebe, ou feulement de dix, felon faint Jérome, Ce dernier ajoute, qu’elle étoit entierement ruinée de fon tems; elle eft célebre dans l’Ecriture. M: Réland imagine que c’eft du nom de So, que Paufantas a pis occafon. de dire, /. WI, c. æxiv, que Silenus compagnon de Bacchus, étoit enterré dans la Pale- ftine. Mais comme Silene eft repréfenté fur des mé- dailles de Sichem ou Néapolis, il fémble que c’eft plutôt à Sichem qu'à Si% , qu'on auroit crû voir le tombeau de ce demi-dieu du paganifme; mais Ben- jamin de Tolede dit que de fon tems, on montroit à Silo le tombeau de Samuel. ( D. J. ) - SILOË, ( Hifi. facrée. )fontaineaux piés des murs de Jérufalem; fon eau couloit dans la ville par un aquéduc, & formoitune pifcine d’eau qu'on croit êtrelamême que Berk-Seda, où Berhfaïda. Taie, var. 6. parle de cette fontaine, & dit que fes eaux couldient doucement &c fans bruit, Île vraiem- blable que certe fontaine eit la même que celle de Rogel ou du Foulon de Jofué , vi, 16, Quoi qu'il en foit ;, lÉcriture nous apprend que le long de la picine ou del’aquéduc de Si/0é, il y avoit une tour qui tomba &c qui écrafa dix-huit hommes, Luc. xüy. 4. C'eit aux eaux de cette fontaine que Jefus-Chrii envoya aveugle né, au rapport de faint Jean, x. Foie SILPEIUM , £ m. ( Boran. anc. ) moto, racine de Libye, aux environs de Cyrène ; dont on faioit ÿ À un cas tout particulier , tant à caufe de fes proprié- tés médicinales , que par fon ufage dans les ragouts.. Les naturels du pays l’appelloient d’abord frphi, en. luite ph, d'oùvint le mot grec coin. Les Latins nommerent la jerpitium, le fuc de la racine f/phium. Le fc où la somme de celle de Cyrène éroit tel- lement eftimé, que les Romains dépofoient dans le trélor public tout ce qu'ils en pouvoient acquérir ; Ët Jules Céfar ne manqua pas de s'en empater dans le tems de fa diétature, Les Grecs appelloient auf proverbialement tout ce qui étoit rare, Bélrru onglor, fphium de Baius, c'eft-à-dire, flphium de Cyrène, colonie dont Battus étoit fondateur. Maïs nous ap- prenons de Pline , quelong-tems avant qu'il écrivit, la connoiffance du f/phiur de Cyrène éroit perdue; les Romains tiroient alors leur JElphium , où le fuc de cette plante d'Arménie, de Mêdie, & de Perfe; ce- lui de Cyrène étoit entierement inconnu à Rome. Je fais. que quelquelques favans & botaniftes mo- dernes , comme le dofteur Bentley, MM. Evelin, Laurence, & Geofiey, imaginent reconnoître le filphium de Cyrène dans notre affa fatida ; mais je crois Qu'ils auroient bien de la peine à démontrer leur opinion; cer fans parler des médailles qui leur _ font contraires, & dont le dofteur Meaël a fait ufage contre le dofteur Bentley , il nous fufira de remar- quer que T'héophrafte, Diofcoride, & l’ancien fcho- hafte d'Ariftophane , donnent au f{/phium de Cyrène une odeur douce ,odoriférante , & très-agréable; ce qui ne convient certainement pas à l'odeur fétide forte , & defagréable de notre affa fœtida. ( D. J. ) SAV A CIMINTA, ( Géog. anc.) forêt d'Italie, dans la Tofcane, au-delà de la vitle de Pérou£e ,par rapport à Rome. Tite-Live, Z LA. «xxx. Grxxyis. qui marque la fituation de cette forêt, & qui la dé- crit, dit que fous le confulat de Q. Fabius , & de M. “Marcius Rutius, elle étoit auf impénétrable & auf affreufe que la forêt Hercinienne dans la Germanie ; êt qu'aucun marchand jufque-là n’avoit ofé y pañfer. Gars | SILVA HERCULI SACRA, ( Géog. anc. ) forêt de la Germanie, entre le Wefer & lElbe : Tacite l'appelle ainfi, parce qu’elle étoit dit-il, confcrée à Hercule, | SILV AIN , £ m. oumieux encore SYLV AIN, (Myrhol.) filyanus ; dieu champêtre des Romains ; qui préfidoit aux forêts, comme fon nom l'indique ; c’eft un dieu dont l’origine eft peu connue. Les uns lefont fils de Saturne, & les autres de Faune ; on ne fait pas mÉmeotileftné. Les Pélafges en potterent la connoïffance de Grece enlItalie. Macrobe diffingue trois Si/vains; l’un étoit dieu do- meftique ou dieu are, Silvanus lariwm : Vautre dieu champêtre , & c’étoit le même que Pan ou Faune; le troïfieme dieu oriental, ou Le dieu qui étoit le même que Mars, &z celui-ci étoit proprement Silvuin, Ser- vius obferve , que c’étoit-là l'opinion commune , mass que les philofophes difoient, que Siyair étoit le dieu dela matiere, qui eft la mate & la lie des clé. mens ; C’eft-ä-dire cequ'ilyade plus groffier dans le feu, dans Pair, dans l’eau & dans laiterre, SIL 197 On trouve Si/vsx repréfenté, tantôt avec les cor. nes &c la moitié du corps de chevre,tantôtavectonre la forme humaine; lesattriButs de Si/vais fous la for- me humaine, font une ferpe à la main, une couronne groflierement faite de feuilles & de pommes de pin, un habit ruftique qui lui defcend jufqu’au genou, un chien auprès de lui, &c des arbres à fes côtés > COM: ae dieu des forêts, Silyain en la forme de Pan, étoit figuré avec les cornes, les oreilles , &z la partie inférieure du corps de chevre, tout nud, couronné de lierre , Mais dont les cornes percent la couronne, portant de la main gauche une branche de pin, ou tenant des pommes dé cet arbre, ce qui montre que le pin ctoit l’arbre favori de ce dieu. Souvent au lieu de pin, c’eft une branche de cyprès, à caufe de la tendreffe qu'il avoit pour le jeune Cyparifus, qui fut métamorpholé en cyprès; où, felon les Hiforiens, parce qu'il a le pre- micr appris à cultiver cet arbre en Italie. Une troifieme maniere aflez ordinaire de te préfen- ter Sivain, c'eft en forme d’herme, où l’on ne voit que la tête &c la moitié du corps fans bras : Le refte fe termine er pilier, dont la groffeur diminue toujours jufqu’à la baïe. Silyain fut extrèmement honoré en Italie, où l’on croyoit qu'il avoit pris naiflance, & qu'il avoit re- gné utilement pour les hommes. Il avoit plufieurs temples à Rome, un dans les jardins du mont-Aven: tin, un autre dans la vallée du mont-Viminal , & un troïfieme fur le bord de la mer, d’oùil étoit appellé Lirioralis. Ses prêtres formoient un des principaux colleges du facerdoce romain, & nous en ferons un article À pait; c'eit aflez d'obferver ici, qu’il n’y avoit que des hommes qui puflent lui facrifier, On lui faifoit des offrandes felon la faïfon, & felon le befoin que l’on avoit de fon fecours. Dans le tems de la moïifon, on lui préfentoit des épis, afin awil bénît les biés. En automne, on lui offroit des raïlins, afin qu'il donnât de bonnes vendanges; & on lui donnoit du lait quan on le prioit d’avoir foin des troupeaux. Tout cela eft marqué dans ces deux vers de Tibulle de V'Elepie 5. du liv. T. Iorfqu'il parle des occupations que fa mai- trefle auroit chez lui à la campagne. Ia deo fciet agricole pro visibus uvam, Pro Jegete fpicas , pre grege ferre dapern. « Elle faura offrir au dieu champêtre des raïfins L Ê TR ° . # Pour nos vignes, des épis pour nos moiflons , & » du lait pour nos troupeaux ». D'abord on fe con- tentoit de lui faire de ces fimples offrandes, mais dans Îa fuite, on lui immoloït encore un cochon. On paroït fes autels de branches de cyprès ou de pin, &z c’eft pour cela qu’on lappelloit Derdrophore. On faifoit peur aux enfans de Si/yain, comme du loup ; c’eft à caufe de l’inclination qu'ont tous les enfans à détruire & à rompre des branches d'arbres. Pour les en empêcher, on leur repréfentoit Sifvair comme un dieu qui ne foufiriroit paslimpunément qu'on gaiât des chofes qui lui étoient confacrées : mais pourquoi Si/yain étoit-il la terreur des femmes en couches ? Et pourquoi falloit-il implorer contre lui fa proteétion d’autres divinités ? C’eft, dit-on, parce que Silyain étoit regardé comme incube. SILVAINS , ( Mythol. ) les Silvains étoient dans la Mythologie, certains dieux champêtres de peu d’im- portance , comme les Faunes, les Satyres , les Sile- nes, les Pans, les Egipans , &c. mais ils fervoient tous aux poëtes à embellir leurs defcriptions du pay- fage des campagnes. Ces dieux avoient des bocages particuliers, où les bergers & les troupeaux alloient chercher ombre pendant les ardeurs étouffantes de la canicule, (D. 7.) | SILVAIN, COLLEGE DE , ( Antig. rom, ) collegiure 198 SIL Silvani ; c'eft-à-dire fociété ou confrérie, qu'on'appel- loitauffi fodaliras , fodalitium. Entre les colleges ou confréries des Romains, il y en avoit de facrés, com- me collegium fratrum arvelium , le college des freres arvales, qui facrifoient pour la fertilité des champs. Le college de Silvain à Rome, étoit aufi du nombre des facrés & s’appelloit le grazd college. Les corps -de métier avoient auffi leurs colleges ëc leurs aflem- blées qui fe faifoient en certains tems, & ces fortes .de colleges n’étoient point facrés, La bibliothéque de S. Germain des prés poflede un monument curieux; c’eft une pierre trouvée à ce qu'on dit au boïs de Vincennes tout-auprès de $, Maur. Le favant P. Dom Bernard de Montfaucon , en a fait préfent aux bénédiéhins de S.Germain. Cet- te pierre porte pour infcription: Coflegium Silvant, reftisuerunt Marcus Aurelius, Auguffi libertns, Hilarus, € magnus Cryptarius , curatores ; c'eft-à-dire.que Mar- cus- Aurelius afranchi d'Augufte , furmnommé Hi/a- rius , & magnus Cryprarius, curateurs , ont tétabli le collège de Silvain. Le nom de Marcus - Aurelius que portoit laffranchi d’Ausufte , marque qu'il étoit affranchi de Marc-Aurele, qui regna depuis Van 160 de J. C. jufqu’à l'an 180; & que ce rétabliflement du college de Silvain a été fait fous cet empereur. Ce college de Sz/yain près de Paris, ayant èté re- tabli du tems de Marc-Aurele , il falloit donc qu'il eùt été fondé long-tems auparavant, & qu'il füt de- uis tombé en décadence, ce qui porta les curateurs à de remettre à fon premier état, Ce fut apparem- ment peu de tems après que les Gaules furent rédui- tes fous la puiffance des Romains, que ce college de Silyain fut établi dans Le bois de Vincennes , à limi- tation du grand college de Silvain de Rome ; car les principales villes des Gaulois fe conformoient à cette capitale du monde, dans leurs établiffemens , leurs édifices, leurs temples , leurs colleges, 6:c, & fi les précieux reftes de l’antiquité n’étoient comme abi- nés dans les grands décombres qui ont fi fort hauflé le terrein de Paris, nous y verrions vraiflemblable- ment bien des chofes imitées de l’ancienne Rome, Les temples & les autres lieux confacrés à Si/yain, étoient ordinairement dans les bois &z' dans les forêts. Selon M. Fabretti, on voit encore aujourd’hui dans un bois près de Rome , joignant la voie d'Offe, les mazures d’un temple avec l’infcription, Si/yvaro fanc- zo ; ce culte qu’on lui rendoit dans les bois avoit rap- port à fon nom. Ce dieu fe voit aflez fouvent repré- fenté entre des arbres, tenant une ferpe , & portant une branche de pin ou de cyprès; de-là vient qu’on Pappelloit Dezdrophore, Notre infcription ne nous apprend touchant ce co/- lege de Silvain, que ce que je viens de dire ; mais comme il a indubitablement été fondé , à l’exemple & fur la forme du grand college de Silvain de Rome, cela m'engage à rapporter ici de ce grand college ro- man, ce que les marbres nous en apprennent, car les anciens auteurs n’en ont jamais parlé. Ce grand college avoit été inconnu prefque jufqu’à nos jours. Ce fut M. Fabretti, fameux antiquaire, mort lan 1700, qui, à la faveur de quelques infcrip- tions antiques, en donna la connoïffance au public, Ce college eft toujours appellé dans fes infcriptions, collegium magnum Silvani, le grand college de Sil- vain. On gardoït dans ce grand college les dieux La- res & les images des empereurs. On favoit bien par . le rapport de quelques auteurs,qu’onrendoit un culte aux dieux Lares 8 aux images des empereurs ; mais 11 n’étoit dit nulle part, qu’on les gardât au grand coz- Lege de Silvain. Le nombre de ceux qui compofoient ce grand col- lege, alloit à plus de cent, felon une des inferiptions qui rapporte tous leurs noms. Le chef de la confré- dieéroit Caïus Julius-Elpidephorus-Cyrinus, qui SIL eft appellé parronus fodalisii , le patron de fa confré- rie. Après lui venoient ceux qu’on appelloit ému zes, au nombre de fix; cenom paroît n exprimer gue- re leur office & leurs prérogatives ; maïs d’autres infe criptions nous apprennent que Cesirmuanes avoient droit de facrifier dans les aflemblées, & ce droit eft qualifié dans une infcription d’immuniras, Après ces immunes au nombre de fix, venoient les fodales ou confreres , qui font quatre- vingt- douze, divifés pat décuries: or il eft à remarquer que ces décuries ne comprenoient pas feulement dix perfonnes , comme le nom femble le fignifier; mais quatorze , quinze, & quelquefois feize ; ce qui s’obferve aufli dans d’au- tres infcriptions , où 1l eft fait mention de colleges différens de celui dont nous parlons. D'autres infcriptions qui rapportent les noms des foldats romains, mettent en titre cezruria, la centu- rie, & en nomment bien au-delà de cent fur cha- cune. Après les quatre-vingt-douze confreres, on voit dans un rang féparé les bas-officiers, qui y font ap- pellés biatores au lieu de yzarores ; le b mis pour confonne fe trouve fi fouvent dans les infcriptions , qu'on ne s’y arrête plus. Ces Éiazores étoient deftinés pour Les commuiffions & pour les emplois les plus bas. Dans une autre infcription , T. Flavius Myrtillus-Ja- nuarianus eft appellé /Criba collegii magni , {cribe ou fecrétaire du grand college. Dans ce grand co/lege de Silyain & dans les autres colleges , les confreres s’aflembloient quelquefois pour facrifier ; on y faifoit des feftins à toute la trou- pe. Ces colleges afhftoient auf à la pompe ou pro- ceffion qui fe faifoit tous les ans , & où l’on portoit les images des dieu* &z des empereurs. Le srand co/- lege de Silyain deftiné à garder ces images , y devoit tenir un rang confidérable, Les infcriptions romaines qui nous ont donné Îa connoïfance de ce grand co/lege de Silvain | ne nous apprennent pas en quel lieu de la ville fe faifoient les affemblées, n1 où étoit l’édifice où l’on gardoit les dieux Lares & les images des empereurs. Le liew où s’aflembloient ceux qui compofoient le co//ege de Silyain de Paris, étoit apparemment dans le bois de Vincennes, où a été trouvé ce monument, on peut- être dans quelque lieu voifin. L’infcription ne dit autre chofe que ce que nous avons rapporté ci-def- fus ; mais comme 1l avoit été fait à l'exemple de ce- lui de Rome, ce que nous avons dit du college ro main doitluiconvenir. Exvrait du difcours de D). Ber- nard de Montfaucon, inféré dans les Mén. des Inferipr. tom, XX. (D.J.) SILVANECTES , & SILVANECTUM, ( Géog: anc. ) ville de la Gaule belgique. Cette ville n’a point été connue des anciens, ou fon nom eft étrangement défiguré dans leurs livres. On ne fait fi fes habitans font les Ulmanetes de Pline , Z, IF, c. 17. ou les Su- maneites de Ptolomée. La plüpart des géographes croyent qu’il eft quef- tion,dans cet endroit de Ptolomée,des peuples {ya neëles. Ptolomée donne aux Sumaneiti une ville nom- mée Parovayor , Qui pourroit être la même chofe que lP'Auguflomagus des anciens itinéraires , fi Pon vient à convenir que les Sumaneites & les Silyaneëtes {ont le même peuple. Les mêmes itinéraires placent Auguf- romagus entre Cœfaromagus & Sueffiones, ce qui mon- treroit que c’eft la ville de Senhis d’aujourd’hui , qui eft appellée civitas Silvaneitum dans la notice des provinces des Gaules. Dans celle des dignités de empire, onlit: pre- feëlus letorum gentilium , Remos & Silvanettas Beloiæ Jecundz. L’on voit , par cette notice , que comme le nom des peuples Remi eft donné à la ville de Rheims, de même le nom des peuples Si/yaneite eft employé , felon l'ufage de çe tems-là, pour défigner la capitale Augiflomagns, à-préfent Senlis: Le roi Guntheram fe plaignit à Grégoire de Tours, qui lui avoit été envoyé en ambaflade ; de cequ’on lui re- tenoit {a part de la ville de Senlis: pars 1nea de urbe Silvanettenf on redditur, e al 4e M,.de Valois croit que le nom de Si/yaneëles n’eft point latin, mais gaulois, & que ce n’eft que dans les notices de l’empire , qu’on trouve pour la pre- miere fois le nom de civitas Silyanettum pour Senlis, ainfi nommée de /f/va , parce qu'elle étoitau milieu des bois, { D. J. ) TA no . SILVE, L £ ( Gram. & Liütérar. ) piece de poéfie faite d’enthoufafme , fans préparation, fans médita- tion ; par fantaifié , par boutade, de chaleur d’ima- gination. Telles font les fves de Stace. SILVER-GROS , f. m. ( Moznoie. \ le flvér-gros, c'eftè-dire, le {/ver-gros d'argent, eft une monnoie de compte , dont les marchands de Breflau en Siléfie fe fervent pour tenir leurs livres én écritures. Trente Jilver-gros font la richedaler. Ricard. (DJ). SILVES , ou SILVA ; ( Géog. mod. ) petite ville de Portugal, dans le royaume des Algarves ,au nord-eft de Lagos , un peu au-deflus du bord de la mer, & dans une campagne atlmirable ; mais la ville n’en eft ni plus peuplée ni plus riche, Aufi Pévêché qu’elle avoita été transféré à Faro en 1590. Long, 9, 8. latie, DAMON Es + | SILVESTRE, £. f (Teiniure.) graine rouge qui fert à la teinture. L'arbre qui la produit ne croit qu'aux Indes occidentales : la graine fé/veffre vient particulierement de Guatimala , la plus grande & la plus fertile province de la nouvelle Éfpagne. SILVESTRERÏ, . m. ( H1f. eccléf: ) religieux de la congrégation de Sant Sifveffre Gozzolam , d'une famille noble d‘Ofmo dans la marche d’Ancone ; & fondateur de cet ordre. re SILVINIACUM , où SILFINTACUS , ( Géog. anc. ) grande bourgade de France , aux confins du Berry & de l'Auvergne , dont elle pañloit pour être la borne ; c'eft préfentement Souvigny, entre Bour- bon-lArchambaut & Moulins. (D. J.) v SILVIUM , ( Géog. anc.) ville d'italie. L'itiné: faire d’Antonin la place fur la route de Benevent à Tarente. Strabon donne Siivium aux Peurini. Ses ha= bitans font nommés Sy/vini par Pline, Z III. 6, xÿ, Silvium ; felon Holftein , étoit dans l'endroit où ef ä-préfent il Gorgolione. (D. J. ) SILURES es, ( Geog. ane. ) Siluri ; peuples de la Grande Bretagne. Pline , ZIP. c. xv]. les étend jufqu’à la mer d’Hibernie. Ptolomée, Z. ÎZ. c. üj, qui écrit Sylures , ne leur donne que la ville Bulleum ; aujourd'hui Buelh ; mais felon l'itinéraire d’Anto- lin , 1l$ devoient avoir encore Ariconium , Lea Si: larum , Burium Bovium , & peut-être Gobannium. Le même itinéraire leur donne auffi ere Silurum ; & Magne où Mage. CA MA Les Siures paroïffent être venus de l’'Efpagne , en partie à caufe de leur teint, qui étoit plus brun que celui des autres ; de leurs cheveux courts & frifés , au lieu que les Bretons étoient naturellement blonds, & à caufe de leurs mœurs qui étoient un peu diffé: rentes de celles des autres. j; On fait d’ailleurs que les anciens Cantabres ou Bifcayens , qui étoient fort appliqués à La naviga- tion, envoyerent des colonies dans l’île d'Irlande , & l’on préfume que lés Siures étoient des defcendans _de ces Cantabres tranfplantés , qui avoient pailé dans la grande ile de Bretagne & s’y étoient établis. . Oftorius gagna fur eux une vidoire décifive , dans laquelle il ft prifonnier Leur roi, fes freres ; {es en- | fans , & les envoya à Rome, {e flattant d'obtenir l'honneur du triomphe. Caraétacus ayant été con- duit chargé de chaînes devant l’empereur ; lui parla en ces termes ;au tapport de Tacite, SIM ï99 « S1 ma modération n’avoit été auff grande que mà _» naïiflance ou ma propre fortune, Rome me verroit » maintenant ion allié & non fon captif; & peut-être. » n’auroit-elle pas refufé de mettre au rang defes amis, *un prince qui commandoit à plufeurs peuples, » L'état donc 6ù je me trouve aujourd’hui, n’eft pas # moins indigne de moi qu'il eft glorieux pour vous: #. J'ai eu armes, chevaux, équipages, grandeur, reves » nus, foldats, & fujets. Ainfi ne trouvez point étran: # 8e, fi pofiédant toutes ces chofes, qui font objet » de Padoration des hommes , j'ai tâché de les défen: » dre avec courage: Puifque vous vouliez tout avoir ; * il falloit bien , ou me conferver par les armes ce # que Je poflédois, ou me réfoudre à tout perdré: # 51 je n''étois foumis baflement & en lâche ; Votré » gloire & mon infortune feroient enfeveliés dans tir » filence éternel ; mais après avoir rendu votre nom » fameux par ma défaite 8 par mes malheurs , fivous » me confervez la vie ; celle de mes freres & de mes # enfans , nous ferons dans le monde un exemplé # mémorable, & qui ne périra jamais de votre clé: » mence êt de votre générofité » L'empereur Claude, touché de ce difcours pleirt. de force & de vérité , accorda le pardon à Carada: eus, & lui fit ôter à linftant fes chaînes , ainf qu’à fes freres &c à fes enfans, & à tous les captits de leur fuite. Cependant il arriva , dans l'intervalle du voya= ge de Caratacus à Rome, que les Si/ures obtinrent quelques avantages contre Offorius. Irrités de ce qu'on les menaçoït de les tranfpofter dans uri pays étranger ; comme on l’avoit pratiqué à l'égard des. Sicambres , ils ne fongerent plus qu’à défendre una: nimement leur liberté jufqu'à la mort. Bientôt après ils taillèrent en pieces deux cohortes romainés, Qué Vavarice des chefs & le defir du pillage avoient fait engager trOp avant dans leur pays. Enfuite ils tâche: rent de porter tous les autres peuples à fe foulever p enles gratifant de la plusgrande partie des dépouilles qu'ils avoient faites fur leurs ennemis: Oftorius mou< rut de déplaifir de fe voir hors d'état de terminer cette guerre. Aulus Didius qui lui fuccéda s’y prit mieux ; Ou fut plus heureux. [l arrêta les progrès des armes des Si/ures , qui s’étoient déja jettés fur les frontieres de la province Romaine. Enfin ils per dirent infenfiblement leurs avantages , & furent {ou- mis par Frentinus. On voit par ce qui précede que la défaite totale des Siures ef renvoyée fort au-dez là du repne de Vefpañen, tems auquel quelques au- teurs l’ont fixée. Lorfqu’on lit l’hiftoire d’un peuplé brave qui préfere la mort à la fervitude, le cœur le plus lâche s’intéreffe à fon fort, & lui fouhaite du fuccès: Alors on quitte le parti des Romains ,» & l’on s’enrôle parmi les honnêtes gens. | NT SILYS , ( Géog. anc. ) les Scythes, felon Pline , l. WI. c:1$. donnoient dans leur langue ce nom à deux fleuves différens : favoir à celui que les Latins appelloïent Tazais | & qui faïfoit la féparation de l’Europe &c de l’Afie, & au Jaxarres , qui tombe dans la mer Hyreanienne. Il ne faut donc pas s'étonner fi les foldats d'Alexandre le grand , lorfqu'ils furent arrivés fur le bord du Jaxartes (Arrian. IP, c. xv.), donnérent à ce fleuve le nom de Tanais. D'ailleurs Arrien dit que le Jaxartes,ou Opéapras, felon le orec, eft aüfi appellé Tazais ; car il connoit deux fleuves de ce nom. Jornandès diftingue pareillement deux Tanais , l’un qui vient des monts Riphées » & tombe dans les Palus méotides ; autre qui prend fa fource dans les monts Chrinni | & fe perd dans la mer Caf- - pienne: Voyez TANAïs € JAxARTES. CD) SIMA , ( Archir: rom. ) la grande cimaife , 1l y & deux fortes de cimaies | l’une droite &t l’autre ren=< verfée ; c’eft cette derniere qui eff le /£77a des Latins ; &t que nous appellons geule en françois. CD). SIMADIRI ; ( Æf, de Pégl, greg: ) ñom que fés 200 SIM Grecs modernes donnent à une planche longue de trois à quatre piés, large de cinq à fix pouces , taillée en telus, & qui eft d’ufage pour appeller le peuple à la priere ; elle fert de cloche aux chrétiens grecs. Le caloyer ou le papas tient le fmadiri d’üne main à la porte de l’églife , & de l'autre 1l frappe deflus à coups de maillet redoublés , ce qui fait un bruit qu'on! entend. d’aflez loin. C’eft, dit la Guilietiere, un plaifir au jour de fête, de voir dans quelques en- droits les enfans des papas battre Le /2madiri en mu- fique, (D. J.). SIMÆTAUS ; ( Géog. anc. ) felon Ptolomée & Ovide : Simeros{elon Vibius Sequefter ; &c Symaærhus felon Strabon, Thucydide &r Pline. C’eft le nom d’un fleuve de Sicile , qui, à ce que croit Cluvier , faïloit la borne entreles Leonrini & le territoire de Catane. Prolomée , Z. JT, c, iv. marque mal-à-pro- pos l'embouchure de ce fleuve entre Catane & Tau- romentum ; car Mhucydide, Z. WI. p. 455. met le fleuve Symaæthus auprès du territoire ,ou même dans leterritoire des Leontim. Servins , ad œneid. L. IX. y. 584. dit que Le fleuve Syrræthus couloit aux envi- rons de Palica | ce qui eît confirmé par Vibius $e- quefter : orles Leonint &t Palica étoient au midi de Catane ;au lieu que Tazromenium étoit vers lenord: Le nom moderne, félon Fazel, eft Suzro-Paulo ; La- zaretto felon Léander , &c Jarretta felon d’autres. (DJ) SIMAISE, Voyez CYMAISE. SIMANCAS , ( Géog. mod. ) en latin Septimanca , petite ville d'Efpagne , au royaume de Léon, fur le Douëro, à trois lieues au midi de Valladolid, avec un château fortifié. Long. 13: 33. laits, 41. 45, (2.1) | = SIMAÂRE , {. f. ( habit des Romains. ) en latin fyr- ma, Voyez SYMARE. Mais une fimare d'eccléfiaftique eftune efpece de robe de chambre, que les prélats mettent quelquefois par deffus leur foutane. (D. J.) SIMAROUBA , f. m.( Bosan. exor, ) écorce d’un arbre inconnu jufqu’à préfent , qui croit dans la Guiane , 8 qué les habitans ont'appellée f’marouba, Elle eft d’un blanc jaunâtre, fans odeur, d’un goût un peu amet , compofée de fibres pliantes, attachée au bois blanc, léger &cinfipide des racines , des fou- ches & des troncs, defquels on la fépare aifément. Le fimarouba-eft compofé ‘de gomme réfineufe , d'un gofit qui n’eft pas defagréable. Il fortifie lefto- mac par fa légere amertume. Il appaife les douleurs & les tranchées par fes parties balfamiques & onc- tueufes , qui fe connoïflent par la couleur laiteufe que cettelécorce donne à l’eau dans laquelle on la fait bouillir. Il arrête les hémorragies & les flux de ventre , par fa vertu aftringente &c vulneraire. Cette écorce eftarrivée pour la premiere fois dans nos ports l’an 1713: On l’avoit envoyée de Guiane, où elleteft fort enrufage pour lesflux de ventre diffen- tériques. : Elle convient fur-tout dans les flux de ventre fé- reux , bilieux, fanguinolens & muqueux,où cepen- dant il n’y a point defievre ni de dérangement d’ef tomac; pour lors le f’marouba fe donne avec grand fuccès , Loit en décoétion jufqu'à deux drachmes dans deux livres d’eau , foit en poudre ratiflée, à la dofe de demi-drachme , dont on fait deux ou trois boles avec dufyrop de capillaire. Cette écorce aune excellente vertu antifpafmodique, ffemachique, & lésérement narcotique: Woyez les mémde Pacad. des trenc, ann. 17209 & 1732: (D...) L SIMAU où SIMAUM, (Gear. mod.) petite ville dela Turquie afatique ; dans P'Anatolie ‘près de la riviere de Sangari , à quatorze lieues de Nicce. (D.J.) | | :SIMBALATH, f. mm. (Mer médic, des Arzbes.) nom donné par Avicennes &c autres arabes, ‘au nard cel- S TIM tique , &c non pas aunard indien, comme on le pré- : tend communément ; car Avicenne dit que c’eft le nard européen, zerdus romani orbis ; 8 après en “avoir parlé, 1l mentionne plufeurs nards d’Afe, qui {ont les nards indiens. SIMAIRSKA , (Geog. mod.) ville de l'empire ruf- fien, au royaume d’Aftracan , entre cette ville & Ca- fan, furle Wolga, au pays des Tartaresnogais. Long. GG. lat. 54, 5. SIMBLEAU , fm. (Archir) ou plutôt cirgleau |. par corruption du latin czgulum , un cordon ; c’eft le cordeau qui fert à tracer les arcs de cercle d’une étendue plus grande que les branches des plus srands compas {oit à branches , foit à verges. Les meilleurs | Jénbleaux font des chainettes qui ne font pas fujettes: à s’allonger comme les cordes. - On appelle auffi rbleau une perche immobile par un de fes bouts, qui fert à tracer un grand arc de cercle. À SIMBLOT , f. m. (Manufrtt.) c’eft un aflemblage de quantité de petites ficelles, qui font au côté droit du métier que le fabriquant a monté pour faire une étoffe fisurée. Ces ficelles, qui paflent fur les poulies du caffin , & qui répondent aux Liffes font en nom- bre égal aux fils de la chaîne auxquels elles font atta- chés, enforte que lorfque le tireur entire quelqu’une, il s’éleve autant de fils, à-travers defquels ouvrier peut pañler fon efpoulin. Pour favoir quelles ficelles doivent fe tirer , on y a [u auparavant le deffein, c’eft à-dire, qu’on y a pañlé fucceffivement autant de petites cordes à nœuds coulans que le lifeur en a nommé. C’eft cette leéture du deffein qui eft ce qu’il y a de plus curieux, & auffi de plus difficile dans la monture de ces fortes de métiers , & l’on a befoin pour cela des plus habiles ouvriers, furtout fi le deffein eft beaucoup chargé. Diffionm: de Commerce. (D: 1.) | SIMBOR , 1. m. (Alf. nar. Bot.) plante finguliere des Indes orientales , qui reflemble aux cornes d’un élan. Elle croit fur les bords de la mer ; au lieu de racine elle paroit fortir d’une fubftance mollafle &z fonoueufe ; elle na pas befoim d’être mife en terre pour prendre , on n’a qu'à la placer fur une pierre Ou dans le creux d’un arbre où elle reçoive de l’hu- midité. Cette plante eft toujours verte ; fes feuilles reflemblent à celles des lis blancs ; elles font vif- queufes & d’un goût amer. On les regarde comme émollientes, réfolutives, laxatives, & propres à tuer les vers. N R SIMBOR-MAGIANAM , (Boran. exor.) nom d’u- ne plante des Indes, qui croit dans l'ile de Java, près de la mer, & dans le royaume de Bantam. Il éft ridicule à Bontius d’en parler, & de n’en avoir pas donné la defcription. (D. J. SIMBRUINA STAGNA ,( Géog. ane.) lacs d'I- talie, dansle Latium. L’Anio , felon Pline, Z. FIZ, c. xi. traverloit trois lacs fort agréables, dont il por- toit les eaux dans le Tibre; & ces lacs avoient don- né le nom à un lieu appellé Sub/aqueum. Ces mêmes . lacs font les SimbruinaStagna deTacite, Ann. /, X1F, c. xx. qui dit que Néron étant aflis à table près des étangs fimbruins, dans un lieu nommé Sublaqueum , la foudre renverfa fa table , & frappa fes viandes. Il ajoute que cet accident arriva fur les confins du Ti- ur. SIME LIUM , {, m. (if. arc.) eft un terme latin qui fignifie un wédailler , ou une planche, qui a plu- fieurs petites cavités pour y arranger des médailles par ordre chronologique. Voyez MÉDAILLES & SUITE. pi Ce mot eft mal écrit; ce devroit plutôt être «- mellum, qui eft formé du grec #ewaAuor, curiofirés où cabines des chofes précieufes. Nous difons plus ordi- nairement un /2édaillér qu'un cmelium. se SIMENIE , (Géog. anc. ) peuples de la grande: Bretagne. Ptolomée, Z. 21. c. 4j. leur donne une ville nommée Vera. Il'y en a qui croient que ces peuples font les habitans de l’'Hantshire; mais Camden foup- conne qu’il faut lire dans Prolomée /ceni , au lieu de Simeni, (D.J.) | SIMIA , (Chimie. c’eft le nom que les Arabes mo- dernes donnent à une partie de la chimie prife dans H — * 0 A * } fa plus ample fignification : car, felon les idées les plus communes parmi eux, la chimie proprement dite, ne s'exerce que fur les iucs & fur les effences des plantes, quoique, par extenfion , elle compten- ne la préparation des métaux & des minéraux , qui font particuherement l’objet de ce que les Arabes appellent fra. Cependant lorfqu'ls parlent de la chimie en général , & des merveilleux effets qu’elle produit, 1ls joignent toujours les mots de Kimia & de femia » pour comprendre toutes les opérations que J'on fait par le moyen du feu , tant fur les métaux & les minéraux, que fur les animaux &c les plantes. Ils donnent aufli le nom de /ria à un autre art , qui a pour objet les noms &c les nombres , dont on tire une efpece de divination , de la même maniere que des points &c des lignes, par le moyen de la géomancie. Cette fcience des noms va bien loin, parce qu’elle comprend aufh celle des noms des ef- prits, & leur invocation ; Ëz dans Je livre intitulé kitah al anwar, le livre des lumieres, on trouve 28 alphabets de la férie pour faire des talifmadns, afin d'attirer les efprits, & d’en tirer divers ufages; de forte qu'ils définiffent cette fcience, l’art de connot- tre les efprits fupérieurs , &c de faire defcendre ju w’a nous leurs vettus, pour obtenir ce que nous dise Le mot de mia vient des mots arabes fm &r fu- mat, qui fignifient les veixes d’or & d'argent qui fe trouvent dans les mines. Les Arabes atfribuert l’in- vention de la £mia à Ammonius, dc ceile de la {irmia où chimie proprement dite, à Kirum où Carum, c'eft-à-dire à Chiron le centaure, 5récepreir d’A- chile, qu'ifs prétendent , felon M. d'Éerbelot, ñètre autre chofe que le coré de Moife, Féxz fes articles Simia & Kimia, (P.J,) SIMILAIRE , NOMBRE, (Zrihmér.) le nombre fe: amilaire eft la même chofe queîe rembre proportionnel, Lesnombres plans filaires, font ceux quifont des rec- tangles proportionnels ; par exemple, 6 multiplié par 2, &t 12 multiplié par 4, dont l’un produit 12, &t l’autre 48 , font des nombres ffrrilaires, Les nom- bres folides fruilaires , font ceux qui font de paralte- Éepipedes rectangles filaires. ( À J.) SIMILAIRE, adye (Phyfge.) corps nilaires Le dit de deux corps.comparés l’unè l'autre, Qui ont, où qui font cenfés avoir des particules de même efpece & de même nature ,eomme deux monceaux d’or, deux monceaux de plomb , Éc.au-contraire un monceau d'or 8t un monceau de plomb font des corps d'Æmi- daires. . Similaire fe dit aufü en parlant d’un même corps, dont les parties font aufi toutes de la même nature. Ones appelle autrement somogenes ; ainf l'eau eftun fluide homogene ou filaire. Au-contraire l'air, dont les parties n’ont pas toutes la même denfité, eft un fluide hétérogene &c non fimilaire. Voyez Homoce- NE & HÉTÉROGERE. (0) | SIMILAIRE , /urmiere femilaire, {élon M. Neuton, eft celle dont les rayons font épalement réfrangibles. HFappelle encore /uriere fimple Éhomogene. Telle eft, par exemple, la lumiere rouge primiive, qui eft un faifceau de rayons tous également réfrangibles; au-contraire , la lumiere blanche eft un coinpofé de rayons de diverfes couleurs, dont les réfrangibi- lités font différentes. Foyez RAYON, REFRANGISI- HITÉ, COULEUR ,.&c, (0) | Tome XF, sn. | . \ | SIM 201 SIMILAIRES ; em Anaromie, font les parties du corps qui au premier coup d'œil paroiflent être com- poiées de parties femblables ou de même contexture, nature & formation, Voyez PARTIE, VE Onen compte ordinairement de dix fortes ; favoit, les os, les cartilages, les lisamens, les membranes n les fibres , les nerfs, les arteres, les veines , la chair, & là peau : on peut les voir chacune fous {on article particulier, Ge. r Le doéteur Grew remarque dans fon anasomnie des plantes, qu'elles ont pareïllement leurs parties /mi- laires & organiques, Voyez PLANTE. SIMILE où 4 SIMILI, (Litéras.) lieu commun en rhétorique, par lequel on tire des preuves ou des argumens de la convenance que deux ou plufieurs chofes ont entre elles. Tel eft cet argument du p. Bourdaloue fur la providence, « Le mondain croit » qu'un état ne peut être bien gouverné que par la » fagefle & le confeil d’un prince. Il croit qu'une » mallon ne peut fubfifter fans la vigilance & l’é- » conomie d’un pere de famille. I croit qu’un vai£ » {eau ne peut être bien conduit fans lattention & » habileté d’un pilote : 8 quand il voit ce vaifleau » voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, » ce royaume dans l’ordre &dans la paix, il conclut Le » fans Réfiter, qu'il y a un efprit, une intelligence » qui y préfide. Mais il prétend raifonner tout au- » trement à l'égard du monde entier; 8 il veut que » faas providence , fins prudence, fans intellisen- » ce, par un effet du hafard, ce orarid & vafte uni- # vers fe mainfienne dans l’ordre merveilleux où » nous ie voyoLs, N’eil-ce pas aller contre fes pro- » pres luïiieres & contredire fa raïfon ? Caréme de Bourdal,e, IT. 5. 3009. | SH ELITUDE ox RESSEMBLANCE , L. £. en Me: taphyfique, c'eft l'identité des chofes qui iervent à diftinguer les êtres entre eux. Les êtres ne peuvent être difcernés que Dar certaines propriétés intrinfe- ques; Mais Ces proprictés ne faurcient être connues & cérèrmmnées qu’en fé comparant avec celles qui fe trouvent dns d’autres êtres. Il n'y 4 que cette voie qui mette en état d’erpliquer la différence de ces propriétés. Quand on n’y en remarque aucune , les objets font cenfés parfaitement femblables. Le- vez je plan de deux édifices; & leur Giipofition & leurs dimenfons font abfolument pareilles, ces deux plañs font les mêmes ; & à moins que de les numé- roter , Vous ne faurez à quel édifice chacun d’eux {e repporte, ou plutôt il vous fera indifférent de le fa- » voir. La quentité peut différer ou fre la même dans les chofes femblables. Quand elle difere , on fe {ert de cette dfproportion de chofes femblables pour les dif tinguer, . L'identité de quartité fait ce qu’on appelle éruliré, dont vo; e7 l'article ; & la fénilitude porte {ur tour ce qui n’eft pas quantité dans les êtres. Léibnitz qui a donné le premier uxe idée diftinéte de la férlitude, définit les chofes femblables: ea gxæ non pOfune diftin- gui nifiper comprefentiam, Maïs ceterme de compreferz= tia aura quelque chofe d’obfcur & de trop reflerré, fi on le reftreint à la préfence des objets qui s'offrent a-la-fois à nos fens, Pour rendre l'exprefion de Léb- nitz jufte, & fon idée véritable, il faut étendre la ! x Le MU PP. x compréfence à la poffibilité d apphquer non-{euie- ment les objets l’un fur lautre , mais encore À celle de comparer fucceflivement deux objets, l'un pré- fent , & l’autre abfent , à un troifieme , qui ferve de mefure & de proportion commune, Si deux où plufieurs objets reffemblans font prés fens à-la-fois , la place que chacun d’eux occupe, le diffingue des autres. S'ils ne s'offrent pas aux fens en même tems, on procede à égard de ceux qui dif ferent en quantité, par la voie de PRES à (a de 202 SIM quelque efure qui s'applique fecceflivement à l’ob- jet préfent, à l’objet abfent, Sinon on a recours aux raifons extrinféques, priles de divers tems & de di- vers lieux dans lefquels ces objets ont exiité & exif tent. - Les chofes entre lefquelles on ne peut faifir d’au- tres différences intrinféques , que celle de la quan- tité, paroiffent donc femblables, & ont la même ef- fence , auffi-bien que les mêmes déterminations. La fimilitude n’a lieu qu'entre des êtres, qui appartien- nent à la même efpece , ou du moins au même genre, & elle ne s’étend pas au-delà des bornes de la notion commune , fous laquelle les chofes femblables {ont comprifes. Une montre d’or, d'argent, de cuivre, font femblables, entant que montres compolées de rouages & de reflorts qui font aller Paiguille fur le ca- dran des heures. Voilà leur notion commune, leur reffemblance ne va pas plus loin. La matiere, la groffeur , le poids, la façon font autant de chofes qui peuvent varier. Il eft vrai qu'à mefure qu’elles s'accordent, la f#rilitude augmente jufqu’à ce qu'elle foit parfaite par le concours de toutes les chofes qui fervent à diftinguer les êtres. Or, il eft manifefte qu’il ne fauroit y avoir une fuite manifefte des caufes ; car la dermiere caufe au- gmenteroit la fuite en produifant fon effet. Pour les mathématiciens, ils appellent zf71 tout ce qui furpañle le fini; c’eft-à-dire , fout ce qui peut être exprimé ou mefuré en nombre. Ces article eff viré des papiers de M. Formey. | , SIMILITUDE, f. f. ex Arithmétique, Géomérrie , êtc. fignifie la relation que deux chofes /emblables ont en- * femble. Voyez SEMBLABLE, | SimicrrupE , (Rkétor.) la fémilitude eft une figure par laquelle on tâche de rendre une chofe fenfible par une autre toute différente. ” Les rhéteurs s’en fervent où pour prouver, ou pour orñer, ou pour rendre le difcours plus clair &c plus agréable. Quintilien, que je confulte comme un guide propre à nous conduire ans les ouvrages d’ef prit, dit que les /’milirudes ont èté inventces lesunes pour fervir de preuve des chofes dont on traite, les autres pour éclaircir les marieres douteufes. ‘ La premiere regle qu'il denne à ce fujet eft de ne pas apporter pour éclairciffement une chofe qui eft peu connue ; parce que ce qui doit éclairer & don- ner du jour à une chofe, doit avoir plus de clarté que la chofe même. C’eft pourquoi, dit-1l, laiffons aux poëtes les comparaïfons fayantes & peu connues. ” Lafeconde regle eft que les /£miliudes ne doivent pas être triviales ; car plus elles paroïffent neuves , plus elles caufent d’admiration. PE . La troifieme regle eft que lon ne doit point em- ployer des chofes faufles pour fmilirudes, | Quelquefois la fmilisude précede la chofe , ou la chofe précede la frilitude ; quelquefois auff elle eft libre & détachée: mais elle eft plus agréable quand elle eft jointe avec la chofe dont elle eft l'image, par un lien qui les embrafe toutes deux, & qui fait qu'el- les fe répondent réciproquement. | Une quatrième regle que j’ajoute à celles de Quin- tilien, c'eft que dans les friliudes lefprit doit tou: jours gage , & jamais perdre ; car elles doivent toujours ajouter quelque chofe, faire voir la chofe plus.erande, ou, s'il ne s’agit pas de grandeur, plus fine & plus délicate ; mais il faut bien fe donrter de arde de montrer à l’ame un rapport.dans le bas, car elle fe le feroit caché , fi elle l’avoit découvert, À, La cinquieme regle, c’eft que l'elprit dort réunir dans les fémilisudes tout ce qui peut frapper agréable- ment l’imagination ; mais afin que la reflemblance dans les idées foit fpirituelle, il faut que le rapport ne faute pas d’abord aux yeux, caralne furprendroit point, & la furprife eft de eflence de Fefprit, Sil’on SIM comparoit la blancheur d’un objet à celle du lait ow de la neige , il n°y auroit point d’efprit dans cette!f£- militude ; à-moins qu'on n’apperçût quelque rapport plus éloigné entre ces deux idées capable d’exciter la furprife. Lorfqu’un poëte nous dit que le fein de fa maitrefle eft auf blanc que la neige , il n’y a point d’efprit dans cette comparaifon ; mais lorfqu'il ajoute avec un foupir, qu'il eft d’ailleurs auffi froid , voilà qui eft fpirituel. Tout le monde peut fe reppeller des exemples de cette efpece : ainfi la fmilitude doit frapper par quelque penfée nouvelle, fine, & qui caufe une efpece de furprife. | Entre tant de belles femiliudes que j'ai lu dans les orateurs , &t les poëtes anciens & modernes, je n’en citerai qu’une feule qui me charme par fa noble fim- plicité ; c’eft celle de M. Godeau dans fa paraphrafe du premier pfeaume de David: Comme [ur le bord des ruiffeaux Un grand arbre planté des mains de la nature, Malgré le chaud brälant conferve [a verdure, Et de fruits tous les ans enrichit fes rameaux : Ainfe ces homme heureux fleurira dans le monde ; El ne trouvera rien qui trouble fes plaifirs, Ex qui conffamment ne réponde A fes nobles projets, à fes juffes defirs. Après avoir parlé de la fwilirude en rhéteur ; if faut bien que j'en dife un mot comme philofophe: Je crois donc dès que le langage fut devenu un art, Papologue fe réduifit à une fimple frzlitude, On cher- cha à rendre par-là le difcours plus concis &c plus court. En effet, le fujet étant toujours préfent, 4 n'étoit plus néceflaire d’en faire d'application for. melle. Ces paroles de Jérémie, chap. 17.16, qui tien- nent le milieu entre l’apologue & la fmiiude, & qui par conféquent participent de la: nature des deux, nous font connoître avec quelle facilité Papologue s’eft réduit à une fmilitude. « Le Seigneur t’a appel: » lé un olivier verd , beau & bon: il le mettra au few » avec grand bruit, & en brifera les branches ». On peut ajouter que la f’milirude répond aux mar- ques ou caracteres de l'écriture chinoïfe ; & que comme ces marques ont produitla méthode abrégée des lettres alphabétiques, de même aufl pour rendre le difcours plus coulant & plus élégant , la frilicude | a produit la métaphore, qui n’eft autre chofe qu’une Jénilitude en petit ; car les hommes étant auffi habie tués qu'ils le font aux objets matériels , ont toujours eu befoin d'images fenfibles pour communiquer leurs idées abftraites, be 4 À Les degrés par lefquels la freilirude s’eft réduite en étaphore, font faciles à remarquer par une perfonne ui {e donnera la peine de lire attentivement les écrits des prophetes. Rien n’y eft plus ordinaire que le langage entremêlé de /émilirudes & de métaphores. À peine quittent-ils la fmilrude, qu'ils reprennent la métaphore. Voilà donc les vicifitudes du langage, l'apologie fe réduufit à la fémilitude, la fmilicude ft naître la métaphore ; les orateurs les employerent pour Pornement de leurs.difcours , & finirent par en abufet. ( Le chevalier DE JAucoURT.) SIMILOR , {. m. (Métallurgie. ) on nomme ainfi à Paris le zink fondu avec le cmivre rouge , qui donne au cuivre une couleur jaune plus ou moins foncée, felon les différentes proportions du zink &c du cuivre qu’on aura employe. ( D, J.) | SIMIO ou SIMIOS, ( Géog. mod.) par les anciens Grecs & Latins Syrre , dont on peut voir l’article. | Simio eftune île de l’Archipel, entre celle deRhodes & le cap Crio , à 4 ou s lieues de la premiere oueft- nord-oueit , à 3 au nord de l'ile Eamonia , & à 2 au . midi du continent de l’Anatolie. Porcachi & Bofchi- | no hui donnent 30 milles de circuit, Elle à deux ports, SIM dont le plus feptentrional , fort large d'entrée , eftle meilleur. + - Cetteileeft habitée par des grecs qui font dreflés à plonger, 6t cui pêchent adroitement au fond de la mer une grande quantité d’épônges qui fe trouvent dans les environs. On bâtit aufli à Ssmio de petites fuftes fort jolies, de neuf bancs ou rames ; ces fré- gates , qu'on appelle fmpeqairs, font fi légeres à la voile 87 à la rame que les corfaires ne les peuvent attraper, enforte que les infulaires navigent conti= nuellement pendant l’été d’un lieu à l'autre pour leur commerce. En hiver, ils reviennent dans leur rocher avec le gain qu'ils ont fait par leur trañc, Je dis ro: cher, parce que c’eft ainfi que quelques séographes nomment cette ile. Elle nourrit cependant grande quantité de chevres, à de plus elle produit de très- bon vin. Elle étoit même autrefois célebre par fa fer- lité en BIS & en grains. (D. J.) SIMISO ox. AMID , (Géog. mod.) par les anciens Æraifes ; Ville de la Turquie afatique dans l’Anato- he, fur le bord de la mer Noire, par les 54, 20. de longie, &t parles 40. 30. de larir. ( D. J. : SIMMEREN , (Géog. mod.) petite ville d’Allema- gne dans le bas Palatinat , à 10 lieues au couchant de Mayence ; elle appartient à Péleéteur Palatin, Lonp. 25.8. latir, 49,54 ( Di J,) SIMOIS, (Géog. anc.) fleuve de l’Afie mineure dans la petite Phrygie. Il prenoit {a fource au mont Ida , &t fe jettoit dans le Xanthus , felon Pline, 2, 7° a xxx, Virgile, Æreid, 1, V, y. 262. donne au fleuve Simois Pépithere de rapide, parce que ce n’étoit pro- rement qu'un torrent, Fidlor apud rapidum Simoenta fub Ilio alto. Dans un autre endroit le même poëte dit que V é- nus accoucha d’Enée fur le bord du Sois. Tunc ille Æneus quem da rdanio Anchife Alrna Venus Phrygu genuit Simoentis ad undam, 2°. Simors, fleuve de Pile de Sicile. Strabon, Z. ÆTIT. p.608. rapporte que felon quelques-uns Enée étant arrivé à Æpgeffa où Segefla , donna lés noms dé Scamander & de Simois Ou Sinoeis à deux fleuves qui couloient aux environs de cette ville. Le Sois cou- lort à la droite, & fe joignoit au Scemander avant que ce fleuve mouillât la ville de Sege/ffa. 3°. Simois, fleuve de l’Epire, felon Virgile, Æneid. £. HIT, verf. 303. qui lui donne l’épithete de fa/fus : . . « « « falfi Simoentis adundam. De ces trois fleuves , Le plus fameux ef le Simoïs de la Troade ou de la petite Phrygie , qui, dans les écrits des poëtes, eft prefque toujours joint au Xan- the, parce qu'ils ont la mème origine. Cependant , malgré leur célébrité, ces deux rivieres font fi peu larges, quelles tariflent fouvent en été. Sortant êc defcendant l’une & l’autre du mont Ida, elles s'unif- fent au-deffous du lieu où étoit Troye, forment un grand marais , pañlent de nos jours par deffous un pont de bois appuyé fur quelques pilliers de pierre, & s’embouchent dans PHellefpont (détroit des Dar- danelles ) environ une demi-lieue au-deflous du cap Gieanizzari, (autrefois nommé /e‘promontoire Sigée), rès du nouveau château d’Afe ; j'entends Le château neuf des Dardanelles bâti par Mahomet IV, à Pen- trée du détroit, & dontil eft une des portes. (D.J.) SIMON , voyez D'AUPHIN. SIMONTAQUE , adj. êc f. (Gram.) qui eft coupa- ble de fimonie. SIMONIE , ff ( Gram. & Jurifprud. ) eftle crime que commettent ceux qui trañiquent des chofes fa- crées ou bénéfices, comme en vendant les facre- inens , la nomination & collation des bénéfices, l'entrée én religion, Tome XF, SIM 26 Ce crime a été ainfi nommé de Simon le magicien, dont il eft parlé dans les actes des apôtres, qui vou- lit acheter avec de l'argent la puiffance de faire des miracles. | | La frmoñie eft mentale , conventionnelle ôu réelle, La premiere eft celle qui eft demeurée dans les bornes d’une fimple penfée. La feconde eft celle qui a été convenue , fans êtré fuivie de payement. L La troïfieme eft celle où le payement à fuivi la convention , foit qu’il ait précédé , ou {uivi ou ac compagné la conceffion du bénéfice ou autre chofe fpirituelle, La f’monie réelle fe commet auffi 4 mann , ab obfe: quio ; ÈT à lingud ; à manu , {oit en donnant de l’ar: gent ou autre chofe temporelle, ou en remettant une dette ; ab obfequie, en rendant dès fervices tempo- rels au collateur pour avoit un bénéfice ; 4 Zingué par la flatterie , la faveur & la recommandation. Quoiqu'il foit défendu en général de rien exiger pour ladminiftration des facremens 8 autres chofes ÿ Âpirituelles , 8 pour la collation des bénéfices , néan: moins des lois eccléfiaftiques & civiles autorifent les miniltres de PEglile à recevoit pour leur fubff- tance certaines rétributions pour les mefles , pour les mariages, fépultures , pour les provifions des bénéfices, &c. Il eft auf permis à certaines communautés qui né font pas fufifamment fondées de recevoir des dots pour l’entrée en religion. Voyez Dor & RELIGIEUX. La fémonie fe couvre de tant de détours, qu’il eft {ouvent difficile dé la prouver, d'autant même que l’on n’en admet pas la preuve par témoins, 4:moins qu'il #’y en ait ün commencement de preuve paf écrit, mais elle n’en eft pas moins criminelle, Les concilés & les papes fe font toujours élevés contre les fimoniaqués ; le Chap. cum deteflabile les déclare excommuniés :n/o faëlo, de quelque qua= lité qu’ils foient, 8 tous ceux Qui y Ont eu part. Ceux qui ont été crdonnés par Jémonie , font dé- clarés fufpens & interdits. Les provifions des bénéfices obtenues par cette voie, font nulles de plein droït ; mais il n’y à que la Jimonie conventionnelle ou réelle 4 manu ) Gui donne lieu au dévolut, | Les fimoniaques ne peuvent point s’aider de là pofeffion triennale, À Les juges d’églife connoiffent de {a fmonie com- nnfe par les eccléfiaftiques , mais les juges royaux font feuls compétens pour procéder contre les Jaïz ques qui fe trouvent coupables &c participans de ce crime ; de forte que sil s’en trouve quelques - uns d'impliqués avec des eccléfiaftiques, l’official doitles renvoyer devant le juge royal, autrementil Y auroit abus. Les juges royaux peuvent néanmoins connoître de la frmonie commife par un eccléfiafhique , inci- demment à une complainte, Il n'y a que le pape qui puifle difpenfer de la fo: nie volontaire ; mais l’évêque peut difpenfer de celle qui a été commife à linfu du pourvu , après néan- moins que celui-ci a donné la démiffion pure &c fim- “ple entre les mains de Pévêque. Quand la f’mozie eft occulte , il faut fe pourvoir à la pénitencerie de Rome ou par-devers l’évêque ; mais quand elle eft volontaire & notoire , il faut fe pourvoir à la daterie de Rome. La difpenfe doit être adreflée à l’évêque du lieu où eft le bénéfice. Quant aux fruits perçus, le confeffeur en peut faire remife en tout ou partie , felon la difpenfe & la pauvreté du bénéficier. S1 celui-ci a ignoré la fmoniecommife par un tiers, fa deflerte & fa bonne foi peuvent l’exempter de Ja 6 Ccy 204 SIM xeftitution , au-moins de la plus grande partie. Mais dans quelque cas que ce foit, le pourvu par | fimonie doit faire une démifion pure & fimple entre les mains du collateur ordinaire, fauf à obtenir de nouvelles provifions, file collateur jnge à-propos de Mlui en accorder. 1 On dit communément que la confidence-eft la fille “dela ffmonie. Voyez CONFIDENCE. Voyez aux decré- “sales le titre de fimon. le traité de M. de Taunoy, Vanefpen, Pontas, de Ste Beuve, d'Héricourt, Fuer, ‘de la Combe, 6 Zessmots DOT,:PENSION , PERMU- | “TATION, HONORAIRES. ( 4) l SIMONIENS ,£. m. ( Hifi. eccléf.) hérétiques fec- ‘tateurs de Simon le magicien., &c.par conféquent les plus anciens qui ayent paru dans l’'Eghife chrétienne. Simon le magicien leürchef, famaritain de nation, ne reconnoïifloit point Jefus - Chrift comme fils de Dieu, mais il le confidéroit comme fon rival, & ‘prétendoit être lui-même le Chrift. Il ne eroyoït ni “alut, ni réfurreétion de la chair, mais une fimple réfurredtion de lame. Il enféignoit qu’on ñe devoit point fe mettre en peine des bonnes œuvres ; que toutes les a@tions étoient indifférentes par ‘elles-mê- mes , & que la diflinétion des bonnes &c des mau- vaifes n’ayoit été introduite que par les anges pour s’aflujettir les hommes, fl rejettoit la loi donnée à Moïfe, & difoit qu'il étoit venu l’abohr. H attribuoit Tancien Teftament aux anges, & quoiqu'il fe.décla- rât par-tout leur ennemi, illeur rendoit néanmoins un culte idolâtre , prétendant qu’on ne pouvoïit être fauvé fans offrir au fouverain Pere des facrifices abo: minables par le moyen des prinçipautés qu'il plaçoit dans chaque ciel; & il leur offroit des facrifices, non pouf obtenir d'eux quelqu'afliftance , mais pour empêcher qu'ils ne s’oppofaflent aux hommes, Ses fe&ateurs profefloient tous ces dogmes monf- trueux, & pour la pratique , 1ls vivoient dans toute forte de débauches , qui furpañloient, felon Eufebe, tout ce qu'on pourroit en dire ; en forte qu'ils avouoient dans leurs livres que ceux quientendoient parler pour la premiere fois de leurs myfteres fecrets étoient furpris d’étonnement & d’effror. Outre l’im- pudicité , ils s’adonnoient à toute forte de magie ;& quoiqu’au dehors ils fiflent en quelque forte pro- feffion du Chriftianifme , ils ne laïfloient pas que d’adorer Simon & fa concubine Helene, repréfentés fous la figure de Jupiter &c de Mars, & de leur of- frir des vidtimes &c des libations de vin. Ils reoar- doient même le culte commun des idoles commeune chofe indifférente ; en foïte que pour ne leur point offrir de l’encens, ils ne s’expofoient pas au martyre comme les chrétiens ; auf les payens les laifloient- ils en repos. On croit que les apôtres S. Pierre , S, Paul & $,. Jean ont ceshérétiques en vue dans plufieurs endroits de leurs épîtres. Leur fete dura jufqu’au jv. fecle, S. Juftin dit que de fon tems, c’eft-à-cire veis lan rs de Jefus-Chrift, tous les Samaritains reconnoïf- foient Simon pour le plus grand des dieux , &c S.CIé- ment d'Alexandrie ajoute qu'ils Padoroient.S. [rénée aflure qu’ils étoient en très-petit nombre ; mais Eufe- be &c plufeuts autres écrivains poftérieurs en parlent comme d’une fecte connue, & qui fubfiftoit encore au commencement du v. fiecle. Calmet, Diélion. de La Bible. | SIMONTHORNA , (Géog. mod.) ville de la bafe Hongrie, au comté de Tolna, fur la Sarwiza, à 2 lieues de Capofwar, & à 3 de Tolna : elle eft envi ronnée d’un grand marais, ayec un château. Cette ville futprife fur fes Turcs parleprince Louis de Bade en 1686. Long. 36.40. lat. 46. 31 SIMOODSUKE , ( Géog. mod. ) une des huit pro- vinces de la contrée orientale de empire du Japon. Elle fe divife en neuf diftriéts; c’eftun aflez bon pays, plutôt plat que montagneux, où il à beaucowrp de près êc de champs qui produifent abondamment de l'herbe & du-gokokf; le sokokf eft un terme généri- que quicomprendle riz, l'orge, le petit blé que nous appellons.froment &c les feves. (D.7.) SIMOOSA,, ( Géog. mod. )autrement Seosyz june des quinze.provinces dela grande contrée du fud-eff de l'empire du Japon. Elleeftcenfée avoir trois jour. nées de longueur du fud aunord, & eft divifée en »2 diftriéts ; c’eftun pays montagneux ,'aflez peu fertile, mais qui abonde en volaille & en beftiaux, SIMPELEN , LE, (Géog. mod.) & par les ftaliens: rhonte-Sampione:, en latin Semprostins mons.: monta- gne des Alpes ,;auconfins des Suifles, du Valais & di. Milahez; c'eft cette montagne que l’on -pañle pout aller du Valais au duché de Milan. (D. J.) SIMPLAIN , fm. ( Æiff. mil. anc.) {oldat remain, quimavoit que paye fimple. On appelloït plains celui qui l’avoit double. SIMPLE, adj. ( Gramm, ) qu’on regarde commèé fans compofition, fans mélange. Je gage le fmple contre le double, Il a fait un raifonnementtrès-/fmple, mais très-fort quand il a dit:il y à environ douze cens ans qu'on a la petite vérole par toute la terre, & qu’elle eft obfervée par tous lés médecins dunonde, parmi lefquels il n’y en a prefque pas un quiafluré lavoir vue deux fois à la mème perfonne; donc on n’a point deux fois la petite vérole. Je n’aide lui qw”- uñe/mple promefle. C’eft un ÿmple foldat. C’eft un homme fmple. C’eft un caraëtere fmple. Le récit en eft fmple. SIMPLE, {. m. ( Gramm..)c’eft le nom générique fous lequel où coïmprend toutes les plantes ufuelleé en Médecine. Il connoït bien les /#mples, Celui qui ignore la vertu des /mples n’eft pas digne de faire la médecine, Le quinquina eft un fple d’une vertu {pé- cifique, SIMPLE, adj. ( Mésaphyfique. ) quand 6n resaïde quelque chofe que ce foit comme zne ; 8 comme “ayant point des partiés différentes ou féparables lune de l’autre, on l'appelle frpla En ce fens-là il ne convient proprementiqu’à un être intelligent d’e- tre fmple; ne concevant dans ün tel être rien de {é: parable dans la fubftance , nous n'avons point auffi l’idée qu'il puiffe avoir des parties. Quelque peu dé chofe qu’on fuppofe de féparable dans [a fubftance d’un être intelligent, on la fuppofe en même tems ca: ‘pable d’être détruite toute entiere, Si l'on prend le terme /fmple dans cette précifion ; il ne fe trouvera rien dans les êtres matériels qui foit fimple, non plus que rien qui foit parfaitement 7. Tout corps peut toujours être tellement fépaté, que fa fubftance exiftera encore dans les parties après leur féparation; ainfñ l’une n’étoit pas l’autre, & le corps n'étoit pas frple. ur | Néanmoins on emploie ce terme à légard des corps, par analogieaux efprits; on appelle frpleun corps dans les parties duquel on n’appefçoit nulle différence communément fenfble ; ainfi l’on dit de l’eau que c’eft un corps f/mple, Quelques-uns l'ont dit aufñ du feu , de l’or, de l'argent, &c de ce que nous comprenons fous le nom d’élémens ou de méraux. Ce qui eft oppoié au fmple eft dit compofé. Voyez | Jon article, SIMPLE , adj, ez Aloebre | une équation /mple eft | celle où la quantité inconnue-n’a qu'une dimenfion, commex=#t}? Woyez ÉQUATION. 2 En arithmétique, la multiplication &c la divifion Jemples font des opérations oil rentre point de gran= deurs de différente efpece ; on les appelle ainfi pour les diftinguer de la multiplication & de la divifion | compofées, oùil s’agit de calculer des srandeurs de différente efpece, Voyez MULTIPLICATION, Divi- SION, (Æ) 1 Ac . " | SIMPLE paüe , (Jurifprud,) promefle:, contrat: où engagement qui n'eft point motivé par rapport à la valeur reçue au téms du payement , Ge. & qui ne donne point d’attion en juftice, Voyez CONTRAT ; CONVENTION; PAGTE, ce, | / SIMPLE PROPRIÉTÉ, que les loïs romaines appel. lent une propriété, ‘eflcelle du propriétaire à qui le fond de l'héritage appartient, tandis qu’un autre en a l'ufufruit, Elle eft oppofée à pleine prepriéré. Voyez PLEINE , UsurRUIT € Prorritré, SIMPLE appel, voyez APPEL, SIMPLE garanrie, Voyez GARANTIE, SIMPLE bénéfice, voyeg BÉNÉFICE. | alter SIMPLICITÉ , L € ( Grain.) qualité qui donfie à Vètre fe noi de frple. Poyez Les articles SIMPLE. SIMPLICITÉ , (Are orat.) Ta fénpliciré dans Pélocut: tion, eft une mamiere de s'exprimer, pure , facile, naturelle, fans ornement, & où l’art ne paroît point; c'eft aflurément le caratete de Térence, La férpli- cité d’expreffion n’ôte rien à la grandeur des penfées, ‘ét peut renfermer fous un air négligé des beautés Vraiment précieufes, | Henreux qui fe nourrit du lats de fes brebis Er qui de leur toïfon voit filer fes habuss Qui ne faic d'autre mer que la Marne o4 la Seine : Es croit que tour-firrit où finit fon domaine. Voilà une peinture fimple & charmante de la tran quillité champêtre , parce que c’eft l’expreflion naive des chofes par leurs effets, La fmpliciré {e trouve dans l’ode avec dignité, Le Ciel qui dois le bien felon qu’on le mérite ; Si dè ce grand oracle il ne r'eñr affifié , Par un autre préfent n'eñr jamais écé quitte ÆEnvers ta pièté, . Ceïte flance dé Malherbe dans fon ode à Louis XI. eft d’une parfaite /Empliciré ; les deux ftances fuivantés méritent encore d’être citées: Le fameux Amphion dont la voix nompateilie Bétiflant une ville éonia l’änivers, Quelque bruit qu'il ait eu | n’a point fais de mer: veilles ab Que ne jalent mes vers, Par eux de tes hauts faits La terre fera plèine Et les peuples du Nil qui les auront ouis Doñneront de encens, corime ceux de la Seine ; Aui atitels de Luis, | Le même poëte va me fournir un exemple plus parfait de fplicisé admirable ; c’eft dans fa paraphra: {e.du pfeaume 145: En vain pour Jatisfaire à nos ldchés envies Nots paflons près des rois tout Le rèms de nos viés À Jouffrir des mépris , a ployer les genoux ; Ce qu'ils peuvent nef? rien j ils font ce glie nous formes ; Fétirablement hommes ; Et meurent comme nous: La fémplicité noble eft d'auffi bonne maïfon que la grandeur même; & comme elle vient du même pin- cipe de bon efprit, qui doute qi’elle ne {e fente du lieu dont elle éft fortie, & que par-tout où elle fe rencontre efle ne conferve fa dignité, fes droits, Où pour le moins Pair & la mine de {a naïflance à | Mais fi cette ffrpliciré noble retrace de grandes images, elle ne differe pas dudüblime ; Homère & Virgile font des modeles de cette derniére fimplicités Racine Pa bien connue, & j'en cite pour preuve ces vers d'Andromaque: STM 4 Ne vous fouvièñr-il pas, feioneur , gnel frs Pièces PTE CERN ENTONR LITE Nos peuples affoiblis Sen fpuviennent ereor ! Son nom feul fair srembler nos veuves & nos fillesà Êt dans tonte la Grece il r'eft Point de: farrilles Qui re demandent compte à ce malheureux fils > D'un pere ou d'un époux qu Heëtor leur a ravis, (Lechevalier Dz Jaucour T.) SIMPLIFIER, v, a@. ( Gramm: } rendre fimples On fémplifie une queftionen écartant toutes les con- ditions inutiles. On ffmplife un problème en le rédui- fant à nn autre moins compliqué, ou én faifant dé: pendre fa foltion d’une feule recherche. On fempli- Ji une affaire, une phrafe, Ge. dal A SIMPLUDIAIRE , fm. (-Æzrig. ro. Jon dofinoit. chez les Romains ce nom à certains honneurs furnè- bres qu’on reñdoït quelquefois aux morts, Feflué dit que c'étoient les funérailles accompagnées de jeux dans lefquels on ne faifoit paroître que des danfeurs, des fauteuré, des voltigeurs.Ces efpeces de finérail: les étoient oppofées à celles qu’on nommoit 224: ves ; & dans leéfquelles outre les danfeurs & les fui teurs dont on a parlé, il y avoit dés défülteurs qui fautoient d'un cheval fur un autre, & peut-être auffi voltigeoient fur des chevaux. Voyez Rolin Antiqi SIMPULATRICES , ff. pl. (Litrérar,) mot tiré de fimpulum , & que Feftus donné aux vieilles fem mes qui avoient foin de purifier les perfonnes qui lés confultoient , pour avoit été troublées dans leur form mel par des vifionsnoéturnes & des fonges effrayans, Pollux appelle ces femmes daœcharrpaer. Elles prefcri- voient ordinairement l'eau de mer pour purification j Oxacre KAUCE maire Toy dpipo@oy ére , dit Euryps de. Un mot d’Ariftéphane exprime toute cette céré: monie à &40v ovéspôr drok AU Er, ( D; J. ) La SIMPULE ; £ m. ( Antig. rom.) Jépulim ; vale fait en forme de burette avec ün long manche ; les Romains fe fervoient dé ce vafe dans les libationg qu'ils faifoient aux dieux. Pline, Zv. XX XP, UE nomme cette efpece de vafe mpuvium ; & dit qu’il en avoit de terre cuite, TU , SIMULACRE, (Grarim. © Hifi. de Pidôtar.) vieux mot confacré ; qui fignifie idole , image, repréfènta: 07. Ilen eft f fouvent parlé dans l’Ecriture-{äinte ; qu'ilimporte de rechercher la fource de ce gente di: dolâtrie; de dau PTT L'origine des fémalacres vient de ce que les kom mes fe pérfuaderent que le foléil , la lune & les étoi: les étoient la demeure d’autant d'intelligences qui anis moïent ces corps céleftes, 8 en-regloient tous les mouvemens, Comine les planietes étoient de tous ces corps céleftes les plus proche de la terre, & cel: les quiävoientle plus d'influence fur elles ; ils en fa rent le premier objet de leur culte. Telle à êté lo: rigine de toutel’idolâtrie qui a eu cours dans le mon: de, On férvit ces intelligences céleftes par des ta: bernacles ; des chapelles , des temples ; enfuite par des images & des fémulacres: C’eft pourquoi lorfqué les peuples firent leurs dévotions à quelqu’une d’el- les , ils dirigeoient leur culte vers la planete dans laquelle ils fuppofoient qu’habitoit cette intelligencé divine ; objet de leurs adorations. Mais ces Corps céleftes fe trouvant la plûpart du tems fous l’hori= fon , ils né favoient comment les invoquer dans leuf abfence: MANEALETE de. =. Pour remédier à cet inconvénient , ils eurent res Cours aux ffarues dans lefquelles ils croyoïent qu’: après leur confécration , ces intelligences étoient auffi préfentes par leurs influences, que dans les plas nétes ; 6 que toutes lés prieres qu'on leur adrefloit avoient autant d'efficacité devant lune que devant l'autre 206 SIN Tel fut le commencement de ladotation des £u- lacres. On leur donna Le nom des planetes qu'ils re- préfentoient, qui font les mêmes qu’elles ont au- jourd'hui: de-là vient que nous trouvons Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Vénus &t Diane placés au premier rang dans Le polythéifme des an- ciens ; c’étoient-là leurs grands dieux. Enfite lo- pinion s'étant établie que les ames des gens de bien, après leur féparation du corps, alloient habiter d’au- tres planetes , on déifia plufieurs de ceux qu'on crut tels, & le nombre des dieux s’augmentä dans les tems idolâtres. L’adoration des fémulacres commença dans la Chal- dée, fe répandit dans tout lorient, en Egypte, & chez les Grecs qui l’étendirent dans tout occident, Ceux qui fuivoient ce culte dans les pays orientaux furent nommés Sabéens ; &t la feéte quin’adoroit que Dieu par le feu , reçut le nom de Mages. Toute lido- lâtrie du monde fe vit partagée entre ces deux fec- tes. Poyez MAGES 6 SABÉENS. (D. J.) SIMULATION , £ f. (Gram. & Jurifpr.) déguife- ment frauduleux introduit dans quelqu’aéte judi- ciaire. La multitude des impôts de, toute efpece, auxquels les particuliers cherchent à fe fouftraire , donnent lieu à toutes fortes de /mularions. SIMULER , v. a@. feindre , déouifer, tromper par des fuppoñitions , des apparences; c’eft un vol que.de frauder des créanciers légitimes par des obli- gations fémulées , & celui qui s’y porte eft coupable de recel. SIMULTANÉE , adj. m. ( Gram. ) qui s’accom-. plifient ou s’exécutent en même tems : ces faits font fanulranées ; ces phénomes font fmulranées ; ces ac- “tions de la machine font ffrmultanées, I fe paille fou- vent dans la vie, dans la même maïlon, dans le même appartement des fcenes frmultances. Pourquoi ne les rendroit-on pas fur le théatre ? SIMYRA , { Géogr. anc. ) ville de la Phénicie ; elle eft marquée dans Ptolomée, Z. #, c. xv. entre l'embouchure du fleuve Æ/eutherus, & Orthoffa , ainfi que dans Pline, Z #. €, xx, & Pomponius Méla, Z di c. xij. (D. J.) SIN , ( Hiff. nat. Botan. ) f. m. grand arbre du Ja- pon, dont le bois eft fort eftimé pour en faire des coffres & d’autres ouvrages , parce qu'il eft blanc, léger , à l'épreuve des vers & dela pourriture.Ilrend une mauvaile odeur , lorfquw’il eft plongé dans l’eau chaude; ce qui l’a fait nommer auffi ksa-77aki , ou maki-fétide. SIN , ( Géogr. des Arabes. ) Les Arabes appellent ainfi la Chine , & les Latins ont nommé Sie, Sina- rum regio , pays de la Chine ; les Perfans difent Tchin. La Chine feptentrionale eft appellée par les Orientaux , le Khoran , ou le Khatha. ( D. TI.) SINA , ( Géogr. anc. ) nom d’une ville de la Mar- oiane, d’une ville de la Cappadoce, d’une ville de fa orande Arménie , & d’un lieu de File de Lesbos, fe- 10n Strabon. /. IX. (D. I.) SINAÏ ou SINA , ( Géogr. anc.) montagne de l’A- rabie Pétrée, fituée dans une efpece de péninfule, formée par les deux bras de la mer rouge , dont Pun s'étend vers le nord, 8 fe nomme Ze golfe de Colfum ; aujourd'hui solfe de Suez ; Pautre s’avance vers IE rient, &c s'appelle Z golfe Elarinique, aujourd’hui d’Aïla ; elle eft à 260 nulles du Caire, & 1l faut dix à douze jours pour s’y rendre de cet endroit-là. Le mont Sinaï elt au levant de celui d’Oreb, fur leauel eft le monaftere de Sainte Catherine ; comme le mont Oreb eft moins haut que celui de Size, l'ombre de ce dernier le couvre au lever du foleil. Il eft beaucoup parlé du mont Sirai dans l’Ecriture, comme £xod. ©. xyiiy. V. 20, C. xX1V, V. 167 €, xxx}. y avi. © xxwiv, V, 2 G 4 Levis, oc, xx vai, ce. XXV], Ve 4e Do OC Quoique Thomas de Pinedo , Berkelius, & quel- ques autres modernes, prétendent que le mont Ca- fius , voifin de l'Egypte, n’eft pas différent du mont ByP*e P Sinaï; cependant. s’ilen faut croire les anciens géo- graphes , & la plüpart des modernes, le mont Ca- fus & le mont Sizai font deux montagnes diféren- tes , & fituées aflez loin l’une de l’autre. Ils mettent: le mont Cafius fort proche de la mer, entre l'Egypte &t [a Paleftine, À Pécard du mont Sinaz , als le pla= cent bien ayant dans les terres, fur les confins de l’Idumée & de PArabie Pétrée. Il eft certain que le nom de Cafius a été donné à plufieurs montagnes ; ainfi l’on pourroit croire que le mont Sirai feroit celui à qui lenom de Cafius auroit été donné en premier lieu ; que de-là ce même nom auroit pañlé à la montagne qui fépare la Paleftine d'avec l'Egypte; comme il y a apparence que de, cette montaone, ileft pañléà celle de la Syrie antio- chienne. Nous avons le profil du mont Sinaï dans une ef- tampe gravée par Jean-Baptifte Frontana ; & f on compare ce profil avec celui de la montagne que les médailles nous repréfentent , on trouvera peut-être qu'il y avoit beaucoup de reffemblance entrel’une 6e Pautre. . | Quoi qu'il en foit , Greaves dans fa traduétion d’Abulféda , nous apprend une particularité remar- quable, dont les hiftoriens n’ont point parlé; c’eft que le roc du mont S77a eft d’une efpece de très- beau marbre de plufieurs couleurs, d’un rouge mê- lé de blanc& denoir, & que pendant plufieursmilles on y voit de grands rochers'de ce marbre , dont fans doute les anciens ouvrages de PEgypte ont été tirés » parce que toutes les autres carrieres & mon- tagnes font d'une efpece de pierre de taille blanche, & non de marbre rouge marqueté denoir & de blanc, comme eft le roc du mont $/2e. ( D. J. ) SINAHORIC , f. m. ( ÆMff. nat. Botan. ) plante de l'ile de Madagafcar qui reflemble à laigremoine , &c qui en a les propriétés. SINANI o4 MOUTARDE, (Jardinage. ) Voyez MOUTARDE. SINANO , (Géogr. mod.) autrement Szr5/4, une des huit provinces de la contrée orientale de lem- pite du Japon. C’eft un pays très-froid , où le fel , le poïflon , &c le bétail font rares. Il produit d’ailleurs une grande quantité de muriers, de foie , && de can- mb , dont il y a plufieurs manufadtures. On donne à cette province, cinq journées de longueur du fud au nord , & elle fe divife en onze difiriéts. (D, JT.) SINAPISME , {. m. médicament externe, âcre êz chaud , compofé ordinairement de femence de mou- tarde incorporée avec du vieux levain ; fi le frapifme étoit tropatif, 11 deviendroit veficatoire. On ne s’en fert que pour rougir la peau, & attirer fur le lieu les humeurs nuifibles. On s'en fervoit anciennement dans les maux de tête invéterés, & dans les longues fluxions. Il fert aujourd’hui à rappeller l’humeur de goutte fur une partie. Voyez RUBEFIANT. Des fric- tions préparatoires avec un linge chaud préparent à l’effet du fénapifme : ce mot vient de fzapr, mou- tarde. (F | SINARUM regio, ( Giogr, anc.) contrée de PA- fie, 8 la derniere que marque Ptolomée, Z. WII, c. ii. du côté de lorient. Il la borne au nord par la Sérique : à l’orient & au midi par des terres incon- nues ; & à l'occident , partie par l'Inde d’au-delà le Gange, dont elle étoit féparée par une ligne tirée depuis le fond du grand golfe, jufqu’à la Sérique , partie par le grand golfe, & partie par le pays des Ichthyophages Ethiopiens, compris aufli fous Le nom général de Size, ainfi que les peuples Sarrathent, Acadre, Afpithre, & Ambathe. (D.J) | SINASPITRUM, 1. m. (Hifi. nat, Botan. ) gente SIN «de plante, dontila fleur eft prefqu’en croix compo: fée de quatre pétales. Le pifül fort du calice , & de- vient dans la fuite un fruitou unefilique cylindrique, & compofée de deux pieces qui renferme des femen: ces ordinairement arrondies. //£. rei hèrb. W. PLANTE, SINGERE , adj. ( Gram.) qui eft franc, & qui eft incapable de toute difimulation dans le difcours. SINCÉRITÉ , d f. (Morale. ) La incérité n’eft au- tre chofe que l’expreflion de la vérité. L’honnêteté 8 la frncérité dans les ations écarent les méchans, & leur font perdre-la voie par laquelle ils peuvent arri- ver à leurs fins: parce que les méchans croient d’or- dinaire qu'on ne fait rien fans artifice, La fncérisé eft une ouverture de cœur. On la trou- -veen fort peu de gens; & celle que l’on voit d'ordi- naire, n’eft qu'une fine difimulation pour attirer la confiance des autres. Simos ames étoient de purs efprits, dégagés des liens du corps ; lune liroit au fond de Pautre : les penfées feroient vifbles, on fe les communiqueroit fans le fecours de la parole ; & il ne feroït pas né- ceffaire alors de faire un précepte. de la ffacériré ; c’eft pour fuppléer , autant qu’ilen eft befoin, à ce commerce de penfées, dont nos corps gênent la liber- té, que la nature nous a donné le talent de proférer des {ons articulés. La langue eft un truchement , par le moyen duquel les ames s’entretiennent enfemble ; elle eft coupable, fi elle les fert infidelement , ainf que le feroit un interprete impoñfteur, qui trahiroit fon miniftere.. La loi naturelle qui veut que la vérité regne dans tous nos difcours, n’a pas excepté les cas où notre Jfencérité pourroïit nous couter la vie. Mentir c’eft offenfer la vertu, c’eft.donc auf bleffer l'honneur : or on convient généralement que l’honneur eft pré- férable à la vie ; il en faut donc dire autant de la fx cérité. | Qu'on ne croie point ce fentiment outré : ileft plus géRiéral qu’on ne pente. C’eft un ufage prefque uni- verfel dans tous les tribunaux , de faire affirmer à un accufé, avant de l’interroger, qu’il répondra confor- mément à la vérité, & cela même, lorfau’il s’agit d’un crime capital, On lui fait donc l'honneur de fagpofer, qu'il pourra, quoique coupable du fait qu’on lui im- pute, être encore aflez homme de bien , pour dépo- fer contre lui-même, au rifque de perdre la vie, & 6t de la perdre ignominieufement. Or le fuppoferoit- on, fi lon jugeoit que la loi naturelle Le difpenfât de le faire ? La morale de la plñpart dés gens, en fait de fncé- rite, neft pas rigide: onne fe fait point une affaire de trahir la vérité par intérêt, ou pour fe difculper , ou pour excufer un autre: on appelle ces menfon- gesofficienx ; Ones fait pour avoir la paix, pour obli ger quelqu'un, pour prévenir quelqu’aecident. Mi- férables prétextes qu'un mot feul va pulvérifer : il n’eft jamais permis de faire un mal, pour qu’il en ar- . rive un bien. La bonne intention {ert à juflifier les aétions indifférentes ; mais n’autorife pas celles qui {ont déterminément mauvaifes. | SINCÉRITÉ , FRANCHISE , NAÏVETÉ » INGÉ- NUITÉ, (Syronym.) La féncériré empêche de par- ler autrement qu’on ne penfe, c'eft une vertu. La franchife fait parler comme on penfe; c’eft un effet du naturel. La zaiveré fat dire librement ce qu’on penie ; cela vient quelquefois d’un défaut de réfle- xion. L'ingénuiré fait avouer ce qu'on fait, & ce qu'on fent ; c’eft fouvent une bétife. Un homme frcere ne veut point tromper. Un homme franc ne fauroit difimuler. Un homme naïf meft guere propre à flatter. Un irgéru ne fait rien cacher. La fencérité fait le plus grand mérite dans Le com- merce du cœur. La franchife facilite le commerce des SIN affaires civiles. La naiveré fait fouvent manquer à la politefle, L’rrgénuité fait pêcher contre. la prudence, Le féncere eft toujours eflimable. Le franc plaît à tout le monde. Le zaif offenfe quelquefois. L'inoére fe trahit. | | Je n’ajouterai rien à ces remarques de l’auteur des fynonymes françois, mais je renvoie pour les chofes aux "015 , FRANCHISE ; INGÉNUITÉ , NAÏVETÉ, SINCÉRITÉ. (D. J.) SINCIPUT , f. m. ( Aratom. ) eft la partie anté- rieure de la tête qui prend depuis le font jufqu’à ia future coronale. Voyez PI, d’Anatomie, Voyez auffi BREGMA 6 CRANE. SINDA , (Géog. anc.) nom, 1°, d’une ville de l’Afie mineure , dans la Pifidie ; 29, d’une ville de l'Inde au-delà du Gange; & 3°. d’une ville de la Sare ; matie afiatique, fur le bofphore Cimmérien., SINDE , ( Géog. mod. ) ou Tata, du nom de fa ca- pitale', province des Indes, dans les états du Movsol: Elle ef bornce au nord par celle de Buckor, au midi par la mer, au levant par les provinces de Soret & de Jeffelmere, & au couchant par la Perfe, Elle eft traverfée par le Sinde du nord au midi. C’eft un pays riche &c fertile, où l’on fabrique quantité de belles toiles de coton. Le grand-mogol Akebar fit la con: quête de ce pays, anfi que de ceux de Cachimir & de Guzarate, Les peuples font mahométans. (D. J. SINDE , Ze, ou INDE, ( Géog. mod.) en latin Zndws, 207 "grande riviere des Indes dans les états du grand-mo- gol. Elle prend fa fource fur Les confins du petit Thi- bet , dans les montagnes qui féparent ce royaume de la province de Nagracut. Son cours eft du nord-eft au fud-oueft; après avoir traverfé plufieurs pays, & s'être partagé en deux branches, qui font les bouches de lInde, 1l fe jette dans la mer. SINDI , ( Géog. anc. ) peuples de la Sarmatie afia- tique comptés parmi ceux qui habitent le bofphore Cimmérien. Pomponius Mela les nomme Sixdones, & les place au voifinage des Palus Méotides. SINDICUS PORTUS, ( Géog. anc. ) port de la Sarmatie afiatique , dans le bofphore Cimmérien , fur la côte de la mer Cafpienne , felon Ptolomée , & le Périple de Scylax. | SINDIFIU , ( Géog. mod.) ville d’Afie, dans la Tar- tarie , au pays auquel elle donne fon nom, fur les confins de la Chine. (2. J.) SINDON , f. m. ( ff. ecclef. ) terme latin qui f- gnifie proprement un Zncezl, mais qu’on trouve em- ployé dans Ecriture & dans les anciens, pour expr1- mer diverfes fortes de vêtemens. Les évangéliftes s’en fervent pour marquer le linge dans lequel Jofeph d’Arimathie enveloppa le corps de Jefus-Chrift après lavoir embaumé , l'avoir en- touré de bandelettes, & lui avoir mis un fuaire au- tour de latête. Les faints fuaires qu’on montre en dif- férens endroits, ne peuvent pas tous être le vrai /£x- don qui enveloppa le corps de Jefus-Chrifr. ILeftencore parlé de {’2don dans l’hifoire de Sam- fon , Judic. XIV, xi. 13. 1 promet aux jeunes hom- mes de fa noce srigenta findones 6 totidem tunicas, s’ils pouvoient expliquer l'énigme qu’il leur propofa.L’hé- breu porte trente f£dirim, & trente habits de rechan- ge. Les uns entendent par /edinim ou findonem , la tu- nique qu’on mettoit immédiatement fur la chair ; & par des habits de rechange, des habits complets ,une tunique & un manteau , car ces deux pieces faifoient l'habit complet , ou fimplement trente-manteaux , qui avec trente tuniques formoient trente habits à changer. | La femme forte dont parle Salomon, Prov. xxij, 24. fañoit des firzdons & des-ceintures , qu’elle ven doit aux Phémciens. Les filles de Jérufalem portoient de ces findons , comme on le voit par Ifaie , chap. üiy. verf. 23, C’étoit un habit propre aux T'yriens & aux 208 SIN Phéniciens , & peut-être tiroit-1l foû nom de [a ville de Sidon. Martial parlant à un de fes amis d’un vête- ment qu'il lui envoie, lPaflure qui eft encore plus ce à garantir du mauvais tems que les {£zdons de Syrie. Ridebrs ventos hoc munere tetlus & imbres Nec fit in Syrii findone seclus eris. Le jeune homme qui fuivoit Jefus-Chrift la nuit de fa pafion, n’avoit fur lui qu’un findon , amic£us fen- done fuper nudo. Ce pouvoit être une efpece de man- teau pour fe garantir du froid. Calmet, Didionn. de la Bible, SINDON , en Chürurgie , eft un petit morceau rond de toile , dont on fe {ert pour panfer la plaie caufée par le trépan. Voyez TRÉPANER. | La premiere chofe qu’on fait ordinairement après opération du trépan , eft de jetter quelques gouttes de baume blanc fur la dure mere, enfuite une euil- lerée de miel rofat, qu’on a fait chauffer avec un peu de baume, on y met un ffzdon de fine toile de lin: cela s’applique immédiatement fur la dure mere ; & cela étant plus grand que le trou qui eft au crâne, on en fait entrer la circonférence entre le crâne & la membrane , avec un inftrument nommé 7zezingophi- lax , voyez MENINGOPHILAX ; enfuite on y applique des plumafleaux de charpie, 8 par ce moyen le trou eft tout-à-fait bouché. SINDRIE-MAL, { m. ( Æiff. nar. Botan, ) c’eft une fleur qui croit dans les bois de Pile de Ceylan, & que fa fingularité fait tranfplanter dans les jardins, où elle fert en quelque façon d'horloge. Elle eft ou rouge ou blanche : on aflure qu’elle s'ouvre tous les jours vers les quatre heures de l’après midi ; elle de- meuré épanouie jufqu’au lendemain matin ; alors elle fe referme pour ne s'ouvrir qu’à quatre heures du foir. SINDRIO o4 AKAI-SINDJO , £ m.(Æf. rar. Botan.) arbrifleau du Japon qui a une coudée de hau- teur ; 11 pouffe dès fa racine des branches garnies de feuilles &c alternes ; fes baies font rondes , un peu ap- platies, moins groffes qu’un pois , de couleur incar- nate, d’une chair molle & pleine de fuc, avec un noyau de la couleur & de la groffeur d’une graine de coriandre. 7: SINES, ( Géogr. mod. ) port de mer'en Portugal, fur la côte de l’Eftramadure , au fud-oueft de Saint- Jago de Cacem. C’eft dans ce petit port qu’eft né au xv. fecle Vafco de Gama, amiral portugais , homme immor- tel par la découverte des Indes orientales, en tentant le pañlage du cap des Fempètes, qu'il nomma le pre- mier le cap de bonne Ejpérance, nom qui ne fut point frompeuf. Gama doubla la pointe de l'Afrique en 1497; 8 remontant par ces mers inconnues vers l'équateur , 1l mavoit pas encore repañlé le capricorne, qu'il trouva vers Sophala des peuples policés qui parloient ara- be. De la hauteur des Canaries jufqu’à Sophala , les hommes , les animaux, les plantes , tout avoit paru d’une efpece nouvelle. La furprife fut-extrème de re- trouver des hommes qui reflembloient à ceux du con- tinent connu. Le mahométifme commençoit à péné- trer parmi eux; les mufulmans en allant à lorient de PAfrique,& les chrétiens en remontant par Poccident, fe rencontroient à une extrémité de la terre. Ayant enfin trouvé des pilotes mahométans à quatorze de- grés de latitude méridionale, il aborda en 1498 dans les grandes Indes , au royaume de Calicut”, après avoir reconnu plus de quinze cens lieues de côtes. Ce voyage de Gama changea la face du commerce du monde, &c en rendit maîtres les Portugais par PO- céan éthiopique , &c par la mer Atlantique. En moins de cinquante ans 1ls formerent des établiflemenstrès- confidérables depuis les Moluques jufqu’au golfe Per- SIN fique , dans une étendue de foixante degrés de lon< gitude. Gama revenu de fon voyage en 1502, avec treize vaifleaux chargés de richefles incroyables, fut nom- mé viceroi des Indes par le roi Jean III. & mourut à Cochin le 24 Décembre 1525. Dom Etienne & dom Chriftophe de Gama fes fils , lui fuccéderent dans la même viceroyauté , & font célebres dans l’hiftoire. (D.J.) ; | SINF, f. m. ( Mar, méd, des anc. ) terme employé par les anciens pour defigner le boïs d’aloës , agallo- chum gmais les Arabes ont fait de ce terme un adjec- tif, & ont nommé le bois d’aloës jaune f£rfcum, & le noirâtre izdicum. Le mot irdicum n'indique pas ici le lieu du pays , mais la couleur noirâtre , ce qui eft aflez commun dans les ouvrages des anciens. SINGARA , (Géog. anc.) ville de la Méfopotamie, que Prolomée , Z. F. c. xvuij. place fur le bord du T'i- bre. Etienne le géographe, Pline 8: Ammier Marcel- lin, connoïffent auffi cette ville. SINGE , f. m. fémius, ( Hift. nat. Zoologie. ) y a grand nombre d’efpeces de /Zrges. La plüpart de ces animaux ont plus de rapport avec l'homme que les autres quadrupedes , fur-tout pour les dents, Îles oreilles, les narines, &c. ils ont des cils dans les deux paupieres, & deux mamelles fur la poitrine. Les fe- melles ont pour la plüpart des menftrues comme les femmes. Les piés de devant ont beaucoup de rapport à la main de l’homme ; les piés de derriere ont auf la forme d’une main , car les quatre doigts font plus longs que ceux du pié de devant, &r le pouce eft long , gros &c fort écarté du premier doigt ; aufh fe ervent-1ls des piés de derriere comme de ceux de de- vant pour faifir & empoigner. Il y a des ges qui ont dans la mâchoire d’en-bas une poche ou fac de char que côté où ils ferrent les alimens qu'ils veulent gar- der. Voyez fynop. anim. Raï, mém. pour fervir a l'hiff. natur. des anim. dreflé par M. Perrault, par. IT. M. Briflon , Regne anim. a divifé les différentes efpeces de fnges en cinq races. Race premiere, Ceux qui n’ont point de queue , & qui ont le mufeau court, Le finge, Ily a plufeurs efpeces de frges, qui ne different entr’elles que par la grandeur ; elles ont beau- coup de rapport à l’homme par la face, les oreilles & les ongles. Les feffes font nues; le poil de ces animaux eft de couleur mêlée de verdâtre & de jaunâtre. On les trouve en Afrique. L'homme des bois, ourang outand bout ; cet animaf eft des Indes orientales ; il refemble plus à Phomme qu'aucune autre efnece de fre; fon poil eft court &c aflez doux. Le fénge de Ceylan. La levre fupérieute de cefirge eft fendue comme celle d’un lievre ; les onglés font plats &c arrondis , excepté celui de l'index des piés de derriere , qui.eft long, recourhé & aigu ; le poil du dos a une couleur noirâtre , & celui du ventre, des bras 8 des piés, une couleur cendrée jaunâtre. Race deuxieme. Les finges qui n’ont point de queue, &c dont le mufeau eft alongé : on leur a donné le nom de cyrocephales. - | Le fénge cynocephale. Il ne differe du frge qu'en ce qu'il a le mufeau plus alongé. Il ya des cynocephales de différentes grandeurs : on les trouve en Afrique. Le fénge eynocephale de Ceylan. Xl a les ofeilles ron- des, larges, tranfparéntes, nues, &£ de couleur cen- drée claire, les jambes longues & menues; elles n’ont que peu de poil : celui du corps a beaucoup de rap- port à lailaine ; il eft long , doux comme dela foie , de-couleur roufsâtre , plus foncée fur le dos du mâle que fur le ventre ; & au contraire plus foncée fur le ventre de la femelle que fur le dos. L’ongle de l'index de, chaque pié eftlong, recouthé & pointu; les au- tres font plats. ê arrondis, À Race SIN Rate roifieme, Les fnges qui ont uné queue très- courte. | ; Fe _ Le babouin. Il fe trouve dans les deferts de l'Inde; il eft à-peu-près de la grandeur d’un dogue, & il ref femble à cet animal par la forme du mufeau ; il a les fefles nues & rouges, les jambes courtes , les ongles trés-aigus , un peu recourbés , & la queue fort coutte & relevée, | Race quatrieme, Les f’nges qui ont la queue longue êt le mufeau court : on leur a donné le nom de cer= copitheques. Le Japajou brun. La longueur de ce fénge eft de 13 pouces, depuis le fommet de la tête juiqu’à la queue, qui eft longue de 14 pouces & demi; cet animal Ja roule en fpirale, & l’applique autour des corps aux- quels il veut s'attacher ou fe fufpendre. Le poil eft noir fur la tête , & de couleur brune plus foncée fur le dos que fur le ventre. Le /apajou noir. Ce finge reflemble au précédent par la conformation de la queue ; il ef a-peu-près de la grandeur du renard; fes poils font longs, brillans, & couchés les uns fur les autres, noirs fur tout le corps , excepté les piés & une partie de la queue, Gui ont une couleur brune ; le poil du menton & de la gorge eft plus long que celui du corps. On trouve ce fapajou au Bréfil. Le fapajou cornu. I a quatorze pouces de longueur depuis le fommet de la tête jufqu'à la queue, qui eft longue de quinze pouces, & conformée comme celle des deux fapajoux précédens. Celui dont il s’agit a fur la tête deux bouquets de poil en forme de cornes, d’où vient {on nom de fzpajou cornu. Le fommet de la tète, le milieu du dos , la queue, les jambes de der- ricre, &c les quatre piés font noirs; les autres parties du corps ontune couleur brune ; les ongles font longs & obtus. | Le Japajou a queue de renard. I n’a que fix pouces de longueur depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue, qui eft longue de dix pouces ; les poils du corps font longs & noirs , excepté la pointe qui eft blanche ; ceux de la gorge & du ventre ont une cou- leur blanche fale ; les poils de la face font très-courts & blanchâtres ; ceux de la queue font très longs & noirs ; il n’y a que les ongles des ‘pouces qui foient courts & arrondis. On trouve ce fapajou dans la Guyane, Le petit finge negre : il eft noir ; on les trouve au Bréfl. Le finge de Guinée : les couleurs de ce finge reflem- blent prefqu’à celles du dos d’un lievre; il a la tête petite & la queue longue. Le frnge mufqué : il eft ainfi nommé, parce qu'il a une odeur de mufc ; fon poil eft long & de couleur blanche teinte de jaunâtre. Le fapajou jaune : il a fept pouces & demi de lon- gueur, depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue qui eft longue d'un pié, & garnie de longs poils; les oreilles {ont rondes & couvertes de poils aflez longs, & de couleur blanche fale. Ce fapajou a le poil très-fin & très-doux, de couleur blanchâtre fur la partie inférieure du corps, de couleur mêlée de brun, de jaunâtre | & de blanchâtre fur la partie fupérieure , & de couleur jaune-roufsâtre fur les piés; le bout de la queue eft noir, & le refte à la même couleur que le deflus du corps. Les ongles des pouces font courts & arrondis. On trouve cet animal à Ceylan & dans la Guyane ; il y en a de la même efpece à Cayenne ; ils font appellès /£ages de uit. Le finge varié : \ a onze pouces de longueur, de- puis le fommet de la tête jufqu’à la queue qui eft longue d'environ quinze pouces. Les oreilles font Jongues; la face eft noire; le poil a une couleur mê- _ lée de jaune & de noir fur le deflus de la tête & du Tome XV, S IN 309 Co, the couleur noire fuf la partié extérietire deg Jambes de devant & fur les quatre piés , une couleut brune-fñoirâtre, mêlée d’une teinte de jaune & de roux fur les jambes de derriere, & une couleur blanche fur le deflous du corps & fur la partie intéa rieure des jambes. Les poils des joues & des côtés du cou font longs, blancs à leur origine ; & mêlés de noir &c de jaune fur le fefte de leur longueur : il y à de chaque côté près de l’origine de la queue une pes tite tache blanche ; les ongles des pouces font éourts & arrondis, , Le ramarin ‘il fe trouve au Brefil. Le poil eft aflez long, & de couleur grife , teinte de noir fur le Corps; de couleur noire mélée de gris fur le front, & de couleur roufñe fur la queue. Le petit finge lion : on lui a donné ce nom ,» parcè qu'on a trouvé quelque reflemblance entre fa tête & celle du lion. Il na qu’environ fept pouces de longueur, depuis Le fommet de latête jufau’a la queue qui eft longue de douze pouces & demi. Ce Jférige à de longs poils doux comme dé la foie; ceux du corps ont une couleur blanche teinte de jaune ; lés poils qui entoutent la face ,ont une couleur roufle-foncée; ceux de la poitrine une couleur roufle-jaunâtre; ceux de la queue une couleur blanché-jaunâtre; & ceux des jambes de devant & des quatre piés une couleur roufle. Les ongles des pouces des piés de derriere font courts & arrondis : on trouve ce petit fnge au Bréfil, Le pertt finge de Para : il n’a que fept pouces de fongueur, depuis le fommet de la tête jufqu'à La queue qui eft longue de douze pouces & demi, Sa face & fes oreilles font d’une couleur rouge très= vive. Le poil du corps eft long, doux comme de la foie , & d’un gris-blanc argenté ; le poil de la queue a une couleur de marron; l’entrée eft approchante du noir: les ongles des pouces des piés de derriere font larges, plats & arrondis. 24 Le finge à queue de rar : il a été ainfi nommé parce que fa queue reflemble à celle d’unrat, Elle efterofle & longue à proportion du corps qui eft très-petit. Ce finge a le nez court, les yeux enfoncés,, la face blanchâtre & ridée, lé bout du nez & le tour de la bouche noirs, les oreilles grandes & nues, & les ongles courts & applatis. La tête eft ronde en-devant &t couverte jufqu’à la racine du nez par des poils d’une couleur noire qui tire fur le rouge : les poils du derriere de la tête qui eft un peu alongé, font noirâtres. La peau éft nue depuis le menton jufqu’aux ventre &c à la partie intérieure des cuifes. Le poil du dos a une couleur rouge moins foncée que celux du devant de la tête; la partie extérieure des cuif les, les piés &c les reins, n’ont que peu de poil qui eft d’un jaune-clair : cet animal {e trouve en Amé: rique, Le fagoïiin : 1] n’a que fept pouces & demi de lon: gueur, depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue qui eft longue de onze pouces & entourée d’an= neaux alternativement bruns, noirâtres & gris-blancs, Tous les poils de cet animal font fins & doux : cha cun de ceux du dos eft en partie roux, en partie brun & en partie gris-blanc : le brun & le gris-blane font difpoiés de façon au'ls forment des bandes tranfverfales. Les poils du deffous du corps & des jambes ont auffi du brun & du gris-blanc ; la tête & la gorge font brunes : 1l y a une tache blanche au- deffous du nez entre les yeux & de longs poils blancs autour des oreilles, Les ongles des pouces des piés de derriere font courts & arrondis : cet ani» mal fe trouve au Brefil. Le Jinge à queue de lion : left aïinfi nommé, parce que fa queue eft terminée par un bouquet de longs poils , & nue dans le refte de fa longueut comme celle du lion, Tout le çorps a une couleur jaune, D d 210 SIN teinte de brun, excepté la gorge &c la poitrine qui font blanches. Le finge-lion : le nom de ce fénge vient de ce quil a comme le lion de longs poils en forme de criniere fur le cou & fur la poitrine; ces poils font blan- châtres ; le mufeau brun. Le finge verd : il a quinze pouces de longueur ; dépuis le fommet de la tête jufqu’à fa queue qui eft longue de quatorze pouces. Le poil eft de couleur mêlée de gris & de jaunâtre fur le deflus de la tête & du dos, de couleur grife fur la queue 6 fur les côtés & l'extérieur des jambes, de couleur blanche fur l’intérieur des jambes & fur la partie infe- rieure du corps: les joues ont de longs poils blancs: les poils font courts & arrondis. Le grand finge de la Cochinchine : il a environ deux iés de longueur depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue qui eft longue d’un pié neuf pouces. Les joues ont de longs poils d’un blanc jaunâtre ; il y a fur le cou un collier de couleur de marron pourpré; la face, les jambes & les piés de derriere font de la même couleur ; le deffous de la tête, le corps &x les bras font gris; le front, le deflus des épaules, Les cuifles & les piés de devant ont une couleur noire; les avant-bras & la queue font blancs; 1l y a une tache blanche fur Le dos près de la queue : les ongles des pouces font courts &c arrondis. Le finge de Guinée à barbe jaunâtre : on trouve auf ce finge au Brefil. Il a le mufeau bleuâtre, la plus grande partie du corps decouleur noirâtre mêlée d’une couleur d’ambre, le ventre de couleur grife-bleuâtre, les jambes & les piés noirs, & la queue d’un roux- jaunâtre depuis le milieu de fa longueur jufqw'à l'ex- trémité. Les joues & les oreilles ont une grande quantité de longs poils d’un blanc-jaunâtre, Le finge rouge de Cayenne :il eft très-gros & d’un rouge-bay foncé.-Une conformation particuliere de los hioïde rend le fon de fa voix effroyable lorfqw’il crie. Le finge blanc à barbe noire. Le finge noir à barbe blanche. Le finge de Guinée à barbe blanche : on trouve auffi ce finge au Brefil. Il eft de couleur brune avec de petits points blancs, excepté fur la poitrine &c fur le ventre qui font blancs en entier. Le finge barbu : left ainfi nommé, parce qu'il a une barbe longue d’environ fix pouces. Son poil eft court , life, luifant, & de couleur noire mélée de brun, excepté fur la poitrine & fur la partie anté- tieure du ventre, où il eft blanc. Le finge barbu à queue de lion : ce finge a été ainf nommé parce qu’il a une barbe blanche , longue de neuf pouces, & comme le lion, un bouquet de poil au bout de la queue. Les poils de la partie fupé- rieure du corps ont une couleur noire, mêlée de brun; ceux de la partie inférieure font blancs & longs: les ongles different peu de ceux de l’homme. Le finge noir d'Egypte : il a de longs poils autour de la face. Le finge roux d'Egypte : il eft de la taille d’un grand chat ; il a une chevelure blanche autour de la face qui eft noire. Le petit finge du Mexique : 11 a environ fept pouces de longueur, depuis le fommet de la tête jufqu’à lori- gine de la queue qui eft longue à peu-près d’un pié. La face eft noire & nue jufqu’au-delà des oreilles; le deflus du corps a une couleur mêlée de brun & de roux;.le deflous & les quatre piés font blanchä- tres ; la queue eft en partie rouffe & en partie noire: les ongles des pouces des piés de derriere font lar- ges, plats & arrondis. Le belzebut : ce finge a quinze pouces de longueur, depuis le fommet de la tête jufqu’à la quene qui eff longue de deux piés, terminée en pointe ; & nue SIN fur fa face inférieure, depuis les deux tiers de fa longueur jufqu’à l'extrémité : cette partie eft revè- tue d’une peau fillonnée comme celle de la plante des piés. Auf cet animal fe fert-1l de fa queue com- me d’une cinqteme jambe: il embrafle, il faïfit, il empoigne, pour anfi dire, avec l'extrémité de fa queue ce qu'il veut porter à fa bouche. La face de ce fenge, les oreilles, la tête, la partie antérieure du dos, la partie extérieure du bras, de la cuifle & la jambe , l'avant-bras, les piés & la queue font noirs ; la partie poftérieure du dos eft d’un brun- noirâtre ; les côtés font roux ; la gorge, la poitrine ; le ventre, la partie intérieure du bas de la cuiffe & de la jambe font d’un blanc-fale & jaunâtre : 1l ny a que quatre doigts aux piés de devant. Race cinquieme. Les finges qui ont la queue lon- gue & le mufeau alongé : on leur a donné le nom de cercopitheques cinocephales. Le cercopithe-cinocephale : il ne differe du firge qu’en ce qu'il a une queuegéc le mufeau alongé. If y a des cercopiteques-cinocephales de différentes grandeurs : on les trouve en Afrique. Le makaque : il a plus d’un pié de longueur, de- puis Le fommet de la tête jufqu’à la queue qui n’eft longue que d’un pié, & courbée en arc. Le poil a les mêmes couleurs que celui du loup; les narines font fendues & élevées ; il n’y a point de poil fur les fef- fes: on trouve cet animal dans le royaume d’Angola & dans la Guyane. Le magot ou tartarin : i eft à peu-près de la gran- deur d’un dogue ; il a le nez gros , nud , cannelé & de couleur violétte ; les poils ont une couleur grufe= blanchâtre ; ceux de la partie antérieure du corps font très-longs : on trouve cet amimal en Afie & en Afrique, M. de la Condamine nous apprend, Mém. de l'as cadémie 1745, que les f£zges font le gibier le plus ordinaire & le plus du goût des indiens de l’Ama- zone. Quand ils ne font pas chaflés ni pourfuivis, ils fe laiffent approcher de l’homme fans marquer de crainte. C’eit à quoi les fauvages de l'Amazone réconnoiflent quand ils vont à la découverte, f un pays eft neuf, où na pas été fréquenté par des hommes. Dans tout le cours. de la navigation fur ce fleuve, on en voit un fi grand nombre &t tant d’ef- peces différentes , que la feule énumération en feroit ennuyeufe, Il y en a d’aufli grands qu'un levrier , &c d’autres aufh petits qu’un rat, non-feulement les fa- pajous y font communs; mais il y en a d’autres plus petits encore, dificiles à apprivoifer, dont le poil eft long, luftré ordinairement de couleur marron,êtquel- quefois moucheté de fauve ; ils ont la queue deux fois aufi longue que le corps, la tête petite 8 quar- rée, les oreilles pointues & faillantes comme les chats ; ceux-ci ne reflemblent point aux autres /?n- ges , ayant plutôt l’air & le port d’un petit lion. On les nomme pirches à Maynas, êc sarnarins à Cayenne. Les anciens , miém. de lPacadémie des Scienc. ont décrit l'anatomie du ffrge ; mais il y faut joindre les Remarques de M. Hunauld qui font dans les mémôtres modernes de la même acadèmie, annee 1735. En général, on a montré depuis long-tems tant de curio- fité pour la difleétion du fzge, qu’on a donné fou- : vent & repréfenté des parties de cet animal, com- ne tirées de cadavres humaïns. Galien a montré exemple à fes fuccefleurs; & je crois queVéfale lui- inêmé a fait une ou deux fois cette petite fuper- cherie. SINGE , {. m. ( Architeët. ) machine compofée de deux croix de S. André, avec un treuil à bras, ou à double manivelle , qui fert à enlever des fardeaux, à tirer la fouille d’'unpuits, &c à y defcendre le moi- lon & le mortier, pouf le fonder. Duaviler. (D.J.) SINGE, f im. terme de Perfpeñtive, c’eft un inftru- ment de perfpettive qui fert à copier des tableaux, & à les reduire du grand au petit pié, ou du petit pié au grand, dans la proportion requife; mais le vrai mot eft pantographe. Foyez PANTOGRAPHE. (D. J.) SINGERIE DE TÉNIERS , ( Peine. Grav.) on ap- pelle’la fngerie de Téniers, tous les finges que ce pein- tre a répréfentés ; les uns habillés en juges, les au- tres enprêtres, les autres en moines, 6, On voit dans taagure de Téniers ,tous les aéteurs de la co- médie italienne , en forte que c’eft un finge qui eft habillé en arlequin, un autre repréfente {caramou- che, un autre, Colombine, &c. Les eilampes qu’on en a gravées , s'appellent aufli /£rgeries, (D. J.) SINGHILLOS , (if. mod.) c’eft le nom que les Jagas, peuple anthropophage de l'intérieur de l'Afrique, donnent à leurs prêtres ; ce font eux qui font chargés de confulter les manes de leurs ancêtres, qui paroïflent être les feuls dieux que ces peuples con- noïflent ; les prêtres le font par des conjufations , accompagnées ordinairement de facrifices humains, que l’on fait en préfence des oflemens des rois , con- fervés pour cet effet après leur mort , dans des et- peces de boëtes, ou de chafles portatives. Ces pré- tres , dont l'empire eft fondé fur la cruauté & la fu- perfütion , perfuadent à leurs concitoyens que tou- tes les calamités qui leur arrivent , font des effets de la vengeance de leurs divinités irritées , ëc qui veulent être appaifées par des hécatombes de victi- mes humaines ; jamais le fans humain ne coule ailez abondament au gré de ces odieux miniftres ; les moin- dres fouffles de vents , les tempêtes , les orages, en un motles évênemens les plus communs , annoncent da colere & les plaintes des ombres altérées de fang ; plus coupables en celà que les peuples aveugles &z barbares qu'ils gouvernent,, &c qu'ils entretiennent par la terreur dans des pratiques révoltantes ; c’eft à leurs fuggeftions que font dues les cruautés que ces fauvages exercent furtous leurs voifins s'Ce font ces prêtres qui leur perfuadent que plus ils feront inhu- mains, plus ils plairont aux puiffances inconnues , _ «le qui ils croient dépendre. Voyez l’arcicle JAGAS. SINGIDAVA , ( Géog. arc.) ville de la Dace, elon Ptolomée, Z. SIT. c, vi. le nom moderne eft, ace qu'on prétend , Enyed, & enallemand, Enge- &yn. (D, J.) SINGIDUNUM, ( Geéog. anc.) où Singindunum, Où Sigendunum , ville de la Pannome , que l'itinéraï- re d’Antoinemarque fur la route d’Italie , en orient, en pañlant parle mont d'Or. Ptolomée met cette pla- ce au nombre des villes méditerranées de la haute Moefie, car, comme Pine nous l’apprend , la Moœ- fie futajoutée à la Pannônie; Sirgidunum étoit fituée à une petite diftance de la Save. Holftein juge que c’eft à préfent Zinderin, dans la Servie. Jovien ( Flavius Claudius Jovianus ) naquit à S27- Sidunum, vers Van 331, & fut proclamé empereur par l’armée romaine , en 363 , après la mort de Ju- lien. H ft auffitôr la paix avec les Perfes, par une négociation qu’ils tirerent exprès en longueur pour faire confumer aux Romains ce qui leur reftoit de vivres. Alors le nouvel empereur , préffé de lafaim, & dans la crainte aflez bien fondée , que quelqw’au- tre , profitant de fon abfence, ne prit auf le diadé- me,conclut avec Sapor un traité apparemment nécef- faire , certainement honteux. Il céda par ce traité, les cinq provinces tranfligritaines , avec la ville de Nifibe , qui étoit le boulevart de empire , en orient ; ce même prince avoit généreufement con- fefé la foi chrétienne, & perfévéra dans la même croyance, mais il fe propofa d’éteindre par la dou- ceur., les {chifmes de léglife. Son regnene dura que fept mois & vinet jours ; il fut étoufté dans fon lit, en 364, à l’âge de 33 ans, par la vapeur du char- Bon qu’on avoit allumé dans fa chambre, M. l'abbé Tome XV, : SIN 211 de Îa Blétterie a écrit la vie de ce prince, & nous ÿ envoyons leleéteur, parce qu’elle mérite d’êtrelue, (D. J.) SINGITICUS sINUS , ( Géog. anc,) golfe de la Macédoine , dans la mer Evée, {elon Ptolomge : d. III, c, xxxj. Ce golfe entroit fort avant dans les terres, entre la Chalcidie & la Praxie, depuis le pro- montoire Nymphœum, jufqu'à Ampelusextrema. SINGLER , v.n. ( A4rchir.) c’eft dans le toifé, Contourner avec le cordeau, le ceintre d’une voûte  les marches , la coquille d’un efcalier, les montures d’une corniche | & route autre partie qui ne peut être mefurée avec le pié &r la toife. Daviler. (D. JT. SINGLIOTS , {. fh. ( Coupe des Pterres.) font les deux foyers d’une ellipfeoùl’onattache les bouts d’un cordeau égal au grand axe , pour tracer cette courbe par le mouvement continu , qu’on appelle Zsrais du jardinier. Voyez ELxipsa, SINGO , (Géogr. mod.) petite ville de la Tur- quie en Europe, dans la Macédoine, fur la côte du golfe de Monte-Santo. Elle conferve le nom de l’an- cienne Singus , qui avoit donné le fien au golfe Sir- giuicus finus. ( D. J.) SINGO-FAU , £ m, (AE. nat, Botan. ) plante de l’île de Madagafcar , qui s'attache au tronc des ar- bres , 8 dont 1l fort une grande feuille longue de deux ou trois piés, fort épaife, & large de quatre doigts ; les habitans écrafent cette feuille > après l’a- voir chautfée au feu, & s’en frottent le tour des yeux, pour s’éclaircir la vue. SINGCR , oz SINGORA , ( Géogr. mod.) ville des Indes, au royäume de Siam, {ur la côte orien- tale de la prefqu’île de Malaca, à l'embouchure d’une petiteriviere, qui fe jette dans le golfe de Patane. Latit. 0.48, ( D. Ji SINGULARITÉ , ( Moral. ) on prend ordinai- rement ce mot en mauvaife part, pour défigner une affectation de mœurs , d'opinions , de maniere d'a- gir, ou de S’habiller, contre l’ufage ordinaire ; ce- pendant il faut diftinguer la frgulariré louable , de Ja vicieufe, 1°. Tout homme de bon fens tombera d'accord avec moi, que la fzgulariré eft digne de nos éloges, lorfque malgré la multitude qui s’y oppofe , elle fuit les maximes de la morale & de lhonneur; dans de femblables cas, il faut favoir quece n’eft pas la cou- tume, mais le devoir , qui eft la regle de nos ac- tions , & quece qui doit diriger notre conduite , eft la nature même des chofes : alors la fngularité de vient une vertu qui éleve un homme au-deflus des utres , parce que c’eft le caractere d’un efprit foi- ble, de vivre dans une oppoñtion continuelle À £es propres fentimens , & de n’ofer paroître ce qu'on eft Ou ce qu'on doit être. La fingulariré n’eft donc vicieufe que lorfqu’elle fait agit les hommes contre lés luinieres de la raifon 5 ou qu’elle les porte à fe diflinouer par quelques niai- feries ; comme je ne doute pas que tout le monde ne condamne les perfonnes qui fe fingularifent par les mauvaifes mœurs , le défordre & l'impiété ; je ne m'arrète qu’à ceux qui {e rendent remarquables par Ja bifarrerie de leurs habits , de leurs mamieres, de leurs difcours, ou de telles autres chofes de peu d’im- portance dans la conduite de la vie civile ;ileft cer- tain qu'à tous ces égards, on doit donner beaucoup à la coutume, & quoique lon puifle avoir quelque ombre de raïfon, pour ne fuivre pas la foule, on ‘doit facrifier fon humeur particuliere , & fes OPi- nions , aux ufages reçus du public, j; | Il faut donc s’y prêter, &c fe reflouvenir qu’en fuivant toujours le bon fens même , on peut paroiître ridicule dans l’efprit de gens qui nous {ont beaucoup inférieurs, & {e rendre moins propres à étre utile aux autres , dans des affaires réellement importan Ddr 212 SIN tes; au refte ; parmi nous, On voit trés-peu de pois fe fingularifer dans les modes, Les ufages, & es opinions reçues ; mais combien n'en voit-on pas qui, de peur de fe donner un ridicule , nofent fe montrer ce qu'ils devroient être, &c ce que la vertu leur prefcrit d’être? (D.J.) SINGULIER , RE , adj. ( Gram.) ce terme eff confacré dans le langage grammatical , pour défigner celui des nombres qui marque l'unité. /. NOMBRE. Un même nom, avec la même fignification , ne laïfle pas très-fouvent de recevoir des fens fort dif- férens, felon qu'il eft employé aunombre fngulier , ou au nombre pluriel. Par exemple, donner la main, c’eft la préfenter à quelqu’un#par politefle , pour l'aider à marcher , à defcendre, à monter, Gc. don- ner les mains, n’eft plus qu'une expreflion figurée , qui veut dire confemir à une propoñtion. Cette re- marque eft due à M. l’äbbé d’Olivet, fur ces vers de Racine, Bajazer, I. üj. 8.9. . « à « . … Savez-vous ft demain Sa liberté, fes jours feront en votre main. Il me femble que de pareilles obfervations font fort propres à faire concevoir qu'il eftnéceflaire d’ap- porter dans l’étude des langues, autre chofe que des oreilles, pour entendre ce qui fe dit, ou des yeux pour lire ce quieft écrit : 11 y faut encore une atten- tion fcrupuleufe fur mille petites chofes qui échappe- ront aïfément à ceux qui ne favent point examiner , ou qui feront mal vues par ceux qui n’auront pas une certaine pénétration, un certain degré de jufteffe dont on fe croit toujours aflez bien pourvu, & qui pourtant eft bien rare. L’ufage a autorifé dans notre langue une maniere de parler qui mérite d’être remarquée : c’eff celle où Von -emploie par fynecdoque, le nombre pluriel, au lieu du nombre féngulier, quand on adrefle la parole àune feule perfonne : Monfieur | vous mavex ordon- né; je vous prie ; Cc. ce qui fignife littéralement en latin, domine , juffifis ; oro vos ; la politefle fran- çoïfe fait que l’on traite la perfonne à qui Pon parle, comme fi elle en valoit plufieurs: & c’eft pour cela que l’on n’emploie que le frgulier, quand on parle à une perfonne à qui l’on doit plus de franchife , ou moins d’égards; onluidit, i#w”as demandé, je t'or- donne , furtes avis, &c. cette derniere façon de par- ler s'appelle sutoyer , ou sutayer ; ainfñPon ne tutaye que ceux avec qui lon ef très-familier , ou ceux pour qui l’on a peu d’égards. Ontrouve dans le patois de Verdun dévoufer, pour sutayer ; ce quime feroit volontiers croire que c’eft un ancien mot du langage dational ; il en a tous les caraéteres analogiques , & 11 eft compoté de la particule privative dé,&t du pro- nom pluriel vous , comme pour dire priver de l'hon- peur du vous. Ce mot méritoit de refter dans la lan- gue , &c il devroit y rentrer en concurrence avec 4 jayer : tous deux fignifieroient la même chofe, mais en indiquant des vues différentes ; parexemple, on gitayerois par familiarité , ou par énergie, comme dans la poéfie; on dévouferoit par manque d’égards, L4 > qu par mépris. Au refte, il ya peu de langues modernes où Pur- banité n’ait donné lieu à quelque locution vraiment irréguliere à cet égard. Les Allemands difent : mer herr, ich bin ihr diener, ce qui fignifie hittéralement en françois, rronfieur , je fuis leur ferviteur, au lieu de ton, qui feul eft régulier: ils difent de mêmes, au lieu de #; par exemple, fe bleiben immer ernfthaft, c'eftà-dire , ils démeurent toujours férieux , au lieu de lexpreffion réguliere , # es rowjours Jérieux : il ya donc dans le germanifme , abus du nombre &c de la perfonne. Les Italiens , outre notre maniere , Ont encore leur vo/ignoria , nom abftrait de la troifieme perfonne, qu'ils fubftituent à celui de la feconde. Les Efpagnols ont également adopté notre maniere, pour les cas du moins où ils ne croyent pas dévoit em- ployer les noms abftraits de diflinétion, ou le nom de pure politeffe , vueffra merced, où vuefa merced, qu'ils indiquent communément dans Pécriture, par y, m. (B.Æ.R. M.) | SINGUS , ou SINGOS , ( Géog. anc. ) ville de le Macédoine , dans la Chalcidie. Ptolomée , Z. JL, c. ii, la marque fur le golphe Singitique Paujour- d’hui le golphe d’Athos. (D.J.) SINGYLIA ,( Géog. anc. ) ville d'Efpagne , pré: {entement nommée Anriquera ; elle tiroit apparem- ment fon nom du fleuve Singulis , aujourd’hui le Xénil, fuivant l'opinion commune, (D. J.) SINI, où CONFUSI, fm. ( Æiff. nat. Botan. } arbre fauvage du Japon, de la grandeur du cerifier. Ses branches font tortueules : {en écorce a l’odeur du camphre , & fa feuille reflemble à celle du nè- flier ; mais fes fleurs qui naïffent à entrée du prin- tems , font des efpeces de tulipes ou de lys blancs, Leur piftil eft gros & de figure conique , environné d’un grand nombre d’étamines, Cet arbre et auffi appellé kobus par les Japonois. SINIGAGLIA ,( Géog. mod. ) en latin Senogallia , perite ville d'Italie , dans le duché d’Urbin , fur la ri- viere Nigola, près de la mer, à 10 nulles de Fano , à 22, de Péfaro & d’Ancone , & à 34 d’Urbin. Cette ville fut fondée parles Sénonoïs , & devint depuis colonie romaine. La riviere la divife en ville neuve & en ville vieille, toutes les deux dépeuplées. Ses fortifications & celles du château ne font pas abfo- lument mauvaifes. Son terroir abonde en vin, & manque de bonne eau, Son évêché a été établi de- puis leiv. fiecle, & eft fuffragant d’'Urhin. Long. 30. 32. latit. 43.40. (D.J.) : SINISTRE , adj. ( Gram. ) fâcheux , malheureux, de mauvais augure, Il fe dit des chofes & des per- fonnes. Un homme fériffre ; un vifage féffre ; un fonge f£ziffre ; un ordre /nifire. SINISTRES , f. m. pl. ( Æiff. eccléf.) anciens héré- tiques ainfi appelés de Paverfion qu'ils avoient prife pour leur main gauche ; ils ne vouloient rien accep- ter ni donner de cette main-là. On les appelloit auf novateurs fabbatiens ; il en eft parlé dans le concile de Conftantinople, can. 7. , SIN-KOO , £ m. (Æiff. nar. Botan, ) c’eftun ar- bre odoriférant du Japon , que Kaempferprend pour laquila, ougbois d’aigle, efpece d’aloë , ëc dont il croit que ce font les morceaux Les plus réfineux , & par conféquent ceux qui ont Le plus d'odeur , aux- quels on donne le nom de calamba. Son tronc , dit- il, eft haut d’une coudée, droit, mince, d'un verd : agreable, garni de feuilles dés lebas , couvert depoil, & fe partageant en deux branches. Ses feuilles naif- {ent une à une , éloignées d’un pouce entr'elles ; femblables à celles du pêcher, d'un vert brillant & vifde chaque côté, fans découpure ; mais avec ur gros nerf qui regne au milieu fur le dos , dans toute leur longueur , & qui couvre des deux côtés quan- tité de petits rameaux fins & prefqueimperceptibles. Cette defcription eft d’autant plus curieufe, qu’on n’avoit qu’une connoïflance imparfaite de cet arbre. On favoit feulement , comme l’obferve auf Kaemp- fer, qu'il ne fe trouve que dans les endroits les plus reculés des bois & des montagnes. Suivant le rapport des Japonois & des Siamois, il n’acquiert lodeur qui le rend fi précieux, que lorfqu'il efttout-à-fait vieux. SINNADE , ( Géog. mod. ) ville de la Turquie afatique , dans l’Anatolie , vers la fource du Sara- bat, à quinze lieues d’Apamis, du côté du nord. Elle étoit autrefois archiépifcopale ; elle eft aujour- d’hui miférable. (D. J.) SINNING , ( Géog. mod. ) ville de la Chine, dans la province de Quangtung , au département de s STN Quangcheu , premiere métropole de la province. Lait. 31. 47. (D. JT.) SINO Le , ( Géog. mod, ) riviere d'Italie, au royaume de Näples. Elle a fa fource dans la Bafili- cate & dans l’Apennin,aux confins de la Calabre, & va fe jetter dans le golphe de Tarente , près de la tour de Saint-Bafile. (D. J.) | SINOIS , ( Myrhol. )furnom de Pan , pris dunom de a nymphe Smoë, qui, foit en particulier, foit de conceft avec fes compagnes , prit {oin de l'éducation de ce dieu, (2. J.) SINONIA , ( Géog. añc. ) île de la mer de Thyr- rène , felon Pomponius Mela, Z. II. c, vij. & Pline, Z. III. c, y]. On croit que c’eft à-préfent l'ile de Sa- lone , aux environs de Gaëte. (D. J.) SINOPE , serre de , ( Hiff. nat. anc. ) terre rouge- brune de Natolie , qu'on ne connoit plus aujour- d’hui. . Quand Voiture, dans fes eñtretiens avec Coftar , dit plaifamment que les cordonniers ont été ainf nommés parce qu'ils donnent des cors, il me rap- pelle l’étymologieférieufe deMénage,qui dérive Jen ple , terme de blafon, de la serre de Sinope, qu'il fup- pofe verte,êc qui étoit d’un rouge-brun. Les anciens ont bien fait mention de la terre verte de Scio qu'ils eftimoient beaucoup , mais non pas de la terte verte de Sinope. Je ne fais même fi le mot praffnus dans Pline & dans [fidore fignifie la couleur verte , que nous appellons f£rople ; fnais cela ne nous faitrien. La serre de Sinope étoit une efpece de bol plus ou moins foncé en couleur touge-brune , qu’on trôu- voit aux environs de cette ville de la Natolie ) qui én diffribuoit à Rome une grande quantité pour di- vers arts ; c’eft pourquoi Strabon , Pline & Vitruve en ont beaucoup parlé. + | _ Ce quimarque que cette terre n’etoit autre chofe que du bol, c’eft que les auteurs que l’on vient de citer, aflurent qu'il étoit auf beau que celui d'Ef pagne. Tout le monde fait que l’on trouve un très- beau bol rouge - brun en plufeurs endroits de ce royaume, où on l'appelle a/magra ; & ce bol d’Ef- pagne , fuivant les conjeétures de Tournefort , qui devait en être inftruit , ayant voyagé dans le pays, eft un fafran de Mars naturel. L'on ne connoît plus aujourd’hui fur les lieux , ni la terre verte de Scio , ni la rouge de Sirope, appeliée rubrica fabrilis par Vitruve, Perfe &c autres auteurs. La terre finopique de nos jours, notre rubrique, eft une terre rouge qui fe trouve en Grece en Armé- mie, en Egypte, dans les îles de Majorque & de Minorque, en France , en Allemagne & Angleterre. Il y en a de plufeurs efpeces , de sraifleufes, de feches , detendres, de dures, de tachées, &c. Elles fervent aux ouvriers pour crayonner & tirer des li- gnes rouges. C’eft de cette terre que vient le nom de rubrique, qu’on donne au titre d’un livre de droit, parce que les titres en étoient autrefois écritsen lettres rouges, C’eft la même origine de ce qu'on nomme rwbriques générales dans Pofice divin ; & finalement puifque jen fuis fur les étymolosies , c’éft aufi à celle du mot de brique, terre grafle , rougeâtre , que nous cuifons , après l'avoir façonnée en carreaux , & qui fert à bâtir. Les Anglois fivent à merveille pulvérifer | tami- fer &t réduire en pâte, avec une éau gommée, leur terre rougée, dont ils font des crayons qu’ils débi- tent dans le commerce ; mais nous vanter la rubri- que, & toute autre forte de terres, bols ; craies, pierres de mine , Éc, quelle qu’en foit la couleur, pour être utiles en médecine, en recommander les vertus vülnéraires intérieurement , c’eft fe moquer du monde, ceit aggréser ceux qui exercent l'art d'Efculape, au corps des petits marchands de SIN 213 Crayons, qui étalent à Londres fur la bourfé, ou à Paris fur le pont-neuf, (D. JZ) | SINOPE , ( Géog. anc. ) ville de Paphlagonie , f= tuée au 43° degré de Zatirude feptentrionale , fur le bord méridional du Pont-Euxin , près d’une rivieré du même nom, à quelques milles en deçà de PHa: lys , fut une des villes des plus célebres & dediplus anciennes du royaume de Pont , dont la Paphlago- ne, province entre l’Halys & le Parthenius , filoit partie. Ovide de Poruo , 1, I. dit : Urës antiqua fuir | Ponti celebrata Sinope. Vai lu, dans les mém. des infc. r. X. :7-4°, uné _exceliente differtation fur Szope : en voici le précis, Cette ville, au rapport de plufieuts éctivains, doit fa fondation à Sirope , une de ces ämäzones fa: meufes qui habitoient le long des rivages du Ther- modon, & que quelques auteurs prétendent avoir été une colonie des Amazones de Lybie , que Séfof- tris menoit avec lui dans fes expéditions , & dont il laïffa , dit-on, une partie fur les bords de cette ri- viere , lorfqu’il pañla dans ces contrées-là. Mais d’autres écrivains croyent que S/rope, qui fonda en Afie la ville de fon nom , étoit grecque d’o: rigine, & fille d’Afope , petit prince établi à Thebes, ou plutôt à Phlafe, où il étoit venu de l’Afie d’au- près des rivages du Méandre : comme il avoit pañlé la mer pour fe rendre en Grece, on en fit, en lan- gage mythologique , un fils de l'Océan & de Téthis, où de Neptune & de Céglufe ; & le fleuve Afope, à qui 1l donna fon nom, n’étoit autre, fuivant le même ftyle , que le Méandre même , qui ayant fuivi Afope fous les eaux de la mer , étoit venu reparoître fur les terres que ce prince avoit acquifes près dela ville de _Phliafie , ou Phigalie. Paufanias fait mention d’un autre prince, nommé auf Afope, le plus ancien des rois de Platée après Cytheron. Ce fut lui qui donna fon nom à un autre fleuve appellé Æ/ope, qui couloit près de Thèbes, êt à l’Afopie , canton des environs de cefte ville. En ce tems-là les dieux, c’eft-à-dire , les princes ou feipneurs de quelque contrée , aimoiént à fe f- gnaler par l’enlevement des jeunes perfonnes qui étoient en réputation de beauté, Afope le phliafien avoit, diton , vingt filles, entre lefquelles il s’en trouvoit quelques-unes dont le mérite & la beauté faifoient beaucoup de bruit jufque dans les pays . étrangers. Ce fut entre le jeunes feisrieurs d'alors, à qui en enleveroit quelqu’une. Le petit fouverain de l'île d’'Oënone , qu’on qualifie du nom de Jupiter, fe faifit d’Egine, dont il eut Eacus , pere de Pelée, QuE le fut d'Achille, & Pile d'Oënone fut depuis appelée Egine. Le feigneur d’une autre île, qu’on honora du nom de Neprune , parce qu'il avoit pañlé la mer, furprit Corcyre, qu'il emmena dans fon île de Sché rie, qu'on nomma dans la fuite Corcyre, à-préfent Corfou, Un autre corfaire, qu’on titra auffi du nom de Nepruine , pour la même rafon , s’accommoda dé Salamine , qui donna fon nom à l’île où il la tranf porta. “ui Mars, c’eft-à-dire, quelque guerrier, ravit Har: Piane, &C un jeune aventurier Yenu du Levant , qu'on décora pour cette raïfon du hom d’Apo/on, furprit Sirope, une des autres filles d’Afope, qu'il tranfporta jufque dans une péninfule ou Cherfon- nèle de la côte méridionale du Pont-Euxin, qu'il lui céda , en lui laffant, diton , {à virginité. Quelques auteurs prétendent au contraire, beaucoup plus vrai femblablement, qu'il l’'époufa , & qu'il en eut un fils nommé Syrus , qui donna fon nom à la Syrie. La fituation du lieu où Sirope avoit été tranfplan= tée de la Grece , étoit trop charmante pour pouvoir ne s’y pas plaire. Cette princefle s’y fixa donc vo- lontiers, & y jetta les fondemens de la ville de fon: 214 SIN nom. qui devint dans la fuite fi fameufe par fes ri- ‘chefles, parle grandnombre de fes habitans , par la ‘beauté de fes édifices , tant publics que particuliers, par fa puiffance fur terre 8 fur mer, & même par | es grands hommes qu’elle a produits dans les arts & | les fciences , ainfi que Strabon &autres auteurs en À rendBnt témoignage. S'il y avoit quelque fonds à faire fur ce qu’on ra- | ‘conte de l’origne de cette ville , elle auroit commen- | cé versle tems de lexpédition de Phryxus dans [a | “Colchide, où il époufa Chalciope , fille d'Œetes, | roi du pays, une génération avant la conquête de la toïfon d’or par les Argonautes : car Afope , pere de Sinope , étoit contemporain de Sifyphe , roi de Co- rinthe, & d’Atamas , roi de Thebes & pere de Phry- us , qui le fut d’Argus largonaute , à qui lon attri- bue la conftrution de la navire argo. Sirope étoit auf tante, par Egine fa fœur, d'Eacus, pere de Té- Jamon Pargonaute & de Pélée. Que la ville de Sizope ait été fondéeavant le voyage des Argonautes en Col- chide , c’eft ce que fuppoient Diodore de Sicile dans {on hiftoire, & Apollonius de Rhodes dans fes argo- nautiques, puifque Pun & l’autre auteur font pañler les Arsonautes par cette ville. C’étoit aufli une tradition conftante chez les ha- ] bitans de Simope, qu'Antolyeus , fils de Mercure, c’eft-à-dire , de quelque fameux négociant de ces tems-là , & oncle de Jafon par fa fœur Polyphema , étoit venu s'établir dans cette ville à fon retour dela campagne qu'il avoit faite fous Hercule contre les Amazones du Thermodon.On va même jufqu’à dire que ce capitaine s’étant rendu maître de Sirope, en avoit chaflé les habitans , & s’en étroit fait le fonda- teur, en y mettant une nouvelle colonie, Ce qu'il y a de certain, c’eft que les Sinopiens lui déférerent les honneurs héroïques ; qu’après Sérapis ou Jupiter, Plutus, Apollon & Minerve, 1ls le revérerent com- me patron de leur ville, & qu'ils alloient le confulter dans fon temple comme un oracle. C’eft lui, peut-être, que repréfente une médaille de Sinope , citée par Spanheum, fur laquelle fe voit un bufte de héros le calque entête, & au revers une figure de femme voilée avec un cafque &t un javelot à fes piés, pour fignifier , dit M. Spanheim, lama- zone Sinope , fuivant l’opinion de quelquesauteurs, qui veulent que l’on donna le nom d'AÆmazone à Si- nope la grecque , parce qu’elle aborda de fon pays chez les Amazones, par l'embouchure du Thermo- don , d’où Apollon la mena dans la Cherfonnëfe du | Pont-Euxin , où elle fonda Sizope. Cette ville après avoir été très-floriflante pendant plufeurs fiecles, fut prefque entierement ruinée fous le reone d’Adrys, bifayeul de Créfus. Les Cimmé- riens ayant été chafiés alors de leur pays par les Scy- thes, fe fauverent fur la côte méridionale du Pont- Euxin, & fe faifirent de la péninfule de Sizope, & de plufeurs autres villes de conféquence de VAfie. Mais Halyatte, pere de Crêfus, les ayant contraints depuis d'abandonner leurs conquêtes , ils furent auffi obligés de quitter Sirope, qu'ils avoient prefque en- | tiérement détruite. En cetemslà, Milet, premiere ville de PTonie, &t mere de plus de foixante &c dix colonies, comme le dit Pline, fe trouvant maiîtrefle de la Méditerra- née & du Pont-Euxin, jettoit fur leurs côtes des co- lonies grecques de toutes parts depuis le heu appellé le mur des Muiléfiens fur les bords d’un des bras du Nil, jufau’à Panticapée à l'entrée du Bofphore cim- améfien. Mais de toutes les colonies qu’ils fonderent, nulle ne fut plus célebre que celle de Sirope. Rien ne les engagea davantage, felon Strabon, à s'établir dans cette ville qu’ils trouverent préfque deferte, que les charmes &les avantages de fon afliette, placée à la SIN : pointe d’une péninfule qui commandoit à la mer de tous côtés ; elle étoit prefque inacceflible par mer à caufe des rochers qui la bordoient jufqu’à Pentrée de fes deux ports , l’un à lorient, & Pautre à l’ocai- dent des extrémités de fon ifthme. Comme cet 1fthme aufli n’avoit que deux ftades de largeur, 1l'étoit très-aifé d’en défendre l’entrée du côté deterre, ce qui rendoit cette Cherfonnèfe d’un accès fort difhcile à l'ennemi. L’étabhfflement des Miléfiens à Sirope fe fit vraif- femblablement vers le commencement du regne de Cyaxare, dans la 37°*olympiade, où quelques chro- nologues placent la fondation de cette ville, Elle reprit bien-tôt fon premier éclat, & étoit très-illuftre du tems du jeune Cyrus. Après fa mort, les Grecs dans leur fameufe retraite fous Xénophon, ayant pris leur route par cette ville, y furent reçus très-favorablement. Outre toutes fortes de rafrai- chiflemens dontils pouvoient avoir beloïn, les ha- bitans leur fournirent tous les bâtimens néceflaires pour fes conduire à Héraclée de Bithynie, où plu- fieurs débarquerent, pour de-là continuer leur che- min par terre. Strabon nous apprend que la ville de Sizope de- vint fi puiffante par mer & parterre, que non-feu- lement elle fut fondatrice de plufieurs colonies con- fidérables fur la côte méridionale du Pont-Euxin, telles que Trébizonde, Cerafus, Gotyore, Armene, ÊT autres ; ‘mais qu’elle acquit l'empire de cettemer depuis la Colchide jufqu’aux iles Cyanées, près de l'entrée du bofphore de Thrace. Ses flottes pafferent même dans la Méditerranée, où elles rendirent , felon Strabon , de grands fervi- ces aux Grecs dans plufieurs combats de mer. Cepen- _ dant les Sinopiens , pour fe foutenir contre les puif- fances qui les environnoient, &c auxquelles ils cau- foient beaucoup d’ombrage , firent une alliance per- pétuelle avec les Rhodiens., qui depuis que les Mi- léfiens eurent perdu la domination de la mer, s’y étoient rendus les plus redoutables. | Une alliance fi avantageufe contribua beaucoup à maintenir les Sinopiens contre leurs voifins , fur- tout contre les rois de Pont qui en avoient conçu une jaloufie violente. La ville de Sirope étoit aufli trop à leur bienféance, pour'qu'ils n’euflent pas tou- jours Le deflein de Penvahir dès qu'il s’en préfente- roit une occafion favorable. Mithridate quatrieme du nom, & huitieme roi de Pont, imaginant l'avoir trouvée, fut le premier des fouverains de ce royaume qui ofa attaquer les Si- nopiens ouvertement. Leur ayant donc déclaré la guerre , 1l vint aufli -tôt les afliècer, croyant les prendre au dépourvu. Mais comme ils eurent le tems d'envoyer des ambaffadeurs aux Rhodiens , ils en reçurent un fecours fi prompt & fi purflant, ainft que le raconte Polybe , que Mithridate fut obligé de lever honteufement le fiége, après avoir perdu beau- coup de monde. Ceci arriva l’an des Seleucides 93, de Rome 534. | Mas trente-fept ans après , Pharnace fon fils & fon fuccefleur , fut plus heureux ; car étant venu af- fiéger Sirope par mer & parterre avec deux nom- breufes armées , lorfque les habitans s’en défioient le moins , il les força de fe rendre, fans qu'ils euf- fent eu le tems de fe reconnoître & d’être fecourus des Rhodiens leurs alliés, qui furent inconfolables de la prife de cette ville. Ils firent toutes les tentati- vesimaginables, mais inutilement auprès des Ro- mains, pour leur perfuader de déclarer la guerre à Pharnace, qu'ils traitoient de perfñde. Sinope perdit ainfñ fa liberté l’an de Rome s7r, après lavoir confervée glorieufement pendant plu- fieurs fiecles contre toutes les forces des Medes, des Lydiens, des Perfes, des Macédoniens, & des pre- SIN îiers fouverains du royaume de Pont, puiffance dont les états alloïient, pouf ainfi dire, jufqu’aux portes de cette ville. En effet, felon Hérodote, l’em- pire des Medes fous Cyaxare, s’étendoit jufqu’à l'Halys qui confinoit au territoire de Sinope , & Pré. rie quitouchoïit prefque à lifthme de la Cherfonnèle de cette ville, étoit fous Créfus du royaume de Ly- die; ce fut-là où ce prince ,au rapport d’Hérodote à vint fe poter à fa premiere campagne contre Cyrus; x c’eft de-là qu’il ravageoït les terres des Syriens, c’eft-à-dire des Cappadociens, que les Grecs nom- moient alors Syriens, dit encore cet hiftorien. Mithridate V. fucceffeur de Phätnace fon pere, ne fe contenta pas feulement de réparer Sinope ruinée en partie dans le dernier fiége ; il en fit la capitale de {on état, &c le féjour le plus ordinaire de fà cour; mais il eut le malheur d’y être affaffiné par fes confi dens mêmes, & y fut enterré. Les Sinopiens , enre- connoïfance des bienfaits qu’ils avoient reçus dece prince , lui donnerent le titre d’Evergere, qu'ils fi- rent graver fur leurs monnoies, où fe lit Buoriwe msôprde roy eUepye Top. Srrope ayant donc été entierement rétablie par la lbéralité de ce prince, reprit fa premiere fplendeur; On y admiroït fur-tout la magnificence de fes porti- ques , celle de la place publique, de fon gymnafe où académie , & de fes remparts. La beauté des faux- bourgs répondoit à celle de la ville; & les dehors embelkis de jardins agréables , étoient des plus char- mans, Auf Etienne de Byzance nomme-t-il Sirope la ville la plus illuftre du Pont, éarc raparsce/rn 75 Éoyrcu ; titre qu’elle méritoit encore d’une maniere plus glorieufe, en mémoire des hommes de Lettres qui y avoient pris naflance , entre lefquels Strabon nomme Diogene le cynique, Timothée le philofo- “phe, Diphile poëte comique, Bathon qui avoit écrit l’hiftoire de Pere, Cette ville qui eut Minerve & Apollon pour pa- trons , doit avoir produit beaucoup d’autres favans, dont les ouvrages & les noms mêmes ne font point arrivés jufqu'à nous, puifqu’Aftérius évêque d’Ama- ÎÉe , témoigne que Sirope, ville ancienne , étoit très- féconde en grands hommes &c en philofophes. Mais entre tant de perfonnages célebres qui y pri- rent naïflance, aucun ne l’a plus illuftrée que Mi- thridate, fixieme du nom, dit Ewparor, le fléau & la terreur des Romains, & que Cicéron dans {on Lucullus, nomme avec raifon le plus grand des rois après Alexandre : regum pofkAlexandrum maximus. Ce prince que fon goût pour les Arts & les Scien- ces, que fa mémoire prodigieufe qui lui faifoit en- tendre &c parler vingt-deux langues ufitées dans fes états, & que la vafte étendue de fon génie À quirien n'échappoit, doiventrendrerecommandable , fe plai- foit principalement à faire fa réfidence à Sirope & à Amife : il orna ces deux villes, & les remplit de tout ce qu'il put ramafler de plus rare & de plus pré- cieux : Sinope 6 Amifus domicilia regis Mithridatis omnibus rebus orrata € referta , dit Cicéron, pro Ma- zilio. Mais le malheur des guerres que ce prince eut à foutenir contre les Romains, qui de tous les peu- ples de la terre étoient les feuls capables de le vain- cre , lui fit perdre cette ville & tous fes états ; après néanmoins avoir gagné huit ou neuf batailles contre autant de généraux romains , avoir caufé des pertes immenfes à la république romaine, & après une ré- fifance des plus opimâtres pendant près de trente années, contre trois de fes plus fimeux capitaines , Sylla, Lucullus, & Pompée. | Il y avoit déja foïxante-huit ans que la ville de Sinope Étoït au pouvoir des rois de Pont, lorfqu’elle pañla fous celui des Romains, Ils n’avoient pà dom- pter entierement Mithridate dans les deuxpremieres guerres qu'ils eurent contre lui fous la conduite de STN 215 Sylla &t de Mutena. Ce prince s’étoit toujours relez vé de toutes fes pertes, encore plus redoutable qué Jamais ; & la paix qu'il avoit conclue avec eux , lui fut des plus avantageufes; mais il faccomba finalea ment dans la derniere guerre, & y périt. Eucullus qui s’étoit déja diflingué fous Sylla dans la premiere puerre contre ce prince, eut dans la troi: fieme le commandement des armées romaines. 11 fut trés-heureux , remporta des viétoires contre Mithriz date, le chaffa de {on royaume, & conquit la petite Arménie, avec le pays des Tibaréniens. Après ces glorieux exploits, il rétourria dans le Pont, où il lui reftoit encore à prendre quelques: unes des principales villes, dont Sirope étoit la plus importante. Cette place, devant laquelle il fe rendit en perfonne , auroit pü tenir longstems contre toutes fes attaques : elle n’étoit pas feulement pourvue de toutes les munitions féceflaires pour une longue & vigoureufe défenfe, un grand nombre de pirates dé Cihcie, gens déterminés , s’y étoient encore jetés; & de plus elle pouvoit recevoir des renforts conti nuels par mer, dontelle étoit la maîtrefle. Mais la divifion s'étant mife parmi les chefs, tous ces avantages devinrent inutiles; & pour furcroit de malheur , le feu ayant pris à la ville dans un tu- multe , les Romains y donnerent un affaut général dans Pefroi de Pincendie, la prirent fans prefqu’au< cune réfiflance, & huit mille pirates qui ne purent gagner leurs vaifleaux, furent paflés au fil de Pépée: Ce tragique événement arriva fur la fin de l’an dé Rome 683 , ou au commencement de l’année fui- vante 684. La plüpart des habitans de Sirope n’äyant pu fup= porter l’infolence des pirates quis’étoient jettés dans cette place pour la défendre , avoient été contrains de l’abandonner pendant le fiége, & s’étoient reti- tés par mer où ils avoient pu, Lucullus étant maître de la ville, leur manda de revenir dans leurs mai- {ons , dont il avoit eu grand foin de faire éteindre le feu, aufli-tôt que fes troupes furent entrées dans la ville. Il remit auflitôt les habirans en pofleffion de tous leurs biens, & par un excès de générofité , il leur accorda la liberté & le droit de vivre felon leurs lois 1 comme Île rapporte Appien, graces dont il favorifa auf les habitans d’Amife , autre ville capitale du Pont, & ancienne colonie des Athéniens, qu'Ale= xandre le grand, en confidération de cette glorieufe origine , avoit aufli laiflé en liberté. Lucullus fe fignala encore à la prife de Sinope par fon défintérefflement , qui fut tel, qu'entre les richef: fes immenfes & les pieces précieufes dont cetre ville étoit remplie, il ne voulut retenir, dit Strabon , que la fphere de Billarus, célebre aftronome , dont le nom cependant ne fe trouve que dans cet auteur, & la ftatue d'Antolycus , du cifeau de Sthénis , fa- meux fculpteur. Les Sinopiens resarderent cet événement commeun préfage de la renaïffance de leur ville ; & ce fut pour en conferver la mémoire à la poftérité, qu'ils quit- terent l’ere des rois de Pont , dont ils s’étoient f{er- vis depuis qu’ils étoient devenus leurs fujets , pour prendre celle de Lucullus , que l’on comptoit de lan de Rome 684, qu'ils recouvrerent , pour ainf dire ; leur hberté. Cependant à peine Sirope commencoïit d’en jouir, qu’elle en fut dépouillée par Pharnace , qui enleva aux habitans une partie de leurs poffefñons. Ce prin- ce, après la mort de Mithridate-Eupator, avoit ob- tenu de Pompée le royaume de Bofphore qw’avoit eu Machares fon frere. Mais il n’eut pas plutôt appris que la guerre s’étoit allumée entre Céfar 8 Pompée:; que voulant profiter d’une fi belle occafon de rentrer dans Phéritage de fes ancêtres , il fe jetta fur le royaw- 216 SIN me de Pont, prit d’abord Sirope, qu'il pilla en par- tie, battit Domitien , général de l’armée romaine en Afie, 8 conquit en très-peu de tems, les états que fon pere ävoit poffédes. Mais toutes fes profpérités s’'évanouirent prefque enuninftant. Céfar,viétorieux de fes ennemis, pañle en diligence d'Alexandrie en Syrie, l’an de Rome 706, vole de-là dans le Pont, où il ne fait que pa- roitre pour vaincre Pharnace , & tailler fes troupes en pieces à la fameufe journée de Ziéla , lieu qui, plufeurs années auparavant avoit été fi funefte aux Romains, par la viétoire importante que Mithridate y avoit remportée contre l'rarius, lieutenant de Lucullus ; ainfi le nom romain fut vengé de laffront qu'il avoit reçu en cet endroit, où Céfar en monu- ment de fa viétoire, fit dreffer un trophée, à l’oppo- fite de celui que Mithridate y avoit fait élever à la honte des Romains. L] Après le gain de cette bataille, tout céda au vain- queur ; le royaume de Pont rentra fous l’obéiflance de la république romaine , & Pharnace, qui s’étoit fauvé dans Szrope avec mille cavaliers feulement, fat obligé de rendre cette ville à Domitius Calvinus, lieutenant de Céfar, & de s'enfuir par mer dans le Bofphore,oùil n’eut pas plutôt mis pié àterre, qu'un des grands du pays, qui s’étoit foulevé contre lui, le fit périr, & s’empara du royaume. Sinope étant ainfi tombée {ous la puiffance des Ro- mains, n’eut pas moins à fe louer de la générofité de Céfar, que de celle de Lucullus: il fonda le premier dans leur ville une colonie romaine. Ces colonies éfoient autant de garnifons romai- nes répandues de toutes parts , pour retenir &r affer- mir les nouveaux fujets dans Pobéiffance , les accou- tumer infenfblement à la domination romaine, & leur en faire goûter à la longue les lois & les coutu- mes. C’étoit d’ailleurs la digne récompente des tra- vaux & des fatigues nulitaires du foldat véteran, & une décharge de cette multitude prodigieufe de ci- toyens, dont Rome fe trouvoit accablée. On avoit foin de mettre ordinairement ces colo- nies dans les eux les plus avantageux & [es mieux fitués de chaque contrée , furtout dans les villes ca- : pitales & dans les métropoles. De toutes les villes dAfie, Sirope , tant à caufe de fa fituation , que de fa puiffance fur mer , fut une de celles où 1l conve- noit le plus de mettre une colonie, & de la rendre foriffante. \ M. Vaillant s’étoit perfuadé trop légerement que Lucullus avoit fait le premier de Sizopeune colonie romaine. Ce n’eit pas ainfi qu’en ont écrit les anciens auteurs, que cet antiquaire cite lui-même, Strabon parlant de la prife de Sirope par Lucullus , dit feule- ment que ce général laïfla à cette ville tout ce qui contribuoit à l’embellir, & qu'il fe contenta de faire enlever la fphere de Billarus, & la flatue d’Antoly- cus, ouvrage du fameux fculpteur Sthénis; c’eft quel- ques lignes plus bas que ce géographe ajoute, que Sinope étoit, de fon tems, colonie romaine , ru dé tai Popasor amotxiay d'édexres ; de-là 1l eft aifé de voir que cette colonie n’avoit pas été établie par Lucul- lus ; car fi ce fait eût été vrai, Strabon en auroit fait mention plus haut, en parlant du traitement que S'inope reçut de ce général. Appien dit feulement que Lucullus rendit à Szzope la liberté. Ainf aucun des anciens auteurs ne dit que cette ville ait été faite co- lonie par Lucullus. L'époque de Sirope marquée fur la médaille de Gordien-Pie, frappée à Sirope , & fi bien expliquée par M. Pabbé de Fontenu , prend fon commencement à l’an de Rome 684. l’époque marquée fur les mé- daïlles de M. Aurele & de Caracalla, commence à l’établiflement de la colonie romaine par Jules-Céfar, Pan de Rome 707. Cette double époque a été très- / bien remarquée par M. Vaillant ; elle fe trouve au- jourd’hui encore mieux confirmée par une médaille de Néron êr d'Oétavie , que le P. Froelich a fait gra- ver, &t par quelques autres dont on lui a communi- qué la defcriprion. Sinope ayant reçu tant de bienfaits de Céfar , fit gloire de porter dans fes médailles le nom de colo- nie julienne , colonia Julia Sinope, Augufte lui main- tint apparemment {es franchifes & fes privileges dans le voyage qu'il fiten Afie, lan 12 de fon empire, & de Rome 743, car elle joint la qualité d’Augufta avec celle de Julia dans quelques-unes de fes médail- les ; colonta Julia Augufla Sinope dans Vaillant ,au revers de Caracalla ; colonia Augufla Sinope dans Mezzabarbe , au revers de Gordien-Pie, Jai déjà peut-être remarqué à larticle SÉraprs, ( & j'en parlerai plus au long au mor TEMPLE DE Sé- RAPIS) que ce dieu des Égyptiens étoit celui de Sinope, &t que ce ne fut pas fans de grandes raïlons, que les Sinopiens prirent Jupiter Plutus, c’eft-à-dire, Sérapis pour leur divinité tutélaire ; car outre que plufieurs auteurs prétendent que ce fut Jnpiter mé- me, & non pas Apollon qui tranfporta de Grece en Afie Sznope, fondatrice de la ville de ce nom ; les Si- nopiens étoient aufli perfuadés que c’étoit à Jupiter Plutus, dieu des mines, qu’ils étoient redevables de lopulence où les mettoit le grand trafic qu'ils fai- foient fur toutes les côtes de la mer Noire, d’une quantité prodigieufe de fer qu'ils tiroient des mines de leur contrée, &c des pays voifins : raifon pour la- quelle vraïflemblablement Pomponius Mela nomme les Sinopiens chalybes , c’eft-à-dire , comme lexpli- que Euftache fur Denys le géographe , forgerons, artifans, ou marchands en fer, & leur canton Cha- lybie | comme pour faire entendre que les habitans s’adonnoient fur-tout à la fabrique du fer, & qu'ils en tiroient leur principale richefle. Outre le profit immenfe que le négoce du fer pro- duifoit aux Sinopiens, ils en tiroient encore un très- confidésable de la pêche du thon , qui fe faifoit fur leur rivage , où en certain tems, felon Sirabon, ce poiflon fe vendoit en quantité, raïfon pour laquelle ils le repréfentoient fur leurs monnoies, comme il paroït par les médailles de Géta. Ce poïflon venoit des Palus-Méotides , d’où 1l pañloit à Trébizonde & à Pharnacie, où s’en faifoit la premiere pêche; 1l al- loit de-là le long de la côte de Szrope où s’en faïfoit la feconde pêche, & traverfoit enfuite jufqu’à By- zance, où s’en faifoit une troifieme pêche. La terre de Sirope vantée par Diofcoride, Pline & Vitruve, étoit une efpece de bol plus ou moins formé, que lon trouvoit autrefois au voifinage de, cette ville, êt qu’on y apportoit, pour la diftribuer à l’étranger ; ce n’étoit au reïte qu’un petit objet de commerce pour les Sinopiens : plufieurs autres villes de la Greceavotent des bols encore plus recherchés. Voilà l’hiftoire complette de ancienne Szzope, en y comprenant même celle de fon commerce, Je fe- raï un petit article de Sizope moderne , mais je ne puis terminer celui-ci, fans ajouter un mot du fa-. meux Diogene , que j'ai déja nommé à la tête des hommesilluftres dont cette ville a été la patrie. Ce philofophe fingulier, &c bifarre dans fes ma- meres, mais vertueux dans fes principes, naquit à Sinope , dans la or. olympiade, & mourut à Corin- the en allant aux jeux olvmpiaues, la troifieme an- née de la 114 olympiade , âgé d'environ 90 ans, après avoir vécu dans létude de la morale, dans la, tempérance , & le mépris des grandeurs du monde. Il fe foucioit peu d’être enterré, & cependantil le fut fplendidement proche la porte de lifflhme du Péloponnèfe ; plufeurs villes de Grece fe difpute- rent l'honneur de fa fépulture. Son tombeau , dont parle Paufanias , portoit un chien de marbre de Pa- os» SIN r0s, avec une épitaphe. M. de Toutnefort a vu cette épitaphe, qui eft très-finguliere , für un ancien mar- bre à Venife, dans la cour de la maïfon d’Erizzo, Les kabitans de Sirope lui dreflerenr auf des ftatues de bronze. | | I me femble donc que ceux qui ne proferent au- jourd’hui le nom de Diogene que pour le rendre ri: dicule, montrent bien peu deconnoiffance de {vie êt de l’antiquité, Les Athéniens en jugerent diffé- remment, car ils honorerent toujours {a pauvreté volontaire &t fon tonneau. Ils punirent févérement le jeune homme qui s’étoit avifé de Le lui rompre, & lui en donnerent un autre au nom de la république. Plutarque , Cicéron, Séneque, en un mot les pre- miers hommesde lantiquité, n’ont parlé de Dioge- ne qu'en termes pleins d’éloges, 8 l’on ne fauroit guere s'empêcher de le lui refufer, lorfqu'on envi- _fage philofophiquement la grandeur de fon ame. Je ne m'étonne point qu’Alexandre ait admiré un homme de cette trempe. Ce prince, maître du mon- de, avoit vu venir à lui de toutes parts , les hommes d'états & les philofophes pour lui faire la cour. Dio-Mm gene fut le feul qui ne bouigea de fa place ; il fallut que le conquérant d’Afefailât trouver le fase de S7- nope. Dans cette vifite, il lui offrit des richeffes des bonneurs, & faprotedtion , & le fage lui demanda pour unique faveur qu'il voulût bien fe retirer un peu de fon foleil , comme s’il eût voulu dire : ne m'ôtez pont les biens de la nature, & je vous laïfle ceux de la fortune. Alexandre comprit bien la vigueur dune ane fi haute, & {e tournant vers les feigneutrs de fa cour : fije n’étois Alexandre, leur dit-il ) je voudrois être Diogene ; c’eft-à-dire , fi je ne pof- fédois tous les biens & tous les honneurs , je me tiendrois heureux de les méprifer comme ce fage. Je n’ignore pas que ce feroit être ridicule de por- ter aujourd’hui une lanterne dans la même vue que le faifoit Diogene , pour chercher un homme raifon- nable; mais 1l faut bien qu'il nait pas abufé de cette idée, puifqu’elle neparut point extravagante au peu- ple d'Athènes. Il y a mille chofes femblables chez les anciens , dont on pourroit fe moquer, fi on les interprétoit à la rigueur ; & felon les apparences, ce ne feroit pas avec fondement, | À l’écard du crime de fauffe-monnoie , pour le- quel il fat contraint de quitter fa patrie, ileft excufé par fes contemporains , fur ce qu'il ne s'y porta que par l'avis de l’oracle d’Apollon; & sil prit d’abord à la lettre la réponfe Delphiaue , ce ne fut que pour lui donner bientôt après une toute autre interpréta- tion, en fe fervant d’une monnoie bien diférente de celle qui avoit cours, fi nous éntendons par-là fes maximes & fon genre de vie, . Mais ce qu’on ne peut révoquer en doute, c’eft la fagacité de fon efprit , fes lumieres , & les connoif- fances. Le fel de fes bons mots , fa finefle & la fub- tilité de fes réparties ont pafé à la poftérité, Si Arif- tipe, difoit-il, favoit fe contenter de légumes , il ne feroit pas fans cefle fa COur aux rois; & quoi qu’en dife Horace, éternel adulateur d'Augufte , &c détra- éteur impitoyable du philofophe de Sinope , qu'il n’appelle que le #rordans cynique , je ne fai pas trop ce qu'Arifipe auroit pu répondre à Diogene, Ce qu'il y a de für, c’eft que nous ne lifons point la Bfte des livres qu’il avoit compolés , fans regretter la perte de plufieurs de fes Ouvrages. Il poffédoit à un deoré éminent le talent de la parole , & avoit une éloquence fi perfuañive, qu’elle fubjuguoit tous les cœurs. C’eft par cette éloquence auäl s’acquit plu- fieurs diiciples , que diftinguoit dans le monde leur naïflance , leur tang ou leur fortune. Tels ont été Stilpon de Mégare, Onéficrite & fon fils , & Pho- cion , encore plus illuftre au’eux, Mais fi vous vou: lez connoître plus particulierement Diogene & fa Tone. XF, SIN 217 feête ; voyez le mot CyNIQUE, lift. de la Philofophie, (Le Chevalier DE Jaucourr.) ‘ SINOPE , (Géog. mod.) ville del’Afe mineure, arte ciennement comprife dans la Paphlagonie, comme nous l'avons dit dans l’arsicle précédent. Elle étoit à 50 flades d’Armène, bâtie à l'entrée d’une prefqu'i le , dont lifthme n’a que deux fhades (environ deux cens toifes de largeur), elle avoit un bon port de chague côté, L’ancienneté de cette ville remonte au tems fibua leux, au tems même des Argonautes, Elle reçut fon luftre des Miléfiens, qui y envoyerent une colonie, êt avec le tems elle devint aflez puiflante pour fon der elle-même d’autres colonies fur des côtes du Pont-Euxin; favoir à Cérafunte & À TFrapéfunte, Les rois de Pont S'en emparerent, & Mithridate ft de Sznope la capitale de fes états. Lucullus Joignit Si20- peaux conquêtes de la république ; Jules=Céfar yen voya une colonie romaine, & Aupufte dans fon voyage d’Afie, lui confirma fes franchifes & fes im= munites. Ses murailles étoient encore belles du tems de Strabon qui vivoit alors. Celles d'aujourd'hui ont été bâties fous les derniers empereurs grecs; fon château eft entierement délabré. On ne trouve au- cune infcription dans la ville, ni dans les environs ; mais on en voit quantité dans le cimetiere des Tures 5 parmi des chapiteaux, bafes & piédeftaux, Ce font les reftes des débris du magnifique gymnafe, du marché, & des portiques dont Strabon fait mention. Les eaux y font excellentes, & l’on cultive dans les campagnes voïfines, des oliviers d'une grandeur af fez ralonnäble, Charatice capitaine mahométan » furprit Sirope du tems d'Alexis Comnène, dans le deflein d'enlever les tréfors que les empereurs grecs y avoient mis en dépôt ; mais le fultan lui manda par politique d’aban- donner la place fans y rien piller. Lorfque les croi- {és fe rendirent maîtres de Conftantinople , Sirope refta aux Comnènes, & fut une des villes de empire de Trébifonde, Elle devint dans la fuite une princi- pauté indépendante, dont Mahomet Il. £t la conqué- te en 1461, fur Ifinaël prince de Sinope ; c’eft ainf que cette ville de PAnatolie, qui a été épiicopale dans le v. fiecle, 8 qui n’eft aujourd’hui qu'un bourg , a pañlé fous la domination de la Porte otto- mane. Strabon qui ne négligeoit rien dans fes defcrip- tions, remarque que les côtes, depuis Sizope juf- qu’en Bithynie, font couvertes d'arbres dont Le bois eft propre à faire des navires; que les campagnes font pleines d'oliviers , & que les menuifiers de Sz2 nope failoient de belles tables de bois d'érable & de noyer. Tout cela fe pratique encore aujourd’hui ; excepté qu'au-lieu de tables qti ne conviennent pas aux Turcs, ils emploient l’érable & le noyer à faire des fophas, & à boïfer des appartemens. Ainf ce n’eft pas contre ce quartier de la mer Noire qu'Ovi- de a déclamé avec tant de véhémence ; dans fa troi- fieme lettre écrite du Pont à Ru£n. Long. 52. 54. las. Jéprens. 43. | ._ Æquila, auteur d’une verfion grecque de Pancien Teftament, étoit de Sirope. Il publia deux éditions de cette verfion ; la premiere parut l’année 12 de l'empereur Adrien, la 128 de J. C: Dans la premie- re, 1l fe donna plus de liberté pour rendre le fens de loriginal, fans s'attacher fervilement aux mots, 6C fans faire une verfon littérale. Mais dans la fecon- de, iltraduifit mot À mot, fans en excepteremême les termes qui ne peuvent être bien rendusen grec, parti- culierement la particule erh, qui lorfqu’eile défigne feulement Paccufatifenhébreu, n’a proprement aucu- ne fignification: cependantcomme elle fignifie ailleurs avec ; Aquila la rendoit par la particule Fa fans au- € av SIA un épard'au génie de la langue grecque: S. Jérome porte de cette verñon des jugemens contradiétoiress tantôtil la loue, & tantôt al la blà- me, Dans un endroït il en parle d’une maniere dé- favorable, & ailleurs il dit qu’Aquila a rendu lonpi- nal mot à mot, avec tout le foin 8 toute la fidélité pofñble, & non trop fcrupuleufement comme quel- aues-unsle croient. Souvent il préfefe cette verfion à celle des feptante, particulierement fes qwef”. he- Eraïc. in Gene. Origene en parle toujours avec élo- ge. Il eft vrai que plufieurs autres anciens, comme Eufebe, fe plaignent fouvent de l'inexaétitude d’A- quila en biendes pañlages. Malgré toutes leurs plaintes ;les favans regrettent la perte destraduétions d'Aquila, qui fe feroient cer- tainement confervées jufqu'à nous ; fi les anciensten avoient connu le véritable ufage. Elles méritoient ces traduétions, qu'on les eût fouvent fait copier aux frais communs des églifes, & qu'on les eût mifes dans les bibliotheques publiques, pour les tranfmettre à la poftérite ; mais les copiites de ces tems-là étoient employés par des gensignorans à copier un nombre infini dé pieces inutiles, tandis qu’on négligeoït des ouvrages importans, qui font des pertes rrépara- bles. Ce furla feconde verfon d’Aquila, retouchée par cet écrivain, que les juifs helléniftes reçurent, &c ils s’en fervirent partout dans la fuite, au lieu de celle des feptante. De-là vient qu'ileft fouvent parlé de cette verfon dans letalmud,èc;amais de celle des fep: tante. Cependant les Talmudiftes, jaloux contre les Helléniftes, firent leurs efforts pour en dégoûter les peuples, & pour les ramener à l’hébreu. Cette affai- re caufa tant de bruit & de divifions , que les empe- reuts furént obligés de s’en mêler. Juftinien en particulier, publia une ordonnance aui fe trouve encore dans fes nouvelles confütutions, portant permiflion aux Juifs de Hire l'Ecriture dans leurs fynagogues, dans la verfon greque des feptan- te, dans celle d’Aquila, ou dans quelle autre langue il leur plairoit , felon les pays dé leur demeure. Mais - les doéteurs juifs ayant reglé la chofe autrement, Pordonnance de l’empereur ne fervit de rien, ou de fort peu de chofe; car bientôt après les feptante &c Aquila furent abandonnés : ëz depuis ce tems-là Îa leure de l’'Ecriture s’eft toujours faite dans leurs affemblées en hébreu & en chaldéen, dont on fe iert même encore aujourd'hui dans quelques-unes de leurs fynagogues, comme à Francfort. (Le chevalier DE JAUCOURT.) SINOPE, LA , (Géog. mod.) petite riviere de France dans la baffe Normandie, au Cotentin. Elle fort de plufeurs fources vers Famerville, c va tomber dans le havre de Quineville. SINOPLE., f. m. cerme de Blafon ; C'eft ainfi qu’on appelle le vert ou la couleur prafne dans les armoi- ries. Cette couleur fignifie felon les fymboliftes, amour, jeuneffe, beauté, régouiffance , & fux-tout Ziber- sé ; d’où vient qu’on fcelle en cire verte & en lacs de {oie verte, les lettres de grace, d’abolition & de légi- timation. L'origine du mot /érople eft inconnue ; mais ne faut pas la tirer de la terre de Sinope dans le Pont, car cette terre n’étoit point verte. On repré- fente le férople en gravure, par des hachures qui prennent de l’angle dextre du chef, à angle féneftre de la pointe. (D. J.) SINSAN , £. m. (if, ner, Bor.) grand atbre du Ja- pon, dont les feuilles difpofées en rond autour des petites branches, font longues d'environ trois pou- ces ; épaifles pointues, légerement ondées,, fans dé- coupures à leur bord; d’un goût de fagapenum,, avec une chaleur mordicante. Ses fleurs font à quatre êc cinq pétales, petites &c rougeätres. Ses baïés ont la forme d’une poire, &c la groffeur de çelles de l’'aube- épine’, renfefmant quatre femences\ blanches, fen< duesen deux , &c femblables à celles de l’oranger. . SINSICH,, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne au duché de Juliers. Voyez ZINZICH. SINTAGORA , (Géogr. mod.) ville de la prefqu’i- le de lInde, fur la côtede Malabar , dans la partie feptentrionale du royaume de Canara, aux confins duroyaumede Vifapour, près de l'embouchure dela riviere Aliga. (D. J.) SINTIA , (Geog. ane.) ville de la Macédoine aux environs de la Thrace; le pays où elle étoit fituée eft nommé Sirtice par Tite-Live & par Ptolomée. (D.J.) Vend SINTOS oz SINTOISME ,f. m. (Æiff. mod, Culte religieux.) c’eft le nom que l’on donne à la religion idolâtre la plus anciennement établie au Japon. Elle confifte dans le culte que l’on rend à des héros déi- fiés, que les Japonois adorent fous le nom de cam ou kami, ce quu fignifie e/prits immortels. Onleur éle- ve des temples dans lefquels on conferve des épées, &t d’autres armes antiques dont ces héros, devenus Midieux, fe fervoient pour exterminer les monftres &c les ennemis de l'empire. Les /zntoiffes ont la vénéra: tion la plus profonde pour les reliques de ces dieux, qu'ils regardent comme les génies tutélaires de la na: tion, fes fondateurs & fes premuers rois. L’hiftoire de ces dieux fait la principale partie de la théologie du /Zz105; elle eft remplie d’événemens miraculeux, de géans vaincus, de dragons exterminés, & d’au- tres aventures extraordinaires , qui reflemblent beau- coup à celles qui font contenues dans nos anciens hvres de chevalerie. Le chef de la rehgion du /4:#- cos & le fouverain pontife, fe nomme "”:kaddo ou dairi; il a feul le droit de placer les héros & les grands hommes de. la nation au rang des dieux. On prétend qu'il defcend lui-même des anciennes divi- nites du pays, qui fe fontun devoir de le vifiter une fois tous Les ans. OA | La religion. du féntos n’admet point la métempfy= cofe ; cependant fes feétateurs s’abftiennent de tuer ou de manger les animaux utiles aux hommes. Ils croient l’immortalité de l’ame, & un etat futur de bonheur & de malheur, Ils font perfuadés que le dia- ble anime le renard qu'ils appellent #4, c’eft-à-dire efprit malin, parce que cet animal caufe de orands dommages à leurs pays. Les principaux objets de la religion du fzz0s fe téduifent à quatre chefs. | 1°, Les cérémonies légales : elles confiftent à ne point fe fouiller de fang ; à s’abftenir de manger de la chair; à ne point toucher aux corps morts ; 1l n’eft point permis de fe préfenter auxtemples lorfque Fon eft impur ; toute effufion de fang, mème la plus in- volontaire , eft regardée comme une grande lowllu- re, & l’on démoliroit un temple fi un ouvrier qui travailleroit à fa conftrution, venoit à fe bleffer juf- qu’à répandre du fang. La plus grande de toutes les impuretés, eft celle que l’on contraéte par la mort de fes parens ; la fouillure augmente à proportion de la proximité du degré, Quelques cafuiftes ajou- tent que l’on peut contraéter l’impureté des autres, ce qui arrive, foit en voyant, foit en entendant, foit en difant des chofes impures & malhonnètes. Les ffntoifles les plus rigides croient encore que c’eft uncrime, que defe prélenter aux dieux avec un efprit inquiet & chagrin ; ils difent que Les prieres des mal- heureux doivent étre des objets fächeux pour des êtres qui jouiffent de la fuprème félicite, 2°, La célébration des fêtes de religion eft le fe- cond objet du /éntoifme. Ces fêtes s'appellent réki, voyez ces article. Les principales fe célebrent en l'honneur de Tenfo-dai-fin, qui eft le plus grand des dieux du /£ztoifme : les autres dieux font Suwz, Farz- man, Morifaki, Sitios, Sisenno, Gotfutenno’, Inare, ddfumo , Jebifu, Daikoku, Toffi-toku, Forre) où Mi- roku. 3°. Un des principaux points de la religion du fén- os confifte à faire des pélerinages fréquens dans la | province d’Isjé, où font les temples confacrés au lus grand de leurs dieux, les femmes ne s’exemptent : plus g , P point de ce devoir; mais les grands s’en difpenfent ëc font faire ce pélerinage par des fubffituts. Lorfque les pélerins ont vifité les faints lieux d’Isjé, on leur donne une boëte appellée ofavei, qu’ils onten gran- de vénération. Voyez OFAvAI. 4°. La religion du frs a des fociétés & des con- fréries religieufes, & fes moines. J’oyez JAMMABOS. SINTRA où CINTRA , ( Géog. mod.) montagne de Portugal dans l'Eftramadure, à 7 lieues de Li bonne. La terre y forme un cap avancé, que les an- ciens Ont nommé promontorium Luræ ou promonto- rium Olifiponente ; c'eft le Tagrus ou Tagrum de Var- ron, rec ruf£, l. IL c.y. Ce cap eft un rameau de la montagne Sirtra | autrefois nomméeywons Lune. C’eft une montagne qui, par fon élévation, fe pré- fente de fort loin aux vaifleaux qui rafent cette côte.» | À l’un des côtés de cette montagne eft un gros bourse qui porte fon nom. Au fommetde la montagne, il à un monaftere d’une vite charmante. D’un côté lon voit l'Océan, de l’autre le Tage , & des deux côtés un payfage agréable de riches campagnes s'offre aux Yeux. Au pié de la montagne Sinrra , il y avoit an- ciennement un temple dédié au foleil & à la lune. (D. J.) SINTZHEIM oz SINSHEIM , ( Géog. mod.) ville Allemagne dans la Suabe, au petit pays Créisow, L2 . La Le) . à 4 lieues d'Heidelberg , & à mème diftance d'Heil- bron. Cette ville appartient à l’éleéteur Palatin, & : les François la brûlerent avec quantité d’autres en 1689. Long. 27. 34. latir. 49.15. ( D. J.) SINUESSE , (Géog. anc.) ville d’italie danse nou- veau Latium , aux confins de la Campanie, au-delà du Liris , fur le bord de la mer. Tite-Live, Z X. c, xx. lui donne le titre de colonie romaine. La ville de Minturne , felon Strabon, Z. F. étoit entre celles de Formies & de Sinuefla. Pline, L. III. c. v. fait de Sinueffa la derniere ville du Latium ajouté, & dit que quelques-uns l’avoient appellé Sizope ; mais Tite- Live, Z. À. c, xx. fait entendre que Sinueffa prit ce nom lorfque les Romains eurent envoyé une colo- nie dans un endroit où l’on croyoit qu'avoit été Si- nope, ville greque : placuit ut duæ coloniæ cirea Vif cinum 6 Falernum agrum deducerentur ;j Una ad oférum Lis fluvii, que Minturna appellata ; altera in Jalix Fefcino, Falernum contingente agrum, ubi Sinope di- cirur greca urbs fuiffe ; Sinuefla deindè ab colonis roma- 715 appellata, Les habitans de cette ville font appellés Sinueffani ou populus Sinueflanus par le même hifto- nien , & Sirrifari dans une in{cription rapportée par Holften , p.224. Il ÿ avoit au voïfinage dé cette ville des eatix mi- nérales, qui en prenoient le nom d’agræ $ inueflane, êt auxquelles on attribuoit la vertu de remédier à la ftérilité des femmes, & deremettre l’efprit aux hom- thes lorfqu'il étoit aliéné. C’étoit des bains d'eaux chaudes ; ce qui a fait que Silius Italicus , Z ZI. verf. 528. a donné à la ville de Sinuef[a Vépithete de sepens. Nous voyons dans Tacite, /. XII. c. Ixyj. que Pempereur Claude ufa de ces bains. On voit encore aujourd’hui quelques veftises de Srruefla , & elles confervent le nom de Ja ville, Il Ya près de Monte-Dracone quelques ruines d’édifices, de même que vers le bord de la mer où fans doute étoient les grandes murailles du port. (D. J) … SINUEUX,, adj. (Gram.) quine fut pas la ligne droite. Voyez SINUOSITÉ.. , SINUEUX , ex cerme de Chirurgie, fe dit des ul- Tome XV, - <É SIN 2€) éeres étroits ; brofonds & tortueux, Kayeg Sins. & FisTULE, (F) | SINUOSITEÉ,, ff (Pkyf. & Géogr.) fuite .de-dé: tours en formes d’arcs alternativement placés enfens contraire, | : C’eft Ja f£ruofiré des côtes de la mer qui forme les baies, les ports, & fervit de modele à Dédale pour faire 1on labyrinthe, Voyez BAIE , Por, &e, Foyez auffi LABYRINTHE. | | SINUOSITÉ, . . {Offéol.) nom que les Anatomiftes donnentà une cavité oblongue de los: cettecavitéeft faite en forme degouttiere ayant plus d'étendue dans {a longueur que dans fa largeur; telle eftcelle quite te- marque à la partie fupéfeuredelhumerus, Ge. (9.7) SINUOSITÉ, terme de Chirurgie & d’ Anatomie ; tour & détour que fait un ulcere dans les chairs, Woyes SINUS @ FISTULE. (F) SINUS oz SINUS DROIT » énIrigoñomerie, elt une ligne droite tirée d’une extrémité d’un are perpens diculairement fur le rayon qui pañle par l’autre ex: trémité. MIS Le frrus d’un arc eft la moitié de la corde du dou ble de cetarc. Foye Arc. . Ainfi la ligne 4 D, PL. Trigonom: fie, 1. qu eff moitié de la corde 4 8 du double de Parc 4 Æ B,eft le fus droir, où fimplement le frus de Vare 4 E. Le Jinus total eftle ffrus du quart de cercle HE ou de 90 degrés, c’eft--dire le {nus col ef la même chofe que le rayon AC. Voyez Rayon. : Sirus verfe eit une partie £ D du fans total ot rayon, comprile entre le faus droit 4 D & l'arc AE 1°. Le fnus droit 4 D étant perpendiculaire au rayon E C ; tous les fus tirés fur le même rayon, {ont paralleles les uns aux autres. : 2°. Puifque l’arc 4 Æ eff la même mefure.de lan gle ACE , &t 4 1 la mefure de l'angle contigu CL, ët le quart de cercle Æ Æ la mefure de l’angle droifs A D eft auffi le f£nus droit 8 £ D le {nus verfe-des anples 4 CE .8r 4 CI, +8 le fus total eft le {aus de l'angle droit, | 3°. Deux angles contigus, comme 4CE & AC, ont le même fus, | LS É 4°. Les ffnus des angles obtus font les mêmes qué ceux de leur complément à deux angles droits. 5°. Tous des frus d’arcs femblables ont le même tapport à leurs rayons. | Le /inus du complément ou le co-frusde l'are 4 E eff Le fus de l'arc 4, qui eft fon complément à un quart de cercle. Voyez Co-siNus. Pareillement le co-frus de l'arc 4 H ef le finus de Parc 4Æ. Pour avoir en nombre la valeur des fus, &c..on. rend le rayon pour l'unité, & on détermine la va- AE des nus , des tangentes & des fécantes en par- ties du rayon. Si nous apprenons pr lalmageft de Prolomée , que les anciens divifoient le rayon en {01- xante parties, qu'ils appelloient déorés , &z par là ils déterminoient les cordes en minutes, fecondes êT tierces ; c’eft-à-dire en fra&ions fexagéfimales du rayon, dont ils fe feryoient pareillement dans là ré« folution des triangles ( Voyez SExAGÉ SIM AL., DE- GRÉ, Gr.) les Arabes font, à ce qu’il paroît »les.pre- miers qui ont fait ufage des fnus où demi-cordes. Voyez CORDES. | Repiomontanus divifa d’abord, commeles anciens, le rayon en 6o deurés, & détermina les f£aus des dif férens deprés par leurs fraétions décimales ; MAS dans la fuite il trouva qu'il étoit bien plus commode de prendre le rayon pour l'unité, & ainf il introdui- fit dans la Trigonométrie la méthode dont on fe {ert à-préfent. abs Dans les tables communes des frus 87 destangen- tes, on conçoitle rayon comme divifé ch 10009000 e ij F,.. 220 SIN parties { on ne vä jamais plus loin pour déterminer la quantité de ces Jus & de ces tangentes. Aïnfi comme le côté d’un hexagene foutient la fixteme partie d'un cercle & eft égal au rayon, de même auf le f£#4s de 30 ©. eft 5000000. 1°, Le ffnus A D étant donne, trouver le fnus du complément : Ôtez le quarré du fus 4 D du quarré du rayon 4 C'; le refte fera le quarré du nus À G du complément : d’où tirant la racine quarrée , Fon a le Jfêrus du complément ; par exemple, fuppofons 4C, 10000000 , & 4D joococo, on trouvera que 4 G Jirus de 60 ?. eft 8660254. 2°. Le fnus À D de l'arc _4 E étant donné, trou- _ ver le ffzus de la moitié de l'arc ou la moitié de ZE; trouvez la corde de l'arc 4 Æ, voyez CORDE, carla moitié de cette corde eft fon nus. Aïnfi fuppofons D C & AD connues, comme dans le problème pré- cédent, nous trouverons que le nus de la moitié de la corde 4 Æ ou le ffaus de 15 °. =2588190. 3°. Le fnus D G de l'arc D F'étant donné , trou- ver le fzus D E de Parc double D 2 , fig. 6. Pique les angles en Æ & en G {ont des angles droits, & que langle B eft commun à chaque triangle B CG & D EB, nousaurons BC:CG::B D:D E; donc CG étant trouvé par le fecond problème, & 8 D étant double de D G , on peut trouver D E par la regle de proportion. 4°. Les finus FG & DE, fig. 7. des ares F 4 &c D 4, dont la différence D F eft plus grande que 45 minutes, étant donnés, trouver un /7us intermé- diaire quelconque , comme 1 L, Trouvez une qua- trieme proportionnelle à la différence FD des arcs dont les frus font donnés, à la différence de Parc I F dont on cherche le ffzus, & à la différence D des f£nus donnés : ajoutez-la au plus petit ffzus donné FC, la fomme fera le {nus demandé. $°. Trouver le Jénus de 45 degrés ; foit HI, fig. 1. un quart de cercle, ACT fera un angle droit; par conféquent le triangle fera reétangle ; donc HI°=HC'+CI1"=2HC*.Ceft pourquoi puif- que AC Jinus total eft 1co00000 ; fi du quarré de 2 HC*, qui eff 200000000060000 , on extrait la racine quarrée 14142136 ; on aura la corde #7, dont la moitié 7071068 eft le /fnus demande 45 de- rés. 6°. Le f£rus d’une minute ou de 60". FG , fig. 7. étant donné , trouver le fus d’une ou plufieurs fe- condes M N. Puifque les arcs 4 M & 4 Font bien petits, 4 M Fpourra être prife pour une ligne droite, fans qu'il yaitd’erreur fenfble dans les fraions dé- cimales du rayon dans lefquelles le fzus eft expri- mé, c’eft-à-dire que les ares 4 M & À F feront re- gardés comme proportionnels à leurs cordes ; C’eft pourquoi puifque Âf N eft parallele à FG, on aura AF:FG::A4M:MN; donc 4F, FG & A M étant donné, on trouve aïfément MN. Conftruire un canon des fus. Les fnus de 30°. 15°. 45°. & 36°. étant trouvés, (nous avons montré ci-deffus la maniere de trouver les trois premiers, & , à l'égard du quatrieme , c’eft la moitié du côté du pentagone , voyez PENTAGONE ), on peut de-là conftruire un canon de tous les fus à chaque mi- nute & à chaque feconde ; car avec le /zus de 36°. ontrouve ceux de 18°. 0°. 4°. 30’, & 2°. 15’. par le fecond problème : ceux de 54°. 72°. 81°, 85°. 30’, &c 87°. 45", Gc. par le premier problème ; d’ailleurs avec les /£rus de 45°. on trouve le f£rus de 22°, 30% 119,15. &c. Avec les /£rus de 30°. & de 54°. on trouve le {nus de 12°. Avec le/£nus de 12°. on trouve ceux de 6°. de 3°. de 1°. 30”. 35/.78°. &c. Avecle Jénus de 15°. 0n trouve le fzus de 7°. 30/. Ge. jufqu’à ce qu'on ait 120 fus, qui fe fuivent régulierement à 45°. près les uns des autres. On peut trouver les autres /£zus intermédiaires par le cinquieme proble- à JE _ & Le SIN ie ; & ainfi le éanon fera complet. | Le finus dun arc étant donné, trouver [a tanpeñte êc la fécante, Voyez TANGENTE & SECANTE. Pour trouver le logarithme d’un £rus donné , voyez LOGARITHME. ml. Dans tous triangles, les côtés font comme les {225 des angles oppofés. Voyez TRIANGLÉ. Le finus BC, fig. o. &t le frnus vetle À B étant donnés ; trouver l’arc FC en degrés. Trouvez le demi-diametre 4 D , alors dans le triangle D BC, outre langle droit B , vous trouvetez par les côtés BC & DC l'angle 4 DC, qui fait voir combien l'arc a de degrés ; le double de cet arc eft Parc FE. Ce problème éft d’ufage pour trouver le feyment d’un cercle. Voyez SEGMENT. Sinus artificiel fignifie logarithme d'un finus. Voyez LOGARITHME. Ligne des finus eft une ligne fur le compas de pro- portion. Woyez COMPAS DE PROPORTION , 6e. Chambers. (E ) | Formules des finus: x étant le fnus d’un anglé , & 1 le ffrus total, Vi —xxeft fonco-fzs; : , fa fécante ; nn fa co-fécante ; es fa tan- ente. De plus , fi on nomme 7 un angle quelconque , on LV A aura {on finus = € ——— a > & fonco-fres tW—1 —tW=a | ge Ÿ©© , Voyez le calcul intégral de M. de Bougainville. En général, fn. d. cof. er. + fi. ie Sin. d. fin. b= — :cof. d + b + Ecof. d —B. Co-f2. d cof. b = cof. EE + cof. __ Sin. d+b= fin. d cof. b + fin. b cof. d. Co-fin. d + b= cof. d cof. b — fin. b, fin. d. Courbe des finus , eft une courbe dans laquelle Îes abfcifles repréfentent les arcs de cercle; les ordon- nées repréfentent les fzrus de ces angles. Donc fi z repréfente les abfcifes , on aura lordon- y = € , ou bien LI Par ces formules , on trouvera aifé- d?= es ment les propriétés de cette courbe, fes tangentes, fa quadrature, 6e, (0) SINUS, {. m. (Offeclog.) efpece de cavité d’un os qui a plus d’étendue dans fon fond que dans fon en- trée , c’eft ce qu’on remarque à l'égard des frs frontaux, des maxillaires, 6c. (2. J.) SINUS du cerveau, ( Anatom. ) Les jinus du cervean font des canaux veineux, plus amples & moins cont- ques , par rapport à leurs arteres correfpondantes , que les anciens ne le font ordinairement , par rap- port aux leurs. Dans ces nus , {e rafflemble comme dans une efpece d’entrepôt , le fang de différentes veines, pour être de-là diftribué dans les vérita- bles veines , qui doiventile rapporter au cœur. Il y a quatre f£rus principaux, le longitudinal - périeur , qui reçoit le fang de quelques parties exter- nes de la tête & de la dure-mere , de la piemere, &t même de l’extérieur du cerveau; deux fzus laté- raux par rapport à lui, Pun droit & l’autre gauche, qui en reçoivent le fang ; & un quatrieme nommé torcular par les anciens, où fe ramañfe le fang qui revient du lacis choroide, &c par conféquent des ventricules du cerveau. Tous les Anatomiftes, excepté le célebre Morga- gni, ont cru que le fzus lonsitudinal fupérieur étant parvenu au derriere de la tête , fur la tente du cerve- let, fe partage & fe fourche en deux autres canaux, qui font les deux /£rus latéraux, dont chacun recoit une égale quantité de fang, & qu’à l'endroit de cette ES To bifureation, le torcular verfe fon fang dans le ton: - fluent de ces trois frs. Mais M. Garengeot, chirurgien, a communiqué à lacadésie fes obfervations, fur ce fujet , fort dif férentes de lopinion commune. Eclatré par Mor- gagni , il a trouvé que comme le dit cet habile hom- me; la bifurcation prétendue du /nus longitudinal fupérieur, n’eft proprement continu, qu’aveé le la- téral droit, qui reçoit la plus grande partie de fa li- queur ; & que la gauche reçoit principalement celle du toreular, qui ne fe décharge que dans ce fenus gauche , un peu après qu'il s’'eft féparé du longitu- dinal; & en effet, à l'égard de ce point, M. Garen- geot remarque qu'il ne feroit pas poffible que le tor- cular {e décharseât dans le confluent du longitudiñal, ê de fes latéraux , parce qu'il y trouveroit une li- queur, dont le cours feroit contraire au cours de la fienne. Hif, de l'académie , année 1727. (D. SINUS e7z Chirurgie & en Anatomie, eft une petite cavité ou poche oblongue , qui fe forme pour l’ordi- naire à côté d’une bleflure ou d’un ulcere, dans le- quel le pus s’amañe. … Un frus eft proprement une cavité dans le mi- lieu d’une partie charnue , qui fe forme par le crou- piflement ou la putréfa@ion du fang ou des humeurs, & qui fe fait à elle-même un pafage. _ Le frusfiftuleux eftuneulcérationétroite & longue. Scutel obferve que les fus profonds qui vont en bas, font difficiles À guérir ; cependant ce chirurgien entreprend de guérir toutes fortes de fus en une femaine , par les médicamens dont il fait la defcrip- tion, p.338 , & avec un bandage bien collant. Il ajoute qu'il n’en vient jamais aux incifions ;, que quand il s’apperçoit que tous les remedes de Ja phar- macie font mpuuiflans ; & que pour ouvrir le f£rus, Al ne fait point ufage du biftouri où fcapeltrompeur , parce qu'il eft bien plus fujet à tromper l'opérateur ue le malade. . La méthode de Scitel pout la guérifon des ffnus fans opération , dépend plus de la compreffion & du bandage expulfif que des médicamens. Voyez les mots COMPRESSION, COMPRESSE, EXPULSIF c FISTULE. ( F SIOMIO , f.m. (H5f. mod.) C’eft ainfi qu’on nom- me au Japon desfeigneurs particuliers de certains dif- triés ou terres dont ils font propriétaires, 8 où ils rendent la juftice au nom des empereuts du Japon. Ils font dans une telle dépendance de la cour, qu'il ne leur ef pas permis de refter plus de fix mois dans leurs terres ; ils font obligés de pañer les fix autres mois dans la ville de Jedo , où l’on retient toute l’an- née leurs enfans , qui répondent au fouverain de la fidélité de leurs peres: »_ SION oz ZION , ( Géog. ) fameufe ontagne d’A- fre, dans la Judée , au midi & près de Jérufalem, fur laquelle fut-bâti par Salomon le temple du Seigneur, ‘Où pour mieux dire , il étoit fur le mont Moria. Da: vid & les autres rois fes fuccefleurs choifirent leurs {épultures fur la montagne de Sion , mais on n’en voit aujourd’hui aticune trace. Ce mont même , dont la beauté eft tant vantée dans l’Ecriture, eft à préfent tellement diforme , qu’on ne devineroit jamais qu'il l'y eût eu deflus une ville ; & moins encoreun château royal. Ce château détruit depuis tant de fiecles, a été fort renommé chez les Hébreux , par la perte funefte que David y fit de fon innocence ; car ce fut du haut “de la terrafle où il fe promenoit, qu'il latffa échapper un regard inconfidéré fur Bethfabée, femme d’Urie; &c ce fut dans ce même endroit , que le prophete Na- than l'ayant repris de la part de Dieu de Padultere qu'ilavoit commis, il reconnut humblement {on cri- me. La maifon de Caïphe, qui étoït proche du mont Sion, eft à préfent changée en une églife que les Arméniens deflervent, Les Turcs ont fait une mof- | S LP 231 quüée du faint cénacle. On peut lire le voyage de {à Terre-fainte par le P. Nau, fur l’état aduel de la moëtagne de Sioz. (D. TZ) | SION ou SYON, ( Géog.) en latin Sedurum, 8 en allemand Siren, ville de Suifle, dans le Vallais , dont elle eft capitale , fur la petite riviere de Sitten » Prés de la rive droite du Rhône, dans une belle plaine, à 20 lieues au levant de Geneve, À 14 au nord d’Aofe. Cette ville; l’ancienne demeure des Sédunieñs ; eft propre , & bien bâtie, Elle n’a point eu de fiege épucopal qu’à la fin du fixieme fiecle. Son évêque qui eft fuffragant dé Moufhiers , prend ridiculement la qualité de prince de l'empire, quoiqu'il n’en {oit plus membre, qu’il naît aucune féance aux dietes 3 & qu'il ne doive aucune obciflance À l'empereur & aux états de l'empire , jouiflant de [a franchife acx cordée au corps Helvétique, & autorifée par letrai- té de Weftphalie, | Il a d’autres grandes prérogatives. Il préfide aux états du pays avec une autorité , à-peu--près fem- blable à celle du doge de Venifé. La monnoie fe bat à fon coin, fous fon nom, & À fes armes. Il eft élu par les fuffrages communs des chanoines de la cathés drale & des députés des départemens. L'autorité fou. veraine eftentre les mains de l’aflemblée générale du pays, qui eft compofée d’un certain nombre de dépu- tés des fépt départemens. « Après l’évêque, celui qui tierit le premier rang eff Le baïlli di pays, nommé en allemand Landshanr, man, C'eft-à-dire , capltaine du pays, I] eft juge ab2 folu des caufes civiles qui fe pottent devant lui, &c fa charge dure deux ans. Long. de Sion > 24. 2. latir. 46. #. (D. J:) / , SJ10O ; (Géogr. mod.) uñe des quinze provinces de la grande contrée du Sud-eft de empire du Ja- pon. Elle eff trës:confidérable , puifqu’on lui donne trois journées de longueur de tous côtés : c’eft un pays médiocrement fertile , mais qui abonde.en vers a 1ote ; & conféquemment en manufadtures d’étofes de ce genre ; cette province a onze diftrifs. (2. 7.) SIOR , (Géogr. mod.) ville d’Afe, capitale du foyaume de Coré, dans la province de Sengado., à une lieue d’une large riviere, Long. 1431 38. larits 718200) En SIOUANNA , f. m: ( if. nat. Botan. ) arbrifleau des Indes orientales qui préfente un coup d'œil très- agréable. Il produit des baies & des fleurs en 6mbel- les. Son fruit éroît fur les branches inférieures, Oh vante beaucoup leffièacité de fa racine contre le ve: hin des férpens Îles plus dangereux. SIOULE 1A, ( Géogr. mod,) petite riviere de France , dans l'Auvergne. Elle prend fon nom d’un village nommé Sioue dans la généralité de Riom, & fe perd dans Allier , à quatre lieues au-deflus de Moulins. (D. J.) | SIOUNE , (Géogr. mod.) ville d'Afrique, dans la Barbarie , au royaume de Tripoli, dans les monta- gnes de Derne, C’eft une petite république, dont les habitans Negres & Arabes, ont pour tout bien des forêts de palmiers, qui avec un peu de laitage &c d'orge , leur donnent à vivre. Ils ne payent aucux tribut , font libres, & contens, (D. 1.) SIOUTEH ox SIUTH, (Géogr. rod, ÿ ville d’Afri: que , dans la haute-Egypte au pié d'une montagne , &t à demi-heue du Nil, qu'on pale dans cet endroit fur un pont de pierre, le feul ui foit fur ce fleuve. Cette ville eft une des plus grandes & des plus peu plées de l'Egypte. Il y a plufieurs mofquées , & mis narets, Le cafcief y réfide, & l’on y fabrique les toiles les mieux façonnées de toute l'Egypte. Long. 49.28. latit, 26, 52. (D, J. ) SIPARIUM , {. m. ( Théatre dés Rom.) forte de voile qui fe tiroit devant la fcene, pendant que Por 32% S I P ‘travailloit au changement du théatre , où à changer a décoranon. ( D. J. SIPHÆ ,( Géogr. anc.) ville de la Béotie. Elle étoit vers les confins de la Phocide, felon Ptolomée, L HT..c, xv. Thucydide, /. IF. p.303. la met fur le Bord de la mer, dans le golfe Cirfœus. Dans la dialeéte dorique , au lieu de Sr2æz, on difoit Tiges où Tiga, ét c’eft ainfi que Paufantas, Z. LA. <. xxæij. écrit : fi, dit-il, après être parti de Créufs par mer, & après avoir pañle Thusbé, vous reprenez la route le Tong de la côte, vous verrez fur le bord de la mer une autre petite ville nommée Tipha. Hercule y a un temple , & fa fête s’y célebre tous les ans comme à Thishé. Les Thiphéens , ajoute-t-1l, fe vantent d’être de tous les peuples de la Béotie , ceux qui ont ‘toujours le mieux entendu la marine. Ils difent que Tiphis, à qui l’on confia la conduite du navire d’Ar- gos , étoit de Tipha, &c ils montrent hors de la ville un endroit où ils prétendent que ce navire aborda en revenant de Colchos. (D. J.) SIPHANTO , ( Geogr. mod. ) ile de P Archipel con- nue des anciens fous ie nom.de Siphnus, Voyez Sr- PHNUS. | Elle ef à 36 milles de Milo, & fous un très-beau ciel; Pair , les eaux, les fruits , Le gibier, la volaille, tout y eft excellent ; les raifins y {ont merveilleux, mais la terre qui les produit eft trop forte ;, & les vins n’y font pas délicats. On y compte environ cinq #nille aimes , cinq villages, & quelques couvens. Le principal port de l’île eft Faro , qui fans doute a re- tenu fon nom d’un ancien phare qui fervoit à guider les vaifleaux. On voit dans Goltzius une médaille, où d’un côté eft repréfentée une tour avec un hom- me placé au haut. De l’autre côté eft la tête de quel- que dieu , peut-être de Neptune. Les mœurs deshabitans de Siphamto, ne font point décriées comme celles de leurs ancêtres, hommes &c femmes. Les dames même de Siphanto quandelles ont à la campagne, couvrent pour n'être pas con- nués , leur vifage avec des bandes de linge qu’elles : roulent fi adroitement, qu’on ne voit que leur bou- che, leur nez, &c le blanc de leurs yeux. Certaine- mént elles n’ont pas l'air conquérantes avec ce maf- que, & reffemblent plutôt à des mumies ambulan- tes : auff font-elles plus foigneufes d'éviter les étran- gers, que celles de Milo & de l’Argentiere n’ont d’empreflement à les accueillir. Il y a un archevêque grec dans cette petite île. Long. 42. 48. las. 38. - SIPHILIS , 1.f. ( Médec. ) mot latin qu’on écrit différemment, parce qu’on en fait moins l’étymolo- gie que la fignification. Guy Patin , dans fa cent trente-deuxieme lettre, après avoir parlé du prince & de ia princeffe de C.... qui avoient la fphiis, dit que François [. gagna cette fphilis, & quele mé- decin le Coq en avertit Fernel pour qu'il le traitât. SIPHNIENS , £. m. pl. ( Mythol. ) habitans de l’île -deSiphnos,une des Cyclades. Ces peuples ayant dé- couvert dans leur ileune mine d’or , Apollon leur en fit demander la dixme pouf la Pythie’, leur promet- tant de la faire frudtifier à leur profit. Les Syphniens firent donc bâtir un tréfor dans le temple de Delphes, Bc-y dépoferent la dixme que le dieuexigeoit ; mais dans la fuite parun efprit d’avarice , ditlhiftorien, ils cefferent de payer ce tribut , &c ils en furent pu- nis; car la mer inonda leurs mines, êtes fit difpa- toître. La capitale de l'ile eft aujourd’hui Siphanto, féjour agréable , fous un beau ciel, & dans un air pur. (D.J.) es anciens à une pierre qui {e trouvoit dans l'ile de Siphnus dans la mer Evée ; on en formoit des vafes parce qu’elle fe travailloir aifément & foutenoittrès- bien le feu. C’eftune pierre de la nature de celle que nous appellons pierres ollaires, SIPÉNIUS LAPIS., (Hift. nar.) nom donné par STP SIPHNUS , ( Géog. an.) île que Strabon compte au nombre des Cyclades. Pomponius Méla , Pline &t l'itinéraire d’Antonin écrivent Siphnos. Ptolo- mée, dy, LIT, c. xy, place dans cetre île une villeà la- quelle ils femblent donner le mêmenom. Cette ville s’appelloit Apo/onia, felon Etienne le géographe. Ptolomée marque l’île Sirhnos prefque àu milieu des iles Cyclades, & je ne crois pas qu'aucun autre qu'Etienne le géographe l’ait placée dans la mer de Crete. On Pappelloit anciennement Meropia, fe- lon Pline ; fes habitans font nommés Siphni dans Hérodote , Liv. VITI. c, xl. k Les Siphniens tenoient leur tréfor dans un endroit du temple de Delphes, & voici la raïfon qu’en donne Paufanas, Zv. X, c. xj. Ils avoient, dit-il , des mi- nes d’or dans leur ile; Apollon leur demanda la dixme du produit de ces mines. Ils firent donc bâtir un tré- for dans le temple de Delphes, & y dépoferent la dixme que le dieu exigeoit ; mais dans lafuite par un efpfit d’avarice, ils cefferent de payer ce tribut, & ils en furent punis ; car la mer inonda leurs mines, & les fit difparoïtre. Hérodote parle d’un autre malheur que les mines avoient attiré à cette ile, Ceux parmi les Samiens qui avoient déclaré la guerre à Polycrate leur tyran, fe voyant abandonnés par les Lacédémoniens, après la levée du fiege de Samos , s’enfuirent à Siphnos , ‘où ils demanderent à emprunter dix talens. Siphnos étoit alors la plus riche de toutesles îles, & l’on re- gardoit comme un grand trélor la dixieme partie de l'or & de l’argent que lon prenoit tous lesans fur le rapport des mines pour envoyer au temple de Del- phes. Cependant la propoñtion des Samiens fut re- jettée ; mais ils rayagerent tout Le pays, après avoir mis en fuite tous les habitans que lon obligea de donner cent talens de rançon pour retirer leurs pri- foaniers. On prétend que la Pythoniffe avoit prédit ce malheur ; Confultée par ceux de Siphros pour fa= voir fi leurs richeffesife foutiendroieut long-tems, elle répondit qu'ils fe donnaffent bien de garde d’une ambaflade rouge dans le tems que leur hôtel de ville & leur marché feroient tous blancs.Ïl femble que la prophétie s’accomplit à l’arrivée des Samiens , dont les vaifleaux étoient peints de rouge ,. fuivant l’an- cienne coutume des infulaires , chez quileboleft fort commun , & l'hôtel de la ville.de Siphzos, de même : que le marché , étoient revêtus de marbre blanc. : * Théophrafte, Pline, Fidore rapportent qu’ontail- loit à Siphnes avec le cifeau des pots à feu d’une cer- taine pierre molle, lefquels pots devenoïent noirs & très-dursaprès qu’onlesavoit échaudés avecde l'huile bouillante. Cette terre n’étoirautre chofe que de la mine de plomb qui eft communedans cette île ; mais Siphaus étroit encore plus célebre par fes mines d’or êt d'argent , dontil ne reftepas aujourd’hui la moin- dre trace. | | Les mœurs des habitans étoient fort décriées, au point qu’on difoit en proverbe, vivre 4 lu fiphknienne, migriaËis , parole de fiphnien, sigsoc appasas , pour dire de grofies injures à quelqu'un, ainfi que nous l’apprennent Etienne le géographe, Hefychius & Suidas, | Nous n'avons que peu de médailles de Siphrus. Il y en avoit une dans le cabinet de M, Foucault , dont Pallas en cafque qui lance unjavelot, . Cette île fe nomme aujourd’hui Siphanto. Ony Je type eft une tête de Gordien Pie, &: le revers une trouve pour toute antiquité quelques tombeaux ide marbre , qui fervent communément d’auge pouf y faire boire les animaux. (D. J.) | SIPHON , £ m. voyez SYPHON. | SIPHONANTHEMUM , . m,( Boran. ) genre d plante établi par le doéteur Amman. Le nom dérive des mots STCCS «7 @or, un tuyau, 8 dybtuor, une fleur : STP voici fes Catatteres. La fleur eft compoiée d'un feul pétale qui forme un tuyau divifé dans les bords en plufieurs fegmens. Le puitl s’éleve du calice , &c de- vient un fruit à quatre baies délicatement jointes en: femble ; il eft divifé en quatre loges | & contient plufieurs graines rondelettes;les tigesde la plante {ont vertes & fillonnées ; les feuilles font placées fans or- dre, preflées les unes contre les autres, étroites , lon- gues de trois pouces , &c femblables à celles du faule ; elles font d’un verd foncé de chaque côté, & portées fur des courtes queues. Des aîles des feuilles fortent différens pédicules en maniere de ceux des fleursum- belliferes ; chacun de ces pédicules eft terminé par un calice d’une feule feuille, divifée en cinq quar- tiers; les fleurs fortent de ce calice, qui forme un tuyau délié, long de deux ou trois pouces , d'un verd jaunâtre, &r découpé à l'extrémité en quatre fe- gmens ; au milieu des fleurs eft le ftile de couleur pourpre , crochu, environné de quatre étamines pourpres, qui ont chacune un fommet brun , trian- gulaire. Dans les quatre cellules de la capfule eft con- tenue une groffe femence d’un jaune verdâtre. 46. pétropol.-vol. VIII. p. 216, (D. J.) SIPONTE ,( Géog. anc.) ville d'Italie, dans la Pouille daunienne, fur la côte de la mer Adriatique, à l'embouchure du fleuve Garganus. Tite-Live & Pline écrivent Siponrum ; Pomponius Méla & l'itiné- raire d'Antonin, Sépuntum , & les Grecs & quelques latins qui les ont fiuvis , difent Sipus. Sipuntum , dit Pompomius Méla, ve/, ur Grai dixere , Sipus. VPtolo- mée & Etienne le géographe HfenttEsrcue. Lucainf£, d, F,v. 37.7. décrit la fruation de cette ville dans ces vers: Quas recipis Salapina palus , & [ubdita Sipus Montbus y Æufoniam quod torquent frugifer Oral}, Dalmatico Boreæ, Calabroqueobnoxius auf#ro , ÆAppulus hadriacus exit Garganus in undas. Silius Italicus fait Le nom de cette ville indéclinable: Et cerram 6: lisrora Sipus. Siponre fut, felon Tite-Live , Z XXXIF. c, ixv. & 1. XXXIX. c. xx. une colonie romaine , qui dans la fuite {e trouvant affoiblie fut augmentée & renouvelle. Cette ville fubfifta jufqu’au tems de Manfrede, qui voyant que l’air y étoit mal fan, à cau- fe des marais voifins, & qu’elle n’avoit pas un bon port, afñgna aux habitans une place où fut bâtie la ville de Manfredonia. Le nom national eft seravrioc à felon Etienne le géographe , & Sipontinus , felon les Latins ; car on lit dans Cicéron , Agrar. IL. c, xx vlÿ. in Sipontinà fceirate collocari, & dans Frontin, de Colonis ; ager Canufinus.... Sipontinus, Ricordanus Malefpina. Hifi. Florent. cap. clxvüÿ. Au bord de la mer, dit Léander, fur un rocher efcarpé , au pié du mont Garsan , on découvre.les | 9 8 2 débris de l’ancienne ville de Siporre. Elle fut auffi ap- pellée Sipa. Strabon dit que Diomede la bâtit ; elle étoit à 150 ftades, ou à 20 milles de Salapia. On n'y voit aujourd’hui que des ruines d’édifices, qui font cependant conjeélurer que cette ville étoit grande & belle. (D. J.) SIPTÉ , ( Géog. anc. ) Paufanias dit qu'à Olym- pie, ville de lÉlide, il y avoit vers le milieu de l'Altis , ou Bois facré , fous des platanes, un tro- phée érigé par les Eléens vainqueurs des Lacédémo- mens ; qu'auprès de ce trophée on voyoit une fatue ; qu'aup P ÿ dédiée par ceux de Mende en Thrace, & que par une infcription gravée fur la cuifle du thrace, on appre- noit que ceux de Mende s'étant rendus maîtres de Sipté, en confacrerent les dépouilles à Jupiter. S'ipré, ajoute Paufanias , étoit apparamment quelque ville ou quelque fortereffe de Thrace. ( D.J.) SIPYLE , (Géog. anc.) irons, en latin Sipylum ; 223 Ville de PÂfe mineure, & la Capitale de la Méonie 3 elle étoit bâtie au pié du mont Sipy4, felon Pline ; lv. Fc, xxjx. qui dit qu’on lappelloït auparavant Tantalis ; mais que de fon tems ce n’étoit plus aw’un lac ou étang, cette ville ayant été abyfmée dans là terre. Strabon, Liv, pas. $8. rapporte la même cho: le. Ii dit que SipyZe, qu'il furnomme Zdea, fut rent verfée du tems de Tantale, & que les marais du vois finage ÿ formerent de grands lacs. Il ajoute dans lé ly. XL. p.579. qu'on ne doit pas regarder comme une fable ce qui étoit rapporté touchant le renver-: fement de Sipyle, puifque de fon tems la ville de Magnéfie avoit été pareïllement engloutie. Le mont Sipyle, SipyZus, fut appellé ancientez ment Ceraurius. Paufanias , dans les Achaïques, Zr, II. c. xxt17. confirme Peng'outifflement de la ville de Sipyle, bâtie au pié de cette montagne. Iltémoigne VA avoir vu le tombeau de Tantale fils de Jupiter & de Pluton ; & c’eft même, ajoute-t-l, un tombeau très- remarquable, ainfi que le trône de Pélops qui étoit au haut du mont Sipy/e, immédiatement au-deflus de la chapelle dédiée à la mere Plaftène > qu’on re- gardoit pour la mere des dieux. Enfin il dit avoir vu des aigles blancs fur cette montagne , près d’un ma: rais nommé /e marais de Tantale, Tournefort qui a eu la curiofité , dans le dernier fecle, de vifiter le mont $ipyZ , nous en a donné la defcription fuivante. La grande plaine de Mapnéfie, ditl, eft bornée au fud par le mont Sipylus ; & cette montagne quoi- que fort étendue de Left à l’oueft, paroït beaucoup moins élevée que le mont Olympe, Le fommet du S'pylus refte au fud-eft de Magnéfie ; & le côté du nord eff tout efcarpé. Du haut de cette montagne là plaine paroït admirable, & l’on découvre avec plai- fir tout le cours de la riviere. Plutarque dit que le mont Sipylus S’appelloit 4 montagne de La foudre, parce qu'il y tonnoit plus fouvent que fur les autres qui font aux environs. C’eft apparemment pour cela qu'on a frappé à Magnéfie des médailles de Marc-An- rele, du vieux Philippe, d'Herennia & d'Etrufeilla A dent Îles revers repréfentent Jupiter armé de la foudre. La déeffe Sipylène avoit pris fon nom de cette montagne, ou, pour mieux dire, Cybele, la mere des dieux, avoit été nommée Sibilère , parce qu’on la révéroit d’une maniere particuliere dans le mont Sz= pytus; ainf 11 n’eft pas furprenant qu’on voyetant dé médailles de Magnéfie , au revers defquelles cette déefle eft repréfentée tantôt fur le frontifpice d’un temple à quatre colonnes | tantôt dans un char. On juroit même dans les affairesles plus importantes par la déefle du mont S/pylus , comime il paroît par cé précieux marbre d'Oxford, où eft oravée [a ligue de Smyrne & de Magnéfie, fur le Méandre , En faveur du roi Séleucus Callinicus. On ne peut être fur le SipyZe, continue Tourne- fort, fansfe repréfenter , tantôt les grandes armées d’Agéfilaus & de Tiffaphern®, tantôt celles de Sci- pion 6 d’Antiochus, qui difputoient empire d’Afe dans les vaftes campagnes qu'offre à la vue cette montagne. Paufanias aflure qu'Agéfilaus battit l’ar- mée des Perfesle long de l’'Hermus ; & Diodore de Sicile rapporte que ce fameux général des Lacédé. moniens, defcendant du mont Sipylus, alla ravager les environs de Sardes. IlLeft vraifemblable que le monts 1pyle étoit autre- fois fécond en métaux & en aimant ; il n’eft donc pas étonnant que la ville Sipylum, fitaée au pié de cette montagne , ait été engloutie par des tremble- mens de terre; c’eft un malheur aflez ordinaire aux lieux qui abondent en mines métalliques , & ce mal= heur compenfe trop les richefes que les mines four: niflent aux habitans, Si la fable, bien plus que la vÉ= 224 S I P tité, mavoit toujours flatté le goût des Grecs, le ment Sipyk auroit peut-être cté plus fameux par laimant , que pat le rocher de Niobe, d’où felonles poëtes, les eaux qui coulent fans cefle de cette mon- tagne , font les larmes que cette malheureufe mere verfe encore après fa mort, pour la perte de fes enfans. Paufanias étoit natif ou de Sipyle, capitale de la Néonie , ou de quelqu'autre ville voifine du mont Sipyle ; 11 vivoit à Rome fous l’empereur Hadrien, && fous les Antonins ; il nut au jour plus d’un ou- Vrage: car outre que Philoitrate lui attribue des orai- fons , Euftathe , Étienne de Byfance , & Suidas, le citent à l’occafñon de quelques noms de villes ou de peuples , & nous donnent à entendre que non-feu- lement 1l avoit voyagé es Syrie, dans la Paleftine , & dans toute lAfie , mais qu'il en avoit publié une relation. Quoi qw’il en foit, nous davons de lui que le voyage hiftorique de laGrece, ouvrage qui eftécrit avec un détail, une exatitude, un fond d’érudition, que lon ne trouve dans aucun autre voyageur , &z qui peut, à bon titre, fervir de modele. N ous le trou- vonstrop concis dans le ftyle y INAIS c’eft qu'écrivant pour les-gens de fon tems, qui étoient au fait de ce qu’il racontoit , 1lne s’eft pas cru obligé de s’expli- quer plus au long. Son ouvrage eft par-tout femé de réflexions utiles pour la conduite de la vie; sil sy trouve bien des chofes auxquelles nous ne prenons point d'intérêt , c’eft que le tems &r la religion ont mis une grande différence entre notre façon de pen- {er , & celle des anciens. Son voyage eft écrit avec une vérité qui ne fauroit être fufpeéte ; l’auteur y rend compte de ce qu'il a vu dans la Grece; & à qui en rend:l compte ? Aux Romains, au milieu de quil vivoit, dont la pipart avoient été en Grece aufhbien que lui, & qui au- roient pu le démentir, s’il avoit avancé quelque fauffeté. En fecond lieu , c’eft un voyagehiftorique; on y remarque tout à la fois un voyageur curieux, êcun écrivain profond , parfaitement inftruit de tout ce qui regardoit les divers peuples dont il parle ; 1! en poflédoit la langue, c’éroit la fienne propre; il con- noïfloit leurs dieux, leur religion, leurs cérémonies, leurs lois, leurs coutumes , leurs mœurs ; il avoit I leurs poëtes, leurs hiftoriens, leurs généalogiftes, leurs géographes , en un mot leurs annales & leurs monumens les plus anciens ; annales & monumens qui éroient alors fubfiftans, qu'il cite à chaque page, & que le tems nous a ravis. De-là, cette quantité prodigieufe de faits, d’événemens , de particulari- tés, qui ne fe trouvent plus que dans cet auteur , & qui le rendent précieux à tous ceux qui aiment l’é- tude des tems & de l’antiquité. Enfin c’eftle voyage de l’ancienne Grece, nonde la Grece d'aujourd'hui , ou telle que Spon & Whe- ler Pont décrite , pauvre, miférable, dépeuplée, émiflante dans une efpece d’efclavage , & qui n’of- Fe plus aux yeux du voyageur , que des ruines fu- perbes, au milieu defquelles on la cherche fans la trouver; en un mot, l’image de la dévaftation la plus affreufe, &l’exemple déplorable des vicifitudes d'ici bas. C’eft de la Grece floriflante que Paufanias nous donne la defcription ; de la Grece , lorfqu’elle étoit le féjour des mufes , le domicile des fciences, le cen- tre du bon goût, le théâtre d’une infinité de merveil- les, & pour tout dire, le pays le plus renommé de Punivers. Il eft vrai que Paufanias n’embrafle dans fa rela- tion, qu’une partie de la Grece , & Les villes que fes colonies occupoient dans PAfie mineure ; mais c’eft auf la partie la plus intéreflante ; 1! la divife en dix états, qui étoient autrefois indépendans les uns des autres, favoir, l’Atrique, la Corinthie, l’Argolide ; la Laconie, la Meflénie , lElide, l’Arcadie, là Béo- tie, &t la Phocide; c’eft pourquoi chacun defes li- vres donne la defcription de chacun de ces dix états _de la Grece , à la referve du cinquieme êr du fixieme livre , qui tous deux ne traitent que de l’Elide, com- me lefecond, luifeul, comprend Corinthe & Arsos. Il décrit exaétement l’origine des peuples qu’il fe propofe de faire connoître , il nous infiruit de leur gouvernement, de leurs-guerres, de leurs colonies ; 1l parcourt leurs villes 8 leurs bourgades , en rap- portant ce qui lui a paru digne de curiofité. Si dans la difcufñion de quelques points d’hiftoire ou d’an- tiquité, il embraffe un fentiment plutôt qu’un autre, il cite toujours fes garans ; & fes garans font ordi- nairement les hiftoriens & les poëtes les plus an- ciens ; comme témoins des faits quil difcute, ou plus proche de ceux qui en avoient été témoins. C’eft par cette raïfon que la ledure de Paufanias fait tant de plaifir à ces favans , qui ont tous les fiecles préfens à l’efprit, & qui ne veulent rien ignorer de ce qu'il eft poffble de favoir. M. Fabricius a fait en leur faveur le détail des diverfes éditions &ctradue- tions de Paufanias , afin qu’ils pufent choïfir. Nous avons en françois celle de M. l'abbé Gedoyn, quieft excellente, & accompagnée de quelques cartes, &c de courtes remarques, mais bonnes, & inftruétives. Le Chevalier DE JAUCOURT.). SIPYLENE , ( Mychol.) furnom de Cybele, pris de la ville de Sipylum | dans la Méonie, où cette déeffe avoit un temple &un culte particulier. (D.J,) SIR , ( Géog. mod. ) grande ville , & la capitale des Illyriens , felon Suidas. (D. J.) SIRACT, (Géog. anc. ) peuples d’Afe , qui habi- toient vers les monts Caucafes, & fur les bords du Mermodas, fuivant Strabon, Z. IL. p. 492. SIRADIE, palarinat de, ( Géog. mod.) palatinat de la grande Pologne. Il eft borné au nord parle palati- nat de Lencizca ; à lorient , par le palatinat de San- domuir ; au midi, par le duché de Siléfie ; à l'occi- dent, parle palatinat de Kalish. Lariviere de War- ta Le divife en deux parties, l’une orientale , l’autre occidentale ; 1l eft gouverné par un palatin qui en prend le nom, ainfi que fon chef-lieu. ( 2.7.) SIRADIE , o4 SIRATZ, ( Géog. mod. ) ville de la grande Pologne, capitale du palatinat du mêmenom, dans une belle plaine , fur les bords de la Warta, à 46 lieues au nord-oueft de Cracovie. Elle a pour fa défenfe un château, qui n’a pas empêché les Tartares de la piller en r290;lesBohèmes la brülerent en 12092; les chevaliers de l’ordre Teutonique en agirent de même en 1331; & en 1447, elle fut défolée par un nouvel incendie, Long, 36.18. Las. 51. 32.( D.J.) SIRÆ, (Géog. anc.) village du Péloponnèfe dans PArcadie, fuivant Paulanias, Z. VIIL, c. xxi, C'eft auffi le nom d’un lieu de la Macédoine, dans la con- trée Odomantique , felon Tite-Live, Z XL, c, iv. (D.JT.) SIRAF , ( Géog. mod. ) c’étoit une ville maritime du Farfftan, fur le golphe de Perfe , éloignée d’en- viron 60 lieues de Schiraz , capitale de la province. Cette ville fut long-tems fameufe par fon trafic; car tous les vaifleaux arabes y abordotent , particuliere- ment de Baflora , & les autres peuples indiens y ap- portoient aufli toutes fortes de marchandifes de l’In- de ; le commerce florifloit encore à Siraf au com- mencement du xiv. fiecle ; mais étant pañlé peu de tems après à Bander-Congo , & de-là à Ormuz, S:- raf fut tellement abandonnée , que l’on auroit peine à trouver des vefliges d’une ville autrefois fi brillan- tenCDS) SIRA-MANGHITS , fm ( Æif£, nat. Botan. ) ar- bre aromatique de l’île de Madagafcar, {es feuilles &z fon bois répandent une odeur femblable à celle du fantal a RER fatal) atñins l'écorce à l'odeur'du girofle, & jette une réfine jaune ; onla regardecomme unipetiñqué pour les maux de cœur, & pour fortifier Le foie. SIRATICK , f m. ( AM. mod, ) c'eft le nom fous lequel on défigne le fouverain d'urenation de névres d'Afrique, appellée Zes foulis ; contre l'ordinaire dés rois de ces climats , 1l gouverne avec la plus grande modération, les lois paroïfent dictées par l'amour du bien public, &il n’eft, pour ainf dire , que l'or: gane de {a nation ; cela n'empêche point quefon au- torité ne foit très-refpettée &z très-étendue ; Les peu- ples fe foumettent avec joie à des volontés qui ten- dent à leur bonheur. Le frarick a fous lui un grand ‘officier, qui eft pour ainñ dire le Heutenant général du royauthe , qui commande à d’autres ofliciers , ces dérmers font tenus de fournit un cértain coôntin- gent en cavalerie & en infanterie , {ut le premier or- dre qu’on leur donne ; ils font payés fur Le prix qui réfulte de la vente des prifonniers de guerre, & de cergaui refufent de fervir le roi ou la patrie ; ce . droit eff fondé fut les lois primitives de Pétat, qu'il n'eit point permis au /frarick de changer ; quoiqu'il ouvre la porte à des oppreffions fans nombre. La dignité de férarick ne pale point aux enfans , mais aux freres du roi défunt , ou bien à leur défaut, au fils de fa fœur ; ufage qui eft établi chez prefque tous les négres, SIRBL, ( Géog. mod. ) bourgadé de la Turquie d'Âfe, dans l’Anatolie, {ur une riviere de même nom, qui, deuxlieues au-deffous , fe jette dans La Méditerranée. Sirbi étoit autrefois ; felon quelques favans, une ville épifcopale, nommée Xarshus , ou Xanthos,/dans là notice d'Hiéroclès; en ce cas là, cette ville auroït efluyé bien des événemens différens juiqu'à ce jour, Poyez XaNTHUS: (D. 3.) SIRBON Lac, ( Géog. ane. ) les anciens ont éerit firbonis & ferbonis; ce lac, connu des hiftoriens & des anciens géographes , étoit entre la Paleftine & lEoypte , fur la mer Méditerranée , aflez près du mont Cafius. Diodore de Sicile, ZI, c. xxx. en par le ainf:ilya, ditil, aû milieu de la Cælo-Syrie & de l'Egypte, un lac fort étroit ; & dont la longueur peut avoir deux cens ftades ; on l'appelle Ze Zac Sir- bon ;1l eft très-profond & très-dangereux pour ceux ui ne le connoïffent pas, parce qu’étant comme une bande d’eau entre deux rivages fablonneux , * les vents le tiennent prefque toujours couvert de fa- ble, de forte qu'il ne fait qu’une même furface avec la terre ferme, de laquelle il eft impoffble:de Le dif tinguer à l'œil; il ÿ à eù des capitaines qui y ont péri avec toute leur armée , faute de bien connoître le pays; le fable accumulé fur cette eau bourbeufe ; ne cede d’abord que peu-à-peu, comme pouf féduire les paffans, quicontinuent d’avancer, jufqu’à ce que s’appercevant de leur erreur, les fecours qu'ils tà- chent de fe donner les uns aux autres, ne peuvent plus les fauver. En effet, ce compoié n’étant ni {o- bde , n1 liquide, on ne fauroit nager dans une eau épaiffie par le fable, & par le limon dont elle eft chargée : & l’on ne trouve nulle part un fond aflez ferme pour appuyer le pié, ou pour s’élancer en häut ; tous les efforts qu’on peut faire ne fervent qu'à attirer Le fable qui eft fur le rivage , & qui ache- ve d’accabler ceux qui font pris dans ce funefle piege, | Strabon s’eft aflez groflierement trompé fur ce fu- jet, ayant confondu le lac de Sirbon, avec le lac Aiphaltite, comme il eft aifé de Le voir par la def cription qu'il enfait, & per ce qu'il dit de fon ori- € Géog. L. XVI. p. 1308. Amft. 1707. in-fol: Le leéteur peut confulter fur le lac Sirbon , Cellarius , Geogr. ant, LIP, 6,7. ( D. J.) - SIRCK , ( Geog. mod. } les François difent &c écri- vent Sirgue ; petite ville de Lorraine , aux confins Tome XF, ; DE Fe : ce ' STR 535 du Lixérhbôurg , fur la rive gauche de là Mofelle, à trois lietes de Thionville, vers le couchant d'été, Elle a été cédée à la France par le traité de Vincen: nes, de Van 1661, confirmé par celui de 1718. Longs 23:46, lotir. 49: 24: (D. J.) | SIRE, 1. m. ( Æif£, mod. ÿ eft un fitte d'honneur | qu'on ne donne en France qu’au rôi {eul, 8z:qui eff comme une matque de fouverameté. Dans tous lés placets , les démandes, les lettres, les difcours, qui s'addreflent au ro1, on lui donnela qualité de fe, Quelques-uns dérivent ce mot du latin #erts, mat. tre ; il femble que ce foit l'opinion de Budée , qui, ct parlant au #01 François premier , le nomme tous Jours #ere , maître Ou fre: d’autres le dérivent du grec apr , fergnenr ; telle eft l'opinion de Pafqier ; cet auteur ajoute qué lés añciens Francs donnotént lé même titre à Dieu, en le nommant #eau fêre diex à d’autres font venir te mot du fyriaque, & {outien: nent qu'on le donnoït d’abord aux marchands qui nés gocioient en Syrie. Ménage prétend qu’il vient de je: or, ancien, d’où eft venu fégzeur, enfuite feig- nor, &C fire, Anciennement on fe fervoit ésaleméntdu mot /£re, dans le même fens que fieur &c feisneur, & on lap- phquoit aux barons , aux géntilhommes, &e aux cis tôyens. Poyez SIEUR. Le ffre de Joinviile a écrit l’hifloire de $, Louis. Il y avoit que certaines familles d’une nobleffé diftinguée, qui pouvoient prendre le nom de fre, de- vant le nom de leur maifon, comme les Jfires de Cox cy , les fîres de Beaujen ; mais lorfque le mot de jére fé trouve dans nos anciens auteurs, avec le nom de baptême, il fioniñe très-peu dé chofé. Loyfeau dit que les barons de France, qui étoient barons des duchés ou éomtés relevant de la couronne, pour fe diffinguér des barons inférieurs, s’appellerent J£res , comme fe de Bourbon, 6; On donne auffi au roi d'Angleterre lé titre de fre, foit en lui parlant, foit en lui écrivant. Dans le même royaume le titre de fir, qui vient de fre, eft donné à toutes les perfon- nes de diftinétion qui font au-deflous des barons , À lorfqu’on parle d’un baronnet, ou d’un fimple che: valier , on l'appelle toujours par fon nom de bapté- me, joint à celui de fr, comme fer Philippe Sydney: Lorique le ro: d'Angleterre crée un fimple chevalier, il le nomme par fon nom de baptême, lui comman: de de fe mettre à genoux , & après lui avoir touché l'épaule gauche defon épée ne, illui dit enanglois, rle fer , c’eft-à-dire , levez-vous chevalier , & il le nomme. Miege, état nouveau de la grande Bretagne. SIRENES , 1 f- ( Mychol. ) ces monîftres demi: femmes & demi-oifeaux , doivent leur naiffance à la fable; cefut, dit-elle, trois filles du fleuve Aché: lois , 6c de la mufe Calliope. On les nomma Parrhéi nope, Leucofie; & Ligée ; &t felon d’autres, Aglao- phénte ; Thelxiépié | & Pifinoé, noms qui roulent fur la douceur de leur voix &c le charme de leurs pa= roles ; mais les graces du chant, qui leurfurent don: nées en partage, les enorgueillirent jufqu’à ofer dé: fier les déeffes du Parnafle ; illeur en couta leurs 292 les qui leur furent arrachées en punition de leur té- mérité ; elles fe retirefent dans des îles défertes , & proche de la côte de Sicile ou de Campanie : delà elles attiroient für leurs écueils les pañflagers, par Pharmonie de leur voix; & leur donnoient énfuite la mort. Défefpérées de t'avoir pû furprendre dans leurs pieges Ulyfe, ou Orphée, elles fe précipitez rent dans la mer, & ne furent plus entendues de- puis. On tient qu’une d’elles donna le nom de Par- thénope à la ville qui prit enfuite celui de Naples, & qu'une autre laiffa celui de Léscoffe À une île de ces mers là, | Les jtrènés avoient la tête & Le corps de femme juf: . qu'à la ceinture ; & la forme d’orfeau ; de la ceintus 226 SIR re en bas ; où tout le corps d’oifeau, & la tête de femme ; car on les trouve repréfentées en ces deux manieres, & dans les mythologues , & fur les an- ciens monumens ; l’une tentune lyre, l’autre deux flutes, & la troifieme un rouleau pour chanter. . Ceux qui veulent moralifer fur cette fable des poëtes, difent que les /zrèzes n’étoient autre chofe que des courtifanes, qui demeuroient furles bords de la mer de Sicile, & qui par les attraits de la volup- té, féduifoient les pañlans , & leur faifoient oublier leur courfe ; ils ajoutent même que le nombre &r le nom des trois frères , a été invente fur la triple vo- Jupté des fens , la mufique, le vin, & l’amour; en conféquence de cette idée , ils ont tiré l’étymologie de /£rènes, du mot grec ope , qui fignifie we chaîne, pour dire qu'il étoit comme impoflble de fe tirer de leurshiens, & de fe détacher de leurs charmes invin- cibles. Strabon aflure que les /£rènes eurent ün tem- ple près de Surrente.( D. I.) SIRENUM PROMONTORIUM , ( Géogr. anc.) promontoire d'Italie, fur la côte de la Lucanie, vis- à-vis de l’île Leucofa, que la mer en a détachée, felon Pline, Z. LI, c.lxxxviy. (D. 1.) SIRÉNUSES Les , ( Géog. anc. ) firennfe , îles fur la côte de lamer de Tyrrhène , felon Ptolomée, L, JIT, c.y. Strabon, L. . p. 247. nous marque plus précifément la pofition de ces iles. Entre le promon- toire de Minerve, & l'ile de Caprée ,1ln’y a, dit-il, qu’un trajet: 8 quandvous avez tournéautour de ce promontoire, vous rencontrez des îles feules & pier- reufes , qu'on appelle frezufæ , firenes , où ftrenides. Dans un autre endroit, /. W, p.251. 11 compte 260 flades , depuis lesiles frezufe , jufqu’au euve Sila- rus ; ilfemble néanmoins donner ici le nom de f£re- zufæ ‘au promontoire de Minerve, qui a pù être ap- pellé de ce nom, à caufe du voifinage de ces îles, comme il avoit été nommé Ashæneum , où promon- toire de Minerve, à caufe d’un temple qu'Ulyife Y avoit bâti à l'honneur de Minerve. Ces mêmes îles font appellées Sirenum petre, par 9 Pomponius Mela, Z ZI. c.iv. &T Sirenum fedis, par Pline , Z LIT, c. v. Elles étoient au nombre de trois ; Îl y en a qui en comptent davantage ; le pere Coro- nelli , lfolario | p. 117. en compte huit, Auprès de l'île de Procida , qui n’eft pas éloignée de Pouzzoles, on voit, dit-il, huit petites iles qui font pleines de rochers, & défertes ; elles font prés Pune de Pautre: les anciens les appelloient Sirézufes, ou les iles de Sirènes, parce que Parthénope , Ligée, &t Léuco- fie trois fameufes courtifanes , les avoïent habitées. Ces femmes avoient toute la beauté , toutes les races , & tous les agrémens imaginables; leur voix = RE RE ANEE étoit belle & mélodieufe; c’étoit aufli par tous ces artifices, & fur-tout par leurs chants, qu’elles char- moient ceux qui pañloient près de là. Les nauton- niers quin’étoient pas aflez fur leurs gardes, fe trou- voient tellement épris de curiofité, qu'ils ne pou- voient s'empêcher dedefcendre dans cetteile fatale , où, après des plaïfirs illicites , ils éprouvoient la derniere mifere. C’eft pour cela que les poëtes ont feint qu’ Ulyfle devant pañler auprès de ces écueils, avoit eu la fage précaution deboucheravecdelacre, les oreilles de fes compagnons, pour qu'ils n’enten- diffent point la voix de cestrompeufes firènes. La fa- ble ajoute qu'Ulyffe lui-même, fe lia au mât du na- vire, pour être infenfible aux chants de ces dange- reufes bacchantes. On dit que les ancienshabitans deces iles, avoient coutume d’adorer les firènes , & de leur offrir des facrifices ; & même on veut que du tems d’Ariftote il y eût encore dans cet endroit, un temple dédié aux firènes. L’une de ces iles porte aujourd’hui le nom de Gall: ou Gallé: elle eft à cinq milles de l'ile Caprée ; l’autre, qui eft un peu au-delà du cap de la Minerve , n’a aucun nom ; & la troifieme qui eftau- près, s’appelie San-Perro. (D.J. ) SIRGIAN , o7 SERDGIAN , ( Géog. mod. ) ville de Perfe, capitale du Kerman. Elle eft arrofée par pluñeurs canaux, ce qui en rend le féjour gracieux, Les tables arabiques lui donnent pour /2g. 90. 20. latir. feptent, 29.30.(D. JT) SIRIASE , £ f. (Médec. ) frriafis ; nom d'une ma- ladie à laquelle les enfans font fujets. Elle confifta dans linflammation du cerveau, la fevre aigue, la perte de l’appétit, lexcavation des yeux & le defé- chement du corps ; il faut détruire la fievre, dont tous les autres fymptomes tirent leur origine. (D. J.) SIRICACHE. Voyez CRESSELLE. | . SIRINAGAR , ( Géog. mod.) ville d’Afie , dans les états du grand-mogol , & capitale du petit royaume de Sirinagar , fitué dans la partie méridionale de la province de Siba. (D. J.) | SIRION » ( Géog. anc. ) lieu la Gaule aquitanique. L'itinéraire d’Antonin le marque entre Bordeaux & Ufubium, à quinze milles de la premiere de ces pla- . ces, &c à vingt milles de la feconde. Les uns veulent | que ce foit Rioms, fur le bord de la Garonne, & d’autres Barfac, qui eft au bord de la même riviere. (2.7) SIRIS , ( Géog. anc. ) 1°. ville d'Italie dans la Lu- canie , à l'embouchure du fleuve Siris. Elle fut d’a- bord nommée Leuternia , enfuite Policum, enfuite Sins, & enfin Heraclium , car elle ne fat plus regar- dée que comme le port de la ville d'Héraclée, lorf- que les Tarentins eurent fondé cette derniere ville. Pline, Ziv. ILE. ch. xj. fe trompe donc, lorfqu'il dit qu'Héraclée fut pendant quelque tems appellée Siris. Héraclée & Siris étoient toutes deux fituées entre les fleuves Aciris &t Siris , la derniere à l’embou- chure du fleuve de même nom, & l’autre au bord de VAceris, mais à quelque diftance de la mer. On prétendoit que Siris avoit été bâtie par Les Troiens ; & pour prouver cette idée, on y mon- troit un fimulacre de la Minerve de Troie, On le montroit encore du tems de Strabon, comme une image miraculeufe , car elle baïfloit les yeux, de l’horreur qu’elle éprouva lorfque les [oniens prirent la ville , & qu'ils n’eurent aucun refpeët pour fon f- mulacre. Plufieurs habitans s’éroient fauvés auprès de la ftatue de Minerve , & imploroïent dans cet afyle , qu'ils croyoient inviolable | l'humanité du vainqueur ; mais fans aucun égard à leurs prieres, on les arracha barbarement de cet afyle. La déefle n’eut pas le courage de contempler ce crime, & voilà pourquoi elle avoit les yeux fixés en terre. Ce n’é- toit pas la premiere fois qu’un fpettacle affreux l’a- voit obligé à détourner la vue ; elle fe conduifit ainf dans Troie quand on viola Caffandre. Strabon , dont j’emprunte tous ces faits , les ac- compagne d’une réflexon judicieufe , Ly. WI. p. 182, fur le grand nombre d'images de la même Minerve, qu’on prétendoit queles Troiens avoient confacrées depuis leur difperfon. C’eft une imprudence, dit-il ; que d’ofer feindre, non-feulement qu’autrefois un fimulacre baïffât les yeux ; mais même qu’on peut aujourd’hui montrer un tel fimulacre. C’eft une im- pudence encore plus grande que d’ofer parler d’un bon nombre de tels fimulacres apportés de Troie. On fe vante à Rome, continue-t-1l, à Lavinée, à Luce- ria, à Szris , d’avoir la Minerye des Froïens, & l’on applique à divers lieux l’aftion des femmes troien- nes. 2°, Siris, fleuve d'Italie dans la Lucanie , aujour- . d’hui Sizo, Senno ou Sirio. Sonembouchure eft mar- quée du golfe de Tarente , près la ville de Szris, qui étoit le port d'Héraclée. Strabon , Zy. WI. p.. 264, dit qu’elle fe trouvoit à vingt-quatre flades de cette derniere ville , à trois cens trente de Thurium, & à SIR trois cens quarante de Tarente. Au refte » Les géo- graphes ont remarqué que Florus , 4, L ch. xvii. a confondu la riviere Liris avec celle de Szris, en parlant du combat de Pyrrhus contre le conful Læ- vinus. [l dit que ce combat fe donna, apud Heracleum & Campanie fluvinm Lirim , au lieu de dire apud Heracleam & Lucanie Jluvium Sirim. (D. J.) SIRITIS , où SIRENETIS , ( Géog. anc. ) contrée d’italie, dans la Lucanie. Athénée, Ziv. XIV, dit qu’elle prenoït fon nom de la ville de Siris > Qui y étoit fituée. Foyez Siris. (D.J.) SIRIUS , f. m. e2 Affronomie , Où la canicule, eft une étoile de la premiere grandeur, très-brillante, qui eft placée dans la gueule du grand chien. Voyez CHIEN & CONSTELLATION. Les Arabes la nomment afchere , les Grecs cepuoc, & les Latins cenicula. Voyez Canicuze & C4- NICULAIRE. ( O SIRMICH , 04 SIRMISCH > ( Géog. mod. ) en latin Strmienfis comitarus , contrée du royaume de Hon- grie. Elle s’érend au midi le long de la Save, qui la épare de la Sérvie & de la Rafcie. Le Danube la borne à lorient , le comté de Valpon au nord, & celui de Pofega à Poccident. Les Turcs font aujour- d’hui les maîtres de cette contrée. … La ville de Sirmick , fa capitale , en latin Sirrium, lui a donné fon nom. Cette ville > Appeilée par ceux du pays Syreino ou Schremnia , f fituée fur la riviere de Bofveth, proche la Save , au pie du mont Arpa- reta , à quinze milles d’Effek au midi. Long, 38, 6, latit, 45, 4. | Elle à eu un évêché fous Colocza. Il s’y eft tenu deux conciles , l’un en 351; & l’autreen 537. Cette ville , alors confidérable » fut ruinée par les Huns vers Pan 460 , & les Turés ne Pont pas rétablie , en- forte que ce n’eft plus aujourd’hui qu'une bourgade dépeuplée ; mais elle éroit puiflante & célebre fous les empereurs romains , comme on peut le voir en Lfantlarricle Sirimum. (2. J.) SIRMIO , ( Géog. anc. ) péninfule d'Italie , dans la Gauletranfpadane , au territoire de Vérone, dans le lac Benacus, dû côté du midi. Cette péninfule Charmante n’étoit pas la patrie de Catulle ; Qui toit né à Véronne, comme le difent Pline , L XXXVT, <. ]. 8 Eufebe, in chronic. mais il y avoit feulement une maifon de campagne, Ou une agréable retraite ; aufñ ne l'appelle-t-1l pas {a patrie , mais fon domai- ne, & 1l s’en dit le maître , & non pas le nourtiflon. Voici de quelle maniere il en parle, carm. xxxij. Peninfularum Sirmio , 2nfularumque Ocelle, quafeumque in liquentibus flagnis Marique vaio fèrc uterque Nepiurus. Quarn te Jibenter , guamque læius 1nvifo, Et un peu plus bas il ajoute : O quid foluis ej? beatius curis ! Quum mens onus reponis > AC peregrino) Labore ff venimus larem ad 2ofirum , Defideratoque adquiefeimus Leëto ! Hoc eft, quod num eff pro laboribus tansis. Salve, 6 venuffa Sirmio , atque hero gaude, Que ces vers font doux & agréables ! Quel aima- ble poëte que Catulle ! (D. J) SIRMIUM , ( Géog. anc. Ÿ ville de la baffe-Pan- nome, fur la rive gauche de fa Save , dans l’endroit où cette riviere recoit celle que les anciens nomment Bacuntius, C’eft-là {a pofition , felon Pline , y. III, ch. xxv. & Ptolomée, Liv, IT. ch. XVJ. C’étoit une très-srande ville » au rapport d'Héro- dien , Zv. WII, ch. à. & la métropole de la Panno- nie. On voit dans Gudius > PAS. 46. une ancienne infcription , avec ces mots : arione Pannonius dom flavia Sirmio ; & on lit dans la notice des dignités Tome XF. | É 0 5: 4 De de l'empire, Jlavia Augufla Sirmium , ce qui nous apprend que Szrmium fut redevable de quelques bienfaits à la maifon flavienne, Peut-être les empe- reurs de ceftémaïfon y envoyerent-ils une colonie; du moins M. le comte de Marfilly rapporte, dans fon danube, une infcription , qui juftifie que cette ville étoit une colonie romaine. Dec. col. Sirmiens. Les Huns la détruifirent vers lan 460, & ce n’eft plus aujourd’hui qu'un bourg de l’Efclavonie , nom= mé Sirrmich, Mais Sirmium , dans le tems de fon luftre, a été la réfidence , la patrie, ou le lieu du tombeau de plu- fleurs empereurs romains, ce qui lu valut le titre de ville impériale, Je remarque d’abord que c’eft à Sérmium que moU- tut Marc-Aurele, le 17 Mars de lan 180 de Jefus- Chrift, à l’âge de 59 ans, après en avoir tegné 19- «On fent en foi-même un plaifir fecret loriqw'on » parle de cet empereur, dit M. de Montefquieu. On »ne peut Hre fa vie fans une efpece d’attendrifle_ » ment. Tel ef l'effet qu’elle produit , qu’on a meil- » leure opinion de foi-même, parce qu'ona meilleure » Opinion des hommes ». Il fit le bonheur de fes {u- jets , & l’on vit en lui laccompliflement de cette an- cienne maxime de Platon, que le monde feroit heu- reux fi les philofophes étoient rois, ou fi les rois étoient philofophes. Marc-Aurele fufoit profeflion ouverte de philofophie , mais de la plus belle, jen- tends de celle des Stoïciens, dont il fuivoit la fede & la morale, Il nous refte de ce prince douze livres de réflexions fur fa vie, ouvrage précieux , donf Madame Dacier a donné une tradution de grec en françois , avec des remarques. L'empereur Claude finit auffi fes jours à S rm ième En 270 ,à 56 ans, d’une maladie peftilentielle qui s’étoit mife dans fon armée, après de grandes ba- tailles contre les Goths, les Scythes &e les Sarmates. Les empereurs nés à Sirmitm font Aurélien » Pro- bus , Conftance II. & Gratien. Rappellons briéve- ment leur caraûere, Æurelianns ( Lucius Domitius ), l’un des plus grands guerriers de lantiquité , étoit d’une naiflance obfcure, & parvint à l’empire par fa valeur, après la mort de Claude.Il aimoit le travail , le vin, la bonne- chere, & n’aimoit pas Les femmes. I] ftobferver la dif cipline avec la derniere févérité ; & quoique d’un ca- ractere des plus fanguinaires,fa fibéralité , 8 le foin qu'il pritde maintenir abondance, firent oublier fon extrême cruauté. I] battitles Perfes, & s’acquit la plus haute réputation par la conquête des états de la reine Zénobie. I] traita les Palimyréniens avec une ri- gueur énorme, foumit l'Egypte à fon chéifance, (a triompha de Tetricus avec une pompe extraordi- naire. Îl alloit conduire en Thrace fon armée contre les Perfes , lorfqu’il futtué par un de fes généraux au mois de Janvier 275. Il porta la guerre d'Orient en Occident, avec la même facilité que nos rois font marcher leurs armées d’Alface en Flandres. On le déifia après fa mort, & l’on éleva un temple en fon honneur. Il fat nommé dans une médaille le reftau- rateur de lempire, orbis reftturor. C’eft un bonheur que ce prince payen, attaché au eulte du foleil, ne fe foit pas mis dans Pefprit deperfécuter les chrétiens, car un homme fi fanguinaire n’en eût pas lafié fub- fifter un feul. | Probus (Marcus Aurelius), parvint de bonne heure aux premieres dignités militaires. Gallien lui donna le commandement de Pllyrie, Tacite y joignit celui de POrient ; & c’eft là qu'il fut nommé par {es troupes à l'empire. Il vainquit Florien , frere de Ta- cite, qui avoit été fon concurrent, Enfuite il rem porta de grandes vidoires fur les Vandales, les Gau- lois , les Sarmates & les Goths. il {e préparoit à por- ter la guerre jufque dans la Perte, Fe fut tué if 228 SIS en 282 par un parti de folduts {éditieux, qu'il occu- poit à des ouvrages publiés auprès de Sir. Conflance IT. (Flavius Julius Conffantius }, fecond fils de Conftantin le grand, & de Faufte , naquit Pan 317 de Jefus-Chrift, & fut déclare Céfar en 324. Après le décès de fon pere, 1l ft mourir fes neveux & fes coufins. Il eut prefque pendant tous le cours de fon regne qui fut de 25 ans , une guerre défavan- tageufe à foutenir contre les Perfes, au milieu de Ja- quelle il fe défit de plufieurs hommes illuftres qui le fervoient avec fidélité, entr'autres de Sylvain, ca- pitaine habile , qui commandoit dans les Gaules , &c de Gallus, qui avoit Le département de Pfffrie. Enfin Julien, frere de Gallus, prit le titre d'empereut , & quitta les Gaules pour venger cette mort. Confiance {e préparoit à venir au-devant lui, lorfqu'il finit fes jours à Mopfuefte, lan 361, à l’âge de 45 ans, Saint Grégoire de Nazianze eft le feul des écrivains ortgi- naux qui ait accufé Julien d’avoir fait empoifonner Conflance. On s’apperçoit que ce pere de lPéglfe charge fans preuves la mémoire de Julien, tandis qu'il fait de Conftance le plus grand prince qui ait jamais été , & même un faint. | La vérité néanmoins eff que Conftance étoit un très-petit génie, qui d’ailleurs commit des cruautés inouies. Il fut parefleux & inappliqué ; vain & avide de louanges , fans fe foucier de les mériter ; maitre er & tyran de fes fujets ; efclave de fes eunuques , qui conferverent toujours lafcendant qu'ils avoient ris fur fon enfance, & lui firent exercer en faveur de l'héréfie un pouvoir defpotique fur l'égliie, fans qu'on puiffe dire autre chofe à fa décharge, finon qu'il agit toujours par des impteflions Étrangeres. Les payens même ont blâmé fa tyrannie dans les affaires de la religion. Voici ce qu’en dit Ammien. « Par bigoterie il mit le trouble & la confufion dans » Le chriftianifme , dont les dogmes font fimples &êz » précis. Il s’occupa plus à les examiner avecune in- » quiétude fcrupuleufe , qu’il ne travailla férieufe- » ment à rétablir la paix. De-là naquirent une inf- » nité de nouvelles divifions, qu'il eut forn de fo- » menter & de perpétuer par des difputes de mots. » Il ruina les voitires publiques, en fafant aller & » venir des troupes d'évêques pour les conciles, où » 11 vouloit dominer fur la foi ». Gratien, fils de Valentinien I. naquit en 359, & n’étoit âgé que de 16 ans lorfqw'il parvint à l'empire. ÂÀu lieu de rétablir l’ordre, la difcipline & Îes finan- ces , il donna des édits contre tous les hérétiques, 8 aliéna le cœur de fes fujets. Maxime en profta pour débaucher les légions , qui le nommerent empereur. Gratien obligé de fuir, fut affaffiné à Lyon par An- dragatins en 383, à l’âge de 24 ans. ( Le chevalier DE JAUCOURT. SIROC oz SIROCO, f. m. (Marine) nom qu’on donne fur la Méditerranée au vent qui eft entre lo- rient & le midi. C’eft le fud-eft fur POcéan. SIRT , LA, ( Géog. mod. ) riviere de Turqueftan. Elle a fa fource dans les montagnes qui féparent les états de Contoufch (Khan des Calmoucks) de la grande Boucharie , à 44. 40. de latitude & à 95. de longitude. Après un cours d'environ cent hieues d’Al- lemagne, elle fe dégorge dans le lac d’Arall, qui eft fitué fur les frontieres du Turqueftan , à trois jout- nées de la mer Cafpienne. (D. J.) SIRVAN, (Géogr. mod.) province de Perfe. Voyez SCHIRVAN. SISACHTINIES , £ £ pl. (Anrig grecq.) c’eft-à- dire , la dépofition des charges ; c’étoit une fête en mémoire d’une loi que fit Solon, qui défendoit de contraindre par violence les pauvres à payer leurs dettes. - SISALLE., Voyez GRIVE. SISALO , { Géogr. anc, ) ville d’Efpagne : l'itiné- raite d'Antoninla marquefur la route d'Emeritaà Sat: ragoce,en prenant parlaLufitanie, Elleétoit entre Mi- robriga &c Carcuvium, à treize nulles de la premiere de ces places, & à vingt milles de la feconde. Ce porrroit être la ville Sifapone de Prolomée, felon la Martiniere. | SISAPONE , (Géog. anc.) ville de l’'Efpagnetarra- gonoïfe : Ptolomée, 11. c. vj.lardonne atix Ore- tam, & la place vers les confins de la Bétique. Au lieu de Sifapone, Pline, 4 XX XII, c. wi. écrit Si Japo, & remarque qu'il y avoit dans ce lieu des mi- nes qui fournifloient un excellent vermillon ; mais il met Sirapo dans la Bétique. Le P. Hardouin veut que ce foit aujourd’hui Æ/maden , dans l'Andaloufie, au-deflus de Seville, & je crois fort qu’il a raïifon. Voyez dans le recucil de l'acad. de Sciences, le mé. de M. de Juffieu fur les mines d’ Almaden. ( D. J.) SISAR, (Géog. anc.) fleuve de la Mauritanie-Cé- farienfe ; fon embouchure-eft placée par Ptolomée, 1, IP. 6. ij. entre les villes Chobat &c Jarfath, C’eft le fleuve T/j4r de Pline. ) SISARUM , . m. (Æ/4. rar. Botan.) nom que les botamiites donnent au genre de plante nommé vul- gairement & caraitérilé au mor CHERVI. Woyez CHERVI. | Tournefort ne compte qu’une feule efpece de ce genre de plante ; favoir, le féfarum germanorum , L R. H, 309. C. B.P. 153. Boerh. {n4., air. 54. en an- glois , he common skirrer. | Cette plante croit à la hauteur d'environ deux où trois piés. Ses tiges font éparfles, cannelées, & cou- vertes de feuilles lonoues, ailées; compofées de qua- tre ou cinq lobes pointus 87 légerement crénelés en leurs bords , & oppofés deux à deux. Ses fleurs font en parafol , petites, odorantes, & à cinq pétales blancs. Sa femence approche de celle du perfil, mais elleeft plus groffe. Saracine eft femblable au navet; longue comme la main , groffe comme le dois, blanche , d’un goût doux, St bonne à manger. Nous | apprenons.de Pline que Fibere en farfoit venir AL {lemagne. On cultive le farm dans nos jardins où il | fleurit au mois de Juin. On en recommande la raci- ne dans du petitlait contre les maladies dela poitrine. (2.J.) #» SISAURANUM , ( Géog. mod.) ville de Perfe, à deux journées de Dara ,, & à trois milles de Rab- dion, fuivant Procope, qui dit que Juflinien , ou plutôt Béhfaire, la prit & la rafa. SISEK ou SISSEK. , (Géog. mod.) place dela Croa- tie, fur la droite de la Save , au confluent de cette riviere avec la Kulpa. Longoisude 34. 33. latitude 45. 358. SISERRE ; voyez GRIVE. | SISGGW ou SISGAW ,( Géog. mod. ) petit pays de Suifle , au canton de Baîfle. Liftel en eft le chef- lieu. | SISIMITHRE, ROCHER DE, (Géog. enc.) Sifimi- thræe petra, rocher d’Afie , dans la Ba@triane , felon Strabon , / XI. p. 517. Ce rocher avoit quinze fta- des de hauteur, c’eft-à-dire , dix-huit cens foixante & quinze pas ; & quatre-vingt ftades de circuit, c’eft- à-dire, dix mille pas. Le haut du rocher formoit une plaine de terres labourables, capable de fournir du grain pour la nourriture de cinq cens perfonnes. Âle- xandre s'étant rendu maïître de ce lieu , y trouva la belle Roxane, fille d'Oxyartes , & Pépoufa, à ce que rapporte Plutarque. (2. J.) SISIO ox SSIMA , ( Géog. mod. ) petit province de la grande contrée du fud-eft de Fempire du Ja- pon, Le pays eft fort flérile, mais la mer voifine le fournit abondamment d’huitres , de coquillages, & autres chofes femblables ; cette province n’a que trois diftrids. SISO , (Pl. nar, Bo.) plante du Japon, d’un pié de haut, dont la racine efttrès-fibreufe, la tige brañ: chue, les petits rameaux terminés par un épi de "fleurs ; fes feuilles ovales , pointues , &t difpofées en rond autour des branches. Cétte plante fert à tendre la foie en pourpre. 4 du | SISSACH , (Géog. mod.) petite ville de Suifle , au canton de Bafîle ; elle eff fituée dans une plaine,entre les monts qu'on nomme le haut &c Le bas Haweftein, au petit pays de Sifgow , auquel elle communique {on nom, quoique Lcftel en {oit regardé comme la capitale. ( D. J.) SISSONNE , PAS DE, rerme de Danfe, pour ex- primer un pas , qui s'exécute de la maniere fui- vante. Ge pas renferme deux façons différentes de fauter; favoir, 1°. plier pour fauter, & retomber plié; 2°.. étant plié fe relever en fautant. Aïnfi, fi lon veut faire ce pas du pié droit, ayant le corps pofé fur le pié gauche, il faut plier deffus ; & alors la jambe droite , qui eft en l’a , s'ouvre du même tems à cô- té ; mais lorfqu’on fe releve en fautant, elle fe croife devant la gauche à la troifieme poñtion en tombant fur les deux piés. On refte plié pour fe relever, en fautant du même tems fur le pie droit. Le pas de Jiflonne fe fait de même en arriere, ex- cepté qu'au lieu de prendre le mouvement de der- riere pour venir en avant , il doit fe prendre de la jambe de devant pour la pafler derriere en tombant fur les deux piés, &c en fe relevant fur la jambe qui a paflé derriere. [l y en a un autre qui fe fait à-peu-près de même, excepté qu'on fe releve au premier faut fur Le pié de derriere, & qu’en fautant on plie fut le pié gauche, mais on retombe fur les deux piés. Au fecond faut” lon fe releve fur le pié gauche, & le pié droit refte en l’air pour prendre un autre pas de ce pié. On le fait aufi en tournant ; c’eft la même ma- hiere detomber fur les deux piés & de fe relever fur un pie ; 1l n’y a que le contour que le corps fait qui en fait le changement, parce que les jambes étant pour fupporter le corps, elles le fuivent dans tous Îes mouvemens. SISSOPOLI, ( Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, fur une prefqu’ile formée par la mer Noire, à 40 lieues au nord-oueft de Conftantinople. Elle a le titre d’archiépifcopale, ce qui ne la peuple pas davantage, Long. 45, 34. Zatir, 42.20, ( D. J.) SISTER, f m,. (Mefure dé continence.) mefure pour _ les grains, dont on fe fert à Berg-op-zoom; foixante- trois /jfers font le laft de blé, & vingt-huit celui d’a- voine, SISTERON oz CISTERON , ( Géog, mod. ) ville de France , en Provence, avec évêché, bailliage, & énéchauflée. L’itinéraire d’Antonin la nomme Se- ziftro, qu’on a depuis changé en Segeflerica , & par une nouvelle corruption en Siflarica. Cette ville a appartenu long-tems aux comtes de Forcalquier, enfuite aux comtes de Provence, & enfin aux rois de France, qui repréfentent ces der- niers comtes. Sifleron eft fitué fur la Durance, qu’on y pañle fur un pont, à 20 lieues d'Aix, à 1$ d'Embrun, & à 146 de Paris. Elle eft défendue par une citadelle, qu'on regarde comme le boulevard de la Province, du côté des Alpes. Elle a droit, comme chef d’un bailliage aflez étendu ; de députer aux états, & aux affemblées des communautés. Il y a ün gouverneur, un lieutenant de roi, & un major. Son évèché, établi dans le v]. fiecle, eft fuffragant d'Aix ;il vaut quinze mille livres de rente. Son dio- cefe contient 46 paroifles en Provence, 16 en Dau- phiné êr 2 dans le comtat Venaifin. Parmi ces pa- roifles , celle de Forcalquier fe dit co-cathédrale , & STS aa dun chagtre, Lons, dé Siferon, 24, 33 dan 44, 7e Albertet | poéte provençal, qui floriloit dur la fi _du xuy. fiecle, étoit né à Si/eron. Il aimoit les belles: léttres, étoit très-galant, 8 choïfit pour l'objet de f paflion la marquile de Maleïpine , la dame la plis accomplie de Provence de ce tems-là, I! ft À fa louan- ge plufieurs pieces de poéfie , qui plurent tant À cette dame ;, qu'elle lit en marqua fa reconnoïffance par des prétens de chevaux , de bijoux &c d'argent, Ces pendant, comme elle s’apperçut que les afiduités d’Albertet fafoient tort à fa réputation, elle le pria de fe retirer, Ce poëre obéit avec douleur, & fe rendit à Tarafcon ; maïs il continua dans fa retraite à chanter {a belle marquife. Il lui envoya entr’autres vers un fonnet, en forme de dialogue entr'elle & lui, qui commence | Deporias vous ami, d'aquefl amour per gras, Dans une autre flance, il dit : Mais commo faray yeu (dis'yeu) mas amours caras My poder defportar d'aquefPaffe&ion ? Car certes Jeu erdury en ejla paffion, Per vous ingratament, montas doulours amaras. Le Monge des îles d'Or, nous apprend qu’ 4/berre mourut d'amour & de chagrin à Tarafcon, & qu’en mourant , 1l remit fon livre de poéfes , intitulé oz Petrach de Venus, à Pierre de Valerme, fon intime ami , pour en faire préfent à fa cruelle & tropaimée Laure. Ce perfide ami, au lieu de remplir Îes inten- tions du mort, vendit ouvrage à le Fevre, poëte d'Ufez, qui eut l'effronterie de le pablier fous fon nom; mais la fourberie fut découverte, & le cou- pable fubit la peine du fouet, établie anciennement par les lois des empereurs, contre les plagiaires de de fon ordre, (2.7) SISTRE, fm, (Mufg. anc.) en latin féfrum ;inftru- ment de mufique qui étoit employé dans les cérémo- nies rehgieufes des Égyptiens , & principalement dans Les fêtes qui fe célébroient lorfque le Nil com- mençoit à croître. Cet inftrument étoit de métal, à jour &c à-peu-près de la figure d’une de nos raquettes. Sesbranches percées de trous à égales diftances,reces voient trois Ou quatre petites bacuettes mobiles de même métal, qui pañloïent au-travers, & qui étant agitées, rendoient un fon aigu, plus propre à étour- dir qu’à flatter l'oreille. Le fiftre étoit ovale, fait d’une lame de métal fon nant, dont la partie fupérieure étoit ornée de trois figures ; favoir de celle d’un chat à face humaine placée dans le milieu ; de la tête d’Ifis du côté droit; ë de celle de Nephtys du côté gauche. Plufieurs ver: ges de même métal terminées en crochet À leurs extrémités , & pañlées par des trous, dont la circon. férence de l’inftrument étoit percée de côté & d'au tre , en traverfoient le plus petit diametre. L'inftru- ment avoit dans {a partie inférieure , une poignée par laquelle on Le tenoit à la main ; & tout {on jeu cons fiftoit dans le tintement ou le fon qu’il rendoit par la percuffion des verges de métal, qui à châque fecouf- fe qu’on lui donnoït, le frappoient à droite & À gau= che. : Dans nos pierres gravées, Ifis eff repréfentée te. nant un vafe d’une main, & le iffre de Pautre ; mais la bibliotheque de Ste Genevieve de Paris conferve un de ces inftrumens tout de cuivre: c’étoit leur ma- tiere ordinaire, ainfñi qu’on lapprend d’Apulée qui en a donné la defcription. Jérome Bofius en a fait un traité exprès , intitulé Iféacus de fiffro. En effet les prê- tres d'Ifis furent nommés f/riacr. L'ufage du /ffre dans les myfteres de cette déeffe $ étoit comme celui de la cymbale dans ceux de Cybè- le, pour faire du bruit dans les temples & dans les 230 SHETS proceflions; ces fiffres rendoient un fon à-peu-près femblable à celui des caftagnettes. Les Hébreux fe Æervoientaufhi de cet inftrument dans leurs réjouiflan- ces; car nous hifons au 1. Rois, xviiy. 6. que quand David revint de l’armée, après avoir tué Goliath, les femmes fortirent de la ville en chantant & en danfant avec des tambours & des fiffres. (D. J.) SISYMBRIUM, {. m.(Hiff. nat. Bor.) genre de plante à fleurs en croix, compofée de quatre pétales. Le piftil fort du calice & devient dans la fuite un fruit ou une filique, compofée de deux lames appli- -quées furune cloifon qui la divile en deux loges. Elle renferme des femences ordinairement arrondies. Ajoutez aux caraéteres de ce genre, le port des efpe- ces qui le compofent. Tournefort, I. R, H, Voyez PLANTE. Tournefort compte douze efpeces:de ce genre de plante; entre lefquelles nous décrirons la plus com- mune, flymbrium aguaticum, foliis in profundas laci- nias divifis , filiqué breviori, L..R. H. 226. Nous ajou- terons un mot de f/yr2briwm annuel, à feuilles d’ab- fynthe. La racine du f/ÿmbrium aquatique à feuilles laci- nées , eft oblongue, grofle comme le petit doigt; blanche.âcre,piquante &c bonne à manger. Elle poufle des tiges à la hauteur de trois ou quatre piés; canne- lées, creufes & quelquefois rougeñtres. Ses feuilles font oblongues, pointues , découpées profondément, dentelées en leurs bords, difpofées alternativement le long des tiges. Ses fleurs naiflent aux fommets des rameaux, fou- tenues par des pédicules longs & grèles, compoiées chacune de quatre pétales, jaunes, difpofées en croix & à fix étamines. Lorfque ces fleurs font paf- fées , il leur fuccede de petites filiques, courtes, di- vifées intérieurement en deux loges qui renferment des femences menues & prefque rondes. Cette plan- te croît dans les foflés pleins d’eau, dans les rivieres, aux lieux marécageux; ellefleuritenété, & pafle pour apéritive. Le /fymbrium à feuilles d’'abfynthe, a la racine an- nuelle. Elle poufle des tiges à la hauteur d'environ deux piés, divifées en plufieurs rameaux, revèêtues de feuilles nombreufes, finement découpées, blan- châtres, d’un goût douçätre mêlé d’une legere acri- monie. Ses fleurs naïffent en grand nombre au fom- met des branches , compofées chacune de quatre pé- tales difpofées en croix, de couleur jaune-pâle. Il leur fuccede des filiques longuettes, grèles, remplies de femences menues, rondes & rougeûtres. Cette plante croît fur les vieux murs, aux lieux rudes, in- cultes, pierreux, fablonneux; elle fleurit en été. Sa femence eft connue des herboriftes fous le nom de thalirrou ; les pauvres gens l’emploient dans quelque liquide pour arrêter la dyflenterie & le dévoiement. CDI | SISYRINCHIUM , £ m. (ff. nur. Bor.) genre de plante qui ne differe de la flambe &c du xiphion , que ar fa racine qui eft compoice de deux tubercules polés lun fur l’autre, comme la racine du glaieul & comme celle du fafran. Voyez FLAMBE 6 XIPHION. Tournefort, 1. À. H. Voyez PLANTE. Des trois efpeces de ce genre de plante que com- pte Tournefort, nous décrirons la principale; {/y- rinchium majus, fore luteä maculd notato, I, R, H. 365. Cette plante reffemble à liris bulbeux ; elle poufle deux ou trois feuilles longues, étroites, ver- tes & molles ; {a tige porte au fommet quelquesfleurs femblables à celles de l'iris , s'ouvrant l’une après l’autre, de couleur bleue, marquées de quelques ta- ches jaunes, & d’une odeur affez agréable. Ces fleurs font de courte durée: il leur fuccede des fruits ob- Songs qui contiennent des femences arrondies , pe- tites & rougeâtres, fa racine eft compofée de deux tubercules pofés lun fur l’autre; elle eft bonne à mar: ger, d’un goût doux, de couleur noire en-dehors & blanche en-dedans. Sifyrinchium eft un nom formé des deux mots grecs süe, cochon, &c ‘lycee, roffrum, comme qui diroit groin de cochon , parce que les co- chons pouflent leur groin dans la terre pour y cher- cher la racine de cette plante, dont ils font fort friands. (D. J.) | SITACA oz SITACE, (Géog. anc.) ville de la Per- fide, à 15 ftades du Tigre, & au voifinage du mont Zagrus. (D. J. SITALCAS, (Mytholog.) dans le temple de Del. phes Apollon avoit plufeurs ftatues, l’une defquel- les étoit appellée Apollon firalcas. Elle venoit d’une amende à laquelle les Phocéens avoient été condam- nés par les Amphi@yons , pour avoir labouré un champ confacré au dieu. Cette ftatue étoit haute de 35. coudées. Paufanias qui fait ce récit, ne donne point étymologie du mot fra/cas. (D. J. SITE , {. m. (Peins) c’eft la fituation , l’affiette d’un lieu. Les Italiens difent {50, dans le même fens. Ces deux mots viennent originairement du mot latin Jetus. Se s'entend particulierement du payfage; il ya des fes de plufeurs genres, bornés ou étendus, montueux, plats, aquatiques, cultivés ou incultes, habités ou deferts. Sites infipides , ce font des fires dont le choix eft trivial. Claude lé Lorrain n°a introduit dans fes pay- fages que des fres infipides ; mais ce défaut eft réparé par la grace du coloris, & par la beauté de Pexécu- tion. | Les fites extraordinaires, font ceux qui frappent limagination par la beauté & la nouveauté de leurs formes. Il faut éviter les Jîres communs, ou les ren- dre agréables, piquans &c frappans. | Les fes doivent donc être d’un beau choix, bien lès & bien débrouillés par leurs formes ; ils doivent avoir quelque chofe de nouveau & de piquant. « Le » moyen de les diverfifier à linfini, dit M. de Piles, » eft d'y faire furvenir quelqu'un de ces accidens » qui arrivent fi communément, & qui répandent » tant de variété dans la nature ; par exemple, l’in- » terpoñition de quelques nuages qui caufent de l’in- » terruption dans la lumiere , en forte qu’il y ait des » endroits éclairés fur la terre, & des ombres quife- » lon le mouvement des nuages fe fuccedent les uns » aux autres, & font des effets merveilleux, & des # changemens de clair-obfcur qui femblent produire » autant de nouveaux f£res ». L’exécution & le colo: ris font eflentiels en ce genre. Les payfages du Pouflin font remarquables par l’a- grément, la nouveauté, la richefle & l’ingénieufe diverfité des fres. Je dis l’ingénieufe diverfité, car le Je dans un payfage, doit être varié des divers ob- jets que la nature produit de fon bon gré, fans art & fans culture: les rochers, les torrens , les montagnes, les ruiffeaux, les forêts, les ciels & les campagnes fertiles ou ruftiques, font les chofes qui plaifent le plus dans les payfages. (D. J.) D SITELLA , {. f. (Antiq. rom.) efpece d'urne defti- née chez les Romains, à mettre des billets ou ballo- tes , pour les éleétions des magiftrats à Rome. On donnoit deux ballotes à ceux qui avoient droit de fuf- frage ; lune marquée de deux lettres . R. pour lap- probation; & l’autre de la lettre 4. pour la réjeétion: on jettoit à fa volonté dans la fre//a l’une ou Pautre de ces deux ballotes. (D. J.) SITHNIDES, (Mytholog.) les nymphes frhnides étoient originaires du pays de Mégare; lune d’entre elles eut une fille dont Jupiter devint amoureux, & de ce commerce naquit Mégatus , fondateur de Mé- gare. Dans cette ville étoit un magnifique aquédue, bâri par Théagene tyran de Mégare. Les habitans appelloient l'eau de cette fontaine, lea des rymphes - fhnides. (D.J.) hdi SITHONIE , (Géog. anc.) Etienne Le géographe appelle ainf une partie de la Thrace. Elle tiroit fon nom de Sithonius roi des Odomantes. Cette contrée _étoit fituée au-deflus du golfe Toyoraicus, & l’on ÿ comptoit trois villes ; favoir Olyntho, Metrée & Forone. Hérodote, 5. VIT. c. cxxi. dit que la con- trée où étoient firuées les villes grécques Torona, Galepfon, Sermyla, Mécyberna & Olynthus , étoit appellée de fon tems Sirhonia. C’eft fans doute des neiges des montagnes de cette contrée dont parle Virgile dans ces vers. Nec fic frigoribus mediis Hebrumque bibamus Sithoniafque nives hiemis fubeamus aguofe. (2.J.) SITHONIENS , LES, (Géog. anc.) Sithoni: ; Héro- dote met les Sirhoniens fur les côtes de Macédoine, dans la Paravie 87 la Calcidique , entre le golfe Sin- gitique & le golfe Toronaïque. Etienne de Bizance & Pline en reconnoïffent d’autres à l'extrémité fepten- trionale de la Thrace, fur les bords du Pont-Euxin : le long de la riviere Sumideflus, entre le mont Æ- mus & le Danube. Horace, odexviy, L 1. parle de ces derniers, il dit d'eux: Sithonïs zon levis Evius Quim fas atque nefas exiguo fine libidinum Difcernuns avidi. « Bacchus nous prouve fon itritation contre les » Sirhoniens ; car plongés dans la débauche, ils ne # connoïflent entre le bien & le mal d'autre milieu » que leur infatiable cupidité ». On faitqueces peu- ples faifoient volontiers excès de vin dans leurs ff- tins, & que leurs débauches fe terminoient ordi- nairement par des querelles & par des meurtres. DT ya . ou SUTTIA , (Géog. mod.) & par d’autres Setia 8T Serra ; province de l’île de Candie du côté de l’occident, dans l’endroit que l’on appelle f/hme, Cette province n’a que douze milles d’étendue, & pour chef-lieu une ville de fon nom , fituée au nord fur le bord de la mer. Cette ville eft bien différente entre les mains des Turcs, de ce qu’elle étoit autre- fois lorfqu’on Pappelloit Cyræzm. Son château même a été détruit par les Vénitiens en 1655. Long. 44.6. dar. 35. 7. (D. JT.) SITICINE , f. m. (Arrig. rom.) on nommoit Jti- cines chez les Romains, ceux qui jouoient aux en- terremens, de la trompette fur des airs triftes & lu- gubres. (2. J.) | SITIFIS , (Gécogr. anc.) ville de la Mauritarie c<- farienfe , & enfuüte la capitale d’une des Maurita- nes , à laquelle elle donna fon nom. C’étoit une ville confidérable, comme on le voit par l'itinéraire d’An- tonin, où elle eft nommée Sirif. Ce fut principalement dans le moyen âge que Siri- fis acquit de la célébrité , & qu’elle donna fon nom à la Mauritanie fitifenfe , dont elle devint la métro- pole. Plufieurs routes y aboutifloient comme dans les plus grandes villes. On compte entr’autres celles de Carthage , de Lambaefa , de Lamasba & de The- vefle. Sirifs eft aujourd’hui un village du royaume dAlger dans la province de Bugie, & qui eff connu fous le nom de Szefe. (D. J.) SITOCOME , £ m, (4rrig. greg.) mapgiftrat chez les Grecs, qui avoit une infpeétion générale fur les blés , & répondoit à-peu-près à l’édile céréal des Romains. (D. J.) | SITONES, {. m. (Antiq. d'Athènes.) cirovas , C'E ainfi qu’on nommoit les officiers chargés des provi- fions de blé pour la confommation de la ville ;: & afin qu'elle fût toujours pourvûe, le tréforier général SIT 1 avoit ordre de leur fournir tout l'argent dont ils au= roient befoin pour cet approvifionnement. Potter 3 Archæol. græc. L. I. c. xv.t, I. p.83. (D. JT, ) .SITOMAGUM où SITOMAGUS, (Géogr. anc.) ville de la grande Bretagne : l'itinéraire Antonin [à marque fur la route de Vente Icenorum À Londres, entre Venta Icenorum & Cambresonium, à 32 milles du premier de ces lieux, & à 21 milles du fecond, C’eft aujourd’hui Thetford en Nord-Folekshire, Il paroît que c’eft la même que la table de Peutinger appelle Sirnomagum. (D. J) | | | SÉTONS, LES, Sirones , ( Géogr, ane. ) Tacite, Germ. c. xliv, & xlv. nomme ainf l’un des trois prin: cipaux peuples qui habitoient la Scandivanie. Les Sitons , dit-il , font voifins des Suions ; & quoique dans tout le refte ils leur foient fembables >, ilya pourtant cette différence que c’eft une femme cui commande chez eux, tant ils dégénerent , non-feu- lement de ja liberté , mais encore de la fervitude. Ile Babitoient au-delh du mont Sévo » Qui les féparoit des Suions. Ceux-ci s’étendoient à lorient , les Sirons étoient bornes à l’occident & au midi par PO= céan. Les anciens n’ont point marqué diflinétement ef combien de peuples fe divifoit la nation des Sirons. Cependant comme Prolomée place les Chadini dans la partie occidentale de la Scandinavie ) On ne peut gueré fe difpenfer de les mettre au nombre des Si: tons. Les Beror: de Pline peuvent auf être compris fous ce nom général, de même que Îles habitans de l'ile de Mérigon, Dans la fuite, le nom des Sirons fut changé en cenu de Normands, qui leur fut commun avec les: Su:ons ; & on vint enfin à les appeller Norvégiens , nom fous lefquels ils fontencore connus aujourd’hui. Ces peuples, dit M. d’Audifret, Ac. Géogr. rome I. vivoient dans un grand déréglement avant que No- tus , fils d'Humblus, roi de Suede, les eût fubjugués, Il les ramena par fa douceur & par fon adrefle 10 leur imprima d’abord la crainte des dieux. Illeur £t une fotte de religion ; & afin de les mieux retenir dans le devoir, 1lleur prefcrivit des lois, leur ap: prenant par des inftruétions & par des exemples à régler leur vie. La mort de ce prince ft naître plu= fieurs petits royaumes, dont le païtage caufa de grands différens ; de forte que les Sirons laflés des guerres civiles abandonnerent leur pays , & com- inencerent à courir Les mers fous le nom de Noryé- giens. (D. J.) 7 | SITOPHYLAX, {. m. (Anriq. greg.) mot grec qui veut dire gardien du blé. Le fitophylax étoit le nom dun mag'trat chez les Athéniens , qui veilloit à ce que chaque particulier n’eût pas plus de blé qu'il lui en falloït pour fa provifion. Cette provifion étoit ré- glée par la loi, &c les frophylax avoient l’œil à l’ob- fervation de cette loi. Il y avoit quinze férophylax , dix pour la ville & cinq poutle pirée. Voyez le favant commentaire de Samuel Petit far Les lois attiques | LP. tit. 57. ( D, J.) | SITTACENE , (Géog. anc. ) contrée d’Afie dans lAflyrie. Ptolomée, Z. I. c.j. la place près de la Suziane. Strabon dit que dans la fuite on lui donna le nom d’Apolloniatide, ( D. J. SITTACENI , ( Géog. anc.) peuples d’Afie dans Ja Sarmatie afiatique, Strabon, Z IL, p. 415. les met au nombre des peuples qui habitoïent fur le bord des Palus-Méotides. ( D. J. ) | SITTARD , (Géog. mod. ) ville d'Allemagne au duché de Juliers, & aux confins de celui de Lim- bourg. Cette petite ville, ftntéæfur un ruiffeau envi: ron à üne lieue de la Meufe & à fept lieues au midi de Ruremonde, fut prefque toute ruinée en 1 677, GE elle ne s’eft pas rétablie depuis. (D. J.) SITUATION , ÉTAT , (Gram. & Synon. ) fEtuas 232 S 1 1 | ion dit quelque chofe d’accidentel-8 de paflaget. …Ærar-dit quélque chofe d’habituel & de permanent. ‘One fert aflez communément du mot de fszarton ‘pour les affaires, le rang ou la fortune , & de celui -d’érat pour la fanté, Le mauväis éat de la fanté eft un prétexte añlez rrdinaire dans le monde, pour éviter des. fuarions “embarraflantes où défagréables. | La vicifitude des événemens de la vie fait fouvenñt ue lesplusfagesfetrouvent dans de triftes/warions; -8t que Pon peut être réduit dans un éser déplorable, après avoir long-tems vécu dans un é44 brillant. Gz- rerd Synonymes, (D. J.; SITUATION, {. f. en Géométrie & en Algébre, hont- le la pofition refpeétive des lignes, furfaces , &c. M. Leïbnitz parle dans les aêtes de Leipfic d’une efpece particuhiere d’analyfe , qu'il appelle azalyfe de fituarion , far laquelle on pourroit établir une fortè de calcul. \ _ Il eft certain que lPanalyfe de fæuarion eft une chofe qui manque à l’algebre ordinaxe. C’eft le dé- faut de cette analyfe , qui fait qu’un problème pa- oît fouvent avoir plus de folutions qu'il n’en doit avoir dans les circonftances limitées où on le confi- dere. Par exemple, qu’on propofe de mener par l’an- gle €, fig. 12. Alg. d’un quarré 4 B C D uneligne FCG , qui foit terminée par les côtés 4 D & AB prolonsés., & qui foit égale à une ligne donnée L M. Ïl eft certain que ce problème ainf propofé n’a que deux folations, & qu’on ne peut mener par le point C'plus de deux lignes £ CH,GC Fqufatif #aflent à la queftion. Cependant fi on réduit ce pro- blème en équation en prenant 4 G pour inconnue, on trouvefa qu'il monte au quatrieme degré. Voyez d'application de l’Algebre à la Géomérrie de M. Guif- née, 6 Le neuvieme livre de feëtions coniques de M. de FHôpital , d’où 1l s'enfuit que le problème a quatre folutions ; 8c il en a quatre en effet, parce qu’on peut faire pafler par Le point € deux lignes CO , CQ, dont les parties OP, Q R, terminées par les côtés 4 D -& À B (prolongées ou non) foient égales à la ligne donnée Z M3; ce qui diférentie. les lignes O P & Q R d'avec les lignes GF, EH ; c’eft que les extré- mités de ces deux-ci fe trouvent {ur Les côtes 4D & AB prolongés vers H 6 vers F, au-heu que O P a une de fes extrémités {ur 4 D xon-prolongé , & l’au- tre fur À B prolongé vers O ; & de même Q R a lune de fes extrémités fur 4 B non-prolongée , &t l'autre fur 4 D prolongée vers Q. Le calcul algébrique ne peut exprimer autre chofe que la condition que les extrémités G,F,E, H, foient fur 4 D & .4 B pro- dongées ou non ; & voilà pourquoi le calcul donne quatre folutions du problème. Il eft vrai que certe abondance de l’alsebre qui donne ce qu'on ne lui demande pas, eft admirable & avantageufe à plu- fieurs égards , mais auffi elle fait fouvent qu’un pro- blème qui n’a réellement qu’une folution en prenant fon énoncé à la rigueur , fe trouve renfermé dans une équation de plufeurs dimenfons , & par-là ne peut en quelque maniere être réfolu. Il feroit à fou- haiter que l’on trouvât moyen de faire entrer la f- suation dans le calcul des problèmes : cela les fimpli- feroit extrèmement pour la plüpart ; mais l’état & la nature de l’analyfe algébrique ne paroïflent pas le permettre. Voyez fur cela mon sraité de dynamique, feconde édition, article 176 ; voyez auf l’article EQUA- TION vers la fin. Dans le some VIII. des Mémoires de l'académie de Perrsbours , on trouve un r7émoire de M.Euler, qui a pour titre , Solwtio problematis ad Geometriam fus pertinentis, C’eft-à-dire Jolution d’un problème qui a rapport à La Géomérrie des fituations. Mais on ne voit dans ce mémoire rien qui ait rapport à l’analyfe de fuation dont nous parlons ;il s’agit feulement de fa- SIT Voir.par quel chemin on doit pañler pour traverfer des poñts difpofés fur une riviere qui ferpente , ë£ les traverfer de manïere qu’on ne pale jamais deux fois {ur le même. (0) » er: SITUATION , ( Pocfie dramatique, ) ficuation en fait de tragédie , dit Pabbé Nadal , eft fouvent un état in- téreflant & douloureux ; c’eft une contradiétion: de mouvemens qui s’élevent tour-à-la-fois , &T qui fe bas lancent ; c’eft une imdécifionten nous de nos propres fentimens., dont le fpeétateur eft plus inftruit,, pour. ainfi dire, que nous-mêmes fur ce qu'il y a à con- clure de nos mœurs, fi elles font frappéestcomme elles doivent l’être. : , Au milieu de toutes les confdérations qui nous divilent 87 qui nous déchirent, nous femblons céder à des intérêts où nous inclinons le moins, notre ver- tu ne nous affüre jamais plus que lorfque notre foi- bleflesayne de {on côté plus de terrein : e’eft alors que le poëte qui tient dans fa main le fecret de nos, démarches, eft fixé par fes regles fur le parti quil doit nous faire prendre, & tranche d’après elle fur notre deftinée, EE mr rediole | C’eft dans le Cid qu'il faut chercher le modele des ftuations. Rodrigue eft entrefon honneur &t fon amout, Chimene eft entre le meurtrié”de fon pere & {on amant; elle eft entré des devoirs facrès &e une pañfñon violente ; c’eft de-là que naïflerit des agi- tations plus intéreflantes les unes que les autress c'eft là où s’épuifent tous les fentimens du cœur hu: main, &ctoutes les oppoñtions que forment deux mobiles auf puiffans que l’honneur & Pamour. La fruation de Cornelie entre les cendres de Pom: pée & la préfence de Céfar, entre {a haine pour ce orand rival & l'hommage refpettueux qu'il reñü à la vertu ; les reffentimens en elle d’une ennenue im- placable fans que fa douleur prenne rien fur fon efti= me pour Céfar ; tout céla forme de chaque fcene où ils fe montrent enfemble une fuarion différente. Dans de pareilles circonftances, leur filence même feroit éloquent &c leur entreyüe une poëfie füblime, mais les préfenter vis-à-vis l’un de l’autre, c’eft pour Cornelie avoir déja fait les beaux vers, &c ces tiras des magnifiques qui mettent les vertus romaines dans leur plus grand jour. | _ Ileft aïfé de ne pas confondre les coups de théatre êc les fétuations : l'un eft paflager, &c, à le bien pren- dre, n’eft point une partie eflentielle de fa tragédie, puifqu'il feroit facile dy fuppléer ; mais la fruarion fort du {ein du fujet & de l’enchaînement de quel= ques incidens , & par conféquent s’y trouve beau- coup plus liée à Paétion. ( D. J) | SITUATION, f. f. ( Architeët.) efpace de terrein propre à y élever un bâtiment, ou pour planter un jardin. Il eft d'autant plus avantageux que le fonds en eft bon , l’expoftion heureufe & les yües beiles ;, c’eft ce qu’on nomme vulgairement affieste. (D. J.) SITUATION DU TERREIN, (Jardin. ) eft la chofe la plus effentielle pour planter un jardin. Si le choix n’eft pas heureux , les arbres mourront en peu de tems. Quoiqu'il y ait cependant des moyens pour améliorer les mauvaifesterres, ils font le grande dé- penfe , fouvent même il arrive que malgré les aman- demens , les arbres ayant atteint le fond naturel de la terre, y périflent. | Cinq conditions font néceflaires à une bonne /£ua- tion ; une expofition faine, un bon terroir , Peau , la yûe d’un beau pays , & la commodité du lieu. Une expofñtion faine eft celle d’un lieu qui n’eft pas trop élevé, crainte des vents, nitropbas, à caufe des marécages ; il faut la demi-côte ou la plaine. Dans une terre humide, la mi-côte eft meilleure ; dans une terre légere, la plaine eft préférable & de moindre entretien. Un bon terroir fignifie une rerre fercile 6 abondante | jans D | + fans cette condition il eff inutilé de planter tn jardin: Foyez TERROIR. L'eau, qui eft latroifieme condition , eft une des plus effentielles : Les habitans d’un pays, s'ils paroïf- fent fans, vous font juger de la bonté de l’eau ; & en y faifant cuire des légumes, vous connoîtrez fa qualité. Sans fon fecours les végétaux périroient dans les grandes chaleurs ; il n’en faut pas cependant une fi grande quantité, parce qu’elle rendroit le lieu aqua- tique & mal-fain EU a : La vüe d’un beau pays, quoique moins nécefaire Que les précédentes conditions , eft du goût de tout le monde; & la commodité du lieu ne l’eft pas moïns, par l'utilité qu’on en peut retirer. SITZISTAN , ( Géogr. mod. ) petite province de Perfe , entre celle de Makeran & de Sablefian. Ses principaux lieux font Szziffan , Fardan, Chaluck, Mafuretan 87 Mafnich. #1. SITZU, (Géog. mod.) une des cinq provinces im-\ périales du japon , dans Pile de Nipon. C’eft le pays leplusavancé vers l’oueft, & fur un grand golfe. Les parties méridionales font fort chaudes mais celles du nord font plus froides & plus abondantes en ce quäls appellent gokokf, c’eft-à-dire , 5, riz ; orge & Jeves. On y trouve auf du poiflon & du fel ; & à tout prendré, €’eft un fort bon pays. Il eft divifé en treize diftrids. r. SIVADIERE , £ f (Mefüre Jeche.) mefure de grains en ufage en Provence, & particulierement À Mar- feille. Les huit fyadieres font üne hémine du pays: La - ftvadiere de blé doit pefer un peu plus de neuf livres poids de Marfeille, qi font fept livres un peu fortes poids de marc, Savary. (D, J.) SIVAN , 1. m.( Æif, judaig. ) neuvieme mois de :l l'année civile des Hébreux, & le troifieme de l’année eccléfaftique. Il a trènte jours | & répond à la june de Mai, C'étoit le fix de Ce mois que tomboit la Pentecôte, ou le cinquäntieme jour après la Pâque: Foyez PEN- TECOTE. Nr, Le 17 étoit fête pour latprife de Cæfarée par les Afmonéens, qui en chaflerent les payens 8 y érabli- rent des juifs. | Le 23 , jeûne en mémoire de la défénfe faite par Téroboan,, fils de Nabat , à fes fujets, de porter leurs premices à Jérufalem. | | Les juifs inodernes jehñent eñcote où fêtent d’au- tres jours, en mémoire de quelques éyvénemens fort fufpeËts , qui ne font atteftés que par les livres de leufs rabbins. Caleñdr. des Juifs à La tête du Diétionn. dela Bible, pat dom Calmet, : : SIVAS , ( Géog. mod.) ville ruimée de la Turquie afatique , dans ’Anatolie, à deux journées au midi de Tocat. Elle étoit le chef-lieu d’un gouvernement, ëc la réfidence d’un bacha, avant que Famerlan eût fait rafer cette ville lôrfqu'il ’én empara. Long. {ui- vant les tables arabiques , #1. 3.0. /2r. féptentr. 30. 30. (D. A | | SEUBT, £ in. ( ff. nat, Botan.) De ce genre de plante, dans lequel Tournefort compte huit efpeces, nous décrirons celle des boutiqués , 4m aromaricum guod Jifon officirarum , I. R. H. 308. Cette plante a d'ordinaire fa racine fimple , blanche, hgneufe , foi- blement enfoncée en terre, & d'un goût de panais , un peu aromatique. Elle pouffe une où plufeurs t1- ges hautes d'environ deux piés, rondes, moëlleufes, Lfès; glabres , noueufes & rameufes. Ses feuilles fonr ailées comme celles du panaïs, rangées alternative- iment le long de la tige du tefte femblables à celles du chervi, tendres, oblongues , crénelées fur leurs bords , quelquefois découpées. Ses fleurs naïffent fur des ombelles, aux fommets de latige & des rameaux; petites ; compofées chacune de cinq pétales , blan- ches , tailées en cœur, & difpofées en role ; il leur . Tome XF SiV faccede des femences joinites detix à deux, meñues ; arrondies , cannelées fur le dos , applaties de Pautré CÔté , brimes , d’un goût un peu âcre & aromatique: Cette plante vient aux lieux humides, le lohg des haies & des foffés. Elle fleurit en été , & fes graines müriflent au commencement d’Août; mais On ne fait cas que dé cellés du Levant, parce qw’ellés ont lo: deur du véritable amomum, & qu’elles abondent dans ce pays-là en üné huile éffeñtielle aromatique ; qu'on en peut tirer par là diftillation. (2.7) SIVRAY ; où CIVRAY , ( Géog. mod!) ville de France dans le Poïtou , far là Charente, à 16 lieue: au midi de Poitiers ; {ur la route d’Angoulêre, Ellé a une fénéchauflée , & eft chef-lieu d’un comté qui eff un domaine de la couronne, Les Protéftans fai- {oienit autrefois fleurir cétte ville, dans laquelle ils avoient un temple, Log, 17.53. lait, 4G. ia, (D. TJ) SIUTO , fm. (M5, mod. relis. 6 philof.) c’eft 1é nom fous lequel on défigne au Japon une fe&e de phi- lofoplies qui font profeffion de ne-fuivre aucune ded religions admifes dans cet empire, Ces philofophes font confifter la perfe&tion & le fouverain bien dans une vie fage & vertueufe, Ils ne feconinoiflent point un état futur , & prétendent que les bonnes adioné &c les crimes n’ont point hors de ce monde de récom: penfes où de punñitions à attendre, L'homme , félori euxétant doué de la raifon, doit vivre conformément aux lumieres qu'il a reçues , &c par conféquent il eft obhpé de vivre fagémenit. Les Jiutoifles rejettent les chimeres de là métémpfycofe , & toutes Les divinités i 5 x ridicules des religions du fintos & de fiaka, Foyer Sin: TOS € SrAKA. Ils croient que nos ames , iflues d’un efprit univerfel qui anime toute la nature , après avoir été féparées du corps, retournent dans le {ein ‘de cé même efprit ; de même que les fleuves après Avoir terminé leurs Cours , rentrent dans la mer d'où ils ti- roierit leur origine. Tiez , c’eft-k:dire Îc cie/, eft le nom qu'ils donnent à cet efprit, out eft la feule divi- nité qu’il admettent ; d’où l’on voit que les fitoiffés ont les mêmes idées für la divinité que les lettrés chi nois, C’eft-à-dire , ce font de vrais théiftes ; car quoi que le mot 17 fignifie le cie/, il ne faut point croire que cé foit au ciel matériel & vifible que cés philofo: phes adreflent leurs vœux, maïs à l’£tre fuprère, créateur du ciel & de là terre: Voyez TIEN. Cepen: dant on aflure que quelques-uns d’éntr'eux ddmettent un être intelledtüel & incorporel qui gouverne la na: ture , mais qu'ils diffinguent de fon auteur, & qu'ils repardent comme étant liismême une produftion dé a nature. Selon eux cet être a été engendré par 77 & Jo; deux puiflances différentes, dont l’une eft attive, &t l'autre pafive; l'une eff le principe de la généra< tion, & l’autre de la corruption. Les fzuroëfies croient le monde éternel, mais que les hommes, les animaux, le ciel &c tous les élémens ont été produits par In & Jo. Ces philofophes dont aucun temple , hi ducune forme de culte ; ainfi que les lettrés chinois , ils font des cérémonies en mémoire de leurs ancêtres , {ur les tombeaux defquels ils offrent du riz êc dés San: des ; ils alluiment des cieroes devant leurs imaves , &E donnent des repas fomptueux! en leur honneur. Is regardent le fuicide non-feulement comme permis ; mais même comme honorable, LÉ Les futoifles ont, ain que les lettrés de la Chine ; une profonde vénération pourla mémoire & les écrits de Confucius, & particulierement pour un de fes li- Vres intitulé fudo, c’eft.à-dire voie philofophique, d’où Cas Von voit que leur fefe a tiré fon nom: elle étoit au- tréfois très-nombreufe au J apon., 87 avoit beaucoup de partifans parthi les perfonnes favantes & éclairées, qui s’étotent détrompées des fuperftitions & des rez hgions abfurdes dti pays. Maïs ces philofophes eurent à effiyer de la part des bonzes ou des moiñes, des calomnies & des perfécutions qui les obhperent de Gg 234 SX #e conformer, du-moins extérieurement, à lidofitrie du Japon, Le plus grand crime qu'on leur imputa, étoit de favorifer le Chriftianme, accufation la plus terrible dont on puifle charger quelqu'un dans em pire Japonois. SIWA , (Myrhol.) divinité des anciens Germains que l’on croit être leur Pomone, On là repréfentoit toute nue, avec de longs cheveux qui lui deicendoient : par derriere jufqu’au milieu des jambes; elle tenoit d’une main une grappe de #aïlin, &t de l’autre une groffe pomme. Voyez Grofler dans fon A5, laine dela Luface ; Schoedius , de diis Germanorum ; &t dom Ber- pard Montfaucon , tome II. de fon antiquité expliquée par figures. (D, J.) SIX , (-Arithmér, ) nombre pair compofé de deux &t de quatre, ou de deux fois trois, ou de trois fois deux, ou de cinq & un, Deux &c quatre font/£x ;trois &c trois font /2x ; deux & deux font quatre, & deux font /£x ; cinq &c un font f£x. Six fe marque de.cetre mamere en chiffres arabes 6, en chiffres romains VI, êc en chiffres françois de compte & de finance, de la forte bj. Le Gendre. (D. J.) SiX CORPS DES MARCHANDS , ( Corporation. ) ‘On appelle à Paris les fx corps des marchands , par honneur, êc par une efpece de difinéion, la drape- rie, l’épiçerie , la mercerie, la pelleterie, la bonne- terie , & l’orfévrerie ; pour ne les pas confondre avec ce grand nombre de communautés des arts &c métiers, dont les maîtres de quelques-unes ont la qualité de marchands, maïs dans un raño bien infe- rieur pour la richefle & létendue du commerce. Dittionn. de Comm. (D. I.) : SEX AIN, fm. dans L Art militaire, étoït un ancien ordre de bataille fuivant lequel fix bataillons étant . rangés fur une ligne , on faifoit avancer le fecond & le cinquieme pour former ’avant-carde ; le premier ê&c le fixieme fe retiroïent pour faire l’arriere-garde; &t le troifieme &r le quatrieme reftoient en place pour former le corps de bataille, Chambers. SiXAIN, ( Poëfie.) On appelle fxain une flance compolée de fix vers, Nous ayons deux fortes de /£- xains qui ont des différences affez remarquables : les premiers ne font autre chofe qu'un quatrain auquel on'ajoûte deux vers de rime différente de celle qui a terminé le quatrain. Les fixains de cette efpece ad- mettent deux vers de rime différente, foit devant, doit après , comme dans Pexemple fuivant : Seigneur , dans ton temple adorable Quel morcel ef? dignerd’entrer ? Qui pourra , grand Dieu, pénétrer Dans ce [éjour 1rpénétrable , Où ses Jainis inclinés, d'un œil refpeëtlueux ; Contemplent de son front l'éclat majeflueux ? Roufleau. La feconde efpece de fxains , aflez commune & fort belle, comprend deux tercets , qui ne doivent jamais enjamber le fens de l’un à l’autre : il y doit donc avoir un repos après le troïfieme vers. Les deux premiers y riment toujours enfemble, & le troifieme avec le dernier ou avec le cinquieme, mais ordinai- rement avec celui.ci 1. Exemple. Renonçons au fiérile appui Des grands qw'on implore aujourd’hui : ANe fondons point fur eux une efpérance folle à Leur pompe indigne de nos vœux N'ef? qu'un fimulacre frivole , Et les folides biens ne dépendent pas d'eux. | Roufleau, Îl. Exemole. Je difois à la nuit fombre : © nuit! in vas dans ten ombre S [ X Menfevelir pour toujours, Je redifois à P Aurore , Le jour que tu fais éclore Efi de dernier de mes jourss (D. 3.) STXAIN , en terme de Enyertier, eft'une boîte qui en Roufleau:; ‘contient cinq autres les unes dans les autres ; &c par- conféquent de diverfes grandeurs. SIXAIN , ( Mercerie. ) ce mot fe dit parmi les mar- chands merciers des paquets compofés de fix pieces de rouleaux ou rubans de laine. Il n’y a guere que les rouleaux des numéros quatre & fix qui foient par Jixains ; on appelle auf un fxain de cartes , un petit paquet contenant fx jeux de cartes. ( D. J.) SIX CENTIEMES , ( Hifi. mod. ) terme qui chez les anciens Saxons, qui évaluoient les hommes, f- gnifoit une perfonne de la valeur de fix cens che- lins; dans le tems que les Saxons dominoient en An- gleterre ,tousles hommes y étoient diftribués en trois clafles ; favoir la plus haute, la plus bafle, & la moyenne; de forte qu’une perfonné ayant reçu quel- que injure, on proportionnoit la réparation à la va- leur de l’offenfé , &c à fa clafe. | Ceux de la plus bafle claffe s’appelloient deux cen- ziemes , C’eft-à-dire, des hommes évalués à déux cens chelins; ceux de la moyenne s’appellerent /2x , quoique plus fouvent par un =: Lucien nous ap- prend cela dans fon traité qui a pour titre /vgement des voyelles. Dans ce traité, la lettre z par une profo- popée, dit que fouffrant aflez patiemment le tort que les autres lettres lui faoient, elle ne s’étoit ja- mais plaint de la lettre Z qui lui avoit Ôté les mots de Smaragde & de Smyrne. Outre cela, il y a des médailles anciennes où au lieu de zuvpraswr, il fe trouve Zuuprasæ par un Z; M. de Boze en avoit deux dans fon cabinet. On trouve Zrryrnæorum au lieu de Srzyrnæorum, dans une ancienne infcription latine citée par Gruter. Les marbres d'Oxford nous offrent auñi des inf- criptions curieufes de Szyrne ; mais les médailles frappées dans cette ville, la font mieux connoître. Plufieurs de ces médaiiles nous apprennent qu’elle avoit un Prytanée, car elles font mention de fes Prytanes. La place du château de Smyrne moderne étoit oc- cupée dans le tems de la belle Grece par une cita- delle fous laproteétion de Jupiter éthérée,ou qui pré- fidoit aux lieux élevés. Paufanias aflure que le fom- met dela montagne de Sryrne appellé Coryphe, avoit donné le nom de coryphéen à Jupiter qui y avoit un temple. Il y a un beau médaillon où ce dieu éthérée eft repréfenté affis, auffi-bien que fur une médaille de Vefpañen , où le même dieu affis tient de la main droite une viétoire, & une hafte de la main gauche. M. de Boze a publié dans les mémoires de Litté- rature som. XVII. in-4°. des réflexions favantes {ur une médaille antique frappée par les habitans de la ville de Sryrre en l’honneur de Sabinia Tranquillina, femme de Gordien Pie, On voit d’un côté {ur cette médaille Le bufte d’une princeffe, repréfentée fous la figure 8e avec les attributs de Cérès, tenant d’une main des épis, & de l’autre une corne d’abondance: on lit autour de ce portrait, CMYPNAION. HPOTON, ACTAC. Au revers eft une femme de-bout, Le pié droit ap- puyé contre une proue de vaifleau, la tête couron- née de tours, 8t les cheveux noués &c foutenus par derriere avec une efpece de ruban : fon habillement relevé & plié à la maniere de nos anciennes cottes- d'armes, finit de même au-deflus du genou : elle tient de la main droite une patere, & de la gauche cette forte de bouclier contourné, qui étoit particu- lier aux amazones & qu’on nommoit pe/so. On re- marque au-deflous un bout de draperie ou une ef- pece de petite ferviette, qui aidoit fans doute à te- mir le bouclier plus ferme, & qui pouvoit encore fervir à d’autres wages. À ces différens fymboles, il eft aifé de reconnoître l'amazone à qui les habitans de Smyrne rapportoient le nom, l’origine & la fondation de leur ville, La cou- ronne de tours auroit peut-être fufñ pour l'indiquer; mais ils ont été bien ailes d’exprimer encore parla | patere que les éérémonies relisieufes , les ficnifces lur-tout qu’on avoit coutume de faire en ces fortes d'occañons, n’avoient pas été oubliés; & quant à la proue de vaiffeau qui eft l’attribut ordinaire des villes maritimes , on fait que Sryrne a toujours paflé pour un des meilleurs ports de lArchipel. Autour de ce type ingénieux reone une inferi tion dont la plüpart des mots font abrégés : elle doit être lue ainf : EN CrparyyoÙ Mapyov AYP#Acou TEP- TIOY ACIAPXOT ; &c les deux légendes réunies d- fent que la médaille ou monnoie dont il s’agit a été frappée par les Smyrnéens qui font les premiers de PAñe, fous la préture de Marcus Aurélus Tertius, Afiarque. Quand les villes de la Grece & de l'Afe minewre paflerent fous la domination des Romains, elles fn- rent , ce femble, encore plus jaloufes qu'auparavant des titres d'honneur dont elles jouifloient, & plus attentives à fe maintenir dans les droits qu’elies croyoient avoir infenfblement acquis les 1nes fer les autres. Les hiftoriens ont négligé ce détail , maïs les monumens antiques nous en ont confervé des preuves fenfbles : telle eft entr'autres celle qu fe tire du titre de premiere ville de l'Afie que Sir de donne fur la médaille dont on vient de parler : il gs en a-plufieurs autres qui la confirment, Les Smyr- néens , dit Tacite , fe vantoient d’être les premiers de tous les peuples d’Afe, qui avoient dreflé dans leur ville un temple à Rome dans le même tems qu'il y avoit de puiffans rois en Afe, quine connoïfforent pas encore la valeur des Romains. rois villes célebres, Pergame, Ephefe 8 Sryrmz, fe difputerent vivement cette primatie de l’Afe fous l'empire des deux premiers Antonins. Jufque-là elles avorent vécu dans une parfaite intelligence : äi y avoit même entrelles une aflociation particuliere, qui mettoit en commun pour Les habitans de chacune le droit de bourgeoïfie, Pufage des temples, de cure des divinités, les facrifices, les fêtes & les jeux : &e cette aflociation marquée fur la plüpart de leurs mé- dailles y eft exprimée en ces termes: EtEZIGN sMva. NALON TiEPL'AMHNQON OMONCIA, Une malheureude idée de préféance les divifa bientôt. Pergame abam- donna la premiere fes prétentions pour le bien de la paix, mais rien ne put détacher Szyrre du titre de prerniere de l'Afie, car immédiatement après la mort de Marc-Aurele elle fit frapper , en l'honneur de Commode , une médaille où on lit, comme furles précédentes : EMYPNAION TPATAON. ATIAS, L’ambition ou la diligence des Smyrnéens ne por ta pas grand préjudice aux habitans d'Ephefe , ua, felon toutes les apparences favorifés par Septime Se vere , frapperent deux médailles en fon honneur , l’une avec la légende ordinaire , ESESION GPoTrow AFIAS; l'autreavec cette infcription détoutnée, ZEYS EPESIOE HPATOE AZIAË, « le premier Jupiter des » Ephéfiens eft le premier de l’Afe ». Smyrne voulant enrichir fur les expreffions d'E- phefe , fit frapper en l'honneur de Caracalla un mé daillon , où elle ajouta au mot HPATH AciAc ceux de KAAAEI KAI. MEL £OEI, pour marquer qu'elle étont la premiere & la plus confidérable ville de l’Afe par fa grandeur & par fa beauté : cependant ces termes affeétés , loin de lui donner un nouvel avantage, fe- rent regardés comme une reftriion favorable aux Ephéfiens, qui ne trouverent rien de plus précis pour aflürer leur viétoire que l’infcription qu'ils mirent sw revers d’une médaille de Macrin , EPÉEION MONON, HPOTON.ABIAE , « des Ephéfiens qui {ont les feuls » premiers de PAfie ». , En même tems que Smyrne difputoit de rang avec Ephefe , fes médailles nous apprennent qu’elle étot liée de confédération avec plufeurs autres villes, comme avec Thyatire , Apollinaris & Hiérapolis, L’aflociation avec cette derniere ville femble même avoir été folemnifée par quelques jeux , car onades médailles où cette confédération, ouordre , ef repré- fentée par deux utnes remplies de branches de pal- mier. Il ya des médailles de Ssyrne qui nous appren- nent d’autres particularités, T'elles font les médailles qu’elle a frappées des empereurs Tite & Domitien, avec une figure chargce fur le revers qui porte un rameau dans fa main droite, une corne d’abondance dans la gauche ; l’eau qui en tombe repréfente la ri- viere d'Hermus. On y lit les mots fuivans : EMyYP- NAIQON EFMOZ ENT j@NIOYE , c’eft-à-dire « Hermus » des habitans de Smyrze dans l’Ionie » : on en peut recueillir que ceux de Smyrne tiroient tribut de la riviere d'Hermus, & qu’elle étoit annexée à l’Ionie, Maïs pour dire quelque chofe de plus à la gloire de Smyrne, elle fut faite néocore fous Tibere avec beaucoup de diffinétion ; &c les plus fameufes villes d'Afe ayant demande la permifiion à cet empereur de lui dédier un temple , Smyrre fut préférée, Elle devint néocore des Céfars, au-lieu qu'Ephefe ne létoit encore que de Diane ; & dans ce tems-là Les empereurs étoient bien plus craints , & par confé- quent plus honorés que les déefles. Sryrne fut dé- clarée néocore pour la feconde fois fous Adrien, comme le marquent les marbres d'Oxford; enfin elle leut encore le même honneur lorfqu’elle prit le titre de premiere ville d’Ajte fous Caracalla , titre qu’elle conferva fous Julia Mœfa, fous Alexandre Sévere, fous Julia Memmoæa, fous Gordien Pie , fous Otacil- la , fous Gallien & fous Salonine. Spon cite une médaille de cette ville qui préfente le frontifpice d’un temple , une divinité debout en- tre des colonnes, & cette légende autour, SMyP- NAION... 1... NEUKOPGN, c’eft-à-dire, Le fénar de Smyrne trois fois néocore. Il femble que cette médaille fuppofe une divinité protettrice du fénat, lequel ils ‘appelloient /azr, comme il paroît par le titre d’une inicription de cette ville qui dit : « A la bonne for- » tune, à lilluftre métropolitaine , néocore pour la : # troifieme fois de l’empereur , conformément au » jugement du faint fénat de Smyrne ». Au défaut des médailles, l’hiftoire nous inftruit des diverfes révolutions de cette ville. Dès que les Romains en furent les maîtres , ils la reparderent comme étant laplusbelleported’Afe, &entraiterent ! toujours les citoyens fort humainement ; ceux-cà ; pour n'être pas expolés aux armes des Romains, les ont beaucoup ménagés & leur ont été fideles. Ils fe mirent fous leur proteétion pendant la guerre d’An- tiochus ; 1l n’y a que Craflus proconful romain qui fut malheureux auprès de cette ville. Non-feulement il fut battu par Arifonicus , mais pris & mis à mort: fa tête fut préfentée à {on ennemi, & fon corpsen- féveli à Syrne. Porpenna vengea bientôt les Ro- mains, & fit captif Ariftonicus. Dans les guerres de Céfar & de Pompée , Smyrne fe déclara pour ce der- mer, & lui fournit des vaifleaux. Après la mort de Céfar, Smyrne , qui penchoit du côté des conqutés,, refufa l'entrée à Dolabella, & reçut le conful Tre- bonius l’un des principaux auteurs de la mort du diétateur : mais Dolabella l’amufa fi à-propos, qu’é- tant entré la nuit dans|la ville, il s’en faifit, & le fit martyrifer pendant deux jours. Dolabella cependant ne put pas conferver la place , Cafius & Brutus Sy aflemblerent pour y prendre leurs mefures. On oublia tout le paffé quand Auoufte fut paifble pofleffeur de l'empire. Tibere honora Sryrne de fa bienveillance , & régla les droits d’afyle de la ville. M. Aurele la fit rebâtir après un grandtremblement de Torne, XV, S M Y 243 terre, Lesempereursgrecs qui l'ont poffédée aprèsles Romains la perdirent fous Alexis Comnène ; les Mu fulmans en chaflerent les Latins & les chevaliers de Rhodesàdiverfes reprifes. Enfin Mahomet. en fit dé molir les murailles, Depuis ce tems-là , les Turcs font reftés paifbles poffefleurs de Sryrre, où ils ont bâti pour fa défenfe une efpece de château à gauche, en entrant dans le port des galeres, qui eff l’ancien portde la ville. Des fept églifes de Papocalypte, c’eft la feule qui fubfifte avec honneur ; Sardes f renom mée par les guerres des Perfes & des Grecs ; Per- game , capitale d’un beau royaume ; Ephefe qui fe glorifioit avec raifon d’être la métropole de lAfie mineure ; ces trois célcbres villes ne font plus, où font de petites bourgades bâties de boue & de vieux marbre ; Thyatire, Philadelphie, Laodicée ne font connues que par quelques reftes d'infcriptions où leur nom fe trouve ; mais la bonté du port de Syr- re, fi néceflaire pour le commerce, l’a confervée riche & brillante, & la fait rebâtir plufieurs fois après avoir été renverfée pat des tremblemens de terre. Woyez donc SMYRNE, ( Géog, mod. ) C’eft à cette ville que fut injuftement exilé & que mourut Publius Rutilius Rufus, après avoir été con ful Pan 648. Cicéron, Tite-Live, Velleius Patercu- lus, Saluite, Tacite & Séneque ont fait l'éloge de fon courage & de fon intégrité, On rapporte qu’un de fes anis voyant qu’il s’oppofoit À une chofe in- jufte qu’il venoït de propofer dans le fénat, lui dit : # Qu'ai-je affaire de votre amitié, fi vous contre. » Carrez mes projets? Et moi, lui répondit Ruti- » bus , qu'ar-je affaire de la vôtre, fi elle a pour but » de me fouftraire à l'équité » ? Bion , charmant poëte bucolique , furnomimé le Jmyrnéen , euupraïoe, du lieu de fa naïffance, a vécu en même tems que Ptolémée Philadelphe , dont le règne s’eft étendu depuis la quatrieme année de a cxxu. olympiade jufqu'à la feconde année de Ja cxxxu]. Il paflaune partie de fa vie en Sicile , & mou- rut empoiionné , au rapport de Mofchus {on difci- ple & {on admirateur. Leurs ouvrages ont été im: primés enfembie plufeurs fois , &entr'autres à Cam bridge en 1652 &c 1661 , in-8°. mais la plus agréable édition eft celle de Paris en 1686, accompagnée de la vie de Bion , d’une traduétion en vers francois , & d'excellentes remarques par M. de Lonpepierre ; cette édition, eft devenue rare, & mériteroit fort d’être réimprimée. | Les: auteurs qui donnent Smyrre pour la patrie de Mimnerme , autre aimable poëte-muficien , onf aflürément bien raïfon. Mimnerme chante le combat des Smyrnéens contre Gipès roi de Lydie , ce font les hauts faits de fes compatriotes qu’il célebre avec affection. Il étoit antérieur à Hipponax, & vivoit du tems de Solon. Il fut l'inventeur du vers pentametre, s’il en faut croire le poëte Herméfianax , cité par Athénée. Il fe diftingua fur-tout par la beauté de fes élègies, dont il ne nous refte que quelques fragmens. Il penfoit & écrivoit avec beaucoup de naturel, d’a- menité & de rendrefle. Son ftyle étoit abondant, aifé &c fleuri. Jai remarqué à fa gloire en parlant de l’élé- gite, qu'Horace le met au-deflus de Callimaque ; il avoit plus de grace, plus d’abondance & plus de poéfie. Il ft un poëme en vers élégiaques , cité par Stra- bon, fous le titre de Nano fa maîtrefle ; & ce poëme devoit être un des plus agréables de l'antiquité, s’il eft vrai qu'en matiere d'amour fes vers furpafloient la poëfie d'Homere ; c’eft du-moins le Jugement qu’en portoit Properce, car il dit, Z. I. eleg.ix. Plus in amo- re valet Mirnermi verfus Homero. Horace n’en parle pas autrement ; 1l cite Mimnerme, Eine pas Ho- -Hh ji; 244 SMY mere , pour l'art de peindre la féduifante pafion de J'amour : fi, comme Mimnerme Pa chanté, dital , l'amour & les jeux font tout l'agrément de fa vie, pañlons nos jours dans l'amour & dans les jeux. Si, Mimnermus uti cenfet, fine amore jocifque Nil efl jucundum , vivas in amore Jocifque. . | Epifi. VI. L. I. verf. 63. Nous connoïflons les vers de Mimnerme qu'Ho- race avoit en vüe ; Stobée, sc. C3. p.243. nous les a confervés dans fes extraits. Il faut en donner ici da belle verfon latine de Gtrotius, & la tradudion libre de cettejolie piece en vers françois par un de mos poëtes. | Vita quid.et | quid dulce, niff juvet aurea Cyprisè Tunc peream, Veneris cum mihi cura per. Fos celer atatis Jexu donatus utrique , Leilus , amatorum fnunera, tetlus amor. Omnia diffugiunt mox cam venit atra fencülus , Que facit & pulchros curpibus ele pares. Torpida follicitæ lacerant præcordia cure : Lumina nec folis, nec juvat alma dies, Tryifim pueris , inhonoratumque puellis. Tarn dedit heu, fenio triflia fata Deus, Que féroit fans l'amour le plaifir & la vie? Puiffe-t-elle inétre ravie , Quand Je perdrai le goit du myflere amoureux , Des faveurs , des lieux faits pour les amans heu- reuLx, Cueillons la fleur de l’âve, elle eff Bientôt palfée : Le fèxe n'y fait rien ; la vieilleffe glacee Vient avec La laideur confondre la beaute. L'homme alors eft en proie aux foins , à lé trifteffe; Hai des jeunes gens, des belles malrraité, Du foleil a regret 1l fouffre la clarté, oila le fort de la vieilleffe. Le plus grand de tous les poëtes du monde eft né, du-moins à ce que je crois, fur les bords du Mélès, qui baignoït les murs de Syrne ; 8€ comme on ne connoïfloit pas fon pere ; 1l porta le nom de ce ruif- feau, & fut appellé Méléfigene, Une belle avantu- riere, nommée Crithéide, chaîlée de la ville de Cu- mes, par la honte de fe voir enceinte, fe trouvant {ans logement , y vint faire fes conches. Son enfant perdit la vue dans la fuite, & fut nommé Æomere, c’eft-à-dire aveugle, Jamais fille d’efprit, & furtout fille d’efprit qui'de- vient fage , après avoir eu des foiblefles , n’a man- qué de mari: Crithéide l’éprouva ; car , felon l’au- teur de la vie d’'Homere, atiribuée à Hérodote, Phé- mius , qui enfeigna la grammaire &c la mufique à Smyrne , n’époufa Crithéide qu'après le malheur de cette fille, & la naïffance d’'Homere. Il conçut d'elle f bonne opinion, la voyant dans fon voifi- nage uniquement occupée du foi de gagner fa vie à filer des laines, qu'il la prit chez lui, pour Pem- ployer à filer celles dont fes écoliers avoient coutu- ne de payer fes leçons. Charmé des bonnes mœurs, de l'intelligence , & peut-être de: la figure de cette fille, il en fit fa femme, adopta fon enfant , 8 donna tous fes {oins à {on éducation. Aufli Phémius eft fort célebre dans lOdyflée; il y eft parlé de lui æentrois endroits, Z. I. v. 15.4. 1 XVII. v, 263. 1. XXIL. v. 331. & il y pañla pour un chantre inipité des dieux. C’eft lui qui par le chant de fes poéfies mifes en mufique , & accompagnées des fons de {a lyre , égaye ces feftins , où Les pourfuivans de Pé- nélope emploient les journées entieres. Non-feulement les Smyrnéens;glorieux de la naif- fance d’'Homere, montroient à tout le monde la grote où leur compatriote compofoit {es pogmes ; | SMY après fa mort ils lui firent drefler une ftatue & um | temple; & pour comble d'honneur, ils frapperent des médailles en fon nom. Amañtris 8: Nicée, alliés | de Sryrre, en firent de même, l’une à la tête de | Marc-Aurele , & l’autre à celle de Commode. Paufanias appelle le Mélès un bear fleuve ; 1l eft de- | venu bien chétif depuis le temps de cet illuftre éeri- | vain; c’eft aujourd'hui un petit ruifleau, qui peut à | peine faire moudre deux moulins ; mais il n’en eft | pas moins le plus noble ruifleau du monde dans la ré- | publique de lettres. Auf n’a-t-il pas eté oublié fur | les médailles, d'autant mieux que c’étoit à fa fource qu'Homere ébauchuit dans une caverne les poéfies | qui devoient un jour Pimmortalifer. Le Mélès eftre- | préfenté fur une médaille de Sabine , fous la figure | d’un vieillard appuyé de la main gauche fur une ur- | ne, tenant de la droite une corne d’abondance. Il eff ! auffi repréfenté fur une médaille de Néron, avec la fimple légende de la ville, de même que fur! celles de Titus & de Domitien. À un mille ou environ, au-delà du Mélès, fur le, chemin de Magnéfe à gauche, au milieu d’un champ, on montre encore les ruines d’un bâtiment que l’on appelle Ze semple de Janus, & que M. Spon foupçon- noit être celui d'Homere ; mais depuis le départ de ce voyageur, on l’a détruit , & tout ce quartier eft | rempli de beaux marbres antiques. À quelques pas de là, coule une fource admirable, qui fait moudre con- | tinuellement fept meules dans le même moulin. Quel dommage , dit Tourneforts que la mere d'Ho- mete ne vint pas accoucher auprès d’une fi belle fon- | taine? On y voit les débris d’un grand édifice de marbre , nommé Les bains de Diane : ces débris font encore magnifiques, mais 1l ny a point d'inicrip- tion. Autrefois les poëtes de la Grece avoient l'honneur de vivre familierement avec les rois. Eurypide fut recherché par, Archélaus ; & même avant Eurypide, Anacréon avoit vécu avec Polycrate, tyran de Sa- mos; Efchyle & Simonide avoient été bien reçus de Hiéron , tyran de Syracufe. Philoxene eut en fon tems lacceuil du jeune Denys ; & Antagoras de Rhodes, auffi-bien qu’Aratus de Soi, fe font vus honorés de la familiarité d’Antigonus roi de Macé- doïne ; maïs avant eux, Homere ne rechercha les bonnes graces d'aucun prince; il foutint fa pauvreté avec courage, voyagea beaucoup pour s’inftruire, préférant une grande réputation & une gloire foli- de, qui s’eft accrue de fiecleen fiecle ; à tous les fr1- voles avantages que l'on peut tirer de l'amitié des grands. Jamais poéfies n’ont paflé par tant de mains que celles d’Homere. Jofephe, Z. I. (contre Appian), aflureque la tradition les aconferveés dès les premiers tems qu’elles parurent, & qu'on les apprenoiït par cœur fans les écrire. Lycurgue les ayant trouvées er Jonie, chez Les defcendans de Cléophyle’, les ap- x me D ne porta dans le Péloponnèfe. On én récitoit dans toute la Grece des morceaux , comme l’on chante aujour- d’hui des hymnes , ou des pieces détachées des plus beaux opéra. Platon, Paufanias, Plutarque , Dio- gene Laërce , Cicéron &c Strabon, nous apprennent que Solon, Pififtrate, & Hipparque {on fils, forme- rent les premiers larrangement de toutes ces pieces, & en firent deux corps bien fuivis , Pun fous le nom de Z’Iliade, & l’autre fous celui de /’Odyffé:; cepen- dant la multiplicité des copiescorrompit avec letems la beauté de ces deux poëmes, foit par des leçons vi- cieufes, foit par un grand nombre de vers, les uns obmis, les autres ajoutés. Alexandre , admirateur des poëmes d'Homere ; chargea Ariftote, Anaxarque, & Callifthene, dufoin de les examiner, & felon Strabon, ce conquérant même fe fit un plaifir d'y travailler avec eux, Cette SM Y édition fi fameufe des ouvrages d'Homere, s’appella l'édition de lu Caffetre ; fn éx où Naplnxos #æo0mv , “parce qu’Alexandre, dit Pline, 2. VAT. c. 1%. la fer- roit dans une caflette qu’il tenoit fous fon oreiller avec fon poignard. Il fit mettre enfuite ces deux ou: vrages dans un petit coffre à parfums, garmi d’or, de perles 8c de pierreries, qui fe trouva parnu les bi- joux de Darius. Malgré la réputation de cette belle édition , il paroït qu’elle a péri comme plufieurs au tres. Strabon & Euflathe font mes garants ; 1ls affu- rent que dans édition dont il s’astt, on avoit placé deux vers entre le 855 & le 856 du 7. iv. de l'Ilia- de : or ces deux vers ne fe lifent aujourd’hui dans aucun de nos imprimés. | Enfin , les fautes fe multiplierent naturellement dans le grand nombre des autres copies de ces deux poëmes, enforte que Zénodote d'Éphefe , précep- teur de Ptolemée , Aratus , Ariftophane de Bytan= ce , Ariftarque de Samothrace , &£ plufieurs autres beaux efprits , travaillerent à les corriger , &c à rene dre à Homere {es premieres beautés. | Il ne faut pas nous étonner des foins que prirent tant de beaux génies pour la gloire d'Homere. On wa rien vu chez les Grecs de fi accompli que fes ouvra- ges. C’eft le feul poëte , dit Paterculus , qui mérite ce nom; & ce qu'il y a d’admirable en cet homme divin, c’eft qu'il ne s’eft trouvé perfonne avant lui qui ait pu limiter , & qu'après fa mort , 1l n’a pu trou- ver d’imitateurs. Les favans conviennent encore au- jourd’hwi qu'il eft fupérieur à tout ce qu’il y a de poë- tes, en ce qui regarde la richefle des inventions, le choix des penfées, & le fublime des images. Aucun poëte n’a Jamais été plus fouvent n1 plus umiverfel- lement parodié que lui, C’eft par cette raifon que fept villes de la Grece fe font difputé l'avantage d’avoir denné la naïffance à ce génie du prenner ordre , qui a jugé à-propos de ne laïfler dans fes écrits aucune trace de fon orgi- ne, & de cacher foigneufement le nom de fa pa- trie. | Les habitans de Chio prétendent encore montrer la maifon où il eftné, & où il a fait la plüpart de fes ouvrages. Il eft repréfenté fur une des médailles de cette ile aflis {ur une chaïfe , tenant un rouleau, où il y a quelques lignes d'écriture. Le revers repré- fente le fphynx, qui eft le fymbole de Chio. Les Smyrnéens onten leur faveur des médailles du mê- me type, & dont la feule légende eft différente. Les habitans d’Ilos montroient , du tems de Pau- fanias , la fépulture d’'Homere dans leur île, Ceux de Cypre le réclamoient, en conféquence d’un oracle de l’ancien poëte Euclus , qui étoit conçu en ces ter: mes : « Alors dans Cypre, dans l’ile fortunée de Sa- » lamine, on verra naître le plus grand des poëtes ; » la divine Thémifto fera celle qui lui donnera le 5 jour. Favori des mufes , & cherchant à s’inftruire, # il quittera fon pays natal, & s’expofera aux dan- » gers de la mer, pour aller vifiter la Grece. Enfuite » 1l aura honneur de chanter le premier les combats » & les diverfes avantures des plus fameux héros. + Son nom fera immortel , &c jamais le tems n’effa- » cera fa gloire ». C’eft continue Paufanias, tout ce que je peux dire d’'Homere , fans ofer prendre aucun parti, ni fur letems où il a vécu, ni fur fa patrie. Cependant l’époque de fa naïflance nous éft con- nue; elle eft fixée par les marbres d’Arondel à l’an 4676 de l’ere attique, fous Diosnete, roi d'Athènes, 961 ans avant J. C. Quant à fa patrie, Smyrne & Chio font les deux lieux qui ont prétendu à cet hon- neur avec plus de raifon que tous les autres , & puif qu'il fe faut décider par les feules conjeîtures , j’em- brafle conftamment celle qui donne la préféren- ce à Smiyrne, Jai pour moi lPancienne vie d’'Ho- mere pat Le prétendu Hérodote, le plus grand nom- SM Y 24$ bre de médailles, Mofchus, Straboh &c autres ans ciens, ue | | ne Mais comme je fuis de bonnefor, le [eéteut pourra fe décider en confultant Voflius , Kufter, Tanegui , le Feyre, madame Dacier, Cupet, Schott , Fabri: is, & même Léon Allazzi, quoiqu'il ait décidé cette grande queftion en faveur de Chio fa pas trie, Je félicite les curieux qui pofledent la premiere édition d’'Homere , faite à Florence, en 1478 ; mais les éditions d'Angleterre font fi belles , qu’elles beu- vent tenir lieu de l'original, ( Le Chevalier DE J'au= COURT.) | SMYRNE, ( Géog. mod. ) Smyrne moderne eft une: ville de la Turquie afiatique, dans l’Anatolie, fur Archipel , au fond:d’un grand golfe, avec un port fpacieux & de bon mouillage, à environ 7+ lieues de Conftantinople. Cette ville eft la plus belle porte de lAfie , & lune des plus grandes & des plus riches du Levant , parce que la bonté de fon port [a rend précieufe pour le commerce, Son négoce confifte en foie , toile de coton, camelots de poil de chevre, maroquins , & tapis. Elle eft habitée par des grecs ;. des turcs, des juifs, des anglois, des françois, des hollandoiïs, qui y ont des comptoirs & des églifes, Les turcs y tiennent un cadi pour y adminiftrer la: juftice. Son féjour y a le défagrément de la pefte, qui y reene fréquemment, & des tremblemens de terre auxquels elle eft expofée, Long. felon Caffini, AA SNS arr SRE, NE | C’eft la patrie de Calabert (Quintus), nom donné à un poëte anonyme, dont le poëme grec intitulé Xs paralipomenes d'Homere, fut trouvé en Calabre par le cardinal Beffarion. C’eft ce qui lui fit donner le nom de Caluber. Voflius conjetture que ce poëte vi- voit fous l’empereur Anaftafe, vers 491. La meilleure édition de Quintus Calabereft celle de Rhodomanus, CR SMYRNE, serre de (Hiff. nat.) c'eft une terre fort chargée de fel alkali ou de natron, qui fe trouve dans le voïfinage de la ville de Szzyrne ; les habitans du pays s’en fervent pour faire du fayon. On rencontre cette terre ou plutôt ce fel dans deux endroits, près d’un village appellé Duracléa ; il eft répandu à la fur- face de la terre, dans une plaine unie. Ce fel quand on le ramafñle eft fort blanc. On en fair ordinairement fa provifion pendant l'été, avant le lever du foleil, & dans la faifon où 1l ne tombe point de rofée. Ce {el fort de terre en certains endroits, de l’épaifeur d’en- viron deux pouces ; mais on dit que la chaleur du foleil, lorfqu'ai eft leve , le fait enfuite diminuer &c: rentrer, pour ainfi dire, emterre. Le terrein oùhce fel fe trouve eft bas & humide en hiver ; il n’y croit que fort peu d'herbe. Quand on a enlevé ce fel dans. un endroit , 1l femble quil sy reproduife de nou veau | M, Smyth, anglois, a fait des expériences furce fel , par lefquelles 1l a trouvé qu'il ne différoit en rien du fel de foude, ou des alkalis fixes ordi- naires ; il n’a point trouvé que cette terre contint de l’alkali volatil. | Voici la maniere dont on prépare du favon avec ‘ cette terre; on en mêle trois parties avec une partie de chaux vive , & l’on verfe de l’eau bouillante fur le mélange ; on le remue avec un bâton, il s’éleve à. la furface une matiere brune, épaifle, que l’on met à part; on s’en fert , aufli-bien que de la diflolution claire, pour faire du favon ; mais cette matiere eft beaucoup plus cauftique que la liqueur claire, En- fuite on a de grandes chaudières de cuivre, dans lef. quelles on met de l’huile; on allume deflousun orand feu ; on fait un peu bouillir l’huile , & lon y met peu-à-peu la matiere épaifle qui furnageoit à la diffo- lution ; après quoi on y met la liqueur même, owJa 246 SNE diflolution; quelquefois on n’y met qu'une de ces fubftances. On continue à y en mettre jufqu’à ce que Phuile ait acquis la confiflance de favon, ce qui n’ar- rive quelquefois qu’au bout de plufieurs jours ; on entretient pendant tout ce tems un feu très-violent. La partie la plus chargée de fel de la liqueur fe com- bine avec Fhuile , 8e la partie la plus foible tombe au fond de la chaudiere , & fort par un robinet def- tiné à cet ufage. On la garde pour la verfer {ur un nouveau mélange de chaux & de terre. Lorfque le favon eft bien formé , on le puife avec des cuilleres, & on le fait fécher fur une aire pavée de briques, ou enduite deslaife. Voyez lesTranfaitions philofophiques, n°. 220. SMYRNIUM , {. m. (Boran.) genre de plante ainfi nommée par les Bauhins, Ray , Tournefort, Boerhaave, & autres botaniftes ; nous la connoïfilons en françois fous Le nom de waceron, Voyez MACE- RON. Les anciens Grecs ont décrit clairement deux dif- férentes plantes fous le nom de finyrnium ; favoir le maceron ordinaire , & le percil de Cilicie. La pre- miere de ces plantes aime les terres riches & humi- des, & la feconde ne fe plait que fur les montagnes pierreufes, & dans les lieux les plus ftériles 8z Les plus fecs4(0. 75) S N l SNEECK ,SNEK , o2SNITZ ,( Géog. mod.) an- cienne ville des Pays-Bas, dans la Frife ,au Weftor- 800, à trois lieues de Zuyderzée, de Lewarde &c de Trancker, dans un terrein marécageux. Elle eft bien bâtie, défendue par de bonsremparts, peuplée & marchande. Il y ades écoles latines pour l’inftruc- tion de la jeunefle. Long. 23,10. latit. 53, 6. Hopper ( Joachim }, favant jurifconfulte , connu par plufieurs ouvrages de droit, écrits en latins, na- uità Sreeck en 1523 ,8& mourut à Madriden1573, auprès de Philippe I. roi d'Efpagne ; qui lavoit nommé fon conieiller d'état au conieil de Malines. Baarc ( Pierre } , illuftre poëte flamand , &£ com- patriote de Hopper , s’eft extrèmement difüngué par fes ouvrages en vers. On fait cas de fon poëme hé- roïque , intitulé le Trison de Frife, dans lequelil dé- crit la prife d’'Olinde, ville du Bréfil, dans la capi- tainerie de Fernambouc ; mais les gens de goût efti- ment encore plus le poëme de cet auteur,intitulé les Géorgiques de Frife. On vante la douceur &t Fharmo- nie des vers , la beauté & la variété des images. (D. 1.) SNEIÎRNE , ( Géog. mod.) ville de Perte , entre Ninive & Hifpahan, & à trois journées d’Amadam, avec un gouverneur qui y réfide. (D. J. ) SNORING , ( Géog. mod.) bourg du comté de Norfolck ; mais bourg illuftre par la naïffance de Pearfon (Jean), un des plus favans prélatsdAngle- terre dans Le xvi. fiecle. Il s’avança de grade en grade par fon mérite, & devant enfin fucceflivement , de fimple chapelain , évêque de Bangor, de Chefter & de Londres. Il mourut en 1686 , âgé de 74 ans. C'étoit, dit M. Burnet, le plus grand théologien de fon fiecle à tout ésard, homme d’un favoir emi- nent , d’un raifonnement profond, d’un efprit droit. À l'étude de lhiftoire eccléfiaftique, qu'il poffédoit arfaitement , il joignit une grande connoïfiance des us & des antiquités payennes. Judicieux &c gra- ve prédicateur , 1l fe propofa plus d’inftruire que de toucher. Sa vie fut exemplaire, & fa douceur étoit charmante. Avec tant de mérite & de f belles quali- tés , il nous a laïflé un exemple de la foibleffe de l’ef- prit humain ; car plufieurs années avant fa mort , il perdit tellement la mémoire , qu'il étoit véritable- ment en enfance. SNVE Son explication du fymbole des apôtres , eft un des meilleurs ouvrages que l’églife anglicane ait produit ; il le publia à Londres en 1650. Il futtraduit en latin fur la cinquieme édition , & imprimé à Francfort en 1691 in-4°, Ce même ouvrage a été traduit en fla: mand , & ne l’a point été en françois. Dans l'explication du premier article du fymbole, le favant évêque fe déclare contre l’idée innée de Dieu. « Quoiqu'il y ait eu des perfonnes,dit-il,qui fe » font imaginé que l’idée de Dieu étoit innée & na » tutelle à lame humaine , enforte qu’elle naît avec » lhomme , je fuis perfuadé néanmoins qu'il n’y a » point de connoiffance innée de quelque chofe que » Ce foit; mais je crois que lame reçoit les premieres »idées des conféquences raifonnées. Si donc, dans » fon origine , l’ame eft comme une table rafe , fur » laquelle il n’y aaucun caraétere gravé, & fi toutes » nos connoïflances. viennent par la voie des fens, » par l’inftruétion 8 par le raifonnement , nous ne » devons pas attribuer Pidée de Dieu à aucun prin- » CIpe né avec nous ». | Lés œuvres pofthumes.de lévêque de Chefter font écrites en latin, & ont paru à Londres en 1688, in-4°. par les foins de Dodwel. Ces œuvres pofthu- mes font très-curieufes ; elles renferment une difer- tation fur la vie de Saint Paul, cinq leçons fur les aêtes des apôtres , & deux diflertations fur la fuccef- fion des évêques de Rome. | Dans les leçons fur les aftes des apôtres, le doc- teur Péarfon remarque qu’il eft fort difcile de fixer le tems précis de la naïfiance, de la mort & de laf- cenfion du Sauveur. Nous favons en général qu'il naquit fous le repne d'Hérode ; maïs il n’y a aucune circonftance qui nous marque au jufte en quelle an: née. Les Juifs ont par malice confondu l’ordre des tems , & les peres ne fe font pas donné beaucoup de peine pour Péclaircir. Ils étorent feulement prévenus de la faufle opinion , que Jefus-Chrift n’avoit prêché qu'une année. L'auteur reconnoît néanmoins , que c’eit-là un point de pure curiofité , qui ne donne pas la moindre atteinte à la vérité de Phiftoire eccléfaf- tique ; & 1l pofe pour fondement de fa chronolosie , que Jefus-Chritt fut crucifié la dix-neuvieme année de empire de Tibere. Dans la premiere differtation fur la fuite des évé- ques de Rome , le favant Péarfon obferve que nous n'avons que deux catalogues des pontifes romains ; Pun nous eft venu des Grecs , & l'autre des. Latins. Les favans les fuivoient indifféremment ; mais l’au- teur prétend qu’ils fe font égarés , & que ces cata- logues font des guides trompeurs, qui conduifent à Perreur. Pour commencer par celui d'Eunfebe , qui eft le plus ancien, il foutient qu'il ne peut pas être fort exat, par cette raïfon, que dans les dyptiques dont il l’a tiré, le tems de la mort des évêques n’eft point défigné. Les évêques de Rome, fur-tout dans le premier fiecle, ne faifoient pas une affez grande figure pour attirer les regards. Ainfi lon ne trouve rien de für que depuis le pape Fabien , qui, dans le milieu du troifieme fiecle , commit fept notaires pour recueillir fidélement les noms des martyrs & les circonftances de leur martyre. M. Péarfon remarque auf plufieurs fautes qui ont échappé à Eufebe dans le catalogue qu’il nous à haïffé des évêques de Rome. Il reprend , entr'autres , une faute qui regarde le pontificat de Xifte, qu’Eu- febe fait durer huit ans dans fa chronique,&t onze ans dans fon hiftoire. Mais outre la contradiétion , n: l’un ni l’autre ne font véritables ; car il a dû laifler une place au pape Etienne, dont le pontificat feroit en- glouti par Le trop long regne de Xifte. Le çatalogne latin n’a pas plus de certitude. Quoiqu'on Pait fait pafler fous le nom du pape Damafe, qui vivoit dans le quatrieme fiecle , l'auteur en eft inconnu, êt if S O À portoit autrefois le titre de ge/fa pontificalia. Tfidore Mercator l’a fuivi pour forger fes decrétales , qu'il a voulu auffi attribuer au pape Damale , afin de leur donner plus de poids. Cependant le ftyle en eft trop barbare , & lisnorance des cérémonies de léghife paroit trop groffierement pour être du pape Damafe. En un mot , malgré lair d’antiquité que l’auteur s’eft efforcé d'y donner, c’eft un ouvrage forgé dans le fixieme fiecle, qui a été continué par Anaftafe le b1- bliothécaire. L'évêque de Chefter a auffi donné les ouvrages de Saint Cyprien, avec les annales Cyprianict, Oxonieæ 1632, 2u-fol. Il a eu grande part, avec fon frere Ri- chard , profeffeur en droit au college de Gresham, aux critict facri , imprimés à Londres en 1660 & 1661, en 9 volumes #7-fo1, Enfin on lui attribue une belle édition grecque du vieux & du nouveau Tef tament : veus Teftamentum græcum, cum prefatione ( Joanis Péarfon ) accedit novum Teflamentum gre- cum, Cantabrigiæ 1665, 22:12, 3 vol. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SNOWDON-HILLS , ( Géog, mod.) montagnes d'Angleterre , au pays de Galles, dans le comté de Caernarvon. C’eft une chaine de montagnes, qui font les plus élevées du comté de Galles, & d’ail- eurs tellement entrecoupées de lacs & de marais , que les chemins en deviennent fort rudes &c fort dif- ficiles à tracer. La neige couvre leur fommet toute Pannée , &c c’eft de-la qu’elles ont tiré leur nom; cependant cela n'empêche pont qu'on n’y trouve dans le bas d’excellens pâturages. Du milieu de ces montagnes , On en voit une s'élever f prodigieufe- ment ; qu’elle furpañle de beaucoup toutes les au- tres , & cache fon front dans les nues. Elle eft fituée piefque au cœur de la province, 6c on hui donne par excellence le nom de Srowdon. M. Cafwel d'Oxford, qui l'a mefurée par la Trigonométrie , la juge haute de 3488 piés de Paris ; mais cette mefure peut m'être pas exaËte , à caufe des réfraétions de l'air, qu'ileft impoiñible d'exprimer avec précifion. Voyez ce que nous en avons dit au #04 MONTAGNE. ( D. J. SNYATIN , ( Géog. mod. ) ville de la petite Po- logne , capitale de la Pokucie , fur la gauche du Pruth , à quatre lieues au levant de Colomey. Elle ef afles marchande, car les Valaques y portent du miel , de la cire , 8 y amenent quantité de bœufs & de bons chevaux. ( 2. J.) S © SOAMUS , ( Géog. anc. ) fleuve de l'Inde, qui, felon Arrien ,prend fa fource aux montagnes de Ca- pifla, & fe rend dans l’Indus , fans recevoir les eaux d'aucune riviere, ( D. J. ) SOANA , SUANA, SUANE, SOANE, ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie, dans la Tofcane au Sien- nois , fur une montagne , proche de la riviere de Fiore , à feize lieues au midi de Sienne, dont fon ‘évêché , érigé dès le feptieme fiecle, eft fuffragant; maïs le mauvais air qu’on refpire dans cette ville Pa rendue prefque deferte. Long.29.14.latit. 42. 44. Grégoire VII. connu fous le nom d'Hidebrand, moine de Cluni , fils d’un charpentier , naquit à Soa. na ; il fut élevé à la tiare pontificale en 1073, & mourut en 1085 à Salerne , comme Je lai dit dans l'article de cette ville. Il eut la hardieffe d’excommunier , de dépofer Pempereur Henri IV. & déclara fes fujets libres du ferment de fidélité. Entreprenant , audacieux, mê- lant fouvent l’artifice à l’ardeur de fon zele pour les prétentions de l’Eglife , fuccefleur d'Alexandre Il. dont il gouvernoiït le pontificat, 1l laïfla , après fon décès , une mémoire chere au clergé romain, mais odieufe à tout bon citoyen qui confidérera les effets s 12 S OB 247 de fon ambition inflexible. L’Eohfe , dont il fut le vengeur & la viétime,, l’a mis au nombre des faints, comme faifoient les peuples de lantiquité en déifiant leurs héros. Mais tous les portraits, ou flatteurs, ou odieux, que tant d'écrivains ont fait de lui, fe retrouvent dans lé tableau d’un peintre de Naples , qui peignit ce pontife tenant une houlette dans une main & un fouet dans l’autre , foulant des {ceptres à fes piés, & ayant à côté de lui les filets 8c les poiflons de faint Pierre. / Benoit XIII. ayant donné une bulle pour intro- duire dans le bréviaire romain ( qu’on dit aflez ordi- nairement en France ) la fête & l'office de Grégoire VIL quelques évèques éclairés & le parlement s’y oppoferent vigoureufement , & la nation leur en "7 gré. Voltare , effai fur l'hifloire générale. D, J. | | SOANA , ( Gcog. ane. ) fleuve de [a Sarmatie afa- tique, dont le nom moderne eft Terchin. C’eft auf le nom dun fleuve de l'ile de Taprobane. Enfin, c’eft une ville d'Italie dans la Tofcane, qui a con- fervé fon nom.( D. J.) SOANDA , ou SOANDUS, ( Géog. anc, ) ville de la petite Cappadoce , fuivant Strabon. Antonin la marque fur la route de Tavia. ( D. J.) SOAÂNES , (Géog. anc. ) peuples d’Afie, dans la Colchide. Strabon , iv. IT. p. 490. dit qu'ils éroient du nombre de ceux qui formoient l’afflemblée géné- rale de Diofcurias. Les Soznes de Strabon font les Suani de Pline & de Ptolomée. Ils ne le cédoient point aux Phthéirophages leurs voifins pour l’ordure ê ra crafle , mais ils étoient bien plus puiffans. D. J. : SOASTUS, ( Géog. anc. ) fleuve de l'Inde, qui fe jette dans le Cophès, felon Arrien, C’eft peut-être le Sodinus de Pline, 7, Wic.xxiij, ( D.J.) SOATRIS , ( Géog. anc. ) ville de la bafle Moefie, fur Le Pont-Euxin, L'itinéraire d’Antonin la marque entre Marcianopolis & Anchiale , à 26 milles de la premiere , &t à 24 de la feconde. (D. J.) SOÂAVE , ( Mufiq. italien. ) terme italien employé quelquefois dans la mufique, & qui fignifie d’une maniere agréable, douce , gracieufe, 6c. (D. J. SOBANNUS , ( Géog. anc. ) fleuve de l'Inde au- delà du Gange. Ptolomée, Zv. WII. ch. ij. met fon embouchure entre Pagraza & Pithonobafte ; c’eft préfentement , felon Caftalde, leSian. (D. J. SOBARMAH, o4 SOBORMAH , ( Géog. mod. ) nom perfan , d’une grande ile de la mer de la Chine, autour de laquelle il y en a plufeurs autres qui font inhabitées. La mer y eft profonde & très-orageufe. C’eft là peut-être l'Île de Sumatra , du moins ce qu’en dit le shérif Al-édriffi s’y rapporte. (D. J.) SOBERNHEIM , ( Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne , dans le palatinat du Rhein, fur la rive gau- che de la Nahe , au-deffous de Marteinftein. (D. J .) SOBIESLOW , ( Géog, mod.) petite ville de Bo- heme , dans le cercle, & à l’orient de Bechin. (DJ. SOBORMA ULLOSIENIA , ( Æif. mod. Jurifor. ) c’eft ainfi que l’on nomme en Ruffie le corps de lois , ou le code d’après lequel on juge dans les tribunaux tous les procès & conteftations qui s’éleveat entre les fujets de empire. SOBRARVE , o7 SOBRARBE , ( Géog. mod. ) contrée d'Efpagne, au royaume d'Aragon, avec titre de principauté. Elle a les Pyrénées au nord , & le comté de Ribagorça à lorient. Elle contient plufieurs vallées, & une petite place qu’on nomme 4:2/2. C’eft dans ce pays que le Cinca prend fa fource. (D. J.) SOBRE , adj. ( Gramr. ) qui ufe de tout avec mo- dération. L'homme obre eff fain &c vit fans maladie &T long-tems. Rien n’eft plus commun qu’un vieil avare , parce que l’avarice ef fobre. Comment {e fait- 248 S O B il qu’un des vices les plus vils foit récompenté de la fanté &z de la longue vie ? Heureufement fa longue vie n’eft qu’un long travail ê7 un long toutment. SOBRIETÉ, {. f ( Morale.) tempérament dans le | boire & le manger, ou pour mieux dire dans la re- cherche des plaifirs de la table. La /obriéeé en fait de nourriture , a d’un côté pour Oppoié la gourmandife, &c de autre une trop srande macération. La fobriéré dans le boire, a pour con- traire livrognerie. Je crois que la Jobriéré eft une vertu très-recom- mandable ; ce n’eft pas Epictete êz Seneque qui men ont le mieux convaincu par leurs fentences outrées ; c’eft un homme du monde , dontle fufrage ne doit être fufpect à perfonne. C’eft Horace , qui dans la pratique s’étoit quelquefois laiflé féduire par la doc- trine d'Aritipe , mais qui goûtoit réellement la mo- rale fobre d’'EÉpicure. Comme ami de Mecene , il n’ofoit pas louer direc- tement la Jopriéré à la cour d’Augufte ; mais il en fait Péloge dans fes écrits d’une maniere plus fine & plus . perluafve , que s’il eût traité fon fujet en moralifte, Il dit que la fobriéré fufit à l'appétit, que par confé- quent elle doit fuflire à la bonne chere, & qu’enfin elle procure de grands avantages à l’efprit & au corps. Ces propofitions font d’une vérité fenfible ; mais le poëte n’a garde de les débiter lui-même. Il les met dans la bouche d’un homme de province , plein de bon fens, qui fans fortir de fon caraêtere, & fans dogmatifer , débite fes réflexions judicieufes, avec naiveté qui les fait aimer. Je prie Le leéteur de Pé- couter, c’eft dans la fatyre z. 4, IT. ua virius, G guanta, boni, [îr vivere parvo : Ho 3€ (Nec meus hic fermo eff, fed quem præcepir Ofellus Ruficus, ab norrnis fapiens , craffique Minervé) Difcite, non inter lances, menfafque nitentes , uum ffupet infanis acies fulgoribus , & quum GR AS LATE FE ? Acclinis falfis animus meliora recufat : Perurn hic impranfz mecum difquirise, Cur hoc? Dicam fé potero. Malè verum examinat omnis Corruptas judex. « Mes amis, la fobriéré n’eft point une petite vertu. » Ce n’eft pas moi qui le dis, c’eft Ofellu$, c’eft un # campagnard fans étude, à qui un bon fens naturel # tient lieu de toute philofophie & de toute litté- rature. Venez apprendre de hu cette importante » maxime : mais ne comptez pas de l’apprendre dans # ces repas fomptueux, où la table eff embarraflée # par le grand nombre de fervices , où les yeux # font épris de éclat d’une folle magnificence, & » où l’efprit difpofé à recevoir de fauffes impref- » fions, ne laifle aucun accès à la vérité. C’eft à » jeun qu'il faut examiner cette matiere. Et pour # quoi à jeun ? En voici la raïon, ou je fuis bien » trompé: c’eft qu’un juge corrompu n’eft pas en »# état de bien juger d’une affaire ». Dans la fatyre vÿ, . 11, v. 105. Horace ne peut encore s'empêcher de louer indireétement les ayan- tages de la jobriété, Il feint qu’un de fes efclaves pro- fitant de la liberté que lui donnoit la fête des Satur- nales lui déclare cette vérité, en lui reprochant fon intempérance. « Croyez-vous, lui ditil, être bien- » heureux & moins puni que moi , quand vous » cherchez avec tant d’empreflement ces tables fer- # vies délicatement &c à grands frais ? Ce at arrive » de-là , c’eft que ces fréquens excès de bouche » vous remplifient l’eftomac de fucs âcres & indi- » geftes ; c’eftque vos jambes chancelantes refufent » de foutenir un corps ruiné de débauches ». Qui, tu 1mpunitior 1lla Que parvo fumi nequeunt obfonia capras ? Nermpe inamarefeuntepule fine fine petite , Tilufique pedes vitiofum ferre recufans Corpus, ww D A æ "Ileft donc vrai que la fobriéré tend à conferver fa fanté, & que l’art d’apprêter les mets pour irriter l'appétit des hommes au-delà des vrais befoins , eft un art deftruéteur. Dans le tems où Rome comptoit fes viétoires par {es combats , on ne donnoit point un talent de gages à un cuifiniér; le lait & les Iéou- mes apprètés fimplement , faifoient la nourriture des confuls, & les dieux habitoient dans des temples de bois. Mais lorfque les richefles des Romains devin- rent immenfes , Pennemi les attaqua, & confondit par fa valeur ces fÿbarites orgueilleux, Je fais qu'il eft impoffible de fixer des regles fur cette partie de la tempérance, parce que la même chofe peut être bonne à l’un & excès pour un autre; mais 1] y a peu de gens quinefachentpar expérience, quelle forte & quelle quantité de nourriture con- vient à leur tempérament. Si mes le@eurs étoient mes malades , & que j’euffe à leur prefcrire des re- gles de jobriéré proportionnées à l’état de chacun, je leur dirois de faire leurs repas les plus fimples quil feroit pofible , & d'éviter les ragoûts propres à leur donner un faux appétit, ou le ranimer lorfqu'il eft prefque éteint. Pour ce qui regarde la boïflon, je ferois allez de avis du chevalier Temple. « Le pre- » mier verre de vin, dit-il, eft pour moi, le fecond » pour mes amis, le troifieme pour la joie , & le » quatrieme pour mes ennemis ». Mais parce qu'un homme qui vit dans le monde ne fauroit ob{erver ces fortes de reoles à la rigueur, & qu'ilne fait pas tou- jours mal de les tranfgrefler quelquefois, je lui con- {eillerois alors de terms en tems des jours d’abftinence pour rétablir fon corps, le délivrer de la pléthore des humeurs, & procurer par l’exercice de l’'élafi- cité aux reforts affoiblis de fa machine. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SOBRIQUET , f. m. ( Liuérarure.) forte de far- nom , ou d’épithete burlefque, qu’on donne le plus fouvent à quelqu'un pour le tourner en ridicule, Ceridicule ne naît pas feulement d’un choix afe@é d'expreffions triviales propres à rendre ces épithetes plus figniñcatives ou plus piquantes ; mais de Pappli- cation qui s’en fait fouvent à des noms de perfonnes confidérables d’ailleurs, & qui produit un contrafte fingulier d'idées férieufes & plaïfentes ; nobles & viles , bifarrement oppoñées, telles que peuvent l’é- tre dans un même fujet celles d’une haute naïfflance, avec des inclinations bafles ; de la majefté royale avec des difformités de corps, réputés honteufes par le vulgare ; d’une dignité refpettable, avec des mœurs corrompues , ou d'un titre faflueux, avec la parefle & la pufllanimité. * Anfi lorfqu’avec les noms propres d’un fouverain pontife, d'un empereur illufire, d’un srand roi, d’un prince magnifique, d’un général fameux, on trou- vera joints les furnoms de Groin-de-porc, de Barbe- rouffe , de Pié-tortu , d’Eveille-chien, de Pain-en-bou- che, cette union excitera prefque toujours des idées. d’un ridicule plus où moins grand. Quant à Porigine de ces furnoms, il eft inutile de la rechercher ailleurs que dans la mahgnité de ceux qui les donnent, & dans les défauts réels ou appa- rens de Ceux à qui on les impofe: elle éclate fur-rout, à l’égard des perfonnes dont la profpérité ‘ou les ri- chefles excitent l'envie, ou dont l'autorité quelque légitime qu’elle foit , patoït infuportable; elle ne refpeëte m1 la tiare mi la pourpre, c’eft une reflource quine manque jamais à un peuple opprimé ; & ces marques de fa vengeance font d'autant plus à crain- dre , que non-feulementil eft impoñlble d’en décou- vrir l'auteur , mais que m1 l'autorité , ni la force, ni le laps de tems, ne font capables de les effacer. On peut fe rappeller à Poccafon de ce caraétere indélé. bile, (sl eft permis d’ufer ici de ce terme), les ef- forts inutiles que fit un archiduc, appellé Frédéric, pour S OB bour faïre oublier le furnom de Bourfe vuide dontil fe trouvoit ofenié : le peuple dans un pays où il éroit releoué le lui avoit donné dans letems d’une diforace qui avoit réduit à une extrème difette. Lorfqu’une fortune meilleure l’eut rétabli dans fes états, 1l eut beau pour marquer fon opulence , faire dorer jufqu’à la couverture de fon palais, le furnom lui refta tou- jours; 1l faut aufli converir que s’il eût fait du bien au peuple, au Heu de dorer fon palais, fon fobriquer eût été changé en furnom plein de gloire. Îl arriva quelque chofe de femblable à Charles de Sicile, furnommé Jurs -terre, fobrigues quine lui avoit ‘été donné, que parce qu'effetivement il fut long- tems fans états ; 1l ne Le perdit point, lors même que Robert fon pere lui eût cédé la Calabre, __Ileft aifé dé comprendre par ce qu’on vient d’ob- ferverde l’origine &c dela nature desfobriquets, quelles {ont lesfources communes d’oùon les tire. Toutes Les imperfehons du corps, tous les défauts de lefprit des hommes, leurs mœurs, leurs pafñons , leurs mau- vailes habitudes , leurs vices , leurs a@tions de quel- que nature qu'elles foient, tout y contribue. À l’évard de la forme , elle ne confifte pas feule- “ment dans l’ufage de fimples épithetes, on les releve fouvent par des exprefions figurées , dont quelques- unes ne font quelquefois que des jeux de mots, comme dans celui de diberius mero, pour Tiberius Nero, à caufe de fa paflion pour le vin ; & dans celui de cacoergeie , appliqué à Ptelomée VIT, roi d'E- gypte, pour le qualifiér de mauvais prince, par imie tation d’évergese, qui défigne un prince bienfaifent; teleft encore celui d’épimanre, donné à Antiochus IV. qui au lieu d'épipkane où roi iluftre dont il ufurpoit letitre, ne fignife qu'un furieux, D'autres/obriquers lontironiques & tournés en con- trevérités, comme celui de poëre laureat, que les Anelois donnent aux mauvais poëtes. Fly en a fouvent dont la malignité confifte dans l'emprunt du nom de quelque animal ox de quelques “perfonnes célebres, notées dans Phiftoire par leurs figures ou leurs vices, dont on fait une comparaïion avec la perfonne qu’on veut charger; les Syriens t1- rerent de la reflemblance du nez crochu d'Antiochus VEL. au bec d’un griffon, le Jobriques de grypus qui luieftreité; & l’on connoït aflez dans l’hiftoire an- ‘cienne , les princes & les perfonnes célebres à qui on a donné ceux de #ouc, ceux de cochon , d'âne , de veau, de taureau & d'ours, commeon donne aujour- d’hui ceux de Silene, d'Efope , de Sardanapale, & de Meffaline , aux perfonnes qui leur reffemblent par la figure , ou par les mœurs. Lens À Mais de toutes les exprefions figurées , celle qui forme les plus ingénieux /obriqueis , (fi Fon-veut convenir qu'il y ait quelque fel dans cette forte de produétion de l’efprit ) c’eft Pallufion fondée fur une connnoïffance de faits finguliers, dont l’idée prête uñe forte d'agrément au ridicule. : | Ces différentes formes peuvent feréduire à quatre, qui font autant de genres de furnoms burlefques ; ceux dont la note eft indifférente, ceux qui n’en im: piment qu'une légere , ceux qui font imurieux, &c ceux qui font honotables, te Pour donner lieu à ceux du premier sente, il na fallu qu'un attachement à quelque mode finguliere de coëffure ou d’habillement, quelque coutume particu- here, quelque aétion peu importante : ainfi Les fobri- quets de Pogonate où Barbe longue, donnés à Conf: tantin V. empereur de Conftantinople ; de crépu, à Boleflas, roi de Pologne; de grifegonelle, à Geoffroi L comte d'Anjou; de courte-mantel, à Henri If. roi d'Angleterre ; de /ongue-épée, à Guillaume, duc de Normandie ; 8& de hache, à Baudoin Vil. comte de Flandres, n’ontjamais pu blefler la réputation de ces princes. Tome XV, 249 Les Romains appelloient forum, ée genre de futz noms , 6 lathion de le donner forificare Ceux du fecond genre ont pour objet quelque lés gere imperfeéhon du cotps ou dé l’efprit, certains événemens, &T certaines aétions qui, quoiqu'inos centes, ont une efpece de ridicule. C’eft ce que Ci= céron à entendu par fwrpicula, fubturpia x 6 giaje de: Jormia. Si Socrate , parexemple, fe montroit peu fen: fible an furnom de canard, beaucoup s’en trouves roient offenfés : celui de cracheur n’étoit point honos rable à Vladiflas , roi de Bohème , 6e. | Ceux du troïfieme genre, font beaucoup plus pi: quans , en ce qu'ils ont pour objet les diformités du corps les plus confidérables, ou les plus grandes dif graces de la fortune , & dont la honte eft fouvent plus diflicile à fupporter, que la douleur qui les ac= compagne, Ceux du quatrieme genre; n’ont pouf objet qué ce qu'il ÿ a de plus rare dans les qualités du corps , de plus noble dans celles de l’efprit & du cœur, de plus admirable dans les mœurs, & de plus grand dans les attions. Le propre de ces furnoms eft d’être carattérifés d’une mamiere plaifante, & qui ; quois qu'elle tienne de la raillerie, ne laïffe jamais qu'une idée honorable, … Ainfi les furnoms de bras-de-fer, & de cotte-de-fer ÿ impotés l’un à Baudouin I. comte de Flandres | & F autre à Edmond If, roi d’Angleterte , font de vrais éloges de la force du corps dont ces princes étoient doués steleftauffi celui desemporifèur,prefquetoujours enoquant, fait pour Fabius l'apologie de fa politique militaire, comme celui de fans -peur marque à l’é- gard de Richard duc de Normandie, & de Jean dué de Bourgogne, leur intrépidité, Il y a des caraéteres accidentels qui en établiffent encore des genres particuliers, Les uns peuvent con- venir à plafieurs perfonnes , comme les furnoms de borgne, de bof, de boireux, de mauvais : d’autres ne iont guere appliqués qu’à une feule, confme le fursom de Copronyme impofé à Conftantin IV, & celui de Caracalle au quatrieme des Antonins. Les fobriquers ou furnoms qui fe donnent récipros quement les habitans d’une petite ville, d’un bourg où d'un hameau, ne confiftent ordinairement qu’en. quelques épithetes f triviales & fi groffieres, qu'il n'y auroit point d'honneur à en rapporter des exem ples. Îl n’en eft pas de même de ceux qui naïflent dans Î enceinte des camps ; 1ls font marqués à un coin de vivacité & de liberté particulieres aux militaires. Ily en a enfin d’héréditaires , & qui n'ayant été d’abord attribués qu’à une feule perfonne, ont en- fuite paflé à fes defcendans, & lui ont tenu lieu de nom propre. Tels font la plupart des furnoms des Romains illuftres, du tems de la république, qué les auteurs de l’hiftoireromaine quiontécriten grec, ont cru leur être tellement propres, qu'ils ne leur ont Ôté que la terminaifon latine , comme Denis d’Halicarnafle l’a fait de ceux de Prgce &c de K opeTess car il ne faut pas s’ihaginer , commé l’ont cru quel- ques antiquaires, que les magiftrats fur les médailles defquels on lit les furnoms d'Æzobarbus, de Nafo, de Craffipes , de Scaurus , de Bibulus , {oient les hom: mes des familles Domitia | Axfia, Furia, Amilia , Calpurnta , qui avoient la barbe roule, le nez lonc ; des pies contrefairs , de gros talons | & qui Étoient adonnés au vin. | y a au contraire dans cette ré- publique , certaines familles qui n’ont tiré leur nom que d’un de ces fortes de fobriquers; que le premier de la famille a porté, comme la Claudia qui a tiré le fien d’un poireux, La même chofe eft arrivée en no: tre pays, aufli bien que dans beaucoup d’autres, … Cependant ces furnoms tels qu'ils ont été, font devenus d’un grand avantage dans la chronologie 8 [a 256 SO B dans lhiftoire. Il faut convenir que fi quelque chofe eft capable de diminuer la éohtufion que peut caufer dans l’efpritune multitude d'objets femblables, tels que ce nombre prodigieux de rois &c de fouverains , qui dans 165 monarchies anciennes & modernes, le | luccedent les uns aux autres fous les mêmes noms; c’eft l'attention aux furnoms par lefquels ils y font diftingués! Ces furnomis nous aïdent beaucoup à re- connoîtreles princes , au terms defquels les événe- mens doivent fe rappoñter, & à Y fixer des époques certaines, L'ufage en eft nécefliré,, pour donner aux généa- logies dés familles qui ont pofledé les grands empires &c les moindres états, cette clarté qui leurefteffen- tiélré.) C'eft par le défaut de farnoms, que la généalogie des Pharaons, dont Jofephe & Eufebe ont dit que les noms étoient plutôt de dignité que de famille, eft fi obfcure. Combien au contraire fa précaution de les avoir ajoutés aux furnoms tirés de l'ordre nu- méral, fauve-t-elle de méprifes & d'erreurs dans l'hiftoire des Alexandres de Macédoine, des Ptolo- mées d'Egypte, des Antiochus de Syrie, des Mithri- dates du Pont, des Nicomedes de Bithynie, des An- tonins & des Conftantins de l'empire , des Eouws & des Charles de France , 6%: Si les épithetes de ri- ches:, de grands, de confervateurs, &c: dont les peuples honorerent autrefois quelques-uns des prin- ces de ces familles , laiffent dans la mémoire une impreffion plus forte que celles qui font tirées de Por- dre propreffif de premier, fecond , troifieme &c des nombre fuivans , les furnoms burlefques dé 7e7 de griffon ,; de ventru , de joueur de flute, d'effeminé, de martel, de fainéant, de balafré, n'y en font = ils pas une dont les traces ne font pas moins profondes ? Horace faifant la comparaïfon du férieux 6€ du plaï- fant,ne feint pointdedonnerlapréférence à cedernier. Difcit enim citius , meminitque libentius illud Quod quis deridet | quain guod probat &veneratur. Combien y a-til même de familles illuftres dans les anciennes monarchies, &z dans celle dit moyen ve, dont les branches ne font diftinguées que par les fobriquers des chefs qui y ont fait des fouches dif- férentes ! On le voit dans les familles romaines, la PDomitia dont les deux branches ont chacune pour auteur un homme à furnom burlefque, lun Calvi sus, & Pautre Aherobarbus ; & dans la Cornelia, de laquelle étoient les Scipions , où le premier qui a été connu par le fürnom de Nafca, a donné fon nom à une branche qui ne doit pas être confondue avec celle de l’Africarn. + Une autre partie effentielle de Fhfoire, ef la re- préfentaron des caradtéres des différens perfonna- des qu’elle introduit fur la fcene ; c'eft ce que font les furnôms par des expreffions quifont comme des portraits en racourci des hommes les plus célebres ; rhaïs tl faut avouer que par rapport à fa reffemblance qui doit faire le mérite de ces portraits, que les fur- noms plaifans l’emportent de beaucoup für ceux du genre férreux. | | Les premiers trompent rarement, parce qu'ils expriment prefque toujouts les caraéteres dans le vrai; ce font des témoignages irréprochables, des décifions prononcées par la voix du peuple ; des traits de crayon hbres tirés d’après le naturel, des coups de pinceau hardis qui ne font pas feulement des por- traits de l'extérieur dés hommes, mais qui nous re- éfentent encore ce qu'il y a en eux de plus caché, Ainf l’obicurité de l’origine de Michel V. empe- réur de Conftantinoplé , dont les parens calfatoient des vaiffeaux , nous eft räppellée par {on furnom de Cilaphates ; la bafle naïflance du pape Benoit XIL, fils dun Boulanger françois ; par celuide Jacques du S°O:C | Four, qui lui fut donné étant cardinal, & lopnro: bre de l’ancienne profeflion de Valere Mikimien de- venu empereur , par celui d’Armentarinus. L'événement heureux pour le fils d'Othon, duc de Saxe, qui fut élevé àl’empire , & qui lorfqu'il s’y at- tendoit le moins , en appritla nouvelle au milreu d’une parüe de chañle, eft fignalé par le furnom de PO:je- leur qui le diffingue de tous les Mers. | L'empreffement dé Pempereur Léon pour détruire le culte des images , eft bien marqué dans le terme d'Aconoclaffe. La mauvaife fortune qu'efluya Frédéric I. duc de Saxe, par la captivité dans laquelle fon pere le tint, eft devenue mémorable par le furnom de Mordu qui lui eft relié, La mort ignominieufe du dernier des Antonins, dont les foldats jetterent le cadavre dans le Tibre, après lavoir traîne par lesrues de Rome, ne s’ou- bliera jamais à la vue des épithetes de Trahirius &t de Fiberinus, dont Aurehus Viétor dit qu’il fut chargé: Ainfi rien n’eft à néghger dans Pétude de Fhiftor- re ; les termesles plus bas, les plus groffers ou les plus mjurieux, & qui femblent n’avoir jamais été que le partage d’une vile populace , ne font pas pour cela'imdignes de l'attention des favans. M. Spanheim, dans fon ouvrage fur lufage des médailles antiques , some II. seit un peu étendu fur l’origine des fobriquets des Romains, en les conf- dérant par le rapport qu'ont aux médailles confulai- res, ceux des principales fanulles de la république romane. M. de la Roque dans fon traité de l’origine des noms , auroit dû traiter ce fujet par rapport à Phiftoire moderne. M.leVayer en a dit quelque chofe dans fes ouvrages. Voyez fur-tout les mémoires de Pacad, des Infcrip. & Belles-leitres. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) | SOC , f. m. (Antiq. rom.) foccus ; forte de chaufs re en ufage chez les Grecs & les Romains; enfuite elle devint en particulier celle de ceux qui mon- toient fur le théatre, pour y repréfenter les perfon2 nages comiques. Elle étoit oppolée au cothurne , au- tre chauflure ou brodequin, refervé pour les perfon- nages héroiques, (2. J. Soc, terme de Laboureur, c’eftun fer large &c poin- tæ, qui eftau bout du fcep de la charrue, & qui fertà fouiller dans la terre. Le /oc eft la partie effentielle de toutes les char- rues ; il eft prefque toujours formé par un fer plat & acéré. Ce fer étant introduit à deux ou trois pouces fous la terre, doit Pouvrir; mais il y a des /oes qui cou- pent la terre en-deflous, pendant que les autres nela divifent que comme pourroit faire un coin. Il eff clair que ceux-ci ont à vaincre la réfiftance des racines, êT qu'ils paitriffent & corroient les terres fortes &e htimides: ces raifons ont déterminé les gens éclairés à donner la préférence aux focs coupans. (D. J.) SOCCOLAN , L m. (Ordre monaff.) on appelle foccolans les relisteux de Pordre de S. François, d’u- ne réforme particuhere établie par S. Paulet de Fo- Hony en 1363. Lui-même ayant vu queles payfans qui vivoient dans les montagnes de fon hermitage, portoient des focques ou fandales de bois, il en or- donna l’ufage aux religieux de fa réforme, qui furent appellés par cette raïfon /occolanti. Voyez de plus grands détails dans le P. Héliot, r. PAR. c. 1x, (D. J.} SOCHACZOW , (Géog. mod.) prononcez Soca- chouf ; petite ville de Pologne dans le duché de Mo- zayie, près d’une petite riviere, à 4 lieues de Bloï- gné. C’eft au-delà de cette ville qui eft toute bâtie en bois , que commencent ces belles plaines qui s’é- tendent jufqu’à la Viftule , par une efpace de 8 gran- des lieues. (D. JF) SOCIABILIFÉ, (Droit nar. & Moral.) bienvel- lance envers les autres hommes, S O C La Jociabilire eft cette difpofition qui nous porte à faire aux hommes tout le bien qui peut dépendre de nous, à concilier notre bonheur avec celui des au- tres, &c à fubordonñer toujours notre avantage par- ticulier,, à Pavantage commun & général, | Plus nous nous étudierons nous-mêmes, plus nous ferons convaincus que cette fociabiliré eft conforme à la volonté de Dieu; car outre la néceffité de ce principe, nous le trouvons gravé dans notre cœur. Si d'un côté le Créateur ÿ a mis l'amour de nous-mê- mes, de l’autre la même main y à imprimé un fenti. ment de bienveillance pour nos femblables ; ces deux penchans, quoique diftinfs l’un de l'autre, n’ont fien d’oppoié, & Dieu les a gravés dans nos'ames pour agir de concert. Aufh les cœurs «généreux trouvent-ils la fatisfaion la plus purée à faire du bien aux autres hommes, parce qu'ils ne font en cela que fuivre un penchant naturel. Du principe de la /oczabiliré découlent toutes les lois de la fociété. 1°. Cette union que Dieu a établie entre les hom- mes exise d'eux que dans tout ce qui a quelque rap- port à la focièté, le bien commun foit la regle fupre- me de leur conduite; &c qu'attentifs aux confeils de la prudence, ils ne cherchent jamais leur avantage particulier au préjudice de l'avantage public. 2°, L’efprit de fociabilié doit être univerfel. La focièté humaine embrafle tousdes hommes avec lef- quels on peut avoir quelque commerce, puifqu’elle . eff fondée fur les relations qu’ils ont tous enfemble, en conféquence de leur nature & de leur état. Voyez- en les preuves dans Puffendorf & Cumberland. %, La raïfon nous dit que des créatures du même rang , de la même efpece, nées avec les mêmes facul- tés, pour vivre enfemble & pour participer aux mé- mesavantages, ont en général un droit égal & com- mun. Nous {ommes donc obligés de nous regarder comme naturellement égaux, & de nous traiter com- me tels; ce feroit démentir la nature que de ne pas reconnoître ce principe d'équité ( que les Jurifcon- fultes nomment æguabilitatis juris ), comme un des premiers fondemens de la fociéte. C’eft là-deflus qu’eft fondée la loi du réciproque; de même que cette regle fi fimple, mais d’un ufage univerfel, que nous devons être à l'égard des autres hommes dans les mêmes difpoñtions où nous defirons qu'ils foient à notre égard, & nous conduire avec eux de la mê- me maniere que nous voulons qu'ils fe conduifent avec nous dans des circonftances pareilles. 4°. La fociabilité étant d’une obligation réciproque entre les hommes, ceux qui par leur malice ou leur injuftice rompent ce lien, ne fauroient fe plaindre raifonnablement fi ceux qu'ils offenfent ne Les trai- tent plus comme amis, ou même s'ils en viennent contr'eux à des voies de fait. Mais fi l’on eft en droit de fufpendre à l'égard d’un ennenu les actes de la bienveillance , il n’eft jamais permis d’en étouffer le principe. Comme il n’y a que la néceffité qui nous autoriie à recourir à la force contre un imufte agorefleur, c’eft auffi cêtte même néceflité qui doit être la reole & la mefure du mal que nous pouvons lui faire ; &t nous devons toujours être difpofés à rentrer en amitié avec lui, dès qu’il nous aura rendu juftice, &c que nous n’aurons plus rien à craindre de fa part. Enun mot, rien n’eft plus convenable à Phumani- té quela bénéficence & la générofité. Il n’y a rien de plus vrai, dit Cicéron Zy. 1. des Offices, ch. vij. que . ce beau mot de Platon, que ous ne fommes pas nés pour nous , mais pour les autres hommes & pour la pa- crie. Les Stoïciens foutenoient que pour entrer dans les deffeins de la nature, il falloit contribuer chacun du fien à utilité commune, & employer non feule- ment fon induftrie, mais fes biens à ferrer de plus en Tome XV. SOC 251 plus {es nœuds de la fociété humaine, (D. J) SOCIABLE , AIMABLE, ( Langue franç.) ces deux mots ne font plus fynonymes dans notre lan- pue: L'homme Jocrable a les qualités propres au bien de _ Ra focièté; je veux dire la douceur du caractere , l'humanité , la franchife fans rudefe, la complaifan- ce fans flatterie, & fur-tout le cœur porté à la bien- faifance; en un mot, l’homme /ociable eft le vrai ci toyen, Voyez SOCIABILITÉ. L'homme aimable , dit M. Duclos, du moins celui à qui l’on donne aujourd’hui ce titre, eft fort indifé.. rent fur le bien public, ardent à plaire à toutes les fo- cictés où fon goût &c le hafard le jettent, & prêt à en facrifier chaque particulier, Il n’aime perfonne, n’eft aimé de qui que ce foit, plait à tous ; & fouvent eft meprifé &t recherché par les mêmes gens, Les liafons particulieres de l’homme fociable font des liens qui l’attachent de plus en plus à l’état; cel- les de l’homme aimable ne font que de nouvelles dif fipations, qui retranchent d'autant les devoirs effen- tiels. L'homme /ociable infpire le defir de vivre avec lui; l’homme amable en éloigne ou doit en éloigner tout honnête citoyen. (D. J.) SOCIAL, adj. (Gramm.) mot nouvellement intro: duit dans la langue, pour défigner les qualités qui rendent un homme utile dans la fociété, propre au commerce des hommes : des vertus fociales. | SOCIAL, (Comm.) ce qui appartient à une focié- té, ou qui eff fait en fon nom. On dit qu’un billet, ou autres actes, font fignés du nom focal, lorfqu’u Où deux aflociés les ont fignés du nom de la fociété. Dans ces écritures on met tousles noms des aflociés , ouFon y ajoute le nom de compagnie, N. N. € com- pagnie. Voyez NOM SOCIAL, SOCIÉTÉ & CoMpa- GNIE. SOCIALE, guerre , (Hiff. rom.) on appella gverre Joctale où des alliés , celle des peuples du Latium ow du pays Latin, contre les Romains. Cette guerre fut entreprife par les alliés, Pan de Rome 663, pour ob- tenir le droit de bourgeoïfie que la république leur : refutoit. | Les peuples du Latium fupportoient les charges de la république , & cependant n’étoient point ad- mus aux dignités, & n’avoient pas même le droit de fuffrage. Il eft vrai que dans les tems difficiles » pour les attacher plus étroitement à la république, on s’é- toit quelquefois relâché là-deflus, par exemple, dans la leconde guerre punique; mais quand le péril fut pañlé, les Romains firent regarder ces conceffions comme des graces pañlageres, & qui ne fondoient point de droits. .. Cependant les peuples alliés repréfentoient tou- jours qu'il étoit jufte qu’ils euflent part aux honneurs d'un état, dont ils avoient étendu l’empire par leur vaillance. Ces peuples donc outrés d’être exclus du droit de hourgeoïfie , réfolurent d’en obtenir l'effet les armes à la main ; ils s’aflocierent enfemble, réu- mirent leur reflentiment commun, fignerent une li- gue, & fe donnerent réciproquement des Ôtages, Îl y eut entre eux & la république des combats fan. glans, des batailles & des prifes de villes. La fortu- ne pañla plus d’une fois dans lun & l’autre parti. En- fin le fénät s’'appercevant que la république ne rem- . portoit pas même de viétoires qui ne lui fuflent fu- neftes, &t qu’en faifant périr des alliés, elle perdoit autant de foldats qui compofoient auparavant {es armées, ce corps fi fage leur accorda infenfiblément le droit de bourgeoïfie romaine, Mais fuivant {a pO= ltique ordinaire, il réduifit ce droit prefque à rien : par ja forme qu'il donna au traité; de forte que ce droit de bourgeoïfe, qui avoit coûté tant de fans aux alliés, ne devint prefque à leur égard, qu’un vain titre , fans fonétions & fans autorité. (D.J.) ù ; 252 S O € SOCIÉTÉ , ff. ( Morale. )les hommes font faits pour vivre en fociéré; fi l'intention de Dieu eût éré que chaque homme vêcut feul,, & féparé desautres, il auroit donné à chacun d’eux des qualités propres &x fufifantes pour ce genre de vie folitaire ; s’il n’a pas fuivi cette route, c’eft apparemment parce qu'il à voulu quelesliens du fang êc de la naïfiance com- mençafñlent à former entre les hommes cette union plus étendue qu'il vouloit établir entr’eux ; la plü- part des facultés de l’homme, fes inclinations natu- relles , fa foibleffe, fes befoins, font autant de preu- ves certaines de cette intention du Créateur. Telle eft en effet la nature &c la conftitution de l'homme, que hors de la fociéré, il. ne fauroit ni conferver fa vie , x1 développer & perfectionner fes facultés êc {es talens | ni fe procurer un vrai &c folide bonheur. Que deviendroit, je vous prie, un enfant , fi une main bienfaifante 6c fecourable ne pourvoyoit à les befoins ? Il faut qu'il périfle fperfonne ne prend foin de lui ; &c cet état de forblefle &t d’indigence, demande même des fecours long-tems continués ; fuivez-le dans fa jeunefle , vous n’y trouverez que groffiereté , qu'ignorance , qu'idées confules ; vous ne verrez en lu, sil eft abandonné à lui même, qu'un animal fauvage, &c peut-être féroce ; 1gno- rant toutes les commodités de la vie, plongé dans l'oifiveté, en proie à l’ennui & aux {oucis dévo- rans. Parvient-on à la vieillefle , c’eftun retour d’in- firmités, qui nous rendent prefque aufi dépendans des autres, que nous l’étions dans l’enfance 1mbécil- le; cette dépendance fe faitencore plus fentir dans les accidens & dans les maladies ; c’eft ce que dépei- gnoit fort bien Séneque, Serec. debenef, 1. IV. c.xviir. « D’où dépend notre füreté , fi ce n’eft des fervices # mutuelsi 1l n'y a que ce commerce de bienfaits # qui rende la vie commode, & qui nous mette en »# état de nous défendre contre les infultes & les »# évañons imprévues ; quel feroit le fort du genre » humain, fi chacun vivoit à part ? autant d’hom- # mes, autant de proies & de viétimes pour les au- » tres animaux, unfang fortaifé à répandre , en un # mot la foiblefle même. En effet , les autres ani- »# maux ont des forces fufñfantes pour fe défendre; >» tous ceux qui doivent être vagabonds, &t à qui » leur férocité ne permet pas de vivre en troupes, > naïflent pour ainfi dire armés, au lieu que l’hom- » me eft de toute partenvironné de foibleffe,n’ayant » pour armes ni dents ni griffes; mais les forces qui # lui manquent quand il fetrouve feul, il les trouve » en s’uniflant avec fes femblables ; la raifon , pour » le dédommager, lui a donné deux chofes qui lui - » rendent fa fupériorité fur les animaux, je veux » dire la raifon &la fociabilité, par où celui qui » feulne pouvoit réfiiter à perfonne, devientle tout; » la fociéré lui donne l’empire furles autres animaux; »# la fociéré fait que non content de l’élement où il eft » né, il étend {on domaine jufque fur la mer ; c’eft # la mêmeunion qui lui fournit des remedes dans fes (] ; ne # maladies, des fecours dans fa vieillefle, du fou- »# lagement à fes douleurs êt à fes chagrins ; c’eft el- » le qui lemet, pour ainfidire, en état de braver la »# fortune, Otez la fociabilité , vous détruirez l’u- # nion du gente humain , d’où dépend la conferva- » tion & tout le bonheur de la vie. » La ociéré étant fi néceffaire à Phomme, Dieu lui a aufli donné une conftitution, des facultés, des talens ‘qui le rendent très-propre à cet état ; telleeft, par exemple , la faculté de la parole, qui nous donne le moyen de communiquer nos.penfées avec tant de fa- cité & de promptitude , & qui horsde la Jocieré ne feroit d'aucun ufage. On peut dire la même chofe du penchant à limitation, & de ce merveilleux mécha- nifme qui fait que les paflions & toutes les impref- fions de l’ame , fe communiquent fi aifément d’un cerveau à l’autre; il fuffit qu'un homme paroïffe énu) pour nous émouvoir & nous attendrir pour lui: ko- mo Jum, human: a me nihil alienum puto. Si quelqu'un vous aborde avec la joie pentefur le vifage, il exei- te en nous un fentiment de joie ; les larmes d’un in- connu nous touchent, avant même que nous en fa- chions la caufe, &c Les cris d’un homme qui ne tient à nous que par l’humanité., nous font courir à fon fe- cours, par un mouvement machinal qui précede tou- te délibération. Ce n’eft pas tout, nous voyons que la nature a voulu partager & diftribuer différemment les talens entre les hommes, en donnant aux unsune aptitude de bien faire certaines chofes, qui font com- me impofhbles à d’autres ; tandisque ceux-ci, à leur tour, ont une induftrie qu’elle a refufée aux pre- miers; ainfi, files befoins naturels des hommes les font dépendre les uns des autres , la diverfité des talens qui les rend propres à s’aider mutuellement, les lie & les unit. Ce {ont là autant d'indices bien marifeites de la deftination de l’homme pour la /o- cieté, Mais fi nous confultons notre penchant, nous fen- tirons aufli que notre cœur {e porte naturellement à {ouhaiter la compagnie de nostemblables , &c à crain- dre une folitude entiere comme un état d'abandon & d’ennui. Que fi l’on recherche d’où nous vient cette inchination hante & fociable,on trouvera qu’elle nous a été donnée très-à-propos par l’auteur de notreëtre, parce que c’eft dans la fociéré que l’homme trouve le remede à la plüpart de fes beloins, & loccafñon d'exercer la plüpart de fes facultés, c’eft là, fur- tout, qu'il peut éprouver & manifefter ces fenti- « mens , auxquels la nature a attaché tant de douceur, la bienveillance, l'amitié, lacompafñfon, la généto- fité : cartel eftle charme de ces affetions{ociables, que de-là naïffent nos plaifirs les plus purs. Rien en effet de fi fatisfaifant n1 de fi flatteur, que de penfer que l’on mérite l’eftime & l'amitié d'autrui; la fcien- ce acquiert un nouveau prix, quand elle peut fe pro- duire au dehors; &c jamais la joie n’eft plus vive que lorfqu’on peut la faire éclater aux yeux des autres, ou la répandre dans le fein d’un ami ; elle redouble en fe communiquant, parce qu’à notre propre fatis- faétion fe joint l’agréable idée que nous en caufons auffi aux autres , &c que par-là nous les attachons davantage à nous ; le chagrin au contraire diminue &c s’adoucit , en ie partageant avec quelqu'un, com- me un fardeau s’allege quand une perfonne officienfe nous aide à le porter. Ainfi, tout nous invite à l’état de Jociété ; le befoin nous en fait une nécefité, le penchant nous en fait un plaïfir, & les difpofitions que nous y apportons naturellement, nous montrent que c’eft en effet l'intention de notre créateur. Si le chriftianifme canonife des folitaires , il ne leur en fait pas moins une fuprème loi de la charité & de la juftice , & par-là1l leur fuppofe un rapport eflentiel avec le prochain ; mais fans nous arrêter à état où les hommes peuvent être élevés, par des lumieres furnaturelles , confidérons-les ici entant qu'ils font conduits par la raifon humaine. Toute l'économie de la fociéré humaine eft ap- puyée fur ce principe général & fimple : 7e veux étre heureux ; maïs je vis avec des hommes qui, comme moi, veulent être heureux également chacun de leur côté : cherchons le moyen de procurer notre bonheur, en procu- rant Le leur | ou du moins fans y jamais nuire. Nous trouvons ce principe gravé dans notre cœur ; fi d'un côté , le Créareur a mis l'amour de nous-mêmes, de l’autre , la même main y a imprimé un fentiment : debienveillance pour nos iemblables; ces deux pen- chans, quoique diftinéts l’un de l’autre , n’ont pour- tant rien d’oppofe : & Dieu qui les a mis en nous, les a deftinés à agir de concert, pour s’entraider, & nullement pour {e détruire; auf les cœurs bien faits &E généreux trouvent-ils la fatisfaétion la plus pute, à faire du bien aux autres hommes, parce qu’ils ne font en cela que fuivre une pente que la nature leur a donnée. Les moraliftes ont donné à ce germe de bienveillance qui fe développe dans les hommes , le nom de fociabiliré. Du principe de la fociabilité, de- coulent, comme de leur fource , toutes les lois de la Jociéré, &t tous nos. devoirs envers les autres hom- mes , tant généraux que particuliers. Tel eft le fon- dement de toute la fagefle humaine , la fource de toutes les vertus purement naturelles, & le princi- pe général detoute la morale &c de toute la fociére civile. 1 1°. Le bien commun doit être la regle fuprème de notre conduite , & nous ne devons jamais cher- cher notre avantage particulier, au préjudice de la- vantage public; c’eft ce qu’exige de nous l'union que Dieu a établie entre leshommes. _ 2°, L’efprit de fociabilite doit être umiverfel ; la fociéré humaine embrafle tous les hommes avec lef- quels on peut avoir commerce, puifqu’elle éft fon- dée fur les relations qu’ils onttous enfemble, en con- féquence de leur nature & de leur état. Foyez Hu- MANITÉ. Un prince d'Allemagne , duc de Wirtem- berg , fembloit en être perfuadé, lorfqu’un de fes fujets leremerciant de lavoir protégé contre fes per- fécuteurs : mon enfant , lui dit le prince , je Paurois dû faire à l'égard d’un turc; comment y aurois-Je manqué à l’égard d’un de mes fujets ? -3°. L'égalité de nature entre les hommes, eft un principe que nous ne devons jamais perdre de vue. Dans la fociéré c’eft un principe établi par la philofo- phie & par la religion ; quelqu'inégalité que femble mettre entr’eux la différence des conditions, elle wa été introduite que pour les faire mieux arriver , fe- lon leur état préfent , tous à leur fin commune, qui eft d’être heureux autant que le comporte cette vie mortelle ; encore cette différence qui paroït bien mince à des yeuxphilofophiques, eft-elle d’une cour- te durée ; il n’y a qu'un pas dela vie à la moït , êc la mort met au même terme ce qui eft de plus élevé &r de plus brillant , avec ce qui eft de plus bas & de plus obfcur parmi les hommes. Il ne fe trouve ainfi, dans les diverfes conditions, guere plus d'inégalité que dans les divers perfonnages d’une même comédie : la fin de la piece remet les comédiens au niveau de leur condition commune, fans que le court intervalle qu’a duré leur perfonnage, ait perfuadé ou pù per fuader à aucun d'eux, qu'il étoit réellement au-deflus ou au-deflous des autres. Rien n’eft plus beau dans les grands , que ce fouvenir de leur égalité avec les au- tres hommes , par rapport à leur nature. Un rat du roi de Suede, Charles XII. peut donner à ce fuet une idée plus haute de fes fentimens ; que la plus brillante de fes expéditions. Un domeflique de Pam bafladeur de France, attendant un minifire de la cour de Suede , fut interrogé fur ce qu'il attendoit » par une perfonne à lui inconnue , &t vétue comme un fimple foldat ; iltint peu de compte de fatisfaire à la curiofité de cet inconnu; un moment après, des feigneurs de la cour abordant la perfonne fimplement vétue, la traiterent de votre majefté, c'étoit etfecti- vement le roi ; le domeftique au défefpoir , &c fe croyant perdu, fe jette à fes piés , & demande par- don de fon inconfidération d’avoir pris fa majelté, difoitil, pour un homme. Vous ne vous êles point mé- pris, lui dit Le roi avec humanité , rien ne reffemble plus aun homme qu'un roi. Tous les hommes, en fup- pofant ce principe de l'égalité qui eft entre eux , dor- vent y conformer leur conduite ,+pour fe prêter mu- tuellement les fecours dont ils font capables; ceux qui font les plus puiffans , les plus riches, les plus accrédités ,. doivent être difpofés à employer leur puifance, leurs richefles, & leur autorité, en faveur _ SE 2 à — à 1 j x \ à E À ;: / j de ceux qui.en manquent, & cela à proportion. du befoin qui eft dans les uns, & du pouvoir d’y fubve: nir qui eft dans les autres. | | | 4°. La fociabilité étant d’une obligation récipro: que entre Les hommes , ceux qui par leur malice, ou leur injuftice, rompent le lien de la foéé, ne fauroient fe plaindre raifonnablement, # ceux qu'ils. offenfent , ne les traitent plus comme amis, où mê- me s'ils en viennent contre eux à des voies de fait ë mais f1 l’on eft en droit de fufpendre à l’égard d’un en- nemi, les attes de l2 bienveillance, 1l n’eft jamais permis d’en étouffer le principe: comme il n’y a que la néceffité qui nous autorife à recourir à la force contre un inquite aggrefleur ; c’eft auf cette même néceffité qui doit être la regle & la mefure du mal que nous pouvons lui faire, & nous devoris toujours. être difpofés à rentrer en amitié avec lui, dès qu'il nous aura rendu juftice, & que nous n’aurons plus rien à craindre de fa part, Il faut donc bien diftin- guer la jufte défenfe de foi-même, de la vengeance; la premiere ne fait que fufpendre , par néceffité & pour untems , Pexercice de labienveillance, & wa rien d’oppofé à la fociabilité ; mais l’autre, étouf- fant le principe même de la bienveillance , met à {a place un fentiment de haine & d’animofñté, vicieux en lui-même , contraire au bien public, & que la loi naturelle condamne formellement. | Ces regles générales font fertiles en conféquences x il ne faut faire aucuntort à autrui, nien parole, ni en ation , & l’on doit réparer tout dommage : car la Joctéré ne fauroit fubfifter f lon fe permet des in- juftices. : Il faut être fincere dans fes difcours, & tenir fes engagemens : car quelle confiance ies hommes pour- roient-ils prendre les uns aux autres ; & quelle füre= té y auroit-il dans le commerce , s’il étoit permis de tromper & de violer la foi donnée ! Il faut rendre à chacun non-feulement le bien qui lui appartient, mais encore le degré d’eftime & d'honneur qui lui eft dû, felon fon état &c fon rang: parce que la fubordination eff Le lien de la fociéré , 8e que fans cela il n’y auroit aucun ordre dans les famil- les , ni dans le gouvernement civil. Mais fi le bien public demande que les inférieurs obéïffent, le même bien public veut que les fupérieurs confervent les droits de ceux qui leur font foumis, êt ne les gouvernent que pour les rendre plus heu- reux.. Tout fupérieur ne l’eft point pour lui-même , mais uniquement pour les autres ; non pour fa pro- pre fatisfathion & pour fa grandeur particuliere, mais pour le bonheur & le repos des autres. Dans l’ordre de la nature, eft-il plus homme qu'eux ? at-il une ame ou une intelligence fupérieure ? & quand il l'au- toit, a-t-1l plus qu'eux d’envie ou de befoin de vivre fatisfait & content ? A regarder les chofes par cet en- droit , ne feroit-il pas bizarre que tous fuffent pour un, & que plutôt un ne füt pas pour tous? d’où pourroit-1l tirer ce droit ? de fa qualité d’homme à elle lui eft commune avec les autres: du goût deles dominer ? les autres certainement ne lui cederont pas en ce point : de la poffeffion même où il {e trou- ve de l'autorité? qu'il voye de qui il latient, dans quelle vue on la lui laife | & à quelle condition: tous devant contribuer au bien de la fociéré , 1l y doit bien plus eflentiellement fervir | n’étant fupérieur qu’à titre onéreux , & pour travailler au bonheur com- mun, àproportion de élévation que fa qualité lui donne au-deflus des autres, Quelqu'un difoit devant le roide Syrie, Antigone, que les princes étoient les maîtres , & que tout leur étoit permis : 047, reprit-il, parmi les barbares ; à notre égard, ajouta-t-il, nous Jonmes maitres des chofes préferites, par La raifon € l’hu- marité ; mais rier re nous el? permis , que ce qui eft con= forme a la juflice & au dévoir, LS Au É F- 254 SOC Teleït le contrat formel ou tacite paflé entre tous les hommes , les uns font au-deflus, les autres au- deffous.pour la différence dés conditions; pour ren- dre leur focieré auffi heureufe qu’elle Le puifle être ; tous, étoient rois, tous voudroient commander, & nul nobéiroit; fitous étoientfujets, tous devroient obéir, & aucun ne le voudroit faire plus qu'un au- tré; ce quirempliroit la Jociéré de confuñon , de trou- ble, de diffenfion ; au lieu de l’ordre & de larrange- ment qui en fait le fecours, la tranquillité, & la dou. ceur. Le fupérieur eft donc redevable aux inférieurs, comme ceux-c1 lui font redevables ; l’un doit procu- rer le Bonheur commun par voie d'autorité, & les autres par voie de foumiffon ; l'autorité n’eft lésiti- me, qu'autant qu'elle contribue à la fin pour laquelle à ête infttuce l'autorité même ;. Pufage arbitraire qu'on en feroit, feroit {a deftruétion de l’humanité & de la Jociere. Nous devons travailler tous pour le bonheur de la fociéré à nous rendre maitres de nous-mêmes ; le bon- heur de la Jociéte fe réduit à ne point nous fatisfaire aux dépens de la fatisfaétion des autres : of les incli- nations , les defirs ,êcles goûts des hommes, fe trou- vent. continuellement oppofés Les uns aux autres. Si nous comptons de vouloir fuivre les nôtres en tout, outre qu'il nous fera impoflible d'y réuflir , 1l eft en- core plus impoffble que par-là nous ne méconten- tions les autres, &t que tôt ou tard le contre-coup ne retombe fur nous ; ne pouvant les faire tous pafler à nos goûts particuliers, 1l faut néceffairement nous monter au goût qui regne le plus univerfellement, qui'eft la raïfon. C’eft donc cehu qu'il nous faut fi- vreentout; & comme ño$ inchinations & nos paf- fons sy trouvent fouvent contraires, 1l faut par né- ceflité Les contrarier. C'eft à quoi nous devons tra- vailler fans cefle, pour nous en faire une falutaire êt douce habitude. Elle eft la bafe de toute vertu, 8 même le premier principe de tout favoir vivre, felon le mot d’un homme d’efprit de notre tems, qui faïoit confifter la fcience du monde à favoir fe con- traindre fans contraindre perfonne. Bien qu'il fe trouve des inclinations naturelles , incomparablement plus conformes que d’autres, à la regle commune de la raïon; cependant il n’eft perfonne qui nait à faire effort de ce côté-là, & à gagner fur foi ; ne füt-ce ue paruneforte de liaifon, qu’ont avec certains dé- ee les plus heureux tempéramens. Enfin, les hommes fe prennent par le cœur & par {es bienfaits, & rien n’eft plus convenable à l'huma- manité, ni plus utile à la /oczé, que la compaññon, la douceur, la bénéficence , la générofité. Ce qui fait dire à Cicéron, « que comme il n’y a rien de # plus vrai que ce beau mot de Platon, que nous ne » fommes pas nés feulement pour nous-mêmes, mais » aufhi pout notre patrie £ pour nos amis; êc que » coinme difent les Stoiciens , fi les produétions de » laterre font pour les hommes , les hommes eux- » mêmes font nés les uns pour les autres, c’eft-à- # dire, pour s’entre-aider & fe faire du bien mutuel- » lement; nous devons tous entrer dansles deffeins » de la nature, & fuivre notre deflination en con- # tribuant chacun du fien pour l'utilité commune par » un comerce réciproque & perpétuel de fervices & » de bons offices, n’étant pas moins empreflés à don- » ner qu'à recevoir, & employant non-feulement »# nos foins & notre induftrie, mais nos biens mé- » mes à ferrer de plus en plus les nœuds de la /o- s ciéré humaine ». Puis donc que tous les fentimens de juftice &c de bonté font Les feuls & vrais liens qui attachent les hommes les uns aux-autres, 8 qui peu- vent rendre la fociéré ftable, tranquille, & floriflante, _1l faut regarder ces vertus comme autant de devoirs que Dieu nous impofe , par la raifon que tout ce qui eft néceflaire à fon but, & par cela même conforme à fa volonté, ñ Quelque plaufbles que puiflent être les maximes de là morale, & quelque utilité qu’elles puiffent avoir pour la douceur de la fociété humaine, elles n'auront rien de fixe & qui nous attache inébranla- blement fans la religion. Quoique la feule raifon nous rende palpables en général les principes des mœurs qui contribuentà la douceur & à la paix que nous devons goûter & faire goûter aux autres dans la Jociéré ; il eff vrai pourtant qu’elle ne fufit pas en certaines occafions , pour nous convaincre que no- tre avantage eft toujours joint avec celui de la fociéré : il faut quelquefois (87 cela eft nécéflaire pour le bonheur de,la fociéré ) nous priver d’un bien préfent, ou même efluyer ua mal certain, pour ménager un bien à venir, & prévenir un mal quoiqu'incertain. Or, comment faire goûter à un efprit qui n’eft capa- ble que des chofes fenfuelles ou atuellenent {enf- bles , le parti de quitter un bien préfent & déter- | miné , pour un bien à venir & indéterminé: un. = 9 bien qui dans le moment même le touche vive- ment du côté de la cupidité , pour un bien aui ne le touche que foiblement du côté de fa raifon : fera-t-1l arrêté par les reproches de la confcience , quand la religion ne les fufcite pas ? par la crainte de la punition, quand la force &c l'autorité l’en mettent à couvert? par le fentiment de la honte & dela con- fuñon , quand il fait dérober fon crime à la connoif- fance d'autrui ? par les reoles de l'humanité, quand il eft dérermine àtraiter les autres fans ménagement, pour fe fatisfaire lui-même ? par les principes de la prudence, quand la faataifie ou l'humeur lui tien- nent lieu de tous les motifs? par le jugement des per- fonnes judicieufes &c fenfées, quand la préfomption lui fait préférer fon jugement à celui du refte des hommes ? Il eft peu d’etprits d’un caradtere fi outré, mais 1] peut $’en trouver : 1! s’en trouve quelquefois, ët 1] doit mêmes’en trouver un grand nombre, fil’on foule aux piés les principes de la religion naturelle. En effet, que les principes & les traités de mo- rale foient mille fois plus fenfés encore & plus dé- monftratifs qu’ils ne font, qui eft-ce qui obligera des efprits libertins de s’y rendre, fi le refte du genre humain en adopte les maximes ? en feront-ils moins difpofés à les rejetter malgré le genre humain, & à les foumettre au tribunal de leurs bifarreries & de leur orgueil ? Il paroît donc que fans la religion il n’eft point de frein aflez ferme qu’on puifle donner ni aux failles de l’imagination, ni à la préfomption de l’efprit, n1 à la fource des pañlions, n1 à la cor- ruption du cœur, n1 aux artifices de l’hypocrife. D'un côté vérité, juftice, fageñle, puiffance d’un ‘ Dieu vengeur des crimes, & remunétateur des ac- tions juftes, font des idées qui tiennent fi naturelle- ment & fi néceflairement les unes aux autres, que lesunes ne peuvent fubfifter , [à où les autres font dé- truites. Ceci prouve évidemment combien eft né- ceffaire l’union de la religion & dela morale, pour affermir le bonheur de la Jociére. Mais, 1°. pour mettre cette vérité dans toute fon évidence, il faut obferver que les vices des particu- liers quels qu'ils foient, nuifentau bonheur de la fo- ciété ; on nous accorde déjà, que certains vices, tels que la calomnie, l'injuftice, la violence, nuifent à la Jociéré. Je vais plus loin, & je foutiens que les vices mêmes qu'on regarde ordinairement comme ne faifant tort qu'à celui qui en ef atteint, font per- nicieux à la focrété, On entend dire affez commune- ment, par exemple, qu’un homme qui s’enivre ne fait tort qu’à lui-même; mais pour peu qu’on y fafle d'attention, on s’appercevra que rien n’eft moins juite que cette penfée. Il ne faut qu'écouter pour cela les perfonnes obligées de vivre dans une même famille avec un homme fujet à l'excès du vin. Ce que _ nous fouhaïtons Le plus dans ceux avec qui nous vis FU SU ee S OC. “vons, c’eft de trouver en eux de la raifon: elle ne leur manqué jamais à notre égard, que nous ayons droit de nous en plaindre. Quelque oppofés que puiffent être les autres vices à la raïon, ils en laiflent dti - moins certaine lueur, certain ufage, certaine téple; livreffe Ôte toute lueur de la raïfon; elle éteint abfolument cette particule, cette étincelle de la divinité qui nous diflingue des bêtes : elle détruit pat-à toute la fatisfa@ion & la douceur, que chacun doit mettre &c recevoir dans la Jocidré humai- ne. On a beau comparer la privation de la raifon par livrefle avec la privation de la raifon parle fommeil, la comparaïfon ne fera jamais férieufe; Pune eft pref- fante par le befoïin de réparer les efprits qui s'épui- fent fans ceffe, &c qui fervent à Pexercice même de la railen; au heu que lPautré fupprime tout-d’un- coup cetexercice , &c à la longue en détruit, pour aimé dire, les reflorts. Aufil’auteur de la nature , en nous aflujettiflant au fommeil, en a-t-1l té les in- convéniens , & la monftrueufe indécence qui fe trou- ve dans livreffe, Bien que celui-ci femble quelque- fois avoirunair de gaieté, le plafir qu’elle peut don- ner eft toujours un plaïfir de fou qui n'ôte point l'horreur fecrette que nous concevons contre tout ce qui détruit la raifon, laquelle feule contribue à rendre conftammenr heureux ceux avec qui nous ViVOns. Le vice de Pincontinence qui paroît moins oppofé au bonheur de la focréré, l'eit peur-être encore da- vañntage. On conviendra d’abord que quand elle bleffe les droits du mariage, elle fait au cœur de l'outragé fa plaie la plus profonde : les lois romaines qui fer- vent comme de principes aux attres lois, fuppofert qu'en ce moment il n’eit pas en état de fe pofléder ; de mamere qu'elles femblent excuier en lui le tranf- port pat lequel il ôteroit la vie à Pauteur de fon ou- trage. Ainfile meurtre , qui eff Le plus oppoie de l'hu. .menité , femble par-Rt être mis en parallele avec Pa- dultere. Les plus tragiques événemens. de l'hifloire, ëtles figures les plus pathétiques qu'ait inventé lafa- ble, ne nous montrent rien de plus affreux que les effets de l’incontinence dans le crime de l’adultere ; ce vice n’a guere de moins funeflés effets, quand il fe rencontre entre des perfonnes libres; la jaloufie y produit fréquemment les mêmes fureurs. Un hom- me d’ailleurs hyré à cette pafion, n’eft plus à lui même; iltombe dans une forte d'humeur morne & brute qui le dégoûte de fes devoirs; Pamitié,, la cha- rité, la parenté, la république, n’ont point de voix quife fafle entendre, quand leurs droits fe trouvent en compromis avec les attraits de la volupté. Ceux quien font atteints, 8 qui fe flattent de n’avoir jamais oué ce qu'ils devoient à leur état, jugent de leur conduite par ce qu'ils en connoïflent ; mais toute pafion nous aveugle; & de toutes les pafions, il n’en eft point qui aveugle davantase. C’éff le carac- tere le plus marqué quela vérité & lafable attribuent de concert à l'amour ; ce feroit une elpece de mira- cle, qu'un homme fujét aux defordres de l'inconti- nence, qui donnât à fa famille, à les amis, à fes ci- toyens , la fatisfadion & la douceur que demande- roient les droits du fang, de fa patrie, &c de l'amitié; enfin, la nonchalance, le dégoût , la mollefe , font les moindres & les plus ordinaires inconvéniens de ce vice, Le favoir vivre qui eft la plus douce & la plus familiere des vertus de la. vie civile, ne fe trouve communément dans la pratique que par l’ufage de fe contraindre fans contraindre Les autres, Combien faut- 1] davantage fe contraindre & gagner fur for, pour remplir les devoirs les plus importans qu'’exigent la drorture, l'équité, la dhartté , cui ont la bafe & le fondement de toute fociéré? Or, de quelle contrainte et capable un homme amolli & efféminé ? Ce n’eft pas que maloré ce vice , il ne refté encore de bonnes E@& à ) qualités; mais il eff Certain que par-là elles font ex” traordinairement affoibles ; il eff donc cénffant que la Jociété {e refent toujours de la maligne influence des defordres qui paro:ffent d’abord'ne lui donner aucune atteinte. Or, puifque la religion eft ua frein néceflaire pour les arrêter, 1l S’enfuit évidemment qu'elle doit s'unir à [4 morale; pour aflurer le bon- heur de la Josée, 2°, Il eff certain que les devoirs qui nous teglent Par rapport à nous-mêmes, n’aident pas peu à nous régler auffi par rapport aux autres hommes. I eff en. core certain que ces deux fortes de devoirs fe renfor- cent beaucoup de notre exaéhitudé à remplir nos de: voirs envers Dieu. La crainte de Dieu jointe à um, parfait dévouement pour {a volonté, ef un motif trés-efficace pour engager les hommes à s'acquitter dé ce qui Les concerne dire@tement eux-mêmes , Gta faire pour la fociéré tout ce qu'ordonne la loi natu: relle. Otez une fois la felioion , vous ébranlez tout ‘édifice des vertus morales ; il ne repofe fur rien. Conciuons que les trois principes de nos devoirs font trois différens reflorts qui donnent au {yftème de l’hu- mamité le mouvement & l’aétion, & qu'ils agtffent tous ä-lafois pour lexécution des vües du Créas teur: 3. La Jocué , toute armée qu’elle eff des lois , n°a de force que pour empêcher lés hommes de violer ouvertement la jufice , tandis que les attentats com mis en fecret , & qu ne font pas moins préjudicia- bles au bien public où commun, échappent à fa ris gueur. Depuis même l'invention des /ociérés, les voies Ouvertes fe trouvant prohibées, l'homme eit devenu: beaucoup plus habile dans la pratique des voies fe- crettes, puiique c’eft la feule reflource qui lui refte pour fatisfaire fes defirs immodérés : defirs qui ne fufftent pas moins dans l’état de Jociéé que dans celui de nature. La Jociéré fournit elle-meme une ef pèce d'encouragement À ces manœuvres obfcures & criminelles , dont la loi ne fauroit prendre connoif= fance, en ce que fes foins pour Ja füretê commune , le but de fon établiffement, endorment les gens de bien en même tems qu'ils aiguifent linduftrie des {cé lérats. Ses propres précautions onttourné contreelle- ème ; elles ont fubtilifé les vices, rafiné l’art du crime : & delà vient que l’on voit aflez fouvent chez. les nations policées des forfaits dont on ne trouve point d'exemple chez les fauvages. Les Grecs avec toute leur politeffe , avec toute leur érudition , & avec toute leur jurifprudence , n’acquirent jamais la probité que la nature toute feule faifoit reluire parmi les Scythes. Ce n'eft pas tout : les lois civiles ne fauroient em: pêcher qu’on ne donne quelquefois au-droit & à la juftice des atteintes ouvertes & publiques ; elles ne le fauroient lorfqu'une prohibition trop févere donne lieu de craindre quelque irrégularité plus srans de , ce quu arrive dans les cas où l'irrégularité eft Pef. fet de lintempérance des paflions naturelles. L’on convient généralement qu'il n’y a point d'état grand Ëc floriffant où lon puifle punir Pincontinence de la maniere que le mériteroient les funeftes influences de ce vice à l’évard de la fociéré, Reftreindre ce vice avec trop de févérite , ce feroit donner lieu à des défor: dres encore plus grands. Ce ne font pas lä les feulsfoibles de fa loi : en appro- fondiffant les devoirs réciproques qui naïffent de lé: galité des citoyens, on trouve que ces devoirs font de deux fortés ; les uns que Pon appelle devoirs d’o- bligation parfaire, parce que la loi civile peut aifément &t doit néceflairement en prefcrire l’étroite obferva- tion ; les autres. que lon appelle devoirs obligation imparfaite | non que les prmcipes de morale n’en exigent en eux mêmes la pratique avec rigidité, mais. . parce que la loi ne peut que trop difficilement em 256 S OC prendre connoïflance, & que l’on fuppofe qu'ils n’af- feétent point fi immédiatement le bien être de la /o- ciècé. De cette derniere efpece font les devoirs de la reconnoiffance, de l’hofpitalité., de la charité, &c, devoirs fur lefquels les lois en général gardent un profond filence, & dont la violation néanmoins eft auf fatale, quoiqu’à la vérité moins prompte dans Les effets que celle des devoirs d'obligation parfaite. Séneque, dont les fentimens en cette occafñon font ceux de l’antiquité, ne fait point difhculté de dire que rien eff plus capable de rompre la concorde du genre humain que l'ingrasituae. La fociété élle-mêmea produit un nouvéau genre ‘de devoirs qui n’exiftoient point dans létat de na- ture ; 8& quoiqu'entierement de fa création, elle a manqué de pouvoir pour les faire obferver : telle eft par exemple , cette vertu furannée & prefque de mode, que lon appelle l’emour de la patrie. Enfin la fociéré a non-feulement produit de nouveaux devoirs, fans en pouvoir prefcrire une obfervation étroite & rigide ; mais elle a encote le défaut d’avoir augmenté &t enflammé ces defirs défordonnés qu’elle devoit fer- vir à éteindre &à corriger; femblables à ces remedes qui dans le tems qu'ils travaillent à la guérifon d’une maladie , en augmentent le degré de malignité. Dans Jétat de nature, on avoit peu de chofes à foubaiter, peu de defirs à combattre ; mais depuis l’établiflement des fociérés , nos befoins ont augmenté à mefure que les rits de la vie £e font multiphiés & perfeétionnés; Paccroïflement de nos beloins a été fuivi de celui de nos defirs, & graduellement de celui de nos efforts, pour furmonter l’obflacle des lois: c’eft cet accroif- fement de nouveaux arts, de nouveaux befoins, de nouveaux défirs , qui a infenfiblement amorti Pefprit d’hoipitalité & de générofté; & qui lui a fubftitué celui de cupidité , de venalité &t d’avarice. La nature des devoirs, dont l’obfervation eft né- cefiaire pour conferver l'harmonie de la fociété civi- le ; les tenrations fortes & fréquentes, & les moyens obicurs & fecrets qu’on a de les violer; le foible ob- ffacle que l’infhiétion des peines ordonnées par les lois oppofe à l'infrafhion de plufeurs de ces devoirs , le manque d'encouragement à les obferver, provenant de limpofibilité où eff la Jociésé de diftribuer de juftes récompenfes : tous ces défauts , toutes ces imperfec- tions inféparables de la nature de la fociéré même, démontrent la néceffité d’y ajouter la force de quel- que autre pouvoir coattif, capable d’avoir affez d’in- fluence fur l’efprit des hommes pour maintenir la /o- ciéré, & l'empêcher de retomber dans la confufion êc le défordre. Puifque la crainte du mal & l’efpérance du bien, qui font les deux grands reflorts de la na- ture pour déterminer les hommes , fufifent à peine pour faire obferver les loïs ; puifque la Jociere civile ne peut employer l’un qu’imparfaitement , &c n’eft point en état de faire aucun ufage de Pautre ; puifque enfin la religion feule peut réunir ces deux reorts & leur donner de laëtivité , qu’elle feule peut infüiger des peines & toujours certaines & toujours juftes ; que linfra@ion foit ou publique ou fecrette , & que les devoirs enfraints foient d’une obligation parfaite ou imparfaite, purfqu’elle feule peut apprécier le mé- rite de l’obéiffance, pénétrer les motifs de nos ac- tions , & offrir à la vertu des récompenfes que la /o- ciéré civile ne fauroit donner, il s'enfuit évidemment que autorité de la religion eft de néceffité abfolue , non-feulement pour procurer à la Jociéré mille dou- ceurs & mille agrémens , mais encore pour aflurer fobfervation des devoirs, & maintenir le souver- nement civil. Voyez l'article de la PROBITÉ , &c celui des ATHÉES. La religion ayant été démontrée néceffaire au fou- tien de la fociéré civile, on n’a pas befoin de démon- trer qu’on doit fe fervir de fon fecours de la maniere la plus avantageufe à la Jociéié , puifque Pexpérience de tous les fiecles & de tous les pays nous apprend que leur force réunie fufñt à peine pour réfréner les défordres , & empêcher les hommesde tomber dans un état de violence & de confufion, La politique & la religion, l’état &c l’Eglife, la Jociére civile & la fo- ciéré relipieufe, lorfqu'on fait les unir & les lier en- femble, s’embelliffent & fe fortifient réciproquement, ‘mais on ne peut faire cette union qu’on n'ait premie: rement approfondi leur nature. _ Pour s’aflurer de leur nature, le vrai moyen eft de découvrir & defixer quelle eftieur fin ou leur but, Les ultramontains ont voulu aflervir l’état à l’Eolife; -& les Eraftiens, gens faftieux qui s’éleverent en An- gleterre du tems de la prétendue réformation , ainfi appellés du nom de Thomas Erafte leur chef, ont voulu affervir l’'Eolife à l’état. Pouf cet effet, ils anéantifloient toute difciphine eccléfaftique, & dé- pouilloient l'Eglife detous fes droits, foutenant qu’elle ne pouvoit ni excommunier ni abfoudre , ni faire des decrets. C’eft pour n'avoir point étudié la nature de ces deux différentes fociérés, que les uns & les autres font tombés à ce {ujet dans les erreurs les plus étran- ges & les plus funeftes. À Les hommes en inflituant la fociére civile, ont re: noncé à leur liberté naturelle, & fe font foumis à l'empire du fouverain civil: or ce ne pouvoit pas être dans la vûe de fe procurer les biens dont ils auroient pu jouir fans cela; c’étoit donc dans la vüe de quel- que bien fixe &c précis, qu'ils ne pouvoient fe pro- mettre que de l’établifflement de la fource civile ; & ce ne peuf être que pour fe procurer cet objet qu'ils ont armé le fouverain de la force de tous les mem- bres qui compofent la fociéré, afin d’aflurer Pexécou- tion des decrets que l’état rendroit dans cette vüe. Or ce bien fixe & précis qu'ils ont eu en vie en s’aflo- Ciant, n’a pu être que celui defe garantir réciproque ment des injures qu'ils auroient pu recevoir des au- tres hommes , & de fe mettre en état d’oppofer à leur violence une force plus srande, 8 qui fût capable de punir leur attentat. C’eft ce que promet auf la nature du pouvoir dont la fociéré civile eft reyêtue pour faire cbferver fes lois ; pouvoir qui ne confifte que dans la force & les châtimens , & dont elle ne fauroit faire un ufage légitime que conformément au but pour le- quel elle a été établie. Elle en abufe lorfqu'elle en- treprend de l'appliquer à une autre fin; &c cela eft f manifefte & f exattement vrai, qu’alors même fon pouvoir devient inefficace ; fa force, fi puiffante pour les intérêts civils ou corporels, ne pouvant rien fur les chofes intelleétuelles & fpirituelles. C’eft fur ces prin- cipes inconteftables que M, Locke a démontré la juf- tice de la tolérance, & Pinjuftice de la perfécution en matiere de religion, Nous difons donc avec ce grand philofophe, que le falut des ames n’eft ni la caufe ni le but de Pinfttu- tion des fociérés civiles. Ce principe établi, il s'enfuit que la doétrine & la morale, qui font les moyens de gagner le falut, & qui conftituent ce que les hommes ‘en général entendent par le mot de religion, ne font point du diftriét du magiftrat. Il eft évident que la doétrine n’en eft point , parce que le pouvoir du ma- giftrat ne peut rien fur les opinions : par apport à la morale, la difcution de ce point exige une diitinc- tion. L’inflitution &c la réformation des mœurs inté- reflent le corps & l'ame, l'économie civile & reli- gieufe : en tant qu’elles intéreflent la religion, le ma- iftrat civil en eft exclus ; mais en tant qu’elles inté- reflent l’état, le magiftrat doit y veiller lorfque le cas le requiert, y faire intervenir la force de l'autorité, Que l'on jette les yeux fur tous Les codes &c les digef- tes, à chaque ation criminelle -eft défigné fon chä- timent ; non en tant qu’elle eft vice ou qu’elle s’é- loigne des regles éternelles du jufte ou de l'imufte ; non SOC non en tant qu'elle eft péché , où qu’elle s'éloigne des regles prefcrites par la révélation extraordinaire de la volonté divine , maïs en tant qu’elle eft crime, c’eft-a-dire à proportion dé la malignité de fon in- fluence, relativement au bien de la fociéré civile. Si l'on en demande la raïfon, c’eft que la fociété a pour but , non le bien des particuliers , mais Le bien public, qui exige que les lois déploient toute leur févérité contre les crimes auxquels les hommes font Les plus enclins , & qui attaquent de plus près les fondemens de la fociére. | Différentes rafons & diverfes circonftances ont contribué à faire croire que les foins du magiftrat s’étendoient naturellement à la tehgion , en tant qu’- elle concerne le falut des ames. Il a lui-même encou- ragé cette illufion flatteufe , comme propre à augmen- ter fon pouvoir & la vénération des peuples pour fa perfonne. Le mélange confus des intérêts civils êc religieux, lui a fourni les moyens de pouvoir le taire avec aflez de facilité. Dans lenfance de la focieré civile , les peres de fa- mille qui remplifloient toujours les fonétions du fa- cerdoce , étant parvenus où appellés à l’adminiftra- tion des affaires publiques , porterent les fonétions de leur premier état dans la magiftrature, & exécu- terent en perfonne ces doubles fonétions. Ce qui ré- toit qu'accidentel dans fon origine , a été repardé dans la fuite comme effentiel. La plüpart des anciens légiflateurs ayant trouvé qu’il étoit néceffaire pour exécuter leurs projets, de prétendre à quelque infp1- ration & à lafiftance extraordinaire des dieux ail leur étoit naturel de mêler & de confondre les ob- jets civils & religieux, & les crimes contre l’état à avec les crimes contre les dieux fous l’aufpice def- quels Pétat avoit été établi &ferconfervoit. D'ailleurs dans le paganifme outre la religion des particuliers!, 1l y avoit un culte & des cérémonies publiques inf- tituées & obfervées par l’état & pour l’état , comme état. Larelision intervenoit dans les affaires du gou- vernement ; on n’entreprenoit, on n’exécutoit rien fans l'avis del’oracle, Dans la fuite, lorfque les em- pereurs romains fe conveftirent à la religion chré- tienne, & qu'ils placerent la croix {ur le diadème ; le zele dont tout nouveau profélyte eft ordinaire- ment épris, leur fit introduire dans les inftitutions civiles des lois contre le péché. Ils firent pafler dans ladiminiftration politique les exemples & les précep- tes de Ecriture, ce qui contribua beaucoup à confon- dre la diftinétion qui fe trouve entre la fociéré civile & la Jociéré religieufe, On ne doit cependant pas re- jetrer ce faux jugement fur la religion chrétienne , car la diftinétion de ces deux fociérés y eft f exprefle & fi formelle, qu'il n’eftpas aifé de s'y méprendre, L'origine de cette erreur eft plus ancienne, & on doit lattribuer à la nature de la religion juive, où ces deux focietés étoïent en quelque maniere incorporées enfemble, L’établifflement de la police civile parmi les Juufs étant l’inftitution immédiate de Dieu même ,leplan en fut regardé comme le modele du gouvernement Le plus parfait & le plus digne d’être imité par des magi- ftrats chrétiens. Mais l’on ne fit pas réflexion que cette jurifdiétion à laquelle les crimes & les péchés étoient aflujettis, étoit une conféauence néceflaire d’un gou- Vérnement théocratique | où Dieu préfidoit d’une maniere particuliere, & qui étoit d’une forme & d'une efpece abfolument différentes de celles de tous les gouvernemens d’inflitution humaine. C’eft à la même caufe qu'il faut attribuer les erreurs des Pro- teftans fur la réformation des états . la tête de leurs premiers chefs fe trouvant remplie des idées de Péco- nomie judaique. On ne doit pas être étonné que dans les pays où le gouvernement recut une nouvelle for- Tome XF. S OC 257 me en même tems que les peuples adopterent une re- ligion nouvelle, on ait affe@é une imitation ridicule du gouvernement des Juifs, & qu’en conféquence le . Magiftrat ait témoigné plus de zele pour réprimer les péchés , que pour réprimer les crimes. Les miniftres prétendus réformés , hommes impérieux, en voulant modeler les états {ur leurs vues théologiques , prou- verent , de aveu même des proteftans fentés, qu’ils étoient auffi mauvais politiques que mauvais thcolo- giens. À ces caufes de la confufion des matieres civi. les & religieufes ,on en peutencore ajouter plufieurs autres. Ii n’y a jamais eu de fociété civile ancienne Où moderne, où il n’y ait eu une religion favorite établie & protégée par les lois, établiffement qui eft fondé fur l'alliance libre & volontaire qui fe fait en- tre la puflance eccléfiaftique pour l'avantage réci- proque de Pun & de l’autre. Or en conféquence dé cette alliance , les deux /ociérés fe prêtent en certai- nes occafionsunegrande partie de leur pouvoir, & il arrive même quelquefois qu’elles en abufent TÉCIpro= quement. Les hommes jugeant par les faits, fans re- monter à leur caufe & à leuf origine » Ont cru que la Jociéré civile avoit par fon eflence un pouvoir qu” ” elle n'a que par emprunt. On doit encore obfervet que quelquefois la malignité du crime ef égale à celle du péché, & que dans ce cas les hommes ont peu confidéré fi le magiftrat punifloitl’1@ion comme crime où comme péché ; tel eft, par exemple, le cas du parjure & de la profanation du nom de Dieu ; que les lois civiles de tous les états punifient avec {é- vérité. L'idée complexe de crime & celle de péché. Étant d’ailleurs d’une nature abftraite , & compofée d'idées fimples , communes à l’une & à l’autre , elles n'ont pas été également diftinguées par tout le mon- de; fouvent elles ont été confondues } COMmE né tant qu'une feule & même idée ; ce qui fans doute n'a pas peu contribué à fomenter l’erréur de ceux qui confondent les droits refpe@tifs des fociérés civiles &e religieufes. Cet examen fuft pour faire voir que c’eft le but véritable de la Jociéré civile, & quelles 1ont les caufes des erreurs où l’on eft tombé à ce fujet. | Le but final de la fociéréreligieufe eft de procurer à chacun la faveur de Dieu, faveur qu’on ne peut ac quérir que par la droiture de Pefprit & du cœur, en forte que le but intermédiaire de [a religion à pour objet la perfe@ion de nos facultés fpirituelles, La fo- ciére relivieufe a auf un but difin@ & indépendant de celui de la focisté civile, il s'enfuit néceflrirement qu’elle en eft indépendante, & que par conféquent elle eft fouveraine en fon efpece. Car la dépendance d'une fociéré à l’égard de l’autre > ñe peut procéder que de deux principes , & d’une caufe naturelle ) CU d'une caufe civile. Une dépendance fondée fix la loi de nature doit provenir de leffence ou de la gé- nération de la chofe. Il ne fauroit ÿ en avoir dans le cas dont il s’agit par effence ; car cette efpece de dé- _pendance fuppoferoit néceffairement entre ces deux Jociétés une union ou un mélange naturel qui n’a lieu qu’autant que deux Jociérés font liées par leur rela- tion avec un objet commun, Or leur objer loin d’é- tre commun eit abfolument différent Pun de l'autre ; la derniere fin de l’une étant le foin de l'ame , & celle de Pautre le foin du corps & de fes intérêts ; lunene pouvant agir que par des voies intérieures , & l’au- tre au contraire que par des voies extérieures. Pour qu'il y eûtune dépendance entre ces Jociétés , en ver- tu de leur génération, il faudroit que l’une dût fon exiftenceà l’autre, commeles Corporations, les com- munautés êc les tribunaux la doivent aux villes où aux états qui les ont créés. Ces différentes Jfociérés | au- tantpar la conformité de leurs fins & deleurs moyens, que par leurs chartres, ou leurs lettres de création KEK ou d'éreélion ttahiflent ellesmêmes , 8: manifeftent Jeur origine & leur dépendance. Mais la Jociéte reli: gieufe n'ayant point un but nidesmoyens conformes À ceux de l'état, donne par-là des preuves intérieu- res de fon indépendance ; &c elle les confirme par des preuves extérieures, en faant voir qu'elle neli pas de la création de l’état, putfqu'elle exiitoit déjaavant 12 fondation des fociérés civiles. Par rapportä une dé- pendance fondée fur une caute civile, elle ne peut avoir lieu. Comme les Jociérés religieufes & civiles different entierement 8 dans leurs buts, &t dansleur moyens’, l’adminiftration de Pune agit dans une {phe- re f éloignée de l’autre , qu’elles ne peuvent jamais fe trouver oppofées l'une à l’autre; en forte que ltné- ceffité d'état qui exigeoitique les lois de la nation miflent l’une dans la dépendance de l’autre , ne fau- roitavoirlieu, fi l'office du magiftrat civil s’étendoit au foin des ames , l’églife.ne feroit alors entre fes mains qu'un inffrument pour parvenir à, cette fin. Hobbes & fes feGtateurs ont fortement foutenu cette thèfe. Si d’'unautre côté l'office des fociérésrelipieufes s’étendoit aux foins du corps & defes intérêts, l’état coufroit grand rifque de tomber dans la iervitude de Péglife. Car les Jocisres teligieufes ayant certainement le diftrit le plus noble, qui, eft le foin des ames, ayant ou prétendant avoir une origine divine , -tan- dis que la forme des états n’eft que d'inftitution hu- maine ; fi elles ajoutoient à leurs droits légitimes le foin du corps êc de fes intérêts, elles réclameroient alots, comme de droit, une fupériorité fur l’état dans le cas de compétence; & l’on doit fuppofer qu’- elles ne manqueroient pas de pouvoir pour mainte- nir leur droit: car c’eftune conféquence néceffaire, quetoute fociéré dont Le foin s’'étendaux intérêts cot- porels , doit être revêtue d’un pouvoir coaétif. Ces maximes n’ont eu que trop de:vogue pendant un tems. Les ultramontains habiles dans le choix des cir- conflances, ont tâché defe prévaloir des troubles in- térieurs des états , pour les établir & élever la chaire apoftolique au-deflus du trône des potentats de la terre , ils en ont exisé , &c quelquefois reçu hommas ge , & ils ont tâché de le rendre univerfel. Mais ils ont trouvé une barriere infurmontable dans la noble & digne réfiftance de l’'Eglife gallicane , également fidele à fon Dieu & à fon roi, Nous pofons donc comme maxime fondamentale , & commeune conféquence évidente de ce principe, que la Jociéré religieufe n’a aucun pouvoir coaéhffem- blable à celui qui eft entre les mains de la focieré civi- le. Des objets qui different entierement de leur na- ture, ne peuvent s'acquérir par un feul & même moyen. Les mêmes relations produifant les, mêmes effets, des effets différens ne peuvent provenir des mêmes relations. Ainf la force & la contrainte n’a- giflant que fur l’extérieur, ne peuvent aufi produire aue des biens extérieurs , objets des inflitutions ci1- viles ; & ne fauroient produire des biens intérieurs, objets des inflitutions religreufes. Tout le pouvoir coadif, qui ef naturel àune fociésérehgieufe , fe ter- mine au droit d’excommunication, & ce droiteftuti- le & néceïlaire , pour qu'il y ait un culte uniforme ; ce quine peut fe faire.qu'en chaffant du corps tous ceux qui refufent de fe conformer au culte public :al eft donc convenable & utile.que la Jociété religieufe jouifle de ce droit d’expulfon: Toutesfortes de fociéré quels qu’en foient les moyens &c la fin, doivent né- ceffairement comme fociéré avoir ce droit, droit 1n- féparable de leur eflence ; fans cela elles fe diffou- droient d'elles - mêmes , 8 retomberoïent dans le néant, précifément de même que le corps naturel, fi Ja nature, dont les Jocréres imitent la conduite en ce point, n’ayoit pas la force d’évacuer les humeurs vi- cieufes & malignes ; mais çe pouvoir utile &t nécef- faire efttout celui & le feul dont la focérérélisieufe ait befoin; car par l'exercice de ce pouvoir , la con formité du culte eft confervée, fon eflence & fa fin font aflurées , &c le bien-êtrede la Jocrésé n’exige rien au-delà. Un pouvoir plus grand dans une /ociété re- ligieufe feroit déplacé &cinjufte. SOc1Ë£TÉ , (Jurifprud. ) fignifie en général une union de plufeurs perlonnes pour quelque objet qui les raflemble. La plus ancienne de toutes les /ocrérés eft celle du mariage, qui eft d'inftitution divine. Chaque famille forme une ociése naturelle dont le pere eftle chef. be Es Plufieurs familles réunies dans une même ville ; bourg.ou village , forment une Jociéré plus ou moins confidérable , felon le nombre de ceux qui la com- pofent , lefquels font liés entre eux par leurs befoins mutuels 8 par les rapports qu’ils ont les uns aux au- tres ; cette union eft ce qu’on appelle fociéré civileou politique ; &c dans ce fens tous les homimes d’un mè- me pays, d’une même nation & même du monde en- tier., compofent une fociéré univerfelle, Outre ces fociérés générales , il fe forme encore danstun même état, dans une même ville. ou autre lieu, diverfes fociétés particulieres ; les unes relati- ves à larelision, qu’on appelle communautés & con grégations ; ordres religieux ; les autres relatives aux affaires temporelles, telles que les communautés d’habitans , les corps de ville; d’autres relatives à l'adminiftration de la juftice., telles que les compa- gnies établies pour rendre la juftice ; d’autres relati- vesaux arts & aux fciences;telles que les univerfités, les colleges , les académies , & autrés /ocrérés litté- raires;d’autres encore relativement à destitres d’hon- neur , telles que les ordres royaux &t militaires; en- fin d’autres quiontrapport aux finances, où au coms merce , ou à d’autres entreprifes. Les fociérés qui fe contraétent entre narchands, ou entre particuliers | font une convention entre deux ou plufieurs perfonnes , par laquelle ils mettent en commun entre eux tous leurs biensouune partie, ou quelque commerce , ouvrage , ou autre affaire, pour en partager les profits, & en fupporter la perte en commun, chacun felon leur fonds , ou ce qui eftré- glé par le traité de fociére. | Quand la part de chacun danses profits &c pertes n’eft pas réglée par la convention , elle doit être égale. Les portions peuvent être réglées d’une maniere inégale , foit eu égard à l'inégalité des fonds , ou à ce que l’un met plus de travail &c d’induftrie que l'autre. | On peut aufi convenir qu’un aflocié aura plus grande part dans les profits qu’il n’en fupporteradans la perte , & même qu'un aflocié ne fupportera rien dela perte, pourvu néanmoins que la perte foit pré- levée avant qu’on regle fa part des profits, autre- ment la fociété feroit léonine. Aucune fociété ne peut être contraétée que pour un objet honnête & licite ; &elle ne doit rien conte- nir de contraire à l’équité & à la bonne foi, qui doit être l’ame de toutes les Jociérés ; du refte , elles font fufceptibles de toutes les claufes & conditions li- cites. Pour former une fociécé, il faut le confentement de tous les aflociés. On peut avoir quelque chofe en commun ;, comme des cohéritiers , des colégataires , fansètre pour cela, aflociés. | L’héritier d’un aflocié n’eftmême pas aflocié, parce qu’il n’a pas été choifi pour tel; on peut cependant fHipuler, que le droit de laflocié décédé pañlera à fon héritier. . Si lun des aflociés s’affecie une autre perfonne ; Ce tiers/ne devient point aflocié des autres , if n’eft confidéré que comme Paflocié particulier de celui qui Pa adjoint avec lui , & c’eft ce que l’on appelle vuloairement croupier. Une Jociéré fe peut contratter par écrit où même fans écrit, par un confentement tacite. _ Entre marchands les focierés doivent être rédigées “par écrit , & 1l doit en être dépofé un extrait au gref. fe de la jurifdiétion confulaire. — Les Jociérés peuvent être générales de tous biens, ou relatives feulement à un certain objet , auquel cas elles fe bornent à cet objet, & aux profits qui en proviennent , & n'embraflent point ce qui vient d’ailleurs. | On ne doit prendre fur les biens de ia fociésé que les dépenfes licites , & dettes contraftées pour le compte de la Jociéré ; chaque aflocié doit payer feul fes dettes particulieres, foit fur {à part , ou autre- ment. | | Si la Jociété étoit de tous biens, chaque aflocié ne peut difpofer que de fa portion , & ne doit prendre fur le fonds commun que fon entretien & celui de fa famille, | | * On peut cependant convenir dans une fociéré gé- nérale que les dots des filles fe prendront fur le fonds commun à mefure que les filles feront en âge d’être _pourvues. | … Les aflociés doivent demeurer unis &c fe garder f- délité. Chacun d'eux eft obligé d'apporter tous fes foins pour l'intérêt commun , & eff refponfable aux autres de ce qui arrwe par fon dol, ou par fa faute groflere. Mais ils ne font jamais tenus des cas fortuits, à- moins que leur faute ny ait donné lieu. . Un aflocié ne peut rien faire contre le gré des au- tres , ni les engager fans leur fait, à-moins qu'il n'ait été chargé d’eux. Il n’eft pas permis à un aflocié de retirer fon fonds avant la fin dela fociére. y Mais la Jociéré peut fe diffoudre avant la fin, du confentement de tous les aflociés. | Chaque affocié peut même renoncer à la fociéé, pourvu que ce foit fans fraude , & que fa renoncia- tion ne {oit pas faite à contre-tems. La Jociére finit auffi lorfque l’objet pour lequel elle avoit été contraétée eft rempli , ou qu'il ne peut plus avoir lieu. La mort faturelle ou civile d’un affocié fait pareil- lement finir la fociéré à fon égard. La fociéré étant finie, l’on préleve les dettes, cha- cun ferembourfede fes avances, & l’on partage en- fuite les profits s’il y en a. L'héritier de laflocié a part aux profits qui étoient déja acquis , & porte auffi fa part des dettes qui étoient contraétées ; il prend les chofes en l’état qu’- elles étoient au moment du décès. Foyez au digefle & au code le titre pro focio , l'ordonnance du commer- ce, tit. 4. Savary , 8t les mors Associés, Com- MANDITE, COMMERCE, MARCHANDS. (4) SOCIÉTÉ ANONYME eft celle qui fe contracte fans paroître fous aucun nom. Ceux qui font ces fociérés travaillent chacun de leur côté fous leurs noms par- ticuliers , pour fe rendre enfuite raifon l’un à l’autre des profits &c pertes qu'ils ont fait dans leurs négo- cations. Voyez Savary. . SOCIÉTÉ CIVILE s'entend du corps politique que les hommes d’une même nation, d’un même état, d’une même ville ou autre lieu, forment enfemble, & des liens politiques qui les attachent les uns aux autres; c'eft le commerce civil du monde, les liai- fons que les hommes ont enfemble, comme fujets d’un même prince, comme concitoyens d’une mé- » me ville, & comme fujets aux mêmes lois, & parti- Tome XF, | S OC 259 cipant aux droits & privileges qui font communs À tous ceux qui compofent cette même fociéré. Voyeg CITÉ, Crrovex , ÉrAT, NATION, PEUPLE. SOCIÈTÉ EN NOM COLLECTIF eft celle où le com: merce & toutesdes affaires communes fe font , fous le nom de chacun des aflociés, qui font tous dénom- més dans les aétes commé négocians en compagnie, ou feulement fous le nom d’un où deux d’entre eux, avec cette addition & compagnie, qui annonce que ceux qui font dénommés négocians én compagnie , &t qu'ils ont encore quelques autres aflociés quine font pas dénommés. SOCIÉTÉ EN COMMANDE eft confondue par quel: Ques-uns avec la Jociéré em commandite, Il {embie néanmoins qu'il y ait quelque différence, & que le terme de fociété en commande convienne plus parti- culierement à cette efpece de /ociéré qui fe contraéte entre celui qui donne des beftiaux à cheptel, & le preneur de ces beftiaux, fous la condition d’avoir certaine part aux profits provenans des beftiaux, Voyez BESTIAUX , CHEPTEL, COMMANDE 6: Soct£- TÉ EN COMMANDITE. SOCIÉTÉ EN COMMANDITE , eft celle qui fe fait entre deux perfonnes, dont l’une ne fait que mettre fon argent dans la fociété, fans faire aucune fon@ion d’aflocié; & l’autre donne quelquefois fon argent, mais toujours fon induftrie pour faire fous fon nom le commerce des marchandifes dont ils font conve: nus enfemble, Voyez Savary. SOCIÉTÉ LÉONINE eft celle où l’un des affociés tire pour lui feul tout le profit, ou du moins la plus grande partie, tandis que les autres ne font partici- pans que des pertes. Le furnom de Æorines donné à ces fortes de /ociétés, paroït avoir été tiré de la fable du lon, où cet animal fous divers prétextes, retient partout la part de fes aflociés , & garde tout pour lui. | SOCIÉTÉ PAR PARTICIPATION eft la même chofe que la /ociété anonyme. Elle eft aïnfi appellée, parce que celui qui promet de payer une partie du prix de la chofe que lon achete en commun, ne le fait qu'à la charge de participer au profit. Voyez Société ANONYME, - SOCIÉTÉ TACITE eft celle qui fe contraéte fans écrit, & même fans convention exprefle, entre deux ou plufieurs perfonnes, par la demeure commune, mélange de biens, vie, bourfe & dépenfe commu ne, & autrement que par le mariage. Voyez le srairé de le Brun, inféré à la fin de fon #r. de la communaute. (4) | | SOCIÉTÉ D’EDIMBOURG , eft le nom d’une aca- démie de médecine , établie dans cette capitale de l'Ecoffe, Elle a publié des mémoires eflimés , dont plufieurs volumes font traduits en françois. < SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES, (Hi/f. des acad. mod.) académie de favans, établie à Londres pour la culture des arts & des fciences. Voici ce qu’en dit M.de Voltaire. | Quelques philofophes anglois, fous la fombre ad- miniftration de Cromwel, s’aflemblerent pour cher- cher en paix des vérités, tandis que le fanatifme opprimoit toute vérité. Charles IL. rappellé fur le _trône de fes ancêtres par l’inconftance de fa nation, donna des lettres patentes en 1660, À cette acadé- - mie naïflante ; mais c’efttout ce que le gouvernement donna. La fociéré royale, ou plutôt la foctété Libre de Londres , travailla pout l'honneur de travailler. Ses travaux commencerent à adoucir les mœurs, enéclairant les efprits. Les Belles-lettresrenaquirent, & fe perfectionnerent dejourenjour. Onn’avoit gue- re connu du tems de Cromwel, d'autre littérature _que celle d’adaprer des paflages de Pancien &c du nouveau Teftament aux diffenfions publiques. On Kky 260 SOC s’appliqua fous Charles IL. à connoître la nature, &e à fuivre ja route que le chancelier Bacon avoit mo trée. La fcience des mathématiques fut portée bien- tôt à un point que les Archimedes n’avoient pu mé- me deviner. Un grand homme un homme étonnant, découvrit les lois primitives de la conftitution géné- rale de l’univers ; 8 tandis que toutes les autres na- tions fe repaiffoient de fables, les Anglois trouverent les plus fublimes vérités. Les progrès furent rapides &c immenfes en 30 années: c’eft-là un mérite une gloire qui ne pafleront jamais, Le fruit du génie & de l'étude refte ; & les effets de l’ambition &c despaffions s’ancantiflent avec le tems qui les ont produits. Enfin l’efprit de la nation angloife acquit, fous le règne de Charles Il. une réputation immortelle, quor- que le gouvernement n’en eñt point. C’eft du fein de cette nation favante que font forties les découvertes fur la lumiere, fur le principe de la gravitation , fur labberration des étoiles fixes, fur la géométrie tranf- cendante, & cent autres inventions qui pourroient à _ cet égard, faire appeller le xvi. fiecle, le féecze des Anglois, aufh-bien que celui de Lous XIW. M. Colbert, jaloux de.cette nouvelle gloire des Anglois, voulut que les François la partageaflent ; 6z à la priere de quelque favans, il fit agréer au roi l’é- tabliflement d’une académie des Sciences. Elle fut libre jufques en 1699, comme celle d’Angleterre; mais elle n’a pas confervé ce précieux avantage. Au refte, le doéteur Sprat, évêque de Rochefter, a donné lhiftoire détaillée de la fociéré royale de Lor- dres ; & comme cette hiftoiré efttraduite en françois, | _ tout le monde peut la confulter. (D. J.) SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES, c’eft fous ce nom que Louis XIV. fonda en 1706, une académie à Montpellier. Les motifs qui lengagerent à cet éta- bliflement , furent la célébrité de cette ville, fa fitua- tion, la temperature & la férénité de Pair, qui met- tent en état de faire plus facilement qu’en aucun au- tre endroit, des obfervations & des recherches utiles &c curieufes; le nombre des favans qui y accou- roient detoutes parts, ou qui s’y formotent dans les différentes fciences, & fur-tout dans une des parties la plus importante de la Phyfique. Le roi pour exci- ter davantage l’émulation des membres qu'il y nom- ma, voulut que la fociéré royale des Sciences demeurât toujours fous fa proteétion, de la même maniere que Pacadéme royale des Sciences ; qu’elle entretint avec cette académie lunion la plus intime, comme ne faifant enfemble qu’un feul 8 même corps; que ces deux académies s’envoyeroient réciproquement un exemplaire de tout ce qu’elles feroient imprimer en leur nom; qu’elles fe chargeroïent aufli mutuel- lement d'examiner les matieres importantes; que leurs membres euflent féance dans les aflemblées de l’une & de l’autre ; que la Jociéré royale des Sciences enverra toutes les années une des pieces qui y feront lues dans fes aflemblées , pour être imprimées dans le recueil des mémoires de lacadémie royale des Sciences, &c. Voyez Les letsres-patentes & flaturs don- nés au mois de Février 1706, Cette fociéré n’a rien oublié pour répondre dans tous les tems aux vües &c aux bontésdeS. M. toutes les fciences y ont été cultivées avec beaucoup de zele 8 de fuccès; & quoique la Médecine foit la fcience favorite de cette ville qui a été fon berceau & fon premier afyle en France, & quoiqu'on s’y applique avec un foin particulier aux objets qui y {ont relatifs, il ne laifle pas d’y avoir des perfonnes très-diftinguées dans les autres parties de la Phyfque & les Mathématiques. On pourroit en voir la preu- ve dans plufeurs articles de ce Diftionnaire. TAIRES, SOCINIENS , f. m. pl.( Hifé eccléf. ) Voyez UNI- | SOCLE, fm. (Archir,) corps quarré plus bas que fa largeur , qui fe met fous Les bafes des piédeftaux, des ffatues, des vafes, 6:c. Ce mot vient du latin /oc- cus ,fandale, à caufe que ce corps fert à élever le pié des bâtimens, comme fur des patins ou fandales. Les Italiens appellent le focle Joccolo, qui veut dire pa- un, (D, J.) SOCO , f. m. (Orrirh. ) oïfeau du Bréfil du genre des hérons , mais remarquable en particulier par la longueur de fon col; 1l eft plus petit que le héron ordinaire, a le bec droit , pointu, la queue courte, la tête & le col bruns , avec des taches noires ; fes ailes ont un mélange blanc dans leur moucheture. Margorave, hiff. Brafil. (D. I.) SOCONUSCO , (Géog. mod.) province de l’Améri- que feptentrionale dans la nouvelle Efpagne. Elle eft bornée au nordparla province de Capa, au midi par lamer du fud,aulevant parla province de Guatimala, & au couchant par la province de Guaxaca. De Laët lui donne environ 35 lieues de long , 8&c prefque au- tant de large. On n’y trouve d’autres places que So- conufco , qui n’eft habitée que par un petit nombre d’efpagnols. ( D. J. ) !: SOCOTERA oz SOCOTORA , ( Géog. mod.) île fituée entre l'Arabie-heureufe & l'Afrique, au nude du cap Fartac', 87 au nord du cap Gardafui, environ à 20 lieues de ces deux continens. On donne à cette ile une quarantaine de lieues de tour ; elle a un roi particulier ; qui releve d'un chérif d'Arabie, Son pro- duit confifte en bétail, en riz & en fruits ; on entire aufh des dattes , de l’encens & de Paloës ; fa capitale: fe nomme Tamara , Tamarin ou Tamarette, Latir.13. (D. I.) | SOCOTH-BÉNOTH , ( Crisique facrée. idole des Babyloniens , dont il eft fait mention au 177. iv. des rois, chap. xvij. 30. Elle fut apportée: dans la Pa+ leftine par les Babyloniens transférés en Samarie. Ce mot focosh-bénoth figniñie le sabernacle des filles : & la plüpart des meilleurs critiques ont adopté l’opi- nion de Selden, que c’eft le nom du temple dédié à la Vénus de Babylone, où les filles s’afflembloient pour fe proftituer en honneur de cette déefle ; nous apprenons ces particularités d'Hérodote. [lya, dit cet ancien hiftorien, chez les Babylo- niens , comme dans l'ile de Chypre , une coutume honteufe , c’eft que toutes leurs femmes font obli- oces une fois dans leur vie de venir au temple de Vénus, & d’y accorder leurs faveurs à quelqu'un des étrangers qui s’y rendent de leur côté pour en jouir. Il arrive feulement que les femmes qui ne veu- lent pas fe proftituer , fe tiennent près du temple de la déefle dans leurs propres chars fous des lieux voû- tés , avec leurs domeftiques près d’elles ; mais la plû- part, magnifiquement parées & couronnées de fleurs, {e repofent ou fe promenent dans le palais de Vénus, attendant avecimpatience que quelque étranger leur adrefle fes vœux. Ces étrangers fe trouvent en foule dans différen- tes allées du temple , diftinguées, chacune par des cordeaux ; ils voyent à leur gré afflemblée de toutes les Babyloniennes , & chacun peut prendre celle qui lui plait davantage. Alors il lui donne une ou plu- fieurs pieces d'argent , en difant , « jinvoque pour » toi la déefle Mylita », c’eft le nom de Vénus chez les Affyriens. Il n’eft ni permis à la femme de dé- daigner l'argent qui lui eft offert, quelque petite que foit la fomme, parce qu’elle eft deftinée à un ufage facré , n1 de refufer l’étranger qui dans ce moment lui donne la main, & lemmene hors du fanttuaire de la déeffe ; après avoir couché avec lui, elle a fait tout ce qu’il falloit pour fe rendre Vénus favorable, & elle revient chez elle , où elle garde enfuite reli-. gieufement les regles de la chaftete. SOC. Les femmes qui font belles ne demeurent pas long- tems dans le temple de Vénus, mais celles qui ne font pas favorifées des graces de la nature y font quelquefois un féjour de quelques années, avant que d’avoir eu le bonheur de fatisfaire à la loi de la déeffe ; car elles n’ofent retourner chez elle qu'avec la gloire de ce triomphe, Strabon confirme en deux mots le récit d'Héro- dote. C’eft la coutume, dit-il, des Babyloniennes de chercher à devenir la conquête de quelque étran- ger. Dans ce deflein , elles accourent en foule ex- trèmement parées dans le temple de Vénus ; l’étran- ger jette de l'argent à celle qui lui plait , Pemmene hors du temple & couche avec elle ; maïs l’argent qu'il lui donne eft confacré à la déefle. Il femble que Baruch faffe allufion à cette pratique infâme , dans le chap. vy. verf. 42. & 43. de fes pro- phétie : « Les femmes entourées de cordeaux font » afhfes ou brülant des noyaux d'olives ; & lorfque » quelqu'une d'elles accueillies par quelque étran- » ger va dormir avec lui , elle reproche à fa voifine » qu'elle n’a pas eu la même faveur , & que fon cor- » deau n’a pas été rompu». (D.J) : SOCQUEURS, (Fontaines falantes.) ouvriers em- ployés dans les falines de Franche-Comté ; ainfi ap- pellé de leur fonétion le /occage. Voyez l’article SA- LINE. | SOCRATIQUE, PHILOSOPHIE, 04 HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE DE SOCRATE , (Æ1ff. de la Philof.) le fyftème du monde & les phénomenes de la nature avoient été, jufqu’à Socrate, l’objet de la méditation des philofophes. Ils ayoient négligé l'étude de la mo- tale. [ls croyoient que les principes nous en étoient intimement connus , & qu'il étoit inutile d’entrete- nir de la diffinétion du bien &z du mal, celui dont la confcience étoit muette. Toute leur fagefle fe réduifoit à quelques fenten- ces que lexpérience journaliere leur avoit diétées , &c qu'ils débitoient dans l’occafon. Le feul Arché- laüs avoit entamé dans fon école la queftion des _ mœurs, mais fa méthode étoit fans fohdité, & fes leçons furent fans fuccès. Socrate fon difciple, né avec une grande ame, un grand jugement , un efprit porté aux chofes importantes , & d’une utilité géné- rale & premiere , vit qu'il falloit travailler par _ xendre les hommes bons, avant que de commencer à les rendre favans ; que tandis qu’on avoit les yeux attachés aux aftres, on ignoroit ce qui fe pañloit à fes piés ; qu’à force d’habiter le ciel , on étoit devenu étranger dans fa propre maïfon ; que l’entendement fe perfeéionnoit peut-être, mais qu'on abandonnoit à elle-même la volonté ; que le tems fe perdoit en fpéculations frivoles ; que Phomme vieillifoit , fans s'être interrogé fur le vrai bonheur de la vie, & il ramena fur la terre la philofophie égarée dans les ré- gions du foleil. Il parla de lame , des paflions , des vices , des vertus , de la beauté & de la laideur mo- tales ,. de la focièté, & des autres objets qui ont une baifon immédiate avec nos a@ions & notre félicité. Ilmontra une extrême liberté dans fa façon de pen- fer. [l n’y eut aucune forte d'intérêt ou de terreurs qui retint la vérité dans fa bouche. Il n’écouta que l'expérience , la réflexion , & la loi de honnête; & il mérita , parmi ceux qui l’avoient précédé, le titre de philofophe par excellence, titre que ceux qui lui fuccéderent ne lui ravirent point. Il tira nos ancêtres de l'ombre &c de la pouffere, & il en fit des citoyens, des hommes d’état. Ce projet ne pouvoit s’exécuter fans péril, parmi des brigands intéreflés à perpétuer le vice, l'ignorance &c les préjugés. Socrate le fa- voit; mais qui eff-ce qui étoit capable d’intimider celuiquiavoit placé fes efpérances au-delà de cemon- de , & pour qui la vie n’étoit qu’un lieu incommode S Ÿ C 261 qui lé retenoit dans une prifon, loin de fà véritable patrie ? Xénophon & Plaron, fes difciples, fes amis, Îles témoins & les imitateurs de fa vertu , ont écrit {on biftoire; Xénophon avec cette fimplicité & cette candeur qui lui étoient propres, Platon ayec plus de fafte & un attachement moins fcrupuleuxà la vérité, Un jour queSocrate entendoit réciter un des dialo- gues de celui-ci ; c’étoit , je crois, celui qu’il a inti- tulé Lyfis: Ôdieux , s’écria l’homme de bien, les beaux menfonges que le jeune homme a dit de moi! Ariftoxene , Démétrius de Phalere, Panetius , Ca: lifihene, &c d’autres s’étoient aufi occupés des ac- tions , des difcours, des mœurs, du caraûtere, & de la vie de ce philofophe , mais leurs ouvrages ne nous font pas parvenus. . L’athénien Socrate naquit dans le village d’Alopé, dans la foixante & dix-feptieme olympiade , la qua= trieme année , & le fixieme de thargelion, jour qui fut dans la fuite marqué plus d’une fois par d’heureux événemens , mais qu'aucun ne rendit plus mémora- le que fa naïflance, Sophronifque fon pere, étoit fiatuare, & Phinarete fa mere, étoit fage-femme. Sophronifque qui s’opperçut bientôt que les dieux ne lui avoient pas donné un enfant ordinaire , alla les confulter fur fon éducation. L’oracle lui répon- dit, laifle-le faire , & facrifie à Jupiter & aux mufes, Le bon homme oublia Le confeil de l’oracle, & mit le cifeau à la main de fon fils. Socrate , après la mort de fon pere , fut obligé de renoncer à {on ootit, € d'exercer par indigence une profeffion à laquelle il ne fe fentoit point appellé ; mais entraîné à la mé- ditation, le cifeau lui tomboit fouvent des mains, _8c il pafloit les journées appuyé fur le marbre. Criton | homme opulent & philofophe, touché de fes talens , de fa candeur & de fa mifere, le prit en amitié, lui fournit les chofes néceflaires à lavie, Jui donna des maitres, & lui confia l'éducation de fes enfans, | Socrate entendit Anaxagoras , étudiafous Arché- lats , qui le chérit, apprit la mufique de Damon, £e forma à l’art oratoire aupres du fophifte Prodicus , à la poéfie fur les confeils d'Evenus , à la géométrie avec Théodore, & fe perfe“tionna par le commerce de Diotime &c d’Aipañe,deux femmes dont le mérite s’eft fait diflinguer chez la nation du monde ancien la plus polie , dans fon fecie le plus célebre & le plus éclairé, &r au milieu des hommes du premier génie. Il ne voyagea point. | Il ne crut point que fa profefion de philofophe le difpenfat des devoirs périlleux du citoyen. Il quitta {es amis, fa folitude, fes.livres, pour prendre les ar- mes , & il fervit pendant trois ans dans la guerre cruelle d'Athènes & de Lacédémone ; il affifta au fe- ge de Potidée à côté d’Alcibiade, où perlonne, au jugement de celui-ci, ne fe montra n1 plus patient dans la fatigue, la foif & la faim , ni plus fereïn. IX marchoit les piés nuds fur la glace ; il fe précipita au milieu des ennemis, & couviit la retraite d’Alcibiade, qui avoit été blefté, & qui feroit mort dans la mêlée, Il ne fe contenta pas de fauver la vie à fon ami ; après laétion, il lui fit adjuger le prix de bravoure, qui lui avoit été décerné. Il hu arriva plufieurs fois dans cette campagne de pafler deux jours entiers de fuiteimmo- bile à fon pofte , & abforbé dans la méditation. Les Athéniens furent malheureux au fiege de Delium : Xénophon renverfé de fon cheval y auroïit perdu la vie , fi Socrate, qui combattoit à pié, ne l’eût pris fur fes épaules, & ne l’eût porté hors de l'atteinte de l'ennemi. Il marcha fous ce fardeau non comme un homme qui fuit , mais comme un homme qui compte fes pas &c qui mefure le terrein. Il avoit le vifase tourné à l'ennemi, & on lui remarquoïit tant d’intré- 262 SOC pidité, qu’on n’ofa ni l'attaquer ni le fuivre. Averti par fon démon , ou Le preflentiment fecret de fa pru- dence , il délivra dans une autre circonftance Alci- biade & Lochès d’un danger dont les fuites devinrent funeftes à plufeurs. Il ne fe comporta pas avec moins d’honneurau fiege d’Amphipolis. La corruption avoit gagné toutes les parties de l’'adminiftration des affaires publiques; les Athéniens gémifloient fous la tyrannie; Socrate ne voyoit à en- trer dans la magiftrature que des périls à courir, fans aucun bien à faire : mais il fallut facrifier fa répu- gnance au vœu de fa tribu, & paroïtre au fénat, Il. étoit alors d’un âge aflez avancé ; 1l porta dans ce nouvel état fa juftice & fa fermeté accoutumées. Les tyrans ne lui en impoferent point ; il ne cefla de leur reprocher leurs vexations & leurs crimes; il brava leur puiffance : falloitil foufcrire au jugement de quelque innocent qu'ils avoient condamné , 1l difoit Je ne fais pas écrire. | Il ne fut pas moins admirable dans fa vie privée ; jamais homme ne futné plus fobre ni plus chafte : ni les chaleurs de l'été, ni les froids rigoureux de l'hiver, ne fufpendirent fes exercices. Îl wagifloit point fans avoir invoqué le ciel. Il ne nuifit pas mé me à fes ennemis. On le trouva toujours prèt à fer- vir. Il ne s’en tenoit pas au bien, il fe propofoit Le mieux en tout. Perfonne n’eut le jugement des cir- conftances & des chofes plus sûr &c plus fain. Il ny avoit rien dans fa conduite dont il ne püt & ne fe complût à rendre raifon. Il avoit l’œil ouvert fur fes amis ; il les reprenoîit parce qu'ils Lui étoient chers ; il les encourageoït à la vertu par fon exemple, par {es difcours ; & il fut pendant toute fa vie le modele d’un homme.très-accompli 8 très-hetreux, Si l’em- ploi de fes momens nous étoit plus connu, peut- être nous démontreroitil mieux qu'aucun rafonne- ment , que pour notre bonheur dans ce monde , nous n’avons rien de mieux à faire que de pratiquer la vertu ;thefe importante qui comprend toute la mo- rale, & qui n’a point encore été prouvée. Pour réparer les ravages que la pefte avoit faits, les Athéniens permirent aux citoyens de prendre deux femmes ; il en joignit une feconde par commi- fération pour fa mifere , à celle qu'il s’étoit aupara- vant choïfie par inclination. L'une étoit fille d'Arifi- de, & s'appelloit Mirtus, &c l’autre étoit née d’un citoyen obfeur , 8&c s’appelloit Xantippe. Les humeurs capricieufes de celle-ci donnerent un long exercice à la philofophie de fon époux. Quand je la pris, di- foit Socrate à Antifthene, je connus qu'il n’y auroit perfonne avec qui je ne puñle vivre fi je pouvois la fupporter ; je voulois avoir dans mamaïfon quelqu'un qui me rappellât fans cefle l'indulgence que je dois à tous les hommes , & que j’en attens pour moi. Et à Lamprocle fon fils: Vous vous plaignez de votre me- re ! &elle vous a conçu, porté dans fon fein, alaité, foigné, nourri, inftruit, élevé? À combien de périls ne l’avez-vous pas expofée? combien de chagrins, de foucis , de foins, de travail, de peines ne lut avez- vouspas coûté ? …. Ileft vrai, elle a fait &c fouffert & plus peut-être encore que vous ne dites ; mais elle eft fidure, fi féroce . . . Lequel des deux, monfils, vous patoît le plus difficile à fupporter, ou de la férocité d’une bête , ou de la férocité d’une mere ? . .. Celle d’une mere .. .. D'une mere ! la vôtre vous a-t-elle frappé, mordu, déchiré? en avez-vous rien éprouvé de ce que les bêtes féroces font affez communément aux hommes ? ... Non; mais elle tient des propos qu’on ne digéreroit de perfonne , y allât-il de la vie... Pen conviens ; mais êtes-vous en refte avec elle? &c y a-til quelqu'un au monde qui vous eût pardonné _ les mauvaisdifcours que vous avez tenus , les aétons mauvaifes, ridicules ou folles que vous avez commi- SOC fes, 8 tout ce qu'il a fallu qu’elle endurât de vous fa nuit , le jour , à chaque inftant depuis que vous êtes né, jufqu’à l’âge que vous avez? Qui eft-ce qui vous eût foigné dans vos infirmités comme elle ? Quieft-ce qui eûttremblé pour vos jours comme elle ? Ilarrive à votre mere de parler mal; maiselle ne met elle- même aucune valeur à ce qu’elle dit : dans fa colere même vous avez fon cœur: elle vous fouhaite le bien, Mon fils, l’injuflice eft de votre côte. Croyez-vous qu’elle ne füt pas défolée du moindre accident qui vous arriveroit ?.… Je le crois... Qu’elle ne fe rédui- sit pas à la mifere pour vous en tirer ?.. Je le crois. Qu'elle ne s’arrachât pas le pain de la bouche pour vous le donner?... Je le crois .., Qu’elle ne facrifiät pas fa vie pour la vôtre? .. Je le crois... Que c’eft pour vous & non pour elle qu’elle s’adrefle fans cefle aux dieux ?.. Que c’eft pour moi. ..Et vouslatrou- vez dure, féroce, & vous vous en plaignez. Ah, mon fils, ce n’eft pas votre mere qui éft mauvaife, c'eft vous ! je vousle répete, linjufhice eft de votre côté... Quel homme ! quel citoyen ! quel magiftrat! quel époux ! quel pere ! Moins Xantippe ménitoit cet apologue, plus il faut admirer Socrate. Ah, So- crate, je te reflemble peu ; mais du-moins tu me fais pleurer d’admiration & de joie! Socrate-ne fe croyoit point fur la terre pour lut feul & pour Les fiens ; il vouloit être utile à tous , s'il le pouvoit, mais fur-tout aux jeunes gens, en qui a efpéroit trouver moins d’obftacles au bien. Il leur Ôtoit leurs préjugés. Il leur faifoit aimer la vérité. If “leur infpiroit le goût de la vertu. Il fréquentoit Îes heux de leurs amufemens. Il alloit les chercher. On. le voyoit fans cefle au milieu d'eux ; dans les rues, dans les places publiques , dans les jardins , aux bains, aux gymnafes, à la promenade. Il parloit de- vant tout le monde ; s’approchoit & l’écoutoit qui vouloit. Il faifoit un ufage étonnant de l’ironie & de l'induétion ; de ironie, qui dévoiloit fans effort le ri- dicule des opinions ; de linduétion,, qui de queftions éloignées en queftions éloignées, vous conduifoit imperceptiblement à l’aveu de la chofe même qu’on nioit. Ajoutez à cela le charme d’une élocutionpure, fimple , facile , enjouée ; la fineffe des idées , les gra- ces , la légereté & la délicatefle particuliere àMa na- tion, une modeftie furprenante, lattention ferupu- leufe à ne point offenfer, à ne point avilir, à ne point. humilier, à ne point contrifter, On fe faifoit honneur À tout moment de fon efprit. « J’imite ma mere, di- » foit-il , elle n'étoit pas féconde ; mais elle avoit » l’art de foulager les femmes fécondes, & d'ame- » ner à la lumiere le fruit qu’elles renfermoient dans » leurs feins ». | Les fophiftes n’eurent point un fléau plus redouta- ble. Ses jeunes auditeurs fe firent infenfiblement à fa méthode, & bien-tôt ils exercerent le talent de liro- nie & de l’induttion d’une maniere très -incommode pour les faux orateurs , les mauvais poëtes , les pré- tendus philofophes , les grands injuftes & orgueil- leux. Il n’y eut aucune forte de folie épargnée , ni celles des prêtres , ni celles des ariftes , n1 celles des magiftrats. La chaleur d’une jeunefle enthoufafte & -folâtre fufcita des haines de tous côtés à celui qui lPinftruiloit. Ces haïnes s’accrurent &c fe multiphe- rent. Socrate les méprifa ; peu inquiet d’être haï, joué , calomnié, pourvu qu'il fût innocent. Cepen- dant il en devint fa viétime. Sa philofophie n’étoit pas une affaire d’oftentation & de parade , mais de courage & de pratique. Apollon difoit de lux : « So- » phocle eft fage, Euripide eft plus fage que Sopho- » cle; mais Socrate eff le plus fage de tous les hom- » mes ». Les fophiftes fe vantoient de favoir tout ; Socrate , de ne favoir qu’une.chofe , c’eft qu'ilnefa- voitrien, ILfe ménageoitainf avantage de les inter- SOC roger , de les embarrafler & de les confondre de la maniere la plus sûre .& la plus honteufe pour eux: D'ailleurs cet homme d’une prudence & d’une expé- rience confommée , qui avoit tant écouté, tant lu, tant médité, s’étoit aifément apperçu que la vérité eff commeun fl qui part d’une extrémité des téne- bres &c fe perd de l’autre dans les ténebres ; & qué dans toute queffion , la lumiere s’accroit par degrés jufqu'à un certain terme placé fur la longueur du fil délié , au-delà duquel elle s’afoiblit peu à-peu &cs’é- teint. Le philofophe eft celui qui fait s'arrêter jufte ; le fophifte imprudent marche toujours ,& s’égare lui-même & les autres:toute fa dialeétique fe-refout èn incertitudes, C’eft une leçon que Socrate donnoit fans cefle aux fophiftes de fon tems, & dontils ne profiterent point. Ils s’éloignoient de lui mécontens fans favoir pourquoi. [ls n’avoient qu’à revenir fur la queftion qu'ils avoient agitée avec lui , & ils fe fe- roient apperçus qu'ils s’étoient laiflés entraîner au- delà dupoint indivifible &c lumineux terme de notre foible raifon. On laccufa d’'impiété ; & il faut avouer que fa re- ligion n’étoit pas celle de fon pays. IL méprifa les dieux & les fuperftitions de la Grece. Il eut en pi- . tié leurs myfteres. Il s’étoit élevé par la feule force de fon génie à la connoïffance de l’unite de la divini- té, êtil eut le courage de réveler cette dangereufe vérité à fes difciples. | Après avoir placé fon bonheur préfent & à venir dans la pratique de la vertu, & la pratique de la ver- tu dans Pobfervation des lois naturelles & politiques, rien ne fut capable de Pen écarter. Les événemens Fes plus fâcheux , loin d’étonner fon courage, n’alté- rerent pas même fa férénité. Il arracha au fuplice les dix juges que les tyrans avoient condamnés. Il ne voulut point fe fauver de la prifon. Il apprit en fou- fiant l'arrêt de fa mort. Sa ‘vie eft pleine de ces traits, ” Iméprifa les injures. Le mépris & Île pardon de injure qui font des vertus du chrétien, font la ven- geance du philofophe. Il garda latempérance la plus rigoureufe , rapportant l’ufage des chofes que la na- ture nous a deftinées à la confervation & non à la volupté. Il difoit que moins Phomme a de befoins, plus fa condition eft voïfine de celle des dieux ; 1l étoit pauvre , & jamais fa femme ne put le détermi- ner à recevoir les préfens d’Alcibiade & des hom- mes puiflans dont il étoit honoré. Il regardoïit la juf- fice comme la premiere des vertus. Sa bienfaifance, femblable à celle de Etre fuprème, étoit fans excep- tion. Il déteftoit la flatterie. I aimoit la beauté dans es hommes & dans les femmes, mais il n’en fut point l’efclave : c’étoit un goût innocent &- honnête , qu’A- riftophane même, ce vil inftrument de fes ennemis, n’ofa pas lui reprocher. Que penferons-nous de la facilite 8 de la complaïfance avec laquelle quelques hommes parmi les anciens & parmi les modernes ont recu & répété contre la pureté de fes mœurs? une Calomnie que nous rougirions de nommer ; c’eft qu’eux-mêmes étoient envieux ou corrompus. Se- rons-nous étonnés qu'il y ait eh de ces ames infer- nales? Peut-être , fi nous ignorions ce qu’un intérêt violent & fecret infpire , voyez ce que nous dirons de fon démon à l’article THÉOSOPHE. _. Socrate ne tint point école, & n’écrivit point. Nous ne favons de {a doétrine que ce que fes difci: ples nous en ont tranfmis, C’eft dans ces fources que nous avons puifé. Sentimens de Socrate fur la divinité. I difoit : Si Dieu a dérobé fa nature à notre entendement , ila manifefté fon exiftence , fa fagefle, fa puiffance : &t fa bonté dans fes ouvrages. Il eft l’auteur du monde , & Le monde eft la com- 263 plexion de tout ce quil ÿ à de bon &c de beau. S1 nous fentions toute l'harmonie qui reshe dans l'univers , nous ne pourrions jamais regarder lé ha- fard comme la caufe de tant d’effers enchaînés par- tout, felon les lois dé la‘fagefle la plus furprenante, &t pour la plus grande utilité poflible. Si une intelli- gence fuprème n’a pas concourü à la difpofition , à la propagation &c à laconfervation générale des êtres, &c n’y veille pas fans cefle, comment arrive:t:il qu’au cun défordre ne s’introduit dans une machine auffi compofée ; aufli vafte? Dieu préfide à tout : 1l voit tout en uñ inftant ; no: tre penfée qui s’élance d’un vol inftantané de la terre aux cieux ; nôtre œil qui n’a qu'à s'ouvrir pour ap- percevoir les corps placés à là plus grande diftance, ne font que de foibles images de la célériré de fon entendement, en 1 D'un feul atte il eft préfent à tout, Lés lois ne font point des hommes ; mais de Dieu: C’eft lui proprement qui en condamne: les infrac- teurs, par là voix des juges qui ne font que fes or- ganes. | Sertimens de Socrate fur les efprits. Ce philofophe remplfloit lintervalle de l’homme à Dieu‘d’intelli- gences moyennes qu'il regardoit comme les génies tutélaires des nations : il permettoit qu’on les ho- norûât : 11 les regardoit comme les auteurs de la div nation, Sentimens de Socrate fur l’arne. Wa croyoit préexif. tante au corps, & douée de la connoïflance desidées éternelles. Cette connoïffance qui s’affoupifloit en elle par fon union avec Le corps, fe réveilloit avec le tems, &t l’ufage de la raifon & des fens. Apprendre, c’étoit fe reflouvenir; mourir, c’étoit retourner à fon premier état de félicité pour les bons, de châtiment pour les méchans, 1 Principes de la Philofophie orale de Socrate) X difoit : PTE | I nya qu’un bien , eff la fcience ; qu'un mal , c’eft lipnorance. Les richefles & l’orgueil de la naïflance font les fourcesiprincipales des maux. La fageffe eft la fanté de lame. Celur qui connoît le bien & qui fait le mal'eft un infenfe. Rien n’eft plus utile 8 plus doux que la pratique de la vertu. : L'homme fage ne croira point favoir ce qu'il ignore. La juftice & le bonheur font une même chofe, Celui qui diftingua le premier l’utile du jufte , fui un homme déteftable. #9 LAIT La fagefle eft la beauté de lame , le vice en eft [a laideur. La beauté du corps annonce la beauté de l’ame. I! en eft d’une belle vie comme d’un beau tableau, il faut que toutes les parties en foient belles. La vie heureufe & tranquille eft pour celui qui peut s’examiner fans honte; rien ne le trouble , pars ce qu’il ne fe reproche aucun crime. Que l’homme s’étudie lui-même , & qu'il fe con< noïfle. | | Celui qui fe connoït échappera à bien des maux ; qui attendent celui qui s’ignore ; il concevra d’a- bord qu'il ne faitrien, & il cherchera à s’inftruire. Avoir biencommencé, ce n’eft pas n'avoir rien fait ; mais c’eft avoir fait peu de chofe. Il n’y a qu'une fagefle, la vertu eft une. La meilleure maniere d’honorer les dieux, c’eft de faire ce qu'ils ordonnent. | Ïl faut demander aux dieux en général ce qui nous eft bon ; fpécifier quelque chofe dans fa priere, c’eft prétendre à une connoïflance qui leur eft refervée, Il faut adorer les dieux defon pays, &c regler for 264 S O C woffrande fur fes facultés ;. les dieux regardent plus à Ja pureté de nos cœurs. qu’à la richefle de nos facri- fices. À Les loisfont du ciel; ce qui eft felon la loi ef jufte “ur laterre, & légitimé danse ciel. -Ce qui prouve l’origine célefte des lois, telles que d’adorer les dieux , d’honorer fes parens , d’ai- merfonhienfaiteur. c’eftique le châtiment eft né- ç En partie catholiques ; Le pays de fes environs eft très- fertile. Long. 25. 48. lat, 51.42. à Affelman , théologien moderé, naquit à Sog/. Il a mis au jour un traité de férendis hæreticis, non au- férendis. Ce titre tient un peu du jeu de mots, mais Pouvrage part d’un efprit tolérant &c ratfonnable. Gropper (Jean ) controverfifte du feizieme fiecle, naquit à Soe/f en 1501, & mourut à Rome en 1558, ayant refufé trois ans auparavant le chapeau de car- dinal. Son principal ouvrage eft intitulé, Jrffiurtio _fidei catholice. Y avoit une idée fi folle de la pureté, - qu'ayant trouvé une fervante qui farfoit fon Hit il là chafla , & fit jetter le lit par la feaêtre ; J'imagine ue cette fervante étoit huguenotte. (D. J.) SŒUR ,, £ £ ( Gram, & Jurifprud. ) eft une per- fonne du fexe féminin qui eft iflue de mêmes pere ê& mere, ou de même pere ou de même mere qu'une autre perfonne , mâle ou femelle dont on parle ; car la qualité de fæur peut être relative à deux /æurs, ou à une /œur & un frere. | | : La Jœur germaine eft celle qui eft iflue de même pere & mere que fon frère ou fa fœur. On appelle Jœur confanguine , celle qui eft iflue de même pere feulement ; fœur utérine eft celle qui eft née de même mere, mais non pas de même pere. Voyez FRERE. A ( ee , ( Critig. facrée.) ce mot dans le ffyle des Hébreux, outre l’acception qui lu eft commune à toutes les langues , a celle de fignifier une proche parente, foit coufine-permaine ou mece. Dans l'E: Vangile de S. Matth. xu7 56. les jœurs del efus-Chrift, font {es coufines : ce mot fe dir au figuré de la rei- femblance des inclinations des peuples &c des villes, ainfi le prophete appelle Jérufalem , Jœur de Sodome & de Samarie, parce qw'elle a mie leur idolâtrie , Ezéchiel , xv7. 46. il s'emploie pour un terme de carefle ; vous avez bleffé mon cœur, ma tendre /&wr, dit l'époux à l’époufe, dans le Cazrig. iv. 9. Jetus- Chrift tient pour fes plus proches parens , pour me- re, Jœurs & freres, tous ceux qui fuivront les pré- ceptes ; c’eft fa bonté qui forme ces nœuds figura- tits. (D. J.) SOFA , 1. m. (cerme de relation. efpece d'eftrade qui eft d’ufage en Orient, & qui it élevée d un demi-pié au-deflus du niveau de la chambre d'hon- neur, où l’on reçoit les perfonnes les plus remar- quables. Chez les Turcs, tout le plancher eff couvert d’un tapis de pié, & du côté des fenêrres, ils élevent une eftrade, qu'ils appellent /ofa. I y a fur cette eftrade de petits matelas, de deux à trois piés de lar- ge, couverts d’un petit tapis précieux. Les Turcs S’afleyent fur ce tapiscomme les Tailleurs quitravail- lent en France, les jambes croifées; & ils s'appuient contre la muraille fur de grands carreaux de velours, de fatin , & d’autre étoffe convenable à la fafon. Pour prendre leur repas, on étend {ur le tapis de l’eftrade un cuir qui fert de nappe; on met fur ce cuir une table de bois faite comme un plateau rond, & on la couvre de plats. Duloir. (D. J.) SOFALA ox ZOFALA , ( Géogr. mod.) royaume d'Afrique , dans la Cafrerie , fur la côte de la mer d’Ethiopie , vers le Zanquebar. M. Danville renfer- me ce royaume entre les états de Monomotapa au nord., la mer de Mofambique à lorient, le royaume . de Sabia au midi, & celui de Manica au couchant. La riviere de Tandanculo coule au nord de ce pays, & une autre riviere qu’on nomme So/fa/a, le tra- verfe d’orient en occident, Le roi de Sofala Îe nom- Tome. XF, | : | SOF 267 me Quiteve: Ses fujets font negres pour la plûüpart. Ils ne fe couvrent que depuis la ceinture jufqu’aux genoux, d’une pagne de coton ; quelques-uns par- lent arabe, & font mahométans ; les autres ne pro- feffent aucune religion. Le pays ne manque pas d’é- léphans, de ons & d'animaux fauvages; mais vers embouchure du Cuama, c’eft un pays fertile, & aflez peuplé. Il fe trouve même de riches mines d’or à quelque diftance de la capitale du royaume, qui porte le même nom de Sofz/z, & que plufieurs {a- vans prennent pour l’ophir de Salomon. Cétte capi- tale eff fituée fur le bord de la mer, un peu au nord de l’embouchure de la riviere Sofzla. Les Portugais s’emparerent de cette ville vers 1508, & y bâtirent une forterefle qui leur eft d’une grande importance, pour leur aflurer le commerce qu'ils font avec les Caires, Larir. mérid. de cette forterefle, 20, . 30e (EDS) | SOFFE , ou plutôt SOFIAH ox SOPHIE, ( Géopr. | rod. ) ville de la Turquie européenne , capitale de la Bulgarie , que les Tures appellent Sif£ak Wilajert, le pays de Sofiak , à caufe de {a capitale, Elle eft fituée fur la riviere de Bojana,, dans une vafte plaine, à 06 liéues de Conftantinople. Elle eft fans murailles , au pié du mont Hæmus , & d’ailleurs auffi mal-bâtie que les autres villes de Turquie, L'air qu'on yrefpire,, eff f mauvais, que fans la réfidence du beglierbey , elle ne fe maintiendroit pas telle qu’elle eft aujour- d'hui. Les Juifs y ont quelques fynagogues, & y font du Commerce , parce que c’eft un grand pai- fage pour aller de Conftantinople en Hongrie, L'on croit que Soffe eft l’ancienne Sardica , rebA- tie par Juflinien. Les Bulgares venus des pays fep- tentrionaux, ayant occupé la Mocfe , fatiguerent long-tems les empereurs grecs de ce côté-là, où la Moefie confinoit à la Thrace ; enfin ayant été fubju- aués par les Grecs, la plüpart fe firent chrétiens, & la ville de Sardique ou Sophie, devint un archevé- ché , lequel a été difputé entre les papes & les pa- triarches de Conftantinople, jufqu’à ce que le turc ait décidé leur querelle. Long. 41. 28. latir, 42. 30. PPT, SOFI , £. m. (Science érymolog.) ce mot fignifie proprement en arabe, un homme vêtu de laine ; car Jof ou Juf, veut dire de la laine. C’eft pourquoi on donne cetitre chez les Mahométans, à celui qui vit retiré du monde , & qui parune efpece de proteflion religieufeeft grofhierementhabillé. Ainf /o£ défigne un religieux mahométan , qui porte auffi.le nom de dervis en turc & en perfan , & que les Arabes ap pellent fakir. Shah-Hmaël, roi de Perfe, eft le pre- mier qui prit. de fes ancêtres le furnom de /0f; & de-là vient que plufieurs de nos hiftoriens & de nos voyageurs, donnent aux rois de Perfe le nom de Jofr ou de grand-[ohi. ( D. J. SOFITE où SOFFITE, 1. m. ( Menuif.) nom géné- ral qu'on donne à tout plafond ou laxib#is de me- nuiferie , qu'on nomme à l'antique, fermé par des poutres croïfées ou des corniches volantes, dont les compartimens ; par renfoncemens quarrés, font ornés de rofes par compartimens , enrichis de fcuip< ture , de peinture &c de dorure, comme on en voit aux bafiliques & au palais d'Italie. Dans Pordre do- rique, on orne fes fofires avec des gouttes au nombre de dix-huit , faites en forme de clochertes difpofées en trois rangs, & mifes au droit des gouttes, qui font au bas des triglyphes. On appelle auf fofire , le deflous du plancher. Ce mot vient de l'Italien fofro, qui fignifie foupente, galetas , plancher de grenier. Sofite de corniche, rond. C’eft un fofite contourné en rond d'arc, dont les naïflances font pofées fur l’ar- chitrave, comme au temple de Mars, à la place des prêtres , à Rome. Daycler. ( D. I.) re 1} ‘SOFROY , ( Géogr. mod.) petite ville d'Afrique, äu royaume de Fez, à cinq lieues deFez, au pié “d’une branche du grand Atlas, qui fe nomme auffi Sofroy. Le chérifen eftle'maitre. Long.13.57. late, NEC AE muse Wie PE US SOFTAS , f. m. ( Æiff. mod.) parmi les Turcs, ce font certains religieux ou dervis qui font bénéf- ciers rentés, & comme chanoines. Leur fonéhonreft ‘de venir à la fin dechaque hamas ou priere du jour’, “dite une forte d'office des morts auprès du tombean des fultans qui ont laiflé des fonds pour leur en- tretien. re: | SOGD LA, (Géog. mod.) nom que porte la plame, au milieu de laquelle Samarcande , capitale de la | Tranfoxäne , eft firuée. C’eft donc la Sogdiane des anciens. Cette plaine, (difent les Orientaux , eft un ‘des-quatre paradis, ou lieux délicieux du monde, Elle eft de tous côtés -environnée de jardins couverts d’excellens fruits, de terres labourables, de pâtura- ges toujours verds , de fources & de riufleaux. {D.J.) SOGDIANA-PETRA , (Géogr. anc. )fotterefle dont parle Arrien dans fes expéditions d’Alexandre. C’eft la même que Strabon nomme Simuihræ-Petra, quoique cé dernier la mette dans la Baëtriane , au lieu de la placer dans la Sogdiane. Voyez Sifimuhree Petra. Géog. anc, (D. J. SOGDIANE, ( Géog. anc. ) contrée d’Afe , entre Îles fleuves Jaxartes 8 Oxus. Ptolomée, / VA. © xiy. a borne du côté de l’occident par les monts Axis , êt à lorient par le pays des peuples Sacæ. [convient avec Strabon , touchant les deux fleuves qui bor- noient cette contrée ; car on lit dans Strabon!, Z. XJ. ue les Sogdiens étoient féparés des Baëtriens par le Aeuve Oxus, & des Nomades par le Jaxartes. Il ne parle point dés autres bornes. Il paroït que dans la fuite, la Sogdiane fut plus étendue du côté de l’oc- cident que du tems de Prolomée; caf divers auteurs 4a pouflent jufqu’à la mer Cafpienne. Au lieu de Sog- diana , Denis Le Periegete dit Sugdias , où Sogdias, Le nom des peuples varie pareïllement la plüpart des auteurs les appellent Sogdant ; & Strabon &c Ammien Marcellin ditent Sogdu. Ptolomée place dans la Sogdiane un grand nombre de peuples qui ne font point connus des autres géographes. ( D. J.) SOGNO, (Géog. mod.) petite province d’Afrique, dans l'Ethiopie occidentale, au royaume de Congo. Elle eft bornée au nord par le Zaire, au mudi par PAmbrif, au levant par le Pemgo & Sundi, & au couchant par la mer. C’eft une province où il ne croît que des palmiers ; mais l’on y recueille fur les bords de la mer beaucoup de fel, dont il fe fait un grand débit. Lait. mérid. 6. (D. J.) SOIE, L £. (Gram. 6 Hiff. rar.) eft un fil mol, fin, délicat, & leger, qui eft l’ouvrage d’un infeéte ap- pellé Pombix ou ver a foie. Les-anciens ne connoïfloient guere les ufages de la foie. nila maniere de la travailler : ils la regar- doient comme louvrage d’une forte d’araignée ou efcargot, qui la tiroit de fes entrailles , & l’entor- tilloit autour des petites branches des arbres. Ils ap- pelloient cet infeéte Jer de Seres ,nom d’un peuple de Scithie qui le confervoient : c’eft de-là que la foie même eft appellée féricum. Mais Le er a bien peu de xeflemblance avec nôtre hormbix ou ver à Jo; le premier vit cinq années; mais le dernier meurt tous les ans, après s'être enveloppé dans une coque ou boule raunâtre, qui, compoiée de petits fils atta- chés en rond, fait ce que nous appellons la foie, C’eftdans File de Cos que l’art de façonner la foie a été inventée d’abord, & on en donne l'honneur à Pamphile fille de Platis. Cette découverte ne fut pas long-tems inconnue aux Romains. On leur apportoit “a Jose de Sérica qui étoit Le lieu où on trouvoit les Vefs qui la produifent, Mais ils étoient & éloignés de tirer avantage de cette découverte à qu’on re put pas venir à bout de‘leur faire croire qu'un fil fi beau étoit l'ouvrage d’un vér, & qu'ils formoient là-defluis mille conjeétures chimériques. … É. | É se Rs fut caufe que la Joie fut une mar- Ge RE etat 24 Do a Vopifque rapporte de? Meet os Vopifque rapporte q empereur Aurélien refufa À l'impératrice fon ‘époüfe une robe de Joie qu’elle jui demandoit avec beaucoup d’inflance L par la rai fon: qu'elle couteroit trop. Dans la fuite, deux mois nes'arrivant des Indes à Conftantinople en 555,ap- porterent âvec eux üne grande quantité de ST à Joie javec les inftu@ions néceflaires pour faire éclore les œufs > élever & nourrir les vers, pour en tirer la Joie, la filer & la travailler : après quoi on établit pour cela des manufaétures à Athènes, à Thebes & à Corinthe, : | Environ l'an 1130 Roger roi de Sicile établit une manufaéture de Joie à Palerme & une autre en Ca- labre, qui furent dirigées paf des ouvriefs qui fai- foient partie du butin qu'il avoit remporté d’Athè- nes, Corinthe, Ec, dont ce Prince avoit fait la con- quête dans ion expédition de la T'erre-fainte, Infen- fiblement ) ajoute Mézeray le reîte de l'Italie & de l’Efpagne apprit des Siciliens & des Calabrois la maniere de gouverner les vers à foie & de travailler la Jote : 8t à la longue, les François par droit de voi- finage, commencerent à les imiter un peu avant le: regne de François premier, | Les prands avantages qui revenoient dé ces nou- velles manufaétures donnerent envie À Jacques I. roi d'Angleterre de les introduite ‘dans fon royaume; il recommanda plufieurs fois du haut de fon trône : & enpagea fes fujets, dans des termes bien preflans, à planter des muüriers, 6’. pour la nourriture des VErS à Jo : mais malheureufement cela ne réufñt pas. Cependant 1l paroït par beaucoup d'expériences qu’on trouve dans les 7ranfaélions philofophiques & dleurs, que le ver à foie profite & travaille aufi- bien à tous égards dans l'Angleterre, qu’en tout au- tre endroit de l’Europe. | Le ver à Joie eft un infe&e qui n’eft pas plus admi- rable par la matiere précieufe qu’il fournit pour dif: férentes étoffes, que par toutes les formes par lef- quelles 1l pafle avant & après s’être enfermé dans la riche coque qu'ilfe fa'tlui-même. D'un petit œuf à peu-près gros comme la tête d’une épingle qui eft ion premier état, 1l devient un petit ver d’une cou- leur blanchâtre & tirant fur le jaune. Dans cet état il fe nourrit de feuilles de mûriér, jufqu’à ce que venant en inaturité , 1l s’enferme lui-même dans une coque ou enveloppe de Joie de la groffeur & de la figute d'un œufde pigeon; & fe change en chryfali- de. {l refte dans cet état fans aucun figne de vie:ou de mouvement, jufqu’à ce qu'enfin iliott de cet état pour deverfir un papillon ; & fe fait lui-même enfuite uñ paflage à-travers fon tombeau de foie. Après quoi ceflant réellement de vivre, il fe prépare à foi-même une autre vie par les petits œufs ou la femence qu'il pond, & que la chaleur du printems aïde à éclore. Voyez INSECTE. Auflitôt que le ver à Joie a acquis la gtoffeur & la force néceflaires pour faire fa coque, il fait fa toile; car c’eft ainfi qu’on nomme ce tiflu leger qui eft le commencement & le fondement de cet ouvrage adinirable : c’eft à quoi il emploie le premier jour. Le fecond jour il forme le commencement de fa co= que, &c s’enferme dedans avec fa foie. Le troifieme jour il eft tout-à-fait caché, & il emploie les jours fuivans à épaifir & fortifier fa coque : il travaille tou- jouxs avec le même bout, qui jamais ne fe cafle par fa faute , & qui elt fi fn & fi long, que ceux qui l'ont SOI examiné avec attention ,aflurent que fans exagérer, la Joie que chaque coque contient fuffroit pour for- mer la longueur de 6 milles d'Angleterre. Au bout.de dix jours, la coque eft dans fa perfec- tion+1l faut pour lors la détacher des feuilles de mû- rier où le ver l’avoitattachée.Mais ce point demande _ beaucoup d'attention; car il y a des vers qui font. plus parefleux les uns que les autres : & il eft dan _gereux d'attendre qu'ils fe faflent eux-mêmes un paf- fase, ce qui arrive autour du quinzième jour de la lune. LA On conferve les premieres coques, les plus fires &c les plus fortes, pouren avoir des œufs : on devide les autres avec foin : ou fi on veut les garder toutes, ou bien s'il y en a trop pour pouvoir les devider toutes à-la-fois, 1l faut les mettre quelque tems dans un four dont la chaleur foit moderée, ou bien les expoler plufeurs jours de fuite à la plus grande ar- deur du foleil , afin de faire mourir l'infeéte qui fans cette précaution ne manqueroit pas de fe faire paf-. fage pour fortir & faire ufage des nouvelles ailes qu'il a acquifes dans la coque. Ordinäirement on ne devide que les plus belles coques. On met à part celles qui font doubles, ou foi- bles, ou trop groflieres: ce n’eft pas qu’elles foient mauvaifes ; mais parce que n'étant pas propres pour être devidées , on les referve pour être flées en éche- veau. Il ya des coques de plufeurs couleurs; les plus ordinaires font jaunes, orangées , ifabelle , ou cou- leur de chair. IL y en a auffi quelques-unes qui font verd de met, d’autres couleur de foufre, & d’autres blanches : mais 1l n’eft pas néceflaire de féparer les. couleurs & les nuances pour les devider à part; car toutes ces couleurs fe perdent dans les autres prépa- rations néceflaires à la foie. Les différentes préparations que la joie efluie avant que d’être propre à être employée dans les manu- fattures d’éroffes de foce, font de la filer , la devider, la pañler au moulin, la blanchir & la teindre. Nous donnerons à la fuite de cet arsicle la maniere . de la filer, devider, pafler au moulin, après avoir parlé des différentes fortes de foie. Quant à la maniere de [a blanchir & de la teindre, nous renverrons à Varucle TEINTURE On donne à la Joie différens noms, fuivant les dif- férens états dans lefquels elle eft: Soie crue, eft celle qu’on tire de la coque fans feu & fans cottion : telle eff toute, ou du moins la plus grande partie de celle qu’on fait venir du Levant en Anpgleterre, À . Dans les manufattures de Joe en France, la plus grande partie de cette foie crue pafle pour être un peu meilleure qwune efpece de fin fleuret : cepen- dant elle fait un fl luifant , &c {ert pour les manufac- tures d’étoffes de moyen prix. Mais les foies crues du Levant, d’où nous tirons la plus grande partie des nôtres, {ont extrémement belles & fines, Cette différence vient de ce qu’en France on jette les meil- leures coques dans l’eau bouillante pour les filer & les devider , & on ne fait de Joie crue qu'avec le re- but; au lieu qu’au Levant on ne fait ce que c’eft que de filer & devider la foie au feu; mais on envoie toutes les Joies en balle ou paquet, telles qu’elles ont été tirées de deflus les coques, de forte qu’on ne Les diftingue que par leurs qualités de fre, moyenne &T groffe. . Soie bouillie, eft celle qu’on a fait bouillir dans Peau, afin de pouvoir la filer & la devider plus faci- lement. C’eft la plus fine de toutes les fortes de foies qu’on travaille en France , & ôn ne s’en fert guere que pour les étoffes les plus riches, comme velours, gaffetas, damas, brocards, Gc. . Il y à aufli une autre efpece de foie bouillie qu’on 269 prépare à allét au moulin en la faifant bouillir, & quine peut pas recevoir cette préparation fans avoit auparavant paflé par Peau chaude, {left défendu par les lois de France de mêler de [a foie crueavec la fo-bouillie, parce que cela ôteroit la teinture, & que la foie crue gâte & coupe la foie bouilhe: : La Joie torfe & rerorfe, eft celle qui indépendam: ment du filage 8 du devidage, a de plus pañlé par le moulin êr a été torfe. Elle reçoit cette préparation par degré, felon qu'on la pafle plus ou moins fouvent fur le moulin. Cependant, à proprement parler, les foies torfes font celles dont les fils font tors en gros & retors enfuité différentes fois. Soie plate, eft celle qui n’eft point torfe , maïs qui eft préparée &c teinte pour faire de la tapiflerie où autres ouvrages à l'aiguille Soie d'Orient où des Indes orientales : celle qu’on appelle proprement ainfi, »’eft pas l'ouvrage des vers à /05e; mais elle vient d’une plante qui la produit dans des coffes femblables à celles que porte Parbre du coton. La matiere qui eft renfermée dans ces coffes, eft extrèmement blanche , fine & pañable- ment luifante : elle fe file aifément., & on en fait une elpece de Joie qui entre dans la compoñtion de plu: leurs étoftes des Indes & de la Chine. ! Soie de France, Ce n’eft que dans les provinces les plus méridionales de la France qu’on cultive la foie, qu'on plante des mûriers, & qu’on nourrit des vers à foie. Les principales {ont le Languedoc, le Dau- phiné , la Provence, Avignon, la Savoie & Lyon. Cette dermere ville fournit à la vérité bien peu de Joie de fon propre crû : mais c’eft un entrepôt conf dérable, où les marchands de Paris & des autres villes vont s’en fournir : du-moins ils font obligés de les faire pañler par Lyon, quand même ils les ti= reroient d’ailleuts , foit par terre ou par mer. On compte qu'il en entre dans Lyon, année coms mune, 6000 balles, à cent foïxante livres pat balle : defquelles 6000 balles il y en a 1400 aui viennent du Levant, 1600 de Sicile, 1500 d'Italie, 300 d’Ef pagne, & 1200 du Languedoc, de Provence & de Dauphiné. Dans le tems que les manufattures de Lyon étoient dans un état floriflant , on y comptoit 8000 métiers employés aux étoffes de Joie; mais elles font telle= ment tombées, que même en 1698, il y en avoit à peine 4000. Il n’y a pas moins de diminution dans celles de Tours: on y voyoït anciennement 700 mou: lins pour devider & préparer les foies , Sooo métiers occupés pour fabriquer les étotles , & 40000 per- fonnes employées à préparer 8 travailler les foiese Tout ce nombre eft réduit à préfent à 70 moulins, 1200 métiers , 8 4000 ouvriers. | Sotes de Sicile. Le commerce des foies de Sicile eft fort confidérable: ce font les Floréntins, les Génois ët les Luquois qui le font : ils en tirent une grande quantité tous les ans de ce royaume, & principa* lement de Mefline, dont une partie {ert À entretenir leurs propres manufaétures ; & ils vendent le refte avec profit à leurs voifins les Francois, &c. Les Ita: liens , & furtout les Génois, ont cet avantage fur les autres peuples, que comme ils ont de grands étas bliffemens dans certe île, ils font regardés comme les naturels du pays, & ne payent point de droits pour les tranfporter. La foi qu'on fait en Sicile eft en partie crue, 8 le refte eft filé & mouliné; pour cette derniere efpe: ce, celle qui vient de Sainte-Lucie & de Meffine eft la plus eftimée, Les foies crues qui ne font point tra- vaillées s’achettent toujours argent comptant; les autres fe vendent quelquefois en échange d’autres marçchandifes, | | 270 SOI Soies d'Italie. Les foies qw'on tire d'Italie, font en partie travaillées, & en partie crues fans être tra- vaillées. Milan, Parme, Luques & Modène n’en fournifient que de la derniere efpece: Gènes beau- coup de la premiere; Boulogne fournit des deux fortes. Les Joies d'Efpagne font toutes crues; &t on les file & on les mouline, &c. en Angleterre, à propor- tion des ouvrages auxquels on les deftine. Les fotes de Turquie font toutes crues : nous trou- vons dans le commerce des /oies du Levant un avan- tage qui manque dans celles de Sicile ; c’eft que les dernieres ne peuvent venir que dans une faifon par- ticuliere de l’année ; au lieu que les premieres peu- vent être amenées en toutes faifons. On les tire d'Alep, de Tripoli, de Sayde, de File de Chypre, de Candie, 6e. Mais la principale ville de commerce, particulierement pour les foies de Perfe, eft Smyrne. | Les oies y arrivent en caravanes , depuis le mois de Janvier jufqu’à celui de Septembre : les caravanes de Janvier {ont chargées des plus fines Joies ; celles de Février & de Mars les apportent toutes indiffe- remment ; & celles des autres mois ne {e chargent que des plus grofferes. Elles viennent toutes des différentes provinces de Perfe, principalement de celles de Quilan & Schi- revan, & de la ville de Schamachia , qui {ont fituées près des bords de la mer Cafpienne : un auteur hol- landois prétend que ces trois places ne fournifient pas moins de 30000 balles de foie par an. Ardeuil ou Ar- debil, autre ville de Perte qui n’eft pas éloignée des pays où on fait la Joie, eft le lieu où on la dépoie, & d’où les caravannes prennent le chemin deSmyr- ne, d'Alep & de Conftantinople : &c cette ville & celle-de Schamachie ont toujours été regardées com- me le centre du commerce de la foie, quoiqu’on ait tâché plufeurs fois de l’éloigner de Smirne &c de la Méditerrannée, en faveur de PArchangel &c de la mer Blanche , en les traniportant à-travers la Mofco- vie par le Volga & la Doiine, qui font deux fleu- ves qui traverfent les principales provinces de ce vafte empire. Ce nouveau cours des oies de Perfe en Europefut d’abord propofé par Paul Centurien, génois, au czar Bafile , fous le pontificat de Léon X. Les Fran- cois eurent le même deflein en 1626. Le duc d’Holf- tein envoya en 1633 des ambalfadeurs à la cour de Perfe précifément dans le même deffein ; 6c en 1668, le czat Alexis Michel fit lui-même cette entrepri- fe; maïs il en fut détourné par la révolte des Cofa- ques & par la prife d’Aitracan. En 1668, le commerce des oies de Perfe fut un peu détourné de Smyrne à cauie d’un tremblement de terre qui bouleverfa toute la ville ; & {ans doute cette tranflation de commerce {e feroit faite, fans les puifflans moyens que les Turcs mirent en œuvre pour l'empêcher. Quoi qu'il en {oit, Smyrne eft toujours demeurée dans{on ancienne poffeflion ; & les diffé- rentes nations de l’Europe continuent toujours d’y envoyer leurs flottes, & d’en tranfporter les foces : & les chofes refteront fans. doute dans cet état, à moins que les conquêtes que le dernier czar a faites le long de la mer Cafpienne, ne mettent fes fuccet- feurs en état d'exécuter ce grand projet que lui-mé- me a eu certainement en vue. Soies de La Chine & du Japon. Différentes provin- ces de la Chine font fi abondantes en meuriers, & d’un climat f favorable aux vers à Joie, qu’on ne fau- roit concevoir combien elles produifent de Joie ; la feule province de fchekiam pourroit fufire à en fournir toute la Chine, & même une grande partie de l’Europe. Les foies de cette province font les plus eftimées, quoique celles de Nanquin & de Canton foient excellentes, Le trafic des oies eft le principal commerce de la Chine, & celui qui occupe le plus de monde. Mais les marchands européens qui y trafiquent, furtout en foies travaillées, doivent bien prendre garde au filage, éc. parce que ces f'oies font fujettes À avoir beaucoup de dechet, comme la compagnie françoife des Indes orientales la éprouvé depuis peu à fes dé- : pens. Le Japon ne fourniroit pas moins de Joie que la Chine, fi les Japonois , qui font. un peuple barbare & foupçonneux , n’avoient interdit tout commerce avec les étrangers , furtout avec les Européens , ex- cepté la Hollande, qui y eff reçue dans des termes impies que Tavernier rapporte, mais que nous ne pouvons pas croire. Aufliles Hollandois fe font effor= cés de fe difculper par la plume de plufieursécrivains fameux. | Les foies des états du grand-mosol viennent tou- tes de Kafem-Bazar, ville fituée dans le milieu des terres , d’où elles font tranfportées par un canal de quinze lieues dans le Gange , d’où elles font encore tranfpôrtées à quinze autres lieues plus avant jufqu’à Pembouchure de la fameufe riviere de l’Indoftan. La Jeze de Kafem-Bazar eft jaunâtre, comme font auffi celles de Perfe & de Sicile ; il n’y en a point, du moins que nous connoiflions , qui {oit naturellement blanche , fi on en excepte celle de Paleftine. Quox qu'il en foit, les Indiens la blanchiflent avec une lefñve faite des cendres d’un arbre qu’on appelle le figuter d'Adam. Niais comme cet arbre eft fort rare, les Européens font forcés de prendre la plus grande partie de leurs /oies dans leur couleur naturelle qui eft jaune. On prétend que Kafem-Bazar feule produit tous les ans 22000 balles de foie du poids de 100 livres chaque balle, Les Hollandois en achetent la plus gran de partie; mais ils ne l’apportent point en Europe, non plus que celles du Japon; mais ils la donnent en échange d’autres riches marchandifes , comme pat= ticuherement des lingots d'argent, &c. | Tirage de foie. Premiere opération de certe matiere importagnite, Pour tirer la fox on s’eft attaché à la mé- thode des Piémontois , par la réputation qu’ils fe font acquis de faire mieux que les autres nations ; on a même jugé à propos de donner une idée des diffé- rentes qualités des cocons qui font produits par le ver, avant que de détailler les parties dont le che- valet eft compofé. Lorique les cocons font tirés des bruyeres où om fait monter les vers, 1l faut féparer les bons d’avee les mauvais, c’eft-à-dire ceux qu’on appelle chigues, & en Piémont chocheri , qui font tachés ,, ou dont le vereft mort ou fondu. ( 4rucle 3. du réglement de Piémont pour la filature des cocons , du 8 Avril s 724 Ve On doit encore {éparer dans les bons les cocons fins d'avec ceux qui font doubles, c’eft-à-dire les cocons formés par deux vers enfemble , parce que les der- niers ne peuvent produire qu’une foie très-grofhere; enfin dans les cocons fins, on doit encore féparer les cocons fatinés ou veloutés de ceux qui ne le font pas. Ces différentes qualités de cocons doivent être tirées féparément ; il eft à obferver que les cocons fatinés ou veloutés demandent un degré de chaleur plus tempéré à l’eau de la baffine , que ceux quifont fins ; les différentes opérations démontrent la nécef- fité de tirer les cocons féparément , parce que ce mélange de cocons fe trouvant réuni , ne peut que caufer une impetrfeétion dans la matiere qui en eft tirée. Lorfque les cocons font triés ou féparés , il faut avoir foin de les pañler au four lorfqu'il eft un peu chaud , ou les expofer à la chaleur vive du {oleïl afin de faire mourir le ver qui y eftrenfermé, fans quoi au bout de 18 ou 20 jours, le ver changé en papillon perceroit le cocon, qui par-là fe trouveroit hors d’é- tat de fournir la Joie au tirage , attendu que le trou “auroit coupé tous les brins qui le compoïent. Les co- cons qui ne font pas pañlés au four fervent à fournir _ les papillons qui font la graine dont fe tire le ver. Les cocons ronds produifent des papillons mâles, (ete ceux qui font pointus des papillons femelles, Ceia fait, on a deux machines, l’une eft un fourneau avec fa chaudiere, l’autre eft un dévidoir. L’ouvrier eff affis près du fourneau , jette dans la chaudiere pleine d’eau quieft furle feu, qu’il a déja fait chauiter & même bouillir, l’entretenant enfuite à un certain de- gré que l'expérience feule peut déterminer, une poi- ‘gnée ou deux de cocons qui ont été bien nettoyés de la fubftance grofliere qui les environnoit ; enuite 1l remue le tout fort vite avec des brins de bouleau liés enfemble, & coupés comme une brofle. Quand la chaleur & lagitation ont démêlé les bouts de Joe des cocons, ils prennent aux brins du bouleau , & lou- vrier Les fort dehors en tortillant à la fois 9, 10, 12, 15, 16 bouts de foie ;il en forme un fil qu'il porte fur le devidoir qu’on a repréfenté dans nos Planches. La fig. À repréfente la fille qui tire la foie, &c qui conduit les opérations du tirage. La fg. 8 celle qui tourne l’hafple ou le devidoir{ur lequeiie forment les écheveaux. La fo. Crepréfente les quatre piés qui foutiennent le chaflis ou quarré long de 4piès envi- ron fur environ deux piés & demi dans le haut, èc 2 piés du côté de la tireufe de Joie. La fig. E repré- fente les quatre piliers, queles Piémontois nomment fantine, dont deux foutiennent l’hafple ou devidoir, & les deux autres l'épée ou va-&-vient. Les piliers qui foutiennent l’hafple doivent être éloignés de ceux qui foutiennent le va-&-vient de 2 piés liprandi, ou 38 pouces de notre mefure ( mefure de Piémont , qui contient 12 onces, qui font 18 pouces de notre mefure ) , afin que la diftance de l’haiple à la bafine uifle conduire le fil plus fec & mieux conditionné fur l'hafple. ( Arc. G du réglement de Piémont, du 8 Avrili724.) La fig. F repréfente l’hafple ou devi- doir fur lequel la Joie eft formée en écheveau. La fig. G repréfente la manivelle du devidoir. La fe. H l'arbre du devidoir, au bout duquel &c en-dedans du pilier eft un pignon de bois 7, compoté de 22 dents, qui engrene à une roue taillée comme une roue de champ, appellée campana en langage piémontois, marquée Æ , attachée à une piece de bois arrondie, marquée L, au bout de laquelle eftune autre roue de champ , marquée M , de 22 dents, qui engrène à un autre pignon , marqué NV, compofé de 3$.dents , fur lequel eft un excentrique, marqué © , qui entre par une pointe recoudée en équerre dans un trou qui eft à extrémité du va-8c-vient, marqué P , qui de l’au- tre côté entre dans une coulifle, où il a la liberté d'aller & venir {ur une même ligne. La fe. Q repré- fente deux fils de fer recourhés en anneaux ouverts, que l’on appelle griffes, dans lefquels la foie eft pañlée d’une part & de l’autre à une lame de fer percée, marquée À , & adbérente à la bafline ou chaudiere, marquée $ , dans l’eau de laquelle font les cocons , qui eft pofce fur un fourneau marqué T. La figure marquée W, repréfente les fils compofés de plufieurs brins de cocons croilés ( are. 4. du regle- nent de Piémont ) , dans la partie marquée F, entre la lame &r les griffes, pour former l’écheveau marqué Z. La fig. a repréfente un petit balai avec léquel on fouette les cocons 4 , lorfqu'ils commencent à être chauds , afin de trouver le brin de chaque cocon ; ce qu'on appelle en termes de l’art, faire La barrue. La fig. 2. repréfente le plan de la premiere ; la fg. 3- la partie du chevalet 8e de l’hafple en face, & la Jg. 4. le devant du même chevaler en face ; la fig. 5. repréfente le pignon de 35 dents , auquel eft joint l’excentrique marqué O ;la fig, 5, repréfenteune man- ne pleine de coçons, : = oi) SOI 2:74 Ces tours ou chevalets dont on fe fert en France ne ont point compofés comme ceux de Piémont, Quant au mouvement, ceux de France n'ont mroue, ni pignons pour conduire le va-êc-vient, mais feule- ment une corde fans fin , laquelle paflant dans une ca vité de l'arbre de l’hafple dans l'endroit où eft le pi- gnon Î , vient embrafler une poulie cavée placée dans la partie où fe trouve placé Le pignon N', fur laquelle eft pofé l’excentrique O , & au moyen du mouvement que la tourneufe donne à l’haiple , Pex- tenfion de la corde le donne au va-8&-vient. L'art. 15. du réglement de Piémont défend abfolu- ment l’ufage des chevalets à corde, proibendo onni- rarente lufo di cavaleri a corda , fous peine d’amen- de ; 1l faut en expliquer laraifon , de même que celle qui veut qu'on croife les fils comme ils paroiïfient par fe. F. Chaque fil de fa foie tirée eft compofé de plufieurs brins de cocons ; les fils les plus fins font compolés de. 4 & 5 cocons ; les plus gros de 25 & 30. Cette façon de les croifer fert à lesunir tellement enfemble, que tous ces brins réunis ne compofent qu'un fil, qui par cette opération acquiert touté la confiftance nécef- faire pour lemploï auquelil eft deftiné ; elle l’arron- dit & le déterge de façon, qu'aucun bouchon ou ba- vüre ne peut pañer à l’écheveau , qualité néceflaire pour former un parfait organfn ; on croile les fils les plus fins 18 à 20 fois au moins ( arc. 4. du réglement de Piémont), & on augmente les croïfemens à propor- tion de leurs grofeurs. Outre ces croifemens de fils fur eux-mêmes, ileft encore une façon de Les faire croifer féparément lorf- qu'ils viennent fur l’hafple pour former des eche- veaux , & c’eft icile point fondamental de la perfec- tion que les Piémontois fe font acquife,& qui eft tel- lement connue de toute l'Europe, qu’il n°’eft point de fabriquant dans cette partie du monde, qui ne foit obligé de convenir que les organfins ( ce font les /oies qui lervent à faire les chaînes ou toiles des étoffes de Joie) , compofés avec la Joie du tirage du Piémont, font les plus beaux êcles meilleurs de ceux qui fe font dans cette partie du monde. Ces croifemens doivent former une efpece de z18-zas fur le dévidoir , telle- ment irréculier qu'un brin ne puifle pas fe trouver fur unautre brin , attendu que la foie qui vient de la baffine ou chaudiere, qui n’eft qu’une gomme duéti- le, n'étant pas feche , fe colleroit fur un autre fl fi elle le joignoit dans fa longueur , ce qu’on appelle en terme de Part, hout-baifë ; il eft donc d’uñe confé- quence extraordinaire d'éviter ces baifemens de fil, afin de facihiter le dévidage de la foie, & empêcher les caflemens de fils, qui ne peuvent être raccommodés que par des nœuds, qui dans les étoffes fines, comme les taffetas unis, ne peuvent pafler dans les peignes fins où la foie eft pafice ; de façon que sl étoit pof- fible de trouver une chaine ou toile qui n’en eût au- cun , on feroit sûr de faire une étoffe parfaite. La méthode des Piémontois pare aux inconvé- niens qu'on vient de démontrer , qui confiftent dans la, difcuite du devidage de la Jo lorfqu’on veut la préparer pour organfin ou pour trame; elle empé- che encore la caufe du vitrage , défaut le plus com- mun &c le plus rebelle de tous ceux qu’on éprouve dans la filature. On en diftingue douze plus ou moins nuifibles. Le vitrage eft un arrangement vicieux des fils fur le devidoir,caufé par le mouvement du va-&- vient, dont la variation répétée trop fouvent les fair trouver dans la même place, & les attache ou fait baïfer , de façon que le devidage en eft toujours dif- ficultueux , & le déchet ou diminution dela force très- confidérable, Un habile homme penfe avoirtrouvé la facon de corriger ce défaut ( gazeste d'Avignon, du 28 Janvier 1749), en fe fervant des chevalets, à la maniere de ceux de Françe ; mais comme il n’eft 272 SOI pas bien démontré , & qu'il exige encote le con- cours d’une habile tourneufe, onne penie pas devoir s'arrêter à ce principe. Le mouvement des tours outchevalets dont on fe fert en France, étant compofé du feuljeu , comme on la obfervé, il neft pas poffible qu'une feule corde qui donne le mouvementau varêt-vient h puifid pro- duire Le même effet que produiront des roues fembla- bles à celles dont eft compofe le chevalet ou tourde Piémont ; un mouvement qui fe fait par des roues à dents fera toujours plus juite &c plus égal que celui à cordes & à poulies : le premier peut fé mefurer, di- vifer & diftribuer à telle proportion que Pon veut ; on peut en déterminer & fixer les gradations par le nombre des dents dont il eft compolé, &t l’on eft en état à chaque inftant de compter ces gradations jut- qu’à la plus petite réduétion ; ce que l’on ne fauroit faire dans le fecondmouvement, la corde ni les pou- lies n'étant pas fufceptibles de cette ponétuation géo- métrique qui feroit réquife pour en melurer &c diitin- guerlés progrefhions : d’ailleurs un mouvement com- pofé eftbien plus multiplié & varié qu'un mouvement fimple, ceia eft chair. Énfin il n’eft pas de doute que pour former fur l’hafplé ou devidoir les crofemens en zig-zag qui empêchent qu'aucun fil de la Joe ne fe couche fur l'autre, il faut un mouvement extremement multi- plié & varié, & qui renferme en lui-même une irré- gularité repréfentative aufli-bien que produétive de ces zig-zags, Ce qui he je rencontie nine peut fe rencontrer que dans le rouage de la machine de Pré- mont. Le pignon de lhaiple de cette machine a 22 dents qui s’engrenent à une Toue, On pas de 22 dents auf, ce ne feroit-là qu'un mouvement fimple, mais de 25 dents; cette irrépularité , dans le nombre des dents , en engendre néceffairement une dans le mou- vement qui n’eft appellé 7 7eu (art, 15, du reglement de Piémont, 8 Avril 1724. ), Chez les Fiémontois , u’à caufe de cette irrégularité même. La roue du va-&-vient de 35 dents reçoit le mouvement d’une roue de 22 dents, feconde régularité qui forme un fecond jeu, cette double irrégularite de mouvement s’entretenantexaétementpar lacorrefpondance d’en- tre le va-&-vient &l’hafplé qui lui donnele branle, forme un mouvement intégral dont l'effet eft d'imi- ter & de fuivre , dans la décompoñition du cocon, la même méthode que le ver-à-/ore a employée à le compofer ; car c’eft un point de fait confiant entre les naturaliftes & les artiftes , que la /oxe du cocon eftfilée enzig-zags pareils à ceux que le tour du Pié- mont fait former fur {on hafple, &c que par confé- quent l’operation de ce tour eft une inntation de la nature dont l’induftrie du ver inftruit par elle eft Le prototype. . | } | Ces deux mouvemens difpofés, comme il vient d’être démontré , font mefurés de façon qu’aupara- vant qu'ils puiflent recommencer au même point d’où ils font partis, l'hafple doit faire 875 tours. Or il n’eft pas pofible que pendant lintervaile de cette quantité de tours que le vent de Phafple fait fécher, 1l puifle arriver que Le fil qui prend la même place qu'il a occupée en commençant les87s tours,fe colle avec celui qui l’a précédé parce qu'il doit Ëtre extrème- ment fec. On pourroit donner le réglement du Piémont en entier concernant le tirage des Joies , traduit de li- talien très-exatement, avec des notes für la nécef- fité d’obferver tous les articles qu'il contient. Obférvations fur l’art de tirer le foie de def[us le co- con, où l’on démontre l'importance de cet art ; 6 que la machine dont fe fervent les Piémontois pour Le rage, efl La feule qui y convienne. 1 n’eft point d’art, dont les prérogatives &c la perfeétion ne dépendent de cer- _AStor] taines opèrations élémentaires & primitives qui in- iluent fur toutes les opérations fubléquentes, auf néceflairement que la caufe influe fur fon effet. Tel eft entr'autres, l’art de manœuvrer & fabri- _ que la Joie, dont l’opération élémentaire & primi- tive eft le tirage , ou la façon de la tirer de deflus le cocon qui la produit. Cette opération a un rapport f1 eflentiel à cellés qui concernent là manœuvre & la fabrication de la foie, & des étoffés dans la com- pofition defquelles la ose entre, que c’eft de fon plus où moins de perfection , que dépend le plus ou le moins de facilité &r de fuccès dans la préparation de la Joie, & dans la fabrication defdites étoffes : c’eft une vérité jufhfice par l’expérience de toutes les manufaétures en foie, &t par la réputation que les Piémontois fe font acquife dans toute l’Europe , pour ce qui concerne le tirage des Joces, dans lequel ils excellent &c l’emportent fur les autres nations. En effet, cette réputation eft telle, qu'il n’eft point de fabriquant qui ne foit obligé de convenir quil eft impofüble de faire une étoñe parfaite, fur-tout dans l’uni, fans le fecours des organcins, ce font les Jotes dont on forme la chaine des étoffes, compoiés avec la foie du tirage de Piémont, tout autre tirage lui étant de beaucoup inférieur. De-là , il eft aifé de conclure qu’en France ni ail- leurs , on n’atteindra jamais à la perfeétion de ce tirage, qu’en imitant la pratique des Piemontois; pra- tique d’autant plus füre, qu’elle eft une imitation de la nature, &t que les nouvelles machines que lon a voulu introduire en France, ne font elles-mêmes qu'une imitation , mais imparfaite de celle de Pié- mont ; c’eft ce que l’on va développer : le détail eft indifpenfable, Les cocons dont on veut tirer la foie étant triés, afin de ne tirer qu’une même efpece de foie de plu- fieurs cocons à la fois; on les pañle au four pour faire mourir le ver qui yeft renfermé. Cela fait, on les jette dans une chaudiere qu’on appelle en terme de l'art, baffine, pleine d’eau chaude, dont la chaleur eit entretenue dans un certain degré par un fourneau fur lequel on la met. Une ouvriere en démêle les premiers brins ou fils , en les fouettant dans cette eau avec un petit balai ; les brins ou fils démêlés , elle les divife en deux portions égales, qu’elle crorte lune fur l’autre quinze ou dix-huit fois pour les /oces les plus fines, & à plus grand nombre de fois à pro- portion de leurs groffeurs. Ces croïfemens qui fe font entre une lame de fer fixe & adhérente à la bafline, d’une part; & deux fils de fer recourbés & attachés à une lame de bois, dont on parlera dans un moment, d’autre part, font d’une néceffité abfolue pour unir inféparablement les fils de chacun de ces deux brins crofés, en les dévi- dant fur le tour dont on parlera auf ci-après, afin de leur donner la confiftance & la force néceflares pour être mis en œuvre. | Premiere utilité de ces croifemens; ils contribuent encore à rendre les oies nettes, parce qu'ils les dé- tergent & ils les arrondiffent également , de la même façon que pourroit faire une fihiere, enforte qu'il ne peut pañler aucun bouchon entre les croifemens de cette efpece; on appelle fouchons les inégalités & grofleurs qui fe rencontrent dans les fils. Seconde utilité de ces croifemens. On attache chacun de ces brins à un tour ou de- vidoir que l’on nomme kafple, fur lequel une autre ouvriere en dévide jufqu’à une certaine quantité , dont l’on forme des écheveaux; mais comme les éche- veaux doivent être encore devidés pour préparer la Joie ur le moulin ; 1l s’agit lors du premier devidage, de paret aux inconvéniens qui peuvent fe rencontrer. dans le fecond. Ces inconvéniens font, la difficulté dans ce fecond devidage, le caffement des fils, &z le déchet SOI déchet par conféquent que ce caffemént occañonne; ce qui rend ce fecond devidage d'autant moins fruc- tueux qu'il eft plus défetueux, en ce que ces foces d’un côté demeurent plus long-tems à être devidées, 8z que d’un autre côté étant caflées, elles ne peu- vent être nouées f proprement que ce nœud ne les rende inégales dans leur groffeur ; & cette défettuo- fité originelle non-feulement fe continue dans la pré- paration de la foie & dans la formation de l'organ- fin, mais encore elle fe perpétue jufque dans la fa- brication de l’étoffe , fans pouvoir être corrigée par aucune induftrie ; parce que ces nœuds ne pouvant pafler par les dents des peignes , la Joe fe cafle une feconde fois : il faut donc la renouer une feconde fois au-delà des dents du peigne , ce qui fait nécef- fairement une imperfeélion qui s’apperçoit, moins à la vérité dans une étoffe brochée, que dans une étof- fe unie; mais qui n’en eft pas moins un vice 6c un defaut, foit que les premiers nœuds puiflent pañler d non par les dents du peigne ; la chofe eft fenfi- Tous ces inconvéniens partent d’une même caufe qui eft que la joie, lors du premier devidage , da pas êté croifée fur le tour ou hafple; car outre les pre- miers croifemens dont on vient de parler, il en faut encore d’autres qui fe forment fur cet hafple, à me- fure que la Joe s’y dévide. Ce font ces nouveaux croifemens qui rendent aifé le fecond devidage, &c émpêchent le caflement des fils, & par conféquent leur déchet; & c’eft ici où fe réduit toute la dificulte du tirage, & le point eflentiel & délicat de cette main-d'œuvre fondamentale. La néceflité de lexpli- quer le plus clairement qu’il fera poflble, fait paf | {er par-deflus la crainte d’être prolixe. La Joie que produit le cocon , n’eft dans fon prin- cige qu'une efpece de gomme duétile à Pinfimi; & comme en la tirant de deflus Le cocon, elle eft encore en bave, pour ainñ dire, il eft néceflaire qu’en for- tant de deffus la chaudiere pour aller fur le devidoir, elle fafle des mouvemens f exaétement irréguliers, que les brins ne puiffent jamais fe joindre ; parce que dès qu'ils fe font une fois touchés & baïlés , ils fe | .collent enfemble & ne peuvent plus fe féparer ; ce qui fait qu'il eft impofhble de devider enfuite cette Joie mife en écheveaux fans qu’elle ne fe cafe ; dé- faut, on ne fauroit trop le répéter , d'autant plus ef- fentiel, qu'il influe fur Les opérations pour la prépa- rer, mOouliner , mettre en organfin , & enfuite en étoffes. PA, Ces mouvemens font produits par celui d’une lame de boïs qui eft placée horifontalement au-deflus de la-bafine, à environ deux piés + de lhafple : à cette lame font attachés deux fils de fer recourbés en an- _neaux ouverts, que lon appelle griffes, dans lefquels on pañle les deux brins deja croifés , ainfi qu’on l’a expliqué ci-devant. . C’eft-[à cette lame que les Artiftes appellent va-&- vient | nom qui en renferme une idée auf claire que fuccinte , puifqu'efedivement elle ne fait qu’aller &t venir, & cela fur fa longueur, & toujours {ur une même ligne ; & ce font ces allées & venues conti- nuelles qui font que la foie {e croife fur l’hafple en forme de zigzag, fans qu’un brin fe couche , ni par conféquent fe colle fur l’autre : elles doivent donc être ces allées & ces venues extrèmement juf- tes & régulieres, pour former par proportion aux tours que fait l’hafple | un mouvement égal de cor- refpondance d’où naiflent fucceflivement ces zig- zag ; cela n’eft pas douteux. | Or la machine de Piémont feule opere cette mer- veille ; c’eft ce qu’il s’agit de démontrer : maïs avant de pañler outre, il eft bon d’obferver que les inven- teurs de ces nouvelles machines en France, ne pré- tendent pas qu'elles prévalent à celle de Piémont: Tom AP, SOI 273 |. c'eft déja un grand point, mais feulement qu’elles lé: galent; c’eft encore quelque chofe: car en fuppo+ fant le fait , c'en eft aflez pour profcrire leur ufage , parce qu'elles coutentplus cher que la machine de Piémont ; mais il faut prouver que ces nouvelles mas chines n’approchent point de la perfe@ion de celle de Piémont, &c par conféquent qu’elles ne l’égalent pas. La machine ou tour de Piémont que l’on appelle chevalet, eft un chaflis compolé de quatre piliers de bois qui, Joints enfemble par des traverfes , forment un quarré long de 3 piés 4 pouces ou environ, fur ï environ 2 piés + de largeur. Dans le haut de ce _ chaffis, & entre les deux piliers eft placé l’hafple où devidoir, compofé de quatre aïîles, dont le diametre eft de deux piés ou environ, y compris le diametre de fon arbre ou axe ; dans le bas & au côté oppofe auffi entre les deux piliers, eft la lame de bois ou le va-6-yient, | À l’un des bouts de l'arbre qui pale dans le piber du côté droit, eft attachée la manivelle de la tour- neufe , & à l’autre bout eft un pignon horifontal de vingt-deux dents, Celui des deux piliers entre lefquels eft le v426 vient, ef attaché d'un bout par un excentrique ; l’au- tre bout du va-&-viens eft paflé dans une coulife ; l'intervalle qui eft entre les deux roues ci-deflus, eft remph par une piece de bois arrondie, À chacune des extrémités de laquelle eft une roue de champ, dont l’une qui a vingt-cinq dents s’applique & s’engraine fur le pignon de l’hafple ; & l’autre qui n’en a que vinot-deux fur la roue du va-&-yienr. La tourneufe met le rouage en mouvement, en tournant avec la main la manivelle du devidoir À l’ar- bre duquel eft attaché le pignon, qui eff le principe des deux mouvemens corrélatifs de lhafple &c du vz2 É-vient, | Ces deux mouvemens font mefurés, de facon qu'auparavant qu’ils puiflent recommencer au même point d’où ils font partis, l’hafple doit faire 875 tours. Le fameux réglement de Piémont, donné 4 Loc au mois d'Avril 1724, exige indifpenfablement dans la firuéture des tours à filer ou devider la Joie , ce nombre de roues êt de dents. Li cavaleti , pote larticle 15. provifli de loro guio- chi neceflari perle devure guerociarure per ogni guiocho.s, avere il pagnone di denti 25 , carnpana groffa di 28 féello dellafpa e campana piccola di denti 22 caduna | e mantenerfr talr ordigni | fempre in iflato di buon Je vigio : c'eft-ä-dire, « les chevalets feront pourvûs » de leurs jeux néceflaires pour opérer les croife- » mens fufdits, chaque jeu aura, favoir , le pignon » 25 dents, la groffe roue 25, l'étoile de 'hafple êz » la petite roue 22 chacune ; & il faudra maintenir » toujours cet ordre, 1l fera d’un bon fervice », Cette loi eft le fruit des recherches & des décou- vertes des plus habiles manufaëturiers &c artiftes de Piémont. Il en réfulte deux chofes ; la premiere qui n’eft point conteftée, que la /o%e quife porte fur Phafs ple doit continuellement fe croifer ; & la feconde, w NA que ces croifemens continuels ne peuvent être opé- rés par un mouvement fimple , mais bien par un mouvement double & compofé de deux jeux, tels qu'ils font prefcrits par cette ordonnance. L’on fent déja zu premier coup-d’œil que ce roua= ge établit d’un côté l'identité continue de chaque mouvement du kafple & du va-C-vienr en {oi-même, une dent ne pouvant pafler devant l’autre , & d’un autre côté la correfpondance & la réciprocité entre ces deux mouvemens. On va les particularifer & en || expliquer les propriétés , en fai{ant la comparaifon des nouvelles machines avec celle de Piémont. Les machines nouvellement inventées, l’une par M m je fieur V * * * l’autre par le fieur R * * * fa- briquant en bas, & la troifieme par le fieur le M * * * infpecteur desmanufaétures de Languedoc , telles awelles font décrites dans le proces - verbal ! ‘ À 2) À t d'épreuves qui en ont été faites au mois d'Avril r745 dans loranverie de M. le Nain intendant de Langue- doc, en fa préfence 6 en celle de plufeurs artiftes. Ces machines, difons-nous , imitent bien en quel- e ; 1° que façon celle de Piémont, comme on l’a déja ob- fervé ; en effet, leur ftruéture eft la même, &c l’on y fait auf de même les premiers croifemens dont on a parlé ci-devant , qui fe font entre Ja baffine & là lame de fer, L’hafple ou devidoir & lewa- 6- vient {ont auf, à quelque chofe près, les mêmes que ceux de la machine de Piémont ; maïs au-lieu d’un mou- vement de rouage, elles n’ont qu'un mouvement à corde,ë& poulies ; & au-heu d’un mouvement com- pofé, elles n’en ont qu’un fimple : & c’eft précifé- ment cette différence de mouvement, l’un compoié & à roues, & l’autre fimple & à corde &c poulies , qui fait que le premier eft conftamment uniforme en foi-même , & dans la correfpondance &t réciprocité de l’Aafple au va--vient, & que le deuxieme eft auf inégal en foi que dans cette correéfpondance de l’hafple au va-E-vient ; &c de-là naît la perfeton du tirage qui fe fait par le mouvement à roues, & l’im- perfeétion de celui qui ne s’opere qu'avec un mou- vement à corde & poulies. On en trouve la preuve écrite dans le procès- verbal même du mois d’Août 1745, ci-déflus énon- cé. Les fienrs le M * # » & R * * fiqui l'ont dreflé conjointement , y reconnoiffent en termes formels que l'inégalité & la ceflation de la tenfion de la corde dans les tems fecs caufent Pinégalité &c la ceflation du mouvement du va-6-viemr. Voilà donc un défaut radical dans ce mouvement à corde, de l'aveu même de fes auteurs , qui ne fe rencon- tre , nine peut fe rencontrer dans un mouvement à rouage. Il eft bien vrai qu'on prétend , felon ce procès- verbal , qu'il eft remédié à ce défaut , du-moins dans le tour du fieur V * * * par un contrepoids qui tient la corde tendue. Mais 1°. l'efficacité de ce re- mede n’eft que conjeéturale , on veut dire qu’elle n’eit pas bien établie. En effet ce contrepoids ne fau- roit empêcher que les poulies ne fe ment peur à-peu dans leurs rainures par le frottèement continuel de da corde, & que la corde auf ne s’amincifie , tant par ce frottement que par celui qu’elle fouffre fur elle-même , étant croifée ; dès-lors-le diametre de ces poulies étant diminué & cette corde amincie, ghffant plus ou moins léverement, 1len réfulte ne- ceffairement une inégalité de mouvement. 2°, Pourquoi recourir au remede , quand on peut éviter le mal dans fa fource ? Qui détruit la caufe , détruit l'effet, Le mouvement eftfixé invariablement par le rouage dans la machine de Piémont ; il faut donc fe fervir de rouage fans recourir à des voies qui le rendent inégal , & qui elles-mêmes ont befoin d’un correéif, dont, encore un coup; l'effet eft dou- teux tout-au-moins , s'il neft pas démontré tout-à- fait impuiflant. Les fieurs le M * * * &R * * * confeffent en- core dans ce même procès-verbal, que le plus grand défaut de la conftruétion d’un tour eff d’occafionner le cafement des fils /& ils ontraifon :oril eft conf- tant que lors des épreuves les fils fe font plus fou- vent caflés fur le tour du fieur V * * * que fur Les autres ; voilà donc conféquemment aux principes & de leur aveu même une des trois nouvelles ma- chines auine fauroit entrer en concurrence avec les. autres, & à plus forte raifon avec celle de Piémont: ® yinco vincentem te, debeo vincere 1e. | On a établi ci-devant que les fils qui fe couchoient fur l’hafple lors du tirage ou premier devidage , {& colloient enfemble , ce qui en occafionnoit la rup- ture lors du fecond devidage , & conféquemment le déchet, indépendamment de ce que cefecond dé- vidage en étoit plus long &c plus dificultueux : le tour du fieur R * * * en fournit la preuve. « Pro- » portion gardée , dit le procès-verbal en queftion » en parlant du fecond devidage, il a été mis plus- » dun tiers fur le quart au. devidage de l'écheveauw » filé fur le tour du fieur R * * * qu’à celui de » tous les autres ; la différence eft plus confidérable » fur le déchet 8: le nombre des fils rompus, cela eft » bien clair ; ce qui fuit ne l’eft pas moins ; mais in- » dépendamment de ces remarques quipeuvent être »adifférentes de celles auxquelles donnera lieu le » devidage du moulin, nous avons remarqué qu'il » y a eu plus de tems à devider l’écheveau du tour » du fieurR * * * que ceux des autres : on n'em » peut guere attribuer la caufe , continue ce procès » verbal, qu’en ce que les fils en étoient collés plus » durs aux endroits qui avoient porté fur les ailes » des hafples, & qu’ils l’étoient encore un peu dans » leur longueur ». Ces judicieufes remarques épargnent le commen: taire, on ne peut rien y ajouter , elles établiffent démonftrativement ces trois points : 1°. que les fils de l'écheveau tiréfurle tour du fieurR * * * fe font couchés dans les longueurs , & par conféquent col- lés ; 2°. que ce collage en a occafionné la rupture 8z® le déchet lors du fecond devidage, indépendam- ment des inconvéniens qui en réfulteront lors du de- vidage du moulin; 3°.que ce fecond devidase a été plus long &c plus difficultueux : trois défauts ef- fentiels* dans les principes mêmes des fieurs le M * * #& de R * * * car dans le cours des épreu- ves qu'ils ont faites lors de leur procès-verbal, ils ont reconnu , difent-ils, « que la bonne conftruction du » tour devoit avoir principalement pour objet de: » contribuer à la perfeftion de la foie , d'empêcher » que la foie ne foit dificile à devider, & ne foufire » trop de déchet dans cette opération, 6». Le tour du feur R * * * a fauflé fa vocation, puifqu'is ont reconnu que la foie en étoit difficile à devider , {ouffroit plus de déchet, & par conféquent étoit moins parfaite. Mais ces défauts, nous difent les mêmes fieurs le: M ***&R * * * ne font que de petits défauts: (quelle contradiétion!) auxquels ilfera aifé de remc— dier ! & comment cela ? c’eft ce qu'ils ne faventnr lun ni l'autre, où tout-au-moins c’eft fur quoi ils. n'ont pas jugé à-propos de s'expliquer. La feule 8e véritable voie de remédier à ces défauts, eft de re— conftruire un tour d’une nouvelle ftruäure : mais, non, vous répondfont-ils, Il faut bien fe garder de changer cette ingénieufe ftruéture. Eh, pourquot cela? C’eft pour lui conferver le grand avantage qu'il afur lesautres tours, qui eft d’ailer plus vite qu'eux. Quelle erreur ! Cette viteffe , ten la fuppofant, eft elle-même un défaut qu'il faut corriger , bien- loin d’être une qualité avantageufe à lui conferver, puif- qu’elle empêche que la Joie qui pañle de la baffine far l’hafple n'ait le tems de fécher, comme elle fait fur le tour de Piémont , dont le réglement de 1724 wa prefcrit une certaine diftance entre les piliers , qu’a- fin que les fils puiffent aller de la bafine fur l’hafple plus fecs & mieux conditionnés. Li cavalezi devrana avere le fantine‘in diflanfa di due pedi Li prandi ; luna dall aitra acchiochè dal afpla al ferro yi fia contanza tale che li fil... pofjano andar Jovra l’afpla piu afciu- tit miglio conditionati, porte cette ordonnance ,ar£i- cle 6. « les chevalets devront avoirles piliers en dif- » tance de 2 piés liprandi ( mefure de Piémont de » ropouces un pié deroi), c’eft-à-dire ,3 piès 2 pou- » ces pié de roi Fun de l'autre afin que de Fhafple S OT » a fer il yait une telle diffance, que les fils. : .:: » puilent aller fur l’hafple plus fecs & mieux condi- » tionnés ». VE Voilà donc encore une des trois nouvelles machi- nes, qui ne mérite pas plus de préférence fur Le tout de Piémont que celle du fieur V * *.*, . Voyons fi celle du fieurle M * * * aura un meil- leur fort. Cette machine , à proprement parler, n’eft point de l'invention du fieur le M * * *, mais un tour qui eft en ufage dans le Languedoc, c’eft-à-dire, dont le mouvement eft à corde &c à poulies , & qui dès- lors porte la réprobation {ur fon front. Le fieur le M * * * y a feulement fait ajouter ( c’eft lui qui païle) « une petite piece de bois d’un pouce & demi » d'épafieur , clouée fur une des pieces latérales du » chaffis, au milieu de la ligne que décrit la corde » qui embrafle la poulie du va-6-vient à l'arbre de » l’hafple. Sur le fommet de cette piece eft une pou- » lie élevée de 4 à $ pouces au-deffus de la corde, » &tfur cette poulie pañle une petite corde, à un bout # de laquelle eft attachée une autre petite poulie » mobile, fur laquelle roule la corde du va-6-vient ; » 6 à l’autre bout pend un poids peéfant 12 onces, # qui tendant la corde à laquelle il eft attaché, tend » aufli la corde du va-@-vient, & en l’élevant en ». même tems qu'il l'approche du centre de la ligne » quelle décrit, la fait entrer avec moins de frotte- x ment dans la rainure horifontale de la poulie du » va-G-vient, & fortir de celle verticale de l’arbre » de l’hafple avec moins de frottement ; moyennant # quoi, fans rien déranger au tour de Languedoc, » il feroit remédié, à ce que vous aflüre ke même » fieurleM * * *, aux inconvéniens de l'inégalité » & ceflation du mouvement de leur va-É-vienr, # comme dans le tour du fieur V * * * Mais en bonne foi cette addition & prétendue cor- reétion aux tours de Languedoc pourra t-elle jamais détruire leur imperfeétion originelle, & ne fe trou- vent-1ls pas réfutés d'avance par tout ce que l’on a dit ci-deflus ? Tout mouvement à corde & à poulies eft impuif- fant pour produire cette conftante & invariable ir- . régularité des mouvemens , tant du va-6--vienr & de l’hafple , chacun en foi , que de leur correfpondance également uniforme dans fon irrégularité. Cela pré- fuppofé comme inconteftable, cé mouvement dou- ble & compofé de deux jeux eft une merveille qui ne peut s’opérer que par le myftérieux rouage des tours de Piémont. Les fieurs le M * * *,V * * * R * * *, & tous les auteurs des mouvemens à corde & poulies, oumouvemens fimples, ne tom- béront-ils pas dans une perpétuelle pétition de prin- cipes, lorfqw'ils s’obftineront à prétendre d'imprimer par quelque addition & par quelque correttif que ce foit à un mouvement fimple, encore fans le dé- ranger, la propriété & l'efficacité du mouvement compofé d’un double jeu? La propoñition feule heurte les premiers principes du méchanifime ; auffi fe trou- ve-t-elle profcrite par Le réglement de Piémont qu’on a déja cité, qui défend l’ufage des tours à corde, & inflige même la peine de 25 liv. d'amende pour cha- que tour contre les fabriquans qui s’en ferviront. Sono pera, porte Particle 6. 4/li pradoni d’ella fila- ture di L. 25. per cadun cavalleto differammente dif: pofio ; &t article 14. proibendo omninamente l'ufo di cayaler: à corda ; défenfe de fe fervir des chevalets à corde , tels que celui d'aujourd'hui du fieur Vaucan- {on : il sutto forto La pena fufdetta ; {ous peine aux maîtres de filature de 23 liv. par chaque chevalet différemment conftruit ; défendant abfolument l’u- fage des chevalets à corde , de quelque façon awäls puiflent être conflruits , quelque correûtif qu’on y ajoute , & fous quelque prétexte que ce foit, car Tome XF, Ç SOI 275 c’eft là l’idée que renferme cet omninamente, letout fous la peine fufdite. D’où il faut conclure que lin- . vention du fieur leM * * * n’empêche pas que fon tour ne foit rangé dans la même clafle que ceux des HÉLTSNT CO GENRES Les auteurs & les partifans des tours à corde, m'objetteront peut-être pas que la prohibition de ces tours , portée par ne ordonnance de Piémont, ne fait pas loi en France ? L’obje@ion feroit rifñible & indécente : on ne la rappotte pas ici comme une au- torité légale ; c’eft au roi feul , fouverain lésiflateur de fon royaume , à lui en imprimer le carattere, fi fa majefté le juge à propos, comme il y a lieu de l’efpérer ; mais on la propofe feulement comme une autorité de principe pour lefpece particuliere, Les fciences & les arts font fondés fur des principes aui font loi pour ceux qui les cultivent : ily a autant de danger que de témérité à s’en écarter ; on n’en veut d'autre exemple que Les auteurs de nouvelles ma- chines. Qu'ils ne tirent pas non plus avantage de la grati- fication qu'ils ont obtenue du confeil, & qu'ils ne la propofent pas comme un préjugé en leur faveur ; cette gratification eft bien plus la récompenfe de leurs recherches que celle de leurs découvertes, & elle fait bien moins l'éloge de leurs talens que celui des bontés du magiftrat qui la leur a obtenue, & dela hbéralité du confeil qui la leur a accordée. Perfonne r’ignore lPattention du miniftere à exci- citer & à entretenir, par des promefles & par des gratifications , cette noble émulation fi néceflaire pour porter les fciences & les arts à leur perfeétion ; & tout le monde fait avec quel zele M. le Nain a toujours fecondé les vues du miniftere fur ce point. Ce magiftrat , bien convaincu que les tours des EU AV SEM MNT RAT voient point corrigé le défaut du vitrage, c’eft le nom que l’on donne au collement des fils de la foie fur lhafple, chargea en 1748 un particulier d’Avi- gnon (4), à qui il connoïfloit des talens, de cher- cher le remede à ce défaut ; & quoiqu'il ne l'ait pas trouvé , n'ayant fait que tripler la rainure de la rou- Jette de Phafple des tours ordinaires , encore exige- t-ille concours d’une habile tourneufe ; cependant 1l a éprouvé de la part de M. le Nain la même libéra- lité dont les fieurs R * * *, le M * * * & autres précurfeurs s’étoient reflentis, & cela parce que du moins 1l a travaillé tout autant & peut - être plus qu'eux, quoiqu'aufli infrutueufement, & qu'il eft jufte de récompenfer des talens qu’on a mis en œu- ve , quel qu’en foit le fuccès, toute peine méritant falaire. Si un fujet de Piémont, qui fe ferviroit de ces nouveaux tours, bien loin d’être récompenfé , eft puni d’une amende de 25 livres par chaque tour, Jotto pena di ff. 25. per caduno cavaleto, les inven- teurs de ces tours n’y feroient pas fortune afluré- ment. L’artifte Comtadin auroit bien plus de raifon de s’arroger , fur le fondement de cette récompenfe, le mérite de fon travail & la préférence fur fes concur- rens , purfqu’au moins 1l peut leur oppofer cet argu- ‘ ment. .… Si vous aviez trouvé le remede au vitrage, M. le Nain ne m’auroit pas chargé de le chercher : or il m’en a chargé , donc, &rc. | Aurefte, il faut difcuter le fait par lui-même , & non par des préjugés épifodiques. Les nouvelles ma- chines empêchent-elles le vitrage des foies ? La né- gative eft démontrée par Les principes & par l’expé- rience. Refte à favoir fi la machine de Piémont a cette prérogative. L’affirmative eft aifée à prouver, d’a- près les obfervations ci-deflus. D'abord elle a pour elle les principes généraux & (a) Gazette d'Avignon du 28 Janvier 1749. M m 1j 276 SOI particuliers. Ën général tout mouvement qui fe tait par le moyen des roues à dents, eff plus jufte & plus égal que celui à corde & à poulies : le premier peut fe mefurer , divifer & diftribuer à telle propor- tion que l’on veut; on en peut déterminer & fixer les sradations par le nombre des dents dont il eft compofé , & l’on eft en état, à chaque inftant, de ‘compter ces sgradations.jufqu’à la plus petite réduc- tion, ce que l’on ne fauroit faire dans le fecond mou- vement,la corde niles poulies n'étant pasfufceptibles de cette ponétuation géométrique qui feroit requife pour en mefurer & difinguer les progreflions ; la chofe eft auf claire qu'inconteftable. _ 2°, Un mouvement compolfé eft bien plus multi- plié & varié qu’un mouvement fimple: cela s’entend de foi-même : or le mouvement à rouage eft un mou- vement compoie ; par conféquent , G'c, 3°. Dans fa thele particuliere, on comprend que pour former fur l’hafple ou devidoir ces croifemens en zigzags, qui empêchent qu'aucun fil de la joie ne fe couche l’un fur l’autre, 1l faut un mouvement extrèmement multiplié & varié , & qui renferme en lui-même une irréoularité repréfentative aufli-bien que produdive de ces zigzags; ce quine fe ren- contre, ni même ne peut {e rencontrer que dans le rouage en queftion. , Le pignon de l’hafple a vingt-deux dents qui s’en- grenent à une roue, non de vingt-deux dents auf, ce ne feroit-là qu’un même mouvement fimple , mais de vingt-cinq dents. Cette irrégularité dans le nom- bre des dents, en engendre néceffairement une dans le mouvement, qui neft appellé un jez par l’ordon- nance de 1724, qu'à caufe de cette irrégularité mê- me. La roue du va-&-vient de vingt-cinq dents , recoit le mouvement d’une roue de vingt-deux dents, deuxieme irrégularité qui forme un fecond jeu: cette double irrégularite de mouvemens s’entretenant ! exatement par la correfpondance d’entre le va-6- vient & l'hafple qui lui donnele branle, forme un mouvement intécral , dont l'effet eft d’imiter & de fuivre la décompoñtion du cocon, la même méthode que le ver à Joie a employée à le compofer; car c’eft un point de fait conftant entre les naturaliftes &c les artiftes, que la Joie du cocon y eft filée en zigzags pareils à ceux que tour de Piémont fait former {ur fon hafple , & que par conféquent Fopération de ce tour eft uneimitation de la nature, dont linduf- trie du ver , inftruit par elle , eft le prototype. C'eft-là cette merveille dont la découverte a coûté tant de veilles, de foins & de recherches aux Pié- montois (4). Elle na point frappé les fieurs le M***&R * * *, parce qu'ils ne la fuppofoient pas dans un tour qu'ils n’avoient pas envie de préco- nifer à lexclufon des leurs. D'ailleurs ils la connoïf- {oient fi peu ( car on eft bien éloigné de les taxer de cette partialté plus opiniâtre qu'aveugle que la- mour-propre infpire aux ouvriers pour leurs produc- tions ), qu'ils n’y entendoient pas même myftere, &t n’en foupçonnoient point dans ce nombre & dans cet arrangement curieux de roues &z de dents. « Le » quatrieme tour, difent-1ls dans leur procès-verbal, » eft celui que le feu fieur Baron a fait faire fur le » modele de ceux de Piémont ; fon chaffis eft de la »# même longueur. .. L’ha/ple donne le mouvement » au va-G-vient par le moyen d’un arbre horifon- # tal, dont un bout engraine par des dents à l’arbre » de l’hafple, & l’autre à un plateau dentelé auquel » eft attaché le va-G-viens ». Cette laconique défcription, ce filence fur le nom- bre & l’'arrangement des roues & des dents du tour de Piémont de la part des gens qui ont pompeufe - (6) Ona fait en Piémont plus de roues que n'en contien- droient fix tomberéaux , auparavant de faire cette décou- vertes ment étalé des inutilités (c) dans les autres touts; provient tout au moins de ce qu'ils ne connoïfloient guere ce qu'ils examinoient , ou qu'ils n’examinoient pont aflez ce qu'ils ne connoifloient pas ; cela eft fi vrai, qu'ils fe font même imaginés que ce rouage embarrafoit l’opération du tirage (4). Quelle in- conféquence | D'ailleurs une réflexion qui fe préfente ici d’elle. même , c’eft qu'iln'eit pas bien certain que la ma- chine du fieur B ** * fût un modele parfait de celle de Piémont. Ce doute eft d'autant plus raifonnable, que le-témoignage même des feurs M * * * & R**%*, de la façon dont ils en parlent, fert plutôt à le confirmer qu'à éclairer, & encore moins à le réfoudre. | L'autorité dela chofe jugée (e) ne milite pas moins que les principes en faveur du tour de Piémont + en- fin il a pour lui l’expérience de toute l'Europe. Muni de tant de titres , peut-on lin refufer une préférence auf juftement acquile ; préférence d’ailleurs dontil a été déja jugé digne par l'épreuve qui en a été faite en 1748 , en préience de Meffeurs lesintendans dû commerce, chez M. le Tourneur, lun d'eux? La perfeétion de ce tour x’a point échappé aux lumieres de M. Rouiilé , fecrétaire d'état, fous les yeux duquel il a patu. « Jai vu(f), dit ce favant » miniftre , le tour du fieur Othon , qui eft celui du » Piémont: j'ai vu fon devidoir, & j'ai été con- » tent de l’un & de l’autre », Cette approbation eft un garant afluré de celle qu’on a lieu d'attendre de, tous les connoïfleurs devant qui l’on renouvellera l'épreuve du tour de Piémont , fi le confeil le juge à propos. L'importance du tirage ou filage de la foie démon- trée par lui-même & reconnue par l'unanimité des fabriquans de l'Europe , rien de plus intéreffant pour le bien du commerce du royaume en général , & en particulier des manufaétures des étoftes de /ore qui en font la branche la plus confidérable , que d’aflurer la méthode de ce même tirage , par une décifion qui prononce irrévocablement {ur la préférence que la machine de Piémont mérite fur fes concurrentes. Et comme cette décifion doit porter fur ces deux objets, 1°. la ftruéture des tours , 2°. leur utilité; fupnofé que le confeil ne trouvât pas, quant à-préfent , ces objets ou l’un des deux fufifamment éclaircis, par les raïfons expliquées dans ce mémoire , en ce cas rien de plus fimple que d’en faire faire la vérifica- tion en préfence de noffeigneurs les commiffaires du confeil , par les députés de lacadémie royale des Sciences, conjointement avec ceux du commerce , & des manufatturiers , artiftes & connoïffeurs, Cette précaution , qui eft conforme à la fagefñle & aux maximes du confeil , diffipera jufqu’au doute le plus leger , & acquerra infailiblement à la machine de Piémont une plénitude d’évidence,, à laquelle fes adverfaires , s’il lui en reftoit encore alors , ne pour- ront réfilter. . Autres obfervations fur le tirage des foies. Quoïque l'explication de la méthode dont les Piémontoïis fe fervent pour tirer leurs foies, paroïfle fufifante pour parvenir à cette perfeétion qui leur eft commune, il feroit néanmoins néceffaire d'établir un ordre , qui, fans exciter les murmures que caufent ordinairement les nouveautés, püt rendre le public certain de la folidité du grand objet qu'on fe propofe. L'ordre qu’on fe propofe d'établir , pourroit être (c) Voyez la defcription de l’hafple du tour du fieur R * * *X, les numérations des dents de deux roues du même tour, une corde finement placée, &c. (d) Voyez le procès-verbal, ù (e) Réglement de Piémont de 1724. (f) Lettre du 25 Août 1748 à M. de Fourqueux, procus reur général de la chambre des comptes. ne efpece de réglement ; qui pht concerner toutes les perfonnes qui s'appliquent à faire des foies, prine cipalement celles dont ja mauvaife foi peut donner lieu à de grandes défectuofités dans celles qu'elles font tirer: il nespeut fe trouver que des perfonnes femblables à qui cetre nouveauté donne de la répu- gnance ; il eft nécefaie d'expliquer quels font les abus qui peuvent fe commettre en pareil cas. C’eft un ufage conftänt en France , en Piémont, . | enftale, Sc depuis peu dans le royaume de Naples, ue chaque particulier qui fait faire des foces, à la liberté de les faire tirer à fa fantailie, c’eft-A-dire, a tant de cocons, plus ou moins. Cette hherté ne doit point être Ôtée à ceux qui en jouiflent, crainte de décourager les perfonnes qui s'appliquent à faire des nouvellesplantations de meuriers. Mais elle entraine après foi un grandinconvénient, en ce que ; excep- téhéanmoins en Fiémont, la Joie tirée à r7 cocons eft bien fouvent vendue dans les foires ou marchés fur le même pié & au même prix que celle qui ef ti- réeà 13 ou à 12; celle tirée à 12, comme fi elle étoit tirée à ro ou à 9, ainfi des autres, C'eft au moyen de cette fraude qui échappe aux lumieres des plus fa- meux connoïfleurs, par la finefle de la foie tirée , que tous les organfns de FEurope , autres que ceux de Piémont, ne font jamais portés à cette perfeétion fi néceflare pour celle des étoffes, fi l’on en excepte néanmoins certaines fabriques, qui ayant des fonds aflez confidérables pour acheter dans le tems de la récolte la quantité de cocons dontelles peuvent faire l'emploi pendant le courant de l’année, font en état "de fourmir une quantité proportionnée d’organfin égal &z bien fuivi auquel on donne communément le nom d’oroun/ir de tirage, Indépendamment dela fraude quipeut être mife en pratique dans le tirage des foies , concernant la quan- tité de brins fuppoiée, la croifade fi néceffaire pour union des brins qui compoñfentle fil, & futile pour parvenit à faire un belorganfin,ne peut-elle pas être négligée? Tout ie monde fait que plus il ya de croi- fure, plus la foie acquiert de perfe&tion ; mais auf elle fe tire bien plus doucement : d’où on doit con- clure que l’avidité du gain, & lexpédition du tirage pour vendre promptement la foie tirée ou greze, peut occafñonner la négligence d’un article auiñ effentiel dans le réglement de Piémont, de l’iraportance du- quel dépend toute la perfeétion de la foie. Il eff peu de Fabriquans de foie en France qui foient en état de fe fournir tout-d’un-coup de la quan- tité de cocons qu'ils peuvent faire tirer , & dont ils font préparer la foie pour être émployée dans leurs manufaétures , & les faire travailler pendant le cou- rant d’une année, s'ils ne font de ceux à qui le con- feil a fait des fonds , ou accordé des privileges pour en trouver plus facilement;ilfutdoncavoir recours à cette multitude de particuliers qui font tirer eux- mêmes ; & c’eft préciiément cette quantité de foie de. . différens tirages qui altere les organfins qui en pro- Viennent : ce qui n'arriveroit pas , Mon obfervoit à cet égard la même regle qui eft pratiquée en Pié- mont. Il eft néceffaite d’obferver encore qu’il eft peu de fabriquans d’étoffes qui achetent les foies œuvrées coriptant; le terme du payement eft toujours au moins d’une année : 1l eft porté quelquefois à plus de Æ 5, mois, 6z cela par rapport au tems long pour la prépatation de la matiere & la fabrication de l’'étoffe; de {orte qu'un marchand de foie , qui au commence- ment de la récolte vendra la /oieachetée danslecom- mencement de la précédente , qu'il n'aura pas pu fai- re préparer plutôt, pour continuer fon travail, qu’il ne peut mi ne doit faire difcontinuer, afin d’entrete- nur fes ouvriers pour ne pas les perdre, fera obligé d'attendre plus de deux années, avant que de pou- SO i 271 | Voir le procurer le rembourfement des avañées qu’il aura été obligé de faire en achetant les cocons de di: vers particuliers quine peuvent vendre que comptant: Iwen eft pas de même des particuliers qui font ti- rer les joies qu'ils cueillent : ceux-là ne font pas obli- gés de vendre leurs cocons comptant , attendu leut bien être , & le bénéfice qui fetrouve fur la foie qu'ils fonttirer, & fur les fraudes que quelques-uns peu=. vent mettre en pratique, ainfi qu’elles ont été citées: Ils vendent la foie qu'ils font, à ceux qui la préparent | pour la vendre aux fabriquans d’étoffe. Ces fabris quans de foie n’en achetent qu'au fur & à mefuré qu'ils en trouvent le débouché :ce qui fait que toutes ces parties différentes achetées de différens-particu= lers , réunies pour compofer un même balot, ne peuvent faire qu'une marchandife ou matiere très= défettueufe. | Pour prévenir,un abus auf pernicieux , il fetoit néceflaire de faire un réglement femblable à celui dé Piémont, qui, entr'autres articles, en eût un qui af= fujettit chaque particulier de faireune déclarationaw châtelain ou procureur fifcal du bourg ou village où il feroit fa réfidence, de la quantité de cocons qu’il a cueillis : à combien de brins il voudroit les fire ti2 rer: les croifer en conformité de la quantité, à peine de, Éc. dans le cas où il feroit une faufle déclaration: charger ceux qui la recevroient , de faire des vifites exaétes, en léur attribuant une partie des amendes encourues, où autre indemnité pour les exciter à veiller : prépofer une perfonne pour faire des vifites générales outre Îes particulieres: & enfin ne rien né: gliger de ce qui pourroit contribuer à faire des foies parfaites, Toutes lés précautions qu’on pourroit prendre pour parvenir à la perfeétion du tirage des oies, de= viendront inutiles, dès qu’on négligera celles qui conduifent à la perfeétion de l’organfin, qui ne fau- roit étre parfait, ni même bon, fi celui qui le pré- pare, n’eft pas certain de la quantité de fils ou brins qui compofent les fils. On ne fauroit être inftruit de cette quahté qu'en mettant en pratique les moyens énoncés ci-deflus. | Au moyen de cette précaution aufli néceffäire qu'utile, le particulier qui croiroit avoir été trompé dans l'achat des foies grèzes, n’auroit befoin que de . recourir à celui qui auroit reçu la déclaration de fon vendeur, pour en être parfaitement inftruit ; d’ail- leurs obligation impofée de la faire, tiendroit en quelque façon tous les fraudeurs en regle; 8 ceux qui ne s’ytrouveroient pas, ferotent obligés defubir la peine qui leur feroit impofée à cer égard; confe- quemment les prévaricateurs feroient retenus par la crainte du châtiment ou par celle des exemples, & ne feroient plus de faufles déclarations. Comme cet article eft Le plus délicat de ceux qui pourroient être inférés dans le réglement prétendu , auf bien que celui de la croïfade, il eft néanmoins évident qu'il ne feroit à charge qu'aux perfonnes de mauvaife foi. Des femblables articles font obfervés dans le réglement de Piémont concernant les flatu- res, Où ä-peu-près de même. À l'égard des autres, tels que ceux qui concerneroient l'égalité du devi- doir , tant pour les tirages de foie que pour les mou- lins à la préparer, le {alaire des tireufes & des ou vriers qui travaillent aux moulins , les raifons qu'on donneroit de la nécefité de leurs exécutions, & l'examen qui en feroit fait, fufiroient pour les aug menter ou diminuer, felon que le cas Pexigeroit. Dès que les mouliniers qui préparent la foie au fortir du tirage, feroient sûrs de la qualité de celles qu'ils employeroïent, il eft certain qu'ils s’appliquez roient à mieux travailler ; aucune raïfon ne pour= roit les difculper des reproches qw’on feroit en droit de leur faire fur les défauts qui fe trouveroïent dans 278 SOI leurs ouvrages ; les organfins dont légalité eft fi re- cherchée,: & qui ne fe trouve que dans les fabriques auxquelles le tirage des fois eft affeété, le trouve- roient pour lors également beaux par-tout. Le prix excefhñf de ces mêmes organfins appellés communé- ment organfirs du tirage, qui ordinairement eft de 3 à 4 L. par livre plus cher que les autres, feroit cefler, en diminuant, celui des étoffes, qui ne fauroient être parfaites fans le fecours de ces mêmes organfins, conféquemment la diminution de la matiere nécef- | faire À la perfetion de l’étoffe fe trouvant dans lé- toffe même, pourroit donner lieu à une conomma- tion & à l’établifiement de la fabrique de celles qui ne fauroient fubffter en France, que parce que la matiere dont elles font compofées , eft infiniment moins parfaite, & plus chere que celle dont les étran- gers fe fervent. Du moulinage des foies. Le moulinage ou filage des foies étant la préparation au moyen delaquelle on peut employer ou travailler la foie, foit pour Les étoifes, bas, &c. il eft néceflaire , pour faciliter aux curieux Pintelligence de cette préparation , de leur faire re- marquer que toutes les fores en général qui fonttirées | fimplement du cocon , font appellées Joie grèze. Cette foie grèze reçoit enfuite différentes prépara- tions, on en fait du poil, de la trame , & de Por- ganfin. [E # Le poil eft compofé d’un feul brin de Joe grèze, tordu foiblement fur lui-même; cette préparation eft néceffaire pour donner plus de confiftance à cette qualité de foie, & afin qu’elle ne bourre pas en tein- ture ; le poil eft défendu dans toutes les étoffés de foie , &c n’eft employé que dans la bonneterie. Latrame eft compofée de deux brins de Joie grèze, tordus légerement comme le poil. Il y en a quel- qu'une à trois brins, mais elle n’eft pas commune, On donne encore le nom de srame à une certaine quantité de brins de foie grèze, tordus enfemble fur une machine difpofée pour cette opération, appel- lée ovalle ; mais comme cette qualité de foie n’eft propre que pour les bonnetiers, on ne la détaillera qu'après avoir donné l'explication de la maniere dont on fabrique l’organfin. L'organfineft compoféde deux brins de oie grèze, il y en a de trois & de quatre, mais les plusordinai- res font de deux brins. La préparation de cette qua- lité de foie , eft bien différente de celle des autres ; lorganfin ayant befoin d’une force extraordinaire , pour qu’il puife réfifter à l’extenfion & aux fatigues du travail de l’éroffe dont 1l compofe la chaine, ou toile , dans laquelle la trame eft palée. {l faut donc pour la compofition de l’organfin , que chaque brin de Joie grèze dont il eft compoié , {oit tordu féparément fur lui-même, d’une force ex- traordinaire , avec l'aide du moulin difpofé pour cette opération. Cetors, auquel on donne le nom de premier ‘apprét, & qui fe fait à droit, eft fi con- fidérable, que felon la fupputation la plus exacte , troïs pouces de longueur du brin , préparé comme il faut, auront rech plus de 800 tours. Le reglement de 1737. donné #d hoc, ordonne , art. 108. de don- ner au moins aux Organfins, au filage, ou premier apprêt , foixante points deflous , & quinze deflus ; c'eft à-dire que le pignon qui conduit celui de la bo- binefur laquelle la Joie feroule, à mefure qu’elle fe travaille, n'ayant que quinze dents , & la bobine un pignon deteste , il faut que le pignon conduc- teur fafle quatre tours pour en faire faire un à la bo- biné, qui par conféquent tournant très-doucement, donne le tems au brin de Joie grèze de recevoir le tors ou apprêt qui lui ef néceflaire ; de façon que fi le‘ pignon de ‘quinze dents en avoit trente, & celui de la bobine foixante à l'ordinaire , le brin n’auroit pas tant de tors ou apprêt, parce qu’elle ramafleroit la Joie plus vite, le moulin ne donnant que le sors ordinaire, lequel n’augmente nine diminue qu’au pro- rata du mouvement lent ou prompt qu'on denne à ia bobine. | Chaque brin étant préparé de la façon qu’on vient dele démontrer, il eit queftion de donner à l'organ- fin le retors, ou fecond apprêt , pour le finir; il faut , pour parvenir à cette féconde opération, dou- bler , ou joindre enfemble deux brins de la foie pré- parée comme il a été dit ci-deflus, & lorfqwona ie nombre de bobines néceflaires, on les remet fur le moulin , pour leur donner letors néceflaire, c’eft ce qu'on appelle charger le moulin ; avec cette différen- ce, que le fecond tors n’emporte que la dixieme par- tie du premier, puifque l’article du reglement qu'on a déja cité, ordonne que les organfins gros feront retordus tant fur tant, eu point fur point : ce qui fait un quart de différence pour le mouvement ,” & que dans cette feconde opération , au-lieu d’une bo- bine pour ramaffer le fil, dontia circonférence eft or- dinairement de fix pouces feulement, ici c’eft us devidoir., auquel les artiftes ont donné le nom d’haf ple, tiré de l’allemand, afplen, dont lacirconférence eftde quinze pouces environ ; ce qui faifant ramañlex ou devider la foie plus vite, ne donne qu’un tors tres- leger dans cette feconde préparation. ( At. ro. dx reglement de Piémont , concernant le moulinage des fois, du 8 Avril 1724.) Ilfaut obferver que les bobines pour le fecond ap- prêt, tournent à gauche , parce que fi on les faïfost tourner comme dans le premier, la foie tordue une feconde fois dans lemême fens , ayant reçu un toit confidérable, fe friferoit d’une telle façon , qu’il fe- roit impoffible de employer ; de forte que les deux brins tordus & préparés comme il vient d’être dé- montré, ces deux brins paroïfflant n’en compofer qu'un , forment le fil d’organfin. Les organfins à trois ou quatre brins , reçoivent ta même préparation que ceux à deux brins , pour le premier & fecond apprêt; avec cette diférence » que pour faire un organfin à trois brins , #l faut dou- bler ou joindre enfemble trois brins, fur une même bobine; pour un organfin à quatre brins, on en joint quatre , enfuite chargeant le moulin, on leur donne le fecond apprèêt, comme aux premiers. Il refte à obferver que quoique le moulin ne tourne que d’un même côté, qui eft à gauche , néanmoins un feul moulin peut faire toutes ces qualités de oces, qui viennent d'être décrites, quoique les bobines foient de néceflité de tourner à droit & à gauche , la difpofition des moulins étant defaçon que les parties qui frottent contre les fufeaux qui foutiennent les bobines , ont leur mouvement en dedans pour Île premier apprêt, & en dehors pour Le fecond ; v’eft unedes plus grandes perfeétions des moulins, à la- quelle les Piémontois ont donné beaucoup de lufire. On expliquera ces différens mouvemens, en détarts lanttoutes les parties du moulin. La foie ovalée reçoit une préparation femblable à- peu-près , à celledelatrame , avec cette différence, qu'au lieu de deux ou trois brins de Joie grèze feule- ment, qui compofent cette derniere qualité, la pre- miere eft compofée de huit, douze , & quelquefois feize brins ; mais comme cette qualité de foie n’eft propre qu’aux bonnetiers, attendu qu’une étoffe ne doit recevoir dans fa confeétion , qu’une certaine quantité de brins de trame , quantité proportionnée au deffein, ou à fa réduétion, ou à la groffeur de lorganfin , dont la chaineeftcompofée; on ne pour- roit pas faire une étoffe parfaite, fi on y employot une qualité de /oie dont les brins ne pourroiïent pas être diminués où augmentés, comme il arriveroit avec la /oie ovalée. L'art. 2. du reglement du mois de Février 1672, SOI tui permet aux maîtres bonnetiers de la ville de Pa ris, de faire des bas au moins à quatre brins de tra- me , pour lafife qui forme la maille, ayant donné lieu à des abus confidérables , en ce que les fabri- - quans , pour faire des bas légers, avoient trouvé le moyen d'employer des trames très-fines , ce qui tendoit les bas défeétueux , il fut ordonné, par ar- rêt du confeil , du 30 Mars 1700. art. 4. queles foies préparées pour les ouvrages de bonneterie, ne pour- roient être employées en moins de huit brins ; ces huit brins pouvoient être de trame ou de poil indif- féremment , mais néanmoins de foie travaillée au moulin ; mais comme les /ozes de cette efpece fai- foient revenir le bas plus cher qu’il n’eft aujourd’hui, attendu les frais du devidage & du doublage, les fabriquans de bas de Nimes & de Lyon, inventerent Povale, qui eft en ufage dans tout le royaume, ex- cepté à Paris, afin que la modicité du prix de cette marchandife , qui n’eft pas moins de 24 à 30 fols cha- que paire, donnât lieu à une plus grande confom mation, ; Pour rendre plus intelligible la différence de la Joie ovalée , d’avec la trame ou le poil, quant aux frais, il eft bon d’obferver que, fuivant l’ancienne méthode pratiquée dans les provinces , lorfque la trame ou le poil etoient teints, 1l falloit les faire de- vider, ce qui coutoit des frais aflez confidérables ; le dévidage étant fait , il falloitenfuite doubler, ou joindre enfemble la quantité de fils devidés , qui de- voient compofer laflife;toutes cesopérations faifoient revemir cette matiere plus chere; le doublage , en uniflant les fils, qui ne pouvoïent être au-defious de ut brins, leur donnoit une efpece de tors, pour Pemployer plus facilement, il falloit encore que les foies trame, ou poil , euflent ététravailiées au mou- Ein , amf qu'il a été démontré dans l’article du mou- hnage, ce qui augmentoit les frais de la préparation; aujourd nui Povale épargne le moulinage, le devi- dage en entier , &t le doublage en partie, parce que l’ovale étant une imitationtdu doublage , une ouvrie- re , où ouvrier feul, en faifant autant que feize ; felon l’ancienne méthode , le payement qui fe fait pour une femblablepréparation , eft équivalent à la proportion au travail, On a dit que la Joie ovalée étoit un aflemblage de | huit, douze, même jufqu’à feize brins de foie grèze, fuivant la qualité de la Joie, ou le poids qu’on veut donneriau bas ; cette /oe, ou ces brins font préparés comme la trame, c’eft-à-dire tordus léserement en- {emble fur eux-mêmes, &- doivent compofer la moi- : 9 tié de l’afife , qui par fa grofieur bit devidée fi aité- ment, que les -frais n’en font pas comptés , & c’eft la feule préparation dont elle a befoin ; dans cette _opération fe trouvent renferméesle moulinage, le devidage , & la partie du doublage, bien différent de l’ancien. Lorfque la foie eft ovalée, on la donne au teintu- rier pour lui donner la couleur defirée , & lorfqu’el- le eft teinte , comme on vient de dire qu’elle ne compoloit que la moitié de l’affife, on joint enfem- ble les deux fils de Joie ovalés , & les repaffant fur Povaie, comme le premier , ces deux fils paroïffant n’en compofer qu’un , forment l’afife entiere , pro- pre à la fabrication du bas. | | Outre la propriëté de l’ovale à concourir à la di- minution des frais pour préparer la foie, elle en a en- core une pour le mélange des bas; parexeïmple f on veut faire un bas mélangé gris de maure, & gris clair, on fait teindre un fil de chacune de ces deux cou- leurs , on les double ou joint enfemble, & les re- pañant fur ovale, le tors que cette machine donne à ces deux fils, quoique léger, eft fijufte quele mé- lange fe trouve parfait dans la fabrication du bas ; de- là vient que dans le mélange des bas de Nimes, Lyon, Gt. où ne voit point des barres brines, ni des barres claires , mais un mélange fi régulier, qu’il n’eft pas pofhible de faire mieux. | Oùtre cette perfe@ion de l’ovale, il en eft encore une dans cette même machine , qui n’efl pas moins eflentielle que la précédente, Le fabriquant qui fait ovaler fa Joie, fait jufqu’à un pouce la longueur de fon écheveau , & la quantité qui lui eft néceflaire pour la qualité où longueur du bas qu’il fe propofe de faire , de façon que, cofnme il arrive très-fouvent que Île teinturier charge la foie de drogues, pour ren- dre le poids de la Jore , en conformité des reslemens &t de lufage, retenant de fon côté une partie des écheveaux,il arrive que la longueur déterminée & juite de l’ovale , met le fabriquant de bas À l'abri de cette fraude, parce que étant ovalée teinté , elle doit avoir la même longueur que lorfqu’elle ne l'étoit pas, & que quand même le poids fe trouveroit dans la partie rendue par le teinturier, f la longueut ny étoit pas de même, la fraude feroit trop vifible, Pour rendre fenfble la façon dont on peut mefurer - la longueur du fil ovalé, il n’eft befoin que d’exami- ner l’hafple, ou devidoir, fur lequel fe forment les écheveaux ; au bout de l’axe, ou arbre du devidoir, eft un pignon de quatre dents, qui ergrene à une roue de vinet-quatre , de façon que tous les fix tours du devidoir , la roue en fait un; au centre de cette même roue eft attaché un autre pignon de quatre dents, qui engrene à une feconde roue de quarante x tous les dix tours de la premiere roue, cette feconde en fait un ; combinez le mouvement de l’hafple avec celui de la premiere & feconde roue, il arrivera que toutes les fois que cette derniere fait un tour, le de= vidoir en fait foixante; la chofe eft claire ; au centre de cette feconde roue, efl un axe de quatre à cinq diametre , fur lequel fe roule une corde fine, au bout de laquelleteft attaché un poids de trois ou qua- tre onces , afin de la tenir tendue; lorfqu’on veut favoir combien de tours le devidoir a fait, il n’eft be foin que de compter les tours de la corde’, fur l'axe de la feconde roue, & multiplier ces mêmes tours par foixante, le produit donnera jufte la quantité des tours du devidoir; par exemple, dix tours dela petite corde , multipliés par foixante , donneront fix cens tours du devidoir, 6x. Toutes ces perfeétions établies de l’ovale , n’em- pêchent pas qu'il n’y ait une imperfeétion bien mar- quée dans le -bas fabriqué avec les fecours de cette machine , puifque le réglement cofcernant la manu: faêture de cette marchandife, en défend l'ufage à Pa- ris, où il n’eft permis de fabriquer des bas qu’à tra- me diftinéte ; c’eft le terme des fabriquans de Paris, Il s’agit d'établir la différence qui fe trouve dans le bas fabriqué avec de la Joie ovalée, d'avec celui qui left à trame diftinéte. La façon dont on a démontré la préparation de la | foie ovalée, eft bien différente de celle de la trame ou du poil. Dans cette premiere, tous les brins de Joie greze {ont préparés enfemble : 8 dans la fecon- de , ils font préparés ou deux enfemble, comme la trame , ou un{eul, comme le poil. Or il réfulte de toutes ces préparations différentes, qul n’eft per- fonne qui ne convienne que 8 brins de trame prépa rés féparement, auront plus de confiflance & plus de perfection que 16 brins, de la même maniere pré- parés tous enfemble ; conféquemment qu'un bas fa- briqué à trame diftinéte,acquerra plus de brillant &c plus de qualité qu’un autre fabriqué avec de la trame ovalée. Il eft encore à remarquer que fi un bas fabri- qué avec de la foie ovalée, {e trouve au fortir de l’apprèt avoir un nœud à l'endroit, il faut néceflaire. ment le couper pour Ôter cette difformité ; or om foutient qu'il n’eft pas poffible de couper un nœud R79 pouces de longueur, & de trois ou quatre lignes de 280 SOI de la Joie ovalée , qu’on ne coupe l'affife du bas, ou au-moins la moitié , conféquemment que la maill n'échappe totalement , ce qui ne fauroit arriver dan un bas fabriqué à trame diftinéte ,| où un nœud de la Joie coupée , ne compofant que la huitieme partie de l'afife, les feptieme & huitieme reftantes auront toujours aflez de force pour foutenir la maille. Enfin l'invention de l’ovale n’a été établie &c to- lerée en France, que pour faciliter le commerce avec l'étranger. Les Angloïs nous. ont indiqué cette ma- chine , nous aurions la mauvaife grace de leur laïffer faire impunément ce commerce, tandis que nous pouvions les imiter : on n’empêche pas à Paris d’o- valer des trames & des organfins ; mais dans ce cas, l’ovale n'étant qu’une double préparation , qui au- gmente la perfeétion de cette marchandife ; la con- fommation qui fe fait dans la ville étant plus que {EN fifante pour occuper tous les maîtres bonnetiers qui y font établis; il n’eft pas furprenant files bas ÿ font plus chers qu’en aucune ville du royaume, & fi leur prix exceflif empêche la confommation qui pourroit en être faite chez l'étranger. Ce qui n’empêche pas néanmoins que les connoiffeurs n’accordent la pré- * férence à qui elle eft dûe , quant à la qualité, puif- qu’on a vu des fraudeurs marquer impunément des bas fabriqués à Lyon avec un faux plomb de Paris, ce qui a occafonné le réglement du 10 Juillet 1743 , qui concerne la bonneterie. Explication du moulin à filer la foie. La planche marquée À repréfente un moulin à trois vargues ; on appelle vargues chaque rangée de-bobines &c fu- feaux ; il y a des moulins en Piémont à 4 &c 6 var- gues, mais Les plus ordinaires font à 4; favoir, trois vargues pour le premier apprêt, &un pour le fecond, attendu que-ce dernier fait autant d'ouvrage que les deux, même les trois autres, ainf qu'il a été expli- qué dans la defcription du moulinage des oies. Il fera encore à-propos d’obferver que le vargue du bas du moulin qui donne le fecond apprèt aux organ- fins ou le retordement, peut aufli faire des trames. La partie rembrunie de l'intérieur du moulin eft un aflemblage de pieces de bois de la largeur d’un pou- ce & plus, montée en forme de chaflis, de figure ronde, comme la figure du moulin , laquelle tour- nant fur un pivot par le fecouts d’un homme, de l’eau ou d’un cheval , donne le mouvement à toute la machine. fl n’a pas été pofñble de décrire cette partie intérieure , parce qu'elle auroit fait difparot- tre les principales, qui compofent toute la machine entiere. | | La lettre À repréfente le bâtiment du moulin; B, la partie intérieure qui tourne; C, des pieces de boïs appliquées fur la partie tournante , en forme de vis fans fin , appelées /érpes, pofées diagonalement fur cette même partie , lefquelles paflant defflous les branches des étoiles marquées D , les font tourner régulierèment, de façon que lorfqu’une ferpe a élevé en tournant une branche de l'étoile ; celle qui lui fuccede par fa pofition, prend celle de deffous, &c fucceffiyement elles fe reprennent les unes & les au- tres 3 E , piece de bois faite en forme de croix , at- tachée folidement à la partietournante , mobile dans la croïfée garnie de peau, dont le frottement contre les fufeaux leur donne le mouvement en dedans, êc à droit dans les deux vargues fupérieurs , &c à gau- che dans le vargue inférieur , ainfi qu’il eft démon- tré par la figure; F, roue qui donne le mouvement au va-&-vient, ou efpece de cercle fur lequel font pofés des fils de fer courbés, en forme d’anneau, fer- vans de guide au fil qui fe roule fur les bobines mar- quées C, ce qui les fait porter d’une extrémité inté- rieure à l’autre , & les fait croïfer par cette variation, répuliere & néceflaire pour faciliter le dévidage de la Joie filée , quand il eft queftion de la doubler pour à lui donner le fecond apprêt; A, le petit cercle de bois; Z, les fils de fer recourbés; L , fupport des étoiles ; M, étoile ou pignon, qui donne le mouve- ment aux bobines G , dans les deux vargues fupé- rieurs , &c aux dévidoirs N du vargue inférieur; ©, bobines pour filer la foie, qui tournent à droite; P, bobines pour donner le retordement ou fecond ap- prêt, qui tournent à gauche ; Q , coronaire ou cou ronne à laquelle eft attaché un fil de fer À, qui faci- lite le devidage de la foie qui eft fur les bobines ; #, les fufeaux ; T°, petits verres dans lefquels entre la pointe des fufeaux, appellés par les Piémontois car= cagnoles ; V, pivot-de la plante du moulin; X,ar- bre du moulin, qui avec larbre X du dévidage , ne doit compofer qu’une feule piece. Lorfque les mou- lins tournent à l’eau , ou avec des grandes roues gar- nies de deux hommes, & qu'il fe trouve plufeurs plantes de moulin qui doivent tourner par un feul mouvement, la partie X du moulin eft environnée d’une roue à cheville marquée F, laquelle, par le moyen de la lanterne 42 , attachée à l'arbre dela grande roue à l’eau ou à hommes, donne le mouve- ment au moulin. Et lorfqu'il fe trouve plufeurs plan- tes, la communication du mouvement fe fait de l’une à l’autre plante , de la même façon qu’il eft marqué, dans celle-ci. La planche marquée B repréfente le devidage des Joies fur les bobines , pour les mettre fur le moulin, Ces devidages doivent être de 400 tavelles ou devi- doirs pour les moulins à 3 ou 4 vargues, & à-pro- portion fuivant la quantité de plantes de moulin , ce qui n'empêche pas qu’on ne faffe devider à des ou- vrieres avec la main pour fuppléer au défaut du de- vidage. La foie devidée avec les tavelles eft la même qui fort de deflus le tour à tirer la fox, appellée communément /oie grege. Il eftinutile de donner la dénomination des roues à chevilles & à dents , de même que des lanternes , qui font les mêmes, le mouvement étant très-bien indiqué , il ne s’agit que de faire remarquer les prin- cipales opérations de ce devidage ; 4, roue qui don- ne le mouvement à toute la machine ; B, roue à couronne , laquelle, pat un excentrique qui lui eft attaché, conduit le va-&-vient marqué C, où font placés les guides qui font varier Le fil fur les bobines D , afin de faciliter le devidage de la foie; E , roues de bois dans le canon defquelles eft paflé quarrément une tringle de fer de longueur , pour qu’elles tour- nent toutes enfemble , & par leur frottement à la noix F, dans laquelle eft pañlé immobilement une broche de fer qui entre dans la bobine D, elles font tourner les bobines qui appuient par la noix de la ‘broche fur les roues Æ très-légerement,, ou par leur propre poids , de façon que quoiqu’un fil de léche- veau qui eft fur les tavelles retienne , les roues ne ceflent point de tourner, fans néanmoins cafler le fil; G ,tavelles où forme de devidoir ; Æ, petits poids attaché à un cercle de la noïx de la tavelle pour la: fixer; X, banque ou partie qui foutient tout le de- vidage; L, petites roulettes qui foutiennent la lame du va-&-vient. Ileft à obferver que les moulins feuls , comme celui dont nous donnons la defcription, tournent au moyen d’un homme, qui eft deflous dans la partie intérieure de la machine; & lorfqu'il fe trouve qua- tre ou cinq plantes de fuite, fi. on fait tourner par le fecours des hommes , on les met dans une grande roue qui communique par fon arbre à celui du mou- lin, à la grande roue duquel engrene un autre arbre poié horifontalement, qui communique à une autre plante , & fucceflivement par la même continuation, lorfque l’eau fait tourner lefdits moulins. On a vu jufqu’à 18 plantes de fuite, qui ne recevoient leur mouvement SOI mouvement que d'une feule roue à l’eau, qui pro= duit le même effet que celle à homme. | E xplication de l’ovale. À bâtiment de l’ovale, 2 afliette de l’ovale, € manivelle pour donner le mou- vement. D grande roue fur laquelle eft pafée la cour- roie qui'embrafle les fufeaux pour les faire tourner. Æ la courroie. F poulies en forme de bobines pour foutenir la courroie &c la faire joindre aux fufeaux. G petite afhette qui foutient les fiches qui tiennent les fufeaux. Æ les fufeaux. Z verres dans lefquels en- _ tre la pointe des fufeaux pour tourner fur eux-mê- mes. À lesbobines, Zlecoronaire furlequel eft pañlé Le filde fer qui conduitles brins, & qui d’un côté facilite le devidage de la bobine, M Les fils de foie. N chafis en forme d’oyale pour conduire les fils fur le devidoir. O anneaux dans lefquels les fils font pañlés. P devi- doir fur lequel fe forment les écheveaux. Q pignon qui fait tourner une roue À, à laquelle eft attaché un excentrique qui fait mouvoir la branche S du chaflis, pour faire varier les fils qui forment les éche- veaux, afin d’en faciliter le devidage. T roulette fur Jaquelle eft pofée un côté de la branche $ pour en rendre le mouvement plus doux. 7 roue à chevilles qui donne le mouvement à la roue X, à l’arbre de laquelle eft attaché un pignon Ÿ, qui engrene avec le pignon Z , attaché aufli à l'arbre du devidoir, ce qui compofe le mouvement de toute la machine. A l'arbre de la roue à chevilles X, & en-dehors du montant 1 , eft attaché un pignon 2 , qui ne peut pas être vu, qui engrene à la roue 3 ; à cette même roue eff un autre pignon qui ne paroît pas, lequel engrene dans la roue 4, à l'arbre de laquelle eft un autre pignon qui engrene à la roue 5, ce qui com- pofe le mouvement qui indique le nombre des tours du devidoir. À la roue $, eftune cheville 6, laquelle prenant la queue du marteau 7, pour le faire frapper furla cloche & , avertit qu’elle a fait un tour, confé- quemment que le devidoir en a fait un nombre pro- _portionné, & à la quantité de dents dont font com- pofées les roues de ce mouvement, & à la quantité de celles des pignons. À l’arbrede la roue 5, & hors de la machine, eft un petit eflieu long de 4 à s pou- ces , fur lequel fe roule une corde mince, à laquelle eft fufpendu un petit poids qui indique les tours de cette roue, par conféquent ceux du dévidoir , en comptant les rours de la corde fur cet eflieu. Quel- ques perfonnes {e fervent de cette façon de compter, d’autres ne s’en fervent pas, & marquent les coups dela cloche; cela eft arbitraire. Extrait du réglement publié à Turin, par ordre de S. … M le roi de Sardaigne, concernant le rirage € le fr lage des {oies le 8 Avril 1724. | Regles pour la filature des cocons, ARTICLE ÎÏ. Qui- conque voudra tenir des flatures de quelque qualité de Jore que ce puifle être , perfonne n'étant excepté, fera tenu chaque année , avant que de commencer lé tirage , d’en faire la déclaration; favoir , celles qui fe feront dans les fauxbourss de la ville de Tu- tin c fon territoire, à l'office & entre les mains du fecrétaire du confulat, qui fera obligé d’en tenir un régitre apart ; & celles qui fe feront dans les autres villes , terres & lieux indépendans, à Poffice du ju-! geide l’ordinaire ; &! chacun fera en telle occafion la foumiflion entre les mains des fecrétaires refpec- tifs.du confulat ou de Pordinaire, d’obferver ou faire Obferver les régles ou articles ci-deffous écrits , fous la peine.de perdre fes foies filées ou leur valeur, mê- me à défaut d’avoir fait ladite déclaration ou fou- mifion,. rat L’ordinaire qui aura recu lefdites déclarations : fera tenu de les remettre à: l’ofice du confulat de Turin dans la quinzaine , à compter du jour qu’elles aurontiété faites, à peine dé payer de fes propres de- Tome XF, L | SOI 287 niefs les vacations du commiflaire que le magiftrat feroit obligé d'envoyer fur Les lieux pour les retirer, Le fecrétaire du confulat de la ville de Turin fera obligé détenir un regiftre à part defdites déclarations. Les fufdites déclarations feront faites par les pré: pofés ou maitres auxdites filatures , 8 non par les propriétaires d'icelles , qui feront néanmoins tenus de répondre civilement pour leurs prépofés, Obfervation fur les articles de ce réglemenr, L’obli- gation impoiée fur le premier article de ce réglement à tous ceux qui voudront entreprendre de tenir des filatures de Joie, ou fairetirer des quantités confidéra- bles de cocons, pour les faire filer enfuite fur leurs moulins, afin de faire des organfins fuivis &c ésaux, ne concerne pas feulement de fimples particuliers ou né- -gocians ; elle concerne encore les perfonnes les plus diffinguées de l’état, foit par leur naïflance, foit ar leurs emplois, qui ont tous des filatures con- Rdérables , comme faifant la plus grande partie de leurs richefles ; c’eft pour cela que les feuls prépolés aux filatures font aflujettis à faire les dé- clarations inférées dans le premier atticle , qui n°ex- clud pas néanmoins les propriétaires de la peine im- pofée aux contrevenans,puiiqu'ils font tenus d’en ré- ‘pondre civilement en cas de contravention. Elle fert encore à faire reflouvenir les mêmes prépoiés de la néceflité où 1ls doivent être de fe conformer à tous les articles du même réglement , pour parvenir à la perfection fi néceflaire du tirage &c du filage des foies: & à donner connoïflance aux juges du confulat , ti- rés en partie de la noblefle , des lieux où font les f- latures , afin que les commis qu'ils ont foin d'y en- voyer de tems-en-tems , puiflent plus facilement faire leurs vifites, pour enfuite en fournir leur rap- port par les procès-verbaux qu'ils font obligés de dreffer, quoiqu'il ne s’y trouve pas de contraventions. Le nom de flarure eft donné aux lieux où le tirage du cocon eft fuivi du moulinage de la foie, tant en premier qu'en fecond apprèt ; de façon qu’au fortir de la filature , elle foit préparée en organfin parfait, & prête à être mife en teinture. | Il. Toutes les filatures excédant trois fourneaux ; devront être conduites pendant le cours de leur tra- vail par une perfonne capable d'en répondre audit confulat, ou ordinaire du lieu où réfidera le maître de la filature, afin qu’il foit plus exa@ à obferver les articles fuivans du préfent réglement , à peine de 215$ écus d’or. | | Obférvation, Ce fecond article fait voir que dès qu’un tirage eft un peu confidérable, il doit être con- duit par une perfoune capable de répondre au con- fulat de l’exaéte obfervance du réglement. Il y a des tirages de 20 à 30 fourneaux. l TT. Pour filer lefdites /oies , il faudra féparer les bons cocons d’aveales chiques, falouppes & doup- pions ; il faut enlever la bourre, & les filer féparé- ment les uns des autres, en mettant dans la chau- diere un nombre de cocons proportionné à la qualité des {oies qu’on doit filer ; & la fileufe fera Bien atten- tive à ce que les Jozes fe trouvent bien égales : le tout à peine de 25 écus d’or contre le maître de la flature ou fon prépolé qui sy trouveront préfens , ou don- neront leur confentement äun femblable mélance, & 10 livres contre la fileufe pourchaque cortravention, Obférvarton. Ce qui eft ordonné par cet article {e pratique en plufñeurs endroits de la France. | IV. Toutes lefdites Joies ne pourront être filées qu’à deux fils feulement , de maniere qu’elles ne pui {ent former {ur l’hafpie ‘ou dévidoir que deux éche- vaux, ayant foin de faire croifer les /oies fines & fu- perfines au-moins quinze fois, & les autres qualités un,plus grand nombre de fois , & à-proportion de la qualité de chacune & de fa groffeur ; lefquels croife. mens ne feront point faits quand le Re tourne n 202 SOI déclarant due toutes les fois que les derrx fils vien: ront à {e joindre, de maniere que le fil aille double dur un feul échevau, il faudra fäire tourner l’hafple en äfriere , jufqu'à ce qu’on ait trouvé le cofimence- ment du doublage. Un fl femblable doit demeurer £ntre les deux écheveaux, pour fofmer un en qui {ervira À les attacher ; avec défenfe de fe fervir d’au- tre matiere : le tout fous les peines fufdites , oùtre la perte de la /oze. | Obférvation. Ce quatrieme article n'eft de confe- ‘quencé qu’à Pégard des croifémens des fois. Ilfe pra- tique par-tout du plus au moins. V. Toutes les Joies préparées de cette façon, de- vtont être levées, bien purgées, nettes &c égales, felon leur qualité refpetuive. VI. Les chevalets fur lefquels feront filées Les fuf- dites Yoies , devront avoir lés piliers éloignés de deux piés Aprandi, 28 pouces les deux, Jun de Pautre, ‘ afin que du tour à la lame il fe trouve un tel éloigne- ment , que les fils croifés comme il a été dit ci-de- vant, puifient aller fur le tour plus fecs & mieux conditionnés : fous peine contre les maîtres des fila- tures de 25 livres pour chaque chevalet qui fera dif- pofé différemment. | Obfervation. Ce fixieme article, qui ordonne que les piliers qui fupportent le va-G-vient feront éloi- gnés de deux piés liprandi de ceux qui foutiennent le tour, détruit totalement l’ufage des machines nouvel- lement inventées pour titer la Joie : 1l faut le prouver. La raïfon de cet éloignement n’a d'autre objet que célui de donner lieu à la foie de fe trouver fur le tour où hafple plus feche 8 mieux conditionnée, Or felon le fyflème des auteurs des nouvelles inachines , ils prétendent tirer la Jose avec plus decélérité ; ce qui ne lui donneroit pas Le tems de venir fur le tour auf {eche & auf conditionnée que l’article l'exige ;, mais plus humide êc plus baveufe, & le détruiroit totale- ent, la méthode étoit bonne : au lieu que fi Par- ticle eft bon, il faut néceffairement que les nouvelles snachines foient détruites ; puifque plus la Jo fe trou- vera feche fur le tour, plus elle fera aifée à devider, ce qui eft précifément Pobjet qu'on doit fe propoñer. Vide lé mémoire envoyé à M. le Tourneur le 15 Jan- vier 1747; à M. de Montaran le 12 Janvier zdem. Deux piés liprandi compofent 28 pouces pié de roi, VIL. Les tours fur lefquels fe fileront les fufdites foies , ne pourront avoir plus de 18 onces de circon- férence, ni moins de quarante; obfervant néanmoins que tous les tours d’une filature foient d’une mefure égale , fous Les peines fufdites. Obfervarion. Les 48 onces de circonférence ordon- ñées par le feptieme article, qui font autant que 76 pouces, pié de roi, ne font pas d’une grande confé- Quencé pour le plus ou le moins mais il eft d’une conféquence extraordinaire que dans une filature tous les tours foient égaux : il feroit même néceflaire que tous les touts du royaumé ne fuflent pas plus grands les uns que les autres. YIIL, Les écheveaux ne feront point levés de deflus le tour qu'ils ne foient bien fecs ; &t pour cet effet chaque chevalet {eta pourvu de deux tours ; ÊT ceux qui feront doubles, de quatre , fous la peine fufdite. Obférvation. Ce qui eft contenu dans ce huitierné “article. {e pratique prefque par-tout. IX. Chaque flotte où écheveau de foie de [a pre- miere & fecondé qualité , ne pourra être que dé trois à quatre onces pour le plus haut poids ; cellé de la troïfieme & quatrième qualités pourra êtré depuis fix onces jufqu'à huit, fous la peine fufdite. _ Obfervation. À égard du poids des écheveaux meri- tionnés dans ce neuvieme article, comme il fe fait peu de Jozs de Ja premiere & feconde qualités, il n’eft pas pratiquée. X. Après que chacune defdites flottes aura été le- wée, elle {éra pliée à deux tours feulement , fans ètre Hée avec du fil, cotrée ou morefquée , faifant pañler feulement une tête dans l’autre , de facon qu'onpuife reconnoître facilement fi elle aura été travaillée fans fraude , & en conformité du préfent reglement ; fous la peine dite cr-deflus. ; AT _ Obférvation. Cette façon de tirer la Joie de deflus le tour , contenue dans ce dixieme article , n’eft fim- plement que pour examiner fa qualité. XI. L’eau des baffines fera changée au-moins trois fois par jour , ayant foin de bien purger les cocons de la morefque, afin de rendre la Joie bien nette &g égale , 6c fans aucune bave. Il faudra lever au-moins | une livre de morelque fur chaque rub de cocons, eu égard à la qualité des fufdits cocons, fous peine de 10 livres contre la fileufe , chaque fois qu'elle fera trouvée en contravention. J Obfervation, Le changement d’eau dans les bafines eff tres-utile pour donner à la foze cette propreté qui lui eft néceflaire. À l’égard de la bourre ou morefque qui enveloppe le cocon, comme elle eft très-groffiere éncompararon de celle qui fe forme , il eft néceflaire d’en lever au-moins une livre fur chaque rub , qui : vaut autant que 25 livres de notre poids. | XIE. Tout maitre de filature fera tenu , à chaque demande quilui en fera faite par l'ordinaire du heu,ow par les commis du confulat de Turin, de donner un état de la foie, des douppions, de la chique & de la morefque , le tout diftinétement &c féparément, fous peine de 25 écus d’or. Obfervation. La peine de 25 écus d’or attachée à cet article, n’eft précifément que pour favoir la quan- tité & qualité des foies de chaque particulier , afin qu’elles ne puiflent pas être vendues fans payer les droits confidérables , qui ne fe perçoivent que fur la Joie œuvyrée , trame où organfin , c’eft-à-dire prête& être mife en teinture; ce qui fait qu'il eft défendu fous dés peines très-rigoureufes de fortir aucune foie gré- zée du Piémont , ou qui ne foit travaillée. s XIII. Le falaire des fileufes fera réglé à journées, & non à raïfon de tant la livre de la foie qu’elles files ront ; & en cas de contravention, le maitre de la fla- ture encourra la perte de toute la Joie déja filée | &g la fileufe celle de 20 livres , outre la perte de fon fa laire. Obférvation. C’eft un ufage établi en beaucoup d’endroits de Francé & d'Italie, de ne payer les ha leufes de foie qu’à raifon de tant chaque livre; ce qui fait qu’elles négligent la qualité pour s'attacher à la quantité , & par conféquent laïffent pañler toutes les ordures occafionnées par les mauvais croifemens, qui ne font négligés que pour avancer lPouvrage , & pa- ener plus par conféquent ; au lieu que dès que la f- leufe eft payée à journée, on a foin de la veiller, & elle a foin de faire mieux. | XIV. Chaque fourneau devra avoir un conduit de telle hauteur , quil empêche la fumée d’aller fur le tour, à peine de 25 livres contre le maitre. Obfervation. Comme la famée noircit la foie & la rend moins brillante, il eft nécefflaire de donner au conduit du fourneau une hauteur qui puifle parer à cet inconvénient , très- préjudiciable à la vente. XV. Les baflines ou chaudieres devront être ova= les, minces & profondes d’un qüart de ras ; envi= ronnées d’une couverture de planches, 8les chevaz lets pourvus de leur jeu néceffaire pour faire les croi: femens de la foie jufte. Chaque jeu auraunpignonde 3s dents; la grande roue 33 ; l'étoile du tour &c: la etite roue 22 chacune. Il fiudrarmaïntenir un ordré femblable pout bien faire, défendant totalement Pu- fage des chevalets de corde: le tout fous la peine fuidite. 3 Te aan: Sept touts de l’hafple donnent cinq tours au va- êt-vient. 3 Sept tours de celui de Rouviere, n’en donnent qu’un, di SOI Huit tours de celui de Mafurier , n’en donnent qu'un. | | JUPE ET, Obfervarion. La profondeur des bafines fixée par l'article 15 à un quart de ras, qui vaut cinq pouces & demi , pié deroi , eft fenfble ; le mouvement du chevalet n’eft pas de même, & il ne peut bien être démontré qu’en examinant le travail, attendu l’iné- galité du nombre de dents qui compofent les quatre roues qui donnent le mouvement au va-&-vient. Il eft à obferver feulement que l’'ufage des cordes pour les chevalets eft totalememt défendu , ce qui acheve de détruire tous les chevalets qui en font pourvus. Videle mémoire envoyé à M. de Montaran le 12 Jan- vier 1747 3 à M. le Tourneur le 15 duditmois. XVI. Chaque fourneau où fera filée la Joe de pre- miere & feconde fortes ; fera pourvu d’un tourneur ou d’une tourneufe habile, ou qui ait pratiqué , aux- quels il fera defendu de tourner Le dévidoir avec le pié, à peine de $ livres. | Obférvation. Ce feirieme aïticle n’eft pas d’une grande conféquence , parce qu’il n’eft pas difcile de tourner comme il faut Phafple ou devidoir. Il démon tre feulement combien les Piémontois {ont {crupu- . Îeux pour parvenir à la perfettion du tirage des Jôres, 14 XVII, Il ne fera point permis , à peine de 10 liv. aux fileufes, n1 à qui que ce foit , de nettoyer la foie fur l’hafple & hors de l’hafple, avec des aiguilles , poinçons ou autres, ce qui eft appellé vulgairement aiguiller La foie, Obfervation. Rien de plus dangereux que de net- toyer la Joie avec des poinçons ou aiguilles, qui la coupent &c la bourrent. XVII. Sous femblable peine il eft défendu de lif {er Les flottes fur lé tour ou autrement, avec de l’eau, même pure, ou autre fotte d’eau ; elles doivent être nettoyées feulement avec les mains , fans fe fervir d'aucun autre ingrédient. Obfervation. L'eau pute donnant un brillant à la Joie, qui ne [a rend pas meilleure, & les autres ingré- diens la chargeant , l’article 18 à pourvü aux autres inconvéniens qui peuvent réfulter de ces opérations différentes. V XIX. Toutes les Jozes qui ; encore qu’elles fuffent hors des flatures, fe trouveront en quelque tems que ee foit , & à qui qu’elles puiflent appartenir , défec- tueules , n’étant pas filées ou travaillées conformé- ment à leurs qualités, n’ayanñt pas obfervé la forme & les regles prefcrites ci-deflus , tomberont irrémif- fiblement en contravention ; & outre les peines fuf- dites feront, fur la reconnoiffance fommaire préala- blement faite de leurs défauts, brülées publiquement, faufle recours du propriétaire comme il avifera rai- fonnablement ; avec obligation au maitre fileur ou moulknier de dénoncer les foies défeétueufes qui fe rencontreront , & de qui il les aura reçues, fous peine de 25 écus d’or contre le maïtre qui contre- viendra au préfent réglement, XX. À l'égard des foies ordinaires dites fagotines, après que la féparation en fera faite d'avec lés bonnes, il faudra en faifant la battue tirer la morefque par le haut de la bafline jufqu’à trois fois, à la hauteur d’un demi ras au-moins , afin que la Joie refte bien purgée & nette ; fous peine par les contrevenans de payer 30 écus pour chaque livre de foce. Oëfervation. L'article 20 ne concerne que les pe- tites parties de Joie faites par des particuliers, qui {ont appellées fagotines, parce qu’elles ne font pas definées pour des filages fuivis , par conféquent très-inégales ; & quoique ceux quiles font tirer foient affujettis aux mêmes réglemens , néanmoins les diffé- rentes qualités raflemblées pour compofer un feul ballot , forment toujours une Joie défeQueufe , at- tendu qu’elle eft tirée de plufieurs perfonnes dont le : tirage n’eft pas fuivi, C'eftçe qui fe pratique en Fran- Tome AV. ‘ ; ; SO, s:8 cé , où il ya pe d’otgänfin de mirage, OA beut vois l-deffus le petit mémoire envoyé le 6 Juillet 174%, à M. de Montaran ; & à M, le Tournéur le 23 Mars ETAT > XXI, Et pour plus grande obfervance de tout cé que deflus , le confulat & lordinaire des lieux feront obligés refpeltivement, dans les occafions où tems des fillatures, de vifiter.&c faire vifiter, par des pers fonnes expérimentées, les lieux où fe fleront lefdites Jotes, afin de prendre les informations des contravens tions qui pourront fe trouver, pour procéder & cons damnet les contrevenans aux peines ci-deflus prefs crites : défendant aux ordinaires ou autres auxquels {eroient commnifes femblables vifites, d'exiger aucune chofe pour leurs vacations, finonen fin de caufe, 8 fur le pié qu’elles feront taxées par le confulat. Obférvation. On peut comparer les vifites ordons nées par l’article 24 , à celles que font les infpeGteurs dans les manufaêtures ; elles font très-fréquentes, & produifent tous les effets qu'on peut defiter pour la perfection des tirages. Mouliniers ou Fileurs de foie, regles qu'ils doivent objerver. ART. PREMIER. Quiconque voudra travail _lerdu métier de moulinier ou fleur de foie, ne pour: ra, à peine de 5o écus d’or, ouvrit n1 ténir bouti= que dans les états de S. M. en-decà les monts, ni feus lement exercer cet art en qualité de maître, qu'il n’ait en premier exercé comme garçon de boutique, en qualité d’apprentif, l’efpace de fix années; & fuc= céfhvement travaillé trois autres années en qualité de compagnon, & s'iln’eft jugé capable pat les fyndics de luniverfité dudit art, & admis pour tel par lé- confulat; pour laquelle approbation &c admiffion perfonne excepté, il payera à l’univerfité fufdite 20 livres, pour être employée à fon ufage ; feront feuz lement exemts d’un tel payement, les fils des fufdits maîtres ; &c aucun maître dans ledit att ne pourra prendre, à peine de 5o livres, un apprentif pour um moindre tems que celui de trois années, lefquelles expirées, & ayant ainfi travaillé fans aucune nota- ble interruption, il lui fera expédié par le maître un certificat de bon fervice, avec lequel il puiffe contis nuer les autres trois années d’apprentiflage, &c les trois autres en qualité de compagnon, avec qui bon lui femblera , pourvu que ce oit dans les états de $. M. \ IF, Chacun de ceux qui voudra travailler en quas lité de compagnon , fera tenu en premier lieu de faire foi de fon bon fervice, pardevant les fufdits fyndics , qui après lavoir reconnu , en feront foi au. pié dudit aéte ; défendant expreflément à qui que cé foit de prendre aucun compagnon, fans avoir vérifié fi laéte fufdit eft en bonne forme, à peiné de sa livres. * IT. À l'égard des ouvriers étrangers , ils ne pour= ront avoir boutique , s'ils n’ont premierement tra. vaillé dans les états de S. M. en qualité de compa- gnons pendant trois années , en juilifiant qu'ils font catholiques, à peine de so écus d’or. Le confulat pourra cependant abréger ledit tems, felon la capa= “cité qui téfultera defdits ouvriers , faifant cependant fubir & approuver un examen par les maîtres où ils auront travaillé précédemment ; & dans le cas où il {e trouvera preuve de leur capacité , ils feronttenus de payer au bénéfice de lPuniverfité les 20 livres fufdites. IV. Les compagnons ne pourront prendre congé des maîtres , ni ceux-ci le leur donner , s'ils ne fe font avertis quinze jours auparavant ; lequel tems expiré, auquel ils fe feront réciproquement obligés, excepté néanmoins qu'il ne fe trouvât quelque cas ou motif légitime 8 fuffant , à peine de dix livres , applicables un tiers au fifç, un autre re au profit de N n 1} 294 S O'I ladite univerfité, & l’autre à celui de Phôpital de la charité. V. Lesfyndies dudit art feront obligés , toutes les fois qu'ils en feront chargés par le confulat, ou par d'ordinaire de leur départementloù fe trouveront établies des univerftés femblables, d'aller en vifite dans les maïlons & bâtimens des fleurs, pour re- -connoître fi les Joies feront travaillées en conformité des articles du reglement ci-deflous cités ,; & les maîtres fleurs & maîtres defdits fleurs feront obli- gés d'ouvrir lesmaïfons , boutiques , bâtimens êt au- tres lieux où il pourra fertrouver des oies, fous peine à quiconque ÿ contreviendra, de so livres applicables comme ci-deflus. VI Le maître ne pourra prendre aucun compa- gnon ou ouvrier qui aura déja travaillé dudit art chez unautre maître , fi premierement il ne fait pas foi du certificat de bon fervice du maître précédent en dûe Forme, fous peine au fufdit maître de 25 livres ap- plicables comme ci-deflus , laquelle peine aura éga- lement lieu contre le maître qui auroit refufé fans au- cune caufe un certificat femblable. VII Tout maître fleur fera tenu de rendre au propriétatre de la Joie, la même qui fera travaillée, conformément à la fafture, & fous la déduétion du déchet, qui feta payé comptant fur le prix dont les parties feront convenues, avec la faculté avant de la rendre ou de la recevoir , de la faire conditionner felon les regles expliquées ci-deflous,, & il fera éta- bliun lieu pour ladite condition, en quel cas de vente que ce foit , tant pour la Joie greze que pour celle qui fera œuvrée. … VII. I fera pour cet effet deftiné un lieu public, commodément difpofé , fous la garde d’une perfonne refponfable , prépofée par le confulat, laquelle, auff-tôt que la foie fera pefée en préfence des parties & la note prile, l’expofera à la condition , felon . linftrudion qui lui fera donnée par le même confu- lat pendant vingt-quatre heures, &c fans feu, dans les mois de Mai , Juin , Juillet & Août; & dans les autres huit mois, pendant quarante-huitheures ,avec un feu modéré &continuel fous la cheminée,moyen- nant falaire compétent que le confulat taxera , & qui fera payé par celui qui requerra la condition fuf: dite , fuivant laquelle , s'il eft reconnu que la Jose ait produit plus d’un & demi pour cent de diminution ; la condition fera réitérée aux frais du vendeur , ou du maître fileur , jufqu’à ce que la diminution dans la condition réitérée n’excede pas un & demi pour cent , avec déclaration que dans le cas où il s’éleve- roit quelque conteftation entre les parties ; pour fait des foies qui auroïent été conditionnéés dans un au- tre endroit hors celui-là , du confentement des par- ties,iln’y aura aucun lieu pour le recours fur la dif- férence du poids qui pourroit fe trouver. IX. Et pour éviter toutes les fraudes qui pour- roient fe commettre, il eftexpreflément défendu aux- dits maîtres fleurs & autres marchands, de faire met- tre Les foies pures avec celles de douppion, chiques, baves &c fleuret, ni aucune de ces qualités avec l’au- tre , chaque forte devant être travarllée féparément, fous peine de cent livres payables par le contreve- nant, laquelle fomme fera également payée par le maître fleur qui travaillera ou tiendra Les Jozes ex- pofées en quelques places où il y auroit desfenêtres, Ou autres ouvertures relatives &c près des écuries ou du fumier , ou qui en quelque autre façon donne- ront aux foces des moyens pour en augmenter le poids, outre la peine majeure, laquelle fera arbitrée par lé confulat, fuivant Pexigence des cas. X. Tousles moulins de vingt hafples inclufive- ment & au-detlous , devront avoir les ferpes divifées en douze parties 8 pas davantage. L'étoile des tra- ches , ou hafples, ou devidoirs, fera de 6o dents SOT dans toutes les plantes:, & les petits demi-cercles ou roues des-plantes , depuis 24 traches inclufiveméent jufqu'à celles de 20, devront être pour le moins de 8 bobines; fi c’eft de 18, de o bobines; ês fi c’eft de 16 &t'au-deflous, de10, avecune défenfe fpéciale de fe fervir de traches de neuf dents. Les fufeaux feront maintenus bien droits, &c les verres changés, & les coronaires bien difpofées, afin qu’on puifle faire la. perle bienferrée,, & les hafples qui fervent au mou- lin à tordre les organfins , feront tous de neuf onces de tour à jufte mefnre , & ceux pour les trames fem- blablement de neuf onces 6 demie, afin que toutes les fois qu’on levera la Joie de deffus les fufdits haf- ples, elle fe trouve toute d’une mefure égale. Les propriétaires des filatures qui n'auront pas les mou- lins conformes audit réglement , feront tenus de les rendre juftes dans Pefpace de deux mois; le/toutà peine de 50 écus d’or; laquelle peine fubiront.en- core les maîtres qui travailleront dans des moulins qui ne feront pas conformes ou réduits à la regle fufdite. XI. Tous les organfins, tant fuperfins que de {a feconde &c troifieme fortes, feront cappiés toutes les huit heures ; & à l'égard des trames , lefquelles ne pourront être à moins de deux fils, toutes les quatre heures de travail , fous peine de 5 livres payables par les compagnons. . XII. Les matteaux des organfns devront être à l'avenir d’un tel poids, qu’il n’en entre pas moins de huit ou dix par chaque livre, & pliés de façon qu'ils ne foient pas trop ferrés, fous peine de réitérer la condition dans l’occafon de la vente , & de refüitu- tiôn de la part du maître fileur , qui fera condamné à 10 livres pour chaque contravention. XIE. Il refte défendu à tout maître fileur de con- traindre leurs compagnons ou apprentifs , foit mâle ou femelle , à acheter d'eux ou prendre à-compte de leurs falaires refpedifs aucune forte d’alimens , foit boire , foit manger ,-excepté qu'ils n’en foient d’ac- cord , fous peine de 25. livres chaque fois qu'ils contreviendront. XIV. Tous les appartemens ou moulins deftinés au filage des foies , tant.à l’eau qu’à la main, devront être pourvus d’un chef maître , examiné par les fyn- dics de l’univerfité de l’art & admis par le confulat, lequel devra avoir lentiere veille fur le travail , afñn que les oies fe trouvent travaillées felon Les articles du préfent réglement , avec défenfes auxdits maitres d'occuper à aucun autre ouvrage continuel , actuel & particulier, Les perfonnes employées auditflage, fauf à avoir foin & veiller fur le travail & ouvrages des autres perfonnesemployées dans le même filage, À peine de la privation d'exercice de maitre fileur, outre celle de dix écus d’or. XV. Tous les maîtres fleurs du difirié de ce con- fulat , feront tenus de fe rendre à Puniverfité de Tu- rin , pour reconnoître les fyndics d'icelle , à Pexcep- tion des maîtres fileurs de Raconis,, où l’établiffement d’une uriverfité de maîtres fileurs a été permis, avec la totale dépendance néanmoins du confulat fufdit, & l'obligation d’obferver le préfent réglement, ne voulant pasS. M. qu'aucune perfonne, foit par privi- lege , immunité ou exemption quelconque, puifle fe difpenfer de l’obfervation d'icelui , ni qu'aucun des fufdits maîtres puifle être admis à un tel exer- cice, qu'au préalable ilne poffede pour le montant de cinquante doubles , ou qu'il donne une caution fufñfante de pareille fomme devant le contulat. Quand la foie eft moulinée, il s’agit après cela de l'employer. : De la fabrication des étoffes en foie. Ce travail a plufeurs opérations préliminaires, dont nous don- nerons quelques-unes ici, renvoyant pour les autres à différens articles de cet Ouvrage. Opérations préliminaires. Première , il faut avoir les joies teintes. Voyez l’article de la FABRICATION des étoifes, & TEINTURE, Deuxieme, il faut ourdir les chaines, ce que nous allons expliquer. Troifieme, il faut avoir Le deflein de Pétoffe qu’on veut fabriquer. Voyez l’article VELOURS À JARDIN. Voyez auf Particle DESSEIN. Quatrieme , 1l faut monter le métier d’après le deflein. Voyez a l'article VELOURS , la maniere de monter un metier, avec fa defcription. Cinquieme , le métier monté , il faut lire le def- fein, ce que nous allons expliquer. | Sixieme , il faut fabriquer. Voyez 4 l'article VE- LOURS un exemple de fabrication d’une étoffe très- difficile, & aux différens arricles de cet Ouvrage pour les autres étoffes. | Cela fait, nous terminerons cet article par diffé- rentes .obfervations ufitées fur quelques goûts parti- culiers d’étoffes. - De lourdiflage des chaînes. Ourair, c’eft diftribuer la quantité de fils qui doivent compofer la chaîne fur l’ourdifloir. | On prend les 40 fils qui coripofent la cantre, & après les avoir fait pafler chu. an dans une boucle de verre, attachée au-deflus de chaque crochet fur le- quel la Joie eft devidée ; on noue tous les fils enfeim- bie, enfuite on les met fur une premiere cheville po- fée fur une traverfe au haut de l’ourdifloir, après quoi on les enverge par linfertion des doigts. Voyez ENVERGER. On les met bien envergés, {ur deux au- tres chevilles à quelque diftance de la premiere, On pañle enfuitetous les fils enfemble fous une tringle de fer bien polie, la moitié de ces mêmes fils étant {éparée par une autre tringle également polie, les deux tringles de fer étant attachées au pilot de l’our- difloir, qui au moyen d’une mortaife quarrée, & de la grandeur d’un des quatre montans qui font ar- rètés en-haut & en-bas des deux croifées , dont celle d'en-bas ayant une crapaudine de cuivre dans le mi- Leu, dans laquelle entre le tourillon de l'arbre de l'ourdifloir, lui fournit la liberté de tourner, a la li- berté de monter & de defcendre; dans la croitée d’en- haut eft pañlée une broche de fer {ur laquelle s’en- roule ou fe déroule une corde de boyau paflée dans une poulie du plot, & arrètée à un tourniquet pofé perpendiculairement à la poulie de ce plot. ‘Quand l’ouvriere metlourdifloir en mouvement, la corde qui fe déroule laïfle defcendre Le plot à me- fure. Ce plot conduit tous les fils qu'il tient arrêtés, entre deux poulies, de même que par la tringle fupé- rieure , fur ourdifloir en forme de ligne fpirale, juf- “qu'à ce que le nombre de tours qui indique la quan- tité d’aunes qu'on veut ourdir foit complet. Ayant le nombre de tours defiré, on prend la demi - portée avec la main droite, & la pafant fur une cheville, on la fait pañler deflous une feconde & la ramenant per le defius, on la pañle enfuite defflous la premiere, de façon que cette maniere de pafler alternativement la demi - portée ou la braflée deffus ou deflous les deux chevilles, forme une efpece d'envergure pour les portées feulement, ce qui donne la facilité de les compter. Quand cette opération eftachevée on fait tourner l’ourdifioir dans un autre fens, de façon que la corde du plot s’enroule à mefure, & le fait monter jufqu'à l’endroit où l’on à commencé; pour lors on enverpge de nouveau fil par fil, & on met les fils en- vergés fur les chevilleseb ont été pofés les premiers, & faifant pañer la braflée fur la premiere, on enver- ge de nouveau & on defcend comme la premiere fois , &t On remontede même, en continuant jufqu’à ce que la quantité de portées qui doivent compofer la chaine foient ourdies. . La piece étant ourdie, on pañfe des envereures en SOI 285$ bas & en haut ; celles d’en-bas fervent à féparer les portées pour les mettre dans un rateau, quand on plie la piece fur l’enfuple de derriere; Penvergure den-hant fert à prendre les fils de fuite, & de la mê- me façon, qu'ils ontété oùrdis pour tordre la piece, ou pour la remettre. Les envergures pañlées & arr tées,, ontiré les chevilles d’en-bas, on leve la piece en chaînette, & pour lors on lui donne le nom de chaine, Voyez CHAÎNE. De la lecture du dejfein. Lire Ye deffein, c’eft incor- porter le deflein dans les cordes du metier. Pour lire un deflein dans la regle, on enverge le femple, ob= fervant de commencer l’envergure par la corde qui tire la derniere arcade & la derniere maille de corps. Quand le femple eft envergé, on pañle deux baguet- tes'un peu fortes dans les 2 envergures, & on les at- tache ferme fur un chaffis fait avec des marches, qui eit tourne de côté , afin que la place ordinaire du femple {oit libre, pour avoir la liberté de faire les lacs pendant qu’on lira le deflein, On range enfuite les dixaines dans les coches de lefcalette, par huit cordes. Poyez EscaLetre. On place le deflein fur les dixaines de l’efcalette, dont les grands carreaux du papier , au nombre de so, contiennent chacun huit lignes perpendiculäires, qui font autant de cordes. Si le deflein contient fix couleurs, Pétoffe fera de fix lacs, Pour commencer à lire, la lifeufe choifit autant d’embarbes qu'elle ran- ge dans fes doigts, qu’il y'a de lacs ou de couleurs ; chaque embarbe eft deflinée pour la même couleur pendant tout le lifage du deffein, & on doit toujours commencer par la même, fuivre &c finir également. Le papier réglé ayant autant de lignes tranfverfa- les où horifontales, qu’il y en a de perpendiculaires , la Hfeufe fuit la premiere ligne, & chaque couleur quife trouve fur cette ligne, eft prife par l’embathe qui lui eft deftinée; c’eit-à-dire que fi une couleur occupe fur la ligne tranfverfale 7, 8, ro cordes per pendiculaires, la lifeufe doit retenir autant de cordes du femple, obfervant de bien prendre fur L:s mêmes dixaines, &t les mêmes cordes pendant la traverfée du fifage. Quand elle a fini une ligne, elle en recom- mence une autre de même ; & quand elle eft arrivée à la fin du premier carreau qui porte ro, 11 ou 12 lignes tranfverfales, elle noue enfemble toutes les embarbes auxquelles elle donne le nom de dixuine, 6t en recommence une autre jufque à ce que le def- fein foit fini. Il faut obferver que quoiqu'il y ait plufieurs lacs fur une même ligne, tous les lacs enfemble ne com- pofent qu'un coup ; de façon que fi le deffein con- tient fix lacs chaque ligne, & que le carreau aïît 12 lignes tranfverfales , il e trouve 72 lacs, qui néan- moins ne compofent que 12 coups. Des deffeins répétés. Tous les deffeins qui fe tra- vaillent aujourd’hui, foit dans l’étoffe riche, foit dans celle qui w'eft brochée que foie, ne portent que 40 à jo dixaines ; ce qui les rend très-courts dans la ré- duthon de Pétoffe ; les fabriquans néanmoins, ont trouvéle moyen de faire paroître le deffein plus long en faifant lire Le deflein deux fois, & fuifant porter à droite ce qui eft à gauche, où à gauche ce qui eft à droite ; la façon de faire Le deffein pour des étoifes de ce genre, de même que pour le lire , eft différente des autres ; dans ces dernieres , il faut que le deffina- teur s'attache feulement à faire en forte que fon def- fein finifle comme il a commencé, pour qu’il foit fuivi pendant le cours de létoffe; au lieu que dans la nouvelle, ilfaut que le deflein pour le lire {oit ren- verfé après qu'il a été lu à Pordinaire, pour que la f- gure qui étoit d’un côté foit portée de l’autre ; or, comme en renveriant le deffein il arriveroit que les flours, tiges, autres figures qui compofent l’étoffe, fuppofé qu’elles euflent été lues en montant, re 286 SOI pourroient être lues qu’en defcendant, & que dans l’étoffe la moitié du deflein monteroit infailliblement, & que l’autre moitié defcendroit ; 1l faut pour parer à cet inconvément , que Le deffein qui ordinairement fe Kit en commençant du bas.en haut, lorfqw’on le lit une feconde fois, foit lu du haut en bas, c’eft-à-dire en remontant ; de façon que par ce moyen le pre- mier lac qui eft lu à la feconde reprife, fetrouve pré- cifément le même qui a été lu lorfqu'on a commencé à lire à la premiere; & par ce moyen le deffein fuit, comme ilarriveroit fi on ne le lifoit qu'une fois; avec la différence quetout ce qui étoit d’un côté, fe trou- ve de l’autre pendant toute la fabrication de Pétoffe. Il eft néceffaire encore que le deflinateur fafle ren- contrer les fleurs, feuilles & tiges de fon deffein; de facon qu’en le renverfant de droite à gauche pour le tirer, toutes les parties fe trouvent parfaitement fur les mêmes cordes, ou dixaines qui doivent fe fuc- céder tant dans la fin du premier lifage, que dans le commencement du fecond. Cette façon eft tres-fin- guliere, & des mieux imaginées de la fabrique , pour difpenfer le deflinateur de ne faire qu’un deflein au leu de deux. Le fieur Maugis dans fa nouvelle méchanique a trouvé le moyen , en lifant le deflein une fois feule- ment, de faire l’étofe comme fi le deffein étoit lu deux fois, & de faire porter la figure de droite à gauche. Voyez Le differtation contenant les avantages de fa machine, imprimée à Lyon en 1758. Il feroit très-difficile de penfer qu’un deflein lu une fois feu- lement, pût paroître deux fois en étoffe de différente façon ; cependant le fait eft conftant. — Pour parvenir À cette opération, on attache deux femples au rame, dont l’un par la premiere corde à gauche, prend la premiere également du rame, jufqu’à celle qui finit par 400, dont la pareille du femble qui fait la 400°, y eft attachée, ayant conti- nué nombre par nombre de corde depuis la premie- re des 400 du femple , jufqu’à la derniere, Le fecond femple au contraire a la premiere corde attachée à la 400° du rame, & la 400° du femple à la premiere du rame ; de façon que ces deux femples étant atta- chés d’une façon totalement oppofée, il s'enfuit qu'un des femples porte la figure dans létoffe d’une façon oppofée à l’autre, en fuppofant que le deffein füt lu fur chacun des deux femples féparés; mais comme le deflein n’eft lu qu’une fois fur un femple , ce même femple fur lequel le deffein eft lu, eft ac- croché aux deux femples dont eft queftion ; êt pour fabriquer l’étoffe , on bande le femple qui doit faire faire la figure d’un côté , & quand il eff fini on bande l’autre femple & on lâche le premier; ce qui fait que la figure eft exécutée dans un autre fens; c’eft-là le fecret. Le feul femple qui eft lu eft attaché horifon- talement à côté le métier 8 bien tendu, ayant la ga-1 vafliniere attachée de même au-deflus; de façon que la tireufe prenant le lac, s'ileft pefant elle attache * à une petite bafcule, qui en faïfant lever les cordes que le lac retient, celles-ci font venir les cordes d’un des deux femples attachés d’une façon oppofée, lef- quelles cordes entrent dans un rateau, lequel baif- fant au moyen d’une autre bafcule qui Le tire par le bas , & au moyen encore de perles arrêtées &c fixes fur chaque corde du femple, pour empêcher que le rateau ne glifle; les perles retenant les cordes aux- quelles elles font fixées , tirent la corde de rame qui fait lever la foie, & fourmit le moyen à Pouvrier de brocher le lac ou pañler la navette, fi le cas exige, pou la fabrication de Pétoffe. Exemple fur un deffein en petit. Affemblez les deux parties 4 B, de façon qu’elles forment la lettre € C, c’eft le deffein entier ,ou ce qu’il doit faire en étoffe ; lifez la partie 4 feulement, elle formera en étoffe ce que les deux parties démontrent, SO Il faut pour cette opération commencer à lire en montant du côté de la lettre +, jufqu'àla fin .de la ! feuille 4 , la lettre den C. Cette feuille étant lue ,4l faut la renverfer & la lire une feconde fois; defacon que la lettre 4 foit renverfée auffi, & fe trouve en- haut ; pour lors on lit une feconde fois le-deflein en remontant, & on finit de même par la lettre demi C. IL eft vifible que la feuille renverfée porte à droite ce qui étoit à gauche; & que f on la lifoit à l’ordi- naire en commençant du bas en haut, lesfleurs au : Heu de monter au fecond Hifage defcendroient; mais : comme on fait lire du haut en bas, la figure doit tou- jours fuivre Pordre de la premiere feuille, attendu | que le premier lac qui fe tire, fetrouve également ie premier de la premiere feuille | & que le dernier fe trouve de même le dernier; avec cette différence, que la pofition de la feuille au fecond lifage, fetrouve totalement oppofée à celle dela premiere, & que pat une conféquence infaillible, la figure doit fetrou- ver de même dans létoffe. Suivant cette démonftration, dans la pratique or- dinaire, un deflein qui contient une feuille de 40 ou so dixaines étant lu deux fois, paroît auffi long en étoffe, que s’il en contenoit deux ; 8&c fuivant la mé- chanique du fieur Maugis, il n’eft befoin que de les lire une fois, pour qu’il produife le même effet, S1 ces deux petites feuilles ne font pas fuffifantes pour cette démonitration, on en fera faire deux plus grandes qui contiendront un deffein en plufeurs lacs brochés ; & au lieu de cinq à fix dixaines comme celles-ci, on les fera de 15 à 20 chacunes ; mais il faut un avertiflement prompt, s’il eft poflble : Le fi lence fur cet objet prouvera qu’on ef fatisfait. Un deffinateur quieft obligé de fournir chaque an- née jo deffeins dans une fabrique, contenant 100 feuilles, n’a befoin que d’en peindre $o pour rem- plis fon objet; ce qui fait qu’il s'applique infiniment mieux à perfeétionner fonouvrage, foit dans la com- pofition,, foit dans le goût : on nomme ces defleins, deffeins a répétition. Des. cordelines. On donne le nom d’armure à la façon de pafñler les cordelines ; mais ce moteft im- propre; car l’armure ne concerne précifément que la maniere de faire lever 8 baïfier les liffes, fuivant le genre d’étoffe que l’on fabrique ; au lieu que La, beauté de la cordeline qui forme la lifiere , ne fetire que de la façon de la païfer dans les liffes. Auf lon va donner cette façon de la pafler, qui doit être la même dans tous Les oros-de-tours &c taffetas, ainf que danstous les fatins, foit à huit liffes , foit à cinq. Pour faire une belle lifiere dans un taffetas ou gros-de-tours, il faut paffer une cordeline fur la pre- miere life & une fur la feconde ; ainfi des autres, s’il y en a fix ou huit. Si l’étoffe exigeoit qu'il y eût un liferé pañfé fous une life levée feulement, pour lors on pañleroit chaque cordeline fur deux lifles ; favoir une fur la premiere &x la troifieme, & une fur la feconde & la quatrieme, ainf des autres; parce que fans cette précaution , il arriveroit que les cor- delines n'étant pañlées que fur la premiere & la fe- conde , quand on feroit obligé de faire lever la troi- fieme &c la quatrieme feules, & qu’elles n’auroient point de cordelines dans leurs mailles , 1l n’en leve- toit aucune pour pañler la navette de lhiferé ; confé- quemment la trame ne feroit point arrètée. A l'égard des fatins à huit liffes , s’ils font fabri- qués avec deux navettes, foit fatins-pleins ou unis, foit farins façonnés , 1l faut que la premiere cordeli- ne prife du drap foit paflée fur la deuxieme , troïfie- me, fixieme, &c feptieme lifle ; la feconde , fur la premiere, quatrieme, cinquemie, & huitieme life, ainfi des autres ; de façon que la fixieme ou huitie- me cordeline foit la premiere hors du drap du côté droit, ou des deux navettes, quand on commence le coùrfe ow à travailler. À l'égard du côté gauche, il faut commencer dans un fens contraire, c’eft-à- dire, que la premiere du côté du drap foit paflée fur la premiere, quatrieme, cinquieme , & huitieme ; la feconde, fur la deuxieme, troifieme , fixieme, &c fep- tieme , & ainfi des autres. Au moyen de cette façon de pañler la cordeline,il arrive que les deux premiers coups de navette fe trouvent précifément fous les mêmes cordelines levées ; les deux feconds fous cel- les qui avoient demeuré baïflées ; ainfi des autres jufqu'à la fin du courfe; quoique à chaque coup de navette 1l leve une life différente, fuivant l'armure ordinaire d’une prife &c deux laiffées. - Cette façon de pañfer les cordelines renferme deux objets également eflentiels pour la perfe&ion de la lfiere. Le premier eft que les deux coups de navette fe trouvent régulierement de chaque côté entre les trois ou quatre mêmes cordelines autant deflus que deflous, & prodwifent un effet bien différent que fi elles crorfoient à chaque coup; parce que pour lors, le fatin ne croifant pas comme la lifiere , & la trame y entrant dedans avec plus de‘facilité , la lifiere avan- ceroit plus que l’étoffe par rapport à la croifure con- tinuelle; ce qui la rendroit défeueufe, & feroit que Pétoffe étant déroulée, la Hfiere feroit ce qu’on ap- pelle enfabrique le verre de veau ; tandis que Pétoffe paroïîtroit également tendue; ce qui arrive néan- moinstrès-fouvent & fait paroître l'étoffe défe&tueu- fe, principalement quand il s’agit de coudre lifiere contre Hfere quand elle eft coupée pour en faire des robes ou autres ofnément. Le fecond objet, que l’on peut dire hardiment être ignoré de la centieme partie des fabriquans eft, que cette façon de pañler les cordelines, fait que dans celles quilevent du côté où on pafle lanavette, celle de la rive, ou la plus éloignée du drap, ne peut man- quer de lever , & fuccefivement les autrés uñe prife êt une laïflée, afin que la trame fe trouve retenue par celle qui leve, & que la lifiere foit plate à fon extrémité; ce qui s’appelle en terme defabrique, faire le ruban ; ce qui n’arriveroit pas fi la feconde le- voit; parce que pour lors, le coup denavette précé- dent faifant que la trame fe feroit trouvée deflous la cordeline de la rive qui auroit levé, cette cordeline fe trouvant baïflée quand ilfaudroit repañler les deux coups, louvrier en étendant fa trame pour la cou- cher, les cordelines qui né levent pas étant très-là- ches, attendu que celles qui levent fupportent tout le poids deftiné à leur extenfon;ilarrive que la tra- * métire la cordeline qui n’eft pas tendue, & la fait ranger fous la feconde qui Peft beaucoup , atténdu la levée, &c forme une lifiere quatrée aù lieu de former fe ruban, ou d’être plate comme elle doit être, Cette précaution quoique très-importante eft tel- lementignorée des fabriquans de Lyon, que prefque toutes Les étoffes péchent par la lifiere, & que ceux quine connoïffent pas la fabrique , attribuent: ce dé- faut à la qualité de la matiere dont la cordeline ef compofée, quoiqu'il n’y en ait pas d'autre que celui que l'on vient de citer. Ileft donc d’une néceflité indifpenfable de par les cordelines d’une façon , foit aux taffetas ou gros- de-tours’, foit aux fatins, que celle qui eff à la rive de Pétoffe foit toujours difpofée à être levée du côté où ouvrier lance la navette , parceque pour lors ilfe trouvera qu’elle aura baiffé au coup précédent : cette obfervation concernetoutes les étoffes de la fa brique en général. | Dans une étoffe telle qi’une luftrine liferée , la façon de pafler la cordeline eft diférenté pour qu’elle foit parfaire » parce que pour lors la premiere navette pañle régulièrement deux fois ; quand éelle du liferé men pale qu'une ; ce qui fait qu'au retour de la pre- mere la cordeline doit croïfer pour arrêter la trame, féquin'arrive pas dans celle que l’on vient de citer; + SOI 207 de façon que dans celle-ci les deux coups de trame ét celui du Hferé doivent fe trouver fous un même pas pour que la lifiere ne fafle pas le ventre de veau. Les cordelines dans celle-ci doivent donc être paf fées , favoir du côté droit la premiere & la plus pro- che du drap fur la 3, 4,7 87 8e lifle ; la feconde {ur la premiere, 2, 5 & 6°, ainfi des autres, foit qu'il y en ait fix ou huit; de facon que celle de larivefe trôuve toujours pañlée fur les mêmes Hifles de la fe conde ; par conféquent elle leve du côté où fa na= vette efl lancée. Les cordelines du côté gauche doi- vent être paflées en fens contraire , c’eff-à-dire it premiere plus près du drap fur la premiere, 2, s & 6° , la feconde fur la 3 ,4,7 &8°; ce qui fait qu'au moyen de l’armure du fatin, celle dela rive, au fe- cond coup de navette, fe trouve résulierement fur la troifieme life, qui eft celle qui doit lever À ce même coup, fuivant l’armure du métier. Cordelines pour les damas. I n’eft pas poffble de paf- fer la cordeline dans le damas , ni dans tous les fa- tins à cinq lifles ; de façon que celle de la rive leve régulierement du côté que la navette eft lancée , at- tendu le nombre impair des lies , qui fait que quand le courfe des cinq lifles eft fni , la navette fe trouve à gauche dans le premier, & à droite dans le {e- cond ; il y a cependant une façon de les pañler, pour cue la lifiere foit belle, différente des autres genres d’é-offe : la premiere cordéline du côté du drap doit étre pañlée fur la premiere Hiffe du côté du corps , la quatrieme & la cinquieme; la feconde doit être pa- fée fur la deuxieme & la troifieme ; la troifieme fur la quatrieme & la cinquieme ; la quatrieme fur la pre- miere , la feconde & la troifieme ; la cinquieme fur la troïfieme , quatrième & la cinquieme ; la fixieme fur la premiere & la feconde , en commençant à [a droite. La lifiere du côté gauche doit être pañée de même que celle du côté droit. Il y a encore une autre façon de paffer la cordeline ; favoir, la premiere du côté du drap fur la prentiére & la feconde; la fecon- dé fur la quatrieme & la cinquieme ; la troifieme fur la feconde & la troifieme ; la quatrieme fur la pre- miere & la cinquieme ; la cinquieme fur la troifieme êt la quatrieme ; la fixieme fur la premiere & la fe- conde, où 1l faut obferver que la life du milieu, ou la troïfieme par laquelle finit le fecond courfe , ou le dixieme coup, ne doit jamais faire lever les mêmes cordelines qui font fur la premiere life , parce que pour lors le courfe finiffant par celle du milieu, les mêmes cordelines leyeroïent , & la trame ne feroit point liée. De la différence des damuas de Lyon & de Gènes. La facon dont les Italiens, principalement les Génois ; fabriquent le damas , eft tellement différente de celle dont on fe fert en France, foit par la qualité & quan- tité de Joie dont leurs chaînes fontcompotées, foit par la maniere dont ils font travaillés , qu’il nef pasbe- foin d’étrefabriquant pour convenir que fi leurs étof. fes font préférées aux nôtres, leurs. principes font ani plus excellens ; c’eft ce qu'il eff néceffaire d'expliquer. ; * On vient de dire que la qualité & quantité dé la Joie dont les chaînes des damas qui fe fabriquent _thez Pétranger font compofées, different dé la quan- tité &c qualité de celle qui eft employée dans les damas qui fe fabriquent en France, il faut le dé- montrer. Le réglement du r O@tobre 1737, quoique rempli de vetilles fur le fait de la fabrication des étoffés , ne fait aucune mention des damas meubles ; il ordonne féulement, are. 68. que les damas ne pourront être faits à moins de 06 portées de chaîne. Celui du 19 Jüm 1744; ordonne’, #tre vay. art. 4. que les damas réputés pour meubles ne pourront être faits à-moins de 90 portées de chaîne , chaque portée de 8o fils, 288 S OI Cette fixation quine concerne précifément que la quantité de foie pour ce genre d’étoffe, démontre af- fez que les fabricateurs des deux réglemens qu’on vient de citer, nétoient pas des plus intelligens, puilque d’un côté , la quantité de foie qu’ils admet- tent eft infufhfante , & de l’autre, qu'ils ne font au- Cune mention de la qualité, qui eft auffi eflentielle que la quantité même. L'arr. 1, du réglement du 8 Avril 1724, pour la manufacture de Turin , tiré du réglement de celle de Gênes, veut que Les damas foient faits avec une chaï- ne de 96 portées de 80 fils chacune, & avecun pei- gne de 24 portées,pour qu'il fe trouve 8 fils par cha- que dent de ce peigne, & qu'il ne foit employé. à lourdifflage des damas que des organfins du poids de 6 oftaves ( 6 oétaves font 18 deniers poids de marc), chaque raz (un raz fait demi-aune de France) , au- moins, étant teints, ce qui vaut autant pour le poids qu'une once &t demie chaque aune de la chaïne pour ceux qui s’ourdiflent en France, Les Piémontois ont eu foin de fixer le nombre des portées par rapport à la quantité de Joie dans leurs damas, de même que les poids par rapport à la qua- lité, & n’ont pas oublié de faire ordonner que les peignes pour la fabrication de ce genre d’étoffe fuf- fent compofés d’un nombre de portées proportion- né à la quantité de la Joie , & ne continflent que 8 fils chaque dent. La fixation du poids feroit inutile fi le nombre des portées n’étoit pas défigné , parce qu’on .pourroit mettre moins de portées & un organfin plus gros, sil n'étoit queftion que de la qualité , afin que le même poids fe trouvât toujours à la chaîne , en conformité du réglement; ce qui contribueroit à une défeauo- fité d'autant plus grande, qu’il n’eft perfonne qui ne fache que ce n’eft pas le fil le plus gros & le plus pe- fant qui fait la plus belle toile, mais bien le plus fin & le plus léger , la quantité néceflaire fuppofée com- plette. Les Génoiïs mettent roo portées aux moindres da- mas meubles de leurs fabriques, & un peigne de 25 portées pour faire également le nombre complet de $ fils chaque dent ; ce qui doit immanquablement faire une étoffe plus parfaite que fi elle ne contenoït que 90 portées, comme il eft ordonné par les réglemens de 1737 & 1744, concernant les manufaétures de Lyon. | . La quantité des portées prefcrite pour les damas de Turin & de Gènes, étant fupérieure à celle qui eft prefcrite pour ceux qu'on fait en France, il eft évident que leurs étoffes doivent furpañler ces der- mieres ; ce n’eft pas encore aflez pour leurperfe@ion, ces étrangers veulent aufh que le poids de leur chaîne foit fixé, crainte qu’un organfin trop fin n’altérât la qualité de l’étoffe ne garniffant pas aflez ; ce quetous nos fabricateurs de réglemens n’ont pas fu imaginer , quoiqu’ils fe fotent attachés à des minuties infiniment au-deffous de ce que demande le damas pour qu’il 1oit parfait. S1 un organfin extraordinairement fin peut rendre le damas défeétueux, quoique ie nombre des portées {oit complet, un organfin extraordinairement gros ne le rendra pas parfait ; il faut une matiere ptopor- tionnée à Pétoffe pour laquelle elle eff deflinée; de | facon que fi un organfin trop fin fait paroitre l’étoffe affamée ou peu garnie, celui qui eft trop gros fera paroître un fatin rude &c fec , au-lieu d’être doux & velouté, comme 1l faut qu’il foit pour quel’étoffe foit en qualité. Les Génois fabriquentencore des damaspour meu- bles , qui font les plus parfaits qu’on puiïfle faire en ce genre; 1ls font compofés de 120 portées... & faits avec un peione de trente portées, pour avoir, à l’or- dinare, 8 fils par dent. Ces damas ne font diftin- SOI gués des ordinaires de 100 portées que par {a lifieré ou cordon qu'ils appellent croffz , laquelle eft faite en gros-de-tours , non en taffetas, c’eft-à-direqueles deux coups de la navette, dont la trame fert à former | létoffe, qui font pañlés à chaque lac , paflent pour le cordonfousun même pas, 87 formentunparfaiteros- de-tours & une belle lifiere ; ce qui fert à les diftin- guer des damas ordinaires. | Cette façon de faire la lifiere ou cordon du damas en gros-de-tours , aufli-bien que la cordeline, ef fi ingémieufe , qu'on ofe foutenir que de cinq ou fix mille maîtres fabriquans qui font à Lyon, il n’en eft pas peut-être dix qui fur le champ foient en état de démontrer de quelle façon peut être faite une chofe auf finguliere , pas même encore en leur donnant le tems de l’étudier. Ce font cependant des payfans très- grofiers qui font de telles étoffes, aufli-bien que les velours. A l’égard de la façon dont les damas font travail- [£sà Gênes, elle eft différente de celle de France. Foutes les chaînes des étoifes façonnées qui fe font. ou fabriquent à Lyon , ne reçoivent l’extenfon forte qu'elles doivent avoir pendant le cours de leur fabri- cation , qu'au moyen d’une grofle corde , laquelle étant arrêtée par un bout au pié du métier, fait en- | fuite trois ou quatre tours au-tour du rouleau fur le- quel la chaîne eft pliée, & ayant {on autre bout pañlé dans un valet , ou efpece de bafcule de la longueur d’un pié & = plus ou moins , dont une partie tailléeen demi-rond enveloppe ce même rouleau fur lequel il eft pofé horifontalement, on accroche à fon extré- mité un poids d’une groffeur proportionnée , & fe- lon qw’exige la longueur de la bafcule qui tient le rou- leau arrête ; de façon que pour tenir la chaîne ten- dueil faut tourner le rouleau oppofé fur lequel l’étoffe fe roule à mefure qu’on la travaille, & au moyen d’une roue ou roulette de fer , taillée comme une roue à rochet d’une pendule , dans les dents de la- quelle accroche un fer courbé pour entrer dans cha- cune de la roulette , & la retenir ; à mefure qu'on tourne le rouleau de devant, auquel eft attaché & placé quarrément la roulette en queftion , on fait de- vider le rouleau de derriere , & la chaine fe trouve toujours tendue. Cette façon de tenit tendue la chaîne des étoffes façonnées eft très-commode , principalement pour les riches, qui demandent une extenfon continuelle de la chaine, par rapport à cette quantité de petites navettes owefpolins, quine pourroient pas fe foute- nir fur l’étoffe fi la piece étoit lâche ; mais elle eft fe ” jette à un inconvénient auquel on ne fauroit parer, en ce que les grandes fecoufles que la tire occafñon- ne pendant letravailde l’étoffe, jointes aux coups de battant , & à la liberté que le bafcule donne au rou- leau de derriere de devider , font toujours lâcherun peuplus, un peu moins la chaine, laquelle par con- {équent-perdant une partie de {on extenfon , la fait perdre également à l’étoffe fabriquée. De-là vient le défautordinaire des damas de Lyon de paroïître froïf- {és dans des certains endroits fi-tôt qu'ils fonthors du rouleau , cequi s'appelle gripper , dans le langage de la fabrique de Lyon , défaut qui ne fe trouve point. dans les damas de Gènes, ou autres d'Italie, parce qu'ils font travaillés différemment. Les Génois n’ont ni corde, n1 bafcule , nirouletté de fer attachée à l’enfuple ourouleau de devant, pour tenir tendues les chaînes de leurs étoffes ; ils fe fer vent feulement de deux chevilles de bois, dont lapre- miere de deux piés de longuetir environ, étant paf- fée dans untrou de deux pouces en quarré , fait aut rouleau de devant, qui pour cet effet eft percé en croix en deux endroits de part en part, eft attachées par le bout à une corde quitient au pié du métier de: devant, “ L’enfuple L’enfuple où rouleau de derriere eft percé auf à un des bouts, comme celui de devant; & lorfqu’il eft queltion de donner Pextenfon à la chaîne , on pañle dans une des quatre entrées que forment les deux trous de parten part, une cheville de bois de la lon- gueur de trois prés &z demi au moins, à laide de la- quelle on donne l’extenfon néceflaire pour la fabri- cation, en attachant la cheville par le bout à une cor- de placée perpendiculairement à l’eflaze du métier, au-deflus de l’endroit où cemême bout fe trouve. Cette façon de tenir la chaîne tendue n’eft fufcep- tible d'aucun inconvénient ; au contraire, par le moyen de la cheville de derriere, on ne lui donne que l’extenfion qu’elle demande; ce qui n’arrive pas avec la bafcule qui, felon humide ou Le fec, laïffe courir le rouleau ou enfuple de derriere plus ou moins , fuivant les grandes ou petites fecoufles que la chaîne reçoit par la tire , toujours pefante dans le damas , & cauie l'inégalité qui fe trouve dans les étoffes faconnées de cette efpece ; elle empêche le froifflement ou grippure qui fe trouve dansles damas de Lyon , parce qu’elle retient toujours la chaîne dans cette mème égalité d’extenfion qui lui eft nécef- faire pour la perfeëtion de létoffe ; les fecouffes qu’- elle reçoit ne la faifant ni lâcher , ni tirer plus qu'il ne faut, elle fait même que Pétoffe reçoit une efpece d’apprêt pendant la fabrication , qui ne fe voit que dans les damas de Gènes, ou autres fabriqués de la même maniere. Quoiqu’on n’ait pas fait mention de la quantité de brins dont l’organfin, pour faire le damas, eft com- pofé, on penfe bien que ceux qui font faits avec un organfin à trois brins, doivent être plus beaux que ceux faits avec un organfin qui men contient que deux , par conféquent on ne dira rien de plus fur cet article. La façon dont on vient de démontrer la différence quite trouve dans la fabrication des damas d’iralie, ë&t dans celle des damas qui fontfabriqués en France, de même que celle qui fe trouve dans la quantité & qualité des oies dont les uns & les autres font com- poiés eft fi fenfible, qu'il n’eft perfonne qui ne con- vienne que des que les fabriquans de France vou- dront {e conformer à la maxime des Italiens , ils fe- ront des étoftes aufh parfaites que celles qui font travaillées par les montagnards de Gènes. Fout ce que les fabriquans de France pourroient oppofer à ce qui vient d’être dit en ce qui concerne le damas , & ce qui a ëté dit précédemment concer- nant le velours , eft qu’étant obligés de tirer du Pié- mont les organfins propres à faire les chaînes de fem- blables étoftes pour qu’elles foient parfaites, les droits de fortie, les frais de tranfport , les droits d’entrée dansleroyaume, laprovifion des commiflionaires qui vendent pour le compte des négocians piémontois, leur faifant revenir la foie infinimentplus chere qu'aux Génois &c autres italiens , il s’enfuit que l’étoffe fa- briquée leur reviendroit évalement à un prix qui les mettroit hors d’état d’en faire le commerce. Obfervarion concernant ce dernier article qui demande | un examen très-fcrupuleux. Un ballot d’organfin de cent trente-fix livres poids de Piémont, qui font cent huit livres poids de Lyon, paye pour la fortie du pays 105 liv. argent de Pié- mont, qu font cent vinet-fix ivresargent Le MORE ONE NET 0e Pour voiturer de Turin à Lyon, . . 10 Pour la douane à l'entrée du royau- En EE ET UE Le commifionnaire de Lyon qüi vend pour le compte du marchand piémontois, exige ordinairement quatre pour cent de provifion pour demeurer du croire, ce Tome XF, / qui fait qu'en fuppofant le prix de la foxe à vingt-cinq livres la livre, la provifon monte à cent livres fur un ballot, ci . . 1001. * Les ballots d’organfin que lon üre du Piémont , ne pañlent point par la condi- tion publique (4), attendu que cette pré- out ef A l'intérêt ne taire, ce qui fait qu'ii n’en eft pas un qui ne fafie une diminution de 3,4, 5,6 livres, même jufqu’à 7; on la réduit ici à trois livres &c demie, tant pour les uns que pour les autres, ce qui fait quatte- vingt-fept livres dixfols, ii + . 289 871. tof, Total;393l rof, Le ballot d’organfin teint ne rend au pfus que foi- xante-quinze livres , ce qui fait que la Joie teinte re- vient à ÿ lv. 5 f. plus chere aux François qu'aux Ita- liens , attendu qu'ils font obligés de payer lés droits du quart de la /oze, qui s’en va en fumée dans les opérations de la teinture, & que les droits quife per- çoivent en France n'équivalent pas fur Les étoffes étrangeres aux frais que les fabriquans françois font obligés de fupporter, ce qui fait que l'étranger peut donner {a marchandife à meilleur prix que le fabri- quant françois. Si les fabriquans françois achetoient eux-mêmes en Piémont les /oë:s qu'ils emploient, ils gagneroient & les frais de commiffñon êcles diminurions qui fe trou- vent fur les ballots ; en les faifant conditionner, la loi étant telle que le négociant piémontois ne fauroit le refufer ; & que dans l’article qui eft contenu dans cetre loi, 1l eft précifément ftipulé que dans le cas où l’acheteur & le vendeur feroïent convenus que la Joie ne pañléroiït pas à la condition publique, dans le cas de conteftanion pour l'humidité ou autre dé- feétuoñité , le confulat de Turin n’en prendroit au- cune connoïfMance , ce quin’eft pas de même quand la Joe y a pañlér Il faudroit des fonds trop confidérables pour ache- ter comptant les /ozes qu’ils emploient, vendre leurs marchandifes pour terme , payer les facons, &c. les Joies fe vendant ordinairement à Lyon pour dix-huit mois de terme , d’ailieurs les marchands de foie de Lyon font obligés de faire des grofles avances à ceux du Piémont dans letems du tirage des foies, tant pour l'achat des cocons dans les campagnes qui ne fe fait que comptant , que pour le payement des femmes qui tirent la foie , 8 autres frais. Les Anglois & Hol- dois fourniflent des fonds quelquefois deux années d'avance , parce qu'ils en tirent plus que nous , at- tendu qu’ils n’en cueillent point. Des éroffes riches en 800. Les étoffes qui fe font depuis peu en 800, font affez fingulieres pour qu’ele les méritent de tenir place dans les mémoires de la fabrique d’étoffes de foie, or & argent. Les étoffes en 800 ordinaires n’ont point de répé- tition , parce que fi elles en avoient, il faudroit né- ceflairement 800 cordes de rame, 8oo arcades & 800 cordes de femple, ce qui donneroit 1600 mail- (4) La condition publique eft une chambre établie à Tu- rin, pour y mettre les joes lorfque l’acheteur en convient avec le vendeur. Cette chambre contient quatre cheminées , dans lefquelles on fait un feu modéré pendant toute l’année ; excepté dans les mois de Mai, Juin, Juillet & Août. Dei cette chambre , on fépare la foie par matteaux , qui contien- nent quatre à cing écheveaux chacun ; on les pañle dans des ficelles , lefquelles font fufpendues dans le milieu; & le bal- lot ayant été pelé avant que d'y être porté, on laifle la foie vingt-quatre heures ; après quoi on la repele : fi le ballot a diminué de deux livres & demie , il eff reporté une feconde fois, & enfin fi à la troifieme la diminution fe trouve encore de même, pour lors il eft confifqué. Comme perfonne nef forcé de porter la foie à la condition publique, les proprié- taires de celles qui font envoyées à Lyon n’ont garde de Rire pañler les leurs par une épreuve de cette forte. Oo 290 SOI les, Or comme on a démontré dans tousles mémoires, que la réduétion otdinaire de l’étoffe riche eft de 800 mailles de corps, il s’enfuit que tous les 800 qui fe font faits juiqu’à ce jour, font fans répétition & mon- tés en 800 cordes de rame & autant de femple , & une demi - arcade feulement , ce qui fupprume la ré- pétition. ‘ nr4 Suivant la nouvelle méthode , on fait une étoffe en 800, c’eft-à-dire fans répétition dans fa largeur avec 400 cordes feulement & 400 arcades. Il paroïît furprenant qu'avec 400 arcades 1l n’y ait pas de ré- pétition , attendu qu'il n’eft pas dificile de faire wne étoffe qui dans fa largeur n’aura point de répétition, en attachant une demi -arcade à chaque corde de rame & ne laiffant que 400 mailles de corps, mais il paroït impoñfible de la faire avec une arcade en- tiere qui leve 800 mailles. Pour faire une étoïffe dans ce goût, il faut faire deux defleins de même hauteur pour 400 cordes de femple , foit 8 en 10, foit 8en 11, foit 8 en 12, fui- vantque le fabriquant defire que l’étoffe foit réduite, la lifeufe met les deux defleins l’un fur l’autre ; & quand elle a lu un lac ou toutes les couleurs diffé- rentes qui font fur la ligne horifontale du premier deffein , elle en lit une autre fur le fecond , & con- tinue de même jufqu'à la fin des deux defeins en entier. Il faut bien faire attention que fous la déno- : mination d’un /ec en fait de lifage de deflein, on comprend toutes les dorures &c fozes qui fe brochent d’un ou deux coups de navettes aux deux autres, fuivant la difpoñtion de Pétoffe, mais ordinairement il n’y en a qu'un , attendu que la trame ne doit faire aucune figure dans ce genre d’étoffe , mais feule- ment le corps de cette même étoffe, de façon que quoiqu'il fe trouve 5 , 6, 7, mème 8 lacs & plus à brocher dans l'intervalle d’un coup de navette à l’au- tre , tous ces lacs enfemble néanmoins n’en compo- fent qu'un, fivant le liflage. On voit aétuellement À Lyon des étoffes qui ont jufqu’à 12, même 13 lacs brochés & un pañlé, ce qui fait 14 lacs ; mais elles font rares, attendu les frais de la main-d'œuvre, &c qu'il w’eft pas poffble d’en faire plus d’un demi- quart par jour. Tous ces lacs brochés cependant & le lac pañlé n’en compofent qu’un fuivant le lif- fage. Le deffein lu êc le métier monté, l’ouvrier fait ti- rer les premiers lacs qui doivent être brochés, &t ne pafle où ne broche fur létoffe qu'un côté des lacs qui ont été tirés &c qui fe rapportent au premier def- fein lu ; il fait tiret enfuite les lacs du fecond deffein, & les broche dans la place qu’il a laïflé vuide, ou qu'il n’a pas broché dans l’étoffe, de façon qu'il ne broche qu'une répétition de chaque deflein , foit à droite , foit à gauche; de cettemaniere, 1lfe trouve qu’encore que le métier ne foit monté que de 400 cordes à l'ordinaire , Les deux deffeins lus, comme il a été démontré , contenant 400 cordes chacun, forment un 800 parfait. Suivant cette façon de travailler, il fe trouve qu’une éfoffe de 6 lacs brochés chaque deflein en contient 12, ce qui augmente confidérablement les frais de main-d'œuvre ; on a cependant trouvé le moyen de parer à cet inconvénient, mais il n’eftpas aifé, Comme il n’y a encore que trois ou quatre mé- tiers dans Lyon montés dans ce genre, il ne s’eft trouvé qu’une lfeufe qui ait pu mettre en ufage la méthode qui commence à fe mettre en pratique pour diminuer la quantité de lacs brochés. Il faut, pour cetre opération , que la lifeufe obferve le vuide ou le fond qui fe trouve dans chacun des deux deffeins, & qu’elle ait foin de porter les parties qui fe trouvent garnies dans le premier deflein dans le lac dela partie vuide du fecond , & de même celles quife trouvent sarnies dans le fecond deflein dans la partie vuide du premier ; ce qui fait qu’au-lieu de 13 lâcs bro2 chés,, il arrive qu'il ne s’en trouve quelquefois que 6,7à8, plus ou moins ; 1l faut en même tems que ouvrier ait un grand foin de ne pas brocher à droite ce qu'il a broché à gauche fur le drap ou étoffe , ce qui n’eft pas aifé ou facile pour l’ouvrier, & encore plus mal-aifé pour la lifeufe, qwi eft obligée de choi- fir fes lacs, pour ainf die, des yeux ; infenfble- ment les lifeufes 8 les ouvriers s’accoutumeront à travailler dans ce goût, parce qu’il n’eft rien dont les fabriquans ne viennent à bout lorfqu'ils veulent s'appliquer férieufement. | Quoique cette façon de lire le deffein foit détail lée autant qu’elle peut l'être, de même que celle de travailler l’étoffe, elle ne paroït pas aifée à compren- dre , fi oh ne connoît pas à fond, pour ainf dire, le métier ; ainfi l’on pourroit objeéter que, fansfe don- ner tant de peine, il ne feroit pas difficile de monter un métier & faire une étoffe fans répétition , en fai fant lire un deflemn de 400 cordes à l'ordinaire, & au-lieu de 800 mailles de corps n’en mettre que 400. | | L’onrépondra à cette objeétion qu'il ef très-aiféde faite une étoffe fans répétition fur un 400 ordinaire; mais on obfervera en même tems que fi le corps ne contenoit que 400 mailles, la réduétion feroit f srof- fiere, qu'’au-lieu de 4 à ÿ bouts dont un gros-de-tours ou fatin eft compofé pour la trame qui fait le corps de létoffe , 1l en faudroit plus de dix ; en voici la raifon. Le papier reglé fur lequel le deflinateur peint fon deffein , porte la largeur jufte de l'étoffe. Ce defleia étant répété deux fois dans cette même étoffe , doit fe trouver réduit à la moitié jufte dans la hauteur, . camme il eft forcé de être dans la largeur. Pour pas- venir à cette réduétion , il faut que la trame qui em fait le corps foit proportionnée pour qu’elle foit par- faite , attendu que fi on trame trop gros, les fleurs, feuilles ou fruits qui doivent être ronds , feront lar- ges ; de même que fi on trame trop fin, lesfleurs {e- ront écrafées, & perdront de leur beauté; c’eft pour cela qu'un deflein fur un papier de 8 en 10 exige d’être tramé plus gros que celui qui eft fur un 8 en 11 ; de même que celui qui eff fur un 8 en 11, do être également tramé plus gros que celui qui ef fur un 8 en 12, attendu que la dixaine étant parfaitement quarrée, plus elle contient de coups dans fa hauteur, plus il faut qu’ils foient fins- pour qu'ils puiffent y entrer. Ce “te pofé pour principe, il s'enfuit que 400 mailles de corps dans la largeur ordinaire , qui ne garmiront que par la quantité de 8 mailles chaque dixaine, ne réduiront pas autant que 800 mailles qui en donneront 16, attendu la répétition. Par la même raïfon , puifque 12 coups doivent former le quarré dans un deffein de 8 en 12 fur 16 mailles, il en fau- droit 24 fur 400 mailles dans la largeur ; ce qui écra- feroit la fleur , laquelle , pour être dans fa rondeur, exigeroit une fois plus de trame chaque coup que Pétoffe ordinaire , à quoi il faut ajouter que la dé- coupure dans le deffein qui ordinairement eft de 4 fils doubles , fe trouvant pour-lors de 8 ,ajouteroit une imperfeétion par fa groffiereté , à laquelle il fe- roit impoñlible de parer, puifque dans un fatin de 90 portées qui compofent 7200 fils, la maïlle de corps contenant 9 fils, pour lors elle en contien- droit 18. On peut voir dans Le sraité des fatins réduits toutes les proportions géométriques qui doivent être obfervées pour former une réduétion jufte dans toutes les étoffes, proportionnément à la quantné de mailles de corps contenues dans les largeurs or- dinaires , puifque chaque maille doit avoir fa corde. Par exemple, Un fabriquant de Lyon vient de monter un métier qui commençera à travailler dans la femamne : ce més SOI “fier contient 3200 mailles de corps fans répétition, conféquemment 3200 cordes de rame, 68 autant de femple. Comme la largeur de 3200 cordes de femple porteroit huit fois autant de largeur qu'un 400 or- dinaire, on a adoflé deux caffins de 1600 cordes cha- cun, lefauelles cordes font faites d’un fil de lin très: fin, ne porteront pas plus large qu’un 800 ou un mille à Pordinaire: ce qui facilitera le travail qu’une trop grande largeur auroit totalement rendu impofñli- ble. L'étoffe qui doit être fabriquée, ne fera point à répétition, attendu qu’elle eft deflinée pour habit d'homme à bordure, qui ne fauroit être répetée, cette bordure n'étant que d’un côté, de même que ia patte de la poche & la foupatte qui ne fauroient fe trouver dans le milieu de Pétoffe, par conféquent être répétées. Ce métier aura deux corps de 1600 mailles chacun ; chaque maille ne devroit avoir qu'un fl double ; maïs comme Le double corps exige deux .Chaïnes, ou une chaîne & un poil; chaque maille de corps contiendra deux fils doubles: ce qui fera la ré duétion tant dans la chaîne que dans le poil. _ Suivant cette difpofition , une fleur qui dans un 400 ordinaire de huit dixaines de largeur eft réduite à 4 dixaines, fera réduite dans celle-ci à deux : Ce qui eft un chjet confdérable, puifqu’elle doit être dans, fa hauteur d’une pareille réduétion; mais pour parer à un inconvénient aufli dificile, on prend un parti convenable, qui eft qu’au lieu de peindre le deffein dans fa hauteur fur un papier de 8 en 10 , en Ir Ouen 12, on tourne le papier de côté, & on peint le deflein fur le papier en hauteur de 10, de 41, de r2 en 8 : ce qui.fait qu’au lieu de 12 coups denavette que contient la dixaine fur une largeur de 8 cordes , il n’en faut que 8 fur une largeur de 10, 11 Ou 12; pour lors on peut donner à la trame un peuplus de grofleur , pour que Pétoffe ait {à qualité: ce qui n'empêche pas quela découpure ne foit exac- tement fine ; dès qu’elle ne contient que deux fils par mailles de corps: 8 ce qui fait toute la beauté de la réduétion. | Poux ne men laifler à defirer fur les réponfes aux objeétions qui pourroient être faites fur la rédu@ion, on pourroit avancer que dans un 400 qui ne feroit pas répeté, le deffinateur n’auroit qu’à faire les fleurs , feuilles &c fruits plus longs en hauteur, & que pour lors louvrier étant obligé de mettreenrondeur tous les fujets dont le deflein feroit compoié, 1l ne fexoit pas obligé de trameriavec tant de brins. À quoi on répond 1°.qu'il ne feroit pas poffible qu’un deffi- nateur travaillät régulierement, sil étoit obligé de défigurer {on deffein; 2°. la découpure étant groffe par la malle de corps; lorfqw’elle fe trouveroit pla- cée perpendiculairement, feroit beaucoup plus fine, lorfqwelie Le feroit horifontalement, parce qu’elle feroit beaucoup plusferrée par la fineffe de latrame; 3°.1left d’une néceffité indifpenfable que-le deffein foit peintavec une correétion exaéte, puifque pour parvenir à ce point , les deffinateurs qui veulent faire du beau, font obligés de faire. des efquifles autant parfaites qu'il leur eft poffble, fur des papiers qui portent juite la moîtié de l'étoffe, pour celles quifont æépetées, de façon que l’efquifle doit être femblable à Pétoffe, tant en hauteur qu’en largeur , & quand elle eft faite, on la divifeenplufeurs quarrés égaux pour la peindre de même fur le papier réglé ; on ap- pelle mettre en carte l’efquifle qui eft divifée égale- ment en même nombre de quarrés: ce qui fait qu’en fuppofant l’efquife parfaite , il n’eft pas poffible que le deflein foit autrement. Par exemple , une efquifle quirepréfente l’éroffe fabriquée, doit porter jufte la moitié de la feuille du papier réglé, purfque la feuille porte jufte la largeur de l’étoffe dont le deffein eft ré- peté. La feuille du papier réglé.contient so dixaines. de largeur & 40 de hauteur; ondgdivife en dix par- Tome XP, NO ÿ SOI 208 ties pour la largeur de cinq dixaines chaënne, & en huit parties pour la hauteur: ce qui fait également cinq éixaines pour la hauteur, conféquemment des quarrés parfaits, On divife Pefquifle de même, après quoi on peint le deffein ; & en fuivant cette métho= de , il eft phyfiquement impoffible de fe tromper, : Modele d'un deffein à répétition, Faites lire le deflein 4 A, en commençant par le même endroit jufqu’en OO, la partie ou le côté 4 A étant en-bas ; la feuille étant lue , renverfez-la, 8 mettez 4 4 en haut: lie fez une feconde fois, & commencez de même pat 4 A, en montant la feuille à mefure que l’on lira pour finir en O O, Cette façon de lire vous donnera l'étoffe, comme fi vous aviez lu à ordinaire la feuille BB à la fuite de la feuille 4A: ce qui fait que la moi: tié du deffein fufit pourles étoffes à defleins réperés, & épargne la moitié du travail au deffinateur. Avec la nrachine du fieur Maugisil n’eft befoin que de lire une fois la demi-feuille pour femblable Opé= ration, Fonds d’or ou d'argent. Tous les fonds d’ôr où d’ar: gent riches, qui fe fabriquent aujourd’hui à Lyon, {oit pour habits’ d'hommes ,foit pour veftes, fe font à double corps , ou à la broche; il n’y a plus que les fonds d’or pour ornement d’églifes qui fe fiflent à l'ordinaire , C'eft-à-dire comme 1ls ont été démontrés précédemment, avec des fonds de couleur : tous les fiches en or ont des chaînes, poils, 6c. en couleur d'or ou aurore ; & ceux en argent, en blanc. * Toutes les chaînes des fonds or contiennent 4a portées doubles, qui compofent 3200 fils doubles, & 10 portées de poil, qui font 800 fils doubles ow fimples ; doubles, fi ’orsanfin eft fin; & fimple, s’il éft gros : on ajoute un fecond poil de 40 portées fim- ples , lorfque Pon veut une dorure relevée qui imité la broderie, Tous les métiers généralement quelcon- ques , font montés en gros de touts, c’eft-à-dire {ur 4 lifles de levée pour la’chaîne & le rabat, & autant: pour le rabat du poil; & deux feulement pour le le- ver. + - Tous les métiers &,doubles corps ont 260 cordes pour la chaîne, & 200 cordes pour Le poil; chaque corde, tant de la chaîne que du poil, contient deux arcades pour faire lever les 800 mailles de chaque corps, ce qui fait que les fleurs ou ornemens font répétés quatre fois dans l’étoffe ; on ne fauroit en tés péter moins dans les 400 ordinaires. Comme la lame, foit or ou argent, eft ce qu'il ya de plus brillant dans l’étoffe riche, c’eft auf cette partie de dorure qui eft femée le plus abondamment dans toutes Les étoffes ; on la pañle prefque dans tou< tes à-travers avec la navette; on la broche dans quel= ques-unes , mais rarement. | L Ce coup.de navette en lame doit faire deux figures très-différentes, quoique d’un feul jet; la premiere. un grand brillant où la lame n’eft point liée; la fe conde , un très-beau fonds moiré, fuivant le soût du deffinateurs fé Dur Pour lintelligence de cette opération: nous don<, nerons le nom de pet corps , à celui dans lequel les. fils de poil font pañlés.feulement , 8& le nomde gran corps à celui dans lequella chaîne eft paflée de mê-. EN Les deffeins pour.ce genre d’étoffe doivent être lus fur les deux corps, pour le broché ou autre coup de navette sil s’en trouve, telles que les rebordus, res, Ge. à l'exception du lac de la navette de lame, lequel doit être peint en.deux couleurs, l’une poux faire la moire, & l’autre pour faire le brillant. De quelque façon que foientpeintes les deux cous- leurs , pour faire avec la navette un fonds moiré &- . un fonds brillant , néanmoins pour concevoir plus aifément çette opération, nous fuppoferons Le tout Oo ï 292 SOI moiré en marron pout la couleur seintefur le def- fein, &c le brillant en rouge, Ces deux couleurs doivent être lues enfemble, &z ne contenir qu'un feul lac; favoir le rouge fur les deux corps, & le marron fur le grand corps feule- ment. Pour travailler l’étoffe on pañle le coup de fonds en fois aurore ou blanc, fuivant les dorures ; on bro- che enfuite les efpolins, foit Joie , foit dorure diffe- rente de la lame , & au dernier coup la navette de lame, crainte que fi on la pafloit au premier coup, après la navette de foie la lame n'étant point arré- tée , le broché de tousles efpolins ne la fit écarter ou rompre. Sitôt que la lame eft pañlée, on fait le- ver les liffes du poil feulement, fous le fil defquelles on pañle, fans aucun lac tiré , un coup de navette, auquel on denne le nom de coup perdu, & cela pour arrêter le poil qui, fans ce coup, traineroit fous la piece dans les parties moirées. Il eft donc aïfé de comprendre que dès que Pon tire le lac de lame , tout ce qui eft lu fus les deux corpsle tire, à l'exception du marron, qui n’étant lu que fur le grand corps, la pattie qui ne fe tire pas de- meure en fonds, & fait le liage de la moire; cela eft clair, puifque c’eft la partie du poil qui n’eft [ue que fur un corps. Les habits pour homme & les veftes très-riches ne contenant que de très-petites fleurs, ils’en fait à uatre chemins qui font quatre répétitions ; il s’en fit enfuite à cing chemins, à fx, à fept & à huit, &e point au-deflus. Mais comme le fabriquant doit cher- cher la facilité du travail dans fes opérations, & qu'il faut néceffairement que les 800 mailles de chaque corps travaillent, un métier à quatre chemins ou ré- pétitions, doit contenir 200 cordes pour chaque corps, ce qui fait deux arcades chaque corde de ra- me, & 400 cordes à l'ordinaire. Un métier à cinq répétitions ou chemins, fe mon- te avec 160 cordes, qui font 320 pour les deux corps, & deux arcades &c demie à chaque corde de rame. ” Trois arcades à chaque corde de rame, un métier à fix chemins, 133 cordes, 266 pour les deux corps. _ 3 arcades L à chaque corde de rame, un métier à7 chemins, 114 cordes, 228 pour les deux corps. ” 4 arcades à chaque corde de rame, un métier à 8 chemins, 100 cordes, 200 pour les deux corps. Le deflein pour 4 chemins ou répétitions, doit contenir 25 dixaines, ci 25 dix, à; chem,. 20 dix. ci 20 dix. YG6chem. 16dix. scordes,ci 16 dix. 5 cord. Ÿ7 chem. 14dix. 2cordes,ci 14dix. 5 cord, XS8chem. 12dix, 4cordes,ci 12 dix. 4 cord. - Comme l’extenfon des chaînes qui font néceftai- res pour la”fabrication des étofes riches, fatigue beaucoup plus les cordages que les plombs qu font attachés aux mailles du corps. Les fabriquans qui ont un peu d'intelligence, prennent deux cordes pour une lorfqu'ils font lire les deffeins, dans le nombre de celles qui font definées pour le grand corps, dont chaqué maillon doit foutenix quatre fils doubles de la chaîne , & quatre fils fimples pour le relevé, ce qui compofe douze fils bien tendus ; & s'il y a huit répé- titions, chaque corde doit faire lever 96 fils, ce qui les fatigue beaucoup, tant celles du femple que cel- lés du rame : conféquemment c’eft une attention qui même n’eft pas connue de tous nos fabriquans de Lyon dont la plupart ne font, pour anf dire, que des automates qui ne favent travailler que machina- lement; au-lieu que dans le petit corps, un métier monté huit tépétitionsyne leve pas plus de huir fils fimples ou doubles, 8t-encore d’un poil qui n’eft pas ” tendu extraordinairement pour que la dorure ou la- me liée paroïfle mieux dans l'étofte. On ne croit pas devoir obmettre que tous Îles gros de tours riches étant compofés de 40 portées doubles, qui font 3200 fils, les poils pour lier la do- rure de 10 portées qui font 800 fils, 11fe trouve par ce moyen quatre fils doubles, chaque maille de corps & un flde poil fimple ou double, conféquem- ment quatre fils doubles, à chaque dent de peignequi contient 800 dents, &c un fil de poil ; ce qui fait que dans les doubles corps, ce liage ferré, & les fils fi près les uns. des autres, font la moire en queftion, le liage du poil dans les autres étoffes brochées n’é- tant que du quart du poil qui eft pañlé fous quatre lffes de rabat, c’eft-à-dire toutes les quatre dents du peigne , un fil, L'on ajoutera encore qu'il faut autant d’arcades au petit corps qu'il en faut augrand, pour que le tout puiffe fe faire jufte; &c cela à proportion des répé- titions. | : Le beau relevé fe fait aujourd’hui avec un deuxei- me poil de quarante portées fimples ; ce qui fait qua» tre fils féparés-chaque maillon & chaque dent du peigne, La dorure pour relever eft ordinairement or ou afgent life, broché à deux bouts; il faut que Le def- fein & le métier foient difpofés pour cette opéra tion. Quant au deffein , la doture qui doit être relevée, doit être peinte d’une feule couleur, felon l’idée du deffinateur; la pattie qui doit être relevée, doit être peinte d’une couleur oppofée à cette premiere, & par-deflus; en obfervant que dans toutes les parties qui contiennent les extrémités des fujets, 1ly ait au-moins deux côtés au-delà de celles qui doivent être relevées, c’eftà-dire que fi la dorure qui doit être relevée eft peinte en jaune; la partie qui doit faire le relevé en bleu, peinte fur la partie jaune , tous les contours, refentes, 6c. doivent être rebor- dés de deux cordes de jaune , tant en-dehors qu’en- dedans. Pour brocher le relevé , on tire le lac peint en blanc , & on fait rabattre tout le poil des 40 por- tées fimples, qui ordinairement n’eft paflé que dans le corps, &c fous deux ou quatre lifles de rabat ; apres quoi on pañle l'efpolin qui contientune petite canette de 4 ou 6 gros bouts deoie, après quoi on laïfle aller la marche, & on fait tirer un fecond lac qui eft Le même, à l'exception des deux cordes de plus dans toute fa circonférence , & on broche lefpolin de do- ture. | Les deux cordes de plus, peintes dans les circon- férences & découpures des fleurs relevées, font fi néceflaires , que fi elles manquoient , on ne tireroit que la même partie fous laquelle auroït pañlé la Joie pout relever ; il arriveroit alors que la foie paffée étant étendue aufli-bien que la dorure, refferreroient les rives ou extrémités des fleurs de telle façon qu’il fa feroit des ouvertures dans l’étoffe, qui feroient très-défe@ueufes , & porteroient coup à la vente; ce qui eft arrivé dès le commencement que le relevé a été mis en pratique. Etoffes d'la broche. Le fonds d’or ou d'argent à la broche ne different en aucune façon pour Fappa- rence de ceux qui font à double corps, mais la fabr1- cation en eft très-différente ; outre que l’on peut fabri- quer un fonds or à la broche, comme une autre étof- fe, avec 400 cordes & deux répétitions feulement ; au-lieu qu’en double corps il faudroit 800 cordes, {avoir 400 pour le poil & 400 pour la chaïne. L'invention de la broche, dès le commencement, ne fut mife en pratique que pour rendre le hiage de la corde plus fin, &c pour le faire grand ou petit, fui- vant que la beauté de l’étoffe l’exigeoit ; pour lorson faifoit tirer les cordes du liage telles qu’elles étoient peintes par le defigateur , & en même tems on fai- foit rabattre avec la marche une life qui failoit baïf- fer un fil! double dechaque maille du corps qui étoit tirée, après quoi on pañoit la broche; & faifanttirer enfuite Le lac qui devoit être broché, & joignant la broche au peigne , ilarrivoit que le lactiré en levant la broche , enlevoit en même tems les trois quarts de chaque maille de corps qui étoient demeurées def- fus, & ne laifloient pour lier que le quatrieme fl que la life de rabat avoit fait trouver fous la broche lorfqw’on l’'avoit pañlée quand le lac avoit été tiré. La broche fait aujourd’hui le même effet que le . double corps ; il y a encore cette différence qu'avec Ja broche on peut faire un fonds moiré avec Le quart de la chaîne, en faifant baifier une life du rabat; pour lors il ne faut point de coup perdu, comme au dou- ble corps; ou-bien avec le poil en faïfant baïfler Les quatre liffes de hage ; pour lors il faut le coup perdu comme au double corps; ainf tout revient au mê- me. Les métiers, pour la broche font montés à Pordi- naire , comme tous les sros-de-touts en 40 portées doubles de chaîne , & de dix de poil; on les monte auf en relevé, ,en ajoutant un fecond poil de 40 portées fimples, comme il a été dit ci-devant. Les parties qui doivent faire fonds moire & fonds brillant par la lame, doivent être peintes {ur le deffein, com- me celles des doubles corps. | Au lieu d’un feul lac qui fufit pour le double corps, afin de faire le moëre &z le brillant, ici il en faut deux. Ea fuppofant la partie du brillant fans liage peinte en rouge , & celle de la moire en marron, ontire la partie peinte en rouge, fous laquelle on pañie la bro- che nuement, fans bouger n1 faire mouvoir aucune life, & lorfque la broche eft pañée, où prend le {e- cond fac peint en marron, que l’on tire avec. celui Qui eft peint en rouge ; pour lors faifant baïffer tout le poil de dix portées, ou une des quatre lifles qui contient le quart de la chaine, on pañffelanavette de lame, ou on broche l’efpolin de la même qualité de dorure. Il efttrès-aifé decomprendre,que le premier lac tiré Le trouvant (ou la foie qu’il leve) toute fur la broche, quand le fecond eft tiré enfuite ,la broche étant près du peigne, leshis que la life de rabat fait baifer étant fur la broche, ne peuvent pas {e trouver deffous étant arrêtés par cette même broche , & qu'il n’y a que ceux du fecond lac, lefquels fe trouvant deflous, &z n'étant gËnés en aucune façon, forment la figure de la moire , en baiffant auf bas que le refte de la chats ne qui ne fetire pas ; êc le vuide qui fe trouve dans la partie où les fils ne peuvent pas baïffer , forment le brillant de.la lame. Il eft vrai que pour cette opé- ration il faut deux tems; favoir, celui de paf- fer la broche, & celui de pañler la navette , au lieu qu'au double corps, il n’en faut qu’un, qui eft celui de pañier la navette feulement. Mais en revanche {ur le métier de la broche , on peut, comme on l’a déja dit, faire létoite à l'ordinaire à deux répétitions non- feulement, mais encore toutes fortes de grofdetours à la broche ou non, fans rien changer au métier , ce qui ne fauroit fe faire avec les doubles corps. L’on a trouvé depuis peu une invention affez jolie \ pour faciliter le travail des étoffes à la broche, qui iouvent font difficiles à travailler, lorfque la moire fe fait par le moyen du quart de la chaîne, il ne fera pas difficile de le comprendre ; par exemple, lorfque létoffe a plus de brillant que de moire, & que l’on fait baïfler Le quart de la chaîne , il arrive que les fils de cette chaîne, qui eft extrémement tendue, le de- viennent encore davantage, lorfque la partie de /oce qui doit faire la moëre eft levée, le quart de cette .même parnéétant forcé de baffer, fait une triple ex- tenfion ; favoir , celle de la chaîne ordinaire , celle de la tire, & celle du rabat, lequel pefant fur la bro- SOI 293 che , la force de baïfer, & fait que la navette de la- me ne peut fe pañler que dificilement dans ces mo- mens, qui, fuivant les defleins , ne font pas de du- rée. Au moyen de cette méchanique, la broche pale derriere le peigne dans quatre lames d’un fer bien poli pañé dans la chaîne , comme des mailles de lifes , & lorfqu’on veut pañer la navette , on fait lever la petite méchanique , comme une life qui foutient la broche, & la navette fe pafle plus aifément. L'auteur du prèfent mémoire a donné dans le panneau , com- me les autres ; 1l a fait faire la petite méchanique, & s’en eft fervi pendant quelques jours ; tout ce qu’ellea de plus beau eft delancerlabrocheauffipromptement que lanavette, & de laretirer demême quand la lame eft pañlée. Après avoir bien examiné fon ne pourroit pas trouveriun moyen plus aifé pourcetre opération, 1} n’a pas pu s’empêcher de rire de fa fimplicité , &c de celle de tous les fabriquans qui travaillent ces genres d’étoffes ; 1l a raifonné & penfé , que puifque tous les fabriquans en double corps font la moëre avec le poil qui eft pañlé au petit corps, on pouvoit bien la faire de même avec le poil, quoique le mé- tier füt monté autrement ; de façon qu’au lieu de faire baïfler le quart de la chaîne au coupde lame, ila fait baier les 4 lies de poil, ce qui revient au mê- me, puifqu'ilfe trouve un fil par dent de peigne, quand tout le poilbaifle,comme au quart de lachaîne. On pourroit dire que la quantité de fils de poil qui baïflent , étant égale à celle des fils de la chaîne, l’extenfon des fils de poil doit produire le même ef- fet que celle des fils de la chaine; à quoi on répon= dra, que tous les poils en général deffinés à lier la dorure dans les étoffes de la fabrique , ne font point tendus & arrêtés comme les chaînes , attendu qu'ils enterreroient la dorure; d’ailleurs lestpoids qui les tiennent tendus montent au fur & à mefure qu’ils s’emploient ( précaution néceflaire pour conferver l'égalité de Pextenfon), au lieu que les chaînes font arrêtées avec des valets ou efpeces de bafcules char- gés de poids confidérables, qui empêchent à l’enfu- ple de jouer pendant le cours de la fabrication , ce qui n’eft pas de même au poil qui monte &r defcend, c'eft-à-dire-le poids, tandis que l’on travaille Pétoffe, de façon que l’on voit dérouler le poil , lorfqu’on le fait rabattre pour pañler le coup de lame, &c ainf monter le poids & defcendre , fivant les efforts de la tire & du rabat , & par ce moyen conferver tou- jours légalité de fon. extenfon, ce qui eft d’une con- féquence infinie pour toutes Les étoffes de la fabrique, dans lefqueiles les poils font defftinés à former des lia- ges dans la dorure, Au moyen de cette façon de tra- vailler , en faifant baiffer le poil au lieu de la chaîne, Von pañle la nâvette de lame aufli aifément que dans une étoffe ume. S'uite des écoffes,a la roche. Mfefabrique à Lyon des étoftes riches , auxquelles les ouvriers ont donné le 1om d’étoffes à la broche, qui dans le commerce n’ont d’autres dénomination que celle de fond d’or où d'argent riches. Voici ce que c’eft. ‘Foutes les étoffes riches de la fabrique, dont la ” dorure eft liée parles Hffes, foit par un poil. foit par > P pou, P la chaine , ont un liage fuivi que forme des lignes diagonaiés , lefquelles partant à droite & à gauche, felon la façon de commencer ou d’armer le lage , en commençant par la premiere du côté du batant, & finfant par la quatrieme du côté des lifles, ou en commençant par cette dermere,& finiflant par la pre- miere du côté du battant.Cette façon d’armer le liage en général, & pourvu que la life ne foit pas con- trariée, eft la même, ou produit le même effet. Outre cette façon de lier la dorure dans les étoffes riches , elles ont encore une dorure plus groffe, qui imite la broderie , appellée vulgairement dorure: fur liage parce que pour lors on ne baïfle point de life 294 SOI pour hier cette dorute, qui n’eft arrêtée que par la corde; c'eft-à-dire, que dans les parties de dorure qui fonttirées, & qui ont une certaine largeur ; le * diflinateur a foin de laifler des cordes à fon choix, lefquelles n'étant pas tirées, & fe trouvant à diftance les unes des autres, arrêtent la dorure , & lui don- nent plus de relief, parce qu’elles portent plus d’é- loïgnement que le fl ordinaire quila lie. La diftance ordinaire des cordes qui ne font point tirées, afin d'arrêter la dorure, eft de 13 à 14 cordes; au lieu que dans les liuges ordinaires , elle ne pañle pas pour Les plus larges, 5 à 6 cordes. Outre le brillant que le liage par la corde donne à la dorure , Le deffi- nateur quile marque au deffein, a encore la liberté de diftribuer ce liage à fon choix, tantôt à droite, tantôt à gauche, dans une partie de dorure en rond, quarrée ou ovale, comme il lui plait , dans une fewile dedorure, à former les côtés, ce quine fe peut avec la liffe ordinaire. Cette façon de tirer la dorure étant peinte fur le deflein, il n’eft pas de doute que le deffinateur ne la diftribue d’une façon à faire bril- ler davantage l’étoffe, & qu’il ne la repréfente com- me une broderie parfaite. Malgré la beauté que l’étofe acquérera par cette façon arbitraire de lier la dorure , il s'y trouveroit un défaut, auquel on a voulu remédier. Trente an- nées ou environ fe font pañlées, fans qu’on ait pu y parvenir. La corde de la maille qui lioit cette dorure, &t qui tenoient ordinairement dans les fonds gros- de-tours, huit fils fimples, ou quatre fils doubles , qui compofent la dent du peigne, étoit trop grofe, en comparaifon des autres liages qui ne font que d’un fil fimple , ou deux fils dans le taffetas ou gros-de- touts, parce que ce genre d’étoite eftourdi de même, & qu'il n’eft pas pofüble de féparer le fil qui a été doublé par l’ourdiffage. Il falloit donc trouver le moyen de diminuer la groffeur de ce liage, fans dé- ranger néanmoins la variation qui lui eft donnée, pour qu’il foit parfait ; & voici comment en eft venu à bout un des plus habiles fabriquans de Lyon. On a dit ci-devant, que le deffinateur peignoit fon liage parla corde, pour lui donner l'agrément qu'il defroit; la lifeufe laifoit en fond cette corde peinte, afin que n'étant pas tirée , elle formât une découpure , qui arrêtoit ou lioit la dorure. On a fuivi le même ordre , quant à la façon de peindre le deffein; mais au lieu de laifler en fond la corde def- tinée à lier la dorure, il a fallu au contraire en faire un lac particulier , & la faire lire comme les autres couleurs. Lorfqu’il eft queftion de fabriquer létoffe , on fait tirer le lac qui contient les différentes cordes defti- nées à lier la dorure ; ce lac étant tiré, louvrier au moyen d’une marche particuliere , pofée exprès, fait baïfler une des quatre liffes du rabat de la chaine, laquelle faifant baïfler de même un des quatre fils doubles de la maille, il paffe une petite baguette de fer ronde & bien polie dans la féparation des fils, que chaque maille tirée a fait lever ; de façon qu'il fe trouve un fil double de chaque maille deflous la baguette de fer. Cette opération faite , 1l pouffe la baguette de fer du côté du peigne , & immédiate- ment après, il fait tirer le lac de la dorure qui doit être liée par la corde, en laïffant aller Le lac des cor- des même , fous lefquelles la baguette a été pañée, Ce lac étant tiré, les cordes qui doivent lier reftent en fond comme à l'ordinaire; mais la baguette qui eftcouverte des trois quarts des fils de chaque mail- le , étant levée par les autres parties de foie , fous lefquelles la. dorure doit être pañlée ; elle leve par conféquent les trois quarts des fils de chaque maille «dont elle eft couverte, & nelaïffe dans le fond que Je feul fil double qui a été baïflé , lorfqu’on a tiré le ac du Jiage qui fert feul à Hier la dorure , au lieu des S OT qüatre qui la liotent précedemment, après quoi Pou- vrier la tire pour pañer les autres dorures & les cou- leurs dont létoffe eft compolée. | Cette baguette eft un peu plus groffe que celle qui forme dans le velours ciselé, celui qui n’eft pas cou- |. pé, & qui vulgairement efl nommé ve/ours frifé ; elle- a la même longueur & pafle tranfverfalement fur Pé- toffe. Cette façon de lier [a doture , eff fans contredit une des plus belles inventions qui ait été trouvée dans la fabrique, eu égard à l’état a@uel où elle fe trouve. | Quelques fabriquans pour fe diftinguer ont voulu faire des étoffes liées de même, fans fe fervir de la baguette de fer, qui a fait donner à l’étoffe le nom d’étoffe à la broche , parce que dans le patois de Lyon, on appelle ordinairement éroche, une petite baguette de bois, de fer ou de laiton; ils y ont réufi, en faifant ourdir un poil de 10 portées, compofant 800 fils ; mais pour faire cette opération, il falloit 800 mailles de plus , pour contenir les 800 fils de poil, conféquemment 400 cordes de rame, & 400 à chaque femple de plus, ce qui, avec le fl de lac: d’ausmentation , faifoit un objet de troïs à quatre cens livres de dépenfe pour l’ouvrier, indépendam- ment de l'embarras de cette quantité de cordages, qui retarde toujours la fabrication : au lieu que dans l’étofe à la broche , il n’y a rien à changer au métier, ni au travail, fi ce n’eft le tems de la pañler, qui n’eft rien pour ainfi dire, ce qui a fait donner la préfé- rence à la premiere invention. | Etoffes riches qui ne peuvent fe faire que l’endrois def. Jus. La Ruflie & quelques provinces du Nord , tirent de la fabrique de Lyon, des gros-de-touts fans . nuances , qui font très-riches. Les étrangers veulent'des étoffes pour Phiver ; qui aient beaucoup d'apparence, & qui ne foient pas cheres, de façon qu’elles ne font brochées qu’a- vec de la lame d’or où d'argent , qui eft l’efpece de dorure qui a le plus de brillant , ce qui convient parfaitement à Pun 6e à Pautre fexe qui ne s’habiile, pour ainfi dire, que la nuit, les jours y étant trop courts en hiver ; il eft vrai qu’on y envoye auf des marchandifes très-riches , dans le soût ordinaire ; mais comme la lumiere favorife plus que les autres celles qui font faites feulement avec de la lame, celles-ci ont la préférence. La raifon qui fait que les étoffes fabriquées avec de la lame feulement , exigent que endroit foit def- fus, ne pouvant être faites auf belles & à aufi bon prix, fuivant la méthode ordinaire, demandent une explication détaillée ; il faut la donner. Les découpures qui font néceffaires pour donner aux fleurs , feuilles 7 tiges , l'agrément qui leur con- vient , pour qu’elles fotent parfaites, refteroient en fond de la couleur de la chaîne, dès qu'il n’y auroit qu'un lac broché & appauvriroient l’étoffe , ce qui eft le langzce ordinaire, parce que les découpures étant où plus grandes ou plus petites , fuivant que les feuilles ou les fleurs Pexigent pour leur perfec- tion, diminueroient leur brillant, attendu l’oppo- fition qui {e trouveroit entre la foie qui paroîtroit terne , en comparaifon de la lame, & cette même lame dont l'éclat feroit diminué ; 1l eft vrai que lon pourroit faire lire un fecond lac qui ne contiendroit que ces découpures, & le brocher en frifé de la mê- me dorure de la lame , c’eft-à-dire or, fi la lame étoit or, & argent , fi la lame étoit de même ; pour lors la découpure étant brochée & couverte par un fre, la fleur, la feuille ou la tige feroient évalement riches, &c l’étoffe ne feroit point appauvrie. Il n’eft pas poñible de trouver une autre méthode pourune étoffe , dont l’endroit eft deflous, Dans ce cas, un laç de plus augmenteroit la façon de l'ouvrage, & le SOÏ frifé la matiere, par conféquent le prix de l’étofe, Les fabriquans de la ville de Lyon, ingénieux à faire des étoffes , dont le bon marché leur procure la préférence, &c fatisfafent les perfonnès qui veu- lent briller à peu de frais, ont trouvé le moyen de faire létoffe auf belle, avec un lacfeul, & fans y ajouter de frifé , en baiffant l’endroit deffus. Ils font pour cet effet defliner le deffein à l’ordi- aire, & ne font peindre que la corde qui fait lé contour des fleurs, feuilles, fruits & tiges, de mé- me que les découpures grandes & petites, qui fe trouvent dans tous ces fujets , c’eft le terme ; ils font lire les parties peintes qui font d’une feul couleur, le vuide qui fe trouve entre ces parties peintes , forme le deflein, pour lors la bordure des fleurs, feuilles , fruits & tiges, de même que les déconpu- res étant tirées pour brocher la lame, ouvrier fait baïfler trois lifles du rabat du gros-destours , au moyen d’une marche pofée exprès pour cette opéra- tion , les trois lifles rabattant les trois quarts de la chaîne; le quart qui demeure levé , ayant du vuide par la féparation des trois quarts qui baïffent, forme un liage ferré, fous lequel la lame étant paflée, elle fait un efpece de frifé , qui paroït fi peu différent de la lame ordinaire, qu'il n’eft perfonne qui ne s’y méprenne; & comme la lame n’eft liée que par la corde , le Hage ne fe trouvant que d’un feul fl, au lieu de quatre ,#il produit le même effet que dans les étoffes à la broche. Obfervez que le liage eft abfolument peint & lié avec les découpures & les cordes qui forment le contour des fleurs, feuilles, fruits & tiges, dont le deffein eft compofé. Cette imvention, à la broche près, n’eft pas une des moindres de la fabrique , on peut dire même qu’elle a eu des admirateurs, Il fe fabrique des étoffes , auxquelles on a donné le nom de péruviennes, qui font faites au bouton, qui font léseres | jolies & à bon marché. Elles font compolées d’une chaîne de $o à 66 por- tées , ourdie en deux couleurs différentes ; chaque . Couleur de la chaîne a un corps particulier ; les deux corps donnent lieu à deux lacs différens, lefquels fe tirent fucceffivement l’un après l’autre ; on pañle un coup de la même navette fous chacun des deux lacs tirés, la couleur de la trame qui eft dans la na- vette eft différente de celle des deux chaînes , de fa- çon que l’étoffe montre trois couleurs différentes , ce qui compofe une étoffe aufli belle que le deffein peut y contribuer , & qui ne revient pas chere. Cette étoffe n’a point de lifles pour le coup de fonds , les fils qui le forment font paflés dans les mailles ; ona foin de faire lire le fonds avec la figure, de facon qu’au moyen de la tire , l’un & l’autre fe fait enfemble. En fuppofant la chaîne d’une étoffe femblable de 60 portées , elle contient 4800 fils. Chaque fil doit avoir fa maille de corps , afin que le fonds puiffe fe faire tel qu'il eft dans un taffetas ; favoir un pris &c un laïffé : 1l faudroit donc par conféquent 4800 mailles de corps & autant d’aiguilles de plomb pour faire baïfler la maille quand on laïffe aller le lactiré: or dans cette étoffe 120 ou 160aiguilles fuffifent pour cette opération , & voici de quelle façon on s’y prend. | | Comme les deffeins de la péruvienne font petits, ceux qui portent 30 lacs d’hauteur ont 60 lifles, fa- voir 30 pour chaque couleur de la chaîne, plus ou moins à proportion de la hauteur du deffein ; les liffes ont faites de façon qu'il s’en trouve toujours une plus haute que baffe de deux pouces au moins quoi- que les mailles foient de hauteur égale, Cette pré- caution eit néceflaire , afin que 60 ou 80 lifles ne portent que la moitié de la diftance que Les liffes ont ordinairement entr’elles ; chaque lifle ne porte que \ $ Ô Ï 393 deux aiguilles , de façon qu’au moyen de cette facon de monter ce métier, au lieu de 4800 aiguilles, 120 : où 160 fufffent pour faire létoffe, Il faut oblervet encore que ces lifles font faites de façon qu'il ÿ à une diftance de trente maïlles chaque liffé de l’une à l’autre fi le métier éft de 60 , & de 40 s'il eft de 80 y añn que châque maille puiffe fe trouver régulieres ment à la place du fil dans laquelle il doit être placé, pour qu’il ne foit point contrarié ; ces fortes de lies font appellées liffes à jour , par rapport à l'éloigne- ment des mailles. Les lifférüns für lefquels font mon- tées les liffes de cette facon , n’ont pas plus d’une ligne d’épaiffeur , ce qui fait que 6o lies ne portent guere plus de trente lignes ou trois pouces, par la façon dont on vient de démontrer que les Les étotent faites & attachées loriqu’elles font ferrées S mais comme dans le travail elles ont befoin d’une certaine diffance pour qu’ellés puiffent avoir du jeu là diftance ordinaire eff toujours de fix pouces ere viron. On évite par cette façon de monter le métier ; l'embarras de deux corps , fans lefquels on né fauroic faire une étoffe , quand elle eft faconnée » Outre les quatre premieres liffes qu’on ne fauroit s’éparener pour en faire le fonds. F Pour que le deflein paroïffe plus long, ou aitplus de hauteur dans une étoffe de cette efpece , le def: nateur à foin de le compofer de maniere qu'il foit répété, c’eft-à-dire, qu’on puife revenir fur {es pas en tirant le bouton, ce qui s'appelle deffner 4 re- tour. En conféquence au lieu de paroître de 30 coups de hauteur dans létofe de 6o liffes , 1 paroïît en avoir 60 , & à proportion dans les autres. Des fonds or guillochés. Pour l'intelligence de cette façon de faire des fonds or dont la dorure püt par le lage former une efpece de guilloché , il faut exa- miner ce qui a Été écrit fur les étofles riches à la broche. Woÿez ce Gui précede, La façon de tra- vailler les étofes en fe {ervant de la broche ; alon- geoit un peu le travail , il étoit néceflaire de trou ver un moyen qui parät à cet inconvénient & qui produisit le même effet; pour y parvenir, on ajouta plufeurs lifles de liage & une quantité de marches équivalente à ces lifles, dont chacune doit avoir {a marche; dans cette quantité de marchés, où en choi-- fioit deux pour former un liage droit für la lame brochée , les autres liffes étoient difpofées de façon qu'elles faifoient une certaine fieure dans les dorures qu'elles otent, néanmoins cette figure étoit toujours la même dans le cours du deffein , il étoit donc né: ceflaire de trouver un moyen de diftribuer une façon de lier la dorure , qui ft différente dans toutes les parties que l’on vouloit qui fuflent liées différema ment , Ce qui n'auroit pas pu fe faire qu’en miettant. autant de lffes , & conféquemment autant de mar- ches que les différences du guilleché en aufoient exi- gé , ce qui, fur un deflein de dix dixaines , huit en douze , auroit exigé cent vingt lifles & autant de mar- ches de liage, La méthode qui a été mife en ufage pour parvenir à faire des fonds or ou autres étoffes riches , dent le lage formât des guillochés différens dans les étoffes. a été celle de monter des métiers À deux COrps ; 7. voir, un corps pour le poil, & un pour la figure : Les premiers métiers ont été montés ; favoir 5 200 COr- des pour la figure, & 206 pour le poil, afin de ne point déranger l’ordre des 400 cordes, nombre ordi. naire de la plus grande quantité des métiers. Chaque corde de rame étroit attachée à deuxarcades , Ou deux arcades étoient attachées à chaque corde de rame, pour faire tirer quatre mailles de Corps, ce qui fait 800 mailles à l’ordinaire pour former la réduétion qui eft en ufage dans la fabrique ; le fecond corps étoit attaché de même À 400 arcades , dont deux étoient attachées à chacune des 200 autres cordes 296 SOI de rame, ce qui faifoit encore 800 mailles dans Jef quelles étoient pañlés 800 fils de poil pour lier la do- rure , de façon que l’ourdiflage du poil étant de 10 portées à 8o fils chacune , le nombre de 800fils fe trouvoit complet & égal à celui de la chäine quant aux mailles de corps, le nombre des fils de la chaine étant pour ces genres d’Ctoffes de 40 portées doubles qui compofent 3200 fils doubles qui valent autant que 6400 fimples, & par conféquent 4 fils doubles chaque maïlle de corps, ce qui fait tous les 4 fils doubles un fils de liage, l'ufage étant de pañfer le lia- ge de façon, que dans toutes les étoffes façonnées , il fe rencontre tous les 6, 8 , 10 & 12 fils un de lia- ge, pour que la dorure ne foit pas trop couverte, Si le liige étoit plus ferré ou que le nombre de fils fût plus grand, attendu que la largeur de létoffe eft la même , ils fe raprocheroient davantage. + L'ouvrier en paflant les fils de poil & ceux de la chaîne dans les lifles après les avoir pañlé dans cha- que corps féparément, doit avoir un grand foin de pañer Les fils de poil dans les liffes, de façon que la premiere maille ou boucle de la life réponde parfaï: tement à là premiere maille du corps , la feconde à la feconde , la troifieme à.la troifieme , la quatrieme à la quatrieme, pour les 4 liffes dans lefquelles on le paffe ordinairement. Cette précaution eff d’une néceffité indifpenfable, attendu que fi elle n’étoit pas d'accord, les liffes difpofées pour lever à chaque coup de navette qui fait le corps de l’étoffe , une partie du poil ; fi ce poil n’étoit pas d'accord avec les Hiffes,, 1l féroit lever quelques uns des fils qui doivent lier la dorure, ce qui formeroit une contrarièté qui rendroit l'étoffe défedueufe , ainf qu'il a été dit plufisurs fois dans les articles où ila été queftion du l'age de toutes les dotures en général, la maxime étant que le fil qui doit lier la dorure ou la foie ne doit point lever dans les coups de navettes qui précedent les lacs que l'on doit brocher, attendu que les lacs brochés & les coups de navettes ne forment qu'un même coup dans le travail de l’étoffe où une même higne horifontale fur le deffein. On pourroit objeéter que le poil pour lier étant pañlé dans un corps particulier, Le travail de l’étotfe Le faifant lever &-baïfier, les lies deflinées à lui don- nér ce mouvement devroient être inutiles. À quoi on répond, que fi un poil de fil fe trouvoit, fuivant la fioure que le deffinateur donneroit à fon ouvrage, 2, 3,24, 5. dixaines & plus fans travailler, ce fil de poil paroitroit à l'envers de Pétoffe dans une pareille étendue , ce qui feroit qu’outre qu'il lâcheroit plus que ceux qui travailleroïent, cet envers feroïit ridi- cule & rendroit l'endroit de létoffe dans lequel il feroit employé très-défe@tueux, attendu qu'il ne ke- roit pas comme celui qui tireroit davantage ; c’eft précifément pour parer à cetinconvénient, que l’ou- vrier, outre que ce poil eft pañlé dans le corps , eft encore obligé de Le paffer dans deux ou quatre hfes, n'importe qu'une lifle,s’il n’eft paflé que fur deux,ou que deux, s’il eft pañlé fur quatre, puiflent lever en croïifant, & draper avec la chaine, la Lifle ou les deux levant alternativement aux coups de navette qui font paflés pour faire le corps de Pétoffe, en ob- fervant toujours, comme il a été dit, dene pas faire lever celui qui doit lier, ce qu'il eft aïfé de prévoir en accordant l’armure avec la façon dont le poil eff pañlé dans le corps. Toutes ces étoffes riches font montées ordinaire- ment en gros dé tours, attendu qu’il ne paroît point de fond , ce qui fait que la chaine pour les or ef tou- jours de couleur aurore , & blanche pour les fonds argent, ce qui a donné lieu de parler de 40 portées doubles pour l'ourdiffage, qui valent &t compofent 80 portées à fils fimples , fur quoi il faut obierver, que fi on ourdifoit 80 portées à fils fimples, la quan- S OI fité de croifés que les fils donneroient, empêche- roient à l’étoffe de {e {errer, puiique dans 80 por- tées fimples qui compofent 6400 , 1l fe trouveroit 3200 croïfures,, au lieu que dans 3 200 fils doubles, il ne s’en trouve que 1600. On fait à Lyon des gros: de-tours ourdis à 6o portées fimples ; mais comme dans ce nombre de 60 portées, qui compofent 4800 fils féparés , il fe trouve 2400 croïfures, ces étoffes ne peuvent recevoir qu'une trame très-fine par rap- port à ces mêmes croïures , elles ne forment qu’un fimple taffetas très-mince; cette obfervation eft de conféquence. “ Plufeurs fabriquans font aujourd’hui teindre leurs chaînes &l eurs poils en blanc pour Les étoffes riches, dont les plus grands fujets ( terme de fabrique } où les principales parties font en argent ; & lorfqu'ils veulent fur la même chaine faire des or, ils la jau- niflent avec du rocou, ce qui vaut à-peu-près autant que fi elle étoit teinte en aurore , puifque le fond de l’étoffe quant à la chaîne , ne paroït pas. Les premieres étoffes qui ont été faites dans ce goût étant montées, comme il a été dit, fur 200 cordes, le deffein ne pouvoit être que très-petit, attendu que le deffinateur dans la hauteur du deffein étoit obligé de fe conformer à la largeur ; aujourd'hui on les monte fur des 400, ce qui fait qu'il faut des caflins de 800, & les femples de même, ce qui néanmoins ne fait que 809 mailles de corps pour la chaîne , & pareille quantité pour Le poil, chaque corde de rame n'ayant qu'une arcade au lieu de deux, tant pour la chaine, que pour Le poil ; de façon que le deffinateur peut s'étendre autant qu'il le juge ä-propos. Le métier difpofé de la maniere qw'on vient de le décrire , le deffinateur peint Le lage de [a façon qu’il defite qu'il foit fait, en donnant à chaque partie de dorure le guillochage qui lui convient, ce qui ne pourroiït pas fe faire avec la broche, parce qu’à cha- que partie de dorure, il faudroit la paffer ; ce qui, dans une étoffe de quatre lacs de dorure donneroit quatre pañlages de broche, qui vaudroient autant que quatre lacs de plus , & avec les lacs de nuance aug- menteroit confidérablement la main-d'œuvre, Pour lire les deffeins difpofés pour ce genre d’é- toffe, on commence ordinairement par les 200 ou 400 cordes du poil , la lifeufe prenant toutes celles qui ne font pas marquées fur le deflein , &c laïffant celles qui le font à chaque lac qu’elle prend avec fon embarbe ; lorfque la lifeufe a là la partie du poil; elle fait couler fon deflein fur l’efcalette de so dixai- nes pour Les 400, & de 25 pour les 200; après quoi elle lit une feconde fois les mêmes lacs en prenant les cordes qui doivent lier la dorure, ou celles qu’el- le a laïflé comme les autres, de façon que le même lac lié deux fois n’en forme cependant qu'un, & lor- qu'on le tire pour travailler Pétoffe , la corde que la lifeufe a laiffée en lifant la partie du poil demeure en bas & forme le liage , tel qu'il a été peint par le deffinateur. Si l'invention des étoffes à la brochea paru belle, celle-ci ne left pas moins: avec la broche, on pour- roit la paffer une ou deux fois; mais quand il faut la pañler fouvent dans un lac, le travail eft trop alongé,, au lieu que dans celle-ci le travail fe fait à lordinai- re , & l’on n’a pas befoin de marches de liage; il eft vrai que la dépenfe du métier eft plus confiderable , mais une fois faite 1l y en a pour long-tems. : Les fonds or les plus riches ont éte faits dans tous les tems fur des métiers montés en 600 cordes con- féquemment 600. arcades & 1200 mailles de corps, ce qui faifoit une grande réduétion , quoique le pa- pier ne fût que de 10 en 10. Depuis les inventions du guillochage , on a monté des 600 à 6oo mailles, ce qui femble diminuer la réduétion ; mais en revan- che , on fait le defiein de 8 ea 14, ce qui faifant dans S OT fuhauteur quatre coups de plus chaque dixaïne, for- | ie une réduction équivalente; la découpure eft plus large qu'aux 400 ordinaires ; le guillochage de ces étoifes fe fait par un plus grand nombre de liffes de poil, attendu que ñ on vouloit le faire ayecun dou- ble corps, al faudroit des rames & des femples de _1200,cordes de largeur ; l’on ne défefpere pas ce- pendant que dans la fuite l'on n’en vienne à-bout. .- Il, femonte a@tuellement à Lyon un métier qui ‘contiendra 1600 cordes de rame, & par conféquent autant à chaque femple, il contiendra 3200 mailles de corps; on en donnera la delcription quand il fera achevé Il faut obferver que l’étoffe n’aura que la largeur ordinaire, on doit penfer quelle fera la ré- duétion ;=ôn craint qu'elle ne foit trop forte pour la dorure qui ne pourra pas fe ferrer, excepté qu’on ne trame extraordinairement fin, ce qui pourroit oCca- fonner uneiqualité trop mince dans létoffe, : Pour l'intelligence de larmure du poil des étoffes à double corps , l’on obfervera que dans toutes les étoffes montées fur des métiers à 400 cordes; le caf fin eft compofé de 8 rangs de so poulies. chacun, Pour contenir un pareil nombre de cordes ; on com- mence à pañler les cordes de basien haut, ou de haut en bas, n'importe, dans une poulie de chacun des 8 rangs, favoir , une corde chaque poulie ; & on continue de fuite , en reprenant toujours par le mê- ‘me rang où lon a commencé , juiqu’à la, fn. Les planches dans lefquelles font pañlées les arcades; ont également 8 trous chaque rang, pour qu’elles puif- dent fe rapporter à ceux du caflin. Le poil, quile plus ordinairement eft pañlé fur quatre liffes , doit fe apporter de même aux huit mailles de corps atta- chées aux hits arcades, qui pañlent dans les huit trous de Ja planche, de façon que les huit premieres mailles ou.boucles des quatre liffes doivent faire le rang complet des huit mailles de corps ; ce qui fait deux mailles ou boucles fur chacune des quatre Hf- fes. Le fl du fecond rang des mailles du corps doit également correfpondre à la boucle de la! premiere file ; 8t continuer de même tous les fils de poil juf- qu’à la fin, de forte que le dernier fil de poil fe puifle trouver fur la derniere des quatre lifles, &c le pre- mier fur la premiere. Cette précifion eft tellement néceflaire,que ft par hazard on fe trompoit d’un fil, il faudroit dépañler le tout, attendu la contrariété qui Le trouveroïit dans le fil du hage qui leveroit au coupde navette, dans le tems où il faudroit que la life le fit baifier ; par la même raifon le déffinateur doit avoir un grand foin que le point que forme fon liage, foit placé de façon qu’il puifle correfpondre &z à l’armure du métier, & à celle du remetrage, ou paflage du fildans les lifles, ce qui n’eft pas difficile, lorfque le deffinateur entend un peu la fabrique ; d'ailleurs, la ligne du deflein, c’eft-à-dire, celle qui eft tirée ho- riiontalement, doit {e conduire pour cetteopération qui eft immanquable, & qui ne le gène point quant au goût qu’il veut donner à fon hage guilloché.… L’ouvrier de fon côté doit avoirune grande atten- . tion, quand il arme fon métier, de ne faire lever que la feconde & la quatrieme life pour pañler fon coup de navette , fi le point du liage fe trouve placé fur la prémiere ligne du deffein , lequel point doit correfpondre à la premiere maille du corps, confé- quemment à la premiere boucle de la lifle;de forte que ious ces fils étant deftinés pour le liage , ne doivent point lever au coup de navette qui fert à former le corpsde l’étoffe, 8 à draper le poil, ainfi des autres. Enfin Le liage à double corps eft fi joli, que dans un même lac broché , toute la dorure ; doit or lifle, foit. or frifé, foit la lame or, peut être broché ou peñlé fans que Le même hage foit égal fur aucune _desparties,, dont le lac eft compofé, il en eftde mê- me de l'argent , ce qui produitune variété fi furpre- Tome XF, SOIT 297 nante, que l'étoffé paroît être compofée d'autant de dorures différentes , qu'il fe trouve de différens La ges, ce qui produit des effets fi difficiles à connoître qu'il n’eft:pas poffible que les fabriques étrangeres puiflent pénétrer la caule de ces mêmes variétés qui {e trouvent dans les étoffes riches des fabriques de Lyon. | | :. Suite des étoffes dont la dorure off guillochée, M vient de paroïtre des étoffes dont la dorute ef euillo- chée,, fans qu’elle foit travaillée à la broche ! où que le métier foit monté avec un double corps, c’eft-à- dire, feulementunéchantillon, dont l'auteur du mé- moite a conduit le deflein & le montase du métier qui eftun gros-de-tour de 40 portées À fl doublé & de quatre fils doubles chèque maïlle de COrps , {ur ‘un 400 cordes à l'ordinaire ; il eft vrai qu'il n’y a qu'u- ne dofure qui puifle être guillochée; mais auf cette difpofñition dé métiereftexcellente pour tous les fonds of, dont une navette de larne eft Paflée À-travers “6t dans lefquels les autres dorures qui font Brochées ne font pas d’une grande confidération pour que le fabriquant Les aflujettifle au guillochage,: Pour fabriquer une étoffe dans ce genre, le deffina- teur fait fon deffein , & peint fon l'age d’une corde comme il fe pratique , en lui donnant la forme du guilloché qu'il lui plaît , laquelle eft ordinairement fur la partie principale de la dorure. Le métier étant monté, on pale le coup'de fond avec la navette de Joëloit qu’elle fafle liféréou non. Elle fait Hiferé £ le deffinateur a peint un lac particulier en pétites découpures pour figurer dans le fond > ce liféré doit être toujours de la même couleur de 1a haine ; ou fi elle eft différente, il ne faut pas qu’elle la coupe trop. L'on penfe bien qu'au coup de fond f c’eft un [- feré,, one fait point baïfer de liffe de rabat, parce que-pour lors’, le rabat faifant baiffer la moitié de la tire, ou dulac tiré , ce lac ne formeroit qu'un gros- de-tours ordinaire, Le fecond coup de navette que l’ouvrier pañle eft celui de la lame ; pour lors on tire le lac qui doit faire le guilloché ; qui eft formé par les cordes que le deffinateur à peintes dans les grands ou petits fu- Jets qui compolent ce lac. Ces cordes reftent en bas lorfque Le lac eft tiré; & fuivant l’ancienne méthode, elles formeroient un hage de 4 fils doubles , dont chaque maille de corps eff remplie, ce qui mange toit Ou cacheroït une partie de la dorure. Pour pa- rer à cetinconvénient, l’ouvtier fait lever trois Fa fes du gros-de-tours, qui par ce mOyen , levant trois fils doubles de chague maille de COfps qui doit lier ladorure,ne laiflent qu’un fldouble feulement pour la Ler ; ce qui lui donne tout l'éclat dont elle e£ fufcep- tible de l'invention. Comme les parties qui ne {ont pas tirées ne con- tiennent que le quart de la chaîne, qui n°eft pas fuffi- fant pour cacher ou enterrer totalement la lame , ces parties forment une efpece de gaze en dorure de la même lame ; mais on peut y femer quelques petites fleurs liées par la corde même de la dorure » un peu plus groffe qu’à Pordinaire, fi on broche de l'argent fur un fond lamé or, ou or fur un latné aroent , afin que la dorure qui forme la gaze dans le fond, ne tranf. pire pas au-travers de celle qui eft brochée, mais pour lors la dorure brochée ne fauroit être liée parunliage guilloché. Mais , dira-t-on , ne pourroit-on pas faire fur une dorure différente brochée, la même opération , qui fe fait fur le lac fous lequel la lame eft paflée ? La chofe n’eft pas poffible , en voicilaraifon. Les trois liffes qui levent pour ne laiffer qu’un fil des quatre Contenus dans la maille du corps , élevent la foie qu’elles contiennent auffi haut que le lac tiré ) confé= quemment elles empêchent de choïfir la partie de Pp 298 S OI dorure différente fous laquelle doit pafler l’efpolin qui contient cette même dorure , on ne penfe pas même qu'il foit jamais poflible de furmonter cet obf- tacle, ce qui feroït cependant d’une grande confé- quence , fi on pouvoit le vaincre, mais jufqw’à pré- fent , 1l y a que la broche ou les doubles corps qui puiflent produire cette perfeétion. Il ne s’eft fabriqué à Lyon qu'environ 12 aunes jufqu’à cé jour , de Pétoffe faite dans ce genre; on enfe bien qué dès que cette invention fera corinue, il s’en fera d’autres ; mais il n’y en a encore qu’un mêtier de monté; cette façon de guillocher la do- rure a été fuivie bien-tôt d’une autre, qui n’eft pas moins belle, On a dit que les parties qui n’étoient pas tirées au coup de lame , ne contenoient que le es de la chaîne , attendu que les trois lies de on que l’ouvrier faifoit lever , fevoient également les trois autres quarts de cette même chaîne, ce qui failoit que le fond formoit par ce même quart reftant une efpece de gaze. Or, comme cette fioure de gaze a déja été connue dans les tiflus en lame qui fe font faits l'endroit deflus, pour la fabrication defquels on he fait que lire le fond , & que quand il eft tiré on fait baïfer trois Liffes du rabat , les parties qui ne fort pastirées faifant la figure, la partie tirée ne contenant que le quart de la chaine, la dorure qui fe trouvoit deffous fafant , parla dorure qu’elle contenoït, une efpece de gaze, la partie qui n’étoit pas tirée, & qui fauoit la figure , lioit la dorure avec les quatre lifles de poil, ainfi qu'il fe pratique , c’eft-à-dire, que cette dorure qui mwauroit pas pu être liée, s'il ny avoit pas eu un poil, l’étoit au moyen d’une des qua- tre lifles de fiage que Pouvrier faifoit lever fucceffi- vement à chaque coup de lame qu’il pafloit. On a donc voulu que ce coup dent Ka partie forme la gaze fit une figure différente , & voici ce qui a été imaginé our faire que cette gaze imitât parfaitement le toi- lé , Qui ordinairement dans toutes les étoffes doit en- vironner la figure de la lame, puifqu’il fait le fond de Pétofte. On monte le métier à l'ordinaire en gros-de-tours, &t on y ajoute un poil de 20 portées, ce qui fait deux fils chaque maille de corps indépendamment des 4 fils doubles de la chaîne. On fait lever la moitié du poil au coup de fond ; & au coup de lame gmlloché, on fait baïfler tout le poil ; de façon que ces deux fils de poil qui font pañlés dans chaque maille du corps, forment un fecond liage , lequel avec Le fil double de la life , qui feule refte baïflée fur ce coup , fait un frifé aufli parfait, que s'il étoit préparé fur le rouet à filer l'or ou largent. Il paroït que ce n’eff pas affez de dire que fa lame pañlée , & qui fe trouve fiée par deux fils de poil & un de chaîne , paroit être un frifé parfait ; il faut don- ner une explication qui étabhffe la certirude d’un fait aufü fingulier. Il eft peu de perfonnes qui ne fachent que le Pie or ou argent qui s'emploie dans lesétof- fes de fabrique , n’eft autre chofe qu’une efpece de cordonnet tout Joie, qui fe prépare & fe fait fur le rouet à filer , lorfque ce cordonnet eft achevé on le remet fur le rouet où on le fait couvrir par la lime comme les autres filés , après quoi on l'emploie, l'ayant levé , dans létoffe. Ce frifé or ou argent n’a jamais autant de brillant que le filé uni ordinaire , attendu la quantité de foie dont il eft compote, & le grain dont il eft formé, ce qui fait que la lame ne fauroit être couchée deflus auffi uniment que fur un filé ; cette quantité de foie, la pofition de la lame fur le grain , tantôt à droite, tantôt à gauche, forme cette variation qui en dimi- nué l'éclat, Or, dans l’étoffe ewillochée, dont le fond forme la gaze , & où le quart de la chaîne lie la lame, la diftance qui fe trouve d’un fil à autre fur la mê- me life, qui eft de trois fils doubles ou fimples , ef trop grahde pour que cette lame ne donne pas plus de brillant qu’il n’en faut; pour qu’elle imite un frifé, les deux fils de poil qui fe trouvent ajoutés par cette nouvelle invention , lefquels font féparés par deux fils doubles ou quatre fils fmples , forment une fe- conde couverture qui cache une partie de la lame, le fil de chaîne qui lie la lame étant extrémement ten- du, pour que l’étoffe foit fabriquée comme il faut, la reflerre de façon gwelle forme une efpece de grain ou cordonnet qui n'Oteroit pas le brillant, fa les deux fils de poil qui font à côté, dont l’un eft fé- paré par un fil de chaîne & Pautre qui le joint, & qu ordinairement ne font tendus qu'autañt qu'il le faut pour tenir la dorure enraifon, ne formoient par leur oppoñtion vis-ä-vis ou à côté celui qui eft extraor- dinairement tendu,ce grain quicompofe le véritable frifé. | | La chaîne de l’étoffe eff compofée de 40 portées doubies , qui valent autant pour la quantité que 80 portées fimples. Le poil contient 20 portées fimples, ce qui fait tous les deux fils doubles un fil de poil, conféquemment deux fils de poil chaque maille de corps,puiiqu’elle contient quatre fils doubles de chat- ne; on comprend afément que fi Le poil étoit defti-. né à lier Les dorures ordinaires , qui n'ont pas autant de brillant que la lame , le have feroit trop ferré, & enterreroit la dorure ( c’eft le terme), 1l n’y a donc qu'une étoffe de cette efpece qui puifle foutenir un poil autant garni, la chaîne, dans toutes les étoffes, doit être extraordinairement tendue pour qu’elle {oit fabriquée comme il faut. Le poil ne doit pas être de même dans l’étoffe riche; c’eft précifément ce con- trafte d’extenfion qui donne la forme au frié appa- rent de l’étoffe dont il s’agit, de laquelle il n’y a en- core , au moment que l’on écrit cet ouvrage , qu’un aune de faite, laquelle a été examinée par des com- mifhonnaires connoiffleurs qui en ontordonné fur-le- champ ; attendu la différence du prix, qui eft de plus de 15 liv. Paune en or, & ro liv. en argent, s’il falloit brocher un frifé quelque fin qu'il püt être. Il y a un obfervation très-importante à faire fur Parmure du métier concernant ce genre d’étofe. On a dit que l’on faifoit baiffer tout Le poil au coup de fa navette de lame , de façon qu'il s’en trotivoit un des deux qui font pañlés dans la maille dt corps, qui joignoit le quatrieme fil de chaîne qui forme le guil- loché, & lautre en étoit féparé par un fil de chaï- ne d’une part, & deux de l'autre ; or comme des deux £&ls de poil qui lient avec celui dechaine ,1ly en a un qui a levé au coup de fond, & qui baïfle ert- fuite au coup de lame; 1l faut que l'ouvrier ait une grande attention à ne pas faire lever au coup de fond le fil qui joint celui de la chaîne,mais bien celui qui en eftféparé par deux fils, attendu que la contrariété qui fe trouveroit dans ce fil qui joindroit celui de la chaï- ne qui lie, lui donnant une pareille extenfion ayant levé &c baïflé au coup de fond, ou dans un même coup , feroit un grain très-inégal, ce qui rendroit Pé- toffe moins parfaite. On a dit aflez fouvent qu’il faut faire attention dans l’armure de toutes les étoffes en général, que le fil qui doit lier la dorure , tel qu’il foit, de chaîne ou de poil ,ne doit jamais lever aux coups de navette qui forment le fond , afin d’éviter cette contrariété, qui eft d’une très-grande confé- quence dans toutes les étoffes en général, &r qui ne > peut pañler que dans celle-ci attendu l'effet qu’il pro duit. : Quoique cette armure paroifle difiicile, Pouvrier en viendra aifément à-bout en laiffant la liffe de chaîne qui doit lier lorfqu’il fait lever les trois autres, celle dont Le fil joint celui de poil qui n’a pas levé au coup de fond ; la chofe eft fimple , mais nos ouvriers la plü- part ne font que des machines , même ceux qui Yew« lent fe donner pour les plus habiles. SOI De quelques étoffes omifes dans Le cours de cet ovrage;, telles que les batavie, les brocarelles, les florentinés a fonnettes | Les batavia. On fabrique à Lyon une étoffe à la- quelle on a donné le nom de haravia, Cette étoffe ne repréfente ni le fatin n1 le gros-de-tours; elle imite la ferge , & dans l’armure élle fe fait comme le raz- de-Saint-Maur. | ne 4 ._ Ce qui la fait diffinguer de cette derniére étoffe, c'eft que fa figure & fon travail font différens. Le raz de Saint Maur eff noir ordinairement, &e le batavia eft de couleur différente; il eftuni, & le bara- via eit à carreaux; Aya Pour former le carreau du batavia; toutes les cinq; fix, fept & huit portées d’ourdiffage, on ourdit dix . ou douze fils blancs qui féparent la couleur de la chaine , & forment une efpece de bande. | Si la diftance d’une bande à l’autre eft de trois pou- ces plus où moins, il faut dans la fabrication tous les 3 pouces plus ou moins, paflerune navette dont la tra- me {oit blanche, auff c’eft ce qui forme le carreau. Si la bande ourdie eft de dix fils blancs , on pañle dix coups de navette avec la trame blanche; fi elle eft de douze, on en pañle douze, & c’eit ce qui forme le carreau. 4 Æ* | *. _ La trame ordinaire doit être de la couleur de la chaine: il s’en fait d’une couleur différente auxquelles on donne le nom de baravia changeant : mais il faut . toujours les mêmes coups pour former le carreau, foit que les fils foient blancs ou d’une autre couleur. Îl n'importe pas, il en eft de même pour l’ourdiflage par rapport aux bandes, | On fait des batavia brochés à petits bouquets dé- \tachés, chaque bouquet étant placé au milieu de chaque carreau. nr, , … La largeur du batavia eft de deux tiers, ou de cinq huut, ad libieurn: k Lä quantité de portées eft de quarante jufqu’à foixante , en y comprenant Les fils blancs ou de cou- leur qui forment les bandes. Les batavia unis font montés avec quatre liffes dont Les fils font pañlés à col tors ; celles qui font bro- chées, font pañlées dans quatre lies pour lever, & quatre de rabat pour donner aux fils la hiberté de lever lorfqu’on tire les lacs. À Nota. On a obmis dans l’article des Moires, dobferver qu’il s’en fait à 40 portées triples , ce qui vaut autant que 120 portées fimples. Cette façon de les monter eft pour éviter la quantité de lifles , parce que ces dernieres ne contiennent pas plus de mailles que fi elles étoient montées à 40 portées fimples ou 40 portées doubles, l’ourdifflage étant de trois fils par boucle, ce quine fait qu'un fil quoiqu'il y enait fois ; conféquemment trois fils chaque maille ou boucle de la life qui ne font comptés que pour un: Brocatelles, La brocatelle eft une étoffe tramée de fil, deftinée pour tapiferie. Elle eft compolée de 6o fils de chaine, 10 portées de poil & un 20 de peigne, ce qui fait 6 fils chaque dent. Elle eft mon: tée ordinairement fuf cinq liffes pour la chaîne, & trois pour le poil. Les lifles de poil qui ordinaire- ment eft de là mème couleur de la chaîne , font at- tachées de façon que le poil eft toujours levé d’une hauteur propre à pafler la navette, & ne forment qu'un rabat. L’enfuple de poil eft élevée par derriere au-deflus de celui de la chaîne de maniere que lou: verture fe trouve faite fans le fecours de la marche. Cette facon de monter le métier eft difpofée ainfi, afin que chaque marche n’ait qu’une eftriviere , {a+ voir une à chacune des cinq marches pour la chaîne afin de Îa faire lever, & une à chacune des trois liffes de poil pour la faire baïfler. . Cette façon de monter le métier fait qu’au lieu de Tome XV: ; SOI 295 trois lifles à coulifle pour le poil du fix lifes ordi- naires, favoir trois pour le lever, & trois pour le baïfler ; 1 n'en faut que trois ordinaires ; .&c au lieu de trois eftrivieres à chaque marche de ce poil, fa= voir deux pour le faire lever, & une pour le fairé baiffer : 1l n’en eft befoin que d’une pour le tout, Ia facon de tenir levé l’enfuple de poil tenaht lieu dé hferpourleverlememespots es, 1" _ Cette étoffe ne fauroit être travaillée que des deux piés , fans quoi il faudroit 30 marches au lieu de 8; lavoir 15 pour le coup de fond ; & 15 pour le coup de tire, afin que la révolution complette du cours caufée par la difproportion du nombre de lifles dé chaine & de poil fe trouvât complette ; au lieu que dans la façon de monter le métier, ainfi qu'il a été dit ci-devant, 1l n’en faut que huit: Pour travailler cette étoffe ; l'ouvrier pale ur coup de fond & un coup de tire, La navette deftis née pour le coup de fond eft garnie d’une trame de fil toujours de la couleur de la chaîne , & celle dw coup de tire eft garnie de Joie de la couleur dont on veut le fond. # ne , Lorfque l’ouvrier commence à travailler , 1l foule du pié droit la premiere marche des lifles dé fatin , & du pié gauche celle du poil, & pañle en plein la navette du fil; c’eft le premier coup de navette. Pour le fecond coup ; il laïfle aller la marche du pié droit, tient toujours le gauche fur la life de poil baïffée , & pañle la navette de foie deffous le lac qui eft tiré, qui ordinairement eft le fond; la foie pailée & arrêtée par la liffe qui eft baïflée ; forme le le fond de Pétoffe, de façon que ce qui meft pas tiré en fait la figure qui eft formée par un fatin d’au: tant plus beau ; qu’étant tramé de fl, il enfle davan: tage ; & étant à cinq lifles , il a plus de brillant. Le fecond coup, ouvrier prend la deuxieme mar= che de fatin & la feconde de poil, Lie troifieme coup, la troifieme de fatin & la troifieme de poil. Le quatrieme coup, la quatrieme dé fatin, & re- prend la premiere de poil. Le cinquieme coup, là cinquieme de fatin &t la deuxieme de poil. Le fixie- . me , 1l reprénd la premiere de fatin & la troifieme de poil ; & ainfi des autres, , Florentines a fonnettes. La florentine eft une étoffe de foie qui fe travaille au bouton, pour que l'oùvrier aille plus vite. Il n’eft perfonne qui ne fache que de toutes les étoffes façonnées ; il n’en eft point qui fe ‘fabrique plus promptement que celle dont les cor- dages qui font lever la foie, fe tirent avec le bouton: On a expliqué dans les Zfférens articles de cet ouvrage, la façon de lire les defleins à la réduétion pour les étoffes qui fe travaillent avec le bouton; telles que les droguets où autres de femblable efpece : cette facon de lire le deflein épargne une quantité de fils aflez confidérable, mais celle de la fonnette ; non- feulement épargne plus de fils où cordes de tirage que la premiere, mais encore elle foulage! grande- ment la tireufe par fa fingularité, À . Les deffeins de florentine font à grandes tiges & à grandes fleurs : les uns en un lac, & les plus beaux en deux; 1ls portent ordinairement 40 à so dixäi- nes, ce qui fait 400 boutons pour les premiers, & 00 pour les feconds en un lac ou une navette feule: Ceux qui font en deux lacs ou à deux navettes por- tent Le double. I! eft des defleins de cette efpece qui portent jufqu’à 14 ou 15060 boutons, fuivant là lon- gueur du deffein. Ces étoffes font prefqué toutes montées en 400 cordes de femple & de rame. Cha- que corde de rame fait lever trois mailles de corps ; cé qui fait 1200 mailles & trois répétitions, ce qui vaut autant pour la réduétion ordinaire que les étof- fes très-riches qui font montées en 600 cordes à l'or: dinajre , avec une arcade chaque corde ; au-lieu que : dans celui-ci chaque corde tire une arcade & denmes Ppà 300 SOI Dans l’étofte riche ,les deffeins font fur des papiers de ro en 103 & dans celle-ci, ils font fur des 8 en 10, parce qu’elle eft toute Joie, & que dans lautre la dorure empêcheroit de ferrer létoffe, = Lorfqu’il eft queftion de lire le deflein, Von exa- mine dans les tiges les feuilles & les fleurs, dont la quantité de cordes qui doivent être prifes peutaller à une certaine hauteur, fans qu'il y ait du change- ment, comme par exemple, à une dixaine où deux de hauteur qui feront tirées fans difcontinuer ; on en fait un lac qui eft placé à la droite de la tireufe, &c on continue de lire les petites parties jufqu’à la hauteur où la difpofñtion du deffein oblige de chan- ger ce premier lac pour en lire un fecond ; & ainfi des autres jufqu’à la fin du deflein. Quand létoffe eft prête à être travaillée, la tireufe tire ce premier lac, & arrête le bouton tiré entre deux chevilles placces à fa droïite; dans lefquelles chevilles qui mont de diffance de l’une à l’autre qu’autant qu’il en faut pour y placer la corde qui eft arrêtée par le bouton qui eft au-deflous, ce lac fe trouvant tiré pendant le tems que les autres lacs qui font legers fe tirent, & que létoffe fe fabrique jufqu’à la dixaine ou ligne tranfverfale du deflein, où 1lfaut changer ce premier lac qui ordinairement eff le plus: pefant ; lorfque le moment du changement arrive, le dernier lac tire une fonnette qui avertit du changement : pour lors la titeufe fort le lac arrêté entre les deux chevilles, & en place un autre pour continuer fon travail. Comme ces gros lacs font placés en une feule li- gne à la droite des äutres boutons, il faut que les chevilles foient placées de façon que chaque bouton foit perpendiculaire aux deux chevilles dans lef- quelles 1l doit être arrête ; fans quoi la tire feroit oênce : c’eft pour cela que la planche des chevilles qui eft de quatre pouces de largeur, doit être d’une longueur égale au rang des boutons qui contiennent le gros lac, cette planche eff arrêtée folidement à une piece de bois de la hauteur de l'état du mé- tier, où elle forme une efpece de croix’, & à une . diffance du bouton égale à la longueur déterminée qu'il doit avoir pour tenir la Joie levée à la hauteur néceflaire pour que la navette puifle pañler, 4. Il eft aifé de comprendre que cette façon de lire - le deffein foulage beaucoup la tireufe, puifque dans un deflein de $o dixaines, loin de tirer le gros lac 500 fois, elle ne le tite au plus que 50, même 2; ou 36, {uivant la hauteur des cordes arrêtées ; &c encore tire-t-elle ce lac feul pour le mettre entre les deux chevilles , le furplus quin'eft pas arrêté ; étant les plus petites parties à tirer qui ne fauroient la fatiguer. è Il y a encore une obfervation très-importante à faire fur cette façon de difpofer le métier. C'eft une regle, que chaque lac ou bouton doit contenirautant de cordes de tirage qu'il y a de cordes de rame à tirer, Ces cordes qui font d'un très-beau fil retordu coutent 4 Liv. 104. jufqu'à roo f. la livre. Or; & le gros lac contient 100 ou 200 cordes plus où moins; le bouton en doit tirer autant pour une fois feulément ; s’il eft pouflé jufqu’à une dixaine feulement, on épargne {ur 100 cordes du lac goo cordes de moins chaque dixaine, & fur 200 cordes 1800, detrois quarts & plus de longueur chacune ; ce qui, outre cette épargne qui eft confidérable, désagé par cette diminution de cordes le travail qui féroit beaucoup plus gêne, fi le métier contenoit ce millier nombreux de cordages qui eft diminué par ce retranchement indufirieux. : Les florentines font montées à 8 lifes pour le fa tin & autant pour le rabat, ce qui fait 16 lifles épa- les en tout. Les chaines {ont depuis 60 jufqu’à 75 poitées ; les lifles de fätin font armées à l'ordinaire, avoir, une prie & deux laifiées ; celles de rabat baiffent de fuite ; de façon que ce qui fait figure de | florentine à l'endroit de l’étoffe, fait fatin à l’envers: &t ce qui fait fatin à l'endroit, fait florentine À celui qui lui eft oppofé. “a On ne fe fert point de cärrette ordinaire pour fairé lever les lifles de Îa florentine ; & au moyen de celle quieft en ufage, on épargne une eftriviere chaque marche où 1l en faut une pout lever la Kfle de fatin, : &t une pour faire baïfler la life de rabat, Une eftri< viere feule fait tout le mouvement, au moyen d’une carrete fort élevée dont les alerons font fxés horia _fontalement, auxquels on attache d’un côté la life qui doit baïfler , & de l’autre celle qui doit lever; de façon qu’une feule efiriviere attachée à la life de rabat faifant baïfler la Life d’un côté de même que Paleron, lorfque lPouvrier foule la marche, le fait lever du côté oppofé; & par conféquent la life qui lui eft attachée. Par exemple: | Au premier aleron d’un côté efl attachée la pre- miere life de fatin du côté du corps; êc de l’antre la premiere lifle de rabat du côté du battant, Au deu- xieme, la quatrieme de fatin & la troïfieme de ra- bat. Autroifieme, la feptieme lifle de fatin &c latroi- fieme de rabat. Au quatrieme, la deuxiéme life de fatin êc la quatrieme de rabat. Au cinquieme, la cin- quieme de fatin & la cinquieme de rabat. Au fixie- me, la huitieme de fatin &c la fixieme de rabat. Au feptieme, la troifieme life de fatin & la feptieme de rabat, Au huitieme enfin, la fixieme life de fatin & la huitieme de rabat. “à L’ufage eft de commencer par la deuxieme life de fatin 8c celles de rabat comme elles font mar- quées, en fuivant le fatn à l’ordin: -e, pour éviter la contrarièté qui fe trouverc entre la buitieme kiffe de rabat & la premiere de &rin. IL eft bon d’obferver encore que les carrettes dans les florentines ne font pas placées au-travers des efta- fes comme dans les autres métiers. On les attache au plancher ét en lons, c’eft-à-dire , parallelement aux deux eftafes ; enforte qu’en fuivant l’ancienne méthode, il faudroit à la carrette trente alerons , tan- dis qu'il ne lux en faut ici que huit ; il faudroit huit carquerons , au lieu qu'iciil n’y a point; il faudroit feize eftrivieres Des huit marches , tandis qu’on n'en employe que huit. Machines inventées pour faciliver La fabrication des éroffes. La quantité de machines qui ont été inven- tées pour faciliter la fabrication de l’étoffe eft confi- dérable, attendu le peu d'utilité qui en réfulte, Ilen eft cependant quelques-unes auxquelles on ne fau- roit refufer un jufte applaudifflement. Telle eft, par exemple, celle qui fut inventée en année 17:17 par Jean-Baptifte Garon , fabriquant de Lyon, ou plutôt par Ie fieur Jurines, maître pal fementier. Cette machine, qui tient lieu d’une fe- conde tireufe , de laquelle on ne pouvoit pas abfo- lument fe pafler pour la fabrication des étoñtes ri- ches, ou celles dont Ja tire eft extraordinairement pefante , ne coûte aujourd’hui que 7 lives ro fols, au lieu de 45 livres que fon auteur la vendoit, fui- vant le privilese qui lui fut accordé de la vendre feul pendant lefpace de dix années , par arrêt du confeil du mois de Mai 1718, Il eft vrai qu’elle revenoïit à fon auteur à 20, 22 livres, le furplus de fon prix lui tenoit lieu de récompentfe, Cette machine très-utile a tellement été multipliée, qu’onne croiroitpas trop hafarder en foutenant qu'il y en a actuellement plus de dix nulle à Lyon, Après cette machine , a paru fur les ranos celle de Falcon, imaginée en 1738. Elle lui agté attribuée, quoique Bañile Bouchon en fit le premier mventeur. Cette machine , auffi inutile qu’elle a coûté de l’ar- sent ,n’eft mileen pratique que par un feul fabri- quant, duquel Falcon a acheté les luffrages pour la é _ faire valoir: elle coûte à la communauté , à la ville ou à l’état environ quatre-vingt mille livres jufqu’à ce jour, en y comprenant une penfñon viagere de 3500 livres , dont la moitié eft reverfble après fa mort,fur la tête de fa femme. Cette penfon a été ac: cordée en 1748. Loin de foulager la tireufe, cette machine fa fatigue extraordinairéement , en ce qu’elle eft obligée de travailler des piés & des mañs, au lieu que fivant Pañcienne méthode ; elle travaille des mains feulement, Tous les maîtres ouvriers qui “ont voulu s’en fervir , en ont été tellement faisfaits, que , éxcepté le feul'qui a vendu cherement fon fuf- frageà Falcon, ils ont fourni une déclaration, cer- tifiée des maîtres gardes. des ouvriers pour lors en exercice, qui contient en fubftance que s'ils avoient continué de s’en fervir, elle les auroit tous ruinés ; cette déclaration eft du mois de Janvier 1754, en- fuite des ordres adreflés à M. le prevôt des mar- chands de la ville de Lyon, par M. dé Gournay , intendant du commerce, par f lettre du mois de Décembre précédent, pour conftater fon utilité, en conféquence d’une nouvelle demande de Falcon au “confeil d’une fomme de 20.mille livres de gratificaz tion , 8c d’une augmentation de. mille livres de pen: fien pour la rendre parfaite , comme fi dans l’efpace de feize années Falcon n’eûüt pas encore eu le tems de donner à fa machine toute la perfeftion dont elle devoit être revêtue, eu égard aux fommes qu'il en avoit reçués. di : Onfera fans doute furpris que le confeil ait or- donné le payement-de fommesaufi confdérables, &t une penfion de même pour une machine auf inu- tile ; la chofe n’eft pas difficile à concevoir, parce qu'en cela , comme en beaucoup d’autres chofes , le confeil eft fouvent trompé. Quand il s’agit de ftatuer fur la récompente d’une machine , le miniftere en- voye la requête de l'inventeur au prevôt des mar- .chands de Lyon, pour avoir fon avis fur l'invention propoiée ; le prevôt des marchands communique la lettre du miniftre ou fon prépoié aux maitres &c sar- des de la communauté , qui bien fouvent compofent avec l'inventeur ; le traité étant conclu , les maîtres &t gardes donnent leur avis par écrit au prevôt des marchands, qui en conféquence envoye le fien au miniftre,, fur lequel la gratification et ordonnée. Falcon a reçu environ 50 mille livres depuis 1748 | jufqw’en 1754, fuivant fes quittances: on penfe bien que toutes ces fommes ne font pas entrées chez lui, La machine de Falcon ne peut fervir ni aux étoffes brochées , riches owautres, niaux étoffes courantes au bouton; dans les premieres, pour un deflein de. cent douzaines feulement en dix lacs brochés com- meelles fe font aujourd’hui , où 1l faut douze mille lacs ;1l faudroit douze mille bandes de carton de deux pouces êt denu de large , les lacs qui ordinairement font de fil dans les métiers ordinaires, étant de car- ton dans celle-ci. Il faudroit en outre au moins trois mois pour monter ce métier, au lieu de quinze jours qui fuffifent ,:même moins fuivant l’ancienne mc. thode ; le carton revient aufli cher que le fl de lac, qui danstune étoffe brochée durera dix à douze an- nées , & dans celle-ci il ne peut fervir abfolument qu'à un deffein. Quand le fil de ac eftufé, il fert en- core à tramer des toiles groflieres deftinées à faire des nappes , des effuie-mains & des draps pour cou- cher les tireufes & les compagnons du maître, Veut- Onavoir toutes les machines néceffaires pour lire le _éeflein &z faire les lacs, 3000 livres ne {eroient pas fufifantes pour en faire les frais, fans y comprendre le tems perdu pour monter le métier. Veut-on aug- -menter où diminuer les cordages , il faut les machi- nes différentes ; par conféquent les mêmes frais pour -chaque métier. Veut-on faire des étoffes courantes, ou au bouton avec la même machine, on foutient | è æ HO | Lao: hatdiment qu'outré les frais diférens 8 proportion: nés à la quantité de cordages énoncés ci-deffiis, un bon ouvrier ne fera pas le quart de la journée, En un mot , fi la machine &z toutes les autres qui y cons courent eft difpofée pour un métier de quatre cens cordes à Pordinaire, on ne fauroit en diminuer ni en augmenter une feulement , qu'il ne faille faire les frais néceflaires & énoncés ci-deflus pour la mettré en état de travailler, Cetté machine déclarée inutile & runeufe par les principaux membres de la com munauté , a cependant été préconifée par un trèss grand machinifte l’un des réda@teurs du réglement du 19 Juin 1744 , puifqu’elle fait un article de ce réple- nent, qui pérmet un cinquieme métier aux {abri quans qui voudront le monter fuivant la méchanis que de Falcon , ce qui n’a pu faire faire fortune à cette méchanique ; puifqu'elle a été profcrite par ceux qui feuls font en état de connoître fon utilité, On: eft bien éloigné de penfer que Falcon ait acheté les fuffrages, & du machinifté , Ot des rédaéteurs du réglement; on les a cru trop délicats pour un commerce {emblable, : Le confeil eft aujourd’hux plus circon{pett à l’é- gard des gratiñications ; l’inténdant a ordre de pul- vérifer tous les méchanifmes nouveaux en fit de f1- brique pour s’aflurer-de leur utilité ; c'eft lui qui a foin de faire payer & de donner les ‘ordonnances à ce fujet au heu &c place du prevôt des marchands qui en étoit chargé ci-devant. On a inventé encore d’autres machines bout tra vailler fans tireufe ; mais elles ne font bonnes ame pour des defleins de trois ou quatre dixaines : elles {ont montées avéc un cylindre , dont la circonfé- rence fe rapporte à la quantité de dixaines dont le deflein eft compoié , chaque ligne du deffein tant tranfverfale que perpendiculaire contenant plus d’un demi-pouce , ce qui fait que pour un defläin de cin- quante dixaines dé large pour quatre cens cordes À l'ordinaire , il faudroit un cylindre de vinet - cinq pouces &c plus de longueur, & pour cinquante di- Xaines de hauteur en huit , en dix feulement ; cent Vinpt-cing pouces de circonférence , ce quine feroit pas moins de quarante-deux pouces ou trois piés ê£ demi de diametre, & encore faudroit-il que l’étofe ke : net qu'un lac feulement : ajoutez à toutes ces in- ventions qu'il n’eft pas pofible qu’un ouvrier puiffe faire feul un ouvrage, ordinairement pémible pour , deux petfonnes,& aller aufli vite! La tireufe d’ailleurs étant utile pendant le cours de la fabrication à beau- coup d’autres occupations toutestrelatives À lexpé- 6 SAUCE dition de l'ouvrage , telles que cellés de remonder ; t’habiller les fils, changer ceux qui font écorchés, Ge. tandis que l’ouvrier eft occupé à autre éhofe. D'oùilfaut conclure que toutes les méchaniqres À dont le nombre eft aflez grand, ne {ont imaginées que pour attrapper par leurs auteurs quelques fom- mesid'argent , ce qui les rend parefleux & débauchés tout enfemble; 1l eft vrai que l’ordre établi depuis quelque tems a produit un changement différent, On ne difconvient pas que les ouvriers qui {ec tfhinguent dans les inventions d’érofes ne méritent récoms penfe, toutefois en rendant l’étofe publique de mê- me quel'invention ; mais à l’évard des méchaniques pour la fabrication de Pétoffe, fi on-n’avoit accordé que le privilege aux inventeurs tels que Je eur Ga- Ton , On auroit épargné des fommes confidérables ; parce que f la méchanique eff bonne , tous les où- Vriers s’en feryiront ; elle ne left pas , ellene mé- rite aucune oratification. Lorfquale privilèse de dix années accordées à Garon fut expiré, on compta deux mille machines dansla fabrique, lefquelies souvoient lui avoir procuré environ 25000 livres de bénéfice : ce qui devoit être fufffant pour fon indemnité, Modele d'un métier d'étoffe fabriquant feul un damas 302 SOI à fleurs. Le bâtis de ce métier eft de deux piés de lon- gueur ( noncompris les alongeaux) , fur huit pouces de largeur ; fa hauteur eft de quatorze pouces, non. compris les haufles & le caflin ; toute fa hauteur eft de trente-fept pouces ; les alongeaux font de la lon: gueur de 22 pouces +. Cette machine eft pofée fur un piédeftal de 4 piés 2 pouces de longueur , fur 2 piés 3 pouces + de lar- geur , & 3 piés 2 pouces de hauteur. La plus grande partie des mouvemens fe fait à couvert ; quelques- uns font en dedans du piédeftal. Avant d'entrer dans la defcription de ces mouve- mens , 1l eft à-propos de faire fentir les difficultés qui fe font trouvées dans l'exécution de ce petit mo- dele, & qui n’auroient pas lieu dans un grand mé: tier. | Dans un grand métier ; l’enfuple de devant eft diftante de celle de derriere d'environ 12 piés, par conféquent la foie qui a beaucoup d’étendue, a aufli beaucoup de reflort & prête avec facilité; dans un court efpace , tel qu’eft celui du petit métier , où la : foie n’a que 2 piés 4 pouces détendue, elle n’a pref- que aucun reflort , & cafle plutôt que de prêter ; le peu de diftance qui fe trouve du drap aux lifles 8 des Lifles aux maillons , forme encore une très-srande difficulté pour le jeu de la /oce ; la life ne fauroit fe lever qu’avecbeaucoup d'effort, n’ayant du côté du drap que 2 pouces : de diftance, & du côté des mail- lons que 4 pouces. La tire , dont une partie de la Joie eft rabattue par les liffes de rabat, & cela feule- ment à 4 pouces de diftance, fe trouve extrèmement gênée , & ne peut lever qu'avec peine. Il eft aïfé de juger , par toutes ces difficultés, combien il a été mal-aifé de trouver des moyens qui empêchaffent la Joie de fe cafler ; & pour que ouverture fe treuvât aflez nette pour le paflage de la navette, la chaîne eft de 15 portées de 80 fils ( elle eft divifée fur cinq enfuples ) , ce quirevient à 100 portées dans une largeur de damas ordinaire. L’étoifea trois pouces de largeur entre leslifieres ; le peigne a 172 dents & 7 fils par dent , ce qui fe- toit 1140 dents dans une peigne en largeur ordi- naire ; les liffes font au nombre de 10 , ; pour lever êc ; pour rabattre; le grand corps eft de 96 mail- lons , 12 & 13 fils par maillon alternativement ; le mouvement qui met en aéion toute la machine eft placé au-deffus de la piece fur le derriere du métier entre les deux alongeaux. ; | _La grande roue fixée à l’effieu du premier mobile eft de 7 pouces +de diametre & de 6o dents ; cette roue fait tourner un axe de 10 pouces de longueur par le moyen d’une autre roue où elle s’engrene , dont le diametre eft de 2 pouces = &c de 20 dents, elle eft fixée à l'extrémité de l'axe qui eft fur la droi- te ; cet axe eft placé tout auprès de la barre d’enbas du métier ; & fur le même parallele, à fon autre ex- trémité , eft fixée une roue à cheville d’un pouce 8 lignes de diametre , & de ÿ chevilles diftantes les unes des autres d’un pouce ; cette roue fait tourner le tambour qui forme le deflein, y ayant pour cet effet so dents à chevilles fur l'extrémité de la cir- conférence à droite où la roue à $ chevilles s’en- graine. Ce tambour a 25 pouces de circonférence êc 5 pouces de largeur ; 1l a 48 divifions égales d’une ligne chacune ; il eft placé fur la droite du métier, vig-a-vis Le caflin , au même endroit qu'’occupe le tireur à un métier ordinaire. En dedans du métier, êt vis-à-vis ce tambour , eft un clavier compofé de 48 leviers d’une ligne d’épaifleur , chacun répondant aux 48 divifñions du tambour ; tous les becs de ces leviers forment entr’eux une ligne droite parallele à l'axe du tambour , mais un peu plus élevée; la cir- conférence de ce tambou r eft encore divifée en so parties égales d’un demi- pouce chacune , ce qui for- me des lignes qui coupent à angle droit les autres 48 divifions ; c’eft fur ces lignes que font arrangées ( fuivant la difpofition du deflein ) les pointes qui font baïfler les leviers lorfque le tambour vient à toufner. | À 3 ou 4 lignes de diftance du bec des leviers font attachées des cordes de laïton , qui montent perpendiculairement jufqu’aux poulies du caflin; ce caflin eft double ; chaque chaflis contient 48 pou- les ; ces poulies ont deux diametres, le petit de fix lignes & le srand d’un pouce & demi. Les cordes attachées par le bas aux leviers, le font par le haut avec des alonges de foie au petit diame- tre des poulies de la premiere chafle fur lefquelles elles roulent ; de fecondes cordes font attachées & roulent fur le grand diametre ; de-là elles vont ga= gner horifontalement &c parallelement le petit dia: metre des poulies. de la feconde chafle. Enfin de troifiemes cordes font attachées au grand diametre, d’où elles tombent perpendiculairement jufqu’aux fourches où elles font attachées; chaque fourche fait lever deux maillons, y ayant deux répétitions au deflein ; comme les divifions de [a circonférence du tambour ne font éloignées que d’un demi-pouce, les pointes qui y font fixées ne font baïffer les leviers également que d’un demi-pouce ; mais par le moyen de différens diametres des poulies , la corde qui ré= pond aux maillons leve de 4 pouces +, L’on a dit ci-deflus, que la roue qui fait tourner letambour , n’a que cinq chevilles, diftantes d’un pouce les unes des autres , tandis que celles du tam bour ne le font que d’un demi ; ce qui fait que cha- que dent de la roue , après avoir fait tourner le tam: bour d’un demi-pouce ; fort de fon engrenage , & décrit un autre demi-pouce, fans toucher aux chevil les du tambour , qui refte immobile Le même efpace detems qu'il vient de mettre à marcher, &c quipar conféquent tient les leviers baiflés , & la tire en l'air par le moyen d’un rochet qui le fixe , & l'empêche de retourner jufqu’à ce que la cheville fuivante de la roue, vienne reprendre une autre cheville du tam- bour ; par ce moyen le lac ne change que tous les deux coups; la même chofe fe pratique dans tous les damas , la navette pafle deux fois fous le mêmelac, mais non pas fous le même pas ; les lifles changent auffi fouvent que la navette pafle de fois. Sur le même axe mentionné cisdeflus, il y à en: core une autre roue fixée , dont le diametre eft de 2 pouces +, &c de vingt dents; cette roue s’engre- ne dans un pignon de dix dents, &c fait toufner un fecond axe ; cetaxe a 25 pouces de longueur , il eft placé fur la même ligne 8 même parallele du pre- mier ; il s'étend depuis le pilier de devant , jufques & paifé celui de derriere; ilmet en mouvement tout le refte de la machine , par le moyen de différentes roues qui y font fitées , & qui communiquent à tou- tes les parties du métier. La premiereroue, quieft fixée fur cet axe , eft une roue de champ de 3 pou- ces de diametre , & de foixante dents ; elle s’en grene dans un pignon de douze dents ; ce pignon eft fixé fur un troifieme axe de 6 pouces 10 lignes de longueur ; il forme un angle droiraveclefecond , & pañle fous la piece tout auprès desliffes, & va com- muniquer au côté gauche du métier ; à fon extrémi- té eft fixée une platine de 2 pouces : de diametre; cette platine mene, par le moyen d’une vis fixée à 1 pouce de diftance du centre, un va-êr-vient de 3 pouces + de longueur ; ce va-8&r-vient fe meut ho- riontalement , & en fait aller un autre de 6 pouces _de longueur, placé perpendiculairement ; une de fes extrémités eft arrêtée à la barre du métier , au- deffous du battant, à 2:pouces + de diftance de la bar- re , il eft attaché par une vis à extrémité de l’autre va-&-vient ; 1 {e meut donc par le haut circulaire= | SO nent & par vibration évale entre l’enfuple de devant & les lifies, & décritune courbe; lorfqu’il va du cô- té des liffes , il poufle le battant par la barre de det- fous, au coté de laquelle eft une cheville qui s’ac- ‘croche dans l’entaille d’un valet; ce valet qui a une bafcule , tient par ce moyen le battant arrêté, juf- qu'à ce quelewa-&r-vient, en s’en retournant, pren- ne par deflous Le bout de la bafcule, &c la fafle lever; le battant qui fe trouve pour lors dégagé & hbre, vient frapper louvrage; la chafe & le coup luxeft : donné par le moyen d’un refort à boudin , qui eft roulé dans un barrillet ; ce barrillet eft placé dans un fupport , fur la barre du métier; un des bouts du reflort tient àun des pivots de la rraverfe du battant, où font aflujetties les épées; ce reffort fe bande à vor lonté , ( fuivant le plus ou le moins de carte que l’on. veut donner à l’étoffe ), par le moyen d’une vis-fans- fin, qui fait tourner une roue aflujettie au barnillet. À côté de la roue de champ , & fur le même axe , eft fixée une efpece de petit tambour , quifait mouvoir un clavier compofé de cing leviers; ce clavier eft placé en dedans du métier, & vis-à-vis le tambour ; à cinq ou fix lignes de diftance du bec des leviers , font attachées des cordes qui montent perpendiculai- #ement & parallelement jufqu’à d’autresleviers, qui font placés au haut du métier , oùelles font auffi atta- chées ; à l’autre extrémité de ces leviers, font at- tachée d’autres cordes, qui répondent aux cinq fes qui doivent lever; au bas de ces lifles font en- core d’autres cordes qui pañent & roulent fous des poulies qui font placées dans le piédeftal, & vont repondre aux lifes de rabats, qui par ce moyen baif- fent lorfque les autres leyent. À cinq pouces de dif- tance du petittambour , & furle même axe, eft fixée une roue de deux pouces de diametre ; & de trente dents ; cette roue s’engrene dans un pignon de dou- ze dents ; à côté de ce pignon, & {ur le même pivot, eft fixée une platine de deux pouces trois lignes de diametre , cette platine mene , par le moyen d’une vis fixée à un pouce de diffance du centre, un va-&- vient de trois pouces de longueur , & lui fait par con- féquent parcourir une ligne de deux pouces. Au- deflous du quartier d'ouvrage , & dans le milieu de la larseur du métier, eft placée une fleche de quatre pouces & demi de longueur, & large de dix lignes par le bas ; elle fe meut fur un pivot fixé à la bar- re du métier; à fept lignes de diflance au-deffus de ce pivot, elle a une cheviile fixée, dans laquelle en- tre avec aifance une piece d'acier percée à cet effet par un bout; cette piece a un pouce &c demi de longueur , & environ deux lignes d’épaiffeur ; elle peut fe plier dans le mieu , parle moyen d’une char: niere ; elle répond par le bas à un fort reflort, qui tire perpendiculairement & fur la même direétion du pivot ; lorfque la fleche eft parfaitement droite , le reflort ne tirant pas plus d’un côté que d’un autre, ellerefte en cet état; mais pour peu qu’elle foit pouf- fée fur la droite ou fur la gauche , elle part avec ra- pidité du côté oppofé ; fon mouvement lu eft don- né par le moyen d’un va-&t-vient, dont on vient de parler ci-deflus, qui a pour cer effet à l'extrémité op- pofée à celle qui eft arrêtée à la platine, une ouver- ture en traverle, de la longueur de quinze lignes, dans laquelle entré une vis, qui éft fixée à la fleche; cette ouverture eff faite afin que la fleche , lorfqu’el- le eft mife en mouvement, puiffe partir fans être ar- rêtée par la vis, quia fa liberté de glifler aïfément dedans ; elle fe meut par fon extrémité circulaire- ment, entre deux petites pieces d’acier, qui font fi- xées à une trinole , contre lefquelles elle heurte, ce qui fait faire alternativement à la tringle un mouve- ment précipité de droite à gauche, & de gauche à droite , n'étant arrêtée fur les extrémités qu’à des fupports à pivots très-mobiles, qui répondent à deux SOI 303 marteaux ; les têtes de ces marteaux font inférées dans deux coulifles , qui font placées contre les lifs ! fes, une de chaque côté du métier; c’eft dans ces coulifles que l’on met la navette qui eft chafée par le moyen de ces marteaux : chaque fois qu’elle paf. fe, 1l y a un çrochet quiprend la fo'e, & qui la cou che le long du drap; le crochet a 3 pouces + de lon: gueur ; fon mouvement eft circulaire , ayant{on ex trémité oppolée arrèrée à unpivotplace au-deffous des coulifles, A cette même extrémité il y a un re- tour d’un pouce de longueur, qui forme un angle aigu. Au deflus de la couliffe eft un va-8c-vient, qui glifle le long d’une petite tringle ; auquel eff fixée une queue qui tombe dans l'angle | & qui par ce moyen , tire & repouñle le crochet. Ce va-&-vient fe ineut parle moyen de différens retours & cordes qui en ghffant fur des poulies, aboutiflent au mou- yement que mene le battant. Au bout du même axe eft fixé un pignon de huit dents ; ce pignon s’engre- ne dans une roue de deux pouces huit lignes de dia- metre, & de quarante-huut dents ; le pivot de cette roue pañle au-travers du pilier du métier ; à fon autre extrémité.eft un pignon de fix dents, qui s’engrene dans une roue de deux pouces quatre lignes de dia metre, & de quarante-huit dents; cette roue eft f- xée à un eflieu , qui pafle au-travers de l'enfuple où {e roule Pouvrage; fur le côté de cette enfuple, eff fixé un rochet dont le cliquet eff arrêté à la roue, ce qui donne la facilité de dérouler louvrage, n’y ayant pour cela qu’à détourner une vis qui fait lever le cliquet, C’eit par le moyen de ce rouage,que l’ou- vrage fe roule à mefure qu'il fe fait. fe SOIE des araignées, M. Bon, premier préfident de la chambre des comptes de Montpellier, & aflocié honoraire de la fociété royale des Sciences de la rmê- me ville , lut en 1709; à Pouverture de cette aca= démie, un mémoire fur Pemploi que lon pouvoit faire des fils dont les araignées enveloppent leurs œufs. Ces fils font plus forts que ceux dont elles font leurs toiles ; ils ne font pas fortement tendus fur les œufs ; de forte que la coque qu'iis forment eftaflez femblable aux cocons des vers-à-foie , qui ont été . préparés & ramollis entre les doigts. M. Bon avoit fait ramafler douze ou treize coques des araignées les plus communes dans le Languedoc , qui ont les jam- bes courtes , & qui fe trouvent dans des lieux habi- tés, Après les avoir battues pour en ôter la poufñere, on les lava dans de l’eau tiede , & on les laifla trem- per dans une eau de favon mêlée de falpêtre & d’un peu de gomme arabique; enfuite on fit bouillir Le tout à petit feu pendant deux ou tfois heures ; après cet- te forte de cuiflon, on les lava de nouveau , onles fit {écher, & on les ramollit un peu entre les doigts. Enfinon les carda avec des cardes beaucoup plus fi nes que celles dont on fe fert pour la Joie ; par ce procedé on tira des coques d’araignées une foie d'u» -ne couleur grife afez finguliere, que lon fila aifé ment, & dont le fl fut plus fnéc.plus fort que celui de la foie ordinaire : ce fil prend toutes fortes de coù- leurs, & on peut en faire des étoffes. On préten- doit queles araignées fourniroient plusde foie que les vers-à foie, parce qu’elles font plus fécondes ; une feule pond cinq ou fix cens œufs , au-lieu qu’un pa- pillon de ver-à-{oie n’en fait qu'une centaine ; de fept ou huit cens araignées , il n’en meurt prefque aucune dans une année ; au contraire, de cerit petits vers-à-foie , 1l n’y en a pas quarante qui parviennent à faire leur coque, quelque précaution que l’on pren: ne pour les confervér : tandis que les œufs des arai« gnées éclofent fans aucun foin, dans les mois d’Aoùût &c de Septembre, quinze ou feize jours aprés qu'ils ont été pondus. Les araïgnées dorit 1ls font fortis , meurent quelque tems après , & les jeunes reftent . dans Jeur coque fans manger, pendant dix à onze = 304 SOIT mois ; lorfqu’elles en fortent, on les met dans des cornets de papier , & dans des pots que l’on couvre d'un papier percé de trous d’épingles, pour leur don- ner de Pair : on les nourrit avec des mouches. Les coques des araignées rendent plus de fore à proportion deleur légerete , que les coques de vers- ä-foie; treize onces de coques d'araignées rendent près de quatre onces de foie nette, dont il ne faut que trois onces pouf faire une paire de bas des plus orands , tandis que les bas de foze ordinaires, pefent fept ou neuf onces. M. Bon fit voir à la fociété des Sciences de Montpellier, une/paire de bas faits de foie d’araignée , qui ne pefoient que deux onces & un quart, & des mitaines qui ne pefoient qu’envis ron trois quarts d'once ; ces bas & ces mitaines étoient'aufli forts, & prefque aufli beaux que ceux quifont faits avec de la Joie ordinaire ; ils étoient d'une couleur grife , approchante du gris de fouris , qui.étoit la couleur naturelle de cette Joie ; mais fon luftre & fon éclat avoient fans doute été aug- #mentés par l’eau de favon mêlée de falpetre, & d’un peu dé gomme arabique: M. Bon ayantenvoyé des ouvrages de foie d’arai- gnées à l'académie royale des Sciences de Paris, la compagnie chargea deux acadèmiciens d'examiner la Jote des araignées , pour favoir de quelle utilité elle pourroit être au public. M. de Reaumur fut nommé : pour cetexamen, & l’année fuivante 1710, ilrendit Compte de {on travail. M. Bon ayant fait voir que les araignées filoient dans certain tems de l’année, une Joie dont on pouvoit faire différens ouvrages, M. de Reaumur fe propofa de rechercher les moyens de nourrir & d'élever les araignées , &t.enfuite de fa- voir fi leur foie pourroit être à auffi bon marché que celle des vers-à-foie; & au cas qu’elle füt plus chere, fi on pourroit être dédommagé de quelque façon. On fait que les araignée fe nourriffent de mouches ; mais toutes les mouches du royaume fuffiroient à peine, pour nourrir les araignées qui feroient néceffaires pour fournir dela foie aux manufa@tures , é d’ailleurs comment faire pour prendre chaque jour ces mou- ches ? il falloit donc chercher une autre forte de nour- tituré ; les araignées mangent des cloportes, des mil- lepiés , des chenilles, des papillons ; ces infectes n’é- toient guere plus aifés à trouver que des mouches ; M. de Reaumur s’avifa de leur donner des vers de terre coupés par morceaux , elles les mangerent , &z en vécurent jufqu’au tems de faire leur coque : il eft facile de ramafler autant de vers de terre qu’on en veut; ces infectes font extrémement abondans dans les champs; il faut les chercher pendant la nuit à la lumiere d’une chandelle ; on en trouve en quantité dans tous lestems , excepté après les longues féche- refles. On pourroit auf nourrir les araignées avec les plumes des jeunes oifeaux; elles mangent la fubf- tance molle qui eft à l'extrémité de leurtuyau; on coupe cette extrémité par morceaux longs d'une li- gne , ou d’une ligne &z demie; les jeunes araignées femblent préférer cette nourriture à toute autre; les rotifleurs fourniroient beaucoup de plumes ; onpour- roit auffñi en arracher de tems-en-tems aux poules & aux pigeons vivans , fans leur faire de mal, On trou- veroit auffi d’autres moyens pour nourrir les arai- gnées, & deja les vers & les plumes font des nourri- tures plus aflurées pour elles que les feuilles de meu-, tiers pour les vers-à-foie : on n’a pas à craindre la gelée, & onen trouve dans tous les tems 6c dans tous les pays. | Il feroit donc aifé de nourtir un grand nombre d'araignées , mais on auroit bien de la peine de les élever , ou plutôt de les loger: fi on les met plufieurs enfemble dans la même boîte au {ortir de leurs co- ques , d’abord elles paroïflent vivre en fociété ; elles traxaillent plufieurs enfemble à faire une même toile dans les premiers jours, on en voit aufliplufeurs qui mangent enfemble fur le même morceau de plumes mais bientôt elles s’attaquent les unes les autres!, & les plus grofles mangent les plus petites: en peu de tems de deux ou trois cens qui étoient dans la même boite , il n’en reftoit plus qu’une ou:deux. C’eft appa- remment parce queles araignées fe mangent lesunes les autres, qu'il yen a f peu, en comparaifon du grand nombre d'œufs qu’elles pondent;.car les fré- - lons, leslézards, &c. ne pourroient pas en détruire un fi grand nombre. Il faudroit donc, pour avoir dela Joie, nourrir des araignées dans'des lieux féparés,«où chacune auroit {a cale; alors 1l faudroit bien dutems pour donner à manger à chacune en particulier. Les vers-à-foie ne demandent pas cette précaution; d’ail- leurs ils font aflez féconds pufqu'ils fourmffent au- jourd’hui une fi-grande quantité de foie en Europe ; on pourroit encore les-multiplier davantage, fon le vouloit. Refte à favoir fi la foie des araignées eft plus abondante , meilleure , ou plus belle que celle des Vers. | Jo _ Toutes les efpeces d'araignées ne donnent pas une Joie propre à être employée; ainfi pour diftinguet. celles dont la /ore eft bonne , ileft néceffaire d’avoir une idée générale des principales fortes d'araignées, M. Bon les divife en deux clafles ; favoir,, les araï- gnées à jambes longues, & les araignées à jambes couttes , & il dit que ce font les dernieres qui four- niflent la bonne foie. On a objeété deux chofes contre cette divifion : il y a des araignées qui ontles jam- bes de longueur moyenne, c’eft-là l'inconvénient des divifions méthodiques, on y rencontre toujours un terme moyen qui eft équivoque; mais ce n’eft pas là le plus grand inconvénient de la divifion de M. Bon: on pourroit au-moins le parer en grande par- tie ; pour cela il fufiroit de prendre-une efpece d’a- raignée bien connue pour objet de comparaïfon. Le plus grand défaut eft que cette divifion n’eft pas exacte , parce que différentes efpeces d'araignées var ; gabondes, &c les groffes araignées brunes qui habi- tent des trous de vieux murs, n’ont point de /ore quoi qu’elles ayent les jambes plus courtes que la plüpart de celles qui en donnent. M. de Réaumur donne un autre moyen pour re- connoître parmi les araignées du royaume celles qui peuvent fournir de la foie : 1l les divife d’abord en deux genres principaux ; le premier comprend celles qui courent au loin pour chercher leur proie fans tendre de toiles. M. Homberg a donné à toutes lesef- peces de ce genre d'araignées le nom de vagzbondes à elles ne filent guere que lorfqu’elles font la coque de leurs œufs ; quelques-unes forment cette coque en demi-fphere, & la laiffent collée à des pierres, ow cachée dans la terte ; d’autres font leur coque ronde comme une boule , &c elles la portent toujours collée à leurs mamelons. Le tiflu de toutes ces coqueseft très-ferré, & communément de couleur blanche ow erife : on n’en peut tirer qu’une très-petite quantité de foie , qui n’eft pas d’une aflez bonne quahté pour être employée. Le fecond genre de ladivifion de M. de Réaumur renferme toutes les araignées qui ten- dent des toiles, &ileft fous-divifé en quatre efpeces principales. La premiere comprend toutes les arai- gnées qui font des toiles dont le tiffu eft aflez ferré, & qui les étendent parallelement à Phorifon ; au- tant qu’elles peuvent fe foutenir ; telles font les araï- nées domeftiques , qui font leurs toiles dans les maïfons, &r quelques efpeces d'araignées des champs, dont les toiles font pofées comme celles des araignées domeftiques. Dans cette premiere efpece les œufs font renfermés dans une toile aflez femblable à celles qu’elles tendent pour arrêter les mouches ; ainf elle ne peut pas être employée. Les araignées qui habi- tent des trous dans les vieux murs {ont de la feconde efpece éfpece ; le bord du troweft tapiflé d’une toile qui fe prolonge dans l'intérieur , en forme de tuÿau ; les fils dont les œuf font enveloppés ne font pas d’une meilleure qualité que ceux de la toile. La troifieme kfpece comprend les araignées dont les filets ne font pas tiflus comme une toile , maïs feulement compo: {és de diférens fils tirés en tout fens. Cette éfpece . | pourroit être fous-divifée en un grand nombre d’au- tres ; les unes font leur coque en portion de fphere dont les bords font collés fur une feuille ; ces coques font très-blanches, & d’un tiflu ferré; les araignées les couvent conftamment, & fe laffent emporter avec la feuille fans abandonner la coque ; d’autres . | renferment leurs œufs dans deux ou trois petites Boules rougeitres ; elles fufpendent ces boules à des fils , &cles cachent avec un petit paquet de feuilles fe- ches qu’elles fufpendent auffi à des fils au-devant de la boule, & à quelque diftance ; d’autres enfin font leur coque en forme. de poire, & les fufpendent comme une poire le feroit par la queue. Toutes ces coques font compofées d’une /o% trop foible pour étretravaillée, excepté celles quifonten poire; leur Joie pourroit étreemployée, maïsil y en af peu qu’- elle ne peut être d'aucune utilité. La quatrieme ef- pece eftcelle que M. Homberg donne fous le nom d’araipnee des jardins, où elle eft fort commune, comme dans les bois & dans les buffons ; elle renfer- me beaucoup d’autres efpeces différentes par leur grofleur, leur figure & leur couleur. Les œufs de ces araignées font arrangés dans les coques de façon qu’- elles ont à-peu-près la figure d’une fphere applatie, Les œufs de quelques-unes de ces araignées font col- lés les uns aux autres dans la coque. La foie des co- ques de toutes ces araignées et d’aflez bonne qualité pour être employée ; 1l y a cependant quelques ef- peces dont la foie feroit trop foible pour foutenir des imétiers un peu rudes. Les premiers fils qui envelop- pent les œufs font plus tendus & plus ferrés que ceux du deflus qui font lâches comme les fils extérieurs ces coques des vers-à-/oie. Ur La Joie des vers eft toujouts aurore ou blanche, on trouveroit plus de variété dans les couleurs de la Joie des araignées ; 1l y a du jaune , du blanc , du gris, du bleu célefte & du beau brun café, Les araignées dont la Joie eft de cette derniere couleur fent rares ; ontrouve leurs coques dans des champs de genêt; la Joie en eft très-forte &c très-belle : les œufs font en- veloppés d’une foie brune qui eft recouverte par une autre Joie grife dont le tiflu eft plus ferré que celui de Ja Joie brune. | Les araignées qui font nées au printems font leurs coques aux mois d’Août &r de Septembre; celles qui onf paflé liver les font dès le mois de Mai. Les fils qui compofent les coques ne different de ceux des toiles que parce qu'ils font plus forts. Un fl d’arai- gnée n’eft plus fort aw’un autre, que parce qu’il _eft compolé d’une plus grande quantité de petits fils au fortir des mamelons. Chaque mamelon eft parfemé de plufieurs petites filieres, dont fort la liqueur qui forme les fils. Si on applique le doigt fur un mame- lon pendant qu’on preflele ventre deVaraignée, il s’y attache plufieurs fils, que l’on alonge en le retirant: onen a compté plus de fept ou huit {ur le même ma- melon. Lorique l’araignée fe difpofe à filer , fi elle applique tous fes mamelons à-la-fois , & f elle colle Chaque mamelonen entier , le fl qui en réfultera fera compofé d’un nombre de fils bien plus grand qu’il ne feroit , fi elle n’appliquoit qu’un feul mamelon, ou feulement une partie de ce mamelon. Les araignées qui filent la bonne Joie ont fix mamelons , dont il yen a quatre qui font fort fenfibles ; les deux autres font f petits qu'on ne peut les diftinguer qu’avecune loupe. Un fil tiré des toiles ne peut porter que deux grains fans fe rompre ; les fils des coques peuvent Tome XF, Ts SOIT 30} foutenir chacun le poids d'environ trente-fx grains 3 mais un feul filde coque de ver-à-foie porte ju{qu'à deux gros & demi, c’eft-à-dire qu'il eft quatre fo# plus fort que Le fl d’araignée : il eft auf d-peu-près quatre fois plus eros. Ainfi en réuniflant cinq fils d’a< raignée en unfeul, ce fil compofé pourroit Ôtre auf fort qu'un fil de ver-à-foie fans être plus gros ; Mais 1} ne feroït jamais aufh luftré , parce que les fls réus nis laifleroient des vuides entr’eux qui ne donne: roient point de reflets. Les ouvrages que l’on a faits de fils d’araignée n’ont pas eu autant de luftre que les Ouvrages de Joe ordinaire, parce que les fils de la foie des araignées font fi crêpés , qu’au lieu de la devi: der on eftroujours obligé'de la carder & de la filer enfuite. | ; | Lorfqw'on emploie cette Joie elle paroît rendre das vantage que la foie ogdinaire à poids égal ; il eff aifé de trouver la caufe de cette différence. Un fil de foié _ tel que les plus fins de ceux dont on fe ferr pour cou- - dre, eftcompofé d'environ 200 fils fiples tels qu'on : les tire de la coque. Pour qu’un fil fait de foie d’arai- gnée foit aufli fort que ce fil à coudre, il faut qu’il {oit compoté de 36000 fils fimples pareils à ceux des toiles; car en fuppofant qu’il n’y ait que deux mame- lons qui fourniflent chacun un fil fimple pour com= | ,poier un fil propre à faire la toile des araignées , ce fil, quoique compofé de deux fils fimples , eft cepen- dant dix-huit fois plus foible que le fl de la coque , comme on l’a déja vu par expérience rapportéeplus haut : ainf il faudra au-moins trente-fix fils fimples ,- tels qu'ils fortent des mamelons, pour faire un fil de coque ; de plus le fl de coque étant quatre fois plus foible qu’un fil de foie ordinaire, il faudra réunir 9S fils de coque, c’eft-à-dire, felon notre fuppoñition 160 fils fimples pour faire un fil de foie d’araignée auf fort qu'un fl de coque de Joie ordinaire : pa conféquent s'il faut 200 de ces fils de Joe ordinaire pour faire un fl à coudre , il faudra 36000 fils fim- ples d'araignées pour faire un fil äuffi fort que le 1 à coudre. Il eft impoflible de réunir cette prodigieufe |. quantité de fils de façon qu'ils ne laiflent entre eux plus de vuide qu'il n’y en a dans le fl de foie ordinai= re : c'eft pourquoi les ouvrages de foie d’araignée doivent être beaucoup plus épais que ceux de foie ordinaire pour qu'ils puiflent avoir autant de for: ce : ainfi la Joce des araignées ne rend pas plus pout la force que la foie ordinaire quoiqu’elle rende plus pour le volume. Les coques des vers-à-foie les plus fortes pefent 4 | prains &cles plusfoibles plus detrois grains, de forte qu'il faut au-moins 2304 vers pour faire une livre de Joie de feize onces. Les coques d’araignées les plus grofles pefent environ un grain ; ainf ül faut quatre grofes araignées pour donner autant de /o/e qu’un feul ver. De plusil y a un grand décher dans les co= ques des araignées , elles font remplies des coques des œufs & autres ordures ; ce déchet eft de plus des deux tiers du poids. M. Bon avoue que de treize ons ces de foie d’araignée fale , il n’en retira que quatre onces de foie nette: ainf douze araignées ne donne ront pas plus de foie qu'un feul ver. D'ailleurs s’il y a des araignées mâles &c des araignées femelles, & fi on fuppofe que le nombre des mâles égale celui des femelles , comme il n’y aura que les femelles qu puiffent donner des coques, il faudra vingt araignées tant mâles que femelles pour donner autant de foie qu'un feul ver, & par conféquent 55206 araignées ne produiront qu'une livre de Joie, éncote faudra +11 qu’elles foient des plus groffes de ce pays ; car douze araignées qui ne feroient que d’une grofleur mé: diocre, parexemple, de celles que l’on trouve dans les jardins, donneront beaucoup moins de foie ; ilen faudroit 6635 52 pour en avoir une livre : enfin , il faudrait nourrir féparément toutes ces araignées, & Qq 306 SOI donner à chacune ur efpace afez grand pour qu’elle y püt tendre fatoile. Tous ces inconvéniens raffem- blés rendront la foie des araignées beaucoup plus che- re que celle des vers. Aurefte, onpourroit peut-être les prévenir. Sion avoit des araignées beaucoup plus groffes que les nôtres , elles donneroient plus de fo ; on en trouveroit dans les pays étrangers , fur-tout en Amérique, & 1l y a lieu d’efpérer de les élever 1ci auf facilement que les vers-à-foie qui y ont été ap- portés de fort loin. Quoiqu'il en foit, c’étoit beau- coup de découvrir que la foie des araignées füt d’af- fez bonne qualité pour être employée dans les ma- nufaûtures, M. Bon Pa prouvé clairement en mon- trant au public desouvragesfaits avec cette foie. Me- imoires de l'académie royale des Sciences, année1710, examen de la Âoie des araignées par M. de Réaumur , page 386. SOLE, (Chimie, Pharm. Mafr méd.) la nature chi- mique de la foie eft fpécialement expofée à l’arsicle SUBSTANCE ANIMALE. Voyez cet article. Quelques pharmacologiftes ont compté la 0e crue donnée en fubftance, &c fans avoir éprouve le feu chi- imique parmi les cordiaux : & ils ont eflimé cette vertu par celle du fel volatil qu’on en retire par Îa violence du feu. C’eff la même erreur que celle qui a érigé la corne de cerf & la vipere en fudorifiques, voyez ViPERE G l’article PRINCIPE ( Chimie. ); la foie n’eft point cordiale, la foie n’a point de vertu médi- tamenteufe. On a emploiéen Pharmacie, Palkali volatil &lhui- le empyreumatique de /oée. Le premier principe en- tre, par exemple, dans les gouttes d'Angleterre cé- phaliques ou gouttes de Godda. d. À la bonne-heure, car ce produit de lanalyfe animale a des vertus mé- éicamenteufes très-réelles &T très-énergiques : mais il faut qu’on fe fouvienne que lalkah volatil de /oce ma ébfolumenit que les propriétés médicinales con- nues des alkalis volatils animaux. La cendre de foie elt comptée parmi les remedes mondificatifs ; c’eft un pauvre remede &r qui eft auf ‘fort peu ufité. (b) So1e, (Coutelier. ) c’eft la queue d’une lame de couteau de table ; la foie eft féparée de la lame par la moîtié. SoïE , en terme de Vergerier ; C'eît le poil dont les fangliers ou Les porcs font couverts. On tire beau- coup de foie de fanglhier de Mofcovie, d'Allemagne, de Lorraine , de Lanemarck, &c. s SOIERIE., £ £..{ Com. ) nom fous lequel on ren- ferme tout ce qui appartient au commerce en foe, SOIF , €. (Phyfiolog.) c’eft l'appétit des fluides ; il ne faut point croire que ce qui ef la fource de la foif foit auf la fource de la faim ; fouvent cette der- niere fenfation n’eit pas accompagnée de la/oif, & louvent on l’éprouve dans le tems qu’on a le moins d'appétit. Elle a fon fiège non-feulement dans lefto- mac, mais dans l’éfophage, dans Le pharynx & dans toute la bouche. | Son origine n’eft pas facile à développer; mais en général il paroît que la of provient d’une certaine chaleur qui s'excite dans leftomac par différentes caufes ; les principales font les alimens chauds, les vins fpiritueux , les liqueurs fortes , les affaifonne- mens aromatiques , Le violent exercice, la chaleur de la faifon , le crachement exceflif des gens pitui- teux, phthifiques, mélancholiques , 6c. Si donc 1°. le gofñer n’eft pas humeëté, la Joif fe fait fentir, parce que les vaifleaux étant fecs fe retré- ciflent, & augmentent par-là le mouvement du fans; c’elt à caufe de cette fécherefle, que les phthifiques ont la paume dela main fort chaude après le repas. 2°, S'il y a des matieres gluantes dans l’eftomac, la /oif peut furvenir , parce que ces matieres qui ont -de la vifcofité, font un effet de la chaleur, & quel- SOI quefois elles fuppofent un fang privé de fa fymphes _ quand lefang n’a pas d'humeur aqueufe, il eff ÉPAIS » êc alors 1l ne peut pas pañler librement parles vaif- feaux capillaires, 1l gonfle donc les arteres qui doi- vent en conféquencebattre plus fréquemment & plus fortement, ce qui ne fauroit arriver que la chaleurne s’augmente. 3°. Les fels, les matieres âcres, ou les corps qui contiennent beaucoup de feu doivent caufer la foif, car toutes ces fubftances mettent en mouvement les parties folides, & y excitent par conféquent de la chaleur. FU 2 4°. Dans les fievres, la /o:ffe fait fentir avec vio- lence, la raifon n’eft pas difficile à trouver; les fie- vres ne font caufées que par un excès de mouve- ment , les arteres étant bouchées fe sonflent, il faut donc qu’elles battent plus fortement & plus fréquem- ment, & que par-là 1l furvienne plus de chaleur. 5°. Dans Phydropife, lon fent une foif violente, cela vient de ce que la partie aqueule du fang refte dans lPabdomen ; 1l n’y aura donc qu’un fang épais dans les autres parties, cette épaïifleur caufera nécef- fairement de la chaleur ; d’ailleurs l'abdomen étant rempli d’eau, les vaifleaux fanguins font fort com= primés , le fang coule donc en plus grande quantité vers les parties fupérieures ; de-là il fuit que le mou- vement & la chaleur y font plus confidérables, & qu'il arrive fouvent des hémorrhagies aux hydropi- ques. 6°. On voit par ce détail que c’eft un mauvais fi- gne , comme dit Hippocrate , que de n’avoir pas Joif dans les maladies fott aiguës; cela marque que les organes deviennent infenfbles , & que la mort n’eft pas éloignée. L'origine de ce.désoût pour les flui- des , vient du reflerrement des vaïfleaux laëtés ; 1l faudroit alors employer quelque liquide très-humec- tant, auquel le malade fe porteroit plus volontiers. La caufe finale de la /oif, eft de nous avertir des vices du fans, de fa diverfe acrimonie, de fon épaif- fiflement, de {on inflammation; du defléchement du pharynx, de Péfophage & du ventricule , defféche- ment qui arrive toutes les fois que les glandes cef- fent de filtrer un fuc doux & muqueux. : Entre les quadrupèdes qui peuvent le plus fuppot- ter la foif, on n’en connoîït point qui jouiflent de cet avantage comme le chameau; car même dans les pays brülans , ils fupportent la /oif des femaines entieres. Cet animal a dans le fecond de fes quatre ventricu- les plufieurs cavités faites comme des facs , qui felon quelques phyfciens pourroient être les réfervoirs où Pline dit que les chameaux gardent fort long-tems l’eau qu’ils boivent en quantité quand ils en trouvent dans les déferts, Ce qu'il y a de plus certain, c’eft que Phommen’a pas le même bonheur , & que quand il ne peut fatis- faire à ce befoin preflant , cet état eft fuivi au bout de quelques jours de l’inflammation du ventricule , de la fievre, du reflerrement de la gorge, & de la mort. C’eft un tourment inexprimable , par lequel on recherche dans le fecours de l’eau ou de toute au- tre liquide , le remede au mal qu’on endure; on don- neroit alors un royaume pour un verre d’eau , com=s me fit Lyfimaque. I nya, dit l'amiral Anfon, dans fon voyage de la mer du Sud, que ceux qui ont fouffert long-tems la Joif, & qui peuvent fe rappeller l'effet que les feu- les idées de fources & de ruiffeaux ont produit alors en eux, quifoient en état de juger de Pémotion avec laquelle nous regardämes une grande cafcade d’une eau tranfparente , qui tomboit d’un rocher haut de près de cent piés dans la mer, à une petite diftance de notre vaifieau. Ceux de nos malades qui n’étoient point à l'extrémité, quoiqu’alités depuis long-tems , Îe fervirent du peu de force qui leur reftoit , &c fe traînerent fur le tillac pour jouir d’un fpe&tacle f ta- viflant. (D. J.) Soir, (Lang. franç.) ce mot au figuré défigne une grande pafion , un defir vif, inquiet , & ardent de quelque chofe; 1l s’emploie dans Le ftyle noble, La foif de Por , la /oif des honneurs, la foif de la gloire. L’Evangile dit, que ceux qui ont /o:f de la jufice font bienheureux ; c’eft une belle idée. La poéfe s’eft en- richie de ce mot. Cette foif de régner que rien ne peut éteindre Rac. Iphig. a&t. 4. fc. 4. Perfides ; contentez votre {oif fanguinaire. Iphig. at. 5. fc. 4. Vous brélez d’une {oif qu’on ne peut étancher. Defpreaux. (2.7) SOIGNIES, (Géog. mod.) petite ville des Pays- Bas, dans le Haynaut, au comté de Mons , fur la r- viere de Senne, à quatre lieues au nord-oueft de Bin- che, &c à fept au fud-oueft de Bruxelles, près d’une. forêt de même nom qui a {ept lieues de circuit. Cette ville eft nommée Sozegiæ dans les anciens titres , & c’eft de Soregiæ qu’on à fait Soignies. Elle a un chapitre féculier, un couvent de Capucins , un de Sœurs-orifes, & les PP. de l'Oratoire y ont une maifon depuis 1629. Long. 21.45. lat. 50. 31. (D.J.) SOIN , L m. ( Grammm.) attention qu’on apporte à quelque chofe. Ayez foin de ces effets. Je confe la conduite de ma maifon à vos Joirs. Cet ouvrage eft travaillé avec foin, ou foigné. J'ai l'efprit embarraflé de milice foizs ou foucis. Combien de joins inutiles ne lui ai-je pas rendus ? Jen fuis avecelle aux petits foins. On dit Joigner pour avoir ou prendre foin ; foigneux, de celui qui a foin. SOIR , f. m. (Grem.) intervalle de la journée qui comprend la fin du jour & le commencement de la nuit. En hiver, les foirées font longues. | SOIR , ( Médecine.) ce tems de la journée mérite une certaine attention de la part des Médecins, foit par rapport aux changemens qui arrivent alors dans les maladies, foit à caufe des remedes qu’il convient de prefcrire ou d'éviter, Les redoublemens de la plupart des fievres {e font le foir ; c’eft vers le tems du coucher du foleil que les malades commencent à devenir plus inquiets; le malaife augmente ; les dou- leursfont plus fenfbles; fouventils entrent alors dans l'agonie; quelques-uns ayant pendant le jour retenu un dernier foufle de vie, prêt à échapper, font morts dans linftant que Le foleïl a ceflé d'éclairer lhorifon. Ces effets dépendroient-ils d’une aétion particuliere, ou de linfluence de cetaftre lumineux } Animeroit:il par fapréfence la machine? augmenteroit-il le reflort 6 le jeu des organes? vivifieroit-il en un mot, égale- ment les hommes , les animaux & les plantes ? & en difparoïffant, donneroit-il lieu à cette efpece d’affai£ fement qui produit le fommeil varié des êtres orga- nifés &c vivans, qui prive la plupart des plantes de leur éclat; quiles flétrit, & qui fait cefler l'exercice des fens & des mouvemens dans prefque tous les ani- maux ? Voyez INFLUENCE DES ASTRES. Oubienpour- roit-on attribuer ces effets à la façon de vivre la plus généralement fuivie par les hommes, à la fatigue du jour, à l’état de veille qui doit néceflairement lafer les-organes, aux alimens qu’on prend, té? Si ces _Caufesinfluent, elles ne font pas du moins générales, ë l’on obferve que dans les fievres lentes, les quoti- dienes , les redoublemens ne viennent pas moins le Joir, quoique le malade ait dormi tout le jour, & ob- fervé une diete rigoureufe. Cependant onnedoit pas tout à fat exclure leur ation , qui fe rend fenfible chez ces perfonnes qui font du jour la nuit, & de la nuit le jour; pour quille Joireft matin, &le matin Tome XP EL SO] 307 cft foir ; leur machine feplie infenfblement à ce per- _vertiffement de Pordre naturel: Lephyfque &cle mo- ral font chez elles aflervis à-peu-près aux mêmes lois, où au même défaut delois. Les maladies qui vien- nent en foule les affaillir fous cés lambris dorés, fem- blent s’y conformer, elles ne reflemblent jamais avec la même uniformité aux mouvemens du foleil, dont lufage eft fouventpeu connu dans cessapparte- mens retirés, fermés à la clarté du jour, & unique- ment éclairés par la brillante & flateufe lueur des lambeaux multipliés. Les redoublemens s’yfont plus fouvent fentir le matin que le for, & dans l’admini- ftration des remedes le médecin eft fouvent obligé de fe fervir de leur mefure pour diftinguer les tems de la journée. Lorique la néceflité n’eft pas preflante, lorfqu’il eft libre au médecin de choïfinun tems de la journée pour faire prendre quelque remede , fur-tout des purgatifs, illes prefcrit ordinairement le matin. Voyez ce rot. Le malade alors plus tranquille, fortifié par le ommeil de la nuit, en iupporte mieux l'effet, & en éprouve plus de foulagement; ‘on évite de donner ces remedes le /oir, à caufe de la révolution que nous ayons dit arriver alors aflez communément dans la maladie, qui s’oppoferoir au fuccès entier du médicament. D'ailleurs l’agiration que procure le remede, l’excrétion qu'il doit occafionner, empé- cheroit le fommeil de la nuit. Les fecours qui fem- blent plus appropriés le foir, font les faisnées à caufe au redoublement ou de Pagitation plus grande qui fe fait alors, les véficatoires & les cordiaux pour pré- venir ou diffiper un affaiflement que labfence du jour & le fommeil pourroient augmenter. Dans d’autres cas les calmans, les narcotiques indiqués pour préparer une nuit plus tranquille, pour pro- curer un fommeil qui rétabliffe les forces, pour di- minuer une excrétion trop abondante qui s'y oppo- {eroit, &enfin pour réparer les mauvais effets qu'un purgatif ou un émétique , donné dans la journée, manque rarement d’occafonner, Pour remettre la machine dans l'équilibre & l’afliette naturelle, dont cesremedes Pavoient tirée, Sydenham étoit fort dans lufage de donner un parégorique le /6ir du jour qu’il avoit purgé fes malades ;! beaucoup de praticiens Ont fuivi cette méthode, dont ils fe font bien trou- vés. () SOISSONS, ( Géog. mod.) ville de France , capi- tale du Soiffonnois ; fur la riviere d’Aifne qu'on y pañle fur un pont de pierre. Elle eft affez grande ,peu- plée & fituée dans un vallon agréable & fertile ,à r2 lieues d'Amiens & à 22 de Paris. Quoique fes dehors foient charmans, fes rues font générdiement étroi- tes, êc les maifons mal bâties. Il°y à dans cette ville un intendant, bureau des finances, préfidial, élec- tion, maréchauflée, jurifdiétion des juges confuls & aîtrife des eaux & forêts. Les PP. de l'oratoire oc- cupent le college. On-voit quelques abbayes d’hom- mes dans cette ville, entre autres celle desS. Jean qui eft chef d'ordre & l'unique. L'abbaye de filles, ordre deS. Benoit, 'appellée l'abbaye de Notre-Dame , eft très-riche. On remarque dans. fon éelife deux tom- beaux de marbre aflez antiques, qui 6nt chacun cinq à fix piés de longueur, & trois de hauteur. L'un de ces tombeaux paroït être celui de quelque chrétien riche & illuftre; & autre eft celui de quelque hom- me de guerre. 22171 L'évêché de Sorffons eff très-ancien; fon évêque eft le premier fuffragant de Rheims, & a droit de fa- crernos rois au défaut de l'archevêque, ee qui a été pratiqué au facre deS. Louis, & à celuide Louis XIV, Il eft vrai que la cérémonie de ce facre ne fe fait dans léolife métropolitaine de Rheims, par l’évêque de Soiflons , que ious l'autorité 8c avec la permiffion du chapitre, Le revenu de l'évêché de Soiffonset de 15 Qqi 308 S O' I à 20000 livres. Son diocèfe compte-près de 400 pa- xoifles, 8 23 abbayes tant d'hommes que de filles. Le chapitre de l’églife cathédrale eft nombreux, & les canonicats font un peu meilleurs depuis la fup- preflion qu’on a fait de onze prébendes, Long. 20.509, dat. 49.22. Soiffons jenlatin Augufla Sueffionum, a pris, com- me on voit, fon nom des peuples Sxe/fones. Elle s’ap- pelloitauparavant Noviodunum., & elle étoit célebre du tems de Jules-Céfar, qui remarque que Divitia- cus fon roi, avoit été un prince illuftre & puiffant. Ce fut Augufte qui abolit le nom de Noviodunum qu’avoit cette ville, pour luidonner le fien. Dans nos tems modernes Louis XIV. a érigé à Soiffons une académie de beaux efprits,, par des let- tres patentes enregiftrées au parlement, le 27 Juin 1675. En eftet, elle a produit de tems en tems des gens de lettres de mérite. Héricours ( Julien de), né dans cette ville, occa- fionna Fétabliffement de l'académie de Soiffos. Son petit fils, Louis d'Héricours, s’eft diftingué dans le barreau de Paris, & a mis au jour un livre fort eftimé, fur le droit eccléfiaftique françois. Les Théologiens favent aflez que Pafchafe Rat- bert , abbéde Corbie, dans le neuvieme fiecle, étoit de Soiffons: {le rendit illuftre par un grand nombre d'ouvrages que le P. Sirmond a recueillis, & publiés pour la premiere fois à Paris, en 1618 , en un volu- me i1-folio. Le Traité de Pafchafe de corps & du fans de Notre Seigneur J. C.excita dans fon tems, & a cau- 16 depuis , de grandes conteftations qu'il eff inutile de reveiller. Robbe (Jacques) , connu par fes ouvrages de géo- otaphie, naquit à Soijfons en 1643, & y eft mort en 1721, ]l a fait deux differtations qui n’ont pas ete im- primées. Dans la premiere, il prétend que le Bibrax oppidum Rhemorum , dont parle Céfar, eft la ville de Laon. L’autre differtation traite du heu où fe donna en 593, la fameufe bataille de True (ou Trauf}, dans le Sueflonoïis , fous Clotaire II. M. Robbe croit que ce lieu appellé en latin Trucciu ; dans Les geffa Francorum, c, xxxvy. eft Préle fur l'Afne, village au nord de Braine. Sufflannau (Hubert), poëte & humanifte, naquit à Soiffons,en 1514 ,publia quelques traités de gram- maire, & des poéfies latines qui furent aflez bien re- çues. Voilà pour les gens de lettres. Ajoutons un mot d'un homme celebre dans lhiftoire de France, &t qui mourut à Soiffons en 1611, à l’âge de s7 ans, je veux parler de Charles de Lorraine, duc de Mayenne , frere de Henri duc de Guife. Il fut long-tems jaloux de la réputation de ce frere, dont il avoit toutes les gran- des qualités à l’aétivité près. Nourri comme le duc de Guife dans les allarmes, 1l fuccéda à fa gloire ainft qu’à fes defleins. L’un donnoit beaucoup au hafard , &c l’autre à la prudence; lun étoit trop hardi, Pau- tre trop meluré ; le premier promettoit tout & tenoit peu, celui-ci promettoit rarement & ne manquoit guere à fa parole. Dès que le fceptre de la ligue eût pañlé dans fes mains, il fçut long-tems par une fage politique , réunir fous fes lois les diverfes faétions des efprits; & s'il n'eut pastrouvé dans fa propre fa- mule des-rivaux qui lui difputoient la couronne de France, on ne doute guere qu'il n’eût réufii à la met- tre {ur fa tête. ( Le chevalier de JAUCOURT.) SOISSONS , (Académ. de) focièté littéraire établie à Soiffons, fous la proteétion du cardinal d’'Efirées, par letires-patentes du roi en 1674. Avant.qu’elle eît reçu cette forme munie de Pau- torité royale, & dés l’an 1650, les premiers qui ont compofé cetie compagnie, s’aflembloient réguliere- ment une fois la femaine , conféroient enfemble de leurs études, fe communiquant leurs lumieres, & corrigeant enfemble leurs compoftions : encouragés à ces exercices par les haïfons qu'ils avoient avec plufieurs membres de l'académie Françoife, qui leur donnerent la perfée de former une académie, en forte qu’on peut la regarder comme fille de l’acadé- mie-Françoife avec laquelle elle conferve des liaifons très-étroites. | L’académie de Soiffons a prefque les mêmes flatuts &t les mêmes ufages que Pacadémie Francoife. Le nombre de fes membres eft fixé à 20, & elle doit tou- jours prendre un protecteur du corps de l'académie Françoife, à laquelle elle envoie tous les ans pour tri- but, une piece de fa compoñtion. La perfe@ion de la langue françoife, PElocuence , es Belles-lettres &z l’Hiftoire , font les objets de fes études ; & pour mar- quer encore davantage fes rapports avec la premiere de nos académies , elle a pris pour devife un aiglon qui s’éleve vers le foleilà la fuite d’un aïgle, avec ces mMmOtS: maternis aufcbus audax. Si quelque membre de académie Françoïfe fe trouve à Soi//ons, les acadé- miciens de cette derniere ville le prient de préfider à eurs affemblés ; & de fon côté l'académie Fransoïfe admet dans les fiennes les académiciens de Soiflons, leur permet d'y prendre féance, 8 demande leur avis fur les matieres qu’on y agite. CE En 1734 M. de Eaubrieres, alors évêque de Soif- Jens, fonda un prix annuel, qui doit être diftribué à celui qui remphra le mieux, au jugement de lacadé: mie, un fujet qu'elle propofe fur quelque fujet d’hi- ftoire ou de littérature. Ce prix eft une médaille d’or detroiscenslivres. , | SOISSONNOÏIS, LE, (Géog. mod.) pays de France qui faifoit autrefois partie de la province de Picardie; & qui eft à-préfent uni au gouvernement mulitaire de l'ile de France. Il eft borné au nord par le Laonoïs , aunucdi par la Brie, au levant par la Champagne , & au couchant par le Valois. Il comprend une partie de terrein qu’occupoient anciennement les Sueffones. I a depuis fuivi le fort de Soiflons fa capitale. C’eft un pays fertile en grains, en prairies & en bois, La ri- viere d’Aïne le traverfe. (D. J.) Eu SOIXANTE , ( Arithmer, ) nombre pair compofé de fix dixaines, ou de dix fois fix , ou de cinq fois douze , où de douze fois cinq, ou de quinze fois qua: tre, ou de quatre fois quinze, ou de vingt fois trois, ou de trois fois vingt ,; ou de deux fois trente, ou de trente fois. deux ; anfi que fix foit multiplié par dix, ou.que dix le foit par fix, ou que cinq par douze, ou douze par cinq » Où quinze par quatre , ou quatre par quinze, ou vingt par trois, ou trois par vingt} ou trente par deux, ou deux par trente : cela ne pros 1 duiroit jamais que Joixante, Le nombre de foixanrè multiplié par lui-même , produit 3600. En chiffre commun ou arabe, foixante s'écrit 6o ; en chiffre ro= main de cette maniere LX ; & en chiffre françois! de compte & de finance , Ix. On dit /oixante & un, fois xante-deux , foixante-trois, &c ainfi de fuite jufqu’à quatre-vingt. Jrfon. ( D..J.) t SOIXANTER , v. a. (Jeu de piquer.) compter foi- xante points , faire un foixanter, un pic ; ce qui fe:dit de celui qui a la main lorfqu'ilcompte jufqu’àtrente points de fuite en jouant les cartes , avant que le joueur qui eft dernier ait fait aucune levée n1 rien compté. Acad, des jeux. ( D.J.) | LES SOIXANTIEME , £. m.( Arithmér.) en matiere de fraétions ou nombres rompus , un foixantieme s'écrit ainfi =. On ditauffi un foixante-unieme , un foixante & deuxieme ; un foixante & troifieme, &tc. tr ces diffé= rentes fraétions fe marquent de même que celleucis deflus; avec cette différence néaamoins que l’on met, un 1 , un 2, un 3 au lieu du zéro qui fuitle 6xice qui fe pratique de cette maniere =, ,-, écOn dit encore À, 25 5 5, Ge Iron. (D: J.) J SOK ou SOC, f.m, (Comm!) mefure deslongueuxs : SOL dont on fe fert dans le royaume de Siam. C'eft a demi-coudée. Deux keubs font un fok ; douze nions font le keub , & chaque nion contient huit grains de riz non battu, c’eft-à-dire neuf de nos lignes. Au-def- fus du /ok font le kene, le voua , le fen , le jod &le rOé-nung , qui-contient deux mille vouas ou tonis. Voyez KEN, VouA, Gc. Dithionnaire de Commerce 6 de Trévoux. SOKIO , f m. ( Hiff. nat. Botan. ) C’eft un très- grand arbre du Japon, dont les feuilles font fort lon- gues , & ont plufieurs lobes. Ses branches font lon- gues &t minces. Koœæmpfer eft porté à croire que c'eft l'arbre de la cafe. SOL, {.m. ( Archireit.) Ce terme, dérivé du fatin folum , rez-de-chaufée , fignifie dans la coutume de Paris, art. 187, la propriéré du fonds d’un hérirage. Ainfi il eft dit dans cette coutume, que qui a Le fo/ a le def- fous & le dellus, s’il n’y a titre contraire. Ceux qui bâtiflent fur Le fonds d'autrui pour en jouir un certain nombre d’années , n’ont que le deflus. Daviler. GDETSS SOL ox Sou, {. m. ( Monnoie.) Ce mot fignifie tantôt une monnoîïe réelle & courante, & tantôt une monnoie imaginaire & de compte. Le /o/ monnoie courante , eft une petite efpece faite de billons, c’eft- à-dire de cuivre , tenant un peu d'argent, mais plus où moins , fuivant les lieux & les tems. Le /o/ de France a d’abord été fabriqué fur le pié de douze deniers tournois: il fut appellé dougain, nom qu'il conferve encore, quoiqu'il n’en ait pas la valeur. Il y a eu autrefois en France fous la premiere race de nos rois, des Jos, des demi-fols, & des tiers de Sols d’or , ainf que des /o/s d’argent à la taille de 24 à la livre. IE y a en Hollande deux monnoïes, l’une d'argent, l'autre de billons , auxquelles on donne le nom de fo/; celle d'argent s’appelle /02 de gros, & l'autre fo/ com- mu, dit en hollandois fuyver : Le fol de gros vaut 12 gros où un fchilling d'Angleterre. Le Jo! françois, monnoie de compte, appellé /o/ tournois , eft compofé de quatre liards qui valent 12 deniers tournois. Les 20 fo/s tournois font une livre tournois. L'autre /o/ de compte , que l’on apnelle /6/ parifes , eft d’un quart en fus plus fort que le /o/ tour- nois , & vaut 15 demers. Le /o/ d'Angleterre {e nomme fol flerlins ; c’eft la vingtieme partie d’une livre fterling, & le /o/fterling vaut douze deniers fterlings, ou douze penings, c’eft- ä-dire vingt-quatre /o/s tournois de France. (D. J.) SOL D'OR, ( Mornoië.) monnoie d’or. On s’eft fervi en France pendant la premiere race de nos rois, de fois, de demi-fols, de tiers & de fols d'or fin. Ces monnoies étoient en ufage chez les Romains dès Conftantin ; & vraiflemblablement les Francs qui s’'emparerent de la Gaule, imiterent les Romainsdans la fabrication de leurs monnoies. La conformité aw’il y a pour le poids entre nos fo/s, nos dermni-fois , & les tiers de fols , &t ceux des empereurs romains qui ont régné depuis le déclin de lempite , ne permet guere d’en douter. Leur /o/ & lenôtre pefoient également - chacun 85 grains + de grain, les demi-fols 8 les tiers de Jols à proportion. Cela fe juftifie par quantité de monnoies qui nous reftent des uns &c des autres. Il paroït par plufieurs paflages de la loi falique, que le /o/ d’or des Francs valoit 40 deniers (mais ces dermers étoient d'argent fin, & pefoient environ 2r grains ); le demi-fol en valoït 20, &le tiers de fo/ 13 & > de deniers. Ce /o/ d'or vaudroit aujourd’hui de notre monnoie courante 15 livres.environ ; le demi Jo! & le tiers de fo à-proportion. Ces trois efpeces d’or avoient ordinairement fur un de leurs côtés la tête ou le bufte de quelqu'un de nos rois ; & de l’an- tre une croix, avec le nom du lieu où la piece avoit été fabriquée, S OL 309 Sous la feconde ace, on fe fervit auffi de fois d’or à mais 1l s'en trouve fi peu , qu'il n’eft pas poffible de pouvoir déterminer quel étoit leur véritable poids: M: le Blanc n’a vu qu'un feul de ces /o/5 d'or, qu'il croit être de Louis le débonnaire, & qui étoit beau coup plus fort que Les fois d’or'de la premiere race, car 1l pefoit 132 grains ; 1s valoïent toujours 40 de mers d'argent, mais ils étoient plus pefans que ceux dont 1l eft parlé dans la loi falique. Pendant le commencenrent de la troïfieme race ; on fe fervoit encore en France de fofs d'or fin ; mais comme 1l n’en refte aucun, en n’en connoît ni le poids ni la valeur. Sous le regne de Philippe L. 4 y avoit des francs d’or qu’on nommoit auffi florins d'or > lefquels étoient peut-être la même chofe que Le Jo/ d'or, qui avoit encore cours en ce téms-lx. Après tout , que le /6/ d’or & le franc d’or ne foient qu’une même monnoie, ou que c'en foient deux différentes, on en ignore le poids & la valeur ; parce que per- {onne n’en a encore vû aucune efpece d’or du com- mencement de la troifieme race, (D. J.) SOL, ( Mufique. ) Vune des fix fyllabes inventées par l’Aretin, pour prononcer & folfer les notes de la gamme. Le fo/ naturel répond à la lettre G. 7 oVex GAMME. (S) SOL , cerme de Blafon. XI fe dit quelquefois du champ de l’écu qui porte les pieces honorables & les meu- bles. ( D. J.) SOLAGE,, f. m. ( Gramm. & Econom. rufliq. ) {of terrem. Ces fruits font d’un mauvais /o/2ge, d’un fol, aride , d’un terroir ingrat. So/age fe dit peu. | SOLAIRE , adj. (-Æffron. ) fe dit de ce qui a rap= port au foleil. Voyez SoLerr. Syftème fo/aire ,eftFordre & la difpofition des dif férens corps céleftes qui font leurs révolutions au- tour du foleil comme centre de leur mouvement: ces corps céleftes font les planetes du premier & du fecond ordre, & les cometes ; quant au plan du fy- fème Jolaire. Voyez SYSTÈME. L'année folaire eft compoiée de 36$ jours s heu- res 49 minutes, par oppoftion à l’année lunaire, qu n'eft que de 3 54 jours. Joyez ANNÉE. L’année Jolaire eft tropique ou plantaire. L’année /olaire tropique eft l'efpace de tems dans lequel le foleil revient au même point des équinoxes ou des folflices; cet efpace eft toujours égal à 365 jours ÿ heures, & environ 49 minutes. | L'année /olaire plañétaire eft lefpace de tems pen- dant lequel le foleil revient à quelque étoile fixe ; particulere : ce qui arrive environ au bout de 26 jours 8 heures & 9 minutes. Voyez AN, Chambers. (E) SOLAIRE ; f. f. eft le nom que donne M. Bouguer à la courbe que décrivent les rayons de lumiere en traverfant l’atmofphere. Foyez CréPuscuzr > RÉ- FRACTION. M: Taylor a donné dans fon livre merhodus incre- mentorum diretta 6 inverfa , la maniere de trouver cette courbe; M. Bouguer, dans fa differtation fur la maniere d’obferver en mer la hauteur des aftres j quiremporta le prix de l’académie en 1729 ,a donné aufhi Péquation de cette courbe par une méthode particulière plus claire que celle de M. Taylor, & ilmontre dans cette differtation l’ufage qu'on en peut faire pour connoître la hauteur des aftres. ( O SOLAIRE > en Anatomie, nom du mufclé extenfeur du pié; 1l prend fes attaches à la partie poftérieure &t fupérieure du tibia & du peroné , à la membrane interofleufe, & fe términe par un tendon plat en s’u- niffant à ceux du plantaire & des jumeaux à la partie poftérieure & fupérieure du calcaneum. SOLAIRE, terme de Chirurgie , bandage pour la faï- gnée de l’artere temporale. Voyez ARTÉRIOTOMTE x article où lon a donné la maniere de faire ce ban- : dage, ( F) 310 SOL SOLAK., f. m. terme de relation, foldat à pié de la ‘garde-du srand-feigneur : les Jo/aks ont un bonnet pareil à celui destehornadgis, & portent chacun un arc à la main; leur vefle de deflous eft retrouflée juiqu'à laceinture, avec des manches pendantes ; la chemife qu'ils-ontpar-deflus les calçons ,, eft bro, dée fur coutures. 2x Loir. SOLAMIRE , £ £ enterme de Boiffelier, c’eft cette toile de crin, de foie, ou de toute autre chofe à clai- re voie dont on garnit les tamis, &C à-travers la- quelle doit paffer ce qu’on veut fafler. Foyez Tamis. SOLANDRE, £ £ (Are hippiair. ) maladie de cheval; c’eft une efpece d’ulcere ou crevañle qui vient au ph du jarret: la peau fe trouve fouyent fen- due & rongée parl’âcreté deshumeurs qui en décou- lent. ( D..J.) | SOLANE LA,( Géog. mod. ) petite riviere deFran- ce, dans le Limoufin; elle fe joint à la Correze, {ous les murs de Tulles. SOLANOIDE., £. £ folanoides , ( Hiff, nar. Boë, ) genre de plante à fleur enrofe compofée de quelques feuilles ; le piftil devient une coque aflez ronde, qui renferme un noyau couvert d’une peau charnue qui ui donne l’apparence d’une baie. Tournefort , Mém. de l’acad. royale des Sciences. Voyez PLANTE: La folanoide fe: nomme autrement dulcamere bä- sarde ; {a fleureft en rofe, à cinq pétales; fon pritil dégénere dans la fuite en un fruit rondelet, conte- nant une femence dure , couverte d’une pulpe min- ce, qui donne au fruit la reffemblance d’une baie. Cette plante eft nommée par Tournefort, fo/znoides americana, circeæ foliis canefcentibus. I, R, H. Miller dit que Les Jolanoïdes {ont originaires des contrées les plus chaudes de PAmérique , d’où Pon a apporté en Europe leurs femences ; elles {ont au- jourd’hui allez communes dans les jardins des cu- tieux. Leursfruits broyés donnent une couleur rouge aflez belle , mais qui fe fanne promptement , en forte qu’on en fait peu de cas. ( D..T. ) SOLANTO, ( Geog. mod. ) en latin So/us ou So- lantum, bourg, autrefois ville de Sicile , dans le Val de Mazara, entre Palerme & Termini, à lorient fep- tentrional de Monte-Alfano. M. de Lifle appelle ce bourg Ze fort de Solanto. (D.J.) - Re SOLANUM . 1. m.{ PBoran.) Tournefort compte trente-quatre efpeces de /olanum, entre lefquelles il y en a une principalement d’ufage en Médecine, & une autre en aliment; mais l’efpece de fo/arum nom- mé belladonna majoribus folus & floribus , par Tour- nefort /.R. H.77, eftun véritable poifon. Le folanum d’ufage en Médecine eft nommé /0/2- num nigrum, vulgare , I. RH. 149, en anglois che common niglu-shade, & enfrançois , morelle,, Foyez MORELLE. - L'éfpece de folanum dont la racine eft d’ufage en aliment, eff le /o/anum tuberofum.eféulentum, I. R, H. 149, en françois batate, patate, pomme de terre, 1opi- nambour. Voyez POMME DE-TERRE 6: TOPINAM- BOUR. | | La belladonna de Tournefort, de Boerhaave, de Clufius, de Dillenius êc autres botaniftes, .eft Le /0/3- num lethale de Ray, kif, 1. G79,; folanum melanocera- fus, C. B. P. 166, folanum maniacum, J.B,3.6x1. Jolanum fomniferum ; Phyt.-Brit. x 15, folanum furio- Jiumluridè purpureo flore calathoide, melanocerafus.Pluk. Almag..1.352 | C’eft Le plus grand de tous les folanum ; il a plu- fieurs racines épaifles, longues, éparfes, fortes, d’où partent de grandes tiges angulaires qui s’élevent.à la hauteur de l’homme & plus, .environnées de feuilles d’un verd fale, de la figure de celles de la morelle ordinaire, mais beaucoup plus larges ; fes fleurs font difperfées parmi les feuulles; elles croifflent féparé- ment fur de longs pédicules; elles font larges , pro- fondes, en cloche, divifées en fix fegmensà leurs extrémités, d’un brun foncé, verdâtres à l'extérieur, êt purpurines au-dedans. Elles font place à des baies larges, lufantes, rondes, noires , comime des cerifes, placées fur un calice brunâtre., &c pleines d’une pul- pe purpurine , fucculente ,. d'un goût fade 8: doucçà- tre; cette pulpe eft parfemée de petitesgrainesplates. Ce font les fruits de cette plante qui produifent des convulfions | des battemens de cœur terribles, Paliénation de lefprit, & la mort. Les mémoires de Pacadémieroyale,les Tranfattions philofophiques,& d'autres ouvrages , mont cité que trop d'exemples des qualités funeftes de cette plante. Ray rapporte, d’après Hoechftetter, qu’un frere mendiant à Rome ayant bu d’une infufñion de belladonne , perdit les fens, & qu’il les recouvra en buvant un verre de vi- naigre. Il eft très-vraiflemblable que le meilleur re- mede contre ce potion, ainfi que contre le ffrzm0- rium , {eroit les acides végétaux précédés d’une boif- fon copieufe d’eau &c de miel émétifés, Les peintres en miniature font macérer le fruit du /o/arum mela- nocerafus,& en préparent un aflez beauverd. (D. J. SOLARIUM ;f.m. ( Lirrérar.) C’eft une efplanade, ou un lieu élevé à-découvert au foleil, où lon fe promenoit, comme on l’apprend d’Ifidore & du glof- faire de Cyrille, Solarium eft aufli un cadran au foleil, Vitruve a dé crit plufeurs fortes de cadrans au foleil, Av. ZX, de fon architetture. ( D. J.) SOLBAM , ( Maréchal, ) fe dit d’un cheval dont la fole eft foulée. SOLBATURE , ff. rerme de Maréchal, foulure & meurtriflure de la chair qui eff fous la fole, & qui eft froiflée & foulée par la fole, c’eft-à-dire la pe- tite femelle de corne du pié du cheval, quand cet animal a marché long-tems pié nud, & quand la fole eft trop defléchée. (D. J.) - SOLBAZAR , ( Géog. mod. ) bourgade de la Tur- queen Afie , dans l’Anatolie , à une petite diftance de Madre. C’eft , felon Léunclavius , Pancienne Æ4- lonæ , ville de l’Afie mineure, près du Méandre. (D. J.) SOLDANELLE , {. f. foldanella, ( Hiff. nar. Bor. } gente de plante à fleur monopétale en forme de clo- che , & ordinairement frangée. Le piftil fort du ca- lice , il eft attaché comme un clou à la partie inté- rieure de la fleur, & 1l devient dans la fuite un fruit cylindrique, qui s'ouvre par la pointe , & qui ren- ferme plufñeuts femences attachées à un placenta Tournefort, inf£. rei herb. Voyez PLANTE. Selon Linnæus , le calice de la fleur eft droit, du- table 8 divifé en cinq fegmens aigus ; la fleur eft mo- nopétale , en cloche , qui s’élargit jufque dans les bords où reane une dentelure ; les étamines font cinq filets plats ; leurs boffettes font fimples ; le germe du pifül eft arrondi ; Le file eft menu , de la longueur de la fleur , & fubffte après elle ; le ftigma eft ob- tus ; le fruit eff une caplule oblongue , cylindrique, contenant une feule loge ; les graines font très-nom: breufes , extrèmement petites &t pointues. La principale efpece de /o/danelle eft nommée par Tournefort, convolyulus maritimus rofiras | rotundi- | foliis ; IR, H. 83. Sa racine eft fibreufe & menue. Elle pouffe plufeurs tiges grêles , pliantes , farmen- teufes, rougeâtres, rampantes fur terre. Ses feuilles font fphéroïdes, lifles, luifantes, femblables à celles de la petite chélidoine , mais plus épaifles, remplies d'un fuc dlaiteux, &c portées {ur de longs pédicules, Ses fleurs font des cloches à bords renverfés comme celles des autres efpeces de liferon , aflez grandes , & de couleur purpurine. Il leur fuccede des fruits prefque rends , membraneux , qui renferment des femences anguleufes & noires pour Pordinaire. Cette plante croît fréquemment fur les rivages fablonneux de la mer, &c fleurit en été. (D. 7.) SOLDANELLE, ( Mar. médic.) chou marin. Cette plante eft comptée parmi les purgatifs hydragogues, c'eft-à-dire violens. On l’emploie quelquefois dans Phydropifie , la paralyfie & les maladies invétérées de la peau. On donne fon fuc dépuré à la dofe de demi-once ; fon extrait à celle d’un gros ; la plante féchée & réduite en poudre à la dofe d’un gros juf- qu'à deux dans de l’eau ou dans du bouillon. Foyez PURGATIF. | Les feuilles feches de /o/daneile entrent dans la poudre hydragogue de la Pharmacopée de Paris, b : SOLDAT, f. m, (Are militaire.) eft un homme de guerre , qui s'engage de fervir un prince ou un état : moyennant une certaine paye. Ce mot eft formé de Pitalien fo/daro | & celui-ci du latin folida , ou folidarz , ou folidus , foide ou paye; cependant Pafquier aime mieux le dériver du vieil mot gaulois /o/es doyer, un foldier ; & Nicode le fait venir de /é/durrus. | Le foidar eft celui qui recoit la paye ; Le vaflal ef celui qui eft obligé de fervir à fes propres dépens ; Je volontaire eft celui qui fert à fes dépens, mais de bonne volonté. Voyez VASSAL, &c. _ Du Cange remarque que les anciens fo/dass ne de- voient point avoir moins de cinq piés.& demi de haut , & qu’on appelloit cette mefure Zzcomma où incoma. Chambers, On doit, felon Vegece, s'attacher fur toute chofe à connoître par les yeux , par l’enfemble des traits du vifage, & par la conformation desmembres, ceux qui peuvent faire les meilleurs fo/dars. Il y a, dit cet auteur, des indices certains & avoués par les gens d'expérience pour juger des qualités guerrieres dans les hommes, comme pour connoître la bonté des chevaux & des chiens de chaffe. Le nouveau /o/das doit avoir les yeux vifs, la tête élevée, la poitrine large , les épaules fourmies, la main forte, les bras . longs, le ventre petit, la taille dégagée, la jambe & le pié moins charnus que nerveux. Ces qualités peu- vent difpenfer d’infifter fur la hauteur de lataille, parce qu'il eft plus néceflaire que les fo/dars foient robuftes que grands. Nouv. srad, de Vegece, On pré- fere les fodars levés dans la campagne à ceux des villes , parce qu’ils font plus propres à foutenir les travaux & les fatigues militaires. ( Q SOLDATS DE MARINE, { Marine.) ce font des fol- dats qu'on emploie fur mer , & qui travaillent à la manœuvre des écoutes & des couets. SOLDATS GARDIENS , ( Marine.) foldars qu’on en- tretient fur les ports. Il y en a trois cent dans le port de Toulon; & pareil nombre dans les ports de Breft & de Rochefort ; & cinquante au Havre-de- Grace ; outre 300 qu’on: entretient à la demi-folde _dans chacun de ces trois premiers ports. SOLDE, £. f. (Art militaire.) c’eft la paye que l’on donne à chaque homme.de guerre. Chez les Grecs, les foldars faifoient d’abord la guerre à leurs dépens; ce qui étoit très-naturel , puique c’étoient les ci- toyens mêmes qui s’unifloient pour défendre leurs biens , leur famille & leur vie. Périclès fut le pre- mier qui établit une paye aux foldats athéniens. Chez les Romains, le fervice militaire fe faifoit gra- tuitement dans les premiers tems de la république. Ce ne fut que plus de 440 ans après la fondation de Rome que le fénat, à Poccafion du fiege de Véies qui fut fort long , ordonna , fans en être requis, que la république payeroït aux foldats une fomme réglée pour le fervice qu’ils rendroient. Pour fournir à cette paye, On impofa un tribut {ur les citoyens à propor- tion de leur revenu. Quoique le foldat ne fervit or- dinairement que la moitié de l'année, il étoit payé S OL 311 de l’année entiere. Cette paye ne fut d’abord accor- dée qu'aux fantaflins , mais les cavaliers lobtinrent aufhtrois ans aprés. Lors de l’établiffement des com pagnies d'ordonnances par Charles VIT, en 1445, la Jolde de chaque gendarme, pour lui & pour toute fa Jance fournie, voyez LANCE , étoit de trente francs par mois. Les bourgeois des villes & les habitans dé la campagne payoient cette fo/de, & l’impofition or- donnée à ce fujet fut appellée la salle des gendarmes. Le P. Daniel prétend que c’eft là le commencement des taillesordinaires. Cette /o/4e, dit cet auteur, pas roîtra bien petite eu égard à l'équipage &r à la fu te du gendarme , & elle le feroit fans doute de notre tems ; maïs alors une telle fomme étoit confidérable, à caufe du prix des vivres ; car nous voyons par les ordonnances de Louis XI, & même de François 1, qu'un mouton à la campagne ne coutoit que s fols, pourvu qu'on rendit la peau & la graifle qui fer- voit à faire du fuif. Cette /o/de fut depuis augmentée par la raifon contraire. Æiff. de la milice franc. À Pégard de la fo/de ou de la paye que les troupes ont à préfent , voyez le code militaire de M. Briquet , ou les élémens de l'art miliraire pat M. d'Héricourt, Pendant la guerre , la paye des troupes fe fait de de dix jours en dix jours, & de cinq en cinqpendant la paix , &c toujours d'avance ; c’eft ce qu’on appelle le prér. Voyez PRÊT. (Q) SOLDE DE COMPTE, (Commerce ) fomme qui fait la différence du débit & du crédit lorfque le compte eft arrêté & vérifié. Di, de comm. € de Trév. Voyez COMPTE. SOLDER UN COMPTE , ( Commerce. ) c’eft le cal= culer , leregler, l'arrêter , en faire la balance. Voyez BALANCE & COMPTE, SOLDIN , (Geog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la nouvelle Marche de Brandebourg. Il y a une collégiale, compofée de douze chanoines. Long. 32. SEEN SE MOD TE) SOLDURIER, (AZ/f. des Gaules. ) on appelloit Jolduriers dans les Gaules certains braves qui s’atta- choïent à un prince ouäunfeieneur , pour avoir part à fa bonne ou à fa mauvaife fortune ; lorfque le fei- gneur périfloit dans un combat , ils moutoient avec lu, où fe tuoient après fa défaite. Foyer Céfar , , IT, de la guérre des Gaules. (D. J.) SOLE , {. £. folea, lingulaca , (Hiff. nar. Tchthio1. poiflon de mer , dont la figure a quelque rapport à celle d’un langue de bœuf ; il eft plus long, plus plat & moins large que la plie; la face inférieure du corps a une couleur blanche , & la face fupérieure eft noire ; les mâchoires font courbes , & n’ont point de dents. Il y a fur chacune des faces du corps un trait droit qui s'étend depuis la tête jufqu’à la queue ; les yeux {ont placés fur la face fupérieure de la tête ; les na- geoires des ouies ont la même couleur que la partie du corps où elles fe trouvent ; celle du dos & celle du ventre font blanches en-deflous & noires en- deflus ; la premiere s'étend fur toute la longueur du dos ; l’autre ne commence au’au-deffous de l'anus : &c fe prolonge auffi jufqu’à la queue dont la nageoire n’eft pas fourchue, La /o/e craint le froid, & fe cache au fond de la mer pendant l'hiver. Sa chair eft dure, ” vifqueufe , très-nourriffante & de bon goût , fur-tout lorfqwu’elle a été gardée quelque tems, c’eft pour cette raïfon que les foZes font meilleures à Paris que fur les côtes où on les pêche. Rondelet, hif£. rar. des poiffons , part. I. liy. XI. chap. x. Voyez Pors- SON. Il feroiït fingulier que la nature eût réfervé à des infeétes le foin de faire éclore des œufs de poiffonse C’eft pourtant un fentiment que M. Deflandes a ado- pté par rapport aux œufs de foZe, comme il paroît par l’Aff. de l’acad, des Scienc.ann. 1722 U à penfé que les /o4s étoient produites par une efpece de petite écrevifle de mer qu'on nomme chevrerte! ou «crevette. M, Deflandes en fit pêcherune grande quan- tité, & les mit dans une baulle pleine d’eau de mer; au bout de douze à treize jours 1l vit huit ou dix pe- tites Joles, Il répéta Pexpérience plufeurs fois, tou- jours avec le même fuccès; il mit enfuire des fo/es dans üns baille ; & quoiqu'elles frayaflent, il ny parut point de petites foles. Ïl a de plus trouve, que quand on a nouvellement pêché des chevrettes, on leur voit entre les piés plufieurs petites veflies, inégales en groffeur & en nombre, fortement collées à leur eftomac par une liqueur gluante. Ayant examiné ces veflies avec un microfcope,il y a vu une efpece d’embryon qui avoit l'air d’une /oe ; d’où il conclud que les œufs de Jole, pour éclore, doïvent s'attacher à des che- vrettes. M. Lyonnet n’a pas voulu difputer cette conclu- fon ; mais il lui femble avec raifon que M. Def. landes auroït pu rendre fon expérience plus fure, fi au-lieu de la grande quantité de chevretes qual a mifes dans {a baille, & parmi lefquelles il fe feroit aïfément pu mêler quelques petites foles, fans qu’il s’en fût apperçu, il fe fût contente de prendre quel- ques chevrettes chargées des veflies dont il parle; êt qu'après avoir compté ces vefhes, il eùt mis cha- que chevrette à part dans un peu d’eau; fi pour lors en trouvant après quelques jours une petite fe dans l’eau, il eût aufli trouvé une veflie de moins à la chevrette placée dans le même vafe, ç’auroit été une preuve que la /o/e feroit née d’une veffe atta- chée à la chevrette; mais encore n’auroit-ce pas pas été une preuve que les œufs de /o/e ont befoin de fes infeétes, & qu'ils ne pourroïent éclore fans cela. EL Si les œufs de celles qui avoient frayé dans la baille font demeurés ftériles, 8c que les autres aient produit des poiflons, la raïfon de cette différence Jeuit bien avoir été, où que les mâles n’ont pas fer- tilifé le frai des premieres, & qu'ils auront rendu fertile celui dont les œufs fe font attachés aux che. vrettes; ou bien-que ces œufs ayant befoin d’agita- tion pour éclore , les premiers.n’ont pas eu dans la baïlle Pagitation néceflaire qu'ils auroient reçue dans la mer, tandis que les chevrettes par leur mouve- ment auront procuré une agitation fuffifante aux au- tres. Toutes ces réflexions prouvent qu’on ne fau- roit être trop réfervé à établir des faits fur des expé- riences douteufes , & qu’on croit démonfiratives. {D. J.) | SOLE, f. f. ( Marine.) c’eft le fond des bâtimens qui n’ont pas de quille, tels que la gribane, le bac, éc. Soces , (Marine) pieces du fond d’un affut de bord. : | | Soce, f. f (Archiret.) c’eft une groffe piece de bois d’équarriflage , qui avec une autre piece qu’on appelle la fourcherte, fait la bafe d’une machine à éle- ver des fardeaux qu’on nomme un ergiz, C’eft fur le milieu de la /o/e que pofe le poinçon , &s fes bras. Les fonnertes, autre machine pour battre des pieux, ont pareïllement leur fol, de deflus laquelle s’éle- vent les montans à coulifle &c leurs bras. Les Jo/es font encore les deux pieces de bois pofées en croix fur un mafñif de pierre ou de maçonnerie, fur le mi- lieu defquelles eft appuyé & arbouté l'arbre ou ‘| poinçon qui porte la cage d’un moulin à vent, & {ur lequel il tourne. En général, toutes les pieces de bois qui pofent à terre pour foutenir quelque conftruétion , machine ou bâtiment, & fur lefquelles . on les éleve, s'appellent des fo4es. (D. J.) SoLEs, {. £. pi. (Maçonn.) ce font les jettées du plâtre au panier, que les maçons font avec la truelle . pour former les enduits. (2. J.) d ". Sox, Lf (Agric.) c'eft une certaine étendue de + champ fur laquellé on feme fucceflivement par an nées, des blés, puis des menus grains , & qu’on laïfle en jachere la troïfieme année. On divife ordinaire- ment une terre en trois /o/es. ( D.J.) SOLES, f. £. pl. (Charpenr.) On appelle ainfi toutes les pieces de Bois pofées de plat, qui fervent à fire les empattemens de machines, comme: des grues, engins, &c. On les nomme racinaux, quand au-lieu d’être plates, elles font prefque quarrées: Dasier. (2.7) ce | SOLE, f. f, (Comm.) place publique ou étape où Pon étale les marchandifes, & où on lés met comme en dépôt pour être vendues. Les marchands de vin en gros font tenus de mettre dans les fo/es de l'hôtel de ville leurs vins, pour en payer le pros. Diffiénn. de commerce, (De JD = | SOLE, (Maréchal) On appelle ainfi le deflous du pié du cheval. C’eft une efpece de corne beaucoup* plus tendre que l’autre qui Penvironne, & qui à caufe de fa dureté, eft appellée proprement la corne, Un fer qui porte fur la Joe, peut fouler un cheval, le faire boîter, & lui meurtrir la chair qui la fépare du petit pié. ges + Cheval deflolé eft celui à qui on a Ôté la Jo fans tougher à la corne du fabot. On Ôte la fo pour plu- feurs accidens, & en moins d'un mois , elle peut être entierement rétablie. 1,4 SOLE, (Wénerie.) Ce mot enverme de chaffe, fignifie le-milieu du deffous du pié des grandes bêtes. (D. J.) SOLE ox SOULLE, jeu de la, (Hiff. mod.) Le jeu de la Joe ou de la /oulle étoit en ufage autrefois dans le Berry, le Bourbonnois, la Picardie, & peur- être ailleurs. Ce zoz vient, felon M. du Cange, de | Jolea, une femelle de foulier, parce que c’étoit avec la plante du pié que l’on poufloit l'inffrument, On jouoit à la fo/e dès le xiv. fiecle en plufieurs endroits du royaume. En certains pays, ce jeu s’appelloit la | foule, en d’autres, la chéole. On voit ce jeu défigné dans les ordonnances de nos rois & dans les ftatuts fynodaux, L’inftrument du jeu, s’il étoit gros, s’ap= pelloit Joule, & foulerse, s’il étoit petit , en bafle Bre- tagne s’appelloit mellur en langue vulgaire du xv. fie- cle, qui eft le tems auquel Raoul évêque de Tré- guier le défendit. Son ftatuteft de l’an 1440, &c on le : trouve au som. IF. du rhefaurus anecdotorum des PP. Martenne & Durant. L’ordonnance de Charles VI. qui parle de ce jeu auquelles payfans du Véxins’exer- çoient devant la porte de l’abbaye de Notre-Dame de Mortevert, le jour de carême-prenant, eft de Pan 1387. Une autre autre ordonnance du roi Char- les V. qui eft de lan 1369, met ce jeu dans le rang de ceux qui font défendus, comme ne fervant nulle- ment à drefler la jeunefle pour la guerre. La foe, felon M. Ducange, étoit un ballon enflé de vent, || ou une boule de bois, &c peut-être lin & l’autre. : Dans un decret ou flatut du châtelet de Paris de l'an 1493 , il en eft encore parlé fous le nom du ex de la foule. On aflure que les peuples de quelques vil- lages de Parchiprêtré d’'Hérifcon en Bourbonnois, croyoient autrefois honorer Saint Jeant ?évangelifte ou Saint-Urfin, en courant la Joe ; c’eit-à-dire, que cet exercice fe farfoit dans l’une ‘&e ces paroïfles le 27 de Décembre, & dans une autre, le 29 du même mois. Foyez M. Ducange &t fe; continuateurs dans le gloffarium medie G infime lasinrcatis, aux mots ludi, cheolwre, meriat , &c, Le méme M. Ducange, dans {a vi, differtation [ur Joinvias, & le mercure de Mars 1735, où lon trouve plufreurs réflexions de M. Lebeuf, chanoine & foufchantre d'Auxerre, * fur le même fujet. Supsiément de ?'roréry. SOLEA , ( Anug. rom. ) riche chauâure d’or & de foie , avec une feule femelle de cuir. (D. X SOLÉCISME , £ m. ( Gram, ) quelques grammai- riens ral "SOL? riens ontprétendu que ce mot, qui fe dit en grec cokomuque ; elt formé de ces mots , ce Acyou cupoc, Janr fermoms indigna corruprio , corruption d'un langage fain. Mais cette origine, quoiqu'ingé- mieufe & probable en foi, eft démentie par lluif toire. « Ce mot eft formé de Soaoxer, qui fignife les 2a- » bicars de lé ville appellée Zoxo , comme Azpores , » les fabitans de da campagne ».[ La terminaifon cor vient de SIÈGE) domus; d’où céxert, kabito Le De Æoncor » On à fait conoH Cerv » niter les habirans de la ville D) appellé EVENT , comme de Aypaxot, aypories Ceun » LI- sxéer les gens dela campagne». Voyez IMITATIE. « IL y avoit deux villes de ce nom, l’une en Cili- » cie, fur les bords du Cydnus, l’autre dans l'île de » Chypre: Ces deux villes , fuivantun grand nombre » d'auteurs , avoient été fondées par Solon. La ville » qu'il avoit bâtie dans cette province , quitta dans # la fuite le nom de fon fondateur, pouf prendre » celui de Pompée, qui lavoit rétablie. À égard de » celle de lile de Chypre , Plirarque nous a con- » fervé l’hifioire de fa fondation. Solon étant paflé #auprès d’unroi de Chypfe , acquit bientôt tant » d'autorité fur fon efprit, qu'il lui perfuada d’aban- # donner la ville où il faifoit fon féjour : l’afliétre en » étoit à la vérité fort avantageufe ; mais le terrein > qui Penvironnoit étoit ingrat &c difficile. Le roi » fuivit les avis de Solon , & bâtir dans une belle » plaine uñe nouvelle ville , auf forte que la pre- » miere , dont elle n’étoit pas éloignée ; mais beau # coup plus grande & plus commode pour la fubff- # tance des habitans On accourut en foule de toutes # partspour la peupler; & 1 y vint fur-tout un grand » nombre d’Athéniens , qui s'étant mêlésavec les an- # Ciens habitans , perdirent dans leur commerce la » politeffe de leur langage, & parlerent bientôt com- # me desbarbares : de-là le nom croxes, qui eft leur » nom , fut fubititué au mot Bapbapos, &C cons Carr ÿ à 5 Capéapiter , qu'on employoit auparavant pour défi- » gner ceuxquiparloient ün mauvaislangage ». Mérr. de l'acad, royale des Infer. & Belles-lerrr. tom. PV: Hifl. PAZ. 2 10. Le nom de folécifme, dans fon origine, fut doné employé dans un fens oénéral, pour défigner toute elpece de faute contre lufage de lalangue ;'& il étoit - d'abord fynonyme de arbarifme. ce Mais lé fanpäge des fciences @t des arts , guidé par lé même efprit que céliu de la foctété générale, ne fouftre pas plus les mots purement fynonymes : ou n’en conferve qu’un, où il les différencie par des idées diftinétives ajoutées à l’idée commune quiles rapproche. De-là [a différence que les Gram- mMaitiens Ont mie entre les deux mots, Jofécifine & barbarifine ;&t que M. du Marfais a expofée avec net- feté au 720? BARBARISME, , | . T'héophratte & Chryfippe avoient fait chacun un ouvrage intitulé Leps morose 3 ce qui prouve l’er- reur d’Aulu-Gelle, Z 1F.c. xx, qui prétend que les écrivains. grecs. qui ontparlé. purement le langage attique, n'ont jamais employé ce mot, & qu'il ne Pa vu dans aucun auteur de réputation. ( B.£. R. M.) SOLEIL { m. en, Affronomie , eft le grand aftre qui éclaire le monde , & qui par fa préfence confti- tue Je jour. Voyez Jour. On met ordinairement Le foi] aunombre des pla- nétes ;,mais,omdevroit plutôt le mettre au nombre désrétorles fixes. Woyez ÉTOILE , PLANETE. Suivant Fhypothèfe de Copernic, qui eft à-pré- fent généralement reçue, & qui, même eff appuyée par des démonftrations. leozeil.eft le centre du fyf tème desuplanetes & des:cometes ; autour duquel toutes les planetes, 83. lesicometes., & entr'autres notre terre, font leurs révolutions en des tems déés Tome XF, SOL 313 rens ; fuivant leurs différentes diftances du foi. Voyez l'article PLANETE. La grande diftance de la terre au Jo2/ et Puni- quercaufe qui nous empêche d'en appercevoir la fphéricité , ce. qui n’eft pas fort étonnant , puifque nous ne voyons pas même celle de la lune, qui eft beaucoup moins éloignée de nous : au lieu d’apper- cevoir leur furface fphérique , nous jugeons au con- traire lun & l’autre planes ou comme des difques , au milieu defquels nous nous imaginons un point qui, ‘ quoique réellement dans leur fuperfcie , n’en eft pas moins regardé comme le centre de l’aftre, n'étant: que celui de la furface ou du difque apparent, Quoique le Jo/eil foit déchargé de ce mouvement prodigieux que les ancienss’imaginoient qu'il fafoit tous les jours autour de la terre , il n’eft point ce- pendant parfaitement en repos. Il paroïît évidemment , par les apparences de fes taches, qu’il a un mouvement de rotation autour de onaxe , femblable à celui de la terre qui mefure le jout naturel, mais feulement plus lent. On appercoit quelques-unes de ces taches au bord du difque du foleil, &t quelques jours après on leswoit fur le bord Oppofé ; d’où après un délai de quatorze jours, elles: reparoïfent à la place où on les avoit vues'd’abord, &Z recommencent leurs cours ; elles finiflent ainf tout leur circuit en 27 jours de tems: d’okson con- clut que ce tems eflicelui de la rotation du fozei/ fur fon axe. Ces taches fe meuventd’occident en ofientz ün.en infere que le mouvement du Jo/er/ fe fait d’oc- cident en orient, Pour ce qui regarde les différentes apparences des taches du fo/eil, leur caufe , 6*c. voyez TACHES. Outre ce mouvement du /o/eil autour de fon axe, cetaxe en a encore d’autres, mais moins fenfibles , fuivant M. Newton, Car , felon ce philofophe, les planetes perent vers le Jo/ei! & le foleil vrersiles pla netes ; de forte que fi le fo/eZ., qui eft confidérable- ment plus gros que toutes les planetes prifes enfem ble, attire les planetes à lui, les planetes doivent aufh attirer Le /o/ei/ &t le déranger du lieu qu'il oc- cupe ; 1 eff wrai que ce dérangement n’eft pas fort: confidérable, mas ill’eft affez pour produire quel ques inégalités dans le mouvement des planetes. Car comme dans toutes obfervations aftronomiques on fuppoterle-fo/eilimmobile & fixe au foyer des orbites des planetes , il eft évidentque les dérangemens que laétion des planetes cäufent au fo/eil, étant rappôr- tésaices mêmes planetes, doivent empêcher qu’elles n'obfervent conftamment & exaétement la mêmeloi dans leurs mouvemens apparens autour de cet axe. À Pégard du mouvement annuel que le foZei pa- roît avoir autour de la terre’, les Affronomes font voirfacilement que c’eft le mouvement annuel de la: terre qui occafionne cette apparence. | Un obfervateur qui feroit dans le fo/eil , vertoit la terre fe mouvoir d’occident en orient, par la même raifon que nous voyons le fol fe mouvoir d'orient en occident ; & tous les phénomenes qui réfultent de ce mouvement annuel dans quelque corps que ce puifle être, paroïîtront les mêmes de l’un comme de l’autre. Soit par exemple S, ( Plan. d'affron. fig. 30. }re- préfentant le fo/a!, ABCD Votbite de la terre , qui en fait le tour en allant d’occident en orient dans Pefpace d’unan. Un obfervateur placéen S voyant la terre.en #,, la rapportefa au point Y qui eft dans la fphere des étoiles: quand elle arrivera en 8, l’ob- fervateur la verra commef elle éroit au point «5 : quand ellefera én ©, 11 la verra au point =, &c. juf qu'à ce qu'après avoir fait tout fon circuit, elle re- paroïîtrtiensy Ainf il lui femblera quelaterre aura déerit Fécliptique , & paffé fucceffiyemenntde fipne en figne, | Rr 314 SON E Suppofons maintenant que lobfervateur pafle du foleil fur la terre au point €, la diftance des étoiles fixes eft fi grande, que celle du fo! n’eft qu’un point par rapport à elles ; par conféquent l’obferva- teur , qui eft à-préfent fur la terre, verra la même face des cieux, les mêmes étoiles, Éc. qu’aupara- vant ; avec cette feule différence qu’au lieu qu’aupa- ravant il s’imaginoit que la terre étoit dans les cieux & le /oeil au centre, il s'imaginera maintenant que le Joeil eft dans les cieux 6 la terre au centre. Donc la terre étant en €, l’obfervateur verra le foleilen Y ; & cet obfervateur étant emporté avec la terre , 8 partageant fon mouvement annuel , n’appércevra point fon propre mouvement ou celui de la terre ; mais obfervant le foZeil lorfque la terre fera en D, le foleil lui femblera être en & : de plus quand la terre avancera en À , le fo/ei paroïtra avoir parcouru les fignes 55, 6) , êc np ; &c tandis que la terre décrit le demi-cercle ABC, le Joleil paroitra avoir parcouru fur la furface concave des cieux les fix fignes 2 ,M , +, % ,ux, X ; de maniere qu'un habitant de la terre verra Le fo/ei] parcourir le même cercle dans lesscieux &c dans le même efpace de tems , qu'un obfervateur qui feroit dans le foZuil,, verroit parcourir la terre. C’eft de-là que vient le mouvement apparent du foleil | par lequel il femble avancer infenfiblement vers les étoiles du côté de lorient ; de forte que fi une étoile qui eft proche Pécliptique fe leve dans un tems avec le fo/eil, quelquesjours après le fo/er! fera plus avancé à lorient de cette étoile, 8 l'étoile fe levera & fe couchera avant lui. Pour ce qui regarde les phénomenes qui réfultent du mouvement apparent du Joli] , ou du mouve- ment réel de la terre, par rapport à la diverfité des jours &c des nuits, des fafons, 6. Voyez TERRE 6 PARALLELISME. Nature ; propriérés , figure, 8cc. du foleil. 1°. De ce qu'on trouve que les taches du /o/el reftent quelque- fois trois jours plus long -tems derriere le foZe!, qu’elles n’en employent à parcourir fon hémmfphere vifble , quelques auteurs ont conclu qu’elles ne font point adhérentes à la furface du /olei! , mais qu’elles en font à quelque diftance. Mais cette opinion ne paroïît point fondée ; car il femble au contraire que les taches fuivent une loi aflez régulhere dans leurs oppoñitions.Ily a certaines taches du fo/eil à qui Pon a vu faire deux ou trois ré- volutions de fuite, &c quifont revenues conftamment au même lieu au bout des 27 jours qui.fe font écou- lés à chaque période. Or toutes ces taches ont em- ployé exattement 13 Jours êt demi à pafler du bord occidental du oeil à fon bord oriental. Donc puif- qu’elles ont employé à chaque fois la moitié du tems périodique à parcourir le difque apparent du /o/eil , leur orbite doit convenir précément avec la fur- face extérieure du corps lumineux , c’eft-à-de, qu’elles nagent, pour ainfi dire, fur le JoZei/. S'il y a quelques taches qui aient paru ne pas fuivre exaéte- ment cette loi, il faut croire que l’obfervation n’en a pas été bien faite, & qu’on a peut-être pris d’au- tres taches pour les mêmes ) OU que par quelque tai- fon que nous ne faurions favoir , la révolution de ces taches dans la partie poftérieure du foi! avoit été retardée. 2°, De ce que ces taches paroïffent & difparoif- {ent fouvent , même au milieu du difque du /o/e:2, & éprouvent différens changemens par rapport à leur mañle , ou à leur figure, owà leur denfité, ils’enfuit . quefouventils’en éleve de nouveau autour du /o/ez, & qu'auffil y en a qui s’évanouiflent, 3°. Puifque les taches fe difolvent {ouvent & dif- paroïffent même au milieu du difque du. //e;2,, lama- tiere des taches, c’eft-à-dire , les exhalaifons{olaires retournent donc au foleil : d’oùil fuit qu'il doit fe faire différentes altérations dans la matiere de cet aftre, &c. 49. Puifqu’en tout état le fo/eil paroît comme un difque circulaire , fa figure , quant aux fens, doit être fphérique ; cependant nous ferons voir bientôt qu’elle eft réellement fphéroide. j Outre les macules ou taches obfcures, plufeurs auteurs parlent des facules , ou taches , qui font plus brillantes que le refte du difque du fol, Celles-ci font en général plus larges, & bien différentes des macules en ficute', durée , 6e. : be Kirker , Scheiner, Gr. fuppofent que'ces facules font des éruptions de flammes; c’eft pourquoiils re- préfentent la face du fo/eil comme couverte de vol- cans, Ge... Mais Huygens prenant de meilleurs té- lefcopes , n’a jamais rien pu trouver de femblable , quoiqu'il ait remarqué quelquefois, même dans les macules, des endroits plus briilans que le refte. 5°. La fubftance du /o/e! eft une matiere ignée; voici comment on le prouve. Le /o/eil.éclaire, & fes rayons raflembles par des miroirs concaves , ou des verres convexes, brülent, confument & fondent les corps les plus folides , où même les convertiflent en cendres ou en verre. 6°, Puifque les taches du /o/ei/ font formées par les exhalaifons du /o/ei!, il paroït que le /o/ez/ n’eft pas un feu pur; mais que ce feu eft mêle de particules hé- térogènes. | : 7°. La figure du fol eft un fphéroïde plus élevé. fous fon équateur que fous fes poles. En effet, le fo- Leila un mouvement autour de fon axe, & par con- féquent la matiere folaire doit faire des efforts pour. s'éloigner des centres des cercles dans lefquels elle fe meut, avec d'autant plus de force que les circon- férences {ont plus grandes, Or l'équateur eft le plus grand cercle, & les autres qui font vers les-poles. vont toujours en diminuant. Donc la matiere folaire tend à s'éloigner du centre de l’équateur avec plus. de force , que des centres des cercles paralleles. Par conféquent elle s’éloignera du centre , plus fous l'équateur que fous aucun des cercles paralleles; & ainfle diametre du fo/eil quipañfe par l'équateur, fera plus grand que celui qui pañle par lespoles, c’eft-à- dire que la figure du /o/ei/ n’eft pas parfaitement fphé- rique , mais {phéroide. _ [1 eft vrai que la différence des axes du fo/er] doit être fort petite, comme M. de Maupertws la fait voir dans fon Difcours fur la figure des alfres ,&c cela, parce que la force centrifuge des parties du /o/e/eft beaucoup moins grande que leur pefanteur vers le Joleil. C’eft pour cette raïifon que nous n’apperce- vons point d’inégalités fenfbles entre les deux dia- metres du folec, | | Parallaxe du foleil. Voyez PARAILAXE. » À l’évard de la diftance du /o/il, comme fa déter- mination dépend de celle de la parallaxe, & qu’on ne peut trouver la parallaxe du /o/eil fans faire des calculs lonss & difficiles ; auffi les Aftronomesne font point d'accord fur la diftance du Joel. - | La moyenne diflance du /o/ei/ à la terre efffivant quelques-uns , de 7490 diametres de la rèrre; felon d’autres 10000 ; felon d’autres 12000 , êc fuivant d’autres 1$000. Maïs fuivant la parallaxe de M. de la Hire, qui eft 6/; la moyenne diftance du /o/el fera 17188 diametres de la terre , écfuivant celle de Caffini 14182. Voyez DISTANCE. , Le diametre apparent du /o/ei/ n’eft pas toujours le même. Lorfqu'il eft le plus grand, Ptolomée l’eftime de 33/,20"; Tycho 32/; Keplern3r!,47; Riccioly 32/ ,8!!:;Caflini 32! ,20"; dela Hiré 324,43". Son diametre apparent moyen, eft fuivant Ptolomée 3 2/, 12/5 fuivant Tychozr!;fuivant Riccioly,3x/, 40"; fuivant Caffinr 31! , 405 fuivant de la Hire 32/, 10"; êt fuivant Kepler 30!, 30". Son plus petit diametre: Es AN SOL. appatent , eft fuivant Ptolomée de 31°, 20/; fuivant Tycho 30; fuivant Kepler 30’; fuivant Riccioly 31/; fuivant Caffini 31°, 8"; & fuivant de la Hire 31,38. Chambers. (0) OT" | Sorere , (Crir. facr. ) cet aftre lumineux ; objet de Pancien culte de la plüpart des peuples de lorient, a domné lieu dans l’Ecriture, tantôt à des comparai- fons., tantôt à des façons de parler fisurées, Ainf, lorfque les prophetes veulent marquer la durée d’une chofe brillante & glorieule , ils la comparent à Péclat & à la durée du /oZ/, Son trône eft femblable au /o- kil, dit David, pf. 88. 38. Le bonheur préfent, c’eft le foleil qui s’éleye ; au contraire, quand Jéré- mie déclare ch. xv. 9. que le /o/eil ne luit plus pour Jérufalem , c'eft-à-dire , que fon bonheur eft pañé. Lés ardeurs du /o/er/ m'ont ternie, s’écrie l’époufe, dans le cantique , 7.5. c’eft-à-dire, jefuis dans l’af- fliétion, dans la douleur. De même, lorfqu’Ifaie veut peindre un défaftre , une calamité, il dit feulement que le foles/ eft oblcurci, obrenebratus ef? fol, ch, xiiy, 10e &c. Ce petit nombre d'exemples fuffit pour en rappeller d’autres femblables à la mémoire du lec= tn D) ep. | SOLEIL , ( Myshol. Iconolog. ) cet aftte a été le premier objet de Fidolatrie. L'idée d'un être pure- ment {pirituel , s'étant effacée dans Pefprit des hom- mes, ils porterent leurs vœux à ce qu’ils trouverent dans la nature.de plus approchant de l’idée qu'ls avoient de Dieu: la beauté du fo/ei/, le vif éclat de fa lumiere , la rapidité de fa courte, fa régularité à éclai- rer fucceffivementtoute la terre, & à porter par-tout la lumiere 8x la fécondité ; tousces caraûteres eflen- tiels à la ‘divinité, tromperent aifément les hommes groffiers ; ic’étoit le Bel, ou Baal des Chaldéens ; le Moloch des Chananéens ; le Béelphésor des Moabi- tes ; PAdonis des Phéniciens & des Arabes ; le Satur- .nedes Carthaginois ; l’'Ofiris des Egyptiens ; le. Mi- thras des Perfes;..le Dionyfus des Indiens ; & PA: pollon ou: Phoœbus des Grecs-& des Romains. Il a même.des favans qui ont prétendu que tous les dieux du paganifme fe réduifoiént au fo4eil , & tou- tes les déefles à la lune : ces deux aîtres furent les premieres divinités des Egyptiens On fait par les marbres d'Arondel , que les Grecs adoroient le Joe! , püifqu'ils juroient par cet aftre , une entrere fidéhte à leurs enpäsemens. Ménandre déclare qu'il faut adorer le /o/ei/ comme le premier des dieux ;parce.que cèn’eftique.par fa bienfaifance qu’on peut contempler les autres divinités. Les Rho- _diens ; dit-6n,/lui-avoient confacré leur magnifique colofe,Ilétoit adoré par les Syracufains &cles Troé- zéniens fous le nomi de: Jzpirer libérateur, Les Co- rinthiens ;-felon: Paufanias, lui dédierent plufeurs autels.1Safête. {e folemmiloit à Rome, fous le nom de Soli invitloy, & lon icélébroit-des jeux publics en fon honneur ;. à.la fn de chaque année. Sileshabitansde Hiéropolis défendirent qu’on lui drefsât des ftatues, c'étoit parce.qw'il étoit aflezvif- ble; & c’eft peut-être la raifon pour laquelle ce mê- me dieu n’étoit repréfenté à Emefe , que fous la f- gure d’une montagne; enfin, felon Jules-Céfar, les anciens Germains adoroient auf le Jo/eil , & lui fa- crifioient deschevaux , pour marquer par la légereté de cet animal, la rapidité du cours de cet aftre. Les anciens poëtes, & particulierement Homére, ont communément difingué Apollon du Soil, & les ont reconnu pour deux divinités différentes ;.en effet ,1Lavoït.fes facrificesà-patt., & fon origine _m’étoit pas la même ; il. pafloït pour fils d'Hypérion, .&c Apollon létoit de Jupiter. Les'marbres , Les mé- dailles.; 8c tousles anciens monumens les diftinguent -ordinairement,, quoique les phyficiens aient pris » Apollon pour le /oZ:7 ,.comme-ils ont pris Jupiter . -pour Pair, Neptune pourla mer, Diane pour lalu- Tome XF. ET S O L 315 ne, 6e.Cérès pour Les fruits de la terre, - . On repréfentoit ordinairement le Jo/2il en jeune homme, qui a la tête raÿonnante ; quelquefois il tient dans fa main une corné d’abondance, fymbole de la fécondité dont le foZeil eft l’auteur ; affez fou: vent 1l eff fur fon char tiré par quatre chevaux , lef quels vont tantôt de front , & tantôt comme féparés en deux couples, (D. 7.) | SOLEIL ; ( Infèr. Médail. ) Plufeurs écrivains & poètes grecs, donnent au foéei/ le titre de Jéigneur, dterorns , à la mode des Orientaux, qui l'ont appels lé béel-famen, ou bal-fchamain, c’eft-ä-dire, feigreur du ciel, Ammien Marcellin, Z XVI. citeuné infcription greque d’un obélifque, portant ces mots en grec ; Jo? deus magnus, defpotes cœli : Gruter, ! XXXIII, c. iv. en indique une latine , avec ces mots : domino fol. 2) | | Quant aux médailles , on à celles d’Aurélien 3 ayant pouf infcription : fo/dominus inperii romani, On connoit aufli deux médailles d'Héliosabale; Pune repréfente un fo/eil couronné de rayOns., avec cette légende : fanëlo deo foli, au foleil dieu faint ; fur la feconde on lit : énviélo foli, À linvincible fokil, T ne faut pas s'en étonner, car ce prince fe glorifia tou- jours d’avoir été prêtre du fo/e:/, dans la Syrie, & par reconnoïffance , il lui confacra un fuperbe tem- ple à Rome. ais pour dire quelque chofe de plus finoüliet , il fe trouve des médailles de Conffantin frappées à l'honneur du fo/eil ; c’étoit vraifemblalient avant qu'il elt renoncé au culte des faux dieux, Dans ces médailles , le JoZeiz eft repréfenté commele guide êz le proteéteur de cet empereur , avec linfcription /o- [1 inviéto, Ou foli inviélo comiri : une de ces médailles offre à la vue la tête toute radieufe du foi ; Pautre , repréfente ce dieu debout, avec {a couronne rayon: _nante , un globe dans la main gauche, & mettant de la droite une couronne fur la tête de Conftant'n , Qui tient le labarum*: l’une & l’autre médailles portent au revers le nom & la tête de Confantin. ÉLARE SoLEïL , (Poéfie anc. € Mod.) comment Pindare, Homere, Virgile , Ovide , 6e. n’auroient-ifs pas célébré dans leurs écritsiepere & le modérateur des failons., l'œil & le maître du monde , Les délices des humains , la lumiere de la vie : car ce font [à aua tant deffurnoms que les Grecs-& les Romains don= noïent aû /o/eil. Cependant j'aime encore mieux les tableaux que nos poëtes modernes & autres , Ont faits de cetaftre du jour, que les defcriptions de lan tiquité ; je les trouve plus nobles, plus remplies d’i- mages, & plus philofophiques. On ne peuts’empêcher de louer ces beaux vers de Milton: . Oh fon ! of this great worlds > botheye-and fout ! Ohthou ! that with furpafliig glory crowr’d , Look’? from thy fole dominion, like the god. Of zhts great worlds, at whofe fighe all the fiars Hide their diminish d heads. : :_. Soleil affre du jour | Toi qui fembles letdieu des cieux qui l’envitonnenr, - Devantqui leur éclas difparoit & s'enfuit, Qui fait pélir le front des aféres de la nuis , &ce. On connoït encore davantage les vers fuivans de M. de Voltaire. - Dans le centre éclatant de cés orbes immenfes 5 : Quin'ont pi nous cacher leur marche & leurs diflañces, Luït cet aftre du jour par Dién même allumé à Qui sourne autour de foi fur Jon axe enflamme x. De lui partent fans fin des torrens de lumiere ; Tldonne.en fe montrant, La vie à la matiere à + Et difpenfe les jours, les faifons, 6 Les ans ; Le ti 316 SOL A des mondes divers , autour de lui flottans. Ces aftres affervis à la loi qui les prefle, S’attirent dans leur tourfe, & s’évitent fans ceffe Et fervant l’un a l'autre & de regle & d'appui, Se prérent les clartés qwils reçoivent de lus, Henriade, ch, vin. Enfin M. Thompfon peint avec tant de magnifi- cence tous les biens que le fo/eil repand fur la natu- re, que ce morceau même dans une tradu£hion fran- çoife , ne peut que plaire aux gens aflez heureufe- ment nés pour gouter les belles chofes , indépen- dainment de l'harmonie, Puiffant roi du jour, dit le poëteanglois , Ô Joleil, ane des mondes qui nous environnent, muroir fi- dele & tranfparent de ton créateur ,; puiffe ma foible voix apprendre à te chanter ! ta force fecrette &z at- tractive, enchaine , gouverne, ®le tout letour- billon , depuis les limites éloignées de Saturne , dont la révolution remplit une durée de trente ans, juf- qu'à Mercure, dont le difque perdu dans léclat de tes rayons, peut à peine être apperçu par l’œil phi- lofophique. | Créateur de toutes les planetes, puifque fanston tegard vivifant , leurs orbes immenfes feroient des mafñès informes &c fans mouvement ; efprit de vie, combien de formes d'êtres accompagnent , depuis lame que tu délies, jufqu’à larace la plus vile , com- pofée de millions d’êtres mélangés , &c produits de tes rayons ? Pere destfäifons , Le monde végétal reconnut ton empire ! la pompe précede & fuit ton trône , &c dé- core majeftueufement au milieu de ton vafte domai- ne annuel ta brillante route céléptique; éclat triom- phant qui réjouit la nature ! en cet inftant , une mul- titude d’êtres en attente, implorent ta bonté, ou pleins de reconnoïffance , chantent une hymne com- mune en ton honneur; tandis qu'au-tour de ton char ” brillant , les faifons menent à leur fuite, dans une harmonie fixe & changeante , les heures aux doigts de rofe , les zéphirs fe jouant nonchalamment ; les pluies favorables, & la rofée pañlagere ; toute cette cour verfe & prodigue odeurs, herbes , fleurs, & fruits, jufqu’à ce que tout s’allumant fucceffivement partonfouffle , tu décores le jardin de Punivers. Ton pouvoir ne fe borne pas à la furface de la ter- te, ornée de collines , dé vallons, & de boigépais, qui forment ta riante chevelure ; mais dardant pro- fondément tes feux jufques dans fes entrailles, tu regnes encore fur les minéraux ! ici brillent les vei- nes du marbre éclatant ; plus loin fe tirent les outils précieux du labourage ; là, Les armes étincelantes de la guerre ; aïlleurs , les plus-nobles ouvrages , qui font dans la paix, le bonheur du genre human, € les commodités de la vie, & fur-tout ces métaux pré- cieux qui facilitent le commerce des nations. _Le ftérile rocher , lui-même , impregné de tes re- gards , conçoit dans fon fein obfcur , la pierre pre- cieufe & tranfparente ; le vif diamant s'abreuve de tes plus pursrayons, lumiere raflemblée , compac- te, dont l'éclat ofe enfuite le difputer aux yeux de . la beauté dont elle pare le feins de toi, le rubis re- coit fa couleur foncée : de toi , Le folidefaphir prend l’'azur qui le décore: par toi, l’améthifte fe revêt d'ondes pourprées, le topaze brûle du feu de tes re- gards ; la robe du printems , agitée par le vent du fud, n’égale pas la verte émeraude dont tu nous Ca: ches l’origine ; mais tous tes rayons combinés épais , jouent à-travers l’opale blanche, & pluñeurs s’échappant de fa furface, formentune lumiere vacil- lante de couleurs répétées, que le moindre mouve- ment fait jaillir à l’œil du fpeétateur. La création inanimée femble recevoir par ton in- fluence , le fentiment &c la vie: par toi, le nufleau tranfparent joue avec éclat fur la prairie ; la fouguëris fe cataratte qui répand l'horreur fur le fleuve bouil- lonnant , s’adoucit à ton retour ; le défert même, & {es rautes mélancholiques , femblent s’égayer ; les ruines informes réfléchiffent ton éclat, & labyt- me falé, apperçu du fommet de quelque promon- toire , s’agite, &c renvoie une lumiere flottanté dans toute la vafte étendue de lhorifon. Mais tout ce aue mon efprit tran{porté pourroit peindre , l'éclat mê- me de la nature entiere , détaillée ou réunie, n’eft rien en comparaïfon de ta propre beauté; fource féconde de la lumiere, de la vie, des graces, & de la joie d'ici bas , fans ton émanation divine , tout feroit enfeveli dans la plus trifte obfcurité. ( D. J. ) SOLEIL; chevaux du, (Mychol.\ les poëtes donnent quatre chevaux au foleil, qu’ils nomment Pyroëis, Eous , Æthon &t Phlégon, noms grecs, dont l’éty- mologie explique les attributs. Le premier marqué le lever du foleil , lorfque fes rayons font encore rou- geâtres. Le fecond défigne le tèms où fes rayons for- tis de latmofphere font plus clairs, vers les neufheus res du matin. Le troïfieme figure le midi , où la lu- mere du foleil eft dans toute fa force. Le quatrieme repréfente le coucher , où le foleil femble s’appro- cher de la terre. Fulgence donne aux chevaux du /o- leil des noms différens Eryrhreus , le rouge ; Aéeon, le lumineux; Lampas ,.le refplendiffant; Philogeus , qui aime la terre. Le premier dans cet auteur, fe prend du lever du /o/ei! ; le fecond de la clarté du Jolail, lorfque n'ayant plus un atmofphere épais à percer , il répand une lumiere plus pure; le troifie- me peint le midi , tems où il a toute fa fplendeur ; le quatrieme défigne fon coucher, où il femble tendre vers laterre. On voit aflez que Les noms de Fulgence reviennent à ceux des poëtes , il n’avoit aucun be- foin de les changer. (D. J.) SOLEIL, coucher du ; (Mychol.) la fable qui regarde le Soleil comme un dieu , donne une idée bien diffé- rente de fon coucher , que ne fait PAftronomie ; Fe p va vous l’apprendre auffi joliment qu'Ox vide. Ie is the time when witty poërs tell That Phœbus into Thetis bofom fell., She blush'dat firff, and then pur out the lighe And drew the modeft curtains of the nighr. (D. J.) | | Soerz , ( Marine.) il y a fur cet aftre quelques fa- "çons de parler , dont voici l'explication. Le foleil a baïflé : cela fignifie que le /oZeïl a pañé le méridien , ou qu’il a commencé à décliner. Le foleil a pañlé le vent : cela fignifie que le foZeil a pañlé au-delà du vent. Exemple : le vent étant au fud , f le foleil eft au fud-fud-oueft, il a paf le vent: &c on dit que le vent a pafle le fo/ei/ , lorfque le con- traire a lieu. Aïinf le vent s'étant levé vers l’eft , il eft plutôt au fud que le Jo/eil, &t le vent a pañlé le Joteil. Le foleil chafle le vent : façon de parler dont on fe fert, lorfque le vent court de l’oueff à l’eft devant le foleil. Le foleil chaffe avec le vent : on entend par cette ex- preffion, que le vent fouffle de l'endroit où fe trouve le Jolesl. | Le foleil monte encore : c’eft-à-dire que le fo/esl n’eft pas encore arrivé au méridien, lorfque le pilote prend. hauteur. | Le foleil ne fait rien : on entend par-là que le fo/eil eft au méridien , & qu’on ne s’apperçoit pas en pre= nanthauteur , qu’il ait commencé à décliner. SOLEIL BRILLANT , (Arüificier.) cet artifice, qux eft un des plus apparens pour l'exécution d’un fpec- tacle, imite fi bien le /o/i/ par le brillant de fa lu- miere, qu’il caufe ordinairument des exclamations de | SOL forprife parmi les fpedtateurs,au moment quil vient À paroitre. LE 4 . Sa confiruétion n’eft autre chofe qu’une grande quantité de jets ou de fufées à aigrettes , rangées en forme de rayons autour d’un centre. … Lacompoftion de la matiere combuftible peut être la même que celle des aigrettes, ou fi on la veut plus fimple , 5 fufit de mettre fur trois parties de poudre une de limaille de fer ou d’acier neuve, c’eft-à-dire, qui ne foit pas rouillée, 8 pañlée par un tamis mé- diocrement fin. On s’eft piqué dans quelques artif- ces à Paris de faire des /o/ifs d’un diametre extraor- dinaire , auxquels on donne le nom de gloire ; car on Ait dans la defcriprion de celui qui fut fait en 1739, fur le pont-neuf, à l’occañon du mariage de mada- ine Premiere de France, qu’il ÿ en avoit un fur l’en- tablement du temple de l'Hymen , qui avoit 60 piés de diametre. - Suppofé qu’on veuille faire un /o/ei/ de grandeur au-deflus de la moyenne, on prend des fufées à aï- grettes d'environ 20 lignes de diametre, & de 15 à 20 pouces de long , qui jettent leur feu à 128 1$ pics de hauteur ; laiffant un pié de vuide dans le mi- lieu , 1l en réfulte un oki! de 25 à 30 piés de diame- tre. Si l’exaltation des flammes augmente à-peu-près en raïfon des quarrés des furfaces des mêmes matie- res combuftibles , il eft vifible que pour faire un fo- leïl du diametre de 60 piés, ila falu des fufées à ai- grettes au-moins de 4 pouces de diametre , pour qu’elles aient pu jetter leur feu à 28 ou 36 piés de difances , qui font la moitié de ce diametre , y com- pris Pefpace vuide du milieu qu’occupent Les lon- gueurs des cartouches des fufées. Puifqne les fufées peuvent fi fort varier de gran deur , & que la durée de cet artifice dépend de leur _ longueur , ou de la répétition des rangs de ces fu- fées , il eft clair que les moyens de le former peu: vent aufh beaucoup varier. Sur quoi il faut obferver qu'on ne peut fe difpenfer de laïffer au milieu du fo- lei! un efpace vuide d’une grandeur proportionnée à a groffeur des fufées , & au nombre qu’on y en veut mettre , à caufe qu’elles doivent être rangées en rayon , & que Pefpace compris par ces rayons dimi- nue toujours à mefure qu’il approche du centre. Je m'explique par un exemple. Suppofons qu’on fe ferve de fufées de 20 lignes de groffeur ; 1l eft évident que fi l’on mettoit leurs têtes au centre, il n'y en auroit que deux qui puiffent y être appliquées immédiatement ; trois commenceront à laifler un efpace triangulaire ; quatre, un quarré ; cinq, un pentagone , &c. de 20 lignes de côte, de forte qu’u- ne douzaine de ces fufées , qui fe toucheroient par leur tête , laifleroient néceflairement un vuide de 7 pouces de diametre. D’où il fuit que le vuide du mi- lieu eft déterminé par le nombre des fufées qu'on veut employer à faire le fo/ei/, & que réciproque- ment le diametre du vuide détermine le nombre des fufées | parce qu’elles doivent toutes {e toucher. Ainf, fuppofant qu'on veuille y employer trois dou- zaines de fufées qui donnent une circonférence de 5 piés, le diametre du vuice fera d’environ 19 pou- ces. Où voit par cette obfervation, que pour attacher les fufées , 1l faut leur préparer pour afiete un an- neau de la largeur que donne la longueur des fufées, ët d’une ouverture fixée par leur groffeur & par leur nombre. Cet anneau peut être fait d’un aflemblage de planches ; mais il eft plus folide de le faire de deux cercles de fer concentriques , liés par 4 au 6 éntre- toïfes , obfervant d'y ajouter des queues percées, pour qu'on puiffe le clouer folidement fur des pieces de bois placées exprès {ur le théâtre des artifices où il doit être expofé, Cette carcafle de lartifice étant faite , il ne s’agit RD sur plus que d'y appliquer ces fufées avec du petit fil-de: fer recuit pour être plus flexible , en les dirigeant toutes du centre à la circonférence, & les attachant aux deux bouts fur les cercles de fer préparés pour les y arranger, la gorge tournée en-dehors : on y fait enfuite pafler une étoupille bien attachée fur chacu- ne, & enfermée dans des cartouches, s'il faut évr ter le feu des artifices qu’on doit faire jouer avant le fodecl. | Comme la durée de cet artifice ne feroit pas con: fidérable , s’il n’y avoit qu’un rang de fufées , on là prolonge par un fecond rang, qui prend feu après qué le premier eft confumé ; on peut même, fi l’on veut, ÿY en ajouter un troifieme, pouf tripler cette du: rée. La maniere de difpofer ce fecond rang, eft à-peus près la même que la premiere , obfervant feulement qu’afin qu’elles ne prennent pas feu avant le tems; leurs gorges doivent être couvertes & un peu éloi- gnées des premieres, foit en les reculant, commé lorfqu’elles font féparées par des rouelles de bois ; ou en les rapprochant du centre, fi elles font fur un même plan ; comme fur le double anneau de fer dont on a parlé. Tout l’art de la communication des feux ne con: fifte qu’à lier à la tête qui n’eff pas étranglée, un portez feu fait d’un cartouche vuide , dans lequel on fait pañler une étoupille , ou qu’on remplit d’une compo- fition un peu vive fans être foulée. Ce porte-feu doit être collé dans l'intervalle deg . deux cartouches rebouché par les deux bouts, pour recevoir & donner le feu par des ouvertiüres faites à fes côtés, fitué au bout d’en-bas, l’autre À celui d’en: baut , ainfi que l’on voit dans nos ?/. d’Arsif. où la premiere fufée qui a fa gorge comme on l’a placée, fa tête non étranglée , mais feulernent formée ou bou- chée par un papier collé, le long d’une partie de cette fufée eft collée contre le cartouche qui recoit le feu par une ouverture de laquelle fort une étou: pille qui pañle par ce trou, dans le porte - feu, & qui en fort par le trou du haut, pour ertrer dans la gorge de la feconde fufée du fecord rang; IL eft vifible que s’il y avoit trois rangs, on devroit obferver la même difpofition du fecond à l'égard du troifieme pour y porter lëfeu ; mais cet arrangement fur un même plan ne convient point, parce qu’il laïfe trop d'intervalle d’une gorge de feu à Pautre; il vaut mieux que le feu foit continu ou fans une in: terruption fenfible ; c'eft pourquoi il eft plus à-pro- pos que les rangs foient placés les uns devant les aus tres, & féparés par des cloifons de bois ou de car ton. Lorfqu’on met plufeurs rangs de fufées ) On peut, pour varier le fpeltacle , teindre les feux de chaque rang de couleurs inégales, dont la lumiere du foi eft fufceptible en apparence, par l'interpofition des vapeurs de la terre ou des nuées , Comme du clair brillant , du rougeâtre, du pâle & du verdâtre , au moÿen de la limaïlle de fer, de cuivre, du char: bon de chêne pilé , de la poudre de buis, &e. Comme il ne convient pas que le centre du foleil ; qui eft l'efpace compris entre les têtes des fulées & celui qu'occupent les longueurs des corps de fufées doubles ou rayons oppotés, foit obfcur, on y colle un papier huilé qu'on peint de la figure d’un vi: fase d'Apollon attribué au Joki/, où de quelques rayons de feu qu’on éclaire par derriere par lé moyen des lampions ou lances à feu un peu éloi- gnées , crainte d'embrafler ce papier. Pour plus de fureté on peut y mettre de la corne du du verre peint de couleur d’aurote ou jaune, avec des couleurs tranfparentes, qui n’aient pas aflez de COrps pour le rendre trop opaque , comme la gomme outte; 318 SOL Lorfque Pintervalle de ce centreeft d’un diametre plus grand que de 26 à 30 pouces, on peut mettre au centre du /o/eil une girandole, ou roue defeu, qui y forme un tourbillon, pendant que le refte du foleil jette fes rayons au-dehors, obfervant que les feux de lun & de l’autre artifice foient exaétement de la même couleur. | [left viñble qu’on peut étendre la furface du feu du Joleil, en faifant plufñeurs ranos de fufées attachées fur des cercles de fer concentriques, & plus grands ‘ les uns que les autres ; c’eft par ce moyen qu'on a fait à Paris de ces Joeils , qu’on dit avoir eu 60 piés de diametre, Soleil d’eau tourant fur fon centre. I] ne s'agit que de couvrir le plat des fufées de la girandole pour Peau de feux brillans arrangés du centre à la circonferen- ce, pour former la figure d’un fo/ei/ qui tournera fur fon centre par le mouvement de circulation caufé par les fufées pofées en jante, dont le feu croife par-def- fous celle qui forment le foZil, ce qui produit un très- bel effet fur l’eau, SOLEIL, terme de Blafon , en armoirie on peint le Joleil d'ordinaire avec douze rayons , dont les uns font droits , & les autres en ondes ; & fon émail eft d’or. Quand il eft de couleur, & reprefenté fans au- ” cuns traits du vifage , on l'appelle proprement ombre du foleil, (D: 3.) ; ; SozeiL , f, m. (Æf. nat. Bot.) corona folis , genre de plante à fleur radiée, dont le difque eft compofé de plufieurs fleurons, & la couronne de demi-fleurons: cesfleurons & ces demi-fleurons font portés par des embryons,& féparés lesuns des autres parde petites feuilles pliées en gouttiere. Dans la fuite ces em- bryons deviennent des femences garnies de deux feuilles. Tournefort, 22/f, rei herb. Voyez PLANTE. SOLEIL DE MER, On a donné ce nom à différentes efpeces d'étoiles de mer qui different des étoiles pro- . prementdites, en ce que les rayons ne partent pas du centre ; le milieu du corps des /oeils eft arrondi, & les rayons fortent de ce cercle. Rondelet, Aff. des goophites , ch. xv]. Voyez ÉTOILE DE MER. SOLEME , ( Grogr. mod. ) petite ville de France, dans le Maine, fur la Sarte, à une lieue de Sablé. Les bénédiétins y ont un ancien monaftere remarqua- ble par fon églife. Longitude 17. 13, latitude 47. 50, | LA D.J.) | ; SOLEMNEL , ad. ( Gram. & Théolog.) chofe qui fe fait avec beaucoup d’appareil & de cérémonie. Ainfi nous difons fêtes fofemnelles , offices folemnels, proceflions folemnelles, Les fêtes folemnelles dans l’Eglife romaine font celles qu’on célebre avec plus de pompe & de céré- monies que les autres, à caufe de la grandeur des myfteres ou de la dignité des faints en mémoire def- quels elles font inftituées. Ainfi Pâques , la Pente- côte , Noël font des fêtes fo/emnelles. La fète du pa- tron de chaque paroïfle eft pour cette paroïfle une fête olemnelle, Dans quelques diocèfes , par exemple dans celui de Paris, on diflingue les srandesfêtes en annuels, folemnels majeurs & folemnels mineurs, fo/emme majus x folemne minus. La préfentation de Jefus - Chrift au temple , l'Afcenfion, la fête du $. Sacrement font des jours fo/emnels majeurs, la plüpart des fêtes de la Vierge font des folemnels mineurs ; c’eft ce qu’on ap- pelle dans d’autres diocèfes annuel 8t femi-annuel, Voyez ANNUEL. SOLEMNEL , (Jurifprud.) fe dit de ce quieftrevêtu des formes les plus authentiques. L Unaëte folemnel eft celui qui eft pañlé devant un officier public avec le hombre de témoins requis. . Quelquefois, pour rendre un acte encore plus fo- lemnel , on y fait intervenir certaines perfonnes dont la confidération donne plus de foi & de poids à Pacte. CE 1. Onentend quelquefois par teflament olemreltout teftament reçu par un officier public , à la diférence du teftament olographe qui eft écrit de main-privée, Voyez ACTE, FORMALITÉS, FORME, TESTAMENT À ‘ SOBEMNITÉ , L € (Gram.') la pompe, la magni- ficence, cérémonie qui accompagne quelqu'attion remarquable dans un jour diftinoué par quelques cir- conftances. On dit la Jo/emnité d'une fête ; la fo/emnité d’un mariage ; une entrée fo/ernelle ; la folemniré du. ferment. | MBA SOLEN, £. m. (Conchyliolog.) & par Pline zrguis ; c’eft la même coquille que l’on appelle plus commu- nément en françois couteau , manche de couteau, &t. dans le pays &Aunis coZrelier. C’eft fous ce dernier nom de coutelier qu’on a confidéré dans l’Encyclopé- die le coquillage ; nous parlerons ici de la feule co- quille. | C’eftune coquille bivalve dont le corps eft long, ouvert par les deux extrémités, quelquefois droit &t quelquefois arqué. Laïclafle des folens dont le corps eft droit, com prend les efpeces fuivantes : 1°, le /o/ez où manche de couteau blanc ; 2°, la couleur de rofe , venant de l'Amérique ; 3°. le bariolé ; 4°. le folez, nommé l'onix ; 5°. le brun ; 6°. le mâle, c’eft-à-dire le plus orand ; 7°. la femelle, c’eft-ä-dire le plus petit; 8°. le folen reflemblant à l’ongle par fa couleur ; 0°. le fo- Len imitant le doigt par fa longueur ; 10°, Le fo/en ref- femblant à une flüte ; 11°. Le /o/er fait comme un ro- feau ; 12°. le folen très-long , très-étroit, de couleur brune , avec un mufele noir vers la charniere. On ne connoît que deux efpeces de folers ou man- ches de couteaux faits en arc ; favoir le /o/ez courbé enforme de fabre hongrois, 6c Le folen qua fe trouve dans le fable, | | Rumphius décrit un manche de couteau d’unefeule piece, qu'il appelle Jos arenarius : C'eft un long tuyau à plufieurs reprifes on nœuds. Le olen d'Orient, couleur de rofet, eff fort rare. Klein, dans fon traité de subulis marinis avec figu- res, a donné le nom de folez à différens tuyaux de mer , dont il a formé quelques genres diftingues par des caracteres qui leur font propres ; {on fyftème eft très-méthodique & heureufement exécuté. (D. J.) SOLEN, (Chirurgie. efpece de boite ronde, oblon- eue & creufe, dans laquelle on place un mefnbre fraéturé , une jambe , une cuifle, pour y être main- tenue après la réduétion dans fa fituation naturelle. M: Petit le chirurgien.a perfe@ionné cette machine | avec beaucoup de fagacité, (D. J. | SOLENUS , (Géog. anc.) fleuve de l'Inde ,en-deçà du Gange. Son embouchure eft, felon Prolomée, L, VI. c, j. dans le golfe Colchique, entre Colchi- Emporium & Calligicum-Promontorium, (D. J. SOLETAR , £. m. (Gram.) forte de terre-olaife, dont on fe fert en Angleterre pour désraïffer les lai- nes ; on l'appelle auf /#reéfere. | SOLETUM, (Geéog. anc.) ville d'Italie dans la Ca- labre, au-deflus d’Otrante, Elle étoit deferte du tems de Pline ; 2. IT, c. 1. Elle a été repeuplée depuis. C’eft la même ville que Sa/erria , dont les habitans font appellés Safensini, & qui donnoit fon nom au promontoire Solentinum : c'eft préfentement So/e- ro, felon Léandre , & Solito, felon le P. Hardouin. CONTONE Le { SOLEURE,, (Géog. mod.) en latin Salodurum , So- Lodurum , & en allemand So/othurn ; ville de Suife , capitale du canton de même nom, fur la riviere .d’Aare, à 12 lieues aû midi de Bâle, à ro au nord-eft de Berne dans le Saleœu, c’eft-à-dire dans le pays des anciens Sahens. MES Cette ville eft remarquable par fon'antiquité, par fes édifices , -par fa force, & par-fa grandeur pour le SOL pays. On y a trouvé des médailles, des infcriptions, ‘ _& d’autres monumens qui juftifient qu’elle étoit déja connue des Romains. Elle fut ruinée par les Huns,, les Goths , les Vandales, qui ravagerent la Suifle tour-à-tour. L'églife collégiale deS. Urfe pafle pour avoir été fondée par Berthrade, mere de Charle- magne. Les jéfuites ont dans cette ville une belle mauon, & les cordeliers un très-beau couvent, dont ils fouent une partie aux ambaffadeurs de France, Soleure devint une ville impérfalefous les empe- reurs d'Allemagne , & les ducs de Suabe en furent enfuite gouverneurs. Dans le quatorzieme fiecle, fes _habitans s’allierent avec Berne ; dans le fiecle fui- want , ils fe joignirent aux cantons contre le duc de Bourgogne ; & après la guerre de 1481, ils furent reçus au nombre des cantons. Son gouyernement -civil eft ä-peu-près le même qu’à Berne & à Fribourg, Je pays étant divifé en bailliages, qui n’ont à la véri- té dans leurs jurifdiétions que des villages , excepté Olten, qui eft une petite ville. D. . Quant au gouvernement fpirituel , il eft arrivé qu'en 1532 le parti catholique-romain prit le deflus, _ & depuis lors Sozeure & fon canton {ont demeurés attachés à la religion romaine. Longir. 25, 6. lais, 47: 144 wii ny Schilling ( Diebold), né à Soleure, a laiflé une hiftoire écriteen allemand de la guerre des Suifles contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Cet ouvrage eft d'autant plus précieux que l’auteur s’étoit trouvé lui-même à prefque toutes les batailles & actions de guerre qu'il décrit. Le manufcrit a été gat- dé juiqu'à ce jour au greffe de Berne, & imprimé pour la premiere fois dans cette ville en 1743 ,27-fo1. (2D.J.) } SOLEURE , canton de , ( Géog. mod. ) canton de la Suifle, &lonzieme en ordre. Il eft borné au nord par le canton de Bâle , au midi & au levant par Le canton de Berne , au couchant par ce même canton & en partie par les terres de l'évêque de Bâle. Il s'étend le long de Aare, en partie dans la plaine &c en par- tie dans le mont Jura. Il eft aflez grand, mais fort étroit ; du refte, c’eft un pays paflablement fertile Plenius ac melins Chryfippo & Crantore dicir, Ce philofophe ftunliyre de la confolation qui s’eft perdu, & qu'on eflimoit beaucoup. On admire prin- cipalement fon traité du deuil, dit Diogène de Laerce; c’étoit là, fans doute, le titre de l’ouvrage de notre fi- licien. Nous apprenons de Plutarque , que ce philo- fophe mit ce livre au jour pour confoler Hippoclès, qui avoit perdu fes enfans ; Cicéron tira beaucoup de chofes de ce traité quand il compofa un fembla- ble livre. Crantor mourut d'hydropife dans un âve . fort avancé, & laiflai à fon ami Arcéfilas tout fon bien, quimontoit à douze talens, environ cinquante- - trois mille livres de notre monnoie. Enfin, Cléaraue difciple d’Arifiote 8 célebre péripatéticien, étoit de So/os en Cilicie. De plu- fieurs ouvrages qu'il compofa, il ne refte qu’un fras- ment de ion traitéfur /e forrmeil, C’eft de fon art d'ai- mer ,qu'Athénée a pris ce qu'il dit, 4 X7/I.des hon- neurs que Gygés roi de Lydie, fit à une courtifane dont il étoit amoureux. ( Le cheyalier DE Jau- COURT.) SoLr, ou Soor , ou Soler en Cypre, (Géog. anc.) ville de l'ile de Cypre, fur la côte feptentrionale ; Strabon qui en fait deux athéniens , Apamas & Pha- ‘Jerus, les fondateurs, la place auprès de la ville d’Arfinoë. Elle avoit auparavant le nom d’Epéa, quoiqu’à proprement parler, Epéafhtuneautre ville bâtie par Démophoon, fils de Théfée, près de la riviere de Clarius dans un quartier raboteux & in- fertile. | Philocyprus qu'Hipparque appelle Cypranor , en étoit le roi, lorfque Solon y arriva. Ce fage philofo- phe,lavoyant fi mal fituée, éonfeilla au roi de trant- porter fa cour en une fort belle plaine qui étoit au- deflous , d’y bâtir une plus grande &z plus belle ville, ët d'en accompagner la ftruêture de plus dejufteffe &t d'ornement, | Le projet de Solon fut exécuté avec beaucoup d’exattitude ; & dès qu'on fut en état d’en jetter les fondemens, après avoir fait les préparatifs néceflai- res, 1l fe chargea du foin de la peupler, Sapréfence y attira beaucoup de monde; de forte qu’elle ne fut pas plutôt bâtie, qu’on la vit prefque remplie d’ha- bitans. Philocyprus de fon côté ne manqua pas de reconnoiflance. Il voulut qu’on appellât Ja ville Soz lon, Soli, ou Solos, pour conferver dans fon pays la mémoire de ce grand homme & de fes bienfaits. Ce prince laïffa un fils, appellé 4riffocyprus , qui mi fuccéda à la couronne, bien qu’ilne vécüt pas long- tems après lui; car il fut tué dans un combat contre les Perfes, du tems du roi Darius. La ville de So: fut auffi affiésée par les Perfes trois cens fix ans avant la naïflance du Sauveur du monde, & tint plus long-tems qu'aucune ville ‘de Cypre-: mais elle fut enfin prife au cinquieme mois, après qu’on en eût fappé les murailles par les fonde. mens. j- Cette ville avoit un port , un temple de Vénus & d'Ifis , & une riviere nommée apparemment Clariusis Minerve y étoit auf adorée , & fes prêtres fe nom- moient hypeccauffrii. Outre les rois que j’ai nommés, Athénée fait mention d'Eunoftus, que Solon-célebra plus qu'aucun autre dans fes vers. Cette ville n’eft à préfent qu'un village appellé Solea ; fitué au côté feptentrional. def'ile, entre les caps de Cormachiti & d’Alexandrette, à fept lieues de Baffo. Strabon place au-deflus de SoZ l’ancienne ville de Liménia, 8 au-deflous le cap de Crom- myon, où de Cormachitr. (Le Chevalier DE J'au= COURT. | SOLICINIUM, (Géog. anc. ) lieu d'Allemagne, dont parle Ammien Marcellin, /, XXII, ec, x. C'eit, felon Herold, Solmi;felon Lazius, Bresten ; &elon Cluvier, Sulrz, | | SOLICOQUE , voyez SQUILLE. SOLIDAIRE , ( Jurifprad. ) Le dit de ce qui em- porte une obligation de-payer la totalité d’une dette commune d'plufieurs perfonnes; l'obligation eft:/o lidaire, quand chacun des obligés peut être contraint pour le tout, Il en eft de même d’un cautionnement: Jolidaire , c’'eft-à-dire, lorfque lon à ftipulé que cha- cune des cautions fera tenue pour le touts Foyez cz- après SOLIDITÉ. ( 4) SOLIDAIREMENT , adv. ( Gram. & Jurifprud. } figmfie le droit que lon a de contraindre chacun de plufieurs co-obligés à acquitter feul pour le tout une dette commune, fauffonrecours contre fesco-obli- gés pour leur part & portion. Voyez tcisaprès Sox: DITÉ. (4) acte 1 k 5 SOLIDARITÉ, £ £ ( Commercel } c’eft la qualité d’une obligation où plufieurs débiteurs s'engagent à payer une fomme. qu’ils empruntent ou qu'ils doi- vent; en forte que la dette totale foit exigible:con: tre chacun d'eux, fans que celuisau profit duquel obligation eft faite, foit obligé:de dileuter les au= tres, & lun plutôt quel’autre. Diéhionnaire du Conte merce. (.D..J.) > | au: | SOLIDE , f. m. en Géométrie yeft une portion d’é« tendue qui a les trois dimenfions ; c’eft-à-dire , lon: | | gueut ; pueut, largeur, & profondeur. Poysz DimMenstoN. _ Ainfi, comme tous les corps ont les trois dimen- fions, folide 8 corps font fouvent employés com- me fynonymes. Voyez Corps. Un Joide eft terminé ou compris par un ou plu- fieuts plans ou furfaces, comme une furface eff ter- minée par une ou plufeurs lignes. Foyez SURFACE & LIGNE. V | Les Jolides réguliers font ceux qui font terminés par des furfaces régulieres &c égales. Sous cette clafle font compris le tétrahedre, l’he- xahedre ou cube, Poftahedre , le dodécahedre, & Vicofahedre. Foyez ces mots, & RÉGULIER , Ge. _ Les Jolides irréguliers font tous ceux auxquels en he peut pas appliquer la définition des fo/ides résu- liers. Tels font le cylindre , le cône, le prifme, la pyramide, le paraléllépipede, &c. Voyez CyLin- DRE, CÔNE, &c. _ La cubature d’un fo/ide eft la mefure de l’efpace qui eft renfermé par ce olide. Foyeÿ CUBATURE 6 SOLIDITÉ, | Un angle folide eft compolé de trois angles plans, ou davantage , qui fe rencontrentenun point. Voyez ANGLE ; Où autrement, un angle fo/ide comme B, (Planche géom. fig. 30. ) eft Vinchinaïfon de plus de deux lignes, 48, BC, BF, quife rencontrent au même point B, & qui font dans des plans diffé- fens. ; _ Aïnf les angles folides, pour être égaux, doïvent être contenus fous un nombre égal de plans égaux, de plans difpofés de la même mamiere. La fomme de tous les angles plans qui compofent un angle /o/ide, eft toujours moindre que 360°. au- trement ils confütueroient le plan d’un cercle, & non pas un folide. Voyez ANGLE. Figures folides femblables, voyez SEMBLABLE, Baflion folide , voyez BASTION. Lieu folide, voyez Liu. TT . Les nombres fo/ides, font ceux qui naïflent de la multiplication d’un nombre, plan par un autre nome bre quelconque. Ainfi 18 eft un nombre folide, formé du nombre plan 6, multiplié par 3, ou de 9 multiplié par 2. Voyez NOMBRE. Chambers, ( E ) | SOLIDE HYPBERBOLIQUE AIGU , eft un /o/ide for- mé par la révolution de l'arc 4 M, fig. 20. feit, con. d'une hyperbole équilatere autour de fon afymp- tote. Par cette révolution, 1l fe forme une efpece de fufeau infiniment long, & cependant Torricelli qui lui a donné ce nom , a démontré évidemment qu'il eft égal à un Jo/:de ou corps fini. (0) SOLIDE, adj. ( 4/9.) problème /o/ide eff un pro- blème où l'équation monte au troifieme degré; on l'appelle problème folide , parce que l’inconnue y eft lèvée à la troifieme puifance, laquelle repréfente a ie de trois dimenfions. Voyez DIMENSsIONS. O0) SOLIDE , ad}. er Phyfique {e dit d’un corps dont les petites parties fontunies enfemble, de forte qu’une force d’un certain degré ne les divife & ne les fépare pas les unes des autres, VoyemSoripiré. On nomme ces corps folides, par oppoñition à flui- des. Voyez FLUIDE, FLUIDITÉ, &c. Cependant on peut dire dans un autre fens, que tous les corps font /o/ides, en entendant la fohdité de Pimpénétrabilité. Les corps fo/ides ou impénétra- bles qui font Pobjet de la Phyfique , font diftingués parlà des corps fimplement étendus, ou confidérés avec leurs dimenfions, 8 qui font l’objet de la Géo- métrie. Voyez CORPS." F SOLIDE , 2 Anatomie, fignifie les patties du corps continues & contenantes , ainf appellées par oppo- fition aux fluides & aux parties contenues du corps. Voyez CORPS, PARTIE 6 FLUIDE, Tome XF, $S O L 32t Les folides font les os, les cartilages, les ligas mens , les membranes, les fibres , les mufcles , les tendons, les arteres , les veines , les nerfs , les glan: des , les varfleaux lymphatiques, les veines laétées, Gc. Voyez OS, CARTILAGE , Gc, Nonobftant le grand nombre & l'apparence des parties fo/ides du corps ; nous trouvons par le fecours du microfcope , des injéétions » des veficatoires, des atrophies, G'c. que les patties fo/ides {ont exceffive- ment petites & peu confidérables, en comparaifon des fluides. Au contraire , on peut prefque démon: trer par la confidération du progrès & de la généras _ tion des vaifleaux, & par la réfolution des plus grands vaitleaux dans les plus petits qui les confituent, que toute la mafle des /o/ides dans le corps, eft compo- fée des fibres, d’un tiflu cellulaire & d’une fubftance gclatineufe qui en font les élémens communs. Voyez FIBRES , TISSU CELLULAIRE 6 GÉLATINEUX. En eflet, toute la mafle des fo/ides auffi- bien que des fluides , fon en excepte feulement un petit gers me ou antmalcule, procéde d’un fluide bien fubtile ; qui ne differe point du fuc des nerfs, comme l’a fait voir Malpighi dans fon traité de 00 incubato. P oye? ŒUr, Le blanc de lœufne nourrit jamais, jufqu’à ce que lincubation ait détruit fon épaïfleur naturelle ; & qu'il ait paflé par un grand nombre de degrés de fluidité avant de devenir aflez fubril pour entrer dans les petites véficules du germe. Les fo/ides d’abord mous &c plus tendres, procedent de cette humeur fubtile &c paflent par une infinité de degrés intermé: aires avant que d'arriver à leur plus grande folidi- té. Voyez GÉNÉRATION, Par conféquent tous les fo/ides dans nos corps (à moins qu'on ne foit aflez minutieux pour en Excep= ter le premier germe ) ne different des fluides dont 1ls ont êté formés, que par leur repos, leur cohé- fon &c leur figure ; & une particule fluide deviendra propre à former une partie d’un fo/ide, f-tôt qu'il y aura une force fuffifante pour opérer fon union avec les autres parties fo/ides, Voyez NUTRITION Ac- CROISSEMENT. SOLIDE, f. m. ( Archireël. ) nom commun & à la confiftance d’un terrein fur lequel on fonde , ÊT au maflif de maçonnerie de grofle épaifeur , fans vuide au-dedans. On nomme encore folide, toute colonne ou obé- lifque fait d’une feule pierre, Et on appelle zrpe fo. lide , une encoïgnure dite vulgairement corne. Davis ler, (DT). SOLIDITE , L f er Géomérrie, eft la quantité d’ef pace contenue fous un corps folide, Voyez CUBA- TURE. On a la folidité d’un eube, d’un prifme, d’un ci- lyndre ou d’un parallélépipède , en multipliant la bafe par la hauteur, Voyez Cuge, PrismE , CvLin- DRE , Éc. . La folidité d’une pyramide ou d’un cône, fe déter: mine en multipliant ou la bafe entiere par la troifie- me partie de la hauteur, ou la hauteur entiere par la troifieme partie de la bafe. Voyez PYRAMIDE € CÔNE. Trouver la folidiré de tout corps irrégulier. Met- tez le corps dans un vafe paaallélépipède, & verfez- y de Peau ou du fable jufqu’en 2, P/, Géom. 232 alors Ôtez-en le corps, & obfervez à quelle hauteur l'eau ou le fable eft placé, quand le corps eft Ôté, comme AC. Otez 4C de AB, le refte fera BC : ainfi le corps irrégulier eft réduità un parallélépipè- de, dont la bafe eft FCGE & la hauteur Z C pour trouver Ja Jolidise de ce parallélépipède. Foyez PA RALLÉLÉPIPÈDE. Suppofez , par exemple, AB=8 & A4C=; : alors BC fera=3 : de plus, fuppofez DB=12, BEA, & 322 SOL alors la folidisé du corps irrégulier fera 144. (CE) SoLipiré, {. f. (Phyfiq.) idée qui nous vient par lattouchement, & qu: elt caufée par a réfiftance que nous éprouvons où que nous remarquons dans un corps jufqu'à ce qu'il ait quitté le lieu qu'il oc- cupe, lorfqu’un autre corps y entre acétuellement. F'oici l'article ie M. Formy « bien voulu nous com- runiquer fur ce Jujet. De toutes les idées que nous recevons par fenfa- tion, il n’y en a point que nous recevions plus con- ftament que celle de la fo/idiré. Soit que nous foyons en mouvement ou en repos, dans quelque fituation que nous nous mettions, nous fentons toujours quel- que choïe qui nous foutient, & qui nous empêche d’ailer plus bas ; & nous éprouvons tous les jours, en maniant des corps, que tandis qu'ils font entre nos mains, ils empêchent par une force invmaible l'approche des parties de nos mains qui Les preflent. Or, ce qui empêche ainfi Papproche de deux corps, lorfqu'ils fe meuvent l’un vers l’autre, c’eft ce que Von appelle folidisé, 8c que lon peut nommer auffi impénétrabilisé. C’eft de toutes les idées celle qui paroît la plus effentiellement &c la plus étroitement unie au corps, en forte qu’on ne peut la trouver ou imaginer ailleurs que dans la matiere, Par-tout où nous imaginons quelque efpace oc- cupé par une fubftance folide, nous concevons que cette fubftance occupe de telle forte cet efpace, qu’elle en exclut toute autre fubftance folide, & qu’elle empêchera à-jamais deux autres corps qui fe meuvent en ligne droite lun vers lPautre, de venir à fe toucher, fi elle ne s’éloigne d’entr'eux par une ligne qui ne foit point parallele à celle fur laquelle ils fe meuvent aétuellement. Cette réfiflance qui empêche que d’autres corps noccupent l’efpace dont un corps eft attuellement en pofleffion, eft fi grande, qu'il n’y a point de force, quelque puiflante qu’elle foit, qui la fur- monte. Que tous les corps du monde preffent de tous côtés une goutte d’eau , 1ls ne pourront ja- mais vaincre la réfiflance qu’elle fera, quelque molle qu’elle foit, jufqu'à s'approcher Pun déffautre, auparavant ce petit corps n’éft Ôté de leur chemin. Les partifans de lefpace pur en concluent que la folidité differe de cet efpace qui n’a ni réfiftance ni mouvement. Sans contredit, la fo/idiré n'eit pas un attribut de lefpace pur, puilque celui-ci n'eft qu’une fimple abftraéion , prife de la confidération de lefpace réel, qui n’eft lui-même réel qu’en vertu des corps qui l’occupent. C’eft aux corps que con- vient l’impénétrabilité, la Jolidisé, & diverfes autres propriétés; 8&c les corps étant annikilés, 1l ne refle abfolument rien, que la pofñhbilité d’en produire d’autres dont l’exiflance renouvelleroit l’efpace dé- truit avec les précédens. C’eft donc une diftinc- tion chimérique, felon M. Formey auteur de cet ar- ticle, que celle que l’on met entre l'étendue des corps & l'étendue de l’efpace, en difant que la premuere ef une union, ou continuité de parties folides divifi- bles, & capables de mouvement, & l’autre une con. tinuité de parties non folides, indivifbles , & immo- biles. La folidité d’un corps n’éemporte autre chofe, fi ce n’eft que ce corps remplit l’efpace qu'il occupe, de telle forte qu’il exclut abfolument tout autre corps, au lieu que la dureté confifte dans une forte union de certaines parties de matiere qui compofent des maf- {es d'une groffeur fenfble, de forte que toutela maf fe ne change pas aifément de figure. En effet le dur & le mou font des noms que nous devons aux chofes feulement par rapport à la conflitution particuliere de notre corps. Ainfñ nous donnons généralement le nom de dur à tout ce quenous ne pouvons fans perñe changer de figure en le preflant avec quelque partie de notre corps ; &T au contraire nous appellons #04 ce qui change la fituation de ces parties , lorfque nous venons à le toucher, fans faire aucun efort confidérable &t pénible. Mais la dificulté qu'il y a à faire changer de fituation aux différentes parties fenfbles d'un corps, ou à changer la figure de tout le corps; cette dificulté, dis-je, ne donne pas plus de folidité aux parties les plus dures de la matiere qu'aux plus molles; & un diamant n’eft pas plus folide que Peau : car quoique deux plaques de mar- bre foient plus aifément jointes l’une à l’autre, lorf- qu'il ny a que de Peau ou de l'air entre deux, que sl y avoit un diamant: ce n’eft pas à caufe que les parties du diamant font plus folides que celles de l’eau ou qu'elles réfiftent davantage, mais parce que les parties pouvant être plus aifément féparées les unes des autres, elles font écartées plus facilement par un mouvement oblique, & laiffent aux deux pie- ces de marbre le moyên de s'approcher lune de l’autre; mais fi fes parties de l’eau pouvoient n'être point chaffées de leur place par ce mouvement obli- que ,.elles empêcheroïient éternellement Papproche de ces deux pieces de marbre tout-auffi-bien que le diamant; & il feroit auf impoffible de furmonter leur réfiffance par quelque force que ce fit, que de vaincre la réfiflance des parties du diamant. Car que les parties de matiere les plus molles & les plus flexibles qu'il y ait au monde, foient entre deux corps quels qu'ils foient, fi on ne les chafle point de-là, & qu’elles reftent toujours entre deux, elles réfifteront aufñi invinciblement à Papproche de ces corps, que le corps le plus dur que lon puifle trouver ou imaginer. On n’a qu’à bien remplir d’eau ou d’air un corps fouple & mou, pour fentir bien- tôt de la réfiftance en Le preffant : & quiconque s’i- magine qu'il n’y a que les corps durs:qui puiflent l'empêcher d'approcher fes mains l’une de lautre, peut fe convaincre du contraire par le moyen d'un ballon rempli d’air. L'expérience faite à Poe avec un globe d’or con&ve, qu’on remplit d’eau & qu'on referma exattement, fait voir la fo/idisé de l’eau, toute liquide qu’elle foit. Car ce globe ainfi rempli, étant mis fous une prefle qu’on ferra à toute force , autant que les vis purent le permettre, l’eau fe fit chemin à elle-même ä-travers les pores de ce métal fi compat. Comme ces particules ne trou- voient point de place dans Le creux du globe pour fe refferrer davantage , elles s’échapperentau-dehors où elles s’exhalerent en forme de rofée, & tombe- rent ainfi goutte à goutte avant qu'on püt faire ceder les côtés du globe à l’effort de la machine qui les refloit avec tant de violence. La folidité eft une proprièté non-feulement com- mune, mais même eflentielle à tous les corps. Cela eft vrai, foit qu’on confidere les corps dans leur tout, foit qu'on n'ait égard qu’à leurs parties les plus fim- ples. C’eft aufñ le figne le moins équivoque de leur exiffance. Des illufions d'optique en impofent quel- quefois à nos yeux ; nous fommes tentés de prendre des fantômes pour des réalités ; mais en touchant, nous nous aflurons du vrai par la perfuafion intime où nous fommes que tout ce qui eft corps eft folide, capable par conféquent de réfiftance, & qu’on ne peut placer le doigt ou autre chofe dans un lieu qui eft occupé par une matiere quelconque, fans employer une force capable de la pouffer ailleurs. Toute réfiftance annonce donc une fo/idité réelle plus ou moins grande. C’eff une vérité tellement avouée, qu'elle n’a befoin d'autre preuve que de l'habitude où l’on eft de confondre les deux idées; quoiqu’à parler exaétement, l’une repréfente la caufe & l’autre l'effet. Mais il y a tel cas où lune & l’autre (la Jolidiré & la réfiftancce) échappent à nos fens ou à notre aîtention, | Certains corps nous touchent fans celle, nous | touchent partout également; habitude nous a ren du leur contaét fi famiher ; que nous avons befoin d'y réfléchir pour reconnoitre lPimpreflion qu’ils font fur nous, Quand on agit dans un air calme, 1l . eît peu de perfonnes qui penfent qu’elles ont conti- nuellement à vaincre la réfiftance d’un corps dont la folidiré s’oppote à leurs mouvemens. Si l'on fortoit de latmofphere pour y rentrer, on fentiroit fans ré- flexion l’attouchement de l'air, comme on fent celui , de l’eau quand on s’y plonge. Ce qu fait encore que là folidité des fluides échappe à notre attention, c'ef que leur partie mdépendante des unes & des autres &t d’une-petitefle qui furpañle beaucoup la délicatefle de nos fens, cedentaux moindres de nos efforts, ur- tout quand elles font en petite quantité ; &t nous ne penfons pas que nous agiflons quand nous agifions très-peu. C’eft en vertu de ce préjugé qui nous fait regarder comme vuide tout ce qui neft plein que d'air; que nous croyons qu'une liqueur n’a qu'à fe / * +, À 49 k « préfenter de quelque façon que ce foit à l'ouverture d’un vafe pour y trouver accès; mais nous devrions faire attention que toutes ces capacités font na- turellement remplies d'air, comme elles feroient pleines d’eau, fi elles avorent été fabriquées au fond dun étang, & qu’elles n’en fuflent jamais forties, Nous devrions penfer de plus que l’air ayant de ‘Ja Jolidité dans fes parties, onne doit pas prétendre loger avec lui un autre corps dans le même lieu, 8e qu'ainfi pour mettre de l’eau, du vin, 6'c. dans une bouteille , il faut que l'air puifle pañier entre le col & l’entonnoïr, pour faire place à la liqueur ; mais quand ce col eff tellement étroit qu'il ne peut pas donner en même tems un pañage libre à deux ma- tieres qui coulent en fens contraire , c’elt-à-dire à la liqueur qu’on veut faire entrer, & à Pair qui doit ortir, 1l faut que cela fe fafle fucceflivement. C'eft pourquoi, quand on veut introduire de l’efprit de lavande dans une caflolette, dont le canal eft fort étroit , on commence par la chauffer; & quand ’ac- tion du feu a fait fortir une bonne partie de l’air qu’- elle contenoit, on plonge le col dans la liqueur qui va prendre fa place. | ” Nous avons dit que la /o/idite fe confond avec l’im- pénétrabilité ; ce terme a befoin d’être expliqué, pour prévenir des objeétions tirées de certaines expérien- ces , par lefquelles 1l patoît que plufieurs matieres mêlées enfemble confondent leurs grandeurs, & fe pénetrent mutuellement. Une éponge, par exemple, reçoit intérieurement une quantité d’eau qui femble perdre fon propre volume, puifque celui fous lequel elle fe trouve renfermée après cette efpece de péné- tration , n’en eft point fenfiblément augmenté, Un Vaifleau plein de cendre ou de fable , admet encore une grande quantité de liqueur; & parties égales d’ef- prit-de-vin & d’eau mêlées dans le même vale, y tiennent moins de place qu’elles n’en Occupoient avant le mélange : la matiere eft-elle donc pénétra= ble ? ou fi elle ne left pas, dans quel fens faut-1l en- tendre fon impénétrabihité ? C’eft qu’il faut {oigneu- fement diftinguer la grandeur apparente des Corps de leur Jo/idité réelle. Les parties fmples ou premiers élémens , s1l y en a , font abfolument impénétra- bles : celles même d’un ordre inférieur qui commen- cent à être compofées , ne font encore vraïflembla- blement jamais pénétrées par aucune matiere ; en un mot , il y a dans tous les corps , quels qu'ils puiffent être, une certaine quantité de parties qui occupent {eules les places qu’elles ont, & qui en excluent né- ceflairement tout autre corps. Mais ces parties foli- des 8 impénétrables , qui font proprement la vraie matiere de ces corps , ne font pas tellement jointes enfemble, qu’elles ne laiflent entrelles des efpaces Tome XF, S’O L 323 Qui font vuides, où qui font pleins d’une autre as tiere qui n’a aucune liaifon avec le refte , & qui cède fa place à tout ce qui fé préfente pour l'en excluré ; enadmettant ces petits interftices,dont l’exiflence eft facile à prouver, on concoittrès-facilement que lim pénétrabilité des corps doit s'entendre feulement des parties folides qui fe trouvent liées enfémble dans le même tout, & non pas du compofé qui en réfulte, Voyez les leçons de Phyfique expérimentale de M. Vabbé | Nollet , rome L. pag. 63 & fuiv. Cet article eft de M. FORMEY. SOLIDITÉ , (Jurifprudence, ÿ eft l'obligation dans laquelle eft chacun des co:obligés d’acquitter intés gralement l’engagement qu'ils ont contraté, Dans quelques provinces on dit Jo/idarité, exptefs fon qui paroït plus jufte & moins équivoque que le terme de /o/idire, Ce n’eff pas que le payement puifle être exigé äu= tant de fois qu'il y a de co-obligés folidairement 5 l’etfet de la foliairé eft feulement que l’on peut s’adref fer à celui des co-obligés que l’on juge à propos, & exiger de lui le payement de la dette en entier , fans qu'il puifle én Étré quitte en payant fa part perfon: fonnelle , fauf fon recours contre fes co-oblhigés pour répéter de chacun d’eux leur part & portion qu'il 4 payée en leur acquit, | La Jolidiié a lieu ou en vertu de la loi, ou en vertu : de la convention. Il y a certains cas dans lefauels la loi veut que tous les obligés puifent être contraints folidairement com: mé en matiere civile, lorfqu'il y a fraude, & en ma- tiere criminelle, pour les dommages &e intérêts, & autres condamnations pécuniaires prononcées cons tre les accufés, Les conventions ne produifent point de fo/idié, à moins qu’elle n’y foit exprimée fuivant la novelle 99 de Juftinien. Voyez le titre de duobus reis féipulandi & Promitrendi : au digefte, au code & auxinflitutes , & la novelle 99 ; le sraité de La Jubrogar, de Renuflon à & les mors CauTioN, Co-o8LIGÉS, CRÉANCIERS, DÉBITEURS , Discussron, Drvisron > FIDEIJUS+ SION, OBLIGATION, PAYEMENT , QUITTANCE. (4) , SOLIDITÉ , ez Archireëfure | eft un terme qui s’ap= plique à la confiftance du terrein fur lequel la fonda= tion d’un bâtiment eft pofée , & à un maffif de ma- çonnerie d’une épaifleur confidérable , fans aucune cavité dedans. La fo/idité des pyramides d'Egypte eft inconcevable, Voyez PYRAMIDE & Corps. SOLIDITÉ , SOLIDE, {Syrozym.) Le mot de foi dité a plus de rapport à la durée: celui de Jolide en a davantage à l'utilité. On donne de la Jo/idiré À fes OU= Vrages , & l’on cherche le fo/ide dans fes deffeins. Il y a dans quelques auteurs & dans quelques bä+ timens plus de grace que de folidiré. Les biens & la fanté joints à l’art d’en jouir, font le fo/ide de la vie : les honneurs n’en font que l’ornement, Syr07. frança D.J. ee ( Géogr. mod.) petite ville ou plûtôr bourg de France dans le Velay , fur la gauche de Ja Loire, &t à deux lieues au midi de Puy, capitale du Velay. Long. 21. 23. latit. 45.26. (D. J.) SOLILOQUE , 1. m. ( Listérar.) eft un raifonnes ment & un difcours que quelqu’unfe fait à lui-même. Voyez; MONOLOGUE. Papias dit que fo/iloque eft proprement un difcours en forme de réponfe à une queftion qu’un homme s’eft faite à lui-même. ; Les foliloques font devenus bien communs fur le théâtre moderne : il n’y a rien cependant de fi con- traire à l’art & à la nature, que d'introduire fur la fcene un aéteur qui fe fait de longs difcours poux | S s if “6 Len 4 ÿ 2 Lis SOL ‘communiquer fes penfées,, ci. àceuix qui l'enten- “dent, Lorfque ces fortes de-découvertésfontnéceffaires, | le poëte devroit avoir fou de donner à fes atteurs | -des confidens à qui ils-puñlent, quand 1l le &ut, dé- 4 “couvrir leurs penfées les plus fecrettes::parce moyen les fpeËtateurs én feroient inftruits d’une maniere ‘bien plus naturelle : encore efl-ce une reflource dont “un poéteexa@ devroit éviter d’avoir befoin. . lufage & l'abus des foZiloques eft bien détaillé par 1 %e duc de Buckingham dans le paffage fuvant:« Les | ‘» foliloques doivent être rares, éxtrémement courts, ‘ÿ Êt même ne doivent être employés que dans la pat 5, fion, Nos amans parlant à eux-mêmes , faute d’au- #» tres, prennent les murailles pour confidens. Cette » faute ne feroit pas encore réparée, quand même » 1ls fe contteroient à leurs amis pour nous le dire », Nous n’employons en France que le terme de mo- ‘rologue, pour exprimer les difcours ou les fcenes dans Lefquelles un atteur s’entretient avec lui-même, le mot defo/iloque étant particulierement confacré à la théologie myftique & affedive. Ainfi nous difons les Jotiloques de faint Auguftin, ce font des méditations pieuies. SOLINS,, £ m. pl. ( Arohitéit.) ce font les bouts ‘des entrevoux des folives fcellées avec du plâtre fur es poutres, fablieres ou murs. Ce font aufli les en- “duits deplâtre pour retenir les premieres tuiles d’un pignon. ( D. J.) SOEIPAIRE, £m. (Morale. ) celui qui vit feul, {éparé ducommerce & de la fociété des autres hom- mes, qu'il croit dangereufe. | Je fuis bien éloigné de vouloir jetter le moindre ridicule fur les religieux, les Joliraires, les chartreux; je fais trop que la vie retirée eff plus innocente que celle du grand monde: mais outre que dans les pre- miers fiecles de l’Eglfe la perfécution faïfoit plus de fugitifs que de vrais folitaires , 1l me femble que dans nos fiecles tranquilles une vértu vraiment robufte eft celle qui marche d’un pas ferme à-travers les obfta- ‘cles, & non pas celle qui fe fauve en fuyant. De quel inérite ef cette fagefle d’une complexion foible qui ne peut foutèmir le grand air, n1 vivre parmi les hommes fans contraéter la contagion de leurs vices, &c qui craint de quitter une folitude’oifiye pour échap- per à la corruption ? honneur & la probité font-ils d'une étolie filegere qu'on ne puifle y toucher fans lentamèr? Que feroït un lapidaire s’il ne pouvoit enlever une tache d’une émeraude, fans retrancher la plus grande partie de‘fa sroffeur &c de {ôn prix ? iky faifferoit la tache. Aïnfi faut-l, en veillant à la pu= reté de lame, ne point altérer ou diminuer fa vérita- ble grandeur, qui fe montre dans les traverfes & Pagitation du commerce du monde, Un fo/taire eft à l'égard durefte des hommes comme un être mani- mé ; fes prieres: & fa vie contemplative , que per- fonne ne voit, ñne font d'aucune influence pour la fo- ciété, qui a plus befoin d'exemples, de vertu fous fes yeux que dans les forêts. (D. J.) SOLITAIRE, ( Hiff, monac. ) nom de relisieufe du monaftere de Faïza, fondé par le cardinal Barberin, &c approuvé par un bref de Ciément X. l'an 1676. Les religieufes de ce couvent, s’adonnent entiere- ment à la vie /o/raire » elles gardent un filence con- tinuel ,ñne portent point de linge, vont toujours nuds piés fans fandale, & ont pour habit une robe de bure ‘ceunte d’une eroffe corde. Le cardinal Barberin infhi- tueuf de ce monaftere, ne mena point une vie fem- blable à celle de fes religieufes ; c’étoit un homme du monde, fin, intrigant, toujours occupé du ma- “iege politique des intérêts de diverfes puiflances. { D. 3.) MERE SOLITAIRE vers (Hifl. naë, des Tnfèé, } voilà le | plus long de tous les animaux, s'il eff vrai qu’on en. ait vu qui avorent 80 aunes de Hollande, Quelques phyficiens prétendent qu'il fe forme ordinairement dans le fœtus , qu'il vieillit avec nous, & ne ferou- ve jamais que feul dans les corps où il habite, Que penfer de ce fyflème fi ces faits étoient véritables. comme Hippocrate &r fes fetateurs le foutiennent à que croire de l'origine de pareïls animaux à Ch Hors des corps animés on n’en a jamais tréuvé de femblables ; auxquelles on puiffe prélümer que ceux- ci devroient leur naïffance ; & sl y en avoit eu de petits ou de grands , leur figure applatie & la grande multitude de leurs articulations n’auroient pas mañ- qué, ce femble , de les faire connoître. Il faudroit donc admettre que ces versne font produits que pa ceux qui fe trouvent dans nos corps ; &c fi cela ef, comment peuvent-ils en être produits, à-moïns qion ne fuppofe que chacun de ces vers ne fe fuffife à Ini- même pour produire fon femblable, vi qu'il & ‘trouve toujours feul? Mais cette fuppoñtion ne leye pas toutes lés diff cultés qu’on peut faire fur origine de ce ver fingu- ler. On pourra toujours demander pourquoi il ne fe trouve jamais que feul , &-quel chemin prennent fes œufs ou fes petits pour entrer dans le corps d’un autre homme. Avec de ñAonvelles fuppofñitions, il ne. feroit pas difficile de répondre à ces difficultés. L La premiere difficulté difparoîtroït en fuppofant que ce ver eft du nombre de ceux qui fe mangent les uns les autres ; le plus fort ayant dévoré ceux aux font nés avec lui dans un même endroit » doitenfin refter tout feul. Pour ce qui eft de l’autre difficulté À on n’a qu'à füppofer que l’œuf ou le fœtus de ce ver: eft extrèmement petit ; que l’animal le dépofe dans notre chyle ; ce qu'il peut faire aifément f liflue de fon ovaire eft près de fa tête, comme left celle des lHmaces. Du chyle il entrera dans la mañle du fang de l’homme ou de la femme, où ce ver habite, Si c'eft dans une femme, la communication que fon fang à avec le fœtus qu’elle porte, y donnera par à circu- lation entrée à l’œuf où au fœtus du ver, qui y crot- tra aufli-tôt qu'il fe fera arrêté à endroit qui lui con- vient, Que fi l'œuf ou le fœtus du ver fe trouve dans la mañle du fang d’un homme, la circulation de ce fang fera pafler cet œuf ou ce fœtus dans les vaif feaux où ce fang fe filtre ; afin d’être préparé à un ufage néceffaire pour la confervation de notre efpe- ce, Et de-là on conçoit aïfément comment il peut fe trouver mêlé dans les parties qui entrent dans la compoftion du fœtus humain. 4 C’eff ainfi qu'avec des fuppofñitions où peut rendre raïon de tout, même dé l’exiftence des chofes qu n’ont jamais été , comme l’ont fait les phyfciens des, derniers fiecles,, qui nous ont expliqué de quelle ma= niefe la corruption engendroit des infeétes. C’eff leg imiter que de bâtir par rapport au ver foliaire fur des faits, qui pour avoir été aflez généralement reçus. n’en font pas pour cela plus véritables, M. Valifmers a renverfé d’un feul coup ce fyftème ridicule, en établiflant par fes obfervations & fes recherches, que le Jolisaïre n’eft qu'une chaîne de vers qu’on nomme cucurbitaires | qui fe tiennent tous accrochés les uns. aux autres , & forment ainfi tous enfemble la fioure d’un feul animal. Les raifons qu’il en alleoue font f vraiflemblables , & ont paru fi fortes aux phyficiens éclairés, qu'il eft aujourd’hui fort difficile de n’êtré pas decetavis. (D.J.) LE SOLITAIRE ; f. m.( Jez. ) nom d’un jeu awonain- venté depuis une cinquantaine d’années, auquel un homme peut jouet feul: C’eft une tablette petcée de 37 trous, difpofés de maniere que le premier rang en. a trois , lefeécond cinq, les troïsfuivans chacun {ept, le fixieme çinq, & le dernier trois, Tous ces trous Soi font chacun une cheville, à lareferve d’un qui refte .vuide. Ce jeu confifte à prendre toutes ces chevil- deslés unes après lesautres,,. en forte qu'il n’en refle ? us aucune. Elles fe prennent comme on prend les È à la place vuide qui eft de l'autre côté de mettant celle qu'on prend & qu'on enleve. Ce jeu n'a pas : “grand attrait quand on en ignore la marche , & n’en ‘a point quandonlafait, (D. JL) L 4: . SOLITAIRE, ( Jeu de cartes.), c’eft une efpece de. -quadrille , ainfi appellé parce que l’on eft obligé de jouer feul fans appeller. S'il arrive que les quatre “joueurs, n’ayent, pas aflez beau jeu pour jouer: fans prendre, ou même-pour appeller un médiateur, [Qn. @Æ obligé de pafler, ne pouvant contraindre Apadille à jouer ,commé au quadrille ordinaire ; on aille alors les deuxfches du poulan furle jeu, à Fon “continue. d’En faire mettre le-même nombre pat ce- “hu quimêle jufqu'à ce que lun des quatre joueurs “puifle faire jouer fans prendre, ou avecun média- eur. À l’évarddes. bêtes, elles augmentent de vingt- uit jettons de plus que. tout ce qui fe trouve fur Le jeu; &c fur les poulans doubles de cinquante - fix “ettons. . SOLITAIRE, le nédiareur foliraire à srois | ( Jeu de Hortes.) Ce-jeu ne fe joue à trois que frute d’un qua- ‘#rierme, 8 n’en eft pas moins amufant. On l’appelle Wolitaireparce qu'on joue toujoursfeul. Il faut ôter dix cartes du jeu ordinaire, c’eft-à- dire neufcarreaux &c le fix de cœur, &c laifler le roi ‘de carreau; par ce moyen on peut jouer dans les quatre couleurs quoiqu'il y en ait une prefque fup- ‘primée, Par exemple , un joueur ayant les deux as noirs avec des rois pourra jouer en carreau , il aura ‘par conféquent tous les matadors quilui feront payés Æomme au Médiateur à quatre : de même celui qui a de quoi demander un médiateuf, peut demander le oi de carreau ; puifque lon le laifle dans lé jeu, ce ,qui le rend'auñi divertiflant qu’à quatre. Ce jeu fe _ marque commieau mediateur;.c’eft-à-dire que celui ‘qui fait met deux fiches devant lui, 6 lon ne joue spointien appellant, l’on ne renvoie point auf à padille. Si l’on n'a pas dans fon jeu de quoijouer un médiateur, où fans prendre, 1l faut pañler. Alors celui qui mêle doit mettre encore deux fiches devant lui, ce qu fe continue jufqu’à ce qu'un des joueurs fafle jouer. À légard des bêtes, elles augmententtou- jours de vingt-huit les unes fur les autres comme au médiateur ordinaire à quatre. La feule différence qu'il y ait c’eft que la bête faite par remife doitaug- imenter d'autant, de jetons qu'il fe trouverà de pañle fur Le jeu ; au-lieu que celle qui-eft faite par codille ne fera pas de plus de jettons qu’au médiateur ordi- maire à quatre. Comme à ce jeu lon joue un coup de moins à chaque tour il eft convenable de jouer douze tours au-heu de dix , pour que la reprife foit finie ; pour ce qui regarde le refte, on fuit à ce jeu les lois du médiateur à quatre. * , : Autre maniere de jouer le médiateur folisaire à rrois. L'on Ôte pour jouer à ce jeu les quatre trois qui n’y font pas d’un grand ufage, ce qui Le réduit au nom- bre de trente-fix cartes au-lieu de quarante. Celui quimêle donne à éhacun desjoueurs douze cartes ; trois à trois ou quatre à quatre, & non autrement, ce qui emploie les trente-fix cartes du jeu. Celui qui fait jouer en telle couleur que ce foit eft obligé de faire fept levées pour gagner. L'on peut auffi deman- | der un médiateur lorfqu'onn’aque de quoifaire fix Le- vées dans fon jeu; finon ikfaut pafler, en fuivant pour lereîte les regles du médiateur ordinaire à quatre. . . SOLFFAURILIES, ( Æarig. rom.) nom d’un facri- fice folemnel qu’on faïfoit chez les Romains, d’un _ errat, d'un bélier & d’un taureau. Voyes-en les dé- \fails au mor SUOVE-TAURILIES, ( D. J.} damesau jeu. de dames, en fautant par deflus, &c fe k2* S SE | +. CUS ÿ +, SOLITUDE, £ & (Religion. ) lieu defert &cinha ©, } : + 4 : ” é ' bité. La religion chrétienne n’ordonnepas defe re- tirer abfolument de la fociété pour fervir Dieu dans l'horreur d'une folisrde, parce que le chrétien peut Gay" fe fareuñe folie intérieure an milieu de la multi tude,, 8c parce que, Jefus-Chrifta dit : que votre lu- nuere luife devant leshommes, afin qu'ilsvovent vos bonnesœuyres, & qu'ils glorifient votre pere qui eft aux cieux, L’Apreté des reples s’applanit par laccou- tumance: 6c l'imagination de ceüx qui croient par évotiôn devoir sy foumettre , eft plus atrabilaire , plus maladive , qu’elle n’eft raifonnable & éclairée, C’eftune folie de vouloir tirer gloire de fa cachette, Mais il eft à propos de fe livrer quelquefois à la /o- dirude, êt cette retraité a de erands avantages ; elle caime lefprit, elle aflure l'innocence, elle appaife les paflions tumultueufes que le défordre du. monde à fait naître : c’eft l’infirmerie des ames, difoit un hom- me d’efprit. (D.J) as, A AT je à . SOLITUDE,, érat de, (Droit naturel. ) état oppofé à celui de là focièté. Cet état eff. celui. où l’on con- çoit que fe-trouveroit l’homme s4lvivoit ab{olu- ment {eul abandonné à lui-même, & deflitué de tout commerce avec fes femblables, Un tel homme feroit fans doute bien miférable , & fe trouveroit fans cefle expofé par fa foibleffle & fon ignorance à périr de faim, de froïd , ou par les dents de quelque bête féroce. L'état de fociété pourvoit à fes befoins, &c lui procurela sûreté, la nourriture & les douceurs de la vie.Il eft vrai que je fu ppole l'état de paix & nom pas l’état deguerre, qui eft un état deftruéteur, bar- bare, & direétement contraire au bonheur de la {o- ROTR CO NN ORE REE . SOLIVE, £ f (Charpenr.) piece de bois, de brin ou de fciage, qui fert à former les planchers ; il y en a de plufieurs grofleurs, felon la longueur de leur portée, Les moindres fo/ives font de $ à 7 pouces de gros; pour les travées, depuis 9 jufqu'à 15 piés. Les Jolives de 15 piés ont 6 pouces fur 8; celles de 21 piés ont 8 ponces fur r0;.celles de 24 piés 9 pouces {ur 115 & celles de 27 piés 10 pouces fur 12: ces pro= ‘portions font générales dans toutes les fo/ives. Dans les folives ordinaires & celles d’enchevêtures, elles ne font pas tout-à-fait les mêmes, comme on le verra dans la table fuivante, Table des dimenfions des {olives , eu ésard à leur lon pueur. olives ordinaires; Jolives d’enchevêtures. : ( ne — RARES RS à longueur. largeur. hauteur. laroeur, haut. Gpiés. pouces. 7pouces. 4pouces x poui 5 6 7 4 6 12 6 G j 7 si 8 9 è 7 18 9 10 6 8 21 10 11 # 8 24 II 12 8 9 … Les olives dune grande portée doivent être lies enfemble avec des liernes entaillées, & pofées en tra- vers par-deflus, ou avec des érréfillons entre chacu- ne. Selon la coutume de Paris, article 206, il n’y à que les folives d'enchevyêture qu'on peut mettre dans un mur mitoyen, & dans un mur même non mi- toyen; mais elles doivent porter fur des fablieres: On les pofe de champ, & à diftances égales à leur hauteur: ce qui donne béaucoup de grace À leur in- tervalle, Le mot de folive vient du mot fo/m, plan- cher. dr | Solive de brin, folive qui eft de toute la longueur d’un arbre équarri, Solive de fciage, folive qua eft débitée däns ur groé arbre, fuivant fa longueur. 326 SOL olive pallante, folive de bois de brin qui fait ja Aargeur d’un plancher fous poutre. Cette folie fe pofe fur les murs de réfend, plutôt quefurles murs de fa- te, parce que ceux-ci en duminuent la folidité, &z ‘qu'elle s’y pourrit ;& lorfqu’on eft obligé dy pofer des folives de cette-efpece , on la fait porter fur une fabliere foutenue par-des corbeaux. Solive d'enchevétrure, cefontles deux plus fortes Jo: dives d'un plancher , qui ferventà porter le chevètre, & qui font ordinairement de brin On donne aufli ce nom aux plus courtes fo/ives qui font affemblées dans le chevêtre. Daviler. (D. 1.) _ SOLIVEAU, f. m. (Charpenr.) moyenne piece de bois d'environ $ à 6 pouces de gros, plus courte qu'une folive ordinaire, (D. .J. __ SOLKAMSKAÏTA, (Géog. mod.) petite ville de l'empire ruflen, dans la province de Perucie, fur la riviere d'Ufolska, qui un peu au-deffous fe joint au Kama. (D. J.) _ SOLLES, £ f. pl. (Fydraul.) font des pieces de bois un peu épaifles, pofées de plat, qui fervent aux empättemens des machines ; on les nomme racineaux quandelles font prefque quarrées. (X) SOLLICITATION, {. f. terme relatif à tous les moyens qu'on emploie pour obtenir un avantage qu’il dépend d’un autre de nous accorder, où de nous refufer, Les foilicitations dans une affaire injufte, font une injure à celui à qui elles font adreflées; on le prend ou pour un fot, ou pour un fripon. SOLLICITER , v. ad. & n.(Gram.) c’eft prendre toutes les voies néceflaires pour réuflir dans une af- faire, dont le fuccès nous importe. On o/licie fans pudeur ; on folicice évalement une chofe jufte ou in quite; on fo/licite par 1oïi-même & par les autres: on ne rougit d'aucune forte de féduéhion; on foficite à ‘cammettre-une mauvaife ation ; on follicite au plai- fr; on folicire à l'évacuation. SOLLICITEUR , £. m. (Gram. & Jurifp.) de procès, ou Jollicireur fimplement, eft celui qui donne fes {oins à la pourfuite d’une caufe , inftance où procès qui concerne un tiers. On entend quelquefois par Le terme de fo//icita- tion, les inftances qui font faites auprès des juges en leurs maïfons, pour obtenir d'eux ce que lon de- mande, Ces fortes de démarches ëc d'importunités {ont défendues avec raïfon par les ordonnances, fur- tout lorfque l’on emploie de mauvaifes voies pour capter les fuffrages des juges. Ï1 n’eft pas cependant défendu de rendre à fes juges l'honneur qui leur eft dû, de les aller faluer chez eux, & de leur demander audience ou l'expédition d’une affaire de rappott; de leur donner les inftruétions &c éclairciffemens dont ils peuvent avoir befoin. Les follicireurs de procès, c’eft-à-dire ceux qui font profeflion de fuivre des procès pour autrui, font re- gardés d’un œil peu favorable, non pas qu'il y ait rien de prohibé dans cette geftion, mais parce que fouvent ils abufent de leurs connoïffances & de leurs talens pour vexer les parties ; & quelquefois pour acquérir eux-mêmes des droits hrigieux. Foyez DROITS LITIGIEUX. SOLLICITEUR DES RESTES, on nommoit autrefois ainf celui quiéroit chargé de pourfuivre les compta- bles pour les debets de leurs comptes: on lappel- lé préfentement cowrrôleur des refles. Voyez CHAMBRE DES COMPTES , & le mot CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DES RESTES. (4) SOLLICITUDE, £ f. (Gramm.) foin pénible &c continu. Les hommes vivent dans une fo/hicitudecon- finuelle ; il y a des états pleins de fo/Zicivudes ; on dit fur-tout la Jo/licitude paftorale. SOLLINGEN , (Géog. mod.) petite ville d'Alle- magne dans le cercle de Weftphalie, au duché de SOL Berg, fur la riviere de Wiper. Long. 24. 19. latitude St: 9. | LT Claudeberge , un des premiers fefateurs de Def- tartes en Allemagne, naquit à So/ngenen 1622, & mourut en 166$. Ses œuvres ont été recueillies &c imprimées à Amfterdam en 1691, en deux volumes in-49, On en faifoit un grand cas avant qu’une meil- leute philofophie eût été connue. (2. J.) SOLMISSUS, (Géog. anc.) montagne de lAfe mineure dans llonie. Strabon, Z XIV, pag. 639. la place au voifinage de la ville d'Edeffe, au-deffus du bois facré nommé Orcygta. M ajoute que pendant les couches de Latone, les Curetes {e tinrent fur cette montagne, & que par le briut de leurs armes ils épouvanterent Junon, qui par jaloufie cherchoit à nuire à Latone. (D. J.) SOLMS,CcoMTÉ DE, ( Géog. mod.) comté d'AE: lemagne dans la Wétéravie. I confine avec le haut landgraviat de Hefe, la principauté de Dillenbourg, & la feigneurierde Beilftein. La marfon de Sos, qui * poffede ce comté &c plufeurs autres feigneuries , eft une branche de la maïfon de Naffau. (2. J.) SOLO , f. m. (Mufique.) ce mot italien s’eft fran- cifé dans la Mufique , 6c s'applique à une piece ou à un morceau de Mufique qui fe chante à voix feule, ou qui fe joue fur un feul inftrument, avec un feuf accompagnement de bafle ou de clavecin. Rien n’eft fi beau qu'un folo de Tartini; mais pour l’entendre, il faut d’autres oreilles que celles de Midas. (S) SOLOCHO , ILES LES, (Géog. mod.) iles fur la côte de Barbarie, au nombre de trois, appellées an- ciennement Ga, Pontia & Myfenos. Elles font dans le golfe de Sidra, & environnées de fameux écueils que Les anciens nommoient la grande Syrte, &t qu'on appelle aujourd’hui Zes Seches de Barbarie, (D. J.) SOLOGNE , ( Géog. mod.) en latin Secalonia ou Segalonia ; pays de France compris dans le gouver- nement de l’Orléanois , qui eft au midi de la Loire. On lui donne communément 25 lieues de longueur, , fur 12 de largeur. La Sologne elt arrofée de plufeurs petites rivieres, du Loiret, du Couflon, du Beuvron &c de la Sauidre, C’eftun pays diverfifié par des bois, des rivieres, des prairies, & des terres labourables qui produifent de fort bon feigle ; 1l s’y trouve auffi beaucoup de gibier, & le vin qu'on en retire, donne de la bonne eau-de-vie ; Pair qu’on y refpire n’eft pas trop fain, & les eaux qu'on y boit font pefantes; en échange les laines de ce pays font eflimées , & fe manufacturent en draps &z en ferges. Romorentin eft la capitale de la Sologne. Voyez ROMORENTIN. SOLOK AMSKO , ( Géog. mod. ) ville de Pempire rufen , fur la riviere d’Ufolsko. Elle a été bâtie par les Rufles, & elle eft renommée par fes chevaux & par fes falines. Ses habitans font en partie rufles ê&cen partie tartares. (D. J.) SOLON , (Géog. anc.) ville des Allobroges, dont parle Tite-Live. Elle eft nommée So/ozium par Dion Caffius. (D. J.) | SOLONATES , ( Géog. anc.) peuples d'Italie ; Pline, Z. LIT, ch. xv. les met dans la huitieme région, ê le p. Hardouin croit que leur ville eft aujourd’hui Citta del Sole. On trouve dans Gruter une infcrip- tion ancienne, avec ces mots: Cwrator: Solonatium. (2.J.) SOLONIUS AGER, ( Géog. anc.) champ ou campagne d'Italie, dans le Latium. Tite-Live , 5v. VIII. ch. xij. dit que les Antiates y avotent fait des incurfions; ce qui donna occafñon aux Romains de prendre les armes contr'eux. Il eft auffi parlé de ce champ dans Cicéron. Divinat, Liv. I. & II, & ad Attir, L, IL. épir, ui. & dans Plutarque , 22 Mario. Ce champ Solonius , dit Cluvier, étoit entre les fources du Numicius &c du Jururna, & entre les vil- les Sabellum & Patrica , où font aujourd’hui Les eux S O L S. Abrocolo, Torre maggiori , Carquera. On ignore, ajoute Cluvier, lorigine de ce mot So/onius ; on doit néanmoins conjeéturer que c’eft un dérivé, puif- _ que la marfon de campage de C. Marius, & celie de Cicéron, font auf äppeilées Pia Soloninm. (D. J. SOLOON , ontis, ( Géog. anc. ) fleuve de l’Afe mineure , dans la Bithynie: Plutarque en parle dan$ la vie de Théfée. Un certain Menecrates, dit-il, a écrit dans une hifloire qu'il a faite de la ville de Ni- cée enBithynie, que Théfée emmenant avec lui An- tiope, féjourna quelque-tems dans ce lieu-là ; parmi Ceux qui Paccompagnoient , il y avoit trois jeunes athéniens qui étoient freres, Ennce, Thoas & So- loon; le dernier étant devenu amoureux d’Antiope, écouvrit fon fecret à un de fes freres, qui alla fans différer parler de fa pañon à cette reine ; elle rejetta fort loin fes propofñtions , & du refte, elle prit la chofe avec beaucoup de douceur &r de fagefle, car elle ne fit aucun éclat, & n’en découvrit rien À Thé- fée ; Soloon au defefpoir fe jetta dans un fleuve où il fe noya; Théfée averti de cette avanture , en fut très-faché > 8c la douleur qu'il en eut, le ft reflouve- nir dun oracle que la prêtrefie d’Apollon lui avoit rendu autrefois à Delphes, par lequel elle lui ordon- noit que , quand il fe trouveroit en terre étrangere, 1l bâtit une ville dans le lieu où il feroit le plus trifle, & qu'il en donnèt le gouvermement à quelques-uns : de ceux qu'il auroit à {a fuite; Thélée bâtit donc là une ville, qu'ilnomma Pyskiopolis, donne au fleuve qui coule tout auprès, le nom de So/on, en mémoire du jeune homme qui s’y étoit noyé , &c laiffa dans la place fes deux freres pour gouverneurs. (D..J.) SOLOR , ( Géog. mod. ) ile de la mer des Indes, au midi de celles des Célebes. Les Hollandois l’en- leverent aux Portugais en 1613. Ils en tirent du bois de Santal, & des vivres pour les Moluques. Cette ile a un roi particulier. Elle eft fituée à l'occident & à deux lieues de celle de Timor. Long, 140. laris. mé- tidionale ®. | SOLORIUS MONS , ( Géog. arc.) montagne d’Efpagne. Pline, 2. ZIL. c. j. la compte au nombre de celles qui féparoïent l'Efpagne tarragonnoïfe de la Bétique , &c de la Luftanie. Ifidore , Liv. XIP. orig, c. v7. qui en fait la plus haute montagne de l'Efpa- gne, l'appelle So/urius mons. C'eit aujourd’hui , fe- lon le pere Hardouin , Sierre de los Wertiences. ( D.J à SOLOS, fm. (Gyrixafl.) sons ,efpece de palet avec lequel les anciens s’exercoient ; il ne différoit du difque que par fa figure fphérique. Potter, archæol. græc. tom. I. p. 443. SOLSONA , (Géog. mod.) ville d’Efpagne, dans la Catalogne , à deux lieues au nord de Cardona, près du Cardonero, fur une hauteur. Elle a un évêché ufiragant de Tarragone, fondé par Philippe IT. avec 4000 ducats de revenus. Les uns veulent que cette Ville foit l’ancienne Cereflus, & d'autres l’ancienne Caléa, Long. 19. 14. larir, 4. 52.(D.J.) SOLSTICE, f. m.ez Affronomie , eft le tems oùle foleil eft dans un des points folfitiaux, c’eft-à-dire, où 1l eft à la plus grande diffance de l'équateur, qui eft d'environ 23 degrés +; on l'appelle ainf quaft à Jole Jfante, parce que Le foleil quand il ef proche du : paroït durant quelques jours avoir à-peu- | folfhce , près la même hauteur méridienne ; & que les jours avant êc après le fo/flice, font fenfiblement de la mê- me grandeur, comme fi le foleil reftoit ( ffzrer) dans _lemême parallele à l'équateur. Cela vient de ce que la portion de l’écliptique que le foleil décrit alors Pendant quelques jours, eft prefque parallele à l’é- quateur. C’eft de quoi on fe convaincra facilement en jettant les yeux fur un globe, [l'y a deux fo/ffices chaque année , le fo/ffice d'été &z Le fo/flice d'hiver. Le jolfiice d'été arrive quand le foleil eft dans le S OL Der | tropique du cancer,ce qui tombe au 21 Juin, auquel tems les jours font les plus longs de l’année. Le fo/ffice d'hiver arrive quand le foleil entre dans le premier degré du capricorne, ce Qui arrive vers le 25 de Décembre , quand il commence À revenir vers nous , 6 que les jours font Les plus courts. Ceci doit être entendu feulement pour notre hé- miphere feptentrional, car pour Phémifphere méri- dional, l'entrée du foleil dans le capricorne fait le Joffiice d'été, & fon entrée dans le cancer fait le fo/- Zice d'hiver. Les points des fo//fices font les points de l’éelipti- que vefs lefquels le foleil monte ou defcend en s’é- loignant de léquateur, mais au-delà defquels il ne va point. Poyey ÉCLIPTIQUE. Le premier point qui eft dans le commencement du premier degré du cancer eft appellé le point d’eté, êt l’autre qui eft dans le commencement du premier point du capricorne , le poinr d'hiver, Les points des Jolfices font diamétralement oppofés l’un à l’autre. Colure des Jojlices, eft celui qui pafle par Les points des Jolflices. Voyez CoLure. Les points des Jo/flices retrogradent ainfi que les point des équinoxes. Car les points des folffices font toujours à-90 degrés des points des équateurs, Voyez PRÉCESSION. (0) SOLTA , ( Géogr. mod. ) ile du golphe de Venife, far la côte de la Dälmatie , entre la ville de Tran & l'ile de Lézina, près de Spalatro. Cetteîle étoit nom- mée par les anciens, Olynta, Soloentia & Bolentia. Elle appartient à préfent aux Vénitiens , & on lui’ donne trente milles de tour, mais elle eft prefque de- ferte à caufe de fa ftérilité. (D, J.) SOLTAN ou AL-SOLTAN, ( Hifi, des Arabes.) premiere dignité chez les Arabes. Les hifloriens orientaux nous apprennent que Mahmud Gazni , fils de Sabektekin, fut le premier à qui Khalef, fils d’'Ah- med, gouverneur du Ségiftan , donna cetitre. Ce fut alors qu’on le fubftitua au titre démir, qui juf- ques-là avoit été conftamment en ufape. Le mot de fo/;an eft commun à la langue chaldat. que, fyriaque & arabe, & fignifie roi, prince, fei- greur, empereur. Les princes des Dynafties, qui ont procédé celle des Gaznévides, comme des Thahé- riens , des Soffariens, des Samanides, des Deyla- mites, ne portoient que le titre d’émér; mais les Gaz- nevides, les Khowarafmiens , les Selgiucides, & les princes mahométans qui font venus depuis, ont gé- néralement porté le titre de fo/san ou Jultan, Aujour- d’hui encore c’eft celui que prennent plufieurs prin- ces mahométans d’Afie & d'Afrique ; auffi bien que le grand-feigneur. Foyez SULTAN. (D. J.) SOLTHOLM , ( Géog. mod. ) petite île de Da- nemarck, au milieu du Sund , à la hauteur des villes de Coppenhague, & de Malmoc. SOLTWEDEL, ( Géog. mod.) c’eft-ä-dire la vaZ lée du Soleil ; petite ville d'Allemagne, dans la vieille marche de Brandebours, fur la riviere d’letze. On prétend que Charlemagne fit bâtir cette ville des rui- nes d’un ancien lieu qw’on appelloit Heliopolis, 8 qu'il fit abattre la ffatue du Soleil qu’on y adoroit, Long. 29. 22. latit, 53. 6, ( D. JT.) SOLVABILITÉ., £ £. (Gram. & Jurifprud.\ eft la puiflance où quelqu'un eft de payer & acquitter ce qu'il doit, c’eft-à-dire , lorfqu’il a aflez de biens pour le faire. Voyez SOLVABLE € INSOLVABILITÉ. (4) SOLVABLE , adj. (Jurifprud.) à foilvendo , eft celui qui eften état de payer, qui a de quoi répon- dre d’une dette. Un gardien Jolvable eft celui qui a de quoi répondre des meubles laïffés à fa garde, Ce terme.eft oppofé à celui d’ifo/vable, Voyez Sozva- BILITÉ. (4) CR SOLUBLE, adj. (Gram.) qui peut fe réfoudre. 328 SOL La queflion que vous me propofez eft difficile ; mais je la crois foluble. SoLuBLe , adj. ( Gram. ) qui peut { dificudre, Cette fubftance eff /o/uble dans l’eau; cette autre ne left que dans l’efprit-de-vin. SÔLVENSE OPPIDUM , (Géop. ane.) ville du Norique , Pline, Z. ZIT. 6. xxiv. la furnomme K/a- vium, ce qui fait voir qu’elle étoit colonie romaine. Gruter rapporte une ancienne in{cription trouvée à Hermanftad, & fur laquelle on hit cesmots, P/. Sof- ya. On croit que c’eit à préfent Solfedt dans la Ca- rinthie. Jai vu, dit Ortelius, Thef: entre S. Weit & Clagenfurt, deux petites villes de la Carintme, fi- tuées dans létendue de Pancien Norique , une cam- pagne fpacieufe | couverte de ruines , & où l’on trouve d'anciens fragmens de marbre , des médailles Gt d’autres monumens d’antiquité. Les habitans du pays appellent ce lieu So/re/di | comme qui diroit Ze champ de fol, Ge pourroit être la ville So/va , dont fait mention la notice des. dignités de l'empire. Edouard Brown, dans fon voyage de Vienne, p.174. eft de ce fentiment. Les Romains y envoyerent autrefois une colonie fous le nom de colonia Solvenfis. On croit que So/- venfe-oppidum eft aujourd’hui So/feld ou Solveld, bourgade de {a bafle Carinthie, entré $. Weit & Clagenfurt. (D. J.) SOLUS , (Géog. anc.) ville de Sicile, felon Pline, 1, III. c.viy. Leshabitans de celieufont appellés S'o/ur- im par Ciceron, & la ville fe nomme encore Sono ou Solanto. Solus eft encore lenom d’un promontoire de la Lybie , fur la côte de la mer Atlantique, feion les périples d'Hannon &c de Scylax. Il y avoit au fom- “met de ce promontoire tout couvert d'arbres un temple dédié à la Vengeance & à Neptune. (D. J.) SOLUTION, L.f. en Mathématique , eff la réponfe à une queftion , ou la réfolution de quelque proble- me propolé. Foyez RÉSOLUTION , PROBLÈME, 6. SOLUTION , {. £. en Phyfique , eft la réduétion d’un corps folide & ferme à un état fluide, par le moyen de quelque menftrue. Voyez MENSTRUE. On confond quelquefois la fo/urion avec ce que nous appellons autrement d'ffolurion ; cependant ce n’eft pas la même chofe, du-moins à tous égards. Voyez DIsSOLUTION. Solution de continuité fe dit de l’état d’un corps dont les parties ne font plus continues , & font fé- parces les unes des autres ; par exemple, fi on fait un trou au milieu d’une table , on dit alors qu'il y a folution de continuité dans les parties de cette table. (0) SOLUTION DE CONTINUITÉ eft un terme dont fe fervent les Chirurgiens , pour exprimer un dérange- ment qui arrive dans les patties du corps, par lequel leur cohéfion naturelle eft détruite , comme parune bleflure ou autre caufe. Voyez CONTINUITE. La folurion de continuiré eft une divifion, défunion ou féparation des parties continues , c’eft-à-dire des parties folides du corps. On lui donne un nom par- ticulier , fuivant la nature de la partie, la différence de la caufe ou la maniere de l'application , comme _plaie, rupture, fraéture , piquure, ouverture , con- tufon , ulcere, corrofon, dilacération,, exfoliation, carie , &c. Voyez BLESSURE, RUPTURE, FRAC- TURE, &c. (F) | SOLUTION , (Chimie) la folution des corps en gé- néral eft ou radicale ou fuperfcielle. Nous difons qu'elle eft radicale lorfque la compofition du corps diflous eft entierement détruite, & qu’il eft par con- féquent décompofé dans fes élémens , & en parties totalement diffimilaires, Nous difons au contraire qu’elle eft fuperficielle, lorfque les molécules qui compofent ce corps font fimplement féparées, & que ce corps eft conféquemment divilé en parties fumi- laires & très-fines. Nous avons différentes obfervations à faire fur la Jotution , les corps à difloudre , 1esmenfirues ou les diffolvans, & les différens moyens dont on fe fert pour les diflolutions ; tous les corps folides , les ag- stégats, les mixtes, les compofés &c les décompo- J LA verne, dit-il, Méram. 1, IT, où les rayons du foleil ne pénetrent jamais : toujours environné de nuages fombres & obfcurs, à peine y jouiton de cette foible lumiere | qui laifle douter sil eft jour ou nuit ; jamais les coqs n’y annoncerent Le retour de Paurore; jamais les chiens ni les oïes qui veillent à la garde des maïfons , ne troublerent par leurs cris _importuns le tranqiulle repos qui y regne; nul ani- mal ni féroce, ni domeftique , ne s’y fit jamais en- tendre. Le vent n’y agita jamais ni les feuiiles, n1 les branches, On n'y entend rien ni querel- les’, ni murmures ; c’eft le féjour de la douce tranquillité. Le feul bruit qu’on y entend, eft celui du fleuve d’oubli , qui coulant fur de petits caïlloux, fait un doux murmure qui invite au repos. A l’en- trée de ce palais naiflent des pavots, & une infinité d’autres plantes , dont la nuit ramañle foigneufement les fucs affoupiflans, pour Les répandre fur la terre. De crainte que la porte ne fafle du bruit en s’ouvrant ou en fe fermant, l’antre demeure toujours ouvert, &t on n'y voit aucune garde. Au milieu de ce palais eft un lit d’ébene couvert d’unrideau noir : c’eft-[à que répofe fur la plume & fur le duvet le tranquille dieu du formel. . .. . Iris envoyée par Junon, s'étant approchée de ce lit , le Sommeil frappé de l’éclat de fes habits, ouvre fes yeux appefantis, fait un effort pour fe relever , &t retombe aufi-tôt. Enfin, après avoir laïflé fouvent tomber fon menton fur fon eftomac , il fait un der- nier effort, & s'appuyant fur le coude demande à Iris quel étoit le fujet de fon arrivée... Toute cette peinture enchante pär la douceur du ftyle &c des 1ma- ges ; nos meilleurs poëtes ont fait leurs efforts pour limiter; Garth en Angléterre en a beaucoup appro- ché , témoin les vers fuivans. | 334 S OM Upon a couch of down in thefe abodes Supine with folded arms he thoughtle]s nods + Tndulging dreams his Godhead luil to eafe, With murmurs of foft rills and whisp’ring trees, The poppy, and cach numming plant difpenfe Their drowfy virtue and dull indolence. À carelefs Deity ! . On repréfentoit ce dieu comme un enfant enfeveli dans un profond Jormmeil, qui a la tête appuyée fur des pavots. Tibule lui donne des aîles : un autre poëte lui fait embraffer la tête d’un lion qui eft cou- ché. Les Lacédémoniens , au rapport de Paufanias, joignoient enfemble dans leurs temples la repréfen- tation du Sommeil & celle de la Mort, Lorfqu’on in- voquoit le Sommeil pour les morts , il s’agifloit alors du Jommeil éternel , qui étoit la mort. (D. J.) SOMMELIER , fm. (Gram.) officier de grande maïfon, qui a le foin des vins &c des liqueurs. Il y a un pareil furveillant dans les maifons religieufes. SOMMELLERIE , £ £. (Archireël.) lieu au rez-de- chauffée d’une grande maïfon, êc près de office, où lon garde le vin de la cave, & qui a ordinairement communication avec la cave par une defcente parti- culiere. (D. J.) SOMMER , v. a&. ( Arichmérique. ) Cet ajouter, joindre plufieurs fommes ou nombres, pour con- noître à combien ils peuvent monter enfemble ; il y a plus de fureté à Jommer avec la plume , qu'avec le jeton. Jrfon. Voyez SOMME. (D. J.) SOMMER , f. m. mefure dont one fert en Efpagne. Le /ommer fait quatre quatteaux ; 1l faut huit formers our l’arobe , 8 deux cens quarante fomers pour la Foret Voyez AROBE & BOTTE. Id, 1bid. SOMMEREN, ( Géog. mod.) bourg des Pays-bas, dans la maïrie de Bois-le-duc, au quartier de Peliand. Quoique la guerre y ait caufé de grands ravages ,on compte encore dans ce bourg environ huit cens maï- {ons de payfans, outre celles des boutiquiers, des artifans , & d’autres particuliers, Il:y a un tribunal de feptéchevins, & une églife proteftante. (D. J.) SOMMERSET-SHIRE, ( Géog. mod.) province maritime d'Angleterre au couchant , dans le diocèfe de Bath & deWells, avec titre de duché. Elle eft bor- née au nord par le duché de Glocefter, au nord-oueft par la baie de la Saverne, à lorient par le comté de Wit, au fud-eft par le comté de Dorfet, & au fud- oueft par Deyonshire. Elle a 5$ milles de long, 40 de large, & 204 de circuit. On y compte 42 quartiers, 35 villes ou bourgs à marchés, & 385 églifes paroffales. Elle eft abondamment arrofée de rivieres qui la rendent fer- tile en grains & en fruits, & riche en prairies , en pâturages & en troupeaux, On y trouve plufieurs mines d’excellens charbons de terre, & des fontaines médicinales .qui font re- nommées ; Briftol eft la capitale de cette province. Le plomb qui fe tire des montagnes de Mendip, eft un des meilleurs du royaume, &c 1l s’en fait un grand commerce. Les anciens habitans de ce pays portoient le nom . de Belges, & poflédoient outre cette province, cel- les de Wight & de Southampton. Plufieurs feigneurs y ont leurs terres, & de belles maifons de campa- gne ; mais ce qui fait fur-tout la gloire de cette belle province, ce font les illuftres gens de lettres qu’elle a produits : 1l faut nommer ici les principaux. Beckingron (Thomas ), eft le premier dans cette province qui fe foit diflingué dans les lettres. Il fit les études à Oxford, dans le college neuf dont il étoit membre en 1408, & dont il fut dans la fuite le bienfaiteur. Il devint évêque de Bath & Wells, & favorifa fi généreufement les fciences, qu'il en a été regardé comme le plus grand proteéteur dans fon fie- cle. 11 publia ün ouvragé latin: de jure regum angles rum ad regnum Franciæ. On difputoit alors fort wi vement fur cette matiere, & Beckington tâcha de prouver dans fon livre , la nullité de la loi falique, & le droir héréditaire des rois d'Angleterre à la couron- ne de France. Il mouruten 1464. Bond (Jean), fe montraun critique utile pour la jeunefle, par fes notes fur Perfe & fur Horace, qui foñt toujours fort eftimées à caufe de leur briéveté; on y remarque pourtant des obmiflions confidéra- bles , particulierement touchant Les points hiftori- ques & philologiques, qui font abfolument néceffai- res pout l'intelligence des auteurs. Bon mourut rec- teur de Pécole publique de Taunton en 16:2,âgéde C2 ans, Bennet ( Chriftophle) , né en 1614, s’attacha à la Médecine, & fe rendit fameux dans fa pratique &c par fes écrits. Son ouvrage intitulé: #hearri tabido- rum veflibulum, &c, Londtes 1654 27-89, eft un ou- vragé admirable. L'auteur mourut en 165$ , âvé de 41 ans, de la maladie même fur laquelle il a fait un chef-d'œuvre. Charlton ( Gautier ), autre médecin celebre, na< quit en 1619; après avoir loñs-tems pratiqué à Lon- dres, fe retira-en 1691 dans l'ile de Jerfey où1l mou- rut fort âge. Il a publié un gfand nombre d’ouvragess Les principaux font : 1°, Œconormia animalis, Lon- dres 1658 , Amfterdam 1659, Leyde 1678, la Haye TO8r 2n-12. 2°. Exercitationes phyfico-anatomice, de Œconomié animali, Londres 1659 :7-8°,réimprimées depuis plufieurs fois au-delà la mer: 3°. les Fermes éphéfiennes & fimmériennes, ou deux exemples remar- quables de la puiffance de l'amour, & de la force de l'efprit, Londres 1653 17-8°. 4°. Exercitationes pa= thologice , Londres 1660 :1-4°. 5°, Onomaflicon zoi- con, Gc. Londres 1668 & 1671 in-4°. Oxon 1677 in-fol. 6°. De fcorbuto Liber fengularis, cui acceffit epi- phonema in medicaftros, London 1671 :7-8°. Leyde 1672 in-12. 7°, Leçons anatomiques [ur le mouvement du fang ; & la ftrulure du cœur, Londres 1683 17-4°. 8°. Inquifitio de caufis catameniorum, € uteri ruma- sifmo , London 1635 in-8°, 9°. La vie de Marcellus, traduite de Plutarque en anglois, Londres 1684 :7-8°, 10°, Difcours fur les défaurs du vin, 6! fur les manjeres d’y remédier , London 1668, 1675 & 1692:27-8°, Ajoutons fon livre intitulé, Chorea gigantum, ow la plus fameufe antiquité de la Grande Bretagne , vulgairement appellée Ssone-hinge,quitetrouve dans la plaine de Salisbury , réndue aux Danois ; Londres 1663, en neuf feuilles z7-4°. | | Inipo (Jones), infpe@teur-général des bâtimens de Jacques I. de la reine Anne, du prince Henri, & de Chrétien IV. roi de Danemarck, & enfuite du roi Charles L. compofa en 1620, par ordre de Jacques f. un ouvrage, où il prétend que Srore-hinge font les reftes d’un temple bâti par les Romains, pendant leur féjour dans la Grande Bretagne, &c dédié à Cœlus dont les anciens dérivoient l’origine de toutes cho- fes, Ayant laiflé cet ouvrage imparfait, lorfquwil mourut en 1652, 1l tomba entre les mains de M. Jean Webb de Burleigh dans le comté de Sorrmerfes, qui y mit la derniere main & le publia fous cetitre: La plus notable antiquité de la Grande Bretagne, vulgaire- ment appellée Stone-hinge, dans la plaine de Salisbury, rétablie; Lond. 1655, en quinze feuilles 27-fo7. Charlton , peu content de ce livre, l’envoya à Olauüs Wormius, fameux antiquaire danois. Ce fa- vant lui écrivit plufieurs lettres fur cette matiere, & ce font ces lettres, avec les ouvrages de quelques autres écrivains danois, qui ont fervi de fonds à Charlton pour compofer fon traité fur ce fujet. Cet ouvrage, dit M. Wood, quoique peu favorablement rech de plufeurs perfonnes lorfq#il parut, n’a pas laité d’être fort eftimé de nos plus célebres antiquai- _juite dans fa Chorea gigantu. HO M tes, & fur-tout du chevalier Guillaume Dugdale , qui croyoit que le doéteur Charlton avoit rencontré Cependant M. Webb entreprit la défenfe du traité d'inigo Jones, par un livre intitulé: Défnfe de Stone-hinge rérablr, où l’on examine les ordres & les regles de l’architec- ture des Remains, &c. Lond. 1665 iz-fol. . Baker (Thomas) ,néen 1625, & mort en 1690, a mis au jour à Londres 1684 :7-4°. en latin &c en an- elois, un ouvrage intitulé la C/é de Ja Géométrie, dont ontrouve un extrait dans les Tramf. phil. du 20 Mars 1685 n°.154: | Godwin (Thomas), enfeigna avec réputation à Abingdon, &t mourut en 1643 à $$ ans. On a de lui plufieurs ouvrages en latin, remplis d’érudition; les plus eftimés font: 1°. Romane hiflorie anrhologia, Oxford 1613 22-4°, 1623, & Londres 1658: 2°. Sy- nopfis antiquitatum hebraicarum, Ur tres, Oxford 1616 in-4°. 3°. Mofes 6 Aaron, ou les Ufages civils G eccléfiafiiques des Hébreux, Londres 1625 #7-4°. la feptieme édition eft auf de Londres en 1655 17-4°. Cet ouvrage a été traduit en latin, & publié à Utrecht en 1690 7-4°. avec des remarques de Jean- Henri Reyzius: on y a ajouté deux differtations de Witfus; lune fur la théocratie des Ifraélites , & l’au- tre fur les Réchabites. Cudworth (Rodolphe), naquit en 1617, & culti- va de bonne heure toutes les parties de la Fhéolo- sie, des Belles-lettres & de la Philofophie. En 1647 il prononça un fermon en préfence de lachambre des communes , dans lequel il la follicite de contribuer à faire fleurir l’érudition. « Jene parle pas feulement, » dit-il, de celle qui eft propre pour la chaire, vous : » y veillez fuffifamment, mais je parle du l'erdion » quieft d’un ufage moins ordinaire, prife dans fes » différentes branches, lefquelles toutes réumes, » ne luffent pas d’être utiles à la religion & à la {o- » ciété. C’eft une’ chofe digne de vous , meflieurs, » en quahtéde parfonnes publiques, d'encourager le » favoir, qui ne peut que réflechir fur vos perton- » nes, & vous couvrir d'honneur &.de gloire ». En 1654 il fut nommé principal du college de Chrift à Cambridge, pofte dans lequel il pañfa le réfte de fes jours, & mourut en 1688, âgé de 7r ans. Cudworth réunifloit de srandes connoïflances ; il étoit très-verfé dans la Théologie, dans les langues favantes & dans les antiquités. Il prouva par fes ou- vrages qu'il n’étoit pas moins philofophe iubtil, que profond métaphyficien. Il fr choix de la philofophie mééhanique & corpufculaire; &c dans la métaphyfñ: que, il adopta les idées êcles opinions de Platon. Ilpublia en 1678 fon fyfième intelieétuel de Puni- vers, 2z-fo4. IL combat dans-cet ouvrage l’Athéifme (quieft la nécefité de Démocrite), dont il réfute les raifons & la philofophie. Thomas Wife a publié en 1706 , un abrègé fort effimé de ce bel ouvrage, en deux volumes 27-4°. & cet abrégé étoit néceflaire, parce que le livre du do&teur Cudwortheftun fi valte recueil de raïfons & d’érudition, que le fil du dif- cours eft perpétuellement interrompu par des cita- tions grecques. & latines. M.le Clerc avoit cepen- dant defiré que quelque favant entreprit de traduire en latin le grand ouvrage de Cudworth; ce projet a été fnalement exécutéen 1733, par le doéteur Mof- beim , & fa traduétion a paru à lene en 2 vol. zr-fo/, avec des notes &c des diflertations. _Cudworth a laiflé plufeurs ouvrages manuferits, entrautres 1°, un raité du bien 6 du mal moral, contenant près de mille pages : 2°, un Trairé qui n’eft pas moins confidérable far La liberté & [ur la néceffire : 3°. un-Commentaire fur la prophétie de Daniel touchant - des féptante femaines, en 2 volumes :7-fol. 4°. un Traité fur l'éternité & l'immutabilité du jufle 6 de Pir- ufle ; ce traité a été publié en anglois à Londres en S O M 33 1731 27-9°, avec une préface du docteur Chandler; évêque de Durham: 5°. un Traité de l'immortaliré de l'ame, en un vol. #2.8°, 6°, un Traité de l'érudirion des Hébreux , ec. | I laïffa une fille nommée Darmaris, qui fut init mement liée avec M. Locke, dont il eft tems de par: ler. _ En effet, k province de Sormerfer doit fur-tout fe vanter d'avoir produit ce grand homme. Il naquit à Whrington, à 7 ou 8 milles de Bnftol, en 1632, Après avoir commencé à étudier férieufement , 1l s’attacha à la Médecine; & quoiqu'il ne lait jamais pratiquée, 1l l’entendoit à fond au jugement de Sy- denham. Le lord Ashley , depuis comte de.Shaftes- bury, qui reconnotfloit devoir la vie à un des con« feils de Locke, difoit cependant que fa fcience mé- dicinale étoit la moindre partie de fes talens. [avoit pour lui la plus grande eftime,, Le combla de bien- faits, &t le mit en haïfon avec le duc de Buckingham, le lord Hahfax, &tautres feigneurs de fes amis, pleins d'efprit &c de favoir , & qui tous étoient charmés dé la converfation de Lock, Un jour trois ou quatre de ces feigner rs s’étant donné rendez-vons chez le lord Ashley, pour s'en: tretenir enfemble, s'aviferent en caufant de deman: der des cartes. Locke lesresarda jouer pendant quel- que tems, & fe mit à écrire fur fes tablettes avec beaucoup d'attention, Un de ces feigneurs y ayant pris garde, hi demanda ce qu'il écrivoit. « Mylord, » dit-il, je tâche de profiter de mon mieux dans vos » tre compagnie; çar ayañt attendu avec impatien: » ce, l'honneur d’être préfent à une affemblée des » plus fpiritüels hommes du royaume, & ayant eu » finalement cet avantage, J'ai cru que je nepou » vois mieux faire que d'écrire votre conver{ation 3 » 6r je viens de mettre en fubftance le précis de ce .» ii s’eft dit ici depuis uñe heure où deux ». Il ne fut pas befoin.que M. Locke Iût beaucoup de ce dia- logue, ces 1lluftres feigneurs enfentirent le ridicule; & après s'être amufés pendant quelques momens à le retoucher , &z à l’augmenter avec efprit, ils quit- terent le jeu, & entamerent une converlation fé- rieufe, & y employerent le refte du jour. Locke éprouva la fortune & les revers du comté Shaftesbury , qui lui avoit donné une commiflion de _cing cent livres fterling , qu’on fupprima. Après la mort du ro1 Charles Il. M. Penn employa fon crédit auprès du roi Jacques IL. pour obtenir le pardon de M. Locke; &c la chofe eût réuffi fi M. Locke n’avoit répondu , qui n'avoir que faire de pardon, puifqw’il T8 AV OLL COTES UCUJIL CTLIIE. En 1695 il fut nommé commiflaire du commerce &t des colomes, emploi qui vaut mille livres fter- line de rente; mais il le réfigna quelques années après, à caufe de l'air de Londres qui étoit contraire à fa fanté; & quoique le roi même voulût lui confer: ver ce pofle fans réfidence, M. Locke fe retira dans la province d'Eflex, chez le chevalier Marsham fon! ann, avec lequel 1l paffa les quinze dernieres années de fa vie, & mourut en 1704 àge de 73 ans. Il fit lui-même fon épitaphe, dont voici le précis: Hic foius eff Joannes Locke. S: quulis fuerit rogas, mediocritate, fu& contentum fe vixiffe refpondet. Latte- ris ed ufque tantum profecit, ut veritati uni fe litaret à norurz exemplar ra guæras , in E vangelio habes. Visio- ri utinant nufquam ; mortalitatis certè (.quod profit ) hic, & ubique. : Il avoit une grande connoïfflance du monde ; êt des affaires, Prudent fans être fin, il gagnoit leftime des hommes par fa probité, & étoit tou: jours, à couvert d’un faux ami, où d’un lâche flat: teur. Son expérience & {es mœurs honnêtes, le fais foient refpecter de fesinférieurs , lui attiroient l’ef: time de fes égaux, l'amitié & la confiance des orands 336 SOM Quoiqu'il amât fur-tout les vérités utiles, & qu'il füt bien-afe de s’en entretenir, il fe prêtoit auf dans loccafion aux douceurs d’une converfation li- ‘bre & enjouée. Il favoit plufieurs jolis contes , & les fendoit encore plus agréables, par lamanierefine & aifée dont 1l les racontoit. Il avoit acquis beaucoup de lumieres dans les arts, & difoit que la connoif- fance des arts contenoit plus de véritable philofo- phie, que toutes les belles & favantes hypothètes , qui n'ayant aucun rapport à la nature des chofes, ne fervent qu’à faire perdre du tems à les inventer, ou à les comprendre. Comme il avoit toujours l'utilité en vue dans fes recherches , il n’eftimoit les occupa- tions des hommes qu’à proportion du bien qu’elles font capables dé produire, c’eft pourquoi, 1l faifoit peu de cas des purs grammairiens, & moins encore des difputeurs de profeffon. Ses ouvrages rendent fon nom immortel. Ils font trop connus, pour que J'en donne la lifte ; c’eft aflez de dire, qu'ils ont été recueillis & imprimés à Lon- dres en 1714,en 3 vol.in-fol. & que depuis ce tems- là ,onen a fait dans la même ville huit ou dix éditions. Il a feul plus approfondi la nature & l’étendue de lPentendement humain , qu'aucun mortel n’avoit fait avant lui. Depuis Platon jufqu’à nos jours, perfonne dans un fi long intervalle de fiecles , n’a dévoilé les opérations de notre ame , comme ce grand homme ies développe dans fon livre, où l’on ne trouve que des vérités. Perfonne n’a tracé une méthode de rai- fonner plus claire &c plus belle ; & perfonne n’a mieux réuffi que lui à rappeller la philofophie de la barba- rie , à l’'ufage du monde &r des perfonnes polies qui pouvoient avec raifon la méprifer , telle qu’elle étoit auparavant. Je joins à ma lifte des hommes illuftres de la pro- vince de Sorrmerfes ,un courtifan célebre, que la for- tune , par un exemple des plus rares, daigna conf- tamment favoriler jufqu’à la fin de fes jours; je veux parler du lord Pawlet, marquis de Winchefter , grand tréforier d'Angleterre, moft dans ce poîte en 1572, âgé de 97 ans. Il laiffa une poftérité plus nom- breufe que celle d'Abraham , qui ne comptoit que foixante & dix defcendans , au lieu que le lord Paw- let en vit jufqu’à cent trois. Pendant le cours d’une fi longue carriere , paflée fous des regnes fi oppotés, tels que ceux d'Henri VIIL d’'Edouard VI. de Marie & d’Elifabeth , il pofléda toujours leur faveur & leurs bonnes graces: Ïl échappa à tous les dangers, & s’endormit tranquillement avec fes peres , com- blé d'années, d’honneurs , & de richefles. On rap- porte qu'ayant été interrogé, comment il avoit fait pour fe maintenir parmi tant de troubles & de révo- lutions dans lPétat & dans l'églife, il répondit, er érant un faule, & non pas un chêne. Cette réponfe peint à merveille le caraétere d’un miniftre d’état , qui ne chérit que lui , fe prête à tout, & s’embar- rafle peu du bien public. (Le Chevalier DE Jaw- COURT. | SOMMET , f. m. ( Géom. ) c’eft en général le point Le plus élevé d’un corps ou d’une figure, com- me d’un triangle, d’une pyramide, &c. Le fommer d’un angle eft le point où viennent fe réunir les deux lignes qui forment cet angle. On dit que deux angles font oppoiés au fommet, quand l’un eft formé par le prolongement de côtés de l’autre. Le former d’une figure eft le /ormmer & l'angle oppotfé à la bafe. Tel eft le point M ( Planc. géom. fig. 19. ) oppofé à la bafe X ZL, Voyez BASE, SOMMET d’une courbe, eft proprement l'extrémité de l’axe d’une courbe qui a deux parties égales & femblables également & femblablement fituées par rapport à fon axe, Ainfi, (fp. 20. Je&, con.) 4 eft le Jommet de la courbe M 4 M. Sommet en général eft le point où une courbe eft coupée par fon axe ou fon diametre. Ainf une cour be a autant de Jorrrers fur le même axe ou le même diametre , qu'il y a de points où elle eft coupée par cef axe ou ce diametre, ( O) | SOMMET, ( Boran. ) les fommets terminent l’ex- trémité fupérieure des étamines, & font autant de caplules chargées d’une pouffere très-fine qu’elles répandent, lorfque la maturité les fait entre-ouvrir. Cette poufliere étant vue par Le microfcope, paroît compoiée de petits grains d’une feureuniforme dans chaque efpece de plante. ( D. J.) SOMMET , ( Conckyl. ) en latin apex, cacumer, vertex ; C’eft la pointe ou l’extrémité du haut d’une coquille. SOMMET DE LA TÊTE, ez Anatomie, eft la partie la plus haute & moyenne de la tête. Voyez TÊTE. SOMMET , ( Archir. ) c’eft la pointe de tout corps, comme d'un triängle, d’une pyramide, d’un fron- ton , d’un pignon, Gc. = SOMMIER , f. m. { Coupe des pierres, ) par analo- gie au fommet ; c’eft la premiere pierre d’une plate- bande , laquelle porte à plein au fommet du pié droit, où elle forme le premier lit en joint, & l'appui de la butée des claveaux pour les tenir fufpendus fur le vuide de la baie, d'où ils ne peuvent s'échapper qu’en écartant les fomniers ou couffinets. La coupe ou in- chnaïfon de leur lit enjoint fur l'horifon, eft ordinai- rement de Go degrés ; parce qu'on a coutume de la tirer du fommet d’un triangle équilatéral. SOMMIER, ( Finance, ) gros regiftre où le com- mis des aydes, les receveurs des tailles, & autres commis des bureaux des fermes du roi, écrivent les fommes à quoi montent Les droits qu'ils reçoivenr journellement. Quelques marchands, négocians, &c banquiers , donnent aufñi le nom de fomniers, à ce- lui de leurs regiftres, qu’on appelle 4 grand livre, Diionnaire du Commerce. (D. J. SOMMIER , ( Commerce. ) fe dit des bêtes de fom- me dont les voituriers & meffagers fe fervent pour le trarfport des marchandifes. Le meflager de Lyon a dix Jommiers, c’eft-à-dire, dix chevaux de charge. Didlionnaire de Commerce. SOMMIER , ( Commerce de bois. ) piece de boïs or- dinairement de brin qui tient le milieu pour la grof- feur , entre la poutre &t la folive. Trévoux. (D. J.) SOMMIERS, ( Braff.) ce font les pieces de bois fur lefquelles font placées les cuves , les bacs, & les tringles de la touraille. SOMMIER, ( Coffrerier-Mallerier. ) autrement dit coffre de charge, grand coffre fait pour être porté à la guerre où en voyage fur des mulets ou des chevaux. Trévoux. ( D, J.) SOMMIER ; ( Piece d’une preffe d'Imprimerie, ) eft un morceau de bois à-peu-près quarre, de deux piés de long, fur deux piés de diametre, & dont chacune des extrémités fe termine par deux tenons : il y a à une prefle deux fortes de formiers , favoir celui d’en- haut 8z celui d’en-bas, Le /ommier d’en-haut ( voyez les Planches 6 les fig. d'Imprimerie) , eft celui où eft enchâflé l’écrou de la vis de la prefle; & fur celui d’en-bas, eft pofe le berceau dans lequel roule, va & vient tout le train de la preffe : 1ls font pofés un & l’autre entre les deux jumelles , & maintenus au moyen de leurs doubles tenons qui entrent dans les doubles mortai- fes faites au-dedans des jumelles. Voyez auffr les ex- plications des Planches. SOMMIER de clavecin, ( Lutherie..) eft la piece de bois dans laquelle entrent les fiches quifervent àten- dre les cordes de cetinftrument. C’eft uneforte piece de hêtre ou autre à-peu-près de même qualité, af- femblée dans les côtés du clavecin par des tenons en queue d’hironde, Sur le forzrier font collés deux che- valets 1,2, FF ; le premier porte les cordes de la. petite SOM petite oûtave:, lefquelles vont s'attacher aux fches du rang 2 3, qui doivent paifer entre les cordes de luniffon, qui font les deux grandes cordes à l’uniffion du clavefin. Ces deuxrangs de cordes qui paflent fur le grand chevalet £ F, vont s'attacher aux chevilles des deux rangs 4 5, 6 7. Chacun de ces rangs a au- tant de chevilles qu'il y à de touches au clavier; les b +#b L nue Jupérieur. © 0 0 00 se o ang inferieur, © © O O O0 0!0 0 griatrièrne otave. 0 0 0 SOMMIER de pofiuif, repréfenté Planche d'Oroue, Jrg. 12. ne differe de celui du grand orgue qu’en ce que Ja laie Æ Feft en-deflus ,. & que les foupapes s'ouvrent en pouflant par le petit bâton oz qui tra- verfe une boutfette. Voyez BOURSETTE. Ce petit bä- toneftpoufléen en-hautpar la ba/ewle du poféif, voyez & ce mot; le derriere de la laie eft aflemblé par une languette dans une rainure faite à la table du /ow- mier du côté"de la queue des foupapes , qui {ont de’ * même que celles du former de grand Orgue , voyez? SOMMIER de grand oroue ; lé deflus EF de la laie eft affemblé dun côté à rainure & languette avec le derriere de la laié, & par-devant à tenons & mor: taifes avec trois morceaux de bois affemblés de mé- me avec le chaflis. Ces morceaux de bois, Le chat #5 du formrmier &e le deflus de la laie qui forment deux caüres, font entaillés en drageoir à mi-bois, pour re- cevoir deux devans de laie 4E : à la partie oppotée au-deffus £ F de la laie, & en-deflous du forrrier eft une planche rS collée & clouée fur les barres du chafis. C’eft par des trous faits à cette planche que pañlent les petits bâtons o 7 qui levent (a fou- papes ; ces trous font fermés par des bourfettes aui lent mouvoir les petits bâtons, & retiennent l'air ou le veñt renfermé dans la aie. Voyez BOURSE TTE. Le côté S de cette planche porte für la moitié des morceaux® , décrits au #0 SOMMIER grand orgue , fur Pautre moitié defquels la peau de mouton y qui ferme le deflous des gravures, eft aufñ collée. Les jeux que l’on met dans le poñitif font les mêmes que ceux du grand orgue, avec cette différence, culs font de plus menue taille s'ils fonnent l’unif fon des premiers , ou des deflüs s’ils font plus courts. Foyer Jeux. SOMMIER de grand orgue | &t en général tout /om= . mier d'orgue eft la partie de l’orgue fur laquelle les tuyaux font rangés , & qui leur diftribue le vent. Un orrrmer eft compofé de plufieurs parties. Pour faire un forrier , il faut prendre du bois d'Hollände, ou de Vauge (le plus fec eft le meilleur), le refendre ëêc le corroyer, c’eft-à-dire le blanchir avec le rabot. On le laiffe enfuite trois femaines ou un mois dans quelque endroit; comme , ‘par exemple, un grenier Expolé aux variétés de la température de l'air, pour Et laifer faire fon effet, | Après que le bois eff parÿenu à fon état de repos, on le drefle bien de tous côtés, & on en fait un chaffis , AB, CD, fig. 2. Orgue , dont les côtés AC, B D, s'appellent la Zargeur ou la profondeur du chaflis, &t les côtés AB, C D la longueur du méme chaflis ; ces derniers côtés {ont entaillés à leur partie intérieure, comme A F'; les entailles auffi-bien parles denticules % qui les féparent fuivent le diapafon. x oyez Diapason. Après que les deux longs côtés du cha fs , qui eft aflemblé à queue d’hironde , OU à tenons _ 8r mortaifes , font éntaillés, on fait des barres G A : FE , aufli longues que la largeur du chaffis, & d’un ‘équartifflage égal à celui de lentaille qu’elles doi- vent remplir exaftement pour faire tenir ces barres dans leurs entailles ; on les colle &: on les cloue avec des clous d’épingles; les barres &c lesintervalles’ qu’elles luflent eniv’elles | qui s'appellent gravures : Tome XF. { remifa follafi ue . O Oo O © 0 © o sroifeerrre ocfave, S O M 357 chevilles font rangées fur deux lignes pres l'une dé l’autre en cette forte : celles du rang inférieur font celles du rang antérieur du claveflin , 8 répondent aux touches diafoniques, & celles du rèno fupérieuf ou poftérieur du claveflin, répondent äux touches cromatiques ou aux feintes en cette maniere x, ; 00 Ôo 00000 © © O 010 © © 0 © 0 010 o SES ee Jeconde où? CA AN . doivent fiuvre le diapafon ; les entaillés , comme où a dit, Ont la même largeur que les barres qui doivent les remplir exaétement, & les denticules la même largeur que {es gravures auxquelles elles correfpons dent. En | Après que le chaflis &c les barres font afemblés à On drefle le deffus &c le deflous, & on applique fur le deflus une table. a 2 cd , fig. 3, Oroue. Cette table eft auf faite de bois d'Hollande , que lon colle & l’on cloue fur le chaffis & les barres. Lorfque la tas ble eft collée & féchée, on retourne le former, enfoïte que les gravures foient en-deflus, & lon verfe dedans un plein chaudron de colle , pour en= duire & fermet tous les joints & pores des bois ; on réttere jufqu'à trois fois la même opération , ob{er- vant que pour le premier enduit la colle foit trèss claire , pour le fecond un peu plus forte, & pour lé troifieme aflez épaifle, | | Lorfque les enduits de colle-forte font féchés , on: ajufte des morceaux de boisxx, fig.2. épais feules ment d'une ligne &c demie ou deux entre les barres HG,E F, du fonmmnier : ces morceaux de bois qux {ont à l’affleurement des barres | doivent être éloi- gnces de la barre de devant du chafis d’une diftance Hx,Fx, Bx, moins grande de quatre lignes que les foupapes n’ont de longueur, Après que ces morceaux de bois font collés, ot Colle des bandes de vélin (voyez VÉLIN ) ur la par- fe du chafis 4 B xx, fig. 2. Oroue. Ces bandes de velin couvrent la barre antérieure 4 B, les parties Hx,Fx,B x, destraverfes AG, FE, &les épau- lemens xx qui bornent le plan des foupapes. Lorf: que les bandes de vélin font collées & féchées, on colle de la peau de mouton fur toute l'étendue x x D C ; ce qui acheve avec le parchemin des fou- papes de couvrir tout le deflous du Jommier, Pour faire étendre la peau & rechauffer la colle , on fe fert d'un linge trempé dans de l'eau bouillante, que l’on exprime avant de l’appliquer fur la peau ; ce qui donne le moyen de la pouvoir étendre à fon té, voyez la fig. 4. NE MK, sa ( Pour faire les foupapes , on prend du bois d'Hol- lande très-fec, on le drefle & on le dégauchit de tous côtés ; Les foupapes doivent avoir de longueur quatre lignes de plus que l'ouverture & x, D 200€ auf quatre lignes de plus de largeur que la tavure fur laquelle elle doit être appliquée ; on abat enfuite lesfaceslatéralesen talud ou en glacis, enforte que les deux longues faces latérales D C’, fig, 8. & fon Gppos fée ne foient éloignées que d’une ligne ou une hone & demie du trait de {cie z 0 de la foupape ; on donne à la face £ o D une inclinaïfon femblable , & à fon oppofé qui eftla queue, celle de quarante-cinq di en- fiute on met des anneaux de fil-de-fer fur la partie de devant. Ces anneaux doivent être placés À l'extré- imité antérieure o du trait defcie va, VOyeZ fs fig. 9x ët la foupape eft achevée ; on colle eufuite deflous un morceau de peau de mouton À, fg. 8. par le côté plebfe, enforte que le côté du duvet foit tourné au- dehors ; ce morceau de peau doit être d’un pouce ou un 6 demi plus long que la foupape, & excéder de cette quantité du côté de la queue ; HE motceauk Y 338 SOM de peau que lon colle fur les pieces x x dela fr. 2. fervent de charniere aux foupapes , fur la queue ou face poftérieure defquelles on colle un morceau de da même peau, quicouvre cette face &c la Charniere CB, fig, 8. Ce morceau empèche que la foupape ne fe décolle de la peau qui couvre toute la face infe- rieure. Avant d'appliquer les foupapes fur Les places qui leur éonviennent , on perce &c découpe avec un couteau le vélin qui ferme les gravures en ces en- droits,ainfi qu’on peut voirtaux ouvertures 4 a alé de la jéy, 4. Après que les foupapes font ainf.collées, comme on peut voir en #4, on met à chacun de leur côté une pointe de laiton ou de fil-de-fer ccc versla partie antérieure : ces pointes fervent à guider la foupape dans fes mouvemens, enforte qu’elle re- tombe toujours fur ouverture a de la gravure. Lorfque les foupapes {ont faites & montées fur le fommier ; on fait la boite FE , fig. 4. 6. 7. 9. 10. appellée /4ie, qui les enferme, laquelle n’a que trois côtés : le côté F, fig. 6. & 9. eftune planche de bois de chaîne de trois ou quatre pouces de large, & auf Jong que le fommier. Cette barre eft appliquée &c col- lée fur les pieces x , fur une partie defquelles les peaux des foupapes font auf collées. Le côté F, op- pofé à cette barre , s'appelle devant de lie : 1] eftcom- poté de deux planches entaïllées à nu-bois dansout leur circuit, Cette entaille du drageoir eft faite avec un guillaume, aufli-bien que celui du chaffis qui re- goit ces deux devants de laie, voyez la fig 6. qui eff le profil, &les fig. 7. & 10. les devants de la late font revêtus de peau collée par fon côte glabre fur toute la furface qui regarde l’intérieur de la laie pour la fermer exactement ; chaque piece du devant a deux anneaux G G , fig. 7. 10.14. qui fervent à la pouvoir tetirer, quand on veut rétablir quelque foupape. Les devans de la laie font retenus dans leur cadre par des tourniquets de fer pp, fig. 7. le deffous de fa laïe, qui eff le côté oppofé aux foupapes, eft affem- blé à rainure &c languettes, avec le fond Æ de la laie, & à tenons &c à mortailes, ayec Les trois morceaux deboiïs £ FE, qui forment avec le fommier les deux cadres entaillés en drageoir dans tout leur pourtour, qui reçoivent les deux devants de laie. À la partie intérieure du deflous de la laie eft collée une barre de bois», fig. 6. aufli longue que Pintérieur de la laie : cette barre eft traverfée par des traits de fcie mm, fig. 7. paralleles & direétement placés vis-à-vis ceux des foupapes qui doivent les regarder ; ces traits de {cie, tant ceux des foupapes que de la barre de bois » , qu’on appelle guide, fervent à loger un reflort fge , fig. 6. & 9. Ces reflorts qui font de fai- ton le plus élaftique que l’on puifle trouver, ont la forme d'un U d’'Hollande majufcule : les deux extré- mités.de ces reflorts font le crochet vers la partie extérieure ; ces crochets entrent dans des trous fe percés , l’un dans le trait de fcie de la foupape , & autre vis-à-vis dans le trait de fcie du guide. Ces reflortsauxquels le guide fert de point d’appui fer- vent à renvoyer la foupape vers le fommier, & à l'y tenir appliquée ; entre le guide »7 & le devant de la daie , il doit y avoir des trous de ; ces trous fervent à pañer les bourfettes de , qui communiquent aux foupapes par le moyen des $, ef, qui tiennent par une de leurs extrémités aux anneaux f des foupapes, & par l'autre aux anneaux fupérieurs e des bouriet- tes. Voyez BOURSETTE. Les foupapes font tirées par es touches du clavier par le moyen des targettes qui vonñt des bouriettes à l’abrégé, & de celles qui vont de l’abrégé aux touches du clavier. Voyez ABRÉGÉ, Un des bouts de la laïe eft bouché, & l’autre bout a une ouverture quarrée E D, fig. 14. entaillé en drageoir, comme les cadres qui reçoivent les de- vants de laie : cette ouverture fert à recevoir le porte-vent qui vient des foufflets, Voyez SOUFFLETS 6 PORTE-VENT DE BOIS, Le deffus de la table du formier eff garni d'autant de trnoles HIT, fig: 7. & une de plus qu'ildoit y avoir de jeux fur le formier. Ces tringles qui-font de feuillet font colles &c clouces fur la table, & doi. vent croiler Les sravures ; on les appelle regiffres dor- mans , à caufe des regiftres qui font placés entr'euxe Foyex REGISTRES DORMANS. Les regiftres, ainfi nommés de regere, rego, gouverner, parce qu’en effet ils gouvernent le vent qui anime l'orgue, font des regles MN , fig. 10.6 11. de bois de feuillet très- fec: ces regles doivent occuper toute la largeur que laiflent entr'eux les reoiftres dormans, entre deux defquels elles doivent couler facilement ;: on colle fous le resiftre de la peau de mouton par le côté gtabre : le duvet doit être tourné du côté de la table du fommier , fur laquelle le repiftre doit pofer. Les facteurs de Flandre ordinairement ne mettent point de peau fous les regiftres, mais ils dreflent fr bien la table du fomrmier & le resiftre , que Pair ne fauroit trouver entre deux aucun pallage ; cependant la mé- thode de les garnir de peau eft préférable , car pour peu que le bois travaille où gauchifle, le vent s’in- troduit d'une gravure dans une autre , ce qui pro- duit un cornement infupportable, | Après que les regiftres font placés fur le Jommier entre les tringles A 17, appellés regiffres dormans , on les égalife à la hauteur de ces tringles, & on met des épaulemens : les épaulemens WO , MO font des morceaux de bois auff larges que le reoiftre que lon colle fur fes extrémités , qui doivent excéder la lonoueur du fommier d’un demi-pié de chaque côté : les épaulemens doivent laifier entr’eux une longueur o 0 ; fig. 11, égale à toute la longueur 4 B du fom- mier, & à la moitie de la diftance qui fe trouve en- tre le milieu d’une gravure & le milieu de celle qui eft à côté. Par-deflus les regiftres &e leurs guides , les regiftres dormans, on met une table aë cd, fig. 9. & 10, de bois d’Hollande ou de Vauge, qu’on ap= pelle chape ; les chapes qui font épaifles au-moins d’un pouce , fervent à recevoir les tuyaux par leurs piés qui entrent dans des cavités hemifphériques. Voyez PTÉ de tuyau d'orgue. Pour trouver fur la chaa pe, qui doit être arrêtée fur le fommier par les qua- tre coins avec des chevilles , les places destuyaux , il faut tracer des lignes z x, fig. 10. ces lignes dois vent répondre fur Le milieu des gravures & des lignes x y, qui doivent répondre fur le milieu des regiftres. Pout tracer les premieres, 1l faut, avant d’avoir col- lé là table du formier fur les barres , avoir tracé fur les longs côtés du chañffis les points f':, qui répon- dent à la gravure, divifer enfuite l’efpace f: en denx parties égales au point r, mener avec l’équerre des menuifiers la ligne droite r z. perpendiculaire au plan de la chape, faire la même opération à l’autre extrémité x, & à toutes les gravures, tirer enfuite les lignes 4x, 4x, qui répondront fur le milieu des gravures. Pour tracer les autres lignes 7 y, il faut prolonger fur les côtés de la chape les têtes des re- oiftres dormans , & divifer Pefpace qu’elles laifferont entr’elles en deuxparties égales, mener par les points de divifon les lignes 7 y, ? y, qui répondront di- retement fur le milieu desresiftres : les interfeétions des lignes z x, ? y, font les endroits où il faut percer avec un vilbrequin les trous , lefquels fe rencontre- ront perpendiculairement fur les gravures dans lef- quelles ils doivent déboucher : [a chape , le regiftre &c la table du /ommiër doivent tous trois être per- cés. Il faut obferver qu’un des épaulemens doit por- ter contre la table du Jorwmier, l'autre épaulement qui eft celui où la bafcule du mouvement prend, voyez MOUVEMENT, doit en être éloigne de l’autre côté de la moitié de l'intervalle zou xx, que nous avons dit être l’excès de la longueur o o du regiftre, fig. 11, fur celle de la table du /ormmzer. Après avonr SOM Dercéles trous, onles agrandit, & on les brûle avec des fers chauds pour les approprier ; les trous des baffes qui doivent avoir une certaine grandeur, fe font quarrés par-deflous les chapes , & on les équar- rit juiqu’à la moitié de l’épaifleur de la chape ; dans l’autre moitié de la chape, on les arrondit pour rece- voir le pié des tuyaux. Ceux des regiftres & de la table font quarrés dans toute lépaifleur de ces pie- ces ; on fait ces trous des bafles avec un eifeau de menuifer , c’'eft même à caufe qu’on les faitavecun cifeau qu'ils font quarrés ; leur figure au refte eft aflez indifférente ; on les fait avec un cifeau, à caufe de l'inconvénient qu’il y auroit de les brûler avecun fer chaud aflez gros pour les creufer , la chaleur con- fidérable d’un gros morceau de fer étant capable de faire éclater le bois. Un regiftre eft ouvert lorfque fes trous répondent vis-à-vis ceux de la table du for- mier & ceux de la chape , ce qui établit la commur- nication de ces derniers à la gravure. Veyez DD, fig. 12. Orgue. Il eft fermé lorfque le regiftre éft en- foncé, enforte que lesintérvallesde festrousabcdef, fig. 11. répondent entre les trous correfpondans de la takle &t dela chape. Voyez e c, fig. 12 ; ce qui em- pêche la communication du vent de la gravure aux trous de la chape. Quant à l’arrangement des jeux , il faut favoir qu’un jeu eft poié fur un feul regiftre, felon la largeur du /ommier : le premier jeu que l’on pofe eft fur le devant du Jomrmier | qui eft le côté de la laie marqué I, fg. 9. on met la montre de 16 piés enfuire fur le regiftre marqué II, le bourdon de 16 ou 8 piés bouché fonnant le 16. Pour entendre ce que c’eft qu’un 16 piés, un 8 piés bouché fonnant le 16, voyez l’article JEUX , &c leurs articles particu- liers , enfuite le grand cornet, & felon l’ordre de la table fuivante, Arrangement des jèux Jür le fommier. NP.ñes réguftres,| Je 9 No;ns des jeux. I. {Montre de 16 piés. I. Bourdon 16 ou 8 piés bouché. I. IGrand cornet. IV. [Bourdon de 8 ou 4 piés bouché. V. {Huit piés ouverts eu huit piès en refo- nance. VI. |Preftant. | VIL. Flûte. | VII, Double tierce, | IX. [Nazard. X. [Doublette, XI. [Quarte de nazard, XII. |Tierce. | XIIL. Double trompette, | XIV. (Trompette. » IX V. (Cromorne, 1 X VI. |Clairon. | XVII. }Voix humaine. Le premier repiltre O eff celui du côté de la lae, Pour éviter la confufon parmi tant de jeux; on fait le fommier du grand orgue en deux parties, & on place les bafles aux côtés extérieurs de chaque partie vers les bafcules des mouvemens, enforte que les plus grands tuyaux font vers les côtés de l'orgue , & les perits au-deflus dans Le milieu où l’on fait un pont fur lequel on pofe les formiers de cornet &c de la trompette du récit, & quelquefois auffi les chapes de la fourniture 8 de la cimballe, lorfqw’on ne lesmet pas fur le formier. Voyez l'article de ces jeux. _ Pourfaire tenir tous ces jeux debout fur les cha- pes des Jommiers dans les trous defquels ils ne font que poler, on met des faux Jommiersabcd, figi4, qui font des planches de feuillet d'Hollande que Pon perce avec les tarieres pointues des charrons d’au- Tome XF, S$S OM 339 tant de trous eéqu'il y en a la chape du former 2 ces trous qui doivent être aflez grands pour que le tuyau #7 À puifle y entrer, doivent avoir leur cen: tre perpendiculairement au-deflus de celui des trous de la chape, vis-à-vis defquels ils fe rencontrent. Pour trouver la place du centre de ces trous, on tra: ce fur le faux orrrmier les mêmes lignes # x? y qu'on a tracces fur la chape; & aux interfeétions de ces lignes on perce des trous avec un vilebrequin qué lon accroït avec un autre dont la méche eft plus grofle, & avec les tarieres pointues, jufqu’à ce qué les tuyaux puiflent y entrer; après on place le faux Jornmier {ur le fommier à environ un deimi-pié de dif: tance ; on le fait tenir par quatre piliers fixés aux qua: tre coins avec des vis; on place enfuite les piés des tuyaux dans les trous du faux fommier , &c on les fait entrer dans les tfous des chapes, comme les tuyaux À 7, On doit remarquer que la boüche des tuyaux doit toujours être en-deflus du faux fommier &t que par conféquent il faut que les piés des tuyaux foxent quelques pouces plus longs que la diftance dé la chappe 4 5 CD au faux fammier a bed. Il fuit de cette conflruétion qu'après que la late eft remplie du vent des foufflets, fi lorganifte abaiffe une touche du clavier ( qui par le moyen de fa tar- gette fera tourner un rouleau de l’abrésé lequel par le moyen dune autre targette tirera une foupape, & la fera ouvrir }, que l’air condenfé contenu dans là laie entrera dans la gravure dont la foupape eft ou: verte ; & paflera de-là par le trou de la table & du regiftre qui fera ouvért dans le trou correfpondant de la chappe, d’où il entrera dans le tuyau par le trou de fon pié: ce qui Le fera parler. Voyez l’'expli- cation de la maniere dont le vent fait parler les tuyaux, à l’article BOURDON DE SEIZE & au #02 JEUX. 1 Le Jommier du pofitif difere peu de celui du grand orgue ; toute la différence eft que la laie EF, fig. 12 , ft en-deflus du côté de la table, & que les fou- papes s'ouvrent en foulant en-deffous par lé moyen des petits bâtons o , qui portent fur le haut des baf- cules du poñtif, Voyez BASCULE Du Posrtir € Po: SITIF, | SOMMIER ; ( Maréchal ) on appelle ainf un chez val de fomme, ee, SOMMIER , serme de Parcheminier , ’eft une peau de veau, qui couvrelaherfe, ou métier des parche- miniers , &c qui foutient la peau qu’on travaille, dans le tems qu'on la rature. Contre - fommier ; éft une peau de parchemin en cofle, qu’on pofeentrele Jommier & la peau qu’on rature ; afin que le fer trouve plus de facilité À mor- dre. Voyez PARCHEMIN. | R SOMMIER, ferme de Tonnelier , C’eft ainf qu’on | nomme les cerceaux doubles , qui fé placent aux deux extrémutés d’une futaille ; 8 immédiatement {ur le jable , afin de lui donner plus de force. SOMMIERE , 1. £, ( Manuf, de lainage. ) forte d’é: toffe toute de laine, tant en chaîne qu’en trämie croi- fée, chaude, &mollette , quin’eftautre chofe qu’u- ne efpece de ferge un peu lâche ; tirée à poil, tan: tôt d’un feul côté, & tantôt des deux côtés ; dont on fe fert à faire des doublures pour Phivet. (D. J.) SOMMIERES , (Géog. mod.) en latin vulgaire Sw- merium ; petite ville de France, dansle Languedoc, fur la Vidourle , à deux lieues de Nîmes. Les cal- vinftes en avoieht fait une forte place ; c’eft encore aujourd’hui un gouvernement particulier dans Le Languedoc. Long. 21.43. latir, 43. 55. (D.J.) SOMMISTE , L. m.( Chancel. rom. ), &’eft le prin: cipal miniftre de la chambre romaine, pour l’expé: dition des bulles ; 1l en fait faire les minutes ‘les fait recevoir , & plomber. (D. J.) SOMMITÉ , { f. (Gram. } extrémité fipérieure | Vyy 340 SO M “d'un obiet.il fe dit particulierement de la pointe des plantes, Woyez SOMMET, & du haut des collines. £a _fommité de cette colhne, | SOMMONA-KODOM , fm. (ÆH1fE mod. fiperf- sirion. ) c’eft un perfonnage fameux ; qui eft Pobjet .de la vénération , &c même du culte des Siamois,, : deshabitans de Laos, & du Pégu. Suivant les: tala- poins ou prêtres fiamois, Le nom propre de cethom- me eft Kodom , & formmona figmihe le folitaireou le religieux des bois, parce que ce légiflateur, devenu Jidole des Siamois,-étoit un farmane ou fammane, de la côte de Malabar ou de Coromandel, quileur ap- porta la religion qu'ils fuivent aujourd’hui, &cqui æft préchée par les talapoins fes difciples,: On croit que cet homme , ou ce dieu seft le même que Pouri- fat où Budda, nom qu'on hu donne en différentes parties de lInde: on préfume aufli que c’eft lui qui eft adoré par une feéte de Chinois qui PappellentShu- ka ou She kia. Quoi qu'il en foit de ces opinions , les prêtres fiämois font une.hifloire non moins mer- veilleufe que ridicule, de leur légiflateur ; 1ls:difent qu'il eft né d'une fleur, fortie du nombril d'un en- fant:qui mordoit Le gros doigt de fon pié , &ciqui lui- même n’étoit que la feuille a’un arbre nageant à Ja _ furface. des eaux. Maloré cela, Les Siamoissne laif- fent pas de donner à Somwona kodom , un pere qui étoit roi de Tanka, ou de Ceylan, & unemere ap- pellée Mahaou Maya, oufuvant d'autres, Many, Ce nom a aturé-lattention des mifhonnaires chré- tiens qui ont été à Siam; il a fait croire aux Siamoï que Jefus-Chrift etoit un frere de Sommona-kodom , qu'ils appellent le méchant Theverar, qui, feion ces aveugles idolâtres, eft tourmenté en enfer, parun fupplice qui a du rapport avec celui de la croix. S'ommona-kodom mourut , fuivant les annales de Siam, S44 ans avant l’ere chrétienne; les talapoins, dont le but principal eft de tirer de l'argent du peu- ple, qu'ils féduifent , aflurent que non-content d’a- voir donné tout fon bien aux pauvres, n'ayant plus rien , il s’arracha les yeux, & tua fa femme &c fes enfans, pour les donner à manger aux talapoins. Ces charités fi inouies dégagerent le faint homme detous les liens dela vie : alors 1l fe livra au jeûne, à lapriere, 8c aux autres exercices qui menent à la perfection ; il ne tarda point à recevoir la recom- penfe de fes bonnes œuvres ; il obtint une force de corps extraordinaire , le don de faire des nuracles , la faculté de fe rendre aufli grand & auf petit qu’il vouloit , celle de difparoïtre ou de s’anéantir, & d'en fubftituer un autre à fa place ; 1l favoit tout , con- noïfloit le paffé & l'avenir; ilfetranfportoit avec une promptitude merveilleufe, d'un lieu dans un autre, pour y précher fes dogmes. Suivant les mêmes tra- ditions, ce prétendu prophete eut deux diciples , qui partagent avec lui la vénération &r le culte des Siamois ; l’un deux pria un jour fon maître d’éteindre le feu de l'enfer, mais il ne voulut en rien faire, di- fant que les hommes deviendroient trop méchans, fi on leur Ôtoit la crainte de ce châtiment. Malgré fa fainteté , Sommona-kodom eut un jour le malheur de tuer un homme; en punition de ce crime, il mourut d’une colique, qui lui vint pour avoir mangé de la viande de porc ; avantde mourir, il ordonna qu'on lui érigeñt des temples &c des autels,après quoi il alla jouir du zireupan, c’eft-à-dire, de l’état d’anéantif- fement dans lequel lathéolosie famonfe fait confifter la félicité fuprème; là, 1l ne peut faire nibien ni mal; cela n'empêche point qu'on ne lus adrefle des vœux. Les Siamois attendent la venue d’un fecond Sommona-kodom, prédit parle premier ; als le nom- ment Pra-narosre ; 1l fera fi chanitable, qu'il donne- ra es :ux Rls à manger aux talapoins ; ation qui mettra le comble àtfes vertus. #oyez la Loubere , hifl, € defcript, de Siam, : SOMNAMPULE, & SOMNAMBULISME,, L m: ( Médecine.) ce nom formé de deux mots latins, for: nus, fommeil, &ambulo, jeme promene, fienifie litté: ralement l’action de fe promener pendant le formel; mais on a étendu plus loin la fonification de ce mot, dans l'ufage ordinaire, & l’on a donné le noi gé- nérique de /omnambulifme , à.une efpece de maladie, d’affeétion, ou incommodité finguliere , qui confif- te en ceque les perfonnes quienfont atteintes, plon- gées dans un profond /ommeil,fe promenent, parlent, écrivent, & font différentes actions, comme fi elles étoient bien éveillées, quelquefois même avec plus d'intellisoence & d’exaétuiude; c’eft cette faculré & cette habitude d'agir endormi comme éveillé, qui eft le caractere dtinétif,dui formambulifme ; les va- riétés naiflent de la diverfité d’aûions , & font en conféquence auf multipliées que lesaétions dont les hommes font capables , tr les moyens qu'ils peuvent prendre pour les fiure ; elles n’ont d’autres bornes que celles du pofhble , & encore ce qui paroït im- pofhible à l'hommeéveillé , ne left point queique- fois pour le /omrambule ; fon imagination échauffée dirige feule & facilite tes-mouvemens. On voit fouvent des fomnambules qui racontent en dormant tout ce qui leur eft arrivé pendant la Journée ; quelques-uns répondent aux queftions qu”- on leur fait ; ct tiennent des difcours très-fuivis ; à y a des gens qui ont la malhonnèteté de profiter de l’état. où 1ls fe trouvent , pour leur arracher, malgré eux, des fecrets qu'il leur importe extrêmement de cacher ; d’autres de leyent |, compofent , écrivent où fe promenent, courent les rues, les maïfons; 1l y en a qui nagent & qui font des ations très-périlleu- es par elles-mêmes , comme de marcher fur lebord d’un toit fans peur, & par-là fans dangers ils ne rif- quent que de s’éveiller , & ficela leurarrive , ou par hafard, ou par le fecours funefte de quelque per-= fonne imprudente, 1ls manquent rarement de fe tuer. Quelques /onnambules ont les yeux ouverts, mais il ne paroït pas qu'ils s’en fervent ; la plüpart n’ont en fe réveillant aucune idée de ce qu’ils ont fait étant endormis, mais ils fe rappellent d’un fommeil à l’au- tre , les actions des nuits précédentes ; il femble qu'ils aient deux mémoires ; l’une pour la veille, & l’autre pour le fommeil. Lorfqu’on fuit quelque tems un fomnambule, on voit que leur fommeil , f fem- blable à la veille, offre un tiffu furprenant de fin- gularités : 1l ne manque pas d’obfervations étonnan- tes dans ce genre ; mais combien peu fontfaites exac- tement, & racontées avec fidélité ? ces hiftoires font prefque toujours exagérées par celui qui en a été le témoin ; on veuts’accommoder au goût du public, qui aime le merveilleux, & qui le croit facilement ; &t à melure qu’elles paflent de main en main, elles fe chargent encore de nouvelles circonffances, le vrai fe trouve obfcurci par les fables auxquelles il eft mêlé, & devient incroyable ; 1l impoite donc de choifir des faits bien confftatés ;' par la vue & le té. moïgnage d’un obfervateur éclairé. Laïffant donc à part tous les contes imaginaires , ou peu prouvés , qu’on fait fur les fomnambules, je vais rapporter quel- ques traits finguliers, qui pourront fervir à faire connoître la nature de cetteaffe@tion, dont la vérité ne fautoit être fufpeété ; je les tiens d’un prélat 1lluf- tre (-M. l'archevêque de Bordeaux }), aauffñ diftin- gué par fes vertus, que par la variété &c la juiteflece {es connoïflances ; fon nom feul fait une autorité ref- pettable , qu’on ne fauroit recufer. Il m'a raconté qu’étant au féminaire, il avoit con- nu un jeune eccléfaftique Jonrambule: curieux de connoître la nature de cette maladie ,1lalloit tous les foirs dans fa chambre , dès qu'il étoitendormi ; il vit entre autres chofes , que cet eccléfiaftique fe levoit , prenoït du papier, compofoit ; & écrivoit des for- inôns ; lorfqu'il avoit finiune page, 1l la felifoit tout- haut d’un bout à l’autre (fi Pon peut appeller relire, cette action faite fans ie fecours des yeux ) ; fi quel- que chofe alors lui déplailoït, il le rerranchoit, & éctivoit par-deflus, les corrections ; avec beaucoup de juftefle. J'ai vu le commencement d’un des fer- _mons qu'il avoit écrit en dormant , il m'a paru aflez bien fait, & correttement écrit: mais il y avoit une correttion qui Ctoit furprenante ; ayant mis dans un endroit cedivin enfant , 1l crut en da relifant, devoir fubftituer le mot adorable à divin; pour cela il effaça ce dernier mot , & plaça exattement le premier-par- deffus; après celail vit que lece , bien placé devant divin, ne pouvoit aller avec adorable, 1'ajouta donc fort adroitement un s à côté des lettres précédentes, de façon qu’on lifoit ces adorable enfant. La même perfonne , témoin occulaire de ces faits, pour s’af- furer f le fornnambule ne faoit alors aucun ufage de es yeux, mitun carton fous fon menton , de façon à lui dérober la vue du papier qui étoit fur la table; mais il continua écrire fans s’en appercevoir ; vou- lant enfuite connoître à quoi 1l jugeoit de la préfen- ce des objets qui étoient fous fes yeux, 1l lui ota le papier fur lequel il écrivoit , &c en fubititua plufieurs autres à différentes repriles, mais 1 s’en apperçut toujours , parce qu'ils Ctoient d’une inégale gran- deur: car quand on trouva un papier parfaitement femblable, il le prit pour le fien , &c écrivit les cor- retions aux endroits correfpondans à célui qu’on lui avoit Ôté; c'eft par ce ftratagème ingénieux, qu'on eft venu à bout de ramaïfer quelques-uns de fes écrits nofturnes. M.l’archevèque de Bordeaux a eulabon- té de meles communiquer; ce que j'ai vu de plus étonnant, c’eft dela mufique faite aflez exaétement ; une canne lui fervoit de regle, il traçoit, avec elle, à diftance égale, les cinq lignes néceffaires , mettoit àleur place, laclé, les bémois, les diéfis , enfuite marquoit les notes qu'il faifoit d’abord toutes blan- ches, & quandilavoit fini, il rendoit noires celles qui devoient l'être. Les paroles éroïent écrites au: deflous. Il lui arriva une fois de les écrire en trop gros caraéteres ; de façon qu’elles n’étoient pas pla- cées diretement fous leur note correfpondante ; il ne tarda pas à s’appercevoir defon erreur , & pour la repater , ileffaça ce qu’il venoit de faire , en paf fant la main par-deflus ; & refñr plus bas cette hene de mufique , avec toute la préciñion poffible. | Autre fingularité dans un autre genre, qui n’ef pas moins remarquable; 1l s’imagina , une nuit au milieu de l’hiver , fe promener au‘bord d’une rivie- re, & d’y voir tomber un enfant qui fe noyoit ; la rigueur du froid ne lempêcha point de l’alier fecou- tir, ul fe jetta tout de fuite fur fon hit , dans lapoftu- re d’unhomme qui nage , il en 1mita tous les mouve- mens, &c après s'être fatigué quelque tems à cet exer- ” cice,, ilfent au coin de lon lit un paquet de la cou- -verture , croit que c’eft l'enfant, le prend avec une main, &c fe fert de l’autre pour revenir en nageant, - au bord de la prétendue riviere ; 1l y pofe fon paquet, &c fort en friflonnant 8 claquant des dents, comme - fi en effet il fortoit d’une riviere glacée ; il dit aux affiftans qu'il gêle &c va mourir de froid, que tout fon fang eft glacé; il demande un verre d’eau-de-vie _ pour fe rechauffer , n’en ayant pas, on lui donne de Veau qui fe trouvoit dans la chambre , ilen goûte, reconnoit latromperie, & demande encote plus vi- vement de leau-de-vie, expofant la grandeur du pé- ril qu'ilcouroit ; on lui apporteun verre de liqueur, ile prend avec plaifir, & diten reflentir beaucoup de foulagement ; cependant il ne s'éveille point, fe couche ; 88 continue de dormir plus tranquillement. Cemême /omnambule a fourni un tres-stand nombre de traits forts finguliers; ceux que je viens de rap- porter, peuvent fufireau but que nous nous foin: os à Æ _ MFP SOM 3ai nes propoié, J’ajouterai feulement que lotfqu'on vouloit lui faire changer de matiere, lui faire quitter desfujets triftes 8z défagréablés, on n’avoit qu'à lui pafler une plume fur les levres, dans Pinftant il tom: boit fur des queftions tout-à-fait différentes. Quoiqu'il foit très-facile de reconnoître le for Rambulifrre par les faits inconteftablesquenous avons détaillés, 1l n’eft pas aïfé d’en découvrir la caufe & le méchanifme ; létyrnologie de cette maladie eft un écueil funeite à tous ces faïfeurs d’hypothèfes, à tous ces demi-favans quine croïent rien que ce qu'ils peuvent expliquer , & quine fauroient imaginer que la nature ait des myfteres impénétrables à leur faga- cité, d'autant plus à plaindre que leur vue courte & mal aflurée , ne peut s'étendre jufqu’aux bornes très- voifines de leur horifon ; on peut leur demander : 1°, Comment il fe peut faire qu’un homme enfe- veli dans un profond fommeil , entende, marche ; écrive , voie, jouifle en un mot de l’exercice de fes | lens, & exécute avecjuftefle, divers mouvemens : pour facilitera folution de ce problème, nous ajou- terons que le /ornambule ne voit alors que les objets dont il a befoin, que ceux qui font préfens à fon ima- gimation. Celui dont il a été queftion, lorfau’il com- pofoitfes fermons , voyoit fort bien fon papier , fon encre, fa plume , favoit diftinguer fi elle marquoit où non ; il ne prenoit jamais Le poudrier pour l’en- crier ; &t du refte il ne fe doutoit pas même qu'ileûüt quelqu'un dans fa chambre, ne voyoiït & n’enten- doit perfonne , à moins qu'il ne les interrogeñt; il lui arrivoit quelquefois de demander des dragées à ceux qu'il croyoit a côté de lui, &cil lestrouvoit fort bonnes quand on lui en donnoit ; &f dans un autré tems on Îui.en eût mis dañs la bouche , fans que fon imagination fût montée de ce côté-Ià, il ny trou- voit aucun goût, êt les rejettoit. 2°, Comment l’on peut éprouver des fenfations fans que les fens y ayent part; voir, parexemple, fans le fecours des yeux : le /omrambule dont nous avons fait l’hiftoire , paroïfloit évidemment voir les Objets qui avoient rapport à fon idée , lorfqu'il tra- çoit des notes de mufique ; 1l favoit exaétement cel- les qui devoient être blanches ounoires , & fans ja- mais fe méprendreil noïrcifioit les unes & confervoit les autres; & lorfawil étoit obligé derevenir au haut de la page, files lignes du bas n’étoient pas feches , il faifoitun détour pour ne pas les effacer en pai- fant la main deflus ; fi elles étoient aflez feches, il né- gligeoit cette précaution inutile. Il eft bien vrai que fi on lui fubftituoit un papier tout-à-fait femblable, il le prenoit pour le fien; mais pour juger de la reffem- blance,iln’avoit pas befoin de paffer la main tout-au- tour. Peut:être ne voyoit-il que le papier, fans dif- . tinguer les caraéteres. Il y a lieu de préfumer que les autres fens dont il fe fervoit n’étoient pas plus dif- pos qué les yeux, 8 que quelqu’autre caufefuppléoit leur inaétion ; on auroit pû s'en aflurer en li bou- chant les oreilles, ent le piquant , en lui donnant du tabac, Gc. J 3°. Comment il arrivoit qu’en dormant il fe rappel- loit le fouvenir de ce qui lui étoit arrivé étant éveillé, qu'il fût auffi ce qu'il avoit fait pendant lesautres fom- meils , & qu'il n’en confervât aucun fouvenitiign s’é- veillant : 1l témoignoit quelquefois pendant le fom- meil fa furprife de ce qu'on laccufoir d’être Jomram- bule , de travailler, d'écrire , de parler pendant la nuit ; ilne concevoit pas comment on pouvoit luifaire de pareils reproches , à lui qui dormoit profonde- ment toute la nuit, & qu’on avoit beaucoup de pe: ne à réveiller ; cette double mémoire eft un phéno- mene bien merveilleux. 4°. Comment il eft pofible qe fans l’aétion d'au: cune caufe extérieure on foit afe@té aufli gravement : que fi on eñt été expofé à fes imprefions : notre/oms 342 S OM nambule, fans être {orti de fon lit, éprouva tous les fymptomes qu’occafionne Peau glacée , précifément parce qu'il a cru avoir été plongé dans cette eau quelque tems. Nous pourrions demander encore l’ex- plication d’un grand nombre d’autres phénoienes que les Jomnambules nousfournifflent, maisnous n’en retirerions pas plus de lumieres, Il faut convenir de bonne foiqu'il y a bien des chofes dont on ne fait pas la raifon , & qu’on chercheroit inutilement. La na- ture a fes myfteres , gardons-nous de vouloir les pénetrer , fur-tout lorfqu'il ne doit réfulter aucune utilité de ces recherches, à-moins de ne vouloir s’ex- pofer gratuitement à débiter des erreurs & des abfur- dités. | Je vais plus Loin: non-feulement on ne fauroit ex- pliquer les faits que nous avons rapportés ; mais ces phénomenes en rendent d’autres qu’on croyoit avoir compris inexplicables, & jettent du doute & de l'obicurité fur des queftions quipaflent pour décidées; par exemple : | On croit communément que le fommeil confifte dans un relâchement général qui fufpend l’ufage des fens & tous les mouvemens volontaires ; cependant le fomnambule ne fe fert-1l pas de quelques fens , ne meut-1l pas diflérentes parties du corps avec motif & connoïffance de caufe? & le fommeil n’eft cependant pas moins profond. 2°, S'ilne fe fert pas de fes fens pour obtenir les fenfations ; comme il eft inconteftable que cela arri- ve quelquefois , on peut donc conclure avec raifon que les objets même corporels peuvent, fans pafler par les fens , parvenir à lentendement. Voilà donc une exception du fameux axiome , zihil ef} in intel- Leclu quod prius non fuerit in fenfu. H ne faut pas con- fondre ce qui fe pañle ici avec ce qui arrive en fonge. Un homme qui rêve , de même que ceiui qui eft dans le délire , voit comme préfens des objets au ne le font pas ; 1l y a un vice d’apperception , &c quelque- fois de raifonnement ; mais ici les objets font préfens à l’imagination , comme sils étoïent tranfmis par les fens , ce font les mêmes que le /omrambule verroit s'il rouvroit les yeux & en reprenoit lufage. Ilsfont exiftans devant lui de la même mamiere qu'il fe les repréfente ; lapperception qu’il en auroit par l’entre- mufe des fens ne feroit pas différente. 3°. Les plus grandes preuves que le philofophe donne de l’exiftence des corps font fondées fur les impreflions qu’ils font fur nous; ces preuves perdent néceffairement beaucoup de leur force , fi nous ref- fentons les mêmes effets fans que ces corps agiflent réellement ; c’eft précifément le cas du fommambule, qui gele & friflonne fans avoir été expofé à l’aétion de l’eau glacée, &c fimplement pour fe l'être vive- ment imaginé : il paroït par-là que les impreffions idéales font quelquefois autant d’effet fur le corps que celles qui font réelles, & qu'il n’y a aucun figne afluré pour les diftinguer. | 4°. Sans nous arrêter plus long tems fur ces confi- dérations, qui pourroient être plus étendues & gé- néralifées, tironsune derniere conféquence peu fiat- teufe pour Pefprit humain , mais malheureufement très-conforme à la vérité ; favoir, que la découverte de nouveaux phénomenes ne fait fouvent qu’obfcur- cir où détruire nos connoïflances , renverier nos fyf- tèmes , & jetter des doutes fur des chofes qui nous paroïfloient évidentes : peut-être viendra-t-on à bout d’oter tout air de paradoxe à cette aflertion ; que c’eft le comble de la fcience que de avoir avec Socrate qu'on ne fait rien. | Pour ce qui regarde la Médecine , il nous fufit d’être fondés à croire que tous ces phénomenes dé- notent dans le forrambule une grañde vivacité d’i- magination ,ou, ce qui eftle même , une tenfion ex- seflive des fibres du cerveau , & une extrème fenf- SOM bilité, Les caufes qui difpofent à cette maladie font peu connues; les medecins ne {e font jamais occupés à les rechercher ; ils fe font conteñtés d'écouter com: me le peuple, les hifioires merveilleufes qu’on fait. fur cette matiere, En examinant les perfonnes qui y font les plus fujettes , on voit que ce font celles qui s'appliquent beaucoup à l'étude , qui y paflent les nuits, Ou qui s’échauffent la tête par d’autres ocen- pations, La fanté des. fomnambules ne paroît du tout point altérée , leurs fonéhions s’exécutent avec la même aifance , &c leur état ne mériteroït pas le nom de ma- ladie , s’il nétoit à craindre qu'il n’empirât , que la tenfion des fibres du cerveau n’augmentât & ne dé- générat enfin en relâchement. La manie paroît de- voir être le terme du forrrambulifne, peut-être n’en eft-elle que le premier desré & n’en differe pas eflen: tiellement. Il paroït donc important de diffiper cette maladie avant qu’elle fe foit enracinée par le tems, & qu’elle foit devenue plis forte & plus opinfâtre ; maïs les moyens d'y parvenir ne {ont pas connus , ils ne pa- roïlent pas même faciles à trouver ; c’'eft dans la mé- decine rationnelle qu’il faut les chercher: les obfer- vations pratiques manquent tout-à-fait ; Panalogie nous porte À croire que ceux qui fontpropres à la manie pourroient réuflir dans le /omrzarmbulifme. Voyez Manie. C’eft encore une très-foible reffour- ce; car perfonne m’ignore combien peu les remedes les plus variés ont de prife fur cette terrible maladie. En tirant les indications des caufes éloignées du ferz- narmbulifine, & de l’état du cerveau & des nerfs , il paroït que la méthode de traitement laplus sûre doit être de difliper ces malades, de les faire voyager , de les diftraire desoccupationstrop{érieufes, de leur en préfenter qui foïent agréables, & qui n’attachenr pas trop: on pourroit feconder ceseffets par Les bains. froids,remedes excellens & trop rarement employés, pour calmer la mobilité du fyftème nerveux, Quant aux fomnambules qui fe levent , & qui courent de côté &t d'autre, & qui rifquent par-là detomber dans des précipices , de fe jetter par la fenêtre, commeil arriva à un qui imaginant avoir dansfachambre Def cartes, Ariftote & quelques autres philofophes,, crut tout-à-coup les voir fortir par la fenêtre , 6e (e dif- pofoit à les accompagner , s’il w’avoit été retenu : il faut les attacher dans leur lit, fermer exaétement les portes, griller les fenêtres, & s'ils fe levent, les éveiller à coups defouet. Ce remede réuffit à bien des perfonnes. Un femnambule fut aufli guéri par un re- mede que je me garderai bien de confeiller, ce fut en fe jettant d’une fenêtre fort élevée : il fe rompit le bras , & depuis ne reflentit aucune atteinte de cette maladie. (72) SOMNIALES DIT, ( Myrholog. ) c’étoient les dieux qui préfidoient au fommeil , & qui rendoient leurs oracles par les fonges, Les favans n’ignorent pas qu'il y avoit des dieux particuliers qui préfidoient aux fonges , & qu’il y avoit des miniftres prépoiés pour leur culte. M. Spon rapporte une infcription qu'il avoit copiée à Florence dans Le palais de Strozzi, où1l eft parlé du culte d'Hercule, comme d’un dieu quipréfidoit aux fonges. Cette infcription porte : cy/- cores Herculis fomnialis, on trouve diverfes flatues du même dieu avec ces mots, do fomniali, [Left peut-être difficile de déterminer par quelle rar{on les anciens croyoient qu'Hercule préfidoit aux fonges:1l n’en eft pas moins certain qu'ils le croyoient, & qu’on envoyoit les malades dormir dans fes tem- ples , pour y avoir en fonge quelque agréable pré- fage du rétabliffement de leur fante. (D. J.) SOMNIFERES , adj. ( Mar. méd.) épithete qua lon donne aux remedes qui procurent le fommeil ; tels font la qnoglofe , la jufquiame, la belladone , toutes leséfpecés de pavot. Cependant il y a des ali- mens qui provoquent le fommeil ; téls font le lait, les alimens glutineux , le fuc ou le jus exprimé des viandes dés jeunes animaux, les liqueurs ferméntées, êc enfin tous les efprits ardens : de-là vient que Pi vrefle eft une efbece de fommeil. SOMO), ox SRIMME , 04 FANNA., f. m. ( Hit. far. Boran, ) qui fignifie la fZeur par excellence ; c'eft ua arbre fauvage du Japon, 1 a des feuilles de lau- rer, & desfleurs comme celles de la narcifle. Son écorce eftaromatique. Il eft de la grandeur d’un de nos cerifiers, d’un boisroux, dur & fragile. Ses feuil- les ont difpofées en rond, autour de petites bran- ches, à fes fleurs font fituées à leur bout, Les bon- zes de Ja Chine & du Japon mettent devant les idoles Gt lurles tombeaux des feuilles de cet arbre en bou- quets, SOMPAYE , { f ( Monn. étrang.) c’eft la plus pe- tite monnoie d'argent qui fe fabrique à Siam. Elle vaut quatre à Cinq fols monnoie de France, à pren- dre lonce d'argent furle pié de fix livres. - SOMPT , f. im. ( Poids.) petit poids dont les habi- tant de Madagafcar fe fervent pour pefer l'or &c Par gent. Le ompi ne pefe qu’une dragme ou gros, poids de Paris; c'eflnéanmoins le plus fort de tous ceux dont ces infulaires ont l’ufage, ne fachant ce qu c'eitque lonce , le marc, ou la livre, & n’ayant rien qui leur en tienne lieu où qui y téponde.T'out, hors l'or ër l'argent , fe négocie par échange & par ef- timaton. Les diminutions du formpi font le vari ou demi-gros: le facare ou fcrupule, le nanqti ou de- miferupule, &le nanque qui vaut fix grains. Le grain Chez eux n’a point denom. Savary. (D. J. | SOMPTUATRES, Lors, (Jurifprud.) ce font des lois faites pour reftraindre le luxe dans les habits, les équipages, la table, Ge. Voyez Lor. La plüpart des nations ont eu dans différens tems leurs lois fompruaires : & ily en à qui font encore en vigueur, commechez les Vénitiens , les François ; &c, Mais on remarque qu'il n’y a point de lois plus mal obfervéesque les ois fomptuaires. Les lois Jomptuaires de Zaleucus, cet ancien lésif lateur des Locriens , font fameufes. Elles ordon- noient qu'une femme ne fe feroit point accompa- gner dans les rues de plus d'un domeftique, &inoins qu’elle ne fütivre; qu’elle ne pourroit point fortir de la ville pendant la nuit, à-moins que ce ne fût pour commettre la fornicarion ; qu’elle ne porteroit point d'or, ni de broderie fur fes habits, à-moins qu’elle ne le proposât d’être courtifane publique : que les hommes ne porteroïent point de franges ni de salons, excepté quand ils iroient dans de mauvais lieux , c. Les Anglois ont eu auffi leurs lois fomptuaires , maus elles ont toutes été revoquées par le flatut pre- mier de Jacques L. ou font tombées en défuétude. Sous le regne de Charles IV. Cambden dit qu’on avoit porte f loin le luxe dansles chauflures, qu’on fut” obligé d@ défendre aux hommes de porter des fouhiers de plus defix pouces de largeur du côté des doigts ; les autres habillemens étoient fi courts, qu’il fat ordonné par le ftatut 25 d'Edouard IV. que tou- tés perfonnes d’une condition inférieure à celle des lords, porteroient des robes ou habits de telle Lon- gueur qu'elles puflent, quand la perfonne eit de- bout, lui couvrir les fefes. Chez les Romains il y avoit quantité de lois fomp- tuaires. La loi Orchia limitoit le nombre des convi- ves dans les fêtes, fans limiter la dépenfe, La loi Fannia, quifut faite 32 ans après , ordonnoit que dans une fête ordinaire on ne pourroit pas dépenfer plus de 10 as, & plus de ro as dans les fêtes {olem- nelles , commeles faturnales, &c. & Gellius nous apptend que 10 as étoient Le-prix d’un mouton, & 100 celui d'un bœuf, lo Ni C in NT # S ON 343 La loi Didie qui fut faite 18 ans après, ordonna que les premieres lois Jompiuaires feroient exécutées ñon-feulement à Rome, mais même par toute l'Îta= le; 6 qu’en cas de tranforeflion, non-feulément le maitre de la fête, mais aufli les convives feroient {u- jets à l'amende, Voyez l'arricle Lor, SOMPTUOSITÉ , 1. f. ( Gramm. ) magnificence qu'on { procure par de grandes dépentes. Il n’ef queftion chez les anciens que de la fompruofieé de Lu- cullus. | SOMTOU , o7 SOMTOC, f. m. (ff. mod.) c’eft ainfi que les Chinois nomment les vice-rois des pro. vinces. C’eft une des plus éminentes dignités de l'empire. Ils ont deux provinces fous leurs ordres, qui ont outre cela des gouverneurs nommés fu-yen. SON , CAP DE , ( Géog. rod. ) cap dans la Médi- terranée, fur la côte de l'ile de Corfé, environ cinq filles à Poueft de l'entrée du port de Saz-Bonifucio 3 c’eftune longue poiñte avancée en mer vers le fud- oueft (ZA - z SON , fm, ( Phyf. ) eft une perception de lame qui lus eft communiquée par le fecours de l'oreille : [| ou bien c’éft un mouvement de vibration dans l'air , qui eff porté jufqu’à l'organe de l’ouie, Foyez Oui. Pour éclaircir la caufé du /o2 , nous obferverons , 1°. que pour prodiire le /o7, il faut néceflairement du mouvement dans le corps fonore. 2°, Que ce mouvement exifte d’abord dans les parues déhiées & infenfibles des corps fonores, &c qu'ily eft excité par leur choc & leur collifion mu- tuelle, ce qui produit ce tremblement qui eft fr facile … à remarquer dans les corps qui rendent un /oz clair, comme les cloches, mufque, Gc. 3e. Que ce mouvement fe communique à l'air, où produit un mouvement femblable dans l’air ou dans autant de fes parties qu'il y en a de capables de le recevoir &c de le perpétuer; d’autant plus que le mouvement des corps. qui font à quelque difance, ne peur point aficéter nos fens fans la médiation d’au- tres corps qui reçoiVent cés mouyemens du corps fonore , & les communiquent immédiatement à l’or- gane. Enfin que ce mouvement doit être communiqué les cordes des inflrumens de aux parties qui font les infirumens propres &, im médiats de l’ouie. De plus, ce mouvement d’un corps fonore qui eft la caufe immédiate du fo, doit être attribué à deux caufes différentes ; ou au choc de ce corps & d’un autre corps dur, comme dans les tambours , les cloches, les cordes d’inftrumens, ou bien au batte- ment & au frottement du corps fonore & de Pair lun contre l’autre immédiatement, comme dans les inftrumens à vent, les flutes, les trompettes, éc. Mais dans l’un & dans autre cas, le mouvement qui efe la fuite de cette aétion mutuelle ,& la caufe immédiate du mouvement fonore, que l’air porte juiqu'à oreille, eft un mouvement prefque infenfi- ble, qui fe fait remarquer dans les parties déliées 6t infenfibles du corps par un tremblement & des ondulations. Pour expliquer ce méchanifme, on fappofe que tous les corps fenfibles font compofés d’un nombre de parties petites &infenfbles ,ou corpufcules parfai- tement durs & incapables d’être comprimés. Voyez CORPUSCULE. Ces partiesen compofent d’autres un peu plus gran- des, mais encore infenfibles; & celles-ci different entre elles, felon les différentes figures &lunion des parties qui les compofent. Celle-ci conftituent en- core d’autres mafles plus srandes & beaucoup plus. diffinguées des premieres : & des différentes combi- naifons de ces dernieres , font compolés ces Corps grofliers qui font vifibles & palpables, 6, Les premieres & les plus petites parties , comme fous l’avons obfervé, font abfolument dures ; les au- tres iont comprefhbles & umes de telle forte , qu’é- tant COmprimées par une impulfon extérieure, elles nt une force élaffiqué ou reflitutive, au moyen de de laquelle elles fe rétabliflent d’elles- mêmes dans leur premier état. Voyez ÉLAsTIcITÉ. Lors donc qu'un corps en choque un autre, les petites particules par leur force élafique fe meuvent avec une grande vitefle, avec une forte de tremble- ment & d’ondulations, comme on lobferve facile- ment dans les cordes des inftrumens de mufique, & c’eft ce mouvement fonore qui eff porté jufqu'à lo- reille; mais 1l faut obferver que c’eft le: mouvement infenfible de ces particules , qu’on fuppofe être la caufe immédiate du Jo ; 8 même parmi celles-là, il n’y a que celles qui font proches de la furface , qui commumiquent avec l’air ; le mouvement du tout ou des parties plus grandes , n’y fervant qu’autant qu'il Île communique aux autres. Pour faire l’application de cette théorie, frappez une cloche avec quelque corps dur, vous apperce- vrez aifément un trémouflement fenfible {ur la fur- face qui fe répand de lui-même fur Le tout, & qui eft d’antant plus fenfible , que le choc eft plus fort. Si on y touche dans quelqu’autre endroit, le tremble- ment &c le Jo celle auffi-tôt ; ce tremblement vient fans doute du mouvement des particules infenfibles qui changent de fituation , & qui font en fi. grande quantité & fi ferrées les unes contre les autres, que nous ne pouvons pas appercevoit leurs mouvemens féparément & diflin@ement, mais feulement un ef- pece de tremblement ou d’ondulation. Le corps fonore ayant fait fon impreffion fur l'air contigu, cette imprefion eft continuée de particule en particule, flivantles lois de la pneumatique. Voyez ONDE 6 ONDULATION. Les fo2s varient à-proportion des moyens qui concourent à leur produétion; les différences prin- cipales réfultent de la figure & de la nature du corps fonore; de la force, du choc, de la vitefle, &c. des Vibrations qui fe fuivent ; de l’état & conftitution du milieu; de la difpofition , diftance, &c. de l'organe ; des obftacles qui fe rencontrent entre l’organe, le corps fonore & les corps adjacens. Les différences les plus remarquables des /ozs, naïflent des diférens degrés & combinaifons des conditions dont nous ve- nons de parler ; on les diftingue en fort & foible ,en grave êt aigu, long & court. | La vitefle du for ne differe pas beaucoup, foit qu'il aille fuivant ou contre la dire&ion du vent. A la vérité le vent tranfporte une certaine quantité d’air d’un lieu à un autre, & le foret accéléré tandis que fes vagues fe meuvent dans cette partie d’air, lorf- que leur direétion eft la même que celle du vent. Mais comme le for fe meut avec beaucoup plus de virefle que le vent, l'accélération qu’il en reçoit eft peu confidérable. En effet, la vitefle du vent le plus violent que nous connoïffons, eft à la vîtefle du /oz comme 1 eft à 33 : &tout l'effet que nous apperce- vons que le vent peut produire, eft d'augmenter ou de diminuer la longueur des ondulations; de forte qu’au moyen du vent, le foz puifle être entendu d’une plus grande diftance qu'il ne Le feroit autrement. Que l'air foit le milieu ordinaire du /o7, c’eit ce qui réfulte de plufieurs expériences qui ont été fai- tes, foit däns un air condenfé, foit dans l'air rarefié, Dans un récipient qui n’eft point vuide d’air, une petite fonnette fe fait entendre à quelque diftance; mais quand on en a pompé l'air, a-peine l’entend-on tout auprès : fi l'air eft condenfé, le for fera plus fort à-proportion de la condenfation ou de la quantité d'air preflé. Nous en avons plufieurs exemples dans les expériences de M. Hauksbée, | : Mais l'air n’eft pas feul capable des impreffions du Jon, Veau left auf, comme on le remarque en fon nant une fonnette dans l’eau; on en diftingue pleime- ment le fon : à la vérité il n’eft pas fi fort & plus bas d’une quarte, au jugement des bons muficiens. Mer- fene dit qu’un /o7 produit dans l’eau paroït de mê= me, que sil étoit produit dans Pair & entendu dans | l’eau, M. l’abbé Noller a fait fur les /ozs entendus dans l’eau, plufieurs expériences curieufes. Mèm, académ 74: | _Le célebre M. Newtona donné à [a fin du fécond li. vre de fès Principes , une théorie très-ingénieufe & très-favante des vibrations de l’air, & par confé- quent de la vitefle du /oz. Sa théorie eft trop com- plhiquée & trop géométrique pour être rendue ici; nous nous contenterons de dire qu'il trouve la vi- tefle du oz par fon calcul, à-peu-près la même que. l'expérience la donne. Cet endroit des Principes de: M. Newton, eft peut-être le plus difñcile & le plus obicur de tout l'ouvrage, M. Jean Bernoully le fils, dans fon Difcours fur la propagation de la lumiere, qui a remporté le prix de l'académie des Sciences en 1736, dit qu'il n’oferoit fe flater d'entendre cet en-: droit des Principes. Auf nous donne-t-il dans la mé me piece, une méthode plus facile & plus aifée à fui- vre que celle de M. Newton, & par le moyen de las quelle il arrive à la même formule qu'a donnée ce. grand géomette. Un auteur qui a écrit depuis fur cette matiere ; prétend qu’on peut faire contre la théorie de MM. Newton &c Bernoully, une objettion confidérable;; favoir, que ces deux auteurs fuppofent que le Jo fe tranfmet par des fibres longitudinales vibrantes, qui, fe forment fucceflivement , & qui font toujours éga- les entr’elles ; or ceite hyppothèfe n’eft point dé- montrée, & ne paroît point même appuyée fur des preuves folides. Le même auteur prétend que dans cette hyppothèfe, M. Bernoully auroit dû trouver la. vitefle du for, double de ce qu’il la trouvée, &z de ce qu’elle eft réellement. M. Euler dans fa Differsa. tation fur le feu , quia partagé le prix de l'académie em 1738, a donné auffi une formule pour la vitefle du fon ; elle eft différente de celle de M, Newton, &c l’au- teur n’mdique point lechemin qui l'y a conduit. Voici en géneralde que Île manierefe font les ex- périences pour mefurer la vitefle du foz. On fait par la nefure attuelle, la diftance d’un lieu 4, à un au- tre B. Un fpetateur placé en B, voit la lumiere d’un. canon qu’on tire au lieu 4, & comme le mouvement de la lumiere eft prefque inftantané à de fi petites diftances, le fpettateur 8 compte combien il s’écou- le de fecondes depuis le moment où il voit lalumiere. du canon, jufqu’à ce qu'il en entende le bit, Divi- fant enfuite l’efpace qui eft entre Les lieux 4 & BP, par le nombre de fecondes trouvé, il a le nombre de toifes que le /ozparcourt en une feconde. Le fon {e tranfmet en ligne droite; mais il fetranf- met auf en tout fens, & fivant toutes fortes de diredions à la fois, quoiqu'avec moinéde vitefle. Cela vient de ce que le for fe tranfmet par un fluide, & que les preflions dans un fluide, fe prepagent en tout fens ; la lumiere au contraire, ne fe propage ja- mais qu'en ligne droite : c'eit ce qui donne lieu de croire qu’elle n’eft point caufée par la preflion d'un fluide, Sur la réflexion du for ,voyer Echo & Cagr- NET SECRET. (0) | : La vitefle du Jor eft différerte, fuivant les diffé- _rens auteurs qui la déterminent. Il parcourt l’etpace de 968 piés en une minute fiuvant M.lfaac Newton: 1300 fuvant M. Robert: 1200 fuivant M. Boyle: 1338 fuivant le doéteur Walker: 1474 fuivant Mer- fenne : 1142 fuivant M. Flamfteed &c le doéteur Hal ley : 1148 fuivant l'académie de Florence, & 1 172 piés fuivant les ançiennes expériences de Hi rare es des Screñces de Paris. M. Derham prétend que la caufe de cette variété vient en partie de ce qu'il n’y avoit pas une diftance fufifante, entre le corps fono- re &c le lieu de l’obfervation, & en partie de ce que don n’avoit pas eu égard aux vents. M. Derham propofe quelques-unes des plus con- fidérables queftions relatives aux lois du /oz ;, & ré- pond à chacun avec exaélitude , par les expériences qu'il a faites lui-même fur cette matiere. SON, en Mufigque ; quand l'agitation communiquée à Vair par ur corps violemment frappé parvient jufqu’à notre oreille , elle y produit une fenfation qu'on ap- pelle bruir, Mais 1l y a une efpece de bruit permanent & appréciable qu’on appelle /0z La nature du /or eft l’objet des recherches du phy- ficien; le mufcien l’examine feulement par fes mo- difications, & c’eit felon cette derniere idée que nous l’envifageons dans cet article, | Il y a trois chofes à confiderer dans le fox : 1, le degré d’élevation entre le grave & laigu : 2, celui de véhémence entre Le fort & le foible : 3, &c la qualité du timbre qui eft encore füfceptible de comparaifon du fourd à Péclatant , ou de Paigu au doux. Je fuppofe d’abord que le véhicule du /o7 n’eft au- tre chofe que l’airmême. Premierement , parce que Pair eft le feul corps intermédiaire de l’exifience du- quel on foit parfaitement afluré, entre le corps fo- nore & l'organe auditif, qu'il ne faut pas multiplier les êtres fans nécefité , &r que l'air fufht pour expli- quer la formation du fon ; & de plus , parce que lex- périence nous apprend qu’un corps {onore ne rend pas de /o2 dans un lieu exa@tement privé d’air. Si l’on veut ablolument imaginer un autre fluide , on peut aifément lui appliquer tout ce que nous avons à dire de l’air dans cet article. | La permanence du fo ne peut naître que de la du- rce de Pagitation de l'air. Tant que cette agitation dure , l’air vient fans cefle frapper l'organe de l’ouie, & prolonge ainf la perception du oz : mais il nya point de maniere plus fimple de concevoir cette du- rée, qu’en fuppofant dans l'air des vibrations qui fe fuccédent, & qui renouvellent ainf à chaque inftant Le fenfation du /or. De plus, cette agitation de l'air, de quelque efpece qu’elle foit, ne peut être produite que par une émotion femblable dans les parties du _corpsfonore. Or c’eft un fait certain que les parties du corps fonore éprouvent de telles vibrations, Si Fon touche le corps d’un violoncelle dans le tems qu'on entire du /o7, on le fent frémir fous la main, &c Pon voit bien fenfiblement durer les vibrations de * la corde jufqu’à ce que le /oz s’éteigne. Il en eft de même d'une cloche qu’on fait fonner en la frappant du batant; on la fent , on la voit même frémir, & lon voit fautiller les grains de fable qu’on jette fur fa furface. Si la corde fe détend ou que la cloche fe fende , plus de frémiflement, plus de joz. Si donc cette. cloche-ni cette cordene peuvent communiquer à l’air que les mouvemens qu’elles éprouvent elles- mêmes, on ne fauroit douter que Le foz étant pro- duit par les vibrations du corps fonore, il ne foit pro- page par des vibrations femblables , que le même inffrument communique à l'air. Tout cela fuppolé, examinons ce qui conftitue le rappoït des /ozs du grave à l’aigu, Fhéon de Smyrne témoigne que Lafus, de même que le pythagoricien Hypate de Métapont, pour cal: culer au jufte les rapports des confonances, s’étoient fervi de deux vafes femblables & refonnans à l’unif fon; que laïfant vuide l’un des deux, & remphfant l'autre jufqu'au quart , la percuffion de l’un & de l’autre avoit fait entendre la confonance de la quar- e ; que rempliflant enfuite le fecond jufqu’au tiers, jufqu’à la moitié, la percuffion des deux avoit pro- Tome XF, SON 345 dut lacoñfônance de [a quinte, puiscelle de l'oftave: q Pythagore , au rapport de Nicomaque & de Cen: fotin,s’y étoitpris d’une autre maniere pour calculer les mêmes rapports. Il fufpendit, difent-ils, diférens poids aux mêmes cordes , & détermina les rapports des fons fur ceux qu'il trouva entre Les poids tendans; mais les calculs de Pythagore {ont trop juftes pour avoir été faits de cette maniere , puifque chacun fait aujourd’hui fur les expériences de Vincent Galilée, que les /ons font entr'eux , non comme les poids ten: dans,maisen raifon fous-double de ces mêmes poids, Enfin on inventa le monocorde , appellé par les añciens canon harmonicus , parce qu'il donnoit lafé: gle de toutes les divifions harmoniques. Il faut en ex2 plquer le principe. | | Deux cordes de même métal, dé groffeur égale, &t également tendues, forment un uniflon parfait, fi elles font aufli égales en longueur: fi les longueurs font inégales ; la plus courte donnera un for plus aigu. Il eft certain auffi qu’elle fera plus de vibrations dans un tems donné; d’où l’on conclud que la diffé: rence des Joss du grave à Paigu, ne procede que de celle du nembre des vibrations faites dans un même efpace de tems , par les cordes ou inftrumens fonores qui les font entendre ; & comme il eft impoffble d’eftimer d’une autre maniere les rapports de ces mê: mes /ons , On [es exprime par ceux des vibrations qui les produifent, | On fait encore, par dés expériences non moins certaines, que les vibrations des cordes , toutes cho: fes d’ailleurs égales , font toujours réciproques aux longueurs. Ainfi, une corde double d’une autre , ne fera dans le même tems que la moitié du nombre de vibrations de celle-ci, & le rapport des fozs qu’elles. rendront s'appelle ofave. Siles cordes font comme 2 & 3,les vibrations feront comme 3 & 2,& lerapport des fons s’appellera quinte , êtc. Voyez au mor INTER: VALLES, OT à | On voit par-là, qu'il eft aifé avee des chevalets mobiles , de former fur une feule cotde des divifions qui donnent des /oz5 dans tous les rapports poffbles entre eux, 6c avec la corde entiere ; c’eft le monocor- de, dont je viens de parler. Voyez fon article. On peut rendre des /o7s graves ou aigus par d’au- tres moyens. [jeux cordes de longueur égales ne for- ment pas toujours Puniffon; car fi l’une eft plus groffe ou moinstendue que Pautre, elle fera moins de vi- brations en tems égaux, & conféquemment le /oz en fera plus grave. Foyez CORDES. | C’eft fur ces deux régles combinées que font fon- dés, la conftruétion des inftrumens à corde tels que Le claveffin, & le jeu des violons & bafles, qui, par un perpétuel & différent accourciffement des cordes fous les doigts, produit cette prodisieufe diverfité de Jons qu’on admire dans ces inftrumens. Il faut raifon- ner de même pour les inftrumens à vent. Les plus longs forment des Joss plus graves fi le vent eftésal. Les trous, comme dans les flûtes 8 haubois, fervent à les raccourcir pour faire des /ozs plus aigus. En donnant plus de vent on les fait oftavier , & les Jos deviennent plus aigus encore, Voyez les mots ORGUE, FLUTE, OCTAVIER, &c, | S1 lon racle une des plus groffes cordes d’une viole ou d’un violoncelle : ce qui fe doit faire plutôt avec douceur qu'avec force , & un peu plus près du che- valet qu’à Pordinaire ; en prétant une attention fu fi: fante , une oreille exercée entendra diftinétement, outre le /oz de la corde entiere, au-moins celui de fon oftave, de l’oftave de fa quinte , & la double octave de fa tierce : on verra même frémir, & on entendra réfonner toutes les cordes montées à l’unifs fan de ces fons-là. Ces fons accefloires accompagnent toujours un fox principal quelconque : mais quand _ ce on eît aigu , ils y font moins fenfibles. On appelle Xx 346 SON ces fons les harmoniques du fon principal; c’eft par eux que M. Rameau prétend que tout /0z eft appréciable, & c’eft en eux qu'il a cherché le principe phyfique de toute l'harmonie. Voyez HARMONIE. Une difficulté qui refteroit à expliquer eft de fa- voir comment deux ou plufieurs /ons peuvent être entendus à la fois. Lorfqu’on entend, par exemple, les deux /ons de la quinte , dont l’un fait deux vibra- tions, pendant que Pautre en fait trois; on ne con- çoit pas comment la même mafle d’air peut fournir dans un même tems ces différens nombres de vibra- tions, & bien moins encore, quand il fe trouve plus deleux /ons enfemble. Mengoli & les autres fe ti- rent d’affaire par des comparaifons. Il en eft, difent- ils ,comme de deux pierres qu’on jette à-fa-fois dans l’eau à quelque diftance , & dont les différens cercles qu’elles produifent , fe croifent fans fe détruire. M. de Mairan donne une explication plus philofophique. L'air, felon lui , eft divifé en particules de diverfes grandeurs, dont chacune eft capable d’un ton parti- culier, & n’eft fufceptible d'aucun autre. De forte qu'à chaque oz qui fe forme, les particules qui y font analogues s’ébranlent feules , elles &c leurs har- moniques , tandis que toutes les autres reftent tran- quilles jufquw’à ce qu’elles foïent émues à leurtour par les Jons qui leur correfpondent. Ce fyfième paroit très-ingénieux ; mais l'imagination a quelque peine à fe prêter à l’infinité de particules d’air différentes én grandeur & en mobilité,qui devroient être répan- dues dans chaque point de l’efpace, pour être tou- jours prêtes au befoïn à rendre en tout lieu linfinité de tous les fons poffibles. Quand elles font une fois arrivées au tympan de l'oreille , on conçoit encore moins comment , en Les frappant plufieurs enfemble, elles peuvent y produire un ébranlement capable d'envoyer au cerveau la fenfation de chacune d’elles en particulier. Il femble qu’on éloigne la difficulté plutôt qu’on ne la furmonte. Mengoli prétendoit al- ler au-devant de cette derniere objeétion , en difant que les mafles d'air, chargées , pour aïnfidire, de différens fons , ne frappent le tympan que fucceflive- ment , alternativement, & chacune à fon tour; fans trop fonger à quoi cependant il occuperoit celles qui font obligées d'attendre que les premieres aient achevé leur office. La force du foz dépend de celle des vibrations du corps fonore ; plus ces vibrations font grandes, plus . le fon eft vigoureux & s’entend de loin. Quand la corde eft affez tendue & aqw’on ne force pas trop la voix ou linfirument , les vibrations ref- tent toujours #ochrones, & par conféquent le ton demeure lemême , {oit qu’on renfle ou qu’on adou- cifle le for : mais en raclant trop fort la corde, en foufllant ou en criant trop on peut faire perdre aux vibrations l’ifochronifme néceflaire pour l'identité duton ; & c’eft peut-être la raifon pourquoi, dans la mufique françoife , où c’eft un grand mérite de bien crier; on eft plus fujet à chanter faux que dans l'italienne , où la voix fe modere plus fagement. La vitefle du /or, qui fembleroit devoir dépendre de fa force , n’en dépend point. Cette viteffe efttou- jours égale & conftante , fi elle n’eft précipitée ou retardée par ces altérations de l'air : c’eft-à-dire que le for, fort ou foible , fera toujours la même quan- tité de chemin , & qu'il parcourra toujours dans deux fecondes le double de lefpace qu’il aura parcouru dans une. Au rapport de Halley & de Flamftead , le Jon parcourt en Angleterre 1070 piés de France en une feconde. Le pere Merfene & Gaflendi ont afluré que le vent , favorable ou contraire, n’accé- léroit ni ne retardoit le for ; depuis les expériences ; 77° EE que Derham & l’académie des fciences ont faites fur ce fujet, cela pañle pour une erreur. * Sans ralentir fa marche, le /oz s’afloiblit ens’éten- dant , & cet afoibliffement,, fi la propagation eft li- bre, qu’elle ne foit gènée par aucun obftacle , ni dé- rangée par le vent, fuit ordinairement la raifon des quarrés des diftances. sh Quant à la différence qui fe trouve encore entre les fons par la qualité du timbre , il éft évident qu’elle ne tient ni au degré de gravité , n1 même à celui de force. Un hautbois aura beau fe mettre exa- étement à l’uniflon d’une flûte, 1l aura beau radoucir le foz au même degré, le foz de la flüte aura tou- Jours je ne fai quoi de doux & de moëlleux, celui du hautbois je ne fai quoi de fec & d’aigre, qui empêchera qu’on ne puifle jamais les confondre. Que dirons-nous des differens timbres des voix de même force & de même portée ? chacun eft juge de la variété prodigieufe qui s’y trouve, Cependant, perfonne que je fache n’a encore examiné cette par- tie, qui peut-être, aufli-bien que les autres , fe trou- vera avoir {es difficultés : car la qualité de timbre ne peut dépendre , ni du nombre de vibrations qui font le degré du grave à l’aigu , ni de la grandenr ou de la force de ces mêmes vibrations qui fait le degré du fort au foible. Il faudra donc trouver dans les corps fonores une troifieme modification différente de ces deux, pour expliquer cette derniere propriété; ce qui ne me paroit pas une chofe trop aïfée ; 1l faut recou- fit aux principes d’acouflique de M, Diderot, f l'on veut approfondir cette matiere. Les trois qualités principales dont je viens de par- ler , entrent toutes, quoiqu’en différentes propor- tions , dans l’objet de la mufique , qui eft en général le foz modifié. En etfet , le compofñteur ne confidere pas feule- ment fi les /ozs qu'il emploie doivent étre hautsou bas, graves ou aigus , mais s'ils doivent être forts ou foibles,, aigres ou doux; & il les diftribue à différens inftrumens , en récits ou en chœurs, aux extrémités ou dans le médium des voix, avec des doux ou des forts , felon les convenances de tout celæ. Mais 1l eft certain que c’eft uniquement dans la comparaifon des /ons de l’aigu au grave que confifte toute la fcien- ce harmonique. De forte que , comme le nombre des /ons eft infini, on pourroit dire en ce fens que cette même fcience eft infinie dans fon objet. Onne conçoit point de bornes néceflaires à l'étendue des fons du grave à l’'aigu ; & quelque petit que puiffe être l'intervalle qui eft entre deux /o7s,onleconcevra : toujours divifible par untroifieme /o7. Mais la nature & l’art ont également concouru à limiter cette inf- nité prétendue par rapport à la pratique de la mufi- que. D'abord, 1l eff certain qu’on trouve bientôt dans les inftrumens les bornes des /ozs , tant au grave qu’à l’aigu ;alongez ou racourciflez à un certain point une corde fonore, elle ne rendra plus de/o7: onne peut pas non plus augmenter ou diminuer à difcré- tion la capacité d’une flûte n1 fa longueur; il y a des limites au-delà defquelles elle ne réfonne plus. L’inf piration a auf fes lois ; trop foible , la flüte ne rend point de /on ; trop forte à un certain point , elle ne fait plus, de même que la corde trop courte, qu’un cri perçant qu'il n’eft pas poflible d'apprécier. Enfin, c’eft une chofe inconteftable par lexpérience, que tous les fons fenfibles font renfermés dans des limi- tes au-delà defquelles, ou trop graves ou trop aigus, ils ne font plus apperçus , ou deviennent inapprécia- bles. M. Euler a même, en quelque façon , fixé ces limites ; & , felon fes expériences &r fon calcul rap- portés pat M. Diderot, tous les fons fenfibles font compris entre les nombres 30875 ;2;ceft-à-dire que, felon ce favant auteur , le /oz Le plus grave apprécia- ble à notre oreille, fait trente vibrations par feconde, &c le plus aigu 7552 vibrations dans lemême tems; intervalle qui renferme près de huit oétaves. _D’unautre côté, on voit par la génération har- SON Monique des Jons, que parmi tous les forspoffibles il n’y en à qu'un très -petit nombre qui puflent être admis dans un benfyftème de mufique ; car tous ceux qui ne forment pas des confonances avec Les fos fon- damentaux, Où qui ne naïlent pas médiatement ou immédiatement des différences de ces confonances, doivent être profcrits du fyffème; voilà pourquoi quelque parfait que puifle être aujourd’hui notre {y1 tème de mufque, il eft pourtant borné à 12 /ozsfeu- lement dans l'étendue d’une o@ave, defquels douze toutes Les autres oftayes ne contiennent que des ré- pliques. Que fi l’on veut compter toutes ces réplis ques pour autant de ons différens, en les multipliant jar le nombre d’oétaves auquel eft bornée étendue * des fers fenfibles , on trouvera 96 en tout pour le plus grand nombre de /ons praticablédans notre mu- fique fur un même /6z fondamental. à Onne pourroït pas évaluer avec la même précifion le nombre de fozs praticables dans l’ancienne muñ- que : car les Grecs formoïent, pour ainfi dire , autant de fyflème de mufique qu'ils avoient de mamieres différentes d'accorder leurs tétracordes. Il paroît par la leéture de leurs traités de mufique, que le nombre de ces manieres étoit grand, & peut-être indétermi- né. Or chaque accord particulier changeoït Les fons de la moitié du fyftème, c’eft-à-dire , des deux cor- des mobiles de chaque tétracorde. Ainfi Fon voir bien ce qu'ilsavoient de /ons dans une feule maniere d'accord, c’eft-à-dire, feize feulement ; mais on ne peut pas calculer au jufte combien ce nombre devoit fe multiplier dans tous les changemens de mode, & danstoutes les modifications de chaque gente, qui in- troduifoient de nouveaux /ens. Par rapport à leurs tétracordes , les Grecs diftin- guoient les/ors en deux claffes générales ; favoir , les fons {tables & permanens, dont l’accord ne chan: ecoit jamais , & qui étoient au nombre de huit ; & les /or1s mobiles, dont l'accord changeoit avec le genre - 8 avec l’efpece du genre : ceux-ci étoient auffi au nombre de huit, & même de neuf & de dix, parce qu'il y en avoit qui fé confondoientquelquefois avec quelques-uns des précédens , &t quelquefois s’en fé- parotent; ces fons mobiles étoient les deux moyens de chacun des cinq tétracordes. Les huits /ozs 1m- auables étoient les deux extrèmes de chaque tétra- corde , & la corde proflambanomene. Woÿez sous ces mOES. \L Ils divifoient de-rechef les fors fables én deux ef- peces, dont lune s’appelloit ons apient , &t conte- noit trois Jons ; favoir , la proflambanomene, la nete fynnéménon, & la nete hyperboleon. L'autre efpe- ce s’appelloit Jon buripient, & contenoir cinq /oss, Fhypate hypaton , l'hypate melon, la mefe, la pa- ramefe , & la mte drezeugnumenon. Voyez ces mors, Les /ons mobiles fe fubdivifoient pareillement en {ont mmefopient , qui étoient cinq en nombre; favoir, le fecond & montant de chaque tétracorde , & en cinq autres /ors appellés foi oxipieni , qui étoient le troïfieme en montant de chaque tétracorde. Voyez TÉTRACORDE, SYSTÈME, GENRE, 6e. À l'égard des douze /ors du fyftème moderne, Pac- cord n’en change jamais, & ils font tous immobiles. Broffard prétend qu’ils font tous mobiles , fondé fur ce qu'ils peuvent être altérés par dièfe ou par bémol; mais autre chofe eft de fubfhtuer un /o7 à un autre, &êc autre chofe d’en changer l'accord. ($) : SONS HARMONIQUES , 04 SONS FLUTÉS, font une qualité finguliere de foxs qu’on tire de certains inftrumens à corde, tels que le violon & le violon- celle, par un mouvement particulier de l’archet, & en appuyant très-peu le doigt fur certaines divifions de la corde, Ces /ons font fort différens , pour le de- gré & pour le timbre, de ce qu’ils feroient fi Fon appuyoit tout-à-fait le doigt. Ainfiils donneront la Tome XV, SON 347 dqinte quand ils devroient donner la tierce, latierce quand ils devroient donner la quatte, &c. & pour le timbre ; ils font beaucoup plus doux que ceux qu'on tire à plein de la même corde, en la faifant porter fur la touche ; c’eft pourquoi on Les a appellés Jons fiéiés, I faut pour én bien juger, avoir entendu M: Mondonville tirer fur fon violon, ou le fieur Ber: taud fur fon violoncelle , une fuite de ces beaux Jos, En gliflant même le doigt légerement de l’aigu au grave ; depuis le milieu d’une corde qu’on touche en même tems de l’archet, on entend diftinétement une fucceffion de ces mêmes /ons du grave à l’aigu , qui étonne fort ceux qui n’en connoiffent pas la théorie. Le principe fur lequel eft fondée la regle des ons harmoniques , eft qu'une corde étant divifée en deux parties commenfurables entre elles, & par confé: quent avec la corde entiere, fi Pobftacle qu’on ets tra au point de divifion, n'empêche qu'imparfaite- ment la communication des vibrations d’une partie à l’autre ; toutes les fois qu’on fera fonner la corde dans cet état, elle rendra non le /o7 de la corde en- tiere, mais celui de la plus petite partie f ellemefure l'autre, ou fi elle ne la melure pas, le oz de la plus grande aliquote commune à ces deux parties, Qu'on divife done une corde 6 en deux parties 4 & 2,, le | Jon harmonique réfonnera par la longueur de la petite partie 2 qui eft aliquote de la grande partie 45 mais fi la corde $ eft divifée felon 2 & 3, commela pe- tite partie ne mefure pas la grande , le for harmonique ne réfonnera que felon la moitié 1 de la petite par tie ; laquelle moitié eft la plus grande commune me: fure des deux parties 3 & 2, & de toute la cor- de 5. Au moyen de cette loi qui a été trouvée für les ex périences faites par M. Sauveur à l'académie des Sciences, & avant lui par Wallis, tout le merveilleux difparoït : avec un calcul très-fimple , onafligne pour chaque degré le oz harmonique qui lui répond : & quant au doigt gliflé Le long de la corde , on n’y voit plus qu’une fuite de fons harmoniques, qui {e fucce- dent rapidement dans l’ordre qu’ils doivent avoir fe. lon celui des divifions fur lefquelles on pañle fucceffis vement le doigt. Voictune table de ces ons qui peut en faciliter la recherche à ceux qui defirent de les pratiquer. Cette table indique les /0zs que rendroient les divifons de l'inftrument touchées à plein, &x les /ons flütés qu’on peut tirer de ces mêmes divifions touchées harmo- niquement. Table des fons harmoniques. La corde entiere à vui« de, donne luniflon. La tierce mineure, donne la dix-neuvieme ou la double oétave de la quinte. La tierce majeure, donne la dix-feptieme ou la doubleoftave de la tierce majeure. La quarte, donne la double oétave. La quinte, donne la douzieme , ou lo&tave dela même quinte, La fixte mineure, donne la triple oétave. La fixte majeure, donne la dix-feptieme majeure, ou la double oétave de la tierce. L'’o&tave, donne l’oftave. Après la premiere otave , c'eft-ä-dire, depuis le milieu de la corde jufque vers le chevalet, où l’on retrouve les mêmes fons harmoniques répétés dans le même ordre fur les mêmes divifions r , c’eft-à-dire, la dix-neuvieme fur la dixieme mineure; la dix= feptieme fur la dixieme majeure, &c. Nous n'avons fait dans cette table aucune mention des fons harmoniques relatifs à la feconde &c à la {ep- tième ; prenuerement, parce que les divifions qui les donnent, n'ayant entre elles que des aliquotes fortpetites, les /ozs en deviendroienttrop aigus pour | être agréables à l'oreille, &trop difficiles à tirer par Xx Ii 340 SON un coup d’archet convenable : & de plus , parce qu’il faudroit entrer dans des foüdivifñions trop étendues, qui ne peuvent s’admettre dans la pratique : car le Jon harmonique du ton majeur feroit la vingt-troifie- me , ou la troifieme oëtave de la feconde, & l’har- monique du ton mineur feroit la vingt-quatrieme ou la troifieme oftave de latierce majeure. Mais quelle eft l'oreille aflez fine & la main affez jufte, pour pou- voir diftinguer & toucher à fa volonté un ton majeur ou un ton mineur? (S) Son , ( Commerce. ) on fait que c’eft la peau des grains moulus féparée de la farine par le moyen du blutoir , du fas , ou du tamis. Les Amidonniers fe {er- vent du foz de froment pour faire leur amidon, qui n’eft autre chofe que la fécule qui refte au fond des tonneaux où ils ont mis le /oz tremper avec de Peau. Les Teinturiers mettent le /oz au nombre des dro- gues non colorantes, parce que de lui-même il ne peut donner aucune couleur ; c’eft avec le /o7 qu'ils font les eaux sûres, dont ils fe fervent dans laprépa- ration de leurs teintures. ( D. J.) Son , ( Listérature. ) les anciens fe frottoient de fon dans leurs cérémonies luftrales ; 1ls en ufoient aufli dans leurs cérémonies magiques, principale- ment quand ils vouloient infpirer de l'amour. Nous lifons dans le prophete Baruch, c. y7. verf. 42. que les femmes de Chaldée aflifes dans les rues y brû- loient du /oz à ce deffein. Il eft vrai qu'il y a dans la vuloate, fuccendentesoffa olivarum, brûlant des noyaux d'olive. L'auteur de la vulgate lifoit probablement ici, ras mudidas, expreflion qui en effet fignifie ( 4shén. L, II.) noyaux d'olive brâlés ; mais 1l eff certain qu'il y a dans le texte r@ 7iropx , mot qui fignifie du /or. Théocrite dans fa Pharmaceutrie, nous fournit en- core un exemple de cet ufage ; l’enchanterefle Simé- the, après avoir effayé de plufieurs charmes pour enflammer le cœur de fon amant; je vais mainte- nant brûler du fox, Jon miropx ; &t elle ajoute vers la fin de l’Idylle , qu’elle a appris ce fecret d’un affyrien. (D. J.) SONATE, 1. f. ez Mufique, eft une piece de mu- fique purement inftrumentale, compofée de quatre ou cinq morceaux de caraéteres differens. La jonare eft à-peu-près par rapport aux inftrumens, ce qu’eft la cantate par rapport aux voix. La fonare eft faite ordinairement pour un feul in- ftrument quirécite accompagné d’une baffecontinue; & dans une telle compolition, on s'attache à tout ce qu'il y à de plus favorable pour faire brilier Pin- ftrument pour lequel on travaille ; foit par la beauté des chants, foit par le choix des fons qui convien- nent le mieux à cette efpece d'inftrument , foit par la hardieffe de l’exécution. Il y a aufi des Jonares en trio; mais quand elles paflent ce nombre de parties, elles prennent le nom de concerto. Voyez ce mor. Il y a plufeurs différentes fortes de Jonares ; les Italiens les réduifent à deux efpeces principales ; lune qu'ils appellent Jonare da camera, fonate de chambre , laquelle eft ordinairement compofée de divers morceaux faits pour la danfe; tels à-peu- près que ces recueils qu'on appelle en France des fuites ; Vautre efpece eft appellée Jonate da chieza, fonates d’églife, dans la compoñition defquelles il doit entrer plus de gravité, &r des chants plus convena- bles à la dignité dulieu. De quelqueefpece que foient les fonutes , elles commencent communément par un adagio , & après avoir pañlé par deux ou trois mou- vemens différens , finiflent par un allesro. Aujourd’hui que les inftrumens font la partie la plus effentielle de la mufique , les fozutes {ont extre- mement à la mode, de même que toutes les efpeces de fymphonies ; le chant des voix n’en eft guere que l'accefloire. Nous fommes redevables de ce mauvais goût à ceux qui voulant introduire le tour de la mu- fique italienne dans une langue qui ne fauroit le comporter, nous ont obligé de chercher à faire ayec les inftrumens ce qu'il nous étoit impofñlible de faire avec nos voix. J’ofe prédire qu’une mode fi peu na- turelle ne durera pas ; la Mufique eft un art d’imita- tion; mais cette imitation eft d’une autre nature que celle de la Poéfie & de la Peinture ; & pour la fentir il faut la préfence ou du-moins l’image de l’objet imité ; c’eft par les paroles que cet objet nous eft préfenté; & c’eft par Les fons touchans de la voix humaine, jointe aux paroles, que ce même objet porte jufque dans les cœurs le fentiment qu’il doit y produite. Qui ne fent combien la mufque inftru- mentale eft éloignée de cette ame 8 de cette éner- aie? Toutes les folies du violon de Mondonville m'attendriront-Elles jamais comme deux {ons de la voix de Mlie le Maure ? Pour favoir ce que veulent dire tous ces fatras de /orzates dont nous fommes ac- cablés, il faudroit faire comme ce peintre groffier qui étoit obligé d'écrire au-deffous de fes figures, C’eft un homme , c’efl un arbre, c'eft un bœuf. Je n’ou- blierai jamais le mot du célebre M. de Fontenelle, qui fe trouvant à un concert, excédé de cette {ym- phonie éternelle, s’écria tout haut dans un tranfport d'impatience, fonate , que me veux-tu? (S) SONCHUS , £. m.( Botan. ) on nomme commu- nément en françois ce genre de plante Zuiteron , & en anglois the fow-thiflle. Tournefort en diftingue douze efpeces, & le genre a été caracténifé au m02 LAITE- RON. ( D. J.) SONCINO , ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie ; dans le Crémonois, fur la droite de l'Oglio , à fept lieues au fud-oueft de Crémone. Long. 27, 20. latir, 225 A CDTI) SOND , ( Géographie. ) eft un nom qu’on donne par diftinétion au fameux détroit par où la mer Ger- manique communique à la mer Baltique, Il ef fitué entre l’île de Zélande & la côte de Sthos nen; ila environ 16 lieues de long & 5 de large, excepté auprès du fort de Cronimbers , où 1l n’en a qu’une ; de forte que les vaifleaux nepeuvent pañler que fous le canon de ce fort. Cela a donné lieu aux Danois de mettre un impôt fur tous les vaifleaux , & on prétend que c’eft un des plus beaux revenus de La couronne de Danemarck : & depuis , ils empêchent les pilotes de pafler par le petit ou Le grand Belt, qui font deux autres pailages de la mer Baltique, quoiqu’un peu moins commodes que le Sozd. Toutes les Nations qui trafiquent dans cette par- tie du nord, font fujettes à ce droit; cependant les Suédois en étoient exempts par le traité de 1644: mais ce privilege leur a été Ôté par Le traité de 1720, qui les a remis au niveau de leurs voifins. Par le traité de Spire, fait entre les Danois & Char- les-Quint ; Le droit de paflage fut fixé à deux nobles a la rofe pour un vaiffleau de deux cens tonneaux ; cependant en 1640 cet impôt fut augmente juiqu’à 500 rixdales. La connivence de Jacques I, roi d'Angleterre ; qui époufa une princefle de Danemarck, &t les guer- res que les Hollandois ont été contraints de faire pour leur liberté , ont donné lieu à une exaétion fi confidérable ; depuis bien des années ce droit a été remis fur un pié plus modére. Cromwel avoit réfolu d'enlever ce paflage aux Danois, & il y auroit réuffi fans doute, s'il n’étoit pas mort, auparavant que la flotte qu'il y envoya pour cet effet füt arrivée. L'origine eft le progrès de cetimpôt ( qui d’une petite contribution volontaire que les Marchands payoient pour entretenir des fanaux dans certains endroits de la côte, & dont le roi de D'anemarck n’é- toit que le tréforier & le dépofñitaire, devint à la lon: \ SON gue un pefant fardeau pour le commerce, auffi-bien qu'une efpece de reconnoïfflance fervile de fa fouve- aineté {ur ces mers ) eft rapportée dans l’hifloire de Danemarck ; ch. ty. p. 11. & Jeg. SONDARI, f. m. (Boran, exor.) nom qu’on donne chez les Malabares , à l’arbrifieau de leur pays que les Botaniftes appellent fratex indicus , baccifer, flo- ribus umbellatis, frulu tera-cocco. (D.J) SONDBACH, (Géog. mod.) communément Sand Bich, gros bourg à marché d’Angleterre , dans Ches- hire , fur une hauteur. (D. J.) SONDE, DÉTROIT DE LA, (Géog. mod.) détroit célebre de la mer des Indes , entre les îles de Suma- tra & de Java, fous les ; & 6 degrés de /arirude mé- ridionale. (2.J.) SONDE , ÎLES DE LA , ( Géog. mod.) îles de la mer des Indes, ftuées autour de l'équateur , & au cou- chant des Moluques. Elles s'étendent depuis le & deg. de larit. fept. juiqu'au & de las. mérid, & depuis le 138. deg. de long. jufqu'au 258. Les principales de ces îles font Sumatra, Java & Bornéo ; leurs peuples tiennent beaucoup du naturel, de la façon de vivre, & du langage de ceux de la terre-ferme de Malaca, ce qui fait conjeûturer qu'elles ont été peuplées par les Malayes. Les Hollandois font le principal com- merce de ces iles. (D. J.) SONDE , {. f. (Machine hydraul.) a fonde dont on fe fert pour fonder un terrein dans l’eau, eft tantôt une perche de bois qu’on divife en prés, au bout de laquelle on fcelle un poids de plomb convenable fi le courant de l’eau le demande; tantôt c’eft un bou- let de canon attaché au bout d’une corde, divifée pa- reillement par piés; par ce moyen on leve. le profil de la riviere, Pour fonder au-deflous de l’eau le gravier ou le fa- ble qu'on y trouve , & examiner où commence le terrein folide, on emploie une autre efpece de fonde. Cette fonde eft de fer, elle a en tête pour couron- nement un gros anneaux, au-travers duquel on paf. fe le bras d’une tariere pour la tourner. Elle a au- deflus une tête pour pouvoir la battre & la faire en- trer juiqu’à un fond de confiftance qu’on a trouvé au-deflous du gravier; & en la tournant à plufeurs reprifes, elle emporte dans fes barbelures quelques échantillons du terrein de confiftance qu’elle a ren- contre, par où l’on juge de la nature de ce terrein. Il y a des fozdes pour la conftruétion des ponts, qui font encore faites d’une autre maniere. Elles ont une petite poche au bout en forme de coquille de limaçon , laquelle ne prend pas du fable en la tournant d’une certaine façon, mais prend du terrein au-deflous du fable où on la poufle, en la tournant d’un autre fens: ces fortes de fondes pour être plus fres, doivent être toutes d’une piece. Quand le gravier eft trop gros, & qu'il s’y ren- contre de gros cailloux, que les /ondes ordinaires ne peuvent écarter, pour lors on fe fert d’un gros pieu de chêne arrondi, de ÿ ou 6 pouces de diametre, fui- vant la profondeur du terrein & la rapidité de l’eau ; on arme ce pieu d’une lardoire au bout pour pou- voir écarter les caïlloux , & d’une frète ou chape- ron à la tête pour pouvoir refifter aux coups de la maflue avec laquelle on enfonce la forde, (D. J.) . SONDE DE TERRE, inftrument très-vanté pour pénétrer profondement dans les entrailles de la ter- re, connoitre la nature des lits qui la compofent, & trouver des eaux. Le détail des opérations faites pour forer la fontaine du fort de Saint-François, commen- cées le 8 Mai, & achevées le 2 Août 1751, nous informeront & du méchanifme de cette fozde, de fon ufage & de fon utilité. L'emplacement de la fontaine étant déterminé, on fit une excavation de 12 piés de diametre par le haut réduite à 8 piés par le bas, & de 4 piés de profon- L] SON 349 deur. On s’appercçut que la nature du tertein annon- çoit un fable bouillant qui devient très-liquide auffi- tôt qu'il eft découvert. Îl fe rencontre ordinairement dans toute la Flandres à $, 6 ou 7 piés de profon- deur. On fit promptement au centre de ce déblai une Ouverture de 18 pouces en quarré , & d'environ 2, piés de profondeur ; on y fit entrer le premier cof- tre. Ces coffres font formés par un aflemblage de qua- tre planches de bois d’orme de 16 à 18 pouces de largeur, (Foy. Les fig. ) de à à 3 pouces d’épaiffeur, de 8 , o ou ro pouces de longueur au plus. Ces quatre planches doivent laiffer entr’elles un vuide de 12 poudes en quarré, & être pofées de facon que la largeur de l’une recouvre alternativement l’épaifleur de lautre. Par cet arrangement , leffort que la terre, le fable, & les cailloux font en-dedans du cof fre, & qui tend à les écarter, trouve une réfiftance qu'il ne peut furmonter qu’en faifant plier tous les clous qui Les affemblent ; on fe contente dans le pays de clouer deux planches larges fur deux étroites. Ona vû fouvent réfulter de grands inconvéniens de cette méthode ; celle qu’on a fuivie doit paroître préférable; on arrange d’abord trois planches , com- me il a été dit ci-deflus. Puis on.les cloue l’une {ur l’autre de 8 en 8 pouces avec des clous barbés de 6 pouces de longueur ; on pofe enfuite à la moitié de leur longueur , & en-dedans un quarré de fer de 12 à 14 lignes de largeur , fur 4 lignes d’épaiffeur ; on en place deux autres à 1 pié ou environ des extré- mités ; on les fait perdre dans l’épaiffeur des plan- ches ; on fait trois rainures dans l’épaifleur de la qua trieme , pour recevoir ces quarrés, & on la cloue fur les trois autres. Enfuite on pole trois quar- rés de fer en-dehors : celui du milieu eft de deux pieces qu’on rejoint par des charnieres & des clavet- tes, on en met un fecond à l’une des extrémités , & le troifieme à 6 pouces de l’autre. Ces 6 pouces font deftinés à porter Le fabor qui doit être de quatre pie- ces bien trempées par leur tranchant, & bien recui- tes ; 1l faut avoir attention que le talon de ce fabot potte précifement contre le milieu de l'épaiffeur des planches : le coffre eft préparé en-dedans de fon au- tre extrémité en forme d’emboîtement pour recevoir cehu qui le fuivra, qui doit être travaillé, ainf que les autres qu’on emploie avec les mêmes fujettions que le premier , à cela près qu’au lieu du fabot, ils iont diminués quarrément fur 6 pouces de longueur pour entrer dans lemboîtement de ceux fur lefquels . ils font pofés. On ne peut apporter trop de foins à la conftruétion de ces coffres ; on ne doit pas s’en rapporter aux ouvriers, 1l faut que quelqu'un d’in- telligent examine f les planches font de même lar- geur, de même épañleur ; f ces épaiffeurs font d’é- querre fur les largeurs ; fi elles ne font ni ventelées n ni roulées , ou ft elles n’ont point quelqu’autre dé- faut ; enfin, fi leur aflemblage forme un vuide quar- ré. Après ces précautions, le coffre érant achevé, on trace fur deux de fes côtés des lignes de milieu, dont on fera connoître l'utilité. Il n’eft pas pofi- ble dans un mémoire de l’efpece de celui-ci de fui= vre le travail, fans expliquer la façon & l’ufage des inftrumens qu’on met en œuvre ; on prie le leéteur de trouver bon qu’on continue comme on a com- mencé. On a laïffé Le premier coffre enfoncé de 2 piés 3 of lui met ce qu'on appelle communément un 407- net , (voyez Les fie. ) c’eit une piece de bois travail- lée de façon qu’elle porte fur le haut du coffre & fur Le bas de Pemboîtement ; il faut que la partie qui recouvre le haut du coffre {oit d’équerre fur celle qui entre dedans, &c que tous fes points pottent, s'il eft poffible, fur tous ceux de laflemblage. Ce bon- net doit excéder le coffre d’un pié & demi à 2 piés, pour porter le choc de la hie ou du mouton qu’on 55e SON fair enfuite agir à petits coups, afin de donnet à deux charpentiers, qui dans le cas préfent étorent appli- qués avec des plombs aux lignes de milieu dont on à parlé, la facilité de redrefler le coffre &c de le faire defcendre , fuivant une diredion perpenti- vulaire, El defcendit de trois priés , après quoi il re- fufa d'entrer ; on mit la grande tariere en œuvre, on retira 4 piés d’un fable bouillant de la même ef- pece que le premier qu'on avoit découvert; le fond devint fort dur ; on fe fervit d’une petite tariere; on la fit entrer de 2 piés & demi ; on retita du fable couleur d’ardoife qui étoit fort ferré en fortant du coffre; mais qui s’ouvroit & fe réduifoit enléau auf- f-tÔt qu’il étoit à l'air. .… Les tarieres dont on vient de parler , font des ef- peces de lanternes de tole forte ; la grande a envi- ron 8 pouces de diametre, & la petite 4 pouces : elles font couvertes par le haut, afin que l’eau qui eft dans les coffres, & qui paroît auffitôt que le fable bouillant, ne faffe pas retomber par fon poids, lorf: œu’onlesretire, ce dont elles font chargées : après les avoir fait pañler dans une manivelle, on les monte fur des barreaux de feize lignes de grofleur , au moyen d’une efpece de charnieretraveriée par deux boulons quarrés portant une rête à une de leurs extrémités & une vis à l’autre fur laquelle on mon- te des écroux qu'il faut ferrer avec prudence, pour ne pas forcer la vis que la filiere a déja tour- mentée : les deux écroux ne doivent pas être pla- cés du même côté de la charniere, afin de donner la Scilité À deux hommes de les monter & démonter enfemble; ils ont pour cela chacun un tourne-vis qui doit avoir aflez de force d’un côté pour chañler les boulons dans les trous des charnieres , lorfqu'ils font réfiftance ; l’autre eft diminué fur fa longueur , & fert à faire rencontrer les trous des charnieres, en le pañlant dedans. On defcend enfuite l’inftrument; le barreau coule au-travers de la manivelle qui eft ap- puyée fur Le coffre, & lorfqul eft au fond, on re- leve cette manivelle À une hauteur convenable pour la tourner aifément ; on y aflure le barreau avec un coin qu’on chaffe fortement dans fa mortarle dans la- quelle ce barreau ne doit préfenter que trois à qua- tre lignes, & avoir une entaille particuhere pour le refte de fa groffeur. Il porte à fon extrémité un étrier qui tient au crochet du cable de l’engin ; ce crochet doit tourner très-librement dans fa chape, afinde ne pas faire torûre le cable ; on couvre le coffre de deux planches épaifles qui sy emboitent fortement , &c oui laiflent entr'ellesune ouverture ronde pour y paf- {er le barreau , & le contraindre par-là à fe mainte- nit dans une direŒtion conftante. Après la petite tariere, on fe fervit de la grande, & on perfettionna ce que la premiere avoit com- mencé, on retira du fable de la même efpece que le précédent; on remit le bonnet fur le cofire , &z on le fit defcendre de 18 pouces en dix volées de hie ; on le vuida , on préfenta un fecond coffre ; on fui mit le bonnet & on laifla defcendre légérement la hie, pour l’aflurer dans fon enboitement ; on lui en donna enfuite deux volées de trente coups cha- cune ; après quoi on joignit les deux cofires par huit molles bandes qui font des pieces de fer plat d'environ 16 Lig. de largeur , de 3 à 4./ig. d'épaifleur & de 2 piés & demi à 3 piés de longueur. On en cloue deux fur chaque côté des coffres près des an- gles, moitié de leur longueur fur l'un & moitié fur Pautre ; il ne faut point arrêter ces molles-bandes , qu'on ne {oit fr que les quarrés qui fe trouvent à la rencontre des coffres font bien affermis, & que les planches ne peuvent plus prendre de rebroufflement {ous le coup de lahie , fans quoi le moindre affait- fement feroit fauter toutes les têtes des clous qui tiennent les molles-bandes ; c’eft ce qu’on a cher- ché à prévenir, en fatfant donner foixante coups de he avant de les clouer. On battit vigoureufement le fecond coffre : les Charpentiers ayant toujours leurs plombs à la rmaïn, il defcendit de 2 piés en vingt volées de vingt coups chacune. On employa un troifieme coffre, éconéta- blit un échafaudase pour fe mettre à hauteur de pou- voir manœuvret aément dedans ; on y défcendit la petite tariere , & on la porta jufqu’à 3 piés au-def- fous du fabot du premier coffre, on la retira ; on mit la-grande en œuvre, on fit agir la hie ; &x enfin on recommiença alternativement ces manoevyres Juf- qu'à vingt - un piés de profondeur , oies inftru- mens ne trouverent plus de prife; on ÿ conduit les coffres, qui comme eux, refuferent d'aller plus bas; on employa une langue de ferpent, on la fit entrer d’un pié , & on reconnut qu’elle étoit dans un banc de cailloux ; l’eau monta confidérablement dans les coffres, & s’y mit de niveau avec celle d’un puits qui en étoit à 5 toiles ; on eut la curiofité d’exa- iminer le rapport de la hauteur des eaux du foflé du fort avec celles-ci, on les trouva de niveau : jufque- là, on n’étoit sûr de rien, le hafard pouvant y avoir part; deux jours après, on baiffa celles du foffé de 2 piés ; celles du puits & des coffres baïflerent , (8€ ‘tout fe remit de niveau ; on peut conclure avec bien de la vraiffemblance que l’eau du puits dont la gar- nifon faifoit ufage, étoit la même que celle des fof- fes : cette eau étroit extrèmement crue, dure, pe- | fante; parce que paflant au-travers de gros cailloux qui laifent beaucoup d’efpace entr'eux, elle ne pou- voit acquérir d’autres qualités, qualités qui occañon- noient beaucoup de maladies. Après avoir reconnu avec la langue de ferpent la nature du fonds, on employa un inftrument qu’on nomme dans le pays une #w/ipe, quine fit aucun effet; on en fit faire un nouveau dont on tira un très-bon parti. Il porte par le bas une lañgue de ferpent fuivie d’une efpece devis fans fin dont les filets font très-forts & bien trempés; cette vis eft furmontée d’un aflemblage de barreaux forgés triangulairement , efpacés lun de Pautre, 8 poiés ocbliquement; en forte qu'extérieurement ils préfen- tent un de leurs angles ; le tout forme un cône ren- ver{é dont la bafe a huit pouces de diametre ; les par- ties qui la compofent font foudées {ur un barreau de feize lignes de groffeur qui porte lui-même la lan- gue de ferpent par le bas. On Le mit en œuvre; après quelques tours de manivelle, on fentit qu'il brfoit les cailloux; maïs ils lui réfiflerent bientôt au point d'arrêter fix hommes. Il faut prendre garde en pa- reil cas que les ouvriers ne s’opiniätrent point à furmonter l’obftacle, ils romproient les charnieres ou les barreaux. Il ne provient que de la pofition de quelques gros cailloux qui fe préfentent en même tems à linftrument par leur point de plus grande réfiftance : il faut dans cette occafon faire bander le cable , relever les barreaux de cinq à fix pouces par un mouvement très-lent, & faire faire en même tems trois ou quatre tours à la manivelle en fens contraire ; on la tourne enfuite à l’ordinaire, en fai= fant lâcher le cable infenfblement; les cailloux pren- nent entr’eux un arrangement différent, & on par- vient à les brifer. Cette manœuvre paroît aïfée ; elle eft cependant aflez difficile à faire exécuter avec pré- cifion : on continua à tourner la manivelle, on ne trouva plus là même difficulté; mais ’inftrument n’a- vança que très-lentement; on parvint cependant à le faire entrer de toute fa longueur, on le retira en faifant détourner la manivelle pour le dégager & lui donner plus de facilité à remonter , on trouva lefpace que les petits barreaux forment entr'eux, rempli de morceaux de cailloux, qui faifoient juger que dans leur entier ils devoient ayoir quatre, cinq &z fix pouces dé groffeur. On chaffa le coffre ‘il entra de fix pouces en vingt vollées de trente coups; on redefcendit linftrument , & on le mena à un pié plus bas qu'il n’avoit été; on le retira rempli comme la premiere fois; on battit le coffre, il defcendit de quatre pouces ; l'outil n’ayant que huit pouces de diametre par Le haut, ne lui frayoit qu’une partie de fon chemin que le fabot tâchoit d’achever; on fentit qu'à mefure qu'on defcendoit, les caillouxiétoient plus ferrés les uns contre Les autres ; on fitun fecond inftrument fur le modele à-peu-près du premier. On Pemploya , & on le fit defcendre auf bas qu'il fut pofñble ; on le retira rapportant avec lui des morceaux de cailloux proportionnés à fa ca- pacité; on retourna au grand inftrument , on le cou- ronna d’un cylindre de tôle de douze pouces de hau- teur & d’un diametre un peu moindre que le fien, On travailla jufqu’à ce qu’on crût que le haut de ce cylindre étoit recouvert par les graviers de fix à huit pouces, on Le retira plein de cailloux en- tiers , de morceaux &c de beaucoup de petits éclats. On continua les mêmes manœuvres pendant treize _ jours, & on perça enfin ce banc qui avoit onze piés d’épaifleur. On eut grande attention à bien vuider le coffre ayant d’entamer le terrain au-deffous qu’”- on avoit reconnu avec la langue de ferpent être du fable bouillant. On fit ici une faute fur la parole des gens du pays qui dfluroïent que ce fable fe foute- noit fort bien ; malgré le peu de difpofition qu’on’ avoit à les croire , on fe laïfla féduire , quoique d’un autre côte. 1l y eût grande apparence que le fable dont on avoit vu l'échantillon, étoit du véritable fable bouiilant, il parut très-ferme dans le commen- cement ; On fe fervit alternativement de la grande & de la petite tariere, on defcendit à huit piés au- deflous des coffres; on les battit, ils entrerent affez afément de près de deux piés; & comme ils com- mençoient à refufer, on ne les preffà pas. On em- ploya la petite tariere qui s'arrêta au pié des cof fres , quoiqu’avant elle la grande tariere füt def- cendue beaucoup plus bas; on fentit des cailloux, & . on jugea que le chemin qu’on avoit fait jufques-fà étoit rempli; le fable des côtés extérieurs du coffre _ s’étoit détaché, & avoit coulé , les caïlloux qui étoient immédiatement au-deflus l’avoient fuivi, & avoient comblé l'ouverture que les tarieres avoient _ faite, On fe mit en devoir de les retirer; maïs il en retomboit à mefure qu’on en tiroit; on ne pouvoit pas les brifer, comme on avoit fait auparavant; parce que, lorfqu'ils étoient preflés par les inftrumens , ils fe logeoient dans le fable & fe déroboient à leurs efHorts; enfin, on en diminua le nombre, & ils ceffe- rent de retomber. Lorfqu’on eut fait defcendre le cof- fre de quatre piés, apparemment que le fabot ayant retrouvé un peu de ferme, leur avoit ferme Le pañla- ge, les mouvemens du coffre en avoient cependant encore fait defcendre. On mit tous les inftrumens en œuvre; la grande tarriere faifoit un aflez bon effet ; elle les enveloppoit dans le fable dont elle fe char- geoit; on ne put cependant pas fi bien s’en défaire, qu'on n’en trouvât encore à plus de cent piés de profondeur. Il étoit aifé d'éviter ces inconvéniens ; 11 falloit, lorfque le coffre fur arrivé fur le fable, le frapper avec vigueur, le faire defcendre de deux piés ou deux piés & demi; retirer deux piés de fa- ble du dedans; recommencer à le frapper de même; le vuider & continuer. Il eft vrai que l'ouvrage eft long, parce que les coffres n’entrent pas aifément ; mais On travaille en füreté, & on n’a pas le defagré- ment d’être perfécuté par les cailloux, & de voir dans un moment combler ouvrage de quatre jours. La premiere couche qu’on rencontra , étoit d’un fable bouillant gris, tirant fur le verd, de r1 pies d’épaifleur: la feconde, d’un fable bouillant oris d’ar- S ON 357 doïfe , dans lequel l’on étoit entré de 8 piés, lorf- que les coffres refuferent abfolument de defcendre ; on les battit toute une Journée fans qu'ils fiflent le, moindre mouvement : On travailla pendant trois jours avec la petite & la grande tariere, on eflaya de les faire defcendre , mais ce fut inutilement : onalla en avant avec les inftrumens ; on fe trouva en cingjours à 10 piés au-deflous du fabot des coffres: ces 10 piés furent tout-à-coup remplis , & le fable remonta de 9piés dans les coffres. Si malheureufement lesinf. trumens avoient été à fond pendant ce mouvement ; il auroit été très-difiicile de les retirer. On futobli- gé en pareil cas , à Aire, il ÿ a quarante ans , d’a- bandonner 80 piés de barreaux: on reprit les ta- rieres, & on fut près de huit jours à fe remettre au point où on étoit ::on jugea par la longueur de ce tra- vail, que le fable couloit le long des coffress & qu'il remplaçoit celui qu’on tiroit : on fonda avec la lan- gue de ferpent, qui rencontra la terre glaife à 3 piés au-deflous des 10 piés où onenétoit, par conféquent à 13 piés des coffres ; ce fut une bonne découverte 3 On reprit courage , & on fit avancer la grande tar- tiere, qu'on rétiroit fouvent par précaution ; on fen- tit dans un moment, qu’elle pefoit plus qu’à lordi- naire , On la remonta très-promptement , non fans dificulté, parce qu'elle étoit déja recouverte du f1- ble qui avoit fait un mouvement & qui s’étoir repor- té jufques dans les coffres : on fe trouva fort heu reux dans cette circonftance, de leur avoir donné 12 pouces decreux; ils n’en ont ordinairement que 8 dans le pays, parce qu’on n’y trouve communé- | ‘ment que 12 à 13 piés de ce fable bouillant, & il en avoit 33101: on avoit bien réfléchi furla icon de rémédier aux inconvéniens , mais on ne vouloit la mettre en ufage qu’à la derniere extréinité : comme on vit cependant qu’on perdoit beaucoup de tems, &t qu'il étoit inutile de porter la curiofité plus loin Une nature de ce énre on tâcha de retirer le able juiqu'à 3 piès près de la terre-olaife, & onin- troduifit fur le champ de nouveaux coffres dans les premiers 1lsavoient 8 pouces & ! de vuide,un pouce & + d’éparfleur , & 18 piés de long. Cette grande dimenfion n'eft ici d’aucune conféquence : ces cof. fres n'ayant que peu d'effort à foutenir ; ils étoient d’ailleurs maintenus dans les grands, qu'ils pañlerent de 3 piés fans violence & à la main : on leur mit un bonnet » Ones battit, 1ls defcendirent jufqu’au point Où on avoit porté les inffrumens , & ils refuferenr: ces coffres n’ont point d’emboîtement , on les joint fimplement par des molles-bandes : on defcend le premier, en pafant, à 18 pouces de fon extrémité ; un boulon de fer, au milieu duquel on porte le cro- chet du cable ; on le préfente dans le grand coffre & on l’y laïfle couler jufqu’à ce que le bouton porte fur fes côtés : on dégage le crochet, on en prend un fecond par fon boulon, on le préfente fur celui-ci: on le joint , comme il a été dit, par des molles-bandes À on les fouleve enfemble pour dégager le premier boulon , & on les laiffe defcendre juiqu’au fecond ainf de fiute. À Les tarieres ramenerent bien le fable qui étoit juf- que fur la glaife, mais elles ne purent l’entamer parce qu'elle fe colloit à leurs meches, qui dans le moment ne mordoient plus. On fit un nouvel inftru- ment , Qu'on connoïtra mieux par la figure que par l'explication gw’on pourroit en donner : on l’employa , mais comme on fentit que le fable recommençoit à couler, on le retira : on def. cendit la grande tariere, on trouva que non-feules ment 1l avoit comblé ce que le premier inftrument avoit fait, mais qu'il étoit remonté de s piés dans les petits coffres : on foupçonna que tous ces mouve- mens occañonnoiïent un affaiflement, qui devoit{e communiquer jufqu'aux terres qui entouroient le 32 S ON haut des coffres : on levales madriers qui couvroient le fond du premier déblaï, ils n’étoient plusfoutenus que par leurs extrémités: on trouva effetlivement le terrein baïffé de cinq prés le long des coffres, for- mant un cone renverfé de 8 piés de diametre. Juf que-là on ne s’emétoir pas apperçu, parce que dès le commencement de l'ouvrage, le haut du déblai avoit été couvert, pour la facilité des manœuvres ; on connut enfin toute la fluidité du fable bouillant, on répara avec la grande tariere, le mal qu'ilavoit fait, & on chafa les cofires jufqu’à un pié 8 demi dans la glaife. On fapputequ'on avoit été obligé de retirer plus de go piés cubes’de fable , au-delà du volume dontiles coffres occupoient la place: on re: prit le nouvel inftrument , & on ne fut pas trompé dans l’efpérance où l’on étoit, qu’on ne rencontre: roit plus les difficultés que l’on avoit eût à furmon- ter: on perça un lit de ro piés, d’une terre-glaife couleur d’ardoife, mêlée d’un peu de fable ; on en- tra enfuite dans une terre féche , dure, & plus clai- re en couleur que la précédente ; on la prend dans le pays pour du tuf, ce n’eft cependant qu'une glai- fe; celle-ci avoit 14 piés d’épaifleur : on étoirar- rêté de tems-en-tems par de gros cailloux, mais en- fin linftrument les forcoit à {e ranger de côré dans les terres, 8 lorfqu’il les avoit pañlé , s'ils retom- boient , ils étoient obligés de remonter avec lu, parce ail remplifoit exaétement , au moyen de la terre dontilfe chargeoït, le tuyau, pour ainf dire, qu'ilavoit fait: on retira de cette façon , de près de 80 piés de profondeur, des cailloux qui pefoient juf- qu'à cinq livres: ils n’étoient pas tous noirs en de- dans, comme les premiers. On entra enfuite dans un lit de1$ piés de glaïfe noire, mêlée d’un peu de fable d’une odeur défasréable : on en fit iécher quel- ques petites parties, onlesbräla, ellesrendirentune flamme violette, & une très-forte odeur de foufre : on pafla de-làdans un lit de x11piés d’épaifieur, d'u neterre fort grafle, mêlée de beaucoup de veines êc de petits morceaux d'une efpece de craié blanche, qui tenoit de la nature de la marne à laquelle on croyoit toucher; mais On trouva encore un Bt de rapiés., d’une glaïfe bleue fort grafle, fans aucune des marques qu'avoit la précédente : à 10 piés de là on fentit dans une glaife noire de la réfiflance fous linftrument , & quelque chofe qui s’écrafoit : on le retira, & on en trouva le bout plein d’une terre blanche, & de petits graviers qui ordinairement ne font pas des marques équivoques : on fonda avec la langue de ferpent, &c on connut qu'on avoit rencon- tré la véritable marne. Comme on ne fera plus d’ufage des gros barreaux dont on s’eft fervijufqu'à préfent, on s'arrêtera un moment pour expliquer la façon de Les defcendre &c de les remonter, lorfqu’il y ena, comme ie1, une quantité d'employée. Tous ces barreaux doivent être percésà 2 ou 3 piés de leurs extrémités; fi on ne veut les remonter &c les defcendre qu'un à un, la manœuvre eft facile, mais elle eft longue; pour les defcendre & les remonter deux à deux, en Les fuppoñant premierement tous defcendus , il faut les enlever au moyen du treuil , jufqu'au trou qui ef au-deffus de la premiere charmiere , dans lequel on fait pafler un boulon de fer qui porte un étrier : ce boulon s'appuie fur lamanivelle qui eft pofée fur le coffre : on dégase , en fecouant le cable, le crochet de l’étrier qui eft à l'extrémité du barreau, on re- prend celui-c1, onleve tout jufqu’au trou qui eft au- deflous de la feconde charniere , on y pafle un bou- lon avec fon étrier, &c on démonte les deux barreaux enfemble. On fait à peu-près la même manœuvre pour les defcendre: on delcend le prer ser feul, & on le remonte de même, pour avoir la facilité de nettoyer les inftrumens qu'il porte, on l'arrête au trou qui eft au-deflous de fon extrémité fiipérieute # on pañle le crochet du cable dans un étrier qu’on place au trou qui eft au-deffus de la charmiere qui joint eux autres barreaux, on les enleve, & on les monte fur ce premier: on leve les trois barreauxen= femble | pour avoir la facilité de dégager létrier qui porte fur la manivelle, on les laifle couler jufqu’à celui qui eft au-deflus ; alors un homme, monté fur une petite échelle , en pafle un nouveau dans le trou qui éftau-deflous de l’extrémité des barreaux : il y . met le érochet du cable: on dégage celui qui eft fur la manivelle fur laquelle on fait defcendre celui-ci : on prend deux autres barreaux, comme 1la été dit, onles monte avec les vis & les écrous fur la partie qui fort du coffre, & on continue. $: les barreaux font plus longs que Le poincon de l'engin, on les fait pafler dans un ceréle de fer qui eft à l'extrémité de l’étourneau ; on peut de cette façon les defcendre & les remonter 3 à 3 ; on gagne par-là beaucoup de tems. Si les deux barreaux enfemble, avec fa partie de celui qui fort du coffre, font plus courts que Le poincon , on les accroche par leur extrémité, onles defcend & on les remonte aifément 2 a 2. El fautavoit grand foin, chaque fois qu'on démonte les barreaux, de faire pafler un petit ballet avec de l’eau , dansles trous des charnieres, de laver les vis & les écrous, parce qu'il s’y introduit du fable qui en ruine bien- tôt les filets, | pe On s’eft arrêté à la marne; il fut queftion de mettre les buifes en œuvre ; ces buifes font des pieces de bois de chêne de 6 ou 7 pouces d’équar: riflage , percées d’un bout à l’autre {ur 3 pouces de diarnetre : on ne leur donne que 9 à 10 piés de lon: gueur, afin d'éviter de les percer à la rencontre, comme parlent les ouvriers , c'eftä-dire , percer la moitié de la longueur par un bout, &c l'aller rencon- trer par l’autre : ce qui ne manque pas de former un angle qui, quoique tort obtus , ne laifle pas que d’oc- cafionner à l’eau un frottement qu'il eft à propos d’é- viter le plus qu’il eft poffible : ces builes étant per- cées, on en abat les angles, & pour les éprouver, on ferme exaétement une de leurs extrémités, onleg . emplit d’eau par Pautre, jufqu'aux trois quarts , on la prefle fortement avec un refouloir, on examine de près fi l’eau ne pénetre pasen dehors, on les retour ne, & on fait la mêmemanœuvre pour le quatt qui n’a pas éré éprouvé ; oneft für par,cette précaution, autant qu'on peut l'être , qu’elles font. fans défaut : après ces précautions , on fait entrer, à un pic de l'extrémité de la premiere qu’on doit defcendre, deux fortes vis en bois, qui ne pénetrent qu'à trois quarts de pouce, on y accroche un grand étrier qui tient au cable, on Fenleve , & on le laifle defcendre juiqu'à ce que ces vis portent fur deux taffeaux qui s'appuient fur les coffres, & dont l’épaiffeur ne doit point empêcher qu'on re décage létrier : on prend une feconde buïfe, ani eft garmie de fes vis, on la préfente fur la premiere, elle por- te un emboïîtement &un cercle de fer dans {on épaif- {eur , dont elle retient la moitie dela largeur, & Pau- tre moitié entre, au moyen de quelques coups de maillet , dans celle de la premiere buile: on a garni les jointures en dedans, avec de la filafle goudron- née, on les garnit de même en dehors , fur ÿ à6 pou- ces de hauteur , on les couvre d’une lame de plomb, clouée de tres-près, ony attache des molles-ban- des , on leve tout , pour démonter les premieres vis &c les lnfler defcendre jufqu'aux fecondes : quoi- que ces vis ne pénetrent point dans l’intérieur des buifes , il faut avoir la précaution de boucher les trous qu’elles ont faits, avec un bouchon de liege goudronné, qu’on y fait entrer avec force. La pre- micre buiie doir être délardée, & garnie d’un fabot | de defer: on en ajufta, l’une fur l’autre, de la façon _ qu'ila été dit, jufqu'à ce qu'on fentit que le fabot “portoit fur la marne , dans laquelle on les fit defcen- dre de 2 piés à petits coups de hie , afin de ne pas “déranger les molles-bandes ni les jomtures. On rac- “courcit les buifes à la hauteur des coffres , & on y introduifit une petite tariére , montée fur des bar- ‘féaux d’un pouce de erofleur ; elle defcendit juf- que fur la marne qui étoit entrée dans les buïtes : on fentit qwelle fencontroit de la réfiftance , on la retira avec quelque peu de sravier blanc &ctranf- parent, on fe fervir d’un petit inftrument , qui lui Ôta toute difficulté : on la redefcendit, on la fit entrer d’un pié : on la retira pleine de gravier, & d’une marne grafle , blanche, & collante: on vui- da la buife, & on alla avec le même inftrument jufqu'à deux piés' au-deffous du fabot , on fentit du ferme qu'il né put entamer , on reprit le petit inftrument , qui entra fort aifément : les barreaux dont One fervit, n’avoient qu'un pouce de groffeur: On ne pouvoit pas , de peur de les’ affoiblir, y faire des trous pour y pafler des étriers, comme à ceux qui avoient 16 lignes : au-lieu de cela , on les arrêtoit avec le coin dans la manivelle , {oit en les defcen- Gant, foit en les remontant : cette manivelle portoit fur deux tafleaux qui tenoient au coffre , & qui l’éle- voient aflez haut pour que le coin qu’on y frappoit, : ne touchât point aux buifes : on faifoit fortir ce coin, lorfqu’on vouloïit mettre les barreaux en liberté, foit pour les defcendre ou les remonter: on les prenoit d'ailleurs à telle hauteur qu'on vouloit, avecuninf- trument qui étoit attaché au cable de l'engin que les ouvriers nomment /e diable, 2 On retira le petit inrument qui avoit percé un lit de gravier de $ à 6 pouces ; on redefcendit la petite tariere, qui revint toujours remplie de marne, jut- qu'à 5 piés de profondeur, où il fe trouva un autre lit de gravier. Le petit inffrument lui fraya de nou- Veau fon chemin , & on continua à la faire entrer. Elle defcendit de 4 piés : on finit la journée. Un ou- vrier couvrit la buife avec Le bonnet, Le lendemain, à la pointe du jour , il alla le lever ; il{ortit un bouil- Ion d’éau qui étonna. Elle parut fe mettre de niveau avec Porifñce de la buife ; elle confervoit cependant un mouvement qu'on ne put appercevoir qu'en met- tant un petit morceau de papier furlafuperficie. On defcendit la petite tariere qui fut arrêtée à 20 piés près de la profondeur où l’on avoit été auparavant. On reprit le petit inftrument qui perçaune efpece de tampon de plus d’un pié d’épaifleur deterre, debois, de cloux & de tout ce que l’eau du fond avoit eu la force de chafler: Jufque-là on en fut d'autant plus fürpris, que la petite tariere & le petit inftrument n'avoient rien ramené de pareil. Peut-être ces ma- tieres s’étoient-elles rangées de côté, & que l’eau qui commencoit à s’élever les avoit forcées à remon- teravec elle, & n’avoit cependant pas eu la force de les conduire plus haut. Il ne faut pas s'étonner fi Pinftrument tient quelquefois très-fortement dans les buifes : il forme avec la marne qui s’y colle extérieu- rement, & celle dont il fe charge par-deflus en re- montant , une efpece de pifton. On fe {ert, pour le foulager, d’un tourne -à- sauche, avec lequel on tourne & détourne les barreaux ; la marne qui Pen- duit extérieurement fe délaie : l’eau de deffous fe communique à celle de deflus , & ldlificulté ceffe. L'obflacle étant levé , l’eau commença à couler avec aflez de force; on continua à fe fervir alternati- vement de la tariere & du petit inftrument jufqu’à 25.piés de profondeur. On rencontra encore dans cette marche des lits de gravier, & on s’apperçut que l’eau augmentoïit fenfñiblement à mefure qu’on les perçoit. On mefura la quantité qu’il en fortoit par le haut des buifes qu’on trouva être d’un pouce &3, Tome XV, ; L SON 353 ou 20 pintes de Paris par minute, On voulut mal-à- propos en ürer un plus gros volume ; on redefcendir le petit inftrument : on ne lui eut pas fait füire quatre tours , que les barreaux {e rompirent À 74 piés de profondeur, & en abandonnerent 81 piés dans le fond. La confternation dés anciens fetviteurs du roi êt des ouvriers fut dans ce moment très-vrande ; on chercha à les raflurer : on fit faire uninfrument ex- trémement fimple : on le defcenditavec lès 74 pics de barreaux qu’on avoit retirés : on le joionit à ceux qui étoient dans le fond ; illes faifit avec tant de for- ce, & linftrument qui étoit engagé dans la marne tenoit fi fort, que deux hommes appliqués au treuil de l'engin en rompirentle cable fans qu'il quittât pri.” fe : on envoya chercher une chevre à l’arfenal; dès le premier coup delevier l’eau devint blanche : on ju- gea que l’inftrument avoit fait un mouvement dans le fond ; au deuxieme coup de levier , les barreaux monterent de 4 pouces ; & au troifieme tout fut dé- gagé. On reprit le cable de l'engin, & onretira les barreaux cafés au grand contentement des fpe@a- teurs, On ne jugea pas à propos de s’expofer une feconde fois à un accident de cette nature, d'autant moins que la quantité d’eau dont on étoit sûr fuffi- foit pour le fort S. François. Elle eft augmentée, & donne aujourd’hui premier Décembre 35 pintes par minute mefure de Paris. | SONDE de mer, Ou PLOMB DE SONDE, (Marine) c’eftune corde chargée d’un gros plomb, autour du- quelil y à un creux rempli de luif, que l’on fait def. cendre dans la mer , tant pour reconnoître la cou- leur & la qualité du fond, qui s'attache au ff, que pour favoir la profondeur du parage où l’on eft, Ce dernier article eft fufceptible de beaucoup. de difi- cultés quand cette profondeur eft confidérable. On dit être à la fonde ; lorfqu’on eft en un lieu où lon peut trouverle fond de la mer avec la fonde ; al- ler à la fonde, lorfqu’on navige dans des mers où fur des côtes dangereufes &c inconnues, ce qui oblige d’y aller la fozde à la main ; venir jufqu’à la forde , quand on quitte le rivage de la mer, & qu’on vient jufqu’à un endroit où l’on trouve fonkl avec la fonde ; & enfin on dit que les fozdes {ont marquées , & cela veut dire que les brafles'ou piés d’eau font marqués fur les cartes, près des côtes. _ SONDE, ( serme de Mineur.) le mineur fe {ert d’une Jonde à tariere pour agrandir le trou, lorfqu'l veut crever les galeries par quelque bombe, Oulpargcuge chargée; c’eft ce qu’il exécute en enfonçänt la lom- be danslestrous, & en maconnant enfuite l'ouverture de même qu'aux fourneaux. (D. J.) | SONDE , eft un zxfrument de Chiruroie dont on fe fert pour examiner & fonder l’état des blefures ; ulceres & autres cavités. | Il y a des /ondes de différentes figures fuivant leurs différens ufages. La fonde pour les plaies & Les ul- ceres, eft une verge defer, d'acier ou d'argent très- polie, longue tout au plus de cinq pouces & demi, moule & boutonnée par fes extrémités, afin qu'elle ne bleffe pas les parties dans lefquelles on l’introduit. La plus menue s'appelle fület, fus. Elle eff dela grofleur d’une aiguille à tricoter ; une de fes extré- mités fe termine en poire ou en olive , l’autre eft un peu moufle. Sa matiere eft ordinairement d'argent. On a coutume de la faire recuire pour la plier facile- ment , & lui donner une figure convenable äux fi- nuoftés ou détours des plaies & desulceres. Foyez fig. 5. PL. I. Les autres fondes font plus ou moins grofles , fuivant le befoin. Quelques-unes font per- cées par un bout, comme les aiguilles , pour patler les fetons : quelques filets Le font auf. L’ufage des Jondes eft pour faire connoître la profondeur , Péten- due , le trajet des plaies &r desulceres , leur pénétra- “5er \ | 354 SON tion jufau’aux os , les parties qui ontiété offenfées , | mais convenablesà É qualité des maticres qu'on veut les finuofités des fitules , les clapiers qui s’y ren- contremt , les fractures qu 1l peut y avoir, les corps étr angers qui y font engagés, la carie dés os , &c. Dans les plaies d'armes à feu , la fonde doit être terminée par un bouton olivaire » Bros comme J’ex- trémité du petit doigt, afin de ne point. fuivre ou faire de faufles routes dans les déchiremens qui accompa- gnent ces fortes de plaies. ” Jyaides ue cannelées, c’eft-à-dire creufées en gouttiere dans toute leur longueur , arrondies du côté oppofé. La cannelure doit être très-unie, & un ae plus large dans fon commencement. La pointe doit être fermée, de facon que l'extrémité d’un bif. touri ne puifle pas pañer lobftacle qu'oppofe Parête aui eft à l'extrémité de la Jozde. Le manche el une efpece defrefle où de cœur applati, ou une piece plate fendue, pour fareune fourchettepropre à main- tenir le filet de la langue quand on le veut couper aux enfans. Les fondes. cannelges fervent de conduéteur aux tuftrumens tranchans pour asorandir les plaies ê les'ulceres finueux ou fffuleux.” Voyez La figure 4 6 $. PL. IL. La figure 4. fert de tire-balle. La fonde aîlée ou gardienne des inteftins dans les hernies avec étranglément , eft très-commode pour fervir à la dilatation de lânneau deloblique externe, ou du ligament de lParcade crurale , au produifent cet étranglement. C’eit une fonde cannelée comme la précédente, que M. Petit a faite couder aux deux tiers de fa longueur ; (ie ui coude eft foudéeune pla- que en forme de cœur , large d’un pouce, longue de deux. Les deux côtés de cette plaque repréfentent lès aîles de la fonde. Quand on a introduit cet inftru- ment qui fert de conducteur au biftouri, la plaque dont la pointe doit être enfoncée jufque dans! ou - verture, couvre les inteftins &c les garantit du tran- chant du biftouri. #oyez La fioure 14. PL. LIT. Les fondes pour la veflie font particulierement ap- pellées /galies, voyez ALGALTE. La fonde pour l’opération de la taille ; voyez Ca- THETER. La fonde de poitrine eft la même dont on fe fert pour fonder la veflie des femmes , voyez ALGALIE. L'ufage de cette fonde à la poitrine , eft d’évacuer ie fang &c les autres maueres liquides épanchées dans cette cavité , d'y faire des injegions , Ge. Voyez la fig. 1. PL Æ, Il y a encore une efpece de fonde qui fert à décou. vrir la carie des dents : elle eft crochue, faite d’a- cier, longue d'environ trôfs pouces &t demi ; fon milieu qui eft ordinairement taillé à pans fert de man- che ; fes deux extrémités font rondes, &c vont en di- minuapt fe terminer en-une pointe un peu mouñe ; chacune d'elles eft légerement recourbée à contre fens. C’eft avec l’une de ces pointes qu’on examine! la carie & fa profondeur. #oyez la figure 7. Planche XXV. (YF) SONDE , (Comm. ) inftrument qui fert à fonder & à connoître la qualité ou la connoïffance de quelque Soie | Les commis des barrages des villes où l’on paye quelques droits, @Z ceux des bureaux d'entrées & {orties du royaume ont différentes fondes pour recon- noître fi dans les marchandifes qui pañlent à leurs bu- reaux , & dont on leur paye les droits , il n’y en au- roit pas quelqu’autre plus précieufe, ou dé contre- bande. Les fondes des commis pour les entrées du vin font en forme d’une longue broche de fer, emmanchée dans du bois, qu'ils fourrent dans les chariots char- gés de paille ou de foin, & autres chofes fembla- bles , dans lefquelles on pour toit cacher un tonneau ou baril. Les autres fodes font à proportion femblables fonder. Dit. de Comm. G de Trévoux. SONDE, LE (cerme de Chaïircutier .)1ls nomment de Ja forte une longue aiguille d'argent, dont ils fe fer- vent pour fonder les jambons , lañgues de bœufs , &c Ace viandes. crues ou cuites , qu'il leur eft permis de vendre & débiter. (D. VE) SONDE, {.f. (rerme à Eventailliffe. )c ft une KA gue aiguille de laiton qu leur fert à ouvrir les pa- piers,, Re y placer les fleches de fa monture d’un éventail. (D. J.) SONDER, v.a&.'( Gramm.) c'eft fe fervir de Ja fonde. Fa les articles SONDE: SONDRIO , (Géog. mod.) en allemand Sonders,, gros bourg de la V alteline, fur la rive droite de l'Ad- da, au pié du mont "Mafegrio, ‘& le cheflieu d’un gouvernement auquel 11 donne ‘fon nom, C’étoit au- Rens une viile ferme ée de murailles , avec un:châ- teau, nes les murs & le château furent abbatus en 1335. (D.J.) SONG ee fm. (Métaph. 6: Phyfol.) Le fonge ef un état bifrre en apparence, Où lame a des idées fans y avoir de connoïflance réfléchie , éprouve des fen- lations fans que les objets externes paroïflent faire aucune impreffion fur elle ; imagine des objets. G tranfpoïte dans des Keux, s entretient avec des per fonnes qu’elle n’a jamais vues, &C n'exerce aucun empire fur tous ces fantomes qui paroiffent ou dif- paroïffent , l’affeétent d'une maniere agréable ou in: commoses fans qu’elle influe en quoi que ce foi, Pour exp! iquer la nature des Jonges | il faut, avant toutes chofes tirer de l'expérience un Certain nome bre de principes diftinés ; c’eft la l'unique fil d’A- riane qui puifle nous guider dans ce labyrinthe : de touteslesparties qui compofent notre machine il n°y a que les nerfs qui foient le fiege du fentiment , tant qu'ils confervent leur tenfon, & cet extrait précieux, cette liqueur fubtile qui fe forme dans le labor atoire du cerveau, coule fans 1 interruption depuis lorigine des nerfs uiqu’ à leur extrémité. I ne fauroit fe faire aucune impreflion d’une certaine force fur notre corps , dont la furface efttapiflée de nerfs, que cette impreffion ne pafle avec une rapidité inconcevable de l'extrémité extérieure à l'extrémité intérieure, & ne produile aufi-tôt l’idée d’une fenfation. J'ai dit qu'il falloit une impreffion d'une certaine force, car ilyaen effet une infinité de matieres fubriles & dé- liées répandues autour de nous, qui ne nous affeétent point ; parce que pénétrant librement les pores de nos parties nerveules , elles ne les ébranlent point ; Pair lui-même n’eft apperçu que quand 1l eft agité par le vent. Tel étant Pétat de notre corps, il n’eft pas difcile de comprendre comment pendant la veille nous avons lPidée des corps lumineux , fono- res , fapides , odoriférans & taétiles : lesé émanations de ces corps ou leursparties mêmeheurtant nos nerfs, les ébranlent à la furface de ces corps ; &.comme lorfqu’on pince une corde tendue dans quelqu” en- droit que ce foit, toute la corde trémouffe, de même le nerf eft ébranlé d’un bout à à l’autre, & lébranle- ment de l'extrémité intérieur eft fidellement fuivi êt accompagné, tant cela fe fait promptement, dela fenfation qui y répond. Mais lorfque fermant aux objets fenfbles toutes les avenues de notre ame , nous nous plongeons entre les bras d du fommeil ; d'où naïflent ces nguvelles décorations qui s ‘offrent à à nous, & quelquefois avec une vivacité qui met nos pañions dans un état peu différent de celui de la veille ? Comment puis-je voir & entendre, &c en gé- néral fentir, fans faire ufage des organes du fenti- ment, dnelane foisneufement diverfeschofes qu'on : a coutume de confondre ? Comment les organes du fentiment font-ils la caufe des fenfations ? eff-ce en qualité de principe immédiat ? eft-ce par l'œil ou SON bar l'oreille que l’on voit & entend immédiatement? Point du tout , l'œil &c l’orexlle font affe@tés ; mais Tame n’eft avertie que quand lPrmpreflion parvient à l'extrémité intérieure du nerf optique ou du nerf auditif; & fi quelque obftacle arrête en chemin cette imprefion, de maniere qu'il ne fe fafle aucun ébran- lement dans le cerveau, l’imprefion eft perdue pour Pame. Ainf , & c’eit ce qu'il faut bien remarquer comme un des principes fendamentaux de l’explica- tion des Jonges , 1lfuffit que l’extrémité intérieure foit ébranlée pour que lame ait des repréfentations, On connoit de plus aifément que cette extrémité inté- rieure eff la plus facile à ébranler , parce que les ra- mifications dans lefquelles elle fe termine font d’une extrèmetenuté, & qu’elles font place à la fource même de ce fluide fpinitueux, qui les arrofe &z les pénetre, y court, y ferpente, & doit avoir une toute autre attivié, que lorfqu'il a fait Le long chemin qui le conduit à la furface du corps ; c’eft de-là que narf- fent tous les aftes d'imagination pendant la veille, êt perfonne n’ignore que dans les perfonnes d’un certain tempérament, dans celles qui font livrées à de telles méditations , où qui font agitées par de violentes paflions , les adtes d'imagination font équi- valens aux fenfations 8 empêchent même leur effet, quoiqu’elles nous affeétent d’une maniere aflez vive. Ce font là les forges des hommes éveillés, qui ontune parfaite analogie avec ceux des hommes endormis , étant les uns & les autres dépendans de cette fuite d’ébranlemens intérieurs qui {e paffent à l'extrémité des nerfs qui aboutiflent dans le cerveau. Toute la différence qu'il y a, c’eft que pendant la veille nous pouvons arrêter cette fuite , en rompre l’enchainure, enchanger la dire@tion, & lui faire fuccéder Pétat des fenfations , au-heu que les /onges font indépen- dans de notre volonté, & que nous ne pouvons ni continuer les illufñons agréables , ni mettre en fuite les fantômes hideux. L’imagination de la veille eft une république policée , où la voix du magiftrat re- met tout en ordre ; l’imagination des forges eft la ême république dans l’état d'anarchie , encore les paññons font-elles de fréquens attentats contre l’auto- rité du légiflateur pendant le tems même où fes droits fonten vigueur. Il y auneloi d'imagination que Pex- périence démontre d’une maniere inconteftable, c’eft que Pimagination lie les objets de la même maniere que les fens nous les repréfentent, & qu'ayant caufe à les rappeler, elle fe fait conformément à cette Haïfon ; cela eft fi commun , qu’il feroit fuperflu de s'y attendre. Nous voyons aujourd’hui pour la pre- miere fois un étranger à un fpettacle dans une telle place , à côté d8 telles perfonnes : fi ce foir votre imagination rappelle l’idée de cet étranger, foit d'elle-même, ou parce que nous lui demandons compte , elle fera en même tems’ les frais de re- préfenrer en même tems le lieu du fpeétacle, la place que l'étranger occupoit , les perfonnes que nous avons remarquées autour de lui; & s’il nous arrive de les voir ailleurs , au bout d’un an, de dix ans ou davantage , fuivant la force de notre mémoire, en le voyant, toute cette efcorte , fi j’ofe ainfi dire, fe joint à fon idée. Telle étant donc la ma- niere dont toutes les idées {e tiennent dans notre cerveau, 1] n’eft pas furprenant qu'il fe forme tant de combinaïfons bifarres ; maïs il eft effentiel dy faire attention , car cela nous explique la bifarrerie, Vextravagante apparence des forges, & ce ne font pas feulement deux objets qui fe lient ainfi, c’en font dix , en font mille, c’eft l’immenfe affemblage de toutes nos idées, dont il n'y en a aticune qui n’ait été reçue avec quelqu’autre , celle-ci avec une troi- fieme , 8c ainf de fuite. En parlant d’uneidée quel- conque ; VOUS pouvez arriver fucceflivement à tou- tes les autres par des routes quine font point tra- Tome XF, e A N me D S ON 35) cées au hafard, comie elles le paroïffent, mais qui {ont déterminées par la maniere & les circonftances de lentrée de cette idée dans notre ame ; notre cer4 veau eff, fi vous le voulez , un bois coupé de millé allées | vous vous trouverez dans une telle allée, c’eft-à-dire vous êtes occupé d’une telle fenfation; fi vous vous y livrez , comme on Île fait, ou volon: tairement pendant la veille , ou néceflairement dans les fonges de cette allée, vous entrerez dans une fe: conde, dans une troïfieme, fuivant qu’elles font per- cées, & votre route quelqu'irréguliere qu’elle pa: roifle dépend de la place d’où vous êtes parti & de Varrangement du bois, de forte qu'àtoute autte placé ou dans un bois différemment percé vous aurez fait un autre chemin, c’eft-à-dire un autre forge. Ces principes fuppoiés, employons-les à la folution du problème des fonges. Les forges nous occupent pen: dant le fommeil ; & lorfqu’il s’en préfente quelqu'un à nous, nous fortons de lefpece de léthargie com- plette où nous avoient jetés ces fommeils profonds ; pour appercevoir une fuite d'idées plus ou moins claires , felon que le /ongé eft plus où moins vif, fe: lon le langage ordinaire ; nous ne fongeons que lorf: que ces idées parviennent à notre connoïflance , & font impreflion fur notre mémoire , & nous pouvons dire, nous avons eu tel forge, ou du-moins que nous avons fongé en général ; mais , à proprement parler, nous fongeons toujours, c’eft-à-dire que dès que lé fommeil s’eft emparé de la machine , l'ame a fans in- terruption une fuite de repréfentations &r de percep: tions ; mais elles font quelquefois fi confufes, fi foi= bles , qu’il n’en refte pas la moindre trace, & c’eft ce qu'on appelle Ze profond fommeil, qu’on auroïit tort de regarder comme une privation totale de toute petception, une inaétion complette de l’ame. Depuis que Pame a été créée & jointe à un COTPSs ou même à un corpuicule organifé, elle n’a ceflé de faire les fonétions eflentielles à une ame, c’eft-à-diré d’avoir une fuite non-interrompue d'idées qui lui re> préfentent l'univers, mais d'une facon convenable à l'état de fes organes ; auff tout le tems qui a précé- dé à notre développement ici-bas, c’eft-à-dire notre ndiflance , peut être regardé comme un forge conti- nuel qui ne nous à laiflé aucun fouvenir de notre préexiitence , à caufe de l’extrème foiïbleffe dont un germe , un foetus font fufceptibles, S'il y a donc des vuides apparens, &, fij'ofe dire , des éfpeces de la: cunes dans, la fuite de nos idées , il n’y à pourtant aucune interruption. Certains nombres «» mots font vifibles & lifibles ; tandis que d’autres font effa- cés & indéchiffrables ; cela étant, fonger ne fera autre chofe que s’appercevoir de fes Jonges, & il eft uniquement queftion d'indiquer des caufes qui for- tifient les empreintes des idées , & les rende d’une clarté qui mette l’ame en état de juger de leur exife tence , de leur liaifon , & d’en conferver même le fouvenir. Or ce font des caufes purement phyfiques & machinales ; c’eft l’état du corps qui décide {eul de la perception des forges ; les circonftances ordi- naires qui les accompagnent concourent toutes à. nous en convaincre. Quelles font ces perfonnes qui dorment d’un profond fommeil, & qui n’ont point où prefque point fongé ? Ce font les perfonnes d’une confhtution vigoureufe ; qui jouent aQ@uellement. d'une bonne fanté, ou celles qu’un travail confidé- rable a comme accablées, Deux raifons oppofées pro- voquent le fommeïl complet & deftitué de fonges : dans ces deux cas, Pabondance des efprits animaux fait une forte de tümulte dans le cerveau, qui em+ pêche que l’ordre néceflaire pour lier les circonftan- ces d’un fomge ne fe forme ; la difette d’efprits ani- maux fait que ces extrémités intérieures des nerfs, dont l’ébranlement produit des aftes d'imagination , ne font pas remuées, ou du-moins pas aflez pour que Yyi 356 SON nous en feyons avertis ; que faut-il donc pour être fongeur? Un état ni foible, ni vigoureux ; une médio- crité de vigueur rend lébranlement des filets ner- veux plus facile; la médiocrité d’efprits animaux fait que leur cours eft plus régulier, qu'ils peuvent fournir une fuite d'impreffions plus faciles à diftin- guer. Une circonftance qui prouve maniftement que cette médiocrité que j'ai fuppofée eft la difpofition requife pour Les fonges , c’eft l'heure à laquelleils font plus fréquens ; cette heure eft le matin. Mais, direz- vous, c’eft le tems où nous fommes le plus frais, le plus vigoureux, & où la tranfpiration des efprits ani- maux étant faite, 1ls font les plus abondans ; cette obfervation , loin de nuire à mon hypothele, s’y ajufte parfaitement. Quand les perfonnes d’une conf- titution mitoyenne, (car il n’y a guere que celles-là qui rêvent) le mettent au lit, elles font à-peu-près épuifées , &c les premieres heures du fommeil font celles de a réparation, laquelle ne va jamais jufqu’à l'abondance : s’arrêtant donc à la médiocrité , dès quecette médiocrité exifte, c’eft-à-dire vers le ma- tin , les fonges naïflent enftute, 8 durent en augmen- tant toujours de clarté jufqu’au réveil. Au refte, je rafonne fur les chofes comme elles arrivent ordi- nairement, & je ne nie pas qu'on ne puifle avoir un Jonge vif à l'entrée ou au milieu de la nuit, fans en avoir le matin ; mais ces cas particuliers dépendent toujours de certains états particuhèrs qui ne font au- cune exception aux regles générales que je pole; je vonviens encore que d’autres caufes peuvent con- courir à l’origine des /onges, & qu'outre cet état de médiocrité que nous fuppofons exifter vers le matin, toute la machine du corps a encore au même tems d’autres principes d’aétion très propres à aider les fonges ; j'en remarque deux principaux , un inté- rieur &c un extérieur. Le premier, ou le principe in- térieur , c’eft que les nerfs & les mufcles, après avoir été relâchés à l'entrée du fommeïl, commen- cent à s'étendre & à {e gonfler par Le retour des flui- des fpiritueux que le repos de la nuit a réparés, toute la machine reprend des difpoñtions à l’ébranlement; maïs les caufes externes n'étant pas encore aflez for- tes pour vaincre les barrieres qui fe trouvent aux portes des fens , il ne fe fait que les mouvemens in- ternes propres à exciter des actes d'imagination, c’eft-à-dire des Jonges. L'autre principe , ou le prin- cipe extérieur qui difpofe à s’éveiller à demi, & pär conféquent à fonger, c’eft lirritation des chars qui, au bout de quelques heures qu’on aura été couché fur le dos, fur le côté, ou dans toute autre attitude, commence à fe faire {entir. J'avoue donc l’exiftence des chofes capricieufes que je viens d'indiquer , mais je resarde toujours cette diipoñtion moyenne entre labondance & la difette d’elprits, comme la caufe principale des fonges ; & pour mettre le comble à la démonftration, voyez des exemples qui viennent à- propos, Une perfonne en foiblefle ne trouve, quand elle revient à elle-même , aucune trace de fon état ptécédent ; c’eft le profond fommeil de difette, Un homme yvre-mort ronfle plufieurs heures, êc {e ré- veille fans avoir eu aucun forge ; c'eft le profond fommeil d’abondance ; donc on ne fonge que dans létar qui tient le milieu. Voyons à-préfent naitre un Jonge , & affiftons en quelque forte à fa naïflance. Je me couche, je m'endors profondément, toutes les fenfations {ont éteintes, tous les organes {ont comme inacceflibles ; ce n’eft pas À le tems des /o- ges, 1l faut que quelques heures s’écoulent, afin que la machine ait pris les principes d’ébranlement. 6e d’aétion que nous avons indiqués ci-deflus ; le tems étant venu, fonge-t-on aufñ-tôt, & ne fautil point de caufe plus immédiate poux la produëtion du /onge, que cette difpofition générale du corps ? I femble d’abord qu’on ne pue içi répondre fans témérité, & que le fl de l'expérience nous abandonne; car, dira-t-on, puifque perfonne ne fauroit feulement re- marquer quand & comment 1l s’endort , comment pourroit-on faifir ce qui préfide à Porigine d’un forge qui commence pendant notre fommeil? Au fecours de l'expérience , joignons-y celui du rafonnement: voici donc comment nous raifonnons. Un aéte quelconque d'imagination eft toujours lié avec une fenfation qui le précede , & fans laquelle il n'exifteroit pas; car pourquoi un tel aéte fe feroit-1l développéplutôt qu’un autre, s’il n’avoit pas été dé- terminé par une fenfation? Je tombe dans un douce rèverie , c’eft le point-de-vue d’une riante campa- gne, c’eftle gazouillement des oïfeaux, c’eft le mur- mure des fontaines qui ont produit cet état, quine l’auroit pas aflurément été par des objets effrayans, où par des cris tumultueux ; on convient fans peine de ce que j'avance par rapport à la veille, mais on ne s’en apperçoit pas aufli diftinétement à l'égard des Jonges , quoique la chofe ne foit ni moins certaine, ni moins néceffaire ; car files fonges ne font pas des chaines d’aétes d'imagination , & que les chaînes doi- vent, pour ainfi dire, être toutes accrochées à un point fixe d’où elles dépendent, c’eft-à-dire à une fenfation, j’en conclus que tout forge commence par une fenfation & fe continue par une fuite d’aétes d'imagination, toutes les impreflions fenfbles qui étoient fans effet à l’entrée de la nuit deviennent ef- caces, finon pour réveiller, au-moins pour ébranler, êc le premier ébranlement qui a une force détermi- née eft le principe d’un forge. Le fonge a toujours, fon analogie avec la nature de cet ébranlement ; eft- ce, par exemple, un rayon de lumiere qui s’infinuant entre nos paupieres a affecté l'œil , notre fonge fui- vant fera relatif à des objets vifbles, lumineux ? eft- ce un fon qui a frappé nos oreilles ? Si c’eft un {on doux, mélodieux, une férénade placée fous nos fe- nêtres, nous réverons en conformité, êcles charmes. de lharmonie auront part à notre fonge ; efl-ce au contraire un fon perçant & lugubre ? les voleurs , le carnage ; & d’autres fcènes tragiques s’offtiront à nous ; ainfi la nature de la fenfation , mere du forge, en déterminera l’efpece ; & quoique cette fenfation foit d'une foiblefle qui ne permette point à l’ame de Pappercevoir comme dans la veille, fon efficacité phyfique n’en eft pas moins réelle ; tel ébranlement xtérieur répond à tel ébranlement intérieur, non à unautre , & cet ébranlement intérieur une fois don- né , determine la fuite de tous les autres. Ce n’eft pas, aurefle, que tout cela ne foit modi- fié par l’état actuel de lame, par fes idées familie- res , par fes athions, les imprefions les plus récentes aw’elle a reçues étant les plus aïfées à fe renouveller : de-là vient la conformité fréquente que les forges ont avec ce qui s’eft paflé le jour précédent, mais toutes les modifications n’empêchent pas que le forge ne parte toujours d’une fenfation , & que lefpece de cette fenfation ne détermine celle du fonge. Par fenfation je n’entends pas les feules impreffions qui viennent des objets du dehors ; il fe pañle outre cela mille chofes dans notre propre corps, qui font auf dans la claffe des fenfations, & qui par confé- quent produifent le même effet. Je me fuis couché avec la faim êc la foif, le fommeil a été plus fort ,äE eftvrai, mais les inquiétudes de la farm ê7 de la foif luttent contre lui; & fi elles ne le détruifent pas, elles produifent du moins des forges, où 1l fera quef- tion d'alimens folides & liquides, & où nous croi- rons fatisfaire à des befoins qui renaïitront à notre re- vel, une fimple particule d’air qui fe promenera dans notre corps produira diverfes fortes d'ébranlemens qui ferviront de principes & de modification à nos Jonges: combien de fois une fluxion, unecolique ,ow telle autre affeétion incommode ne naïflent-elles pas pendant notre fommeil, jufqu'à ce que leur force le diffipe enfin ? Leur naïflance & leur progrès font . preïque toujours accompagnés d'états de l'ame ou de fonge qui y répondent. Le degré de clarté auquel parviennent les a@es d’i- masination , qui confhtuent les fonges , nous en pro- cure la connoiffance ; il y a un degré déterminé au- quel ils commencent à être perceptibles |, comme dans les objets de la vue & de Vouie, il y a unterme fixe d’où nous commençons à voir & à entendre; ce degré exiflant une fois , nous commençons à fonger, c’efta-dire à appercevoir nos /onges ; &t à mefure que de nouveaux degrés de clarté furviennent, les forges | font plus marqués ; & comme ces degrés peuvent baufler & baïfler plufeurs fois pendant le cours d’un même fonge , de-là viennent ces inégalités , ces ef. pêces d’obfcurité qui éclipfent prefque une partie d'un forge, tandis que les autres confervent leur net- teté; ces nuances varient à l'infini. Les forges peu- vent être détruits de deux manieres, ou lorfque nous rentrons dans l’état du profond fommeil , ou par no- tre reveil: le reveil c’eft le retour des fenfations ; dés que les fenfations claires & perceptibles renaif fent, les forges font obligés de prendre la fuite : ainfi toute notre vie eft partagée entre deux états eflen- tiellement diférens lun de l’autre , dont lun eft la vérité vla réalité, tandis que l’autre n’eft que men- fonge & illufion; cependant fi la durée des for- ges égaloït celle de la nuit, & qu'ils fuflent toujours d'une clarté fenfible , on pourroït être en doute la- quelle de ces deux fenfations eft le plus eflentielle à notre bonheur , & mettre en queftion qui feroit le plus heureux, ou le fultan plongé tous le jour dans les délices de fon ferrail, &c tourmenté la nuit par des rèves affreux , ou le plus miférabie de fes efclaves qui, accablé de travail & de coups pendant la jour- née, pañleroit des nuits raviflantes en fonges. A la rigueur, le beau titre de réel ne convient guere mieux aux plaifirs dont tant de gens s’occupent pendant leurs veilles , qu’à ceux que les /ozges peuvent pro- Curer. Cependant l’état de la veille fe diffingue de celui du fommeil , parce que dans le premier, rien n’arrive fans caufe ou raifon fuffante. Les événemens font liés entre eux d’une maniere naturelle & inteiligible , au lieu que danses forges , | tout eft découfu, fans ordre, fans vérité : pendant la veille un homme ne fe trouvera pas tout-d’un-coup dans une chambre, s’il n’eft venu par quelqu'un des chemins qui y conduifent: je ne ferai pas tranfporté de Londres à Paris, f je ne fais le voyage; des per- fonnes abfentes ou même mortes ne s’ofiriront point à limprovifte à ma vue ; tandis que tout cela, & mêé- me des chofes étranges, contraires à toutes les lois de l'ordre êr de Ia nature,fe produifent dans les foz- ges: c’elt donc là le eriterium que nous avons pour diffinguer ces deux états ; & de la certitude même de ce criserium vient un double embarras , où l’on femble quelquefois fe trouver d’un côté pendant la veille, s'il fe préfente à nous quelque chofe d’ex- traordinaire, & qui , au premier coup d'œil, {oit inconcevable { on {e demande à {oi-même ; efl-ceque je rève? On fe tâte, pour s’aflurer qu'on eft bien éveillé; de l’autre, quand un /onge eft bien net, bien hé, & qu'il n’a raflemblé que des chofes bien pofi- bles , de la nature de ceiles qu’on éprouve étant bien éveillé: on eft quelquefois en fufpens, quand le /onge eft fini, fur la réalité ; on auroit du penchant À croire que les chofes fe font effeétivement pañlées ainfi; c’eft le fort de notre ame, tant qu’elle eft embarraflée des organes du corps , de ne pouvoir pas déméler exac- tement la fuite de {es opérations : mais comme le dé- veloppement de nos organes nous a fait pailer d’un Jorge perpétuel & fouverainement confus , a un état SON 357 miparti de forges & de vérités, il faut efperer que notre mort nous élevera à un état où la fuite de nos idées continuellement claire &z perceptible ne fera plus entrecounée d'aucun fommeil, ni même d'aucun Jorge : ces réflexiôns {ont tirées d’un effai fur Les fon- ges, par M. Formey, | SONGE VÉNÉRIEN , (Médec.) maladie que Cœlius | Aurelianus appelle en grec oveipoyoroe. Hippocrate dit 01 GVEIPPO TE avoir des Jonges vénériens.Ce n’eft point une maladie , dit Coœlius Aurelianus, ni le fymptome d’une maladie , mais l’effet des impreffions de lima- gination , qui agiflent durant le fommeil. Cet état vient ou de beaucoup de tempérament , de l’ufage des plaïfirs de l'amour , ou au contraire d’une conti- tinence outrée. Il demande diférens traitemens felon fes caufes. Chez les uns il faut détourner limagina- tion des plaifir de l'amour, & la fixer fur d’autres objets. Les anciens faifoient coucher les perfonnes fujettes à loneirogonie dans un lit dur, lui prefcri- voient des remedes rafraîchifflans , des alimens in- craflans , des boiffons froides & aftringentes , le bain froid , & lui appliquoient fur la région des lombes des éponges trempées dans de l’oxicrat. Quelques- uns ordonnoiïent au malade de fe coucher avec la véfñe pleine, afin qu’étant de tems-en-tems éveillé, il perdit les impreflions des plaifirs de l'amour qui agiflent dans le fommeil ; mais cette méthode {eroit plus nuifible qu'utile, parce qu'une trop longue ré- tention d'urine peut devenir la caufe d’une maladie, pire que celle qw’il s’agit de guérir, (D.J.) SONGE , (Critique facrée.) 11 eft parlé dans l'Ecri- ture de fonges naturels 8 furnaturels; mais Moïfe étend également de confulter ceux qui fe méloient d'expliquer les fozges naturels, Lévir. xix. 26, & les furnaturels, Deurer. xüj. 1. C’étoit À Dieu & aux prophètes que devoient s’adrefler ceux qui faifoient des /onges pour en recevoir l'interprétation. Le grand prêtre revétu de Péphod , avoit auffi ce beau privi- lege. On lit plufeurs exemples de onges furnaturels dans Ecriture ; le commencement de lPévangile de faint Matthieu en fournit feul deux exemples:l’ange du Sei- gneur qui apparut à Jofeph en forge, & l'avis donné aux mages en /onge, de ne pas retourner vers Hé- rode. Les Orientaux faifoient beaucoup d'attention aux Jonges ; & ils avoient des philofophes qui fe van- toient de les expliquer ; c’étoit un art nommé des Grecs onéirocrisique. Ces philofophes d'Orient ne prétendoient point deviner la fignification des /oz- ges par quelque infpiration, comme on le voit dans l’hifioire de Daniel. Nabuchodonofor preffant les mages des Chaldéens de lui dire le fonge qu'il avoit eu, & qu'il feignoit avoir oublié , ils lui répondirent qu'il n’y a que les dieux qui le favent, & qu'aucun homme ne pourroit le dire ; parce que les dieux ne fe communiquent pas aux hommes, Daniel, i7. 11. Les mages ne prétendoient donc point être infpirés. Leur fcience n’éroit qu'un art qu'ils étudioïient, & par le- quelils fe perfuadoient pouvoir expliquer Les fonges. Mais Daniel exphiqua le fonge de Nabuchodonoïor par infpiration ; ce qui fit dire au prince, que l’efprit des faints dieux étoit en lui, Il ne faut pourtant pas déguifer au fujet du Jonge de Nabuchodonofor, qu’il y à une contradifion ap- parente dans Le ch. ip. v. 7. & 8. & Le ch. ij. v. 4. & 12. du livre qui porte le nom de Dariel. On rapporte au ch. iv. l’édit de Nabuchodonofor, par lequel 11 dé- fend de blafphémer le Dieu des juifs. Il y fait le ré- cit de ce qui s’étoit pañlé à l’occañon du fonge qu'il avoit eu. Ïl déclare qu'ayant récité ce forge aux phi- lofophes ou mages de Chaldée , aucun d’eux n’avoit | pu le lui expliquer, & que l'ayant enfuite récité à 355 SON Daniel, ce prophete lui en avoït donné l’explica- ‘on. Le fait eft rapporté bien différemment dans le fe- “cond chapitre. Ici Nabuchodonofor ne voulut jamais déclarer aux mages le forge qu’il avoit eu. Il préten- dit qu'ils le devinaflent, parce qu'il ne pouvoit s’af- furer fans cela que leur explication ft vraie. Ils eu- ‘rent beau protefter que leur fcience ne s’étendoit pas fi loin ; 1l ordonna qu’on les fit mourir comme des impofteurs. Daniel vint enfuite , à qui le roi ne dit point le Jonge en queftion ; au contraire il lui parla en ces termes: 77e pourriez-vous déclarer Le fonge que j'ai “eu, © fon interprétation? Dan. ÿ. 26. Là-deflus Da- niel lui fait le récit du forge & l'explique. Un favant critique moderne trouve la contradic- tion de ces deux récits fi palpable, & leur concilia- æion fi difficile, qu'il penfe qu’on doit couper le nœud, &t reconnoître que les fix premiers chapitres de Da- niel ne font pas de lui ; que ce font des additions fai- par des juifs poftérieurs à fon ouvrage , & que ce n’eft qu’au chapitre fept que commence le livre de ce prophete. ( D. J.) SONGES, (Myrhol.) enfans du fommeil, felon les poêtes. Les fonges, dit Ovide, quiimitent toutes for- tes de figures , & qui font en aufli grand nom- bre que les épis dans les plaines , les feuilles dans les forêts, & les grains de fable fur le rivage de la mer, demeurent nonchalamment étendus au- tour du lit de leur fouverain , & en défendent les ap- proches. Entre cette multitude infinie de /onges , 1l ÿ en a trois principaux qui n’habitent que les palais des rois & des grands, Morphée , Phobetor & Phan- tale, Pénélope ayant raconté un Jorge qu’elle avoit eu par lequelle prochain retour d’Ulyfe & la mort de fes pourfuivans lui étoient promis , ajoute ces paroles : « J'ai oui dire , que les Jorges {ont difficiles à enten- » dre, qu'on a de la peine à percer leur obfcurité, » & que l'événement ne répond pas toujours à ce » qu'ils fembloient promettre, car on dit qu'il y a » deux portes pour les /orges, Pune eft de corne & » l’autre d’ivoire ; ceux qui viennent par la porte # d'ivoire, ce font les forges trompeurs qui font en- » tendre des chofes qui n'arrivent jamais ; mais les » fonges qui ne trompent point, & qui font vérita- » bles, viennent par la porte de corne. Hélas , je » nofe me flatter que le mien foit venu par cette der- niere porte »! * Horace & Virgile ont copié tour-à-tour cette idée d'Homere, & leurs commentateurs moraliftes ont ex- pliqué la porte de corne tranfparente, parlPair, & la potte d'ivoire, opaque, par la terre. Selon eux, les fonges qui viennent de la terre, ou les vapeurs ter- reftres , font les Jonges faux ; 8 ceux qui viennent de Pair ou du ciel, font les Jonges vrais. Lucien nous a donné une defcription toute poéti- que d’une île des /onges dont le Sommeil eft le roi, & la Nuit la divinité. Il y avoit des dieux qui rendoient leurs oracles en Jorges , comme Hercule, Amphia- raus , Sérapis, Faunus. Les magiftrats de Sparte couchoïent dans le temple de Pañphae, pour être inftruits en Jonges , de ce qui concernoit le bien pu- blic. Enfin on cherchoit à deviner l’avenir par les fonges , &c cet art s’appelloit onérocritique, Voyez ce mot. (D.J.) SONGE, (Poëjie.) fiion que l’ona employée dans tous les senres de poéfie, épique, lyrique, élégia- que , dramatique : dans quelques-uns, c’eft une def- cription d’un /onge que le poëte feint qu'il a, ou qu'il a eu; dans le genre dramatique, cette fi&ion fe fait en deux manieres ; quelquefois paroit fur la fcene un aéteur qui feint un‘profond fommeil, pendant lequel il lui vient un Jorge qui lagite , & qui le porte à par- ler tout haut; d’autres fois l’aéteur raconte le Jonge Ÿ SON qu'il a ëu pendant fon fommeil, Aïnf dans la Maria ne de Triftan, Hérode ouvre la fcene, en s’éveillant brufquement , & dans la fuite 1l rapporte ce fonge qu'il a fait. Mais la plus belle defcription d’un forge qu'on ait donnée fur lethéâtre, eft celle de Racine dans Athalie, épargnons au leéteur [a peine d’aller la chercher. C’eft Athalie qui parle fcene y. aûle IT. Un fonge( me devrois-je inquieter d’un fonge?) Entretiens dans mon cœur un chagrin qui le ronge. Je Pévite partout, partout il me pourfuir. C’ésoit pendant l'horreur d’une profonde nuir, Ma mere Jézabel devant moi s’eff montrée, Comme au jour de fa mort pompeufèment parée. Ses malheurs n’avoient point abattu fa fierté. Méçne elle avoit encore cer éclat emprunté, Dont elle eut foin de peindre & d’orner fon vifage, Pour réparer des ans Pirréparable outrage. Tremble, m°a-t-elle dit, fille digne de mor, Le cruel Dieu des juifs l'emporte auffi fur toi. Je te plains de 1omber dans fes mains redoutables, Ma fille. En achevant ces mots épouvantables, Son ombre vers mon lit a paru fe baiffer. Æt moi, je lui tendois mes mains pour lembraf[er, Mais je rai plus trouve qu'un horrible mélange Dos & de chair meurtris, @ traïnés dans lafange, Des lambeaux pleins de [ang , 6 des membres affreux ; Que des chiens dévorans fe difputoient entreux, 8e. (2.3) SONGES , fête des, (Hiff. mod.) les fauvages de lA- mérique feptentrionale appellent féx des Jonges ou du renverfement de cervelle, une efpece de bacchanale qui fe célebre parmi eux vers la fin de l’hiver, & qui dure ordinairement 15 jours. Pendant cetems, il eft permis à chacun de faire toutes les folies que la fantaifie lui fuggere, Chaque fauvage barbouillé ou dépuifé de la maniere la plus bifarre , court de caba- nes en cabanes, renverfe & brife tout fans que per- fonne puifle s’y oppofer ; 1l demande au premier qu’il rencontre l'explication de fon dernier rêve, & ceux qui devinent jufte, font obligés de donner la chofe à laquelle on a rêvé. La fête finie, on rend tout ce q'onareçu, & l’on fe met à réparer les de- fordres qu’une joie licentieufe a caufés. Comme l'i- vrefle eft fouvent de la partie, il arrive quelquefois des tumultes & des cataftrophes funeftes dans ces fortes d’orgies , où la raïifon n’eft jamais écoutée. - SONGER , v. a@t. (Méraphy[. ) fonger, c’eft avoir des idées dans l’efprit, pendant queles tens extérieurs font fermés, enforte qu'ils ne reçoivent point l’im- preffion des objets extérieurs avec cette vivacité qui leur eft ordinaire; c’elt, dis-je, avoir des idées, fans qu'elles nous foient fugoérées par aucun objet de dehors, ou par aucune occafon connue, & fans être. choïfies ni déterminées en aucune maniere par l’en- tendement ; quant à ce que nous nommons ex£afe, je laiffe juger à d’autres fi ce n’eft point fonger les yeux ouverts. L’efprit s'attache quelquefois à confidérer certains objets avec une fi grande application , qu'ilen exa- mine les faces de tous côtés , en remarque les rap- ports & les circonftances , & en obferve chaque partie avec une telle contention qu'il écarte toute autre penfée, & ne prend aucune connoïffance des impreffions ordinaires qui fe font alors fur Les fens, & qui dans d’autres tems lui auroient communiqué des perceptions extrèmement fenfibles. Dans certai- nes occañons, l’homme obfervela fuite des idées qui fe fuccedent dans fon entendement, fans s'attacher particulierement à aucune ; & dans d’autres rencon- tres, 1l les laiffe paffer, fans prefque jetrer la vue deflus , comme autant de vaines ombres qui ne font aucune imprefhon fur lui. | SON Dans l'état où l’amefe trouve ali£née des féns,, c'eft-à-aire, dans le fommeïl, elle conferve fouvent une mamiere de penfer foible, & fans liaifon que _ nous nommons fonger ; &,enfin un profond fommeil ferme entierement la fcene , & met fin à toutes for- tes d’apparences. Voilà desiréflexions fupérieures fur ce mode de penfer, elles font de Locke. (D,,J.) SONGO,,. fm, (if. mar) oifeau qui. fe trouve en Afrique ; tr {urtout dans les royaumes de Congo 8 d'Abyfinie. Il eff très.friand de miel fauvage quil fait découvrir aux voyageurs par le cri qu'il fait, Jorfqu'il en a rencontré. Cette raifon eft caufe qu’on ne leur fait point de mal, & l’on rqueroit de leur déplaire , fon les tuoit. : .:., | sé SONGO,o4 SONHO, ( Géog. mod.) province d’Afri- que, dans la baffle Ethiopie , au royaume de Congo, & dépendante de ce: roi. Elle eff fituée le long du fleuve Zaire, & s'étend. jufqu’au bord méridional de Ja siviere de Lelunde. Ce pays abonde en éléphans, ‘en finges, en chats de mer & en palmiers. Lesthabi- tans font payens. (D. JT.) ses : SONGSON , ( Géog. mod.) ile de Océan orien- tal, la douzieme des îles Mariannes , à vingt Heues d’Agrigan ; & à cinq de Mang ou Tunas. On lui don- ne fixieues de tour. Il ya dans cette île un volcan. Laut, feptenirionale 20. 15. (D. J. … SONNA, ff. ( Aifl. mod. ). c'eft le nom que les Mahométans donnent À un recueil de tradirionscon- tenaatles faits & les paroles remarquables de Mxho met leur prophete, Quoique ce recueil oit rempli de réveries les plus abfurdes. &c les plus deftituées de vraiflemblance, ils Pont en très-grande vénération , ë&t c’eft après le koran ou l'alkoran ; le livre qui a le plus d'autorité chez les feétateurs de la religion ma- bométane. La fonne eft, pour ainf dire, un fupplé- inent à cet ouvrage; elle contient, outre les tradi- tions dont on a parlé , les réglemens &c les décifions des premiers califes ou fuccefleurs de Mahomet : ce qu conftitue un corps de.Théologie dont il n°eft point permis de s’écarter. L’attachement des Maho- métans pout cet ouvrage leur à fit donner le nom de Sonnites ou Traditionites. Quelques-uns des faits merveilleux qui y fontrapportés, font mémeatteftés & confirmés par l’alcoran , & deviennent par-là des articles de foi. Tels font les miracles de Mahomet ; fon voyage au ciel, & d’autres évenemens merveil- leux dont le prophete fait attéfter la vérité per la voix de Dieu-même. Les Sonnites regardent lalco- ran, comme coëternel à Dieu. [ls ont encore des Opi- mions relatives à la politique par lefquelles ils diffe- rent de ceux qu'ils appellent Sazres ou feétaires Jchifz znatiques.; ces derniers regardent les califes cu fuc2 ceffeurs de Mahomet qui ont précédé Ali, gendre de ce prophete, comme des uiurpateurs; ils pré- tendent que c’eft à Ali que l'autorité pontificale & fouveraine étoit dévolue de aroit après la mort de Mahomet. Les Pepfans font shutes , & les Turcs, _ ainfi que les Arabes, font fonnires : ces deux fetes s’anathématifent réciproquement, & ont l’une pour l’autre toute la haine dont les Opinions religieutes peuvent rendre les hommes fufceptibles. Les Sonni- tes aflurent qu’au jour du jugement dernier leursad- verfaires feront montés fur les épaules des Juifs qui les conduiront au grand trot en enfer. Les Sonnires _ fe divifent en quatre fetes principales qui {ont rou- tes regardées comme orthodoxes par tous les Muful- mans qui ne ont point shutes. foyez SHuTEs. SONNAILLE, 1. £ ( Gramm.) cloche de cuivre battu mince qu’on pend au con des mulets. SONNAILLE, {. m. (Maréchal. ) on appelle ainf un cheval quiporte une clochette pendue au cou, & qui marche devant les autres. SONNANT , adj. (Gremm.) qui rend. du fon. Un vers formant ; une tête fonnante. Au figuré , une pro- poftion mal /onnante, Ce qui Jonne mal à l’oreille SON 359 d'unthéologienfcholafique, orne quelquefois très: bien à lorertle dela raifon. SONNEBERG, ox SUANEBERG , (Géôg: mod) petite ville d'Allemagne | dans laiñnouvelle Marché du Brandebourg, fur la rive gauche de la Warte. SONNEBOURG , ( Géog. mod.) petite contrée d'Allemagne dans le Tirol, & de la dépendance de la manon d'Autriche, avec titre de comté. EM LEA "SONNER , v. n, ( Gramm.) rendre du fon. J'en: tends /onrerune cloche, du cor Sonnez, menétriers 4 il fe dit alors de tout inftrument, Cette période /onne bien à l'oreille ; cette propofition!fonre mal. If fait Jonnerbien hautiune petite chofe, 22 Wes arnicles SON: SONNER LE QUART ; ( Marine.) c'eft fonrier une cloche en branle afin d'avertir la partie de Péquipagé qui.'eft. couchée , de fe lever pour venir faire lé quart. | SONNER POUR LA POMPE, ( Marine.) 6% donner. un coup de cloche pour avertir les sens du quart de pomper: | SONNER une monnaie, (Monnoie.) v’eft éprouver par le fon. Les trois mamieres d’épronver les mon: noies dans le commerce | font de les forner, de les touchet, c’eft-à-dire d'en fre l'épreuve pär la pierre: dé-touche, &c deles cifailler. Il n'y a guere que cetté dernicre qui foirsûre. On dit que les Indiens con: noïfient le titre de l’or & de l'argent en les maniant, ou en les mettant entre les dents ; mais en ce cas-là on les tromperoït fouvent. ( D.J. | SONNERIE, 1. £ ( Gramm.) l'aflemblage ou le Bruit de plufeurs cloches. On dit, la Jornerie de cette patoifie eft très-confidérable & très belle. I] y a dans les églifes la grande & la petite Jonnerie qui ont cha< eune leur taxe, | SONNERIE, (Æog/os.) nom que les horlosets don: nent à la partie dune horloge qui fert à faire fonner les heures , la demié ou les quarts. On ne fait point dans quel tems on a inventé [cs Jonneries ; ce qu'il y a de sûr , &eft qu’elles ont.été employées dans les plus anciennes horloges à roues: On pourroit même croire qu’elles furent imaginéeg avant. Car fi l’on fait attention À ce qui a été rapporté dans Particle HORLOGE , au fujet de celle qui fut en- voyée à Charlemagne, on verra qu'elle avoit une efpece de /onnerie, puifau’il y avoit des boules d’ai- rain, quià chaque heure frappoient régulierement ur un petit tambour de même métal , lin nombre de coups égal à Pheure marquée par l'horloge. | Commetoutes les fonneries font conftruites à-peu- près {ur les mêmes principes , nous allons expliquer celle d’une pendule à reffort à quinze jours , d’au- tant plus que cette fornerie eft des plus ufitées > que lorfau’on en aura une fois bien compris l’effet , il fera facile d'entendre celui de toutesles autres. Sonnerie d'une pendule a reffort fonrant l'heure G La demie. Q , P,O, M,N,L » Voyez des fio. & Les PI, de Horlogerie | repréfente le rouage d’une fonnerie vue de face. © eft le barillet denté à fa circonféren ce. Le nombre de fes dentseft 84. 11 engrene dans le pignon P de la feconderoue , de 14; celle-ciaz2, & engrene dans le pignon de latroifieme roue ;Ouroue de chevilles qui eft de 8 ; cette roue a 10 chevilles & Go dents; elle mene le pionon de la roue d’étoquiau, qui eft de 6 , & celle-ci la roue N , qui a auffiun éto- quiau ; enfin cette derniere engrene dans le pignon du volant Z.Le nombre de ces derniers pignonseft or: dinairement de 6, mais celui de leur roue ef afez in- déterminé; il doit être cependant tel que les dents de fes roues ne foient Pas trop menues , & que le volant ait une vîteffe convenable pour pouvoir ralen- tir celle du rouage. Quant à la feconde roue »>àlaroue de chevilles & à celle d'étoquiau , leur nombre eff déterminé. Il faut que celle-ci faffe un tour par coup de marteau ; que la roue de chevilles faffe 9 toûtg pour un de la feconde roue , celle-ci portant le cha 360 SON péron. Ainf on voit que la feconde roue ayant 72 dents, le pignon de la roue de chevilles eft de 8 ; 8 que cette derniere roueétant de 60, le pignon de la roue d’étoquiau eft de 6. On voit dans une autre fg. le profil de cette fonne- rie.pfeltla détente, quieft mieuxexprimée' ailleurs; la partie Fentredans les entailles du chaperon, dont nous parlerons plus bas , &c la partie p fert à arrêter la fonnerie en s’oppofant au mouvement de la chevil- le » de la roue d’étoquiau. La partié Æ, qu'on ne peut voir diftinétement dans le profil, eft exprimée dans une figure fuiv:où l’on voit eette pendule du côté du cadran quieftôté. Cette partiels’appuie fur le détentillon D, 6,14, qui a une partie Areprélentée plüs bas, & quieft mar- quée h dans le profil. 1 fert.par la partie c à faire détendre la fouxerie, & par l’autre 4 à faire que-cette Jfonnerie parte à l'heure précife. Le marteau 4 Feft mobile vers {es deux extrémités ; il a une efpece de palette en Ÿ qui s’avance vers la cage , & quieft me- née,parles chevilles de la roue o o pour le faire fon- ner. On va voir comment toutes. ces partiesagifent; 1°, pour faire fonnér la pendule 6 2°. pour qu’elle le fafle d’une maniere précife, Suppofant que.le reffort quieft danse barillet ten- de à le fairetourner de Q en W, ileft clair que fi le rouage.étoit hbre , 1 tournéroit; & que la roue © tournant deoenp, fes chevilles leveroient le mar- teau , 8c le feroient frapper fur le timbre. Mais fup- pofant que l’'étoquiau 7 au profil vienne frapper fur la partie p de la. détente, lerouage ne pourra plustour- ner. Or fi l’on dégage cet étoquiau enécartantla dé- tente, ilefclair.que le rouage devenant hibre , la pendule fonnera : voici donc comment cela s’exécu- te. Le détentillon par fa branche, s’avance devant la roue des minutes 2. Cette roue a deux chevil- les oppotées l'une à l’autre, & fituées de façon que lorfaue l'aiguille des minutes eft fur 25 ou ÿ$ minu- tes, elles commencent à le lever. Imaginant donc cette aiguille dans lune ou Pautre de ces pofitions, 1l eit clair quelevant le détentillon, celui-ci levera en même tems la partie Æ de la détente, & par confe- quent dégagerala partie p-de la cheville 1, au profl , &c qu’ainfi le rouage étant libre , la pendule fonne- roit : mais dans le même inftant la partie z du déten- tillon arrêtant la cheville k fixée. fur la roue z , le rouage eft encore arrêté de nouveau ; ainfi la pendule ne peut fonner, que lorlqu’en conféquence du mou- vement de la roue des minutes, le détentillon n’é- tant plus foutenu par la cheville de cette roue, 1ltom- be, & dégage la cheville 2 : alors: le rouage peut tourner , & la pendule fonner. Maintenant voici comment elle eft déterminée à fonner un nombre de coups toujours égal à Pheure marquée par les aiguilles. Nous avons dit plus haut que la détente a une par- tie Fqui entre dans les entailles du chaperon, dont on voit Le plan dans une autre fg. Ce chaperonentre quarrément fur l'arbre de la feconde roue prolongé au-delà de la platine de derriere. Son diametre eft tel que lapartie f au profil de la détente repofant fur {a circonférence, fon autre partie p eft trop éloignée de l’étoquiau de la roue , pour qu'il puifle Le ren- contrer : les entailles au contraire font aflez profon- des pour que la partie f y répofant, la partie p ren- contre l’étoquiau de la roue 7 ; de façon que dans ce dernier cas, lapendule ne peutfonner qu'un coup, parce que, comme nous l'avons dit , la roue d’éto- quiau faifant un tour par coup de marteau; lorfqw'on dégage pendant un inftant fa cheville de la partie p, fi cette roue peut achever fon tour , la pendule fon- nera, mais un coup feulement. Il eft facile de con- clurre de tout ceci, que tant que la détente repofe fur la circonférence du chaperen, la pendule fonnera; mais que lorfqw’elle repofe dans les entailles , elle ne pourra fonner qu’un coup , & feulement lorfque la partie p de la détente aura été dégagée de la che- ville de laroue d’étoquiau. 7 Laroûe o o ayant dix chevilles, un de 165 tours équivaut à 10 coups de marteau. De pluscétte roue, comme nous l'avons dit, faifant neuf tours pour un de la féconde roue , il s’enfuit que fes’chevilles le- ” veront le marteau 00 fois pour un tour de cettéroue, & par conféquent pour uh du chaperon, puifqu'il eft porté fur {on axe. Donc fi l’on fuppole que la dé- tente porte toujours fur la circonférence du chape- ron, la pendule dans ur de festours fonnera do coups, pendant chacun defqueis le chaperon féra la :=, par- tie de fon tour. Maïs fi Von y fait attention, on verra que 90 eft égal à r2 , plus à la fomme des nombres 1,2,3, 4, &ejuiquà 12inclufivement. On pourra donc partager la circonférence du chaperon en 12 parties ; comme on le voit dans unedes fg. qui con- tiendront chacune = t£, 6e, jufqu’à inclufive- ment , & de plus laifler entre chacune de ces par- ties un intervalle égal encore à 5, & tant que la détente repofera fur ces parties , comme 10,11,12, Ge, la pendule fonneta 10,11,12 coups.Or 00 eft en- core cpal au nombre de coups qu'une pendule doit fonner dans 12 heures, puifque ce nombre eft compo- fé de 12 demies , & de la fomme 78 des heures 1,2, 3,4, jufqu'à 12 mclufivement. Donc le chaperon faifant un tour en 12 heures, il fera fonner à la pen- dule le nombre des coupsrequis. Aïnfi fuppofant que la détente repofe dans une des entalles, comme ro pat exemple , & que Paille des minutes foit fur le midi , la fonnerie, comme nous l'avons expliqué , pattira , & la pendule fonnera 11 coups ou 11 heu- res ; après quoi la détente repofera au fond de l’en- taille r1 ; & à la demie, la fonnerie partantencore, elle ne fonnera qu'un coup ; comme nous l'avons déja dit, Imaginant encore que la détente réponde à la partie 3 du chaperon, que Paiguille des heures foit fur 4heures, celle des munutes fur midi, la pendule fonnera 4 heures ; & fi elle continue de marcher à la demie, elle fonnera un coup, & à $ heures elle en fonnera $ , ainfi de fuite, | Nous avons dit que lé chaperon eft divifé en 12 parties ; mais la partie deftinée pour une heure , au- lieu d’être comme les autres , eft confondue dans la fente quiet entre 1 & 12; parceque comme ilne faut qu'un couppour une heure, elle eft dans le cas d’une demie. Les entailles du chaperon, voyez Les fig. font un peu plus grandes qu’ de fa cifconférence, parce qu'elles doivent contenir en outre la partie F de la détente ; mais cela revient au même , celle-ci portant fur la circonférence du chaperon pendant un plus long-tems, qui répond à fon épaifleur. Pour que l'heure fonne plus facilement , le côté de l’entaille , dufens duquel le chaperon tourne ,comme 4, voyez Les fig. eft limé en bifeau , afin d’eleverla détente plus facilement; & que dès que le premier coup de l’heure a frappé la détente pofant fur la circonférence du chaperon, la pendule continue le refte des coups requis. On conçoit facilement que ces effets d’une Joe rie peuvent s’exécuter par des moyens très - variéss mais ceux que nous venons de décrire , étant des plus fimples , les horlogers n’en emploient point d’autres: de façon qu’on peut être sûr que dans toute fozmerie il y a toujours une force motrice pour faire frapperle marteau, un chaperon ou un équivalent pour en dé- terminer les coups , & deux détentes dont l’effet eft à-peu-près le même que celui dont nous vénons de parler, & qui fervent à déterminer Pinftant précis où la pendule doit fonner. Le volant & le pignon fer- vent à ralentir la vitefle du rouage | pour que l’in- tervalle entre les coups de marteau foit diftin&. lai Fra nc C’eft SON ñ ’eft par cette raifon que dans toutes fortes de /o- meries &t dans les répétitions, le rouage doit être tou- jours compolé d’un certain nombre de roues , afin que le volant puifle avoir une viteffe fufifante pour produire cet effet. Quant au calcul des nombres d’une forrerie, la théorie en eft très-facile. Les feules conditions font 1°. que la roue des chevilles faffe un nombre detours par rapport au chaperon, tel que, lorfque la pendu: le ou l’horlogefonne l’heure 8 la demie avecunnom- bre de chevilles quelconque , elle fafle donner 90 coups de marteau par tour de chaperon, & que lorf- qu’elle ne fonne que les heures , elle n°en faffe don- ner que 78 ;. ce qui eft clair par ce que nous avons dit plus haut: 2°, il faut que la roue d’étoquiau faffe un four par coup de marteau. Lorfque cette roue a deux efpeces de demi-anneaux ou cerceaux adaptés _fur fon plän, elle n’en fait qu'un demi, Enfin le cha- peron devant faire deux tours par jour, il faut tou- jours que le nombre de fes tours {oit double de celui des jours que va la pendule ou l'horloge fans être re- montée; & par-là le nombre de fes tours par rapport à ceux du barillet ou de la grande roue de fonnerie , font encore détérminés. Nous allons rendre cela fen_ fble par unexemple, On a vu que le barillet de cette Jonnerie a 84 dents, & qu’il engrene dans le pignon de 14 de la feconde roue ; par conféquent le chape- ron , qui eft porté fur l’arbre de cette roue , fera 6 tours pour un du barillet : mais comme cette pendule va 18 jours, le chaperon doit faire 36 tours dans cet intervalle de tems ; par conféquenr le-barillet 6, pui. qu'un des fiens en vaut 6 du chaperon. On voit donc comment les tours du chaperon déterminent ceux du barillet ou de la grande roue, 7. 0yez HORLOGE, PEN- DULE A RESSORT , CALCUL, NOMBRE, &c. La fonnerie que nous venons d'expliquer, eff celle que l’on emploic en général dans les pendules ; mais comme on vient de voir que toutes les Jonneries {ont confiruites à-peu-près de même, celle des montres à Jonnerie font dans Le même cas » n’en difierent que par le volume ; & comme elles font aujourd’hui prefque hors d’ufage, il eft inutile de s’y étendre, d'autant plus que quiconque aura bien compris la mécanique de la fornerie des pendules ; Concevra fa- cilement celle des montres. SONNET , ( Poëfe.) petit poëme de quatorze vers, qui demande tant de qualités , qu'à peine , en- tre mille, on peut en trouver deux OU trois qu’on puiffe louer. Defpréaux dit que le dieu des vers Lui-méme en nefura Le nombre EG la cadence, HE EUES + eds EE Ca Défendit qu'un vers foible Y PÜt Jamais entrer NI qu'un mot déja mis o[êt s’y remontrer. Voilà pour la forme naturelle du fonner. 1l y a outre cela la forme artificielle , qui confifte dans l’arrangement & la qualité des rimes ; le même Defpréaux l’a exprimée heureufement : Apollon Voulut qu'en deux quatrains de mefure pareille , La rime avec deux [ons frappät fuir fois oreille : . Érqwuenfuite fix vers artiflement rangés Fujfent en deux tercets par Le Jens partagés. Le tercet commence par deux rimes femblables ; Ce arrangement des quatre derniers vers ef arbitraire. Ce poëme eft d’une très-srande beauté, On y veut une chaine d'idées nobles , exprimées fans affeda- tiOn , fans contrainte, & des rimes amenées de bonne srace. Boileau ne compofa que deux fonrers dans le cours de fa vie. L’un commence : Parmi les doux tranfports d'une amirié fidele , &c. Ille fit très-jeune , & ne le défavouoit que par le fcrupule trop délicat d’une certaine tendreffe qui y Tome XF, ( eft marquée, & qui ne convenoit pas, difoitil, à un oncle pour fa niece, Son autre fonner mérite d’être ici tranfcrit à la place de celui de Desbarreaux, que TT + LA tout le monde fait par cœur à caufe de fa beauté. Nourri dès le berceau près de La jeune Oranse ; Et non moins par le cœur que par Le fang lié à AE TE L A [es jeux innocens enfant affocié, TES “4 Je gokioïs les douceurs d’une amitié charmante. Quand un faux Efculape à cervelle Lgrorante , À la Jin d'un long mal vainement pallié Rompant de fes beaux jours Le fil trop délié, Pour jamais me ravir mon aimable pParente, © qu'un f rude coup me fit verfèr de pleurs ! Bientôt ma plume en main fignalansmes douleurs, : Je demandai raifon d'un aëte f? perfide. Out, j'en fs dès quinze ans ma plainte à l'univers F Et lardeur de venger ce barbare homicide { + 74 D LIQ Le Fur le premier démon qui m'infbira des vers. Notre poëte fatyrique n’a rien écrit de plus gracieux: A Jes jeux innocens enfant affocié : Rompant de fes beaux jours Le fil trop délié : Fur Le Premier démon qui minfpira des vers. Boïleau a bien PIOUVÉ par ce mor- ceau qu’on peut parler en polie de l'amitié enfanti- ne auf bien que de l'amour » & que tout s’annoblit dans le langace des dieux. (DT) SONNET en blanc, ( Poëte. ) on appelle un fonner en blanc, celui où il ny a que les rimes » & dontles vers font à remplir. Voyez Bouts-RIMÉS. (2. 3.) SONNETTE, £ £ (Gram. Ÿ petite cloche dont on fe fert dans les tempies, pour avertir le peuple qu'on leve Dieu; dans les maïfons pour appeller les valets; dans les rues pour faire allumer les lanternes ou balayer, 6c. | SONNETTE ;, ( Hydraul. ) eftune machine foute- nue de deux arc-boutans & d’un rancher, COMpOo- fée de deux montans ou coulifles à plomb , avec des poules pour monter le mouton Par un coïdage que lontire; on le laiffe enfuite tomber fur la tête des pieux pour les enfoncer. (Æ) | SONNETTIER , £. m. ( Corps de jurande. ) ou- vrier qui eft réuni au corps des Fondeurs, & qui fait des grelots & de petites fonnettes pour les mulets, CHA SONNEUR , f. m. (Langue franç. ) celui qui fon- neles cloches pour avertir le peuple de ce quife doit faire ou de ce qui fe pafle ; on à appellé autrefois Jonneurs, ceux qui fervoient la meñe. Le feizieme canon du concile de Cologne tenu en 1310, or- donne que les fonneurs feront lettrés > Pour pouvoir répondre au prêtre, & qu'ils ferviront en furplis ; - maisil n’y avoit pas befoin d’être lettré pour pouvoir répondre au prêtre , & moins encore Pour fervir en furplis. Ainf je crois que par étre lertré dans ce tems- là, on entendoit favoir lire. (D. 7.) SONNEUR, (Archiceit. ) ouvrier qui tire les corda- ges des fonnettes ; il y en a ordinairement feize pour chaque fonnette, dont on fe {err pour enfoncer des pieux dans a terre. ( D. J. ) SONNOIS LE , ( Géog. mod. ) petit pays de Fran- ce, dans la province du Maine : il a douze heues de longueur , depuis Balon juiqu’à Seez, 8 autant de largeur, depuis Alençon jufqu’au Perche. Mamers eft {on chef-lieu. ( D. J, ) . SONOBA , ( Géog. anc.) ville de l’'Efpagne Bé- tique ; Strabon , Z. ZI. p, 143. eft le feul des anciens qui parle de cette ville, (D. J.) SO-NO-KI, f. m. ( Æif. nat. Botan. ) efpece dé vigne duJapon, qui croit dans les bois, de la hauteur d'un pié. Ses feuilles reflemblent à celles du petit buis; fes fleurs font quatre pétales, garnies d’un ca. lice, & de couleur pourpre ; fon fruit eft rouge, de Z z à _ différentes. ( 362 S O P — tenant trois pepins un peu amers, SONORE ; adj. ( Gram. ) qui rend'hbeaucoup de fon; on diffingue les! corps en bruyans, fourds & jfonores. SONQUAS £Es,(Grog. mod.) peuples vagabonds d’Afriate, vers la partie méridionale : c’eft une iorte de cafres qui habitent les montagnes, où ils vivent de racines & de chaffe ; ce font des voleurs de pro- feflion , qui enlevent tout le bétail qu'ils peuvent at- traper. Leurs cabanes font de branches de bois, en- trelacées & couvertes de jonc; 1ls ne fe donnent pas la peine de les défaire, quand ils vont chercher de nouveaux pâturages. Il leur eft plus commode d’en bâtir de nouvelles dans les heux où ils fe rendent ; parce qu'aur cas qu'il leur prenne fantaifie de retour- ner dans leurs premiers gites , 1ls trouvent leurs ca- banes toutes prêtes. Les habits d’hommes font de peaux de bufles ou dânes fauvages coufues enfem- ble ; les femmes portent un parafol de plumes d’au- truche autour de la tête. (D, J.) SONRIER GRAND, ( Dign. d’abbaye.) nom qu’on donne dans l’abbaye de Remiremont au receveur général &7 adminiftrateur des droits feigneuriaux, Le grand prevôt, le chanceher, &c le grand /owrter, doi- vent chacun deux écusfols , le premier jour de lan à là doyenne de l’abbaye de Remiremont; 1ly a aff une des chanoinefles de cette abbaye qui a le titre de Jonriere. (-D.,J.) SONSOROL Les; (Géopr. mod.) petites iles de l'Océan indien, comprifes au nombre de celles de Palos. Le P. Duberon jéfüite , en découvrit deux en 1710. Il rapporte dans les lettres édifiantes, s. IL. p.77. que les habitans font bien-faits &c robuftes ; ils vont tout nuds, &c ont les cheveux crépus.(D. J.) .SONTIATES, ( Gecog. anc. ) ancien peuple d’A- quitaine, J’oyez SOTIATES, SONZES, fm. ( Hifi. nat. ) efpece de choux ou de légume de l'ile de Madagafcar ; fes feuilles font rondes & d’une grandeur extraordinaire; elles ont le goût des choux; mais la racine a celui des culs d’artichaux. SOOR, ou SOORA, ox SOER,, ( Gcog. mod. ) petite ville de Danemark, dans l'ile de Sélande, entre Magel & Ringftadt, près d’un lac qui abonde en poiffon. C’étoit autrefois une riche abbaye, qui eft à préfent un célebre collège. Lozg:29.27, larie, 55. 28.( D. J.) SOPHÈNE , ( Gcog. anc. ) contrée de la grande Arménie, Strabon, /. #1. p. 527. la met au nord de la Méfopotamie & de la Commagene, entte les monts Mafius & Antilaurus. Selon Ptolomée, . 7, c. xiij. la Sophene s'étendoit à lorient de PEuphrate, entre la Bafliflene au nord , l’Aclifene à lorient, & VAnzitene au midi. Procope, ædif, L. III, c. üj. en décrivant les diverfes fortifications que l’empereur Juftinien fit bâtir dans cette éontrée , la nomme So- phanene ; elle eft appellée Trophanefe & Tzophane, dans les authentiques : mais de même que dans le code, on entend par ces deux mots deux contrées D. J.) SOPHI , ox SOFI , £. m. ( if. mod.) c’'eftun titre ou une qualité qu’on donne au roi de Perfe, qui fignifie prudent , Jage, où philofophe. | Quelques-uns prétendent que ce titre doit fon ori- gine à un jeune berger de ce nom, qui parvint à la couronne de Perfe en 1370. D’autres le font venir , des Jophoi, fages, anciennement appellés agi. Vof- flus donne à ce mot une autre étymologie ; 1l ob- ferve que fophi, en arabe fignifie laine : & il ajoute que les Tures l’appliquoient par dérifion aux rois de Perfe , même depuis le tems d’Ifmaël ; parce que fui- vant leur religion, ils ne doivent fe couvrir la tête que d’un morceau d’étoffe de laine ordinairement da proffeut du poivre, d’un goût doux &c fade, con- | rouge : ceft de-là qu'on appelle aufiles Perfes ke gelbafchs ,c’eft-à-dire vétés rouges. Mais Bochart aflure que Jophi dans le langage perfan doùuleft tré, f- enie une perfonne quifuit fa relieion dans toute fa pureté, & qui préfere le fenvice de Dieu à toute autre chofe; &a sl le fait venir d’un ordre religieux qui porte ce nom! Voyez SOPHIS: | me Les fophis font gloire de leur illuftre extra@tion, 6c ce n’eft pas fans raifon, puifque cette famille ne le cede à aucune autre dans tout l’ofient : ils {ont defcendus en droite ligne de Houflein, fecond fils d’Ah, coufin de Mañomet , & de Farhime ; fille de Mahomet ; mais on prétend qu’elle aété éteinte dans la derniere révolution de Perfe, Il #y a point de: prince dans le monde dont l'autorité foit plus abfo- lueque celle des /ophis de Perfe ; leur pouvoir n’eft jamais borné par aucune loi, même’ par celles qu'il pourroit établir; cat il les fufpend ; les change, & : les cafle , comme il le juge à propos. | SOPHIA , 1. f. (BifE. nar. Botan.) nom donné par Dodonée , Lobel, Gerard, & quelques autres an ciens botamiftes à l’efpece de fifymbrium annuelle à feuilles d’abfynthe, ffymbrium annainm, ab[ynthii mi noris folio, de Tournefort. Foyez SISY M BRIUM. (DJ. SOPHIANA , ( Géogr. mod. ) ville de Perfe , dans PAdit-Beitzan, à huit journées au nord-oueft de Tau- ts, dans un vallon marécageux , couvert de quan- ‘ tité d'arbres qui empêchent prefque de voir cette ville avant qu'on foit dedans. Quelques-uns la pren- nent pour l’ancienne Sophie de Médie. (D.J7.) SOPHIE , SAINTE , ( Archiseë. ) c’étoit ancienne ment l’églife patriarchale de Conftantinople , bâtie par Confiantin, qui la nomma Sophie, parce qu'ilia dédia à la Sagefle éternelle. Un tremblement de terre ayant endommagé, & en partie ruiné ce fuperbe | temple, Juflinien le rebâtit. Evagrius, Zv. 1F. chi xxx. &t Procope fe font attachés à le décrire. Il faut defcendre de quelque côté qw’on entre. Son portique a fept entrées. Il y en a cinq de face qui font ordinairement fermées ; la largeur de ce porti- que eft de 32 piés, &c de-là on entre dans fainte So- plie par neuf grandes ouvertures ; celle du milieu a 18 piés de haut , & les portes font de cuivre rouge. Quatre pilaftres larges de 47 piés, foutiennent le dô- me qui en a 86 de diameïre, & qui cependant eft tellement écrafé , qu'il n’a de hauteur que la conca- vité d’un demi-globe parfait. Les galeries qui regnent tout-au-tour ont 53 piés de large, & font appuyées de foixante-quatre colon- nes. Celles de l'intérieur {ont de marbre ferpentin & de porphyre, hautes de 18 piés; & les colonnes de deflous font de marbre blanc , pareil à celui dont les murailles {ont revêtues. Dans les galeries, 11y a cinquante-deux colonnes de même ordre , & de ma- tiere femblable à celles qui font au‘bas. Au-deflous des portes du temple ; 1l y a quatre petites colonnes de jafpe. Parmi les marbres dont font pavées les sa- leries , on voit une pierre femblable au porphyre, que les Turcs ont en grande vénération. Mais comie ils font ennemis des Arts , ils ont dé- truit ou laiffé périr la plus grande partie de cet an- cien temple & fes décorations. Autrefois toutes les voûtes du temple étoient peintes en mofaique , elles font aujourd’hui barbouillées de blanc. Lorfque Se. Sophie appartenoit aux chrétiens orientaux, les fem- mes fe plaçoient dans les galeries, dont l'entrée étoit interdite aux hommes. Il y avoit aufi un autel qui ne-fubfifte plus; mais on trouve à la place la niche où l’on met lPalcoran. Cette niche eft tournée vers le Zébla, c’eft-à-dire à lorient, qui eft le point du ciel vers lequel les Mahométans doivent fe tourner dans leursprieres. Le pavé de cette mofquée eft de marbre , couvert de riches tapis de Turquie, Où a pratiqué dans un coin de mur , une tribune deftinée pour le grand-fcigneur, quis’y rend par un efcalier dérobé. Il y adevant le portail des réduits de marbre en façon d’oratoires, couverts d’un petit dôme, qui fervent de fpulture aux jeunes princes ottomans, Au-delà du portique qui eft devant cette mofquée, &c dans lequel les femmes mahométannes viennent quelquefois fare leurs prieres , il y a plufieurs por- tes, dont une feule refte ouverte pour Fentrée. On y voit en-dehors quatre minarets ou petites tours à plufeurs étages, avec des balcons.en faillie : les muo- zims y montent quatre à cinq.fois Le jour à certaines. heures, pour appeller les turcs au naama, c’eft-à- dite à l’oraifon, car les Mahométans ne fe fervent point de cloches. Ceux qui voudront de plus grands détails, les trouveront dans du Loir. (D. Th} SOPHIS oz SOPHÉES , f. m. (if. mod.) efpece d'ordre de religieux mahométans en Perfe , qui ré- pond à celui qu'on appelle dervis, chezles Turcs & les Arabes ; & fakirs, chez les Indiens. Voyez DER- vis & FAKIRS. | | * Quelques-uns prétendent qu’on les nomme fophis, à caufe d’une efpece d'éroffe qu'ils portent qu'on ap- pelle fouf, parce qu’elle fe fabrique dans la ville de Souf, en Syrie; d’autres , parce qu'ils ne portent par humilité à leur turban , qu'une étoffe de laine qu'on nomme en arabe, fophi ; d’autres enfin veu- lent que ce foit du mot arabe fophie , qui fienifie pur € fimple, parce qu’ils profefient la pure religion de Mahomet, qui eft felon eux celle de la fe&te d’Aly. Le plus éminent de ces Jophis eft toujours décoré du titre de /Cheik, c'eft-à-dire révérend. Scheik fophi qui jetta les premiers fondemens de la grandeur de Ja maifon royale de Perfe , éteinte par les dernieres révolutions, fut le fondateur ou plutôt le reftaura- teur de cet ordre. Ifmael qui conquit la Perfe, Ctoit lui-même Jophi , & fe faioit gloire de l’être. Il choi- fit tous fes gardes parmi les membres de cet ordre, & voulut que tous les grands feisneuts de fa cour füuflent Jophis. Le roi de Perfe & les feigneurs conti- nuent à y entrer, quoiqu il foit à préfent tombé dans un grand mépris ; Car les fophis du commun {ont em- ployés ordinairement en qualités d’huiffiers ou de ‘domefliques de la cour , & même d’exécuteurs de la juftice,; &r les derniers rois de Perfe ne vouloient pas leur permettre de porter l’épée en leur préfence. Ce mépris dans lequel font les fophis, a été caufe que les rois de Perfe ont quitté ce titre pour prendre ce- Jui de /cherk , qui fignifie roi où empereur. Maïs M. de la Croix s’eft trompé, en prétendant qu'ils r’avoient jamais porté Le nom de fophi, SOPHISME , . m, (Logique.) le fophifime eft le fin- ge du fyllogifme. Pour être féduifant & captieux, il faut néceflairement qu'il en affeête la figure &c la mi- ne. On peut dire de lui en général, que ce qu'il a de vicieux conffte dans une contravention à quel- qu'une des-regles générales ou particulieres de quel- qu'une des quatre figures , d’où réfultent toutes les fortes des fyllogifmes. La logique du Port-Royal les réduit à fept ou huit, ne s’arrêtant pas à remarquer ceux qui font rop grofhers pour furprendre les perfonnes un peu aftentives. | Le premier, confifte À prouver autre chofe que ce qui eft en quéftion. Ce fophifine eft appellé par Arif- tote sgnoratto elenchi, c’eft-à-dire l'ignorance de ce qu'on doit prouver conte fon adverfaire ; c’eft un vice très-ordinaire dans les conteftations des hom- mes. On difputeavec chaleur, & fouvent on nes’er- tend pas lun l’autre. La paffion ou la mauvaife foi fait qu'on attribue à fon adverfaire ce qui eft éloi- -gné de fon fentiment, pour le combattre avec plus davantage, ou awon lui impute les conféquences Tome XF, S O P 363 qu'on s’imagine pouvoir tirer de fa doétrine, quoi- qu'il les défavoue & qu'il les nie, Le fecond fuppofe pour vrai ce qui eft en quef- tion; c’eft ce qu'Ariftote appelle péririon de princi- pe. On peut rapporter à ce /ophifrne tous les raifon- nemens où l’on prouve.une Chofe inconnue, par une qui eft autant ou plus inconnue, ou une chofe incer- taine ,parune autre quieft autantou plus incertaine. La troifieme prend pour caufe ce qui n’eft point caufe. Ce fophifme s'appelle 20% caufa pro caufi, eft très-ordinaite parmi les hommes, & on y tombe en plufieurs manieres : c’eft ainf que les Philofophes ont attribué mille effets à la crainte du vuide, qu'on a prouvé démonftrativement en ce tems & par des expériences ingénieufes , n'avoir pour caufe que la pefanteur de l'air. On tombe dans le même fo- phifine, quand on fe fert de caufes éloignées & qui ‘ ne prouvent rien, pour prouver des chofes ou affez claires delles-mêmes, où faufles, ou du-moins dou- teufes. L'autre caufe qui fait tomber les hommes dans ce /éphifme, eft la fotte vanité qui nous fait avoir honte de reconnoïtre notre ignorance ; car c’eft de-là qu’il arrive que nous aimons mieux nous forger des caufes imaginaires des chofes dont on nous demande raifon, que d’avouer que nous n’en favons pas la caufe ; & la maniere dont nous nous échappons de cette confeffion de notre : chorañce ef affez plaifante, Quand nous voyons un effet dont la caufe eft inconnue, nous nous Imaginons l'avoir dé. couverte ; lorfque nous avons joint à cer effet un mot général de versx ou defaculré, quine forme dans notre efprit aucune autre idée , finon que cet effet à quelque caufe ; ce que nous favions bien , avant d’a- vOir trouvé ce mot. Ceux qui ne font point profef- fon de {cience, & à qui l'ignorance n’eft pas hon- teufe , ayouent franchement qu'ils connoïflent ces effets, mais qu’ils n’en favent pas la caufe ; au lieu que les favans qui rougiroient d’en dire autant , S'en tirent d’une autre maniere, & prétendenr qu'ils ont découvert la vraie caufe de ces effets, qui eft, par exemple, qu'il y a dans les arteres une vertu pulf- fique, dans l’aimant une vertu magnétique, dans le fené une vertu purgative , & dans le pavot une ver- tu foporifique, Voilà qui eft fort commodément ré {olu ; & il n’y a point de Chinois qui n'eüt pl avec autant de facilité, fe tirer de l'admiration où on étoit des horloges en ce pays-là ; lorfqw’on leur en ap- porta d'Europe ; car il n’auroit eu qu’à dire » qu'il connoifioit parfaitement la raifon de ce que les au- tres trouvoient fi merveilleux , & que ce n’étoit au tre chofe, finon qu'il y avoit dans cette machine une vertu indicatrice qui marquoit Les heures fur le ca- dran , & une vertu fonorifique qui les faifoit fon- ner : Al fe feroit rendu par-là auffi favant dans la con- noïflance des horloces, que le font ces Philofophes dans la connoïflance du battement des arteres » & des propriétés de l’aimant , du fené & du pavot. Il y a encore d’autres mots qui fervent à rendre es hommes favans à peu de frais, comme de fympa- thie, d’antipathie, de qualités occultes. Ce qui les rend ridiculement favans, c’eft qu'ils S’imaginent l'être effetivement , pour avoir trouvé un mot au- quel ils attachent une certaine aualité imaginaire , que ni eux ni petfonne n’a jamais conçue. Le quatrieme confifte dans un dénombrement :m- parfait. C’eft le défaut le plus ordinaire des perfon- nes habiles que de faire des dénombremens impar- fans , & dene confidérer pas affez toutes les manie- res dont une chofe peut être ou peut arriver; d’où ils concluent témérairement > Où qu'elle n’eft pas, parce qu’elle n’eit pas d’une certaine maniere, quoi- qu'elle puifle être d’une autre: ou qu’elle eft de telle & telle façon, quciqu’etle puifle être encore d'une autre maniere qu'ils n’ont pas confidérée. Z 1 1] 364 S O P Le cinquieme fait juger d’une chofe par cé qui ne- lui convient que par accident. Ce ophifine eft appellé fallacia accidentis. H confifie à.tirer une conclufion abfoiue, fimple & fans reftriétion de ce qui n’eft vrai que par accident: c’eft ce que font tant de gens qui déclament contre l’antimoine , parce qw’étant mal appliqué , 1l produit de mauvais effets; &c d’au- tres qui attribuent à Véloquence tous les mauvais effets qu'elle produit, quand on en abufe ; ou à la Médecine les fautes de quelques ignorans. On tombe auffi fouvent dans ce mauvais raïfonne- ment, quand on prend les fimples occafions pour les véritables caufes ; comme qui accuferoit la religion chrétienne d’avoir été la caufe du maffacre d’une in- finité de perfonnes, qui ont mieux aimé fouffrir la mort que de renoncer Jefus-Chrift; au lieu que ce n’eft ni à la religion chrétienne , n1 à [a conftance des martyrs qu’on dojf attribuer ces meurtres, mais À la feule injuftice & à la feule cruauté des payens. On voit auf un exemple confidérable de ce /o- phifmne dans le raifonnement ridicule des Epicuriens, qui concluoient que les dieux devoient avoir une forme humaine, parce que dans toutes Les chofes hu- maines , il n’y avoit que l’homme qui fût doué de la raïifon. « Les dieux, difoientils, font très heureux: » nul ne peut être heureux fans la vertu : 1l n’y a » point de vertu fans la raïfon , &c la raïfon ne fe » trouve nulle part ailleurs qu’en ce qui a la forme » humaine: il faut donc avouer que les dieux font en » forme humaine. » Voilà qui n’eft pas bien conclu. En vérité ce que M. de Fontenelle a dit des anciens, favoir qu’ils ne font pas fujets, fur quelque matiere que ce foit, à raïonner dans la dermiere perfection, n’eff point exagéré. « Souvent, dit cet auteur ingé- » nieux, de foibles convenances, de petites fimili- » tudes, des jeux d’efprit peu folides, des difcours » vagues & confus pañlent chez eux pour des preu- # ves; aufi rien ne leur coute à prouver ; mais ce # qu'un ancien démontroit en fe jouant , donneroit » à l'heure qu'il eft, bien de la peine à un pauvre » moderne ; car de quelle rigueur n’eft-on pas fur » Les raïfonnemens? On veut qu'ils foient intelligt- | » bles, on veut qu'ils foïent juftes, on veut qu'ils # concluent. On aura la malignité de démêler la . # moindre équivoque ou d'idées ou de mots; on au- » ta la dureté de condaimner la chofe du monde la » plus ingénieufe, fi elle ne va pas au fait. Avant M. » Defcartes on raifonnoït plus commodément ; les » fiecles pañlés font bien heureux de n’avoir pas eu » cet homme-là. » Le fixieme pañle du fens divifé au fens compoié, ou du fens compofé au fens divifé ; l’un de ces /opAuf- mes S'appelle fzllacia compofionis , & l'autre fallacra divifionis. J. C..dit dans PEvangile, en parlant de fes miracles : Les aveugles voient, les boiteux marchent droit, les fourds entendent. A] eft évident que cela ne peut être vrai, qu'en prenant ces chofes féparément , c’eft-à-dire dans le fens divifé. Car les aveugles ne voyoient pas demeurant aveugles, & les fourds n’en- tendoient pas demeurant fourds. C’eft auffi dans le même fens qu'il eft dit dans les Ecritures, que Dieu jufhifie Les impies ; car cela ne veut pas dire qu'il tient pour juftes ceux qui font encore smpies, mais bien qu’il rend juftes, par fa grace, ceux qui étoient im— ies. < Il y a au contraire, des propofitions quine font vraies qu’en un fens oppofé à celui-là, qui eft le fens divifé. Comme quand S. Paul dit: que /es médifans, Les fornicateurs , les avares n'entreront point dans le royaume des creux , Car cela ne veut pas dire que nul de ceux qui auront eu ces vices ne feront fauves, maïs feulement que ceux qui y demeureront attachés pe le feront pas. Le feptieme pañle de çe qui eft vrai à quelque SOP égard, àce qui éft vrai fimplement; c’eft ce qu’on ape pelle dans l’école, à dido fecandum quid, ad diftum fimpliciter. En voici des exemples. Les Epicuriens prouvoient encore que les dieux devoient avoir la forme humaine, parce qu'il n’y en-a point de plus belle que celle-là, & que tout ce qui eft beau doit être en dieu. C’étoit fort mal raifonner; car la forme humaine n’eft point abfolument une-beauté, mais feulement au regard des corps; & ainfi n'étant une perfeétion qu’à quelque égard 8 non fimplement, 1f ne s'enfuit point qu’elle doive être en dieu, parceque toutes les perfettions font en dieu. | Nous voyons auffi dans Cicéron, au F1. livre de la nature des dieux , un argument ridicule de Cotta contre l’exiftence de Dieu, qui a le même défaut. « Comment, ditil, pouvons-nous concevoir Dieu, » ne lui pouvant attribuer aucune vertu ? Car, di- »# rons-nous qu'il a de la prudence, mais la pruden- » ce confiftant dans le choix des biens & des maux, » quel befoin peut avoir Dieu de ce choix, n'étant » capable d'aucun mal? Dirons-nous qu'il a de l'is- » telligence & de la raifon, mais la raïfon êz intelh- » gence nous fervent à nous, à découvrir ce qui nous » eft inconnu par ce qui nous eft connu; or il ae » peut yavoir rien d’inconnu à Dieu? La juftice ne » peut auf être en Dieu, pufqu’elle ne regarde que » la fociété des hommes; ni la tempérance, parce » qu'il n’a point de voluptés à modérer; n1 la force, »# parce qu'il 'n’eft fufceptible ni de douleur ni de » travail, & qu'il n’eft expofé à aucun péril. Com- ‘» ment donc pourroit être Dieu, ce qui n’auroït m1 » intellisencenivertu »? Ce qu'il ya de merveilleux dans ce beau raïfonnement , c’eft que Cotta ne con- clud qu'il n’y a point de vertu en Dieu, que parce que l’imperfeétion qui fe trouve danslavertuhumaine n’eft pas en Dieu. De forte que. ce lui eft une preuve que Dieu n’a point d'intelligence, parce que ren ne lui eft caché; c’eftà-dire qu'il ne voit rien, parce qu'il voit tout, qu'il ne peut rien, parce qu’il peut tout ; qu'il ne jouit d’aucun bien, parce qu'il pofiede tous les biens. | | Le huitieme enfin, fe réduit à abufer de lambigui- té des mots ; ce qui fe peut faire en diverfes manie- res. On peut rapporter à cette efpece de fophi/me, tous les fyllogifimes qui font vicieux, parce qu'il s’y trouve quatre termes, foit parce que le moyen terme eft pris deux fois particulierement, ou parce qu'il eft fufceptible de divers fens dans les deux prénufles; ou enfin parce que les termes de la concluñon ne font pas pris de la même maniere dans les prémifles que dans la conclufion.Car nous ne reftraignons pas le mot d’embiguiré , aux feuls mots qui font grofliere- ment équivoques, Ce qui ne trompe prefque jamais; mais nous comprenons par-là tour ce qui peut fawe changer du fens à un mot, par une altératon imper- ceptible d'idées, parce que diverfes chofes étant #- gnifiées par le même fon, on les prend pour fa même chole, Aiïnfi quand vous entendrez Île Jophifme fuivant: Les apôtres étoient douze, | Judas étoit apôtre ; Donc Judas étoit douze. le fophifte aura beau dire que Pargument eft en forme ; pour le confondre, fans nulle difcuffion nà embarras, démêlez fimplemement léquivoque du mot les apôtres. Ce mot les apôtres figmifie dans le {y4. logifme en queftion, les apôtres en tant que pris tous enfemble & faïfant Le nombre de douze. Or dans cet- te fignification, comment dire dans la mineure, or Judas étoit apôtre ? Judas étoit-il apôtre en tant que les apôtres font pris tous enfemble au nombre de douze ? Citons encore pour exemple ce /ophifime burlef. que. Le manger alé fair boire beaxcoup ; Or boire beaucoup fait palfer la foif : Donc le manger falé fair pajfèr la foif. Ce Jophifine porte un mafque de {yllogifme ; maïs il fera bientôt démafqué par une fimple attention: c’eft que le moyen terme, qui naroît le même dans Jarpremiere & dans la feconde propoñtion, change itnperceptiblement à la faveur d’un petit mot qui eit de plus dans lune, & qui eff de moins dans l'autre. GOr'un petit mot ne fait pas ici une petite différence. Une diphtongue altérée caufa autrefois de furieux ravages dans l’Eolife ; & une particule changée , n’en fait pas de moindres dans la Logique pour conferver au moyen terme, le même fens dans les deux propo- ftons. [l falloit énoncer dans la mineure, or faire boire beaucoup fait paffer la foif, Au lieu de cela, on fupprime ici dans la mineure, le verbe faire devant le mot Éorre, ce qui change le fens, puifque faire boire Ët boire, ne font pas la mèmé chole. On pourroit appeller fmplement le /ophifme, une équivoque ; St pour en découvrir lervice ou le nœud, il ne faudroït que découvrir équivoque. | SOPHISTE , fm, (Gram. 6 Hiff. anc.ecclef.) qui fait . des fophifimes, c’eft-à-dire qui fe fert d’argumens fub- tils , dans le deffein de trontper ceux qu’on veut perfüader ou convaincre. Voyez SOPRISME & GYM- NOSOPHISTE. Ce mot eft formé du grec cogos, fage, ou plutôt de cogirrus , impofleur, tromper. . Leterme fophiffe, qui maintenant eftun reproche, étoit autrefois un titre honorable, 8t emportoit avec foiune idée bien innocente. S. Auguftin obferve quil fignifoit un rhéteur où profeffeur d'éloquence, comm étoient Lucien, Athænée, Libanius, &c. ; Suidas, & après lui Olar. Celfius, dans une differ- tation exprefle fur les fophifles orecs, nous déclare que ce mot S’appliquoit indifféremment à tous ceux qui excelloient dans quelque art ou fcience , foit théologiens, jurifconfultes, phyficiens, poëtes, ora- teurs on muficiens. Mais il femble que c’eft donner à ce mot unfens trop étendu. Il eft pofible qu’un rhé- teur ait fait des vers, Gc, mais que ce foit en vertu de fon talent poétique qu’on lait nommé /oplife, c’eft ce que nous ne voyons point de raifon de croi- re. Quoi qu'il en foit, Solon eftle premier qui paroït avoir porté ce nom, qui lui fut donné par Hocrate; enfuite on le donna aflez rarement, mais feulement aux philofophes & aux orateurs. Le titre de fophifre fut en grande réputation chez les Latins dans le douzième fecle , & dans le tems de S. Bernafd. Mais il commença à s’introduite chez les Grecs dès le temis de Platon , par le moyen de Prota- goras &z de Gorgias, qui en firent un métier infâme en vendant Péloauence pour de l'argent. C7eft de-là que Séneque appelle les fophiftes , des charlatans & des empyriques. Cicérôn ditque le titre de Jophiffefe donnoit à ceux qui profefloient la Philofophie avec trop d’oftenta- tion, dans la vûe d’en faire un commerce, en cou- rant de place en place pour vendre en détail leur fcience trompeufe. Un fophifle étoit donc alors com- me à-préfent , un rhéteur ou logicien qui fait fon oc- cupation de décevoir & embarraffer le peuple par des diffin@ions frivoles, de vains raifonnemens & des difcours captieux. | | Rien n’a plus contribué à accroître le nombre des fophiftes, que les difputes des écoles de philofe- plie. On y enfeigne à embarrafler & obfcurcir la vérité par des termes barbares & inintellisibles, tels que antiprédicamens , grands & petits logicaux, quid- dités s É On donna le titre de ophiffe à Rabanus Maurus, pour lui faire honneur. Jean Hinton, moderne auteur {cholaftique anglois, a fait es efforts pour fe procu- rer le titre magnifique de /ophijte. | S O P 36$ SOPHISTIQUER,, vi ah (Graim, 6 Com.) fgniüe mélanger, altérer des drogues & des marchandifes , en y en mêlant d’autres de différente ou de moindre qualité, Ilfe dit particulierement des remedes & des drogues qu’on foupçonne n'être pas toujours fans mé- lange. Di. de Cow. SOPHISTIQUERIE , f. £. (Com) mélange de dro: gues de mavaile qualité que l’on veut faire pañer avec des bonnes. 14, ibid, pag. 139. SOPHONIE , LIVREDE , ( Critig. facr.) le livré facré de fophonie, ne contient que trois chapitres: Son ftyle eft aflez femblable à celui de Jérémie, dont il femble n’être que Pabréviateur. C’eft le neuvieme des douze petits prophetes ; mais nous ne favons rien de fa vie, que ce qu’il nous apprend luimême de fa natfflance, ch. j. v. 1, favoir ; qu'il étoït fils de Chufi, de latribu de Siméon. Il vivoit du tems de Jofas, qui commença fon regne lan du monde 3363, &il y à beaucoup d'apparence qu'il prophétifoit avant que ce prince religieux eût réformé les defordres de fes fujets: Sophonias peint vivement leur idolâtrie, menace Jérufalem de toute la colere du Seigneur, & finit néanmoins par des promefles confolantes fur le retour de la captivité. ( D. J. SOPHOZA , f. £ ( Hiff: nar. Boran. ) nom donné par Linnæus, au genre de plante appellé par Dillé. mius, dans fon Hore. eltheth. p. 112. ervi fpecies ; en voici les caraéteres : le calice de la fleur eft en forme de cioche, compoié d’une feuie feuille , divif£e en cinq fegmens obtus à l'extrémité : la fleur eftlégumi- neufe à cinq pétales, dont le fupérieur eft droit & oblong, devenant plus large au fommet, & fe cour- bant dansles bords: les aîles fontaunombre de deux, auf longues que la fleur fupérieure des leurs: les étas mines {ont dix filets diftinêts , pointus, & de la mê- me longueur que la fleur, mais cachés : les bonne- tes des étamines font petites , Le germe du piftil eft oblong & cylindrique : le ftigma eft obtus , le fruit eft une goufle très-longue 8c très-déliée, contenant une feule loge marquée de tubérofités, où font con. tenues des graines arrondies , & nombreufes, Linn. gen. pl. p.177. (D.J.) SOPHRONISTES ; f. m. (Ant, grecq. ) hEparis et $ on nommoit ainfi chez les Athéniens , dix mapiftrats chargés de veiller aux bonnes mœurs de la jeunefle, & l'endroit où Pon enfermoit les jeunes gens indo- ciles, pour les corriger , s’appelloit cmgporsapror. Pota ter, Archæol, græc. LT. ch. xxv. &, L, pi 84. & 130. (DJ) . SOPORANT , SOPORIFIQUE , oz SOPORIFE- RE, (Medecine) eftune médecine qui a la vertu de procurer le fommeil. Voyez So MME 1 L. Tel ef? lo: pium , le laudanum , 6, Voyez Orrum, LAuDa: NUM, &c. Ce mot vient du latin /opor , fommeil, Les Grec au lieu de ce mot ; fe fervent du mot kyprotic. Foy. HYPNOTIc. SOPORIFIQUES, maladies foporifiques, endorman: tes , afloupiflantes , font le coma ou cataphora, la létharÿie , & le carus, lefquelles femblent différer les unes des autres par le plus & le moins, plutôt que par leur eflence. Elles s'accordent en ce qu’el- les ont toutes accompagnées de ftupeur. Voyez Coma, CARUS, LÉTHARGIE, &c SOPIANZÆ , ( Géog. anc.) ville de la baffe Pan- nome, marquée dans l'itinéraire d’Antonin , fur la route de Sirmium à Carnuntum, Le nom moderne eft Zéeblack, felon Simler , & Soppan, felon La- zius. (D. J.) : SOPITHES, RÉGION DES, ( Géog: anc.) Sopi- this regio , la région des Sopithes , Sopishis regio , eff une contrée de l’Inde , Strabon , Z. XF. p. 699, qui l'appelle aufli Cathea, dit que quelques-uns la placent entre les fleuves Hydafpes & Acéfines ; Diodore de 306 SOR Sicile diftingue la terre des Cathéens , du royaume des Sopithes. Quoi qu’il en foit, Strabon remarque qu’on ra- contoit des chofes merveilleufes de la beauté de ce pays, & des qualités de fes chevaux ; & defes chiens. Onéficrite, dit-il, rapporte que parmi ces peuples, on choïfifloit Le plus bel homme pour le mettrefurle trône , & que deux mois après qu’un enfant étoit né, on examinoit publiquement s’il étoit bien conformé, & sl étoit digne de vivre, ou non. C’étoit aufliune coutume particuliere aux Cathéens, que les maria- ges dépendiffent du choix de Pamant &t de la mai- trefle, fans que le confentement des parens füt re- quis. Dans ce même pays, 1l y avoit une race de chiens admirables; Alexandre en reçut des Sopirhes, cent cinquante en préfent. Ces fortes de chiens ne lâchoient jamais prife. Quinte-Curce, Z. LX, c. 1. raconte quelques autres particularités de ce peuple fingulier. (D.J.) SOPOLO , ( Géog. mod. ) ville à demi ruinée des états du Turc, dans PAlbanie , au canton ap- pellé le Canina, à environ douze lieues de Butrin- to, vers le notd, & à quelque diflance de la bou- che du golfe de Venife. Les uns la prennent pour ancienne Hecatonpedum, d’autres pour Olpe, &c d’autres pour Ceffria. (D.J.) SOPRON, (Géog. mod.) comté de la bafle Hon- grie. Il eft borné au nord par les terres de PAutri- che ; à l'orient, par les comtés de Mofom & de Ja- varin ; au midi, par celui de Sarwar ; au couchant, par l'Autriche. We ; Le comté prend fon nom de fa capitale , qu’on ap- pelle Edenbourg ; elle eft fituée fur une petite rivie- re, à l'occident du lac de Ferto. Longuude 36, 37. latitude 47:55. (D. J.) SOR , eftlamème chofe que Jaurage. Voyez SAU- RAGE. VER Son , (Géog. mod.) nom de deux petites rivieres de France ; lune eft dans le Languedoc, au Lauragats ; elle paffe à Sorèze, 6t fe jette dans PAgout ; l’autre dans PAlface, a fa fource au mont de Vofge , & fe perd dans le Rhin, à Offentorff. (D. J.) SORA , ( Géog. anc. ) nom commun à plufieurs villes, r°. C’eft une ville de PÂfie mineure dans la Paphlagonie. 2°. Ville de PArabie déferte , aux con- fins de la Méfopotamie. 3°. Ville de Inde en-deçà du Gange felon Ptolomée, Z. F I. chap.j. es in- terpfetes croientque c’eftà préient Bifnagar. 4°. Vil- le de la Phénicie. 5°. Ville d'Italie, dans la Cam- panie, felon Strabon, &c dansle Latium , felon Pro- lomée, Tite-Live en fait une colonie romaine. Elle fut faccagée par l'empereur Frédéric IL. fous le pon- tificat de Grégoire IX. On ne fait par qui elle a été rétablie , mais c’eft aétuellement un évêche qui re- leve du faint fiege. . C’eft dans l’ancienne Sora, ville de la Campanie, que naquit Quintus-Valérius-Soranus. Il florifloit au cinquieme fiecle de Rome , & pañloit pour le plus favant homme qui eùt paru entre les auteurs latins, litteratiffimum togatorium omnIur, dit Cicéron, L, TIT. de Orarore. Il obferva dans fes ouvrages une métho- de que Pline a pris foim d’imiter ; c’eît qu'il y joignit des fommaires qui faïfoient que chaque leéteur pou- voit choifir ce qui lui convenoit , fans avoir la pei- ne de lire le tour. Deux vers qui nous reftent de Soranus, femblent témoigner qu’il penfoit que Dieu ef la caufe immanente de toutes chofes; opinion qui ne differe point dufpinofifme. Voici ces deux vers. . A . Jupiter omnipotens , rerumque, denmquerez ; Progenitor, genitrixque déém , deusurus ; G omnis. (2287) éd. SorA , ( Géog. mod. ) petite ville d'Itahe, dans la terre de Labour, auroyaume de Naples, près de la riviere de Carigliano , à vingt lieues au fud-eft de Rome. Elle a titre de duché, & un évêque qui ne releve que du faint fiege. Elle a été bâtie fur les ruines de l’ancienne, Sora | qui fut faccagée & brû- lée par l’empereur Frédéric Il. fous le pontificat de Grégoire IX. Lonp. 31.15. Lar. 41, 46, Baronius (Céfar) , favant cardinal, naquit à So- ra; en 1538, & mourut à Rome, bibliothécaire du Vatican, en160$5, à 68ans, | Il a donné les annales eccléfaftiques en latin, ou- vrage qui contient en 12 tomes 7 fol. l’hiftoire ecclé- faftique , depuis Jefus-Chrift, jufqu’à l'an 1198. Ba- ronius entreprit cetouvrage à l’âge de 30 ans, pour réfuter les centuriateurs de Magdebourg. C’étoitune grande entreprife, 87 au-deflus des forces de l’auteur, d'autant plus que fon manque de connoiffance de la langue greque, devoit Le détourner de ce travail. En s’y dévouant , 1l auroit dù fe contenter de rapporter les faits de Phiftoire eccléfiaftique , fans entrer dans des controverfes de parti, &c dans les intérêts de la cour de Rome; enfin fon ftyle n’eft ni pur, mile moins du monde agréable, , | Le favant P. Pagi, de l’ordre de S. François, a fait une critique des annales de Baronius en 4 vol. in-fol. dont le premier paruten 1697, & les trois derniers en 1705. D'autres favans , Cafaubon , le cardinal Norris, Richard de Montaigu, Blondel, & M. de Tillemont , ont publié leurs remarques critiques fur les annales de Baronius, Un libraire de Lucques en a donné une nouvelle édition, avec {es correétions de ces favans au bas des pages. Le meilleur, fans dou- te , feroit de compofer une nouvelle hïftoire de PE- ghie ,exatte, complette , & exempte des défauts & des milliers de fautes qui fe trouvent dans celle du cardinal napolitain. * Peu s’en fallut qu'il ne fuccédât à Clément VIII. mais le cardinal de Véronne s’expliqua fi fortement pour lui donner lexclufon , qu'il fit changer les fuf- frages : Monfeigneur illuftrifime , dit:l au cardinal Spinellh, qui foutenoit Baronius, « ce fujet n’eft point » propre à foutenir le fardeau du pontificat ; 1l n’eft » ni théologien , ni canonifte, ni verfé dans les » fciences ; c’eftun écrivain piquant , & rapfodifte : » tant s’en faut qu’il füt bon à gouverner l’eglife uni- » verfelle, que je doute fort qu’il fçût gouverner » une eglife particuliere». Enfin lEfpagne lui don- na l’exclufion pour la papauté, à caufe de fon livre de la Monarchie de Sicile, 8t la douleur qu'il en eut abrégea le cours de fa vie. (D. J.) SORA , f.m. ( Æif!. rar. Bor. exot. ) nom donné par le peuple de Guinée , à une efpece de buiffon dont les feuilles font de la grandeur &c de lafigure de celles du féné ; les habitans du pays les font bouillir dans l’eau , & en prennent la collature, contre tou- tes fortes de douleurs d’entrailles. Tran/z&. philof. 2,281 1CD5 9) | SORABES Les, ( Géog. anc.) Sorabi, peuples de la Germanie, compris au nombre des Vénèdes, êc enfuite comptés parmi les Slaves. Dans le moyen âge, ils habitoient fur le bord de la Sala , &c s’éten- doient jufqu’à l'Elbe. Il eft fouvent parlé des Sora. bes, dans les annales de Charlemagne ; on y voit l’année 782, que ce prince apprit que les Sorabes- flaves, qui habitoient entre l’Elbe êc la Sala, avoient fait des courfes fur les terres des Thuringiens & des Saxons , quiétoient leurs voifins. Sous lannée806, il eft dit que l’empereur envoya fon fils Charles à la tête d’une armée , dans la terre des Slaves , appellés Sorabes | qui habitoïient fur le bord de l'Elbe ; & Eginhart , dansla vie de Charlemagne, dit que la ri- viere Sala féparoit les Thuringiens d’avec les Sora- bes. SORACTES , ( Géog. anc. ) montagne d’itahe, dans l’Etrurie , aux confins des Fralifques, &c dans le voifinage du Tibre. Servius fait entendte quelle n’étoit pas éloïgnée de la voie flaminienne, Horace parle de cette montagne, au premier livre de fes odes, Ode IX, Res | Vides ut alta fêt rive Carndidint Soraéte. | Au pié de cette montagne , ily avoit füt une émi- ñence , une ville , ou du moins une forterefle de même nom ; & C’eft ce que Virgile entend parce vers de fon Enéide , Z. WII, v. Goo. 3 Soraëtis haben arces , flavinicque arva. La montagne de Soraëe toit confacrée à Apollon, sbid, Lv. 785: Sani cuftos Sora@is Apollo. Silius Halicus , Ly. FAIL, ». 493. dit la même chofe, Qu facrim Phæbo Sora@te frequentant. Au bas du mont Soraëte, fur les bords du Tibre, s’élevoit un. temple confacré à la déeffe Féronie ; ce temple ; &z le culte de la déeffe | avoient été de tout tems communs aux Sabuns &c aux latins ; les uns ÿ alloient offrir leurs vœux : les autres y étoient atti- rés par la foire célebre qui s’y tenoit. Quelques Ro- mains s’y étant rendus , furent infultés par les Sa- bins:, qui les dépouillerent de leur argent, & lesre- tinrent en captivité ; ce qui fit naître une guerre en- fre les deux peuples, dans la quatre-vingt douzieme année de Rome, Le nom moderne , felon Léander, eft more di S. Silveftro , & par corruption , ronte S, Treflo. Cet- te montagne à Été ainfi appellce à caufe du pape Sil- ieftre, qui s’y retira durant la perfécution exercée contre les chrétiens ; au fommet de cette montagne, qui eft d’un accès très-dificile , eft un bourg de mê- me nom, € tout proche il y a un monaftere au’on dit avoir été bâti en l'honneur de S. Silveftre, par ÆCarloman, frere de Pepin, & chef des François, avant qu'il {e füt retiré au monaftere dumont Cafin. T1 y en a qui difent que le temple & le petit bois con- facré à Apollon, étoient dans l’eñdroit où l’on voit - aujourdhui le monañtere. Le mont Soraëe étoit à vingt-fix milles de Rome, entte le Tibre & la voie Flaminienne ; c’eft-là que les Hirpes , c’eft-à-dire certaines familles du Pays » marchoient impunément fur des charbons ardens, après s’trefrottés d’un certain onguent la plante des À piés , ‘au tapport de Varron & de Pline, (D. J.) SORADEEN , vers, ( Poëfre anc.) on nommoit vers foradéers du tems de Quintilien , des vers licen- cieux, faits pour gâter le cœur & l’efprit. On les ap- pelloït ainfi, du nom de leur auteur Sorades, poète d'Alexandrie, quis’étoit diftingué en ce genre, Ses vers Joradéens étoïent compofés ou d’iambes , ou de trochées, ou de daétyles, ou d’anapettes. (D. J.) SORAIRE , ady. (Sozrie.) il fe dit de deux fils en= vergés qui {e trouvent enfemble fur la même verge ou cannes, parce que l'intermédiaire quiles féparoit s’eftcafé. | ; SORAME,, LA, ( Géog. mod. ) riviere de l'Amé- tique , dans la T'erre-ferme , à douze lieues de celle de Surinam. Les Indiens qui habitent fur {es bords, font caraibes. (D. J.) de . SORANUS, (Myzholog.) farnom que les Sabins «onnotent au dieu de la mort, Le mot Sorz en leur Hangue figmfoit cercueil. | SORATOF ox SARATOF , ( Géog. moderne. ) ville de l’empite Ruffien,dans le royaume d’Aftracan, fur un bras du Volga, au penchant d’une montagne, avec un fauxbourg qui s'étend le lons de la riviere. Les maifons de cette ville , 8 même la plûpart des | rouseâtre, SOR 367 éelifes, font de bois, Longitude C3. 15. latte, 33, 18% SORAW , ( Géos. mod. ) ville d'Allemagne, dans la haute Saxe, fur les confins de la Siléfie ; capitalé du marquifat de Luface \près du Bober, À 3 lieues at norü-eft de Sagan , 8 à 7 fud de Croffen. Lonp, 32: SAHATELEN NAN SET Die as =" Neander (Michel), uñ des blus célebres littéraz teurs allemandsdu xvj. fiecle, naauit * Soraw en + S253 & mourut à [sfeld Pan 15095 , Âgé de 76 ans. Entre fes principaux ouvrages qu'il a publiés,je norme 1°. les érotemata lingue grece, Bafilea 55381565 in-8°, La préface qu'il a mife à la tête de la feconde édition, eft une diflertation fur les bibliotheques anciennes, oil parle des livres qui font perdus, & fur les bibliotheques defontemsles mieux fournies en manufcrits grecs.2°, Linguæ hebreæerotemata, Bafil.1556,in-8°, 8 plufieurs autres fois, La préface de cet Ouvrage traite | com- me la précédente;de la langue hébraïque en général, des ouvrages & des favans les plus célebres dans les | langues orientales. 3°. Opus aureum € Jcholaflicum à Lipfle 157$ ,in-8°. Ce recueil contient le poëme de Coluthus de Lycoplis fur lenleyernent d’Hélene, ce: lui de Thryphiodore d'Epypte, fur la ruine de Troie, &t trois hivres de Quintus Calaber, ou Cointele Cas labrois, fur le même fujet, 4°, Chronicon & hifloriæ Ecclefie, Lipfie 1590 ,in-8°, $°: Orbis terræ partiur Jénplex enumeratio. Lipfiæ 1582 , 158, 1589 & 1597,11-8°. Cet ouvrage aflez curieux dans le tems où 11 parut , ne Peftplus pour nous. Fabricius , Morhof, Baillet, & finalement le P. Niceron , ont beaucoup parlé de ce littérateur. Il ne faut pas le confondre, comme ont fait quelques bi bliothécaires, avec le Nearder (Michel) , phyficien. êt médecin, né à Souchimeftal,, en 1 529,8 mort en 1581: Ce dernier a donné entr’autres ouvrages uñé Jyn0pfrs menfurarum & ponderum, à Bafle, 1 S 56, in-4°3 SORBET , f. m. (Confr, & boiffon des Turcs.) celus que les Turcs boivent ordinairement n’eft qu’une in- fufion de raifins fecs, dans laquelleils jettentune pois gnée de neige : cette boiflon ne vaut pas la tifane de l’hôtel-Dieu de Paris. Fournefort raconte dans fes voyages , qu'étant dans l’île de Crete fur le mont Ida, il s’avifa de faire du forber pour rétablir fes forces épuifées des fatigues qu'il avoit efluyées en grimpant cette montagne, « Nous remplimes, dit:l, nos tafles d’une belle neiz » ge cryftalliiée à gros grains, & la dipofimes paf » couche avec du fucre, fur lequel on verfoit enfuite # d’excellent vin, tout cela fe fondoit promptement » en fecouanit les tafles »: Ce forbes eff fans contre: dit meilleur que celui des turcs ordinaires ; Car ceu* qui font riches & rafinés font leur forbes avec du fue’ de limon &t de citrons confis au fucre, qu’on délaie dans de l’eau glacée ; ainfi lé forber dés turcs riches eft une compolition feche faite de citron, de fucre ; d’ambre , 6c. Ils appellent auffi du même nom lé breuvage que lon fait de certe compofition battue avec de l’eau; mais les pauvres sens ne boivent gueré de cette efpece de forber. (D, J) , SORBIER , 1. m. (f£, nat. Bor.) Jorbus, genre de plante qui differe de ceux du poirier & de l’alifier par la difpofition des feuilles ; elles naïffent par pais res dans le forbier comme celles du frêne, Tournes fort; 2nff. rei herb. Voyez PLANTE. SORBIER , voyez CORNIER. On diftingue communément deux efpeces de ca genre de plante, le forbier cultivé , & le forbier fauz vage: Le forbier ou cornier cultivé ordinaire , «eft lé Jorbus fativa; I. R, H, 633 , en anglois , he como Jérvice-tree ; il a la racine longue, dure, grofle , li- goeufe, Elle produit un arbre grand & branchu, dont: le tronc eff droit, couvert d’une écorce rude , ou un: peu raboteufe ; pâle ; fon bois eft fort dur , compal, \ { 368 SOR Ses feuilles font oblongues , rangées plufñeufs en- femble fur une côte comme celles du frêne, dente- lées en leurs bords, velues , molles, verdâtres en- deflus, blanchâtres en-deflous, d’un goût acerbe & ftyptique. | Ses fleurs font petités, blanches , jointes plufieurs. enfemble en forme de grappes , portées fur de longs pédicules , qui fortent d’entre les feuilles ; chacune d’elles eft compofée de cinqfeuilles difpofées en rofe. Après que ces fleurs font tombées, le calice devient un fruit de la forme & de la groffeur d’une petite poire, dur, charnu ,.de couleur verdâtre , ou pâle d’un côté, & rougeñtre de l’autre ,rempli d’une chair jaunâtre, d’un goût très-acerbe; ce fruit s’appelle en latin forbam,en françois forbe ou corre.Îlne murit point ordinairement fur arbre; on le cueille en automne, & onle met fur de la paille ,où1l devient mou , doux, bon, & aflez agréable à manger ; il renferme dans un follicule membraneux , quelques femences ou pe- pins applatis. Cet arbre vient naturellement dans certaines con- trées ; 1l aime les montagnes froides , & un terrein pierreux ; on le cultive aufli dans les vergers & les vignobles, quoiqu'il croifie très-lentement ; il fleurit en Avril & Mai, & fon fruit n’eft mûr qu’en Novem- bre. Le forbier ou cornier fauvage, Jorbus fylvefinis, C. B. P. 415. Ranû, if. 1487 , forbus aucuparia, I.R, H. 634, en anglois, he wild-fervice, et un arbre de grandeur médiocre ; fon tronc eft droit, branchu, couvert d’une écorce brune, rougeûtre , fous laquelle 11 s’en trouve une autre qui eft jaune, d’une odeur puante, & d’un goût amer. Ses feuilles font plus pointues que celles du forbier cultivé, fermes, lif- fes, fans poil, 8 varient beaucoup fuivant les lieux. Ses fleurs font petites, blanches, odorantes, at- tachées plufieurs enfemble, en maniere d’ombelle ; 1] leur fuccede des fruits femblables aux baies de l’o- livier , d’un jaune mêlé de vermillon, d’un goût acer- be 8 défagréable, mais dont les merles ê les grives font fort friands , d’où vient que les oifeleurs s’en fer- vent comme d'appât pour prendre ces oïfeaux au f- let ou autrement. (D, J. ) SorBier oz CORNIER, (Dire & Mar. med. ) le fruit de cet arbre eft du nombre de ceux dont les hommes fe nourriflent, & qui pofledent en même tems des vertus véritablement médicamenteufes. La forbe où corne a, comme aliment 8 comme remede, la plus parfaite analogie avec la cornouille & avec la nefle. Voyez CornouwiLLe, NEFLE, & ce qui eft dit de l'ufage des cornes à l’article CORMIER , if. Ja. (b) SORBONNE, £ f. (Hif!. mod.) college de théolo- gie, fameux dans l’umiverfité de Paris, & qui tire fon nom de Robert de Sorbon fon fondateur. Celui ci,qui étoit confefleur & aumonier du roi S. Louis, ayant formé, 1256, le deflein d'établir un college en faveur de 16 pauvres étudians en théologie , 4 de chaque nation de l’univerfité , le roi donna à ce col- Îege plufieurs maïfons qui étoient de fon domaine dans la rue Coupe-gueule, vis-à-vis le palais des Thermes,& au moyen de quelques échanges de ren- tes, Robert de Sorbon fit bâtir dans cet emplacemnt ce college pour 16 écoliers & un provileur, c’eft- à-dire , un principal ou fupérieur. On les appelloit les pauvres de Sorbonne ; & leur maïfon la pauvre Sor- bonne, pauper Sorbonna. Mais par la fuite elle s’en- richit, & de college deftiné à loger des étudians, elle devint une focicté particuliere dans la faculté de théologie de Paris , & une retraite pour un certain nombre de dotteurs & de bacheliers de cette mai- fon. Cependant elle s’étoit toujours maintenue dans fon ancienne fimplicité , jufqu'au tems que le çardi- nal de Richelieu la fit rebâtir avec une magnificence, qui feule feroit capable d’immortalifer fon nom : ce aw’on y admire le plus c’eit l’églife dans laquelle eft le mautolée de ce caïdinal. Trois grands corps de lo- gis comprennent, outre la bibliotheque, la falle des. actes , la faille à manger , les cuifines,, éc. trente-fix appartemens pour les doéteurs & bacheliers de la maifon , & ces appartemens font donnés à l’ancien- neté. Pour être admis dans cette maifon , des qu'on a été recu bachelier en théologie , il faut profeiler un cours de philofophie dans quelque college de lu- niverfité , cependant on poftule, ou, comme on dit, on fupplie pour être agorégé à la maïfon & iociète, & l’on foutient un atte que l’on appelle Robertne, du nom du fondateur, ce que les bacheliers font or- dinairement avant que d’entrer en licence. De ceux qui font de la maïfon , on en diftingue de deux {or- tes; les uns font de la fociére, &t ont droit de demeu- rer en Sorbonne , & de donner leur fuffrage dans les affemblées de la maïfon, les autres font de l’ho/prtalié, c'eft-à-dire, agprégés à la maifon fans être de la fo- ciété. On les appelle ordinairement doëleurs licenciés où bacheliers de la maïfon & fociété de Sorbonne. Maïs leur véritable titre, & celui qu'ils prennent dans ‘les aûtes de la faculté,eft doéteurs lhicentiés &t bache- liers de la faculté de théologie de Paris, de la maïfon & fociété de Sorbonne; ce qu’on exprime en latin par doëlor, licentiatus , où baccalaureus theologus fucræ fa- cultatis Parifenfis, focius Sorbonicus. On donne auf communément aux autres doéteurs de la faculté letitre de doteur de Sorbonne ; &t bien des gens en prennent occafñon de penfer que la maifon de Sor- bonne a quelque fupériorité dans la faculté de théolo- gie de Paris. Cette maïfon refpettable par les hom- mes célebres qu’elle a produits, par les favans qui la compofent , & par ceux qwelle forme encore tous les jours, n’eft après tout qu’une fociété particuhere, comme plufeurs autres, & furtout celle de Navarre, qui compofent le corps de la faculté de théologie avecuneautorité & des fonétions parfaitement égales dans les aflemblées , & les autres actes de faculté. Il eft vrai encore que les affemblées foit ordinaires, foit extraordinaires de la faculté {e tiennent dans la gran- de falle de Sorbonne; mais cet ufage ne tire point à : conféquence, parce qu’elle s’affembloit autrefois aux mathurins, & qu’elle peut encore s’afflembler dans telle maïfon de fon corps qu’elle juge à-propos. Il y a proche de la Sorbonne des écoles extérieu- rieurs, où fix profefleurs, dont quatre font entrete- nus par le roi, & deux ont été fondés par des parti- culiers, font des leçons reglées de théologie. Ces chaires font toujours remplies par des fujets de la maïfon de Sorbonne, laquelle nomme auff à plufieurs autres places , comme à celle de grand-maitre du col- lege Mazarin , dont les chaires de philofophie , ainfi que celles du college du Pleflis , font toujours don- nées à des membres de la maifon & fociété de Sor- bonne. Le premier fupérieur de la maïlon fe nomme provifeur ;& dans l'intérieur, l'autorité, c’eft-ä-dire, le maintien des réglemens & du bon ordre, appar- tient au chef des doéteurs, qu’on nomme /exieur de. Sorbonne, & au chef des bacheliers en licence, qu’on appelle prieur de Sorbonne. Voyez PRIEUR 6 SE- NIEUR. Pour ce qui concerne la bibliotheque de cette maï- fon. Voyez le mot BIBLIOTHEQUE. SORCELLERIE,, f. £ (Magie.) opération magi- que, honteufe ou ridicule, attribuée ftupidement par la fuperflition , à l’invocation &c au pouvoir des dé- mons. | On n’entendit jamais parler de fortileges & de ma- léfices que dans les pays & les téms d’ipgnorance. C’eft pour cela que la forcellerie régnoïit fi tort parmi nous dans le xiij. & xiv. fiecles. Les enfans dePhilip- pe — pe le Bel, dit M. de Voltaire, firent alors entre eux une affociation par écrit, & fe promirent un fecours mutuel contre ceux qui voudroient les faire périr paf le fecours de la forcellerie. On brûla par arrêt du par- lementune forciere qui avoit fabriqué avec le diable un acte en faveur de Robert d'Artois, La maladie de Charles VL fut attribué à un fortilege, & on fit venir un magicien pour le guérir, On vit à Londres la duchefle de Glocefter accus. Lée d’avoir attenté à la vie d'Henri VI. par des for- tileges. Une malheureufe devinerefle, & un prêtre imbécile ou fcélerat qui fe difoit forcier, furent brû- lés vifs pour cette prétendue confpiranion. La du- chefie fut heureufe de n’êtte condamnée qu'à faire une amende honorable en chemife, & À une prifon pefpétuelle. L’efprit de lumiere & de philofophie, | quia établi depuis fon empire dans cette île floriflan- te, en étoit alors bien éloigné, La démence des fotileges fit des nouveaux pto- grès en France fous Catherine de Médicis ; c’étoit un des fruits de fa patrietran{plantés dans ce royaume, On a cette fameufe médaille où cette reine ef repre- {entée toute nue entre les conftellations d’Aries & Taurus, le nom d’Ebullé Afmodée fur fa tête, ayant un dard dans une main, un cœur dans l’autre , & dans l’exergue le nom d’Oxiel. On fit fubir la quef- tion à Côme Ruggieri florentin; accufé d’avoir at- ténté par des fortileges à la vie de Charles IX. En 1606 quantité de forciers furent condamnés dans le reflort du parlement de Bordeaux. Le fameux curé Gaufrédi brûlé à Aix en 1611, avoit avoué qu'il étoit lorcier , & les juges l’avoient cru. Enfin ce ne fut qu’à la raïfon naïffante vers la fin du dernier fiecle , qu’on dut la déclaration de Louis : XIV. qui défendit en 1672 , à tous les tribunaux de - fon royaume d’admettre les fimples accutations de Jorcellerie ; & depuis il y a eu de tems-en-tems quel ques accufations de maléfices , les juges n’ont con- damné les accufés que comme des prophanateurs,ou quand il eff arrivé que ces gens-là avoient employé le poifon. On demandoït à la Peyrere, auteur des préadami- tes , mais qui d’ailleurs a compoié une bonne hiftoire de Groenlande, pourquoi l’on parloit tant de {or ciers dans le nord qu’on fupplicioit; c’eft , doit-il, parce que Le bien de tous ces prétendus forciers que l'onfät mourir, eften partie confÂqué au profit des juges. "7. | Perfonne n'ignore l’hiftoire de l’efclave affranchi de Pancienne Rome, qu’on accufoit d’être forcier , &t qui par cette raifon fut appellé en juftice pour être condamné par le peuple romain. La fertilité d’un petit champ que fon maître lui avoit laifé, & qu'il cultivoit avec foin , avoit attiré fur lui l’envie de fes vVoifins. Sür de fon innocence, fans être allarmé de A citation de Pédile Curule qui Pavoit ajourné à : l'aflemblée du peuple , il s’y préfenta accompagné de fa fille ; c’étoit une groffle payfanne bien nourrie & bien vétue , benè curatam & vefliram : il] conduifit À l'aflemblée fes bœufs gros & gras , une charrue bien équipée &c bien entretenue, & tous fes inftrümens de labour en fort bonétat. Alors fetournant vers {es juges : Romains , dit-il, voilà mes fortileges, vene: ficia mea, quirites, hæc fun, Les fuffrages ne furent. “point partagés ; il fut abfous d’une commune voix ; &tfut.vengé de fes ennemis par les éloges qu'ilrecut. CHI | SORCIERS & SORCIERES, (if. ane 6 mod.) | hommes &z femmes qu’on prétend s'être livrés au démon, & avoir fait un patte avec lui pour opérer par fon fecours des prodises & des maléfices. Les paÿyens ont reconnu. qu'il y avoit des magi= ciens ou enchanteurs malfaifans qui par leur com- merce avec les mauvais génies ne fe propofoient que Tome XF, SOR 369 de niire aux hommes, &c les Grecs Îes appelloient : goériques. is donnotent à enchanteur le nom d’ervr: d'a > 4 devin celui de HaVTIe. Par Daplaareus ils dofis gnoïent celui qui fe férvoit de poifons , & par youc, celui qui trompoit les yeux par des preftises. Les Latins leur ont auffi donné diférens noms , COMME ceux d'empoifonneurs , vezenarii &: venefici ; parcé qu'en effet ils favoient préparer les poifons, & en faifoient ufage : Theflaliens & Chaldéens, T'heffalt G Chaldei, du nom des pays d’où fortoient ces mas giciens: généthliaques & mathématiciens , genethliaci G mathematici, parce qu'ils tiroient des horofcopes, étemployotentle calculpour prédire lPavenir:devins, augures, atufpices, 6e. arioli, angures, arufbices , TC: des diférens genres de divination auxquels. 1ls s’a+ donnoient. Ils appelloient les magiciennes lamies, lamie, du nom d’une nymphe cruelle & forcenée 3 qu'on feignoit dévorer rous les enfans : Jaga , térme qui dans l’origine fignifioit une perfonne prévoyante, mais qui devint enfuite odieux, & afedé aux femmes qui faifoient profefñion de prédire l'avenir : friges , qui veut dire proprement des oifeaux noîurnes & de mauvais augure , nom qu’on appliquoit par méta- phore aux magiciennes, qui, difoit-on, ne faifoient leurs enchantemens que pendant la nuit. On les trouve encore appellées dans les auteurs de la bonne latinuté verasrices, veracule, Jfimulatrices, fifrices. Dans les loix des Lombards elles font nommées mafce, à caufe de leur figure hideufe & femblable à des mafz ques , dit Delrio. Enfin on trouve dans Hincmar, & depuis fréquemment dans les auteurs qui ont traité dela magie, les inots forriarii & Jortiarie, que nous avons rendus par ceux de forciers &c de forcieres. Les anciens ne paroïfient pas avoir révoqtié en doute l’exiftence des forciers , m1 regardé leurs malé: fices comme de fimples preftiges. 1 l’on ne conful- toit que les poëtes , on admettroit fans examen cette imulutude d'enchantemens opérés par les Circés, les Médées , & autres femblables prodiges par lefquels ‘ ils ont prétendu répandre du merveilleux dans leurs ouvrages. Mais il paroit difficile de recufer le témois gnage de plufeurs hifloriens d’ailleurs véridiques de Tacite ; de Suétone, d’Ammien Marcellin j qu'on n’accufera pas d’avoir adopté aveuglément, & faute de bon fens, ce qu'ils racontent des opérations magiques. D’alleurs pourquoi tant de lois féveres de la part du fénat & des empereurs contre les ma: giciens , fi ce n’euflent été que des impofteurs & des charlatans propres tout au plus À duper la multitude, maisincapables de caufer aucun mal réel & phyfique» Si des faufles religions nous pafons À la véritable, nous trouverons qu'elle établit folidement l’exiften: ce des Jorciers où magiciens, foit par des faits incon- teftables , foit par les regles de conduite qu’elle prefcrit à fes fe teurs. Les magiciens de Pharaon opérerent des prodiges qu’on n’attribuera jamais aux feules forces de la nature, & qui n’étoient pas non plus effet de la divinité, puifaw’ils avoient pour but d’en combattre les miracles. Je wignore pas que ces prodiges font réduits par quelques modernes aw rang des preftiges ; mais outre que ce n’eft pas le fentiment le plus fuivi, conçoit-on bien clairement : qu'il foi du reflort de la nature de fafciner les yeux de tout un peuple, de le tromper longtems par de fimples apparences, de lui faite croire que des {pec- tres d'air ou de fimée font des animaux & des reptis les qui fe meuvenr? Si ce n’euflent été que des tours de charlatan, qui eût empêché Moïfe f inftruit de la fcience des Égyptiens, d'en découvrir l’artifice À Pharaon, à fa cour, à fon peuple, & en les détrom: pant ainfi, de confirmer {es propres nuracles ? Pours quoi eût=il été obligé de recourir à de plus grandes merveilles que celles qu'il avoir opérées jufque-là , ët que les magiciens ne purent enfin ir ? Preftis a 4 & .» diffimularent , Scripturarum autoritatem parvi facere. 370 SOR ges pour prefliges, la produétion des moucherons phantaftiques ne leur eût pas dû couter davantage que celle des ferpens ou de grenouilles imaginaires. Dans le livre de Job, fatan demande à Dieu que ce | faint homme foit frappé dans tous fes biens, &c Dieu les lui livre, en lui défendant feulement d’attenter à a vie; fes troupeaux font enlevés, fes enfans enfe- velis fous les ruines d’une maïfon ; lui-même enfin fe trouve couvert d’ulceres depuis la plante des piés ; À de a jufqu’au fommet de la tête. L’hiftoire de l'évocation de l'ombre de Samuel faite par la pythonifle , & rapportée au xxväÿ. chap. du fecond livre des Rois, ce que l’Ecriture dit ailleurs des faux propheres d'Achab & de l’oracle, de Beelzebuth à Accaron : tous ces traits réunis prouvent qu'il y avoit des magiciens ë£ des Jorciers , c’eft-à-dire des hommes qui avoient commerce avec les démons. On n’infere pas moins clairement la même vérité des ordres réitérés que Dieu donne contre les ma- giciens & contre ceux qui Les confultent : Vous ferez mourir, dit-il, ceux qui font des malefices ; ra/eficos non patieris vivere, Exod. xxij. v. 18. Même arrêt de mort contre ceux qui confultoient les magiciens & les devins : anima que declinaverit ad magos & ariolos € fornicata fuerit cum illis ... interficiam 1llam de me- dio populi mei! Leviric, xx. v. 6. Qu'il n’y ait perfonne parmi vous, dit-il encore à fon peuple, qui fafle des maléfices, qui foit enchanteur , ou qui confulte ceux qui ont des pythons ou efprits,, &c les devins, ou qui interroge les morts fur des chofes cachées : ec zve- niatur in te maleficus, nec incantator , Rec qui pythones confulat , nec divinos, aut quæraf a mortuis Verilatemn , Deuteron. xviij. v. 10 : précautions &c févérités qui euflent été injuftes & ridicules contre de fimples charlatans, & qui fuppofent néceflairement un com- merce réel entre certains hommes & Îles démons. La loi nouvelle n’eft pas moins précife fur ce point que l’ancienne ; tant d’énergumenes guéris par J. C. & fes apôtres, Simon & Elymas tous deux magi= ciens , la pythie dont il eft parlé dans les aûtes des apôtres , enfin tant de faits relatifs à la magie atteftés par les peres , ou atteftés par les écrivains eccléfiaf- tiques Les plus refpeétables , les décifions des con- ciles , les ordonnances de nos rois, &r entrautres de Charles VIIL. en 1490, de Charles IX. en 1560, & de Louis XIV. en 1682. Les Jurifconfultes & les Théologiens s'accordent aufli à admettre l’'exiftence des forciers ; & fans, citer fur ce point nos théolo- giens , nous nous contenterons de remarquer que les hommes les plus célebres que l’Angleterre ait pro- duits depuis un fecle, c’eft-à-dire, M®. Barrow, Til- lotfon, Stillingfleet, Jenkin , Prideaux , Clarke, Loke, Voflius, &c. ce dernier furtout remarque que ceux qui ne fauroient fe perfuader que les efprits en- tretiennent aucun commerce aveu les hommes, ou n’ont lules faintes Ecritures que fort négligemment, ou, quoiau’ils fe déguifent , en méprifent l'autorité. « Non poffunt in animum inducere ulla effe in fpiritibus » comunercia cum homine . .… fed deprehendi eos vel ad- » modim negligenter lepiffe facras literas, vel uicumque Vofl..epiftol. ad. En effet dans cette matiere tout dépend de ce point décifif; dès qu’on admet les faits énoncés dans les Ecritures, on admet auff d’autres faits femblables qui arrivent de tems en tems : faits extraordinaires , furnaturels, mais dont le furnaturel eft accompagné de caraderes qui dénotent que Dieun’en ef pas l’au- teur, & aw'ils arrivent par l'intervention du démon. Mais comme après une pareille autorité 1l feroit in- fenfé de ne pas croire que quelquefois les démons entretiennent avec les hommes de ces commerces qu’on nomme magie ;1l feroitimprudent de {e livrer Aune imagination vive-êc tout-à-la-fois foible, qui x ñe voit par-tout que méléfices, que lutins, que phan- tômes &c que forciers. Ajouter foi trop légéremeat à tout ce qu’on raconte en ce genre, & rejetter abfo- lument tout ce qu'on en dit, font deux extrèmes éga- lement dangereux. Examiner &c pefer les faits, avant que d'y accorder fa confance , c’eft le milieu qu'in- dique la raifon. Nous ajouterons même avec le P. Malebranche, qu'on ne fauroit être trop en garde contre les rêve- ries des démonographes , qui fous prétexte de prou- ver ce qui a rapport à leur but, adoptent & entaflent fans examen tout ce qu’ils ont vü, lü , ou entendu. « Je ne doute point , continue le même auteur, » qu'il ne puifle y avoir des forciers , des charmes, » des fortileges , &c. & que le démon n’exerce » quelquefois fa malice fur les hommes, par la per- » million de Dieu. C’eft faire trop d'honneur au » diable, que de rapporter ferieufement des hiftoi- » res, comme des marques de fa puiflance, ainf » que font quelques nouveaux démonographes”, » puifque ces hiftoires le rendent redoutable aux » efprits foibles. Il faut méprifer les démons, com- » me on méprile les bourreaux , car c’eft devant » Dieu feul qu'il fauttrembler. . . , quand on me- » prife fes lois & fon évangile. » 1 s’enfuit de-là, ( &c c’eft toujours la doërine » du P. Malebranche}), que les vrais /orciers font auffi » rares, que les forciers par imagination font com- » muns. Dans les lieux où lon brüle les forciers , on » ne voit autre chofe parce que dans les lieux où » on les condamne au feu, on croit véritablement » qu'ils le font, &c cette croyance fe fortifie par les » difcours qu’on en tient. Que l’on cefle de Les pu- » nir, & qu'on les traite comme des fous, & l’on » verra qu'avec le tems ils ne feront plus forciers, » parce que ceux qui ne le font que par imagina- » tion, qui font certainement le plus grand nom- » bre, deviendront comme les autres hommes. » [left fans doute que les vrais /orciers méritent » la mort, & que ceux même qui ne le font que par » imagination , ne doivent pas être regardés comme » innocens , puifque pour l'ordinaire, ces derniers » ne font tels, que parce qu'ils font dans la difpof- » tion du cœur d'aller au fabbat, & qu'ils fe font » frottés de quelque drogue pour venir à botit de » leur malheureux deffein, Mais en puniffant indiffé- » remment tous ces criminels, la perfuafñon com- » mune fe fortifie ; les forciers par imagination fe » multiphent, & ainfi une infinité de gens fe perdent » & fe damnent. C’eft donc avec raifon que plu- » fieurs parlemens ne punifant point les Jorciers »; (il faut ajoûter précilément comme Jorciers, mais comme empoifonneurs , & convaincus de malef- ces ,.ou chargés d’autres crimes , par exemple , de faire périr des beftiaux par des fecrets naturels. } « Il s’en trouve beaucoup moins dans les terres de » leur reflort, & l'envie, la haine, 6 la malice des # méchans ne peuvent: fe fervir de ce prétexte pour » accabler les innocens, » Recherch. de la vérité , Liv. TIT. chap. vr. li eft en effet étonnant qu’ontrouve dans certains démonographes une crédulité fi aveugle fur le grand nombre des forciers, après qu'eux-mêmes ont rap- porté des faits qui devroïent leur infpirer plus de referve. Tel eft celui que rapporte en latin Delrio, d’après Monfirelet ; mais que nous tranfcrirons dans le vieux ftyle de cet auteur, &c qui fervira à confr: mer ce que dit le P. Malebranche , que laccufation de forcellerie eft fouvent un prétexte pour accabler les innocens. « En cette année ( 14509 ) , dit Monftrelet, en la » la ville d'Arras ou pays d'Artois, advint un terri- wible cas & pitoyable que l'en nommoit vaudoifie, » ne fai pourquoi : mais l'en difoit que c’étoient au- LA SOR »” cünes gens, hommes &r femmes , qui de nuit fe » tranfportoient par vertu du diable, des places où » ils étoient, & foudainement fe trouvoient en au- » cuns lieux arriere de gens, ès bois, ou ès déferts, » la obilsfe trouvoient en très-grand nombre hom- » mes & femmes, & trouvoient illee un diable en # forme d'homme , duquel ls ne vefient jamais le » vifages &cce diable leur lifoit où difoit fes com- » mandemens. & ordonnances , & comment & par » quelle maniere ils le devoient avrer & fervir, » puis faifoit par chacun d’eux baïfer fon derriere, & puis il bailloit à chacun un peu d'argent, & fi- nalementleuradminiftroit vins & viandes en grand » largefle, dont il fe repailoient ; & puis tout-à- » coup chacun prenoit {a chacune, & en ce point »# s’eftaindoit la lumiere, & connoïfloient lun Pau- tre charnellement , & ce fait tout {oudainement » {eretrouvoit chacun en fa place dont ils étoient partis premierement. Pour cette folie furent prins » 6 emprifonnés, plufieurs notables gens de ladite ville d'Arras, &c autres moindres gens, femmes » folieufes & autres, & furent tellement gehinés, » &c fi terriblement tourmentés, que les uns con- feflerent le cas leur être tout ainfi advenu, com- » me dit'eft; & outre plus confeflerent avoir veu # & cogneuen leur aflemblée plufieurs gens nota- » bles, prélats, feisneurs &c autres gouverneurs de bailliages 8c de villes : voire tels, felon commune renommée , que les examinateurs &c les juges leur # nommoient & mettoient en bouche : fi que par force de peines & de tormens ils les accufoient &c difoient que voirement ils les y avoient veus; & » les aucuns ainfi nommés , étoient tantôt après » prins & emprifonnés &c mis à torture, êt tant & fi très-longuement, 8e par tant de fois que confef- » fer le leur convenoit; &c furent ceux-ciqui étoient » des moindres sens , exécutés & brülés inhumaine- ment. Ancuns autres plus riches & plus puiflans fe » rachepterent par force d'argent, pour éviter les » peines & les hontes que l’on leur faoit ; & de tels » y eut des plus grans, qui furent prefchés ëx féduits » par les examinateurs, qui leur donnoient à enten- » dre, & leur promettoient s'ils confefloient le cas, » qu'ils ne perdroïent ne corps ne biens. T els y eût » qui foufrirent en merveilleux patience & conf- » tance, les peines & les tormens ; mais ne voulu- » rent rien confefler à leur préjudice , trop bien >» donnerent argent largement aux juges , & à ceux » qui les pouvoient relever de leurs peines. Autres » y eut qui fe abfenterent & vuiderent du pays, ër » prouverent leur innocence, fi qu’ils en demoure- » tent paifibles, & ne fait ni à faire ce que plufieurs » gens de bien cogneurent affez, que cette maniere » d’accufation , fut une chofe controuvée par aucu- » nes mauvaifes perfonnes , pour grever & défiruire, » ou deshonorer, ou par ardeur de convoitife, au- » cunes notables perfonnes, que ceux hayoient de » vieille haine, &c que malicieufement ils feirent » prendre mefchantes gens tous premierement, aux- # quels ils faifoient par force de peines & de tor- »# mens , nommer aucuns notables gens tels que # l’en leurmettoit à la bouche, lefquels ainfi accufez étoient prins & tormentez, comme dit eft. Qui fût » pour veoir au jugement de toutes gens de bien, une chofe moult perverfe 8 inhumaine , au grand » deshonneur de ceux qui en furent notez, & au très- grand péril des ames de ceux qui par tels »# moyens vouloient deshonnorer gens de bien ». Monfirelet, 3° vol. des chroniques, fol, 84. édir. de Paris 1572, 1n-fol, On renouvella ces procédures dans la même ville & avec les mêmes iniquités, au bout d'environ 30 ans ; mais le parlemennt de Paris rendit jufüce aux Tome XV. = sv + ÿ v D Ÿ CR SR NA LA ñ SOR. 37: parties , par l'abfolution des accufés, 8 par la con - damnativn des juges. Malgré des exemples fi frappans , on étoit encore fort crédule en France fur l’article des forciers dans le fiecle fuivant. En 1671, un Jorcier nornmé Trois-Echelles, fut exécuté en gréve, pour avoir eu commerce avec les mauvais démons , & aceufa douze cens perfon- | nes du même crime, dit Mézerai, qui trouve ce nombre de douze cens bien fort; car, ajoute-t-il, un auteur le rapporte ainf,« je ne fai s'illefaut croire , » Car ceux qui fe font une fois rempli imagination » de ces creufes & noires fantaifies, croyent que » tout eft plein de diables &c de forciers. » L'auteur que Mézerai ne nomme point, mais quil défigne pour un démonographe, c’eft Bodin. Or Bodin dans {a démonomanie, 4v. 17. chap. j. dit que « Troiss » Echelles fe voyant convaincu de plufeurs aûtes » impoñlibles à la puiffance humaine , & ne pouvant » donner raïfon apparente de ce qu'il faïfoit, con- » fefa que tout cela fe faifoit À l’aide de fatan, & » fupplia le roi (Charles IX.) lui pardonner, & » qu'ilen défereroit une infinité. Le roi lui donna » grace, à charge de revéler fes compagnons & » {es complices , ce qu'il fit, & en nomma un * grand nombre par nom & furnom qu’il connoïfloit, » 8 pour vérifier fon dire , quant à ceux qu'ilavoit » Vus aux fabbats , 1l difoit qu'ils étoient marqués » comme de [a patte ou pifte d'un lievre qui étoit » infenfible, enforte que les Jorciers ne {entent point » les pointures quand on les perce jufqu’aux os > AU » lieu de la marque. Il ajoute encore, que Trois » Echelles dit au roi Charles IX. qu'il, y avoit plus # de trois cens mille Jorcéers en France », nombre beaucoup plus prodigieux que celui qui étonnoit Mézerai. Il y a apparence que Trois-Echelles étoit réellement forcer , & que la plüpart de ceux qu'il ac- D 2 _cufa, ou ne l'étoient que par imagination , ou ne l’é- toient point du tout. Quoiqu'il en foit, Trois-Echel- les profita mal de la grace que lui avoit accordée la roi, &t reromba dans fes premiers crimes, puifqu’il fut fupplicié. Quant aux autres > Continue Bodin, «1 » pourfuite & délation fut fupprimée, foit par fa- » VEur Où Cconcuflion , ou pour couvrir la honte de » quelques-uns qui étoient, peut-être, de la partie, » CT qu’on n’eût Jamais penié , foit pour te nombre » qui fetrouva, &c le délateur échappa »; mais ce ne fut pas, comme on voit, pour long-tems, Bodin : dit M. Bayle, de qui nous empruntons ceci, veut faire pafler pour un grand défordre cette conduite : qui au fonds étoit fort louable, car la fupprefion des procédures fondées fur la délation d’un pareil {célérat , fait voir qu'il y avoit encore de bons ref. tes de juftice dans le royaume. Elles euflerit ramené les maux qui furent commis dans Arrasau quinzieme fiecle. Bayle, réponf aux queflions d’un provinc. CRAPe LP. Coz de l'édir. de 1737. an-fol. ; Sous le fucceffeur de Charles IX, on n’éroit pas moins en garde contre l’exceflive crédulité fur ce point, comme il paroît par ce récit de Pigray , chi- rurgien d'Henri III. & témoin oculaire du fait qu’il rapporte. La cour de parlement de Paris s'étant , « dit-il, réfugiée à Tours en 1589 , nomma MM. » le Roi, Falafeau, Renard, médecins du roi, & » MOI, pour voir & vifiter quatorze, tant hommes » que femmes , qui étoient appellantes de la mort : » pour être acculées de forcellerie : la vifitation fut » faite par nous en la préfence de deux confeillers » de ladite cour. Nous vimes les rapports quiavoit » été faits, fur lefquels avoit été fondé leur juge- » ment par le premier juge : je ne fai pas la capacité » n1 la fidélité de ceux qui avoient rapporté, mais nous ne trouvames rien de ce qu'ils difoient , en- Aaa 1 Ÿ 372 S OR # tre autres chofes qu'il y avoit certaines places »# fur eux du tout infenfibles : nous les vifitames fort » dilisemment, fans rien oublier de tout ce qui y » éft requis , les faifant dépouiller tous nuds : ils fu- » rent piqués en plufeurs endroits, mais 1ls avorent » le fentiment fort aigu. Nous les interrogeñmes fur » plufeurs points , comme on fait les mélancol- » ques ; nous n’y reconnumes que de pauvres gens » ftupides , les uns qui ne fe foucioient de mourir , » les autres qui le defiroient : notre avis fut de leur # baïller plutôt de l’ellebore pour les purger , qu'au- » tre remede pout les punir. La cour les renvoya » fuivant notre rapport ». Pigray, chirur. Liv, FIL, chap. x. p. 445. | Cependant ces accufations fréquentes de forcelle- rie, jointes à la créance qu’on donnoit à laftrologre judiciaire & autres femblables fuperftitions fous le regne des derniers Valois, ayoient tellement enra- ciné le préjugé, qu'il exifte un grand nombre de vrais forciers, que dans le fecle fuivant on trouve encore des traces aflez fortes de cette opinion. En 1609 , Filefac doëteur de forhonne, fe plaignoit que l'impunité des forciers en multiplioit le nombre à lin- fini. Il ne les compte plus par cent mille, m1 par trois cens mille, maïs par millions : voici fes paro- les. « Lepidè Plautus in ruculento, a&, E. Je. 7. Nam nunc lenonum & fcortorum plus ef? fere Quam olim mufcarum & cum caletur maxime, Etiam-magos, maleficos, fegas, hoc tempore in orbe chriftano, longe rumero fuperante omnes fornices & prof- sibula , & officiolos ifos qui homines inter Je coxvenas facere Jolens, nemo negabit | nife elleborofus exiflat, & nos quidem tantam colluviem rmiramur G perhorreftt- mus. De idololat, magic. fol. 71. La maréchale d’Ancre fut accufée de fortilese, êz Pon produifit en preuve contre elle, de s'être fervie d'images de cire qu’elle confervoit dans des cercueils, d’avoir fait venir des forciers prétendus religieux, dits ambrofiens, de Nanci en Lorraine , pour l'aider dans Poblation d’un coq aw’elle faifoit perdant la nuit dans l'églife des Auguftins & dans celle de S. Sulpice, &c enfin d’avoir eu chez elle trois livres de caraéteres, avec un autre petit carattere &une boëte, où étoient cinq rondeaux de velours, defquels caraéteres, elle &c fon imari ufoient pour dominer fur les volontés des grands. « On fe fouviendra avec étonnement , # dit M. de Voltaire, dans fon eflai fur le fiecle de # Louis XIV. jufqu’à la derniere poftérité , que la » maréchale d’Ancre fut brûlée en place de greve »# comme /orciere, &t que le confeiller Courtin, inter- # rogeant cette femme infortunée, lui demanda de » quel fortilege elle s’étoit fervie pour gouverner » l’efprit de Marie de Médicis : la maréchale luire- # pondit : Je e fuis férvie du pouvoir qu'ont les armes » fortes furles efprits foibles, & qu’enfin cette réponfe # ne fervit qu’à précipiter l'arrêt de fa mort ». Il en fut de même dans l’affaire de ce fameux curé de Loudun, Urbain Grandier , condamné au feu comme magicien , par une commiflion du confeil, Ce prêtre étoit fans doute repréhenfible & pour {es mœurs & pour fes écrits ; mais l’hiftoire de fon pro- cès , & celle des diables de Loudun , ne prouvent en lui aucun des traits, pour lefquels on le déclara düe- ment atteint & convaincu du crime de magie, male- fice & poflefion , & pour réparation defquels on le condamna à être brûlé vifavec les paétes êz caracte- res magiques qu’on Paccufoit d’avoir employé. En &680 , la Vigoureufe & la Voifin, deux fem- mes intriguantes qui fe donnoient pou devineref- fes , &t qui réellement étoient empoifonneules , fu- rent convaincues de crimes énormes &c brülees vi- ves. Un grand nombre de perfonnes de la premiere diftindion furent impliquées dans leur affaire ; elles nommérént comme complices ou participantes de leurs opérations magiques la ducheffe de Bouillon, la comtefle de Soifions &c le duc de Luxembours, fans doute, afin de tâcher d’obtenir grace A la faveur de protethions fi puiffantes, La premiere brava {es juges dans fon interrogatoire, & ne fut pas mie en ptilon, mais On l’obligea de s’abfenter pendant quel- que tems, La comtefie de Soiffons décretée de prife de corps, paffa en Flandres. Pourle due de Luxem- bourg y accufé de commerce avec les magiciennes & les démons, il fut envoyé à la baftille, mais élargi bientôt après, & renvoyé abfous. Le vulsaire attri- buoit à la magie fon habileté, dans arr de la guerre. Si les perlonnes dont nous venons de parler euf- fent pratiqué Part des forciers, elles auroïent faitune exception, ace que dit le jurifconfulte Ayrault, qu'il n'y a plus maintenant que des flupides, des pafyans & des rufires qui foient forciers. On a raifon en effet de s'étonner, que des hommes qu'on fuppofe avoir commerce avec les démons & leur commander, ne foient pas mieux partagés du côté des lumieres de l’ef- prit, & des biens dela fortune, & que le pouvoir qu'ils ont de nuire, ne s'étend jamais jufqw’à leurs acculateurs &c à leurs juges. Car on ne donne aucune raïon fatisfaifante de la ceffation de ce pouvoir , dès qu'ils font entre les mains de la juftice. Delrio rap- porte pourtant quelques exemples de /orcieres quiont fait du mal aux juges qui les condamnoïent, &c aux bourreaux qui les exécutoient; mais ces faits font de la nature de beaucoup d’autres qu'il adopte, &c fon ieul témoignage n'eft pas une autorité fufifante pour en perfuader la certitude ou la vérité àfes leéteurs. SORCIERE , € ( Conchyliol. ) nom que les Bre- tons donnent à une efpece de/zh0t, qui eft petite & plate. Voyez SABOT. A L'animal qui habite ce coquillage eft très-perit, &t à fpirales applaties ; cet animal eft ombiliqué , & tire fur la couleur cendrée, avec des taches brunes. Sa chair eft reçue dansun fac brun fonce ; fa bouche eft brune , fes yeux font gros & noirs , fes cornes font de la même couleur 8 coupées dans leur largeur par une ligne brune, ce qui les rend épaïfles, & d’une pointe fort camule, Trois particularités fe trouvent dans ce teftacé ; la premiere confite dans une petite languette charnue, ferme , 8 qui paroît fortit du fond de la poche. La feconde eft une bafe charnue {yr laquelle il rampe. Son opercule fair la troïfieme différence ; il eff mince &c brillant. On fait de fort belles fleurs à l’abbaye de la Joie (à 2 lieues du port de Lorient) avec du burgau &c des forcieres. (D, JF.) _ Sorcieres de Theffalie, (Mytholog.) la fable leur donnoit le pouvoir d’attirer par des enchantemens la lune fur la terre. Elles empruntoient leurs char- mes des plantes venimeufes que leur pays fournifloit en abondance , depuis que Cerbere paflant par la Theflälie lorfqu'Hercule Pemmenoïit enchaîné au roi de Micènes , avoit vomi fon venin fur toutes les her- bes. Cette fable étoit fondée fur les plantes vénéneu- fes où {ur labeauté des femmes de Theffalie, (D. 7.) SORDIDITÉ, f. f. (Morale.) fubitantif énergique dont notre langue devroit s’enrichir , & qui expri- meroit très-bien une avarice bafle & honteule : « fois » économe, maïs ne fois point fordide, ce n’eft que » pour te repofer le foir, que tu dois, voyageur » fenfé, profiter du matin de tes jours , she brarmine » snfpir d ». ( D. J.) SORESSA , LAGO DELLA, (Géop. mod.) lac d’Ita- lie, dans la campagne de Rome. Il s'étend dans les matais Pomptins, entre le fleuve Sifto & la plage romaine. Ila vers le nord un émifloire, par lequel il fe décharge dans le lac Crapolaccio , lequel fe perd lui-même dans la mer. ( D. J.) A SORET , (Géog. mod.) petite province des Indes, dans les états du. Mogol. Elle touche vers le levant au royaume de Guzarate, & vers le ponant À la mer, Elle eit peuplée, & fa ville capitale s'appelle Zaz- gar. (DJ) FaLe | SORGHO , (Mar. med. & dier.) voyez Max, gros, G: l’article FARINE € FARINEUX. SORGUE, { Géog, mod. ) ville de France en Pro- vence, dans le comtat Venañffin , près du confluent où la Sorgue, la Nefque &c la Louvèfe fe jettent dans le Rhône , à près de deux fieués d'Avignon. Lonp. 22.30. latit. 43. 55, ( D. J.) A SORGUE , 4, (Géogr. mod.) riviere de France dans la Provence , au comtat Venaiffin, Elle prend fa fource à la célebre fontaine de Vauclufe , À une lieue de Gordes, Elle fe fépate en trois branches, dont Pune fe rend dans laNefque, la feconde fe joint à la Lonvèfe , & la troifieme fe jette dans le Rhône au-deffous d'Avignon. { D. J. SORGUGE,, {. f. ( Æiff mod.) c’eft ainfi que les Turcs nomment une aigrette faite de plumes, &or- née de pierferies que l'on porte au turban. Le {ul- tan feul a le droit d'en porter trois. Les grands pa- chas où gouverneurs d'Egypte, de Babylone & de Damas en portent une feule du côté gauche ; les ofK- ciers d’un moindre rang portent aufli une argrette, sais elle eft toute fimple. SORT 07 MONTI-SORI , ( Géog. mod, ) monta- gnes de la Sicile dans le val Demona, Ce font les montagnes que les anciens ont appellées Heræi 10n- tes Où Junonii montes. (D. J.) SORTA , ( Géog. mod.) ville d’Efpagne dans la vieille Caftille , près de la fource du Duero , bâtie en partie des ruines de l’ancienne Numance. Lonpir, 15. 34. latit. 41, 47, (D. J.) SORIE-SEGOVIANE., (Commerce de laine.) laine d’agnelins qui vient de Sécovie , ville d'Efpagne. Il y ena delavée & de non-lavée, I] vient auffi des fo- ries de Moline, de Caftille, d’Albarafin & de Navarte. (2. 7.) | SORISSAGE , fm. ( Commerce de hareng. ) façon que l’on donne au hareng , en le fumant à un feu de bois ou de charbon dans les lieux qu’on appelle rouf° Jaëles. Trévoux. (D. J.) SORISTAN o4 SOURIE , ( Géog. mod.) province de la Turquie afatique fur le bord de la Méditerra- née, entre la Caramanie , l'Arménie , le Diarbeck &t l'Arabie. Elle comprend la Sowrie-propre , la Phé- micie êc la Paleftine. La capitale de ja S ourLe-propre eft aujourd’hui Alep. Le Sorffan eftun pays fertile, &z qui le feroit bien davantage s’il évoit en d’autres mains que celles des Turcs , qui ne connoïffent ni le travail, ni apricul- ture ; car cette région eft riche en pâturages & en bétail ; elle eft arrofée de l’Euphrate , de l’'Oronte & autres rivieres , & elle eft fournie debons ports de mer. La langue des Souriens d’aujourd’hui eft l'ara- befque ou la morefque , qui eft la même ; les habi- tans des villes marchandes fituées fur les ports , y parlent auf un jargon italien, fans liaïfon ni fyn- taxe. (D. J.) SORITE , fm. ( Logique. ) un argument des plus Captieux &c des plus embarraflans eft celui que les Latins nomment Jorires, du grec foros , qui veut dire un onceau, Cet argument eft compoié de plufieurs propoñtions , peu différentes les unes des autres, & tellement enchaînées, au’après avoir débuté par une vérité fenfble & inconteftable , on pale, comme de proche en proche , à une conclufion évidemment faufle. | Pour éviter la furprife, il faut fur-tout prendre garde que tout ce qui fe dit de l’attribut fe dife auf du fujet. Qu'il n’y ait point d’ambiguité ri dans les termes , ni dans les propofitions, Qu'on n'infere . | [at 373 point de propoñtions négatives parmi des affrmati- ves. Que la propofition qui précede immédiatement la conclufion ne foit point négative, à-moins que la conclufion ne Le foit auffi. Que la liaifon & la grada- tion , qui doit être entre Les propoñitions , {oit juite. Enfin qu'il n’y ait dans le forire aucune propolñtion particuliere , fi ce n’eft peut-être la premiere, Telles font en abregé les judicieufes reoles que Facciolati a détaillées dans un difcours fur les argumens infolu- bles ; on peut le confulter, (2.7) SORLINGUES, LES, (Géog. mod.) îles fituées fur la côte de la grande Bretagne , à 8 lieues à l’oueft de la pointe la plus avancée de la province de Cor nouaïille, qui eit le cap de Lands-End , où elles font rangées en rond. On en compte plus de cent ; mais dans ce nombre , il y en a dix plus grandes que les autres. Elles font la plûüpart couvertes d’herbes , & fournies de bons pâturages ; cependant on ÿ voit force rochers & écueils, ainfi que de lapins, de grues êt doifeaux aquatiques, La plus grande de toutes eff celle de Ste Marie qui a 8 milles de Circuit, avec un havre large & commode, La reine Elifabeth ÿ fit confirure un fort où l’on tient garnifon, L'ile de Sil- ly eff la feconde en grandeur, & a été apparemment autrefois plus confidérabie, puifaw’elle a donné le nom de S'//inæ à toutes les autres. Cambden en comparant ce que Îes anciens nous ont appris de la pofition & de l’hiftoire des îles Cal fitérides | avec la connoiflince exaûte qu'il avoit des Sorlirgues, a découvert le premier & prouvé ins vinciblement l'identité cachée fous ces noms diffé rens. | Il réfalte done que les îles Sorlingues font les Sif. linæ ou Caffiterides des anciens , nom qui leur fut don- né à caufe de leur richefle en mines d’étain ;, Gi ont été connues des Phéniciens, des T'artéfiens, des Car- thaginois , des Romains & des Marfeillois. Les empereurs romains avoient coutume d'y ens voyer des perfonnes coupables de quelques crimes pour travailler aux mines ; c’étoit une maniere de fupplice ufitée dans ce tems-là, comme aujourd’hui d'envoyer aux galeres, Les anciens habitans de ces îles portoient des ha- bits noirs & longs, qui defcendoient jufqu'à terre, Ils fe nourrifloient de leur bétail, & vivoient À la maniere des Nomades, n'ayant aucune demeure fixe, Leur commerce confiftoit à troquer du plomb, de létain & des peaux contre de la vaifelle de terre " du fel , & quelques petits ouvrages de bronze qu’on leur donnoit en échange : ils ne fe foucioient point d'argent, & même ils ne s’apphquoient pas beau- coup au travail des mines. À moitié chemin de ces iles , au cap le plus avancé de la province de Cor- nouaïlle , la marée découvre quand elle eft bafie une ile, ou plutôt un rocher, nommé autrefois Liffra aujourd'hui Lerowrow & 1he Gulphe, C’eft-à-dire le goufre. (D, JT.) * SORNE , f. f rerme de Forge, ce mot fignifie les Jcories , les écumes , les craffes qui fortent du fer en le forgeant, Scorie eft le terme générique dont les Mé- tallurgiftes fe fervent. Le machefer eft le nom qué les Serruriers 8 les Maréchaux donnent aux Jeories de fer ; mais dans les grofles forges , onles appelle for- nes, ( D.J.) SORNUM, ( Géog. anc, ) ville de la Dace , {lon Ptolomée, Z. IT. c. vüy, Lazius dit que le nom mo- derne eft Seyrny, que d’autres écrivent Severin OU Zeverin , ville de la haute Hongrie ; fur le Danube, (DER SORO, LE , (Géog. mod.) en latin Subur, riviete de Portugal dans l’Eftramadoure : accrue de diverfes autres rivieres , elle fépare l'Eftramadoure de l’Alen- téjo , & tombe dans-le Tage entre Benavente &e Salva-Terra, (D, J.) PA À 2 Len 374 SOR SOROCRK , ( Géog. mod.) petite ville de da Tur- aquie européenne , dans la Moldavie fur Le Niefter ou Turla, avec un château pour défenfe. Les Polonois en font les maîtres. (2. J. ) | SOROGA , ( Géogr. anc.) ville de la haute Pan- nonie , & une de celles qui étoient éloignées du Da- nube , felon Ptolomée, /. ZI. c. xv. Lazius croit que c’eft aujourd'hui Sagrabia. (D. J.) SORON, ( Géogr. anc. ) boïs du Péloponnèfe dans j’Arcadie , entre le Ladon &c Le Pfophis. Quand vous . avez pañlé le Ladon, dit Paufanias , Z ZEI. à xt. vous prenez pat les villages des Argéathes,, des Ly- coates , des Scotines , & vous arrivez au bois de Soron, où il y a un chemin qui vous mene à Pfophis. Ce bois commence toutes les autres forêts de PAr- cadie , nourrit des fangliers , des ous & des tortues, dont on peut faire des lyres auffi belles que celles qui fe font des tortues des Indes. Vers la fin du bois de Soron, on voyoit les ruines d’un ancien village, que l’on nommoit Paës. (D. J.) , SORORES, ( Geog. anc.) Strabon, lv. XVI. pag. 749. dit qu’on donnoit ce nom à ces quatre vil- les, Antioche près de Daphné, Seleucie dans la Pié- rie, Apamée & Laodicée, à caufe de leur amitié &z de leur concorde. (2.J.) SORP , (Géog. mod. ) fontaine de France en Pro- vence, au diocèfede Riez, & dans le territoire de Baudun. Cette fontaine eît f confidérable , que dans à fourcemême, on la divife en dix canaux, qui font imoudre dix moulins différens. (D. J.) SORRAT , L. m. ( Æift. nat. Botan. ) malcha ; poiffon du genre des chiens de mer. Il a les dents larges comme celles de la lamie, & le mufeau court, Ilreflemble au milandre par le nombre & la pofition des nageoires, par la queue &c par les parties inté- rieures ; mais il na pas de taie devant les yeux. La chair du forrat eft molle & laxative. Rondelet, Æ:f. rat. des poiflons , premiere partie, liv. XIII, Poyez MILANDRE , POISSON. | SORRENTO , ( Géog. mod.) en latin Surrentum ; ville d'Italie , au royaume de Naples dans laterre de labour , À lextrémité du golfe de Naples, & à 4 lieues à l’oueft d’Amalf. Long. 31.40. lar. 4e. 39. Cette ville eft décorée d’un archevêché ; mais elle tire fa principale gloire d’être la patrie du Tafe, Taffo Torquato. FE À ce que j'ai déja dit de ce beau génie , en parlant du poëme épique , je vais joindre ici d’autres parti- cularités. | L'amour de la poéfie entraîna tellement le Tafe, malgré les confeils de {on pere, qu'il pubha à lâge de 17 ans fon poëme de Rénaud, 17 Kixaldo , qui parut à Vénife en 1562 ,2%2-4°. il avoit lu le Roland jurieux de lAriofte , 6c s’étoit fenti piqué d'une grande émulation pour ce poëte , par qui fa réputa- tion fut fi long tems balancée, & qui lui eft encore préféré par un grand nombre de beaux efprits d’Ita- lie. Comme l’Ariofte avoit adreffè fon poëme à un cardinal d'Eft, le Tafle voulut à Penvi fe choïfir un patron du même.nom & de la même qualité ; en un mot, débuter parun nom célebre, & par les éloges d’une maifon capable de foutenir fa mufe naïlante. Mais pour adoucir le chagrin que cette réfolution donneroit à fon pere , il tâcha de fe Le rendre favo- sable par deux ftrophes qui finiflent fon poôëme, dans lefauelles , parlant à fon ouvrage, il lui ordonne d'aller fe foumettre À fa cenfure , en des termes aufh fins & auf délicats, que pleins de refpeét, de re- connoiflance & de tendrefle. Ce poëme lui acquit l’eflime des favans & des académies d'Italie. Les louanges qu’on lui adrefla de toutes parts, ambition . d'être mis au-deflus de fes concurrens, & fon got invincible pour la poéf , lui firent abandonner la jurifprudence , malgré lamédiocrité de fa fortune, & tous les efforts dece même pere pour l’arracher à un pénchant naturel, quine produit d'ordinaire qu'une magnifique fumée. À l’âge de 27 ans il fuivit en France le cardinal dE , & fut recu du roi Charies IX. difent les ifto- riens d'Italie ,avecune bienveuillance finguliere, On n’en peut pas donner, ajoutent-ils , une preuve plus forte que ce qui fe pañla à l’occafon d’un homme de lettresquiavoit été condamné à mort. C’étoitun poë- te de quelque réputation ; il étoit malheureufement tombé dans un crime énorme. Le Tafle , tant en fa- veur des mufés , que par compañion, réfolut d'aller demander fa grace au rot. Il fe rendit au Louvre ; mais il apprit en arrivant que le roi venoit d’ordon- ner que lafentencefüt e £cutée en peu dé jours, & qu'il avoit déclaré fà-de lus fa volonté. Cette décla- ration d’un prince qui ne revenoit guere de fes réfo- lutions , n’étonna point le Fafle, Il fe préféntaau tot avec un vifage ouvert: « Sire, lui dit-il, je viens » fupphier votre majefté, de laifler périr par Les lois » un malheureux, quia fait voir par fa chute fcan- » daleufe, que la fragilité humaine met à bout tous ». les enfeignemens de la philofophie ». Le roi frappé de cette réflexion du Tafñe, & de cette maniere de demander grace , lui accorda la vie du criminel. C’eff dommage que les hiftoriens françois n’ayent point confirmé cette anecdote italienne. : Le Tañle de retour à Ferrare en 1573 , donna l.4- rminte,qui fut repréfentée avecun grand fuccès. Cette paftorale ef l'original du Berger fidele & de la Philis de Sciros. On fut enchanté de la nouveauté du fpec- tacle , & de ce mélange de bergers , de héros & de divinités qu'on n’avoit pas vu encore enfemble fur le théâtre. Il parut aux yeux des fpetateurs comme un tableau brillant, où Pimagination & la main d’un grand peintre expofoient en mêmetems dans un beau payfage la grandeur héroïque , & la douceur de la vie champêtre. L'auteur s’étoit dépeint lui-même dans ce poëme , fous la perfonne de Tircis, & s'y montroit dans cet état tranquille où Pavoit mis la proteétion du duc de Ferrare ,.& dans cet heureux loir qu’il confacroit aux mufes. On y voyoit le por- trait du duc &z de fa cour touché d’une maniere auf fine que fpirituelle : tout cela étoit rehauflé par Po- dieufe peinture de Mopfe, fous le nom duquelle Ta fe défigne un de fes envieux. On prétend ençore qu'il y a décrit l'amour dontil brüloit en fecret pour la princefle Léonore fœur du duc, pafion qu’ila tou- jours cachée avec beaucoup de foin. Quoi qu’il en foit, cette paftoraleeft d’une grande beauté. L'auteur y a fcrupuleufement obfervé les regles prefcrites par Ariftore fur l'unité du lieu, & fur celle des caraéteres. Enfin 1 a fu foutenir l’intérê de fa piece en ménageant dans fon fujet des fitua- tions intéreflantes. On peut cependant lui-reprochet quelquefois de la fécherefle | & fur-tout ce nombre de récits confécutifs , qui ne donnant rien à la repre- fentation , laïffent fans occupation un des principaux fens, par l'organe duquel les hommes font plus faci- lement touchés. Le pere Bouhours condamne avec raifon la Si/vie du Tafle , qui en fe murant dans une fontaine , & en fe mettant des fleurs, leur dit qu'elle ne les porte pas pour fe parer, mais pour leur faire : honte. Cette penfée n’eft point naturelle à une ber- gere. Lesfleurs {ont les ajuftemens qu’elle emprunte de la nature , elle s’en met lorfquelle veut être plus propre & plus parée qu’à l'ordinaire, & elle eft bien éloignée de fonger qu’elle pruffe leur faire honte. L’Aminte fut imprimée pour la premiere fois en 181, avec les Rimes du l'afle, à Venife , par Alde le jeune , 27-8°. & dans les autres recueils des œu-. vres de Pauteur , qui parurent auffi à Venufe les an- nées fuivantes en 1582 & 1583. Depusils’eneft fait, plufieurs éditions féparément. Ménage en donna une, L - àParis en 1655 , in-40. avec des remarques , fur lef- quelles Pacadémie della Crufca fit des obfervations que le traduéteur a inférées à la page 74. de fes mef- colanze, imprimées à Paris en 1678, u-8°. Il ÿ aaufñ une édition de lAminte fortjolie , faite À Amiterdam en 1678. On en a des traduétions en plufeurs lan- gues, & même enlatin. En 1734 & 173silyena eu deux en françois ; la premiere de M.Pecquet, &c la feconde de M. l'Efcalopier. Il a paru auf une tra- duétion angloïfe de l'Anünte à Londres en 1628 ; in-4°.Jean de Xauregui en a publié une verfion ef. pagnole à Séville en r618 , i1-4°, On en a donné une traduétion hollandoife À Amfterdam en 1715,22-8°.. Le Tafle acheva en 1574, à l’âge de 30 ans, fa Jérufalem délivrée, La premiere édition complette de ce beau poëme épique parut à Ferrare, lan 1587, chez Vittorio Baldini , 22-49, Il s’eft fait quantité de traduéions de la Jérufalem délivrée dans toutes les langues. Scipion Gentilis en a traduit les deux pre- muers livres en vers latins, fous ce titre. So/imeidos lbri duo priores | de Torquati Tafi iralicis expreffe , Venife 1585, 7-4°. Il y en a deux traductions efpa- gnoles, l’une de Jean Sedeno, imprimée à Madriden 1587,17-8°, l’autre d'Antoine Sarmento de Mendofa, ui parut dans la même ville en 1649 ,ün-8°, Fair- e a traduit ce poëte en anglois avec beaucoup d’é- Iégance & de naturel , & tout-à-la-fois avec une exactitude fcrupuleufe. Chaque ligne de original eft rendue par une ligne correfpondante dans la tra- duétion ; c’eft dommage qu'il ait fervilement imité Vitalien dans fes fances, dont la prolixe uniformité déplait dans un long ouvrage. M. Hill en a donncune nouvelle traduétion imprimée à Londres en 1713. Gabriel Fafagno en a fait une verfion en langue na- politaine , imprimée à Naples en 1720, in-fol, Le poë- me &x la verfion napolitaine font fur deux colonnes. Les François fe font aufi empreflés à donner des traduétions de ce poëme ; la premiere & la plus mau- vale de toutes, eft celle de Vigenere , qui parut à Paris en 1595, 7-49. & 1598, in-8°. Les endroits qu'il à mis en vers, déplaïfent encore plus que fa profe. Depuis Vigenere, on a vu plufieurs autres traduétions en vers alexandrins de la Jérufalem > Mais aucune de ces traduéions n’a réufi. Enfin en 172 M. Mirabaud publia une tradu&i :#en profe de la Jé rufalem délivrée , & il en dora une nouvelle édi- tion beaucoup meilleure en 173 53 .… Onr'ignore point les jugemens qu'un grand nom- bre de favans de tous les pays ont porté de ce céle- bre poëme, foit en fa faveur , {oit À fon défayantage, &t je ne crois pas devoir m°y arrêter ici. La critique de M. Defpréaux a non-feulement révoltéles Italiens, mais prefque tous les Francois. Il eft vrai cependant ue Defpréaux eftimoit le Tale, & qu'il en connoif- Dit le mérite ; autrement comment auroit-pu dire de cet illuftre poëte ? | Il r’eñt point de fon livre cuffré l'Iralie, S1 Jon Jage héros toujours en oraifon , N’eûr fait que mertre enfin faran à La raifon ; Et fe Renaud , Aegand, Tancrede & Ja maëtreffe, N'euffent de Jon fujer égayé La tri effe. M. abbé d'Olivet, dans fon hifloire de Pacadé- mie françoife , aflure avoir entendu tenir à M. Def. préaux le difcours fuivant , peu de tems avant fa mort, à une peronne qui lui demanda si] n'avoit point changé d'avis furle Tafle: « J'en ai fi peu chan. » 8, ditil, quelerelifant dernierement > Je fustrès- » fâché de ne m'être pas expliqué un peu au, long » dans quelqu'une de mes réflexions for Lonpgin. # Jaurois commencé par avouer que le Taffe a étéun ._# génie fublime, étendu ; héureufement né À la poé- # le 6 à la grande poéfie; mais enfite venant à Pu- » fage qu'il a faitde fes talens , J'aurois montré que L S OR 375$ # le bon fens n’eft pas toujours ce qui domine chez » lui; que dans la plüpart de fes narrations , 1 s’at- » tache bien moins au néceffaire > qu'à l'agréable 3 » que fes defcriptions font trop Charpées d’orne- » mens fuperilus ; que dans la peiature des plus for: » tespañlions, & au milieu du trouble qu'elles ve » noïent d’exciter, fouvent il dégénere entraits d’ef. » prit qui font tout-à-coup cefer le pathétique ; qu'il » efliplein d'images trop fleuties, de tours adedés ; » de pointes & de pentées frivoles » Qui loin de pou: » Voir convenir à {a Jérufalem , Pourrotent à-peine # trouver place dans fon Aminte. Or » Conclut M » Defpréaux , tout cela oppofé à la fagefle, à la gra- » Vité, à la majefté de Viroile, qu'eft-ce autre chofe » que du clinquant oppoté à de l'or » à Cependant il eft toujours certain, maloré les réflexions de Def préaux, que la Jérufalem du Tafe ef agmirable par la conduite , l'intérêt, la varicté, les graces & cette nobleffe qui releve le fublime, Sa tragédie de Torrifinond, z/ Torrifinondo, parut à Vérone en 1587, i7-8°, Mais le T'affe luimême n'es toit pas content de cetre piece, & fe plaignoit de fes amis qui la lui avoient arrachée des mains, & l’a- voient publiée avant qu’il eût pi la mettre dans la perfeétion où il la fouhaitoit. Dalibray , poëte du dernier fiecle , en a fait unetradu@iôn libre en vers françois , au-devant de laquelle il a mis un difcours où l’on trouve de bonnes réflexions fur le génie de la tragédie, fur celui du Taffe, & fur la tragédie de Tor- rifmond en particulier, Cette tradu@ion de Dali- bray', quoique pefante & profaique , fut jouée deux fois , &T imprimée À Paris en 1636 , 11-40, Le Tafle laffé des critiques qu’on faifoit de {à Jéru- falem délivrée, fe propofa de faire un nouvel Ouvra- ge, fous le titre de la Jérufalem conquife, Ze Jerufe- lemme conquiflata , libri XXIY. Ce poëme parut à Rome en 1593 ,i7-4°, mais il n°a point été reçuavec le même applaudiffement que le premier, où l’auteur S’'étoitabandonné à fon gpnie , au-lieu que dans la Jérufalem conquife il s’eft propoié de s’accommoder en quelque maniere au goût & aux idées de fes crie tiques. ; Toutes les œuvres de ce beau génie ont été im= primées énfémble avec fa vie par Jean-Baptifte Man- {0 fon ami, à Florence en 1724, en Jix vol. in-fol, Les deux premiers tomes contiennent fes poëlies: la Jérufalem délivrée, la Jérufalem conquie, le Re- celles qui paflent fous fon nom. Les Ouvrages en proie forment les tomes ILE. & IV. Ils confiftenc en vinet- cinq dialogues fur diférens fujets , & environ qua- rante difcôurs ou autres pieces fur diverfes matieres d’érudition, principalement fur l’art poétique , fur le poëme épique ; tout cela eft fuivi de la défente de la Jérufalem délivrée. Le tome V. eft divilé en deux parties; dans la premiere fe trouvent les lettres {= milières & poétiques du Tafe ; dans la feconde fept pieces de académie della Crufca, & d’autres beaux- efprits d'Italie | concernant les difputes fur les poé- fies de l’auteur & celles de lPArioîte, Le VI, tome contient dix-huit pieces, dialogues ou difcours fur le même fujet, c’eft-à-dire pour ou contre le Tañe. ( Le chevalier DE JawcoOwrT. _ SORRETERIE, £ f (Comm.) lieu où l’on fait for- rer les fardines. Prefque toutes les fardines de Douarnenez , dans le reffort de l’amirauté de Quimper en Bretagne, fe preflent ; on ne les faloit pas autrefois en baril , com- me on fait à-préfent , on les forroit de la même ma- niére dont on boucane encore aujourd’hui les ha- 376 SOR rengs-{ors en Picardie & en Normandie. Il s’en fai- foit un grand commerce le long des côtes d'Efpa- gne & Italie : depuis qu'on s’eft mis à les faler en barils , ce premier commerce eft tombé de maniere qu'on ne forre plus guere de fardines ; à-préfent Les fardines {alées {e mangent pour la plüpart crues par les Bafques &c les garçons des vignobles où lon les fait pañler. Les lieux où lon fait forreter les fardines font éta-. blis à-peu-près de la même mamiere que les roufla- bles où l’on fait fumet en Normandie les harengs- {ors. On fale à terre les fardines en tas ou en gre- nier ; on les arrange de tête en queue, en formede demi-ovale ; on {eme entre chaque lit du fel, com- me on fait aux fardines que l’on prépare pour être preffées ; on les laiffe ainfi en tas pendant deux ou trois jours au plus. Quand on veut que cet apprêt {oit doux & moins âcre , on fale les fardines avec de vieux fel repofé d’une année , parce que le poif- fon apprêté de fel neuf ou nouveau , eft bien moins délicat ; après qu’il eft refté {uffifamment au fel > ON pafle dans de petites brochettes de boïs les fardines de la même maniere que celles qu’on met en prefle; on les lave de même dans l’eau de mer, & enfuite dans l’eau douce; après quoi on les pend dans la /or- reerie, comme on fait Les harengs ; on les larffe égout- ter pendant 24 heures avant d’y fairele feu, qui dure ordinairement 7 à 8 jours fi le tems eft fec , finon pendant 10 jours & plus sil eft humide. Le feu qu'on fait pour forreter les fardines , eff fait avec du bois de chêne & des copeaux de tonnelier ou de menuifier , que l’on recouvre enfuite de cen- dres des landes brûülées;pour lui faire rendre plus de fumée , on met le feu le long des pentes des bro- chettes. Le lieu quifert à cette préparation eft une falle ou efpece de cellier fans étage au-deflus, avec une che- minée dont l'embouchure occupe toute la lärgeur de la piece , le long de laquelle font pendues les far- dines. On ne commence guere à forreter à Douarnenez, que vers la fin de la pêche, parce qu’alors ce font les plus groffes fardines qui viennent a la côte,qu’ellesran- gent toujours pour pafler l'embouchure du canal, vers la fin de Décembre ou au plus tard vers la fin de Janvier. Voyez la fig. 1. PL. XIII. de pêche. SORT , (Jurifprud.) On entend par ce terme, le hafard produit dans les partages ; après avoir for- mé les lots, ils fe diftribuent ou par choix ou par convention, ou enfin on.les tire au fors. Dans ce der- nier cas, on fait autant de petits billets qu'il y a de Lors , & l’on écrit fur lun prerier lor , &t fur Pautre fècond lot, &t ainf des autres. On mêle enfuite ces billets après les avoir pliés ou roulés, & on les fait tirer l’un après l’autre, un pour chaque héritier, fuivant l’ordre de progéniture; & felon le billet qui échet, ôn écrit dans le partage que Z premier los ef advenu à un tel, le fecond à un tel, voyez LOTS 6 PARTAGE. (4) «. * Sont, (Cririg. facr.) maniere de décider les chofes - par le hafard. Cetufage eft très-convenable dans plu- fieurs occafñons , fur-tout dans celles où 1l n’y a au- cune raifon de préférence. Alors l’auteur des Pro- verbes a raifon de dire que Le /ort termine toute dif- pute. Son ufage étoit. fréquent chez les Hébreux, comme cela paroît dans plufieurs endroits de PEcri- ture. La terre promife fut partagée au Jos. Les Levi- tes reçurent leur lot par le même moyen. Dans le jour de lexpiation, on jettoit le Jors lur les deux boucs, pour favoir lequel des deux feroit immolé. David diftribua par le /ors les rangs aux vingt-quatre bandes de prêtres qui devoient fervir dans les tem- ples. Quand il fut queftion de remplir la place de Judas dans l’apoftolat , Le Jors tomba fur faint Mat- thias. Enfin la robe de Jéfus-Chrift fut jettée au Jors Mais la maniere de tirer Le fors chez les Juifs, n’eft pas marquée fort diftinétement dans l’Ecriture ; & nous n’en voyons qu'une forte exprimée dans Salo- mon. On jettoit les Jorss (apparemment des billets) dans le pan d’une robe, d’où, après les avoir bien mêlés, on les tiroit pour la décifñon. | Le mot for: défigne encore dans l’Ecriture l'effet du /ort, le partage. La méchante femme doit être le partage des pécheurs, fors peccatorum, Eccléf. xxv. 26. c’eft-à-dire, que le pécheur mérite de fouffrir la mauvaife humeur d’une méchante femme plutôt que l’homme vertueux ; mais malheureufement le /or: ne le décide pas toujours ainf. (D. J.) SORTS , (Théologie payenne ) fortes. Le fors eft Vef- fet du hafard , 8 comme la décifion ou l’oracle de la fortune ; mais les forss font les inftrumens dont on fe fert pour favoir quelle eft cette décifion. : Les forts étoient Le plus fouvent des efpece de dés, fur lefquels étoient gravés quelques caraéteres ou quelques mots dont on alloit chercher l'explication dans des tables faites exprès. Les ufages étoient dif- férens fur les forrs. Dans quelques temples on les jettoit oi-même; dans d’autres on les faifoit fortir d’une urne, d’où eft venue cette maniere de parler . fi ordinaire aux Grecs, le fort eff rombe. Ce jeu de dés étoit toujours précédé de facrifices êt de beaucoup de cérémonies ; apparemment les prêtres favoient manier les dés; mais s'ils ne vou- loient pas prendre cette peine , 1ls n’avoient qu’à les laifler aller ; ils étoient toujours maîtres de l’expli- cation. Les Lacédémomens allerent un jour confulter les Jorts de Dodone, fur quelque guerre qu'ils entte- prenoient; car outre les chênes parlans, & les co- lombes & Îles baffins & loracle , 1l y avoit encore des forts à Dodone. Après toutes les cérémonies fai- tes, fur le point qu’on alloit jetter les fürss avec beaucoup de refpeët & de vénération, voilà un finge du roi des Moloffes, qui étant entré dans le temple, renverfe les fores l’urne. La prêtrefle effrayée dit aux Lacédémoniens qu'ils ne devoient pas fonger à vaincre, mais feulement à fe fauver ; & tous les écri- vains aflurent que jamais Lacédémone ne reçut un préfage plus funefte. Les plus célébres entre Les orss étoient à Prénefte &c à Antium, deux petites villes d'Italie. À Prénefte étoit la fortune, 87 à Antium les fortunes. Foy.SorTs DE PRÉNESTE, | Les fortunes d’Antium avoient cela de remarqua bles, que c’étoient des ftatues qui fe remuoient d’el- les-mêines, felon le témoignage de Macrobe, Z. I. c, æxii. & dont les mouvemens différens, ou fer- voient de réponfe, ou marquoient fi l’on pouvoit confulter les fores. | Un pañfage de Ciceron , au Zy. IT. de la divination, où il dit que lon confultoit Îes foris de Prénefte par le confentement de la fortune, peut faire croire que cette fortune favoit aufli remuer la tête, ou donner quelqu’autre figne de fes volontés. AN Nous trouyonsencore quelques ftatues qui avoient cette même proprièté. Diodore de Sicile & Quint- Curce difent que Jupiter-Ammon étoit porté par qua- tre-vingt prêtres dans une efpece de gondole d'or, d’où pendoient des coupes d'argent; qw’il.étoit fuiva d’un grand nombre de femmes &c de filles qui chan- toient des hymnes en langue du pays , &t que ce dieu porté par fes prêtres , les conduïloit en leur mar- quant par quelques mouvemens où 1l vouloit aller. Le dieu d'Héliopolis de Syrie, felon Macrobe , en faifoit autant : toute la différence étoit qu'il vouloit être porté par les gens les plus qualifiés de la pro- vince, qui eufflent long-tems auparavant vécu en. continence, & qui fe fuflent fait rafer La tête. | Lucien, _ Lucien, dans le sraité de la déeffè de Syrie, dit qu'il à vu un Apolion encore plus miraculeux ; car étant porté fur les’ épaules de fes prêtres, il s’avifa de les laiffer à, & de fe promener par les airs, & cela aux yeux d’un homme tel que Lucien, ce qui eft conf- dérable,  Dans POrient les /orss étoient des fleches, &c au- jourd'hui encore les Turcs & les Arabes s’en fervent de la même maniere, Ezéchiel dit que Nabuchodo- nofor mêla fes fleches contre Ammon & Jérufalem , & que la fleche fortit contre Jérufalem. C’étoit-1à une belle maniere de réfoudre auquel de ces deux peuples il feroit la guerre. | Dans la Grece &c dans l'Italie on tiroit fouvent les Jorts de quelque poëte célebre, comme Homete ou Eurypide ; ce qui fe préfentoit à l'ouverture du li- vre, étoit l'arrêt du ciel. L’hifoire en fournit mille exemples. Voyez SORTS d'Homnere. _ On voit même que quelques 200 ans après la mort de Virgile, on fanfoit déja aflez de cas de fes veïs pour les croire prophétiques, & pour les met- tre en la place des forrs qui avoient été À Prénefte ; car Alexandre Severe encore particulier, & dans le tems que empereur Héliogabale ne lui vouloit pas de bien , reçut pour réponie dans le temple de Pré- :| nefte cet endroit de Virgile dont le fens eft : « Si tu » peux furmonter les deftins contraires, tu feras » Marcellus. Voyez SORTS de Virgile. Les Jorss paflerent jufque dans le chriftianifme ; on les prit dans les livres facrés, au-lieu que les payens les prenoient dans leurs poëtes. S, Auouftin, dans V'épicre exix. à Januarius , paroït ne defapprouver cet uiage que fur ce qui regarde les affaires du fiecle. Grégoire de Tours nous apprend. lui-même quelle étoit fa pratique ; il pañoit plufieurs jours dans le jeûne & dans la priere ; enfuite il alloit au tombeau de faint Martin, où il ouvroit tel livre de l’Ecriture qu’il vouloit, & il prenoit pour la réponfe de Dieu le premier‘ paflase qui s’offroit à {es yeux. Si ce pañflage ne faifoit rien au fujet, il ouvroit un autre livre de PEcriture. . D'autres prenoient pour Jors divin la premiere chofe qu’ils entendoient chanter en entrant dans l'éolife. Voyez SORTS des Saints. Mais qui croiroit qu'Héraclius délibérant en quel lieuil feroit pafler lhyver à fon armée , fe détermina par cette efpece de Jor:? Il fit purifier fon armée pendant trois Jours ; enfuite 1l ouvrit le hvre des évangiles, & trouva que fon quartier d’hyver lui toit marqué dans l’Albanie, Etoit-ce là une affaire dont on püt efpérer de trouver la décifion dans PEcriture ? L’Eglife eft enfin venue à-bout d’exterminer cette fuperfition; mais il lui a fallu du tems. Du moment que lerreur eft en poflefion des efprits, c’eft une merveille, f elle ne s’y maintient toujours. (3) SORTS d’Homere 3 ( Divinat. du paganifine. ) fortes Fomerice ;.efpece de divination. Elle confiftoit à ouvrir au hafard les écrits d'Homere , & à tirer À la premiere infcription de la page qui fe préfentoit à la vie, un augure ou pronoftic, de ce qui devoit ar- river à foi- même & aux autres, ou des regles de conduite convenables aux circonftances dans lefquel- les on fe trouvoit. Les Grecs donnoient à ce genre de divination lenomde CFO! Y LIL TESOE S pa dod ouavrese n padod'ouavrien. À l'antiquité payenne femble avoir regardé ceux qui avoient le talent fupérieur de la poéfie., comme des hommes infpirés ; ils fe donnoient pour tels ; ils afluroient qu'ils parloient le langage des dieux, & les peuples les ont cru fur leur parole. L’Iliade & POdyflée font remplis d’un fi grand nombre de traits de religion & de morale ; ils contiennent dans leur tendue une f prodigieufe variété d’événemens Tome XF, SOR 377 de fentences & de maximes appliquables à toutes les circonftances de la vie, qu’il n’eft pas étonnant que ceux qui par hafardou de deffein formé, jettoient les yeux lur ces poëmes, ayent cru y trouver quelque- fois des prédiétions ou des confeils : il aura fu que le fuccès ait juftifié de tems en tems la curiofité des perfonnes, qui dans des fituations embarraffantes On eu recours à cet expédient, pour qu’on fe foit in- fenfiblement accoutumé à regarder les écrits de ce poëte, comme un oracle toujours prêt à rendre des réponfes à quiconque voudroit l'interroger. On ne peut s'imaginer à quel point lès hommes portent la crédulité, lorfqu'ils font agités par la crainte > QU paf Pefpérance. ) Ce r’étoit point-là un de ces préjugés qui ne re- gnent que fur le vulgaire ; de grands perfonnages de l'antiquité ; ceux principalement qui afpiroient à gouverner lesautres, n’ont pas été exempts de cette chimere. Mais ce ne fut point par cette idée fuper- fütieufe que Socrate dans fa prifon , entendant réci- ter ces vers qu'Homere met dans la bouche d’Achil: le ; j’arriverai le troifieme jour à la fertile Phthie x 4 ! sl r # H'uari ey rprra ro pay ÉpiGo no) Eos, fe mit à dire quil n’avoit donc plus que trois jouré à vivre ; il badinoit fur l’équivoque du mot ç3/, qui fignifie le pays de Phthie, & la corruption OU la 707 ; Cependant ce badinage qu'il ft en préfence d'Efchine, ne fut point oublié, parce qu'il mourut trois jours après. | Vaiere - Maxime raconte que Brutus eut le trifle préfage du fort qui l’attendoit à la bataille de Phi hppe. Le bafard lui ayant offert cet endroit de l’Ilia- de, où Patrocle fe plaint que « le cruel deftin & le » fils de Latone lui ont Ôté la vie, | 2 À [nd c/. ; À AÂd jUe Acip ) LA ANTES EXTOVEY Lsoc, L'application que cette illuitre romain s’en fit À Iui- même, fut juftifiée par l'événement. 51 l'on en croit Lamptide , l’empereur Macrin cu- .rieux d'apprendre dans le même poëte » fi fon regne feroit long & heureux, tomba fur ces vers qu’on peut rendre ainfñ, » Vieillard, vous êtes furieufement ferré » par de jeunes guerriers ; votre force eff anéantie n » & vous êtes menacé d’une trifte vieilleffe : : cs 2 ! M " \ / Oépor, 4 pute dy re ver Téipers ayaral , \ \ 02 1 M PRES Zn d'e Blu Aenures , yañeror dé ce Yhpers omCer, Comme cet empereut étoit déja avancé en âge, lorfqu’il parvint à la fouveraine puiffance , qu’il ne régna que quatorze mois, & que Héliogable n’étoit age que d’un pareil nombre d'années, lorfqu’il lui Ôta la vie avec l'empire ; on trouva dans ces paroles une prédiéfion dé la mort tragique de Macrin, | Au refte, Homere ne fut pas le feul dont les vers euflent le privilege d’être regardés comme renfer- mant des oracles ; Les Grecs firent quelquefois le mê- me honneurà ceux d’Eurypide ; il paroït par un en- droit d'Hérodote , qu’on croyoit que les poéfies de Mufée contenoient auffi des préfages. Cet hiftorien raconte qu'Onomacrite qui faifoit profeffion d’inter- prêter ou de développer ces fortes de prédiétions, fut banni d'Athènes par Hipparque , fils de Pififtra- te, pour avoir altéré les écrits de ce poëte & y avoir inféré un vers qui portoit, que les iles adjacentes à celles de Lemnos, feroient fubmergées. Enfin , Virgile eut la gloire de fuccéder aux-poë- tes grecs, &c de partager avec eux l’art de prédire les événemens. Voyez Sorts De Vircire. (2.1) SORTS DE PRÉNESTE , ( Divinat, des Rom. } les plus célebres de toute l'Italie ; c’eft une curiofité rai fonnable de chercher à fivoir en quoi confiftoit cet oracle , & comme il {e rendoit. Ciceron, Liv. II, de la diviñation > Jet. 41, nous bp | 37 S OR apprend que les archives de Prénefte portoïent,qu'un homme des plus confidérables de la ville, nommé Numerius-SuAucius, fut averti par pluñeurs fonges téitérés 8c menaçans , d'aller entr'ouvrir un rother dans un certain fieu; qu'il y allà , brifa cerocher, &c qu'il en fortit plufieurs Jorrs ; c'étoit de petits mor- éeaux de bois de rouvre bien taillés & bien polis, fur lefquels étoient écrits des prédiétions en caraéte- res anfiques ; on mit ces petits morceaux de bois dans un coffre d’olivier. Pour les confultet , on ou- vroit ce coffre, on faifoit mêler enfemble foùs ces forts, pat un enfant , il en tiroitun, & c’étoit la re- ponte que l’oracle donnoït aux confultans. Ce cofffe continue Cicéron, eft aujourd’hui religieufement gar- dé, à caufe de Jupiter enfant, qui y eft repréfenté avec Juno, tous deux dans le fein de la fortune qui leur donne la mamelle , & toutes les bonnes meres y ont une grande dévotion. Plutarque prérend qu'ontiroit plufeuts petits mor- ceaux de bois du coffre, & que les caracteres gra- vés fur chacun étant raflembiés compofoient la pro- phétié; mais outte que Ciceron dit le contraire , 1l paroît clairement par un pañlage de Tite-Live, que chacun de ces /oris éontenoit toute la prophétie ; voici les propres termes de lhiftorien, au commen- cement du liv. XXI. Faleriis cœlum fendi vifim ve- lui magno hiatu quaque patuerit ingens lumen effullifle, fortes fa fponte attenuatas, unamque excidiffe ita fcrip- tam, Mars telum fimum concutit, » On vit à Faleres » le ciel fe fendre &s s'entrouvrir, & une grande lu- # miere remplir ce grand vuide. Les /orts diminue- » rent & s’appetiflerent d'eux-mêmes, &c 1 en tom- » ba un où étoienit écrites cet paroles, Mars prépare s» Jes armes. Les prêtres fe fervirent habilement de ces Jor:s pour fe procurer du profit & du crédit. Tosa res eff inventa fallaciis, aut ad queflum , aut ad fuperfhtionem , dit Cicercn. Mais que fisnifient ces mêmes /ores dont parle Ti1- te-Live, qui diminuerent & s’appetiferent d’eux- mêmes , fortes Jud [ponte attenuatas ? Peut-être que ces forrs étoient doubles, je veux dire, qu'il y en avoit de grands & de petits, tous femblables , & que les prêtres faifoient tirer les uns ou les autres, feion qu'ils vouloient effrayer ou encourager les conful- tans. Il eft certain qu’en matiere de prodiges , on prenoit à bonne augure les chofes qui paroïfloient plus grandes que de coutume; &t au contraire , on tenoit à mauvais préfage les chofes qui paroïfloient plus petites qu'elles ne font naturellement, comme Saumaife Pa prouvé dans fes commentaires fur So- lin. Il fuit de-là que les forrs appetiflés, forces exte- nuatæ, pronoftiquoient par eux-mêmes un événe- ment finiftre ; mais j’aime à voir ce que les Philofo- phes penfoient des Jorss en général, &t ce que devin- rent ceux de Prénefte en particulier; Ciceron men éclaircit lui-même. . y, Q’eft-ce à votre avis, que les Jorés, difoit-1l à un foicien? C’eft à-peu-près , comme de jouer au nom- bre, en hauffant & en fermant les doigts, ou de jouer aux offelets & aux dez; en quoi le hafard , &t peut- Être une mauvaïfe fubtilité, peuvent avoir quelque part, mais où la fagefle & la raïfon n’en ont aucune. Les forts font donc pleins de tromperie , & c’eit une invention , ou de la fuperfüition, ou de l’avidité du gain. La divination par les Jorrs eft déformais éntie- rement décriée. La beauté & l'antiquité du temple de Prénefte a véritablement confervé le nom des forts de Prenefte, maïs parmi le peuple uniquement; car y a-t-ilquelque magiftrat, quelqu'homme un peu confidérable qui y ait le moindre recours ? Par-tout ailleurs on n’en parle plus, & c’eft ce qui faifoit dire à Carnéade, qu'il n’avoit jamais vü la fortune plus fortunée qu’à Prénefte. 8 O R Cependañt , il s'en fallut peu duils ne revinfient en crédit du tems de Tibere. Suétone ñous apprend, que cet empereur ayant formé le projet de ruiner tous les oracles voifins de Rome , ceux d’Antium, de Cœrès, de Tibur & de Prénefte, en fut détourné par la iajefté de ces derniers, car s'étant fait remet: tre le coffre bien formé & bien cacheté , les forrs ne s’y trouverent point, mais ce coffre ne fut pas plutôt reporté dans Le temple de Prénefte ; que les Jorcs s’y trouverent comme de coutume. "arel Il n’eft pas difficile de reconnoître ici l’adrefle des prêtres, qui voulurent relever le crédit de leur an- cien oracle ; maïs {on‘tems étoit paflé, pe“fonnene fe rendit fur les lieux pour y avoir recours; & ce qu'il y a de bien finguher, Les forss de Virgile n'ayant pour eux aucun apparat de religion, emporterent la balance ; & fuccéderent à ceux de Prénefte, Voyez Sorrs DE VirGiLe. (DJ) | SORTS DE ViRGILE , ( Divinat, du Paganif.) for- tes Virgiliane , divination qui confiftoit à ouvrir les œuvres de Virgile, & à en tirer, à l’infpe@ion de la page que le hafard offroit, des préfages des événe- mens futurse Le tems ayant infenfiblement donné de l'autorité aux pores de Virgile, les Latins s’accoutumerent de même à les contulter dans les occafions où il leur étoit important de connoïtre la volonté du ciel. L’hif toire des émpereurs Romains , fur-tout depuis Tra- jan , en fournit plufieurs exemples. Le premier dont nous ayons connoïflance eft celui d’Adrien : inquiet de favoir quels étoient les difpofitions de Trajan à fon égard, & s’il le défigneroit pour fon fuccefleur à l’empire, 1l prit PEnéide de Virgile, l’ouvrit au ha- fard, & y lut ces vers du VL. livre. Quis procul ille autem famis infignis olive Sacra ferens ! nofco crines incanaque menta Regis Romani ; primus qui lesibus urber Fundabit, curibus parvis € paupere terra Miffus in imperium magnum... Comme on ne fe rend pas difcile fur les chofes qui flattent les defirs, quelques legeres convenances qu'Adrien trouva dans ces vers avec fon caraétere, {es inchinafions , le goût qu'il avoit pour la philofo- phie & pour les cérémonies religieufes, le raflure- rent ; & fi l’on ajoute foi à Spartien,, le fortifierent dans l’efpérance qu’il avoit de parvenir à l'empire. Lampride rapporte qu’Alexandre Severe qui de- voit pour lors être très-Jeune, puifqu’il n’avoit que treize ans lorfqu’il fut nommé empereur , s’appli- quant avec ardeur à l’etude de la Philofophie & de la Mufique ; Mammée fa mere lui confeilla de faire plutôt fon occupation des Arts &c des Sciences né- ceflaires à ceux qui font deftinés à gouverner les hommes, & qu’Alexandre fe conforma d'autant plus volontiers à cet avis, qu'ayant confulté Virgile fur le fore qui lui étoit réfervé, il crut y trouver un pré-_ face afluré de fon élévation à l'empire dans ces fa- meux vers: | E xcudent alir fpirantia mollius æra , Credo equidem , &c. Tu regere imperio populos , Romane , memento; He tibi erunt artes. Claude le Gothique voulant favoir quelle feroit la durée de fon regne, coufulta Virgile à l’ouverture du livre, & lut ce vers. Terra dum latio regnantem Viderit æflas. alors il tira la conclufion, qu'il n’avoit au plus que trois ans à vivre; l’auteur qui nous a confervé ce fait, aflure que Claude ne furvécut en effet que deux ans à cette efpece de prédiétion ; & que celles qu'il crut de même avoir trouvées dans Virgile fur ce qui SOR. devoit arriver à fon frere & à fa poftérité , eurent auf leur accompliffement. On rencontre dans les auteurs plufieurs exemples de cette efpece; Bullengerus en a recueilli une par- tie dans le traité qu’il a compofé fur ce fujet ; mais ceux que lon vient de rapporter fuffifent pour mon- trer jufqu’où peutaller lafuperftition humaine. (D.J.) , SORTS DES SAINTS, ( Divinar. des Chrétiens. Ÿ Jortes fanëlorum , efpece de divination qui vers le troïfieme fiecle s’eft introduite chez les Chrétiens à limitation de celles qu'onnommoit parmiles payens,' Jortes homericæ , fortes viroiliane. Elle confiftoit à ouvrir au hafard les livres facrés ; dans l'efpérance d’y trouver quelques lumiéres fur le parti qu'ils avoient à fuivre dans telles & telles cir- conftances ; dy apprendre, fi le fuccès des événe- mens qui les intérefloient, feroit heureux ou mal heureux , & ce qu'ils devoient craindre ou efpéter du caraétere, de laconduite, & du gouvefnement.des’ petfonnes auxquelles ils étoient foumis. :' L’ufage avoit établi deuximanierés de confulter la volonté de Dieu par cette voie : la premiere étoit, comme on vient de le dire! d'ouvrir au hafatrd quel- ques livres de lEcriture-fainte, après avoir imploré auparavant le fecours du ciel'par des jeûnes,, des prieres , &C d’autres pratiques relgieufes. Dans la feconde qui étoit beaucoup'plus fimple , on fe con- tentoit de regarder-comme un: confeil fur ce qu'on avoit à faire, ou comme un préfage du bon ou du mauvais fuccès de lentreprife qu’on méditdit, les premieres paroles du livre-de l'Ecriture ; qu'on chan- toit dans le moment.ohcelui-qui fe propofoit d'in: terroger le ciel par cette maniere ; éntroit dans une églife. Se hin7te | Saint Auguftin dans fomépitre à Januarius’, ne pa- roit. condamner-cette pratique qu'au füjet des affaik res mondainés ; cependant il aime encore mieux qu'on en fafle ufage pour les chofes de ce fiecle, que de confulter les démons. Car S. Grégoire évêque de Tours , nous a fait connoi- tre d’unemmamere affez particulière les cérémonies religieufes avec lefquelles on confultoit les forts dès Jaints. Les exemples qu'il en donne, &c le fien pro- pre, juftifient que cette pratique étoit fort commune de fon tems, & qu’il ne la défapprouvoit pas. On en jugera par ce qu'il raconte dé lui-même en ces termes : « Leudafte comte de Tours, qui cher- » choit à me perdre dans-l’efprit de la reine Fréde- » gonde , étant venu à Tours avec de mauvais def _» feins contre moi ; frappé du danger qui me ména- » çoit, je me retirai fort trifte dans mon oratoire ; » jy pris les pfeaumes de David, pour voir:f À leur * Ouverture , je n'y trouverois rien d’où je puflé ti- » rer quelque confolation, & j'en eusune très-oran- » de de ce vefet, que le hafardme préfenta: 1/4es fé » InarCher avec efpérance 6: fans crainte, Pendant que la * mer enveloppoit leurs ennemis, En effet, ajoute-t:il , » Leudafte n'ofa rien entreprendre contre ma per- » fonne ; car ce comte étant-parti de Tours le même » jour ; & la barque fur laquelleil étoit monté ayant » fait naufrage , il auroit été noyé sil n’avoit pas fu » nager ». | Ce qu'il rapporte de Meroïée fils de Chilpéric, mérite de trouver place ici, parce qu'on y voit quel- les étoient les: pratiques de religion auxquelles on avoit recours. pour fe rendre le ciel favorable ; avant que de confulter les Jorrs des faints, & pour mieux S’aflurer de la vérité de la réponfe qu’on y cher- choit. : 4 Méroïüée, dit Grégoire de Tours , étant difpra- » cié de Chilpéric fon pere, fe réfugia dans la bañili- » que de faint Martin; & nee fiant point à une py- + thonifle, qui lui avoit prédit que le roi mourroit » cefté même année & qu'il lui fuccéderoit , il nut Tome XF, | | SOR ÈA # féparément fur le tombeau du faint, les livres des » pfeaumes, des rois, & des évangiles; il veilla toute » la nuit auprès du tombeau, & pria faint Martin de # Jui fatre connoître ce qui dévoit lui arriver, & sil »* régneroit ou noh.. Ce prince pañla les trois jours » fvans dans le jeûne, les veilles , & les prieres; » puis s'étant approché du tombeau, il ouvrit da » bord le livre des rois ; & le prémier verfet portoit. » Ces mots : Comme vous ave? abandonne le Seigneur » votre Dieu, pour courir après des dieux étrangers , »'@ que VOUS n'avez pas fair ce qui éroit agréable à [ès » Yeux, 1 Vous a livré lentre Les mans. de VOS ennemis, » Les paflages qui s’ofrirent à lui dans le livre des # pleaumes, & dans celuit des évangiles ( paflages » qu'ilferoît inutile de rapporter), ne lui annonçant . » de même rien qué dé füneite, il refta long-tems » aux piés du tombean fondant en larmes, &{e re: Stira en Auftrafe', où il périt malheureufement, wtrois as après par les’ artifices de la reine Fiéde- »gonde, fa belle-mere ». T . Dans cet exemple , on voit que c’eft Méroüée QUE : fans recourir au miniftere des clercs de faint Martin de Tours, pofe lui-même les livres faïnts, & les ou vre: Dans celui que Pon va citer toujours d'après le méme auteur, on fat intervenir les clercs deléplfe, quijotgnent leurs priétes à celles du fuppliant; voici comme Ie même auteur expofe ce fait, 14 K CHfamne s'étant révolté contre Clotaire I. &fe »'trotvant à Dijon, lès clercs de l'éolife fe initent » en prières pour demander à Dieu, fi le jeune prin- ce reéufhroit dans {es defleins , 82 sil parviendroit #'un jour à la coutonte, [ls confultérent, comme » dans le fait précédent, trois diféréns livres de l'E: » CrituréYainte, avec cetté différence! qu'a la place 5 du livre des rois 8c dés pfeaumes, ils Joignirent »-Ceux di prophete Taie, & les épitres de faint Paul, »'audivre des Evangilés. À l'ouverture d'Ifaie, 1ls » lurentices mots : J’érracherai La haie de ma vigne, » Celle Jera expofée au pillage ; parce qiau lieu de » porter dé bons raifins, elle en à produit de mauvais. » Les paflages des épitres de faint Paul, 8 ceux de » l’évangile quife préfentoient enfuite , ne parurent # pas moins menacçans, & fürent regardés comme » une prédiction de la mort tragique dé ce prince » infortuné' y». Non-feulement on empl@yoit les Joss des fuinss pour {e déterminer dans les occafions ordinaires de la vie, mais même dans lès életions des évêques. loffqu'il yavoit partage. La vie de faint Aignan fait foi, que c’éftrde cette maniere qu'il fut nommé évé: que d'Orléans. Saint Euverte qui occupoit le fiége de cette ville fur la fin du iv. fiecle, fe trouvant ac: cablé devieilleffe , & voulant le défigner pour fon fuccefleur , le cleroé & le peuple s’oppoférent vive- ment à ce choix. Saint Euvérte prit la parole, & leur dit : 4 Si vous voulez uh évêque agréable à Dieu, » fachez que vous devez mettre Aïgnan à ma place». Mais pour leur faire connoître clairement que telle étoit la volonté du Seigneur, après que ce prélat eut indiqué , felon la coutume, un jeûne de trois jours, il fit mettre d’un côté fur l'autel des billets ( Brevia ), ë del’autre , les pfeaumes, les épîtres de faint Paul, & les évanoiles. Ce que l’hiftorien qu'on vient. de citer, appelle ici #revia, étoient comme je lai tra- duit, des billets fur chacun defquels on écrivoit le nom d’un des candidats. Saint Euverte fit enfuite amener un enfant qui n'avoit point encore l’ufage de la parole , & lui com- manda de prendre au hafard un de ces billets ; l’en- fant ayant obéi, il tira celui qui portoit le nom de faint Aignan, & fe mit à lire à haute voix : Aignan ef le ponrife que Dieu vous à choif. Maïs faint Euver- te, continue Phiftorien, pour fatisfaire tout le mon- de, voulut encore interroger les livres faints: le Bb b ij 330 SCOR premier vérfèt qui fepréfenta dans les pfeaumes , fut: Heureux celui que vous avez choift, il demeurera dans votre tèmple. On trouva dans faint Paul ces mots: Perfonne ne peut meitre un autre fondement que celui qui a été pojé ; & enfin dans l’évangile ces paroles: Cf Jar vètte pierre que je bätirai mon églife. Ces té- moignagés parurent fi décififs en faveur de faint Aignan, qu'ils réunirent pour lui tous les fuffrages , 6c qu'il fut placé aux acclamations de tout le peuple für le fiége d'Orléans. Les Grecs aufli-bien que les Latins, confultoient les forts des faints dans les conjon@ures critiques 3 Cedrenus rappoîte, comme nous l'avons dit en par- fant des fors en général ,-que l’empereur Héraclius après avoir eu de grands avantages fur Cofroez roi Rs Peïfes , fe trouvant incertain {ur le lieu où il prendroiït fes quartiers d'hiver, purifia fon armée pendant trois jours; ce font les termes de l’hifto- tien ; qu'enfuite il ouvrit les évangiles., & qu'il trou- va qu'ils lu ordonnoient d'aller hiverner en Al- ‘banie. | Depuis le huitieme fiecle, les‘exemples: de cette pratique deviennent un peu plus rares; cependant il eft certain que cet ufage fubfifta jufque dans le quatorzieme fiecle, avec cette feule différence, qu’on : ne fe préparoit plus à cètte confultation par des jeû- nes &t dés prieres, & qu’on n'y joignoit plus cet ap- : 0 1 ge , . . n # pareil religieux, que jufqu’alors on avoit crunécef- faire pour engager le ciel à manifefter ainf fes vo- : p gag : lontés.. dy. , L’éplife tant grecqueque latine. conferva fans cefle quelques traces de cet ufage. La coutume étoit encore dans le xv. &c xv]. fiecle quand un évé- . ‘que étoit élu, que dans la cérémonie de fon facre, immédiatement après qu’on lui avoit mis fur la tête le livre des évangiles, on l’ouvroit au hafard, & le premier verfet qui fe préfentoit, étoit regardé comme un pronoftic de ce qu’on avoit à efpérer ou à craindre de fon caraËtere, de fes mœurs., de fa con- duite, & du bonheur ou du malheur qui lui étoit ré- fervé durant le cours de fon épifcopat ; les exemples : en font fréquens dans l’hiftoire eccléfiaftique. Si lon en croit un de fes écrivains qui a fait la vie des évêques-de Liége, la mort funefte d'Albert évé- que de cette ville , lui fut annoncée par ces paroles, que l'archevêque qui lefacroit trouva à louverture du livre des évangiles M Z/ envoya un de fes gardes avec ordre de lui apporter La tête de Jean ; & ce garde étant entré dans la prifon , lui coupa la téte, L’hiftorien ‘ajoute , que ce prélat en fut fi frappé, qu'il adrefña la parole au nouvel évêque , & lui dit en le regar- dant avec des yeux baïgnés de larmes : Mon fils, en vous donnant au férvice de Dieu , conduifez-vous avec crainte & avec jufhice, 6 préparez votre ame à la tentation ; car vous férez ur jour martyr. Il fut en effet aflaffiné par-des émiffaires de l'empereur Henri VI. & l’'Eglife l’honore comme martyr. | On ajoutoit tant de foi à ces fortes de pronoffics; ils formoient un prèjugé fi favorable ou fi defavan- tageux aux évêques, qu'on les alléguoit dans Les oc- éañons les plus importantes, & même dans celles.où il étoit queftion de prononcer fur la canonicité de leur éleétion. | La même chofe fe pratiquoit à l’inftallation des abbés, & même à la réception des chanoines; cette coutume fubfifte encore aujourd’hui dans la cathé- drale de Boulogne , dont le diocèfe aufli-bien que ceux d’Ypres & de Saint-Omer, a été formé des dé- bris de cette ancienne églife, après que la ville de Térouanne eût été détruite par Charles-Quint. Tou- te la différence qui s’y trouve préfentement, c’eft u’à Boulogne +. nouveau chanoine tire les fores ans le livre des pfeaumes, & non dans celui des évangiles, Feu M. de Langle évêque de Boulogne, peu d'années avant fa mort qui arriva eh 1722, ren: dit une ordonnance qui tendoit à abroger cet ufage ; 1l craignoit avec raïon qu’il n’eût quelque chofe de fuperfütieux. Il avoit d’ailleurs remarqué, qu'il arri- voit quelquefois que le verfet du pfeaume que le ha- fard offroit au nouveau chanoine, contenoit des im- précations ; des reproches , ou des traits odieux ) qui devenoient pour lui une efpece de note de ridicule, ou même d'infamie, Mais le chapitre qui fe prétend exempt de la jurifdiétion épifcopale , n’eut point égard à cette ordonnance; & comme fuivant la cou tume, on inféroit dans les lettres de prife de poflef- fion de chaque chanoine le verfet du pfeaume qui lui toit tombé à fa réception, le ‘chapitre réfolut feulement., qu’à l'avenir on ajouteroit à ces lettres qu'on ne faifoit en cela que fuivre l’ancienne coutu- me de l’églife de Térouanne, Quant à la feconde maniere deiconfulter les forrs des Jainis,, elle étoit comme on l’a dit, beaucoup plus fimple, & épalement connue dans les deux égli- les grecque & latine. Cette maniere confiftoit À re- garder comme un bon ou un mauvais augure, ou comme une déclaration de la volonté du ciel, les premieres paroles de la fainte Ecriture, qu’on chan- toit à l’églife dans le moment qu’on y entroit à cette intention : les exemples en font très-nombreux. Saint Cyprien étoit fi perfuadé que Dieu manifes ftoit quelquefois fes volontés par cette voie, quil 2 avoit fouvent recours ; c'étoit pour ce pere, dé l'Eglife un heureux préfage lorfqu’il trouvoit que les premieres paroles qu’il entendoit en mettant le pié dans l’églife , avoient quelque relation avec les de fes qui occupoient. Il faut cependant convenir que dans le tems où cet ufage de confulter les forss à venir par l’Ecriture étoit le plusen vogue , & fouvent même accompa- gné d’un grave appareil d’aétes de religion; on trou- ve différens conciles qui condamnent en particulier les forts des faints, & en général toute divination faite par linfpeétion des livres facrés, Le concile de Vannes, par exemple. tenu fous Léon I. dans le v. fiecle; le concile d'Agde affemblé lan +06 ; les con- ciles d'Orléans & d'Auxerre, l'un de lan 511, & l'autre de lan 595, profcrivent les forts des fainrs > & l’on trouve un capitulaire de Charlemagne publié en l’an 789, qui contient aufli la même due Mais les termes dans lefquels ces défenfes font conçues, donnent lieu de croire, que la fuperftition avoit mêlé une infinité de pratiques magiques dans les forss des Jainis, & qu'il ne faut peut-être pas confondre la maniere de les confulter condamnée par ces ca- nons , avec celle qui étoit fouvent employée dans les premiers fiecles del’Eglife par des perfonnes émi- nentes en piété, Ce qu'il y a de sûr, c’eft que quelques théolo- giens conviennent en général qu’on ne peut pas ex- cufer les forts des faints de fuperftition; que c’étoit tenter Dieu que de linterroger ainf ; que les Ecri- tures ne contiennent rien dont on puifle conclure, que Dieu ait pris là-deflus aucun engagement avec les hommes , & que cette coutume bien loin d’être autorifée par aucune loi eccléfiaftique , a été abro- gée dans les tems éclairés; cependant ces mêmes théologiens oubliant enfuite la {ohdité des principes qu'ils venoient d'établir, fe font perfuadés que dans certaines occafons , plufeurs de ceux qui ont con- fulté les forts des faints , y ont été portés par une fe- crete infpiration du ciel. (D. J. SORT A cap, ( Géog. mod. ) cap de la Méditer- ranée , fur la côte de Tripoli, en Barbarie , au fond du golphe de Sidra, On prend ce cap pour lHippi Eremontorium des anciens. (D. J. ) SORTE, 1.f. ( Gram. ) nom colleëtif , qui raflem- ble fous {on acception un certain nombre de chofes dflinguées par quelque caraéteré d'un plus grand nombre qui forme le genre.Plante eff le genre;mais il y abien des fortes de plantes, Etoffe eft le genre ; maisil y a bien des Jores d’étoftes , d'animaux, de poiflons , de ferpens ; 1l y a toutes fortes d’efprits & descara@eres. Il y a dans quelques hommes une forte d'inftiné ; il y en a qui ont une forte dedcience, Cet homme nous en contera de toutes les forres. Il yade toutes Jortes de marchandife. Il n’y à forte d’atten- tions qu'il n’ait prifes, le hafard les a toutes trom- pées. | SORTE , {. f. ( Joaillerie. ) on fe fert de ce terme dans le commerce des pierreries, en parlant des émeraudes qui ne fe vendent qu'au marc ; ce qui en marque les différentes groffeurs qui vont en dimi- nuant , depuis la premiere forte jufqu’à la troifieme ; on dit aufli premiere , feconde & troifieme couleur, (D...) SORTIE , f. £ ( Gram. ) lation de fortir, ou paf- fage d'un lieu qu’on regardoit comme fa premiere demeure dans un autre. Jen fuis à ma premiere /or- te, Ce mot a quelquefois rapport au tems, à la fortée de l'hiver, à la fin d’une Occupation , à la /orrie de ce livre. Aux iflues d’une maifon , j'ai deux Jorties, & cela m’eft fort commode, je n'échappe & je rentre quand il me plaît & fans qu’on le fache ; aux voies qu’on ouvre aux eaux, à l’air, à un fluide dont le féjour incommoderoit ; j’ai pratiqué une force à ces vapeurs. SORTIE , { Fortification. ) terme dont on fe fert dans la militaire pour exprimer l’adtion par laquelle les afliégés ertent de leurs villes ou de leurs forte- reffes , afin de chaffer Les affiégeans , d’enclouer leur canon , d'empêcher leurs approches , & de détruire leurs ouvrages , &c. On dit; faire une Jorrie , fepouf- fer une forwe , &c. On eft coupé dans une fortie , lorfque l’ennemi fe place entre ceux qui font forris &t leur ville. Chambers. Ceux qui fe tiennent toujours dans leur place fans faire des Jorries , font, dit le chevalier de la Ville : femblables à ceux qui ne fe foucient point du feu qui eft dans la maifon du voifin , & qui ne fe meuvent poutl'éteindre,que lorfqu'il a pris à la leur. En effet, les afliégeans avançant toujours leurs travaux vers la place , 1l eft de la derniere importance de travail- ler de bonne keure à en arrêter le progrès ; c’eft à quoi Les forries font excellentes lorfqu’elles font bien difpofées & bien conduites ; Car autrement elles avanceroient plutôt la prife de la place qu'elles nela retarderoient. Quelque avantageufes que foient les Jorties , on ne peut pas en faire indifféremment dans toutes fortes de places ; il faut pour en entreprendre que la garnifon foit nombreufe, Une garnifon foible ët qui feroït amplement fournie de toutes Les mun:- tions néceflaires pourge défendre & pour fubffter long-tems dans la ville, devroit être fort circonf- pette dans les forries, Maïs une garnifon nombreufe & qui n’eft pas d’ailleurs fournie pour long-tems de vivres & d’autres munitions ; doit fatiguer l'ennemi autant qu'il lui eft poffible, par de très-fréquentes Jorties : c’eft aufli le parti que l'on doit prendre dans une ville dont les fortifications font mauvaifes ; on ne doit pas fe laiffer renfermer , pour être obligé de fe rendre, pour ainfi dire, fans réfiftance. Il faut fa- tiguer l'ennemi continuellement , le tenir éloigné de la place le plus long-tems qu'il eft poffible, & n’o- metre aucune chicane pour lui difputer l'approche du glacis & la prife du chemin couvert. C’eft anfi que M, je marquis d’'Uxelles , depuis maréchal de France ; en ufa dans la défenfe de Mayence en 1689. Il défendit cette ville » aflez grande & très- mal fortifiée, pendant plus de deux mois » Par le fe- cours d’une garnifon excellente, & il fut obligé de capituler faute de poudre & de munitions, étant gn- SOR 381 core maitre de fon chemin couvert, & même » pour ainfi dire, de tous fes glacis, puifque l'ennemi n° avoit qu'un logement fur le haut ; encore, dit M. de Feuquieres , M. le Marquis d'Uxelles le laifla-t-il faire pour avoir prétexte de capituler, & que l’en- nemi ne plt pas foupçonner qu'il fe rendoit faute de poudre. À Keïfervert en 1702, la place fort mauvaife par elle-même, ne fut encore défendue que par de nombreufes forties | qui firent payer fa prife chere à l’ennemi. Dans des cas femblables » On ne doit point fe négliger pour Les Jorries ; pour qu’elles réufliffent, il faut qu’elles foient faites avec art & intelligen= ce ; c’eft, dit M. le maréchal de Vauban , dans ces fortes d’aétions que la vigueur , la dihgence & la bonne conduite doivent paroître dans tout leur éclat & dans toute leuffétendue. | Lorfque l'ennemi eft encore loin de [a place , les Jorties font très-périlleufes , Parce que l’ennemi peut avec fa cavalerie, leur couper la retraite dans la ville ; mais lorfqu’il a établi fa feconde parallele & qu’il pouffe les boyaux de la tranchée en avant pour parvenir à la troifieme au pié du glacis , c’eft alors qu'on peut fortir fur lui ; on le peut même > fi lon prend bien fes précautions , lorfqul travaille À fa feconde parallele, & qu’elle n’eft point encore ache- vée entierement ; mais où elles doivent être les plus fréquentes, c'eft lorfque l’affiégeant eft parvenu à 14 troifieme parallele & qu’il veut s’établir furde glacis. On ne craint plus alors d'être coupé , & on peut le fürprendre d'autant plus aifément > qu’on peut tom- ber fur lui d’abord & le culbuter fans lui donner le tems de fe reconnoître. Les orties peuvent être ou grandes ou petites ; les grandes doivent être au moins de ÿ Ou 600 hommes , ou proportionnées à la garde de la tranchée soc Les plus petites feulement de ro, 15, ou 210 hommes. L'objet des grandes férzies doit être de détruire & de rafer une grande partie destravaux de l'affiégeant, afin de le mettre dans la néceffité de les recommen: cer , d’enclouer le canon des batteries » de reprendre quelque pofte que l'on aura abandonné, & enfin de nuire à l’ennemi en retardant fes travaux > Pour re- culer par-là la prife de la place, Pour les petites forties , elles ne fe font que pour donner de l'inquiétude aux têtes de la tranchée > Pour effrayer les travailleurs , & pour les obliger defe re- tirer, Comme il faut toujours quelque tems pour les rappeller & les remettre dans l'obligation de conti- nuer leur travail , il y a un tems de perdu, qui re- tarde toujours l'avancement & le progrès des tra- vaux. Le tems le plus propre pour les grandes forties, eft deux heures avant le jour ; le foldar eft alors fati- gué du travail de la nuit & accablé de fommeil, 4 doit par cette raifon être plus aïfé à furprendre & à combattre. Lorfqu’il a fait de grandes pluies pendant la nuit , & que le foldat ne peut faire ufage de fon feu , c’eft encore une circonitance bien favorable : il ne faut rien négliger pour le furprendre: car ée n'eft, pour ainf dire, que par la furprife que lon peut tirer quelque avantage d’une Jorrie. Pour les petites forsies , dont l’objet eft de donner fimplement de l'inquiétude aux affiégeans , fans pou- voir leur faire grand mal , voici comme elles fe font. On choifit , pour les faire , des foldats hardis & va- leureux , au nombre, comme nous avons dit, de 10,15 OU 20, qui doivent s'approcher doucement de la tête des travaux des afliégeans , & fe jetter en- fuite promptement deflus » CR Criant , sue, ne, & jettant quelques grenades ; enfuite de quoi ils doi- vent fe retirer bien vite dansla place ; l'alarme qu'ils donnent ainf eft fuffifante pour faire fuir les travail- leurs , qui ne demandent pas mieux que d’avoir un prétexte fpécieux pour s'enfuir , fans, dit M. Gous 382 SOR Ton; quil {oit poffible de les en empêcher, êc de les rallembler toute la nuit, ce qui la fait perdre aux affiégeans. Si, dit le même auteur, les affiégeans s'accoutument à cesipetites Jorties , 8 qu'ils ne s’en ébrantent plus , les affiégés s’en appercevant , feront fuivre ces petites forsies d’une bonne ; laquelle n’e- tant point attendue , renverfera fans difficulté Les travailleurs & ceux qui les couvrent «après quoi élle fe retirera fans s’opimiâtrer au combat, pour,ne pas avoirtoute la tranchée.fur les bras: (Q )… SORTIE, ( Hydr.),ceft l'ouverture circulaire ôu l’orifice d’un ajutage par où l’eau s’élance en l'air & forme un jet d’eau. Voyez ORIFICE! (K) * SORTIE, {.f. ( Commerce. ) c’eft le pañlage d’un lieu à un autre. Il n’y a guere de fouverainsqui n’ait éta- bli des droits fur les marchandifesiqui entrent dans leurs états ou qui enfortent; mais les fouverains qui ont le moins établi de ces droitsien général, font les pluséclairés. Il ne faut aucun de ces droits dans un même royaume , qui eftfous la domination du même {ouverain. (D. J.) SORTILEGE , fm. ( Magie.) Voyez SORcEL- LERIE. : ÉMUTE: SORTILEGE , ( Jurifp, ) on entend par ce terme ün maléfice qui fe fait par l’opération du diable. Le fortilege eft compris dans ce que l’on appelle en général magie ; mais il a particulierement pour objet de nuire aux hommes, foit en leur perfonne , foiten leurs beffiaux, plantes &. fruits de la terre. Il mappartient qu'aux Théologiens. de traiter une matiere fi délicate ; c’eft pourquoi nous, nous con- ténterons de parler des peines que les lois ont pro- noncées contre ce Crime. La loi divine condaffine à mort ceux qui en font convaincus, Lévis, 2x. Deutéron. xvuy. ” Le droit canonique prononce l’excommunication & les autres, cenfures contre. ceux -qurufent de for- zilepe, db 3% Les lois mêmes du paganifme.les ont condamnés comme ennemis du bien.public. êc du repos.de la fo- ciété. La loi des xij tables-y eft-précide; êc files Ro- mains permirent depuis lufage des augures, ce ne fut que pour favoir le {ort.des.armes &c des batailles ; ençore reconnut-on le dangeride cet ufage qui favo- rifoit les affemblées:fecretes où fe formoientles conf- pirations contre l’état êr la vie des concitoyens : tel- lement que ces:aflemblées furent défendues par un | édit de Tibere. Les empereurs chrétiens fe hâterent d'arrêter le cours de cés fuperftitions criminelles , ainf qu’on le voit au code de maleficis & mathematicis : la peine pa du fortilege étoit tantôt d'être expoféaux bêtes , tan- tôt celle d’être brülé vif, ou d’être crucifié, quelque- fois d’être mis dans un vafeplein.de pointes, ou d’être décapité ; la moindre peine étoit la déportation. La feule peine que nous ayons retenue. eft celle du feu vif. Elle ne doit pourtant pas être ordonnée dans tous les cas. On diftingue s’il ne.s’agit que d’un fortilege fimple fans autre circonftances aggravantes & qui part ordinairement d’un cerveau dérangé , ou s'il y a eu maléfice qui ait caufé la mort à quelqu'un ou, des pertes confidérables.; c’eft principalement pour ces maléfices qu’on ordonne la peine du feu. Les prétendus devins, faifeurs de prognoflics &c difeurs de bonne fortune, dont parlent les ordonnan- ces d'Orléans & de Blois, doivent feulement être pu- nis de peines corporelles & exemplaires. L’édit d'Août 1682 ajoute cependant la peine de mort, lorfqu’à la fuperftition fe joint l'impiété & le facri- lece, | V oyez le traité de la police de la Mare , le traité de la magie, &c. imprimé en 1737, l'hiftoire critique des pratiques fuperftitieufes par Le P. le Brun, êc les zxf- situtes au droit criminel de M, de Vouglans. (4) he y. ä SORTILEGUE,, £. m. (Anriq. rom.) C’étoit un em: ploi facré que celui de forcilegue, c’eft-à-dire de celui qui avoit la fonction de jetter les forts; elle étroit. exercée par des hommes &cpar des femmes, au choix du pontife. On les appelloit forsiarit &fortiariæ, d'où font venus fans doute les noms de forciers & forcieres. Mäiïs ceux qui jettoient.les forts n’avoient pas le pou- voir de les tirer ;on fe fervoit pour cela du miniftere d’ungeune enfant. Dans les infcriptions recueillies par-Gruter, on en trouve une d’un nommé C. Stimi- nius Heracla, qui fe qualifie de /orrilegue de Vénus Erycine. (D. J.) d SORTINO , (Géog. mod. ) petite ville de Sicile dans le val de Noto, au bord de la riviere de Sorti- no, 6c un peu au-deflus de l'endroit où cette riviere fe jette dans le Fium-grande. ( D.J.) SORTIR , v.n. (Gram.) pañler d’un lieu qu’on re- garde comme fon féjour, dans un autre. Le maitre : de la maifon eft fort ; la eu ordre de /orir du royau- me ; 1l eft /orsi d’un mauvais pas ; cet endroit fort trop; cettefigure forétrop ;1left fortid’exercice; 1} forzis de la place à la tête d’une petite troupe; ne Jortez point de votre fujet; la petite vérole commence à Jortirà cet enfant; il eft for de bonne heure; vous Jortez de cadence, de mefure; 1l eft Jorx de grands hommes de Port-Royal, éc, | SORTIR , (Jurifp.) fignifie avoir, tenir ou produi- re; comme quand on dit qu’un jugement /ortra effet, c’eft-à-dire aura fon exécution. Dans les contrats de mariage, où Pon fait des fti- pulations de propres, après avoir fixé la mife en com- munauté,, On dit que le furplus forzire nature de pro- pres, c'eft-à-dire tiendra nature de propres. Foyez PROPRE. (4) SORTIR LE BOUTE-FEU À LA MAIN, (Marire.) cela fignifie qu’un, port eft aflez bon pour en faire fortir un vaifleautout prêt à tenir la mer, ou prêt à combattre; tel eft, par exemple, le port de Bref. SORTIR DU FORT , cerme de Chaffe , 1 fe dit d’une bête qui débüche de fon fort, ou du lieu où elle a paflé le jour. .SORFIODUNUM, (Géog. anc.) ville de. la Grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque furda route de Calleva à Viroconium, en prenant par Muridonum. Elletétoit entre Brige & Vindogladia, à 9; milles du premier de ces lieux, & à 12 milles du fe- cond. Quelques manuferits lifent Sorbiodunum pour Sorviodunum; le nom.moderne eft O{d-Salisbury, felon Cambden. En effet ,: la ville de Salisbury d’au- jourd'hui a été bâtie des ruines de l’ancienne Sorhio: durum, qui étoit fituée un peu au-deflus fur une hau- teur.aride & ftérile, où1l y avoit un château forti- fié, dont l’enceinte avoit cinq cens pas de tour. (D:.J.) SORŸ, f. m. (Hiff. nat.) ngm donné par quelques auteurs à une pierre de couleur grife , chargée de vi- triol. SOS, ( Géog. mod.) petite ville de France dans le bas Armagnac. Elle a donné la naïfflance à M. de Silhon (Jean), confeiller d'état ordinaire, &c Pun des premiers membres de l’acadèmie Françoiïfe. II s’appliqua à l'étude de la religion &c de la politique , & fut employé dans des négociations importantes, fous le miniftere du cardinal de Richelieu, Il mourut en 1667, après avoir mis au jour plufieurs livres, &c entr'autres celui qui a pour titre, le Minifire d'éar. C'eftunbonécrivain , mais dont le ftyle eff trop dif- fus. Il a très-bien prouvé la fauffeté de la puiflance indireéte , que les Ultramontains s’avifent d'attribuer au pape fur Le temporel des princes. (D. J.) SOSIBES , Les, (Geog. anc.) peuples des environs de la Sarmatie afatique. Ils furent du nombre de ceux qui confpirerent contre l’empire romain fous Març Antonin le philofophe. (D. 7.) SOI SOSICURE , ( Géog. anc.\ peuple de l'Inde, en- decà du Gange, & felon Ptolomée, Z. VE. c. j. dans le goife Colchique: Caftald dit que Le nom moderne. . eit Jacameuri. (D. J.) . SOSIPOLIS, f. m. ( Mythol grecg, ) dieu des Eléens. Paufanias raconte que les Arcadiens ayant fait une grande irruption en Elide, les Eléens s’a- “vancerent contre eux pour éviter la prife de leur ca- pitale. Comme üls étoient fur Le point de livrer ba- taille , une femme fe préfenta aux chefs de l’armée, portant entre {es bras un enfant à la mamelle, & leur dit, qu'elle avoit été avertie en fonge que cet enfant combattroit pour eux. Les généraux éléens crurent que l'avis n’étoit pas à négliger ; ils mirent cet enfant à la tête de l’armée, & l’expoferent tout nud; au mo- ment du combat cet enfant fe transforma tout-à-coup en ferpent, & les Arcadiens furent f effrayés de ce prodige, qu'ils fe fauverent ; les Eléens les pourfui- virent , en firent un grand carnage, & remporterent une vidloire fignalée. Me - Comme par cette avanture la ville d'Els fut fau- vée, les Eléens donnerent le nom de Sofpolis à ce merveilleux enfant, bâtirent un temple à {a gloire, ct inftituerent une prêtrefle particulere pour préfi= der à fon culte. Le temple étoit double : la partie an- térieure étoit confacrée à Lucine, qui felon Popi- nion des Eléens, avoit fingulierement préfidé à la naïflance de Sofpolis. Fout le monde jouifloit d’une entrée libre dans cette partie du temple; mais dans le fanétuaire du dieu, perfonne n’y entroit que la prê- trefle qui même, pour exercer ion miniftere fe cou- vroit la tête d’un voile blanc. Les filles & les femmes reftoient dans le temple de Eucine, chantoient des hymnes & brüloient des par- fums en l'honneur du dieu d'Elide. On repréfentoit ce dieu fous la forme d’un enfant avec un habit de plifieurs couleurs, & femé d’étoiles, tenant d’une Main une corne d’abondance, On peut croire que les chefs. des Eléens pour éf- frayer leurs ennemis, & donner du courage à leurs troupes, s’aviferent du ftratagême d’expofer un en- fant à la tête du camp, & de fubfhituer enfuite avec adrefle ,unferpent à la place, Enfin on fitintervenir la religion pour foutenir une rufe qui avoit fi bien tréuff. Voilà le premier tome de la Pucelle d’Or- léans. Jupiter eft auffi quelquefois nommé Sofpolis, c’eft: à-dire fauveur de la ville. ( D.J.) | SOSPELLO , ( Géom mod.) petite ville des états du roi de Sardaigne, dans le comté de Nice, entre Ni: ce & Cony: Elle fut prife en 1692 par Les François, qui la rendirent au duc de Savoie par la paix de 1696. 1 Rayraud( Théophile), l’un des fameux jéfuites du xvÿ. fiecle, naquit à Sofpello , pafla prefque toute fa vie en France, & mourut à Lyon en 1663, à 79 ans, felon M. Gallois, Le P. Raynaud étoit extrèmement laborieux, comme-le prouve le nombre de livres qu’il a compo- fes. Il en publia quelques-uns qui furent à fon grand regret, flétris par l’inquifition ; mais il déchargea fa colere fur les Jacobins, par un ouvrage où il ramaffa une infinité de chofes tirées de leurs écrits, qui n°a- voient pas été cenfurées, quoiqu’elles le méritaflent. On ne fauroit nier qu’il n’eût l’efprit fatyrique, li- magination vive & une mémoire prodigieufe. Son ftyle eft obfcur , à caufe qu’il affete de 1e fervir de termes difficiles à entendre , & de mots tirés du rec. Il maltraita les Janféniftes qui ne l’ont pas épargné à leur tour; mais les Carmes l'ont beaucoup loué, & 1ls lui rendirent les honneurs funebres dans tous les couvens de leur ordre. Ce fut à caufe de Pouvrage qu'il avoit fait fur le fcapulaire. Guy Patin étoir aufñ S Ori 353 de fes bons amis, & trouvoit beaucoup de do@riñe dans tous fes ouvrages ; ce n’eft pas un petit éloge, car Pédition qu’on en à faite à Lyon en 166%, com- prend 20 volumes /7-f0/, & ce quieeft fort étrange ; le Hbraire ne s’y eit pas ruiné. Au refte, le P. Raynaud a fi fouvent déguifé fon nom à la tête de fes hvres, que M. Ballet n’a pas et le bonhkeur de pouvoir toujours découvrir cette fn- percherie. Hurtado moine efpagnol, à jetté bien des railleries, non feulement fur les divers noms que pre: noit le P. Raynaud, mais auffi fur les titres que cé pere donnoit à fes ouvrages. fl faut pourtant conve- mif que fes titres étoient quelquefois ingénieux. Qui ne voudroït bre, par exemple ; un ouvrage intitulé , es fpirimmalirés hétéroclites , & les anomalies de la pré té, C'eftle titre du quinzieme & du feizieme volume des œuvres de ce jéluite, Voilà donc, dira:t-on des hétéroclites dans la religion, aufi bien que dans la grammaire ; y voilà des anomalies, auf bien que dans la lune: on ne peut fe difpenfer d'acheter un ouvrage qui nous apprend des chofes fi fingulieres. (D.J.) SOSPITA , (Mychol.) c'eft-à-diré fahutaire : fur: nom de junon, parce qu’elle veilloit à la falubrité de Pair, dont l’intempérie canfeles maladies. Cette déet fe, quiæft fouvent prife pour l'air même, avoit trois temples à Rome fous le nom de Juro fofpita, & les confuls, avant que d’entrer'en charge, alloient lui offrir un facrifice, (D. J. SOSSINATI, ( Géog. arc.) peuples de File de Sardaigne. Strabon , LB. Vi pag.225. les compte au nombre des peuples montagnards qui habitoïent dans des cavernes, & qui bien qu'ils euflent des terres propres à porter du blé, les négligeoïent, aimant mieux piller les terres des autres, tantôt dans l’île, tantôt dans le continent oppofé, {ur-tout Les terres des Pifans. ( 2. 7.) SOSSIUS , ( Géog. anc. ) fleuve de la Sicile , Pto: lomée, . LIL. c, iv. le marque fur la côte méridio- nale, entre la ville Pintia & l'embouchure du fleuve Isburus. Le nom moderne eft Calia Bellora felon Fa- zel , & Pulic felon Léander, (D. J.) SOT, FAT , IMPERTINENT, (Gram.) ce font là de ces mots dans toutes les langues qu’il eft impoffi- ble de definir, parce qu’ils renferment une colle&ion d'idées qui varient fuivant les mœurs dans chaque pays & dans chaque fiecle, & qu’ils s'étendent en: core fur les tons , les geftes & les manieres. Il me paroït en général que l’épithete def, dé Jot 8t d'umpertinent, prife dans un fens aggravant , n'indiquent pas feulement un défaut, mais porte avec foi l’idée d’un vice de caractere & d'éducation. Il me femble aufli que la feconde épithete attaque plus l’ef- prit ; & les deux autres les manieres ; Def en vain qu’on fait des leçons à un fo, la nature lui a refufé les moyens d'en profiter. Les difcours les plus rai- fonnables font perdus auprès d’un far ; mais le tems & l’âge lui montrent quelquefois lextravagance de la fatuité, Ce n’eft qu'avec beaucoup de peine qu’on peut venir à bout de corriger un impertinenr. Le or eft celui qui n’a pas même ce qu'il faut d’ef: ptit pour être un fat. Un fa eft celui que les /ors croient un homme d’efprit. L’percinent eft une ef: pece de far enté fur la grofliereté. ‘Un or ne fe tire jamais du ridicule ; c’eff fon ca: raëtere. Un smpertinent s’y jette tête baiflée, {ans au cune pudeur, Un f4 donne aux autres des ridicules, qu’il mérite encore davantage, Le /or eft embarraflé de fa perfonne. Le fur eft rem: ph de Famour de la fcience, avec une forte de hau- teur pour les autres. L’impertinent pafle à l’effron- terie. Le Jot , au-lieu de fe borner à n’être rien , veut être quelque chofe ; au-lieu d’écouter, il veut pat= 384 SOT ler, & pout-lors il ne fait 8c ne dit que des bétifes. Un far parle beaucoup , & d’un certain ton qui lui eft particulier ; 1l ne fait-rien de ce qu’il importe de favoir dans la vie, s'écounte &t s’admire. Il ajoute à la fottife la vanité & le dédain. L'rmperurenseft un fat, qui-pécheen même tems contre la politefle & la bienféance, Ses propos font fans égard, fans con- fidération & fans refpe&. Il confond lhonnête.li- berté avec une famiharité exceffive ; 1l parle & agit ave-une hardiefle infolente , c’eft un fs. ou un foz » ” % là outré , fans délicatefle. Le /os ennuie ; le fs révolte; limpertinent xebute, aigrit & irrite. Addiflon & la Bruyere ont donné d’excellens coups dé crayon fur chacun de ces trois défauts. Théophraftelés a décrits en paffant dansfes portraits ingénieux des vices des Athéniens. Séneque les ca- ractérife aufli dans fes tableaux des mœurs romai- nes; mais il a peint merveilleufement le fa parfait, dans la perfonne d’un des aimables de Rome , qui ayant été tranfporté par fes efclaves du bain dans fa chaife à-porteurs , fe donne la peine de leur deman- der en arrivant, s'il eft aflis, comme fi c’étoit une chofe au-deffous de lui de le favoir. Citons ce trait dans {a langue originale, il a bien plus de fel : Æxdio quemdam ex iflis delicatis ( fe modo delicræ vocandæ funt vitam € confuctudinem dediftere), cm ex balneo inter manus elatus, 6 infellé pofitus effet , dixiffe tn- terrogando , jam fedeo? Mimis humilis 6 contempti ho- minis effe videtur , [cire quid faciat, Senec. de breyitate vite, cap. xij. (D. J.) c SOTAVENTC ou SOTOVENTO, (Géog. mod.) on appelle ainfi la partie méridionale des îles Antil- les. Les Efpagnols leur donnent ce nom, à caufe 9 ? nu 77e qu’elles font effe&ivement fous le vent, à l'égard de celles de Barlovento. Les principales de ces îles font la Trinité , la Marguerite, la Tortuga , la Rocca, Bon-Aire, Curacao , Oruba. (D. J.) SOTER, SOTERIA, (Listérature.) c'eft-à-dire, conférvateur , confervatrice : On trouve que ces noms étoient fouvent donnés aux divinités, lorfqu'on croyoit leur être redevable de fa confervation. On les donnoit particulierement à Jupiter, à Diane, à Proferpine. Il y avoit chez Les Grecs des fêtes appel- lées fotéries | qui fe célébroient en aétion de graces, quand on étoit délivré de quelques périls. (2. 7.) SOTÉRIES , { £ pl. foeria , ( Antiq. rom. ) fêtes qu’on célébroit en aëtion de graces pour la délivran- ce de quelque grand péril public. Sous le regne des empereurs, on ne manquoit pas de faire ces fortes de folemnités, lorfque le prince relevoit de maladie. CHATS ___ SOTHERTON oz SUTTERTON , ( Géog. mod.) Willage d'Angleterre, dans Lincoln-shire & dans la partié feptentrionale du Holland. Ce village mérite d’être remarqué, parce qu'il étoit autrefois fur le bord de lamer, & qu’aujourd’hui il en eft à plus de deux milles. Ainfi l'Océan s’efl retiré de ce côré-là, à mefure qu'il s’eft avancé vers un autre. (D. J.) SOTIATES, ( Géogr. anc. ) peuples de la Gaule, marqués dans l'Aquitaine par Céfar. M. l'abbé de Longuerue obferve que le nom de ces peuples eff - corrompu en celui de Soutiates dans plufieurs édi- tions des commentaires de Céfar ; mais de quelque maniere qu’on écrive ce mot , on n’en connoît pas mieux le peuple dont il s’agit, comme le prouve affez la variété des opinions de nos favans. ” M. de Marca, kiff. de Béarn, L! I. c. ix, penfe que le peuple Soriares répond au diocèle d’Aire. M. de Valois veut que ce foit le quartier aux environs de Soz qui eft de l’ancien diocèfe d’Eaufe , aujourd’hui compris dans celui d’Aux. M. Samfon, dans fes re- arques {ur la carte de l’ancienne Gaule, eflime que Les Sosiares {ont les habitars du diocèfe de Leétoure, SOT d'autant mieux que la ville eft forte d’affiette & de travail, comme dit Céfar ; & parce que ce pays fe préfente le premier du côté de Touloufe, par où il femble que Craffus entra dans Aquitaine. Enfin M. Lancelot, kiff. de l'acud. des [nferrpr. rome P. p. 291. croit que les Socsures font plutôt les habitans du pays de Foix , parce que cette ville ef frontiere de Lan- suedoc , qu’on y entre en venant de Touloufe fans avoir de riviere confidérable à pafler ; que le pays eft montueux , & a quelques mines de cuivre, cir- confiance que Céfar dit du pays des Soiares. La conjeëture de M. de Marca n’eft autorifée que fur une charte faite par quelque moine moderne fort ignorant. L'opinion de M. de Valois n’eft fondée que {ur la conformité du nom de So avec Soriares, qui toute feule eft la plus foible raifon du monde. Les idées de MM. Samfon & Lancelot ne font étayées d'aucune autorité ancienne ou moderne. En un mot, comme les anciens après Ccfar n’ont fait aucune mention des peuples Sociases ; que lui-même n’en parle qu’en pañlant & légerement , il eft impoffi- ble aujourd’hui de deviner la poñtion des peuples Sotiates , ainfi que de plufieurs autres nommés dans les commentaires de ce grand capitaine, d'autant mieux que ces peuples ont fans doute été confondus avec d’autres peuples par Augufte, dans le tems qu'il fit faire la nouvelle divifion de l'Aquitaine. (D: J.) SOTIE, £. 1. ( ÆLfe, du théar. franç.) nom donné à des farces qu'on repréfentoit autrefois en public, &c qui étoient un tiflu de bouffonnerie pour faire rire le peuple. Elles fuivirent de près les myfteres de la paf- fon, L’onne doit pas les confondre avec les fotéries, qui étoient des pieces de vers plus anciennes faites en l'honneur des faints. (D. J. SOTTISE, {. f. (Gram.) c’eft l’aétion ou le propos d'un fot. Voyez Sor. SOTTISIER, {. m. (Gram.) recueil de pieces or- durieres. SOTTOSRINS , f. m. serme de Galere, pieces de bois qui croifent les courbâtons , & qui fervent à les lier. &c à les affermir. SOU, ( Monnoie. ) voyez Sox. SOU, f.m. (Marine.) c’eft la terre qui eft au fond de Peau. Sou, ff. (Economie rufhique. ) c’eft l’étable aux pourceaux. | SOVA ou SOVI , (Hiff. mod.) c’eft le nom qu’on donne en Afrique dans les royaumes de Congo &c d'Angola à des efpeces de gouverneurs ôu de vice- rois, qui font foumis aux rois du pays ou aux Portu- gais,& quityrannifentles habitans quifont fous leurs ordres de la maniere la plus cruelle ; ils jugent des procès & des différends, & ne manquent pas de ren- dre à leur profit ceux à qui ils donnent tort. | SOUACHEM , ( Géog. mod. ) petite île du golfe Atabique , qui fépare , pour ainfi dire , l'Egypte de PEthiopie. Il y a dans cette ile un bacha turc. (D. J.) SGUADOU , ( Géog. mod.) nom qu’on donne à un amas d’îles de Océan indien, fituees partie fous le deuxieme , partie fous le troifieme degré de lati- tude méridionale , au midi des iles d’Adoumatis, & uu nord des iles d’Addou en général qui en font affez proche. (2. J.) SOUBA ou SUBA , £. m. ( Æiff. mod.) c'eft ainfi qu’on nomme dans l’indoftan des efpeces de vice- rois ou de gouverneurs généraux, qui ont fous leurs ordres des gouverneurs particuliers, que l’on nomme zababs ; ils font nommés parle grand-mosol, SOUBARDIERS , {. m. pl. serme de Carrier, prin- cipaux étais qui foutiennent la machine avec laquelle on tire des pierrieres les males de pierre à faire de Pardoïfe. (2. J.) SOUBASSEMENT , fm. (4rchir.) large retraite | ou $OU on efpece de piédeftal continu , qui fert à porter un édrice. Les architeétes le nomment féréobare & fo- cle contira , quand il n’y à ni bafe , ni corniche. (2.1.) | SOUBASSEMENT , serme de Tapiffter ; bande d’étof- fe ,de foie, de drap, de ferge, quieft attachée le long de chaque pan de lit. | SOUBERME , f f. { Marine.) c’eft un torrent, c’eft-à-dire, un amas d'eaux provenues des pluies ou de la fonte des neiges, qui grofir les rivieres. SOUBISE , ( Géog. mod. ) petite ville de France, dans la Saintonge, {ur la Charente, à 2 lieues au nord de Brouage, & à ; de la Rochelle, Elle a donné le nom à une branche de Pilluftre maifon de Rohan ; c’eft une principauté de vingt mille livres de rente. Elle comprend fept grofles paroïfles, qui forment “un petit pays. Longitude 16, 34. laritude 44, 49 D. J. 6 oo. , L. m. (Manepe.) faut imprévu & à contretems que,le cheval fait pour fe dérober de def. _ fous le cavalier qui le monte. SOUBRETTE, £. £ (Gram.) c'étoit autrefois une femme attachée au fervice d’une autre, Il n'y a plus de foubrerte dans nos maifons ; mais elles font reftées au théâtre, où elles font communément, méchantes, bavardes , fans décence, fans fentiment, fans mœurs, Ÿ fans vertu; car il n’y à rien dans la fociété qui refflemble à ce perfonnage. SOUBREVESTE , ff. (Habie milie.) la foubrevefle fait partie de l'habillement des moufquetaires. Ce futen 1688 que le roi ordonna les foubrevefles , qui font comme des jufte-au-corps fans manches. Elles font bleues & galonnées comme les cafaques. Elles ontune croix devant & une derriere, qui font de velours blanc bordées de galon d’argent ; les fleurs- de-lis aux angles de la croix font de même. Le de- vant êt le derriere des foubrevefles, s’accrochent aux côtés par des agraffes. Non-feulement les moufque- taires , mais encore les fous-brigadiers,les brigadiers & les mareéchaux-des-logis , portent la Joubrevefle. I] n'y a que les officiers fupérieurs qui ne la portent point. Le roi fournit la cafaque êc la Joubrevefte , & onrendPuneëc l'autre quand on quitte la compagnie. (2. J.) SOUCHE , f. f. (Grammaire & Jurifprudence.) pris dans le fens littéral fignifie Le srozc d’an arbre ; on emploie ce terme dans un fens figuré en matiere de généalogies & de propres pour défigner celui qui eft l’auteur commun de plufñéurs perfonnes : onle com- pare à la fouche ou tronc d’un arbre, dont cesautres perfonnes font les branches ; on appelle donc fouche où tige commune celui du quel fontiflus d’autres per- fennes. Les immeubles qui n’ont pas encore été tranfmis par fucceflion , ne forment que des acquêts quandils ont fait fouche, c’eftà-dire, qu'ils ont pañlé du pere au fils, ou d’un collatéral à un autre par voie de fuc- cefhon: ont dit qu'ils ont fait fouche, parce que le dé- funt eft regardé comme la Jouche d'où procede l’hé- ritage qui dévient propre. Voyez PROPRE € Cou- TUME SOUCHERE. Succéder par fozches in flires , ic’eft lorfque plu- fieurs perfonnes viennent par:repréfentation d’un défunt, & ne prennent tous enfemble que ce qu'il auroit pris, au lieu que ceux qui fuccédent par tê- te, prennent chacun yure fwo leur portion virile. Voyez REPRÉSENTATION, SUCCESSION ; PARTA- GE. (4). Me SOUCHE de cheminée, ( Archir.) c’eft un fuyau com- poié de plufieurs tuyaux de cheminée, qui paroït au- deflus d'un comble; il ne doit être élevé que de trois piés plus haut que lefaîte. Les tuyaux d’une /ouche de cheminée {ont ou adoflés au-devanr les uns des au- tres , comme on les faifoit anciennement, ou rangés Tome XF. SOU 385 fur une même ligne , & joints par leur épaiffeur , comme on le pratique quand ils {ont dévoyés. Les Jouches de cheminée Le font ordinairement de plêtre pur , pigeonné à la main, & on les enduit des deux côtés de plâtre au panier. Dans les bâtimens confidérables, on les conftruit de pierre ou de bri- que de quatre pouces , avec mortier fin & crampons defer. Souche feinte ; fouche qu’on éleve fur un toit, pour répondre la hauteur, à la figure , à la fituation des autres , & leur faire fymmetrie. Souche ronde ; tuyau de cheminée de figure cylin- drique en maniere de colonne creufe , Qui fort hors du comble, ainfi qu'il y en a au palais à Paris. Ces. fortes de fouches ne fe partagent point pat des languet- tes pour plufieurs tuyaux; mais elles font accouplées ou grappées , comme celles par exemple du chateau de l'Efcurial , à fept lieues de Madrid , en Efpagne, Daviler. (D. J.3 | SOUCHE, (ydr.) eftle tuyau qui s'éleveau mi- lieu d’un baflin 8c d’où fort Le jet; on le foude a plomb: fur la conduite & du même diametre, & il efttermui- né par un ajutage de cuivre foudé, & qui fe dévifle pour nettoyer les ordures qui empêchent l'effet de l'eau. (Æ) SOUCHE , (Comm. en détail.) les détailleurs nom- ment ainf la plus longue des deux pièces de bois qur compofent ce que les marchands appellent une taille, fur laquelle ils marquent avec des hoches les mar- chandifes.qu'ils donnent à crédit. (D. 7.) SOUCHE ; (Æxploitar. des bois.) c’eft la partie de arbre qui eff à fleur de terre & quitient aux racines, On l'appelle auff fepée ; mais ce dernier terme ne fe dit guere que des arbres, du tronc defquels il fort. diverles tiges. SOUCHERE , (Jurifprudence,) fe dit d’une coutu- me où, pour fucceder aux propres , & pour être ad- mis au retrait lisnager, il faut être defcendu de celui qui a mis l'héritage dans la famille. Voyez COUTUME SOUCHERE, 6 les mors COTÉ, SIGNE, PROPRE, RETRAIT LIGNAGER , SOUCHE. (4) SOUCHET , fm. (Æif. nat, Bor.) cyperus , genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle eft compofée de plufieurs étamines , & elle forme une forte de tête écailleufe. Le pifil fort des ailes des écailles , & devient dans fuite une femence triangu- laire. Ajoutez aux cara@eres de ce genre que les ti: ges font auffi triangulaires. Tournefort, 2nf£, rec herb. Voyez PLANTE. Il y a deux efpeces de fouchet en ufage dans les bou- tiques , le long , & le rond du levant. Le foucher long, cyperus longus, eff une racine ton- gue , menue, noueufe, genouillée , tortueufe, diffi- cile à rompre, noirâtre en-dehors , blanchâtre en- dedans; d’un goût fuave un peu âcre, aromatique , d'une odeur agréable qui approche de celle du nard, Il croit en Provence & en Languedoc, & c’eft de-là qu’on nous l’apporte. On choifit celui qui eft bien confervé , qui n'eft pas carié , & qui eft odorant. Ceft la racine d’une plante qui s'appelle cyperus _odoratus , radice long, C. B. P. Cette racine eft ob- longue , genouillée, garnie de plufieurs nœuds arti- culés les uns avec les autres , & de plufieurs fibres capillaires, d’un rougenoirâtre, fucculent, & fouvent de petites racines en forme d’olives ; Comme dans la racine de flipendule; de cette racine fortent des feuil- les graminées , femblables à celles du porreau , mais cependant plus longues & plus étroites : la tige eft d’une coudée, droite, fans nœuds .Effe, friée ,trian- gulaire , & pleine d’une moëlle blanche ; elle porte à fon fommet des feuilles plus petites, difpofées en maniere d'étoile , & placées au-deflous des épis de fleurs, qu’elles furpañfent en longueur. Ces bouquets font amples, épars , & comme ee fur le {om- Ccc 386 S O ÙÜ met de la tige + ils font compofés d’épis Ou dé têtes ‘éCailleufes, garmies de fleurs à étamines fans pétales: ‘des aiffelles des écailles naïffent les pifüls, quite chan- gent enfuite en grains triangulaires, durs, revétus d’une écorce noire, Cette plante croit abondamment dans la Provence , & dans quelques endroïts des en- Virons de Paris. Le foucher:rondduLevant, cyperus rotundusorientalis, eftune racine arrondie , de la grandeur & dela figure d’une olive, raboteufe, ftriée, rouflâtre ou rougeätre, ‘&z quelquefois noire en-dehors,ëc blanches en-de dans, plufieursracines font attachées à la même tête , & y pendent comme par des filets, Elle a le même goût, & a même odeurque la racine du /oucher long. La plante s'appelle cyperus roturndus ortentalrs major. C. B.P. Elle poufle beaucoup de racines arrondies, canne- lées, de la groffeur d'une olive ou environ, liées en- femble par une fibre intermédiaire. Elle a les feuilles, les fleurs, & Îes graines femblables à la précédente. Elle vient en abondance dans l'Egypte le long du Nil, & dans tes marais. On connoit encore une troifieme efpece de fouches qui s'appelle cyperus ammericanus , dans le p.du Ter- tre, radix fanttæ Helene, galange fpectes ,J. B. [cirpus americanus, caule geniculato, cavo, I. R. H, cette ef: pece pañle pour avoir Les mêmes vertus que les précé- dentes. Diofcoride & Pline ont parlé du foucher, fans en diftinguer les efpeces. Leurs racines font propres à divifer les humeurs, à exciter les regles , & à forti- fier l’eftomac affoibli par le relâchement des fibres. Hippocrate en prefcrivoit l’ufage dans les ulceres de la matrice. Les racines font moins odorantes frai- ches que féches ; mais elles font auff moins atives , étant chargées d’une plus grande quantité de phlegmes inutiles. Falloppe prétend que la graine de fouches Long enivre comme l’yeble , lorfqu’on en mangeavec le riz , avec lequel elle fe trouve fouvent mêlée dans les rivieres d'Italie. Je ne fai fi cette remarque eft certaine, mais elle eft aflez vraiflemblable;car les par fumeurs macerent les racines de /oucher dans le vinai- gre, les féchent enfuite , &c les pulvérifent pour en faire des parfums. ( D. J.) Soucuer des Indes, ( Botan.) Voyez SAFRAN des Indes. (D. 7.) SOUCHET-SULTAN , ( Botan. ) efpece de foucher, nommé par Tournefort, cyperus rotundus efeulemtus , auguftifolius I. R. H. I poufle des feuilles arundina- cées,, longues , étroites , femblables à celles des au- tres fouchers;fes tiges font hautes d’environdeuxpiés, trianoulaires , portant en leurs fommets des fleurs à plufieurs étamines ramaflées en tête jaunâtre , entre des feuilles à écailles, difpofées en maniere d’étoi- le : quand ces fleurs font paflées , 1l vient fous cha- que feuillet, une graine triangulaire , ou relevée de trois coins ; fes racines font des fibres menues, aux- quelles font attachés des tubercules charnus, gros comme les plus petites noïfettes , ronds , ornés d’u- ne efpece de petite couronne, comme les nefles , couverts d’une écorce ridée un peu rude, jaunâtre ou roufle, ayant la chair blanche , ferme, d’un goût doux. Cette plante croit aux pays chauds , en Pro- vence, en Italie, en Sicile , &c. où fa racine eft d’u- fage en médecine. (D.J.) SOUCHET, serme de Carriers, ils nomment ainfi une aflez mauvaife pierre, qui fe trouve quel- quefois entre les bancs qui compofent une carriere , articulierement fur le dernier banc ;.le plus fouvent e.fouchet n’eftqu’une efpece de terre & de gravois. { D2.J.) | SOUCHETAGE, £.m. (Eaux & forérs, ) defcente que font Les officiers des eaux &c forêts, après la cou- pe des bois, pour vifiter & compter le nombre ëc la qualité des fouches , ou arbres abbatus, Il fe dit auf du compte &c de la marque des bois de futaie, au’o8 a permiflion d’abattre dans une vente : cette derniez re vifite {e faitavant l’exploitation des bois. Tracé des eaux & forêts. (D. J.) | SOUCHETEUR , {. m, ( Gram.) expert que cha= cun nomme de fon côté, pour aflifter au {ouchetagé & à la vifite des fouches. SOUCHEVER. , v.n. terne de Carrier, c’eft pro- prement coupér le fouchet, c’eft-à-dire, la pierre ou moilon qui fe trouve dans les carrieres, au-def ous du dernier banc de pierre. Il fe dit néanmoins plus communément de tout l'ouvrage que les gar- çons carriers font dans le fond de la carriere, fous chaque banc ou lit de pierre, pour les féparer les uns des autres : c’eft l'ouvrage le plus difficile & le plus pénilleux de tous, qui ne fe fait que fous-œuvre, dans une pofture très-contrainte, le carrier étant or- dinairement couché de fon long fur de la paille, pour pouvoir détacher & couper la pierre avec le marteau : en croiflant , qu’en terme du métier on appelle une effe. (D.J.) | SOUCHEVEUR , f. m. rerme de Carrier, ouvrier qui travaille dans les carrieres à ôter le fouchet, (D.J.) | SOUCI, CALTHA , { m. ( if, nat. Bot.) genre de plante à fleur radiée , dont le difque eft compofé de plufieurs fleurons , & la couronne de demi-fleu- rons ; ces fleurons, & ces demi fleurons , font por- tés fur des embryons , & foutenus par un calice. Les embryons deviennent dans la fuite des capfules, le plus fouvent courbes & bordées, qui renferment chacuneune femence ordinairement oblongue. Tour- nefort zaf?, rei herb. Voyez PLANTE. Souct, ( Mat, méd, ) fouci des jardins, &c fouci de vigne, ou /ouct fauvage. On donne les mêmes vertus aux deux efpeces de fous ; quelques-uns préférent le fauvage comme étant plus fort ; ils font apéritifs & réfolutifs , 1ls levent les obftruétions du foie, dela rate, &c de la matrice; ils guériffent la jaunifle , ex citent les regles, & facilitent accouchement : on prefcrit le fuc de toute la plante, depuis une once jufqu’à quatre; Pinfufion des fleurs & des feuilles pi- lées dans le vin blanc, depuis trois onces jufqu’à fix ; l'extrait, depuis un gros jufqu’à deux ; la conferve des fleurs, depuis deux gros jufqu’à une once; on recommande les fleurs &c les feuilles mangées cui- tes ou crues, & leur décoétion en boïflon ordinai- re, pour guérirles écrouelles ; la décoétiondes fleurs de, fouci dans du lait & de la biere , eft très-en ufage en Angleterre, dans la petite vérole, felon J. Raï. On fe préferve de la pefte , au rapport du même auteur, en mangeant des fleurs de fouci avec l'huile & le vi- naigre , &enferinfant la bouche le matinà jeunavec le vinaigre de Jouci , & en avalant enfuite une ou deux cuillerées. Extrait de La mat. med, de Geoffroi. Souct de marais, ( Botan. ) nom vulgaire du gen- re de plante que Tournefort appelle popu/ago. Voyez PopuLAGo. (D. J.) Souci ou SoOUCIE, Voyez ROITELET HUPÉ, Souci D'EAU, populago ; genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufeurs pétales difpofés en rond ; le pifül fort du milieu de cette fleur, & de- vient dans la fuite un fruit membraneux, dans lequel font réunies, en maniere de tête, plufeurs gaines qui font ordinairement recourbées en en-bas , &c qui contiennent des femences le plus fouvent oblongues. Toutnefort, 22ff. rei herb, Voyez PLANTE. Souct, f.m. ( Morale.) facheufe follicitude & in- quiétude d’efprit ; cure , difent les Latins. L'idée des foucis qui voltigent dans les appartes mens des grands , curæ laqueata circäm teéla volantes , pour parler avec Horace; cette idée, dis-je, eft très-ingénieufe , & ne fe trouve quetrop vraie. Tan- dis qu'un particulie qui fait reprimer le fouleve- ment de es pafhons, coule doucement fes jours dans une honnête médiocrité, un feigneur riche & puif- fant a d'ordinaire le cœur flétri par les Joucis les plus amers. Lucrèce dit: Mets curæque fegtaces Nec metuunt jonitus armorum féraque tela, & Les Joucis & les craintes ne refpe@tent ni le bruit » des armes, ni la fureur des traits ». Il s’en faut de beaucoup , c’eft-là que les foscis fe plaifent ; ils sé tabliffent fur-tout dans le cœur des puifiances & des têtes couronnées, malgré l'éclat de l'or & de la pour= pre quiles environne. (D. J.) SOUCI DE HANNETON, en ferme de Boutonnier, c’eft une efpece de meche en foie plate, & non torfe, devidée fur une bobine ; on la noue à une certaine diflance, de deux nœuds près un de l’autre , Puis de deux autres à la même diftance, ainf toutle long , Jufqu’à ce qu’en en ait affez ; enfuite on coupe la foie au milieu de la diffance des nœuds; cette diftance partagée forme de petits bouquets brillans, à pro- portion de la beauté de la foie; le Jouci entre dans es graines d’épinars , & autres ajuftemens d’hom- mes & de femmes. SOUCIE , f. m. ( Orrithol, ) en latin trochilus, efpece de moineau ou pañereau ; on le nomme Joncte | à caufe que fes fourcils font compofés de plumes noires , élevées fur chaque côté des temples au-deflus des yeux, au-milieu deiquels il a une efpece de crète de plufieurs plumes jaunes, fur le fommet de la tête. Cet oïfeau fréquente les haies & les jar- dins, où il fe met volontiers fur les choux pour y attraper des infe&tes; il a lebecun peu crochu quand il eff jeune ; le deffus de fa gorge, de Peomac, & du ventre, font jaunâtres; {a queue &c fes aîles font cendrées , mais le deffus de fon dos tire fur Le brun. Quand il eft vieux, il a le bec rond, longuet, pointu, ét très-noir; fes jambes {ont d’un brun qui tire fur Le noir, lesplumes du dos font de couleur d’ocre; le deflus du ventre & de la gorge font blancs, fes yeux font noirs & ombrés de plumes cendrées ; ileft fau- vage, & ne vit pas en cage, (D. J.) SOUCIS , ox SOUTIS , f. m. pl. (foirie des Indes ) ce font des mouffelines de foie rayées, de diverfes couleurs , qui viennent des Indes, On les appelle mouffelines | quoiqu'il n’y entre aucun coton dans leur fabrique ; ce qui leur a fait donner ce nom , c’eft une efpece de bourre légere qui paroît fur la fuperf- cie de la toile, comme fur les mouflelines ; mais ce font de vraies toiles de foie. Il n'y a que les Indiens qu aient la maniere de travailler ainf ces fortes d’é- toffes. Dit, de comm. Cp) SOUCIER , v. a@. & n. il ne fe dit guere qu'avec le pronom perfonnel : c’eft prendre du fouci, Voyez SOUCI. De quoi vous fouciez-vous dans ce monde à Je méprife à préfent tout ce qui me plut autrefois, je ne me foucie plus de cet amas de raretés que j’avois “achetées à grand prix. SOUCIEUX , adj. qui prend aïfément du fouci. Ï a toujours un air foucieux qi aflige. SOUDAIN , adj. ( Grammaire.) terme relatif à la _ promptitude de lation; rien de plus foudain que le mouvement de la lumiere : on dit auf, une irrup- tion foudaine , une mort foudaine, une maladie Jou- daine, une révolte foudaine, Gc. SOUCOUPE, f. f. rerme d'Orfèvre & de Fayencier , ouvrage d’orfèvre, de fayencier, ou de potier d’é- fain, qui forme la figure d’un vafe, compofé d’un Pié, & d’un deflus, qui eft une forte d’affiette large, avec de petits rebords , fervant à pofer un verre ou ine tafle. ( D. J. SOUDAN , f. m. ( Hifl. mod.) où comme on le trouve dans nos vieux auteurs Joldan, & en latin Joldarus ; étoit le nom qu’on donnoit autrefois aux Tome XF, lieutenans généraux des califes dans leurs provinces ë dans leurs armées ; mais la puiffance des califes étant déchue peu-à-peu par diverfes révolutions ) SE |. fur-tout par la trop grande étendue de pays foumis à leur domination; ces lieutenans générauxs’érigerent enfouverains. Saladin, général des troupes de No- radin roi de Damas, prit ce titre, & fut le premier Joudan d'Egypte. Les empereurs turcs détruifirent toutes les petites dinafties que les foudans avoient fondées dans PAfe mineure, comme celles de Cogni, de Caramanie, &c. & foumirent auff celle d'Egypte en 1516. Pour Pétymologie du mot foudan > VOYe$ SULTAN. SOUDAN, o4 SOLDAN , f. m. ( Æif. mod. ) eft le nom d’un officier de la cour de Rome, qu’on appelle autrement /zge de la tour de nove , ou maréchal de Ro: me à la cour de favelles ; c’eft une efpece de prevôt qui a la garde des prifons , & qui Connoït de plu fieuts affaires criminelles , fur-tout de celles où les courtifanes font impliquées. Pendant la vacance du fiege, on ni confie quelquefois la garde du conclave avec des foldats fous fes ordres. Ducange , gloffar, latente. SOUDE, où SEL DE SOUDE , ( Chimie & Médec. } on appelle /oude le {el lxiviel, ou les cendres de plu- fieurs plantes qui contiennent du {el marin , & qui croïflent pour la püpart fur les côtes maritimes des pays chauds , quoique on en trouve quelques-unes au milieu des-terres, comme le kali geniculatum que Henkel a cueilli en Saxe. Les botaniftes n’ont éclairé Jufqu'à préfent aw’imparfaitement cette partie, & nous trouvons fi peu d'ordre & de clarté dans les noms & les defcriptions qu’ils donnent des plantes dont on a coutume de tirer la fonde > que nous mo- {ons en préfenter un tableau complet ; on lesa pre que toutes confondues fous le nom de Kai, tandis que plufieurs {ont de différens genres, M. de Juffieu : mémoires de l'académie 1717, nomme kali d'Efpagne annuel couché fur terre, à feuilles courtes , &defe- dum , celui dont on retire principalemenr à Alicant la foude dite de barille. On prépare la Jotde dans plu- fleurs autres contrées. Les marchands difinguent ces différentes foudes par le nom que la plante dont on les tire a dans chaqueendroit. Ainf ils appellent la {ou de préparée à Cherbourg , foude de varech; ainf ils divifent celle d’Alicant en foude de barille & Joude de bourdine. C’eft du ka geniculatum de Catpard Baulun , du kaZ majus cochleato femine , & du faljolæ Jativa du même auteur, qu’on retire les Joudes com- munes. Pour y parvenir, voici la méthode qu'on fuit dans tous les pays où le travail s'exécute en grand , en Egypte, près d'Alexandrie, À Carthage- ne, à Alicant , à Cherbourg, & en d’autres endroits. On cueille cette plante qui a erû fans art , ou qu’= on a femée pour la multiplier ; on la coupe lorfqu’elle eft dans fa plus grande force , on la fait fécher au fo- leil comme le foin; on la met en gerbes, après en avoir ramafñlé le fruit, fi on fouhaite ; on la brûle en- fuite fur des grils de fer , d’où les cendres tombent dans une fofle, ou par un procédé plus fuivi, dans un grand creux ; on jette d’abord une botte de kali {échée & enflammée , qui réduit fucceflivement en cendres toutes celles dont on la couvre peu-à-peu. Le feu éteint naturellement, on tire du creux les cendres qui contiennent une très-grande quantité de {el alkali fixe marin ( voyez SEL) , auquel on a don- né les noms de foude , foude en pierre , Jalicore , fali cote, la marie, alun catin , dont Pline dit que que la découverte eft dûe À des marchands qui jetiés par la tempête à l'embouchure du fleuve Bélus en Syrie , firent cuire leurs alimens avec le kali , dont la sen- dre umie au fable {ur lequel elle tomboit , forma du verre par la fufon de l’un & de l'autre. On préférera la foude des pays Fo à celle des cci 283. S OU pays froïds ; la Joude de barille eft la plus eflimée de toutes. On la choïira feche, fonnante, d'un gris bleua- ‘ tre, garme de petits trous , n'ayant aucune odeur de marécage ; on rejettera celle qui a une croûte verda- tre, qui eft noirâtre, puante, où Qui contient des pierres. Pour être sûr de fon choix dans lPachat de la Joude , il faut la difloudre dans l'eau, la filtrer, com- parer le poids que l’eau a acquis avec celui de la /ox- de, ou-bien faire évaporer jufqu’à ficcité ; elle fera d'autant meilleure, qu'ellecontiendraune plus sfan- de quantité de fel alkali auquel elle doit toute fa vertu. Le fel de la /oude eft un vrai fel lixiviel alkalin marin, c’eft lui qui fert de bafe au felcommun ; mais cet alkali eft mêlé defel de Glauber, de tartre vitrio- lé , & d’une aflez grande quantité de fel marin que le feu n’a pu décompofer. Ce fel marin conftitue le fel effentiel du kali de la plüpart des plantes mariti- mes , & de toutes celles qui fourniflent la Joude ; ce qu'ikeft aifé de démontrer par la décoétion , l’expref- fion , la filtration & l’évaporation du fuc de ces plan- tes. Woyez le' fupplèment au Æora faturnifans de Henkel, voyez SEL ESSENTIEL. Ce fel neutre eft dé- truit par l’incinération , le feu dégage Pacide marin de fa bafe alkäline ; cet acide fe difipe, & l’'alkahi refte mêléaveclaterre , & une portion des fels qui n’ont pu être décompofés, voyez SEL LIXIVIEL. La putréfaéion eft un autre moyende décompofer lefel marin, le kali donne en fe pourriflant une odeur ex- trèmement fétide , femblable à celle des excrèmens humains , ou des parties animales putréfiées : elle eft dûe à un alkali volatil qu’on peut ramafñler fous forme concrete par la diftillation. Voyez Henkelà Pendroit cité. C’eft ici évidemment une tranfmutation de Pal- kali fixe en volatil. | M. Henkel ayant verfé les différens acides miné- raux fur un fel sroffier qui s’étoit précipité de la lef- five 8c fur la fonde, trouva après une forte effervet- cence, &c après avoir laifiérepofer la diffolution , une poudre femblable au bleu de Prufle , en très-petite quantité, voyez le fupplément au Fora Jarurmifans déja cité. M. Geoffroy répéta les expériences de M. Henkel, obtint à peu-près les mêmes produits , & obferva que la fécule bleue qui varioitbeaucoup, dé- pendoit principalement de la quantité de charbon contenu dans la Joude. Voyez fon mémoire parmi ceux de l'académie, 1725. attribua cette couleur bleue à la portion ferrugineufe du charbon, développée par le favon tartareux formé de foufre ,oudelhuile con- centrée du même charbon unie avec le fel alkali qui efticiabondant. La foude eft d’un très-grand ufage pour blanchir le linge dans les pays où on ne brüle que du boisflotté, comme à Paris, dont les cendres ne contiennent point d’alkali fixe ; les blanchifleufes ne pouvant faire ufage de ces cendres pour leurs leflives , emploient la foude à leur place ; elle fert auffi à dégraifler Les étoffes:ma sfa plus grande confommation eft dans les fabriques de favon noir , gris ou blanc , & dans les verreries. Voyez SAVON, VERRE, EMAIL 6 FRITTE. Pour ces derniers ufäges on ne devroiït employer _ que lorfqw’elle eft purifiée par la leffive de fa partie terreufe {urabondante. Le fel marin qu’elle contient lui eft néceflaire pour que le favon prenne de la con- fiftence. | Nous ne trouvons pas qu’on fe foit fervi de la /ou- de pure ou leffive dans la Médecine , mais les vertus apéritives & fondantes des favons communs de Mar- feille , d’Alicant, de Venife , font connues de tout le monde ; ils les doivent prefque toutesaufel alkali de la foude : nous pouvons donc les attribuer à ce der- nier. On pourroit en faire des pierres à cauteres , moins actives que celles qu’on prépare communé- ment avec les cendres clavelées. | ; S OU | SOUDE BLANCHE , ( Minéralogie & Chimie, ÿ Les mery donne ce nom au zatr4m des anciens. Voyef NATRUM. | SOUDE , kali,1. f. (IE. nas. Bor.) genre de plante à fleur en rofe compolée de plufeurs pétales difpo= fés en rond. Le piftil fort du milieu de cette fleur, & devient dans la fuite un fruit prefque rond & mem- braneux , qui renferme un fruit d’une forme fingu- liere ; car 11 eft contourné comme un limacon , & le plus fouvent enveloppé par les pétales de la fleur. Toutnefort., J2ff. rei herb. Voyez PLANTE. SOUDE DE BARILLE, ( Commerce. ) foude d'Al: cant, ainfi nommée de l'herbe de Burille qui fe feme, fe cultive , fe recueille & fe brûle aux environs de cette ville d'Efbaghe. On la tire rarement toute pure d’Efpagne, les Efpagnols ia mêlant fouvent avec la Joude de bourdine, qui eft une autre herbe qui ref femble à la Parille. C’eft la véritable Joue d? barille qu'il faut employer pour la fabrication des glaces à miroirs, la bourdine n’y étant pas propre; elle s’en- voie en mafle dans de grands cabats de jonc. (2. J.} SOUDEÉE , ou SOULDEE, 1. £ ( Jurifprud.) ter- meufité anciennement pour dire /a valiur d'urfou , comme on peut voir dans les ftatuts donnés par S. Louis aux Boulangers, dans lefquels font détaillés Les jours de fêtes auxquels il ne leur eft pas permis de cuire du pain; la contravention à ce réglement étoit punie par une amende de fix deniers, & la confifca- tion de deux foudées de pain pour chaque fournée, c’eft-à-dire autant de pain qu'il s’en donnoît alors pour la valeur de deux fous. Voyez Le traité de la Poli= ce , tome I, liy, EL, ur, 8. ch. v. (4 SOUTSER , v. a&@. (Gramm.) c’eft joindre enfem- ble deux morcceux de métal féparés, par le moyen d’une compoftion d’une fufñbilité moyenne entre l’un | _& l’autre, quelquefois par le feul moyen du feu, 6 Voyez les arnicles furvans. ” SOUDER , terme d’Arquebufier, les Arquebuñers Joudent les tenons fous les canons de fufil en les y af- fujettiffant avec du fil de fer , 8 en faifant fondre du cuivre avec du borax en poudre, de [a même façon ue les Serruriers, Les Arquebufers /oudertaufhavec de l’argent &c du cuivre mêlés enfemble, Ils ont auf plufieurs autres pieces dans leurs ouvrages qu'ils font obligés de /onder | comme les gwidons, &c. Souper, v. at. Soupure,f.f. (Hydr.) eft la manie- re de joindre enfemble deux pieces de plomb , par le moyen d’un mélange chaud de plomb &c d’étan, ap- pellé Joudure , en forte que ces deux pieces ne faflent qu'un corps. On Joude deux tables de plomb avec de la foudure faite de deux tiers de plomb êc d’un tiers d’étain. Le cuivre fe foude avec de l’étain & du cuivre, & quelquefois de l'argent. L'argent fe foude avec le cuivre mêlé avec de Par gent, cette/oudure s'appelle huit. (K) SOUDER , en terme de Bijoutier , eft l’aétion de réu- nir différentes patties défunies pour n’en faire qu'un. tout par le moyen de la foudure. Voyez SOUDURE. Pour fouder, on arrête enfemble les pieces que l’on veut joindre , foit avec du fil de fer, foit avec des crampons ; on met des paillons de foudure le long des aflemblages ; on humeëte Le tout, & on garnit de bo rax tous les endroits où 1l y a des paillons de foudure; il eft même prudent, lorfqu’une piece a déja éprou- vé quelques foudures , de garnir légerement de bo- rax les endroits précédemment foudés ; cela empêche la foudure ancienne de fe brüler au feu. Lorfque la piece eff ainfi difpofée , on l’expofe à un feu léger pourfairefécherle borax; on veille pendant cetems- là à ce que les paillons de foudure ne s’écartent pas des places où on les a pofés, ce qui arrive quelque- fois par le bouillonnement qu’excite humidité mê- lée au borax. Si la piece eft petite, on la porte tout- de-fnte au feu de la larpe ; Où d’un cop de farime dirigé par le chaluineau de cuivie, on échauffe la to: talité de là piece ; & on la fonde du même coup. Loffque {a piece eft groffe, après lavoir fait {fé cher, on l’environné & on la couvre de charbon al: lumé ; on Péchauffe alors en foufflant À l'entour avec un foufflet à main ; lorfque la piece eft d'un rougé fufifant, on découvre les endroits qui doivent être Joudés en Gtantles charbons de deffus ces placés ; on porte le tout au feu de lalampe , où d’abord on ache- ve de l’échautfer tout-à-fait en l’enveloppant detoute fa flamme du chalumeau ; & lorfqu’on apperçoit que lafoudure eft prête à fe fondre, on retrécitfa flamme, & on la porte plus direétement für les parties à réu- sir : lorfque l’on a vu couler toutesles foudures , alors : on dégarnit la pièce promptement de toutle feu dé charbon qui l’environne ; on la laïfe refroidir , on la défie , & on la met dérocher dans l’eau feconde ; v0ÿet EAU SECONDE & DÉROCHER. Il y à une ob: {ervation à faire, c'eft qu’il arrive quelquefois que les crampons ou fils de fer {e foudent avec l'or par la Violence du feu, & qu'il eff aifé d'éviter cetinconve- ment en mêlant tant foit peu de fel de verre avec le borax. | SOUDER , erme de Chafnerier, les Chaïnetiers Jou- dent plufeurs de leurs ouvrages avec de la foudure dont les deux tiers font d'argent & l’autre tiers de cuivre; quelquefois la foudure eft moitié l’ün > MOI- té l’autre , felon les ouvrages. À SOUDER ,, frs &, dont fe fervent les Frdenrs d’or: gues pour fouder toutes les pieces de plomb où d’é2 tain dont les tuyaux font compoés, font des fers ABC, (fig. 28. PL. orgue. ) dont la partie BA a là forme d’un coin ; dont le tranchant et arrondi, La partie BC, qui eft la queue ou le manche , fert À les pouvoir tenir , au moyen des poignées DE qui font de bois, & font chacune une moitié de cylindte convexo-concave ; c’eit-à-dire, creufe par dedans pour recevoir le manche de fer, & convexe Dar de- hors pour s’ajufter dans la main, Voyez PoiGNE£ESs, Lorfque les fers font neufs , on les lime avec une lime douce , & on les frotte ayec du fel aminoriac, te qu on appelle les éamer , païce que fans cette pré- paration ls ne prendroient pas la foudure qui eft fur la tuile, NS : “. Pour fe fervir de ces férs, aprés les avoir fait chauffer non jufaw’à ce qu'ils foient rouges, on les fotte fur la tuile où il y a de la foudure , quie lacha leur du fer fait fondre | & qui s'attache au er lorf- qu'elle eft fort dure, comme l’encre 4 écrire dans une plume. On la porte en cet érat fut la partié que Von veut fouder, où on l’applique en pañflant & re- pañlant le fer chaud autant de fois qu'il en efthefoin pour la faire prendre. Vôyez l’article Soupure. SOUDER , fers à, eft un inftrument dont les P/om- biers fe fervent pour fonder les ouvrages de leur mé- tier, C’eft un fer de forme cylindrique, dont la queue atifhi de fer, fort du mileu de la bafe du cylindre, eft emboîtée dans deux morceaux de bois appellés mou- Jletres ; quil fervent de manche, & par le moyen defquelles l’ouvrier retire le fer du feu, & s’en fert fans être incommodé de la chaleur. Il ÿ a encore des fers a fouder qui font d’une forme tr'angulaire & plus petits : ceux-là ne font propres qu'aux feuls Plom- biers. Voyez les PL. € fig. du Plombier. SOUPER /es pors d’érain, c’eft unir, par le moyen d’un fer à Jouder ,le haut & le bas d’un pot pour en former un feul corps. Pour cela, on prend uhe bande de feutre de chapeau , qui forme la circonférerice du pot en dedans ; cette bande eft plus, ou moins lar: ge & longue , fuivant la grandeur & la oroffeur des pieces. On joint les deux pieces l’une fur l'autre ; On les atta che par deux gouttes avec le fer chaud : puis on co nduit ce fer fur ce qu’on appelle Ja fozduré 3 $ O Ü 359 ui eft un cordon qui vient en moulé à une piece ; foit du haut êc du bas, & dans lequel il y a un degré pour introduire juftement l’autre piece , & qui four: hit en même tems la matiere fufifante pour fre la foudure ; on fait marcher le fer en tournant la piecé fur fes genoux ; on appuie le fer-aflez fort, afin qu'elle {oit bien tréfondue ; enfuite on retire {on feutre avec un petit crochet. " Il faut avoir foin de pañler légerement du fuifau: . tour de la foudure avant de fouder. L SOUDER 4 la Joudure légere en étain , c'eft fairé tenir une anfe , ou charnieré, ou autre morceau à une piece d’étan, foit de poterie ou menuiferie, fans la jetter fur la piece. Voyez JETTER SUR LA PE CE. . Pour cela on attache, avec une goutte d’étain ; l’anfe où autre morceau qu'on a jetté à part fur la piece où on le veut unir, puis on met du charbon allumé fur une plaque de fer échancrée, qui échauf- fant l’anfe & la piece où elle eft pote, fait fondre la foudure légere qu’on y met adroitement , &foude la piece proprement : après-quoi on retire le feu. La foudure légere eft compofée de trois parties , une d'étain fin , une d’étain de glace & uné de plomb Cette foudure fe coule par petites branches fur unè rape à étain ; elle eft fort tendre À fondre » Ceft qui fait qu’elle foñd fur üne piece chaudé, fans que la piece fonde, | On Joude auf, 4 la foudure légère, des pieces for: tant du moule, encore aflez chaudes pour fondre là foudure , principalement des chandeliers d’étain , pour éviter de les Jouder àu fer: é’eft une diligence; foyez SOUDER. : SOUDER , en terme de Potier, c’eft l’aêion d’ap: pliquer une partie au corps d’une piece ; commé corne ; pié, manche , &c. Voyez ces mors. SOUDER , ( Rabanier. ) maniere de joindre uné nouvelle piece au bout d’une autre qui finit ; cetté maniere eft uniquement afedée au galon, & voict ce que l’on entend par-là ; lorfqu’on eft bérné à faire un aulnagejufte, comme fuppolé de 29 ou 30aulnes, & qu'une des pieces de chaîne vient à finir avant ce complément,il faut donc en fubftituer une autre à fa place , ce qui fe fait ainfi ; la piece qui finit 67 au bout de laquelle on a ajouté la corde À encorder pour l’alonger étant parvenue auprès des liflettes , uné autre de même contenance eff placée fur les potens eaux; & au moyen de l’encroix, chaque briri de cètte piece nouvelle eft paffé à la place de celui auquel il doit fuccéder dans les mêmes mailles des |. liffes où paffoient ceux qui finiffent, ce brin À pañler prend celui qu'il va remplacer par un demu-tour qu'on lui fait faire , & pañle ainf dans la life , de même tous les autres , ce qui après eft paflé de même dans le peigne , devant lequel le tout étant » Cft ar2 rèté fur l’enfouple de devant par une autre corde à encorder ; on travaille ainfi avec cette double chaî- ne, la longueur de quatre doigts, jufqu’à ce que l’on Juge que la nouvelle piece ne ptufle s'échapper par derriere ; ce qui étant fait, le bout de la piece finie ; détaché de la corde à encorder qui le tenoit tendu. derriere les lifles , eff dépaflé en le tirant pardevant le peigne , & pour lors la nouvelle chaîne {e trouve feule en état d'aller. Il faut Obferver que pendant ce travail dé quatre doiots , que Pouvrage doit être ex: traordinairèment frappé par le battant À coups re= doublés, pour empêcher, autant qu’il eft poffible ; l’extrèmé épaifleur qu’auroit cet endroit fait ainft avec deux chaînes ; il s’agit à-préfent de couper ces portions de chaînes inutiles, ce qui fe fair en les coupañt avec des cifeaux le plus près que l’on peut ; les tirant même de l’ouvrageayec force pour les faire fortir davantage ; cela achevé en travaillant le galon ; ces bouts vont fe loger dans le corps de ouvrage & ne parOïfent plus : cef endroit n’a d'autre diformuté 390 SOU. que d’être un peu plus épais que le refte. SouveR , en terme de Rafineur , s'entend de Pac- tion d'éprouver f les formes font caffées ou non en les frappant plufieurs fois ayec le manche du cacheur. Voyez; CACHEUR. SOUDER UN COMPTE, ( Commerce. } c’eft la mème chofe que folder uncompte. 7. COMPTE 6 SOLDER. SOUDOIR, 1. m.( Cirerie. ) forte d'outil ou d’inf- trument de fer , dont les Ciriers fe fervent pour fou- der enfemble les bras des flambeaux de poing. Il eft long d'environ deux piés, fait en ter de pique un peu arrondie ;. il a un manche de bois pour le tenir. (2. J. COUDRAS , L. m.( AA. mod.) c’eft le nom fous lequel on défigne dans les Indes orientales une tribu d’Indiens idolâtres , parmi laquelle font tous les ou- vriers, les laboureurs & les artifans. Dans quelques endroits on les nomme Fevs. Cette tribu fe foudivife en plufieurs ordres ou caftes, qui fe méprifent les unes les autres, fuivant Îles fonétions auxquelles elles fe livrent.Chaque cafte a fes ufages particuliers; il y en a qui fe permettent de manger les animaux; &7 d’autres, de même que ceux des tribus plus dif- tinguées, ne mangent rien de ce qui aeu vie. SOUDURE oz SOUDER , ( Chimie, Métallurgie, Orfévrerie, arts méchaniques , &cc.) c’eft une opération, par laquelle on joint enfemble deux ou plufieurs me- taux, à l’aide d’un fondant métallique, que le feu puifle faire entrer en fufion plus facilement que les métaux que lon veut joindre ou coller les uns aux autres. Le fondant dont on fe fert pour cette opéra- tion, fe nomme foudure ; elle varie. 1°. en raifon des métaux que l’on veut Jozder, 2°. pat la maniere dont il faut l’appliquer. En effet, les métaux ont des propriétés particu- lieres, & ils exigent pour {e mettre en fufion des de- grés de feu différens. Or lorfqw’on veut /ouder deux morceaux d’un même métal ou de métaux différens, il faut que chacun de ces morceaux aient un com- méncement defufon par lesbords, c’eft-à-dire, dans l'endroit par où l’on veut les faire tenir enfemble, fans que le refte des morceaux entre en fufon ; pour produire cet effet, on fait une compoñtion , dans laquelle on fait ordinairement entrer une por- tion du métal que l’on veut fouder, auquel on joint une quantité plus ou moins grande de quelqu’autre fubftance métallique qui en facilite la fufion. En gé- néral on peut réduire l’art de fouder aux principes fuivans. 1°. Ilfaut que la foudure entre plus aifément en fufion, que le métal ou que les métaux qu'on veut fouder. 2°. {] faut que la foudure aït, autant que faire fe peut , la même couleur que le métal à /ou- der. 3°. Il faut que la foudure ait La même dutilité 8c la même folidité que le métal qu’on veut fouder , fans quoi la foudure ne feroit point de durée , & ne pourroit être polie, travaillée & cizelée, 4°, Lesmé- taux alliés, entrent plus aifément en fufion que les métaux purs. Îl faut encore obferver que les métaux étant différemment alliés , exigent des /oudures diffé- rentes. On va indiquer dans cet article , celles qui conviennent à chaque métal , &c à leurs différens al- Hiages ; nous allons commencer par l'or. Si l'or que l’on voudra fouderefttrès-pur, on n'aura ‘awà prendre une partie d’or pur, par exemple, 16 grains, on y joindra ÿ d'argent pur , par exemple, 2 grains ; on mettra le tout dans un creufet bien net, où lon fera fondre le mélange , en obfervant de le remuer ; on y ajoutera du borax de la grofleur de deux pois; lorfque tout fera parfaitement fondu, on le vuidera dans une lingotiere, on battra cetalliage pour le réduire en une lame très-mince, on le fera de dans de l’eau, dans laquelle on aura fait difloudre de l’alun; après quoi, cet alliage fera propre à fonder des morceaux d’or fin, S OU 51 les morceaux d’or fin que l’on veut Jovéer étoient très-délicats , on pourroit faire entrer dans la Joudure ;un peu plus d'argent, 6 en mettre le quart, ou même la moitié de la quantité d’or qu’on y em- ploie. Lorfque les morceaux à fouder font fort pe- tits, on n'aura pas befoin de creufet pour fondre la Joudure, on n'aura qu’à former un creux dans un charbon , & l’on y fera fondre la Joudure ou le mé- lange , avec un chalumeau, la flamme d’une lampe ou d’une bougie. C’eft la méthode des metteurs en œuvre. | Lorfque les pieces que l’on veut fouder font d’un ot déja allié, voici la compoñftion que les Orfevres emploient pour la foudure, On prend deux parties d'or fin, par éxemple, deux gros ; on ÿ joint une partie où un gros d'argent fin, & autant de cuivre, c’eftà-dire, un gros; on fait fondre le tout de lama- niere fufdite , & l’on obtient une compoñition pro- pre à Jouder l'or allié, foit avec de l’argent, foit avec : du cuivre, foit avec l’un & lautre de ces métaux ; on obfervera feulement de faire enforte que la com- poñtion de la foudure aït une couleur conforme aux pieces que l’on veut fouder. Ce qui fe fera en met- tant dans la foudure de largent ou du cuivre, propor- tionnellement à l’alliage de l'or à fouder. Aïnfi c’eft fur la nature de lalliage qu'il faut fe régler , & pour la quantité d’or, & pour celle des deux autres mé- taux que l’on fera entrer dans la foudure, c’eft-à-dire, on prendra plus d’or, fi l'or à fouder eft pur ; & lon prendra plus d'argent & de cuivre, fi l’or à fouder eft plus alléavec l’un ou lPautre de ces métaux, ou avec tout les deux à la fois. Ainfi, fi Por étoit d’un très- bas alloi, on pourroit faire la foudure , en prenant 10 grains d’or fin, & 20 grains d'argent ou de cuivre, que l’on fera fondre , que l’on réduira en lames, & que l’on fera bouillir. C'eft à chaque ouvrier à con- fuiter la nature de Por qu'il doit fouder, & à faire fa Joudure en conféquence. Cela pofé, tous les métaux, à Pexception du fer , entrent plus aifément en fufon que l'or, maison ne peut point s’en fervir pour cela, parce que les oudu- res n’auroient ni la couleur ni la duétilité de l'or. En fe fervant de l’argent , de Pétain & du plomb , on auroit une /oudure blanche; en fe fervant du cuivre, on auroit une /oudure rouge. D'ailleurs Pétain rend Por Caflant , & la foudure ne tiendroit point , incon- vénient qu’auroit pareillement le plomb. Lelaiton ou cuivre jaune approcheroit aflez de la couleur de l'or, &c il fe fondroit plus promptement que lui; mais comme le laiton contient du zinc, il eft plus aigre que lor, & il lui communiqueroit même cette mauvaife qualité. Ainfi le partile plus für, eft de prendrepour la foudure , une portion d’un or qui foit du même aloi que celui qu'on veut fouder , &c d'y joindré pour la fuñibilité +, ou tout au plus + d'argent ou de cui- vre, ou de tous deux à la fois. Quaud la foudure pour l'or aura été ainfi préparées voici les précautions qu’il faudra prendre pour fou der. On commencera par donner quelques coups de lime ou l’on pañlera le grattoir fur les endroits par où l’on voudra fouder les pieces, ce qui s'appelle aviver, ce qui fe fait pour enlever de deflus l’or les faletés & l’efpece de rouille fuperficielle qui s’y for- me à caufe du cuivre avec lequel il eff allié ; on les joindra fortement les unes aux autres en les liant avec un fil-de-fer ; on humeétera les endroits que Von veut Jouder , avec de l’eau que l’on y appliquera avec un pinceau; on mettra par - deflus la /oudure que lon aura réduite en lame mince , & coupée en très-petits morceaux; on les faupoudrera avec du borax tout calciné , réduit en poudre & mêlé avec du fiel de verre, bien pur & bien pulvérifé , de ma- ‘niere que la Joudure & les endroits que lon veut faire prendre en foient parfaitement couverts. Lorfe S O U 4 _füe le tout aura été ainfi préparé, ôn mettra les pie: ces dans un feu de charbon bien allumé, de maniere qu'elles en foient entourées; on foufflera légerement avec un foufilet où avec la bouche y Jufqu’à ce qu’on voye que la Jondure foit bien fondue , ce que Jon rez connoïtra lorfqu’elle paroîtra unie & luifante com- me un miroir ; alors on écartera les charbons qui font par-deffus 87 tout-au-tour , après quoi on prend avec des pinces les pieces foudées | & on les jette dans de l’eau pour les refroidir. Ïi faut que le borax que l’on employera dans cette opération ait été calciné , fans cela il arriveroit des inconvémiens , vü que ce fel bouillonne dans le feu, lorfqu'il n’a point été calciné , ce qui pourroit cau- fer du dérangement dans la poñition des lames min- ces ou des petits morceaux de fowdure. Cette calci- nation fe fera dans un creufet que l’on n’emplira de Porax que jufqu'à moitié; lorfqu'il aura fuffifam- ment boullonné, on retirera le creufet que l’on laif- fera refroidir | & le borax fera facile à réduire en une poudre blanche que l’on confervera pour lufa- ge. Si on donnoit un trop grand feu au creufet , le borax fe changeroit en verre, & alors on en perdroit une portion qui refteroit attachée aux patois du creufet. Lorfque les pieces d’or que l’on veut fouder font petites, On ne peut point les mettre dans un feu de. charbon ; alors on fe {ert d’une lampe garnie d’une meche, dont avec un chalumeau on fouflle la flam- me fur les petites pieces que l’on veut joindre en- femble , & que l’on a placées dans un creux prati- qué dans un charbon de bois & propre à recevoir ce qu'on veut /ozder ; lorfqu’on a mis les pieces dans ce creux, on les couvre d’un autre petit charbon, après quoi, avec le chalumeau , on foufle la flamme de la lampe, de maniere qu’elle forme un dard qui aille donner fur les pieces à fouder, & fur-tout {ur l'endroit que lon veut faire prendre; on continue à foufiler jufqu’à ce qu’on voye que la foudure foit;bien fondue , alors on cefle de foufler , & on laifle refroi- dir la piece d’ellemême, ou bien on la jette dans l'eau. M Lorfque des pieces d’or pañfent par le feu, elles perdent leur éclat & leur couleur, fur-tout quand or eft d’un bas titre , alors il faut chercher À leur rendre leur éclat & leur couleur ; pour cet effet on fe fert d’une liqueur qui n’eft autre chofe que de l'eau feconde, ou bien de l'eau fimple , dans laquelle on a fait diffoudre de l’alun à volonté ; on fait rou- gir les pieces d’or qui ont été foudées, & on les éteint dans cette diflolution d’alun , que l’on fait bouillir pendant quelques minutes {ur du feu ; au bout de ce tems on retire les pieces , & on les frotte avec de la pierre-ponce en poudre, après quoi, on les lave de nouveau. re | I! arrive aufli que par la foudure dans laquelle on emploie le borax , for prend une couleur plus pâle ; mais On pourra lui rendre {a couleut naturelle, au moyen de laiqueur naturelle fuivante. On prend parties égales de nitre purifié, d’alun & de {el marin; ‘on mêlera.ces fels, & on les réduira en poudre; on trempera la-piece d’or qui aura été foudée dans de Veau, où dans de la bierre , après. quoi on [a roulera dans le mélange fufdit, afin qu’elle en foit entiere- ment couverte ; alors on la mettra fur des charbons allumés , jufqu’à ce que la poudre environnante com- mence à bouillonner; à ce figne on retirera promp- +ement la piece, &c on la trempera dans de l’eau ou dans de Ja bierre’ on enlevera la poudte qui y fera reftée attachée avec une brofle , ou en la frottant doucement avec un morceau d’étoffe ; & un peu de pierre-ponce , après quoi on pourra lui donner quel: ques coups de brunifloir, Par ce moyenlapiece aura repris la couleur d’or qu’elle doit avoir, Telle eft. la ‘maniere de fouder l'or, SOU 39 _Soudnre de L'argent, Pour fouder de l'argent, Oo obfervera les mêmes regles que nous avons indiquées pour lor; les grands ouvrages pourront pareillement le fouder dans un feu de charbon, & les petits à [a lampe &c à l’aide d’un chalumeau, Quant à la Joudure que lon y emploie , les Orfevres en diftnguent de deux efpeces; l’une s’appélle foudure forte | & law tre foudure tendre. PPT La premiere s’appelle forre, parce qu’elle eft difi- cile à fondre, & qu’elle fouffre le marteau tout com: me les pieces mêmes qui ont été fotdées. L’autre fou dure eft plus aifée à fondre, mais plus caflante. . Quoique largent varie pour lalliage ou pour le titre, ainfi que l'or; quand il s’agit de le fouder , on confulte plutôt la grandeur & lépaifleur des pieces que leur titre ; ainfi lorfaue les pieces font grandes, on emploie la foudure forte, & lorfqu'elles font pe: tites &t minces , on fe fert de la foudure tendre. . La meilleure foudure forte {e fait en mélant par ties égales de laiton ou de cuivre jaune & d'argent : on fait fondre ces deux métaux dans un creufet bien net, © on remue la matiere fondue avec une verge de fer; on y joint pendant la fufion un peu de borax, auquel on ajoute auff quelquefois un peu de fiel de verre. Lorfque le tout eft bien fondu, on vuide le creufet dans une lingotiere où on laiffe la matiere fe refroidir ; après quoi on la réduit en lames très- minces que Pon lave dans la liqueur à blanchir l’'ar- gent, que nous décrirons par la fuite. On coupe les lames en petits morceaux ; mais il faut obferver dé faire rougir ces lames aufeu , lorfqu’on les a durcies endes frappant au marteau, ce que l’on connoît lorf: qu'elles fe gerfent par les bords, ou lorfqu’elles com- mencent à {e fendre. | . Quelques orfévrés donnent la préférence à une Joudure faite avec quatre parties d'argent & trois par- tes de cuivre jaune. Cette foudure eft plus aifée à fondre que la précédente , mais elle ne fouffre point fi bien le marteau. Cependant on peut l’employer avec fuccès dans les ouvrages de moyenne gran- deur. D’autres prennent deux parties d'argent fin & une partie d'oripeau ou de laiton en feuilles minces, que on ne met dans le creufet que lorfque l'argent eftentré en fufon , circonftance qui eft pourtant in- différente. Il faut feulement obferver de ne point laïfler cette foudure trop long-tems en fufion » parcé qu'elle deviendroit aigre & caflante, & trop difficile à fondre. Cette foudure eft encore plus fufble que la précédente, Les livres font remplis de recettes pour faire des Joudures pour largent ; quelques-uns difent qu'il faut y faire entrer de l’arfenie , & même du mercure j mais 1l eft aifé de fentir que ces fubftances doivent rendre la foudure aigre & caffante | & donner uné mauvaife qualité aux pieces foudées. À l'égard de la Joudure tendre de l'argent, voici celle que l’on regarde comme la meilleure, On prend une partie d'argent très-fin &c autant de cuivre jaune ; on les fait fondre enfemble , après quoi,on met de zinc la huitieme partie de ce qu’on à mis d'argent ; oû continue encore à faire fondre lé mélange , on remue le tout ; & lon y joint un peu de botax >. &C aufli-tôt après on vuide la compoñtion dans une lin: gotiere. sû | On peut encore faire cette foudure en ptenantune partie d'argent fin, douze parties de cuivre jaune ês quatre parties de zinc. On commence par faire fon- dre l'argent & le cuivre jaune, après quoi on: y joint le zinc après l'avoir chauffé ; on remue le tout , Pon ÿ met enluite une partie de borax , & peu après on vuide le creufet. eh . Quelques-uns joïgnent une petite portion d’étain à l'argent & au cuivre jaune ; mais il faut obferver 397 S O Ü que l’étain rend là Joudure aigre &t caflante, On peut auffi fe fervir de létain fin , pour fouder les petits ouvrages ‘en argent ; mais loriqu’on eft dans le cas de refondre ces ouvrages d'argent, l’étain nuit à Par- gent, & l’on eft obligé de l’en féparer avec foin, fans quoi il rendroit toute la mafle très-aigre. Comme l'argent que l'on emploie dans la vaïffelle ou pour d’autres ufages eft ordinairement allié avec du cuivre, les ouvrages d’argenterie qui ont été fou- dés , deviennent noirs par cette opération, &tper- dent leur éclat ; on remédie à cet inconvénient en faifant la compofition fuivante , dans laquelle on fait blanchir les pieces, On prend parties égales detartre crud & de {el marin, que l’on réduit parfaitement en poudre ; on met ce mélange dans un vaïfleau de terre neuf & verniflé, ou bien, fi lon a un grard nombre de pieces à blanchir, on prend un grand chaudron de ciuvré jaune. On verfe de l’eau fur le mélange de tartre & de fel, ce qui fera une diffolu- tion qu'on rendra forte à volonté. On place le chau- dron fur un feu de charbon, on fera rougir au feu la piece qu'on voudra blanchir, en prenant garde de ne point la laifier fondre ; plus la piece fera mince, plus il faudra y avoir attention. Lorfque la piece aura rougi , on la jettera dans la liqueur dont elle doit être entierement couverte ; on la fera bouillir doucement pendant une demi-heure ou même plus, en obfervant de la remuer avec une baguette ou une cuillere de cuivrejaune, maïs il faudra bien fe gar- der de ne point fe fervir pour cela d’un inftrument de fer qui feroit des taches fur Pargent. De tems en tems on fortira une piece de l’eau pour voir fi elle eft devenue blanche ; lorfqw’elle fera au point de blancheur que lon defire , on ôtera le chaudron de defflus le feu , & l’on trempera les pieces dans de l’eau bien nette ; on les frottera avec du fable fin ou avec une broffe , &c onles remettra dans de nouvelle eau; on les effuyera bien proprement avec un linge, ou bien on les fera fécher au-deflus d’un brafier de char- bon. S'il fe trouvoit quelque piece qui ne fût point parfaitement bianche , on la remettroit de nouveau dans la même liqueur, ce que l’on eft quelquefois obligé de réitérer plufieurs fois. | J1 ÿ a encore une autre liqueur dont les Orfevres &z les Jouailliers fe fervent pour blanchir fes ouvra- es d’argenterie ; elle confifte à faire bouillir les pre- ces pendantenviron un demi-quaæ#rt d'heure dansune difolution d’alun , après quoi en Les nettoie de la ma- niere œui vient d'être décrite, Quelques-uns confeil- lent de mettre les pieces d’argent à tremper pendant vingt - quatre heures dans de Peau feconde , Mais cette méthode ne blanchit point parfaitement l'ar- gent. On réufira encore-en frottant les pieces d’ar- genterie avec de l’eau de favon , fans avoir befoin de’ les y faire bouillir. Quelques orfevres nettotent leurs pieces, foit avec de la pierre à plâtre réduite en poudre , foit avec des os de feche, foitavec de la craie &c du vinaigre, Ge. | Soudire du cuivre. On emploie différentes compo- fitions pou lafozdure du cuivre ; Les unes s’appellent _ foudures fortes, les autres Joudures vendres. Voïct une maniere de faire la Jovdure forte , qui fe pratique par les ouvriers en cuivre. On prend feize partiés de cuivre jaune & une partie de zinc. On commence par faire fondre le cuivre jaune dans un creufet ; & lorfqu'il eft bien fondu, on y joint le zinc que l’on aura préalablement fat chauffer, afin qu'il ne pe- tille point, commeil feroit , fi on le mettoittout-d’un- coup'dans le creufet ; on remue le mélange, & Fon recouvre promptement le creufet; lorfqaw’on la laïflé entrer parfaitément en fufñon pendant deux minutes, on vuide le creufet fur un ballet de bouleau placé au-deffus d'nne cuve pleine d’eau ; par ce moyen le mélange fondu fe réduira en une grenaille ;'qureftla | SOU foudure defirée; on la lavera & on la confervera pour l'ufage, Cette foudure eft très-bonne pour fouder les grofles pieces , elle fouffre très-bien le marteau; mais comme elle eft aflez difficile à fondre , quelques-uns préferent de ne prendre que huit parties de cuivre jaune contre une partie de zinc; cette foudure eft très-fufble, & cependant très-malléable. Un mélange de trois parties de cuivre rouge & d’une partie de zinc fait encore une très-bonne /oudure, D’autres ne font que fimplement couper des lames de cuivre jaune en petits morceaux , qu'ils appliquent fur l’endroit qu'als veulent fouder, en y joignant du borax. La foudure tendre pour le cuivre n’eft autre chofe qu’un mélange de deux parties d'étain, & d’unepar- tie de plomb que l’on fait fondre enfemble ; après quoi on en forme un lingot dont on fe fert au be- foin. | | Lorfqu’on veut faire des ouvrages propres en cui- vre, fans avoir égard à la dépenfe, on peut fe fervir des Joudures qui ont été décrites pour l'argent , &c même de celles pour l'or. Quand on veut fouder des pieces de cuivre , on commence par donner quelques coups de lime fur les jointures ou fur les endroits que lon veut join- dre , ou bien on y donne quelques coups de gratroir ; on échauffe les pieces dans un feu de charbon ; on met enfuite un peu de colophone fur les endroits qu'on veut faire prendre, puis on y met quelques morceaux de la foudure tendre , compofée d’étain & de plomb ; lorfque cette foudure eft fondue , on en- leve ou l’on effie le fuperflu de la foudure , tandis w’elle eft encore fluide , avec de létoupe ou de la 1laffe. | On fe fert encore d’une autre méthode pour /o- der les ouvrages en cuivre. Les ouvriers ont des ou- tils particuliers , appellés fers à fonder , qui font de fer ou de cuivre que l’on fait rougir, fans cependant, que la chaleur aille jufqu’à les blanchir. Quand le fer à fonder eft d’un rouge de cerife, on lui préfente un fingot de la foudure tendre qui venant ainfi à {e fon- dre , tombe goutte à goutte fur l'endroit qu’on veut Jouder , fur lequel on a d’abord répandu un peu de colophone ; après cela on repañle avec le fer à fou- dér tout chaud fur l'endroit que l’on veut faire pren- dre, par-à on égalife la fordure ; on enleve enfuite le faperflu avec une lime ou un grattoir. Comme les pieces de cuivre qui ont été Joudées perdent leur couleur 8 fe noirciffent , onla leur rend en les trempant dans une liqueur qui eft de l’urine, dans laquelle on a mis des cendres de bois neuf. On fait bouillir ce mélange ; & après avoir fait rougir au | feu les ouvrages , On les éteint dans la liqueur ; où bien, on les éteint dans une fimple diflolution de fel marin : cette opération s'appelle décaper. Soudure du laiton on cuivre jaune. On emploie auffi une foudure forte & une foudure tendre pour le laï- ton ou cuivre jaune. La foudure forte eft la même que pour le cuivre rouge, c’eft-à-dire de feize parties de laiton contre une partie de zinc, que l’on fait fondre &c que lon met en grenaille de la même maniere. Cette foudure eft encore fort bonne enne mettant que “huit parties de laiton contre une partie de zinc. Sion veuf que la fozdurefoït encore plus aifée à fondre, on re prend que fix parties de laiton. On prendauffi quel- quefoistrois parties de cuivre rouge que lon faitfon- dreavecune partie de zinc: cette/ozdureeft dure ëtfo- Tide. D’autres prennent deux parties de cuivre rouge ‘contre une partie dezinc.On peut anf varier les pro- portions du zinc & du cuivre : ce qui donne des /ou- ‘dures plus ou moins jaunes, en raïfon du plus ou du moins de zinc qu’on y a fait entrer , ce qui les rend auf plus fufibles &plustendres. La /ouduretendredu. cuivre jaune fe fait ordinairement avec fixparties de lJaiton, & une patte de zinc & une partie ba n On commence d’abord par faire fondre le cuivre jaune ou laiton ; lorfqw'il eft fondu , on y joint Pé- tain , & aufli-tôt après on y met le zinc, après avoir eu la précaution de le chauffer ; on remue letout, & on le met en grenaille , on le lave & on le conferve pour s’en fervir au befoin. Dans les petits ouvrages qui ne demandent pas beaucoup de folidité, on fe fert d’une /oudure faite avec de létain & du plomb, pour les ouvrages en cuivre jaune. Elle eft compofée ordinairement de trois parties d’étain fin , &t d’une partie de plomb. Pour appliquer cette Joudure , il faut toujours don- ner quelques coups de lime ou de grattoir aux en- droits que lon veut fouder | & y répandre un peu de colophone ; après quoi on y fait tomber la fou dure avec le fer à /ouder rousi, dont on fe fertenfuite pour égalifer les jointures foudées. On peut fe fervir pour le tombac & pour les au- tres compofitions métalliques qui ont le cuivre jaune pour bafe, des mêmes /ozdures que pour le laiton ou le cuivre jaune. Soudure pour Le fer. Tous les métaux font plus fu- fibles que le fer ; ainfi on peut fe fervir d’eux pour Jouder ce métal. On emploie communément à cet ufage le cuivre rouge & le cuivre jaune pour les grands ouvrages. On peut encore fe {ervir de toutes les foudures fortes du cuivre jaune. Dans les ouvra- ges de fer qui exigent de la propreté, on peut fou- der avec l'or , fi les ouvrages méritent cétte dé- penfe. Lorfqw'on veut Jouder de grandes pieces de fer _avec le cuivre, on commence par limer les jointu- res par où l’on veut joindre les pieces ; enfuite on coupe de petites lames de cuivre que l'on applique fur les jointures , où on Les aflujettit au moyen d’un fl ;on met par-deflus un enduit de glaife ou de terre grafle qui environne la foudure de tous côtés. Quel- ques-uns mettent un peu de verre pile ou de fablon fin fur le cuivre qui doit fervir à Jouder | avant que de l’entourer de terre grafle. D’autres mêlent avec cette terre toutes fortes de matieres propres à faci- liter la fufon ; après quoi on fait fécher doucement la terre grafle en la préfentant de loin au feu. Alors on place les pieces qu’on veut oder dans la forge, en obfervant fur-tout que le vent du foufflet aïlle donner direétement fur la partie qui doit être foudée, afin d’échaufter fortement cette partie, Lorfqu’on »s’apperçoit que les pieces font rougies jufqu’à blan- cheur , & que la terre grafle s’eft vitrifiée , on les retire du feu ; fi c’eft du fertendre, on les trempe dans l’eau ; fi c’eft de l'acier, ôn le laïfle refroidir de lui-même. Pour-lors on Ôte la glaife vitrifiée, & on polit avec les outils convenables l'endroit quia Ête Joudé, Le procédé eft le même, fi , au-lieu de cui- vre rouge, la foudure a été faite avec du laiton ou cuivre jaune, ou avec les foudures fortes qui ont été indiquées pour le laiton. Comme les ouvrages d'acier perdent une partie de leur dureté toutes les-fois qu’elles paflent par le feu , on eft obligé de les tremper de nouveau après les avoir foudées, afin de leur rendre la dureté au’el- les avoient perdue. Voyez TREMPE DE L’ACIER. La foudure des ferblantiers n’eft autre chofe qu’un mélange de parties égales d’étain & de plomb. Pour fouder les jointures , ils ne font que les mouiller avec “un peu d’eau , ils y répandent un peu de colophone en poudre, ils prennent leur fer à Jouder qui eft tout chaud , ils Vefluient , & par fon moyen font tomber quelques gouttes de fozdure fur les jointures , & y re- pañlent avec le fer à fouder. Pour faire pénétrer la fou- dure jufqu’à ce qu'ils r’appercoivent aucun intervalle vuide , 1ls enlevent le fuperflu de la colophone & de Aa Joudure , en frottant avec un morceau d’étoffe de . Tome XP. S OU 393 laine. Cette foudure convient à tous les ouvrages qui font étamés. | Soudure de l’étain, Pour fouder étain, on fe fert d’un étain mêlé de plomb à parties égales ; d’autres mettent un peu plus d’étain que de plomb ; ils pren- nent , par exemple, 3 + livres d’étain contre 2 livres de plomb : c’eft ce que les Potiers-d’étain appellent Joudure forte. La foudure tendre eft celle dont ils fe fervent pour les petits ouvrages. Pour la faire , on joint du bifmuth à l’étain & au plomb dans des pro- portions différentes, Les uns prennent 3 onces de bif muth contre 2 onces de plomb, &40onces d’étain fin; les autres mettent 4 onces de bifmuth fur 2 onces de plomb, & 4 onces d’étain ; d’autres font leur /ozdure avec une partie de bifmuth , une partie de plomb & deux parties d’étain fin ; d’autres enfin y mettent fix parties d’étain , une partie de plomb &un quart de bifmuth. On fond enfemble ces trois fubftances, & l’on en forme des lingots. R Ceux qui font des boutons d’étain ont une fou- dure dontils font grand myftere, ils y mettent une li- vre de bifmuth , un quarteron de plomb, & trois quarterons d’étain. D’autres font cette fozdure avec une partie d’étain , une partie de bifmuth , &un peu plus de la moitié de plomb. D’autres enfin prennent fix parties de bifmuth, fix parties d’étain fin, 8&ctrois parties de plomb. | Îl y a différentes manieres d'appliquer ces fo du- res fur les ouvrages en étain. 1°. La premiere confifte à former avec de la glaife une efpece de rigole, qui fait que la foudure fondue coule dans les jJointures que lon veut faire prendre, fans pouvoir {e répan- dre. 2°, Il y aune feconde maniere de faire la même Joudure ; quant à celle de lPappliquer, c’eft la même qu'on a décrite pour la foxdure du fer-blanc. 3°. Pour les ouvrages qui demandent de la propreté » on fe fert du chalumeau & de la lampe comme pour les foudures de l'or & de l'argent. Soudure du plomb. On fe iert de différentes foudu- res pour le plomb ; la plus ordinaire eft faite avec du plomb & de l'érain, auxquels on joint auelque- fois du bifmuth. La fosdure des faifeurs-d’orgues ef compoiée de quatre parties de bifmuth, feize par- ties d’étain , & huit parties de plomb: D’autres la font avec trois parties de bifmuth , quatorze parties d’étain , &c onze parties de plomb. Cette foudure pour les tuyaux d’orgues doit varier à proportion des dif férens alliages dont on fe fert pour faire les différens tuyaux. Fantôt on prend parties égales de plomb & d'étain , tantôt deux parties de plomb contre une partie d’étain, tantôt deux parties d’étain contre une de plomb ; on y joint auffi quelquefois de l’anti- moine. On peut encore employer pour le plomb les Joudures propres aux Ferblantiers & aux Potiers- d’étain. Non-feulement on fozde enfemble des pieces d’un même métal , mais encore dans l'Orfévrerie & la Bijouterie on eft fouvent obligé de fouder des pieces de différens métaux. Pour fouder l'or avec l'argent, l’or avec le cuivre, l'or avec le fer, on peut fe fer- vir des mêmes foudures que pour l'or fin & l'or alhe. Pour /ouder l'argent avec le cuivre rouge, le cui- yre jaune, le fer, on pourra fe {ervir dés Joudures indiquées pour l’argent. Pour fozder le cuivre rouge avec le cuivre jaune & avec le fer, on pourra employer les foudures in- diquées pour le laiton ou cuivre jaune ; elles peu- vent aufh fervir à fouder le cuivre jaune avec le fer &r l'acier , cependant beaucoup d’artifans fe fervent pour cela de la même /ovdure que pour l’étain. Toutes les méthodesindiquées dans cet article im portant pour les arts & métiers, {ont extraites d’un 7 D dd 394 SOU ouvrage allemand de M. Klein, qui a pouttitre, Daf= cription déraullée de lafoudure des métaux, publié àBer- lin en 1760, & qui eft l'ouvrage le plus complet qui aitencore été publié fur cette matiere intérefante.(—) SOUDURE , ex terme de Bijoutier, c’eft une compo- fiion d'or bas, d’arpent & de cuivre fort, aifée à fondre, I y a de la foudure au tiers, au quatre , au cinq, au fix, au fept, au huit, au neuf &c au dix, qui ft la plus forte qu’on employe. Pour faire la foudure au quatre, par exemple, on prend trois parties d’or & une d’aloi que l’on fait fondre enfemble , & que l’on forge de IXpaiffeur d’une piece de fix liards ; &z on la coupe par paillons plus ou moins gros. On marque chaque morceau de foxdure du numéro de fon titre, &c on renferme les paillons coupés dans des boîtes auf numérotées de leurs titres, afin d'éviter l'inconvénient d'employer une /ovdure pour uñe autre. Voyez ALOT. SOUDURE, ex terme de Diamanraire, eÎt une com- poñtion d'étain & de plomb fondus enfemble : un tiers du premier, & deux tiers de Pautre. Monter én joudure , Woyez Mettre en foudure. Mestre en SOUDURE , en éerme de Diamantaires, c'eft monter le diamant dans la coquille fur un mé- lange d’étam & de plomb, qu’on appelle oxdure. Ce mélange prend la forme d’un cone qui remplit par fa bafe la coquille &c au fond duquel eft le dia- mant que l'on veut tailler. SOUDURE ,, serme de Ferblantiers. Lafoudure des fer- Hlantiers eft d'étain. Ils s’en fervent pourjoindre en- femble deux ou plufeurs preces de fer-blanc. Ils com- mencent par mettre fur la raie ou les pieces qu'ils veulent fouder, de la poix-réfine écrafée ; enfuite ils enlevent avec le fer à fouder un petit morceau de foudure, & le pofent fur la poix-réfine : la chaleur du fer fait fondre la Joudure , la poix-réfine, & les fait incorporer avec les pieces de fer-blanc &c les affu- jettit enfemble. SouDuReE, terme d'Horlogers. Les Horlogers enem- Ploient de plufeurs efpeces, La foudure étain qui eft la même que celle des ferblantiers, Le zinch &z la foudure d'argent ou joudure au tiers :’elle fe fait en mettant les deuxtiers d'argent &untiers de cuivre. Les mouleurs de boïtes ont des foudures de diffé- rens numéros, comme de la foudureau 3 ,au4,;aus, ce qui fignifie que fur 3 ou 4 ou $ parties de foudure il y en a une d'ailiage dun métal inférieur ; ainf la foudure d’or au 4 eft un mélange de 3 parties d’or au titre avec une d'argent ou de rofette, felon que Von emploie de l'or rouge ou de l'or blanc. On emploie la foudure la plus forte fur les ouvrages de plus haut titre. Soupure, dont les Fëfeurs d'orgues fe fervent, eft un mélange de deux parties d’étain 8 d’une de plomb, que lon fond enfemble dans une cuillier de fer, & que lon coule en plufieuts bandes larges d’un pouce, &c épaifles feulement de deux lignes ou environ. On met la foudure en bandes plates, afin qne les fers à fouder avec lefquels on la prend fur la tuile, puifent la fondre plus atfément. Ain f on veut faire trois livres de joudure , il faut deux livres d'étain & une livre de plomb elle fert à joindre deux ou plufñeurs pieces & à n’en faire qu'une. Avant que d'employer la foudure, il faut blanchir les-rives de. ce que lon veut fouder, daifier fècher le blanc, enfuite gratter le blanc «8r la furface du tuyau avec la pointe à gratter décrite à fon arrcee. Ceite pointe doit être bien añlée fur la pierre à l’hui- le, afin de ne point éclater le blanc qui doit border les deux côtés de la foudure ,.& qui l'empêche de s'étendre au-delà de ce qui eft nécefaire. Une bonne foudure doit avoir une ligne, une ligne & demie où au plus deux-lignes de large, felon Péparfleur êc la re] grandeur des pieces que l’onfoude , êc être bordée de chaque côté par une bande de blanc de 4 où ÿ H- gnes de large plus ou moins. Le blane qui fert à em- pêcher la foudure de couler & de s'étendre au-delà de l'endroit où on veut qu’elle foit, fert auffi à empêz cher les tuyaux de fondre à l'approche du fer chaud avec lequel on pofe & on fait couler la foudure dans l’efpace que Pon a gratté de part & d'autre de la fente qui fépare les deux pieces que lon veut join- dre. On doit avoir gratté en bifeau , c’eft-à-dire, en- forte que la pointe aït pénétré plus avant vers la rive ou arrête, où elle doit avoir atteint toute l’é- paiffeur, que vers le blanc où elle ne doit qu’effleu- rer la fuperfcie. La gratture doit être bien unie, fans reflauts ni bof fes, añn que la /oudure vienne de même ; pour cela il faut gratter légerement : on la graïfle enfuite avec du fuif de chandelle , & on applique la foudure avec les fers à fouder que l’on traine tout-du-lons des en- droits qu’il faut fouder, voyez FERS À SOUDER, qui doivent être étamés & chargés de Joudure autant qu'il eft befoin. Lorfqu’une foudure eft bien faite, elle doit former dans toute {a longueur une petite convéxité très- unie & par-tout de même largeur , laquelle dépend de l’évalité avec laquelle on a gratté le tuyau. SOUDURE, (Plomberie,) mélange fait de deux livres de plomb avec une livre d’étain, qui {ert à joindre les tables de plomb ou de cuivre. On la nom- me foudure au tiers. : Soudure en lofenge ou ex épi, Grofle foudure avec bavures en maniere d’arrète de poiflon. On la nom- me foudure plate, quand elle eft plus étroite, & qu’- elle n’a d’autre faillie que fon arrête. Daviler. (D. J.) SOUDURE , (Magçonn.)On entend par foudure, du plâtre ferré dont on raccorde deux enduits qui n’ont u être faits en même tems fur un mur ou fur un lambris. (D. J.) | SouDURE , (Droit romain.) La foudure fait dans le droit romain un objet de queftion qui a partagé tous lesjurifconfultes ; parce que comme ils ont cru qu’on ne pouvoit pas féparer les métaux, par exemple, l’or du cuivre, ou que la foudure produiloit un vrat mélange des deux matieres foudées enfemble ; ils ont établi, que des deux chofes jointes enfemble , la moindre étoit acquife au maître dela plus grande. Quelques-uns d'eux ont diftingué deux {ortes de foudure , lune qui fe fait avec une matiere de même genre que les deux corps foudés enfemble ; l’autre qui fe fait avec une matiere de différente nature. Îls appellent la premiere férruminatio, & l’autre plum- batura. Suivant l'idée de ces jurifconfultes , la pre- miere forte de foudureconfend les deux corps foudés enfemble , de maniere que le tout demeure par droit d’accefloire au propriétaire de la plus grofle , ou de la plus confidérable partie, quand même elle vien- droit enfuite à être féparée de la moïndre; comme f un bras foudé à une ftatue d’or , fe détachoïit. Que fi les deux parties étoient égales, en forte que l’une ne pût être regardée comme une accefloire de l’au- tres'alors, difent-ils, aucun des deux propriétaires ne pourroit s'approprier le tout, & chacun demeu- réroit maître de fa portion. D'un autre côté, quand deux pieces d'argent; par exemple , font foudées avec du plomb , ou que Pon foude enfembie deux pieces de différent métal, ce qu'on appelloit plumbatura ; ces mêmes jurif- coniilids vouloient qu'ence cas, iln’yeût point de mélange, & qu'ainfi les deux corps foudés de meurent Chacun à leur maître, foit que lun fe trou: ve plus ou moins confidérable que Pautre. Mais on ne voit aucun fondement folide de cette “différence; car deux pieces d'argent foudées en- femble avec de argent , demeurent auf diftinétes l'une de l’autre, que fuelles étoient foudées aveç du plomb, ou fiune piece de fer étoit foudée aveë une piece d'argent. ui Après tout, il ne faut pas s'étonner que les déci- fions des jurifconfultes romains foient fi peu nettes fur cette matiere. En effet, cé n’eit point par des idées phyfiques ou métaphyfiques, ni même par la deflination , l’ufage , ou le prix des chofes mêlées énfemble, qu'on doit décider les queftions fur Pac cefloire ; mais c’eft par de tout autres principes que nous établirons ailleurs plus convenablément qu'au chetif mor SOUDURE. (2. J. | SOUDOYER , v. a&. (Gram.) c’eft payer la folde d'un homme, d'une troupe, Nous /oudoyons des ar- mées immenfes, SOUETTE, voyez CHOUETTE. SOUFFLAGE , f. m. (Marine.) renforcement de planches qu'on donne à quelque vaifleau. SOUFFLAGE , ( Marine.) c’eft un fouffage fur les membres du varfleau & non fur les bordages. SOUFFLAGE, four du, ( Manufaëlure des glaces. ) on appelle dans les manufactures des elaces à miroir le four du fouffage , celui où fe fond & fe prépare le verre pour faire les glaces foufflées. Le four des gla- ces de grand volume, fe nomme four 4 couler. Savary. (D. 7;:) | SOUFFLE, f. m. (Grem.) il eff quelquefois fyno- nyme à haleine & à refpiration ; c’eft l'air chafié du poumon, Les bons principes que les maitres s’effor- cent à graver dans l’efprit des enfans, reflemblent à des caraéteres tracés {ur Le fable, que le moindre Jouffle de l'air efface, SOUFFLE, fe dit dans lArrillerie, de la compreffion de l’air formée par le mouvement du boulet lorfqu’il 1ort du canon. Ce fouffe eft fi violent, qu'il détruit en peu de tems les embrafures des batteries. (Q) SOUFFLER , v. act. & neut. c’eftagiter avec l’ha- leine ; Joufflez fur ce duvet, & vous le ferez voler dans Vair ; Jouffer une chandelle , c’eft Pétein- dre ; Jouffler en. chimie, c’eft s'occuper de la re- cherche de la pierre philofophale ; fouffler un mau- vais difcours , c’eft l’infinuer ; on fouffle aux grands tout ce que lon veut ; fouffler authéâtre, c’eft fecourir la mémoire de l’atteur ; fouffler un emploi à quelqu'un , c’eft le lui enlever ; fouffer au jeu de da- mes, c’eft Ôter de deflus le damier la dame avec la- quelle ’adverfaire auroit dû en prendre une ou plu- feuts des vôtres. Voyez les articles fuivans. SOUFFLER , ( Marine.) c’eft donner un fecond bor- dage à un vaifleau, en le revétiffant de planches for- tifées par des nouvelles préceïntes , foit pour le ga- rantir de l'artillerie des ennemis, ou pour lui faire bien porter la voile, & l'empêcher de fe rouler , ou de fe tourmenter trop à la mer. Pour comprendre la raïfon de ceci, il faut lire Persice CONSTRUCTION. SOUFFLER L'ÉMAIL, terme d'Emailleur ; c’eft en former , en le foufflant avec un petit tube de verre, cet émail creux qu’on appelle du jais. Voyez EMAIL. SOUFFLER , (Maréchal) fe dit d’un cheval pouffif, Laïffer jouffler for cheval, c’eftlatrèter pour lui laiffer reprendre haleine, Voyez HALEINE. Souffler au poil, fe dit de la matiere qui n’a pas eu d'écoulement dans certains maux de pié, & qui reflue & fe fait jour au päturon ou à la couronne. SOUFFLET , £ m. (Art méchanique:) eft un inf trument dont le méchanifme confifte À pomper Pair ët à le poufler contre Le feu ou toute autre chofe, par le moyen d’une aime ou foupape de cuir, qui eft at- fachée au bois de deflous,8r tenue lâche & aifée ; de façon qu'elle s’en éloigne quand on leve celui de deflus, & revient s’y appliquer dès que par une lé- gere prefñion on rapproche les deux bois l'un de l’au- ire ; par-là l'air ne pouvant reflortir par où il eft en- “tré, s'échappe néceflairement par un trou pratiqué exprès au bout du Jouffter, Le Jouffls eft compoié de Tome XP, | , … ID T à deux ais , au bord defdüels ef cloudeuñe peau, d'u ne douelle placée à lüné des éxtrémités des ais y d’une fonpape attachée en-dedans à louverture de l’ais du deflous ; ileft évident qu’en écartänt les ais, Pair eff attiré en-dedans du Jouffier par l’ouvettute dé l'ais de deflous ; qu’en les rapprochant, la foupape S'abaifle , 6x que l'air eft chaflé par la douelle. Voilà en général à quoi fe réduit toute conftrudion de Jouffler, quelle qu’elle foit. | | | SOUFFLET , oil d’Arqiebnfrer ; ce Jouffiet et com: me celui des ferruriers, fufpendu de même, & a le mêmemouvement il fertaux Arquebufiers pour fouf fler & allumer le feu à la forge. SOUFFLET QUARRÉ , en terme de Boi éliers C’eft ut Jouffles qui ne differe du Jouffler ordinaire que par dé petites feuilles de bois de fourreau qu’on y Colle in: térieurement à la place des verges. | SOUFFLET QUARRÉ À DOUBLE VENT, éz Boiffez lerte ; on appelle ainfi des Jouffess qui pompent le dou: ble d'air des autres , par le moyen d’une planche qu'on y met de plus, & d’un reffort qui s’y ajoutes SOUFFLET , outil de Ferblantier; ce Jouffier eff beau- coup plus petit que les Joufflers d'orgue, & eft exac- tement fait comme eux, Il fert aux ferblantiers à al - lumer le feu avec lequel ils font chaufer leurs fers à fouder. Voyez les PL, du Ferblantier. SOUFFLET, (Forge.) Voyez l'article GROSSES FOR« GES , Où le fouffler de ces ufines eft décrit. SOUFFLETS DE L'ORGUE, repréfentés P}, d'oroues f8. 23. font de grands corps qui, en fe dilatant , rempliffent d'air , qu'ils chaffent par les porte-vents dans la laie du fommier lorfqu'ils fe contraétent. Cet cet air ainf poufé avec vitefle, & qui éft con« denfé ; qu’on appelle ver | fans lequel l'orgue eft un corps fans ame, Les Joufflers, dont un feul, quelque grand qu’on je fafle , ne fauroit {uffire, font compotés de deux tables de bois de chêne de 6 , 7 ou 8 piés de long , fur 3 ow 4 de large, plus ou moins, felon la grandeur des fouf- flèrs Et celle de Porgue. Ces tables font faites de bois d'Hollande de deux pouces d’épaifleur, qu’on affems ble à rainures & languettes, ou avec des clés , & que lon drefle bien des deux côtés & fur champ. La table inférieure, fig. 24. eft percée de deux ou detrois trous:letrou O,qui a 1 pié de long,6 pouces de large reçoit la partie fupérieure du gofier OR, fig: 23. par lequel Pair contenu dans la capacité du Jouffles pañle dans le porte-vent. Ce trou doit être à eñvirorm 2 pouces du bout de la table , & dans le milieu de fa largeur ; enforte que le grand côté du trou {oit pa- rallele au petit côté de la table , COMmnie on voit dang la fig. 24. l’autre trou , ou bien deux autres fon a fait deux ouvertures , eft vers l’autre bout de la tas ble , dont il eft éloigné de 8 pouces ou environ. Ce trou a 7 pié en quarré ; c’eft où on ajufte les deux foupapes SP, qui chacune ferment un trou. Lorfque l'on a fait deux ouvertures à l'extrémité des tables 3 qui eft le côté du gofier ; & à la partie intérieure du Jouffles,on met des barres DC: chaque barre a autant d’épaiffeur que la moitié de toutes les écliffes qui trouvent place dans la largeur D D, dont les deux barres DC éloignent les tables ; à l'autre extrémité des tables font d’autres barres de bois paralleles aux premieres , mais collées & clouées de l’autre côté 2 enforte que ces dernieres font extérieures la barre extérieure de la table de deflous eft à l'extrémité de cette table ; mais les barres LZ, NN de la table de deflus, & qui font au nombre de deux , font , la pre< tmere, à environ 4 pouces du bout de la table 3 & la feconde NN, à 8 ou ro poucesde la premiere , entre lefquelles ont met la pierre M qui comprime le foufs fles par fon poids , & contraint l’ais d’en fortir: après que ces tables font faites, on fait les plis du Jouffer, Les pieces £Æ qui compofent les plis dès côtés dy 08 d ij 396 S O U fonffler s'appellent écliffes, 8r les pieces T,fig. 24. qui compofent les plis de la tête du Jouffles s'appellent ré: tieres. Toutes ces pieces. tant les échfies. que les têtieres , font faites de bois d'Hollande réfendu de l’épaiffeur d’un quart de pouce: la largeur des téticres elt d’un pouce où 1 4 pouce par pié de la longueur du fouffle:; enforte que fi le fouffer a 3 piés de long , les tétieres doivent avoir 8 pouces de large, qui eft x pouce par pié de la longueur du, jou- flet, où 10 pouces , qui font 1 pouce + par pié de la même longueur. Les éclifiesont par le côté de la tête du ou der la même largeur que les têtieres, &c par le bas une largeur De, fc, égale à Pépafleur des bar- res D €, Ces barres font percées de trois trous r, 2, 3 , pratiqués obliquement, enforte qu'ils répondent à la tête extéreure; & au milieu des faces intérieures des barres on pafle des cordes d’un cahibre convena- ble dans ces trous, & on les arrête avec des chevil- les enduites de colle , que l’on enfonce à coups de marteau, & que l’on arrafe enfuite aux faces inté- rieures des barres , qui font le côté par où les che- villes doivent être enfoncées. On fait entrer les bouts de corde qui fortent des trous par Le côté de la tête des barres dans les trous correfpondans de la barre de l’autre table ; ils doivent entrer par le côté de la tête, & fortir par la face intérieure, c’eft-à-dire, par la face qui regarde le dedans du Joujfler, &c être chevillés & collés comme par l’autre bout. Ces cordesainfi paflées d’une barre dans l’autre, fervent de charniere aux batres, Après que les échifles &cles têtieres font taillées , &z que les rives extérieures {ont arrondies , on couvre le côté qui doit regarder l’intérieur du fouféer , auf bien que le côté intérieur des tables, de parchemin bien collé, afin que l’air condenfé dont ie fouffles ef remph, ne s'échappe pas austravers des pores dont les planches font fort remplies. Quelques faéteurs pour fatisfaire à la même indication , e contentent d'enduire plufieurs fois de colle l'intérieur du fozxffer, comme on fait l’intérieur du fommier. F.SommiERr, Lorfque le parchemin eft fec , on aflemble les écliffes les unes avec les autres avec des bandes de peau de mouton parées. Ces bandes qui tervent aufñ À affembler de même Les têtieres, font collées fur la partie convexe du pli, en forte que les bandes de peau des plis faïllans font collées à l'extérieur du /ozf fer, &t les bandes des plis rentrans regardent Pinte- teur. On met enfuite Les échfles & les têtieres en prefle, & on les luïfle fécher. Les têtieres doivent toujours être en nombre parement pair, c’eit-à dire que la moitié de ce nombre doit étre en nombre pair; en forte, par exemple, qu'on ne pourroit pas faire un fouffles qui auroit 10 têtieres ; mais on le peut fai- re-avec 8 ou 12, ou tout autre nombre dont la moi- tié ef un nombre pair. Les écliffes font de chaque côté du fouffler en même nombre que les têtieres, en forte qu’elles font dans un fowfflet en nombre double de ces dernieres. Ainfi fi un /ozfffer a 8 tètieres , 1l aura 16 éclifles, 8 de chaque côté. Le haut des éclif- {es &.les têtieres doivent être coupées à onglet, un peu moindres que 45°. en forte que les ouvertures AE ,FB , fig. 24. aent de large du côté de £ & de F, environ la huitieme partie de la largeur 4E, FB. Le fouffles a 8 écliffes de chaque côté, & environ la douzieme partie des mêmes longueurs, fi le Jouffle en a douze. On aflemble enfuite Les échffes & les té- tieres avec les tables, avec des bandes de peau pa- rées, collées moitié fur les éclifles ou têtieres &c les tables. Lorfque les bandes de peau font féchées , on coud avec du gros fil de Bretagne, les têtieres &c les éclifles par la peau des bandes, qui doit excéder Les angles faillans 4x, d'environ un pouce de cha- que côté ; onouvre enfuite le foxffler, en forte que les tables faflent enfemble un angle de 30 ou 35 de- SOU otés, ou que la diftance 4.4, fig. 23.foit de 3 piés ou À piés, pourun fozfiler de 8 piés. L + D >P Avant que d’aflembler les échfles avec les tables , on les étend fur un étabh le côté de dehors en-dei- fus, & on colle fur leur extrémité étroite une piece de peau triangulaire «kDD , fig. 23. qui prend tou- tes les éclifles ; cette piece de peau s'appelle rabas , voyez RABAT. La partie D de cette piece de peau qui excede les échifles d'environ 4 pouces, vient S’ap- pliquer fur les faces extérieures des barres DCoù elle eft collée; on affemble de même les éclifles de l’autre côté du Jouffées, Après que les têtieres & les éclifies font aflemblées avec les tables, & que les queues des rabats font collées fur les baïres De, De, qui forment l’épaifleur du fouffles , on coïle une bande de peau fur toute la face DecD, cette peau parée dans tout fon pourtour, eft recouverte à fes deux bouts par les rabats 42D. Par-deflus cette piece on en met une autre plus longue & plus large, parée de même dans tout fon) contour , laquelle recouvre par fes extrémités, les rabats & les tables par fes longs côtés, d'environ 2 pouces, Toutes ces pieces de peau font collées & parées par le côté du duvet, en forte que le côté glabre elt en dehors. Pour faire étendre la peau & rechauffer la colle , on fe fert d’un linge trempé dans de l’eau chaude &r enfuite expni- me, que l’on applique fur la peau; on ne fe fert du linge mouillé que lorfque le côté glabre de la peau eft en-dehors; car lorfque c’eft le duvet, & qu’on veut le menager comme celui de la peau dont les foupapes & les devans de l'axe font doublés ; on fe fert d’un morceau de bois bien dreffé, que l’on fait chauffer devant le feu comme un fer à repañler le lin- ge, & on l’applique enfuite fur la peau dont la colle eft rechauffée par ce moyen. Pour achever le fouffies, qui fe trouve fini quant à la partie inférieure c D, qui eft le côté du gofier, il faut coller {ur les vuides AE, FB , que leséchifles &e les têtieres laiflent entre elles, des pieces de peau xvz, qui s'appellent les premieres. demi-aifnes, les fecondes aifñnes, & les troifñiemes rords. On commen- ce par coller les ronds ?, fur les angles fallans sx des plis; on colle enfuite les demi-aifnes x, qui font des pieces de peau triangulaires, moitié fur une éch£ fe , &t l’autre moitié fur la têtiere voifine, en forte que les efpaces 4E , FB , fe trouvent fermés par ce moyen. Après que les pieces font féchées, on colle par-deflus les aifnes y, qui font des pieces lozanges, compofées de deux deimi-aifnes, unies par leur pe- tit côté; en forte que fi on coupoit l’aifne en deux par une ligne 3 4, qui eft la petite diagonale du Lo- zange , On auroit deux triangles qui feroient chacun femblables aux demi-aifnes, mais feulement plus grands. On colle les pieces , en forte qu’une moitié 234, couvreune des demi-aifnes déjà collées, &z Pau- tre moitié 143, la demi-aifnequi eftvis-à-vis. Pour faire entrer ces pieces de peau dans les encoïgnures des plis, on fe fert d’un couteau de bois non tran- chant, avec lequel on range la peau dans les endroits où les doigts ne peuvent atteindre, & oh rechauffe la colle avec un linge trempé dans l’eau chaude, autant de fois qu’il eftnéceffaire. Avant de coller les aifnes & les demi-aifnes ,ona Pattention d'ouvrir le fouffles autant quille doitêtre, &c d’écarter également les plis. Pour exécuter la pre- miere de ces deux chofes, on dreffe le fouffler debout fur la face DecD , que Pon pofe fur une planche qui eft par terre, en forte que les deux tables foientincli- nées à l’horifon , lune d’un côté, & l’autre de l’autre de lamoitié de l'ouverture du Jozfflet; on Parrête dans cet état avec des cordes ou des barres de bois. Pour la feconde, qui eft que les plis ouvrent également, on doit avoir collé du ruban de fil fur Pintérieur des plis. Ces rubans ne les laïflent s'ouvrir que de la SOU guantité que lon veut, Cela fait aux foufflers que l’on life fécher dans le même état où ils ont été col- . és, c’eft-à-dire tout ouverts, on ajufte un chaffis fur ouverture SP. Ce chaflis £F'4$ , qui a environ un pouce d’épais, a un drageoir fait avec un guillaume dans tout fon circuit intérieur. Ce dragon reçoit les foupapes SP ; les foupapes font faites avec du feuil- let d'Hollande, & font doublées de peau collée par le côté glabre. Cette peau qui doit excéder la foupa- pe d'un côté pour lui fervirde queue, eft prife entre une barre G du chaflis, & une piece G qui la recou- vre. Par-deflus cette piece G on en met uñe autte 6’, qui empêche le renverfement des foupapes quine peuvent ouvrin qu'autant que cette piece le per- met. Le chafüs qui eft doublé de peau collée par le côte glabre, aufli-bien que l'endroit de la table oùil pofe qui efi garni de peau , en forte que les deux du- vets fe rencontrent, eft attachée fur la table en-de- dans du foujfles par les quatre vis £F 45, qui traver- fent la table, &t qui font retenues par-deflous avec des écrous. Lorfqu'on dilate le fowffl:t ,on fufpend laéhon de la colonne d'air qui prelle au-deflus des foupapes SP, ce qui donne lieu à celle de la colon- ne qui prefle par-deflous les mêmes foupapes, d’e- xercer tout l’efort dont elle eft capable contre elles. Mais comme les foupapes n’oppofent à cet effort qu'une trés-petite réfiitance, la colonne d’air qui prefle en-deflous force cet obftacle ,; ouvre Les fou- papes & s’introduit dans la capacité du /ouffler qu’elle remplit à limflant, Auflitôt que le /oufles eff rempli, les foupapes retombent par leur propre poids, la caufe qui Les tenoit levées ceflant, qui eft le courant d’air rapide qui a rempli le /ouffer, Le /oufles étant ainf rempli, f on comprime .la table fupérieure, Pair qu'il contient {era contraint d’en fortir par l’ou- verture O où eft ajuité Le go/£er. Le gofer repréfenté, fg. 25. eft une portion de tuyau cdefsh, des mêmes dimenfons que l’ouverture O,, dans laquelle il doit entrer jufau’au rebord 41g, por. On fait ce rebord en diminuant la partie du go- fer qui entre dans le Jouffles. Cette partie eft coupée obliquement comme on voit en C:. Sur ce talud qui doit regarder les tétieres par-dedans Le fouffer, on ajufte un chafis /m#20; ce chaffis qui eft doublé de peau du côté qu'l s'applique au gofier, porte une foupapewx, qui s'ouvre de dehors en dedans du gofier. Cette foupape (qui comme toutes les autres eft dou- blée de peau collée par le côté glabre, en forte que le duvet eft en-dehors ), lafle paffer Pair contenu dans le foufjfer lorfqu’on le comprime, &c ne le laiffe point rentrer. La partie inférieure du gofer à un dra- geoir ekf, qui entre dans un autre drageoir 00, qui eft à la face fupérieure du porte-vent MN, fig. 23. avec lequel :l doit convenir. Lorfque le foufftes ef mis enplace , on colle de lapeaude mouton parée fur tous les joints, tant ceux du gofier avec la table in- férieure du fouffler, que ceux du même gofer avec le porte-vent , &c on fait la bafcule FLE , fig. 23. par le moyen de laquelle on ouvre Le /ozffer. Cette bafcule eft une forte piece de boisde chêne, d’un demi-pié ou environ de large, fur 2 ou 3 pouces d’épafleur, que lon arrondit dans les deux tiers de fa longueur; à l'extrémité F de cette bafcule , on fait une fourchette pout recevoir la palette du crochet FE , qui y eft retenue par une cheville qui la traver- fe, Lecrochet prend dans un anfe Æ, attachée à lata- ble fupérieure du Jouffles | & la bafcule a pour point d’appuiune forte piece de bois GG, fcellée dans les murailles. Onfixe fur des chevalets cette piece de bois à des entailles #7, faites en dos d’âne, qui fer- vent de point d’appui à la bafcule qui eff traverfée en cet endroit par une groffe cheville de fer M, au- tour de laquelle elle peut fe mouvoir librement, À l'extrémité À de la bafcule eft une corde XL, quia S. ©: U 397 pluñeurs nœuds: cette corde doit être aflez longue pour que le fouffieur puiffe par fon moyen abaïfier l'extrémité de la bafcule qui, dans les grands fouffers, fe trouve trop élevée pour y atteindre avec la main. On charge Les Joufflers avec une pierre MR, qui pee environ 60 livres pour un fouffles de 8 piés; & il en faut au moins quatre pourun grand orgue de 16 piés. Poyez le morORGUE. Le fouffleur doit.obferver de ne relever qu'un /ouffle à la fois, en forte que lor£- que Pun afpire, les autres puiflenttoujours fouinirau fommier le vent néceflaire, & de ne point lâcher fu- bitement le foufiler fur Pair qu’il contient; car cela donfe une fecoufle aux tüyaux, dont les moins at- tentifs s’apperçoivent, & qui eft très-défagréable. SOUFFLET,. terme de Seller, efpece de voiture 1 ou de caaife roulante fort légere, pofée fur deux roties ; un /oujffes n’a de place que pour une ou deu: perfonnes; le deffus êcie dedans font de cuir, ou de toile cirée; ils fe levent & fe plient comme un /o4£ Jlet pendant le beau tems, & s'étendent de toute part pour garantir de la pluie. (2. J. | SOUEFEET , f, m. ( Crriq. facr.) coup de la main porté au vifage: donner un Jouffler, en GTEC porreséss ; fi quelqu'un, cit Jefus-Chritt, vous frappe fur la joue droite , prelentez-lur auf l'autre; dAnx dome pa mecss émi rur déran , Gre. Mars. Ê v:39. Îl eft conftant que ce difcours ne doit pas être pris à la rigueut de la let- tre, .@t que cela fignifie, il vaut encore mieux que vous foufriezun fecond /oujffler, que de vous venger du premier : la preuve en eît évidente par l'exemple de Jefus-Chrift lui-même : car un officier du grand prêtre lui ayant donné un fouffes, notre Seioneur, bien loi de préfenter lautrejoue , lui dit: fËg'at mal parle, faites le voir ; mais fije r'airien dit que de bien, pourquoi me frappez-vous ? Le Seigneur fe plaint de linjure qu'il vient de recevoir, ayecune grande mo- dération , & prouve qu'il ne l’a pas méritée; l’exem- ple de Jefus-Chrift eft donc le commentaire du pré. cepte qu'il donne à.fes apôtres, car c’eft à eux{euls qu'il parle, #7 la phüpart de fes préceptes ne fe rap- portent qu'à eux &c à leur miniftere. (D, J\ SOUFELEUR , f.m. (Grem. ) celui qu foufle, Voyez les articles SOUFFLER, 6 fuiv. SOUFFLEUR, Woyez MULAR. | SOUFFLEUR , m. ( Belles-letrres. \ hommede théâtre, qui eft ordinairement placé dans une des couhffes, & à portée des atteurs, pour fuivre fort at- tentivement , fur le papier, ce que les ateurs ont à dire , &t le leur fuggérer fi la mémoire vient À leur manquer, : SOUFFLEUR , fm. (Æ/chimie) chercheur de pier- re philofophale, Voyez PHILOSOPHIE HERMÉTr- QUE ; PIERRE PHILOSOPHALE, SOUFFLEUR, { Maréchal) on appelle ainf certains chevaux , qui fans être pouffifs , foufflent prodigieu- fement , fur-tout dans les chaleurs ; ce qui ne peut venir que d’un défaut de conformation à l'entrée du conduit de a refpiration, ou de quelque excroiffan- ce de chair à Pentrée extérieure des nafeaux. SOUFFLURE, fe dit dans la fénderie, de certai- nes concavités où bouteilles qui fe forment dans lé paifleur du métal; quand il a éié fondu trop chaud. I fe trouve quelquefois des fouffltres en dehors des boulets, c’eft un défaut, & ils n’ont pas alors leur poids. Foyez Bourer & Caxon. (Q). | SOUFFRANCE , Lf (Gramm.) peine de corps ou d’efprit ; la mort nous délivre de toutes nos /ozf frances ; lesamans ne parlent que de leurs Ozfrances. SOUFFRANCE, ( Jurifprud. ) ef une furféance, ou délai, que:le feigneut accorde 4 fon vafal, pour luifaire la foi 8 hommage , en confidération de quel. que empêchement légitime ; le motif de ceidélai ef que réguherement la foi & hommage doit être faite pat le vañlai en perfonne, 398 SOU Elle n’a pas lieu pour le payement des droits uti- les, ni pour la preftation de l’aveu &r dénombrement. La fouffrance eft néceffaire ou volontaire ; nécef- faire quand l’empêchement duvaffal efttel que le fer- gneuf né peut lui refufer le délai, comme en cas de minorité, maladie, ou autre empêchement légitime; elle ef volontaire , lorfque le feigneur laccorde H- brement , & pour faire plarfir à fon vaffal. La fouffrance , même néceflaire , n’a point lieu de plein droit , elle doit être demandée au feioneur do- minant, par le tuteur en perfonne, fi le vaffal ef mineur, ou file vaflal eftmajeur,par une fondé de pro- curation fpéciale. Le tems pour demander la fouffrance eft de qua- rante jours, depuis l'ouverture du fief; ces quarante jours font francs, de maniere qu’on ne compte pas celui de Pouverture du fief, ni le quarantieme jour. Faute de demander la fouf/rance dans les quarante jours , le feigneur peut faire fair le fief, &c faire les fruits fiens, fauf le recours des mineurs contre leur tuteur; mais fi les mineurs n’avoient pas de tuteur, la faifie n’emporteroit pas perte defruitscontreeux, jufqu’à ce qu'ils fuffent en âge de faire la foi. Letuteur, en demandant fouffrance pour fes mi- neurs , doit à peine de nullité déclarer leurs noms &c ieur âge, afinique Le feigneur fache quand chacun deux fera en état de faire la foi. Siletuteur, en demandant la fouffrance , nepayoit pas les droits, le feigneur pourroit la lui refufer, &e faiür. La fouffrance peut s’accorder en juftice, ou devant notaire, &/ même par un écrit fous feing privé : quand il s’agit d’un fief mouvant du roi, on obtient des lettres de Jouffrance en la petite chancellerie. Il n’eft pas befoin d’obtenir nouvelle Jouffrance ; pour une portion du même fief, qui échet enftite au mineur. Il eft de maxime que fouffrance vaut foi tant qu’el- le dure, c’eft-à-dire que pendant ce délai, le feigneur ne peut faïfir , faute de foi & hommase, Dès que la Jouffrance eft finie, à lévard d'un des mineurs , 1l doit allerà lafoi, quand mêmeles autres n’auroient pas l’âge. Voyez les commentateurs fur L'article 41. de la coutume de Paris ; les auteurs qui onttraité des fiefs ; &c les zzots For, HOMMAGE, AVEU , DÉNOMBREMENT , DROITS SEIGNEU- RIAUX. ( 4) SOUFFRANCE {. f. £erme de compte, ce mot fedit des articles de la dépenfe d’un compte qui n’Étant pas af- {ez jufifiés pour être alloués, ni aflez peu pour être rayés, reftent comme en fufpens pendant un tems, afin que pendant ce délai, le comptable puife cher- cher & rapporter des quittances, ou autres pieces our {a décharge. Les articles en fouffrance, ferayent après le délai fini, s’ils ne font pas jufufiés, ou s’al louent s'ils le font. Dit. du Comm. (D. J.) SOUFFRIR , SUPPORTER, (Syronym. ) Jouf- frir fe dit d’une maniere abfolue : on Jouffre le mal dont on ne fe yenge point. Szpporter regarde propre- ment les défauts perfonnels : on fpporte la mauvaile humeur de fes proches. L’humilité chrétienne fait fouffrir les mépris , fans reflentiment. L’ufage du monde fait /wpporter dans la focicté, une infinité de chofes qui déplaifent. On fouffre avec patience , on fpporte avec douceur. Quand Jouffrir fignifie permertre | 1l veut après {oi un que, avec Le fubjon@if; ainfi Larreya fait une fau- te en difant dans l’épitaphe d’Edouard VI. Urne ot fes cendres repofent, Soufftez-nous de graver ces vers fur fon tombeau. l falloit dire , Jouffrez qe nous gravions. Supporter fgnife quelquefois protéger & foutenir : les financiers {ont fupporrés à la cour, à çaufe de leur fortune ; quelques efcadrons ne peuvent pas f#pporter le choc de toute une armée. (2. J.) SOUFRE pierre de, ( Hifl. nat.) on trouve en Franche-Comté des cailloux qui font d’une forme ar- rondie irréguliere , & lorlqu’on vient à les brifer, on trouve que ces cailloux formoient une efpece de croute, qui fert d’enveloppe à du foufre natif. SourRE, {. m,. ( Miff. nat. Minéralogie & Chimie.) Jaulphur ; c’eftune fubftance folide, mais friable, d’un jaune clair lorfqu’il eft pur , très-inflammable, &c qui en fe brûlant répand une flamme bleuâtre accompa- gnée d’une odeur pénétrante & fuffocante. Il fe fond très-aifément lorfque le feu ne lui eft point immé- diatement appliqué, & pour lors il ne s’enflamme point, La nature nous préfente le foufre de deux manie- res : ou il eft pur &c fous la forme qui lui eft propre, ou il eft combiné avec d’autres fubftances du regne minéral, qui par leur union avec lui le rendent me- connoïflable; c’eft ainfi qu'il eft dans les mines où il eft combiné avec les métaux. Le foufre pur que Von nomme auffi foufre foffile, foufre natif, ou foufre vierge, {e trouve abondamment dans quelques endroits de la terre ; ce n’eft que dans le voifinage des volcans & des endroits fujets aux embrafememens fouterreins que ce /oufre {e rencon- tre ; & par-tout où on le voit, on doit fuppofer qu'il a été produit & fublime par les feux de la terres ils l'ont dégagé des fubftances avec lefquelles il étoit combiné; ils l’ont fublimé comme auroit pù faire un fourneau , & ils l'ont porté à la furface de la terre. M. Rouelle, dans fes favantes lecons de chimie, enfeigne la façon dont le foufre fe forme par le feu des volcans; fes idées font fondées fur la nature du foufre, qui n’eft autre chofe que de l'acide vitrioli- que combiné avec le phlogiftique ou la matiere in- flammable. Suivant ce favant chimifte, ce font les bitumes qui fervent d’aliment aux feux fouterreins; par leur embrafement ces bitumes fe décompofent, & l'acide vitriolique, fi abondant dans le fein de la terre, s’unit au phlogiftique des matières grafles qui brulent, & produit du foufre ; d’où M. Rouelle con- clut que le Joufre pur n’eft qu’une produétion fecon- daire de la nature; puifque fans les embrafemens {outerreins, on n’en trouveroit jamais fous la forme qui. lui eft propre; tout celui qui eft dans la terre eft dans un état de combinaifon , comme toutes les mi- nes ; & laterre renferme les parties dont 1l peut être produit. Les environs des volcans font donc toujours rem- plis de foufre ; il eft aïfé de fentir qu'il n’eft point communément fort pur, comme on peut en juger par fa couleur ; ainf le parti le plus-sür, tant pour les opérations de la Chimie que pour les ufages mé- dicinaux, eftde ne fe fervir de ce foufre, qu'après lavoir purifié ; alors on eft certain qu'il eff parfai- tement dégagé des matieres métalliques & arfénica- les, avec lefquelles les feux fouterrems peuvent Pa- voir combiné ; on fentauff que ce foufre eft fouvent mélangé ayec des terres, des pierres , 6:c. Les échan- tillons de ce que l’on nomme /oufre natif, font plus ou moins purs, fuivant les circonftances ; celui que l’on nomme Joufre de Quiro, & foufre de la Guade- loupe, eft d’un jaune clair & tranfparent; il vient des parties de l'Amérique qui éprouvent le plus de ravages de la part des volcans ; on en rencontre auf de plus ou moins pur aux environs des monts Ætna, Véfuve , Hecla, &c. Certaines eaux therma- les, telles que celles d’Aix-la-Chapelle, &c de plu- fieurs autres endroits, dépofent une aflez. grande quantité de Joufre. | Le joufre entre dansla combinaïfon d’un très-grand nombre de mines; il s’y trouve dans des proportions différentes, @ fait prendre aux métaux des formes | SOL: Êc descouleurs qu’ils n’auroient point fans cela. Poyeg des articles MINÉRALISATION & MiN#. Maïs la mine Ja plus ordinaire &c la plus abondante du foufre, eft la pyrite , d’où l’on eft obligé de le tirer par art; on nomme pyrites fulfureufes , celles dont on fe fert pour cet ufage ; cependant le foufre eft une fubftance qui entre toujours néceflairement dans la combinai- {on de toute pyrite. Voyez l'article PYRITE. Il'y a plufñeurs méthodes pour tirer le foufre des pyrites ; quelquefois on Pobtient accidentellement par le prillage de certaines munes qui font fort char- gces de cette fübftance; ces mines font fur-tout les pyrites cuivreufes, dont on ne peut obtenir le cui- vre, avant que le foufre en ait été féparé. Pour cet efet on forme à l'air libre, des tas de pyrites qui ont environ 20 piés en quarré, & 9 piés de haut; on arrange ces tas fur un lit de buches & de fagots; on laïffe une ouverture à ce tas qui ferve de vent, ou corime le cendrier fert à un fourneau ; on enduit les parois extérieurs du tas, qui forment comme des ef. eces de murs, avec de la pyrite en poudre & en petites particules que l’on mouille. Alors on met le feu au bois, & on le jaïfle bruler doucement pen- dant 9 ou 10 femaines, On forme à la partie fupé- ricure des tas ou de ces mañlifs de pyrites, des trous Où des creux, qui formégtcomme des baffins dans Liquels le foufre fondu pllPadion du feu va fe ren- dre, & d’où on le puiféfavec des cuilleres de fer ; pais ce fonfre ainf recueilli w’eft point parfaitement pur; il a befoin d’être fondu de nouveau dans des chaudieres «le fer; alors les parties pierreufes &ter- reufes qui s’y trouvent mêlées tombent au fond de la chaudiere, & le Joufre pur nage à leur furface. Telle eft la maniere dont on tire le foufre au Hartz : pour s’en faire une idée, on n’aura qu’à jetter les yeux fur celle des Planches de Minéralogie , qui re- prélentent le travail du foufre. Lamème Planche repréfente encoreuneautre ma- miere d'obtenir du /oufre, qui fe pratique dans quel- quesendroits d'Allemagne. Elle confifte à faire gril. Âer les pyrites ou la mine de cuivre {ous un angard couvert d’un toit qui va en pente; ce toit oblige la fumée qui part du tas que l’on srille, à pañler par. deffus une auge remslie d’eau froide ; par ce moyen ceite fumée, qui n’eft compofée que de foufre, Le condenfe & tombe dans l’auge, d’où on le retire lorf- qu'il s’en eft fufifamment amañé. À En Suede, dans les mines de Néricie, on obtient le Joufre par la difillation; on a pour cela un four- eau quia la forme d’un quarré long ; dans les murs latéraux on laïffe deux rangées de dix ou douze ou- vertures, pour y placer deux rangées de retortes de fer très-grandes ; on ne les remplit de pyrites que jufqu’au tiers, parce que laétion du feu les fait gon- fier confidérablement; une portion du Joufre {uinte au-travers du fer des retortes ; ce foufre.eft très-pur, &t on le débite pour de la fleur de Joufre ; quand au refte du Joufre qui fait la plus erande partie, il eft reçu dans des récipiens remplis d’eau , qui ont été Jutés avec des retortes. Cette difillation fe renou- | xelle toutes les vingt-quatre heures; on enleve le Joufre qui s’eft rendu dans les récipiens ; on Ôôte des iortes le réfidu qui y eft refté, & l’on y remet de nouvelles pyrites. Le foufre qui à été aïnf obtenu, eit porté dans une chaudiere de fer, enchâfée dans ua mafñif de maçonnerie, fous laquelle ‘on fait un feu doux; par-là le foufre fe fond de nouveau , & dé- pofe les fubflances étrangeres avec lefquelles 11 étroit encore mêlé, Lorfqueles pyrites ont été dépa- gées du foufre qu’elles contencient, on les jette en un tas, à Vair hbre ; après qu’elles ont été expofées aux imjures.de l'air, ces tas {ont fujets à s’enflammer d'eux-mêmes, après quoi le foufreen eft totalement dégagé; mais on afoin de prévenir çet inçonvénient ; SOU : 399 où lave ces pyrites calcinées ,. & l’on en tire du vi- triol, qu’elles ne donneroient point fi on les avoit. laiffé s’embrafer. Poyez VirrioL. ; Le foufre avant que d’avoir été purifié fe nomme Joufre brus où foufre caballin ; après qu'il a été dégagé des parties étrangeres , on le prend avec des cuilie- res de fer tandis qu'il eft encore liquide, & on le verie dans des moules qui lui donnent la forme de bâtons arrondis; c’eft ce qu’on appelle foufre ex CARO. Prefque tout le Joufre qui fe débite dans le com- merce vient des pays où il y a des volcans & des em- brafemens de la terre, parce qu’alors la nature épar- gue Ja peine &c les frais pour l'obtenir; il n’y a que les pays où la main d'œuvre & le bois font à très grand marché, tels que la Suéde & certains cantons d'Allemagne, où lon puiffe fonger à le tirer des py- rites , ou des mines de cuivre pauvres de la maniere qui a été décrite. Aux environs du mont Véfuve &. dans d’autres endroits d'Italie ‘où il {e tronve du Joufre, on metles terres qui font imprégnées de cette fubflance dans des pots de terre de la forme d’un pan de fucre où d’un cône fermé par la bafe, & qui ont une ouverture par le fommet ; on arrange ces pots dans un grand fourneau deftiné à cet ufase, en ob-. fervant de les coucher horifontalement; on donneun feu modéré qui fuffife pour faire fondre le foufre, qui découle par l’orifice qui eft à la pointe des pots, & qui eit reçu dans d’autres pots dans lefquels on a mis de l’eau froide où le Joufrefe fige. Après toutes ces purifications le foufre n’eft point encore parfaitement pur; fouventilrenferme encore des fubitances qui pourroient en rendre l’ufage dan gereux; pour le dégager parfaitement on eft obligé de le fublimer à laide du feu; cette fublimation fe fait où en grand ou en petit. En Angleterre, cette opération Îe fait fur plufeurs quintaux de Joufre à-la- fois ; on fe fert paur cela d’un fourneau particulier. On aune grande chaudiere de fer qui eft prife dans la maçonnerie , & qui peut contenir deux ou trois Guintaux de foufre concaflé groffierement; on ne remplit cette chaudiere que jufqu’aux trois quarts. Au-deflus de cette chaudiere eft une efpece de cham- bre quarrée, qui eft garnie intérieurément de car. reaux de terre ou de fayence verniflés, A quelques pouces au-déflus de la chaudiere ef une ouverture où porte par où le foufre qui le fublime entre dans la chambre quarrée, au fond de laquelle eft un trou qui ferme à coulifle, par lequel on peut voir f la fu- blimation fe fait convenablement. Pendant lPopéra- tion il faut que toutes Les ouvertures foient bouchées, afin d’empêcher l'air d’y entrer. Le foufre {e purifie en petit par la fublimation dela maniere fuvante, On met le foufre dans une cucurbite de terre, au-deflus de laquelle on adapte cinq ou fix aludels, éont le dernier fe bouche avec un couver- cle ; le premier des aludels eff joint avecla cucurbite, & on les lutte enfemble avec de laterre grafle, afin de rereniria chaleur , & on ne laifle ouverts que les regiitres du fourneau fur lequel la cucurbite ef pla- cée , afin de donner de l'air. Après quoi on donne un feuun peu au-deflus du degré néceflaire pourtenirle foufre en fuñon; par ce moyen le foufre s'éleve 8 s'attache aux parois des aludels fous la forme d’une poudre d’un jaune clair, extrèmement fine: c’eftce qu'on appelle fleurs de foufre: Alorsil eft pur, & dans un état de divifon qui le rend propre aux ufages mé- dicinaux , & à pafler dans l’éconornie animale. Il eft bon d’obferver que les droguiftes falffent quelques fois les fleurs de Joufre avec du foufre ordinaire pul- vérilé;par ce moyen ils les alongent, &s’épargnent les peines êcles frais dela fublimation. M. Rouclle regarde le foufre comme un véfitable: fel neutre, ou comme un acide à qui le phlogiftique 400 S OU a fait prendre une forme folide & conctete. En effet ce favant chimifte remarque que le foufre fondu en fe refroidiffant fe cryftailife à la maniere des fels neu- tres. La cryftallifation commence vers les parois du vaifleau dans lequel le foufrea été fondu, &c à la fur- face par où il a le contaét de Pair où le refroidifle- ment commence, & où il feforme une croûte; fi ou créve cette croûte avant que le Joufre ait eu le tems de fe refroidir entierement , & fi l’on vuide le foufre qui eft encore en fufion au centre, on verra que la croûte fera remplie de petits cryffaux en co- lonnes ou en ftries. Quoiïque le foufre foit une fubftance très-inflam- mable, il ne laifle pas de brûler très-lentement. Stahl a remarqué qu’en prenant deux gros de Joufre pul- vérifé, au milieu duquel on place un fil qui fert de meche, & auquel on met le feu avec précaution , de crainte que la flamme ne s’étende fur la furface du Jfoufrie, ces deux gros ne perdront dans une heure de tems que 15 ou 16 grains de leur poids. C’eit une vérité reconnue de tous les chmiftes, que l’acide vitriolique & l'acide du foufre font les mêmes ; cependant lacide fulphureux volatil dont nous venons de parler, n’eft point la même chofe que l’acide vitriolique ; & le célebre Stahl a obfervé que lacide fulphureux volatil, en fe dépageant du foufre, entraine avec lui une portion du phlogiftique; de plus il a remarqué qu'il attiroit fortement l’humi- dité de Pair, & que cette humidité entroit comme partie effentielle dans l’acide fulphureux volatil. Pour que Le phlogiftique refte uni à cet acide, il faut que le foufre foit brûlé lentement; fans cela à un feu trop violent cette portion du phiogiftique fe dépage- roit, & l’acide que l'on obtiendroit, feroit un fimple acide vitriolique non volatil. On trouvera vers la fin de cet article la meilleure maniere d'obtenir l’acide fulphureux volatil , en parlant des préparations pharmaceutiques du /oufre. On fera voir dans la fuite de cet article , que le foufre {e diflout dans toutes fortes d’huiles, & dans Palkali fxe. Quelques auteurs ont prérendu que lon pouvoit difpofer le Joufre à la fixité , en le mettant en digeftion dans l'acide vitriolique , & en en faifant Pabftraétion , & réiterant à plufieurs reprifes ces opérations ; mais les acides n’ont aucune aétion fur le foufre; il n’eft pas plus vrai que l'acide nitreux, ou l'acide du fel-marin rende Le /oufre tranfparent , lorf- qu’on ly fait bouillir pendant fix heures. On peut produite artificiellement du /oufre ; pour cet effet on n’a qu’à prendre parties égales de tartre vitriolé , & d’alkali fixe bien pur, on les pulvérife avec un peu de charbon ; on met cemélange dans un creufet , que l’on couvre bien exaétement, & on donne un feu très-vif; parce moyen, le mélangeen- tre en fufion & produit un véritable foie de Joufre ; pour en féparer le foufre, on n'aura qu'à faire dif- {foudre ce foie de foufre dans de l’eau, & y verfer quelques gouttes d'acide, qui fera tomber le foufre -en poudre, fous la forme & la couleur qui lui eff propre. Ce foufre s’eit produit dans Popération par la combinaifon qui fe fait de l’acide vitriolique conte- nu dansletartre vitrioléavec le phlosiftique du char- “bon. Le célebre Stahl, a trouvé que.dans la compo- fition du foufre, l'acide vitrioliquefaifoitenviron 5 du poid total, & mêmeun peu plus, & que le phlo- cgifhique y faifoit un peu moins que ,;. | Le foufreala propriété de s'unir avec tous les mé- ‘taux 8c les demi-métaux, à exception de l'or, fur lequel il n’agit que lorfqu’il eft combiné avec le fel al- -kal fixe. Comme l'acide vitriolique fe trouve abon- damment répandu dans le rene minéral, ainfi que le phlogiftique , 1n’eftpointfurprenant que lon ren- contre le foufre daus un fi grand nombre de mines. Le Joufre en poudre, mêlé avec de la limaille de fer, & hume&té , produit une chaleur très-forte, & le mélange finit par s’allumer. Le /oufre trituré avec du mercure ,fe change en une poudre noire, con- nue fous le nom d’éhiops minéral. Si on fublime ce mélange , on obtient du cinnabre, Voyez CINNABRE. Combiné avec le régule d’antimoine, il forme ce qu’on appelle lantimoine cru. Voyez RÉGULE D’AN- TIMOINE. Le foufre combiné avec l’arfenic, fait la . fubftance appellée orpin ou orpiment, voyez cet article, Le foufre, comme nous avons déja fait remarquer, n’eft point foluble dans l’eau , ainfi c’eft une erreur de croire qu'il puifle lui communiquer aucune qua- lité. Quelques perfonnes ont cru, fansraifon , qu'il étoit propre à rafraichir Peau. On prépare diverfement le foufre pour des ufages pharmacéutiques : on trouve dans les boutiques , pre- mierement les ffeurs de foufre dont il a été déja parlé. 2°, le foufre lavé , & lacréme de foufre. Ce foufre lavé fe prépare ainfi: prenez du /oufre commun entier, deux livres ; faites-les fondre à un feudoux, dans un vaifleau de terre ; verfez deflus trois livres d’eau bouillante ; faites bouillir le mélange pendant un quart-d’heure, laiffez-le repofer uninftant, & decan- tez; verlez une pareille quantité d’eau bouillante fur le réfidu , faites bouillir encore, & decantez ; repe- tez cette manœuvre quatofife fois; mettez votre foz- fre ainf lavé, dansun vaififau de terre bien couvert, que vous tiendrez deux heures dans un four, pour que votre foufre coule comme de l’huule ; laiflez re- froidir le vaifleau , caflez-le , retirez votre foufre & le reduiféz en poudre : c’eft le foufre lave, Si vous pul- vérifez ultérieurement ce foufre {ur le porphire avec une eau diftillée aromatique , vous aurez la crème de Joufre. 3°. Le laïs & le magiflere de foufre, ne font autre chofe que le précipité du foie de Joufre, foit fpontané, foit obtenu par lacide du vinaigre. Ce n’eft par conféquent , comme on voit, que du foufre très-divifé par la pulvérifation philofophique. On voit encore que le Joufre lavé, la créme de foufre, le lair ou le magiflere de Joufre, &t les fleurs de foufre , ne font qu'une même chofe, favoir du /oufre entier rrès- divifé, mais très-vraiffemblablement le lait ou magie tere de foufre plus que fes autres préparations , d’ail- leurs très-analogues. On prépare d’ailleurs un lait de Joufre d’une efpece particultere , 8 qui differe efflen- tiellement de tous ces remedes purement fulphureux. Celui-ci eft un précipité du même, héparde joufre par Palun : il fe fait dans ce cas une double précipitation, favoir celle du foufre, &celle de la terre de l’alun ;ce- précipité eft immenfe eu égard à la quantité deréac- tifs d’où on le retire. | L’urion du foufre à différentes huiles , foit eflen: tielles, foit par expreflion , fournit divers bazmes de foufre, ou rubis de foufre ; is fe préparent enfaifant difloudre des fleurs de /oufre dans une huile quelcon- que, de l’une ou de l’autre efpece; les huiles par exprefhion en diffolvent une très-grande quantité, & lon peut faire commodément cette opératiôn dans un valeau de terre, & avec le fecours d’un feu tel awiln’échauffe l’huile que jufqu’au point de faire fon- dre le Joufre , ce qui arrive à un degré bien inférieur à celui qui feroit néceffaire pour faire bouillir cette huile ; les huiles eflentielles au - contraire ne dif- {olvent que peu de Joufre. Boërhaave a trouvé que J’huile de térébenthine, v. g n’en pouvoit difou- dre qu’un -= de fon poids. On doit traiter le foufre avec les huiles effentielles , dans un matras à long cou, qui ne foit rempli qu’à demi, & qu'il faut lait fer ouvert, parce qu’il faut faire bouillir le mélange, effectuer la diflolution , & qu'il faut prévenir l’ex- plofion énorme dont eft fufceptible ce mélange, fe- lon l’obfervation rapportée par Hoffman, phyf. chim.n l, IIT, obf. 15, or cette explofion ne peut avoir ce- pendant lieu , que lorfqu’on traite imprudemment | ges SOU Ces matieres dans des vaifledüx bien fermés & trop pleins, qui Venant à éclater paï la fimplé expanfon Vaporeufe, repandent jufque dans le foyer du four: heau, cétte matiere trésinflammable: car il eft à- peu-près évident que ce n’éft qu’en s’enflammant ra- pidement, 8 par conféquent lorfqw'il eft déja hors des vaifleaux, que le baume de Joufre dont nous paslons, peut produire Les effets rapportés dans cet- te opération d'Hoffman, Au refte, les divers bau- mes de /oufre font dénommés par l’efnece d'huile aqu'omemploie à leur préparation ; ainf le dernier , dontnous venons de parler, eft le baume de foufre térébeniinés 1 y a un baume de foufre anifé, il pour rot y en avoir un amande, où amigdalé, Gc. On trouve encore au nombre des remedes 6ffci- naux , un/rop de foufre, & des sablertes de fonfre ; ce Jirop de foufre n’eft autre chofe que le foie de Joufre préparé avec lalkali , délayé dans trois ou quatre parties d’eau, qu'on mêle enfuite avecfufifante quan: tite de Joufre, pour en faire un firop. Les rablettes de foufre {e préparent ainf + prenez fleur de /oufre, demi- once; fucre blanc, quatre on- ces ; cuifez votre fucre avec de l’eau commune (car Veau rofe demandée dans la pharmacopée de Paris, d’après la routine commune , eff très-inutile. }en con- fiftance d’életuaire fohde ; alorsmêlez vos fleurs de Joufre, faites des tablettes felon l’art. Tous les remedes dont nous venons de parler, font deftinés uniquement à l’ufage intérieur , excep- té les baumes de foufre , qui font auffi recomman- dés pour l’ufage extérieur; c’eft prefque uniquement: aux maladies chroniques dela poitrine, commeafth- me , phthifie, toux inveterées, que ces remedes font deftinés ; mais ils font fort peu ufités , & vraïffem- lablement 1ls font abandonnés avec raifon, Boër- bäave, ‘quia traité aflez au long de la plûüpart , dans fa chimie, les condamne prefque fans reftriétion ; il . it qu'ils irritent , échauffent , déflechent, qu’ils nui- fent aux poumons, à l’eftomac, aux autres vifce- res, qu'ils diminuent l'appétit, & augmentent la {oif êt les fueurs, & il ajoute qu'il ne fe décide point ain- filégerement, mais qu'il a examiné la chofe très- exactement, guæ non temereeffurdo , fed explorata lo- guor meditatus. j _ 4h Les baumes dé /oufre font d’ailleurs recomman- dés pour l’ufage extérieur , comme de puiffans refo- lutifs difcuffifs, déflechans, contraires à la gangreñe, ëc principalement comme fpécifique contre la gale; mais 1l eft.principalement fous la forme d’onguent quand on l’emploie contre cette derniere maladie ; on a coutume même de le mêler dans ce cas, avec quelques autres médicamens. Voici l’onguent pour la gale, de la pharmacopée de Paris; remede dont le Joufre fait l’ingrédient principal, la vraie bafe du re- mede. Prenez fain-doux lavé , fix 6ncés ; acine de pa- _tience fauvage , cuite jufqw’à confiftence de pulpe , &t paflée par un tamis , & fleur de foufre , de chacun une once 6 demie ; d’onguentpopuleum battu avec du fuc d'aulnée, demi -once : hattez le tout exaûte- ment dansun mortier , ét faites-én un onguent pour étre employé fur Le champ. Quant à l'emploi de cet onguent, voyez GALE. : IF Fote de foufre : celui dont il fera ici feuilement auef. tion, eftprépaté comme nous l'avons déja dit , âvec l’alkali fixe de nitre; cette matiere fe préfenite fous la forme d’une fubftance concrete d’un rouge foncé ; elle tombe facilement en déliquium; elle eft très-fo- luble dans Pefprit-de-vin, quoique les deux principes dont elle eft compofée, ne foient folubles ni l’un ni l'autre dans ce menftrue. Boërhaave s’éxprime peu exactement, lorfqw'il appelle la diflolution du foie de Joufre, dans Péfpnit-de-vin, féphuris diffolusio 12 alcohole vini, Lefoie de foufre diffouttoutes les fubf Tome XF, É SOU 40t tances Métalliques , 8: même lof, avéc beaucoup .de facilité , quoique l’alkali fixe du Jozfre pris fépa: rément; ne diflolve point l'or. Stahl croit que c’ef avec ce menftrue , que Moife ouvrit & difpofa à uné prompte pulvérifation, le veau d’or, duquel il eft dit dans le xxx. chap. de lexode, v. 20. que Moifé le prit. culit vitulum quèm fecerant, G combuffet ivre, contrivitque donec in pulverèm redegir, poflea fparfit ir Juperficiem aquartin, & potavir filios Ifrael. Ce chimifte a fait un traité exprès , fous le titre de virns aurens 2gne combuflus , te. dans lequel ; au fujet de ce fait zapporté dans l’Ecriture , ou plutôtä cetteoccafion, il examine très-dottement , mais peut-être trop lon- guement, toutes les manieres connues de divifer Por. Le foie de /oufre eft précipité pa tous lesacides ; ilré pand pendant cette opération!, une odeur déteftable, & femblable à celle des œufs pourris : Les chimiftes fe fervent quelquefois de ce figne, pour reconnot- tre l'acide vitriolique , dans quelques fubfances ter- reufes ou falines , dans lefquelles ils le foupconnent ; ils traitent ces fubftances avec le phlopiffique , de la maniere qué nous avons rapportée plus haut, en trai- tant de la compofition artificielle du Jowfre ; ils ver- {ent enfuite fut le mélange ainfi traité, un peu d’acide de vinaigre ; s'ils produifent par: là cette mauvaife odeur , 1ls en concluent la préfence d’un foie de /oz- fre, & par conféquent celle du fozffe qui fütppofe né- ceflairement le Concours d’un acide vitriolique , qui eft le principe recherché ; cette épreuve qui eft uf- tée, fur-tout dans les travaux fur les eaux minérales, n’eft point démonftrative. | La théorie commune , fur la maniere d’être du principe fulphureux dans les eaux minérales fouffées, enfeigne que ce principe y eft contenu fous la forme de foie de foufre : cette théorie eft faufles Acides du Joufre : Vacide que fournit le Joufre con: fumé par une flamme violente, eft du pur acide vis. triolique. Voyez ViTRIOLIQUE aride. Le meilleur appareil que les chimiftes aient trouvé jufqu’à pré- fent, pour retirer cet acide, c’eft de placer fur un feu vif de charbon , une petite écuélle pleine de 04: fre, qui s’enflamme bientôt , & deflagre vivément , &c de tenir fufpendue fur cette écuelle une large clo- che de verte, penelevée au-deflus du fol -qui'porte le Joufre brulant ; cette cloche perfe@tionnée par les chimiftes modernes ; porte en-dedans,,& à fa partie inférieure ; c’eft-à-dire à {on ouverture, une sout- tiere qui s'ouvre en-dehors par un bec; les vapeurs : P du Joufre brulant étant condenfées datis l’intérieur de cette cloche ; coulent en petits filets prefque in- fenfibles dans la gouttiere , s’y ramaflent, & {ont verfés au-dekiors, parle bec, dans un vaifléau conve- nable qui y eftadapté. Cette opération réufitmieux lorfqu’on la fait dans un air humide. Je ne fais quel chimifte moderne a imaginé de difpofer autouürde cet appareil, un éolipyle , de maniere qu'il fout con. tinuelenent dans l’intérieur-de la cloche une vapeur aqueufe ; de quelque maniere qu’on s’y prénne , du moins dans le procedé connu jufqu’à préfent , on ob- tiént très-peu d'acide vitriolique du fouffe-; cet acide eft connu dans Part fous le nom d’efprir de fonfre par la cloche, /piritus fülphuris per cariparam ; & ous celui d’hurle de Joufre, f0n a concentré cét efprit par la reéification. Ces opérations s’exécutentà peï- ne dans les laboratoires des chimiftes inftruits; du | moins dans la vue d’avoir un acide particulier , foit comme inftrumient Chimique , foit comme médica= ment; & ce n’eft point aflurémentune fraude réelle que de fubffituer l’efprit de vitriol à l’efprit de foufre, demandé encore quelquefois dans les ordonnances des médecins. Ste PEU L’efprit fulphureux volatil'eft encote plus difficile à retenir que l'acide dont nous venons de parler ; C’eff encore un préfent que Stahla fait à la ae ; que ee = 402 S OU Pacide fulphureux ramaflé en abondance , 8£ poñé- dé en un volume confidérable dans des vaifleaux. Il a propoié deux moyens pour fe procurer cette ri- cheffe chimique , dans une differtation exprès, inti- tulée , fpiritus virrioli volasilisin copi& parandi funda- -mentum & experimentum , laquelle fe trouve auf dans fon opufcule. L’un de ces deux moyens eft de daftil- ler àdeflein , du vitriol ; dans une cornue fêlée , ce qui produit, comme on voit, un acide fulphureux , volatil, artificiel, c’eft-à-dire , fourni par un Joxfre artificiel , compofé dans la cornue par l’union de Pa- cide du vitriol au phlogiftique introduit par la félure. Le fecond moyen confifte à faire bruler paifiblement du foufre fous une efpece de cloche deterre tronquée, &r ouverte par fon fommet, qui porte une file verti- cale d’aludels ( voyez les Planches de chimie), dans lefquelles eft apofté un aimant de cet acide : fa- voir , des linges trempés dans une forte leffive d’al- kali fixe, lequel fe change par l’abforption de çet aci- de, en un fel neutre d’une efpece particuliere , & dont tousles acides minéraux chaffent l’acide fulphu- reux volatil ; fi on leffive les linges chargés de cefel neutre, dans fufifante quantité d’eau, qu’on évapore cette lefive , & qu’on difülle par l’intermede de l’a- cide vitriolique, le fel qu'on enretire, dans un alem- bic muni d’un récipient convenable, toutes les join- tures étantexaétement lutées , on obtient l’acide ful- phureux volatil en aflez grande quantité, La nature de cet acide eft fort peu connue : Stahl croit qu'il eft fpécifié par le phlogiftique , qu'il con- tient en une aflez foible proportion, différente de celle qui conflitue, fuivanit lui, l’acide nitreux ; mais cette prétention n’eft point du tout prouvée, Il eft démontré contre Hoffman & fes copiites , que l'acide fulphureux volatil n’eftpoint lacide pro- pre, & encore moins l’efprit élaftique des eaux mi- nérales, dansle premier mémoire fur Les eaux de Sel- ters. Mémoire: préfenté a l’académ. roy. des Sciences. vol, IT. L’acide fulphureux volatil a la propriété de détrui- re &c de décompofer les couleurs ; c’eft pour cette raifon que l’on expofe les laines & les foies à la va- peur du foufre afin de les blanchir ; cette vapeur s’at- tache fi fortement à ces fortes d’étoffes, que l’on ne peut plus leur faire prendre de couleur à-moins de les bouillir dans de l’eau de favon , ou dans une diffolu- tion de fel alkali fixe. Mais 1l faut prendre garde de laiffer ces étoffes trop-long temsexpoñées à la vapeur dur foufre , parce qu’elle pourroit les endommager & les rendre caflantes. pes Perfonne n’ignore que le foufre eftune des fubftan- ces qui entrent.dans la compoftion de la poudre à canon & des feux d'artifice. #oyez POUDRE. L’acidefulphureux volatil a la propriété d’arrèter la fermentation ; c’eft pour cette rafon que l’on foufre les tonneaux dans lefquels on veut mettre certains vins, cela les empêche de fermenter & de tourner à la graifle. On a déja fait remarquer que le foufre fe trouvoit dans prefque toutes les mines des métaux dans des proportions différentes ; alors 1l leur fait changer de forme & de couleur, il noircit tous les métaux, & les rend aigres & caflans, excepté l'argent qu'il rend f duêile, qu’on peut le plier & le tailleravecun couteau: c’eft ce qu’on peut voir dans la mine d’ar- gent mtreufe,. qui n'eft que de l'argent combinéavec le foufre ; on peut inuter cette mine par l'art. Le /ou- fre n’agit point fur l’or ni furlezinc quandils font bien purs; maisil agit très-fortement fur lefer, le cuivre, le plomb, Pétain. C’eft par ces propriétés que Le fou- fre joue un très-grand rôle dans les travaux de la mé- talluroie ; on cherche à le dégager par le grillage; & dans cette opération, lorfque: fon acide eft aus en aéhion par le feu, 1l fert à détruire les métaux qui SOU nuiroïent à ceux que l’on veut obtenir, parce qu’il y en a auxquels il s’unit préférablement à d’autres; c’eft ainfi que dans le grillage de la mine de cuivreil fert à détruire le fer qui accompagne fouvent cette mine, Dans le traitement de la mine de plomb, le Joufre {ert auffi à difloudre les autres fubffances miné- rales qui y font jointes , & facilite la formation de la matte. Les anciens chimiftes 8 les naturaliftes ont donné très-improprement le nom de Joufre à plufieuts fub{= tances qui ne font rien moins que le foufre minéral dont nous parlons. Ils ont donné ce nom à toutes les fubftances huileufes & grafles des trois régnes de la nature , aux bitumes , & à toutes les matieres pro- pres à s’enflammer. Les alchimiftes ont défigné le phlosiftique fous le nom de foufre des métaux; 1ls en diftinguent deux ef peces, l’une qu'ils appellent Joufre volaril, &clautre Joufre fixe. Cette diftinétion étoit fondée fur ce que certains métaux perdent très-aïfément leur phlopifti- que, comme le fer & le cuivre, & font calcinés & réduits en chaux, tandis que d’autres ne le perdent que très-difficilement, comme l'or & l'argent. D’au- tres par foufre volaul ont voulu défisner le foufre qui fe dégage des mines par une calcination légere ; & par foufre fixe ils ont entendu le phlogiftique des métaux. Il eft aifé de fentir combien cette dénomi= nation eftimpropre , vu que le phlogiftique eft un principe élémentaire des métaux, qui, comme Bec- cher l’a fait voir le premier, les met dans l’état métal- lique; au-lieu que le vrai foufre eft un corps groffier, fort éloigné de la fimplicité d’un principe. Cette er- reur des anciens chimiftes a été mife dans tout fon jour , &c refutée par le célebre Stahl. Ce reftaurateur de la faine Chimie a fait voir , dans fon sraité du fou- fre & dans fes autres ouvrages, qu'il falloit bannir ces façons deparlerimpropres & obfcures. Nous ne pouvons pafler ici fous filence une erreur qui a été quelquefois accréditée par des perfonnes très-habiles d’ailleurs ; 1l s’agit des prétendues plvies de foufre , que l’on nous dit être rombées en de cer- tains cantons , où l’on nous aflure avoir vu la terre couverte d’une poudre jaune. M. Henckel &z d’autres favans ont apprécié ce phénomence à fa jufte valeur, en difant que cette poudre n’eft autre chofe que la poufliere des étamines de quelques plantes , ou que celle qui fe trouve dans les pommes des pins, que le vent a répandue dans l’air & que la pluie a enfuite rabattue. Plufieurs perfonnes, idées apparemment fur ces prétendues pluies de foufre, ont auf imaginé qu'il y avoit un vrai foufre répandu dans Pair, & que c’étoit lui qui produifoit les éclairs & le tonnerre; à en croire la plüpart des phyfciens non chimiftes, peu s’en faut que notre atmofphere ne foit un arfenal dans lequel on trouve des magafins de poudre-à-ca- non toute formée, En effet , ils voient dans l’air du nitre tout formé , ils y voient du Joufre , il ne leur manquera plus que du charbon pouravoirtout ce qu’il faut pour leur artillerie fyftématique. S'ils emprun- toient les lumieres de la chimie qui feule peut guider dans les connoiïffances naturelles , als s’épargneroient un grand nombre de conjeétures hazardées qui n’ont d’autre fondement que des chimeres quelexpérience détruit. (—) SOUFRIERE , f. f. (Hifi. nat. Minéralogie.) c’eft ainf qu’on nomme, dans l'ile de la Guadeloupe, une montagne fort élevée , qui a la forme d’un cône tronqué, & quis’éleve au-deflus de toutes les autres montagnes de cette ile. Elle eft à environ trois lieues des côtes de la mer, & occupe le milieu dela partie méridionale de l’île. Cette montagne a été autrefois un volcan; & fuivant ladefcription qui en a été don- née par différens voyageurs, & en dernier lieu par M. Peyflonel médecin , 1l n’y a pas lieu de douter qu’elle nefôiténcore embräfée dans fon intérieur. Le nom defoufriere lui vient de la grande quantité, ce foufre que l'on y trouve ;11fe fublime naturellement par la chaleur fouterreine, &c de trouve en fi grande abondance:.que-cet endroit paroïtinépuifable. Le chemin quiconduit au fommet de cette mon: tagne eff très-dificile ; on rencontre par-tout des dé- bris de volcans, comme des pierres calcinées.,.dela pierfe-ponce, des {ourcesd’eaux chaudes de l’alun, &c. Léterrerareflemble à du colcothar, ouau réfidu de la difillation du vitriol, étant rouge comme de: Pochre. Lorigu’on ef parvenu à une certaine hau- teur on trouveun efpace cu peut avoir envifon 2$ _ toifes de diametre ; l’on n’y voit que du foufre, des cendres & desterres calcinées ; le terrein dé cet'en- droit eft rempli de fentes profondes , d’où il fort de la fumée ; l’on entend qu’il fe fait un bouillonnement au-déffous, &c il én fort du foufre qui fe fublime êz s’attache aux parois de ces fentes 6 des cavités qui. s’ylontformées.On éprouveencet endroit une odeur de foufre qui Ôte la refbiration, & l’on voit lacide fulfureux que la chaleur dégage fe condenfer en gout- tes , & ruifleler comme de l’eau claire, Le terrein et peu folide, 8 l’on peut y enfoncer des bâtons avec facilité ; 8c fi Pon ne marchoit avec précaution, on courroit rique de s’y abyfmer. Cet endroit paroît être le foupirail par où les éruptions de ce volcan fe font faites autrefois. On ditque dans us tremblement de terre, cettemontagne fe fendit en deux, &c vomit un grand nombre de matieres embrafées, &t que de- puis ce tems on n’a plus éprouvé de tremblement de terre dans l'ile. Cette fente a plus de nülle piés de pro- fondeur,& plus de2opiés de largeur. Du côté du nord de cette fente, dans la plaine, eft un petit étang dont les eaux font fortement impréonées d’elun. On trou- ve auih près de cette fente une grotte très-étendue, êt quipréfente des phénomenes très-dignes d’être re- marqués. À l'entrée de cette caverne on éprouve une chaleur modérée; en montant plus haut par def fus des débris de pierres, on entre dans une feconde grotte où l’on fent que la chaleur augmente, & en montant encore plus haut on parvient à un eñdroit qui forme une troifieme grotte ; la chaleur y eft confadcrable , que, fivant le rapport de M, Peyf fonel, lon peut à-peine y refpirer , les fambeaux ont beaucoup de peine à brûler , & lon eft bien-tôt trempé de fueur, Au côté gauche de cet endroit ia rotte femible continuer ; M. Peyflonel voulant al- A plus avant vers ce côté , fut très - furpris d’y trouver de la fraicheur , de voir que les flambeaux y briloient très-bien ; en defcendant encore plus , il trouva qu'il y faifoit un froid exceifif; revenu de cet endroit , 1lrepañla par la partie chaude de la grotte où il avoit été auparavant , & y éprouva la même diff- culté de refpirer & la même chaleur que la premiere fois. | On trouve différentes efpeces de foufre dans la Joufriere de la Guadeloupe,il y en a quirefemble par- faitement à des fleurs de foufre; d’autre {e trouve en mafles compaétes, &z eft d’un beau jaune d’or ; enfin l’on en rencontre des morceaux qui font d'un jaune tranfparent comme du fuccin,au point d'y être trom- pé. Poyez les tranfaëions philofophiques , tom. XLIX, voyez l’article SOKFATARA. (—) SOUFROIR , 1. m. ( ouvrage de Pogter.) c’eft une pêtite étuvebien plafonnée en ciment & bien clofe, pour y blanchir la laine ou la foie par la vapeur du loufre allumé dans une terrine. (D. J. SOUFY , Sicre Des, ( Religion pemfane, ) {e&te ancienne chez les Perfans. On en fixe l’origine vers Van 200 de légire. Sheic-Aboufaid , philofophe auf tere , en fut le fondateur ; c’eft une fee toute my£ tique, &c qui ne parle que de révélations, d’unions fpirituelles avec Dieu, & d’entier détachement des Terme XF. SOU 30} chofes detlatterre. Ils énteñndènt fhivituellément tout l’alcoran, &c firitualifentitous les préceptes qui re- gardent l’extérieur de la religion , excepté pour les. jeûnes qu'ils font avec laplusgrande auflérité, Leur foi &c leur doëtrine ont.été recueillies dans un livre qu'ils ont en vénération; 8&-quälsñommentiezlchen dras jc'eft-à-dire le parterre des mftères2 Al'eft vraif femblhble:que leur théologie myftiqueä pañlé d’o: rientenoccidentparlavoie de l'Afrique 4.8 qu’elle: s’eft ainfi communiquée d’abord à PEfpagne, ‘enfuite: par l’Efpagne en ltalie en France & ailleurs. (D.J.y SOUHAIT , DESIR , 1 m. ( Syronym) lan &c: l'autre défignentune inquiétude q'on-éprouve pour une chofe abfente, éloignée ,. à laquellé ontattache une idée deplallir. Les fowhuies fe nourriffent d'imaoi: nation ils doivent êtré bornés. Les deférs viennent des pafions ; is doivent être modérés, One repait de fouhaits ; on s'abandonne à fes défis, Les parefz feuxs’occupent à faire des Jouhairs chiméfiques ; les courtifans fe tourmentent par des 4/ffs ambitieux, Les fouhaïrs me femblent plus vagues ; 8c les defrs plus ardens, Quelqu'un difoit qu'il .connoïfioit plus les foxhatss que les defirs, diftinétion délicate sparce que les fuohnirs doivent être l’ouvrage de lataifon , & que les dejirs font prefque toujours une‘nquiétidé aveugle qui nait du temperament. VEATTS _M.deSacia dit, mes defrs foupirenvers vous ; c’eft mal parler : les defirs ne foupirent point yce {ont eux quifont foupirer. (D. J. | abt LA SOUI , ou SOL, fm. (Cusfin.) c'eftune efpece de fauce que les Japonnoïs préparent , 87 quieft très: recherchée par les peuples de l’Afe , &par les Hol: landois qui enapportent de ce pays; c’eft'une efpece d'extrait ou de fuc qui fe tire de toute forte ds Vian: des , & lurtout des perdrix & du jambon, Où y joint du fic de champignons , beaucoup defel , de poivre, de gingembre , &c d'autres épiceries qui lui donnent un goût très-fort, & qui contfibuent à em: pêcher que cette hqueur ne fe corrompe, Ælle fear: de pendant un grand nombre d'années dans des bou- teilles bien bouchées , & une petite quantité de cette liqueur mêle avec les fucs ordinaires ; des releve 3 &leurdonne un goût trés-agréable. Les Chinois font aufh du our, mais on regarde celui du Japon comme 1 F fupérieur; ce qui vient,cit-on, de ce que les viandes font beancoup plus fucculentes au Japon qu'à la Chine. : : SOUILLAC ox SOULIAC , ( Géogi mod. ) petite ville de France dans le Quercy, à 3 beues de Sarlat, {ur da Borefe , près de la Dordogne , avec une ab baye d'hommes de l'ordre de faint Benoit. Toutes les maifons de cette place ne font que de bois, & le bas -de la ville ne fert que d’écuries ou d’étables, Long. 18, $7, latte 4594 D.) SOUILLARD , 1. m. (Charpenr) piece de bois af: femblée fur des pieux , à que l'on pole au-devant des glacis , qui font entre les piles des ponts depier- re. On en met aufli aux ponts de bois. On appelle encore foutllard'un petit chailis , que plufieurs font fceller dans les écuries pour contretenir les piliérs, (2. J) SOUILLE , ff. (Venerte.) lieux bourbeux où fe veautre le fanglier. Le four! eft fouvent une marque ti fait reconnoitre fa taille. Fouillous. SOUÏILLER , FACHER , ( Gramm. Synon.) ces deux mots défignent la même chofe, & forment un même fens ; mais sacher ne s'emploie qu’au propre, & fouiller ne {e dit guere qu'au figuré ; ainfi l’on dit tacher Les hardes , fouiller fa confcience , fe sacher de graifle, {e fouiller de crimes. Souiiler eft très-beau en poëñe. ê Lorfque le déshonneur fouille obéiffance, * Les rois doivent douter de leur toute-puiffance : N Quila hazarde alors, ren fait pas bien ufer , Eee 404 S O U Et qui veuttout pouvoir , ne doit pas tout ofer: Corneille , dans D. Sarthe d'Aragon. (D. J.) ra SOUILLURE,, f.f (Gram: Critiq, facrée.) impureté extérieure: felon la loi de Moife , on contraétoit plu- fieurs fortes de /ouillures légales; les unes étoient vo- lontaires, comme l’attouchement d’un homme mort; d’une femme qu’on favoit avoir le cours defesregles; d’un animal impur, & autres chofes fouillées ; d’au- tres fouillures étoient involontaires, comme d’être attaqué de quelque maladie , telle que la lepre , de fe trouver fans y penfer dans la chambre d’un hom- me qui tomboit mort, ou de toucher par mégarde quelque chofe d’impur. Ces diverfes impuretés ex cluoient des chofes faintes , & de tout atte de relis gion , celui qui en étoit fouillé, jufqu’à ce qu'il fe füt purifié , ou qu'il fût guéri ; mais Les chofes fouillées de leur nature, comme les charognes , ou déclarées telles par l’inffitution de la loi, comme certains ani- maux , ne pouvoient jamais devenir pures; les mai- fons, les habits, les uftenciles de ménage, fe puri- fioient par des lavages , des leflives , le foufre ou le feu, après quoi l’on pouvoit s’en fervir, Foyez Pu- RIFICATION. (D. J.) SOUILLURE , rerme de Teinturier, ce mot s'emploie dans.les teintures qui fe font par des mélanges lorf- qu’on mêle enfemble différentes efpeces. : SOUIRFA , f. f. (ff. nat, Bor.) plante de l'ile de Madagafcar , dont la feuille eft déchiquerée ; elle eft d’un goût aigrelet, & pañle pour un remede excel- lent contre la fievre, loriqu’onl’applique fur la réyion du foie &c du cœur. SOULAGER , v. at. (Gram.) diminuer fa peine, fon travail, ou fa fatigue , foit en la partageant, {oit en l’adouciffant. On dit, cet homme fuccombe fous le poids dont 1l eft trop charge ; 1l faut le foulager. On joulage un vaifleau , un plancher ,un malade, les affligés. La douleur fe foulage par la plainte. SOULE, pays DE, (Géog. mod.) pays de France, au gouvernement militaire de Guyenne & de Gaf- cogne, dans les Pyrénées , & enclavé entre le Béarn & la baffle Navarre. Le pays de Soule eft habité par les Bafques, & les Pyrénées le féparent du val de Roncal en Navarre. Pline fait mention de certains peuples vers les Py- rénées, qu'il nomme Sibillares : ileit fort probable que ces Sibillates font ceux de Soule, parce que nous voyons dans Frédegaire, que le véritable nom de ce pays étoit Subola;, corrompu depuis en Sols ; il étoit des anciennes dépendances des Tarbelliens, & 1l a toujours été au diocèfe d’Acqs , capitale des Tar- belliens , jufqu’au milieu du x]. fiecle, que évêque d'Oleron s’empara de la jurifdiétion fpiritueile. Après la prife du roi Jean, & letraité de Brétigny, les Anolois fe rendirent maîtres de Soule ; enfuite fous Charles VIL après la prife &"icqs, &r des autres villes de Gafcogne , la Soule , avec fa capitale Mau- léon, fe rendit aux François. On lui a confervé de grands privileges ; c’eft un pays d'état, pauvre à la vérité, mais tous ceux qui y ont des fiefs , ont droit - d’affifter à la tenue des états. La Souze eff fituée le long du Gave-Suzon, & comprend environ 60 pa- roifles. (D.J.) SOULE , La, ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge Subola, Suila, Sola ; petite riviere de France , dans la Normandie , au diocèfe de Coutances. Elle naît auprès de Montabor , & après un cours d'environ fept lieues , elle fe joint à la Sienne, au pont de la Ro- ue, : SOULEVER , je SOULEVER , ( Langue françoile. ) ce verbe fe dit rarement au propre, excepté des fu- jets vis-à-vis de leur prince; le peuple {e Jou/eva; routes les provinces Je ons foulevées,en parlant d’une | général chez les anciens, émotion populaire générale. Les Guifes firent Joufes er plufeurs villes contre Henri II[. mais on ne di- roit pas que la grande-Bretagne s’e/ foulevée contre la France en lui déclarant la guerre. Ce pañlage, confurget gens in gentem , regnum inre= grum ; eft donc mal traduit , par; « on verra fe fou- » dever peuple contre peuple , royaume contreroyau- » Me »#. Soulever fe dit encore au figuré de tout ce qui ré- volte l’humanité, ou qui caufe du fcandale & de lin- dignation fans qu'il s’agifie de fouverains ni de fujets, par exemple ; l’apologifte moderne du mafacre de Saint Barthélemi a fou/evé tout le monde contre lui, (D: J) | j SOULIE , f. f. (Marine. c’eft Le lieu où le vaifleau a pofé , lorfque la mer étoit bafle , & qu’il a touché fur de la vafe. | SOULIER , {. m. (Chauffure.) chauflure de cuir, ou de quelque étoffe quicouvre le pié depuis ce qu’- on appelle la cheville. Le foulier eft compofé d’une ou de plufieurs femelles ; d’un talon de cuir ou de bois , de l’empeigne , des quartiers, & des oreilles. (2. J) SOULIER des anciens , ( Littérat. ) il paroît qu’en a matiere la plus ordinaire des /ouliers étoit Le cuir apprêté. Martial fe moquoit d’un homme qui portoit une calotte de maroquin af- fez profonde, Celui-là , difoit-il, vous a plaifamment raïllé , qui a parlé de votre calotte comme de la chauf- {ure de votre tête. Haædiné tibi pelle contegenti Nuda tempora verticemque calvæ, Feffive tibi, Phœbe , dixit ille, Qui dixit caput effe calceatum. On fe fervit aufli d’écorces d’arbres, ou du moins de leurs membranes , comme par exemple de celles de la plante appellée papyrus : calceos præterea ex pa- pyro textili fubligavir. j es bergeres efpagnoles, au rapport de Pline s fourniflent la mode de fouliers de jonc &c de genèêt. On mit en œuvre pour les couvnit la laine, le lin, la foie , & l’or. Si nous en croyons quelques auteurs, non-feulement les fouliers fe trouverent chargés de feuilles d’or, mais il y en avoit même dont les fe- melles étoient d’or maflif: efpece de luxe qui paroït prefque incroyable : fecculum auratum ; imd au- PEUTIL | Plaute dans fa comédie des Bacchides , fait dire à un valet à qui fon maître demande fi un certain Théo- time eft riche : vous me demandez fi un homme eñt riche, lorfqu'il porte des femelles d’or à fes fouliersz etiam rogas qui foccis habeat auro fuppaülum jolum. Le luxe n’en demeura point là ; la vanité de fa parure des fouliers alla fi loin , que non-feulement le deflus du foulier étoit garni de pierreries, mais tout le foulier même , ainf qu’on le voit clairement par ce paflage : germmas non tantum crepidzrum obffragulis ; Jfèd € rotis focculis addunt. A Pégard de la forme des fouliers, elle a été difé- rente fuyant le génie &t les mœurs des nations, Nous ne trouvons rien dans l’Ecriture-fainte quipuifle nous donner une notion de celle des fouliers des Hébreux, & les rabbins expliquent fi différemment les termes qui concernent les Jouliers des juifs, que lon ne fait véritablement à quoi s’en tenir. s Le Joulier romain quant à la hauteur, ne fe termi- noit pas comme le nôtre ; il s’élevoit jufqu’à mi-jam- be, en prenant jufte toutes les parties. Il étoit ou- vert par-devant depuis le cou-Ge-pié, & fe fermoit avec une efpece de ruban ou de lacet. Pour être bien chauffé, il falloit que le foulier fût extrémement ferré, tenfum calceum. Un foin particulier des gens du fie- cle, dit S. Jerôme , eft d’avoir un Joxlier propre &c sSOÙ bien tendu: ff pes in axé pelle non nater. On fait que Paul Ernile ayant répudié fa femine, qui étoit en con- fidération pour fa vertu , & par-là s'étant expofé aux reproches de fes amis, fe contenta de leur répondre en leur montrant le pié : vous voyez, dit-il , ce Joz- lier, left bien fait & me chauffe jufte, vous ne favez point où il me blefle. | Si ce n’étoit pas une preuve fenfible de lirrégula- rité de la conduite de fa femme, c’étoit au-moins une marque certaine que tout le pié étoit couvert dû foulier. La forme, au volume près , en étoit égale pour les femmes comme pour les hommes. Quevotre _pié, dit Ovide , à une femme qu’il aime, ne nage point dans un fou/ier trop large. Ne vagus in laxé pes tibi pelle natet, La pointe du foulier étoit recourbée; c’eft de-là ue Cicéron , dans fon traité de la nature des dieux, a pris l’idée de la chauflure de Junon: ca/ceolis re- pandis. Il yavoit une forte de fozliers appellés perones que les fimples magiftrats pouvoient porter, & dont il eft parlé dans Feflus. Juvenal nous en a donné la def- cription dans fa quatorzieme fatyre. C’étoient de gros fouliers faits exprès pour réfifter aux boues , aux neiges, &t dont les fayfans fe fervoient en travail. Jant à la terre. Ce font, fans doute, les mêmes dont Ulpien entend parler dans la loi. 3. $. ff. de off. pref, virgil. calceatum , dit-il ; debere prefcétum vigi- lim coerrare. Les gardes prépolés à veiller pendant la nuit aux incendies , avoient befoin de pareils fouiers, pour réfifter aux pluies, aux neiges, & autres injures du tems. | Avant de parler de la couleur & des ornemens que les anciens metioient à leurs foulirs, il eft à-propos de faire mention d’une autre forte de fouiens qui étoit en ufage chez eux, & que les Romäins appelloient Joleæ, &t qui revient aflez à notre fändale. Elle con- fiftoit dans une fimple piece de bois ou de cuir que Von plaçoit fous le pié , & que l’on attachoit par des bandelettes de toile ou d’étoffe, pañlées & répaflées fur le pié, & entre les doigts du pié, & autour de la jambe : il nous en refte plufieurs exemples dans les anciens monumens de peinture & de fculpture, que . les curieux ont confervés, C’eft par rapport à ces lens que Virgile & Ovide ont appellé les fandales vincula. Ce dernier a dit dans fes métamorphofes, : Vincla duo pedibus demunr. Et Virgile , dans le huitieme livre de l’Enéide, Es iyrrena pédim circumdat Pncula plantis. Onappelloit encore cette chauflure ereida & crepi- dula , à caufe du bruit que l’on faifoit en marchant. Cette fandale étoit plus particulierement la chauf- fure des femmes. Cicéron reprochant à Verrès fa mol- lefle & fes manieres efféminées, l’accufe d’avoir patu en public , en qualité de préreur, avec des fandales, un manteau de pourpre, & une tunique defcendant juiqu'aux talons : fleris foleatus prœtor populi roman, cum pallio purpureo, tunicaque talari. Ce n'eftpas que les hommes ne fe ferviflent quelquefois de la {an- dale , particulierement lorfqu'ils alloïent à quelque feftin, Quant aux fouliers dont les foldats fe fervoient à la guerre, on les appelloit calice milirum. Comme cette chauflure leur étoit particuliere, on les nom- moit fouvent caligari,au lieu de milires ; ainfi Seneque, de benef. cap. xvj. en parlant de Marius, dit: 4 caligi ne ad confulaturn pervenit. . ‘Il y avoit encore deux autres chauflures en ufa- ge , mais dont on ne fe {ervoit que fur le théatre; c’étoient le brodequin & le corhurne. Voyez chacun de ces mots à leur article. Quelques-uns croient que les foliers des hommes CR étoient noirs, fur le fondement de ce vers d'Horace : Nigris ntdinum impedit crus pellibus. Ils fe croient encore fur ces vers de la feptieme fatyre de Juvenal, oùparlant d’un certain Quintilien, il dit qu’il étoit beau, bien fait @e fa perfonne , vaili lant, fape &c très-noble; car. le-croifant qu’il por toit fur es fouliers de peau noire, en étoit une preuve: Felix, € fapiens, @ nobilis, € penerofus, ZÆppofitam nigr& luñam Jubreïxit alute. Le terme aluta fignifie une péau déliée fur laquelle On pouvoit peindre le croiffant, ou la lune en fon entier, comme il eff dit dans les vers de Juvenal qu'on vient de lire , auxquels il faut ajouter cet en: droit gle l’épioranmme 29 du IT. liv. de Martial, Non extrema fedet linaté lingula planté, Cacina non lefum cingit aluta pedèm, On rapporte plufieurs raifons de l’ufage de faire peindre une lune ou un croïffanit fur les fouliers des fénateurs , & des perfonnes d’une ancienne famille; C'eft une des queftions que Plutarque propofe fur les ufages des Romains, 9w4/, 86. On a depuis ima- giné plufeurs autres raifons de cet ufage qu'il feroit inutile de rapporter. On ne fait pas même fi l'on peignoït la lune dans fon plein , ou fi ce n’étoit que {on croiffant, ni en quel endroit du fozlier elle étoit placée, Il eft encore difficile dé découvrir la forme & lus fage des fouliers que les Romains appelloient zzuller, Feftus veut qu’on les ait ainfñi nommés, de l’ancien mot wullare, qui fignifioit wnir différentes parties d'une étoffe ou de quelqu'autre matiere, par une couture fine & délicate , ce qui convient à la bro= derie des fouliers. M. Danet prétend que les fouliers des fils des fénateurs , avoient aufi une lune, mais différente qui leur avoit donné le titre de mwllei . calcei, Maïs 1l paroît qué ces mots de Tertuilien dans fon traité de pallio ,nous donnent une idée plus claire du foulier appellé muileus : rpuro, dit-il, cruri pu- run aut mulleolur induit caleenm. Les. fouliers qui étoient fimples & fans ornement étoient appellés puri ; 8 ceux qui étoient ornés par une lune, ou par quelque broderie , étoient diftin- gues par lépithete de wxllei, Les fouliers des femmes étoient blancs pour l'ordi: naire. Les fouliers des fénateurs étoient de peau noi- re, &t quelquefois blanche, mais les magüftrats cu- rules les portoient de couleur rouge. Pendant un tems, une honnête femme chez les Romains n’ofoit porter du rouge aux fouliers : cette couleur étoit afe@ée aux courtifannes. Cette mode ne dura guere, foit que le caprice la reglât, foit que dans quelques femmes, la vertu ait étéaffezhardie pour s’affranchir de la tyrannie d’un ufage qui contrai gnoit le goût. Celles qui fe piquoient le plus de régularité, porterent impunément des fouliers rou- ges , long-tems même avant le reone d’Aurelien qui leur en permit l’ufage, & l’ôta en même tems.aux hommes, culceos mulleos, rubros viris omnibus tulis * muliertbus reliquit L'ordonnance de ce prince fur d'autant plus gracieufe pour les dames, que lui & fes fuccetleurs eréferverent cette couleur, à l’exem- ple des anciens rois d'Italie, au rapport de Dion, Elle régna dans le bas Empire , & pañla des empe- teurs d'Occident à la perfonne des papes qui ache- verent d'effacer les traces de fa premiere deffination. Les empereurs chargerent leurs foufiers de plu- fieurs ornemens. Ils y firent broder la figure d'une ai- gle enrichie de perles & de diamans, aquilis ex las pulis & margaritis. I] y a lieu de croire que cette décoration pañla jufawaux fouliers des dames 3 OK du-moins jufqu’à ceux des impératrices. S OU 406 . La chaleur de fait Chryloftomée contre les Joxs liers brodés, dont la mode fubfiftoit de {on tems, me rappelle celle ‘di frere Thomas contre les coëf: fures hautes dontJ'aiparlé au mot kms. Chry- foftome ne s'échauffa guere moins fur cette niaile= rie, qu'il auroïit fait Plon avoit élevé des idoles fur lesautels des chrétiens. On voit aujourd’hui des feme mesiiqui ont beaucoup derraifon & de piété, porter | des fouliers. avec ces ofnemens, que ce,pere de FF- glife revärdoit comme'une invention du diable, Saint : | Pierre ne defapprouvoit pas les ornemens de ce gen- re, puifque les faintes femmes qu'il cité pour exem- ple, en portoient elle-mêmes; nrais al veut qu’on donne une autre atteñtion aux ornemens qui font le vrai mérite. La mollefle 8 la galanterie varierent la ghauf- fure ; & la mode inventa une forte de foul'er orec qu’on ‘appelloit feyonien. Il étoit plus léger & plus délicat que les autres. « Si vous me donmez, dit Or- # cérOn, au premier livre de l’orareur ; des fouliers » ficyoniens, je ne m’enfervirois certainement point; » C’eft une chauflure trop efféminée ; J'en aimerois » peut-être la commodité, mais, à caufe de Pindé- » cence, je ne m'en permettrois jamais l’ufage. On employa le liege pour haufler le fou/ier, &t êle- ver la taille, fuivant la coutume des Perfes , chez qui la petitetaille/n’étoit pas eñ honneur; l’ufage decette chauflure étoit commun fur la fcene &z dans les re- préfentations où l’on recherchoit de la majefté. Les coquettes s’en fervoient dans les bals, les aétricés fur le théatre, fur-tout dans le cofmique, & sil eft permis de rapprocher des chofes infiniment oppo- Îées, les prêtres s’en fervoient dans les facrifices. On Ôtoit fes fouliers en {e mettant à table. On fait le bon mot de Dorion, poëte mufcien. Ayant perdu à un feftin le foulier qu’il portoit à un pié malade. « Je » ne ferai d'autre imprécation contre le flou , dit-l, » finon qu’en me dérobant mon foulier, ilait pu trou- # ver chaufüure convenable à fon pié. Les efclaves ne portoient point de fouliers , mais marchoient nuds prés; êc on les appelloit pour cela chetati où gypfati , des piés poudreux. I y avoit même des perfonnes librés qui alloient auffi nuds prés ; & Tacite remarque que Phocion, Caton d'Utique, &c plufieurs autres marchoient quelquefois fans fouivrs; mais ces exemples font rares, & généralement par- lant, toutes les perfonnes qui étoient de condition . Libre; marchoïent toujours chauflées, fi ce n’étoit dans quelque folemnité extraordinaire de religion, ou quelque calanuté publique ; car nous apprenons de l'hiftoire que, quand on lavoit la grand'mere des dieux, on alloit piés nuds en proceffon, &c que les dames romaines {e déchaufloient dans les facrifices de Vefta. Tertullien rapporte que les pontifes des payens ordonnerent fouvent des proceffions nuds piés dans un téms de fécherefe : Com flupet cælum € aret an- nus , nudi-pedalia denunciantur. À la mort de Jules Céfar, plufièurs chevaliers romains ramaflerent fes cendres, revêtus de tuniques blanches & piés nuds, pour marquer tout-enfemble leur refpeét &c leur trif- tefle. Lycurgue &c la jeunefle lacédémonienne al- loient toujours piés nuds, Les magiciennes dans leurs myfteres magiques, avoient un pié chauffé &c l’autre nud; c’eft Ovide ëc Virgile qui le difent : Urnum exutz pedem vinchis, IV. Æneid. Horace parlant de Canidie ,aflure qw’elle marchoit piés nuds, pour mieux réuflir dans fes en- caantemens. Si le lefteur veut réunir à cet article cel de CHAUSSURE , @& parcourir en même tems le szité de Balduinus, de calceo antiquo , il m’aura prefque rien à defirer fur cette matiere, (Le chevalier DE JAUcOURT.) SOU SoULtER de Norre- Dane. (Boten.) en anglois, #ke _ ladiey-flipper. Tournefort diftinguetrois elpeces de ce genre de plante. L’efpece communes calceolus vulgaris ; jette une tige d'envifon:un pig! garnie de+ quelques feuilles larges, veinenfes!,/reflemblantes 4 celles: du planrain!, & rangées alternativement, Elle porté une fleur ordinairement unique à fommet, compolée defix petalesinégaux, quatre-oppofés en croix ,-8t deux placés au milieusCes-derniers re préfentent enquelquelmanieretun foulier ou fabot, de couleur jaune, ferrugineufeouspurpurine-noi- râtre. Le fruit auiluccede, a la figure d’une lanterne ‘trois côtés. Il contient des femences femblables à de la fciure de bois;.cette plante croitifur lesmon- tagnes & dans les forêts, (2. J) D + SOULIER, ( Marine.) piece de bois concave, dans. laquelle on metle bout de la patte de l'ancre, pour empêcher qu’elle ne s’accroche fur la pointe, quand on!la laifle tomber: on n’en fait prefque point ufager en France. | | SOULIERS , ( Géog. mod.) bourg de France en Provence, viguerie d'Hières, & diocèfe de Toulon. Ge bourg eft la patrie d'Antoine rez, poëte du. XV]. fiecle, qui fe rendit alors célebre par fes vers: macaroniques, & en particulier par fa defcription de la guerre de Charles-Quint dañs fon pays, dont il avoit été témoin. Il mourut.en 1544 Ce n’eft point à Souliers en Provence, mais au chä= teau de Souliers dans la province de la Marche-qu'eft. né François Trifan , furnommé. l'hermite, poëte recu ‘À l'académie françoile en 1649, & mort dans la mi fere en 1655, âgé de 54 ans. On connoit à ce fujet l’épigramme de M. de Montmor, maîfre des requêtes Elie, ainfi qu'il eff écrit, De fon manteau comme de fon efprit Récompenfa Jon férviteur fidele. Triflan eft fuivi ce modele ; Mais Triflan , qu'on mit au tombear Plus pauvre que n’eft un prophete, En laiflant a Quinaut Jon efprit de poire, Ne put lui laiffèr un manteau. ‘Les poéfes de Triftan ont été recueillies en trois: volumes ; le premier contient fes amours; le fecond fa lyre, & le troifiene fes vers héroïques ; raaïs il fe diffingua fur-tout par fes pieces dramatiques, qui eurent béaucoup de fuccès pendant fa vie: Mais fa tragédie de Marisnne , retouchée par Rouffeau , ef |. la feule qui foutienne encore la réputation de {on auteur. Mondori, célebre comedien de fon tems, fit de f grands & de @continuels efforts, pour y bien jouer le rôle d'Hérode, qu'il en mourut. Le rôle d’Orefte dans l'Anrdromaque de Racine a caufé de- puis le même fort à Montfleury. | Triflan a fait auffi des poéfies facrées, & amis en vers l'office de la Vierge. Enfin il compofa lui-même fon épitaphe , que voici: Jefis lechien-couchant auprès d'un grand/eisneur. Je me vis toujours pauvre, 6 tächai de paroïtre. Je vécus dans la peine attendant le bonheur, Et mourus fur sun coffre en attendant mon maître, C’étoit Gafton de France dont il étoit gentilhomme ordinaire, (2. J.) | SOULONDRE , ( Géog. mod. ) petite riviere de France , dans le bas-Languedoc. Elle naît à 2 lieues de Lodeve ; & au-deflous de cette ville, elle coule dans la Leroue. ({ D. J.). SOUMELPOUR , ( Géog. mod. )\petite ville des Indes, au royaume de Bengale , dans les états du grand-mogol, fur la riviere de Gouel, à 30 heues vers le couchant d’Oueglr. Toutes {es maifons font de terre , & couvertes de branches de cocos. Long. 102,20. latit, 21, 35, (D. J.) ‘ SOUMISSION, £ f. (Gram. € Jurifprud.) eft une déclaration par laquelle on s'engage à faire quel- que chofe , ou lon confent que quelque chofe foit faite. Aïnfi lon fe foumet aux rigueurs d’un tribunal , comme de la confervation de Lyon. On fait fes foumiffions pour un office, pour une ferme , ou quelqu’autre exploitation ou entreprife , en confignant une fomme ou en faifant une décla- ration que lon s’oblige de payer. Woyez Consr- GNATION , OFFRES, OBLIGATION , PAYEMENT. À ) c SOUMONTSOUT , ( Æiff. mar. Botan. ) arbre de Pile de Madagaïcar, dont le bois eft violet & mar- bre ; il fert à teindre en rouge. | SOUN, £. m. (Marine.) ce font à la Chine les prin- cipaux bâtimens , tant de guerre que vaifléaux mar- chands. Les plus grands de charge font de 300 laftes; ceux qu’on équipe en guerre, ne pañlent pas 100. SOUPAPE , ez Hydraulique, Pneumatique, &c. eftune efpece de couvercle de tuyau , qui eft fait de maniere qu’il s'ouvre d’un côté , & qué de l’autre plus il eft preffé, plus il bouche exaétement l’ouver- ture : de forte qu'il laifle entrer un fluide dans le tuyau, &r empêche de retourner, ou bien le laifle fortir 8 l'empêche de rentrer. Les foupapes' {ont d’un grand ufage dans les ma- chines pneumatiques , dans lefquelles elles font or- dinairement faites de morceaux de vefñie. Voyez PNEUMATIQUE & CANNE À VENT, Dans les machines à vent hydrauliques , comme aux piftons des pompes, elles. font ordinairement de cuir. Voyez PISTON. Quelquefois elles font faites de deux morceaux de cuir ronds , renfermés entre deux plaques de cuivre. | Quelquefois elles font faites de cuivre , toujours couvertes de cuir , & garnies d’un petit reflort qui donne pañlage quand il eit preflé fortement , & qui ramene la foupape fur l’ouverture fitôt que la force ceffe de le prefler. Voyez POMPE, Gc. L’ufage des /oupapes dans Hydraulique eft prin- cipalement néceflaire pour pouvoir élever l’eau à une hauteur confidérable par le moyen des pompes; en effet la fôrce de l'air ne pouvant élever l’eau qu’à la hauteur de 32 piés , 1l eft certain que fi on vouloit tranfporter par le moyen d'une pompe fimple une certaine quantiré d’eau dans un lieu élevé, on ne pourroit jamais la tranfpotter à plus de 32 piés de bauteur. Or les foupapes , par leur folidité & leur conftruétion , font deftinées à foutenir l’eau qui eft au-deflus, & par conféquent déchargent , pour ainf dire , l’atmofphere de la force qu’il faudroit qu’elle _employät pour les tenir en équilibre ou pou les éle- ver , de forte que le furplus de cette force eft em- ployé à élever une nouvelle quantité d’eau. On a cru jufqu’à préfent qu’on ne pouvoit donnér un trop grand diametre à l’ouverture des foupapes des pompes ; & on fe fondoit fur ce principe très- vrai, qu'une certaine quantité d’eau paflera plus fa- cilement par une grande ouverture. Cependant le contraire eft fort poffble ; voici l'éclairciffement du paradoxe. Si la fonétion d’une /oupape ne confiftoit qu'à laiffer pafler Peau par fon ouverture, le prin- cipe feroit vrai fans difficulté , mais une /oupare a deux autres fonétions à remplir. 1°. I faut qu'après avoir laiflé paffer l’eau, &dès qu'il s’en pañe plus, elle retombe & ferme Le paf fage par où l’eau eft entrée dans le corps de pompe. 2°. Il faut qu'étant recombée fur {on ouverture qu’elle férme , elle porte toute la colonne qui y eft entrée. Pour le premier effet , il [ui faut uge pefanteur fpécifique plus grande que celle de eau , fans quoi SOU 407 elle ne retombéroit pas malgré la réfiftance de l’eau, comme elle le doit faire. Pour le fecond effet , il lui faut une folidité proportionnée à la colonne d’eau qu’elle foutiendra. Les deux effets s'accordent à ex1: ger en général la même chofe. Je fuppofe une fospape parfaite, qui s'ouvre où qui s’éleve , fe referme ou retombe à fouhait, qui ait précifément la folidité néceMaire pour foutenir la colonne d’eau entrée dans le corps de pompe.Je fup- pole enfuite que pour y faire entrer l’eau encore plus facilement qu’elle n’y éhtroit, on augmentât l’ouvers ture de cette foupape, tout le refte demeurant le même ; qu’en arrivera-t-il? En augmentant l’ouver: ture , 1l aura fallu néceffairement augmenter le dia- metre de la fopape, & par conféquent fon poids : Veau qui n’aura que la même viteñle, & qui n’ouvre ou qui n’éleve les foupapes que par cette force, éle- vera donc moins la nouvelle fozpape ou la foupape plus pefante , &c le paflage de l’eau fera retréci & rendu plus difficile , tout au contraire de l'intention qu'on avoit eue. Æiff. 6 mém. acad. 1739. La nature a fait un fréquent ufage des foupapes dans la confitu@ion des vaïfleaux du corps humain j elles fervent à faciliter la circulation du fang & des autres liqueurs. (O) . SOUPAPES , c’eft dans le fommier de l’orgue les pieces qui ferment le paflage au vent qui, lorfqw’el- les font ouvertes, pafle de la laie dans la gravure, dont la Joupape eft abaiflée. Les foupapes font tenues fermées par les reflorts f ge, fig. 6. 6 9. Voyez REs- SORT. Elles ne font ouvertes que lorfqu’on les tire enen-bas par le moyen des bourfettes , targettes de fommier & du clavier, & des touches que l’orga- nifte abaïfle avec fes doigts. Voyez SoMMiER. SOUPCON , f. m. (Morale.) défiance fur la pro bité , fur la fincérité d’une perfonne , ou fur la vérité de quelque chofe ; c’eft une croyance defavanta- geufe accompagnée de doute. | Les foupçons, dit ingénieufement le chancelier Ba: con ; font entre nos penfées, ce que font les chauve- fouris parmiles oifeaux, qui ne volent que dans l’ob- {curité. On ne doit pas écouter les foupçons , ou du- moins y ajouter foi trop facilement. Ils obfcurciffent lefprit, éloignentles amis, & empêchent qu’on n’a- gifle avec aflürance dans les affaires. Ils répandent fans cefle des nuages dans l'imagination. T yrans de l'amour & de la confiance , ils rendent lesrois cruels, les maris odieux , les femmes furieufes , les maîtres injuftes, les gens de bien infociables , & difpofent les fages à la mélancolie & à l’irréfolution. Ce défaut vient plutôt de l'efprit que du cœur, & fouvent il trouve place däns des ames courageufes. Henri VIT. roi d'Angleterre , en eft un bel exemple. Jamais perfonne n’a été plus brave, ni plus foupçon-: neux que ce prince; cependant dans un efprit de cette trempe, les foupçons ne font point tant de mal ; ils n’y font reçus qu'après qu'on a examiné leur pro babilité ; mais fur les efprits timides , ils prennent trop d’empire. Rien ne rend un homme plus foupconheux que de: favoir peu. On doit donc chercher à s’inftruire contre cette maladie. Les fozpcons font nourtis de famée, êt croiflent dans les ténebres ; mais les hommes ne font point des anges : chacun va à fes fins particu- lieres, & chacun eft attentif & inquiet fur ce qui lé regarde. Le meilleur moyen de modérer fa défiance eft de préparer des remedes contre les dangers dont nous nous croyons menacés , comme s'ils devoient indu bitablement arriver , 8 en même tems de ne pas trop s’abandonner à {es foupçons , parce qu'ils peu- vent être faux & trompeurs. De cette façon, il n’eft pas poffble qu'ils nous fervent à quelque chofe. Ceux que nous formons nous-mêmes, ne font pas A18 SO U à beaucoup près fifâcheux que ceux qu nous font infpirés par l’artifice 8c le mauvais caraétere d’au- trui ; ces dermiers nous piquent bien davantage. La meilleure maniere de nous tirer du labyrinthe des foupçons , C’eft de les avouer franchement à la par- tie fufpette : par-là on découvre plus aifément la vérité, &onrend celui qui eft foupçonné plus cir- confpeét à l'avenir ; mais il ne faut pas ufer de ce re- mede avec des ames bafñles. Quand des gens d’un mauvais caractere fe voient une fois foupçonnés , als ne font jamais fideles. Les Italiens difent fofpero i- cénfia fede, comme fi le foupçon congédioit &c chaf- foit la bonne foi ; maïs il devroit plutôt la rappeller & l’obliger à fe montrer ouvertement, Enfin 1l faut que l’homme fe conduife de fon mieux, pour ne pas donner lieu à des foupçons ; & pour le dire en poëté, | TI faut pour mériter une folide eflime,, S’exempter du foupçon auffi-bien que du crimes ” (D.J) SOUPE, f. f. (Cuifine. ) eft une efpece de potage compofé de pain & de bouillon, ou jus de viande, & autres matieres, que l’on fert ordinairement au commencement d’un repas. Cé mot eft françois, & formé de l'italien zzppa ou fuppa, qui vient du latin fapa, qui fignifie du vin ré- duit au tiers : d’autres le dérivent du mot celtique Jeuben, qui a la même fignification. En France, la foupe eft regardée comme une par- tie effentielle d’un diser. On en rchaufle quelquefois le goût avec des oignons ou des choux, des navets, des porreaux, des coulis, &c. SOUPE DE LAIT, (Manege.) ce terme de manege & de commerce de chevaux, fe dit du poil qui tire furle blanc. Trévoux. (D. J.) | SGUPEAU, f. m.(Apgricul,) morceau de boïs qui fert à tenir le foc de la charrue avec l'oreille, & qui eft pofé en-deflous, (D. J. ) SOUPENTE de machine, ( Méchanig. ) piece de bois qui, retenue à-plomb par le haut, eff fufpendue pour foutenir Le treuil & la roue d’une machine. T'el- les font les foupenres d’une grue retenue par lagrande moife, pour en porter le treuil &t la roue à tambour. Dans les moulins à eau , ces foupentes {e hauflent êc fe baifient avec des coins &c des crans , felon la crue & décrue des eaux, pour en faite tourner les roues par le moyen de leurs alluchons. Dayiler. (D.J.) SOUPENTE, f. f. terme de Bourreliers , ils appellent Joupentes de grofles coutroies de plufieuts cuits cou- fus enfemble, qui tiennent fufpendus le corps d’un carrofe, && qui s’alongent ou s’accourciflent fuivant qu’il en efthefoin, parle moyen de fortes boucles de cuivre relevées en boffes, que fondent les Fondeurs en fable, que dorent les Doreuts fur métal.(D.J.) SOUPENTE,, f. f. ( Meruiferie, ) efpece d’entrefol, qui fe fait de planches jointes à rainure & languettes portées fur des chevrons ou foliveaux. On pratique les foupentes dans les lieux élevés pour avoir plus de logement, Daviler. (D, J,) . SOUPENTES, ( Serrurerie, Maçonnerie.) les Serru- “rier & les Maçons appellent de la forte les barres de fer ou les morceaux de boïs qui fervent à foutenir le faux-manteau d’une cheminée, (2. J.) SOUPER , er erme de Cuifine , fignifie laétion de prendre le repas du foir. Souper fe prend encore {ubftantivement pour mar- quer le repas du for même, &c fouvent ce quile compote. Souper DES ROMAINS, (Azriq. rom.) le fouper des Romains étoït non feulement leur principal re- pas, mais c’étoit fouvent un repas préparé, une af femblée de toute une famille, un rendez-vous de plu- fieurs amis, Tout y étoit concerté de maniereàren- dre les chofes plus commodes & plus agréables à ceux qui en devoient être; l’heure, le lieu, le fervi- ce, la durée, les accompagnemens &t les fuites. Le tems de ce repas étoit ordinairement entre la neuvieme & la dixieme heure du jour, fuivant leur maniere de compter, & felon la nôtre, entre trois &c quatre heures après midi; en forte qu'il reftoit du tems fufifamment pour la digeftion, pour les amu- femens, pour les foins domeftiques, 8 même quel- quefois pour le régal extraordinaire : les écrivains {ont d'accord fur cet article. | Tmperat extruëlos frangere non thoros: c’eft-à-dire , la neuvieme heure avertit de fe mettre à table. Juvenal outrant la déclamation, remarque comme une infulte faite aux bonnes mœurs, aux lois 8 à la juflice , la conduite d’un certain Marius, qui dans l'exil qu'il avoit mérité par fes concufhons, prévenoit cette heure. Exul ab oGavé Marius bibit, € fruitur dis Tratis , at tu, vittrix provincia, ploras. Le lieu du fouper étoit anciennement iz arrio, c’eft- à-dire dans une efpece de veftibule expofé aux yeux de tout le monde. Ils ne rougifloient point de man- ger ainfi, dit Valere Maxime, Lv. IT, c. J. parce que leur fobrièté & leur modération n’apprehendoïent point la cenfure de leurs concitoyens : nec fanè ullas epulas habebant , quas populi oculis fubjicere erubefte- rent. Après cela ils y furent obligés par les lois Æmi- la, Antia, Julia, Didia, Orchia, de peur qu’une plus grande retraite ne donnûât lieu à la licence: Zmpera- tin eff ut patentibus januis pranfitaretur , 6 cnarer= zur, dit Macrobe, ne fingularitas licentiam gigneret, . ajoute [fidore. À g | Quelquefois, & fut-tont dans la belle faifon.,, le Jouper fe donnoit fous un platane, ou fous quelqu'au- tre arbre touffu; mais en quelque lieu que ce füt, on avoit foin de faire étendre en l'air une grande piece de draperie, qui püt mettre la table & les convives à couvért de la poufhere & des autres malpropretés. Outre les anciens marbres qui en font foi en- core aujourd’hui, Horace dans la defcription du repas que Nafidienus donna à Mecenas, n’oublie pas ce tapis dont la chûte malheureufe caufa une fi gran- de défolation. Interea fufpenfa graves aulæa ruinas In patinam fecére, trahentia pulveris atri Quantum non aquilo camparis excitat agris. Mais quand les Romains eurent été inffruits dans l’architedure , ils voulurent mettre en œuvre les le- çons qu'ils en avoient reçues. Les difciples, afin d’y nuieux réuflir, dépouillerent leurs maitres, & bâti- rent à leurs dépens des fallons exprès, pour rece- voir plus commodément &c plus fplendidement ceux qu'ils vouloient traiter. Alors cetre modeftie des pré- miers Romains, ces réglemens mêmes tant de fois renouvellés & multipliés pour la maintenir, furent bientôt mis en oubli, Les cenfeurs, quoique fecondés par les plus fages du fénat & du peuple, ne purent arrêter le torrent; on écoutoit fans s’émouvoir, les harangues des uns, &c les menaces des autres, La république étoit encore dans fa plis grande fplendeur , lorfqu'il plut à Lucullus d'avoir plufeurs de ces fuperbes fallons, à chacun defquels il donna le nom de quelque divinité, & ces noms étoient pour fes maîtres d’hôtel , un fignal de la dépente qu'il vou« loit faire à fes repas. * L'empereur Claude avoit entr'autres un fallon, auquel 1l avoit donné le nom de Mercure, Mais tout ce qu’on en avoit vu jufqu’alors, fut effacé par l'éclat de ce fallon auffi merveilleux que magnifique de Né- ron , appellé domus aurea. Celui-ci, par le mouve- ment Circulaire de fes lambris &c de fes plat-fonds, inmatoit imitoit les éonverfons du ciel, 87 repréfentoit les diverfes fafons de Pannée , qui changeoient à cha- que fervice &c faifoient pleuvoir des fleurs & des effences fur les convives. Comme le luxe va toujours enaugmentant, quoique la fortune diminue, Elioga- bale enchérit encore fur Néron, autant que Néron avoit enchéri fur Lucullus. Les buffets étoient chargés de quantité de vafes, encore plus précieux par la délicatefle du travail, que par l'or, l'argent ou la matiere rare dont ils étoient compoiés. C’etoient la plupart des fruits de leurs viétoires, êc des dépouilles des provinces qu'ils avoient conquifes , dont la plus grande partiefervoit plutôt à former uñh fpettacle magnifique, qu’à aucun ufage néceflaire. La table étoit chez les premiers Romains de figure quarrée, du bois que leur fournifloient leurs forêts, SE que leur tailloient leurs propres ouvriers. Quand ‘als eurent pañlé chez les Africains & chez les Afati- ques, 1ls initerent d’abord ces peuples, puis ils les furpaflerent en ce genre-là comme en tout autre. Ils zarierent la figute de leurs tables; & parce qu'ils ne les couvroient point encore de nappes, il fallut les faire au-moins d’une matiere qui n'ofirit à leurs yeux rien que de luifant & de beau. Ils y employerent li- voire, l’écaille de tortue, la racine du buis, de l’éra- ble, du citronnier &c tout ce que l'Afrique fécon- de en fingularités , leur fournifloit de plus curieux. Non contens de cette recherche, ils les ornerent'de plaques de cuivre , d'argent & d’or, & ils y enchâf- ferent des pierres précieufes en forme de couronne. La table des pauvres étoit Atroïs pics; celle des ri- ches étoit foutènue par un feul. À chaque férvice on nettoyoit les tables avec une éponge mouillée, &c à chaque fois les conviés fe layoient les mains. On avoit encore l’ufage de fubftituer au premier fervice une nouvelle table toute fervie, & ainf pour tous les autres jufqu’à la fin du foper. _ La maniere dont les Romains étoient à table n°4 pas toujours été la même ; mais elle a paru digne dé la curiofñté des gens de lettres. Dans les premiers tems, ils mangeoïent fur des bancs à l’exemple des Lacédémoniens ; enfuite ils adopterent l’ufage dés petits lits de Carthage qui n’étoient pas fort tendres; enfin ils vinrent à manger fur les lits les plüsmollets, les plus voluptueux & les plus magnifiques, Voyez LIT DE TABLE, Anti. rom. | AT: Les convives fe rendoïent au fouper à Ja fortie du bain, avec un habillement qui ne fervoit qu’à cela, ë&c qu'ils appelloient yrrhefrs ; efpece de draperie qui ne tenoit prefque à rien, comme il paroît dans les marbres, &t qui étoit pourtant différente du pa/lium des Grecs. : On ne voit point qu'on Ôtât les fouliers aux da- mes, n1qu'on leur lavät ou parfumät les piés quand elles venorent prendre part à la fête; mais rien n’é- toit plus commun pour les hommes : on avoit raïfon de ne pas expofer à la boue êc à la poudre; Les étof- fes précièufes dont les lits de table étoient cou- verts. On préfentoit de l’eau pour les mains, & même pour les piés , à ceux qui ne fortoient pas du bain. Quantaux ombres 87 aux parafites qui venoient aux repas, ceux-c1 appellés ou tolérés par le maître de fa maïfon , & ceux-là amenés par les convives, yoyez-en l’article au #0: OMBRE 6: PARASITE, Une chofe qui paroïîträ même ici fort bifarre, c'eft que long-tems après le fiecle d'Augufte, ce n’étoit point encore la mode que lon fournit des ferviettes aux conviés; ilsen apportoient de chez eux. Tout le monde ainf rangé, on toit de deffus le buffet où étoient les vafes plus où moins précieux, on Ôtoit, dis-je, des coupes qu'on plaçoit devant chaque convive, On faifoit préfenter à chacun des Tom XV, couronnes de fleurs où de lierre, auxquelles on fe plaïoit d'attribuer la propriété d'empêcher parleur fraîcheur, l'effet des fumées du vin. Après s'être fait frotter les cheveux d’eflences odorantés , Us met- toient ces couronnes fur leur tête, & les gardoient pendant tout le repas. On leur donnoit en même tems unc Jifte de tous les fervices & de tous les mêts qui devoient compofer le feftin. On fervoit enfuite les viandes, non pas toujours chaque plat féparément; mais fouvent plufieurs plats enfemble fur une table portative. Leurs foupers étoient pour l'ordinaire à trois fervis ces ;mais quelquefois par un furcroît de bonne chere & de magnificence, on les augmentoit juiquw’à fept On commençoit d’abord par des œufs, c’étoitun des mêts du premier fervice; on y fervoit auf des fala- des de laitues & d’olives, des huitres du lac Lucrin f renommé chez eux pour la bonté de ce coquillage » ë d'autres chofes pareilles qui pouvoient exciter Pappétit. Le fecond fervice étoit compofé du rôrn & des viandes les plus folides, parmi lefquelles on entre- méloit quelques plats de poiflon, dent ils étoient f grands amateurs, que fans ce mêts on r’auroit pas cru faire bonne chere. Letroifieme fervice confftoit en pâtiflerie, &en fruits de toute efpece ; rien n’étoit plusmagnifique. Onattendoit ce dernier fervice pour faire les der: rieres Hibations. Ces libations confiftoient À répandre avant que de boire, un peu de vin de la coupe en l’honneur de quelque divinité, ou même de l'empe- reur, pour fe montrer bon courtifan quand la TÉpu= blique fut aflujettie; ou en celui du génie de la per: fonne à qui on vouloit déférer cette difinMon : cé toit le tems du repas où la gaieté des conviés paroïfoit davantage, On commençoit à faire courir les fantés ; le maître de la maïfon faïoit apporter une coupe plus prandé ëc plus riche que les autres, qu’on appelloit «494 ma- gifira, la principale coupe, pour boire À la tonde les lantés des perfonnes qu'on chérifloit, Quand c’étoit celle d'une maîtrefle, fouvent par galanterie on obligeoit de boire autant de coups que fon noïn avoit de lettres. On élifoit fouvent En roi du feffin. Poyez ROT DU FESTIN, | Il y avoit des domeftiques dont la fon@tion étoit de préfider à l’arrangement dés plats, & qui tenoïent lieu de nos maîtres d'hôtel; d’autres pour avoir foin de la difiribution des vins, & d’autres pour couper 409 les viandes. Ils faifoient la fondion de nos écuyers tranchans : il yen avoit même qui pendant Pété ne faifoient que chafler les mouches avec de grands éventails de plumes garnis d'un manche, comme quelques bas-reliefs antiques nous les repréfentent. Onfelavoit quelquefois les mains auf fouvent que les fervices variotent ; fi on fervoir un poiflon ou un oMfeau de quelque prix & de quelqé rareté fingu: liere , on l’apportoit aux fons des flûtes & des Haut. bois ; l’ailegreffe redoubloit , ainfi que lé vin de Fa- lerne qu'on faifoit rafraichir dans dés vafes d’or, & le maître du feftin fe croyoit amplement récompen= fé parles acclamations de toute l'aflemblée. 1 La bonne chere n’étoit pas le feul plaifir des Jfoz= Pers, la mufque en faïfoit fouvent partie; on y admet: toit des chanteufes 8 des joueurs d’inffrumens ; où bien les conviés eux-mêmes y {uppléoient; on ÿ ap* pelloit aufli des danfeufes, des mimes, des pantomi- mes, qui faifoient des fcenes muettes, & d’autres fortes de gens dont le métier étoit de débiter des con- tes plaïlans, pour amufer la compagnie ; on y lifoit fouvent des ouvrages d’efprit : enfin on tâchoitde raflembler tout ce qui pouvoit divertir & flater les fens. * Au commencement de la république les Romains + PEL # A1O SOU chantoient dans leurs repas, les louanges des grands hommes au fon de la flüte ; mais dans la fuite, il ne fe donnoit point de fête à laquelle les bouffons , les joueufes d’inftrumens & les pantomimes, ne fuflent appellés. On mêloit quelquefois aux plaifirs de la ta- ble Le jeu , ou quelqu’autre divertiflement plus bar- bare ; j’entens les gladiateurs famnites. Voyez SAM- NITES. Je viens de dire qué les pantomimes paroïfloient toujours à la fin des grands repas , & je ne dois pas oublier pour preuve, ce qui arriva dans un fouper que donnoiït l’empereur Augufte. On avoit beau- coup loué le pantomime Pylade , qui avoit repré- fenté les fureurs d’Hercule {ur le théatre public. Au- gufte voulut donner ce régal à fa compagnie: il fait venir Pylade , & lui dit de jouer lamême piece dont ilavoit reçu tant d’applaudiflèmens. Pylade qui, dans l'excès de fa fureur avoit tiré des fleches fur le peuple, commençoit déjà à en faire autant fur les conviés, & fi on ne l’eût arrêté, il auroit fans doute enfanglanté la fcene ; il eft même à croire que ceux fur qui ces flaches feroïent tombées, n’étoient pas les perfonnes qu’il refpettoit davantage. Suétone nous a confervé trois lettres du même empereur, où il eft parlé de plaifirs plus tranquilles. Les deux premieres font à Tibere, à quiil rend com- pte de ce quis’eft paffé dans deux. foupers. « Jai Jou- »pé, dit-1l, avec les mêmes perfonnes que vous fa- » vez, excepté que nous avions de plus Vinicius &c » Sibius le pere ; & en foupant, tant hier qu'aujour- » d’hui , nous avons joué aflez fagement &c en bons » vieillards ; yeporrraws. Talis enim jaëlatis ut quifque » canem aut fenionem miferat , in fengulos talos fengu- » Los denarios ir mediumconferebat , quos tollebat uni- » verfos qui venerem jecerat ». Dans la feconde lettre, » nous nous fommes, dit-il, aflez bien réjouis pen- » dant les fêtes de Minerve. Non-feulement nous #avons joué pendant le fowper, mais encore nous » avons mis tout le monde en humeur de jouer: F0- » rum aleatorium calefecimus, frater tuus magnis clamo- » ribus rem geffir. Dans la troifieme lettre, il mande à fa fille qu'il lui envoie 250 deniers, parce qu'il avoit donné pa- reille fomme à chacun de fes convives pour jouer à pair & à non, aux dez ou à tel autre jeu qu'ils vou- droient, pendant le /ouper. Plaute , Catulle & Properce, parlent des divers jeux destable à-peu-près dans les mêmes termes. Mais ce que Pline écrit à Cornelien, Z. VI. Ep. xxx. marque encore plus pofñitivement la coutume de fon tems. Après avoir rendu compte à fon ami des affai- res que Trajan avoitterminées à Cincelles, cerswm- cellis ; il ajoute | vous voyez que nos journées ont été aflez bien remplies: mais nos occupations ne fi- nifloient pas moins bien. Nous avions Phonneur de fouper tous les.jours avec l’empereur ; le repas étoit fort frugal , eu égard à laidignité de celui qui le don- -noit. La foirée {e pañloit quelquefois à entendre des comédies ou des farces ; quelquefois auf une con- verfation -enjouée, nous: tenoit lieu d’un plaïfir qui auroit couté plus cher, mais qui ne nous auroit peut- être pas touché davantage, Vides quam honefli, quam févert dies fuerint, quos jucundiffime remiffiones feque- bantur. Adhibehantur quotidiè cenæ, erat modica fr prin- . cipem cogites. Incerdum acroamata audiebamus , Enter- dum jucundiffimis fermonibus nox ducebatur. _ Le dernier aëte des /ozpers voluptueux , étoit une nouvelle collation qui fuccédoit aux jeux &t aux au- tres amufemens. Cette collation s’appelloit chez les Romains commiffation où commefatio , du mot grec zouve » dit Varron , parce que les anciens Romains qui habitoient plus volontiers la campagne que la ville, fe régaloient à tour de rôle, & foupoient ainfi tantôt dansun village, & tantôt dans un autre, Quel- S OU quefois même, quand on avoit Joupé trop modefte- ment dans un endroit, après quelques touts de pro- menade , on fe retrouvoit dans un autre pour cette forte de réveillon. Démétrius, fils du dermier Philippe, roi de Macé- doine , avoit vaincu Perfée fon frere dans une efpe- ce de joute ou de tournois : Perfée ne lavoit pas pardonné à Démétrius. Maïs celui - ci après avoir bien foupé avec ceux de fa quadrille, leur dit, que n’allons-nous faire le réveillon chez mon frere? quis commeffatum ad fratrum imus ? ce fera peut-être un moyen de nous réconcilier. Suétone nous apprend, que Titus poufloit le régal du Jouper aflez fouvent jufqu’à minuit , au lieu que Domitien fon frere demeuroiït rarement à table après le coucher du foleil. Mais à quelque heure qu’on fe féparât, on finifloit toujours le Jouper par des libations aux dieux. On le commençoit par un coup de vin grec ; Céfar qui étoit + magnifique faifoit fervir jufque dans les feftins qu'il donnoit au peuple, quatre fortes de vins; favoir, de Chio, de Lesbos, de Falerne, & le Mammertin. Vir- gile parle des libations aux dieux faites à [a fin du re- pas que Didon donna à Enée. Poflquam prima quies epulis, menfœque remoræ, Crateras magnos flatunnt, 6: vina coronant..… Hinc repina gravem gemmis auroque popofcir , Tmplevit que mero pateram. ..... Tunc faila filentia teülis. | Jupiter (hofpitibus nam te dare jura loquuntur ) Dixir, G in menfa laticum libavit honorem : Primaque libato fummo tenus attigit ore : Tum bitie dedit increpitans | Po? alii proceres , &tc. : Æneid, I. v. 727. » Vers la fin du repas, on apporta de grandes cou- » pes ; la reine en demanda une d’or, enrichie de » pierreries , & répandit du vin fur la table, On ft »# filence , & après qu’elle eut adreffé fa priere à Ju- » piter , & qu’elle eût fini la libation facrée , elle » trempa légerement fes levres dans la coupe , la » donna à Bitias qui avala fur le champ la liqueur » moufleufe , & tous les autres feigneurs l’imiterent. Après les effufons.facrées , on büvoit:à la profpé- rité de fon hôte, & à celle de l'empereur. Ce dernier coup s’appelloit poculurm boni genis, &c fe Faïifoit avec le cri Ciouus ; après cela on relavoit les mains avez une efpece de pâte faite exprès. À Enfin les conviés en prenant congé de leur hôte, recevoient de lui de petits préfens qui d’un mot grec étoient appellés apophoreta du verbe arogépa, empor- ter : ainf finifloit la journée romaine. | Il ne me refte plus qu’à expliquer quelques termes qu’on trouve fouvent dans les auteurs latins , & qui peuvent embarrafler ceux qui commencent à les lire ;.par exemple. : | Cœna reëla , défigne un fouper {plendide que les grands de Rome donnoïent à leurs amis, êc aux cliens qui leur avoient fait cortege dans leurs vifites &c dans la pourfuite des charges. Ceux qui vouloient éviter cetembarras, leur diffribuoient des provifons debou- che , & cette diftribution s’appelloit /porsula. Do- mitien la retrancha , & rétablit Le repas appellé cerz reéla , comme Suétone nous l’apprend: fporsulas, dit- il, pablicas fuflulir, revocaté cœnarum reétarum confus- tudine. | - Ceæna dapfilis, un feftin abondant en viandes, foit que ce mot vienne de dapes , qui fisnifie des viandes exquiles | où du grec d'adintie, abondance de toutes chofes. Cena acroamatica, du mot grec cut pool Aou en - qui f- gnifie des converfations plaifuntes G agréables, C’eit S-O U un Jonper où l'on dit quantité de bons mots pour fe divertir, | | Îl y avoit de plus cena advenritia, intervallata, no- vemdialis, 6 duodenaria , appellée en grec dodrxabeos, parce que les conviés étoient au nombre de douze, habillés en dieux &c en déefles. Enfin, il y avoit un /ouper pontifical, que le fou- verain prêtre donnoit le jour de fon inauguration. “Abacus étoit le buffet fur lequel on mettoit les ver. res, le deflert, rc. Urrnarium , étoit une table quarrée fur laquelle on poloit les vafes, les flacons , les baflins, &c, Cartibulum , fignifie la table fur laquelle on décou- poit les viandes qu’on fervoit enfuite aux conviés. Antecæna où guftatio , défignoit le premier fervice ou les entrées. Le fecond s’appelloit capur cœnæ, & le troifieme ou le deffert , fe nommoit he//arta. Au- gufte n’avoit ordinairement que ces trois fervices , cena terris ferculis præbebat, dit Suétone. À-lentour de la grande table des conviés, il y avoit une efpece de marche-pié ur peu élevé, fur lequel étoient aflis les enfans d’un certain âge qui fowporens avec la compagnie. Suétone nous dif dans la vie de Fempereur Claude, ch. xxx]. Adhibebat omni coœnæ diberos fuos cum pueris, puellisque nobilibus , qui more veteri ad fulcra letforum fedentes , vefcerentur, ( Le che- valier DE JAUCOURT. | SOUPER ; (Hifi. des ufag. de France.) on foupe dans ce fiecle à dix heures à la cour , & dans les grandes maifons de.Paris ; dans le quinzieme fiecle, & même fous la minorité de Charles IX, c’étoit l’ufage à la cour de France de Jouper à fix heures du foir, & de diner à onze du matin. Il n’étoit que 8 heures quand le duc d'Orléans fut affaffiné Le 23 Novembre 1407. &t cependant à cette heure, ilavoit déja foupéavec | la reine ; c’eft qu’alors les princes, ainfi que les bour- geois , n’aimoient point à Îe déheurer, pour me fer- var de l’expreflion du cardinal de Retz. (D. J.) SOUPHRIERE LA, ( Géogr. mod, ) montagne de PAmérique feptentrionale , dans lile de la Guada- loupe. C’eft une des plus hautes montagnes de l’île, qui vomit prefque toujours du fouphre , des cendres &c des pierres brüléés, quoiqu'il fafle un froid conti- nuel fur fon fommet; mas le milieu & le bas de cette montagne , font couverts d’une agréable verdure , & arrofés d’une infinité de ruiffeaux. ( D. J. SOUPIER,, £. m. ( serme de Carrier. ) c’eft une ef- pece de banc ou de hit de pierre, qui ne fe trouve que dans les carrieres de S. Maur, village à deux lieues de Paris, & qui y tient lieu de ce qu'onappelle le fouchet dans les autres carrieres ; avec cette diffé- rence que du /oupier , il{e tire d’excellens moiïllons , &c que le fouchet n’eft fouvent qu'un amas de gra- vois & deterre , fur lefquels eft pofé le grand banc. (D. J.) | Ré SOUPIR , SANGLOT, GÉMISSEMENT , CRI PLAINTIF,(Syzonymes. \tous ces mots peignent les accens de la douleur de l’ame; en voici la différence felon l'explication phyfiologique donnée par l’auteur de l’hiftoire naturelle de l’homme. Lorfqu’on vient à penfer tout-à-coup à quelque chofe qu’on defire ardemment , ou qu’on regrette vi- vement, on reflent un treflaillement ou ferrement intérieur; ce mouvement du diaphragme agit fur les poumons, les éleve, & y occafonneune infpiration vive &t prompte qui forme le oupir ; lorfque l’ame a réfléchi fur la caufe de fom émotion, & qu’elle ne voit aucun moyen de remplir fon defir , ou de faire cefler fes regrets, les fozpirs fe répetent , la triftefle qui eft la douleur de lame, fuccede à fes premiers mouvemens. Lorfque cette douleur de l'ame éft profonde & fu bite , elle fait couler les pleurs ; fi l’air entre dans la poitrine par fecouffes , 41 fe fait plufieurs infpirations Tome XF, SOU ai réitérées par une efpece de fecoufle involontaire à Chaque infpiration fait un bruit plus fort que celui du Jopir , c’eft ce qu’on appelle /arglors. Les fanylors fe fuccedent plus rapidement que les foupirs, & le {on de la voix fe fait entendre un peu dans le fanglors Les accens en font encore plus marqués dans le gémiffement. C’eft une efpece de Janglor continué , dont Le fon lent fe fait entendre dans linfpiration, &. dans l’expiration ; fon exprefion confifte dans la con- tinuation &t la durée d’un ton plaintif, formé par des fons inarticulés : ces {ons du gémiffèment {ont plus ou moins longs, faivant le desré de triftefle, d’afflic- tion , & d’abattement qui les caufe, mais ils font toujours répétés plufieurs fois ; le tems de linfpira= tion eft celui de l'intervalle du filence, qui eft entre les gémuflemens , 8 ordinairement ces intervalles font égaux pour la durée, & pour la diftance. Le cri plainuif eftrun gémiflement exprimé avec force êt à haute voix; quelquefois ce cri fe foutient dans toute fon étendue fur le même ton, c’eft fur-tout lorfqu'il ef fort élevé & très-aigu ; quelquefois auf il finit par un ton plus bas; c’eft ordinairement lorf= que la force du cri eft modérée. (D, J.) Sourir , f. m. er Mufique, eft un caraétere qui fe fait ainfi P, & qui marque un filence, dont le tems doit être égal à celui d’une noire ou de la moitié d’une blanche. Foyez SILENGES, VALEUR DES No TES, Gc. (S “5 SOUPIRAIÏL , f. m. (A4rchir.) ouverture en glacis entre deux jouées rampantes , pour donner de lait &t un peu de jour ; à une cave, à un cellier, à un aquéduc. Le glacis d’un Joupirail doit ramper de telle forte, que le foleil ne puifle jamais y entrer, (2.2) SOUPIRAIL d’aquéduc, ( Archir, hydraul. ) où aps pelle ainfi une certaine ouverture en abajout, dans un certain aquéduc couvert, où à plomb, dans un aquéduc fouterrein , laquelle fe fait d’efpace en efpa= ce, pour donnér échappée aux vents qui , étantren- fermés, empêcheroient le cours de Peau. ( D. 7.) SOUPIRER , (Lang. franç. ) Malherbe, Gom-= baut, Sarrazin , Defpreaux &T autres poëtes, ont employé ce mot dans une fignification a@ive , poux figniñier produire au-dehors. Tantôt vous foupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaifirs. Malh. Mille efprits abufés en leur fujérion Pont {oupirer leur fléme éloquente & muette, Gomb. Tout dort dans la nature, & Daphris feulement, Privé de ce repos ,foupire Jon tourment. Sarrafin. Ce n'écoit pas jadis [ur ce ron ridicule Qu’amour diéloir les vers que {oupiroit Tibule. Defpréaux. Soupirer dans le fens de defirer pafionnément , res chercher avec ärdeut, fe met avec la prépoñition après &t pour. Je foupire après ma délivrance ; commé la biche foupire après le courant des eaux, ainfi mon amé foupire après vous , Ô mon Dieu. Port royal, C’eft une chimere que de fowpirer pour des richefles qui ne font point le prix de la vertu, & qu’on n°em porte point dans la tombe. (D. J.) SOUPLE, adj. ( Gram.) maniable , flexible, qui cede facilement fous l’aétion des doigts, & qui n’y excite aucune fenfation de roideur & de réfiftance. On rend les peaux fouples en les maniant; les jeunes branches des arbres font fouples; les reilorts minces font fouples : on dit au figuré, un caraftere fouple un efprit fouple, une humeur /ouple, Celui qui a de la foupleffe fe plie facilement à tout ce que Le circon{= Ffti 412 S O U tances exiftent , 8 s’avancera rapidement. SouPLE, (Maréchal.) un cheval fouple, eft celui ui a les mouvemens lans & vifs. SOUPLESSE, £. £ (Gram.) qualité qui fait appel- ler Jouple. Voyez SOUPLE. SOUPROSE , ( Géog. mod. ) bourg , que nos au- teurs qualifient de ville de France , en Gafcogne, au diocèfe d’Acqs, à demi-lieue de la riviere d’'Adour, & dans un endroit marécageux. (D. J.) SOUQUENILLE , {, £ terme de Tailleur; efpece de vêtement de toile que les cochers &r les palefremiers mettent pour fe conferver leurs habits en penfant leurs chevaux. , SOUR , (Géog. mod.) ville ruinée de la Turquie afatique , dans la Syrie , furle bord de la mer; les tables arabiques la placent dans le troifieme climat, fous le 68 degré 30 minutes de Zozgisude, & fous le 32 degré 40 minutes de Zaritude feptentrionale. Cette place n’eft autre chofe que les ruines de Ja fameufe Tyr ; le fultan des Mamelucs d'Egypte l'ayant prife en 12091 fur les Francs , la démolit de fond en comble. La mer bat jufques dans fes rui- nes. Son port eft rempli d’écueils, de fable, &t de roches. On ne trouve dans toute la campagne voi- fine que quelques cabanes de pêcheurs maures, D. J. Se f. (Soierie.) ce font les foies de Perfe les plus fines, & de la meilleure qualité, de toutes celles que l’on tire du Levant. Il y en a de blanches 87 de jaunes , mais toutes ordinairement grèges & en matafles. L’empliage eft en male, & chaque balle contient cent vingt mafles. Le plus grand commerce s’en fait à Smirne, oùelles font apportées de Perfe par caravannes. On entire auffi d'Alep, & de quelques autres échelles du Levant. Il en vient en- core une aflez grande quantité par le retour des vaif- feaux , que les nations d'Europe envoyent dans le golfe perfique. Diéfion. de comm. (D. J.) SOURCE, f. f. (Phyfique.) eft une eau qui fort de la terre en plus ou moins grande quantité , & qui forme les puits, les fontaines, les rivieres. Voyez FONTAINE , FLEUVE, &c. mt. Sources, (Archir. Hydraul.) ce font plufieurs ri- soles de plomb, de rocaille. ou de marbre , qui font bordées de moufle ou de gazon , & qui par leurs fin- nuofités & détours , forment dans un bofquet planté fans fymmétrie, fur un terrein en pente , une efpece de labyrinthe d’eau, ayant quelques jets aux endroits - où elles fe croïfent. Il y a de ces fortes de Jources au jardin de Trianon, Daviler. (D. I) SOURCICLE , voyez ROITELET HUPÉ. SOURCILIERE , adj. ez Anatomie, parties rela- tives aux fourcils. Voyez SOURCILS. Arcades fourcillieres du coronal; tubérofités four- cilieres du coronal, voyez CORONAL. Trou fourcilier, voyez TRou. Le mufcle fourcilier vient de la racine du nez qui : fe termine obliquement dans la peau vers le milieu du fourcil. | Quelques-uns regardent ce mufcle feulement com- me une portion des frontaux. SOUR CROUTE , voyez SAUER-KRAUT. + SOURD , adj. celui qui ne jouit pas de la faculté d'entendre les bruits, les fons. Voyez l'article Sur- DITÉ, | SourD , (Crisique facrée.) celui qui eft privé de louie ; l'Evangile rapporte les gueérifons miraculeu- {es que J.C. opéra fur des fourds, Marc vi. 37. mais fourd eft aufli pris dans l’Ecriture métaphoriquement pour un fourdipirituel, Jfaie, xxix. 18. & pour ce- lui qui n’eft pas préfent. Non rmaledices furdo. Levis. xix. 14. Vous ne calomnierez point celui qui eft ab- ent. (D.J.) SouRD , adj. ex erme d’Arithmérique, fisnifie un SOU nombre qui ne peut être exprimé, ou bien un nom- brequi n’a point de mefure commune avec l'unité. Voyez; NOMBRE. C’eft ce qu’on appelle autrement zombreirrationel ou 2zcommenfurable, Voyez; IRRATIONEL 6 INcOM- MENSURABLE. | Quand ii s’agit d'extraire la racine propofée d’un nombre ou d'une quantité quelconque, fi cette quan- tité n’eft pas une puiflance parfaite de la racine que lon demande , c’eft-d-dire, fi l’on demande une ra- cine quarrée , &z que la quantité propofée ne foit pas un vrai quarré; fi C’eft une racine cube, & que la quantité ne foit pas un vrai cube, &c. alors il eft im- poffble daffigner en nombres entiers ouen frätions, la racine exaête de ce nombre propoié. Voyez RAcI- NE, QUARRE, Gc. Quand cela arrive , les mathématiciens ont coutu- me de marquer la racine demandée de ces nombres ou quantités , en les faifant précèder du figne radical y’'ainfiy/2 figniñe la racine quarrée de 2 : & V/16 ou V:G) 16 fignifie la racine cubique de 16. | Ces racines font appellées proprement des racines | Jourdes , à caufe qu'il eft impoñhble de Les exprimer en nombres exaétement , car l’on ne fauroit affigner de nombre entier ou frattionnaire , lequel multiplié par lui-même produife 2; ou bien un nombre , le- quel multiplié cubiquement puifle jamais produire 16. | Il y à auffi un dutre moyen fort en ufage aujour- d’hui d'exprimer les racines , fans fe fervir des fi- gnes radicaux : On a recours aux expofans. Ainf, comme x°, 25, xi, G'c. fignifient le quarré , le cube, & la cinquieme puiffance de x:; de même auffi x£, #3, *+ fignifient la racine quarrée, cube , &c, de x. La raïfon en eft aflez évidente : car puifque V'x eftun moyen proportionel géométrique entre 1 & x, pareillement + eft un moyeniproportionel arirh- métique entre o & 1 ; c’eft pourquoi, comme ? eft lexpofant du quarré de x, à fera lexpofant de fara- cine quarrée , c. Voyez EXPOSANT. Obfervez aufli que pour la commodité & pour abréger, on donne fouvent aux nombres rationels la forme des membres fourds. Ainfñi, V4,V, ; | V27, Gc. fignifient 2,3,3, &c. Mais quoique ces racines fordes,quand'elles le font véritablement,foient inexprimables en nombres,elles font néanmoins fufceptibles des opérations arithméti- ques, telles que l'addition, la fouftra&tion, la mulfipli- cation , &c. Un algébrifte ne doit pas ignorer avec quelle facilité on peut les foumettre à ces opéra- tions. | Les quantités fourdes font fimples ou compofées. Les fimples font exprimées par un feul terme, com- 3 me V2. Les compofées font formées par l’addition ou la fouftraftion des fimples irrationels : comme Vs + Vs: Vs — V2,ou V7 + 2; cette derniere fignifie la racine cubique de ce nombre, qui ef le réfultat de l’addition de 7 à la racine quarrée de 2. Reduire les quantités rationelles à la forme de racines fozrdes quelconques propofées. Elevez la quantité rationelle au degré marqué par l’expofant de la piuffance de l’irrationelle ou fourde, & enfuite mettez au-devant le figne radical de la quantité faurde profofée. Ainf, pour reduire « — 10 à la forme de V15=8, quarrez a — 10; & le faifant précéder du figne radical , ou aura de cette maniere Va = V’100, qui eft la forme de la quantité Jourde deman- dée pe C SOU. < ‘ # De même s’il falloit donner à 3 {a forme de Y/12: 1l faudroit élever 3 à fa quatrieme puiffance, & met. s ‘ 4 tant au-devant le figne radical , on auroit V8r ou Le. Fes 81 , qui a la même forme que V/12: | à Et pat ce moyen, une fimple fra@ion fourde , dont Îe figne radical n’affeéte que l’un de festermes, peut ._ être changée en un autre, dont le numérateur & le dénominateur foient affeétés du figne radical. Ainf, : FM ARE MES Draps V2, fereduit à Ÿ 7, & 5-—revientàa yes f L | V4 À où le fione radical affecte le numérateur & le déno- minateur. | Reduire les irrationels fimples , qui ont des fignes radicaux différens, &c que l’on appelleirtationels hé- térogenes , à d’autres qui peuvent avoir un figne ra- dical commun’, ou qui font homogenes. Multipliez les expofans l’un par l’autre, & élevez mutuellement la puiffance de l’un au degré de l’expofant de l’autre: 2 4 ainf pour reduire Vaa &c Vbb à un figne radical commun > multipliez lexpofant 2 du radical je s LA ps par Pexpofant 4 du radical Veb, & élevez en mê- me tems la puiflance 44 du radical Vaa au qua- trieme degré , & vous aurez Vas = Vaa: pareïl- lement multipliant lexpofant 4 du radical V'Ee par l'expofant 2 du radiçal Vaz, vous éleverez la ‘puiffance bb du radical VBE au fecond degré, ce € 4 2 4 , qui donnera V4 = 47 ; ainf Vaæ & y/bb fe trouvent transformés en Va & V4 qui ont un figne radical commun. Pour reduire les irrationels aux plus petits termes pofhbles, divifez la quantité fourde par quelqu’une des puiflances des nombres naturels 1, 2,3, 4, éc. de même degré que l’expofant du radical , pour- vu que cela puiffe fe faire fans aucun refte, en em- ployant toujours la plus haute puiflance poffible: mettez enfuite la racine de cette puiffancerau-devant du quotient ou de l’irrationel ainfi divifé , vous au- rez une nouvelle quantité fourde , de même valeur que la premiere ; mais en termes plus fimples! Ainfi V'16aab, en divifant par 16 wa, & faifant précé- der la racme 44, fera reduite à celle-ci 44 V8 ;'& “ 3 fe à Ver. « Cette réduétion eft d’un grand ufage partout où Pon peut la faire: mais fi on ne peut pas trouver, pour un divifeur , des quarrés, des cubes, des quar- rés quarrés, cherchez tous les divifeurs de la puif- fance de Pirrationelle propofée , & voyez enfuite fi quelqu'un d'eux eft un quarré , un cube, éc ou une puiffance telle que le figne radical lindique:: filon en peut trouver quelqu'un , que l'on s’en ferve de la même maniere que ci-deflus, pour dégager:en par: tie du figne radical la quantité irrationelle : f. Fon propole, par exemple, la quantité V288: parmi Les divifeurs.on trouvera 4, 9, 16, 36 & 144: par 3 V/12 s'abaiflera à 2V/3, de même V/ch5r s’abaif lefquels divifant 288 , on a les quotiens 72, 32 NT ObS 8, & 2; c’efl pourquoi au lieu de Y/288 , on peut Hanettre 2 V72, ous V32, ou 41/18, où 6 V8, Du enfin 12 V/25 & l’on peut faire la même chofe en ÿ" S OU 413 algebre; mais pour connoître le calcul entier des irra° tionels, voyczl’algebre de Kerfey &un grand nombre d’autres ouvrages fur le même fujet. Chambers. (E) SOURD , on donne cenom dans différentes pro- vinces de France à la falamandre terreftre, Voyez Sas LAMANDRE. $ SOURD , couteau , terme de Corroyeur; un couteau Jourd y eft une efpece de plane qui n’eft pas extréme- ment tranchant , qui leur fert à préparer leurs cuirs, (D.J.) | SOURD ; ( Joaillerie. } les Joaïlliers difent qu'une pierre eft Jourde, qu'elle a quelquechofe de /ourd , quand elle n’a pas tout le brillant & tout l'éclat que les pierres d’une femblable efpece doivent avoir pour qu’elles foient parfaites. Les pailles & les glaces, qui font de grands défauts dans les pierres précieu- les , &t un certain œil fombre, obfcur & brouillé que d’autres ont quelquefois, font proprement le Jourd de la joaillerie. (D. J.) SOURDE , COUCHE , ( Jardinage.) Voyez Cou- CHE. SOURDE lime, {. f. (serme de Serrurier. ) on appelle lime Jourde, celle quine fait point de bruit. Elle eft toute enveloppée de plomb, &z le manche même, de forte qu'il n’y a que la partie qui lime qui foit dé- couverte. Elle fert à couper fans bruit les plus grof- fes barres de fer , pourvu qu'on les enveloppe auf de plomb, n’y laiflant rien de découvert que pour le jeu de la lime. Le plomb , qui. eft fort doux , em- pêche le trémouflement.des parties du fer qui caufe le bruit, de même que la main, quandon la met furune cloche qu’on frappe. (D.J.) SOURDELINE , ff ( Mufig. inflrum. ) inftru- ment de mufique à vent; c’eft une efpece de mufette, qu'on appelle aufi fampogne, & qui étoit autrefois d'ufage en Italie. Elle eft différente de nos mufettes,en ce Welle a quatre chalumeaux avec plufeurs trous garnis de boëtes , qui fervent à les ouvrir 8 fermer, & qui s’avancent ou fe reculent par le moyen de pe- tits reflorts. On a attribué l'invention de la fourdeline à Jean-Baptifte Riva , à dom Julio & à Vincenze. (D.J.) 1 er SOURDINE , £ £, ( Fortification. ) bruit fourd qu’on fait faire à une trompette pour qu'il s’étende moins loin. Onfe fert pour cet effet d’un morceau de bois qu’on introduit dans l'ouverture de la trom- pette ; 1l.eft perce tout dû long ; 1l fert à rétrécirl’ou- verture de cet inffrument , ce qui en étouffe Le fon. Voyez TROMPETTE. (OO) . | SOURDINE ; 1. f, ( Horlogerie. ) c’eftune piece de la cadrature d’une montre à répétition , voyez SX fig Planches de l’Horlogerie, difpofée de façon que poufiant en dedans la partie X, les tiges des marteaux frappent contre les extrémités # de cette piece, de forte qu’alors les marteaux ne frappant plus ni fur le timbre 1m fur la boëte, on n’entend point fonner la répétition. êc l’on n’apprend Pheure que parle ta&t, ce qui a fait donner à cette piece le nom de fourdine. Les /ourdines ont été inventées principalement pour les répétitions à timbre. : Sourdine {e dit encore d’un petit bouton fitué à la lunette d'une montre à répétition, & qui répond à la partie. X de la fourdine ; de façon qu’en. appuyant fur ce bouton , c’eft la même chofe que fi l'onde fai- foit fur la partie À au moyen de quoi les coups des marteaux {ont tranfmis deimême au dehors ; quel- quefois cette derniere. fourdine eft fituée à la cuvette, alors elle répond direétement au marteau qui vient frapper deflus. Leonl Cu SOURDINE ,( Luiherte. ) forte de violon qui a qu'une table ; lequel faittrès-peu de bruiti, d’oùtlui Vient fon nom. Foyez VioLon & la figure de cet inf: trument , qui eft repréfenté-par fa partie-poftérieure, (antérieure étant femblable à celle du violon-)pout, ATA SOU faire voir comment le talon du manche eft articulé avec la barre aë qui fert de contre-table &c d’ame, Voyez les fig. 6 Les Pl,.de Lurherie. Une autre fig. repréfente cet inftrument vu pat Ja partie antérieure. On donne encore le nom de Jfourdine à la petite plaque d’argent qu’on applique au chevalet d’un inf trument à corde pour en éteindre le fon. SOURDON , f. m. ( Conchyliolog. ) fur les côtes de Poitou & d’Aunis , on nomme /ourdon un coquil- lage dont la coquille eft à deux battans &c fort con- vexe ; {a longueur wa qu'environ 14 lignes, &c fa largeur 9 ou 10 lignes ; c’eft une efpece de peigne. Voyez PEIGNE , Conchyl, La furface extérieure de cette coquille eft ornée de cannelures aflez larges, à côtes arrondies, qui partent toutes du femmet ; la plus grande partie de tes cannelures vont en ligne droite à la bafe, &t les autres en fe recourbant un peu, vont fe terminer au- deflus de la bafe ; la furface intérieure de cette co- quille eft prefque toute polie, c’eft-à-dire , qu’elle n’eft cannelée que dans une bande d'environ une li- gne de largeur , qui regne tout - autour du bord de la coquille, qui eft blanche , fur-tout intérieurement, car extérieurement elle eft quelquefois d’un blanc fale. Elle eft peu épaifle, dentelée dans fes bords comme les dents d’une fcie. L'animal eft aufli de couleur blanchâtre, quelque- fois variée de rouge , de violet, de brun & de jau- ne ; deux muicles qui fortent de fon corps vers la charniere l’attachent fortement à fes deux valves. Il fe tient dans le fable , maïs peu enfoncé ; auf les tuyaux dont il {e fert pour attirer & jetter l’eau font- ils très-coutts., car le plus long &t le plus gros, qui eft le plus éloigné du fommet de la coquille , ne s’é- tend guere à plus d’une ligne de fon bord. Ces tuyaux font non-feulement découpés en frange , comme ceux des palourdes autour de leursouvertures, mais ils ont encore quelques efpeces de poils au-deffous de cette même ouverture, Quoique les fourdons s’enfoncent peu avant dans le fable , ils én font pourtant couverts entierement. On connoît néanmoins les endroits où is font lorf- que la mer a abandonné ce terrein pendant fon re- flux , par les trous qui paroïflent au-deflus d'eux, & mieux encore par plufeurs petits jets d’eau; car ils pouffent l’eau quelquefois à plus de deux piés de haut. « Ce coquillage exécute fes mouvemens progreflifs par le moyen d’une plaque ou pié fait en forme de croiflant par le bout. Cette partie molle a fort l'air d’un pié-bot. M. de Réaumur vous exphiquera le mé- chanifme qui facilite la marche du /ourdon ; dans les mémoires de l’acad. des Sciences ,| année 1710. page 455. avec Les figures. ( D. J.) SOURDRE,, v. neut. fortir, jaillr, s’écouler. II {e dit des eaux, des ruifleaux, des fontaines. SOURDRE , ( Marine.) On fe fert de ce terme pour exprimer la’ fortie d’un nuage de l’horifon , en s’ayançant vers le zénith. SOURDRE AU VENT, ( Marine.) c’eft tenir le vent, &c avancer au plus près. SOURE , { Géog. mod. ) ou Rio di Soure, petite ville de Portugal dans l’'Eftramadure , fur une riviere de même nom , à cinq lieues de Coimbre, & à fix de Leyra. Cette ville n’a qu’une paroïfle , quatre à cinq cens habitans, & quelques couvens de religieux. Long. 9.9. lat. 40. 5. SourE /2,(Géog.mod.)nom d’une riviere des Pays- Bas, & d’une riviere d’Alface. La premiere eft dans 1e Luxembourg, & fe joint à la Mofelle entre Trèves & Grevemacheren. La feconde prend fa fource aux monts de Vofge , arrofe Saverne, & fe jette dans le Mottern. $S OU Sour£ , Rio de, ( Geogr. mod.) anciennement 4: cus , riviere de Portugal dans l’Eftramadure. Elle fort du mont Sierra de Ancaon, & fe perd dans le Mon- dégo. (D.J.) | SOURICIERE,, er verme de Layerier, ©’eftune boëte ou un piege où les fouris fe prennent fans pouvoir en fortir. Il y en a à bafcule, de natte, & à panier. Poyez chacun de ces termes. SOURICIERE A BASCULE chez les Layeriers, eft un’ petit coffre quarré fermé de tous côtés , excepté par un bout, quieft comme une efpece de trape qui s’é- leve par le moyen d’une bafcule dont il eft garni , && qui eft retenue très-foiblement par un crochet qui ré- pond à l’appât qu'on a eu foin de fufpendre dans la fouriciere ; enforte que quand lPanimal vient pour y mordre , la bafcule tombe &c lenferme, SOURICIERE A NATTE, c'elt ez Layererieun petit coffre fur lequel eft un panier de fil de fer dont l’ou- verture va toujours en diminuant, & fe termine par _des pointes qui empêchent l’animal de fortir. SOURICIERE À PANIER, C’eft chez les Layetiers une fimple planche garnie d’un panier comme la Jouriciere à natte, Voyez SOURICIERE À NATTE. SOURIQUOIS, LES , ( Géogr. mod. ) peuples de l'Amérique feptentrionale dans là nouvelle France , où ils habitent l’Acadie, [ls vivent de porffon en été, &c de venaifon en hiver. [ls obéiffent à des chefs qu'ils nomment fagamos , & n’ont nulle forme de religion, 0 SOURIS , f. £.( Hiff. nat, Zoologie. ) mus minor 3 animal quadrupede qui a environ trois pouces &c de- mi de longueur depuis le bout du mufeau jufqu’à la queue ; qui eft longue de trois pouces un quart. La Jouris ne differe du rat qu’en ce qu’elle eft plus petite, qu’elle a la queue plus velue , & le poil plus court & plus doux, de couleur mêlée de jaunâtre & de cendré noirâtre fur le deflus du corps; le deffous & les quatre jambes font de couleur jaunâtre ; avec quel- ques teintes de cendré: ces couleurs varient ; & il y a des fouris entierement blanches. Ces animaux pro- duifent dans toutes Les faifons, & plufeurs fois par an. Les portées ordinaires font de cinq.ôû de fix ; en moins de quinze jours les petits fe difperfent & vont chercher à vivre; aufi la durée de leur vie eft fort courte. Tous les oifeaux de nuit, les chats, les foui- nes , les belettes , les ratsmême , leur font la guerre. L’efpece des fouris eft généralement répandue en Eu- rope , en Afie, & en Afrique ; on prétend que celles qui font aétuellement en grand nombre en Amérique, y ont été apportées de l’Europe. Il paroït qu’elles fuient les pays inhabités, & qu’elles fuivent l’homme at l'appétit naturel qu’elles ont pour le pain, le fro- mage , le lard, l’huile , le beurre, & les autres ali mens que l’homme prépare pour lui-même. Æ/7. raz, gen. & part. tom. VII, Voyez QUADRUPEDF. Souris, ( Mar. med, ) Les Pharmacologiftes ont célébré comme médicamenteufes plufieurs parties & préparations de la fouris, la chair, la peau, le fang , la cendre, & cela fort arbitrairement, à leur ordi- naire, La feule matiere fournie pat la Jouris, qui a confer- vé jufqu’à préfent le titre & l'emploi de zrédicament, c’eft {a fente, connue principalement chez les Phar= macologiftes fous le nom de mufurda , 8t encore fous le nom ridicule d’a/bum nigrum , forgé apparem- ment en-prenant pour un nom générique celui d’a/- bum , fpécifié ‘par l’épithete de grecum dans un des noms fcientifiques ou myftérieux que porte la fiente de chien, voyez CHIEN, Mat. med. La fiente de fouris eft mife au rang des purgatifs par la plüpart des auteurs de matiere médicale , 88 par quelques-uns , même par Juncker, par exemple, au nombre des émétiques ; mais véritablement des émétiques hors d'ufage, Ettmuller dit qu’elle Biche SOU admirablement & doucement le ventre, C’eft dans quelques pays un remede de bonne femme pour pur- get les enfans : on leur en donne dépuis le poids d’un grain jufqu’à deux en fubftance dans de la bouillie, ou celui de cinq ou fix grains broyés avec du lait, qu'on pañle enfuite -travers d’un Hnge. La dofe pour les enfans un peu plus forts, eft de fept à huit grains. Sept à huit crotins de fouris {ont un puiflant purgatif, même pour les adultes, & qui eft fpécialement re- commandé pour ouvrir le ventre dans la pafion ilia- que. Ces ufages n'étant point fondés fur des obfer- varions journalieres, peuvent être regardées comme fufpeéts; mais on peut employer la fiente de fouris avec moins de circonfpeétion dans les fuppoñtoires ëc les lavemens irritans, où elle pafle pour faire très- bien, Il eft encore vraiffemblable qu'elle eft réelle- ment déterfive , réfolutive & defficative dans l’ufage extérieur, (2) _ SOURIS D’AMÉRIQUE , petit animal quadrupede. Il a environ trois pouces de longueur depuis Le bout du mufeau jufqu’à la queue, qui eff longue de trois pouces huit lignes. Le mufeau eft un peu pointu; les oreilles font grandes & larges ; Le poil eft d’un baï- rouge clair., Repr. anim. p. 172. SOURIS , {. f. ( serme de Coëffeufe. ) les coëffeufes ont nomme Jouris , une faufle coëffe qu’elles mettent fous les deux autres lorfqu'’on coëffe à trois rangs ; il n’y a que deuxde ces coëlfes qui foient complettes & ayent des barbes ; la troifieime n’eft qu’une faufle coëffe fans fond , nibarbe; c’eft celle que les hnge- res &t coëffeufes appellent fouris : elle a feulement quelques plis fur le front comme les autres, & fes deux bouts viennent fe perdre fur les tempes fous la feconde coëflure, (D. J.) SOURIS, gris de Jouris , ( Maréchallerie, ) poil de cheval. C’eft une nuance de poil gris , laquelle eft dela couleur du poil d’une fours. Ea Jouris eft aufli un cartilage qui forme le devant des nafeaux du cheval, & qui l’aide à s’ébrouer. Poyez EBROUER. SOURIS , o4 SOURIRE, f. m. ( Phyfolog. ) c’eftun mis léger ; il fe fait lorfque dans les mouvemens de Fame doux & tranquilles ; les coins de la bouche s’éloignent un peu fans qu’elle s’ouvre , Les joues fe gonflent , &t forment dans quelques perfonnes, par une efpece de duplicature un léger enfoncement en- ‘tre la bouche & les côtés du vifage, qte l’on appelle ka fofette, qui produit un agrément dans les jolies . perfonnes. Le fouris eflune marque de fatisfattion in- térieure, de bienveillance, d’applaudiflement. Il eft vrai que C’eft aufli une façon d'exprimer le mépris, linfulte & la moquerie ; mais dans un fouris malin on ferre davantage les leyres l’une contre l’autre par un mouvement de la levre inférieure. Le fouris d’appro- bation & d'intelligence eft un des plus grands char- ines de l’objet aimé, fur-tout quand ce charme vient d’un conftentement qui a {a fource dans le cœur. En- fin, 1l y a des fouris d’aflurance , d’admiration , de doute, Le Jouris d'Abraham, quand Dieu lui promit un fils, n’éroit pas un Jours de doute , mais defa- üsiaétion, d’admiration & dereconnoiffance.(D. J. SOURSOMMEAU ; ( rerme de Buhutier. ) c’eft le ballot qu’on met dans l’entre-bas fur les deux ballots qui compofent la fomme. La fomme ordinaire ef compofée de deux ballots ou de deux paniers, mais _ fortfouvent on ajoute le fourfommeau, qui eft untroi- fieme petit panierou ballot que Pon met fur les deux autres dans l’autre bas, (D. J.) SOUS, (Géog. mod. ) nom commun à quelques villes. 1°, C’eftun des noms de la célebre Sufes ; Ca- pitale de la Sufiane. Voyez Suses. 2°. Sous furnommée 4/acfa, eftune ville de Mau- ritanie , dans la partie la plus occidentale de l'Afri- que, furies bords de l'Océan atlantique, au pié du SOU as mont Atlas, fous le 15, 30. de longimde, & fous le 32. de latitude feptentrionale, felon les tables arabi= ques de Naflir-Eddin 8: d’Ulugbeg, LP 3°. Sous où Sozis des Arabes, ef la même ville d'Egypte que nous appellons ordinairement Suez y voyez SUEZ. (D. J.) SOUSA , Province de ; où SOUSE , ( Géog. mod.) province d'Afrique , dans la Barbarie, au royaumé de Tunis. Elle a pris fon nom de fa capitale, SOUSA, ( Géog. mod. ) ville d'Afrique, au royau me de Tunis, capitale de la province de fon nom, für un rocher, près de la mer, C’eft la réfidence du gouverneur de la province, à 25 milles de Tunis, à l'oppoñite de Pile de Pantalarée, & plus près de La Sicile qu'aucune autre ville d'Afrique. Elle a un bon port , où les corfaires de Tunis fe mettent à ancre, Son terroir rapporte de l’orge, des figues & des oli- ves , &r il eft fertile en pâturages. Ce fut dans Le voi- finage de cette place, qui n'eft à-préfent qu’une bourgade, que le prince Philibert de Savoie fut autre- fois défait, & qu'un grand nombre de chevaliers de Malte périrent. Long. 28, 47. lat, 35. 54, (D, J,) SOUS-AGE, f. m, ( Gram. & Jurifp.) eft l'âge de minorité qui eft au-deflous de la majorité , qui eft appellé dans quelques coutumes l’ége par excellence , comme Étant l’âge parfait requis par la loi. Voyez ÂGE & AGÉ, MAJEUR, MAJORITÉ , MINEUR, Mr NORITÉ , EMANCIPATION , BÉNÉFICE D’AGE. (4) SOUS-AIDE,, fm, (Gram. & Jurifp,) eftune aide ou preftation feigneuriale que les fous-tenans ou fu- jets médiats, & les arriere-vaflaux doivent au fei- gneur duquel ils tiennent de nu à nu, c’eft-à-direim- médiatement, pour payer par lui le droit de loyaux êt chevels-aides au cheffeieneur du fief chevel du- quel les arriere-fiefs relevent médiatement. 7. 0yeZ l'ancienne courume de Normendie, ch. xxxv. (4). SOUS-AILES,, f. f, ph ( Archir.) bas côtés ou collatéraux d’une églife, SOUS-ALLÉE , voyez ALLÉE. SOUS-ARBRISSEAU, 04 ARBUSTE, voyez ÂR- BRISSEAU. SOUS-ARGOUSIN, L m.( Marine.) terme de ga- lere, c’eft l’aide de largoufin. SOUS-AVOUEË, f.m. (Hiff. eccléf) fecond avoué d'une églife ou d’un monaftere, Voyez Avou. SOUS-BACHA , où SOUS-BACHI , fm. ( Hifr. mod.) le fecond après le bacha; officier fubordonné à celui-ci. SOUS-BAIL , f. m. (Gram.) cefion de fon bail à un autre, ou fecond bail pañlé d’un premier tenant à un fecond. Voyez Particle BAIL. SOUSBANDE, c’eft dans L'Artillerie , une bande de fer qui entre fur un affut à mortier, F. oyez MoR- TIER. (q SOUS-BARBE , ( Marine. ) Voyez PORTE-BOS- SOIR. SOUS -BARBES, ( Marine. ) ce font les plus cour tes étances qui foutiennent le bout de l’étrave quand elle eft fur le chantier. SOUS-BARBE , (Menege.) on appelle ainfi la partie du cheval qui porte la gourmette. Voyez G o u R- METTE. SOUBARBE , e7 srme d'Eperonnier, eft une partie de la bride de figure plate, droite d’un côté & taillée en coude de l’autre. Elle regne tout lelong du coude, &c fe termine par un petit bouton nommé row/eau, Voyez ROULEAU , G les Plañnches & figures de l’Epe- ronrier. SOUS-BARQUE, terme de Riviere, quatrieme tour de planches fervant à la conftruétion d’un bateau fon- cet ou quatrieme bord, ) SOUS-BASSEMENT , voyez SOUBASSEMENT. SOUS-BASSEMENT , { m, ( Meruiferie.) eft la par- 416 Ss OÙ tie de lambris qui fe met devant les appuis des croi- fées. SOUSBERME, voyez SOUBERME: SOUS-BOUT , f. m.enterme de Cordonnier , eff ce tu’on appelle talon. Il eff fait de petits morceaux de cuir cloués enfemble. SOUBRIGADIER , fm, dans la Cavalerie, èftun bas officier qui commande fous le brigadier, & qui l’aide dans l'exercice de fes fon@tions. Foyez Orri- CIERS. Chambers. | SOUS-CAMÉRIER, f. m. ( Æff. mod, ) celui qui eft fubordonné au camérier , & qui fuécede à fes fonétions. Voyez CAMÉRIER. SOUSCAPULAIRE , (Arar.) le mufcle foufcapu- laire eft fitué dans toute la fofle foufcaputaire, il vient de la bafe de l’omoplate &z de la foffe Jou/tapu- laire, & il s’infere par un tendon demi - circulaire à la petite tubérofité qui fe remarque vers la tête de Phumerus. | . SOUS - CHAMBELLANS DE L'ÉCHIQUIER , ( Hifi. mod.) deux officiers de ce tribunal de Lon- dres, qui fendent les tailles , 8 qui en font la leétu- re, afin que le clerc de la peau &c fes contrôleurs puiflent voir que les entrées font juftes. Voyez EcHI- QUIER, TAILLE, PELLS. _ C’eft eux/aufhi qui font la recherche de tous les attes enregiftrés à latréforerie, & qui font chargés de la garde du grand cadaître ou terrier d'Angleterre. Voyez; CHAMBELLAN. SOUS-CHANTRE, f. m. (Æiff. ecclé[.) eft un of- ficier de chœur qui officie à la place du chantre. Voyez CHANTRE. SOUS-CHERIF , voyez SCHERIF. SOUS-CHEVER , v. a@. ( Carrier.) c’eft couper la pierre en-deflous avec le marteau appellé Peffe, &c la {éparer du banc qui eft inférieur. SOUS-CHEVRON , f. m. (4rchu.) piece de bois d’un dôme, ou d’un comble en dôme, dans laquelle eft aflemblé un bout de bois appellé c/é, qui retient deux chevrons courbes. (D. J.) SOUSCLAVIER , RE , adj.ez Anatom, e dit des parties fituées fous la clavicule. Foyez CLAVICULE. Ce mufcle foufclavier s'attache {ous la portion hu- mérale de la clavicule, & fe termine à la premiere côte. Les arteres foufclavieres font au nombre de deux , Fune à droite, Pautre à gauche , elles naïflent de l’ar- gade de l'aorte, & changent de nom lorfqu’elles font parvenues au- deflus du milieu de la premiere vraie côte. L’artere foufélaviere droïte, qui eft la plus groffe &c la plus longue des deux , jette au mediaftin, au thi- mus, au péricarde, & aux larinx, 6e. des petites ar- teres, fousle nom de médiaflines , thymiques, péricar- dines , & trachéales. Voyez MÉDIASTINE , THYmi- QUE, &c. | La foufclaviere droite produit à un bon travers de ‘doigt de fon origine, la carotide droite, à peu de dif- tance de la carotide , elle donne ordinairement qua- tre rameaux, qui font l’artere mammaire interne, fartere cervicale, l’artere vertébrale, & quelquefois intercoftale fupérieure. Woyéz ARTERE MAMMAI- RE, CERVICALE, VERTÉBRALE, 6 La foufelaviere gauche fe diftribue à-peu-près de la gmême maniere que la foufclaviere droite. "La veine foufclaviere droite eft fott courte, elle eff formée par Le concours des veines vertébrales , ju- gulaire interne , jugulaire externe, céphalique , &c äxillaire. Voyez VERTÉBRALE, &c. La veine foufclaviere gauche eft plus longue, outre les veines vertébrales ,jugulaires, &c. elle reçoit le çanal thorachique , les veines peétorales, les inter- cofales fupérieures. Voyez THORACHIQUE , PEC- TORAL, 6c SOUS-CLERC , £. m. ( Gram. ) qui eft fubordon- né au clerc, & quitravaille fous lui. SOUSCLOISON , ez Anatornie, fe dit d’une colon» ne graifleufe, appliquée au bord inférieur de la cloi- {on caruilagineule des narines. Voyez Nez. Les mufcles de la Joufcloifon font des fibres char- nues qui partent de la fou/cloifon , & s'uniflent aux f- bres de l’otbiculaire des lèvres. SOUS-COMITE , {. m. rerme de Galere, nom de celui qui fait aller le quartier deproue, qui eft entre Parbre de meftre, & lParbre de trinquet. SOUS-CONTRAIRE , adj. (Géom.) lorfque deux triangles femblables font placés de façon qu'ils ont un anole commun. Woy.(Pl.de Géom.fig.44.) au fom- met, fans que leurs bafes foient paralleles : on dit qu'ils ont une pofñition fous-contraire; dans ce cas, l'angle 8 eft= 4 , & langle D = C. Voyez ANTI- PARALLELE , au »0t PARALLELE. Sile cône fcalène B FD eft tellement coupé par le plan CA, que l’angle en C foit éval à Pangleen D, le cône eft dit alors être coupé d’une maniere /ous- contraire à la bafe B D. Chambers. (E ) SOUS-COSTAUX. , ox INTER-COSTAUX DE VE- RHEYEN, ez Anatomie, nom des mulcles fitués fous les côtes. Voyez CÔTES. Ces mufcles fe remarquent à la face interne des cô- tes, &c viennent dela 6, 7, 8, ou 9° des côtes, vis- à-vis de leur angle, & fe terminent à la côte fupé- rieure fuivante, & quelquefois à ia quatrieme. Ces mufcles avoient déja été décrits par Euftache, fuivant que lobferve Morgani. , SOUSCRIPTION , ( Gram. & Jurifpr. ) eft Pap- pofition d’une fignature au-deffus d’un éerit, fouferi- re une promefle ou billet, c’eft le figner. FoyezSr- GNATURE. ( 4) SOUSCRIPTION, f. f. (fonds en Angleterre ) ce mot fe dit en Angleterre de l'intérêt que les particuliers prennent dansun fonds public , ou dans un établifle- ment de commerce, en fignant fur un regiftre pour combien ils veulent y prendre part. Prefque toutes les grandes affairesfe font , danscepays-là ,.par voye de foufcription | & c’eit une excellente méthode, (62 SQUSCRIPTION , Î.f. ( Commerce.) c’eit l'engage- ment que celui qui foufcrit un billet, lettre-de-chan- ge , promefle , ou obligation, prend en y ajoutant {a fignature, d’êtrela caution de celui qui les a faits, de payer pour lui les fommes qui y font contenues, & d’acquitter toutes Les claufes qui y font fpécifiées, enforte que celui ou ceux au profit de fquels lefdits billets, lettres-de-change , promeifes & obligations, ont autant de débiteurs tenus de Pacquit de leur det- te, & de l'exécution des engagemens pris dans ces actes, qu'il y a de perfonnes qui y ont mis leur figna- ture, où foufcription ; on ne demande des foufcrip- tions que pour plus de füreté; c’eft un vrai caution- nement. Savary. (D. J.) SOUSCRIPTION , dans le commerce des livres, figni- fie l'obligation de prendreun certain nombre d’exem- plaires d’un livre qu’on doit imprimer, & une obli- gation réciproque de la part du libraire, ow de lé- diteur, de délivrer ces exemplaires dans un certain tems. Les conditions ordinaires des fou/criptionsfont, du côté du libraire, de fournir les livres à meilleurcomp- te aux foufcripteurs, qu'aux autres , à un tiers, où un quart du prix de moins ; & de la part des fouf- .cripteurs , de payer moitié du prix d'avance, & le refte en recevant Les exemplaires : c’eft un avantage égal pour l’un & pour Pautre : car parcemoyen,le libraire a les fonds néceffaires pour exécuter une en- treprile, qui autrement feroit au-deflus defesforces; & le foufcripteurreçoit en quelque façon lintérêt de | fon on atgént , par le prix moderé qu'il paye de ces livres. - Les Joufériptions tirent leur origine d’Aneleterre, &t ce n'eft que depuis peu qu’elles font en ufage dans d’autres pays: les premieres fonftriptions ont èté pro - poiées dans le milieu du dernier fiecle, pour l'im- preflion de la bible polygotte de Walton, qui eft Le premier livre qui ait été imprimé par /oufériptions. Elles ont païle d'Angleterre en Hollande, & com- eñcent à S'introduire en France. La colle“ion des antiquités du pere Montfaucon , eft le premier fivre qui y ait été publié par Joufcriprions , & le nombre —— des foufcripteurs fut fi grand , qu'on en refufa beau coup. La même méthode a depuis été propofée pour édition deS. Chrifoflome, par les bénédictins, mais elle n’a pas eu Le même fuccés. Tous les autres livres qui ont été depuis imprimés en France , par fouftripaion, {ont la tradu@tion des vies de Plutarqué, par M. Dacier ; la defcription de Verfailes, 6 l’hiftoiré de la milice françoïle, parle pere Daniel, &c En Angleterre, les foufcriptions {ont très-fréquen- tes, €z cette habitude les a rendues fujéttes à quel- ques abüs qui commencent à les décréditer. SOUS-CUTANE , ÉE, adj. ez Anatomie, qui eft fous la peau ; lès arteres, les veines, les glandes ous-cutanées ; les vaifleaux lymphatique /ous-curanes. SOUSDIACONAT , £ m. (Æiff eccl.) ordre ec- cléfiaftique , inférieur à celui de diaconat, & néan- “moins très-ancien dans l’Eslife, puifque $. Ignace, S. Cyprien , &t le pape Corneille , en font mention, Les foûdracres n’étoient pas ordonnés commeles mi- niftres facrés , par l’impofition des mains ; &lesfcho- lafbiques ont douté que le foédiaconas Fit un facre- ment. Däns lordination des foûdiacres, Pévêque leur fait toucher le calice & la patène, ce rit eft èta- _ bli dans le concile de Carthage 1v. & dans les anciens pontificaux ; on leur donne encore la tunique & le mampule, & lelivre des épîtres ; mais cette cérémo- me eft plus nouvelle. Les Grecs leurs impofent les mains. Leur ancienne fonétion étoit de recevoir les dbletions desfideles, pour les porter au diacre, qui ies préfentoit au prêtre, ou les mettoit fur l’autel : ilsavoient droit d'entrer dans le fan@uaire, de tou- Cher les vafes facrés, de fetvir les diacres à l'autel. Le célibat a été annexé à l’ordre des foñdiacres , en Occident, dés le quatrieme fiecle ; en Orient, ils n'y ont pas plus été obligés que ceux qui étoient dans les ordres facrés ; 87 même dans les premiers tems : ils pouvoïent fé marier après avoir éte ofdonnés foû- _dacres; mais cela leur fut défendu par le concile 27 trullo, 8 par la loï de Juftinien. Morin, de /u- cris ordinat. & Thomafiin , difcipl. de Pésl, F OÿEZ SOUS-DIACRE. | SOUS-DIACRE , fm. ( Hiff. eccl.) fubdiaconns ; & en grec urodancree , éft un eccléfiaftique revêtu du premier depré des ordres facrés ou majeurs, que l’on appelle Jous-diaconas. Voyez Sous-prAcoNAT. Le Joxs-discre | felon la difpoñtion du concile de Trente , Sef. XXII. réf. cv, vj, VU , VI) , x] C X1, doit avoir été éprouvé dans tous les ordrés inc férieurs, &t avoir au-moins atteint {a vinot-deuxieme ännée ; il doit être aflez inflruit pour pouvoir exer- cer fes fonéhions , avoir des atteftations de fon curé ; &t des maîtres fous qui il étudie, & efpérer, moyen- nant la grace de Dieu, de garder la contiñence ; {on ofdinanion doit être précédée de trois publications faites au prône, afin de connoître sil nef point en- 4 L Fi a 1 Ca F ss \ ue 12 Sage par Mariage, Ou par vœu incompatible , où chargé de déttés, où irrégulier mere. Le jour de lordination étant venu, on appelle ceux qui doivént être ordônnés /o7/s-diacre, chacun par fon nôm &c pär fon titre ; vx 47, au éiere d'une Tome XF, de quelqu'autre ma- SOU 417 telle Elfe, pour ceux qui ont des bénéfices: wn rel ; ai litre de fon patrimoine: frere tel » Profes d'un tel or- dre : frere tel & titre de pauvreté : d'abord Pévêque les avertit de confdérer attentivement À quelle charge ils fe foumettent. Jufqu'ici, leur dit-il , ;/ vous ef li- bre de retourner à l'ésas Jéculier : mais f vous recevez ces ordre , vous ne pourrez plus reculer, il faudra toujours Jervir Dieu , dont le férvice vaut mienx qu'un royaume, garder la chafieté avec fon fecours | € demeurer engagés 4 Jamais au miniflere de l'E glife : fongez-y donc, tandis qu'il efl encore tems | & J£ vous voulez perféverer dans cette fainse réfolution | approchez au nom de Dieu. Enfute on fait approcher ceux qui doivent être OrGonnes fous-diacres | conjointement avec ceux QUE doivent être ordonnés diacres & prêtres, & tous en- femble , étant profternés à terre, on chante les lita- nies , & l’on invoque pour eux les luffrages de tous es faints. Ils fe relevent à genoux, & l’évêque inf truit les Jous-diacres de leurs fonétions ; elles font de fervir le diacre, préparer l’eau pourle miniftere de l'autel , laver les napes d’autel & les COfpOraux > le fous diacre doit auffi offrir au diacre le calice & la patene pour le facrifice, & avoir foin de mette fur l'autel autant de pains qu'il faut pour le peuple, ni plus ni moins, de peur qu'ilne demeure dans le fanc- tuaire quelque chofe de corrompu. Ce font les fonc- tions marquées dans le pontifical romain, Il faut être au-MOIns fous-diacre, pour toucher les vafes facrés 5 êz les linges qui touchent immédiatement la fainte euchariftie. ‘ap L’évèque donne enfuite À celui qui doit être or- donné Jous-diacre à toucher le calice vuide, avec la pateñe , puis 1l lui met les ornemens qui convien- nent à fon ordre, comme la dalmatique & le mani- pule ; enfinil lui préfente lelivre des épitres, avecle pouvoir deles lire dans l’églife ; ainfi le miniftere des | Jous-diacres eft prefque réduit au fervice des autels ; ët à aflifter l’évêque où les prêtres dans les grandes. cérémonies. Autrefois, ils étoient les fecrétaires des évêques, qui les employoient dans les voyages & les négociations eccléfiaftiques. Ils étoient chargés des aumônes &c de l’adminiftration du temporel; & hors de Péglife , ils faifoient les mêmes fonAions que les diacres. Fleury, ix/ic au droit eccléf: tom, I. pare I, ch. vi. p. 75. € fuiy. | SOUS-DIVISER , y. a. ( Gram, ) divifer une feconde fois. Voyez Diviser. SOUS-DOMINANTE., £f. enmufique , eft laqua- trieme note du ton. On l'appelle JouS-dominante, pat- ce qu'en effet la dominante eft immédiatement au deflus d'elle; ou bien parce qu'il y à le même inter- valle en defcendant de la tonique à cette quatrieme note, qu'en montant de la tonique à la dominante, Peye DomiNANTE; Mope, ToNIQuE. L'accord de la fous-dominanteeft compofé , 1°. de tiérce majeure où mineure , felon que le mode eft majeur ou mineur ; 2°, de quinte ; 3°. de fixte ma- jeure : cette fixte quieft la quinté de la dominante , eff cenfée la repréfenter. Voyez là-deflus mes é/emens de imufique. (O7). Fe a SOUS-DOUBLE , adj, ( Mark. ) on dit qu’une quantité eft fous-double, où én raifon Jous-double d'une autre quantité, quand la premiere eft contenue deux fois dans la feconde : ainfi 3 ef Jous-double de 6 ; comme 6 eft double de 3. Foyez RAISON & Dou- BLE, (£) SOUS-DOUBLE , adj. ( Math. deux grandeurs font en raïfon Jous-doublée de deux ares ; quand elles {ont dans le rapport ou la raïfon des racines quarrées de ces deux autres. | SOUS-DOYEN ; (Jurifprud.) eft celui qui eff immédiatement après lé doyen d'une compagnie, Foyer: Doyen. (A4): SOUS-ÉCUYER , f m, ( Æif4 mod. } officier de Ggg 418 S O U la maïfon du roi d'Angleterre , dont la fonéon eft de préfenter & de temir l’étrier au rot lorfqu’il monte à cheval. SOUS-ÉPINEUX , adj. ( Axa. ) nom d’un muf- cle fitué dans la fofle fous - épineufe de l'omoplate. Il remplit tout l’efpace de cette fofle, &c fe termine À la facette moyenne de la grofle tubérofité de la tête de l'humérus. SOUS-FAITE , ( Charpenter. ) piece de bois au- deflous du faire, liée par dès entretoifes , des lier- nes & des croix de faint André. La fows-fafre ert à rendre les affembläges plus folides. ( 2. J.) SOUS-FERME , (Finance de France, ) partie du baïl général des fermes. Les principes de régie ne fauroient être être trop uniformes pour la füreté pu- blique & pour la facilité du travail des fupérieurs. S'il convient ordinairement de permettre Îes ous- fèrmes des partiès qui veulent du détail, il femble que la bonne police exige que ces Jous-férmes s’ad- jugent à l’enchere au profit du roi, &t que tout ce qui regarde une partie, appartienne à une feule compagnie compolée de travailleurs, . La forme de donner les fetmes au plus offrant & dernier enchérifleur , en éloignant tous monopoles, trafics , penfons, gratifications , accomiodemens &z autres abus/dont le retranchement eft ordonné par les divers réglemens faits depuis 1661 jufqu'à ce jour , a produit en partie les augmentations prodi- gieufes qui fe font trouvées für les fermes ; Mais cette méthode a 'auffi des inconvéniens confidéra- bles , en ce que les fous-fermiers ont porté leurs fous-fèrmes au-delà de leur jufte valeur, ce Gui don- ne lieu à deux grands defordres ; lun que les fous- fermiers demandent toujours des diminutions qu'ils obtiennent ; & l’autre, qu'ils vexent infiniment les peuples , pour s'indemnifer de l'excès de leurs fous- fermes. Confidération fur les finances. (D. J. SOUS-FERMER , v.a@. ( Com. ) prendre où don- ner à ferme une partie de ce qui compofe une ferme énérale. SOUS-FERMIER ; fm. (Finance. ) celui quitient une ferme ou une partie d’une ferme fous un autre. On appelloit autrefois fimplement Jous-ferriiers ; ceux qui prenoient des fous-fermes fous Les fermiers généraux de fa majefté ; maintenant ils fe donnent le: titre d'éncéreffés dans les fermes du roi. SOUS-FRÉTER , v.a@. ( Marine. ) c’eft louer à un autre le vaifleau qu’on a loué , ou fréter à un au- tre le vaifleau qu’on a affrété. [left défendu de /ous- fréter un vaïffeau à plus haut prix que celui qui eft porté par le premier contrat ; mais Vaffréreur peut prendre à fon profit le fret de quelques marchan- difes, pour achever la charge du vaiffeau qu'il a en- tierement affréte. SOUS-GARDE , ff. terme d’Arquebufier, c’eft un morceau de fer long d’environ huit pouces , &c large d'un demi-pouce , qui forme par le milieu un dermi- _ cercle, & qui a une oreille à chaque côté qui fer- vent à l’aflujettir au bois de fufil à la viflant. Cette piece fe pofe deflous Le bois de fufil, & fert pour ga- rentir la détente, & empêcher qu’elle nes’accroche & qu’elle ne faffe partir le fufil dans le rems qu'on ne s’y attend pas: | SOUS-GORGE , f. f. rerme de Bourrelier ,C’eftune partie de la bride du cheval, qui confifte en une bande de cuir qui pafle fous la gorge, & qui eff ter- minée par deux boucles, au moyen defquelles on Vatrache à deux petites courroies qui tiennent à la têtiere auprès du fronteau. L’ufage de la Jous-gorge eft d’aflujettir la bride, & d'empêcher que le cheval en fecouant la tête ne dérange la têtiere & ne fafle tomber toute la bride, Voyez les fig. € les PI, du Bour- relier: : SOUS-GOUVERNANTE , L£ ( Gram. ) celle SOU ! quifert en l’abfence de la gouvernante. Voyez l'arri- cle GOUVERNANTE. SOUS-GOUVERNEUR , f. m.( Gram. } celui qui reprélente le gouverneur, fait fes fonélions & le fou- age dans fon emploi, SOUS-INTRODUITE FrEmMME,. ( Æif4 eccléf.) une femme fous-irrroduite étoit celle qu’un eccléfia{- tique avoit chez lui pour le foin de fon ménage, ou pour quelque autre raïon. M. Fleury dit, dans fon ÆHife. ecclef. L. II, p. 140. qu'on nommoit fermes in- troduites où fous-1ntroduites | celles que les eccléfiaf- tiques tenoient dans leurs maïfons par un ufage que PEglife condamnoit , & qui fut reproché à Paul de Samofate , parce qu’encore que ce füt fous prétexte dé charité & d'amitié fpirituelle, les confèéquences en étoient trop dangereufes , & qul en réfultoit tout au moins du fcandale. | Dès le tems de faint Cyprien, où lon he faifoit encore aucun vœu folemnel de virginité ni de céli- bat , & où lon n’impofoit aux eccléfaftiques aucune néceflité de s’abftenir du mariage , on lit que des filles demeuroient librement avec des hommes d’é- glife, couchotent ayec eux dans un mêmelit, &fou- tenoient néanmoins qu’elles ne donnoient par-là au- cune atteinte à leur chafteté, offrant pour preuve d’être vifitées par des expertes. Saint Cyprien le re- connoît lui même , 8€ cenfure quelques-unes de ces filles. Voici fes propres paroles : Quid nobis de üs Yirginibus videatur, que cum in flatu fuo effe , & con- tinentiam frmilitertenere decreverint, deteële funt poftea in codem lefo pariter manfiffe cum mafculis : ex quibus untum diaconum éffe dicis : planè eafdem , que fe cum vivis dormifle confiffe fini , adfèverare Je insegras elfe, &tc. Epifi. IV. p. 7. edit. Brem. Fell. Le même pere fe plaint ailleurs que quelques con- fefleurs étoient tombés dans la même faute ; & les expreffions dont il fe fert font bien fortes: 707 deeffe, qui Dei smpla , & poft confeffionem fanthificara € illuffrata prius membre tirpi & infami concubirn fuo ma culent, cubilra [ua cuin fœminis promifcua jungentes êce. Une telle compagne des ecciéfaftiques fut appel lée fémme jous-introduite, cuvtirawros yuvn ; parce que les eccléfiaftiques Les introduifoient chez eux comme es aides & des fœurs fpirituelles , cozfortio fororiæ appellationis ; & cet ufage devint fi commun, que divers conciles, & entrautres celui de Nicée, fu- rent obligés de défendre cet ufage. Mur: éricxome, JAITE FPeTGUTE pe , MATE daxov®, pute 806 raÿl TOY y NT éCelva) cuvércanToy yuvaire Yi AY € HN dpe puTétæ a adAEN\ , 1 Jouer, à d VE Mpocome macar væaoiay disréqeuyer. Canon li1. Cependant les défenfes des conciles eurent f peu d’effet , que Les empereurs chrétiens , comme Hono- rius , Théodofe & Juftinien fe virent contraints d'employer toute l'autorité des lois pour remédier à cet abus. Voyez cod. Theodof. l. XVT., vir. 2. leg. 44, cod. inf. L. I. ti. 3. de epifcop. 6 cler. leg. 19. novel. VI, cap. v. Jacques Godefroy , tom. VI, p. 86. & fuivantes. Pour ne point entrer dans de plus grands, détails fur cette matiere, nous renvoyons les lec= teurs curieux aux notes d'Henri de Valois fur Eu- febe , hiff. ecclef. L. FI. c. xxx. à Henri Dodwell, differtat. Cyprianic. 3. à Bingham , antiq. ecclef. liv, Vi. c, ij, & finalement à M. Boëhmer , dans fon yus ecclef. proceffant. L. IFL. tit. 2. (D. J.) SOUS-LIEUTENANT , eft un troifieme officier dans les compagnies d'infanterie & de cavalerie, dont les fonétions font à-peu-près les mêmes que celles des lieutenans. On les établit ordinairement dans la guerre & on Les caffe à la paix. Voyez CIER. Dans toutes les compagnies de la maïfon du roi, excepté les gardes du corps, 1l y a des fous-lreute- nans, Il y en a auffi dans toutes les compagnies de gendarmerie : ce font les feconds officiers de toutes ces compagnies, ( Q° | SOUS-LIGNER , v. a@t. ( terme d'Imprimeur, ) c’eft imprimer en italique un mot ou plufieurs qui font Jous-lisnés dans un manuicrit, à deflein de les faire remarquer, ou pour quelqu'autre raifon! (D. J. SOUS-LOCATAIRE , { m, (Awrifprud. ) eft ce- lui auquel le principal locataire d’une maïfon ou au- tre héritage a donné lui-même à loyer quelque per- tion de ce qu'il tenoit du propriétaire. Le Jous-locataire eit différent du ceffonnaire du bail, en ce que le ceflionnaire doit payer au pro- prictaire, au lieu que le /ous-locataire paye au prin- cipal locataire. L’article 162 de la coutume de Paris, permet néan- moins au propriétaire de faifir les meubles des fous- docataires ; mais ceux-ci en ont main-levée en payant - le loyer de leur occupation. En fait de fermes, on appelle fous-férmier , ce qu’en fait dé bail à loyer on appelle fous-locataire. Voyez BAIL À LOYER , FERME, LOCATAIRE , PRINCIPAL | LOCATAIRE. ( 4 | SOUS-LUI, rerme de Manège , un cheval qui eft “bien Jous-lui, qui fe met bien fur les hanches, eft un cheval qui en marchant approche les piés de derriere de ceux de devant , & dont les hanches foutiennent en quelque maniere les épaules, ( D. JF.) SOUS-MULTIPLE , adje@. ez Mathem. &c. une quantité fous-mulriple eft celle qui eft contenue dans une autre un certain nombre de fois; & qui par con- féquent étant répétée un certain nombre de fois, lui devient exactement égale. Ainfi 3 eft un /ous-multiple de 11 : dans ce fens, Jous-multiple revient au même que partie aliquote. Voyez ALIQUOTE. - Une raïfon foxs-mulriple eft celle qui eft entre la quantité Jous-mulriple, & la quantité qui la contient ; ainf la raifon de 3 à 21 , eft fous-mulsiple. Voyez Raï- SON. Dans ces deux cas fous-mulsiple eft Poppofé de snultiple : 21, par exemple, eft wulriple de 3 , &la raifon de 21 à 3, eft une raifon zulsiple, Voyez MuL.- TIPLE. Chambers. ( E ) SOUS-NORMALE , f. f. ( Géom.) eft la même chofe que fous-perpendiculaire. Voyez Sous-pER- PENDICULAIRE, SOUS-OCCIPITAUX , ez Anatomie, nom des nerfs fitués fous l’os occipital. Cesnerfs appeilés com munément la dixieme paire, naïflent un peu plus bas êc plus latéralement , que les nerfs grands hypoglof- fes, à l'extrémité de la moëlle alongée & vis-à-vis la partie poftérieure de l’'apophyfe condyloïde de l'os occipital. Ils communiquent avant de percer la dure-mere avec la premiere paire cervicale ; après quoi ils la percent en fortant du crâne, entre la pre- miere vertebre du col & Fos occipital, 8 fe di- ftribuent aux mufcles poftérieurs de la tête. Voyez TÊTE G OREILLE. SOUS-OFFICIERS de Pempire, ( Hiff. mod. ) [ub- officiales imperti: ona dit à l’article ÉLECTEURS quels étoient les grands officiers de l’empereur & de l’em- pire; chacun de ces princes fait exercer fes fon- étions par des Jous-officiers héréditaires qui pofledent des fiefs pour cette raifon. C’eft ainfi que léleéteur de Saxe, qui eft grand maréchal de l'empire , lors du couronnement de l’empereur, eft repréfenté dans fes fonétions par le comte de Pappenheim; l’éleéteur de Brandebourg qui eft grand chambellan, eft repré- fenté par le prince de Hohenzollern ; l’éleéteur de Bohème, par le comte d’Althan ; l’éleéteur de Bavie- re , par le comte de Truches-Waldburge ; l’électeur Palatin ; par le comte de Sinzendorf. _ SOUS-ORBITAIRE , ez Anaromie, nom des at- teres qui fe diftribuent au-deflous de l'orbite, | Tome XP, S O U 413 SOUS-ORDRE, ( Furifprud. ) elt un ordre pat ticulier qui fe fait en fecond entre les créanciers par» ticuhiers d’un créancier colloqué dans l’ordre prin- cipal, qui ont formé oppoftion fur lui en /oxs-erdre, c’eft-à-dire , pour fe venger für ce qui peut lui reve- nif, au cas qu'il foit colloqué utilement dans l’ordre. Voyez CRÉANCIER, DECRET, OPPosirion & Sous: ORDRE, SAISIE RÉELLE. ( 4 SOUS-PÉNITENCIER , f. m. ( Gram. ) aide du pénitencier. Vovez larricle PÉNITENCERIE. SOUS-PENTE , ‘voyez SOUPENTE. SOUS-PENTE , ( Maréchall,) les Maréchaux appel: lent ainfi un aflemblage de courroies difpofées com- me on le voit dans la figure | qui fervent à arrêter un cheval dans le travail. Voyez Travatr. Les trois principales a a & qui fervent à fufpendre ou élever le cheval , font garnies de deux ou trois chaïînons à chaque bout : ii y a cinq courroies traverfantes qui coulent comme en veut. Les trois plus courtes 446, fervent à garnir fous le ventre ; 8 des deux autres lune cc eft fort longue, un de fes côtés va entourer la croupe, & l’autre le poitrail; ces côtés fe bou- clent à deux boucles 44, qui font à la courroie qui eft de l’autre côté, SOUS-PERPENDICULAIRE, adj. er Géomérries la Jons-perpendiculaire eft une portion de l’axe d’une courbe interceptée entre l’extrémité de l’ordonnée &c le point, où la perpendiculaire à la tangente , ti rée de l’autre extrémité de lordonnée, coupe l'axe de cettecourbe. J’oyez TANGENTE. La Jous-perpendiculaire et donc une ligne qui dé- termine le point où l’axe d’une courbe eft coupée par une perpendiculairetirée fous une tangente au point de contaét, Ainfi TM, Planch. fétt. coniq. fig. 19 , touchant la courbe en À, & M R étant perpendiculaire à T M, au point de contingence, la ligne PR comprife entre ordonnée PM &c la perpendiculaire MR, s'appelle Joufperpendiculaire. La foufperpendiculaire PR eft à la demi-ordonnée PM, comme PM à PT, ou comme MR à TM ; d’où on peut conclure que dans la para: bole , la fous-perpendiculaire eft {ous-double du para. mètre, & par conféquent d’une grandeur conftante : PMz P M2 car PR= gr = dans la parabole = = en nommant le parametre a, "2 = © inin P € 5 np = + 20 | d En général, puifque la fouftangente eft _ (voy. SOUSTANGENTE ), On aura la foufperpendiculaire = y* divifé par la fouftängente , c’eft-à-dire __ 5 SOUS-PESER , v. aét. (Graz. ) prendre quelque chofe pefant en-deflous, & le fouleyer de la main pour en eftimer le poids. SOUS-PRÉCEPTEUR ,f. m.( Gram. ) celui qui foulage le précepteur dans fes fonétions. Voyez PRÉ: CEPTEUR. SOUS-PRIEUR.,, £. m. ( Æ71f£. eccléf. ) eft un off- cier clauftral qui aide le prieur. Foyez PrIEUR. SOUS-PROMOTEUR , f. m. ( Gram.) qui re: préfente le promoteur & {ert fous lui. Voyez Pro: MOTEUR. SOUS-RACHAT , f. m. ( Jurifprud.) c’eft le ra- chat au feigneur dominant par fes arrieres-vaffaux, pendant qu'il a mis en fa main le fief de fon vañläl, faute de rachat. | ”_ C’eft le profit de l’arriere-fief que le feigneur ex- ploite. Voyez RACHAT @ Fier. SOUS-REFECTORIER , £. m. ( Gram.) celui qui veille aux chofes du réfetoire fous le réfeétorier. SOUS-RENTE , f. f, (Gram. ) rente que l’ontire d’une chofe que l’on tieñt foi-même à rente. SOUS-RENTIER , £. m. ( Gram, } celui qui tient à rente d’un rentier. Poyez RENTE. Gesi D 420 SO U :SOUS-SÉCRÉTAIRE, L. m: ( Gram. ) qui trä- vaillefous le fecréraire. Voyez SECRÉTAIRE. | SOUSSIGNER , mad. (Gram, Jurifp. & Com.) c’eft mettre fa fignature ; c’eft-à-dire écrire fon nom, &c quelquefois y-ajouter un paraphe au pie de quelque aûte ou écrit, pour l’agréer, le faire valoir, &c con- fentir à fon exécution. Voyez SIGNATURE. Les perfonnes qui ne favent pas écrire fe conten- tent de mettre au lieu de. fignature quelque marque qui leur eft propre, fi c’eft fous feing-privé; mais dans tout aéte public ou pañlé par-devant notaires, il faut faire mention que l’un des contrattans, où même tous deux, ont. déclaré ne favoir figner. Les conful- tations des avocats A des. habiles négocians qui donnent leur confeil ; les réponfes des doéteurs de Sorbonne fur les cas'de confcience, commencent ordinairement par ces mots, le confeil fouffigné, &c. ê les promefles, quittances, certificats par ceux-ci aflez femblables : je fouffigné, ou rous fouflignés , re- ‘connoïiflons, certifions, re. Didionn. de Commerce, - SOUS-SURPARTICULIERE, SOUS-SURPAR- TIENTE, (RaAïsON ) voyez RAISON. SOUSTANGENTE , 1. f.( Géom. ) la fouflangente d’une courbe eft une portion de fon axe interceptée entre l’extrémité d’une ordonnée & linterfeétion de la tangente avec l'axe ; cette ligne détermine le point où la tangente coupe l’axe prolongé. Payez COURBE € TANGENTE. Ainf dans la courbe 4 M, &c. (Planche d'anal, fig. 10.) la ligne TP, comprife entre la demi-ordon- née P M, & la tangente T M, en eft la fouflangente. Si on mene la perpendiculaire M Q à la tangente MT ,onaura P Rà PM ,comme P M à PAT Ex P MàPT,comme M R à T M, Ii eff aifé de voir que la fouffangente eft à Pordon- née y, comme la différentielle dx de l’abfcifie eft à la différence dy de l’ordonnée, donc la fouflargente — J#x d 8 C'et une loi que, dans toute équation qui exprime la valeur d'une /ouffangente , fi cette valeur eff pofi- tive, le point d'interfetion de l’axe &c de la tangen- te, tombe du côté de l’ordonnée où la courbe a fon fommet, ainf que cela arrive dans la parabole. Au contraire , fi la valeur de la fouffangenre eft né- gative, le point d’interfeétion de l'axe &c de la tan- gente, tombe du côté de l'ordonnée, oppofé à celui où la courbe a fon fominet ; ainf que cela arrive dans Phyperbole rapportée à fes afymptotes. En général , dans toutes les courbes dont l’équa- tion et y=x", mm marquant un nombre quelcon- que entier ou rompu poftif ou négatif, la fous-rar- gente elt égale à Vabfciffe multipliée par l’expofant de la puifance de Pordonnée. Voyez TANGENTE. Ainf dans la parabole ordinaire dont l’équation eftx=yy, la fous-tangente eft égale à x multiphiée par lexpofant 2 dey y ; or x eit labfafle dont la fous-tangente eft égale au double de l’abfaifle ;° &x d’ailleurs comme cette valeur vient avec le figne +, ou eft poñitive , elle doit être prife du côté de l'or-. donnée où la parabole a fon fommet, au-delà du- quel l’axe doit être prolongé. . De même dans une des paraboles ,cubiques dont l'équation ef y = x+, la valeur de la fous-rangente eft égaie aux 5 de l’abfcrfle. SOUSTENDANTE, £ f. en Géométrie, eft une ligne droite oppotée à un angle, & que lon fuppofe tirée entre les deux extrémités de l'arc qui mefure cet angle. Voyez ANGLE 6 ARC. Ce mot eît formé du latin fwb, fous, & sendo, je tends. | La fouflendanse de angle répond à la corde de l'arc. Foyez CORDE. Dans tout triangle reétangle, le quarré de la fouf- sendante de l'angle droit, elt égal aux quatres des e SOU fouflendantes des deux autres angles, par la 47° pro: poñtion d'Euclide. Cette merveilleufe propriété du triangle a été découverte par Pythagore. Poyez Hy= POTHÉNUSE. Chambers. ( E ) SOUSTERREINS dans La fortification , font des efpaces qu’on pratique quelquefois dans l’intérieur de l’épaiffeur du rempart, pour mettre dans un fiege les principales munitions, & une partie de la garnis fon à l'abri du ravage des bombes. On conftruit or« dinairement de ces fourerreins dans l’épaifleur des baftions pleins , fur-tout lorfqu’il y.a des cavaliers fur ces baftions ; on en conftruit aufli vis-à-vis, ou le long des courtines. Îls font voutés, à épreuve dela bombe. Il y a de ces fouserreirs dans les tours baftion- nées de Landau & du Neuf-Brifach. Voyez Tours BASTIONNÉES. (Q) | : * SOUS-TIRER , v. a@fous-tirer du vin, c’eft le tranfvafer d’un tonneau dans un autre. n 4 SOUSTRACTION, f. f. en Arithmetique, la fouf* tra&ion eft la feconde regle, ou pour mieux dire, la | feconde opération de l’arithmétique: elle confifte à Ôter un nombre d’un autre nombte plus grand, & à trouver exaétement l'excès de celui-ci fur celui-là. En un mot, la fouflraëtion eft une opération par laquelle on trouve un nombre qui, ajouté au plus pe- tit de deux nombres homogenes , fait avec lui une fomme égale au plus grand de ces nombres, Foyez ARITHMÉTIQUE. Voici ce qu'il faut obferver dans cette opérations Pour fouftraire un plus petit nombre d’un plus grand. 1°. Ecrivez le plus petit nombre fous le plus erand, les unités fous les unités, les dixaines fous les dixaines, &c. en général les quantités homogenes les unes fous les autres , ainfi que nous l’avons pref- crit pour l'addition. 2°. Tirez une ligne fous les deux nombres. 3°. Souftrayez féparément les unités des unités , les dixaines des dixaines , les cena taines des centaines; & commençant à droite , & procédant vers la gauche, écrivez chaque relte {ous le caradtere fut lequel vous avez opére , & qui vous l’a donné, 4°. Si le chifre que vous avez à fouf: traireeft plus grandque celui dontildoit étrefouftrait, empruntez une unité fur le chifre qui fuit immédiates ment enallant vers la gauche , cetteunité empruntée vaudra 10 ; ajoutez cette dixaine au plus petit carac= tere, & fouftrayez le plus grand de la fomme. S'ilfe rencontroit un zéro immédiatement devant celui qui vous contraint d'emprunter, parce qu'il eft trop pe- tit ; l'emprunt fe feroit fur le chifre qui fuit immédia- tement ce zéro, en allant vers la gauche. Maïs fans emprunter fur les nombres fuivans , ce qui caufe quelquefois de Pembarras ; il vaut mieux ajouter une unité au nombre qui fuit immédiatement, & qui vaut toujours dix unités, par rapport au nombre qui le précede; & dans la colonne fivante fouftraire une unité de plus dans la quantité que l’on fouftrait; afin de détruire par cette derniere opération l’augmenta- tion que l’on a faite par la premiere. | Il n’y a point de nombre qu’on ne puifle ôter d’un plus grand, en obfervant ces regles. Exemple. . foit. . . 9800403450. d’où il faut fouftraire 4743865263. le refte fera s056538196. Car, commencant par le premier caraétere qui fe préfente à droite, & Ôtant 3 de 9 ,refte 6, que j'é- cris au-deflous de la ligne. Paflant au fecond carac- tere , je trouve 6 que je ne peux Ôte de 5; c’eft pourquoi j’emprunte fur le 4 qui fuit le plus immé+ diatement $, en allant vers la gauche , & qui mar- que des centaines, uneunité, ou dix dixaines. Ja joute ces 10 dixaines, aux 5 dixaines que j’avois , &t qui me produit 15 dixaines, d’où fouftrayant 6 dixaines, il men reffe 9, j'écris donc 9 fous la ligne & fous les dixaines, Jen fuis aux centaines , je dis LE à Qué j'a emprunté , font 3 ; 3 de.4, felte uns nque j'écris fous la ligne. J’avance & je dis, 5 ne fe | peut ôter de 3 ; j'emprunte, non fur le zéro ;' mais rl 4 qui vient après le zéro, toujours en allant vers la gauche, Cet r vaut cent mulle, par confé- quent fon fe fuppofe à la place du zéro , il vaudra 10 dixaines de mille, J’emprunte fur ces 10 dixaines de mille, une-unité quivaudra ro mille, & parcon- féquentlezéro fe trouvera valoiro dixaines de mille : - Or ces dix mulle ajoutés à trois mille que j'a, produifent 13 mille; de cet 13 mille, j’ôte $ mille, refte 8 mulle, que j'écris fous la ligne. Je dis enfuite 6 de 9, refte 3 ; que j'écris fous la ligne. Jarrive au 4 dur lequel j'ai emprunté une unité, & qui ne vaut par conféquent que trois; je ne dirai donc point 8 de 4, mais 8 de 3 : on achevera la /ouffraétion , en con- tinuant d'opérer, comme nous avons fait jufques-là. S1 l’on propoloit d'ôter un nombre héterogene , d’un autre nombre héterosene plus grand; on fuivroit la même méthode, chfervant feulement que les uni- tés que l’on emprunte , ne valent pas 10 unités ; mais autant qu'il en faut de la plus petite efpece , Pour Continuer une unité de la plus grande. Exemple. liv, fols d. AS 16 6 LAN AATSES 9 ? 17 16 9 Je ne peut ôter 9 deniefs de 6 deniers. J’emprunté £ fol, fur les 16 fols qui précedent les 6 deniers. Ce ol vaut 12 deniers. Ces r2 deniers joints aux 6 de= niers que j'ai déja, font 18 deniers, d’où j'ête 9 deniers , & il me refle 9 deniers , j'écris donc 9 fous Îa ligne, Pareillément 1 9 fols ne peuvent fe fouftraire . des 15 fols reftans. J’emprunte donc fur les 4$ livres Qui précedent, une livre qui vaut 20 fols. Ces 20 fols joints aux 1 5 fols que j'ai, font 34 fols, d’où j'ôte to fols, & il me refte 16 fols que j'écris fous la ligne. Enfin j’ôte 27 livres, de 44 livres qui me reftent , & J'écris la différence 17 fous laligne, e S11e nombre à fouftraire eft plus grand que celui où il faut le fouftraire ; 1l eft évident que l’opéra- tion eft impoffible, Dans ce cas, il faut Ôter le plus petit nombre du plus grands, & écrire le refte avec un figne négatif. Exemple, foient 8 livres à payer avec 3 livres; J'en paye 3 des 8 que je dois , avec les 3 que j'ai, & il en refte 5 de dûes ; j'écris donc au-deflous de la ligne 5. La preuve de la fo2ffrattion Le fait en ajoutant le nombre fouftrait avec le refte ; où l'excès du plus grand nombre fur le phis petit avec le plus petit. S'ils font une fomme égale au-plus grand, lopéra- tion a Été bien faite. Exemple. « | ” En DL d 9800403459 156 11 34 4743865263 nomb.fouft. 21 17 22 5956538196 refte 9800403459 156 11 34 SOUSTRACTION e7 Algebre | pour faire une Jouf- tratton algébrique , quand il s’agit de monomes , on Écrit ces quantités de fuite, en changeant fimplement le figne de la grandeur à fouftraite ; & l’on fait en- nomb; fouft; 134 14 o+ reîte fuite la réduétion, f ces quantités font femblables + ainf pour Ôtercde 4, on écrit b—c; puifque — eftle figne de la fouffraëtion : & pour ôter— 4 de a, on écrit a + , en changeant le figne— en + ; enforte que la grandeur # eft augmentée par cette Joftrac- t107 ; en effet Ôter des dettes , C’eft augmenter les fa- 2e . . cultés de quelqu'un : fouftraire des moirs , eft donc aufli donner des p/us. … S'ileft queftion de po/iromes , on difpofera les ter- mes de la grandeur à {ouftraire, fous ceux de la gran- : deur dont on fouftrait ; c’eft-à-dire, les termes de Pune, fous les termes femblables de l’autre , en chan: . SOU 421 geant fimplement tous les fignes de la grañideur à ioufträire , en des fignes contraires, c'eft-ä-dire, que l’on mettra où il y aura+, & le figne +où l’on verra le figne—. Aunfi , pour retrancher le polinome 2 46% 3 acx® + 4aÿm— $ ab ( 4) du polinome 7 ex 4 a b+ 5 dm—acx + bd, (B) on difpofera comme on le voit ici. ea 4 ab + s in acx + bd (B DE 3,0 ns db 4 am acx ( A}, 40 Lab + im + acx + bd, Les termes du polinôme À, fous les tértes du poi Hinome 3 ; les termes femblables les uns fous les au tres, en changeant tous les fignes du polinome À; en des fignes contraires. Cette préparation faite , on réduira les termes à leur plus fimple expreffion ; & cette réduétion donnera 46x°+ 08 LEmhace + bd, qui eit la différence cherchée, . Quand il n’y a point de termes femblables , of écrit fimplement la quantité à fouftraire, dont on change les fignes, à la fuite du polinome, dont on fait la Jouffrattion : ainfi pour Ôter xx = à x + ce de 2at=34, écrivez 224— 3h =xxtLact— cc; en changeant fimplément les fignes de la grandeur xx — 26X+ cc, quina aucuns termes femblables à ceux de la quantité 244: 3 82, (E | SOUSTRACTION, f. f. ( Gram. G Jurifprud.) eft Vaétion d’ôter & enlever frauduleufementune chofe du lieu où elle devroit être, | C’eft principalement pour les papiers que lon a détournés que l’on fe fert de ce terme ; cela s'appelle une fotfraëion de pieces. … Souffraition d'une minute d’un notaire , c’eft l’en- levement qui eft fait de cette minute. Soufrraëlion de pieces dans une produélion, c’eff lorfque lon retire frauduleufement d’une produ&ion quelque cotte ou quelque piece d’une cotte, que l’on a intérêt de fupprimer. Voyez DIVERTISSEMENT ; ENLEVEMENT , RECELÉ, SUPPRESSION, (4) . SOUSTRAIT , {. m. rerme de riviere, ce {ont des fagots que lon met dans le fond des batteaux , pour empêcher que la marchandife ne foit mouillée, ; SOUS-FRAITANT , rerme de Finance, celui qui “traite d’une ferme adjugée à un autre , ou aui en tient une partie du traitant en général ; il fe dit plus par= ticulierement dans les fermes du roi. (D. J.) SOUS-TRAITE, fous-ferme qui fait partie d’une plus grande. f’oyez SOUS-FERME. 14, ibid. SOUS-TRAITER ,.prendre une fous-ferme, la tenir de celui qui a la ferme générale. Voyez FERME G SOUS-FERME: Jd. ibid. | SOUS-TRÉSORIER d'Anglererre , ( Æft. mod. } officier dont il eft fait mention dans le farur 30. d'E- Kfabeth , chap. viy, & que plufeuts autres ftatuts con: fondent avec le tréforier de l’échiquier. Voyez Écur QUIER. . NE NRE : Sa fonétion étoitd’ouvrir Le tréfor du roi à la fn dé chaque terme , de faire un état de l’argent quife trou- oit dans chaque caifle ; & de le voir porter à latré: forerie du roi qui eft à la tour dé Londres, pour fou: lager d'autant le grand-tréforier dans fes fon@ions, Quand la chatge de grand-tréforier étoit vacante, lé fous-tréforier le remplaçoit dans toutes Les fondions concernant la recette dés deniers royaux. Voyez TRÉ: SORIER; | . SOUS-TRIPLE, adj. (Machémat.) deux quantités font en räifon fous-sriple | quand l’une eft contenue dans l’autre trois fois. Voyez RAïSON. Ain 5 eft fous: triple de 6, ou en raïfon fous:rriple de 6, de même que 6 eft triple de 2, ou en räifon triple de 2. (E). SOUS-TRIPLÉE , adj. ( Marhémar.) üne raïfon Jous-triplée eft le rapport des racines cubiqués. Foyez RAISON. SOUSTYLAIRE, ff, ex Gromonique , efkuneligne #22 S OÙ éroite, fur laquelle le ftyle ou gnomon d’un cadran eff élevé. Cette ligne eff {a fe&tion ou rencontre du plan du cadran, avec le plan d’un méridien qu'on fuppoie, | être perpendiculaire au plan du cadran. Ce méridien eft toujours différent du méridien du lieu, à-moins ‘que le plan du cadran ne foit horifontal , ou qu'ilne {oit dans la ligne qui joint le levant au couchant : aïnf la méridienne d’ün cadran differe prefque tou- jours de la fouf£ylaire ; car la méridienne d’un cadran eff la ligne de feétion du plan du cadran avec le mé- ridien-du lieu. Au refte le point où ces deux lignes fe rencontrent , eft le centre du cadran ; car le fom- met du ftyle repréfente le centre de la terre, & par conféquent un point commun aux deux méridiens ; & le point de rencontre de la ouffylaire & de la mé- ridienne eft encore un point commun aux deux mé- ridiens , d’où il s’enfuit qu’une ligne menée par le ommet du ftyle &c par le point de rencontre des deux lignes dont il s’agit, feroit la ligne de feétion ou de rencontre des deux méridiens , & qu'ainf cette ligne repréfente Vaxe de la terre, c’eft-à-dire lui eft parallele. Or le point ou le plan d’un cadran, eft coupé par une ligne tirée du fommet du ftyle pa- rallement à l’axe de la terre, efttoujours le centre du cadran , & le point de rencontre des lignes horaires. Donc le point de rencontre de la /ou/ffylaire &t de la méridienne eft toujours Le gentre du cadran. (0) Dans les cadrans polaires, équinoxiaux , horifon- taux, méridiens & feptentrionaux , la ligne /oz//y- Jaire eft la ligne méridienne, ou ligne de douze heu- res, ou l’interfeétion du plan fur lequel le cadran eft tracé , avec celui du méridien du lieu , parce que le améridien du lieu fe confond alors avec le méridien du plan. Foyez MÉRIDIEN. (0) ; SOUS-VENTRIERE, £. f. ( Maréchal, ) courroie de cuir qu’on met fous le ventre de chevaux de car- ‘rofle & de voiture, pour tenir leurs harnoïs en état. SOUS-VICAIRE , f. m, ( Aiff. eccléftafr. ) prêtre qui partage les fonétions du vicaire. Foyer VICAIRE. SOUS-YEUX , (Jardinage. ) terme ufité chez les Vignerons, qui s'emploie auffi par les Jardiniers pour exprimer de petits yeux ou boutons placés au-def- fous des vrais yeux , & proche de la bafe ou empate- ment d’un rameau. Ces yeux inférieurs font toujours plus petits du double que les yeux fupérieurs , fou- vent même on a de la peine à les difinguer ; chacun de ces fous-yeux a une feuille qui lui fert de mere- nourrice, de même qu’en ont les vrais yeux , mais de moitié plus petite. Ils reftent toujours nains, &t ne produifent que des bourgeons nains, Formés les pre- miers, leurs feuilles viennentles premieres, & elles tombent de même. Chaque année à la pouffe du prin- tems , le plus grand nombre des fous-yeux ayorte, La feve qui fe porte par-tout avec véhémence dans cette faïfon , trouvant des conduits plus dilatés dans les véritables yeux, les préfere aux Jous-yeux, dont les conduits & les paflages font trop étroits. SOUTANE., £. f. cerme d’Eglife, habit long & def- cendant jufque fur Les talons que portent les ecclé- fiaftiques, & que portoient autrefois les gens de juftice fous leur manteau. Le pape porte toujours la foutane blanche ; les évêques la portent noire quand ils font en deuil, ou hors de leur diocèfe ; mais dans leurs diocèfes & à certaines grandes cérémonies, 1ls ont droit de la porter violette. Les cardinaux la por- tent rouge. Il y a, dans le journal du palais, un arrêt ui a du rapport à l'obligation de porter la Jourane ous les peines prononcées par le concile de Trente. Du Cange dérive le mot fourane de fubtaneum , qui dans la baffe latinité fignifioit la même chofe. L’hiftoire de la chevalerie nous apprend que le entilhomme novice qui devoit être fait chevaber , pañloit la nuit précédente à prier Dieu dans une égli- SOU fe ; {on habit dans ce premier jour étoit une foxrane brune, toute unie & fans omement ; le lendemain, il communioit, & afloit au bain où 1l quittoit l'habit d'écuyer. ( D. J.) | SOUTANELLE , ff. ('Æff. eccléfraft.) petite fou- tane de campagne , qui ne defcend que jufqw’au-def- fous du genoux. qu SOUTE , £ £. (Gram. 6 Jurifprud. ) où , comme on écrivoit autrefois, foulte , gwaff folu rio, eft ce que l’on donne pour foldet un partage ou un échange. Quand un lot fe trouve plus fort qu’un autre , on le charge d’une Joure en argent envers l’autre lot, pour rendre les chofes égales. = De même dans un échange, quand l'héritage don- ñé d’une part à titre d'échange, eft plus fort que celui qui eft donné en contr'échange , on charge celui qui a l'héritage Le plus fort de payer une /ofre à celui qui a le plus foible. | Dans les partages , la Joûte fuit la nature du par= tage , c’eft-à-dire que quand il n’eft point dû de droits feigneuriaux pour l'héritage que l’on a dans fon lot , iln’en eft pas dù non plus pour héritage ou portion que l’on conferve moyennant une foure. ot Dans les échanges, au contraire la portion d’hé- titage pour laquelle on paye une Joue, eft réputée acquife par contrat de vente , & fujette aux mêmes droits que l’on paye en cas de vente. Voyez DROITS SEIGNEURIAUX , ECHANGE , PARTAGE, (A4) SOUTE, ( Marine.) c’eft le plus bas des étages de l'arriere d’un vaïifleau , lequel confifte en un retran- chement enduit de plâtre, fait à fond de cale, où l’on enferme les poudres & le bifcuit. Cette derniere eft placée ordinairement fous la fainte-barbe ; elle doit être garnie de ferblanc , afin que le bifcuit fe conferve mieux ; & la foure aux poudres eft placée fous celle-ci : maïs il n’y a point de regle à cet égard. Voyez VAISSEAU. SOUTENEMENS , {. m. pl. (Gram. & Jurifprud.} font des écritures fournies au foutien d’un compte, loyant compte fournit fes débats contrele compte, &c le rendant compte pour réponfe aux débats, fous nit fes fourenemens. Voyez COMPTE , DÉBATS, OYANT , RENDANT. (4 SOUTENIR , v. a@. ( Gram.) C’eft fupporter un fardeau ; cette poutre foutienr feule tout le bâtiment. C’eft tenir fufpendu ; Pair fouvient les nuages. C’eft appuyer ; fi je ne l’avois foutenu de la main , iltom- boit à terre. C'eft nourrir & fortifier ; ces viandes Joutiennent long-tems. C’eft réfifter ; il faut fourenir vigoureufement ce pofte. Tenir la bride haute & ferme ; foutenez ce pas -là. Woyez Les articles fui- VAIIS, ” SOUTENIR , v. a&. er Mufique , c’eft faire exaéte- ment durer les {ons toute leur valeur , fans fe relâ- cher vers la fin, & fans en pañler une partie dans le filence , comme font très-fouvent les Mufciens, fur- tout les Symphoniftes. (S) SOUTENIR , (Marine.) on fe fert de ce verbe pour exprimer leffort d’un courant qui poufle un varfleau dans un fens , tandis que le vent le pouffe dans un autre fens ; de lorte que par ces deux forces il eff porté dans fa véritable route. SOUTENIR , { Marine. ) on foufentend le pronom fe. C’eft demeurer dans le même parage , & ne pas dériver , nonobftant les courans ou la marée con- traire, fans avancer cependant, ou fans avancer beau: . COUP. SOUTENIR LA MAIN, (Maréchal) ou SOUTENIR UN CHEVAL, er termes. de Manege | c’eft tenir la bride fefme & haute , pour l'empêcher de tendre le col & de s’en aller fur les épaules. On dit fourenir un cheval de la jambe de dedans ou du talon de dedans, lorfqu’il s’entable ; & qu'en manjant {ur les voltes fa croupe va avant fes épaules. SOU . On ditencore Jozrenir un cheval, lorfqu’onleme pêche de fe traverfer.& qu’on le conduit également, le tenant toujours fujet fans que la croupe puifle échapper , fans qu'il perde mi fa cadence , ni fon ter- rein , en lui faifant marquer fes tems égaux, … SOUTENU , eztermes de Blafon , fe dit d’une piece qui en a une autre au-deflous. D'or à trois bandes de gueules, au chef d’or, chargé d’un lion naïffant de fable , Jourenu d’une devile coufue d’or, chargée de trois trefles de fable. | Caylar en Languedoc, d’or à trois bandes de gueu- les, au chef d’or, chargé d’un lion naïflant de fable, Joutenu Œune devife coufue d’or, chargée de trois trefles de fable. | | SOUTERAINE , LA, ( Géog, mod.) petite ville, difons mieux, petit bourg de France , dans Le Limou- fin , à 2 lieues de Limoges. (2. J. SOUTHAMPTON , ( Géog. mod) On devroit écrire South-Harton ; ville d'Angleterre dans l’'Hant- shire & fa capitale. Elle ft fituée fur le rivage de la baie de fon nom, entre les deux rivieres du Teft &c de lItching, mais plus près de la derniere, à 72 milles au fud-oueft de Londres, On ne doute pointqu’elle n’ait été bâtie des ruines d’une autre ville de même nom, fife un peu plus haut, aux bords de la même riviere, dans l'endroit où l’on voit les deux villages de Sainte-Marie, & de Bittern, Cette ancienne ville, prefque ruinée par les Danois en 980, fut réduite en cendres par les Fran- çois dans le x1v. fiecle, pendant les démêlés d'E- douard IL. avec Philippe de Valois pour la cou- ronne de France. Les habitans éleverent une nouvelle ville dans une fituation plus commode, plus voifine de l’eau, &c.qui conferva le même nom. Avec le tems, cette nouvelle ville {e peupla, s'agrandit, fut fermée de bonnes murailles, & devint florifiante. Son port fut muni d’un château bâti de pierres de taille ; 87 com- me elle étoit la capitale du comté, elle lui donna le nom de Sozthampton, vulgairement Auzrshire, Son havre eft aflez bon & revêtu d’un beau quai. Son commerce eff cependant aujourd’hui moins con fidérable qu’autrefois; mais cette ville ne laïfle pas d'être encore grande & peuplée, car on y compte Cinq paroifies. Elle eft du nombré des villes qui fe gouvernent par elles-mêmes, & qui ne relevent point du lieutenant de la province. Enfin elle a titre de duché, érigé par Charles IL en faveur de l'aîné des fils naturels qu'il a eus de la duchefle de Cle- veland. Long. 16. 22. latit 50. 46. Fuller (Nicolas) favant philologue, naquit à Sous- hampton dans le xvj. fiecie, & mourut en 1623. Ses miftellanea theologica € facra font remplis d’é- rudition. Anne, comtefle de Winchelfea, dame d’efprit, & connue par {es vers, étoit née dans la province de Southampton , & mourut en 1720, On a publie à Lon- dres en 1713 7-8°. un recueil de fes poéfes, où fe trouve fon poème fur la rate, & fa tragedie intitu- lée Ariflomene, mais qui n’a jamais été repréfen- tée. (D, J) SOUTHAMPTON , baie de, (Géog. mod.) où baie de Hampton. Les anciens la nommoient Claufertum, c'eft-à-dire, le canal de Hanton ; & c’eft de ce nom que la province entiere a été appellée Hantzhire, La baie de Southampton a près de huit milles de lon- gueur & trois milles de largeur. Elle eft fort droite, Gt prefque fans courbure , s'étendant du nord-oueft au fud-eft. Ses côtes occidentales fe terminent par une pointe , où l’on a bâti le château de Calshot, fur un rocher avancé, pour défendre l'entrée de la baie. A l’occident de cette baie Le pays eft cou- vert d’une grande & vañfte forêt, de trente milles de tour, nommée zey-forefl, & ançiennement appel- pellée Zhere: SOU 423 Avant Îe rene de Guillaume-le:Conquérant, ce Quartier étoit habité ; mais ce prince le changea en une forêt, Il détruifit pour cet effet trente-fix paroi( fes qui s’y trouvoient, fans épargner ni bourgs ni Villages, ni éghifes,, ni monafteres. Il expulfa par la force tous les habitans, foit pour fe donner Le plais fir de la chafle, foit, plus vraiffemblablement, pou fe procurer, en cas de foulevement, une retraiteafs furée dans cette vafte forêt, jufqu’à ce qu'il eût reçu du fecours de la Normandie qui eit vis-à-vis, Au refte, le pays que cette forêt occupe, & ce qui eft aux environs, d’un côté jufqu’à la mer, & de l’autre juffqu’au comté de Dorfet, étoit la demeure des anciens regnes, avant linvañon des Saxons. La côte qui s'étend au midi de la forêt, eft reflée route ouverte Juiqu'au xvy. fiecle, qu'Henri VIE, pour la couvrir, y fit conftruire le château de Hurit, fur une langue de terre avancée qui approche le plus de l'ile de Whigt, & dont le trajet n’a guere au-delà de deux milles de largeur, (2. J.) SOUTHWARE, (Géog. mod.) ou plus commu nément Sosdrik, bourg d'Angleterre dans la pro- vinee de Surrey, uni 8 incorporé à la ville de Lon« dres par deux beaux ponis fur la Tamife. Ce bourg eft fi confidérable & fi peuglé, qu'il pourroit pañler pour uné grande ville, puifqu'il contient cinq groffes paroïfles, C’efi de ce bourg qu'en pañle à Lambeth où eft Le palais des archevêques de Cantotbéry, bâti- ment antique, conftruit au bord de la Tamile, vis-à= vis Weftminfter. Près de ce palais , eff la promenade nommée vaux-hall. La plus belle des éolifes de Sourhware eft celle de Sainie-Marie-Overy 04 Over- rÿ, qui étoit anciennement de la dépendance d’un prieuré fondé dans le xuy. fiecle. Le prieuré fut dé- truit par Henri VIT, mais l’éplife fut confervée, & en 1540 Les bourgeois l’acheterent du roi, pour en faire une éplife paroiffiale. Shsrlock (Guillaume) favant théologien, naquit à Southware, où, fi vous l’aimez mieux, à Londres, vers l'an 164r. Îl fut nommé doyen de faint Paul en 1691, & mourut en 1707 âgé de 67 ans. C’éroit un écrivain clair, poli, bon logicien, & qui s’acquit. un grand nom fous le regne de Jacques {f. par fes ouvrages polémiques contre les catholiques romains. Son traite du /ugement dernier a fouffert un grand nombre d'éditions, ainfi que cehui de la or. On a donné en françois à la Haye en 1721 1-89, une belle _traduéhion du traité de la providence par Sherlock. On a auffi traduit en françois fon traité de l’irrmor- talité de l'ame, & de la vie éternelle. Armfterd, 1706, in-8°, Enfin les errons de Sherlock ont été traduits &t publiés en françois à la Haye én 1723 en deux volumes 1-80, ( D, TJ.) SOUVERAINS ,f. m. pl. (Drois naturel & poliriq.) Ce font ceux à qui la volonté des peuples a conféré le pouvoir néceflaire pour gouverner la fociéré. L'homme, dans l’état de nature, ne connoït point de Jouverain ; chaque individu eft égal à un autre, & jouit de la plus parfaite indépendance; il n’eft dans cet état d'autre fubordination que celle des en- fans à leur pere. Les befoins naturels, & fur-tout la éceflité de réunir leurs forces pour repouffer les en- treprifes de leurs ennemis, déterminerent plufieurs hommes ou plufeurs familles à fe rapprocher, pour ne faire qu'une même famille que Pon nomme fo= cité. Alors on ne tarda point à s’appercevoir, que fi chacun continuoit d'exercer fa volonté, À ufer de fes forces & de fon indépendance, & de donner un libre cours à fes pafñons ; la fituation de chaque indi- vidu feroit plus malheureule que s'il vivoit ifolé, on fentit qu'il falloit que chaque homme renoncçät à une partie de fon indépendance naturelle pour fe foumettre à une volonté qui repréfentât celle de toute la fociété, & qui fut, pour ainfi dire, le centre commun &c le point de réunion de toutes fes volon- 424 S OU tés & de toutes fes forces. Telle eft l'origine des jou- verains, L'on voit que leur pouvoir &c leurs droits ne font fondés que fur le confentement des peuples; “ceux qui s’établiflent par la violence, ne font que . -des ufurpateurs; ils ne deviennent légitimes, que lorfque le confentement des peuples a confirmé aux, _fouverains les droits dont ils s’étoient emparés. Les hommes ne fe font mis en fociété, que pour: être plus-heureux ; la fociété ne s’eft choïfi des Jou- yerains que pour veiller plus efficacement à fon bon- ‘heur & à {a confervation. Le bien-être d’une fo- ciété dépend de fafureté, de fa liberté &c de fa puii- : fance, pour lui procurer ces avantages. Ila fallu que le Jouveran eût un pouvoir fufifant pour établir le : -bon ordre & la tranquillité parmi les citoyens, pour : aflurer leurs poflefions, pour protéger les foibles contre les entreprifes des forts, pour retenir les paf ions par des peines, & encourager les vertus par des récompenfes. Le droit de faire ces lois dans la fociété, s'appelle piffarce légiflative. Voyez LÉGIs- ÆLATION. Mais vainement le fouverain auta-t il le pouvoir de faire des lois , s’il n’a en même tems celui deles ‘faire exécurer: les pañlions & les intérêts des hom- -mes font qu'ils s'oppofent toujours au bien général, Jorfaw’il leur paroït contraire à leur intérêt particu- ‘lier, És ne voientle premier que dans le lointain ; “tandis que fans ceffe ils ont le dernier fous les yeux. ‘Il faut donc que le Jouverain foït revêtu de la force méceflaire pour faire obéir chaque particulier aux “lois générales, qui font les volontés de tous, c’eft ce ‘qu'on nomme puiffance exécutrice. Les peuples n’ont point toujours donné la même étendue depouvoir aux fouverains qu'ils ont choïfis. L'expérience de tous les tems apprend, que plus le pouvoir-des hommes eft grand, plus leurs pañfons les portent à en abufer: cette confidération a déter- ‘miné quelques nations à mettre des limites à la pui fince de ceux qu’elles chargeoient de les gouver- : ner. Ces limitations de la fouveraineté ‘ont varié, fuivant les circonftances , fuivant le plus eu moins -d'amour des peuples pour. la liberté, fuivarit la gran- -deur des inconvéniens auxquels ils s’étoient trou- “vés entierement expofés fous des Jouverains trop ‘arbitraires :.c’eft-là ce qui à donné naïffance aux dif. férentes divifions qui ont été faites de la fouverai- meté & aux différentes formes des gouvernemens, En Angleterre, la puiffance lépiflative réfide dans Le roi & dans le parlement:.ce dernier corps repré- fente la nation, qui par‘la conffitution britannique, s'eft réfervé de cette maniere une portion de la + 3 F ÿ 2 : * «puiflance Jouveraine; tandis qu’elle a abandonné au roi feul le pouvoir de faire exécuter les lois. Dans ‘J'émpire d'Allemagne , l'empereur ne peut faire des lois qu'avec le concours des états de PEmpire. Il faut cependant qué la limitation du pouvoir ait elle-même des bornes. Pour que leouverain travaille au bien de l’état, il faut qu'il puifle agir & prendre les me- fures néceflaires à cet objet; ce feroit donc un vice dans un gouvernement, qu'un pouvoir trop limité dans le Jouverain:: 1l eft ailé de s’appercevoir de ce wice dans les gouvernemens fuédois.êc polonoïs. D'autres peuples n’ont point fhpulé par des aëtes “exprès & authentiques les limites qu'ils fixoient à leurs fouverains; ils {e font contentés de leur impofer la néceffité de fuivre les lois fondamentales de l'état, leur confiant d’ailleurs la puiffance légiflative., ainfi que celle d'exécuter. C’eft-là ce qu'on appelle /cu- yeraineré abfolue. Cependant la droite raifon fait voir ‘qu'elle a toujours des limites naturelles ; un, Jouve- rain, quelque abfolu qu’il foit , r’eft point en droit ‘de toucher aux lois confütutives.d’un état, non-plus qu'à fa religion ; il ne peut point altérer la forme du gouvernement ,-mchanger l'ordre de la fuçcefion, S OU À-moins d’une autorifation formelle de fa nation; D'ailleurs il eft toujours foumis aux lois de la juftice & à celles de la rafon , dont aucune force humaine ‘ne peut le difpenter. Lorfqu'un fouverain ablolu s’arroge le droit dé changer à fa volonté les loïs fondamentales de fon pays ; lorfqu’il prétend un pouvoir arbitraire fur là perfonne & les pofefions de fon peuple, il devient un defpote, Nul peuple n’a pu ni voulu accorder un pouvoir de cette nature à fes Jouverains ; s’il Pavoit fait, la nature & la raifon le mettent toujours en droit de réclamer contre la violence. Voyez Parricle Pouvoir. La tyrannie n’eft autre chofe que l’exer- cice du defpotilme, La fouveraineté lorfqw’elle réfide dans un feut homme , foit qu’elle foit abfolue, foit qu’elle foit li- mitée, s'appelle monarchie. Voyez ces article. Lorf- qu’elle réfide dans le peuplemême, elle eft dans toute fon étendue, & n’eft point fufceptible de limi- tation ; c’eft ce qu'on appelle démocratie, Ainf chez les Athéniens la fouveraineté réfidoit toute entiere dans le peuple. La fouveraineté ef quelquefois exer- cée par un corps, oupar une aflemblée qui repré- fente le peuple, comme dans les érats républicains. En quelques mains que foit dépofé le pouvoir /ou- vetain , il ne doit avoir pour Gbjet que de rendre heureux les peuples qui lui font foumis ; celui qui rend les hommes malheureux eft une ufurpation ma nifefte & unrenverfenient des droits auxquelslhom me n’a jamais pu renoncer. Le fouverain doit à fes fu- jets la sûreté, ce n’eft que dans cette vue qu'ils fe font fourmis à l'autorité. Voyez PROTECTION. I doit éta- blir le bon ordre par des lois falutaires , il faut qu'il foit autorité à les changer, fivant que la nécefité des circonftances le demande ; 1l doit réprimer ceux quiroudroient troubler les autres dans la jouiffance de leurs poffeffions, de leur hberté, de leur perfonne; ilate droit d'établir des tribunaux & des magiftrats qui réndent la juftice ; &c qui puniffent les -coupables fuivant des regles sûres & invariables. Ces loïs s’ap- pellent civiles, pour les diftinguer des loïs naturelles & des lois fondamentales auxquellesle ouveraiz lui- même ne peut point déroger. Comme il peut chan- ger les lois civiles , quelques perfonnes croient qu'il ne doit point y êtrefoumis ; cependant il eft naturel que le Jouverain fe conforme lui-même à fes lois tane qu’elles font en vigueur , cela contribuera à les ren- dre plus tefpeétables à fes fujets. À Après avoir veille à la sûretéintérieure de l'état, de fouverain doit s'occuper de fa sûreté au-dehors = a Lo celle-ci dépend de fes richefles, de fes forces imili- taires. Pour parvenir à ce but, il portera fes vues fur Pagriculture , fur la population, farle commerce ; if cherchera à entretenir la paix avec fes voifins , fans cepéndantnégliger la difcipline militaire , niles for- ces qui rendrontfa nation refpeétable à touis ceux qui pourroient entreprendre de lui nuire., ou de troubler fatranauilüté ; de-là naît le droit queles Jouverains ont de faire la guerre , de conclure la paix, de for- mer desalliances , 6c. f’oyez PAIX, GUERRE , PUIS- SANCE. | Tels font les principaux droits dela fouveraineté tels font les droits dés fotverains ;l'hiftoire nous four- nit des exemplés fans nombre de’ princes oppref- feurs, de lois violées, de fujets révoltés. Si la raï- fon gouvernoit les fouverains , les peuples n’auroïent pas befoin de leur lier les mains, oude vivre avec eux dans une défiance continuelle ; les chefs des na- tions contens dé travailler au bonheur de leurs fu- jets, ne chercheroïent point à envahir leurs droits. Parune fatalité.attachée à lanature humaine, leshom- mes font des efforts continuels pour étendre leur pou- voir ; quelques digues que la prudence des peuples ait voulu leur oppofer , ak n’en eft point que cr Bios bition& la forcene viennent à bout derombreou d'E- luder. Les fouverains ont un trop grand avantage fur les peuples ; la dépravation d’une feule volonté fufit dans le Jouverain pour mettre en danger ou pour dé- trure la félicité de fes fujets. Au-lieu que ces der- niers ne peuvent guere lui oppofer l’unanimité ou lé concours de volontés & de forces néceflaires pour reprimer fes entreprifes injuftes. | _ IL eft une erreur funefte au bonheur des peuples, dans laquelle les fouverains ne tombent que trop communément ; ils croient que la fouveraineté eft avilie dès lors que fes droits {ont reflerrés dans des bornes. Les chefs de nations qui travailleront à la félicité de leurs fjets, s’aflureront leur amour, trou- véront en eux une obéiflance prompte ; & feront toujours redoutables à leurs ennemis. Le chevalier Temple difoit à Charles IL. qu'un roi d’ Angleterre qui af? l’hormne-de Jon peuple , eff le plus grand roi du mon- de ; mais S'il veut étre davantage , il r’efl plus rien. Je veux être l'homme de mon peuple, répondit le mo- marque. Foyez les articles POUVOIR, AUTORITÉ, PUISSANCE, SUJETS, TYRAN. SOUVERAIN , (Jurifprud.) ce titre eft donné à cer: tanstribunaux, comme aux confeils fouverains , aux cours fouveraines ; ce qui ne fignifie pas que ces jus ges ayentune autorité fouveraine qui leur foit propre, mais qu'ils exercent la juftice au nom du fouverair. . À latable de marbre, on appelle serir Le fouverain; lorfque les commifaires du parlement viennent y tenir l’audience. | ., De même aux fequêtes de l'hôtel, les maîtres des requêtes, étant au nombre de fept, jugent au fouverair certaines caufes dont ils font juges en der- nier reflort. Voyez CONSEIL SOUVERAIN ,, Cour SOUVERAINE ; MAITRE DES REQUÊTES, REQUE- TES DE L'HOTEL, (4) q SOUVERAIN , ( Mornore.) c’eft Le nom d’une mon: noie frappéc'en Flandres vers le commencement du dermer fecle. Il y avoit aufli un demi-/ouverain & un quart de/ouverain. Le fouverain de Flandres étoit du poids de fix deniers 12 grains, ou 2 gros 12 grains trébuchans , & étoit réçu en France pour 13 hvres. Le demi - fouverain valoït ro livres 10 fous ; pefant 5 gros 6 grains; le gros3 liv. 5 fous pefant dei gros 3 grains. Cette monnoie n’a pas toujours eu le même type. Le livre qui contient les réglemens faits en 1641 pour les monnoies, donne la fieure de deux Jouverains ; dont le premier frappé en 1616, a d’un côté les effigies desarchiducs Albert &Elifabeth aflis, & de l’autre côté l’écu d'Autriche. Le fecond frappé en 1622, a d’un côté le bufte de Philippe IV; xo1d'Efpagne , & de l’autre côté fon écu. (D. J.) . SOUVERAINETE, ( Gouvernement.) on peut la définir avec Puffendorf, le droit de commander ent dernier reflort dans la fociété civile , que les mem- bres de cette fociété ont déferé à une feule ou à plu- fieurs perfonnes, pour y maintenir l’ordre au-dedans, ër la défenfe au-dehors , & en général pour fe pro: curet fous cette proteétion un véritable bonheur , & fur-tout l'exercice afluré de leur liberté, Je dis d’abord que la fouveraineré eft lé droit de commander en dernier reflort dans la fociété, pour faire comprendre que la nature de la fouveraineré confifte principalement en deux chofes ; là premiere dans le droit de commander aux membres dela focié: té, c'eft-à-dire de diriger leurs attions avec empire Ou pouvoir de contraindre ; la feconde eft que ce droit doit être en dernier reflort, de telle forte que tous les particuliers foient obligés de s’y foumettre ; fans qu'aucun puiffe lui réfifter : autrement fi cette autorité n’étoit pas fupérieure , elle ne pourroit pas procurer à la fociété l’ordre & la sûreté qui font les kns pour lefquelles elle a été établie, Tome XP, | æ\ 3 1 D) _ fe dis enfuitb due &’eft un dtoit déféré Aunè ou à plufieurs perfonnes, parce qu’une république eftauff bien fouyeraine qu'une monarchie. J'ajoute enfin, pour fe procurer fous cette protéc= tion un véritable bonheur, &c. pour faire connoîtré que la fin de la fouverarneré eft la félicité des peuples, . On demande quelle eft la fource prochaine de la Joüveraineré, 8 quels en font les cara@teres ? Il eff certain que Pautorité fouveraine, ainfi que letitre fur lequel ce pouvoir eft établi, & qui en fait le droit, réfulte immédiatement des conventions mêmes qui forment la fociété civile , & qui donnent naïflance au gouvernement, Comme la fouveraïneré réfide ori- ginairement dans le peuple, & dans chaque particu- lier pär rapport à {6-même , il réfute que c’eft lé tranfport & la réunion des droits de tous les particu- hers dans la perfonne du fouverain, qui le conftitue tel , & qui produit véritablement la fouveraineré ; per- fonne ne fauroit douter, par exemple, que lorique les Romains choifirent Romulus & Numa pour leurs rois , ils ne leur conféraflent par cet aéte même la Souveraineté fur eux qu'ils n’avoient pas auparavant 3 & à laquelle ils n’avoient certainement d'autre droit que celui que leur donnoïit l'élection de ce peuple. Le premier cara@tere efentiel de la fouveraineté, & celui d’où découlent tous les autres, c’eft que c’eft un pouvoir fouverain & indépendant , c’eft-à-dire une puiflance qui juge en dernier refort de tout ce qui eft fufceptible de la direétion humaine ; & qui peut intérefler le falut & l'avantage de la fociété; mais quand nous difons que la puiffance civile eft par fa nature fouveraine & indépendante, nous enten: dons feulement que cette puuflance une fois confti- tuée , a une puiflance telle que ce qu’elle établit dans l'étendue de fon diftriét, ne fauroit être légitimement. troublé par un autre pouvoir: . ” … Eneftet, il eft abfolument néceflairé. que dans tout gouvernement, il y ait une telle puiflance fuprème la nature même de la chofe le veut ainf , & il ne fau2 roit fubffter fans cela; car puifqu'on ne peut pas multiplier les puiffances à l'infini , il faut néceffaires ment s'arrêter à quelque degré d’autorité fupérieur à tout autre; & quelle que foit la forme du gouverne: ment monarchique , ariftocratique ; démocratique ; ou mixte ; 1l faut toujours qu’on foit foumis à uné décifion fouveraine, puifqu'ilimplique contradiétion de dire qu'il yait quelqu'un au-deflus de celui ou ceux qui tiennent le plus haut rang dans un même ordre d'êtres: | | sam Un fécond cäratteré qui eft urié fuite du prémier c’eft que lefouverain comme tel , n’eft tenu de rendre compte à perfonne ici-bas de fa conduite:quandje dis que Le fouverain n’eft pas comptable , j’entends auffi long terns qu'il eft véritablement fouverain ; car la Jouveraineré n’exifte que pour le bien public, &ilneft pas permis au fouverain de l’employer d’une manie- re direétement oppofée à fa deftination, puifqw’il eft conftant que tout fouverain ; ou tout corps dé fouyes raineté eft fourmis aux lois naturelles 8 divines, Les limitations du pouvoir fouverain ne donnent aucune atteinte à la /ouverasneré ; carun prince ou uri fénat à qui on a déféré la fouveraineré | en peut exer- cer tous les aêtes, aufhi-bien que dans une foverais neté abfolue : toute la différence qui s’ÿ trouve, c’ef qu'ici le roi prononce feul en dernier reflort, fui- vant fon propre jugement , & que dans une monar- chie limitée, 1l y a un fénat quiconjomtement avecle roi, connoït de certaines affaires , & que fon. con< fentement eft une condition néceffaire fans laquelle k3° i PNR ET E le roi ne fauroit rieñ décider. Il nous refte à dire un mot des parties de la fouves raineté, où des différens droits eflentiels qu’elle rens: ferme, L'on peut confidérer la Joureraineté commeur Hh | 426 SOU aflemblage de divers droits & de plufñeurs pouvoirs diftinéts | mais conférés pouf une même fin, c’eft-à- dire pour le bien de la fociété, & qui font tous effen- tiellement néceflaires pour cette même fin ; ce font ces cifférens droits, ces différens pouvoirs que l’on appelle Zs parties effentielles de la fotveraineré. Pour des connoître,, 1l ne faut que faire attention à leur fin. La féuverainete a pour but la confervation, la tran- illité & le bonheur de l’état, tant au-dedans qu”- au-dehors ; il faut donc qu’elle renferme en elle-mê- me tout ce qui luieft effentiellement néceffaire pour procurer cette double fin. La premiere partie de la fouveraineré | & qui eft comme Île fondement de toutes les autres, c’eft le pouvoir légiflatif en vertu duquelle fouverain établit en dernier reflort des regles générales & perpétuel- les que lon nomme Lois ; par-là chacun eft inftruit de ce qu'il doit faire ou ne pas faire pour maintenir le bon ordre, de ce qu’il conferve de fa hberté naturelle, &c comment il doitufer de fes droits pour ne pas trou: bler le repos public. La feconde partie eflenrielle de la fouverainere eft Île pouvoir coaétif , c’eft-à-dire le droit d'établir des peines contre ceux qui troublent la fociété par leurs défordres, & le pouvoir de les infliger aétuellement ; fans cela létabliflement de la fociété civile & des lois feroit tout-à-fait inutile, & on ne fauroit fe promettre de vivre en sûreté. Mais afin que la crainte des peines puifle produire une impreflion aflez forte fur les ef- prits , il faut que le droit de punir s’étende jufqu’à pouvoir faire fouffrir le plus grand de tous les maux naturels , je veux dire la mort ; autrement la crainte de la peine ne feroit pas toujours capable de balan- cer la force de la pañfon ; en un mot , 1l faut qu’on ait manifeftement plus d'intérêt à obferver la loi qu’à la violer : ainfi ce droit du glaive eff fans contredit le plus grand pouvoir qu’un homme puile exercer fur unautre homme. La troïfieme partie effentielle de la fouverainete eft de pouvoir maintenir la paix dans un état, en déci- dant les différends des citoyens; comme aufli de faire grace aux coupables lorfque quelque raifon d'utilité publique le demande ; & c’eft-là ce qu’on appelle Z pouvoir Judiciaire. 4°. La Jouverainerétenferme encore tout ce qui con- cerne la religion par rapport à fon influence fur l’a- vantace & la tranquillité de la fociété. C’eît en cinquieme lieu une partie eflentielle de la fouveraineté de pouvoir mettre l’état en sûreté à Pé- gard du dehors, & pour cet effet d’avoir le droit d’armer les fujets , lever des troupes , contraéter des engagemens publics , faire la paix, des traités, des alliances avec les états étrangers , & d’obliger tous es fujets à les obferver. Enfin, c’eft une partie de la fouveraineté d’avoir le droit de battre monnoie ; de lever les fubfdes abfo- lument néceffaires en tems de paix & en tems de guer- re, pour aflurer le repos à l’état, & pour pourvoir aux néceffités publiques. T'elles font les parties effen- tielles de la fouverainere. | Quant aux différentes manieres d'acquérir la /ou- veraineté, je me contenterai de dire que le feul fon- dement léositime de cette acquifition eft le confente- ment , ou la volonté du peuple ; cependant il w’arri- ve que trop fouyent qu’on acquiert la fouveraineté par la violence , & qu’un peuple eft contraint par la force des armes de fe foumettre à la domination du vain- queur ; cette acquifition violente de la fouverainré fe nomme corquête, ufurpation. Voyez les mots CON- QUÊTE & USURPATION. Puifque la guerre ou fa conquête eft un moyen d'acquérir la Jouveraineré , il réfulte que c’eftauflun. snoyen de la perdre. (Lechevalier DE JAUCOURT.) ñ { SOUVÉRAINETÉ ABSOLUE, ( Gouverriem. ) voyez MONARCHIE ABSOLUE. l SOUVERAINETÉ LIMITÉE , ( Gouvernem.) voyet MONARCHIE LIMITÉE, | SOUVIGNY , ( Géogr, mod. ) en latin moderne Silviniacus , petite ville de France dans le Bourbon- nois , fur le rurffeau de Quefne , près de l'Allier, à à lieues de Moulins, & à 3 de Bourbon l’Archambaud, Elle doit être ancienne, car Charlemagne y fit fes premieres armes dans la guerre de Pepin fon pere, contre le duc de Guienne. Les fires de Bourbon, dont eft venue la branche aujourd’hui régnante, y avoient leur fépulture. Le monaftere du prieur de cette ville vaut environ dix nulle livres de rente, Lozg. 20. 52, darie. 36. 31. (D. JT.) | SOWAAS ,(Métallurg. ) les Japonoïis donnent ce nom à une compofition métallique qui n’eft autre chofe qu’un alliage d’or & de cuivre, & qui travail= lée ,aune couleur auffi belle que l’or pur. SOYE. , voyez SOIE. | SOYETEUR,, f. m.( Socerte.)ouvrier qui travaille en étoffes de foie. Il n’y aguere qu’à Lille, capitale de la Flandre françoife, où on leur donne ce nom ; ailleurs on les appelle wanufaëluriers | fabriquans ou ouvriers en foie, Savary. SOYEUX , adj. qui imite la qualité de [a foie ; le caftor eft Joyeux : qui eft bien fourni de foie ; ceta= fetas eff très -/oyeux. ; SOZ, (Géog. mod.) Bourg d’'Éfpagne , aux fron- tieres de la Navarre ; c’eft un bourg remarquable par la naïffance de Ferdinand V , furnommé le Curholique. Il époufa Ifabelle de Caftille , & réunit en faveur de ce mariage , les états de Caftille à ceux d'Aragon en 1479. C’eft fous fon regne que Colomb découvrit le nouveau monde, &c foumit à la Caftille tant de ri- ches provinces. Ferdinand remporta à Toro une gran de viétoire en 1476 fur Alphonfe V. roi de Portu- gal, conquit le royaume de Grenade , & chaïfa les | Maures d'Efpagne en 1492. Bientôt après , 1l fe ren- dit maître d'Oran en Afrique, s’empara du royau= me de Naples, ufurpa celui de Navarre en 1512, & mourut en 1516 au village de Madrigales, d’un breu- vage que Germain de Foix, fa feconde femme , lui avoit fait prendre, pour ie rendre capable d’avoir des enfans. Voilà fa vie; la politique de ce prince n’eft pas moins connue ; il parloit fans cefle de religion & de bonne foi, & viola toujours l’une & l’autre. II trompa indignement le roi d'Angleterre fon gendre, après avoir fucceflivement trompé fon parent, le roi de Navarre, & le roi Louis XII, & les Vénitiens , & les papes. On Pappelloit en Efpagne , 2 catholi- que ; en ltalie, /e prudent ; en France &c en Angleter= re, Le perfide ; & c’étoit-là le feul titre qu’il méritoit. (D.J.) SOZUSÆ , ( Géog. anc.) Etienne le géographe connoiît trois villes de ce nom, l’une dans la Phéni« cie ; l’autre dans la Pifidie , & la troifieme dans l’E- thiopie. S. Epiphane en met encore une dans la Pen+ tapole , & il en fait un fiége épifcopal, dont il nom- me l’évêque Héliodore. (D. J.) | SP SPA , (Géog. mod.) bourg du pays de Liége , fur les confins du duché de Limbourg, à environ cinq milles de la ville de Liége. Ce bourg eff toujours re- nommé par fes eaux minérales ; elles étoient déja cé- lebres du tems de Pline , & vous trouverez la belle & fimple defcription qu'il en fait dans fon Æ1f. rar. liv. XX XI. ch. ij. au mot TUNGRORUM FONS: (D.J.) | SPACIEUX , adj. (Gramm.) qui occupe un grand efpace , un jardin /pacieux ; une maifon /pacieufe. Aus guré, vous avez entrepris cet ouvrage , Îè thamp eft /pacreux. | d : SPADA ou SPATA , ( Géogr. mod.) cap de l’île de Candie , à 8 lieues au Couchant de la Canée; c’eft le fpacum promontorinum des anciens , felon Coronelli. 29) ‘ DASUn , f.m.(Gräam. Efcrim.) homme fan- guinaire & fou, qui fe fait un jeu de fa vie & de | celle des autres qu’ilexpofe avec une imprudence qui ne fe conçoit pas, en leur faifant mettre l'épée à la ‘main pour un Oui OU non. 7 SPADILLE , f. m. au jeu de Quadrille, c’eft Vas de pique qui eft le premier a-tout & la premiere carte de quelque couleur que foit la triomphe : /padille a le privilege de forcer les autres matadors quand il a été joué la premiere carte, &t que ceux qui les ont n’ont pas d'autre a-tout à fournir. Il en eft de même du baîte à l’égard de la manille , le matador fupe- rieur forçant toujours l'inférieut. Foyez MATADORS, SPADILLE FORCE, eft une maniere de Jouer à Phombre , affez divertiffante quand on joue pour le plaïir, parce qu'il y a toujours des bêtes au jeu, & qu'on gagne fouvent codille quand on y penfe le moins ; mais quand le jeu ef intérefié ce n’eft plus la même chofe , parce que le jeu de l’hombre qui eft tout fpirituel par lui-même, dégénere prefque en jeu de hafard , & que la conduite ne fert de rien à un joueur qui fe voit fouvent /padille fort mal accompa- gné ; 1l fe joue en tout comme le véritable jeu de lhombre dont nous avons parlé plus haut, chacun parle à fon rang , & fi perfonne ne joue, celui qui a fpadille eft obligé de jouer quelque foible que {oit fon jeu. Celui qui a /padille en main peut paffer, pour voir fi quelqu'un des joueurs ne Le tirera pas d’embarras. _ Quand perfonne n’accufe /padille | on voit dans le talon sil n’y eft pas, celui qui l’a fait la bête, & le coup ne fejouepas. : SPADON, voyez ESPADON. SPAGIRIQUE , adj. (Gram. ) du grec cœaer , ex= traire ; c’eft une épithete par laquelle on défigne la ._ Médecine chimique. Spagzrique s’oppofe à galenique. SPAHI-AGASI , f. m. serme de relation ; aga ou commandant des faplus. Le fpahi-agafr & les caziaf= ques vont chez le grand-eioneur avec beaucoup de cérémonies, toutes les fois que {e tient le divan. Dzs loir. (D, J.) SPAHILAR-AGA , f. m. (if. mod.) colonel-gé- néral de la cavalerie turque ou des fpahis; c’eft un des grands officiers du fultan. Il a la même autorité fur les fpahis, que l’aga des janniflaires fur ce corps d'infanterie , elle étoit même autrefois fi grande, _au’elle étoit redoutable au grand-feigneur ; mais le vifir Cuprogli l’a beaucoup diminuée, en abaïffant le corps des fpahis qui avoient détiôné l’empereur Of- man. Guer. Mœurs des Turcs , tom. IT. SPAHIS, fm. (ff. mod.) chez les Turcs font les foldats qui compofent la cavalerie de leurs ar- mées. On les nommoit autrefois fé/idarlis, c’eft- à: dire hommes d'épée, mais ayant plié lâchement dans une occafion, Mahomet III. les cafla & leur fubftitua un nouveau corps qu’il nomma /pahis, c’eft-à-dire fim- » ples cavaliers, &c leur donna un étendard rouge, On les tire ordinairement d’entre les baltagis & les icho- glans du tréfor & de [a fauconnerie, & d’entre les Turcs naturels d’Afie. Les fpahis {e fervent de arc & de la lance plus commodément que des armes à feu. Quelques -uns portent à la main un girir efpece de dard de 2 piés de long, qu'ils lancent avec autant de force que d’a- dreffe , mais leur arme la plus redoutable eft le cime- terre ; quelques-uns portent auffi pour armes défenfi- ves des cottes de mailles, des cuirafles & des çafques, Torne XV S P À 427 mais le plus &rand nombrèé n’a que l'habillement or: dinaire des T'urcs & le turban. Al Autrefois les /pahis d’Afie ne paroïfloient jamais à l'armée, que fuivis de trente où quarante hommes chacun, fans compter leurs chevaux de main, ten: tes & bagages: aujourd’hui ils y vont fur le pié de fimples foldats., Leur corps n’eft pourtant jamais qu”: une multitude confüfe qui n’eft diftribuée ni en régi mens, men compagnies; ils marchent par pelotons ; combattent fans beaucoup d'ordre, s’abfentent du camp & quittent Le fervice fans congé. Ils ont cepen: dant quelques capitaines qu’on nomme agas, qui ont cent-cinquante afpres de paye par jour ; celle des Jpahis eft depuis 12 afpres jufqu’à 30 ; maïs ceux qui ne fe trouvent pas à la paye du mois de Novembre, font rayés de deflus les régifires du grand-feigneur, Cette cavalerie pafloit anciennement pour la meil: leure de l'Europe ; mais depuis qu’on a permis aux domeftiques des bachas d’y entrer, elle eft devenue molle, vile & libertine : leur général en chef fe nom me fpahilar-ava. Guer. Mœurs des Turcs, tom. IT, SPALATRO o4 SPALATO ,( Géog, mod.) ville de létatde Venife, capitale de la Dalmatie vénifienne, fur le golfe de Venife, à 3 milles de Salone , à 12 de Trau, & environ à 400 de Venile. Elle eft aflez peuplée, parce que c’eft une échelle des carava- nes de Turquie qui y déchargent leurs marchan: difes pour Venife. D'ailleurs, fon port eft grand & a un bon fonds. Long. 34. 10. latit. 43. C2, Dans les monumens de quatre cens ans, cette ville eft appellée Spaletum, Spalatum ; & de cette maniere Spalato fembleroit plus conforme à l’ori- gine que Spalatro, quoique ce dernier mot foit le plus en ufage. Ce mot peut lui être venu de palatium, parce que ce lieu n’étoit anciennement qu'un palais de l’empereur Dioclétien né à Salone, &t l’on en voit encore les reftes. Le dome de Spz: latro étoit un petit temple au milieu de ce palais. Depuis que ce temple a été changé en églife, on l’à percé pour y faire un chœur, & on y a fait quelques jours. Les murailles du palais de Dioclétien qui em braflent les deux tiers de la ville, offrent encore trois portes d’une belle architeQure, & dont les pierres fous Parc font entées en mortaife les unes fous les autres. Spalato pañla en 1 124 fous la domination des Véni: tiens qui ont agrandi fes murailles, & les ont fortis fées. Elle a eu le titre d’archevêché vefs lan 650; & fon archevèque fe dit primat de laDalmatie, quoiqu'il foit fujet lui-même à la primatie de Venife. Il a douze fuffragans, & prefque tous dans un trifte état par le voifinage du Turc. | Le fameux (Marco-Antonio de) Dominis devint archevêque de cette ville; e’étoit un phyficien de, quelque mérité, & un homme plein de ÿûes pour la pacification des troubles dé religion. {1 chercha une retraite en Angleterre fous le reghe de Jacques premer; & ce fut un grand fujet de triomphe à la nation, qui enlevoit un profélyte de ce rang aux catholiques romains; mais lé prélat de Dalmatie, quoique fort accuelh, & élevé à quelques hon- neurs, ne les trouva päs capables de fatisfaite fon ambition ; 1l prit le mauvais parti de retoutner ex Tale , à la folhcitation de l'ambafladeur d'Efpagne, qui lui fit efpérer un chapeau de cardinal. Etant ar- rivé à Rome, 1l y fit une abjuration publique de fa religion proteftante ; cependant il n’obtint aucune dignité , & même quelque tems après 1l fut arrêté fur quelques foupçons de fes vrais fentimens, & il fut enfermé dans le château faint Ange, où il finit fa vie en 162$, âgé de 64 ans. Pendant fon féjour en Angleterre , 1l fit imprimer lifloire du concile de Trente de Fra Paolo. II publia dans le même pays un grand ouvrage , intitulé, dé Hhbÿ 478 SP A republica ecclefsafhica, Londini 161% &t 1 6 23, en deux volumes :n-fol. & l’on en a donné depuis un troi- fieme 4olume en Allemagne en 1658. La Sorbonne a cenfuré plufieurs propoftions du premier tome de cet ouvrage; 8 Richer a fait fur cette cenfure quelques notes, dans lefquelles il n’eft pas du fen- timent de fes confreres. Dominis eft connu des Phyficiens par un petit traité de radiis vifus & lucis,imprimé àVenife en 1611 an-4°. dans lequel il explique les couleurs de larc- en-ciel, par deux réfrattions de la lumiere folaire &t une réflexion entre-deux. Kepler avoit déja eu a même penfée. Defcartes a fuivi en partie l’explica- tion de Dominis ; maïs la véritable expofñtion de ce phénomene étoit réfervée à Newton par le moyen de fa doétrine des couleurs, qui eft la feule véri- table. (D. JD SPALDYNG, (Géog. mod.) ou SPALDING , petite ville à marché d'Angleterre, dans l’Incolnshire , au quartier du Holland, vets l'embouchure du Wel- land. Elle eft toute renfermée de rivieres, de cou- pures & de marais. (D, J.) SPALETHRA , (Géog. anc.) ville qu'Etienne le géographe place dans la Theffalie. C’eft la Spalathra que Pline, Zv. IV. ch. ix. met dans la Magnéfie. Le peryple de Scylax fait de Spalathra une ville ma- ritime de la Maonéfie. (D. J.) SPALMADORI, (Géog. mod.) petite ile ‘de lAr- chipel, près de l’île de Scio , vis-à-vis de Porto-Del- ps Ce fut aux environs de Spalimadori, que les urcs défirent l’armée navale des Vénitiens en 1695. (2. J) SPANDAW, (Géog. mod.) ox SPANDOW, ville d'Allemagne , dans la moyenne marche-de-Brande- bourg , fur le Havel, près de fon embouchure dans la Sprée, àtrois lieues au nord-oueft de Berlin. Avant que d'entrer dans Spardaw , on pafle fur la chauflée d’un étang, au milieu duquel eft une citadelle très- forte, qui renferme un arfenal des mieux fourmis d'Allemagne , avec une vrofle garnifon à caufe de limportance de cette place. La ville eft éloignée de la citadelle d’une moufquetade : elle eft fortifiée de ! remparts de terre, & de murailles de brique. Plu- fieurs françois proteftans s’y font réfugiés, comme dansun für afyle. Longitude 31. 20. latitude 52. 34, (2. J) SPANGENBERG, (Géog. mod. ) ville d’Allema- gne, dans le bas landgraviat de Hefle, au quartier appellé Ærpt- Spangenberg, dont elle eft le chef lieu. Sa fituation eft à environ 4 nulles germaniques au fud-eft de Caflel, fur une petite riviere qui fe jette dans la Fulde. Longitude, 27. 13. laut. 51. 17. (D.J) SPANHEIM, (Géog. mod.) ou SPONHEIM, comté d'Allemagne, dans le bas palatinat. Ileft borné au nord par Péleétorat de Mayence ,au midi par les duchés de Lorraine & de Deux-Ponts, à lorient par léletorat du Palatinat, & au couchant par l’étec- torat de Treves. L’életteur palatin poflede la plus grande partie de ce comté. (D. J.) SPARADR AP, f. im. serme de Chirurpie & de Phar- macie, forte de toile enduite d’emplâtre de chague côté. Elle fe fait en trempant de la toile demi-ufée dans une compofition emplaftrique , fondue & un ce fefroidie. On la polit en la raclant avec une longue fpatule. Il y a autant de fortes de /paradrap qu'il y a d'emplâtres dans lefquels on trempe cette toile. On lappelle communément zoile à Gautier, “probablement du nom de fon inventeur. Elle fert à couvrir le pois qu'on met dans le trou d’un cau- tere, & peut être employée alternativement plu- fieurs fois, d’un côté & d’un autre. On préfere dans ce cas, une feuille fraiche de lierre. Le /para- drap fert à former des bougies pouf le canal delire rethre, & des fondes ou tentes emplaftriques pour les finus, &c. (F) | | | SPARAGON , fm. (Com.) forte de baffle laine qui fe fabrique en Angleterre. SPARAILLON , f£. m. (Æif. nat. Ichthiolog.) SPARGOIL, SPARLE, fpargus, Jparus, poifion de mer fi reflemblant à la dorade, que les pêcheurs mêmes s’y trompent au premier coup-d'oœil ; 1l en differe cependant , eñ ce qu'il a le corps plus rond, moins épais, plus applati & moins long : il a rare- ment plus d’un empan de longueut. L'ouverture de la bouche eft moins grande , &c la tête plus appla- tie que dans la dorade , mais le bec a plus de lon- gueur. On reconnoît très-aifément ce porffon parune fache noire qu’ila fur la queue. Les /paraillons reftent fur les rivaces delamer: ils fe réumflent plufieurs en- femble pendant Les froids : leur chair eft tendre, mais hoins ferme que celle de la dorade. Rondelet, Æ1f£. natur. des poiff. part I. lin F. ch. üj. Voyez Pos: SON. _ SPARGANIUM,f, m. (Boraz.) gente de plante nommée vulgairement en françois ruban d’eau , & dont voici les caratteres. Ses fleurs font mäles ,poly- pétales, herbacées, garnies d’un grand nombre d’é- tamines , & fortement attachées à la tige en forme de globes. Ses ovaires font fitués fur la même tige, au-deflous des fleurs mâles dont nous venons de parler. Ce font de petits tubes recourbés., fembla- bles à des filiques, & qui deviennent en murif- fant offeux ,mono-caplulaires ou bi-capfulaires ; 1ls contiennent un noyau farineux, Ses ovaires font auffi en globes femblables à des nœuds. Fournefort en compte trois efpeces , qui ne méritent aucune defcription particuliere. (D. J.) SPARGELLE , £ £. (Botan.) Voyez SPERGULA (D. J.) SPARGOIL , Foyez SPARAILLON, SPARLE , Voyez SPARAILLON. SPARTARIUS CAMPUS, (Géopr. anc:) éampas gne dans Strabon, Lib. pag. 160. IL la met en Efpagne, ë& dit que le chemin de Sagunte & de Sétabis à Cor- doue, s'éloignoit un peu de la mer, & pañloit par cette campagne: Strabon entend parler de la campa- gne qui étoit aux environs de Carthagene-la-neuve, & où on trouvoit cette efpece de jonc appellé /par- um , qui avoit donné à la ville le nom de Spartarta, &c à la campagne celui de Spartartus campus, C’étoit une efpece de jonc blanc & fec, qui croïfloit fans eau. Il étoit d’un ufage prefque univerfel ; 1l fe lot &on en faifoit des cordes pour les chariots , des ca- bles pour les vaifleaux , des nattes pour fervir de hits, des nafles pour la pêche , des fouliers & des habits pour les pauvres gens, & enfinil fervoit à brûler : on: le tranfportoit de toutes parts, & furtout en Italie, Cette efpece de jonc fe trouve encore ä-préfent dans la même campagne, aux environs de Carthagène. CODES * SPARTE o7 LACÉDÉMONE, (Géog. anc.) ville du Péloponnèfe dans la Laconie. | Vai promis au mot Lacédémone, dela décrire; êc comment pourrois-je l'oublier ? Son nom feui rap- pelle de plus grandes chofes , &c furtout de plus arandes vertus, que celui de toutes les autres villes de la Grece enfemble. Sa gloire a fait tant de brut dans le monde, & dans les annales de l'Hiftoire, qu'on “ne fe laffe point d’en parler. Les auteurs ont coutume de donner le nom de Spartiates aux habitans de la ville, & celui de Lacédémoniens aux habitans de la campagne. Hérodote, Xénophon & Diodore, ont prefque toujours obfervé cet ufage. Cette ville a été bâtie par Lacédémoñ, qui repnoit avec Eurotas en Laconie , la 67 année de l’ereatti- SPA que, dc la 1530 année avant], C. Il la fomma Syér- £e, du nom de fa femme ; & c’eft le feul nom dont Ho- mere fafle ufage pour défigner la capitale de la Laco- fie. g … Plus ancienne que Rome de 983 ans; plus que Carthage de 867 ans; plus que Syracufe de 995 ans; plus qu’Alexandrie de 1405 années; plus que Lyon de 1693 années ; & plus que Marfeille de 1 136, car Eufebe prétend que cette derniere ville a été bâtie 1736 ans avant la naïflance de J. C. <# La forme de Sparte étoit ronde, &c {on terrein iné- gal & coupé par des collines, felon la defcription de Polybe. Cet hiforien lui donne 48 ffades de circuit, c’eft-à-dire un peu plus de deux lieues de France ; circuit bien différent de celui d’Athènes, qui appro- choit de 100 ftades. C’eit à-deflus que Thucydide fait une fi belle remarque fur la fortune de ces deux villes , qui ont autrefois partagé toute la Grece pour leurs intérêts, « Imaginons-nous, dit1l, que la ville » de Sparte oit rafée, & qu'il en refte {eulement les » temples & le plan de fes édifices ; en cet état, la » poftérité ne pourrait jamais fe figurer que fa puif- » fance & fa gloire fuflent montées au point où elles # font. Si nous fuppofons, au contraire, que la ville ». d'Athènes ne doit plus qu’une efplanade, fon afpet » nous devroit toujours perfuader que fa puiflance » aura été deux fois plus grande qu’elle n’eft ». Danses premiers tems, Sparte n'eut point de mu- tailles, & quoiqu’ouverte, Agéfilaus la défendit con- tre Epaminondas, aprèsla bataille de Leuctres: elle demeura telle 6 où 700 ans, felon la plupart. des hi- foriens; ce fut du tems de Pyrrhus que le tyran Na- bis éleva des murs à cette ville, Philopoëmen Les fit abattre, 8 Appius Claudius les rétablit bientôt après. à Hérodote dit que dû tems de Xerxès, la ville de Sparte pouvoit fourni but mille hommes capables de porter les armes; mais ce nombre augmenta bien dans la fuite, &7 rien ne prouve mieux la multitude des habitaus de la république de Lacédémone, que _ les colonies quien font {orties. Elle peupla Byzance, quatre ou cinq Villes d’Afie, une dans PÂfrique , cinq ou fix dans la Grece, trois ou quatre provinces d’Ita- he, unewille en Portugal, &,une autre en Efpaone auprès de Cerdoue.Cependantlenombrede fes hab. tans n'a roulé que fur la fécondité de leurs mariages. Sparte ne Houfirit point que des fanulles étrangeres vinflent »s’établir dans fon enceinte , & jamais ville n'a été plus.jaloufe de fon.droit de hourgeoïfe. Elle fut toujours diflinguée par Les Romains, tant qu'ils en furent les maitres ; enfin elle tomba fous la domination.des Turcs, l’andeJ.C, 1460, 7ans après la prife de Conftantinople, 5 ans apres celle d’Athè- nes, \& 3210 ans après fa fondation. On la nomme aujourd’hui Miffffra, dont il eftbon de voir Parricle, Je pafle maintenant à.ce qu’elle étoit du tems de Pau- fanias. Voici la defcription qu'il en fat, dont j'éla- guerai peu de chofe. | En defcendant de Thornax, dit-1l, on tiouvoit de- vant foi la ville.de Sparte, qui étoit appellée ainfide fa fondation ;mais qui dans la fuite prit le nom de 44- cédémone, parce que c’étoit lenom.du pays. Il y avoit dans cette villebeaucoupde chofes dignes de curiofi- té. En premier heu, la place publique où fe tenoit le fénat.des vieillards, qui étoient au nombre de 28; le fénat.de ecux.qui dont les,confervateurs des lois; le fénat.des éphores, êrile fénat de ces magifirats qu'ils appelloïent hidiéens. Le {énat des vieillards étoit le fouverain tribunalidesLacédémoniens, & celui qui régloit toutes.les affaires de l'état. Les autres féna- teurs étoient, à-proprement parler des archontes; les éphores jéroient au nombre de: cinq, & les bi- diéens demmême. Ceux-ci.étoient commis pour veil- ler fur les jeunes gens, &c pour.préfider à leurs;exer- es S P À 429 cices, foitdans le lieu qu’ils nommoientle platanifle? “{oit par-tout alleurs. Ceux-là étoient chargés de foins plus importans, & chaque année ils en noms moteñt un d’entr'eux qui préfidoit aux autres, & dont le nôim fervoit à marquer l’année, de la mêine mas mere qu'à Athènes les neuf élifoient un d’entr’eux; qui avoit le nom d’archonre par excellence. Le plus bel édifice qu'il y eût dans la place, étoit le portique des Perfes, ainfi nommé parce auw’il avoit été bâti des dépouilles remportées fur les Perfes. Dans la fuite, on lavoit beaucoup agrandi & orné, Tous les chefs de l’armée des Barbares, & entraus tres Mardonius, fils de Gobryas, avoient {à chacun leurs ffatues de marbre blanc, & ces flatues étoient: fut autant de colonnes : on y voyoit auff la flatue d’Arthémife, fille de Lyedamis & d'Halicarnaffe, On dit que cette reine de {on propre mouvement, jois gnit fes forces à celles de Xerxès pour faire la guerre aux Grecs, &c que dans le combat naval qui fut donné auprès de Salamine, elle fit des prodiges de valeur, | Après le portique des Perfes, ce qu'il y avoit de plus beau à voir dans cette place , étoit deux temples, dont l’un étoit confacré à Jules-Céfar, & l'autre à Augufte fon ls. On remarquoit fur l’autel de ce der- mer une figure d’Agias, gravée fur du cuivre: c’eft cet Agias qui prédit à Lyfander qu’il fe rendroit maî- tre de toute la fotte d'Athènes à Aigofhotamos, à la réferye de dix galeres, qui en effet fe fauverent en Chypre, Dans la place de Sparte on voyoit encore trois {ta= tues , une d’Apeollon pythien, l’autre de Diane, & la troifieme de Latone. L’endroit oh étoient ces ftatues, étoit une enceinte qu'ils appelloient du nom de chœur, parce que dans ces jeux publics auxquels les Jeunes gens s'exerçoient, & qui fe célébroient avec beaucoup de folemnité, toute la jeunefle alloit A, & y formoit des chœurs de mufique en l’honneur d'A: pollon. ; Près de-là étoient plufieuts temples, l’un confacré à la Terre, l’autre à Jupiter agoreus , un autre à Mi- nerve agoréa, &r un quatrieme à Neptune fufnommé afphalius, Apollon & Junon avoient aufi chacun le leur : on yoyoit auf une srande ffatue qui repréfen: toire peuple de Sparte ; ét un peu plus bas le temple des Perques. out joignant ce temple étoit le tom beau d’Orefte : auprès de à fépulture on remarquoit le portrait du roi Polydore, fils d’Alcarnène, Les La- cédémoniens onttellement diflingué ce toi entre tous lesautres,que les a6tes publics ont été long-tems{cel: lés de fon fceau. Au même lieu il y avoit un Mercure qui portoit un petit Bacchus, 8 ce Mercure étoit furnommé apos reus. Il y avoit auf dans le même endroit des ran- gées d'anciennes flatues, qui repréfentoient les épho- res de,ces téms-là. Parmi ces flatues on voyoit le tombeau d'Epiménide , & celui d'Aphareus, fils de Périérès. Du côté droit étoient les Parques ; on voyoit Jesfailes où les Lacédémoniers prenoient ces repas publics qu'ils nommoient phidicies, 8 là étoirauffi Jus piter hofpitalier & Minerve hofpitaliere, ce à En fortant de la place, & paffant par Ja tue des Barrieres., on trouvoit une maïfon qu’ils appelloient Le Boonete. Au-deflus du {énat des bidiéens il y avoit un temple de Minerve, où l’on dit qu'Ulyfe. confa- crauneftatue à ladéefñe ; fous Le nomde Minerve ces lewhea, comme un monument de la viétoire qu'il avoit remportée fur les amans de Pénélope : &c il fit bâtinfous le même nom, froistemples en trois diffés rens endroits. Au bout de la rue des Barrieres, on trouvoit te. fépulture, de héros, entr'autres celle d'Iops, qu'on croït avoir vécu environ le téms de Lelex & de Mylés, celle encore d’Amphiaraus, fils d'Orclès, | " he S P À Près delà étoit le temple de Neptune furnomimé æénarien, & aflez près on voyoit une ftatue de Miner- we. Du mème côté ontrouvoit la place Hellénie, ainf ‘appellée parce que dans le tems que Kerxès pañla en Europe, toutes les villes greques qui prirent les ar- es contre lui, envoyerent leurs députés à Sparse, &t ces députés s’aboucherent là pour avifer aux moyens.de réfifter une puiflance f formidable. D'au- tres difoient que cette dénomination étoit encore plus ancienne , & qu’elle venoit de ce que tous les prin- ‘ces de la grece ayant pour l'amour de Ménélas, entre- pris le fiege de Troye, ils s’afflemblerent en ce lieu pour délibérer fur cette expédition, & fur les moyens de tirer une vengeance de Päris qui avoit enlevé Hé- lene. | Près de cette place, on montroit le tombeau de Talthybius ; mais ceux d’Egion en Achaïe avoient auf dans le marché de leur ville un tombeau, qu'ils afluroient être celui de Talthybins. Dans le même quatier, on voyoit un autel dédié à Apollon Acri- tas , ainf appellé, parce que cet autel étoit bâti fur une hauteur, On trouvoit dans le même endroit un temple de la Terre, qu'ils nommoient Ga/epion , &c un peu au-deffus un autre temple d’Apollon, fur- nommé Maléatis : pañlé la rue des Baïrieres contre les murs de la ville , on trouvoit une chapelle dédiée à Diétynne , & enfuite les tombeaux de ces rois, qui ont été appellés Esrypontides. Auprès de la place Hellénienne , il y avoit le tem- pie d'Arfinoé , qui étoit fille de Leucippe, & belle- {œur de Caftor & Pollux. Du côté des remparts, on voyoit un temple de Diane , & un peu plus loin la fépulture de ces devins qui vinrent d’Elis, & qu’on appelloït Jamides. Maron & Alphée avoient aufli-là leurs temples. C’étoit deux grands capitaines, qui, après Léonidas , fignalerent le plus leur courage au combat des Thermopyles. À quelques pas de-là , on voyoit le temple de Jupiter Tropeus. Mais de tous les temples qui étoient à Sparte , Le plus révéré étoit celui de la mere des dieux. On voyoit auprès le mo- nument héroïque d'Hyppolite, fils de Théfée , & celui d’Aulon Arcadien , fils de Tléfimene, frere de Parthenopée. La grande place de Sparte avoit ençore une autre iflue , & de ce côté-là on trouvoit un édifice où les habitans venoient prendre le frais. On difoit que ce bâtiment étoit un ouvrage de Théodore de Samos, qui le premier trouva l’art de fondre le fer & d’en faire des ftatues. C’eft à la voûte de cer édifice que les Lacédémoniens avoient fufpendu la lyre de ‘Ti- mothée de Milet , après lavoir puni de ce qu'aux fept cordes de l’ancienne lyre, 1l en avoit ajouté quatre autres. A quelques pas du temple d’Apollon , étoient ‘trois autels dédiés à Jupiter Ambulus |; à Minerve Ambulia , & aux Diofcures, qui avoient aufli le fur- nom d’Ambulii, Vis-à-vis étoit une éminence appel- lée Colona , où1l y avoit un temple de Bacchus Co- lonate : ce temple tenoit prefque à un bois qu'ils avoient confacré à ce héros, qui eut Phonneur de ! gonduire Bacchus à Sparte. Du temple de Bacchus à celui de Jupiter Evanemus , il n’y avoit pas loin , & de ce dernier on voyoit le monument héroïque de Pleuron, dont les enfans de Tyndare defcendoient pat leur mere. Près de là étoit une colline où Junon Argiva avoit un temple, qui avoit été confacré, dit-on, par Eu- rydice , fille de Lacédémon, & femme d’Acrifius, & qui étoit fils d’Abas : car pour le temple de Junon Hyperchiria , il avoit été bâti par le confeil de l’o- racle, dans lé tems que le fleuve Eurotas inondoïit toute la campagne. On voyoit dans ce temple une ftatue de bois d’un goût fort ancien, & qui repréfen- toit, à ce qu'ils difoient, Vénus-Junon, Toutes les femmes qui avoient des filles à marier, failoient des facriñices à cette déefle, Au fortir dé la place, vers le couchant, étoit le théâtre bâti de marbre blanc. Vis -à- vis du théâtre étoit le tombeau du roi Paufanias , qui commandoit les Lacédémoniens a combat de Platée, La fépul- ture de Léonidas étoit tout auprès. Tous les ans on faifoit les oraïfons funebres de ces grands capitaines fur leurs tombeaux , & ces oraifons étoient fuivies de jeux funéraires, où 1l n’y avoit que les Lacédés» moniens qui fuflent reçus à difputer le prix. Léoni- das étoit véritablement inhumé dans ce lieu-là; car fes os avoient été rapportés des Thermopyles par Paufanias quarante ans après fa mort. On voyoit aufi-là une colonne , fur laquelle étoient gravés les noms de ces grands hommes, qui foutinrent leffort des Perfes aux Thermopyles, & non-feulement leurs noms, mais ceux de leurs peres. Il y avoit un quar- tier dans la ville qu’on nommoit le Théomélide, où étoient Les tombeaux des rois , dits Agides. Le lefché étoit tout contre. C’étoit le lieu où les Crotanes s’aflembloient , & les Crotanes étoient la cohorte des Pitanates, On trouvoit enfuite lé temple d'Efculape, qu'ils nommoient l’Erapadon , & un peu plus loin le tom- beau de Ténarus , d’où un promontoire fort connu avoit pris fa dénomination. Dans le même quartier on voyoit le temple de Neptune Hyppocurius, & celui de Diane Epinea. En retournant vers le lefché, on trouvoit fur fon chemin le temple de Diane Iflo- fia , autrement dite Liminéa. Près de ces tombeaux des Agides , on voyoit une colonne , fur laquelle on avoit gravé les viétoires qu’un lacédémonien , nom- mé Anchionis, avoit remportées ,au nombre de fept, tant à Olympie qu'ailleurs. On voyoit aufli le tem- ple de Thétis dans ce quartier-là. Pour le culte de Cérès Cthonia , qui étoit établi à Sparte, les habi- tans croyoient lavoir reçu d’Orphée; maisily a plus d'apparence qu’ils Pavoient pris des habitans d'Hermione , chez qui cette déefle étoit honorée fous Le même nom. On voyoit auffi à Sparte un tem= ple de Sérapis , & un temple de Jupiter Olympien. Il y avoit un lieu qu'ils appelloient Dromos , où ils exerçoient leurs jeunes gens à la courfe. Si l’on y entroit du côté qui regardoit la fépulture des Agi- des , on voyoit à main pauche le tombeau d’'Eumé- dès, qui étoit un des fils d'Hippocoon , & à quelques pas de-là une vieille ftatue d'Hercule. C’étoit à ce dieu, &ence lieu-là , que facrifioient les jeunes gens qui fortoient de l’adolefcence pour entrer dans la clafle des hommes. Le Dromos avoit deux gym- nafes ou lieux d'exercices , dont l’un avoit été con facré à cet ufage par Euryclide de Sparte. Au dehors & près de la ftatue d’Hercule, on montroit une maï- fon qui étoït autrefois la maïfon de Ménélas. Plus loin on trouvoit les temples des Diofcures, des Gza- ces , de Lucine , d’Apollon Carnéus & de Diane Hégémadue.A droite du Dromos,on voyoit le temple d'Agnitassé’étoit un furnom qui avoit èté donné à Ef- culape ; à caufe du bois dont la ftatue avoit éte faite, Quand on avoit paflé le temple d’'Efculape, on voyoiït un trophée que Pollux, à ce qu’on dit, avoit érigé lui-même après la viétoire qu'il avoit rempor= tée fur Lyncée. Les Diofcures avoient leurs ftatues à l'entrée du Dromos , comme des divinités qui pré- fidentà la barriere. En avançant plus loin , on voyoit le monument héroïque d’Alcon ; à quelques pas de- là étoit le temple de Neptune, furnommé Dorariès Plus loin étoit un endroit, qu'ils nommoïient le P/a- tanifle, à caufe dela grande quantité de grands pla- tanes dont il étoit rempli. Voyez PLATANISTE. Vers ce bois de platanes, on voyoit auffi le monu- ment héroïque de Cynifca , fille du roi Archidame. Derriere un portique qui étoit-là, on trouvoit en- éore d’autres Monuinehs héroïques ; Comme ceux d’Alcime & d’Enarephore ; un peu plus loin ceux de Dorcée & de Sébrus. Dorcée avoit donné fon nom à une fontaine qui étoit dans le voifinage , & Sébrus le fien à une rue de ce quartier-là. À droite du mo- nument de Sébrus, on remarquoit le tombeau d’Alc- man. Là fe trouvoitauffi le temple d’Helene &z le tem: ple d'Hercule } le premier plus près de la fépulture d’'Alcman; le fecond contre les mursde la ville, Dans ce dernier il y avoit une ftatue d’Hercule armé ; on dit qu'Hetcule étoit repréfenté ainf, à caufe de fon combat avec Hippocoon & avec fes enfans. En {ottant du Dromos, du côté de lorient , on trouvoit un temple dédié à Minerve Axiopœnas , ou vengerefle. Minerve avoit encore dans cette rue un ‘temple ; qu’on trouvoit à gauche au fortir du Dro-. mos. On rencontroit enfuite le temple d’'Hippofthè- ne , homme célebre pour avoir été plufeurs fois vainqueur à la lutte ; &c vis-à-vis de ce temple, il y avoit une ftatue fort ancienne, qui repréfentoit Mars enchainé , fur le même fondement qu’on voyoit à Athènes une Viétoire fans ailes : car les Lacédémo- hiens s’étoient imaginés que Mars étant enchainé , demeureroit toujouts avec eux , comme les Athé- niens avoient cru que la Viétoire n'ayant point d’ai les , elle ne pourgoit s'envoler ailleurs ni les quitter, C’étoit la raifon qui avoit porté ces deux peuples à tepréfenter ainfi ces divinités. Il y avoit encore à Sparte un autre lefché , qu'ils nommoient le Pœerle, On voyoit tout près les monumens héroïques de Cadmus , fils d’Agenor ; d'Oéolicus, fils de Théras ; & d'Egée , fils d'Oéolicus. On cfoyoit que c’étoit Méfis , Léas & Europas, fils d'Hyrée & petit-fils d'Esce , qui avoient fait élever ces monumens. Ils avoient même ajouté celui d’Amphiloque , parce que TFifamène , leur ancêtre, étoit né de Démonafe, fœur d’Amphiloque. Les Lacédémoniens étoient les feuls grecs qui révéroient Junon fous le nom de la déefle Epophage , & qui lui immoloient une chevre, Si on reprenoit Le chemin du théâtre, on voyoit un temple de Neptune Généthlius, & deux monumens héroïques , lun de Cléodée, fils d'Hyllus , Pautre d'Oébalus ; Efculape avoit plufeurs temples dans Sparte ; mais le plus célébre de tous étoit celui qui étoit auprès de Boonete , & à la gauche duquel on voyoit le monument héroïque de Teleclus. - _ Plus avant on découvroit une petite colline , au haut de laquelle il y avoit un vieux temple de Vénus, & dans cetemple une ftatue qui repréfentoit la déeffe armée. Ce temple étoit fingulier; mais à proprement parler, c’étoient deux temples Pun fur l’autre ; celui de deflus étoit dédié à Morpho : ce nom Morpho étoit un furnom de Vénus. La déeffe y étoit voilée, ‘êt elle avoit des chaines aux piés. Les habitans de Sparte difoient que c’étoit Tyndare qui lui avoit mis ces chaines, pour donner à entendre combien la f- délité des femmes envers leurs maris devoit être in- violable : d’autres difoient que c’étoit pour fe ven- ger de Vénus, à qui il imputoit lincontinence &+ les adulteres de fes propres filles. Le temple le plus proche qui fe préfentoit enfuite, étoit celui d'Hilaire & de Phœbé. Un œuf enveloppé : de bandélettes étoit fufpendu à la voûte du temple, êz le peuple croyoit que c’étoit l’œuf dont accoucha Léda. Des femmes de Sparte filoient tous les ans une tunique pour la ftatue d’Apollon qui étoit à Amy- cle, & le lieu où elles filoient, s’appelloït par ex- cellence Z4 Tunique. On voyoit auprès une maïfon awavoient habitée autrefois les fils de Tyndare, & qu’avoif achetée depuis un particulier de Sparte fommé Phormion. Un jour , à ce qu’on rapporte, les Diofcures étoient arrivés chez li, {e difant des étrangers qui venoient de Cyrène; ils lui avoient demandé lhofpitalité , 8 Pavoient prié de leur don- S P A 431 nef une cerfané chambre dans fa maïfon! é’étoii celle où ils s’étoient plu davantage lorfqu’ils étoient parmi les hommes. Phormion leur dit que toute fa maïfon étoit à leur fervice | à la referve pourtant de cette chambre, qui étoit occupée par une jeuné fille qu'il avoit. Les Diofcures prirent l'appartement qu'on leur donna ; mais le lendemain la jeune fllé & les femmes qui la fervoient , tout difparut , & on ne trouva dans fa chambre que deux flatues des Diofcures , une table, & fur cette table du benjoin; voilà ce que racontoient les habitans de Sparte. En allant vers la porté de la ville, on trouvoit fur fon chemin lé monument héroïque de Chilon, qui avoit été autrefois en grande réputation de fageñle ; . & celui d'un héros athénien ; qui étoit un des prin- cipaux de cette colonie ; que Doricus , fils d’Anas xandride , avoit débarqué en Sicile. Les Lacédémoniens avoient aufli bâti un témple à Lycurge leur légiflateur , comme à un dieu ; derriere fon temple on voyoit le tombeau de fon fils Eucof- mus., auprès d’un autel qui étoit dédié à Lathria & à Anaxandra, qui étoient deux fœurs jumelles, qui avoient épouféles deux fils d'Ariftodème, qui étoient aufli jumeaux. Vis-à-vis du temple de Lycurgue ; étoit la fépulture de Théopompe, fils de Nicandre ; & celle de cet Eurybiade , qui commandoit la flotte des Lacédémoniens au combat d’Artémifium ; & à celui de Salamine contre les Perfes. On trouvoit enfuite le monument héroïque d’Af: trabacus. On pañloit de-là dans une rue qu’ils noms moient Limnée., où 1l y avoit un temple dédié à Dia= ne Orthia, Du temple de Diane , il n’y avoit pas loin à celui de Lucine, Les Lacédémoniens difoient que c’étoit l’oracle de Delphes qui leuravoit con: {exllé d’honorer Lucine comme une déefle, Dans la ville il n’y avoit point de citadelle bâtié fur une hauteur , comme la Cadmée à Thèbes, ov Lariffa à Argos ; mais il y avoit plufeurs collines dans enceinte de leur ville ; & la plus haute de ces collines tenoit heu de citadelle, Minerve y avoit fon temple , fous les noms de Mirierve Polinchos & Chal: ciæcos , comme qui diroit de Minerve gardienne de la ville, Tyndare avoit commencé cet édifice ; après lui fes enfans entreprirent de l’achever ; & dy em- ployer le prix des dépouilles qu'ils avoient rem- portées fur les Aphidnéens ; mais l’entreprife étant encore reftée imparfaite , les Lacédémoniens, long- tems après , conftruifirent un nouveau temple, qui étoit tout d’airain comme la ftatue de la déefle, L’ar: tifte dont ils s’étoient fervi fe nommoit Giriadas. Au: dedans du temple , la plüpart des travaux d'Herculé étoient gravés fur l’airain. Là étoient auffi gravés les exploits des Tyndarides, & fur-tout l’enleyement des filles de Leucippe. On voyoit enfuite d’un côté Vulcain , qui dégageoit fa mere de fes chaînes , & d’un autre côté Perfée prêt à partir pour aller com= battre Médufe en Lybie. Des nymphes lui mettoient un cafque fur la tête ; & des talonieres aux piés, afin qu'il püt voler en cas de befoin. On avoit pas ou- blié tout ce qui avoit rapport à la naïffance de Mi- nerve ; & ce qui effacoit le refte, c’étoient un Nep- tune &une Amphitrite, qui étoient d’une beauté mer: veilleufe, On trouvoit enfuite une chapelle de Mi- nerve Ergané. 7 RON Aux environs du temple il y avoit deux portiques, lun au midi, l’autre au couchant ; vers le premier étoit une chapelle de Jupiter , furnommé Co/mnères , & devant cette chapelle, letombeau de Tyndare. Sur le fecond portique on voyoit deux aigles éployées; de portoient chacun ‘une victoire ; c’éroit un pré< ent de Eyfander, 8 en même-tems un monument des deux vittoires qu’il avoit remportées, Fune près d'Ephèfe , fur Antiochus , telieutenant d'Alcibiade ; qui commandoit les galeres d'Athènes; Pautre enço= 432 S P A te fur la flote athéienne, qu'il avoit défaite éntiete. ment à Aigofpotamos. À Paîle gauche du temple d’ai- rain , 1 y'avoit une chapelle confacrée aux mules, parce que les Lacédémoniens marchoïtent à l'enne- fu, non au fon dela trompette, mais au fon des flu- tes &t de la lyre. Derriere le temple, étoit la chapelle de Vénus Aréa;lon y voyoitdes ftatues de bois aufli anciennes qu'il y en eût dans toutela Grete ; à l'aile droite, on Voyoit un Jupiter en bronze, qui étoit de toutes les ftatues de bronze, la plus ancienne ; ce n étoit point ün ouvrage d’une feule & même fabriqu’e; il avoit été fait fucceflivement , & par pieces; enfuite ces pieces avoient été fi bien enchaflées , fi bien jointes enfemble avec des clous, qu’elles faifoient un tout fort folide. A l'égard de cette ftatue de Jupiter, les Lacèdémoniens foutenoient que c’étoit Léarque, de Rhégium., qui l’avoit faite ; {elon quelquesuns, c’é- toit un éleve de Dipœæne & de Scyllis; & felon d’au- tres , de Dédale même. De ce côté-là, étoït uñ endroit appellé Scezome, où lon trouvoit le portrait d’une femme ; les Lace- démoniens difoient que c’étoit Euryléonis, qui s’e- toit rendue célebre pour avoir conduit un charà deux chevaux dans la carriere , & remporté le prix aux = : ” HET j; . jeux olympiques, À l'autel même du templetde Mi- nerve, il y avoit deux ffatues de ce Paufanias , qui commandoit l’armée de Lacédémone au combat de Platée; on difoit que ce même Paufanias , fe voyant atteint 8 convaincu de trahifon, avoit été le feul qui fe fût réfugié à l’autel de Minerve Chalciæcos, & qui n’y eût pas trouvé fa füreté; la raifon qu’on en rap- portoit, c’eft que Paufanias ayant quelque temsau- paravant commis un meurtre, il navoit jamais pu s’en faire purifier, Dans le tems que ce prince com- mandoit l'armée navale des Lacédémoniens & de leurs alliés, fur l’Hélefpont , il devint amoureux d’une jeune Byfantine : ceux qui avoient ordre de introduire dans fa chambre, y étant entrés fur le commencement de la nuit, le trouverent déja en- dormi ; Cléonice, c’étoit le nom de la jeune per- fonne , en approchant de fon lit, renverfa par mé- garde une lampe qui étoit allumée : à ce bruit, Pau- {anias {e réveille en furfaut; & comme il étoit dans des agitations continuelles , à caufe du deflein qu’il avoit formé de tralur fa patrie , fe croyant décou- vert, ilfeleve , prend fon cimeterre, en frappe fa “maîtrefle , & la jette morte à fes piés. C’eft-là le meurtre dont 1l n’avoit jamais pü fe purifier , quel- ques fupplications, quelque expédient qil eût em- ployé. Envain s’étoit-il adreflé à Jupiter Phyxius : ‘nvainétoit-il allé à Phigalée, en Arcadie, pour im- piloter le fecours de ces gens qui fçavoient évoquer les ames des morts : tout cela luiavoit été inutile , & ilayoit payé-‘enfin à Dieu, & à Cléonice, la peine de fon crime. Les Lacédémoniens , par ordre ex- près de l’oracle de Delphes , avoient depuis érigé deuxftatues en bronze à ce prince, & avoient rendu une efpece de culte au génie Epidote , dans la pen- fée que ce génie appaiferoit la déefle. Après ces ftatues, on en voyoit une autre de Vé- nus , furnommée Æmbologera , Ceft-à-dire Vénus qui éloigne la vicilleffe ; celle-ci avoit été aufl éri- gée par Pavis de Poracle ; enfuite étoient les ftatues du Sommeil & de la Mort, qui font freres , au rap- port d'Homère, dans l'Iliade. Si de-là on pañloit dans la rue Alpia, on trouvoit letemple de Minerve, dite -Ophihalmitis, comme qui diroit Minerve qui confer- ve les yeux : on difoit que c’étoit Lycurgue même, qui avoit confacré ce temple fous ce titre à Minerve, en mémoire de ce que dans une émeuté, ayant eu un œil crevé par Alcandre, à quifes lois ne plaïfoient pas, il avoit été fauvé , en ce lieu-là, par le peuple, fans le fecours duquel il auroit peut-être perdu Fau- tre œil, & la vie même. SPA Plus loiñ étoit le temple d'Ammon, éar ïl paroït que les Lacédémoniens étoient , de tous les Grecs, ceux qui recouroient le plus volontiers à Poracle de la Lybie: on dit même que Lyfander , afliégeant la ville d'Aphytis, près de Pallène, eut durant le nuit une apparition du dieu Ammon , qui lui confeil- la, comme une chofe également avantageufe, à lui &c à Lacédémone , de laïffer lesaffiégés en paix ; con- feil auquel 1l déféra fi bien, qu'il leva le fiege , & qu’il porta enfuite les Lacédémoniens à honorer Am- mon, encore plus qu'ils ne faifoient ; ce qti.eft de certain , e’eft que les Aphitéens revérotent ce dieu comme les Eybiens mêmes. S1 quelqu'un trouve un peu longue cette defcrip-= tion de Sparte , par Paufanias , je prié ce quelqu'un de fe rappeller qu’il n’y a pas jufqu’aux portes & aux ciés des anciens Spartiates , que l’hiftoire n’ait dé- crites. Comment vous imagineriez-vous qu’éroient faites leurs portes, dit joliment M. de la Guilletie- re ? croiriez-vous que les étoiles en euflent formé les traits? vous les trouverez cependant dans la conf- tellation de Caffiopée. Après que vous aurez démê- lé , dans un jour ferein ; l'étoile méridionale qui eft à la tête , & la feptentrionale qui eft à la chaïfe , remar- quez bien les deux autres qui font fituées entre celles: là ; toutes les quatre vous traceront la peinture d’une : porte des Lacédémoniens , coupée par le milieu, & qui s'ouvre des deux côtés. C’eft Théon qui nous l’apprend dans fes commentaires fur Aratus ; ceux quine peuvent s'élever jufqu'au ciel, trouveront dans les figures de Bayerus , celles des portes des Spartiates, pe Pour leuts clés, il faut bien en reconnoître la cé: lébrité malgré nous. Ménandre , Suidas, &z Plaute , en conviennent de bonne foi. Je fais qu’Ariftophane dit qu’elles avoient trois dents, qu’elles étoient dan- gereufes , & propres à crocheter ; mais les traits odieux d’un fatyrique , qui ne cherche qu’à faire baflement fa cour au peuple d'Athènes , dontil avoit . tous les vices, font peu propres à nous féduire. Ce poëte , plein d’imaginations où régnoienit la méchan: ceté de fon naturel, ne pouvoit attaquer les Spar- tiates fur leur courage &c fur leurs vertus; il ne lui reftoit que leurs clés à ridiculifer. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) Après avoir confervé la ville des Spartiates au mi- lieu de fes ruines, tranfimettons à la poftérité la me- moire de fes lois, le plus bel éloge qu’on puiffe fai- re de fon léviflateur. On ne confidere ordinairement Lycurgue que comme le fondateur d’un état purement militaire, &z le peuple de Sparte, que comme un peuple qui ne favoit qu'obéir , fouffrir , 8& mourir. Peut-être fau- droit-il voir dans Lycurgue celui de tousles philo- fophes qui a le mieux connu la nature humaine, ce- lui, fur-tout, qui a le mieux vu jufqw'à quel point les lois , l'éducation, la fociété , pouvoient changer l’homme , & comment on pouvoit le rendre heureux en lui donnant des habitudes qui femblent oppofées à fon inftinét & à fa nature. Il faudroit voir dans Lycurgue, l’efprit le plus profond & le plus conféquent qui ait peut-être ja- mais été , &c quia formé le fyftème de légiflation le mieux combiné , le mieux lié qu’on ait connu jufqu’à préfent. Quelques-unes de fes lois ont été généralement cenfurées, mais fi on les avoit confiderées dans leur rapport avec le fyftème général, on ne les auroit qu'admirées ; lorfqu’on faifit bien fon plan, on ne voit aucune de fes lois qui n’entre néceflairement dans ce plan , & qui ne contribue à la perfeétion de l’ordre qu'il vouloit établir. Il avoit à réformer un peuple féditieux, féroce ; & foible ; il falloit mettre ce peuple en état de ré- Dre fiftez Tfter aux entreprifes de plufeurs villes qui mena- çoient fà liberté ; il falloir donc lui infpirer l’obéif- * fance & Les vertus guerrieres , 1l falloit faire un peu- ple de héros dociles. | Il commença d’abord par changer la forme du gouvernement ; 11 établit un fénat qui füt le dépoi- taire de l'autorité des lois, & de laliberté. Les rois de Lacédémone n’eurent plus que des honneurs fans pouvoir ; le peuple fut foumis aux lois : on ne vit plus de diffenfions MR , & cette tran- - quillité ne fut pas feulement l’effet de la nouvelle for- ie du gouvernement. Lycurgue fut perfuader aux riches de renoncer à leurs richefles : il partagea la Laconie en portions égales : il profcrivit or & l'argent, &cleur fubftitua une monnoie de fer dont on ne pouvoit nitranfpor ter, ni garder une fomme confidérable. se Il'infhitua fes repas publics, où tout le monde étoit obligé de fe rendre, & où régnoit la plus grande fo- briété, Il régla de même la maniere de fe loger, de fe meubler , de fe vêtir, avec une uniformité & une fimplicité qui ne permettoient aucune forte de luxe. ._ On cefla d’aimer à Sparte, des richefles dont onne pouvoit faire aucun ufage : on s’attacha moins à fes propres biens qu’à l'état, dont tout infpiroit l'amour ; Pefprit de proprieté s’éteignit au point qu’on fe fer- voit indifféremment des efciaves, des chevaux , des chiens de fon voifin, ou des fiens propres : on r’o- loit refufer fa femme à un citoyen vertueux. Dès la plus tendre enfance , on accoutumoit le corps aux exercices , à la fatigue , & même à la douleur: . On a beaucoup reproché à Lÿcurgue d’avoir con- damné à mort les enfans qui naïfloient foïbles & mal conftitués: cette loi, dit-on, eft injufte & barbare ; elle Le feroit fans doute, dans une léciflation où les richefes , les talens , les agrémens de l’efprit, pour: roient rendre heureux , ou utiles, des hommes d’u- ne fanté délicate ; mais à Sperre, où l’homme foi- * ble nepouvoit être que méprifé & malheureux, il étoit humain de prévenir fes peines en lui Ôtant la vie. ’ Li On faitencore à Lycurgue un reproche de cruaut- té , à l’occafion des fêtes de Diane : on fouettoit les enfans devant l'autel de la déefle, & le moindre cri ui leur feroit échappé, leur auroit attiré un long He Lycurgue, dans ces fêtes , accoutumoitles enfans à la douleur, il ieur en Ôtoit la crainte qui affoiblit plus le courage , que la crainte de la mort. Il ordonna que des l’âge de cinq ans , les enfans apprifient à dan{er la pyrrique; les danfeurs y étoient afmés ; ils faifoient en cadence, & au fonde ja Aute " tous lesmouvemens militaires aui, fans le fecours de la mefure , ne peuvent s’exécuter avec précifion ; on n'a qu'a lire dans Xénophon, ce qu’il dit de la tactique & des évolutions des Spartiates, & on jugera que fans l'habitude, & un exercice continuel , on ne pou- voit y exceller. | Après la pyrrique , la danfe la plus en ufage étoit la gymnopædie; cette danfe n’étoit qu'une image de la lutte 8 du pancrace , & par les mouvemens vio- lens qu’elle exigeoit des danfeurs, elle contribuoit encore à aflouphir & à fortifer le corps. Les Lacédémoniens étoient obligés de s'exercer beaucoup à la courfe, & fouventils en remportoient le prix aux jeux olympiques, | Prefque tous les momens de la jeuneffe étoient employés à ces exercices , & l’âge mûr n’en étoit pas difpenfé. Lycurgue, fort différent de tant de mé- diocres légilateurs , avoit combiné les effets , lPac- tion, la réation réciproque du phyfique & du moral de l’homme, & il voulut former des corps capables _de foutenir les mœurs fortes qu'il vouloit donner; Tome XP, S PA. 413 é’étoit à l'éducation à infpirer & à conferver ces mœurs, elle fut ôtée aux peres, & confiée à l'état un magiftrat préfidoit à l’éducation générale, & il avoit fous lui deshommes connus par leur fagefe &è par leur vertu: On apprenoit Les lois aux enfans; on leurinfpiroit le refpeét de ces lois, lobéiffäince aux maoiftrats, lé mépris de là douleur & de la vie, l'amour de la gloire & l'horreur de la honte ; le refpet pour les vieillards étoit fur-tout infpiré aux enfans, qui, parvenus à l’âge viril, leur donnoient encore des témoignages de la plus profonde vénération. À Sparte , l'éducation étoit continuée jufque dans un âge avancé : l’en= fant & l’homme y étoient toujours les difciples de l’état, Cette continuité d’obéiffance , cette fuite de pri- vation , de travaux & d’auftérités donnent d’abord Pidée d’une vie trifte &c dure , & préfentent l’image d’un peuple malheureux. Voyons comment des lois fi extraordinaires, des mœurs fi fortes ont fait des Lacédémoniens, felon Platon , Plutarque & Xénophon, le peuple le plus heureux de la terre: el On ne voyoit point à Sparte la miferé À côté de l’opulence ; & par conféauent on y voyoit moins que par-tout ailleurs l'envie, les rivalités, la mol- lefle, mille pafions qui affligentl’homme , & cette cupidité qui oppofe l'intérêt perfonnel au bien puz blic , &le citoyen au citoyen: La jurifprudence n’y étoit point chargée d’une multitude de lois ; ce font les fuperfluités & le luxe, ce font les divifions , les inquictudes & lés jaloufes qu'entraine l'inégalité des biens, qui multiplient & les procès & les lois qui Les décident. Il y avoit à Sparte peu de jaloufie , & beaucoup d’émulation dela vertu. Les fénateurs y étoient élus par le peuple, qui défignoit, pour remplir une placé Vacante , homme le plus vertueux de La ville. Ces repas fi fobres, ces exercices violens étoient aflaiflonnés de mille plaïfirs ; on y portoit une paf- fon vive & toujours fatisfaite, celle de la vertu. Chaque citoyen étoit un enthoufafte de l'ordre & du bien, & il les voyoit toujours ; il alloit aux af. femblées jouir des vertus de fes concitoyens , & re- cevoir les témoignages de leur eftime. Nul légiflateur , pour exciter les hommes À la vertu, n’a fait autant d’ufage que Lycurgue du pen- chant que la nature donne aux deux fexes l’un poux l’autre. . | Ce n’étoit pas feulement pour que les femmes dez venues robuftes donnaflent à l’état des enfans bien conftitués , que Lycurgue ordonna qu’elles feroient les mêmes exercices que les hommes ; il favoit qu'un. fexe fe plaît par-tout où il eft für de trouver l’autre. Quel attrait pour faire aimer la lutte & les exercices aux jeunes {partiates, que ces jeunes filles qui de- voient ou combattre avec eux, ou Les revarder com- battre | qu’un tel fpeétacle avoit éncore de charmes aux yeux des vieillards qui préfidoient aux exerci: ces , &t qui devoient y impofer la chafteté dans les momens où la loi difpenfoit de la pudeur! Ces jeunes filles élevées dans des familles ver: tueufes & nourries des maximes de Sparte » TÉCOM-= penfoïent ou puniffoient par leurs éloges où par leurs cenfures ; il falloit en être eftimé pour les obtenir en mariage, & mille difficultés irritoient les defirs des époux ; ils ne devoient voir leurs époufes qu’en fecret; ils pouvoient jouir & jamais fe raffañer. La religion d’accord avec les lois de Lycurgue ; infpiroit le plaifir 8 la vertu ; on y adoroit Vénus 5 mais Vénus armée. Le culte religieux étoit fimple ; & dans des temples nuds & fréquentés , on offroit: peu de chofe aux dieux, pour être en état de leu offrir toujours. [a 14 434 S P À Après Vénus, Caftor & Pollux étoient les deux divinités les plushonorées ; ils avoient excelle dans les exercices cultivés à Sparte ; is étoient des mode- les d’un courage héroïque, &c d’unelamitié généreufe. Les Lacédémoniens mêloient à leurs exercices des chants & des fêtes. Ces fêtes étoient inftituées pour leur rappeller le fouvenir de leurs viétoires, &c ils chantoient les louanges de la divinité & des héros, On lifoit Homere , qui infpire l’enthoufiafme de la gloire ; Lycurgue en donna lameïlleure édition qu'on eût encore vue. Le poëte Terpandre fut appellé de Lesbos , & on lui demanda des chants qui adouciffent les hommes. On n’alloit point au combat fans chanter les vers de Tirtée. | à Les Lacédémoniens avoient élevé un temple aux Graces , ils n’en honoroiïent que deux ; elles étoient pour eux les déefles à qui les hommes devoient la bienfaifance , l'égalité de l'humeur , Les vertus focia- les ; elles n’étoient pas les compagnes de Vénus &c des mufes frivoles. ‘1. | Lycurgue avoit fait placer le ftatue du Ris dans le temple des Graces,, la gaieté régnoit dans les affem- blées des Lacédémoniens , leur plaïfanterie étoit vive; & chez ce peuple vertueux ; elle étoit utile » parce que le ridicule ne pouvoit y tomber que fur ce qui étoit contraire à l’ordre; au-lieu que dans nos mœurs corrompues la vertu étant hors d’ufage , elle eft fou- vent l’objet du ridicule. Il n’y avoit à Sparte aucune loi conftitutive ou c1- vile , aucun ufage qui ne tendit à augmenter Les paf- fions pour la patrie , pour la gloire , pour la vertu, &c à rendre les citoyensheureux par ces nobles pañlions. Les femmes accouchoient fur un bouclier. Les rois étoient de la poftérité d’Hercule: iln”ÿ avoit de mau- folées que pour les hommes qui étoient morts dans les combats. On lifoit dans les lieux publics l'éloge des grands hommes , &c le récit de leurs belles aétions, [l n’y a jamais eu de peuple dont on ait recueilli autant de ces mots qui font les faillies des grandes ames , ,& dont les monumens atteftent plus la vertu. Quelle infeription que celle du tombeau des trois censhom- mes qui fe dévouerent aux Termopiles! Paffant, vas dire à Sparte que nous fommes morts ici pour obéir a fes Jaintes lois. Si l'éducation & l’obéiffance s’étendoient jufque dans l’âge avancé, il y avoit des plaïfirs pour la vieil- leffe ; les vieillards étoient juges des combats, juges de l’efprit 8 des belles aétions; le refpeét qu'on avoit pour eux, les engageoit à être vertueux juiqu'au dernier moment de la vie , & ce refpeét étoit une douce confolation dans l’âge desinfirmités. Nul rang, nullé dignité ne difpenfoit un citoyen de cette confi- dération pour les vieillards qui eft leur feule jouif- fance. Des étrangers propofoient à un général lacé- démonien de le faire voyager en litiere. Que Les dieux me préfervent , répondir-il, de nenfermer dans une voiture , où je ne pourrois me lever fi je rencontrois un vieillard. Lalégiflätion de Lycutgue fl propre à faire un peuple de philofophes & de héros, ne devoit point infpirér d’ambition. Avec fa monnoie de fer, Sparrene . pouvoit porter la guerre dans des pays éloignés ; & Lycurgue avoit défendu que fon peuple eût une ma-. .rine, quoiqu'il fût entouré de la mer. Sparte étoit conflituée pour refter libre, & non pour devenir conquérante; elle devoit faire refpeéter fes mœurs, & en jouir ; elle fut long-tems l'arbitre de la Grece, on lui demandoiïit de fes citoyens pour commander les armées; Xantippe, Giippe, Brafdas en font des exemples fameux. ve Les Lacédémoniens devoient être un peuplé fier & dédaigneux ; quelle idée ne devoient-ils pas avoir d'eux-mêmes lorfqu’ils fe comparoient au refte de la Grece? Maïs ce peuple fier ne devoit pas être fé. roce , il cultivoit trop les vertus fociales ; &ilavoit beaucoup de cette indulgence, qui eft plus l'effet du” dédain que de la bonté. Des Clazomeniens ayant in- fulté les magiftrats de Sparre | ceux-ci ne les puni rent que par une plaifanterie : fes éphores firent a£ ficher , qu’il étois permis aux Clazoméniens de faire des fottifes. Le gouvernement & les mœurs de Sparte fe font corrompus ; parce que toute efpece de gouverne- ment ne peut avoir qu'un tems , & doit néceffaire- ment fe détruire par des circonftances que les lépif lateurs n’ont pu prévoir ; ce fut l'ambition & la puif- fance d'Athènes qui forcerent Lacédénone de fe cor- rompre , en lobligeant d'introduire chez elle l’or & l'argent , & d'envoyer au loin fes citoyens dans des pays, dont 1lsrevenoient couverts de gloire & cha+- gés de vices étrangers. [ne refte plus de Lacédémone que quelques ruines; &t il ne faut pas, comme le Diffionnaire de Trévoux, en faire une ville épifcopale , fuffrasante de l’arche- vêché de Corinthe. SPARTE-GENET, £ m. (Æif. nat. Bor.) genifla- Jpartium, gente de plante qui ne’ diffère du /par- tium & du genet que par fes pointes. Voyez GENEF &T SPARTIUM,Tournefort, I, R, Æ. Voyez PLANTE. SPARTIVENTO , LE cap, ( Géog. mod. ) cap d'Italie, au royaume de Naples, à Pextrémité de la Calabre ultérieure. Magin dit que c’eft Herculis pro= mortorium des anciens. ( D.J.) SPARTIUM ; { m. (Æif. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée, Le piftil fort du calice, &c devient dans la fuite une filique courte, arrondie, & un peu gonflée , & renferme une femence dont la forme reflemble le plus fouvent à celle d’un rein, Tournefort, Zrf£. rez herb. Voyez PLANTE. Tournefort en diftingue quatre efpeces , dont la principale eft le fpartium monofpermon , flore luteo, _ Jemine reni fimli, 1, R, H. 645, Cette efpece d’ar-" briffeau pouffe une tige à la hauteur dé deux ou trois piés , fe divifant en plufieurs rameaux qui jettent de petites verges femblables à celles du jonc. Ses fleurs font lécumineufes, petites, jaunes, d’une odeur dé jonquille , attachées à des pédicules qui fortent dés côtés des petites verges. À cette fleur fuccede une capfule fort courte, qui ne contient qu'une feule fe= mence dure, noire , & faite en petit rein, L’efpecé de /partium que nous venons décrire, fe nomme com- munément en françois gerér-Jonquille, ( D, J. ) SPARTON , fm. ( Marine. ) c’'eft un cordage de genêt d’'Efpagne, d'Afrique & de Murcie, dont lu- fage eft fort bon, foit qu'il aille dans l’eau falée ou dans l’eau douce. SPASME , f. m, (Médec, Patholog.) ce mot eft pris aflez ordinairement, fur-tout par les auteurs-grecs & latins , comme fynonyme à convulfion , & dans ce fens il eft employé pour défigner la contradion non-naturelle de quelque partie, Quelques méde- cins françois ont évité de confondre ces deux mots, appellant fpafine la difpofition des parties à la cor- vulfion, & convulfion le complément de cette dif- poñition , ou ce qui revient au même , un /pa/ire plus fort &c plus fenfible : 1l me femble qu'on pourroiït en diflinguant ces deux états, établir la diftinétion fur des fondemens moins équivoques, & pour cela je remar- ue que deux fortes de parties peuvent être le fujet ou le fiege du /pafme, ou de la convulifion : les unes ontun mouvement confidérable , mais foumis à l’em- pire de la volonté ; tels font les mufcles deftinés à exécuter les mouvemens animaux : les autres ont une attion plus cachée , un mouvement moins remar- quable , mais indépendant de l’arbitre de la volonté; de ce nombre font tous les organes qui fervent aux fon&ions vitales & naturelles. Le /pa/me ou la con- vulfion ne fauroient s’'évaluer de la même façon dans Pun & l’autre éas : on juge que les mufcles foumis À la volonté font dans une contraétion contre nature , orfque cette contraétion n’eft point volontaire, c’eft ce que j'appelle proprement convulffon, Cette me- fure fefoit fautive à l'égard des parties qui fe con- tratent naturellement fans la participation de la vo- Tonte ; on ñe doit dons décider leur contra@ion nôn- naturelle que lorfqu’elle fera portée à un trop haut point, que le mouvement tonique fera augmenté de façon à entraîner une léfion fenfble dans l’exer- ‘cice des fonétions. Cette feconde efpece me paroît devoir retenir [e mom plus approprié de fpafrne ; la différence que je viens d'établir dans la nomencla- ture fe tfouve encore fondée für la façon ordinaire de s’exprimer ; ainf on dit: [2 homme ef? éorbé dans es convulfions , il avoit le bras èn convulfion, &tc. lorf- qu'il s’agit de ces contraétiohs contre nature exté- rieures involontaires, & l’on dit au contraire: Le Apafine des inteflins, de la veffie, désextrémités artérielles ides différéns organes, &cc. lorfqu’on veut exprimer augmentation de ton de ces parties intérieures. En partant de ces principes, je crois qu’on peut dire ‘qu'une Convulfon fuppofe un fpafine violent ; & dans ce cas , il fera vrai que le /pafme eft une difpoftion prochaine à la convülfion, Cette aflertion eft fondée ur ce que tous les fymptomes apparens ont pour caufe un dérangement intérieur que nous croyons analogue. | | Quel eft donc ce dérangementintérieur, & quelle ‘en eft la caufe ? Champ vafte ouvert auxthéoriciens, fujet fertile en difcuffons , en erreurs &en-abfurdi- és. Les partifans de [a théorie ordinaire confondant toujours fpafine & convulfon, Les ont regardés com- me des accidens très-graves, qu'ils ont fait dé pendre d’un vice plus ou moins confidérable dans le cer- veau 3 les uns ént cru que ce vice confiftoit dans un engorgement irrégulier des canaux nerveux ; d’au- tres l'ont attribué à ün Auide nerveux , épais & gru- mele ; Qui pafloit avec peine & inégalement dans lés nerfs, êtexcitoit par-là cette irréoularité dans les mouvemens, La plüpart ont penfé que la caufe du mal toit dans les vaifleaux fanguins du cerveau Rue que leur difpofition vicieufe confiftoit en des efpeces de petits anévrifmes extrèmement multipliés, qui rendoient la circulation du fang déja épais & fec, plus difficile, & en troubloient en même tems l’unifor- mité, Tous enfin ont recours à des caufes particu- leres, prefque toutes vagues, chimériques , Gu peu prouvées pour l'explication d’un fait plus général qu'on ne le penfe communément, | Et c’eff précifément de tous les défauts qu’on pour: roït,, par le plus léger examen ; découvrir dans ces théories, celui qui eft le plusremarquable, & qu'il eft le plus important d'approfondir ; rien n°eft plus nui- Bible aux progrès d’une fcience, que de trop géné- ralifet certains principes ; & d’en trop parscularifer d’autres. La circulation du fang; Simple phénomene de Phyfiologie; dont la découverte auroit dû, ce femble, répandre un nouveau jour fut la Médecine théotique , da fait qu'éblouir les éfprits, obfcurcir êt embrouiller les matieres, parce que tout auffi-tôt on l’éregardée commeun principe pénéral , & qu'on en a fait un agent univéffel, Erreur dont les confé- quences ont toujours été de plus en plus éloignées tu fanduaire de la vérité où de l’obfervation ; don- nant dans l’écueil oppofé ; on n’a confidéré le fpafine que fous l’afpet effrayant d’un fymptome dange- Yeux ; tandis qu'avéc une idée plus jufte de l'écono- mie animalé on n’y autoit vu qu'un principe plus où moins général, qui, vrai Protée ; changeoïit de forme à chaque inffant, & produifoit dans différentes par: ties & dans différentes circonftances de effets très- chfférens. C'eft par la léQure de quelques ouvrages. modernes, fpecimen novi medicine confpeëlus ; idée Tome XV, ; Lie ù es À SPA 435 de Phomme phyfque 8 moral, &c. & des différént écrits de M.de Bordeu, que partant d'une cofnoif” fance exaëte de l'économie animale , voyez ce mor» on pourta fentir de quelle importance il'eft d’ana- lyfer plus‘ profondément qu’on ne Pa fait jufqu’ict le Jpafine, êt d'en examiner de beaucoup plus près là nature , le méchanifme, la marche, lès efpeces &cles variations. 2 | ON 'OA EN A meïure que les fujets font plus intérefans, où doit cheréher davantage à trouver de grands points de vüe pour les mieux appercevoit, pour les confidé: rer en grand, & les fuivre dans toutes leurs applis cations ; mais 1l faut bien prendre garde aux fonde mens fur lefquels on établit de grands principes. [ eft inconteflable qu’en Médecine de pareils fonde: mens ne peuvent être aflis que fur l'obfervation ; & comme les différentes théories qui fe font fuccédées jufqu'à préfent n’ont été réçues que fur la foi d’un “pareil appui, &c qu’il eft probable que leurs auteurs étoient perfuadés de les avoir ainfi fondés, il en ré: fulte néceflairement qu'il en eft de lobférvation ; comme Montagne le difoit de la raifon, que c’eft un pot à deux anfis , une regle de plomb & de cire alon- geable, ployable & accommodable, a tous fens & à rou: £es mefures, Il y a donc une maniere de faifir l’obfer- Vation pour en tirer les lumieres qu’elle doit fournir il faut donc un point de vûe propre À faïfir le fonds de lobfervation , avant que de pouvoir fe flatter d’eri tirer aflez de parti pour former une théorie évale- “ment folide & profonde. a , Anfantum corpus laditur in quantum convellirur x c'eft un grand & important axiome que le célebré auteur des ouvrages cités plus haut, établit pour fon: dement de la théorie des maladies , il découle natu- rellement des principes juftes & feconds qu'il a ex: pofés fur l'économie animale ; il eft d’ailleurs appuyé fur des obfervations multipliéés, &c fut-fout fur lé genre d’obiervation le plus lumineux &cle moins ÉqUi voque ; c’eft celui dônt on eft foi-même l’objet : voi: à donc le fpafme propolé comme caufe générale de maladie, fuivons l’auteur dans Les différens pas qu'il à faits pour venir à cette conféquence, & examinons fans prévention les preuves fur lefquelles il en étayé la vérité. Jettons d’abord un coup d’œil fur l’homme fain , & fans remonter aux premiers élémens pet connus dont il eft compolé, fixons plus particuliere: ment nôs résärds fur Le tableau animé que préfentent le jeu continuel des différentes ‘parties & les fonc: tons diverfifiées qui en réfultent. | | > Qu’eft-ce que l’'iômme ? ou pour évitertoute équi: vôque , que la méchanceté & la mauvaife foi font & promptes à faire valoir; qw’eft-ce que la machiné humaine ? Ellé paroît à la premiere vûe, un compofé harmonique de différens reflorts qui mûs chacun eri particuher, concourent tous au mouvement géné ral ; une propriété générale particulierement ref treinte aux compolés organiques ; connue fous leg noms d’errirabilité Ou Jenfibilisé , fe répand dans toué les reflorts ; Les anime, les vivifie & excite leurs mous vemens ; mais modifiée dans chaque organe, elle ent diverfifie à l'infini l'aétion & les mouvemens ; par elle les différens reflorts fe bandent les uns contré les autres , fe réfiftent, fe preflent, agiflent & in: fluent mutuellement les uns fur les autres ; cette coms mixture réciproque entretient les mouvemens, 774//6 ailion Jans résütion. De cet antgonifme continuel d’aétions , réfulte là vie & la fanté ; mais les reflorts | .perdroïent bientôt & leur force , & leur jeu, Les mouvemens languiroient, la machine fe détruiroit, & l’Etre fuprème qui l'a conftruite n’avoit veillé à {a confervation , en préfentant des moyens pour rani- mer les reflôrts fatigués , & pour ainfi dire débandés, pour rappeller les mouvemens & remonter en ün mot toute la machine; c’eft-là Fusé des fix chofss 111] 436 S P A connues dans le langage de l’école fous le nom des fix chofes non naturelles | & qui {ont abfolument né- ceffaires à la vie : l'examen réfléchi des effets qui ré- fultent de lation de ces caufes fur le corps & de quelques phénomenes peu approfondis , analogie qu'il doit y avoir néceflairement entre la machine humaine &c les autres que la main des hommes a fu fabriquer, & plufieurs autres raifons de convenance, ont fait penfer qu'il devoit y avoir dans le corps un premier & principal reflort , dont le mouvement ou le repos entraîne l’exercice ou linaétion de tous les autres, voyez ÉCONOMIE ANIMALE ; obfervation fi frappante , qu'il eft inconcevable comment elle a pt. échapper à l’efprit de comparaifon & aux recherches des Méchaniciensmodernes. Parmi les différentes par- ties , celles dont le département eft le plus étendu , {ont fans contredit , la tête &c le ventre, l'influence de leurs fonétions eft la plus générale ; ces deux puif- fances réagiffent mutuellement l’une fur l’autre, &c par cette contranitence d’aétion, lorfqu’elle eft mo- dérée, fe confervent dans une tenfon néceffaire à lPexercice de leurs fonétions refpeétives ; mais leurs efforts fe réuniffent fur le diaphragme, cet organe le premier mû dans l'enfant qui vient de naïtre, doit être regardé comme le grand mobile de tous les au- tres reflorts , comme la roue maîtrefle de la machine humaine , comme le point ou les dérangemens de cette machine viennent fe concentrer , où ils com- mencent &c d’où ils fe répandent enfuite dans les par- ties analogues. Partons de ce point de vie lumineux, pour pro- mener avec plus de fruit nos regards attentifs fur Pin- nombrable cohorte de maladies qui fe préfente à nos yeux; tâchons de pénétrer dans l’intérieur de la ma- chine pour y appercevoir les dérangemens les plus cachés : fuppofons parmi cette multitude de reflorts qui fe réfiitent mutuellement &z qui par cette con- tranitence réciproque , entretiennent leurs mouve- mens &z concourent par-là à l'harmonie générale; fuppofons, dis-je, un de ces refforts altéré, affoibli, par l'abus de ce qui fert à l’entretenir, deflitué de la force néceflaire pour réagir efficacement contre le reflort fympathique ; aufli-tôt cette égalité d’ation &c de réaétion qui conftitue une efpece de /pa/me na- turel eft troublée; ce dernier reffortaugmentelafphe- re de fes mouvemens, les fibres qui le compofent font irritées , tendues , reflerrées , & dans un orgaf- me qui conftitue proprement Pétat /pa/modique con- tre-nature. Maïs remontons à la fource du dérange- ment d’un organe particulier, nous la trouverons dans le diaphragme, qui par le tiflu cellulaire, par des ban- des aponévrotiques & par les nerfs, communique comme par autant de rayons aux différentes parties ; l’aétion de cet organe important eft entretenue dans l’uniformité qui forme l’état fain par l'effort récipro- que & toujours contre-balancé de la tête &c de l'épi- gaftre ; fi l'une de ces deux puiflances vient à agir avec plus ou moins de force , dès-lors l'équilibre eft rompu, le diaphragme eft affeété , fon action cefle d’être uniforme, une ou plufieurs de fes parties font dérangées, & par une fuite de fon influence ei le {ur tous les vifceres , le dérangement, l’affe&ion, la maladie plus ou moins confidérable fe propage &c fe manifefte dans les organes qui répondent aux par- ties du diaphragme altérées, par un /pafme plus ou moins fenfble , plus ou moins facilement réduétible à l’état naturel. Les deux pivots fur lefquels roule le jeu du dia- phragme &c en conféquence tous les mouvemens de la machine, & où prennent naïflance les caufes or- dinaires de maladie ; font comme nous l’avons déja remarqué , la tête & le bas-ventre ; toute la force du _bas-ventre dépend dé l’aétion tonique des inteftins & de l’eftomac, & de leur effort contre le diaphragme; S P À les alimens qu'en prend en attirent par le méchanif- me de la digeftion , l’influx plus confidérable de tou- tes les parties fur fa maffe inteftinale, en augmentele jeu, & remonte pour ainfi dire ce reflort qu’une trop longue abftinence laïfloit débandé , fans force &c fans ation ; 1l agit donc alors plus fortement fur le dia- phragme ; le dérangement qui en réfulte très-fenfible chez certaines perfonnes leur occafionne pendant la digeftion une efpece de fievre ; fi la quantité des ali= mens eft trop grande, ou fi par quelque vice de di- geftion ils féjournent trop long-tems dans l’eftomac , l'égalité d’aétion & de réaétion de la tête avec cet organe eft fenfiblement troublée, & ce trouble fe peint tout aufli-tôt par l’affeétion du diaphragme & des parties correfpondantes. Les mêmes effets fui- vront files humeurs abondent en quantité à l’eftomac &T aux inteflins, fi leurs couloirs font engorgés, fi des mauvais fucs s'accumulent dans leur cavité , 6. ap- pliquons le même raifonnement à la tête, & nous verrons l'équilibre difparoïtre par l'augmentation des fonétions auxquelles la mafle cérébrale eft deftinée; ces fontions font connues fous le nom générique de pallions ou affeitions de lame, elles fe réduifent au fentiment intérieur qui s’excite par l'impreflion de quelque objet fur les fens, & à la durée du fentiment produit par ces impreflions ; ce font ces deux caufes dans la rigueur, réduétibles à une feule, qui entretien- nent le reflort de la tête; & fon augmentation con- tre nature eft une fuite de leur trop d’ativité; ainf les paflions modérées ne concourent pas moins au bonheur phyfique, c’eft-à-dire à la fanté, qu’au bon- . heur moral: le corps feroit bien moins aétif, les fom- meils feroient bien plus longs , les fens feroient dans un engourdiflement continuel , fi nous n’éprouvions pas cette fuite conftante de fenfations, de craintes, de réflexions , d’efpérance ; fi nous étions moins oc- cupés de notre exiftence & des moyens de l’entrete- nr, & fi à mefure que le foin de la vie animale nous occupe moins, nous ne cherchions à donner de l’e- xercice à la tête par l'étude, par l’accompliffement de nouveaux devoirs, par des recherches curieufes, par l'envie de fe diftinguer dans la fociété , par l’am- bition , l'amour , &c. ce font-là tout autant de caufes qui renouvellent le reflort de la tête, & qui entre- tiennent fon antagonifme modéré avec celui du bas- ventre ; mais fi ces caufes deviennent plus a@ives ; f “une crainte exceflive ou une joie trop-vive nous fai- fit; fi l’efprit ou le fentiment eft trop occupé d’un feul objet , il fe fatigue &t s’incommode, le reflfort de la tête augmentant & furpaflant celui du bas-ven- tre, devient caufe de maladie. Théorie importante qui nous manquoit , qui nous donne un jufte coup- d'œil pour exciter & modérer nos pañlions d’une ma- niere convenable, De cette double obfervation naît une divifion gé- nérale de la pathologie en maladies dûes au reflort augmenté de la rête, & en celles qui font produites par l'augmentation du reflort du bas-ventre : cette divifion va paroitre plus importante & plus féconde en fe rapprochant du langage ordinaire des médecins; pour cela qu’on fafle attention que le dérangement du reflort du bas-ventre reconnoït pour caufe, des mauvaifes digeftions , des amas d’humeurs viciées, Gc. dans l’eftomac & les inteftins ; & d’un autre côté que le reflort de la tête eft altéré par des fenfations trop vives , par des pañfons violentes , par des mé- ditations profondes, des veilles excellives, des étu- des forcées , & l’on s’appercevra que [a divifion pré- ” cédente fe reduit à ‘la difinétion connue, mais mal approfondie , des maladies en humorales & ner- veufes: double perfpeétive qui fe préfente dans un lointain très-éclairé au médecin obfervateur. À Les maladies purement nerveufes dépendantes d’u= ue léfion particulieredefentiment,doivent êtreappel- S P A pellées plus friétement fpz/modiques ; l’état de [paf me eft l’état premier&c dominant, le feul qu’il foitalors néceflaire d'attaquer & de détruire ; mais il arrive fouvent qu'à la longue la maffe inteftinale, dérangée par l'affeétion conftante du diaphragme , donne lieu à de mauvaifes digeftions , ‘& entraine bientôt après un vice humoral ; ou au contraire dans des fujets fen- fibles très-impreflionables, qui ont le genre nerveux irès-mobile , Paffeétion humorale étant effentielle & proropathique , occafonne par la même raïon des fymptomes nerveux ; le genre mixte de maladies qui rélulte de cette complication de quelque facon qu’elle ait lieu, eft le plus ordinaire ; lorfque la maladie eft humorale ou mixte, la caufe morbifique irrite, - mule les forcesorganiques, augmente leurs mouve- mens , & les dirige à un effort critique, ou, ce qui eft le même, excite la fievre , pendant le premier tems de la fievre, qu’on appelle rems de crudiré ou d'irritation ; état fpa/modique des organes afle@és, & même de toute la machine , €ft peint manifeftement fux Le pouls, qui, pendant tout ce tems, efl tendu , derré, précipité, convulf£: lorfque par la réuffite des eforts fébrils Le /pafine commence à fe difiper , Les fymptomes diminuent , le tems de la cotion arrive, le pouls eft moins tendu , il commence à fe dévelop- pers la folution du /pa/me annonce, détermine, & prépare l’évacuation critique qui terminera la mala- die; à mefure qu’elle a lieu, les accidens difparoïfient, la peau eft couverte d’une douce moiteur , lPharmo- monie fe rétablit dans la machine, le /pafine fe diffi- pe, le pouls devient plus mol , plus égal, plus rap- prochant en un mot de l’état naturel : f, au contrai- re, quelqu’obftacle vient s’oppofer à l’accomplifie- ment de la crife,tout aufh-+ôt les efforts redoublent, la conftriétion des vaiffeaux augmente , leur fpafme devient plus fenfble, le pouls reprend un carattere d’irritation ; dans les maladies nerveufes où il ne fe fait point de crife, Le pouls conferve pendant tout le cours de la maladie fon état convulfif, image natu- rel de ce qui fe pañle à l’intérieur. Nous ne poufions pas plus loin ces détails, ren- voyant le lecteur curieux aux ouvrages mêmes dont nous les avons tirés ; les principes plus rapprochés des faits y paroitront plus folidement établis , & plus féconds ; les conféquences mieux enchainées & plus naturellement déduites, les vûes plus vaftes, les idées plus juftes &c plus lumineufes ; mais pour juger fai- nement de la bonté de cette doëtrine, il ne faut pas chercher à la plier aux minutieufes recherches anato- miques ; ce n’eft point à latoife des théories ordi- naires qu’il faut la mefurer; on tâcheroit envain de la foumettre aux lois peu connues & mal évaluées de la circulation du fang ; mefures fautives & {ur la valeur defquelles tous ceux qui les admettent ne font pas d'accord ; &eft dans l’obfervation répétée , ëc furtout dans étude de foi-même, quil faut cher- cher des raïfons pour la détruire ou la confirmer ; appliquons-lui avec l'auteur ce que Stahl difoit avec raifon de toutes ces difcuffions frivoles, qui ne font qu'embrouiller les faits , avec lefquels elles font fi rarement d'accord: zuffitant hic fubtilisates nude, eo Al faciunt fpeculationes anatomicorum à viis & mentibus petitæ , Jed motus naturæ hic confiderari deber, Qu'on fafle attention d’ailleurs que ces principes patholo- giques, très-conformes aux lois bien fixées de l’éco- nonue animale, aux dogmes les plus facrés , établis par les anciens, & reconnus par les modernes, à la doëtrine des crifes, aux nouvelles découvertes , enfin à la plus exacte obfervation , fourniflent encore l’ex- plication naturelle de plufieurs phénomenes dont les théoriftes modernes avoient inutilement cherché les raions ; les métaftafes éntrautres , les douleurs va- gues qu’on fent courir en différens endroits du corps, Jes maladies qui changent À chaque inftant de place, S P À 437 & plufeuts autres faits analogues , écueils où fe venoient brifer la fagacité &c l'imagination de ces au- teurs, fe décuufent fi. naturellement de ce fyftème, qu'ils en paroïffent Ja confirmation. Quelle que foit [a fécondité des principes que nous venons d'expofer , quelle que foit la multiplicité & la force des preuves qui étaient la doûtrine dont ils font les fondemens ; une raïfon plus viétorieufe en- core combat en leur faveur ; un avantage infiniment plus précieux aux yeux du praticien éclairé s’y ren- contre ; c’eft que cette théorie loin dé gêner , d’af- fervir l’obfervateur , de lui fafciner pour amf dire les yeux, & de diriger fa main, ne fait au - con- traite que lui fervir de point de vue fixe pour difcer- net plus exactement les faits ; bien éloignée en cela des théories ordinaires qui tyrannifent le praticien, ët l’afferviffent au joug fouvent funefte du raifonne- ment. Pour faire fentir cette différence & le prix de cetavantage, je propofe l'épreuve décifive de la pras tique: qu'un malade fe préfente avec une fievre aflez confiderable, difficulté de refpirer, point de côté af. fez vif, crachement de fans , Gc. le médecin imbu des théories ordinaires , s’avance avec d’autant plus de courage qu'il a moins de lumiere, 8 au premier afpeët de ces fymptomes , ce defpote abfolu dit: «je » PIOUVE par mes rafonnemens que ces phénome- » nes {ont des fignes aflurés d’une inflammation de [a » plevre où du poumon; je tiens pour maxime in- » confeftable que les faisnées font leremede unique » & par excellence de toute inflammation ; on ne # fauroit trop en faire , & le moindre retardement » eft un grand mal ». En conféquence , il ordonne qu'on fafle coup-fur-coup plufieurs faignées , fecours jamais curatif, quelquefois foulageant, & {ouvent inutile ou pernicieux ; il fait couler à grands flots le fang de l’infortuné malade, qui atteint d’une affedion humorale, meurt bientôt après vi&ime de ce théo- rifte inconfidéré ; que le même malade tombe entre les mains d’un médecin qui aura adopté la théorie que nous venons Price moins prompt à fe dé- cider , s'il eft conféquent à fes principes , il exami- nera attentivement, & les fymptomes qui paroifent, & les caufes qui ont précédé, attribuant tous ces fymptomes au pervertiflement de lation du dia- phragme , à un /pa/ine plus ou moins étendu ,il fe rappellera en même tems que ce dérangement inté- rieur peut être l'effet de deux vices très-différens, ou produit par l’augmentation du reflort de la mafe in teftinale qu'auront occafonnée la préfence & l’accu- mulation de mauvais fucs dans les premieres voies : ou tout-à-fait indépendant de cette caufe; confide- rant la maladie fous ce double afpe&, il vient À-bout de décider par un examen plus réfléchi des fympto- ines propres, à quelle caufe elle doit être attribuée : c’eft là que s’arrête le théoricien ; le praticien obfer- vateur muni de ces connoïflances, appelle à fon fe- cours les cbfervations antérieures pour claffer la ma- ladie , & déterminer par quel genre de remedes il doit attaquer la caufe qui fe préfente, comment il doit employer ces remedes, les varier, & dans quel tems 1l doit les adminiftrer, Suivons-le dans le trai- tement de cette maladie pour indiquer combien cette théorie s’applique heureufement à la pratique : {up- pofons que cette prétendue fluxion de poitrine foit du nombre de celles qui ne dépendent que du mau- vais état de l’eftomac & des inteftins ; après une ou deux faignées & l’émétique que la violence des acci- dens peut exiger , il tournera toutes fes vues du côté du bas-ventre, il follicirera par des purgatifs legers la folution du /pafme de ce côté, & préparera par-là une crife prompte & falutaire, Attentif à fuivre tous les mouvemens de la nature, file /pafine critique pa- roit fe diriger vers quelqw’autre couloir ; inftruit par divers fignes , & furtout par le pouls de cette déter À 38 | S P À wination, 1! fecondera la nature en pouflant les hu- meurs vers les couloirs indiqués ; ainfi, Jamais aller- ‘vi par la théorie à telle ou telle prafique , 1l n’en fera que plus éclairé pour mieux faifir & fuivre lobfervas ions d’où il réfulte évidemment que quand même les fondemens de ce fyftème feroient auffi foibles qu'ils font folides, il n’en feroit pas moins infiniment préférable à tous ceux que nous connoifions. (m2) SPASMODIQUES o4 CONVULSIVES, rraladiess, (Médecine,) en partant des principes que nous avons expofés à l’article précédent SPASME,toutes les mala- dies mériteroient cette qualification , parce que tou- tes dépendent d’un fpafme plus où moins général; mais nous avons remarqué qu'il y en avoit où cet état n’étoit que fecondaire produit par un vice hu- ‘moral , & que dans d’autres le fpafme ctoit effentiel; ce font celles que nous avons plus particuliere- ment appellées fbafimodiques ,| & auxquelles on a fouvent donné le nom de wzaladies nerveufes. Voÿez ce mot. Dans celles-ci le /pafine beaucoup plus con: fiderable , fe manifefte pour l'ordmaire par des fymptomes extérieurs plus appropriés ; tels {ont les .convulfions , les friflons, les tremblemens les ho= auets, les naufécs, les douleurs vagues, les dé- £allances fréquentes , les lafitudes ; les vents, Ec. Tous ces fymptomes varient , fuivant l’ef- pece de maladie qu'ils accompagnent , &c fe réu- miflerit en plus ou moins grand nombre ; on connoit que ces maladies font purement /pafrrodiques ou ner- veufes , par l’abfence des fignes qui caraétérifent les affections humorales , & le genre mixte qui réfulte de la combinaifon de ces deux efpeces eft marqué par le mélange de leurs phénomenes. Les maladies qui font en général reconnues pour Jpafmodiques font lépilepfe , lhypocondriacité , l'hyftéricité, les attaques de convulfon, Vafthme convulff, les palpitations de cœur, le hoquet, Popif- totone & l’emproftotone, l’incube , les mouvemens convulfifs, le priapifime , le ténefme , quelques efpe- ces de colique , & furtout la collique vulgairement appellée de plomb ou des peintres , le ris fardonique, l’éclampfie ou épilepfe des enfans , l’hierenofos , le chorea fanëti vis, le beriberri , maladie indienne, la toux , l'éternument , le bâillement ; &c plufieurs au- teurs y rangent aufl Les affecHons arthritiques ,la me graine , les fievres intermittentes &t généralement toutes les maladies périodiques; on pourroitaugmen- ter encore cette lifte par l’énumération des maladies des différentes parties qui peuvent être /pa/rodiques; il n’eft pas poffble de déterminer parmi ces maladies celles qui font ftriétement /pafrrodiques , d'avec cel- les qui font mixtes, parce que les mêmes maladies peuvent varier dans différens fujets au point de mért- ter d’être rangées tantôt dansune claffe & tantôt dans une autre. | k , Il n’eft pas poffble, pat la même raifon, de donner un pronoftic général qui puifle convenir à toutes,ces maladies, parce que les ures font très-dangereules, comme l’épilepfe, les attaques de convulfon , &c. les autres n’entraînent à leur fuite aucune efpece de danger , comme la plüpart des fievres intérmittentes; nous renvoyons le leéteur aux articles particuliers de chaque maladie que nous n’avons fait que nom- mer ; nous n’entrons pas non plus dans aucun détail - furle traitement qui convient à chaque maladie , il doit varier non-feulement felon les maladies, mais fe- lonles différentes caufes auxquelles élles doivent être attribuées il faut attaquer lé vice humoral dans cel- es où le fpafme apparent en eft le produit, dans les autres il faut avoir recours aux nervins, roborans, toniques , anti-fpafmodiques : de ce nombre font les préparations d'opium, les odeurs fétides , le felféda- tif, les amers & furtout le quinquina ; les calmans , anodins, narcotiques ne doivent être employés que pour calmer {a vivleñce des äccidens ; les omachi- ques mers , les martiaux font très-efficaces pour dé- truire la caufe de la maladie , pour donner le ton aux vaïfleaux, fortifier les nerfs, & les rendre moins mo- bilés; mais dans leur admuniftration, 1l faut bien prendre garde qu'il n’y ait aucun vice humoral, ils feroient alors funeftes en arrêtant des mouvémens | fpafmodiques fouvent fdlutaires ; les plaïfirs , la diffi- pation , les promenades en voiture ou à cheval , où même à pié , les fpeltacles , les concerts aident très- efficacement à leurs effets fans qu'il en réfulte le moindre inconvenient. + ._ SPASMOBIQUES, mouverens, & SPASME, ( Séméior. ) outre les maladies dont les fpafmes, con- vulfions, ou mouvemens fpafmodiques font les fymp- tomes effentiels & carattériftiques , il y en a où ces fymptomes ñe font que des accidens plus ou moins. graves, qui en varient, & pour l’erdinäiré augmen= tent le danger. Sans entrer dans aucune difcufhon théorique, nousallons extraite des ouvrages du grand Hippocrate , & de quelques autres médecins obfer- vateurs, les faits & les axiomes au fujet des fignes qu'onpeuttirer du /pafine 6 des mouvemens fpafmodi- ques, où convulfifs. Le fpafme doit être ici regardé comme exactement fynonyme à convulffon: nous nous fervirons indifféremment de l’un & l’autre mot. | sa UE Les corvullions qui furviennent à l'effet d’un émé- tique, à une fuperpurgation, à la pafion iliaque, à un flux immodéré des regles , ou des hémorrhoïdes ; à une hémorragie confidérable, à une bleffure, à des veilles exceflives , à un délire continuel ; &c. font, fuivant les obfervations d’Hippocrate, de Waldfchmid, de Baglivi , 6. prefque toujours mor- telles, | Dans les flevres aiguës avec béaucoup d’ardeuf ; les diftenfions /pa/modiques font d’unmauvaisaugure. Hippoc. aphor. 13. lib. VIL, Il en eft de même des fpafimes qu’acéompagnent les douleurs vives daris les entrailles , aphor. 66, lib. IF, les mouvémens convul- | _ifs des mains ou des piés furvenus dans le cours d’uné fievte aigue, indiquent de la ialignité , couc. prænos. cap. j. #°. 44. ils annoncent une mort prochaine au phrénétique qui en eft attaqué, 1hid. cap. 1j. n°: 164 Les mouvemens fpafmodiques {ont , fuivant l’obfervas tion de Riviere, moins dangereux au commence: ment d’une maladie, que lorfqu’elle eft parvenie à l'état fixe ; moins dangereux aufh dans les enfans que dans les adultes, & dans les femmes que dans les hommes. Hippocrate a femarqué qu’elles y étoient beaucoup plus fujettes, | | Ïl y a moins à craindre de la fievre qui furvient aux convilfions | que des convulfions qui furviennent à la fievre , Hippoc, aphor, 26. lib. IT. 1l arrive mème fou- vent que la fievre difipe toutes les affeéhions /pa/r0- diques , aphor. 57. lib. IV. cependant lorfque lescoz- valfions arrivent dans le cours de la fievre, & qu'el- les difparoïffent le même jour, elles font ceffer la fe- vre le même jour ou le lendemain , ou le fur-lendes main ; mais fi elles durent plus d’un jour, elles de= viennent un mauvais figne, coac. prænot. Ij. n°, 230 Les mouvemens convulffs font les avant - coureurs de plufieurs maladies ; & Sydenham a remarqué que les petites véroles qui en étoient précédées dans les enfans, étoient ordinairement bénignes &s diferetes; les teafons /hpafinodiques du dos font , fuivant Waldf: chimid, familieres aux malades attaqués de la perite vérole, de la rougeole, & des fievres pétéchiales, Les interruptions de voix cozvulfives qui s’obfer- vent dans quelques fievres , annoncent la folie , & un danger preffant, Æippocr. coac. prænot. cap. xs 2°, 4. la diftorfion /pafmodique du nez, des fourcils, des yeux, ou des levres , eft un figne mortel dans les malades déja affoiblis, 44. ibid, cap. j, n°. 74, le tel S P À ticule droit refroidi, 8 dans un état convulfif, fout- nit le même préfage , aphor. 2. lib. VTIL. On doit s'attendre qu'il furviendra des cozvulfons Ou mouvemens fpafinodiques 1°. lorfque dans un ul- cere fitué aux parties poitérieures du corps , les hu- meurs viennent à difparoitre , aphor. 63. lib, P, 2°, Après des veilles opiniâtres , aphor. 18, Lib, VII, 3°, Lorfque dans le courant d'une maladie les yeux s’obf- curciront avec défaillance , coac. prænor. 1j.n°, 135. 4°. Lorfque les délires font violens & variés, ou Joints avec une affettion foporeufe, fur-tout fiunfrif- on occupe alors le cou & Le dos où même tout le Corps, dans ces circonftances les urines quelemalade rend contiennent beaucoup de pellicules , ou font membraneufes , dufpvo dec. 5°, Dans les maladies lon- gues, s’il paroiït fans raifon apparente quelque tu- meuf contre nature dans le bas-ventre, coac. prænor. cap. ij.n°, 8-11, 6°, Lorfque dans les fevres l’haleine eft defagréable, aphor. 68. lib. IF, 7°. Lorfqu'un ivrogne devient tout-à-coup muet, il meurt bientôt après dans les convu/fons | à-moïns que la fieyre ne foit excitée , ou qu’il ne recouvre la parole au mo- ment que Paccès d’ivrognerie eft difipé, ou que le vin eft cuvé, aphor. 5. lib, V. 8°. À la fuite des dou- “leurs de tête aiguës, & des pefanteurs avéc engour- diflement, coac. prænor. jv. n°. 12. 9°. Les femmes qui font attaquées de fuffocation dematrice font très: fujettes aux cozvulfions. Dorcas en fournit un exem- ple , coac. prænot. cap. xxjv. #°. 44. Elles font plus rares & plus dangereufes dans les hommes qui ont paflé l’âge de fept ans, cap. xjy. n°. 11. 10°. Les con- vullions font annoncées chez certains malades in- quiets, tremblans, par des petits abfcès aux oreïlles, auxquels {e Joint une mauvaife difpofition des pre- mieres, voyez n°, 7. Les malades attaqués de mouvemens fpafinodiques dont les yeux ont beaucoup d'éclat , font hors d’eux- mêmes , & rifquent d’être long tems malades , cap. x]v. n°. 5. la taciturnité pendant les convulftons , eft d'un mauvais augure, fielle dure long tems ; fi elle fe diffipe bientôt , elle indique la paralyfie de la lan- gue , du bras ou du côté droit, 7°. 13. Ceux qui font attaqués de rmouvemens convulfifs meurent en quatre jours , s'ils paffent ce tems ils reviennent en fanté, aphor, 5, lib. VI. La fievre aiguë qui furvient aux Jpafines Les fait cefler; f elle exiftoit auparavant, fon redoublement produit cet effet; le fommeil, le cours de ventre & une excrétion abondante d’urine vitrée parviennent au même but ; mais les corvxlfons fou- daines font terminées par la fievre & le devoiement, _ COac. pr@nor, cap, xjv. n°, 12. Quelquefois les douches d’eau froide font difparoître les /pafnes , fur-tout dans des jeunes gens robuftes, & jouiffant d’ailleurs d’une bonne fanté , aphor. 21 & 25. lib. F. Plus fouvent la chaleur ramollit la peau , calme les douleurs & adou- cit les convulfions , ibid. aphor. 22. Galien a prouvé par l’heureufe expérience qu’il a faite fur lui-même , que rien n’ef fi efficace dans pareil cas que de répan- dre fur la partie attaquée de mouvemens fpafinodiques, de l’huile douce bien chaude. Dans les femmes l’é- ruption des regles refout fur Le champ les fpafmes ; il arrive quelquefois que ces mouvemens fpafmodiques leur font d’un grand fecours, lorfqu’étant enceintes, elles font incommodées de douleurs de tête graya- tves, avec un penchant infurmontable au fommeil 3 COac, prænot. cap. xxjv, n°. 21 6 24. Le friflon , le vomiflement , le hoquet , l’éternu- ment, &c. étant des efpeces de mouvemens fpafmodi- ques, fournifient auffi différens fignes qu’on doit trou- ver détaillés à leurs articles particuliers ; nous n’ajou- ferons qu'un mot par rapport à l’éternument, pour fuppléer ce qui manque à cet article. L’éternument furvenantau hoquet, le fait céder tout-de-fuite Hipp, aphor, 134 1v, VI, U'eft très-avantageux aux femmes SPA 439 attaquées de vapeurs, & à celles qui ne peuvent accoucher ; apñor. 34, dib, V, & fi propre À chaffer larriere-faix, qu'Hippocrate confeille , dans ces cirs conftances , de donner un flernutatoire , 64. aplor, 49. L’érernument eft mauvais dans toutes les afec= tions de la poitrine, foit qu’il les accompagne ou qu'il les précede ; du refte 11 n’eft point défavorable dans les autres maladies, couc. prœnor. cap, xv;, n°, 24. Riviere rapporte, d’après Foreftus , une obfer- vation finguhere fur l’éternument , il affure que fi un homme malade eternue une feule fois, il fuccembera sûrement à la violence de fa maladie, & en rechap- pera s’il éternue deux fois ; Le contraité arrive à la 4 { t = | femme, un éternument lui annonce ou prépare une ra convalefcence prochaine, & fa mort eft affurée après deux éternumens. Le fait aflurément mérite bien d’6- tre vérifié plus d’une fois , en attendant, fides ft pe nes autoremr, (2 SPATARA , (Géog. mod. ) petite île de Laconie, fameufe autrefois fous Le nom de de Cranaë, où la belle Hélene accorda fes premieres faveurs à Paris. Sur le rivage de la terre ferme qui eff vis-à-vis ; cet heureux amant fit bâtir après fa conquête ,un temple à Vénus, pour marquer les tranfports de fa joie & de fa reconnoiffance. Il donna à cette Véaus le furnom de Migoniis | &t nomma le territoire Migonion , du mot qui figmfoit l’amoureux myftere qui sy étoit pañlé. Ménélas, le malheureux époux de cette prin- cefle, dix-huit ans après qu’on la lui eut enlevée, vint vifiter ce temple, dont le voifinage avoit été le témoin de fon malheur &z de infidélité de {a femme. Il nofa point ruiner cet édifice facré ; maïs il fit met- tre aux deux côtés de la fflatue de Vénus lestableaux de deux autres déeffes , celle de Thétis & celle de: Praxidice , la déefle des châtimens, pour montrer wilne laferoit jamais fon affront impuni ; cepen- dant:il n'eut pas l'avantage de fe voir vengé d'Hélene? Cette belle veuve luifurvéquit sil eft vrai qu’on pré tend que dans fon dernier refuge à Rhodes, Polixo eut la barbarie de la faire pendre À un arbre, loin de luiaccorder le droit d’afyle qu’elle lui dévoit comme mälheureufe & corime parente, (( 27.9 :, SPATH, SPAAT , où SPAR ,f. m. ( Hifé nar, Mie néralogie.) fpatuim, marmor merallicum ; le mot fpar® a été introduit par les minéralogiftes allemands & à été adopté pat les François. Les Anglois difent /parr: On défigne fous ce nom une pierre calcaire affez pez fante , compofée de lames ou de feuillets qui ne peus vent fe plier , & qui font tantôt plus tantôt moins fenfibles à l'œil; elle fe diflout avec eFeryefcence dans es acides; elle fe brife & pétille dans Le feu, fes laa mes y perdent leur Haifon, & enfin elle s’y changé en une vraie chaux ; en un mot, le fpatk a toutes les propriétés des pierres calcaires. Voyez l’article CAL« CAÏIRES. L Wallerius compte neuf efpeces de fpxrhs ; favoir | 19, le fparh opaque & rhomboïdal , c’eft-à-dire qui fe _ caffe toujours en rhomboïdes ; il eft pelant, compas éte & de différentes couleurs. | _ 2°. Le jpath feuilleté ou en lames , fparhum Lamels lofum ; 11 eff très -tendre, 11 pétille êc fe brife dans le feu, cependant il finit par entrer en fufon, L’ari rangement des lames dont ce park eft compofé lui fait prendre fouvent des figures très-fingulieres & qui varient à Pinfini. 3°. Le fpath en particules fixes & placées fans o?> drenirégularité, de façon qu’il n’eft point aifé de diftinguer la figure des lames où des cubes dont il ett compofe ; 11 y en a de différentes couleurs. 4°. Le fpath tendre & tranfparent , il ef enrhome boïdes , {es couleurs font variées , il y ena quelques fois qui eft veiné, LEE $°. Le /path en thomboiïdes , clairs & tranfparens qui doublent les objets que l’on regarde au-trayers ; 440 S P A ce fpath eft blanc & tranfparent comme du éryftal de roche, c’eft ce qu’on appelle cry/fal d’Iflande, 6°. Le fpath en cryftaux ; ils difierent du cryftal de roche en ce que leurs colonnes font ordinaire- menttronquées ou tranchées par le fommet. Ces cryf- taux de fhath varient confidérablement pour Le nom- bre de leurs côtés ; il y en a de cubiques, d’exago- nes , d’oétogones , de neufcôtés , de quatorze cô- tés ; les uns font prifmatiques ou à colonnes, d’au- tres font par mafles cryftallifées qui préfentent tou- tes fortes de figures fingulieres. Ils varient aufli pour les couleurs; il y en a de blancs , de jaunes, de rou- ges, de violets, de verdâtres , &c. c’eft proprement à ces cryftaux /pathiques que l’on doit donner Le nom de fluors. Us ont tous la propriété de devenir phofpho- riques lorfqu’on les frotte les uns contre Les autres, ou lorfqu'on les chauffe légérement fans les faire rougir. 49, Le park fétide , appellé Zapis fuillus, qui ef ou fphérique , ou rayonné, ou prifmatique. Cette pierre répand une odeur defagréable lorfqu’on la frotte; maïs fon odeur étant une chofe purement ac- cidentelle, ne mérite pas qu’on en fafle une efpece particuliere. | 8°. Le /parh compaëte & folide, que l’on nomme Jhath vireux parce qu’ilreflemble affez à une mafle de verre. Il eft plus ou moins tranfparent, fa couleur eft ou blanche, ougrife, ou verdâtre, ou violette. Il n'affeéte point de figure déterminée, mais il fe brife en morceaux irréguliers, comme le quartz avec qui il a beaucoup de reffemblance au premier coup d'œil; il ne fait point effervefcence avec les acides non plus que lui; mais ce quile diftingue du quartz, c’eft qu'il ne fait point feu lorfqu’on le frappe avec de Pacier ; échaufté il devient phofphorique ou lumineux lorf- qu’on le frotte dans un endroit-obfcur. D'ailleurs 1l eft rare qu’il foit d’un tu affez compaéte pour qu’un œil exercé n’y apperçoive en quelque endroitune dif- poñtion à fe mettreen lames , ou quelques furfaces unies. C’eft ce fpath que l’on nomme /path fufible ; nous parlerons de fes propriétés dans la fuite de cet article, & des expériences qui ontiété faites avec lui. 9°. Wallerius enfin ajoute à ces différentesefpeces de fpaths celui qu'il nomme /path dur où fpathum py- rimachum , parce qu’il donne des étincelles lorfqw’on le frappe avec de acier. M. Pottfoupçonne que cela vient de ce que ce path eft intimement combinéavec des parties de quartz ; en effet, il eft conftant que de faire feu eft une propriété étrangere au fpath. Quoi qu'il en foit, M. Wallerius dit que ce /path fe par- tage en morceaux cubiques reétangulaires, dont les furfaces fonttrès-unies. Voyez la minéralogie de Wal- lerius. On voit par ce qui précede quele /parkeftun vrai -protée ; il fe montre fous une infinité de formes dif- férentes , par les arrangemens divers que prennent les lames ou feuillets dont cette pierre eft toujours compofée, & qui ordinairement caraétérifent le /park. C’eft de Parrangement & de la liaifon plus où moins forte de ces lames que dépend le plus ou le moins de . dureté & de folidité de cette pierre. Le /parh acom- pagne un très-grand nombre de mines; plus 1l eft ten- dre, plus il donne d’efpérance que lon trouvera de métaux précieux , parce qu’alors il eft plus propre à donner entrée aux exhalaifons minérales qui forment les mines. Voyez l'article MINE) & MATRICE. Les propriétés que nous avons aflignées aux diffé- rentes efpeces de /path , fufifent pour le mettre en état de le diftinguer du quartz. En effet , cette ders niere pierre ne fe change point en chaux par la cal- cination ; elle ne fait point d’effervelcence avec les acides; elle ne devient point phofphorique après avoir été-chauffée ; elle ne montre point de feuillets ni de difpofition à fe partager fuivant des plans ou furfaces unies , tandis que ces fignes conviennent en tout où en partie aux /paths. Joignez à cela que le quartz eft beaucoup plus dur; 1l efl d'un tiffu com- aête comme celui du verre ; 1 donne toujours des étincelles lorfqu’on le frappe avec de l'acier, Voyez QUARTZ. On a déja fait remarquer qu'il y avoit une efpece de /parh que les Allemands ont nommé f/u/[-fpatk ou Jpath fufible. Ce nom lui a été donné, foit parce qu’on s’en fert comme d’un fondant dans les fonderies, foit parce qu'il entre en fufñon avec une facilité fingu- liere pour peu qu’on y joigne de fel alkali. L M. Pott croit que ce /park fufble eftredevable de fa fufibilité & de fa dureté, à une portion de terre de caillou ( £erra filicea ) qui s’y trouve combinée avec la terre fpathique ou calcaire: On a lieu de foup- çonner outre cela quelqu’autre fubftance dans le Jpath fufble. En effet, la pefanteur extraordinaire de cette pierre donne lieu de croire qu’elle contient quelque fubftance métallique. Quelques auteurs ont cru que c’étoit de l’arfénic ; mais M. Pott aflure qu’- ayant fondu quelquefois du fpath fufible avec du marbre blanc, a obtenu quelques grains de plomb ; mais il convient que cette expérience ne lura point toujours réufi ; ce qui vient, felon lui, de ce que l'aétion trop violente du feua pu diffiper la partie mé- tallique durant la fufon. M. de Jufti, très-habile chimifte allemand, con- tefte [a vérité de cette expérience de M. Pott ; 1l pa roit que ce n’eft point fans rafon , vu que le mar+ bre blanc ne contient point de matiere propre à pro- duire la réduétion d’un métal. D’un autre côté, M. de Jufti aflure n’avoir jamais pu tirer le moindre atôme d’une fubflance métallique du fpath , quelque fondant ou quelque matiere qu'il ait employé pour en faire la réduétion. De plus, il dit n'avoir jamais pu parvenir à faire entrer en fufñon un melange de Jpath & de marbre, quelque degré de feu qu'il ait donné, & quelque variété qu’il ait mife dans les proportions. M. Pott n’a pas manqué de répliquer à M. de Jufti, & dans fes réponfes 1l perffte toujours à maintenir la vérité de fes expériences, & 1l en rapporte encore de nouvelles , par lefquelles il per- fifte à maintenir la fufbilité du /parh avec le marbre ; expérience que M. de Jufti n’a jamais pu effeétuer : fur quoi ce dernier foupçonne fon adverfaire de s’être trompé fur la qualité de la pierre qu'il travailloit,, &c laceufe de ne pas connoïtre le /parh pefant. En effet, à la vue de réfultats f différents, on a lieu de croire que ces deux chymiftes ont opéré fur des matieres -tout-à-fait, différentes. Selon M. de Jufti , lé /parh qu’il appelle pefane , fe diftingue de toutes les efpe- ces de /paths parfon poidsextraordinaire, qui furpañe non-feulement celui de toutes les autres pierres , mais encore qui eft plus grand que celui de plufieuxs mines métalliques , & qui égale prefque celui de lhé- matite , qui À une mine de fer très-pefante, M. de Jufti préfume du poids de ce fpath, qu'il doit nécef- fairement contenir une portion confidérable de quelque fubftance métallique; il fe fonde encore fur les effets que ce /parh pefant produit dans les difol- vans. Les diflolvans agiflent très-promptement fur les différens fpaths , fur-tout lorfqu'ils {ont réduits. enpoudre, & les diffolvent entierement ; au lieu que leau-forte n’agit point , felon lui , fur le /path pefanr, à moins que d’être bouillante, &c même alors 1l dit que l’on voit clairement que ce diffolvant n’attaque pas la totalité de cette pierre, mais feulement quel- ques-unes de fes parties. L’eau régale ne paroït point non plus avoir d’abord aucune aétion fur ce /pask ; mais lorfqu’elle commence à bouillir , elle attaque vivement la totalité de la pierre; mais elle lâche bientôt les parties qu’elle avoit diffontes, ce qui, felon lui , annonce la préfence d’une fubftance mc= ; tallique tallique fur laquelle leauforte a de la prife , tandis que leau régale ne peut la difoudre M. de Jufhi a pouffé plus loin fes expériences fur le fparh qu'il nomme peer. Il en ptit un quintal poids d'ellai , qu'il mêla avec trois quintaux de fable blanc parfaitement pur, & dans lequel la calcination n’a- voit développé aucuñe couleur ; 1l y joighit un quin= tal & demi de potaffe bien purifiée , & un quintal de botax calciné. Il fit fondre ce mélange pendant deux “heures au feu le plus violent : par:là 1 obtint un verre d'un beau jaune d’or foncé tirant fur Le rouge. Il de: vient plus foncé encore quand on ne fait entrer dans le mélange que deux quintanx de fable contre un quintal de /parh pefanr, Voulent rendre la couleur de ce verre plus claire, M. de Jufti fit le mélange d’une autre mamere ; 1} prit un quintal poids d’effai de Jpath pelant qu'il joignit avec fix quintaux de fable, trois quintaux de potafle, & un quintal 8 demi de borax. Il fit fondre ce nouveau mélange pendant deux heures , & obtint un verre de très-beau jaune d’or tirant toujours fur le rouge, Il aflure avoir fait ces expériences avec le même fuccès fur des fpaihs pe- Jens venus de différens endroits. … D'un autre côté, M. Pott, par fes expériences, à eu des produits très-différens. Il prit deux onces de fon fpath, fix gros de nitre & autant de borax, ce qui lui donna un verre verdâtre ; pareillement trois parties de /parh avec une partie de fel alkali fixe bien pur, lui ont donnéune efpece de fcoriequirefflembloit à une agate d’un gris noirâtre. Enfin une partie de Jpath avec trois parties d’alkali fixe pur ont produit une mafle noire, Des produits fi différens doivent faire conjeQurer qu'il n’eft guere poffible que ces deux auteurs habiles aient travaillé fur la même fubffance. Pour convenir de leurs faits , il faudroit que ces: deux chimiftes {e fent communiqué une portion de la pierre que chacun d’euxappelloit lun fparh fuffble &, l’autre Jpath pefant, .& que fépatément ils euffent traité la même fubftance de la même maniere. Il peut fe faire Que leurs fpaths, quoique très-conformes les uns aux autres à l'extérieur , renfermaflent des mélanges, des combinaifons 8 même des métaux très - diffé MOTS. eye = à — Le fpath qu'on ñomme jufible n'entre point en fu- fon tout feulês fans addition ; il ne fait alors que fe pelotonner, fans entrer-en fufion dans les vaifleaux “fermés. Quant aux /parhs cryflallifés &c colorés, que Von nomme f{uors ; ils perdent leurs couleurs, &de- Viennent tendres & friables, Mais le./parhfufble a la propriété de communiquer une fufbilité éronnante aux pierres &c aux terres les moins fufibles par elles- mêmes; c’eft , felon M. Pott, cette propriété-quifait que l’on a trouvé très-avantageux de traiter les\ mi : nes. qui ont le path fuñble pour matrice , vu que ces : mines: pottent leur fondant avecelles. Foyez La con- wruation de la lithogéognofie de M. Pott, page 126 137. Cependant M. de Jufti croit que le /park n'aoit | Point comme fondant dans le traitement des mines, | “Rais comme précipitant , en {e chargeant de la por- fon de foufre que ces mines contiennent. «La différence quel’onremarque entre le fparh cal- carre & je /pach fufble dont on vient de parler ;:pa- æoit dite à la partie métallique, c'eft-à-dire ,au plomb iqui eft ; fuivant les apparences; contenu dansçce der. |! mer, d'autant plus que le plomb eft toujoursuntrès- || +puiflant fondant , comme le prouvent tous les#ra- |} vaux de {a métallurgie, Il ya une mine de plombique Jon nommey/pathigue.; qui reflemble parfaitement. à du fret pardon uflu feurlleté. aux efbiune-vraie F #mine de plomb. Voyez l'anicl Piome. y à aufuide | mine de fér /parhique , duicontien une três-erande “ 0 = et; KE 4 L quantité de métal , ce qui n'empêche pont qu'elle | me -reflemble parfaitement à du fparh, Telle ft la … Tome XY, | Jpath eft la pierre calcaire la D De D Mn IE Où D dti onarens manon S P À 44 finé de: fet blanche d’Alvare en Dauphiné, Foyes Parricle FER, Tout cela prouve que le coup-d’œil ex- téfieur ne peut fufire pour nous faire connoître la nature des pierres , qui ne font prefque jamais hoz mogenes &c pures, lors même qu’elles le paroïffent. On peut donner le nom de fpark calcaire à toute pierre calcaire qui paroît compolée d’un aflemblage de lames ou de feuillets luifans ; ainfi les ftala@ites , les congélations, 6:c. font du Jpatk. Les particules luifantes que l’on remarque dans le marbre de Paros {ont aufli fpathiques ; mais elles font enveloppées d'un gluten qui leur donne la dureté du marbre. Voy PAROS , marbre de. En général il paroît que lé plus pure, 8 que les feuillets où lames dont il ef compofé eft la figure propre à cette pierre , lorfqu’elle eft dans fa plus grande pureté, On a cru devoir s'étendre {ur cet article ; VU quë le fpath, par la variété de fes figures , de fes couleurs ë& de fes propriétés , eft une pierre d’achoppement pour tous ceux qui commencent à s'appliquer à lé: tude de la minéralogie. On fe flatte qu'au moyen de ce qui a été dit ici, on pourta fe faireune juite idée du /patk; qu’on le diftinguera des pierres gypfeufes & des pierres talqueufes qui font feuilletées comme Le Sr | 11 left ordinairement , & fur-tout qu'on ne le confon= dra point avec le quartz ; inconvénient dans lequel font tombés prefque par-tout les auteurs anglois, qui donnent indiftinétement le nom de Jpath à toutes les cryftallifations qui accompagnentles mines, D’un autre côté, l’on ne fera point furpris des grandes va: rictés de cette pierre, quand on confidérera que dans fa formation elle a pu fe combiner avec des fucs la- pidifiques d’une nature différente de la fienne ce qui en a pu faire un corps dont les propriétés ont été al térées. Tout /pak pur eft une pierre calcaire & en à les propriëtés. Poyez PIERRE. (—) SPATHA , ( Léxic. médic. ) çmadn ; ce terme eft fingulierement équivoque ; il fignifie quelquefoisune côte, fouvent une fpatule dont {e fervent les Apoti- caires ; dans Celle, Z. VII. c. x. une efpece de bi- ftouri ; d’autres fois , une forte d'épée tranchante ; enfin , il défigne l'enveloppe extérieure du fruit-dut palmier. ( D, J.) SPATHALIUM, ( Liviérar.) cmabaxioy ; efpece de bracelet rouge que les dames romaines portoient fur le poignet, tel à-peu-près que feroit un bracelet fait de grains de corail; maisle méme mot dans Mar- tial, défigne une branche de palmier avec {on fruit, SPATULE:, A f eftun inftrument doñt les C4; rurgieus &t les Apoticaires {e fervent, qui eft plat par un bout &t rond par l'autre ; & qui fert à étendre les -onguens: Ce mot vient du latin fparhe, du grec crabe, qui a la même fignification.» :: à :: MA 40 A Les Chirurgiens ont de petites fpasules d'acier; les Apoticaires ont auffi de grandes /parules de bois, pour remuer leurs. drogues:quand ils les délayent , les mélangent , & les font bouillir. | La fpatuledes Chirurgiéns.eft longue decinq pou- ces deuxow quatre lignes ;:on.la divife en: deux par- tes , dont:une:qui eft véritablement la Jpatule, {e nomme la palerre, & l'autre fonimanche, La palette va du manche; en augmentant jufqu’à fa fit3/elle a deux pouces de long furune digne 8c demie dépaif feur ; un des côtés eft exa@tement plane } 8 l’autre ya doucement en arrondiffant: V9 -- Le manche eft une tige irrégalierement cylindri- ‘que ; 1lva un peu en diminuant jufqu’à fon extrémi- 6, oüulfe termine différemmentifuivant la volonté -des chirurgiens, Lesuns y font ajouter de petites rainures tranfver- fales après l'avoir un peu applatie & recourbée; ce da k 442 S P À ‘ei conftruit un élévatoire : d'autres y font ajouter une fonde boutonnée ou cannelée. Le manche doit avoir trois pouces deux ou qua- ‘tre lignes delong ; la matiere des Jpatules eft de fer ou d'argent. Les premieres font plus fortes & con- viennent à la conftruttion d’un élévatoire ; les autres ont plus propres & ne fe rouillent pas. La palette des /parules fert à étendre les onguens S tenaces & lesemplâtres fur le linge, le cuar, ou letaf- fetas, & à charger les plumaceaux , tentes &t bour- ‘donnets , des médicamens convenables, comme bau- mes, diseftifs, & onguens affez mols ; & comme cette palette a un côté plat, &c l’autre d’une rondeur évalée.,, cesmêmes médicamens font étendus &t char- gés en plus ou moindre quantité : on fe fert de la rondeur pour charger les plumaceaux un peu gras, &t du côté plat pour les charger plus maigres. Voyez a figure 2. Planche I. ( Y) SPATULE , er terme de Blanchifferie ; c’eft un mor- &eau de bois rond jufqu’à une de fes extrémités qui eft plate; on s’en fert pour remuer la matiere dans la chaudiere. Voyez les Planc. N'y a encore une /pa- zule de fer beaucoup plus petite, avec laquelle on grate les bords de la chaudiere. Voyez auprès de la premiere chaudiere , Planches de la Blanchifferie des €ires. SPATULE, en terme de Cirier ; c’eit un inftrument de bois afez long & taillé en forme de lame de cou- teau; on s’enert pour faire tomber dans la poële les -croutes qui fe forment autour, & même fur la cuil- liere. Voyez CUILLIERE. SPATULE , en cerrne de Doreur , {e dit d’un outil à manche dont le fer eft large &c arrondi par l’extré- mité tranchante ; elle fert à reparer dans les moulu- res. Voyez les figures & les Planches du Doreur. SPATULE , terme de Peintre, inftrument de bois plat par un bout & rond par l’autre , dont fe fervent les Peintres pour délayer & pour broyer leurs cou- leurs; on donne aux fparules la figare qu'on veut, (D.7.) | SPATULE ; les Pétiffiers appellent ainfi une petite cuilliere plate dont ils fe fervent pour battre leurs pâtes. Voyez Les figures 6 Planches. SPATULE, enserme de Raffineur , n’eft autre chofe qu'une verge de fer applatie & ronde dans {on con- tour ; {a douille & fon manche compofent cinq à fix piés de hauteur. On s’en fert pour gratter lempli & les greniers, & ramafler le fucre qui y eft tombe , tarit en empliffant qu’en mouvant. Voyez EMPLI, Empur,, -& MOUvER. Voyez auffi les PL | : SPATULE D’EMPLI , eff un morceau de fer applati par un bout, terminé à l’autre par un bouton qui ne lui fert que d’ornement., au-deflous-duquel eft un | petit crochet pour l'arrêter aux bords du rafraichif- loir ; elle fert à gratter le-rafraichifloir après l’'empli. Voyez Empri 6 RAFRAÎCHISSOIR. Voyez les figures & Les PL. : 4 à | | SPATULE PETITE, 7 cerme de Raffineur, ne differe de la grande! que! par fa petitefle & on ufage, qui eft de gratter le grain quife forme dans:les pots. Voyez POTS & GRAÏN. Voyez encore les PI. | - SPAUTA , ( Géog.ranc. ) lac de la Médie-Atropa- tie. Ce lac produitun fel auquel Strabon, Æv. IT. p. 24. attribue desqualités qu'il n’a pas à-préfent. Pier- æe Gilles, dans'unelettre dont Ortelius &eu commu- nication, appellé celac Spora, &cle décrit de la forte: Nous trouvâmes ce lac fifalé , que fon rivage étoit couvert d’une glace continuelle de {el Pefpace de qua- tre ftades: J’eus läleuriofité, ajoute-t-1l ; de faire Pé- preuve de.ce:que Strabon avoit dit desce fel. Je me promenai danslelacl’efpace de deuxcens pasenavan- çant versle milieu, & l’eau me venoit à-peine au mi- Jeu du corps.Je voyois le-lac couvert d’une croûte de el continuelle fans pouvoir découvrir la terre d’au- poids plus grand qu'un autre corps, & on dit que SPE cun côté.On prétend qu'il faut fix jours pour faire le tour de ce lac. (D.7.) | SPEAN , (Géog. mod.) petite riviere d'Ecofe; elle fort du lacde Laggan, & vafe jetter dans Le lac Aber. SPECIA , £. £. ( Commerce. ) terme dont quelques marchands, négocians & banquiers, fe fervent aflez fouvent dans leurs écritures pour figniñer ce qu’on nomme ordinairement folde, foute , ou foude d’un compte. Didionnaire de Commerce & de Trév. Voyez SOLDE , SOUDE, 6 COMPTE. SPECIAL, adj. ( Gram. & Jurifprud. ) fe dit de ce qui fe réfere fingulierement à un certain objet. Ce terme eft ordinairément oppofé à gézéral ; une procuration eft générale ou /péciale ; celle qui eft générale , eft pour faire toutes les affaires du conffi- tuant ; la procuration /péciale n’eft que pour une cer- taine affaire ; on dit de même une autorifation /pés ciale, une claufe /péciale. ( A ) SPÉCIES , dans la Médecine , font proprement les ingrédiens fimples dans les boutiques des Droguiftes & des Apoticaires , dont ils font les médecines com- pofées. Cependant les auteurs de Pharmacie donnent communément ce nom à certaines poudres aroma- tiques ou cathartiques ; parce que probablement on les tenoit autrefois prêtes & préparées d'avance, pour faire des éleétuaires, des tablettes, des pillu- les, &c. comme l’on en a encore préfentement. SPÉCIEUX , adj. ( Gram. ) qui a une apparence féduifante & trompeufe ; vosraïfons font /pécieufes ; vous avez trouvé un prétexte /pécieux ; VOUS avez rendu votre projet bien /pécieux. Cet homme a cou= vert fa noirceur à mon égard d’un voilebien fpécieux ; il a commencé , avant que de m’accufer, d’'avouer une partie des obligations qu'il m'avoit, puis il a laïflé entrevoir qu'il avoit Les raifons les plus fortes de fe plaindre de moi. Plus il connoïfloit la faufleté de toute fa conduite, plus il a mis d’art à lui donnef une honnêteté /pécienfe ; j'avois lu au fond de fon ame vile & corrompue ; il s’en étoit apperçu, ilne pouvoit plus me fouffrir. SPÉCIEUSE , ( 4/g. ) Arithmétique Jpécieufe, eft cette efpece d’Arithmétique qui enfeigne à calculer les quantités exprimées par les lettres de l'alphabet, que les premiers algébriftes appelloient /pecies , efpe= ces \apparemment parce que ces lettres fervent à ex- primer généralement toutes les quantités , &t en mar- quent ainfi l’efpece générale, pour ainf dire. On ape pelle cette arithmétique /pécieufe, pour la diftinguer, de celle où les quantités font exprimées par des nom-. bres, qu’on appelle Ærithmerique numérique. Voyez. ARITHMÉTIQUE, | L’Arithmétique /pécieufe , eft ce que nous appels lons communément A/lgebre. Voyez ALGEBRE. (O) SPÉCIFICATION , £. £. (Gram, & Jurifp.) et ce: qui défigne l’efpece d’une chofe , ce qui fert à expli=. quer que l’on a eu en vûe fingulierementtelle &c relle: chofe; comme quand on legue tous fes meubles &. effets mobiliers, & que l’on explique que l'argent: comptant fera compris dans ce legs: c'eit une péci-! ficarion que lon fait par rapport à l’argent. Voyez ce deyant SPÉCIAL. (4) 4 SPÉCIFIQUE , PESANTEUR , ez Hydroffatique, fignifie cette gravité ou pefanteur particuliere à cha- | ! que efpece de corps naturel, & par laquelle on le! -diflingue de tousles autres. Voyez PESANTEUR, POIDS! -é GRAVITÉ. | On dit qu’un corps eft fpécifiquement plus pefant qu’un autre, lorfque fous le même volume il a um cetautre eft{pécifiquement plus léger que le premiers Ainfi, fi de deux fpheres égales, chacune d’un pié de! diametre, l’une eft de plomb & l’autre de bois ; com- meontrouve que celle de plomb eft plus pefanteque celle de bois, on dit qw'elleeftfpécifiquement plus pes fante; 8 que celle qui eft de bois, eft fpécifiquement plus légere. Quelques-uns appellent cette efpece de pefanteur, . relative, pat oppofñition à la pefanteur abfolue , qui eft la même dans les petites parties de chaque corps, égales en mafles , ce qui les fait defcendre également yite dans le vuide. Lois dela pefanteur & de la légéreté [pécifique des . corps, 1°, Quand deux corps font égaux en volume, . leurs pefanteurs /pécrfiques ont l'une à l’autre comme leurs mafñles. Ainfi on dit qu'un corps eft d’une pefan- teur /pecifique double d’un autre , lorfqu’il a deux fois . fa mañle fous le même volume. Donc les pefanteurs fpécifiques des corps égaux, font comme leur denfité. Poyez DENSITÉ. 2°. Les pefanteurs fpécifiques des corps qui font du . même poids, font en raïfon réciproque de leurs vo- lumes. Ainfi les denfités de deux corps du même poids , font en raifon réciproque de leurs volumes. 3°. Les pefanteurs /pécifiques de deux corps font enraifon compofée de la raifon dirette de leurs maf- Les , & de la raïfon réciproque de leurs volumes. 4°. Un corps fpécifiquement plus pefant qu’un flui- de , perd dans ce fluide une portion de fa pefanteur, égale à celle d’un pareil volume de fluide. Car fuppofons qu’un pouce cubique de plomb foit plongé dans l’eau, un pouce cubique d’eau {era par ce moyen chaîlé du lieu qu'il occupoit; mais le poids de cette eau étoit foutenu par la réfiftance de l’eau qui l’environnoit. [l faut donc qu'une partie du poids du cube de plomb foit foutenue par l’eau environ- nante, & que cette partie foit égale au poids de Peau qui a été repoufiée ; par conféquent la pefanteur du corps plongé doit être diminuée d’autant, Voyez FLUI- DE. Ainfi, 1°. purfqu'un fluide fpécifiquement plus pe- fant, à plus de poids fousle même volume, qu'un au- tre plus léger; le même corps perdra davantage de fon poids dans un fluide fpécifiquement plus pefant que dans un plus léger; & par conféquent il pefera plus dans un fluide plus léger que dans unautre plus pefant. - 2°. Des corps égaux homogenes, par exemple, deux balles égales de plomb, qui pefent également dans l'air, perdront leur équilibre fi onles plonge dans deux fluides différens. 3°. Puifque les pefanteurs fhécifiques font comme les mafles fous le même volume , la pefanreur fpécifi- que du fluide fera à la pefanreur fpecifique du corps plongé, comme la partie du poids que perd le corps olide , eft à tout le poids du corps. 4°. Deux folides de volume égal, perdent autant de poids l’un que l’autre dansle même fluide ; mais le poids de celui quieft fpécifiquement plus pefant, eft plus grand que celui du corps fpécifiquement plus lé- ger : donc le corps fpécifiquement plus léger, perd plus de fon poids à-proportion que celui qui eft fpé- Cifiquement plus pefant. 5°. Puifque les volumes des corps de poids égal, font réciproquement comme leurs pefanteurs fpécifi- gues,un corps fpéciñiquementplusléger, perd davanta- ge de fon poids dans lemêmefluide, qu’un autre corps . de même poids & d’une plus grande pefanteur fpéci- figue, ou d’un moindre volume. C’eft pourquoi s'ils font en équilibre dans un fluide, ils ne le feront pas de même dans un autre; mais celui qui eft fpécifique- ment plus pefant Pemportera, d'autant plus que le fluide fera plus denfe. Trouver la pefanteur fépcifique d’un fluide. Sufpen- dez un globe de plomb à un des côtés d’une balance, & attachez à l’autre côté un poids qui foit en équili- bre avec l’autre en plein air; plongez fucceflivement Je globe dans les différens fluides dont les pefarreurs Tome XP, SPE 443 Jpécifiques font inconnues , 8& obfervez combien il pefe dans chacun. Ces différentes pefanteurs étant fouftraites chacune à-part du premier poids, ce qu£ refte eff la quantité de poids qui fe perd dans chaque fluide, D’où on connoît la pefarrseur Jpécifique de ce cun de ces fluides, ; Donc, puifque les denfités font comme les pefun+ teurs fpécifiques ,ontrouve en même tems la raïfon des denfités des fluides. Ce problème eft d’un fort grand ufage; carontrou- ve par ce moyen le degré de pureté ou de honté des fluides ; connoiffance dont l'utilité s’étend non feule- ment à la philofophie naturelle, mais encore aux ufages de la vie & à la pratique de la médecine. Onremarqueque les pefänreurs fpécifiques desmêmes fluides varient dans les différentes faïfons de l’année. M. Eifenfchmid, dans fon livre intitulé, Z/guiffrionovz de ponderibus, 6e. rapporte quantité d'expériences fur ce fujet, dont nous ne citerons ici que les prin- cipales. Table des pefanteurs fpécifiques de différens fluides. un pouce cubique, à Paris en été. en hiver. Pele onc, dr. #, ont, dr. g. de Mercure 7, # 66. 2 ETS Huile de vitriol 7 7 59: ÿ 7 A l Efprit de vitriol 5 33: ÿ 38 Efprit de nitre 6 24] GG 44 Efprit de fel ÿ 49. ÿ 5ÿe Eau forte 6 23.| 6 35e Vin aigre ÿ 15. ÿ 21. Vinaigre diftillé $ II. ÿ 15. Vin de Bourgogne 4 67. PMETÉ Efprit-de-vin 432: A 42% Biere pâle ÿ !. PC Biere foncée ÿ 2. ÿ 7« Lait de vache 5 20. $ 254 Lait de chevre 5 24. ÿ 25. Urine ÿ 14. ÿ 19. Efprit d'urine ÿ 45. 053: Huile de tartre 7 27. HA Huile d'olive 4 53-eftgelée en hiver: Huile de térébenthine 4 39. 4 46. Eau de mer G 12. 6 18. Eau de riviere ÿ 10. SATET Eau de fontaine ÿ II. ÿ Id. Eau difillée 5 8. ati 6°. Pour déterminer en quelle raifon la pefanteur: Jpécifique d’un fluide, eft à la pefanteur fpécifique d'un {ohide qui eft fpécifiquement plus pefant que le flui- de; Pefez la mañle du folide dans le fluide, & remar- quez quel eft précifement {on poids dans le fluide & dans l'air: la gravité fpécifique du fluide fera à celle du folide, comme la partie de la pefanteur que perd: le folide , eft à fon poids dans l'air. 7 -Les pefanteurs fpécifiques des corps également pefans, font réciproquement comme les quantités de pefanteurs qu’ils perdent dans le même fluide. Par ce moyen on trouve la raïfon des pefunteurs Jpécifiques des folides, en pefant dans le même fluide des portions de ces folides qui foient également pe- fantes dans l'air, 8c en remarquant quelle eft la pefan- teur que chacun perd. Plufieurs auteurs ont déterminé les pefanteurs [pé- cifiques de différens folides. Ghétaldus a examiné particulierement les pefanteurs fpécifiques des corps métalliques ; & c’eft de lui qu'Oughtred les a em- pruntées. On trouve dans les Trazfaëtions philofo+ phiques, des tables fort amples des pefanteurs [pécif ques, faites pat différens auteurs. Voici celles de quelques-uns des corps les plus or< sd La à KKKk ij 444 SP Ë “dinaires , qui ont été publiées par le P. Merfenñe, &z “depuis par différens auteurs. Table des pefanteurs fpécifiques de Zifférens fotides. “Un poids de cent livres d’or ef égal en volume à 71 + demercure. “21 “demarbre, “6o + de plomb. 44 depiérre. 54 + d'argent. ‘32.4 de foufre, 47 3 decuivte. . 5 decire. AS d'airaims 5 + d’eau, -42 ‘“defer. 39 _“d'étain. 38 2 d’étain fin. 26 d’aimant. Woyez à l’article BALANCE ‘HYDROSTATIQUE une | table plus étendue. 8°. Un corps fpécifiquement plus pefant qu'un | ‘fluide, y defcend avec une pefanteur égale à Pexcès | “de fon poids fur celui d’un-pareil volume de cefluide. Donc 1°. la force qui peut foutenir dans un fluide “un corps fpécifiquement plus-pefant, eff épale à l’ex- : *cès de la pefanteur abfolue de ce corps, fur celle d’un ‘pareil volume de fluide. Par exemple, 47 liv.= de :| “cuivre, perdent cinq lv. & un tiers de leur poids -dans l’eau ; donc une puiflance de 42 lv. fufit pour : ‘es y foutenir. | | | | 2°. Puifque l'excès de poids d’un folide far le poids ‘d’un fluide, éft moindre qüe l’excès du même fur le : % q -poids d’un fluide plus léger, ce folide defcendra avec moins de vîtefle dans un fluide plus pefant que dans , “unautre plus léger. LA 9°. Un corps fpécifiquement plus léger aun flui- || de, enfonce dans ce fluide jufqu’à ce que le poids d’une-quantité de ce fluide, égale en mañle à la par- 4 ns qui-eft plongée, foit -égal au poids du corps en- ier. _ Donc 1°. puifque les pefantetrs fpécifiques des ‘corps qui ont le même poids, font réciproquement ‘comme leurs volumes , & que des volumes de même ‘poids dans différens fluides, font comme les parties du même folide qui y font plongées; les pefanreurs fpécifiques des fluides font réciproquement comme les parties du même corps qui y font plongées. 2°. Un folide donc enfonce plusavant dans un flui- de plus léger que dans un plus pefant, 6 d'autant plus profondément que le rapport de la pefanreur Jpé- cifique du folide à celle du fluide eft plus grand. 3°. Si un corps eft de la même pefanteur fpécifique qu'un fluide, tout le corps y enfoncera; & il s’arré- tera dans quelque endroit du fluide qu’on le place. 4°. Si un corps fpécifiquement plus léger qu’un fluide, y eft entierement plongé , il fera forcé par Îes colonnes collatérales du fluide de remonter avec une force égale à l’excès de pefanteur d’un pareil vo- lume du fluide fur la pefanteur du folide. °, Doncun corps fpécifiquement plus léger qu’un #luide, &c placé dans le fond d’un vale que ce fluide remplit , fera foulevé & remontera. | 100. La pefanteur fpécifique d’un folide eft à la pe- fanteur fpécifique d'un fluide plus léger, où1left plon- 26, comme la maffe de la partie qui y eft plongée eft -à toute la mañle entiere. 11°. Les pefanteurs fpécifiques des folides égaux, “ont comme leurs parties plongées dans le même fluide, 12°. La pefanteur & la mafle d’un corps, &c la pe- Æanteur d’un fluide fpécifiquement plus pefant étant données, trouver la force requife pour tenir Le folide | plongé entierement dans le fluide. __ Commecette force eft égale à l'excès de pefanteur d'un pareil volume de fluide, fur celle du folide, au moyende lamafle donnée du folide &c du poids d’un æpié cubique du fluide , trouvez par la regle de trois, Je poids d’un volume dé fluide égal à celui du corps. % fi: Ûl SPE Otéz-en le poids du folide; le refte eff la force demanñ> dée. Par éxemple, fuppofez que l’on demande la for- ce néceflaire pour foutenir dans l’eau un folide de 8 piés cubes de volume, &cde rooliv. de pefanteurz puifqu'un pié cubique d’eau pefe 70 liv. le poids de 8 piés cubes d’eau eft 560, Ôtez-en 100 iv. qui ef la pefanteur du folide, les 460 liv. reftantes font la force néceflaire pour tenirle folide dans Feau ê l’emig pêcher de remonter. r D'oùil fuit que puifqu'un corps monte dansun folide fpécifiquement plus pefant, avec une force égale à celle qui.-pourroit l'empêcher de monter, of peut pareïllement par le préfent problème, trouver la force avec laquelle un corps fpécifiquement plus léger monte, outend à monter, dans un fluide plus pefant. À enr 13°. La pefanteur d’un corps qui düit être conf- truit d’une matiere fpécifiquement plus pefante , & celle d’un fluide fpécifiquement plus léger, étant donnée, déterminer la cavité quele corps doit ayoie pour nagér furlefluide, 4, . … . | La pefantéur-d’un pié éubique de fluide étant don- née, on trouve par la regle de trois, le volume de Ia portion du fluide égale en poids au corps. Si donc on fait la cavité du corps telle que le volume foit un peu plus grand que ce volume trouvé, le corps aura moins de pefanteur fous le même volume, queleflui: de, & par conféquent fera fpécifiquement plus lé= cer, & ainfi nagera fur le flüide. Par exemple, fup= pofez qu'on propofe de fäïre une boule de fer du poids de 30 liv. de telle forte qu’elle püiffe nager fur leaw, Puifque le poids d’un pié cubique d’eau eft 74 iv. ‘une mafle d’eau égale en poids à 30 liv. contien= da les À d’un pié cube, & ôn trouvera facilement le diametre d’une fphere qui ait à de piés cubes de 10- lidité. On fera enfuite la boule de fer de mamiete aw’elle foït creufe en-dedans, & que fon diametre foit plus grand que le diametre trouvé; cette boule fur* nagera. | | Ces différens théorèmes qu’on à äñinoncés , peu= ent non feulement fe démontrer par les principes de méchanique, mais encore être confirmés parl’ex- périence. Voyez Le cours de phyfique expérinentale de M. Cottes, traduit de l’anglois M. le Monnier, doéteur en médecine de la faculté de Paris, & de l’a- cadémie royale des Sciences de Paris , 1742: Woyez auf l’article FLUIDE. Wolf 8&t Chambers. (E.) Le SrÉCIFIQUE, ( Médec.) nous entendons par /pé: cifiques , les médicamens dont la vertu eff telle qu'ils font plusefficaces contre certaines maladies détermi= nées , que contre d’autres ; enforte que leurs vertus réunies , rempliflent plufieurs indications curatives dé lamême maladie. Larhubarbe, parexemple, mé- rite la préférence fur les autres médicamens laxatifs dansla diarrhée , en ce que non-feulement elle éva= cue , maistempere par fonamertume baHamique les fucs cauftiques , & qu’en ceflant d'opérer comme puigatif, elle fortifie le ton des inteftins trop affoi= bli, à caufe des particules légerement aftringentes, qu’elle contient. | On donne à d’autres médicarhens le noi de fpécra figues , parce qu’une longue expérience a fait con« noître la vertu qu'ils ont de produire des effets favo: rables dans certaines maladies ; c’eft ce qui a fait donner au quinquina le nom de /pécifique , pour arré- ter les accès des fivresintermittentes ; à ’opium,pou£ calmer les douleurs ; aux mercuriels , pour guérir les maladies vénériennes. Enfin, il y a des remedes que les médecins ap= pellent /pécifiques, pour défigner feulement qu’ils font plus anus que d’autres des parties qu'attaque la males die, & qu'ils leur font principalementreflentir leur opération ; c’eft ainfi que les nerfs &c les parties ner- veufes fe trouvent très-bien des remedes empreints dune huile fubtile ‘aromatique , de bonne odeüt ; “c qu'ils fe trouvent mal des remedes irritans, Dans la putridité , Peflomac eft rejoui par les acides qui fe trouvent contraires aux maladies des bronches des poumons. Les cantharides ne font point d’impreffion dur Peflomac, mais elles bicotent les ‘canaux urinai- res des reins, les ureteres., la vefie,, &'leur caufent “des contraétions fpafmodiques. M PUS Après avoir indiqué les divers fens qu'on ‘peut donner auxremedes nommés /pécifques en médecine, : nous allons indiquer en peu de mots, ceux qui con- viennent davantage pour la guérifon de différentes maladies les plus communes. | Le quinqtuna n'a point perdu la réputation qu'il s’eft acquife dès le commencement, d’être le /pécife- gue des fievres intermittentes , où dü moins d’en ré- primer les accès : le fait eff certain , quoique la ma- niere foit inconnue. On loue encore avec raifon; “dans les mêmes fievres, les fleurs de camomille or- ‘cinaire, parce que leùr amertume & leur huile ont ‘une vertu antifpafmodique , &une autre toniquelé- :serément aftringente. PROS. Q Up» La teinture de rhübathe & de gentiate, prépa- ‘rée avec une leffive de celle de tartre, & l’efprit üri- neux du fel ammoniac,a dans plufieursefpeces de fie- “vres quartes , une efpece de vertu Jpécifique ; ais quand cette fiéyrene cède pas à ce remede , il pa- oît qu'on peut recourir avantageufement au mercu- ze doux, où diaphorétique ‘bien préparé. Le nitre dépüré avec ur peu de camphre, les adou- “ciflans , les doux añodins, les émulfions, & les dia- phorétiques fixes, ont une efpece de vertu particu- liere danstoutes les inflammations qui font accompa- ‘gnées de fievre; & qui communément attaquent les parties nerveufes , comme font les membranes du cerveau, les tuniques de l’effomac; la plevre, les Fronchesiles pouméns. 1 Vend 1 Lorfque les humeurs ont une difpoñition maligne, “c’eft-à-dire üne difpoftion à la putréfa@tion, le cam- phre marié avec le nitre , mérite des éloges, foit que es maladies foient aiguës ou chroniques. On doit regarder le vinaigre, ou fimple, où chargé de la tein- ture des racines cordiales, comme le meilleur des ‘alexiteres, dans la pefte même. Le fuc de limons,, de citrons , lé firop de limon aromatifé avec l’huile de cedre, refiffent puiflamment en qualité d’acides , à 1a diffolution corruptible des humeurs. At … Les douleurs caufées par un reflerreiient fpafmo- ‘dique, font utilement mitigées par la liqueur ano- dine minérale d'Hoffman ; les vents dont la raréfac. ton caufe une extenfon douloureufeides membra- nes de leflomac &r des inteftins, fe difipent avanta- geufement, toutes les fois qu’il n’y a point d'inflam- mation, par l'écorce d'orange jointe aux fleurs de ta- momille, & par d’autres remedes femblables, qui ont une huile fubtile, vaporeufe , réunie à un prin- cipe aromatique ; qui fortifient & adouciflent. . Les goutteux font foulagés par l'utage abondant & continué d’une décoftion de racine d’armoife , de fcorzonere , de fquine; deréglifle, & de polypo- de ; le rob de füreau , pris intérieurement à la dofe d’une once , dans un liquide corivenable, eft une ef- pece de /pécifique pour exciter la tranfpiration. Les accidens hyftériques & hypocondriaques, qui proviennent de la contra@ion fpafmodique du fyftè- me des nerfs ; né connoïflent point de meilleur re- mede que l'exercice du corps, les gommes balfa- fmiques, comme l’afla foœtida, le fagapenum , opo- panax, le caftoreum, l’extrait de rhubarbe , la myr- rhe 6 le fafran , pris fouvent à dofe modérée , par- ce que ces remedes difloivent les liqueurs tenaces, & fortifient le ton des parties nerveues: Lorfque le tifu. véficulaire des poumons eft en- gorge dans Pafthme par une pituite épaïfle ; la gom- $ PE 44 me ammoniaque , le baume du Pérou , Popopanax', réduits en pilules, ou en effence, avec la teinture de tartre, Tont les remedes Les plus fpéciiques,, c'eft-à: dire les plus appropriés à cettemaladie. ; … Quand les mêmes poumons commencent à £tre at: taqués de phthifie , c’eft fur-tout dans le lait d’anefz 1e , ou feul, où coupé avec les éaux de Selter!, qu'il Faut chercher le remede ÿpécifique à ce mal, en y. joignant exercice modéré à cheval, avec le régime convenable d'ailleurs, pour prévenir la putridité des humeurs. nr, MENU MVP e CES CORRE L’hydropifie dépendant d’une infinité de caufes particulieres , n’a point de remedes /pécifques; mais comme l'écoulement des urines eft quelquefois ui des moyens deftinés à évacuer les eaux des hydro- piques, onpeut confeiller la poudre des canthari- des, mêlée avec le fel de tartre, quelques grains de nitre dépuré, & de camphre , f les humeurs ont difpofition à prendre le cours des ürines pour s’éva= cuér ; 11 faut enfuite fortifier Le corps par de s ban- dages. FAI ENT PIE AU dr La difpofition des reins à former du grävier, de: mande ün long &c fréquent ufage de l’infufion des fommités de mille feuilles , ainfi que l'écorce des ra= cines d’acacia , infufée dans l’eau. | … La diffenterie, maladie contagieufe qui fait quel: quefoïs de grands ravages , ef ordinairement heu reufement guériepar la racine de l’Amérique, conz nue fous le nom d’ipécacuanha, quipafle dans ce mal pour un fpécifique. On prefcrit, entre les remedes qui peuvent émouf-: fer lacrimonie,, les diaphorétiques doux , les tem pérans , & l’infufion légere de rhubarbe ; enfin on emploie avec fuccès, l'écorce de cafcarille, pour raf- fermir les fibres relâchées des inteflins, & calmer les mouvemens défordônnés. AA - Les Vers, qui préfentent quelquefois la fcène de: Pluñeurs accidens , font heureufement attaqués & chaflés du corps par l'extrait de rhubarbe, & fur- tout par le diagrède’, &le mercure doux: ôn peut ; dans les enfans ; faire précéder l’ufage de ces reme- des, par quelques cuillerées d’huile d’olive , où d’a« mande douce, lefquels comme tous les huileux, cau- fent la mort des vers, fur-toût fi les enfans font à TS ANT DRE CA ARS 2e LE . Dans les maladies vénériennes; le bois & l'écorce de gayac , maïs fur-tout le mercure , paflent depuis l6ng-tems pour être les meilleurs fpécifiques connus: Le gayac empreïnt Peau dans laquelle on le fait bouil- lir , d’un fel fubtil refineux, qui accélere la circula= tion de la mañle du fang & des humeurs ; ce quitend à diffoudre les fucs tenaces, & à lever les obftruc- tions. 4 | De 12 . On attaque avec fuccès les maladies cutanées ÿ telles que l’herpès, la gale, & autres exulcérations de la peau , parle foufre diaphorétique d’antimoine , & en général par les antimoniäux, s . La ftapnation des humeurs &e du fang , qui proce> de d’une contufon des parties extérieures, outre leg remedes externes ; admet intérieurement lufage de lPinfüfion , ou de la déco@ion di damozanium , & autres plantes de ce genre, qui pofledent des vertus incifives ; rélolutives , & difcufives. . Vorlà ; dans plufieurs maladies, les remedes choï: fis que Pexpérience a fait conndître pour les plus uti: les , &c dont la plüpart font honorés du titre dé /pécs- figues ; cependant les vertus de tous ces médicamens; même des plus vantés, ne font jamais que relatives; bornées &c limitées à certaines difpofitions & circonf tances ; ils demandent tous d’être reglés parune mé- thode convenable , & par les lumieres d’un fagé mé: decin qui connoiffe les caufes de la maladie, le régi- me, le genre de vie qu'il faut fuivre pendant l’ufaigé 446 SPE de ces remedes, la maniere delescombiner, & com- bien de tes ilifaut Les continuer. - Nous n'avons donc garde d'imagirier qu’il y ait des remedes qui produifént toujours un effet falutaire dans tous.les fujets: nousn’entendons par fpécifiques , comme nous l'avons déja dit , que les remedes con- nus, quiont généralement une faculté particuliere , oufpéciale , dans certaines maladies préférablement à d’autres, À plus forte raifon fommes-nous convaincus qu’il n’y a ni panacées , ni fecrets, ni Jpécifiques univerfels. Ceux qui prétendent d’en poffeder , ne font que des fourbes & des charlatans : fi l’on croit ces gens-là , dit la Bruyere, le remede qu’ils ont eft un bien de famille quis’eft amélioré dans leurs mains ; de /pécif que qu'il étoit contre un feul mal, il les guérit tous par les expériences qu’ils en ont faites ; forcez un peu votre mémoire, ajoute-t1l, nommez une ma- ladie , la premiere qui vous viendra dans lefprit, Yépilepfe, dites-vous, ils la guériffent. Ils ne ref fufcitent perfonne, à la vérité , ilsne rendent pas la vie aux hommes, mais ils les conduifent nécéflaire- ment à la décrépitude , 8 ce n’eft que par hafard que leurs peres &c leurs ayeuls, qui avoient leurs /pe- cifiques &t leurs fecrets, {ont morts fort jeunes, ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) SPECILLUM, oz SPECULUM, eft un inftrument de chirurgie , qui fert à fonder &t écarter les plaies, &c.c’eft lamême chofe que fonde. Voyez SONDE. (Y) SPECTABILES , ( Livtérature ) titre d'honneur qu'on donnoit aux nobles du fecond rang fous les empereurs romains ; Mais C'Éétoit un titre inconnu du tems de la république. Il y avoit deux autres qua- lifcations dans le difcours , accordées àla nobieffe, dont la principale étoit celle de äuffres, &t la momn- ‘dre celle de clariffimi. (D. J.) SPECTACLES , ( Zavent, anc. & mod.) repréfen- tations publiques imaginées pour amufer, pour plai- re, pour toucher, pour émouvoir, pour tenir lame occupée , agitée , & quelquefois déchirée. Tous les fpeélacles inventés par les hommes, offrent aux yeux du corps ou de lefprit, des chofes réelles ou feintes ; & voici comme M. le Batteux, dont j'emprunte tant de chofes , envifage ce genre de plaïfir. L'homme , dit-il , eft né fpectateur; l'appareil de tout l’universque le Créateur femble étaler pour être vu & admiré , nous le dit aflez clairement. Aufh de tous nos fens, n’y en a-t-il point de plus vif, ni qui nous enrichifle d'idées, plus que celui de la vue; mais plus ce fens eft aétif, plus il a befoin de chan- ger d'objets : auflitôt qu'il a tranfmis à l’efprit l’ima- ge de ceux qui l'ont frappé, fon aétivité le porte à en chercher de nouveaux , & s’il en trouve, il ne manque point de les faifir avidement. C’eft de-là que font venus les /peëfacles établis chez prefque tou- tesles nations. Il en faut aux hommes de quelque efpece que ce foit : & s’il eft vrai que la nature dans fes effets, la fociété dans fes événemens, ne leur en fourniflent de piquans que de loin à loin, ils auront grande obligation à quiconque aura le talent d'en _ créer pour eux, ne füt-ce que des phantômes &c des reflemblances , fans nulle réalité. Les grimaces ,les preftiges d’un charlatan monté fur des tréteaux, quelque animal peu connu, ou inf- truit à quelque manege extraordinaire, attirent tout un peuple, l’attachent , le retiennent comme mal- gré lui; & cela dans tout pays. La nature étant la même par-tout, 8 dans tous les hommes , favans & ignorans, grands &c petits peuple & non peu- ple, il n’étoit pas poffible qu'avec le tems les /peéza- cles de l’art n’euffent pas lieu dans! la fociété humaï- ne ; mais de quelle efpece devoient-ils être, pour faire la plus grande impreflion de plaïfir ? On peut préfenter les effets de la nature, une ri- = viere débordée, des rochers efcarpés, des plaines; des forêts , des villes, des combats d'animaux ; mais ces objets qui ont peu de rapport avec notre être, qui ne nous menacent d'aucun mal , ni ne nous pro- mettent aucun bien , font de pures curiofités : ils ne frappent que la premiere fois, & parce qu'ils font nouveaux : s'ils plaifent une feconde fois. ce n’eft que pat l’art heureufement exécuté. Il faut donc nous donner quelque objet plus inté- reflant , qui nous touche de plus près; quel fera cet Objet? nous-mêmes, Qu'on nous fafle voir dans d’au- tres hommes , ce que nous fommes, c’eft de quoi nous intérefler , nous attacher, nous.remuer vive- ment. L'homme étant compofé d’un corps & d’une ame, il y a deux fortes de /pefacles qui peuvent Pintéref- fer. Les nations qui ont cultivé le corps plus que l’ef- prit, ont donné la préférence aux fpetfacles où la for- ce du corps & la fouplefle des membres fe mon« troient. Celles qui ont cultivé l’efprit plus que le corps , ont préféré les /peéacles où on voit les ref- fources du génie & les reflorts des pañions. Il y en a qui ont cultivé l’un & l’autre également, & les Jpeélacles des deux efpeces, ont été également en honneur chez eux. Mais il y a cette différence entre ces deux fortes de /pecfacles, que dans ceux qui ont rapport'au corps, 1l peut y avoirréalité, c’eft-à-dire queles chofes peu- vent s’y pañler fans feintes #& tout debon, comme dans les /peéfacles des gladiateurs, où1l s’agifloit pour eux de la vie. Il peut fe faire aufi que ce ne foi qu’- une imitation de la réalité, comme dansces batailles navales où les Romains flatteurs repréfentoient la viétoire d’A&ium. Ainfi dans ces fortes de /pecfacles, lation peut être ou réelle , ou feulementimitée. Dans les /peétacles où lame fait {es preuves, 1f n’eft pas poflible qu'il y ait autrechofe qu'imitation , parce que le deffein feul d’être vù contredit la réali- té des pañlons : un homme qui ne fe met en colere, que pour paroître faché , n’a que l’image de la cole- re ; ainfi toute paflion, dès qu’elle n’eft que pour le Jpeitacle, eft néceffairement pailion imitée , feinte, contrefaite : & comme les opérations de l’efprit font intimement Lées avec celles du cœur, en pareil cas, elles font de même que celles du cœur, feintes 8 ar- tificielles. | D'où il fuit deux chofes : la premiereque les /pec= taclés où on voit la force du corps & la fouplefle, ne demandent prefque point d'art, puifque le jeu en eft franc, férieux , &c réel ; & qu’au contraire ceux où l’on voit l’adion de lame, demandent un art infini , puifque tout y eftmenfonge , &c qu'on veut Le faire pañler pour vérité. La feconde conféquence eft que Les /peéacles du corps doivent faire une impreflion plus vive, plus forte ; les fecoufles qu'ils donnent à lame , doivent la rendre ferme, dure, quelquefois cruelle. Les fpec- tacles de lame au-contraire, font une impreflion plus douce, propre à humanifer, äattendrir le.cœur plu- tôtqu'à lendurcir. Unhommeésorgé dans larene , accoutume le fpeétateur à voir le fang avec plarfir. Hippolyte déchiré derriere la fcene , laccoutume à pleurer fur le fort des malheureux. Le premier fpec- tacle convient à un peuple guerrier, c’eft-à-dire def- truéteur; l’autre eff vraiment un art de la paix, puif- qu’il lie entr'eux les citoyens par la compañlior & l'humanité. Les derniers /pefacles font fans doute les plus di- gnes de nous, quoique les autres foient une pafion -qui remue lame & la tient.occupée. Tels étoient. chez les anciens le /peéfacle des gladiateurs, les jeux olympiques, circenfes & funebres ; & chez les mo- dernes , les combats à outrance , & les joûtes à fer émoulu qui ont ceflé, La plüpart des peuples palis mo PIE pe votent plus que les Jheéacles menfongers qui ont rapport à l’ame , les opéras , les comédies , les tragédies , les pantomimes. Mais une chofe certaine, c’eft que dans toute efpece de /pecfacles, on veut être ému, touché, agité ou par le plaifir de lépanoutite- ment du cœur, ou par ion déchirement, efpece de plaiir ; quand les aéteurs nous laïflent immobiles , on a repret à la tranquillité qu'on emporte , & on eft indigne de ce qu'ils n’ont pas pu troubler notre ‘repos. | C’eft le même attrait d'émotion qui fait aimer les inquiétudes & les alarmes que cautent les périls où Pon voit d’autres hommes expolés , fans avoir part à leurs dangers. Il eft touchant , dit Lucrece , de naz. rer, Lib. IT. de confiderer du rivage un vaifieau luttant contre les vagues qui le veulent engloutir, comme te de regarder une bataille d’une hauteur d’où l’on voit en füreté la mêlée. Save mar: magno turbantibus æquora ventis Æ cerra alterius magnnm [petiare laborem ; Suave etiam belli certamine magna tueri Per campos inftruëta sut fène parte pericli. Perfonne n'ignore la dépenfe exceflive des Grecs &c des Romains en fait de /peéfacles , &t fur-tout de ceux qui tendoient à exciter l'attrait de lPémotion. Ea repréfentation de trois tragédies de Sophocle couta plus aux Athéniens que la guerre du Pélopon- nèfe. On fait les dépenfes immentes des Romains 1 f F3 Le ? pour élever des théatres, des amphithéarres &g des cirques , rnème dans les villes des provinces. Quel- ques-uns de ces bâtimens qui fubfiftent encore dans leur entier , font les monumens les plus précieux de l’architeGure antique. On admire même les ruines de ceux qui font tombés. L’hiftoire romaine eft en- core remplie de faits qui prouvent la pafhon déme- furée du peuple pour les /pedfacles, & que les prin- ces & les particuliers fafoient des frais immenfes pour la contenter. Je ne parlerai cependant ici que du payement des aéteurs. Æfopus, celebre comé- den tragique & le contemporain de Cicéron , lala en mourant à ce fils, dont Horace & Pline font men- tion comme d’un fameux diflipateur , une fuccefion de cing millions qu'il avoit amañlés à Jouer la comé- die. Le comédien Rofcus, l'ami de Cicéron , avoit par an plus de cent mille francs de gages. Il faut même qu'on eût augmenté les appointemens depuis l'état que Pline en avoit vu dreflé, puifque Macro- bé dit que ce comédien touchoit des deniers publics près de neufcens francs par jour, & que cette fomme étoit pour lui feul : il n’en partageoit rien avec fa troupe. Voilà comment la république romaine payoit les gens de théatre. L’huftoire dit que Jules Cétar donna vingt mille écus à Laberius, pour engager ce poëte à jouer lui-même dans une piece qu’il avoit compo- fée. Nous trouverions bien d’autres profuñons {ous les autres empereurs. Enfin Marc-Aurele, qui fou- vent eft défigné par la dénomination d’Antomin le philofophe , ordonna que les aéteurs qui jouroient dans les /peéfacles que certains magiftrats étoient te- nus de donner au peuple , ne pourroient point exi- ger plus de cinq pieces d’ot par repréfentation!, & que celui qui en faifoit les frais ne pourroït pas leur donner plus du double. Cespieces d’or étoient à-peu- près de la valeur de noslouis, de trente au marc, & qui ont cours pour vingt-quatre francs. Tite-Live finit fa diflertation fur l’origine & le progrès desre- préfentations théatrales à Rome , par dire qu’un di- vertiflement, dont les commencemens avoient été peu de chofe , étoit dégénéré en des /peéfacles fi fomptueux ».que les royaumes les plus riches au- xorent eu peine à en foutenir la dépenfe. Quant aux beaux arts qui préparent les lieux de SPIE 447 la fcene des /peélacles , c’étoit une chofe magnifique chez les Romains, L’architeéture, après avoir formé ces lieux , les embellifloit par le fecours de la peiri= ture & de la fculpture. Comme les dieux habitent dans Polympe, les rois dans des palais, le citoyen dans fa marfon , & que le berger eft affis À l’ombre des bois , c’eft aux arts qu’il appartient de repréfen- ter toutes ces chofes avec goût dans les endroits deftinés aux /petfacles. Ovide ne pouvoit rendre le palais du foleil trop brillant , ni Milton le jardin d’E- den trop délicieux : mais fi cette magnificence eft au-deflus des forces des rois, 1l faut avouer d’un au- tre côté que nos décorations font fort mefquines, & que nos lieux de /peëtacles, dont les entrées reffem= blent à celles des prifons, offrent une perfpeétive des plus ignobles, ( Le Chevalier DE Jaucourr. SPEC1 ATEUR , eft une perfonne qui affifte À un fpettacle. Voyez SPECTACLE, Chez les Romains, fpeétateurs , fpeétarores, fignis fioient plus particulierement une forte de gladiateurs qui avoient obtenu leur congé , & qui étoient fou- vent gagés pour aflifter comme /peéfateurs aux com- bats de gladiateurs., 6. dont on régaloit le peuple, Voyez GLADIATEUR, SPECTRE , f m. (Mécaphyfique.) on appelle /pec res certaines fubftances fpirituelles , quife font voir ou entendre aux hommes. Quelques-uns ont cru que c’étoient des ames des défunts qui reviennent & fe montrent fur la terre. C’étoit le fentiment des Plas toniciens , Comme On le peut voir dans le Phédon de Platon , dans Porphyre » 6'c. En général l'opinion touchant l’exiftence des /peëres étoit aflez commune dans le paganifme. On avoit même établi des fètss & des folemnités pour les ames des morts afin qu'elles ne s’avifaffent pas d’effrayer les hommes par leurs apparitions. Les cabaliftes & les rabbins parmi les Juifs n’éroient pas moïns pour les fpeétres, il faut dire [a même chofe des Turcs, & même de prefque toutes les fectes de la religion chrétienne. Les pren ves que les partifans de cette opinion en donnent font des exemples ou profanes ou tirés de l’Ecriture. fainte. Baronius raconte uh fait, dont il croit que perfonne ne peut douter : c’eft la fameufe apparition de Marfilius Ficinus à fon ami Michael Mercato, Ces deux amis étoient convenus que celui qui mourroit le premier; reviendroit pour inftruire l’autre dela vérité des chofes de l’autre vie. Quelque tems après Mercato-étant occupé à méditer fur quelque chofe ; entendit tout-d’un-coup une voix qui lappelloit : c’éton fon ami Ficinus qu'il vit monté fur un che- val blanc, mais qui difparut dans le moment que Pautre lPappella par fon nom. La feconde opinion fur leflence des fpeëres eft celle de ceux qui croient que ce ne font point les ames qui reviennent, mais une troifieme partie dont lhomme eft compofé. C’eft-à l'opinion de Théo- phrafte , Paracelfe, & tous ceux qui croient que l’homme eftcompofé de trois parties; avoir de l’ame du corps & de l’efprit. Selon lui, chacune de {es par- ties s’en retourne après la mort à l'endroit d’où elle étoit fortie. L’ame quivient de Dieu , s’en retourne à Dieu. Le corps qui eft compofé de deux élémens inférieurs , la terre & l’eau , s’en retourne À laterre & la troïfieme partie , qui eff l’efprit, étant tirée des deux élémens fupérieurs l'air &le feu, s’en retourne dans l'air, où avec le tems elle eft diffoute comme le corps ; & c'eft cet efprit , & non pas l'ame, quife mêle des apparitions. T'héophrafte ajoute qu'il fe fait voir ordinairement dans les lieux & auprès des cho- fes qui avoient le plus frappé la perfonne qu’il ani- mot; parce qu'il lui en étoit refté des impreffions éxtrèmement fortes. La troifieme opinion eft celle qui attribue les ap. paritions aux efprits élémentaires. Paracelfe & quel. 448 _ SPE rques-uns de fes fetateurs croient que chaque élé- ment eft rempli d’un certain nombre d’efprits , que des aftres {ont la demeure des falamandtes, l'air cel- le des fylphes , l’eau celledes nymphes, &c la terre “celle des pigmées. La quatrième opinion regarde comme des fpeëres es exhalaifons-des corps qui pourriflent. Les parti- fans de cette hypothefe croient que ces exhalaïfons rendues plus épaifles par l'air de la nuit, peuvent re- -préfenter la figure d’un homme mort. C’eft la philo- Sophie de Cardan & d’autres : elle n’eft pas nouvelle. ‘On en trouve-des traces dans les anciens , & fur-tout dans Ia troade de Séneque. Enfin la cinquième opinion donne ‘pour caufe des :fpeëtres des opérations diaboliques. Ceux-ci füuppo- fent la vérité des apparitions comme un fait hiftori- que , dent onne peut point douter ; mais ils croient que c’eft l’ouvrage du démon quife formant un corps de l'air, s’en fert pour fes différens deffeins. Ils fou- tiennent que c’eft la maniere la plus convenable, &c a moins embarraflante pour expliquer les appari- tions. Nonobitant le grand nombre de ceux qui croient les /petres & qui cherchent à expliquer leur poffbi- ité, il y a eu de tout tems des philofophes qu ont “ofé nier leur exiftence. On-en peut faire trois claffes. ‘On peut mettre dans la premiere ceux qui n’admer- tent aucune différence entre le corps & lefprit, comme Spinofa , qui foutenant qu'il n’y a qu'une feule fubftance , ne peut point admettre des /peifres. On peut mettre dans la feconde claffe ceux qui pa- roïifient croite l’exiflence du diable , mais qui lui ôtent tout pouvoir fur la terre. La troifieme claffe comprend ceux qui admettent le pouvoir du diable fur laterre , mais qui nient qu'il puifle prendre un (COTPS. | I SPECTRES, es , {. m. pl. (Conchyliolog. ) en latin «concha fpettrorum , en anglois she fpeitre-shell ; les au- ‘teurs appellent ainfi une volute finguliere de la claffe ide celles qui ont le fommet élevé, Voyez VoLuTeEs. Ce nom lui vient defigures bifarres & frappantes | ! dont elle eft chargée. Ces figures font rougeñtres fur #7 un fond blanc, ce qui les fait paroître plus effrayan- ! tes. Elles forment deux grandes & larges fafcies qui environnent toute la volute depuis le fommet juf- qu’au bas, & entre ces fafcies regnent des cordons -aflez réguliers de taches & de différens points. Cette coquille eft rare’, & fe vend ordinairement fort cher, (2.J.). : SPECTRE COLORÉ , ( Oprique. ) eft:le nom que Von donne à l’image oblongue & colorée du foleil, formée par le prifme ‘dans une chambre obfcure. Voyez COULEUR 6 PRISME. SPÉCULAIRE, PIERRE, (ff. nar.) nom donné pat quelques naturaliftes à une pierre gypfeufe ou pierre à plâtre, quieftcompoñée de feuillets bril- lans comme ceux du tale ; on l’appelle aufli #iroir des ânes. Elleeft ou blanche, ou jaunâtre, ou de cou- leur d'iris. I s’en trouve beaucoup à Montmartre. SPECULARIA , (Anrig. rom.) on nommoit ainfi lefpece de vitrage faite de pierres fpéculaires, & qu’on employoiït aux fenêtres avant que le verre füt dufage. (D, J.) SPÉCULATIF , adj. ( Phil.) on appelle ainf les -connoïffances qui fe bornent à la fpéculation des vé- rités, &c qui n’ont point la pratique pour objet. Foyez PRATIQUE. SPÉCULATION , ff. ((Gram.) examen profond & réfléchi de la nature 8 des qualités d’une chofe. “Ce mot s'oppofe à pratique, Lai/péculation *echerche ce que c’eft que Pobjet ; la pratique agit. Ainñ l’on peur dire que la philo{ophie, la vertu , la religion, la morale, ne font pas des/fciences de pure /péculation. Celuiquin’ena que lafpécularion, n’eltque le fantôme LE d'unphilofophe, d'unhomme vertueux, religieux, mo: ralifte. La phyfique a fes fpéculasions | qu'il faut met tre à l'épreuve de l’expérience ; que feroit-ce que les mathématiques fans les problèmes d'utilité, aux- quelles on arrive pat la démonftration de fes propo: fitions fpéculatives ? Les théorèmes font la partie de Jpécularion. Les problèmes font la partie de pra- tique. SPÉCULATION , terme de marchand d’étoffes \ {orte d’étoffe non-croifée qui fe fabrique pour l’ordinaire à Paris, dont la chaîne eft de foie Cuite ou teinte, & la trème de fil blanc de Cologne, du de fil de co- ton blan. Sa largeur eft communément de demi-aune, moins un feize, mefure de Paris. Il s’en fait de moi- rée 8c de non-moirée de différentes couleurs. Sayary. (D. J.) +. SPECULUM , terme de Chirurgie , nom qu'on a donné à différens inftrumens qui dilatent des cavités, Ce mot eft latin, & fignifie zzroër. On s’en eft fervi pour les inftrumens qui font voir ce qui fe trouve contre nature dans les cavités qu'ils tiennent ou= vertes. Speculum ani, eft un inftrument dont on fe fert pour écarter le fondement, examiner le mal, tirer des os, & enlever toute matiere qui peut s’y être fixée. Voyez DILATATOIRE. Speculum matricis , eft un inftrament dont on fe fert pour examiner & panfer les endroits qui fe trou vent viciés dans les parties fecretes des femmes. Il a la même forme que le /peculum ani. Voyez DiLATA- TOIRE. Speculum oris, eft un inftrument quifert à examiner les maux de bouche. Il y en a de deux fortes, L’un fert à contenir la langue afin de voir plus aifément le fond de la bouche. Voyez GLOsSSOCATOCHE. L’au- tre eft un inftrument qui fert à ouvrir & dijater la bouche par force , afin de faire prendre au malade du bouillon ou des remedes liquides. Cet inftrument eft compolé de deux colonnes cy- lindriques , hautes pour le moins de trois pouces, patalleles entrelles , diftantes lune de l’autre d’un pouce & demi , pofées fur un piédeftal, dont la bafe eft percée perpendiculairement en écrou. Au haut des colonnes font fituées horifontalement deux pla- ques d’acier de figure pyramidale tronquée, c’eft-à- dire , qu’elles font plus larges du côté des colonnes que vers leur pointe. L’inférieure eft mobile , la fu- périeure eft fixe. Elles ont extérieurement quatre entaillures formées parautant de bifeaux pour les em- pêcher de glifler quand elles font entre les dents. La plaque inférieure a trois trous. Ceux des côtes fer- vent à loger les colonnes fur lefquelles elle olifle ; celui du milieu reçoit la foie d’une vis à double pas, qui pañle par l’écrou du piédeftal , & dont l’extré- mité inférieure eft terminée en trefle pour le tour- ner. Quand on tourne cette vis , dont le fommet eff : ün chaperon ou tête demi-fphérique, au-deffus de la plaque mobile ; cette plaque s’éloigne plus oumoins de celle qui eft fixe, en fe baïffant où fe hauflant comme on veut, & fait par conféquent ouvrir la bouche autant qu'il eft nèceffaire. Voyez la fig. 11. PI. XXVI. On trouve dans le traité d’inftrumens de _ M.de Garengeot, une defcription beaucoup plus ample de cet inftrument. | M. Levret a faiteraver , dans fon traité des pouy- pes , un /peculumoris de fon invention. Pour opérer aifément dans le fond de la bouche, foit par la liga- ture des polypes du nez qui s'étendent derriere le voile du palais , foit pour amputer les amygdales extraordinairement tuméfiées , 1l faut {e fendre mai- tre du mouvement delà mâchoire inférieure & de lalangue. Les divers /peculum oris ne rempliflent que fort 1mparfaitement ces intentions ; 1ls génent beau- coup l'opérateur, & dans quelques cas ils empêchent abfolument | | | | SPE abfolument l'opération, Le nouveau /Secutinm dravé PI XXXIF. fig. 5. n’a pas ces inconvéniens. On monte à vis le coin de bois, fur la branche du côté oppofé à celui où l’on doit opérer. Ce coin eft entre les dents molaires. La plaque contient la langue. On avoit cru mal-à-propos que la furface polie de la plas que refléchiroit dansle fonds de la gorge les rayons de lumiere d’une bougie : maïs c’eft une faufle {pé- eulation , puifque l’haleine ternit cette plaque. Spéculum oculi , ou muroir de l'œil, inftrument qui tient l’œil ouvert & aflujetti de maniere à per mettre au chirurgien d'y faire les opérations conve- nables. M. Petit a imaginé le /peculum annulaire, Celui qui eftrepréfenté P/, 23..fe. 6. fert pour les imeétions dans le point lacrimal inférieur , & on voit, fig. 7. celui qui convient pour aflujettir la peau de la réunion des deux paupieres,, & la bander afin de faire l'opération de la fiftule lacrimale. Il y a un autre inftrument propre pour l'opération de la cataratte. C’eft une efpece de couliffe plate & à jour, compofée de deux jumelles exaétement duar- rées, qui ont environ trois pouces de longueur & de rettitude , fur une ligne de large. Elles fe recourbent enfuite , & fe jettent en-deflous de la longueur de fx à fept lignes, pour s’apprôcher & ne former plus qu'un corps, dont l'extrémité eft, attachée à la coïne d'un demi-cercle , dont la corde horifontalement fi- tuée peut avoir un pouce de longueur. Ces jumelles font éloignées l'une de l’autre , de maniere qu’elles larflent un vuide ou une fente qui a une ligne de diametre : elles fe tiennent à la même diftance par de petites bandes traverfieres , deux en deflus & deux en deffous qui forment une canule à jour , cbférvant que la bande qui eft à fept lignes du coude foit large , & ait dans fon milieu un trou gravé en écrou , pour les ufages que l’on rapportera. Ces jumelles font foudées par leur partie pofté- - rieuré fur une plaque alongée & artiftement figurée, de quatorze lignes de long ; &t qui fert de mañche à Tinftrument. La feconde piece de cet inftrument eft mobile ; €’eft une verse auffi quarrée , de trois pouces de long dur une higne de diametre : elle eft de même que les jumelles ,.coudée à la partie antérieure ; &c fe jette en-deflous , pour former une petite tige de fix à fept dignes de long, qui, de même que la précédente , ft attachée à la corne d’un demi-cercle auf hori- fontalement fitué, de forte que les deux demi-cercles {e touchent par leurs bouts,forment un anneau ovale d’un pouce de longueur & de huit lignes de large. L’anneau ovale que nous venons d'examiner a » deuxbords, l’un inférieur , ou qui regarde le deffous de linftrument , & l’autre fupérieur , qui regarde le û ) 3 e deflus. Le premier devant être appliqué immédiate -ment fur les paupieres, doit prélenter une ouver- ture plus fpacieufe , afin de s’accommoder à la figure globuleufe de l'œil, | La fituation de la feconde piece du /peczlum oculi, -eft d'occuper le vuide ou la fente qui fe trouve entre les jumelles & entre les bandes traverfieres qui font -en-defius & en-deflous , de maniere qu’elle glffe là- dedans comme une coulifle ; mouvement qui s’exé- cute en pouflant un petit bouton, qui eft foudé ou … monté à vis {ur la partie poftérieure du corps. Enfin {a derniere piece de cet inftrument eft une petite vis , qui s’engageant dans l’écrou qui eft pra- tique fur la bande large des jumelles , tient Panneau ferme-dans louverture qu’on lui a donnée. Pour fe fervir de cet inftrument, on pofe la cir- conférence antérieure de l’anneau fur le bord des ‘paupieres , & en pouffant l’anneau , on les écarte de mamere à voir le globe de l’œil fixé & arrêté. Voyez La fig. 9. PI XXII. _ -On fefert de cet inftrument pour l'opération de la Tome XF. SP E 414$ cataracte , & pour l’extirpation de quelques excroif fances , 6c: La nouvelle méthode d'opérer par lex traction du cryftallin, rend ces ingénieufes inven- tions inutiles. “ou x .… Pour l’extraétion des corps étrangers nichés dans l'angle que la membrane interne des paupieres fait avec le globe de Poil , il n’y a point de meilleur /pe: culum qu'une bandelette ; dont l'extrémité garnie d'un emplâtre agglutinatif, s’applique fur la paupiere pour l’écarter du globe. (F) . SPEIFANUM , ( Géog. anc.) ou Spei remplum ÿ temple d'Italie. Denys d'Halicarnafle, Ziv, IX. ch, xxx, le met à huit flades de la ville de Rome, Tite: Live, div. XXIV. chap. xlvij. en parlant de lincen die & du rétabliffement du temple de lEfsérance , dit qu'il étoit au-dehors de la porte Carmentale; CU, à | SPEISS , ( Métallurgie. ) dans les atteliers où l’on traite la mine de cobalt pour faire le verre bleu qu’on appelle fralte ou faffre , on donne le nom de /peifs à ‘une mauere qui ie dévofe au fond des creufets où l’on a fait vitrifier le cobalt avec la fritte du verre; Lorfque la mine de cobalt fe trouve jointe avec de la mine de plomb, en faifant fondre cette mine , le Jpeifs vient nager à la furface du plomb qui eft plus petant que lu. Certe matiere , qui eft du cobalt pur & dans l’état de chaux ; eft, fuivant M. Gellert, en état de colorer trente ou quarante fois fon poids de fritte ou deverre, au lieu que la mine de cobalr gril: lée de la maniere ordinaire ; à proportion du cobalt qu’elle contient , ne peut en colorer que de huir à quinze fois {on poids. Voyez l’article SAFFRE ,où l’on trouvera les différentes opinions des chimiftes mo- dernes fur la nature du cobalt & du /peifs. (=) SPELARITE , ( Myrhol. ) {urnom d’Apoïlon, de Mercure & d'Hercule, dont les ftatues fe plaçoient fouvént dans des cavernes. ag SPELLO , ( Géog. mod.) bourg d'Italie , dans l'Onbrie , au duché de Spolete , à cinq milles de Fo- higno , fur une colline de PApennin. C’eft l’ancienne ville que Pline nomme Æfpellium, & Strabon Hy/f2 pellum. Ce bourg fut faccagé en 1529 par les troupes de l’empereur , &c le pape Paul TL. fit enfuite abattre fes murailies , qu'on n’a pas relevées depuis ; cepen- dant les ruines d’un ancien théâtre, & quelques au- tres monumens , marquent que c’étoit une ville flo- riflante ; ce qui le prouve encore , c’eft que Le tom- beau de Properce a été trouvé en 1722 dans ce bourg d'Ombrie , qui eft à fix milles de Bévania, lieu de fa naiflance , fous les ruines d'une maifon qu’on ap- pelle aujourd’hui la marfor du poëte. Properce mou- rut à l’âge de 41 ans, lan de Rome 739, & 15 ans avant EC. (D.J.) SPELUNCÆ ,( Géog. anc. ) 1°. lieu d'Italie, au territoire de Frondi ; ce lieu , felon Suétone, étoit un prétoire , & les Jurifconfultes donnent quelque: fois le nom de prétoire, à une maïfon de campagne bâtie avec quelque magnificence. 2°. Speluncæ, dans l'itinéraire d’Antonin , étoit un lieu d'Italie, à dix- huit nulles de Brindes. ( D. J.) SPERARE , v.a@t. ( Lang. lar, ) on trouve chez les anciens le verbe fperare, pour fignifier prévoir ; c’eft ainfi que dans Virgile, Æneïd. liy, I. y. 419: Didon dit à fa {œur :, Hunc'epo ft potui tantum fperare dolorem. « Si j'avois pü prévoir, imaginer , mé préparer À » un coup fi terrible. Les Anglois difent auf to » hope pour 10 believe, c’eft-à-dire efpérer pour croi: re. (D.J.) , SPÉRCHE A, (Géog. anc.) promontoire de la Macédoine ; Ptolomée, Zv. LIT. 6h. xij. le marque fur la côte dela Pththide, dans le golfe Pélafsique entre Echinus & Thebæ Phthiodes, Le nom moderne Lit 450 $ PE eff Comten, felon Niger; &c Phihelia , felon Sophien. Ïl v avoit fur ce promontoire une ville de mêmenom. EDR) 0 | SPERCHIUS , ( Géogr. anc.) fleuve de la Mace- doïne; Ptolomée, Z, III. c. +uij. le marque fur la côte de Phthioride, dans le golfe Pélafoique , entre Æchi- nus & Phthiotidis. Homere parle de ce fleuve, & dit que Pélée lui voua la chevelure d'Achille fon fils, $il revenoit heureufement dans fa patrie après la guerre de Troie. (D. J.) - SPERGULA , f. f. (Hiff. nat. Botan.) efpece de morgeline , nommée par Tournefort, a//ine major ; c’eft une petite plante qui poufle plufeurs tiges, _nouées à la hauteur d'environ un demi-pié; fes feuil- les font petites , étroites , jaunâtres, difpofées en rayons autour de chaque nœud des branches ; fes fleurs naïflent au fommet des tiges ; elles font com- pofées de plufieurs petits pétales blancs, difpofés en rofe, foutenus par un calice à cinq feuilles. $es grai- nes font petites, rondes, noires, plus menues que celles de la rave ; cette plante croit dans les champs &c dans les pâturages ; les Anglois la nomment fpur- ry , & la fement deux fois dans un été ; la premiere {emaille eft au mois de Mai ; la feconde fe fait après la moiflon du feigle. Sa récolte eft d’une utilité ad- mirable pour Les beftiaux pendant l'hiver; les vaches qui s’en nourriflent donnent de meilleur lait & de meilleur beurre qu'en prenant tout autre pâturage; la volaille en fait auf les délices. (D. J.) SPERMACOCÉ , ( Hiff. nat. Boran. ) genre dif- tinét de plante dans Le fyftème de Linnæus; le calice eft une enveloppe très-petite, divifée par quatre dé- coupures à l'extrémité ; il eft placé fur le germe, & fubfifte. La fleur eft compofée d’une feule feuille qui forme un tuyau divifé à l’extrémité en quatre feg- mens obtus, &c un peu panchés en arriere ; les éta- mines font quatre filets pointus plus courts que la fleur ; leurs boffettes font fimples ; le serme du piftil eft arrondi, applati, & fitué fous le réceptacle ; le ftile eft fendu au fommet ; les ftigma font obtus ; le fruit eft compofé de deux capfules oblongues jointes enfemble , convexes d’un côté, applaties de l’autre, & finiffant en deux cornes ; les graines font uniques, de forme rondelettes. Linn. ge. de plant, pag, 25. (2. J.) + SPERMATIQUE , er Anatomie, eft ce qui a rap- port à la femence ou fperme. Voyez SEMINAL. Les anciens divifoient en général les parties du corps animal en fpermatiques & fanguines. Les par- ties fpermatiques font celles qui parleur couleur, &c. ont quelque reffemblance avec la femence , & qu’on fuppofoit en être formées ; tels font les nerfs, les membranes, les os, &c. les parties fanguines qu’on fuppofoit être formées du fang après la conception. Mais les modernes prétendent avec bien plus de fondement , que toutes les parties font /permariques en ce fens, & qu’elles font formées de l’œuf de la femelle ou de la femence du mâle. Voyez GÉNÉRA- TION. M. Andry parle de vers /permatiques qui fe trou- vent dans le corps humain. Voyez VERS. Vaïleaux/permariquesappellés auf va/a preparantia, font de certains vaifleaux qui font deftinés à porter le fans aux tefticules, 6:c. pour y être féparé & pré- paré en femence; & à tranfporter enfuite Le fang qui refte après la fecrétion. Voyez SEMENCE , TESTI- CULE , &c. ! Les vaifleaux /permariques font deux arteres & au- tant de veines. Les arteres /permatiques viennent de la partie an- térieure du tronc de laorte, au-deflous des émulgen- tes. Voyez les Planches & les fi. d'Anat. © leur ex- lication. | | * Leur ftrudure eft bien finguliere , en ce que con- ttaires à la formée des autres arteres qui font très- grofles à leux fortie du tronc, elles font très-petites dans leur origine &c deviennent plus groffes à me- fure qu’elles s’avancent vers les tefticules. Par ce moyen le fang eft comprimé quand il commence à fortir de l'aorte pour a'ler dans ces parties, ce qui le difpofe aux différens changemens , &c. qu'il doit efluyer. Dans les quadrupedes , ces arteres font tor- tillées & contournées comme une vis, ce qui ré- pond au même but. , | Cowper obferve , que la raifon pour laquelle la nature a fuivi une autre méthode dans les hommes, eft que dans ce cas, il auroit fallu que les mufcles de l’abdomen euffent été plus larges qu'ils ne font, au moyen dequoi les inteftins auroient ph tomber fouvent dans le fcrotum ; inconvénient auquel les quadrupedes ne {ont point expolés, à caufe de la fi- tuation horifontale de leur corps. Les arteres /permariques rencontrent dans leur rou= te les veines /permatiques & elles entrent enfemble dans le tiflu cellulaire du péritoine, où s’infinuant dans la membrane vaginale, & y étant enveloppées enfemble , elles vont pañler à trois ou quatre travers de doigts des tefticules, où elles fe divifent en deux branches inégales , dont la plus groffe va aux tefticu- les 8 s’y partage, voyez TESTICULE, &c la plus courte va fe rendre dans le paraftate ou épididyme. Voyez PARASTATE. Les veines /permatiques prennent le même cours -que les arteres; fi ce n’eft qu’un peu au -deflus des 2 tefticules elles fe divifent en plufieurs branches, qui en s’umffant forment un plexus qu'on appelle corps variqueux pampiniforme où pyramidal. Le fang que les veines fpermatiques reportent , eft rapporté du côté droit à la veine cave, & du côté gauche aux veines émulgentes, Voyez encore Les PI, 6 les figures anat, avec leur explic. Ces vaifleaux font fujets comme les autres, à des jeux de la nature. Verheyen a vü deux arteres /per- masques d'un côté , dont l’une fortoit de Partere émulgente. Kerckringius dit avoir trouvé quatre arteres /permatiques , dont Les deux gauches naifoïent de l’'émulgente, & une des deux droites, procédoir de l'aorte. Mais Ambroiïfe Paré prétend avoir vi dans un fujet, fept veines émulgentes & autant d’ar- téres ; il ne faut pas beaucoup compter fur une ob- fervation unique ; mais il eft affez commun de trou- ver la veine fpermatique double de chaque côté. Mar- chettis dit même en avoir vû trois, qui nées du tronc de la veine cave , fe réunifloient en une feule avant que d’entrer dans le tefticule. Les Anatomiftes curieux ne doivent pas manquer de lire dans les mémoires de Médecine d'Edimbourg, com. W. un favant morceau de M. Martin, dans le- quel il combat les anaftomofes des veines & des ar- teres /permatiques, adoptées par M. Boerhaave. SPERMATOCELE , f. f. ex Chirurgie ; tumeur des tefticules & des vaifleaux déférens, caufée par le fé- jour & l’épaififfement de la matiere fpermatique. Voyez SEMENCE , TESTICULE ; ce terme eft com- pofé de deux mots grecs, orepua, «res, fémen, femen- ce, & de ynAn, tumeur. La rétention de la matiere prolifique donne lieu à un sonflement très-douloureux qui fe diflipe par les faignées , la diete rafraichiflante , &c les cataplafmes anodins. Si cette maladie n’eft pas calmée prompte- ment par ces moyens , elle dégénere en farcocele. Voyez SARCOCELE. (F) SPERMATOLOGIE,, . f. dans l’économieanimale, la partie qui traite de la femence : ce mot eft compofé = du grec oœcpua , femenee, & ho%0s, traite. Nous avons un livre de Schurig fous le titre de Jpermatologia , imprimé à Francfort , i7-4°. 1720. S P'E SPERME , fm. ( Gram.) liqueur feminale .des ‘animaux, Voyez SPERMATIQUE. SPERME DE BALEINE, /permarcett , em Pharmacie, æeftune fubftanceblanchätre &fade,préparéeavecune huile ew’on trouve dans latête d’un poiffon cetacé, que quelques-uns appellent hañeine male, d’autres ca- chalot, & les Latins orce, & qui eft différente de la ‘baleine ordinaire , en-ce qu'elle a des dents, audieu des os debaleine, & une bofle fur le dos. Foyez Ba. LEINE. Les anciens ignoroïent entierement la nature de cette préparation : de forte que Schroder femble dou- ter f on doit la regarder comme une fubftance ani- male ou minérale. On lui a donné le nom de /perme de baleine, /per- ma-cett, {ans doute pour en augmenter la valeur, en donnant une idée de fa rareté, L’huile dont on letire fe trouve dans un grand réfervoir de quatre ou cinq ‘piés de profondeur , & de dix ou deuze piés de lon- gueur, qui remplit toute la cavité de fa tête , & qui semble tenir leu du cerveau &c du cervelet. La maniere de le préparer eft un fecret connu de bien peu deperfonnes, Voici comme on dit que cette préparation fe fait. Quand on a tiré l’huile ou cer- veau de la tête de l'animal , on le fait fondre fur un feu modéré , & on le jette dans des moules tels que ceux danslefquels on forme les pains de fucre, Quand 1l eft refroidi &c féché, on le retire des moules, & on le fait encore fondre, 8c on continue de la forte juiqu'à ce qu'il foit bien purifié & devenu blanc, En- fuite onle hache avec.un infirument fait exprès, &c on le reduit en miettes , dans l'état où on le trouve chez les droguifes. On doit le choifir bien blanc, net ét tranfparent,d’une odeur douce, que quelques- uns s’imaginent ter de celle de la violette. On le falfifie avec la cire ; mais il eft facile de découvrir la tromperie, foit par l'odeur de la cire , ou par la foibleffe de la couleur. On vend aufli une compofi- tion d'huile tirée de la queue de Ja baleine au lieu de celle du cerveau: mais cette derniere efpece jau- nit aïffi-tôt qu'elle prend l'air. En général , il n’y a point de marchandife qui air plus befoin d’être te- nue couverte que le /perme de baleine. | Le fperme de baleine eft d’une grande utilité pour la médecine, Le dofteur Quincy dit que c’eft un ex- cellent remede pour lafthme, 6e... On s’en fert auf pour les contufons, les bleffures intérieures, & après l'accouchement. Mais il eff certain que la plus grande vertu, & celle qui lui a donné tant de vogue, eft la propriété qu'il a d’adoucir la peau , &z de dif- fondre les tumeurs.de la poitrine. C’eft pourquoinos dames s’en fervent dans leurs pâtes , Ge. On fait depuisspeu des bougies avec le fperme de ba: deine; on les adoucit avet un vernis léger; elles ne font point rayées ni cicatrifées ; elles Femportent {ur les plus belles bougies de cire pour la couleur & le poli ; & quand elles ne font pas falfifiées, elles ne tachent point la foie , les étoffes ni la toile la plus fine. :: SPERONNELLE ox EÉPERON DE CHEVALIER, (Jardinage.) fymphytum , {e nomme encore cor/oude royale; fleur qui eft double & varie dans fes couleurs; elle eft tantôt blanche-bleue , tantôt incarnate & d’autres couleurs. Ses brins font déliés , revêtus de petites feuilles longues, étroites & jointes enfem- ble. Elle demande un grand air, une terre ordinai- re ; Sc un arrofement fréquent. Elle fe feme au prin- temscomme les autres. æ # | + SPET, BROCHET DE MER, HAUTIN , HAU- TAIN , OUTIN, fm. (if. rar, Ichthiolog.) fphyreæ- -n4 , POIon de mer qui reflemble au brochet par la forme du corps’, & dont il y a deux efpeces : la pre- imiere a le corps-alongé & menu & le.bec pointu; mächoire intérieure eft plus longue que la fupé- Tome XF, SPH 45i | rieute &£ terminée én pointe; elles joignent fi exac- tement Pune contre l’autre, que l’on ne diflingue pas la bouche, quoiqué l'ouverture en foit grande ; les. dents font fort pointues & courbées en arriere, le dedans de la bouche a une couleur jaune: il y a aù milieu dela mâchoire du deflous une dent qui ef plus longue que lès autres, &c qui entre dansun trou de la mâchoire de deflous, Les yeux ont grands, & il y a deux trous entre eux &c l'extrémité dela mâchoire, Ce porflon n’a qu'un rang d’écailles qui s'étend de- puis la tête jufqu’à la queue, à-peu-près fur le milieu du corps; le ventre a une couleur blanche , & lex: trémité du bec eft noire, Il y a deux nageoires auprès des ouies, deux plus petites à la partie antérieure du ventre, une au-deflous de l’anus , & deux au dos ; la premiere des nageoires du dos a cinq aiguillons, & la feconde n’en a point, La chair de ce poifion eff feche, blanche, dure, & de bon goût. Le fper de la feconde efpece reflemble beaucoup au premierpar la forme du corps,mais il en differe prins cipalement en ce qu'il ani dents ni écailles : le bec eft auffi plus court, & il n’a jamais plus d’un empam de longueur ; fa chair eft blanche , mais moins dure : la queue s’élargit à l’extrémité; les os & la chair font prefque traniparens. Rondelet , Aif£, nas, des poiffons, premiere partie, Liv. WIIL, chap. j, 6 . Voyez Pois- SON. | SPEY , LA, où SPAEA, ( Géog. mod.) grande ris viere d'Ecofle ; la plus grofle de ce royaume après le Tay, & la plus rapide de toutes. Sa fource eft au pié d’une montagne , fur les confins des provinces de Lochabir & de Badenoch. Elle reçoit dans fon cours qui eft de foixante milles, plufieurs autres rivieres, ëx fe jette avec rapidité dans l'Océan , au-deflous de Bagie, maifon du duc de Gordon, Tout l'avantage que procure cette riviere à ceux qui habitent fur es bords ; eft la pêche des faumons qui. s’y rencontrent : en quantité. Les pêcheurs fe mettent de nuit fur l’eau dans des canots d’ofier entourés de cuir, Ils fuivent les faumons à la trace, les dardent avec des bâtons pointus, & les prennent à la main, Dans le jour , ils les attendent fur le bord de l'eau. (2. J.) SPEZZE , GOLFE DE LA, (Géog.mod.) golfe d’I- talie dans Pétat de Gènes ; entre la bouche de Maorà au levant, & Porto-Venere au couchant. SPEZZE , (Géog. mod.) Specie, Specia ; petite ville d'Italie, dans Pétat de Gènes, fur le solfe du même nom , à quatre milles de Porto-Venere , &c à fept de Sarzane, dansun terroir agréable êg fertile, Long. 27. go: laut..446: (DR) . SPHACELE,, {. m. ez Chirurgie , eftüune corrup- tion ou mortification totale de quelque partie, caufée par Pinterception du fang & des efprits. Voyez Mor- TIFICATION. , Ce mor eltgrec ; spareñcs, formé peut-être de cœurs æo , Je fais mourir. On lappelle auf quelquefois ze- crofis , & quelquefois fderatio, Voyez NECROSIS 6 SIDERATION. | Le fphacele eft différent de la gangrene, en ce que celle-ci n’eft qu’une mortification commencée ; &, pour ainfi dire , le commencement du /phacele , qui eftune mortification parfaite & achevée. Foyez GAN: GRENE. . On diftingue Le /phacele par la noiréeur ou la livi- dité de la partie afeétée , par fa molleffe, fon infen- fibilité , & fon odeur de cadavre. Les autres caufes du fphacele font des ligatures trop ferrées, des froids excefifs, les grandes inflam- mations , la morfure des chiens enragés, &c Un pié fphaceleux, fuivant Aquapendente , doit être coupé dans la partie mortifiée un peu au-deflous du vif. Quandie pié eft coupé, la chair morte qui refte doit être confumée en y appliquant un cautere aëtuel, répété à plufieurs reprifes, AA ce que l& : a 1] 452 SPE malade fente la chaleur du feu. Voyez AMPUTATION & GANGRENE. (Y) | SPHACTÉRIE , ( Géog. anc. ) Sphaëteria, ile du Péloponnèfe , fur la côte de la Meflenie , vis-à-vis de la ville de Pylos. On la nommoit auffi Sphagia : Pli- ne , ZL IV, c, xij. comprend trois iles fous Le nom de Sphagiæ ; mais deux de ces îles ne font proprement que des écueils. La troifieme , qui étoit la plus gran- de, s’appelloit Sphagia & Sphaîteria, comme le di- fent pofitivement Strabon, Z. VIII. p. 359, êt Etien- ne le géographe. Le nom de Sphaëferia paroït néan- moiïns le plus ufité, & c’eft ainfi qu’elle eft appellée par Thucydide, /. IF, p.256. 8t par Diodore de Sicile, L XIE, €, xxiv. . Paufanias, Z. IV. 0. xxxvj. après avoir dit que l'île de Sphaëtérie, eft vis-à-vis du port de Pylos , aioute: il eft afez ordinaire que des lieux obfcurs & incon- nus par eux-mêmes deviennenttout-à-coup célébres, pour avoir fervi de théâtre aux jeux de la fortune, ou à quelque événement confidérable : c’eft ce qui . eft arrivé à l'ile de Sphadtlérie. La défaite des Lacédé- moniens la tira de cette obfcurité où elle étoit ; & du tems de Paufaniason y voyoit encote dans lacitadelle , une ffatue de la Vittoire que les Athèniens y avoient laifée, pour monument de lavantage qu’ils avoient remporté fur Lacédémone. Paufanias, , I. c. xij. déclare dans un autre en- droit, que ce qui s’étoit pañlé dans l’île de Sphaéférie, où les Athéniens , commandés par Démofthene, avoient eu quelque avantage, étoit plutôt une rufe de guerre, &c s’il faut ainfi dire , un larcin qu'une vi- étoire. (D. J.) SPHÆCULZÆ, (Listérature.) nom qu’on donnoit chez les Romains à des efpeces de marrons de bois, teffere ligneæ., ur lefquels les empereurs défignoient les préfens qu'ils fafoient à certaines perfonnes de l’un 87 de Pautre {exe , qui fe trouvoient aveceux au theâtre ou au cirque. ( 2.7.) SPHENO-ÉPINEUSE, er Anatomie, nom de Par- tere maxillaire interne, appellée aufli épireufe, Voyez MAXIELAIRE. | _ SPHÉNOIDAL,, LE, adj, ez Anatomie, ce qui ap- partient à l’os fphénoïde. L’apophyfe /phénoidale et une éminence de Pos de la pommette qui eft articulée avec los fphénoïde. Foyez POMMETTE @ SPHÉNOIDE, La fente fphénoidale ou fente orbitaire fupérieure eft celle qui fe remarque entre les grandes &c les pe- tites ailes de l'os fphéneide, Les finus fphénoidaux font fitués dans le corps de Pos fphénoïde; ils font divifés par une cloïfon ver- ticale. SPHÉNOIDE, os, ( Anatomie.) o$ du crâne, au- trement dit los Eufflaire ou cuneiforme ; il eff fitué au milieu de la bafe du crâne, & a une figure appro- chante de celle d'une chauve fouris, dont les aïles fontétendues. On diflingue à cet os un corps & deux branches communément appellées les apophyfes pla- tes du fphenoide. | On y confidere auffi deux faces , une externe, & . lautre interne. On remarque dans la face externe cinq apophyfes, deux trous, deux finus & fix échan- crures. Des apophyfes il y en a deux que lon nom- ne prérygoides, à chacune defquelles on difingue deux ailes , une externe , &z l’autre interne : dans la partie inférieure de Paile interne fe remarque un bec offeux, autour duquel pañle le tendon d’un muféele. La troifieme & quatrieme apophyfes font dites épi- neufes, & la cinquieme, qui eft placée entre les deux ptérygoides , eft appellée /a crére du fphénoïde ; les trous {ont nommés prérygoidiens. Les finus appellés Jphénoïdaux s'ouvrent dans le nez. Des échancrures, 1] y ena deux inférieures , deux poftérieures , & deux antérieures ; celles-ci aident à former les fentes fphé- ño-maxillares, & les trois nommés /Hhéno-palatins, Les inférieures fe trouvent entre les ailes des apo- phyfes ptérygoides , pour recevoir une portion des os du palais. Cet os fait, outre cela, partie de huit foffes; fa- voir , des deux nafales, des deux ptérygoidiennes , des deux orbitaires , 87 des deux zygomatiques. On confidére dans la face interne du /phéroïde quatre apophyfes nommées clnordes,deux fentes ap- . pellées /phénoidales ; huit trous, quatre de chaque côté ; favoir, l'optique , le maxillaire fupérieur , le maxillaire inférieur , & le trou pour lartere de la dure-mere ; une fofle nommée péruisaire ou felle a che= val, aux côtés de laquelle fe trouvent deux échan- crures. Cet os fait partie des deux foffes temporales. L’os /phénoïde eit joint avec tous les os du crâne, êc outre cela avec ceux de la pommette,& les os ma- xillaires, ceux du palais , & le vomer.: Les jeux de la nature fe rencontrent dans les es de cet os, comme dans d’autres o# du crâne. D’abord quelquefois la lame offeufe qui partage ces finus , ne fe trouve pas direétement au milieu, & par-R rend un des finus plus grand que Pautre. Quelquefois en- coreiln’y a qu’un grand finus au milieu de los, avec une feule ouverture. Riolan aflure qu’il a examiné un grand nombre de crânes, dans lefquels il n’a point trouvé de finus fphé- noidaux , {ur quoi il dit 1°. qu'on ne les trouve pas dans les enfans ; 2°. dans ceux qui ne croiflent plus; 3°. dans ceux qui ont le crâne fort epais ; 4°. enfin . dans ceux chez qui les finus fourciliers manquent ; maïs les autres anatomiftes ne conviennent point de la vérité générale de ces quatre obfervations, ou pour mieux dire, elles fe fenttrouvées le plus communé- ment faufles. (D. J.) SPHÉNO-PALATIN,er Anatomie, nom d’un muf cle qu'on nomme aufü /phéno-flaphyiin, & d'un trou formé par l'os du palais , & par los fphénoide, Foyez SPHÉNO-STAPHYLIN. SPHENO-PHARINGIEN , ez Anatomie , eft une pare de mufcles qu'on nomme auffi /phezo-/alpingo- pharingien, 8tc. Voyez SPHÉNO-SALPINGO-PHARIN- GIEN. SPHÉNO-PTÉRIGO-PALATIN de Cowper, où le ftaphylin, ex Anatomie, Voyez STAPHYLIN. SPHÉNO-SALPINGO-PHARINGIEN , ez Ana- tomie ; nom des mufcles qui s’attachent en partie à los fphénoïde , direétement au-deflus de Paile inter- ne de l’apophyte ptérygoide,& en partie à la portion voifine & cartilagineufe de la trompe d’Euftache , & fe termine à la ligne blanche du pharinx, Win/ffow. Voyez PHARINX. SPHENO-SALPINGO-STAPEYLIN, oz PERI- STAPHYLIN EXTERNE, ex Anatomie; c’eft un mufcle qui nait large &c tendineux du bord pofté: rieur des os du palais, & répand un grand nombre | de fibres {ur la cloifon du palais; puis devenu par la réunion de fes fibres, un petit tendon délié, il fe réflechit vers le petit crochet de l’aile interne de l’'apophyfe ptérigoide,& s’infere charnu dans tous tes les parties membraneufes, charnues &c cartilagi- neufes de la trompe d’Euftache,& un peu à l'os fphé: noide. SPHENO-STAPHYLIN, ez Anatomie, nom d'un paire de mufcles de la luette, appellés auf falpingos flaphylins. Voyez SALPINGO-STAPHYLIN. SPHERE , f. £. ez Gtom. eft un corps folide con- tenu fous une feule furfaee, & qui a dans le milieu un point qu’on appelle cenrre, d’où toutes les lignes tirées à la furface, font égales. Voyez SOLIDE, Ëc. On peut fuppofer que Îa fphere eft engendrée par la révolution d’un demicercle 4 BC (PI, de Géo- métr. fig.34.),autour de fon diametre 4€, qw'on appelle auffi Paxe de la fphere; & les points 4 & C SE qui font les extrémités de Paxe , font nommés Îles » poles de La Jphere 4 at n Propritiés de la Jphere, 1°. Une fphere eft égale à une pyramide dont la bafe eft égale à la furface de ) Ja fphere, &t la hauteur au rayon de la fphere. .. 2°, Une /phere eft à un cylindre circonférit autout d'elle, comme 2 eff à 3. Voyez CYLINDRE. 3°. Le cube du diametre d’une /päere eft au folide … que contient la /phere , à-peu-près comme 300 à 157. _ On peut dont par-là mefurer à-peu-près la folidité _ d’une jphere. | 4°. La furface d’une /phere eft quadruple de Faire d’un cercle décrit avec le rayon de la fphere. Le diametre d’une /phere étant donné, trouver fa furface & fa folidité. 1°. Trouvez la circonférence du cercle décrit par le rayon de la fphere. Woyez Cir- CONFÉRENCE. ÿ ] : Mukipliez ce que vous avez trouvé par le dia- metre , le produit fera la furface de la fphere. Multipliez {a furface par la fixieme partie du dia- metre, le produit fera la folidité de la fphere, Aünf, en fuppofant que le diametre de la /phere eft 56, la circonférence fera 175, qui multipliée par le diametre , produira 9800 qu eff la furface de la phere : cette furface multip 16e par la fixieme par- tie du diametre, donnera 019057, qui ef la folidite : ou bien opérez comme il fuit: Frouvezle cube du diametre 175616:enfuitecher- chez une quatrieme proportionnelle à ces nombres 300, 157, 179616, cette quatrieme proportion- nelle fera 919057. Voyez PROPORTIONNEL : c’eft la fohdité de la /phere qu'on cherchoit. Pour ce qui regarde les feomens & les feéteurs des Jpheres, voyez SEGMENT 6 SECTEUR. Projethion de la Jphere. Voy:z PROJECTION. Sphere d’aétivité d’un corps eft un efpace déter- ‘miné &c étendu tout-autour de lui, au-delà duquel les émanations qui fortent du corps, n’ont plus d’ac- tion fenfible. Voyez ATMOSPHERE. Ainfi nous dons que la vertu de l’aimant à de certaines bornes - au-delà defquelles cette pierre ne peut point attirer une aiguille ; maïs par tout où l’ai- guille eft placée, pourvu qi’elle puifie être mife en mouvement par l’aimant, on dit qu’elle eft dans la Jphere d'aéuvité de l’aimant. Foyez AIMANT. SPHERE , e7 Affronomie, eft cet orbe où étendue concave qui entoure notre globe, & auquel Les corps céleftes, le foleil , les étoiles, les planetes & les co- metes femblent étre attachées. Voyez C1EL. . On lappelle auffi le fphere du monde, & elle eft Vobjet de PAfironomie fphérique, Foyez AsrroNo- MIE & SPHÉRIQUE, Cette /phere eft extrémement grande, puifau’elle renferme les étoïles fixes; ce qui la fait quelquefois nommer la /#here des étoiles fixes. Le diametre de l'orbite de la terre eft f petit , quand on le compare . äu diametre de la fphere du monñde, que le centre de la /phere ne fouffre point de changement fenfible, quoique l’obfervateur fe place fuccefivement dans les différens points de Porbite : maïs en tout tems & à tous les points de la furface de la terre, les habi- tans ont les mêmes apparences de la fhhere ; c’eft-à: dire, que les étoiles fixes paroïflent occuper le mê. me point dans la furface de la fphere, voyez PARAï- LAXE. Notre maniere de juger de la fituation des af. tres eff de concevoir des lignes droites tirées de lœil ou du centre de la terre, d-travers le centre de Vaftre, & qui continuent encore jufqw’à ce qu’elles coupent cette /phere; les points où les lignes fe ter- minent, font les lieux apparens de ces aftres. 77 oyez Lieu 6 PARALLAXE, Pour déterminer mieux les lieux que les corps ôc- cupent dans la /phere, on a imaginé différens cércles SP 453 für la furface, & qu'on appelle par Cetté raïifon cer: cles de la Jphere. Voyez CERCHIE. { Il y en à quelques-uns qu’on appellé grands cera cles, comme l’écliptique, le méridien, l'équateur, &c les autres pésiis cercles, comme les tropiques, les paralleles , Ge. Voyez chacun de cés cercles fous fon nom particulier, EQUATEUR, HoRISON, Ecxtpa TIQUE, Ge. | SPHERE , en Géographie, Gc. fignifie une certainé difpoñition de cercles fur la farface de la terre, dont la plüpart gardent toujours entre eux la même fitua: tion, mais font différemment difpolés par rapport aux différens points de la furface de notre globe, Les cercles qu'on concevoit originairement fur là furface de la fphere du monde, ont été pour la plus . grande partie, transférés par analogie à la furface de la terre; où on les conçoit tracés direétement fous ceux de la /phere & dans les mêmes plans, de maniere que fñ les plans des cercles de la terre étoient continués jufau’à la /phere, ils co-incideroient avee les cercles refpeétifs qui y font placés : c’eft ainfi que nous avons fur la terre un horifon,un méridien, un équateur, Gc. Voyez HORISON, Éc. Comme l'équateur qui eft dans le ciel divife la - fphere en deu parties égales, Pune feptentrionale, l'autre méridionale ; de-même aufi l'équateur qui eft fur la furface de la terre, la divile en deux parties égales. Voyez EQUATEUR. Et comme les méridiens qui font dans la fphere, pañlent par les poles du monde, il en eft de même de ceux qui font fur la terre. Foyez MÉRIDIEN, - Toute la /phere, ou le globe terreftre pouvant amener tour-à-tour tous les points fous le méri- dien ; & le méridien pouvant haufler ou baifler l'axe du monde en gliffant dans les entailles de l’horifon: cela fert à déterminer les atpeéts du ciel à Pésard de tous les peuples de la terre, à mefurér les diftances des lieux ; à connoître la durée des nuïts & des jours pour tel lieu, le moment du lever & du coucher du Soleil, l'heure qu'il eft en tel endroit, quand il eft midi dans un autre; en un mot, à réfloudre toutes les queftions qui regardent la difpofition des lieux, tant entr'eux fur le olobe, qu'à l'égard du Soleil & de tout le ciel. Foyez GLOBE. Donc, fuivant la différente pofition de auelques= uns de ces cercles par rapport aux autres, il arrive que nous avons la /p#ere droite parallele ou-oblique. * La fphere droite eft celle dans laquelle l'équateur: coupe Phorifon du lieu à angles droits. Dans cette fituation, Péquateur & tous les cercles parallelés à Phorifon, doivent couper dire&ement Phorifon, fans s’incliner d’un côté plus que de l’aui tre. Réciproquement Phorifon coupe l'équateur , & tous les cercles paralleles à Péquateur en deux por- tions égales. Telle eft la /phere droite, & voici fes effets. On a le jour en général tant que le foleil eft fous Phorifon: Or tous les cercles que lefoleil décrit d'un tropique à l'autre font coupés en deux portions égales par cet horifon , puifqu'ils tombent diredtes ment deflus. Les jours y font donc égaux aux nuits, & durant toute Pannée 1l y a douze heures de jour & autant de nuit. Le foleil y defcendant diréétement fous Phorifon , s’en éloigne plus vite que s’ils’y plon: geo obliquement ; ainfile crépufcule eft plus court. La /phere parallele eft celle dans laquelle l'équateur eff parallele à l’horifon fenfible , & dans le plan de Phorifon rationnel, | Elle eff telle pour ceux atxquels le pole fert de Zénith. Si ce coin du monde eft habitable , on doit y avoit l'horifon dans l'équateur, puifque le pole & le zénith y étant la même chofe, à 00 degrés delà, on trouve également l’horifon & l'équateur qui fe confondent, ou deviennent paralleles l’un à l’autre: ce qui fait donner à cette difpofition dumonde lenom 454 SPH de fphere parallele, En voici les fuites. Le foleïl eft fix mois en-decà de l'équateur vers le pole arétique, & fix moïs au-delà. Si l'équateur eft Phorifon des peu- ples qui peuvent être {ous le pole, ils devroient voir le foleil tourner fix mois de fuite autour d'eux, s’éle- ver peu-à-peu.durant trois mois jufqu’à la hauteur de 23 + degrés, &c pendant trois autres mois s’abaifler par des cercles difpofés en forme de ligne fpirale , fuf- qu'àce que décrivant un parallele qui commence à de détacher de l'équateur , labandonne aufñ leur ho- ion. | La.fphere oblique eft celle dans laquelle l'équateur coupe Phorifon obliquement. | Dans cette pofition l’horifon & l'équateur fe cou- pent obliquement , faifant un angle aigu d’un côté, & obtus de l’autre; de forte que les révolutions diurnes de la fphere fe font à angles obliques à l’ho- rifon. L'un des poles dumondeeft toujours élevéau- deflus de l’horilon, & toujours vifible ; mais l’autre et perpétueliement au-deflous &c invifble , & la hau- teur de l’un eft toujours égale à labaiflement de l’au- tre. Le zémth eft hors de l'équateur, entre lui & le pole. Il en eft de même du nacir. Sphere armillaire ou artificielle eft un inftrument af- tronomique qui repréfente les différens cercles de da fphere dans leur ordre naturel, & qui fert à donner une idée de l’ufage &c de la pofition de chacun d’eux, êc à réfoudre différens problèmes qui y ont rapport. On l'appelle ainfi parce qu’elle eft compoiée d’un nombre de bandes, où anneaux de cuivre ou d’autre matiere, appellés par les Latins armilla , à-caufe de la reffemblance qu'ils ont avec des bracelets ou an- neaux. On la diftingue d'avec le globe en ce que quoique le globe ait tous les cercles de la fphere tracés fur fa furface, il neft cependant pas coupé en bandes ou anneaux pour repréfenter, Les cercles purement. & fimplement;maisil offre auffi les efpaces intermédiai- res qui fe trouvententre les cercles. Woyez GLOBE. Tout ce que nous voyons dansle ciel marche pour nous, comme étant vu dans une /phere concave. Un globe convexe, & qwon ne voit que par dehors, a'étantpasnaturellementpropre à nous peindre cette concavité , on s’avifa de confiruire une /phere évui- dée ; 8 où lon pût voir intérieurement tous les points qu'ona intérêt de connoïtre, enne la compo- fant que de ces points mis bout-à-bout, & enfuppri- mant les autres, Il y a des fpheres armillaires de deuxortes, fuivant l’endroit'où la terre y eft placée ; c’eft pourquoi on les diftingue en fphere de Ptolomée &c /phere de Co- pernic:: dans la premiere la terre occupele centre, & dansla derniere elle eft fur la circonference d’un cer- cle, fuivant la place que cette planete remplit dans le fyflèmelolaire. Voyez SYSTEME. La fphere.de Ptolomée eft celle dont onfefert com- munément, & qui eft repréfentée ,. PL. affronomique, Jig. 21 Au milieu fut l'axe dela fphere , ilyaunebouleT, qui repréfente la terre, éc. Tous les problemes qui Ont rapport aux phénomenes dufoleil & de la terre peuvent fe refoudre au moyen de cette /phere , à-peu- près comme on le feroit. par le moyen du globe:cé- lefte. Voyez ces problemes fous lerricle, GLOBE. La fphere de Copernic differe à plufeurs égards de celle. de Ptolomée. Lefoleil:y occupe le centre,êz au-tour de cet aftre font placées à différentes diftan- ces les.planetes, au nombre defquelles eft la terre. Cet inftrument eft def peu d’ufage, qu’on nous ex- cufera facilement fnoûs nous difpenfons d’en don- ner la defcription détaillée. Chambers, SpHeR£, L £. ( 4rchir, ) c’eft un corps parfaite- ment rond. qu'on nomme auih globe ou boule; il fert d'ornement fur la rampe d’un efcalier. SP H CSÉHERE , 1. f. ( Miroiterie. ) ou boule ; inftrument dont fe fervent les miroitiers-lunetiers , pour tra- vailler les verres concaves qui font propres aux opérations d'Optique , ou autres ouvrages de mirgi- terie. (D. J.. "4 SPHÉRICITÉ , £ £ eft la qualité qui conftitue la figure fphérique , ou ce qui fait que quelque cotps et rond ou fphérique. Voyez SPHERE. _ La /phéricié des cailloux , des fruits, des graines, Éc. & des souttes d’eau, de vifargent, 6c. &t des bulles d’air dans l’eau, 6c. vient, fuivant Hooke,, du peu de convenance de leuts parties avec celles du fluide environnant ; ce flüde , felon lui ; les‘empé- che de fe mêler & les contraint de prendreune forme ronde’en les preffant également detoutes parts. Woyez GOUTTE. | Les Neytoniens expliquent cette fphéricire par leur gtand principe de l'attraction, fuivant lequel les par- ties de La même souttefluide , 6e. ferangent natu< rellement le plus proche du centre de cette goutte qu'il eft poffible , ce qui occafionne néceflaireinent une fieure ronde. Voyez ATTRACTION 6 Coné- SION. Chambers. (O) = 41% SPHÉRIE, ( Géog. anc.) Sphæria ; ile du Pélos ponnèfe , fur la côte de l’Argolidé, fous la dominas tion de Trœsène. Cette île, dit Paufanias, iv. ZE, c. xxx. eft fi près du continent, que l’on y peut pañler à pie. Elle s’appelloit originairement Fe Spherie ; mais dans la fuite on lui donna le nom d’/Z Sacrée, Sphérus , qui, felon les Troœzéniens, fut l’écuyer de Pélops , étoit inhumé dans cette île. Ethra, fille de Pithée , femme d’'Egée & mere de Théfée, fut aver- tieen fonge par Minerve, d’aller rendre à Sphérus les devoirs que l’on rend aux morts. Etant venue dans l’île à ce deflein, il arriva qu’elle eutcommercé, avec Neptune. Ethra, après cette aventure, confacra un temple à Minerve furnommée apaturie, où la srom- peufé, & voulut que cetteile , qui fe nommoit Sphé- rie, s'appellât le facrée. Elle inftitua même Pufage que toutes les filles du pays, en fe mariant , confa- crérotent leur cèinture à Minerve apaturie ; c’étoit-là eut-être une méchanceté de cette princefle. (D.7.) SPHÉRIQUE , adj. (Géom. & Affronomie, ) fe dit en général de tout ce qui a rapport à la fphere , où qui Lui appartient. Un angle /phérique eft l'incli- naïfon mutuelle de deux plans qui coupent une fphe- re. Voyez PLAN & ANGLE, Ainfi Pinclinaïfon des deux plans CAF &CEF, PI. de Trigonométrie | fig, 21. forme l’angle /pherique ACE.. Voyez SPHERE. R La mefure d’un angle /phérique 4 CE eft ün arc de erand cercle 4 Æ , décrit du fommet €, commepole; & compris entre les côtés C 48 CE. D'oùils’enfuit que puifque l’inclinaifon du plan CE Fauplan CA F eft par-tout la mème, les angles qui font aux interfettions oppofées C8 Fiontégaux, Siuncercle de la fphere 4 £ B F coupe un autre cercle CE D F , fig. 19. les angles adjacens 4 E CGE AE D font évaux à deux droits ; &r les angles oppo- és. 4 E C& DEB font égaux entreux. Ainfitous lesangles fphériques comme 4EC,AE D,DEB, BEC, Ec.faits autour du même point Æ,, font égaux pris enfemble à quatre angles droits. Untriangle /phérique eft un triangle compris entre trois ares de grands cerclés d’une fphere qui fe.cou- pent l’un lautre.-Foyez TRIANGLE. Propriétés des triangles fphériques. 1°, S1 dans deux triangles. fphériques.,! PL..de Trigonomét. fig. 10. &u, A BC&.a be, angle 4=a, B A=ba,& CA cas les angles Bb, &cles côtés qui renferment les angles, feront refpetivement égaux ; &t par con féquent les triangles entiers feront égaux; c’eft-à-dire BC—bc,B—b, &C=c. De plus, f dans deux triangles fphériques À za, =c,& AC—ac, alors B=b, AB=4b, & bc— BC. Enfin fi dans deux triangles fphériques AB=ab, AC=ac,8& BC—=bc; donc A fera égal ma, B=6 & C—c: les démonfirations de ces propriétés font Les mêmes que celles des propriétés femblables qui fe rencontrent danslestriangles plans; car les propofitions fur l'égalité des triangles reili- gnes s'étendent àtousles autres, &c.pourvu queleurs côtésfoientfemblables. Voyez TRIANGLE Jphérique 2/ocele. 2°. Dansun triangle 4 BC, fig. 11. les angles à la bafe B & C {ont égaux ; & fi dans un triangle /pheri- que les angles Z & C'à la bafe 8 C font égaux , le triangle eft ofcele. 3°. Dans tout triangle fphérigue chaque côté eft ‘moindre qu'un demi-cercle ; deux côtés quelcon- ques pris enfemble font plus grands queletroifieme; tous les trois côtés pris enfemble font moindres que la circonférence d’un grand cercle, le plus grand cô- té eft toujours oppoié au plus grand angle , & le moindre côté au moindre angle, 4”. Si dans un triangle /phérique B AC, fig. 13. deux côtés 4 B & B C'pris enfemble font égaux à un denu-cercle, la bafe À C étant continuée en D, l’an- gle externe B CD fera égal à Pangle interne oppofé BAC, É Si deux côtes pris enfemble font moindres ou plus grands qu’un demi-cercle, l'angle externe BC Dfera moindre ou plus grand que angle interne oppofé 4, -&c la converfe de toutes ces propoñtions eff vraie ; favoir , fi l'angle BCD eft égal ou plus grand, ou moindre que À, les côtés 4 B & BC font Épaux, OU plus grands, où moindres qu’un demi-cercle. ÿ°. S1 dans un triangle /pherique A BC, Jig. r2. eux côtes À B & B Ciont égaux à un demncercle, “les angles à [a bafe 4 & C font égaux à deux angles droits ;fi les côtés fontplus grands qu’un demi-cercie ; les angles font plus grands que deux droits ; & files côtés font moindres , les angles font moindres » & Té- ciproquement. | 6°. Dans tout triangle fphérique chaque angle et moindre que deux droits; & les trois enfemble {ont moindres que fix angles droits, & plus grands que deux. 7°. Si dans un triangle /phérique B AC, les côtés A B & B Cfont des quarts de cercle , les angles à la bate B & C feront des angles droits; fi angle 4 compris entre les côtés 4 5 & 4Ceft un angle droit, F C'iera un quart de cercle; fi 4 eftun angle obtus, B C fera plusgrand qu'un quart de cercle; & s’il eft aigu, B Cfera moindre, & réciproquement, 8”. S1 dans un triangle /phérique reétangle, le côté | BC, fig 14. adjacent à l'angle droit P, eftun quart de cercle, l'angle À fera un angle droit ; fi 8 £ eft plus grand qu'un quart de cercle, l'angle 4 fera ob- is ; & fi B D eff moindre qu'un quart de cercle à Pangle 4 fera aigu, & réciproquement, 9°. Si dans un triangle /phérique rectangle chaque côté eft plus grand ou plus petit qu'un quart de cer- cle, Phypothénufe fera moindre qu’un quart de cer- cle, & réciproquement. 10°.S1 dans un triangle fphérique 4 BC, fx15:réc- tangle feulement en B, un côté CB eft plus grand qu'un quart decercle, & l’autre côté 4 8 moindre, Thypothénufe Z B fera plus grande qu’un quart de cercle, & réciproquement. Te E 11°. Sidansun triangle fphériqueobliquangle ABC, | fig. 16. les deux angles la bafe 48 B',fontobtusou | aigus , la perpendiculaire € D qu’on laifiera tomber | du troifieme angle Cfur le côté Oppoié À B ,fombera dans Je triangle ; fi l’un d'eux Z eff obtus;, & l’autre B aigu, la perpendiculaire tombera hors du trianole. 12°. Sidansuntriangle /phérique À B Ctous lesan- ! gles 4, B, &C font aigus, les côtés font chacuh | SAP #1 455 Moindres qu'un quart de cercle, Ainf, f dans un triangle /phérique obliquangle un côté eff plus grand qu'un quart de cercle, ilyaun angle obtus, favoir celui qui eft oppofé à ce côté. 13°. Si dans un triangle /phérique À CB, deux ans gles 4 & B {ont obtus, & le troifieme C'aigu, les côtés 4 C & CB oppofés aux côtés obtus font plus grands qu'un quart de cercle; ainfi fi les deux côtes {ont moindres qu’un quart de cercle , les deux angles font aigus. 14°. Si dans un triangle /phériquetous les côtés font plus grands qu’un quart de cercle, ou-bien si] yena deux plus grands, & un qui foit égal à un quart de cercle, tous les angles font obtus, : | 15°. Si dansun triangle fphérique obliquangle deux côtés font moindres qu’un quart de cercle , Gtletrois fieme plus grand, l'angle oppofé au plus grand fera obtus & les autres aigus. Wolf 6 Chambers. Sur la réfolution des triangles Jphériques, voyez TRIANGLE. Les propriétés des triangles /phériques font démon- tréesavec beaucoup d'élégance & de fimplicité dans un petittraité qui eft imprimé à la fin de l’inrroduéio ad veram Aftronomiam , de M, Keill, M. Deéparcieux, de l’académie royale desSciences de Paris &de celle de Berlin, a donné au public en 1741 , un traité de Trigonomérie Jhhérique , in-4°. imprimé à Paris chez Guérin ; Pauteur démontre dans cet ouvra ge les pro- priètés des triangles fphériques , en regardant leurs angles comme les angles formés par les plans qui fe coupent au centre de la fphere, &z les cotés des triangles fphériques corame les angles que forment entr’elles les lignes tirées du centre de la fphere aux extrémités du triangle ; c’eft À dire qu'il fubflitue aux triangles /phériques des pyramides qui ont leur fotnmet au centre de lafphere. L’académie royale des Sciencesayant fait examiner cet Ouvrage par des com- miflaires qu’elle nomma à cet effet, à Jugé que. quoique l’idée de M. Déparcieux ne {oit pas abfolu- mentnouvelle, & qu’elle Pait obligé de charger quel- _quesünes de fes démonftrations d’un aflez grand'dé- tail , elle lui avoit donnémoyen d’en éclaircir & d’en fimplifier un plus grand nombre d’autres » & que cet ouvrage ne pouvoit manquer d’être fort utile. (0) L’aftronomie fphérique eft la partie de lAfrono- mie qui confidere l’univers dans l’état où l’œ;l ape perçoit. Voyez ASTRONOMIE. L’aftronomie fphérique comprend'tous les phéno- menes & les apparences des cieux @ des corps célef tes, telles que nous les appercevons , fans en cher cher les raïfons & la théorie. En quoi elle eft diftin- guée d'avec l’afronomie théorique , qui confidere la ftrudure réelle de Punivers, & les caufes de fes phénomenes. | Dans laflronomie /phérique on conçoit le-monde comme une furface /phérique cdncave, au centre de laquelle eft la terre , autour de laquelle le monde vi- fible tourne avec les étoiles & les planetes, qui font regardées comme attachées à fà circonférence ; ÈE c’eft fur cette fuppoñition qu’on détermine tous les autres phénomenes. È L'affronomie théorique nous apprend par les lois de l'optique , 6-c. à corriger ces apparences, & à ré- dure le tout à un fyftème plus exa. | Compas Jphérique , voyez Compas. Géométrie fphérique eft la do&rine de la fphere & particulierement des cercles qui font décrits fur fa furface , avec la méthode de les tracer {ur un plan, & d'en mefurer les ares &'les angles quand on les a tracés. | | La Trigonométrie /phériqueeft l’art de réfoudreles triangles fphériques , c’eft-à-dire , trois chofes étant données dans un triangle /phérique, trouver tout le refte : par exemple ; deux côtés & un angle étant 456 SP H donnés , trouver les deux autres angles, & letroi- fieme côté. Voyez TRIANGLE 6 TRIGONOMÉTRIE- Chambers, , Sppériques , ( Géom.) c’eft proprement la do étrine des propriétés de la fphere, confidérée com me un corps géométrique, & particulierement des différens ae qui font décrits fur fa furface. Foyez SPHÈRE. 4 C’eft fur cette matiere que le mathématicien Théo- dofe a écrit les livres qui nous reftenit encore de lui, & qu’on appelle les /phériques de Théodofe. Voici les principales propofitions , ou les princi paux théorèmes des fpheriques. 1°, Si on coupe une fphere de quelque maniere que ce foit, le plan de la feétion fera un cercle dont le centre eft dans un diametre de la fphere. _D’oùil fuit, 1°. que le diametre AI ( Planche de Trigonom. fig. 1.) d’un cercle qui pafle par le cen- ire C, eft égal au diametre 4 B du cercle générateur de ia fphere, & le diametre d’un cercle , comme FE , qui ne pañle pas par le centre, eft égal à quel- que corde du cercle générateur. 2°, Que comme le diametre eft la plus grande de toutes les cordes, un cercle qui pale par le centre eft un grand cercle de la fphere, & tous les autres font plus petits. 3°. Que tous les grands cercles de la fphere font égaux les uns aux autres. 4°. Que fi un grand cercle de la fphere pañle par quelque point donné dela fphere , comme À ; il doit paffer aulfi par le point diamétralement oppolé, com- me B. 5°. Que fi deux grands cercles fe coupent mutuel- lement l’un l'autre , la ligne de feétion eft un diame- tre de la fphere ; &t que par conféquent deux grands cercles. fe coupent l’un l’autre dans des points dia- métralement oppofés. À 6°. Qu'un grand cercle de la fphere la divife en deux parties, ou hémifpheres égaux. 1°, Tous les grands cercles de la fphere fe cou- pent lun d'autre en deux parties égales & récipro- quement tous les cercles qui fe coupent en deux par- : ties égales, font de grands cercles de la fphere. 3°. Un arc d’un grand cercle de la fphere compris entteunautrearc, AL (fig. 18.) & fes poles 4 &c B , eft un quart de cercle. Celui qui eft compris entre un moindre cercle DEF, & unde fes poles 4, eff plus grand qu'un quart de cercle; ëc celui qui eft compris entre le même, & l’autre pole B, eft plus petit qu'un quart de cercle. 4°. Siun grand cercle d’une fphere pafle par les poles d’un autre , cetautre pañle par les poles de ce- lui-ci ; & fi un grand cercle pañle par les poles d'un autre , ils fe coupent lun l’autre à angles droits, & réciproquement. s°. Siun grand cercle 4 F B D pañe par les po- les À & B d’un plus petit cercle D E F ,ille divife en parties égales, & le coupe à angles droits, 6°. Si deux grands cercles AE BF, &CEDF, (fg; 19.) fe coupent l'un l'autre aux poles £ & F, d’un autre grand cercle 4C B D, cet autre pafiera par les poles #7 & k, 1 & i des cercles 4 £ B F,& CEDF. | 7°. Si deux grands cercles AEBF,&CE DPF, en coupent chacun un autre mutuellement, l’angle d’obliquité 4E E fera égal à la diftance des poles H 1. 8°, Tous cercles de la fphere, comme GE,& LK, (fig. 20.) également diftans de fon centre (CM font égaux : 8 plus ils font éloignés du centre, plus ils font petits ; ainfi, comme de toutes les cordes paralleles il n’y en a que deux qui foient également éloignées du centre , de tous les cercles parallelesau SPH -même grand cercle, il n’y en a que deux qui foient égaux. | 9°. Silesarcs EH &KH,GI&IL, compris entre un grand cercle 7 4 M, & les cercles plus pe- ts GNE, & L'O K font égaux, les cercles font égaux, | 10°. Si les arcs £ H & G I, du même grand cer- cle 41 B H, compris entre deux cercles G NE, Ë£ 1 MH, font égaux , Les cercles font parallelés. 11°, Un arc d’un cercle parallele TG, (fig. 21.) eft femblable à un arc d’un grand cercle 4E£, f cha- cun d’eux eft compris entre les mêmes grands cer- clsCAF, &CÉF. | | Aïnfi, les arcs 4E & IG, ont la même raifon à leur circonférence; & par conféquent contiennent le même nombre de degrés; & l'arc 1 &, elt plus petitque larc AE. 12°. L’arc d'un grand cercle eft la ligne la plus courte qu'onpuifle tirer d’un point dela furface d’une fphere à un autre point de la même furface. De-là ils’enfuit que la vraie diftance de deux heux fur la furface de la terre, eft un arc d’un grand cercle compris entre ces lieux. Voyez NAVIGATION & Car TE. Wolf & Chambers. (E) - _SPHÉRISTERE, f. m. ( Gyranalliq. ) fpherijfs- rium , heu confacré à tous les exercices dans lefquels on employoit la balle. | Quoiqu’entre les divers exercices où l’onfe fer- voit de balles, il y en eût plufieurs qu’on ne pouvoit pratiquer qu’en plein air & dans les endroits les plus {pacieux des gyinnafes, tels qu’étoient les xyfes, xyffa , ou les grandes alléés découvertes ; on ne laïioit pas chez les Grecs de conftruire dans ces gym nafes quelques pieces convenables à certaines eipe- ces de fphéniftiques. | Les Romains qui avoient imité les Grecs dans la conftrixtion de la plüpart de leurs bârimens, &t en- tre autres dans celle de leurs gymnafes ou paleftres, & de leurs thermes, y plaçoient aufñfi de ces /phéras fleres , qui n’étoient pas tellement affeétés à ces édi- fices publics, qu’il ne s’en trouvât fouvent dans Îles maïfons des particuliers tant à la ville qu’à la campa- gne. L’empereur Vefpañen, par exemple, en avoit un dans fon palais; & c’étoit-là, qu’au rapport de Suétone , il fe fafoit frotter la gorge &z les autres par- ties du corps un certain nombre de fois. Alexandre Severe s’exerçoit auffi très-fouvent dans fon /phéri- fiere, fuivant le témoignage de Lampridius, Pline le jeune, dans les defcriptions qu'il nous a laiffées de fes deux maifons de campagne du Laurea- tin & de celle de Tofcane, place dans l’une &c dans l'autre un /phærifferium. X] dit en parlant du Lauren- tin, cohæret calida pifcina mirificè ex qué natantes mare adfpiciunt ; nec procul fphærifterium, guod calidi ffèmo Joli, inclinato jam die, occurrit, c’eftà-dite, 1 ya une grande baignoire d’eau chaude fi avantageufe- ment fituée, que ceux qui s’y baignent voyent {a mer ; & non loin de-là eft un jeu de paume expofé à la plus grande chaleur du foleil vers la fin du jour. Et en parlant de fa maifon de Tofcane, il s'exprime ainf : apodyterio fuperpofirum ef fphærifterium g40d plura genera exercitationis , plurefque circulos capit 3 une efpece de jeu de paume propre à divers exerci- ces, occupe le defflus du lieu qui fert de garde-robes duits & détours particuliers. _&c ce jeu de paume eft accompagné de plufieurs Fr Comme Vitruve, dans la defcription qu'il donne . des gymnafes ou päleftres, tels qu’onles voyoiten Grece de fon tems ( car ils n’étoient pas fort com muns en Jtalie } ne dit pas un mot du /pæriflerium, en faifant le dénombrement des différentes pieces dela _paleftre; il y a apparence que le coryceum dont il parle, eft le véritable /pherifterium des paleftres, c’eft-à-dire, un heu deftiné à la pRipart des exerci- Ces SPA ‘ces où l’on fe fervoit d’une balle, & qui faifoienit partie de la jphériflique. Voyez SPRÉRISTIQUE 6 SPHÆRISTICI. (D. J.) SPHÆRISTICI, (Gymnallig. ) maîtres qui en: feignoient la fphénftique. Foyez SPHÉRISTIQUE 6 SPHÉRISTERE. ( D. J.) SPHERISTIQUE , ( Gymnaffiq. ) chez les anciens la fphériflique comprenoit tous les exercices où Von fe fert d’une balle : elle faifoit une partie confi- dérable de l’orcheftique. On a fait honneur de fon invention à Pithus, à Nauficaa, aux Sicyoniens ; aux Lacédémoniens , & aux Lydiens. Il paroît que . dès le tes d’'Homere cet exercice étoit fortenufage, puifque ce poëte en fait un amufement de fes héros: Al étoit fort fimple de fon tems , mais il fit de grands progrès dans lesfiecles fuivans chez les Grecs. Ces peuples s'appliquant à le perfeétionner, y intro: duifirent mille variétés qui contribuoient à le rendre plus divertffant, & d’un plus grand commerce, Ils ne fe contenterent pas d'admettre la /pheriflique dans leurs gymnafes où1ls eurent foin de faire conftruire des eux particuliers, deftinés à recevoir tous ceux qui vouloient s’inftruire dans cet exercice, ou don- ner des preuves de l’habileté qu'ils y avoient acqui- fe : ils propoferent encore des prix pour ceux qui fe diftingueroient en ce genre dans les jeux publics ; _ainfi qu’on peut leconje@turer de quelques médailles grecques rapportées par Mercurial , & fur lefquelles on voittrois athletes nuds s’exerçant à la balle au- devant d’une efpece detable quifoutient deux vafés, de l’un defquels fortent trois palmes avec cette inf- cription au-deflous, H7@1A AKTIA. Les Athéniens, entre autres donnérent un témoignage fipnalé de Pe- ftime qu'ils fauoient de la fphériftique, en accordant 1e droit de bourgeoifie, & en érigeant des ftatues à un certain ariftonique Caryftien, joueur de paume d'Alexandre le grand, & qui excelloit dans cet exer- HiCer ee | Les balles à jouer fe nommoïent en grec cpañpss ; fpheres, globes , & en l:tin elles s’appelloient pile. La anatiere de ces balles étoit de plufeurs pieces de peau fouple êt courroyée, ou d'autre étoffe, coufues en- {emble en maniere de fac que l’on remplifloit tantôt de plume ou de laine, tantôt de farine, de graine de figuier, ou de fable. Ces diverfes matieres plus ou moins prefflées & condenfées, compofoient des bal- Les plus ou moins dures. Les molles étoient d’un ufa- e d'autant plus fréquent, qu’elles étoient moins ca- pables de bleffer & de fatiguer les joueurs, qui les poufloient ordinairement avec le poing, ou la paume de la main. On donnoit à ces balles différentes grof- eurs ; 1l y en avoit de petites, de moyennes, & de zrès-grofles ; les unes étoient plus pefantes, les au ires plus lègeres ; & ces différences dans la pefanteur & dans le volume de ces balles, ainfi que dans la ma+ niere de les poufler , établifioient diverfes fortes de fphérifliques. ne paroît pas que les anciens ayent employé des balles de bois, ni qu'ils ayent connu . l’ufage que nous en faifons aujourd’hui pour jouer à la boule &c au mail; mais ils ont connu les balles de verre, ce que nous obfervons en paffant. À l’écard des inftrumens qui fervoient à poufler les balles, outre le poing, &c la paume de la main , on employoit les piés dans certains jeux; quelquefois on fe garnifloit les poings de courroies qui faifoient plufieurs tours, & qui formoient une efpece de gan- telet ou de braflard, fur-tout lorfqu’il étoit queftion de poufler des balles d’une groffeur ou d’une dureté extraordinaire. On trouve une preuve convaincante de cette coutume fur le revers d’une médaille de Témpereur Gordien III. rapportée par Mercurial, où Ton voit trois athletes nuds ceints d’une efpece d’é- charpe, lefquels foutiennent de leur main gauche une balle ou un balon ; qui paroït une fois plus gros £ Tome XP. " £ SP H 43? êue leur tête, & qu'ils femblent fe mettre en cevoir de frapper du poing de leur main droite atmée d’une éfpece dé gantelet. Ces fortes de santelets ou de braf- fards , tenotent lieu äux anciens de ratuettes & dé battoirs qu, felon toute apparence; leur ont été abs folum'ent inconnus, | | Les exercices de la Jphériffique | qui étoient en grand nombre chez les Grecs , peuvent fe rapportet à quatre principales efpeces, dont les différences fe tiroient dé la grofleur & du poids dés balles que lon y employoit. Il y avoit donc lexertice de la petite balle ; celui de la groffe , celui du balon & ce: lui du corycus. | | De ces quatre efpeces de /phénffiqués celui de la pes tite balle étoit chez les Grecs léplus en-ufage,8c celui qui avoit Le plus mérité l'approbation des Médecins. Antyllus, dont Oribafe nous a confervé des frigmens confidérables, &t qui eft l’auteur dont nous pouvons tirer plus d’éclairciflemens fur cette matieré,, recon: noît trois différences dans cet exércicé de la petite balle, noneulement paf rapport à la diverfe grof: feur des balles dont on jouoït ; mais auffi par rapport à la diverfe maniere des’en fervir, Dansla premiere, où Pon employoit les plustpetites balles , lesjoneurs fe tenoient aflez près les uns des autres. IIS voient le corps ferme & droit , & fans branler de leur place , ils s’envoyoient réciproquement les balles der _ main en main avec beaucoup de vitefle & de déxté- rité. Dans la feconde efpece, où l’on jouoit avec des balles un peu plus grofles, les joueuts , quoiqu’afféz voïfins des uns des autres, déployoient davantage les mouvemens de leurs bras, qui fe croifoienr &r fe rencontroient fouvent ; & ils s’élançoient çà 8e là pour attraper les balles, felon qu’elles bondifloient: outbricoloient différemment. Dans la troifiéme ef pece, où l’on fe fervoitde’balles’encore plus grofes ; on jouoit à une diftance confidéfable , & les joueurs fe partageoïient en deux bandes , dont l’une fe tenoit ferme.en fon pofte, & envoyoit avec force & coup fur coup les balles de l’autre côté, où l’on fe don- noit tous Les mouvemens nécceflaires pour les reces voir & les renvoyer, On doit rapporter à l'exercice de la petite balle 3 dont on vient de décrire les trois efpeces allésuées par Antyllus, trois autres fortes de jeux appellés aToppaË Is ; cuparie êz apTagovs | : Le jeu nomme aporrkaxis, d'éropinyvous, abrumpoz frango , & dont Pollux nous a confervé la deferip tion ,confiftoit à jetter obliquement une balle contre terre , lui donnoit occafion de rebondir une fecondé fois vers l’autre côté d’où elle étoit renvoyée de la même maniere & ainfi de fuite , jufqu’à ce quelqu'un des joueurs manquât fon coup , & l’on avoit foin de compter les divers bonds de la balle, Dans le jeu appellé ozrarie , lun des joueurs fé courbant en arriere, jettoit en l'air une balle qu’un. autre tâchoit d’attrapper en fautant avant qu’elle re: tombât à terre, & avant que lui-même fe trouvât fur fes piés : ce qui demandoit une grande juftefle de la part de celui qui recevoit cette balle, 8: qui devoit pour fauter prendre précifément l'inftant que la balle qui tetomboit püt être à la portée de fa main. L’harpafion a fon nom dérivé d'éprato | rapio à parée qu’on s’y arrachoit la balle Les uns aux autres, Pour y jouer , on fe diviloit en deux troupes , qui s’éloignoient également d’une ligne nommée oxupos ÿ que lon traçoit au milieu du terrein , & fur laquelle on pofoit une balle, On tiroit derriere chaque troupe une autre ligne , qui marquoit de part & d'autre les limites du jeu. Enfuite les joueurs de chaque côté couroient vers la ligne du milieu ; & chacun tâ: choit de fe faifr de la balle , & de la jetter au-delà de Pune des deux lignes qui Duc. le but, pen= m fn 458 SP H dant que ceux du parti contraire faifoient tous leurs efforts pour défendre leur terreien, & pour envoyer la balle vers l’autre ligne. Cela caufoit une efpece de combat fort échaufté entre les joueurs qui s’arra- choient la balle, qui la chafloient du pié & de la main, en faifant diverfes feintes , qui fe poufloient les uns les autres, fe donnoient des coups de poing, & fe renverfoient par terre. Enfin le gain de la par- tie étoit pour la troupe qui avoit envoyé la balle au- delà de cette higne qui bornoit le terrein des antago- niftes. On voit par-là que cet exercice tenoit en quelque façon de la courfe, du faut, de la lutte 8 du pancrace. : L'exercice de la grofle balle étoit différent des précédens, non feulement à raïon du volume des balles que l’on y employoit, mais auffi par rapport à la fituation des bras; car dans les trois principales efpeces de petite fphériflique dont on vient de par- ler , les joueurs tenoient toujours leurs mains plus bafles que leurs épaules; au-lieu que dans celle-ci, ces mêmes joueurs-élevoient leurs mains au-deflus de leur tête, fe dreflant même fur la pointe du pié, & faifant divers fauts pour attraper les balles qui leur pafloient par-deffus la tête. Cet exercice, com- me l’on voit, devoit être d’un fort grand mouve- ment, & d'autant plus pénible, qu'outre qu’on y mettoit en œuvre toute la force des bras pour pouffer des balles d’une groffeur confidérable à une grande diffance, les courfes, les fauts:, &c les violentes con- torfons que l’on s’y donnoit, contribuotent encore à en augmenter la fatigue. La troifieme efpece de fphériflique connue des Grecs ,étoit lexercice-du ballon, appellé cpcrpe #evx, dont nous. favons peu de circonftances, fi ce n’eft quesces ballons étoïent vraiflemblablement faits comme les nôtres, qu’on leur donnoit une groffeur énorme, & que.le jeuten.étoit difficile & fatiguant, L'exercice du corycus qui étoit la quatrieme efpe- ce de fphériflique greque, la feule dont Hippocrate ait parlé, & qu'il appelle zwpurouayin, qui eft la mê- me chofe que le xopuzcBoniæ, du médecin Arétée, confiftoit à fufpendre au plancher d’une falle, par le moyen d’une corde ; une efpece de fac que lon rem- plifoit de farine ou de graine de figuier pour les gens foibles., 8 de fable pour les robuites, 6 qui defcen- * doit jufqu’à la hauteur de la ceinture de ceux qui s’e- xercoient. Ceux-ci preffant ce fac à deux mains, le portoient auffi loin que la corde pouvoit s'étendre, après quoi lâchant ce fac ils le fuivoient , & lorfqu’il révenoit vers eux, ils fe reculoient pour céder à la violence du choc; enfuite le reprenant à deux mains, ils le poufloient en avant de toutes leurs forces, & tâchotent malgré limpétuofité qui le ramenoit , de l'arrêter, foit en oppofant les mains, foit en préfen- tant la poitrine leurs mains étendues derriere le dos; en forte que pour peu qu’ils négligeaffent de fe tenir fermes, l’effort du fac qui revenoit leur faifoit quel- quefois lâcher le pié, & les contraignoit de reculer. Ilréfultoit, felon les Médecins, de ces différentes efpeces de /phérifligues , divers avantages pour la fan- té. Ils croyoientque l’exercice de la grofle & de la petite balle étoit très-propre à fortifier les bras, auf- fi-bien que les mufcles du dos & de la poitrine, à débarraffer la tête, à rendre l’épine du dos plus fou- ple par les fréquentes inflexions , à affernur les jam- bes 6t les cuiffes. Ils n’eftimoient pas que le jeu de ballon füt d'une grande utilité, à caule de fa difi- culré êc des mouvemens violens qu'il exigeoit; mais en général ils croyoient tous ces exercices contrai- res à ceux quiétoient fujets aux vertiges, parce que les fréquens tournoiemens de la tête &c des yeux, néceflaires dans la /phériflique, ne pouvoient man- quer d’irriter cette indifpofition, Pour ce qui concer- ne l'exercice du corycus , ou de la balle fufpendue, ils SPH le jugeoient très-convenable à la diminution du trop d’embonpoint, & à laffermiflement de tous les muf- cles du corps; fe perfuadant auffi que les fecouffes réitérées que la poitrine & le ventre recevoient du choc de cette balle, n’étoient pas inutiles pour main tenir la bonne conflitution des vifceres qui y font renfermés. Arétée en confeiloit lufage aux lépreux; mais on le défendoit à ceux qui avoient la poitrine dé: licate, | Après avoir parcouru les efpeces de fphériffiques en ufage chez les Grecs, examinons préfentement ce que les Romains ont emprunté d'eux par rapport à cet exercice, & ce qu’ils y ont ajoute de nouveau, On ne trouve dans l'antiquité romaine que quatre fortes de /phériftiques ; favoir le ballon appellé foZlis ; la balle, furnommée srigonalis ; la balle villageoife, pila paganica, & l'harpaffum. Cœlius Aurélianus les défisne toutes par l’expreflion générale de /phera italica, paume italisnne. Le poëte Martial les a toutes comptrifes dans ces vers. Non pila, non follis, 707 Le paganica chèrmis Præparat, aut nudi fhipitis 1&us hebes : Vara nec injeëtlo ceromate brachia tendis, . Non harpalla vagus pulyerulenta rapis. Le ballon étoit de deux efpeces, de la grande & de la petite. On poufloit les grands ballons avec le bras garni comme nous l'avons dit en parlant de celui des Grecs. La petite efpece qui étoit le plus en ufage , fe poufloit avec le poing , d’où elle recevoit le nom de follis pugillaris où pugilatorius. La légéreté de ce bal- lon-le mettoit le plus à la portée des perfonnes Les moins robuftes tels que font les enfans , les vieillards êt les convalefcens. La paume appellée srigonalis , fe jouoit avec une petite balle nommée #gon, non pas de fa figure qui étoit ronde &c nullement triangulaire, mais du noôm- bre des joueurs qui étoient ordinairement trois dif pofés -entriangle, & qui fe renvoyoïent la balle, tantôt de la main droite , tantôt de la gauche, & celui qui manquoit à la recevoir, la laïfloit tomber, perdoit la partie. Il y a trois expreflions latines qui Ont rapport à ce jeu ,| & qui méritent d’être remar- quées. On appelloit raprim ludere, lorfque les joueurs faifoient en forte de prendre la balle au premier bond. Datatim ludere fe difoit d’un joueur qui envoyoit ia balle à un autre ; & qui accompagnoit ce mouve- ment de diverfes feintes pour tromper les Joueurs. Enfin, expulfim ludere s'eppliquoit à Paétion des joueurs qui fe repoufloient les uns les autres pour at- traper la balle, &tla renvoyer. La paume de village, appellée pi/a paganiea , wé- toit pas tellement abandonnée aux payfans, qu’elle ne fût auf reçue dans les gymnafes & dans les ther- mes , comme il eft facile de s’en convaincre par les vers de Martial ci-deflus rapportés. Les balles qu'on employoit dans cette forte de paume étoient faites d’une peau remplie de plume bien foulée & bien en- taflée, ce qui donnoit une dureté confidérable à ces balles. Elles furpañloient en groffeur les balles trigo- nes & les ballons romains. La dureté de ces balles jointe à leur volume en rendoit le jeu plus difficile & plus fatiguant. La derniere efpece de /phériflique en ufage chez les Romains & nommée harpaflum, n’étoit en rien diffe- rente de l’harpafton des Grecs, de qui les Romains l'avoient empruntée ; aïnf, fans répeter ce qui a été dit, on remarquera feulement que l’on s’exerçoit à ce jeu fur un terrein fablé, que la balle qui y fervoit étoit de la petite efpece, & que l’on y employoit plutôt les mains que les piés , comme 1l paroït par cette épigramme de Martial {ur des harpaftes + Hac rapit antœi velox in puluere Draucus, SPH Grandia qui vano colla labore facit. Et par ces vers du même poête : Sive harpafta manu pulverilenta rapis Nen harpalta vagus pulvertlenta rapis. L’antiquité grecque & romaine ne nous fournit rien de plus touchant les différentes efpeces de fphé- rifliques } mais on en découvre une tout-à-fait fingu- liere qui eft le jeu de balles de verre dans une ancien- . nein{cripuon trouvée à Rome en 1591, fous Le pon- tiñcat d'Innocent XI. & que l’on voit encore aujour- d’hui attachée aux murs du vatican : elle eft le {eul monument dont nous ayons connoiffance, qui fafle . mention du jeu de la balle de verre inconnu jufqu’au tems d'un Tyfus Togatus mentionné dans linfcrip- tion , lequel s’en.dit l'inventeur. Il eft difficile de de- viner précifément en quoi confiftoit ce jeu, & il faut néceflairement, au défaut d’autorités fur ce point , hafarder quelques conjeftures. M. Burette, dans une diflertation fur fa fphériflique des anciens, qu’ila mife dans le recueil des mémoires de l’académie des Inf- criptions , & dont nousavonstiré cet article, a de la peine à fe perfuader que les balles de verre qu’on employoit fuflent folides: car, dit-il, f l’on veut leur attribuer une groffeur proportionnée à celle de nos balles ordinaires, elles euffentété d’une pefanteur -ncommode & dangereufe pour les joueurs; fi au con- - traire on les fuppofe très-petites, elles éuflent donné trop peu de prife aux mains, & euflent échappé aux yeux. Il y auroit donc lieu de croire que ces balles étoient autant de petits ballons de verre que les joueurs s'envoyoient les uns aux autres ; & l’adrefle dans ce jeu confiitoit fans doute à faire en forte que ces ballons fuflent toujours foutenus en l’air par les diverfes impulfions qu'ils recevoient des joueurs qui les frappoient de la paume de la main, & à empé- cher qu'ils ne heurtaffent contre les murs, ou qu'ils ne tombañlent par terre, auquel cas ils ne manquoient guere de fe brifer.Ce qui acheve de déterminer à cette Opimion eft un pañlage de Plinelenaturalifte, qui em- ploie l’exprefion de pi/a vitres dans une occafñon où ce ne peut être qu’une boule de verre creufe : Cum, addiié aqua,vitreæ pilæ fole adverfo, in tantum excan- defcant, ur vefles exurant. « Les boules de verre pleines » d’eau, & expolées aux rayons du foleil , s’échauf- » fent jufqu’au point de brûler Les habits ». Voilà du- moins ce qu'on a penfé de plus vraiflemblable par rapport à cette derniere efpece de /phériffique , fi peu connue d’ailleurs ,88& qui mériteroit certainement d’être plus particulierement éclaitcie, (D. J. SPHEROIDE, f.m. ez Géométrie, eft le nom qu’Ar- chimede a donné à un folide qui approche de la f- gure dune fphere, quoi qu’il ne foit pas exaétement rond, mais oblong , parce qu'il a un diametre plus grand que l’autre, & qu'il eft engendré par la ré- volution d’une demi-ellipfe fur fon axe. Cemot vient de c@xipa ; fphere | 8 éxdoc » gure. Quandil eft engendré par la révolution d’une demi. ellip{e fur fon plus grand axe , on l'appelle fphéroïde oblong ou alongé ; &t quand il eft engendré par la révolution d'une ellip{e fur fon petit axe, on l’appelle fphéroide applati. Pour ce qui regarde les dimenfions folides d’un Jphéroïde alongée, 1l eft les deux tiers de fon cylindre circonfcrit. | Un /phéroide alongé eft Aune fphere décrite fur fon grand axe, comme le quarré du petir axe eft au } TAN É | quatre du grand ; & un /phéroïde applati eft à une iphere décrite fur Le petit axe, comme le quarre du grand axe eft au quarré du petit. M On ‘appelle aujourd’hui affez généralement fphé- roide tout folide engendré par la révolution d’une courbe ovale autour de fonaxé, {oit que cette courbe ovale foit une ellipfe ou non. (O ) Tome XF, S P H 4$9 SPHÉROMACHIE, 1e (Antiq, greg.) COIpéLA y ace efpece particuliere de jeu de paume , dont les balles étoient de plomb , & fe nommoient paper. Potter; Archæol. grec. 1. IT, c.xzxy. t. L.p. 448. Voyez SPHÉ- RISTIQUE, (2. J.) SPHETTUS, (Géog. anc. ) municipe de la tribu Acamantide , felôn Etienne le géographe. Paufanias > 1. II, c. xxx. en fait une bourgade de PAttique ; ce qui revient au même, & dit qu’elle fut fondée par Sphettus , fils de Troezen. Phavorinus lit Spkirros pour Spheuns. Il eft fouvent fait mention de cette bourgade dans les orateurs & autres écrivains grecss Le vinaigre y étoit très-piquant , & les perfonnes fort fatyriques , comme nous l’apprennent Arifto: phane & Athénée. M. Spon , dans la lifte des bourgs de PAttique , rapporte une infcription qu'il avoit vie à Conftantinople chez M. de Nointel , ambafla- deur , qui l’avoit apportée d'Athènes, On y lifoit ces mots ; AHMHTIOS AHMHTPIOY ZDHTTIO >; Dans une autre infcription qui fe voyoit fur la _bafe d’une flatue À Eleufine, on lit auff le mot zen: TIOS vers la fin de l’infcription. GAP. ) SPHINCTER , ez Anatomie, eft un tetme dont on fe fert pour fignifier une efpecé de mufcles circu- laires, ou mufcles en forme d’annéaux , qui fervent à former & retrécir différens orifices du corps, & à empêcher l’excrétion de ce qui y eft contenu. 74 424 MUSCLE. Ce mot eff formé du grec cpiyxrup s ffriéfor on con- Jtriéleur, quelque chofe qui bouche & tient une chofe bien clofe ; ces mufcles ont un effet à-peu-près fem- blable à ceux des cordons d’une bourie, Le /phinéter des levres , voyez ORBICULAIRE, Le /phinter du vagin eft un mufcle conftriéteur ; qui fert à empêcher le reflux du fang du clitoris » FC pendant le coit. Voyez VAGin, Ciirorts. SPHINCTER DE L’ANUS, (Araromie.) c’eft un muf cle largé, épais, charnu, qui borde l’anus tout au- tour : fa figure & la tiflure de fes fibres en-dehors immédiatement fous la peau forme une efpece d’o- vale. Il tient par-devant à l'accélérateur de l'urine te & par derriere à l'os coccyx. À mefure qu'il avance plus loin fur le corps de l’inteflin droit , fes fibres des viennent circulaires , & ont à-peu-près deux doists de large. Il eft beaucoup plus-large dans Les hommes que dans les animaux ; & cela, parce que l'homme ayant le corps dreffé perpendiculairement , il faut beaucoup plus de force à ce mufcle pour retenir les excrémens , fonéion pour laquelle il eft fait, (D.J, SPHINCTER DE LA VESSIE , ( Anatomie.) Fallope obferve que les Anatomiftes de fon fiecle n’ont pas bien décrit la firuation de ce mufcle , en le plaçant au-deflous des proftates ; car fi cela étoit, dit-il , La femence dans le coït ne pourroït pas être éjaculée fans urine ; obfervation que les auteurs modernes n'ont point faite, Où par inadvertance , ou parce qu'ils ont été trompés par une partie des ZÆyasores ani, qui reftoient fur les proftates, & que Riolan ap- pelle fphinéter externus. Le /phincter de La veffe ef fitué à la partié fupé= rieure du cou de la vefñe , immédiatement au-deflus des glandes proflates, où, dit Fallope , nous ne de- VOnS pas nous attendre à trouver un mufcle entier, ë&c une fubftance diftinéte de celle du canal , fembla: ble à celle de l'anus; mais feulement la partie la plus charnue du cou de la veflie compofée de plifieurs fibres tranfverfales, dont la contra&ion empêche la {ortie involontaire de l'urine. Pour découvrir ces &- bres tranfverfales , l'auteur confeille de plonger la veflie dans de l’eau bouillante , en commençant pax Mm m x 460 SPH Ôter Les fibres droites qui font en-dehors, au moyen de quoi les tranfverfales paroîtrent. Les principales connexions de la veffie dans l’hom- me font avec l’inteftin recum & les véfcules fémi- naires , & dans la femme avec le vagin, & outre cela dans l’un & l'autre fexe avec les os pubis , non- feulement par plufeurs fibres ligamenteufes, mais encore par quelques petits troufleaux de fibres char- nues qui en viennent & qui fe portant obliquement au cou de la veffie , l’embraffent par leur entrecroi- fement en fe confondant avec les fibres tranfverfes de fa tunique charnue ; c’eft l’entrecroifement de ces fibres charnues fur le cou de la veflie que M. Winf- low foupconne être {on véritable /phinéter , lequel fe trouve fortifié par quelques fibres du /phiriler de Panus. |: L’urine qui eft déchargée dans la veflie #’en fort que dans certains tems, à caufe du /phinéfer qui em- brafle fon côté, & qui, comme un reflort bandé , ferme l'ouverture qui y répond ; elle y féjourne juf- qu'à ce que par les impreffions vives qw’elle fait fur les paroïs de la veflie elle ait donné lieu à la contrac- tion des fibres charnues de fon corps ; cette con- traétion jointe à celle du diaphragme & des mufcles de l’abdomen qui agiffent en même tems, fe trouvant pour-lors plus forte que celle du /phiréter, loblige à céder, & donne à Purine la liberté de s'échapper. (2D.J.) SPHINX , f. m. & f. (Myrholog.) monftre fabuleux, auquel les anciens donnotent ordinairement un vifa- e de femme, avec un corps de lion couché. Le fphinx , célebre dans la fable, eft celui de Thè- bes qi’Héfiode fait naître d’Echidne & de Typhon. Junon irritée contre les Thébains , envoya ce monf- tre dans le territoire de Thèbes pour le défoler.…. On repréfente Le fphinx de Thèbes avec la tête & le fein d’une jeune fille, les griffes d’un lion, le corps d’un chien , la queue d’un dragon, & des ailes. Elle exerçoit fes ravages fur le mont Phycée, d’où fe jet- tant {ur les paflans, elle leur propofoit des énigmes difficiles, & mettoit en pieces ceux qui nepouvoient les déchiffrer. Œdipe qui fut aflez heureux pour ex- pliquer l'énigme qu’elle lui propofa, a fait lui-même la peinture fuivante de cette cruelle ph. Ne parmi les rochers aux piès du Cythéron , Ce monffre à voix humaine , aigle, femme 6: lion, De la nature entiere exécrable affemblage, V'omiffoit contre nous 'artifice 6 la rage. Enfin cette /phinx barbare, outrée de dépit de fe voir devinée , fe caffa la tête contre un rocher. I yen a, dit Paufanias, qui prétendent que la Sphinx étoit une fille naturelle de Laius, & que, comme fon pere laimoit fort, il lui avoit donné con- noïffance de l’oracle que Cadmus avoit apporté de Delphes. Après la mort de Laius, fes enfans s’entre- difputerent le royaume ; car outre fes fils légitimes, il en avoit laïflé plufieurs de diverfes concubines ; mais Le royaume, fuivant l’oracle de De/phes, ne devoit appartenir qu'à un des enfans de Jocafte. Tous s’en rapporterent à Sphinx, qui, pour éprou- ver celui de fes freres qui avoit Le fecret de Laius, leur faifoit à tous des queftions captieufes : & ceux Gui n’avoient point connoïflance de Poracle , elle les condamnoiït à mort , comme n'étant pas habiles à füuccéder. Œdipe inftruit de l’oracle par un fonge s'étant préfenté à Sphinx , fut déclaré fucceffeur de Laius. D’autres ont dit que Sphinx, fille de Laius , peu contente de n'avoir aucune part au gouvernement, s’étoit mile à la tête d’un troupe de bandits, qui com- mettoient mille defordres aux environs de Thèbes; ce qui la fit regarder comme un monftre. On lui donnoit pour mere Echidne , pour pere Typhon; c’étoient toujours les peres & meres de ée qu'il y avoit de plus monftrueux. Les eriffes de lion mar- quoient fa crauté ; fon corps de chien, les æfordres dont une fille de ce carattere eft capable ; fes aîles défignoient l’agiliré, avec laquelle elle fe tranfpor- toit d’un lieu à un autre , pour éviter les pourfuites des Thébains ; {es énigmes fignifioient les embuches qu'elle drefloit aux paflans , les attirant dans les ro- chers & dans les broffailles du mont Phycée où elle habitoit , & dont il leur étoit impoflble de {e désa- ger , faute d’en favoir les iflues qu’elle connoïfloit parfaitement. Œdipe la forca dans fes. retranche- mens , & la fit mourir. Sphinx vient de cœsvas, em barraf]er. Rien de plus commun que [a figure de /phizx avec des aïles ou fans aïles, dans les monumens éoyptiens. Plutarque dit qu’on mettoit des /phizx dans leurs temples, pour marquer que la religion égyptienne étoit toute énigmatique. Les oracles que les Esyp- tiens faifoient rendre à leur célebre /5hirx, étoient une frauduleufe invention de leurs prêtres, qui ayant creufé fous terre un canal aboutiffant au ventre & à la tête de cette prétendue divinité, entroïent aifé- ment dans fon corps , d’où ils faifoient entendre d’une voix fépulcrale des paroles fuperftitieufes en réponfe aux voyageurs qui venoient confulter l’oracle, Pline dit que la tête du /pkizx , dont nous parlons, avoit quarante-trois piés de longueur, douze de cir- cuit , & qu'il en avoit cent foïxante-douze du fom- de la tête jufqu’au ventre. On lit dans les oferva- tions curieufes, qu'à trois cens pas de la grande py- ramide & prefque vis-à-vis du vieux Caire, proche le rivage du Nil, on voit encore la tête de ce fameux Jphinx , & que le refte du corps eft enterré fous le fable ; mais ce récit eft un nouveau conte à ajouter aux autres. ( D, J.) SPHINX , ( Seulpr. ) ouvrage de fculpture imitant les fphinx de la fable ; on les repréfente d'ordinaire avec latète & le fein d’une fille, & Le corps d’un lion ; tel eft le fphizx de l’efcalier qui porte ce nom à Fontainebleau ; tels font les deux /phirx de marbre blanc , devant le parterre de la dauphine à Verfail- les. Onen voit plufeurs autres femblables qui or- nent des rampes de terrafle dans les jardins ; mais il n’y a point de /phirx modernes, qui égalenit les an- ciens en goût & en travail exquis. C’eft dommage que le /phirx de bronze qui a été déterré à Rome , fe foit trouvé dans un fi grand dé- {ordre , qu’on a eu beaucoup de peine à le reftaurer. On ne peut nier qu'il n’ait été grec. L’afflemblage des morceaux met les connoïfleurs en état de juger com- bien les Grecs avoierit altéré la premiere forme de ces animaux. Il eft vrai qu'ils n’y attachoient pas les mêmes idées, & qu’ils éroient éloignés de Pallégorie des fignes céleftes, qui avoient donné naïflance à cet objet fantaftique. Le /phinx r’étoit en quelque façon connu dans la Grece que par Phiftoire d'Œdipe ; on le voit même fur quelques pierres gravées, lorfqwi propofe à ce prince une énigme qui ne mérite guere d’être fi célebrée. Le fphinx eft encore traité de la même façon fur le revers des médailles des Antio- chus, & fur un poids de plomb trouvé dans Pile de Chio. Ces différens emplois du même objet méritent d’être préfentés ; ils font capables de piquer la curio- fité, & font naître l’envie de chercher pourquoi les Grecs ont adopté Le /phinx ; pourquoi 1ls ne l'ont point repréfenté accroupi; enfin , pourquoi ils hu ont donné des aîles, de larrondiffement defquelles il y a lieu d’être furpris? Toutes ces réflexions font de M. de Caylus. (D. J.) SPHONDILIUM , £ m. ( Hif. nas. Botan.) genre de plante que les Angloïs nomment cow-parfnep , êc les François herce | mot fous lequel vous en trouve- rez les caraëéteres, Tournefort diftingue huit éfpeces de cé genre de plante, dont 1l nous fuffra de décrire la plus com: mune, Sphordilium vulgare hixfutum , I. R. H. 320. Sa tige s’éleve à la hauteur d’une coudée & plus, nouée , velue , cannelée & creuie en-dédans. Ses feuilles font larges, laciniées, couvertes deflus & def fous d’un duvet aflez doux, &c d’un goût douçâtre, Ses fleurs naiflent fur des ombelles, compofées cha- cune de cinq pétales difpofées en fleurs de lis, de couleur ordinairement blanche, &c quelquefois pur- purine. Quand cette fleur eft tombée , le calice qui la foutenoit devient un fruit, compoié de deux gran- des graines ovales, applaties, d’une odeur défagréa- ble, @& d’une faveur un peu äcre; fa racine eft em- preinte d’un fuc jaunâtre, accompagné d’âcreté. Cer- te plante croit dans les champs, & fleurit au mois dé Mai ou de Juin. Ses feuilles paflent pour émollientes, & fa graine eft recommandée comme antihyftérique, par le d. Willis. Il ne paroit pas que le /phondilium des modernes, foit celui de Diofcoride, ni de Pline ; car les vertus qu'ils lui attribuent pâroiflent entierement étrange- res à notre plante. (2. J.) SPHRAGIDIUM , ( Géog. anc.) Paufanias , Liv. IX. ch. jy, donne ce nom à un antre de la Béotie, dans le mont Cithéron ; €’étoit l’antre des nymphes Citheromdes , qui a ce qu’on difoit avoient eu le don de prophétie. Du nom de ce lieu, cés nymphes étoient auf appellées Spéragitides , comme dit Plu- tarque dans la vie d'Arifüide. (D. J.) | SPHRAGITIDES, NYMPHES, (Luirrérar.) nymphées du mont Cithéron qui avoient eu le nom de fphragi- tides, de l’antre appellé /péragidion. Peut-être que _ . ce nom venoit du refpeét & du filence que l’on gar- Î doit fur ce qui fe pañloit dans cèt antre, de peur de bleffer ces nymphes & d’encourir leur indignation ; car spa yo, fignifie un cacher , d’où vient le provet- be copayidu hot cxœiuides , fgnatum habere, avoir un cachet fur la bouche, pour dite #% point parler, où gardet un profond filence. (D. J.) SPIAUTER , ( Æifl. nar. Minéralog.) nom donné par quelques auteurs au zinc. Voyez l’article ZINC. SPIAGGIA ROMANA , LA, ( Géog. mod. ) c’eft- à dire la plage romaine. Les Italiens appellent de ce nom une partie de la Méditerranée , Le long de la côte de PEglife. (2.7) SPICA , rerme de Chirurgie, nom aw 0h donna à une efpece de bandage, parce qu'il repréfente par fes tours de bande en doloires, les rangs d’un épi de blé. Le Jpica eft différent , fuivant les parties auxquel- les on lapplhique. On en fait un pour la luxation de Phumerus & pour la fradure de l’acromion & celle du bout externe de la clavicule, voyez HuMeERus, ACROMION, CLAVICULE ; on fait auffi un /pica pour 1: bubonocele & pour la lxation de l’os de la cie. Pour faire le /pica qui convient à la luxation de lhumerus, on prend une bande de trois doigts de largeur, fur fix aunes de longueur, & roulée à un chef, -On pofe l'extrémité de la bande fous l’aiffelle oppofée ; on tire ut jet de bande de derriere en de- vant, en croifant obliquement les deux épaules ; on pañe ur la rête de l'os luxé, fous l’aiffelle, & on vient croifer fur le deltoide : on defcend fur la par- tie antérieure de la poitrine obliquement ; on con- duit la bande fous Paiffelle-oppofée, où lon aflujet- tit l'extrémité de la bande. On revient par derriere le dos fur le premier jetde bande , pour pafler au- tour de la tête de l’humerus , en formant un doloire avec la premiere circonvolution de la bande : on fait trois Où quatre doloires, & enfuite un circulaire au- tour de là partie fupérieure moyenne du bras, Ce circulaire laifle une efpace en A ou triangle équila- iéral avec ΀ premier croifé de la bande, ce que les SPA T 461 auteurs appellent gerazi. On remonte enfuite par un rampant, & on conduit le globe de la bande fous Vaiflelle oppolée pour terminer par des circulaires autour du corps; on arrête la bande avee des épins gles à l’endroit où elle fnir. | Avant l'application de ce bandage, of a foin dé sarnir le lieu malade & le deflous de laiffelle avec des comprefles. | # | Le /pica pour la clavicule fe fait de même, à l'ex: ception que les croïfés de la bande fe font fur la cla- vicule, Pour faire le fpien de laine | on pole Le bout de la bande fur l'épine de l'os ilion du côté de la maladie ; on defcend obliquement fur l’aîne entré les parties naturelles; on entoure la cuifle poftétieurement; on révient croïifer antérieurement fur laine , on con- duit la bande fur l’os-pubis, au-deflus de los des iles du côté oppofé ; on entoure le corps au-deflus des fetes , & on revient fur Le bout de la bande pour con- tinuer en faifant des doloires, quatre ou cinq circon: Volutions comme la précédente : on finit par des cir: culaires autour du corps: é Le fpica de la cuxffe fe fait de même, à l’excéption que les croifés qui forment les épis fe font fur la par- tie extérieure & fupérieure de la cuifle, Voyez BANDE 6 BANDAGE. (F) + . SPICNARD , ( Boian.) Voyez Narb. (D. J.) SPICCATO , STACCATO , ad. mots italiens ! confacrés à la mufique, ; & qui indiquent des fons fecs, piqués, TACHÉE. (S +. SPIEGELBERG, ( Géog. mod.) petit pays d’Alle- magne , dans le cercle de Weftphalie , entre le comté de Shanmbourg & la Bafe-Saxe, Il appartient au & bien détachés, Voyez PIQUE, DÉ« | . Prince de Naflau-Dietz. Il n’a que fix lieues de lon< _gueur, quatre de largeur, &un bourg qui prend fon hoim. ( D,.J. L + SPIETZ , (Géogr. mod.) petite ville de Suifle ; dansle canton de Berne, fur le bord du lac de Thoun., (2:17) SPIGA , (Géogr. mod.) ou Chiyico, petite ville de la Turquie afiatique, dans l’Anatolie, {ur la côte de amer de Marmora, à huit milles de l’île de ce nom au tic. Elle a un port près du cap de Spisola, Il eft fort douteux que ce foit la célebre Cyfique des anciens. CO ET < L SPIGA LA, (Geogr, mod. \ petite riviere de la Turquie afatique, en Anatolie. Elle à fa fource au mont Ida ; &c fe décharge dans la mer de Mermora, à Onze lieues de Spiga , vers le couchant. On ne doute pas que ce ne foit PÆfapus de Strabon, ou l’Æfepus de Pline & de Ptolomée, ( D. 7.) SPIGELIUS LoBs DE, Spigelius de Bruxelles , difciple de Cafferius & d’Aquapendente , profefa Pa- natomie & la chirurgie dans l’univerfté de Padoue 5 il nous a laïffé un côfps d'anatomie. Le petit lobe du Foie porte fon nom. Nous avons de lui un livreinti- tulé Spigelis opera omnia, Fener, 1627. fol, Amflelæd, 1644 fol. | | SPIGURNEL, . m.(Æf. mod. ) étoit ancienne nent celui qui avoit la charge des fpigurnantia, où de fceller les aêtes du roï. Spelman & du Frefne rap- portent ce mot fans y ajouter aucune interprétation. Mais il femble qu'il eff pris du faxon /parrau, qui fi- gniñe Jérrer, fceller ou affurer, Voyez Kenner’s plof. ii paroch. artiquit. | SPILEMBERGO, (Géog. mod.) & SPILEMPBERG par les Allemans; ville de l’état de Venife dans le Erioul, fur le Tajamento.,à 16 milles d’'Udine, vers les frontieres du Boulonnois. Lazius croit que c’eftla Bibium d'Antonin, mais Smiler prétend que Bibi _ ft Billigrarg. Long, 30. 46. lat. 46. 11. (D. J.) SPINA , (Géog. anc.) ville d'Italie au voifinage de Ravepnes près de l'embouchure la plus méridionale 402 SPI ‘du P6. C’étoit une colonie greque & qui avoit éte floriffante, mais qui du tems de Strabon, L%. 7, fe #rouvoit réduite à un fimple village. Cet ancien géo- graphe ajoute, qu'on montroit à Delphes le trétor des Spinites. Cette circonftance eft confirmée par Pline, 4v. III, ch. xvj. qui marque en mème terns la fituation de-cette ville , en difant que l'embouchure -du PÔ ,nommée Eridanum oflium , étoit appellée par quelques-uns Spzresieum oflium , de la ville de Spina, * qui avoit été bâtie auprès &c apparemment à la gau- che ; car Butrium fe trouvoit à la droite, entre cette embouchure & Ravenne. (D. J.) SPINÆ, (Géog. anc.) ville de la Grande-Breta- gne. L’itinéraire d’Antonin la marque fur la route d’Jfcaà Calleva, entre Duracornoviumèt Callava, à 15 milles de chacune de ces places.On croit que le bourg de Newbury s’eft élevé des ruines de cette ville, qui n’eft plus aujourd’hui qu'un petit village appellé Spe- ne, à un nulle de Newbury. (D. J.) SPINA-LONGA , (Géog. mod.) fortereffe de l'île de Candie, fur un rocher efcarpé, près de la côte feptentrionale de l'ile & du golfe auquel elle donne {on nom. Cette forterefle fituée à 5; milles de Can- die, au levant en tirant vers Sétia, étoit autrefois une ville épifcopale , & elle a un port. (D. J.) SPINARZA , (Géog. mod.) petite ville de la Tur- quie européenne dans lAlbanie, fur la riviere de mé- menom,près de fonembouchure.Lozg. 37.10, ar, 41. SPINA VENTOSA, f. m. wadadie de Chirurgie, qui confifte dans une carie interne des os, principa- lement vers les jointures où elle a coutume de com- “mencer fans douleur ; enfuite la face interne du corps de l’os 8 la moëlle même fe corrompent. La carie pénetre peu-à-peu jufqu’à la furface externe; les os deviennent mous ou vermoulus, & fe caflent quel- quefois ,ne pouvant réfifter à l'effort des mufcles dans les mouvemens violens 82 fubits auxquels ils font ex- potés; ou bien ils fe gonflent, êT il y furvient une exoftofe. Quand l'os eft carié, le périofte fe détache & fe corromptaufñ fans qu’il paroïffe aucune tumeur au-dehors. Pendant que l’humeur qui Caufe cette ina: ladie , ronge le périofte, 1l s’y excite à caufe de fa fenfbilité, une douleur vive &t piquante, comme f l’on étoit percé par une épine , d'où vient le nom de ce cruel mal, c’eft-à-dire du mot latin /pira, épine. Lorfque le périofte efliconfumé, la douleur ‘ceffe, lhumeur s'épanche dans les chairs &c forme unetu- meut lâche, molle, indolente, fans changement de couleur à la peau ; &c parce que cette tumeur fem- ble remplie d’une humeur venteuie ou flatueufe, elle imite Péde : chez les Ara- qu’elle imite Pédème, êc que ventofité © rez les Ara bes fignifie wmerr édémateufe, On a ajouté au mot de fina, celui de verso/a ou vento/itas fptnæ.Cetteefpece d’abfcès étant ouvert par lui-même ou par lopéra- tion, il en fort un pus féreux, &c il en réfulte un ul- cere finueux ou fiftuleux , qui ne fe peut guérir que la carie ne foit enlevée par le fer ou parle feu. Il s’y joint ordinairement une fievre lente, &c le malade meurt fouvent en confomption. La caufede cette maladiéeftfouventun virus véné- tien dégénéré, ou un virus fcotbutique ou écrouel- leux. Avicenne a parlé du /pira ventofa, lib. IV. femsr. 4. trait. 4. c.ix. Pandolfn en a fait un traité entier, au- quel Mercklin a ajouté des notes. M. A.Sévérins en a écrit auf un traité, fous le nom de pædur- throcace , terme compofé de troïs mots grecs, mac, mac, puer, enfant, jeune perfonne, dpôpor, articulus articulation, & yayn, malum , mal, à caufe que ce mal attaque principalement les enfans &e les , jeunes gens, @& rarement ceux de 25 où 30 ans, à moins qu'ils n’en aient été incommodés auparavant fans être gueris, & parce qu'il commence prefque toujours par les jointures. SPI Le proshoftic eft fort douteux, on afouvént vu cette maladie fe reproduire ailleurs, après l'avoir dé- truite dans unepartie. Dans le commencement, lorfaw’il n’y a point en- core ulcération à l'os, on peut tâcher de guérir cette maladie après les remedes généraux, par un régime conveñable. L’ufage de la décoétion des bois fudori- fiques, Papplication extérieure des cataplames réfo: lutifs & aromatiques , les onétions mercurielles , & autres remedes fuivant la fagacité du guérifleur. Si, ces fecours loin de diminuer les accidens femblent augmenter les douleurs, c’eft un figne qu'il fe fair abicès dans los ; on ne peut l’ouvrir trop promptes ment, pour éviter les progrès de la carié*quele pus occafionne dans l’intérieur. M. Petit rapporte dans fon Traité des maladies des os, à Particle de la carie, avoir donné iflue par l’opération du trépan, à un abf- cès dans la cavité du tibia. Un homme avoit été trai Petit. Le malade avoit de la fievre ; fa jambe étoit de: venue rouge, & même douloureufe à l'extérieur. On délibera dans une confultation qu'il falloit ouvrir l'endroit où 1l y avoit eu tumeur , pour donner iflue à quelque matiere qu’on foupçonnoit être infiltrée dans le périofte, & caufer ces accidens. L’incifion né procura aucun foulasement; on fe détermina deux jeurs après à application du trépan qui procura une évacuation confidérable d’un pus très-féride. La moëlle étoit toute fondue, & le cañal paroïffant prefque vuide. M. Petit appliqua trois autres cou- ronnes de trépan, & coupa les ponts qui reftoient des uns aux autres, Le cautere a@tuel fut appliqué plufieurs fois pour détruire la carie, & le malade guérit. Il y a plufñeurs obfervations de cette nature, _c on réufflit prefque toujours lorfque l'opération n’a pas été trop differée. Ce /pina vemtofa eft une exofto- fe fappurée. Foyez EXOSTOSE. | IL r’eft pas toujours poflible de détruire ces exo- ftofes & ces caries. Lorfque par leur fituation elles ne font pas acceflbles, 1l faut en venir au remede extérieur, qui eft l’amputation du membre, J'ai eu occafñon d'ouvrir une tumeur qui fembloit aquofla- tueufe , à la partie interne &c inférieure de la cuiffe d'un jeune homme de 20 ans. Cette tumeur qui étoit fans changement de couleur à la peau, avoit été pré: cédée par des douleurs aflez vives dans l’os du fémur, ce qui caraétérifoit un fpinofa venro[x. Après avoir donné iflue par une incifñon, à une’ grande quantité de mafiere aflez fétide, je portai mon doigt dans le foyer de cet abfcès, 1l pafla par-deflus le mufcle va- fte interne, à la partie poftérieure du fémur, où je fentis un trou à l’os qui pénétroit dans la cavité. II fallut néceffairement faire l’amputation de la cuifle, m’étant pas poflible de travailler à la deftru@tion de la carie dans un lieu où losreft recouvert d’une aufi orande quantité de mufcles & de vaiffleaux confidé- rables. ( F) | D. SPINAL , LE, adj. er Anatomie, {e dit des parties qui ont quelque relation avec Fépine. Voyez ÉPINE. Les arteres /pinales font principalement les deux produites par lartere vertébrale. Woyez VERTE- BRALE. , L’artere fpinale antérieure eft produite par la réunion des deux rameaux des arteres vertébrales fur Papophyfe baflaire de los occipital. Foyez Os OCCIPITAL. L’artere /pinale poftérieure eft produite par la réu- nion de deux rameaux produits parles arteres verté- brales à leur entrée dans le crâne. Voyez CRANE. Ces deux arteres defcendent le long de la par- tie antérieure & de la partie poftérieure de la L.. moëlle alongée, & communique avec dés rameaux des intercoftales & des lombaires. Foyez INTER cos- TAL, LOMBAIRE, 6c. SPINELLE , adj. (Grem, Joaillerie.) on dit rubis fpinelle (Voyez l’article Rugis), lor{qu’l eft de cou- leur de vinaigre ou de pelure d’oignon. Quoiqu'il ait la dureté du rubis balai, il n’en a pas le prix. SPINEUSES , f. m.(Myshal. ) dieu qui préfidoit au défrichement des ronces & des épines, SPINEUYS , 1. m. (Æiff. mod, Econom. politique.) ce mot eft hollandois, & fignifie maïfon où lon file; on donne ce nom en Hollande à des maïfons de force établies dans prefque toutes les villes, dans lefquelles _ on renfermie les femmes de mauvaife vie, qui ont at- tiré l'attention de la police; on les y occupe à filer &r à différens autres travaux convenables à leur fexe; on ne leur épargne point les corrections, lorfau’el- les manquent à remplir la tâche qui leur eft impoiée. Ces fortes de maïifons font ordinairement fous la di- reétion de deux échevins, qui nomment un infpec- teur &c une infpe@rice , qui leur rendent compte. SPINOSA, PHILOSOPHIE DE , (Æiff. dela philof.) Benoît Spirofa, juif de naïiflance, & puis déferteur du judaïfme, & enfin athée, étoit d'Amfterdam. Ila été un athée de fyftème,& d’une méthodetoute nou- velle, quoique le fond de fa doëtrine lui fût commun avec plufeurs autres philofophes anciens & moder- nes, européens & orientaux. Il eft le premier qui ait reduit en fyftème l’athéifme, &c qui en ait fait un corps de doétrine lié & tiflu , felon la méthode des géométres ; mais d’ailleurs fon fentiment n’eft pas nouveau. Il y a long-tems que l’on a cru que teut Punivers n’eft qu’une fubftance , & que Dieu & le monde ne font qu'un feul être: Il n’eft pas für que Straton, philofophe péripatéticien, ait eu la même Opinion, parce qu’on ne fait pas sl enfeignoit que l'univers ou la nature fût un être fimple & une fubf- tance unique. Ce qu'il y a de certain, c’eft qu'il ne reconnoïfloit d'autre dieu que la nature. Comme il fe moquoit des atomes & du vuide d’Epicure, on pourroit s'imaginer qu’il n’admettoit point de diitin- tion entre les parties de l'univers ; mais cette con- féquence n’eft point néceflaire. On peut feulement conclure que fon opinion s’approche infiniment plus du none que le fyflème des atomes. On a même lieu de croire qu’il n’enfeignoit pas, comme faifoient lesatomuiftes,que le mondefüt un ouvrage nouveau, & produit par le hazard ; mais qu’il enfeignoit, com- me font les fpinofiftes, que la nature Pa produit né- ceflairement & de toute éternité. Le dogme de l’ame du monde, qui a été fi com- mun parmi les anciens, & qui faifoit la partie prin- cipale du fyffème des ftoiciens, eft, dans le fond, celui de Spinofa ; cela paroitroit plus clairement , f des auteurs géometres l’avoient expliqué. Mais com- me les écrits où il en eft fait mention, tiennent plus de la méthode des rhétoriciens , que de la méthode dogmatique ; & qu’au contraire Spirofa s’eft attaché à la précifion , fans fe fervir du langage figuré, qui nous dérobe fi fouvent les idées juftes d’un corps de doûtrine : de-là vient que nous trouvons plufeurs différences capitales entre fon fyflème & celui de l'ame du monde. Ceux qui voudroient foutenir que le fpinofifme eft mieux lié, devroient auffi foutenir qu'il ne contient pas tant d’orthodoxie ; car les ftoi- ciens n'Otoient pas à Dieu la providence : ils réunif- foient en lui la connoïflance de toutes chofes ; au lieu que Spino/a ne lui attribue que des con- noïflances féparées & très-bornées. Lifez ces paro- les de Seneque : « Eundem quem nos, jovem intelli- s» gunt, cuflodem , recloremque univerfc, animum ac + Jpiritum , mundani hujus operis dominum € artif- » cem , cul nOMem omne converit. Wis illum fatum vo- # care ? Non errabis : hic eft ex quo fufpenfu Jurt om- - » ia, cauja caufarum. Vis illum providentiam dicère ? » Reële dicis. Eflenim cujus confilio huic mundo pro- » videur, Vis illurm naturam vocare ? Non peccabis. Æf » er ex quo nata Jun omnia, cujus fpiritu vivimus, » Vis 1llum vocare mundum? Non falleris, Ipfe efenim » £otum quod vides ; totus fuis partibus inditur, & fè » Juflinens vifu4. Quefl. natur. lib, XI, cap. xlv. Et ailleurs il parle ainf: « Quid ef? autem ; cur non exif: » nes tn 60 divini aliquid exiféere, qui Dei par eft à » Totum hoc quo continemur , & num ef Deus, € » Jocit ejus Jumus & membra. Epiff. 92. Lifez ainfi le difcours de Caton, dans le 27 iv. de la Pharfale, & {ur-tout confidérez-y ces trois vers. Eft-ne Dei fèdes nift tèrra &pontus 6: aer, Es cœlum & virtus? Superos quid quærimus ultra À Jupiter efquodcumque vides, quocumque moveris. Pour revenir à Spinofa , tout le monde convient qu 1l avoit des mœurs ; fobre, modéré, pacifique ; défintéreflé , même généreux; fon cœur n’étoit taché d’aucug de ces vices qui déshonorent. Cela eft étran< ge; mais au fond il ne faut pas plus s’en étonner ,: que de voir des gens qui vivent très-mal, quoiqu’ils aient une pleine perfuafion de l'Evangile ; ce que l'attrait du plaifir ne fit point dans Spinofx ; la bon- té & l'équité naturelles le firent. De fon obfcure retraite fortit d’abord l'ouvrage qu'il intitula, rrairé théologico-politique, parce qu'il y envifage la reli- gion en elle-même , & par rapport à fon exercice, eu égard au gouvernement civil, Comme la certitude de la révélation eff le fondement de la foi ; les pres muiers eflorts de Spino/a font contré les prophetes, If tente tout pour affoiblir l’idée que nous avons d’eux,: &T que nous pufons dans leurs prophéties. Il borne: à la fcience des mœurs tout le mérite des prophetes. Il ne veut pas qu'ils aient bien connu la nature & les perfeétions de l’Etre fouverain, Si nous le croyons , 1ls n'en favoient pas plus , & peut-être qu'ils n’en favoient pas tant que nous. | Moïfe , par exemple, imaginoït un Dieu jaloux ; complaifant &c vindicatif, ce qui s'accorde mal avec l’idée que nous devons avoir de la divinité, A égard: * des miracles, dont le récit eft fi fréquent dans les Ecritures, il a trouvé qu'ils n’étoient pas véritables. Les prodiges , felon lui , font impoffbles:; ils déran- geroient l'ordre de lanarure, & ce dérangement eft contradiétoire, Enfin pour nous afftanchir tout-d’un- coup 6t pour nous mettre à l’aife, il détruit par un chapitre feul toute l’autorité des anciennes Ecritures. Elles ne font pas des auteurs dont elles portent les noms, ainfi le pentateuque ne fera plus de Moi, mais une compilation de vieux mémoires mal dirigés par Efdras. Les autres livres facrés n’auront pas une origine plus refpeétable. Spinofa avoit étonné & fcandalifé l’Europe par une théologie qui n’avoit de fondement que l’auto- rité de fa parole. Ilne s’égara pas à demi. Son pre. mier Ouvrage n’étoit que l’effai de fes forces. Il allæ bien plus loin dans un fecond. Cet autre écrit eft {a morale , où donnant carriere à fes méditations phi- lofophiques , il plongea fon leéteur dans le fein de lathéifme. C’eft principalement à ce monfîre de har- diefle, qu’il doit le grand nom qu'il s’eft fait parmi les incrédules de nos jours. Il n’eft pas vrai que fes fec- tateurs foient en grand nombre, Très -peu de per fonnes {ont foupçonnées d’adherer à fa doëtrine, & parmi ceux que l’on en {oupçonne, il y en a peu qui l'aient étudié, & entre ceux-ci il y en a peu qui V’aient comprife, & qui foient capables d’en tracer Le vrai plan , & de développer le fil de fes principes: Les plus finceres avouent que Spirofz et incompré- henfible , que fa philofophie fur-tout eft pour eux une énigme perpétuelle , & qu’enfin s'ils fe rangent de fon parti, c’eft qu'il nie avec intrépidité ce qu'eux mêmes avoient un penchant fecret à ne pas croire, 404 SPI Pour peu qu’on enfonce dans ces noires ténébres wù il s’eft enveloppé, on y découvre une fuite d’a- bymes où ce téméraire ratfonneur s’eft précipité pref- que dès le premier pas, des propofñtions évidemment _ faufles, & les autres contéftables , des principes ar- bitraires fubftitués aux principes naturels êt aux vé- rités fenfibles, un abus des termes la plüpart pris à contre-fens , un amas d'équivoques trompeufes, une nuée de contradi&ions palpables. De tous ceux qui ont réfuté le fpinofifine , il n’y a perfonne qui l'ait dévelopé auffi nettement, ni com- battu avec autant d'avantage que la fait M. Bayle. C’eft pourquoi je me fais un devoir de tranfcrire 1ci un précis des raifonnemens par lefquels ila ruiné de fond-en-comble ce fyftème monftrueux. Mais avant d’en faire fentir le ridicule , il eft bon de l’expofer. -Spinofa foutient 1°. qu'une fubftance ne peut produire une autre fubftance ; 2°. que rien ne peut être créé de rien, parce que ce {eroit une contraciétion ma- nifefte que Dieu travaillât fur le néant, quil tirät l'être dunon-être , la lumiere des ténébres, là vie de la mort ; 3°. qu'iln’y a qu'une feule fubftance, parce qu’on ne peut appeller f#bffance que ce qui eft éter- nel, indépendant de toute caufe fupérieure , que ce qui exifte par foi-même &c néceffairement. Or tou- tes ces qualités ne conviennent qu'a Dieu, donc il ny a d'autre fubftance dans l'univers que Dieu feu. Spinofa ajoute que cette fubftance unique, qui _m’eft ni divifée, ni divifible , eft douée d’une infinité d'attributs,& entr'autres de l'étendue & de la penfée. Tous les corps qui fe trouvent dans lumivers font des modifications de cette fubftance en tant qu’éten- due, & que les ames des hommes font des modifi- cations de cette fubftance en tant que penfée. Le ut cependant refte immobile, & ne perd rien de LA eflence pour quelques changemens legers , rapi- des, momentanés. C’eft ainfi qu'un homme ne cefle point d’être ce qu'il'eft en effet, foit qu’il veille, foit qu'il dorme, foit qu'il fe repofe nonchalamment, foit w'il agifle avec vigueur. Écoutons ce que Bayle op- pofe à cette doétrine. 1°. Ileftimpoffble que Punivers foit une fubftan- ce unique ; car tout ce qui eft étendu a néceffaire- ment des parties, & tout ce qui a des parties eff compofé : 8&c comme Les parties de l'étendue ne fub- fiftent point lune dans l’autre , 1l faut néceflairement ou que l'étendue en général ne foit pas une fubftan- . ce, ou que chaque partie de Pétendue foit une fubf- tance particuliere êt diftine de toutesles autres. Or {elon Spinofz , l'étendue en généraleft l’attribut d’u- ne fubftance : d’un autre côté, il avoue avec les au- tres philofophes , que l’attribut d'une fubftance ne differe ‘point réellement de cette fubftance ; d’où 1l faut conclure que chaque partie de l'étendue eft une fabftance particuliere : ce quiruine les fondemens de tout le fyftème de cet auteur. Pour excufer cette ab- furdité ; Spénofa ne fauroit dire que Pétendue en gé- néral eft diftinéte de la fubftance de Dieu , car s’il le difoit , il enfeigneroit que cettefubftance eft en elle- même non-étendue ; elle n’eût donc jamais pù ac- uérir les trois dimenfions , qu’en les créant , puif- qu'il eft vifible que l'étendue ne peut fortir ou éma- ner d’un fujet non étendu, que par voie de création: or Spinofa necroyoit point que de rien on pt faire rien. Il eft encore vifñble qu’une fubftance non éten- due de fanature, ne peut jamais devenir le fujet des trois dimenfions : car comment feroit-il poffble de les placer fur ce point matlfématique ? elles fubfifte- roient donc fans un {ujet, elles feroient donc une fubftance ; de forte que fi cet auteur admettoit une diftindion réelle entre la fubffance de Dieu , & lé- cendue en général, il feroït obligé de dire que Dieu feroit compofé de deux fubftances diftinétes l’une de l'autre, favoir de fon être non-étendu , & de l’éten- due : le voilà donc obligé à reconnoître que l’éten- due & Dieu ne font que la même chofe ; 8 comme d’ailleurs, dans fes principes , il n’y a qu'une fubf- tance dans l'univers, il faut qu'il enfeigne que Pé- tendue eft un être fimple, & aufli exempt de compo- fition que les points mathématiques ; mais n’eft-ce pas fe moquer du monde que de foutenir cela ? eft-il plus évident que le nombre millénaire eftcompoféde mille unités, qu'il efl évident qu’un corps de cent pouces eft compofé de cent parties réellement diftince- tes l’une de l’autre, qui ont chacune l'étendue d’un pouce à | Pour fe débarrafler d'une difficulté fi preflante ; Spinofa répond que l'étendue n’eft pas compofée de parties, mais de modifications. Mais a-t-1l bien pû fe promettre quelqu’avantage de ce changement de mot? qu'il évite tant qu'il voudra le nom de partie, qu'il fubftitue tant qu'il voudra celui de rrodaliré où modification , que fait cela à l'affaire ? les idées que l’on attache au mot partie, s’effaceront-elles ? ne les appliquera-t-on pas au mot wodification ? les fignes & les caracteres de différence font-ils moins réels, ou moins évidens, quand on divife la matiere enmo- difications, que quandonla divife en parties ? vifions que tout cela : l’idée de la matiere demeure toujours celle d’un être compolé, celle d’un amas de plufeurs fubftances. Voici de quoibien prouver cela, | Les modalités font des êtres qui ne peuvent exif- ter fans la fubftance qu’elles modifient , il faut donc que la fubftance fe trouve par-tout où 1l y a des mo- dalités , il faut même qu’elle fe multiplie à propor- tion que Les modifications incompatibles entre.elles fe multiplient. Il eft évident, nul fpinofifte ne le peut nier , que la figure quarrée , & la figure circulaire, font incompatibles dans le même morceau de cire ; il faut donc néceffairement que lafubftance modifiée par la figure quarrée ne foit pas la même fubitance que celle qui eft modifiée par la figure ronde : au- trement la figure quarrée & la figure r onde fe trou- veroient en même tems dans un {eul & même fujet: or cela eft impoffible, 2°. S'il eft abfurde de faire Dieu étendu , parce que c’eft lui ôter fa fimplicité , & le compofer d’un nombre infini de parties , que dirons-nous , quand nous fongerons que c’eft le reduire à la condition de la nature la plus vile, en le faifant matériel , la ma- tiere étant le théâtre de toutes les corruptions & de tous les changemens ? Les fpinofiftes foutiennent pourtant qu'elle ne fouffre nulle divifion , mais ils {outiennent cela par la plus frivole, & par la plus froide chicanerie qui puifle fe voir. Afin que la ma- tiere fût divifée, difentls , il faudroit que l’une de fes portions fût féparée des autres par des efpaces vuides : ce qui n'arrive jamais ; mais c’eft très-mal définir la divifion. Nous fommes aufli réellement fé- parés de nos amis, lorfque lintervalle qui nous fé: : pare eft occupé par d’autres hommes rangés de file , que s’il étoit plein de terre. On renverfe donc &c les idées & le langage, quand on nous foutient que la matiere reduite en cendres &c en fumée, ne fouffre point de féparation ? 3°. Nous allons voir des abfurdités encore plus monftrueufes , en confidérant le dieu de Spirofz , comme le fujet de toutes les modifications de la pen- fée: c’eft déja une grande difficulté que de concilier l'étendue &c la penfée dans une feulefubftance ; &c if ne s’agit point ici d'un alliage comme celui des mé- taux, ou comme celui de l’eau & du vin; cela ne demande que la juxta-pofition : mais l’alliage de la penfée & de l'étendue doit être une idensie, Je fuis für que fi Spirofa avoit trouvé un tel embarras dans une autre fecte, 1l l’auroit jugée indigne de fon at- tention ; mais il ne s’en eft pas fait une affaire dans fa Propre SPI propre caufe : tantileflwrarque ceux quicenfurent Île plus dédaigneufement les penfées des autres , font fort indulgens envers eux-mêmes. Il fe moquoit fans doute dumyftère dela Trinité, 6e il adauroit qu une infinité de gens ofaflent parler d’une nature formée de trois hypoftaies, Jui, qui à proprement parler , donne à la nature divine autant de perfonnes qu'il y a de gens fur la terre ; il regardoit comme des fous ceux qui admettant latranfubftantiation, dilent qu'un homme peut êtretout-à-la-fois en plufieurs lieux, vi- re à Paris, être mort à Rome, 6. lui qui foutient que la fubftance étendue, unique, & imdivihble » eft tout-à-la-fois par-tout, ici froide, ailleurs chaude, icitrifie, ailleurs gaie, &c , n L S'il y aquelque chofeide certain & d'incontefable dans lesconnoïffances humaines, c’eft cette prepoñi- tion-ci ton ne peur affirmer véritablement d'un mére fu- jet, rx mémes égards , 6 en méme tems , deix termes quifontsoppofes.; par exemple, on ne peut pas dire fans snentir, Pierre fe porte bien, Pierre eft fort malade, Les -fpinofiftes ruinent cette idée, 8 la juftifient de telle forte, qu’on ne fait plus où ils pourront prendre le carattere deda vérité : car fi de telles propofñitions étoient faufles., il n’y ena point qu'on püt garantir poux vraies, Montrons que cet axiome eft trés-taux ‘dans leur fyflème, & pofons d’abord pour maxime inconteftable que tous Les titres que l'on donne à ge {ujet, pour fignifer ou tout ce qu'il fait, ou tout ce -quilfouffre , conviennent proprement êc phyfique- ment à lafubflance , 8 non pas à {esaccidens. Quand nous difons le fer eft dur , le fer eff pelant, ils’ez- fonce dans l’eau; nous ne prétendons point dire que a MS r LD * ÊL TE la dureté eft dure ,. que fa pefanteur eft pefante , &c ce langage feroit très-impertinent ; nous voulons di- “re que la fubftance étendue qui le compole, réfifte, + 1% È 4 A quelle pefe, qu'elle defcend fous Peau. De même . < Lis 4 quand nous dons qu'un homme nie ,afhirme, fe f- | che, carefle, loue, &c. nous fadons tombertous “ces attributs fur la fubftance même de fon ame , & non pas fur fes penfées, entant qu'elles font des ac- cidens où des modifications. S'il étoit donc. vrai, “comme le prétend Spirofa, que les hommes fuffent des modalités de Dieu, on parleroit fauflement quand -on diroit, Pierre me ceci, 1l veut ceci, il veut cela, ul affirme use telle chofe : car réellement, felon ce yfième, c’eft Dieu quinie ; qui veut, qui afirme, -8t par conféquent toutes les:dénominations qui réful- tent detoutes les penfées des hommes tombent pro- sprement & phyfiquement fur la fubflance de Dieu : d’où ils’enfuit que Dieu haït &t atme, nie & affirme les mêmes chofes, en même tems, & felon toutes les conditions requifes, pour faire que a regleque 1: nous avons rapportée touchant lestermes oppolés, foit faufle: caron ne fauroit nier que felon tontesces conditions prifes en toute rigueur, certains hommes -n’ament écn'afirment ice que d'autres hommes haïf- Lent & nient. Paflons plus avant : les termes contra- ‘«diétoïires vouloir, 8 ne vouloir pas | conviennent, _:felon toutes ces conditions , enmêmetems , à difé- .rens hommes, 1l faut doncque dans le fyflème de .Spinofa, ils conviennent à cette fubftance unique & -indivifible «qu’on, nomme Dieu. C’eft donc Dieu :qui forme. en même tems late de vouloir, &cqui ne-le-forme spas à-légard d’un même objet. On “vérifie donc de lui deux termes icontradi@toires, ce -quueft le renverfement des premiers principes de la -métaphyfique : un cercle quarré n’eft pas plus une “contradiéton, qu'une fubftance qui aime &hait en -mêmetems le même objet: voilà ceque c’éft que la | -fauffe délicatefle. Notrehomme ne pouvoit fouffrir : les moindres obfcurités, ni du péripatétifme, ni du .judaïfmes ni du chriftianifme, & il embraffoit de -toutfoncœurunehypothèfe qui allie enfemble deux termes auffi oppofés que la figure quarrée &c la cir- Tome XF. S PI 465 culaire , & qui fait qu'une infnité d’attributs difcor- dans & incompatibles , & toute la varieté & Panti- pathie des pentées du genre humain fe certifienttout- a-la-fois , d'unefeule & même fubftance très-fimple St indivifible. Onditordinairement , gwot capita , to£ Jenfus ; mais felon Spino/a , tous les fentimens de tous fes hommes font dans une feule tête. Rappor- ter fimplement de telles chofes , c’eft les réfnter. 4°. Mais fi c’eft phyfiquement parlant, une ab- furdité prodisieufe, qu'un fujet fimple & unique foit modié en même-tems par les pentées de tous les hommes, \c’eft une abomination exécrable quandon confidere ceci du côté de la morale, | Quoi donc ! l’être infini, l'être néceflaire, fou verainement parfait, ne fera point ferme, conftant, éTimmuable? que dis-je, immuable ? ilne fera pas un moment le même; fes penfées fe fuccéderont les unes aux autres, fans fin &c fans cefle ; la même bi- gatrare de pafhons &c de fentimens ne fe verra pas deux fois : celà eft dur à digérer. Voici bien pis : cette mobilité continuelle gardera beaucoup d’uni- formités en ce fens, que toujours pour uñe bonne peniée , Pêtre infini en aura mille de oïtes., d’extra: vagantes , d'impures, d’abominables; il produira en lui-même toutes lesfolies, toutes les réveries , tou- tes les faletés,, toutes les iniquités du genre humain ; il en feranon-feulementiacaufe efficiente , mais auf fi Le fujet pafñf ; il fe joindra avec elles par l’uniom la plus intime que l’on puifle concevoir : car ceftune: umon pénétrable, ou plutôt c’eflune vraieidentité, puique le mode n’eft point diftinét réellement de la fubflance modifiée. Plufieurs grands philofophes ne pouvant comprendre qu'l foit compatible avec l'être fouverainement bon, de fouffrir que l’homme. foit fi méchant & fi malheureux, ont fuppolé deux principes, Pun bon, & l’autre mauvais: & voici un philofophes qui trouve-bon que, Dieu! foit bien luis même & lagent ès le patient detous les crimes, 8 de toutes les miferes-de l’homme. Que les hommes fe haïffent les uns les autres , qu'ils s’entr’afafinent au coin d'un bois, qu'ils s’aflemblent en corps d’ar- mée pour s'entrefuer, quelles vainqueurs mangent quelquefois les vaincus: cela fe comprend, parce qu'ils font diftinéts les'uns des autres; mais que’ les hommes , n'étant que la modification dumêmeêtre , n'yayant par conféquent que Dieu quiagifle, &cle même. Dieu ennombre , qui fe modifie en turc, ex fe modifiant en hongrois, 1l:y.ait des guetres & des batailles; c’eft ce. qui-furpafle tous! les monftres & tous les déreglemens chimériques des plusifolles té- tes qu'on ait Jamais énfermées dans les-petites-mai- fons. Aïnft dansle fyftème de S'pinofz, tous ceux qu£ difent , Zes Allemands onttué dismille Turcs parlent mal &t fauflement ; à moins qé'ils n’entendent., Diez modifié en Allemand , à tué Dieu modifié.en dix mille Turcs ; & ainfi toutes les phrafes par léfquelles on exprime ce-que font les hommes les uns contre les autres, n’ont point d’autre fens véritable que celui- 1, Dieu fe haïr lui-même, il fe demande des araces à lui-même , © Je les refufe, il fe perfécure., il fe tue vil Je mange , il fe calomnie, il s’envoie [ur léchafaus. Cela feroit moins inconcevable, fi Spirofu s’étôit re- préfenté Dieu comme un affemblage deplufieurs par- ties difinétes ; mais 1l l’a réduit à la plus parfaite fim- plicité, à Punité de fubftance ,,à lindivifibilité, I débite doncles plusinfimes & les plus furieutes ex- travagances,, & infiniment plus ridiculés que celles. des poëtes touchant les. dieux dix paganifme. 5°. Encore;deux objeétions. I] y a eu des philo= fophes affez impies pour’ nier qu'il y'eût un Dieu maïs 1lsn’ont point pouflé leur extravagance juiqu à dire , que s'il exiftoit, il ne feroit point une natute parfaitement heureufe. Les plus grands Sceptiques de lanfiquité ont dit que: tous les-homnies ont une Nan | 466 SPI idée de Dieu, felon laquelle 11 eft une nature vivan- te , heureufe , mcorruptible, parfaite dans la félicité, -&t nullement fufceptible de maux. C’étoit fans doute une extravagance qui tenoit de la felie, que de ne pas réunir dans fa nature divine l’immortalité & le bonheur. Plutarque réfute très-bien cette abfurdité des Sioïques : mais quelque folle que füt-cette rêve- rie des Stoiciens , elle n’ôtoit point aux dieux leur bonheur pendant la vie. Les Spinofiftes font peut- être les feuls qui aient réduit la divinité à la mufere, Or , quelle mifere ? Quelquefois fi grande , qu'il fe jette dans le defefpoir , & qu'il s’anéantiroit s’il le pouvoit ; il y tâche , 1ls’6te tout ce qu’il peut s’ôter ; xl fe pend , 1l fe précipite ne pouvant plus fupporter la trifteffe affreufe qui le dévore. Ce ne font point ici des déclamations, c’eft un langage exaét & phi- lofophique ; car fil homme n’eft qu'une modification, il ne fait rien : cs feroïit une phrafe impertinente, boufonne, burlefque que de dite, /a Joïe efl gaie, la crifleffe eft crifle. C’eft une femblable phrafe dans le {yftème de Spirofz que d'affirmer , /’homme penfe, l'homme s’afflige | l’homme fe pend , &tc. Toutes ces propofitions doivent être dites de la fubftance dont l’homme n’eft que le mode. Comment a t-on pu s’ima- giner qu'une nature indépendante qui exifte par elle- même & qui poflede des perfeétions infinies, foit fu- jette à tous les malheurs du genre humain ? Si quel- qu'autre natute la contraignoit à fe donner du cha- grin, à fentir de la douleur , on ne trouveroit pas fi étrange qu’elle employât fon aétivité à fe rendre mal- heureufe ; on diroit , 11 faut bien qu’elle obéiffe à une force majeure : c’eft apparemment pour éviter un plus srand mal , qu’elle fe donne la gravelle, la co- lique , la fievre chaude, la rage. Mais elle eft feule dans l’univets, rien ne lui commande, rien ne l’ex- horte , rien ne la prie. C’eft fa propre nature , dit Spinofa, qui la porte à fe donner elle-même en cer- taines circonftances un grand chasrin, &c une dou- leur très-vive. Mais, lui répondrai-je, ne trouvez- vous pas quelque chofe de monftrueux &c d’inconce- vable dans une telle fatalité ? Les raïfons très-fortes qui combattent la doëtrine que nos ames font une portion de Dieu , ont encore plus de folidité contre Spirofa. On obje&e à Pytha- goras dans un ouvrage de Cicéron, qu’il réfulte de cette doétrine trois faufletés évidentes ; 1°. que la nature divine feroit déchirée en pieces ; 2°. qu’elle feroit malheureufe autant de fois que les hommes ; 3°. que lefprit humain n'ignoreroit aucune chofe, puifqu’il feroit Dieu. 6°. Je voudrois favoir à quiil en veut, quand il rejette certaines doétrines , & qu'il en propofe d’au- tres. Veut-il apprendre des vérités ? Veut-1l réfuter des erreurs ? Mais eft-il en droit de dire qu'il y a des erreurs ? Les penfées des philofophes ordinaires, celles des juifs, celles des chrétiens ne font-elles pas dés modes de l’être infini , aufhi-bien que celles de fon éthique? Ne font-elles pas des réalités auffi néceflaires à la perfeétion de Punivers que toutes les fpéculations ? N'émanent- elles pas de la caufe néceflaire ? Comment donc ofe-t-l prétendre qu'il y a là quelque chofe à rectifier ? En {econd lieu , ne prétend-il pas que la nature dont elles font Les mo- dalités , agit néceflairement, qu’elle va toujours fon grand chemin, qu’elle ne peut ni fe détourner, ni s'arrêter, m qu’étant unique dans l'univers, aucune £aufe extérieure ne l’arrêtera jamais , ni le redref- {era ? Il n’y a donc rien de plus inutile que les leçons de ce philofophe? C’eft bien à lui qui n’eft qu'une modification de fubftance à prefcrire à l'Etre mfni , ce qu'il faut faire. Cet être l’entendra-t-il ? Et sil l'enrendoit, pourroit-il en profiter? N’agit-1l pas toujours felon toute l’étendue de fes forces, fans fa- voir ni où il va, ni ce quil fait? Un homme, comme Spinofe , {e tiendroit en repos , sil raifonnoit bien. S'il eft poffible qu’un tel dogme s’établifle, diroit-1l, la néceffité de la nature l’étabbra fans mon ouvrage ; s'il neft pas poflible , tous mes écrits n’y feront tien. Le fyflème de Spirofa choque f vifiblement la rai- fon , que fes plus grands admirateurs reconnoïflent que s’il avoit enteigne les dogmes dont on l’accufe, ihferoit digne d’exécration ; maisils prétendent qu’on ne Pa pas catendu. Leurs apologies , loin de le dif. culper, font voir clairement que les adverfaires de Spino[a l'ont tellement confondu & abyfmé, qu’il ne leur refte d’autre moyen de leur répliquer que celui dont les Janféniftes fe font fervis contre les Jéfuites, qui eft de dire que fon fentiment n’eft pas tel qu’on le fuppofe : voilà à quoi fe réduifent fes apolosiftes. Afin donc qu’en voie que perfonne ne fauroit dif puter à fes adverfaires l'honneur du triomphe, il fuf- fit de confidérer qu’il a enfeigné effetivement ce qu'on lui impute, & qu'il s’eft contredit sroffiere- ment & n’a fu ce qu'il vouloit. On lui fait un crime d’avoir dit que tous les êtres particuliers font des modifications de Dieu. Il eft manifefte que c’eft fa doëtrine , puifque fa propofition 14° eft celle-ci, præter Deum nulla dari neque concipt potef? [ubffantia,& qu'ilaffüre dans la 15°, guidquidef?, in Deo ef}, & nihi£ Jome Deo neque effe neque concipi poteft. Ce qu’il prouve par la raïfon que tout éit mode ou fubftance , & que les modes ne peuvent exifter ni être concus fans la fubftance. Quand doncun apologifte de Spizofz parle de cette maniere , s’il étoit vrai que Spizo/fa eût en- feigné que tous les êtres particuliers font des modes de la fubftance divine , la viétoire de fes adverfaires feroit complette , &t je ne voudrois pas la leur con- tefter, je ne leur contefte que le fait, je ne crois pas que la doftrine qu'ils ont réfutée foit dans fon livre. Quand , dis-je , un apologifte parle de la forte , que lui manque-t-1l ? qu'un aveu formel de la défaite de fon héros ; car evidemment le dogme en queftion eft dans la morale de Spinofa. Il ne faut pas oublier que cet impie n’a point mécon- nu les dépendances inévitables de fon fyffème , car il s’eft moqué de l'apparition des efprits, &iln’y a point de philofophie qui ait moins droit de la nier: il doit reconnoïire que tout penfe dans la nature, & que l’homme n’eft point la plus éclairée & la plus intelligente modification de Punivers : il doit donc admettre des démons. Quand on fuppofe qu’un ef prit fouverainement parfait a tiré les créatures du {ein du néant, fans y être déterminé par fa nature, . mais par un choix libre de fon bon plaifir, on peut nier qu'il y ait des anges. Si vous demandez pour- quoi un tel créateur n’a point produit d’autres ef. prits que lame de ’homme, on vous répondra , tel a été ton bon plaïfir , flat pro ratione volunras : vous ne pourrez oppoler rien de raifonnable à cette ré= ponie , à-moins que vous ne prouviez le fait, c’eft- à-dire qu'il y a des anges. Mais quand on fuppofe que le Créateur n’a point agi librement, & qu'il a épuifé fans choix ni regle toute l'étendue de fa puiffance, & que d’ailleurs la penfée eft Pun de fes attributs, on eft ridicule fi l’on foutient qu'il n’y a pas des dé- mons. On doit croire que la penfée du Créateur s’eft modifiée non-feulement dans le corps des hommes, mais aufh par tout l'univers, & qu’outre les animaux que nous connoïflons , il y en aune infinité que nous ne connoïflons pas , & quinous furpafñent en lumie- res & en malice, autant que nous {urpañlons, à cet . égard , les chiens & les bœufs. Car ce feroit lachofe » du monde la moins raonnable que d’aller s’imagi- ner que l’efprit de l’homme eft la modification la plus parfaite qu'un Etre infini, agiflant felon toute l’éten- due de fes forces , a pu produire. Nous ne concevonis nulle liaifon naturelle-entre l’entendement & le cer- veau , C’eft pourquoi nous devons croire qu'une créature fans cerveau eft aufli capable de penfer , qu'une créature organifée comme nous le fommes, Qu'eft-ce donc qui a pu porter $ pinofa à nier ce que Von dit des efprits ? Pourquoi a-t-il cru qu'il n’y a rien dans le monde qui foit capable d’exciter dans notre machine la vue d’un fpeétre, de faire du bruit dans une chambre, & de caufer tous les phénomenes magiques dont les livres font mention ? Eft-ce qu'il a cru que, pour produite ces effets, il faudroit avoir un corps aufli mafhf que celui de l’homme , & qu’en ce cas-là les démons ne pourroient pas fubfifter en air , ni entrer dans nos maïfons , ni {e dérober à nos Yeux ? Mais cette penfée feroit ridicule : la mafle dé chair dont nous fommes compofés , eft moins une aide qu'un obftacle à l’efprit & à la force : j'entends la force médiate, ou la faculté d'appliquer les inftru mens les plus propres à la produétion des grands ef. fets. C’eft de cette faculté que naïffent les actions les plus furprenantes de lhomine ; mille & mille exem- ples le font voir. Uningénieur, petitcomme un nain, maigre, pâle , fait plus de chofes que n’en feroient deux mille fauvages plus forts que Milon. Une ma- chine animée plus petite dix mille fois qu’une four- mi , pourroit être plus capable de produire de grands effets qu’un éléphant : elle pourroit découvrir les parties infenfibles des animaux &c des plantes, & s’al- ler placer fur le fiese des'premiers reflorts de notre cerveau , &t y ouvrir des valvules , dont l’effet feroit que nous vifions des fantômes & entendiffions du bruit. Si les Médecins connoïfloient les premieres fibres & les premieres combinaifons des parties dans les végétaux , dans les minéraux, dans les animaux, ils connoîtroient auf les inftrumens propres à Les déranger , & ils pourroient appliquer ces inftrumens comme 1l feroit néceflaire pour produire de nou- Veaux arrangemens qui convertiroient les bonnes viandes en poifon , & les poifons en bonnes vian- des. De tels médecins feroient fans comparaïfon plus habiles qu'Hippocrate ; &c s'ils étoient affez petits pour entrer dans Le cerveau & dans les vifceres , ils guériroient qui ils voudroient, &ils cauferoient aufñ uand ils voudroient les plus étranges maladies qui £ puiflent voir. Tout fe réduit à cette queftion ; eft- 11 pofble qu'une modification invifible ait plus de fumieres que l’homme &c plus de méchanceté ? Si Spinofa prend la négative, 1l ignore les conféquen- ces de fon hypothele , & fe conduit témérairement &c fans principes. | S'il eût raifonné conféquemment, il n’eût pas auffi traité de chimérique la peur des enfers. Qw’on croie tant qu'on voudra que cet univers n’eft point l’ou- vrage de Dieu, & qu'il n’eft point dirigé par une na- ture fimple, fpirituelle & diftinéte de tous les Corps , il faut pour le moins que l’on avoue qu’il y a certai- nes chofes qui ont de l'intelligence & des volontés, & qui font jaloufes de leur pouvoir , qui exercent leur autorité fur Les autres, qui leur commandent ceci ou cela, qui les châtient, qui les maltraitent , qui fe vengent févérement. La terre n’eft-elle pas pleine de ces fortes de chofes ? Chaque homme ne le fait-1l pas par expérience ? De s’imaginer que tous les êtres de cette nature fe foient trouvés précifément fur la terre , qui n’eft qu'un point en comparaifon de ce monde, c’eft aflurément une penfée tour-à-fait déraïfonnable, La raifon, lefprit , l'ambition, la haine , feroient plutôt fur la terre que par-tout ail- leurs. Pourquoi cela? En pourroit-on donner une caufe bonne ou mauvaife ? Je ne Le crois pas. Nos YEUX nous portent à Être perfuadés que ces efpaces immenfes , que nous appellons le cie/ , Où il fe fait des mouvemens f rapides & fi actifs, font aufli capa- bles que la terre de former des hommes., & aufl dig: nes que la terre d’être partagés en plufieurs domina- Tome XP, …” 407 tions. Nous ne favons pas ce qui s’y pañte ; Mais fi nous ne confultons que la raïfon, il nous faudra croire qu'il eft très-probable , où du-moins pofüble, qu'il s’y trouve des êtres puiffans qui étendent leur empire, aufli-bien queleur lumiere {ur notre monde, Nous fommes peut-être une portion de leur feigneu= rie : ils font des lois, ils nous les révelent par les lus mieres de laconfcience, & ils fe fÂchent violemment contre ceux qui les trangreffent. Il fufäit que cela foit pofñble pour jetter dans inquiétude les athées , il n'y a qu'un bon moyen de ne rien cfaindre , c’eft de croire la mortalité de lame. On échapperoit par-là à la colere de ces efprits, mais autrement ils pour: roient être plus redoutables que Dieu lui-même. En mourant on pourroit tomber fous le pouvoir de quel: que maitre farouche, c’eft en vain qu’ils éfpéreroient d’en être quittes pour quelques années de tourment, Une nature bornée peut n’avoir aucune forte de per- feétion morale, ne fuivre que fon caprice & fa pafñion dans les peines qu’elle inflige. Elle peut bien reffem: bler à nos Phalaris & nos Nérons , gens capables de larfler leur ennemi dans un cachot éternellement, s'ils avoient pà pofléder une autorité éternelle. Efpérera: t-on que les êtres malfaifans ne dureront pastoujoursà Mais combien y a-t:l d’athées qui prétendent que le foleil na jamais eu de commencement , & qu'il n'aura point de fin ? | Pour appliquer tout ceci à un fpinofifte, fouvenons: nous qu'il eft obligé par fon principe à reconnoître l’immortalité de ame, car il fe regarde comme la mo: dalité d’un être effentiellemeurt penfant ; fouvenons: nous qu'il ne peut nier qu'il n’y ait des modalités qui fe fâchent contre les autres, qui les mettent à la gêne; à la queftion, qui font duter leurs tourmens autant qu’elles peuvent, qui les envoient aux galeres pour toute leur vie, & qui feroient durer ce fupplice éters _ nellement fi lamortn’y mettoit ordre de part & d’aus tre. Tibere & Caligula , monftres afamés de carna- ges, en font des exemples illuftres, Souvenons-nous qu'un fpinofifte fe rend ridicule , s’il n’ayvoue que tout l'univers eft rempli de modalités ambitieufes » Cha- grines , jaloufes , cruelles. Souvenons - nous enfin que l’effence des modalités humaines ne confifte pas à porter de grofles pieces de chair. Socrate étoit So: crate le jour de fa conception ou peu après ; tout ce qu'il avoit en ce tems-là peut fubffter en {on entier après qu'une maladie mortelle a fait cefler la circula tion du fang & le mouvement du cœur dans la ma- tiere dont il s’étoit agrandi : il eft donc après fa mort la même modalité qu’ilétoit pendant fa vie, à ne con: fidérer que leffentiel de fa perfonne ; il n’échappa donc point par la mort à la juftice, ou au caprice de {es perfécuteurs invifbles. Îls peuvent le fuivre par= tout où 1l1ra , & le maltraiter {ous les formes vifibles qu'il pourra acquérir. v. M. Bayle appliqué fans ceffe à faire voir l’inexacs titude des idées des partifans de Spinofa, prétend que toutes leurs difputes fur les miracles n°eft qu’un mé: rable jeu de mots, &qu’ilsignorent les conféquences de leur fyftème, s’ils en nient la poffibilité, Pour faire voir, dit-il, leur mauvaife foi & leurs illufions {ar cette matiere , il fuffit de dire que quandils rejettent | la poffibilité des miracles , ils alleguent cette raifon 3 c’eft que Dieu & la nature font le même être : de forte que fi Dieu failoit quelque chofe contre les lois de la nature , il feroit quelque chofe contre luis même, ce qui eft impofñlible, Parlez nettement & fans équivoque, dites que les lois de la nature n'ayant pas été faites par un légiflateür libre, & qui connûé ce qu'il fafoit, mais étant l’aétion d’une caufe aveu gle & néceflaire,rien ne peut arriver qui foit contraire à ces lois. Vous alléguerez alors contre les miracles votre propre thefe : ce fera la pétition du principe, mais au-moins vous parlerez rondement, Tirons-les Nanïi 468 SP de cette généralité, demandons-leur ce qu'ils penfent des miracles rapportés dans l’Ecriture. Ils en nieront abfolument tout ce qu’ils n’en pourront pas attribuer à quelque tour de fouplefle. Larffons-leur paffer Le front d’airain qu'il faut avoir pour s’'infcrire en faux contre des faits de cette nature, attaquons-les par leurs principes. Ne dites-vous pas que la puiflance de la nature eft infinie ? &c la feroit-elle s’il my avoit rien dans l'univers qui pût redonner la vie äun hom- me moft? la feroit-elles’iln’y avoit qu’un feulmoyen de former des hommes , celui de la génération ordi- naire ? Ne dites pas que la connoïflance de la nature eft infinie. Vous niez cet entendement divin, où, felon nous, la connoïflance de tous les êtres poffibles eft réunie ; maïs en difperfant la connoïffance, vous he niez point fon infinité. Vous devez donc dire que la nature connoît toutes chofes , à-peu-près comme nous difons que l’homme entend toutes Les langues. Ün feul homme ne les entend pastoutes, maislesuns entendent celle-ci & les autres celle-là. Pouvez-vous nier que l’univers ne contienne rien qui connoïfle la conftruétion de notre corps? Sicelaétoit, vous tom- beriez en contradiction , vous ne reconnoïtriez plus ue la connoiffance de Dieu fût partagée en une in- Bnité de mamieres : l’artifice de nos organes ne lui feroit point connu. Avouez donc , f vous voulez raïfonner conféquemment , qu'il y a quelque modifi- cation qui le connoït ; avouez qu’il efttrès-poffble à la nature de reflufciter un mort, & que votremaïitre confondoit lui-même {es idées , ignoroiït les fuites de fon principelorfqu’il difoit, que s’il eût pù fe perfua- der la réfurretion du Lazare, ilauroït brifé en pieces tout fon {yftème, il auroitembrafié fans répugnance la foi ordinaire des Chrétiens. Cela fufit pour prou- ver à ces gens-là qu'ils démentent leurs hypothefes lorfqu’ils nient la poflibilité des miracles, je veux dire, afin d’ôter toure équivoque , la poffbilité des événemens racontés dans l’Ecriture. Plufieurs perfonnes ont prétendu que M. Bayle n’a- voit nullement compris la doétrine de Spzno/a , ce qui doit paroïtre bien étrange d’un efprit auff fubtil êc auffi pénétrant. M. Bayle a prouvé, mais aux dépens de ce fyflème , qu’il l’avoit parfaitement compris. Il lui a porté de nouveaux coups que n’ont pu parer les fpinofifles. Voici comme il raifonne. J'attribue à Spi- nofa d'avoir enfeigné, 1°. qu'il n’y a qu'une fubftance dans l'univers ; 2°. que cette fubftance eft Dieu; 3°. que tous les êtres particuliers, le foleil , la lune , Les plantes , les bêtes, les hommes, leurs mouvemens, leurs idées, leurs imaginations, leurs defirs, font des modifications de Dieu. Je demande préfentement aux fpinofiftes , votre maître at-il enfeigné cela, ou ne l'a-t-il pas enfeigné ? S'il a enfeigné, on ne peut point dire quemes objeétions aient le défaut qu’on nomme “ignoratio elénchi , ignorance de l’état de la queftion. Car elles fuppofent que telle a été fa doëtrine , & ne - Pattaquentquefur cepié-là. Je fs donchors d'affaire, & l’on fe trompe toutes les fois que l’on débite que j'ai refuté ceque je n’aipas compris. Si vous dites que Spinofa n’a point enfeigné les trois doétrines ci-deflus articulées , je vous demande , pourquoi donc s’ex- primoit-il comme ceux qui auroient eu la plus forte pafion de perfuader au leéteur qu'ils enfergnoient ces trois chofes ? Eff-il beau & louable de fe fervir du ftyle commun, fans attacher aux paroles les mêmes idées que les autres hommes, &c fans avertir du fens nouveau auquel on les prend ? Mais pour difcuter un peu ceci, cherchons où peut être la méprife. Ce n’eft pas à l'égard du mot fzbflance que je me ferois abufé, carje n’ai point combattu le fentiment de Spr- nofa fur ce point-là, je lui ai laifé pañler ce qu'il fup- pofe que pour mériterlenom de fubftance il faut être indépendant de toute caufe, ou exifter par foi-même éternellementnéceffairement,je ne penfe pas que j'aie SPI pû m'abufer en lui imputant de dire , qu’il ny a que Dieu qui ait la nature de fubftance. S'il y avoit donc de l'abus dans mes objedions , 1 confifteroit unique- ment en ce que Jaurois entendu par #0dalirés , mo« difications | modes , ce que Spizofa n’a point vou- lu fignifier par ces mots-là, mais encore un coup, fi je my étois abufé , ce feroit fa faute. Jai pris ces termes comme on les a toujours entendus. La doc- trine générale des philofophes eft que l’idée d’être contient fous foi immédiatement deux efpeces, la fubftance & l'accident, & que la fubftance fubfifte par elle-même , ens per fe fubfiflens , & que l'accident fubffte dans un antre, es in alio. Or fubfiter par foi, dans leurs idées, c’eft ne dépendre que de quel- que fujet d'inhéfion; & comme celaconvient , felon eux, à la matiere, aux anges, à Pame de l’homme , ils admettent deux fortes de fubftances, l’une incréée, l'autre créée , & ils fubdivifent en deux efpeces la fubftance créée; l’une de ces deux efpeces eft la ma- tiere, l’autre eft notre ame. Pour ce qui regarde Pac- cident, il dépend fi eflentiellement de fon fujet d’in- héfion, qu'il ne fauroit fubfifter fans lui; c’eft fon ca- rattere fpécifique. Defcartes l’a toujours ainf en- tendu, Or puifque Spinofa avoit été grand cartélien, la raifon veut que l’on croïe qu’il a donné à ces ter- mes là lemême fens que Defcartes. Si cela eft, il n’en- tend par modification de fubftance qu’une façon d’é- tre qui a la même relation à la fubftance, par lafigu- re, le mouvement ; lerepos , la fituation à la ma- tiere, Gc. que la douleur, Pafirmation , l'amour, Ge. à l'ame de l’homme : car voilà ce que les cartéfiens appellent modes. Mais en fuppofant une fois que la fubftance eft ce qui exifte de foi, indépendamment de toute caufe efficiente , il na pas dû dire que la rma- tiere, ni que les hommes fuffent des fubftances ; & puifque , felon la doétrine commune, il ne divifoit V’être qu’en deux efpeces , favoir en fubffance & en modification de fubftance, il a dû dire que la matiere, 8t que l'ame des hommes n’étoient que des mocifca- tions de fubffance , qu’il n’y a qu'une feule fubffance dans l'univers, & que cette fubftance eft Dieu. fre {era plus queftion que de favoir s’il fubdivife en deux efpeces la modification de fubftance. En cas quille ferve de cette fubdivifion , & qu'il veuille que Fune de ces deux efpeces foient ce que les cartéfiens 6x les autres philofophes chrétiens nomment /#/funce créée, & que l’autre efpece foit ce qu'ils nomment accidens ou mode il n’y aura plus qu’une difpute de mot entre lui & eux , & 1l fera très-aifé de ramener à l’ortho- doxie tout fon fyflème , & de faire évanouir toute fa feête ; car on ne veut être fpinofifte qu'à cawie qu’on croit qu'il a renverfé de fond en comble le fy£ tème des Chrétiens & l’exiftence d’un Dieu irmma- tériel & souvernant toutes chofes avecunefouverat- ne liberté. D’où nous pouvons conclure en pañlant , que les fpinofiftes 87 leurs adverfaires s'accordent parfaitement bien dans le fens du mot modification de fubflance. Ms croient les uns les autres que Spiro/a ne s’en eft fervi que pour défigner un être quiala më- me nature que ce que les Cartéfiens appellent 04e, 8 qu’il n’a jamais entendu par ce mot-là un être qui eût les propriétés ou la nature de ce que nous ap- pellons fubffance créce. Si lon veut toucher la queftion au vif, voici com- me on doit raïfonner avec un fpinofifte. Le vrai &c le propre caraétere de la modification convient-il à la matiere par rapport à Dieu, ou ne lui convient- il point? Avant de me répondre, attendez que je vous explique par des exemples ce que c’eft que le caractere propre de lamodification. C’eft d’être dans un fujet de la maniere que le mouvement eft dans le corps & la penfée dans lame de l’homme. Il ne fuffit pas pour être une modification de [a fubftance divi- ne, de fubfifter dans limmenfité de Dieu ; d'en être SE | pénétré, entouré de toutes parts, d’exifter par | vertu de Dieu, de ne pouvoir exifter ni fans lui, ni hors de lui. Il faut de plus que la fubftance divine {oit le fujet d’inhérence d’une chofe , tout comme fe: lon lopinion commune l’ame humaine eft le fujet d'inhérence du fentiment & de la douleur, & le corps le fujet d’inhérence du mouvement, du repos & de Ra figure. Répondez préfentement ; & f vous dites que, felon Spirofz, la fubftance de Dieu n’eft pas de cette maniere, le fujet d’inhérence de cette étendue, ni du mouvement, ni des penfées humaines ; je vous avoueraique vous en faites un*philofophe orthodoxe qui n’a nullement mérité qu’on lui fit les objetions qu’on lui a faites , & qui mériroit feulement qu’on lui reprochât de s'être fort tourmenté pour embar- rafler une doctrine que tout le monde favoit, & pour forger un nouveau fyftème, qui n'étoit bâti que fur équivoque d’un mot. Si vous dites qu'il a prétendu que la fubftance divine eft le fujet d’inhérence de la matiere & de toutes les diverfités de l'étendue & de la penfée, au même fens que, felon Defcartes : Pétendue eft Le fujet d’inhérence du mouvement , ame de l’homme eft le fujet d’inhérence des fenfa- tions & des pafñons ; j'ai tout ce que je demande, c’eft ainfi que j’ai entendu Spirofz, c'eft là-deflus que toutes mes objeétions font fondées, Le précis de tout ceci eft une queftion de fait tou- chant le vrai fens du mot modifcarion ‘ans Le fyftème de Spinofa. Le faut-il prendre pour a même chofe qu'une fubftance créée, ou le faut-il prendre au fens qu'il a dans le fyftème de M. Defcartes? Je crois que le bon parti eft le dernier, car dans l’autre {ens Spi- of auroit reconnu des créatures diftinétes de la fub- flance divine , qui euflent été faites ou de rien ou d'une matiere diftin@e de Dieu. Or il feroit facile de prouver par un grand nombre de pañlages de fes li- vres, qui n’admet ni l’une, ni l’autre de ces deux chofes. L’étendue, felon lui , ef un attribut de Dieu. Il s'enfuit de-là que Diert effentiellement , éternel- lement, néceffairement eftune fubftance étendue, & que l'étendue lui eft auffi propre que l’exiftence ; d’où 1l réfulte queles diverfités particulieres de étendue, qui font le foleil,la terre, les arbres, les corps des bê- tes , Les corps des hommes font en Dieu , comme les philofophes de l’école fuppofent qu’elles font dans la matiere premiere, Or fi ces philofophes fuppofoient Que la matiere premiere eft une fubftance fimple & parfaitement unique , ils concluroient que le foleil & la terre font réellement la même fubflance. Il ut donc que Spiro/z conclue la même chefe. S'il ne di- foit pas que le foleil eft compoié de l'étendue de Dieu , il faudroit qu’il avouât que l'étendue du foleil a été faite de rien ; mais il nie la création : il eft donc obligé de dire que la fubftance de Dieu ef la caufe matérielle du foleil, ce qui compofe le foleil » Jubye- éum ex quo ; & par conféquent que le foleil n’eft pas diflingué de Dieu ,jsque c’eft Dieu lui-même, & Dieu tout entier ; puifque ,felon lui, Dieu n’eft point un être compofé de parties. Süuppofons pour un moment qu'une mafle d’or ait la force de fe convertir en aflettes, en plats, en chandeliers, en écuelles, &c. elle ne fera point diftinte de ces af fiettes & de ces plats : & fi l’on ajoute qu’elle eft une mafle fimple & non-compoiée de parties, 1l fera:cer- ain qu’elle eft toute dans chaque afliette & dans cha- que chandelier; car fi elle n’y étoit point toute, elle {e feroit partagée en diverfes pieces ; elle feroit donc compofée de parties, ce qui eft contre la fuppofi- tion. Alors ces propoñitions réciproques ou conver- mtibles feroient véritables, Ze chandelier ef la maf[e d’or, la maffe d’or elt le chandelier. Voilà l’image du Dieu de Spinofa , il a la force de fe changer ou de fe mo- difier en terre , en lune, en mer, en arbre, @c. &cil eff abfolument un, & fans nulle compofñition de par- SPT 409 ties. Îl eft donc vräi qu'on peut aflürer que la tetre eft Dieu, que la lune eft Dieu, que la terre eft Dieri tout entier, que la luhe left auf, que Dieu eff la terre , que Dieu tout entier eft la lune, On ne peut trouver que ces trois manieres, feloti léfquelles les modifications de Spirou foient en Dieu; mais aucune de ces manieres nef ce que les autres philofophes difent de la fubftance créée, Elle eft en Dieu , difent-ils ; comme dans fa caufe efficiente, & par conféquent elle eft diflin@e de Dieu réellement & totalement. Mais, felon Spirofa, les créatures font en Dieu, ou comme l'effet dans la caufe matérielle, ou coffime Paccident dans fon fhjet d’inhéfion , OÙ come [a forme du chandelier dans l’étain dont on le compofe. Le foleil, la lune, les arbres entant qué ce {ont desichofes à trois dimenfions , font én Dieu comine dans la caufe matérielle dont leur étendue eff compotée : il y a donc identité entre Dieu & le {02 leil, &é. Les mêmes arbres en tant qu'ils ont une forme qui les diftingue des pierres, font en Dieu : comme la forme du chandelier eft dans Pétain. Etre chandelier n’eft qu’une maniere d’être de Pétain. Le mouvement des corps & des penfées des hommes font en Dieu, comme les accidens des péripatéticiens font dans fa fubftance créée, Ce font des entités in- hérentes à leur fujet, & qui n’en font point compo fées , & qui n’en font point partie. Un apologifte de Spinofà foutient que ce philofo: phe n’attribue point à Dieu l'étendue cotporelle, mais feulement une étendue intelligible , & qui n°eft point imaginable. Mais f l'étendue des Corps que nous voyons & que nous imaginons n’eft point l'étendue de Dieu, d’où eft-elle venue, comment at-elle été faite ? Si elle a été produite de rien , Spinofa eft ôr- thodoxe , fon fyftème devient nul, Sielle à été pro- duite de l’étendue intellisible de Dieu, c’eft encore une vraie création, car l’étendue intelligibie n’étant qu'une idée, & n’ayant point réellement Les trois di- menfons, ne peut point fournir l’étoffe ou la ma- tiere de létendue formellement exiftante hors de lentendement. Outre que fi l’on difinoue deux ef- peces détendue, l’une intelligible , qui appartient à Dieu, l’autre imaginable, qui appartient aux corps, il faudra auffi admettre deux fujets de ces étendues difinéts un de l’autre, & alors lunité de fub4an- ce eft renverfée, tout l'édifice de Spinofz ya parterre. M. Bayle, comme on peut le voir par tout ce que nous avons dit, s’eft principalement attaché à la fup- poñtion que létendue n’eft pas un être compolé, mais une fubftance unique en nombre. La raifon qu'il en donne, c’eft que les {pinofiftes témoignent que ce n’eft pas là en quoi confiftent les difficultés. Ils croient qu’on les embarrafle beaucoup plus , lorfe u’on leur demande comment la penfée & l'étendue ke peuvent unir dans une même fubftance. Il ya quelque bifarrerie là-dedans. Car s’il eft certain par les notions de notre efprit que l'étendue & la penfée n'ont aucune affinité l’une avec l’autre , il eft encore plus évident que l’étendue eft compofée de parties réellement diftinétes l’une de l’autre » & néanmoins ils comprennent mieux la premiere difficulté que la feconde, & ils traitent celle-ci de bagatelle en com- paraïfon de l’autre. M. Bayle les ayant fi bien battus pat Fendroit de leur fyftème , qu'ils penfoient n’a- voir pas befoin d’être fecouru , comment repouffe- ront-ils les attaques aux endroits foibles ? Ce qui doit furprendre , c’eft que S pinofa refpetant fi peu la raifon & l’évidence, ait eu des partifans &z des fec- tateurs de {ôn fyftème. C’eft fa méthode fpécieufe qui les a trompés, & non pas, comme ilarrive quel- quefois , un éclat de principes féduifans. Ils ont cru que celui qui employoit la géométrie, qui procédoit Par axiomes, par définitions , par théoremes & par | lemmes,fuivoit trop bien la marche de la vérité, pour 470 S PI hertrouver que l'erreur au lieu d’elle. Tls ‘ont jugé «du fond fur les apparences, décifion précipitée qu’- iafpire notre parefle. Ils n’ent pas vu que ces axio- -mes n’étoient que des propoñtions très-vagues, très- incertaines, que ces définitions étoient inexaétes , ‘bifarres & défeétueufes , que leur chef alloit enfinau -milieu des paralogifmies où fa préfomption & fes fan- xaifies le conduifoient. Le premier point d’égarement , qui eft la fource ‘de l'erreur, {e trouve dans la définition que Spiro/fa -donne de la fubftance. J'entends par la fubflance, dit- 31, ce qui eften foi & eff conçu par foi-même , c’ef-a- -dire,ce dont laconception n’a pas befoin de la con@eption lune autrechofe dont elle doive être formée. Cette déf- amition eft captieufe,car elle peut recevoir un fens vrai 8z faux : ou Spinofa définit la fubftance par rapport aux accidens , Ou par rapport à lexiftence ; or de quelque maniere qu'il la définiffe, fa définition eft ‘fauffe , ou du moins lui devient inutile. Car 1°. s’il définit la fubftance par rapport aux accidens, on pourra conclure de cette définition que la fubftance ‘ft un être qui fubffte par lui-même indépendamment d'un fujet d’inhéfion. Or Spinofa ne peut faire fervir ‘une telle définition à démontrer qu'il n’y a dans le monde qu’une feule &: unique fubftance. Il eft évident que les arbres, les pierres, les anges, les hommes exif- tent indépendamment d’un fujet d’inhérence, 2°, Si Spino/fa définit la fubftance par rapport à l’exiflance,fa définition eft encore faufle. Cette définition bien en- tendue , fignifie que [a fubftance eft une chofe , dont idée ne dépend point d’une autre idée, & quine fuppofe rien qui l'ait formée , mais renferme une exiftence néceflaire ; or cette définition eft faufle, -car ou Spino/a veut dire par ce langage myftérieux, que l’idée même de la fubftance , autrement l’effence ‘&c la définition de la fubftance , eft indépendante de toute caufe, ou bien que la fubftance exiftante fub- #ifte tellement par elle-même qu’elle ne peut dépen- -dre d’aucune caufe. Le premier fens eft trop ridi- ‘cule, & d’ailleurs trop inutile à Spinofa, pour croire qu'il lait eu dans l’efprit; car ce fens fe reduiroit à -dire, que la définition de la fubftance ne peut pro- -duire une autre définition de fubftance , ce qui eft abfurde & impertinent. Quelque peu conféquent que oit Spinofa, je ne croirai jamais qu’il emploie une telle définition de {a fubftance, pour prouver qu’u- ne fubftance n’en peut produire une autre , comme #1 cela étoit impoñlble ; fous prétexte qu’une défini- tion de fubftance ne peut produire une autre défini- tion de fubftance. Il faut donc que Spinofa, par fa définition entortillée de la fubftance , ait voulu dire ‘que la fubftance exifte tellement par elle-même, qu'elle ne peut dépendre d'aucune caufe. Or c’eft cette définition que tous les philofophes attaquent. Ils vous diront bien que la définition de la fubftance eft fimple & indivifible, fur-tout fi on la confidere par oppofition au néant ; mais ils vous nieront qu'il n’y ait qu'une fubftance. Autre chofe eft de dire qu’il n’y a qu’une feule définition de fubftance, & autre chofe, qu’il n’y a qu'une fubftance. En mettant à-part les idées de métaphyfque , & ces nom d’effence , d’exifiance , de fubflance , qui n’ont aucune diftinétion réelle entre elles, mais feulement dans les diverfes conceptions de l’entendement ; il faudra , pour parler plus intelligiblement & plus hu- mainement, dire, que puifqu'il y a deux fortes d’e- xiftences , l’une néceflaire , & l’autre contingente , il y a aufh de toute néceffité deux fortes de fubftan- ges, l'une qui exifte néceflairement, & qui eft Dieu, & l’autre qui n’a qu'une exiftence empruntée de ce premier être, & de laquelle elle ne jouit que par fa verru , qui font les créatures. La définition de Spi- nofa ne vaut donc rien du tout ; elle confond ce qui doit être néceflairement diftingué , l’eflence , qu'il nomme /ubfiance, avec l'exiftence. La définition qu'il apporte pour prouver qu'une fubftance n’en peut produire une autre , eft aufli ridicule que ce raïfon« nemeñt qu’on feroit pour prouver qu'un homme eft un cercle : Par homme , j'entends une figure ronde; or le cercle eft une figure ronde, donc l’homme eft un cercle. Car voici comme raifonne Spizo/fz : il me plaît d’entendre par fubitance ce qui n’a point de caufe; or ce quieft produit par un autre a une caufe, donc une fubftance ne peut être produite par une au- tre fubftance. A La définition qu’il donne du fini &c de l'infini n’eft pas plus heureufe. Une chofe eft finie, felon lui, quand elle peut être terminée par une chofe de la même nature. Ainfi un corps eft dit J74, parce que nous en concevons un plus grand que lui; ainfi la penfée eft terminée par une autre penfée. Mais le corps n’eft point terminé par la penfée, ainfi que la penfée ne left point par le corps. On peut fuppofer deux fujets différens , dont l’un ait une connoïffance infinie d’un objet, & l’autre n’en ait qu'une con- noïffance finie. La connoïffance infinie du premier ne donne point l’exclufion à la connoïffance finie du fecond. De ce qu'un être connoît toutes les pro- priétés & tous les rapports d’une chole, ce n’eft pas une raifon, pour qu'un autre n’en pue du-moins faifir quelques rapports &c quelques propriétés. Mais, dira Spinofa , les degrés de connoïffance qui fe trou- ve dans l’être üni, n'étant point ajoutés à cette con- noifflance que nous fuppofons infinie, elle ne peut pas l'être. Pour répondre à cette objeétion, qui n’eft qu’une pure équivoque , je demande, fi les degrés de la connoiffance finie ne fe trouvent pas dans la connoïffance infinie, on ne fauroit le nier. Ce ne feroit pas à la vérité les mêmes degrés numériques, mais ce feront les mêmes fpécifiquement, c’eft-à- dire, qu'ils feront femblables. Or il n’en fut pas davantage pour la connoiflance infinie. Quant aux degrés infinis dont elle eft compofée on ajouteroit encore tous les degrés qui fe trouvent épars & défunis dans toutes les connoïffances finies , elle n’en deviendroït pas plus parfaite ni plus étendue. Si j’a= vois précifément le même fonds de connoïflances que vous fur quelqu’objet , en déviendrois-je plus habile & mes lumieres plus étendues, parce qu'on ajouteroit vos connoïfances numériques à celles que je poffede déja? Vos connoiffances étant abfolument femblables aux miennes, cette répétition de la même fcience ne me rendroit pas plus favant. Donc une connoiflance infinie n’exige point Les degrés finis des autres connoiffances ; donc une chofe n’eft pas pré- cifément finie, parce qu'il exifte d’autres êtres de la même nature. Ses raifonnemens fur l'infini ne font pas plus ju- Îtes. Il appelle izfri, ce dont on ne peut rien mer, & ce qui renferme en foi formellement toutes les réalités poffibles. Si on lui pañe cette définition, 1l eft clair qu'il lui fera aifé de prouver qu'il n’y a dans le monde qu’une fubftance unique, &c que cette fubftance eft Dieu , & que toutes les chofes font les modes de cette fubftance. Mais comme il n’a pas prouvé cette définition, tout ce qu'il bâtit deflus, n’a qu'un fondement ruineux. Pour que Dieu foit - infini, il n’eft pas néceflaire qu'il renferme en lux toutes les réalités poffibles qui font finies &r bornées , mais feulement les réalités 8& perfeétions poffibles qui font immenfes & infinies : ou, f l'on veut, pour parler le langage ordinaire de l’école , qu'il renferme éminemment toutes les réalités & les perfettions poffibles ; c’eft-à-dire, que toutes les perfehonss & réalités qui fe rencontrent dans les individus de chaque être que Dieu peut former, fe trouvent en lui dans un degré éminent 8 fouverain : d’où 1k ne s'enfuit pas que la fubftance de Dieu renferme la fübftancé des individus fortis de fes mains. L Les axiomes de Spirofa ne font pas moins faux & captieux que fes définitions : choififfons ces deux qui font les principaux : La connoiffance de l'effèr dé- Pend de la'connoifflance de la cañfe, & la renferme nés ceffairement : Des chofes qui n'ont rien de commun entre elles , ne peuvent fervir a [à faire connoïtre mtiuellement, ‘On fent tout-d’un-coup le captieux de ces deux axio- nes ; ÔT pour commencer par le premier, voici con: me Je raifonne. On peut confidérer l'effet de deux manieres, eh-tant qu'il eft formellement un effet, ou matériellement, c’eft-à-dire, tout fimplement, en- tant qu'il eft en Nti-même. Il ef vrai que Peffet conf: déré formellement comme effet, ne peut être connu 1éparément de la caufe, felon cet axiome des écoles à correlata fint fimul cognitioe. Mais fi vous prenez Veffet en lui-même, il peut être connu par lui-même. L’axiome de Spinofa eft donc captieux, en ce ae ne diflingue pas entre les différentes manieres dont on peut envifager leffet. D'ailleurs, quand Syi- nofa dit que la connoïffance de l'effet dépend de la connoïflance de la caufe & qu’eile la renferme, veut-1l dire que la connoïffance de l'effet entrai- ne néceflairement une connoïffance parfaite de Ja £aufe ? Maisen ce fens , l’axiome eft très-faux , puifque l'effet ne contient pas toutes les perfe@ions de la caufe, qu’il peut avoir une nature très-difé. rente de la fienne : favoir fi la caufe agit par {a feule volonté; car tel fera l'effet qu’il plaira à la volonté de le produire. Mais f Spinofa prétend feulement que lidée de effet eft relative à l’idée de la caufe, laxiome de Snirofz eft vrai alors, mais inutile au but qu'il fe propofe; car, en-partant de ce prin- cipe, il ne trouvera jamais qu’une fubflance n’en purfle produire une autre dont la nature & les attri- buts feront différens. Je dis plus : de ce que Pidée de Peffet eft relative À l’idée de la caufe, il s'enfuit dans les principes de Spirofa , qu'une fubftance douée d’attributs différens peut être la caufe d’une autre fubftance. Car Spirofz reconnoît que deux chofes dont l’une eft caufe de l’autre, fervent mu- tuellement à fe faire connoître : or, fi l'idée de l'ef fet eft relative à lidée de la caufe, il eft évident à À b* ! * que deux fubflances de différent attribut pourront fe faire connoïître réciproquement, pourvu que Pune foit la caufe de l’autre, non pas qu’elles aient une même nature & les mêmes attributs; putfqu’of les fappofe différens ; mais par le rapport qu'il y a de la caufe à l'effet. Pour l’autre axiome, il n’eft pas moins faux que le précédent: car, quand Spirofa dit, que Les chofes qui n’ont rien de commun entre elles, ne peuvent fervir à fe faire connoître réci- proquement; par le mot de commu, il entend une même nature {pécifique, Or l’axiome pris en ce fens, eft très-faux ; puifque, foit les attributs géneriques » foit la relation de la caufe à l'effet, peuvent les faire connoître les uns par les autres. , Examinons maïntenant les principales propofi- tions qui forment le fyftême de Spirofa. Il dit dans fa feconde, que deux fubflances ayant des anriburs différens, n'ont rien de commun entr'elles, Dans la démonftration de cette propofñtion , il n’alleone d'autre preuve que la définition qu'il a donnée de la fubftance , laquelle étant fauffe, on n’en peut rien légitimement conclure, & par conféquent cette pro- poñtion eft nulle. Mais afin d’en faire mieux com- prendre le faux, il n’y a qu’à confidéter l’exiftence _& l’eflence d’une chofe pour découvrir ce fophifine, Car, puifque Spizofz convient qu'il y a deux fortes d’exiftence, l’une néceffaire & l’autre qui ne Peft pas ; il s’enfuit que deux fubftances qui auront diffé. rens attributs, comme l'étendue & la penfée, con: viendront entr'elles dans une exiftence de même gfpece, c’eft-à-dire , qu’elles feront femblables en ce SPIT 47% que l’une éc l'autre n’exifteront pas nécefairement, mais feulement par la verti d’une caufe qui les aura produites, Deux eflénces ou deux fubftañces parfai tement femblables dans leurs propriétés efleñtielles, feront différentes, en ce que l'exiftence de l’une aura précédé celle de l’autre , ou en ée que Pune n'eft pas l’autre. Quand Pierre feroit femblable à Jean en toutes chofes, ils font différens, én ce que Pierre r’eft pas Jean, & que Jean n’eft pas Pierre, S1 Spinofa dit quelque chofe de concevable, cela ne peut avoir de fondement & de vraiffemblance , que par rapport à des idées métaphyfiques qui né mettent rien de réel dans la nature. Tantôt Spinof confond lefpece avec l'individu, & tantôt l'india vidu avec Pefpece. Mais, dira-t-on, Spinofa parle de la fubftance prés cifément, & confidérée en elle-même, Suivons donc Spinofa. Je rapporte la définition de la fübftance à l'exiftence ; & je dis, fi cette fubflance n’exifte pass ce n'eft qu'une idée, une définition qui ne met rien . dans l’être des chofes ; fi elle exifle, alois lefprit & le corps conviennent en fubftance & en exifà tence, Mais, felon Spinofa, qui dit une fubffance, dit une chofe qui exifte néceflairement, Je réponds que cela n’eft pas vrai, & que léxiftence n’eft pas plus renfermée dans la définition de la fubftance er général Que dans la définition de l’homme. Esfn, on dit, & c’eft ici le dernier retranchement, que la fubftance eft un être qui fubffte par lurmême. Voici donc où eft Péquivoque; car puifque le fyflème de Spinofz n’eft fondé uniquement que fur cette défini tion, avant qu’il puiffe argumenter & tirer des con: féquences de cette définition, il faut préalablement convenir avec moi du fens de la définition. Or ; quand je définis la fubftance un être qui fubfifte par lui-même, ce n’eft pas pour dire qu'il exifte nécelaie rement, je n’en ai pas la penfée; c’eft uniquement pour la difinguer des accidens qui ne peuvent exi- fer que dans la fubftance & par la vertu de la fuba france. On voit donc que tout ce fyitème de Sp: zofa , cetté faftueufe démonftration n’eft fondée qué {ur une équivoque frivole & facile À difiiper. … La troïfieme propoñtion de Spizofa ef que dans les chofes qui n'ont rien de commun entr’eiles ; l'une né Peut étre la caufe de laure. Cette propoñition, à l’ex- phiquer précifément, eft auf faufle ; ow dans le {eul fens véritable qu’elle peut avoir ; On n’en peut rien conclure. Elle eft fauffe dans toutes les caufés mo rales 8 occafionnelles. Le fon du nom de Dieu n’a rien de commun avec l'idée du créateur qu'il pro= duit dans mon efprit. Un malheur arrivé À mon ami n'a tien de commun avec la triftefle que J'en reçois Elle eft fauffe encore cette propoñition, lotfque la caufe eft beaucoup plus excellente que leffet qu’elle produit. Quand je remue mon bras pat late de ma volonté , le mouvement n’a rien de commun de fà nature avec l’aéte de ma volonté, ils font très. diffé: rens. Je ne fuis pas un triangle ; cependant je m'en formeuneidée,& j’examine les propriétés d’un ttiana gle. Spinofa à cru qu'il n’y avoit point de fubfance {pirituelle, tout eft corps felon lui. Combien de fois cependant Spir0/a a-t-1l été contraint de fe réprélen- ter une fubftance fpirituelle, afin de s’efforces d’en détruire l'exiftence ? Il y a donc des caufes qui pro: duifent des effets, avec lefqnels elles n’ont rien de commun, parce qu'elles ne les produifent pas par une émanation de leur effence, ni dans toute Pétens due de leurs forces. La quatrieme propoñtion de Spinofa ne nous at= rêtera pas beaucoup : Deux ox plufieuts chofès diffins es font diflinguées ensrelles, ou par la diverfité des attributs des Jubflances | ou par La diverfité de leurs accidens qu'il appelle des affe@ions, Spinefz confond ici la diverfité avec la diftin@tion, La diverfité vient 472 S P I à la vérité de la diverfité fpécifique des attributs 6c des affedions. Aïnfi il y a diverfité d’eflence, quand l'une eft concue &c définie autrement que l’autre; ce qui fait l'efpece, comme on parle dans l'école. Ain un cheval n’eft pas un homme, un cercle n’eft pas un triangle; car on définit toutes ces chofes diverfement , mais la diffinéion vient de la diflin- “ion numérique des attributs. Le triangle 4, par exemple, n’eft pas le triangle 8. Titius n'eft pas Mævius, Davus n’eft pas Œdipe, Cette propoñtion ainfi expliquée, la fuivante n'aura pas plus de dif- ficultés. C’eft la cinquieme concüe en ces termes : 5] me peut y avoir dans univers deux ou plufieurs fubflances de même nature ou de même attribur. S\S pinofa ne parle. que de leffence des chofes ou de leur définition , 11 ne ditrien; car ce qu'il dit, ne fignife autre chofe, finon qw’il ne peut y avoir dans Punivers deux effen- ces différentes, qui aient une même eflence: qui en doute? Mais fi Spinofa entend qu’il ne peut y avoir une eflence qui fe trouve en plufeurs fujets fingu- liers, de même que l’eflence de triangle fe trouve dans Je triangle 4 & dans le triangle B ; ou comme l'idée de l'effence de la fubftance fe peut trouver dans l'être qui penfe & dans l'être étendu, 1l dit une chofe manifeftément faufle, & qu'il n’entreprend pas mê- me de prouver. Nous voici enfin arrivés à la fixieme propoñtion que Spinofa a abordée par les détours & les che- mins couverts que nous avons vis. Tne/fubflance, dit- il, 7e peut-être produite par une autre fubflance. Com- ment le démontre-t-il ? Par la propoñition précéden- te, par la feconde &c par latroïfieme; mais puifque nous les avons réfutées, celle-ci tombe & fe détruit fans autre examen. On comprend aifément que Spr- nofe ayant mal défini la fubftance, cette propoñtion qui en eft la conclufon, doit être néceffairement faufle. Car au fond, la fubftance de Spinofa ne fignifie autre chofe, que la définition de la fubftance ou li- dée de fon eflence. Or, ileft certain qu'une défini- tion n’en produit pas une autre. Mais comme tous : ces degrés métaphyfiques de l'être ne fubfftent êc me font diftingués que par lentendement , &c que dans la natufe ils n’ont d’être réel &c effectif qu’en vertu de l’exiftence ; il faut parler de la fubftance,, comme exiftante, quand on veut confidérer la réa- lité-de.fes effets. Or-dans un tel rocher, être exiftant, être fubftance , être pierre, c’eft la même chofe; il | faut donc.en parler comme d'une fubftance exiftan- te.quand on le confdere comme étant atuellement dans l'être des chofes ,.&c par conféquent comme fubftance exiftante , pour -exifter néceflairement & par elle-même ou par la vertu d'autrui; il s'enfuit qu'une fubftance peut être produite par une autre fubftance ; car qui ditune fubftance qui exifte par la vertu d'autrui, dit une fubftance qui a-été produite, & qui a reçu fon être d'uneautre fubftance. . “Après toutes ces équivoques & tous ces fophif- mes , Spinofa croyant avoir conduit {on leéteur où il fouhaitoit, leve le mafque dans la feptieme pro- poñition. fl appartient, dit-il, a la fubflunce d'exifler. Comment le prouve-til? Par la propofñitionprécé- dente qui eft faufle. Je voudroïs bien favoir , pour- quoi Spinofa n'a pas agi plus franchement & plus fincérement ; car fi l'eflence de la fubftance emporte néceffairement l’exiftence, comme il le dit ici, pour- quoine s’en eft- il pas expliqué clairement dans la _ définition qu'il a donnée de la fubftance , au lieu de £e cacher fous l’équivoque fâcheufe de 4b/ifler par foi-méme, ce qui n'eft véritablé que par rapport-aux accidens & point du-tout à l’exiftence ? Spirofx a beau faire’, il ne détruira pas les idées les plus claï- res & les plus naturelles. - La fubftance ne ditautre chofe qu'un être qui exif SP te, fans être un accident atraché à un fujet, Or, où |, fait naturellement que rout ce qui exifte fans être ac- cident, n'extfle pas néanmoins néceflairement, donc Pidée &t Peflence de la même fubftance n’emportent pes néceflairement l'exiftence avec elles, On n'entrera pas plus avant dans l’examen des propoñtions de Spirofz, parce que les fondemens étant détruits, 1l feroit inutile de s’aspliquer davan- | . tage à renverfer le bâtiment; cependant comme cet- te matiere eft difficile à comprendre , nous la retou- cherons encore d'une autre mamere; 6 quand ce ne feroit que des répétitions, elles ne feront pas néan« moins inutiles. Le principe far lequel s'appuie Spirofr eft de lui- même obfeur 8 incompréhenfible. Quel eft-il ce principe ou fondement de fon fyftème? C’eft qu'il dy a dans le monde qu'une feule fubfance, Certaine- ment la propoñt.on eft cbfrure 6c d’une obfcurité finguliere y CT nouvelle : car les hommes onttoujours éte perfuadés . qu'un corps humain &t un muid d’eau ne {ont pas. la même fubflance, au’un elprit & un autre efprit ne font pas la mémefubltance , que Dieu &T moi, êc les autres différentes parties de l'univers ne font pas la même fubftance, Le principe étant nouveau , furprenant , contre tous les principes re- cüs, &c par conféquent fort obfcur , il faut donc l’é-- claircir &c le prouvef. C’eft ce qu’on ne peut faire qu'avec le fecours des preuves, qui foient plus clai- res que la chofe même à prouver: la preuve n'étant qu'un plus grand jour, pour mettre en évidence ce qu'il s'agit de faire connoïtre & de perfuader. Or quelle eft, felon Spizofz , la preuve de cette propo- fition générale , ny a Gil ne peut y avoir qu'une Jèule fubfrance ? La voici: c'eft qu'une fubjtance n’en fauroir produire une autre, Mais cette preuve n’enfer= me-t-elle pas toute l’obfcurité & toute la difficulté du principe ? N’eft-elle pas écalement contraire au : fentiment reçu dans le genre humain, quieft per- fuadé qu’une fubftance corporelle, telle qu'un arbre, produit une autre fubftance , telle qu'une pomme, &t que la pomme produite par un arbre, dont elle eft adtuellement féparée, n’eft pas a@tuellement la même fubftance que cet arbre ? La feconde propoñ= tion qu’on apporte en preuve du principe ; eft donc auffi obfcure pour le moins que le principe, elle ne l’éclaircit donc'pas, elle ne prouve donc pas. Il eft ainfi de chacune des autres preuves. de Spizo/a : au lieu d’être un éclaircifiement, c’eft une nouvelle oh- fcurité, Par exemple , comment s’y prend-il pour prouver qu'une fubftance ne fauroit.en produire une autre ? C’eft, dit-il, parce qu’elles ne peuvent fe conce- voir l’une par l'autre. Quel nouvel abîime d’obfcuritéà Car enfin, n’ai-je pas encore plus de peine à déme- ler, . deux fubftances peuvent fe concevoir lune par l’autre, qu’à juger fi une fubftance en peut pro- duire une autre? Avancer dans chacune des preuves de Pauteur, c’eit faire autant de démarches d’une ob- {curité à l’autre. Par exemple, #/ 7e peut y avoir deux fubflances de même attribut ; 6 qui aient quelque chofe de commun entr'elles. Cela eft-il plus clair ou s’en- tend-il mieux que la premiere propofition quiétoit à prouver; favoir, ail n'ya dans le monde qwune Jèule fubffance. Or , puifque le fens commun fe révolte à chacune de ces propofinons, aufli-bien qu’à la premiere, dont elles font les prétendues preuves ; au lieu de s’arrè- ter à raifonner fur chacune de ces preuves, où fe perd le fens commun, on feroit en droit de dire à Spinofx, votre principe eft contre le fens commun; d'un principe où le fens commun fe perd, 1] n’en peut rien fortir où le fens commun fe retrouve. Aiïnf de s’amufer à vous fuivre , c’eft marufeftement s’ex- pofer à s’écareriavec vous, hors de la route du fens commun, Pour tefuter Spiro/z, il ne faut, ce mefem: | ble, SPI ble, que l'arrêter au premier pas, fans prendre là peine de fuivre cet auteur dans un tas de conféquen- Ces quil tire felon fa méthode prétendue géométri- que, il ne faut que fubitituer au principe obfcur dont il a Éut la bafe de fon fyftème, celui-ci , ï/y à plu- Jicurs fubflances, principe qui dans fon genre eft clair au fuprème degré. Et en effet , quelle propoñtion plus claire, plus frappante, plus intime à l'intelli- gence &c à la confcience de l'homme? Je ne veux Point ici d'autre juge que le fentiment naturel le plus droit, & que l’impreffion la plus jufte du fens com- mun répandu dans le genre humain, Il eft dont na- turel de répondre fimplement à la premiere propo- fton qui leur fert de principe : vous avancez une extravagance qui révolte le fens commun , & que Vous n’entendez pas vous-même. Si vous vous ob tinez à foutenir que vous comprenez une chofe in- compréhenfible ; vous m’autorifez à juger que votre efprit eft au comble de l’extravagance, & qué je per- drois mon tems à raifonner contre vous & avec Vous. C’eft ainf qu’en niant abfolument la premiere pros Pofition de fes principes , ou en éclairciffant les ter- mes \obfcurs dont il s’enveloppe, on renverfe l’é- difice & le fyftème par fes fondemens. En effet, les principes des feftateurs de Spinofz, ne réfultent que des ténebres où ils prennennt plaïfir à s’égarer, pour ÿ engager avec eux ceux qui veulent bien être la dupe de leur obfcurité, ou qui n’ont pas aflez d'in- telligeñte pour appercevoir qu’ils n’entendent pas eux-mêmes ce qu'ils difent. Voici encore quelques raifons dont on peut fe fer- vir pour renverfer ce fyftème. Le mouvement n’é- tant pas effentiel à la matiere, & la matiere n’ayant pü fe le donner à elle-même, il s’enfuit qu'il y a quelque autre fubftance que la matiere, & que cette fubflance n'eft pas un corps, car cette même diff- culté retourneroit à l’infini, Spiro/z ne croit pas qu'il y ait d’abfurdité à remonter ainfi deeaufe en caufe à l'infini; c’eft fe précipiter dans l’abîme pour ne pas vouloir fe rendre , ni abandonner fon fyftème, J'avoue que notre efprit ne comprend pas l'infini, mais il éomprend clairement qu’un tel mouvement ; un tel effet, un tel homme " avoir fa premiere caufe ; carfionne pouvoit remonter à la premiere caufe, on ne pourtoit en defcendant, rencontrer ja- mais le dernier effer, ce qui eft manifeftement faux, puilque le mouvement qui fe fait à l’inftant que je parle, eft de néceflité le dernier. Cependant on con- çoit fans peine, que remonter de l'effet à la caufe, ou defcendre de la caufe à l'effet, font des chofes unies de la même maniere qu’une montagne avec fa vallée; deforte que comme on trouve le dernier effet, on doit auf rencontrer la premiere caufe. Qu’on ne dife pas qu’on peut commencer une ligne au point où Je fais , &c la tirer jufqu’à l'infini, de même qu’on peut commencer un nombre & l’augmenter jufqu’à l'infini ; de telle forte qu'il y ait un premier nombre, un premier point, fans qu’on puifle trouver Le der- mer. Ce feroit un fophifme facile à reconnoître, car il n’eft pas aueftion d’une ligne qu’on puifle tirer, ni d’un nombre qu’on puifle augmenter, maïs il s’agit d’une ligne formée & d’un nombre achevé. Et com- me toute ligne qu’on acheve après l’avoir commen- cée; tout nombre qu’on cefle d’augmenter, eft né- ceflairement fini, ainfi de mème, le mouvement, l'effet qu’il produit à l'infant étant fini , il faut que le nombre des caufes qui concourent à cet effet le foit auffi, On peut éclaircir encore ée qte nous difons par un exemple aflez {enfible, Les Philofophes croyent que la matiere eft divifible à l'infini. Cependant, quand On parle d’une divifion aduelle & réelle des parties du corps, elle eft toujours néceffairement f- pie, Il en de même des çaufes & des effets de la na- Tome XF. e SPI 473 ture. Quand elle en pontroit produire d’autres, & encore d’autres à l'infini, les caufes néañmoins & les effets qui exiftent a@uellement à cet inftant, doi- vent être finis en nombre; & ileftridicule de croire qu'il faille remonter à l'infini pour trouver la pres miere caufe du mouvement. De plus, quand on parle du mouvement de la matiere, on fe s’arrétà pas à une feule partie de la matiere, pour pouvoif donner lieu à Spinofa d'échapper, en difant que éetté partie de la matiere a reçu fon mouvement d’une au: tre partie, & celle-là d’unèautre ; & ainfi de même jufqu’à Pinfini ; mais on parle de toute la matiere quelle qu’elle foit , finie & infinie , il nimporte, On dit que le mouvement n'étant pas de leflence de la matiere , il faut néceflairement qu’elle l'ait recu d'ailleurs. Elle ne peut l'avoir reçu du néant; car le néant ne peut agir. Ily a donc une autre caufe qui a imprimé le mouvement à la matiere, qui ne peut tre ni matiere ni corps. C’eft ce que nous appellons efpris, ds On démontre encore par l’hiftoire du monde, qué l'univers n’a pas été formé par une longue fuccefion de tems, comme il faudroit néceffairement le croire & ledire , fi une caufe toute-puiflante & intelli: gente n’avoit pas préfidé dans la création , afin de lachever & dele mettre en fa perfe@ion. Car sil s’étoit formé par le feul mouvement de la matiere ; pourquoi feroit-elle fi épuifée dans fes commencez mens, qu'elle ne puifle plus, 8c n’ait pu depuis plus fieurs fiecles former des aftres nouveaux à pourquoi ne produiroit-elle pas tous les jours des animaux & des hommes par d’autres voies que par celles de Ia génération, fi elle en a produit autrefois ? ce qui eft pourtant inconnu dans toutes les hiftoires, I] faut donc croire qu’une caufe intelligente & toute-piifs fante a formé dès le commencement cet univers er cet état de perfection où nous le voyons aujourd’huf, Onfait voirauffi qu’il ya du deffein dans la caufe qui a produit univers. Spinofa n’auroit pu néanmoins attribuer une vüe & une fin à fa matiere informe. Il ne lui en donne qu’entant qu’elle eft modifiée de telle ou telle maniere, c’eft-à-dire que parce qu'il ÿ a des hommes & des animaux. Or c’eft pourtant le derniere des abfurdités de croire & de dire que l’œil n’a pas été fait pour Yoir , ni l'oreille pour entendre, Il faut dans ce malheureux fyflème réformer le lan gage humain le plus raifonnable & le mieux établi afin de ne pas admettre de connoiffance & d'intelli= gence dans le premier auteur du monde & des créa= turess | Il n’eft pas moins abfüirde de croire que fi les pres miéts hommes font fortis de la terre > 1ls ayent recu partout la même figure de corps & les mêmes traits, fans que lun ait eu une partie plus que lautre , ou dans une autre fituation. Mais c’eft parler confor- mément à la raifon & à l’expérience , de dire que le genre humaïn foit forti d’un même moule, & qu'il a Cté fait d’un même fang. Tous ces argumens doi- vent convaincre la raifon qu'il y a dans Punivers un autre agent que la matiere qui le révit, & en difpofe comme il lui plait. C’eft pourtant ce que Spinofa a entrepris de détruire. Je finis par dire que plufieurs perfonnes ont aflüré que fa doûrine confidérée m4- me indépendamment des intérêts de la religion, a paru fort méprifable aux plus grands thathémati- ciens. On le croira plus facileient, fi l’on {e fouvient de ces deux chofes, une , qu’il n’y a point de gens qui doivent être plus perfuadés de la multiplicité des fubftances , que ceux qui s’appliquent à la con fidération de l’étendue ; l’autre. que la plüpart de ces fçavans admettent du vüuide. Or il n’y a rien de plus oppofé à l’hypothèfe de Spiriofa , que de fous tenir que tous les corps ne fe touchent point, & jas mais deux fyftèmes n’ont été plus oppofés qué le. . Coo | 474 SPI. fien & celui des Atomiftes. Il eft d’accord avec Epi- cure en ce qui regarde la rejeétion de la Providen- cé; maïs dans tout le refte leurs fyfièmes font com- me l’eau & le feu. | SPINOSISTE,, f. m. ( Gram.) feétateur de Ja phi- lofophie de Spinofa. Il ne faut pas confondre lesSpi. nofiflés anciens avec les Spirofifles modernes. Le principe général de ceux-ci, c’eft que la matiere eft {enfible, ce qu’ils démontrent par le développement de l'œuf, corps inerte, qui par le feul inftrument de la chaleur graduée pañfe à l’état d’être fentant &c vi- vant , &c par l’accroiflement detout animal qui dans fon principe n’eft qu'un point, &c qui par lafimila- tion nutritive des plantes, en un mot, de toutes les fubftances qui fervent à la nutrition , devient un grand corps fentant & vivant dans un grand efpace. De-là ils concluent qu'il n’y a que de la matiere, &c qu’elle fuffit pour tout expliquer; du refte ils fuvent l'ancien fpinofifme dans toutes fes conféquences. SPINTHER , {. m. ( Litérar. ) ce mot fe trouve dans Plaute ; c’eft une’ efpece de bracelet que les da- mes romaines, dans les premiers fiecles de la répu- blique, portoient au haut du bras gauche. (2. J.) SPINUS , f.m. (Æiff. nat. des anc. ) corps foffile d’une qualité bien remarquable, s’ileft vrai ce qu’en dit Théophrafte & d’autres naturaliftes, qu'on cou- poit le fpirus en pieces , & qu'après lavoir mis en . tas à l’expofition du foleil, il prenoit feu, s’allumoit, &c bruloit encore mieux quand on lhumeétoit avec de Peau. (D.J.) -SPINY Lac, (Géog. mod.) lac d'Ecoffe, dans la province de Murray. Il eft couvertide cygnes, &r bordé de deux châteaux , l’un à l’occident & l’autre au midi. (D. J.) SPIRALE , 1. f. (Géom.) eft en général une ligne courbe, qui va toujours en s’éloignänt de fon cen- tre, & en faifant autour dece centre plufieurs révo- Jutions. On appelle plus proprement & plus particuliere- ment fpirale en Géométrie, une ligne courbe dont Archimede eft l'inventeur , & qu'on nomme pour cette raïon /pirale d’Archimede. En voici la génération. On fuppofele rayon d’un cercle divifé en autant de parties que fa circonféren- ce , par exemple en 360. Lerayon fe meutfur la cir- conférence , & la parcourttoute entiere. Pendant ce même tems, un point qui part du centre du cercle, fe meut fur le rayon, & le parcourttoutentier, de forte que les parties qu'il parcourt à chaque inftant fur le rayon, font proportionnelles à celles que le rayon parcourt dans le même inftant fur la circonfé- rence, c’eft-à-dire que tandis que le rayon parcourt, par exemple, un degré de la circonférence , le point qui fe meut fur le rayon, en parcourt la 300 partie. Il eft évident que le mouvement de ce point eft com- pofé, & filon fuppofe qu'il laïffe une trace, c’eft la courbe qu'Archimede a nommée /pirale,dont le cen- tre eftle même que celui du cercle, & dont les or- données ou rayons font les différentes longueurs du rayon du cercle , prifes depuis le centre, &rà Pextré- mité defquelles le point mobile s’eft trouvé à chaque inftant : par conféquent les ordonnées de cette cour- be concourent toutes en un point, & elles font en- tre elles comme les parties de la circonférence du cercle correfpondantes quiont été parcourues par le rayon, & qu'on peutappellerares de revolution. Voy. la fig. 3.9. de géom. la courbe CM m m eftune fpirale. Lorfque le rayon CA, fig. 39. géom. a fait une ré- volution , & que le point mobile parti de €, eff arri- vé en À, on peut fuppofer que ce point continue à fe mouvoir, & le rayon à tourner, ce qui produira une continuation de la fprrale , 8 on voit que cette courbe peut être continuée parce moyen, aufli loin qu'on voudra, Voyez fig. 40. S PI Archimede, inventeur de la fpirale, en lexami- nant, en trouva les tangentes, ou ce qui revientau même les fous-tangentes, &t enfiute les efpaces. Il dé- montra qu’à la fin de la a révolution, la fous- tangente de la fpirale eft égale à la circonférence du cercle circonfcrit , qui et alors le même que celui fur lequel on a pris les arcs de la révolution : qu’à la fin de la feconde révolution , la fous-tangente eft double de la circonférence du cercle circonférit, tri ple à la fin de la troifieme révolution, & toujours ainfi de fuite, Quant aux efpaces, qui font toujours compris entre le rayon qui termine une révolution, êc l'arc fpiral qui s’y termine auf, pris depuis le cén- tre, Archimede a prouvé que l'efpace fpiral de [a premiere révolution , eft à l’efpace de fon cercle cir- confcrit, comme 1 à 3; que l’efpace de la feconde révolution eft au cercle circonferit, comme 7 à 123 celui de la troifieme, comme 19 à 27, &c. Ce font là les deux plus confidérables découvertes du traité d’Archimede, Nous avons fes propres demonftra- tions: elles font fi longues &c fi difficiles , que com- me on lepeut voir par un paflage latin, rapporté dans la préface des infinimens petits de M. de l'Hôpital, Bouillaud avoue qu’il ne les a jamaïs bien entendues, & que Viette, par cette même raïfon , les a injufte- ment foupçonnées de paralogifme; mais par le {e- cours des nouvelles méthodes, les démonfirations | e ces proprietés de la /pirale, ont été fort fimplifiées & étendues à d’autres propriétés plus générales, En effet, l’efprit de la géométrie moderne eft d'élever toujours les vérités, foit anciennes, foit nouvelles, à la plus grande univerfalité qu'il fe puifle. Dans la fpirale d'Archimede , les ordonnées ou rayons font comme les arcs de révolution : on a rendu la géné- ration de cette courbe plus univerfelle, en fuppofant que lesrayons y fuffent , comme telle puiflance qu’on voudroit de ces arcs, c’eft-à-dire, comme leurs quar- rés, leurs cubés, 6:c, ou même leurs racines quarrées, cubiques, &c, car les géometres favent quelesraci- nes font des puiflances mifes en frations. Ceux qui fouhaitent un plus srand détail {ur l’univerfalité de cette hypothèfe:, le trouveront dans l’hiftoire de la- cadémie royale des Sciences, an. 1704, p. 37. € Juiv. Spirale logarithnique , ou logiffique, voyez LocA- RITHMIQUE. (© SPiRAL , reflort, ( Horlogerie.) c’eftune lame d’a- cier ployée en ligne fpirale, fufceptible de contrac-. tion & de dilatation, élafhique , que les horlogers emploient de deux manieres différentes , Pune pout fervir de force motrice, êc l’autre de force réglante. Les reflorts tirent toute leur énergie de lélafticité de la matiere ; cette propriété qui eft généralement connue , & même palpable dans prefque tous les corps , nons laifle néanmoins encore dans une pro- fonde ignorance fur la caufe qui la produit; cene fera donc que par les effets, & fur-toutpar lufage -que les horlogers en font pour en tirer la force mo- trice, 8 la force réglante , que je me propofe de la traiter dans cet article : par cette raïon , je fuppri merai l’énumération qu'il y auroit à faire des difé- rentes matieres fufceptibles d’élafticité , & je me bor- nerai à parler feulement de celles de l'acier trempé, que les horlogers emploient avec tant d'avantage. L'on fait en général que la force élaftique peut être prife pour une puiffance aétive qui réagit proportion- nellement aux efforts qui la compriment, ou qui la preflent ; ainf de quelque figure que foit un corps parfaitement élaftique , il la reprendra toujours, dès que la compreflion ceffera : par exemple, lorfqu’on ploie une lame d'épée, elle fe redrefle avec d’autant plus de vitefle, qu’elle a exigé plus de force pour être ployée; c’eft donc par cette réa@tion que les xeforts peuvent tenir Leu de poids, ou de force mo- trice, pour animer & faire marcher les montres & les pendules , & par cette raïfon on les nomme ref- Joris moteurs, ss Comme reflortsmoteurs, ils peuvent être fufcep- tibles de différentesfigures plus où moins avantageu- {es pour l’intenfité, de cette force ; d'où il fuit qu’on pourroït faire cette queftion : la matière &c fa quan- tité étant donnée, trouver la figure qui donnera la plus grande puiffance élaftique ; mais outre que la folution en efttrès-difiicile, & qu’elle tient à un grand nombre d'éxpériences qu'il y auroit à faire, dignes d’occupet.même les plus habiles phyficiens, je dois , quant Àpréfent, me borner À rendre comp- te de ce qu’on fait, plutôt que de ce qu'il y auroit afaire. diese De l'exécution & application des refforts , en qualité de force motrice, Pour faire les reflorts de montres, l’on prend de l'acier en barre ; que Pon fait désroflir aux grandes forges pour enfuite le tirer rond à la f- liere , plus où moins gros , fuivant les reflorts qu’on a à faire; ou bien l’onprend de l’acierrond d’Angle- térre , & c’eftle meilleur, l’on coupe ce fil par bout de 20 à 30 pouces ; après lavoir fait recuire , on le forge pour l’applatir & le réduite à Pépaifleur d’un quart de ligne , on le drefle fur le plat, & l’on fup- plée ainfi à la lime, aux inécalités que le marteau a pu laïfler; cela s’apperçoit à la différence de coutbu- re que prend le reflort , en le faifant ployer de place en place dans toute fa longueur. On le lime aufñ d’é- gale largeur, en le faifant pañler dans toute fa lon- gueur , dans un calibre, Plufieurs de ces reflorts ainfi préparés , on les entortille chacun de fl-d’archal fur toute leurlongueur, enlaiffant un demi-pouce d’in- tervalle; Pon prend un de ces reflorts, on en forme un cercle qui peutavoir 7 à 8 pouces de diametre ; lon en ploie ainfi une douzaine de même largeur , Concentriquement les uns dans les autres, ce qui forme une trempe cylindrique , épaifle de la largeur des reflorts, & large de toutes les épaifleurs réu- nies , & il refte encore un vuide dans le milieu , & tous les jours que laïffentles fls-d’archal ; ces jours font utiles, parce que lhuile ou le liquide dans le- quel on les plonge pour les tremper , farfit aifément : toutes les furfaces des reflorts: l'on prend ce paquét de douze reflorts, pour le placer dans un cercle de fer fait en forme de roue de champ , qui a une croi- Îée au centre de laquelle eft un pivot qui tient à l’ex- trémité d’une verge de fer, & qui laiffe mobile le cercle, pour être tourné dans le fourneau au moyen d'une autre baguette, dont on fe fert pour faire tour- ner Ce cercle par fa circonférence ; l’on voit aifé- ment que cette méchanique n’eft là que pour la faci- Hté de donner une égale chaleur dans toutes les par- lies de lacirconférence. L'on porte letout dans un fourneau de revetbere où le charbon doit être bien allumé; & lorfque les reflorts ont acquis le degré de chaleur que lexpé- rience feule peut apprendre ) Ce qui revient à-peu- près d’un rouge couleur de charbons allumés : alors on retire le tout des fourneaux, & l’on fait tomber fubitement le paquet de refloits dans une fufante quantité d’huile de navette, & l’on repete cette ex- pénence autant de fois qu’on a de douzaine de ref. . forts à tremper. Rerirezde l’huile ces reforts, coupez de placeen pla- ce les fils-d’archal pour les féparer les uns des autres, les blanchir avec du grat, les bleuir furun fer chaud, les redrefier à coup de marteau, les limer de nou- veau pour les égaler fur la largeur comme fur lépai£ feur , aveccette différence qu’il faut que la lame aille en diminuant d’épaifeur infenfiblément {ur le bout qui doit faire les tours intérieurs du refort. Cette derniere opération exige toute l'attention, pour qu'ils prennent des courbures résulieres & fem- Tome XF, SPA 475 blables, de place en place ; & lorfqu’on les pañfe en: tre les doïpts, en ployant légerement la lame, il ne faut plus fentir aucune différence > aucune dureté , en un mot, une flexibilité ésale dans toute la largeur, comme fi lon pafloitun fimple ruban entrefes doigts ; mais l’expérience &la délicatefle du taét font bien plus propres à faire fentir certe épreuve, Que tout "ce que l’on pourroit dire. Après avoir fait aux reflorts ce qu’on pouvoit de mieux avec la lime , il faut enfuite, pour les épaler parfaitement, les pafler & repañler plufieurs fois entre deux morceaux de bois dur, de quatre à cinq pouces en quarré, bien dreflé , & qui tout raffemblé paruné charniere & le morceau de defflus, porte un bras de levier d’un pié avec lequel Pon preffe: lon eft deux Pour pañler le refort dans cette machine : l’un le tient par un bout de la tenaille & le tire , pendant que l’autre prefle avec le bras de levier ; l’on place entre ces machines,de l’émeri rude dans le commen cement , & doux fur la fin , & on le polit. C'eft par cette derniere opération que l’on pars . Vient à donner au reflort cette uniforme flexibilité qui lui ef fi eflentielle ; après quoi on le bleuit une feconde fois le plus également qu'il eft poffible , par une chaléur douce. L'on recuit également les deux extrémités pour y faire une ouverture qui s’appellé _ &il; Von ploye avec une pince ronde le bout qui doit faire Le tour intérieur autour de l’arbre , & l’on pro: cede à lui donner fa figure /pirale en le ployant au- tour d’un arbre au moyen d’un crochet qui entre dans l’œil du reflort, tournant arbre d’une main Meta de l’autreappuyant du pouce furle premier tour, l'on fait pañler ainfi la longueur du reffort; ce reflort ainf ployé fpiralement tend par fa *éaétion fe redrefer ; c’eft pourquoi il faut lâcher par degrés. D'où il fuit, que la réation eft moindre que laétion, & qu’elle perd d'autant plus cette qualité, que les reflorts font plus comprimés & qu'ils reftent plus long-tems dans cet état. Si la matiere des reflorts étoit parfaitement élaftique , bien loin de refter ployés en ligne /pirale, ils reviendroient droit au même point dont ils fe- rôient partis; & au contraire, fi la matiere étoit par- faitement fans élafticité, le reflort refteroit comme On lauroit ployé & ne vaudroit rien;d’où il fuit que les meilleurs reflorts font ceux qui rendent le plus de réation , ou qui perdent le moins de leur élafti- . Cité. Or l'acier trempé étant de toutes les matieres celle qui a le plus cette propriété ; c’eft donc avec raifon que les Horlogers la préferent, L'on augmente prodigieufement l’élafticité de l'acier par la trempe qu'on lui donne ; mais on eft obligé de la lui dimi- nuer pour qu'il ne cafle pas lorfqu'on le met au tra- vail; &c l’on araïfon de dire que les meilleurs reflorts font fujets à cafler , parce que ce font ceux à qui on a confervé le plus d’élafticité; mais lorfqu’on dimi- nue trop cette qualité élaftique par le revenir Ou re- cuit qu’on donne aux reorts après latrempe, ils ne Caffent pas , il eft vrai ; mais ils perdent trop fenfible- ment leur élafticité, & conféquemment leur forces 1l y a donc par-tout des extrèmes qu'il faut éviter.” C’eft un point qu'il faudroit pouvoir faifir ; mais qui eft infiniment difficile, pour ne pas dire impofible. L’on préfere donc dans cette alternative qu'un ref: fort foit plus près du caffer par trop d’élafticité, que de fe rendre en en manquant. Enfin , pour réfumer ce que l'expérience & le raifonnement mont donné fur les différens reflorts que j’ai éprouvés , j'ai trou- vé, toutes chofes égales d’ailleurs, qu’une lame de reflort étoit d'autant plus élaftique, & confervoit d'autant plus long-tems cette qualité ; que la lame étoit plus mince, plus large, plus longue; en forte que cette lame étant ployée en /pirale autour de l'arbre dans fon bariller, fon rayon fût égal à la largeur ou hauteur des refforts, & réciproquement; Oooï 476 S PI c’eft pourquoi es reflorts de montre plate fe rendent ou fe caflent plus fréquemment que les autres. Le reflort placé dans le barillet porte un crochet quiac- ‘croche le bout extérieur du reflort, & larbre accro- che le bout intérieur. Dans cet état, fi l’on vient à tourner l'arbre, le barillet étant fixé , Le reflort s’en- veloppera immédiatement fur le corps de l'arbre, ainfi de tous les tours fucceflivement ; dans cet état de reflort fera bandé, fi lon lui oppofe un rouage à faire tourner par le moyen des dents qu’on aura pra- tiquéés à lacirconférence du barillet ; ce qui engré- nera dans le premier pignon ; le reflort en fe déten- dant fera tourner le rouage avec une vitefle qui di- minuera comme la détente du reflort. Mais fi au lieu d’oppofer au barillet des rayons égaux comme font les aîles de pignons fur lefquelles il agit, onluiadapte une chainette qui commumi- que & s’entortille fur une figure conique taillée en fpirale, dont les rayons diminuent précifément com- me la force du reflort augmente, c’eft ce qui for- meta la fufée. Voyez FUSÉE. Alors la fufée por- tant la roue du barillet communiquera au premier pignon une égale vitefle pour tous les tours, & par- conféquent la force motrice fera uniforme fur tout le rouage.. » De l'exécution du reffort fpiral & de fon application en qualité de force réglante. Le reffort fpiral d’une mon- tre ordinaire eft une lame d’acier très-déliée qui peut avoir trois ou quatre pouces de longueur, & d’un neuvieme à un douzième de ligne de largeur, fut un trente à quarante-huitieme d’épaifleur ployée en ligne /pirale de quatre à trois tours au-moins; ces tours doivent avoir des intervalles plus où moins grands, fuivant la force du /piral &c la grandeur du balancier ; la lame doit diminuer d’épaifleur imper- ceptiblement du dehors au-dedans, en forte que lorf- qu'on fufpend un petit poids par le bout intérieur, &c qu’on le leve en tenant avec une pincette l’autre extrémité éxtérieure, il prenne la figure d’un cône renverfé ; c’eft à cette épreuve qu’on juge fi le ref- fort fe déploye bien, & s’il gatde les intervalles pro- . portionnés au diametre du /piral ; il faut auffi que les tours de lame foient exaétement paralleles entre eux ct dans le même plan. A" Pour faire ces petits reflorts, l’on prend de Pacier d'Angleterre qui n'eft point trempé, mais qui eft paflé au laminoir; ce qui lui donne aflez de corps pour avoir de Pélafticité. Plufeurs horlogers s’en fervent 87 font eux-mêmes leurs refforts fpiraux ; 1ls redreflent, réforment même ceux qui font faits, mais il n’y a guere que Les habiles artiftes capables de les bien faire; Genève eft la feule ville que je connoiïfle où ily ait des gens quine s'occupent qu’à faire de ces reflorts, & qu les font d'autant mieux, que la rou- tine & la délicatefle du ta l’emportent de beaucoup fur la théorie : ils ne fe fervent point de fil d’Angle- terre ; ils prennent une lame d'acier trempé, & re- venue comme une lame de reflort moteur qu'ils af- foibliffent à la lime jufqw’à une certaine épaifleur ; après quoi ils les coupent.par petites bandes. Les re- dreffer, limer fur la largeur êc lépaiffeur , les adou- cir & les ployer en ligne /pirake, font toutes opéra- tions trop longues à détailler, & qui feroient encore infuffifantes pour donner une idée de leur delica- tefle; il n'y a guere que l’expériencé qui puifie la faire fentir.. | Je ne déciderai pas lefquels des deux /piraux font les meilleurs d’être d'acier trempé, ou non trempé; ce qu'il y a de certain, c'eft que j'ai vu de bons effets par lesuns & les autres; je ne penfe pas qu'il foit connu de perfonne , autrement que par conjeétures , auxquelles on doit donner la préférence; les raïfons . qu’on donne de part ou d'autre, me paroïflant trop foibles pour être rapportees. ” S PI De Papplication du reflort {pital au balancier, Sur axe du balancier eftménagée une petite afliette pour recevoir &c faire tenir à frottement une virole qui eft percée par une ligne qui feroit tangente, dans l’é- païfleur de la circonférence: ce trou eft pour rece- voit l'extrémité intérieure du /piral ; &t au moyen d’une goupille qu’on y fait entrer avec, ce Jpiral fe fixe 8x s'arrête fur la virole; elle eft coupée pour faire un peu reflort en entrant fur Pafliette du ba- lancier ; ce qui donne la facilité de tourner la vitole qui tient alors par une preflion élaftique; le balan- cier étant placé fur la platine , la cheville de renver- fement'eft en repos fur le centre d'échappement. Voyez RENVERSEMENT. À lextrémité extérieure du piral, fe trouve fur la platine un piton percé pour la recevoir avec une goupille qui la ferre & la fixe. Par ce moyen le balancier ne peut point tour- ner d'un côté mi d’un autre, fans tendre le reffore Jpiral. Le balancier ainfplacé , la roue de rencon- tre agit par une de ces dents fur la palette fi c’eft une verge , & fur les tranches du cylindre, fi c’en eft un ; alors elle tend le reffors fpiral en décrivant l'arc de levée; mais le balancier ne parcourt point fon arc de levée fans gagner de la force pour conti- nuer fon arc commencé, qui devient par cette rai- fon cinq ou fix fois plus grand , voyez RECUL , RE- POS, ARC DE SUPPLÉMENT , 6 ARC DE LEVÉE, Où le reffort fpiral fait un fi grand rôle en s’oppofant aux vibrations du balancier, & en les accélérant. ( Voyez RÉGULATEUR ÉLASTIQUE. ) Sous le balan- cier eft placé une méchanique qu’on nomme ta cou- lifferie ; elle confifte en une roue dentée qui engreène dans le rateau qu eft une portion de cercle trois ou quatre fois plus grand que la roue ; ce rateau eft denté en dehors & placé concentriquement au ba- _ lancier , au-dedans duquel eft réfervé une portion de rayon fous lequel eit placé deux goupilles entre lefquelles fe place Le grand trou du reffort fpiral; en forte que lorfqu’on tourne la roue qui porte une aï- guille de rofette, ce rateau fe meut, &c les deux che- villes .en fourchettes fuivent le tour du /piral, & par conféquent le raccourciffent ou lalongent, parce qu'il eft cenfé prendre naiflance à cette fourchette. Il faut donc faire abftrattion de la partie excédante qui va de la fourchette au piton où l’extrémité eft fixée, parce que cette partie: ne doit avoir aucun mouvement par les vibrations du balancier ; c’eft pour cela qu’on place les chevilles très-proches l’une de l'autre, pour ne laïffer que la liberté au /piraf de olifler dedans; puifque par cette mécharique Fon raccourcit ou alonge le reffort fpiral, 1l devient donc plus fort ou plus foible, 1l retarde ou accelere la vi- teffe du balancier ; c’eft donc véritablement une for- ce réglante ; j'ai trouvé par expérience que les pe- tits refforts fpiraux , relativement au.balancier, tou- tes chofes égales d’ailleurs, étoient ceux qui per- mettoient les plus grands momens au balancier fans arrêter au doist. Pour bien placer un /piral, il faut qu'il ne bride en aucun fens, qu’il laiffe le balancier libre d’opérer les vibrations dans toutes leurs éten- dues ; ce qui fe voit aifément. En regardant marcher la montre l’on voit s’il tourne bien droit , fi les tours de lames jouent dans leurs véritables proportions, C. Les refforts fpiraux ne perdent point de leur éla- flicité par le mouvement des vibrations ; 1ls fe con- tractent & fe dilatent par des efforts parfaitement égaux ; j'ai fait à ce fujet quelques expériencesqui fervent à le prouver. Avec la machine pour le frot- tement des pivots, le balancier étant arrêté par le fhiral, je donnois jufqu’à trois tours de tention, ce qui comprimoitle /piral autour dela virole; je l'a- bandonnois alors, & le fpiralnon-feulement fe déten- doir des trois tours ; il faifoit encore trois tours à- * PCI BSCE peu-près dans le fens contraire, ce qui rendoit Îe « fpiral prefque enligne droite ; 1l faifoit donc fix tours par ces premieres vibrations qui alloïent en dimi- nuant d’étendue jufqu’à ce qu’elles s’arrêtaffent. J'ai répété cette expérience plufieurs fois; je n’ai vu aucune altération dans lélafticité du fpiral ; donc à plus forte raifon, ne la perdra-t-il pas dans les montres où les plus grandes tenfions ne vont jamais à un tour. ( Arcicle de M. Romilly, Horlog.) SPIR, VAL DE, (Géog. mod.) en latin Wallis Afpe- ria ; Vallée de France dans le Rouflillon, arrofée par le Tec, en latin Tedis, & environnée des Pyrénées . de tous côtés, excepté du côté de lorient. Le val de Spir étoit autrefois un comté qui à appartenu aux comtes de Cerdagne ; ce n’eft aujourd’hui qu’une fous-viguerie de Perpignan. Le principal lieu de cette vallée eft Prats de Moillo , que Louis XIV. a fait for- tifer, & qui l’avoit déja été anciennement en 1232. D.J. | c ur ou CHARONEÆ SCROBES, ( Géog. anc.) line, Z. IT. c. xciij. appelle ainfi des lieux ou des cavernes qui exhaloient des vapeurs empeftées, capables de donner la mort feulement aux oïfeaux, comme une caverne du mont Soraéte, au voifinage de Rome ; ou capables de la donner à toutes fortes d’animaux , à l'exception de l’homme, comme on trouvoit quelques-unes de ces cavernes en différens endroits ; ou qui quelquefois la don- noïent même aux hommes, comme les cavernes des territoires de Sinuefla & de Pouzzol. Il eft parlé dans Séneque , zatur. quæfl. L. VI. c. xxvi. des Cavernes d'Italie | dont les exhalaifons étoient fatales aux oi- feaux , & dangereufes pour les autres animaux, & même pour les hommes. ES > Près de Naples,onvoit une caverne, dontona parlé dans ce Diétionnaire, appellée par les Italiens Grora del cane, c’eft-à-dire, /2 Grotte du chien, parce quefi on yjetteun chien, il perd fur Le champ toutmouvement & toutfentiment, jufqu’à ce qu’on le plonge dansune eau voifine qui lui fait reprendre les efprits , & lui rend, pour ainf dire, la vie : d’un autre côté, cette Vapeur ne nuif point aux hommes. Enfin la caverne du territoire de Pouzzol , dont Pline fait mention, fe trouve encore aujourd’hui à la gauche du lac d’Agna- m , appellé vulgairement /4g0 Agnano. (D: J.) SPIRARE AMORES , ( Littérature.) refpirer Les amours ; dans le ftyle des Grecs & des Latins n’eft pas ce que nous entendons , en difant, re/pirer l’a- mour. Ces deux façons de parler font entierement _ différentes , & fignifioient des chofes fort oppofées. Spirare amores, &en grec, mi éporac , refpirer Les amours , C'eft-à-dire, les faire fortir de fes yeux, de fa bouche, &c. ne dire pas une parole, ne poufler pas un foupir , ne donner pas un coup-d’œil qui ne fafle naître l'amour , &n’allume cette pafion. Notre langue na point de terme qui puifle bien exprimer cela. Horace difoit à Lycé : Quo fugit Venus ? Heu ! quove color decens ? Quo motus ? Quid habes illius , illius , Que fpirabat amores, Que me furpuerat mihi, » Hélas ! qu’eft devenu cette fleur de jeunefle, ce # gracieux coloris , ces manieres enjouées & en- # gageantes qui animoiïent toutes vos démarches ? # Que vous refte-t-il de cette Lycé, de cette char- # mante Lycé , qui faifoit naître tant d’amours & » quim'ayoit enlevé à moi-même » ? La traduftion qu'on vient de lire eft paflable ; cependant faire naître tant d’anfours, ne rend point la force & la beauté du latin, fpirare amores. (D. a) SPIRATION , f. f. terme ufité patmi les Théolo- giens, lorfqu’ils traitent du myltere de la Ste Trinité, ë& de la maniere dont le $, Éfprit procede du Pere & du Fils. S PI 477 Ils diflinguent deux fortes de fhirations, l'une aétive &z l’autre pañive. La fpiration adive eft lation ou la notion, par laquelle le Pere & le Fils de toute éternité produufent le S. Efprit. La fpirarion pañive eff la notion ou le carattere , par lequel le 5. Efprit eft défigné comme procédant du Pere & du Fils. LesScholaftiques difent que la fpirarion a@tive n°et pas diftinguée réellement de la paternité & de la &- ation, parce qu’elle n’a point d’oppoñition relative navec l’une, ni avec l’autre. Maisils ajoutent qu’elle en eft diftinguée formellement , parce qu’elle ne pré- fente pas les mêmes idées que la paternité & la flia- tion, qu’on la définit tout différemment , & que.ce n'eft pas par elle, mais par la paternité & la filiation que le Pere & le Fils font conftitués en qualité de perfonnes. Voyez PERSONNE , PATERNITÉ ; FILIA- TION , NOTION , TRINITÉ , Gc. SPIRE ,-f. f. dans l’ancienne Architeîture, eft quel- quefois employé pour la bafe d’une colonne, & quel- quefois pour aftragale. Voyez BASE, ASTRAGALE. Ce mot vient du latin /pære, les replis d’un fer- pent qui font femblables à cela | quand ils font cou- Chès parterre, ou bien du grec orape , le roulement d’un cable. Voyez BASE, SPIRE, (Géog. mod. ) ville d’Allemagne dans le bas Palatinat , capitale de l'évêché de même nom, fur le bord du Rhin, à 2 lieues de Philisbourg, à s de Heidelberg , à 16 ou environ de Strasboure , pref- qu'au milieu entre ces deux places , & à 112 de Pa- tis. Longit. 26. 7. latit. 49. 17. Elle étoit anciennement habitée par les Nemetes & ce fut pour cette raïfon qu’on l’appella Novioma- gus Nemerum | civisas Nemetum. Elle prit avant le vi. fiecle le nom de Spire , d’une petite riviere qui la baigne. Roger , qui en étoit évêque , la fit entourer e murailles dans le xj. fiecle. L'empereur Henri IV. la mit au nombre des villes libres. Henri V. Frédéric IT. 6 Venceflas lui accorderent fuccefivement de grands privileses. Charles-Quint ÿ fixa la chambre impériale en 1530. Cette ville étroit riche, grande , heureufe , libre & bien bâtie, lorfque les troupes francçoifes en 1689, la réduifirent en cendres, conformément aux ordres de Louis XIV. elle fut confumée toute entiere dans l'intervalle de quelques heures , & elle n’a jamais pu fe rétablir-depuis dans un état un peu favorable, L’é6- glife cathédrale qui appartenoït aux catholiques, & qui pañloit pour un chef-d'œuvre de fculpture, dé- corée de grandes tours pyramidales aux quatre coins,' ne fut pas plus épargnée que les temples des calvinif- tes. Ainfi le nom françois fut également abhorré dans ce terrible défaftre par les fetateurs de l'une & de l'autre religion. Becher (Jean-Joachim }, un des grands chimiftes de l'Europe, naquit à Spire en 1645 ,& mourut en r168x a âge de 37 ans. Privé des biens de la fortune, il employoit lanuit à étudier, & le jour à enfeigner, pour pouvoir fubffter & faire vivre fa pauvre mere. Malheureux à Mayence, à Munich & à Wirtzhourg par la jaloufie de {es ennemis , il fut errant pendant plufieurs années fans pouvoir trouver en Allemagne un domicile afluré. Il pafla donc en Angleterre, & mourut à Londres. Sa phyfica fubterranea eft un ou- vrage profond , ainfi que fon srifolium Hollandicum | Jeu de machinis neceflariis ad opera ferici aquarum mo lendinorum , & artis fuforiæ metallorum, Y prétendit , dans fon livre intitulé career pro noritié linguarum univerfall, fournir une langue univerfelle par le moyen de laquelle toutes les nations s’entendroient aifément; c’eft du moins le fyflème d’un homme de génie. Dans un de fes livres écrit en allemand , fous le titre de la fofie fage , & de la folle fagefle 1 rappor= te plufeurs inventions fort utiles. ( D. J. SPIRE , éVéché de, (Géog. mod.) évêché d'Alle- 479 S PI magne dans le bas Palatinat, entre les bailliages de Noeuftat, de Geamersheim , de Bretten & de Heidel- berg ; le Rhein le divife en deux parties. On ne fau- roit marquer précifément letems de la fondation de cet évêché. On fait feulement qu'il eft déja fait men- tion d’evêques des Nemetes dans le quatrieme fiecle. Les empereurs Othonaffranchirent l’évêque de Spzre de la jurifdi@ion des comtes ; Henri Il. Conrad IT. Henri Lil. lui firent des donations confidérables. L’é- tendue de cet évêché n’eft pas grande ; elle confifte en des plaines fertiles, fituées avantageufement à cau- fe de la commoditédu Rhein. Son domaine eft com- pofé de cinq ou fix bailliages. Les bourgs les plus re- marquables font Weibftad & Bruchfal , fur la petite riviere de Saltz , qui eft le lieu de la réfidence ordi- naire de l’évêque. Le chapitre de Spire eft compofé de neuf chanoines capitulaires , && de douze domiai- liés. L’evêque n’a aucune jurifdiétion dans la ville de Spire ; elle eft libre & impériale. Foyez-en larzicle, D. J.) SPIREA , f. f. ( Hiff, nar. Botan. ) fpiræa ; genre de plante à fleur en rofe compolée de plufieurs péta- les difpofées en rond. Le piftil fort du calice & de- vient dans la fuite un fruit compofé de plufeurs fili- ques qui renferment une femence oblongue. Tour- nefort, 4, À. H. voyez PLANTE. La principale des efpeces de /piræa eft à feuilles de faule ; c’eft un arbrifleau qui croit à la hauteur d’en- viron trois piés, pouflant plufieurs rameaux grèles couverts d’une écorce rouge, portant beaucoup de feuilles longues & étroites comme celles du faule, dentelées en leurs bords, vertes en-deflus , rougeä- tres en-deflous ; d’un goût aftringent, tirant fur l’a- mer. Ses fleurs font petites, difpofées aux fommités des branches en maniere de grappes ou d’épis longs prefque comme le doigt, & aflez gros. Chacune de ces fleurs eft compofée de cinq pétales incarnats dif- pofés en rofe, & foutenus parun calice découpé en étoile. Après qu’elles font pañlées, 1l paroît un fruit compofé de plufieurs gaînesdifpofées en maniere de tête; on trouve dans chacune de ces gaines des fe- mences menues , applaties, jaunâtres. On cultive cet arbriffeau dans les jardins , aux heux fombres & ombrageux. (D.J.) SPIREO , ( Géog. mod. ) cap de la Morée , dans la Zacanie fur la côte du golfe d'Engia , au midi de l'île de cenom, &c au fud-oueft de celle de Dorufla. SPIRES , ( Conchyl. ) contours, circonvolutions de la vis d’une coquille, ou quela coquille forme au- tour de fon füt. SPIRIQUES, LIGNES , ( Géom. ) efpeces de cour- bes inventées par Perféus, & qu’il ne faut pas con- fondre avec les fpirales. M. Montucla a trouvé dans Proculus ce que c’étoit que lignes Jpiriques. Ce com- mentafeur les décrit aflez clairement. Ilaous apprend que c’étoient des courbes qui fe formoient en cou- pant le folide fait par lacirconvolution d’un cercle au- tour d’une corde , ou d’une tangente, ou d’une ligne extérieure. De-là naifloit un corps en forme d’an- neau ouvert ou fermé, ou en forme de bourlet ; ce corps étant coupé par un plan, donnoit, fuivant les circonftances , des courbes d’une forme fort fingu- liere , tantôt alongées en forme d’ellipfe , tantôt applaties & rentrantes dans leur milieu, tantôt fe coupant en forme de nœud ou de lacet. Perféus con- fidéra ces courbes, & crut avoir fait une découverte fiintéreflante , qu'il facrifia à fon bon génie. Montu- cla , kiff des Mathém. tom. I. (D.J.) | SPIRITUALITÉ, £ £ ( Gramm. ) on dit la piri- tualiré de l'ame, pour défigner cette qualité qui nous eft inconnue, & qui la diflingue effenriellementde la matiere. Voyez l'article ÂME. Le même mot fe prend aufñ pour une dévotion honnête , recherchée, qui s'occupe de là médiration de cequ'il y a de plus fubril & de plus délié dans fa religion. | SPIRITUEL , adj. ( Grämm. ) qui eft efprit, qui eft d’une nature eflentiellement différente de la ma- tiere ; en ce fens il s’oppofe à marériel, L’être /piri- tuel ; l'être matériel. I fe prend aufi pour défigner la qualité de l'homme que nous appéllons lefpris. C’eft un homme très - /pérituel ; cette penfée elt très-fpiri- ruelle, On le dit des perfonnés qui s'occupent de la contemplation des chofes divines. Les religieux ont des peres /birituels & des peres temporels. La vie Jpirituelle a des douceurs. Spirituel S’oppofe à rmpo- rel & à civil dans ces phrafes : le glaive /pirituel ; la puiflance fpirituelle. S'il eft fi dificile de pofer des bornes entre la puiffance temporelle & la puiffance Jpirituelle | c’eft que chacune cherche à étendre {es prérogatives, L’alhance piriruelle eft celle que on contraëte avec Dieu par des vœux religieux. La communion /pirituelle eftla part queles affiftans pren- nent à la communion du prêtre. Il y a des inceftes Jpirituels. Les Valentiniens s'appelloiit Jpirituels, & ils donnoient aux Catholiques le nom de p/ychiques. Ceux d’entre les freres mineurs qui dans le xjv. fiecle s’attacherent à toute l’auftérité de la regle de S. Fran- çois , fe diftinguerent des autres par l’épithete de /pi- rituels. SPIRITUEUX, adj. (Gram.) qui eft plein de ce _que les chimiftes appellent efprirs. Voyez ESPRir, Chimie. La diftillation extrait des corps ce qu'ils ont de plus fpiritueux. Les bons vins font très-/prri- LUEUX. : SPIRITU-S ANCTO , (Géog. mod.) capitanie de l'Amérique méridionale au Bréñl, fur la côte orien- tale, à 10 degrés de /aritude méridionale. Elle eft bornée au nord par la capitainie de Porto-Séeuro, au midi par celle de Rio-Janeiro , &.à lorient par la mer. Ses limites ne font point fixées du côté de , occident. Ce gouvernement pañle £our le plus fer- tile de ceux du Bréfil, &' le mieux fourni de toutes les chofes néceffaires à la vie. L'on y fait commerce de coton & de bois de Bréfil. Il n’y a dans ce gou- vernement, qui appartient aux Portugais, qu’une feule ville de même nom. (D. J. | SPIRITU-SANCTO , la ville de, ( Géog. mod. ville de PAmérique méridionale au Bréfl, capitale du gouvernement de ce même nom, fur le bord de la mer, avec un port. Elle n’a ni remparts, ni mu- railles ; elle eft fituée fur le bord de la mer avec un port, qui eft une petite baie, ouveïte vers lorient, & parfemée de petitesiles. SPIROLE , {. £. terme d’Artillerie , vieux mot ; Ra- belais dit, Z. £. c. xxv. bombards, faulcons, fpirols, & autres pieces. La fpirole étoit une mamiete de pe- tite colevrine, ainfi appellée de /pira, tortillement en ligne fpirale ; & l’on a donné ce nom à la fprirole, {oit à caufe de la tortuofité du chemin que faoit fon boulet ; foit pour diftinguer cette piece d’artillerie de plufeurs autres , que le fiflement de leurs boulets femblable à celui des ferpens, avoit déja fait nommer bafilics , ferpentines , & coulçvrines. ( D. I.) SPIT ALL, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la haute Carinthie, aux frontieres de l’évêché de Saltzbourg , fur la Lifer , près fon embouchure dans, la Drave. SPITHAME, £. f. ( Mefure anc.) nom équivoque qu’on avoit donné chez les Grecs à deux mefures dif: férentes, dont l’une , aflez rare failoit feulement la : moitié de l’autre , & r’étoit que la quatrième partie de la coudée, compofée de fix doigts grecs, qui re- venoient à quatre doigts romains. La grande /pithame étoit la moitié de la coudée greque , & les trois quarts du pié, d’où vient qu’on y comptoit douze doites , comme on en comptôit fix à la petite. C’eft du moins À l'opinion de M, de la Barre que nous ne préten= dons pas garantir, mais on peut Le confulter dans les suêm, des Infcripe. tom. XIX.(D.J) SPITHÉAD , (Géogr. mod.) rade d'Angleterre, “dans le Hant-Shire, au nord-eft, entre la ville de Portfmouth & l’ile de Wäght. C’eft le rendez-vous de la flotte royale, foit qu’elle aille à l’oueft, ou ‘qu’elle revienne à left. SPITZBERG , LE, (Géog. mod.) pays de la terre Arctique , dans l'Océan feptentrional, ainfi nommé -à caufe de la'quantité de fes montagnes aïgués. Les Anglois l’appellent Mew-land. Il eft fort avancé au- deflus de la Norwege, versle nord, à la hauteur de 8o degrés de latirude , entre la nouvelle Zemble à lo- rient , & le Groenland à occident, à près de trois cens lieues de chacune de ces contrées. Il fut décou- verten 1596, & ainfinommé par Guillaume Barents &t Jean Cornelis, hollandoiïs , qui cherchoïent un chemin pour.aller la Chine , par la mer Glaciale. Onra reconnu que le Spicrbere eft divifé en deux parties : celle qui eft au couchant eft une grande ile, qui s'étend du feptentrion au midi l’efpace de près de deux cens mille pas; & celle, qui eft au levant, «ft une autre ile plus petite, nommée 2 zouvelle Frife. a 2% m , Îl n’y a ni villes , ni villages connus dans ce pays à caufe du grand froid qu'il y fait, mais feulement “quelques ports, comme la baie de Hoorn , la baie des Anglois., la baie des Bafques, le golfe de Way, Le quelques autres ports fréquentés par les Anglois, les Hollandoïs , les Hambourgeois, pour la pêche de da baleine , qui y eft meilleure qu’en aucun autre pays du pole arétique ; mais Les glaces dont toutesles côtes du Spirzberg font couvertes, en rendent la na- vigation très-dangereufe. (2. J.) SPLANCENOLOGIE, L £ en Anatomie, traité ou explication des vifceres, où eft repréfenté l’objet de cette partie de lanatomie. Voyez VISOERE. Ce mot eft formé du grec cœAayyor, vifcere, ini Mefhin, noycc, difcours. ( La farcologie eft divifée en trois parties; favoir, | Aa fplanchnologie , lamyologie & langeiologie. Foyez SARCOLOGIE. La /planchnologie efcelle qui traite des parties internes,& particulierement des vifceres. SPLENDEUR,, f. £ ( Gram.) éclat. La fplendeur des aftres, Il{e prend au figuré ; la fplendeur de {on nom , de fa maifon, de fes dienités. La /plendeur de l’ancienne Rome, | SPLENDIDE , adj. (Gram,) fomptueux. Un re- pas /Plerdide , une table fplendide. | SPLÉNETIQUE , adj. (Médecine. ) il fe dit de ce- lui qui eft attaqué d’opilations & d’obffrudions dans la rate. Poyez RATE. Dans les /pléneriques; la ratte eft gonflée plus qu’à l'ordinaire, ou durcie , de façon qu’on y appercoit | une tumeur skirrheufe. On connoît les perfonnes fp/énesiques par leur teint livide & plombé. Leur caraétere eft d’être portées à mire; & c’elt un expédient dont on fuppofe que la na- ture fe fert pour évacuer l'humeur trop abondante dont la rate eft furchargée ; c’eft pourquoi les an- ciens difoient que l’organe du rire réfidoit dans la rate ; c’eft aufli à cauie de cela que quand quelqu'un tit bien , on dit qu'il décharge farate. Voyez RIRE. M SPLÉNETIQUE, fe dit aufli des remedes indiqués dans les obftruétions de la rate ; tels font les eaux minérales ferrugineufes, favonneufes , & autres de pareille nature. Voyez OBSTRUCTION & RATE. SPLÉNIQUE , adj. ez Anatomie, fe dit des parties qui oft quelque relation avec la rate. Voyez RATE. L’ertere fplénique , arteria fplenica , eft un tronc de la céliaque gauche qui fert à porter le fang de cette artere à la rate, pour y être {éparé , préparé, €. fon-cours eft bien tottueux , & après qu’elle eff arri- vée à la furface de la ratte , elle fe répand danstoute 1- SPL 479 fa fubftanee en petites branches , qui femblent abow- tir aux petites cellules. ! La veine /plénique , vena fplenica , fe forme au-de- hors, des différentes petites veines de larate qui s’u- niflent en quittant fa furface. Elle porte le fang qui refte après la fécrétion qui s’eft faite dans la rate, à la branche gauche de la veine porte, pour être de-là portée au foie , où il doit être préparé davantage , & convertien bile, Noyez FO1E € BILE, La veine & l’artere fplérique communiquent vif- blement lune à l’autre ; car aufli-tôt qu’on a verfé de l’eau dans lune; elle fe vuide auffi-tôt par l’autre, Voyez RATE, | : | }” SPLÉNIQUE ; ce terme , outre fa fismfication ana» tomique, exprime la vertu des médicarmens qui con: -viennent aux maux de la rate, 2 oyez au m0 RATE, les opérations & remedes propofés en faveur-des ratileux. (7°) 7 | | SPLENIUS , er Anatomie, eft une paire de muf- cles, qu’on appelle auf sriengulaires à caufe de leur forme. Au D 6! | Ils viennent des cinq apophyfes! épineufes fupé- rieures des vertebrés!du dos, & de la derniére du col, & du ligamént cervical , & montant oblique- ment s'attache auxapophyfes tranfverfes des deux ou trois vertebres fupérieures du col, & s’inferent:à la partie poftérieure de L'apophyfe maftoide,| 8cà da partie voifine de la eneitranfverfe de l’occipital,font appelés /p/énius parce qu'ils ireflémhlent à la rate d'un bœuf. On les appeller encore #affoidiens pofe LéTLEUrsS, FC Ty j-1 04 Bar ni SPLUGERBERG, MONTAGNE DE , (Géog:m0d:) montagnes des Grifons;, de la haute ligue; dans la communauté de Schams., Cette montagne ‘a 2 lieues -de montée jufqu'au fommet , &:environ 3 lieues de defcente du côté de l'Italie, Ilysa-un! hôtellerie fur -la cime, & une grande plaine quiproduit de la bonne ‘herbe ;'qu’on fauche én.été: (DJ. SPODIUM , fm. (Minéralogie.).efl une-efpece de chaux oude cendrede métaux, qu'onresarde eom- me un cardiaque, êtädaquelle quelques-unsiaccor- dent les mêmesivertus qu'au corail. Voyez CoRaïL. Le /pondium des anciens grecs étoit une efpece de récrément grisâtre. qu’on. trouve en forme de cen- dres dans laterre des fourneaux où on a fondu de l’ai- rain; ils lappelloientcodor, qui fignifie à la lettre cendres, | ; Spodiun eftune poudre de métaux, qui reflemble beaucoup, par fon origine & fon ufage, à la tutie &z au pompholix , à l'exception qu'il eft plus pefant. Voyey TUTIE 6 PoMPHouIx. Les /podium des médecins arabes , comme Avi- cenne &t autres, étoit compofé des racines de buif= fons & de rofeaux brülés, : Quelques modernes font auffi une forte de frodium d'ivoire brûlée & calcinée. On le contrefait fouvent avec des os de bœuf ou de chien brûlés ; mais il n°’eft pas fi bon. | L’antifpodium que les anciens ont fubftitué À leur Jpodium toit fait de feuilles de mirthes, de noix de galle , & autres drogues calcinées. Lane SPOLETE, DUCHÉ DE, (Géogr. mod.) duché d'I- take, dans l’état de l’'Eglife. Il eft borné au nord par la marche d’Ancone & le duché d'Urbin ; au midi par la Sabine & le patrimoine de S. Pierre ; À lorient l’Abruzze ultérieure ; & à l'occident par l'Orviétano & le Pérufin. Son terroir , quoique marécageux, eft extrémement fertile. Les rivieres qui l’arrolent font le Tibre, la Néra &cle Topino. Ses principaux lieux font Spoleto , capitale , Trevi, Foligni , Bevagna, Otricoli, Riéti, Spello, &c. Cette province , qu'on appelle indifféremment Ombrie où duché de Spolete, commença à être con- nue fous ce dernier nomen 57a, que Longin , exar- 480 S P O que de Ravenne., y établit des ducs , fous Pautorité es empereuts d'Orient. C’eft Charlemagne qui vers l'an 780 , fit préfent à l'Eglife du duché de Spolere &c de fes dépendances, qui peuvent avoir 47 milles du nord au fud, & 65 milles de left à l’oueft. (D. J.) SPOLETIUM , ( Géog. anc. ) ville d’Itahe chez fes Villumbres, felon Ptolomée, Z. LIL. c.j. Vellèrus Paterculus, Z. 4. c. xiv. & Tite-Live » epifl, 20. en font une colonie romaine ; & Florus la compte au nombre des municipes les plus célebres d'Italie. Ses habitans font appellés Spoletini dans Pline, 2, ZI. c. «iv. &t populus fpoletinus dans Ciceron, pro Balbo, c. xxj. On lit dans une ancienne infcription , rap- portée par Grutter , p. 476. n°, 7, ordo Jpoletinorum, génitif formé de fpolerium, felon Cellarius, & non de fpoletum, comme écrivent par erreur quelques mo- dernes , qui ont voulu former le nom latin de cetre ville fur celui qu’elle porte aujourd’hui ; car c’eft de la ville Spolere dont il eft queftion.Symmaque, /. III. epifl. 122 donne à Spodere le nom de bonne ville, &c lui attribue la gloire d’être la mere des meilleurs ci- toyens. (D. J:) | . SPOLETO, ( Géogr. mod. ) les François écrivent Spolete, en latin Spoltum , ou Spoletium, dont le :territoire s’appelloit Ager fpoletinus. Spoleto eft une ville d'Italie, dans l’état del’Eglife, capitale du duché de mêmenom, à 10 lieues au fud- eft de Péroufe, & à 20 au nord de Rome ; elle eft bâtie en partie furune colline , ten partie dans la “plaine , dont la communication fe fait par Le moyen d’un pont foutenu de vingt-quatre gros pilaftres, que (Jon a rangés avec beaucoup d'art. Son château pañle pour un des plus forts de l'Italie; fon évêché ne releve que du faint fiege ; la cathédra- ‘Je eft'un aflez beau bâtiment ; le territoire de cette ville produit beaucoup de bons fruits, d'huile, d’a- mande , du blé , & des vins ; il étoient autrefois fa- meux, car Martialen parle, & les préfere aux vins de Salerne même. Long. 30.26. latit. 42.44. Tous les anciens ont parlé de Spolere, capitale des -Villumbres ; Tite-Live en particulier fait l'éloge de “cette ville , dont Annibal tenta vainement le fiege, après fa défaite par les Romains, auprès du lac de Pe- rugia. Théodoric , roi des Goths, y fit bâtir un pa- ais que Les Goths détruifirent après fa mort, ainfi que le théâtre, Fréderic Barberoufle faccagea cette | ville, parce qu’elle foutenoit le parti du pape Ale- xandrelll. Les Pérufins la furprirent &c la brülerent en 13243 mais elle s’eft rétablie de tous fes mal- heurs, On y voit encore quelques fragmens anti- ques, defoibles reftes d’un amphitéâtre , & quelques marbres détachés ; mais fon aqueduc eft un ouvra- ge digne de la curiofité des voyageurs. Cet aqueduc , fondé furleroc, s’éleve à 105 toi- fes , c’eft-à-dire à 630 piés, pour joindre enfemble deux montagnes voifines; cet ouvrage, que la tra- dition du pays attribue à Théodoric , eft peut-être le morceau d’architeéture gothique le plus hardi &c le plus haut que l'on connoiffe dans le monde ; 1l fubff- te prefque dans fon entier, & continue depuis tant de fiecles à porter de l’eau dans la ville; il fert auffi de pont pour y pañler. (D. J.) SPOLIARIUM , f.m. (Antiq. rom.) c’étoit chez jes Romains la chambre des bains, deftinée à s’habil- ler &c fe déshabiller avant &c après le bain. Ce mot défignoit encore l’endroit de Rome où l’on trainoit , & où l’on dépouilloit les corps des gladiateurs qui avoient été tués en combattant. (D./.) SPOLIATION, £. f. ( Gram. & Jurifpr.) eft lac- tion de dépouiller quelqu'un de quelque chofe, com- me de fes papiers, de fon argent, de fes meubles, &r autres effets. La /poliation d’une hoirie eft lorf- qu'on enleve d’une fucceflion le tout ou partie des effets qui la compofoient , ce qui eft appellé en droit, crimen expilate hereditaris. Voyez DIVERTISSEMENT ENLEVEMENT , RÉCELE, VOL. ( 4) SPONDAIQUE , adj. ( Lirtérar. ) forte de vers hexametre dans la poéfie greque & latine, ainfinom- mé parce qu’au lieu d’une daétyle au cinquiemepié, il a un fpondée, ce qui eft une exception à la regle générale de la conftruétion du vers hexametre, Tels lont ceux-ci: Nec brachia lonÿo, Margine terrarium porrexerat amphitrite. Supremamque auram, ponens caput, exptravir. Vida, Ces fortes de vers font fort exprefffs par leur ca= dence , mais il neft permis qu'aux grands poëtes de les employer, Homere en eft plein, Perfonne n’a peut-être remarqué dans ce poËte , qu'il eft rare de lire vingt vers de l’Iliade , fans en rencontrer un où deux /pondaiques. SPONDAULA , £ m. émovdauane, dans lantiquis té étoit un joueur de flûte, ou d'autre inftrument à vent de cette efpece, qui, pendant qu’on cffroit les facrifices, jouoit à l’oraille du prêtre quelque air con= venable, pour l'empêcher de rien écouter qui pût le diftraire ou diminuer {on attention, Voyez SAcR1- FICE. Ce mot eft formé du grec owovdn , Lbation, & aunce, flute. (S). j | SPONDÉE , f m. ( Lisréräure ) dans la profodie greque & latine, c’eft une mefure de vers ou pié com- pofé de deux fyllabes longues, comme vérZnt, divos, campos. Voyez P1É, QUANTITÉ. Le /pondéeeft une melure grave & lente , à la di£ férence du daëtile, qui eft rapide êc lécer; tous les vers hexametres grecs & latins, finiflent ordinaires ment par un /pondée, Voyez VERS & MESURE, SPONDIAS , f.m. ( Hiff. nar, Bos. ) nom donné par Linnæus au genre de plante que le P.Plumier ap pelle rioubin, en voicile caractere. Le calice de la fleur eft permanent, il eff d'une feus le feuille divifée dans les bords en cinq quartiers: la fleur eft compofée de cinq pétales ovoides & dé ployées; les étamines font neuf filets, de la longueur du calice, & du nombre defquels il y en a cinq placés circulairement ; les boflëtes des étamines font finie ples , le germe du piftil eftovale , le flile eft très-pe- tit , & fe termine par trois ftigma obtus; le fruiteft une baie ovale , renfermée dans chaque cellule , &. quelquefois cette baie contient quatre noyaux. Plu- ‘ mier, gez. 22. Linn. gen. plant. p. 175. (D. J.) SPONDIASME , fm. ( Mufique anc. ) c’eit, dit Ariftide-Quintilien, une forte d'intervalle qui, avec deux autres nommées txAuos 8 éxGonn, exolutio & ejeéio, étoient mis en œuvre par les anciens, pour caractérifer différentes harmonies , ou différens mo- des. Selon lui, l’éxauus étoit un relachement qui baïf {oit la corde , ou le fon de la quantité de trois dièfes, ou detrois quarts de ton: le fpondiafme les haufloït de la même quantité, 8c l’éxéonu de cinq dièfes. Le Le vieux Bacchius définit de même l’éraucs 8x lon 3 Ovid, ] | mais il ne dit pas un mot du /pordiafme, non plus que … Méibom. Malgré leur filence, on doit préfumer que le fpondiafme, ainfi que les deux autres intervalles, n’avoit lieu que dans le genre enharmonique. (D. J.} SPONDIUS, ( Mychol. ) Apollon avoit un autel dans le temple d’'Hercule, à Thèbes, fous le nom de ! fpondius, c’eft-à-dire Apollon quipréfide aux traités. Cet autel étoit fair de la cendre des viétimes ; là fe pratiquoit une efpece de divination tirée de tout ce ue l’on a pû apprendre , foit par la renommée, foit autrement. (D. J.) SPONDYLE ; f. m. (if. nat. Conchyliog.) nom générique que l’on a donné à différentes efpeces de coquilles. Voyez COQUILLE. SPONDYLE , o4 PIÉ-D’ANE, £. m. ( Conchylol. } en latin, par les naturaliftes modernes , /pozdylus ; efpece d’huitre ainfi nommée ; elle n’a d'autre difft- rénceu rence de Phuitre ordinaire , que dans fa charniere, laquelle confifte en deux boutons arrondis, qui ren- ferment le ligament , difpofé de façon que les bou- tons de la valve fupérieute font reçus dans les cica- trices de linférieure, & que pareillément les boutons de cette derniere fe logent dans les trous de la fupé- rieure. Le ligament de nature coriace {e trouve entre les boutons, & fert à la charniere des deux valves. On connoît des /pordyles unis , & d’autres rabo- teux fans pointes; il y en a qui font couverts de la- mes blanches, & armés dans ieur pourtour de pointes couleur de rofe; d’autres font diftingués par deslames jaunâtres, & par un mamelon en partie rouge & en partie blanc; cette derniere efpece de fpondyle eft appellé gaidaron par Rondelet, en latin gaiderona, SPONDYLE , ( Conchyl, ) c’eft le cal nerveux de la chair de l’huitre. (D. J.) | SPONDYLE , oxoidunos, ft un terme dont on fe fervoit anciennement , pour exprimer une vertebre de l'épine du dos. Voyez VERTEBRE, &c. SPONDYLOLITE , £ m. (Æiff, rar. Litholog. ) nom donné par quelques auteurs aux vertebres de oiffons qui {e trouvent dans le fein de la terre en lufieurs endroits, comme en Tyrol, à Dax, &c. _ SPONDYLUS + lou (“Antiq. grec.) cœcrduace , Il y à deux fortes de fqueleres , le fquelere naturel 3 dans lequel les os tiennent enfemble par leurs ligaz mens ; le /guclete artificiel, où ils font attachés avec du fil-d’archal, ou quelqu’autre fubflance qui ne fai- foit point partie de l'animal à qui les os appartiens nent, | #4 pe | _ On prépare de la premiere maniere les petits fu: jets , & ceux dont les osne font pas entierement of: fifiés, parce que fi toutes leurs parties étotent fépa= rées, leur petitefle & leur peu, de folidité ne per: iettroient pas au plus habile artifte de les réurur, ait leu que les os des adultes font proprément & com- modément nettoyés lorfqu’ils font féparés, 8e il n’eff pas difficile de les replacer enfuite , & de les fixer dans leur état naturel. On fuit quelquefois les deux methodes dans Ia préparation d’un même /yxelere ; on laïfle les petits Os unis par leuts ligamens naturels, & l’on fépare les gros, on 1sé nettoie , & On les aftaghe enfite avec » . 6 QU 8 ble. | 3 . Den … Une remarque finguliere, c'eft que quand les os “Qu /quelete font réduits dans leur fituation naturelle, 1l wy en a prefque pastun feul qui foit placé perpen- diculairement fur un autre, quoique la machine en- tiere qu'ils compofent, {oit conftruite de maniere, que quand elle eft droite, la ligne perpendiculaire, tirée de leur centre de gravité corimun, pale par le milieu de leur bafe commune. C’eft par ce moyen que nous nous tenons fermes {ur nos jambes, com- LA ï » ; ’ , | me fi l'axe de tous les os étoit une ligne droiteper- pendiculaire à l'horifon, Cette propriété facilite en même tems les différens mouvemens que nous avons à faire. | ne. I eft vraf que toutes les fois que les os deflinés à fuppotter quelque partie de notre corps, s’écar- tent de leur direétion naturelle, la force requife dans Tes mufcles, pour balancer la pefanteur de cette par- tie, devient plus grande qu’elle ne feroit fans cela. Etiln’y à aucun endroit de notre corps où le nom- bre &c la force des mufcles, ne puifle fufäire à cet effet. Tant que nous demeurons dans la même poflure, il y à un nombre confidérable de mufcles qui font dans un état de contraëlion, ce qui doit à la longue produire une fenfation defasréable; la raïfon & l’ex- périence font d'accord en ceci, Voilà ce que nous appelloñs être las de la même pofture, inconvénient que nous n’éprouverions point droits , fi tous les os étoient perpendiculaires les uns aux autres. Maïs ce défaut, fi c’en eftun, eft bien compenté, par la fa- . cilité, la promptitude, & la force avec laquelle nous exécutons une infinité de mouvemens. | | Les os des femmes font plus petits, relativement à leur grandeur, que ceux des hommes, parce que la force de leurs mufcles n’eft pas aflez grande, ni le poids qui léuf eft appliqué perpendiculairement aflez grave pour les empêcher de s'étendre: Les enfoncemens , les rebords, les afpétités, & les autres inégalités caufées par les mufcles, font encore,moins fenfibles en elles qu’en nous, parce que leurs mufcles étant moins forts, moins épais & “moins exercés, font des imprefions moins confide- rables fur leurs os. | | Elles ont plus fréquemment l'os du front divifé par la continuation de la future fagittale, ce qui provient des cayles générales de la différence de leurs os d’a- vec les nôtres ; ainfi qu'on s’en appercevra, en con- fidérant la ftruéture de leur épine interne & moyenne. Leurs clavicules font moins recourbées ,- parce que leurs bras ont été moins violemment tendus en- devant ; car l’ajuftement de nos européennes, fur- tout de celles qui ont de la naiflance, eft contraire à ce mouvement. | Leur fternum eft plus élevé par de longs cartila- ges inférieurs , afin que la poitrine s’étende en pro- portion de ce qu'elle eft retrécie, par la compre- fion du diaphragme qui fe fait dans la eroffefe. Elles manquent affez fouvent d’un os,ou ont un trou dans le milieu du flernum, qui fert de paflage aux vaifleaux des mamelles; ce qu’il faut peut-être attri- buer à leur conftitution lâche, dans laduelle l'ofifi- cation ne fe fait pas aufhi promptement que dans les fujets en qui lation des folides a de la vigueur, &z la circulation des fluides de la vitefle ; car un tfou beaucoup plus petit fufhfoit à cet effet ; les branches des vaifleaux internes des mamelles deftinées aux parties extérieures de la poitrine pañlent entre les cartilages des côtés, avant qu’elles pañfent au fter- num. Le cartilage xiphoïde eft plusfouvent fourchu dans les femmes que dans les hommes; ce qui provient de la même caufe que nous venons d'apporter dans Tome XF | du fil-d'archal , où quelqu'autre matiere: fembla- : Particle précédent, favoir la lenteur del'oMicatss Les cartilages fupérieurs des côtes quiont à {up- porter les mamelles,, s’offifient plus promptement. Le poids des \inamellés-leur: rend les cartilaces moyens plus plats & plus larges: sa NE Les ,cartiläges inférieuts font plus longs, &cileur rendent la poitrine plus larges AL qu Elles ont los facrum plus tourné enarrieres ce qui contribue àlasgrandeur du. bain. DOb. TES Les femares foibles qui ont-fis au monde phfieurs enfans dans leur jeunefle ,-ont'quelquefois les vers tebrés du dos courbées en-dédans, &cleur fernum enfoncé , ou deviennent ; comme Chefeldenl’obfer- ve , voutces \ & ont la poitrine enfoncée À caûfe du poids: &c de la preffionsde- utérus, & de lation violente.des mufcles épisafiriques. = a Le coccyx eft plus mobile ée plus reculé emarrier re , pour fortifier la fortie del’enfant:. Les os desiles font plus creux, fe portent plus en: dehors. &.font par conféquent fort écartés l'un de l’autre, pour donner pluside capacité à-la partie in: férieure du bas-ventre, & procurer plus deplace à la matrice durant la eroffeffe| RAT. | L’arcade ou partie fupérieure de los pubis, eft beaucoup plus ample dans.les femmes qui ont eu des enfans, que dans les autres, étant dilatée par laétion du mufcle.droit du bas-venitré, :. iu0 Le cartilageiqu: joint les deux os du pubis, eftex- trémement épais , cé .qui.donne beaucoup: plus de capacité au baflin, ; + SITES, Les furfaces conjointes. destos pubis ,:des os innoz minés & de los facruni.,. ont peu d’étendue:, afin-de procurer avec losfacrum qui.eft fortétroit jun pat= fage plus libre à l’enfant dans l'accouchement. La grofle tubérofité de l'os ifchiomeft plus plate dans les fémmes que.dans les‘hommes /caufe de la preflion continuelle qu'il foufre, par la vre féden- taire que les premieres menent: 2.1 0 La grande capacité, du baïñfin. dans. les femmes eft caufe que les articulations des os des cuiffes font plus éloignées que dans les hommes ; ce quilatle,, com- me Albinus lobferve très-bien ,un plus grandefpace à la matrice pendant la groffeffe. Get éloignement des cuifies eft peut-être une des cautes qui fait que les femmes panchent plus d’ün côté que de l’antre en marchant que les hommes, pour empêcher le cen- tre de gravité de leur corps, de trop fe jetter fur l’ar- ticulation de la euifle qui pofe à terre. tandis que l’autre eft leyée ; ce qui les expoferoit à tomber. Tous ces faits prouvent que la defination des fem- mes eff d’avoir des enfans & de les nourrir. (D. J. SQUILLACI, (Géog. mod.) ville d'Italie , au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure: près du golfe de même nom, fur le torrent de F avelone, à 12 lieues de Cofenza, à 14 de Girace, avec titre de principauté, {ous la métropole de Rhegio. Long. 34:32. lait, 38. 52. L Quoique la fondation de cette ville ; qu’on rap- porte à Ulyfle, foit fabuleufe , on {ait néanmoins que la Calabre a été autrefois habitée par des grecs, & que même on appelloit ce pays-là, ëc tout ce qui eft à l'extrémité de litalie , /a grande Grece Strabon veut que Syxillaci fût une colonie des Athéniens, dont elle avoit confervé la politeile & les inclina- tions, ++ . Quoi qu'il en foit, cette ville fe slorifie d’avoir donné la naifance à Caffiodore (Magnus Aurelius ) fecrétaire d'état de Théodoric, roi des Goths, & lun des plus grands miniftres de {on fiecle dans l’art de gouverner. Il fut confulen 514, & eut beaucoup de crédit fous Athalaric & fous Viriges. Il trouva le tems de compofer diversouvrages , dont la meilleure * édition eff celle du P. Garet, à Rouen, en 1670, ir: fol. W fe retira du monde fur fes vieux jours, & ReOrpEn 494 S QU mourut dans le monaftere qu'il ft bâtinà Sqmillact , à l’âge d'environ quatre-vingttreize ans, vers l'an 562 de J.C. Nouslui devons une peintureriante de la fituation deSquillaci fur lamerAdratique,aw’on appelleaujour- d’huireridenSicile derce côté-là, &c qui fait en cet en- droit un golfe,qu’on nomme aujourdhui go/fe de Squil. lac. « Cette ville, dit-il, s'éloigne du rivage en s’éle- » vant doucement, environnée d’un côté de fertiles # campagnes, & de l’autre baignée de la mer; Fau- »rore du foleil eft pour elle, & jamais nuage ni # brouillard ne lui en dérobent la lumiere; l'air en eft » pur, & les faifons font toujours tempérées. Son » territoire offre des campagnes couvertes d’oli- »_viers, des aires pleines de riches moïflons , & » des vignes qui promettent une abondañte ven- # dange: » ( Cette defcription, qui a quelque chofe d’étudié , marque du moins l’inchination naturelleque cet hom- me allufire avoit confervée pour fa patrie’Ilen don- na de bonnes preuves par les travaux qu'il entreprit pour lutilité de cette ville , lorfqu'il étoit gouver- neur de l’Abruzze & de la Lucanie, qu'on comprend aujourd’hui fous le nom de Calabre, Il fit creuler de valtes réfervoirs dans la concavité d’un rocher, pour y attirer des poiflons de toute efpece, & c’eft dans ce même lieu qu'il bâtit depuis fon monaftere. « La fituation dé ce monaftere, écrivit-1l à fes » moines; nous invite à préparer toutes fortes de » foulagemens pour les étrangers, & pour les pau- »yresdurpays: Vous avez des jardins arrofés de » plufieurs canaux , 8c le voifinage du fleuve Pelle- » ne, qu eftfort poiflonneux, & qui a cela de com- »# mode, que vous ne devez pas craindre d'inbnda- » tion deV’abondance de fes eaux, quoiqu'il en*ait » aflez pour m'être pas à méprifer. On le trouve à- # propos lorfqu’on en a befoin, &' dès qu'il a rendu » le fervice qu'on en-attendoit, on le voit fe retirer. » Ileft; pouf ainfi dire, dévoué à tousiles minifteres » de votre maifon , prêt à tafraichir vos prairies !, à » atrofer vos jarcins., & à faire tourner vos moulins. » Vous avez aufli,la mer au bas du monaffere, & » vous pouvez y pêcher commodement. Vous avez » encore de grands réfervoirs où le poiflon fe rend » de lui-même. Je les ai fait creufer dans la conca- » vité de la montagne , de forte que le poifion qu’on # y met, ayant la liberté de s’y promener, de s’y » nourtir, & de fe cacher dans le creux des rochers, # comme auparavant, ne fent point qu'il eft captif, » Ge.» Pline lejeune n’a pas jetté plus de fleurs que Cafiodore dans les peintures agréables de fes mai- fons de'plaïfance. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) SeuiLract , golfe de, ( Géog. mod.) on appelle golfe de Squillaci une partie de la mer lonienne , fur la côte de la Calabre ultérieure, entre le cap de Riz- zuto , & celui de Stilo, qui le fépare du golfe dé Gr race. (D. 7) SQUILEE ; £. f (Hiff. nat.) CHEVRETTE , SO- LICOQUE , CREVETTE , fquilla ; truftacée dont il y a plufieurs efpeces qui different principalement par la grandeur & par les couleurs. les jqurlles de mer fontbeaucoup plus grandes que celles d’eau dou- ce; celles-ci ont le corps couvert d’une foie très- mince, jaune ou blanchâtre , & tranfparente. Elles naiflent dans les ruifleaux dont les eaux font claires, & elles fe retirent fous les racines des rofeaux & des glayeux, ou fous les pierres. Les fqxilles de nier ont la chair tendre, délicate & de bon goût. Di&. univ. des drogues fimples par M. Lemery. Voyez CRUSTA- CÉE. SQUILLE, ( Boian. ) voyez SCILLE. SQUILLE AQUATIQUE , (Zr/etfolog.) M. Derham dit que les fgvilles aquatiques étant du nombre des infeétes les plus rapaces , elles ont aufh des organes propottionnés à leurétät, en particulier la grande Jquille aquatique recourbée a quelque chofe de hi: deux dans la pofture qu’elle tient dans l’eau, dans fon afpeët, fur-tout dans là firu@ure de fa bouche, qui paroït armée de longs crochets aigus , avec lef quels elle faifit soulüimeut & hardiment tout ce qu’ elle rencontre , même jufqu'anx doigts, des hom= mes. Lorfqu’elle tient fa proie, elle la ferre fi fors tement avec fes pinces, qu’elle ne lâche point prile, après même qu'on l’a tirée de l’eau, & lorfaw’on la’ roule dans la main. Quand ces infeftes ont attrapé | quelque chofe de fucculent pour leur nourriture ; Où quelqu’autre petit infeéte , ils percent avec leurs pin= ces creufes leur proie ; & à-travers les creux de ces pinces , ils en fucent tout le fuc ou lefang. (D. J. SQUILONE , £ m. (Hip. Zat, Îchthiolop.) c’eft le nom que les Portugais ont donné à un poiffon d’eau douce , qui a huit ou neufpouces de longueur ; il'eft fort gras & d’un goût exquis. Îl eft remarquable par une efpece de duvet qui lui vient autour de la bou: che. Il fe trouve abondament dans le royaume de Congo en Afrique. SQUINE, f. Ê (Æf. des drog, exot. ) tacime exo: tique nommée china, ce cinna , par Cefalp. chinæa radix, par Cordus, Bit, china &c fchima, pat Tabern, C’eft une racine qui tire fon nom du pays de la Chi- ne d’oùelle a d’abord été portée dans lesInde$ orien- tales. Elle-eft bien différente par fa nature & par fes vertus de Pécorce appellée china china | qui vient du Pérou , 8t que nous nommons en françois quirquina, Ontrouvechezles droguiftes deux efpeces de fine, lune orientale , & l’autre occidentale, ‘La /quine orientale, china orientalis off. et une grofle racine fans odeur, noueufe , génouillée, pe- fante , ligneufe, à tubercules inégaux , extérieure- ment d’un blanc rougeâtre, & intérieurement d’un blanc tirant fur le rouge ; quelquefois elle eft un peu réfineufe. Elle a dans fa fraîcheur un goût un peu âcre & pâteux ; mais lorfqwelle eft feche {on goût eft terreux & Iégerementafiringent. | Lameïlleure eft celle qui eft récente, compaüe, folide , pefante, qui n’eft point carice ni rongée par les teignes ; on véut qu'elle foit prefque infipide , pleine cependant d'une efpece d'humeur grafle & on étueufe ; ce que l’on connoït aflez évidemment en la mächant , mais encote plus lorfquw’on la fait bouillir, On rejette celle qui eft trop vieille, qui n’a point de fuc, qui eft fpongieufe , légere & cariée, La plante eft appellée frilax afpera chinenfis, Lam patam diila, par Herman, /milax minus fpinofa, fru- lu rubicurdo , radice virtuosæ, par Kæmpfer. Saracine eft grofle, dure , noueufe, égale , un peu fibreufe , longue , rouffe ou noiratre en dehors, blanchâtre en dedans , d’un goût foible & prefque mfipide. Voilà ce que les médecins appellent racine de fquine, égale. ment célebre par fes effets. Ellewleve d’une ou de deux coudées lorfqn’elle n’eft pas foutenue , mais étant appuyée fur les bui£ {ons voifins , elle monte plus haut. Ses farmens font ligneux , de la groffeur d’une paille d'orge, d’un rouge brun près de la terre, & noueux de deux pou- ces en deux pouces ; les parties comprifes entre les nœuds font alternativement courbées 8c un peu rés fléchies, & chaque nœud a quelquefois deux petites épiues crochues & oppofées fur le même côté. De chaque nœud fort une feuiile portée fur une queue creufée en gouttiere, membraneufe ,: rephiée, d’où naiffent deux mains où vrilles , une de chaque côté , femblables à celles de la vigne, par lefquelles elle s'attache fortement à fout ce qui eft autour. De laiffelle des queues de chaque feuille pouflent des bouquets de fleurs où des bourgeons ; quelque= fois les vrilles font à l'extrémité de la queue &êz tou: chent à la feuille qui eft en forme de cœur, detrois D ul pouces de diariétré , & qu fe terminé eñ uné pointe , courte & obtufe: dun Cette feuille eft mince , membraneufe, lmifante , foirätre des deux côtés, & fortondée versia pointe: le bord eftentier, & quelquefois inégal ; elle à cinq nervures branchues qui dés leur origine vont les urnes . directement, &les autres en forme d’arc , fe rénnir à la pointe. | Lesfleurs de cette plante font petites, portées fur Mn pédicule grêle, déhié, de la longueur d’un pouce, . de couleur rougeätre ou jaunâtre; elles font aunom- “bre de dix, plus ou moins difpofées en ombelles fans calice , d’un jaune tirant fur le verd, à fix feuilles difpofées en étoile autour d’un embryon qui appro- che par fa figure de la femence de coriandre , & eft “entouré par fix étamines on filets tranfparens garnis d'un fommet faunâtre. Cet embryon qui occupe le centre, porte un petit {lile furmonté d’une tête de couleur bleuâtre. Lorique la fleur eft pañlée , l'embryon en groffif. fant devient un fruit qui à la figure, la groffeur , la couleur &z Péclat de la cerife , plus fpongieux que charnu ; {a pulpe eft peu confidérable , feche, fari- neule, decouleur de chair, d’un goût acerbe, & fem- blable à celui des nefles, Däas l’intérieur de ce fruit font renfermées quatre, cinq où fix femences de la grandeur d'unepetæe lentille’, de la fgure d’un croif- dant , raflemblées en rond comme les grains de mau- ve; Ctantfeches, elles ont une couleur de chataigne tirantfutle noir; elles font blanches en-dedans , tres- dures, & d’une fubftance de corne. Cette plante eroit enabondance dans le royaume dé la Chine parmi les cailloux, les épines & dans les lieux incultes. La Jqrne à été felon toute apparence , inconnue aux anciemls médecins. Les nouveaux auteurs Pont fort recommandée & pendant long-tems pour guérir les maux vénériens. Des marchands chinois lui ont donné de l'autorité pour la premiere fois vers lan 1535, par leurs aflurances que cetteracine guérifloit a goutte, les maladies vénériennes & plufñeurs au- tres ; fans qu’on füt obligé d’obferverle répime exact que lon fuivoit alors, en ufant du gayac ; ils ajou- toient encore qu'il ne falloit pas tant detems, & que la Jquine ne caufoit pas tant de‘dépoût. Les Efpagnols la vanterent par toutes ces raïfons à l’empereur Char- les-quint, comnie le rapporte Davila & Véfale ; con: féquemment ce prince en fit ufagede fon propre mou- = vernent fans confulter les médecins; maïs ce fut fans fuccès puifqu’il n’obfervoit point de régime, & qu'il n'en continua pas Pufage, ce qui l’obligea de repren- dre fon gayac cependant tout le monde le prefla de publier la maniere d’employer la fqvine, & tous ceux qui fuivirent fon exemple furent également trompés; cette licence téméraire eut fa mode ; on en revint la diete du gayac avec la fauine , car tous les auteurs de médecine conviennentencore que ce remedebien admiuftré, eft un excellent antidote contre les ma- ladies vénériennes. Ceremede atténue les humeurs épaifles , les te- pere;lesréfout, & lesdiffipeenfuite par les fueurs & par les ufines ; cependant la fynine , la farfepareille Gt le gayac font bien inférieurs au mercure pour la guériion des maladies qu’on contraéte par Le commer: ce avec une perfonne sâtée, | | Je n’ajoute qu’un mot fur la fyuine d’occident, Elle eft nommée china occidentalis ; ©eft une racine ob- longue , groffe , noueufe , tubéreufe , quinediffere de la Jguire d’orient que par la couleur qui eft plus roufle ou'noïrâtre en dehors, & plus rougeâtre en dedans. La plante eft appellée fmilax afpera fruitu 7gr0 , radicé nodosé, magné, farinaceé , China dia , Sloane catal. plant. jam. On apporte cette Jquine de la nouvelle Efpagne , du Pérou, du Bté£l & dau tres pays de PAmérique, Elle a lés mêmes vertus que La SSI 405 la Jaéine d'orient >» Quoigu on la fegarde comme lui étant inférieure. (D..J.) 24 Lo no SQUINE BATARDE , ( Poran, | fenecio afCatièrss ; Jacobæo folio, radice lignosé, china officirarum dita nobIS, Commel Boeth. {44. 4,117. Senecio madraz patenfis, rapi folio s foribus Mmaxtmis ; cujus radix à zonntllis China dicuur , Petit. Muf, 680, Horr, et 345. Cette plantecroîtau Malabar, & y eft nommée perinchakka ; il en eft parlé fort au 106g dans les Iranfs philof. n°, 274. p. 943. (D. J) SQUINQUE ) Voyez SOINE, | SQUIREHE, fm. ( Chirurgie.) voye SkiRRUE | SS , SSI, où GUS, {. m. ( Hife natur. Botanique. c'eft un oranger fauvage du Japon , dont le fruitelt de fort mauvais goût. Ses branches font inégales & tortueufes , garnies d’épinés longues , fortes & pis quantes. Son bois n'eft pas dur. L’écorce qui eft grafle & d’un verd brillant fe fépäre fans peine, Chas cune des feuilles eft compofée de trois petites feuils les qui fe réuniflent aucentre furun pédicule mince : long d’un demi-pouce, garni d’un boïd de chaqué côté. Ces petites feuilles font ovales, longues d’un pouce, d’un Verdfoncépar-deflus & plus clair au re- vers, Celles du milieu un peu plus longues que les autres. Les fleurs refflemblent à celles du nédier, & croïffent près des épines ou jointes aux feuilles une à une, Ou deux à deux fans pédicules. Elles ont cinq pétales d’un demi-pouce de long ; elles font blanches, garnies d’un calice, & prefque fans odeur, Le piftil eft cout ; environné de plufieurs étamines courtes : ë&t pointues. Le fruit reffemble alorange par fa foutre, ë& n'en differe intérieurement que’ par l'édeur défa- gréable , & le mauvais goût de fa poulpe qui eft vif: queufe, On fait fécher l'écorce de ce faut pour er faite avec d’autres drogues un remede célebre at Japon , qui fe nomme k-kolum. WW: SST où KUTSPINAS, fm. (AK, rar. Boixn.) c’eft un arbre du Jäpon, qui éft une efpece de nefflier ; fa feuille eft grande, fa fleur très-blanche , l'odeur très: agréable , &c la forme en fuyau, partagé en fix le- vres , longues, étroites, & qui s’ouvrentde læpran: deur d’une rofé, Son fruit eft exagone & de fisure conique ; il a la, poulpe jaune , d’un goût defagréas ble, & remplie d’une infinité de petites femences ; femblables à celles du féfame. Cette poulpe fert aux teintures en jaune. Un autre arbre de même nom, à la feuille plus petite , & la fleur blanche & double, Son bouton, lorfqu’il n’eft point ouvert » préfente la figure d’une belle coquille de limacon de figure oblon: gue. 4 | SSIO , fm: ( Mif, nas. Boian.) arbre du Japon : qui eft une efpece de laurier qui donne du camphre, fut-tout par fes racines. Il eft de l’épaifleur &c de la hauteur de nos tilleuls, On entire le cimphre dans la province de Saxuma, & dans les Îles de Gotto y OÙ il croît uniquement , par la déco&ion des racines & du bois coupés en petits IROFCCAUX ; mais quoiqu'on le fublime enfuite, 1l eft plus de quatre-vingt fois theilleur marché que celui de Borneo » Qui fe tiré des arbres par de fimples incifons entre l'écorce & le bois. L'arbre japonñois a peu de branches; fon écor: ce eft düre & d’un gris obfcur, mais celle des jeunes branches eff gluante 8 s’enleve aifément, La moëlle en eft dure & ligneufe ; le bois eft naturellement blanc ; mais en fe {échant > il prend üne petite tein: ture de rouge. Quoique peu compacte , ila des f- bres affez dures qui Île rendent propre à faire des ouvrages de menuiferie, comme cabinets, boîtes, &c, mais à mefure que {a réfine s’évapore, il devient raboteux. Les plus beaux cabinets du Japon font faits de la racine de cet arbre , &c de celle du fatzno-ki, , 486 S TA Les veines & les nuances de lune & de lautre ont beaucoup d'agrément. Les feuilles du camphier japonois tiennent à des pédiculesaffez longs,qui rougiflent un peuaprès avoir été verds d'abord. Elles font toujours feules , fans ordre , membraneufes, de forme tirant fur ovale, pointues à l'extrémité , ondées fur les bords, fans Être dentelées, avec beaucoup de fibres d’une couleur plus pâle. Le deffus eft d’un verd foncé, mais lui fant ; le deffous a la couleur de l'herbe & la douceur -de la foie. Le nerf qui eft prominant des deux côtés, eft d’un verd blanchâtre, & jette fes rameaux en arc le long de la feuille. De ces rameaux , il en fort d’au- tres plus déliés. L’extrémité des fibres forme aflez fouvent de petits poreaux qui font particuliers à cet arbre. Loriqu'il eft dans toute fa grandeur, 1 com- mence à poufler de petites fleurs , aux mois de Mai & de Juin. Elles naïflent aux extrémités des petites branches fous les pédicules des feuilles ; & leurs pro- res pédicules font d’un tiers plus courts que Ceux. des feuilles, forts, menus, divifés en petites bran- ches, dont chacune porte une fleur blanche hexapé- tale avec neuf étamines ; trois au milieu, & les fix autres difpofées enrond autour des premieres. À me- fure que le calice augmente, la graine mürit; &c dans fa maturité, élle eft de la grofieur d’un poids, lui- fante, & d’un pourpre foncé. Sa figure elt ronde, alongée comme une poire, avec une petite envelop- pe de couleur tirant fur le pourpre; d'un goût de camphre giroflé. Elle renferme un noyau, de la grof- feur d’un grain de poivre, dont l’écorce eft d’un noir luifant, & qui fe fépare en deux; il eft de nature hui- leufe, & d’un goût fade. Voyez Kempfer, ifforre du Japon. SSIBU-KAKI , f. m. (Æiff. nat. Botan.) c’eft un figuier du Japon, qui donne un fruit qui ne fe mange point, mais qu'on enterre dans un pot, pour le faire pourrir & fondre, & dans le fuc qu'on pañfe foigneu- {ement, on trempe le papier, dont on fait des habits, pour le garantir de la pourriture. On s’en fert auffi pour teindre les toiles d’ortie &c de chanvre. ST ST, eft un terme indéclinable, dont on fe fert ordinairement quand on recommande le filence. Les Romains écrivoient ces deux lettres fur les portes des chambres où ils mangeoient, comme S'ils avoient voulu dire , Jed race ou /Llentium tene. Porphire, remarque que les anciens {e faifoient un point de religion de ne pas dire un feul mot en {ottant où en entrant par les portes. STABIE , (Géog. anc.) Stabie, ville d'Italie , dans la Campanie. Elle ne fubfiftoit plus du tems de PH- ne, div. JUL. c. y. qui nous apprend qu’elle avoit été détruite, fous le confulat de Cn. Pompée, & de L. Caton, par Sylla, le dernier d'Avril, & qu’elle étoit réduite à un fimple village. Pline le jeune, Z. FIL. epifl. xvj. après avoir rap- porté que fon oncle, curieux d'examiner l’embrafe- “ment du mont Vefuve, dit à fon pilote de tourner du côté de Pomponianus , ajoute que Pomponianus étoit à Srabie, dans un endroit féparé par un petit golfe, que forme infenfiblement la mer fur fes riva- ges qui fe courbent. Ovide parle de Srabiæ au quin- zieme livre de fes Métamorphofes., v. 711. Herculeamque urbem , Stabiafque. On voit dans Galien , Ziy. W. Mérh. medec. & dans Symmaque, Uv, WI. epifl. 17. que le lait des vaches de Srabie étoit en ufage dans la Medecine. Charles Patin confirme ce fait par une médaille curieufe de l'empereur Géta , fur le revers de laquelle eft une va- che, qui défigne l'excellence du lait que produifoient les pâturages de Srabze. Columelle, %%, X. ÿ: 2 39% fait l'éloge des eaux & des fontaines de Srabie. | Fonribus & Stabiæ celebres , @ vefvia rura. La table de Peutinger place Srabiæ entre Pompei & Surrentum. C’eft aujourd'hui Caflel & mare di Sta- bia , ou fimplement Caflel a mare. (D.J.) STABILITÉ , £ £ (Gramm.) qualité de ce qui eff fixe, immobile. On dit la fabiliré de la terre ; la /fa- bilité d’une convention, du caractere ; de l’efprits, des vues, des vertus, &c, STABLAT , 1. m. (Lang. Franç.) c’eft une habita- tion que font les habitans des pays des hautes mon- tagnes dans des étables, où 1ls s’enferment en hiver pendant la chûte des neiges. (D...) ” STACHIR , ( Géogs agc.) fleuve de la Lybie inté- tieure, Ptolomée, Z. IF, c, vj. dit que ce fleuve fort du mont Ryjadius, &t qu'auprès de cette montagne, il forme un marais Conia. Marmol prétend que ce fleuve eft le Sezega. (D: 7) STACHYS, fm. ( Æiff. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale labiée, dont la levre fupé- fieure eft un peu concave & droite , la levre infé- rieure eft divilée en trois parties; dont les deux ex- térieures font beaucoup plus petites que celle du mi- lieu. Le piftil fort du calice , il eft attaché commeun clou à la partie poftérieure de La fleur , & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la fuite au- tant de femences arrondies &c renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur, Ajoutez aux carateres de ce genre, que les feuilles font velues & blanches. Tourn. 22/7. rei herb. Voyez PLANTE. Tournefort établit fix efpeces de ce genre de plan- te, dont nous décrivons la principale, la grande d’Al- lemagne, flachys major germanica.l. R. 4. 186. Sa racine eft dure, fibrée, jaunâtre, & vivace. Elle pouffe une ou plufñeurs tiges à la hauteur d'environ 2 piés, srofles, quarrées, nouées , velues, blan- ches, veloutées, moëlleufes en-dedans. Ses feuilles font oppofées l’une à l’autre à chaque nœud de.fa ti- ge, femblables à celles du marrhube blanc, mais beau coup plus longues, plus blanches; cotonnées , den- telées en leurs bords, d’une odeur aflez agréable, d’un goût aftringent fans aucune âcreté. Ses fleurs font verticillées & difpofées en maniere d'épis entre les feuilles , au fommet de la tige, ve- lues en-dehors, glabres en-dedans, ordinairement purpurines, quelquefois blanches, approchantes de celles du lamium ; chacune de ces fleurs eft en gueri- le , ou en tuyau découpé par Le haut en deux levres; la fupérieure eft creufée en cueilleron, relevée & échancrée : l’inférieure eft divifée en trois parties , dont celles des côtés font beaucoup plus petites que celles du milieu. Après que la fleur eft tombée , 1l lui fuccéde qua- tre femences prefque rondes, noirâtres, renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tou- te la plante rend une odeur forte; elle croit aux lieux montagneux, rudes, incultes, & fleurit en été. Son nom lui vient de ces fleurs rangées en épis, car sayds en grec veut dire épi. (D.J.) STACKI, Lac, ( Géog. mod. ) lac d’Ecofle dans la province de Strah-Navern. (D. J.) * STACTÉ ,f m. (Æiff.nat. des drog.) c’eft ainfi que les anciens nommoïient la plus précieufe forte de myrrhe liquide , qui découloit des arbres fans inci- fion. Ce n'’étoit point le florax de nos boutiques, comme quelquesmoderneslontimaginé,carle ftorax eft même fort différent de notre myrrhe,en larmes. C’eft une myrrhe liquide, naturelle , d’un grand ufage dans les chofes de luxe. On la mêloit dans des vins de liqueur, qu’on appelloit v/24a myrrhata , 8 qu'on eflimoit fingulierement. De-là vient que dan Plaute une vieille dit : Tu mihi Ra@e, cirnamemum, Tu rofas | Fu crocum & caffia es ! = HyiCite PE Eh ME à QE à AE : de CRE j Les anciens ‘compofoïent encôre avec le fie des - lparfumis odofiférans , des pommades pour les'che- Veux &c des batmes de grand prix. Plufieuts com- . “mentateurs de l’Ecriture prétendent que c'eft de ce _ Paume de myrrhe que les mages portetént à Beth- .‘féem au Sauveur du monde , avec de l’or & de l'en- “£ens. | We à Nos parfumeurs appellent à leur tour fuëe tuel- ques morceaux choifis demyrrhe , qu'ils font diflou- dre dans de l'huile, & y 'metrent ‘de l'odeur; car nous ne connoïiflons plus le faite des'anciens ; nous ne connoïflons uniquemerit que la myrrhe fêche en rmes. Voyez MYRRHE , 6 MYRRHE; vx. (D. JT.) STADE {.'m. ( Mefüre itinéraire des anètens…) me- fure de longueur des Grecs ; leur fade, felon Pline, toit de 125 piésromains, & chacun de ces piés ro- "mains étoit de 12 pouces + il falloit $ piés romains ‘pour faire vin pas géométrique ; ainfi 625 piés fo- mains fafoient 125 pas géométriques >, par confé- quént il falloit 8 ffudes pour faire un mille romain; donc les 800 ffades faifoient too millesromains. Pourréduire maintenant 800 ffades romains à nos Heues de France, lesfieues communes de France font de deux mille 400 pas géométriques ; donc 800 ffaces faifoient 41 de nos lieues de France & 2 de eue. LAUANE) SU mm «58, [: | Je fais bien que M. de {a Barre à érabli un fyftème tout différent de celui-ci ; il donne aux Grecs deux cflades,, un grand & un petit. Le grand. fade ; felon lui, étoit de 133 pas romains, deux tiers, & il yen avoit fept &c demi au mille ; le petit Zee étoit de 80 pas où de 400 piés romains. On peut lire dans les Mémoires de: l'acadérnierdes Infcriptions , tome XIX. les raifons fur lefquelles il äppuie fon hypothèfe ; mais quoiqu'elle foit accompagnée de favantes re- cherches , Je ne rois pas devoir abandonner l’opi- mion commune, (D,J.) Mo Tales STADE D'OLYMPIE, ( Anrig. greg.) le ffade d'Olym- re Étoit unefpace de 6oo:pas qu’on avoit renfermé de murs près de le ville d’Elis &z du fleuve Alphée ; ÊT qu'on avoit orné detoût ce ‘qWon avoit cru pro- pre à l’embellir ; mais comme on avoit été contraint | de s'aflujettir au terrein qui étoit inégal, ce fade étoit fort irrégulier ;'ainfi qu’on peut le voir par le deflein qu'en atracéurila defcription de Paufanias,, M. le chevalier Folard , & que M. Pabbé Gédoyn a fait graver pour l’inférer dans la traduéion de cetauteur NUE PR CO d nu Dot sf be 1) Le Ce ffade toit compoé de deux parties : Ia pre- miere, dont la figure reflembloit aflez à la proué d'un vaileau ; toit nommée la barriere. C’étoit-là qu’étoient les écuries &c les rermifes où fe tenoient les chevax. cles chariots, & où ils s'apparioient, La feconde étoit nommée la lice, & c’étoit dans l'ef= pace qu’elle contenoïit qué fe faifôient les courfes ; foit à cheval, foit avec les chariots: Au bout de la lice étoit la borne; autour de laqtelle il falloit tour ner, & commecelui quienapprochoit le plus, for- -moit un cercleplus court , il étoit toutes chofes éga- les, plutôt revenu au lieu d’où il étoit parti. C’étoit- Ki priicipalement que-confiftoit l’adrefe de ceux qui gonduifoient les chars; & où a même tems ils cou- xoient le plus grand danger: Car indépendamment de ce qW\'ils pouvoient s’y rencontrer avec un-autre chars; fon venoit à toucher cette botne, l'effieu fe brifoit en mille pieces ; où receyvoit du-moins quel qué échec qui faïfoit perdre tout l'avantage. Voilà ce qu'Horacewexprime par ces mots; méraquefervis: as évitata tTotis: Au-delà decette borne étoit encore une autre oc Esfion de danger, Cétoitlafigure du génie Targlgip-. | a TT | io SA 46 pas, qui étoit faite de maniere à effrayer les chevaux, On ne fait fi on l’avoit mile là exprès pour augmen- ter le danger de la courtes, Où fi par refpeét pour ce . pénie on l’y avoit laïflée, fuppofé qu'elle y ft avant la conftruétion du Yade ; mais il £eft toujours vréi que t'étoit un endroit fort dangereux. | n°2 PP mt . Des deux côtés de cette lice dans. toute {à Ion gueut étoient les places des fpeûtateurs, Les princi- pales étoïent'pour les juges & pour les perfonnes de confidération ; le peuple qui y accouroit en foule {e mettoit où il pouvoit : car rien n’eft égal à la curio- {ité qu’on avoit pour ces fortés d'exercices, |, Jai dit que dé la Bafriere les chars entroient dans la lice, & je dois ajouter que la féparation de ces _deux lieux étoit fermée avec une corde qui fe baif- {oit par une efpece de méchanique , que décrit Pau- fansas ; & c’étoit le fignal QuiavertMoit d'entrer dans Ja lice, Banier, (DIT) | Lo | STADEN , (Géogr, mod.) en latin Ssario , ville |. d'Allemagne dans lé cercle de la bafle-Saxe , aù dus ché de Brème , fur la riviere de Schwinge, pres de VElbe;, à 15 lues au nord-eft de Brème, Cette ville a té confidérable du tems des Romains » Qui y te- noïent des troupes pour défendre les pañlages dé VElbe. Après avoir fübi la domination des archevé- ques de Brème ; elle devint ville anféatique & flo- riflante ; mais elle déchut beaucoup, lorfque les An- glois eurent tranfporté à Hambourg le commerce de leurs draps. Le feu la confuma prefque entierement en 1659. Les ducs de Brunfwick-Lunebourg la pri rent en 1676. Elle appartient aujourd’hui à Pélecteur, d’'Hanovre, Lorgir. 26, 52, latir. 53, 42, (D. T.) STADHOUDER,, voyez STATHOUDER, FA _ STADIA, (Géop. mod.) petite ville de la Turquie européenne, dans le Coménolitari, fur le bord oc- cidental du golfe Theflalonique , au midi de lembou- chure de la“Platamona, C’eft le Dim en Macédoine de-Strabon. (D, JZ) Ra STADIASMOS, L mn, (Liférai. greg.) cadisente figrifie la rrefüre par flades. Ce mot, quoique bon & ancien , ne fe trouve Pourtant dans aucun de no diétionnaires grecs, Perfonne n'ignore que les an- ciens Grecs étoient accoutumés à mefurer Les diftan- ces des lieues par ftades : ils appèlloïent cela crade _Giv, d'où vient cradamuos. ( D. JT.) STADIDROME, £. mn. (Gymnaf.) nom que l'or donnoiït à ceux qui dans l'exercice de la courte ne couroient que lefpace d’un fade ; à la différence de ceux qui eh couroient deux, & que l’on nommoit dolcodromes, &t de ceux qui retournoïent après avoir. couru les deux ftades , 87 qu’on nommoit dianlodro= mes , enfin de ceux qui couroient armés & qui S’apr pelloient opltodromes, ( D, ER rt 2 … STADISIS ; (Géop. are ) ville de PEthiopié fous l'Égypte ; près de la grânde cataracte du Nil: c’eft la Tafrtia de Ptolomée: CON : DEC NEA STADIUM, fm. (Jeux dela Grece.) eraë ler ; Car- riere pour les courfes publiques dans l’ancienne Grece, Cette Carriere étoit environnée de plufieurs rangs de degrés élevés für unie enceinte faite en per- tion d'ovale , dont chaque côté étoit de 600 piés athéniens ; ce qui déterminoit le Jlade finple qui étoit de 125 pas géométriques; le fade dotiblé, c’eft- a-dire parcouru deux fois ; formoit 250 pas ; lhip- podrome de Némée étoit d’une grande étendue, cat il dévoit avoir 756 pas , étant deux fois plus long que: le double fade. J'OURLL ALIEN 11 . Male plus beau fade de la Grece étoit le fadior Panathenaicon @ Athènes ; dont Les débris frappoient encore tellement les curieux yoyageurs dans le der- | nier fieclé,, qu’ils ne pouvoient s'empêcher d’en dire ce que Paufanias avoit dit de l'ouvrage entier : on né le fauroit oir fans l’adtnirer. Sa figure étoit une por< tion d'ovale; coupée felon fa lafgeur 3 & il fermble 488 ST À ‘que la nature fe füt jouée pour fermer à plaïfr une colline qui regne pareillement en portion d’ovale , comme pour borner le terrein de cette carriere. Les rangs des degrés étoient tous de marbre blanc. L’em- pereur-Adrien donna un jour aux Athéniens dans ce ffade le fpeétacle d’une chafle de mille bêtes fauva- ges, (D. 3.) STADSBERG oz STADBERG , ( Géog. mod.) bourgade d'Allemagne dans le cercle de Weftphalie, aux confins du comté de Waldeck, fur la riviere de Dimel. On nommoit autrefois cette bourgade ÆEref- berg & Mersberg , & c’étoit là que les anciens Sa- xons avoient bâti un temple à leur dieu Irminful. { D. J. de Savoie, au marquifat de Saluces, entre Cayvours &t Pignérol fur le Po. Elle eft connue par fon abbaye d'hommes de l’ordre de citeaux , & par la viétoire | que le maréchal de Catinat y remporta en 1690 fur je duc de Savoie. Longit. 25.4. latit. 44. 35. (D. I.) STAFFORA , La, ( Géogr. mod. ) riviere d’Itahe dans le Milanez. Elle arrofe le Pavefan, & après avoir paflé à Voghera , elle fe perd dans le Po. (D.J.) STAFFORD, (Géog.mod.) ville d'Angleterre, ca- pitale du comté de même nom , {ur la Saw, dans une agréable campagne ; elle eft bien bâtie, a deux pa- roifles , une école publique, & un château pour fa défenfe. Long. fuivant Harris, 15. 30. latir, 52. 54. (2.7. diterranée d'Angleterre, dans le diocèfe de Lichfeld & Convéntry. Elle eft bornée au nord-oueft par le comté de Chefter; à l’occident par celui de Shrews- bury ; au midi par ceux de Worcefter & de War- vick ; & à left & au nord-eft par celui de Darby. Elle s’étend du nord au fud lefpace de quarante- quatre milles ; elle en a vingt-fept de large, & cent quarante de circuit : on y compte cinq hundreds ou quartiers, & cent trente éghfes paroiflaies. Il y a quatre villes qui ont droit de députer au parlement ; avoir Stafford, la capitale, Lichfeld , Newcafle, Taenworth , & quinze bourgs à marché. Les principales rivieres de cette province , font la Trent, la Tame , la Dove, la Blithe, & la Saw. La partie feptentrionale du comté de Szfford eft montueufe , froide, & aflez flérile; mais la partie méridionale eft fertile. Outre les pâturages & les grains, On-y trouve des carrieres de charbon de ter- re, d’aibâtre, &c de pierres de moulin. Nous avons xn excellent ouvrage fur fonhiftoire naturelle : Plot (Robert }.the natural hiftory of Stafford-Shire ; Oxo- niæ , 1686. 1n-fol. Les anciens habitans deice pays ont été les Car- hañens, qui poffédoient outre cela les terres com- prifes dans les comtés de Shrewsbury , de Worce- ter, & de Chefter : après eux ce comté fut le par- tage des Saxons Merciens. Ika produit depuis la renaïflance des Lettres des favans difingués , entre lefquels on peut nommer . Alleyn ( Thomas ), Lightfoot ( Jean ), Woilafton ( Guillaume }, & Sheldon ( Gilbert), qui méritent tous quatre nos éloges. Alleyn naquit en 1542, & mourut en 1632; fa fcience dans les Mathématiques l’expofa de même que le Moine Bâcon , aux jJugemiens defavantageux du peuple, qui le regardoient comme un forcier, tan- dis que les hommes éclairés le refpettoient comme un beau génie. Henri Savile, Cambden, Robert Cot- ton, Spelman, Selden, éc. ont chante fes louanges. Ce dernier l’appelle academie Oxonenfis decus, om- nis erwditionis genere ornatiffimum. Henri, comte de Northumberland, & Robert comte de Leicefter, favori de la reine Elifabeth , l'aimerent fnguliere- ) STAFARDE, ( Géogr. mod.) bourgade des états ) Ê STAFFORD-SHIRE ,( Géog. mod. ) province mé- ment. Il n’épargna ni fes foins, ni fon crédit, n1 fa bourfe , pour raflembler des manufcrits dans toutes les Sciences, 8: pour favoriier leurs progrès. Mais fes propres ouvrages, fes recueils, & fes obferva- tions fur l’Aftronomie , les Mathématiques, & la nouvelle philofophie, font tombées dans des mains inconnues, | Lighifoot naquit en 1602, & mourut en 167$ à 74 ans; c’étoit un homme prodigieufement habile dans les antiquités judaiques; fes ouvrages précédés de fa vie, ont été raflemllés & imprimés à Londres, en 1684. On fit une nouvelle édition de ce recueil à Rotterdam, en 1686 , en 2 vol. in-fot, La troifieme édition parut à Utrecht en 1699, par les foins de Jean Leveden; il y a ajouté un nouveau volume contenant les ouvrages pofthumes latins de auteur, qui n’avoient point encore vu le jour g& que M. Jean Strype lui avoit envoyé d'Angleterre. Le troi- fieme volume contient 22 traités, dont la plüpart font courts, & quelques-uns imparfaits. Enfin, M. Strype a publié à Londres en 1700, in-8°. de nouvelles œuvres pofthumes de Lightfoot; il avoit eu deflein d’inférer dans cette colleétion, une chronique de ce qui s’eft pañlé dans le monde au fujet des Juifs , fous les empereurs Ottomans, fur la fin du xj. fiecle. Cet ouvæage qui dépeint les mal- heurs &la deftruttion des Juifs dans ce tems- là, avoit été compoié par un certain facrificateur nom- mé Jofeph, qui vivoit fous le regne d'Henri VIH. La tradufhion de hébreu en anglois étoit de Light- foot , & de fa propre main. On voit par la leéture des œuvres de ce favant ; qu'ilavoit quelques fentimens particuliers : par exem- ple , il croyoit, 1°, que les Juifs étoient entierement rejettés de Dieu. 2°, Il penfoit que les clés du royau- me des cieux n’avoient été données qu’à faint Pierre. 3°. Que le pouvoir de Zier & de délier, accordé à cet apôtre , regardoit la doëtrine, & non la difcipline. 4°, Dans fon interprétation de ces paroles de Dieu. à Caïn : f£ tu fais mal, le péthé eft a la porte ; il pré- tend que par le péché, ilne faut pas entendre la pz- nition , mais l’oblation pour le péché , pour en faire l’expiation. | Wollafion naquit en 1659, & fit d'excellentes études ; mais comme il étoit pauvre , il prit lemplos du fecond maître d'école dans la province à 70 li- vres fterlings par an. Peu de tems après, la mort d’un de fes parens , arrivée en 1688 , le mit en poffeffion d’un bien très-confidérable, Un changement auft imprévu qu'avantageux, auroit été capable de tour- ner la tête à bien des gens; mais la même fermeté d’ame qui avoit foutenu Wallafton dans la mauvaife fortune , lui fit fupporter la bonne avec modérations fa philofophie lui apprit à fe pofféder également dans les deux états oppoiés. Ilfe fixa à Londres , époufa une femme de mérite, & cependant continua toujours de pafler fa vie dans la retraite & dans l'étude. [avoit des amis, du loïfir, & des livres, dontilfut profiter. Il cultiva prefque toutes les fciences ; & travailla fur-toutà perfection- ner fa raïfon, en s’aflranchiflant des préjugés, en obfervant l'étendue & l'influence des axiomes, la nature & la force des conféquences ; enfin, en fui- vant la bonne méthode dans la recherche de la ve- rité. IL mourut en 1724, de la même maniere qu'il avoit vécu en philofophe chrétien. L La reine d'Angleterre fit placer fon bufte dans une grotte de fon jardin de Richemont avec ceux de Newton, de Locke, de Samuel Clarck, &c. Mais fon fameux ouvrage, ébauche de la religion naturelle , the religion of nature delineated , qu'il mit au jour l’année de fa mort, afait fa principale gloire. Le débit prodigieux qu'a eu cet ouvrage en Angle- terre, dont il s’eft vendu plus de dix mille exemplai- res S T A res en peu d'années , prouve aflez fon mérite, Il eft peu d'ouvrages finis qu’on puffle oppofer À celui qu'il a donné fous le modefte titre débauche. Le deflein exc: cuté de main de maître, a non-feulement toutes les proportions , mais auf toutes les graces de l’expref- fon, du tour, de la folidité, du favoir, & de la nou- ‘ veauté. La traduétion françoife de ce beau livre a paru à la Haye en 1726, #1-4°. L'auteur à eu lart de dé- brouiller le cahos des notes qui regne dans l'édition angloife; mais il feroit à fouhaiter que fa traduétion ft moins défeétueufe pour le fyle, & fur-tout pour _Ae fens; car il fait fouvent dire à M. Wollafton ce qu'il ne dit point, & quelquefois Le contraire de ce qu'il dit. Fa A Sheldon ( Gilbert ) archevêque de Cantorbéri, naquit dans la province de Szafford , en 1 598, & mourut à Lembeth en 1677, âgé de 8o ans. C’étoit un hommé adroit au maniment des affaires , céné- reux, charitable ; d’une converfation pleine d’agré- ment, peut-être même à l’excès, honnête homme, fans avoir beaucoup de religion, dontil ne parloit d'ordinaire que comme d’un myftere d'état , & d’une affaire de pure politique mondaine très : fagement établie. Il a employé 37 mille livres fterling en œu- vres de piété. Il a élevé le magnifique théatre d'Ox- ford qui porte fon nom, & y a employé 14470 Liv, 17. f. 11. d. Enfin, il légua à l’univerfité deux mille livres fterling, dont la rente eft deflinée à l’entre- tien du théatre. ( Le chevalier DE Jaucour Tu) STAGE , f. m.( Gram. & Jurifprud. ) eft une ré- fidence actuelle & exacte que chaque nouveau cha- none doit faire dans fon églife pendant fix mois ou un an, felon les flatuts du chapitre, lorfqu’l a pris pofleflion , pour pouvoir jouir des honneurs & des revenus de {a prébende. Le tems du fage dépend des flatuts du chapitre; il y a même quelques chapitres où les nouveaux cha noïines ne font point aflujettis au f/age , dans les cha- pitres où 1l a lieu , les confeillers de cour fouveraine en font difpenfés. Voyez Brillon, 4x mor STAGE, & les mors CANONICAT, CHANOINE, CHAPITRE ,RÈ- SIDENCE. (4) bo STAGIER , {. m. terme d’églife, chanoine qui fait fon ftage, c’eft-à-dire, qui aflifte régulierement aux offices de fon églife pendant le tems fixé par les fta- tuts du chapitre, afin de pouvoir jouir des honneurs & des revenus attachés à la prébende dont il a pris poñeffion. (D. J.) , STAGIRE , ( Géog. arc. ) Stagirus, par Thucy- dide, & par Hérodote, Sragira, gén. orum, par Pline , & par Etienne le géographe , ville de la Ma- cédoine , au voifinage du mont Athos, fur le golfe Strymonique, entre Amphipolis, (4 Acanthus. Thu- cydide, Z IV. p. 311. dit que Szagirus étoit une co- fonie des Andriens, & que canjointement avec la ville d’Acenshus , elle abandonna le parti des Athé- mens. Cette ville eft appellée dans un endroit Liba- Zzova par Sophien, & dans un autre pañlage , 1l la nomme Orthagoria ; Nicetor lui donne le nom de Macra. Sragire n'étoit qu’une petite ville, mais elle s’eft immortalifée par la naïflance d’Ariftote , le plus illu- fîré des éleves de Platon, le chef & le fondateur de 1 philofophie péripatéticienne, Il vit le jour à Sra- gtre, la premiere année de la 99° olympiade, l’an 384 avant Jefus-Chrift ; il étoit fils de Nicomaque fameux médecin , petit-fils de Macaon , fils d'Efcu- Jape même. On voit qu’il defcendoit de bonne race dans la connoiffance de la nature ; auf s’eft-il illuftré dans cette partie. Ke êù à À l’âge de feize ans il vint à Athènes, & y étudia ous Platon tant qu'il vécut : après fa mort, Ariftote 4 rendit en Afie auprès d'Hermias » Qui étoit roi d’A- …_ Tom xp. tt ï 2% ST A 489 tarnès, ville de Myfe, & il époufa laniece de ce prince, Il demeura trois ans. avec lui, äu bout defs quels Hermias étant tombé ‘dans un piège que lui tendit le général d’Ocus roi de Perfe , fut arrêté , 8 EnVOyÉ à la cour de Perfe, où on le fit mourir. Ariftote accablé de ce malheur, pafla à Mitylene, & de-fà en Macédoine , où fa féputationr l’avoit de. vancé, Philippe fe propofant de le mettre auprès d'Alexandre ; lui manda qu'il remetcioit Moins les dieux de Jui avoir donné un fils, que de l’avoit fait naitre du tems d'Ariftote ; il accepta la place de précepteur du jeune prince, & demeura huitans auprès de lui. Enfuite Alexandre alla conquérir là Perfe ; mais Ariftote dévoué aux Mufes ; choïfit pour {on féjour la ville d’Athènes > &t y enfeigna dans le Lycée avec une gloire unique la Philofophie pendant douze ans, Sa haute réputation excita l'envie ; on Paccufa , fuivant la coutume » d'avoir des fentimens contraires à la religion ; & cette accufation fat f violente, que craignant le fort de Socrate, il fe fauva à Chalcis À Ville d'Eubée , où il mourut deux ans après , l'an 3 de la 14° olympiade > âgé de 63 ans, Diogene Laërce parmi les anciens, 6 Stanley parmi les modernes, vous donneront fa vie : elle eft digne de votre curiofité. Je ne dirai rien ici du nom bre & du mérite des Ouvrages de ce grand homme ; On n’a pas oublié d’en faire mention &a plufieurs en: : droits de l'Encyclopédie, (2.7) STAGNARÀ, (Géog. mod.) petite ville de Ja Tur: quie européenne dans la Romane » Près de la côté de la mer Noire, entre Siropoli & les bouches du détroit de Conftantinople, STAGNARA LAC, (Géog. mod.) lac de Turquie en Europe, dans la Romanie ; près de lavilléou bourga: de de Develto. (D, J. . : STAGNATION, £f. (Gramm, & Méd, )- taler tement ou perte totale du mouvement prosrefff, Les humeurs font en faorarion. à, pl STAGNO , ( Géog. mod, ) petite ville de la Dal: matie , dans la prefqu’ile de Sabioncello , far le golfe de Venife , où elle aun petit port , qui eft àzo mile les au nord-oueft de Ragufe, dont fon évêque eft fuffragant. Long, 35, 38. lat. 42. 59. | STAINFORD-BRIDGE, ( Géog, mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans Yorck-Shire > au Quartier oriental de cette province, & fur le Derwént, Ceft- li que Harold roi d'Angleterre déft &n 1066 le roi de Norwege ; & c’eft-là que neufjours après ce mê- me prince livra la bataille à Guitlaumie le conqué fant, & perdit la couronne & la vie: (D. 7) S T'AINTHORPE, (Géog. mod.) gros bourg d’'Ans gleterre, dans la province de Durham > à quatreou cinq milles de Bernard-Caftle » au nord:eff, STAJOLUS , 1. m. ( Listéras, ) nom qu’on don- noït chez les Romains à une mefure de longueur qu°- On employoit pour arpenter le terrein ; cette héflre co égale à cinq palmes & trois quarts de palme, LA STALACTITE, f. f( Hiff. nas. ) f'alaétites, flalags rites ; lapis fhllatitins ; c’eit ainfi que les naturaliftes nomment des concrétions pierreufes qui fe forment peu-à-peu à la partie füupérieure d’un grand nombre _de grottes 8 de cavernes, & qui y font fufpendues de la même maniere que les plaçons s’attachent en hiver aux toits des maïfons. Ces concrétions où //7- laëlires font toujours calcaires > $ doivent être re gardées comme un vrai fpath. Voyez Sparx. Elles prennent fuivant les circonftances , des formes diffé- rentes, cependant communément elles font coniques, êc elles font diverfement colorées , luivant Les difé- réntesfubftances qui y font jointes. I eft évident que les faaëires doivent leur for- mation àdeseaux , qui après avoir détrempé & dif. Qqq 490 S T A fous destetres ou des pierres, fe filtrent au-travers des roches & de leurs fentes , forment des gouttes dont la partie terreufe fe dégage peu-à-peu par lé- vaporation & le contaû de Pair, (os s’augmentent à proportion de l'abondance du fluide qui charrie la matiere dont elles font compolées. Voyez PIERRES, Les ffalaëlites font de toutes les fubftances Mminé- rales les plus propres à nous donner une idée de la formation des pierres: Elles nous prouvent d'une façon fenfble que l’eau eft leur véhicule, & qu’elles fe forment journellement. Souvent les eaux con- tiennent en fi.grande abondance des matieres diflou- tes ou détrempées , +. parviennent à la fin à remplir entierement des cavités très-confidérables , & à boucher à la longue des endroits où auparavant on pouvoit pañler librement; c’eft ce qui arrive dans les grottes d’Arcy &c dans beaucoup d’autres quichane gent perpétuellement de face par les concrétions ëc les ffalaitires qui s’y forment journellement. Lorfqu’à force de s’amafñler , ces flalaétires ont rempli une grotte ou un efpace vuide , elles forment à la fin une mafle folide, qui prendde la confiftance & ne fait plus qu'une roche ou pierre, dans laquelle cependant on voit fouvent des couches 8 des veines qui font les endroits où les ffa/ailites {e font réunies &, pour ainfi dire, collées les unes aux autres ; c’eft ainfi que lon peut conjetturer que fe font formés Les albâtres d'Orient, qui ne font autre chofe que des ffalaitires calcaires de la nature du marbre. Les: /hilaëtites font plus ou moins tranfparentes ou opaques enraifon de la pureté de la terre queles eaux ont dépofée, & fuivant que la diflolution s’eft faite plus où moins parfaitement. En effet nous voyons des ffalailires prefque tranfparentes, tandis que d’au- tres font opaques & remplies de matieres étrangeres 6z colorantes. . En confidérant atteñtivement prefque toutes les flalailises | on apperçoit qu’elles {ont formées d'un af- femblage de petites lames où de feuillets plus ou moins fenfibles , telles que celles des fpaths : ces feuul- lets forment des efpeces de ftries ou d’äigüilles qui vont aboutir à un centre commun , qui eft quelque- fois creux ou fiftuleux. D’autres ffalaëtises font en- tierement folides. À l'extérieur leur figure eft ordi- nairement conique ; cependant quelquefois elle pré- fente des formes bizarres , dont la fingularité eft en- core augmentée par l'imagination des curieux, qui trouventou croient fouyenttrouver à ces pierres des reffemblances qu’elles n’ontque très-imparfaitement. Il yena pourtant qui repréfentent aflez bien des chouxfleurs , des fruits confits , des arbuftes, 6x. La couleur des ffalaëlites eft oublanche, ou brune, ou rougeûtre ; leur furface eft ou lifle , ou inégale, & raboteufe. (—) STALAGMITE , £ € ( Hifi. nat. ) nom donné par quelques auteurs à la pierre appellée ffa/aéfire ; cepen- dant quelques perfonnes ont reftreint ce nom à une efpece de concrétion opaque compofée de plufieurs couches concentriques , & formant un amas de ma- melons. : STALIMENE , 11e, ox STALIMINI, (Géog. mod.) & quelquefois par les Turcs Limie ; c’eft Pancienne Lemnos ; îlede l’Archipel, placée dans les cartes ma- rines à quatre lieues d'Allemagne, à l’oueft de Pile de Ténédos, à fept au fud-oueft des iles d’Imbros & de Samandrachi,huit à l’oueft-quart-au-fud du détroit des Dardanelles , & environ à dix au fud-eft du mont Athos. | Cette île fut appellée Leros de fa fituation qui reffemble à un lac ou à un étang , que les Grecs ap- pellent Ajuvn. On la nomma Hypfipylée d'une des fil- les du roi Thoas, qui avoitautrefois régné fur ces in- fulaires: Elle étoit confacrée à Vulcain , & en con- féquence on la furnonuna Facgnis, Homere nous dit que Vulcain la chérifloit par-deflus tous les pays du monde ,& c’eft pour cela que ce dieu eft appellé dans Virgile le pere Lemruen. | Or donne à cette île cent milles d'Italie , ou vingt- cinq lieues d'Allemagne de circuit. Elle eft plus éten- due en longueur d’orient à l'occident, qu’en largeur du nord au midi. Elle avoit anciennement deux vil- les, dont la capitale étoitappellée Hephaæflia , la ville de Vulcain, & l’autre Myrina. Onne fait laquelle de ces deux villes eft à-préfent celle de Sralimene, & même quelques auteurs veulent que c’eft le village Cochino qui eft près de la mer. Quoi qu’il en foit, les Pélafoiens ont autrefois habité une des deux villes de cette ile , où ils fe retirerenit après avoir été chaf- fés de l’Attique par les Athéniens. L’ile de Sralimene n’eft pas haute , mais fort iné- gale, & diverffiée par des côteaux .& des vallons. Ses plus hautes montagnes font fituées du côté de la Macédoine, Celle qui eft nommée Mofychle par He- fichius , vomit à fon fommet des feux ê&c des flammes, dont les poëtes n’ont pas oublié de parler ; de-là vient la fidion poétique des forges que Vulcain avoit dans cette ile, comme en Sicile , travaillant: tantôt dans l’une , tantôt dans l’autre à forger les foudres de Ju- piter & les armes des grands hommes. De-là vient que cette ile fut appellée Grhalie , C’eft à-dire Prélan- te ; aufhi Séneque lui donne toujours l’éphitete d’ar- dente, On y compte plus de 76 villages , habités prefque tous par des grecs laborieux ; cependant cette ile n’a point de rivieres , mais feulement quelques fontai- nes & rifleaux. Elle a un beat port poiflonneux , nommé Porto S. Antoni. Elle eft dépourvue de bois, en forte que fes habitanis fe fervent à la place de tiges d’afphodele & d’autres plantes, On y recueille par la culture de bons vins, du blé, du chanvre, du lin, des feves, des pois & plufeurs autres fortes de légu- mes. Diverfes fortes d’animaux domeftiques &c fau- vages n’y marquent point , non plus que de fer= pens de plufeurs efpeces. | Mais c’eft la terre lemnienne quia fait la principale gloire de cette île chez les anciens, &c qui la fait en- core aujourd’hui parmi les Turcs. Galien vint exprès fur les lieux pour connoître ce bol médicinal dont on chantoit les vertus; & de ños jours le grand-feigneur pour honorer les miniitres des têtes couronnées qui font à la Porte , leur donne de cette terre figillée en préfent, comme un excellent remede pour la guéri- fon des plaies & les morfures de vipere. Philoétete , fils d'Apollon , qui avoit accompagné les Grecs à la guerre de Troie, ayant été bleffé au pié par une fle- che empoifonnée , fut laïffé dans l'ile de Lemnos pour y être guéri de fa plaie par le moyen de la terre lem- mienne ; cependant les corroyeurs de Sralimene nen font pas un fi grand cas de cette terre que les anciens & le grand-feigneur , car 1ls emploient pour tanner leurs cuirs. | Le mont Athos , que les Grecs nomment Agios oros, c'eft-à-dire la montagne fainre , couvre l’île Sza- limene de fon ombre lorfque le foleil approche defon coucher ; & c’eft ce que Belona eu occafon de voit au folftice d'été. On dit qu'il y avoit anciennement | dans cetteîle la ftatue d’un bœuf faite de pierre blan-. che , & que Le mont Athos l’obfcurcifloit de fon om- bre ; d’où vient le proverbe, Ze mont Athos couvrel & l’on appliquoit cel proverbe à ceux qui tâchoient d’obfcurcir la gloireu Le côté du bœuf de Lemnos ; des autres par leurs calomnies. Pline fait mention d’un labyrinthe célebre qui étoit dans cetteile, & qui pañoit pour être plus. magnifique que ceux de Crète & d'Egypte ; maïs il n’eft pas refté lamoindre trace de ce fuperbeédifice, ni même de l'endroit où il avoit été bâti. L'île de Ssalimene , après avoir été fucceflivement { 1 S T A envahie par les Turcs & les Vénitiens, eft enfin de- meutée entre les mains des premiers , qui s’en rendi- rent maîtres en 1657, après un fiepe de deux mois, &c ils Pont toujours poflédée depuis. (D.J ) STALIMENE , ( Géog. mod. ) ville capitale de l’ile de même nom fur un côteau proche de lamer , avec un bon port, &z un château où les Turcs tiennent garnifon , fous l'autorité d’un gouverneur qui y fait. fon féjour. Les maïfons de cette petite ville font bA- ties Le long d’une colline qui eft toute plantée de vi- gnes. Quelques-uns prétendent que Sralimene.eft l'an. cienne Myrina que Ptolomée femble placer près de la mer, au-lieu qu'il met Hephyftia, autrefois ca- pitale de l’île , au milieu des terres. Long. 43. 4. lat. 40.4, (D. 7.) STALIOCANES P20RTUS, ( Géog. anc.) port de la Gaule lyonnoife ; Ptolomée, Z. II. €. vi. le marque fur la côte de la mer Britannique , entre le promontoire Gobæum & l'embouchure du fleuve Ti- tus. C'eft aujourd’hui Rofcou, felon d’Arcentré. (2.17.) STALLE , f. m. & f. (terme d'églife.) c’eft un fiege de bois qui fe hauffe & fe baiffe au moyen de deux fiches ; quand il eft baïffé il forme un fege affez bas; étant levé , il préfente un étui attaché fur le fiege même comme la moitié d'un cul-de-lampe , un peu plus ample que la paume de la main. À proprement parler, on n’eft ni affis ni debout fur une fa//e, mais feulement un peu appuyé par-derriere , les coudes portant par-devant fur une efpece de paumelle qui avance , & qui eft foutenue par une double confole. Il y a deux rangs de ffalles ou formes dans les égli fes, Fun haut & l’autre bas. Les hautes fla/les {ont pour les prêtres & religieux profès, les bafles {ont pour les clercs &c les novices. L’appui attaché fur le fiege en forme de cul-de- lampe porte lenom de patience , & dans quelques or- dres religieux on lui donne encore celui de miféri- corde , parce que l’ancien ufage étoit de chanter d=- bout l'office divin ; ce n’eft que par indulsence que lon a permis au clergé de s’y appuyer. (D. J) STALLEN , (Géog. mod.) en italien Bevio; com- munauté du pays des Grifons dans la ligue, de latnai- don de Dieu, où elle a le fixieme rang, & eft com- pofée de deux jurifdiions. :STAMATE, f. £ pl. (Corrm.) efpece d’étofe dont 11 eft fait mention dans un tarif de Hollande ; c’eft tout ce qu'on en fait. STAMEN, SUBTEMEN, ( Littérature.) il faut bien diftinguer la fignification de ces deux mots qui dans les auteurs latins défignent deux {or- tes de fils dans le métier des Tiflerans. Le premier , famen, forme ce que l’on appelle la chaîne qui pañle entre les dents du peigne, &tient à des rouleaux par les extrémités. Subremen ou trama eft la trame, c’eft-. à-dire , le fil que la navette conduit entre les fls de la chaine pour les lier enfemble & leur donner de la confiance. On dit la srame dans le fens propre & la trame dans le fens figuré. Telam rxere, fiomifie ourdir une toile ; retexere, la défourdir. Par la même raifon ; Jéribere , étoit pafler une obligation, &c refcribere, bif. fer, rayer cette obligation. | Subtemen fe prend encore dans les auteurs au f- gure. C’eft ainf qu'Horace , en parlant des parques quiont fixé le terme des jours d’Achille dans les plai- nes du Scamandre , emploie fxbemen figurémentpour Jilum ; car les parques ne faïloient que filer. Dans Ca- tule elles fe fervoient elles-mêmes du mot fubtemer: dans ce fens-[à : Currire ducenses{ubtemina » CHrrile fi Ufr. (2.3) STAMENA , £. f. (Marine. ) ceft la même chofe Que geroux , voyez GENOUX, Tome XF, S T À 491 STAMETTE , f. £ (Comm. & Manuf.) étoffe de laine qui fe fibrique en différens endroits des Pro- vinces-Unies. STAMPALIE , où STAMPALÉE, (Géogr. mod. ) comme les Italiens, les Turcs & les Grecs la nome ment ; île de l’Archipel, à fept lieues au couchant de l'ile de Stanchio où Longo , & à quatre lieues eft- nord-eft de celle de Namphia. Porcachi lui donne, comme Pline, 87 milles d'Italie de citeuit; mais d’au- tres auteurs ne lui en donnent que 60. Son terroir eft fertile , & fa pêche abondante. Strabon, Ptolomée & Pline appellent cette île Afypalée, & elle reçut ce nom d’Aftypalée la mere d’Ancée, qu’elle eut de Neptune. Lorfque les Cariens étoient en pofeffion de cette île, elle étoit appellée P57rha , enfuite on la nomma Piles, & quelque tems après elle reçut un nom grec, qui fignitioit la able des dieux , foït parce qu’elle étoit route embellie de fleurs, foitÀ caufe du nom d’une de fes montagnes. Ses anciens habitans révéroient Achille commeun dieu, & avoient bâti un petit temple en fon honneur fur la pointe fepten- trionale de leur île. (D. J.) STAMPE , £ f. (Comin. des nepres. )inftrument dont l’on fe fert pour marquerlesnesres dans l’île de Saint Domingue, afin de les pouvoir reconnoître, La flar:- pe eft faite ordinairement d’une lame d'argent très- mince tournée de maniere qu’elle forme les chiftes de chaque propriétaire de nesres. Elle eft attachée à un petit manche de bois afin de la tenir lorfqwon veut l'appliquer après l'avoir fait raifonnablement chauffer. Nous avons dit ailleurs ce aw’on doit penfer de cette odieufe pratique. (D. J.) STANCE , ff. ( Poëffe. ) on nomme flance, un nombre arrêté de vers comprenant un fens parfait, ê mêlé d’une maniere particuliere qui s'obferve dans toute la piece. Une loi effentielle , c’eft de ne point enjamber , d'une farce à l’autre. Il eft néceffaire de régler fes vers, enforte que paflant d'une farce À l’autre , on ne rencontre pas deux vers mafculins , Où deux vers feminins confécutifs qui riment enfemble ; favoir, le dernier de la ffence qu’on a lue, &c le premier de celle qw’on va lire. Il y a des fances régulisres, & des flances irréou- lieres : on appelle farce irréguliere des lances de fui- te ; qui ne font pas aflujetties à des régles détermi- nées. Le poëte emploie indifféremment toutes fortes de flances. Le mélange des rimes y eft purement ar- bitraire , pourvu toutefois de ne mettre jamais plus de deux rimes mafculines ou féminines de fuite. Les lances font de 4,6,8, 10, 12 & 14 vers. On fait aufli des farces de ÿ,de 7, de o & de 10, vers. Les flances de A Vers font un quatrin > $ vers font un quintil ;6 ,un fixain ; 8, un huitain; 10 , Un dixain. I n’y a que les f/ances compofées de fept, de neuf, de douze, de treize & de quatorze vers, qui n’ont pas un nom particulier. Il en faut dire un mot. Les flances de douze , fe compofent comme le dixain, ou Jlance de dix vers, à laquelle on ajoute deux vers, qui font pour l’ordinaire de même rime que ceux qui les précedent. Les flances de quatorze vers , font des lances de dix vers, à la fn defquels on ajoute quatre vers, qu'on peut faire rimer avec ceux qui précé- dent. Ces fortes de ffances, encore plus celles de treize &t de feize vers font très-rares. Les flances de fept vers, fe compofent d'un quatrain & d’untercet, ou autrement d’un tercet & d’un quatrain ; dans la premiere maniere, il doit {e trouver un repos après le quatrieme vers; & dans la feconde maniere ,cere- pos doit être après le troïfieme vers. Les flances de neuf vers, ne fe compofent que d’une façon, c’eft- à-dire, que l’on fait un quatrain , fuivi d’un quintil ; ainfi Le repos dans cette farce, eft placé après le qua» tieme vers, Exemple : Qgqi S'T À Je ne prends point pour vert# Les noirs accès dè trifreffe D'un loup-garou revêtu Des habits de la fage es Plus légere que le vent, Elle fuit d'un faux favant La Jombre mélancholte, Et fe fauve bien foivent Dans les bras de la folie. Les flances n’ont été introduites dans la poëfñe fran- coife , que fous le regne de Henri HE. en 1580. Ein- gendes, dont les poéfies ont beaucoup de douceur &c de facilité , eft le premier de nos poëtes qui äit fait des flances. Les irréfolutions, les douces réve- ries s’accommodent aflez à leur cadence inégale. Ce- pendant leur matiere peut être enjouée, & on ar- range de telle façon les vers, que dans les füjets ga- lants, chaque /ferce fe termine par un mafculin,, & dans les triftes par un féminin ‘les rimes mafculines étant moins languiffantes que les féminines. Stance vient de l'italien fera , qui fignifie demeu- re, parce qu'à la fin de chaque ffance, 1l faut qu'il y ait un fens complet &c un repos. Ce que le couplet eft dans les chanfons , la ffrophe dans les odes, les frances le font dans les matieres graves & fpirituelles. (D.J.) STANCHIO ox STANCON ox LANGO, (Géog. mod.) comme difént les Grecs &c les [Italiens ; ile de VArchipel fur la côte de l'Afie mineure, à 7 hièues au levant de Stampalie , entre les îles de Nifarée 8t de Calamine, & à 3 lieues du cap de la T'erre-ferme, qui eft appellé Ca/ono. Les cartes marines lui donnent l’ile de Rhodes aï fud-eft, l'île de Calamine à Poccident, celle de Scar- panto du côté du midi, & lAfe mineure au nord. Sa longueureft de 40 milles d'Italie d'orienten occident. Sonterroir eft fertile fur-tout'en excellens vignobles, mais l'air y'eft mal-fain, ce qui fait qw'elle eft pref- que deferte. “ La capitale qui porte le même nom de Largo ou Stanchio , eft fituée dans la partie occidentale, au fond d’un grand golfe d’une étroite embouchure, & au pié d’une montagne qui aboutit en plaine. Les vaifleaux pourroient fe venir mettre à l'ancre dans ce golfe fur fix à fept brafles d’eau, mais Le port voi- fin eft meilleur pour l’ancrage. On trouve encore en quelques endroits de la ville, des reftes de colom- nes & deftatues, qui font-juger par la matiere & par l'ouvrage de lapremiere fplendeur de cette place, Auf perfonne n'ignore que l'ile de Sranchio eft an- cienne Cos, immortelle pour avoir été la patrie d'Hip- pocrate. ( D.J.) . STANDAERT-BUITEN, ( Géog. mod. ) feigneu- tie des Pays-bas, dars le marquifat de Berg-op-zom, {nr la rive de la Merck, vis-à-vis le havre d’Ouden- Bofch. Srandaert-Buiten eft le fiege d’un bureau de Pamirauté de Rotterdam. Il y a une églife protef- tante, & une chapelle pour les catholiques. STANDIA, (Géog. mod.) ile fur la côte fepten- trionale de l'ile de Candie, à environ 6 milles d’Ita- lie, au nord-eft de la ville de Candie, & à pareille diftänce:, eft du cap Frefchia. Cette île n’eft, à proprement parler qu'un rocher, ou une grande & longue montagne, qui défend par {a hauteur les vaifleaux du vent & de la tempête. C’eft-1à que les Vénitiens, dans la guerre de Candie contre les Turcs, fe portoient avec leur flotte, pour pouvoir pôrter du fecours à la ville de Candie. Ils ne retirerent aucun autre avantage de l’île Srandia, qui eft deferte & ftérile. Sa petite baie, nommée Coca, eft aflez füre. Son meilleur port, qui eft le plus orien- tal, fe nomme Porto-della-Madona. Les anciens ont connu cette île ; Ptolomée & Strabon la nomiment 492 Dia , & Pline en parle fous le nom de Cia. (D. ji.) STANES , ( Geog.mod.) boutg à marché d’Angle- terre, dans la province de Middlefex ; farlebordde la Tarmife. STANFORD , (Géogr. mod.) nom communà deux villes d'Angleterre. La premiere eft dans la province de Lincoln, avec titre de comté, fur le Wéland,, à 7$ milles au nord-oueft de Londres , vers les confins de’la province de Leicelter. Elle eft fermée dé mu- failles, bien peuplée, &t jouiflant de plufieurs pri vileges. Elle a fix ou fept églifes parorfliales ; 8 deux eaux hôpitaux. Longitude 15. 43. latiude 52. 45. La feconde ville d'Angleterre qui portele nomde Stanford , eft dans Nottingham - Shire , fur le bord de la Stoure, & vers les frontieres de [a province de Leicefter. On a trouvé dans ceîte ville quelques monumens d’antiquité, & particulierement des mé- dailles, Long. 16,415, latit. 53. 4. { D. J.) STANGUE , f. f. terme de Blafon ; c’eft la tige droite d’une ancre,quiefttraverfée en fa partie fupé= rieure, vers l'anneau d’une piece de bois qu’on ap elle a trabe. STANTÉ , adj. (Peinr.) terme dont on fe fertquel« quefois en peinture , au lieu de peizé + un tableau flanté, eft donc un ouvrage où l’on découvre la pet- ne, la gêne, le travail qu’il a couté à Paftifte. Ce défaut de facilité ne larffe jouur qu'imparfutementdu plaifir que les beautés d’un morceau de peinture peuvent d’ailleurs offrit au fpeétateur, C’eft fur-tout dans les arts d'agrément, que le talent doit s’annon- cer fous un dehors libre êc aifé. Il faut qu’un tableau foit fini , mais fans qu'on juge qu'il ait beaucoup fatigué le peintre, en un mot, fans paroître ffane. (D. J.) C. STANTZ, (Géog. mod.) gros bourg de Suifle, au canton d’'Underwald , à une lieue au-deflus du lac des quatre cantons. Ce bourg étoit autrefois [a cap | tale de tout le canton; il ne l’eft plus que de la vale léé inférieure , depuis le partage de religion, mais al efttoujours confidérable. (D. J.) STAPHISAIGRE, L £ (Æif?, nat. Boran.) cette plante eft l’efpece de delphinium nommée de/phinium plantant foho , féaphifagria ditlum, 1,R. H. 428. Sa racine eft longue , ligneufe , annuelle : elle poufle une tige à la hauteur d'environ deux piés, droite, ronde , rameufe ; fes feuilles font grandes, larges, découpées profondément en plufreurs parties, ver tes, velues, reffemblantes à celles du platane ou de la vigne, attachées à des queues longues. Ses fleurs naiflent au fommet de la tige & des rameaux, 6 dans les aïflelles des feuilles ; elles font compotées chacune de cinq pétales inégales, difpofées'en rond, &c d’un bleu foncé ; la feuille fupérieure s’alonge poftérieurement, & reçoit dans fon éperon Péperom d’une autre feuille. Quand la fleur eftpañlée, 1l lui fuccéde un fruit compolfé de trois ou quatre cornes ou gaînes verdâtres, qui s'ouvrent en-dedans, felom leur longueur , & qui renferment plufieurs femences grofles comme de petits pois, de figure trianpulaire, ridées , jointes étroitement enfemble,, notrâtres en= dehors, blanchâtres ou jaunâtres en - dedans , d'un. goût âcre, brûlant, amer, fort défagréable, Cette plante croit aux lieux fombres dans les pays chauds, comme en Italie, en Provence &z en Lan- guedoc, d’où la graine nous eft apportée feche; elle fleurit en été, & fa femence mürit en automne; on | s’en fert extérieurement pour tuer les poux, & quel- 1efois pour confumer les chairs des ulceres. (D.J.) STAPHYLIN , ez Anatomie, nom d’un mufcle de la luette qui vient de la pointe commune du rebord poftérieur des os du palais, & vient en fe portantle long de la partie moyenne de la cloïfon du palais, environner la luette. STAPHYLODENDRON , fm. (Hif. rar. Bot.) gente de plante qui f caraderife ainfr; fon calice ef d’une feule piece, découpée en cinq quaftiers. Sa fleur eft pentapétale , droite, en-cloche ; à cinq éta- mines au milieu, L’ovaireau fond du calice eft ga m1 de deux tuyaux, & devient un fruit membraneux, divifé en deux loges , dont les femences font à co ques ligneufes, | ; | Les Botaniftes comptent quatre efpeces dé cegenre de plante, dont la plus commune eft le faphyloderr dron de Tournefort, I. R. 1, 616 piflachia félveftris, CB. P. 407. Nux veficaria. Park, Thear, 1417. … C’eft un arbrifleau dont le bois eft rempli de moët- Je blanche ; fes feuilles reffemblent à celles du fureau, elles font feulement plus petites , & dentelées en leurs bords; fes fleurs font attachées par grappes À des pédicules longs & menus; chacune d'elles eff formée de cinq pétales blancs , difpofés en rond, & foutenus fur un calice d’une feule piece, découpé en éinq parties : lorfque cette fleur eft tombée, il paroît en fa place un fruit membraneux ou une efpece de véllie verdâtre , divifée en deux loges, dans lefquel les fe trouvent quelques femences couvertes d’une écorce ligneufe, rongeñtre , facile à cafler ; leur fub- ffance eît verdâtre , d’un goût fade & doucereux. Cet arbriffleau croît dans les bois, dans les haies & dans les buiflons des pays chauds, Son nom eftcom- POLE de craguan, raifirs, &t dudpor , arbre ; cominé qui diroit arbre de rain, parce que fon fruit eft die poié en grappes; il peut fournir de l'huile par exe prefion. (D. J.) er A NE" . STAPEYLOME ox CHUTE DE L'UVÉE, L m. (Chirurg.) maladie de l'œil, formée par la membrane uvée qui pafle au-travers de la cornée ouverte, par une plaie ou un ulcere, voyez UvÉE & CoRNÉE. Ce “mot vient du grec éraçpuai, 2vée, grain de rarfin, à rai- fon de fa couleur noire de la membrane qui fait faille. À Le faphylome differe, fuivant le volume de la tu- meur : lorfqu’elle ef confidérable , elle occafionne beaucoup de diformité à l’œil,& de douleur au mala- de, par limitation que caufe la rencontre des cils & le mouvement des paupieres. Cette efpece detumeur dé- truitentierement la vûe; on ne peut suérir les mala- des, qu'en liantlatumeur fi la bafe eft étroite, ou en Vouvrant fi la bafe eft large; dans Pun & l’autre cas l'œil fe vuide dès l’inftant par l'incifion, ou après la chîte de la ligature , & le malade perd l'organe af- fetté. Silouverture ou l’uléere de la cornée eff pe- tite , la tümeur de l’uvée éft appellée myocephalon , tête dermouche par rapport à fa reflemblance à la tête de cer infééte. J’en ai guéri plufieurs de cette nature, en faifant foufiler fur la tumeur deux ou trois fois par jour un collyre fec, avec la tuthie & le fucre candi en poudre. S'il y à inflammation à la conjonc- tive, On a égardaà cét accident. Voyez OPHTHALMIE, Le ffaphylome eftune efpece d'hernie de luvée; on pourroit eflaÿyer de le guérir , pourvû qu'il ne foit . point d’un volume trop confidérable, en le compri- mant légerement par des comprefles &un bandage appliqués fur là paupiere à l’endroit qui répond à la tumeur, ou comme le propofe M. de la Faye dans fes remarques fur les opérations de Dionis, par une petite lime de corne fort mince & concave , qui €tant mie entre l’œil & la paupiere , entoureroit “exatement & immédiatement le globe de l'œil. Ce moyen, dit cet'auteur, pourroit faire rentrer peu-à- peu la partie de uvée qui forme le faphylome, (F) : STARACHINO,, (Géog.mod.) petite ville ou plu- tôt bourg de la Turquie européenne, dans la Macé doine: à 4 lieues de Voftanza, proche de la rive gau- che du Vardari, Quelques-uns prétendent que c’eft Pancienne Stobi qui devint colonieromaine. (D. J.) STARATA -RUSSA ox STARO -RUSSA , ( Géog. mod, ) ville de l'empire Ruffien, dans le duché de Pénidrèit où 30 ei à : Fa 'riviere le appar tient aujourd'hui au roi de Pruffe, &e eff forr dés plée. Lafeconde Srergard, eft une ville du royaue me de Prufle, fut la riviere de Férs, à fépt grandes hetes de Dantzic. La troifierre efl au duché'de Mec: klenbourg , vers lés confins de l'Uckermark , au mi: di de la petite ville de Brandeboutg. (D:737. . STARIE, f £ rerme de commerce de mer, UÜte pars ticuliérement dans le levant. | de Les Hoïlandois nomment ffafies le tems que ceux qui commandent les efcortes que l'amirauté de Hols lande accorde aux convois qui vont au le vanñt, ref tent à Smytre , au-delà de célui qui leur eft permis par leur conimiffion, | Au retour des convois, les commandans des ef cortes fonttenus de remettre unjournalde leur vOya: ge entre les mains du procureur-pénéra Ces are l de Pami- rauté ; s'il napprouve pas les faries faites extraordi= nairement, 1l'en rejette la dépente furle compte des commandans.. Poyiz AMIRAUTÉ. Di%, de Comrmere. . STARO, £ m. (Comm) melure d'fralie, feche& liquide. Comme mefüre de liquides , cile ef à Flés rence de trois barils, & lé baril de vingt fiafaues: On fe fert auf du ffaro dans la Calabre & dans la Pouille, Dans ces deux provinces du foyaume da Naples, 1l faut dix ffari pour la falme , trente-deux pignatoli pour Le ffaro. C'eft auffi Le boiffeau dont on le fert en plufieurs villes d Italie pour meluter les grains , particulierement à Venife, à Livouine, & à Luques. Le /faro ou ftara de Livoutne pefe ordinai- rement $4 livres: 1 12 ffari fept huitietnes fonrie la d’Amfterdan. Les grains fe melurent au& À l'uques au ffaro, dont les r19 font un lait d’Amflérdam: le Jiaro de Venife pefe 128 livres gros poids; chaque ffaro contient quatre quarres ; 3 $ ffari un cinquième , Où 140 quartes quatre cinquiemes font le jaft d’Am: fterdam, Savary. (D. J,) 22 STAROSTE, fm: ( Æf, mod.) en Pologne on donne ce nom à des gouverneurs de villes & de châteaux ; ils font nommés par le roi pour veiller fur fes revenus , & pour rendre la juftice en fon nom; on appelle flarojfie le diftri@t fous leur jurifdic- tion : cependant il y a des faroffes qui n'ont point de jurifdiétion , alors ils ne doivent être regardes que comme des châtelains, . STAROSTIE, f £ (if. de Pologne.) ch appelle féaroffie en Pologne, des terres que les rois de Polos gne difiribuent comme bon leur femble, pourvû que ce foit à des Polonois. Autrefois elles faïfoient le domaine de ces princes , & C’eft pour cela qu'on les nomme biens royaux. Sigifmond - Ausufte céda vo lontairement ce domaine aux gentilshommes, pour leur aider à foutenir leurs dépenfes militaires. Il fe referva feulement, pour lui & pour fes fucceffeurs , le droit de nommer à ces feigneuries, & que le tré- for de la république jouiroit du revenu pendant la vacance , jufqu’à la nomination d'un flarofle, comme les rois de France ont droit de jouir des évêchés & autres bénéfices de leur nomination par économiat, Outre cela il chargea les j£aroffies d’un impôt ap« pellé guaria (kwarta ), parce qu'il eft la quatrieme partie du revenu de la terte, ce qui fait avec ce qu'on leve fur les biens d’églife, le fonds pour l’en- tretien des arfenaux ,. de l’artillerie, & de la caya- lerie polonoife. | \ Il y à deux fortes de ffaroffies, les unes fimples, les autres à jurifdiétion. Ces dernieres font un tribu» nal appellé grode ,avec un juge, & un tabellionage, où s’enregiftrent tous les actes pañlés dans le réflort 494 S T À de la flaroflie, les proteftations, les contrats, & au- tres ; comme elles ont auf le privilege de pouvoir jugerà mort, les femmes ne pofledent jamais de ces fortes de ffaroflies, ni aucun jeune homme avant fa majorité. (1. J.) STASE, £. f, (Gram. & Méd. ) repos des humeurs dans quelques parties du corps, où elles ne devroient point s'arrêter. La ftagnation fuppole encore un peu de mouvement , iln’y en a plus dans la fafe. STATA MATER , (Mythol.) la mere State, divi- nité qu’on honoroit à Rome dans le marche public, en allumant de grands feux-en fon honneur ; c’étoit da divinité proteëtrice de Rome qu’on vénéroit ainfi. (CDS STATANUM VINUM, ( Lutérature.) Strabon, div. Vpag. 243. vante une forte de vin ainfi nommé du lieu où on le recueilloit. Ce lieu deyoit être dans le Latium ou dans la Campanie. Pline, 2. XIF. cr. qui connoit ce vin, dir quAl croïfloit au voifinage de Falerne, &t peut - Être aux environs des marais Statines, qui pouvoient hu donner leur nom. Athé- née, 2. Le. xx. fait aufli mention de ce vin. (D. J. ) STATEN-EYLAND, ( Géog. mod.) c’eft-à-dire êles des Etats, parce qu’elles ont été découvertes par les fujets des Etats-sénéraux. Ce font trois iles de la mer Glaciale , éloignées les unes dés autres, mais qui appartient à-préfent à la Rulfie : la dificulté eft de les rendre habitables. (2.7) ; STATER,( Mon. des Hébreux.) cranp, piece de monnoie qui valoit un ficle, ou quatre drachmes. Les receveurs du temple ayant demandé à fait Pierre, & leur maître ne payoit pas le dédrachme (jai * vä.plufieurs anciennes éditions du Nouveau-Tefta- ment en françois où il yales dix drachmes, les tra- duéteurs ayant ignoré que didrachmne étoit deux dra- chmes , & non dix. } Jefus-Chrift voulant fatisfaire à cet impôt, envoya Pierre pêcher dans le lac de Tibé- riade, & Papôtre y prit à la ligne un poiflon qui avoit dans {on gofer un ffater. Cette piece de mon- noie fervit à acquitter ce que Jefus-Chrift ét faint Pierre devoient pour le temple , favoir un didrachme ou un demi-ficle chacun par année. Mas. xyiy. 24. 2) STATÉRA,\ Liutérature. ) la différence étoit grande entre ffarera, frutina , &c Libra, chez les Ro- mains. Libra étoit une balance compofée comme les nôtres , de deux baflins, d’un fléau, d’une languette, 8&c chafle. Trutina étoit proprement la languette de la balance qui marque l'égalité du poids ; & fasera étoit ce qu’eft parmi nous la romaine : mais au-lieu du crochet qui porte le fardeau, il y avoit un bañin. (D. J. ve STATÈRE, ff. (Ang. rom.) flatera, balance romaine : voici la defcription qu’en donne Vitruve, li. X, c. vii. l’anfe qui eft comme le centre du fléau, étant attachée comme elle eft, proche de l’extré- mité à laquelle le baffin eft pendu, plus le poids qui coule le 10ns de l’autre extrémité du fléau, eft pouffé en avant fur les points qui y font marqués, plus 1 aura la force d’égaler une grande pefanteur, felon que le poids étant éloigné du centre, aura mus le ‘fléau en équilibre ; ainfi Le poids qui étoit trop foi- ble lorfaw’il étoit trop près du centre , peut acquérir en un moment une #rande force, & élever en-haut fans beaucoup de peine un très-lourd fardeau. Dans cette ancienne balance 1l y avoit un baffin au - lieu ae crochet qu’on met maintenant au pezon, pour porter le fardeau. Voyez BALANCE ROMAINE. D J.) STATÈRE, 1. m. ( Monnoie anc. de Grece. ) mon- noie d'or ou d'argent que l’on fabrique en Grece. Les flarères d'or de Cyzique étoient en particuher fort eflimés , à caufe de la beauté de la fabrique ; le type étoit d’un côté une tête de femme, & de lau- S T A tre une tête de lion: ils étoient du-poids de deux drachmes, & valoient vingt-huit drachmes d'argent d'Athènes. Le flatère d’or d'Athènes valoit vingt drachmes , dans le rapport de l'or à l'argent, qui étoient dans ce tems-là chez les Grecs de dix à un, c’eft-à-dire qu’une drachme d’or valoit dix drachmes d'argent. Le ffatère @or de Cyzique valant vingt- huit drachmes d'Athènes; la drachme de Cyzique devoit peler une drachme attique, & deux cinquie- mes ou huit oboles & deux cinquiemes d'Athènes. Ain le ffatère de Cyzique, en lévaluant par vingt-huit drachmes d'Athènes, vaudroit de la mon- noie qui a cours en France, environ vingt &t une livres; mais le rapport de l’or à l'argent étant a@tuel- lement en France environ de quatorze à un, le f2z- tère d’or de Cyzique vaudroit environ vingt - neuf livres de notre monnoie. À légard du ffarère d'argent , 1 pefoit ordinaire- ment quatre drachmes, ce qui revient à-peu-près à trois livres de notre monnoie. ( D, J.) STATEUR , (Mychol.) furnom de Jupiter. Romu- lus voyant fes foldats plier dans un combat contre les Samnites, pria Jupiter de rendre le courage aux Romains, & de les arrêter dans leur fuite, Sa priere fut exaucée, & en mémoire de cet événement, Ro- mulus bätit un temple à Jupiter au pié du mont Pala- tin, fous le titre de Srasor, le dieu qui arrête. La ftatue qu’on lui confacra repréfentoit Jupiter debout tenant la pique de la main droite , & le foudre de la gauche. Ciceron met dans la bouche d’un de fes in- terlocuteurs , que le conful Flaminius marchant con- tre Annibal, fomba tout d’un-coup, lui & fon che- val, devant la ftatue de Jupiter Szasor, fans qu'il en parüt aucune caufe. Cet accident fut pris par fes troupes pour un mauvais augure, OU plutôt pour un avis que le dieu lui donnoit de s'arrêter & de ne pas aller combattre; mais le conful méprifa lavis, ou Pauvure, & fut battu à la journée de Trafimènes, (D. J.) STATHMOS, f.m. ( Lirtérat. ) Sralnoc, c’étoit une maïfon royale ou publique qu’il y avoit fur les routes en Afe, felon le rapport d'Hérodote, dans laquelle on pouvoit s'arrêter, autant qu’on le def- toit, & y prendre le repos dont on avoit befoin. On fait qu’encore aujourd’hui les voyageurs trou- vent par tout dans le Levant des maillons appellées carayanferai, qui fervent au même ufage. (D. J.) STATHOUDER oz STADHOUDER, f. m. (Æz/f£. mod. ) c’elt ainfi que lon nomme, dans la republi- que des Provinces Unies des Pays-Bas, un prince à qui les états donnent le commandement des troupes, &t une grande part dans toutes les affaires du gou- vernement. Ce titre répond à cehu de leutenant- général de l’état ; il ne confere point les. droits de la {ouveraineté, qui réfide toujours dans l’affemblée des états-généraux , mais il jouit de prérogatives qui lui donnent la plus grande influence dans la républi- que. Dans le tems de la naïflance de la république des Provinces-Unies , elle avoit befoin d’un chef habile & probre à {outenir fa liberté chancellante contre les efforts de Philippe IT. & de toute la monarchie efpasnole. On jetta les yeux fur Guillaume I. de Naf- fau-Diilembourg, prince d'Orange, qui poffédoit de grands biens dans les pays qui venoient de fe fouf- traire au defpotifme du roi d'Efpagne , & qui d’ail- leurs étoit déjà gouverneur des provinces de Hol- lande, de Zélande & d’Utrecht. Ce prince par fon amour pour la liberté, & par fes talens, parut le plus propre à afermir lérat qui venoit de fe former; dans cette vue les provinces de Hollande 6t de Zé- lande lui conferent, en 1576, la dignité de /4d- houder ou de lieurenant-général de Pérar ; Vexemple de ces provinçes ne tarda point à être fuivi par celles S T A # ; | ; "de Gueldre, d'Utrecht, & d'Overvfel. On attacha à cette dignité le commandement des armées, tant par terre que par mer, avec le titre de capitaine- général &c d'amiral ; le farkouder eut le droit de dif- pofer de tous les emplois militaires, celui de nom- mer les magiftrats, fur la nomination des villes, qui lui étoient préfentées , enfin celui de faire grace aux criminels. Outre cela il afiftoit aux afflemblées des états, dans lefquelles on ne prenoit aucune réfo- lution que de fon confentement. Il préfidoit dans chaque province à toutes les cours de juftice ; il étoit chargé de l'exécution des decrets de la république ; 1] étoit Parbitre des différends qui furvenoient entre les villes & les provinces de la république. Tous les officiers étoient obligés de lui prêter ferment de fidélité , après lavoir prêté aux états des provinces & au confeil d'état, Giullaume I. ayant été aflaffiné en 1584, les mêmes provinces , en reconnoiflance des fervices éminens de ce prince, conférerent la dignité de fladhonder au prince Maurice fon fils, avec la même autorité & les mêmes prérogatives. Frédéric Henri, frere du prince Maurice, lui fuccéda en 1625 ; après avoir fair refpeéter fa république , il mourut en 1647, & «Guillaume Il. fon fils prit pofeffion du ftadhouderat, dont on lui avoit accordé la furvivance du tems même de fon pere. Il en jouit jufqu’à fa mort arrivée en 1650. Comme les vues ambitieufes de ce prince avoient donné de l’ombrage aux provinces de la république, elles prirent des mefures pour renfermer l'autorité du fferhouder dans des bornes plus étroi- tes, & même la province de Hollande forma le def- fein d’exclure fon fils Guillaume IL. depuis roi d’An- gleterre, de toutes les charges poffédées par fes an- cêtres. Cependant en 1672, la Hollande étonnée des progrès de Louis XIV. noncbftanr les efforts de la faétion républicaine, déclara le prince Guillaume f'adhouder & capitaine-général des forces de la répu- blique, avec le même pouvoir dont avoient joui fes prédécefleurs, Cet exemple fut fuivi de quatre au- tres provinces. En confidération de fes fervites, les états de Hollande déclarerent, en 1674, la charge de flathouder héréditaire, & accorderent qu’elle paf- eroit aux héritiers mâles de Guillaume HI. De cette maniere 1l fut fadhouder de cinq provinces, &il conferva cette dignité , même après être monté fur le trône d’Angleterre. Ce pünce exercoït en Hol- lande un pouvoir f abfolu, qu’on difoitdelni, awl étoit roi de Hollande € flathouder d’Anglererre. I mourut fans enfans en 1702, & déclara pour fon lé- gataire univerfel le jeune prince de Naflau - Dietz, {on parent, defcendu de Guillaume-Louis de Nafau- Dietz, coufin de Guillaume L. fondateur de la répu- _blique, qui étoit déjà ffadhouder héréditaire des pro- vinces de Frife & de Groningue; ce prince eut le malheur de fe noyer en 1711, en paffant un bras de mer appellé le Moerdyck, Il avoit point été fadhou- der de toute la république; mais fimplement des deux provinces fufdites. Son fils pofthume , Guillaume- Charles-Henri Frifon, prince de Naffau-Dietz, fuc- céda à fon pere dans fes biens & dans le ftadhoude- rat des provinces de Frife & de Groningue; en 1722 4 la province de Gueldre le nomma auffi fon fladhouder, mais les quatre autres provinces, dans lefquelles le parti républicain dominoit, ne voulurent jamais lui accorder cette dignité. Enfin en 1747, ces provin- .ces forcées par le peuple, & d’ailleurs effrayées des viétoires de la France , déclarerent ce prince ffat- houder ; lui accorderent une autorité plus srande “qu’à aucun de fes prédéceffeurs , déclarerent le flad- houderat héréditaire dans {a famille , & y appelle- rent même les femmes au défaut des mâles. Ce prince a joui de la dignité de fedkouder jufqu’à fa mort ; après lui elle elt pañlée au prince Guillaume fon fils, $S T'A 495 né en 1746 , qui la poflede äwfourd’huu. 7 On donne aufli dans les Päys-Bas le nom de ras houders à des officiers Municipaux, qui font dans dé certains diftriéts les fonétions des lubdélégués des intendans de province en France, (— STATICE, ffarice ; 1, f, (Hi. nai. Bor.) genre de plante dont les fleurs foñt réunies en une forte de tête prelque fphérique , &e féutenues par un calice com= mur. Cette tète eft forméé par plufieurs fleurs, qui ont la forme d’un osillet, & qui font compofées de plufñeurs pétales; ces pétalés fortent d’uñ calice par: ticulier à chaque fleur, & fait en forme d’entonnoir. Le pifül fort auf du calice , & devient dans la fuite une femence oblongue & enveloppée par le calice où par une caplule, Tournefort, inf. re: herb, Pi oyef PLANTE, ” | Entre les feuif-efpeces de ce genre de plante, nous décrirons la prémiere de Tournefort , flarice vulgaris major , I. R. H, 340. on l'appelle en anglois she fe July flower. Sa racine eft longue , affez grofle ; onde, ligneufe, rougeâtre , vivace, divifée en plufeurs t6< tes. Elle poufle un gfarid nombre de feuilles longues ët étroites comme celles du gramenñ , de couleur de verd-desmer. Il releve d’entre ces feuilles, plufieurs tiges à la hauteur d'environ uh pié » droites , fans nœuds, éreufes ; préfque toutes nues ; elles portent à leur fommet un bouquet fphérique de pétites fleurs à cinq pétales, blanches, purpurines , difpofées en œillet , dans un calice formé én entonnoir ; ce bou- quet de fleurs eft encofe foutenu par un calice géné ral écailleux. Lorfque les leurs font tombées , il fuc- cède à chacurie d’elles une femence oblongue, poin- tué par les deux bouts, enfermée dans une capfule qui a ferVi de calice à la fleur. | Cette plänte croît aux lieux mofñtagneux , un peu humides ; elle fleurit en été, & comme {es fleurs na s'ouvrent pas toutes enfemble, mais les unes après les autres, elle refté fleurie jufqu'au, milieu de lau- tomne, On léftime vulnéraire, aftringente , & con- venable pour arrêter le fang dans la diffénterie , & les regles trop abondantes. (D. j.) STATION , £ f. (Gram.) lieu où l’on s'arrête. STATION, ez Géométrie, &c. eft un lieu qu'on choifit pour faire une obfervation, prendré un angle Où autre chofe femblable, On ne peut mefurer une hauteur ou une diftance inaccefüible, qu’on ne faffe deux flations dans deux endroits, dont la diftance eft connue. Quand on fait des cartes géométriques de provinces ; Éc. on fixe les arioris {ur plufieurs éminences du pays ; & de-là on prend les angles aux différentes villes , Villages, GE; k Das l'arpentage » On mefure la diftañce qu'il y a d'une fation 4 uñe autre; & on prend l'angle que l'endroit où on fe trouve forme avec la Jlarion fui- vante, Voyez ARPENTAGE, (Æ | STATION , er Aflronomie , eit la poñrion ou Pappa- rence d'une planete au même point du zodiaque plu- fieurs jours de fuite. Vüyez PLANETE. Comme la terre, d’où nous appercevonñs le mou: vément des plänetes, eft placée hors du centre de leurs otbires, les planettes, vues de la terre, ont un cours irrégulier 5 Quelquefois on les voit aller en avant, c'eft-à-dire, d’occident en Ofient ; c’eft ce qu'on appelle éere direëles : quelquefois on les voit al ler en arriere, c'eft-à-dire » d'orient én occident, c’eft ce qu on appelle ére rétrogrades, Voyez Dirsot & RETROGRADE, | De plus , énire ées deux états , y éh a un autre intermédiaire, dans lequel les planètes ne pa: toiflent aller hi er vant » Men arriere , mais refter à la même placé dans leur orbite; c'eff ce qu’on ap- pelle leur farior ; c’eft ce qui arrive quand {es lignes fuivant leéfquelles on voit une plancte de defus Le 496 S T A terre, placée en deux différensendroits de fon orbite, font paralleles entr’elles; car alors, les deux lieux où on voit la planete dans le ciel font fenfiblement le imême à caufe de la petitefle du rayon de lorbe ter- reftre en comparafon de la diftance des étoiles. Soitun cercle BDG ( fig. 63. affronomiq.), dans lequel la terre eft fuppofée fe mouvoir, de 8 en D. S1 pendant ce terms la planete 4 décrit l'arc C4 , qui foit tel que BA, DC foient paralleles , elle paroïtra répondre fenfiblement au même point du ciel, & par STATUE 6 STATUES des Grecs & des Romains. (D: J:) Quant à l’art ffaruaire pour la fonte,voyez BRONZE. (2. J.) STATUAIRE , colonne, (Arehit.) colonne qui porte une flatue ; comme la colonne que le Pape Paul V. à fait élever fur un piédeftal devant l’églife de Sainte Marie-Majeure à Rome ; & qui porte une ftatue de la fainte Vierge dé bronze doré. Cette colonne quiaété tirée des ruines du temple de la paix, & dont le füt d'un feul bloc de marbre blanc, a + piés 8 pouces de diametre fur 49 & demi de hauteur , eft d’ordre co- tinthien & cannelé, On peut auff appeller colonnes flatuaires ,les carya- tides , perfiques, termes , & auttes figures hbumai- hes qui font l'office des colonnes, comme celles du gros pavillon du Louvre , que Vitrüve nomme se/o: mones À atlantes. Daviler. ( D. J.) _ STATUE, £. f (Sculpe, @ Archit, Décoraz.) figure Tome XP: ST À 497 dé plein felief taillée où fondüe ; qui imife dans là repréfentation tous les êtres de la nature. Mais ordi-= nairément une faite repréfente un dieu, un homme ; une femme ; & l’on a coutume d’embellir de flatues les palais ou les places publiques. On diflingue diffé rentés éfpeces de fatnes, dont nous ne donnefons ici que de couttes définitioris ,| renvoyant les détails au 720t STATUES des Grecs & des Rornains. | Statue alléporique. Statue qui repréfente quelque fymbole, comme les partiés de là terre, les faifons , . les âges , les élémens , les tempéramens, lesheures du jour. Telles font les ffzres modernes de miarbre du parcde Verfailles. | Sratue coloffale, Siatue qui extede le double ou lé triple du naturel, ou ffaiue d’une hauteur déme: füurée. ; Szatne curilé. On appelle airifi les ffaries qui font dans des chariots de courfe tirés par deux , quatre où fix chevaux ;, comme il y en avoit aux tirques , Hyp- podromes , 6. ou dans les chars, comme of en voit à des arcs de triomphe fur quelques médailles an- tiques. | # | Sratne éqnellre, State dir tepréfente un homme à Cheval, commie celle de Marc-Aurele à Rome ; d’Hen: ri IV. de Louis XIIE de Louis XIV. À Paris, &c. Séarie de fonte. Starne de plufieurs morceaux 16: patés & remontés fur une afmature dé fer, Où ffatué formée de grands morceaux fondus d’un jet. Telle eft la ffarue équeftré érigée dans la place de Vendôme ; &t qu'on peut récarder come un chef-d'œuvre de fonderie, Foy. les détails de cèt at au 704 BRONZE. Srarie grecque. C’eft une ffatuë nue 8e antique. Les Grécs fe fervoient dé ces flarues pour repréfenter leurs divinités , les athletes des jeux olympiques & Les héros ; celles-ci étoient appellées ffarues d'Achil: le , parce qu’il ÿ en avoit quantité qui repréfentoient Achille das la plûpart des villes de Grece: Sratue hydraulique, C’eft toute figure qui fert d’or= nement à quelque fontaine & grotte , ou qui fait lof: fice de jeu ou de robinet pat quelqwu'une de fes par= ties ; où par ün attribut qu’elle. tient. C’eft auffi tout animal qui fert au même ufage , comme les grouppes dés deux bains quarrés du haut parterre de Ver: failles. Sratue icômighe , elt toute Jfarue qui 4 la taille & là réflemblance de la perfonne qu’elle repréfente. Satue pedejtre. Statue qui eft én pié ou debout. Il ÿ a à Paris deux flarues dé cétté efpece quiontété élez vées à la gloire de Louis XIV. l'une dansla place des Victoires , faite par Desjardins, l’autre dans l’hôtel= de-ville par Coïfeyox. Sraite perfique: Fiouré d’'homrnie er pierre ou én terme, qui fait offiéé de colonnes dans les bâtimens: On appelle ffarue caryatide cellé d'une fémme qui fert au même ufage: , Sratue romaine, eft une ffatie couvérte de quelque habillement. 42% Starne Jacrée. On appelle äinfi une figure qui re= préfente Jefus-Chrift, la Vierge, ou quelque faïnt ; dont on décore les aurels , Fextérieur où l’intérieut des églifes. (2. 7.) À STATUES des Grecs G& des Romains 3 ( Anrig. gregs & rom.) quoique les Grecs & les Romains ayent ed des termes différens pour préfentef à l’efprit Pidée Que nous mettons au mot de ffarnies, ils n’en oht afe- tté fpécialement aucun pour diftinguer les flatues des dieux & des démi-dieux , & celles des hommes; des anirhaux &7 des chofes inanimées. Les Grecs ont employé en général les termes ÉIROISE, ave pra vTeS, äya}s pate; ÉTICTHLaTe : Bpéree 3 Coava , corne les Ro: mains ceux de ffatuc, imagines ; fémulachra ; July: tilia. | Comme lexplication dé ces divers fÿnonymes fes roit fort ennuyeufe ; ik vaut mieux ae di que 498 S T A tous les peuples du monde ont confacré de bonne heure les ffarues à la religion. Les Egyptiens montre- rent l'exemple : ces peuples, dit Diodore de Sicile , div. I. frappés d’admiration en obfervant le mouve- ment réoulier du foleil & de la lune , les regarderent comme les premieres divinités auxquelles ils fe “croyoient redevables de toute la douceur de leur vie. Ils bâtirent des temples à leur honneur, poferent à l'entrée de ces édifices facrés des figures de fphinx, . & dans l’intérieur des ffarues de lions, à caufede len- trée du foleil dans le figne du lion, au tems des dé- borderens du Nil, principe de la fertilité de leurs terres dans toute l'étendue de fon inondation, Ofiris leur avoit enfeigné l’agriculture ; ils lhonorerent , après fa mort, fous la a d'une genifle, La promptitude des Ifraélites à élever le ferpent | d’airain , montre que cette nation avoit appris en Egypte l’art de la ftatuaire. Cet art pafla prompte- ment chez les Grecs & chez les Romains, qui char- gerent leurs temples de fuperbes ffares, depuis celle de Cybelle jufqw’à celle d'Ifis, après qu'ils eurent adopté le polythéifme. 1] feroit peut-être à fouhaiter que les payens n’euf- fent jamais fongé à faire entrer Les fézrues & Les ima- ges dans leur culte religieux, du-moins le Chriftia- nifme épuré pouvoit s’en pañer. Le peuple n’eff pas capable de s'élever au-deflus des fens, mettant rou- jours l’accefloire à la place du principal, il cherche à s'acquitter aifément:ici la fuperftition le fubjugue, & là la dépravation l’entraine dans des excès criminels, Elien, AHift var.liv. LX. c.xxxx. rapporte qu'un jeune athénien devint amoureux de la ffaxe de la Bonne-Fortune qui étoit dans le Prytanée, Les vœux fréquens qu’il lui préfentoit l’échaufferent à un tel point, qu'après avoir trouvé des raifons pour excu- fer dans fon efprit la folie de fa pañlion , 1l vint à Paf- femblée des prytanes , &c leur offrit une grofle fom- me pour l’acquifition de la fase: on le refufa ; 1l orna la flasue avec toute la magnificence, qui pouvoit être permife à un particuker , lui fit un facrifice, 8c £e donna la mort. Pline, 4 XXXPT. c. jy. Valere- Maxime, VIII. xj. Athenée, L. VIII, Plutarque, 7 Gryllo ; Clément d'Alexandrie, admonit. ad Gentiles; Arnobe , lib. adverfus Gentiles , font remplis d'exem- ples de ces foibleffes humaines pour les ffarues de Vénus qu’on voyoit à Gnide & dans Pile deChypre. Quoi qu’il en foit , après les dieux , honneur des atues fut communiqué aux demi-dieux & aux hé- ros que leur valeur élevoit au-deflus des autres, & ui par des fervices éclatans s’étoient rendus véné- rables à leur fiecle. Quelques-uns ont reçu ces honneurs pendant leur vie , & d’autres les ayant refufés , les ont mérites après leur mort parun motifde reconnoiflance enco- re moins équivoque. Tel fut Scipion, à qui Rome ne rendit cet éclatant témoignage de fon eftime que quand il ne fut plus en état de s’y oppofer lui-même, Étant cenfeur , il avoit fait abattre toutes les ffaszes que les particuliers s’étoient érigées dans la place publique , à-moins qu'ils n’euflent été autorifés à le faire par un decret du fénat; 8& Caton aima mieux que l'on demandât pourquoi on ne luien avoit point éle- vé , que fi on pouvoit demander à quel titre on lui avoit fait cet honneur-là. Suétone dit qu'Augufte déclara par un édit que les ffatues qu'il avoit fait élever en l'honneur des grands hommes de toutes les nations, ne l’avoient été que pour leur fervir d'exemple , de même qu'aux princes fes fuccefleurs , &t afin que les citoyens en défiraflent de femblables. Mais on fait aflez que la plûpart de fes fuccefleurs en furent plus redevables À la crainte de leurs fujets qu’à leur propre mérite ; auf fentant bien qu'ils n’avoientrien de femblable à efpérer après leur mort , ils fe hâtoient de fe faire S T A rendre par force où par complaifance un hommage qui métoit dû qu’à la vertu. Les fatues , comme les temples , faifoient une partie confidérable des apothéoles dont il eft fi fou- : vent parlé dans les auteurs de lhiftoire d’Augufte ; on y trouve un grand détail des cérémonies eflen- tielles qui fe pratiquoient en ces occafons , & de tout ce que la flatterie y ajouta pour plaire davan- tage aux vivans dans des honneurs Ë légerement décernés aux défunts. Les Romains étoient fi feru- puleux dans ces dédicaces de temples ou de fais, qu'ils les auroient recommencées s'ils s’étoient ap- perçus qu'un feul mot où même une feule fyllabe y eût été obmife ; & Pline obferve que le pontife Mé- tellus , qui étoit begue , fe prépara pendant fix mois à prononcer le nom de la déefle Ops-opifera , à la- quelle on devoit dédier une ffavue, ; Les légiflateurs ont été honorés de ffaues dans prefque tous les états ; quelques hommes illuftres ont partagé avec eux cet honneur ; mais d’autres fe défiant de la reconnoïflance & de l’eftime publique, n’attendirent pas qu'on le leur accordât, als éleye- rent à eux-mêmes des flarues à leurs frais ; &c c’eft peut-être à cette liberté que l’on doit les réglemens qui défendirent d’en ériger fans l’aveu des cenfeurs. Mais ces ordonnances ne s’étendoient pas fur les /fa- tes que les perfonnes de quelquerconfidération faï- foient pofer pour lornement de leuts maïfons de campagne, où quelquefois à côté des leurs, 1ls en élevoient pour des efclaves dont les fervices leur avoient te agréables , ce qui n’étoit pas permis à la ville , du-moins pour les efclaves, Valere - Maxime dit qu’une ffarue de Sémiramis la repréfentoit au même état où elle fe trouvoit lorf- qwon vint dire que les habitans de Bsbylone s’étoient révoltés; elle étoit à fa toilette , n’ayant qu'un côté de fes cheveux relevés ; &c s'étant préfentée en icet état à fon peuple, 1l rentra aufh-tôt dans le devoir. Cornélius Népos , dans la vie de Chabrias , rap- porte que les Athéniens qui honoroïent d’une ffarue les athletes viétorieux à quélque jeu que ce füt de la Grece, le firent repréfenter appuyé {ur un genou, couvert de fon bouclier, lalance en arrèt, parceque Chabriasavoitordonné àfes foldats de fe mettre dans cette attitude pour recevoir l'attaque des foldats d'Agéfilais , qui furent défaits. Ces mêmes Athé- niens éleverent à Bérofe , qui a vécu du tems d’A- lexandre, & non au tems de Moile , ainfi que l’éta- blit Eufebe , une ffarue dont la langue étoit dorée , & qui fut pofée dans le lieu des exercices publicspar eflime pour fes écrits, &c pour fes obfervations af- tronomiques. Pline dit que Lucius Minucius Augurinus, qui s’oppofa aux deffeinsambitieux de Méhus , 8 qui de pé é RES Rte lérat de fénateur où il étoit né, pafla à cehu de plé- béien pour pouvoir être tribun du peuple, ayant rétabli Pabondance à Rome, fut honoré d’une ffztue à la porte Trégemina ; & Patin cite la médaille qu le repréfente comme 1l l’étoit dans cette ffatue , tenant en fa main deux épis, fymbole de l'abondance, Les femmes même qui avoient rendu quelque fer- vice à la république, furentaflociées à la prérogative d’avoir des flatues. Onordonna une ffatue équeftre à Clélia, échappée des mains de Porfenna qui la gardoit en Ôtage. Laveftale Suffétia eut par un decret du fé- nat, la permiffion de choïfir le lieu quilui plairoit pour pofer la Jfarre qui lui fut décernée enrecon- noïffance de quelques terres dontelle fit préfent à la ville de Rome; & Denys d’Halicarnaffe en allegue quelques autres exemples. Quand le fénat ordonnoitune faune, il chargeoit les entrepreneurs des ouvrages publics de prendreau tréfor de l’état de quoi fournir à la depenfe qui con- venoit. Il y avoit un terme fixé pour l’exécution de cet ordre , &c des officiers prépofés pour y tenir la main. - En accordant la permiffion ou le droit d'élever des Jlarnes, le fénat en déterminoit le lieu , avec un terrein de cinq piés d’étendue autour de la bafe, afin que la famille de ceux à qui il avoit fait cette faveur eût plus de commodité pour affifteraux fpedacles qui fe donnoient dans les places publiques, avant qu’on eût bâu les amphithéâtres & les cirques. La concef- fion du leu étoit proportionnée à la dignité de celui que l’on vouloit honorer, & à lation qui lui pro- curoit l'avantage d’avoir une ffarue par autorité pu- blique, ra | Quelques-unes étoient placées dans les temples ou dans les cirques, où le fénat s’aflembloit, d’autres dans la place de la tribune aux harangues , dans les lieux les plus éminens dela ville , dans les carrefours, dans Les bains publics , fous Les portiques deftinés à la promenade, à l'entrée des aaueducs, fur les ponts; ëx avec le tems il s’en trouva un fi grand nombre, que c’étoit un peuple de pierres ou de marbre : par- tout | dit Cicéron , on les honoroit en brûlant de l'encens devant ces repréfentations ; on y portoit des offrandes, on y allumoit des cierges; & comme on en pofoit felon les occurrences, à l’occafion de quelque aétion finguliere , dans des lieux moins fré- - quentés , il y avoit des officiers chargés du foin de les faire garder ; ces officiers font appellés dans le droit romain , comes , curatores flatuarum, € rure- larir. | | é Les lieux deftinés à la tepréfentation des comé- dies &c des tragédies, étoient accordés pour élever des Jfatues à ces fameux alteurs qui faifoient les déli- ces du peuple ; les auteurs des belles pieces de théâ- tre n'y avoient pas moins de droit, mais le plus fou- vent on les placoit dans les bibliotheques, fur-tout depuis que Pollion en eût ouvert de publiques. On ordonnoit quelquefois des ffarues pour faire pañer à la poftérité la punition de quelque trahifon ou de quelque crime contre l’état; on les pofoit cou- chées par-terre & fans bafe , pour les tenir à la por tée des infultes dont parle Juvénal, Solin remarque, que Dédale fur Le premier qui ima- gina de donner aux ffarues l'attitude naturelle d’une perfonne qui marche ; avant lui elles avoient les piés joints , & on les appelloit chez les Romains cow- pernes. Les ffarnes affifes Étoientcommunémentemployées pour tepréfenter les dieux & les déefles, comme un 1ymbole du repos dont ils jouifioient. On repréfen- toit de même les premiers magiftrats pour exprimer la fituation tranquille de leur ame, dans examen & la difcuffion des affaires. Fe | Quant à là matiere dont elles étoient compofées, il y a apparence que l’argille comme la plus mania- ble, & la plus fufceptible de formes arbitraires, Y fut d’abord employée. Après lui avoir donné la - gure qui convenoit au deflein , l’ouvrier la laïfloit durcir au foleil , ou la faïfoït fécher au feu, pour la mettre en état de réfifter plus long-tems aux injures de Pair; peut-être même que l’incruftation de quel- que matiere plus dure pour la préferver d’altération, conduifit ceux qui Anventerent l’art de fondre les métaux, à fe fervir de l’argille pour la compofñition des moules. | A Le bois fut enfuite mis en œuvre comme plus trai- table que la pierre ou les métaux; les Romains n’eu- rent pendant long-tems dans leurs temples que des dieux de bois groffiérement taillés, même après que les Sculpteurs eurent aflujetti la pierre & le marbre, Les ffaines des dieux fe fafoient fouvent par préfé- rence d'un cértain bois , plutôt que d’un autre: Pria- e fut d’abord de bois de figuier pour le jardinier qui mploroit fon afiftance, contre ceux qui voloient fes | Tome XF: ST À 499 fruits ; le vigneron voulut que fon Bacchus füt de bois de vigne; & l’on employoit celui dolivier pour les flarnes de Minerve : Mercure, en fa qualité dé dieu des Sciences , ne fe tailloit pas tout de bois, fur- tout pour être joint à Minerve par Les hermathènes; & à Hercule par les hermeracles, Tao Hérodote rapporte que les Epidauriens réduits à la derniere mifere pat la ftérilité de Leurs tertes , en» voyerent confulter l’oracle de Delphes, qui leur ré: pondit, que le remede à leurs maux étoit attaché à l’éreétion de deux fatues à l'honneur des déeffes Da: mia & Auxefa, en les faifant tailler d’oliviet franc. Comme le feul territoire d’Athenes nourriffoit de ceg fortes d’arbres , ils envoyerent en demander ; on leur en promit , fous la condition que tous les ans à certains jours les Epidauriens députeroient quel Hu de leurs citoyens, pour faire à Athènes des acrifices à Minerve & À Erechthée, Après quelques aances, cette fervitude déplut aux Epidauriens , qui voulurent s’en affranchir, & on leur déclara la guers re. [l paroït en examinant le nom de ces deux divi: mités peu connues , que ce n’étoit qu’un avertiffe- ment de l’oracle , pour engager les Epidauriens à donner plus de foïmu'ils n’en donnoient à la culture de leurs ferres. s Paufantas fait mention de quelques ffarxes de bois qui avoient le vifage, les mains & les piés de mar- bre; d’autres de bois doré & peint, avec le vifage ; lès piés & les mains incruftés d'ivoire. Le même hiftorien dit que Théodore de Samos fut le. premier qui découvrit l’art de fondre le fer, & que T ifaco- ras fut le premier qui en ft ufage pour fondre plu- fleurs ffaru:s ; mais ce métal eft trop poreux » © par: là trop fufceptible de la rouille pour avoir été long- tems mis en œuvre, fuf-tout pour être expofé en plein air ou dans des lieux humides. Le cuivre qui. devint bronze parfonalliage avec létainoule plomb de douze jufqu’à vingt-cinq livres par cent, a une confiftance bien plus fufble, & fe trouve moins fujet à l’altération. L'or & l'argent ont encore été employés pour les flatues , il né faut qu'ouvrir Paufanias pour en trou ver de fréaquens exemples : mais Valere-Maxime ob: ferve que ni à Rome, ni en aucun endtoit de l’Ita- he, on n’avoit vû de Jfatues d’or, avant que Gla- brion en exposât une équeftre pour Marcus-Acilius Glabrion {on pere, dans le temple de [a piété, après la défaite d’Antiochus le grand aux Thermopyles; Les magïitrats d'Athènes, lors de leur inftallation ; faifoient ferment qu'ils feroient exads obfervateurs des lois, & qu'ils ne receyroient aucuns préfens pout l’adminiftration de la juftice , fous peine de faire élez ver à leurs dépens une flarze d’or d’un certain poids; livoire entroit encore dans la fabrique des farues. Tignore s’il y avoit des ffatues rnragiques faites avec de la cire pour être plus fufceptibles des maléfices ; mais 1l eft certain que le bois de buis comme le plus Compaët , étoit employé dans les fecrets de la magie: Photius, dans l'extrait des XXIL. livres des hiftoires d'Ofympiodote , fait mention d'uné Jlarue élevée à Reggio, qui avoit la vertu d’arrêter lés feux du mont Etna, &t qui empêchoit les Barbares de venir défoler les côtes. ; Pline & beaucoup d'hiftoriens ont parlé de la fia= tue artiñcielle de Mémnon, qui retentifloif tous les matins au lever du foleil, & dont les débris, à ce que difent quelques auteurs, rendoient au lever du foleil un for femblable à celui des cordes d’un inftrument lorfqu’elles viennent À {e cafler. Néalgés de Cyzique rappotte, qu'après la mort de Méton , les habitans d'Acragas s’étant révoltés, Em: pédocle appaïfa la fédition , confeilla à fes citoyens de prendre le gouvernement républicain, & qu'ayant fait de grandes libéralités au peuple, & doté les fil. Rrri 500 S T À Îles, qui faute de bien ne trouvoient pas à fe matier, 1] avoit couvert de pourpre la Jfarze qu’on avoit fait * dreffer à fon honneur, & y avoit fait rapporter une cuirafle dorée & d’autres ornemens, qui lurent pil- lés par les Romains. ae Voilà la premiere farue grecque qui irrita leur cu- pidité, mais dès qu'ils furent vainqueurs êT maitres de la terre, ils embellirent leur ville des plus fameu- fes ffatues répandues dans le monde. Métrodore de Scepfs dit que les Volociniens furent attaqués par les Romains, fans autre motif que celui de s’empa- rer de deux mille fasues qui fervoient à lornement de leur ville, Mummius en enleva un grand nombre de PAchaïe, Lucullus du Pont, Antoine d’Ephèfe; Néron fit enlever toutes celles qui étoient à Olym- pie; le feul Caton fe contenta de tranfporter de Cy- pre à Rome la larue de Zénon par confideration pour le mérite de ce philofophe. Il étoit ordinaire à Rome de mettre des ffasues juf- ques fur les tombeaux. Feftus Pompeius raconte qu’on trouvoit près de la porte romaine un lieu appellé Sza- tua Cincie , à caufe du grand nombre de ffasues qui y étoient {ur les fépultures de la famille Cincia ; mais les lois Athéniennes défendoient même de pofer des flatnes de Mercure au-deffus des colonnes {épulchra- les ; && Démétrius de Phalere à qui l'on avoit élevé plus de trois cens flammes , réduiïfit la hauteur des co- lonnes ou des pyramides fépuchrales à trois cou- dées. Lucien dans le dialogue intitulé PAlopfeudes, ou Le Crédule, , fait mention d'une ffasue qui avoit la vertu de guérir la fievre, &t dont les genoux étoient char- gés des marques de la reconnoïffance de ceux qui en avoient obtenu quelque foulagement ; &c il rapporte tout de fuite la punition d’un malheureux qui avoit volé le petit tréfor de cette flasue. Mais le même au- teur {e moque des flasues qu’on prétendoit qui faoient, qui fe remuoient , & qui rendoient des oracles. Ce- pendant les Romains portoient un tel refpeét , une telle vénération aux ffatues de leurs princes, que la loi défendoit à un maitre de maltraiter {on efclave qui s’étoit réfugié aupres de la fasse d'un empe- reurs & du tems de Tibere, c’étoit une efpecerde crime , que d’avoir feulement changé de robe devant une flatue. L'empereur Claude fit Ôter celle d'Au- gufte de la place publique, oùPon exécutoit les cou- pables condamnés, pour ne la point profaner par un pareil fpeétacle. - | Paufanias obferve auffi queles Grecs regardoient comme une affaire capitale de voler une fax, ou de lôter de fa place. Il nous a confervé là-deflus Thifloire de Théagene , fils de Thémofthène, prêtre d'Hercule à Thafos. Dans fon enfance il étoit d’une f-grande force , qu'à l’âge de neuf ans, revenant du Lieu où il alloit faire fes exercices, il enleva, dit-on, une ffatre d’airain ; il fut arrêté , & on ne fit grace à fon âge, qu'à condition qu'il la replaceroit ; ce qu’il exécuta dans le moment. Il remporta jufqu’à 1400 prix en différens jeux de la Grece, finous en croyons le texte grec du même Paufanias ; car le traduéteur -qui les a réduits à 400, ne sy eft déterminé que par le motif d’une plus grande vraiflemblance. Un de fes concurrens qui l’avoit trop fouvent rencontré dans fon chemin pendant qu'il vivoit, avoit pañlé de la jaloufie à une haine fi forte contre lui, quil ailoit toutes les nuits charger de coups de fouet la jee de ce vainqueur ; & cette ffarue étant tombée fut celui qui la traitoit fi indignement, l’écrafa. Ses enfans demanderent en juflice vengeance de la mort de leur pere, fondés fur la loi de Dracon Qui con- damnoit à l'exil, les chofes même inanimées, qui avoient occafonné la mort d’un homme ; les Tha- fiens ordonnerent que la Jfame feroit précipitée dans la mer; mais ils en furent pumis par la flérilité de S T À leurs terres. Ts envoyerentà Delphes ; oracle leur confeilla de rappeller les exilés; on oublia la ffarue de Théagene, &c la férilité continua : nouvelle dé- putation ; l’oracle rappella le fouvenir de l'injure faite à Théagene : des plongeurs tirerent la flasxe de la mer; on la rétablit avec honneur. Elle fut depuis an très-crande vénération; 6 on imploroit fon fe- cours en différentes maladies, On profanoit les ffasues en les renverfant par terre, en les couvrant de boue, en arrachant ou biffant les infcriptions, comme Pline le fait connoïtre dans le panégyrique de Trajan; Suétone exprime avec bien de la force ce fentiment du fénat lui-même à la mort de Domitien; voici fes termes : Comrra fenarns adeù letatus ef? , ut repleta certatim curit non tempera- ret, quin mortuum contumeliofifffmo atque is acclarnationum genere laceraret Jalas etiarm afferri, clypeolque, 6 imagines ejus coram detrahi, € ibidem | folo affigi juberet, noviffimè eradendos ubique titulos, & abolendam omner memnoriam decernerèt. Ces obfervations générales fur les Jfatues, fufiront à la plûpart des leéteurs ; mais les curieux defireront encore des détails particuliers qui leur facilitent l’in- telligence de Pline, de Paufanias , &c des autres écri- vains de la Grece & de Rome: tächons de les fervir en quelque chofe. La liberté de faire des ffarues , multiplia les tem ples &c les divinités : nous ne connoïflons les dieux par le vifage, dit Cicéron, que parce qu'il a plu aux Peintres & aux Sculpteurs de nous les repréfenter ainfi: deos eé facie novimus qua Pidlores & Sculpro- res voluerunt. Auf Ariftophane appelle les Scul- pteurs Boruse , faifeurs de dieux , &t Julius Pollux, la flatuaire , 6eomomrimn ; la fabrication des dieux. La matiere de cet art ftatuaire, arts flatuariæ, comme Pline l'appelle, fut le métal de toutes efpe- ces; car quoique le cuivre & le bronze en fuflent la matiere la plus commune, cependant, les Esyptiens, &c d’autres peuples, y employerent le fer, l'or, & l'argent. La premiere ffarue de bronfe qu'on vit à Rome, fut celle de la déeffe Cérès ; on la fit des de= niers provenans de la vente des meubles de Caflus, qui futtué par fon propre pere, parce qu'il afpiroit à Ja royauté. Il eft vrai que la farue d'Hercule dé- diée par Evandre, & celle de Janus confacrée par Numa , étoient plus anciennes & de même métal; mais la fonte en venoit de dehors, rec dubium 8 Hetrurié failitatas, dit Pline ,Z XX XIVe. vi, Les premieres ffarues d'argent qu'on vit à Rome étoient d’Afie ; je parle de celles de Pharnace é&c de Mithridate, rois de Pont, que Pompée fit porter dans fon triomphe; 1l eft vrai que bientôt après on commença d’en fondre à Rome, & dans les provini- ces de l'empire. Les premieres furent à Fhonneur d'Augufte, & on en fit un grand nombre. Dans la fuite, on fondit deux ffatues d'argent en l'honneur de Commode, dont l’une pefoit quinze cens livres, & dont l’autre étoitaccompagnée d’un taureau êr d’une vache d’or; à caufe que ce prince affeétoit le titre de fondateur de Rome, & qu'il s’avifa d’appeller cette ville coloniam commodianam, Donutien, au rapport de Suétone, ordonna qu'on ne fit aucune atue à fa reflemblance pour mettre au capitole, elle n’étoit d’or ou d'argent , & d’un certain poids, par lui défigné : flasuas fibi in capitolio non if: au- reas & argenteas poni perrmifèt, ac ponderis certi. Il me femble par les vers fuivans de Stace , que le poids des ffatues d'or fixé par Domitien, étoit de cent hvyres. 1 Da capitolinis eternum fedibus annum , Quo nireant facri centeno pondere vulius Cafaris. Toutefois les empereurs romains ne furent pas $ T A les prefniers du monde qui eurent des Parses d'or à _ leurs images; car Georgias Léontin, qui vivoit long- tems avant eux, & qui n'étoit qu'un fimple particu- lier, fe fit repréfenter en une fasre folide de puror, qu'il dédia au temple d’Apoilon à Delphes, vers la 70° olympiade : tant étoient grandes les tichefles que procuroit alors le talent de la parole. C’eft Pline, Z XX XIII, c, iv. qui nous apprend cette particu- latité : kominum primus 6 anream flctuam € [olidam Georgias Leontinus Delphis)in semplo ftbi pofuit, xx. crcitér olyiMpiade® , tantus erat docendæ arus oratoriæ queflus, Les ffatues ne différoient pas feulement par la ma- tiere ; elles différoient encore par la forme & par la grandeur. Pour ce qui regarde la forme , il faut d’a- bord obferver que les unes étoient nues , 8 les au tres vètues ; chez les Grecs, toutes les ffrmes étoient nues , à l'exception de celles de Lucine qu’on cou- vroit jufqu’aux piés ; chez les Romains, elles étoient . couvertes d'un habit conforme au rang, &c au {exe. Pline le dit en ces termes : Græca res eff mihil velare, ai contra romana & militaria , thoracas addere, _ Les Grecs faifoient leurs ffatres toutes nues, afin de mieux repréfenter la nature , & de mettre dans leurs ouvrages la refpiration & la vie. Auf faut-il convenir qu'on apperçoit dans les ffarues grecques une légereté &z une finefle dans les draperies, à- travers defquelles le nud fe découvre, une élégan-” ce ,une déhcatefle dans les contours, une correétion de deffein, une majefté dans les attitudes ; qualités auxquelles les fculpteurs romains ne purent jamais atteindre. Virgile le favoit, bien, quand il attribue la fcience de bien gouverner à fa nation, & qu'il ne peut refufer aux Grecs l’excellence de la fonte & de la fculpture : c’eft d'eux qu'il dit, Ænéid. div. FI. y. 848, E xcudent ali fpirantia molliis œ@ra Credo equidem , vivos ducent de marmore vulrus , Orabunt caufas melius , cœlique mearus Déjiribent radio, 6 Jurgentia fidera dicenr. Tu repere imperio populos , Kormance , memento , Parcere fubjeilis , 6 debellare fuperbos, & D’autres peuples plus induftrieux feront refpi- ÿ rer l’airain, & fauront animer le marbre ; ils au- # ront des orateurs plus éloquens , & des aftrono-' » mes plus habiles, qui hront dans les cieux, & me- » fureront le cours des étoiles. Pour toi, romain, # fonge à fubjuguer & à réoirles nations; e’eft à toi >» de faire la guerre & Ja paix, de pardonner aux » peuples foumis ,; & de dompter ceux qui te réfi- » ftent : tels font les arts qui te font réfervés ». Les Romains diftinguoient leurs ffarues par les ha- Billemens, Ils appelloient ffarzæ paludarz celles des empereurs qui étoient revêtus du paludamentum, long manteau de guerre; telles étoient les ffarzes de Jules-Céfar placées au capitole, & gravées en "taille-douce dans le recueil des flatues | publié à Rome en 1584 par Laurentius Vaccarius. Les //a- rues thorocatæ, étoient celles des capitaines & des chevaliers avec leur cotte-d’armes. Loricatæ , étoient celles des foldats avec leur cuirafle, Mais, dit Pline, Cœfar quidem diéfator loricatam fibi dicari in foro fuo pallus eft. Les trabiées , srabearæ ; étoïent celles des fénateurs & des augures. Toparæ, celles des magi- fltats en robes longues ; tricate, celles du peuple avecune fimple tunique; enfin, ffo/ate flatue, étoient celles des femmes habillées de leurs ftoles ou lon- gues robes, Mais on peut divifet commodément les farxes antiques en pédeftres, équeftrés, & curules, c’eft-à- dire, à pié, à cheval, &t en char. Entrons dans quel- ques détails fur cette divifion, parce qu’elle fournit ruantité de faits curieux, na $ T À sat Les fatues équeftrès font de l'invention des Grecs qui les appelloient cous, du mot yen, cheval de montire ÿ &t c'eft par de telles ffarwes qu'on répre- fentoit en marbre ou en bronze les vainqueurs aux quatre grands jeux de la Grece; enfuite on les figura {ur dés chars tirés à deux, à quatre, où à fx ches vaux de front, qu'on appellort bige, quedrige, 8 Jeruges ; c’'eft ainfi qu'en parle Pline, À XXXIF. c. y. Equejtres mtiquè flatuæ romañan celebraronern habent, orto fêne dubio à Græcis éxemplo,, fed 111: c&eras tantim dicabant in facris viilores ; pofiea ver & qui biges 6 quadrigis viciflenr, und? & nojlris curris bj his, qui triumphabant verim hoc G in lus, non rift à divo Auguflo fèjuges. Les ffarues pédeftres occupoient trois endroits tés marquables à Rome. 1°. On les mettoit dans des nis ches pratiquées dans les-entre-colomnes des bâtis mens, ou bien fur les chapiteaux defdites colon- nes. C’eft anfi que M, Scaurus étala publiquement trois mille fares de bronze dans fon théâtre ; 8x c’eft ainf. qu'Augufte décora deux galeries de fon form, Dans l’une, il plaça tous les rois latins, depuis Énée portant fon pere fur fes épaules, jufqu’à Amulius à dans lPautre étoient les rois de Rome, depuis Ro- mulus jufqu'à Tarquin-le-fuperbe , conjointement avec les pénéraux qui avoient reculs les ffontieres de lempire, tous revêtus de leurs habits trioms phaux; ce font à ces deux rangs de ffatnes qu'Ovidé fait alluñion, quand il dit, sx, Lib, F, . Hinc vider Æneam cneratium pondere charo , Es tot Juleæ nobilirass avos : Hinc vides illiadem humero ducis afma feréntém à Claraque difpofisis aëla fubelle viris, Pat ce defnier vers, Ovide nous fait entendre Qu'il y avoit fous chaque JÂssve une infcription en lhonneur de celui qu’elle repréfentoit. Augufte qui fe trouvoit du nombre, avoit la fienne qui nom moit toutes les provinces qu’il avoit réunies à l’em- pire, comme Velleius Paterculus le rapporte, Z ÆZ. Ge xxxix. Quarum provinciarumn titulis forur jus pré= riret ; ce font ces inferiptions que les Hifloriens ap+ pelloient aile, &isuli , andices. Il y en avoit de femi= bläbles toutes dorées dans le forum de Traan & empereur Antonin en augmenta le nombre qu'il placa dans le forum ulpien! Quibus nobilibus viris, bello germanico defunétis ftatuas in foro ulpio col'ocavir, dit Aulu-Gelle, Z XTIL c. xx, | | 2°, On pofoit auf les fztues pédeffres fur des pis laftres, que l’on élevoit au milieu & aux deux côtés des frontifpices d’une pleine architeéture. Ces en droits étoient par leur élévation, les vraies places d'honneur des ffarues pédeffres, C’étoit auf en pareils lieux que fe trouvoit dans le forur d’Augulte la belle atue de Minerve , toute d'ivoire, Paufanias ajoute, qu’à l'exemple d’Augufte, fes fuccefeurs rechers Cherent dans tous les coins du monde les plus belles aiues pédefires , pour en orner keurs oùvrages pu- blics & embellir la ville de Rome : Æszpfum , 6 relr: guos principes, pleraque ornamentorum tâlia urdiquée avezifle, & ad opera fua-crnanda traduxifle, | Le troïfieme lieu deftiné à porter les fasses pé: deffres, étoit les colonnes folitaires, c’eft-à-dire, non apphquées au bâtiment. Ces ffarues fur colonnes fe drefloient pour l’ofdinaire à l'honneur de ceux qui avoient.rendu des fervices fignalés à la république , par leurs exploits , leur favoir , ou leurs vertus, Caius Mævius fut le premier que le fénat honora de ce genre de récompenfe, après fa viétoire con: tre les Latins , & celle qu’il gagna fur mer contre les Antiates. On mit de-même la ffare de Trajan fur la colonne de cet empereur plantée au milieu dufors magnifique dont il embellit Rome. On plaça des même la f£atue d’Antonin-le-débonnaire fur fa 60< 502 S PF À lonne plantée au champ de Mars, haute de 16: piés, êt perce d’un bout à Pautre d’un efcalier de 207 marches qui tiroient le jour de cinquante petites ouvertures. On voyoit, tant à Rome que dans les campagnes, plufieurs autres ffaues pédeffres de particuliers, pla- cées fur des colonnes folitaires. C’eft affez de citer ici celle de Caius Duellius qui vainquit fur mer les Carthaginoïs ; & celle que le fénat & le peuple ro- main) décernerent à P. Minutius au-delà de la porte dite Trejemina. Voyez les Ornamentt di fabriche anti- chi à moderni di Roma, de Bartolomæo Roff fioren- tino. | Les flatues pédeftres furent connues dans Rome avant les équeftres. Cependant les deux premieres équeftres qu'on y vit, étoient aflez anciennes ; puuf- que l’une fut élevée en l'honneur de Clélie qui s’é- chappa des maïns de Porfenna, &c pafla le Tibre à la nage fur un bon cheval; & l’autre étoit à la gloire d'Horatius furnommé /e Borgne : c’eft Pline qui nous lapprend. Pedeflres, dit-il, fre dubio Romæ Juêre ir autoritate longo tempore. Equeffrium éamen origo per guam vetus eff, cum fœrminis ctiam honore communicato; Clelie enim ffatua eff equeflris. Hanc primam & Hora- zii cocliis publicè dicatam crediderim. Les marchés de Rome & les places publiques étoient décorées des plus belles fasses équeftres. Jules Céfar ordonna de mettre celle qui le repréfentoit dans le forum de fon nom. Le cheval êc la ffarne avoient été taillés par Lyfippé pour Alexandre-le- grand. Céfar fit ôter la tête d'Alexandre de deflus la farue , & y fubftitua la Sienne. Stace, Z. I. SL. nous apprend cet échange : Cœdar equus , Late qui contra templa Diones Cæfarei ftat fede fori, quem tradere es aufus Pelleo, Lyfippe duct: mox Cefaris ora Aurati cervice tulir, C’eft ici le moment de remarquer que les anciens faifoient fouvent des ffarues, dont la tête fe détachoit du refte du corps, quoique Pune & lautre fuffent d’une même matiere; & pour faire promptement une nouvelle ffasue,ilsfe contentotent d’en changer la tête. Ainfi nous Hfons dans Suétone, qu’au-lieu de brifer les ffatues des empereurs , dont la mémoire étoit odieufe , on en Ôtoit les têtes, à la place defquelles l’on mettoit celles des empereurs chéris ou confi- dérés. De-l vient fans doute en partie qu’on atrou- vé dans la fuite des tems, quantité de têtes antiques fans corps. Les flatues équeffres de Pollux, de Domitien, de Trajan, de Marc-Aurele, d'Antonin-le-pieux re- vêtu d'un long manteau qui lui pend de épaule gauche fur la croupe du cheval, ont une grande cé- lébrité dans l’hiftoire. Elle vante auffi celles qu’Ale- xandre Severe fit mettre dans le forue sranfirorium de Nerva. Lampride en parle en ces termes : Statuas coloffos , vel pedeffres nudas, vel equeflres , divis impe- ratoribus dicatas in foro divi Nervæ quod tranfitorium dicisur, locavit, omnibus cum ritulis € columnis æreis quæ geflorum ordinem continerert. Les ffarues curules, {oit de marbre où de bronze, avoient pour heu propre de leur emplacement, les arcs de trlomphe. Comme on £levoit de tels arcs en lhonneur de ceux à qui le triomphe étoit décerné après leurs viétoires, êc que les triomphateurs, en entrant dans Rome, pañloient par-deflous ces arcs fur des chars attelés de plufieurs chevaux de front, l'on mettoit leurs ffarnes curules au-deflus defdits arcs pour en conferver la mémoire. Ainfi l'arc de triomphe érigé en Fhonneur d’Augufte fur le pont du Tibre, étoit orné de fa ffarue de bronze portée fur un char attelé de quatre chevaux. Ce même em- pereur ayant fait élever un arc de triomphe à fon ST A ÿ père Oltavé, l'enrichit d’un quadrige, fur lequel étoient les repréfentations d’Apollon & de Diane. Le tout, char, chevaux , figures, étoit d’une feule piece de marbre, ouvrage de Lyfas dont Pline, l. XXXVTI. c. v. vante extrémement Pexcellence, Enfin, l’on eftimoit beaucoup l'arc de triomphe que le {énat & le peuple romain firent ériser en l’hon- neur de Trajan, dans la ville d’Ancône, & qui étoit orné de la ffare de ce prince polée fur un char tiré par quatre chevaux. Eicherrius dans fes délices d'Italie, L. IT, en parle en ces térmes: f# ejus medio nofcitur arcus ule fublimis , quadrigis & crophais in fafligio onuflus À, S. P, Q. R. in jus beneficit memoriam ; Trajano ibidem ereitus, # adhuc [eIRDOTIS CEXLEARS, C’eft encore une belle chofe à confidéret que la différence de grandeur des ffatues , car quelle qu’en füt la matiere, de métal, de marbre ou d'ivoire , äl y en avoit en tout genre , de srandes , de moyennes & de petites, On appella grandes ffarnes celles qui furpafloient la grandeur naturelle des petfonnes pour lefquelles elles étoient faites ; on nomma moyennes où athlétiques celles qui étoient conformes à leur grandeur , &t pesises celles qui étoient au-deffous. Ge n'eft pas tout , Les grandes fe divifoient en trois or- dres ; quand elles n’excédoient la hauteur naturelle que d’une moitié, onles nommoit augufles , &c elles fervoient à reprélenter les empereurs, les rois êc les grands capitaines de Rome. Celles qui avoient deux fois leur grandeur s’appelloient kéroïques , & on les confacroit aux demi-dieux 8c aux héros. Enfin lorf qu’elles s’étendoient jufqu’à trois hauteurs ou plus, elles prenoient le nom de co/offales , &t étoient def: nées pour les dieux. Le Quoique les premieres fortes de firmes, c’efr-à- dire les augufles & les héroïques,{ervillent commune: ment à reprefenter en marbre ou en fonte les empe- reurs , les rois & les généraux romains , cependant on en étendit l’ufage à quelques gens de lettres, L, Aus, célebre entre les poëtes de fon tems, moxt- tra l'exemple en fe faifant faire une fézzue de bronze beaucoup plus grande que fa taille , &z qu'il mit dans le temple des mufes hors la porte Capeñe. Morarwm ab auttoribus , dit Pline, L. Aëium poetam in camz- narum @de, maximé formé ftatuam /£bi pofuiffe, quire brevis admodum fuiffer. Mais il eft étonnant que les hommes ayent ofé {e faire ériger des /fatues fembia- bles à celles que la religion avoit fpécialement con: facrées pour les dieux, je veux dire des Jfaru:s colof- fales ; cependant on vit des rois &t des empereurs, Séfoftris, Attila, Eumenes , Néron, Domitien, Commode, 6c. qui s’attribuerent tous le même hon- neur, De sù Tous les hiftoriens, &c Pline en particulier, fe font fort étendus fur la defcription des ffarues coloffaies de marbre ou de bronze, qui faiforent l'admiration publique. Audaciæ, moles ftatuarum excopitatas, quas coloffos vocant , vidimus türribus pares, dit Vhifiorien naturalifte de Rome. Telle étoit la arte de Jupiter olympien , chef-d'œuvre de Phidias ; fa hauteur étoit fi prodigieufe , ajoute Paufamias , que ce dieu qui étoit aflis, n’auroit pù fe lever fans percer la voüte du temple. Telle étoit la Minerve d'Athènes haute de 36 coudées, & tel le Jupiter du capitole que Sp. Carvilius fit élever de la fonte des dépouilles des Samnites. Tel étoit encore un autre Jupiter au champ de Mars que l’empereur Claude y ft pofer. Tel un Hercule, que Fabius Verrucanus tira de Tarente ; telle eft enfin la far coloffele d'Apollon par Eyfppe, dont la hauteur étoit de 4o coudées. Je pafle fous fi= lence le coloffe de Rhodes dédié au foleil. | Pline, Z. XX XIV. c. vy. ajoute que la Gaule avoit dans une ville d'Auvergne une /faiue de Mercure qui furpañoit tout ce qu'on connoïfioit de ffarues colof.. S T A Jakes, ayant 400 piés de hauteur. C’étoit ouvrage de Zénodore, qui y avoit employé dix ans de tra- vail &7 desfommes immenfes, Voici fes paroles : Fe- | rm omnem atnplitudinem. {tatuatuim eJus generis vicis ætate noftré Zenodorus Mercurio fa&o in civitare Gal- dia Avernis per annos decem | pedum cccc. immani pre- tio. Néron , frappé de la renommée de cette flatue, attira Zénodore à Rome, & l’ensagea de faire à fa reflemblance une fase colofiale de 100 piés de haut, felon Pline , ou de 120, felon Suctone > CAP. XXXT. vefhibulum fuit in quo coloffus cxx. flabar ejus effigie, Il eft vrai qu'après la mort de ce prince on ôta le nom . de Wéron à cette ffarue coloffale, & on la dédia au {o- leil , ainfi que d’autres. Le lecteur jugera fans doute qu'il n’étoit pas poffi- ble de travailler à un feul attelier les flatues colof[ales qu’on vient de décrire ; or l'artifte, pour pouvoir les exécuter , diftribuoit la befogne à un grand nom- bre d'ouvriers choïfis, & leur traçoit les proportions, enforte que quand ils rendoient les parties dont ils avoient été chargés féparément, elles fe rappottoient avec tant de jufteffe, qu’en les rejoignant elles com- pofoient un tout parfaitement afforti » & qui fembloit être du même bloc & de la même main. Paufanias nous a donné fur ce fujet des détails de l’art de la fonte qui méritent attention. Le Jupiter de bronse, dit-il , la plus ancienne des farnes de ce métal, n'é- toit point l'ouvrage d’une feule & même fabrique. I a êté fait dans le même tems par parties ; enfuite les pieces ont été fi bien enchâflées & f bien jointes enfemble avec des clous » qu’elles font untout fort folide. Nous avons vu renouveller de nos jours le même procédé par un artifte médiocre , qui a exé- cuté de la même maniere À Drefde une flatueéqueftre plus grande que nature, Les Grecs mettoient fur la bafe de leurs flatues le nom de celui qu’elles fepréfentoient où qui en avoit fait la\dépenfe ; ils pouvoient effacer ce même nom &t en fubftituer uu autre, c’eft ce qu'ils firent fouvent par flatterie, quand ils furent foumis aux Romains ; quelquefois ils changeoïent en même rems la tête, ou en retouchoient les traits. Plutarque dit qu'ils uferent de ce flratagème , & mirent le nom d’Anroire aux deux /farues coloffales d’Attalus & d’Euménès. Confidérez en paflant les propres de l’art fatuaire, depuis les premieres ffasues taillées pour les dieux, jufqu’à la coloffale que Néron fe fit faire par Zéno- dore. La premiere idole de la Diane d'Ephefe étoit un tronc d’orme, ou, felon Pline, une fouche de vigne. Paufanias parle d’un Mercure de bois groflier, qui Étoit dans le temple de Minerve Poliade, Avant que Rome triomphât de l’Afie, les flatues des dieux confacrées dans les bocages n’étoient que de terre cuite. Cicéron , 2. I. de la divination » dt que la ffa- tue de Summanus placée fur le faîte du temple de Jupiter étoit pareïllement de terre. Les Romains ne penfoient pas alors qu’ils feroïent un jour tellement épris de l'amour des ffarues, qu'ils publieroient une loi qui condamneroit à l’amende les ftatuaires char- gés de faire des farues , fi dans leurs ouvrages ils pé- choïent en quelque chofe contre la regle de leur art &t contre l’attenre de ceux qui les employeroient, Les /farnes de grandeur naturelle furent nommées athletiques ou iconiques, Jatue athleice, flatuæ ico- ice, parce qu’elles imitoient mieux que les grandes ë les petites la refflemblance de ceux pour lefquels elles étoient faites. Les peuples de la Grece, pour perpétuer le fouve- nir des viétoires remportées par les athletes, em- ployerent tout l’art des Sculpteurs, afin de tranfmet- tre aux fiecles À venir Ja figure & les traits de ces mêmes hommes qu’ils regardoient avec tant d’efti- me & d’'admiration : on leur érigeoit ces ffarues dans le lieu même où 1ls avoient été couronnés ,; & quel- On faifoit quantité de ces fegi SLI" A 503 quefois dans celui de leur naiffance > & cC’étoit ordi nairement la patrie du vainqueur qui fatisfaifoit les frais de ces monumens, Les Premiers athletes pour qui on décora Olympie de ces {fortes de farues ( ce quiarriva dans la lix. & la 1x]. olÿmpiade, felon Pau fanias), furent Praxidomes Vainqueur au pugilat, & Rhexibius vainqueur au Pancrace. La fase du pre- mier étoit de bois de cyprès ; & celle du fecond, de bois de figuier. Le bronze dans la fuite devint la ma- tiere la plus ordinaire de ces Jeariges. On ne les fafoit pas néanmoins toujours de gran: deur naturelle, mais on accordoit cet honneur à ceux qui avoient vaincu aux quatre grands jeux de la Grece. Ces ffatues chez les Romans repréfentoient lés athletes nuds » {ur -tour depuis le terms qu'ils avoient ceflé de fe couvrir d’une efpece d’écharpe Ou. de ceinture ;-mais comme les athlètes romains ne l'avoient point quittée, ils la confervoient dans leurs | flatues. On élevoit de ces mMOnumens non-feulement ux athletes, mais encore aux chevaux » à la vîtefte detquels ils étoient redevables de Ia couronne ag0- niftique ; &c Paufanias témoigne que cela fe fit pour une cavale , entr'autres, nommée Aura > QUI avoit , fans condudteur, procuré la viétoire à fon maître , après lavoir jetté par terre. On peut lire dans le même auteur undénombrementexalt detoutes les fé tues d’athletes qui fe voyoient de f on tems àOlympies Les Hellanodiques prenoient grand foin que ces f£a- tues ne fuflent pas plus grandes que le naturel; &en cas de contravention ;ils fafoient renverfer la fase par terre. C’étoit fans doute decrainte que le peuple, qui n’étoit que trop porté À rendre les honneurs di- Vins aux athletes, ne s’avifät ; En Voyant leurs ffzrues d’une taille plus qu’humaine » de les mettre au rang des denui-dieux. Les flatues plus petites que nature étoient foudi- vifées en quatre efpeces , auxquelles on donna des noms tirés de leur différente hauteur , celles de la grandeur de trois piés fe nommoient tripedance. Tel. les étoient les Jlatues que le fénat 8e le peuple ordon- noient pour leurs ambaffadeurs qui avoient péri de mort violente dans leur légation ; c’eft ce que Pline, 2. LIF. c. vj. nous apprend : 4 romano populo tribus Jolere injuria cæfis tripedaneas fatuas :n oro. On cite pour exemple la farue de Tullius Cœlius » Qui fut tué par les Fidénates, & celles de P. Junius & de T.Ca- rumanus que la reine des filyriens fit mettre à mort. Quand les farxes n’étoient que de la grandeur d’une coudée, on les appelloit cubirales. Lorfqu’elles éroient hautes d’une palme, c’eft-à-dire de quatre doigts , elles étoient appellées pa/mares. Enfin quand elles étoient encore moins hautes, on les nommoit figilla. [la enor , en argent ; en ivoire , & on les eftimoit beaucoup , foit pour leur travail, foit à caw € qu'on pouvoit les tranf Porter commodément , & même les avoir {ur foi par dévotion pour les dieux > par reconnoïffance pour des princes, par admiration pour de grands hommes, ou par attachement pour des amis qu'ils repréfentoient. | Voilà lhiftoire des fasres dont le nombre étoit in- croyable chez les Grecs &c les Romains. fl fufit de lire Paufanias pour s’en convaincre. Sans parler de l’Atti- que & d'Athènes qui fourmilloient de ce genre d’ou- vrages, lafeule ville de Miletenlonie en raflemblaune fi grande quantité , Que lorfqu’Alexandre s’en rendit maître ,1l ne put s'empêcher de demander ohétoient les bras de ces grands hommes , Quand les Perfes les {ubjuguerent, On fait que Mummius remplit Rome des ffatues de la feule Achaïe : devitté Achaia, ftatuis implevic urbern. Plutarque rapporte quePaulEmile em. ploya trois jours à la pompe de {on triomphe de Ma. cédoine, & que le premier put à peine fuffire à faire pafler en revue les tableaux & les Jlatues d'exceffive 504 S T À grandeur prifes fur les ennemis , & portées fur deux cens cinquante chariots. D'un autre côté, la multitude des ffarues qui fe fai- . {oient perpétuellement dans Rome étoit fi grande, que l’an 596 de la fondation de cette ville les cen- feurs P. Cornelius Scipio & M. Popilus fe crurent obligés de faire ôter des marchés publics les f/ares de particuliers &c de magiftrats ordinaires , qui les remplifloient , attendu qu'il en refloit encore aflez pour les embellirgen laiflant feulement celles de ceux qui en avoient obtenu le privilege par des de- crets du peuple & du fénat, Entre les flasues que les cenfeurs réformerent , je ne dois pas oublier celle de Cornélie , mere des Gracches, ni celles d'Annibal, qui prouvoient du- moins la noble façon de penfer desRomains. Je crois que Pline fe dégrade , quand il lui échappe de dire à l’occafion de ces dernieres , & aded difirimen omne fublatum | ut Anribalis eriam ftatuæ , tribus docs vi- fébanturinurbe cujus intra muros folus hoflium emific haftam, Cependant la féverité des cenfeuirs que nous ve- nons de nommer, ne put éteindre une pañfñon fi do- minante, & qui s’accrut encore fur la fin de la répu- blique, ainfi que fous le regne d’Augufte & de fes fuccefleurs./ L'empereur Claude fit des lois inutiles pour la modérer. Caffiodore qui fut coniul 463 ans après la mort de ce prince, nous apprend que le nombre des fhatues pédeflres qui {e trouvoient dans Rome de {on tems, égaloit à-peu-prés le nombre des fabitans de cette grande ville, & Îles figures éaueftres excédoient celui des chevaux, En un mot, les fatues de prix étoient fi nombreufes, qu'il fallut créer des officiers pour garder nuit &t jour ce peuple de ffurues , &t ces troupeaux de chevaux, fi je puis parler ainf, difperfés dans toutes les rues , palais ëc places publiques de la ville. Cet amas prodipieux de flatuss demandoit autant d’habileté pour en empé- cher le pillage qu’on avoit mis d'art à les faire , &c de foin à les fixer en place: ram quidem populus cos piofiffimus ftatuarum , greges etiam abirdanuiffimi quorum , tali funt cautelà fervandi , quali E curä v1= dentur affixr. Mais entre tant de ffasues publiques de Rome, 1l s’en trouva une feule à la garde de laquelle on ima- gina de pourvoir d’une façon bien finguliere. Peut- être penfez-vous que c'étoit une ffatue d’or mañfif, qui le trouvoit polée devant la maïfon d’un riche affranchi , d’un traitant ou d’un mumitionnaire de vivres? Point du tout. Eh bien, la fferne en bronze ou en marbre de quelque divinité tutélaire des Ro- mains ? Non. La ffaue d’un deni-dieu, de Hercule de Tarente, de Caftor, de Poilux ? Nullement. La atue de quelque héros du fang des empereurs, dé Marcellus, de Germanicus ? En aucune façon. C’é- toit la figure d’un chien qui fe léchoit une plie; mais cette figure étoit fi vraie, fi naturelle , d’une exécu- tion fiparfaite, qu’on décida qu’elle méritoit d'être mife fous un cautionnement nouveau dans la cha- pelle de Minerve, au temple de Jupiter capitolin. . Cependant comme on ne trouva perfonne affez ri- che pour cautionner la valeur de ce chien, les gar- diens du temple furent obligés d'en répondre au pé- ril de leur vie. Ce n’eft point un fait que j'imagine ou'que je brode, j'ai pour garant Pautorité &c le té- moignage de Pline , dont voici les propres paroles ; 1 XXXIV. c. vi. canis eximium miraculum ; € zn- difcreta veri fémilitudo , non ed folim intelligitur, qudd ibi dicata fuerat , verdm , & nové faufdatione, ram fumma nulla par videbatur, capite tutelari cavére pre 2io, infficuti publici fure. Il ut terminer ce difcours qui, quoiqu’un peu : Jong pour cet ouvrage, n’eft qu'un précis fort abrés gé des recueils que j'ai faits fur les farnes de la Grece S T A & de Rome. Aufi me fhis-je moins propofé de tout dire que de piquer & d’érendre la curiofité. Il eft bon de joindre à la leéture de Paufanias & de Pline la diflertation de Frigelus, de facnis ia ftrim TOMman0=- rum, dont le petit livre de François Lemée n’eft qu’un extrait, Le traité des fhrues de Califtrate ,traduit par Vigenere à la fin des images des deux Philoftrates, avec les notes du traduéteur, eff plein d’érudition ; mais Les ouvrages des favans d'Italie méritent encore plus d’être étudiés. , Enfin nous n'avons ici confidéré que l'hiflorique; Part ftatuaite, qui renferme d’autres détails intéref= fans liés de près à cet article, a été difcuté avec re- cherches au 104 SCULPTURE excierñne 6 moderne ; &c les artiftes celebtes ont êté {oigneufement dénom- més avec des obfervations fur l’art même aux #07 SCULPTEURS anciens , & SCULPTEURS siôdernes, On a même pris foin de décrire les belles ffarues anti= ques qui nous font parvenues, Voyez BAS-RELISR, GLADIATEUR, HERCULE, LAOCOON ,ROTATEUR, VENUS de Médicis, & autres. ( Le chevalier DE Jau- COURT. ) STATUE, (Critique facrée.) image taillée pour être adorée ; Moile les défend totalement aix Hébreux, Deuter. xyj. 22. I eft parlé dans Ecriture de la fa- tue d’or que Nabuchodonoïor fit dreffer dans la plaine de Dura ; elle avoit foixante coudéés de Haut, 8 fix de large; il eft apparent qu’il avoit érigée eh l’hon- neur de Bel. Mais le changement de la femme de Loth en ffatue de {el, Genef. xix. 26. a plus éxcité l’atten- tion des commentateurs de l’Ecriture que la flasue dé Nabuchodonofor. Quelques critiques pentent que le corps de la femme de Loth s'étant incrufté de nitré de la mer-Morte , Moïfe a pu appeller flasue de fel un corps ainf pétrifié. D’autres favans prétendent avec plus de vraifiemblance , que le texte de l’Ecriture doit s'entendre figurément d’un état d'immobilité, dans lequel cette femme curieufe demeura ; & que ces mots changée en flatue de fil, fignifient come en flatue de fel, comparaïfon ordinaire à des habitans d’un pays qui abondoit en mafles de fel mitreux, (D.J.) STATUER,, v. a@. (Gram.) c’eft arrêter par un ftatut , après examen , déhbèration. Voÿez Sra- TÜT. | STATURE, f f (Gram.) eft là grandeur êz la hau- teur d’un homme. Ce mot vient du latin flarura, qui eft formé de ffure, être debout. La flarure où taille d’un hoinme eft admiräblement bien proportionnée aux circonftances de fon exiften: ce. Le dotteur Grew obferve que fi l’homine eût èté naïh , il eût difficilement pu être une créature raifon- nable : ar pour cet effet, ou il auroït eu une grofle tête, & fon corps &c fon fang n’auroient pas pu four- ñit aflez d’efprits à fon cerveau ; ou s’il elit eu la tête petite & proportionnée , il n’auroit pas eu de cervelle fuffifamment pour remplir fes fonions. De plus, f Fhomme eût été géant , il n’eût pas pu fi commodé- ment trouver des hourritures , parée que la quantité des bêtes propres à la nourriture de l’omime n’au- roit pas été fufffante ; ou fi les bêtes avoient été plus grofles à proportion, on n’auroit Jamais pu trouver aflez de pâturages pour les nourrir, &c, Voyez NAN, GÉANT. Cependant c’eft le feñtiment éommun , même de- puis Le tems d’'Homere , que dans les fiecles les plus reculés les hommes furpafloient de beaucoup les mo- dérnes en grandeur ; & nous voyons à la vérité que les hiftoires , tant facrée que prophane , font mention d'hommes dont la taille étoit furprenante ; aufh ces hiftoires en parlent-elles comme de Géans. M. Derhani obférve, qu’il eft très-probable que la taille des hommes étoit au commencement du mon- de telle qu'elle eft à préfent ; comme on peut l’ef- 1 timer + S T À timer par les tombeaux, momies , &e. quifubfiftent encore. Le plus ancien tombeau qui exifte eft celui de Cheops dans la premiere pyramide d'Egypte, qui fuivant lobfervation de M, Gréaves ne furpaile de gueres la grandeur de nos cercueils ordinaires. Sa cavité, dit-1l, na que 6, 488 piés de long, & 2.218 piés de large, & 2. 160 de profondeur : de ces dimen- ions &c de celles de différens corps embaumés qu’il a apportés d'Eoypte, cet auteur exatt conclud que la nature ne décroit point, & que les hommes de notre terms font de la même taille que ceux qui vivoient il Y a trois mille ans. | ; M. Hakewell nous fournit d’autres exemples plus modernes à joindre à ces obfervations: lestombeaux qui font à Pile, & qui ont quelques mille ans d’anti- quité, ne font pas plus longs que les nôtres. On peut dire la même chofe de celui d’Athelftan qui eft dans l'éghife de Malmsbury, de celui de Sheba, dans faint Paul, qui font de l'année 693, &e Les anciennes armures, écus, vales , Ge. qu'on à déterrés de nos jours, fourniffent la même preuve : Par exemple, le cafque d’airain qu’on a déterré À Me- fautum , eft propre pour fervir À in homme de notre tems; cependant on prétend que c’eft un de ceux qui ont Eté laïflés lors de la défaite d’Afdrubal. Joignez à tout cela qu'Auguite avoit 5 piés o pouces de Baut, qui étoit la taille de la reine Elifabeth ; avec cette diférence feulement , qu’en évaluant le pié romain avec le nôtre, la reine avoit deux pouces de plus que cet empereur, STATUT , £m. (Gram. & Jurifprad\ eft un ter- me générique qui comprend toutes fortes de lois & _de réglemens, | Chaque difpofition d’une loi eft un ffaeue, qui pet- met , ordonne ou défend quelque chofe. Il ya des ffatuts généraux , il y en a de particu- liers ; les premiers font des lois générales qui obli- gent tous les fujets: les fasuis particuliers {ont des : réglemens faits pour une feule ville, pour une feule _églile où communauté, foit laique , foit eccléfafti- que , féculiere où réguliere : chaque corps d'arts & métiers a fes ffarurs : les ordres réguliers , hofpita- hiers & militaires en ont auf, Un des points les plus difficiles À bien déinêler dans la jurifprudence , c’eft de déterminer la nature & le pouvoir des flarurs, c’eft-à-dire, en quel cas la loi doit recevoir fon application, | En général les coutumes font réelles, claudurtur territorio ; cependant on eft fouvent embarraffé à dé- terminer quel Jlatus ou coutume on doit fuivre pour la décifion d’une contefation. Souvent le flaint du domicile fe trouve en concurrence avec les diférens f'aturs de la fituation, des biens, avec celui du lieu où l'aéte a été pañlé, du lieu où l'exécution s’en fait; & pour connoître le pouvoir de chaque flatur, & celui d’entreux qui doit prévaloir, il faut d’abord diflin- guet deux fortes de farurs , les uns perfonnels , les - autres réels. Les farurs perfonnels font ceux qui ont principa- lement pour objet la perfonne , & qui ne traitent des biens qu'accefloirement ; tels font ceux qui regar- . dent la naiflance,, la lépitimité, la liberté, les droits “de cité, la majorité, la capacité ou incapacité de - S'obliger, de tefter, d’efter en jugement, &c. Les flarurs réels font ceux qui ont pour objet prine _Cipal les biens , & qui ne parlent de la perfonne que relativement aux biens ; tels font ceux qui concer- nent les difpoftions que l’on peut faire de fes biens, {oit entre-vifs ou par teflament. Quelques auteurs difinguentune troifieie efpece de flatuis, qu'ils appellent sixtes ; favoir, ceux qui concernent tout-ä-la fois la perfonne &c les biens ; . mais de cette maniere la plüpart des faruts feroient bimixtes, n'y ayant aucune loi qui ne foit faite pour Tome XF, | S À À 503 fr id MORE RAR DS DA L les Séronnes , À aufi préfque toujours par rapport | aux biens, À dire vrai, il ny a point de flatur mixe tes, ou du moins qui foient autant perfonnels que réels ; car il n’y a point de flatuts qui n'ait un objet principal; cet objet eit réel ou perionnel, & déter: mine la qualité du fasur. AL'TET L Le flacus du domucile regle Pétat de la perfonne , &t fa capacité ou incapacité perfonnelle ; il regle aufü les aétions perfonnelles, les meubles & effets mobiliers , en quelque lieu qu'ils fe trouvent fitués de fait. 17 Le pouvoir de ce ffarus du domicile s'étend partout pour ce qui eft de fon reflort ; ainfi, celui qui eft ma- jeur , felon la loi de fon domicile, eft majeur par* tout. Le flatur de la fituation des biens , en regle la quas lité 67 la difpofition. | Quand le flarur du domicile & celui de la fituation font en contradiétion l’un avec l’autre , S'il s’agit de . l’état & capacité de la perfonne, c’eft le flarus du do: micile qui doit prévaloir ; s’il s’agit de la difpof- tion des biens , c’eft la loi de leur fituation qu'il faut luivre, Si plufeurs flarurs réels fe trouvent en concurren- ce, chacun a fon effet pour les biens qu'il régit, En matiere d'actes, c’eft le ffarur du lieu où on les pañle qui en regle la forme. Mais il y a certaines formalités qui fervent à habi: liter la perfonne , telles que l’autorifation du mari à Pégard de la femme ; celles-là fe reglent par le flatué du domicile , comme touchant la capacité perfon- nelle ; d’autres {ont de la fubftance de la difpofition même, telles que la tradition & Pacceptation dans les donations ; & celles-ci fe reglent par le faut du lieu où font les biens dont on difpenfe, Enfin dans Pordre judiciaire on diftingue deux {or tes de flaturs , Ceux qui concernent l’inftrudtion, & ceux qui touchent la décifon: pour les premiers, His ordinatoria , on fuit la loi du lieu où lon plaide; pour les autres, lits deciforia , on fuit la loi qui répit les perfonnes ou leurs biens , felon que l’un ou l’autre eft l’objet principal dela conteftation, Quelques /farurs font feulement négatifs , d’autres prohibitifs, d’autres prohibitifs-népatifs. Le ffarur fimplement négatif, eft celui qui déclare qu'une chofe m'a pas lieu , mais qui ne défend pas de déroger à {a difpoftion , comme quand une coutume dit que la communauté de biens.n’a pas lieu entre conjoints, &c qu’elle ne défend pas de l’établir. Le ffatus prohibitif eft celui qui défend de faire quelque chofe , comme la coutume de Normandie, art. 33- Qui porte que quelqw’accord ou convenance qui ait été faite par contrat de mariage , & en fa- veur d'icelui , les femmes ne peuvent avoir plus grande part aux conquêts faits par Le mari, que ce qui leur appartient par la coutume,à laquelle les con- traétans ne peuvent déroger. Le flatus eft prohibitif - négatif lorfqu’il déclare qu'une chofe n’a pas lieu , &c qu’il défend de déro- ger à fa difpoñition : on confond fouvent le {aus prohibitif avec le prohibitif-négatif. Quand le fast prononce quelque peine contre les contreyenans, on l'appelle faru pénal, Vi oyez Lot PENALE @ PEINE. Sur la matiere des fluts , on peut voir Bartole , Balde, Paul de Caftre , Chfiftineus, Everard , Ti: raqueau , Dumoulin, Dargentré , Burgundus, Ro- demburgius, Voet, les mémoires de Roland , les quef= tions fur les démniffions de M. Boulenois , &-{es differ- tations Jur les queflions qui naiffens de la contrariété des lois & coutumes. (4) STATUT DE SANG , (Hif?. d’ Angleterre.) c’eft ainfi qu'on nomma en Angleterre le reglement qu’Henri VIT. fiten 1539 au fujet de la e Il décerna ss 506 S T A la peine de feu ou du vibet contre ceux; 1°. qui nie- roient la tranfubftantiation ; 2°. qui foutiendroient la néceffité de la communion fous les deux efpeces ; 3°. qu'il étoit permis aux prêtres de fe marier; 4°, qu'on peutrompre le vœu de chaftete ; 5°. que les mefles privées {ont inutiles ; 6°. que la confeffion auriculaire n’eft pas néceflaire pour le falut. Gardi- ner, évêque de Winchefter, étoit le véritable au- teur de ces lois. Il avoit fait entendre au prince, que LU 2 ue) A 2° A c'étoit le feul moyen d'empêcher qu'il ne fe formât une ligue contre lui; que ce qu'il avoit aboli n’étoit pas eflentiel à la religion; & qu'enfin perlonne ne le regarderoit comme hérétique , pendant qu'il main- tiendroit ces fix articles. On rechercha ceux qui les condamnoient , mais on en découvrit un fi grand nombre, que le roi fe vit obligé de changer la peine de mort, en celle de la conffcation des biens contre ceux-là feulement qui feroient coupables de viola- tion du quatrieme fatur. Enfin, en 15 47 fous Edouard VI. la loi des fix articles fut révoquee pour toujours ;, ce fut-là Paurore des jours plus heureux qui reparu- rent fous le reone d'Elifabeth. (D. J.) STATUTS , (Commerce.) ce font des réglemens faits par autorité publique , & confirmés par des lettres- patentes du fouverain pour fervir à la conduite, gou- vernement & drfcipline des corps des Marchands & des communautés des Arts & Métiers. Les flasuts en général font auffi anciens que lunion des particuliers en certains corps & communautés, parce qu'il eft impoflible d’entretenir la paix entre plufieurs perfonnes de condition égale, fi elles ne conviennent de certaines lois communes, fuivant lef- quelles elles s'engagent de vivre & de fe conduire par rapport à l’intérêt commun; mais comme il eft du bon ordre & de la fureté des états, qu'il ne sy tienne point d’aflemblée fans l'aveu du prince, les princes eux-mêmes où leurs minifires, ou officiers, ont trouvé bon de veiller à l’établiflement ou à la manutention de ces futurs. C’eft ce qui eft arrivé en France fur la fin du dou- zieme fiecle ; car quoiqu'il y ait des communautés qui produifent des facurs qui leur ont été donnés, à ce qu’elles prétendent, dès le commencement du on- zieme fiecle, on doute pourtant de leur authenti- cité. Le premier réglement général qui ait été fait au fujet des flarurs des corps & communautés , eff celui des états-pénéraux, tenus à Orléans au mois de Dé- cembre 1560. l’article 08, ordonnant que tous les flaturs defdits corps & communautés feroient revts &c corrigés , réduits en meilleure forme, mus en lan- gage plus intelligible, & de nouveau confirmés & autorifés par lettres-patentes du roi. L’exécutoire de cet article donna lieu à quantité de lettres-patentes de confirmation , expédiées fous Charles IX. Les guerres de religion qui fuivirentfuf- pendirent la continuation de cette police. Louis XIV. donna au mois de Mars 1673 un édit pour le renouvellement général des f/aurs de tous les corps & communautés, &c il fut même reglé au -confeil un rôle des fommes qu'il leur en devoit cou- ter, Il paroit par ce rôle , qu’alors ces communau- tés n’étoient dans Paris qu’au nombre de quatrevingt- quatre ; mais par celui du mois d'Avril 1691, por- tant exécution-du premier, elles fe trouvent monter à cent vingt-quatre, yen ayant eu plufieurs nouvel- les, érigées par lettres-parentes depuis l’édit de 1673. Depuis que Îles rois ont trouvé à-propos de don- ner leurs lettres de confirmation des fharurs &c régle- mens des communautés , elles font obligées de de- mander cette confirmation au commencement de cha- que regne; mais plufieurs de nos rois ont bien voulu ne pas ufer de leurs droits à cet égard. Difionn. de Cornmerce. CAE 0 STAVELLO , (Géog. mod.) petite ville d'Allema- gne, entre le pays de l’évêque de Liége, & les du- chés de Limbourg & de Luxembourg, fur la riviere. d’Ambleve , à une lieue au-deflus de Malmédie, & à 4 de Limbourg. Elle a une ancienne abbaye de lor- dre de $. Benoît, fondée dans le feptieme fiecle ; fon abbé eft prince de l’Empire, & fouverain de la ville. Long. 23. 34. lat. 50, 25. (D. J.) STAVEREN , ( Géog. mod.) ville des Provinces- Unies, dans la Frife , au Weïteroo, fur le Zuyder- zée , à fix lieues d'Enckhuyfen , & à 9 de Vollen- hove. Staveren étoit autrefois une ville puiffante, riche, extrèmement peuplée, 8 l’un des célebres ports dé mer de toutes les côtes feptentrionales. Les anciens rois de Frife y faifoient leur féjour ordinaire ; & les annales difent que Richolde , premier roi du pays, fit bâtir vers l’an 400 ; entre Sraveren & Médemblic, un fuperbe temple , dont l'enceinte fervoit d’afyle aux criminels & aux bannis. De plus, Sseverez fut comprife dans l'alliance des villes Anféatiques. De fréquentes inondations de la mer, ont extrè- mement diminué fa grandeur & fon lufire; cepen- dant c’eft encore une bonne ville, peuplée, & com- merçante ; fon port eft à l'embouchure d’une pétite tiviere qu'on retient par un canal qui coule dans le pays. Il y a outre cela un grand mole qui s’avance dans la mer , &c qui eft foutenu par des pilotis pour empêcher que les fablons ne bouchent l'entrée de ce port. Enfin, elle a pour fa défenfe de fortes murail- les & de bons baftions , qui font environnés de ma- rais. Long. 22. 54. lat, 52. 57. (D.J.) ; STAUROLATRE , f. m. pl. ( Hif£, ecclef.) adora- teur de la croix ; hérétiques qu’on appelloit auffi en arménien chaziazariens , qui fignifie la même chofe; ils rendoient à la croix le même culte qu’à Dieu. STAUROLITE., f, £ ( Æiff. nat. Litholog. ) nom donné par quelques auteurs à la pierre en croix , /a- pis crucifer. Voyez PIERRE EN CROIX. STAUROPHYLAX , {. m. (Hi. eccléf.) sraupogo- «Ë , officier de léglife de Conitantinople, chargé de garder la croix trouvée par limpératrice Helene; ce mot eft compolé de orpaupce, une croix ; & quAasoe je garde ; les eccléfiaftiques chargés de porter la croix en proceflion fe nommoïent sraupogopes , flaurophori ; flaurophores. (D.J.) STAWANGER oz STAVANGER , (Géog. mod.) ville de Norwege, dans le souvernement de Bergen, capitale de la contrée de même nom, fur le Bucken- ford , à 30 lieues au midi de Bergen, avec un évé- ché fuffragant de Drontheim, Long. 22. 48. lar, 58, 44: (D.J) STAXIS , (Lexicog. medic. ) craëis, de craËo , dif ziller ; c’eft une difhllation de fang goutte-à-soutte par les narines. Telle eft lacception générale de crabe dans Hippocrate. L’effufñon de fang parle nez goutte-à-soutte eft resardée comme dangereufe dans la doétrine des cri- fes, en ce qu’elle indique le manque de force &c la foiblefle de la nature. Hippocrate dit qu’elle eft de mauvais auoure lorfqu’elle arrive l’onzieme jour. Galier ajoute que toutes les diftillations légeres par le nez font funeftes dansles pleuréfies & dans les phré- néfi:s ; au contraire les évacuations abondantes & H- bres de fang par le nez paflent chez tous les méde- cins anciens &c modernes pour être des crifes falutai- res, & pour défigner la teriminaifon heureufe de fa maladie. (2. J) STÉATITE , L £. ( Hif£. nar.) nom donné par quelques auteurs à une tetre douce au toucher com- me du favon, qui eft de la nature de la terre cimo- lée, Voyez Cimorée. D’autres ont donné le nomde téarite à la pierre de lard. Voyez LARD, pierre de. STÉATOCELE , f, f,en Chirurgie, eft une tumeur du fcrotuim , qûi eft compofée d’une fubftance oraffe qui s’y eftamaflée,, & qui reflemble à du fuif. 7z oÿ€7 SDÉATOMEN(S D NU lEnert | STÉATOME , I. m. ( Médec.) éTearouæ, de dTEAp, Jaif ; efpece de tumeur énkiftée, & qui eft formée dans les parties molles par une matiere femblable à dû fuif. | . Les Wéaromes viennent de la graifle qui ne pouvant pas fortir des cellules adipeufes, forme des tumeurs, & y dégenere erfune efpece de ff; on trouve dañs ces tumeurs une membrane quis’épaïfit, &cqui peut être féparée de toutes les parties voifines. On ne fau: roit douter que cette membrane, où ce fac, n'ait été dans fon origine une cellule adipeufe. La méthode curative de cet accident eft la même que celle de lac thérome & du meliceris. (D. I. _ STEC , fm. ax jen du romeftecg, eft uné marque que l’on efface pour celui qui fait la derniere levée. Voïez ROMESTECQ. mn s STECKBOREN, 04 STECK BUREN, o4STECK=2 BORU , ( Géog. mod. ) petite ville de Suifle dans le Thourgaw, au. bord du lac de Conftance , à deux lieues au-deflus de l'endroit où celac fe dégorge dans le Rhein, (2. 7.) STEEN, {:m.( poids. )le mot fféer ou flein, fisni- fe pierre : c’eft une forte de poids plus ou moins fort, fuivant les lieux où il eft er ufage. À Anvers fa pierre eft de huit livres, qui en font fept de Paris & d'Afnf terdam. À Hambourg la pierre eft de dix livres ; à Dantzick & à Revel il ÿ a la petite & la grofie pier- re pour pefer les marchandifes plus où moins fines. Leur fféir de vingt-quatre livres fait à Paris vingt-une livres cinq onces cinq gros. À Konisberg la pierre eft de quarante livres, qui en font trente-deux de Paris. DAT) Qi ù STEENBERGUE, ( Géog. mod.) petite ville des Pays-Bas au Brabant hollandois , dans la partie fe tentrionale du marquifat de Ber&- op - 200m. Cette ville eft très-bien fortifiée, & elle fait avec les pol- deers des environs une feigneurte qui appartient à la maifon de Naffau-Orange; maisles Etats généraux er font fouverains, & y levent les mêmes impôts que dans les autres pays de la généralité. La régence eft -compoiée d’un droffard, d’un bourguemeftre & de fix échevins, avec un fecrétaire.. Long. 21. 30. lat. $1. 36. (D.J.) | STEENKERCK , ox STEINCKERCK , ( Geos. mod. ) les François écrivent Ssirguerque en eftropiant Vortographe de ce mot ; village des Pays-bas dans le Hainaut, à deux lieues & demie de Halle , & une dÆnghien, fur Les confins du Brabant. Ce village eft célebre par le fameux combat du 3 Août 1692, le plus fanglant de toute la guerre de ce tems-F. M. le maréchal de Luxembourg ne fut que l'armée ennemie s’approchoit, que quand la brigade dé Bourbonnois venoit d’être entamée. Il eut le bonheur de réparer cette furprife, en forçant, après deux attaques imuti- les , Le prince d'Orange à repañler les défilés par lef- quels ilétoit venu. (D.J7.) STEENWICK, ( Géog. mod. } petite ville des Pays-Bas, dans la province d'Over-Iffel , vers les confins de la Frife, fur la riviere d’Aa. Ses fortifica- tions font bonnes & régulieres. Elle étoit autrefoss fous l'évêché de Deventer. Le Prince Mautice de Naffau la prit fur les Efpagnols en r 592 ; & elle eft reftée depuis fous la dommation des États géhéraux. Long. 23. 38. lar. 52. 49 Cette petite ville eft la patrie d'OZérius (Adam), qui s’eft acquis de la réputation par la relation du voyage qu'il fiten Perfe, en Mofcovie & en TFartarie, en qualité de fecrétaire de l’ambaflade du duc de Holftem. M. de Wicquefort atraduit en françois cette relation , êz l’a faite imprimer à Paris en 1656 , en deux vol.{in-4°. Le même Ouvrage a té réimprimé Tome X PF, STLE 1507 En 1726 , en deux vol, 1n-fol, avec beaucoup de car- tes & de figures copiées fur celles de l'édition alle- mande, déflinées par Oléarius luimême. Oléarius de retour dans fa patrie, donna un abrégé des, chro- niques de Holftein , imprimé à Schlefwick en 1663. Paludanus( Bernard ) autrement nommé funds. Broek, étoit compatriote d’Oléarius ; & à publiéen- trautres ouvrages de favantes remarques fur les voyages dé Linichoten. (D: 7 STEGANOGRAPHIE ;, fm. ( Lirtérar,) eft l’art de Pécriture fecrette, ou décrire en chifres, de ma- riére que l'écriture ne puifie être lue que par le cor- refpondant. Foyer CHIFRE. eu L: . Æneas le tadticien inventa #! y a plus de 2006 ans, au rapport de Polybe, vingt facons différentes d'écrire de maniere que peHfonnne n'y pouvoit rien comprendre s’il nétoit dansle-fectet. Mais ä-préfentil eftbien difficile de rien écrire de cette mantéte qui ne puifle être déchifiré , & dont on ne trouve le fecret. Lé doëteur, Wallis, cet excel- lent mathématicien | a beaucoup contribué à l’art de déchifiter. Voyez DÉCHIFFRER. La fléganographie , qui eft afltrément un art fort iinocent ; n’a pas laiflé que de pafler dans des fiecles peu éclairés , pour une invention diabolique. Tri- thème , abbé de Spanheim ; ayant entrepris de le füre revivre , & compolé à ce deffein plufieurs où- vrages ; un mathématicien, fans doute ignorant , nomme Boville, ne comprenant rien à certains noms extraordinaires que Fritheme n’avoit employés que Pour marquer fa méthode , publia que ouvrage étoit plein de myfteres diaboliques. Poflevin l’a co- pics; St prévenu de ces imputations, Péleéteur pala- tin Frédéric IE. fit brûler l'original de Ja fiéganogra- | ghie dé Tritheme qu'ilavoit dans fa bibliotheque.Ce- pendant lorfqu’on a été revenu de ces préjugés, divers auteurs ont donné des traités de flécanosraphie, tels que le Caramuel, Gafpar Schot , jéfuite allemand, Wolfang Erneft Eidel, autre favant allemand >» & entrautres un duc de Éunébourg, qui ft imprimer en 1624 un traité fur cette matiere, intitulé crypto- graphia , c’eft-X-dire écrire cachée ; 'eft aufi ce que fignifie fégarographie , qui eft un mot formé du orec creyaros , caché, &t de ypaçn , écriture. On trouve plu- freurs exemples & manieres ra dans les récréations mathématiques d'Ozanam. STEGE , 04 STEKE , ( Géog. mod. ) petite ville de Dannemarck, furla côte feptentrionale de l'île de Mone, dont elle eft la capitale, avec un château” où l’on tient garnifon. STEGEBORG , (Géog. mod.) petite ville de Sue- de dans l'Oftrogotluie , fur le côte de la mer Palti- que, àtrois lieues à lorient de Suderkoping, avec un petit port commode. ( D. J. STEGNOSE , £. f. (Médec.) eft une obftrudion de toute tranfpiration animale , {ur-tout de celle qui fe fait parles pores. Voyez TRANSPIRATION. [fignifie auf cor ffiparion, condenfation. Ce mot a rappott aux fegnotiques qui font deftinés à boucher, fermer , ou reflerrer. SFEGNOTIQUE ,adj. ez Médecine, temede pro- pre à fermer ou à boucher l’orifice des vaiffeaux ou émunéoires quand ils font relâchés , étendus , dé- chirés, &c. Voyez STYPTIQUE É ASTRINGENT, | Ce mot ef formé du grec oreyo ; impedio, conf- tipo , Jempêche , je reflerre. Telles font les feuilles de grenadiers , les rofes rouges , les feuilles de plantin, les racines de tor- mentille, &c. Les fegnotiques {ont propres pour les hémorrhoïdes &r autres flux de fang. Voyez AsTRIN- GENS , STYPTIQUES. ,: STEIN , (Géog. mod.) ville de Suifle, dans le can. ton de Zurich, fur la rive droite du Rhein, à l'en- droit où ce fleuve fort du lac de CU Cette Sssi | 508 STE ville jouit d’une entiere liberté., & fe geuverne par fes propres magiftrats., fous la proteétion de Zurich, depuis lan 1484. Long. 26:44. lat. 47.50. (D. J.) STEIN , ( Géog.mod.) petite ville d'Allemagne, dans la bafle Autriche , fut le Danube, à ro milles au-deflus de Vienne, & à 2oau-deflous de Lentz. STEINAW , ( Géog. mod.) nom de, deux petites villes d'Allemagne en $iléfie; l’une eft dans la prin- cipauté d'Oppelen, fur Ja petite riviere de Stein; l’autre, dans la principauté de Wolaw fur le bord de VOder. (D.J.) 5. _ STEINBACH, (Géog.mod.) petite ville d’Allema: gne, dans le marquifat de Bade, à quelques lieues au fud-oueft de la ville de Bade. STEINFURT , autrement STENFORD , (Géog: mod.) petite ville ou bourg d'Allemagne , dans le cercle de Weftphalie,, fur le Wecht,, à fix lieues de la ville de Munfter vers le couchant méridional, Ce bourg donne fon nom à un comté qui a eu autrefois des. feigneurs particuliers. (D: J.) STEINHEIM, (Géog. mod.) petite ville d’Allema- gne dans l’archevêché de Mayence., fur la gauche du Mein. près de Selingftad. Long. 26, 3. lat, 50, 4. Reineccius ( Reïinier) , l'un des favans hommes d'AHemagne du xvj.-fiecle dans [a connoiffance de l'hifioire, naquit à Séeinheim, &t y finit fes jours en 1595. On a de lui un grand nombre d'ouvrages la- tins fur les différens peuples de l'antiquité, & en par- ficulier fur les Juifs , les Grecs , les Romains , les familles des rois de Macédoine , celles des Arfacides, des Séleucides , des Lagides, des rois. d'Arménie &c de Pergame , des rois de Meñlénie, des rois de Mé- die & de Baëriane, des rois d’Athènes &c de My- cène, &c. On fait un cas particulier de fon Aifforia Julia. Son traité de la méthode de lire & d'étudier lhiftoire, methodus legendi hiflorias , eft encore efti- mé. (D.J.) STEKAIMEN , fm: ( Comm.) mefure de liqui- des. Voyez STEKAN. STEKAN ou STECKAN , f. m.( Comm.) mefure de Hollande pour les liquides, & particulierement pour les huiles. Les bottes ou pipes d'huile con- tiennent depuis 20 jufqu’à 25 /£kans. À Amfterdam onnomme cette mefure /lekazmen. Le ftekaimen con- tient 16 mingles ou mingulles,, à raifon de deux pin- tes de Paris le mingle,, ainfi il eft de 32 pintes. La barique de Bourdeaux rend 12 ffekens & demi. Le tonneau de Bayonne, Turfun, &t Chaloffe, 240 Jfe- kans ; & le poinçon de Nantes 12. Dion. de comm. G de Trév. STÉLAGE , f. m. ( Droit de feigneur. ) droit qui fe perçoit fur les grains en quelques endroits de France. C’eft un droït de feigneur qu'on nomme ailleurs rivage, hallage , & mefurage. Ïl confifte ordi- pairement en une écuellée de grains par chaque fac qui fe vend dans une halle ou marché. Il y a des lieux où le f/élage fe leve auf fur le fel, comme dans la principauté de Bouillon. (2.J.) STELE , f. m. ( Anrig. grec. ) orihn, nom qu'on donnoit chez les Grecs à un pilier auquelon expo- foit un:criminel à la vue du public, &c fous lequel on l’enterroit enfuite pour raïfon de fon crime : les coupables ainfi expofés étoient appellés /#/ie. Pot- ter , Archæol. grec. LI. c. xxv. tom. I. p.130: (D. J.) STELES, {.f. pl. (Archi. ) les Grecs nommoient ainf les piertes quarrées dans leur bafe, qui confer- voient une même sroffeur dans toute leur longueur, d’où font venus les colonnes attiques, & ils appel- loient f/yles les pierres qui étant rondes dans leur bafe, finifloient en pointes par le haut, d’où font . venus les colonnes diminuées, & les obélifques. STELECHITES, f. f. ( Æift. nat. Lisholog.) nom donné par quelques auteurs à Poftéocolle. oyez ces article. Aldrovande a donné le nom de ffe/echite aux entrochites, © STELLA TERRÆ, { Hifi. nat.) quelques au< teurs ont donné ce nom autalc. Voyez Pari. TALC. ” STELLA , ( Géog. mod.) ville d'Efpagne, au royau- me de Navaïre, capitale d’une mérindade , avec un château pour fa défenfe. Elle eft fituée fur le chemin de Bifcaye à Pampelune , dans une plaine agréable, au bord de la riviere Ega, ( D. J.) , 2 2 STELLA, (Géog: mod. ) montagne de Portugal , près.de Coimbre ; c’eft unechaine de montagnes qui tourne de Coimbre à l’orient, entfé les rivieres de Mondego & de Zezere. Anciennement elle étoit ap= pellée Mermenus ow Herminius , & elle eft différente d’une autre montagne Âerminius | qui eft dans la province d’Alentéjo à lorient, jufques dans le voifi= nage de Corilhana. (2. J.) | STELLA , la , ( Géog. mod.) riviere d'Italie, dans Pétat. de Venife, au Frioul. Elle prendifa fource près de Coloredo , &c {e jette. par deux embouchufes dans le lac de Venife : c’eft le relamentum minus des an- ciens, felon Léänder. (D. J. | STELLARIS LAPIS, (Hiff-nat. Lisho.) nom donné par quelques auteurs à la pierre que nous ap- ellons affroite, Voyez cet article. » STELLATE , PLAINE DE, ( Géog. anc.)Stellatis ager Où campus plaine ou campagne d'Italie, dansla Campanie. Tite-Live, Z. IX. c, xliv. parle des in- cuifions que les Samnites firent dans cette campa- gne. Il en donne. en quelque forte la fituation lorf- qu'il dit, Zv. XXII. chap. xiy. qu'Annibal s'étant détourné de fon chemin, & ayant traverfé les ter- ritoires d'Alifa, de Calatia , & de Cales, defcendit: dans la plaine de Srellase, qu'il trouva renfermée de montagnes & de fleuves. | _ Ciceron parle de cette plaine dans fa premiere harangue, ch. y. de lege agraria, &t dans fa feconde harangue, ch. xxxy.1l dit que la. plaine de Srellate fut unie au territoire de la Campamie, & que dans la diftribution qui en fut faite , on adjugea douze arpens: à chaque homme. Selon Suétone, 27 Cæfare, ch. xx. la campagne de Stellate avoit été autrefois confacrée, ou peut - être feulement confervée par les anciens Romains, & fut divifée conjointement avec la Campanie à environ vingt mille citoyens romains , qui avoient trois en- fans ou davantage. (D. J.) STELLATINE, TRiBu, (Antig. rom.) a rribr Stellatine étoit une des quatre qui furent établies en- femble, l'an de Rome 337, & dont voici les noms: Steilatine, Sabatine, Tormentine , &T Armienfis ou Nar- nienfis : felon M. Boivin, Le véritable nom de cette derniere eft Anienfrs ; j'y confens, Pobjet qu'il im- porte de connoître, c’eft lefprit du gouvernement de Rome, dans létabliffement des tribus. Les cen- feurs, tous Les cinq ans, diftribuoient le peuple dans fes diverfes tribus, de maniere que les tribuns&zles ambitieux ne puflent pas fe rendre maitres des fuf- frages, & que le peuple même ne püt pas abufer de fon pouvoir. (D. J.) STELLINGUES, {. m. pl. ( if. faxone.) c’eft le nom que fe donnerent les Saxons, à qui Lothaire, fils de Lows-le-Débonnaire , accorda la pernuffion de profefler le paganifme, que Charlemagne avoit obligé leurs peres d'abandonner. Lothaire fe trou- vant enveloppé de grandes affaires à caufe des guer- res qu'il avoit contre fes freres, Lois & Charles-le- Chauve, requit Les Saxons fes fujets de le fecourir de troupes & d’argent, & pour Les y difpofer 1l Leur accorda la liberté de fuivre telle religion qu’ils vou- droient. Alors la plüpart des Saxons retournerent à leur ancien paganifme, & fe nommerent Sre/ingues, en conféquence de la permiffion de Lothaire. Sze/- ling en ancien faxon, fignifie réglement, [yflème, hy- pothèle, arrangement ; telle eft l’origine du nom bi- farre qu'ils prirent, de Ssellingues, comme qui diroit SITE. gens attachés à un (yftème.,-ou à.un réglement.dé religion. (D. J.) STELLIONAT , fm. ( Jurifprud.) eft un nom. générique fous lequel les lois romaines ont compris toutes les efpeces de fraude & de tromperies qui peuvent {e commettre. dans les conventions, &t aux- quelles la loi n’avoit pas donné de défignation par- ticuliere. : Le fllliona eft mis par les lois au nombre des crimes, & a été ainfi nommé d’un certain léfard ap- pelle fé/lio, remarquable par fon extrème finefle. êt par la variété de fes couleurs , parce que ceux: qui commettent:ce Crime emploient toutes fortes de détours 8c de fubtilités pour cacher leur fraude. Entre les différentes-manieres de commettre ce’ crime, On en remarque fix-des.plus ufitées dont.les lois romaines font mention. + bâut La premiere eft lorfque quelqu'un vend ou engage la même chofe à deux perfonnes en même tems. La feconde eft.du débiteur qui engage ou donne en payement à fes créanciers une chofe qu'il faitne Jui pas appartenir. LE La troifieme eft le cas de celui qui fouftrait ow altere des effets qui étoient obligés à d’autres. La quatrieme eftlorfque quelqu'un collude avec un autresau préjudice d’un tiers. | La cinquieme eft du marchand qui. donne une marchandife pour une autre, ow qui en fubftitue une de moindre qualité à celle qu'il a déjà vendue ou échangée. n La fixiemeenfineft lorfque quelqu'un fait {ciem- ment une faufle déclaration dans un acte. : Ainf, fuivant le droit romain, le ffe/lionar ne fe commettoit pas feulement dans les conventions, mais encore par le feul fait & fans qu'il fût befoin d’une déclaration exprefle. à! Mais parmi nous on ne répute ftellionataire que celui qui fait une déclaration frauduleufe dans un contrat, foit en vendant comme fien un héritage qui ne li appartient pas ou qui eft fubftitué, foit en déclarant comme franc & quitte de toutes charges, un fonds. qui fe trouve déjà hypothequé à d’autres ; ce crime peut conféquemment fe commettre » HON- Æeulement dans les ventes & obligations, mais auf dans les conftitutions de rente. Chez les Romains ce crime étoit puni d’une peine extraordinaire. Quand le feZlionat étoit joint au par- jure on condamnoit le coupable aux mines, fi c’étoit un homme de vile naïffance, & à la rélésation où interdiétion de fon emploi, fi c’étoit une perfonne conftituée en dignité. | Parmi nous ileft rare que ce crime foit pourfuivi extraordinairement ; à moins qu’il ne foit accompa- gné de circonftances de fraude extrèmement graves, les peines ne fe prononcent que par la voie civile. Les plus ordinaires font, 1°. que le flellionatair peut être contraint au rembourfement du prix de la vente , ou au rachat de la vente, ordonnance de 162 9. 2°. Il peut y être contraint par corps , même les fep- tuagénaires , qui dans les autres cas ne font pas fujets à cette contrainte pour dettes purement civiles , Or- donnance de 1667. 3°. On ne reçoit point le ftellio- nataire au bénéfice de ceffion. Les femmes étoient aufli autrefois fujettes aux mêmes peines, lorfqu’en s’obligeant avec leurs ma- ris elles déclaroient leurs biens francs & quittes,quoi- qu'ilsne le fuflent pas : mais l’édit du mois de Juillet 1680, à affranchi dans ce cas les femmes de lempri- fonnement & les a feulement aflujetties au payement folidaire des dettes auxquelles elles fe font obligées avec leurs maris, par faifie& vente de leurs biens. [l'y a néanmoins troiscas où les femmes font con- traignables par corps pour fe/lionat ; le premier eit lorfqu’il procede de leur fait feulement , ordonnance SE 309 : dé 1667. Le fecond lorfqn’elles font marchandes pu- bliques, & qu’elles font un commerce féparé de celui de leurs maris, Paris arricle 3 35, Le troifieme eft lotfqw’elles font {éparées de biens d'avec leurs maris , Ou que par leurs contrats de mariase elles fe: font réfervé Padminiftration de leurs biens. r Aurefle, notre-ufage s'accorde avec le droit r6- main.en ce que la peine de ce crime ceffe 11°. lorf qu'avant conteftation en caufe le ftellionataire offte de dédommager celui qui fe plaint (ce qui n’a pas lieu néanmoins dans le cas du vol ou fapine.) 2°. Lorfque celui qui fe plaint eft lui-même complice de la frâude,né pouvant en ce.cas dire qu'on la trompé. Voyez au Digefte letitte fellionatus & celui ad leg. _cornel. de falfss ; &t au code.jde crimine flellionat. Brod. fur Louet ; Les. S, 2.18. Dufart, Z X XXII, ch 165. Greg: Tolofanus ; les Inflitures de M, de Vouglans; Pordonnance de 1667, sitre 34. & les mors DÉécra- RATION., FAUX, PARTURE, CONTRAT DE cows- TITUTION, REMBOURSEMENT, RENTE, VENTE,( 4 STELLIONAT AIRE , { m. (Jurifprud.) eft celui qui a commis un ftellionat. Voyez ci-devans Srei- LIONAT: (4) STELUITE , fm, (Æif rat. Litholog,) nom don- né par quelques auteurs à des pierres qui ont une reflemblance parfaite avec des étoiles de mer: Il en trouve de cette efpece fur le mont Liban. On en rencontre aufli en plufeurs endroits d'Europe. STENAY , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge, Sathanacum , ville de France, capitale du pays de Bar, fur Ja Meufe , à 3 lieues:de Montmédi ,&à7 de Verdun. Le duc Charles céda à perpétuité à Louis XIIL, & à fes fuccefleurs la ville de Steruy , par le traité de Pan 1619, confirmé par le traité des Pyré- nées, lan 1659, & par celui de Vincennes , l'an 1661. Ses fortifications furent rafées par ordre de Louis XIV. mais elles ont été relevées depuis, Long. 22.51. larir. 42090 MDI T) STENDAL 04 STENDEL, ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne, dans la vieille Marche de Bran- debourg , fur la petite riviere d’'Ucht, environ à cinq milles au nôrd-oueft de Tangermund , & à 4 fud-eft d'Arnebers. Les guerres d'Allemagne lont prefaw’en- tierementruinée. Long.-29. 47. latir, 52,28.( D. J. } STENFORD oz BORCH-STENFORDE (Géog. mod.) & quelquefois Sreinfure , petite ville d’Alle- magne , dans le cercle de Weftphalie, capitale d’un comté de même nom, fur le Wecht, à 6 lieues au ° nord-oueft de Munfter, avec une académie. Long. 25. 41. latit, 52, 24. STENIADE , (Myzhol.) Minerve étoit farnommée Sténiade, c'eft-à-dire robufle, pour défigner air mâle & vigoureux qu’on donnoit à cette déefle. STENOMARGA, ££ ( Hif. nat, Lithol.) nom par lequel quelques naturaliftes ont voulu défigner une marne, qui eft compaéte ä-peu-près comme une pierre. D’autres entendent par-là la marne ou craie légere & fine que l’on nomme agaric minéral ou ais de lune, &cc. | STENON, PAROTIDE DE > RELEVEUR DE. Srezon | s’eft-attaché à la recherche des glandes & des con. duits lymphatiques. Ila découvert le premier les principaux conduits falivaires fupérieurs, Il nous a laïflé encore différens autres Ouvrages. Le conduit de la parotide & les releveurs des côtes portent fon nom. Voyez PAROTIDE 6 RELEvVEUR. STENTATO , (Mufique téalienne.) ce terme de la mufidue italienne, avertit de chanter d’une maniere qui exprime la douleur, & en pouflant avec force, & comme avec peine, les fons de la voix ou de l’inf. trument. Broffard. (D. J.) | STENYCLERUS , ( Geog. anc.) ville du Pélopon- nèfe dans la Meflénie , felon Hérodote & Strabon : mais ce dernier écrit Ssezyclaros, Il ajoute que Cref- to STE phonte, après s’être rendu maitre de la Meffénie, la divifa en parties, & choïfit pour fa demeure la ville de Stenyclaros, fituée aumilieu du pays.” Srenyclerus étoitencore lé nom d’une plaine duPé- Loponnèfe , dans la Mefénie, fur le chemin d'Itho- me à Mégalopolis d'Arcadie. Quand vous avez pañé, dit Paufanias , Z IF. c. xxx. les rivières de Leuca- fie & d'Amphife, vous entrez dans la plaine de Sze- riyclere, ainf dite du nom d’un héros des Mefléniens, . Vis-à-vis étoit autrefois Oechalie: mais du tems de Paufanïas c’étoit un bois de cyprès, nommé le bois Carnaftus. (D. J.) STEP , (Géog. mod.) plaine de l'empire ruflien, ‘aux environs d'Aftracan , à lorient du Volga. Cette vafte plaine, mais inculte & fans habitans , produit “une grande quantité de fel entaflé comme des cou- -ches de criftal d’efpace en efpace. STEPHANE , (Géog. ane.) c’eft un des noms que Pline, Z. . 6. xxx. donne à Pile de Samos, ainfi que Je nom de la ville de Prénefte, dans le Latium. Le -même auteur , Z. IF. c. vi. donne encore ce nom à une montagne de la Thefialie,dans la Phthiotide. En- fn, c'eft le nom d’une ville de la Phocide, &c d’une ville de PAfie mineure-dans la Paphlagonie, fur la côte du Pont-Euxin. (D. J.) STÉPHANEPHORE , f. m. (Antiquité afiatique.) ericanlecpee ; on nommoit dans l'antiquité féphane- _phores, certains prêtres ou pontites particuliers, d’un ordre diftingué, qui portoient une couronne de lau- rier, & quelquefois une couronne d'or, dans les cé- témonies publiques. Ce facerdoce étoit établi dans plufieurs villes-d'Afie, à Smyrne , à Sardes, à Ma- snéfie du Méandre, à Tarfe, &t ailleurs. On voit par les monumens que cette dignité étoit annuelle & “éponyme dans quelques villes. Les féphanophores an- -ciennement confacrés au mimiftere des dieux, s’atta- -cherent enfuite au culte même des empereurs. Nous ifons dans uneinfeription que Tibere-Claude de Sar- des, avoit été Jféphanephore, CYPATHTOY. AIC. KA, CTEDANHEGOPOY ; mais nous ignorons sl étoit pon- tife des dieux ou des empereurs. On nommoit aufli ffépharephore le prêtre qui étoit À Ja tête des femmes dans la célebration des thefmo- phories. Maïs on nommoit par excellence fééphano- phorele premier pontife de Pallas, comme celui d'Her- cule portoit le nom de Dadouque. Potter , Archæol, grec.som. I. p.206. (D. J.) STÉPHANITES , {.m. (_4ntiq. greg. Ÿ orépavirai 3 des Grecs nommoient fléphanifles tous les jeux & les exercices dont le prix confftoit dans une fimple guir- Jande. Potter. 4rchæol. greg. tom. I. p. 451. STEPNEY , (Géogr. mod. } village d'Angleterre, dans la province de Middlefex , à l’orient de Lon- dtes. C’eft un village agréable , brillant , plus peu- plé que beaucoup de places qu'on nomme villes en France. Il y a trois paroïffes à Sspney , une épiico- copale, une preshytérienne , &t une de Quakers. (2.1J.) STÉRCORAIRE, CHATRE,(Hiff. des papes.) c’eft ainfi qu'on nommoit à Rome , au rapport de M. Len- - fant,, une chaîre qui étoit autrefois devant le porti- que de la bafilique, fur laquelle on faïfoit affeoir le pape le jour de fa confécration. Le chœur de mufi- que lui chantoit alors ces paroles du pféaume 113. {e- Jon l'hébreu, & le sr2. felon la Vulgate, ». 6. & fuiv. « Iltire de la pouffiere celui qui eft dans l'indigence » & iléleve le pauvre de fon aviliflement pour le » placer avec les princes de fon peuple »:c’étoit pour inänuer au pape, dit Le cardinal Rafpoz , la vertu de Phumilité, qui doit être fa compagne de fa grandeur. Cet ufage fut aboli par Léon X. qui n’étoit pas né pour ces fortes de minuries. (D. J. STERCORANITES, fm. pl. ( Hiff. eccléf.) nom que quelques écrivains Ont donné à çeux qui pen- SD E { foient que les fymboles euchariftiques étoient fujets à la digeftion & à toutes fes fuites de même que les: autres nourritures corporelles. Ce mot eft dérivé du latin ffercus , excrément: Onneconvient pas généralement de l’exiftence de cette erreur. Eepréfident Manguin Pattribue à Amalaire, auteur du neuvieme fiecle ; & le cardi- nal Humbert, dans fa réponfe à Nicetas Pe&oratus , l'appelle nettement ffercotanifle , parce que celui- ct prétendoit que la perception de l'hoftie rompoit le: jeûne. Enfin Alger attribue la même erreur aux Grecs. Mais ces accufations ne paroiflent pas fondées car 1°, Amalaire propofe à la vérité la queftion , fe les efpeces euchariftiques fe confument comme les alimens ordinaires , maïs il ne la décide pas. Nicetas prétend auffi que l’'Euchariftie rompt le jeûne , foit qu’il refte dans les efpeces quelque vertu nutritive , foit parce qu'après avoir reçu l’Euchariflie , on peut prendre d’autres alimens ; mais ilne paroït pas avoir | admislaconféquence que luiimpute le cardinal Hum bert. Il ne paroït pas non plus que les autres grecs {oïent tombés dans cette erreur, S. Jean Damafcene les en difculpe. Mais foit que le ftercoranifme ait exifté ou ñon ; les proteftans n’en peuvent tirer aucun avantage con= tre la préfence réelle , que cette erreur fuppofe plu- tôt qu’elle ne lPébranle. PoyezM. Wuitafs , sraisé de l'Euchar, premiert partie, queff. ij. art.1.fett. 1. p. 4164 E fuiv. 2: STERCULIUS ,(MychoL.) furnom donné à Satur- ne, parce qu'il fut le premier qui apprit aux hommes à fumer les terres pour les rendre fertiles. (D. J.} STEREA , ( Géog. anc.) municipe de l’Attique, dans la tribu Pandionide , felon Lucien. STÉRÉOBATE, (Archir.) voyez SOUBASSEMENT: ED.SV | STÉRÉOGRAPHIE , f. £ eft Part de deffiner la forme ou la figure des folides {ur un plan. FoyezSo- LIDE. ; Cemoteft formé du grec orépeos, folide, 8C ypago ,7e décris. La fféréographie eit une branche de la Perfpec- tive, ou plutôt c’eft la perfpeétive même des corps folides ; c’eft pourquoi on en peut voir les regles aux mots PERSPECTIVE, 6 SCÉNOGRAPHIE. Voyez auffe STÉRÉOGRAPHIQUE , & PROJECTION. (O ) | STÉRÉOGRAPHIQUE, adj, ( Perfpe&t. ) pro- jettion fééréographique de la fphere , eft celle dans la- quelle on fuppofe que l’œileft placé fur la furface de la fphere. Voyez PROJECTION. La projeétion fféréographique eftla projeétion des cercles de la fphere , fur le plan de quelque grand cercle , l'œil étant placé au pole de ce cercle. Cette projetion a deux avantages; 1°. les projeétions de tous Les cercles de la fphere, y font des cercles, ou des lignes droites, ce quirend ces projeétions faciles à tracer, 2°. Les degrés des cercles de la fphere , qui font égaux, font à la vérité inégaux dans la projec- tion , mais 1ls ne font pas à beaucoup près fi inégaux que dans la proje@ion orthographique ; c’eft ce qui fait qu'on fe fert par préférence de cette projection pour Les mapemondes , ou cartes qui repréfentent le | globe terreftre en entier. Voici la méthode & la pratique de cette projec- tion , dans tous les cas principaux , c’eftà-dire fur les plans du méridien, de l'équateur , & de l’horifon. Projeition fléréographique Jur le plan du méridien ; foit ZONE ( PL de perfpeët. fig. 22. ) le méridien ; Z & Nles poles, comme auff le zénith &le nadir ; EQ l'équino&ial ou Péquateur ; ZN le colure des équinoxes , & le premuer cercle vertical; Z13N, Z3oN, Z45N, &c. font les cercles horaires ou mé- ridiens. Pour décrire ces cercles, trouvez d’abord es points 15, 30, 45, Go, 6. dans Péquinoëtiüal , pour cela il ne faudra que trouver les tarigentes des moiriés des angles de 15 degrés, de 30, de45, &c. dans le grand cercle ZENQ, & les porter depuis F, jufqu'aux points 15, 30, 45; &c. oubien, ce qui abrégera encore l'opération, on divifera le grand de- mi cercle EN) en 180 destés , en commençant au | point N, 90 de chaque côté ; enfuite parle point Z, éc par les points de 15, de 30, de 45 deorés, Gr. on tirera des lignes droites qui couperont la ligne Fa, aux points 15,30, 45, &c, Ces points étant trou- vés,, il ne s’agita plus que de décrire par ces points, 8 par les points Z & N, des arcs de cercle Z13N , Z30oN, £45N, Gc. qu repréfenteront les méri- diens ; ce qu’on exécutera facilement par les métho- des connues de géométrie, pour tracer un cercle par fois points donnés, Si on ne veut pas fe fervir de ces méthodes pour décrire ces cercles, on pourra en employer d’autres qui feront encore plus fimples : par exemple, pour tracer le méridien Z15N , on ti- rera du point Z au point 15, une ligne droite, & fur cette ligne droite , on élevera au point Zune per- pendiculaire qui ira couper la ligne FE , prolongée en quelque point ; la diftance éntre ce point de ren- contre 6 le point 15, fera le diametre du cercle Z15N , dont on trouvera par conféquent le centre, en divifant cette diftance en deux parties égales. On peut aufl avoir les centres d’une autre maniere : par exemple, pour avoir le centre du cercle Z45N , on tirera par le point Y & par le point de 45 desrés du quart de cercle VO , une ligne droite ou diametre , qu'onprolongera jufqu’au quart de cercle ZE ; en- fuite par le point Z , & par Les points d’interfeétions de ce diametre, avec les deux quarts de cercle NO, ZE , on tirera deux lignes droites qui iront couper la ligne Q FE , prolongée , s'il eft néceffaire, en deux points, & la diftance de ces points donnera le diametre ; de-là , il eft facile de conclure , par les principes de la Géométrie, que le diametre du cer- 'cle Z45N, eft éoal à la moitié dela fomme de la tan- gente de la moitié de 45 degrés, & de la tangente du complément de cette moitié au quart de cercle; que la diftance du point Y’au centre du cercle Z45N, eft égale à la tangente du complément de 45 degrés, c’eft-à-dire à la cotangente de 43 degrés, & que la diftance du point 4.5 à ce même centre, eft égale à la fécante du complément de 45 degrés, c’eft-à-dire à la cofécante de 45 degrés, & ainfi des autres ; ce qui four- nit encore de nouvelles méthodes pour déterminer les centres des projeétions des différens méridiens ; ar pour déterminer parexemple le méridien Z 45N, al ny a qu'a prendre depuis le point 44 , vers £, une ligne égale à la cofécante de 45 desrés, ou à la de- mi fomme destangentes de la moitié de 45 degrés, & du complément de cette moitié ; ou bien on pren- dra depuis le point F vers £ , une ligne égale à la cotangente de 45 degrés. | Dans cette même proje@ion lesarcs de cercle &, S , & rs , rs, font les tropiques feptentrional & inéridional , qui fe projetteront aufli par des arcs de cercle. Pour tracer ces cercles, par exemple &, » S , on prendra d’abord fur le demi-cercle F22 , les varcs E © , Q S de 23 degrés & demi, enfuite par le point £, &c par le point & qui en eft Le plus éloi- gné, on tirera une ligne droite qui coupera la ligne ZN en un point, & par ce point, & les deux points SG, on décrira un arc de cercle qui repréfentera le tropique du cancer. On peut auf s’y prendre de la maniere fuivante pour décrire le tropique S 0 GS ; on portera de y vers o une ligne yo , égale à la tan- gente dela moitié de 23 degrés 3 0/,& du pointo vers le point Z , on portera une lisneésale à la cofécante de 23° 30°, en prenant pour finus total le rayon du tropique. On pourra décrire par une méthode fem- blable tous les autres cercles paralelles à l'équateur. STE jii Dañscetté projeQion & , rs ef Pécliptique , el: le eftrepréfentée par une ligne droite & on la divi fera en degrés comme on a divifé la projeétion £2 dé l'équateur ; on nommera ces degrés par les fignes du zodiaque, en comptant 30 °. pour chaque figne, Projeition fléréographique [ur le plan de l'équinoëtiat ouéquateur : 1oït SC ( fig, 23. ) le méridien & le co- lure des folftices; ÆN le colure équinoétial, & le cercle horaire de 6 heures; P le pole feptentrional ; S, % , le tropique feptentrional; ES N la moitié feptentrionale de Pécliptique. Pour en trouver le centre, on divifera d’abord la ligne PC en 90 de grés, comme on a divifé dans la fg. 22. la ligne YQ : On prendra enfuite la portion Pe5 , de66 degrés & demi, & on portera depuis s vers $ , une ligne égale à la fécante de 23 degrés & demi , enfuite d’un rayon égal à cette fécante, on décrira un cercle qui pañle par le point & ; ou bien on portera depuis le point? , vers $, une ligne égale à la tangente de 2% deorés & demi, & de l’extrémité de cette ligne, com: me centre, on décrira un arc de cercle qui pañle par les points N, E, Le pole x de Pécliptique et à lin- terieétion du cercle polaire & du méridien » parce que c’eft le lieu par où doivent pañler tous les cercles de longitude ; & £ZN fera l’horifon du lieu , par exemple de Paris. Pour la décrire , prenez depuis P juiqu'à Z la tangente de la demi-latitude : alors la tangente de la colätitude , prife depuis P jufqu’à O, ou fa fécante depuis Z jufau’à O, donne le centre du cercle qui doit repréfenter l'horilon , & fon pole qui repréfente le zémith , fera éloigné du pole P'd’uné quantité égale à la tangente de la demi colatitude. Tracer tous les autres cercles dans cette projec- tion : 12. pour les cercles de longitude qui doivent tous pafler par a, &c par les différens degrés de l’é- chiptique ; prenez la tangente de 66 degrés 30 minu- tes , depuis 4 vers x fur le méridien , ce qui donne- ra un point par lequelune perpendiculaire étant tirée , au méridien, elle contiendra Les centres de tous les cercles de longitude, & les diftances de ces centres au rayon PC’, {erontles tangentes des deorés de leurs diftances au méridien SPC. 2°, On décrit tous les paralelles de déclinaïfon, en prenant les tangentes de leurs demi diftances au pole P, & décrivant du point P & de ces demi diftances, comme rayons, des cercles Concentriques. 3°, Tous les cercles azi- muthaux ou verticaux doivent paffer par le zénith 4 : puis donc que le zénith de Paris eft éloigné de P de 41°.30". prenez-en la cofécante, (‘ou la fécante de À 48 degrés so minutes ) depuis 2 vers C, & cela don- nera le point #, qui eft le centre de l’azimuth orien- täl &c occidental , c’eft-à-diré ELN. 4°. Les cercles de hauteur, Où almicantarats | font des cercles plus petits, dont les poles ne font point dans le plan de la projeétion ; ainfi le cercle Oe eft uri cercle de hau- teur, élèvé de ÿo degrés au-deflus de l’horifon. Sa Tous les cercles horaires font des lignes droites, ti- rées du centre P à l'extrémité du grandcercleSNYE, Projeëtion fléréographique fur Le plan de 'horifon. D'abord décrivez un cercle qui repréfente Phorifon ; partagez-le en quatre parties par deux diametres : Z (fig. 24.) fera le zénith du lieu; 72 {12 {era le méridien ; 6 7 6 fera le premier vertical ou azimuth d’orient & d’occident; faites Z P égal à latancen- te de la moitié de 41°, 103 P fera le pole du monde à faites 7 Æ = à la tangente de la moitié de 48°: 30/8 vousaurez le cercle équino@ial 66. | Dans cette proje@ion, les almicantarats font tous paralleles au cercle de proje&tion » © les azimutaux font tous des lignes droites qui pañlent par Z, centre du cercle de proje&tion. Les paralleles de déclinaifon font tous de petits cercles paralleles au cercle équis noétial; & on trouve leurs interfeétions avec le nirË- ridien , en prenant la tangente de leurs demi-diftan s12 STE ces du zénith, vers le nidiou vers le nord, ou des deux côtés depuis Z :leurs centres {fe trouvent en coupant en deux la diflance qui eft entre ces deux points : car le milieu fera Le centre du parallele. Pour ce qui regarde les cercles horaxes, faites Æc = à la tangente de 48°, 50"; ou Pc = à fa fécan- te de 48°, 50. tirez par le point € une perpendicu- aire au méridien 122€ prolongé ; enfuite fi vous prenez £C pour rayon, & quedur la ligne CT vous portiez les tangentes de 15°, 30°. 45°. &c. d'un êT d'autre côté | vous aurez les centres de chacun des cercles horaires, 785,8, 4, 6. Remarquez que dans toute projeion feréographi- que, tous les diametres font divifés en degrés, par les tangentes des demi-angies correfpondans ; ainf dans la fig. 22. on a divifé FQ en degrés, aux points 16, 10, AS, 6. en portant depuis Ÿ les tangentes des moitiés de 15 degr. de 30.degr. de 45-degr. &e. & <’èft-à le fondement de la projetion des cercles ho- aires de la fphere, fur un plan donné. Voyez GNo- MONIQUE, rc Comme dans la proje@tion fféréographique tous les cercles fe projettent par des hgmes droites , où par d’autres cercles, on fe fert beaucoup de cette forte de projeétien. Il faut toujours wnaginer dans ces for- tes de projeétions, que l’œæ:ileft éloigné du plan, d’une quantité égale au rayon du grand cercle de la projec- “on, & que la moitié de la fphere projettée eft au- deflous du papier, en forte que fon centre fe confon- de avec le centre du grand cercle de projeéhon. Au refte, cette efpece de projeétion , malgré tous fes avantages, a un inconvénienf, c’eit que l’on ne peut pas s’y fervir d’une même échelle pour trouver les diftances des lieux : car par exemple , dans la fr. 22. les point 15, 30, 45, &c. font inégalement éloi- gnés les uns des autres fur la projeétion; cependant les points de la fphere dont ces lieux font la projec- tion, font tous à 15 degrés les uns des autres. Il en eft de même de tous les autres points de la projec- ion : car leurs diftances fe projettent par des arcs de différens cercles, 8 dans lefquelsles degrés font re- préfentés par des divifñons inègales. Ainfi dans une mapemonde qui n’eit pas à l’horifon de Panis, ilfaut bien fe garder de fe fervir d’une échelle poir trouver la diffance de Paris aux différentes villes de l’Euro- ‘pe ; on ne peut fe fervir d’une échelle pour mefurer ces-diftances ,. que dans les mappemondes dont Paris occupe le centre, c’eft-à-dire dans celles dont la projeétion eft {ur l’horifon de Paris; encore faudra- t-1l fe fervir d’une écheile dont les divifions foient inégales, comme le font cellesde laligne FO, f3. 22. & cetteéchelle ne pourra donner que les diftances de Paris à toutes les autres villes, & non pas la diftan- ce de ces autres villes entre elles. (O STÉRÉOMÉTRIE, £ £ (Géom.) et une partie de la Géométrie, qui enfeigne la maniere de mefu- ser les corps folides, c’eft-à-dire, de trouver la foli- dité ou le contenu des corps; comme des globes, des cylindres , des cubes, des vales, des vaifleaux, 6c. Voyez SOLIDE & SOLIDITÉ. Ce mor eft formé du grec orépeoc folide , 8 juéipor mefure. Woyez-en la méthode fous les arsicles des différens corps, comme GLOBE , CYLINDRE, SPHE- RE, Gc. Voyez auf JAUGE. Chambers. (E) STEREONTIUM,(Géog. anc.) ville de la Ger- manie, felon Ptolomée, /. 11. c. x7. Quelques fa- vans veulent que ce foit aujourd’hui Caffel. (D, J.) STÉRÉOTOMIE, f. f. (Géom.) eft la même chofe que coupe des pierres. Voyez COUPE DES PIERRES. STÉRILITÉ , 1. f. (Malad.) maladie appartenante au fexe. Elle dépend de plufeurs caufes que l'on peut réduire au vice des fohides, àcelui desfluides ê&c à un | vice combiné de ces deux premiers. La plupart des femmes conçoivent, & portent leur fruit jufqu'au neuvieme mois ; mais beaucoup. d’entr’elles ne peuvent concevoir, c’eft ce que l’on nomme férilise, C’eft une maladie qui afilige les fa- milles , leur faifant perdre l’efpoir d’avoir des héri- tiers. | Le vice des folides confifte dans la conformation irrégulière des parties de la génération, dans l’af- faflement & l’étroitefle du vagin, dans l’obfiruc- tion & le defléchement des ovaires, dans le relâ- chement &z la foibleffe de la matrice, du vagin , des trompes & des autres parties. Souvent 1l fe trouve que le vagin n’eft pas ouvert, fouvent les parois {ont obliterés, &c l’art ne peut remédier à leur coa- Htion. D'autres fois les éminences qui font contenues en tre les aîles, telles que le clitoris , les nymphes, font fi prodigieufes, qu’elles ne permettent pas l'intro- duétion dumembre viril dansie grand conduit de l’u- térus, On a vu des femmes en qui cette ftruéture bi- farre a donné lieu à de grands defordres, en leur facilitant un commerce illicite avec des perfonnes du même fexe. Le vice des fluides confifte ou dans l’excès des fluides ou dans la petite quantité de ces fluides. C'eft ainfi que les regles immodérées, les pertes continuelles , les fleurs blanches continuelles, en épuifant les humeurs, relâchent &c humeétent fi fort les parois de lutérus, que la liqueur féminale & l'embryon venu de l'ovaire ne peuvent y refter ni y être retenu: de-là vient que les femmes fujettes à ces incommodités, ou ne conçoivent points; ou ft elles font affez heureufes pour concevoir, elles font fujettes à de fréquens avortemens. Ces fortes de femmes étant toujours mouillées , les parties folides des organes n’ont point aflez de reflort pour échauf- | fer les principes de l'embryon ; la férofité qui les inonde & leur humidité étouffent les principes ac- tifs de la femence qui auroient pu fans cette fâ- cheufe circonftance {e développer, & porter dans l'œuf cet efprit vivifiant nécelfaire pour former où développer l'embryon. La fanie ou plutôt les écoulemens-purulens des fleurs blanches lymphatiques, d’une gonorrhée vi- rulente, produifent les mêmes effets, & difpofent l'utérus aux.ulcérations & à l’hydropife. Dailleurs tous ces vices des humeurs ci-deflus énoncés empé- cheroiïent l'utérus de {e fermer, &t de-garder le pré- cieux dépôt dont fes parois ont été arrofés. Souvent les vices des folides fe combinent avec ceux des fluides. C’eft à cette caufe que lon peut rapporter la fupprefñion des regles, les pâles cou- leurs , ou la chlorofe, qui font toutes des caufes & des fignes de fferilrse. Or cette fuppreffion dépend également du vice des folides comme de celui des fluides: la roideur, la fécherefle, l’aridité de l'utérus, la trop grande tenfion de fes fibres, font desscaufes fréquentes de la diminution, de la fuppreffion des regles ; comme aufñ le fang trop épais ; trop acre, trop abondant produit éncore les mêmes effets. C’eft l'ordinaire que les filles en qui la menftruation eft pénible , ne conçoivent que difficilement; & que celles en qui les regles coulent librement & régulierement, font plus heureufes dans la conception, dans la gefta- tion comme dans Paccouchement. C’eft ainfi que l'illuftre Fernel procura à la France un dauplun, confeillant au toi d'approcher de la reine pen: dant l’éruption facile des regles : ce font auf là les vues des grands praticiens de nos jours, Mais outre ces caufes, la chaleur de Putérus eft quelquefois f. grande, qu’elle détruit &c fuffoque tous Les principes les plus a@tifs de la liqueur fémi- nale : d’ailleurs cela arrivera encore plus furement, fi cette liqueur fe trouve trop froide , refpeétive- ment ment à Pétat préfent de l'utérus, fi les embraffe. mens d'un époux font froids, languiflans ; ou fi lépoufe ne fympathife & ne correlpond que froi- dement aux embraflemens de fon époux, foit par la. confüitution froide 8 inaëlive de fon tempéra- ment , foit par le peu d'inclination ou d'amitié qu'elle fe fent pour lui. 1 Enfin l'expérience fournit d’autres caufes qui con- _firment ces premieres : nous voyons tous les jours des femmes. qui conçoivent avec un fecond mari 3 & qui en ont des enfans, tandis qu’elles n’avoient pu en avoir du premier. Nous voyons dei même des maris avoir des enfans en fecondes noces, qui n'ont pu en-avoir du premier lit, Ces cas ne font point rares ; ils tendent à prouver le fapport qui doit être entre les humeurs des deux époux: de- même qu'entre les organes deftinés à Pouvrage de la génération. Voilà les caufes de la ferilisé qui peuvent avoir lieu du côté de la femme : il en eft d’autres qui at- taquent les hommes ;.dont la froïdeur, la langueur dans les embraflemens vient des mêmes caufes du vice des folides, de leur mutilation, ou du peu d’ac: tivité des humeurs féminales. La caute la plus com- mune eff le libertinage, l'habitude des plaifirs qui a épuilé les fecours de la fanté &les marques dé la virilité. Car la vraie caufe prochaine de la concep: tion eft limmiflion de la liqueur féminale vivifiante dans Putérus pour y développer les rudimens de Pembryon contenu dans Povaire. Traitemens, Si l’on nous demande les remedes néceflaires pour détruire ces caufes, & donner à tant de familles cette douce confolation qui ferre t affermit les nœuds des alliances » Qui entretient la concorde & lunion dans la fociété conjugale; nous répondrons que la plupart des caufes énon- cées ci-deflus font fans remedes, & que l’on voit rarement les médecins réuffir dans l’adminiftration des remedes pour une telle fin. La dificulté vient de l’'embartas où l’on eft de connoïtre les vices réels que Pon doit combattre: On voit bien les vices des {olides dans l’un & l'autre exe , qui dépendent de la conformation extrin- feque ; mais On ñe voit pas de même ceux qui dépendent du vice interne des fibres , de la féche- refle, de la roideur; ou des fluides » foit qu'ils pé- chent par excès, foit qu'ils foient en trop petite quantité. L’excès des liquides, & leur médiocrité peuvent provenir de caufes également capables de produire l’un & l’autre : d’ailleurs les diférences des tempéramens & des affetions mettent encore un ob- ftacle invincible à la connoiffance de la caufe & du remede. Nous allons cependant donner quelques points de vue généraux. | b: Dans la tenfion & la fécherefle trop grandes, on doit relâcher par les remedes émolliens , humeétans & adouciflans, par un régime délayant , tempérant & rafraichiflant : cette indication générale a lieu dans les deux fexes. | Les eaux légerement acidules, les Himonades ai- grelettes, les cordiaux acides & doux, les viandes de jeunes animaux , leurs bouillons , font donc ici fpécialement indiqués : les émulfons, les bains d’eau froide ou légerement tiéde, les fritions douces fur le£ parties avec les huiles, les infufions où décoc- tions émollientes, les demi-bains, les embrocations ont très-bien indiqués dans ce cas. | Dans la foupleffe , Phumidité & le relâchement des parties, on doit employer les remedes aftrin- gens & toniques: tels font les injeétions , les peffai- res, les bains; les demi-bains » es fomentations , & autres remedes compofés où préparés de médica- Tome XF, STE 533 Mens aftringens, fortifans & toniquesi Payet À TRINGENS & ToNIQUES,. AO CNE Les fomentations avec lès infufñons de plantes atomatiques,, telles que l’armoife, la matriéaire, la muillefeuille , la tanneñe , Ja fauge ; la câtaïre ! {ds mentes , les marrubes , lesrabfynthes ; & autres de même vertu, font fort recommandées. mo Les: opiats faits de plantes aphrodifiagques"; de leur fuc, des gommes aromatiques, les téintures de myrrhe, d'aloes, de caftoréunt) les différens chxirss la teinture d’ambre, de:mufe;: employés en fomen- tation, en injection; ces fubftances même employées en linimens, .ont quelquefois: téufi ; ondoit éom: mencer paï leur uiage intérieur, FA SRE Les emménagogues font les rémedesindicrrés dans le cas de fuppreflion de regles ; mais il fit, avant toute chofe, bien confidérer les caufes, fans quoi On ne feroit qu'irriter le mal. En général ces re- medes doivent être donnés long-tems &r paf inter- “valle. Voyez EMMÉNAGOGUES. rs STERLING, fm. (Mon de compté d Angl. Yom Le de la monnoie idéale & de compte d'Angleterre; quelques-uns ‘€royent que eïmot vient: de: Ja ville Srerling en Ecofle, où ils prétendent qu'on bâttoit anciennement de la monnoie très-pure, avec fôrt peu d’alhage. D’autres difént avec bien plus d’ap:5a- rence, queice nom dérive: du mot faxon ffére, qui fignifie regle ; ainfi, felon ce fentiment, une mon- noie féerling , w’eft autre chofe: qu'une monnoie faite felon la regle prefcrite. | Enfin , Camden eitime que lé mot flerling eft mo- derne, &c qu'il a été vraïtfemblablement pris dé cer: tains ouvriers flamands , qui fous le régne de Jeans Santerre | furent attirés dans la grande - Bretagne pour y rafiner l'argent; à quorils réuffifloient bien mieux que les Anglois. Comme on appelloit commu nément les gens de ce pays-là Æ flerlings , à caule de leur fituation à l’eft de l'Angleterre, 1l eft arrivé que: la monnoiïe qu’ils firent , fut nommée efferling , 8 pat abréviation férling , c’elt:à-dire, faite par les Ejler- lings où Flamands , & par conféquent plus pure que celle qu'on avoit battue jufqu’alors. der” Quoi qu’il 'en foit, les négocians anglors tiennent leurs comptes par livres féerling, shilhnogs, 8 far- things , en mettant la livre idéale Jirling pour vinst shillngs , le shilling pour douze fols, & le fol pour quatre farthings. ( D. J.) = STERLING, ( Géog. mod. province d'Ecoflé, dañs la feconde prelqu'ile de ce rOoyanHne, at midi du Tay. Cette province.eft bornée à l’orient par PA von, qui la fépare de la Lothiane, &c par le Forth, qui la fépare de la Fife. Au nord elle à la province de Menterth; à l'occident, celle de Lénox, & au midi celle de Claydesdale. Elle s’étend en longueur du nord-oueft au fud-eft, l’efpace de vinpt milles, &T fa largeur n’eft que de douze milles. Mais fi cetre province eff petite, elle eft l’une des plus fertiles de lEcofle ; on y compte environ vingt paroïfies ; les rivieres qui l’arrofent font le Carron, le Kelwin , le Coutyr, le Bannok , & le Forth. En paffant de la Lothiane dans cette province, on voit les reftes de la muraille des Romains , qui sé: tendoït à-travers les provinces de Srrling & de Lé- nox , jufqu'à Kilpatrick, fur la Cluyd, dans un ef pace de trente à trente-cinq milles. Les vallées de la province de Szrlng font entrecoupées de prairies’; les montagnes du midi & de loueft, entretiennent de gros troupeaux de bêtes à cornes ; les habitans brûlent du bois, du charbon de pierre , ou une ef: pece de tourbe, fuivant les lieux, ( 2. J. STERLING , ( Géog. mod.) ville de l’'Ecoffe méri- dionale ; capitale de la province de même nom, fur la peñte d’un rocher, dont le Forth mouille le pré, &t qu'on pañle fur un pont de pierre, à 12 lieues au CEE St4 SiT E nord-oueft d'Édimboüre: Elle a été la demeure de plufieurs rois d’Ecofle, On y voit un beau. êc fort château. Long:\13.55$lat, 56, 5. Les anciens appelloient cette ville Birobara; mais -Ptolomée l'appelle Frrdovara, C’étoit une des bor- nes. de l'empire romain dans la Grande-Bretagne, comme il paroît par: une infeription qu'on trouve vers-le pont au bas-du château, &c qui marque qu’une des aîles de l’armée romaine fafoit garde dans cette place. Du tems de la-religion catholique ; il-y avoit près decette ville une abbaye magnifique qui portoit lé nom de Cambuskenneth... À deüxmilles awnord de Szerling, eft une terre nommée Archrey où Airthrey ; dans laquelle on trou- vei une-fnine de cuivre au côté méridional d’une . montagne: La matiere qu’ontire de la mine eft couw- verte d’une .croute métallique , & le refte efthigarré .de couleurs vives, de:verd , de violet, &c de bleu. Un:quintal de cette matiere rend trente livres de cuivie ; une fontaine fort de la même montagne ; êc comme .elle pafle à-travers une terre minérale, elle -en prend une légere teinture, & on la croit bonne pour.guérir quelques maux externes. : Quoiqu'il en doit, la ville de Srerling eff la patrie de Marie Lambrun, femme qui mérite d’occuper {a place dans l’hiftoire du xvj. fiecle. Elle avoit époufé un françois nommé Lambrur, quilui donna le nom fous lequel elle eft connue; tous les deux entrerent fort jeunes au fervice, de Marie Stuart qu'ils ado- roient. L’époux de mademoifelle Lambrun fut ftou- ché de la’ fin tragique de cette princefle , qu'il en moutut de douleur au bout de quelques mois ; &c {a femme defefpérée réfolut auffi-tôt de venger lun & l'autre par un terrible crime. Elle s’habille en homme, prend le nom d'Antoine Sparch, &t fe rend à Londres, portant fur elle deux piftolets chargés, Jun pour tuer la reine Elifabeth , & l'autre pour le . tuer tout de fuite, afin d'éviter l’échafaut. En perçant la foule avec vivacité pouris’appro- | . cher de la reine qui fe promenoit dans fes jardins, elle laifle tomber un de fes piftolets ; les gardes ac- courent, la faififfent , & ne fongent qu’à la trainer en-priion ; mais Elfabeth voulant fur le champ Pin- _terroger elle-même , lui demanda fon nom, fa pa- trie, & fa qualité. Mademoifelle Lambrun répondit d’un ton ferme : « Madame, je fuis écofloife & femme, quoique je » porte cet habit : je m'appelle Marguerite Lambrun. » J'ai vécu plufeurs années auprès de la reine Ma- » rie, que vous avez injuftement fait périr; & par » fa mort, vous avez été caufe de celle de mon mari, » qui n’a pu furvivre au trépas d’une reine innocen- » te, à laquelle il étoit dévoué. Demon côté, aï- » mant l’un êz l’autre avec paflion, j’avois réfolu au » péril de ma vie, de venger leur mort par la vôtre. » Tous les efforts que j'ai faits pour abandonner ce » defiein , n’ont abouti qu'à nrapprendre qu'il ny » a rien qui foit capable d’empêcher une femme ir- » ritée de fe venger, lorfqu'un double amour enflam- » me fa haine & fon reffentiment ». Quoique la reine Elifabeth eût grand fujet d’être émue d’un tel difcours , elle ne laïfla pas de Pécou- ter de fens froid, & de repartir tranquillement : « Vous avez donc cru faire votre devoir , & rendre » à l'amour que vous avez pour votre maîtrefle & » pour votre mari, ce qu'il exigeoit : mais quel pen- » fez-vous que doit être maintenant mon devoir à » votre égard » ? Cette femme répondit à la reine avec grandeur: « Je dirai franchement à votre majefté mon avis, » pourvu qu'il lui plaife de me dire premierement, » fi elle me fait cette queftion en qualité de reine, » où en qualité de juge ». Elifabeth lui déclara que c'étoit en qualité dereine, « Votre majefté doit m’ac- SIT) Fr »'éotder grace», tepartit Marguerite Lambrunñ: « Mais quelle aflurance me donnerez-vous, rés » pliqua la reine, que vous n’en abuferez pas, & » quervous n’entreprendrez pasuñe feconde fois un »attentat femblabie? » À quoi la Lambrüun repartit encore: « Madaine , la grace que l’on veut accor- » der avec tant de précaution, n’eft plus , felon mon » idée , une véritable grace : ainfi votre majefté peut » agir «Contre MOI COMMEJUpE 3 Alors la reine s'étant retournée vers quelques membres de fon confeil qui étoient préfens, leur dit: & Ily a trente ans que je regne ; mais je ne me 5 fouviens pas d’avoir trouvé perfonne qui nait ja- # mais fait une pareille leçon. Allez (Continua-t= » elle ; éni s’adréffant à mademoïfeile Lambrun ), je! » vous accorde la grace pure, entiere, &c fans au- » cune: condition »: T1) Marie Lambrun fe profterna aux genoux de la reine ,.en la priant d’avoir la générofté de la faire conduire sûrement hofs des royauines de la grande Bretagne juiqu'aux côtes de France. Elifabeth le lui accorda volontiers ; & l’on regarda cette requête de Marie Lambrun, comme un trait fingulier de pru= dence & de faveffe. ( Le chevaiiér De Jawcourr.) STERNBERG , ( Géog. mod, ) contrée d’Allemas= gene, dans la nouvelle marche de Brandebourg , aux confins de la Pologne & dela Siléfie; c’eft un pays montasneux, coupé de quelques petites rivierese Stérnberg la capitale , lui donne fon nom; cette pe= tite viile eff fituée aux confins de la Siléhe , entre Cuftrin , Schwerin, Francfort fur POder , & autres lieux. ( D. J.) , c- | STERNOMANTIS , { f. ( Anriquir grecq. ) sepro= pavrie ; C’étoit un des noms de la prêtreffe de lora= cle de Delphes, plus connu encore fous celui de Pithie ; mais le même nom de créons étoit gé= néralement donrié à tous ceux Qui apités par quel= que démon, prophétifoient , ou rendoient des ora- cles. (D. JT. ) | ni STERNO-CLYTHO-MASTOIDIEN , ou STER- NO-MASTOIDIEN ; ox MASTOIDIEN ANTÉ- RIEUR , ex Ariatomie , nom de deux mufcles dont chacun vient de la partie fupérieure & antérieure du fternum de la clavicule , vers l'extrémité flernale, êz {e termine à l’apophyfe maftoide, | STERNO-COSTAUX , ou le triangulaire du fler- num , (Anatomie. ) nom de quelques mufcles qui s’attachent aux côtes & au fternum. Voyez CÔTES 6 STERNUM. Ces mufcles viennent de chaque côté de la partie inférieure &c interne du fternum , & s’inferent à la feconde, troïfieme , quatrieme, cinquième, fixieme, & feptieme des vraies côtes. STERNO-HYOIDIEN,ez Anatomie, eft une paire de mufcles qui viennent de la partie la plus iupé- tieure & interne du fternum, de la portion voifiné de la clavicule & de la partie adjacente à la premiere côte ; ils font larges & fitués le long de la trachée- artere , des glandes thyroides, & du cartilage {eu tiforme ; ils fe terminent à la bafe de l’os hyoide. STERNO - MASTOIDIEN, ez Anatomie, nom d’un paire de mufcles appellés auffi /er20-clyto-maf= toidien, Voyez STERNO CLYTO-MASTOIDIEN. | STERNO-THYROIDE , ez Anatomie, eft une paire de mufcles du larynx qui sinferent dans là partie fupérieure &c interne du fternum, tout-au- tour du rebord inférieurde fa cavité articulaire, &fe termine à la tubérofité oblique du cartilage thyroïde. STERNO -THYRO - PHARINGIEN , ex Anato- mie ; nom d’une paire de mufcles du pharynx, qui font formés par un paquet de fibres qui prend fes at-: taches à la partie interne & fupérieure du fternum, s’unit intimement avec Le fterno-thyroïdién jufque versies attaches,au cartilage thyroïde, &r vient sun STE. enfute avecletyro-pharingien, Foyez STERNO-TY- ROIDIEN 6 TYRO-PHARINGIEN. b STERNUM ;,{.m.en Anatomie, nom d’un os fitué #outle long de la partie antérieure & moyenne de la poitrine. , Cet os eft compofé dertrois pieces dans les adul- tes , une fupérieure qui a lasfigure d’un-exagône ir- régulier; unemoyenne def un quarré oblong, &c une inférieure la'moins confidérable de toutes ; elle eft cartilaginenfe, & fe nomime cartilage xiphoïde. Voyez XIPHOIDE. ‘Mais dans Les enfans il eft compofé de plufieurs pieces fuivant les différens âges, c’eft-à-dire de ÿ de 6, 7 & quelquefois de 8 pieces, Deux pieces principales du ferrzm font unies en- femble par diarthrofe obfcure., de façon qu’en'les dé- crivant comme n'étant qu'une feule piece , leur face antérieure externe eftinégalèment convexe, fa pof- térieure interne eftlégerement concave; le bord {u- -périeur qui a fur le’milieu une grande échancrüre, que les anciens ont nommée fewrcherte , & fur les parties latérales deux cavités pour y'recévoir Les cla- vicules; le bordintérieur a cinq petits enfoncemens, un mitoyen., & deux à chaque partie latérale qui font quelquefois confondus enfemble; on voitfur les bords latéraux quatre petites câvités commedivifées en deux , & vers la partie fupérieure une petite por- tion du cartilage de la preriere vraie côte. Voyez CÔTE. L’os du flernum fouffre des jeux de la nature dans divers fujets, je n’entends-pas pourle nombre desos qui le compofent commie’ont fait quelqtes anatomif- tes, en les confidérantfur des fujets de différens âges, maispour la figure, la grandeur , ‘la fituation de cet os :par exefnple, dn à trouvé quelquefois {a pointe extrémerñent tournée en-dehors ou en-dedans, & alots-cejeu de lanatute doitavoir nui à fafanté , pro- duit des difficultés de refpirer & de fe courber, ou des maladies internes incurables. On trouve auf quelquefois à la partie inférieure du Yferzum un trou qui eft plus'ou moins grand, Un auteur allemand aflure dans les /é/eéa medica F'ancofurtenfia., avoir obfervé un pareïl trou , & que ce trou donnoït pañlage aux arteres & aux veines memmaires ; M. Hunauld dit qu’il n’atrouvé ce trou qu'une feuie fois; qu'il n’y pañloitrien, & qu’il étoit rempli par une forte de fubftance cartilagineufe, Voi- ci ,peut-être, continue-t-1l, ce qui donne occafion à la formation dé ce trou. Le ffernum , dans les pre- Biers téms, eft tout cartilagineux , & l’offification y commence en différens endroits ; Le nombre de ces ol- ffications eft incertain , elles fé réuniflent plus ou moins tard pour former trois pieces quienfuite fe fou- dent pour n’en faire qu'une. Si donc lorfque toutes ces différentes ofifications commencent à {e réunir, il y a unendroit où l’offificarion fe trouve arrêtée A cet endroit reftera templide la fubftance cartilagineu- fe qui en fe détachant, lorfqu’on fait le fquelette , laiffera appercevoir un trou dans l'os du féernum ; peut-être encore que les trois pieces d’oflification quife rencontrent par leurs bords , peuvent, en pre- nant de laccroiffément & de la folidité, avant que d’être unies, laïfler un vuide entr’elles. Comme on ñe dit point avoir vu un pareil trou à la partie fupé- rieure du ferrum, C’eft vraiflemblablement parce que la partie fupérieure de cet os n’eft ordinairement qu’- une feule piece dèsdes premiers tems, & qu'elle ne s'oflifié point en différens endroits , au-lieu que la multitude différente d’offifications fe fait à la partie inférieure , où le trou dont il s’agit fe rencontre tou- jours. (D. J.) * STERNUM , fracture du ( rraladie de Chirurgie, ) folution de continuité de los fernum à l’occañon de quelque coup. ou chute, Le fkrzum | comme les os Tome XF. à STE 13 du crâne, efl fufceptible defraëture &r d’enfoncement, On reconnoït lafraéture à l'inégalité des pieces ofleu= fes , & quelquefois à Ja crépitation qu’on énténd en comprimant alternativement les pieces féparées, L’enfoncement fe connoît par la dépréfion ; la dou= leur, la difficulté de refpirer, a toux y & quelques fois Le crachement de fanp font les fymptomes de la fradture & de l’enfoncement, Le ctachemént eft plu- tôt l'effet de la commotion que de la fraure, Am- broife Paré rapporte qu’il a été envoyé en 1563 par le feu roi de Navarre pour panfer un gentilhomme de ia chambre, bleffé devant Melun d’un coup de mouf- quet au nuleu du /ferrum, fur fa cuirafle : il tomba pat terre Comme mort, jettant grande quantité de fang parka bouche » 6€ il en cracha de fuite peñdant l’efpace de trois mois. Le flernum étoit enfoncé. Pour en faire laréduétion on fit coucher leblefléfur le dos $ ayant un carreau entre les épaules, & les os furent rétablis dans leur état naturel par la prefion latérale des côtes. On appliqua des compreffes trempées dans une liqueur vulnérairefpiritueute, & un bandage qui ne doit pas être trop ferré, afin de ne pas gêner laref- pifation. Les faignées font dans cette fraûure d’un grand fecours pour calmer les accidens & pour les prévenir, Le flerrum eft un os fpongieux fujet à être altéré par la carie. On peut tenter fur cet os les opérations convenables pour enlever la carie; tel que le trépan, I ÿ a fur la polbilité de la réuffite de cette deftruc- tion des parties viciées | deux obfervations très-im- portantes , l’une dans Galien , & l’autre dans Har- VeY , au traité de generatione aninaliuin , où lon voit que le fferruima été détruit en partie, & que les ma- lades ont furvécu. Dans l’un & dans l’autre cas on touchoïit le cœur, & l’on fentoit fes mouvemens dans le vuide qu'avoit laifé la déperdition de {ubftance du ferrum. (YF) STERNUTATION, £. £. ( Phyfiol.) en grecrrag- pes, en latin ferrutario, voyez ÉTERNUMERT , qui eft le terme le plus en ufape ; nous n'ajouterons ici que peu de remarques fur ce curieux phénomène de notre organifation. Tout le monde fait que c’eft un mouvement con vulfif, au moyen duquel lair étant pouffé violem- ment par toutes les cavités des narines, balaie &cem- porte avec bruit la mucofñité qu’il trouve fur fon paf- fage. | Pour entendre cet effet , il faut fe rappeller 1°. qu'il y a unrameau de nerfdela cinquieme paire qui fe rend à la membrane pituitaire du nez. 2°. Quand ce nerf vient à être irrité, l’intercoftal, le vague, & par conféquent les nerfs des mufcles qui fervent à la refpiration , doivent fentir cette irritation >) &for- cer les mufcles à entrer en contra@ion. 3°. Comme les nerfs du nez font fort fenfibles, ils produifent de grands mouvemens dans les nerfs qui vont aux mul cles infpirateurs ; c’eft ce qui fait que le thorax fe di- late tout ä-coup extraordinairement, 4°. Cette dila- tation fubite poufroit être fuivie d’un reflerrement lent, fi les mufcles qui fervent à l'expiration n’a- voient pas des nerfs qui fuflent irrités, de même que ceux des mulcles infpirateufs : comme ces mufcles infpirateurs font plus forts que les mufcles expira- teurs, leur aétion a d’abord prévalu , mais durant le tems qu'ils agiflent , la réfiflance augmente ; & les nerfs des mufcles expirateurs étant toujours irrités : y caufent une contraction qui l’emporte enfin fur les muicles infpirateurs. $°. La violence avec laquelle les mufcles expirateurs fe contraétent, comprime exe traordinairement les poumons , én forte que l'air eff obligé de fortir avec force. 6°, Par la communica- tion des nerfs , les mufcles qui concourent à élever la racine de la langue , entrent en contra@ion : par ce moyen l'air ne pouvant fortir par la bouche, ef ‘hd Ttti 516 S'YUPE jetté impétueufement dans la cavité des narines , & flhumeur muqueufe de la membrane pituitaire eftra- Mmaflée dans fes relervoirs , les fecoufles de l'air l’en- levent & la balaient, 7°. Les mufcles qui pouffent Pair des poumons dans la trachée-artere, font princi- palement le triangulaire &t le diaphragme, Ainf l’éternument fe fait lorique l'air d’une gran- de infpiration eft long-tems retenu dans le poumon , & en fort enfuite avec force par le nez, au moyen d’un mouvement expirateur convulff de tous les mufcles abdominaux, des intercoftäux & du dia- phragme. Quand on infpire beaucoup d'air, les muf- cles poftérieurs de la têre & du cou étendent la tête êc le corps en arriere, & à leur tour les antérieurs la plient fortement en devant dans l’expiration. Il arrive avant l’éternument une efpece de petit cha- touillement doux dans les narines , & quelquefois dans les parties avec lefquelles les nerfs olfaëétifs cor- efpondent. Lorfqu’on éprouve cette fenfation , tou- tes les ations du corps font fufpendues , & l’on refte un inftant dans l'attente de ce qui va fe pañler. L’in£ tant fuivant , les mufcles quifervent à l’expirationfe retirent avec une force que rien ne peut arrêter ; & les poumons fubitement reflerrés, chaffent l’air qu'ils contiennent avec un bruit femblable à celui d’uneli- ueur qu'on jette dans le feu. Ainfi dans linftant que e fait cette forte expiration, Le fang ne fauroit paf- Yer dans les poumons ; par la même raïon, le fang véineux qui revient de la tête, ne fauroit fe déchar- ger librement dans le ventricule droit du cœur ; ce qui fait que non-feulement les vaifleaux du cerveau font diftendus, mais auf que l’impétuofité du fang artériel eft augmenté par la violence de cette commo- tion. Of le concours de ces deux caufes produit une forte de diftenfion momentanée dans toute la mañfle du cerveau.Il eff clair que c’eft-là ce quife pale dans Téternument ; car s’il eft réitéré , tous les fens &c le mouvement mufculaire manquant à la fois, le vifage s’enfle , il fort des larmes des yeux, le nez coule ; & fi l’éternument eft répété bien des fois | toutes les aétions du cerveau en font prodigieufement trou- blées. Il eft vraiffemblable que c’eft à la commune origine des nerfs que commence cette puiflante irriration qui met en branle prefque tous les nerfs de la poitrine, du dos, de latête, & les enveloppe tous dans les mêmes mouvemens, comme on voit que la piquure d’un nerf, d’un tendon quel qu'il foit , produit un fpafme univer{el. On peut juger de toute l'étendue de cette contraion mufculaire, puifqu’il en réfulte un ébranlement général de toute la machine au mo- ment qu’on y fonge le moins, & par la plus petite caufe, Pémanation de quelque corps odoriférant qu’- on infpire. On éternue même en regardant le foleil, parce qu'il entre dans le nez une branche à peine vifble du nerf ophtalmique avec le nerfolfaétif, &c qui étant ébran- lée par une vive lumiere , excite dans le nerf des or- ganes de la refpiration les mouvemens convulfifs de Péternument. C’eft par la même rat{on qu’on pleure -quand on a reçu de fortes odeurs. L’irritation de la membrane pituitaire fe fait, ou extérieurement par la vapeur d’efprit-de-vin, defortes odeurs, comme par celle de la marjolaine, desrofes, du tabac; portées aux narines par des poudres qui volant en l'air , font reçues par l’infpiration ; par des médicamens äâcres, comme l’elléboré , leuphorbe & autres fternutaroires qui picotent la membrane du nez; ou intérieurement par l’acrimonie de la lymphe qui humecte naturellement la membrane des narines, comme dans le coriza. | ‘ Les materes quidont rejettées en éternuant vien- nent , 1°. du nez, de la gorge, parce que la membra- nc pituitaire y exude continuellement de la lymphe; STE 2°. de la trachée-artere & des bronches des poumons. Mais 1l ne faut pas croire que tout cé qui irrite les narines , foit les feules caufes de la flerrurarion ; cax M il ya des gens qui favent éternuer pluñeurs fois de fuite au gré de leur volonté. d.. L’éternument peut s’arrèter , en preflant l'angle interne de l’œil. Comprime-t-on le nerf récurrent qui vient de l’ophralifique de la cinquieme paire, &c qui paroit principalements’anaftomolfer avecles nerfs de la premiere paire? c’eft l'opinion de Willis. La f/ernutation differe de la toux, parce qu’elle fe faitavec moins de force, & que l’air qu’on n’infpire & qu’on n’expire qu’une feule fois dans Péternument affecte de pafler par les narines.. L'émonêtion ou l’aétion par laquelle on fe mou- che , eft une efpece d’éternument doux & volon- taire. : Les éternumens, quand ils ne font pas naturels, peuvent être de bons ou de mauvais fignes en Méde- cine , fuivant leur violence, leurs caufes, & les ma- ladies dans lefquelles ils arrivent. Ils font quelque- fois, comme dans le mouvement, augmenté de la cir- culation du fang , l’avant-coureur d’une hémorrha- gie falutaire , ou d’une métaftafe favorable dans le hoQuet; mais dans les maladies épidémiques, dans la rougeole, la petite-vérole , les fievres continues, où la métaitafe s’eft jettée fur les narines , les fferru- rations n’apportent aucun foulagement ; elles empi- rent le mal , lorfqu’elles viennent du confentement des parties, comme dans l’hyftériime ; l’épilepñe, l’efquinancie, les maladies des yeux 8 des poumons. Dans les maladies des narines , telles que leur inflame mation, leur ulcération, un polype, un cancer, l’o- zœne, il en réfulte des jferzutanions qui augmentent le mal, par la commotion qu’elles caufent. En pareil cas, 1l faut adoucir les narines, en injeétant, en atti- rant, en portant dans le nez, des baumes , des lini- mens oppofés à la nature de la maladie. Les humeurs âcres, catharreufes, qui agacent les nerfs olfaétoires provoquent des éternumens fré- quens , qui cefleront en attaquant la caufe , & en adouciflant les {ymptomes par des drogues ondtueu- {es , ou par la fumée de parfums fecs, dirigés dans les narines , fi les humeurs âcres font extremement tenues. Enfin, lon conçoit aifément que les ffernurations font capables de procurer plufeurs autres effets fa- lutaires ou nuifibles. Par exemple, 1°. on pourra les exciter arufñciellement dans les maladies apople&i- ques & 1oporeutes. On pourra de même s’en fervir avec fucces pour aider laccouchement, pour facili- ter la fortie de larriere-faix ; c’eft pourquoi Hippo- crate qui {avoit fi bien tirer parti des obfervations, ordonne dans ces cas de faire éternuer la femme en couche, la bouche & les narines fermées. 2°. Par la même raion, de telles fkrnutarionsproduifantune violente fecoufle dans tout le corps pourroient ex- citer l'avortement , l'hermie , les regles, & rompre même des vaifleaux dans le nez ou dans la poitrine. 3°. Non-feulement les fferautarions violentes &c con- tinuées , fatiguent & accablent prodisieufement ; mais elles peuvent même devenir mortelles, Les praticiens en citent des exemples aïfés à compren- dre, puifque les ffernurations ne {ont autre chofe que de vidlentes convulfions. Elles produifent quelque- fois dans l’hyftérifme une coœcité momentanée, qui fe diflipe avec les antifpafmodigues , parce qu’elle vient de la fympathie des nerfs ; car il eft naturel de conjeturer que la premiere caufe de cet accident, vient de la commune diftribution des nerfs de la cin- quieme paire au nez & à l'œil. Le remede dans les fferrutarions violentes & répé- tées eft de porter dans les narines , du lait, des hui- les, des infufions de graine de lin, de pfyllum ; en STE | un mot tout liquide , onttueux, vifqueux, mucila- gineux, adouciffant, balfamique, & d’y joindre du laudanum liquide. C’eft ainfi qu’on arrèêtera les fêer- Zutations cauiées par le muguet , la bétoine , la mar- jolaine , la lavande , la racine de pyrethre , Peu- phorbe » lellébore ; enfin, tout ce qu'il y a de plus âcre dans la clafle des végétaux. Cependant il arrive très-rarement pournotre con- folation, ‘des malheurs caufés par les éternumens ; l'expérience nous apprend fans cefle, qu’ils font plus falutaires que nuifibles , plus propres à éloigner une maladie qu’à y conduire. Semblable à la toux qui détache pour notre bien la lymphe vifqueufe des poumons , ils émportent la mucofñté fuperflue de la membrane pituitaire, & procurent par ce moyen plus de fineffe dans l’odorat. Ils excitent en même. tems un mouvement plus vif dans la circulation du fang, augmentent celui des humeurs & des efbrits, & ra- himent prefque tous les fens à la fois. La nature a donc été fage de nous faire des organes délicats, que Fimprefion de l'air, de la lumiere & des odeurs , ébranlent prefque toujours à notre avantage. (D.JT.) STERNUTATOIRE, adj. (Zhérapeutique.) efpe- ce d’errhins, c’eft-à-dire de remedes deftinés à être introduits dans le nez, voyez ERRHINS, dont la ver- tu fpéciale confifte à pouvoir produire l’éternu- ment. Voyez ÉTERNUMENT. Les féinutatoires font encore connus dans les au- teurs grecs &c latins, fous le nom de péarmice , du mot grec œraipo, J'écrnue. Les effets & les ufages des féernutatoires font expotés à l’arcicle ÉTERNU- MENT , & la maniere de les appliquer à l’article ER- RHIN , voyez cet article. Les précautions à obferver dans leur adminiftration &c les confidérations qui contrindiquent leur ufage, ont été renvoyés à celui- ci. Tous les praticiens conviennent que ce genre de fecours ne convient point aux pléthoriques fanguins, qui en général fupportent maltoute forte de fecouf- es violentes. Il eft obfervé que dans les vertiges qui précédent où qui annoncent les apoplexies fanguines, Pufage indifcret des ferzutaroires hâte fouvent Vaitaque, & même la détermine. Quoique les errhins dont l'effet fe borne à provo- quer puiflamment l'évacuation nafale, foient utiles dans les ophthalmies en général, & même dans cel- les qui ont un caratere véritablement inflammatoi- re ; l’ufage des fernuratoires ft manifeftement nuif- ble dans ce dernier cas. Ceux qui font fujets à des hémorrhagies, & fur-tout à des hæmophtifies, & ceux qui font menacés de phthifie ne doivent point. être expolés à 'aétion des féerruratoires. Juncker défapprouve formellement leur ufage con- tre l’épilepfhe, & il affre même que cet ufage n’eft pas trop für dans les Léthargies ou les défaillances ; enfin , il eft très-connu qu’on doit préferver autant qu'il eft poffible de l’éternument, & par conféquent qu'il ne faut pas faire éternuer à deflein les fujets qui ont des hernies , des chütes de matrice, &ies fem- mes grofles. Quant à ce dernier chef, il efbfäns doute très-évident par l’obfervation même de l'utilité de Péternument pour chafler l'arriere-faix. Voyez Érer- NUMENT. Tous les corps capables d'irriter puiffämment la . membrane pituitaire provoquent l’éternument, lorf- qu'ils font appliqués fur cet organe ; & ce font les mêmes qui étant portés dans l’eftomac & dans les in- teftins , font capables d'irriter ces derniers organes vraiflemblablement de la même maniere ,; © qui ex- citent en conféquence le vomiflement ou la purga- “ tion; &enfin qui impriment {ur les organes du goût, la fenfation appelle vive, piquante, dcre, & qui dé- terminent aufh abondamment l’écoulement de la fali- ve, ainf tous les émétiques & les purgatifs forts {ont STE. 517 en même terns férruvatoires & falivans. Il'eft cependant un certain nombre de remedes , tirés pour la plüpart de la famille des vévétaux, dont la vertu fernuratoire paroît avoir quelque chofe de fpécifique , ou du moins dont la quakté émétique ou purgative n’eft point conftatée ; telles font la piretre, le boivte noir, le gingembre , la femence de nielle : celle de moutarde, de roquette, &:c. la bétoine , la marjolaine, le arum , Vorigan & le plus otand nom- bre de plantes aromatiques de la claffe radiée de * Fournefort, les fleurs de muguet, le prermica ou her- be à éternuer, 6c. maisles Jernutatorres les plus puif- fans font tirés de la claffe des émétiques &c des pur- gatifs forts; tels font le vitriol blanc, l’euphorbe, les ellébores, la racine de cabaret, l'iris , le concom- bre fauvage, le tabac, 6. Voyez sous ces articles par- ticullers. On trouve dans prefque tous les difpenfaires des poudres fernusatoires compotées ; voici celles de la pharmacopée de Paris. Prenez feuilles feches de marjolaine, de bétoine & fleurs feches de muguet, de chacænun otos; de feuil- les fèches de cabaret demi-gros ; faites une poudre felon Part. (4) STERTZINGEN, (Géop. mod.) petité ville d’AI- lemagne dans le Tirol, au pié du mont Brenner, fur le torrent d'Eifack, à s lieues au nord-oueit de Bri- xen. Quelques-uns croient que c’eft le Vipiternum d’Antonn. Long. 20. S$1. latir. 46. 28. (D. J. STETIN ou STETTIN , (Géo. mod.) ville d’Alle- magne dans le cercle de fa haute Saxe, capitale de la. Porñéranie pruflienne , & d’un duché de même nom, : fur la gauche de l'Oder ; 3 5 lieues au'nord deFranc- fort, & à 56 au fud-eft de Lubeck. Seetin & {on territoire furent anciennement hab:- tés par les Sidini, &entuite par les Vendes. En r121, Boleflas , duc de Pologne , entreprit d'y établir le Chriftianifme par la force , mais il réufit beaucoup mieux en remettant aux habitans le tribut qu'il leur avoit impolé ; cependant la religion chrétienne ne triompha dans cette ville qu’au bout d’un fecle , & alors elle fut gouvernée par les mêmes lois que Mag- debourgs. La paix de Weftphalie donna Sxiz aux Suédois. En 1710, elle fut obligée de recevoir des troupes de Pruffe, de Saxe & de Holftein; & quelque tems après , le roi de Pruffe en fut mis en poffeffion. Ce prince y a établi en 1720 la régence de la Pomc- ranie, 8 une chambre de guerre & de domaine, mais: en même tems ilaconfirmé aux habitans leurs divers. privilèges quifont confidérables. Los. fuivant Street, 31: 567. 18") lat. 53. 36. Eirflenias (George) eft le feul homme de lettres de ma connoïflance qui foit né À Szesin. Il cultiva la poéfie latine & la médecine. Il a publié dans cette derniere fcience des difauifitions philologiques, & deux excellentes diflertations , de JYmptomatibus yi- ss 6 audits , olfaëàs & taëtis , fur les N mptomes de la vüe & de l’ouie, de Podorat & du ta. Chri£ tine, reine de Suede , l’honora de fon eftime & de. fes bontés. Il mourut en 1660, à 47ans. Le P. Nicé. ron l’a mis au rang des hommes illufires, Il l’étoit pourtant beaucoup moins que Kirffenius (Michel), autre médecin du xviy. fiecle , né à Bérone , petite ville de Moravie ; ce dernier étoit un homme verfé -en plufieurs fciences. Il y a eu quelques autres {a- vans du nom de Xirffezius, & que les Bibliographes n’ont pas toujours bien diffingués les uns des autres, CDS STEVENSWERT , ( Géog. mod.) le des Pays- bas , dans le quartier & à 3 lieues de Ruremonde, fur les frontieres de l’évêché de Liege. Cette île eff formée par la Meufe , & défendue par une fortereffa qu fut cédée en 170$ aux états généraux par l’em pereur, en.yertu du iraité de Barricre, (D, 7.) 516 STI STEUNOS , ( Géog. anc.) grotte ou antre de V'Afie mineure, dans la Phrygie, au quartier de ces . Phrygiens qui habitoientfur les bords du fleuve Peu- cela, .8c qui étoient originaires d’Afanie. Paufanias , d. À, c.xxxiy. dit : « C’eft un antre qui, par fa figure » ronde & par fon exhauffement, plait fort à la vüe ». ‘Ils en ont fait un temple de la mere des dieux, où la deefle a fa flatue. (D.J.) STEWART , GREAT, (Hiff. d'Angleterre.) c’eft-à- dire srand-fénéchal , lequel 1eul pouvoit prononcer Tarrêt de mort contre un pairaccufé de haute tra- hifon. Cette charge étoit autrefois perpétuelle ,c la premiere du royaume ; mais l'excès du pouvoir qui lui étoit attribué l’a fait abolir en Angleterre, com- rae on a aboli en France celle de connétable ; avec cette différence toutefois , que la charge de grand- flewart eft rérablie par 2nferim pour le couronne- ment du roi, &c lorfqu'il s’agit de la vie d’un pair. Le roi Georges I. donna cette commiffion au lord Cowper en 1716, par rapport aux auteurs de la re- bellion d’'Ecoffe , dont. le comte de Nithifdale étoit du nombre; mais fon époufe lui fauva Ja vie la veille de l’exécution , en gagnant le principal officier de la . garde de la tour de Londres ; & faifant fauver fon mari fous {es habits , elle refta prifonniere avec les fens. Toute la grande Bretagne applaudit à laétion héroïque de cette dame, & vint lui témoigner fon eftime. Quelqu'outré qu’on fût dans le mimiftere de la tendrefle ingénieufe de la comtefle de Nithifdale, on ne crut pas devoir prendre d'autre parti que de la mettre en liberté. C’eft ordinairement le lord chan- celier que le roi charge de la commiffion de préfider aux procès des pairs accufés de haute trahilon. Ce fut auffi le chancelier qui préfida en 1746 au juge- ment des quatre pairs d'Ecofle , les comtes de Kil- marnock & de Cromarty, & les lords Balinérine & Lovat. (D. J.) STEYR 04 STEYBR , ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne dans la haute Autriche , fituce fur une colline , au quartier de Traun , au confluent du Sæyr &z de l'Ens, à 3 licues au-deflus du bourg de Traun. Quelques-uns prennent Sxyr pour Pancienne 4/fu- ris. Long. 32. 34. larit. 48, (D. J.) STHÉNIENS , eux , ( Ancig. greg. ) l'antiquité nous apprend peu de chofe touchant les Jeux he: ziens. Îls furent infitués , felon Plutarque , par les Argiens en l'honneur de l’égyptien Danaüs, neuvie- me roi d’Argos, puis rétablis en honneur de Jupi- ter , furnommé le forr, le puiffant, d'où ils prirent le nom de ffhéniens. Héfychus fait une courte mention de ces jeux. Meurfius, dans fa græcia fériata , w’alle- gue fur ce point que le feul paffage d'Héfychius, fans rien dire de celui de Plutarque, ni de celui de Pau- fanias que je vais rapporter , ne connoïflant rien de plus en ce genre. Ce dernier hiftorien témoigne que de fon tems on voyoit encore fur le chemin qui conduifoit de Trézene à Hermione , une roche ou une pierre, nom- mée originairement l'autel de Jupiter fthénien, qu'on . appelloit Ze roche de Théfée, depuis que ce prince tout jeune la remua, pour tirer de deffous la chauflure &z l’épée qui devoient le faire connoïtre à Egée fon pere, & que celui-ci dans ce deffein y avoit ca- chées. Au refte il ne faut point confondre ces jeux ou cette fète d’Argos avec une autre fête que les fem- mes athénmiennes célébroient fous le nom de crime , &c dans laquelle ces femmes fe brocardoient & fe di- foient mille mures. Il eft parlé des ffhénies d’ Athènes dans Héfychius & dans Suidas. (D. J.) STIBADIUM , {. m. ( Lirtérature.) ce mot em- prunté des Grecs parles Romains, figmifioit un /ix de table fait de joncs; ces fortes de lits étoient fort com- modes pour manger, à caufe de leur légereté & de STI leur fraicheur. Ils fuccéderent à ceux qw'onnommoit triclinia ; il y en avoit de toutes grandeurs , à fix, à huit & à neuf places, fuivant le nombre des convi- ves qui fe trouvoient au repas. ( D. J.) STIBIÉ, adj. on donne cette épithete au tartre; on dit sarsre fhibié : ce mot vient du latin fääium, an- timoine. Voyez l’article ANTIMOINE. STICHOMANTIE , L. f. ( Listérature, ) mot com- .pofé devrign, Vers, & ravréie , divination , C’eftdonc l’art de devinerparlemoyen des vers ; après avoir écrit fur de petits billets des vers , on jettoit ces bil- lets dans une urne , & celui qu’on tiroit le premier, étoit pris pour laréponfe de ce qw'on vouloit favoir. Les vers des Sibylles fervirent long-tems à cet ufage. Quelquefois on fe contentoit d'ouvrir un livre de poéfie , fur-tout d'Homere &c de Virgile, & le pre- mier vers qui fe préfentoitaux yeux tenoit lieu d'o- racle. Lampride rapporte dans la vie d'Alexandre Sévere que l'élévation de ce prince avoit été mar- quée par ce vers de Virgile, quis’offrit à l'ouverture du livre. Tu regere imperio populos , romane ; memento, « Romain, ta deftinée eft de gouverner les peuples » fous ton empire ». Voyez SORTS d'Homere 6 de Virgile. (D.J.) STIGLIANO , ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate , près la riviere de Salandrella , à 20 milles de la côte du golfe de Tarente. Elle atitre de principauté. Ses bains {ont aflez renommés , on les appelle, je ne faipour- quoi , les bains de Bracciano. ( D. J.) STIGMA , f.m. ( Botan. ) le ffigma dans les pifüls eft une pointe moufle, quiforme fur Pembryon une pellicule membraneufe , tranfparente, (D. J.) STIGMATE , voyez FLEUR, STIGMATES, organes extérieurs de la refpiration de plufieurs infeétes 4 & principalement des chenil- les. C’eft M. Malpighi qui a reconnu le premier cette organifation, Les chenilles ont fur chacun des douze anneaux du corps , à l’exception du fecond, du troi- fieme & du dernier , deux taches ovales, une de chaque côté , placées plus près du ventre que du dos : ces taches font imprimées en creux dans la peau , & bordées par un petit cordon Le plus fou- vent noir, Ces taches font jaunes dans certaines che- nilles, & dans d’autres elles ont une couleur blan- che. La petite ouverture, qui eft au milieu de cha cune de ces taches, communique à un poumon par- ticulier, de forte que les chenilles ont neuf pou- mons de chaque côté, ou plutôt neuf paquets detra- chées qui compofent le poumon, & qui s'étendent chacun tout le long du corps. M. Malpighi a découvert que ces organes fervoient à la refpiration des chenilles , en les couvrant d'huile ou d’une matiere graifleufe quelconque, alors l’in- fete tombe en convulfions fur le champ. Mais fi on ne met de l’huile que fur un certain nombre de fligmates , les parties voifines de celles qui font hui- lées deviennent paralytiques par la privation d'air, & fouvent l'infeéte meurt quelque tems après. On tient cependant fous l’eau un ver à foie pendant des heures entieres , fans le faire mourir ; il reprend {es forces & fa vigueur en le remettant à Pair &c en l'ex- pofant au foleil. M. de Reaumur croit que c’eft parce que l’eau ne peut pas pénétrer dans les figrates , comme huile , & que l'air qui fe trouve renfermé dans le creux de chaque figmate empêche que lin- feéte ne foit fuffoqué. M. Malpighi croyoit que l’air entroit & fortoit par les ffigmates ; mais M. de Reau- mur a découvert depuis par des expériences réité- rées en plongeant une chenille dans Peau, que Pair avoit fon iflue par de très-petites ouvertures répans dues fur tout le corps, qui communiquent à de pe- S'T'T MS canaux 8 Que ces canaux ont comiuméation lavec les trachées dont il a été fait mention. Mer, pour férvir a l'luff, des infectes; par M. de Reaumur, lromel, n°, 3: Voyez INSECTE | . STIGMATES, ( Hifl. anc.) fignes ou caracteres “ont on marquoit ordinairement les efclaves qui davoient été fumtifs, La marque la plus commune étoït lalettre F, qu’on leur imprimoïit au front avec un fer chaud. On fe contentoit quelquefois de leu “mettre un collier où un bracelet, fur lequel on gra- voit le nom du maître. Quelques-uns ont cru qu’on imprimoit auffi des caraëteres {ur les mains , les bras ou les épaules des nouveaux foldats chez les Ro- mains ; mais cet ufage n'a pas été général, & l’on n’en trouve pas des témoignages aflez précis chez les anciens , pour affirmer que cette coutume fùt conftamment établie dans lés troupes romaines. STIGMATES , (Théolog.) marques ou incifions ique les payens fe faifoient fur la chair en Phonneut de quelque faufle divinité. u Ces figmates s’imprimoient ou par un fer chaud, ou par une aiguille avec laquelle on fafoït plufieurs piquures , que l’on emplifloit enfuite d’une poudre noire ; violette , ou d’une autre couleur, qui s’incor- poroit avec la chair, & demeuroit imprimée pen- dant toute la vie. La plüpart des femmes arabes ont les bras & les joues chargés de ces fortes de fhigra- res : Lucien dans fon livre dg la déeffe de Syrie , dit que tous Les fyriens portoient de ces caraéteres im- primés les uns fur les mains, & les autres fur le col. Moife, Lévitiq. x. xzx. verf. 28. défend aux Ifraéli- tes de fe faire aucune figure, ni aucune fhomare fur le corps. L’hébreu porte, vous ne vous fer:z aucune écriture de pointe, c’eft-à-dire, aûcune ffgmate impri- mée avec des pointes. Ptolemée Philopator ordonna qu’on imprimât une feuille de lierre, qui eft un arbre confacré à Bacchus fur lesuifs qui avoient quitté leur religion pour em- brafler celle des payens, S. Jean, dans l'Apocalypfe, fait allufon à cette coutume, qnand il dit, €. xx. Verf. 16, & 17. que la bète a imprimé fon caraétere ! dans la main droite , & fut le front de ceux qui font à elle; qw’elle ne permet de vendre ou d’acheter qu’à ceux qui portent le Carattere de la bête ou fon nom, &t S. Paul, dans fon épitre aux Galates, dit qu'il porte les fhigmates de J. C. fur fon corps en parlant des coups de fouet qu'il a reçus pour la prédication de l’évan- pile, Philon le juif, de monarck, 1, I. dit qu'il y a des hommes qui pour s’attacher au culte des idoles d’une maniere plus folemnelle & plus déclarée, fe font fur ja chair avec des fers chauds, des caracteres qui prou- . vent leur engagement & leur fervitude. Procope, iz Tfai. xliv. remarque l’ancien ufage des chrétiens, qui 1e fafoient fur le poignet & fur les bras des figrnates, qui repréfentoient la croix où le monostamme de ].C. ufage qui fubfifte encore aujourd’hui parmi les chrétiens d'Orient , & parmi ceux qui ont fait le voyage de Jérufalem. Prudence , kymn. x. décrit en ces termes la maniere dont Les payens fe faifoient des fligrmates en l'honneur de leurs dieux. uid cum facrandus accipit fphragitidas ? ne ue ingerurit pe à His membra pergunt urere : nique igniverint Quamcumque partem corporis fervens nota Sugmavis, hanc fic confecratam prœdicant. Calmet, délionn. de la Bibl, STIGMATES, (Théolog.) terme que les Francifcains ont introduit pour exprimer Les marques ou emprein: tes des plaies de Notre Seisneur, qu'il imprima lui- même fur le corps de S. François d’Affife. Voici ce qu'en dit M. l’abbé Fleury , dans fon hif toire eccléfaftique , som. XVI. 1, LXXIX, n°, 5: S Ta sig d'après Vading & S. Bonaventure. & En 1334 ; faint ÿ François fe retifa fur le mont Alverne pour y paf: ». fer fon carême de faint Michel ; c’éft-à-dire ; les } quarante jours qu'il avoit coutume de jeñner, de: » puis l’aflomption de Notre Dame , jufqu’à [a fin dé » Septembre... Un matin, verts la fête de l’exalta= » tion de la fainte Croix, qui eft le 14 Séptembre ; » comme il-prioit au côte de la moñtagne ; il vit un » féraphin,ayant fix ailes ardentes & lumineufes,qui # defcendoit du haut du ciel d’un vol très-rapide, # Quand il fut proche ; faint Francois vit entre {es # ailes la figure d'un homme, ayant les mains & » les piés étendus & attachés à une croix. Deux aî2 » les s’élevoient au-defiis dé f tête ; deux êtoient » eéténdues pour voler, & deux couvroiérit tout fon » corps... La vifion difparoïflant , le faint apper- » çutà fes mains & à fes piés les marques des clous », comme il lés avoit vus à l’image du crucifix, Ses » mains & fes piés paroïfloient percés de clous, » dans lé milieu, les têtes des clous fe voyoient » au-dedans des mains &t au-deflus des piés, & les » pointes repliées de l’autre côté, 8 enfoncées dans » la chair: À fon côté droit paroïfloitune cicatrice. » rouge, comme fi elle venoit d’un coup de lance, » &tfouvent elle jettoit du fang , dont fa tunique &° » fes fémoraux étoient artofés. » Je L'impreffion de ces fgmares fut confirmée par plu: fieurs nuracles, que rapporte le même auteur, qui continue ainfi: & Quelque foin que prit François de » cacher fes fhigmates , 1l ne put empêcher que l’on »fne vit ceux des mains &c des piés, quoique de- » puis ce tems-là il marchät chauffé, & tint pref- » que toujours fes mains couvertes. Les fhgmates » furent vus par plufieurs de fes confreres, qui bien » que très dignes de foi par leur fainteté, l’aflure- » rént depuis par ferment , pour Ôtef tout prétexte » d'en douter. Quelques cardinaux les virent per » la fanuliarité qu'ils avoient avec le faint hom- » me; 1ls ont relevé les ffmagtes, dit {int Bonas venture, dans les profes, les Hymnes & les an- » tiennes qu'ils ont compoiées en fon honneur, & » ont rendu témoignage à cétte vérité de vive voix, » & par écrit. Enfin le pape Alexandre IV. prêchant » au peuple ;, en préfence de plufeuts freres & de » moi-même (ce font les propres paroles de faint », Bonaventure ) , aflura que pendant la vie du faint » 1] avoit vu ces facrés /hgrmates de fes propres yeux. »# Il ajoute qu’à la mort de faint Francois plus de cin- » quante freres les virent, &r la pieufe vierge Claire » avec fes fœurs , & une multitude innombrable de » féculiers, dont plufeurs les baiferent & les touche- » rent de leurs mains pour plus grande certitude. » Quant à la plaie du côté , il la cacha fi bien à » que de fon vivant perfonne ne put la voir qu’à la » dérobée, mais après fa moft elle parut évidem= » ment comme les autres w. On a inftitué en mémoire de ce miracle une fête appellée la re des fligmures de faint François, avec une mefle &c un office particulier, mais qui n’eft obli= gatoire que pour les Francicains, 11 y eut auffi à la même occañon une archi-confrérie éripée en 1594, par François Pix, chirurgien de la ville de Rome: STIGMITES , f. f. (ÆifE, nar. Lichol) nom donné par quelques naturaliftes aux pierres remplies de tas ches ou de petits points: STIGNITES , ff. (Æiff. nat, Lithol,) nom donné par, Pline à un porphyre rouge avec des taches noi- res, c'eftle même qu'ilappelle /yerites & pyrropoe= OP vw: - La LA w ve > > + + # cilon. STIL DE GRAIN, (Peinr. ) pâte jaüne faite avec une efpece de craie ou marne blanche , qu’on teint par une décottion de graines d'Avignon dans de l'eau, jointe à de lalun ordinaire. De ce mélange, on en: forme cette pâte feche & tortillée qui s'appelle feë STI $20 ‘de grain ; c’eft en Hollande qu'on Îe fabrique ; 1l faut Le choifir tendre, friable, d’un begu jaune doré. On T’emploie pour peindre en huile & en miniature. Le ffil de grain fe compofe ordinairement avec du blanc de Troie & de lagraine d’Avignon;mais l’efpece en eft mauvaife,& il change. Il vautmieuxlefaire avec ‘du blanc de plomb ou de cérufe ; broyer ce blanc bien fin , en le détrempant fur le porphyre, d’où il faut le lever avec une fpatule de bois , & le laifler fécher à l’ombre : enfuite prenez de la graine d’A- vignon ; mettez-la en poudre dans un mortier de bois, & faites-la bouillir ayec de l’eau dans un pot de terre plombé, jufqu’à ce qw’elle foit confommée environ dutiers ou plus: paflez cette décoétion dans un linge, & jettez.y la groffeur de deux ou trois noi- {ettes d’alun pour l'empêcher de changer de couleur; quand il fera fondu, détrempez le blanc de cette dé- coë&tion , & le reduifez en forme de houillie aflez épaifle , que vous pétrirez bien entre les mains, & vous en formerez destrochifques, que vous ferez fe- | cher dans une chambre bien aérée ; quand le tout fera {ec , vous le détremperez de même jufqu’à trois ou quatre fois avec ladite décoétion , felon que vous voudrez que le fi] de grain foit clair ou brun ;,8 vous le Jaiflerez bien fécher à chaque fois. Remarquez qu’il eft bon que ce fuc foit chaud , quand on en détrempe la pête, & qu'il faut en faire d’autres , lorfque le premier eft gâté. | . Cette couleur jaune que donne le Jf:/ de grain ef fort fufceptible par le mélange des qualités des autres couleurs. Quand on mêle le /Æ/ de grain avec du brun rouge, on en fait une couleur des plus terreftres ; mais fi on la joint avec du blanc ou du bleu , on en tire une couleur des plus fuyantes. (D. J.) STILAGE ox STELAGE ,f. m. (Comm.) droit qui fe perçoit fur les grains en quelques endroits de Fran- ce. C’eft un droit feigneurial , qu’on nomme ailleurs minage , hallage & mefurage. 1 confifte ordinairement en une écuellée de grain par chaque fac qui fe vend dans une halle ou marché. Il y a des lieux où le /felage fe leve aufñ fur le fel, comme dans la fouveraineté de Bouillon. Dion. de Conmerce. STILE, er Boranique , eft la partie qui eft élevée au milieu d’une fleur, & qui pofe par fa partie infé- rieure fur le rudiment du fruit ou de la graine, C’eft ce qu’on appelle plus ordinairement pr/Zil. Ce- pendant Bradley les diftingue :il l'appelle fZ, quand il n’eft que joint ou contigu à la graine ou au fruit ; & pifil,lor{quil contient au-dedans de lui la femence ou le fruit, comme l’ovaire contient les œufs. Foyez PisTIL. STiLE , (Cririq. facrée.) inftrument de fer, d'acier, ou d’autre matiere, pointu d’un côté pour former les lettres fur une tablette enduite de cire , & applatie de l’autre pour les effacer. Voyez TABLETTE DE CIRE. Cet ufage des anciens eft très-bien décrit dans ce paflage du 4 des Rois , xx. 13. ] effacerai Jérufalem comme on efface l'écriture des tablettes, & je pañle- rai mon féle deflus plufetrs fois. Dieu vouloit faire entendre par cette métaphore, qu'il ne laifferoïit pas la moindre trace de la vie criminelle qu’on y menoit, mais qu'il la détruiroit, comme on efface l'écriture fur une tablette de cire, en tournant Le fAi/e & le pa- fant par-deflus. Jérémie, ch. wi. 1. dat que le crime de la tribu de Juda eft écritavec un /#/e de fer &t une pointe de diamant , & qu’il eft gravé fur leur cœur comme fur destablettes. Mais ces mots dlfaie, #27. 5. [tribe ffilo hominis , écrivez en flile d'homme, fighi- fient une maniere d'écrire fimple ; naturelle , intelli- gible, oppofée au fé/e figuré &t énigmatique des pro- phetes. (D. J.) sèr STILE , féilus, {. m. er Chirurgie, eft un long inf- trument d'acier qui va en diminuant par un bout, &c fe termine en pointe, de maniere qu’ila la forme d'u cone ; &. qui fert à étendre & découvrir une partie, où à l’infinuer dedans. | | On a coutume de faire rougir au feu le file pour l'infinuer dans les canules canule, 8 le retirer aufi- tôt; & on l’y met & l'en retire fucceflivement auf fouvent qu’il eft néceflaire ; pour cet effet , il eft bon d’avoir deux files pour lesintroduirealternativement. Voyez CANNULA, STILE , ex Gnomonique , fionifie le gromon ou ai- guille d'un cadran, qu'on drefle fur un plan pour jet ter l’ombre. Voyez GNOMON. | STILET,, f. m. (Gram.) eftuneforte de poignard pe- titéc dangereux qu’on peut fort bien cacher dans fa main,& dont les lâches fur-tout fe fervent pour affaf- finer en trahifon. Woyez POIGNARD. La lame en eft ordinairement triangulaire ê7 fi me- nue, que la plaie qu’elle fait , eft preique impercep- tible. Le f4/e eft féverement défendu dans tous les états bien policés. STILET, éinffrument de Chirurgie, qu'on introduit dans les plaies &c ulceres. ’oyez SONDE. Anel a ima- giné des petits ff/ers d’or extrèmement déliés, à-peu- près comme des foies de porc, & néanmoins bou= tonnés par leur extrémité, pour fonder les points la- crimaux, & defobftruer le conduit nazal. Voyez fie. 11, Pl, XXTIT. Voyez FISTULE LACRIMALE. (F) STILLICIDIUM , fm. ( Architeët, rom. ) on {ait que ce mot fignifie d'ordinaire la chûte de l’eau goutte -à-goutte ; mais dans Vitruve 1l défigne la pente du toit qui eft favorable à l'écoulement des eaux ; 1l appelle au figuré les toits des cabanes des premiers hommes fé//icidia. Pline entend auf par f/2 licidia, Vépaïffeur du feuillage des arbres quand elle eft capable de mettre à couvert de la pluie. ( D: J.} STILLYARD , f.m. ( anc. compag. de C ont. } on. nommoit autrefois en Angleterre , Zz compagnie de flillyard, une compagnie de commerce établie em 1215 par Henri IIL. en faveur des villes libres d’Alle- magne. Cette compagnie étoit maiîtrefle de prefque toutes Les manufaëtures angloifes , particulierement des draperies. Les préjudices que ces privileges ap portoient à la nation, la firent cafler fous Edouard IV, Elle fubffla néanmoins encore quelquetems en fa= veur des grandes avances qu’elle fit à ce prince ; mais enfin elle fut entierement fupprimée en 1552, {ous le regne d'Edouard VI. (2. J.) STILO , (Géog. mod.) bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, fur le Cacino, à fix nulles de la côte de la mer Ionienne. C’eft dans ce bourg qu’eft né Campanella( Thomas), fameux philofophe italien, qui fit grand bruit par fes écrits, & dont la vie fut long-tems des plus mal- heureufes..Il entra dans l’ordre de faint Dominique, & un vieux profefleur de ce même ordte conçut une haine implacable contre Campanella, parce qu'il fe montra plus habile que lui dans une difpute publique. En pañant par Bologne on lui enleva fes manuferits &t on les déféra au tribunal de Pinquifition. Quel- ques paroles qui lui étoient échappées {ur la dureté du gouvernement d'Efpagne & fur des projets de révolte, le firent arrêter par le vice-roi de Naples ; on lui fit fouffrir la queftion, & on Le retint 27 ans en prifon. Enfin UrbainVIil. qui le connoïfloit par fes écrits, obtint fa liberté en 1626 du roi d'Efpagne, Philippe IV. Le même pape le prit à Rome au nom- bre de fes domeftiques, & le combla de biens; mais tant de faveur ralluma [a jaloufie des ennemis de Campanella; il s’en apperçut & fe fauva fecretre- ment de Rome en 1634, dans le carrofle de M. de Noailles, ambafladeur de France. Arrivé à Paris, 1l fut accueilli gracieufement de Louis XIE. & du car- dinal de Richelieu, qui lui procura une penfon de deux nulle livres, Il pañla le refte de fa vie dans la mailon STI : maïfon des Jacobins de la rue faint Honoré, & y eft #moft'en 1639, à 71 ans. Il a publié un grand nombre de livres fur la Théolo: pie, la Philofophie , la Morale, la Phyfique, la Politi- que, la Rhétorique , la Médecine, & Aftrologie. Il feroit fuperflu d'indiquer les titres & les éditions d’ou- vrages, dont on ne fait aucun cas aujourd’hui. Nous n'avons plus befoin de Papologie de Galilée, ni de préfervatif contre l'autorité d’Ariftote. On méprifé - louverainement PAftrologie judiciaire. Enfin, onne craint plus la monarchie univerfelle du roi d'Efpagne: Les idées de Campanella pour fonder une republique, qu'il nomme allégoriquement la cisé du Soleil | ne valent pas, à beaucoup près, PUrhopie de Thomas Morus. Ajoutez que c’eft un écrivain plein dima: ginations folles , & dont le ftyle eft rebutant. Son Acheifinus triumphatus , eft de tous fes ouvra- ges celui qui a fait le plus de bruit, quoique ce {oit perdre fon tems aujourd’hui que de prendre la pêine de Ie lire, On prétend qu’en faifant femblant de com- battre les athées dans cer ouvrage, il a cherché à les favorifer, en leur prêtant des argumens auxquels 1ls m'ont jamais penfé , & en y répondant très-foible. ment; d'où vient qu’on a dit qu'il auroit dû intituler fon ouvrage, Atheifinus triomphans | & peut-être Peüt-1l fait s’il l’eût ofé, … Ern: Sal. Cyprianus a donné fort au long , en latin, la vie de Campanella ; c’eft dans le goût des favans de fon pays , maisils s’en corrigeront bientôt.(D.J.) STIMULANT, adj, fe dit er Médecine, d'une et- pece de douleur, il fignifie alors une douleur poi- gnante ou pongitive. Ce terme vient du latin fl lus, aiguillon, parce que la douleur eft comme un aiguillon qui réveille 8 ranime les mouvemens de a machineen produifant une itritation ou un cha- . totillement défagréable. | STIMULANS, remedes âcrés, irrirans, dont l'énerpie &ft très- confidérable. Ces remedes {ont en général tous les amers , tous Les fels volatils & fixes, les fels neutres où androgyns, les fels volatils huileux, les baumes,, les teintures âcres , telles que celle de fou- fre, de {cories, de foie & de réoule d’antimoine: Tous ces remedes {ont indiqués dans tous les cas où l’atonie de nos fibres \eft trop grande, & où la vifcofité de nos humeurs obffrue nos vaïfleaux au point d'empêcher leur ofcillation. On peut conclure de-là que tous les remedes atténuans font autant de désnulans, parce qu’en divifant les humeurs & en re- donnant du reflort aux fibres, ils rétabliflent léqui- Libre entre les folides & les fluides, | STINCHAR oz STINSIAR, (Géog. mod.) riviere dEcofle, dans la province de Carrik. Elle fort d’un petit lac de cette province, & fe perd dans la mer, CODES | : STINRERRE f. (Modes. ) mouchoir de cou ; d'ufage dans le dernier fiecle; on le bordoit de den- telle, de frange de foie, de filets d’or ‘ou d'argent ; voici Forigine de ce nom. Unebataille , fuivie de la viéoire, fe donna en 1692, près d’un village du Hai- naut, nommé Sicérkerke : 11 plut à nos dames d’illu= frer ce nom, .en le faifant pafler du village à une efpece de mouchoir de cou de leur invention , & “qui prit beaucoup de faveur ; parce que iplufieurs lames, qui. crurent devoir cacher leur. gorpe, y trouverent un double avantage. ( D.J.) STIPENDYIAIRE, f. m. ( Gram, ) qui eft aux ga: ges ou à la folde d’un autre. 4 STIPENDIÉ, adj. ( Gram.) payé, foudoyé paï quelqu'un. … | oral STIP-VISCH , f. m. ( Jchthiolog. ) nom donné par les Hollandoïs à un poiflon des Indes orientales , qui eft de la clafle de ceux-de Europe, qui ont deux nageoires de derriere, dont antérieure eft armée de Tom X Fi \ di STI 37 | iquans, La peau du fip-yifeh eft tachetée, &zfa chair ft très - délicate : on lé prend communémezt ayec lhameçon. (D. 7. | STIPULATION , £ £ fhipulatio > (Gram, € Jürif prudence.) eft une forme particuliere, par laquelle on fait promettre à celui qui s’oblige de donner ou faire quelque chofe. Les jurifconfultes tirent l'étymologie de cé mot du latin fipulum , qui eft la même chote que frmtum à de fépulum on a fait ffipulation , parce que c’eft la f- pulation qui atfermit les conventions , & leur donne de la force, D'autres font venir fépulation de fps, qui figni= fle une piece de monnoie, parce que les fipularions ne fe faifoient guere qu'à propos de quélaues {ons mes pécuniaires. Hfidore fait dériver ce mot de flipula, qui fignifie un brin de paille , parce que, felon lui ; les anciens ,- quand'ils fe fafoient quelque promefle, tenoient chacun par un bout un brin de paille qu’ils rom- poient en deux parties, afin qu’en les rapprochant cela fervit de preuve de leurs promefes. 1 Mais cet auteur eff Le feul qui fafle mention de cette cérémonie, & il n’eft pas certain que les ipularions n'euflent lieu que dans les promefles pécuniaires , comme Feftus & Varron le prétendent ; il eft plus probable que fApulatio eft venu de fhipulum. La fpularion étoit alors un aflemblage de termes confacrés. Pour former cette maniere d'obligation ; on Fappelloit fouvent irrerrogatio, parce que le {i- pulant , c’eft-à-dire celui au profit de qui l’on s’obli= geoit, interrogeoit l’autre : Mævi, Jpondes ne dare de- cem; & Mœvius , qui étoit Le promettant, répondoit Jpondeo ; ou bien , s’il S’agfloit de faire quelque chofe , lun difoit, fzcies ne, &cc. l’autre répondoït ; faciam , fide jubes ; fide jubeo, & ainfi des autres con ventions: Ces fpulations étoient de plufieurs fortes , les unes conventionnelles , d’autres judicielles , d’au- tres prétoriennes, d’autres communes ; mais ces dif: tinéions ne font plus d'aucune utilité parmi nous ; ceux qui voudront s’en inftruire plus à fond » peu= vent confulter Gregorius Tolofanus , 4, XXIP: chap. j: ; Me … Dans toutes ces fipularions , il falloit interroger &t répondre foi-même : c’eft de-Jà qu’on trouve dans les lois cette maxime , a/reri nemo fétpulari potef£. Mais ces formules captieufes furent fupprimées par l’empereur Léon ; & dans notre ufage | on n’en- tend autre chofe par le terme de fEpulation | que les claufes & conditions que l’on exige de celui qui s’o- blige envers un autre ; 8 comme on peut aujour= d'hui s’obliger pour autrui , à plus forte raifon peut on flipuler quelque chofe au profit d'autrui, Voyez au drgeffe le tir, I, Liv: XL. le div. FIIT. du code > Lits XX XVIII. & aux inflir. iv. LIT. sir. VI. & les mors ACCORD , CONTRAT, CONVENTION > CLAUSE ; OBLIGATION, PAcTE. (4) STIPULER,, (Scienc. éymol,) on fait que ffipuler ; en latin fpulari, fignifie conraëter : ce mot vient dé fäpula ; qui veut dire une paille, parée qu'ancienne- ment les premieres fhpulations fürent faites entre les bergers pour des terres, & aw’alors celui qui féipu= loir ; qui contraétoit, tenoit er fa main une paille ; flipulam ; qui repréfentoit les fonds de terre qu’il vouloit prendre ou engager. ( D. J.) . STIPULES, £ £ pl. (Boran.) ce font deuxpetites feuilles pointues , qui fe trouvent à la naïffance de plufeurs efpeces de plantes. (D. J. STIQUE , f. m. ( Critique facrée & profane, ) en grec oriyos 3 ce mot qu'il importe d'expliquer, veut dire la même chofe que le mot latin verfus. Lun & l'autre de çes deux termes dans leur origine figtufoié RER D de Vvy Lu me] 522 SE A fimplement une Jigne ouune rangée ; car verfus vient de vertere ; qui fignifie rourner ; & quand Pécrivain eft au bout de fa ligne , il faut qu'il retourne , & le letteur tout de même. Voyez Menagi ob/erv. ir Diog. Laërtii, !, IV. n°,224.5. Jérôme dit auff dans fa pré- face à {a verfon latine de Daniel, que Méthodius, Eufebe & Apollinaire avoient répondu aux objec- tions de Porphyre contre lEcriture, wultis verfuum millibus , c’eft-à-dire dans des ouvrages qui conte- noient plufeurs milliers de lignes ; car ces auteurs ont tous écrit en profe. Cornélius Nepos, dans £pa- minondas , L. XVI. vj. dit : Uno hoc volumine vitas excellentium virorum concludere conféctuimus » quorum féparatim multis millibus verluum complures fériptores ante nos explicarunt. Jofephe , à la fin de fes anriqui- tés, dit que fon ouvrage contenoit vingt hvres & foixante mille vers ou ffques. Voyez VERSET, Critig. facrée. (D. J.) STIRI, ( Géog. mod. ) montagne de la Turquie européenne, dars la Livadie, avec un village qui lui a communiqué fon nom, & qui eft l’ancienne Suzris. On voit fur cette montagne le monaftere d’un her- mite de ce defert, qu’on nomine le couventdeS. Luc Stirite, & qui eft l'un des plus beaux de toute la Grece ; ileft compofé de plus de cent caloyers, qui s'occupent dans leurs cellules &c dans les campagnes à divers ouvrages néceflaires ; leur églife eft belle & bâtie à la greque. Voyez ce qu’en dit Whéler dans fon voyage de Dalmatie. ( D. J.) STIRIE., er allemand STEYER , (Géog. mod.) pro- vince d'Allemagne, & l’un des états héréditaires de la maifon d'Autriche , au cercle de ce nom. Elle a pour bornes larchiduché d'Autriche au nord, la Hon- grie à lorient , la Carniole au mudi, la Carinthie & l’archevêché de Saltzbourg à occident. Elle étoit an- ciennement comprife partie dans la Pannonie & par- tie dans la Norique. Elle fut fous la domination des ducs de Baviere jufqu'en 1030, que empereur Con- rad II. lérigea en marquifat ; Frédéric L. érigea ce marquifat en duché, &c par la donation qu'il en fit à Léopold, duc d'Autriche, fon beau-pere , du con- fentement des états du pays, la Série pafla dans la maifon d'Autriche. Cette province a 32 Hieues de long fur 20 de large. C’eit un pays fort montagneux, arrofé de la Drave , du Muer, & d’autres rivieres , défert &c ftérile dans fa plus grande partie, mais abondant en mines de fer. On le divife en haute & bafle Sririe. Gratz en eft la capitale. (D. J.) STIRIS , ( Geog. anc, ) ville de la Grece dans la Phocide. Paufanias , L À c. xxx. dit: «On ne va » pas feulement de Chéronée dans la Phocide par » le chemin qui mene à Delphes, ni par celui qui » traverfant Panopée, pafle auprès de Daulis, &z » aboutit au chemin qui fourche ; :l y en a encore » un autre fort rude, par lequel en montant prefque » toujours , onarrive enfin à Suiris, autre ville de la » Phocide. Ce chemin peut avoir fix-vinet ffades de » longueur ». Les Sririres fe vantoient d’être athéniens d’origine. : Ils difoïent au’ayant fuivi la fortune dePéteus, fils d'Orneus , chafié d’Athènes par Egée , 1ls vinrent s'établir dans un coin de la Phocide, où ils bâtirent une ville qu'ils nommerent Sxris, parce qu'ils étoient la plüpart de la bourgade Sarium où Stesrea , qui fai- foit partie de la tribu Pandionide. Ils habitoient fur la cime d’un roc fort élevé, & par cette raïfon ils man- quoient fouvent d’eau , particulierement en été : car ils n’avoient que des puits, dont l’eau n'étoit pas même fort bonne: aufhi ne s’en fervoient-ils qu’à fe laver &c à abreuver leurs chevaux. Ils étoient obligés de defcendre quatre ftades pour aller chercher de Peau d’une fontaine creufée dans le roc. _ On voyoit à Srris un temple de Cérès , furnom- mé Sririnis : ce temple étoit bâti de briques crues ; — SANTO... mais la déeffe étoit du plus beau marbre , & tenoit un flambeau de chaque main. Près de cette flatue, 1l y en avoit une autre fort ancienne , couronnée de bandelettes , & ces peuples rendoient à Cérès tous les honneurs wnaginables. De Suiris à Ambryffum, on comptoit environ 6o ftades, &c l’on y alloit par une plaine qui étoit entre deux montagnes. Le chemin éroir bordé de vignes à droite & à gauche , &c tout le pays étoit un vigno- ble ; mais entre les ceps de vigne , on élevoit une efpece de chêne-verd. Stiris, felon M. Spon, voyage de Grece, rome IT. fubfifte encore aujourd’hui, & conferve fon ancien nom: car on l'appelle Sri ; mais ce n’eftplus qu'un village. ( D. J.) : STIRITIS , (Myrhol. ) Cérès avoit un temple à Stiris, ville de Phocide, fous le nom de Cérès Sziri- tis , dans lequel on li rendoit , dit Paufanias, tous les honneurs imaginables. Ce temple étoit bâti de briques; mais la déefle étoit du plus beau marbre, & tenoit un flambeau de chaque main, (D. J. STIRONE , Le, (Géog. mod.) riviere d'Italie dans le Parmefan. Elle a fa fource dans les montagnes, & après s'être groffie de la Vezola & de la Parola ; elle fe jette dans le Tarro. (D. J.) STIVA , LE MONT, ( Géog. mod.) montagne de la Turquie européenne , dans la Livadie. C’eft le Cythis des anciens , felon M. Spon. Les Grecs l’ont appellé Sriva , d’un village de ce nom qui eft au- _deflus. (2. J.) STOÆ,, ( Antiq. athén.) sou; ceft ainfi que les Athéniens nommoïent leurs portiques plantés d’ar- bres pour la promenade , de fieges pour fe repoñer, & de cabinets de feuillage pour fe retirer ou pour converfer. Potter, archæol. græc. L. I, c. vif. #. I. ps 38. Voyez auffi le mot PORTIQUE. (2. J.) STOBI, ( Géog. anc.) ville de la Macédoine dans la Pélagonie. Il y a apparence qu'elle prit fes aceroïf femens & fon luftre après la deftruétion de PeZa90- nia, métropole de la province : car perfonne , de- puis Tite-Live, ne fait mention de cette derniere ville, au-lieu que $zobi eft fort connue. Pline, Z 177 c. x. en fait une colonie romaine. Il en eft parlé dans le digefte, /eg. ult. de cenfib. &t on a des médailles de Vefpañen & de Trajan, où élle a le titre de um cipe, MuNICIP. STOBEUS , o4 MUNICIP. STOBEN- siuM. Ptolomée , 4 LIT, c, xüij. connoît auf cette ville qu'il donne aux Pélagoniens. Il yen a qui veu- lent que le nom moderne foit Szarachino. ( D. J.) STOC, f. m. ( Forges.) bafe fur laquelle eft ap- puyée lenclume de grofles forges. Voyez l'article GROSSES FORGES. STCCFISH, f.m. ( Commerce de poiffon. ) poiflon de mer falé & defléché, couleur de gris cendrée, ayant néanmoins le ventre un peu blanc ; fa longueur or- dinaire eft d’un pié ou deux. La morue feche ou parée , que l’on appelle autrement wer/4 où merlu- che, eit une efpece de ffockfish. Savary. (D. J. ) STOCKHEIM,, ( Géog: mod, ) nom de deux pes tites villes d'Allemagne, La premiere eff dans l'évê- ché de Liege, fur la Meufe,, à 5 lieues au-deflous de Maftricht. La feconde , autrement nommé Srockak, eft dans la Suabe , au landoraviat de Nellenbourg, fur une petite riviere de ce nom, à deux lieues du lac, & à fix au nord de la ville de Conftance. Lorg, de cette derniere, 26. 32. latit, 47. 56. (D. J.) STOCKHOLM, ( Géopr. mod!) ville de Suede, dans ’'Upland , la capitale duroyaume, 8 la réfiden- ce des rois, à 75 lieues de Copenhague, à 260 de Vienne , & à envifon 310 de Paris. « | Cette ville eft bâtie à l'embouchure du lac Méler dans la mer Baltique; tout y eftfur pilotis ; dans plu- fieurs iles voifines les unés des autres; iln’y a que deux fauxbourgs qui foient en terre, ferme, Srockholm eft grande ; fort peuplée, & fait un “commerce confidérable. La plüpart. de fes maifons font aûtuellement bâties en brique, au-lieu que précé- demment elles étoient prefque toutes de bois. On y remarque entr'autres beaux édifices le palais d#chan- ceher, celui de la noblefle, & le château, qui eft un — bâtiment fpacieux, où non-feulement la cour loge, "mais où s’aflemble auffi la plüpart des cours füupérieu- res du royaume. Ce château eff fitué de façon que d'un côté 1l a vue fur le port, & de l’autre fur la ville , où 1l fait face à une grande place décorée des plus belles maifons. Le palais de la nobleffe eft Ie lieu où elle tient fes féances. Stockholm n’oublira jamais la fête funefte de ce mê- me palais, dans laquelle Chrifliern rétabli roi, & fon primat Troll, firent égorger en 1520 le fénat entier, &t tant d’honnêtes citoyens. Le tyran devenu par- tout exécrable , futenfin dépofé, &c finit fes jours en prifon; Troll mourut les armes à la main; dignes l’un &c l’autre d’une fin plus tragique ! On divife ordinairement Scockholm en quatre par- tres; favoir , Sud-Malm, & Nor-Malm , qui font les deux fauxboures , au milieu defquels la ville eft f- tuée , & dans une ile. La quatrième partie eft Garce- land , & le tout compofe une des srandes villes de PEurope. L'île dans laquelle la plus gtande partie de Stock holm {e trouve enfermée , eît environnée de deux Bras de riviere, qui fortent impétueufement du lac Meler , & fur chacun de ces bras, il y a un pont de bois ; enfuite 1l fe forme encore quelques autres îles qui n'en font féparées que par un peu d’eau. D’un côté on a la vüe fur le lac, & de l’autre fur la mer , laquelle forme un golfe qui s’étend à-travers plufieurs rocners,enforte qu’on le prendroit pour un autre lac. l’eau en eft fi peu falée, qu’on en pour- roit boite devant Srockholm, à caufe de la quantité d’eau douce qui y tombe du lac Meler. On rapporte la fondation de la ville à Birger , qui fut gouverneur de Suede après la mort du roi Erric, furnommé le Begue , & on prétend qu’elle reçut le nom de Szockholm d’une grande quantité de poutres qu'on y apporta des lieux circonvoifins ; f/ok fignifie en fuédois une pourre, & holm une {le , & même un dieu deferr, Quoi qu'il en foit , outre la force de fa fi- tuation , elle eft encore défendue par une citadelle toute bordée de canons, Prefque tout le commerce de Suede fe fait à Srock- holm ; il confifte en fer, fil-de-fer, cuivre, poix, réfine, mâts, & fapins, d’où on les tranfporte ail- leurs. La plüpart des marchandifes & denrées qu’on æeçoit des pays étrangers viennent dans ce port, dont le havre eft capable de contenir un millier de navires : 1l y a encore un quai qui a un quatt de lieue de long , où peuvent aborder les plus grands vaif- {eaux ; mais fon incommodité confifte en ce qu'il eft à dix milles de la mer, & que fon entrée eft dange- reufe à caufe des bancs de fable. On compte dans cette ville neuf églifes bâties de brique , & couvertes de cuivre, indépendamment de celles des fauxbouros. La nobleffe & les grands du royaume réfident à Ssockholm , où l’on a établi, en 473$, une académie des Sciences & de Belles-Let- tres. Le gouvernement de la ville eft entre les mains du ftadtholder , qui et aufi confeiller du confeil privé. Après lui font les bourg-meftres , au nombre de qua- tre ; l'un pour la juftice, l’autre pour le commerce, le troifieme pour la police, & le quatrieme pour Pinfpeétion fur tous les bâtimens publics & particu- liers. Les tributs qui s’impofent fur les habitans pour Le maintien du gouvernement de la ville,les bâtimens publics, la paie d’une garde de trois cens hommes, 6e, les tributs., dis-je, que les bourgeois doivent Tome XP, ST O 533 payer pour cette dépenfe, féroient repardés comme un pelant fardeau , même dans les pays le plus opu- lens ; auffi tâche-t-on de dédommager les citoyens far lefquels tombent ces charges, par les privileges qu'on leur accorde , foit pour les douanes, foit pour le commerce du pays qui pafñle néceflairement par leurs mains. Long. de Séockholm, fuivant Harris, 35, 1, 15. darts, 58. 50, Long. fuivant Caflini, 36. 56. 30. lait, 59. 20. | La célebre reine Chrifine naquit à Srockholm , en 1626, de Guftave Adolphe, roi de de Suede, & de Marie-Eléonore de Brandebourg.Elle avoit beaucoup de fagacité dans lefprit, l’air mâle, les traitsorands, - la taille un peu irréguliere. Elle étoit affable, géné- reufe, & s'illuftra par fon amour pour les fciences, &t fon affeétion pour les gens de lettre. Elle fuccéda aux états de fon pere en 1653, & abdiqua la cou- ‘ronne en 1654 , en faveur de Charles Guflave , duc des Deux-Ponts, de la branche de Baviere palatine, fon coufin germain, fils de la fœur du grand Gut- tave. Peu de tems après cette abdication, Chrifline vint en France , êt les fages admirerent en elle une jeune reine qui, à 27 ans , avoit renoncé à la fouveraineté dont elle étoit digne , pour vivre libre & tranquille. Si l’on veut connoître le génie unique de cette reine, on n’a qu'a lire fes lettres, comme M. de Voltaire l’a remarqué. Elle dit dans celle qu’elle écrivit à Chanut, autre- fois ambaffadeur de France auprès d’elle : «jai pof- 5 fédé fans fafte, je quitte avec facilité. Après cela » ne Craignez pas pour moi, mon bien n’eft pas au » pouvoir de la fortune ». Elle écrivit au prince de Condé. & Je me tiens autant honorée par votre efti- » me quelpar la couronne que j'ai portée. Si, après » l'avoir quittée, vous m'en jugez moins digne, » J'avouerai que'le repos que j'ai tant fouhaité, me » coute cher; maïs je ne me repentirai point pour- » tant de Pavoir acheté au prix d’une couronne, & » Je ne noircirai Jamais par un lâche repentir une » aétion, qui m'a femblé fi belle ; s’il arrive que vous » condamniez cette aétion, je vous dirai pour toute » exCuie ; que je n’aurois pas quitté les biens que la » fortune m'a donnés, f je leseufle cru néceflaire » à ma félicité, & que j’aurois prétendu à Pempire » du monde, fi jeufle éré auf afluré d’y réuflir que » le feroit le grand Condé. Telle étoit l'ame de cette perfonne % finguliere ; tel étoit fon ftyle dans notre lange qu’elle avoit parlé rarement. Elle favoit huit langues; elle avoit été difci- ple & amie de Defcartes qui mourut à Ssockho!m dans fon palais , après n’avoir pu obtenir feulement une penñon en France, où fes ouvrages furent même profcrits pour les feules bonnes chofes qui y fuflent. Elle avoit attiré en Suede tous ceux qui pouvoient l’éclairer. Le chagrin de n’en trouver aucun parmi fes fujets , l'avoit dégoûtée de regner fur un peuple qui n’étoit que foldat. Elle crut qu'il valoit mieux vivreavec des hommes qui penfent , que de comman- der à des hommes fans lettres ou fans génie. Elle avoit cultivé tousles arts dans un climat oùils étoient alors . inconnus. Son deflein étoit d’aller fe retirer au m£- lieu d'eux en Îtahie. Elle ne vint en France que pour y pañler » parce que ces arts ne commençoient qu’à y naître. Son goût la fixoit à Rome, Dans cette vie elle avoit quitté la religion luthérienne pour la catholi- que; indifférente pour l’une & pour l’autre,elle ne fit point fcrupule de fe conformer en apparence aux fen- timens du peuple chez lequel elle vouloit pañler fa vie. Elle avoit quitté fon royaume, en 1654, & fait publiquement à Infpruck la cérémonie de fon abju- rarion. Elle plut affez peu à la Cour de France, parce qu'il ne s’y trouva pas une femme dont le génie pût Vvvy 524 STE atteindre au fien, Le roi la vit, &c lu fit de grands honneurs , mais il lui parla à peine. La plüpart des femmes & des courtifans n’obfer- verent autre chofe dans cette reine philofophe, finon w’elle n’étoit pas coëffée à la françoife, 8&t qu’elle ‘danfoit mal. Les fages ne condamnerent en elle que le meurtre de Monafdelchi fon écuyer , qu’elle fit af- fafliner à Fontainebleau dans un fecond voyage. De quelque faute qu'il fût coupable envers elle , ayant renoncé à la royauté , elle devoit demander juftice , & non fe la faire. Ce n’étoit pas une reine qui pu- nifloit un fujet , c’étoit une femme qui terminoit une galanterie par un meurtre; c’étoit un italien qui en faifoit aflaffiner un autre par l’ordre d’une fuedoife, dans un palais d’un roi de France. Nul ne doit être mis à mort que par les lois. Chriftine en Suede n’au- roit eù le droit de faire affafliner perfonne; & certes ce qui eût éte un crime à Szockho!m, n’étoit pas per- mis à Fontainebleau. Cette honte & cette cruauté terniflent prodigieu- fement la philofophie de Chriftine qui lui avoit fait quitteruntrone. Elle eût été punie en Angleterre; mais la France ferma les yeux à cet attentat contre l'autorité du roi, contre le droit des nations, & contre l'humanité. Chriftine fe rendit à Rome , où elle mourut en 1689, à l’âge de 63 ans. Effai fur l'hifl. univerfelle. (Le Chevalier DE JAU COURT.) STOECHADES , îLes , (Géog. anc.) iles de la mer Méditerranée , fur la côte de la Gaule narbonnoïfe, au voifinage de la ville de Marfeille, Pline entre les an- ciens , eft celui qui paroît les avoir le mieux connues. Il en donne non-feulement le nombre & le nom ge- néral ; il en marque encore les noms particuliers &c la ftuation. . Les Marfeillois, dit-1l, donnerent des noms particuliers à ces trois iles Srocchades , felon leur fituation, c’eft-à-dire, à l'égard de Marfeille. La premiere , ou la plus proche de la ville, fut nommée d’un nom grec Proë, ce qui veut dire premiere : la feconde fut nommée Meje, c’eft-à-dire, celle du mi- lieu, ou rediana | comme on l’appella après Paboli- tion de la langue greque dans ce pays-là: la troifieme fut nommée Aupæa inférieure, c’eft-à-dire , celle qui. eft au-deflous des deux autres, & la plus éloignée de Marfeille. A cette defcription il n’eft pas difficile de recon- noître les trois îles, que l’on trouve dans la mer voi- fine de la ville d’'Hieres , & qui prennent aujcurd’hui leur nom de cette ville, quoique chacune des trois ait aufli le fien en particulier. La premiere île s’ap- pelle vulgairement Porgueyroles où Porqueroles , à caufe qu’il y vient beaucoup de fangliers, qu'y paf- fent à la nage de laterre ferme, pour manger le eland des chênes verds qui s’y trouvent en abondance, La feconde île a le nom de Portecroz, du nom du port, où 1l y a un petit fort. Latroifieme fe nomme l'ile du Titan ou du Levant , à caufe qu’elle eft à l’orient des deux autres ; & l’on voit par les anciens regiftres de Provence, que cette troifieme île s’appelloit autre- fois Cabaros. Ces iles furent premierement habitées par Les Mar- feillois, qui les nommerent Sroecades | peut-être à caufe de la plante ffoechas qui y abonde. Les trois écueils ou rochers voifins de Marfeille , nommés If Ratonneau &t Pomègue, ne font point, comme quel- ques-uns l’ont imaginé , les Sroschades des anciens, parce que ces rochers font ftériles , & ne produifent ni la plante floechas, ni prefqu'aucune autre. Les trois iles d’'Hieres font auf nommées les f/es d'or, par corruption du mot latin 4ra, qui eft l’ancien nom de la ville d’Hieres ; ainf le nom d’infule Area- rum, eft celui des iles d'Hieres ou des Sioechades de lantiquite. (D.J.) STŒCHAS, f. m.(Mifi.nar. Bot.) genre de plante, à fleur monopétale, labiée, dont la levrefupérieure eft relevée &c fendueen deux parties, & l’inférieure en trois, de façon qu'au premier afpeét cette fleur paroît divifée en Cinq parties. Le piftil fort du ca- lice ; il eft attaché comme un clou à la partie pofté- rieure de la fleur , & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la fuite autant de femences ar- rondies & renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Ajoutez aux caraéteres de ce genre, que les fleurs font difpofées par rangs fur des têtes écailleufes, du haut defquelles il fort quelques petites feuilles. Tournefort, 2x/£. re: herbar. Voyez PLANTE. | Per La premiere des cinq efpeces de /xchas de Tour- nefott fera celle que nous décrirons ; c’eft la fæchas purpurea, arabica vulod dicfa , inf. rei herb. 2o1. I. B, 3.277. C. B. P. 216: Raï ff. ftœchas brevioribus ligutis, Cluf. hf. 344. C’eit un fous-arbrifleau, haut d’une ou de deux coudées : fes tiges font li gneufes, quadrangulaires : fes feuilles naïflent deux à chaque nœud, de la figure de celles de la lavande, longues de plus d’un pouce, larges de deux lignes x blanchâtres, âcres, odorantes & aromatiques. L’ex- trémité de la tige eft terminée par une petite tête longue d’un pouce, épaifle, formée de plufieuts pe- tites feuilles arrondies, pointues, blanchâtres & fort ferrées. D’entre ces feuilles fortent fur quatre faces, des fleurs d’une feule piece, en gueule, de couleur de pourpre foncé : la levre fuperieure eft droite, & divifée en deux : & linférieure partagée en trois; mais cependant elles font tellement découpées toutes les deux, que cette fleur paroît du premier coup- d'oeil partagée en cingqquartiers. Leur calice eft d’u- ne feule piece, ovalaire, court, légerement dentelé, permanent, & porté fur une écaille. Le pifäil qui eft attaché à la partie poftérieure de la fleur, en maniere de clou, eft environné de quatre embryons qui fe changent en autant de graines arrondies , &z renfer- mées dans le fond du calice : la petite tête eff cou- ronnée de quelques petites feuilles d’un pourpre violet. Cette plante aime les lieux chauds: & fecs; auf croit-elle abondamment en Languedoc, en Provence & fur-tout aux iles d’'Hieres appellées par les an- ciens {les ftéchades. Ses fommités fleuries , ou petites têtes defléchées, font nommées oraiy» par Diof- coride, crptxes par Galien, 6 dansiles ordonnances des médecins ffæchas, flæchas arabica ou flores flæ- chados. Ces fommités fleuries, ou ces petites têtes font oblongues, écailleutes, purpurines, d’un goût un peu âcre, amer, & d'une odeur pénétrante, qui n’eft pas defagréable. Ceux qui Les cucillent, & qui font un peu éclairés, confervent leur,couleur & leur odeur, en les faifant fecher enveloppées dans du papier pris, & on les met enfuite dans une boîte. On multiplie les ffxchas de graines qu’on feme aw printems dans une terre feche & legere. Quand elles fe font élevées à la hauteur de trois pouces , on les tranfplante ailleurs à fix pouces de diffance ; on les arrofe , on les abrie,, jufqu'à ce qu'elles aient pris racine; on les nettoie de mauvaifes herbes ; on les couvre pendant l'hiver , & l’année f{uivante on les met ailleurs à demeure; on doit choïfir celles qui font nouvelles, odorantes, & en même temsun peu ameres. On retire l’huile eflentielle de ces têtes fleuries de la même maniere que des fommités de la lavande ; elle a les mêmesvertus , mais on en fait peu d'ufage en médecine. On a dans les boutiques une autre plante nommée flechas citrin, ftœchas citrina angufhifolia, C. B. P. 264. mais elle n’a ni la figure, n1 les vertus du vrai fiechas, c'eftune efpece d’elychrifum. (D. 1.) - STE CHAS 07 STŒCHAS ARABIQUE , ( Mar. méa.) cette plante croit abondamment en Provence & en Languedoc ; c’eft des iles d’Veres & des environs de Montpellier qu'on la tire, principalement pour l’u- fage de la Médecine. . C’eft la plante entiere fleurie & fechée, ou fes épis fleuris & fechés qu'on emploie; elle eft de la clafle . des labiées de Tournefort. Elle eft très-aromatique; on en retire par conféquent par la difillation , une eau diftillée bien parfumée & très-analogue en ver- tus à celles que fourniffent la plûpart des autres plan- tes ufuelles de la même clafle; telles que la lavande, la fauge , le thim , c. on en retire auf par la diftil- _larion une bonne quantité d'huile effentielle qui eft peu d’ufage en Médecine, & qui a les mêmes ver- tus que Phuile effentielle de lavande, &c. | Le ffæchas eft mis au rang des remedes céphaliques &t antifpafmodiques ; on lemploie quelquefois en infufion dans la paralyfie, les tremblemens des mem- bres, le vertige & toutes les maladies appellées rer- veufes 8 (pafmodiques ; mais le /hœchas eitbeaucoup moins ufité &c moins efficace dans tous ces cas, que beaucoup d’autres plantes de fa clafle , & notam- ent que la fauge qui paroït lui devoir être toujours préférée. Voyez SAUGE. Les autres vertus attribuées à cette plante , com- me d’exciter les regles & les urines, & même depur- "8er doucement la pituite & la bile noire, ne font pas affez réelles, ou ne lui appartiennent point à un de- gré aflez confidérable pour lavoir rendue ufuelle à ces titres. Ainf , quoique cette plante ne foit pas fans vertus, mais feulement parce que l’on ne man- que point de remedes abfolument analogues & plus efficaces , on n’en fait que rarement ufage dans les prefcriptions magiftrales : elle entre cependant dans piufieurs compofitions offcinales , parce que dans ces compofitions on entafle tout. On trouve dans les pharmacopées un firop fimple , & un firop compofé de fæchas. Le premier n’eit point ufité, & n’elt pref. que bon à rien, fi on le prépare felon la méthode commune , en faifant long-tems bouillir avec le fu- cre une infufion ou une décoétion de cette plante. . Le firop compofé auquel ie f/æchas donne fon nom, contient toutes les particules de plufieurs fubftances végétales très-aromatiques, & doit être regardé com- meune préparation bien entendue, 8 comme un bon remede très-propre à être mêlé dans les juleps, les déco@ions , les infufions , les potions foitifiantes , cordiales, ftomachiques, céphaliques , diaphoréti- ques, hyftériques & emménagogues. Ce firop eft ab- folument analogue à un autre firop compoié, très- connu dans les boutiques fous le nom de /frop d’ar- moife , fi même le firop de fl&chas ne vaut mieux que ce dernier. En voici la defcription d’après la phar- macopée de Paris. | Sirop de flechas compofé. Prenez épis fecs de /e- chas trois onces ; fommités fleuries & feches dethim, de calament, d'origan , de chacun une once & de- mie; de fause, de bétoine, de romarin, de cha- | cun demi-once ; femences de rue, de pivoine mâle, de fenouil, de chacun trois gros; canelle , gingem- bre, rofeau aromatique, de chacun deux gros: que toutes ces drogues hachées & pilées macerent pen- dant deux jours dans un alembic d’étain ou de ver- re, avec huir livres d’eau tiède; alors retirez par la difillation au bain- marie huit onces de liqueur aromatique , dont vous ferez un firop en y faifant fondre au bain-marie Le double de fen poids, ceit- à-dire une livre de beau fucre. D'autre part; prenez le marc de la difiiflation avec la liqueur réfidue ; pat fez 8 exprimez fortement ; ajoutez quatre livres de fucre à la colature ; clarifiez & cuifez en confiftence de frop , auquel, lorfqul fera à demi refroidi, vous mêlerez le précédent, (4) S T O 525 STÆNIENS , £ m. pl. ( Æ5f. ancichnè. ) peuples de Pancienne Gaule, qui du tems des Romains ha- bitoient au pié des Alpes maritimes. STOER LE, e2 LE STOR , ( Géog. mod.) riviere d'Allemagne, dans la bafle-Säxe, au duché de Hole ftein. Elle fe forme de divers petits ruifleaux, aux confins de PHolface & de la Stormarie, baigne la ville de Krempe, & va fe jetter dans l’Elbe,, un peu au-deffous de Gluckflad. (2.7) STOICIEN , SToiQuE , ( Syronym. ) floïcien f- gnifie ordinairement un homme qui fuit la philofo- phie de Zénon; & floïque, un homme ferme qui ne s’émeut de rien, qui eft infenfble à tout , quoiqu'il ne foit point inftruit de la philofophie du portique, Sioicien va proprement à l’elprit & à la dotrine; ffoi- que au caraëtere & à la conduite. Suivant cette di= itinétion , il faudroit dire, les Sroiciens font de ce | fentiment ; & d’une perfonne que les cheux évé: mens ne peuvent ébranler , c’eft un vrai foique , une ame foique, Enfin, foicien ne {e dit guete que dans le propre, quand il s’agit effedivement de Zénon & de fes dif ciples; la philofophie foicierne ; la eéte ffoicienne. Stoïque fe dit au contraire prefque toujours au figu- ré; voilà une aélion ffoique ; cependant l’on peut dire, voilà l’aétion d’un ffoicien ; 1la recu cette trifte nouvelle en ffoicien ; 1l a fini fes jours en ffoïcien, en grand homme. ( D. J. STOICISME , ox SECTE STOICIENNE , o4 ZÉ- NONISME , ( jf. de la Philofopkie.) le floicifine for- tit de l'écoie cynique : Zénon qui avoit étudié la * Morale fous Cratès , en futle fondateur. Auf difoit- on que d’un ftoicien à un cynique, il n’y avoir que Phabit de cifférence. Cependant Zénon rendit fa phi- lofophie plus étendue & plus intéreffante que celle de Diogène; il ne s’en tint pas à traiter des devoirs de la vie; ilcompofa un fyftème de philofophieuni- verlelle d’après les maîtres qu'il avoit entendus, & 1] donna aux exercices de l’école une face nouvelle, Zénon naquit à Cittium, ville maritime de l'île de Chypre; Cittium avoit été bâti par une colonie phénicienne ; ce qui lui attira quelquefois le repro- che qu'il n’étoit qu'un étranger ignoble, Mnéfius fon perefaifoit le commerce ; l’éducation de fon fils n’en fut pas plus népligée ; les affaires du bon-homme lappelloient fouvent à Athènes, & il n’en reveñoit point fans rapporter au jeune Zénon quelques livres de Socrate. À l’âge de trente à trente deux ans, il vint lui-même dans la ville fameufe pour y vendre de la pourpre, & pour entendre les hommes dont il avoit ht les ouvrages. Tout en débarquant , il de- manda oùils demeuroient; on lui montra Cratès qui pañoit, & on lui confeilla de le fuivre. Zénon fuivt Cratès, &c devint fon difciple. Il ne pouvoit aflez ad- nurer l'élévation que fon maître montroit dans {a conduite & dans fes difcours ; mais il ne fe faifois point aumépris de la décence qu’on affe&toit dans fon école ; il fe hvra tout entier à la méditation, & bientôt 1l parut de lui un ouvrage intitulé de /4 Re- publique, qu'il avoit écrit, difoit-on, affez plaïfam- ment, fous la queue du chien. Les Cyniques ne s’oc- cupoient que de la Morale; ils ne faifoient aucun cas des autres fciences. Zénon ne les approuvoit pas en ce point ; entraîné par le defir d'étendre fes con- noïffances, 1l quitta Cratès, qui ne digéra pas fans peine cette défertion, Il fréquenta les autres écoles; il écouta Suilpon péndant dix ans; il cultiva Zéno- crate;1l vit Diodore Cronus,; il interrogea Polémon: enrichi des dépouilles de ces hommes, il ouvrit bou- tique ; il s'établit fous le portique; cet endroit étoit particulierement décoré des tableaux de Polygnote ët des plus grands maîtres, on l'appelloit Le ffoa, d’où la fecte de Zénon prit le nom de ffoicienne ; il ne manqua pas d’auditeurs , fa morale éroit févere ; mais $26 ST OO 4 favoit tempérer par le charme de Péloquence Pau. térité de fes leçons ; ce fut amf qu’il arrêta une jeu- nefle libertine que fes préceptes nuds &c fecs au- toient efarouchée ; on l’admira ; on s’attacha à ki; on le chérit ; fa réputation s’étendit, & il obtint la bienveillance même des rois. Antigonus Gonatès de Macédoine, qui n’avoit pas dédaigné de le vifiter fous le-portique, l’appella dans fes états ; Zénon n’y alla point, mais lui envoya Perfée {on difciple ; 11 n’obtint pas feulement des-Athéniensle nom de grand philofophe , maisencore celui d’excellent citoÿen ; ils dépoferent chez lui les clés des châteaux de leur ville, & l’honorerent de fon vivant d’une ftatue «d’airain ; il étoit d’une foible fanté , mais il étroit fo- bre; il vivoit communément de pain, d’eau, de fi- gues, & de miel ; fa phyfiononue étoit dure , mais fon accueil prévenant ; 1lavoit confervé l'ironie de Diogène , mais tempérée. Sa vie fut un peu troublée par l'envie ; elle fouleva contre lui Arcéfilaus 8 Car- néadès, fondateurs de l'académie moyenne & nou- - velle; Épicuremême n’en fut pas tout-à-fait exempt; il fouffrit avec quelque peine qu'on donnût particu- dierement aux ftoiciens le nom de /ages. Cet homme qui avoit reçu dans fes jardins les graces &c la volup- té, dont le principe favori étoit de tromper par les plaifirs Les peines de lavie, & qui s’étoit fait une ma- niere de philofopher douce & molle, traïtoit le f/oi- cifine d'hypocrifie. Zénon de fon côté ne ménagea pas la doëûrine de fon adverfaire, & Le peignit com- me un précepteur de corruption ; s’il eft vrai que Zénon prétendit qu’il étoit auffi honnête , zaxram matris fricare, quam dolentem aliam corporis partem _fricando juvare ; 8&t que dans un befoin preflant, un . jeune garçon étoit aufli commode qu’une jeune fille ; Epicure avoit beau jeu pour lui répondre. Maisil n’eft pas à croire qu'un philofophe dont la conti- nence avoit pañlé en proverbe, enfeignât des fenti- ‘mens aufli monftrueux. [left plus vraiflemblable que la haine tiroit ces conféquences odieufes d'un prin- cipe reçu dans l’école de Zénon , &ctrès-vrai, c'eft qu’il n’y a rién de honteux dans les chofes naturel- les. Le livre de la république ne fut pas le feul qw’il publia ; il écrivit un commenraire fur Héfiode, où il rénverfa toutes les notions reçues de théologie, &c où Jupiter, Junon, Vefta, & le refte des dieux, étoient réduits à des mots vuides de fens. Zénon jouit d’une longue vie ; âgé de quatre-vingt dix-huit ans, il wavoit plus qu'un moment à attendre pour mourir naturellement ; il n’en eut pas la patience ; s'étant laiflé tomber au fortir du portique, ilcrut -que la nature l’appelloit : me voilà, lui dit-il, en touchant la terre du doigt qu’il s'étoit caflé dans fa chûte , je fuis-prêt; & de retour dans fa maiïfon , il fe laifla mourir de faim. Antigone le regretta, & les Athéniens lui éléverent un tombeau dans la Cé- ramique. Sa doëtrine étoit un choix de ce qu’il a puifé dans Les écoles des académiciens , des Erétriaques ou Eri- ftiques, 8 des cyniques. Fondateur de feéte , 1l fal- loit ou inventer des chofes', ou déguifer les ancien- nes fous de nouveaux noms ; le plusfacile étoitle pre- mier. Zénon difoit de la diale@ique de Diodore, que cet homme avoit imaginé des balances très-juftes , mais qu'il ne pefoit jamais que de la paille. Les ftoi- ciens difoient qu'il falloit s’oppofer à la nature; les cyniques, qu'il falloit fe mettre au-deflus , & vivre - {elon la vertu, & nonfelon la loi; mais il eft inutile de s’étendreici davantage fur le parallele du ffozcrf- me , avec les fyftèmes qui l'ont précéde ; il réfulte- ra de l'extrait des principes de cette philofophie , & nous ne tarderons pas à les expofer. On reproche aux ftoiciens le fophifme. Eft-ce pour cela ; leur dit Séneque , que nous nous fommes coupé la barbe ? on leur reproche d’avoirporté dans ST O _ Ja fociété les ronces de l'école; on prétend aw’ilsont méconnu les forces de la nature, que leur morale eftimpraticable , & qu'ils ont infpiré l’enthoufiafme au-lieu de la fagefle. Cela fe peut; mais quel enthou- fiafme que celui quinous immole à la vertu, &r qui peut contenir notre ame dans une affette fitranquil- le & fi ferme, que les douleurs les plus’ aiguës ne nous arracheront pas un foupir , une larme ! Que la nature entiere confpire contre un ftoicien ; que lui fera-t-elle ? qu’eft-ce qui abattra, qu’eft-ce qui cor: rompra celui pour qui le bien eft tout , & la vie ’eft rien? Les philofophes ordinaires font de chair comme es autres hommes; leftoicien.eft unhomme defer, on peut le brifer,mais non le faire plaindre.Que pour- ront les tyrans fur celui fur qui Jupiter ne peut rien ? il n’y a que la raifon qui lui commande ; Pexpérience, la réflexion , l'étude, fuffifent pour former un fage ; un ftoicien eft un ouvrage fingulier dela nature; 1ly a donc eu peu de vrais ftoiciens , & il ny a donceu dans aucune école autant d’hypocrites. que dans cel- le-ci ; le ffoici/ne eft une affaire de tempérament , &c Zénon imagina , comme ont fait la plüpart des légif- lateurs, pour tous les homines, une régle qui necon- venoit guere qu'à lui; elle eft trop forte pour les foibles , la morale chrétienne eft un zénonifme #miti- gé, & conféquemment d’un ufage plus général; ce- pendant le nombre de ceux qui s’y conforment à | rigueur n’eft pas stand. | Principes généraux de la philofophie floicienne. La fagefle eft la {cience des chofes humaines 8z des cho- fes divines ; & la philofophie, ou l’étude de la fagef- fe, eft la pratique de l’art qui nous y conduit. Cet art eft un, c’eft Part par éxcellence; celui d’être vertueux. | . Il y a trois fortes de vertus ; la naturelle, la mo- rale, & la difcurfive ; leurs objets font le monde, la vie de l’homme, & la raifon. Il y a auffi trois fortes de philofophies ; la naru- relle, la morale , & la rationelle, où l’on obferve la nature, où l’on s'occupe des mœurs , où l’on perfec- tionne fon entendement. Ces exercices influent né- ceflairement les uns fur les autres. | Logique des floiciens. La logique a deux branches, la rhétorique & la dialectique. La rhétorique eft l’art de bien dire des chofes qui demandent un difcours ofné & étendu. La diale@ique eft l’art de difcuter les chofes , où la briéveté des demandes & des reponfes fufft. Zénon comparoit la diale@ique & l'art oratoire ; à la main ouverte & au poing fermé. La rhétorique eft ou délibérative, ou judiciaire , ou démonftrative ; fes parties font l'invention , l’élo- cution , la difpofition , &c la prononciation ; celles du difcours , l’exorde, la narration , la réfutation, &t Pépilogue. | | . Les académiciens récens excluoient la rhétorique de la philofophie. La dialeétique eft l’art de s’en tenir à la perception des chofes connues, de maniere à n’en pouvoir être écarté; fes qualités font la circonfpetion & la fer- meté. Son objet s’étend aux chofes & aux mots qui les défignent ; elle traite des conceptions & des fenfa- tions; les conceprions & les fenfations font la bafe de l’expreflion. Les fens ont un bien commun ; c’eft l’imagina- tion. L’ame confent aux chofes conçues , d’après leté- moignage des fens : ce que lon conçoit fe conçoit par foi-même ; la compréhenfion fuit approbation de la chofe conçue , &la fcience, l’imperturbabilité de Papprobation. La qualité par laquelle nous difcernons les chofes lesunes desautres, s'appelle 7ugemerr, S T O . y a deux manieres de difcerner le bon & Îe mauvais, le vrai & le faux. | Nous jugeons que la chofe eft ou n’eft pas, par fen- _fation , par expérience, ou par rañfonnement. La logique fuppofe l’homme qui juge , & une ré- gle de jugement. gl» Cette regle fuppofe ou la fenfation , ou l’imagi: L’imagination eftla faculté de fe rappeller les ima- ges des chofes qui font. La fenfation naïît de l’aétion des objets extérieurs, &c elle fuppofe une communication de l'ame aux or- ganes. | Ce qu’on a vu , ce qu’on a conçu refte dans l’ame, comme l’impreflion dans la vue, avec fes couleurs, des fisures, {es éminences, & {es creux. La compréhenfion formée d’après Le rapport des fens , eft vraie & fidelle ; lanature n’a point donné d'autre fondement à la fcience; il n’y a point de clar- té, d’évidence plus grande, Toute appréhenfion vient originairement desfens; car 1l n’y a rien dans lenténdement qui n’ait été au- paravant dans la fenfation. Entre les chofes comprifes, il y en a de plusou de moins fenfbles ; les incorporelles font les moins fenfibles, TRES" Il y en a de rationelles & d'irrationelles , de natu- telles & d’artificielles, telles que les mots, De probables & d’improbables, de vraies & de faufles , de compréhenfibles & d’incompréhenfibles ; :l faut pour les premieres qu’elles naiffent d’une cho- fe quifoit , aw’elles y foient conformes , &c qu’elles n'impliquent aucune contradiétion. Il faut difinguer l'imagination du fantôme, & le fantôme du fantaflique qui n’a point de modele dans la nature. Le vrai eft ce qui eft, & ce qui ne peut venir d’ail- leurs que d’où il eft venu. li La compréhenfon, ou la connoiffance ferme , ou da {cience , c’eft la même chofe. Ce que Pefprit comprend , il le comprend ou par afimilation , ou par compofition , ou par analogie. L'homme reçoit la fenfation, & il juge ; l'homme fage refléchit avant que de juger. Il n’ya point de notions innées ; l’homme vient au monde comme une table rafe fur laquellelesobjets de la nature fe gravent avec letems. Il y a des notions naturelles qui fe forment en nous fans art ; 1l y en a qui s’acquierent par induf- trie &z par étude ; Je laifle aux premieres le nom de notions , j'appelle celles-ci anticipations. Le fenti eft dans l'animal, 1l devient le concu dans l’homme, Les notions communes le font à tous ; ileftim- pofble qu'une notion foit oppolée à une notion. Il y a la fcience , & l'opinion, & l'ignorance ; fi 3: L Le LA "a È ” ® : l’onf'a pas éprouvé la fenfation , on eft ignorant ; s'ilrefte de l'incertitude après cette épreuve, oneft incertain ; fi l’on eftimperturbable , on fait. Il ÿ a trois chofes liées , le mot, la chofe , l’ima- ge de la chofe, La définition eft un difcours quianalyfé,devientla réponie exaéte à la queftion, qu’eft:ce que la chofe ? elle ne doit rien renfermer qui neluiconvienne; elle doit indiquer le carattere propre qui la diftingue, Il y a deux fortes de définitions; les unes des cho- fes äui font , les autres des chofes que nous con- cevons. | Il y a des définitions partielles , il y en à de to- tales. La diffnibution d’un genre dans fes efpecés les plus prochaines , s'appelle Zivifon, Un genre s'étend à plufeurs efpeces ; un genre fuprème n’en a point au-deflus de lui ; une efpece S T O 527 $.. 1 DREUES LAMS î î infime n'en à point au-deflous delle, "4 La connoïflance complette fe forme de la chofé du mot. [] ÿ a quatte genres ; la fubftance, la qualité , lab: folu , le rapport. Les énonciations qui comprennent fous un point commun des chofes diverfes , s'appellent carégories > il y a des catégories dans l’entendement , ainfi que dans l’exprefñon. | L’énonciation eft ou parfaite, ou imparfaire & dé- fetueufe’, parfaite, fi elle comprend tout ce qui eft de la chofe. | Une énonciation eft ou affirmative ou négative, ou vraie ou faufle. Une énonciation aflirmative ou négative, parfaites eft un axiome, Il y a quatre catégories ; la directe, l’oblique, Ia neutre , & l’attive ou pañlive, Un axiome eft ou fimple ou compofé ; fimple , fi la propofition qui l’énonce eft fimple ; compofé , fi la propoñtion qui l’énonce eft compofée, Ïl y a dés axiomes probables ; 1l y en a de ratio- nels , 1l y en a deparadoxals. Le lemme, le proflemme & l’épiphore, font les trois parties de l’argument. L’argument eft coñcluant ou non; fyllosiftique ou ñon. Les fyllogifmes font ou liés, ou conjoints, ou dif= Joints. - H ÿa des modes , felon lefquels les fyllogifmes conéluans font difpofés. : Ces modes font fimples ou compolés, Les argumens fyllogiftiques qui ne concluent pas ; ont auffi leurs modes. Dans ces argumens, la conclu: fion ne fut pas du lien des prémifles. Il y a des fophifmes’ de différens genres ; tels, par exemple queleforite , le menteur, linexplicable, 1e parefleux, le dominant, le voile, l’élettre, le cornu, le crocodile , le réciproque, le déficient, le moif= fonneur, le chauve, l’occulte . &c. Il y a deux méthodes, la vulgaire & la philoo- phique. On voit en effet, que tout cette logique n’a rien de bien merveilleux. Nous l'avons dépouillée des termes barbares dont Zénon l’avoit revêtue, Nous aurions laiffé à Zénon fes mots, que les chofes n’en auroient pas été plus nouvelles. Phyfiologie des floiciens. Le cahos étoit avant touts Le cahos eff un état confus & ténébieux des chofes, c’eft fous cet état que fe préfenta d’abotd la matiere, qui étoit la fomme de toutes les chofes revêtues de leurs qualités, le refervoir des germes & des caufes, l’effence , la Narure , s’il eft permis de s’exprimer ainfi, groffe de fon principe. . Ce que nous appellons le monde & la nature; cet ce cahos débrouillé, & les chofes ténébreufes & con- fufes prenant l’ordre & formant Pafpeét que nous leur voyons. Le monde où la natuté eft ée tout , dont les êtres font les parties. Ce tout eft un; les êtres font fes membres ou parties. 1 Il faut y diftinguer des principes diférens des élé: riens. | | De ces principes, l’un eff efficient ; l’aurre eft paf ff. Lefficientelt la raifom des chofes qui eft dans la matiere, Ou Dieu. Le pafif eft la matiere même. Ils font Pun & lautre d’une nature corporelle. Tout ce qui agit Ou fouffre, eff corporel. Tout ce qui eft; eft donc corps. | La caufe efficiente ou Dieu , eff un air très-pur & très-limpide, un feu artificiel, placé à la circonfé: rence des cieux la plus éloignée, féjour de tout ce qui eft divin. Le principe pafñf ou la matiere , eft la nature cong 325 S T © fidérée fans qualité, mérite, chofe prête à tout, n°e- tant rien , & ceflant d’être ce qu’elle devient, fe re- pofant , fi rien ne la meut. | Le principe a@tif eft oppofé au principe pafif. Ce feu artificiel eft propre à former de la matiere, avec une adrefle fuprème &c felon les raïfons qu'il a en lui-même, les femences des chofes. Voilà fa fécon. dité. Sa fubtilité permet qu’on l’appelle zcorporel, immatériel. Quoiqu'il foit corps , en conféquence de fon op- potion avec la matiere , on peut dire qu'il eft ef- prit. | Il eft la caufe rationnelle, incorruptible, fempiter- nelle, premiere, originelle, d’où chaque fubftance a les qualités qui lui font propres. Cette caufe eft bonne. Elle eft parfaite. Il wy a point de qualités louables qu’elle n'ait. Elle eft prévoyante; elle régit le tout & fes par- ties ; elle fait que le tout perfévere dans {a nature. On lui donne différens noms. C’eft le monde dont elle eft en effet la portion principale, la nature, le deftin, jupiter, Dieu. Elle n’eft point hors du monde ; elle y eft com- prife avec la matiere; elle conftitue tout ce qui eff, ce que nous voyons êt ce que nous ne VOYONS pas; elle‘habite dans la matiere & däns tous les êtres ; elle la pénétre & l’agite, felon que Pexige la raïfon uni- verfelle des chofes; c’eft l’ame du monde. Puifqu’elle pénétre toutes les portions de la matie- re, elle y eft intimement préfente,, elle connoït tout, elle y opere tout, C’eft en agitant la matiere &c en lui imprimant les œualités qui étoient en elle, qu’elle a forme le mon- de. C’eft l’origine des chofes. Les chofes font d'elle, C’eft par fa préfence à chacun qu’elle les conferve; c’eft en ce fens que nous difons qu’elle eft Dieu , & que Dieu eft le pere des chofes , leur ordinateur & leur confervateur. Dieu n’a point produit le monde par une détermi- nation libre de fa volonté; ilen étoit une partie ; il y étoit compris. Mais il a rompu Pécorce de la ma- tiere qui lenveloppoit ; il s’eft agité &t 1l a opéré par une force intrinféque , felon que la néceflité de fa nature & de la matiere le permettoit. Il y a donc dans l’univers une loi immuable & éternelle, un ordre combiné de caufes & d'effets, enchaînés d’un lien fi néceffaire , que tout ce qui a été, eft & fera, n’a pù être autrement ; & c’eft-là le deftin. Tout eft foumis au deftin, & il n’y a rien dans lu- nivers qui n’en fubiffe la loi, fans en exempter Dieu ; puifque Dieu fuit cet ordre inexplicable & facré des chofes ; cette chaîne qui lie néceffairement, Dieu , ou la grande caufe rationelle n’a pourtant sien qui la contraigne : car hors d’elle & du tout, il ny a que le vuide infini ; c’eft la nature feule qui la néceflites elle agit conformément à cette nature, & tout fuit conformément à fon ation ; ilnefaut pas avoir d'autre idée de la liberté de Dieu, ni de celle de l’homme; Dieu n’en eft ni moins libre, ni moins .puiflant , il eft lui-même ce qui le néceffite. Ce font les parties ou les écoulemens-de cetref- prituniverfel du monde, diftribués par-tout, & ani- mant tout ce qu'il y a d’animé dans la nature, qui donnent naïflance aux demons donttout eft rempli. Chaque homme a fon Génie &c fa Junon qui dirige fes aétions , quiinfpire fes difcours, & qui mérite le plus grand refpeét ; chaque particule du monde a fon démon qui lui eft préfent &c l’afifte ; c’eft là ce qu’on a défigné fous les noms de Jupiter, de Junon ; de Vulcain, de Cérès. Ce ne font que certaines portions de l’'ameuniverfelle, réfidentes dans l'air, dansleau, dans la terre, dansle feu, &c. . Puifque les dieux ne font que des écoulemens de lame univerfelle , difiribuées à chaque particule de“ la nature, il s’enfuit que dans la déflagration géné- | rale qui finira le monde , les dieux retourneront à un Jupiter confus, & à leurs anciens élemens. Quoique Dieufoit préfent à tout, agite tout, veil-M le tour, en eff l’ame, & dirige les chofes felon la concition de chacune, &c la nature qui lui eft pro= pre ; quoiqu'il foit bon , & qu'il veuille le bien, ilne" peut faire que tout ce qui eft bien arrive , nique tout ce qui arrive foit bien ; ce n’eftpas l’art qui fe répo= fe ; mais c’eft la matiere qui eft indocile à l’art. Dieu ne peut ètre que ce qu'ileft, & il ne peut changer la matiere. €. | Quoiqu'il y ait un lien principal & univerfel des choies, qui les enchaîne , nos ames ne font cepen+ dant fujettes au deftin, qu’autant & que felon qu’il. convient à leur nature; toute force extérieure a beau. _confpirer contre elles, fi leur bonté eft originelle & premiere, elle perféverera; sil en eft autrement, % ! à . elles font nées ignorantes , groffieres , féroces ; s’il ne furvient rièn qui les améliore , les inftruife, & les fortifie ; par cette feule condition, fans aucune influence du deftin, d’un mouvement volontaire & propre , elles fe porteront au vice & à l'erreur, | Iln’eft pas difcile de conclure de ces principes ; que les ftoiciens étoient matérialiftes, fataliftes, & ‘à proprement parler athées, Nous venons d'expofer leur do@trine fur le princi- pe efficient, voici maintenant ce qu'ils penfoient de la caufe pañlive. … La matiere premiere ou la natureeft la premiere des chofes , l'eflence êc la bafe de leurs qualités. La matiere générale & premiere eff éternelle s tout ce qu'il en a été eft, elle n’augmente ni ne di- minue , tout eft elle ; on l’appelle effence, confidérée dans luniverfalité des êtres ; rsasiere, confiderée dans chäcun. : | La matiere dans chaque être, eft fufceptible d’ac* croiflement & de diminution ; elle #y refte pas la même , elle fe mêle, elle fe fépare , {es parties s’é- chappent dans la féparation , s’uniflenit dans le mé- lange ; après la déflagration générale , la matiere fe retrouvera une , & lamême dans Jupiter. Elle n’eft pas ftable , elle varie fans cefle, tout eft emporté comme untorrent , tout pafle, rien de ce que nous voyons ne refte le même ; mais rien ne chan: ge l’effence de la matiere , il n’en périt rien, ni de ce quis’évanouit à nos yeux; tout retourne à la fource premiere des chofes , pour en émaner derechefi les chofes ceflent ; mais ne s’anéantiffent pas, | La matiere n’eft pas infinie ; le monde a fes li mites. , É | Il n’y arien à quoi elle ne puiffe être réduite, rien qu’elle nepuifle fouffrir , qui n’en puifle être fait ; ce qui feroit impoñlble fi elle étoit immuable ; elle eft divifible à l'infini; or ce qui eft divifible ne peut être infini ; elle eft contenue, C’eftpar la matiere, par les chofes qui font de la matiere, 6c par la raifon générale qui eft préfente à tout, qui en eft le germe, quile pénetre, que le monde eft , que Punivers eft, que Dieueft ; ‘on en« ténd quelquefois-le ciel par ce mot, Diez. | Le monde.exifte féparé du vuidé qui lenvironñe comme un œuf ,-la terre eft au centre ; il y a cette différence entre le monde &s Punivers , que l'univers eft infini; il comprend les chofes qui font, &z le vui- de.qui les comprend; le mondeieft fini, lemondeeft comp ris dans Le vuide qui n’entre pas dans l’acception de: cé mot, je énsen Lirér St 2 Au commencement il ny avoit que Dieu & la matiere ; Dieu , effence-des chofes , nature ignée, être prolifique , dont une portion combinéeavecla matiere , a produit l'air, puis l’eau ; ileft au monde comme le-germe à la plante ; ila dépofé le germe du Vu "2 monde onde dans l’eau, pour en faciliter le dévélopement: üne partie de lu-même acondenié la terre, uneau- tre s’eft exhalée ; de-là le feu. ee Le monde eftun grand animal, quia fens, efprit, & raïfon; ilya , ainfi que dans l’homme, corps & ame dans ce grand animal ; l'ame y eft préfente à toutes les parties du corps. Il y a dans le monde , outre de la matiere nue de toute qualité, quatre élémens , le feu, Pair, l’eau, & laterre; le feu eft chaud , l'air froid , la terre fee che, &r l’eau moite; le feu tend en haut, ceftfon féjour; cet élément, ou fa portion connue fous le nom d’&rher , a été le rudiment des aftres & de leurs {pheres ; Paireft au-deffous du feu ; eau coule fous lair & furlaterre; la terre eftla bafe du tout ; elle eftau centre. ‘#4: Entre les élémens deux font légers , le feu & l'air; deux pefans , l’eau & la terre ; ils tendent au cen- tre qui n’eft ni pefant ni léger. . Il y a une converfion réciproque des élémens en- freeux; tout ce quicefle de l’un, pafle dans un au- tre; l'air dégénere en feu , le feu en air ; l'air en eau, Veau en air; la terre en eau , l’eau en terre; mais aucun élément n’eft fans aucun des autres : tous font en chacun. _ Le feu eft le premier des élémens, il a fon féjour vers le ciel, & le ciel eft, comme nous l’avons dit, la limite derniere du monde , où ce qui eft divinafa | place. Il y a deux feux; Partificiel quifert à nos ufages, le naturel qui fert aux opérations de la natute ; il _ augmente & conferve les chofes, les plantes, les animaux ; C’eft la chaleur univerfelle fans laquelle tout périt. | . Ce feu très-haut, répandu en tout, enveloppe derniere du monde, eft l’&ther, eft auf le Dieu tout-puiflant. Le foleil eft un feu très-pur, il eft plus grand que la terre, c’eft un orbe rond comme le monde ; c’eft un feu , car il en a tous les effets; il eft plus grand que la terre, puifqu’il éclaire & le ciel en même teins. Le foleil eft donc à jufte titre , le premier des dieux. | C’eft une portion très-pure de l’æther, de Dieu ou du feu , qui a conftitué les aftres; ils font ardens : ils font brillans, ils font animés, ils fentent, ils con- çoivent , 1ls ne font compofés que de few, ils n’ont rien d’étrangeraufeu ; mais il n’y a point de feu qui n’ait befoin d’aliment ; ce font Les vapeurs des eaux, de la mer, & de la terre, qui nourriffent le feu des aftres. AT Puifque les aftres font des portions du feu natu- rel & divin, qu'ils fentent & qu'ils conçoivent, pourquoi n’annonceroient-ils pas avenir? ce-ne font pas des êtres où l’on puifle lire les chofes particulie- res & individuelles , mais bien la fuite générale des. deftinées ; elle y eft écrite en caraéteres très-évi- dens. On appelle du nom d’affres le foleil & la lune ; il y a cette différence entre un affre & une étoile , que l'étoile eft un aftre; mais que laftre n’eft pas une étoile. ; | Voici l’ordre des aftres errans ; faturne, jupiter , mars, mercure, vénus, le foleil, la lune ; la princi- pale entre les cinq premieres , c’eft yénus , l'aftre le plus voifin du foleil. La lune occupe le lieu le plus bas de l’ther ; c'eft un aftre intelligent , fage , d’une nature ignée ; mais non fans quelque mélange de terreftre, La fphere de Pair eft 8 commence au-deflous de la lune, elle eft moyenne entreile,ciel & les eaux , fa figure eft ronde , c’eft Junon. : La région de l'airfe divife en haute , moyenne , & Tome XV, | STO 329 bafle ; la région haute efttrèsfeche & très-Chaude la proximité des feux céleftes la rend très-tare & très-tenue; fa région bafle , voifine de la terre , et denfe & ténébreufe; c’eft le réceptacle des exhalai- fons ; la région moyenne plus temperée que celle quila domine, &c que celle qu’elle prefle , eft feché à fa partie fupérieure |, humide à {à partie infé- rieute. | Le vent eft un courant d'air. La pluie, un changement de nue en eau; ce chan gement a lieu toutes les fois que la chaleur ne peut divifer les vapeurs que le foleil a élevées de’ la terre & des mers. Laterre , la portion du monde la plus denfe, fert de bafe au tout, comme les os dans les animaux; elle eft couverte d'eaux quife tiennent de niveau à {à fur- ‘face ; ‘elle eft au centre ; elle eft une ; ronde, finie, ainfi que l'exige la nature de tout centre ; l’eau a la même figure qu’elle , parce que fon centre eft le mê. me que celui de la terre. | La mer parcourt l’intérieur de la terre , par des toutes fecrettes ; elle fort de fes bafins » €lle cifpa- roît ,-elle fe condenfe , elle fe filtre » Cle fe burifie, élle perd {on amertume, & offre ; après avoir fait beaucoup de chemin ;-une eau pure aux animaux & aux hommes. La terre eft immobile, IL n’y a qu'un feul monde, Ileft éternel ; c’eft Dieu & la nature ; ce tout n’a point commencé , & ne finira point ; fon afpeét pañlera. Comme Pannée a un hyver & unété, le monde aura une inondation & une déflagration; l’inonda- tion couvrira toute la furface de la terre > © tout pé- rira. Après cette premiere révolution par Peau , le mon- de fera embrafé par le feu, répandu dans toutes fes parties , il confumera lPhunudité, & s’affimilera les êtres; 1ls prendront peu-à-peu fa nature » aloïs tout fe réfoudra en Jupiter, &le prèmier cahos renaîtra. Ce cahors fe débrouillera comme le premier, lu nivers fe reformera comme il eft > ©t l’efpece humaï- ne fera reproduite. | | Le tems eft à la dérniere place entre les êtres. Anthropologie des Sroiciens. L'homme eft une :ma- ge du monde , le monde eff en lui ,ilaune ame & un corps comme le grand tout. } Les principes de l’efpece humaine étoient dans l’u- nivers naïffant ; les premiers hommes font nés par l'entremife du feu divin, ou par la providence de Dieu. | Dans latte de la génération , le germe de l’hom- me s’unit à {a portion humide de l'ame. La liqueur fpermatique ne produit que le corps ; elle contient en petit tous les corps humains qui fe fuccéderont, NT L’ame ne fe forme point dans la matrice , elle vient du dehors, elle s’unit au Corps avant qu'il ait vie. É Si vous remontez à la premiere origine de lame vous la ferez defcendre du feu primitif dont elle eft une étincelle ; elle n’a rien de pefant ni de terreftre ; elle eft de la même nature que lafubftance qui forme les aftres , & qui les fait briller. L’ame de l’homme eft une particule de Dieu »sune petite portion de l’ame univerfelle quienaété, pour ainfi dire, détachée : cat lame du monde eft la four- ce féconde de toutes les ames. : Ileft difficile d'expliquer la nature; elle eft ignée 3 ardente , intelligente , & raïfonnable. | [l'y a des ames mortelles, & il y en a d’immor. telles. Après la déflagration générale, & le renouvelle: ment des chofes , les ames retournéront dans les Xxx 530 S T © corps qu’elles ont animés avant cet événement. L’ame eft un corps, carelle eft, & elle agit ; mais ce corps eft d’une ténuité & d’une fubtilité extrèmes. On y diftingue huit facultés ; les cinq fens , lafa- culté d’engendrer , celle de parler une partie princi- pale, Après la mort, elle remonte aux ciéux ; elle habi- te les aftres , elle converfe avec les dieux, elle con- temple, & cet état durera jufqu’à ce que le monde confumé , elle & tous les dieux fe confondent, & ne forment plus qu’un feul être , Jupiter. L’ame du fage , après la diflolution du corps, s'occupe du cours du foleil, de la lune, & des autres aîtres , & vérifie les connoïflances qu’elle a acquifes fur la terre. Principes de la philofophie morale des Stoïciens, Dans la vie, c’eft fur-tout la fin qu'il faut regarder; la fn eft l'être par qui tout fe fait, pour qui tout eft, à qui tout {e rapporte. La fin peut fe confidèrer fous trois afpe&s, lob- jet, lesmoyens , & le terme. La fin de l’homme doit être de conformer fa con- duite aux lois de la nature. La nature n’eft autre chofe que la raifon univer- {elle qui ordonne tout ; conformer fa conduite à cel- le de lanature , c’eft fe voir comme une partie du grand tout , & confpirer à {on harmonie. Dieu eff la portion principale de la nature ; lame de l’homme eft une particule de Dieu ; la loi de la nature , ou de Dieu , c’eft la regle générale par qui tout eft coordonné, mu, & viviñié; vivre confor- mément à la nature , imiter la divinité , fuivre l’or- dre général, c’eit la même chofe fous des expref- fions différentes. | La nature eft tout ce qu'il y a de bon & beau. La vertu a ces deux qualités comme la nature, Le bonheur en eftune fuite, Bien vivre , aimer le beau, pratiquer le bien, & être heureux, c’eft une même chofe, La vertu a fon germe dans lame humaine, c’eft une conféquence de fon origine ; particule émanée de la divinité , elle tend d’elle-même à l’imitation du prin- cipe de fon émanation ; ce principe lameut, la pouf- fe & linfpire. Cette particule détachée de fa grande ame, & fpécifiée par fon union à tel ou tel corps, eft le dé- mon de cet homme, ce démon le porte au beau, au bon , & à la félicité. La fouveraine félicité confifte à l’écouter : alors on choifit ce qui convient à la nature générale ou à Dieu, & l’on rejette ce qui contredit fon harmonie êc fa loi, Chaque homme ayant fon démon, il porte en lui le principe de fon bonheur, Dieu lui eft préfent. C’eft un pontife facré qui préfide à fon autel. Dieu lui eft préfent ; c’eft Dieu-même attaché à un corps de figure humaine, | La nature du bonheur de l’homme eft la même que la nature du bonheur de Dieu. C’eft la vertu. La vertu eft le grand inftrument de la félicite, Le bonheur fouverain n’eft pas dans les chofes du corps , mais dans celles de Pame. Il n’y à de bien que ce qui efthonnèête. L’honnète n’eft relatif qu’à l'ame. Rien de ce qui eft hors de Phomme ne peut donc ajouter fohidement à {on bon- heur. Le corps, les jouiflances, la gloire , les digni- tés font des chofes hors de nous & de notre puiffan- ce ; elles ne peuvent donc que nuire à notre bon- heur, fi nous nous y attachons. Le dernier degré de la fagefle confifte à bien dif- tinguer le bon du mauvais. Entre les chofes , il ÿ en a qui font bonnes ; il yen a qui font mauvaifes, 6c d’autres qu'on peut regarder comme indiférentes, ST O : Une chofe eft bonne relativement à la nature d'un être : une créature raifonnable ne peut être heureufe que par les objets analogues à la raïon. Ce qui eft utile 8& honnête eft bon. La bonté nef conçoit point féparée de Putilité 8 de lPhonnêteté. L’utile confifte à fe conformer à la fin du tout dont on:eft partie; à fuivre la loi du principe qui commande, La vertu eft le vrai bien ; la chofe vraiment utile. C’eft-là que la nature parfaite nous invite. Ce n’eft point par des comparaifons de fa vettu avec d’autres objets, par des difcours , par des jugez mens que nous découvrons que la vertu eft le bien: Nous le fentons. C’eft un effet énergique de fa pro= pre nature qui fe développe en nous , malgré nous. La férénite , le plaifir & la joie font les accefloires du bien. Tout ce qui eft oppofé au bien eft mal, Le mal eft un écart de la raifon générale du tout. Les accefloires du mal font Les chagrins , la dou- leur , le trouble. , La vertu &c fes accefloires conflituent la fie cité. Il y a desbiens préfens; il yen a de futurs. Des biens conftans , des biens intermittens, de durabies & de paflagers ; des biens d’objets, de moyens,, de fin, d'utilité, d’intérieurs, d’extérieurs, d’abfolus, de relatifs, &c. | Le beau c’eft la perfe@ion du bien, … Tous les biens font égaux. Il faut les defirertotis: Î n’en faut négliger aucun. | Il ÿ a entre Le bien ou l’honnète ; entre le mal ou le honteux , des chofes intermédiaires qui ne peu vent m contribuer au bonheur, ni y nuire. On peut ou les négliger , ou les rechercher fans confé- quence. | Le fage eft févere; ifuitles diffra@tions; il a l'efprit fain ; il ne fouffre pas ; c’eft un homme dieu ; c’eft Le feul vrai pontife ; 1l eft prophete ; il n’opine point; c’eft le Cynique par excellence; il eft hbre; il eftroïs il peut gouvernerun peuple ; il merre pas ; il eff in- nocent;1l n’a pitié de rien; 1l n’eft pas indulgent, il n’eft point fait pour habiter un defert ; c’eft un véritable ami ; il fait bien tout ce qu'il fait ; il n’eft point en= nemi de la volupté ; la vie lui eft indifférente ; ikeft grand en tout ; c’eft un économe intelhgent ; 1 à [a nobleffe réelle ; perfonne n’entend mieux la méde- cine; on ne le trompe jamais; il ne trompe point; c’eft lui qui fait jouir de fa femme, de fes enfans, de a vie ; il ne calomnie pas; on ne fauroit l’exiler, Éc, Les Sroïciens à ces caraëteres en ajoutoient une inf- nité d’autres qui fembloïent en être les contradi@oi- res. Après les avoir regardés comme les meilleurs des hommes , on les eût pris pour les plus méchans. C’étoit une fuite de leur apathie, de leur imitation ftriéte de la divinité , & des acceptions particulieres des mots qu’ils employotent. La définition du ftor- cien étoit toute femblable à celle queVanini donnoit de Dieu. L’ame , femblable à un globe parfaitement rond. eft uniforme ; elle n’eft capable ni de compreflion, ni d’expanñon. Elle eff libre; elle fait ce qw’elle veut; elle a fa propre énergie. Rien d'extérieur ne la touche, ni ne peut la contraindre, ; Si on la confidere relativement au tout, elle eff fujette au deftin; elle ne peur agir autrement qu’elle agit ; elle fuit le lien univerfel &c facré qui umit lu nivers &c fes parties. Dieu eft foumis au deftin , pourquoi lame humaï-: ne , qui n’en eft qu’une particule, en feroit-elle affran-) chie ? | ; Are que limage du bien l’a frappée , elle le efire. Le principe qui fe développe le premier dans un être animé , eft celui de {a propre confervation. S'ilatteintce qui eft conforme à la nature , fon bonheur commence. | Les defirs fuivent la connoïffance où l’opinion des chofes. . C’eft de la connoïffance de Pordre univerfel, que dépend celle du vrai bien. Si Von préfente à l’homme un bien convenable à fa nature , & qu'il s’y porte avec modération, il eft fage &c non paflionné ; s’il en jouit paifiblement , il eft ferein &c content ; s’il ne craint point de le per- dre, 1l eff tranquille , 6'c. | S'ilfe trompe fur la nature de l’objet; s’il le pour- fuit avec trop d’ardeur; s’il en craint la privation; sil en jouit avec tranfport ; s’il fe trompe fur fa va- leur ; s’il en eft féduit ; s’il s’y attache ; s’il aime la vie , 1l eft pervers. | Les deñrs fondés fur l’opinion , font des fources de trouble. L’intempérance eftune des fources les plus fécondes du trouble. Le vice s’introduit par Pignorance des chofes qui font la vertu. Il y a des vertus de théorie. Il y en a de prati- que. [l y en a de premieres. Il y en a de fecon- daires. La prudence qui nous inftruit de nos devoirs ; la tempérance qui regle nos appétits'; le courage qui nous apprend à fupporter ; la juftice qui nous ap- prend à difiribuer , font des vertus du premier or- dre. Il y a entre les vertus un lien qui Les enchaîne; ce- Jui à qui il en manque une , n’en a point. Celui qui en poflede bien une , les a toutes. | La vertu ne fe montre pas feulement dans Les dif cours ; mais on la voit aufli dans les ations. Le milieu entre le vice & la vertu n’eft rien. On formeun homme àla vertu. Il y a des méchans qu'on peut rendre bons. On eft vertueux pour la vertu-même. Elle n’eft fondée ni dans la crainte , ni dans l’efpérance. Les aétions font ou des devoirs, ou de la généro- fité ; ou des procédés indifférens. La raïon ne commande ni ne défend les procédés incifférens ; lanature ou la loi prifentles devoirs: La générofité immole l'intérêt peffonnel. Il y des devoirs relatifs à foi-même ; de relatifs ai prochain, & de relatifs à Dieu. IL importe de rendre à Dieu un culte raïfonna- ble. Celui-Rà a une jufte opinion des dieux qui croit leur exiftence, leur bonté , leur providence. Il faut les adorer avant tout, y penfer , les invo- quer , les reconnoître , s’y foumettre, leur aban- donner fa vie, les louer même dans le malheur, EC. , : L’apathie eft le but de tout ce que l’homme fe doit ä lui-même. Celui qui y eft arrivé ef fage. Le fage faura quand 1l lui convient de mourir ; il lui fera indifférent de recevoir la mort ou de fe la donner. Il n’attendra point à l'extrémité pout ufer de ce remede. Il lui fufira de croire que le fort a changé. - Il cherchera l’obfcurité. Le foir il fe rappellera fa journée. Il examinera fes athions. Il reviendra fur fes difcours. Il s’'avouera fes fautes. Il {e propofera de faire mieux. Son étude particuliere fera celle de lui-même. _ I méprifera la vie &c fes amufemens ; il ne redou- tera m la douleur , ni la mifere , ni la mort. Il aïmera fes femblables. Il aimera même fes en- nemis. Ine fera l’injure à perfonne. Il étendra fa bien- + yeillance fur tous, À _ Tome XP, S T O 31 Îl vivra dans le monde , comme s’il n’y avoir rien de propre. | | Le témoïgnage de fa confcience fera le premier qu'ilrecherchera. Toutes les fautes lui feront égales, Soumis à tout événement, il regardera la commi- feration & la phpart des vertus de cet ordre ) COM- me une forte d'oppofition à la volonté de Dieu. _ Il jugera de même du repentir, Il n'aura point ces vues de petite bienfaifance ; étroite , qui diftingue un homme d’un autre, Il imi- tera la nature. Tous les hommes feront égaux à fes EUX. , ‘ S'iltend la main à celui cn fait naufrage, s’il con- fole celui qui pleure, s’il reçoit celui qui manque d’afyle ; s'il donne la vie à celui qui pétit; s'il pré- fente du pain à celui qui a faim, il ne fera point ému. Il gardera fa férénité, Il ne permettra point au fpe- tacle de la mifere , d’altérer fa tranquillité. Il re- Mconnoïtra en tout la volonté de Dieu & le malheur des autres ; 8 dans fon impuiflance à les fecourir, il fera content de tout, parce qu’il faura que rien ne peut être mal. Des difciples G des fucceffeurs de Zénon. Zénon eut pour difciple Philonide , Calippe, Pofidonius, Ze- node, Scion &z Cléanthe. | Perfée, Arifton, Herille, Denis , Spherus & Athé- nadore fe font fait un nom dans {à fecte. Nous allons parcourir rapidement ce qu'il peut y avoir de remarquable dans leurs vies & dans leurs Opimons. Perfée étoit fils de Démétrius de Cettium. 11 fut à, difent les uns, l'ami de Zénon ; d’autres , un de ces efclaves qu'Antigone envoya dans fon école, pour en copier les leçons. Il vivoit aux environs de la cxxx. olympiade. Il étoit avancé en âge, lorfqu'il alla à la cour d’Antisone Gonatas. Son crédit auprès de ce prince fut tel, quela garde de PAcro-Corinthe luifut confiée. On fait que la füreté de Corinthe & de tout le Péloponnèfe dépendoit de cette citadelle. Le philofophe répondit mal à l’axiome ftoique, qu difoit qu'il ny avoit que le fage qui fache commander: Aratus de Sycione fe préfenta fubitement devant lAcro-Corinthe , & le furprit. 11 empêcha Antigone de tenir àMenedeme d’Erétrie la parole qu'il lui avoit donnée , de remettre les Erétriens en république ; 1 regardoit les dieux comme les premiers inventeurs dès chofes utiles chez les peuples qui leur avoient élevé des autels. Il eut pour difciples Hermagoras d’Amphipolis. Arifton de Chio étoit fils de Miltiade. I1 étoit élo- quent ; &1ln’en plaïfoït pas davantage à Zénon qui affeétoit un difcours bref, Arifton qui aimoit le plai- fir , étoit d’ailleurs peu fait pour cette école févere. IL profita d’une maladie de {on maître pour le quit- ter. Il fuivit Polémon , auquel il ne demeura pas long-tems attaché. Il eur l'ambition d’être chef de . fete, & il s'établit dans le Cynofarge , où ilafñlembla quelques auditeurs, qu’on appella de fon nom es Arifloniens : mais bientôt {on école fut méprifée & déferte. Arifton attaqua avec chaleur Arcefñlaüs, & la maniere de philofopher académique & fceptique. Il innova plufeurs chofes dans le Séoicifme : il pré- tendoit que l'étude de la nature étoit au-deAus de l'efprit humain ; que la Logique ne fignifioit rien, & que la Morale étoit la feule fcience qui nous ImMpOr- tât ; qu'il n’y avoit pas autant de vertus différentes qu'on en comptoit communément , mais qu'il ne fal- loit pas, comme Zénon , les réduire à une feule ; qu'ily avoit entr’elles un lien commun; que les dieux étoient fans intelligence & fans vie, & qu'il étoit impofhble d’en déterminer la forme. Il mourut d’un coup de folerl qu’il recut fur fatête qui étoit chauve, Il eut pour difciple Eratofthene de Cyrene. Celui-ci Xxxi Je S TO fut grammawien , poëte & philofophe, Il fe.diftin- gua auf parmi les Mathématiciens. La variété de fes gonnoiïffances lui mérita le nom de philologue, qu'il porta le premier, & les Ptolomée , Philopator &c .Epiphane lui conferent le foin de la bibliotheque d'Alexandrie. Perfée ne fut pas le feul qui abandonna la feéte de Zénon. On fait le même reproche à Denis d'Hé- raclée. On dit de celui-ci qu'il regarda la volupté comme la fin des aétions humaines , & qu'il paffa dans l’école cyrénaique & épicurienne. Herelle de Carthage n’eut pas une jeunefle fort innocente. Lorfqu’il fespréfenta pour difciple à Zé- non, celui-ci exigea du de fon changement de mœurs, qu’il fe coupät les cheveux qu'il avoit fort beaux. Herelle fe rafala tête , &c fut reçu dans l’é- cole ftoïque. Il regarda la fcience & la vertu comme les véritables fins de l’homme , ajoutant qu’elles dé- pendoient quelquefois des circonftances, & que fem- blables à l’atrain dont on fondoit la ftatue d’Alexan- dre ou de Socrate, 1l en falloit changer felon les oc- cafions ; qu’elles n’étoient pas Les mêmes pour tous les hommes ; que le fage avoit les fciences qui n’é- toient pas celles du fou, 6rc. Sphærus le boryfthénite, le fecond difciple de Zé- non, enfeiona la Philofophie à Lacédémone , & for- ma Cléomene. IFpaffa de Sparte à Alexandrie : 1l mo- difia le principe des Stoiciens, que le fage n’opi- noït jamais. Il difoit à Ptolomée qu’il n’étoit roi, que parce quil en avoit les: qualités , fans lefquelies :l cefleroit de l’etre. Il écrivit plufeurs traités que nous n'avons pas: | Cléanthès, né à Affle en Lycie, fuccéda à Zénon fous le Stoa. Ilavoit été d’abord athlete. Son extrème pauvreté lui ft apparemment goûter une philofophie qui prèchoit le mépris des richeffes. Il s’attacha d’a- bord à Cratès, qu'il quitta pour Zénon. Le jour il étudioit ; la nuit 1l fe louoit , pour tirer de l’eau dans les jardims. Les Aréopagites ,, touchés de fa mifere &c de fa vertu , lui décérnerent dix mines! fur le tréfor public : Zénon n’étoit pas d'avis qu'il les ac- ceptât. Un jour qu'il conduitoit des jeunes gens au fpeétacle, le vent lui enleva fon manteau, & le laïffa tout nud. La fortune &c la nature l’avoient traité prefqu'avec la même ingratitude. Il avoit l’efprit lent : on l'appelloit l’éne de Zénon , &t 11 difoit qu’on avoit raïfon , car 1l portoit feul toute la charge de ce philofophe. Antigone lenrichit ; mais ce fut fans conféquence pour fa vertu. Cléanthès perfifta dans la pratique auftere du Sroicifime, La feéte ne perdit rien fous lui de fon éclat ; Le portique fut plus fré- quenté que jamais : il préchoit d’exemple fa conti- nence, la fobriété , la patience & le mépris des in- jures : il eftimoit les anciens philofophes de ce qu'ils avoient népligé les mots, pour s'attacher aux chofes; & c’éroit.la raifon qu'il donnoïit de ce que beaucoup moindres en nombre que de fon tems, 1l y avoit ce- | pendant parmi eux beaucoup plus d'hommes fages. =. ; e Là Îl mourut âgé de 80 ans : il fut attaqué d’un ulcere à la bouche , pour lequel les Médecins lui ordonne- rent l’abffinence des alimens ; 1l pafñla deux jours . fans manger ; ce régime lui réuflit, mais on ne put le déterminer à reprendre les alimens. Il étoit , difoit- il, trop près du terme pour revenir fur fes pas. On lui éleva, tard à la vérité, une très-belle ffatue. Maïs perfonne ne s’eft fait plus de réputation parmi les Stoiciens que Chrifippe de Tarfe. Il écouta Zénon & Cléanthès : il abandonna leur doëtrine en plu- fieurs points. C’étoit un homme d’un efprit prompt & fubtil! On le loue d’avoir pu compofer jufqu’à cinq cens vers en un Jour : mais parmi ces vers, Y en avoit-il beaucoup qu’on püt louer ? L’eftime qu'il fafoit de lui-même n’étoit pas médiocre, Interrogé par quelqu'un qui avoit un enfant , fur l’homme à ST O. : qui 1l en falloit confier l’inftrudion : £ moi . lui ré- 3 pondit-il ; car f je connoïflois un précepteur qui valüt mieux, je le prendrois pour moi. Il avoit de la hauteur dans le caraëtere : il méprifa les honneurs. Il ne dédia point aux rois fes ouvrages , comme c’é- toit la coutume de fon tems. Son efprit ardent & porté à la contradiétion lui fit des ennemis, Il éleva Carnéade , qui ne profita que trop bien de Part:mal- heureux de jetter des doutes. Chrifippe-en devint lui-même la viétime. Ilparla hbrement des dieux : il expliquoit la fable des amouts de Jupiter &c de Ju- non d’une maniere aufä peu décente que religieufe, S'il eft vrai qu'il approuvât lincefte & qu'il confeil- lât d’ufer de la chair humaine en alimens, fa morale ne fut pas fans tache. Il laifla un nombre prodigieux d'ouvrages. Il mourut âgé de 83 ans : on lui éleva une ftatue dans le Céramique. | | Zénon de Tarfe, à qui Chrifippe tranfmit Le por- tique , fit beaucoup de difciples & peu d'ouvrages. Diogene le babylonien eut pour maîtres Chri- -fippe & Zénon. Il accompagha Critolaus & Carnéade à Rome. Un jour qu’il parloit de la colere, un jeune étourdi lui cracha au vifage , & la tranquillité du. philofophe ne démentit pas fon difcours. Il mourut âgé de 98 ans, | Antipater de Tarfe avoit été difciple de Diogene, &c il li fuccéda. Ce fut un des antagoniftes les plus redoutables de Carnéade. Panetius de Rhodes laiffa les armes auxquelles il étoit appellé par fanaïflance , pour fuivre {on goût &c fe livrer à la Philofophie. Il fut eftimé de Cicéron, qui Pintroduifit dans la familiarité.de Scipion & de Loœlius. Panetius fut plus attaché à la pratique du S'ioicifine qu'à fes dogmes. Ileftimoit les philofophes qui avoient précédé , mais fur-tout Platon , qu’il ap- pelloit leur Morere. Il vécut long-tems à Rome, mais il mourut à Athènes. Il eut pour difciples des hom- mes du premier mérite, Mnefarque ; Pofidonius , Lelius, Scipion , Fannius , Hécaton , Apollonius, Polybe. Il rejettoit la divination de Zénon : écrivit des offices ; 1l s'occupa de lhiftoire des fetes, Il ne nous refte aucun de fes ouvrages. :: Poñdonius d’Apamée exerça à Rhodes les fonc- tions de magiftrat & de philofophe ; & au fortir de l'école, 1l s’afleyoit fur le tribunal des lois, fans qu’on l’y trouvât dépläcé. Pompée le vifita, Pofdo- mus étoit alors tourmenté de la goufte. La douleur ne l’empêcha point d’entretenir le général romain. Il traita en fa préfence la queftion du bon & de lhonnête. Il écrivit différens ouvrages. On lui attriz bue l'invention d’une fphere artificielle, qui imitoit les mouvemens du fyftème planétaire : 1l mourut fort âgé. Cicéron en parle comme d’un homme qu'il avoit entendu. Jafon , neveu de Pofidonius , profeffa le Szoicifine. à Rhodes, après la mort de fon oncle. Voyez a Purticle de la PHILOSOPHIE DES ROMAINS lhiftoire des progrès de la feéte dans cette ville fous la république & fous les empereurs. Des femmes eurent auf le courage d’embraflerle Sroicifine, & de fe diftinguer dans cette école par la pratique de fées vertus aufteres. La feête floicienne fut le dernier rameau de la feûte de Socrate. CA Des reffaurateurs de la Philofophie floicienne parmi les modernes. Les principaux d’entr’eux ont été Jufte- Lipfe , Scioppius, Heinfius & Gataker. Jufte-Lipie naquit dans le courant de 1447. Il fit . fes premieres études à Bruxelles , d’où il alla perdre deux ans ailleurs. Il étudia la Scholafique chez les jéfuites ; le goût de l’éloquence & des queftions grammaticales l’entrainerent d’abord ; mais Tacite & Séneque ne tarderent pas à le détacher de Donat & de Cicéron, Il fut tente de fe faire jéluite ; mais fes parens quin’approuvoient. pas ce deffein ; len- voyerent à Louvain où fa vocation fe perdit; El fe livra tout entier aa; Littérature ancienne & à la Jurifprudence. 11 fe la fous Corneille Valere leur maitre commun, à Delrio!, Giieln, Lermet, Shott, & d'autres qui fe font illuftrés par leurs. connoïffan- ces. Il écrivit de bonne heure. I n’avoitque dix-neuf ans , lorfqu'l publia fes livres de variis beélionibus + il les dédia au cardinal Pernot de Granville, qui l'ai- ma 6 le protésea. À Rome , ilfe plongéa dans-l’é- tude des antiquités : i1y connut Manuce »Mercuriai Jes & Muret. De retour de l'Italie en Flandres, 1l S’abandonna au plaifir & il Re parut pas fe reflou- venir beaucoup de fon Epiétete : mais cet écart de jeunefle, bien pardonnable à un homme qui étoit reité fi jeune fans pere, fans mere ; fans parens, fäns tuteurs, ne dura pas. Il.reyint à l'étude & à la ver- tu. [voyagea en France 8 en Allemagne , en Saxe, en Bohème, fatisfaifant par-tout fa paflion pout les fciences & pour les fayans. Il s'arrêta quelque tems en Allemagne, oùle mauvais état de fa fortune , Qui avoit difparu au milieu des rayages de la guerre allu- mée dans fon pays, le détermina à abjurer le Catho- licifme , pour obtenir une chaire de profefleur chez des Luthériens. Au fond , indifférent en fit de tel. gion» il n’éfoit ni catholique, ni luthérién. [1 {e.ma- Tia à Cologne, Il s’éloigna de cette ville pour aller chercher un afÿle où il pût vivre dans le repos & la folitude ; mais il fut obligé.de préférer la fécu- rité à ces avantages êt defe réfugier À Louvain ; Où il prit le bonnet de doûteur en droit. Cet état lui pro- mettoit de l’aifance : mais la guerre fembloit le fui- vre par-tout ; elle le contraignit d’afler ailleurs en- feigner parmi les Proteftans la J urifprudence & la Politique. Ce fut Ià qu'il prétendit qu’il ne falloit dans un état qu’une religion , & qu'il falloit pendre, brülér, mañacrer ceux qui refufoient de fe confor- mer aù culte public : quelle morale à débiter parmi des hommes qui venoient d'expofer leurs femmes, leurs enfans , leur pays , leurs fortunes , leur vie ; pour s’aflürer la liberté de la confcience , .& dont la terre fumoit encore du fang que l'intolérance efpa- gnole avoit répandu ! On écrivit avec chaleur contre Tate Lipfe. Il devint odieux : il médita de fe retirer de la Hollande, Sa femme fuperititieufe le prefloit de changer de religion ; les jéfuites l’inveftifloient : il augüroit mal du fuccés de la guerre des Provinces- Unies. Il fimula une maladie : il alla À Spa ; il pafla quelques années à Liege , & de-là il vint À Cologne, Où 1lrentra dans le fein du Catholicfme. Cette in- conftance ne nuifit pas autant à fa confidération qu’à fa tranquillité, Les jéfuites, amis auffi chauds qu'enne- mis dangereux , le préconiferent. Il £t appellé par des villes , par des provinces » par des fouverains. L’ambition n’étoit certainement pas fon défaut : il fe refufaepropoñtions les plus avantageufes & les plus hoñofables. Il mourut à Louvain en 1606 , âgé de 58 ans. Il avoit beaucoup foufert » & beaucoup travaillé ; fon érudition étoit profonde : il n’étoit prefqu’aucune fcience dans laquelle il ne fût verfé ; il avoit des lettres, de la critique & de la philofo- hie. Les langues anciennes & modernes lui étoient RAS Il avoit étudié la Turifprudence & les An- tiquités. Il étoit grand moralifte ; il s’étoit fit un ftyle particulier, fententieux , bref , Concis & ferré. Ïl avoit reçu de la nature de la vivacité, de la cha- leur , de la fagacité, de la juftefle même, de limagi- nation , de l’opiniâtreté & de la mémoise. Il avoit embraffé le Sroicifine ; il déteftoit la philofophie des écoles. Il ne dépendit pas de lui qu’elle ne s’amé- lorât. Il écrivit de la politique & de la morale ; @ quoiqu'il aitlaïiflé un aflez grand nombre d'ouvrages, qu'ils aÿent prefque tous été compofés dans les em- barras d’une vie tumultueufe, il n'y en a pas un qu’on | tions:fur Tacite ne font P des philofophes anciens : mais il à fes ATEN S T © life ans Güelque fruit SL traité de la conftance , te 533 Phyfologre floïsiénte, fon S‘politiques , fes obfervas as les moins eftimés : il eut des mœurs, dela douceur , de Phumanité , aflez peu de religion. I] y a dans fa vie plus d'imprudeñce que dé méchanceté : fes apoftafies continuelles font les fuites naturelles de fes principes. +Gafpar Scioppius, dont on a dit tant de bien & de mal ;:marcha fur les pas de Jufte-Lipfe. [publia des élémens de la philofophie foisienne ? ce neft guere qu'un abrégé de ce qu’on favoit avant lui: + Daniel Héinfius a fait lé contraire de Scioppius, Celni-ci at délayé dans une oraifon 4e rhulofophid floicéice que Scioppins avoit reélerré, Gataker s’eft montré fort fupérieur à l’un & à laus tre dans fon commentaire {ur Pouvra ge de Pempereur Antonin. On y retrouve Partout un homme pros fond dans là connoiflance des Orateurs , des poëtes préjugés. Il voitfouvent Jefus-Chritt, S. Paul , les évangéliftes, les pères fous le portique , & il re tient pas à lui qu'on ne les prenne pour des difciples de Zénon, Das cter n'étoit pas éloigné des idées de Gataker. STOIDIS , (Géog. ane.) île de l’Afle , Vers [a côte de I Carmanie, &'au Voïfinage de l'Inde. Pline ; livi We, xxv. nous apprend qu'on pêchoit des pers les fur les côtes de cette île. C’eit en vain que Saus maife foutient que Pline » aülieu de Sroidis , avoit écrit lyrdis'; tous les manuferits de Pline s’oppoient à la correétion de Saumaite, (D.7.) STOLBERG, ( Géog. mod.) petite ville d’Allez magne, dans la Thuringe, chefliéu d’un petit com: té de même nom. Ce comté confine avec la princis pauté d’Anhalt, le comté de Manstid œ de Hohenf tein , &c le comté de Schwartzhourg. Les comtes de cette maifon poffedent encore le comté de Werni« gérode, C'eft dans le comté de Sroibers que faquit en 1546 Rhodoman ( Laurent ) connu dans la littérature par plufeurs ouvrages. Il étoit poëte, & très-vér{é dans la langue greque ; il a fort bien réuffi dans la tradution latine de Diodore de Sicile. Scaliger lui fit obtenir la chaire de profeffeur en hiftoire dans l'académie de Wiïtemberg , okil mourut ef r606 ; âgé de foïixan< te ans; Schneidewin (Tean) {avant jurifconfülte, né À So: berg en 1519, & mort en: 568, étoit le quinzieme des enfans de fon pere qui ne l’en aima que plus tens dtement, Ce fils devint un Kabile homme, & fut employé par l’éle@eur de Saxe dans des négociations importantes. Son commentarius ad influe , eft un ouvrage eftimé. (D. J.) ! Là STOLE LÉ (Ang. rom.) lola, tobe fraînante à lufage des dames de qualité, & {ur laquelle elles jettoient dans les jours de cérémonie > un petit man< Cette robe des dames romaines fe rhettoit par-def fus la tünique , & avoit quelque reflemblance aux habits de cour de nos tems modernes. Si votre rnai= trefle, dit un poëte , s’habille de quelque robe am: ple & longue, écriez: vous de toute votre force, que fous cet équipage, elle va mettre le feu partout ; mais en mÊme-tems priez-la d’une vois timide, qu’el: le ne s’expofe point aux rigueurs de l'hiver. La a de cette robe étoit traînante > & le bas garni d'un Hfu très-larse, d’or où de Pourpre, lat fafcia: Le corps de la robe étoit rayé de différentes - couleurs ; elle reçut infenfiblement un grand nombre de plis, s’augmenta de volume > fit tomber la toge ,. où du moins n’en laïffa lufage qu'aux hommes & aux Courtifannes, Le nom de ffole peu altéré a paflé dans léslife, & eft devenu une partie de l'habillement du prêtre , quand 1l eft devant l'autel, Mais Pétole eft bien dif. 534 S T O férent de la ffole des Romaïns , car c’eft proprement les extrémités de la longue robe que portoitle grand prètre des J uifs ; 8c fi l’on veut remonter à l’origine de la ffole du grand prêtre juif, on la trouvera dans la Genèfe , où l’on verra que Pharaon voulant éta- blir Jofeph, intendant de l'Egypte ; il le fit revétir d’une robe de fin lin, appellée //o/2 biffina, Ontrou- vera encore que les robes qui furent difiribuées aux freres de Jofeph font nommées ffoles , ainfi que la robe neuve dont fe para Judith pour tromper Holo- pherne. (D. J.) s ET STOLHOFFEN , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- magne , au cercle de Suabe, dans le marquifat de Bade , proche la rive droite du Rhin , à 6 lieues au nord-eft de Strasbourg. Les Allemands y furent for- cés dans leurs lignes par les François en 1707. Long: 25. 24. lat. 48. 30. (D. 1.) STOLPEN , PIERRE DE , ( Hif. naë. Livholog. ) en allemand ffo/penflin ; c’eft le nom qu'on donne à une pierre de touche ou à une efpece de hafalres qui fe trouve en-Mifmie; elle eft femblable à du mar- bre noir ou gris par fa couleur , mais fa forme eft très-finguliere ; elle fe trouve en criftaux ou en co- lonnes prifmatiques , qui font ou pentagones ou he- xagones, Où eptagones , OU oétogones ; quelquefois même il y a de ces colonnes qui ont la figure d’une folive équarrie. Les furfaces de ces prifmes font unies & lifles, comme fi elles avoient été polies. Ces co- lonnes prifmatiques font placées perpendiculaire- ment les unes à côté des autres comme des tuyaux d'orgue ; elles s’élevent d'environ 16 Ou 17 piés au- deflus du fommet d’une montagne; & ces prifmes ou colonnes fervent de fondement au château de Srolpen , qui eft bâti précifément au-deflus. M. Pott quia examiné cette pierre, dit qu’elle eft d'une très-grande dureté; elle ne fait point effervef- cence avec les acides, & l’aétion du feu ne la con- vertit point en chaux. Ce favant chimifte conjetu- re , que c’eft une terre argilleufe comme celle de l’ardoïfe combinée avec une terre ferrugineufe qui fait la bafe de cette pierre ; fans aucune addition un feu très-violent peut la changer en une fcorie noire fi dure, qu’elle donne des étincelles lorfqu’on la frap- pe avec un briquet, quoique dans fon état naturel elle ne fafle point feu. Cette pierre eft de différen- tes nuances , elle eft ou noirâtre ou d’un gris de fer ou d’un gris de cendre; en frottant un métal deflus elle en prend la couleur ; &z plus elle .eft noire, plus elle eft propre à fervir de pierre de touche. Voyez la LithogéognoftedeM.Pott, voyez auf l’arcicle TOUCHE { pierre de ). SroLren, ( Géogr. mod.) ville d'Allemagne, au cercle de la haute Saxe , dans la Poméranie ultérieu- re, fur la riviere de même nom, à 30 lieues au nord- “oueft de Dantzick ; elle dépend du roi de Prufle, Long. 34. 48. lat. 54. 42. (G2RNE) STOLPEN, LA , (Géog. mod.) ou la Stolpe ; rivie- re d'Allemagne, dans la Poméranie ultérieure , au duché de Vandalie ; elle fe forme de diversruiffleaux , &c fe perd dans la mer Baltique. (2. J.) _ STOLPMUND , ( Géogr. mod. ) petite ville, ou plutôt bourgade d'Allemagne, dans la Poméranie ul- térieure, au duché de Vandalie , vers l'embouchure de la Stolpe, qui lui donne fon nom. (D. J.) STOMACHIQUE, adj. ez Anatomie, Ce qui ap- partient à l’eftomac. Voyez ESTOMAC. j} . STOMACHIQUE, ad}. (Thérapeurique.) ou reme- de approprié aux maladies particulieres de leftomac; car l'eftomac étant fujet comme tous les autres orga- nes, aux maladies univerfelles ou communes, telles ue l’inflammation , les divers genres de tumeurs, c. à des maladies propres ou particulieres ; fa- voir, celles qui ont rapport à fa conflitution, & à £s fon@tions propres; & les maladies communes fe traitant toujours pat les remèdes généraux ou com= runs ; reftent feulement les maladies particulieres auxquelles puflent convenif les rémedes appro- priés. Le: ads * Les maladies propres de Peftomac font pour la plüpart des:affeétions légeres qui ne peuvent qu'être mifes au rang des incommodités , quoiqu'elles foient fouvent très-opiniâtres & très-importunes ; ce font des vices dans les digeftions, &c des vices qui pour refter dans l’ordre des maladies propres de l'eftomac, doivent ne dépendre d’aucune caufe manifefte, & notimment exclure toutes les conformations contre nature , tous les vices organiques ou des folides, & ces maladies font outre les digeftions pénibles &r les digeftions fougueufes ; font, dis-je, les douleurs ow . coliques d’eftomac , & les vomiffemens habituels. Ce'n’eft abfolument qu'aux maladies particulieres de l’eftomac ainfi circonicrites, que les rémedes f/o- machiques font vraiment confacrés. On les emploie toujours dans la vüe de rétablir Le ton naturel, la fen- fibilité naturelle , l’adivité naturelle, de réveiller Le jeu, de rémédier à la parefle, à linertie, au relâche- ment de cet organe, ou bien au contraire d’émouf- fer fa trop grande fenfibilité , de diminuer fa tenfion contre-nature , de modérer fa trop grande a@ivité &c. de fuppléer le trop peu d'énergie des fucs dige{- tifs, ou leur trop peu d’abondance, de leur rendre leurs féves ; de corriger leur acidité , leur âcreté, leur bileffence, de les adoucir , de les épañir; ou au contraire, de les rendre plus fluides, &c. toutes in- . dications déduites, comme on voit, de vices fort oc- cultes & dirigées à des opérations pour le moins auffñ peu comprifes, du-moins fort peu évidentes ,annon- cées tout-au-plus par quelques effets, mais d’une ma- niere très-éloignée. aie à Quoique les vices des digeftions foient aflez géné ralement divifés en deux efpeces,très-oppofées qu'on exprime communément par le relâchement contre nature, & par la trop grande tenfion ; & qu’on peut fe repréfenter en effet par ces deux états oppolés, & qu’ainfi les fomachiques duffent être partagés auffi em. deux clafles ; celles des toniques & celles des relà- chans ; cependant comme il a été obfervé dans l’ari- cle DIGESTION , p. 1002. c0l,.2. & 1003. col, 1. que rien n’eft fi bifarre que les affeétions propres de l’ef- tomac, & rien de fi équivoque que les fignes d’après lefquels on prétend communément déduire le carac- tere des deux clafles générales de ces affeétions; rien auffi de moins conftant en Médecine, que les regles de détails {ur l’adminiftration des divers flomachiques, auffi comme il eft obfervé dans l'endroit que nous venons de citer. L’unique maniere d'employer utile- . ment les divers ffomachiques dans les cas où ces re- medes font indiqués en général, c’eft le rifmé ou le tatonnement : ce dogme généraléfieen: entrautres obfervations par celle-ci; > qu'il n’eft pas rare de voir des maladies de l’eftomac cau- fées par des amas d’acide , ou pour le moins accom- pagnées de ce fymptome, guéries par lufage du lait, ce qui dément formellement les deux dogmes les plus reçus de la doétrine courante fur ce point; car les acides de l’effomac font regardés comme un des indices les plus clairs de fon relâchement , de fa for- bleffe ; & le lait tient le premier rang parmi les re- medes relächans. - Au refte, foit que par un préjugé très-ancien & très-répandu , les remedes fortifians, échauffans, to- niques, foient généralement regardes comme amis de l'eftomac, & comme capables de remédier à tous ces dérangemens, les ffomachiques proprement dits {ont tous pris dans la clafle des remedes fortifians, échauTans ,toniques, où même tous les remedes fortifans échauffans toniques font en même tems regardés comme fomachiques ; & en effet, tous.les us TS ” RE “ remedes de cetrordre font propres à guérir plufñeuts maladies de Peftomac. 1 Mais une obfervation plus éclairée a appris auf qu'un grand nombre deces incommodités étoïent îrès-efhicacement combattues par les remedes rafrai- chiffans & par les remedes relâchans, c'eft-à-dire, qu'en cherchant par le ratonnement des remedes pour chaque cas particulier , 11 falloit fe retourner du côté des rafraichiflans & des relâchans, aufi-bien que du côté des toniques ; en forte qu’on pourra ufer, fi l'on veut,pour obéir à lufage, le titre de fe: machiques aux remedes toniques, mais en obfervant que ce ne font pas les feuls qui foient propres aux effedons de leflomac, où bien diftinguer les fcrra- chiques en flomarhiques toniques, & en flomachiques rafraichiflans &c relâchans. Au refte , quciqué les ab- forbans remédient quelquefois très-dire@tement aux _afeétions de leftomac, nous ne les comptons point parmi les flomachiques , parce qu'il eft évident qu'ils n’operent point du tout fur l'organe mème, fur lez ftomac ; tandis que lation desautres paroit évidem- ment fe porter uniquement fur les folides, Les flomachiques tant rafraichiffans & relchans Que toniques , n'étant, comme nous Pavons infinué déja, queces remedeës généraux confidérés quant à un de leurs efféts particuliers, nous ne faurions indiquer 1c1 ces remedes & en expofer la nature, fans répéter abfolument & inutilement ce qui en ef dit aux articles rafraichiffans, relâchans, & toni- ques. Poyez ces articles. | L | STONE , £. m. ( Poids d'Angleterre. ) poids dont les bouchers anglois fe fervent pour pefer la viande qu'ils débitent. Le ffoze eft de huit livres d’avoir du poids , c’eft-à-dire , de la livre la plus pefante des deux, dont on fe fert en Angleterre : cette livre eft de feize onces. ( D. J.: | - STONEHENGE , ( Arsiquité, ) c'eft ainfi que les Anglois nomment un monument fingulier qui fe voit dans les plaines de Salisbury , à environ deux lieues de cette ville. Ce monument eft compofé de quatre rangées de pierres brutes d’une grandeur énorme ; placées circulairement.Quelques-unes de ces pièrres ont vingt piés de hauteur für fept de largeur, & en outiennent d’autres placées horifontalement ; ce qui forme comme des linteaux de porte ; l’on préfume que toutes les autres pierres étoient anciénnement liées les unes aux autres, 8: ne formoient qu’un feul édifice. | 7 | La grandeir de ces pierres &c la difficulté qu'il y eût eu à les tranfporter à caufe de Pénormité de leur poids , a fait croire qu’elles étoient compofées, êc que Îles anciens avoient le fecrét d’un ciment au moyen duquel avec du fable ou de petites pierres, 1ls venoient à bout de faire des maïles très-confidéra- bles. Maïs cette raïfon ne paroît point décifive, vu que les Egyptiens avoient trouvé le moyen de faire venir detrés-loin des mafes de pierres bien plus con- fidérables qu'aucune de celles dontce monument an- glois eft compoié ; d’ailleurs en examinant le grain de ces pierres, tout le monde demeure convaineu qu'elles font naturelles. Les antiquaires anglois font partagés fur les ufages auxquels cet édifice a pu fervir. Quelques-uns croient que c’étoit un temple des druides ou prêtres des an- ciens Bretons; d’autres croient que c’étoir un tem- ple des Romains dédié à Cœlus ou au ciel, parce qu'il étoit découvert; d’autres croient que c’étoir un monument élevé en l'honneur de Henoift fameux héros danois , qui conquit l’Angleterre ; d’autres en- fin croient que c'étoit un monument élevé par Au- reltus Ambrofius, fondés fur ce que le nom latin de ce lieu eft encore mons Ambrofii. : M. Mallet, dans fon Zrrroduttion à l'hifloire de Da- memark, ROUS apprend que les anciens peuples du S TO 535 nord Élevoicnt fur des collines, foit naturelles foit artificielles, des autels qui n’étoient compofés que de rochers dreflés {ur fa pointe, & quifervoïent de bafe à de grandes pierres plates qui formoient les tables. Quelques=uns de ces autels étoient entourés d'un double rang de pierres énormes, qui environ- notent auf ia colline même {ur laquelle ces autels Étoient placés. On voit encore nne femblable en- ceiñte dans l'île de Sélande , où ces pierres ont dû être apportées de fort loin, & par un travail énor- me ; {ur quoi M, Mallet remarque que de tour temns La J'perflitiona imaginéqu'on ne pouvoir honorer La divinité qu'en faifant pour elle des ejpeces de tours de force. Le mème auteur obferve encore que dans les lieux où les peuples du nord faifoient l’éleétion de leurs rOIS, On i0rmoOitUne enceinte compofée de douze rochers placés fur la pointe & perpendiculairement > au Mie lieu déiquels 1l $’en élevoit un plus grand que les au- tres ; iur lequel on mettoit un fiége pour Le roi: leg auires pierrés fervoient de barriere entre le peuple & lui. On trouve trois de ces monumens profes; l'un près de Lund en Scanie, l’autre à Leyre en Sé lande , & le troifiéme près de Vibord en Jutlande. H y a lieu de croire que le forehenge des Anplois fervoit à quelques ufages femblables, qui étoient communs aux Bretons & aux anciens Danois > OU que ces der- niers avoient apporté en Angleterre, lorfaw’ils en f- rent la conquête. STONG, (Géog. mod: ) riviere dé Suede ,» dans la province d'Offrogothie, qu’elle fépare en deux parties : eile fe rend dans le lac de Roxen , près de Linkoping. ( D. J.) STONT, ( Géog. ane. ) peuples des Alpes, Stra- bon , Z. 1F.,p. 204. les joint avec les Leponrini & les Tridentint ; & Vite-Live, dpirom. L. LXII. dit que le conful Q. Marcius les jubjugua. Ils font nommés Stan , & mis au nonibte des Liguriens, dans l'inf- cription des friomphes du capitole, rapportée par Gruter, p. 208. de liguribus Stœnis. Ils tiroient fans doute leur origine des Liguriens, où ils avoientune origine commune avec eux. Les Srozi étoient aufñ apparemment compris fous le nom général des £u= ganel , dont la capitale eft appéllée Sroros par Pline, 1. HT. c. xx. Etienne le géographe connoît une vällé nommée Srozos, &c la donne aux Liguriens. Onne fait point précifément le lieu où habitoient les Stoni ; Cluvier les place par conje@ture au voifinage du fleu- ve Clufius , au nord du lac Edriaus. ( D, J.) STONY-STRATFORD , ( Géog. mod. ) bourg d'Angleterre, dans Buckinghamshire, fur le bord de POute. C’eft un grand & beau bourg , où fe tient un des meilleurs marchés de la province ; fon nom lui vient dé trois chofes : la premiere, de ce que toutes les maifons y font de pierre de tailles la feconde , parce qu’il eft fur l’ancienne voie militaire , autre- ment fur un chemin battu, payé autrefois par les Ro- Mains, qu'on nomme aujourd’hui Wasling-Srreat , dont on voit encore quelques reftes hors du bourg ; la LE » parce qu'il eft fitué près d’un gué dé lOufe. Cependant, comme la riviere n’eft plus guere _guéable dans cet endroit, on y a conftruit un poñt. De lautre côté de là riviere, il ÿ avoit anCienne- ment une place appellée Laélorodum , qui titoit fon nom de fon gué pierreux ; car en langue galloife ; lech fignifie une pierre , & rkyd, un gue; mais la place n’eft plus, &c iln’y refte qu’un village , nommé Pa$ham, pour marquer que c’étoit un lieu de paffa- ge. Stony-Stratford eft toujours un lieu de grand abord, parce qu'il éft fur la route de Londres, au nord d'Angleterre. ( D, J. SFOOR -JUNKARE , ( Idolätrie des Lapons. ) dieu des Lapons idolâtres ; ils croyent que tous les animaux , & en particulier les bêtes fauvages , coma — " EL 536 ST O me les ous, les loups, les renards, les cerfs ,8c les rennes, font fous fon empire ; c’eft pourquoi ils lui facrifient de tems à autre un renne mâle. Chaque famille a fon ffoor-junkare, &t lui rend un culte fur quelque rocher , ou près de quelque caverne, ou fur le bord d’un lac. La figure de ce dieu eft une efpece de pierre brute, qui femble avoir uneitôte;; ë&c c’eft à cette pierre que fe borne la religion deice peuple imbécille. ( D. J.) STOPFORD , ( Géog. mod.) ville d'Angleterre, en Chefter-Shire , au quartier feptentrional, près de l'endroit où la Tamér fe jette dans la Merfey. STOPHIES , (Anrig. greg.) fêtes que l’on célebroit à Erétrie en honneur de Diane. Héfichius qui en parle ne nous apprend point leur origine. ( D...) STOQUER, er terme de Rafinerie , c’eft l’aétion de conduire les feux de maniere à rendre la chaleur égale partout , en tranfportant le charbon d’une pla- ce où1l eft moins néceffaire dans une autre où 1l left plus; & de donner de lair aux grilles en faifant tom- ber les cendres au-deffous, &c en ces grilles l’une de Vautre. Poyez GRILLES. STOQUEUR , f. m. er rerme de Rafinerie, eft une verge de fer applatie fur les extrémités en forme d’u- ne fpatule, environ de trois doigts de large. Il a qua- tre piés de long avec fa douille, qui reçoit un man- che de même longueur. On s’en fert à gouverner les fourneaux, & à donner de l'air aux grilles. Voyez STOQUER. Voyez auffr les PI, STORA ox STURA , (Gég. mod.) ville ruinée; elle étoit fituée fur le détroit de Négrepont, au fond d’un petit golfe, entre Potiri au fud-eft, & Carifto au nord-oueft. Mahomet IT. brüla cette ville, qui ne s’eft pas rétablie depuis. (2. J. STORAX ,STryRrAX, {. m. (ff, nat. Bor.) genre de plante à fleur monopétale , en forme d’entonnoir, &t profondement découpée. Le piftil fort du calice; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , & il devient dans la fuite un fruit arrondi & charnu , qui renferme ordinairement un ou deux noyaux, dans lefquels on trouve une amande. Tour- nefort, 2f?. rei herb. Voyez PLANTE. STORAX, (Hiff. des drog. exot.) on diftingue à pré- fent dans la matiere médicale, conformément à la doëûtrine des Arabes , deux fortes de fforax ; favoir, le liquide, & le folide ou le fec , au lieu que les Grecs n’en connoïfloient qu'un qui eft le fec ; du moins 1l ne paroït pas qu’ils aient connu le hquide ; ‘or comme ces deux fortes de fforax font entierement différens , 87 qu’ils tirent leur origine de différens ar- bres , nous en formerons deux articles féparés , ou- tre que c’eft la bonne méthode à fuivre dans un dic- tionnaire ; ainfi voyez STORAX LIQUIDE 6 STORAX SoL1pe. (D.J.) STORAX LIQUIDE, (Hif?. des drog.exot.) fuc nom- mé par les auteurs latins f/yrax liquida, &t par les arabes riha. C’eft un fuc réfñineux dont on trouve deux efpeces dans les boutiques d’apoticaire , le pur &t le groffer. Le fforax liquide pur eftun fuc réfineux , d’une fub- fance tenace & mielleufe , femblable à la térében- -thine, à demi-tranfparent, brun, ou d’un brun rou- geâtre, ou d’un gris brun , d’une odeur forte , & qui approche un peu du fforax folide , mais prefque défagréable , à caufe de fon goût un peu âcre, aro- matique & huileux. On eftime celui qui eft sluant, jaune, tranfparent &c très-odorant, Le fforax liquide, moins pur ou groffer, eft un fuc réfineux femblable à de la lie, brun ou grisâtre, opaque, gras, peu odorant. Il paroït être la lie du piécédent, & l’on ne doit même l’employer dans les remedes externes, qu'après lavoir pañlé & purifié de la crafle qu'il contient. Le commun des apotiçcaires donnent au fforax li- STO L quide , d'après quelques arabes , & mal-à-propos, le nom de faite, parce que le ftaété des Grecs eftla co- lature de la myrrhe , comme on le peut voir dans Diofcoride. On trouve rarement le forzx Jiquide , pur &c véritable; car outre qu'il eft ordinairement fah par la fciure ou par:la pouffiere de bois ; il arri- ve encore que l’on fubftitue trop fouvent d’autres fucs réfineux faétices à fa place, | Les auteurs font bien éloignés d’être d'accord fur l'origine du fforax liquide ; autant de favans , autant d’avis. Les uns penfent que c’eft la colature de la myrrhe , à caufe du nom de Jak que certains écri- vains arabes lui donnent ; mais outre la différence du goût &t de l’odeur qui fe trouve entre la myrthe & le fforax , 1l eft clair que ce font des chofes entie- rement différentes , parce que la myrre qui tient le milieu entre la gomme:& les réfines, fe diflout en partie facilement dans toutes fortes de liqueurs aqueufes , & que le f/orax liquide ne fe diffout que dans des liqueurs huileutes &c grafles, ainf quelles réfines, D’autres écrivains croient que Le fforax liquide eft fait du fforax calamite diflous dans de l'huile où du vin, mêlé avec de la térébenthine de Venife : cette décoétion , difent-ils, étant refroidie , le florax liquide va au fond, & on enleve la fubitance huileufe qui furnape. Quelques naturaliftes imaginent que c’eftunehuile exprimée, des noix de larbre , d’où découle le fforax calamite ; mais d’autres adoptant en partie cette idée prétendent que le fforax liquide fe fait plutôt par la décoétion des tendres rameaux, & des bourgeons du fiorax , ou du liquidambar. | D'autres enfin fe perfuadent que le fforax calamite & le forax liquide font le même fuc, & qu'ils ne dif: ferent que par la confiftence. Dale foutient en par- ticulier, que tout ce que Pon vend chez les apoticai- res de Londres pour du fforax Liquide , eft un fuc tout-à-fait faétice. Cependant Jacques Petiver célebre apoticaire an- glois, de la fociété royale, & favant naturalifte \rap- porte dans les, Tranfaétions philofophiques, 2°. 3133 que le fforax liquidenommé par les Turcs &tles Arabes cotteo mija , et le fuc d’un arbre qui s'appelle rofz- mallos , lequel croit à Cobras , ile dans la mer Rou- se, éloignée de trois journées de la ville de Suez. On enleve, dit-1l, l'écorce de cet arbre tous les ans, on la pile , & on la fait bouillir dans l’eau de la mer, jufqu’à la confiftance de glu: enfuite on recueille la fubftance réfineufe qui furnage. Mais comme elle contient encore beaucoup de crafle ou d’écorce en poudre, on la fond de nouveau dans l’eau de la mer, & on la pañle. On renferme féparement dans des pe- tits tonneaux cette réfine ainh purifiée , & cette ef pece de réfidu épais qui refte après la purification, & on les tranfporte à Moca, célebre foire d'Arabie, Voilà les deux efpeces de fforax que l’on trouve dans les boutiques. Il nous manque la defcripton de Par- bre dont on tire le fforax liquide ; mais on n’a pas été muet fur les vertus de fon luc réfineux, quitout cal- culé, ne valent pas celles des autres baumes. Celui qui eft pur efttrès-bon pour arrêter le progrès de la putréfaétion des plaies ; il eft la bafe de l’onguent de Îtyrax, Enfin les peuples de Orient font beaucoup d'ufage de cette drogue. Le tonneau qui contient en- viron 400 livres, fe vend dans le pays depuis 2001. de notre monnoie jufqu’à 400 liv. felon que le fforax eft plus ou moins pur. (D. STORAX SOLIDE , ( Hi/?. des drog. exor.) réfine ap- pellée fforac ou lebni par Avicenne, crupaë par Diof- coride , & fforax folidus par les médecins modernes. Nous en allons parler d’après M. Geoffroy. C’eftune fubftance réfineufe, feche, dont les anciens Grecs, ont duftingué deux efpeces, & qui font encore con- ; nues S T O nues de nos jours; favoir, Île fforax calamire où en larmes , & le forax ordinaire , ou en mafle. Le forax calamite 3 crvpæË RE} GLUTAG » Græcor, fer rax calarmita, Of. eft une fubftance réfineute brilian- te, folide, un peu grafle, quis’amollit fous les dents; elle eft compofée de grumeaux.ou de miettes blan- châtres & roufsâtres , d’un goût réfineux, un peu. âcre , agréable, & d’une odeur pénétrante , furtout . Iorfau’on le jette au feu ; il, s'allume lorfqu'on Pap- proche de la flamme , &c forme une lueur très-claire. Os l’apportoit autrefois de Pampiulie dans des ro- feaux , felon le témoignage de Gahen; c’eit ce qui . fait qu’on l’anommé calamire : il étoit très-eftimé. Le fforax commun ou en mafñles, autrement dit la réfine du florax, florax vulgaris, feu in gle- bas compaitas ;. off. eft une fubftance en mafle, ré- fineute , d’un jaune brun ou rougeâtre , brl- lante , grafle sun peu gluante , & qui jette comme une liqueur mmelieufe , parfemée de quelques miet- tes blanchätres: elle a le mème goût & la même odeur que le fforax calamite. | Ces deux efpeces de réfine.ne different pas l’une de l’autre; la premiere efpece eft la larme du fforax, qui découle soutte-à-goutte des petites fentes, ou.des jaciñons de.cet arbre, & qui a été féchée aufli-tôt , & recueillie promptement. La feconde efpece eftun fuc qui coule plus abondamment des plus grandes incifons:, 8 qui ne s’épaiflit qu'après beaucoup de tems ; de forte que le contaft de l’air chaud la rend roufle ou noire avant qu’elle feche, | On choïfit Les larmes du florax, ou les morceaux qui font purs, brillans , odorans , fans être mêlés d’aucune {aure de bois, ou d'autre faleté. On nous apporte le fforax de la Syrie, & des autres pays des Indes orientales par la Hollande , ou par Marfeille. Enfin'on vend chez les droguiites une certaine fciure de bois , que l’on appelle fzrrilles du fiorax ; elle eft inutile pour la médecine , 8&c on doit la rejetter. r Quelques auteurs arabes, & fur-tout Sérapion, confondent le fforax liquide , aw’ils appellent 214, dont nous avons déja parlé, avec le fforax folide, ou le fforax des Grecs; cependant Avicenne les a diftin- gués en parlant du forax liquide, fous le nom de #1- ha ; & du florax fec, ou des Grecs » tantôt fous le. nom d’aflorac, tantôt fous celui de Zbri. P. Eginette, Nicolas Myrepie, & quelques-Grecs, font mention d’un certain forax ffailé, que plufieurs perfonnes regardent comme une réfine particuliere & bien différente du fforax : d’autres au‘contraire, croient que ce n’eft autre chofe que la réfine liquide du fforax , que l’on a ramafñlée &z recueillie avant qu’elle füt feche ; Diofcoride en a fait mention; peut- être aufli que les Grecs ont donné ce nom au forax liquide , ou au zriha des Arabes. Il eft difficile de dé- cider ce problème , qui eft d’ailleurs de peu de con- féquence. | L'arbre d’où découle le florax ,s’appelle fyrax fo- lio mali cotonei; dans C.B.P. 452. & dansles LR. H. 98. Il eft de la grandeur d’un olivier, & fe trou- ve dans les forêts de la Provence, autour de la char- treufe de Monrieu à Baugencer , à Sohers, & entre la Sainte-Baume & Toulon. Il reflemble au coignaffer parfontronc , fon écor- ce , & fes feuilles , lefquelles naiffent alternative- ment , font arrondies, & terminées en pointe ; elles font longues d’un pouce & demi, & un peu moins larges, vertes & luifantes en-deflus , blanches & velues en deffous. ii Ses fleurs viennent fur les nouvelles branches, quatre, cinq, ou fix enfemble ; elles font blanches, ôdorantes, femblables aux fleurs de l’oranger , mais d’une feule piece, formant un tuyau court par le bas, &c découpé en maniere d'étoile par le haut, en cinq ou fix quartiers, d’un demi-pouce de longueur, Tome XF, S T © 537 Leur calice eft creux ; en forme de petite élos che, long de deux lignes; leur piflil eft arrondi, attaché à {a partie poftérieure de la fleur , en ma- mere de clou, :& devient un:fruit de la groffeur & de la figure d’une noïfette : ce fruit eft blanchâtre,, charnw, douçètre dans-le commencement, enfuite unspèu amer ; 1l contient un ou deux noyaux très- durs , iffes, luifans, d’un rougé brun ; renfermant une amande Blanche, grafle , huileufe., d’une odeur qui approche beaucoup de celle dela réfine de ftorax, &t d’un goûüräcre & defagréable. ; Ces arbres ne donnent que très-pen, où point du tout de réfine, en Provence ; maisonenretire beau- coup de ceux qui viennent dans Les pays plus chauds, Aufiile fforax dont on fe fert dans les boutiques , eft tiré des arbres qui naïflenten Syrie & en Cilicie, Jl'eft tin peu plus pénétrant que le benjoin, parce qu'il contient plus d'huile très-fubtile ; cependant il eft moins déterfif, parce qu'il contient moins de fet eflentiel ; ainfi le benjoin lui eft préférable pour difi- per lengorsement des poumons dans l’affhmehumo- ral, & la toux opiniâtré qui vient de la même caufe ; mais le florax peut récréer les efprits, par fa douce odeur, & calmer le mouvement déréglé des nerfs : on l’émploïe inténeurement dans l’enrouement, à caufe de fes parties huileufes : on le donne depuis demi-drachme jufqu’à deux drachmes : on l’applique fur les parties qui tendent, faute de chaleur, à deve- nir paralytiques : on l’emploie fréquemment avec le benjoin , pour faire des parfums & des fumigations : on prépare avec le forax , une huile odorante très- fuave, en le macérant dans fuffifante quantité d’eau commune , pendant trois jours ; on diftille d’abord Peau , & enfuite il vient une huile jaune ; cette huile eft recommandée dans les ulceres internes de la poi- trine, à la dofe d’une douzaine de gouttes, On fait une teinture de fforax par le moyen de l’efprit-de-vin, de la même maniere que la teinture de benjoin , & qui a .dés propriétés femblables, On pourroit auffi faire des flèurs de fforax , comme on en fait de ben- join. Le fforax folide entre dans la thériaque , Le mi- thridat, le diafcordium, plufeurs onguens , emplä- tres & pañlilles. (D. J.) STORE , {. m. serme de Sellier, &c. c’eft une forte de rideau que l’on met aux portieres des voitures ou des croifées des appartemens ; il fe roule de lui-même fur une tringle mife en mouvement par un reflort; quand on veut s’en fervir, pour fe garantir du fo- leil, on letire, &r on laflujettit à une agraffe qui eft au-bas de la portiere, où de la croifée ; il fe releve de lui-même dés qu’on lôte de l’agraffe. Les ffores, quoi- _que d’une grande commodité, & d’une petite dépen- fe , font d’une invention toute nouvelle ; on {e fer- VOit auparavant de rideaux qui n’ont point les mê- mes avantages. ( 2. J.) | STORE A , (,.Liuérar. ) nom que donnoient les Romans à une efpece de petit panier tiflu de nattes, de paille ou de jonc ; c’étoit dans ces fortes de pa- mers qu'ils cuerlloient les fleurs êc les fruits de leurs jardins. (D. J.) STORMARIE , ( Géog. mod, ) pays d'Allemagne; au duché de Holftein. Il eft borné au nord par le Holftein propre ; à lorient par la Wagrie, & le du- ché de Saxe-Lawenbourg ; au midi & à l'occident, par l'Elbe , qui le fépare des duchés de Lunebourg & Brême. On peut auffi dire que ce pays eft renfermé entre cinq rivieres, l’Elbe , le Stoër, la Trave, la Bille , & le Schonbeck ; il a titre de principauté ; fa longueur eft de dix milles germaniques, & fa largeur de fept à huit milles. La villede Hambourgeneftre- ardée comme la capitale. Quelques auteurs ont écrit que la Srormarie avoit eu anciennement des fei- gneurs particuliers ; mais il eft certain que depuis Yyy « 535 STR pluñeurs fecles , elle-wen a point eu d’autres que les ducs.de Hoïftein, (D.J.) STOURE LA ,(Géog. mod.) il y a quatre fivieres de ceinom en Angleterre; & qu'il faut bien dif TINBUerS MECEELUS | | La premiere qui eft la principale , & qu’on nom- me en anglois Srower, fort de l'extrémité orientale du comté de Suffolk , pañle entre cette province & celle d’'Eflex , & va fe jetter dans l'Océan par une large embouchure , près de Harwich. ! | La feconde , qu’on nomme 4 petite Stoure , en an- &lois Srors, fépare la province d’'Eflex, du comté de Hartford , & fe perd dans le Levy. | Latroifiemefort du comté de Wilt, traverfe la fo- rêt de Gilingham, & coule au fud jufqu'à Stour:* nunfter, où on la pañle fur un pont de pierre; enfui- te elle tourne au fud-eft, & fe perd dans la baie de Pool. | La quatrieme, en latin Soars, prend fa fource dans la province de Leicefter , coule au nord , entre enfuite dans le comté de Nottingham , où après avoir baigné Stanford, elle va fe perdre dans la Trent. (CPR | ‘ SOU MARKET » ( Géog. mod.) ville d’An- gletérre, dans la province de Suffolk , avec droit de marche , fur l’Ofwell ; c’eft une ville riche par fes manufadtures d’étoites. (D. J. ) STOW-OU-THE-WOULD , ( Géograph. mod.) boufs d’Anpleterre , dans Glocefter-shire, aux con- fins du comté de Warwick , entre les rivieres d’'E- venliode, & de Windrush. Ce bourg , bâti fur une éminence, & expolé à la fureur des vents, eftre- marquable par fa fituation fur l’ancienne voie romaï- ne, pavée de grofles pierres, & connüe fous le nom vulgaire de Foffe-way. (D. T.) STOWER £a, ( Géogr. mod. ) riviere d’Angle- terre , au comté de Kent ; elle y prend fafource, & coulant au nord , fe partage en deux bras pour en- trer dans la mer ; elle forme de cette maniere une île célebre , nommée Thaner. Voyez THANET. (D. J.) STOZRKOW , (Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne en Siléfie, fur la Viftule, entre Uftronie & Rudzica ; elle a fes feigneurs particuliers. ( D, J. ) STRABISME , f. m. terme de Chirurgie , mauvaile conformation des yeux, qui confifte dans une direc- tion dépravée du globe de l'œil, qui rend louche, qui fait regarder de-travers , foit en-haut , foit en- bas , foit fur les côtés. L’on convient aflez générale- ment que cette indifpofition dépend de la contrac- tion de quelques mufcles de l’œi1l, 8 du relâchement de leurs antagoniftes , & que les mufcles contraétés tirent le globe de leur côté, pendant que les mufcles relâchés cedent à leur aétion. On donne pour preu- ve de cefentiment, que les enfans font fujets à de- venir louches, par la faute de ceux qui les placent dans leurs berceaux, de maniere qu’ils ne voyentla lumiere , ou certains objets remarquables, qu’obli- quement ; les mufcles habitués à cette contraétion, s’y affermiflent & tournent toujours les yeux de ce côté-là. Pour y rémédier, onchange lafituation des enfans , on met du côté oppofé les objets qui les at- tachoïent ; on leur met des mouches de taffetas gommé , pour leur faire tourner l’œil de ce côté. Paul d’Ægine a inventé un mafque qui couvre les yeux, & où il n’y a que deux petits trous corref- pondans au centre de la vue , pour recevoir direéte- ment les rayons lumineux : c’eft ce que les moder- nes ont nomme péfcles, M. de Buffon a parlé du ffra- bifime, dans les mémoires de l’académie royale des Sciences, & a confeillé d’obliger les enfans de fe re- , garder fouvent dans un miroir, afin de fe redrefer la vue. Antoine Maïtre-Jean, fameux chirurgien & oculifte, prétend que le férabifine ne dépend pas de l’action des mufcles , mais d’une mauvaife con- formation de la cornée tranfparente , plus tournée d’un côté que de l’autre; que c’eft un vice naturel, irtéparable , & que tous les moyens propofés pour rendre la vue droite à ceux qui l’avotent dé travers, ont été fans effets: Cette matiere offre encore un champ à des obfervations'tres-utiles. (7) CE STRACCTA-CAPPA,,( Géog. mod. ) petit lac d'I- talie , dans l’état de PEolfe, au patrimoine de faint Pierre, entre le lac de Bracciano & celui de Bacano; énviron à deux milles de chacun de ces lacs./C’eft le Papirius ,| où Papiriañiis lacus des anciens. + STRACTION , £. £ terme d’Imprimerie, il fe dit particulierement lorfqu’on ôte avec une pointe quel- ques lettres d’une forme déjà imprimée, pour en re- mettre d’autres à la place, quiaient èté leflivées, afin de les imprimer en rubrique, & que lencre noire ne pâte point la rouge. En général ffratéion , qu’il fau- droit dire exératlion, fignifie tirer un caraétere ouun quadrat , pour les remplacer par d’autres. ( D. J.) STRAFFORD , ( Géog. mod.) Voyez STRATFORD, STRAGENICK., f, m. ( Æiff. mod, ) c'eft le nom qu’on donne en Pologne à un officier général qui commande l'avant-garde de l’armée de La républi- ue. | STRAGONA , (Géog. mod.) ville de la Germanie, felon Ptolomée, iv. IL chap. xj. Quelques favans croyent que c’eft aujourd'hui Pofnanie ou Pofen, ville de Pologne. Il eft du- moins certain que Pofen eft fort ancienne. STRALEN , ( Géog. mod.) ville des Pays -bas, dans le haut quartier de Gueldre, entre Gueldre & Venlo. Les François s’en faifirent en 1672, &t en ruis nerent les fortifications. Long. 25, 50, latit. 51. 26, D, J. | STRALSUNDE, ( Géog. mod.) ville d’Allema- gne, dans là Poméranie ultérieure, fur la côte de la mer Baltique , vis-à-vis l’île de Rugen. Elle fut bâ- tie par les Danoïs lan 1211, devint enfuite libre, impériale, & anféatique ; c’eft aujourd’hui une des fortes villes d'Allemagne , & la plus confidérable du cercle de la haute - Saxe. Elle jouit du privilege de battre monnoie, de nommer le gouverneur de lile de Rugen, & de ne rien: fournir lorfque l’Empire eft enguerre. Long. 31.10, ar, 54.20. ( D. J.) STRAMONIUM, f. m. (Botarique,) Tournefort établit douze efpeces de ce genre de plante, & nom- me pour la premiere celle qui eft à fleurs blanches 8z à fruit rond épineux. Z. R. Æ. 118. datura pericarpus ereëtis, ovatis, Hort, clif, $$. en anglois, she round thorny fruëled apple, & vulgairement en françois, pornme épineufe : {a racine eût grofle, blanche, fibreu- fe, ligneufe, annuelle. Elle pouffe une tige à la hau- teur de trois piés, quelquefois même à la hauteur d’un homme, grofle comme le pouce, ronde, creufe, divifée en plufeurs branches tant foit peu velues :. fes feuilles font larges, anguleufes , pointues, reffem- blantes à celles du folanum, mais beaucoup plus grandes , placées alternativement , finuées fur leurs bords , attachées à des longues queues , molles , graf- fes, d’un verd foncé, d’une puanteur exécrable & afloupiffante. Sa fleur eft une grande cloche blanche, foutenue par un calice oblong, découpé dans le haut en cinq dentelures, ayant dans le milieu cinq étamines, à fommets jaunes, applatis. die Lorfque cette fleur eft pañlée, al lui fuccede un fruit comme une noix commune , encore vêtue de fa premiere écorce, prefque rond, garni tout-au-tour de pointes courtes, grofles, peu piquantes; ce fruit dans fa maturité s'ouvre en quatre parties égales, féparées par des cloïfons membraneufes, où font at- tachées plufieurs femences noires, un peu applaties, femblables à un petit rein, d’un goût défagréable. On cultive cette plante dans les jardins ; on la trouve quelquefois à la campagne dans des terreins gras; elle fleurit en été, & {es graines müriflent en automne. Toute cette plante eft narcotique & ftu- péfante ; on ne doit jamais lemployer intérieure- ment, pas même en lavement, à caufe de fes mau- vais effets, dont on à plufeurs obfervations. Le meilleur remede peut-être contre cette efpece de poifon , feroit d'employer la boiflon du vinaigre, & d’autres acides; on confeille communément le vo- . iniflement , la thériaque, & les fels volatils. (D.J.) * STRAMULIPA ox STRAMUZUPA, (Géog. mod.) rovince de la Grece, aujourd’hui foumife aux Les, Elle a pour bofnes au midi le pays d'Athènes, . au nord de la province d’Ianaa, à orient le détroit de Négrepont, & à l’occident la Livadie propre. Cette contrée eft l'ancienne Béotie, dont l'air paf- foit pour Être épais, & les habitans pour des gens grofñers. C’eft cependant fous cet atmofphere épais, qui donna lieu à tant de proverbes, qu'étoient nés Pindare & Plararque, Vun le poëte le plus fublime, autre un des efprits des plus fenfés & des plus dé: liés qui ayent jamaïs paru ; mais 1] ñe faut pas croire : que les habitans modernes de Séramulipa tirent va- nité de ces deux beaux génies : loin de favoir qu'ils font nes dans leur pays, ils n’en ont jamais entendu parler. (D. J.) | | STRAND-FRISEN, ( Géog. mod.) en latin Frifia - cimbrica ; c'étoit anciennement une grande contrée de la Cherfonnèfe cimbrique. Elle eft maintenant renfermée dans le duché de Slefvic, en Jutland. ({D.J.) | STRANGFORD , ( Géog, mod.) havre où port d'Irlande, dans la province d’Ulfter, au comté de Down. Ce havre eff long de cinq à fix milles, mais {on entrée eft traver{ée d’une barre de rochers, les uns cachés, les autres découverts , & qui tous font fort dangereux. Vers le milieu de la longueur dé ce havre, eft un bourg qui lui donne fon nom. (D.J.) STRANGURIE, f. f, ez Médecine, eft une mala- die qui occafionne une émiffion d’urine fréquente & . involontaire , maïs en très-petite quantité, & pour ainfi dire, goutte-à-goutte accompagnée de douleurs violentes. Voyez URINE. Ce mot eft formé du grec chayé , putta, goutte, & upor, urine. La dificulté d'urine vient de la trop grande acri- . monie de Purine, qui picotant les parties nerveufes de la veflie, occafionne une envie d’uriner perpe- tuelle. | La bierre nouvelle, êc autres liqueurs qui n’ont pas bien fermenté , caufe ordinairement cette mala- die. La grande acreté de l’urine dans la ffranourie . £ 9 produit quelquefois un ulcere dans la veflie. Quel- ques auteurs confondent la frangurie que les Latins appellent wrine fhilicidium avec l'urine incontinentia. La différence confifte en ce que dans la premiere l’u- rine fort avec douleur , &c dans la dermiere fans dou- leur. La premiere vient de l’âcreté de l'urine, & la derniere d’un relâchement ou paralyfie du fphinéter de la vefie qui ne peut plus tenir le col de la vefie fermé. Voyez URINE. La flangurie demande les remedes délayans , adouciflans, les diurétiques froids, &c. tels {ont l’in- fufion de racine de guimauve , les fleurs de mauve, de bouillon-blanc, les émulfions avec les femences froides , celle de pavôt & de graine de lin, les eaux de pariétaire , de méhilot, de camomille ; l'eau de poulet & de veau émulfionnée , l'eau de gruau , la femouille , & autres alimens de cette nature , font les principaux remedes qui conviennent dans cétte ma- ladie. Les lavemens émolliens, les demi-bains, les fo- mentations émollientes , les cataplafmes adoucif- fans äppliqués fur Le bas- ventre font très-effica- ces ici. Tome XP, STR 539 STRANTAWER ou STRANTAVER , ( Géogr. mod.) petite ville d'Ecoffe, dans la province de Gal: loway, au fond du golfe de Rian , au fud-oueft d’'E- dimbourg. Long. 12.50, lat, 52.18, (D, J) STRAPASSER , STRAPASSONNER , (Peinture. fe dit d’un deflein ou d’un tableau, où le peu dè beaute qui s’y trouvent paroïflent plutôt l'effet d’une boutade, fi l’on peut ainfi parler, que de la réflexion, dont prefque toutes les parties font forcées ou eftro- piées,& où regne enfin la confüfion,le defordre & la ñégligence,au point que les chofes ne {ont,comme on dit, ni faites, ni à faire , quoiqu’elles foient cepen: dant de façon à laifler voir que le peintre n’eft pas fans taleñt, On ne {e fert cependant guere que du terme ffrapaffer. STRAPONTIN , f. m. sèrme de Seller, petit fiege qu'on met fur le devant d’un carrofle coupé, pour fuppléer au défaut d’un fecond fond; ce fiege peut fe lever &c fe baïler, (D.7) STRASBOURG , (Gég. mod. ) ville dé France, Capitale de l’Alface, {ur la riviere d’Ill, proche le Rhein, à 20 lieues au nord de Bale, à 28 eft de Nan: Cy , à 36 fud-eft de Luxembourg , à 44 fud-eft de Mayence, à 145 oueft de Vienne, & à 102 au le- vant de Paris. Long. {uivant Cafini, 25, 21, 30. Lan 40, 35.30, Cette ville eft une des plus confidérables du toyau- ine par fa fituation , & par l’importance des fortificas tions que Louis XIV. y fit faire après s’en être rendu le maître en 1681, Comme la riviere d’Ill pafle au travers de Sirasbourg , avant que de fe jetter dans le Rhein , il y a fix ponts pour la communication des différens quartiers de la ville. Deux de ces ponts font de pierre, & les quatre autres ne font que de bois. Ses principaux édifices font bâtis de pierre rouge, dure & folide, qu'on tire des carrieres qui font du côté de Saverne, ou le long du Rhein. On compté arm les édifices publics, Phôtel-de-ville, celui de tn » l'évêché, la comédie, l’arfenal , Phôpr tal des bourgeois , & celui des foldats, Les habitans montent à enviton vingt-huit mille ames. La ville a fix paroifles & fix couvents, trois d'hommes & trois de filles, L’églife cathédrale, dés diée à Notre Dame, eft belle & ancienne ; {a tour commencée en 1229, n’a été finie qu'en 1449 ; c’eft une pyramide de $74 piés de haut, & on y monte par un efcalier qui a 635$ marches, L’horloge qui eit dans Péglife'eft d’un grand travail, auffi compoté qu'inutile. | (4 L’évèché de Sirasboure, fondé vraiffemblablement dans le vi. fiecle , eft le plus riche de France, & lé toit encore davantage autrefois; cependant il vaut encore à préfentenviron deux cens quatre-vingt mille hvres, & a deux grands bailliages qui en dépendent. L’évêque eft fuffragant de Mayence, & prince de l’Empire : quand ce fiege devient vacant, ce font les douze chanoïnes capitulaires qui élifent leur évê: que , & c’eft toujours conformément aux defirs du toi, | Le chapitre de la cathédrale de Srrasboursg eft un des plus nobles qu’il y ait dans PEglife. Ce chapitre eft compofé de 12 chanoines capitulaires , & de 12 chanoines domiciliers. Les capitulairés ont entrée &t voix délibérative au chapitre : lé reyenu de leurs canonicats eft d'environ fix mille livres année com- mune. Les chanoines domiciliers n’entrent point au chapitre , mais ils parviennent par ancienñeté aux places de capitulaires, à mefure qu’elles deviennent vacantes. Les chanoïnes capitulaires ne peuvent être admis qu'après avoir pris Le foufdiaconat. Leur pre miere dignité eft celle de gtand-preyôt; c’eft le faint fiége qui y nomme, fuivant le concordat germanidüe pailé entre le pape Nicolas V, & l’empereur Fréde- ric Ji. l'an 1447, # | | YyY5 5 40 SLR | L'évêque de Sirasbourr a fon official , 8 le chapi- tre a le fien. Les revenus de la fabrique de la cathé- drale peuvent monter à quarante mille livres par an, &z font difingués des revenus de l'évêque, &c de ceux du chapitre. L’adminiftration en appartient aux magiftrats, qui les emploient aux réparations & à l'entretien de l’éslife. L’umiverfité de Sirasbourg a obtenu fes premiers ptivileses l’an 1566 de l’empereur Maximilien IF.Elle eft compofée des quatre facultés, &c régie par des profefleurs luthériens. - Strasbourg eft un gouvernement de place du gou- yernement militaire d’Alface, avec état major. Le toi a dans cette ville une forte garnifon , dont les fol- dats font logés dans des cazernes bâties aux frais des habitans. Le premier auteur qui ait parlé de Srrasbourg eft Ptolomée, qui en étoit fort mal informé. Il la place dans le canton ou province des Vangions; maiselle dppartient certainement aux Trbocques. Les Van- gions & les Tribocques n’étoient pas même limitro- phes, puifque les Németes devoient être fitués entre ces deux peuples. Je ne dirai pas pour cela qw’#7- gentoratun ait commencé en ce tems-là feulement; comme c’étoit une ville déja fameufe dans le fecond fiecle, où elle eut pour garnifon une lésion entiere, 1l ne faut pas douter qu’elle ne doive répeter fon origine de tems plus reculés. Cependant comme le nom d’Argentoratum paroît romain,je ne voudrois pas placer cétte origine au-delà des tems de la conquête des Gaules par Céfar. Il y a même apparence qu'elle étoit un des cinquante châteaux ou forterefles que Drufus, beau-fils d’Augufte avoit bâties le long du Rhein, pour la défenfe du pays contre les Germains, & que c’eft de-là qu’elle a tiré fon origine. L’empe- reur Julien, dans fa lettre aux Athéniens, nomme cette ville Apytvrcpa, en quoi il a été fuivi par l’hifto- rien Zofime. Le nom de Srrasbourg ne fe trouve point avant le vi. fiecle; Grégoire de Tours eff Le premier quien par- le, l’appellant Srraseburgum. Les fréquentes irruptions des Allemands dans les Gaules , au troifieme & qua- trieme fiecles, êc des autres barbares, dans le cinquie- me fiecle, défolerent & ruinerent tellement cette ville , qu’elle perdit beaucoup de {onluftre. Elle fut même plus maltraitée que les autres fituées fur Le Rhein, ce qui eft caufe que Worms, Spire, Mayen- ce ,peuvent encore montrer plus de reftes d'antiqui- tés romaines que Serasbours. | Cependant cette ville fe releva infenfiblement, &c acquit de la puiffance. Elle fe fonmit avec peine à Pempereur Othon , ayant tenu avec fon évêque Ru- thard le parti du duc Gifelbert, oppofé à celui des empereurs. Les ducs d'Allemagne n’en étoient point fouverains , quoiqu'ils commandaffent dans la pro- vince ; & les évêques même malgré leur crédit ,n’en étoient pas feigneurs temporels, ou maitres abfolus. L'empereur Lothaire le Saxon , ayant été couron- né à Liege par le pape Innocent IL. Pan 1127, prit fpécialement cette ville fous fa proteétion. Son exem- . ple fut fuivi par Maximilien [. qui lui donna le pri- vilege de battre monnoie d’or. L'empereur Sigif- mond lui accorda le droit de tenir une foire franche. Enfin Maximilien IL. Rudolphe Il. fon fils, & l’em- pereur Sigfmond lhonorerent encore de nouvelles faveurs. Voici quelques hommes de lettres, dont elle eff la patrie. Eïfenfchmid (Jean-Gafpard) y naquit en 1656, & mourut en 1712. il s’eff fait connoître par un li- vre fur la figure de la terre elliphico-fphéroide, & par un traité fur les poids, les mefures, & les mon- noies anciennes. Micyllus ( Jacques) , poëte &c littérateur,, s’acquit : de la réputation par des commentaires fur Homete ; une vie d’'Euripide, & des poéfies latines. Il mourut en 1558, âgé de 5$ ans. Son véritable nom étoit Molfer ; mais il repréfenta f. bien au college le per- fonnage de Micyllus , que Lucien introduit dans fon dialogue intitulé le Jorge, qu'on s’accoutuma à lui donner le nom de Micyilus, qu'il porta toujours de- uis. | Obreche (Ulric ) fut d’abord attaché aux intérêts de la maifon d'Autriche , &c publia quelques ouvra- ges pour les foutenir; mais après la prife de Szras- bourg par Louis XIV. il changea de fentiment, & fe fit catholique, ce qui lui valut lacharge de préteur royal de fa patrie. Il mourut en 1707 à l'âge de 55 ans. [la fait plufieurs ouvrages de politique , tant en latin qu’en françois, & quelques-uns de lttéra- ture ; mais les uns & les autres font tombés dans l'oubli. | te Scheffer (Jean), né à Srrasbourgen 1621, fut ap- pellé tout jeune en Suede par la reine Chriftine , qui le fit profefleur à Upfal, où 1l mourut en 1670. Il s’eit diftingué par d’excellens ouvrages; tels font 1°. Üp/alia antiqua ; 2°, Suecia litterata; 3°. de militi& navalr vererum ; 4°. de rorguibus antiquorum ; $°. de natur& philofophiæ pythagorice ; 6°, Lapori@ defcrips tio. (Le Chevalier DE J'AuCOURT. STRASBOURG, ((réog. mod.) petit ville d’Allema- gne, dans lUckermarck , aux confins de la Poméra- me, fur le bord d’un petit lac, environ à trois lieues au nord de PÜckerfée. STRASITES , f.m. ( Æiff, nar. Litholopie. ) nom d'une pierre inconnue dont parlent quelques au- teurs qui lui attribuent la vertu d’exciter à Pamour, &t de faciliter la digeftion ; on ne nous en donne au- cune defcription. STRASTNITS, ( Géog. mod, ) petite ville d’Alle- magne, dans la Moravie, au cercle d'Olunitz, remar- quable par {es eanx minérales, bien plus que pour avoir donné la ndiffance à Nicolas Drabicius, fameux enthoufaîte du xvi. fiecle, qui par fes vifions & fes prophéties , fit beaucoup de peine à la maifon d'Au- triche. Ses révélations extravagantes furent impri- mées fous le titre de /ux in renebris ; mais la cour de Vienne ayant fu qu'il en étroit l’auteur, chercha les moyens de le punir; en forte qu'il fut obligé pour éviter fa perte, de fe fauver en Turquie oùb1l mou- rut. Je ne crois pas que Ragotski ait ajouté la moine dre foi aux prophèties de Drabicius ; mais il a pu croire que c’Ctoit une puiflante machine pour ame- net de grandes révolutions fur la fcene, que d'y préparer les peuples par des vifions publiées avec enthoufiafme, (2. J.) STRAT A , dans l Hifloire naturelle | {ont plufieurs lits ou couches de différentes matieres dont le corps de la terre eft compolé, Voyez TERRE. Les ffrata comprennent toutes les couches de ter- res, minéraux, métaux, pierres, G:c. qui font fous la derniere couverture ou lit qw’on appelle serre. Voyez FOSSILE, MINÉRAL, MÉTAL, Gc. C’eff fans doute dans le rems de la création, que ces différens lits ont été arrangés ; à-moins qu’onne fuppofe avec quelques grands naturaliftes, comme Stenon, le doëteur Woodward, 6:c. que le globe de la terre a été diflous par les eaux du déluge, Foyez DÉLUGE. En quelque tems que ce foit, dit M. Derham que le globe terreftre aitété dans l’état de chaos, & que les particules terreitres fe foient affaiflées, ces différens lits ont. été arrangés alors dans cet ordre commode dans lequel nous les voyons ; & ils l'ont été, à ce qu'on dit, fuivant [es lois de la pefanteur, c’eftà-dire , de maniere queles plus bas font toujours pius-pefans que ceux qui font au-deflus. Mais le doëteur Leigh, parlant des mines de char- bon, dans fon hiftoire naturelle de Lancaftre, nie que les frata foient placés fuivant les regles de la pefenteur; & il obferve que dans ce pays-là les cou- ches font arrangées ainfi; d’abord un lit de marne, enfuite trois lits de pierre, enfuite un lit de mine de fer, enftute un de charbon, enfuite quelques autres dits, enfuite un autre lit de charbon, x. Cela détermina M. Derham à faire une recher- che plus exaéte fur cette matiere : en effet , en 1712 il fit fouiller la terre en différens endroits, mettant à part les différens lits, & enfuite il détermina bien exactement leur pefanteur fpécifique. Le réfultat fut qu'en un endroit les lits étoient par degrés fpécif- quement de plus pefans en plus pefans, à mefure qu'ils alloient en-avant ; mais dans un autre endroit, il ne put pas appercevoir de différence dans les pe- fanteurs {pécifiques, En ayant donné avis à la fociété royale, M. Hauksbée qui en eft l'opérateur, reçut ordre d’exa- iminer les lits d’une mine de charbon, qui étoit creu- fée à la profondeur de 30 lits. Il a donné dans les Tranfaétions philofophiques une table de l’épaiffeur & de la pefanteur fpécifique de chacun de ces lits : ët la conféquence qui en Féfulte, eft qu’il paroît évi- demment que les différens lits ne font point rangés par ordre de pefanteur, mais purement au hafard comme ils fe font trouvés mêlés. Poyez VEINES, CHARBON. STRATA , (Géog. anc. ) contrée de la Syrie; ce pays , dit Procope Perficor, Z. IL. c. j. eft proche de la ville de Palmyre; & il eft tellement brülé du {oleil qu'il ne produit ni blé , ni arbres. (D, DA) STRATAGEME , £ m. ( Are rmilir. ) rule de guer- re , Ouartifice pour furprendre êt tromper l'ennemi. Ce mot vient du grec ospareycw, je commande une ar- mée ; les anciens employoïent beaucoup les frarapè. mes ; mais les modernes font la guerre plus ouver- tement; Polyen & Frontin ont fait une colledion des anciens fraragèmes de guerre. Voyez RUSES Mi- LITAIRES. Chambers. STRATARYHMÉTRIE, £ £ (Taëkig. milir. ) c’eft l’art de ranger en bataille un bataiilon {ur une figure géométrique donnée, & de trouver le nom- bre d'hommes que contient ce bataillon » foit qu’on les voie de près, ou qu’on les voie de loin. (D. He) STRATARITEHMOMÉTRIE , en guerre, eft l’art de tirer le plan d’une armée entiere, ou de partie d'une armée fous quelque figure géométrique, & d'exprimer le nombre des foldats qu'elle contient, fur la figure, de même qu'il eft fur le terrein > OU pro- che les uns des autres, ou à quelque diftance don- née. Harris. _ Ce mot eft formé du grec orperes varmée, apiôues, nombre, &T jusrpor , mmefure. Chambers. Ce mot n’eft point d'ufage , au-moins en France. { Q STRATEGE , fm. { Ancig. grecz. & Médailles. ) cTparnyes; C’eft dans Démofthène le nom du général d'armée chez les Athéniens. Tous les ans fur la fin de l’année, les Athéniens en élifoient dix pour com- mander leurs armées; &c cette éleion fe faifoit dans le pnyce , en même tems que celle des mapiftrats. Le mot de orparuyoe vint infenfiblement à défigner tout chef, tout fupérieur ; il arriva même qu’on don- na ce nom à des hommes qui exerçoient des charges purement civiles ou facrées. Ontrouve dans les attes des apôtres , ch. xyj. y. 20. ce mot employé pour fignifier les magiftrats d’une ville , sa) @poGE y OYTES au mode réle grparuyais, C'efl-à-dire, & les amenant devant les magifirats. Remarquez auffi que Le mot orparce, d'obeft dérivé orpariy0s , ne fignifie pas toujours une armée, & qu'il défigne quelquefois plufieurs gens aflemblés, & des fpettateurs , comme dans l'Éleâré de Sophocle, vers 70, toient des officiers chargés de nommer les trié STR 541 Enfin, dans les fecles fuivans, lorfqu’on voulut défigner un général d'armée, on ne fe fervoit plus du mot erpærnyce , feul, dont la fignification étoit de- venue trop vague ; mais on fe vit contraint d'ajouter Er) rûr der, pour la déterminer & la reftreindre, Cette pratique parut d'autant plusnécefäire ) QU'au généralat de l’armée , onjoignitplufeuts autres char ges qui n’étoient nullefhent militaires, telles qu'é- toient l’édilité & l’intendance des grains . On voit par ce détail que le mot crparñyoc a reçu deux fignifications, l’une militaire, & l’autre civile; c’efl dans cette derniere figmfcation, qu'il eft em- ployé fur les médailles des villes grèécques, pour défigner un magiftrat dont la charge répondoit à celle de préteur. Le nom de cette magiftrature pañla de la Grece en Ionie, où il fe communiqua à plu- fieurs villes d’'Afe; les unes, dit Vaillant , Onteu des archôntes pour magiftrats, & les autres des fêra> _ seges. L’expreflion de ce favant antiquaire ne paroît pasexaëte dansla généralité, fuivant la remarque de M. l’abbé du Belley; parce que quelques villes ont eu lune & l’autre maciftrature , l’archontat & le fératégar, M. Spanheim cite pour exemples, les villes d'Apollonis en Lydie, & celle de Milet. [leur faut ajouter la ville de Sardes, comme il paroït par un médaillon de Caracalla, & par une médaille dOta- cilia. Le frarésar étoit annuel, & comme il y avoit dans une ville plufieurs archontes, il ÿ avoit auf plufieurs ffareges , ou préteurs. (D. J. STRATÉGIEN , Mots, ( Calendrier, )le mois fêra= tépier étoit le neuvieme des Bithyniens ; il tépon= doit , felon quelques chronolosiftes, au mois de Mar du calendrier julien & grégorien. (D.J.) STRATEGUES , rerme de Marine ancienne , C'és rat- gues. Voyez TRIÉRARGUES. SERATELATE , £ m. ( Empire grec. ) nom d’un oficier de guerre du tems de l’empire grec. Zozime &c formandès en parlent, & il parott que c’étoit le commandant des troupes d’un canton dans une pro vince. (D. J.) | STRATFORD o7 STRETFORD , (Géog. mod. ) bourg à marché , d'Angleterre, dans Warvick-shire, fur l’Avon, qu'on y paffe fur un fort beau pont de pierre de taille de quatorze arches, conftruit aux d£- pens de Hugues Clopton , maire de Londres ») qui voulut laiffer à fa patrie ce monument de {on aflec- tion. Il n’y a pas long-tems qu’on montroit encore dans ce bourg, la maïfon où Shakefbeare (Guillaume) étoit mort en 1616; on la regardoit même comme une curiofité du pays, dont les habitans regrettoient la deftruétion ; tant ils font jaloux de la gloire de la naiflance de ce génie fublime , le plus grand qu'on connoïfle dans la poéfie dramatique. I! vit le jour à Srrarford en 1564, fon pere qui étoit in gros marchand de laïne, ayant dix enfans , dont Shakefpeare étoit l’ainé, ne put lui donner d’autre éducation, que de le mettre pendant quelque tems dans une école publique, pour qu'il fuivit enfuite fon commerce. [lle maria à âge de dix-{ept ans avec la fille d’un riche payfan, qui faifoit valoir fon bien dans le voifinage de Serarford. Shakefpeare jeune, &t abandonné à lui-même, vit des libertins , Vintà Londres , & fit connoïffance avec des comédiens, Il entra dans la troupe, & s’y diffingua par fon génie tourné naturellement au théâtre, finon comme grand acteur, du-moins comme excellent auteur, Ce feroit un plaifir pour un homme curieux des anecdotes du théâtre anglois, de favoir quelle a été la premiere piece de cet auteur ; maïs c’eft ce qu’on ignore. On ne fait pas non plus le tems précis qu’il quitta le théâtre pour vivre tranquillement ; on fait feulement que ce ne fut qu'après l’année 1610. * Plufeurs de fes pieces furent repréfentées devant $az S À À a reine Elfabeth , qui ne manqua pas de donnerzau poëte des marques de fa faveur. C’eft évidemment cette princefle qu'il a eu en vie dans fon Jonge d'été, quand il dit: » une belle veftale couronnée dans Poc- » cident43 &c tout cet endroit eft un compliment joliment amené, & adroitement applique à la reine. L’admirable caractere de Falftaffe dans la piece de Henri IV. lui plût fi fort ,.qu’elle dit à Shakefpeare de le faire paroitre amoureux dans une autre piece ; êt ce fut-là ce qui produifit les commeres de Windfor , piece qui prouve que la reine fut bien obéie. *. Mais Shakefpeare reçut des marques extraordinai- tes d’affeétion du comte de Southampton, fameux dans l’hifoire de ce tems-là, par fon amitié pour le comte d'Effex. Ce feigneur lui fit à une feule fois un préfent de mille livres fterling, pour l'aider dans une acquifition qu'il fouhaitoit de fe procurer. Il Daffa les dernieres années de fa vie dans l’affance & en le commerce de fes amis. Son efprit &c fon bon carattere lui valurent la recherche & Pamitié de la noblefle , & des gentilshommes du voifinage. : M. Rowe dit qu'on raconte encore dans la comté, une hiftoire aflez plaifante fur ce fujet. IL étoit par- ficulierement lié ayec un vieux gentilhomme nom- mé Combe, très-connu par fes richefles & par fon cara£tere ulurier. Un jour qu'ils étoient en compa- gnie d'amis, M. Combe dit en riant à Shakefpeare, qu'il simaginoit qu'il avoit deflein de faire fon épi- taphe, en cas qu'il vint à mourir, & que comme il ne fauroit point ce qu’on diroit de lui quand il feroit mort, il le prioit de la faire tout de fuite : fur ce dif- cours, Shakefpeare fit quatre vers, dont voici le fens: » Cygît, dix pour cent; 1l y a cent contre » dix, que fon ame foit fauvée: fi donc quelqu'un # demande qui repofe dans cette tombe: Ho! ho | # répond le diable, c’eft mon Jean de Combe. Ce M. Combe efl vraiflemblablement le même, dont Dugdale dit dans fes Arriquirés de Warwick-shi- re, quil a un monument dans le chœur de l’églife de Srratford, avec l’épitaphe fuivante: « Ici eft en- »# terré le corps de Jean Combe, écuyer, mort le »# 10 Juillet 1614. Il a légué diverfes charités an- # nuelles à la paroïfle de Szratford, &t cent liv. fter- » ling pour les prêter à quinze pauvres marchands , » de trois en trois ans, en changeant les parties cha- » que troïfieme année, à quinze shellings par an, # dont le gain fera diftribué aux pauvres du lieu ». Cette donation a tout l'air de venir d’un ufurier ri- che & raffiné. Shakefpeare mourut lui-même deuxans après dans la cinquante-troifieme année de fon âge, ëx laiffa très- peu décrits; mais ceux qu'il publia pendant fa vie ont immortalifé fa gloire. Ses ouvrages dramatiques parurent pour la premiere fois tous enfemble, à Lon- dres en 1623 , r-fo1. & depuis MM. Rowe, Pope & Théobald en ont publié de nouvelles éditions. Fi- gnore fi celle que M. Warburton avoit projettée , a eu lieu. Il devoit y donner dans un difcours préli- minaire, outre le caraétere de Shakefpeare & de fes écrits, les regles qu'il a obfervées pour corriger fon auteur, avec un ample #loffaire, non de termes d’art, ni de vieux mots, mais des termes auxquels Le poë- te a donné un fens particulier de fa propre autorité, &c qui faute d’être entendus, répandent une grande obfcurité dans fes pieces. Voyons maintenant ce aw’on penfe du génie de Shakefpeare, de fon efptit, de fon ftyle, de fon imagination, êc de ce qui peut excufer des défauts. Qu’on ne s'étonne pas fi nous entrons dans ces détails, puifqu'il s’agit du premier auteur dramatique d’entre les modernes. À l'épard de fon génie , tout le monde convient qu'il l'avoit très-beau, & qu'il deyoit principale- ment à lui-même ce qu'il étoit, On peut comparer Shakefpeare, felon Adiflon, à la pierre enchafée dans Parmeau de Pyrrhus, qui repréfentoit [à fottrt d'Apollon avec les neuf mufes dans fes veines, que la nature y avoit tracéesielle-même, fans aucun fe cours de Part. Shakefpeare eft de tous les auteurs, le plus original, 6 qui ne doit rien à limitation des anciens ; il n'eut ni modeles , ni rivaux, les deux fources de l’émulation , les deux principaux aieuil- lons du génie. H eft un exemple bien remarquable de ces fortes de grands génies, qui par la force de. leurs talens naturels, ont produit au milieu de l’irré- gularité , des ouvrages qui faifoient les délices de leurs contemporains, & qui font Padmiration de la poftérité. Le génie de Shakefpeare fe trouvoit allié avec la finefle d’efprit , &c ladreffe à ménager les traits frap. pans. M.le Blanc rapporte un endroit fin de latra- gedie de Céfar. Décius, parlant du diétateur, dit: «Il Te plait à entendre dire ,; qu’on furprend les » lions avec des filets, & les hommes avec des flat- » teries, Ge. mais quand je lui dis, qu’il haït les flat- » teurs, 1l m'approuve , & ne s’apperçoit pas que ». c’eft en cela que je le flatte le pluss. Dans {à tra- gèdie de Macheth , il repréfente avec beaucoup d’a- drefle limpreflion naturelle *de la vertu ; on voit un fcélérat effrayé fur ce qu'il remarque la modération du prince qu'il va afflafliner. « Il gouvernoit , dit-il » en parlant de ce prince, avec tant de douceur &c » d'humanité » ; d’où il conclud que toutes les puif= fances divines & humaines fe joindroïent enfemble pour venger la mort dun roi fi débonnaire. Mais il ne fe peut rien de plus intérefant que le monologue de Hamlet, prince de Danemarck , dans le troifieme afte de la tragédie de ce nom : on fait comme M. de Voltaire a rendu ce morceau. C’eft Hamlet qu parle. Demeure, il faut choijir, 6 palfer a linffant De la vie.a la mort, ou de létre au néant. Dieux cruels , s’ilen eff, éclairez mon courage ! Faut-il vieillir courbe [ous la main qui m'outrage ; Supporter ou finir mon malheur & mon fort ? Qui fuis-je ? qui n'arrête? & qu'efi-ce que la mort à C’eft la fer de nos maux 3 c'ef} mon unique afyle ; Après de longs tranfports , C’eft un fommeil trars= quile 3 On s'endort , € tout meurt ; mais un affreux réveil 2 2 + Doit fuccéder pent-être aux douceurs du fommeil ! On nous menace ; on dit que cette courte vie » De tourmens éternels ef? auffi-t6t fuivie. © rmort ! moment fatal ! affreufe érernité! Tout cœur à ton feul nom fe glace épouvante. Eh , qui pourroit fans toi Jpporter cette vie ÿ De nos prêtres menteurs bénir l’hypocrifie ; . * À 3 2 D'une indigre maitreffe encenfèr des erreurs ; Ramper fous un mtmiffre, adorer fes hauteurs ; Ær montrer les langueurs de [on ame abarrue A des amis ingrats qui détournentla vue À La mors feroir rrop douce en ces extrémüués , Mais le Jérupule parle & nous crie, arrêtez 3 Il défend à nos mains cet heureux homicide, Er d’un héros guerrier fait un chrétien timide, Par rapport au ftyle , il eft certain que fes expref- fions font quelquefois fublimes. Dans les tableaux de l’Albane , les amours de la fuite de Vénus ne font pas repréfentés avec plus de grace, que Shakefpeare n’en donne à ceux qui font le cortege de Cléopatre, dans la defcription de la pompe avec laquelle cette reine fe préfente à Antoine fur Les bords du Cydneis; mais à des portraits où l’on trouve toute la noblefe & l'élévation de Raphaël, fuccedent quelquefois de miférables tableaux dignes des peintres de taverne, : qui ont copié Téniers. | * Son imagination étoit vive , forte, riche éc har- die, Ianime les fantômes qu’il fait paroïtre ; 1lcom- munique toutes Les impreffions des idées qui laffec» tent , & les fpettateurs ont de la peine à {e défendre de la terreur qu'infpirent les fcenes des fpeûtres-de ce poëte. Îl y a quelque chofe,de f bifarre &c en même tems de { grave dans les difcours de fes fan- fômes , de fes fées, de fes forciets , & de fes autres perfonnages chimériques., qu'on imagine que s'1i y ayoit de tels êtres au monde, ils parleroient & agi- roient de la maniere dont il les a tepréfentéss. }, ls , L’obfcurité des oracles de Shakefpeare n’eftfou: vént oblcurité que pour ceux-qui n’ont pas eul’avan- tage d’en découvrir les beautés. Par exemple , dans le onge d'été, a&te TI. le roi des fées dit à fon confi- dent : « Tu te fouviens du jour qu'affis fur le haut » d'un promontoire , j'écoutois les chants d’une f- » rene portée fur le dos d’un dauphin ; elle rempli » foit les airs d’accens fi doux &f mélodieux,, que » la mer en fureur fe calma aux charmes de fa voix, » Ôt que certaines étoiles fe précipiterent follement » de leurs {pheres, peur prêter. l'oreille aux ons » harmonieux qu'elle fatfoit retentir ». | "41 Le but de l’auteur dans cette allégorie a été de faire l'éloge & la fatyre de Marie, reine d’Ecofle, en Couvrant néanmoins les deux vues qu'il avoit: ‘abord la maniere dont il place le lieu de la fcene, montre que C’eft dans le voifinage de l’île de la grande Bretagne ; car 1l repréfente celui qui parle, attentif à la voix de la frere, dans lemmême tems qu'il voyoit Vattenrat de l'amour contre la ve/fale (la reine Élifa: beth},. TIET La férene [ur le dos du dauphin défigne clairement le mariage de la reine Marie avec le dauphin de France. Le poëte la repréfente fous Pimage d’une f: rec par deux raïfons ; & parce qu’elle étoit reine’ Wune partie de l'ile, & à caufe de fes dangereux attraits. Remplifloit l'air d’accens ft doux € f£ mélo- dieux ; "voilà qui fait alluñon à {on efprit, & à fes connoïffances , qui la rendirent la-femme la plus ac- complie de fon tems. | Les hifforiens françois rapportent que pendant qu'elle étoit à la cour de France & dauphine encore, cile prononça une harangue latine dans la. grande- falle du Louvre avec tant de grace & d’éloquence , que toute l’aflemblée en fut ravie d’admiration. Que la mer en fureur fe calma aux charmes de [a voix ; parlà l'auteur entend l’Ecofle , qui fut long- tems contre elle. Ce trait eft d’autant plus jufte, que lopinion commune eft que les firenes chantent du- rant [a tempête, Certaines éroiles fe precipiterent follement de leurs Jbheres, pour prêter loreille aux fons harmonieux qu’elle faifoit retenir. C’eft ce qui fait allufion en général aux divers mariages qu'on lui propofa ; mais cela regarde plus particulierement la fameufe négocia- tion du duc de Norfolk avec elle ; négociation qui lui ayant été fi fatale , auffi-bien qu’au comte de Nor- thumberland & à plufieurs autres illuftres familles , on pouvoit dire avec aflez d’exaétitude, que cercai- nes éroiles fe précipiserent follement de leurs fpheres. . Shakefpeare poflede à un degré éminent l’art de remuer les pafñons, fans qu’on apperçoive qu’il tra- vaille à les faire naître , mais le cœur fe ferre & les larmes coulent au moment qu’il le faut. Il a encore Vart d’exciter les paflions oppotées , & de faire rire quand il le veut ; il connoît les reflorts de notre ten- drefle $7 ceux de nos foibles le plus frivoles , les ref- {orts de nos fentimens les plus vifs, comme ceux de nos fenfations les plus vaines. | 1! eft ridicule de lui reprocher fon manque de lit- térature , puifqu'il eft certain qu’il montre dans fes pieces beaucoup de connoïffances, & qu’il nous im- > porte fort peu de favoir dans quelle langue il les a acquies, On voit qu'il avoit une bonne teinture de lHiftoire ancienne & moderne , de la Mythologie , STR 543 & de ce qui conftitue l'érudition poétique. Non: leulement l’efprit, mais les: moeurs des Romains fe trouvent peintes dans Coriolan 8 dans Jules-Céfar, fuivant les divers tems olils ont vécu, Ses defcrips tions font exaétes, &fes métaphores en général aflext juftes. IL connoïfloit les dramatiques grecs & latins 4 & l’on fait qu’il a emprunté de Plaute l'intrigue d’üne: de fes pieces. Il ne fe montre pas quelquefois: moins habile dans:la critique qu'il fait des défauts de fylé ou de compoftion des autresauteurs. En voici deux exemples. ATE y 36 ent .. Dans la piece intitulée , Tout ce qui finit bien. ee bien, atte V, fcene IL, Parolles repréfente fes: mai= heurs au payfzn par une métaphore fale & grofherez voyant que le payfanfe bouchoit le nez, Paroles dit: Î1 nef} pas néceflaire que vous vous bouchiey le règne parle par métaphore. Le, payfan tépondi::,$i voste métaphore Jent mauvais .,,., je me boucherai le nen pour les métaphores de qui qué ce foir. Née Dans Timon, ae #. feene III. le poëte flattant Timor par {es invettives contre l’ingratitude de fes anus, dit d’un ton ronflant : Je Juis sranfporié: de fuz reur ; & Je ne puis couvrir cette monffrueufe ingratitidé d'aucune façon. Timon répond : Laiffez la nue dm ne la verra que mieux. La plaifanterie de cette réponfe eft excellente : elle renferme non-feulement ün fou: verain mépris du flatteur en particulier , mais cette utile leçon en général, que les chofes fe voient de la maniere la plus claire ; ‘quand on les exprime fimple- ment, En admirant Shakefpeare , nous ne devons pas fermer les yeux fur fes défauts ; s’il étonne par la beauté de fon génie , il révolte quelquefois par fon comique trivial,fes pointes &c fes mauvaifes plaifan- teries ; une fcène ridicule fe trouve à la fuite d’une fcene admirable : cependant M. Pôpe croit qu’on peut en quelque maniere excufer de pareils défauts dans ce poëte , &c en donner des raïfons > fans auoi il eft difficile de concevoir qu’un fi grand génie {oit tombé de gaieté de cœur. Il écrivit d’abord pour le peuple fans fecours, fans avis, & fans aucune vue : de réputation ; mais après que {es Ouvrages eurent mérité les applaudiflemens de la cour & de la ville : il perfeétionna fes produétions , & refpe&a davan- tage fon auditoire. _ Il faut encore obferver que dans la plüpart des éditions de cet auteur il s’y eft gliffé des erreurs {ans nombre, dont l'ignorance a été la fource, On à mis très-injuftement fur le compte du poëte quantité de fautes , qui ne viennent que des additions arbitra;= res , des retranchemens , des tranfpofitions de vers " &t même des fcenes , de la maniere dont les perfon- nages ont été confondus & les difcours de lun at- tribués à l’autre ; en un mot, de lAltération d’un nombre infini de pañlages, par la bétife & les mau- vaïles correttions qu'ont faites les premiers éditeurs de ce poëte. Pope conclud que malgré tous les défauts que [a plus févere critique peut trouver dans Shakefpeare &t malgré toute lirrégularilité de fes pieces, on doit confidérer fes ouvrages comparés avec d’autres plus polis & plus réguliers , comme un ancien bâtiment majeftueux d’architecture gothique , comparé avec un édifice moderne d’une architedure réguliere. Ce dernier eft plus élégant & plus brillant, maïs le pre- mier à quelque chofe de plus fort & de plus grand. Il faut avouer qu’il y a dans l’un affez de matériaux pour fournir à plufieurs de l’autre efpece. Il y rene plus de variété , & les appartemens font bien plus vaftes , quoiqu’on y arrive fouvent par des paflages obfcurs , bifarrement ménagés & defagréables. Tout ce qu'il y a de défeétueux n’empêche pas que tou le corps n’infpire du refpett , quoique plufeurs des $ 44 STR parties foient de mauvais goût, mal difpoféés, & ne répondent pas à fa grandeur F- Comme je goûté beaucoup le jugement plein de. délicatefle & de vérité que M. Hume porte de Sha- kefpeare ; je le joinsici pour clôture. Si dans Shakef- pearer, dit‘il, on confidere un homme né dans un fiecle groffiet | qui a recu l'éducation la plus bafe, fans inftruétion du côté du monde ni des livres , 1l doit être regardé comme un prodige ; sil eft repre- fenté comme un poëté qi doit plaire aux fbedtateurs rafinés &c intelligens , 1l faut rabattre quelque chofe de cetéloge. Dans fes compofrions ,'én regrette que des fcenes remplies de chaleur &c de pañlion foient fouvent'défigurées! paf un mélange d'irrégularités infupportables , 8t quelquefois même d’abfurdités ; peut:être aufli ces d'fformités fervent-elles à donner plus d’adturation pouriles-beautés qu’elles environ- nent. 1% tt» : par: Expreflions, défcriptions nerveufes & pittoref- ques ;!ildesoffre en abondance ; mais en vain cher- cheroit-on.chez lui la pureté ou la fimplicité du lan- gage: Quoique fon ignorance totale de l’art & de la conduite du théatre foit révoltante , comme ce dé- faut affe@te plus dans la répréfentationique dans:la lecture, on l’excule plus facilement que ce manque de goût , qui prévaut dans toutes fes produétions, parce qu'il eft réparé pardes beautés faillantes êc des traits lumineux. En un mot, Shakefpeare avoit un génie élevé & fertile, & d’une grande richefle pour les deux gen- res du théatre ; mais il doit être cité pour exemple du danger qu'il y aura toujours à fe repofer unique- ment fur ces avantages, pour atteindre à l’excellence dans les beaux-arts ; peut-être doitil refter quelque {oupçon, qu’on releve trop la grandeur de fon gé- me , à-peu-prés comme le défaut de proportion & la mauvaife taille donnent quelquefois aux corps , une apparence plus gigantefque. ( Le Chevalier DE JAUcOURT.) STRATH-ERNE , ( Géogr. mod. ) province de . lEcofle méridionale. Cette province a pour bornes au nord, celle d’Athol; au midi, celle de Menteith; à lorient , les provinces de Trife & de Perth; & au couchant, celle de Braid-Albain. Elle tire fon nom dela riviere d’Erne, qui la traverfe dans fa longueur, car dans l’ancienne langue du pays, Szrarh fignifieune vallée fituée le long d’une riviere. Les comtes de la: fndifon de Drummond ont été long-tems gouverneurs héréditaires des provinces de Menteith & de Srrarh- Erne , avec titre de fénéchal. (2. J.) STRATH-NAVERN , ( Géog. mod. ) province de PEcoffe feptentrionale , réunie à celle de Sutherland quilaborne au midi, comme celle de Cathuen à lo- tient. Sa longueur eft de trente-quatremilles, &c fa plus grande largeur dé douze ; c’eft un pays entiere- ment montueux , & dont les montagnes font hautes & couvertes de neige ; les forêts font peuplées de bêtes fauvages , de cerfs , de daums , de chevreuils , 8t même de tant de loups, que leshabitans font obli- gés d'aller chaque année , en corps de commune , à la chafie de ces dermiers animaux. Les rivieres les plus confidérables de cette province, font le Navern, le Torrifdail ; 'Urredell, lé Durenish, & le Hallow- dail ; fes rivieres , les lacs , & les côtes de la mer, fourniflent quantité de poiflons à cette province ; fes habitans font forts, robuftes, laborieux, accoutumés à fupportér toutes fortes Ide fatigues, le froid & le chaud, la foif & la faim ; ce font de bonnes gens, francs, finceres , vertueux ; ils fe fervent de la lan- gue ancienne du pays, qui eft un dialeéte de l’irlan- doïfe ; ils n’ont mi villes, ni bourgs, mais des ha- Meaux pour habitation. (2.7) STRATH-YLA , ( Géogr. mod.) petit pays d’E- cofle, dans la province de Banf. Il eft arrofé par la tiviere Yla, eft fertile en pâturages , &'abonde en Carriere de pierre de chaux. (D:J.) - _STRATIES, STRATLÆ , ( Géogr: anc. ) ville du Péloponnèfe dans l’Arcadie. Quüelques-uns ont cru, dit Paufamias, Zv. VIII. c. xxv. que Srraries, Enifpe, & Ripe, dont Homere fait mention, {iud. XIII. v. 606. éroient des'iles du Ladon ; mais c’eft une chimere ; cette tiviere n’eft pas affez large pour avoir des îles comme on en voit fur Le Danube & fur PORC mn | STRATIFICATION , £ £ ( Gram. ) en chimie, difpofition de différentes matieres par lits. Ilya phe fieurs Opérations de chimie ,au fuccès defquelles cet- te manœuvre eft eflentielle. | " STRATIFIER , v.aét. mettre par lits. STRATIOTES , fm. ( Æf£. nat. Bot.) nom d'un genre diftinét de plante, fuivant le fyftème de Lin- næus, & dont voici les caraéteres. Lecalice eff com- pofé d’une membrane à deuxfeuilles , comprimées , obtufes, conniventes’, & carennées de chaque côté. Outre cette écorce membraneufe , la fleur à fon en- veloppe païticuliere, qui eft formée d’une feule feuil- le , divifée en trois fegmens ; elle eft droite & tom- be ; la fleur eft compofée de trois pétales , droits, déployés , faitsten cœur, & d’une grandeur double de celle du calice ; les étamines font au nombre de vingt filets, de la longueur de la longueur de l’éenve- loppe de la fleur , & inferées dans le réceptacle ; les boffettes des étamines font fimples; le germe du pif til eft porté fous le réceptacle du calice particulier de la fleur ; 1ly a fix ftyles fendus en deux parties, & aui font de la longueur des étamines ; les ftigma font fimples ; Le fruit eftune baie ovale, contenant x loges ; les graines font nombreufes,, oblongues, crochues , &t comme aïlées ; ce genre de plante ne contient qu’une feule efpece. Lirnæi, gen. plant. Pr 29300070) | STRATIOTES , ( Botan. exot. ) plante qui croit en Egypte, dans Le tems des inondations du Nil. Profper Alpin , dit qu’elle reffemble à l’aizoon, avec cette feule différence que fes feuilles font plus larges ; nous ne favons pas cependant fi c’eft le ffrariotes de Diof- coride. Celu1 des modernes nage fur la furface de Peau, comme la Zerticula palufris ; n’a point d’o- deur, & eft aftringent au goût ; c’eft la Zensicula aqua- tica paluftris ægyptaca, foluis fedo majore Latiori- bus , de C. B. P. 362. (D: J. | STRATONICIE , ( Géog. anc. ) 1°, Srratonicia, felon Strabon, Polybe, Tite-Live, & Etienne le géographe ; &c Srratonica ou Srraronice | felon Pto- lomée, Z. F. c. 1. vile de l’Afie mineure, dans la Ca- rie & dans les terres, au voifinage d’Abanda &z d’A- linda , à peu-près entre ces deux villes. Strabon, 1. XIV. p. 66. en fat une colonie de Macédoniens ; mais de quels Macédoniens ? apparemment des Sy- riens-Macédonmiens , ou Séleucides ; car cette ville ävoit pris fon nom de Stratonice, femme d’Antio- chus Soter, Tite-Live , Z XX XIII. c. xxx. nous apprend que Srraronicie fut donnée aux Rhodiens ; elle fut réparée par l'empereur Hadrien , felon Etienne le géographe, qui ajoute qu’on l’appelle à caufe de cela, Hadrianopolis ; mais l’ancien nom prévalut , même dans les notices épifcopales , & dans celles des pro- vinces. On a une médaille de Géta, avec ce mot, Erparoineor; Srratonicorum où Stratonicen/fium. P Auprès de la ville de Srratonicie | de Carie, il y avoit un temple dédié à Jupiter Chryfaoréen. Ce temple étoit commun aux Cariens , & c’eft où fe te- noit l’aflemblée générale du pays , dans laquelle Les Stratoniciens étoient admis, non qu’ils fuffent cariens d’origine , mais parce qu'ils pofledoient des villages de la Carie ; 1l y avoit auffi dans le territoire de Ssra- tonicie , un fameux temple d'Hécate. 29: 2°. Srratonicie, ville de l’Afie mineure , pres du mont Taurus. Strabon , Z XIF. p. GGo. l'appelle Srratonicia ad Taurum , pour la diftinguer de Ssraro- nicie de Care; mais on ignore la province & le lieu . oùelle étoit fituée. ( D. JT.) STRATONIS INsuLra, ( Geéogr. añc. ) ile du golfe Arabique , felon Strabon, Z. XVI, p. 670. & Pline, Z VI. p, 29. Elle étoit vers l'embouchure de _ ce golfe, & dans le golphemême. (2. 7.) STRATOPEDARCHA , (if. des Emp. grecs.) chef de la garde tzaconienne ou lacédémonienne, que les fuccefleurs de Conftantin entretenoient au- près de leur perfonne. Cette garde étoit armée de hallebardes , & revêtue de corfelets qui avoient des figures de lions ; elle portoit une capote de drap, &c fur la tête un capuchon; leurs prlaricia étoient à ce qu'on croit des mafles d'armes, ou des banderoles attachées au bout d’un javelot. (2. 7.) STRATOR ,( Antig. rom, ) ce mot défigne quel- quefois un ofhicier de l’armée, chargé de veiller aux chemins , pour que rien n’arrêtât la marche des trou- pes ; en conféquence , il faoit raccommoder les ponts, applanir les hauteurs , couper Les bois incom- modes, & dufpofer toutes chofés pour le paflage des rivieres. Quelquefois /frator ne défigne que l'officier chargé de prendre oin des chevaux que les provinces four- nifloient pour l’ufage public. Enfin /frator figniñoit dans les derniers tems, lé- cuyer qui tenoit la bride du cheval de Pempereur, & Pardoit à monter deflus ; c’étoit le même homme que les Grecs nommoient azaboleus. ( D. J.) STRATOS, ( Géog. anc.) 1°. ville de Grece dans PAcarnacie, fur le fleuve Achélouüs. Thucydide, div. IT. p. 154. dit que Srratus eft une très - grande ville de PAcarnanie, & plus bas, en décrivant le cours du fleuve Achélous , il ajoute que dans la hau- te Acarnante , ce fleuve arrolfoit la ville de Srracus. Tite-Live nous apprend que cette ville étoit très-for- te; il la met dans l’Etolie, parce qu’elle étoit aux confins de cette contrée, qui.étoit féparée de l’A: carname par le fleuve Achélous : d’ailleurs les bor- nes de ces deux contrées ne furent pas toujours les mêmes; la puiflance des Etoliens s’étant accrue , ils étendirent leurs frontieres aux dépens de leurs voi- fins. Strabon, Z. Æ. donne la fituation de Sera, &t fa diftance de la mer: car il dit que pour arriver à cette ville , :l falloit naviger deux cens ftades & plus fur le fleuve Achélous. 20. Fleuve de l’'Hircanie ; c’étoit un de ceux qui prenoient leur fource au mont Caucaie; felon Pline, 1, VI, c.xv7. ce fleuve que Ptolomée, Z FI c.ix. nomme Ssraton , venoit de la Médie , couloit par le pays des Anarins , & fejettoit dans la mer Cafpien- De LD 70 | STRAUBING, ( Géog. mod.) ville d'Allemagne, au cercle de Baviere, {ur le Danube, capitale d’un petit territoire, auquel elle donne fon nom, à huit lieues au-deflous de Ratisbonne ; les Autrichiens ra- ferent fes fortifications en 1743. Long. 29. 40. latis. 48, 51. | - … Naogeorous ( Thomas), naquit en 1511 à Srrau- bing, & mourut vers lan 1578. Il entendoit affez bien le orec, & traduifit de cette langue en latin di- vers traites de Plutarque, Dion, Chryfoftome, & les lettres de Synéfius. Il fit aufli des poëmes en vers, qui ne plaifent ni aux Catholiques romains, ni aux proteftans qui ont un peu de goût. Tel eft celui qui a pour titre, Bel/um papifticum. Ille publia en 1553, & le dédia à Philippe landgrave de Hefle. Il compofa ‘des tragédies dans le même efprit, entre autres fon _ Pammachius, & fon Mercaror, le Marchand con- verti, car cette derniere à été traduite en françois, Tome XF, STR 545 &c imprimée en 1 591; le nom aïlemand de Naogeor- gus, Ctoit Kirchmaier. (D. J.) STRAVICO ox STRAVICHO , (Géogr. mod.) petite ville de la Turquie européenne, dans la Ro- manie, aux Confins de la Bulgarie, fur le bord de la mer Noire, au fond d’un golfe de même nom, entre Mefembria & Sifopoli. (D. I.) STREL, LA, ( Géog. mod.) & par les Allemands Tfrig, riviere de Hongrie , dans la partie feptentrio- nale de la Tranfilvanie, qu’elle arrofe pour fe perdre enftute dans la riviere de Muros, vers les confins de la Haute- Hongrie ; c’eft la Surgera des anciens. (2.J.) STRELEN, (Géog. mod.) petite ville d'Aflema: gne, en Siléfie, dans la principauté de Brier, fur la riviere d'Olaw. (D, J.) 4 STRELITS, (M5. de Ruffe.) milice de Ruñie, caflée & abolie par le czar Pierre [, au fujet d’une grande rébellion qu'elle excita dans fon empire. La milice des Srrélirs, comme celle des Janiflaires, dif- pofa quelquefois du trône de Ruflie, & troubla Pétat prelque toujours autant qu’elle lefoutint, Ces Srré- lits compoloient le nombre de quarante mille hom- mes, Ceux qui étoient difperfés dans les provinces, fubfiftoient de brigandages ; ceux de Mofcouvivoient en bourgeois, ne fervoient point, & poufloient à l'excès linfolence. Enfin après plufieurs révoltes ces Serélits marcherent vers Mofcou pendant que le czat étoit à Vienne en 1698 ; ils formerent le deffein de metire Sophie fur le trône, & de fermer le retour à un czaf, qui ofa violer les ufages, en ofant s’inf trure chez les étrangers. Pierre inftruit de cette ré= volte , part fecrettement de Vienne, artive à Mofz cou, &exerce fur lamilice des Szrélirs un châtiment terrible; les prifons étoient pleines de ces malheu- reux. [en fit périr deux mille dans les fupplices, & leurs corps refterent deux jours expofés fur les orands chemins. Cette févérité étoit fans exemple; ce prin- ce eût été fage de condamner les chef à la mort , de faite travailler les autres aux ouvrages publics, car ce furent autant d'hommes perdus pour lui & pour l'état; &c la vie des hommes doit être comptée pour beaucoup, fur -tout dans un pays prefque dé- {ert, & où par conféquent la population demande tous les foins d’un lépiflateur. Le czar au contraire ne montra dans cette occañon que de la fureur, par la multitude des fupplices; il caffa le corps des Srrélies , 8t abolit leur nom; cé qu'il pouvoit faire en les difperfant dans fes vaftes états, & en les occu= pant à défricher des terres. Mif. de l'empire dé Ruffée par M: de Voltaire: (D.J) STRELITZ , ( Géog. mod. ) petite ville d’'Allema- gne, en Siléñe, dans la principauté d’Oppelen, à 4 lieues enviton de la ville d'Oppelen, entre les rivies res de Malpenaw &c de Kiladinitz. (D. 7) STRENGENBACH o4 STRENGBACH, te, (Géog. mod.) riviere de France, dans la haute Al- face. Elle prend fa fource près de Sainte-Marie aux Mines, & fe perd dans le Fecht. (D. J.) STRENGNES, ( Géog. mod.) petite ville de Sue- de, dans la Sudermanie, fur la rive méridionale du lac Maler, 8 à r5 lieues au fud - oueft d'Upfal. Le roi Charles IX. eftinhumé dans la cathédrale. Long, 33. 14: lat. 59:28. | Peringskioïid (Jean), favant antiquaire fuédois, \naquit à Ssrengnes en 1618, & mourut en 1720, âgé de 102 ans; c’étoit le patriarche des hommes de lettres, Il a mis au jour de beaux 8c grands ouvrages pendant le cours de cette longue vie. On lui doit en- tre autres celui qui eftintitulé, Æiforia regum fèp: tentrionalium, 8 qui forme 14 vol. ir -fol. Voyez le pere Nicéron, Mérn, des hommes illuftres, 1, 1. p, GG, & juive ( D.-J.) STRENIE,, ff. (Mythol, ) nom d’une déeffe des Le | 5 46 STR Romains. C’étoit elle qui préfidoit aux étrennes, c’eft-à-dire aux préfens qu’on fe faïfoit le premier jour de l’année. Elle avoit un teMple à Rome dans la quatrieme résion de la ville. .Nonnus Marcellus dit qu’elle fut ainfi appellée de ffréniras, valeur, par- ce que Tortius qui inftitua la coutume de donner des étrennes, les établit comme des préfens deftinés aux vaillans hommes. (D. J.) STRETTIO., (Mufiq. ttal.) ce terme italien s’em- ploie quelquefois pour marquer qu’il faut rendre les tems de la mefure ferrés &z courts, & par.confé- quent fort vites. Broffard. ( D.J. STRIATURA , ( Architeture des Rom.) ce mot fe -prend dans Vitruve pour les concavités des colonnes cannelées ; il défigne auffi dans cetauteur l’efpace plat ou le Hftel , qui eft entre chaque cannelure.( D. J. STRIBORD, TRIBORD, DEXTRIBORD, EXTRIBORD , ox TIENBORD, £ m. ( Marine. ) c’eft le côté gauche du vaifleau quand on va de la oupe à la proue. | S'ERICT , adj. ( Gramm. ) exaët, rigoureux. On dit d’un terme, qu'il faut le prendre dans un fens TECE, STRIDON , ( Géog. anc. ) ville fituée aux confins de la Daimatie, au nord de la fource du Ertius, & affez près de la Save, à la droite; elle étoit par con- féquent dans llilyrie : fon nom moderne eff Sdrigna, felon Riondo. Les Goths ruinerent cette ville, & _ faint Jérôme nous apprend lui-même que c’étoit fa patrie. Il y naquit vers lan 340 de Jefus-Chrift, & mourut l’an 420, âgé d’environ 80: ans. J'ai affez parlé de ce grand doéteur, au 06 PERES DE L'EGLISE. (D. J.) STRIES, f. £. ( Conchyl. ) rayures ou gravures en relief, qui fe voyent fur la robbe d’une coquille ; elles font différentes des rides qui forment des ondes irrégulieres, 8 des cannelures qui font plus grandes êc plus égales, (D. J.) STRIES, dans l’ancienne Architeëture, font les filets, rayons ou intervalles qui féparent les canelures des colonnes. Voyez STRIGES 6 CANNELURES. STRIGA , ( Littérature.) ce mot fignifoit chez les Romainsun efpace de terrain vuide dans les champs, deftiné à la promenade des chevaux; cet efpace étoit long de cent vingt piés, & large de foixante. Maisle mot de jfriga fignufie au propre un grande raie entre deux fillons, & dans l’arpentage, 1l fignifioit une grande mefure de longueur. (D.J.) STRIGA ou STRIEGA, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, en Siléfie , dans la principauté de Sck- weidnitz, {ur le bord de la riviere de Polsnitz, STRIGE,, {. £ dans l'ancienne Archiseëture : ef ce qu’on appelle canrnelure dans l’archite@ture moderne, Voyez CANNELURE. | On les appelle amf, parce qu’on fuppofe qw’ori- ginairement on les failoit à limitation des plis des robes de femme, qu’on appelloit en latin ffrigæ. Les filets ou efpaces qui font entre ces plis s’appelloient Jirie. Voyez STRIE. STRIGILE , { m. (Gymnaft.)\ffrigile , inftrument de fer, de cuivre, d'argent, d'ivoire, de corne, * &c. avec lequel les anciens fe décrafloient le corps. On difinguoit dans le frigile deux parties:, le man- che &c fa languette. Le manche, capulus, formoit or- dinatrement-un parallélépipede reétangle , creux &c oblong, dans le vuide duquel on pouvoit par les cô- tés engager la main dont on empoignoit de l'inftru- ment. La languette , Zrgua, étoit courhée en demi- cercle, creuiée en façon de gouttiere, & arrondie dans {on extrémité la plus éloignée du manche, ce qui faifoit une efpece de canal pour Pécoulement de l’eau de la fueur, de l'huile & des autres impuretés qui fe féparoient de la peau par le mouvement de cette forte d’étrille. Le couteau de chaleur dont on fe fert pour les chevaux a quelque rapport avec le férigile des Romains. | Ce ffrigile étoit chez eux d’un très-srand ufage, non-feulement dans les bains pour frotter ceux qui fe baignoient , mais auf dans les gymnafes pour né- toyer la peau des athletes de l’efpece d’enduit que formoit le mélange d'huile, de fueur, de fable, de boue & de poufliere, dont ils étoient couverts. Prefque tout le monde.avoit de ffrigiles dans fa maïfon , & ceux à qui ils appartenoiïent, fafoient graver leur nom fur le manche, ainfi qu’il paroit par quelques-uns de ces inftrumens qu’on a trouvés dans les ruines des thermes de Trajan. (D. JS) : STRIGMENTUM , (Gymnafhque,) ce mot latin fignifie dans Pline la crafe &c les ordures qu’on enle- voit de deflus le corps dans les bains, &c dans les lieux des exercices publics. Srrigñentum defigne auf dans le même auteur, la craffe aw'on Ôtoit de deflus les murs ;, ou les ffatues qui appartenoient au public. Il y avoit donc trois fortes de f/rigmenra ; les unes qui provenoient des bains, étoient compoites de fueur, d'huile & de crafle du corps. D’autres venoient de l’arene, & contenoïent les mêmes chofes, avec addition de la poufliere, qui avoit été répandue, fur le corps, après qu’on avoit été frotté d'huile, Les troifiemes étoient détachées des murs & des flatues du gymnafe. Ces dernieres contenoïent auffi de l’hui- le , avec des particules de la fubftance particuliere a laquelle elles éroïent attachées, & dont par con- féquent elles empruntoient quelque propriété. Si, par exemple, elles étoient détachées des ftatues de cuivre, c'étoit un mélange d'huile, de poufliere & de verd-de-sris. (D, J.) STRIGONIE 04 OSTROGON , (Géog. mod. ) & par les Allemands GRAN. Voyez ce mot. Cette ville eft la capitale du comté de Strigonie , dans la bafle Hongrie. Elle a des bains naturels dont la chaleur eft modérée , &t elle eft la patrie de faint Etienne, premier roi chrétien de Hongrie, mort à Bude en 1038. STRIGONIE, comté de, (Géog. mod.) il eft coupé en deux par le Danube. Il a les comtés de Comore & de Bars au nord, celui de Novigsrad au levant , celui de Piliez au midi, & celui de Javarin au couchant. Ses principaux lieux font Sirigorie à la droïte duDanube, &t Pilfen à la gauche. (D. J) STRIKE , {. m. (Com.) eft une mefure qui con- tient quatre boifleaux, & dont les deux font un quar- ter, ou huit boifieaux. Voyez BoisssAu 6 Quar- TER. Le ffrike de lin , eft la quantité de lin qu’on peut prendre en une poignée. Diffionn. de Chambers. STRIPERTZ où STRIPMALM , £ m. (Æif£ rar. Minéralogie. ) les minéralogifies fuédois défignent fous ce nom une mine de plomb , dans laquelle ce métal fe trouve combiné avec de l’argent & de l’an- timoine minéralifés par le foufre. Elle a la couleur de la mine de ploinb, ou gaiène ordinaire ; elle eft com- poiée de ffripes ou d’aiguilles plus ou moins fines. On trouve cette mine dans la mine de Sahla en Suede ; elle eft difhcile à traiter , parce que ces fubftances fe nuifent les unes aux autres. | STRIURE,, Lf. (Archireëlure.) 1l fe dit de la can- nelure des colonnes, & de cet intervalle creux qui regne du haut en bas du füt de la colonne, pour la faire paroiître plus grofle & plus agréable, STRIX , {.m. (Litérar.) efpece d’oifeau de nuit dont parlent les anciens ; nous ne le connoïffons point ; eux-mêmes n’en favoient pas plus que nous du tems de Pline. Il eftcertain qu'ilne paroïfoit que la nuit, & on le nommoit ffrix à caufe de {on cri. Ovide le dit dans lefixieme livre des faftes, Efe illis ftrigibus rémen , fed rominis hujus Caufa quod horrend& ftridere noëte [oler. Nos auteurs traduifent /frix par chouette. Les poëtes font entrer les œufs & les entrailles de cet oïifeau dans toutes les compofitions que faifoient les magi- ciennes, Médée le dit dans Séneque: Mifceique & obfcænas aves Maflique cor bubonis & rauce ftrigis Exfeila vivæ vifcera. « Elle y mêle les chairs des plus funeftes oifeaux, le _»# cœur d’un crapaud , & les entrailles qu’elle a ar- _ » rachées à une chouette vivante ». Horace, Ode 7, Liv, , dit que Canidie, la tête échevelée & entoruil- lée de viperes , fit préparer fur Le feu magique , une compofñtion où elle mêla enfemble des racines de cyprès & de figuier fauvage déterrées dans un cime- tiere , des plumes & des œufs de chouette, zo{/urnæ Jérigis , trempées dans le fang d’un crapaud, des her- bes de Theffahe & d’ibérie , pays fertiles en poi- {ons , &c des os arrachés de la gueule d’une chienne à jeun. Ces détails de forcellerie plaifoient apparemment aux -ançiens ; car nous voyons que leurs poëtes s’é- tendent volontiers {ur cette matiere. Il faut pourtant auouer qu'Horace l’a fait avec modération ; mais 1l n’en eft pas de même de Lucain, l’Ereéto de fon fi- xieme livre eft réellement fort dégotûtante. Nous vou- lonsque de pareils images foient préfentées rapide- ment , & en peu de mots. Mais les œufs &c les en- trailles de l’oifeau ffrix entroient fi néceflairement dans les compofitions magiques, que les anciens nom- moient f/ripes toutes les forcieres. (D. J. STROBULUS , {. m. ( Lisrérat. ) nom que don- noient les Romains à une efpece de bonnet que por- toient les barbares , & qui s’élevoit comme une pom- me de pin par plufieurs circonvolutions en fpirale; le bonnet des Romains au-contraire, s’éleyoit en pointe toute droite. | STROERS , f. m.pl. (vaiffleaux mofcovires.) petits vaifleaux plats dont on fe {ert fur le Volga pour le négoce d'Affracan & de la mer Cafpienne. Les /#roks contiennent environ trois cens balots de foie , qui font quinze lefts. [ls vont à voile & à rames, & ont pour cela feize rames, un feul mât, & une feule voile. Le gouvernail eft une longue perche, plate par lendroit qui eft dans l’eau. Le patron le guide par le moyen d’une corde attachée entre deux aîles quu le tiennent en état ; ils peuvent porter contre les marchandifes, 25 matelots & 6o pañlagers, Difion, de Commerce. ( D. J.) STROMA , (Géog. mod.) île d'Ecofle ,. à 2 milles au nord de la pointe de Catneff, & l’une des îles qui font au midi de celles de Mainland. Cette île qui ef aflez fertile, n’eft point comptée entre les Orcades , parce qu’elle eft trop près du continent de l’Ecoffe, (D.J.) Y STROMATES , f. m. pl. ( Lirrérar. ) ce terme eft grec, & fignifie mélanges ; il a fervi de titre à plu- ficurs ouvrages. Plutarque & Origènel’ont employé; mais S. Clément d'Alexandrie a particulierement 1l- luftré ce terme. Ses /fromares {ont un mélange de fes propres penfées , & de celles des meilleurs auteurs quil avoit Üs. On y voit de l’hifloire, de la littéra- ture, de la critique, du facré & du profane; enfin, ce mélange différent lui fit donner le nom de froma- res. (D.J) | STROMBERG , ( Géog. mod.) petite ville d’Alle. magne, dans l’évêché de Munfter, chef-lieu d’un burgraviat, à 3 lieues de Lipftadt. Long. 25. 47. lat, SAC) STROMBITE, ff. (Æf4 mar. Litholog.\) nom donné par quelques naturaliftes à des coquilles fof- Tome XP, a à _STR 547 les, que lon nomme plus communément rurbinises, STROMBOL, LE, (Géog. mod.) montagne de File de Candie, à 2 lieues au couchant de la ville de Can- die. Il fort de cette montagne une aroffe fource,dont les eaux font falées. (D. J.) | STROMBOLI , (Géog. mod.) île de la mer de Si= cile, au nord de cette derniere île, à laquelle elle femble appartenir, & à 30 milles de Lipari, au le- vant d'été, On lui donne 12 milles de circuit; mais elle eft fans habitans, car ce n’eft proprement qu’une montagne ronde qui brüle toujours, & qu’on décou- vre de loin, Les anciens l'ont appellée Srrongylos. Voyez STRONGYLE, Géog. anc. (D.J.) STROMONA , LA, (Géog. mod.) autrement Ra- dini, [fchar, Marmara, Veratafar ; car tous ces noms indiquent Le Ssrymon des anciens, riviere de la Tur- quie en Europe. Elle prend fa fource dans les mon- tagnes de [a Bulgarie, traverfe la province d’Iambo- L, arrofe enfuite Marmara & Tricala; enfin, elle vient {e perdre dans le golfe de Contefla & les ruines d'Emboli, ou Chryfopolis. (2. J.) STRONGOLI, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, fur une haute montagne , à 9 milles au nord-eft de Santa-Severina, dont {on évêché eff fuffragant. Long. 32:25, lat, 40.41, | STRONGYLE , ( Géog. an. ) Île fur la côte fep- tentrionale de la Sicile, & l'une des îles Eoliennes, aujourd’hui Séromboli ; Strabon dit qu’elle fut appel. lée Erpoyyuan, Strongyle, à caufe de fa figure ronde. Silius-ftalicus , Ly. 14. . 260. écrit Srrongylos ; Viti- a néraire d’Antonin , place cette ile à 320 flades de Meffine, (D. J.) | , SFRONGYLUS, (Géog. anc.) montagne d’Afe > dans la Carmanie ; c’eft une des branches du mont Taurus, &c le nom moderne eft Techifanda , felon Caftald. (D. 7.) STRONS o7 STRONZA , ( Géog. mod.) ile de la 1er d'Ecofle, & lune des Orcades, au levant de l'ile de Sanda, à 4 milles de celle de Heth. On lui donne 6 milles de longueur, & 3 de largeur, Son terroir eft fertile, & très-peuplé. (D. 7.) STROPHADES, ÎLES, ( Géogr. anc.) îles de la mer Jonienne, fur la côte du Péloponnéie. Strabon, div. viig. les met vis-à-vis & à l'occident de la ville Cyparifia, prefque à 400 ftades du continent , & cette fituation leur avoit fat donner le nom de Cy- pariffiorum infulæ. Elles étoient au nombre de deux. Virgile, Æneid, 1, LIT, y. 209. fait mention de ces îles, qu'il dit habitées par la cruelle Celoœno & par les Harpyes : Servatum ex undis Strophadum me litora primim Accipiunt, Strophadès grajo ffant nomine dittæ Tnfule Ionio in magno , quas dira Celœno Harpyæ que colunt. Etienne le géographe dit auffi que les es Srrophaz des font au nombre de deux, Quelques-uns, felon Pline, Z 17. c. xij. les appelloient Pose ; & Apol- lonius donne à entendre qu’elles furent d’abord ap- pellées Plore | 8 que dans la fuite on les nomma Sirophade | parce qu’elles flottoient & nageoient , pour ainf dire, au milieu des flots, felon Apollo= mius, / 1, y. 296, | (: Zpcqndac JE pilarnuue, ay0po roi Näcous Toro y nur a pos TAGTAC RAÏEOPTEE Strophadas cognominarunt homines Infulas hujus caufé, pris plotas nominanues. Les anciens feignoient que ces îles étoient le refirs ge des harpyes, dont le vifage étoit de femme, & le corps de vautour. Les Grecs & les Italiens les appel: lent Srrofadi ou Strivali, Ce font deux petites iles fort bafles, dont la plus grande n’a que 3 à 4 le , FOR AT à 1j 548 STR de circuit: mais dans unpetit efpace, elle ne faïfle pas de porter une grande quantité de fruits excellens. Les fources y font fi abondantes, qu’on ne fauroit refque planter un bâton en terre, qu'il n’y forte de Peas On dit que dans les fontaines de cette ile, il #e trouve fouvent des feuilles de platane, quoiqu'il men croifle point là, mais feulement dans la Morée, qui en eft éloignée d'environ 30 milles. C’eft ce qui fait croire aflez vraiflemblablement, que ces fources viennent de ce pays-là par des canaux fouterreins, que la nature a formés fous les abîimes de la mer. Les habitans des {es Srrophades ne fe marient ja- mais, cariln’y en a point d’autres que des caloyers ou moines grecs , jufqu'au nombre de foixante ou quatre-vingt. Leur couvent eft bâti en maniere de forterefle avec une terrafle au-deflus, garnie de bons canons, & une farrafinefque à leut porte, par la crain: te qu'ils ont des corfaires. On dit néanmoins que les Turcs & les corfaires de Barbarie refpeétent cesbons vieillards , & qu’ils n’abordent leur île que pour y prendre de eau. (D.J.) STROPHE., ff. dans la Poëfie grec. & latine, ef une {tance ou un certain nombre de vers qui renfer- ment un fens complet, à qui eft fuivi d’une autre de la même mefure & du même nombre de vers dans la même difpofition qu’on appelloit az ffrophe. Voyez ANTISTROPHE. La firophe eft dans des odes , ce que le couplet eft dans les chanfons & la ftance dansles poëmes épiques. Voyez COUPLET 6 STANCE. À Ce mot vient du grec cÎpogs qui eft formé de piga, je tourne, à caufe qu'après qu'une ffrophe eft finie, la même mefure revient encore; ou plutôt, comme ce terme fe rapporte principalement à la mufique &c à la danfe , parce que le chœur & les danfeurs, qui, chez les anciens, marchoïent en cadence autour de lautel, pendant qu’on chantoit les odes ou hymnes en l'honneur des dieux, tournoient à gauche durant qu'on chantoit la ffrophe, & à droite lorfqw’on chan- toit l’antifirophe. Voyez ANTISTROPHE. Dans notre poéfie lyrique, une ffrophe ne fauroit être moindre que de quatre vers, ni en contenir plus de dix ; & latpremiere f/rophe fert toujours de regle aux autres /frophes de la même ode pour lenombre, foit pour la mefure des vers &c pour larrangeinent des rimes. STROPHIUM , {.m. ( Antiq. rom. ) crpogiors {or- te de ceinture ou bandelette large , dont les jeunes filles fe ferroient le fein , pour ne point paroître en avoir trop ; de-là vient que /ropha, dansMartial , fignife une rufe , une freffe ; l’ouvrier qui faifoit les bandelettes pour ferrer le fein des jeunes filles, fe nommoït ffrophiarins ; le mot frophium défigne aufü des guirlandes de fleurs attachées enfemble fur la tête en guife de bandelettes. (D. J.) STROPPUS , f. m. ( Lütérar. ) ce mot , dans Feftus , défigne ou la couronne , ou le bonnet que les prêtres mettoient fur leurstêtes , dans les facrif- ces & autres cérémonies religieufes. (D. J.) STROUD , ( Géog. mod. ) gros bourg à marché d'Angleterre , en Glocefter-shire, fur la riviere de Stroud, entre Glocefter & Briftol , à fept milles de la premiere, & vingt-neuf milles de la feconde, On voit dans ce bourg plufieurs moulins à foulon , & Von y teint Le drap en écarlate , les eaux de larivie- re étant favorables à cette teinture. ( D.J.) STROUD Le, ( Géog. mod, ) riviere d’Angleterre, dans Glocefter-shuire ; elle fort des monts Cottefwold, traverfe la province de Glocefter dans fa longueur , & fe jette dans la Saverne, (D.J.) STRUFERTARAI ; ( Antig. rom. ) Feftus nom- moit ainfi les freres Arvaux , qui étoient employés à purifier les arbres foudroyés; 1ls faifoient dans cet- te cérémonie un facrifice avec de la pâte cuite fous a Îles cendres. Voici les termes trouvésà Rome, furune table de bronze antique, LIL ID, DEC. FRATRES, ARVALE,; IN LUCO. DEÆ. DIÆ. = VIA. CAMPANA. APUD,. LAP. V. CONVENER. PER. C.PORC. PRISCUM. MAG. ET. IBI IMMOLAV. QUOD AB ICTU. FULMINTIS. ARBORES LUCI SACRI D. D. ATTACTÆ ARDUERINT EARUMQUE ADOLEFACTARUM ET. IN. EO LUCO SACRO. ALIÆ SINT REPOSITÆ. Le dixieme jour de Décembre , les freres Arvaux S'aflemblerent au bofquet de Junon, fur le grand chemin dela Campanie, à cinq milles de Rome , par ordonnance de C. Porcius Prifeus , doyen du cha- pitre , &c là ils facrifierent pour raifon de quelques arbres du facré bofquet dédié à la déefle , qui avoient été frappés de la foudre. (D. JT.) | STRUMETA ou STRUMITA , ( Geog. mod.) pétite ville, ou plutôt bourgade de la Turquie afa- tique ,en Anatolie, fur une montagne, dans la pro- vince de Mentezili, près de l'embouchure de la ri- viere de Mari , dans la mer de Caramanie. C’eft à ce qu'on croit l’anciènne Myra, ville de Lycie, où . $. Paul s’embarqua pour aller à Rome, fur un vaif- {eau d'Alexandrie. Le texte latin des aûtes 27. 54 porte Lyftram,au-ieu de Myrem qui eft dansle grec; c’eft une faute, parce que Lyftre étoit dans la Ly- caone, & ce n’étoit point une ville maritime. (D.J.) STRUMUS , ( Botan. anc.) nom donné par quel- ques anciens naturaliftes romains au czcubalus, mor- geline baccifere. Cette plante fut ainf appellée pour les vertus difcufives qu’on lui attribuoit dans les tumeurs fcrophuleufes. ( D.J.) STRUND-JAGER , fem. ( Aie, rar.) c’eft le nom que les navigateurs hollandois donnent à un oifeau quife trouve fur les côtes de Spitzberg ; ce mot fis- nifie chafle merde ; 1l lui a été donné parce qu'il fuit fidellement l’oifeau nommé kzyrezef, afin de fe nour- rir de fa fente ; il a le bec noir , crochu & épais; il n'a aux pattes que trois ongles liés par une peau noire, fes jambes font courtes , & fa queue forme un éventail ; il a les yeux noirs ainf que le deflus de là tête , un cercle jaunâtre autour du cou, les aîles & le dos de couleur brune , êc le ventre blanc. | STRUTHIUM, 1, m.( Hifi. nat. Bot, anc. ) nom donné par les Grecs à la plante que les Latirs appel- loient Zznaria herba ; à caufe de fon ufage dans les manufaétures de laine. Diofcoride , en parlant du firuthium , fe contente de dire que c’étoit une efpece de chardon , ou de plante épineufe, dont la racine étoit large , longue, de la groffeur de deux ou trois doigts , & qui poufloit des feuilles armées de petits piquans. Quoique ce détail ne nous fafle point con- noitre la plante dont il parle, 1lfufñit néanmoins pour nous prouver que ce n’étoit point celle que les Ro- mains appelloient ansirrhinum | &t que nous nom-= mons en françois muffle de veau. Wieroiït trop long d'indiquer toutes Les conjeétures des modernes, pour - découvrir cette plante dans les écrits des Arabes ; il paroît feulement qu'ils n’ont pas rencontré, en ima- ginant que le f/ruthium des Grecs étoit le cazdift de Sérapion &c autres, ( D. I. ) | STRUTOPHAGES, ( Géog. anc. ) peuple de l'E- thiopie, fous PEgypte , Strabon , Z. XVI. p.772. qui place ce peuple au vorfinage des E/ephantophagi, dit qu’il n’étoit pas bien nombreux, Selon Biodore deSicile , Z LIL e. xxviiy. les Strurophagi habitoïent au midi des E/éphantophagi, Agatharchide fait auf mention de ces peuples & des guerres qu'ils avoient avec les Ethiopiens, furnommés Sim, Ptolomée , 2, IV, c. vi. marque les Sérurophagi à l’occident des Péchiniens. Le som de Sérurophages leur avoit été donné , à caufe qu’ils ne s’occupoient qu’à la chaffe des autruches , dont ils faifoient leur nourriture or- dinaire ; 1ls fe fervoient de leurs peaux pour s’habil- ler , & pour en faire des couvertures. (D. J. STRYCHNODENDROS , f. m. ( if. nas. Bot.) nom que Ray donne à l’efpece de fo/larum, nommé par Tournefort Jolanum fruticofum bacciferum. Cette plante s’éleve en arbrifleau haut de quatre ou cinq prés : fon tronc poufle des rameaux verts , garnis de feuilles oblongues , plus étroites que celles du fola- num ordinaires fa fleur eftune rofette blanche, dé- coupée en cinq pointes ; 1l lui fuccede un fruit rond , .mol, rouge, femblable à celui de coqueret, plein de fuc, & renfermant quelques femences applaties, d'un goût fade. Cette plante eft cultivée dans les jardins. CDS, 0 | STRYME , ( Géog. anc.) ville de Thrace, felon Hérodote , Z. VII. & Etienne le géographe, Suidas fait de Srryme où Srryma , une colonie des Thafñens, & une place de commerce. S'il eft vrai que c’étoit en- coreuneile, commeil le dit , 1l falloit que cette île füt bien voifine du continent, à moins qu'il n’enten- de une île du lac d'Ifmaride, qui féparoit Srryme de Maronce. On croit que les habitans de cette derniere ville avoient acquis quelque droit {ur Srryrre, en qualité de protecteurs ou de bienfaiteurs ; ce quidon- na lieu à de fréquentes conteftations entr’eux, & les Thafiens fondateurs de Srryma. ( D.J.) STRYMON,, (Géog. arc.) fleuve qui fervoit au- trefois de borne entre la Macédoine & la Thrace, felon lepériple de Scylax. Pline, Z IF. c. x. remar- quela même chofe , & ajoute que ce fleuve prend fa fource aumontHæmus. Le Srrymon, felon Etienne le Géographe , mouilloit la ville d’Amphipolis, & donnoïit le nom de Ssrymoni , aux peuples qui habi- toient {es bords. Il avoit fon embouchure füur la côte du solfé, qui de-là avoit pris le nom de Ssrymonicus IIS, d Le nom moderne eft Siromona, que d’autres ap- pellent Marmara, Radini, Ifchar. I y avoit nombre de grues fur les bords de ce fleuve ; elles y venoient à la fin du printems , & en partoient à la fin de l’au- tomne, pour fe rendre fur les rivages du Nil; mais le Srrymon eft célebre dans Phiftoire, parce que ce fut fur fes bords qu’une poignée d’athéniens triompha des Medes, au-travers des plus longues fatigües & des plus grands dangers. (2, J.) STRIMONICUS sinus, ( Géo. anc.) golfe de la mer Egce, fur la côte de la Macédoine & de la Thrace, à l'occident du golfe Perfique : onle nom- me préfentement golfe de Contefe. SEUBN , 04 STUBEN , o4 STUBN-BAD , ( Géos. mnod, ) petite ville de la haute Hongrie , aux confins du comté de Zoll, à trois mulles de Neu-Zoll, &à deux de Cremnitz ; elle eft remarquable par fes bains chauds , & par les mines d'argent & de cuivre qu’on trouve dans des montagnes de fon voifinage, du cô- té de lorient. Long. 27. 31. las, 48. 37: ( D. 1.) STUC 07 MARBRE FACTICE, ( Ari mechan. ) le fluc ou le marbre fidice eft une compofition dont le plâtre fait toute la bafe. La dureté qu'on fait lui donner; les différentes couleurs que l’on y mêle, & le pok dont il eft fufceprible, le rendent propre à repréfenter prefque au naturel les marbres les plus précieux. La dureté que le plâtre peur acquérir, étant la qualité la plus efflentielle à cet art, c’eft aufñ la pre- miere à laquelle les ouvriers doivent s’apphquer, S TU 549 Elle dépend abfolument du degré dé ealcination qne lon doit donner au plâtre ; 8: comme la pierre qui le produit, eft fufceptible de quelques petites diffé rences dans fa qualité intrinfeque, fuivant les diffé rens paysoielle le rencontre, 1l fauttâtonner & étudier le degré de calcination qu'il faut lui donner, pour que le plâtre qui en viendra, prenne le plus grand degré de dureté qu’il eft poffible, On ne peut donner ici de notions fur cette méthode qu’en ce qui regarde le plâtre de Paris; ce fera l'affaire des ouvriers d’eflayer de calciner plus ou moins les pier res’ gypfeufes des autres pays, afin de trouver je plus grand degré de dureté où l’on puifle porter le plâtre qu’elles produiront. Li On cafle les pierres à plâtre de Paris avec des marteaux, en morceaux à-peu-pres gros comme uñ peut œuf, ou comme une grofle noix. On enfourne ces morceaux dans un four que l’on a fait chauffer , comme fi on vouloit y: cuire du pain ; on bouche l'ouverture du four. Quelque tems après on débou« che le four pour en tirer un ou deux des petits mor ceaux de plâtre que l’omcafñe avec un marteau. St _ l’on s’apperçoit que la calcination a pénetré jufqu’au centre du petit morceau , de façon cependant qu’on y remarque encore quelques points brillans ; c’eft ‘une marque que la calcination eft à fon point de perfeétion, & alors on retire du four promptement toutle plâtre parle moyen d’un rable. Si dansla caflure on remarquoit beaucoup de brillans, ou qu'on n’en remarquat point du tout , ce feroit une preuve dans le premier cas, que la pierre ne feroit point aflez calcinée; &t dans le fecond cas, qu’elle le feroit trop. Quoique le plâtre devienne très-dur , lorfquw’il eft calciné à {on point , la furface fe trouve cependant remplie d’une infinité de pores, & les grains font trop faciles à en détacher pour qu'il puifle prendre ie poli comme le marbre, C’eft pour remédier À cet inconvénient, que l’on prendle parti de détremper le plâtre avec de l’eau dans laquelle on a fait dif- foudre dela colle, qui rempliffantles pores, &c at- tachant les grains les uns aux autres, permet que, pour ainfñ dire, on puifle ufer & emporter la moi- tié de chaque grain, ce qui forme le poli, Cetre colle eft ordinairement de la colle de Flan- dre;1l y en a qui y mêlent dela colle de poiffon, & même de la gomme arabique. C’eft avec cette eau chaude &t collée que l’on détrempe le plâtre ; mais comme le peu de folidiié du p'âtre, {ur-tout lor£ qu'il s’eft point appuyé, demande qu'on donne une certaine épaifleur aux ouvrases, pour diminuer la dépenfe, on fait le corps de ouvrage ou le noyau avec du plâtre ordinaire, & on le couvre avec la compofñnon de plâtre dont on vient de parler, en lu: donnant une ligne & demie ou deux. lignes d’é. afleur. | Lorfque l'ouvrage eft fufffamment fec, on tra- vaille à le polir, à-peu-près de la même façon que le véritable marbre. On employe ordinairement une efpece de pierre. qui eft aflez difficile à trouver. C’eftune efpece de cos ou pierre à aiguifer, qui a des grains plus fins que ceux du grès , 62 qui ne fe détachent pas fi facilement de la pierre; La pierre de ponce peut aufh y fervir. On frotte ouvrage avec la pierre d'une main; &t ontient de l’autre une éponge imbibce d'eau , aveclaquelle on nettoye continuel- lement l'endroit. que lon vient de frotter , afin d’- ter par le lavage à chaque initant ce quia été em- porté de la fu:face de l'ouvrage ; pour cet efet, :l faut laver l'éponge de tems en tems, & la tenir toujours remplie d’eau fraîche, On frotte enfuite avec un tampon de linge, de l’eau, de la craie ou du taipoli. On fubflitue à cela du charbon de faule, broyé & pañlé très-fin, ou même des morceaux de 550 St'TAC charbons entiers, pout mieux pénétrer le fond des moulures , en employant toujours l’eau avec Pé- ponge qui en eft imbibée. On finit parfrotter l’ou- vrage avec un morceau de chapeau imbibé d'huile êt de tripoli en poudre très-fine ; &c enfin avec le morceau de chapeau imbibé d’huile feule. ; Lorfqu’on veut un fond de couleur, il fufit de dé- layer la couleur dans l’eau de colle, avant de s’en fervir à délayer leplâire. Il femble qu’on pourroit ajufter les pierres à po- ir dont on vient de parier, à des morceaux de bois - faits en façon de varloppes ou d’autres outils de me- nuifier ; les furfaces de l’ouvrage en feroient mieux dreflées, & les moulures plus exaétes; mais il faut fe fouvenir de laver toujours à mefure que lon frotte. Lorfqu’on veut imiter un marbre quelconque, on détrempe avec l’eau collée chaude,dans différens pe- tits pots, les couleurs qui fe rencontrent dans ce mar- bre ; on déliye avec chacune de ces couleurs un peu de plâtre ; on fait une galette à-peu-près grande comme la main, de chaque couleur; on met tou- tes ces galettes alternativement Pune fur l’autre, en mettant celles dont la couleur eft dominante, en plus grand nombre ou plus épaifles. On tourne fur le côté ces galettes qui étoientarrangées fur le plat; on les coupe/par tranches dans cette fituation, & on les étend enfuite promptement fur le noyau de l'ouvrage où on les applatit. C’eft par ce moyen que l’on vient à bout de repréfenter le deffein bifare des différentes couleurs dont les marbres font pénétrés. Si l’on veut imiter Les marbres qu’on appelle des bre- ches, on met dans la compoñirion de ces galettes, lorfqu’on les étend fur le noyau , des morceaux de différentes sroffeurs de plâtre délayé avec la cou- leur de la breche ; & ces morceaux venant à être applatis, repréfentent très-bien la breche, Il fautte- marquer que dans toutes ces opérations l’eau col- lée doit être un peu chaude , fans quoi le plâtre prendroit trop vite, & ne donneroit pas le tems de manœuvrer. Si c’eft fut un fond de couleur que lon veut re- préfenter des objets, comme des forêts, des payia- ges, des rochers, ou même des vafes , des fruits & des fleurs, il faut les deffliner fur le papier, piquer enfuiteles contours des figures du deffein , Les ap- pliquer fur le fond , après qu'il aura été prefque achevé de polir, & les ponceravec une poudre d’une couleur différente du fond, c’eft-à-dire du noir fi le fond eft blanc ; & du blanc fi le fond ef noir. On ar- rête enfuite tous les contours marqués par le pon- cif, voyez PONCIF , en les enfonçant profondément avec la pointe d’une alene dont fe fervent les Cor- donniers ; après quoi, avec plufieurs alenes dont on aura rompu la pointe pour , en les aiguifant fur une meule, én former de pentscifeaux ,on enlevera proprement toute la partie du fond:qui fe trouve con- tenue dans les contours du deffein qui eft tracé; ce qui formera fur le fond des cavités à-peu-près d’une de- mi-ligne de profondeur. +. Lotfque tout ce quieft contenu dans Pintérieur des contours du deflein, fera ainfi champlevé, on aura plufieurs petits pots ou godets, dans lefquels on tiendra fur du fable ou de la cendre chaude de l’eau collée, dans laquelle on aura délayé différen- tes couleurs ; on mettra un peu de plâtre dans la paume de la main, que l’on colorera plus ou moins, en y mêlant plus ou moins de cette eau colorée ; on remuera bien le tout fur la paume de la main avec un couteau à couleur dont les Peintres fe fervent, jufqu'à ce que l’on Sapperçoive qu'il commence à prendre un peu de confiftance ; alors on en prendra avec le couteau la quantité que lon jugera à pro- pos, que Pon placera dans un côté de l'intérieur du SP UV: creux de la figure que lon veut repréfenter, enpref fant avec le couteau &c uniffant par-deflus la partie du plâtre coloré que l’on vient de mettre, qui tou- che les contours de la figure. On détrempera enfuite promptement dans la main. un autre plâtre coloré , mais d’une nuance plus claï- re, qu'on placera dans le même creux , à côté de celui qu'on vient de mettre ; on aura quatre ou cinq aiguilles enfoncées parallelement par la tête au bout d’un petit bâton comme les dents d’un peigne, avec lefquelles on mêlera un peu la dermere couleur avec celle qu’on a pofée la premiere, afin que l’on n’ap- perçoive pas le paffage d’une nuance à lautre, & que la désradation en foit obfervée. On continuera à pofer anfi des nuances plus claires du côté de la lumiere , jufqu’à ce que le creux de la figure que l’on veut repréfenter , foit exattement rempli. Après on applatira légérement Le tout avec le couteau, & on laïflera fécher, Si on s’apperçoit, après avoir poli, queles nuan- ces ne font pas bien obfervées dans quelque endroit, on pourra avec une pointe faire des hachures dans cet endroit, &c faire entrer dedans un plâtre coloré plus en brun & fort liquide; 1l faut que ces hachu- res foient aflez profondes pour ne pouvoir être tout- à-fait emportées par le poli qu’on fera obligé de donner fur tout louvrage. On fe fert de cette der- niere manœuvre pour découper les feuilles des at- bres & celles des plantes, &c. | En général les figures indéterminées, comme les ruines, les rochers , les cavernes, &c. réufliflent toujours beaucoup mieux dans cette façon de pein- dre, que les figures qui demandent de l’exaétitude dans les nuances , 6c de la corre@ion de defflein, On polit les po de la même façon que l’on a dit pour les fonds ; &c fi l’on s’apperçoit, en polif- fant, qu'il fe foit formé quelques petits trous, on les remplit avec du plâtre délayé très-clair avec de l’eau coilée & de la même couleur. Il eft même d’u- fage , avant d'employer l’huile pour le poli, de paf- fer une teinte générale de plâtre coloré , & d’eau collée très-claire {ur toute la furface , pour boucher tous ces petits trous, I faut choïfir pour toutes ces opérations, le meil- leur plâtre êc le plus fin; celui qui efttranfparent, paroit devoir mériter la préférence. Pour les Couleurs , toutes celles que lon emploie dans la peinture à frefque, y font propres. Voyez PEINTURE A FRESQUE, Comme 1l doit paroïre fingulier que dans cette façon de peindre on ait prefcrit de fe fervir de la paume de la main pour palette, en voici la raïfon. Lorfqu'on détrempe le plâtre avec l’eau de colie colorée , on eft obligé de mettre une certaine quan- tité d’eau qui s’écouleroit fi on la mettoit fur une palette ; au lieu que l’on forme un creux dans la main qui la contient, & qu’en étendant. les doigts à mefure que le plâtre vient à fe prendre ; cette fin- ouliere palette , qui étoit creufe d’abord, devient plate quand il le faut, On pourroit ajouter à cela que la chaleur de la main empêche le plâtre de fe prendre trop vite. STUCATEUR , fm. (Archis, & Sculpt.) un ou< vrier ou un artifte qui travaille en ftuc. STUCIA , ( Géogr. anc, ) fleuve de la Grande- Bretagne : Ptolomée , Z. II, c, 17, marque fon em- bouchure fur la côte occidentale, entre Cancanorum promontorium , & l'embouchure du fleuve Tzerobis. Le manufcrit de la bibliotheque palatine lit Ssccia, au lieu de Srucia. Le nom moderne eft Seious , {elon Villeneuve : mais Camden, à quije m’en rapporte davantage en pareille matiere, dit que çe fleuve s’ap> pelle préfentement fuyeh, (D, I.) STUDIEUX , adj. (Gram.) qui aime l’étude, Un enfant fudieux ; un homme fudieux, STEDIOLO , fm. (Hife nat.) c’eft ainfi qu'on nomme à Rome un aflemblage ou afortiment de dif férentes efpeces de marbres, tant antiques que mo- dernes. Ils fonttaillés en morceaux minces ê quar- rés, polis par un côté. On vend ces fortes d’aflor- timens aux curieux plus ou moins cher , à propor- tion qu'ils font complets ; cela eft d'autant plus utile, que les Italiens donnent aux marbres , tant anciens _ que modernes , des noms affez bifarres &c difficiles à arranger dans la mémoire. Il faut feulèément prendre garde que quelquefois on mêle ces colle&tions, des arbres faétices | que les Romains favent très-bien imiter, STULINGEN , (Géog. mod.) petite contrée d’Al- emagne, avec le titre.de Zerdoraviar, dans le comté de Furflenberg , fur les confins du landeraviat de Nellemboure , & du canton de Schafhoule. (D.J.) STULPINI, ( Géog. anc.) peuple de la Liburnie. Pline, Z III €. xx, compte ces peuplesau nombre des quatorze cités qui compofoient la nation. Le P. Hardoun bit Suupini, parce que Ptolomée , y. IL, c. xvij. appelle leur ville Srace:, Suupi, STUPEUR , f. m. engourdiflement caufé par quel- que bandage qui arrête le mouvement du fang & des fluides nerveux , ou par un affoiblifiement dans les nerfs , comme dans une paralyfe , &c. Voyez PARA- LYSIE. STUPEFACTIF, adj. { Gram. ) qui engourdit ; il fe dit des remedes qui donnent de la flupeur aux parties mhlades , & leur ôtent la fenfibilité. STUPEFACTION, ff. (Gram.) engourdiflement d'une partie qui la rend incapable de mouvement & de fentiment. il fe dit auffi au figuré de leffet d’un grand étonnement, De-là fupefer, flupefant, flupe- fait , flupeur, | STUPIDITÉ , DÉMENCE, £ f. (Médec.) c’eft une maladie que la plüpart des gens resardent comme in- curable , quoique les médecins les plus fameux aflu- rent qu'on peut la guérir parfaitement, ou du moins en partie, au moyen de remedes convenables. Cette maladie provient de la mauvaife conforma- tion du cerveau, ou du mauvais état des efprits ani- maux , où de ces deux caufés enfemble. Les caufes générales de la frpidisé font la langueur des efprits ammaux, l’obftruétion des nerfs, leur hu- midité ou relâchement, la compreflion de leur origi- ne; c’eft pour cela que l’engorgement de fang dans le cerveau , les concrétions polypeufes, l’hydroce- phale, Papoplexie, la paralyfie font fuivis de la fupi. dite. Les caufes plus éloignées font la mollefle des f- bres , leur laxité trop grande, leur défaut de reffort , &c enfin l'épaififfement des humeurs, l'aquofité & lhumidité , la froideur du fang & des fucs qui fet- vent aux fonthons animales. De-là vient que les gens qui habitent les monta- gnes, les lieux marécageux & aqueux, ceux qui font endurcis au travail, quitranfpirent plus des extrémi-, | tés que de la tête, font fort fujets à la fupidiré. De-là vient auffi que ceux qui ont reçu une éduca- | tion honnête , qui ont été inftruits dans les belles- lettres , accoutumés à la réflexion, font moins fujets à la ffupidiré que les gens ruftiques , en qui l'habitude de la réflexion ne s’étant pas formée, l'incapacité de la réflexion adtuelle & du jugement paroît plus fen- fible. D'ailleurs le travail déterminant les efprits dans les mufcles , les détourne des fibres du cerveau, qui étant moins vibratiles & moins adives , deviennent calleufes & infenfibles aux trémouflemens que ces mêmes fibres produifent dans ceux quine font pas af- fectés de même. Les remedes indiqués dans la démence font tous Se TRE S5i Ceux qui peuvent reveiller Les efprits , rétablir le ton. des fibres, & rendre au cerveau Les ofcillations; mais ces moyens ont peu d’eftet dans la démence innée, & dans la démence accidentelle produite par Papople- xie , la léthargie &c la paralyfe. Voyez ces mala= LIEN | STURA, LA, (Géogr. mod.) ou la Srure, nom com- Müun à trois rivieres d'Italie, | 1°. Srura, riviere du Piémont. Elle prend fa fource dans la partie orientale de la vallée de Rarcelonette : coule dans le val de Srure,, arrofe la ville de Coni, celle de Foffano , &z fe rend dans le T'anaro , au-def- fous de la ville Cherafco. 2°. Stnra , riviere de la province de Turin. Elle a fa fource aux confins du Val de Morienne , dans la fontagne de Grofcaval , & fe jette dans le PO , au au-deflous de la ville de Turin. 3°. Szura, riviere du haut Montferrat. Elle naît près de Verrue, au fud-eft, & vient fe perdre dans le P6ô , à quelques lieues au-deflus de Cafal. (D.J.) STURIT , ( Géog. arc.) peuples de la bañle Ger- mamie, Pline, Z 1F, c, xv. les compte aunombre des peuples qui habitoient les îles Melium & Flevum-Of- tu , entre les embouchures du Rhin. On croit que ces peuples demeuroient dans le territoire de Stave- ren. STURIUM , (Géog. anc, } île de lamer Méditer- ranée fur la côte de la Gaule de Narbonnoife , telon Pline, Z. ZIL. c. v, C’étoitune des petites Stæcades, aujourd’hui Ribaudon. (2. J. STURMINSTER , ( Géog. mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans la province de Dorfet, {ur la ri- viere de Stoure, qu'on y pañle fur un pont de pier- re , au-deflus dé Blanford, | STUTGARD, (Géog. mod.) ville d'Allemagne ; au cercle de Suabe , capitale du duché de Wirtem= berg , dans une pläiñe proche le ‘Necker, à 6 lieues de Tubinge, à 12 à left de Bade ; c’eit la réfidence des ducs qui yontleur palais. Elleatrois fauxbouros, trois temples & cinq portes. Longir, 20, 47. larir, 48. 39: 42 — Borrhaus (Martin) naquit dans.cette ville en 14994 Il voulut établir en Allemagne lanabatifme, & “ayant pas réuffi, il revint à {a premiére religion, énfegna là rhétorique 87 la théologie , mit au jour des commentaires fur plufieurs livres du vieux T'éfta- nent , fut nommé Frot à Baîle, & y mourut de la pefte l'an 1564. Jæger (Jean-Wolfgang), théologien luthérien ; naquit à Sruigard en 1647, & mourut chancelier de Tubinge en 1720 à 73 ans. {l a misau jour en latin un grand nombre d'ouvrages théologiques, qu’on ne recherche plus aujourd’hui, Ses obfervations {ur Grotius & Pufendorf ne montrent pas un homme vérfé dans le droit de la guerre & de là paix. (2.1) | STUYVER., £. m.( Commerce, ) monnoie qui à - Couts'dans les Provinces-umies des Pays-bas, & dans quelques parties de la baffe Allemagne. Elle vaut en- viron deux fols argent de France, vingt f/uyvers font un florin d'Hollande, STYGIENNES, EAUX, (Chimie Alchimie.) quel: ques alchimiftes ont ainfi nommé les acides où dif- folvans qu’ils employoient dans les opérations. 7: 0ÿeg DissOLVANT € MENSTRUE, STYLE , ( Gramm. Rhérorig. Elog. Bel. ler) mas niere d’exprimet {es penfées de vive voix ) OU par écrit : les mots étant choifis & arrangés felon les lois de l'harmonie & du nombre , felativement à lé: lévation où à la fimplicité du fujet qu'on traite , il en réfulte ce qu’on appelle féy2e, FA Ce mot fipnifioit autrefois l'aiguille dont on fe fer. voit pour écrire fur les tablettes enduités de cire, Cetie aiguille étoit pointue par un bout, & applatie ÿ52 STY par l’autre , pour effacer quand on le vouloït : c’eft ce qui a fait dire à Horace, f&pe flylum vertas, effacez fouvent. Il fe prend aujourd’hui pour la maniere , le ton, la couleur qui regne fenfblement dans un ou- vrage ou dans quelqu’une de fes parties. Il y a trois fortes de f/yes , le fimple, ke moyen & le fublime, ou plutôt le //yle élevé. Le ffyle fimple s'emploie dans les entretiens famt- liers, dans les lettres, dans les fables. Il doit être pur, clair, fans ornement apparent. Nous en déve- lopperons les caraéteres ci-après. Le fly le fublime eft celui qui fait regner la nobleffe, la dignité, la majefté dans un ouvrage. Toutes les penfées y font nobles & élevées : toutes les expref- fions graves, fonores , harmonieules , éc, Le flyle fublime & ce qu’on appelle Le Jublime , ne font pas la même chofe, Celui-ci eft tout ce qui en- leve notre ame, qui la faifit, qui la trouble tout-à- coup : c’eft un éclat d’un moment. Le ffyle fublime peut fe foutenir long-tems : c’eft un ton élevé, une marche noble & majeftueufe. J'ai vu l’impie adoré [ur la terre : Pareil au cedre, il portoit dans les cieux CR à Son front audacieux : 17 fembloit a for gré gouverner le tonnerre, Fouloir aux piés Jes CT27201N1S VAITICUS © Je n'ai fait que palfer, il n’étoit déja plus. Les cinq premiers vers font du /y/e fublime , fans être fublimes , & le dernier eft fublime fans être du fiylefublime. | Le flyle médiocre tient le milieu entre les deux : 11 a toute la netteté du /fy/e fimple , &c reçoit tous les ornemens & tout le coloris de l’élocution. Ces trois fortes de flyles fe trouvent fouvent dans un même ouvrage, parce que la matiere s’élevant & s’abaiffant , le f/yle qui eft comme porté fur la matiere, doit s'élever aufh & s’abaifler avec elle, Et comme dans les matieres tout fe tient, fe lie par des nœuds fecrets , il faut aufli que tout fe tienne & {e lie dans les ffy/es. Par conféquent il faut y ména- ger les pañlages,, les haifons , affoiblir ou fortifier in- {enfiblement les teintes, à-moins que la matiere ne fe brifant tout-d’un-coup & devenant comme efcar- pée, le fly ne foit obligé de changer aufli brufque- ment. Par exemple, lorfqué Craflus plaidant contre un certain Brutus qui deshonoroit fon nom &c fa fa- mille , vit pafler la pompe funebre d’une de fes pa- rentes qu’on portoit au bucher,, 1l arrêta le corps, &z adreffant la parole à Brutus , 1l lui fit les plus terri- bles reproches : « Que voulez-vous que Julie an- » nonce à votre pere , à tous vos ayeux, dont vous » voyez porter les images ? Que dira-t-elle à ce » Brutus qui nous a délivré de la domination des » rois» Gc? Il ne s’agifloit pas alors de nuances n1 de liaifons fines. La matiere emportoit Le fyZe, & c’eft toujours à lui de la fvre. Comme on écrit en vers ou en profe, il faut d’a- bord marquer quelle eft la différence de ces deux genres de/#yle, La profe toujourstimide, n’ofe fe per- mettre les inverfons qui font le fel du /y/e poétique. Tandis que la profe met le régiflant avant le régime, la poéfie ne manque pas de faire le contraire. Si l'aétif eft plus ordinaire dans la profe , la poëfie le dédaigne , & adopte le pañlif. Elle entafle les épi- thetes, dont la profe ne fe pare qu'avec retenue: elle n’appelle point les hommes par leurs noms , c’eft le fils de Pélée, le berger de Sicile, le cygne de Dircée. L'année eft chez elle le grand-cercle , qui s’acheve par la révolution des mois. Elle donne un corps à tout ce qui eft fpirituel , & la vie à tout ce qui ne Va point. Enfin le chemin dans lequel elle marche ef couvert d’une poufliere d’or , ou jonché des plus belles fleurs. Joyez POËTIQUE, /Éy/e, Ce n’eft pas tout, chaque genre de poéfe à fon ton & fes couleurs. Par exemple ; les qualités prin- cipales qui conviennent au f/y/e épique nt la force, l'élégance , l'harmonie & le coloris. Le fyle dramatique a pour regle générale de de- voir être toujours conforme à létat de celui qui parle. Un roi, un fimple particulier , un commer- çant, un laboureur, ne doivent point parler du même _ ton: mais ce n’eft pas aflez; ces mêmes hommes font dans la joie ou dans a douleur , dans Pefpérance ou dans la crainte : cet état aftuel doit donner encore une feconde conformation à leur fy/e, laquelle fera fondée fur la premiere , comme cet état a@uel eft : fondé fur l’habituel ; &c c’eft ce qu’on appelle /4 con. dition de la perfonne. Voyez TRAGÉDYE. Pour ce qui regarde la comédie, c’eft aflez de dire que fon f/yle doit être fimple , clair, familier , ce- pendant jamais bas, ni rampant. Je fais bien que la comédie doit élever quelquefois fon ton, mais dans {es plus grandes hardiefles elle ne s’oublie point ; elle eft toujours ce qu’elle doit être. Sielle alloit jufqu’au tragique , elle-feroit hors de fes limites : fon /ye de- mande encore d’être aflaiflonné de penfées fines, délicates, & d’expreflions plus vives qw’éclatantes. Le flyle lyrique s'éleve comme un trait de flamme , & tient par fa chaleur au fentiment & au goût : il eft tout rempli de l’enthoufiafme que lui infpite lob- jet préfent à fa lyre ; fes images font fublimes, & fes fentimens pleins de feu. De-là les termes riches, forts, hardis , Les fons harmonieux, les figures bril- lantes, hyperboliques , & les tours finguliers de ce genre de poëfie. Voyez; ODE, POÉSIE LYRIQUE & POETE LYRIQUE. Le flyle bucolique doit être fans apprèêt, fans fafte, doux, fimple, naïf &c gracieux dans fes defcriptions. Voyez PASTORALE , poéfre. Le flyle de l’apologue doit être fimple , familier, riant, gracieux , naturel & naïf. La fimplicité de ce fiyle confifte à dire en peu de mots & avec les ter- mes ordinaires tout ce qu'on veut dire. Il y a cepen- dant des fables où la Fontaine prend leflor ; mais cela ne lui arrive que quand les perfonnages ont de la grandeur & de la noblefle. D'ailleurs cette éléva- tion ne détruit point la fimplicité qui s’accorde , on ne peutmieux, avec la dignité. Le familier de l’apo- logue eft un choix de ce qu'il y a de plus fin & de plus délicat dans le langage des converfations ; le riant eft caractérilé par fon oppoñition au férieux , & le gracieux par fon oppoñition au defagréable : Ja majeflé fourrée , une Hélene au beau plumage , font du /fyle riant. Le /fyle gracieux peint les chofes agréa- bles avec tout l'agrément qu’elles peuvent recevoir. Les lapins s'égayoient, 6 de thim parfumoient leurs banquets. Le naturel eft oppofé en général au recher- ché, au forcé. Le naïf l’eft au réfléchi, & femble n’appartenir qu’au fentiment, comme la fable de la laitiere. Pañlons au /fy/e de la profe : il peut être périodique ou coupé dans tout genre d'ouvrage, | Le ffyle périodique eft celui où les propoñitions cu les phrafes font liées les unes aux autres, foit par le fens même, foit par des conjon@ions. Le /yle coupé eft celui dont toutes les parties font indépendantes & fans haïfon réciproque. Un exem- ple fuffra pour les deux efpeces. « Si M. de Turenne n’avoit fü que combattre & » vaincre, s’il ne s’étoit élevé au-deflus des vertus » humaines , fi fa valeur & fa prudence m’avoiens » été animées d’un efprit de foi & de charité, je le » mettrois au rang des Fabius & des Scipions ». Voi- là une période qui a quatre membres, dont le fens eft fufpendu. Si M. de Turenne n’avoit fà que com- battre & vaincre, &c, ce fens n’eft pas achevé, parce que. la conjonétion ff promet au-moïins un fecond membre membre ; ainfi le {y/e eft là périodique. Le veut:on coupé, 1! fuffit d’ôter la conjonétion : M, de Turenne a fu autre chofe que combattre & vaincre, il s’eft élevé au-deflus des vertus humaines ; {à valeur & fa prudence étoient animées d’un efprit de foi & de charité ; il eft bien au-deflus des Fabius, des Sci- pions. Ou fi l’on veut un autre exemple : « Il pafle » le Rhin, il obferve les mouvemens des ennemis ; » ilreleve le courage des alliés, &c ». Le /fyle périodique a deux avantages fur le f/y4e cou- pé: le premier, qu'il eft plus harmonieux ; le fecond, qu'il tient l'efprit en fufpens. La période commen- cée , l’efprit de l'auditeur s’engase , & eft obligé de fuüvre l’orateur jufqu'au point, fans quoi il perdroit le fruit de lattention qu'il a donnée aux premiers mots. Cette fufpenfon eft très-agréable à l’auditeur, elle le tient toujours éveillé & en haleine. Le flyle coupé a plus de vivacité & plus d’éclat : on les emploie tous deux tour-à-tour., fuivant que la matiere l’exige. Mais cela ne fufit pas à-beaucoup- près pour la perfeion du /{y£e : il faut donc obfer- ver avant toutes chofes que la même remarque que nous avons faite au fujet de la poëfie, s’applique éoa- lement à la profe , je veux dire que chaque genre d'ouvrage profaique demande le JEy le qui lui eit pro- pre. Le fye oratoire, le /2y/e hiftorique & le fyle épiftolaire ont chacun leurs regles, leur ton, & leurs Ois particulieres. Le /fyleoraioire requiert un arrangement choifi des penices &c des expreflions conformes au fujet qu’on doittraiter. Cet arrangement des mots & des pen- fées comprend toutes les éfpeces de figures de rhé- torique , &t toutes les combinaïifons qui peuvent produire l'harmonie & les nombres. Voyez ORA- TEUR , ORATEURS grecs G romaiss , ELOCUTION, ÉLOQUENCE , HARMONIE , MÉLODIE , NOMBRE, Étc. PE \ | Le caraëtere principal du f£y4 hiflorique, eft la clarté, Les images brillantes fisurentavecéclat dans lhiftoire : elle peint les faits; c’eft le combat des Horaces & des Curiaces ; c’eft la pefte de Rome, larrivée d’Agrippine avec les cendres de Germani- cus, où Germanicus lui-même au lit de la mort. Elle peint les traits du corps, le cara@tere d’efprit, les mœurs. C’eft Caton, Catilina, Pifon ; la fimplicité fied bien au /lyde de l'hiftoite ; c’eft en ce point que Céfar s’eft montré le premier homme de fon fiecle, Il n’eft point fnifé, dit Cicéron, ni paré ni ajufté, mais il eft plus beau que s'il 'étoit, Une des princi- pales qualités du /fy2e hiflorique, &’eft d’être rapide; enfin il doit être proportionné au fujet, Une hiftoire générale ne s'écrit pas du même ton qu’une hiftoire particuliere; c’eft prefque un difcours foutenu ; elle eft plus périodique & plus nombreufe. _ Le jfyle épiflolaire doit fe conformet à. la nature des lettres qu’on écrit, On peut diftinguer deux for- tes de lettres ; les unes philofophiques, où l’on traite d’une mamege libre quelque fujet littéraire ; les au tres familieres, qui font une efpece de converfation entre les abfens ; /e Jyle de celle-ci doit reffembler à celui d’un entretien, tel qu’on l’auroit avec la per- fonne même fi elle étoit préfente. Dans les lettres philofophiques, 11 convient de s'élever quelquefois avec la matiere, fuivant les circonflances. On écrit d’un ffy4 fimple aux perfonnes les plus qualifiées au- deflus de nous; on écrit à fes amis d’un /fy£e fani- her. Tout ce qui eft familier eft fimple; mais tout ce qui eft fimple n’eft pas familier. Le carattere de fimplicité fe trouve {ur-tout dans les lettres de ma- dame de Maintenon : rien de fi afé, de fi doux , de finaturel. Le /Éyle épiflolaire n’eft point aflujetti aux lois du difcours oratoire: fa marche eft fans’ contrainte : #'eit le trop de nombres qui fait le défent des lettres ” Tome XF. Di gt | S TY 52 de Balzac, I eff üne forte de néghgënce Guiplait, de même qu'il y a des femmes à qui 1 fied bien de n'être point parces. Telle eft l’élocution fimple 3 agréable & touchante fans chercher À le paroître ; elle dédaigne Ja fifare, les perles, les diamans , le blanc, le rouge , &r tout ce qui s'appelle fard &r or: nement étranger. La propreté feule, jointe aux pra ces naturelles, lui fufit pour fe rendre agréable. Le ffyle épiflolaire admet toutes les figures de mots & de penfées, mais il les adimet À fa maniere. I ya des métaphores pour tous les états ; les fufpenfons, les interrogations font ici permifes, parce que ces tours font les expreflions même de la natute. Mais foit que vous écriviez une lettre, une hit toire, une oraïfon, ou tout autre ouvrage ; n'oubliez jamais d’être clair. La clarté de larrangement des paroles & des penfées, eft la premiere qualité du file On marche avec plaifir dans un beau jour, tous les objets fe préfentent agréablement ; mais lorf. que le ciel s’obfcurcit , 1l communique fa noirceur à tout ce qu'on trouve fur la route, & n’a riën qui dédommage de la fatigue du voyage. | À la clarté de votre fly, joïgnez s'il fe peut la noblefle & l'éclat ; c’eft par-là que admiration com: mence à naître dans notre efprit. Ce fut pär-là que Cicéron plaidant pour Cornélius, excita ces empor- temens de joie & ces battemens de mains, dont le barreau retentit pour-lors ; mais l’état dont Je parle doit {e foutenir; un éclair quinous éblouit pañle lége- rement devant les yeux, & nous laifle dans la tran- quillité où nous étions auparavant ; un faux brillant nous furprend d’abord & nous agite ; mais bientôt après nous rentrons dans le calme, & nous avons honte d’avoir pris du clinquant pour de l’or, Quoique la beauté du /fyZ dépende des ornemens dont on fe fert pour l’embellir, il faut les ménager avec adrefle ; car un ffyle trop orné devient infipide ; il faut placer la parure de même qu’on place les per- les &cles diamans fur une robe que l’on veut enrichir avec goût. | Tâchez fur-tout d’avoir un /yle qui revête la cou- leur du fentiment, cette couleur confifte dans cer- tains tours de phrafe, de certaines figures qui ren- dent vos expreflions touchantes. Si l'extérieur eft trifte, le fyZe doit y répondre, Il doit toujours être conforme à la fituation de celui qui parle. . Enfinil eft une autre qualité du file qui en- chante tout le monde, c’eft la naïveté! Le fév le naïf ne prend que ce qui eft né du fujet & des citconf- tances : le travail n’y paroît pas plus que s’il n’y en avoit point ; c’eft le dicendi venus Jimplex, fincerum, zativum des Latins, La naïveté du féyle confifte dans le choix de certaines expreflions fimples qui paroif fent néès d'elles -mêmes plutôt que choïfies ; dans des conftruétions faites comme par hafard, dans cer- tains tours rajeunis, & qui confervent encore un air de vieille mode. Il eft donné à peu de gens d’avoir en partage la zaivesé du flyle ; elle demandeun goût raturel perfettionné par la le@ture de nos vieux au- teurs françois, d’un Amyot ; par exemple, dont la nalveté du ftyle eft charmante. Il patoït aflez par tous ces détails, que les plus grands défauts du /#y/ font d’être obfcur , bas, em- poulé, froid , ou toujours uniforme. Un Jlyle qui eft obfeur & qui n’a point de clarté eft le plus grand vice de l’élocution , foit que lobfcu- rité vienne d’un mauvais arrangement de paroles, d’une conftruétion louche & équivoque; ou d’une trop grande brieveté. Il fant, dit Quintilien,, non- feulement qu'on puiffe nous entendre, mais qu'on ne puifle pas ne pas nous entendre ; la lumiere dans. un écrit doit être comme celle du foleil dans l’uni: vers, laquelle ne demande point d’attention pou être vue, 1l ne faut qu'ouvrir les yeux. j À Aaa ft STY La baffeffe du flyle, confifte principalement dans rune didion vulgaire, sroffiere, feche, qui rebute èc ‘dégoûte le lecteur. | Le fyle empoulé, neft qu'une élévation vicieute, 41 reflemble à la bouffiffure des malades. Pour-en connoîère le ridicule, on peut lire le fecond chapi- tre de Longin, qui compare Clitarque, qui n’avoit que du vènt dans fes écrits , à un homme qui ouvre une grande bouche pour foufiler dans une petite flute. Ceux qui ont l'imagination vive tombent aifé- ment dans lenflure du ffy4e, enforte qu’au -lieu de tonner, comrne ils le croient , ils ne font que nraifer ‘comme des enfans. A Le ffyle froid vient tantôt de la fférihté, tantôt de l'intempérance des idées. Celui -1à parle froïde- ment, qui n’échauffe point notre ame, &£ qui ne fait point Pélever par la vigueurde fes idées & de fes ex- preflions. Le fhyle trop uniforme nous afloupit 8c nôus endort, Voulez-vous du public mériter les amours, Sans ceffe en écrivant variez vos difours ; Un ftyle crop égal & toujours uniforme | En vain brille a nos yeux, il faut qu'il nous endorme. On lit peu ces aufeurs nes pOur NOUS eRTLYET Qui toujours fur ur 102 femblent pfaimodier. La variété néceflaire en tout , l’eft dans fe difcours plus qu'aitleurs. Il faut fe défier de la monotone du fêyle, & favoir pafler du grave au doux ; du plaifant au févere: Enfin, fi quelqu'un me demandoiït la maniere de fe former lei j4yle, je lui répondroïs en deux mots, avec l’auteur des principes de littérature, qu'il faut premierement lire beaucoup & les meilleurs écri- vains ; fecondement, écrire foi-même & prendre un cenfeur judicieux; troïfiemement , imiter d’excel- lens modeles, & tâches de leur reflembler. Je voudrois encore que l’imitateur étudiât les hommes ; qu'il prit d’après nature des expreffions qui foient non-feulement vraies, comme dans un portrait: qui reflemble,, mais vivantes 8€ animées comme le modele même du portrait. Les Grecs avoient l’un &c l'autre en partage, le génie pour les éhofes , & le talent de l'expreffion. Îl n’y à jamais eu. de-penple qui ait travaillé avec plus de goût & de ffyle ; ils burinoient plutôt qu'ils ne peignoïent, dit Denis d'Halycarnafle. On fait les efforts prodi- gieux que fit Démofthène, pour forger ces foudres, que Philippe redoutoit plus que toutes les flottes de lairépublique d'Athènes: Platon à quatre - vingt ans’polifloit encore fes dialogues. On trouva. après fa mort}, desicorreétions qu'il avoit faites à cet âge fur festablettes, ( Lechevalier DE JAucOURT.) STYLE, harmonie dui Voyez ORATOIRE , HARMO- NI, ÉLOQUENCE, (D. J.) Say, ( Logig.) le ffyle des Logiciens &c des Phi- lofophes: ne doit avoir d'autre but que d'expliquer éxattemientnos penfées aux autres; C’éft pourquoi il convient d'établir quelques regles particulières à ce genre de f/yLe; telles. font les fuivantes. - 1°, De né s’écarter jamaïsdes fignifications reçues des termes) N - 2°. Quelésmêmestermes foient toujours pris dans le même fens. | cri | Ÿ 3% Delfxer la: fignification des mots qui ontun fens vapguelêr indéterminé. 4% De défigner les objets eflentiellement différens par desnoms différens. | -15°. Lelogicien ou le philofophe doit toujours ufer des expreffionsles plus propres, &t ne pointemployer plus de mots'que ceux qui lui font précifément né- ceflaires pour établir la-vérité de la propoñition qu'il avance: oyezà ce-fujet Wolf, Difc. prélirnin, de la dogique, sv, (DJ) + sw STYLE ORIENTAL, ( Proft 6 Poëfte.) le ffyle oriere tal à cèt avantage, qu'il éleve Pame, qu'il foutient lattention, & qu'il fait lire avec une forte de plaifirs des chofes qui pour le fond/ne font pas toujours nouvelles. (D. J.) STYLE, Poëfie du, (Poëfe. ) la poëfe du flyle, comime M. le Batteux l’a remarqué, comprend les penfées, les mots, les tours , &t l'harmonie. Toutes ces parties fe trouvent dans la profe même; mais comme dans les arts, tels quela Poëfie, il s’agit non- feulement de rendre la mature, & de la rendre avec: tous fesasrémens & fes charmes poffibles ; la Poëfie, pour arfiver à fa fn, a èté en droit d’y ajouter un depré de perfe&tion., qui les élevât en quelque forte au-deflus de leur condition naturelle. | _ C'eft pour cette raifon que les penfées, es mots ; les tours, ont dans la Poëfñe une hardiefle, une L= bérté , une richefle, qui paroîtroit exceflive dans le langage ordinaire. Ce font des comparaïlons toutes nues, des métaphores éclatantes ; des répétitions vives, des apoñftrophes fingulieres. C’eft Aurore, fille du matin, qui ouvre les portes de lorient avec fes doigts de roles ; c’eft un fleuve appuyé für fon urne penchante, qui dort aubruit flatteur defon onde naiflante; ce font les jeunes zéphirs qui folâtrent dans les prairies émaillées, ou les nayades qui fe jouent dans leurs palais de cryftal; ce n’eft point ur repas, c’eft une fête. | La poëfie du fiyle confifte encore à prêter des fen- timens intéreflans à tout ce qu’on fait parler, com= me à exprimer par des figures, & à préfenter fous des images capables de nous émouvoir , ce qui ré nous touchetoit pas, s’il étoit dit fimplement en //yde profaique. | Mais chaque genre de poëme a quelque chofe de particulier dans la poëfée de fon fiyle; da plupart des images dont il convient que le ffy/e de la tragédie foit nourri, pour ainfi dire, font trop graves pour le ffyle de la comédie ; du-moins le poëme comique ne doit-il en faire qu'un ufage très{obre. Il ne doit les émployer que comme Chrémès , lorfque ce perfonnage entre pour un moment dans une-pafor tragique. Nous avons déjà dit dans quelques arti= cles, que les églogues empruntoient leurs peintures &c leurs images des objets qui parent la campagne , & des événements de la vie ruftique. La poëfe du ffyle de la fatyre doit être nourrie des imagesies plus propres exciter notre bile, L’ode monte dans les cieux , pour y emprunter fes images &t fes compa= taifons du tonnerre, des aftres, &c des dieux mê= mes : mais ce font des chofes dont l'expérience a déjà inftruit tous ceux qui aiment la Poëfie: | Il faut donc que nous croyions voir, pour ainfi dire, en écoutant des vers: ut pittura poejrs , dit Ho» face. Cléopatre s’attireroit moins d'attention, fr le |. poëte lui faufoit dire en /fy/e profaique aux miniftres Odieux de fon frere : ayez peur, méchans ; Céfar qui-eft jufte, va venir la force à la man; ilarrive avec des troupes. Sa penfée a bien un autre éclat ; ellé paroît bien plus relevée, lorfqu’elle eftrevétue de figures poétiques, & lorfqu’elle met eritre les mains de Céfar , l’infrument de la vengeance de Ju piter. Ce vers, Tremblez , méchans ,tremblez : voici venir la foudrea ie préfente Céfar armé du tonnerre, & les meur- triers de Pompée foudroyés. Dire fimplement qu'il n’y a/pas un grand mérite à fe faire amerd'un hom- me qui devient amoureux facilement; mais qu'ibeft beau de fe faire aimer par un homme qui ne témoi- _gna jamais de difpofirion à l'amour; ce feroit dire une vérité commune , & qui ne s’attireroit pas beau coup d'attention. Quand Racine met dans la bouche d'Aricie cette vérité, revêtue des beautés que lux, prete Ta podfe de fon ffyle, elle nous charme. Nous fommes féduits par les images dont le poëte fe {ert * pour lexprimer ; & la pente de triviale qu’elle fe- roit, énoncée en /#ye profaique, devient dans fes, vers un difcours éloquent qui nous frappe, & que nous retenons + | Pourmoi, is plus frere, € fuis la gloire aifte D'arracher Zn hommage 4 mille autres offert, Ær dentrèr dans un éœur de toutes parts ouvert, Mass de faire fléchir un courage inflexible , De porter la douleur dans une ame infenfible , D’enchaîner un capnif de fes fèrs étonné , Contre un joug qui lui plais vainement mutiné, «Voila ce qui me plait, voila ce qui mirrite, | Phedre, aûte IT. Ces vers tracent cinq tableaux dans l'imagination, Un homme qui nous diroit fimplement : je mour- rai dans le même château où je fuis né, ne touche- soit pas! beaucoup. Mourir eft la-deftinée de tous les hommes ; & finir dans le fein de fes pénates, c’eft la deflinée des plus heureux. L’abbé de Chau- lieu nous préfente cependant cette penfée {ous des images qui la rendent capable de touchér infini- nent : ; Fontenay, lieu délicieux, ! Où je vis d'abord la lumiere ; Bien-166 an bour de ma carriere Chez toi je joindrai mes ayeux. Mufes qui dans ce lieu champésre Avec foin me fes nourrir, Beaux arbres qui m'avez vu naître; Biern-t0t vous me verreg mourir. Ces apoñtrophes me font voir le poëte en conver- fation avec Les diviités & avec les arbres de ce lieu. Je n'imagine qu'ils font attendris par la nouvelle qu'il leur annonce; & le fentiment qu’il ieur prête, fait naître dans mon cœur un fentiment approchant du leur. La poéfie du fiyle fait la plus grande différence qui loit entre les vers & la profe. Bien des métaphores qui pañleroient pour des figures trop hardies dans le Jiyle oratoire le plus élevé , font reçues en poele ; les images & les figures doivent être encore plus fré- quentes dans la plüpart des genres de la Poéiie, que dans les difcouts oratoires ; la Rhétorique qui veut perfuader notre raifon, doit toujours conferver un air de modération & de fincérité. IL n’en ef pas de même de la Poéfie qui fonge à nous émouvoir pré- férablement à toutes chofes, & qui tombera d’ac- cord , fi Fon veut, qu’elle eft fouvent de mauvaife foi. Suivant Horace, on peut être poëte en un dif- cours en profe ; & l’on n’eft fouvent que profateur dans un difcours écrit en vers. Quintilien explique fi bien la nature & l’ufage des images & des figures dans les derniers chapitres de fon huitieme livre y À dans les premiers chapitres du livre fuivant, qu'il ne laïfle rien à faire , que d’admirer {a pénétration &f{on grand fens. ; Cette partie de la Poéfe la plus importante, eft en même tems la plus diffcile : c’eft pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire; c’eft pour trouver les expreflions propres à leur don- ner l'être, qu'il a befoin d’un feu divin, & non pas Pour rimer. Un poëte médiocre peut , à force de confultations & de travail, faire un plan régulier , & donner des mœurs décentes à fes perfonnages ; mais il n’y a qu'un homme doué du génie de l’art, qui puifle foutenir fes vers par des fiétions continuel- les , & par des images renaiflantes à chaque période, Un homme fans génie, tombe bien-tôt dans la froi- deur qui naît des-figures qui manquent de juftefle, êT qui ne peignént point nettement leur objet; ou dans le ridicule qui naît des figures , lefquelles ne Tome XV, \ | S T1 $5$ font point convenables au fujet. Telles font, pat exemple, les figures que met en œuvre le carme auteur du poëme de la Magdelaine, Qui forment fous vent des images grotefques , où le poëte ne devoit nous Offrir que des images férieufes. Le confeil d’un anu peut bien nous faire fupprimer quelques figures impropres où mal imaginées ; mais il ne peut nous infpirer le génie néceflaire pour inventer celles dont il conviendroit de fe fervir, & qui font la poëf£e du fiyle ; le fecours d’autrui ne fauroit faire un poêtez il peut tout au plus lui aïder à fe former. Un peu de réflexion fur la deftince des poërnes françois publiés depuis cent ans , achevera de nous perfuader, que Le plus grand mérite d’un poème, vient de la convenance &: de la continuité des ima- ges &c des peintures que fes vers nous préfentent. Le caractere dela podfe du fiyle a toujours décidé du bon ou du mauvais fucces des poëmes, même de ceux qui par leur étendue, femblent dépendre le plus de Péconomie du plan, de la difttibution , de lation , & de la décence des mœurs: Nous avons deux tragédies du grand: Corneille ; dont la conduite & la plüpart des caraétetés font très défeétueux, le cid & la mort de Pompée, On pour- toit même difputer à cette derniere piece le titre de ragedie ; cependant le public enchanté par la poë- fie du lyle de ces ouvrages , ne fe lafle point deles admirer; & il les place fort au-deflus de plufieurs autres, dont les mœurs {ont meilleures, & dont le plan eft régulier. Tous les raifonnémens des eriti= ques ne le perfuaderont jamais, qu'il ait tort de pren- dre pour des dus excellens deux tragédies, qui depuis un fiecle, font toujours pleurer les fpedta- teurs, | Nos voifins les Italiens ont auf deux poëmes.épi= ques en leur langue [4 Jérufalem délivrée du Tafe : &c le Roland furieux de l’Ariofte , Qui, comme l’Ilia- de & l’Eneïde , font devenus des livres de la biblio- theque du genre humain, On vante le poëme du Tafle pour la décence des mœurs, pour la dignité des caraëteres, pour l’économie du plan ; en un mot pour fa régularité. Je ne dirai rien des mœurs , des carac- teres,de la décence & du plan du poëme de l’'Ariofte. Homere fat un géometre au près de lui; & lon fait le beau nom que le cardinal d’Eft donna au ramas in- forme d’hiftoires mal tiflues enfemble qui compofent le Roland furieux. L'unité d’aion y eft fi mal obfer- vée, qu'on a été obligé dans les éditions poftérieu— res d'indiquer , par une note mife à côté de l'endroit où le poëte interrompt une hiftoire » l'endroit du poëme où il la recommence, afin que le leéteur pufle fuivre le fil de cette hiftoire. On a rendu en cela un erand fervice au public ;.car on ne lit pas deux fois l’Ariofte de fuite, & en paflant du premier chant au fecond , & de celui-là aux autres faccefivement % mais bien en fuivant indépendamment de l’ordre des livres, les différentes hiftoires qu'il a plutôt incor- pôrées qu’unies enfemble. Cependant les Italiens , généralement parlant, placent PAriofte fort au-def. lus du Tafle. L’académie de la Crufca, après avoir examiné le procès dans les formes, a fait une déci- fon autentique qui adjuge à lAriofte le premier rang entre les poètes épiques italiens. Le plus zélé défen- feur du Tafle, Camillo Pelegrini, confefle qu’il at taque l'opinion générale, & que tout le monde à dé- cidé pour lArioîte, féduit par la poéfie de fon fye. Elle l'emporte véritablement fur la poëfie de la Jéru- falem délivrée, dont les fioures ne font pas fouvent convenables à l’endroit où le poëte les mét en œu- vre. Il y a fouvent encore plus de brillant & d'éclat dans fes figures que de vérité. Je veux dire qu’elles furprennent & qu’elles éblouiffent Pimagination, mais qu'elles n’y peignent pas diftinement des iages propres à nous émouvoir. . AÂaail s:6 S, Toy l réfuite de tout ce détail, que le meilleur poeme eft celui dont la leure nous touche davantage ; êc que c’eft celui qui nous féduit au point de nous ca- cher la plus grande partie de fes fautes, & de nous faire oublier volontiers celles mêmes que nous ayons vues, & qui nous ont choqués. Or c’eft à-propor- tion des charmes de la poëfe du flyle qu'un poëme nous intérefle, Du Bos, réflexions fur la pofre. (2.7.5 | © STYLE, (Peinr.) le ffyle appartient en peinture à la compoftion & à l'exécution ; il y a des peintres qui travaillent dans un f/yZ héroïque, &c d’autres dans un /fy/e'champêtre. Pour ce qui concerne l’exé- cution, un tableau peut être d’un /y/ ferme , ou d’un fyLe poli. Le ffy£ ferme eft une touche harcie, qui donne de la force & de Paétion à louvrage , tels font les tableaux de Michel-Ange. Le f/yle pol finit & termine toutes chofes : c’eft à quoi fe font le plus attachés les peintres hollandois. Le f/yle ferme eft quelquefois trop dur , & le f/y/e poli trop compolé, trop travaillé, mais leur uñion fait les délices des amateurs. (12. J.) STYLE, ex Mufique , eft la maniere de compofer , d'exécuter & d’enfeigner, Cela varie beaucoup fe- lon les pays , le caratere des peuples &c le génie des auteurs ; felon les matieres, les lieux, les tems, les fujets 87 les expreffions, É’c. On dit le f£y£e de Handel, de Rameau , de Lully , de Deftouches, Ge. le Jlyle des Itahiens, des Fran- cois, des Efpagnols , &c. | Le flyl des mufiques gaies & enjouées eft bien différent du f/yle des mufiques graffes ou férieutes. Le ftyle des mufiques d'églite n’eft pas le même que celui des mufiques pour le théâtre ou pour la cham- bre. Le flyle des compoñitions italiennes eft piquant, fleuri, expreffif: celui des compofñtions françoifes eft naturel, coulant, tendre , &c. _ De-là viennent des diverfes épithetes qui diftin- guent ces différens ffyles ; on dit fhyle ancien & mo- derne ; ffyleitalien, françois ,allemard , Gc. fiyle ec- cléfiaftique , dramatique , de la chambre, &+. fyle gai, enjoué , fleuri ; fly piquant, pathétique, ex- prefüf, féyle grave, {érieux, majeftueux ; ffyle na- turel, coulant, tendre, affeétueux:; //y/e grand, fu- blime, galant; /£yle familier , populaire , bas, ram- pant. Sy le dramatique ou récitatif, c’eft un /fy/e propre pour les pañions. Voyez RÉCITATIF. Sryle eccléfiaftique , c’eft un //y/e plein de majefté, grave & férieux, & capable d’infpirer la piété. Srile de motet, c'eft un féye varié , fleuri , &c fuf- ceptible de tous les ornemens de l'art; propre par conféquent à remuer les paffions, mais fur-tout à ex- citer l'admiration, l’étonnement , la douleur, &c. Voyez MOTET- Szyle de madrigal ; c’eft un Jiyle affeëté à la ten- drefle, à l'amour , à la compañfion &t aux autres pal fions douces. Poyez MADRIGAL. SLyle hyporchematique , c’eftle Jiy/e qui convient au plaïfr, à la joie, à la danfe, 6e, & plein par con- féquent de mouvemens prompts , vifs, gais & bien marqués. Szyle fymphonique ; c'eft le fiyle des infirumens. Comme chaque inftrument a fa deftination particu- liere , il y a auffi fon /£y4e. Le fiyle des violons , par exemple, eft ordinairement gai, celui des flûtes ef trifte, languiflant, &c. celui des trompettes, animé, gai, martial, 6vc. Style mélifmatique , c’eft un féyle naturel , &c fur lequel on chante prefque fans avoir appris ; il eft propre pour les ariettes , les vilanelles , les vaude- villes, éc. | Scyle de phantaifie, ou phantaïfe,/tylo phantaftico; c'eft un fiyle d'inftrument ou une maniere de çom- ST Y pofer & d'exécuter, libre de toute contrainte, 64: : Siyle de danfe, fiylo: choraïco ; il fe divife en autant de branches différentes qu'il y a de différens caratteres de danfe. Il y a donc le /yZe des faraban- des , des menuets, des paflepiés , des gavottes, des tigaudons , des bourées, des gaillardes, des couran- tes, Gc. Voyez ces mots. ; _ Les anciéns avoient aufli leurs /fy&es différens dont nous avons parlé aux #0f5s, Mones , MÉLOPKE, Ge. (S) STYLE, )Lirtérat.) fiylus, c'étoit, comme je Viens de dire, un poinçon, ot une grofle aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivoient fur des ta- blettés enduites de cire. Voyez TABLETTE ez cire. Quintiien confealle pour apprendre aux en- fans à'écrire, de faire graver toutes les lettres fur une planche , afin que la trace des caraéteres diripeat le Jéyle ,"8 que, la main trouvant üne égale réfiflance aux extrémités, ne fortit point de fon modele ; par cette méthode l’enfant, à force d’r miterrdes caraéteres fixes , ne pouvoit manquer de rendre promptément fa main iüre, fans aucun befoin de maître pour la conduire ; car, ajoute notre judi- cieux critique , c’eit une chofe fort importante de favoir écrire bien, & vite; & c’eft ce que lesper= fonnes de condition négligent un peu trop. Si Quin- tilien vivoit parnu nous, 1l auroit dit zégZgens au point, qu'on reconnoïtun homme de qualité à fon écriture illifible & aux fautes d’ortographe. (2, J.) STYLE, ez Chronologie , ( Hife. mod: ) figmifie une maniere particuliere de fupputer le rems par rapport au retranchement de dix jours du calendrier dans la réformation qui en fut faite fous Grégoire XII, Le jtyl eft ancien ou nouveau. Le vieux /tyle eftla maniere de compter felon [e calendrier Julien, qu’on fuit en Angleterre & dans quelques autres états proteftans , qui ont refufé d’ad- mettre la réformation. Voyez JULIEN. Le nouveau /iye eft la maniere de compter fui- vant le calendrier Grégorien , qui eft fuivi par les ca- tholiques & par d’autres, en conféquence de la ré- formation. Voyez GRÉGORIEN. Ainfi il y a une différence de dix jours entre le vieux ftyle & le nouveau ; le dernier avance beau- coup devant le premier, de façon que quand les ca- tholiques , par exemple, comptent le 21 de Mai, nous ne comptons que Le 11. Cette différence de dix jours eft accrue d’un jour en 1707, & eft maintenant de 11 jours; par la raï- fon que cette année n’étoit pas biffextile dans le vieux Jiyle , & qu’elle l’étoit dans le nouveau ; de forte que lé dixieme de lun répondoit au vingt-unieme de l’au- tre. Cependant il y a différens endroits , même parmi les proteftans,où on a commencé à admettre le nou- veau fryle ; & il eft affez vraifflemblable qu'avec le tems le vieux /éyle fera tout-à-fait abandonné. A la diette de Ratisbonne , en 1700, 1l a été réfolu par le corps des proteftans de l’empire, qu’on retranche- roitonze jours du vieux /£yle pour l’ajufter à avenir au nouveau : le même réglement a été fait depuis en Suede & en Danemark; l'Angleterre eft prefque le feul état qui retienne le vieux/iyZ. Voyez CALEN- DRIER. STYLE DE CHASSE, voyez CHASSE. STYLE, (Jurifprud.) en terme de pratique fignifie la maniere dont on a coutume de rédiger les aftes ; les notaires ont leur féyle , c’eft-à-dire un certain or- dre de difcours, de certaines expreflions qui leur font propres. Il y a des claufes de Jiyle, c’eft-à-dire qui {e trouvent ordinairement dans tous les aétes de mê- meefpece ; quelques-unes de ces claufes ne font que de pur féyle fans rien ajouter aux conventions, com- me le promettant, obligeant , renonçant des notai- ! les auroit pas exprimés, à * STY 24 28 De < À rés qiu feroient fous-entendus , quand même on né _ Le /iyl judicraire eft la forme que l’on fuit pout linfiruttion & pour Les jugemens dans les tribunaux: autrefois chaque tribunal avoit fon /éy/e particulier ; ordonnance de 1667 a eu pour objet de rendre par- tout la procédure uniforme ; on ayoit même deflein de faire des formules imprimées pour toutes fortes d’aétes , afin de rendre partout le /#y/e uniforme ; NME A EX RUES P Loges He mais les dificultés que l’on trouva dans lexécution de ce projet le firent abandonner, & l’on fe conten- Re A LS LR RATE ta de vendre le papier qui étoit deftiné à contenir 1 ps 3 5 A 9 ces formules, que l’on timbre en tête d’une fleur-de- Us; telle fut l’origine du papier 8e du parchemin tim: ? so Abe Ra bre, dont lufage commença en France en 1673. Malgré les précautions que les ordonnances ont prifes pour rendre par-tout le /2yZe uniforme , il fub- lfte encore bien des différences dans le féy4e de la plüpart des Tribunaux. : Nous avons plufieurs /2y/es anciens & nouveaux, qui font des inftru@tions {ur la maniere de procéder _dans chaque tribunal; tels font l'ancien /£y/e du par- lement qui eft dans lès œuvres dé Dumoulin, les Jéyles civil ,; criminel & du confeil, de Gauret ; le Jiyle de Gaflier,; le féyle du châtelet, &c. Voyez For- ME , FORMULES , ORDRE JUDICIAIRE , PAPIER TIMBRÉ , PROCÉDURE. (4) STYLE sercantile , ( Commerce.) c’eft celui qu’eim- ployent les marchands & les négocians dans les af- faires de leur névoce , & dont ils fe fervent dans léurs écritures pour eux-mêmes, pour leurs affociés, leurs correfpondans & leurs commiflionnaires ; il met pas étrange que le commerce ait fon fiyle, comme toutes les autres fciences , & il feroit hon- teux de ne le pas favoir, quand on a la fagefle d’em- braffer cette utile profeffion. (2.7. STYLITES, f. m. pl. ( Aie, eccléfcafr. ) eft le nom qu'on donnoït à une forte de folitaires qui pañloient le tems de leur vie fur le fommet d’une colonne pour mieux Îe livrer à la méditation. Voyez HERMITE, ANACHORETE. Les auteurs eccléfaftiques citent beaucoup de fo- Bitaires qui menoient ce genre de vie, & l’on en trouve dès fe fecond fiecle. Le plus célebre d’entre- eux eft $. Simon Srylire qui vivoit dans le cinquié- me fiecle, & qui demeuroit fur une colonne élevée de 36 coudes, où 1l pañla fa vie dans les exercices d’une continuelle pénitence. Le haut de ces colonnes ou la plate-forme qu’oc- cupoient ces folitaires ; n’avoit, dit-on, que 3 piés de diametre ; & étoit entourée d’une efpece de ba- luftrade ou de rebord qui leur venoit jufqu’à la cein. ture, mais il n’y avoit point au bas de quoi fe cou- cher, & ils y habitoient en plein air, On dit que les fakirs ou moines des Indes imitent encore aujour- d'hui ce genre de vie extraordinaire, Voyez FAKIR. STYLO-HYOIDIEN , ez Anatomie, eft une paire de mufcles qui viennent de la partie inférieure de Wapophyfe ftyloide, &c s’inferent à la bafe de l'os fiyoide proche la grande corne, où il fe partage très- fouvent en deux portions entre lefquelles paflent le tendon du digaftrique. Voyez DIGASTRIQUE. STYLO-GLOSSE , ez Anatomie, eft une paire de mufcles qui s’attachent le long de l'apophyfe ftyloide / | daù defcendant obliquement en avant, ils s'inferent à la racine de la langue. Ces mufcles viennent quel- quéfois de l'angle de la mâchoire inférieure, ou font forfifiés par un troufleau de fibres qui viennent de çet sangle. SFYLOIDE, ez Anatomie, eft une apophyfe de Pos les tempes ainfi nommée, parce qu’elle reflem- ble à un file ou fHilet. Voyez z0s PL d’Anarom. & Jeur explication, Woyez auffi les articles GRAPHOIDE dé O$ PRTRE, STY 557 STYLO-KERATO : HYOIDIEN , ét Anatomie ÿ c'eft le nom d’une paire de mufcles , qui ne s’obfer- vent pas toujours & qui prennent leur attache de la partie moyenne de l’apophyfe ftyloide, & vont sin iérer à la petite corne de los hyoide, STYLO-MASTOIDIEN , ex Anatomie, trou fi» tué entre les apophyfes ftyloide & maftoide de los des tempes, Voyez TEMPORAUX. STYLOMETRIE, {fier Archicetture , eft Part de diftribuer $&cmefurerunecolonne dans toutes fes pars ties pour en obferver les juftés proportions, du grec auAoç ; Colonne ; 8 pelpor, mefures | | STYLO-PHARINGIEN, en Anaromie, eftune pais te de mufcles qui viennent de FPapophyle ftyloïde & qui en defcendant obliquement fe difperfent dans les parties poftérieures du pharinx & dans la face inter= ne du cartilage thiroide , où quelques fibres s’attas chént. | | STYLOBATE , { im, ( Archireët, ) Foyez Pia DESTAL, SEIYMMATA , (Pharmac, ahc. ) cruuures ce mot dérive de orveo, reflèrrer; où épaiffir ; en latin, Jpiffamente, corps épailis.: Les anciens appelloient anf leurs onguens.les plus folides; ils donnoieritlée même nom aux ingrédiens dont ils ffervoient pour procurer à ces onguens de la confiftance 8 de la fo= hdité ; ces derniers épaifliffans étoient quelques fim- ples odoriférans ; comme le coftus , le nard , la marjolaine, l’'amoime , la menthe » &rautres, capas bles de refferrer , de donner aux onguens une odeut agréable, & de les préferver dela corruption. Diof: coride dit que les f?ymmatal, où épaiffiffans de l'huile rofat , font le lentifque, le jonc, & Pafphalate. Les fiymmate différent des hédy/mata ,.en ce que ces der- mers font liquides. ( D.J.) / STYMPHALE , ( Géog. anc,) Srymphalus ,; ville. du Péloponnèfe, dans l’Arcadie , aux confins de l’Ara golidé , furle bord d’un lac de même nom. Homére &t Héfiche écrivent uuguroc, Séymphelus, I {emble qu'il y avoit aufi une montagne nommée Srympha= lus ; cependant Strabon, 2. VIII. la pañle fousfilence, lorfqu'il décrit les montagnes de’ l’Arcadie; mais Ptolomée , Z LIT. c, xvy, compte Srymphalus au nombre.des montagnes du Péloponnèfe, & une ville du même nom parmi celles de l’Arcadie, Le lac étoit au pié d’une montagne, felon Pline, | _&t fur le bord du lac étoit la ville Srympalus.; dans le fcholiafte d’Apollonius , 44 Lib. 11, #. 1045, Ja ville eft appellée Sryrphalus , & le lac Srymphalis. Ovi- de, /. IF: faft. v. 27. én parlant du lac, dit Srympha= lides unde. Polybe , L, IL. c. 55, appelle la contrée Stymphalia ; &t les habitans Ssymphali, Strabon compte Styrphalie parmiles villes détruites ; le fleu« ve qui fortoit du lac portoit auflilenom de Szyripha= lus , juiqu'à l'endroit où il fe cachoit fous terre: mais lorlqu'il reparoïfloit dans l’Argie, il prenoit celui d'Erafnus. Paufanias, Z VIII, c, xxij. décrit ainf a ville , le lac, & le fleuve Ssymphalus. Le mont Géronte étoit comme une barriete entre les Phénéates, &c ceux de Siymphale, Ces derniers n’étoient plus cenfés du corps arcadique , depuis qu'ils s'en étoient volontairement féparés , pour ne. plus dépendre que des états d’Argos. Cependant Homere témoigne qu'ils étoient origi- nairement Arcadiens, & on fait d’ailleurs que Sym phale leur fondateur , étoit petit fils d'Arcas ; ce n’eft pas qu'Arcas eût éte le fondateur de Ssymphale, qui fubfitoit du tems de Paufanias ; mais ilen avoit bâti une autre qui ne fubfftoit plas. Ces peuples préten- doïent que Téménus avoit habité l’ancienne Siyrms phale ,; qu'il y avoit élevé Junon, & qu'il lui avoit bâti enfuite trois temples fous divers noms, fuivant les trois états où il l’avoit vue; l'un à funon enfant, Vautte à Junon femime de Jupiter, & le troifiéme à 550 S T Ÿ Junon veuve , après qu’elle eut fait divorce avec Ju- piter , & qu’elle fe fur retirée à Ssyrmphale. Voilà ce qu'ils difoient ; mais cela n’a rien de commun avec la nouvelle Ssymphale dont il s’agit ici. Auxenvirons de cette ville, 1l y avoitune fontai- re, dont l’empereur Hadrien avoit fait venir l’eau jufque dans Corinthe. Cette fontaine formoit à Szym- phale; durant l'hiver, une efpece de petit lac, d’où le fleuve Srymphale fe groffifloit; l'été ce lac étoit ordinairement à fec, & pour lors c’étoit la fontaine qui fournifloit de l’eau à ce fleuve, lequel, à quelque diffance de là, fe précipitoit fous terre , & alloit re- péroître dans les terresdes Argiens , non plus fous le nom de Ssymphale, maïs fous Le nom d’Erafinus, On difoit que fur les bords du Srymphaleil ÿ avoit autre- fois des oifeaux carnafhers qui vivoient de la chair humaine, & qu'Hercule les tuatous à coups de fle- ches. Pifandre de Camire dit qu'il ne fit que Les chaf- fer par le bruit des tymbales. Les déferts d'Arabie, qui engendrent tant de for- tes de bêtes, continue Paufanias , avoient auf des oifeaux nommés /ymphalides , qui ne font gueres moins à craindre pour les hommes , que les lions ëêc les léopards ; car lorfqu'ils étoient pourluivis par les chafleurs , ils fondoient tout-à-coup fur eux, les percçoient de leurs becs., &c les tuoient. Le fer &c l’ai- rain étoient de foible réfiftance ;.mais 1l y avoit dans le pays une écorce d'arbre fort épaifle, dont on fe faïifoit des habits ; le bec de ces animaux rebrouffoit contre , & s’embarrafloit de la même maniere que les petits oifeaux fe prennent à la glu. Les ftympha- lides étoient de la grandeur desgrues, 6 reflem- bloient aux cigognes, avec cette différence, qu'ils avoient le bec beaucoup plus fort, &c qu'ils ne Pa- voient pas recoutbé. Je ne puis décider, dit Paufanias, s’il y a eu autre- fois en Arcadie des oifeaux de même nom que ceux qui fe voient aujourd’hui dans PArabie , quoique d’une forme différente; mais fuppolé , ajoute le me- me Paufanias , que l’efpece des ftymphalides foit uni- que, & qu’elle ait toujours extfté comme celle des éperviers, des aigles, & des autres oïfeaux; je me erfuade que les ymphalides font des oïfeaux d'Ara- Lie , dont quelques-uns auront volé vers Les rives du Srymphale, & que dans la fuite la gloire d'Hercule &e le nom des Grecs, beaucoup plus célebre que celui des Barbares , aura fait appeller ces oïfeaux /éyrrpha- lides &ans l'Arabie même , au lieu qu'auparavantils avoient un autre nom. Ii y avoit à Srymphale un vieux temple de Diane, farnommé auf féymphalie. Laftatue de la déeffe étoit de bois, & dorée pourla plus grande partie ; la voü- te du'temple etoit ornée de figures d'oifeaux ftym- phalides. Sur le derriere du temple on voyoit des ftatues de marbre blanc , qui repréfentoient de jeu- nes filles avec des cuifles & des jambes d’oifeaux. On difoit que les habitans de Ssywphale avoient éprouvé la colere du ciel d’une maniere terrible : Ia fête de Diane étoit négligée, on n’y obfervoit plus les cérémonies prefcrites par la coutume: un jout l’ar- cade qu’on avoit faite pour l'écoulement des eaux du Srymphale, fe trouva tout à-coup engorgée au point que l’eau venant à refluer , monda toute la campa- gne l’efpace de plus de quatre cens ftades ; un chaf- {eur quicouroitaprès une biche, fe laflant emporter à l'envie d’avoir fa proie, fe jetta à la nage dans ce lac, & ne cefla de pourfuivre l'animal, jufqu’à ce que tombés tous deux dans le même souffre , ils dif- parurent ëc fe noyerent; les eaux fe retirerent à Pinf- tant, & en moins d’un jour laterre parut féche. De- puis cet événement, la fête de Diane fe célébra avec plus de pompe & de dévotion. Voila le récit de Paufanias. La ville de Ssymphale fe nomme aujourd’hui Piciffe , d’autres difent Puf. M. Fourmont y pañlant en 1719, ne vit point dansle environs de cé lieu , & n’entendit rien dire aux ha- bitans , des oifeaux ftymphalides fi célebres chez les poëtes, &t dans Paufanias; mais M. Fourmont dé- couvrit au voifinage de Scyriphale , les rnes du tom- beau de Térence , fur lequel 1l avoit fait efpérer un mémoire particulier, qui n’a point vu lejour, (D. J.} STYMPHALIE , (Mythol. ) Voyez STYMPHALE. STYMPHALIDES Oiseaux, ( Mythol.) ce font des oifeaux monftrueux qui, félon la fable, voloient furle Srymphale , lac d’Arcadie, Les’aïles , la tête & le bec de ces oïfeaux , étoient de fer , & leurs ferres extrémement crochues: ils lancoïent des dards defer contre ceux qui les attaquoient : le dieu Mars les _ avoit lui-même dreflés au combat; ils étoient en fi grand nombre , & d’une groffeur f extraordinaire , que lorfqu’ils voloient , leurs ailes ôtoient la clarté du foleil. Hercule ayant reçu de Minerve une efpece de tymbale d’airain , propre à épouvanter ces o1- feaux , s’en fervit pour les attirer hors du bois où 1ls fe retiroïent, & 1l les extermina tous à coups de flé- ches. On croit qu'il s’agit ici de quelques troupes de brigands qui ravageoïent la campagne , & détrui- foient les paflans , aux environs du lac Stymphale. Hercule trouva peut-être le moyen de les faire {ortir deleurretraite, & les fit périr avec le fecours de fes. compagnons. ( D.J., STYPTIQUE , ady. ( PAyfolog. chirnre. ÿ ce mot vient de dlugo;refferrer.Les fiypriques font des remedes propres à arrêter les hémorrhagies. Quand une hé- morrhagie confidérable eft arrêtée par des abforbans ou des jéyptiques , la caufe de la fuppreffion ef tou- jours un grumeau de fang , contenu par la compref- fion , de maniere que lorifice du vaifleau en eft bou- ché; ce grumeau a deux parties, dont l’une eft en- dedans, l’autre en-dehors du vaiffeau ; celle qui eft en-dehots eft formée par la derniere goutte de fang, qui en fe coagulant, s’eft incorporée avec la charpie, la moufle , & les poudres dont on s’eft fervi pour ar- ‘rêter le fang; ces deux parties ne forment fouvent qu'un grumeau tout d'une piece , qui , en-dehors du vaifleau , forme comme un couvercle, & en-dedans comme un bouchon : elles contribuent toutes deux à arrêter le fang au moyen dela folidité qu’elles acquie- rent par la coagulation , par leur adhérence en-de- dans, & avec les parties internes des vaifleaux , & en-dehors , avec fon orifice externe. Lorfqw’on ufe de /éyptiques &t d’efcarotiques, le ogrumeau fe forme plus vite que quand on n'emploie que des abforbans , ou de fimples aftringens. Dans le premier cas, le srumeau occupe un plus grand ef- pace dans la cavité du vaifleau, &T le bouchon entre plus profondément ; le couvercle , ou la portion ex- terne du grumeau eft auffi plus épaifle, parce qu’en même tems que les /éypriques &t les efcarotiques coagulent le fang , ils brulent auffi une portion du vaifleau & de la chair adjacente, qui, s’incorporant avec le fang coagulé, forment avec lui un couvercle plus épais & plus large. Ces réflexions font de M, Petit. ; De tous les Jéypriques , le plus ordinaire, 8 peut- être le meilleur, c’eft alcohol, ou l’efprit-de-vin pur ; ilarrête prefque furle champ les hémorthagies, prévient la putréfa@tion, & forme une efcarre folide quoique mince : de-là vient qu'il eft la bafe de tous les fecrets les plus vantés , pour arrêter les hémor- rhagies ; mais ce n’eft point un féyprique univerfel , ni qui convienne dans tous Les cas : il en eft dé mé- me du /#yptique de Colbatch, du féyprique balfamique du dotteur Eaton , du féyptique royal , & du féypu- que nommé boule médiainak , compofé de limaille d'acier, d’une égale quantité de tartre, porphirifés avec de la meilleure eau-de-vie de France, (D: 7.) Ed ST Ÿ STYRA,( Géog. arc. ) ville de l'Eubée, au voif- mage de la ville Caryftus, felon Strabon, Z X. Pau- fanias , L, IP, c. xxxiv, dit que les habitans de Seyra étoient Dryopes d’origine. (D. Z) ® STYRAX, (Mar. méd.) voyez STORAX, © SEYX., {.m. (Mysholog.) étoit fille de l'Océan &z mere de l’'Hydre de Lerne , félon les poëtes, qui la changerent enfuite en fleuve d'enfer. Le Sryx, dit Virgile, fe repliant neuf fois fur lui-même ; tient les morts pourfoujoursemprifonnés. Le ferment par les eaux duSryx fadoit trembler les dieux même ; Jupi- ter, avec toute fa piffance , n’ofoit y contrévenir. Quand les dieux , dit Héfiode, ofoient jurér par le Styx, 1ls devoient ävoir une main fur la terre & Par. tre fur la mer. | | | Le Siyx étoit une fontaine de l’Arcadie fepten- trionale, près des monts Cylléniens, qui dégotitoit lun rocher extrèmement élevé, & dont Peau tom- boit dans le fleuve Crathis. M. Fourmont, en voya- geant dans la Grece en 1730, trouva la ville de Phé- néos , après avoir pañlé le Sryx + il appelle ainf un torrent qui, defcendant du Tricara, coule dans troïs gros villages, &c forme enfin Cet étang dont les poëtes ont tant parlé. , La defcription qu’ils en font ; dit M, Fourmont , ia rien de plus furprenänt , que ce qu’il préfente aux yeux de ceux qui le confiderent. L’eau claire du fleuve s’y métamorphofe et quélque chofe de très- hydeux, Des couleurs fort déplaifantes à la vue s’y melent les unes aux autres ; une moufle épaile d'un verd d’arrain tacheté de noir fe promene deflus au gré des vents, & les bouillons qui s’y forment né réflemblent qu’au bitume & au gaudron ; le poifon ne peut vivre dans ce lac, les vapeurs qui s’en éxha- lent brülent tous les arbres d’alentour , &£les ani- Mmeux fuyent fes bords. Apres ce détail qw'on lit dans l'Aif, des Infc. IV. iv. il ne fant plus s'étonner de ce-que les poètes grecs êe Parffanias lui-même ont dit du Syx. ( D. 7.) … STYX, (Géopianc.) fleuve du Péloponnèfe., dans PArcadie , au territoire de Nonacris. Il fortoit du lc Phénée. Paufanias nous à donné la defcription de ce fleuve, & rapporte les endroits d'Homere & d'Héfiode , où ileneft parlé: | Près des ruines de Nonacris, dit Paufanias, Z. YIIT.: c. xvij. 6 xviÿ. une partie de la montagne Chély- dorée s’éleve prodisieufement , & de fon fominet dégoûte fans cefle une eau, que les Gtecs nomment d'eau die Styx, | | + Héfiode, dans fa Théogonie (caf quelques-uns ut attribuent cet'ouvrage), fait S2yx fille de POtcéan ëc fenime de Pallas :on prétend que Einus dit quel- que chofe de femblable dans les poéfies. Pour moi, dit Pafanias; Jar It avec foi cés ouvrages , & je les tiens tous les deux fuppofés: Mais Epanénide. de Crete dit auflr que Sryx fut fille de Océan, & il ajoute que mariée’à Piras (on ne fait pas trop qui étoit Piras), elle enfanta Phydre. Pour Homere, c’eit de tous les anciens poëresicelui' qui x le plus fouvent employé le nom de Szyx dans fes vers, témoin cet endroit où 1l exprime ainfi le ferment que fait Junon. J'en afrofle le ciel, la terre. les enfers, J'en arrefle de Styx l'eau qui tombe fans ceffe, Ifemble qu'en homme qui avoit vu leslieux, le Qt ait voulu decrire l’eau qui dégoûté continuel- ement de cerocher. Dansun autré endroit , en fai- lant le dénombrément de ceux qui avoient fuivi Gu- néus , il parle du fleuve Titaréfius ; & en parle comme. d'un fleuve qui étoit formé des eaux du Ssyx, Enfin quand 1l nous répréfente Minerve fe plaignant à Ju- piter , lui reprochant qu'il a oublié que c’eft par elle 8e pat fon fecours qu'Hérctile étoit fi heureufe_. . ment {orti des travaux qui lui avoient été impoiés SU À 558 : ) à par Euryfthée , il fait de Ssyx un fleuve qu'il placé dans les enfers. L'eau qui dégotitoit de ce rocher près dé Nona: cris , après s'être fait une route ä-travers une grôflé roche fort faute, tomboit dans le fleuve Crathis, Cette eau étoit mortelle aux hommes & à tout ani: mal, êcles chevres mouroient lorfqu’elles en avoient bi, maïs on fut du tems à s’en appércevoir, Une autre qualité fort furprénante de cette eau ; c’eit qu'aucun vafe , foit de verre, foit de cryftal 3 doit de terre cuite ; foit même de marbre, ne pouvoit la contenir fans fe cafler. Elle difolvoit ceux qui étoient de corne ou d'os , élle diffolvoit le fer, lé cuivre, le plomb, l'étain, Pambre, Pargent8f même Por , quoiqu’au rapport de Sapho , la rouille ne l’al: tere jamais, ce qui eit auffi confirmé par l'expérience. Cette même eau du S4yx n’agifloit point lur la corne du pic des chevaux. Un vafe de cette matiere étoit lé feuloù lon en püt garder, êr qui réfiftât à fon impre fon, Jignore 4 dit Paufanias , fi Alexandre , fils de Philippe , fut émpoifonné avec cette eau, mais jé fais feulement qu’on l’a dit. ENS Paufanias auroit dû tenir le même langage de tous tes les prétendues diflolutions qu'il vient de racon: ter, mas 1l faut pourtant convenir que le Sryxinfpiré de Phorreur, C’eft d’abord un gros torrenr qui def- cendant du Fricara, paffe dans trois gros villages dé Wlags , 8r forme enfin un étang fort vilain. La ‘deR cription que lés poëtes en font , n’a rien d’auffi {ur- prenant que ce qu'il préfeñte aux veux de ceux qui lé coñfiderént, L'eau clairé du fleuve, dit M. Four: mont, qui étoit fur les lièux én 1730 , s’y métamor- phofe en' cé’ qu’il y à de plus hideux , foutes les cou- leurs les plus déplaifantes àfa vue s’y mêlant lesunes aux autres ; une moufle épaifle d’un verd d’aitain ta: cheté de’ noir fe proméné deflus ai gré des vents, &z les bouillons qui s’y forment ne réflemblent qu’au bitume ‘&r au goudron. Lé poiflon ne peut vivre dans ce lac ; les vapeurs qui s’en exhalent , brûlent tous les arbres d’alentour, &C les animaux fuyentfes bords. ga 2°. Sryx, marais de la Theffälie. Pliné dit que le fleuve Titatéfius y prenoit fa fource , cé qui eft en quelque forte confirmé par Homere, qui appelle ce fleuve Tiraréfeus. | | . 3°. Sryx, fontaine de la Macédoine , felon Quinte- Curce, qui pourroit bien par-là entendre le marais Styx , que Pline met dans la Fheflalie , ou bien lé fleuve Styx dans PArcadie, (D. J.) 0 0 © $ U SUÂBE, (Géogr. mod.) prononcéz Sozabe, enal lemand Schswaben ; 8e en latin Saeyia ; grande pro: vince d’Alléfnagne, & un des fix cercles de lémpire, Elle eff bornée au nord par a Franéonie, &le cer cle éleétoral du Rhin, au midi par la Suiffe ,au levant par la Baÿicre ; & au couchant par le Rhin. qui. la.fé+ pare de PAlface ; c’eft un pays fertileen blé.,en vin &t en päturages. Ses principales rivieres font le Ne cker, le Leck&leDanubes | ee Ce pays a été ainfi nommé des Sueves peuples. de la Germanie feptentrionale qui faifoient partié des Wendiles, &z qui s'étant ayancés vers le Mein * | fous Îes derniers empereurs romains. ; s’établirent dans üne partie du pays qui étoit habité par les Ger: mains, & qu'ils étendifent depuis jufqu’aux Alpes! Ils furent d’abord gouvernés par des rois. qui n’é- toient proprement que leurs chefs.; tels furent Alas | ric & Adalsgeric: Ce pays fut enfuite du partage de Thierry, filé, RS x “. œ . L 3 Vote ET ane de Clovis , & 11 demeura fous l’obéiffance. des. rois francs dela premiere race. Charlemagne ÿrÉtaer | blit pour gouverneurs des officiers de fa maïfon , & 560 S U À leurs fucceffeurs, profitant de la foiblefle des rois, én ufurperent la fouveraneté. | Les empereurs donnerent la Sabe à différens prin- ces. Rodolphe [. en inveftit Rodolphe fon fils aîné en 1288 ; mais Jean, fils unique deRodolphe , ayant ‘aflafliné l’empereur Albert [. fon oncle, fut privé de ce duché ; & depuis ge tems-là , les archiducs d’Au- trithe ont pris feulement la qualité de princes de Suabe, A Quelque grande que foit la Szabe, qu’on divife en Suabe autrichienne & Sabe impériale, le cercle auquel elle donne fonnom, a encore une plus grande étendue. Ce cercle renferme le duché de Wurtem- berg , le mafgraviat de Bade, la principauté de Hohen-Zollern, la principauté d'Œttingen , la prin- cipauté de Mindelheim , l’évèche d’Aussbourg , Pé- vêché de Conftance, Pévêché de Coire , enfin di- vers comtés de l'empire, grand nombre d’abbayes immédiats d'hommes &t de femmes , & les villes H- bres fituées en Szxabe. | . L’évêque de Confiance & le duc de Wuürtemberg font les direéteurs de ce cercle, dont le contingent eft de 343 cavaliers & de 2640 florins par mois. DENTS) | SUADA où SUADELA , f. f. (Mythologie) c'étoit la déeffe iifinuante de la perfuafñon & de Péloquen- ce, que les Grecs appelloient Peisho. Plutarque la met au nombre de celles qui préfidoient au mariage. On la faifoit compagne de Vénus. Horace , par cette raifon , les joint quelque part enfemble, decoranr Sua- dela Venufque ; dit-il dans.une de fes épitres : « J’ai- » merois Cependant riueux prendre la chofe en gc- » néral, & dire que Szedela rend éloquent , & que # Vénus rend äimable ». (D. J.) SUAGE , f. m. terme de Marine , ce mot fe dit du coût des fuifs & graifles, dont de tems en tems on enduit les vaifleaux pour les faire couler fur Peau avec plus de facilité. Dans la mer du levant, parti: culieremient à Marfeille, on l'appelle fperme , d’où eft venu efpalmer où efparmer, C’eft-à-dire erduire un vaifleau de fperme ; le /zage des vaiffeaux marchands {e met au nombre des menues avaries. (D. J.) SUAGE , f. m. (Ouul a l’ufage de plufreurs ouvriers.) celui des Chaudronniers eft un tas à plufieurs crans, dans lequel on refferre & on unit parfaitement le cuivre fur les bords qu’on met dans une piece. Voyez Les Planches du Chaudronnier. SUAGER , v. at. ( Chaudronnerie. ) c’eft tellement approcher le cuivre fur le bord de fer d'un chau- dron , 6c. par le moyen du /zage , qu'il foit parfaite- ment uni par-tout, & qu'il n’y ait aucune efpace en- tre le cuivre &c le cordon de‘fer. Voyez SUAGE, & les Planches du Chaudronmier | avec leur explica- 1107, | SUAIRE, £. m. (Gram. & Critiq. facrée.) en grec cud'eplo , en latin fdarium , mouchoir , linge pour efluyer la fueur du vifage, d’où eft venu fon nom. On lit dans les actes des apôtres , xix. 12. qu’on por- toit fur les malades des mouchoirs des. Paul, cudue, êc leurs maladies cefloient. Le mot /zarre défigne en- core une efpece de voile, dont on couvroit la tête êt le vifage des morts, Jean x. 44. Mais ce mot eft particulierement confacré à défigner le voie que le Sauveur avoit fur la tête dansle tombeau, Jean xx, 7. Plufieurs églifes fe difputent Phonneur d’avoir ce fisaire\, ce qui doit au-moins faire foupçonner qu’au- cune ne le poflede. On le montre à Turin , à Tou- loufe , à Befançon , à Sarlat, à Compiegne , fans parler des villes d'Efpagne & d'Italie , où on le mon- tre auffi. Celui de Turin a été confirmé pour le vé- ritable par quatre bulles du faint fiege , avec des in- dulgences en fa faveur ; mais celui de Touloufe eft autorifé par quatorze bulles des papes, à commencer par celle de Clément IL. en 1190, c’eft-à-dire fur S U À la fin d'un des plus grands fiecles d’ighoranice &2 dé barbarie. ( D. J.) SUANE , ( Géog. mod. ) province de PAmérique méridionale. Elle s'étend jufqu’à la riviere du grand Kaketa , & comprend toutes les campagnes du nord du fleuve des Amazones. Elle à dans fon fein une montagne qui produit de or ; cette montagne eft à 317 degrés de Zongitude | & à 2 degrés de latitude : auffrale, (D. J.) AT SUANES, Les , ou LES SOUANES, (Géog. mod.) peuples d’Afe. Ils habitent les montagnes du Cauca- le , où ils vivent indépendans entre les Fartares Cir- cales , &c les peuples d’Imereti & de Carduel ; ils vonttravailler par troupes pendant l’été dans la Géor- aie, & recagnentleurs montagnesau commencement de Phiver. SUANETES , ( Gecog. anc. ) peuples que Pline L III. c. xx. met parmi ceux des Alpes, qui furent fubjugués par Augufte. Le P. Hardouin foupçonne que les Suanetes {ont les mêmes que les Sarureres ; ce feñtiment eft d’autant plus probable, que les Sxa- netes de Pline font les Suanite de Ptolomée, LIT, c. x1y. qui {e place dans la Rhétie. (D. J.) SUANTI , ( Géog. anc. ) peuples de la Colchide, felün Pline, /. WI. c. iv. & Cedrene. Agathias, Z. 17. en fait une nation hibérique, au-delà du Caucafe. Ils font comptés parmi les Laziques dans les authenti- ques. Ce font les Souani de Prolomée, Z. Pc. x. &t les Soanes de Strabon, Z. IL. p. 498. & d’Etienne le géographe. Il y a apparénce que c’eft un refte de ces peuples que lon connoît encore aujourd’hui dans les montagnes du Caucafe ; & qu'on nomme Suanes. Voyez ce mot. (D. J.) SUANT , adj. (Gram.) qui eft en füeur. Voyez Les articles SUER 6 SUEUR. SUANTE WITH , {. m. (Myrhologie.) nom d’une divinité adorée par les habitans de l’ile de Rugen, dans la mer Baltique, & à qui ils confacroient le tiers du butin qu'ils faifoient fur leurs ennemis, patte qu’- ils croyoient que c’étoit ce dieu quiles afhitoit dans les combats. Quelqes auteurs ont nié l’exiftence de cette divinité, & ont prétendu que le Suantewirh des Rugiens étoit faint Wit martyr ; mais il y a lieu de croire que cette opinion n’eft point fondée , & que ce n’eft qu'une certaine conformité dans les noms qui y a pu donner lieu. Voyez Keysfler , voyage. | SUAQUEN oz SUAQUIN ; (Géogr. mod.) île d’A: frique , fur la côte occidentale de la mer Rouge, à peu d’éloignement de Babelmandel. Elle a environ 15 lieues de tour, qui renferment une petite ville de fon nom. Son port eft un des meilleurs de la mer Rouge ; & il étoit fort commerçant avant que Mo- ka lui eût enlevé fon trafic. Les habitans de cette île font turcs & arabes. Lonprmde 55, 16. larit. 18.45. DT, SUAR , ( Géog. mod. ) petite contrée de l’Afie m5- neure , dans la petite Arménie. Son ancien nom efk Méliterne , qui s’appelloit ainfrde fa capitale. Suar abonde en arbres fruitiers , & produit auffi de l'huile. &t du vin. | SUARDONES, ( Gog. anc. ) peuples de la Ger- manie, que Tacite comprend parmi les Sueves, & qui, felon la conje@ture de Peucéer , font les mêmes que les Pharodeni de Ptolomée, Z. 7. c. xj. ils habi- toient vraiflemblablement une partie du duché de Stettin, & du territoire de la ville de Bardt, ( 2. J.). SUASA , (Gééog.anc.) 1°. ville de l'Ethiopie fous l'Egypte, felon Pline, Z. VI. c.xxix. 2°. ville d'fta- le, dans l'Umbrie, qui étoit un municipe, felon une infcription rapportée par Gruter, p. 469. n°. 5. On prétend que les ruines de cette ville, fe trouvent dans le duché d’Urbin , fur la riviere de Céfano, dans un lieu appellé Safe, environ à huit milles de Foflom- SCA SUASSA SUASSA , f. m. (Chimie Mérall.) c’eft aïnfi que l’on nomme dans les Indes orientales un alliage métalli- que dont on fait des bagues & des bijoux de toute ef- pece. On dit qu'il entre de l’or , du cuivre & du fer dans cette compoñtion ; qui eft d’une couleur plus vive que l’or pur. Quelques perfonnes ont cru que cet alliage étoit l’eZetfrumi des anciens. à ; SUAVE,, adj. SUAVITÉ , £ f (Langue françoife.) ces deux mots ne fe difent plus qu'en matiere de dé- votion ; d’odeurs & de peinture. Moliere a dit ingé- hieufement : | J'aurai toujours pouf nous ; 6 fuavé merveille, Une dévotion à nulle autre pareille. Tattufe. Ces mots dans tous mes fers, font couler à longs traits Une fuavité qgw'on ne goÂta jamais. Le même. Mais ce mot eft furtout d’ufage dans les écrits de {pi- fitualité. « Cet encens, dit M. Fléchier, que vous » avez vu fumer fur vos autels, & monter vers # le ciel en odeur de /zavité , eft le fymbole de vos » prieres », Cette expreflion eft prife de PEcriture, comme il paroît par la Genefe , wii. 21. Exod. xxx. 41. Lévit. y. verf. 9:12. &c. où lon lit odeur de /z4- viré pour odeur /uaye , parce que les Hébreux met- tent fouvent les abftraits pour les concrets. Nous di- . fôns la fuavité des parfums; & en fait de peinture, un tableau plein de /uavire ; tels font les tableaux de VAlbane & du Correge. (D. J.) SuAVE , (Peinture.) couleur faave ; fe dit d’un ta- bleau où la couleur a une certaine férénité & une ‘douleur qui affecte asréiblement la vue fans la frap: per trop vivement. : SUAPIARI , OSCULART, (Litérature.) tes deux mots font à-peu-près fynonymes , & fignifient £ai/er tendrement. Atticus en faifant à Ciceron les compli- mens d’Attica , lui dit dans un endroit, o/cularur te Attica mea; & dans un autre, “bi funvium dat Arrica. Cicéron en réponfe dit: Aricam noftrar cupio abfen- tem fuaviari. I] fe {ext du terme /zaviari, parce qu'il s’agit d’un enfant. Ce terme auroit été un peu fort, f la fille d’Atricus avoit eu quelques années de plus. Dans une autre lettre en parlant d'elle ; il dit, ad ofculum Arrice ; aû lieu qu’en parlant de Tullia fa fille, qui étoit une femme faite, 1l dit ad complexum. Epift. L lib. XII. 2Argre utinam continuo ad eomple- xum meæ Tullie , ad ofculum Aincæ poffim currere, SUBALTERNE , adj. & fubf, (Gouvernement) ce mot depuis quelque tems s'emploie pour défgner dans tous les états &t dans toutes les profeffions;,quel- qu'un qui eft fubordonné aux ordres d’un fupérieur. Partout Les fbalternes {ont chargés de la befogne qui demande le moins de génie & le moins de talens. Ainfi fe trompent les miniftres d’état qui fe perfua- dent qu'avec du zèle , des notions générales, & le fecours des fubalternes , 1ls parviendront aifément à remplir l’objet de leur mimiftere. Le fecours des /u- balterries , quelque grand qu'ilfoit ; ne produit ni la réumon des vues , ni l’harmonie d'opération , qui fait la force d’une adminiftration a@tive , habile &z éclai- rée. Ce fecours même peut devenir dangereux , dès que les futalrernes le fentent abfolument néceflaire à leurs maîtres. La téalité du pouvoir ne tarde pas à pafler dans leurs mains. Ils infpirent eux-mêmes les ordres dont on leur commet l'exécution , & le chef fe trouve par amour propre oblige de les juftifier , & de les foutenir. (D. J.) SUB ASCIA DEDICAVIT , (Lirtérar.) on eft fort embarraflé d'expliquer cette forte d’infcription qu’on trouve quelquefois fur les tombeaux. La loi des douze tables , qui ne fut point obfervée par les Romains dans le tems de leurs richefles, di- foit, rogum afci& ne polito , que le bois du bucher ne Soit point poli avec l’outil nommé afti ; mais cette Tomé LF, SUB 561 loi ne fournit aucune lumiere pour entendre Pinfcrip: tion /ub afcia dedicavit: M, Chorier à eu là-deflus une idée fôrt ingénienfé dans fa defcription des an- tiquités de Vienne en Dauphiné, ss, ditl, figni: fie ombre en grec , d’où $’eft fait le mot dre ; & en latin afcia, qui veut dire 42 lieii fans ombre : confe- quernmenit./46 abftia dedicare, fignifieroit confutrer un os à découvert, ou dans un lieu fans ombres . SUB-AUGUST À ; ( Géog, anc.) ville de la Caïn: panie, entre Rome & T'ufculum. Elle devint évêché vers l'an 490, & a été détruite. On nomme äujour: d’hui la place où elle étoit fituée ; Torre- Pignaturas . SUBBIACO ox SUBIACO , (Géog. mod.) villé d'Italie, dans la campagne de Rome. Elle eft bâtie fur une colline, près du Teverone, vets les frontie- res du royaume de Naples, à 10 filles de Paleftrine; à 18 de Segni & d’Anagni, & à 33 de Rome: c’eft l’ancienne Swblaquesm , bâti peut-être des ruines dé la maifon de plaifance de Néron: Long. 20. 32. larir; CAS PAL LEE PR UE ANR 7 "Tr SUBDÉLÉGATION , £ f (Gram, & Jurifprid.) eft lorfque celui qui eft délégué pour faire quelque chofe, délegue lui-même quelqu'un pour le faire en tout ou en partie à fa décharge, $ On entend auf par fubdelégution, la fonétion de fubdélégné, le tems pendant lequel il la exercée ; quelquefois enfin l’étendué de fon département: Voyez DÉLÉGUÉ, COMMISSAIRE DÉPARTI , INTEN: DANT, SUBDÉLÉGUÉ. (A) | SUBDÉLÉGUÉS, (Gram, € Jurifp.) eft en géné: ral celui que le délégué à commis pour faire à fa place quelqu’une de fes fon@ions. | On entend ordinairement pat fubdéléoué, une perfonne que l’intendant ou commiffaire départi dans une province commet dans chaque ville ou bourg de {on département, pour y exécuter les ordres & man- demeñs qu’il lui adrefle spour y faire exécuter les ordres du roi, veiller à tout ce qui intérefle fon fer- vice & qui eft de la compétence de l’intendant, & lui en rendre compte, Foyez COMMISSAIRE DÉPARTE DANS LES PROVINCES, DELÉGUÉ, INTENDANT ; SUBDÉLÉGATION, ( 4 MT M Ta SUBDIVISER , verbe a@if, SUBDIVISION, f. £. ( Gram.) c’eft l’aétion de divifer les parties d’un tout qu'on a déjà divifé. Les biens de cet homme étoient confidérables ; maïs on en a fait tant de fubdiyifions ; que chaque portion en eft devenue bien petite. L’ac- tion de /#bdivifer s'appelle fxbdivifion : l'effet de cette ation retient le même nom. &. | SUBER MONTANUM, (Hifi. nar,) Voyez Particle LIEGE FOSSILE. , | | SUBEŸT , (Géog. mod.) petite ville d'Afrique ; au royaume de Maroc, dans la province de Du- quela, fur POmnirabi. Ses habitans commercent en cire, en miel ; que les abeilles font dans les creux d'arbres du pays. (D. J) SUBGRUNDÆ, f. f. ( Archir. rom. ) nous difong auf fxbgronde ou féneronde ; c’eft la partie de la cou: verture d’une maïfon ; qui avance en-dehors pour jetter les eaux pluviales au-delà du mur, & empé- cher qu’elles ne l’alterent. Comme les anciens croyoient que les ames des enfans qui mouroient avant que d’avoir atteint quaränte jours, étoient changés en dieux lates au-deflous de la /zhgronde ; ils appellent fubgrundarium , le tombeau où ils enter- roient ces petits enfans: (D. J.) | SUBHASTATION, £. f. (Gramm, & Jurifprud.) ef une vente d’un ou plufieurs héritages d’un débiteur, qui fe fait au banc de cour de la juftice des lieux où les héritages font fitués , après qu’ils ont été publiés & criés trois jours confécutifs audit banc de cour, & la troifieme & derniere de ces criées. BBD 502 SUB Ces ventes ont été ainfi appellées parce awelles tirent leur ofigine des ventes judicielles uftées chez les Romains qui fe faifoient 4 ha/la ; on plantoit une pique au lieu où la vente fe fauoit à l'encan, pour marque de l'autorité, car cette vente ne fe faïfoit qu’en vertu d’une ordonnance du préteut. Les fubhaftations font ufitées dans quelques provin- ces, comme Brefle, Bugey, Gex, & Valromey; elles ont été confirmées dans cet ufage par des lettres- patentes de Novembre 1602, & par des déclarations des 3 Juillet & 6 Décembre 1702. ) L'objet de ces fubhaffarions eft le même quie celüi de la vente par‘decret , mais elles ne purgent pas les hypotheques. Voyez Revel & Collet fur Les Srarurs de Breffe, 8 le Traité de la vente des immeubles par decret, de M. Dhericourt. Voyez CRIÉES , DÉCRET, SAIS1E- RÉELLE. (4 | L SUBI , (Géog. anc. ) fleuve d’'Efpagne. Pline , 2. IT. c. ii. le met dans la Coffctanie. Le nom moderne eft Befos, felon Clufius, & Beles , felon Moralës : c’eft aujourd’hui, dit le pere Hardouin, la riviere qui pale à Tarragone: ce feroit donc le Francoh. (D-.J.) SUBJECTION , f. f. figure de Rhérorique, par la- quelle orateur s'interroge & fe répond à lui même, ou répond lui-même à l'interrogation qW'il fait à fon adverfaire, comme dans cet endroit de Cicéron dans la barangue pro domo fu. dur Tu meam domum religiofam facere potuifit, 6 qué mente ? qué invaferas : qu manu? qué diffurbaras ? qué voce? qué incendi jufferas : qua lege? quam non {cripferas. very On l'appelle fubjeëlion, parce qw’elle fournit la ré- ponfe immédiatement après l'interrogation, quis queflioni ffatim re/ponfum fubjicir. SUBIGUE , ( Myrhol.) Jubigus, dieu des Athc- niens, c'étoit celui qui la premiere nuit des noces fou- mettoit la jeune époufe à fon époux. di: Cou SUBINTRANTE , FIEVRE , ( Médec. ) on appelle fievres fubintrantes, les fiévres intermittentes dans lefquelles l'accès commence avant que lé précédent foirfini,ce qui rend de teiles fievres continues, & requiert la même méthode curative. (D. J. | SUBJONCTIF, VE, (Gram.) propoñition /#bjon: &ive, mode /ubjonétif ; C’eft fur-tout dans ce dernier fens que ce terme ef propre au langage grammatical, pour y défignerun mode perfonnel oblique , le feul qu'il y ait en latin, en allemand, en françois, en italien , en efpagnol, & apparemment en bien d’au- tres idiomes. A € ea Le fubjon&if éft un mode perfonnel, parce qu'il admet toutes les inflexions perfonnelles & numéri- ques ;, au moyen defquelles le verbe peut fe met- tre en concordance avec le fujet déterminé auquel -on l'applique : & c’eft un mode chlique, parce qu'il ne conititue qu'une propofition incidente, néceflai- remént fubordonnée à la principale. Quand je dis que le /uÉjonttif ne confhtue qu’une propofition incidente , je ne veux pas dire qu'il {oit le feul mode qui puifle avoir cette proprièté ; Pindicatif & le fuppofñitif font fréquemment dans le “même cas; par exemple, achetez le livre que j'ai là; vous tenez le livre que je lirois le plus volontiers : je veux marquer par-là que le fzb7o761f ne peut jamais confütuer une propoñtion principale; ce qui le dif- fingue eflentiellement des autres modes perfonnels, qui peuvent être l'ame de la propoñtion principale, comme, j'ai {4 de livre que vous avez acheté; Je lirois volontiers Le livre que vous tenez. De cette remarque il fuit deux conféquences importantes. [. La prenuere, c’eit aw’on ne doit point regarder comme appartenant au /#b;ontfif, un tems du verbe qui peut conftituer , directement & par {o1-même, une propofñtion principale. C’eft donc une erreur évidente que de regarder SUB comme futur du /zbjonéhif, ce tems que je nomme prétérit :poflérieur, comme amavero, J'aurai aimé ; “exivero., je ferai fortis precarus ero ou fusro, J'aurai prié; laudatus ero ou fuero, j'aurai été loué:'c'eft pourtant la décifion commune de prefque tous ceux qui fe font avifés de compofer pour les commen- çans des livres élémentaires de grammaire ;-& l’au- teur même de la Méthode latine de P.R. a fuiviaveu- glément la multitude des grammatiftes, qui avoient, répeté fans examen ce que Prifcien avoit dit le-pre- mier fans réflexion, 6. VIII. de cognar. temp.t Suivons au contraire le fil des conféquences qui {ortent de la véritable notion du /xbjonülif. Ce tems peut conflituer une propoftion principale, comme quand on dit en françois , j'aurai fini demain certe let- cre : il la conftitue dans ce vers d’'Horace, If. far. y. SAM ... . « Frufira vitium vitaveris illud S2 te alio pravum detorferis. Car ceft comme fi nous difions, vainement aurez- vous évité ce défaut , f? mal-à-propos vous tombez dans . un autre, & tout le monde fent bien que l’on pour- roit réduire cette phrafe périodique à deux propoñ- tions détachées & également principales, vous aurez vainement évité ce défaut (voilà la premiere), car vous tomberez mal-4-propos dans un autre ( voilà la fecon- de); or la premiere dans ce cas fe diroit toujours de même en latin, fruffra vitium viraveris illud , &la feconde feroît ; zam te alid parvum detorquebis: Concluons donc que le prétendu futur du bon. dif n'appartient point à ce mode, puifque toute pro= pofition dont le verbe eft au wbjonéfif eft néceflaire- ment incidente , Ôt que Ce terns' peut être au con- traire le verbe d’une propofition principale, Cette conféquence peut encore fe prouver par une autre: obfervation déjà remarquée au #104 FUTUR: la voici. Selon les regles établies par les méthodiftes dont il. s’agit, la éonjonétion dubitative ar étant placée en- tre deux verbes, le fecond doit être mis.au fsbjonc- tif. À partir de -là , quand j'aurai à mettre en latim cette phrafe françoile, Je ne fais ff jelouerai, je dirai que le f dubitatif doit s'exprimer par 42, qu'il eft placé entre deux verbes, & que le fecond Je /ouerai doit être au fbjonttif ; or je louerai eft en françois le futur de lindicatif {je parle le langage de ceux que je réfute afin qu’ils m’entendent); donc jé mettrai en latin /audavero , qui eftle futur du fubjonthif, 8 je dirai, refcio an laudavero..…., . Gardez-vous bien, me diront-ils, vous ne parleriez pas latin: il faut diré, nefcio an laudaturus fim, en vertu de telle êc telle exception ; & quand le verbe eft au futur de Pindicatif en françois, on ne peut jamais le rendre en latin par le futur du fxb/onélif, quoique la regle générale exige ce mode: il faut fe fervir.….... Eh! meflieurs, convenez plutôt de bonne foi qu’on ne doit pas dire ici laudavero, parce qu’en effet /auda- vero n’eft pas au /zbjonthif, & que lon ne doit dire laudaturus fem , que parce que c’eft là le véritable futur de ce mode. Voyez TEMS. Ajoutons à ces confidérations une remarque de fait: c’eft qu’il eft impoñfble de trouver dans tous les auteurs latins un feul exemple, où la premiere per- fonne du fingulier de ce tems foit employée avec la conjonétion 1 ; & que ce feroit pourtant la feule qui pût prouver en ce cas que le tems eft du /#yon&if, parce que les cinq autres perfonnes étant femblables à celles du prétérit dumême mode, on peuttoujours les rapporter au prétérit qui eft inconteftablement du /bjonëtif. Périzonius lui-même , qui regarde le tems dont il s’agit, comme futur du /xhjoréhif, eft forcé d’avouer le fait, & il ne répond à la confé- quence qui s’entire, qu'en la rejettant pofitivement & en recourant à l’ellipfe pour amener ## devant ce S U B tems. Sanét, Minerv. 1. 13. nor. 6. Maïs enfin, il faut convenir que c’eft abufer de l’ellipfe : elle ne doit avoir lieu que dans les cas où d’autres exem- ples analogues nous autorifent à la fuppléer , ou bien lorfqu’on ne peut fans y recourir, expliquer la con- fitution grammaticale de la phrae ; c’eft ainfi qu’en parle Sanëtius même , ( Minerv. iv. 2: ) avoué en ce- la par Périzonius fon difciple : Ego illa rantum fup- plenda præcipio, quæ veneranda illa fupplevit antiqui- zas , at ea fine quibus grammatic® ratio conffare non à potef}. Or, 1°.1l eft avoué qu’on ne trouve dans les anciens aucun exemple où la premiere petfonne fin- gulhere du prétendu futur du /#hjonétif loit employée avec zt ; 2°, en confdérant comme principale la pro- potion où entre ce tems, on en explique très-bien la Conftitution grammaticale fans recourir à lellip- fe , aaf qu’on l’a vü plus haut : c’eft donc un fub- terfuge fans fondement , que de vouloir expliquer ce tems par une ellipfe , plutôt que d’avouer qu'il n'appartient pas au /xbyonchf. Il y a encore deux autres tems des verbes fran- çois , italiens, efpagnols, allemands, &c. que la plü- part des grammairiens revardent congme appartenans au mode /xbjonéhf, 8 qui n’en font pas; comme je drrois , j'aurois l& ; Je fortirois, Je ferois forti. L'abbé Regnierlesappelle premier &{econdfutur du /#bjonc- tif; la Toucheles appelle imparfait & plus-que-parfair conditionels, & c’eit le fyftème commun des rudi- mentaites. Mais ces deux tems s'employent direéte- ment &T par eux-mêmes dans des propoñitions prin- cipales: de même que lon dit, 7e /e ferai, [ je puis, on dit, Je le FEROIS , £ Je pouvois ; je l’'AUROIS FAIT , fi j'avois pé : or 1l eft évident que dans trois phrafes fi femblables , les verbes qui y ont des fonc- tions analogues font employés dans le même fens; par conféquent , Je ferois & j'aurois fait font à un mode direct auffi-bien que /e fra ; les uns ne font pas plus que lautre à un mot oblique; tous trois confhtuent la propofition principale ; aucun des trois r'eft au /#bjonitif. HI. La feconde conféquence à déduire de la notion du frbjonäif, c'eft qu'on ne doit regarder comme primitive & principale, aucune propoñition dont le verbe eft au /xbjontif ; elle eft néceflairement fubor- donnée à une autre, dans laquelle elle eft incidente, fous laquelle eile eft compriie, & à laquelle elle eft jointe par un mot conjonétif, xbjungitur. C’eft cetre propriété qui eft le fondement de la dénomination de ce mode : fubjunétivus modus, Ceft- ä-dite 0dus JUV ANS,ad JUV AN D AM propofitionem SUB alid propofitione : enforte que les grammairiens qui ont jugé à propos de donner à ce mode le nom de conjontf, n’ont abandonné l’ufage le plus géné- ral, que pour n’avoir pas bien compris la force du mot ou la nature de la chofe ; conjungere ne peut fe dire que des chofes femblables , fxbyungere regarde les chofes fubordonnées à d’autres. : 1°. Il n’eft donc pas vrai qu’il y ait une premiere perfonne du pluriel dans les impératifs latins, com- me le difent tous les rudimens de ma connoiflance 4 à l'exception de celui de P.R. amemus , doceamus , legamnus , audiamus ; c’eft la premiere perfonne du tems que l’on appelle Le préfenr du fubjon&if ; & fi Von trouve de tels mots employés {euls dans la phrafe & avec un fens direét en apparence, ce n’eft point immédiatement dans la forme de ces mots qu’il en faut chercher la raïfon grammaticale : il en efl de cette premiere perfonne du pluriel comme de toutes les autres du même tems, on ne peut les conftruire grammaticalement qu’au moyen du fupplément de quelque ellipfe. Quelle eft donc la conftru&tion ana- lytique de ces phrafes de Cicéron? Nos aurem tene- bras COGITEMUS tantas quante quondam , &c. ( de Aat, deor. 1:38.) &, FIDE4MuS guanta fent que Tome AV. , SUR 563 ss 5 ANT +: ; . F.< ° à ’ 55 % a philofophid remedia morbis animoriim adhibeanrur, .Tufc. iv. 27. La voici telle qu’on doit la fuppofer dans tous les cas pareils, res £STO iva coGrte: MUS, &C, res ESTO ita ut PIDEAMUS , 8. comme les verbes cogiremus & videamus {ont au Jubjonéhif, je fupplée la conjonétion wz qui doit amener ce mode ; cette conjonéhon egige un añtécédent qui loit modi- fié par la propofition incidente ou jxbjonéive, e’eft l'adverbe ira, qui ne peut être que le complément modificatif du verbe principal efio ; je fupplée effo à limpératif, à caufe du fens impératifide la phrafe, êc le fujet de ce verbe eft le nom général es. Ce feroit le même fupplément , fi le verbe étoit à la troifieme perfonne dans la phrafe prétendue direc- te. VENDAT @des vir bonus propter aliqua viria que ipfe noÿit, cœteri ignorent peflilentes SIN T, G& HA- BEANTUR falubres : IGNORETUR in omnibus cubr= cuits apparere ferpentes : malè materiaiæ , ruinofe : ed hoc, præter dominum , emo SCr4T. Off. ÿij. 13. I faut mettre partout le même fupplément , res eflo LEA UE, 27. Ceux de nos grammairiens françois qui éta- bliffent une troifieme perfonne finguliere, & une troïfieme perfonne plurielle dans nos impératifs, font encore dans la même erreur, Qu'ils y prennent garde, la feconde du fingulier & les deux premieres du plu- rielontune forme bien différente des prétendues troi- . fiemes perfonnes ; fais, faijons, faites; lis, lifons, lifèz : écoute ; écoutons , écoutez | &tc. ce font comunément des perfonnes! de l'indicatif dont on fupprime les pronoms perfonnels ; & cette fuppreflion même eft la forme qui conftitue l'impératif, voyez IMPÉRATIF. Mais c’eft tout autre chofe à la prétendue troifieme perfonne ; gu'l ou qu’elle fafle, qu'il où qwelle di A qu'il où qu'elle écoute, au fingulier ; qu’ils ou qu’elles : faffent, qu’ils ou qw’elles lifenr, qw'ils où gwelles écou- sent, au pluriel ; il y aïci des pronoms perfonnels, une conjonétion g4e, en un mot, ces deux troifiemes . perlonnes prétendues impératives, font toujours les mêmes » dit M. Reftaut, ch. vj. art, 3. que celles du préfent du /xbjonëif. Or, je le demande , eft-il crovable awaucune vûe d’analogie ait pu donnèr des formations fi différentes aux perfonnes d’un même tems, je ne dis pas par rapport à quelques verbes exceptés, comme chacun fent que cela peut être, mais dans le fyftème entier de la conjugaifon françoife ? Ce ne feroit plus analo- gie, puifque des idées femblables auroient des fignes différens, & que des idées différentes y auroient des fignes femblables ; ce feroit anomalie & confufion. Je dis donc que les prétendues troifiemes perfon- nes de l'impératif font en effet du f4jonéif, eomme il eft évident par la forme conftante qu’elles ont ) & par la con;onétion qui les accompagne toujours : j'a joute que dans toutes les occafions où elles paroïf- {ent employées direétement, comme il convient en eflet au mode impératif, il y a néceffairement une ellipfe , fans le fupplément de laquelle il n’eft pas poflble de rendre de la phrafe une bonne raïfon grammaticale. Qz’11 médite beantcoup avant que d'écri- re, C'eft-à-dire 47 faur , il eff néceffaire , il ef convena- ble, Je lui confeille, &c: qu'il médire beaucorm'avant que d'écrire: Quelles ayent t01t préparé gLand nous arri- verons ; c’eft-à-dire , par exemple, 7e defire ou je veux qu’elles ayent tout préparé. Mais ; dira-t-on, ces fupplémens font difparoïtre le fens impératif que la forme ufuelle montre nette ment; doncils ne rendent pas une jufte raïfon de la phrafe.Il me femble au contraire , que c’eft mar- quer bien nettement le fens impératif , que de dire Jeveux, Je defire je confeille (Voyez IMPÉ RATIF): & fi Pon dit , 47 faur, il eff néceffaire, il ee convenable : qu’eft-ce à dire, finon /4 Loi ordonne, La raifor rend néceflaire owimpoje la néceffité, La bienflance Qu la Cozz BBbbi; #2 7 _. 364 S U B enance exige ? Et tout céla n’eft-il pas impératif? C’eft donc la forme de la phrafe ,.c’eft le tour ellip- sique qui-avertit alors dufens impératif; & il n’eft ‘point attaché à la forme particulière du verbe comme ‘dans les autres perfonnes: mais la forme de la phra- ‘e ne doit entrer pour rien dans ke fyffème de la con jugaïfon , où elle-n’eft nullemeut fenfible. Que je di ‘fe à un étranger que ces mots gw'i/ faffe font de la -conjugaifon du verbe faire, il men croira: maïs que je lui dife que c’eft la troifieme perfonne de l’impé- gatif, & quela fecondeeft fais, je le dis hardiment, il ne m'en croira pas, s’il raifonne jufte & conféquem- ment. $’il connoît les principes généraux dela gram- “maire, & qu'il fache que notre que eft une conjonc- tion, je ne doute pas qu'il n’aille jufqu'à voir que “ces mots gk il faffe {ont du Jubjonéfif, parce qu'il n’y “a que des formes fxbjonétives qui exigent indifpenfa- blement des conjonétions, 3°. Par-tout où l’on-trouve le fukjondif, À y a, ou il faut fuppléer une conjonétion, qui puifle atta- cher ce mode à une phrafe principale, Ainf dans ces vers d'Horace, ZI. Ep. J,ur. (Cèmiot SUSTINEAS C tanta megotia folus:; Res isalas armis TUTERIS , 70r1buS ORNES, Legibus EMENDES + in publica commoda PEC- CEM, Sz longo férmone MORER tua lempora, Caefar : Ïl faut néceflairement fuppléer zsavant chacun de ces fubjonttifs., & tout ce qui fera néceflaire pour amener cet-f# par exemple : Cm res-eft ita ut cos SUSTINEAS GC tanta negotia folus ; ut res-italas ar- anis TUTERIS, utres italas #2oribus ORNES , ut res italas legibus LMENDES : res erit ita ut 27 public commode “PECCEM, f res erit ita ut longo fermone -morer tua tempora, C@jar. Ferreus ESSEM , Ji te non AMAREM : ( Cic. Ep. xv. 21. ) c’eft-à-dire, res ita jam dudum futut fer- reus ESSEM , fi unquam res fuit ita ut re 707 4M.A4- REM. | Pace tué DIXERIM : Ceft-è-dire, ita concede ut pacte tué DIXERIM. Nonnulli etiam Cefari nuntiabant , quuin caffra mo- veri aut figna ferri TUSSISSET, non jore diélorau- dienres milires : (Cæf. I. Gall.) c’eft-à-dire ; quumres futura erat ita ut caffra moveri aut figra ferri TUs- -SISSET: .La néceflité d'interpréter ainfi le Jabjon@if, ef mon-feulement une fuite de la nature connue de ce mode, c’eftencore unechofe enquelque forreayouée par nos grammairiens, qui ont grand foin de mettre la conjon@ion que iavant toutes les perfonnes des tems du /xbjonétif, parce qu'il eft conftant que cette conontHon eft-eflentielle à la fyntaxe de ce mode; que j'aime, que j'aimalle, que j'aye aimé, &tc. Les Rudimentaires eux-mêmes ne traduifent pas autre- ment le fubjonélif latin dans les paradigmes des con- jugaifons: amem. que j'aime; armarem, que j'aimafle; amaverim , que j'aye aimé, Ge - On trouve dans les auteurs latins plufieurs phra: £es-où le fubjonitif & indicatif paroïflent réunis par la conjonétion copulative,: qui ne doit exprimer qu'une liaifon d'unité fondée fur la Gmilitude. (Foyez Morr., arr... n°. 3.) Les Grammairiens en ont con- clù que c’étoit une énallageren vertu de laquelle le Jubjonétif ef mis pour indicatif. Maïs:en vérité , c’eft:connoître bien peu jufqu’à quel poiñt eft rai- fonnable &c conféquent ce génie fupérieur quidirige {ecretement toutes Les langues, que de créire qu'il puifle fuggerer des locutions f contraires àfes prin- cipes fondamentaux, & conféquemment f nuifibles à la clarté de l’énonciation , qui eft le premier & le plus effentiel objet de la parole. rue | L’énallage eftune chimere inventée par les Gram- # | S UB atiftes qui n’ont pas fu analyfer lés‘phrafes ufuelles, ( Voyez ENALLAGE. ) Chaque tems , chaque mode, chaque nombre, &c.-eft toujours employé confor- mémentà fa deftination ; jamais une conjonétion co- pulative ne lie des phrafes diflemblables, comme if Wartive jamais qu'amere fignifie haïr , que ignis fi- gnifie eau, &cc. l'un n’eft n1 plus poffible, ni plus raifonnable que l’autre. | Que falloit-1 donc conclure des phrafes où la con- s“jonétion copulative femble réunir l'indicatif & le Jubjondif ? Par exemple , quand on hit dans Plaute : eloquere guidtibiEST , 6 quid nofframVELIS operam x x ailleurs : zunc dicam cujus juffu ENIO , Ë quam- obrem FENERIM , &tc ? Voici, fi je ne me trompe, comment il falloit raifonner; la conjonétion copula- tive-& doit lier des phrafes femblables ; or la pre- imiere phrafe quid tibi EST d’une part, où cujus juffie FENIO de l’autre ,eft direéte, &c le verbe en eit à indicatif; donc la feconde phrafe de part & d’autre doit également être directe & avoir fon verbe à l’in- dicatif:je trouve cependant le /ubjonüif ? C'eft qu'il conftitue une phrafe fubordonnée à la phrafe dirette qui doit fuivreëla conjonéhon, dont l'ellipfe a fup- primé le verbe indicatif, mais dont la fuppreffion eft indiquée par Le fubjontfif même qui eft exprimé. Ainfi je, dois expliquer ces paffages en fuppléant l’ellip{e = eloquere quid'tibi ST, 6 ad quid res eftita ut zo/framz VELIS operam; & l'autre, zunc dicam cujus juff FENIO, G quamobrem fa@tum EST ita ut VENERIM. Mais ne m’objeétera-t-on point que c’eft innover dans la langue latine, que d’y imaginer des fupplé- mens de cetteefpece? Ces res eff Où erat, ou fururæ eff, Où futura erat ita ut, alu efl ita ut, &cc. plas cées par-tout avant le /zbjon&hif, femblent être « des » expreffions qui ne font point point marquées aw » coin public, des expreffions de mauvais aloi, qu » doivent être rejettées comme barbares ». Aïnfr s'exprime un grammairien moderne dans une {ortie fort vive contre Sanétius. Je ne me donne pas pour l’apologifte de ce grammairien philofophe : je con- viens au contraire qu'avec des vues générales très- bonnes en {oi, il s’eft fouvent mépris dans les appli: cations particuleres ; 8 moi-même j'ai ofé quelque- fois le cenfurer : maïs je penfe qu’il eft exceflif au- moins de dire que certaines expreffions qu’il a prifes pour fupplément d’ellipfe , « ne font les produétions » que de l'ignorance ». On ne doit parler ainfi de quelqu'un en particulier, qu'autant que lon feroit sûr d’être infaillible. Je laïffe cette digreflion & je viens à l’objettion. Je répons, 1°. que ces fupplémens ne font pas tout-à-fait inconnus dans la langue latine , & qu’on en trouvera des exemples, & la preuve de ce queje foutiens ici fur la nature du /4bjonchif, dans les ex- cellentes notes de Perizomius fur Sanétius même, M- nerv. Î. xii. Je répons , 2°. qu’on ne donne point ces fupplé- mens comme des locutions ufitées dans la langue , mais comme des développemens analytiques, des phrafes ufuelles ; non comme des modeles qu’il faille imiter, mais comme des raifons grammaticales des modeles qu’il faut entendre pour les imiter à propos. Je répons , 3°. que dès que la raïfon grammaticale & analytique exige un fupplément d’ellipfe, on eft fuffifamment autorifé à le donner, quand même on n’en auroit aucun modele dans la conftruétion ufuel- le de la langue. Perfonne apparemment ne s’eft en- core, avifé de dire en françois, Je fouhaite ardem- mentque le ciel FASSE en forte que nous ayons bien-1t la paix : c’eft pourtant le développement analyti- que le plus naturel & le plns raifonnable de cette phrafefrançoile , FASSE Le ciel que nous ayons bien- tôt la paix ! C’eft une regle générale dans la langue françoife, & qui peut-être n’a pas encore été ok= ervée., que quand un verbe efl faivi de fon fujet, al y a ellipfe du verbe principal auquel eft fubor- donné celui qui eft dans une conftru@ion inverfe. ‘On en peut voir des exemples, (article RELATIF, a la fin), dans lefquels le verbe eft à indicatif; & Von a vu (article INTERROGATIE), que c’eft un des moyens qui nous fervent à marquer linferrogation, fans charger la phrafe de mots {uperflus qui la ren- droient lâche. Il en eft de même pour le fens optatif de la phrafe en queftion; & Pellipfe y ef indiquée non-feulement par l'inverfion dù fujet, mais encore par la forme fubjonclive du verbe, laquelle fuppofe toujours unautre verbe à l'indicatif, qui ne peut être ici que le verbe Je fouhaite ; Vadverbe ardemment que Jy ajoute, me femble néceflaire pour rendre Péner- gie du tour-elliptique ; 8er forre eftl’antécédent né- -ceflaire de la conjonétion gze, qui doit lier la propo- tion fubjonitive À'la principale. Pour ce qui concerne les tems du /ubjondif, ilen | fera parlé ailleurs. Voyez Teams. | Remarquons, en finiflant, que le /xbjonéif,, eff “un mode mixte, & par conféquent non néceflaire dans la conjugaïfon; c’eft pour cela que la langue hébraïque ne l’a point admis; & il eft évident que M. Lavery {e trempe dans fa grammaire angloife dé- -diée à madame du Boccage, lorfqu'il veut faire trou- “ver un fubjonüif dans les verbes anglois : il ne faut pour s'en-convaincre, que comparer les tems du prétendu /ub/onéif avec ceux de l'indicatif, &c lon y vérra l'identité la plus exaéte; ce fera la même chofe en comparant le prétendu fecond fibjonéif avec le prétendu potentiel ; ils font ésalement iden- tiques, & j'ajoute que ni l'un ni l’autre ne doit pas plus étrecomptédansla conjugaifon angloife qu’on ne doit compter dans la nôtre; je puis diner, je pou- vois diner, 8. Je veux diner, je voulois diner, &c. J'aime à diner, j'aimois à diner, &c. ou telle autre phrafe où entreroit l’infinitif diner. Tlme femble di. cile de bien expofer les regles d'aucune grammaire particuliere, quand on ne connoît pas à fond les principes de la Grammaire générale. (E.R. M. B.) SUBIR., v. aét. ( Gram.) être expofé de gré ou de force; fubir une loi dure; fbir un châtiment ; J'ubir la rigueur du fort. 1 | SUBIT , adj. (Gram. ) qui s'exécute tout-à-coup; 1ly a des coups Jubirs, des échecs fxbirs , des bon- beurs fubirs, des fortunes , ‘des élévatiors fxbites. ‘C’eft alors qu’on confidere les hommes élevés f fu- bitement, & qu’on fe demande comment cela s’eft fait , fans pouvoit fe répondre. Onfe rappelle feu- lement un endroit où Lucien introduit Jupiter fa- tigué des clameurs qui s’élevoient de la terre, met- tant la tête à fa trape, &-.difant de la grêle en Scy- thie , un volcan dans les Gaules 3 la pefte ici, la fa- “mine [à ; refermant fa trape, achevant de s’enyvrer, S’endormant entre les bras de Ganimede ou de Ju- non, & appellant cela gouverner le monde,: | . SUBJUGAL,, adj. cerme de plein chant ,un ton /z86- plagau x. Voyez PLAGAL. | ÿ SUBJUGUER., v. a@. vaincre, dompter, fou- mettre, courber fous le joug; c’eftun homme fubjus: gue par fa femme; Les conquérans fe plaifent à fabyu- Suer les hommes ; ce qu'ils n'exécutent pas fans em égorger un grand nombre. Philippe divifa les répu- bliques de la Grece, pour les Jubjuguer plus facile- ment, Ila, je ne fais quel afcendant fur moi ; ikmie Jubjugue malgré que j'en aïe; la grace Jubjuguela pat- fon dans l’homme religieux ; l’âge; la raifon, Pexpé- rience ; le dégoût dans le philofophe. .SUBLAPSAIRE , oz POST-LAPSAIRE, 04 INFRA- LAPSAIRE , {. m. (Hif?. eccléftaflique. ) qualification ufitée parmi les calviniftes , pour défisner ceux d’en- treleurs théologiens qui penfent que Dieu ne reprout Jugal, ou fubordonné, tels que font tous les tons k SUB ÿ6$ ve certains hommes , & ne les defline aux fupplices éternels qu’en conféquence de Ja prévifion de la chute d'Adam. Ce fentiment eft erroné, flonles ca- tholiques , en ce que Les Jblapfaires veulent que le péché originel , quoique remis par le baptême, foit la caufe primmive &c radicale de la damnation des hommes, & les porte nécéflairement au mal. Voyez: calvin. Tnfhir. Lo, IL €. y. n°. 1, SUBLAQUEU, (Géog. arc.) ville d'Italien, dans léLatium, Pline, 2, JL. c:x5j. dit que PAño pafle au-travers detroïslacs fort agréables, quiavoient donné le nom àla ville de S ublaqueurx, Vacite, Annal. L XIV. p. 227. appelle auffi Sublagueum la maïfon de plaifance que Néron avoit fait bâtir dans ce quartier- R , &t à laquelle il avoit donné le nom de la ville, car la ville étoit au bord d'un des lacs, & la maïfon de plaifance fur une élevation. Hérmolaüs voudroit lire Sublatum, au lieu de Sublaqueum , parce que la maïfon de plaïfance de Néron eff appellée S'ublacenfis villa, dans Frontain, de aqueduë. p.247. S ublaquenurm n'étoit pas beaucoup au-deflous de la fource de l’A- n10. Paul Diacre le met à quarante milles de Rome. Le nom de ce lieu eft aujourd’hui corrompu en celui de Subiaco. (D, J.) SUBLAVIO , oNIs, (Géog. anc.) ville du No- rique ou de la Rhétie, fuivant l'itinéraire d’Antonin; mais Clauier croit qu'il faut lire $ 4b-favione, au lieu de Sublavione, & fa corre&ion paroit jufte. Quoi qu'ilen foit, certe ville n’eft plus aujourd’hui qu'un méchant bourg nommé Siber ou S ben, dans le comté de Tirol. (D.J.) SUBLIMATION , £ £ (Chimie.) efpece de difil- lation dont le caraûtere ipécial eff de ne fournir, que des produits fous forme feche. ‘ La forme , ou plutôt la confiftance de ces produits eft de deux efpeces, ou elle eft ramaflée en une feule mañe folide , qu’on appelle quelquefois pair ou ga- tea, téls que les sateaux de {el ammoniac., les maf fes denfes & liées de fublimé corrofif » G:c. Les pro- duits de la f#b/imation qui prennent cette confitence, retiennent fpécialement le nom de /ublimé. La [e- conde efpece fe préfente fous la forme d'une COU- che rare & fans Haïfon. Ce produit eft connu dans l’art fous le nom de fleurs ; c’eft ainfi-qu'on dit fleurs de foufre ; fleurs de mars, leurs de benjoin, Ge ‘Les vaifleaux lublimatoires les plusufités fontlalambicà chapiteau borgne, les alludels, les matras,les bouteilles de verre mince , appellées dans les boutiques »£ioles. a médecine ; le pot de terre À double couvercle pour les fleurs d’antimoine.en particulier ; la éucurbite de terre bafle furmontée d’un cone dé papier pour celle de benjoin GC. TOUS ces vaifleaux &-appareïls font repréfentés dans les planches de. chimie ( voyez. ces Planches). do Er La théorie de la fublimation & les lois manuelles de cette opération doivent.fe déduire abfolument de la théorie & des lois manuelles de la difillatiôn. en général. Voyez DISTILLATION. La feule manœuvre. particulieré dont l’artifte pure être averti, c’eft | moyen de donner de l’air ou dé ménager une iflue aux vapeurs qui fe raréfient däns l’intérieur de l'an. pareil frasile du matras ou des phioles , & de tenir le col de ces vaïfleaux ouverts pendant les p'emiérs. tems de Popération , en rompant où abattant let blimé , ou les fleurs qui Pobtruent au moyen d’une baguette où d’un fl-de-fer , &c. (2) : NS SUB-LUP ATI A, (Géog. anc.) ville d'Italie, dansia 150 | Pouille L’ifiñéraire d’Antonin la marque entre Sz/p12- num Êt Canales à 21 milles du premier de ces Rheux 8 à 13 nulles du fecond. Cette-ville {lon Holften,étoitoù eftaujourd’hui là villeépifcopale d’Altamura, (DJ). SUBLIME , adj. (Mag. Tranfe.) géométrie fun me ou tranfcendante, éft le nom qu'on donne ‘Darti- culierement à la géométrie infimtéfimale , OU des ne HA 560 S U B, finiment petits. Voyez GÉOMÉTRIE, TRANSCEN- DANT , DIFFÉRENTIEL, Ge. (0) SUBLIME, er Anatomie ; nom de deux mufcles fléchifleurs des doigts, l’un de la main, & l’autre au pié, par oppofition avec un autre caché par chacun d'eux, qu'on appelle profond. Voyez PERFORÉ, SUBLIME , (Arsorat. Poëfte, Rhetor.) qw’eft-ce que le fublime ? a-t-on défini, ditla Bruyere? Defpréaux en a du-moins donné la defcription. Le fublime, dit-il, eft une certaine force de dif- cours propre à élever £ à ravir lame , 8c qui pro- vient ou de la grandeur de la penfée êz de la nobleffe du fentiment , ou de la magnificence des paroles, ou du tour harmonieux, vif 8 animé de l’expreflion, c’eft-à-dire , d’une de ces chofes regardées féparé- ment , ou ce qui fait le parfait /ublime de ces trois chofes jointes enfemble, Le fublime , {elon M. Sylvain (dans un traité fur cette matiere ), eft un difcours d’un tour extraordi- naire , vif & animé , qui par les plus nobles images, & par les plus grands fentimens, éleve Pame, laravit, & lui donne une haute idée d’elle-même. | Le fublime en général , dirai-je en deux mots , eft tout ce qui nous éleve au-deflus de ce que nous étions , &c qui nous fait fentir en même tems cette élevation. Le fublime peint la vérité, mais en un fujet noble : il la peint toute entiere.dans fa caufe & dans {on ef- fet : 1l eft lexpreffion ou l’image la plus digne de cette vérité. C’eft un extraordinaire merveilleux dans le difcours , qui frappe, ravit , tranfporte l'ame, &c lui donne une haute opinion d’elle-même. Il y a deux fortes de /xblime dont nous entretien- drons le leéteur , le/#hlime des images, & le /ublime : desfentimens. Ce n’eft pas que les fentimens ne pré- fentent aufli en un fens de nobles images , puifqu'ls ne {ont fablimes que parce qu'ils expofent aux yeux l'ame &r le cœur: mais comme le /xblime des images peint feulement un objet fans mouvement, &t que VPautre fublime marque un mouvement du cœur , il a fallu difinguer ces deux efpeces par ce qui domine en chactse. Parlons d’abord du fxblime des images , Hômere & Virgile en font remplis. Le premier en parlant de Neptune, dit Neptune ainfi marchant dans les vafles CAMpapnes , Fait trembler fous fes pies & forêts & montagnes. C’eft-là une belle image, mais le poëte eft bien plus admirable , quand il ajoute L'enfer s’émeut au bruit de Nèptune en furie : Pluron fort de fon trône, il pälit, il S’écrie ; Æ Il a peur que ce dien dans cet affreux Jéjour , D'un coup de Jon trident ne faffe entrer Le jour, Et par le centre ouvert de la terre ébranlee, Ne-faÿle voir du Styx la rive défolée, - Ne decouvre aux vivans cet empire odieux Abhortré des mortels , & craint même des dieux. Quels coups de pinceau ! la terre ébranlée d’un coup de trident ; lesrayons du jour prêts à entrer dans fon centre ;la rive du Styxtremblante &z défolée; lem- pité des morts abhorré des mortels ! voilà du /z6/:- ne, &t 1] feroit bien étonnant qu'à la vue d’un pareil {pe&tacle nous ne fuflions tranfportés hors de nous- mêmes. | ; Homere toujours grand dans fes images, nous of- fre un autre tableau magnifique, Thétis dans l’Iliade va prier Jupiter de venger fon fils qui avoit êté outragé, par Agamemnon ; touché des plaintes de la déefle, Jupiter lui répond : « Ne » vous-inquiétez point , belle Thétis, je comblerai » votre fils de gloire ; .8t pour vous en aflurer, je » vais faire un figne de tré, & ce figne eft le gage » le plus certain de la foi de mes promefles ». Il dit, du mouvement de fa tête immortelle POlympe eft ébranle ». Voilà fans doute un beaif trait de fui 76 | 6 bien propre à exciter notre admiration ; car tout ce qui paîñle notre pouvoir la reveille ; remar- quez encore qu'à cette admiration il fe joint toujours de l’étonnement, efpece de fentiment qui eft pour nous d’un grand prix. N’eft-ce pas encore le /xblime des images , quand le même poëte peint la Difcorde ayant La tête dans les cieux, G les piés fur La terre. Il en faut dire autant de l’idée qu’il donne de la vr- tefle avec laquelle les dieux fe rendent d’un lieu dans un autre. Autant qu'un homme affis au rivage des mers, Voit d'un roc élevé d’ejpace dans les airs , Autant des immortels les couriers intrépides En franchiffent d’un fau. Quelle idée nous donne-t-il encore du bruit qu'un dieu fait en combattant ? Le cielen retentir, G l’'olympe en trembla. Virgile va nous fournir un trait de /zblime fembla- | ble à ceux d'Homere; le voici : les divinités étant af. femblées dans l’olympe, le fouverain arbitre de l’u- mvers parle : tous les dieux {e taifent, la terre trem- ble, un profond filence regne au haut des airs, les vents retiennent leur haleine, la mer calme fes flots. — Eo dicente Deim domus alca filefcir ; Et tremefaëla folo zellus, filer arduus æther : Tam zephiri pofuere , premit placida œquora pontus. Les peintures que Racine a fait de la grandeur de Dieu, font /ublimes. En voici deux exemples: J'ai vé l’impie adoré fur la terre, Pareil au cèdre il cachoit dans les cieux Son front audacieux. TJ fembloit à fon gré gouverner le tonnerre ; Fouloit aux piés Jes ennemis vaincus, Je n'ai fait que paler , il n'étoit déja plus. Efther, fc. V. a@. V. Racine, Les, quatre autres vers fuivans, ne font guere moins /ublimes. L’Eternel eff [on nom, le monde ef? [on ouvrage, Il entend les foupirs de l'humble qu'on outrage Juge tous les mortels avec d’égales lois, Et du haut de [on trône interroge les Rois. Un raïfonnement , quelque beau qu'il foit , ne fait point Le /ablime | mais 1l peut y ajouter quelque cho- {e. On connoit le ferment admirable de Démofthe- ne ; 1l avoit confeillé au peuple d’Athenes de faire la guerre à Philippe de Macédoine, & quelque tems : après il fe donna une bataille où les Athéniens furent défaits: on fit la paix, & dans la fuite l’orateur Efchi- ne reprocha en juftice à Démofthene fes confeils, & fa conduite dans cette guerre, dont le mauvais {uc- cès avoit été fi funefte à {on pays. Ce grand homme, malgré fa difgrace , bien loin defe juitifier de ce re- ‘proche, comme d’un crime , s’en juftifie devant les L] 3 Athéniens même, fur l’exemple de leurs ancêtres qui avoient combattu pour la liberté de li Grèce, dans les occafñons les plus périlleufes ; & il s’écrie avec une hardiefle héroïque: zoz , Meffieurs , vous n'avez pont failli, j'en jure , &tc. Ce trait, qui eft extrémement /zblime, renferme un rafonnement invincible; mais ce n’eft pas ce rai fonnement qui en fait la /ublimisé, C’eft cette foule de grands objets , la gloire des Athéniens, leur amour pour la liberté , la valeur deleurs ancêtres, quel’o- rateur traite comme des dieux , & la magnamimité de Démofthene, auf élevée que toutes ces chofes en SUB femble ; enfin ce qui en augmente la beauté | c’eft qu'on y trouiveen petit toutes Les perfeétions du die couts raflemblées, la noblefle des mouvemens, beau: coup de délicatefie, de otandes images, de grands fentimens , des ñpures hardies & naturelles, une force de raifonnenent : 87 ce qui eft plus admirable encore , le cœiirde Démoftheneélèvé au-deflus des méchans fuccès par une vertu égale A:celle dé ces grands hôtimes par lefquels il jure. Il n’y avoit que lui au monde qui pit ofer, en préfence des Arhé- mens, juitifier par les combats même où ils avoient été vitorieux, le deffein d’uné guérre oi ils avoient été defaits. Parlons à préfent du fäblime des fentimens. . Les fentimens font fzblimes quand fondés fur une vraie vertu, 1}s paroïflent être prefque au-déflus de la condition humaïne , & qu'ils font voir , comme l’a dit Séneque, dans la foiblefle de l'humanité, la conftance d’un Dieu ; Punivets tomberoit fur la tête du jufte, fon ‘ame feroit tranquille dans le tems mê- me de fa chute. L'idée de cette tranquillité , com- parée avec le fracas du mondeentier quife brie , eft une image /ublime, & la tranquilité du jufte eft un : fentiment fLblime. Cette efpece de fublime ne fe trou- ve point dans l’ode, parce qu’il tient ordinairement à quelque aétion, & que dans l’ode il ny a point d’aétion. C’eft dans le poëme épique & dans le dra- matique qu'ilregne principalement, Corneille en eft rempli. TE ; + Dans la Scene IV. du I. a&, de Médée, cette prin- cefle parlant,à fa confidente , l’aflure qu’elle faura bien venir à bout de fes ennemis, qu'elle compte mê- qe inceflamment s’en venger ; Nérine fa confidente Hi dite ji - | * Perdey l’aveugle gfpoir dont vous êtes [éduiré , Pour voir en quel état lé fort vous a rédaise. | . _ Vorre pays vous haït ; votre époux éff fans foi ; Contre tant d’ennemis que vous refle-s-il ? À quoi répond Médée, . Mot ; Moi , dise, 6 C’éft affez, > Que Médéeeüt répondu : mon'art € mon courage ; cela feroit très-noble & touchant au grand; qu’elle dife fimplement , 107: voilà du grand ; mais ce n’eft point encoré du /ublime. Ce monofillabe annonce- roit de la maniere la plus vive 8 la plus rapide, juf- qu'oùva la grandeur du courage -de Médée ; mais ‘cette Médéeefl une méchante femme, dontona pris foin de me faire connoître tous les crimes’, & les . moyens dont elle s’eft fervi pour les commettre, Je ne fuis donc point étonné de fon audace; je la vois grande , & je m'attendois qu’elle le devoit être ; mais quand ellé répete: moi, dis-je, & c’efl affez; ce n’eft plus une réponfe vive & rapide, fruit d’une pafon aveugle & turbulente ; c’eft une réponfe vi- ve, & pourtant de fang-froid; c’eft la réflexion, c’eft e rafonnement d’une pañion éclairée & tranquille dans fa violence : 101, je ne vois encore que Médée:. mot | dis-je, Je ne vois plus que fon courage & la jouiflance de fon art; ce qu'il a d’odieux a difparu ; je commence àdevenir elle-même , je réfléchis avec elle; & je conclus avec elle; & c'e? affez : voila le _Jublime ; c'eftparticulierement ce c’e/f affez, qui rend Jublime toute la réponfe. Je ne doute point un inf tant que Médée feule ne doive être fupérieure à tous fes ennemis ; elle en triomphe aëtuellement dans ma penfée, &t malgré moi, fans m’en appercevoir même, je partage avec elle le plaifir d’une vengeance aflu- rée. C'eft ce que le mor tout {euln’eût peut-être pas fait. Je fais que M. Defpréaux, fuivi par plufeurs critiques , femble fire conffter le Jublime de la ré- ponfe de Médée ; dans le feul monofillabe #10 ;: mais “J'ofe être d’un avis contraires . . on AUTRE > À 3 S UE 567 … Vous’tfouverez un'autre trait du /#bfire des fente mens dans la VI. fcene du-Hil. a, des Horaces. Une femnie qui avoit afhifté au Combatdes trois Horaces , contre les trois Curiaces, maistqui n’en avoit point vu la fin, Vient annoncer au vieux Horace pere, que deux de fes fils avoientété tués.; 8c que letroi- fieme fe voyant hors.d’état de réfifter contrettois , avoit pris la fuite; le. pere alots fe montre vutré de la Tâcheté de fon fils, fur quoi fa fœur qui étoit 1à préfenté-, dit à fon pere: "5 © Que.vouliez-vous qu’il fit contre trois ? Il répond vivement : CERTES Qu'il mouréts Dans ces deux exemples, Médée 8 Horace font tous deux agités de paffion, &c il eftimpoffble qu'ils expriment ce qu'ils fentent, d’une façon plus pathé- tique. Le m0: qu'emploie Médée , & à qui elle don- ne-une nouvelle force | non-feunleméntén 1e répé: tant, maisen ajoutant ces deux mots, 6 ef affee, peint au-delà de tout, la hauteur & la puifañce de cette enchanferefle. Le fentiment qu'exprime Hora- ce le père, à la: même forté de beauté: quand’ par bonheur un mot, ‘un feul mot peint énéroiduement un fentiment, noûs fomme ravis , parce qualors le fentiment a été peint avec la même vitefle qu'il a été éprouvé; &c-cela eft'fi rare, qu'il faut néceffaire. ment qu’on en foit furpris | en même fems qu'on en eftcharmé: Ne doutons point encore que Poroeueïl ne prête de la beauté aux deux traits de Corneille. Lorfque des gens animés feparlent, nous nous mettons Hachina- lement à lèur place: ainfi quand Nérine dit à Médéé, contre tant d’énnemis, que vous #èfle: t- 113 Hous fommes.extaliés d'entendre ce moi fuperbe , &repé- ! : . LE, té fuperbement, L’orgueil de Médée éleve fé notre, nous luttons nous-mêmes , fans nousen appércévoir, contre le fort | & lui faifons face comme Médés, Le qui mourkr du vieil Horäce, nous enleve : cat com me nous craignons extrèmement la mott , ilef cer- tain qiu’ennôûs mettant à la place d'Horace , ÊT hous trouvant pour un moment animés de la même oran- deur que Et > nous ne faurions nous empêcher de “nous énorguerllir tacitement d’un courage que nous n'avions pas le bonheur de Connoître encore, AVouons donc que les impreflions que font fur nous le fublime dont nous venons de parler ; nous les devons en par- tie à notre orgueil, qui fouvent eft fort {ot & fort ridicule. | Une épaule obfcurité avoit couvert tout-à-coup l'armée des Grecs , enforte qu'il ne leur étoit pas poffible de combattre ; Ajax qui mourbdit d'envie de ‘donner bataille, ne fachant plus quelle réfolution prendre, S'écrie alors, en s’adreffant À } upiter :. Grand dieu, rens-nous le jour | 6 combas contre nous, - Céftici aflürément le triomphe de lorgueil dans un trait de fublime ; car en goûtant une rodomonta- de fi gafconne, on eft charmé de voir le maître des dieux défié par un fimple mortel. Nés tous avec un fond de religion , il arrive que notré fond d'impièté fe réveille chez nous avecuneforte de plifirs la rai- fon vient enfuite condamner un pateïl plaifir, mais felon fa coutume, elle vient trop tard. Corneille me fournit encore un nouveau trait de Jublime des féntimens ; que je ne puis pañler fous fi- Jence. Suréna , général des armées d'Orode, roi des Parthes, avoit rendu des fervices fi eflentiels à fon maitre, S’étoit acquis une fi grande réputation, que ce prince , pour s’aflurer de fa fidélité, refoud de le prendre pour gendre. Suréna qui aimoit ailleurs , re fufe la fille du roi, & fur ce refus Le roi le fait affa 568 SU B ner. On vient auffitôt en apprendre la nouvelle à la fœur &c à la maitrefle de Suréna , qui étoient enfem- ble, &c alors la fœur de Suréna éclatant en impréca: tion contre le tyran, dit: Que fais-tu dû tonnerre, Ciel , fc tu daignes voir ce qu'on fait [ur la verre ? Et pour qui gardes-tu tes carreaux embrafés, Si de pareils tyrans n’en font point écrafes ? Enfuite s’adreffant à la maîtrefle de Suréna , qui ne paroifloit pas extrémement émue , elle lui dit : Et vous ; madame , & vous dont l'amour inutile , Dont l’intrépide orgueil paroït encoretranquille, Vous qui brélant pour lui fans vous déterminer ; Ne Pavez tant aimé que pour l’affaffiner ; Allez d'un tel amour , allez voir tout l'ouvrage , En recueillir le fruit , en goëter l'avantage. Quoi! vous caufez [a mort ; 6 n'avez point de pleurs ? À quoi répond Euridice , c’eft-à-dire la maitrefle de Suréna. Non, je né pletré peint, madarné j Mais Je imèurs ! Et cette malheureufe princefle tombe aufh-tôt entre les bras de fes femmes qui l’'emportentmourante. Voi- … 1à fans doute un /zb/ime merveilleux de fentimens, & dans lation d’Euridice, & dans fa réponfe. Finir Les jours en apprenant qu’on perd ce qu’on aime | être faifi au point de n’avoir pas la force d’en gémir, * & diretranquillement qu'on meutt, ce fontdes traits qui nous illuftrent bien quand nous ofons nous en en croire capables ! _ Je puis à préfentme livrer à des obfervations par- ticulieres fur lé fxblime ; je crois d’abord qu'il faut diftinguer, comme a fait M. le Batteux , entre le /- blime du fentiment , &c la vivacité du fentiment : voi- ci fes preuves. Lefentiment peut être d’une extrême vivacité fans être fublime ; la colete qui va jufqu’à la fureur, eft dans le plushaut degré de vivacité, &cce- pendant elle n’eft pas fublime, Une grande ame eft plutôt celle qui voit ce qui affeëte les ames ordinai- res , & qui Le fent fans en être trop émue , que celle qui fuit aifément l’impreffion des objets. Réguluss’en retourne paiñblement à Carthage, pour y fouffrirles plus cruels fupplices , qu'il fait qu’on luiapprête : ce fentiment eft /ublime , fans être vif. Le poëte Horace fe repréfente la tranquillité de Régulus ; dans l’af- freufe fituation où il eft : ce fpeétacle le frappe ; l’em- porte , il fait une ode magnifique , fon fentiment eft vif, mais il n’eft point fblime, | Le fublime des fentimens eft ordinairement tran- quille. Une raïfon affermie fur elle-même les guide dans tous leurs mouvemens. L’ame /xblime n’eft al- térée ni des triomphes de Tibere , ni des difgraces de Varus. Aria fe donne tranquillement un coup de poignard , pour donner à fon mari l'exemple d'une mort héroïque : elle retire le poignard, & le lui pré- fente , en difant ce mot fublime, Pætus, cela ne fait point de mal ; pæte, non doler. ‘On repréfentoit à Horace fils, allant combattre _ contre les Curiaces, que peut-être il faudroit le pleu- rer, il répond : Quoi ! yous me pleureriez mourant pour ma pa- trie À La reine Henriette d'Angleterre, dans un vaifleau, au milieu d’un orage furieux, raflüroit ceux qui l’ac- compagnoient, en leur difant d’un air tranquille, que les reines ne Je noyoient pas. Curiace allant combattre pour Rome, difoit à Ca- mille fa maitrefle , qui, pour le retenir, faifoit valoir fon amour : Ayant que d'être & vous , je fuis & mon pays: Augufte ayant découvert la conjuration que Cin* na avoit formée contre fa vie, & l'ayant convaincu, lui dit: L 2 Soyons amis, Ciñré, c'efi moL qeit s’en COnVyie, . Voilà des fentimens f#hlimes + la reine étoit aut= deflus de la crainte, Curiace au-deflus de l’amour ; Augufte au-deflus de la vengeance ; &toustrois ils étoient au-deflus des pañlions & des vertus commu nes. Ilen eft de même de plufeurs autres traits de. fentimens fublires. | séni. Ma feconde remarque roulera fur la différence qu'il faut mettre entre le ftyle fäblime & le fublime; &c cette remarque fera fort courte, parce qu’on con Vient généralement que le ftyle /xb/ime confifte dans une fuite d'idées nobles exprimées noblement , & que le /ublime eft un trait extraordinaire , merveil: leux , qui enleve, ravit, tranfporte, Le ftyle fxblime veut toutes les figures de l’éloquencé , le /xblime fe peut trouver dans un feul mot. Une chofe peut être décrite dans le ftyle /xblime , & n’être pourtant pas Jublime , c’eft-à- dire n'avoir rien qui éleve nos ames : ce font de grands objets &c des fentimens ex- traordinaires qui cara@térifent le /wblime, La defcrip- tion d’un pays peut être faite en ftyle fablime ; mais Neptune calmant d’un mot les flots irrités , Jupiter faifant trembler les dieux d’un clin d’oœ1l, ce n’e qu'à de pareïlles images qu'il appartient d’étonner & d'élever limdoination. es Longin confond quelquefois le fwblime ävec la grande éloquence, dont le fond confifte dans lheu- reufe audace des penfées , & dans la véhémence & lenthoufiafme de la pafñon. Cicéron m'en fournit un bel exemple dans fon plaidoyer pour Milon , c’eft: a-dire dans le chef-d'œuvre de Part oratoire. Se pro- pofant d’avilir Clodius , il attribue fa mort à la co- lere des dieux qui ont enfin vengé leurs temples & leurs autels profanés par les crimes de cet impie; mais voyez de quelle maniere /xblime 1l s’y prend, c'eft en employant les plus grandes figures de rhé- torique , c’eft en apofñtrophant & les autels & les dieux. «Je vous attefte, dit-il, & vous implore,, faites # collines d’Albe que Clodius a profanées ; bois ref- » peétables qu'il a abattus ; facrés autels, lieu de » notre union, & auf anciens que Rome même; # fur les ruines defquels cét impie avoit élevé ces »# mafles énormes de bêtimens ! Votre religion vio- » lée, votre culte aboli, vos myfteres pollués , vos # dieux outragés ont enfin fait éclater leur pouvoir » êcleur vengeance. Et vous , divin Jupiter latial, » dont il avoit fouillé les lacs & les bois par tant de » crimes & d’impuretés , du fommet de votre fainte » montagne vous avez enfin ouvert les yeux fur ce » fcélérat pour le punir. C’eft à vous & fous vos » yeux, c'eft à vous qu’une lente, mais jufte ven- » geance a immolé cette viétime dont le fang vous » étoit dû» ! Voilà de ce /ublime dont parle Lon- gin , ou, fi l’on veut, voilà un exemple brillant de la plus belle éloquence ; mais ce n’eft pas ce que nous avons appellé fpecialement le /xblime ; en le contemplant ce /ublime , nous fommes tranfportés d’étonnement : #m olympi concuflum , inæquales pro- cellas , fremitum maris , & srementes ripas , ac raptain cerras prœcipiti turbine fulmina, cernimus. Enfin le fublime differe du grand, &c l’on ne doit pas les confondre. L’expreflion d'une grandeur ex traordinaire fait le /ublime | & l’exprefhon d’une grandeur ordinaire fait le grand. Il eft bien vrai que la grandeur ordinaire du difcours donne beaucoup de plaïfir, mais le fublime ne plaît pas fimplement, ilravit. Ce qui fait le grand dans le difcours, a plu- fieurs degrés, mais ce qui fait le fzblime , n’en a qu'un, M. le Febyre a marqué la diftinétion du des r SUS _ &cdu-fublme dans un difcouts plein d'eforit écrit | en latin, 1ldit : Mapniido abfque fublimirare : fjubli. mitas-fine magnitudine nunguam erit : illx quiden ina ter eff, 6 pulchra, G nobilis , 6 generofa, fed marre | pulchrä, filia pulchrior. Quant au fublime des fentimens , une comparaifon. | peut illuftrer mon idée: Un roi qui, par une magni- ficence bien entendue & fans fañle , fait un nob! ufage de fes richefles , montre de la grandeur dans cette conduite. S'il éteñd cette magmficence fur les perfonnes de mérite , celaeft.encore plus grand, S'il choïfit de répandre fes libéralités {ur les gens de mérite malheureux, c’eft un nouvéau degré de gran- deur & de vertu, Mais.s’il-porte la sénérofité tufau'à, | \ J fe dépouiller queiquefois fans imprudence, jufqu'à ne-fe réferver que lefpérance comme Alexandre, _ Ou jufqu'à regarder comme perdus tous les jours qu'il a pañlés fans faire du bien ;:voilà des mouvemens /#- blimes qui me raviflent 8 me rranfportent ,.& qui font les feuis- dont l’exprefion puifle faire dans le dif cours le ublime des fentimens. Cependant comme la différence du grazd & du: Jublime eft üne matiere également agréable & im- portante à traiter, nous croyons devoir la rendre encore plus fenfible par des exemples. Commençons pareéniciter quiayént-rappornt au /wblime des images , pour venir enfuite à ceux qui regardent le f#b/ime des fentimens. Lonpin cite pout fubliries ces vers d'Eurypide, où le foleil parle ainfi à Phaëton, Prens garde qu'une ardeur trop funefe à ta vie, Ne L'emporre au-deffas de l’aride Libie, La, jamais d'aucune eau le fillon arrofé, Ne rafraichit mon char dans [a courfe embrafe. e L 0 è » 9 x L Auffi-r6t devant roi s’offrironr [ep étoiles ; Dreffe par-la'1a courfe , & fuis le droit chemin. De fes chèvaux ailes , il bat les flancs agiles : Les courfrers du foleil à fa voix font dociles , Ts vonr, Le char s'éloigne, 6 plus prompt qu'un éclair, Pénerre en un moment les vafles champs de l'air. Le pere cependant plein d'un rrouble fiünejte, \ Le voit rouler de loin fur la plaine célefte , Lui montre encor fa route, & du plus haur des creux Le fair autant qu'il peur de la voix & des yeux. Va par-la , lui dis-il, reviens, détourne, arrére, Ces vers font pleins d'images, mais ils n’ont point ce tour extraordinaire qui fait le fxblime : c'eftun beau récit qui nous intérefle pour Le Soleil & pour Phaëton ; on entre vivement dans l'inquiétude d'un pere qui craint pour la vie de fon fils, mais lame n'eft point tranfportée d’admiration. Voulez-vous du vrai Jublime, Yen trouve dans le paflage du Pf cxiij, & La mer vit la puiffance de l'Eternel, & elle s’en- » fuit. Il jette fes regards, &c les nations font diffi- » pées ». | Donnons maintenant des exemples de fentimens grands & élevés, je les puife toujours dans Cor- nelle. Augufte délibere avec Cinna & avec Maxime, s’il doit quitter l’empire ou le garder. Cinna lui confeille ce dernier parti ; & après avoir dit à ce prince que de fe défaire de fa puiffance, ce feroit condamner toutes les aétions de fa vie ; il ajoute: On ne renonce point aux grandeurs légitimes , On garde fans remors ce qu'on acquiert fans cri- re 2 Et plus le bien qu'on quitte eff noble ,grand exquis, Plus qui l'ofe quitter, le juge mal acquis. N'imprimez pas, feioneur , cette honteufe marque À ces rares vertus qui vous ont fait monarque, Vous l'êtes juflement ; & c’eft Jars attentas Tom XP, | Que vous avey changé lr forine de l'évat à “Rome-tff deffois vos lois parle diois dela grres Qui fous des lois de orne ans tourela terres Vos armes l'ot conquife ; 6 ious lisionguérants. Poir étre Hfurpateurs, fe Jorr pas des tyrañs, Qiand is ont fous leurs lois affervi des PTOVirRCES à Gonvernant jujiemènt , ils s'en font jufles rirces C'efl ce que fit Céfar ; il vous fs arijonrd ui Contaïnrer [a mémoire , où faire commre lui, S2 Le pouvoir Juprème eff blämé par Æuulle, Céfar fut un tyran , € fon crépas fur jufte : Er vous devez aix dieux compte de rois Le Jarg Dont vons l'avez vengé ponr monter à fon Tang, N'encraigner point, férgneur,. les sriflès-deffinces. Un plus puiflant démon vezlle. far vos années, On adix fois fur vous attenté fans effèr, Er qui l'a vouluperdre, atmême infhart l'a fire, y D'un autre côté , Maximé qui eft d'un avis cons traire , parle anfi à Augufte: Rome eff a vous , feigneur, 1 empire eft voire bien, Chacun entiberté peut difbofer du fier. lle peut, a fon choix , garder ou s’en dSfhife ; Vous feul ne Poïtrriez pas ce que pert.le vulgaire, E fercez, devenu , pour avoir tout dormpté Æ/clave des grandeurs où vous &es monté. Poffédez-les, f'igneur , fans qu'elles vois poffedents Loin de vous captiver, jouffrer qu’elles vous cédent, Er fasses hautement comnotire enfin à tous È Que tour ce qu'elles ons ef} au-deffous de vous. Votre Rome autrefois vous donna La raiffance, Vous lui voulez donner vorre tolte-puiffanc Er Cinna vous imputea:crire capital , La libéralité vers le pays natal! Il appelle remors l'amour de la patrie ! Par la hasre vertu, la gloire ef? donc férrie 5 Ærce n’ejl qu'un objer dione de nos IÉpris., S1 de fes pleins effets l'infamie ef? le prix ? Je veux bien avouer qu'une aition € belle Donne a Rome bien plus que vous ne tenez d'elles Mais conrmet-on nn crime indigne de pardon, Quand la reconnoiffarce eff ax deffus du don ? Suivez, fuivez , Jergneur , Le ciel qui vous ifpire, Votre gloireredoubls à méprifer ! érmpire , Er vous ferez fameux chez la poftérirs, Moins pour l'avoir acquis , que pour l'avoir quitté, Le bonherer peut conduire à [1 grandeur faprème. Maïs pour y renoncer | il firut La vert même Ær peu de généreux vont jufqu'a dédaigner, Apres un fceptre acquis, Li douceur de regner, Es L | On ne peut nier que ces deux difcours ne foient remplis de noblefle | de grandeur & d'éloquence, mais iln’y a point de Jublime. Les fentimens nobles qu'ils étalent ne font que des réflexions de Pefprit, &t non pas des mouvemens aluels du cœur ; qui tranfportent l’ame avec l’émction héroïque du /x2 blime. Cependant pour rendre encote plus fenfible la différence du grand & du fublime , J'alléeuerai deux exemples , où lun &e l'autre fe trouvent enfem: ble dans le même difcours. La même fragédie de. Cinna me fournira le premier exemple , & celle de Sertorius le fecond, . Dans la tragédie de Cinna, Maxime, qui vouloit fuir le danger, ayant témoigné de l'amour À Emi- le, qu'il tâche d'engager à fuir avec lui ; elle lui parle ainfi : Quoi, tu m'ofes aimer , E tü n'ofes mourir ! F? 3 . f : F7 Tu prétends LI peu ÉTOP 3 MAIS quo que tu prétendess Rends-toi digne du-moins de ce que in demandes, Ceffle de fuir en lâche un glorieux trépas , Ou de mr'offrir LIL Cœur que tu fais voir fe bas, Fais que je porte envie à ta vertu parfaite, CCce 579 SUB Ne te pouvant aimer , fais que Je te regrette. Montre d’un vrai romain la derniere vigueur , Etmérite mes pleurs au défaut de mon cœur. Le premier vers eft fublime , & les autres, quoi- que pleins de grandeur , ne font pourtant pas du genre Jfublime. Dans la tragédie de Sertorius, la reine Viriate parle à Sertorius qui refufoit de Pépoufer , parce qu’il s’en croyoit indigne pat fa naiffance, &c qui cependant la vouloit donner à Perpenna ; &t fur ce qu'il difoit qu'il ne vouloit que le nom de créature de la reine , elle lui répond : Si vous prenez ce titre, agiffez moins en maître, Oum apprenez du-moins , Jeigneur , par quelle lot Vous n'ofez m'accepter, & difpofez de moi? Accordez le refpeit que mon trône vous donne, Avec cer attentat fur ma propre perfonne ; Voir toute mon cime , G'n'en pas mieux ufer, C’en ef} un qu'aucun art ne fauroit deguifer. Tout cela eft beau , tout cela eft noble; mais quand elle vient à dire immédiatement après: Puifque vous le voulez, foyez ma créature ; Etme.laiffant en reine ordonner de vos vœux, Portez-les jufqwa moi, parce que je le veux. Ces trois derniers vers font f f#blimes , &c élevent ame fi haut , que les autres vers tout grzzds qu'ils font , paroïffent perdre de leur beauté; de forte qu’on peut dire quele grand difparoît à la vûe du /xblire, comme les aftres difparoïflent à la vue du foleil. Cette différence du grand &c du fublime , me fem- ble certaine; elle eft dansla nature, & nous la fen- tons. De donner des marques & des regles pour faire cette diftinéion, c’eft ce que je n’entreprendrat pas, parceque c’eft une chofe de fentiment; ceux qui l'ont jufte & délicat, feront cette différence. Di- fons feulement que tout difcours qui éleve lame éclairée avec admiration au-deflus de fes idées ot- dinaires de grandeur , & qui lui donne une plus haute opinion d'elle-même, eft fublime, Tout duf- cours qui n’a ni ces qualités ni ces effets, n’eft pas fublime, quoiqu'il ait d’ailleurs une grande noblefle. Enfin, nous déclarons que quand on trouveroit fublimes quelques-uns des pañlages qui nous paroif- {ent feulement grands, cela ne feroit rien contre le principe; & unexemple par nous mal appliqué , ne peut détruire une différence réelle & reconnue. Comme les perfonnes qui ont en partage quelque goût, font extrèmement touchées des beautés du /#- blime, on demande s'il ya un art du /xblime c’eft-à- dire fi l’art peut fervir à acquérir le /xblime. Je réponds avec M.Silvain, que fi on entend par le mot d’ars un amas d’obfervations fur les opérations de l'efprit & de la nature, ou fur les moyens d’ex- _ citer à la produéion de ces beaux traits les perlon- nes aui font nées au grand, il y a un art du /#//rme. Mais fon entend parart, un amas de préceptes propres à faire acquérir le fxblime, je nè crois pas qu'il y en ait aucun. Le fublime doit tout à la nature ; il n’eft pas moins l’image de la grandeur du cœur ou de l’efprit de l’orateur, que de l'objet dont il parle; & par conféquent il faut, pour y parvenir, Être né avec un efprit élevé, avec une ame grande & no- ble, &c joindre une extrème juftefie à une extrème vivacité. Ce font-là, comme on voit, des dons du Ciel, que toute l’adrefle humaine ne fçauroit pro- curer. | D'ailleurs le f#b/ime confifte non-feulement dans les grandeurs extraordinaires d’un objet , mais en- core dans l’impreflion que: cet objet a faite fur lo- rateur, C’eft-à-dire dans les mouveméns qu'il a ex- cités en Jui, & qui font imprimés dans le tour de SUB fon expreffion. Comment peut-on apprendre à avoir où à produire des mouvemens , puifqu'ils naiflent d'eux-mêmes en nous à la vue des objets, fouvent malgré nous, & quelquefois fans qe nous nous en appercevions Pne faut -1l pas avoir pour cela un cœur & un naturel fenfibles ? &c dépend-t-il d’un homme d’être touché quand il lui plaît, & de l'être précifément autant & en la maniere que la grandeur des chofes le demande ? Dans le fublime des images , peut-on fe donner ou donner aux autres cette intelligence vive & lumi- neufe , qui vous fait découvrir dans les plus grands objets de la nature une hauteur extraordinaire & in- connue au commun des hommes? D’un autre côté, eft:il au pouvoir d’un homme de faire naître en foi des fentimens héroïques? Et ne fautl pas qu'ils par- tent naturellement du cœur & d’un mouvement que la magnanimité feule peut infpirer ? Concluons que le feul art du /ublime eft d’être né pour le /Zblirne. Nous nous fommes étendus fur cette matiere, par- ce qu’elle annoblit le cœur, &t qu'elle éleve lame au plus haut point de grandeur dont elle foit capa- . ble, & parce qu’enfin c’eft le plus beau fujet de Pé-. loquence & de la poéfie, ( Le chevalier be Jau- * COURT. | SUBLIMÉ CORROSIF , o4 MERCURE SUBLI- ME CORROSIEF. Voyez MERCURE, Chimie, 6 MER- CURE, Mar. médic. | SUBLINGUAL, LE, adj. er Anatomie, fe dit des parties qui font fituées {ous la langue. Joy, LANGUE, Les glandes /xblinguales font au nombre de deux, placées de chaque côté fous la langue ; elles verfent dans la bouche la falive qu’elles féparent. M. Mor- gaoni a décrit le premier les conduits particuliers de ces glandes : als font fitués entre la langue & Îes gen- cives, & s'ouvrent à peu de diftance du frein. Lys nus les découvrit le premier dans les veaux en 1679, Bartholin les découvrit enfuite dans le lion en 1683; c’eft pour cela que ce conduit fe nomme le conduit de Rivin ou de Bartholin, L’artere /ublinguale eft une branche de la carotide externe: elle fe diftribue aux mufcles hyoidiens & gloffiens , aux glandes Jublinguales , & fe plonge dans la langue, & s'anaftomofe aux environs de la pointe de la langue avec celle du côté oppofé. Voyez Ca- ROTIDE, LANGUE, &c. on l'appelle aufli arrere ra- nine. Voyez RANINE. SUBLUNAIRE., adj. ( Pkyf.) fe dit de toutes les chofes qui font fur la terre ou dans {on atmofphere, au-deflous de la lune : ainfi on dit les corps fublunaï- res, pour marquer tous les corps qui font ici bas, tous les météores, &c. (0) | SUBMERGER , v. aû. (Gram.) inonder, couvrir d’eau, noyer. Ce bâtiment a êté /ubmergé ; les rivie- res fe font débordées, & toutes les terres voïfines de leurs bords ont êté fubruergées. SUBMERSION PAR LE SABLE, { f. ( Phyfique générale. ) les côtes de Suffolk font expofées à être fubmergées par le fable. Leur voifinage eft rempli de monticules entierement fablonneux , & feulement couverts d’une fine herbe par-deflus. Les vents vio- lens qui furviennent, renverfent cette herbe, & portent en forme de pluie le fable caché deffous , dans toutes les plaines voifines, où 1l s’accumule & forme de nouveaux lits. Rien n'arrête le progrès de l’inondation , enforte qu’elle gagne fans cefle du ter- rein. Dans quelques endroits même, la fituation du fol favorife le déluge de fable, & lui permet de cou- vrir des centaines d’arpens. Il defcend des collines avec la plus grande rapidité, pafle à-travers les haies, s’éleve au-deflus des côreaux, & quand il gagne un village dans fon cours, il enfévelit en paflant les chaumieres & les cabannes qui ne font pas bâties à plus grands frais qu’elles ne valent, Il remplit les caves des maïifons , 7 abat quelquefois par {a pefan- teur, les murs qu'il trouve fur {a route. Mais il faut lire les détails curieux que M.Wright a donnés de ce déluge fec, dans les Tranfaët. philof. n°, 3 7. _ La portion du pays de Suffolk expofée à cette étrange fubmerfton, eft non - feulement fablonneufe par elle-même, mais fituée eft-nord-eft d’une partie d'un vafte terrein plat, expofé à des vents impé- tueux, qui emportent tout le fable qu'ils trouvent fur leur paflage, & qui continuent d’agir avec leurs forces entieres, en parcoutant fans être brifés mi in- terrompus, une grande étendue de terres, On n’a point encore trouvé de meilleur fecret pour garantir les habitations précieufes de cette f48- merfion, que de les environner de haies de genêts épineux , qu'on plante ferrés par gradation les uns au-deffus des autres. Ceux qui ont eu le courage de faire ces fortes de plantations, ont eu le bonheur d'arrêter & de détourner le progrès du ravage, après avoir vi auparavant dans ces mêmes terres le fable élevé jufqu’à la hauteur de vingt piés. Pres de Thetford, ville de la province de Norfolk, plufieurs villages ont été éntierement détruits depuis plus de cent ans par les déluges de fable de Sufolk, & une branche de la riviere de lOufe, appellée depuis la riviere de Thecford , en a été tellement bouchée, qu'il n’y a plus que de petits bâtimens qui puiflent y pañler, au -lieu qu'auparavant les grands vaifleaux y navigeoient. Il eft vrai que ce déluge de fable en fe jettant dans la riviere, a préfervé une par: te de la province de Norfolk de la fxbmerfion fablon- neufe, qui n’eût pas manqué d’y ruiner une grande quantité de fon terrein plat, fi fertile en blé, Aux environs de Saint-Paul de Léon en baffe Bre- tagne, il y a fur le bord de la mer un canton, qui avant l’an 1666 étoit habité, & ne l’eft plus, à caufe d’un fable qui le couvre jufqu’à une hauteur de plus de vingt piés, & qui d’année en année gagne du tet- rein. À compter de l’époque marquée, 1l a gagné plus de fix lieues , & il n’eft plus qu’à une demi-lieue de Saint-Paul ; de forte que, felon toutes les apparences, 11 faudra abandonner la ville. Dans le pays fubmergé on voit encore quelques pointes de clochers & de cheminées qui fortent de cette mer de fable: les ha- bitans des villages enterrés ont eu du moins le loifir de quitter leurs maifons pour aller mandier. C'eftle vent d’eit ou de nord-eft qui avance cette calamité ; 1l éleve ce fable qui eft très-fin, & le porte en f grande quantité & avec tant de vitefle ; que M. Deflandes, à qui on doit cette obfervation, dit qu’en fe promenant en ce pays-là pendant que le vent charrioit, il étoit obligé de fecouer de tems-en- tems {on chapeau & fon habit, parce qu'il les fentoit appefantis. De plus, quand le vent eft violent, il jette ce fable par-deflus un petit bras de mer ,jufque dans Rofcofe, petit port aflez fréquenté par les vaifleaux étrangers : Le fable s’éleve dans les rues de cette bourgade jufqu’à deux piés , & on l’enleve par char- retées, Ce défaftre eft nouveau, parce que la plage qui fournit ce fable, n’en avoit pas encore une aflez gtande quantité pour s'élever au-deflus de la furface de la mer, ou peut-être parce que la mer n’a aban: donné cet endroit, &c ne l’a laiflé découvert que de- puis un certain tems. Elle a eu quelque mouvement fur cette côte ; elle vient préfentement dans le reflux une demi-lieue au-delà de certains rochers qu’elle ne pafloit pas autrefois. Ce malheureux canton in. onde d’une façon f finguliere, ainfi que les déluges de fable de la province de Suffolk, dont nous avons parlé au commencement de cet article, ne juftifient que trop ce que les anciens & les modernes rappor- tent des tempêtes excitées en Afrique, qui ont fait périr par des déluges de fable, des villes, & même Tome XF; S UB 571 des armées, Hifoire de l'académie des Stieres , 1 72Èe D. J. SU ÉORDIN ATION ; £. f. (Gramm.) eft un termé relatif qui exprime les degrés d’infériorité entre uné chofe & une autre; | Il ÿ a dans l’'Eglie différens degrés de fubordina= so, comme des diacres aux prêtres ; des prêtres aux évêques, & des évêques au pape, à caufe de fa pris mauté d’honneur & dejurifdiétion: Voyez PRIMAUTÉ: L’aflemblage de tous ces ordres fe nomme hiérarchie, Voyez HIÉRARCHIE. | SUBORDINATION ; l4, c'eit, dans l’état militaire, l’obéiffance & la foumifion que doit Pofficier infé: rieur au fupérieur pour toutes les chofes qui concer: nent fes fonétions ou fon emploi, C’eft dans la /462 ordination; rentermée dans fes juftes bornes, que confifte principalement la difcipline militaire, fi im: portante dans Les armées, Voyez DisciPLINE Micra TAIRE @ OFFICIERS; (Q) Lien SUBORNATION, (Grammaire & Jarifprud. \ eft laétion de corrompre quelqu'un, foit par flatterie & carefles , foit par promefles ou par menaces; ce ériz me eft mis dans la clafle des différentes efpeces de faux, Il y a deux fortes de /#bornariori, L'une eft celle par laquelle on entraîne une per: {onne dans la débauche. L'autre eft celle par laquelle on engage une per: fonne à faire ou dire quelque chofe contre la juftcé ou la vérité , comme lorfque lon corrompt un juge ou autre officier public, pour lui faire faire quelqué atte faux ou injufte, La loi Cornelia de f2/fs, prononçoit la peine de faux contre ceux qui fubornent Les juges, & contre les juges qui fe laïflent fuborner : parmi nous ces pei- nes dépendent de l'arbitrage du juge & des circon- ftances. Le terme de /xbornation eft principalement ufté pour exprimer la corruption des témoins que l’on engage à certifier ou dépofer quelque chofe contre la vérité. | où | La preuve de ce crime eft difficile à acquérir, pat: ce que l’on ne fait pas ordinairement de convention par écrit pour corrompre quelqu'un : c’eft pourquoi deux témoins qui accufent un tiers de les avoir vou- lu fuborner ; fuflifent pour faire décreter l’accufé ; même. pour le faire condamner à la queftion, on péut même le condamner quand il wavoueroit rien fi les deux dépofitions font uniformes & {ur un même fait. rs La peine de la fubornation chez les Romains , tant: pour Le fuborneur que pour Les témoins fubornés, étoit la peine ordinaire du faux, ff. ad leg. Corn, dé falf Les ordonnances de France, notamment celle de 1531, prononcent la peine de mort contre ceux qui fubornent les témoins, & contre les temoins qu {e laiflent fuborner. Le fubornement des témoins, fur-tout fi c’eft pour faire périr un innocent, mérite une mort plus rigoua reufe que les autres, telle que le fupplice de la roues Suivant Le droit canon le fuborneur eft excommu: nié, & celui qui fe laiffe fuborner eft déclaré inca+ pable de porter témoignage, & eft noté d’infamie, Voyez le Traité des crimes par M. de Vouglans: ( 4} SUBREDAURADE, f. f. ( Æif. ner.) on donné ce nom à la daurade lorfqw’elle a pris tout fon ac croiflement. Voyez DAURADE. SUBREPTICE,, adj. ( Gram. € Jurifprud.) eft cé qui tend à Ôter la connoïffance de quelque fait ow de quelque piece que l’on a intérêt de diffimuler. Des lettres de chancellerie font /xbreprices ; lor£= que l’on a déguifé quelque fait eflentiel qui eût em pêché d'accorder les lettress “ CECéci 52 SUB Elles font au contraire obreptices lorfqw’on y a “avancé quelque fait contraire à la vérité, pour obte- nir plus facilement ce que l’on demande. Woyez FAUX, LETTRES DE CHANCELLERIE , OBREPTICE, ‘OBREPTION. (4) SUBREPTION , ( Gram. 6 Jurifprud.) eft lorf- “qu'on fupprime artificieufement quelque fait pour obtenir du prince ou de la juftice quelque chofe que Von demande. Voyez OBREPTICE, OBREPTION, & SUBREPTICE. (4) SUBROGATEUR , £. m. ( Gramm. & Jurifprud.) ft l’ancien créancier qui en fubroge un nouveau en Yon lieu &c place, aux droits qu’il avoit contre fon débiteur. Voyez ci-après SUBROGATION. ( 4) SUBROGATION , f. f. (Gram. & Jurifprud.) eft lorfqu’une perfonne fuccede & entre au lieu & pläce d’un autre pour exercer fes droits, ou lorfqu'une chofe prend la place d’une autre, & eft réputée de même nature & qualité,& fujette aux mêmes charges. Quandil s’agit d’unmiverfalité de biens &c de droits univerfels , la fubrogation fe fait indiftinétement , foit des perfonnes lune à l’autre, foit des chofes , & la fubrogation a toujours lieu de plein droit ; elle eft na- turelle & conforme au droit commun. Telle eft la /xbrogation qui s’opere de l'héritier au lieu & place du défunt. Telle eft auffi la /ubrogarion qui a lieu en fait d’u- miverfalite de biens, lorfque l'héritier grevé de fidéi- commis a vendu quelque bien de fucceffion, & en a employé le prix à Pacquiftion d’autres héritages. En fait de droits particuliers , il y a auffi /xbroga- sion de perfonnes ; maïs la /zbrogation n’a lieu que dans les cas exprimés par la loïou par la convention, Un acquêt donné en contrechange d’unropre , devient propre par fubrogation. Voyez PROPRE 6 COUTUME DE SUBROGATION. Mais le terme de /ubrogation eft plus ufité pour ex- primer la maniere dont un créancier prend la place d’un autre , & fuccede à fes privileges & hypothe- ques. Cette fubrogation s’opere de deux manieres ; l’une en vertu de la loi, l’autre en vertu d’une flipulation exprefle. La premiere eft appellée Zgale, & a lieu de plein droit ; l’autre eft appellée conventionnelle. La fubrogation, foit légale ou conventionnelle, a lieu en plufeurs cas différens. Le premier eft celui de la ceffon , tranfport ou délégation au profit d’un autre. Voyez CESSION, DE- LÉGATION ; MANDEMENT , TRANSPORT. Le fecond eft lorfqu'un créancier hypotéquaire rembourfe un créancier antérieur à lui, ou même des créanciers poftérieurs , pour empêcher qu’il ne confomment en frais les biens de leur débiteur com- mun. Il eft fubrogé de plein droit à leurs hypothe- ques , fans qu'il ait befoin de ftipuler aucune /#br0- gation ; mais un créancier chirographaire n’a pas le même droit. | Le troifieme cas eft celui du tiers acquereur qui aie les dettes duvendeur, au moyen de quoi ileft fu- osé aux hypothèquesdes créanciers quila payent; mais cette /ubrogation n’a {on eflet que fur l’immeu- _ ble acquis , & non fur les autres biens du ven- deur. Le quatrieme cas eft lorfque Phéritier bénéficiaire ou le curateur aux biens vacans , payent les dettes de la fuccefion , ils font fubrogés de plein droit aux créanciers qu'ils ont payé. Le cinquieme cas eft celui des co-obligés, cautions, &z co-héritiers, qui font contraints de payer pour autrui, foit par le moyen de l’aion perfonnelle, {oit par le moyen de lation hypothéquaire. Ils ne font pas à la vérité fubroges de plein droit ; mais ils peuvent obliger les créanciers qu’ils payent , de con- fentir la Jubrogation, ou ; à leur refus , fe faire fu- broger par juftice : la loi leur permet même de refu- {er leur paiement jufqu’à ce que la /brogation ait été accordée, &c leur donner pour cela une exception appellée exceptio cedendarum aéionum. Le réglement du parlement de Paris de 1690 porte que pour fuccéder & être fubrogé aux aétions, droits, hypothèques & privileges d’un anciencréancier fur les biens de tous ceux qui font obligés à la dette, ou de leurs cautions, & pour avoir droit de les exercer ainfi, & en la maniere que les créanciers l’auroient pu faire , il fuffit que les deniers du nouveau éréan- cier foient fournis à l’un des débiteurs avec ftipula- tion faite par aéte pañlé devant notaire , qui précede le paiement , ou qu’il foit de même date , que le dé= biteur emploïera les deniers au paiement de l’ancien créancier, que celui qui les prête fera fubrogé aux droits du créancier, & que dans la quittance ou dans Paéte qui en tiendra lieu , lefquels feront aufi pañlés. pardevant notaires, 1l foit fait mention que le rem- bourfement a été fait des deniers fourmis à cet effet par le nouveau créancier, fans qu'il foit befoin que la fubrogation foit confentie par l’ancien créancier, ni par les autres débiteurs & cautions, ou qu’elle foit ordonnée en juftice. ( | Le réglement du parlement de Rouen de 1666 ; art, 132. porte que obligation du plege (ou caution) eft éteinte quand la dette eft payée parle principal obligé , lequel néanmoins peut fubroger celui quia baillé les deniers pour acquitter les detres à l’hypo- thèque d’icelle , fur fes biens feulement , & non fur ceux du plege. Voyez au code le rit. de his qui in prior, eredit. locum fuccedunt , Védit du mois de Maï 1609 ; le traité de la fxbrogation de Renuflon avec les notes, & les mors CAUTION , CRÉANCIER , Co- OBLIGÉ , DÉBITEUR, HYPOTHÈQUE, PRIVILEGE TRANSPORT, (4) 1% SUBROGÉ , adj. & fubft. (Gramm. & Jurifprud.) eft celui qui eft au lieu & place d’une autre perfonne, ou qui eft en fes droits. Un confeiller eft fubrogé à un autre lorfqw’on le nomme rapporteur d’un procès en fon lieu &c place. Voyez SUBROGATUR. | Un créancier eft fubrogé à un autre, lorfque ce- lui-ci lui cede fes droits &c aétions. Voyez SUBROGA= TION. (4) | SUBROGÉ TUTEUR , eft celui qui eft nommé pour afifter à l'inventaire & y fervir de légitime contradic- teur , lorfque c’eft celui des pere & mere qui eft fur= vivant , qui eft tuteur de fes enfans mineurs. On nomme en ce casun/sbrogé tuteur , à caufe que les mineurs ont des intérêts à difcuter avec leur tuteur ou tutrice. La fon@ion du fxbrogé tureur ne confifte qu’à affif- ter àl’inventaire. Voyez CURATELLE, CURATEUR , INVENTAIRE , MINEUR , TUTELLE , TUTEUR. A SUBSÉQUENT , adj. (Gram.) qui fuit, qui vient après; les années /ubféquenres n’ont pas été également malheureufes; l’événement /ubféquent a un peu con- {olé des autres ; le jour fubéquent; les fêtes Jub[equen- tes ; les chapitres fubféquens. SUBSIDE , serme de Droir, fe dit en général de toutes les taxes & impofñtions que les fujets payent au roi ou à ceux qui gouvernent, pour fubyenir aux befoins de Pétat. : Var: Les Anglois définiffent le /ub/fde une taxe ou tribut accordé au roi par autorité du parlement,dans les be- | foins preffans de l’état, 8 qui fe leve fur les fujets à- proportion de leurs richeffes ou du revenu annuel de leursterres , biens, 6. Voyez TAXE, &c. Tel eft l'impôt fur les terres ou taxe royale, commeon l’appelle, quimonte ordinairement à deux, trois où quatre fchellings par livre pour le revenu _ desterres, & à deux fchelings &c huit fols pour les, biens perfonnels, quand celui des terres eft de quatre fchellings. Voyez AIDES, Gc. Les anciens rois faxons n’avoiént point de /24/- “des qui fe levaflent réglément ; mais au-lieu de cela, il y avoit différentes coutumes par lefquelles on le- voit des demers ou des corvées fur le peuple pour réparer les villes, châteaux, ponts, pour les expé- ditions nultaires, 6. qu’ils appelloient #urgore , brigbote , herefare , heregled, &te. | Mais depuis que leurs terres furent envahies par les Danois, le roi Ethelred convint en 1007 , de payer à ceux-ci tous les ans 10000 liv. pour rache- ter la paix: cette fomme fut depuis portée à 36000 I. &c enfin jufqu'à 48000 liv. & on l’appella daregeld, êt on la leva fur les terres; chaque hide ou charrue étoit taxée au douzieme , excepté celles de l’'Eglife. Voyez DANEGELD. Desk ce tribut fut appellé kidage, nom qui par la fuite devint commun à toutes les taxes & fubfdes qu'on impofoit fur les terres ; comme celles qu’on impofoit {ur les beftiaux , furent appellées korne- geld. Mais les Normans les appelloient quelquefois tou- tes les deux sexes , du mot grec raêre ; & quelquefois taillage, qui vient de leur propre langage , & quel- . quefois , fuivant les ufages d’au-dela de la mer, /xb- Jidia &t auxilia, Voyez AUXILIUM. _! Depuis la conquête, il paroïît que cès /b/fdes ont été accordés encore fur un autre pié qu'ils ne font à préfent : comme chaque neuvieme agneau , chaque neuvieme brébis, &c. quelquefois la taxe étoit le dixieme , & quelquefois Le quinzieme, Foyez QuiN- ZIEMÉ , GC. En France le roi feul, de fa propre autorité, im- pole des /bfides {ur le peuple à fa difcrétion. Ce que Grotius dit que ceux qui payent des /ub/ides aux au- tres fouverains pour les engager à les défendre con- tre des ennemis puiflans, reconnoiflent en agiflant ainfi leur propre foibleffe , & que cette reconnoif fance fait tort à leur dignité ; ne doit s'entendre que de ces états qui font trop foibles pour fe défendre eux-mêmes , &t qui, par rapport à cela, fe rendent en quelque façon tributaires ; & non pas de ceux qui fubfftant par leurs propres forces , donnent des /44- Jides à leurs voifins, qui font plus foibles , pour les empêcher d’être accablés par les autres. _Felsfont, par exemple, les rois de France & d’An- gleterte par rapport aux rois de Suede & autres prin- ces, à qui ils accordent des /#b/ides dans les traités qu'ils font avec eux. Dans le rôle des taxes & impofitions d’Angleter- re, il y a plufieurs fortes de fxbfides : l’ancien /ubfe- de , le fupplément à l’ancien fubjide , le nouveau Jubfide, le mers du fubfide, & les deux tiers du /#bfde, Voyez ImrôTs , DROITS, Ec. Un homme de mérite a raffemblé fous un mémé point de vue l'apologie d’un des meilleurs auteurs politiques de nos Jours, 6 la critique de quelques-uns de nos articles de fi Aance. Sonouvrage, publié par lui-même, pouvoit certai- nement lui faire plus d'honneur | & nous caufer plus de peine (S'il étoir ft pénible de reconnoftre [es erreurs), que men peuvent jarais attendre de leurs injurieufes & pau- ÿres produttions une infinité d'hommes obfeurs , qui de- puis 20 ans Jufqu'a ce jour, depuis le plat Ch... jufqwà Lhypocrite abbé de S.... fe font indignement déchaïnés COTLITE 710US, Celui qui à écrit les obfervations fuivantes, homme d'un caraitere bien différent ,nous les a envoyées à nous: même, pour en faire lufage qui nous conviendroit, & nous les imprimons, M. de Voltaire s’eff tout nouvellement chargé de ous venger des autres. Il a dis dans une de fes lettres, 4-pro- pos de la brochure de cer abbé de S... Quel eft celui qui s'eft occupé à vuider Les fofles d’un palais où iln’eft S U B 573 jamais entré? .. Tel miférable petit architeéte , qui n’eft pas en état de tailler un chapiteau, ofe critiquer le portail de S. Pierre de Rome. Nous voudrions bien que ces comparaifons flatteufes | plus méritées de notre part , nous honoraffent autant qu’elles doivent hwmilier 710$ ENTIEMIS Notre fiecle a produit plufieurs livres dangereux, & un grand nombre d'inutiles, comme le crient les déclamateurs : mais ce qu’ils ne difent point ; c’eft qu'il fort journellement des prefles, des ouvrages précieux à la raifon , dont ils étendent l'empire , à la faine philofophie qu'ils répandent , à la nature à laquelle 1ls nous rappellent, & à l’humanité dent is réclament les droits. | Si le gouvernement profitoit des vues préfentées par quelques gens de lettres , le regne préfent feroit mus par la poftérité beaucoup au-deflus des regnes précédens, parce que les mœurs feroient plus {éve- res , les ames plus honnêtes , le fyflème de la bien= faifance mieux fuivi, & les peuples conféquemment plus heureux. Parmi les auteurs qui ont confacré leurs travaux à Putilité publique, on doit citer avec reconnoïiffan- ce M. de M... Un rédacteur intelligent, fembla: ble à celui qui a publié un des projets de l'abbé dé S. Pierre, qui fautoit diftinguer les maximes faines ; lier les vérités, placer les réflexions , écarter les pa- radoxes , fupprimer des difgrefions vuides , dés dé- clamations choquañtes , & des ironies trop ameres, formeroit un excellent volume de tous ceux qui font fortis de la plume de l'ami des hommes. Les doutes qui lui ont été adreflés fur la rhéorie de limpôt, n’ont point été conçus par une tête bien forte. On voit ai- fément l’efprit qui les a diétés; cé qui ne prévient pas en leur faveur : car cet efprit n’eft point celui de la candeur & du patriotifme. Ce n’eft pas d’ailleurs . avec quelques figures de rhétorique qu'on peut triompher des écarts d’un génie bouillant, & vain- cre les élans d’un cœur que Le fpettacle de la mifere a déchiré. M. de M... doit favoit gré à l’anoñyÿme qui à confolidé fes maximes en s’efforçant de les détruire, Tel eft l'effet des obje@ions foibles ; elles font préfumer qu’un hvyre eft hors de toute atteinte, pärcé qu’il a été mal attaqué, & que le vulgaire fe pérfuadé que le bouclier qui réfifte eft bon , tandis qué c’eft feulement le trait lance qui manque de vigueur. Mais ce dont M. de M... ne peut rémercier fon adver- faire , c’eft de cette politefle cruelle qui ne tend, en lui accordant des talens , qu’à le défigner comme tin homme dangereux. N’eft-1l donc plus poffblé dé critiquer fans rendre odieux ? C’eft une méthode bien noire & bien ufitée que celle qu’on ‘emploie contre prefque tous les auteurs. On calomnie leurs princi- pes, en leur attribuant dés conféquences auf dé- tournées que funeftes ; & on parvient à intérefler la religion ou le miniftere , dans des difcuffions qui leur font étrangeres. Le délire d’un bon citoyen n’en fera jamais de méchans, furtoutlorfqu'ilnes”’exercera que fur des matieres qui ne font qu’à la portée du petit nombre, la multitude feule pouvant devenir fédi- tieufe ou fanatique. | . Au refte, il importeroit peu de felever les erz feurs renfermées dans un 27-12. obfcur , qui aura le fort des écrits polémiques , fi elles n’étoient foute: nues & garanties par d’autres erreurs qui fe font gliffées dans un ouvrage immortel (4). Elles y font; il eft vrai , réparées par la promefle que les éditeurs de l'Encyclopédie ont faite (2) d’inférer , fous une autre lettre , le correttif néceflaire aux mots ferme ; ( finance ), &c financier} mais Les efpérances qu’on (z) L'Encyclopédie. Fe. | (8) Voyez l'oblervation qui fuit dans l'Encyclopédie l'ar- ticle ferme ; (finance ); 574 S U B avoit de la continuation d'un dironnaire qui autoit ‘honoré la nation, font malheureufement aujourd’hui très-foibles (c). On ne fe flatte plus guere de lireles articles Régie &T Répifleur, qui euflent fans doute oïtert une réfutation complette de ceux qui contien- ñent des réflexions mal digérées, des affertions lé- geres & une critique peu judicieufe de plufieurs pañlages de Pefpris des lois. Xl faut donc tâcher de les détruire dans un morceau particulier , & d’empêé- Cher que létranger ne fe méprenne fur les idées qu'ont les François du crédit & de la finance. Un coup-d’œil rapidement jetté fur les doures pro- -pofés a Paureur de la théorie del’impét, conduira natu- tellement à l’examen des mots ferme & financier , où Ton retrouve les mêmes principes de la citation en- tiere defquels anonyme s’eft fervi contre l'ouvrage GAMME 0 | Je tombe (p. 38. ) fur une obfervation faufle & perñde : faufle , parce qu'elle donne à une phrafe un fens dont elle n’eft point fufceptible : perfde, parce qu’elle dénonce une expreflion innocente fous ün rapport odieux. M. de M... .a dit : Zorfque les peuples reçoivent un chef , foit par életfion , foit par droit héréditaire, fur quoi l’on obferve avec affectation, que recevoir ne peut s'entendre que de ce qu'on a droit de refufer : or , ajoute-t-on , dans un royaume hérédi- saire | le choix ne dépend pas du peuple. M. de M... avoit-1l Taiflé la moindre équivoque ? En écrivant droit hériditatre, n’établifloit-1l pas que le peuple ne pouvoit , nirefufer, mi choïfir , puifque fon fouve- rain l’étoit de droit ? . M. de M... atémoigné( p. 138. 6 161. )fes allar- mes fur l'abus qu'on pouvoit faire de la fouveraineté ; on lui en fait un crime grave ( p. 140. des doutes ), Eh quoi ! cette appréhenfion contredit-elle la con- fiance qu'il a dans la bonté paternelle du fouverain ? . Quand on voit la flatterie empreffée à empoifonner le cœur des rois ; quand on réfléchit fur la facilité & dur le penchant qu'ont tous les hommes à être in- juites, dès qu’ils ne font point arrêtés par Le frein de la loi; quand onmédite fur les fuites de ces abus fatal aux mœurs qu'il corrompt , à la liberté qu'il enleve &z à l'humanité qu’il dégrade, le vrai citoyen peut- il trop multiplier les avis, Îes prieres, les images & tous les reflorts de cette éloquence qui maïtrife lame ? « J’employe, a-t-on dit dans la rhcorie de l'impôt, ».(p. 187.) cinq mille livres que rapporte ma terre, + au loyer d'une maïfon ; fi Le fifc prétend encore fon » droit fur cette location, il tire d’un fac deux mou- s tures.». Sürement ce raifonnement n’eft point fo- lide, mais la replique ne left pas davantage: car foutenir (p. 64. des doutes ), que c’eft le proprié- taire de la maïfon & non le locataire qui paye lim- poñtion , c’eft ayancer que c’eftle marchand , & non F acheteur particulier, qui eft chargé des droits d’en- trée, tandis que les loyers, comme les marchan- difes , augmentent en raïon des impôts qu'ils fup- portent : 1l falloit fe borner à prouver que la pofef- fion qui donne un revenu , eft très-diftinéte de l’em- ploi qu’on peut faire de ce même revenu ; que la pro- prièté d’un fonds eft indépendante d’une location ; & qu'ainf les droits impoïés tombent fur deux objets réellement différens , quoique réunis fous la même main. L’anonyme veut démontrer à M. de M... p. 70.) que le premier objet du contrôle des actes, eft d’en conftarer la date & d’en aflurer l'authenticité, & que Le droit qu’on a joint à la formalité, n’en change point la véritable defhination. L’anonyme s’eft trompé : la quotité exorbitante du droit contredit abfolument le but du légiflateur, puifqu'il éft de fait que les par- (c) L'auteur ne parloit pas fans beaucoup de vraiflem- blance. Les jéfuites exiftoient encore lorfqu'il écrivoit, ticuhers diment mieux encourir les peines de nullité & la privation d’hypotheque, en rédigeant leurs conventions fous fignature privée, que dacquitter les droits immenfes auxquels font aflujettis les con- trats publics. Eft-on quelquefois contraint d’en paf- fer? on ne balance pas alors à s’expofer aux dan- gers d’un procès, en fupprimant des claufes dont lénonciation rendroit la formalité trop difpendieufe, ou en les embrouillant pour tâcher d’en fouftraire la connoïflance aux yeux avides du traitant. C’eft ainf que la condition du fujet eft devenue pire qu’elle wétoit avant l’établiflement du contrôle : fi la füreté étoit alors moins grande à certains égards , elle l’é- toit plus à d’autres ; & certainement elle étoit plus générale : la mauvaife foi altéroit moins d’aétes que la crainte des droits n’en annulle aujourd’hui que les riches feuls peuvent s’y foumettre, Je dis la même chofe de l’ixfinuation & du centieme denier ; en ap- plaudiffant à Pinfhitution , je demande que la loi foit certaine , pour que la perception ne foit pas arbi- traire ; qu’elle foit claire , pour que celui qui paye fache pourquoi il paye ; que le droit foit léger , pour que fa modicité permette de jouir de l'avantage qu’il procure ; qul foit volontaire , pour que le peuple conçoive que c’eft en fa faveur , 8€ non pas en faveur d’un fermier qu'il fe leve & qu'al eft établi. Le cer tieme denier, par exemple, dit l’auteur , ef repréfen- tatif de lods & ventes ; je le prie de me dire pourquoi onenexige , lors même que les mutations ne don- nent pas ouverture aux droits feigneuriaux ? Plufeurs queftions de ce genre convaincroient que le légal des édits n’eft qu’un prétexte, & que le burfal en eft le motif. Que veut-on dire par cette fentence énigmati- ue : loifiveté a fon unlité, ce quelle confomme eff fon tribut ? ( p. 166. ) Ignore-t-on que quand quelqu'un ne fait rien , un autre meurt de faim dans l’empite à qu'il ne peut y avoir dans un corps politique parfai- tement fain, un membre qui reçoive fans donner à que le tribut n’en fauroit être pafñf? Voilà cepen- dant ce que l’auteur des doutes appelle une vérité qu’il faudroit méditer pour en découvrir d’autres ; elles {eroient probablement du mème genre: on appren- droit , par exemple , que l’oxfif ef} maître de fon loi- Jir (p.168.), ce qui ne laïfle pas que de compofer un bon fonds pour afleoir un impôt. On accufe aufli M. de M. de s’interdire les ref- fources du crédis( p. 170. ),& on raifonne à perte de vue d’après cette{uppofition qui eff très-gratuite. L’a- mi des hommes exclut le crédit, qui ne confifte qu’en expédiens , qui ne vient que des pertes que le roi fait avec certaines compagnies ; qui excede le depré fondé fur le revenu général de la nation ; qui détruit les afts , l’induftrie, le commerce , après avoir anéanti la population & l’agriculture ; qui ayant defféché le germe de la profpérité d’un état , le des- honore & l’expofe à une révolution funefte ; mais il eft le partifan de ce crédit, qui naît de la confiance & d’une adminiftration éclairée ( shéorie de Pimpôr p.160. ),qui eft conféquent à ce principe : faires per d'engagemens , & acquitrez-les exaülement. En effet, la faculté d'emprunter , qui porte fur l'opinion conçue de l’aflurance du payement, conftitue l’efflence du crédit folide ; elle n’entraîne n1 la création de nou- veaux impôts , ni l’extenfion des anciens ; & voilà celle qu’adopte un miniftre intelligent, M. de M... a parlé de la ceffion des reftes du bail des fermes générales ( p. 405 , 406, &tc. de la théo: rie de l'impôt ) ; il en {ollicite une fevere liquidation. Son critique répond à fes plaintes fur ce fujet, en differtant fur l’abus qu'il y avoit de les comprendre dans des affaires particuheres, comme on faïfoit au- trefois, au lieu de les réunir à la nouvelle adjudica- tion, comme da fait depuis quelque tems, De ce que SUB Pabus étoit trés-6rand dans la forme pañée, s’enfuit:il que la préfente n'en ait aucun? Et f-elle en a, n’efts, on pas autordéà s’en plaindre (12) 2# N’eft-il pas, de: Pinuitice la plus criante de lufler fubffler tes re. cherches interminables , contre lefquelieslecitoyen ‘ne peut jamais aflurer fa tranquillité, & d’exicer des’. _ arrérages de vingt années, lorfqu'on reftreinta.-deux. les répétitions que les parties. qui ont ttop payé font. . en droit de-demander? | lhy à « Ce mot de liberse ; que chacun interprète -Où : » confirme , admet où rejette, fait aujourd’hui. la, »-bafe la plus générale des projets ; des écrits &' des. »conver{ations : on en a même fait une forte de cri. ».de guerre , un fignal de combat ;:1lnous eft venu, : 6 3 # en \ » d'Angleterre ; & peut-être n'eft-ce pas-là un des | #wmoindres torts que nous aient fait nos voilins ». : # ” ke 3. î EE Get étonnant langage, qu'un efclave avili fous un - defpote de l'Orient auroit de la peine à prononcer, fe trouve à la pege 186 des doutes. N’eft-on pas 1n- digné de tant d’humiliation ? Un roi , le pere de fes peuples , peut-il être plus noblement loué, que lorf- que la liberté fair a bafe des écrits, des projets & des converfations ? C’eft l'éloge le plus pur & le plus at. tendriffant qu’on puifle faire. d’un fouverain , que de s’entretenir devant lui du plus grand des biens. On, nl A ne le prononce pas fous un tyran, ce mot facré; 1l ne vient point de lArglererre, la nature l’a gravé. dans tous les cœurs ; il eft le cri du plus mâle des, fentimens: On ne comprend point comment on a, pu. fe permettre, à ce fujet , une fortie contre des livres, ti s 5! Û s anglois, qu’on feroit très-bien d'étudier avant d’en, haïardet dans fa propre langue. | 1m Par une fuite des grandes vues de l’anonyme., il ne s’en fie pas à l'intérêt pour éclairer les hommes: fur Pefpece de culture & de commerce qu'ils doivent, choïlir ; il veut qu’on décide à Paris, fi ce {ont des oliviers qui conviennent à la Provence & des manu fadures de foie à la ville de Lyon. En voilà aflez, & peut-être trop , pour indiquer: la maniere du contradiéteur de M. de M... ILefitems d'abandonner une critique qui ne refpire , ni la cha- leur de la bienfaifance , ni le courage de la juftice, pour s'attacher à effacer ce que l'Encyclopédie offre, de pernicieux fous les deux afticles ferme, (finance ) ÊT financier. | : Obfervations fur les articles ferme; finance, 6 finan- cier de ce Ditfionnaire. » Ferme du roi, finance. Il ne » s’agit dans cet article que des droits du roi que » lon eft dans l’ufage d’affermer ; & fur ce fujet on » a fouvent demande laquelle des deux méthodes eft » préférable, d’affermer les revenus publics ou de les >» mettre en régie ? CRT | pp Premier principe de M. de Montefquieu. » La régie » eft l’adminiftration d’un bon pere de famille, qui » leve lui-même avec économie &c avec ordre, {es # revenus. | de re Obfervetions de M. P* **, Tout fe réduit à favoir, fi dans la régie il en coûte moins au peuple que dans la ferme ; & fi le peuple payant autant dune façon que de l'autre, le prince reçoit autant des régiffeurs que des fermiers. Car s’il arrive dans if un ou dans lau- tre cas ( quoique par un inconvémient différent ) que le peuple foit furchargé, pourfurvi, tourmente, fans que le fouverain reçoive plus dans une hypothefe que dans l’autre ; fi le. régiffeur fait perdre par fa négl- gence, ce que lon prétend que le fermier gagne par exahon, la ferme & la regie ne feront-elles pas éga- lement propres à produire l'avantage de l'état , dés (2) Un miniftre auquel ua étranger demanderoit pourquoi ikv'y à pas au-moins dans la capitale une fälle où l’on puille reprélenter convenablement les chef- d'œuvres du théatre françois ; répondroit-il-en difant qu'autrefois une populace d'importuns {e méloit à un fénat romain ; qu'Athalie avoit un panier ,; & que ces grofheretés ridicules {ont abolies ? } l SUB 2? $?5 : Que l'on voudra &c quel’on faurabien lesgonvérnerà . Peut-être néanmoins pourroit-on pénier avegquel- | que fondement, que, dans.le cas d'unetbogne admi- | niftration. al feroit plus facile encore d'arrêter la vie | Vacité dufèrer ; que de hâter la lenteur.de ceux: qui. | régiffent , c’eft-à-dire quipréuneñt loin dessinrérèts… d'autrui: 04 |: Quanta l'ordre & à l'économie, fe peut Où pas, avec rafon imäginer qu'ilsdont.bien moins -oblezyrés : L , dans lésorégies que.dans lespfrmes ; puifquils {ont confiés; favoir ; l’ordre à des, gens qui n'ont, aucuñ. intérêt. de le garder dans.la perception , l'économie . à Ceux qui n’ont/äucune railon, perfonnelle, d'épar-. _gnerles. frais du recouvrement à C’eftrurie. vérité dont expérience a fourni,plus d'une fois la démon£ . | tration. …Reéponfes. Side la folution de cetté premiere quef- | tion dépendoit celle de,la. thèfe générale, le princis | pe de M. de Monre/quiewanroit bientôt force de loi, | Le régime le plus fage ne peut imprimer la perfedion 7 à aucun établifement , ilne peut que diminuer à un certain point, le nombre & la grandeur dés abus, Laïiflons,.donc à.la régie 85 à. la ferme ceux dont.elles font fufceptibles , & nous ferons convaincus que le - peuple paye plus dans la feconde que dans la pres , miere. La négligence ne pourfuir nine Jurcharsge ; elle eff lente yelle oublie ; mais elle ne rowrmense pas. Si elle fait perdre, c’eft au fouverain, qui dans une bon: , ne admuufiration doit compter fur ces pertes légeres en elles-mêmes, utiles. à plufieurs citoyens, pat-là faciles à réparer ; puifqu’elles laiffent des moyens dont le gouvernement peut fe reflaifir dans des terms orageux. Cette méthode ne peut donc avec fon abus, nuite à l’état: Il n’en eft pas ainfi de l'exadion : le pe= tit nombre qui lexerce eff Le feul qui en profite: un | peuple eft écraié, &cile prince ne s'enrichit point. Le | royaume fera épuilé , fans que le tréfor:royal {oit .remph: les gains extraordinaires attaqueront les ref. fources dans leur principe, & les enfans n'auront, ‘ dans les plus preffans befoïn de leur peré, qué des. vœux ftériles à lui offrir. Ceux qui connoîtront les hommes & les gouvernemens , avoueront que dans une monarclue, lardeur de l’intérêt particulier eft biex plus impofible à réprimer, qu'il n’eft dificile d’exciter lezele & de s’aflurer de l’exa@itude de ceux qui prennent foin des intérêts d’atitrui. Accordons ces pendant , que l’un n’eft pas plus aifé que l'autre, & il n’en fera pas moins évident que la patefle de la ré2 * gie eft préférable à la cupidité de la fèrme, Tout homme aïme l’ordre & l’obferve, tant qué fon intérêt ne s’y oppofe point. C’eft parce que le régiffeur wen a aucun à là perception, qu’elle fera jufte : mais le fermier, dont les richefies augmentent en raifon de Peétendue des droits, interprétera, élu- dera & forcera fans ceffe la loi; feul il multipliera les frais , parce qu'ils déterminent le recouvrement qui eft le mobile de fa fortune, & qui eft, comme nous Pavons fuppofé, indifférent au régiffeur, Second principe de M. de Montefquien. « Par la rés # gie, le prince eft le maître de preffer ou de retat- » der la levée des tributs, ou fmivant fes befoins! ou » fuivant ceux de fon peuple. Obfervations. I left également quand fes revenus font affermés, lorfqueé par l'amélioration de certai- nes parties de la recette & par la diminution de la dé- penfe , 1l fe met en état de fe relâcher du prix du bail convenu, où d'accorder des indemnités: les fa crifices qu’il fait alors en faveur de Pagriculture , dut commerce & de linduftrie /e rerouvent dans un pro= dirt plus confidérable des droits d'une autre efpece. Maïs ces louables opérations ñe font, ni particulieres à la régie, mi étrañigeres à la ferme ; elles dépendent dans l’un dans l’autre ças d’une adminiftfation, quimette = 76 Sel | RE SU se tic ” jrtée dé foulager le peuple 8 d'encourager ta nat on, Éré, Réponfès. Îl ne s'agit pas ici de fçavoir par quels moyens On parvient à la remife d'une pattie des tri buts : il eft encore moins nécefläire d'établir qu’en accordabt d’un côte "il faut reprendre d’un autre. Mais j’examine f le fouverain, quand il peut &qu'il vêut retarderla levée de l'impôt, eff'plus enétat de le fairé dans la régie, que dans la ferme ; je mé décidée pour l'afirmative, En effet, s’il juge à-propos d’ac- corder des modérations en afférmant , il faut qu'il revienne fur un afrangement confommeé, qu'il chan- ge des difpoñitions atrètées’, quilrenonce alla deftr- nation déja faite de revenus fixes, & qu'enfin, 1l im° tervertile l’ordre qu'ilavoitétabl:cequi exige ainfi des opérations contraires à celles qu ont été-faites découle naturellément d’une 79e quon preffé ou qion retient conformement'aux cconftances, Troifieme principe de M: de Montequieu. « Pat laré- »' ge, le prince épargne à l’état les profits imimenfes #»" des fermiers qui l'appauvriflent d'uneinfiité de ma- » nieres. Obfervations, Ce qe la ferme abfotbe en profits’, la regie le perd en frais; enforte que ce que l’état dans le dernier cas gagne d’un côté, 1fle perd de l’autre. Qui ne voit un objet que fous un feul afpeét,-n’a pas tout vù, n’a pas bien vi: il faut l'envifager fous tou tes les faces. On verra que le fermer wexigeratrop, 14: Va RL à LT à que parce qu'il ne fera pas furveillé ; qtie le réiffeur né fera des frais immenfes, que parce qu'il né fèra point arrêté, Mais lun ne peutiil pas éfréexcité , ne peut-on pas contenir l'autre? C’eit aux hommes d'é- tat à jugér des obftacles & des facilités’; desrincon- véniens & des avatitapes qui peuvent} fe trouver dans l’une & dans l’autre des ces opérations: mais on ne voit pas les raifons de fe décider en faveur de la rdoie aufh promptement , auf pofitivément , que le fait l’auteur de P'Efprit des lois, Réponfes. C’eft frement ne pas tout voir, ne pas bien voir, que d’aflurer que la régée perd enfrais, € que la ferme abforbe en profits. Ila été démontre plus haut que le régifleur fait peu de frais, parce qu'il n’a aucun intérêt au produit que rendent ces frais: à [u- tieres égales, fonadminiftration fera donc plus dou- ce & moins chere que celle du férrier. Que féra-ce fi lon veut comparer ce que coûtent à l’état Les pro- fits de celui-ci, avec le montant des appomtemens de l'autre ? Si c’eft aux hommes d’état qu'ilapparttent de décider fur cet objet, pérfonne n’en conteftera, je crois, le droit à M. de Monrefquieu, Dans cette oc- cafñon il ne falloit que calculer; ille fit, & il pro- nonça. Quarrieme principe de M. de Montefquieu. « Par la 5 régie, le prince épargne au peuple un fpeélacle de # fortunes fubites qui l’afflige. Obférvarions. C’eft moins le fpeétacle de la fortu- ne de quelques particuliers qu'il faut épargner au peuple, que l'appauvriffement des provinces entie- res. Ce font moins auffi les fortunes fubites qui frap- pent le peuple, qui l’étonnent & qui lafligent, que les moyens d'y parvenir & les abus que lon en fait. Le gouvernement peut en purifier les moyens, & Von eft puni des abus par le ridicule auquel 1ls expo- {ent , fouvent même par une chûte quitient moins du malheur que de l’humiliation. Ce ne font point là des raïfons de louer ou de blâmer ,de rejetter ou d’ad- mettre la régie ou la ferme. Une intelligence , une in- dufitie aûtive, mais louable &c renfermée dans les bor- nes de la juftice & de l'humanité, peut donner au fermier des produits honnêtes , quoique confidéra- bles. La négligence &r le défaut d'économie rendent le répifleur d'autant plus coupable de laffoibliflement de la recette & de l'augmentation de la dépenfe, que Jon ne peut alors remplir le vuide de lune, &e pour- s mere à 510 voir à l'excédent de lautie, qu'enicharpéant le pêtis pie de nouvelles impoñitions; au Heurque lenrichifs" . fémentides férmiers laifle au moins la reflource de ! méftre à contribution leur opulence & leur crédit. Réponfes, Les fortunes exceflives:de quelques par: ticuhiers n’attriftent pas parielles-mêmes, ce font les: images qu’elles prélentent avec ellés’,:la-difette du peuple &c la dépopulation des:5rovinces;, les fonde mens fur lefquels elles font élevées, les! matériaux dônt elles font conftruités', lesmoyens quiles con fervent & les augmentent ; voilà ce qui porte Le dé. fefpoir dans le cœur des fmets. « Lamatiere des trou: »* bles, dit Bacon ,eft dans la mifere publique &c dans » le mécontentement univerfel ». Lesrémisrations:,. les terres en friche:, le-sermeïde létat-defléché; tel- les font les conféquences de ces-richefles Elles doi-. vênt donc infpirer l’effroi : Le ridicule füffit-il alors pour punir des abus aufhi violens ? Besriches font-ils fufceptibles d'une punition que tout le monde leu infligé au loin, mais que perlontie ne leur dénonce! Ce maux ne fe trouvent que dans la/érre; Mi de Mors: tefquieu les a confidérés fous le même point de vüe que le roi qui nous gouverne. « Les fortunesimmen- »° Les & précipitées des gens d'affairesi(édit de 1716) »' l'excès de leur luxe & de leur fafte, quifemblein- »' fulter à la mifere de nos'autres fujets ; font par » avance une preuve de leurs malverfations,@&il n'eft #' pas étonnant qu'ils diffipent avec profufionl!, ce » qu'ils'ontacquis avec injuftice: les richefles qu'ils | »' pofledent font les dépouilles de nos proviices:, la » {ubflance de nos-peuples &c le: patrimoine de Pé- |» tat, Gi. » L'auteur del’Æfhpris des lois ne se pas, . d'beautoup près,-exprimé avéctant de févérité, mais fes maximes étoient celles de lédit. A l'égard de : cette reflource qui confifté à mettre les riches à con- tibution., il femble qu’elle n’ait été employée jte qu'ici, que pour donnér lieu à des gains plus rapides, & pour faire paller dans les mains de quelques-uns, les débris de la véxation. Pour le crédit, qui eft-ce qui ignôre à quelles conditions onéreufes'ils l'ont procure ? Cinquieme principe de M. de Montefquieu. « Par la » régie l’argent lèvé pañle par peu dé mains ; ilvaæ »_direétément au prince ; & par conféquent revient » plus promptement au peuple ». Obfervations. L’autéur de l’Æ/prit des lois appuie | tout ce qu'il dit fur la fuppofñition que le récrfleur qui n’eft que trop communément avare de peines Ëc pro digue de frais, gagne & produit àl’état autant que lé fermiter, qu’un intérêt perfonnel 8 des engagemens confidérables excitent fans cefle à fuivre de près la perception; mais cette préfomption eft où de la lym- phe en diverfes parties folides ou organifées ; ce changement eft fur-tout fingulierement remarquable dans la produétion de la foie, qui eft fenfblement dans le ver fous la forme d’une mafle uniforme de vraie mucofité , qui a la confiftance d’une gelée ter dre & légere , fe réfolvant très-aifément en liqueur , É’c. & qui eft immédiatement & foudainement chan gée en filets très-folides, en paffant par certaine f- liere difpofée dans la tête du ver, Ainf analyfer de la foie, analyfer un cartilage, un os, un mufcle, c’eft proprement, & quant au fond » analyfer de la mucofte, ou de la lymphe animale. Quelques-unes de ces Jubffances {olides ne different réellement de leur matiere primordiale , que par une différente Proportion , ou plutôt par une furabondance de terre comme nous l’obferverons dans la fuite de cet article. nd Il s’agit donc ici de la lymphe & des parties {oli- des qui en font formées. Quant à cette humeur é- nérale , ou plutôt cet affemblage | cet océan ( com- me les Phyfologiftes l’appellent ) de divertes hu meurs ammales , connu fous le nom de fang , cette Jubflance animale mérite d’être confidérée à paït , par cette circonftance même d’être un mélange très« compofé , non-feulement chargé de la véritable ma- tiere animale, c’efl-à-dire , de la lymphe, & d’une partie qui lui paroît propre & qui le fpécifie, favoir la partie rouge ; mais encore de diverfes matieres excrémenticielles, ou étrangeres à la matiere ani- à . EEee 586 S UB male proprement dite , favoir divers {els , une eau fuperflue, ou la partie de la boiflon frabondante à a réparation ou à la rurrition , les diverfes humeurs excrémenticielles , bile, urine, fahve, &c, ou du moins leurs matériaux , &c. Aufli trouvera-t-on dans ce Didionnaire un article particulier SANG, ( Chi- nie. ) Voyez cet article. On trouvera auffi un arricle particulier GRAISSE, ( Chimie. ) & un article LAIT , ( Chimie.) Les divers excrémens des animaux, foit folides , Loit fluides , foit généraux , communs , ou du moins très ordinaires, Comme la matiere fécale, la bile, la falive, Purine, foit particuliers à quelques ani- maux comme cafloreum, civette , mufc, 6’c. ayant chacun une compoftion particuliere, il en efttraité dans des articles particuliers. Voyez BILE , FÉCALE MATIERE , SALIVE , URINS , Gc, CivETTE, Musc. Les Chimiftes n’ont point découvert encore la conflitution chimique .fpéciale de la femence des animaux ; ils ne connoïfient dans cette liqueur que les qualités communes de la lymphe. Les produits pierreux de -plufieurs animaux , tels que les coquilles, les taies cruflæ , les coquilles d'œuf, les perles, les pierres ou calculs, les bé- foards , 6. doivent être rangés abfolument dans la clafle des pierres , & dans le genre des pierres cal- caires. Voyez PIERRE 6 CHAUX, ( Chimie. ) Ces fubf sances ne different des pierres calcaires vuloaires , qu'en ce que les premieres contiennent une plus grande portion de cette colle, gluten, fi bien obfer- vée par M. Pott dans fa lithogéognofie ; & en ce que le gluten de ces concrétions pierreufes animales , eft plus fenfiblement la mucofité animale : les osmême, êt leurs différentes efpeces, comme les cornes, l’i- voire , les dents , &c. ne different chimiquement ( c’eft-à-dire fans avoir égard à lorganifation ) de ces concrétions pierreules que du plus au moins. Lorfqu'on a enlevé aux os par la déco@tion , ou qu’on a détruit dans les os par la calcination la ma- tiere muqueufe qu'ils contiennent abondamment , ils ne font plus qu’une pierre calcaire , ou de la chaux. Cette matiere muqueufe , dont ils font natu- rellement remplis, ne mafque même pas tellement leur charpente terreufe , que cette terre ne puifle être enlevée par l'application des acides aux os mê- me récens & inaltérés. C’eft à caufe de lenleyement d'une partie de cette terre, que les os ont été ra- mollis par Papplhication des acides foibles , que les Anatomiftes ont fouvent pratiquée en travaillant à découvrir la ftruêture des os; opération dont ils mont pas foupconné la théorie, qui véritablement n’étoit pas de leur objet. Cette terre offeufe eft fu- rabondante à la mixtion muqueufe , ou plutôt lui eft étrangere , & eft dépofée par une vraie fecrétion très-analopue à celle qui fournit l’enduit ou la coque aux œufs , les coquilles , les tayes des cruftacées, Ge. L'identité chimique de ces matieres établit prin- cipalement cette analogie, qui mérite au moins que les Phyfologiftes ajoutent à la doûtrine des fecré- tions un chapitre ou un problème de fecrerione rerre offer. On trouvera quelques notions ultérieures fur tout ceci dans quelques articles particuliers. Voyez PIERRE ox CALCUL HUMAIN , voyez PERLE , voyez MERE DE PERLE, voyez? HUITRE, &c. La pierre ou calcul biliaire doit être diflinguée des matieres pierreufes dont nous venons de faire mention. Voyez PIERRE où CALCUL HUMAIN, * Une /ubfhance animale , telle que nous avons {pé- cifiée , difinguée, circonfcrite, étant foumufe À l’a- nalyfe ancienne, c’eftàä-dire , diftillée fans inter- mede, fournit conftamment , premierement, au plus leger degré de chaleur ; & au bain-marie pour le plus für ( voyez FEU , Chimie) une eau ou un > phlegme iifipide & proprement inodore ( voyez ODORANT , PRINCIPE, }c’eft-à-dire, non aroma- tique ; mais chargé pourtant d'un gas , d’une éma- nation fubtile , qui fait reconnoïtre , redeles, la ma» tiere qui la fournit, & qui a un certain caraëtere du regne auquel cette matiere appartient. Cette pre miere eau eft, s’il eft permis de s'exprimer ainfñ, la partie la plus furabondante de l’eau naturellement {urabondante dans le reone vegetal &z dans le regne animal, felon la doétrine de Becher. 2°. Au feu tant foit peu fupérieur à la chaleur de Peau bouillante, un phlegme un peu rouflâtre , un peu trouble êc fe- tide, c’eft-à-dire, déja un peu huileux & un peu chargé d’alkali volatil, quoique fi foiblement, que ce {el ne s’y manifefte point encore par fes effets ordinaires ; 3°. de V’huile fenfble &c diftinéte,, d’a- bord jaunâtre & aflez claire , & quis’épaifit & de- vient de plus en plus brune dans Îes proprès de la difillation , de lalkali volatil réfout, ou -efprit vo- latil , & de l'air; 4°. de l'huile de plus en plus denfe & noire, une liqueur trouble, aqueufe - huileufe ; chargée d’alkali volatil & d’acide, de Palkah volatil concret & de l'air, 5°, La derniere violence du feu préfente fouvent quelques traces de phofphore , un produit lumineux incoercible , ‘ou plutôt irramaflz- ble par fa pauciré ; du moins plufieurs chiniftes aflu- rent la réalité de ce produit, dont d’autres nient l’exiftence : le fentiment des premiers eft le plus probable. 6°. Enfin le produit fixe , ou le réfidu de, cette difhillation eft un charbon qui étant calciné, donne une cendre qui eft une terre calcaire , & de laquelle , felon l'opinion la plus reçue , on ne retire point de fel par la lixiviation. Cet acide, que nous venons de compter parmi les produits de la diftillation des /rfsances animales, a été contefté , nié par la plus grande partie des chi- miftes. [ls difoient que l’alkali volatl étoit le pro= duit propre & excluff de lanalyie des Jubffances animales, comme l'acide étoit le produit propre & fpécial de lPanalyfe des végétaux. Ce dogme étoit une double erreur. Voyez, quant à la derniere afler- tion , larricle VÉGÉTAL, (Chimie) 8 quant à la pre- miere , favoir à l’exclufion de l’acide obtenu par la violence du feu des /xb/lances animales diftillées fans intermede , les expériences d'Homberg, Mém. de Pac. roy. des Scienc. 1712. & celles de M. Pott, Mifcers, Berolin. tom. FL.-en prouvent inconteftablement lexiftence. L? coexiftence d’un acide & d'un alkalz dans une même liqueur , fans que ces deux fels y contra@tent l’union chimique, a été expliquée très- naturellement par Pétat huileux de l’un & de l’autre fel , & par l'état femblable de la liqueur , dans la- quelle ils font diflous ou réfous. Or que ces deux principes y exiftent enfemble , & tous les deux L- bres , nuds , ou f l’on veut très - fuperficiellement unis , cela eft prouvé, non pas par le changement de quelques couleurs végétales alléguées par Hom- berg & parLemery Le fils, mais aflez bien par l’effer- vefcence que cette liqueur fubit également par l’afu- fion d'u acide pur & par celle d’un alkali pur, & enfin très-bien par l'expérience de M. Pott , qui eft en mêmetems le fait majeur &c fondamental fur le- quel porte fon aflertion de lacide animal, afferrio acidi animalis, ce font fes termes, Voici cette expé- rience : prenez la liqueur falineélevée dans la difüi- lation à la violence du feu d’une /#b/fance animale : féparez-en exa£tement lhuile : reétifiez cette liqueur faline jufqu’à ce qu'il ne vous en refte qu'une petite portion: rectifiez de nouveau cette petite portion, felon le procédé d’Hombers , avec le réfidu de la premiere difillation calciné , vous obtiendrez de Fa: cide, mais en petite quantité. L'auteur ne dit pas à quels fignes il le reconnoït dans cette premiere voie de recherche ; mais il Le cherche encore dans cette. SUB petite portion de réfidu de la premiere redification, par la voie de la précipitation : il verfe fur cette li- queur de l’alkali, ou de la chaux vive ; aufli-tôt on fent naître, dit M. Poit , une odeur d’alkali volatil ; que ne donnoit point auparavant cette liqueur ; preuve fenfible de la préfence d’un acide, qui s’eft unt à laikali fixe ou à la chaux vive, & a laiflé échapper un alkali volatil auquel il étoit joint. La vérité de cette induétion eft ultérieurement démon- trée , en ce que fi on a employé de l’alkali fixe , il fe change en fel neutre , capable de cryftallifer, &c. Gnpourroit fans doute chicaner M, Pott fur tout ceci; car enfin cette derniere expérience, qui eft la feule qui foit énoncée clairement & poñitivement , ne démontre que du fel ammoniac dans les produits de l’analyfe vulgaire des /xbfances animales, ce qui net pas ce femble le point conteflé. Vainement répondroit-on que le {el ammoniac contenant de Pacide, c’eft donner de l'acide, que de donner du fel ammoniac, Ce feroit raifonner d’après une logi- que très-mauvaife en {oi , mais éminemment vicieufe brfqu'on lappliqueroït en particulier aux objets chimiques: & pour s’en tenir au cas particulier dont il s’agit, il eft f clair que ce n’eft pas d’un pa- reil acide , de celui d’un fel ammoniac dont il s’agit, que le problème de lPacide animal a toujours été agité entre des sens quisdmettoient dans les ani- maux des fels neutres, au - moins du fel marin, & qu'une objeétion faite long -tems avant le travail de M. Pott, au célebre anatomifte Vieuffens,, qui avoit retiré de l'acide du fang, c’eft qu'il n’avoit obtenu que celui du fel marin contenu naturellement dans cette fubfance, Toute huile contient de l'acide, j’en fuis convaincu avec M. Pott, je crois même, d’après des expériences particulieres, qu’elle eft effentielle- ment compoiée d'acide comme de foufre. Voyez Buize. Les /wbffances animales donnent de l'huile, -êt je fais retirer de acide de toute huile comme du foufre : fi après avoir retiré cé produit d’une huile animale jen déduifois Paflertion de l’acide animal, je croirois mal conclure, ou du-moins m'exprimer très-inexaétement ; en un mot je crois qu’on pourroit me rappeller cette regle générale de logique en mé- thode chimique, que ce font les principesimmédiats de la compoñtion d’un corps tel, quifont propres, quiappartiennent à ce corps, & non pas les princi- pes éloignés ou les principes de fes principes. Une Jubffanceanimalereconnoît-ellel’huile pour un defes principes ? queftion utile à la connoïfance chimique de cette /wbffance ; cette huile employée à la compo- ftion de cette /#bffance eft- elle formée d'acide, & cet acide peut-il par les tortures du feu ,fe manifef- ter dansune analyfe vicieufe & prefque inutile d’ail- leurs en foi en général ? queftion oïfeufe, inutile à Ja découverte de la nature de cette fubflance ; vue vaine pouvant induire à erreur, jettant les plus ha- biles dans des recherches inutiles ,entortillées , dans des parallogifmes, des fophifmes, &c. Mais M. Pott paroiffant s'être borné à démontrer lexiftencefimple , abfolue, générale de Pacide dans lès animaux; on ne peut difconvenir qu'il n’y ait réuff. Quant à la conclufion que ce célebre chimiite déduit de {on travail, lorfqu’il dit, S. XX. que La fanté confiffle dans léquilibre de cer acide avec le jflegme, la terre, le phlogifique de nos humeurs, par où il prétend formellement que cet acide eft un principe immediat de la mixtion animale : nous ne {aurions embrafler ce fentiment , qui évidemment accorde trop à Pana- lyfe par la violence du feu, que les chimiftes moder- nes Ont appris à mieux évaluer. Voyez PRINCIPES. L’analyfe menftruelle démontre que cet acide n’eft pont un des principes immédiats de la compoñition des fub{iances animales: mais l'effet du feu, & des diverfes réaétions qui furviennent dans les diftilla- Tome XP. S U B 58? tions à la violence du feu; eft trop éonft des vrais chimiftes pour qu’on fafle, à Pacide de M. Pott , le reproche vague d’être un nouveau produit, ou uné créature du feu, dont M. Pott l’a défendu plus férieu: fement, ce me femble, qu'une telle objeétion ne lé méritoit ; mais c’eft de l’un des vrais principes de la Jubflance animale analyfée (je puis démontrer qué c'eftde l'huile }, que cet acidé eft retiré; & voilà de quel reproche il falloit lexempter, ce qui eût été & eft encore véritablement fort difficile, Les Chimiftes n’ont encore rien publié für les /#2: Jlances animales ou fur la fubflance animal: dont ii s’agit dans cet article , d’après fon examen éxécuté par l’analyfe menftruelle (voyez MENSTRUELLE, analyfè) , par conféquent ils n’ont fur cette matiere que des notions analogiques, des induétiens, des preflentimens. Les notions poftives &r exaétes fur cette fusfance peuvent feules donner la connoiffance fondamentale, premiere, vraiment élémentaire, intime, de la fors mation, de l'accroiffement, de la réparation , des at: térations {pontanées, en un mot de la nature & de toutes les affections purement matérielles, & peut- Être même de l’être formel des affections organiques des animaux. (4 | SUBSTANTIAIRES, f. m, pl: (Hif. eccléf£aflique.) feéte de Luthériens, qui prétendoient qu’'Adam avoit perdu par fa chûte tous les avantages de fa nature. SUBSTANTIF , adj. ( Gramm. ) ce terme eft ufté dans le langage grammatical comme adje@if diftinc- tif d’une forte de nom & d’une forte de verbe. L Nom fxbfflantif. Tous les Grammairiens, excepté M. l'abbé Girard, divifent les noms en deux efpeces, les fubflantifs & les adje&tifs. « Le nom Jabftansif « » dit l'abbé Regnier ( iz-12. p.165. in-4°, p. 17504 » eft celui qui fignifie quelque fubftance, quelque » être, quelque chofe que ce foit...Le nom adjedif » eft celui qui ne fignifie point une chofe, mais qui » marque feulement qüelle elle eft». Les notions. de ces deux efpeces ,données par les autres grame mairiens ; entrent à-peu-près dans celles-ci. Qu'eit- ce donc que les noms en général? Oh! ils ne font point embarraflés de vous Îe dire: puifque la définie tion générale doit admettre la divifion dont il s’agit, il eft évident que les noms font des mots qui fervent à nommer ou à qualifier les êtres. Mais qu'il me foit permis de faire là-deffus quel- ques obfervations. La réponfe que l’on vient de faire eft-elle une définition? n’eft-ce pas éncore la même divifion dont il s’agit? Affurément, la Lopi: que exige qu'une bonne définition puifle fervir de fondement à toutes les divifions de la chofe définie, parce qu’elle doit développer l’idée d’une nature fufceptible de toutes les diftintions qui la préfen: ent enfiute fous divers afpeëts ; mais loin d'exiger que la définition générale renferme les divifions, elle le défend au contraire; parce que la notion gÉ« nérale de la chofe fait effentiellement abfradion des idées fpécifiques qui la divifent enfuite, Ainfi un géometre feroit ridicule, fi pour définir une figure plane reétiligne, 1l difoit que c’eft une furface plane, bornée par trois lignes droites & trois aneles, ou par quatre lignes droites & quatre angles ,.ou par, Gc. Il doit dire fimplement que c’eft une furface pla- ne, bornée par des lignes droites, & qui a autant d'angles que de côtés. Cette notion eft générale, parce qu’elle fait abftraétion de tout nombre déter: miné de côtés & d’angles, & qu’elle peut admettre enfuite toutes les déterminations qui caratériferont les efpeces: Les triangles, quand on fuppofera trois côtés & trois angles ; les quadrilateres , quand on en fuppofera quatre, Gc. + Veut-on néanmoins que ce foit définir le nor, que de dire que ce font des mots qui fervent à nom EÉEee ij - DE 588 SUB mer ou à qualifier les êtres ? Ceux qui fervent à nom- 2er les êtres fontdonc les /ubffanifs : or je le deman- de , quelle lumiere peut fortir d’une pareille défni- tion? Les noms /xbffantifs font ceux qui fervent à nom- mer les êtres, c’eft dire, ce me femble, que les noms fubflantifs {ont ceux qui font des noms: défini- tion admirable ! Que peut-elle nous apprendre, f elle ne nous conduit à conclure, que les noms adje- &ifs font ceux qui ne font pas des noms? C’eft en | effet ce que j'entreprends de prouver 1c1. J'ai déjà apprécié ailleurs ( voyez GENRE), les raiï- fons alléguées par Pabbé Fromant, Szppl. aux ch. 17. di, & iv. de la IL. part. de la Gramm. gén. en faveur de la vieille diftinétion des noms en /#hffanrifs & ad- jeétifs ; & je dois ajouter ici, que dans une lettre qu’il écrivit à mon collegue & à moi le 12 Novembre 1759 , il eut le courage de nous dire du bien de cette critique.« La critique, dit-il, que vous avez faite » au 101 GENRE, d'un endroit de mon fupplément, » eft philofophique & judicieufe ». Cette louange fi flatteufe n’eft corrigée enfuite ni par 2 ni par mais ; elle eft diétée par la candeur, & elle eit d'autant plus digne d’éloges, qu’elle eftun exemple malheu- reufement trop rare dans la république des lettres. Je reprends donc le raïfonnement, que je n’ai pour ainfi-dire qu'indiqué au-10: GENRE, pour en mon- trer ici le développement &c les conféquences. La néceflité de diftinguer entre les Jubffannifs & les adje@ifs pour établir les regles qui concernent l'ufage des genres, ef la feule raifon que j’aye em- ployée direétement , & même fans trop lPapprofon- dir : je l'ai examinée plus particulierement en par- lant du mot, article I. & les ufages de toutes les lan- gues , àfégard des nombres &c des cas, n'ont fait que fortifier & étendre le même principe. L’analyfe la plus rigoureufe m’a conduit invariablement à par- tager les mots déclinables en deux clafles générales ; la premiere pour les noms & les pronoms, &r la fe- conde pour les adje@ifs & les verbes: les mots de la premiere clafle ont pour nature commune, de pré- fenter à l’efprit des êtres déterminés ; ceux de la fe- conde clafle, de ne préfenter à l’efprit que des êtres indéterminés. Les adje@ifs font donc auffi éloignés que les verbes de ne faire avec Les noms qu'une feule &t même efpece. Ce qui a pu induire là-deflus en erreur Les Gram- mairiens , c’eft que les adjeétifs reçoivent , dans pref- que toutes Les langues, les mêmes variations que les noms, des terminaifons pour les genres, pour les nombres , & des cas même pour les idiomes qui le comportent : la déclinaifon eft la même pour les uns & pour les autres par-tout oh on les décline, en grec, en latin , en allemand, 6. Ajoutez à cela la concordance de l’adje&if avec le nom, & de plus Pu- nité de l’objet défigné dans la phrafe par Punion des deux mots: que de raïfons d’errer pour ceux qui n’approfondiffent pas aflez, & pour ceux qui fe croient grammairiens parce qu'ils en ont appris la partie poñitive & Les faits, quoiqu'ils n’en aient ja- mais pénétré les principes! | _ Les noms, que l’on appelle communément /#f- ranifs, & queje n’appelle que zoms, font des mots qui préfentent à l'efprit des êtres déterminés par Fidée précife de leur nature : & les adjeétifs font des mots qui préfentent à l’efprit des êtres indérerminés, défi- onés feulement par une idée précife qui peut s’adap- ter à plufieurs natures. Joyez MOT, article ». & Nom. C’eft parce que l’idée individuelle de l’adjeétif peut être commune à plufieurs natures, & que le fujet en eft indéterminé, que l’adjeëtif reçoit prefque partout les mêmes accidens que les noms & d’après les mê- mes regles, afin que la concordance des accidens puiffe fervir à conftater le fujet particulier auquel on applique l’adjeëtif, & à la nature duquel on adapte S UB Tidée particuliere qui en conftitue la fignification propre. Mais la maniere même dont fe regle par-tour la concordance, loin de faire croire que le nom & Padjeétif font une même forte de mots, prouve au contraire qu'ils font néceflairement d’efpeces diffé- rentes, pufqu'il n'y a que les terminaifons de l’ad- jetif qui foient aflujetties à la concordance, & que celles des noms fe décident d’après les vies différen- tes de l’efprit &c les befoins de Pénonciation. Je crois donc avoir eu raifon de réferver {a quali- fication de fubflantifs pour les feuls noms qui défi-. gnent des tres qui Ont, Ou qui peuvent avoir une exiftence propre & indépendante de tout fujet, ce que les Philofophes appellent des /ubffances : tels {ont les noms &re, fublance, efprit, corps, animal, hom- _me, Ciceron , plante, arbre, pommier , pomme , armoire, &c. La branche de noms oppofés à ceux-ci, eff celle des abftraétifs. Voyez Nom. I. Verbe fubffanuif. Le verbe eft un mot qui pré- fente à l’efprit un être indéterminé, défigné feule- ment par l’idée précife de l’exiftence fous un attribut. Voyez VERBE. Un verbe qui énonce l’exiftence fous un attribut quelconque & indéterminée, qui doit être enfuite exprimé à-part, eft celui que les Grammai- riens appellent verbe fubflantif: c’eft en françois le verbe ére, quand on lemploie comme dans cette phrafe , Dieu eff juffe, où dn’exprime que l’exiften- ce intelleétuelle, fans aucune détermination d’attri- but , puifque l’on diroit de même Dieu ef? fage, Dieu eff tout-puif[ant, Dieu eff attentif a nos bejoins , &c. Voyez VERBE. La diftin@ion des noms.en fubffanrifs &c adjeëtifs, me femble avoir été la feule caufe qui ait occafonné une diflinétion de même nom entre les verbes; & cette dénomination n’eft pas mieux fondée d’un côté que de l’autre. Je crois qu'il y auroit plus de jufteffe êc de vérité à appeller abffrait, le verbe que lon nomme fubflantif, parce qu’en effet il fait abftrac- tion de toute maniere d’être déterminée; &' alors ceux que lon nomme adjeihfs devrorent s’appeller concrets, parce qu'ils expriment tout-à-[a-fois l’exi- ftence & la modification déterminée qui confitue Pattribut, comme aimer , partir, &te. SURSTANTIVEMENT , adv. c’eft-à dire 2 /a ma- niere des fubflantifs. On dit en Grammaire qu’un ad- je@if eft pris fubffantivemens, pour dire qu'il eft em- ployé dans la phrafe à la maniere des fubftantifs, ou plutôt à la maniere des noms : « Ce quine peut arri- » ver, dit M. du Marfais ( Trop. part. II, art. j.), » que parce qu'il y a alors quelque autre nom fouf- » entendu qui eft dans lefprit, par exemple, 4 yRAr » perfuade, c’eft-à-dire ce qui eff vrai, l'étre vrai, ow » La vérité ; le TOUT-PUISSANT vengera les FOI- » BLES qu'on opprime, C'eft-à-dire Dieu qui eft tout- » puiffant vengera les hommes foibles ». Si, quand un adjeétif eft employé feul dans une phfaie , on le rapporte à quelque nom foufentendu qu’on a dans l’efprit, il eft évident qu’alors il eft em- ployé comme tous les autres adje&tifs, qu’il exprime un être déterminé accidentellement par l'application atuelle à ce nom foufentendu , en un mot qu’il n’eft pas pris Jubffantivement, pour parler encore le lar- gage ordinaire. Ainfi quand on dit, Dieu vengera les FOIBLES, l'adjeétif foibles demeure un pur &c vérita- ble adje@if ; & il n’eft au pluriel & au mafculin , que par concordance avec le nom foufentendu /es kom- mes , que l’on a dans Pefprit. _ Il y a cependant des cas où les adjeëtifs devien- nent véritablement noms: c’eft lorfque l’on s’en fert comme de mots propres à marquer d’une maniere déterminée la nature des êtres dont on veut parler, & que l’on n’envifage que relativement à cette idée, en quoi confifte effeétivement la notion des noms. Que je dife, par exemple, ce difcours efi FRAT, SUB . me WRALE deéfenition eft le. perme de toutes les conhoif fancee poffibles fur l'objet défini ; VPadjeétif vrai demeure adjectif, patce qu’il énonce une idée que l’on n’en- vifage dans ces exemples que comme devant fire partie de la nature totale de ce qu’on y appelle fc cours Gt définition, &c qu'il demeure applicable à toute autre chofe felon l’occurrence, à une zowvelle, un récie, à un fyfième, Ge. Auf vrai, dans le pre- mier exemple, s’accorde-t-il en genre & en nombre avec le nom diftours ; &t vraie, dans le fecond exem- ple, avec le nom défxition, en vertu du principe d'i- dentité. Foyez CONCORDANCE, IDENTITÉ. . Mais quand on dit, Ze FRA1 perfuade, le mot vrai eft alors un véritable nom , parce qu'ilfert à préfen- _terà l’efprit un être déterminé par l’idée de fa natu- re; la véritable nature à laquelle peut convenir l’a- tribut énoncé par le verbe perfuade, c’eft celle du vrai: & il n’eft pas plus raïfonnable d’expliquer le mot vrai de.cette phrafe, par ce qui eft vrai, l’étre vrai, La vérié, que d'expliquer. le mot homme de celle-ci, l’HOMME eft foctable, par ce qui eft homme, l’étre bomme , l'humanité ; à moins qu'on ne veuille en ve- nir à reconnôître d'autre nom proprement dit que Îe mot ére, ce qui feroit, je penfe, une autre abfur- dité, Dans la langue latine qui admet trois genres, on peut fratuer, d’après ce, qui vient d’être dit, qu’un adjeétif au genre mafculin ou au gente fémimn, eft toujours adjettif, quoiqu'il n’y ait pas de nom expri- mé dans la phrafe, Tu vivendo , bonos ; [cribendo , féquare peritos. Il faut ici foufentendre komines, avec lequel s’accor- dent également les deux adje@ifs 4oros & perios. Mais un adjectif neutre qui n’a, ni dans la phrafe où 1l fe trouve, ni dans les précédentes, aucun cor- relatif, eff à coup sûr un véritablenom dans cette phrafe; &z il n’eft pas plus nécefaire d’y foufenten- dre le nom zegotium, que de foufentendre en fran- Ççois ére, quand on dit, X vrai perfuade. Si lufage a préféré dans ces occañons le genre neutre; c’eft, 1°. qu'il falloit bien choïfirun genre ; & 2°, que l’efpece d'êtres que lon défigne alors n’eft jamais animée, ni par conféquent fujette à la diftinéion des fexes. Remarquez que l’adjeétif devenu nom, n’eft point ce que jai appellé ailleurs un z07 abftraëlif, voyez Nom. C’eft un véritable nom fubffantif, dans le fens que j'ai donné à ce mot; & c’eft la différence quil ÿ a entre le vrai & la vérisé ; la même qu'il y a entre l’éomme & l'humanité. D’où il fuit que l’adyerbe fubf= tantivement peut refter dans le langage grammatical , pourvû qu'il y foit prisen rigueur. (£. R. M. B.) .. SUBSTANTION, SUSTANTION , SOSTANTION, : (Géog. mod.) ancienne petite ville ou bourgade de la Gaule narbonnoife : elle ne fubfifte plus. Catel .aflure que-de fon tems, on voyoit encore fes ruines à mille pas du grand chemin qui va de Montpellier à .Nifmes , & à pareille diftance de Montpellier, près .des villages de Caftelnau & de Clapiers. Cette ville a eu long-tems fes propres comtes, qui ne relevoient d'aucun autre feisneur. (D. J … SUBSTITUT , £. m.(Gram. Jurifp.) eft un officier établi pour en remplacer un autre en cas d’abfence, maladie ou autre empêchement. 2 On confondoit anciennement le titre de fubflitus , avec celui de lieutenant , & on donnoit l’un ou l’au- tre indifféremment à tous ceux qui remplaçoient . quelque officier public, foit juge ou autre officier de juftice. L'ordonnance du 23 Mars r302 porte, art. 22. que les fénéchaux, baillifs,viguiers, vicomtes, juges & au- tres Officiers de juflice exercerontleurs ofces en per- fonne, & qu'ils ne pourront commettre en leur place _des fubfhiturs on des lieutenans, qu'en.cas de néçef- SUB 589 té, comme en cas de maladie, ou qu'ils aïllent ant confeil; que dans ces fortes de cas ils prendront pour Jubfirues des perfonnes du pays, fages & éclai- rées qui ne feront pas avocäts, ou furchargés d’afrai- res , ni liés avec un trop grand noibre d’amis; qu’ils, feront refponfables felon droit & raifon du fait de leurs fubfiieuts, & que ceux-ci prêteront ferment de bien faire leur devoir. Préfentement on.ne donne le titre de /xbfficue qu'aux ofhciers établis pouraider le procureur-géné- ral, ou le procureur du roi däns leurs fonétions, Les procureurs au parlement ont auffi des Jabfti= tuts, (A) SUBSTITUTS DUPROCUREUR-GÉNÉRAL DU ROI: anciennement il n’en avoit point d'ordinaire , & en commettoit feulement dans les occafñons où cela étoit néceflaire. On trouve dans les regiftres du par- lement fous la date du 14 Novembre 1300, que M. Sureau, procureur-général, ayant demandé la per- miffion de s’abfenter , la cour en le lui permettant , lui ordonna de laïffer un /xbflitut pour l'expédition des affaires. Th La fonétion de ces fbfhiturs ne duroit pas plus que la caufe pour laquelle ils ayoient été commis. Dans la fuite le procureur-général commit plu- fieurs fubffiruts pour l'aider dans fes fondions, & ceux-c1 devinrent ordinaires. En effet , lorfque le par- lement futtransferé à Poitiers, M. Angevin, procli= reur-général , eut l’attention de deftituer ceux defes Jubfrituts qui ne purent le fuivre. La portion du par- lement qui étoit retenue à Paris par Les Anglois, com- mit M. le Tue , avocat-général, pendant l’abfence de M. Angevin, pour exercer l'office de ladite procure. Lorique la place de procureur-général venoit à vaquer par le décès de celui qui en étoit pourvu, la cour confirmoit les Jäbfhiuss qu'il s'étoit choifis, & les commettoit pour en remplir les fonétions pen- dant la vacance, Les chofes demeurerent en cet état jufqu’au mois de Mai 1586 , que les /xb/licuts du procureur-généraf furent créés en titre d'office dans toutes les cours fouveraines, comme ils font encore préfentement. Au parlement de Paris ils font au nombre de 18: Ils ont réuni à leur corps la charge d’ayocat-général aux requêtes du palais, qu’ils exercent par celui d’en- tre eux qui eft.commis à cet effet. | Il y en a auffi dans la plüpart des autres cours, mais le nombre n’en ef pas par-tout égal. Toutes leurs fonétions font renfermées dans deux objets; lun, de foulagerle procureur-général dans fes fonétions, comme de lui faire au parquet le rapport des inftances, dans lefquelles il doit donner fes con- clufons; l’autre, de le remplacer dans le cas où il ne peut vaquer par lui-même à l’expedition des affai- res dont ileft chargé. | Le procureur-général qualifie aufi de fes fubftiruss les procureurs du roi des fieges du reflort de la cour; on en trouve un exemple dès 1344, dans l’ordon- nance de Philippe de Valois, du mois de Juillet de ladite année , & en cas d’empêchement de leur part, il comme des /#B/firuts pour les remplacer, lorfqi1l n'en Ont point; mais dans leur fiege & dans tous au- tres actes, les procureurs du roi doivent être quali- fiés de ce titre de procureur du-roi, & non de celui de ubflirurs du procureur-général. ( 4) Subjhituts du procureur du roi, anciennement les procureurs du roi n’avoient pas la faculté de fe nom- mer des /ubfliturs pour exercer leurs fom@ions, même en leur abfence ou autre empêchement , celan’appar- tenoit qu'au procureut-général. L’arc, 158 de l’or- donnance de Blois, défendit aux procureurs du roi, de commettre aucuns /xbffirurs en leur place, quand |. les avocats du roi feroient préfens. …… L'Edt du mois de Mai 1586 ; avoit créé en titre 390 S U B d'office , non-feulement des f#b/firurs des procufeurs- généraux des cours ; mais aufh de tous lés procu- reurs du roi dans les fiegesinférieurs , pour faire tou- tes les fonétions des procureurs du roi en leur abfénce, négligence où empêchemens ; & pour aflifter & être adjoints aux juges en tous aêtes de juftice, où on avoit coutume de prendre un adjoint. Mais ces offices n'ayant point êté établis dans plu- fieurs des fieges inférieurs, & la plus grande partie de ceux qui avoient été levés, étant depuis reftés. vacans aux parties cafuelles, Louis XIV. par un autre Edit du mois d'Avril 1696 , créa de nouveau en ti- tres d'office dans chaque bureau, des tréfoners de France, fieges, préfidiaux , bailliages , énéchauf- fées , tables de marbre &c fieges des eaux & forêts, maréchaufées, amirautés, prevôtés, vigueries , cha- tellenies , vicomtés , éle&tions , greniers à {el & au- tres juftices royales ordinaires ‘&t extraordinaires, tel nombre de fes /ub/firuts des avocats & procureurs du roi qui feroit reglé, outre ceux d’ancienne créa- tion, quiétoient pour lors remplis & exercés, pour en labfence des avocats du roi, porter la parole en Paudience , & en labfence du procureur du rot , donner des conclufons par écriten toutes affaires fujettes à communication, & faire toutes les fonétions des avocats & procureurs du roi en leur abfence, négligence ou légitime empêchement, enfemble pour jouir des'autres prérogatives qui leur font accordés par les édits & réglemens. (4) Subfrisurs des procureurs au parlement: avant que les procureurs fuflent en titre d'office, on enten- doit par /xbffitur d’un procureur, celui que le fondé de procuration fubftituoit en fon lieu & place. Mais dequis long-tems les réglemens ont obligé les procureurs de nommer chacun pour leurs /26/h- us deux de leurs confreres. L'arrêt du 23 Juillet 1664 , en prefcrivant l’obfervation des anciens arrêts &t réglemens, ordonne que fuivant iceux , teus pro- cureurs reçus en la cour, qui n’ont pas nommé des Jabfrituts, feront tenus dans trois jours de méttre au greffe des préfentations , les aétes contenant nomi- nation de chacun deux /46/ffirmrs , pour les repréfen- ter & recevoir les fignifications au palais en cas d’ab- fence Ou de maladie, à peine contre les contreve- nans de 24 Liv. parifis d'amende, & d’être rayé de : la matricule , leur fait défenfes de figner pour autres procureuts que leurs /uhffiurs, à peine de faux &z de pareille amende. Voyez Le recueil des réxlernens concer- ñant les fontions des procureurs, p.91. (A) SUBSTITUER , v. a&t. ( Gram. ) remplacer une chofe par une autre : vous effacez ce iorceau , maïs qu'y fubflituez-vous ? qui fubfhiruez-vous à la place de cet homme ? Jabfhituez l'amitié à l'amour , & vous y gagnerez. SUBSTITUTION, £ £ er Algebre, confifte à met- tre à la place d'une quantité qui eft dans une équa- tion , quelqu'autre quantité qui lui eft égale, quoi- que exprimée d’une maniere différente. Suppofons par exemple , que l’on ait ces deux équations 2x — yy & x—b+c; Von aurapar fubfhituion | ab+ac —yy ; en mettant dans la premiere équation, enla place de x fa valeur b4c. Voyez ÉQUATION. (E) SUBSTITUTION, (Jurifpr, ) ef l'inflitution dun fecond ,'troifieme , ou autre héritier , pour recueil- | lir au défaut d’un autre héritier , ou après lui. rVe #7 ae | L . , + | Cette définition annonceïque le nom de fxbfhisution eft commun à deux {fortes de difpoñitions. L'une eff celle par laquelle un teftateur ayant inf tituélun héritier , &c'craignant qu'ilne puïfle ou ne véuille lêtre., en nommeun autre pour recueillir |: Phoirie au défaut du premier; c’eft ce que l’onappel- | Île fubfhtution vulgaire. L'autre forte de difpoñition & /zh/Hirution eft celle qui fait pañler les biens à un fecond'héritier, après le 1 l SUB premier qiules à recueillis : cette elyece de Jréfhre- sion , Qu'on appelle fée-commiffaire, eft plus connue en droit fous le nom de fidei-commis fimplement. Néanmoins dans notre ufage on fe fert également du terme de /xbftirurion | pour défigner les fidei-com- mis , 6t les fubflitutions vulgaires : on les diflineus feulement lun de l’autre, en appellant les fdei-coms- is , fubffsurions fidei-commmiflaires. Les regles de la Jubflirurion vulgaire , font exp£- quées ci-après , à l’article SUBSTITUTION VUEGAE- RE. Celle-ci eft beaucoup plus fimple que l'autre. Les lois romaines contiennent une mfinité dei pofitions , au fujet des /ubfliutions fidei-commifies- res, &c la jurifprudence des différens parlemens, qi n'étoit pas uniforme fur cette matiere , a été fixée par Pordonnance du mois d’Août r74r. Comme cette loi ne laifle pasid’être fort étendue, nous ne ferons ici l’analyfe que de fes principales difpofitions. Toutes perfonnes capables de difpofer de les biens , peuvent faire des Jubfiturions fdei-commifis es, dans les pays où elles font en ufage. Les biens immeubles de leur nature, peuvent Être chargés de fubffitirion encore qu'ils fuflent répaxée Meubles à certains évards, par la loi de lafituation. Les offices peuvent auf être chargés de fahfires- tion , ainfi que les rentes conffituées, foit que la‘kou qui les régit , le repure meubles ou immeubles. Les effets mobiliers font cenfés compris das la Jubflirurion , lorfqu’elle eft appofée à une difpoñitios univerfelle , ou faite par forme de quotité, à moiss qu’il n’en ait été antrement ordonné; dansle preiiser cas 1len faut faire emploi ; mais ils ne peuvent être chargés d’une fubfliution particulière, que Panteur de la Jubflitution nait expréflément ordonné qu'il en fera fait emploi. | Mais Les beftiaux &c uftenfiles fervant à faire wæ- loir les terres, {ont toujours cenfés compris dans la Jubflisution des terres , fans qu’on foittenu de veste ces effets, ni den faire emploi; il fufft de les fire eftimer , afin que lon en rende d’une égale vañewr lors delareftitution dufidei-commis. Les meubles meublans d’un château où male, peuvent auffi être compris dans la /2b/fiturion , 1mè- me avec claufe de les conferver en nature; maïs es ne peut fubffituer avec cette claufe aucuns autres fets mobiliers, que les meubles dont äl vient d'être parlé, & les beftiaux 87 uftenciles dont on a parie dans larticie précédent. Les fubfliturions appofées aux donations eme vifs, n’ont d'effet pour Lés effets mobiliers, qu'oncæs ‘qu'on en ait annexé à la minute de la donätion,, état figné des parties, contenant une eflimation., ke | ‘tout à peine de nullité de la Jzbfhitution pour les men bles. Voyez aufli l'arsicle XV. de l'ordonnance és donations. | Le donataire de meubles avec /xbfliution, d'est em faire emploi. y Les /ubflirutions faites par contrat de mariage , oæ par donation entre vifs, étant acceptées, ne pes vent plus être révoquéés ni augmentées , dimmméeés ou changées, même du confentement du donatare, ët s’il féenonce à la donation , la fubffntion fers çun- verte au profit des appelés. : _ Îen eft de mêre par rapport aux inffitations & Jubjlitutions contrattuelles qui font également mé yocables, foit entre nobles ou roturiers. Les biens donnés par contrat de mariage, on gr donation entre-vifs;fans charge de /xh/firution,me pes vent en être chargés par une difpoñition pofñérieur, encore que ce füt une donation du pete à fes entame, que la fubfliturion comprit expreflément les ‘bieas donnés, & qu’elle füt faite en faveur des enfars @m ‘defcendans du donateur ou du donstaire. Lorfque fa donation ou linititution contre a éte faite à fa charge de remettre les biens donnés à celui que le donateur ou le donataire voudra choïfir, celui qui fera élu ne pourra, fous prétexte de l’élec- tion faite en fa faveur , être chargé d’aucune /zb/f4- 2u1107. Quand fe contrat de mariage, ou la donation, con- tiendroit une referve par le donateur ,, de charger dans la fuite de fubfhitution , les biens par lui don- _nés; cette referve eft de nul effet depuis l’ordon- nance. Il faut pourtant excepter le cas où le donateur fe- roit une nouvelle libéralité avec charge de /xbftieu- _ sion, auquel cas le donataire acceptant la nouvelle dbéralité , ne pourroit plus divifer les deux difpof- tions , ni renoncer à la feconde, pour s’en tenir à la premiere. L Les enfans qui ne font pas expreflément appellés à la fubffturion, mais feulement mis dans la condi- tion, fans être chargés de reftituer à d’autres, ne {ont en aucun cas repardés comme étant dans la dif- poñtion, encore qu'ils foient dans la condition en qualité de mâles, que la condition foit redoublée, que les grevés foient obligés de porter les nom & ar- mes de l’auteur de la f4b/hrurion , & qu’ilait défendu de diftraire la quarte trébellianique , ou qu'il fe trou- -ve des conjeétures tirées d’autres circonftances , tel- les que la noblefle & la coutume de ia famille, ou . da quahté &c la valeur des biens fubflitués , ou autres Préfomptions auxquelles on n’a aucun égard. Les appellés à une fubfhiturion , dont le droit n’a pas été ouvert avant leur décès , n’en tranfmettent point l’efpérance à leurs enfans ou defcendans , en- core que la fubfhirurion foit faite en ligne direéte par des afcendans , & qu’il y ait d’autres fubftitués ap- pellés à la même Jubftiturion après ceux qui feront décédés, & leurs enfans ou defcendans. La repréfentation n’a point lieu dans les fxbftiru- #ions ; foit en direéte ou en collatérale , & foit que les appellés le foient colleétivement , ou défignés en _particulrer, fuivant l’ordre de leur parenté avec l’au- teur de la Jxbféirurion, à moins qu'il n’ait expreffé- ment ordonné que la repréfentation auroit lieu , ou que la /ubfizturion feroit déférée fuivant l’ordre des fucceflons légitimes. Dans les jubfritutions où les filles font appelléesà défaut de mâles, elles viennent dans l’ordre reglé par la fubfirurion, & fi cet ordre n’y eft pas reglé ,les plus proches du dernier poffeffeur des biens , les re- cucillent , à quelque degré de parenté qu’elles foient de l’auteur de la /xbfieurion | & encore qu'il y eût d’autres filles qui en fuffent plus proches, ou d’une branche aînée, Dans les fubfiutions faites au cas que lesrevé dé- cede fans enfans, ce cas fera cenfé arrivé, lorfque au jour du décès du grevé il n’y aura aucuns enfans légitimes &c capables des effets civils, fans qu’on ait égard à l’exiftence des enfans naturels, même léoiti- més, fi ce n’eft par mariage fubféquent, ni à l’exif- tence des enfans morts civilement pour quelque cau- fe que ce foit. La jubjitution eft ouverte par la mort civile du grevé. | | . La condition de {e marier fera cenfée avoir man- que ; & celle de ne fe point marier (dans le cas où elle peut être valable ), fera cenfée accomplie, lorf- _-que la perfonne à qui la condition étoitimpofée, au- ta fait profeffon religieufe. | Dans tout teftament autre que le militaire, la ca- ducité de linfhitution emporte celle de la fzbftirution fidei-commiflaire , fi ce n°eft qu'il y aitclaufe codi- cillaire. La renonciation de l'héritier légataire ou dona- taire grevé, ne peut nuire au fubftitué, lequel en ce cas, prend la place du grevé; de même fi le pre- SUB 91 rier fubfhitué renonce , le fecond prend fa place. Celui qui eft appellé à une fub/tirurion fidei com= miflaire , peut y renoncer lorfqu’elle eft ouverte à {on profit, ou même auparavant ; mais en ce der- nier cas , la renonciation doit, à peine de nullité, être faite en minute devantnotaires, avec le grevé, ou avec le fubftitué appellé après celui qui renonce, L’exhérédation prononcée par les peres ou meres, ne prive point les enfans deshérités, des biens qu'ils doivent recueillir en vertu de fubftitutions faites par leurs afcendans ou autres , à moins que l’auteur de [a fabftiturion ne Veüt «nf ordonné, ou qu’ils ne fuf- fent incapables de toute fucceflion aux termes de la loi. Foutes fubjhtutions ; par quelque aéte qu’elles foient faites, &c en quelques termes qu’elles foient conçues, ne s'étendent qu’à deux deprés, outre l'inf- titütion , & ce conformément à l'ordonnance d'Ot- Iéans; celles qui font antérieures à cette ordonnan- e , s'étendent juiqu'à quatre degrés , fuivant l’or- donnance de Moulins. Dans les provinces où les /ubffiurions avoient été étendues par l’ufage jufqu’à quatre degrés , outre linftitution , la reftriétion à deux degrés n’a lieu que depuis la publication de la nouvelle ordonnance des fubfitutions. Il y a cependant encore quelques provinces où Les fubfieutions n’ont point été reftraintes à un certain nombre de degrés, & à Pufage defquelles il na pas encore été dérogé. Les degrés de /ubfittntions fe comptant par têtes 8 non par fouches ou génération , chaque perfonne qui recueille leffet de la fxéfirution | eft comptée pour un degré. Le fübftitué n’eft point fai de plein droit, & ne gagné les fruits que du jour de ladélivrance confentie à {on profit, ou du jouf dela demande. La reflitution anticipée du fidei-commis , ne peut nuire aux créanciers du gfevé, ni à ceux qui au- roient acquis de lui. , En cas d'infufhfance des biens libres , les femmes ont une hypothèque fubfdiaire fur les biens fubfti- tués, tant pour le fond ou capital de la dot, que pour. les fruits où intérêts. On obferve la même chofe en faveur de la femme & des enfans , tant pour le douaire que pour laug- ment de dot, ou autre gain de noces, quientient lieu ; & fi le douaire ou autre gain eft préfix, cette hypotheque n’a lieu quejufqu’à concurrence du cou- tumier ou légal. | La femme n’a point d’hypotheque fubfdiaire fur les biens fubfitués , pour le préciput , les bagues & joyaux, & autres libéralités femblables , ni pour fon deuil. d: Elle n’en à point non plus pour le remploi defes propres biens dotaux qui ont été aliénés de foncon- fentement, ni pour les dettes auxquelles elle s’eft obligée volontairement. | La femme ne peut exercer fon hypotlreque fubfi- diaire: contre les enfans d’un mariage antérieur au fien, lorfque ce font eux qui recueillent la /46/ieu- LLOTZ, : Les difpofitions concernant l’hypotheque fubfi- diaire ont lieu , foit que la xbffirurion ait été faite par un collatéral, où même pay un étranger , pourvu que ce foit en faveur des enfans du grevé , ou en faveur d’un autre , en cas que le greyé décede fans enfans. | : Lés adjudications par decret ne purgent point Les Jabftitutions publiées & enregiftrées , encore que Je fubftitué eût un droit ouvertavant le decret, 8: mé- me avant la faifie réelle, & qu'il n’eft point formé d'oppoñtion, fi çe.n’eft que le décret ft pour dette 592 S U de l'auteur de ja fubflirurion, ou autres dettes anté- rieures. LE Après le décès de celui qui a fait une /zbfhitution univerfelle ou particuliere, 1l doit être procédé dans les formes ordinaires à l’inventaire des biens de la fucceffon, à la requête de Phéritier inflitué & léoiti- me, ou du légataire univerfel, & ce dans le tems de l'ordonnance ; & s’il ne le fait pas , celui qui doitre- cueillir les biens fubftitués efttenu dans un mois après d’y faire proceder ; & faute de ce, l'inventaire fera fait à la requête du procureur du roi. {1 doit être fait par un notaire royal, en préfence du premier fubftitué, s’il eft majeur, ou de fon tu- teur ou curateur, s’il eft mineur & interdit, ou du {yndic ou admimifirateuf, fi la /xbffrurion et au profit d’une éghfe, hôpital ou communaute. On doit procéder à la vente des meubles par affi- ches & encheres. L'emploi des deniers doit être fait d’abord au paye- ment des dettes, & le furplus en fonds de terre, mar ons, rentes foncieres ou conftituées, Toutes fubfliturions fidéi-commiflaires faites entre- vifs, ou à caufe de mort, doivent être publiées en ju- gement l'audience tenant , & enregifirées au greffe du fiege où la publication en eff faite, & ce à la di- ligence du grevé de fubfhrutron. | La publication & l’enregiftrement des /xb/fisurions doivent être faits au fiege royal refortiffant nuement au parlement ou confeil fupérieur dans l'étendue ou Île reflort duquel lPauteur de la /xbfhrution avoit fon domicile au jour de laéte qui la contient, ou au jour de fon décès, fi c’eft par une difpofition à caufe de mort , & aufli dans les fieges de la même qualité où les biens fubflitués feront fitués. Si ce font des rentes fur le roi, fur les villes, états ou fur le clergé, ou bien des offices , la publication &T l’enregiftrement fe font dans les fieges de la mê- me qualité, tant du lieu où les rentes fe payent , ou dans lequel fe fait l'exercice de ces offices, que du lieu du domicile de l’auteur de la /26/Hrution. Les a@es d'emploi doivent aufli être publics & re- siftrés au fiege royal du lieu où font les biens. La publication & l’enregiftrement doivent être faits dans 6 mois à compter de late, sl eft entre- vifs , & du jour du déces , fi c’eft une difpofition à caufe de mort. La fubffirution étant duement publiée & regiftrée, a effet même contre les créanciers & tiers-acquéreurs du jour de fa date, ou du jour du décès, fi la /#bj#- éution eft faite par atte à caufe de mort. On peut cependant faire publier & enrepiftrer les fubfliturions après les 6 mois ; mais en ce cas elles n'ont effet contre les créanciers & tiers-acquéreurs, que du jour de l’enregiftrement. Le défaut de publication & d’enreviftrement ne peut être fuppléé par aucun autre aéte, ni aucune circonftance, & peut être oppofé à toutes fortes de perfonnes ,\même aux nuneurs, églifes , communau- tés; & fauf le recours de ceux-c1 contre leurs tuteurs, & autres adminiftrateuts. Les donataires , héritiers, légataires de celui qui “a fait la fubfliturion , m1 les donataires, héritiers & légataires de ceux-ci, ne peuvent oppoler aux fubfti- tués le défaut de publication & d’enrepiftrement de ja fubfhtution. | Le grevé, ou celui qui prend fa place, ne peut fe mettre en pofleffon des biens, qu’en vertu d’une or- donnance du jugeroyal. Toutes conteftations concernant les fubfhiturions fidéi-commiflaires , doivent être portées au ‘fiege royal, reflortiffant nuement au parlement ou confeil fupérieur. Voyez au digefle &t aux inflitutes les titres de vulg. & pupill. Jubfhuiur. 6 au code les titres de sinpub. 6 aliis fubflir, & deinflieus, € Jubfhir, & Voyez auf les srairès des fubfliturions | par Balde , Fufarius, Pérégrinus, Champy, Vulfon, Ricard, & Ze mor FiDÉI-cOMMIS. (4) | Er. SUBSTITUTION ABRÉGÉE, eft de deux fortes, l’u« ne qu'on appelle bréviloque ou réciproque, Pautre qu'on appelle compendieufe. Voyez ci-après SüBsTI- TUTION BRÉVILOQUE , SUBSTITUTION COM- PENDIEUSE. SUBSTITUTION BRÉVILOQUE, dans quelques pro- vincés , comme aw parlement de Touloufe, cette dénomination eft fynonyme de fubffiturion récipro- que; on l'appelle éréviloque , parce que le teftateur où tefteur en difant qu’il fubftitue deux perfonnes réci- proquement l’une à l’autre, fimplifie & abrege fa dif- poñtion, en évitant de faire deux /xb/flitutions enfuite l’une de l’autre, Voyez Maynard, 2. Fc. xxvij. & 41. &t le mot SUBSTITUTION RÉCIPROQUE. SUBSTITUTION CADUQUE, eft celle qui ne peut avoir lieu ,* foit par le prédécès de l’appellé à la /x#- flitution, foit par quelqw’autre événement prévu par le teftateur, & dans le cas duquel il n’a pas voulu que la fubflrtusion eût lieu, SUBSTITUTION COMMUNE, eft la même chofe que la vuloaire. Voyez ci-après SUBSTITUTION VUL- GAIRE, SUBSTITUTION COMPENDIEUSE , eft celle par laquelle un pere ayant inflitué fon fils, lui fubftitue une autre perfonne, fans s'expliquer davantage. Elle. _eft ainfi appellée , comme qui diroit abrégée, parce qu’en peu de paroles elle comprend toutes les efpe- ces de /ubflitutions de forte qu’elle eft valable, foit que le fils décede avant le pere, foit qu’il décede après avoir recueilli fa fuccefñon, mais en âge de pupillarité, foit enfin qu’il décede èn âge de puberté, après avoir recueilli la facceffion du pere: au premier |. cas la fubffinrion era vulgaire, & le fubflitué n’aura que les biens du pere, &c les aura fans aucune dimi- nution, Au fecondÆas , elle fera pupillaire , êcle fub- ftitué aura les biens du pere & du fils. Au troïifiemé, elle fera fidéi-commiffaire , &c le fuübftitué n'aura les biens du pere ,qu’en déduifant les quartes falcidie & trébellianique. Woyez Argout, en fon inffir. tom. I. L, IT, c. xiv, | SUBSTITUTION CONDITIONNELLE, eft celle qui n’eft faite que fous condition , &c en cas que tel évé- nement arrive Ou n’arfive pas ; par exemple , fi la Jubfhrution eft faite , en cas que l'héritier ne fe marie pas, ou s'il n’a point d'enfant ou d’enfans mâles, &c. lévénement du cas prévu par le teftateur, rend la Jubfhtution caduque. SUBSTITUTION CONTRACTUELLE , eft celle qui eft faite par contratientre-vifs , à la différence des au- tres /ubfliturions qui font faites par teftament ou co- dicille : la fxéffirurion direéte ne peut pourtant , en général, fe faire que par teftament ; mais comme les contrats de mariage font fufceptibles de toutes for- tes de claufes; on y peut auf faire toutes fortes de Jubfhturions, foit directes ou fidéi-commiffaires. Foyez le sraité de convention de fuccéder, par Boucheul, c. iy. & le mot INSTITUTION CONTRACTUELLE. SUBSTITUTION CONVENTIONNELLE, eft la mé- me chofe que /ubffirurion contraëtuelle. Voyez ci-de- vant SUBSTITUTION CONTRACTUELLE. SUBSTITUTION DIRECTE eft ainf appellée, parce qu’elle fe faifoit en termes femblables à ceux de Pin- fitution qualifiés en droit de termes dires , verbis direëlis , felon la formule des lois, zæres effo. Elle fait paffer les biens droits &c aétions immédiatement, & comme des mains du teftateur en celles du fubfitué, fans que lepremier héritier ait recueil. On encom- pte de trois fortes , la vuloaire ou commune, la'pupil- laire, & l’exemplaire, ou quafi pupillaire : elle eft oppofée à. la /ubfiurion fidëi-commifflare , qui ne tranfmer les-biens au fubfitué que:par l’entremife L es les mains de Phéritier inflitué, Foyer SussSTrTUrION COMMUNE, VULGAIRE EXEMPLAIRE, PUPILLAIRE, FIDÉI- COMMISSAIRE, . SUBSTITUTION DOUBLE 0% RÉCIPROQUE. Voyez ci-après SUBSTITUTION RÉCIPROQUE. SUBSTITUTION ÉTEINTE eft celle qui a fini en la perfonne du dernier grevé de la fbfrution, ou par l'événement de la condition fous laquelle elle étoit faite, Voyez SUBSTITUTION OUVERTE SUBSTITUTION EXEMPLAIRE 04 JUSTINIENE, o# guaf PUPILLAIRE , eft celle qui fe fait par les pere &c mere à leur enfant, qui eft en fureur ou démence, au cas qu'il ne revienne point en fon bon {ens. . On l'appelle yffiniene, parce qu’elle a été intro- duite par Juflinien en la loi Awmanitatis , cod, de im: puberum & aluis fubffitus. On lui donne auffi le nom de 4u4/f£ pupillaire, parce qu'elle a été introduite à l’ixffar de la Jubffirution pu- pillaire. | _ Comme elle eft fondée fur un motif d'humanité ; la mere peut aufli-bien que le pere faire une telle Jubjitusion. Elle comprend tous les biens qui peuvent advenir à l'enfant , tant quil eft en démence. Lorfque l’enfant.qui eft furieux ou en démence a des enfans ou des freres & fœurs , le pere doit les lui fubflituer ou du-moins l’un d’entreux, & non pas tn étranger, Cette Jubfiiturion d'a lieu, qu'en pays de Droit écrit. + ou SUBSTITUTION FIDEI-COMMISSAIRE , autrement fidei- commis , eft celle qui ne tranimet les biens au fubflitué, que par l’entremife &c les mains de l’héri- tier inftitué, pour ne les recueillir que fuccefive- ment 6T après lui, à la différence de la jxéfsirurion vulgaire qui eff faite pour avoir lieu au profit du fub: fatué, au cas que l'inftitué ne veuille ou ne puifle pas recueillir Peffet de linftitution. Foyez Finet- COMMIS 6 SUBSTITUTION VULGAIRE. SUBSTITUTION FINIE, eft lorique la fxbftisution cefle d’avoir lieu, & que les biens fubitirués font li: bres en la perfonne de celui qui a droit de les poflé- der: Voyez SUBSTITUTION ÉTEINTE 6 SUBSTITU-: TION OUVERTE, SUBSTITUTION GRADUELLE, eft celle où les hé- ritiers préfomptifs font appellés à titre de /ubfécution de degré en degré, c’eft-à-dire fuivant l’ordre natu- rel de fuccéder, Voyez SUBSTITUTION LINEALE € SUBSTITUTION MASCULINE; SUBSTITUTION GRADUELLE , RETARDÉE: Voyez ci-après SUBSTITUTION RETARDÉE. SUBSTITUTION INDIRECTE 04 OBLIQUE, eft la même chofe que Jubfiisution fidei-commiffaire. Voyez ci-devant SUBSTITUTION FIDEI-COMMISSAIRE, SUBSTITUTION JUSTINIÈNE , eft la même chofe que la ubjitution exemplaire, que le pere peut faire à fes enfans étant en démence , elle fut auf furnom- ice /#fliniene, parce qu'elle fut introduite par l’em- pereur Juftinien par la loi Awmanicaiis au code de im- pub. & aliis Jubfluur, | SUBSTITUTION LINÉALE, eft celle qui eft faite fui: vant l’ordre des lignes, c’eft-ä-dire fans intervertir l’ordre de fuccéder dans chaque ligne, & où Les pa: rens d'une autre ligne ne font appelés, qu’au défaut de celle qui a le droit le pius prochain. SUBSTITUTION LITTÉRALE 6 FORMELLE, eft cel- le qui eft expreflément ordonnée par le teftateur ou le donateur. Voyez SUBSTITUTION EXPRESSE, SUBSTITUTION MASCULINE, eft celle qui eff faite en faveur des mâles feulement, où dans laquelle les mâles font toujouts appelés par préférence aux fe- melles, TUTION OBLIQUE 04 INDIRECTE, elt la SUB 593 fête chofe Qué fubftitürion Jidei-commiffaré, Voyét &i-devant FIDEI:COMMISSAIRE, | SUBSTITUTION OFFICIRUSE , eft célle qui eft faite pour aflurer des alimens au prevé, & le fonds du bien à fes enfans , & empêcher par ce moyen que les biens ne {oient la proie des créanciers du grevé; on l'appelle plus commurément exhérédarion officierfes Voyez EXHÉRÉDATION. RUE, SUBSTITUTION OUVERTE , eft lorfque l’appellé éft faifi du droit de recueillir la fzbftrurion, {oit par le décès du grevé ; foit par l'échéance de la condition, Voyez SUBSTITUTION ÉTEINTE. SUBSTITUTION PARTICULIERE , eft celle qui né comprend qu’un ou plufeurs corps certains des biens du teftateur ou donateur, & non l’univerfalité de fes biens, ni une certaine portion ou quotité, comme l4 moitié ; le tiers ; le quart, &c. Voyez SUBSTITU- TION & TRÉBELLIANIQUE, | SUBSTITUTION PERPÉTUELLE , eft celle qui eff faite pour avoir lieu à perpétuité & à l'infini, autant que la /xbftitation peut s'étendre: En France , les Jubz J'stutions font réduites à deux degrés, non compris Pinftitution ; on appelle néanmoins perpérelles celles qui font faites à infini, pour avoir lieu Jufqu'à cé que le nombre de degrés fixé par les ordonnances, {oit rempli. Voyez SUBSTITUTION FIDEI-cOMMIS= SAÏRE 6 SUBSTITUTION GRADUELLE. SUBSTITUTION PRÉCAIRE 0 FIDEI-COMMISSAT- RE , eft celle qui fe fait, non en termes impératifs comme la fubftitution direte , mais en termes de piie- re, & par laquelle les biens ne fe transfetent pas di= rettement en la perfonne du fubftitué ; mais pañlent ordinairement en la perfonne du premier inftitue , à la charge de les rendre au fubfitué ; e’eft pourquoi elle eft défignée plus fouvent en droit par le terme de refirution & de fdeiscommis, que par celui de JabE ÉLÉHELOTL, : . Jufünien, pat fa conflitution au code communia de legat. & fideic. a fapprimé la différence des paroles dont on ufoït dans la fxbftirurion direéte & dans la précaire , de maniere quil eft indifférent préfente= merit que le teftateur exprime fa volonté en termes cireéts & impératifs, ou en termes obliques, prés caires & fidei-commiflaires. | Mais la différence qui étoit entre la fzbfééurion dis recte &r la précaire ou fidei-commiflaire , fubfifte tou jours quant au fond , en ce que dans la Jubfhtation direéte le fubflitué prend les biens diredtement du teftateur , au lieu que dans la fxbftiturion précaire où Jideicommiffaire , il les prend des mains du grevé. Mais comme on n’eft plus obligé de fe fervir de termes précaires pour ces fortés de fubfiisurions , on les appelle plus communément fébfäcutions fideicom- miffaires : il y a cependant encore des pays où l’on fe fert quelquefois du terme de /xbjticution précaire pour défigner la fxbftitution Jidei-commiffaire, comme à Bor: deaux. Voyez les confultations de Cujas, 15, 1 9 & 22. Lapeïrere , Zers. S. l’abregé de la Jurifprud. rom de Colombet , & Les mois Finkr-commis & Sussri: TUTION FIDEI-COMMISSAIRE.; SUBSTITUTION PRÉSUMÉE , yoye SUBSTITUS= TION TACITE; SUBSTITUTION PUPILLATRE , éft celle que le tef: tateur fait pour fon enfant impubere , au cas que cet enfant décede avant d’être parvenu à Pâge où l’on peut tefter; c’eft une extenfion de la puiflance pater- nelle ; c’eft pourquoi elle n’a lieu qu’en pays de Droit écrit & ne peut être faite que par le pere ayant {or enfant en fa puiflance ; ilne peut étendre cette /zBf° ttution au-delà de {a puberté. Il peut fubftituer ainf à lun de fes enfans , fans le faire à l’égard des au- tres. ER ” Cette Jubftirurion eft exprefle ou tacite, éxprefls lorfqu’elle eft écrite; la tacite a lieu en Fe de la > l FF 594 S U B doi, lorfque le pere a fait une Jubftisurion vulgaire à fon fils ; on préfume qu'il a aufli eu intention de lui Aubftituer le même héritier, au cas que cet enfant , décede avant l’âge de puberté. Voyez au digefle le tit. de vulg. & pupill, fubfiie. | SUBSTITUTION guafi PUPILLAIRE , eft la même que la fubftitution exemplaire ; C’eft celle qui le fait à un majeur, furieux & imbécille, Voyez ci - devant SUBSTITUTION EXEMPLAIRE. | SUBSTITUTION RÉCIPROQUE, eff celle par laquel- le deux perfonnes font appelées l’une au défaut de Vautre ,-comme fi le teflateur dit: » Jinflitue Jean # &c Jacques; 87 au défaut de chacun d’eux,fesenfans; » & au défaut de l’un & de fes enfans, ce fera l’autre, # ou à fon défaut les fiens. Voyez SUBSTITUTION BRE- VILOQUE. SUBSTITUTION RETARDÉE 04 GRADUELLE RE- TARDÉE , eft celle où pour prolonger indireétement le fidei-commis d’un degré, on nomme pour héritier le petit-fils, ne laiffant au pere qu'un fimple ufufruit. Voyez les traisés de M. Davot , fur le Droit françois , tom. W. pag. 5,74. SUBSTITUTION SIMPLE , eft une /4bftiturion fidei- commiffaire où le fidei-commis ne doit opèrer qu'une fois, à la différence de la frbftiution graduelle où 1l opere fucceflivement au profit de plufieurs perfon- nes lune après l’autre. Poyez SUBSTITUTION GRA- DUELLE. ( SUBSTITUTION TACITE, eft celle qui, quoique n'étant point écrite ,' s'enfuit néanmoins de la difpo- fition, foit par une préfomption légale & de droit , foit par une préfomption tirée des termes du tefta- ‘ment ou de la donation; il y a des cas où lon ad- met une fxbftirution vulgaire, tacite, &t quelquefois auf une pupillaire tacite. SUBSTITUTION UNIVERSELLE, eft celle qui com- prend tous les biens duteftateur où donateur, où mê- me feulementune portion ou quotité, ne füt-ce qu’un douzieme, un vingtieme, & la quarte trebellianique ne {e prend que fur la Jubfasusion fidei-commiflaire ‘univerfelle. SUBSTITUTION VULGAIRE 04 COMMUNE » eft celle par laquelle le reftateur ou donateur inflitue un fecond héritier au défaut du premier , pour em- pêcher. que la premiere infitution ne foit caduque. Cette feconde inftitution fe fait pour avoir lieu feu- lement dans le cas où Le premier inflitué ne fera pas héritier, foit qu'il ne veuille pas l'être, ou qu'il ne le puifle ; ce qui renferme le cas du prédécès, & toute autre capacité & le refus, On peut fubftituer de même un troifieme héritier au défaut du fecond , &: même plufieurs autres. Quand le premier inftitué fe porte héritier, la /#b/- sitution vulgaire devient caduque , & ainf du troi- fieme ou quatrieme héritier, quand le précédent ac- cepte. On peut fubftituer de même à un légataire. Cette forte de Jubfliturion a lieu principalement dans le pays de droit écrit &c autres , où les inftitu- fions d’'héritier font néceflaires pour la validité du teftament ; mais dans les pays coutumiers où les infti- tutions d’héritier ne valent que comme des legs uni- verfels , les Jubffiurions vulgaires ne fe pratiquent que pour fubroger le fubftitué au-lieu de linfitué , au cas que celui-ci ne veuille ou ne pile recueillir l'inftitution ou legs fait à fon profit. Foyer au dig. le zit, de vulg. € pupill. fubflit. (A) SUBTÉRFUGE,, L. m.(Gram.) moyen imjufte &c détourné dont on ufe pour échapper à la pénétra- tion , à la jufüice , à la correétion, SUBTIL, adj. ez Phyfique, fignifie un corps ex- trèmement petit, fin & délicat ; tels que font les ef- rits animaux, les émanations des corps odorans, &c. Poytz ESPRIT , ÉCOULEMENS, ÉMANATIONS, &e, Uné portion de matiere n’eft plus Jubtile qu'une autre, aw’en fe qu'elle ce divife en parties plus pe- tites ; ces parties s’infinuent plus aifément dans {es pores des autres corps. Voyez PARTICULE, 6'c. Les Cartéfiens prennent pour leitr premier élé- ment une matiere fubtile. #oyez CARTÉSIANISME, ÉLÉMENT G@ MATIERE SUBTILE. | Ils la fuppofent fi exceflivement fine, quelle pé- netre les plus petits pores du verre &c des autres corps folides ; &c il prétendent expliquer par fon moyen la plüpatt des phénomenes delanature. Foyer VUIDE, PLEIN, &c,. Chambers. (0) SUBTIL, MAL SUBTIL , ( Fuuconnerie. ) maladie qui arrive aux oïfeaux de proie , & dans laquelle ils font affamés , quoiqu'on leur donne toujours à manger. à SUBTILES , (ÆHiff. nat. ) oïfeaux de fa nouvelle Efpagne , qui font des efpeces de corneilles ; ils {ont : de la groffeur d’un pigeon ; leur plumage eft noira- tre , mais leur bec & le bout de leurs ailes font jau- nâtres ; leurs nids font fufpendus à l'extrémité des branches des plus grands arbres , auxquelles on croi- -roit qu'ils ne font point attachés , ils n’y tiennent que par des fils où brins d’une herbe fort longue, dont le nid lui -même eft formé &c'eft très - artifte- ment entrelacé : à l’un des côtés du nid eft une ou- verture, qui fert d'entrée à l’oifeau. On voit quel- quefois jufqu’à trente de ces nids fur un même arbre. SUBTILITÉ , {. £ (Gram.) qualité qui fait appel. ler une chofe fubtile. Foyez Sugriz. Il fe prend au fimple & au figuré. On dit la fubriliré de la matiere, la fubriliré de l’eau , de Pair, du feu , de la pouffiere, la fubriliré de l'efprit ; la fubrilité du raïfonnement. If fe prend plutôt en mauvaife part qu’en bonne. Dans les hommes, on fe méfie de la fubulité ; dans les cho- fes , il s’oppofe à la Jolidisé , & il fe joint à prefque toutes fes acceptions une idée de petitefe. SUBUCULA , {, f, (Lirtérat. rom.) c’étoit chez les Grecs l’habit de deflous, izdufiutm , vod vrne. De- puis que les Romains prirent une feconde tunique, on appella celle de deflus sunica fiperaria ; émecurue, & celle de deflous sunica fubucula ; celle-ci étoit de lin , & répondoit à nos chemifes d’aujourd’hui ; une chemife de lin ufée fe nommoit /xbucula tritas (D. J.) | | SUBVENIR , v. n. ( Gram. ) fecourir, foulager. J'étois dans la détreffe , il ne dédaigna pas de connoï- tre ma mifere & d’y fubvenir. Ma grande-mere refta veuve à trente-trois ans, & elle avoit eu vingt-deux enfans , huit dans les quatre premieres couches ; 1l lui en reftoit dix-neuf vivans autour de fa table. Je ne: fais comment elle parvint à Les élever &c à fubvenir à tous leurs befoins , avec le peu de fortune qu’elle avoit: De tant d’enfans , aucun n’eft parvenu au-delà de foixante & quinze ans : je n’en ai Jamais vu que trois ; je fuis encorejeune, &c au moment où j'écris, il n’en refte pas un. Avec quelle viteffe les hommes pañlent ! Comment la nature fubyrens - elle à une di- minution fi rapide de l’efpece ? SUBVENTION, £. f. (Finance,) tout impôt fura- jouté, pour fournir à de nouveaux befoins de Pétar. SUBUR , (Géog. anc.) 1°. fleuve de la Mauritanie tingitane. Ptolomée, Z IF. c. 7. marque Fembou- chure de ce fleuve fur la côte de l'Océan atlantique, entre l'embouchure du fleuve Lixus &r le golfe Em- poricus. Pline, Z. F. c. j. fait auf mention de ce fleuve , dont le nom moderne eft Subu, felon quel- ques-uns , & Sus ou Cebit felon d’autres. Il fort du mont Ciligo ou Saleso , au royaume de Fez, dans la province de Cuz, &r fe précipite fi rapis dement , qu’il entraîne avec foi des pierres qui pe- {ent un quintal, Il y a fur cette riviere un pont de cent cinquante toiles de long. | HE Après qu’elle a traverfé beaucoup de montagnes ét de vallées, elle arrofe une plaine à deux milles de la ville de Fez. Hile fait la même chofe dans la pro- vince d’Afvar, 6 fe jette dans la mer auprès de la ville de Maroc.Ce n’eft toutefois qu'après s'être grof- fie de l’eau de plufieurs rivieres, comme deGuarca, de Sador, qui defcendent des monts Gomere &z Er- rif ; de celle de Fez, qui eft le Fut de Pline , & le Pheut ou Théut de Ptolomée, & de celle d’Ynavan & de Bath dont la province d’Apañfcar eftbaïignée. 20, Subur, ville de l'Efpagne tarragonoife. Ptolo- mée , 2. IT. c. vy. la donne aux Cofetami, &r la place fur la côte entre Barcinon & Tarfacon, Cette ville eft connue de Pomponius Mela , Z IT, €. vj. qui la compte au nombre des petites villes, fituées aux en- virons de Tarracone. Pline, Z. IT, c, tij, ne fait que la nommer. Les habitans de Swbar font appellés Sz- buritani dans une infcription trouvée aupres de Tar- ragone , & rapportée par Gruter, p. 414 ÉX CFESER PORTE, ‘ FAVENTI NO. : SU BURITANI {D.J.) Êt 2 Public. SUBURA , (Topog. de l'anc. Rome.) quartier de Rome qui étoit entre le mont Efquilim, le mont Vi- * minal & le mont Quirinal. C’étoit le quartier ordi- faire des courtifanes, & le rendez-vous des jeunes débauchés, Quand je n’eus plus, dit Perfe, autour de moi que des gens complaïfans , êt que j’eus pris > la robe blanche, c’eft-à-dire la robe virile, je pro- mepois mes yeux avec pleine licence dans le quar- tier Subura. Cure blandi comites, totacue r7punè Subura 1 4 FR 2 j i. 70 c Permifre Jparfiff e oculos., jar: candidus umbo. Dans Horace, ode y. 1, PV. Canidie invoque les di- vinités.de la nuit, pour ameuter les chiens du quar- tier de Shure contre Varus, qui y alloit voir tous les foirs des filles de joié ; qu'ils décelent, ajoute-t- élle , fa perfidie , & qu'ils le rendent la fable de toute Ja ville. Senem qudd'omnes videant adulierum, Latrent Subüranæ canes. {D.J.) SUBURB ANUM ou SUBURBANA, (Littérar.) en fous-entendant dous ou villa, fisnifioit chez les Romains une maifon de campagne aux portes de Rome, Comme les fénareurs , & {ur-tout ceux qui avoient beaucoup de partau gouvernement, ne pou- voient êfre long-tems abfens de Rome ; outre ces maifons de campagne fi magnifiquesaqu'iis avoient dans les endroits de litalie les plus délicieux, 1ls en avoient encore d’autres moins confidérables dans les dehors de Rome , qu'ils appelloient leurs jardins. Les vignes des grands feigneurs italiens ont pris la place de ces fuburbana. (D. J. SUBURBICAIRES , adj. (Gram. & Jurifprud.) les provinces qui appartenoient au vicariat de Rome furent appellées /xburbicaires | quaff fub urbe pofire, ainfi que le démontre le P, Sirmond ; & par une fuite on appella auf églifes fuburbicaires celles aui étoient renfermées dans le vicariat de Rome. Cependant Saumaue & quelques autres auteurs reflerrent les provinces & les églifes /burbicaires dans des bornes beaucoup plus étroites ; ils prétendent que l’on n -doit donner ce nom qu'aux provinces qui étoient aux environs de Rome, dans la diftance de cent nulles ; d’autres ont donné dans un autre excès, & fe font efforcés de prouver que , par le terme de pro- yinces fuburbicatres , on entendoïit toutes les provin- ces foumifes à empire romain , ou du-moins celles qui étoient compriles fous ce qu’on appelle occident, Tome XV, S$S U C 595 Telle eft opinion de Schelftrate & de Léon. Aflatius ; mais M. Dupin, partifan de lopinion du P. Sirmond, a démontré l'erreur des deux autres opinions, & a prouvé folidement que le titre de "/xburbicaire étoit donné aux provinces &c églifes comprifes dans le vicaïiat de Rome. (4) | SUC , on donne le nom dé /uc à tous les fluides Où humeurs du corps animal , ou du-moins à la plus grande partie, Voyez FLUIDE, Humeur & Corps. Le Juc nerveux eft une liqueur qui, fuivant quel- ques médecins, fe trouve dans les nerfs, d’où elle à | tiré fon nom. : Glflon, Wharton & Wiilis font les premiers qui ayent parlé du /uc nerveux. Ils croient aw’il {ert de véhicule aux efprits animaux , dont il empêche la a ’ # = . ” trop grande diffipation, & que les parties du corps en font nourries. Mais la plûpart des médecins mo- dernes mient J'exiftence de ce fac. Voyez NERF, Es- PRIT ; Éc. Suc pancréatique., eft une liqueur quife fépare dans les olandes du pancréas. Voyez PANCRÉAS & PAN- CRÉATIQUE. Sac gaftrique, eft une humeurainfinommée à caufe qu'elle fe {épare dans l’eftomac ou ventricule, elle fert à la digeftion. | Suc nourricier, eft lamatiere & l’étôffe de nos par- ties , il eft différent , felon la qualité, la fécherefle des fibres &t dès humeurs. Dans les goutteux, il eft goutteux ; dans Les écrouelleux , il eft écrouekleux; dans les vérolés , ileft vérolique ; dans les fcorbu- tiques , il eft {corbutique ; dans les saleux 8 dar- : treux , il eft empreint d’un virus analogue à ces ma- ladies : cela poié. C’eft la dépravation des fes qui produit la caco- chimie , la confomption & toutes les maladies len- tes ; il n’y a pas de remede dans aucun des vices qui en proviennent fans changer auparavant la qualité vicieufe du J4c nourricier. Etcomme celle-ci eft oc- cafionnée par l’acrimonie de la lymphe, le vice des digefions de Fhématofe & des fecrétions , il fut, avant toutes chofes , penfer à remédier à toutes ces caufes ; ainf la cure thérapeutique de la dépravation du /uc nourricrer confifte à changer les fon“ions na- turelles, animales &c vitales, s’il eft poffible. SUC, ex Pharmacie, eftune préparation faite avec les végétaux. | Le juc eft une liqueur qu'ontire des végétaux par incifion où par expreflion; on en tire aufli des ani- maux, mais on leur donné d’autres noms. Le fuc qui fe tire par incifion ef meilleur que ce- lui qu'on retire par expreflion , parce que la prefle fait couler beaucoup de parties tetreftres avec la li- queur. Pour avoir cette efpece de fucs, on fait des tailla- des à la plante ou à fa racine ; il {ort peu-à-peu par ces ouvertures une humeur qu’on fait évaporer au loleil, ou à une chaleur très-lente : c’eft de cette maniere qu'on prépare l’aloës fuccotrin & le fang- dragon. Les fucs fe tirent par expreffon en pilant la plante, {és feuilles ou fa racine dans un mortier ; & l’expri- mant fortement , 1l.en fort un liqueur qu’on peut faire épaiffr par la chaleur du foleil , ou par le feu : c’eft ainf que l’on prépare l’aloës caballin , le mé- conum , que nous appellons opium, Pacacia , V’hy- pocifée , l’elarerium. On üre davantage de 4e de la plante , fi, avant que de lexprimer , on la laiffe en digeffion pendant quelques heures. Plufieurs plantes font naturellement fi peu fuccu- lentes , qu’on doit les arrofer de quelque liqueur appropriée lorfqu’on veut en tirer le /4c : telles font la petite centaurée , la verge d’or, l’armoife, l’eu- phraife & plufeurs façines. 396 S UC Lorfqu’on veut garder les J4cs en liqueur, on Îes ‘dépure , foit en les faifant bouillir , foit en les cou- Jant. foit en les laïffañt repofer un jour où deux au foleil , & en les féparant enfuite de leur fédiment , on en remplira des bouteilles , on y ajoutera de l’huile d'amandes douces à la hauteur de deux doigts, “cela empêche lation de l'air qui y occahonneroit la fermentation & la corruption. SUCS ARSÉNICAUX, ( Chimie.) les fucs arfenicaux, ‘ou fubftancés arfénicales, forment trois claffes, qui font l’orpiment , le réalgar , & l’arfenic proprement dit. Voyez ces trois mots. Ces fortes de fubftances ont beaucoup d’afinité avec le foufre, aufli bien qu'avec Îles métaux. Elles conviennent avec le foufre, en ce qu’elles fe diflol- vent dans les huiles, qwelles brülent, s’enflamment, & que pendant ce tems elles répandent une odeur de foufre plus forte, & fouvent nuifible ; de plus, elles s'élevent entierement par la chaleur du feu en _üne légere fumée, ou comme les Chimiftes Pappel- lent, en une fleur volatile, fans qu'il refte rien ou très-peu de matiere métallique. Elles participent des métaux, & fur-tout du mercure, puiiqu'elles en ont l'éclat, ou qu’elles le reçoivent facilément ; qu’elles laiffent fouvent après l’évaporation un peu de métal, &c que leurs exhalaïfons blanchifent le cuivre , com- me le font celles du mercure. (D. J.) Sucs BITUMINEUX, ( Chimie.) Les Chimuftesap- pellerit Jucs bitumineux, des corps minéraux inflam- mables , qui fe diflolvent , & fe mêlent dans Fhuile ; on divife les fucs bisumineux , en bitumes proprement dits, qui font liquides ou concrets, en foufre &c en arfenic. Voyez BITUME, SOUFRE, ARSENIC &c SUCS ARSÉNICAUX. ( D. J.) SUCAYCADA , (Géogr. mod. ) ville d'Afrique, au royaume de Tunis, fur une haute montagne”, qui s’étend jufqu'à la mer, à l’endroit du golphe de Nu- midie, &c à douze lieues de Conftantine , du côté du nord. On prétend que c’eft la Tacacie de Ptolomée, à laquelle il donne 29 degrés de longitude, &t 32. 3 0 de latitude. ( D. J.) SUCCADANA, ( Géogr. mod. ) petite ville des Indes orientales, dans la partie occidentale de l'ile de Bornéo, à l'embouchure de la riviere de Lavi, avec un port, que M. de Lüfle nomme Porto-Daso. {D.J.) SUCCASSES , ( Géogr. anc.) peuples de la Gaule Aquitanique. C’eft Pline, Z. IF. €, 19. qui en parle. M. de Valois, p. 524. croit trouver des traces du hom de ce peuple dans Secus, ou Saucats, bourg fitué entre la Garonne & l’Eyre, à trois lieues de Bourdeaux. ( D.J.) à | SUCCEDANÉE ., ad. ez Pharmacie, eft un remede qu’on fubftitue à un autre qui avoit été prefcrit d’a- bord, lorfqu’on ne peut pas fe procurer les drogues nécefläires pour la compolition de cet autre. Voyez SUBsTITUT. Ce mot eft formé du latin /#ccedo fuccé- der , venir après. Subftimur 8c fuccedaneum emportent la même idée, à moins qu'on n’aime mieux, avec quelque auteurs, employer le mot fubfliut, pour un fimple qu’on met à la place d’un autre de pareille vertu ; & fuccedanée pour un remede compofé dont on {e fert au lieu d’un autre. - SUCCÉDER , v. n. (Gram. ) c'eft fe fuivre ; les jours fe fuccedent , mais ils ne fe reflemblent pas. C’eft remplir la place qu'un autre a laiffée vacante ; qui eflfce qui faccédera à ce vieil abbé ? C’eft regner tour-àtour ; les paflons fe fuccedenstour-à-tour les unes aux autres , & forment le zodiaque de notre vie. C’eft hériter ; un fils fxccede à toute la richefe de fon pere. C’eft avoir un bon ou mauvais fuccès ; cette entreprife vous féccédera bien où mal, Foyez Suc- GESSEUR. SUCCENTEUR , £. m. ( Hiff. écel, ) fynonyme à Jous-chantre. | , SUCCENTURIÉ, adj. ( Anar.) deux mufcles du bas-ventre , appellés maintenant pyramtidaux. Voyez | PYRAMIDAUX. SUCCES, fm. ( Gram. ) fin ou iflue bonne où mauvaife d’une aHaire. Le /uccès d’une-entreprife ne dépend pas toujours de la prudence. Cette vertu nous confole feulement, lorlqu'il ne répond pas à notre attente. Quel que foit le /zccès d'une chofe, 1l vient de Dieu. Il n'arrive jamais, que ce qui doit ar- river. Si le accès étoit autre, il faudroit que l’ordre univerfel changeât. Lorfque l’Etre tout-puiffant gra- tifié une créature d’un bon Juccès , il fait un miracle auf grand que quandil créa univers, [faut la même puifflance pour changer l’enchainement univerfel: des caufes, que pour l’inftituer. Si Bieu écoutoit nos fouhaits & qu’il nous accordätdes fuccès tels que nous les defirons , il feroit marcher l'univers à notre fan- taifie, & fouvent il nous châtieroit féverement. Qui eft ce qui fait, f le fuccès qu'il demande, eft celuiqui convient vraiment au bon fens? Reconnoiflons done la vanité & l’indifcrétion de nos vœux, & foumet- tons nous aux événemens. SUCCESSEUR, f. m. (Gram, & Jurifpr.) eft celui qui remplace quelqu'un; c’eft un terme générique qui comprend différentes fortes de perfonnés qui fuc- cedent à des titres & à des objets diférêns, Un héritier eft un facceffeur à titre umiver{el, mais tout Jucceffeur n’eft pas héritier. On peut être /uccefleur d'un défunt ou d’une per- fonne vivante. Les légataires univerfels & particuliers font des Jucceffeurs à un défunt, l’un à titre univerfel, l’au- tre à titre particulier ; mais ils ne font pas héritiers. Un donataire entrevifs , eft un /wcceffeur à l’'évard de fon donataire, quant aux biens donnés, Celui qui eft pourvu d'un bénéfice, au lieu & place d’un autre, eft le fuccefleur du précédent ritu- laire , quant au bénéfice. , L'acquéreur d’un office eft le fucceffeur de fon pré- décefleur : dans les offices de procureur & denotai- re, celui qui a acheté l'office & là pratique, s'ap- pelle fucceffeur a Poffice & pratique, Voyez BÉNÉFICE } HÉRITIER, LEGS, OFFICE, PRATIQUE , SUCCES- SION. ( 4) … SUCCESSIF, adj. ( Gram. & Jurifpr.)eft ce qui eft . relatif à une fucceflion, comme titre fucceffif , droit fucceffif. Voyez SUCCESSION., (4) SUCCESSION ez Philofophie , eft une idée qui nous vient en réflechiflant fur cette fuite d'idées en- chaînées conflamment les unes aux autres dans no- tre efprit, loffque nous veillons. | La diftance qu'il y a entre les parties de cette /xc- ceffion , eft ce que nous appellons durée, Quand cette fucceffion d'idées cefle , nous n’avons pas de percep- tion du tems, ni de fa durée : mais le moment au- quel nous nous endormons, &c celui auquel nous nous réveillons, femblent joints enfemble. Ceux qui penfent que nous acquérons Pidée de la fucceffion , en obfervant le mouvement par le moyen des fens, tombent dansle fentiment de M. Look & par-delà , quand ils'confiderent que le mouvement ne produit pas l’idée de fucceffion , au- trement qu’en produifant une fuite continue d'idées qu’on peut diftinguer les unes des autres. e Un homme qui confidereun corpsen mouvement, ne perçoit point le mouvement, à-moins que le mou- vement ne produife une fuite conftante d'idées fuc- : ceflives. Mais en quelque lieu qu'un homme foit placé, quoique tout foit en repos au tour de lui; pourvu qu'il pente, il aura l'idée de la fuçceflion. Foyez TEMS. | | | Succession, L f. (ex Affronomie. ) la facceffion des fignes , eft l’ordre dans lequel ils fe fuivent , &c fuivant lequel le foleil y entre füuccceffivement. On appelle auffi cette fucce/fion , ordre des fignes, & en latin conféquentia. Voyez SIGNE. Cet ordre eft expri- mé dans les deux vers techniques qui fuivent. Suntuaries | taurus, gemini, cancer , leo, vireo, ; Libraque, féorpius ,arcitenens , caper , amphora, pifces. Quand une planete eft direéte, on dit qu’elle va fuivant l’ordre &c la fucceffion des fignes , ou #7 con- … Jéquentia, c’eft-à-dire, d’aries en raurus, &tc. Quand elle ef retrograde , on dit qu’elle va contre l’ordre &c la Jucceffion des fignes , ou ?n antecedenria, c’'eft-à- dire, de gemini en taurus, enluite en aries, &cc. Voyez DIRECTE, RÉTROGRADE, Gtc. Chambers. (O) SUCCESSION, (Jurifprud.) en général, eft la ma- ntere dont quelqu'un entre en la place d’un autre, ou receuille fes biens êc fes droits avec leurs charges. * On fuccede à une perfonne vivante ou décédée dans un office, dans un bénéfice, On peut auffi fuccéder aux biens, droits & char- ges d’une perfonne vivante, foit par donation, vente, échange ; tran{port , fubrogation ou autrement. + Mass Pon entend plus ordinairement par le terme de fucceffion, la maniere dont les biens, droits & charges d'un défunt font tranfnus à fes héritiers ow lécataires. On entend aufü par /wcceffion ou hérédité, la mafle des biens, droits & charges qu'une perfonne laïffe après fa mort. Les fuccefons aux biens êc droits. d’un défunt font légitimes ou teftamentaires ; on appelle légitimes, ou ab inieftat , celles qui dérivent de la loi feule; & teftamentaires , celles qui font fondées fur le tefta- ment du défunt, | On appelle héririer, celui qui recteille une fccef° for en vertu de la loi ,'ou qui eft inftitué héritier par teftament. On appelle /égaraire , celui qui reciteille une fucceffion en tout ou en parties par teflament ; mais à titre de legs, 8 non à titre d’inflitution :d’'hé- ritiér. Toute perfonne eft habile à recueillir une fxccefe fon ; à laquelle elle eft appellée par la loi, ou pal difpoñtion de l’homme, à-moins qu’il n’y ait da Vhéritieftquelque caufe d'incapacité d’héritier. La fucceffion ne comprend pas toujours tous les biens dont jouifloit le défunt, mais feulement ceux qu'il a pu tranfmettre à fes héritiers. Ïfe trouve quelquefois dans une /xcceffion plus de dettes &c charges que de biens. Une Juccefion peut même être-fans biens , foit qu'ils fe trouvent ablorbés par les dettes, foit que le défunt n’en ait laifié aucuns; c’eft à l'héritier à voir sl hu convient d’âccepter la /xcceffion , & sil efpere y trouver quelque bénéfice préfent ou avenir. Les charges des Jucceffions font de trois fortes; la premiere, de celles qui font dûes indépendamment de la volonté du défunt , comime fes dettes pañlives , la reftitution d’un bien dont il n’avoit que l’ufufruit; la feconde, de celle qu’il peut avoir impofée fur fes biens, comme les legs; & la troifieme, de celles qui peuvent furvenir après fa mort , telles que les frais funéraires. La fucceffion non encore acceptée , repréfente le défunt, Les héritiers préfomptifs ont trois mois pour faire inventaire des biens de la fzcce/fon, & encore qua- rante Jours pour déhbérer s'ils accepferont la /xccef: fcor. Cette acceptation eft exprefle ou tacite, Elle eft exprefle, lorfque l’on prend la qualité d’héritier ; & tacite, lorfque l’on fait a@te d’héritier,, c'eft-à-dire, que l’on S'immifce dans la jouiffançe des biens de la fucceffion, \ S'UC so4 L'héritier qui craint que la fxcceffion ne lui foit plus onéreufe que profitable, a deux moyens des’en garantir; lun, eft de renoncer à la fucceffron:; l'autre, de l’accepter par bénéfice d'inventaire. L’eddition pure & fimple d'hérédité, oblige indés finiment aux dettes; l'addition en acceptation par bé= néfice d'inventaire, n’oblige aux dettes , que jufqu’à concurrence de lémolument. | Les dettes fe divifent entre les héritiers ,à propor- tion de la part que chacun prend dans Les biens. Les biens d'une /ucce/fion ne s’eftiment point , que déduétion faite des dettes. | Le partage des biens de la fäcceffion, fe fait par fouches ou par tête ; par fouches:, lorfqu'il y a lieu à la repréfentation; par tête , lorfqu’il n’y a point d’hé- ritier dans le cas de la repréfentation. [ y a trois ordres différens pour les fucceffons lé- gitimes ou a inteflar, celui des enfans & autres def cendans; celui des afcendans , & celui des collaté- Taux. , | | Le premier ordre de fucceflion, eft donc celui des enfans &c petits enfans, lefquelsfuccedent au défunt 5 par préférence à tous autres héritiers. Les enfans fuccedent par portions égales. Les petits enfans viennent par repréfentationavee les enfans du premier degré ; 8c auffi entre eux, quoi: qu'il n’y ait point d’enfans au premier debré. Suivant le droit romain , les pere & mere, & à leur défaut les autres afcendans , fuccedent À leurs enfans & petits enfans décédés fans poftérité, Les afcendans les plus proches excluent Les plus éloignés ; ils fuccedent entre eux par fouches, & non par têtes. , Les freres germains & les fœurs germaines , fuc- cedent avec les afcendans des neveux du défunt, ils peuvent auf concourir avec eux. Âu défaut des afcendans, les collatéraux les plus proches fuccedent au défunt, En pays coutumier, à défaut de defcendans du défunt , les afcendans fuccedent aux meubles 8 ac- quêts , && aux chofes par eux données ; maisiles col- latéraux font préférés aux afcendans pour les pro= pres de leur ligne. | Dans les pays de droit écrit , 8c dans les coutumes de double lieu, les freres germains excluent les au tres. Les enfans des freres germains concourent avec leurs oncles , ils excluent les freres confanguins , & les freres utérins. Les freres confanguins &c les freres utérins con- courent enfemble, Les enfans des freres & fœurs viennent par re- préfentation avec leurs oncles & tantes. Les autres collatéraux viennent felon leur proxi: * mité de degré. L'égalité qui doit être obfervée entre certains hé nitiers , felon qwelle eft prefcrite plus ou moins étroi- tement par les lois & les coutumes, oblige les héri- tiers à rapporter à la fucceflion ce qu'ils ont reçu ; ce qui fe fait en remettant effeîiyement.les biens à la mañle , ou en précomptant fur leur part hérédi: taire, ce qu'ils ont recu. Foyez RAPPORT. La matiere des fucceffions eft particulierement trai- tée dans le digeite , depuis le commencefñent du XVIII, livre, juiqu’à la fin du XX XVIII, Elle com- prend tout le WI. livre du code , excepté les huit premiers titres ; & dans les inftitutes, elle commence au 4£. 10, du l, II, & finit avecle s4, 13, du TILL, Voyez aufh le LIT, € IF, liv. des Sentences de Pau- lus, & les Trairés de Graflus, Barry , le Brun. Sur ce qui concerne en particulier les fucceffions teffamentaires , on peut voir les mots DONATION À CAUSE DE MORT, HÉRITIER INSTITUÉ, LEGS , RESTAMENT, CODICIRE , FIDÉI-COMMIS ; SUBSTIS re Dos a : LU fes 599 | SU C SUCCESSION ABANDONNÉE 04 VACANTE , ft “celle qui n’eft reclimée par aucun héritier ni par aucune autre perfonne qui prétende y avoir droit au défaut des héritiers. On dit plus ordinairement _fucceflion vacante, Voyez ci-après SUCCESSION VA- CANTE, SUCCÉSSION ABINTESTAT, ainfinommée par ab- ‘breviation du latin 4b inteflato, comme qui droit g4æ abinteflato defertur, efteelle qui eft déférée par la loi lors que le défunt eft mort érreffar, c’eft-à-dire fans avoir difpofé des biens par teftament ou autre difpo- tion à caufe de mort. Voyez ci-divant le mor SUC- “CESSION. SUCCESSION-DES AFFRANCHIS, étoit celle qui -étoit déférée au patron, à l'effet de recueillir les biens de celui quiavoit été autrefois fon efclave, &c qu'il avoit affrañchi. Les regles que l’on obfervoit pour cette fucceffior “ont expliquées.aux Inftitutes,, 4. ET, sit. 8. Foy. AFFRANCHI 6 ESCLAVE. SUCCESSION DES ACQUETS, eft celle qui com- prend les biens acquets; elle comprend auffi ordi- nairement les meubles, maïs cela dépend de [a dif- pofñirion des coutumes. Voye ACQUETS, SUCCES- SION MOBILIAIRE , PROPRES , SUCCESSION DES PROPRES. SUCCESSION DES AGNATS, agnatorum,etoit celle aui étoit déférée par la loi aux parens paternels agnati, au défaut des héritiers fiens, &c à Pexclu- fon des cograti ou parens du côté maternels. Maïs peu-à-peu l’on admit aulfi les cognats, êz Juftinien ayant enfin fupprimé la différence que l'on taifoit entre les agnats &c les cognats, voulut qu'ils faflent tous admis également felon la proximité de eur parentéavec le défunt. Voyez la loi des x1j tables; da nov. 18. ch. iij; la nov 118, ch. iv, les Infhir. lib. LIT. sit. 2, & SUCCESSION DES COGNATS, ir : SUCCESSION ANCIENNE, veut dire l’ancien pa- #rimoine des biens propres. Ea coutume de Nor- mandie fe fert de ce termeence fens ,art, 240. Onen trouve plufieurs autres exemples dans les coutumes. Poyez ACQUETS, HÉRITAGE, PATRIMOINE, Naïs- SANT ; PROPRES, TE SUCCESSION ANOMALE 04 IRRÉGULIERE , eft celle qui eft déférée à quelqu'un contre le cours or- dinaire des fucceffions , telles font les fucceffions des feigneurs par droit de deshérence, bâtardife ; la /xc- ceffion du fifc par droit de confifcation. SUCCESSION ANTICIPÉE , eft celle dont on com- mence à jouir d'avance ; c’eft ainf que l’on qualifie quelquefois les donations qui font faites aux enfans par leurs pere &r mere en avancement d’hoirie. V'oy. AVANCEMENT D'HOIRIE, DONATION, HOIR, HÉRÉDITÉ, SUCCESSION. . SUCCESSION APPREHENDÉE, du latin apprehen- dere qui fignifie prendre eft celle dont on a déja pris pofleion. | SUCCESSTION ASCENDANTE , eft l’ordre fuivant lequel les afcendans fuccedent à leurs enfans , êc au- tres defcendans qui meurent fans poftérité. Voyez SUCCESSION DESCENDANTE , SUCCESSION DIREC- (TE, SUCCESSION EN LIGNE DIRECTE, SUCCÉSSION BÉNÉFICIAIRE OZ PAR BÉNÉFICE D'INVENTAIRE, eft celle que lhéritier n'accepte que fous le bénéfice d'inventaire, c’eft-à-dire tous L . Teinture de fuccin d’Hoffman ; effentia fuccini prafs tantiffima, décrite dans les obfervations phyfico-chi- miques de cet auteur. /v. I, :obf. 17. Prenez du {el de tartre & du /ucczr choïfi:& réduit en poudre très-fine , parties égales ; faites-les digerer dans un vaifleau convenable ,avec fufffante quantité d’efprit- de-vin, pour s'élever de auatre-doists au-deflus de la matiere; diftillez enfuité en un alambic de verre ; vous obtiendrez un efprit bien empreint de l'huile: fubtile & aromatique de /xccir., qui fera par-là bien plus propre que l’efprit-de-vin ordinaire , à préparer la teinture fuivante, Prenez du fuccin tranfparent en poudre, broyez- le fur le porphyre , en verfant deflus peu-à-peu une fufhfante quantiré d'huile de.tartre par défaillance, pour le rédiure en confiftänge de bouillie ; aue vous 606 SUC” “écherez doucement : alors mettez ce mélange dans “un vaifleau convenable , verfez defflus fufhifante quan- tité d’efprit-de-vin, bouchez convenablement le vaif- {eau, & digerez à une chaleur douce : on obtient par ge moyen une liqueur très-recommandable par fon ‘efficacité , fon goût , 8& {on odeur. Il eft remarqua- ble , dit Hoffman, que ‘lorfqu’on la verle dans de Veau, elle n’eft point précipitée comme les diflolu- tions ordinaires des fubftances huileufes & réfineu- Les dans l’efprit-de-vin ; ce qui ne prouve pas feule- ment que le /uccin eft'parfaitement divifé & atté- nué dans cette teinture , felon l'explication de M. Baron, note fur la chimie de Lemert , chap. teinture de karabé, ( car la divifion même radicale , celle que fuppofe la diffolution chimique , n'empêche point Les huiles & les réfines d’être précipitées du fein de l’ef- prit-de-vin, parl’eau: car le fuccin le plus divifé & le plusatténué, n’eft point foluble dans l’eau ) ; mais ce qui prouve que l’alkali fixe a contraété une union réelle avec le fuccir , ou quelque principe huileux du fuccin, 8 a formé par-là un favon qui eft folu- ble par l’eau, aufli-bien que par l’efprit-de-vin. Cet- te idée eft non-feulement établie par le phénomène même, mais encore par une expérience du même Hoffman , rapportée dans le même ouvrage, Zy. II. gbf. 23. favoir que le Juccir fe diflout prefque tout entier dansune diflolution alkaline. AT] = Hoffman recommande fon eflence de fuccin , prife à la dofe de quelques gouttes avec du fucre , du firop d’œillet , ou du firop de limon , le matin, pour for- tifier Peftomac, la tête, & le fyftème nerveux , ava- ant par-deflus quelques tafles de caffé ou de choco- lat, à la maniere allemande. L'auteur dit qu’on peut le prendre encore pendant le repas, dans un vin de liqueur : 1l ajoute que c’eft encore un bon remede pour faire couler les regles, pour arrêter les fleurs, êt pour guérir Les affections rhumatifmales. Sirop de karabé. On trouve fous ce nom , dans la plûpart des difpenfaires modernes , un firop narco- tique , dans la compoñition duquel entre le fuccin, ou quelques-uns de ces principes à titre de corretifs de Popium ; ce quieft , pour l’obferver en pafant, une vue aflez vaine , tant abfolument , ou en foi, qu’en particulier : c’eft-à-dire , en fe promettant cet effet du fuccin, ou de ces principes. Voici ce firop, d’a- près la pharmacopée de Paris : prenez opium pur, coupé par morceaux , deux fcrupules ; faites-le fon- dre dans un vaifleau de terre, fur un feu moderé, dans douze onces d’eau commune ; pañlez la folution avec forte exprefion; clarifiez & cuifez en confif- tence de firop épais, avec une livre de fucre blanc ; lorfque le firop fera refroidi, mélez-y exaétement deux fcrupulesd’efprit de féccir ;gardez ce fitop dans un vaeau exaétement fermé : la dofe de ce firop, correfpondant à un grain d’opium, eft d’environ de- mi once : le Yxccin entier , fon huile & fon {el , en- trent dans un grand nombre de compofitions offici- nales , tant externes qu’internes ; le fccin entier, par exemple, dans la poudre antifpafmodique de la pharmacopée de Paris ; dans le baume de Fiotaven- 1 ; l'huile & le fel dans la thériaque célefte ; l’huile feule dans les pilules hyftériques, leffence antihyf- térique , le baume hyftérique , le baume acoufti- que, GC. . + L'eau de luce n’eftautre chofe que de l'huile effen- telle de Juccir, mêlée avêc de l’efprit volatil de fel amoniac. Pour faire ce mélange , on triture avec grand foin dans un mortier, de l’huile effentielle de Juccin, avec du blanc de baleine ( fperma cer), On met ce mélange en digeftion avec de Pefprit-de-vin, qui par-là fe charge de l’huile de fzccin : on verte . “quelques gouttes de cetefprit-de-vin dans de lefprit: * olatil defel ammoniac tiré par la chaux, ce-qui lui sonne une,couleur laîteufe ou blanchâtre, C'eftre: $ UC mélange qui eft connu fous le nom d’ea-de-luce qui eft un remede fouverain contre la morfure des ferpens & des viperes , lorfqu’on er prend à plu- fieurs reprifes dix gouttes dans un verre d’eau, ce “qui pfoduit uné tranfpiration très-abondante. Il y a lieu de croire que ce remede auroit un effet très-heu- reux , fionl’employoit contre la rage. Arzicle de M. RoUx , dotteur en Médecine. | SUCCINCT , adj. ( Gram. ) il fe dit d'un difcours compris en peu de paroles , & quelquefois de l’hom- me qui a parlé fuccinétement. Soyez fuccintt ; les éloges ne peuvent être trop fuccintis, fi on ne veut ni bleffer la modeftie , n1 manquer à la vérité. Si l’és loge n’eft pas mérité, celui à qui on l’adrefle doit foufrir ; 1l doit fouffrir encore s’il le mérite. Tâchons donc d’être fuccinét afin de faire fouffrir le moins de tems qu’il eft poffible : on dit aufliun repas Juccinir, SUCCION, f. £'(Phyf.) eft Pa&tion de fucer où attirer un fluide, comme l’air , Peau, @c. par la bou- che & les poumons. On fuce Pair par la bouche, par le moyen des mufcles du thorax & de Pabdomen, qui étendent la capacité des poumons & de Pabdo- men. Ainf l'air qui y eft renfermé, eft rarefié & ceffe d’être en équilibre avec Fair extérieur qui, par conféquent preflé par l’atmofphere , eft pouflé dans Ja bouche &c les narines, Voyez RESPIRATION: On fuce l'air avec un tuyau de même qu'avec [a bouche feule ; c’eft la même chofe que fi la bouche étoit alongée de la longueur du tuyau. La fuccion des liqueurs plus pefantes que Pair fe fait de la même maniere , par exemple, quand on fe couche parterre pour boire à une fource, c. on ap- plique les levres précifement fur la furface de l’eau } &t on les place de façon à empêcher l'air de s’y infi- nuer : enfuite on élargit la cavité de l'abdomen, éc. & l'air qui prefle fur la furface de Peau hors de la cir- conférence de la bouche, étant plus pefant que celui qui prefle la furface de Péau occupée par la circon- férence de la bouche, l’eau eft obligée de monter, par le même principe qui la fait monter dans une pompe. Voyez AIR 6 POMPE. Quand on fuce une liqueur pefante comme l’eau ; à-travers un tube, plus le tube eft long, plus ona de peine à fucer; & la groffeur &c le diametre du tube augmentent encore la difficulté : la taifon de cela et fondée fur les principes d'Hydroftatique. En effet, fi on veut fucer une liqueur, par exem- ple avec un tuyau d’un pié de long, il faut que Par extérieur ait aflez de force pour porter par fa pref- fion la liqueur à la bouche, & par conféquent pour foutenir cette Hqueur à la hauteur d’un pré; &c plus le tube eft gros, plus la quantité de la iqueur que Pair doit foutenir eft grande : c’eft pourquoi plus le tube eft long & gros, plus il faut que la preflion de lair extérieur furpañle celle de Pair qui eft dilaté dans les poumons, & comme la prefhon de l’air extérieur e toujours la même à-très-peu près, il faut donc que l’air des poumons ait d’autant moins de force que le: tube eff plus long & plus gros, c’eft-à-dire que Pin. piration ou la dilatation de Pair, doit être d'autant plus grande, &parconféquent la féccior plus difficiles De ce que nous venons de dire 1l paroït évidem- ment que ce que nous appellons accion, ne fe fait pas par quelque faculté adtive qui réfide dans la bou- che, le poumon, 6. mais par la feule impulfon & par la preffion de l’atmofphere. | SuccioNn, l’a@tion de fucer. Il:y a dansles troupes du roi des foldats qu'on appelle fuperftitreufement pour la cure des plaies, & principalement celles qui font faites par inftrument piquant, &C qui pénetrent dans la cavité de la poitrine ou du bas-ventre. Ces hommes n’ont aucune idée de la Chirurgie; ils le fi- gnifient eux-mêmes: ils par/ent du fecrer, c'eft leur expreflion, Ce fecret confifte à fucer Les plaies, à y, LL. s UC fire couler enfuite quelque peu d'huile & de vin, en marmotant quelques paroles & difpofant les … comprefles en forme de croix. On troue des perfon- nes aflez dépourvues de fens pour fe mettre entre les mains de ces ignorans & impoñieurs, & qui fe . LA dr Z laiflent tellement prévenir par leurs promefles, quelles refufent tout fecours de la part dela Chirur- DES A) Le bi | | On fent aflez que les plaies du bas-ventre avec lé- . . A . s fion des inteflins, les plaies de tête qui exigent le trépan, les plaies des gros vaifleaux dans les extré- | mités, & tant d’autres qui exigent une grande expé- rience & beaucoup de foins intelligens de la part du _ chirurgien, doit par leurs caufes, foit par leurs com phications, ne font pas fufceptibles d’une gnérifon par un moyen auff fimple que left la /zccion. | La méthode de fucer pourroit cependant être bonne dans quelques cas. Un coup d'épée dans une partie charnue, où il n’y a aucun vaifleau confidéra- bie d'intérefé, occafionne un épanchement de fang dans tout le trajet du coup : on procureroït une prompte guérifon en fuçant une pareille plaie, par- ce. qu on la debarrafleroit du fang dont la préience devient une caufe de douleur, d'inflammation & d’abfcès dans les interftices des mufcles, accidens qui mettent quelquefois dans la néceñité de faire des incifions douloureufes. - Les plaies de poitrine avec épanchement de fang fur le diaphragme, peuvent être guéries très-promp- tement par la Juccior , pourvû qu’elle foit faite à-tems, . c’eft-à-dire avant la coagulation du fang épanché. M.Anel, doéteur en chirurgie & chirurgien de madame royale de Savoie, bifaieule de Louis XV. perfuadé de Futilité de {a faccion des plaies, dans les circonftances que nous venons d’expofer , a donné -un moyen de le faire fans fe {ervir de la bouche. I | a effeétivement du danger à fucer la plaie d'un blefé quife trouveroit atteint de quelque maladie conta- gieufe, comme la vérole, le fcorbut, re. &t les blef- 1és qui feroient d’une bonne conftitution ne rifque- roient pas moins de la part d’un fuceur qui auroit quelque mauvaife difpoñtion. L'invention de M. Anel confifte dans l’ufage de la feringue ordinaire, à laquelle il a adapté des tuyaux d'une figure particuliere. Voyez PL XX XI, fo. 4. Ë 5. Pour fe fervir de cette feringue, il faut dégorger Pentrée de la plaie des caillots de fang, f elle en étoit bouchée, Si c’eft par exemple, une plaie pénétrante dans la poitrine, on introduit une fonde jufque dans la cavité. Cette fonde cannelée, fo, 1, PL. X, fera armée d’un fil; on étend ce fil à droite & à gauche pour qu'il fe trouve engagé 8r preflé par Porifice du tuyau qui doit être appliqué fur la circonférence de la _ plaie, en maniere de ventoufe: par ce moyen la fon- de eft aflujettie. On ajufte la feringueà ce tuyau,on en tirele piton, &c l’on pompe ainf tout le fang qui eft épanché. On doit injeéter enfuite dans la plaie un peu de baume tiede ; & couvrir l’orifice externe de la plaie pen- dant un quart d'heure , avec une comprefle trempée dans l’eau vulnéraire. Alors on fuce la plaie pour la feconde fois, afin d’ôter le baume fuperflu, qui re- ftant dans la plaie & écartant les parois, empêche- roit la réunion; & afin d’évacuer l’épanchement des humeurs qui auroit pu fe faire depuis l’injeétion du baume, On applique une comprefle & un bandage contentif, & on ne néglige point les autres {ecours qui peuvent favorifer la guérifon, lefquels fe tirent . du régime , & de Padminiitration des remedes conve- nables.(F) | SUCCISE, £. f. (Boran.) efpece de fcabieufe, nom- mée par Tournefort fcabiofa folio integro. Elle poufle » des feuilles oblongues, pointues , entieres > fans dé- S UC 607 coupures, excepté qu’elles font un peu crenelées en leurs bords. Sa tige haute de deux piés & plus porte des fommets des fleurs femblables à celles de là fea= bieufe , de couleur bleue, quelquefois purpurine où blanche, Sa racine eft grofle comme le petit doigt, courte, & comme rongée tout-autour, Ellé croit aux lieux incultes, & {on goût eft amer. (DJS) : SUCCOMBER , v. neut. manquer de la force qu'il faut, On /zccombe fous un fardeau 5 On fäccornbe fous le poids du malheur; on Jaccorbe à la tentations On /uccombe dans une are , dans une entreprife, dans une difpute , dans un combat ; autravail, à la honte, à la profpérité, | SUCCOSA ,{ Géog. anc.) ville de l Efpagne tar tagonoiïfe. Ptolomée, Z. II. c. vj. la donne aux Iler- getes , & la place dans les terres. Quelques - uns croient que c’eft à préfent Ainfa dans l'Arrapon, 8 d’autres veulent que ce foit Suz-de-Sutta » au même royaume, (D. J. | | SUCCUBAR , (Géog. ane.) ville de la Mauritanie céfarienfe, Pline , Z. # c. ij. lui donne le titre de co= lonia Augufla , & la place dans lesterres. Les exema plaires imprimés lifent Succubar ; mais tous les ma nufcrits portent Succabar, Dans une ancienne infcrips tion rapportée par Goltz, qui appelle cette ville Sugabarritanum municipium , ajoute qu’elle étoit Tranfcellenff monti accline. C’eft la ville ZéyaCGapr de Ptolomée, 4. IF, ci, & c’eft fans doute la ville Su fazar de l'itinéraire d’Antonin. (GE 2) SUCCUBE , £. m. (Divination.) terme dont fe fer. vent les démonographes, pour fignifier un déror ou Un é/prit qui prend la figure d’une femme » ét qui, dans cet état , a commerce avec un homme. Voyez DEMON. - Quelques auteurs employent indiftindement les mots ireube 8 fuccube. Cependant on doit les diflin guer : onne doit {e fervir du mot ireube que quand le démon prend la figure d’un homme » & qu’en cet état il a commerce avec une femme. Delrio prouve férieufement qu'un faccube ne fau- roit ni concevoir , ni engendrer » Parce que, ditil, les femelles contribuent beaucoup plus à la généra- tion que les mâles ; que la femence de ceux-ci ne for me pas fout-à-coup un corps organifé ; & que le fœtus | pour être fuftenté , demande dans la mere qui le porte une ame véoétative + ce que les démons, ajoute-il, ne peuvent faire avec le corps fantaftique qu’ils empruntent pour faire l’oice de Juccubes, On peut voir le détail de ces raifons dans fes difquifi= tions magiques , Liv, IT. quefl. xv. p.12. SUCCUBO, (Géogr. anc.) ville d’Efpagne, Pline, 2. LIT. c, J. la met dans la Baftitanie » & dit qu’elle étoit une des villes de l’affemblée générale de Cor- doue. Hirtius , de Bel, Hifpan. la nomme Umbis » & la place dans le voifinage d'Attegua. Capitolin nous apprend que Annius Verus , bifayeul paternel de l’empereur Marc Antonin, iz M. Antonino , étoit de Succubo, qu'il appelle Szccubitanum TUNÉCipitr. Ambr. Moralès veut que cette ville {oit préfente- ment Sierra de Ronda, ( D. J.) SUCCUIR oz SUCHUR , ( Géog. mod.) ville d’Afie, dans la grande Tartarie , au royaume de Tangut, capitale d’une contrée de même nom. Cette ville eff peuplée , & plufeurs de fes maifons font ba. ties de briques. Il croît aux environs de la rhubarbe qui eft eftimée, & dont les habitans font trafic. (D. JT.) | SUCCULENT , adj. ( Gram.) qui eft rempli de fuc. On dit des viandes facculentes ; un mets /uccu= lent. | SUCCURSALE , adj. ( Gram.) églife bâtie pour fervir de fecours à une paroïfle trop étendue pour le fervice des eccléfiaftiques, & les befoins des paroi fiens, 68 SUC SucoursALE , {. £. (Gram.) ne fe dit que de Pé- glife d’une paroïfle qui fert de fecours à une autre trop étendue. Ainf S. Jofeph ef Juccurfale de S, Eu- ftache. | SUCEMENT , SUCER , ( Gram.) termes qui de- fignent l’aion d'attirer à foi, par le moyen de la bouche , des levres & de l’haleine. On les dit aufli des plantes ; & au figuré, des opinions que nous avons recues de bonne heure, ficées avec le lait. __ SUCEMENT des plaies, où SUCCION des plaies, (Médec,) la réputation où étoient autrefois Les plyl- les pour guérir la morfure des ferpens par la fuccior, fit que quand les perfonnes d’un autre pays avoient été mordues d’un ferpent, on employoit par préfé- rence un pfylle lorfqul s'en trouvoit quelqu'un fur le lieu pour fucer la plaie , &t en épuifer le venin. C'eft ce qu’on pratiqua néanmoins fans fuccès par rapport à Cléopatre , qui, au rapport de quelques hiftoriens êc poëtes , Vellëms , Paterculus ,F lorus . Properce, Horace, éc. dont Je ne garantis point le témoignage , s’éroit fait piquer par des afpics, pour ne point paroître au triomphe d'Augufte. Celfe remarque judicieufement que quiconque auroit eu la hardieffe d’un pfylle pour tenter la même épreuve , auroit également réuff, & que même toute perfonne peut fans danger fucer une plaie produite par la morfure d’unferpent , pourvu que cette per- fonne-là n'ait point d’ulcere ou d’excoriation dans la bouche. Cette remarque de Celfe eft confirmée par un grand nombre d’expériences que l’on a faites dans le fiecle paflé fur le venin des viperes, qui n’eft nuifible qu’autant qu'il fe mêle immédiatement avec la mafle du fang. Les femmes &c les meres des Germains fuçoient les bleffures de leur maris 87 de leurs enfans , 8 tâ- choient ainfi de les guérir. Cette méthode de panier les bleflures eft aflez naturelle, &c fon origine fe perd dans l'antiquité la plus reculée. Homere en fait mention au quatrieme hivre de PIliade. (D. J.) SUCET , voyez REMORE. PR DR SUCHE,, ( Géog. anc.) ville de PEthiopie. Pline, 1. VI. c. xxix. la place au voifinage du golfe d'Adu- lique. Elle tiroit apparemment fon nom de Suchus, fon fondateur. Strabon, Z XWI. p. 770. parle d’un château bâti par Suchus, &c la place dans les terres. Le P. Hardouin veut que ce château &r la ville Suche foïient la même chofe, & il ajoute que le nom & la fituation conviennent également à la ville Sxaquem d'aujourd'hui. (D. J.) | SUCHET , ( Géog. mod.) montagne de la Suiffe. Elle fait partie de la joux au-defflus d'Orbe, & eft fort élevée. (D. J.) SUCHUEN , ( Géog. mod.) province de la Chine, Elle ne cede ni pour la grandeur, ni pour Pabon- dance à aucune autre de l’empite. Le fleuve Kiang la coupe en deux parties. La province de Huquang fe borne à lorient, le royaume de Tibet à l'occident, la province de Xenfi au nord, & celle de Junnan au midi. Elle produit beaucoup de fer, d’étain & de plomb. Cette province ef la fixieme en rang. On y compte huit métropoles, fix grandes cités , quatre villes militaires, une cité militaire , & plufeurs for- tereffes qui en dépendent. Ching-Tu eft la capitale de la province. ( D. J.) SUCHUTCH , (Médecine. ) maladie à laquelle font fujets les habitans de Kamtfchatka. C’eft une efpece de gale, qui forme comme une ceinture autour de la partie du corps qui eft au-deflous des côtes. On prétend que tout homme dans ce pays a cette mala- ‘ die une fois en fa vie, comme parmi nous la petite- vérole : elle eft mortelle lorfque la gale rentre pas en fuppuration , & ne tombe pas enfuite d’elle- même. SUC -SUCHZOW , (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne , dans la partie de la Valachie foumife à la Porte, furlla riviere de Strech, avec un château, où les Turcs tiennent garmion. ( D. J.) - SUCK , ( Géog. mod. ) riviere d'Irlande, dans [a | province de Connaught. Elle fépare le comté deRof- common du comté de Galloway , & fe jette dans le Shanon. ( D. J.) à SUCOIR , ( Conchytiol.\ c’eft dans un coquillage une partie concave qui a la faculté de fe refferrer pour s'attacher au corps environnant, & pour pom- per l’eau dans laquelle il hage. (D. 7) SUCRE , f. m. ( Hift. net. Aït. ) perfonne n’1- gnore que le /ucre.elt une fubftance folide , blanche, douce , agréable au goût, fort en ufage dans lesofh- ces, les cuifines, & mème en pharmacie pour la con: fection des firops & la préparation de plufeurs re- medes , fe diflolvant parfaitement dans Peau , à la- quelle 1! donne une faveur gracieufe, fans lui com- muniquer n1 couleur n1 odeur. | Quoiqu'il foit afflez difficile de prefcrire le tems auquel le fucre a commencé de paroître fous une for- me concrete, il eft cependant certain que les anciens l’ont connu, puifqu'au rapport de Théophrafte , de Pline & autres , 1ls faifoient ufage du /4c de certains rofeaux , qui vraifflemblablement étoient des cannes à fucre , & dont Lucien entend parler lorfqw’il dit : quique bibuns tenera dulces ab arundine fuccos. Mais nous ne voyons point que antiquité ait pofféde Part de cuire ce fuc , de le condenfer & de le réduire en une mafle {olide & blanche, comme nous faifons aujourd’hui ; c’eft ce dont il fera quefhion dans cet article, après avoir parlé des cannes à Jucre & de leur culture , des machines , des uftenfiles &c des in- grédiens néceflaires à la préparation de cette pro- duétion exotique, qui fait un des principaux objets du commerce maritime. Des cannes à fucre. La canne à fucre, ou canne de Jucre , felon Pufage du pays, diffère de certains ro- feaux creux, qu’on nomme cannes d'Efpagne , en ce qu’elle eft maflive ; fes nœuds font plus rappro- chés les uns des autres , fon écorce eft moins H- gneufe , plus mince , 6e {ert d’enveloppe à une mul- titude de longues fibres parallelement difpofées, formant une elpece de tiflu célulaire, rempli d’un fuc doux , agréable ,un peu gluant, êc reffemblant à du fyrop délayé de beaucoup d’eau. Le corps de la canne eft divifé par nœuds, dont les intervalles croïffent à proportion qu’ils s’éloi: gnent du pié de la fouche: c’eft de ces nœuds que fortent les feuilles qui fechent & tombent à mefure que la plante acquiert de Paccroïflement, enforte , qu’il n’en refte qu'un bouquet vers le fommet ; elles font longues, étroites , dentelées imperceptiblement fur les bords , partagées d’une feule nervure , & ref- femblant à de srandes lames d’efpadon : lorfque la plante fleurit , il fort du milieu de fes feuilles un jet ou fleche très-droite , longue de 30 à 35 pouces, orofle à-peu-près comme lextrémité du petit doigt, garnie à fon fommet d’un grand panache parfemé de petites houpes très-déliées , renfermant la femence. Lescannes plantées dans une bonneterre croïffent ordinairement de fix à huit piés de hauteur, portant environ douze à. quinze ligries de diametre ; elles ac- quierent une belle couleur jaune en mütiflant , 6c le fuc qu’elles renferment eft favoureux. Celles que produifent les terreins bas 8 marécageux s’élevent jufqu’à douze & quinze piés, même plus; elles font prefqu'auff grofles que le bras ; mais leur /4e, quoi- qu’abondant , eft fort aqueux & peu fucré ; les ter- reins arides au contraire donnent de très - petites cannes , dont Le f4c eft peu abondant, trop rappro- ché, & comme à demi-cuit par l’ardeur du foleil. Culture des cannes, Quoique la fleche ou fleur dont on SU C on à parlé renferme entré Les houpes uñe multitude de femences , on ne s’en fert point pour multiplier Tefpece, l’expérience ayant appris qu’il eft plus à- propos de planter les cannes de bouture : cette mé: thodeeft plus prompte & plus certaine , c’eft pour- ‘quoi on coupe le fommet des cannes par morceaux dde quinze à dix-huit pouces de longueur , on les cou- che obliquement deux à deux dans chacune des foffes déftinées à les recevoir ; on jette. de la terre par- deffus , fansen couvrir les extrémités ; & f la faifon eff favorable , ce plan commence à poufler au bout de fept à huit jours : la quantité de brofailles qui levent en même tems, oblige de farcler les cannes à cinq ou fix reprifes , jufqu’à ce qu’elles aïent acquis aflez de force pour étouffer les mauvaifes herbes ; les cannes étant parvenues à une certaine grandeur, font quelquefois attaquées par un grand nombre de petits infeétes , que les habitans appellent puchons ou pæcons ; les fourmis ne leur caufent pas moins . de dommages, & les rats en font un grand dégât. . Dans un bon terrein bien préparé & foisneufe. ment entretenu , le plan fubfifte douze & auinze ans, même plus , fans qu'il foit befoin de le renouveller. L’âge auquel on doit couper les cannes m’eft point fixe , le terms de leur maturité étant fouvent retardé par les variétés de la faifon ; on doit obferver de ne jamais faire la récolte lorfau’elles font en fleurs, puiqu'ellés ne peuvent pouffer leurs jets ou fleches qu'aux dépens de leur propre fubftance ; Pufage in- dique qu'il faut prévenir ce tems d'environ un mois , ou bien attendre autant qu’il foit pañlé, Defcription des moulins à écrafer les cannes. On en confiruit ordinairement de trois fortes , favoir , à eau, à vent, & à bœufs ou à chevaux, Voyez Les cures. " Leur principal méchanifme confifte en trois gros rouleaux de bois de pareil diametre, rangés perpen= diculairement fur une même ligne à côté l’un de l'autre , 8 couverts chacun d’un tambour ou cylhin- dre de métal très-folide , C, Ces rouleaux » ourôles, ainfi qu'on les nomme dans les pays , font percés, fuivant leur axe, d’un grard trou quarre, dans le- quel eft enchâflé avec force un gros pivot de fer X dont la partie inférieure eft garnie d’un cul-d’œuf bien acéré portant fur une crapaudine , & l’ex- trémité fupérieure étant dé forme cylindrique , tourne librement dans un collet de méral, A quel- ques pouces au-deflous des tambours ou cylindres, font placés des hériflons G , dont les dents engfenent les unes dans les autres. Il eft facile de voir, par la difpoñition des trois rôles couronnés de hériffons s que celui du milieu étant mis en mouvement > doit faire agir à fens contraire ceux qui font à fes côtés ; c'eft pourquoi la partie fupérieute de ce principal rôle doit être corfidérablement prolongée dans les. moulins à vent & dans ceux qui font mûs par des chevaux ; mais dans les moulins à eau cette partie n'eft élevée que de quelques piés : c’eft ce qu'on ap- pelle le grand arbre auquel 1a puiffance eft attachée. Voyez la lettre D , figure du moulin à eau > 6e H dans celle du moulin à bœufs. Sous les rôles eft une fortetable ) Conftruite pour l'ordinaire d’un feul bloc, dont le deflus un peu creufé en forme de cuvette eft sarmi de plomb, . ayant une gouttiere prolongée au befoin, pat où le fuc des cannes écrafées entre les tambours fe rend dans la fucrerie ; toutes ces pieces {ont bien affujet- tes & renfermées dans un chats de charpente 4, très-folhidement conftruit: dans les moulins à eau, à peu de diftance au-deflus du Chaflis, eft une roue horfontale F, qui pour axe a de etand arbre; les dents de cetteroue étant difpofées perpendiculaire- ment, engrenent entre les fufeaux d’une lantetne G, mife en ation par la grande roue à pots {, ver- Tome XF, | Che: SU C 609 ticalertent difpoiée , & fur laquelle tombe Peau de la conduite X. ii 9 n On fait qu'au lieu de roue à pots , les moulins à Vent agifent par le moyen de grandes aîles, Quant aux moulins à beftiaux , leur méchanifime ét À fin: ple , que l’infpettion feule de la foure fuffit pour le concevoir: | Sucrerie, édifice ; purgerie, ésuve ; Voyez ces ar ticles a lextrs Lettres. | Cafes à bagafles. À quelque diffance du moulin 8 de la fucrerie , on conftruit de grands hangards-cou- verts de feuilles de cannes ou de rofeaux , fervant à mettre à l’abri de la pluie les bagaffes ou morceaux de canne écrafés au moulin, dont on fe fert pour chauffer les fourneaux de la fucrerie. | Les uftenfiles de fucrerie , font des chaudieres £ dont on a parlé dans l'article SucReRIE ; un canot à véfou , efpece de grande auge de bois d’une feulé piece , deftinée à récevoir le vefou ou fuc des can- nes provenant du moulin. Des raftaichifloires de cuivre rouge ; ce font dé grandes bafnes à fond plat, ayant deux anfes pour les tranfporter, | | Des becs-de-corbin, forte de grands chaudrons À deux anfes , ayant un large bec en forme de gout: tiere. Voyez BEC-DE-CORBIN. | Chaque garniture de chaudiere confifte en un ba- lai de feuilles de latanier, une orande cuillere de cuivre rouge en forme de caflerole profonde , && une large écumoire de cuivre jaune. Ces deux inf trumens font emmanchés d'un bâton de cinq piés dé longueur : leur ufage eft évident. Pour pañler le véfou &c Le firop , on fe fert de blanchets ; ce font des morceaux de drap de lai: ne blanche ; foutenus par une prande caiffe de bois percée de plufeurs trous de tarriere , & dont le fond fait en forme dé grille eft fupporté par deux bâtons difpofés en bras de civiere ; ces bâtons fe po- fent en travers fur les bords.du glacis lorfqu’on veut pañler le vefou-ou le firop d’une chaudiere dans une autre: On doit encore avoir plufieurs petites bailles où baquetsfervant à recevoir les écumes. Un cuvier élevé fur des piés & percé parle fond, fervant à faire la leffive propre à la purification du Jucre. Un vafe à préparer l'eau de chaux pour le même ufage. | Des poinçons propres à petcer le fwcre dans les formes. De grands couteaux de bois longs de trois piés, ef pece d'efpatules, que les Rafineurs appellent pagayes. , Les inftrumens nécefaires pour Le travail qui fe ait dans la purgerie , font des tilles , efpeces de peti- tes herminettes à manche court, dés truelles rona des, des broffes femblables à de gros pinceaux à barbouiller , des ferpes , un bloc de tafineur ; forte de grande fellerte à trois piés | & une bonne provi- fon d'une terre préparée femblable à celle dont on fait des pipes à Rouen. Îl eft sndifpenfable d’avoir un nombre fafifant de formes garnies de leurs pots : ces formes font de grands vafes de terré cuite de fisure conique , ou- verts entierement par leur bafe & percés d’un trou à la pointe; leur srandeur differe beaucoup, les unes ayanttfois piés & plus de hauteur & environ quinze pouces de diametre à la bafe ; d’autres n’ont que dix-huit pouces fur un diametre proporrionné Il s’en trouve de-moyennes entre ces deux grandeurs ; mais autant qu'il eft pollible , il eft bon d’avoir un afortiment pareil: chaque forme doit être accom= pasnée d’un pot proportionné. #oyez La figure. Parmi les ingrédiens dont on fe fert pour la fabri- que du fücre:, on employe des MEN e de dur, UX 610 SU C de la chaux, de l’alun, & quelques autres drogues dont on ne parlera pas , Menorance & le charlata- nifme en ayant introduit l’'ufage. Préparation de la leffive fervant à purifier Le fucre. ‘Après avoir bouchéléperement le trou ducuvier, on en garnit le fond avec des herbes &c des racmes cou- pées , fort eftimées des Rafneurs : fur ce premier lit , on établit une couche de cendre épaiile de qua- tre doigts, fur laquelle on met une pareille épaifleur de chaux vive : le tout fe recouvre avec des herbes, & l’omcontinue cet ordre jufqu'à ce que le cuvier foit totalement rempli ; alors on ÿ verfe de l’eau bouillante, qui après s’être impregnée des fels de la cendre &c de la terre ahforbante de la chaux, s'é- coule par le trou du cuvier dans un vafe deftiné à la recevoir ; cette eau doit être recohobée plufeurs fois , afin de la bien charger de fels; comme il y a quelques remarques importantes à faire fur fa com- poñition, on croit devoir les renvoyer à la fin de cet article, pour ne pas interrompre l’ordre qu’on s’eit propoie. Procédé concernant la fabrique des fucres. Le-veou provenant des cannes écrafées au moulin, peut être bien ou mal conditionné, fuivant la bonne où mau- vaife combinaïfon de fes principes conflituans ; la nature du terrein où on a planté les cannes, leur degré de maturité, & la faifon dans laquelle on a fait la récolte occafonnent des différences notables qu'il eft eflentiel de bien obferver fi Pon veut réuflir. C’eft à Pinfpettion du vefou, lorfqw’on Pa fait pañler du canot dans la grande chaudiere , que le raf- fineur décide du plus ou du moins d’ingrédiens qui doivent être employés, & dont la pratique feule 1n- dique les dofes convenables. Si les principes falins, aqueux , terreux & huileux font liés dans une jufte proportion, le vefou fe trouve parfait, & peut être travaillé facilement ; mais & au contraire les princi- pes huileux & aqueux font mal combinés avec les deux autres, l’acide fe trouvant trop développé, le vefou alors doit être verd ê7 gras; c’eft pourquoi il exige dans la chaudiere environ une pinte de cendre & autant de chaux en poudrestrès.fine bien délayée dans une fuffifante quantite du même véfou. Les vieilles cannes &c celles qui ont foufert une grande fécherefle , donnent un fue noirâtre , épais, & comme à demi-cuit par la chaleur du foleil; ce uc contient peu de principes aqueux, & l’acide n’y eft plus fenfible , s'étant, pour ainf dire, neutralifé dans une portion du principe huileux qui s’y rencon- tre alors par furabondance. La conflitution de ce vefou oblige quelquefois dy mêler de l’eau claire, & l’on jette dans la chaudiere une pinte de cendre,une chopine de chaux & un peu d’antimoine en poudre mêlé dans la leffive ; la né- ceflité d'employer cette derniere drogue n’eft pas bien démontrée: au furplus on n’en met qu’une quan- tité fimédiocre, qu’elle ne peut pas faire de mal, & on ne s’en fert que dans la fabrication du /zcre qu’on veut laifler brut fans le blanchir enfuite, Voyez la re- marque à La fin de l’article, .… Ces précautions étant prifes & le vefou chauffant dans la chaudiere, 1l faut avant qu’il bouille en enle- .ver exatement toutes. les écumes, jufqu’à ce qu'il n’en paroïfle plus à la furface ; on le laifle enfuite bouillir pendant une heure, après quoi on le vuide avec des cuillieres dans la feconde. chaudiere nom- mée la propre, ayant {oin de le pafler au-travers d’un blanchet foutenu de fa caifle percée; la grande chaudiere fe remplit de nouveau vefou, & l’on con- ! tinue le travail fans interruption. | Le vefou qui apañlé dans /2 propre. commençant à bouillir , on y jette un peu de la leffive dont on a parlé, on écume avec foin, & l’on continue Fébul- lition jufqu’à ce que lagrande chaudiere foit en état d'être tranfvafée, alors en faifant ufage dés cuilleres & du blanchet, Le vefou de la propre doit être pañé dans le flambeau, ou troifieme chaudiere, pour'ac- quérir un nouveau dégré de purification par la vio- lence du feu &tdun peu de lefive qu'on y mer à plufieurs reprifes, écumant toujours à chaque fois. Du flambeau le vefou étant paflé dans la quatrie- me chaudiere perd fon nom & fe convertit en frop par la force de Pébullition, on continue de le puri- fier avec un peu de leffive, & on fe fert d’une écu- moire dont les trous font étroits. La batterie ou cinquieme chaudiere étant rem- plie de ce firop, & très-violemment échauffée, on y met encore un peu de leflive; les bowillons mon- tent confidérablement , êc le firop pourroït s’épan- cher pardefus les bords, fi l’on r’avoit foin d’y jet- ter de tems en tems quelques petits morceaux de beurre ou d’autres matieres graffes en Pélevant avec l’écumoire pour lui donner de Pair. Cette manœu- vre répétée fait baïfler les bouillons &-donne le tems d’écumer, ce qu'il faut faire avec tout le foin poffble. Le frop approchant du degré de cuiffon qu’il doit avoir, & le raffineur fe rappellant les phénomenes qu'il a obfervés dans la grande chaudiere , on verfe dans la batterie , s’il en eft befoin , une pinte d’eau de chaux dans laquelle on a fait difloudre une once d’alun, quelquefois même pour mieux désraifler le Jucre, on met dans la chaudiere un peu d’alun en poudre, ; | C’eft à la figure & au mouvement des bouillons SU : qu’on juge fi le firop eft fuffifamment cuit, & afin de nueux s’en aflurer, on en met une goutte fur le pouce; y joignant l'index ou le doigt du milieu, & les écartant l’un de l’autre, il {e forme un filet, dont. la tupture plus ou moins nette & prompte, montre le degré de cuiflon; cela s'appelle prendre la cuite, laquelle étant à fon juite point, il faut avec une ex- trême diligence retirer le firop, crainte qu’il ne brû le; on le vuide dans le rafraichifloire en le remuant avec la pagaye , après quoi on le laïffe repofer ; au bout d’un quart d'heure ou environ , il fe forme une croute à la furface , on la brife pour la bien mêler dans le frop, & on laïfle encore repofer le tout fur les habitations , ou l’on fe contente de faire le fucre brut, fans avoir intention de Le blanchir; 1l fuffit , au moyen du bec-de-corbin, de tranfporter le firop du tafraichifloire dans un grand canot de bois, où après l'avoir remué un peu, on le laifle refroidir au point dy pouvoir tenir le doist; alors le bec qui font le facchar arundineum , c’eft-à-dire le fucre dé rofeau ou de cannes ; Le sabaxir & le facchar alhuffer ou alhuffar. On prétend que le fzcchar arundineum d Avicen- nes, coule des cannes, & fe trouve deffus fous la forme de fel. Il ne peut être différent du xcre des an- ciens , qui découloit de la canne à fucre ; on lui don noit encore le nom de rabarzed , parce-qu'on le trou- voittout blanc. 2°. Le s4baxir dumême Avicenne,femble n’être autre chofe que le facchar mambu des Indes, ou le Jucre naturel des anciens qui venoit du rofeau en ar- bre, Ce rofeau qui leur étoit également connu, efk l'arundo mambu. Pifon Mant. Aromat. 185, arundo arbor , in qué humor laüleus gignitur , qui tabaxir Avi- cenne , 6 Arabicus dicisur, C. B. P. 18. Ii, Hort. Malab. 1. 16. Ses racines font genouillées &z fibrées ; il en fort des tiges fort hautes, cylindriques, dont l'écorce eft vette, &c dont les nœuds font durs ; ces racines {ont compofées de filamens ligneux, blanchâtres 8 fépa- rées aux nœuds par des cloifons ligneufes : de ces nœuds fortent de nouvellles branches & des rejet- tons, creux en-dedans , garnis auffi de nœuds, armés dune, de deux ou d’un plus grand nombre d’épines, oblongues & roides; les tiges s’éleyent à la hauteur de dix ou quinze piés, avant que de donner des ra- meaux. Lorfqu’elles font tendres & nouvelles, elles font d’un verd-brun, prefque folides, remplies d’une moëlle légere, fpongieufe & liquide, que le peuple fuce avec avidité, à caufe de fon goût agréable, Lorfqu’elles font vieilles , elles font d’un blanc iau- nâtre, luifantes, creufes en-dedans, & enduites d'une efpece de chaux : car la fubftance , la couleur, le goût & l'efficacité de la liqueur qu’elles contien- nent fe changent, & cette liqueur fort peu-à-peus elle fe coagule fouvent près des nœuds par Pardeur du foleil, & acquiert la dureté de la pierre ponce: mais elle perd bientôt cette douceur, & devient d’un goût un peu aflringent, femblable à celui de l’ivoire brülé : c’eft cette liqueur que les habitans du pays ap- pellent Jacchar-mambu, & que Garcias & Acofta nom- ment sabaxir. Ce fuc eft d'autant meilleur, qu'il eft plus léger &c plus blanc; mais il eft d'autant plus mauvais, qu'il eft plus inégal 8c de couleur cendrée. Les feuilles fortent des nœuds, portées fur des queues très-courtes; elles font vertes, longues d’un empan, larges d’un doigt près de la queue, plus étroites vers la pointe, cannelées &c rudes à leurs bords. Les fleurs font dans des épics écailleux , fembla- bles à celles du froment, plus petites cependant, po- fées en grand nombre fur les petits nœuds des tiges ; elles font à étamines, & pendantes à des filamens très-menus. On trouve quelques-uns de ces rofeaux fi. grands & fi folides, que felon Pifon, on en fait des canaux en les coupant par le milieu, & on laïfle deux nœuds à chaque extrémité. _ Les Indiens eftiment beaucoup les nouveaux re- jettons, qui font fort fucculens &c de bon goût, parce qu'ils fervent de bafe à la compofñition qu'ils aom- ment achar, &t qui fait leurs délices. ‘ # Quoique ces rofeaux foient remplis dans le com- mencément d’une liqueur agréable , cependant on ne la trouve pas dans tous les rofeaux, ni dans toutes fortes de terres ; mais elle eft plus ou moins abondan- te, felon la force du foleil & la nature du terroir. Or quoique le prix de ce fucre varie {elon la fertilité de l’année, cependant Pifon rapporte qu’on le vend toujours dans PArabie au poids de l'argent; ce quien fait la chereté, c’eft que les médeçins des Indiens x … des Aräbes, des Maures, des Perfes êz des Turcs, le regardent comme fouverain dans les inflamma- - tions internes, les dyflenteries bilieufes, les frangu: ries & les gonorrhées. . Les anciens connoïfloient cette efpece de /ucre, qu'il ne faut pas confondre avec celui que les moder- nes tirent par art des cannes à fécre. Les Perfes, les Arabes l’appellent encore sabaxir, mot que les nou- . veaux grecs & latins qui ont interpreté les Arabes, ont rendu par celui de cerdre ou de fpode, Maïs il faut chferver que le fpode des Arabes eft bien différent de celui des anciens grecs ; car ceux-ci ont entendu par ce mot la cendre du cuivre, & les Arabes enten- dent par le même mot de fpode, le Jacchar mambu, ou même le fucre commun. 3°. Pour ce qui regarde Le facchar alhuffèr ou alhaf° Jér ou athuffal des Arabes; nous n’en pouvons parler que par conjeétures , car tantôt ils lui ont donné le rom de manne, & tantôt celui de /ucre, ne fachant eux-mêmes à quelle efpece ils le devoient rappor- ter. Avicenne diftingue le zxechar alhuffar du fucre: que l’on tire des rofeaux. Le zucchar alhufar eft, dit-il, une manne qui tom- be fur Palhuffar, & il reflemble aux grains de fel : il a quelque falure 8c quelque amertüme, & il eft un peu déterff & réfolutif. Il y en a de deux fortes, l’un eft blanc, & l’autre tire fur Le noir : il appeile!le blanc emenum , & le noir agigium ; il eftutile, felon lui, pour les poumons, l’hydropifie anafarque, en le mêlant avec du lait de chameau ; il eft encore bon pour le foie, les reins, & la veflie ; il n’excite pas la loif, comme les autres éfpeces de fucre, parce que fa douceur n’eft pas grande. Quoique Avicenne appelle ce fucre, manne qui _ tombe du ciel, peut-être parce qu’il eft formé en pe- tits grains qui reflemblent à de la manne, cependant il ne vient point-du-tout de la rofée , mais il découle . d'une plante appellée a/huffar , de la même maniere que les pommes & la manne elle-même, comme Sérapion le reconnoît. L’alhafler, dit cet auteur, a des fewulles larges & il fort du zucchar des yeux de fes branches & de fes feuilles; on le recueille com- mequelque chofe de bon : il a de amertume. Cette plante porte des pommes, d’où découle une liqueur brûlante, füptique, & très - propre pour faire dés cauteres : le bois de l’alhafer eft poli, gros, droit, &t beau. On ne trouve point à-préfent dans nos boutiques ce fucre nommé alhuffer : cependant il n’eft pas in- connu en Egypte n1 dans l'Arabie, car c’eft une lar- me qui découle d’une plante d'Egypte, nommée beïd-el-offar, par P. Alp. de plant. æoyp. 86. Apocy- nur erettum, incanum , Latifolinrm @gyptiacum, floribus croceis, Herman. Par. Bat. Apocynum ægyptiacum, laëleftens , filiqué afclepiadis, C. B. P. 304. Beidelfar alpiez, fève apocynum fyriacum, 3. B, II. 136. Cette plante vient comme un arbriffeau : elle a plufieurs tiges droites qui fortent de la racine, & s’élevent à la hauteur de deux coudées : {es feuilles font larges, arrondies, épaifles, & blanches, d’où il découle une liqueur laiteufe quand on les coupe. Ses fleurs font jaunes , fafrannées : fes fruits font pendans deux-à-deux, oblongs, de la groffeur du poing, attachés chacun à un pédicule de la longueur d'un pouce, courbé, épais, dur & cylindrique, L'écorce extérieure eft membraneule, verte : l'inté- rieure eft jaune, & reflemble à une peau mince paf- {Ce en huile, elles font liées enfemble par des filets femblables aux poils de la pulmonaire. Tout lintérieur du fruit eft rempli d’un duvet blanc, auffi mou que de la foie, & des graines de la forme de celle de la citrouille y Mais moins grofles de moitié, plus applaties, brunes; la pulpe en eft blanchâtre intérieurement & d'un goût amer, Les SU C G1$ | tiges @ les feuilles font blanches , couvertes de duvet; enfin toute la plante paroît être faupoudréé d’une farine grofliere. L’écorce des tiges & la côté des feuilles, font remplies de beaucoup de lait amer & âcre. Cette plante s’appelle communément en Egypte offar, & fon fruit #eïd-el-offar, c’eft-à-dire, œuf d'offar ; Honorius Bellus n’a rien pù favoir fur lé Jucre que l’on dit qui fe trouve fur cette plante , où qui en découle, n’ayant pas pù lobferver fut les nouvelles plantes qu'il a cultivées : il a feulement re- marqué que le lait qui découle de la feuille que lon a arrachée, fe fige avec le tems à la playe, & de= vient comme une certaine gomme blanche, fem blable à la gomme adragant, fans avoir cependant de la douceur. Il eft vraiflemblable que cette larme , ou cette ef: pece de /zcre découle d'elle-même feulement dans les pays chauds. Cette plante croît, felon P, Alpin, dans des lieux humides auprès d'Alexandrie, dans le bras du Nil, appellé MiZ-calig, & au Caire près de Mathare, qui eft prelque toujours humide & ma récageux à caufe du Nil qui y croupit long-tems. On fe fert, dit P. Alpin, de fes feuilles pilées {oit crues , foit cuites dans l’eau, en forme d’emplâtre pour les tumeurs froides. On fait avec fon duvet des Lits ou des couffins; on s’en fert auffi à la place d’a- madou pour retenir le feu de la pierre à fuñil. Toute cette plante eft remplie d’un lait très-chaud & brû- lant, que plufieurs ramaflent dans quelques vaifleaux pour tanner le cuir & en faire tomber les poils; car fi on le laïfle quelque tems dans ce lait, tous les poils tombent. Ce lair étant deffeché, produit des flux de ventre dyflentériques qui font mortels. On l’emploie extérieurement pour difliper des dartres vives , & autres maladies de la peau. Le tems nous apprendra peut-être fi la larme qui découle d’elle -même, & qu'on nomme Jucre, a la même actimonie. (D. J.} SUCRE ANTI-SCORBUTIQUE, ( Médecine.) prenez une certaine quantité de fuc de cochléaria, renfer- mez ce fuc dans un vaïfleau de verre bien fermé, juiqu’à ce que les feces foient précipitées ; décantez la partie claire & la mettez dans un mortier de mars bre avec une quantité fufäifante de fucre, travaillez le tout enfemble & faites-le fécher doucement ; ver: fez de-rechef du fuc fur le même fucre, travaillez le . tout de-techef & le faites fécher ; réiterez fept fois la même opération, & gardez le dernier mélange pour l’ufage. SUCRE CANDI, (if, mod, des Drogues.) y«9y où xavdvoy par Myreple, faccharum candum officin. eft un Jucre dur, tranfparent, anguleux, d’où lui eft venu {on nom. Il y en a de deux fortes, l’un eft femblable au cryftal , & s’appelle"cry/a/in , qui fe fait avec le fucre rafiné ou terré ; l’autre eft roux & ne devient jamais clair, il fe fait avec la mofcouade & la caf fonnade. Les uns choïfiflent celui qui eft très-dur : fec, cryftalin & tranfparent ; d’autres préferent celui qui eff rouflâtre, comme étant plus gras, & plus propre en qualité de remede, Le Jfucre candi fe fait mieux avec du fucre terré qu'avec du fucre rafiné parce que le premier a plus de douceur. On fait diffoudre le fuc qu’on y veut employer dans de l’eau de chaux foible , & après qu'on l'a clarifié, écumé 87 pañlé au drap, & qu'il eft fuffifamment cuit, on en remplit de mauvaifes formes qu’on a auparavant traverfées de petitsbâtons pour retenir & arrêter le fucre lorfqu'il fe cryftalife. Ces formes fe fufpendent dans l’étuve déjà chaude, avec un pot au-deflous pour recevoir le fyrop qui en fort par l'ouverture d’en -bas, jaqu’on bouche à demi pour qu'il filtre plus doucement. Quand les formes font pleines, on ferme l’étuve &.on lui don- ne un feu très-vif:alors le fucre s’attache aux bâtons dont les formes font traverfées , & y refte en petits 616 S'UrE éclats de cryftal : lorfque ce fucre eft tont-à-fut ec, on cafle les formes, & l’on en tire le fucre candi, On fait du fucre candi rouge en jettant dans la baf- fine où l’on cuit le fucre, un peu du jus de pommes de raquettes; & f l’on veut lui donner du parfum, on jette quelques gouttes d’effence dans le /zcre en le mettant dans les formes. Cette maniere de travailler le /ucre candi eft du pere Labat. Celle qui fuit eft du feur Pomet dans {on hiftoire des drogues, quine parle que de celui qui fe fait en France , &c particulierement par quel- ques épiciers-droguiftes & confifeurs de Paris. Ainfi on y trouvera quelque chofe de différent de la ma niere de le faire, rapportée par le miffionnaire aux Antilles. Le fucre candi blanc de France, dit Pomet, fe fait avec du fucre blanc & de la caflonade de Bréfil fon- dus enfemble & cuits à la grande poële. Il fe candit à l’étuve, où on le potteenfermé dans des poecles de cuivre traverfées de petits bâtons autour defquel- les s’attachent les cryftaux, à mefure qu'ils fe for- ment. Le feu de l’étuve doit être toujours égal pen- dant quinze jours, après lefquels on tire Le Jucre des poëles pour l’égoutter &rle fécher. Le fucre candi rouge ou roux, comme on l’appelle à Paris, fe fait comme le blanc, à la referve qu'on emploie des mofcouades brunes, qu'on cuit à la feuille ou à la plume, ce qui fe fait dans des pots de terre. Le fucre candi cryftalin, réduit en poudre fine, fouflé dans les yeux, diffipe lestayes récentes de la cornée: il fait encore plus furement cet effet étant diflout dans l’eau d’eufraife, de chélidoine ou de fe: nouil. On le jette fur des charbons ardens &c l’on en refpire l'odeur & la fumée dans l’enchifrenement de la membrane pituitaire, mais fon plus grand ufage meft pas pour les maladies. Les Hoilandoiïs en con- fomment beaucoup pour leurs boifions de thé &c de café ; ils le tiennent dans la bouche en buvant des liqueurs chaudes, &c ils fe perdent ainfi les dents. (2.7) On peut encore obtenir un vrai fäcre de plufieurs arbres & plantes. SUCRE D'ÉRABLE, ( Hiff. nar. ) les Sauvages du Canada & des autres parties de l'Amérique fepten- trionale, font une efpece de /ucre, avec une liqueur qu'ils tirent d’une efpece d'érable , que les Anglois nomment pour cette raïfon , fugar-maple , c’eft-à- dire, érable de fucre, dont il a été parlé à Parsicle ÉRABLE. Cet arbre fournit aux habitans de ces cli- mats rigoureux, un /here qui les dédommage en par- tie de ce que les cannes de /#cre ne croiflent point chez eux. Ray l’appelle acer rrontanum candidum , les Iroquois lui donnent le nom d'ogeketa. Il yen a éncore une efpece d’érable que Gronovius &t Lin- næusont défigné par acer folio palmato angulato, flore fere apetalo foffili, fruttu pedunculato corymbofo, Foyez Gron. flora virgin. 41. &t Lin. hort. ups 94. on en tire auffi du fucre. Les François le nomment érable rouge, plaine ou plane, & les Anglois maple. Le fucre que _ fournit cet arbre, eft d’une très-bonne qualité , & on le regarde comme fort fain ; mais c’eftlérable de fucre qui en donne le plus abondamment. Il fe plaït dans Les parties les plus feptentrionales & les plus froides de PAmérique , &c devient plus rare, à mefure qu’on s’approche du midi. Alors on ne le rencontre que fur de très-hautes montagnes & du côté qui eft ex- pofé au nord; d’où l’on voit que cet arbre exige un pays très-froid. Voici la maniere dont lesSauvages &c les François s’y prennent pour entirer le /ucre. Au printems , lorf- que les neiges commencent à dfparoître , ces arbres font pleins de fc, alors on y fait des incifions , ou bien on les perce avec un foret; &r l’on y fait des _ trous ovales ; par ce moyen il en fort üñe liquent très-abondante , qui découle ordinairement pendant l’efpace de trois femaiñes; cependant cela dépend du tems qu’il fait, car la liqueur coule en plus crande abondance , lorfque la neige commence à fondre , & lorfque le tems eft doux, & larbre cefle d’en four- nir , lorfqu'il vient à geler & quand les chaleurs viennent. La liqueur qui découle eft reçue dans un auget de bois , qui la conduit à un baquet; quand on en a amañlé une quantité {ufffanre, on la met dans une chaudiere de fer ou de cuivre que Pon place fur le feu ; on y fait évaporer la liqueur, jufqu'à ce qu’elle devienne épaifle pour ne pouvoir point être remuée facilement: alors on retire la chaudiere du feu & on remue le réfidu , qui en refroidiffant de _vient folide , concret, & femblable à du Yücre brut, ou à de la melafle, L’on peut donner telle forme que Von voudra à ce fucre en le verfant dans des moules, après qu'il a été épaif. On reconnoit que la liqueur eit prête à fe cryftallifer ou à donner du /#cre , lorf- qu’on s’apperçoit qu'il ceffe de fe former de l’écume à fa furface , il y en a beaucoup au commencement de la cuiflon, on a foin de l'enlever à mefure qu’elle fe forme ; on prend aufli du firop épaïfü avec une cuillere, & l’on obferve fi en fe refroidiffant ,l fe convertiten/zcre. Alorson Ôte lachaudiere de deflus le feu , & on la place {ur des charbons; onremuefans cefle , afin que le fucre ne s'attache point à la chau- diere & ne foit point brûlé ; en continuant ainfi, lé de firop fe change en une matiere femblable à de la farine ; alors on le met dans un lieu frais, & l’on a du /zcre qui reflemble à la melafle, Il eft d’une cou- leur brune avant que d’être rafiné , & communé: ment on lui donne la forme de petits pains plats de: la grandeur de la main. Ceux qui font ce fucre avec plus de foin, le clariient avec du blanc d’œuf pen- dant la cuiflon , & alors ils ont un /ucre parfaitement _ blanc. On regarde le fucre d'érable comme beaucoup plus fain quele fucreordinaire, & l’on en vante l’ufage pour les rhumes & pour les maladies de la poitrine. Mais d’un autre côté ilnefe diflout point aufliaifément dans l’eau que le /ucre des cannes , & il en faut une plus grande quantité pour fucrer. Il y a lieu de croire, Me fi on le préparoit avec plus de foin que ne font les Sauvages & les François du Canada, on pour- toit tirer de ce fucre d'érable un plus grand parti qu’on ne fait, & on le perfe@tionneroit confidérablement, La liqueur que fournit Pérable , mife dans un barril, & expolée au foleil d'été, fait un très-bon vinaigre. Les Sauvages & les François du Canada mélent quelquefois les /ucre d'érable avec de la farine de fro- ment ou de maiz, & en forment une pâte dont ils font une provifion pour les grands voyages qu’ils en- treprennent. Ils trouvent que ce mélange, qu'ils nomment quitfera , leur fournit un aliment très-nour- riflant , dans un pays où l’on ne trouve point de pro- vifions. Les habitans de ces pays mangent aufñ ce Jucre étendu fur leur pain, chacun en fait fa provi- fion au printems pour toute l’année. On fait aufli une efpece de firop avec la liqueur qui découle de l’érable, pour cet effet on ne la fait point bouillir aufhi fortement que lorfqu'on veut la réduire en fucre. Ce firop eft très-doux , très-rafrai- chiffant 8z très-agréable au goût , lorfqu’on en mêle avec de Peau; mais il eft fujet à s’aigrir, & ne peut être tranfporté au loin. On s’en fert auf pour faire différentes efpeces de confitures. La liqueur telle qu’elle fort de l'arbre , eft elle- même très-bonne à boire, & elle pañle’ pour fort faine ; celle qui découle des incifions faites à l’arbre au commencement du printems, eft plus abondante & plus fucrée que celle qui vient lorfque la faifon eft plus avancée & plus chaude ; on n’en obtient jamais une SUC he plus grande quantité qu’à le fuite d’un hiver rude, _&t où il efEtombé beaucoup de neige; & lorfque le printems eft froid, & quand il réfte encore de lanei- ge dur laterte, & lorfque les nuits font froides & accompagnées de gelée. - On a remarqué que durant les vents d’eft, ces ar- bres ceflent bientôt de donner de la liqueur. Ils en fourniflent plus dans un tems férein , que lorfaue le tems eft couvert , & jamais on ren obtient plus, que lorfqwune nuit froide eft fuivie d’un jour clair &t doux, Les érables d’une grandeur moyenne four- mifent Le plus de liqueur ; ceux qui font dans les en- droits pierreux & montueux, donnent une liqueur plus fucrée que ceux de la plaine. Un bon arbre pro: duit de 4 à 8 pintes de liqueur en un jour, & lorfque le printems eft frais , un feul-arbre fournira de 30 à 60 pintes de liqueur,dont 16 pintes donnent commu nément une livre de fücre. Un même arbre fournit de la liqueur pendant plufieurs années , mais il faudra pour cela faire les incifions , ou percer les trous tou- jours du même côté, & les faire de bas en haut, ê non de haut en bas, fans quoi l’eau de la pluie en fé- journant dans l’ouverture, feroit périr l'arbre. Tous ces détails font dûs à M. Pierre Kalm, de lPacadémie de Stockholm, qui a vu par lui-même le travail qui vient d’être décrit, & en a rendu compte à l’académie. dont il étoit membre, dañs une difler- tation inférée dans le r. XIII. de fes mémoires, an- rie 1751 5 1 conclud de ces faits, que l’on pourroit avec fuccés tirer le même parti des érables qui Croif- {ent dans les parties feptentrionales de l’Europe. M. Gautier correfpondant de lPacadémie des Sciences de Paris ; à pareillement rendu compte à l’acadé- mie, de la maniere dont fe fait le fucre d'érable, dans ùn mémoire inféré dans Le fecond volume des mémoi- 7ès préférés à l'académie, £. II. que l’on a auffi con- fulté dans cet article. M. Kalm ebferve que lon obtient pareillement du Jucre d’une efpece de bouleau , que les Anglois nomment fügar-birch, ou black-birch, berula fol. ovalr, oblongo acumine ferrato. Gron. flor. virgin. 188. mais 1e Jucre qu’on en tire eft en fi petite quantité, qu'il ne dédommage point de la peine. On tire auffi du xcre d’un arbre d'Amérique , ap- pellé par les François le noyer amer, & par les An- glois ickory ; nux juglans virginiana alba minor, fruc- ze RUCIS mofchate fémili, cortice glabro , fumuno faftigio velutt in aculeum produéto. Plaknet. Phyt. La liqueur que donne cet arbre eft très-fucrée , mais en très-pe- ite quantité. On obtient encore du fäcre de la plante appellée gleditfca par Gronovius & Linnæus , hors. upfal298, Lawion dans fon Aiffoire de la Caroline, p. 97. dit qu'on en plante en Virginie dans beaucoup de jar- dins pour cet ufage. | | * Le marz ou blé de turquie fournit auffi une liqueur propre à faire du /zcre lorfqu'il eft verd; on trouve dans la tige un fuc limpide , qui eft très-doux ; Les Sauvages d'Amérique coupent le maiz pour en fucer le fuc. On peut encore obtenir du f#cre de la ouatte , ( c/ilepias , caule ere&o fimplici annuo. Lin. hort. Cufford.78.) On entire auffi des fleurs que l’on cueille de grand matin lorfqw’elles font pleines de rofée , on en exprime un fuc qui épaïffi par la cuiflon , donne du fucre. … Le P. Charlevoix dans fon hiffoire de la nouvelle france ,nous dit qu’on tire du facre d’une liqueur que fournit le frêne ; M.Kalm dit n’en avoir rien entendu dire dans l'Amérique feptentrionale, & croit que le P. Charlevoix aura pris pour du frêne l’érable qui a des feuilles de frêne acerfraxini foliis, qui croit abon- damment dans cette partie d'Amérique & que les habitans nomment frére. Quand on y faitdesincifions, il en découle une grande quantité d’un fuc très-doux, Tome XP, SUUC 617 4 oÿez les mémoires de l'académie de Suède , core XI FLE annèe 1751, , M. Marggraf célebre chimifte de l'académie dé Berlin, a trouvé que plufeurs racines communes er Eurose , étoient propres à fournir un vrai Jucre , femblable à celui qui {e tire des cannes. Il en 4 obtes nu , 1°. dela bétte-blanche, cic/a ofcinarum, C. B, 2°, du chervi, f{farum , dodoneiï. 3. de la bette:rave, Toutes ces racinés lui ont fourni un füuc abondant, dans lequel à l’aide du microfcopé, on pouvoit dé: couvrir des molécules cryftallifées, femblables à cel: les du frere ordinaire. Pour s’aflurer de la ptéfencé du /vcre, il a mis ces racines divifées en digeftion dans de lefprit-de-vin bien redtifié qu'il mit au bain de fable ; il pouffa la chaleur jufqu’à faire bouillir il filtra la liqueur encore toute chaude , & la mit dans un matras à fond plat, qu'il plaça dans un lieu tempéré ; au bout de quelques femaines, il trouva qu'il s’étoit formé des cryftaux au fond du vaiffeau ÿ il les fit difloudre de nouveau, afin d'avoir ces cryf- taux plus purs. Cette méthode eft très-propre POouË eflayer.fi une plante contient du fucre, mais elle fe roit trop couteufe pour l’obteniren grande quantité. - Il fera donc beaucoup plus court de tirer le fuc de ces racines par expreflion , de le clarifier avec du blanc d'œuf, & enfuite de l’évaporer fur le feu & de le faire cryftallifer ; en un mot , de fuivre la même méthode que pour le fxcre ordinaire. M. Marggraf a aufli tiré du /zcre des panais, des raifins fecs , de la fleur de laloës d'Amérique. Voyez les IMéroires de l'académie de Berlin, année #43. En Thuringe, on tire des panais une efpece dé firôp dont les gens du pays fe fervent au lieu de Jus cre, ils en mangent même fur Le pain. Il pafle pour être un bon remede contre les rhumes de poitrine, la pulmonie, & contre les vers auxquels les enfans {ont fujets. On commence par couper les panais en petits morceaux, on Les fait bouillir dans un chauz dron, jufqu'à devenir aflez tendres pour s’écrafer en: tre les doigts ; &c en les faifant cuire , on a foin de les remuer, afin qu'ils ne brûlent point. Après cela on les écrafe 8&c Pon exprime le fuc dansun chaudron ; on remet ce fuc à bouillir âvec de nouveaux panais ; on exprime le tout de nouveau; ce qu’on réitere tant qu'on le juge ä-propos. Enfin on fait évaporer le jus, en obfervant d’enlever l’écume qui s’y forme; on continue la cuiflon pendant i4 ou 16 heures ‘ ayant foin de remuer lorfque lefirop veut fuir. Enfin “ l’on examine fi la liqueur a l’éparffeur convenable. Si l’on continuoit la cuiflontrop long-tems: la matie- re deviendroit fohide, & formeroit du f&cre. Voyez le magafin d'Hamboure, r. VIII. (=) SUCRE PERLÉ, (Pharm.) autrement manus chriffi, eft du Jäcre rofat, fur chaque livre duquel on a fait entrer demi-once de perles préparées : on l'appelle Jfaccharum perlarum. { SUCRE À LA PLUME; ( Are du Conffeur.) ceft le Jucre qui a atteint le quatrieme degré de cuiflon; On Péprouve avec l'écumoire ou la fpatule, comme le fucre à fouffler; & toute la différence qui s’y ren: contre, c’eft que Le /cre à la plume étant un peu plus pouilé de chaleur, les bouteilles quifortent de la fpas tule, en la fecouant, font plus grofles; & même dans la grande plume , ces bouteilles font fi grofles & en fi grande quantité, qu’elles femblent liées les unes aux autres. Les Apoticaires font cuire le fäcre à L4 plume , pour lestablettes de diacartami; & ce qui eff plus agréable, les Confifeurs emploient le même /ÿ= cre pour leurs maflepains, (D. J.) ; SUCRE D'ORGE, ez Epicerie, n’eft autre chofé que de la caflonade fondue dans de l’eau clarifiée : on le colore avec du fafran. | SUCRE ROSAT, parmi les Epiciers , eft un fueré blanc, clarifié & cuit dans de l’eau-rofe. d ZL11 618 SU C SUCRE ROUGE , (Pharmac.) Le fucre rouge ou de Chypre, Jaccharum rubrum offic. eft rouffàtre ou brun, un peu gras, & fait du marc qui refte après que l’on a purifié la caffonade; on ne l’emploie que pour les lavemens, ou plutôt on n’enfait guere ufage. (D. J.) SUCRE ROYAL; c’eft ex serme de Confifeurs, ce qu'il y a de plus dur & de plus fin en fait de fucre : on le clarifie en Hollande où l’on a l’art de le faire meilleur qu'ailleurs. SUCRE TAPÉ, (Sucrerie,) On appelle du fucre 14. pé du. fucre que les affronteurs vendent aux iles An- tilles pour du fucre royal; quoique ce ne foit véri- tablemetit que du fucre terré, c’eft-à-dire de la caf- fonade blanche préparée d’une certaine maniere. On l'appelle fucre rapé , parce qu’on le tape & qu’on de bat fortement, en le mettant dans les formes. AU en | SucRE TORS , (Pharm.) en latin penidium faccha- :rum : On le prépare de la maniere fuivante. On fait difloudre telle quantité de fxcre que l’on veut; on le clarifie avec un blanc d'œuf; on le coule, &:on le fait épaifir peu-à-peu; quand il forme de grofles bulles, on le retire du feu jufqu’à ce qu’elles difpa- roiflent;-on le verfe enfuite fur une planchette qu’on doit avoir frottée avec de l'huile d'amandes douces. Lorfqu’il eft ur peu réfroidi, on le prend avec un crochet .&c avec les mains faupoudrées d’amidon; enfin après lui avoir donné la forme convenable, on le garde pour l’ufage. (D. J.) SUCRERIE,, £. f. (Edifice.) c’eft un bâtiment foli- dement conftruit, faifant partie des établiffemens où l’on fabriquele fucre. Il eft toujours fitué auprès du moulin ; fa grandeur eft plus ou moins confidérable, fuivant l'équipage , c’eft-à-dire le nombre des chau- dieres qu’on y veut placer: quelques-uns.en contien- nent jufqu'à fept, d’autres quatre feulement, mais _ les plus ordinaires font de cinq. Ce nombre n’exige qu’un bâtiment de quarante à cinquante piés de long, fur une largeur de trente à trente-fix piés, étendue fuffifante pour placer les cinq chaudieres fur une inême ligne le long du mur de pignon. Voyez leurs noms & l'ordre de leur pofition dans os PJ, d'Œcon. ruffique. Elles font enchâflées tort exactement dans un corps de maçonnerie très-folide, fous lequel font difpofés les arceaux , le fourneau & le canal par où fe communique la-chaleur fous chacune des chau- dieres. On peut en voir le plan & la coupe dans Les mêmes PI, {l eft à remarquer que le corps de ma- connerie dont on vient de parler, furmontant confi- dérablement le deflus des chaudieres, cet excédent doit être garni de carreaux de terre cuite, propre- ment joints & bien liés avec du ciment, formant des encaïflemens quarrés, terminés infenfiblement en rond à la partiemferieure quijoint exactement le bord de chaque chaudiere. , La furface de ce corps de maçonnerie fe nomme le glacis : 1l doit avoir à-peu-près fix à fept piés de Vargeur &c environ fix à fept pouces de pente infen- fible, à prendre du deflus de la plus petite chaudiere nommée la harrerie , jufqu’audeflus de la grande: cette précaution étant néceflaire pour éviter que le vaif- feau, autrement la liqueur qui bout en s’élevant confidérablement, ne s’épanche des grandes chau- dieres dans les plus petites, dont le firop ayant ac- quis une fupériorité de cuiflon, feroit gâté infail- liblement. Le contraire ne peut caufer aucun dom- : mage. Au-devant du glacis on laïfle un efpace de dix piés pour la commodité des rafñineurs. Le refte du bâtiment étant occupé en partie par un citer- neau couvert d’un plancher volant, & en partie par les vaifleaux & uftenfiles nécefaires au tra- ‘yaïl, SuCRERIE. (Habitation) Les habitations où lon : Fabrique Le fucre, font plus ou moins confidérables, fuivant les facuités des propriétaires : quelle que foit. Pétendue du terrein d’une /crerte, il doit être par- tagé en plantations de cannes , en favannes ou pâtu- rages, en vivres & en bois. On divife ordinairement les champs de cannes par pieces de cent pas de large {ur autant & même le double & le triple de lon- gueur; ayant attention de féparer ces pieces par des. chemins bien alignés, d'environ dix-huit piés de largeur pour la commodité des charrettes ou ca- brouets qui fervent à tranfporter les cannes au mou- lin, lorfgw’on travaille à faire la récolte : dans toute autre tu , ces efpaces peuvent être femés & plan- tés de manioc précoce,de patates de pois & d’autres plantations utiles à la fubfiftance des efclaves, Il faut autant qu'il eft poffible,que la maifon du maître &r fes dépendances foient placées furune hauteur d’où l’on puiffe aifément découvrir ce qui fe pafle dans l’habi- tation, dont un des principaux avantages eft d’être arrofée d’une riviere ou d’un ruiffeau aflez fort pour faire agir un moulin, auprès duquel doivent être fi. tuées la fucrerie, les cafes à bagafles, la purgerie, l'étuve & la vinaigrerie ou l'endroit deftiné à faire leau-de-vie de fucre : cette difpofition s’obferve tou- jours, même dans les établiffemens où, faute d’une fuffifante quantité d’eau , on eft obligé de faire ufage de moulins à vent ou à beftiaux. Les cafes à negres doivent être fituées à la portée des opérations jour- naleres, & difpofées par rues fort larges & tirées : au cordeau. On laïffe entre chaque cafe un efpace d'environ vingtpiés , afin de remédier facilement aux accidens du feu, & ce vuide eft toujours rempli de. calebaffiers ou d’autres arbres utiles. Pour exploiter une habitation d'une grandeur moyenne, c’eft-à-dire de cent quarante ou cent cin- uante quarrés, de cent pas de côté chacun, le pas étant de trois piés & demi à la Martinique, & de trois piés feulement à la Guadeloupe, il . cent à’ “cent vingt negres compris en trois clafles : dans la premiere, font les negres fucriers ou raffineurs. La feconde renferme les ouvriers de différens métiers, comme tonneliers , charpentiers, charrons, menui- fiers, maçons, & quelquefois un forgéron très-né= ceffaire fur les grandes habitations. Les efclaves de la troifieme clafle font les negres de jardin, ayant à leur tête un ou plufeurs com- mandeurs, fuivant le nombre de troupes que l’on eft obligé de difperfer aux diférens travaux; c’eft aufi du nombre de ces efclaves que l’ontire les cabrouet- tiers , les négrefles qui fourniffent les cannes au mou- lin, les gardeurs de beftiaux, & ceux qui chauffent les fourneaux de la fucrerie & de l’étuve. Quant aux domeftiques de la maïfon, ce font or- dinairement de jeunes efclaves des deux fexes, en qui l’on apperçoit des talens & de la figure : on les entretient proprement , & les commandans n’ont au- cune infpeétion fur leur conduite , à-moins d’un or- dre exprès du maître. Il eft peu d'habitations un peu coufidérables qué ne foient fous la régie d’un économe blanc, lequel rend compte au maïtre des travaux qui fe font faits dans le cours de la journée ou pendant la nuit. Pour traiter les negres en cas de maladie ou d’ac- cidens, 1l eft bon d’avoir un chirurgien à gages, fous les ordres duquel on met des nésrefles qui ont foin de l'infirmerie. On a déja dit à larricle NEGRES confidérés comme efclaves , que cette efpece d'hommes eft extrémement vicieufe, très-rufée & d’un naturel parefleux. Les negres, pour s’exemter du travail, feignent des in- difpofitions cachées, affeétent des maux de tête, des coliques, &c. dont on ne peut vérifier la caufe par aucun figne extérieur. Cette rufe trop fréquente étant tolerée, pourroit caufer beaucoup de defor- dre, fi les maîtres n’y remédioient par des châtis meñs qui d'ordinaire font trop rigoureux, inhu: mains , & même dangereux, car 1l peut fé faire qu’un negre foit réellement incommodé. Le moyen le plus prudent & le plus conforme à l’humanité,eft de faire enfermer le malade douteux dans une infir- merie bien clofe, en le privant pendant vingt-quatre heures de toute nourriture, & fur-tout de tabac à fumer dont les negres ne peuvent fe pañler ; 8 com- me ils abhorrent les remedes d’eau tiéde, il n’eft pas hors de propos d’en faire donner trois ou quatre au prétendu malade, en lui laïiffant un pot de tifanne dont il peut boire à volonté, Un pareil traitement ne doit pas fatisfaire un homme en bonne fanté, & devient un préparatif néceflaire à celui qui réelle- ment eft malade : par ce moyen qui a été pratiqué plufeurs fois avec fuccés, on arrête le defordre, & Fon ne commet, point d'imjuftice, Les maitres pru- dens , humains, & qui fans baflefle , entendent leurs intérêts , ne peuvent trop ménager leurs efclaves ; ils y font obligés par la loi & encore plus par les fentimens de leur confcience. Li/ez l'extrais du coda. noir, dans l’arcicle NEGRES confidérés comme efilaves. Il eft difficile de fixer au jufte le revenu annuel d’une Jucrerte. L’expofition du tefrein ; l'inégalité . des faifons , les maladies des negres , plufieurs acci: dens imprévus , & les variations du prix des fucres occafionnent des différences confidérables. Ainfi on né croit pas pouvoir certifier, qu’une habitation de cent cinquante quarrés en bon état, ayant un moulin à eau , cinq chaudieres montées dans la fxererie, & bien exploitée par cent vingt negres, doit produire année commune, quarante-cinq à einquante mille livres. Article de M. LE ROMAIN: SUCRIER ; m.(Sucrerie.) les facriers font des ou- vriers qui travaillent dans les fucreries ; il y a deux _ {ortes de principaux ouvriers dans les fucreries des îles françoifes de l'Amérique ; les uns que Pon appelle fimplement fucriers , les autres que l’on nomme ref: neurs 5 les fucriers font ceux qui purifient le veiou ou fue de cannes, qui le cuifent, &c qui en font Le fu- cre brut : les rafhineurs font ceux quitravaillent fur Le fucre blanc, c’eft-ä-dire, qui le raffinent. On appelle auf Jucriers | ceux qui font le commerce du fucre, &t qui ont une fuücrerie: (D. J.' SUCRIER, (Orfévrerie.) vaifleau d’argent , d'autre métal ou de fayance, compofé d’un cotps, d’un fond &c d'un couvercle fait en forme de dôme , lequel eft perce proprement de petits trous au-travers defquels _pañle le fucre quand on renverfe Le fucrier. Scarron reproche à fa fœur d’avoir fait apetifler les trous de {on fucrier par économie. ( D. J. | SUCRO, ( Géogr: arc. ) fleuve de l'Efpagne tarra- gonnoife, Il eff marqué dans le pays des Conreflani par Ptolomée, Z. IT. c, vj. qui place fon embouchure entre le port Ilicitatus , & Pembouchure du fleuve Pallantia, Strabon, /. IL. p. 158, met à l'embouchure de ce fleuve une ville de même nom , que Ptolomée pale {ous filence ; mais Pline ; Z. JIL. c. üj. nous en donne la raïfon , c’eft que cette ville ne fubfifte plus, Sucro fluvius , dit-il , 6’ quondam opidum. Wajoute que le Suero faifoit la borne de la Conteftanie, auicom- mençoit à Carthage la neuve ; &c 1l s'accorde en cela ayecPtolomée. Le! | Cette riviere , felon Strabon , fortoit des monta: gnes quis’étendent au nord de Malaca & de Cartha- ge : on pouvoit la païfer à gué, & elle étoit prefque parallele avec l’Iberus, dont elle étoit un peu plus éloignée que de Carthage. C’en eft aflez pour nous faire connoître que cette riviere eft préfentement le Xucar. Le Suero donna le nom à la bataille qui fut lie vrée entre Pompée & Sertorius , & qui fut appellée fucronenfis pugna. (D. J:) | Tdi SUCU , fm. (if. nat. Botan, exot.) efpece de pommier fort commun à la province de Canton à da Lome XF. SÛD 619. Chiñe, Son fruit eft uni peu plus gros qu les rénet: tes ; 1l eft prefque rond, & de couleur rougeâtre ; on le feche comme nos figues , Afin de le conferver toute l'année, SUD, ( Géogr: mod. ) l'un dés quatre points car: dinaux. Il eft diftant de 90 des points eft & oueft; & de 180 du nord , auquel il eft par conféquent did: métralement oppolé. Sad-eff ; c’eit la plage qui tient le miliéü entre lorient & le midi: Lé vent qui fouffle de ce côté porte aufli ce nom; &c ceux d’eéraufler ; où norapés péliotes. | dy Sud-eft quart-2-l'eff ; nom de la plagé qui décline de-38°: 45/. de lorient au midi. Lie vent qui foufflé de ce côte eft ainfi appellé, On le nomme auf mes Jeurus. A. T: | Sxd-cff quart-ai-fud ; c’eft le nom de la plage quu décline de 33°. 45/. du midià lorient, & celui dit vent qui fouffle de cette partie du monde, & qu’on aps pelle auf kypophænix. Sud-oueft ; plage qui tient le milieu entte le midi & l'occident. Le vent qui fouffle de ce côté, porte lé même nom ; en latin ceux d’afrieus ; notolybicus, no: tozephyrts. Sud-ouff quért-a-l'oueft ; nom de la plage qui eft à 33°. 45. du midi à occident. C’eft auffi le nom du vent qui foufile de ce côté , qu’on nomime en latin hypafricus ; hipolibs , [ubvefperus, | | Sud-oueff quart-au-fud ; plage qui décline de 33°: 45”. de l'occident au midi. Le vent qui fouffle de ce côté porte le même nom, &c en latin celui de mefos libonotus. nd Sad-quart-ai-fud-eft; nom de la plage qui eft à 11°; 15". du midi à lorient , & du vent qui fouffle de ce côté , connu aufh fous le om de refophænix. Sad-quartan-fud-oueft'; plage qui eft à 1°. 15/, du midi à l'occident. Outre ce nom , le vent qui fouf fle de ce côté eft encore connu fous celui d’Aypolibo- nottus Où alfanus: Sud-fud-eft ; nom de la plage de 22°, 30/; du midi à lorient ; &c du vent qui vient de cette partie du mon- de qu'on nomme aufli gangericus ; leuconotus , phœni LAS. | | | Std-fud-eff ; c’eft la plage qui décline de 22°. 30": du midi à l’oceident. Le vent qui fouffle de ce côté, porte le même nom, & en latin ceux de zuffro-afri- cus, libônotns, ñotolybicus, (D.JI.) SUD , COMPAGNIE ANGLOISE DU’, (Com. € if. mod, d’Angl.) bien des leéteurs feroient fâchés de ne pas trouver ici un précis dé l’hiftoire d’une compa- gnie qui a fait tant de bruit, ce qui pent-être dans {on origine , fut moins un véritable établiflement de conimerce, qu'un fyflème de politique , pour trou- ver un fecours prompt & fufhfant dans les pteflans befoins de l’Anpleterre épiufée par {es longues guers tes contre la France , 6 cependant animée du defr deles foutenir glorieufement par denouveaux efforts, vu le fuccès de fes armes au commencement de ce fiecle: HOTTES | Quoi qu'il en foit, le parlement d'Angleterre tent en 1710, fous la reine Anne ayant pris connoïffan- ce des dettes de la nation, tächa d’y pourvoir. Ou trouva que ces dettes montoient en capital à 8 mil- bons 47 mille 264 livres fterl. environ 183 millions 84 mille 356 Hvres de France. On s’avifa donc pour y remédier de former üne compagnie qui auroit le commerce des mers du /z4 par préférence , 8e à l’ex- clufion de-tous autres, à condition qu’elle fe ‘chars geroït d’acquitter les dettes de la nation, moyen- nant que le parlement luraccordât les fonds fufifans pour payer L intérêts aux particuliers jufqu'au rem: bourfement du capital, ‘qui feroit produit par ledit commerce, Ceux à qui appartenoient ces dettes:pu< . bliquespourroient ; à leur choix, être de’ cette com flii à + sw 620 SUD pagnie préférablement aux autres, ou n’en être point. - | L’ingénieux lord Harley , comte d'Oxford , fut lPauteur du projet, qui eftune des belles chofes qu’on ait fait entce genre, & la reine le nomma premier gouverñeur de cette compagnie, Par cet établiffe- ment , avec l’idée des deux loteries , la premiere de 15 cens mille livres fterl.; la feconde de deux mil- lions fterl, qui furent remplies en moins de 8 jours, &t par d’autres fecours , les dettes furent prefque payées ; mais la nouvelle compagnie qui feroit peut- être tombée, n’ayant ni terrein, m1 forterefles ,trou- va bien-tôt après les plus grandes reflources, en en- trant en pofleflion du traité de l’Affiente , e’eit-à- dire de cette capitulation.connue , par laquelle elle acquit du roi d'Efpagne [a permiffion de porterpen- dant 30 annéés 4800 negres par an dans l'Amérique efpagnole, & d'envoyer chaque année aux foires du Mexique un vaifleau de $oo tonneaux. Perfonne n’ignore les avantages &r les fuites de ce traité , non plus que le triomphe chimérique queu- rent les aétions du /z4 en 1720 , leur prompte chute en 1722, les dettes de la compagnie , qui montoient alors à plus de 30 millions de livres fterl. (environ 670 millions de notre monnoïe }, infidélité des di- reéteurs , la fuite des caifliers , & la punition de quel- ques-uns de ceux qui eurent part à tous ces défor- dres. | On:peut juger à quel excès ces derniers avoient porté leurs friponneries, puifqu’on tira de la taxe à laquelle ils furent condamnés , 2 millons 400 mille Livres fterlins, plus de 40 millions de France. Enfin lon fait les {oins que pritalors le parlement pour ré- tablir le crédit de cette compagnie , & l’heureux fuc- cès de. ces foins qui Font remife en 1724 dans fa premiere fplendeur "8 qui la foutiennent encore dans un état flotiflant, fes aétions faifantune des pran- des circulations de la bourfe de Londres.Ces derniers: événemens font les plus confidérables du regne de George I. & la grande-Bretagrie-n’en perdra jamais Jefouvenir. Fab Stat En 1736 le fond de la compagnie du /#4 étoit de 17 millions fterl. & en 1750 le roi d'Efpagne devoit lui piyeren dédommagement 2 millioñs 366 mulle livres de notre monnoie. Voilà dont une compagnie qui peut fournir une ample matiere de fpéculation &c d’étonnement à ceux qui confidéreront toutes fes vi- £ifitudes jufqu’à ce jour, &c feulementdans l’efpace de 4oans. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) Compagnie angloife des Indes ;:( Comm) de toutes les compagnies de l'Angleterre, & elle en a feule prefque autant que les autres nations de l’Europe en- femble, la .plus confidérable eft celle de l'Orient ; maisil fura d’entracer.ici l’hiftoire abrégée , & de renvoyer le leéteur aux livres qui en parlent-endé- tail Lsrieco 2 Cettecompagnieméritetoujoursde tenir le fecond rang , que: M. Savary dluicaffignoit en 1723. parmi celles qui font établies en Europe pour le commerce des grandes Indes: sms ©] ,# la iout -: Elle:-fe forma fous.les:dernieres années du regne d'Elifabeth en 1599 , & parvint au plus haut point de fa grandeuremr662 fous Charles I. :qui1 lui ac- cordad'amples privileges;par plufieurs chartres qu’el- le paya Tous: main fibéralement ; elle perdit de fa fplendeur depuis :1680; «fut prête de! culbuter en 16914 & finalement ferétablit en. 1699 dans un état plus glorieuxique jamais, par fon.union-avec une nouvelle compagme.ss 2: } n9# D TC Alors dn nomma des commiflaires pour {on éta- bhfement nouveau, $tcpour recevoirles-fouferip- tions propoiéesà cefujet. de deux millions,de livres ferlines (environ 46.millions. de France ) quifurent remplis en quatre jours. .Ileft même très - probable [es + s à SUD qu’of auroit eu le double, & peut-être le triple de cette fomme, fon s’étoit moins hâté de fermer les livres , &7 qu’on eût donné le tems aux provinces êT aux négocians étrangers de faire remettre leurs commiflions à Londres. Ces fonds devinrent fi con= _ fidérables par cette incorporation , qu’en moins de deux ans, la compagnie avoit mis en mer jufqu’à 45 gros vaifleaux équipés pour fon commerce. … Depuis ce tems-là, fes aétions & fon crédit ont toujours augmenté ; je n’entends point parler ici de cette manie fubite qui, en 1719 & en1720, donna au cours de ces actions & à celles du fud, ce haut prix trop connu, qui a été fi fatal à Fétat 8 aux par: ticuhers; défordre auquel le fage parlement de cette nation remédia bien-tôt après. VE Cette compagnie a aujourd’hui outre Madras fur la côte de Coromandel , quatre principaux érablife- mens aux Indes ; favoir, à Surate, au golfe de Ben- gale, enPerfe, & à Sumatra, ce qui lui forme plu _ fieurs comptoirs. Les trois quarts de la cargaifon de fes vaifleaux font en or & en argent, le refte en mar- chancifes, Ses retours montent ordinairement par an à plus de vingt-fix millions de notre monnoie, fans parler du bénéfice des navires de permiffion, & des pacotilles qu’elle accorde aux propriétaires des : vaifleaux qu’elle frette, & aux officiers qui les mon: tent; car la méthode par rapport aux vaifleaux qu’el: le emploie pour fon commerce, eft entierement dif férente de celle de la compagnie orientale de Hollan- de. Celle-ci a une très-grande quantité de vaïffeaux, êt fa marine cede peu à celle de la république mê- me. La compagnie d'Angleterre n’a en propre que quelques petits vaifleaux dans les Indes, 8ctous ceux qu'elle y envoye de l'Europe; elle les frette à me- fure de fes befoins , fouvent de fes propres direéteurs, & cependant ce n’eft pas manque de fonds. Eft-ce que Fintérêt particulier l'emporte fur l'intérêt public? Ou la compagnie trouve-t-elle tout calculé des ayan- tages à louer à fret pour chaque voyage par une char te-partie conventionnelle , Le nombre de vaiffleaux dont elle a befoinè . On r’entrera point dans les autres détails.de fa po- lice, on ajouterafeulement , que le commerce defes aétons fe fait en écritures ; enforte que la füreté & la bonne foi de ce commerce , confifte dans la fidé- lité des livres qui font tenus par la compagnie. Pour en être membre, il faut être Anglois ou naturalifé Anpglois, & payer 5 liv. fterl. en fe faifant recevoir. Tous les magañns de la compagnie font à Londres ; elle a vingt-quatre direéteurs. Elle créa en 1733 pour un mullion de livres fterling de nouvelles aétions. En 1743 , elle avança un million de livres fterl. au gou- vernement, en reconnoïfance du renouvellement de fa charte pour quatorze ans. Ses privileges font très- étendus, & au point qu’elle peut faire la guerre dans les Indes fans en attendre les ordres de la cour. Finif- fons-par une réfléxion qui s’ofre ici. Left aflez fingulier que la grande-Bretagne ayant uné compagnie générale pour PAfe , ait au contraire établi pour Amérique , dont elle poffede une por- tion confidérable, prefque autant de compagnies par- ticulieres qu’elle a de cantons. Je ne veux pas atta- quer par-là la politique de Pétat, je penfebien difé- remment ; je crois qu'il en réfulte un bénéfice beau- coûp: plus, grand pour la nation | puifque d’habiles gens:ont calculé , que ce qui eft apporté en Angle- terre par es compagnies particulieres des Indes occi- . dentales, après en avoir pris ce qu'il faut pour Pu- fige -duroyaume ,: monte annuellement à soomille Liv. fterl. &£'que ce'qureft apporté des colonies d’A- mérique ; & des parties feptentrionales de ce conti= nent, monte à 400 nulle liv. fterl. par am, c’eft-à= dire-en un mot, à plus de20 millions dennotre mon- nôre chaque année, , Voilà les fruits -du commerce à | qui ne reflemblent point à éeux de {à guerre. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SUDA, (Géog. mod.) petit golfe qui fait partie de la mer de Candie, fur la côte feptentrionale de l’île, ët du territoire de la Canée. Ce golfe ne mérite que Je nom de pors ; mais c’eft un port vafte & commo- de, connu des Italiens fous le nom de porto-Suda. SUDAMINA , ( Médec. anc.) font des petites rou: geurs femblables à des grains de millet, qui viennent dur fa peau des jeunes gens, fur-tout de ceux qui font d’un tempérament chaud & qui font beaucoup d’exer- cice. Voyez SUEUR. | Ces puftules font une fuite des impuretés, foit bi: lieufes , foit falines, foit vifqueufes, qui attaquent & défigurent les glandes de la peau ; elles font fort in- £commodes dans lété. Elles fortent avec la fueur ; elles caufent une grande demangeaifon , & font gra- ter beaucoup ceux à qui elles arrivent. Les remedes {ont les mêmes que ceux des dartres vives ; les faignées , les purgatifs, les fudorifiques coupés avec les émulfions font indiqués ; l’acrimonie particuliere du fang &c des humeurs peut faire varier ce traitement. | | La répercuflion en eft fort dangereufe, de même que dans toutes les autres maladies cutanées. SUDATOIRE,, £. m. ( Hiff. ane.) eft un nom que les anciens romains donnoient à leurs étuvesou cham- bres chaudes, qu'on appelloit auffi quelquefois Zzco= mia. Voyez BAIN 6 GYMNASIUM. | Les fudatoires étoient une fotte d’étuves ou hypo- caufta. foyez Hypocausrum, &c. SUDATSES, LES, serme de relation , nom des Tar- tares méridionaux, tributaires du grand cham de T'ar- tarie , & voifins des Tartares Zagatai, & du royau- me de Turkeftan, (D.J.) | SUDAVIE , LA, (Géog. mod.) contrée du royau- me de Prufle, dans le cercle de Natangen ;.elle eft bornée au nord , par le cercle de Samland ; au midi & au levant, par la Lithuanie ; & au couchant, par la Bartonie. Laétk eft le feul lieu un peu confidéra- ble de ce pays, qui eft non-feulement rempli de lacs êtdé marais, mais entierement dépeuplé. (D, J. SUDBURY , ( Géogr. mod, ) ville d'Angleterre, dans Suffolck-shire, aux confins de la province d'Ef fex; à 30 milles d’Ipfwich, &c fur la Stoure. C’eft une ville riche, bien peuplée, & qui contient trois paroïfles. Elle a droit de marché , députe an parle- ment ; 7 fabrique beaucoup de draps. Ceux qui la nomment en latin Coonia, fe trompent beaucoup. La Colonia d’Antonin eft Colchefter; du-moins, c’eft l'opinion de Cambden ; & celle qui paroît la plus vraiflemblable, quoique M. Gale penfe autrément. Long. de Sudbury, 18.20. las, 52.15. (D. J.) SUDERKOPING, (Géog. mod.) & dans quelques cartes géographiques Soderkoëping, ville de Suéde , dans l’Oftrogothie , au fond du bras de mer , à 7 mil- les de Nordkoping , & à quinze de la mer Baltique. Quoiqu'ouverte & fans murailles , elle eft affez mar- chande: Long. 35.45, lar. 58. 7. (D. 7,34 | SUDERMANIE,, 04 SUDERMANLAND), ( Géog. mod, ) province de Suede , dans la Suéonie , avectiz tre de duché ; elle eft bornée au nord-par 'Uplande &t par la Weftmanie ; au midi par la mer Baltique ; , 2u levant par la prefque île de Toren , & au couchant par la Néricie, On donne à cette province 25 lieues fuédoïfes.de longueur, & 15 de largeur. Elle eft des plus peuplées du royaume, contient dans fon {ein des mines de fer & de cuivre , & la terre y produit quantité de blé, Ses principales. villes font, Niko- ping capitale , Strégnès, & Trofa, La S udermanie à acquis de la célébrité, depuis que Charles fon duc , fut. nommé à la couronne de Suede , le 15 de Mai 1607 , fous le fom de Charles IX. à Ja place de Si- 4 +. += » SUD 635 gifmond toi de Pologne fon neveu. (D. SUDERNUM , (Géog. anc.) ville d'Italie, en Tofcane , felon Ptolomée, z. I. .c.J. qui la marqué dans les terres ; Léander dit que c’eft à préfent Ma: derno. { D, J.) | SUD-GOTHIE , ( Géog. mod.) contrée du royau> me de Suede, qui fair l’une destrois parties de là Go- thie , en latin Sx4-Gorhia, ou Gorhia meridionalis. Ellé a POfrogothie & la Wéftrogothie pour bornes au nord, & la mer aux autres endroits. On l'appelle quelquefois Schoner ou Scanie, qui eft le nom de là plus confidérable de fes provinces. Les autres font le Bleking , & la Jallande : les Danois qui ont été long-tems maîtres de ce pays, le céderent aux Sué+ dois par le traité de paix qui fut fait en 1 658.(D.J.) SUDORIFIQUE & Sueur ARTIFICIELLE, ( Thé- rapeutique. ) lès remedes qui excitent la fueur font appellés Jadorifiques | fudorifera , kydrotica, Voyez SUEUR & TRANSPIRATION. Cette fueur qu'ils excitent eft appelle arrifie/te a pour la diftinguer de celle que la nature opere quel< quefois d'elle-même dans le cours des maladies ». SE de la tranfpiration qui eft encore une efpece de fueur naturelle & propre à l’état de fanté. | L’évacuation cutanée ou la fueur eft dé deux efpe- ces ; favoir une infenfible à laquelle appartient fpé= cialement le nom de sranfpiration ou Pérfpiration ( voyez TRANSPIR ATION. ) &c une autre fenfble , qui coule par groffes gouttes, & quelquefois même paf petits ruifleaux , fur toute la furface du corps, &c qui eft appellée proprement feur. Les remedes qui excitent la tranfpiration infenfi2 ble, ou plutôt les remedés capables d’exciter l'ex: crétion cutanée en général ; confidérés comme ex: citant la tranfpiration infenfible, {ont appellés. da- phorétiques & diapnoiques ; & les mêmes remedes confidérés comme .excitans la fueur proprement dites . fontappellés /xdorifiques & y drotiques. Nous rattachons point comme on voit lés deux différentes vertus à des remedes différens : nous pen: {ons au contraire que les mêmes remedes font capa- bles de ces deux effets, lefquels ne different que par le degré; en forte aw’en variant la dofe & quelques autres circonftances de ladminiffration, tout remedé vraiment capable de procurer l'effet diaphorétique, eft aufli capable de procurer l'effet fudorifique, &re: ciproquement: Cela. n’empêche point que la tranfpiration & la fueur proprement dite, ne foient co :munément des chofes très-différentes : car la tran{piration infenfible n'eft.& ne peut être qu'une exhalaïfon purement aqueufe , ou du-moins prefqué entierement aqueu+ fe ; au lieu que la fueur eft ordinairement chargée de matieres falines & de quelques autres fübftances qui ne fauroient s’exhaler avec la tranfpiration in- fenfble; car ces matieres ne {ont point volatiles comme elles devroïent l'être pour pouvoir être éva- cuces {ous cette forme. | Il eft connu, principalement par les 6bfervations de Sanétorius , & par celles des auteurs qui ont .ob= fervé d’après fa méthode, que la tranfpiration infen- fible qui eft une évacuation trés-copieufe, à une in= flience majeure fur la confervation de la fanté, & que les dérangemens qui furviennent dans cette éva= cuation, caufent fur Le chämpun grand nombre d'in: commodités , & font à la longué la caufe de beau: - coup de maladies très-oraves. Il eft connu encore que l'évacuation critique la plus générale & la plus sûre, par laquelle les maladies! aiguës foht térmi- nées , c’eft la fueur ; & même , telon la doëtrine des anciens , nulle fievre n’eit parfaitement jugée fans fueur. Enfin, Putilité de cette évacuation dans un grand nombre dé maladies cutanées , dans les douleurs de 622 SU D membres , & danstoutes lesaffe@ions férenfes, chro- niques , eft généralement reconnue. L’ufage des fudorifiques fe déduit aifément de ces trois obfervations. On doit les employer où ils font indiqués dans toutes les incommodités qui dépendent immédiate- ment d’une tranfpiration fupprimée ou diminuée , telles que les rhumes , les enchifrenemens, les lé- geres fluxions fur les yeux ou fur les oreilles, fur le nez, &c. les légeres douleurs des membres, &c, lor{- que ces incommodités furviennent après qu’on s’eft expolé à l’humidité de lair : dans les maladies ai- gués qui fe terminent éminemment par les fueurs, telles que les fievres proprement dites & les dou- leurs de côté, &t en général, lorfque les fignes de la fueur , & fur-tout le pouls , annoncent cette évacua- tion avec l’indication de l’aider, Voyez POULS. En- fin, dans les maladies chroniques, douloureufes , fé- reufes, & cutanées , telles que les maux de tête in- vétérés , les rhumatifmes, l’anafarque, les dartres, la gale, la lepre, 6c. Les fudorifiques ont été mis encore ou rang des re- medes éprouvés des maladies vénériennes, Voyez VÉROLE. Les remedes /Zdorifiques confidérés très-générale- mert, oulés moyens d’exciter la fueur, different beaucoup entre eux. 10. L'exercice du corps ou la fatigue , excitent cette évacuation; mais ce moyen ne fauroit être mis au rang des reflources thérapeutiques, ou tout au plus peut-on l’employer dans quelques maladies chroniques , comme douleurs rhumatifmales, œde- mes légers, 6c. car en général les malades font peu en état de faire de l’exercice. Les perfonnes atta- quées de rhume léger en font à peine capables; cette maniere d’exciter [a fueur eft beaucoup plus utile, comme feçours diététique & préfervatif, Voyez Exercice, Médecine, 2°, On excite la fueur en expofant Le corps à une chaleur extérieure ; foit celle d’un air échauffé, com- me dans les étuves féches, les laconicons des an- ciens, voyez LACONICON ; foit celle dé différentes vapeurs aromatiques, fulphureufes, métalliques, &c. dans les fumigations , voyez FUMIGATION; foit celle d’une vapeur aqueufe, comme dans les étuves, eaux minérales, (voyez fous l’article MINERALES eaux), foit enfin, celle de l’eau qu’on verfe en mañle fur le corps, ce qui s'appelle donner des douches , voyez Douce, fous l’article MINÉRALES eaux ; foit en plongeant le corps dans une eau chaude, comme dans les, bains d’eau thermale , voyez Particle MiNÉ- RALES eaux ; {oit en couvrant le corps d’un fable très-chaud, du marc deraifin échauffé par la fermen- tation, ou du marc d'olive échauffé par Peau bouil- lante, dont 1l a été imbibé depuis peu fur le prefloir, &t qu'on en a exprimé tout récemment. On peut rapporter à cette derniere claffe de /z40- rifique Vimpofition des couvertures que les Médecins ordonnent quelquefois pour faire fuer les malades dans leurs lits , & les gros habits , les fourrures, &c. “qu'ils prefcrivent à ceux dont ils veulent augmenter la tranfpiration ; les camifoles d'Angleterre que l’on porte immédiatement fur fa peau dans cette vue, Éc. Tous ces moyens équivalent à l'application réel- : le d’une chaleur extérieure : car l’homme vivant communément dans un milieu beaucoup moins chaud que fa chaleur naturelle (voyez CHALEUR ANIMA- LE ), &c les couvertures empêchant la communica- tion de ce milieu plus froid, & confervant par-là autour du corps une chaleur égale à fa chaleur pro- pre; il eft clair qu’elles entretiennent autour du corps une chaleur inaccoutumée êc artificielle. Enfin, un grand nombre de médicamens propres à être pris intérieurement, remplilent la derniere clafle des fudorifiques. Les végétaux fourniffent un grand nombre d'eaux diftillées aromatiques , d’hui-- les effentielles , de baumes, de réfine, d’efprits al- kalis volatils , foit fpontanés, foit dus à la violence du feu de fes efprits ardens fermentés ; & enfin , plu- fieurs plantes uftées en fubftances , & qui doivent évidemment leurs vertus aux principes que nous ve: nons d'indiquer. Entre ces fubftances végétales, le gayac, l’efquine , lun & l’autre très-réfineux, &z le faffafras trèsaromatique 8 très-riche en huile ef fentielle, tiennent un rang diftingué. L’azédouaire, l’angélique, la benoite , la fauge, le chardon bénit, les fleurs de fureau , &:c. {font auf au premier rang, Voyez ces articles particuliers. Les chaux antimonialés abfolues , telles que l'an: timoine diaphorétique , le bézoardique minéral, 6:. qui font les fudorifiques les plus renommés du regne minéral, n’ont à ce titre qu’une vertu fort douteufe : la propriété fudorifique , ou la vertu fudorifique des fleurs de foufre & de l’efprit fulphureux volatil , ne font pas bien conftatés non plus ; quant aux terres abforbantes , aux terres fcellées qui font au rang des arpilleufes 8 aux pierres précieufes que les Pharma- cologiftes comptent au rang des fudorifiques , on peut prononcer hardiment que cette propriété qu'ils leur ont attribuée, eft purement imaginaire. Voyez l’ar= zicle TERREUX , 6 MATIERE MÉDICALE. Le regne animal fournit les alkalis volatils fous forme liquide , appellés communément efprits alkalis volatils ,tels que celui du fel ammoniac, de la corne de cerf, de la foie ,des viperes,'du crâne humain,qui font les plus efficaces de tous les fxdorifiques;ce regne fournit encore l’efprit des fourmis, qui eftun re- mede peu éprouvé; le fang de bouquetin , plusufité & plus efficace , les cloportes , les vers de terre, les écrevifles , la chair de vipere & de ferpent , & celle destortues, toutes fubftances dont les.vertus échauf fantes , animantes, fudorifiques , ne font pas encore fuffifamment conftatées. Voyez les articles particuliers. On ne doit point avoir meilleure opinion des ma- tieres terreufes abforbantes de ce regne , que l’on trouve encore au rang des /xdorifiques ( telles que les coquilies , la mere de perles, lacorne de cerf cals cinée , la mâchoire de brochet, lesbézoards ,&c}, que des matieres terreufes du regne minéral. On trouve encore dans les boutiques plufieurs ‘compofitions fdorifiques , tant fous forme folide que fous forme liquide ; les efprits ardents aromatiques, les elxirs, les tentures, les mixtures balfamiques aromatiques , dont Pexcipient eft toujours un efprit ardent ; les elprits volatils aromatiques , huileux ; la liqueur de corne de cerf fuccinée ; la thériaque , le mithridate , le diafcordium , la confeffion alker mes , &c. Les médicamens fzdorifiques fe donnent ordinaire- ment fous forme de tifanne. Voyez TISANNE. C’eft fous cette forme que font certains remedes /zdorif ques de charlatans , tels que la tifane de kalac où calat , qui eft à-préfent oubliée , vraiflemblablement parce qu’elle eft connue , & celle de vinache, qui eft un des deux cens fecrets aftuellement en vogue à Paris , voyez SECRET , ( Médecine. ) 8 qui n’eft vraiflemblablement qu'une imitation , ou peut-être une copie de la tifane de kalac , qui reffemble elle: même à toutes les tifanes /#dorifiques compofées , « qu’on a dès long-tems employées au traitement des maladies vénériennes (voyeiVÉROLE) , & dont les ingrédiens font ce qu’on appelle Les bois par excel. . lence, c’eft-à-dire , le gayac , le faffafras , la fquine &c la farfépareille auxquels on ajoute quelquefois Viris de Florence, la réghfle , dans laquelle on fait bouillir , aflez inutilement, des chaux antimoniales , ou du mercure cru , &c enfin à laquelle on ajoute quelquefois des pursatifs, SUE Les fudorifiaues élevent le pouls, augmentent la. chaleur naturelle , font véritablement échauffans, Voyez ÉCHAUFFANT. Par conféquent on doit être très-refervé fur Pufage des faforifiques chez ceux qui font d’un tempérament vif, ardent, mobile, fec, ou fanguin , & très-plétorique , qui font fujets à des hémorragies, qui ont la poitrine délicate ou quelque fuppuration intérieure, & qui font dans la fievre heique ; quoiqu'il ne faille pas croire que des fueurs abondantes & critiques ne puiflent être utiles dans les cas ordinaires aux fujets ainfi conflitués , nous voulons dire feulement que les fautes dans Pad- miniftration de ce fecours peuvent être plus dan- gereufes pour eux que pour les autres. - _ Quant aux précautions pratiquées & aux contr'in- dications tirées de l’état de maladie , ces chofes dé- coulent d’elles-mêmes de la loi générale, de n’em- ployer ce remede que d’après l'indication propre & directe levée de la tendance de la nature vers cette évacuation ; tendance eftimée principalement par le pouls. Nous obferverons feulement que ceux qui fe gouvernent par cette bouflole , ne trouvent pas toujours les fudorifiques contr'indiqués par l'état de très-grande chaleur de fievre très-forte , d'inflamma- tion, d'orgafme; car non-feulement cet état peut fe trouver avec la fueur imminente , mais même la fueur imminente eft ordinairement précédée de cet état, & elle en eft fouvent la plus heureufe fo- lution : tandis que Îles Médecins qui fe conduifent fous les indications artificielles redoutent cet état, méconnoïiflent événement qu'il préfage , éloignent cet événement par des faignées ou d’autres remedes à contre-tems , &c. (b SUDSUTETE , f. m. ( Cririg. fac.) ce mot eftem- ployé par faint Paul dans fa I. épitre aux Corinthiens, €h. 7. v. 20. m8 cupoc > m8 ypauueleuc ; m6 cucnTaTas TÈ aiovosréré ; C’eft - à - dire, où eft le fage ? où eft le {cribe ? où eft Le rechercheur de ce fiecle ? sufurnrae, difquificor | de cu & Cnréw , quæro. Le rechercheur dont 1l s’agit 1c1, eft le juif qui étudie la fcience énigmatique des prophéties , & qui prétend en dé- couvrir le fens. Le pañlage de faint Paul s'explique pat un pañlage analogue de PEccléfiaftique , c. xxxix. y. 1. Le fage , le fcribe , Le favant , recherchera la fagefle de tous les anciens , s’occupera de létude des prophéties &c du fens caché de leurs fentences ; car 1l païñle fa vie dans l'étude des paraboles énigma- tiques. Les Juifs fyzéreres {e nommoïent en hébreu darfchan, &t leurs explications idrafch. (D. J.) SUEDE , ( Géog. mod. ) un des royaumes des plus grands & des plus feptentrionaux de l’Europe. Les terres qu’il renferme , font comprifes à-peu- près entre le 30. &c le 45. degré de longitude ,& entre les 55. 6 70 degrés de latitude feptentrionale. Il a ainfi dans fa plus grande longueur plus de 350 lieues du feptentrion au midi, & plus de 140 d’orient en occi- dent. Il eft borné au nord par la Laponie norwé- gienne ou danoïfe , & par l'Océan feptentrional ; au fud par la mer Baltique & par le solphe de Finlande ; à lorient par la Mofcovie, & au couchant par la Norwege , le détroit du Sund & Îe Caregat. Ce royaume jouit d’un air fain , qui eft cependant fi froid & fi peu tempéré , qu'à hiver qui occupe les trois quarts de l’année , fuccedent durant deux mois des chaleurs exceflives. Il n’y a prefque point de milieu entre un froid très-violent & une chaleur . étouffante ; & par conféquent il n’y a que peu ou point du tout de printems ni d'automne. Le foleil , dans fa plus grande élevation , eft dix-huit heures & demie fur Fhorifon de Stockolm, & fait pendant quelques femaines un jour continuel ; mais les jours d'hiver font bien courts à proportion, car Le foleil n’y paroït que cinq heures & demie. La lumiere de la lune , la blancheur de la neige x la clarté du ciel SUE 623 dédommagent foiblement de l’abfence du foleil. On fe précautionne contre l’âpreté du froid par le moyen des poëles qui font dans les maïfons , & par de bonnes fourures quand on eft obligé de fortir. Les pauvres même font obligés de fe fervir de peaux de mouton , &t autres peaux femblables pour pouvoir réfifter au froid du climat. La népligence en ce genre feroit fatale , car on ne fauroit être mal - vêtu en. Suede, fans courir rifque de perdre le nez, les doigts des mains & des piés, 8 quelquefois même la vie. La Suede fe divife en Suede propre, Gothlande ; Nortlande & Finlande. La Suede propre eft fituée entre les Nordelles au nord, lOftrogothland au fud, la mer à lorient , & les gouvernemens de Bahus, d’Aggerhus & de Drontheim vers l'occident ; elle renferme cinq provinces , favoir l’Uplande, la Su- dermanie , la Weftmanie, la Néricie & la Dalé- carlie. La Suede et un pays arrofé de rivieres & entre- coupé de grands lacs, qui, avec les montagnes & les forêts , occupent plus de la moitié du royaume. La terre y eft ingrate en plufeurs chofes utiles à 1æ vie. On y voit des campagnes à perte de vue, cou- vertes de chênes & de fapins d’une hauteur prodi- gieufe. La chaffe & la pêche produifent de quoz nourrir cette vaite contrée. On chañle Les HE ul ves pour les manger ; les loups, les renards, les chats fauvages pour en avoir les peaux, qui fervent à des fourrures. Il y a quantité d’aigles,de faucons & d’au- tres oïfeaux de proie qui nous font inconnus. Les re- nards & les écureuils y deviennent grifâtres , & les levres blancs comme de la neige. Outre la mer , les lacs y fourmillent de poiffons qu’on ne connoît point ailleurs. On y prend quantité de ftréamlings , forte de poiflon plus petit qu’un hareng ; on le fale, on l’encaque dans des barrils, & on le vend enfuite dans tout le pays. Le bétail de la Sxede eft en général pe- tit, ainfi que dans les autres pays feptentrionaux. La laine que donnent les moutons eft extrêmement groffiere , 8 ne peut fervir qu'aux habits des pay- fans. Les chevaux , quoique petits , fônt lésers, vi- goureux , forts , & excellens pour le traîneau , qu eft l’unique voiture des habitans pendant la longue durée de Fhiver. Les forêts produifent du bois de charpente & à brûler tant qu’on veut; on en fait un grand débit, tant pour les bâtimens que pour les mâtures des vaifleaux. Les mines de cuivre & de fer font un ob- jet de commerce confidérable. Il y a telle mine de cuivre dont on tire annuellement la valeur d’un mil- lion. Outre le fer qui fe confume dans le pays, il s’en tranfporte tous les ans chez l'étranger pour daflez groffes fommes ; mais voilà toutes les reflour- ces-de cette monarchie, Sonorigine & fon commencement nous font incon- nus. Les révolutions qu’elle a effluyées ont été exac- tement décrites par Puffendorf, & agréablement par l'abbé de Vertot. La Suede , probablement épuifée d'habitans par les anciennes émigrations dont l’Eu- rope fut inondée , parut comme enfevelie dans la barbarie pendant les huit, neuf, dix & onzieme fiecles. Le chriftianifme qui y fut préché dès le neu- vieme , ny fit aucun progrès. Elle renonça au chrif- tianifme dans le fiecle fuivant , & dans le onzieme fiecle , toutes les côtes de la mer Baltique étoient en- core payennes. Les premiers rois de cet état étoient abfolus. Les S'uenones | dit Tacite, font tombés fous la domina- tion d’un feul; ce n’eft plus une monarchie tempé- _rée, c’eft le pur defpotifme. Les Szérones font les Suédois ; je n’ai pas befoin d’en avertir, ni de re-. marquer que les chofes ont bien changé, Les Sué- dois , ce peuple de tous les Germains le feul efclave du tems de Tacite, & l’un des plus barbares dans les 624 SUE fiecles d'ignorance, font devenus de nos jouts une nation du Nord des plus éclairées , & lune des plus libres des peuples européens qui ont desroiïs. Outre que la monarchie y eft mitigée, la nation fuédoife eft encore libre par fa belle conflitution, qui admet les payfans mêmes dans les états généraux. La couronne de Srede , anciennement éleQive, n'eft devenue fuccefive & héréditaire que fous le répne de Guftave [. Il fut réfolu dans une aflemblée de la nobleffe , tenue à Stockholm en 1680 , & con- fitmée à la diete en 1682, que les filles fuccéderoient à la couronne , fi Les mâles venoient à manquer dans a famille royale. | Lesérats du royaume avoient beaucoup plus d’au- torité qu'ils n’en ont, depuis qu’on a changé la for- me du gouvernement. Il confifte en quatre ordres, qui font la nobleffe, le clergé, les bourgeois, & les payfans. Ces quatre états compofés d’un millier de geéntilshommes, de cent eccléfialtiques, de cent cin- qüante bourgeois , êz d'environ deux cens cinquante payfans , faitoient les lois du royaume, Of convoque ordinairement les états de quatre en quatre ans ; & quand ils s’'affemblent à Stock- holm , c’eft dans la grande falle du château. La no- bleffe a pour chef le maréchal de la diete, qui eft nommé par le roi : elle eft partagée en trois claffes ; la premiere eft celle des comtes &c des barons, la feconde, celle des maïfons illuftres par les charges de la couronne , ou par les emplois confidérables, & la derniere eft celle des fimples nobles. Cette diftinéion n’a été introduite que depuis que la couronne eit héréditaire : car du tems de l’éleétion, il nv avoit que la vertu & le mérite qui miffent de la différence entre les gentilshommes. L’archeyêque d’Upfal eft à la tête du clergé , en qualité du primat du royaume. Les bourgeois ont ordinairement à leur tête le bourguemeñtre de Stockholm, & les payfans choïfiffent un préfident. Le roi congédie le plutôt ‘qu’il peut Paffembiée des états, de peur qu’elle ne cen- fure l'adminiftration publique, & ne propofe des ré- formations. Le fénat eft le corps le plus confidérable du royau- -me après les états généraux. Le corps des fénateurs, aujourd’hui réduit à douze , étoit autrefois libre, juge des adions ëc de la vie du roi ; 1l n’eft plus au- jourd’hui que le témoin de fa conduite, & quoiqu'il entre en connoiffance de toutes les affaires d’état, fa fonéion eft de lui donner confeil, fans pouvoir lui sien prefcrire. Le roi feul a le droit d'établir les impôts, de ré- ‘gler les étapes pour les foldats des provinces , de faire battre la monnoie, & de faire creufer les mines de falpêtre , à-moins qu’elles ne foient dans les ter- res eccléfiaftiques. Il nomme à toutes les charges du royaume, & à toutesles magiftratures; 1] lui eft per- mis, en cas de néceffité, de lever le dixieme homme pouraller à la guerre;mais il prend en échange l'argent qui feroit employé à cette levée » & trouve ; par ce moyen, le fecret de ne pas dépeupler fes états ; ce qui fait que les armes de Suede font prefque toutes -compofées de foldats étrangers, & particulierement d’Allemands. _ Outre les fénateurs, il y a dans ce royaume, cinq grands officiers de la couronne , qui font régens nes du royaume pendant la minorité des rois. Ces cinq officiers font le droflart, ou le grand jufticier , le con- métable, l’amiral, le chancelier, & le grand tréfo- ser. Is préfident chacun à une chambre, compo- fée de quelques fénateurs ; quand leur charge vient à vacquer, le roi la donne à qui bon lui femble, & ordinairement au plus ancien fénateur de la chambre. Le grand jufticier préfide au fuprême confeil de jufice, auquel on appelle de tous les autres ; c’eft lui qui à le privilege de mettre la çouronne fur la tête du roi dans la cérémonie de fon couronnement. Le connétable eft le chef du confeil de ouerre, & prend foin de tout ce qui regarde les armées. Aux entrées des rois, 1l maïche le prémier devant eux tenant l’épée nue; & dans laflemblée des états , 11 eft affis devant le trône , à main droite. Le pouvoir de l'amiral eff fort confidérable : il a le commandement des armées navales ; il a le choix de tous Les officiers de guerre & des finances qui fer- vent dans la marine , & auxquels il donne des provi- fions. La juftice de Pamirauté lui appartient, & fe rend en fon nom; il a les amendes, les confifcations, le droit de dixieme fur toutes les prifes & conquê- tes faites à la mer, le droit d’ancrage , l’infpeétion fur les arfenaux maritimes, & la diffributionides congés à tous les vaiffleaux qui partent des ports & havres du royaume. Il eft préfident du confeil de marine qui connoit de toutes les entreprifes de querre , des abus & des malverfations commifes par Les oMciers de marine ; enfin il juge définitivement & en der- nier reflort toutes les affaires qui concernent l’anu= raute. . Le chancelier eft le chef de la police, en corrige les abus , &c fait tous les réglemens néceffaires pour le bien public ; 1l eft dépoñitaire des fceaux de la cou- ronne ; il expédietoutes les affaires d’état, & expofe les volontés du roi aux états-généraux ; il préfide au confeil de police , &t c’eft en fes mains que le roï dépofe la juftice pour la faire rendre à fes fujets. Le grand-trélorier a Padminiftration des finances &t des revenus du roi. Il fait rendre tous les comp- tes des fermes aux tréforiers particuliers : c’eff lui qui figne les ordonnances, &t autres expéditions du tré- {or , qui ordonne des fonds, & qui paie tous Les of ciers du royaume ; 1l préfide à la chambre des comp- tes, qui expédie tous les arrêts portant impoñition fur les peuples, & où l’on rapporte toutes les affaires qui regardent les finances. Le revenu des rois de Suede a été beaucoup aug- menté depuis le changement de religion , par la pof- feffion des biens du clergé , & par la réunion au do- maine de tous ceux qui en avoient été aliénés. Le roi tire encore {fon revenu de droits qu'il leve fur les mines du royaume , fur les amendes, & fur les mar- chancifes. La juftice eft adminiftrée en Suede par quatre tri- bunaux fouyerains, qu’on nomme parlemens , qui connoiffent des affaires civiles & criminelles en der- nier reflort dans leur jurifdiétion. Ces quatre parle- mens font, celui de Stockholm, celui de Jenkoping, celui d’Abo en Finlande, & celui de Wifmar, quia dans fon département les états que le roi de Suede poffede en Allemagne. | La religion luthérienne regne en Suede. L’Eglife de ce royaume eft gouvernée par un archevêque & par dix évèques, qui ne font embarraflés de l’admi- niftration d'aucune affaire particuliere, & qui ne font jamais appellés au confeil que lorfque les états s’af- femblent. Leurs revenus {ont forts médiocres. Ils ont fous eux fept ou huit furintendans qui ont tous autorité d’'évêques, mais qui n’en ont pas le nom; & fur chaque dix églifes , 1l y a un prevôt ou diacre de la campagne. Il a quelqu’autorité fur les ecclefiaf- tiques inférieurs qu'on compte par le nombre des éghfes, qui montent, tout-au-plus , à deux mille, tant dans le duché de Finlande, que dans la Srede. Les chapelains & les curés groffiffentle corps des ec- cléfiaftiques de près de quatre mille perfonnes. Ils font tous fils de payfans, ou de fimples bourgeois , &c par conféquent ils fe contentent du petit revenu qu'ils tirent de leurs charges. Lorfqu'il meurt un évé- que , le clergé de chaque diocèfe , propofe trois per- {onnes au roi, qui choiïfit l’une des trois pour rem- plirla prélature vacante, Tousles chapitres duroyau- me SUE me donnent auf leurs fuffrages pour l’éle&ion d'un archevêque , mais la décifion appartient au roi feul, qui de plus, a le patronage de toutesles églifes, à la rélerve de quelques-unes , dont la noblefle difpofe, "On ne éonnoïfloit point en Sxede, en Danemarck, &T dansle refte du nord, avant la fin du feizieme fie- cle, aucunde ces titres de comte, de marquis, de baron, fi fréquens dans le refte de l'Europe. Ce fut le roi Eric, fils dé Guftave Vafa, qui les introduifi dans fon royaume, vers lan t s61 pour fe faire des créatures ; mais ce fut une foible reflource , & ce prince laïfla au monde un nouvel exemple des mal- heurs qui peuvent fuivre le defir de fe rendre defpo- tique. Le fils du reftaurateur de la Suede fut accufé de plufieurs crimes pardevant les états aflemblés, &c dé- poié par une fentence unanime , comme Chriftiern IT. l’avoit été én Danemarck; on le condamna d'une prifon perpétuelle, & on donna la couronne à fon frere Jean IL, Les forces militaires du royaume de Suede confif. tent fur terre à près de cinquante régimens , qui font 60 mille hommes. Chaque régiment eft ordinaire- ment de 1200 hommes, y compris 96 ofiiciers dans chacun ; comme ces régimens font toujours com- plets , on peut aflembler en tous tems une armée de 20 mille hommes fur les frontieres de Danemarck & de Norwege. Outre les fonds ordinaires , on a affe@té a chaque régiment vingt fermes furnuméraires, pour faire fubffter les officiers qui ne font plus en état de fervir. On a auffi établi pour les foldats qui font hors de fervice par leur âge, où par leurs bleffäires , un . hôpital général qui jouit d’un bon revenu , indépen- damment duquel, chaque officier qui S’avance paie au profit de hôpital , une fomme d’argent propor- tionnée au grade qu'il acqüiert. Un colonel De cent écus, & les’ autres ofitiérs à-proportion, Il ÿ a à Stockholm un grand magafin d'armes toutes pré- tes, & un autre au château de Jencoping , fitué vers les frontieres de D'anemarck. , Les Suédois font grands, bien faits, d’une confti- tution vigoureufe , & capables de fupporter toutes Toïtes de fatigues. La nature du climat &c la bonne Éducation leur procurent ces ayantagés. Leur génie les portant aux chofes férieufes, les fait réuffir dans - Les études de ce genre. Depuis la réformation, les Lettres. ont percé en Suede. Guftave Adolphe les protégea, & la reine Chriffine imita fon exemple. Stockholm eff aujourd’hui décorée d’une illuftre aca- démie des Siences ; & le prénuer botanifte de l’eu- rope eft un fuédois. ( Le Chevalier DE JAuCOURT.) SUEL, ( Géog. anc. ) ville de l’Efpagne Bétique. Pline, 2 111. c. 7. la met fur la côte. Pomponius Me- Ta, 2 IT, c. yj. nomme auñli cette ville. Ptolomée la marque fur la côte de la mer Ibérique ; maïs le ma- nufcrit de la bibliotheque palatine lit Sze2, au lieu de Suel, À Dans une infcription rapportée par Reinefius , . 131. on lit ces mots , wwricipio fuelitano : & comme cette infcription avoit été trouvée à Fuenoirola, vil- Tage à quatre lieues de Malaca, quelques-uns s’é- toiént imaginé que ce village étoit l’ancienne Swe/. Le P. Hardoum n’eft pas de ce fentiment ; il fou- tient, mais fans en donner aucune raïfon, que l’in- {criprion dont il s’agit eft fuppofée & moderne , & ! ajoute que Sze/ eft aujourd’hui le château de Moli- . na, au royaume de Grenade, entre Marbella & Ma- laca. Quoi qu'il en foit, voici linfcription enentier, telle que [a donne Bernard d’Aldrette dans’ fes ori- gines de la langue caftillane, 2. Z. , à, Neptuno Aug. facrum L. Jurbus Pureolznns . VI. Vir. Auguftalis Tome XF, __ În Muricipio fuelitano, (00e Re 4 SVELTE, adj. { Beaux Aris.) ce termetiré de Vitalien fvelso, & dont on fait ufage en parlant du deffein , de la peinture, de la {culpture ,& même de l’ärchiteéture , eft l’oppolé du gout lourd &c Cerafé ; il donne l’idée d’un morceau exécuté avec praces avec légereté, d’une maniere dégagée & un peu alongée. De-fà vient que figure fvelte eft une foure délice & d’une taille légère & délicate. * SUELTERIENS , LES , ( Géog. anc.) Suelteri, peuples de la Gaule Naïbonnoïfe ; c’efl Pline » LV III. c. iv. qui en parle. Ils habitoient dans les dioce= fes de Fréjus, vers'la riviere d’Argens, où font au- jourd’hui Brignole & Draguignan, C’eft le {enti- ment d'Honoré Bouche , Z II. c, Vi]. p. 183. Qui eft fuivi par le P. Hardowin , &favorité par la fitua- tion que [a table de Peutinger donne aux Se qui font les mêmes que les Sze/reri, ( D. J. SUER , v. neut. (Grem.) c’eft rendre de ja fueur 3 voyez l'aruicle SUEUR. Il fe dit auf métaphyfque- ment des murailles & de leur humidité, Les murs Juent. Voyez les articles [uivans, SUER, ( Jardinage.) fe dit des blés, des foins; c’eftun refte d'humeur qui eft en-dedans du blé & du foin, &t qui n'ayant pas encore perdu fa chaleur, en fort &c jette cette humeur en s’évaporant. SUER ,w. a. ( Fabrig. de Tabac. ) pour faire füer les feuilles de tabac, on choifit un grenier {ec où 1 y ait de l'air. Là au fortir de la pente, c’eft-à- dire, après qwelles ont feché pendues à des cor- des, on en fait un lit fur Le plancher de Ja longueus qu'on veut, fur la largeur de deux longueurs de feuilles. La maniere de les + placer eft pointe contre pointe ou tête contre tête, en couvrant le premier lit de nouvelles feuilles, jufqu’à ce que le monceau ait environ trois piés de hauteur. En cet état, les feuilles s’échauffent & fuent naturellement : après un certain dègré de chaleur, on défait le tas, & om retourne les feuilles qu’on arrange comme a pre miere fois : lorfque le tems eft convenable , Ja feu s’acheye en quinze jours; fi elle tarde, on couvte les feuilles de planches, &on les charge de quel= ques pierres, Labat Foyap. (D, 7) È SUERIE, L.£ ( Mannf. de tabac. ) C’eft ainfi qu’on appelle en Amérique la cafe, ja matfon, le bâtiment où les plantes de tabac coupées font apportées pour les faire refluer & fermenter. On les étend dans la Jusrie les unes fur les autres , on les couvre de quel- ques méchantes toiles, où nates\avec des planches pardeflus » & de pierres pour Jes tenir en füjétion; c’eft ainfi qu'on les laïfle trois ou quatre Jouts, pen- G2; TL y dant lefquelles elles fermentent,ou pour parler com- me aux iles , elles refluent, après quoi on. les fait fecher. (D. 7) SUESS 4 ARUNCA, ( Géogr. anc. ÿ ou Selle fimplement, ville d'Italie dans la Campanie, On rapporte, dit Tite-Live, Z. FAI. v. xv. que les Arun- ces épouvantés abandonnerent leur ville , & fe reri= retent avec leurs femmes & leurs enfans À Suejla, qu'ils fortifierent. Cette ville fur nommée #rurce du nom de ces peuples, pour. la diftinguer de Sasfla fufnommée Pomeria. | L’hiftoire ne nous apprend point que les Arunces aient été forcés dans Suefa Arunca. Quant à leur ancienne capitale, elle fut détruite parles, Fidicins. Dans l’année 440 de la fondation de Rome, le fé: nat envoya une colonie À Suefa Arurca, Du tes de Ciceron elle avoit le titre de Municipe. Il en fait cet éloge magnifique. Las ffimum oppidum, rune mu- nicipium honefhiffimorum quondamn colonorum Sucflarr, fortiffimorum milivum Janguine( Antonius \ #mplerie. Ciceron ne lui donna point en cet endroit de fur- nom, & Silus Îtalicus, 2. VIIL, y, 498 en ufe ain, + it uns KKKK ‘ 626 SUF desritague bellis Suefla. La raïon en eft que Sueffa Pometia avoït été détruite auparavant. Sueffz Arunca devint pour la féconde fo15 colonie romaine fous Augufte, felon une infcription ane cieñne rapportée par Gruter p. 1096,où on hit Ædi- Ds colonia Julia felicr claffica Sueffa. Les habitans de cette ville font appellés Szeffzni dans une infcription faite du tems de l'Empereur Adrien, & rapportée par Holftenius p. 257. Qui viarn Sueffanis Municipiis Jua pec. fecie. Lucilius ( Caius) chevalier romain , & poëte la- tin, naquit à Szef/a au pays des Arunces, vers le commencement du feptieme fecle de Rome, favoir Pan 6o$ , & mourut à Naples vers l’année 660, âgé d’environ $5 ans, Il porta les armes fous Scipion Africain à la guerre de Numance, & il eut beau- coup de part à l'amitié de ce fameux général, & à celle de Lelius; c’eft Velleïus Paterculus, Z. IL c. ix, qui nousl’apprend. Cezebre, dit-1l, & Lucilinomenfuir, qui fub P.Africano Numantino hello, eques militaverat. Pompée du côté maternel étoit petit neveu de Luci- lius, ainfñ ce poëte étoit de bonne maifon. Il com- mença trente livres de fatyres où 1l cenfuroit nom- mément & d'une maniere piquante plufeurs per- fonnes qualifiées. Il ne fut pas linventeur de la fa- tyre parmi les latins ; mais il en fut comme le reftau- rateur, par le nouveau tour qu’il lui donna, en fe réglant fur le soût de Pancienne comédie des Grecs; avec cette différence qu'il fe fervoit ordinairement de vers Pithiens, que les grammairiens appellent vers héxametres , au lieu que les poëtes comiques n’avoient employé que des vers iambes ou corai- ques. I fit plufieurs autres ouvrages , maïs il ne nous refte que des fragmens de fes fatyres; ils ontété re- cueillis foigneufement par François. Douza , & pu- bhés à Leide avec des notes lan 1597. Ils aurotent cependant bon befoin d'être encore mieux éclaircis par quelque favant critique, parce qu’on entireroiït beaucoup de lummeres en ce genre. On apprendroit bien des chofes dans les autres œuvres de Lucilius qu fe font perdues. Les anciens ont'été fort partagés fur Le mérite de | ce poëte fatyrique. On peut voir ce que dit Horace fer. LL IL, fer, IP: 1,6 far. X. qu'il emploie toute entiere à répondre aux admirateurs de Lu- | -cilius, proteftant en même tems qu'il ne prétend pas lui arracher la couronne qui lui eft fi juftement ‘due. Quintilien étoit extrêmement prévenu en fa- veur de Lucilius ; mais tous les critiques. fe font de- : clarés pour le jugement d’Horace ; cependant Luci- fus a eu le bonheur de certaines femmes qui avec très-peu de beauté , n’ont pas laiffé de caufer de vio- ‘lentes paffions. Ce qu'il y a de fingulier, c’eft que Cicerof fe foit contredit dans {es décifions fur le fa- voir de Lucihus.il dit au premier livre de lOrateur, c. 16: Jed ut folebar C, Lucilius fæpe dicere homo ubi Jubiratns , mihi propter eam ipfam caufam minus quam volebat familiaris, [ed samen & doûtus € perurbanus , Jic Jentio neminem ele in oratorum numero habendum | gi non fit omnibus 1is'arribus quæ [unit libero hornine “digne , perpolitus. Il lui donne le même éloge de. -dotte au fecond livre du même ouvrage, &x il Le lui Ôte au premier livre de finibus , c. 3. - - Je rajoute plus qu'un mot fur Lucilius, parce que j'ai déja parlé de lui à l’arricle SATYRE. Il ne fouhai- * toit ni des lcéteurs ignorans, m1 des leéteurs très-fa- vans, Il éft vrai que cés deux fortes de leîeurs font quefquefoïs également redoutables; lésuns ne voient pas aflez, êc les autres voient trop : les.uns ñe con- noïffent pas ce qu’on leur préfente de bon; & l'on ne fauroit cacher aux autres ce que l’on a d'impar-! fait. Ciceron ne yeut point de leéteurs ignorans, il! emande les plus habiles, déclarant ne craindre per- fonne ; mais combien peu de gens peuvent tenir le! même langage? (D, J.) SUE- SUESSA-POMETTA, (Géog. anc.) ville d'Itañie dansle Latium. Strabon, Z #7 lui donne le titre de métropole des Volfques ; & Denys d'Halicarnafle L WI. p. 364 Vappelle la premiere, ou la principale ville de ce peuple. | Cette ville fiere de fa puiflance & de fes richefles, s’étoit crû permis de porter le ravage chez fes voi=! fins ; les Latins s’en plaignirent ; mais lorfqu’ils en demanderent la réparation , ils n’eurent point d’au- tre réponfe, finon qu'on étoit prêt à vuider le diffé rend par les armes. Tarquin faifit certe occafion de faire marcher fes troupes vers Sueffa. L'armée des Sueflans qui l’attendoit fur la frontiere, fut vaincue &t prit la fuite. Tarquin ne tarda pas d’aller faire le fiege de leur capitale. IL environna la place d’une ample circonvallation qu'il munit d’un farce fofé, &t poufla les attaques avec force. Les afliegés fe dé- fendirent courageufement , mais ne recevant ni con-: vois, ni fecours, &t fe voyant épuilés, ils préfére- rent de mourir fur leurs remparts, & de conferver leur liberté en périflant. À la fin leur ville fut prife d’aflaut , tous ceux qui avoient porté les armes pour fa défenfe, furent impitoyablement mafacrés. Les femmes, les enfans , les vieïllards & les efclaves , dont le nombre étoit grand, devintent la proie du {oldat, L'or &t l'argent qw’on trouva dans cette ville opu- lente, furent feuls mis en réferve, & portés dans un. endroit marqué. On en confacra la dixieme partie pour acheter le Temple de Jupiter Capitolins Toute la fomme montoit à 40 talens d’or. Cette ville fe rétablit; car l'année 258 dé Rome, la grandeur de fon enceinte , la multitude de fes ha- bitans , fes richefles & fon luxe la faoient encore | gaéler pour la capitale des Volfques. Le conful Ser- Vilius la prit d’affaut, & Pabandonna au pillage de fes troupes. | — Cette ville fut nommée Pomerie pour la diftinguer de Sueffa-Arunca. Quelquefois elle fe trouve appel- Ke fimplement Suef/2, parce qu’elle. étoit la plus puiflante des deux; & quelquefois on la nomme feu- lement Poreria. Elle fut colonie romaine. Virgile Æned. !. VI, y. 775 défigne cette ville fousle nom du peuple. * Re DIT » caffrémique Jani, Bolamque, coramques, SUESSIONES ,(Géog, anc) peuples de la Gaule belgique. Céfar, bel. gall..L. VIIT. c. vi, les met fous les Rhemi ; in fines Sueffionum qui Rheris erant arsri- BPuri. Les députés que les Rhemi envoyerent à Céfar, appellent les Sweffones leurs freres &leurs parens, qiu fe fervoient des mêmes lois, faifoient avec eux un même état, 8& ayoient les mêmes magiftrats: f7= tres , sonfanguineofque fu0s, qui eodem jitre, üifdem Le gibus utantur , unum imperium 6 unumquemagiftratuns cum 1p[rs habeant. ; | Le nom de ces peuples eft différemment écrit par les anciens. Les divers exemplaires de Céfar lifent quelquefois Sueffones & quelquefois Sueffones. Cette dermere orthographe femble devoir, être préférée, parce que le métafraîte grec lit conflamment x326546- vs. Pline, Zv. IF. ch. xyuiy, écrit auf Sueffiones , de même que Tite-Live, . ur Les diverfes éditions de Strabon.varient auffi beau connu préfentement fous le nom de diocè/exde Soif- Jens, Voyez Soissons, (D, J.) _ SUESSITAINS , 1es, (Géogr. anc.) Sueffétani, peuples de l’Efpagne citérieure, felon Tite - Live, 2, XX XIV. c. xx, M. de Marca, Hifpan.d. IT. c. xxix. ne doute point que les Coférani , ou plutôt une par- tie de cette nation, ne {oit le peuple auquel Tite- Live donne le nom de Szefffrani. Ce peuple, dit-il, allié du peuple romain , joignit fes troupes à l’armée romaine pour prendre Vergium, forterefle des Lace- tani, qui voihins de Sxeffirani, avoient ravagé leurs terres. Ce voifinage avec les Lacétains, ne peut con- venir à aucune autre nation qu'aux Cocétani & aux Ilergetes. Or ce ne peut point être ces derniers, puiique Tite-Live fait mention d’eux dans le même chapitre que j'ai cité. Il ne refte donc plus que les Cocctani, dont une partie du pays a été appellée Sueflétanie. Vergium n’étoit pas la feule place des Sueffetani; Tite-Live, Z XX XIV. c.xxy. leur donne une ville qui s’étendoit en longueur, mais qui n’étoit pas large ; & ailleurs, Z. XX XXI. c. lxiy. il dit que A. Terentius prit d’aflaut, dans le pays des-Sxeffetani, une ville nommée Corbio. La queftion feroit de fa- voir fi cette ville de Coréio ne feroit point la même que la ville longue & peu large dont nous venons de parler, (D. J.) SUESSULA , ( Géog: anc.) ville d'Italie, dans la Campanie. La table de Peutinger la marque entre Capoue & Nola dans l’ordre qui fuit. Capua IX, Sueflula ex Nola. . Ses habitans font appellés Sueflulam: par Tite- dive, Z. VIII. c. xiv. & par Pline, Z. AI, c. v. Fron- tin nous apprend que Sylla y envoya une colonie: Sueffulaeppidim murodaëtum : colonia!, lege Sullané ef deduéta : cette ville eft nommée préfentement Cafrel ai Seffola. (D. J.) | SUETOLT , BUFOLT , orbis , {. m. (ff. nat. Tchthiolog.) poflon de mer, qui a derriere la tête, . à Pendroit de la poitrine, un os fait en forme d’écuf- fon, & le corps rond ; la bouche eft plus faillante & plus avancée que celle du flafcopfaro , auquel il ref- femble par la forme du corps; il a fur tout le corps des os ovoides difpofes par rangées, & entre ces os 1] ya des aiguillons. Les yeux font petits & ronds; la bouche eft garnie de dents plus petites que celles du fla{copfaro. Le fuesolt n’a que deux nageoires au- près des ouies, & une qui termine la queue ; fa chair n’eit pas bonne à manger. Rondelet, Hifr. nat, des poiflons , L. part. L XV, c. ij. Voyez FLASCOPSARO & Poisson. SUETTE, 1. F Voyez ci-après SUEUR ANGLOISE. SUEVES, LES, (Géogr. anc. ) Suevi, nom général que Tacite, Germ. c: xxxiiy. & xlv. donne non -feu- lement aux peuples qui habitoient au-delà de lElbe, & même dans la Sarmatie, au-delà des limites de la Germanie, mais encore aux habitans de la Scandi- navie ; & de- là tous les vaftes pays qu’occupoient ces nations nombreufes furent appellées du nom gé- néral de Suevia, Selon le rappôrt de Pline, Z IF. c. xiv. les Sueves SUE ji AT y { : n on rot PE par Hippocrate dans la pêfte , & couronnée par le fuccès;de prendre des poudres &t des infufons aroma- tiques, alexipharmaques, 6-c. & lorfqu'’on en a heu- teufement réchappé , il faut bien fe garder du froid qui ne manque pas d’occafionner un cours de ventre préfque toujours mortel , comme le prouve la trifte expérience de ceux qui étant guéris, s’y fontincon< fidérément expotés. ("”) + … SUEUR, f. m. (Corroyerie.) ouvrier qui autrefois travailloit les cuirs au fortir de la main du tanneur. C’étoit celui qui les mettoit en fuin ou en graifle, u'on nomme alors foin ; les Sueurs , comme on le voit dans les anciens ftatuts des Corroyeurs, fui- foient une communauté particuliere , qui, auf bien que celle des Baudroyeurs & des Cordonniers, a été réunie à la communauté des Corroyeurs. Savary. (D. J.) | SUEVUS ou SUE BUS , ( Géog. anc. ) fleuve de la Germanie ; felon Ptolomée , Z. IL c. x. Spenet, notit, Germ. ant. l, II. c. 1j. veut que ce foit une des embouchures de lOder : favoir celle du milieu, ap- pellée Swine ou Sueve , & qui approche plus du nom des Sueves qui ont anciennement habité dans ces quartiers, ( D. J. ) SUEZ, ( Géog. mod. ) petite ville d’'Esypte, fur la côte feptentrionale de la mer Rouge, à vingt lieues au nord de Tor, avec un vieux château ruiné, &cun petit port à trois journées du chemin du Caire. Les anciens appelloient Suez la ville des héros, “Æéréopolis ; peut-êtrene s’acquit-elle un f beau nom qu’à caufe de fon commerce. Elle ef cependant fituée dans un terrein fort ftérile jufqu’à cinquante milles tout-autour; elle manque d’eau, &t fon port qui a peu de fond, n’eft qu’une vraie rade dangereufe:les foudans d'Egypte, & après eux les Turcs, ne Pont point réparé ; & d’ailleurs dans le tems même qu'ils y travailloient pour s’oppofer aux progrès que fai- oient les Portugais, 1l falloit qu’alors même les cha- -meaux portailent tous les matériaux, depuis le Caïre juiqu'à Suez, { D.J.) … SUEZ, Le golphe de, ( Géog. mod. ÿ anciénnement Heroopolires finus ; C’eft la partie la plus feptentrio- nale de la mer Rouge, & Pendroit où vraiflempbla- biemént les [fraclites la paflerent à pié fec ; ce gol- 1 CNE L ! seu ; phe n’eft féparé de la mer Méditerranée que par un ifthme d'environ cinquante nulles, qui joint l’Afe à PAfrique, & qu'on appelle l’iffhme de Suez ; nous en alons faire l’article. ( D. 7.) SUEZ, ifthmme de, À Géo. mod, ) ifthme qui joint VAfe à l'Afrique. Cet iffime peut avoir cinquante milles d’étendue, quoique Plutarque ne lui en donne que trente-fept, jufqu’à l'endroit où l’on s’embarque fur le Nil. Les rois d'Egypte confdérant les grands avantages qui reviendroient à leur pays par la com- munication des mérs , tenterent fouvent de couper cet ifthme, &t de faire par ce moyen une île de toute Afrique. Séfoftris , au rapport de Strabon, fut le premier qui forma ce deflein, & qui fit fon poffble pour l’exécuter. Darius, roi de Perfe & d’Esvypte, tenta la même entreprife, & conduifit fon ouvrage jufqu'aux lacs Amers , nommés de la forte à caufe de Tamertume de leurs eaux. Le premier Ptolomée par- mi les fucceffeurs d'Alexandre, fe propofa d'achever Fouvrage, & labandonna cependant bientôt après. Les uns difent que ce fut par crainté d’inonder l'E: gypte, qui eff plus bafle de trois coudées que la mer Rouge. D'autres affurent que ce’ fut de peur que la mer en entrant dans le Nil, ne oâtât parfon amertu- ime leseaux de ce fleuve, & que pour comble de maux tout fon pays ne devint fférile, d’abord que fes cam- pagnes fetrouveroient arrofées des eaux de la mer. Quoi qu’il en foit, on fe contenta de creufer un ganal qui joignoit le Nil à la mer Rouge, Ce fut alors Tome XV, | que les ports de cette mer commencerent à être fa- meux, La ville de Coptos devint l’entrepôt de tou- tes les marchandifes qui pafloient desIndes en Egyp- te. Depuis que Pona laïflé détruire le canal qui com- muniquoit le Nil avec la mer Rouge, on eft obligé. d'employer les chameaux pour tranfporter par terre les marchandifes, | Cléopatre, après la perte de la bataille d'A&ium, vint à Alexandrie, où {e rendit Antoine, qui la trou va toute occupée d’un deflein fort extraordinaire. Pour éviter de tomber entre les mains d'Ofave 5. préfumant bien qu'il la pourfuivroit, elle fongeoit à faire tranfporter {es vaifleaux de lamer Méditerranée dans li mer Rouge par liffhme qui a cinquante à {oi- xante milles de largeur de Pharma à Szez. Elle pro: jettoit enfuite de mettre {es tréfors dans fes vaifleaux & dans les autres qu’elle avoit déja fur cette mer, pour aller chercher quelque retraite écartée ; mais elle abandonna ce deflein, dans l’efpoir peut-être dei faire encore la conquête de ce nouveau maître du monde. ( D, J.) SUEZIC , (Géog. mod.) parles Orientaux Sueriah; province voïfine de la Colchide, dont les peuples nommés anciennement Tyani & Lazi habitoient la plus grande partie. ( D, J.) SUFFEGMAR , ( Géog, mod. ) riviere d'Afrique ;; | -dans la Barbarie , au royaume d’Alger; elle prend {a fource aux montagnes qui bornent le érand Âtias, 8x fe jette dans lamer; au levant de Gigeri. C’eft PAmp- faga des anciens ,ou PAmpfagas de Ptolomée. (2. J.)1. SUFFETES, { m. pl. ( Æi/£ anc, ) c’eit ainfi que: l’on nommoit chez les Carthaginois les deux princi-, paux magiftrats de la république qui étoient élus par- mi les fénateurs-les plus difingués par la naïffance ;: par la richeffe & par les talens. Leur autorité ne du= roit que pendant'une année, comme celle des con- {uls romans; mais il ne paroïit pas que lés fufèses. fuflent chargés du commandement des armées pen, dant leur magiftrature ; pour l'ordinaire leuts foncz, tions étoient purement civiles; cependant nous voyons qu'Annibal, Himilcon & Magon ont com- mande les armées des Carthaginois dans le tems mê: me qu'ils étoient revêrus de la dignité de /ufféres ; ils convoquoient le fénat auquel ils préfidoient ; ils propofoient les matieres fur lefquelles on devoit dé- libérer ; ils recueilloient les fuffrages. Quelques au- teurs croient qu'ils avoientle droit de vie 8c de mort, : & d'infliger les punitions qu'ils jugeoient à-propos, Aucune 161 ne pouvoit pañler dans le {énat fans leur concours ; loriqu’ils n’étoient point d'accord avec le fénat , le peuple décidoit. Chaque ville de la domination carthaginoiïfe avoit des uffeces, à Vexem- ple de la capitale. SUFFIBULUM, {. m, ( Lisiérai. ) ce mot, dans Feftus , fignifie le voile blanc que les veftales met: toient fur leurs têteslors des facrifices, & qui étoit attaché avec une agrafte. ( D. J.) | | SUFFISANT, SUFFISANCE, ( Lang. frang.) lorf. ue fuffifant eft participe, 1 fignifie feulement gzz | Jffit, comme un ordinaire fafifare, des provifions | Juffifantes ; mais lorfqu'il eft adjeëhif, 1l défigne un -préfomptueux ; « rien de plus infupportable dans la » vie que ces hommes Jéffifans, cesfemmes fufffan- » tes, qui décident de tout fans rien favoir. » Ce mot ne fe prend en bonne part que quandil ef joint à un autre qui en détermine la figarfication. Il ne faudroit donner les premieres places de l’état qu’à des gens Juffifans, & capables de remplir les grandes charges de la couronne. ; L'on doit faire la même remarque du mot /1/5/an- ce; il fe dit du vrai mérite & du faux mérite. Les ri- ches gâtés par la fortune montrent ordinairementune J'uffifance orgueilleufe ; mais l'adverfité jointe au gé; me produit la grande capacité & la Jufr/ance modeite, LI 634 SUF SUFTISANT, IMPORTANT, ARROGANT, { Syron.) Le fufféfent, dit la Bruyere, eft celui en qui la prati- que de certains détails que lon honore du nom d’af- faires , fe trouve jointe à une très-grande médiocri- té d’efprit. Un grain d’efprit & une once d’affaires plus qu’il n’en entre dans la compofition du /ufifant, font Pim- portant : {otte & puerile confiance dans celui qui fe croit tel! Pendant qu’on ne fait que rire de important, il pa pas un autre nom: dès qu’on s’en plaint, c'ef Varrogant. ( D. I.) SUFFISAMMENT, ASSEZ , (Syron. )ces deux mots , dit M. l'abbé Girard, regardent également la quantité, avec cette différence , qu’aflez a plus de rapport à la quantité qu'on veut avoir, .&e que fuffe- _famment en a plus à la quantité qu'on veut employer. L’avare n’en a jamais affez ; il accumule, & fou- haite fans cefle. Le prodigue n’en a jamais /uff/am- sent ; il veut toujours dépenfer plus qu'il n’a. On dit, c’eft affez, loriqu’on n’en veut pas davan- tage ; & Pon dit, en voilà fuffifamment , lorfqu’on en a'précifément ce qu'il faut, pour l’ufage qu'on en veut faire. À l'égard des dofes & detout ce qui fe confume, allez paroit marquer plusde quantité que/afJarment; carälfemble que quandily en a afez, ce qui feroit de plus, y feroit de trop; mais que quand lyena fufifimment, ce qui feroit de plus, ny feroit que lbondance, fans y être de trop. On dit auf d’une pétite portion &c d’un revenu médiocre, qu’on en a Juffifemment, mais on ne dit guere qu'on en a affez. fl fe trouve dans lafignification d’affez plus de gé- néralité ; cequi lui donnant un fervice plus étendu, en rend l'ufage plus commun , au lieu que fuffam- ment renferme dans fon idée un rapport à Pemploi des chofes, qui lui donnant un caraétere plus parti- culier, en borne l’ufage à un plus petit nombre d’oc- cafons. : C'eft affez d'une heure à table pour prendre fxff- _famment de nourriture ; mais ce n’eit pas affez pour ceux ani en font leurs délices. | L’économe fait en trouver affez où 1ly en a peu. Le difipateur n’en peut avoir fuffifamment, où il yena même beaucoup. Girard, fyronym. françois. (D. J.) SUFFISANTE GRACE, ( Théol.) la grace/uffifante, {elon les Catholiques, eft celle qui donne à la vo- lonté un pouvoir véritable , dégagé &c propre à vain- cre la concupifcence, pour faire le bien méritoire de la vie éternelle. ILeft de foi que la grace eft néceflaire , 8 que fans fa grace onne peut faire aucun bien qui foit méritoi- re de la vie cternelle. On convient aufli que Dieu ne sefafe point les fecours néceflaires , & tout le mon- de fait que l’homme ne fait pas'ce qu’il devroitfaire, &c qu'il fait au contraire ce qu'il ne devroit pas faire. De ces principes qui font généralementavoués par toutes les fetes, quoiquedivifées à d’autres égards , ils’enfuit qu'il y a quelques graces de Dieu aux- quelles l’homme réfifte ; quelques-unes avec lefquel- les l’homme n’agit point, quoiqu'il puiffe véritable- paent agir ; quelques-unes enfin malgré lefquelles homme fait le mal, quoiqu'il puifle faire le bien, C’eft ce fecours que l’on appelle grace fuffifante, par- ce qwelle fuffit pour que nouspuiions agir, quoique nous puifhons avoir fans agir. En effet il eft d'expérience qu'il y a des graces que l'homme prive par la réfiftance très-libre de fa volon- té, de l'effet dont elles font capables , eu égard aux circonftances oùelles font données , & que Dieu fe propofe de produire par leur moyen , dans le mo- ment même qu'il les accorde. Tous les reprochesque Dieu faitaux pécheurs dans Ecriture , d’avoir été fourds à fa voix, de n’avoir pas correfpondu à fes SUF faints defirs , d'avoir réfifté aux infpirations céleftes, établiffent évidemment ce point de doétrine; autre- ment ces reproches feroient injuftes & illufoires. Mais les theolosiens fcholaftiques font partagés ur la nature de cette grace fuffifante. | Les Thomiftes appellent grace fufffanse celle avec laquelle l’homme peut faire le bien, mais avec lequel il ne le fera jamais fans un nouveau fecours qu'ilsap- pellent prémotion phyfique. Voyez PRÉMOTION. Les Auguftiniens penfent de même ; maïs au lieu de la prémotion phyfque, ils n’exigent qu'une pré- motion morale. La grace fuffifante, {elon eux, donne aflez de force à la volonté pour faire le bien, mais celle-ci ne le fera jamais fans une déletarion viéto- rieufe par elle-même ët abfolument. D’autres qu’on nomme aufli Augufliniens , accor- dent qu’avecla grace/uffifante non-feulement on peut faire le bien, mais encore qu’on l’accomplit réelle- ment dans certaines occafons faciles ; mais pour les œuvres plus difficiles, ils exigent une grace efficace, * Suarès &c les Congruiftes appellent grace fffifante celle qui n’eft pas proportionnée aux différentes cir- conftances du tems, du lieu, ou de la perfonne à qui elle eft donnée, & qui par cette raifon n’a jamaisfon effet, quoiqu’elle donne toujours un pouvoir vérita- ble & prochain pour agir. Enfin les Moliniftes appellent grace fuffifante celle qui. telle que Dieu la donne, confere à l’homme un véritable pouvoir de faire le bien, &t dont ilpeut ufer par lafeule détermination de fa volonté, fansau- cun autre fecours ultérieur, enforte que s'ily con- {ent , elle-devient efficace, s’il y réfifte, elle n’en a pas moins été /ufffanre. Luther & Calvin ont rejetté la grace fuffifante, & Janfenius l'a aufli rejettée , en prétendant qu'il n’y a de véritable grace intérieure que celle à laquelle on ne réfifte jamais. Les théologiens catholiques prouvent que non- feulement Dieu ne refufe point la grace fufiifante, mais encore qu’il la confere , Poffre ou la prépareaux juftes, aux fideles , aux péchieurs, aux endurcis, aux infideles & aux enfans qui meurent fans baptème. SUFFISANTE RAISON , ( Méraphyfig. ) principe de La raifon fuffifante. C’eft celui duquel dépendent tou- tes les vérités contingentes, Il n’eft ni moins primi- tif, ni moins univerfel que celui de conrradihion, Tousles hommes le fuivent naturellement; car il n’y a perfonne qui fe détermine à une chofe plutôt qu'à une autre fans une raifon fuffifante , qui lui fafle voix que cette chofe eft préférable à l’autre. Quand on demande compte à quelqu'un de fes ac- tions , on pouffe les queftions jufqu’à ce qu'on foit parvenu à découvrir une raïon qui nous fatisfafle , &e nous fentons dans tous les cas que nous ne: pou- vons point forcer notre efprit à admettre quelque chofe fans une raifon fuffifante , c’eft-à-dire , fans une raifon qui nous faffe comprendre pourquoi cette chofe eft ainfi plutôt que tout autrement. Sion vouloit nier ce grand principe, on tombe- roit dans d’étranges contradiétions : car dès que Pon admet qu'il peut arriver quelque chofe fans rafon fuffifante , on ne peut affurer d'aucune chofe qu’elle eft la même qu’elle étoit le moment d’auparavant , puifque cette chofe pourroit fe changer à tout mo- ment dans une autre d’une autre efpece ; ainfi 1l vy auroit pour nous des vérités que pour uninftant. Jaflure , par exemple , que tout eft encore dans ma chambre dans l’état où je l'ai laïflé , parce que je fuis afuré que perfonne n’y eft entré depuis que jen fuis forti ; mais fi le principe de la raïon fuff- fante n’a pas lieu, ma certitude devient une chimere, puifque tout pourroit être bouleverfé dans ma cham- bre fans qu’il y fût entré perfonne capable de le dé- ranger. | SUF ,* Sans ce principe ; il n’y auroit point des chofes identiques ; car deux chofes font identiques , lorfque lon peut fubflituer l’une à la place de l’autre fans qu'il arrive aucun changement par rapport à la pro- priété qu'on confidere, Ainf, par exemple, fi j'ai une boule de pierre & une boule de plomb, 8 que je puiffe mettre l’unetà là place de l’autre dans lé baflin d’une balance , fans que la balance change de fuation , je dis que le poids de ces boules eft iden- tique , qu'il eft le même ; & qu'elles font identiques quant à leurs poids : cependant sil pouvoit arriver quelque chofe fans une 7vi/on fuffante, je ne pour- rois prononcer que le poids de ces boues eft iden- tique dans le tems même que j’affure qu'il eft iden- tique, puifqu'il pourroit arriver fans aucune raïfon un changement dans l’une qui marriveroit pas dans Pautre , & par conféquent leur poids ne feroit point identique ; ce qui eft contre la définition. Sans leprincipe de la rxifon fnffifante, on ne pour- roit plus diré qte cet univers , où toutes les par- ties {ont fi baniées entrelles , n’a pu être produit que par une fagefle {uprème ; car s’il peut y avoir des'effets fans rai/on Juffifante , tout cela à pu être produit par le hafard , c’eft-ài dire, par ren, Ce qui arrive quelquefois en fonge nous fournit l’ilée d’un monde fabuleux , où tous les événemens atrive- roient fans ratfon fuffifante. Je rêve que je fuis dans ma chambre occupé à écrire; tout d’un coup ma chaife fe change en un cheval aîlé , & je me trouve en un inftant à cent lieues de l'endroit où j’étois, &z - avec des perfonnes qui font mortes depuis long-tems. Tout cela ne peut arriver dans ce monde, puifqu’il n’y auroit point de rai/on fuffifante de tous ces effets. C’eft ce principe qui diftingue le fonge de la veille, & le monde réel du monde fabuleux que l’on nous dépeint dans les contes des fées, Dans la Géométrie, où toutes les vérités font né- : ceflaires, on ne fe fert que du principe de contra- diétion ; mais lorfqw’il eft poffible qu’une chofe fe trouve en différens états, je ne puis aflurer qu’elle fe trouve dans un tel état plutôt que dans un autre, à moins que je n’allegue une raifon de ce que j’afir- me ; ainfi , par exemple, je puis être aflis, couché, debout , toutes ces déterminations de ma fituation font également poflibles ; mais quand je fuis debout , il faut qu'il y ait une raifon fuffiante pourquoi je fuis debout , & non pas affis ou couché. Archimede paflant de la géométrie à la mécha- nique , reconnut bien le befoin de la reiÿfor fuff- Jante ; car voulant démontrer qu’une balance à bras égaux , chargée de poids égaux reftera en équilibre, 1l fit voir que dans cette égalité de bras & de poids, fa balance devoit refter en repos, parce qu'il ny auroit point de raifon fufffanre pourquoi l’un des bras defcendroit plutôt que l’autre. M. de Leibnits, qui étoit très-attentif aux fources de nos raifonne- mens , fait ce principe , le développa , & fut le premier qui l'énonça diftinétement & qui l’introdui- fit dans les fciences. Le principe dela rai/on fufifanteeft encore le fonde. mentdesregles &c des coutumes, qui ne font fondées que fur ce qu’on appelle convenance ; car les mêmes hommes peuvent fuivre des coutumes différentes . ils peuvent déterminer leurs adtions en plufieurs ma- neres ; & lorfqu'’on choifit préférablement à d’au- tres, celles où 1l y a le plus de raïfon, l’aétion de- vient bonne & ne fauroit être blâmée ; mais on la nomme déraifonnable , dès qu’il y a des raifons fuffs Jantes pour ne la point commettre ; & c’eft fur ces mêmes principes que l’on peut prononcer qu'une coutume eft meilleure que l’autre , c’eft - à - dire, quand elle a plus de raïfon de fon côté. Ce principe bannit de la philofophie tous les rai- fonnemens À la fcholaftique ; car les Scholaftiques Tome XV. 3 S UF 635 admettoient bien qu'il ne fe fait rien fans éaufe ; mais ils alléguoient pour caufes des natures plaftiques , des ames végétatives, & d’autres mots vuides de fens ; mais quand on a une fois établi qu'une caufe n’eft bonne qu'autant qu’elle fatisfait au principe de raijon Jufffanre , c'eit-ä-dire , qu’autant qu’elle con: tient quelque chofe par où on puifle faire Voir com- ment, &C pourquoi un effet peut arriver ; alors on ne peut plus fe payer de ces grands mots qu’on mettoit à la place des idées: Quand on explique ; par exemple , pourquoi les plantes naïfent , croiffent & fe conferyent , & que l’on donne pour caufe de ces effets une ame Végétæ tive qui fe trouve dans toutes les plantes, on allegué bien une caufe de ces effets , mais une caufe quin'eft point recevable, parce qu'elle ne contient rien par où je puifle comprendre comment la Végétation s’0: pere ; car cette ame végétative étant pofée , je n’en- tends point de-là pourquoi la plante que je confideré a plutôt une telle ftruuré que toute autre , Ni Com: ment cette ame peut former une machine telle que celle de cette plante. Au refte, on peut faire une efpece d'argument ad hominem contre le principe de la raifon Jaffifante ; en demandant à Meflieurs Leibnits & Wolf comment 1ls peuvent l’accorder avec la contingence de l’uni- vers. La contingence en effet fuppofe une différence d'équilibre. Or, quoi de plus oppofé à cette indiffé- rence que le principe de la raifon fuffifanse ? 11 faut donc dire que le monde exifte , non continsemment , mais en vertu d’une raifon fuffifance , & cet aveu pourroit mener jufqu’aux bords du fpinofifme. Il eft vrai que ces philofophes tâchent de fe tirer d'affaire, en expliquant la contingence par une chofe dont le contraire n’eft point impofñhble. Mais il eft toujours vrai que la raifon fufifante ne life point la contin- gence en fon entier. Plus un plan a de raifons qui {ollicitent fon exiftence ; moins les autres devien- neht poflibles, c’eft -à-dire > Peuvent prétendre à lexiftence. Néanmoins le principe de la raifon fuféfante eft d’un très-gtand ufage. La plûpart des faux raifonne- mens n’ont d'autre fource que l'oubli de cette ma- xime. C’eft le feul fl qui puifle nous conduire dans ces labyrinthes d'erreur, que lefprit humain s’eft bâti pour avoir le plaïfir de s’écater. Il ne faut donc rien admettre de ce qui viole cette maxime fondamen: tale, qui fert de bride aux écarts fans nombre que fait l’imagination , dès qu’on ne Paflujettit pas aux regles d’un raifonnement févere. SUFFITIO , ( Lirérat. ) efpece de purification pratiquée par ceux qui avoient affiflé à des funé- railles ; cette purification confiftoit fimplement à pañler promptement fur du feu , & À une légere af perfion d’eau luftrale, ( D, J.) SUFFOCATION , {. f. ( Phyfiolog. ) perte de la refpiration,, foit en tout, foit en païtie. La fuffocation procede de différentes caufes ; mais nous n’expliquerons ici que la ffocation qui réfulte, 1°. de la fubmerfion; 2°. de la privation d’air dans Ja machine du vuide ; 3°; lorfqu'on monte fur des heux fort élevés ; 4°. quand on refpire un air tro chaud, condenfé, ou rempli de vapeurs nuifibles aux poumons. Les /uffocations qui proviennent de mala- dies , dépendent de ces maladies qui font fort variées, Dans la fubmerfion par l’eau , les noyés meurent comme ceux qui font étranglés. Dans lesuns & dans les autres, le paflage de l’air eft bouché: Ce n’eff point l’eau qui fufoque en entrant dans Les pou- ‘ions, car l’ouverture , c’eft-à-dire, la glotte, n°ef Lise fente très-petite : or l’eau qui couvre cette ente, ne permet point à l'air d’en fortir, par con- féquent elle ne fauroit s’y infinuer ; cependant lorf. que les cadavres viennent à flotter , l’eau n° trouvé 4 ? J ELII 1 636 SUF pas toujours les mêmes obfiacles ; car dans certaines fituations , elle ne peut couvrir qu'une des extrémi- tés de la glotte, tandis que l’autre répond à Pair ; ainfi dans ces fituations, qui ne font pas rares dans un corps qui flotte , & qui ne garde jamais la même poñtion, il elt certain que l’eau pourra s’introduire dans les poumons, maïs cela n’arrive que long-tems après la mort; c’eft pourquoi on netrouve pas tou: jours de l’eau dans les poumons ni dans l’eftomac des gens noyés, mais feulement quelquefois. L’efpece de fuffocarion artificielle , celle des ani- maux qui meurent dans la machine du vuide, n'eit pas embarraflante à concevoir; cependant pour la comprendre, il faut fe rappeller que les rameaux des bronches fortent à angles aigus les uns des autres, &c qu'étant élaftiques , ils réfiltent quand on les écar- tera ; or on ne fauroit gonfler les poumons fans écar- ter les branches des tuyaux bronchiques; mais les rameaux qui pefent les uns fur les autres, réfiftent à la force qui fait effort pour les éloigner. Ajoutez la contraétibilité du tiffu pulmonaire qui tend toujours À raccourcir toutes les fibres, contraétibiité qui r} A "J n’eft pas même perdue dans les cadavres. Cela poié, mettez un animal dans la machine du vuide , pom- ez-en l'air, que doit-il arriver quand l'air fera moins + denfe? Il eft certain qu’il ne pourra point foulever les bronches, par conféquent elles fe rapprocheront; & d’un autre côté , Pair qui eft dans le tiflu intérieur des poumons fe dilatera : ily aura donc une dilata- tion & une contraétion dans les poumons des ani- maux qui feront dans la machine du vuide ; lorfque air en aura été pompé. | Il eft évident que le mouvement progreffif du fano fera difficile dans ces poumons, car d’abord Pair n’aura pas aflez de force pour élever les rameaux bronchiques; de plus les poumons feront tellement diftendus par l'air du tiflu intérieur, qu'il faudra de toute néceflité que les vaifleaux foient tiraillés ; preflés , crevés ; ainfi les animaux qui feront dans la machine du vuide, feront dans des angoïfies exttaor- diaaires , mettront en jeu lediaphragme &c leurs muf- cles intercoftaux ; maïs l’aétion même de ces mufcles leur fera pernicieufe, car quand les côtes agrandi- ront l’efpace que renferme le thorax, le poumon fe gonflera davantage, & les vaifleaux feront plus écar- tés les uns des autres. Pour avoir une idée de ce qui arrive alors, qu’on fe fouvienne que les véficules des poiflons crevent fouvent dans la machine du vuide, & que les erenouilles fe bourfoufflent ; la même cho- fe doit arriver aux poumons des animaux qui meu- tent dans le vuide. Unetroifieme efpece de /uffocation, eft celle qu’on éprouve quand on monte fur des lieux élevés. Il faut regarder les lieux fort élevés comme des efpeces de machines du vuide, car l'air y eft très-raréfié; ainfil ne peut plus contrebalancer l'air qui eft dans le tiflu intérieur des poumons. Il faut regarder les poumons comme une veflie d’air qu’on porte fur le fommet des montagnes ; or tout le monde fait que cette veflie fe gonfle à-proportion qu’elle eft dans un lieu plus élevé : il en eft de même des poumons ; ainfi les voilà expofés à un gonflement femblable à celui qui fur- vient dans la machine du vuide. Aïnfñ on y remar- quetra les mêmes phénomènes, c’eft-à-dire que les poumons pourront laiffer échapper les fluides qu'ils renferment, & qu’ils cauferont par la dilatation une opprefion confidérable, On ne fera plus furpris à- préfent, de ce qui eftrapporté par Acofta , lequelen paffant par les montagnes du Pérou fut expofé à des accidens terribles ; l’'eflomac fe boulever{a; les vo- miffemens furent énormes dans leurs efforts, qui lui firent rendre jufqu’au fang ; & il crut enfin qu'il al- loit mourir. D’autres voyageurs ont obfervé que les corps font alors comme des cribles, l’eau en découle de tous côtés, comme s'ils étoient dans une fueur : des plus abondante: la preffion de l’air qui diminue à-proportion qu'il eft éloigné de la terre, doit pro: duiretous ces fymptomes. Une quatrieme efpece de fufocarion arrive lorf: qu'un animal eft renfermé dans un lieu reflerré, qui n’a pas commerce avec l'air extérieur ; c’eft qu’alors l'air qu’on refpire n’étant point renouvellé, fe char ge d’exhalaifons groflieres &c pernicieufes à la refpi- ration. Le fait fuivant juftifie cette explication, &c prouve qu'on rétablit la refpiration léfée ; en im: pregnant l'air de nouveaux corpufeules qui l’amélio- rent. à Il eft rapporté dans les écrits de Boyle, que Cor:. neille Drebel fit un bateau pour aller {ous l'eau ; mais il avoit un inconvénient bien fâcheux pour ceux qui hafardoient d'entrer dans ce bateau, c’eft qu'ils manquoient d'air frais; Drebel trouva le fecret de remédier à ce défaut par une liqueur. Lorfque lair étoit furchargé des exhalaifons qui fortoient de ceux qui étoient dans le bateau , & qu’il ne pouvoit plus {ervir à la refpiration, on débouchoit une bouteille remplie de fa liqueur, & dans le moment il s’exha- loit de cette bouteille une grande quantité de cor: pufcules qui corrigeoient l'air, & le rendoient plus propre à larefpiration durant quelque tems. L'air chaud produit la /#ffocarion, parce qu’un des principaux ufages de l'air eft de tempérer la chaleur du poumon. Enfin l'air chargé de vapeurs nuifibles, irrite par l’âcreté de ces vapeurs le tiffu du poumon, & gêne par conféquent la refpiration. Quant aux au- | tres phénomènes qui rendent la refpiranon difficile, courte , forte & fréquente , voyez pour les entendre, Particle RESPIRATION, Phyfiolog. (D. J.) SUFFOLK , (Géog. mod:) province maritime d’Anpgleterre, au diocele de Norvwich. Elle eft bor- née au nord par le duché de Norfolck , au midi par le comté d’Eflex , au levant par le Norfolck encore, & au couchant par la province de Cambridge. La province de Suffolk eft d’une figure approchan- te d’une demi-lune. Elle a vingt-cinq milles dans fa plus grande largeur du nord au fud, quarante- cinq de longueur de lorient à Poccident, & cent qua-. rante de circuit. Les anciens icéniens habitoient cette province, ainfi que celle de Norfolck &c de Cambridge. Les Saxons firent de tout cela un royau- me , auquel ils donnerent le nom d’'Ef- Angle. . On compte dans la province de Suffoik vingt-deux hundreds ou centaines; vingt-huit villes ou bourses à marché; cinq cens foixante & quinze paroïfles, & environ un million d’arpens de terre. Il s’y trouve fept villes ou bourgs à marché, qui ont droit de dé- puter au parlement, favoir Ipfwich capitale, S. Ed- mondbury, Dunwich, Orford, Alborough, Eye & Sudbury. L'air de cette province eft fort doux &c fort fain- Son terroir eft très-fertile, étant pour la plupart êc d'argile & de marne. Il produit le meilleur beurre d'Angleterre. Les manufadtures de drap &c de toile de cette province , contribuent encore à y entretenir l'abondance. Elle a le titre de comté, érigé par Jac- ques [. en faveur de Thomas Howard, fecond fils du duc de Norfolck. Je n’épuiferai point ici la life des hommes de let- tres qu'a produit cette province; mais dans cette lifte j’enchoifirai quelques-uns quiont fait du bruitparleurs écrits, & d’autres que leurs ouvrages ont rendu cé- lebres. | Robers Groffe-tére, en latin Capiso, lun des plus grands théologiens, des plus illuftres philofophes, & des plus favans hommes du xi. fiecle, tems d'i- gnorance & de barbarie , naquit de pauvres parens dans le comté de Suffolk Il devint par fa fcience le premier doéteur d'Oxford, puis archidiacre de Lei- SUF cefter, 8 enfin évêque de Lincoln, en 123$. Ilrem- plit dignement les fonétions de l’épifcopat, em- ployant tout {on tems aù bien de fon troupeau, à l’avancement des lettres &t à compofer des ouvra- ges. Il défendit avec zele Ja jurifdiétion des ordinai- res, tantôt contre les moines; tantôt contre le pape Innocent IV. & mourut en 1253; mais fes écrits ont confervé {on nom. Il en a fait de profanes & de fa- crés. Son Abregé de la fphere a paru à Venife en 1504, & fon Commentaire fur les analytiques d’Ariflote, a été imprimé dans la même ville en 1537 &en 1552. On a publié à Londres en 1652, un ouvrage de ce prélat touchant les obfervations légales; & M. Brown a fait imprimer pareillement à Londres en 1690, quelques-unes de fes lettres dans le fecond volume du fufciculus rerum expettundarum. Alabafker (Guillaume), accompagna le comte d'Eflex en qualité de fon chapelain, à l’expédition de Cadix. Ebloui par la pompe des églifes ,1l fe fit ca- tholique; cependant, bientôt après, ne trouvant point ce qu'il avoit efpéré dans ce changement, il reprit fa premiere religion. Il entendoit fort bien la fangue hébraïque, comme le prouve fon Lexicon he- braicum ; mais 1lfe gâta lefprit par l'étude de la ca- bale. Il étoit poëte , & fit une tragédie latine intitu- lée Roxama, dont la repréfentation dans un college de Cambridge , fut accompagnée d’un accident re- marquable. [y eut une dame à cette piece qui fut tellement épouvantée du dernier mot de Ja tragédie Jèquar, fiquar, prononcé par laéteur d’un air fu- feux, qu'elle en perdit Pefprit pour toute fa vie. _ Bale (Jean), en latin Ba/eus, hiftorien du xvj. fiecle, quitta la relision romaine par les foins de my- Iord Wentworth , & peut-être aufñ , dit Nicholfon, par ceux de la belle Dorothée qu’il époufa. Le roi Edouatd VI. le nomma évêque d'Oflory en Irlande; mais la reine Marie étant montée fur le thrône, il | s’embarqua en 1553, pour pañier la mer, & fut pris par des corfaires qui le vendirent. Ayant été rache- te, 1l choïfit Bafle pour fa demeure. Cependant fous le regne d’'Elifabeth 1l revint en Angleterre, où il mourut en 1565, âgé de 68 ans. Il a publié plufeurs centuries latines des illuftres écrivains de la Grande Bretagne: Scriprorum illuffrium Majoris Britannie, 8tc. Catalogus, continens xiv. cen- surias , Bafileæ, 1557 & 1559. Cet ouvrage a été profcrit d’une façon très-particuliere dans lTrdice, imprime 27-01. à Madrid en 1667, & c'eftavec jufti- ce; car l'auteur fait l’hiftoire de la religion catholi- que d’un ftyle amer , cauftique, plein d'inveétives, & a inventé cent faufletés pour multiplier les enne- mis de l’éclife romaine. Tous les habiles êt honnêtes gens qui fe font attachés à l'étude de l antiquité étant dans les mêmes vies, quoique de religion différente, ont toujours refpeété la vérité, & n'ont jamais ac- commode leurs hiftoires à leurs opinions particulie- res, comme Balæus & Pitfeus. Si l’on compare les odieufes centuries de ces deux écrivains avec les ex- cellens ouvrages de Leland ë& de Cambden , On S’ap- percevra bientôt de l’union intime qui fe trouve en- tre le faux zele & l’isnorance , & entre l’érudition & la modération. | Boys (Jean), naquit en 1560 ë mourut en 1643, âgé de 83 ans. Son premier deflein étoit d appren- dre la médecine, & dans cette vüe ilacheta quantité de livres fur cet art; mais comme en les lifant ,1l si- maginoit quelquefois être atteint des unes ou des autres maladies dont fes leétures lui préfentoient la defcrniption, cette crainte l’allarma, &c lui fit aban- donner une fi trifte étude. Il fe tourna donc vers d’autres études , & devint par fon application conti- nuelle ,bon grammairien, habile grec & favant théo- logien. Ilfut nommé par fon mérite pour être un des traducteurs de la Bible , dont le roi Jacques I. ordon- & feulement amufant pour de jeunes libertins. SUF 637 na [a verfion en anglois, au commencement de for regne; & les livres apocryphes qui n’étoient pas les plus aifés à traduire , tomberent en partage à Boys. [aida auf de fes lumieres le chevalier Saville, pour l’exécution de fa belle édition des œuvres deS. Chry- {oftome, \ Méffieurs Æchard (Jean & Laurent), tous deux de la province de Sufolk, 8 tous deux théologiens, ont publié des ouvrages; mais dans un genre diffé: rent. Le premier naquit en 1635, & mourut vers l'an 1606. Il abufa de fon efprit par un écrit anonys me & fatyrique intitulé : Recherches des caufes du mé- P'is qu'on a pour le clergé de La Grande Breragne, 6 Pour la religion. On lui répondit avec beaucoup de bon fens & de vérité, 1°. que dans un royaume où il y avoit huit ou neuf mille paroïfles, & peut-être autant d’eccléfiaftiques , il étoit mal de s'attacher à recueillir les fautes qui avoient pu échapper pendant {oïxante ans, & dans des tems d’anarchie , à quels ques membres d’un corps fi nombreux , & d’en fire un ouvrage peu propre à plaire aux honnêtes gens, DEA qu'il abufoit le leéteur, en attribuant À tout un Corps les idées extravagantes de quelques fanatiques, fans caraëtere. 3°. qu'il avoit confondu malicieufement les tems d’ignorance & de licence avec ceux de lus miere & de vertu. | | En effet, la bonne morale & la théologie prari- que , femblent aujourd’hui, pour ainf dire, particus lieres au clergé de la Grande Bretagne. Les ouvrages d'érudition & de piété fortis depuis un fiecle de la plume des eccléfiaftiques de ce royaume, font l’ad- miration de toute l'Europe. Les chofes étoient diffé. rentes avant le regne de la reine Elifabeth. Alors les univerfités mêmes étoient fi dépourvues de clercs qui puflent prêcher d’une maniere édifiante, & la barbarie étoit f grande, qu’un sherif du comté d'Ox. ford, qui pafloit pour un génie à caufe de fes pointes , monta en chaire, & fit au défaut du prédicateur qui étoit malade, un fermon qu'on imprima, & dont voici le début. “ Arrivant au mont de Ste Marie, {ur le théatre » graveleux où je fuis à-préfent, je vous apporte » mes freres, quelques bifcuits qui font cuits au four » de la charité, & que je réfervois pour les poulets » de lEglife, les moineaux de lefptit & les hiron- » delles du falut, 6. » Fuller Church » hiflory of Britan, lib. IX. p.65. Cet exorde ridicule enchanta fes auditeurs. Echard (Laurent), étoit dans les ordres. Il s’eft fait connoitre avantageufement dans ce fiecle » par des traduétions de Plaute & de Térence ; par une if toire eccléftaffique univerfelle, & par l’hifloire d’Angle- terre, en trois vol. z7-fo/. Ce dernier ouvrage eft louable pour le ftyle & la méthode > ainfi que pour plufieurs chofes qui font agréables & nouvelles ; Mais il a mérité, à d’autres égards, la jufte cenfure du doc- teur Edmund Calamy & de M. Jean Odlmixon. Lau- rent Echard eft mort en 1730, dans fa voiture, en allant prendre les eaux de Scarborough, Calamy (Benjamin), théolopien non-conformiite, naquit en 1638 & mourut en 168$, à 47 ans. Ona deux volumes de fes fermons, dont il s’eft fit fept ou huit éditions depuis fa mort. Worton (Guillaume) ,un des illuftres favans de no> tre fiecle, naquit en 1666, & mourut en 1726 dans la 61°. année de fon âge. Ses ouvrages montrent qu’il étoit profondément verfé dans la connoifflance des langues, & dans celle de la plupart des fciences, Son livre fur le favoir des anciens & des modernes ; imprimé à Londres en 1694 ir-8°. eft plein de jugez ment & d’érudition. Il publia en 1701 :7-8°. {on Hifloire de Rome, depuis la mort d’Antenin le Pieux, -Jufqw'à la mort de Sévere Alexandre; c’eft une hiftôi. Juiq 633 SUF re efliimée, pafce que l'auteur a eu partout beau- coup d'égard à Pautorité des médailles, pour fixer l’époque des événemens les plus confidérables du re- gne de chaque empereur. Ses difcours fur les tradi- tions & les ufages des Scribes & des Pharifiens , pa- rurent en 1718 en 2 vol. 27-6°. Le but du doéteur Wotton dans ce livre, eft de donner aux jeunes étu- dians en théologie, une idée de la littérature judar- que, d’en faire connoître l’autorité &c l’ufage qu’on peut entirer. Ceux qui ne font pas en état de lire les grands ouvrages de Selden &t de Lightfoot, en trou- Yeront ici lé précis. Le même Wotton a traduit en latin, & publie les anciennes lois eccléfiaftiques & civiles du pays de Galles, qu'il a illuftrées de notes & d’un gloflaire: Enfin il avoit conçu le deffein dé publier POraïon dominicale en cent cinquante langues; projet plus curieux qu'utile, mais projet qu'il pouvoit mieux exécuter que perfonne, parce qu'il entendoit lui- mêmé la plupart des langues de lorient & de Pocci- dent. (Le Chevalier de JAUCOURT.) SUFFRAGANT, fm. Juffraganeus, (Gram. & Ju- rifprud.) fignifie en général celui qui à droit de fuf- frage dans une afflemblée. | | On donne ce titre aux évêques , relativement à leur métropolitain, parce qu'étant appellés à fon {y- node, ils y ont droit de fuffrage; ou bien parce qu'ils ne peuvent être confacrés fans fon fufrage ou confentement. ) Chaque métropolitain a fes évêques /4fragans; par exemple l'archevêque de Paris a pour Jafragans les évêques de Chartres, de Meaux, d'Orleans &c de Blois. | L’appel des fentences rendues par les officiaux des évêques fuffragans fe releve pardevant l’official du métropolitain. Foyez Ducange &c les 77015 ARCHE- VÊQUE, EVÊQUE, MÉTROPOLITAIN, SYNODE. (4) SUFFRAGE, f. m.(Gram. & Jurifprud.) fe prend en cette matiere pour la voix ou avis que l’on donne dans une affemblée où l’on délibere fur quelque chofe; en toute délibération les/ffrages doivent être libres dansles tribunaux ; ces /uffrages umformes de deux proches parens, favoir du pere & du fils, de deux freres , de l'oncle & du neveu, du beau-pere ‘& du gendre, & celui des deux beau-freres ne font comptés que pour un; c’eft le préfident de laffemblée qui recueille les fidffrages: les confeillers donnent leur fuffrage de vive voix Quand il s’agit d'une éleétion par fcrutin, on donne quelquefois les /uffrages par écrit. Sur la maniere de compter les fuffrages uniformes, Voyez lédit du mois d'Août 1669, celui du mois de Janvier 1681, la déclaration du 25 Août 1708, &c celle du 30 Septembre 1728. Voyez auf les mors DÉLIBÉRATION , OPINION , PARTAGE D’Opri- NIONS ; Voix. (4) | SUFFRAGE, (Antig. Rom.) fuffragium , les Ro- mains donnoient leurs faffrages ou dans Péleétion des magiftrats pour la réception des lois, ou dans les jugemens. Le peuple donna longtems fon Juffrage de vive voix dans les affaires de la république, & le fuffrage de chacun étoit écrit par un greffier à la porte du clos fait en parc, & qui {e nommoit oyile. Cet ufage dura jufqw’en l’an 615 de la fondation de Rome. Alors fous le confulat de Q. Calpurnius Pi- fo, & de M. Popilius Lenas , Gabinius tribun du euple fit pafler la premiere loi des bulletins pour Péleétion des magiftrats, qui ordonnoit qu’à lave- nir le peuple ne donneroit plus fon /afrage de vive voix, mais quil jetteroit un bulletin dans lurne, où feroit écrit le nom de celui qu'il voudroit élire. On appella cette loi Zx sabellaria, à caufe qu’on nom- moit les bulletins sabelle. Papirius Carbo, autre tribun du peuple, fit pañfer tine aüfre loi nommée Papiria lan 625 , par laquelié il fut ordonné que le peuple donneroit {on fxfrare pat bullenns dans homologation dés lois : enfin Caflius tribun du peuple obligea les juges pat une loi expreffe de donner fa voix par bulletins dans leurs jugemens. Toutes ces lois furent extrèmemenñt agréables aux citoyens qui n’ofoient auparavant donner librement leurs voix, de peut d’offenfer les grands. Grata ef? ta- bella quæ frontes aperit, hominum mentes legit, dat- que eam lLibertatèm ur quid velins faciant : & ces ta- blettes ou bulletins étoient de petits morceaux de bois ou d'autre matiere fort étroits, marqués de die verfes lettres , felon les affaires dont on délibéroit: Par exemple, s’il s’agifloit d’élire un magiftrat, l’on éerivoit les premieres lettres du nom des candidats, &t on en donnoit autant à chacun, qu'il y avoit de compétiteurs pour la charge. Dans les affemblées pour la réception de quelaus loi, on en donnoit deux à chacun, dont l’une étoit marquée de ces deux lettres U. R. qui vouloit dire ut rogat; &c l'autre feulement d’un 4. qui vouloit dire antiquo, je rejette la loi. Dans les jugemens on en donnoit trois , l’une marquée d’un 4. qui fient- fioit aæbjolvo, j'abfous l’accufé ; l’autre d’un C. con- derino , je condamne l’accufé ; & la troïfieme de ces deux lettres N. L. non liquer, l'affaire n’eft point . fufifamment éclaircie. Ces tablettes étoient données à l’entrée du pont du parc par des diftributeurs nommés diribicores, 8 le bureau où ils Les délivroient, diribitorium. Le peu- ple venoit enfuite devant Le tribunal du conful, ou de celui qui préfidoit à Paflemblée, qui cifhllam de- ferebat , 8&T il jettoit dans l’urne celle des tablettes qu'il vouloit, & Alors la centurie ou la tribu pré- rogative qui avoit été tirée au fort la premiere pour donner fon /uffrage , étant paflée, on comptoit les Juffrages, & le crieur difoit tout haut »rærogativa re- auntiat talem confulem; sil s’agifloit d’une loi, præ- rogativa legem jubet, ou non accipir, Le magiftrat fai- foit enfuite appeller les centuries de Ja premiere claf fe, celles de la cavalerie les premieres , & celles de l'infanterie enfuite. Mais lorfqu’un candidat n’avoit pas un nombre fuffifant de /zffrages pour obtenir une charge, Le peuple pouvoit choifir qui bon lui fem- bloit, & cela s’appelloit en latin, 207 conficere legi- tima fufragià, & non explere tribus. On ne fera peut-être pas faché de favoir encore quelle étoit la récompenfe de ceux qui pourfuivoient les corrupteurs des /xffrages pour arriver aux magif- tratures. | I y en avoit de quatre {ortes. La premiere, c'eft que fi les accufateurs avoient été eux-mêmes con- damnés pour avoir eu des /uffrages par fubornation, ils étoient rétablis dans leurs droits, lorfqu’ils prou- voient fufhfamment le délit de ceux qu’ilsaccufoient. Cic. orar. pro Cluentio. La feconde, c’eft que l’ac- cufateur ayant bien prouvé fon accufation contre un magiitrat défigné & élu, obtenoit lui-même la ma- giftrature de l’accufé , fi fon âge 8 les loix lui per- méttoient d’y arriver. L’éleétion de Torquatus & de Cotta au confulat à la place de Sylla & d’Antonius qu'ils avoient pourfuivis, en eft une preuve, quoi- qu’ils n’aient êté défignés qu'aux comices qui fe tin- rent de nouveau après la condamnation de ces deux derniers. La troifieme récompenfe étoit le droit qu'avoit l’accufateur de pañler dans la tribu de l’ac- cufé , fi elle étoit plus illuftre que la fienne. Cic. pra Balbo. La quatrieme, c’eft qu'il y avoit une fomme ui fe tiroit de l’épargne pour récompenfer un accu- États , lorfqu’il ne fe trouvoit pas dans le cas de profiter d'aucun des trois avantages dont nous ve- nons de parler. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) SUFFRAGE 4 Lacédémone, ( Hiff, de Lacédém.) Le \ peuple à Lacédémone avoit une maniere toute par- ticuliere de donner fes fuffruges. Pour autorifer une propofñition,, il fatfoit de grandes acclamations, & - pour la rejetter 1l gardoit le filence; mais en même tems pour lever tous les doutes en fait d’acclama- tions ou de filence, la loi ordonnoit à ceux de l’affem- blée qui étoient d’un avis, de fe placer d’un côté, ët à ceux de lopinion contraire, de fe ranger de Pautre; amf le plus grand nombre étant connu, dé- cidoit la majorite des fuffrages fans erreur, & fans équivoque. (D. J.) ; SUFFRAGE SECRET, (if, d'Athènes.) c’étoit une des deux manieres d’opiner des Athéniens. Ce peu- ple opinoit de la main dans les affaires d'état ; voyez ce que ndus avons dit de cette pratique; & il opi- noit par Juffrage Jecres, ou parfcrutin , dans Les cau- fes criminelles. Pour cet effet | on apportoit à cha- que tribu deux urnes, l’une deflinée pour condam- ner, & l’autre pour abfoudre; la loïne voulant point commettre fes mimiires à la haine de ceux que le devoir ou la tendrefle intérefloit en faveur de Pac- cufé ; ordonna le fuffrage Jecrez | ou le fcrutin, qui cachoit même aux juges l’avis de leurs confreres. Cet ufage prévenoit encore les animofités dange- reufes, qui fouvent à cette occafon , pañlent des peres aux enfans, & fe perpétuent dans les familles. SUFFRUTEX , fous-arbrifleau, ez Boranique, eftun nom qu'on donne à la plus petite efpèce de plantes boifeufes, & qui durent toute l'année, qui “ne jettent point de feuilles de leurs racines, & qui commencent à poufier des branches par le haut de leur tige. Tels font la lavande, la rüe, la fange, &c. Voyez PLANTE, ARBRE, &c. SUFFUMIGATION , en médecine , eff la même chofe que fumigation. Voyez FUMIGATION. SUFFUSION , 1. £. serme de chirurgie, maladie de l'œil, c’eft la même chofe que la cataraéte. Voyez CATARACTE 6 EXTRACTION. SUGULMESSE , ( Géog. mod.) province d’Afri- que. Voyez SÉGELMESSE. (D. J. SUGGESTION , f. £ (Gram. & Jurifprud.) et lorfque l’on infinue à quelqu'un de faire une chofe, comme un teftament, une donation. N La /ugoeffion eft un moyen de nullité contre les attes qui en font infeétés, & furtout pour les tefta- mens faits en maladie, ou dans une extrême vieil- lefe, parce que les perfonnes âgées ou malades font plus fufceptibles de /zggeflion que d’autres. Quelques coutumes exigeoient pour la validité desteftamens que l’on y fit mention que le teftateur l'avoit fait fans /ugoe/lion de perfonne; mais comme cette énonciation pouvoit-elle même être fugoérée, là nouvelle ordonnance en a abrogé la néceflité. Fo- ex CAPITATION , TESTAMENT. (4) SUGGESTUM où SUGGESTUS , f. m. ( Li- térat. ) c’étoit un endroit du-champ de Mars afez élevé, où tous les magiftrats , fuivant leur rang & leurs titres , fe rendoïent pour haranguer le peuple ; car les particuliers n’avoient point ce droit, à-moins qu'ils n’en euffent obtenu lapermiffion de quelque ma- giftrat éminent. Les tribunsfaifoient auffi monter dans . cet endroit les perfonnes qu’ils dénonçoient au peu- plecommecoupables de quelquecrime d'état. (D. J.) SUGGRONDE, 1. f. (sermede Couvreur. ) les Cou- Vreurs donnent le nom de /rggronde aux faillies qu'ils font au bas des couvertures , pour rejetter les eaux pluviales loin du mur , & empêcher qu’elles ne l’en- dommagent. ( D. J.) SUGILLATION , 1.£ ( Médec. )ondonne quelque- fois le nom de fugillarion , ou lividité, au taches livi- des qui reftent après la fuccion d’une partie vafcu- leufe ; en voici l'explication. . Lorfque la preffion de l’athmofphere fur la furfa- ce de quelque partie du corps que ce foit, vient à S UT 639 diminuer , ou à ceflertout-à-fait, foit par la fuccion ou par l'application des ventoufes , le fang fe porte aux parties qui font le moins prefées par l'air, dé- tend les vaifieaux, & entre dans les plus petits qui fe trouvent dilatés, 8 qui naturellement ne contien- nent point de fang rouge; il arrive même fouvent qu'il s’y engorgefi fort , qu’il produit des tachesrou-- ges , vides & noires; cestaches font l'effet de cette fügillation, (D. J.) SUL où SSI-NO-KT, fm. ( Æif. mar. Boran.) c’eft un hètre.du Japon, qui a des feruiles de frêne , dont la fleur eft hexapétale, &c ramaflée en épis. Son fruit eftune noix renfermée dans une coque écailleuie , garnie de pointes & de la grofleurd’une aveline. SUICIDE, f.m. (Morale. ) le fuicide eft une a&ion par laquelle un -homme eft lui-même la caufe de {à mort. Comme cela peut arriver de deux manieres, l’une directe & lautre indirete ; on difingue auf dans la morale Le fuicide dire@& , d'avec le fzicide in- direct. Ordinairement on entend par /xicide, lation d’un homme, qui de propos délibéré fe prive de la vie d'une maniere violente. Pour ce qui regarde la mo- ralité de cette ation, il faut dire qu’elle eft abfolu- ment contre la loi de la nature, On prouve cela de différentes façons. Nous ne rapporterons ici que les raons principales. 1°. Il eff sûr qe Pinftinét que nous fentons pour notre confervation , & qui eft naturel à tous Les hom- mes, &t même àtoutes lescréatures, vient du créa- teur. On peut donc la regarder comme une loi natu- relle gravée dans le cœur de l’homme parle créateur. Il renferme fes ordres par rapport à notre exiftence. Ainfitous ceux qui agiflent contre cet inftin& qui leur eft fi naturel, agiflent contre la volonté de leur créateur. 2°. L'homme n’eft point le maître de {a vie, Com- me 1l ne fe l’eft point donnée, il ne peut pas la re- garder comme un bien dont il peut difpofer comme 1l lui plaît. I tient la vie de fon créateur ; c’eft un efpece de dépôt qu'il lui a confié. Il n'appartient qu’à luide retirer fon dépôt quand il le trouvera à pro- pos. Ainfi homme n’eft point en droit d’en faire ce qu'il veut , & encore moins de le détruire entie- rement. 3°. Le but que le créateur a en créant un homme , eft fürement qu’il continue à exifter & à vivre auf long-tems qu’il plaira à Dieu: 8 comme cette fn {eu le n’eft pas digne d’un Dieu fi parfait, il faut ajouter ul veut que l’homme vive pour la gloire du créa- teur, & pour manifeiter fes perfeétions. Or ce but eft fruftré par Le Jicide. L'homme en fe détruifant , enleve du monde un ouvrage qui étoit deftiné à la manifeftation des perfettions divines. 4°. Nous ne fommes pas au monde uniquement pour nous-mêmes. Nous fommes dans une liaifon étroite avec les autres hommes , avec notre patrie, avec nos proches , avec notre famille, Chacun exige de nous certains devoirs auxquels nous ne pouvons pas nous fouftraire nous-mêmes. C'eft donc violer les devoirs de la focièté que de la quitter avant le tems , & dans le moment où nous pourrions lui ten- dre les fervices que nous lui devons. On ne peut pas dire qu’un homme fe puifle trouver dansun cas oh il {oit afluré qu'il n’eft d'aucune utilité pour la fociété. Ce cas n’eft point du tout poffible, Dans la maladie la plus défefpérée , un homme peut toujours être utile aux autres, ne flt-ce que par l'exemple de fermeté, de patience , &c. qu’il leur donne. Enfin la premiere obligation où l’homme fe trou- ve par rapportafoi-même, c’eft de fe conferver dans un état de félicité , & de fe perfectionner de plusen plus. Ce devoir eft conforme à l’envie que chacun à de fe rendre heureux, En fe privant de la vie on né. 640 S ÙU I glige dont ce qu'on fe doit à foi-même ; oninter- rompt le cours de fon bonheur, on fe prive des moyens de fe perfeétionner davantage dans ce mon- de. [left vrailque ceux qui fe tuent eux-mêmes re- gardent la mort comme un état plus heureux que la vie; mais c’eft en quoiils taifonnent mal; ils ne peu- | vent jamais avoir une entiere certitude; jamais ils ne pourront démontrer que leur vie eft un plus grand malheur que la mort. Et c’eftici la clé pour répon- dre à diverfes quefltions qu'on forme fuivant Îles diférens cas où un homme peutfe trouver, On demande 1°. fi un foldat peut fe tuer pour ne pas tomber entré lesmains des ennemis ; conmme cela eft fouvent arrivé dans les fiecles pañlés. A cette queftion on en peut joindre une autre qui revient au même , &c à laquelle on doit faire la mêine réponfe, favoir fi. un capitaine de vaifleau peut mettre le feu à fon navire pour le faire fauter en Pair afn que l’en- nemi.ne s’en rende pas maître, Quelques-uns d’en- tre les moraliftes croient que le /uricide eft permis dans ces deux cas , parce que l’amour de la patrie eft le principe de ces aétions. C’eft une façon de nuire à l’ennemi pout laquelle on doit fuppofer le confente- ment du fouverain qui veut faire tort à fon ennemi de quelque façon que ce foit. Ces raifons quoique fpécieufes , ne font cependant pas fans exception. D'abord ileft für que dans un cas de cette importance il ne fufit pas de fuppofer le confentement du fouve- rain, Pendant que le fouverain n’a pas déclaré fa vo- lonté expreflément , il faut regarder le cas comme douteux : or dans un cas douteux , on ne doit point prendre le parti le plus violent, & qui choque tant d’autres devoirs qui font clairs &c fans conteftation. Cette queftion a donné occañon à une feconde, favoir s’il faut obéir à un prince qui vous ordonne de voustuer. Voici ce qu’on répond ordinairement. Si lhomme qui reçoit cet ordre eft un criminel qui mé- rite la mort, il doit obéir fans craindre de commettre un fuicide puniflable , parce qu'il ne fait en cela que ce que le bourreau devroit faire. La fentence de mort étant prononcée, ce n’eft pas lui qui s’ôte la vie, c’eftlejuge auquel il obéit comme un inftru- ment qui la lui Ôte. Mais fi cet homme eft un inno. cent, il vaut mieux qu'il refufe d'exécuter cet ordre, parce qu'aucun fouverain na droit fur la vie d’un in- nocent. On propofe encore cette troifieme queftion, favoir f un malheureux condamné à une mort igno- minieufe & douloureufe , peut s’y fouftraire en fe tuant lui-même. Tous les moraliftes font ici pour la négative. Un tel homme enfrent le droit que le ma- giftrat a fur lui pou le punir, ilfruftre en mêmetems le but qu’on a d’infpirer par le chatiment de l’horreur pour des crimes femblables au fien. Difons un mot du faicideindireét. On entend par- là toute ation qui occafionne une mort prématurée, fans qu’on aiteu précifément Pintention de fe la pro- curer. Cela fe fait ou en fe livrant aux emportemens des pafions violentes, ou en menant une vie dére- glée, ou en fe retranchant le néceflaire parune ava- rice honteufe , où en s’expofant imprudemment à un danger évident. Les mêmes raifons qui défendent (d’attenter à fa vie direétement condamnent auffi le fuicideindire® | comme il eft aifé de le voir. … Pour ce qui regarde l’imputation du /zicide, al faut remarquer qu’elle dépend de la fituation d’efprit où un homme fe trouve avant &t au moment qul fe tue; f un homme qui a le cerveau dérangé , ou qui eft tombé dans une noire mélancolie, ou qui eft en phrénéfie, fi un tel homme fe tue , on ne peur pas regarder fon ation comme un crime, parce que dans untelétat on ne fait pas ce qu’on fait ; mais s’il le fait de propos délibéré , l'aétion lui eft imputée dansfon entier. Car quoiqu’on objeéte qu'aucun homme jouif- fant de la raïfon ne peut fe tuer , & qu’effetivement tous les meurtriers d'eux-mêmes puiffent êtré regäts dés comme des fous dans le moment qu’ils s’ôtent la vie: il faut cependant prendre gardeà leur vieprécé- dente. C’eft-là où fe trouve ordinairement l’origine de leur défefpoir, Peutêtre qu'ils ne favent pas ce qu'ils font dans le moment qu'ils fe tuent, tant leur efprit eft troublé par leurs pafions ; mais c’eft leur faute, S'ils avoient tâché de dompter leurs pafons dès le commencement , 1ls aurotent fürement pré- venu les malheurs de leur état préfent , ainfi la der: | ntere attion étant une fuite des attions précédentes : elleleureft imputéeavec les autres. Le fuicide a toujours été un fujet de conteftation parmi les anciens philofophes : les Stoiciensle per- mettoient à leur fage, Les Plaroniciens fjutenoient que la vie eft une ffation dans laquelle Dieu a placé Phomme, que par conféquentil ne lureft point per- mis de l’abandonner fuivant fa fantaifie, Parmi les modernes , Pabbé de S, Cyran a foutenu quil y a quelques cas où on peut fe tuer. Voici le titre de {on livre, Queflion royale où eff montré en quelle extrémiré, principalement en tems de paix , le fuyer pourroit être obli- gé de conferver la vie du prince aux dépens de la fenne. Quoiqu'il ne foit point douteux que l'Eglife chré: tienne ne condamne le /xicide , 1l s’eft trouvé des. chrétiens qui ont voulu le juftifier. De ce nombre eft le doëfteur Donne, favant théologien anglois, qui , fans doute, pour confoler fes compatriotes , que la mélancolie détermine aflez fouvent à fe don. nèr la mort, entreprit de prouver que le /uicide n’eft point défendu dans l’'Ecriture-Sainte, & ne fut point regardé comme un crime dans les premiers fiecles de lEglife. + Son ouvrage écrit en anglois, a pour titre S1A©A: NATOZ : à déclaration of that paradoxe or thefis that Jelf-homicide is not [o naturally [en € that it maï ne- ver be otherwife, G'c, Londonu700. ce qui fignife ex- pofition d'un paradoxe ou fyffème qui prouve que le fus cide ref? pas toujours un péché naturel, Londres 1700: Ce dotteur Donne mourut doyen de S. Paul, dis gnité à laquelle il parvint après la publication de fon Ouvrage. Il prétend prouver dans fon livre, que le fxicide n'eft oppofé, nt à la loi de la nature, nt à la raïfon, ni à la loi de Dieu révélée. Il montre que dans Pan- cien Teftament , des hommes agréables à Dieu fe, font donné la mort à eux-mêmes, ce qu'il prouve par Pexemple de Samfon, qui mourut écrafé fous les ruines d’un temple, qu’il fit tomber fur les Philiftins &t fur lui - même. Il s’appuie encore de l'exemple d'E- leazar, qui fe fit écrafer fous un éléphant en combat- tant pour fa patrie; aËrion qui eft louée par S. Am broife. Tout le monde connoît chez les payens, les exemples de Codrus, Curtius , Decius , Lucrèce, Caton, &c. Dans le nouveau T'eftament, il veut fortifier fon {yftème par l'exemple de Jefus-Chrift, dont la mort fut volontaire. Il regarde un grand nombre de mar- tyrs comme de vrais /uicides , ainfi qu’une foule de {olitaires & de pénitens qui fe font fait mourir peu-à- peu. $. Clément exhorte les premiers chrétiens au martyre , en leur citant l’exemple des payens qui fe dévouoient pour leur patrie. Stromat, 42. IF. Ter- tullien condamnoit ceux quifuyoientla perlécution, Voyez Tertullian. de figé, propof. IL. Du tems des perfécutions , chaque chrétien pour arriver au ciel affrontoit généreufement la mort, &c lorfqu’onfuppli- cioit' un martyr, les afiftans.s’écriotent , 7e fuis auffi chrétien. Eufebe rapporte, qu’un martyr nommé Ger- manus, 1rritoit les bêtes pour fortir plus prompte- ment de la vie. S. Ignace , évêque d’'Antioche, dans fa lettre aux fideles de Rome, les prie de ne point folliciter fa grace, voluntarinus morior quia mihi utileeft MOT | Bodin Bodin rapporte d’après T'ertullién, Que dans üné berfécution qui s’éléva contre les chrétiens d’Afri- que, l'ardeur pour le martyre fut fi grande, que le proconful laffé lui-même de fupplices, fit demander par lecrieur public, s’7/ y avoir encore des Chrétiens qui demandaffent à mourir. Æt comme on entendit une voix générale qui répondoit qu'ozi, le proconful feur dit de s’aller pendre & noyer eux-mêmes pour en épargner la peine aux juges. Voyez Bodin, De- monfi, lib. IV, cap. 1ij. ce qui prouve que dans l’'E- glife primitive les chrétiens étoient affamés du mar- tyre, êc fe préfentoient volontairement à la mort. Ce zele fut arrêté par la fuite au concile de Laodi- cée, canon 33. & au premier de Caïthage, Caron 2. dans lefquels l'Eglife diftingua les vrais martyrs.des faux ; &c il fut défendu de s’expofer volontairement à la mort; cependant l’hiftoire eccléfiaflique nous fournit des exemples de faints & de faintes, honorés par l’'Eghfe, qui fe font expofé à une mort indubita- ble; c’eit ainf que fainte Pélagie &c fa mere fe préci- piterent par une fenêtre & fe noyerent. Voyez S. Au guflin, de civie, Dei, lib. I. cap. xxvj. fainte Apollo- } mic Coutut fe jetter dans le feu. Baronius dit {ur la premiere, qu'il ne fait que dire de cette aétion, quid ad hat dicamus non habemns. $. Ambroite dit auffi À 40 fujet, que Dieu ne peut S’offenfèr de notre mort , dorfque nous la prenons comme un remede. Voyez Am- &rof. de viroinitate, Lib, III. Le théologien anglois confirme encore fon fyAè-" | me par l'exemple de nos mifionnaires, qui de plein gté S’expolent à une mort aflurée , en allant prêcher ! l'Evangile à des nations qu'ils favent peu difpofés à le recevoir ; ce qui n'empêche point l’Eglife de les placer au rang des faints, & de les propoier comme des objets dignes de la vénération des fideles ; tels lont $. François de Xavier & béaucoup d’autres que FEghife a canonifés, Le doéteur Donne confirme encote fa thèfe par une confhitution apoftolique, rapportée au 46. 1F. Edp. #1]. & cap. 1x, qui dit formellement qu'un hom- | me doit plutôt confentir à mourir de faim, que de | recevoir de la nourriture de la main d’un excommu- aic. ÂAthenagoras dit que plufeurs chrétiens de fon | tems fe muiloient & Le faifoient eunuques. S. Jerô- | me nous apprend , que S, Marc l’évangelifte fe coupa | Le pouce pour n’être point fait prêtre. Voyez Prols- | gomena in Marcur. Enfin , fe même auteut met au nombre des fuicides es pénitens, qui à force d’auftérités . de macérations ; v] 3 &t de tourmens volontaires , nuifent à leur fanté & accélerent leur mort ; il prétend que lon ne peut faire ke procès aux Juicides, fans le faire aux religieux & aux rekgieufes, qui fe foumettent volontairement à une regle aflez auftere pour abréger leurs jours. Il rapporte la regle des Chartreux , qui leur défend de manger de la viande, quand même cela pourroit leur ! fauver la vie; c’eft ainfi que M. Donne établit fon fyflème , qui ne fera certainement point approuvé par les théologiens orthodoxes. En 1732, Londres vit un exemple d’un Jicide mé- morable , rapporté par M.Smoliet dans fon hifloire d'Angleterre. Le nommé Richard Smith & fa femme, mis en prifon pour dettes, fe pendirent l’un & l’au- tre après avoir tué leur enfant ; on trouva dans leur chämbre deux lettres adreflées à un ami, pour lui re: commander de prendre foin de leur chien & de leur chat ; ils eurent l'attention de laifler de quoi payer le porteur de ces billets, dans lefquels ils expliquoient les motifs de leurconduite; ajoutant qu'ilsnecroioient pas que Dieu pù trouver du plaifir À voir fes créatu- res malheureufes &z fans ere ; qu'au refte, ils fe réfignoïent à ce qu'il lui plairoit ordonner d’eux dans l’autre vie, fe confiant entierement dans {à bon- #è, Alliage bien étrange de relision & de crime ! S UT 64t SUICIDE, (Jurifprua.) cher les Romains, l’aion de ceux qui s’ôtoient la vie par un fimple dépoût, à la fuite de quelque perte ou autre événement ficheux, étoit regardée comme un trait dé Philofophie & d’hé: rotfme ; ils #’étoient füjets à aucune peine , êz leurs héritiers leur fuccédoient, | Ceux qui fe défaifoient ou: qui avoient ténté de le faire par l'effet de quelque aliénation defprit, nés toient point réputés coupables, ce qui a été adopté par Le droit canon & aufi dans nos mœurs. Si le fuicide étoit commis À [a fuite d’un autré cri- me , foit par l'effet du remord » foit par la crainte des peines, & que le crime fût capital & de nature à mé. riter le dernier fupplice ou la déportation » les biens du füicide étoient confifqués, ce qui n’avoit lieu néan- moins qu'en cas que le criminel eût été pourfuivi en Jugement ou qu'il eût été furpris en flagrant délit. Lorfque le Juicide n’avoit point été confommé,. parce qu’on l’avoit empêché, celui qui lavoit tenté étoit puni du dernier fupplice, comme s’étant jugé lui-même , &t aufh parce que lon craignoit qu'il n’é- patronat pas les autres; ces criminels étoient réputés infimes pendant leur vie, & privés de la fépulturé après leur mort. Parmi nous, tous /wicides, excepté ceux qui font comuus par leffet d’une aliénation d’efprit bien ca: raétérifée, font punis rigoureufement. Le coupable eft privé de la fépulture > On en or donne même l’exhumation au cas qu'il eût été inhu: mé ; la juftice ordonne que le cadavre fera traîné fur une clate, pendu par les piés, & enfuite conduit à la voirie. Loïrfque le cadavre ne fe trouve point, on côn- damne la mémoire du défunt, | Enfin , lon prononçoit autrefois la confifcation de biens ; mais Mornac & lannotateur de Loyfel remar- quent, que fuivant la nouvelle jurifprudence, cette peine n’a plus lieu. Voyez au dipeff, le rie, de his qui fEbi mortem confciverunt ; le trait, des crimes > de M. dé Vouglans , sr. IF, ch. vi. & le mor Homicips. (4) SUIE , . f. (Chimie.) humidité penétrante, noire, & grafle, qui, quand on brûle des vegétaux ve en fumée & s'infinue dans les parois de la née, & par fa matiere huileufe Les peint d’une cou: leurtres-noire. Cette matiere ainfi rafemblée ;, S'a mafle fur la fuperficie des parois d’une cheminée en forme de floccons noirs peu adhérens, & {e déta= chant aifément. La Jue eft proprement un charbon volatil » Nas , s’ele- chemi: | fort gras, & qui lorfqw’elle eft {eche, eftune matie- re très-inflammable, Elle eft ttès-ameré, comme les huiles brûlces ; la quantité d’huile qu’elle contient et ce qui la rend orafle. Sa noirceur lui ef donnée par cette même huile brûlée | comme cela arrive à tout charbon. Elle paroït fort fimple ; mais, cepen= dant f on la réfout en fes principes par la diftillation, elle donne premierement une aflez grande quantité d'eau, qui étant exactement féparée de toute autre chofe , éteint la flamme & le feu. La vapeur aqueufe qui s’éleve enêore dans cette premiere difhllation, éteint auffi tout-à-fait le feu 3 de forte qu’à païler proprement, on ne peut guere l’appeller efpris. Si l’on augmente enfuite le feu , à fort de la fie une grande quantité d’huile jaunâtre, inflammable, & qui eft un aliment très-conyenablé au feu & à la flamme, La partie la plus fubtile de cette huile qu’on ap: pelle e/pris , eft auffi inflammable : on entire cepen- dant un {el très-volatil, un autre qui left moins, & un troifieme qui eft plus fec. Si l’on fépare exafte- ment ces fels de l'huile & de l’efprit, dont Je viens de parler, on n’y trouvera rien d’inflammable ; lé {el qui reftera fera entierement incombuftible, Enfin la derniere chofe qu’on trouvera par cette MMm 1m " " _ ë + 6m SUI “analyfe , c’eft du charbon. On voit à préfent ce que t'eft que la fure , & ce qu’elle renferme de vérita- blement combuftible. Si on l’Ôôte de la cheminée lor{- qu’elle eft feche, & qu'on la mette ainfi récente fur le feu, elle brüle & elle s’enflamme prefqu’aufli-bien que toute autre matiere combufuble ; c’eft ce qu’on n'a quetrop fouvent occafon de remarquer:combien ‘de fois ne voit-on pas, que fi on late long -tems -des cheminées fous lefquelles on fait ordinairement grand feu fans les nettoyer , la fuie s’y amañle , le feu y prend, & la flamme fortant par Le haut de la -cheminée caufe de fâcheux incendies, (D. J.) SUIE , (Agriculiure. on regarde en Angleterte la fuie comme tres-bonne pour lengtais des terres, on croit fur-tout qu’elle eft très-propre à faire périr les mauvaifes herbes & les plantes aquatiques telles que des joncs & les rofeaux dans les prairies baffes ; on aflure que lorfqu’on veut les détruire, on ne fait que Îes enlever avec la bêche , & l’on répand de la /uie ‘par-deflus:, ce qui les empèche de revenir. | SUIE, ( Teinrurerie. ) les T'einturiers fe fervent de -fuie pour faire une couleur fauve qui eft aflez belle, il eft vrai qu’elle eft d’une très-mauvaife odeur, mais en récompenfe elle conferve les draps ê&r autres étof fes de laine, contre cette efpece dé Vers qu’on ap- pelle seigne qui les percent êr les rongent ; elle eft aufli plus propre que la racine de noyer pour faire les feuilles mortes & couleurs de poils de bœuf, fur- tout quand elle eft employée dans un garançage où il y a duterra-merita. Les teinturiers en foie, laine & fil, appellent la face, bidanet.Diéion. du commerce, VERS r- | SUIE , ( Chim. Mar. médic.) les médecins-chimiftes ont dès long-tems traité la /äie par la diftillation à la violence du feu, pour en retirer des remedes, favoir un aikal volatil 8 une huile empireumatique, qui font des produits de cette opération, & qui font connus, dans Îes chimies médicinales, fous le nom de Jel volanl de fie où d’efpris de fuie | felon que cet alkali volatil eft fous forme concrete, ou fous liquide , & celle d'huile de fui. Mais ces pro- duits n'ayant que les qualités très-génériques des matieres de leur genre refpeëtif, font à peine em- ployés aujourd’hui, ne méritént du - moins aucune préférence. Voyez ALKALI VOLATIL fous le 104 SEL & HUILE EMPIREUMATIQUE à l’article général Hui- Le. Les chimiftes du même ordre, c’eft-à- dire les chimiftes-médecins , entre lefquels Nicolas Lemerti mérite d’être diflingué, font mention d’un fel fixe de füuie qu'ils croient être un alkali fixe. S'il eft tel en effet, M. Baron a raïfon de dire dans fes notes fur: Lemeri, que les propriétés médicinales de ce fel lui font communes avec lalkali fixe ordinaire, qui fe prépare à beaucoup moins de frais, & qui par cette raïon mérite la préférence. Mais c’eft wraïf- femblablement accorder trop de confiance à Lemeri que de l’en croire fans examen fur la nature de ce {el, dont la génération ne feroit point cependant “ afin de lui don- ner de lafolidité , & pour l'empêcher de s'attacher aux doigts. Les Chinois donnent la forme d’un fes ment de cône aux chandelles faites de cette fubftan- ce, que Pony colore quelquefois en ÿ incorporant des couleurs avec des parfums, pour en rendre l’o- deur plus agréable, Les meches que Pon y met font de coton. Le Bors de Juif a précifément odeur du Juif ordi= naire. SUIF-NOIR , (Marine) c’eft un mélange de ff 8 de zoir , dont les corfaires frottent le fond de leurs bâtimens, afin qu’il ne paroife pas qu'on la fuivé. SUIF, mettre les cuirsen {if sermeide Corroyeur & de Hongrieur, qui fignifie smbiber les cuirs avec du Juif chaud par le moyen d’une efpece de tampon’ de laine, appellé gipor, " SUIFFE , voyez VANDOISE. SUILLATES , ( Géog. anc.) peuples d’Italie dans l’Umbtie , felon Pline, Z JIL c. iv. Ils habitoient, à ce que croit Cluvier, feal. 2, Î7, p. G17. 1e quartier où eft aujourd’hui Sige/lo, aux confins de la Marche- d’Ancône. (D. I) | SUILLUS LAPIS , (Hif. mar) quelques natura- liftes donnent ce nom à une pierre qui, fuivant Wal. lerius , eft un fpath brun opaque , elle a l’odeur de la corne brülée. Il s’en trouve en Suede , dans la Go- thie orientale &c occidentale. Mife dans le feu, elle pétille & décrépite comme le {el marin > devient blanche & fe convertit en chaux. M. Higrne en a üré une huile femblable à celle qu'on obtient du charbon de terre ou pétrole , & il s’attacha un {el au col de la cornue ; ce {el étoit en très-petite quan- tité , & avoit une odeur urineufe & le goût du fel ammoniac. Voyez Urban Hiærne , sertamina Chimica, M. Wallerius dit que cette pierre fe trouve commu nément dans le voifinage des mines d’alun. I] en dif- tingue de prifmatique , de ftriée ou rayonnée & de {phérique, avec des cercles qui vont du centre à la circonférence, Voyez la Minéralogie de Wallerius. SUINT oz ŒSIPE , f. m. ( Laïnage, ) efbece de graifle ou axonge qui {e trouve adhérente à la laine des moutons & brebis ; les marchands épiciers-dro- guiftes qui en font le négoce! la vendent fous le nom d’æ/fipe. SUINTEMENT , SUINTER,, (Gram.) termes re- latifs au mouvement d’un fluide qui s'échappe .pref- qu'infenfiblement d’un corps. Dans la plûpart des cavernes , l’eau fuizre d’entre les pierres ; ce vaif. feau fuinte ; cette plaie feroït guérie fans un léver Juntemens d'humeur | qu'il feroit dangereux. d’ar- téter, 646 SU SUIONS, Les , Suiones , ( Géog, anc. ) peuples Yeptentrionaux , dont parle Tacite, Germ. c. xyy. “Après avoir décrit la côte de la mer Suévique , au- jourd’hui la mer Baltique", il fait mention des Swions; Suionum , dit-il, hinc civitates , 1pfo in Oceano : par Île mot civitates , 1l faut entendre des peuples : & quand il dit, ipfo in Oceano , cela figmifie dans une le de l'Océan, favoir laSçandie ou Scandinavie, que les anciens ont prife pour une ile, quoique ce ne foit -quune péninfule. C’eft-là qu'habitoient les Szzons, partagés -en divers peuples ou cités. Dans un autre endroit, Tacite, c.xly. donne les Szions pour voi- fins des Sitons : Suionibus Sitonum gentes continuan- «ur, Enfin il dit ailleurs: « Les Sziozs rendent hon- » neur aux richefles , ce qui fait qu’ils vivent fous le » gouvernement d’un feul ». Cela fignifie bien , dit Vauteur de PE /prit des lois que le luxe eft finguliere- ment propre aux monarchres. (D. J. SUIPPE , LA, ( Géogr. mod. ) petite riviere de ‘France en Champagne. Elle prend fa fource aux -confins de l'éle&ion de Chalons & de lPArsonne, & fe perd dans l’Aïfne, entre Neuchâtel 8 Roucy. (D. J. SUISSE, on donne ce nom en Bourgogne à la fa- damandre terreftre, Voyez SALAMANDRE. SUISSE , la , (Géog. mod.) pays d'Europe , féparé de fes voifins par de hautes montagnes. Ses bornes ne font pas aujourd’hui les mêmes que dans le tems que cé pays étoit connu fous le nom d’Æelyéte ; la Suiffe moderne eft beaucoup plus grande. L’étendue du pays occupé préfentement par Îles Suifles, parles Griions & par leurs autres alliés , eft proprement entre les terres de l'Empire, de la France 8 de litalie. Il confine vers lorient avec le Tirol; vers l'occident, avec la Franche-comté ; vers le nord, avecleSungtgaw, avec la Forêt-noire & avec une partie dela Suabe ; &r vers le midi, avec le du- ché de Savoie , la vallée d’Aofte, le duché de Mi- lan, & les provinces de Bergame & de Brefce. Ce pays, en le prenant dans fa plus grande largeur , s’é- tend environ l’efpace de deux degrés de latitude, favotr depuis le 454. 45. jufqu’au-delà du 47. & de- mi, & il comprend environ quatre degrés de longi- tude , c’eit-à-dire depiis le 24. jufqu’au 28. Sa lon- gueur ft conféquemment d'environ 90 lieues de France, & fa largeur de plus de 33. De cette façon, aujourd’hui comme autrefois , la - S'uiffe eft bornée au midi par Île lac de Geneve, par le Rhône 8x par les Alpes, qui la féparent des Val- laifans & du pays des Grifons ; mais. à loccident, elle ne fe trouve bornée qu’en partie par Le mont Jura , qui s'étend du fud-oueft au nord-eft, depuis Geneve jufqu’au Botzberg , en latin Vocezius, com- prenant au-delà du Jura le canton de Bâle, avec deux petits pays , qui autrefois étoient hors de la Sziffe, &t dont les habitans portoient le nom de Rauraci. À lorient & au nord, elle’ eft encore bornée au- jourd’hui par le Rhin, à la réferve de la ville &c du canton de Schaffoufe , qui font au-delà de ce fleuve & dans la Suabe. _ La Suiffe n’eft pas feulement féparée de fes voi- fins, mais quelques cantons le font l’un de Pautre par des fuites de montagnes , qui leur fervent éga- lement de hmutes & de fortifications naturelles. Elle eft féparée particulierement de l'Italie par une fi lon- gue chaîne des Alpes, que l’on ne peut pas aller d’un pays à l’autre fans en traverfer quelqu’une. Il ny a que quatre de ces montagnes par lefquelles onpuifle pañer de la Suiffe enItalie , ou du-moins n’y en at-il pas davantage où 1l y ait des chemins pratiqués communément par les voyageurs. L’une eft le mont Cenis, par lequel on paffe par la Savoie dans le Pié- mont ; la feconde eft le S. Bernard , entre le pays nommé le bas- Valais & la vallée d'Aoîte ; la troihieme ‘ eft le Sampion , fituée entre le haut-Valais &c la val: lée d'Ofola , dans le Milanez ; & la quatrieme eft le S. Godard , qui conduit du canton d'Ury à Bellin- zona , & aux autres bailliages Jziffes en ltahie , qui faifoient autrefois partie de l’état de Milan. C’eft dans cette étendue de pays montagneux, dit lecomte d'Hanulton , | ” n Que le plus riant des vallons, Au-lieu de fournir des melons, ÆEffun honnête précipice, | Fertile en ronces G& chardons ; L'on y refpire entre des monts , Au fommer defquels la geriffe , Le bœuf, la chevre, 6 les moutons , Ne grimpent que par exercice, . Û ! 24 S ÿ fatigués , qu'ils ne Sont bons Ni pour l ufage des marfons, Ni pour effrir en facrifice. Il ne faut pourtant pas s’imaginer que ces monta gnes foient des rocs nuds, comme celles de Gènes. Elles portent la plüpart de bons pâturages tout été, pour des vaites troupeaux de bétail ; &c l’on trouve . dans certains intervalles des plaines fertiles, & d’une aflez grande étendue. La fubtilité de Pair qu’on refpire dans la Sziffe & les diverfes rivieres qui y prennent leur fource prou- vent que ce pays eft extrèmement élevé. L’Adde, le Téfin, la Lintz, l’Aar, la Rufs, lInn, le Rhône & le Rhin en tirent leur origine. On y peut ajouter le Danube , car quoiqu’à la rigueur 1l prenne naïffance hors des limites de la Siffe, néanmoins c’eft dans le voifinage deSchaffoufe. La fource de l’Illeeft près de Bâle, & celle de lAdige , quoique dans le comté de Tirol, eft pourtant fur les confins des Grifons. Entre le nombre de lacs de la Szuffe , ceux de Conftance , de Geneve, de Neufchätel , de Zurich & de Lucerne font très-confidérables ; les deux pre- miers ont près de 18 lieues de longueur, & quelque- fois 2 , 3 ou 4 de largeur ; ils font également beaux & poiflonneux. Jules Céfar eft le premier qui ait fait mention du peuple helvétique comme d’une nation. Il rapporte au commencement de fes commentaires la guerre qu'il eut avec les Helvétiens. Pendant fon gouver- nement des Gaules, ils firent une irruption en Bour- gogne, avec le deflein de fe tranfplanter dans un pays plus agréable & plus capable qué le leur, de contenir le nombre infini de monde dont ils four- milloient. Pour exécuter d'autant mieux ce projet, ils brülerent douze villes qui leur appartenoient, & quatre cens villages, afin de s’ôter touteefpérance de retour. Après cela, ils fe mirent en marche avec leurs femmes &c leurs enfans, faifant en tout plus de trois cens foixante mille ames, dont près de cent mille étoient en état de porter les armes. Ils voulu- rent fe jetter dans le souvernement de Céfar par la Savoie ; mais ne pouvant pañler le Rhône à la vue de fon armée qui étoit campée de l’autre côté de ce fleuve, ils changerent de route , & pénétrerent par la Franche-comté. Céfar les pourfuivit, & leur livra plufieurs combats avec différens fuccès, jufqu’à ce qu'à la fin il les vamnquit dans une bataille rangée , les obligea de revenir chez eux , êc réduifit leur pays à l’obéiffance des Romains, le joignant à la partie de fon gouvernement, appellé la Gaxle celtique, Ils vécurent fous la domination romaine jufqu’à ce que cet empire même fut déchiré par les inonda- tions des nations feptentrionales , & qu'il s’éleva de nouveaux royaumes de fes ruines, L’un de cesroyaus mes fut celui: de Bourgogne, dont la Safe fit partie | jufque vers la fin du x1. fiecle. Il arriva pour-lors que ce royaume fut divie én plufeurs petites fou- verauetes , fous les çomtes de Bourgoone, de Mau- rienne , de Savoie, de Provence, aïnf que fous Îes dauphins du Viennois & fous les ducs de Zéringen. Par ce démembreiment, la Suiffe ne fe trouva plus réunie fous un même chef. Quelques-unes de fes villes furent faites villes impériales. L'empereur Fré- déric Barberouffe en donna d’autres avec leur terri- toire ( pour les pofléder en fief de empire ), aux comtes de Habfpourg, defquelsla maifon d’Autriche eft defcendue. D’autres villes fuiffes , du moins leuf gouvernement héréditaire, fut accordé au duc de Zéringen. La race de ces ducs s’éteignit dans le xiÿ. fiecle : ce qui fournit l’occafion aux comtes de Hab- fpourg d’aggrandir leur pouvoir dans tout le pays. Mais ce qui init la liberté de la S cle le plus en dan-. per, ce fut le fchifme qui Partagea fi fort Pempire dans le même fiecle, lotfqu'Othon IV. & Frédéric ‘IL. étoient empereurs à la fois, & alternativement excommuniés par deux papes qui fe fuccéderent. Dans ce défordre tout le gouvernement fut boulevet. 4, & lesvilles de la S4if/e en particulier fentirent : lestriftes effets de cette anarchie; carcomme ce pays étoit rempli de nobles & d'eccléfiaftiques puiflans , “chacun y exerça fon empire , & tâcha de s'emparer tantôt d’une ville, tantôt d’une autre , fous quelque prétexte que ce für. Cette oppreffion engagea blufeurs villes de la «Suiffe & del’Allemagne d'entrer enfemble en confé- dération pour leur défenfe mutuelle ; c’eft. par ce motif que Zurich, Ury & Schwitz conclurent une alliance étroite en 125. Cependant cette unicn de villes nefe trouvant pas une barriere fuffifante contre la violence de plufeurs feigneurs, la plûpart des villes Hbres de la Suiffe, & entr'autres les trois cantons que je viens de nommer, fe mirent fous la protection de . Rodolphe de Habfpours, enfe réfervant leurs droits & leurs franchifes. Rodolphe étant devenu empereur, la nobleffe ac cufa juridiquement les cantons de Schwitz > d'Ury & d'Underwald de s'être fouftraits à leur domina- tion féodale , 8&c d’avoir démoli leurs châteaux. Ro- dolphe qui avoit autrefois combattu avec danger ces petits tyrans, jugea en faveur des citoyens. Albert d'Autriche , au lieu de fuivre les traces de fon pere, fe conduïfit , dès qu’il fut fur le trône, d’u- ne mañiere entierement oppolée. Il tâcha d'étendre fa puiflance fur des pays qui ne lui appartenoient pas, perdit par fa conduite violente, ce que fon prédécefleuravoit acquis par la modération, Ce prin- ce ayant une famille nombreufe, formale projet de foumettre toute la Sziffe à la maïfon d'Autriche, afin de ériger en principauté pour un de fes fils. Dans ce deffein, il nomma un certain Grifler bailli ou gou- verteur d'Ury, & un nommé Landerberg , pouver- neur de Schwitz & d’Underwald ; c’étoient deux hommes dévoués à fes volontés. Il leur prefcrivit de lui foumettre ces trois cantons, ou par la corruption, ou par la force. ni Ces deux gouverneurs n'ayant rien pu gagner par leurs aïtifices, employerent toutes fortes de violen. ces, &t exercerent tant d’horreurs & de traitemens barbares ,, que le peuple irrité n’obtenant aucune juflice de l'empereur, & ne trouvant plus de falut que dans fon courage, concertales mefures propres à fe délivrer de l’affreux efclavage fous lequel il gé- mifloit. - Iyavoit trois hommes de ces trois cantons dont chacun étoit le plus accrédité dansle fien, & qui pour cette raifon furent les objets principaux de la perfé- cution des gouverneurs ; 1ls s’appelloient Arnold Melchtal, du canton d’'Underwald ; Werner Stauffa- cher, du canton de Schwitz ; 8 Walter Furit, de ce- lui d’Ury. C’étoient de bons & d'honnèêtes payfans ; mais la difficulté de prononcer des noms fi refpecta- bles, à nui peut-être à leur célébrité, S ET 047 Ces trois hommes naturellement cotrageux, égas lement maltraités des souverneurs, & unis toustrois par une Jongue amitié que leurs malheurs communs avoient aftermie, tinrent des aflemblées fecretes , pour délibérer fur les moyens d’affranchir leur pa- trie, &€ pour attirer chacun dans leur parti , tous ceux de {on canton , auxquels il pourroir fe fer , & qu'il fauroit avoir aflez de cœur pour contribuer à exécuter les réfolutions qu’ils prendroient. Confor- mément à cette convention, ils engagéreñt chacun trois amis fürs dans leur complot, & ces douze chefs devinrent les conduéteurs de lentrepri£e. Ils confir- merent leur alliance par ferment, & réfolurent de faire, le jour qu'ils fixerent , un fouleyément général dans les trois cantons , de démolir Les châteaux for: tifñiés, & de chaffer du pays les deux gouverneurs avec leurs créatures, Tous les hiftoriens nous apprennent que cette confpiration acquit une force irréfiftible par un éves nement imprévu. Grifler , gouverneur d'Ury, s’avifa d'exercer un genre dé barbarie également horrible & . ridicule. [ft planter fur le marché d’Altorf, Capitale du canton d’Ury, une perche avec fon chapeau, or- donnant fous peine de la vie, de faluer ce chapeau enfe découvrant, & de plier le genou avec le même refpeét que fi lui gouverneur eût été là en perfonne. Un des conjurés, nommé Guillaurne Teil,homme intrépide & incapable de bafefle, ne falua point le chapeau. Grifler le condamna à être pendu » & par un rafinement de tyranme, il ne lui donna fa grace, qu'a condition que Ce pere, qui pafloit pour archer très-adroit , abattroit d’un coup de fleche , une pom- ” mé placée fur la tête de fon fils. Le pere tira , 6c fut aflez heureux ou aflez adroiït pour abattre la pomme, fans toucher la tête de fon fils. Tout le peuple éclata de joie, &c battit des mains d’une acclamarion géné tale. Grifler appercevant une feconde fleche fous l'habit de Tell, lui en demanda Ja raifon ; & lui pro+ mit de lui pardonner, quelque deffein qu'il eût px avoir. « Elle t'étoit deftinée , lui répondit Tell, f » Jayois bleffé mon fils. » Cependant effrayé du dan- ger qu'il avoit couru de tuer ce cher fils, il attendit le gouverneur dans un endroit où il devoit paffer quelques jours après , & l'ayant apperçu ille vifa, lui perça le cœur de cette même fleche , & le lai mott fur la place, Il informa fur le champ fes amis de fon exploit, & fe tint caché jufqu’au jour de l’exé- cution de leur projet, Ce jour fixé au premier Janvier 1308, lesmefures des confédérés fe trouverent fi bien prifes, que dans le même tems les garnifons des trois châteaux furent arrêtées & chaflées fans effufion de fans, les forte- refles rafées, & par une modération incroyable dans up peuple irrité, Les gouverneurs furent conduits fim- plement fur les frontieres & relâchés, après en avoir pris le ferment qu'ils ne retourneroient jamais dans le pays. Ainf quatre hommes privés des biens de 1x fortune & des avantages que donne la naiffance # mais épris de amour de leur patrie, & animés dr ne jufte haine contre leurs tyrans , furent les immor- tels fondateurs de la liberté helvétique ! Les noms de ces grands hommes devroiént être gravés fur une même médaille, avec ceux de Mons , des Doria & des Naffau. s | L'empereur Albert informé de fon défaftre » rélo< lut d’en tirer vengeance; mais fes projets s’évanoui- rent par {a mort prématurée ; il fut tué à Konigsfeld par fon neveu Jean, auquel il détenoit, contre toute juftice , le duché de Souabe. Sept ans après cette avanture qui donna le tems aux habitans de Schwitz, d'Ury & d’Underwald de pourvoir à leur füreté , larchiduc Léopold, héritier des états & des fentimens de fon pere Albert, aflem- bla une armée de vingt mille hommes, dans le def= 648 SUI Æein de faccager ces trois cantons rebelles , &c deles mettre à feu & à fang. Leurs citoyens fe conduifirent ‘comme les Lacédémomiens aux 1'hermopyles. Ils at- tendirent , au nombre de cinq cens hommes, la plus grande partie de l’armée autrichienne au pas de Mor- garten, Plus heureux que les Lacédémoniens, 1ls por- terent le défordre dans la cavalerie de Parchiduc, en faifant tomber fur elle une grêle affreufe de pierres, -& profitant de la confufon , ils fe jetterent avec tant de bravoure fur leurs ennemis épouvantés, que leur défaite fut entiere. Cette vidtoire fignalée ayant été gagnée dans le canton de Schwitz , les deux autres cantons donne- rent ce nom à leur alhance, laquelle devenant plus générale, fait encore fouvenir par ce feul nom, des tuccès brillans qui leur acquirent la liberté. En vai la maifon d'Autriche tenta pendant trois fiecles de fubjuguerces trois cantons; tous fes efforts eurent fi peu de réuflite , qu’au lieu de ramener les trois cantons à fon obéiffance, ceux-c1 détacherent au contraire d’autres pays & d’autres villes du joug de la maïfon d'Autriche. Lucerne entra la premiere dans la confédération en 1332. Zurich, Glaris & Zug fuivirent l’exemple de Lucerne vingt ans après ; Ber- ne qui eft en Suiffe ce qu'Amfterdam eft en Hollan- de, renforça l'alliance. En 1481 Fribourg &Soleure; en 1501 Bafle & Schaffhoufe accrurent le nombre des cantons. En voilà douze. Le petit pays d’Appen- zell , qui y fut aggrégé en 15 13,, fitle treizieme. En- fin les princes de la maifon d'Autriche fe virent for- cés par le traité de Munfter de déclarer les Sziffesun peuple indépendant. C’eft une indépendance qu'ils ont acquife par plus de foixante combats , & que fe- lon toufe apparence , 1ls conferverontilong-tems. Les perfonnes un peu inftruites conviennent que le corps helvétique doit plutôt être appellé la confe- dération que la république des Suiffes , parce que les treize cantons forment autant de républiques indé- pendantes. Ils fe gouvernent par des principes tout ditferens. Chacun d’eux conferve tous les attributs de la fouveraineté, & traite à fon gré avec les étran- gets; leur diete générale n’eft point en droit de faire des réglemens , n1 d'impofer des lois. Il eft vrai qu’il y a tant de liaïfon entre les treize cantons, que fi l’un étoit attaqué, les douze autres feroient obligés de marcher à fon fecours ; mais ce {eroit par la relation que deux cantons peuvent avoir avec un troïfieme, & non par une alhance direéte, que chacun des treize cantons a avec touslesautres. Les Suiffes ne voulant pas facrifier leur liberté à l’envie de s’agrandir , ne fe mêlent jamais des con- teftations qui s’élevent entre les puiffances étrange- res. Ils obfervent une exate neutralité , ne fe ren- dent jamais-garans d’aucun engagement , & ne tirent d'autre avantage des guerres qui defolent fi fouvent l’Europe , que de fournir indifféremment des hom- mes à leurs alliés, & aux princes qui recourent à eux. Ils croyent être aflez puiflans , s'ils confervent leurs lois. Ils habitent un pays qui ne peut exciter l’'ambi- tion de leurs voifins ; &c fi j'ofe le dire, ils font aflez forts pour fe défendre contre la ligue detous ces mé- mes voifins. Invincibles quand ils feront unis, & qu'il ne s'agira que de leur fermer l'entrée de leur patrie, la nature de leur gouvernement républicain ne leur permet pas de faire des progrès au-dehors. C’eftun gouvernement pacifique, tandis que tout le peuple eft guerrier. L'égalité, Le partage naturel deshommes y fubffte autant qu'il eft poffible. Les lois y font dou- ces ; un tel pays doit refter libre ! Il ne faut pas croire cependant que la forme du gouvernement républicain foit la même dans tous les cantons. Il y en a fept dont la république ef arifto- cratique , avec quelque mélange de démocratie; & Gx font purement démogcratiques, Les feptariftocra- tiques font Zurich , Berne, Luceïne, Baîle, Fr bourg, Soleure , Schafhoufe; les fix démocratiques font Ury, Schwitz, Underwald, Zug, Glaris & Ap- : penzell. Cette différence .dans leur gouvernement : femble être l’effet de l’état dans lequel chacune de ces républiques fe trouva, avant qu'elles fuflent éri- gées en cantons. Car comme les fept premieres ne confifierent chacune que dans une ville, avec peu ou point de territoire , tout le gouvernement réfida naturellement dans le bourgeois, & ayant été une fois reftraint à leut corps, il y continue toujours, nonobftant Les grandes acquifitions de territoires qu’- elles ont faites depuis. Au contraire, les fix cantons démocratiques n'ayant point de villes ni de villages ‘qui puflent prétendre à quelque prééminence par deflus les autres, le pays fut divifé en communautés, & chaque communauté ayant un droit égal à la fou- veraineté, on ne put pas éviter deles y admettre égas lement, & d'établir la pure démocratie. On fait que la Szife prife pour tout le corps helvé= tique, comprend la SzfJe propre, les alliés des Szzffes, & les fujets des Suifles. La Suiffe propre eft partagée en feize fouverainetés, favoir treize cantons, deux petits états fouverains, qui font le comté de Neuf Châtel 6c l’abbaye de S. Gall , une république qui eft la ville de S. Gall. Les alliés des Sziffes font les Gri- fons, les Vallaifans & Genève. Les fujets des Szffes font ceux quifonthors de la Sziffe,ou ceux qui obéif {ent à plufieurs cantons qui les pofledent par indivis. Il y a des cantons qui font catholiques, & d’au- tres proteftans. Dans ceux de Glaris 8 d’Appenzell, les deux religions y regnent également fans caufer le moindre trouble, Je me fuis étendu fur la Suiffe , & je n'ai dit que deux mots des plus grands royaumes d’Afie, d’Afri- que & d'Amérique ; c’eft que tous ces royaumes ne mettent au monde que des efclaves , & que la Sziffe produit des hommes libres. Je fais quela nature fi li: bérale ailleurs , n’a rien fait pour cettecontrée, mais les habitans y vivent heureux ; les folides richefles qui confiftent dans la culture de la terre, y {ont re- cueillies par des mains fages & laborieufes. Les dous ceurs de la fociété, & la faine philofophie , fans la- quelle la focièté n’a point de charmes durables, ont pénétré dans les parties de la Sziffe oùle climat eft le plus tempéré , & où regne haies, Les fectes de la religion y fonttolérantes.Les arts & les fcien- ces y ont fait des progrès adrmirables. Enfin dans ces pays autrefois agreftes, on eft parvenu en plufieurs endroits à joindre la politeffe d'Athènes à lafimplicité de Lacédémone. Que ces pays fe gardent bien au+ jourd’hui d'adopter le luxe étranger, & de laiffer dormir les lois fomptuaires qui le prohibent!: Lescurieux de lhiftoire des révolutions de la Sxffe confulteront les mémoires de M. Bochat, qui for- ment trois volumes in-4°. Gefner , Scheuchzer & Wagner ont donne Phiftoire naturelle de lHelvétie, (Le Chevalier DE JAUCOURT.) SUISSES , privileges des Suifles en France pour leur commerce ; ils peuvent introduire dans le royaume les toiles du cru & de la fabrique de leur pays fans payer aucuns droits. Ce privilege eft fondé fur les traités que nous avons faits avec eux depuis le xv. fiecle, ainfi que fur plufeurs arrêts &c lettres-paten- tes qui ont encore expliqué & confirmé ce privi= lege: Le détail de tous ces titres paroïr être ici fu- perflu , il fuffira d’en donner les dates. Voyez les traités de 1463 , 1475 > 1512, 1663 &t 1715. Voyez les lettres-patentes & les arrêts de 1551, 1571, 1594 , 1602, 1658 , 1693 ; 1692 &t 1698. Sous le nom de Suiffes , il faut entendre ici non- feulement les peuples des Treize Cantons , mais en- core les habitans des ville & abbaye de Saint-Gal, du Valais, de la ville de Mulhaufen, & enfin sa es des trois ligues grifes & de la comté de Neuchatel. Ts compofent tous le louable corps helvétique, & jouiffent tous en France des mêmes privileges fans aucune diftinétion. ‘0 L'entrée des toiles étrangeres n’eft permife dans le royaume que par les villes de Rouen & de Lyon, en prenant pour cette derniere des acquits à caution aux bureaux de Gax ou de Coulonge, fuivant un arrêt du 22 Mars 1602. Mais , en faveur des Suifles feulement, le bureau de Saint-Jean-de Lofne eft ou- vert comme les deux autres , par un arrêt de 1698. La pofition du territoire des Sziffes & de celui de leurs alliés | ne leur permet pas de faire entrerleurs toiles par Rouen; ainf ce n’eft qu'à Lyon qu'ilsexer- _cent leurs droits , après avoir rempli néanmoins cer-. taines formalités, Hs font obligés de faire infcrire leurs noms & en- regiftrer leurs marques au bureau de la douane. Chaque particulier n’y eft admis qu'après avoir conf. taté {on origine devant le préfident en la jurifdi@ion de la douane, par des certificats authentiques des magiftrats des lieux de fa naïflance. La vérité de ces certificats doit être atteftée avec ferment par deux négocians /uifles déja infcrits. Enfuite le procureur du roi & le direéteur de la douane font entendus ; &t enfin lorfque rien ne s’y oppofe , on expédie des lettres d’infcription , dans lefquelles il eft défendu au nouvel infcrit de prêter fon nom & fa marque , à peine d’être déchu de fon privilege, 6 IL n’y a que ceux des marchands faiffés qui ont rempli ces formalités, qui puiflent faire entrer leurs toiles à Lyon fans payer des droits. On exige même que les balles de toiles portent l’empreinte de la marque infcrite ( qui par conféquent a été envoyée à un correfpondant) , & qu’elles foient accompa- gnées des certificats des lieux d’oh elles viennent, portant que ces toiles font du cru & de la fabrique du pays des Swiffes ; conformément aux arrêts de 1692 & 1698. Ifemble que de la teneur de ces deux arrêts, les Suifles pourroient inférer que leurs bafins doivent Être exempts de droits d'entrée comme leurs toiles, Mais 1l eft conftant que leurs bafins payent les droits ordinaires ; peut-être eft-ce parce que tout privilege eft de droit étroit , & que les bafins ne font point nommés dans ces privilèges , ou bien parce que le coton dont ces bafins font en partie compofés , em- pêche que lon ne puïffe les regarder comme mar- chandifes du cru du pays des Susffes. Par une conceffion de Francois [.en l’année 151 S, qui eff motivée pour fervices rendus | & entr'autres Prêt d'argent , les marchands des villes impériales avoient obtenu quinze jours de délai, au-delà des quinze Jours fuivant immédiatement chaque foire, pendant lefquels, conformément aux édits de Char- les VIT. & de Louis XI. les marchandifes ne payent à la fortie de Lyon aucun des droits dûs dans les au- tres tems. Les Suif/es qui n’avoient que dix jours de grace , en demanderent quinze comme les Alle- mands, ce qui leur fut accordé par Henri IL. le 8 Mars 1551. Pour jouir de cette faveur , ils doivent fe faire infcrire à l’hôtel-de-ville comme ils Le font à la douane pour l’affranchiffement des droits d’entrée. La raifon en eft que ces droits de fortie, qui font domaniaux , ont été aliénés à la ville de Lyon en . 1630. … Voyez fur tout cet objetles différentes hifloires des Suifles , ou au moins le recueil de leurs privileges , imprimé chez Saugrain en 171$ ; le mémoire de M. d’Herbigny , intendant de Lyon ; dans Pérar de la France, par le comte de Boulainvilliers ; & le re- cuerl des tarifs , imprimé à Rouen en 1758. Il peut être important d'ajouter ici que les toiles de Sziffe , que l'on envoie de France aux îles & co- Tome XF. SUI 649 lonies francoifes. font aflujetties , par l’arricle 14. du Ç , j »P 4 réglement du mois d'Avril 1717 , concernant le commercé de nos colonies, aux différens droits dûs à la fortie & dans l’intérieur du royaume d’une pro- vince à l’autre. Foy Provinces réputées étrart= geres. L'article 3. du même réglement, à exempté de tous ces droits, dans le cas de l'envoi aux colonies, les marchandifes. & les denrées du cru & de la fabri= que de France, Mais comme les toiles de Surffe une fois forties de leurs ballots , n’ont plus rien qui les caraétérile , il paroît qu’il feroit alé de les envoyer à-travers tout le royaume, de Lyonà la Rochelle, pour pafler à nos colonies comme toiles françoifes. Afin de prévenir tout abus à cet égard, on pour- roit exiger que les toiles de Suij/z reçuffent dans leur, pays, ou lors de l’ouverture des balles en France ; unc marque particuhere & diftin@ive, Cette idée s’eft préfentée fi naturellement » Que j'ai cru devoir l'ajouter à cet arcicle avant de le terminer. 4ricle de M. BRISSON , infpetteur des manufailures ; & aca= démicien de Ville-Franthe en Beaujolois. SUITE , £ f. ( Gram. ) enchaïînement , laïfon dépendance , qui détermine un ordre fuccefif entre plufieurs chofes. On dit les Jiires d’une affaire la fuite de la débauche ; la fuite d'un rafonnement ; la ‘fuite d’un prince ; c’eft à la Jüite d’une affaire ; une. J'uite d’événemens ficheux ; une J'uite de fottiles ; la, Juite de l’hiftoire eccléfaftique ; une faire de mé- dailles de poëtes. 3 SUITE , ez Aloebre, eftla même chofe que férie. Voyez SERIE, SUITE, ( Jurifprud.) fenifie la continuation ou la pourfuite d’une chote, Suivre le barreau , c’eft le fréquenter, yaffter. Etre à la faire de la cour ou du confeil ,; c'eft fe tenir auprès & à fes ordres. Faire fire d’une demande ou procédure ,:ceft Continuer les pourfuites commencées, Suites de bêtes, dans la coutume de Berry 87 au- ires coutumes , c’eft proprement une revendication que fait celui qui a donné du bétail À cheptel, lorf- qu'il eft vendu à fon infcu par le preneur. Suite fe prend quelquefois pour Le croît du bétail. On dit croës & fuire ; la coutume de Touraine , ar title 100 , dit que ceux qui ont droit de faultrage & préage, avec faculté de mettre dans les prés dont ils jouiffent des vaches &r bêtes chevalines avec leur Juite, wyY peuvent mettre que le croît & Juite de l’année feulement , c’eft-à-dire les veaux & poulins de l’année. | Suite de dixme , où dixme de fuite. oyez DIxXME, Suite par hypotheque , et lorfqu’en vertu de Phy- potheque on pourfuit Le détenteur d’un bien qu eft hypothéqué à une créance, On dit communément que les meubles n’ont pas de fire par hypotheque, c'efl-à-dire , que quand ils font déplacés du lieu où on les avoit donnés en nantiffement, on ne les peut pas faifir entre les inmains d’un tiers, fi ce n’eft en. cas de banqueroute ou par droit de revendication. Voyez l’article 270 de la coutume de Paris. Suite de perfonnes férves | c’eft la revendication que peut faire Le feigneur de fes hommes ferfs , Jorf- que fans fon confentement ils vont demeurer hors de fa feigneurie, Voyez les coutumes de Berry , Ni- vernois , Bourbonnois, Bourgogne , Comté. Droit de fuite du chérelet de Paris , eft un droit particulier, en vertu duquel lorfqu’un commiflaire du châtelet de Paris a appofé le fcellé, il doit être par lui appofé par droit de fuise dans tous les lieux où il peut fe trouver des effets du défunt , & l'inventaire doit être fait de même par les notaires du châtelet Ou par ceux des lieux auxquels les officiers du chà- telet délivrenr des commiflions à cet effet. NNna 650 SUI Ce droit de fuire n’a été établi par aucune lorpré- cife ; il paroît tirer fon origine de ce qu'ancienne- ment le fcel du châtelet étoit unique & univerfel pour tout le royaume; on s’en fervoit même, au défaut du grand , pour fceller les aftes de chan- celierie. ‘Ce cel étant exécutoire dans toute l'étendue du royaume , il éft naturel que les officiers du châtelet ayant commencé à inftrumenter en vertu de ce {veau , continuent de le mettre à exécution dans tous — les lieux où il y a occafion de le faire. Ce droit de Juire rélulte d’ailleurs de Pindivifibi- lité de la matiere, & l’on 'argumente pour cela du titre du code bi de hæredirate: agatur, & des inter- prétations que les doéteurs lui ont donné ; tantôt én fixant la compétence du juge par le lieu où fe trouvent les chofes héréditaires ou la plus grande païtie, par le lieu du domicile du défunt, ce qui doit fur:tout avoir lieu en France, où les meubles fuivent le domicile du défunt pour la maniere d’y fuccéder. Quoi qu'il.en foit des motifs qui ont pu faire in- troduire cet ufage , ileft certain qu'il a été autorifé par plufieurs réglemens ; il Peft implicitement par un édit du mois de Décembre 1477 , qui donne pour motif d’une nouvelle création de commiflaires-exa- minateurs, que le roi avoit recouvré par fes con- quêtes plufieurs duchés, comtés, villes, châteaux, feigneuries-& poflefions , ce qui donnoit , eft-il dit, beaucoup plus d'étendue à la jurfdiétion du châte- let ; tant à caufe des privileges de l’univerfité qu'au- trement ; motif qui fuppofent que les commiffaires peuvent appofer le fcellé dans tout le royaume par droit de Jutte, Ce même droit a été autorilé par divers arrêts. On peut néanmoins voir ce que dit à ce fujet Pau- teur du recueil des réglemens fur les fcellés & inven- tairès., liv. Il. ch. 1x. lequel prétend que ce droit de faite neit point particulier aux offices du chätelet, ‘qu'ilne réfulte que de Pindivifibilité du fcellé & de l'inventaire ; il prétend même que divers arrêts qu'il rapporte ontmis des bornes à ce privilepe, mans 1l eft certain que les officiers du châtelet ont pour eux la poffeffion. Voyex le sraïté de la police par de la Mare, com. I. liv. I. uir. 12. le flyle du chärelez. Quelques aritres officiers jourfient aufh du droit de fuite pout lesfcellés, comme Meffieurs de la cham- bre des comptes fur les biens des comptables, en quelque endroit du royaume que ces biens foient fi- tués ; mais c'eft moins en vertu d’un privilege atta- ché à leur fceau, qu’en conféquence de leur jurif- diétion , qui s'étend par-tout fur les biens des per- {onnes au: font leurs jufliciables. Voyez ATTRIBU- TION, COMPÉTENCE , PRIVILEGE. (4) Suire, ( Art numifmar.) les antiquaires appel- lent faire , l'arrangement qu’ils donnent à leurs mé- dailles, de grand, moyen & petit bronze, comme nous l'avons expliqué au mot médaille, Voyez MÉ- DAILLE. Mais la méthode la plus ordinaire eft de former les fuites par le côté de la médaille qu'on nomme la sé%e, êc c’eit de cette diftribution dont nous allons entre- tenir ici les curieux. Il y a dans lesmédailles parfaites deux côtésàcon-- fiderer , qui contribuent à leur beauté 8 à leur rae- té ; le côté qu’on appelle la sée, & celui qu’on ap- pelle le revers. Le côté de la tête détermine les uites, & fixe l’ordre & l’arrangement de chacune, foit qu’effettivement lon y voie la tête d'un perfonnage, comme d’un dieu, d’un roi, d’un héros, d’un {a- vant, d’un athlete, foit qu'il s’y rencontre autre chofe qui tienne lieu de la tête, &c qu’on nelaïfle pas cependant de nommer ainfi, comme une figure, un nom, ou quelque monument public , dont lPinfcrip- tion eft mife de l’autre côté. De ces différentes têtes dont nous parlons , fe forz ment cinq ordres différens de médailles, dont on peut compofer des fuires fort curieufes. Dans le premier on met la wire des rois. Dans le fecond celle dés vil- les , foit gréques , foit lätines ; foit avant, foit après la fondation de l’empire romain. Dans le troifieme fe rangent les familles romaines , dont les médailles fe nomment auffi confülaires. Dans le quatrieme, les impériales, & toutes celles qui y ont rapport. Dans le cinquieme, les déités , foït qu'elles fe trouvent {ur les médailles en fimple bufte, foit qu’elles y foient tout de leur haut , êc revêtues de leurs qualités, & de léurs fymboles. On y voit les héros & les hom- mes illuftres dont ona confervé les médailles, comme Homere, Pythagore, 6c certains capitaines grecs 6 latins, Gc. TNT Dans le‘premier ordre, qui eft celui des rois, les fuises peuvent être fort belles, & même trés-nom- breufes, fi l’on veut mêler les métaux, car il nous refte beaucoup de médailles greques de ce genre: M. Vaillant nous a donné les rois deSyrie,dontil a formé une hiftoirepleine de favantes remarques. Le titre de fon livre ft Seleucidaruin imperium , fève hifloria regum Syrie ad fider numifinarum accomodata,Paris,1605, #7 4°! Il a ramaflé dans cet ouvrage la fuite complette des rois de Syrie depuis Séleucus E. dit Mcasor | juf- qu’à Antiochus XIE. du nom appellé Epiphanes , Philopator, Callinicus, & connu par la qualité d’a- fiatique , ou comagene ; c’eft-à-dire , que M. Vaïllant a renfetmé dans {on hiftoire numifmatique le regne de 27 rois, qui fait l’efpace de plus de 250 ans ; puif que Séleucus commença de regner environ l’an 312 avant J. C. & que le dernier Antiochus finit environ - Van 75. On trouve dans cet ouvrage une fuite de 120 médailles, gravées &c expliquées avec beaucoup de netteté. | Le même auteur nous a donné les rois d'Egypte, dont :l a fait un recueil très-curieux, intitulé #fforiæ Piolemæorum Æpsypti reoum ad fidem numi/matur ac- commodata. Amft. 1701, in-fol. Pres de 20 ans après la mort de ce favant antiquaïire , on a publié en deux volumes de fa main, & achevé avant fa mort, lou- vrage qui regarde les médailles &r l’hiftoire des rois parthes, des rois du Pont, du Bofphore &c de Bithy- nie. Le premier volume eft intitulé , ÆAr/acidarum impérium five regum Parthorum hifforia ad fine numif- matum accommodata ; & le fecond: Achærmemdarum imperium, fève regrum Ponti, Bofphori & Buhyrie hifloria, ad fidem numifnatum accommodate, Paris , 1425, 74°. Il feroit àfouhaiter que quelqu'un nous donnrât de même l’hiftoire des rois de Macédoine, de Thrace , de Cappadoce, de Paphlagonie , d’Armé- nie, de Numidie, par les médailles; nous avons celle des rois de l’Ofrhoefne, & de la Baëtriane , par M. Bayer. . Ilfe voit des roisgoths, dont les médailles ont pañfé jufau’à nous,foit en bronze, foit en argent. Quelques- unes ne font pas méprifables.T'ellesfont celles d’Atha- laric,de Wingez,de Baduela,& deThela.On entrouve même d’or, mais d’un or très-pâle & très-bas, où M. Patin dit qu'il ny a que la quatrieme partie de fin, On ne peut point former de fuises de pareilles mé- dailles. Dans le deuxieme ordre, qui eft celui des villes, on trouve de quoi faire des /uises confidérables ; des feules villes greques , l’on peut en ramaïler plus de 250 ; j'entends à n’en prendre qu’une de chaque ville: car les différens revers conduiroient beaucoup plus loin. | Goltzius paroït y avoir travaillé avec beaucoup d'application , parce qu'il regardoit ces monumens non-feulement comme un embelliffement, mais en- core comme des preuves de fon hiftoire. Il en a com- pofé un gros ouvrage où il y a beaucoup à appten- SUTI dre; & où l’on trouve de quoi entendre les types différens de ces médailles , qu’il femble n’avoir pas voulu fe donner la peine d'expliquer plus diftinéte. ment. Nous les avons depuis l'an 1618 , gravées au- trefois pat Goltzius même, réparées & imprimées de nouveau par Jacques de Bie à Anvers, en plus de cent tables, & mifes à la tête de deux tomes de l’hif toire greque de ce même Goltzius. Le premier con- tient la grande Grece & la Sicile. Le fecond com- prend la Grece même, lesiles de la Grece, & une partie de l’Afie. Le plus grand chagrin des antiquai- res, c’eft qu’on a perdu la meilleure partie des mé- dailles que Goltzius avoit ramaflées, & que de 30 provinces dans lefquelles il avoit divifé toute la u- &e, il n’en eft refté que les cinq moindres: la Col- chide, la Cappadoce, la Galatie , le Pont, & la Bi- thynie. M. de Boze poffédoit un volume entier manuferit des médailles de Goltzius, toutes deflinées fort exa- tement. Il feroit à fouhaiter qu’on les fit graver, parce qu'il y en a quantité de fort rares; le nombre va jufqu’à près de fept mille toutes impériales, de- pus Jules Céfar jufqu’à Juftinien, outre celles que nous avons déja du même auteur, gravées dans l’hif- toire qu'il nous a donnée des trois premiers Céfars, Jules , Augufte & Tibere. Il eft vrai qu’on n’eit point d'accord fur la confiance qu’on doit donner à Golt- zus. Chez plufeurs antiquaires , ce célebre artifte pafle pour avoir rapporté quantité de médailles qui n'ont jamais exifté : de forte que fa deftinée eft com- me celle de Pline entre les naturaliftes , que tout Le monde admire , & que perfonné ne veut croire; ce- pendant l’on découvre tous les jours de ces médail- les que lon prétendoit avoir été faites à plaifir par ce fameux antiquaire , comme l’on découvre tous les jours de ces merveilles de la nature , qu’on re- gardoit comme d’agréables imaginations , que Pline avoit rapportées , fur la foi de gens à qui il avoittrop déféré. Lesmédailles des colonies poutroïent faire chez les curieux qui aimeroient la géographie ancienne, une fuite différente de celle-ci, fort nombreufe,forraoréa- ble, & fort aifée,aveclefecours que nousavonsmain- tenant pour la former, & pour la bien entendre. Je parle de ces villes où Les Romains envoyoïent des ci- toyens , foit pour décharger Rome d’un trop grand nombre d’habitans, foit pour récompenfer les vieux foldats, en leur diftribuant desterres & des établife- mens. On donnoit auffi le nomde co/onies à des villes que les Romains bâtiffoient de nouveau;& l’onaccor- doit le même titre à d’autres villes, dont les habi- tans obtenoïent le droit de citoyens romains, ou le droit du pays latin, qu’on appelloit jus civitatis , ou Jus lati. Ces villes confervoient le nom de colonie on de municipe , foit qu’elles fuflent dans la Grece, foit qu'elles fufent ailleurs ; car les Grecs resardoient ce mot xorwræ , COMME un mot confacré, qu'ils avoient adopté par refpeét. Le nombre des médailles de colonies deviendroit encore bien plus grand pour en former des fzires, fi lon y joignoit toutes lesvilles qui onthattu des mé- dailles en leur nom, fans confidérer {elles font im- périales ou nom ; fi elles font greques ou latines : mais pour perfectionner un cabinet en cegenre, il faudroit y placer comme tête, ce qui eft revers dans les impériales, enforte que la figure de l’empereur n’y feroit confidérée que par accident. Nous avons indiqué au mot médaille , les beaux ouvrages qui ont été publiés fur cette matiere ;:nous ajcuterons {eu- lement ici , que les têtes des médailles desvilles, ne font ordinairement que le génie de la ville même , ou de quelqu’autre déité qui y étoithonorée, com- me 1l eft aïfé de Le voir dans le recueil de Golt- -ZlUSs gl | Tome XP, ÉSE Sue Les Médailles éonfulaires font, dans le troifemne Ordre , une /aite très-nombreule, corme nous le di- rons cisaprès, Cette fuite néanmoins, à peu de cho {es curieufes , pour les légendes & pour les types; fi ce n’eft dans les médailles qui ont été frappées de= puis la décadence de la république , & qui devroient, commencer nattrellement, la faite des impériales, Avant ce tems-là, ces fortes de médailles , représ fentent fimplement la tête de Rome cafquée,ou celle _ de quelque déité , & le revers eft ordinaitement üne viétoire trainée dans un char, à deux ou à quatre chevaux. | ILeft vrai que vers le feptieme fiecle de Rome, les triumvirs monéraires fe donnerent la liberté de met- tre fur les médailles, les têtes des hommes illuftres qu'ils comptoient parmi leurs ancêtres, & de les y repréfenter, foit fous leur figure propre, foit fous celle de la divinité rutélaire de leur famille. Cet ufage eut lieu jufqu’à la décadence de la république , que l’on commença à gravet fur les médailles les têtes de Jules-Céfar , des conjurés qui Le tuerent , des trium- virs qui envalurent la fouveraine puiflance , & de tous ceux qui eurent depuis part au gouvernement ; jufqu’à ces malheureux tems, il n’étoit permis à per- fonne de graver fa tête fur la monnoie: ce privilege étant regardé comme une fuite de la royauté , dont le nom même fut toujours odieux aux Romains, Il faut remarquer ici que Jules-Céfar fut le pre- mier dont on ait mis,de fon vivant,la tête fur la mons noie, On trouve enfuite des médailles d’or & d’ar- gent avec la tête de M. Brutus , dont quelques-unes ont au revers une efpece de bonnet entre deux poi- gnards; mais 1l n’y. à point d'apparence que ces mé- dailles aient été frappées à Rome, où fon parti n’é- toit pas le plus fort; elles le furent, felon Dion, lorfque Brutus pañla en Afie pour y joindre Cafius, après s'être rendu maître de la Macédoine, & d’us ne partie de la Grece. Au refte , jufqu’à préfent on ne connoït point de médaille de Brutus auff fineu- liere que celle qu'a fait graver le favant marquis Sci. pion Mafe:, où l’on voit d’un côté la tête de Jules- Céfar couronné de laurier, avec le bâton augural de- vant, &c pour légende Julius-Cæfar; au revers , la tête de Brutus fans couronne, un poignard derriere, &c ces mots: M. Brurus, Mais il faut avouer que cette médaille eft fufpeéte par trop de raifons , pour ne pas croire que c’eit une médaille de coin mo- derne,. Dans le Thefaurus. Morellianus., on trouve deux cens fix familles romaines, dont on a fait sraver deux mille quatre cens quinze médailles, fans compren dre dans ce nombre ni les médailles qu'on n’a pu at: tribuer à aucune famille particuliere | & qui vont à cent trente-cinq , n1 les médailles confulaires qui ne fe trouvent que dans les faftes de Goltzius. Il s’agit maintenant d'indiquer l’arrangement qw’on donneauxfamilles confulaires, Leur fire peut fe faire en deux façons ; l’une, felon la méthode d'Urfini; l’autre , felon celle de Goltzius. Urfini a fuivi l’ordre alphabétique des noms diffé. rens des familles qui fe lifent fur les médailles, met- tant enfemble toutes celles qui paroïffent appartenir .à la mêmeimaifon. Cette maniere manque d’agré- ment ,;; mais elle a la vérité, la réalité & la {ofi- dité, ; | À Goltzius a fait la fuire des familles par les faftes confulaires, rangeant fous chaque année les médail« les des confuls. Cette deuxieme maniere eft fans doute belle &favante ,, mais par malheur elle n’a que de-lapparence ; & dans la vérité, l’exécution en eft impofhble. 1°, Parce que nous n’avons aus cune médaille des premiers confuls , depuis l’an 544 jufqu’enl’an 485$ : ce qui a obligé Golizius de mettre à leur place feulement les noms de ces magiftrats, NNani 652 SUI felon qu'ils fe trouvent dans les faftes, 2°. Depuis Van 485 jufqu’à l’empire d’Augufte , les médaïlles que Goltzius rapporte n’ont point été frappées ni pat les confuls , ni pout les confuls dont elles por- tent le nom , mais feulement par les Monétaites qui étant de la même famille, ont voulu conferver leur nom ou celui de leurs ancêtres. C’eft ce qu'il eft neécefaire d’obferver , pour corriger l’erreur des jeu hes curieux, qui s'imaginent que les médailles con- fulaires font ainfi nommées. parce qu’elles ont été frappées pour les confuls qui entroient toutes les an- nées en charge ; quoique dans le vrai, on ne leut ait donné ce nom que parce qu’elles ont été battues du tems que la république étoit gouvernée par les confuls. Parlons à préfent des médailles impériales qui conftituent notre quatrieme ordre , & où lon trouve toutes les têtes néceflaires, pour faire la fase com- plette des empereurs jufqu’à nos jours. On eftime particulierement les antiques, & parmi les antiques celles qui compofent le haut:empire, que lon ren- ferme entre Jules-Céfar & les trente tyrans. Il ne laifle pas d’y en avoir d’aflez bien frappées & d’af- fez curieufes jufqu’à la famille de Conftantin, où finit toute la belle curiofité. Occo, médecin allez mand à Ausboutg, nous en a donné la premiere def cription dès l’année 1579. Son livre fut imprimé à Anvers, & le nombre des médalles qu’il ramafloit s'étant toujours groffi , il en fit une feconde édition à Ausbourg en 1601, qui eft la bonne. Le comte Mezza-Barba en a donné une troifieme édition, aug- mentée de plufeuts milliers. On fait un cinquieme ordre de JHites de fnédailles; c’eft celle des déités, parce que l’on commence à rechercher ces fortes de médailles avec foin, à caufe du plaifir qu'il y a dy voir les noms des divinités, les fymboles , les temples , les autels &z Les pays où elles étoient honorées. On en peut formér une belle faire de bronze par le moyen des villes greques , où l’on en trouve une très-grande quantité ; maïs la plus agréable eft celle d'argent que fourniffent les mé- dailles des familles. Il y en a quantité dans le cabi- net du roi, & l’on peut porter cette /zzre beaucoup plus loin que dans l’un &t dans Pautre métal , fi lon veut emprunter les revers des impériales , où Les déi- tés font repréfentées plus agréablement encore que fur les médailles des familles , tant parce qu’elles y ont tous leurs titres différens, que parce quwelles y font ordinairement repréfentées de toute leur gran- deur ; de forte que l’on y diftingue l'habillement, les armes , les fymboles , & les villes où elles ont été plus particulierement honorées. Le P. Jobert a imaginé une fixieme fie qui feroit compofée de toutes les perfonnes illuftres dont nous avons les médailles, comme des fondateurs dés vii- les & des républiques. Bizas, Tomus , Nemaufus, Taras, 6c. Smyrna, Amaïñtris, &c. des reimes , Cléo- patre , Zénobie, &c. des plus fameux légiflateurs, Lycurgue, Zaleucus, Pittacus ; des grands hommes, comme Pythagore, Archimede , Euclide ; Hippo- crate, Chryfippe, Homere, & femblables perfon- nages , recommandables par leur fcience ou par leur fageffe ; très-affüirément on verroit avec plafir une faute pareille , fi, comme le remarque M.dela Bañtie, on avoit lieu d’efpérer de la porter à une certaine perfeétion. rte Plufieuts antiquaires ont depuis long-tems effayé de nous donner des /uites de têtes des hommes il- luftres de l'antiquité ; mais la plüpart de ceux qui ont eu cette peniée, ont jugé qu'il étoit impoffible d’en ramaffer beaucoup, s'ils fe contentoient de s’at- tacher aux têtes qui fe trouvent fur les médailles ; c’eft pourquoi ils y ont ajouté celles qui fe font con- fervées par le moyen des ftatues & des buftes, en rharbre ou en bronze , & même des pierres gravées, Je ne connoïs pas de recueïl en ce genre plus ancien que celui qui fut publié à Rome par Achille Stace, favant portugais, fous ce titre : {/u/frium virorum , ut extant in urbe exprefft vultus , 1669, fol. Cette colleétion fut confidérablement anementée par les foins de Fulvio Urfint, & réimprimé à Rome fous éé titre : ragines 6 elogia virorum illuftrium , ex lapidibus © numifmatibus ; exprefla cum annota- tionibus , ex bibliothecé Fulvis Urfeni , Rom. 1570, fol. Le cabinet d’Urfini ayant encore#eçu de nouvelles augmentations , Théodore Gallæus, dans un voyage qu'il fit à Rome, defliñna de nouveau les tètes des hommes illuftres qu’il y remarqua ; il y joignit les defleins de ce qu'il trouva dans les autres cabinets romains ; & de retour en France, 1l les grava, & les publia avec ce titre : {//uffrium imagines ex antiquis narmoribus , numifinatibus, © gemimis exprefle , que extant Rome , mayor pars apud Fulvium Ur/inunr. Theodorus Gallæus delineabar Roïnæ ex archetypis, incidebat, Antuerp. 1598, ex afficinà Plantin. £7-4°. Il n’y avoit dans ce livre que 151 mages ; mais Pon Yen ajouta t7 nouvelles , lorfqu’on imprima le com- mentaire de Jean Faber fur ces portraits : Joezmis Fabri Bambergenfis medict romant, 1n 1magines 1lluf- trium ex Fulyi Urfim bibliothecä Antuerpiæ a Theo- doro Gallæo expreflas comimentarius | Antuerp, ex off. Plant. 1606 , iri-4°, Enfin dans le fiecle pañlé , il parut deux recueils encore plus'amples de têtes d’hommesilluftres ; Fun en italien, l’autre en latin, Le premier eft intitulé: Îconografia , civé difégni d'imagini di famofiffini mo narchi , filofoft , poett, ed oratori delantichita , cavati del Angelo Canini, dè frammenti de marmi antichi, à de gioé , medaglied’argento , d’oro, à fémili metal, Romæ 1669 , fol. Le feconda pour titre : Weserum il= luftrinm philofophorum , poësarum , rhetorumimagines ; ex vetufiis nummis, gemmis , hermis ,mmarimoribns, alirf- que antiquis monuments de fumptæ , 4 Joan, Petro Bellorio expofitionibus illuftrate , Rom. 168$ , fol. _ Quoïque dans tous ces recueils il ny ait pas plus de 200 têtes différentes, on a cependant été obligé d'y faire entrer également les médailles , les médail= lons , les contorniates , les ftatues , les buftes & les pierres gravées. De plus ; dans ces mêmes recueils, & principalement dans les trois premiers, il y après de la moitié des têtes copiées d’après les médailles qui entrent plus naturellement dans d’autres Jiures , comme celles des rois d'Esvpte, de Syrie, de Bi< thynie, du Pont, des familles romaines, & même des empereurs : il faut outre cela prendre garde que quelques-unes de ces têtes ayant été trouvées fans infcription , ont été nommées au hafard , &r que les infcriptions de plufeurs autres font très-certaine- ment faufles 8 modernes. | Si l’on veut donc fe renfermer dans les bornes que le P. Jobert prefcrit ici à une fire de têtes de perfons nes illuftres repréfentées fur les médailles, on ne. peut fe flatter de la rendre bien nombreufe. Il ne fe- roit cependant pas bien inutile d’effayer jufqw’où lon poutroit la pouffer ; mais il faudroit éviter de fuivre l'exemple de M. Seguin , qui ayant deftiné le fecond chapitre de fon livre de médailles chorfes à celles des hommes illaftres, ne l’a prefque rempli que destêtes de divinités & de rois. Haymien a fait aufñ deux articles dans fon Teforo Britamco | rome 1. p.124-149. 6 tome Ilip. 57 : 76. d Au refte, la maniere de ranger lesrcabinets dé- pend de linclination de chaque paruiculier , & du nombre de médailles qu'il poflede. fais comme il n'y a que les grands princes qui purffent avoir des cabinets complets, c’eft-à-dire enrichis de toutes les différentes futes dont nous avons parlé, il faut que les autres hommes fe bornent à quelques-unes, en Ü sui éitant de mêler les métaux & les grandeurs. Quüel- ue grande que foit la tentation , quad on ne veut point gâter fon cabinet, 1l eft bon d’avoir le courage d'y réhfter. | qi Après tout, les favans ont aujourd’hui la facilité d'étudier les plus nombreufes Jzzres dans les catalo- gues détaillés de médailles qui font entre les mains de tout le monde. Ces ouvrages, en rendant publi- ques d'immenfes colleétions , multiplient en quelque forte les cabinets, les expofent à plus de regards, & mettentles Antiquaires en état de comparer enfem- ble un plus grand nombre de ces monumens , & de les éclaircir l’un par l'autre. La leéture de tous les ca- talogues eff non-feulement utile parles objets qu’elle offre à la curiofité ; mais elle a encore l’avantage d'indiquer ce qui manque aux plus riches cabinets, Enfin elle nous procure quelquefois la connoïflance des médailles rares , que leurs poffeffeurs fe déter- minent à publier ; foit par vanité ; foit par un fentie ment plus noble. C’eft par ce dernier motif que fe conduifit M. de Valois en publiant en 1746 les mé- dailles curieufes de la uire qu'il avoit formée, & qu’il accompagna de remarques hiftoriques. Toutes ces chofes concourent à étendre [à connoïffance de Part numifmatique. ( Lechevalier DE JAUCOURT.) SUIVABLE , adj. ( Manuf. en laine.) un fil fui- vable eft un fil filé égal , & qui ne barre point Pé- tofre. | | SUIVANT, adj. & fubit. (Gram.) celui qui fuit , qui accompagne. Le jour füivanr ; un marchand fx- ÿant la cour ; un fxivant d’Apollon. SUIVANTE , f. f. ( Lirrérar.) c’eft dans la comés die un rôle fubalterne de femme, La /uivante eft at- tachée au fervicé d’une autre femme ; c’eft la conf- dente de cette femme ; c’eftelle qui la confeille bien ou mal , qui la révolte contre fes parens , ou qui la foumet à leurs volontés ; qui conduit fon intrigue, qui parle à l'amant, qui ménage l'entreyüe, é'c. en un mot, qui lui rend à-peu-près les mêmes fervices que l’amant reçoit de {on valet, avec lequel la /z1- vante eft toujours en aflez bonne intelligence, La frivante eft communément rufée, intéreflée, fine, à-moins qu'il ne plaife au poëte d’en difpofer autre- ment , & de placer de Phonnèteté, du courage, du bon efprit & de la vertu même dans ce rôle. SUIVER , (Marine) voyez ESPALMER. SUIVRE, v. a&. (Gram.) marcher fur les pas d’un autre. Les jeunes animaux fivert leur mere. Suivez ce chemin, c’eft Le plus für & le plus court : 1l faut le fuivre , & voir ce qu'il devient. Quand il parut, tout fon monde le /xivois ; je l'ai fzivi dans tous fes tours & retours. On fzir une affure , un bon exem- ple , un beau modele , Le païti des armes , une fem- me, un miniftre , un difcours, un prédicateur, la bonne doétrine , fon génie , 6c. SUIVRE , erme de Chafle, le hmier fuir les voies d’une bête qui va d’aflürance ; quand elle fuit , on dit qu'il la chañle: SUIZE,, LA , (Géog. mod.) petiteriviere de France en Champagne. Elle a fa fource dans l’éledion de Langres, & vient fe joindre à la Marne un peu au- deflus de Chaumont. (D.J) SUKOTYRO oz SUCOTARIO , 1. m.(Zoo/og.) nom que les Chinois donnent à un très-pr0s animal remarquable par fes cornes , &:qu1 paroïît être le taureau carnivore des anciens, Cet animal eft de la grandeur d’un grand bœuf ; 1l a le mufeau approchant de celui d’un cochon: ; deux oreilles longues 8 rudes ; une queue épaifle &touf- fue. Ses yeux font placés perpendiculairement dans la tête , d’une maniere tout-à-fait différente de: ce qu’ils font dans d’autres animaux: De chaque côté “de la tête , tout proche des yeux, il fortune longue | Ni Robe corne ou plutôt une dent , non! pas tout-à-fait anfli SUK 653 épaifle que la dent d’un éléphant. Il paît l'herbe dans les endroits deferts & éloignés. | 1 Nieuhof, dont nous tenons cette defcription & qui nous a donné la figure de cet animal, ajoute , fans en être peut-être trop inftruit , qu’on le prend fort rarement. Nous ne connoiflons en Europe de cette bête que fa paire de cornes , qui eft d’une grandeur extraordinaire , & dont le chevaliér Hans Sloane, qui en avoit dans fon cabinet, a communiqué le détail fuivant à MM. de l'académie des Sciences: . Ces cornes furent trouvées dans un magafin qu’a- voit à Wapping M. Doyly, homme fort curieux , & dont une certainé étoffe d’été porte le nom. Il en fit préfent au chevalier Hans. Elles étoient aflez gâ- tées , & les vers les avoiént rongées profondément dans leur furface en divers endroits ; perfonne ne put inflruire M. Doyly de quel pays elles étoient venues , ni en quel tems , & de quelle maniere elles avoient été mifes dans, ce magañn. Quoi qu’ilen {oit, on les a reprefentées dans les Mémoires de L’académie de Sciences , année 1727. #, . Elles font aflez droites à une diftance confidérable de la bafe; & puis fe courbant, elles vont infenfible- ment fe terminer en pointe. Elles ne font pas ron- des, mais un peu plates & comprimées, avec des fillons larges & tranfverfaux fur leur furface, ondées par-deflous, La grandeur des deux cornes n’eft pas tout-à-fait la même ; la plus longue a fix piés fix pouces & demi, mefure d'Angleterre ; fon diametre à la bafe eft de fept pouces , & fa circonférence d’un pié & demi. Elle pefoit vingt-deux livres, & conte- noit dans fa cavité un galon &c une pinte d’eau. L’au: tre corne étoit un peu plus petite, pefoit par confé- quent un peu moins, & ne contenoit pas tout-à-fait autant de liqueur. : | Le capitaine d’un vaiffeau des Indes ayant confi- dèré ces cornes chez le chevalier Hans, Pafüra qué c’étoit celle d’une grande efpece de bœuf indien, qu'il avoit eu occafñon de voir dans fes voyages. Plufieurs autres raifons ont aufli convaincu le cheva- her Hans que cet animal eft le bœuf ou le taureau qui fe trouve dans l'Ethiopie &c d’autres contrées au nulieu de Afrique , & qui a été décrit par Agathar- chide Cnidien , & par les autres anciens écrivains , quoique ce qui doit paroitre étrange , peu d'auteurs modernes en ayent fait mention. Nous parlerons au -long de cet animal au 04 TAUREAU SAUVAGE. C’eft aflez de dire ici que Bernier , dans fa re/arion des états di grand-mogol., tome IT. p. 43. remarqué que parmi plufieurs préfens qui devoient être offerts par deux ambafladeurs de l’empereur d’Ethiopie à Aureng-Zeb, il fe trouvoituné corne de bœuf pro: digieufe remplie de civette ; que l’ayant mefurée, if trouva que la bafe avoit demi-pié en diametre, II ajoute que cette corne, quoiqu’elle füt apportée par lés ambafladeurs à Delhi où le grand-mogol ténoit alors fa cour, ne luifut pourtant pas préfentée, parce - que fe trouvant courts d'argent , ils avoient vendu la civette en route. Gefner, Icon. anim. qguadrup. Tiguri 1560, p. 34: parle & donne la figure d’une corne fort grande qu'il dit avoir vue fufpendue à une des colonnes de la cathédrale de Strasbourg , & qui paroït être de la même efpece que les cornes en queftion. Il ajoute que l’ayant mefurée le long dela circonférence ex- -térieure , 1l trouva qu’elle avoit quatre verges ro= maines. en longueur ; & il penfe que c’avoit été la corne d'un grand & vieux z/s , taureau fauvage , que vrai-femblablement on avoit fufpendu dans cet endroit à caufe de fa grandeur extraordinaire, Quant o.4 MAS aux cornes de la colleétion du chevalier Hans Sloane, Lee favañt naturalifte conjeéture que du tems que les Angloïs avoient un grand commerce à Ormus, elles y furent portées avec d'autres marchandifes , & en- 654 SUL fuite envoyées ou apportées en Angleterre par quef- que perfonne curieufe. ( D. J.) SULAC ISLE; (Géog. mod.) on écrit auffi Xw/a &t Xul, ile de la mer des Indes , & lune des Molu- ques. Elle eft entre l'ile Célebes &z la nouvelle Gui- née, à cinquante lieues fud-oueft de l’île de Ternate, - environ à 142. 335 de longitude, fous le 2 d. de la- titude méridionale, Ses habitans vont tous nuds. (D.J.) | | SULÉVES, fm. pl. ( Mytholog. ) divinités cham- pêtres, qu’on trouve au nombre de trois fur un an- cien marbre : elles font affifes tenans des fruits & des épis; on ne fait point l’origine de leur nom, & elles n’ont point d’autres fymboles qui les faffe con- noître. (D.J.) SULLANUM CIVILE BELLUM ,(Antig. Rom.) c’eft ainfi qu'Eutrope nomme la guerre civile de Sylla, qui jointe à celle des alliés d'Italie Sociale Iea- _ Zicum, dura dix ans, pendant lefquelles périrent plus de cent cinquante mille hommes, trente - trois per- fonnages confulaires , fept préteurs , foixante édi- les, deux cent fénateurs , fans parler du nombre in- nombrable d'hommes de toutes les parties d’Italie. D.JT.) SULLONTACIS ,(Géog. mod.) ou Sullontaca, ou Sullomaca , ville de la Grande-Bretagne, Elle eft marquée dans l'itinéraire d’Antonin, fur la route du retranchement à Porrus-Rutupin, entre Verolamium &c Londinium, à neuf milles de la premiere de ces places, & à douze milles de la feconde, On s’accorde à dire que c’eft préfentement Brockley-Hills, où Fon découvre aflez fouvent des médailles, des urnes fé- pulcrales, & d’autres monumens d’antiquité. (D. J.) SULLY , (Géog. mod. ) ou Sully fur Loire, petite ville de France dans le Gatinois fur la Loire, à 8 lieues au-deflus d’'Orleans, avec titre de duché- pairie érigé en 1606 en faveur de la maïfon de Bé- thune, Il y a une collégiale dédiée à St. Ythier,& le duc de Sully nomme aux bénéfices du chapitre. Long. 20.4, latit. 47. 48. res Sully, (Maurice de ) célébre évêque de Paris, nâquit à S4//y dans le xij. fiecle, &c prit le nom du lieu de fa naïffance. Sa famille étoit obfcure , mais fa {cience & fa vertu lui procurerent l'évêché de Paris après la mort de Pierre Lombard. Il étoit magnifi- que, car non-feulement il jetta les fondemens de l’éolife de Nôtre- Dame de Paris, maïs 1l eft encore le fondateur des abbayes de Herivaux & de Hermie- res. Il mourut l’an 1196, & fut enterré dans l’abbaye de S. Vi@tor , où lon lit fon épitaphe. (D. J:) Suzy ile, (Géog. mod.) petite ville d'Angleterre dans le Glomorghan-Shire, un peu au-deflous de l'embouchure du Taf, vers une petite pointe de terre, Cette île eft voifine d’une autre appellée Bar- ry, & toutes deux ne font féparces de la terre que par un petit détroit. (2. J.) . SULMO, ( Géog. anc. ) premiere ville d'Italie. C’eft une de celles que Ptolomée, /. III. donne aux Peligni. Cefar fait mention de cette ville au premier livre de la guerre civile, c. xväy. Il la connoit feule- ment fous le nom de fes habitans qu’il nomme Salmo- nenfes, & il ajoute qu’elle eft à fept milles de Cor- finium. Silius Italicus Z. vi. v. 510, donne à Sz/mo lépithéte de gelidus, à caufe de fa fituation prés des deux rivieres dont les eaux font très-froides. | Cette ville devint par la fuite colonie Romaine ; car on lit dans Frontin: Sulmona ed lege eff adfignata, € ager Eférnie: or Eferniæ, felon le même auteur ne fat colonie Romaine que fous Neron. Cette ville fubfifte encore préfentement. On la nomme Sz/- mOn4. C’ef la patrie d'Ovide, comme il nous apprend lui-même, Trife. L, IV, Eleg, 9. ; Sulmo mihi patria, € gelidis uberrimus urdis, SUL Ovidius Nafon ( Publius ) chevalier romain, à été le poëte lérplus salant de l’antiquité. Il ne fe con- tenta pas de faire des conquêtes de galanterie, 1l ap- prit aufñ au public l’art d'aimer, &c l’art de fe faire aimer, c'eft-à-dire qu'il rédufit en fyflème une fcience pernicieufe , & qui n’a pour but que le def- honneur des familles. Augufte le relégua fort loin, à Tomer dans la baffe-Moëfie, pour des raifons qui nous font inconnues , & que perfonne n’a pu devi« ner. Il mourut dans fon trifte exil âgé de Go ans, étant né l’an de Rome 711.11 paroït que la meilleure édition de fes œuvres eft celle de M. Burman. Lugd. Bathv,1722. 4. vol, in-4°. Le plus bel ouvrage de ce poëte, dont nous en- tretiendrons ici le leéteur, eft celui des Métamor- phofes , & c’eft auffi de cet ouvrage que l’auteur ef- péroit principalement lPimmortalité de fon nom. Il prédit qu'il réfiftera au fer &t au feu, à la foudre &c aux injures du tems. On fait par cœur les neuf vers qui en font la conclufion. Jamque opus exegi,quod nec Jovis ira, nec ignes, Nec porerit ferrum , nec edax abolere vetuffas ; .… Ore legar populi : perque omnia fecula famä , Sz quid habent veri vatum præfagie , vivam. Cette prédiétion n’a point été démentie, &z ne le fera que quand le monde tombera dans la bar- barie. Il faut croire que la traduéion en profe de abbé Banier, & ce qui vaut mieux, celle de Dry- den & de Garth en vers fubffteront encore long- tems ; mais 1l faudroit être bien dupe pour s’imagi- ner qu'un certain poëme intitulé de Verula, eft un ouvrage d'Ovide; ce poëme a paru à Wolfembutel lan 1662, & fa premiere édition eft de 1534; cet ouvrage barbare eft vraifemblablement la produétion d’un chrétien du bas Empire, | Ovide avoit compolé fes métamorphofes avant le tems de fa diforace; fe voyant condamné au banr- niflement , il les Jetta dans le feu, foit par dépit, foit parce qu’il n’y avoit pas encore mis la derniere main, comme il nous l’apprend lui-même. Tr1/£. 1. I. Eleg. 7, v. 13. Quelques copies qu’on avoit déja ti- rées de ce bel ouvrage, ont été caufe qu'il n'a point éri. L'auteur fouhaita qu’en cas qu'il mourüt au pays des Getes, fes cendres fuflent portées à Rome, & que lon mit fur fon tombeau lépitaphe qu'il fe fit lui-même; en voici la fin, Trif. L. IL Eles. 3.v. 39. Hic ego qui jaceo , tenerorum lufor amorum , TIngenio perit, Nafo poeta, meo. : At tibi qui rranfis , ne fit grave, quifquis amafli, Dicere, Nafonis molliter of[a cubent. Il trouva non-feulement de l’humanité parmi les Gètes , maïs auffi beaucoup de bonté & de faveur ; ils laimerent, l’honorerent fingulierement, lui ac- corderent des exemptions , & lui témoignerent leur eftime finguliere par des decrets publics en fon hon- neur. [left vrai que les defcriptions que le poëte fit de leur pays, ne leur plurent pas , mais il les adou- cit par des excufes. Un italien délicat & maigre comme lui, fouffroit réellement dans une région froide, & voifine d’un peuple qui faifoit continuel- lement des irruptions. Il écrivit pendant fon exil une infinité de vers; comme il manquoit de converfa- tion, & qu'il n’aimoit ni à boire ni à jouer, les mufes furent toute fa reflource. 11 faut mettre au nombre de fes bonnes qualités, celle de n’avoir point été fatyrique. IL étoit pour- tant très-capable de faire des vers piquans, car dans fon poème contre Ibis, qu'il écrivit un peu après fon exil, il n’y eut jamais de fiel plus amer que ce- lui qu'il y verfa, ni des malédiétions ou des anathè- mes plus atroces, Bayle &c M. de Chaufepié ont fait tn article fort curieux de cet aimable poëte, (Ze Che. valier DE JAUCOURT.) SULMONA oz SULMONE., (Géog. mod.) ancien- nement Sulmo par les Romains , ville d'Italie , au royaume de Naples , dans lAbruzze-citérieure fur la Sora. Elle a dès le vj: fiecle un évêché qui releve aujourd’hui du faint Siege. Long. 31. 3%. latir. 42, 6, Ciofani, (Ercole) littérateur du xvj. fiecle, nä- quit à Sz/mone. L’honneur d’être le compatriote d'Ovide, lui fit entreprendre de donner des obferya- tions fur les métamorpholes de ce poëte, & on lui endait bon gré, car fes obfervations ne font pas feu- _ lement favantes, maïs écrites d'un{tyle pur, élégant &c fleuri. (D. J.) SULPICE SAINT, ( Gécog. mod.) ou S. Sulpice de Lézadoïs, petite ville de France dans le haut-Langue- doc, au diocèfe de Rieux, à deux lieues de Rieux, êt à quatre de Touloufe. Cette petite place fuit le droit écrit, êz fait partie de la commanderie de Reï- neville de l’ordre de Malthe.Il n’y a point de gabelle dans cette ville, elle eft très-pauvre, ne fait aucun commerce, êt fa taille eft réelle ; fon prenuer con- ful entre aux états de Languedoc, &n°y a nul cré- dit. (D. J.) SULTAN, f.m.( ff. mod.) ce mot qui eft arabe, fignifie empereur ou fèigneur ; on croit qu'il vient de Jelatat quifignifie conquérans ou paiffant. Le nom de Jultan tout court, ou précédé de l’article eZ défigne alors l’empereur des Turcs; cependant le titre de padiféhah eft réputé plus excellent; & les Turcs ap- pellent le lultan Padi/chahi Alem Penuk, c'eft-à-dire, empereur, le refuge & Le proteiteur du monde, ou bien on lenomme Aliothman Padifchahi , empereur des enfans d’'Othman. Voyez l'articée ScHAH. On donne auf le titre de /z/ran au fils du kan de la Tartarie Crimée. Le mot /x/tanum eft chez les Turcs un titre de politefle qui répond à celui de monfeur parmi nous. Le fultanexerce fur {es fujets l'empire le plus def- potique, Selon la doëtrine des Turcs, leur empereur a le privilege de mettre à mort impunément chaque jour , quetorze de fes fujets , fans encourir le repro- che de tyrannie; parce que , felon eux, ce prince agit fouvent par des mouvemens fecrets, par des infpirations divines, qu'il ne leur eft point permis d'approfondir ; 1Îs exceptent cependant le parricide & le fratricide qu’ils regardent comme des crimes, même dans leurs fx/tans. Cela n’empêche point que les freres des empereurs n'aient été fouvent les pre- mieres victimes qu’ils ont immolées à leur füreté. Les Jultans les plus humains les tiennent dans une prifon étroite dans intérieur même du palais impérial; on ne leur permet de s’occuper que de chofes puériles, &t très-peu propres à leur former l’efprit, & à les rendre capables de gouverner. Malgré ce pouvoir fi abiolu des flans, ils font fouvent eux-mêmes expo- fés à la fureur & à la licence d’un peuple furieux & d’une foldatefque effrénée qui les dépofe & les met à mort, fous les prétextes les plus frivoles. Le lendemain defonavénement au trône , le //447° va vifiter en grand cortege un couvent qui eft dans un des faubourgs de Conftantinople ; là le fcheik ou fupérieur du monaftere , lui ceint une épée , & pour conclure la cérémonie, il lui dit : a//ez, La vidloire ejt a vous ; mais elle ne l’eff que de la part de Dieu. Jamais Pempereur ne peut fe difpenfer de.cette cérémonie qui lui tient lieu de couronnement. On n’aborde le /u/ran qu'avec beaucoup de forma- lité ; nul mortel n’eft admis à lui baïfer la main; le grand vifir, lorfqu’il paroït en fa préfence, fléchit trois fois le genou droit ; enfuite touchant la terre de fa main droite , il la porte à fa bouche & à fon front, cérémome qu'ilrecommence en {e retirant. Le fultan n'admet perfonne à fa table; nul homme SUL 655 hole otivrir la bouche fans ordre dans fon palais ; il faut même y étoufler jufqu’aux envies de touffer ou d’éternuer ; on ne fe parle que par figne ; ôn mar che fur la pointe des piés; on n’a point de chauflure, & le moindre bruit eft puni avec la derniere févérité, Les réfolutions prifes par le fa/zan paflent pour irrévocables , quelqu'injuites qu'elles foient ; il ne peutjamais fe rétraêter. Ses ordres font recus comme s'ils venoient de Dieu même, & c’eft une impiété que d”y délobéir ; quandil veut faire mourirun grand Vifr, il lui fignifie fa fentence par écrit en cester Ines : fu as rmérité la mort, G notre volonté efl qu'après avoir accompli Pabdeff( c'eft-à-dire, Pablution de la tête, des mains & des piés ordonnée par la loi), & fait le namay ou la priere felon la coutume, eu reffpnes ta tête à ce meffager que rous l’envoyons à cet éffes. Le vi= fir obéit fans héfiter , fans quoi il feroit deshonoré & regardé comme un impie & un excommunié, Le Jul tan prend parmi fes titres celui de zifu4ah qui fignifie image Où ombre de Dieu : ce qui donne À fes ordres un caraëtère divin, qui entraine une obéiflance aveugle, Malgré tout ce pouvoir , le Juan ne peut point toucher, fans la nécefité la plus urgente , au tréfor public de l’état, ni en détourner les deniers À fon ufage particulier: ce qui occafionneroit infaillibles ment une révolte; ce prince n’a la difpofition que de {on tréfor particulier , dont le gardien s’appelle 4af- nadar bachi, & dans lequel du tems du prince Can- temir, il entroït tous Les ans jufqu’à vinet-fept mille bourfes , chacune d'environ : 500 livres argent de France ; c’eft dans ces tréfors qu'entrent toutes les richefles des bachas & des vifirs que le fultan fait or- dinairement mourir, après qu’ils {e font enpraiflés de la fubftance des peuples dans leurs différentes places qu'ils ont occupées, La confifcation de leurs biens appartient de droit à leur maître, Les fulans font dans l’ufage de marier leurs fœurs & leurs filles dès le berceau aux vifirs & aux bachas ; par-là ils fe déchargent fur leurs maris du foin de leur éducation; en attendant qu’elles foient nubiles, ceux- ci ne peuvent point prendre d’autre femme avant que d’avoir conlommé leur Mariage avec la fultane ; {ouvent le mari eft mis à mort avant d’avoir rempli cette cérémonie ; alors la femme qui lui étoit defti- née, eft mariée à un autre bacha. En moins d’un an la fœur d’Amurath IV, eut quatre maris, fans quele mariage eût été confommé par aucun d’eux ; auftôt: que la céremonie nuptiale tiroir à fa conclufion, le mari étoit accufé de quelque crime, on le mettoità mort , & fes biens étoient adjugés À {a femme sumais on prétend qu'ils entroient dans les coffres de ler pereur. Les fultans ont uñ grand nombre de concibiness Dans les rems du Bairam ou de la pâque des Maho- imetans, les bachas envoient À leur fouvetain les filles les plus charmantes qu'ils peuvent trouver; parmi ces concubines 1l fe choïfit des maîtrefles , & celles qui ont eu l'honneur de recevoir le fxltan dans leurs bras & de lui plaire, fe nomment Julianes hafekis, Voyez ces article, Voyez l'hifloire ottomane du princé Cantemir. SULTAN-CHÉRIF, ( zerme-de relation. ) titre du prince qui gouverne la Mecque, Ce prince étoit d’a- bord founxs & tributaire du grand-feigneur ; mais dans la divifion de Pempire mufulman, la race du prophete s’eft confervé la fouveraineté & la poflef= fion de la Mecque 87 de Médine, fans être dans la dépendance de perfonne ; c’eit alors qu’on a donné à ces princes letitre de Jultans-chérifs ; pour mar- quer leur prééminence. D'ailleurs tous les autres princes mahométans ont pour eux & pour les lieux qu'ils pofledent, une exirème vénération, leur en. voyant fouvent des ofrandes & des préfens confi- 656 S ÜEE 2 dérables. Enfin les /ulrans-chérifs ont ufurpéun grand pays fur les Abyflns, lefquels ne pofledent plus au- jourd’hui de port en propriété fur la mer Rouge. (D. 1.) SULTANE , f. £ ( Æiff. mod. ) maïtrefle ou con- cubine du grand-feigneur. Nous ne difons pas oz époufe, parce que la politique des empereurs turcs ne leur permet pas d’en prendre, Sulsane favorite eft une des femmes du ferrail que le fultan a honoré de fes faveurs, & qu'on nomme a/ek; fultana, Voyez ASEKI. Sulrane regnante eft lapremiere de toutes qui don- ne un enfant mâle au grand-feigneur. On l’appelle ordinairement bujuk afeki, c’eft-à-dire, la premiere ou la grande favorite. | Sultane validé eft la mere de l’empereur regnant , comme nous difons la reine mere. Toutes ces fulranes font renfermées dans le ferrail fous la garde d’eunuques noirs êc blancs, (a n’en {ot- tent jamais qu'avec le grand-feigneur, mais dans des voitures fi exactement fermées, qu’elles ne peuvent ‘ni voir ni être vues. Quand le grand-feigneur meurt, ou perd Pempire par quelque révolution, toutes ces Jfultanes font con- finées dans le vieux ferrail. Sulrane eft auf le nom que les Turcs donnent à leurs plus sros vaifleaux de guerre, SULTANE, en terme de Confifeur , ce font des petits ouvrages d’affortiment & de fymmétrie dont on fe fert pour garnir quelque tourte ou autre chofe, . SULTANIE o SULTANIA, ( Géog. mod, ) ville de Perfe, dans l’irac-Agémi, fur les frontieres de lAzerbijane, dans une plaine terminée par une mon- tagne. Sultan Mahomet Chodabande fit bâtir Sulra- nie des ruines de l’ancienne ville de Tigranocerta, & en fit le fiege de fon empire ; c’eftde là qu’elle a pris le nom de Sufranie, qui veut dire y1//e royale, Elle devint très-confidérable, & les prédécefleurs d’I- maëlfophi y firent fouvent leur réfidence ; mais cette ville ayant été faccagée par Tamerlan , & par d’au- tres princes turcs &tartares, n’a confervé de {on an- cien luftre qu’une belle mofquée dans laquelle eft le tombeau de Chodabande. On en peut voir la def- cription dans Phiftoire de Timur-Bec, 2. ZI. €, xx. Long. de Sulranie, fuivant Favernier, 76.18. latir. 9. 40. (D. JT.) , SULTANIN , £. m.( Mornoie. ) le fultanin eft une monnoie d’or qui {e fabrique au Caire, 6t qui a cours dans tous les états du turc; c’eft la feule efpece d’or ui fe fafle au coin du grand-feigneur; on lappelle auf fchérifi & fequin ; 11 vaut à-peu-près Le ducat d’or. On nomme auffi fu/ranins des efpeces d’or quife frappent à Tunis ; mais outre que ces /x/sanins font d’un tiers plus forts que ceux d'Egypte, l'or en ei à plus haut titre, & tout du plus fin qu'il puifle être, c’eft-à-dire, au plus près de vingt-quatre karats, (D. J.) 1 SULTZ , ( Géog. mod, ) petite ville ou plutôt bourg de France, dans la haute-Alface , dépendant de l'évêché de Strasbourg, Il y a aufh un boure ap- pellé Suez, en Allemagne, dans la Suabe, chef-lieu d’un comté de même nom, ce comté confine ayec les cantons de Zurich, de Schafthoufe, le landeraviat de Stulingen, & la forêt-noire. ( D. J.) SULTZ, comté. de, ( Géog.mod. ) comté d’Alle- magne , en Suabe ; ce comté confine avec les can- tons de Zurich & de Schafhoufe, le landgraviat de Stulingen, & la forêt-noire. Le pays en eft aflez beau, & divifé en quatre bailhages. Son chef-lieu eft un ros boure de même nom. ( 2. J. SULTZBACH, ( Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne , dans la principauté de même nom, qui eit fituée aux confins du haut palatinat , vers la Franco- nie. Cette feigneurie appartenoït à la branche de Neubourg. ( D. J. ) SULTZBURG , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- magne, dans le Brifgaw , dépendante des margraves de Bade-Dourlac, qui y ont bâti un château. Le ter- roir de ce lieu produit des vins rouges fort eftimés en Allemagne. Long. 25.14, latit. 47.53. (D. J. SUMAC , rhus, L.m. ( Hifl. nar. Bor, ) genre de plante à fleur en rofe , compofée de plufeurs pétales _difpofées en rond ; le piftl fort du calice, & de- vient dans la fuite une capfule arrondie , qui a pref- que la forme d’un rein, & qui renferme une femen- ce de la même forme. Tournefort , inf£. rei herb, Voyez PLANTE. SUMACH , rhus , petit arbre qui vient naturelle- ment dans l’Europe méridionale, dans quelques contrées de l'Amérique feptentionale, & en Afrique ; mais les fxmachs d'Afrique font toujours verds, de plus petite ftature , &c bien différens de ceux d'Euro- pe & d'Amérique: ces derniers s’élevent à douzeow quinze piés : ils font rarement une tige droite , leur écorce eftliffe fur les vieilles branches , & extrème- ment velue fur les jeunesrameaux, ce qui, joint à la direétion courbe & oblique de ces rameaux qui font fort gros, leur donne de loin l'apparence d’un bois de cerf, c’eft ce qui a occafonné de donner au Jumach le nom de bois de cerf : leurs feuilles font com- pofées de plufieurs folioles longues, pointues , den- telées & rangées par paires fur un filet commun qui eft terminé par une feule foliole. Ces arbrifleaux donnent en Juin &t Juillet de groffes grappes de fleurs un peu jaunâtres , & de peu d’apparence; les graines qui s’étendent , font de très-petites baies ve- lues , & bien peu charnues , qui contiennent un noyau rond Pautomne & le tems de leur maturité. Les fumachs d'Europe & d'Amérique font très-ro- buftes, &z leur accroiflement eft très-prompt : on Les voit réuflr par-tout, depuis le fol de pur argile, juf- que dans les terreins les plus pierreux : ils s’accom- modent de toutes les expofñtions, ils reprennent aï- fément à la tranfplantation , ils fouffrent lataille dans toutes les faons , &c ils fe multiplient plus que l’on ne veut: on n’eft pas en ufage de les femer, cefe- roit un moyen trop long, & d’ailleurs les graines levent difficilement; mais leurs racines qui rampent près de la furface de la terre, &c qui s'étendent au. loin, pouffent une grande quantité de rejettons: ce- pendant à leur défaut , on peut fe feryir des feules racines , qui étant coupées de la longueur du doigt, & mifes en terre au printems , reprennent très-ai- fément. On peut tirer quelque parti des frmachs pour la- grément ; leur feuillage eft fort apparent & d’une belle verdure , quelques efpeces même donnent des grappes rouges qui font d’un bel afpe& dans l’autom- ne & pendant tout l’hiver , & ces arbrifleaux font très-propres foit à faire de la garniture dans les bof- quets , foit à remplir promptement des places vui- des , où quantité d’arbrifleaux ne pourroient réuflir à caufe de la défeftuofité du terrein; mais ces arbrif- feaux ne font pas fans utilité : on {e fervoit ancienne- ment de leurs graines pour affafonner différens mets. Bellon rapporte que de fon tems les Turcs les em- ployoient à cet ufage , qui n’a ceflé vraiflemblable- ment qu’à caufe que cet aflaïfonnement noircifloit les dents. Il y a tout lieu de préfumer cette propriété dans la graine du frac, puilque la décoétion de fes feuilles noircitiles cheveux, & que le bois peut fervir à faire de l'encre : on cultive ces arbriffeaux en Ef- pagne & dans nos provinces méridionales , pour la préparation des cuirs, &c on emploie à ce fervice toutes les parties du /#mack, le bois, la feuille , & la graine. Ce petit arbre eft au nombre des drogues colorantes qui font communes aux teinturiers du rand & du petit teint; 1l fert à teindre en verd, & il entre dans l’apprêt des maroquins noirs, & de quelques quelques autres peaux; c’eft du Portugal qu’on tire la plus grande partie du famac qui fe confomme en France on peut faire du vinaigre avec les grappes de cet arbrifleau ; en faifant des incifions au tronc M il en découle un fuc réfineux qui pourroit avoir de Putilité pour Les arts : enfin on tait quelqu'ufage des graines de fumac en médecine, par rapport à leur qualité aftringente & rafraïichiffante. Il y a plufeurs efpeces de fumacs. 1°. Le fumac à feuille d'orme : Ceft le feul qui vienne naturellement en Europe, & celui qui a le moins d'agrément : on doit appliquer particuliere- ment à cette efpece, ce qui a été dit ci-deflus. 2°. Le Jumac de Virginie : c’eft celui que lon cultive le plus communément dans les jardins pour Pagrément de fes grappes rouges qui reftent {ur Par- bre pendant tout l'hiver ; {on bois eft fort tendre - mais il eft veiné d’une couleur verte de deux nuances aflez belles. 3°. Le Jumac de Virginie velouté de rouge : c’eft une variété du précédent, il fait un plus grand arbre, fon accroiffement eft plus prompt , fes jeunes ra- meaux font garnis de duvet d’un rouge fort vif, fes grappes de fleurs font blanches, fort grandes, & cparies. 4°. Le Jumac d'Amérique à bois liffe : c’eft l’efpece qui a la plus jolie apparence, par la verdurebleuâtre de fon feuillage & de fes jeunes rameaux , qui font fans aucun duvet ; fes grappes {ont éparfes , &c elles n'ont jamais de couleur apparente; cet arbre fait une tige plus droite que les autres. ÿ'+ Le Jumac de Canada à feuilles longues , ou le vinaigrier : cet arbrifleau s’éleve moins que les pré- cédens ; fes feuilles font luifantes & d’une couleur de verd demer, & fes grappes de fleurs d’un rouge vif dé la plusbelle apparence; il eft vrai que fes bran- ches viennent fort irrégulierement, &c qu'il poufle un grand nombre de rejettons, ce qui dépiine un peu l’agrément qu'il a d’ailleurs. 6°. Le peri: fumac de: Virginie: cet arbrifleau ne s’éleve guere qu’à quatre piés ; fa fleur n’a rien de fort remarquable ; toute {a beauté confifte dans la fingularité de fes feuilles qui font doublement empan- nées, c’efl-à-dire que le filet qui foutient plufieurs paires de folioles eft bordé d’un fanage qui fe réunit avec les foliolés ; cet arbriffeau ne donne point de rejetton du pié, il faut le faire venir de graine, 7°. Le Jumac de Caroline à fruit écarlate. 8°. Le fumac de Caroline à fruit noir : ces deux dernieres efpeces font encore très-rares , & peu con- nues. 9°. Le famachcopal, rhus obfoniorum : cet arbre eft originaire de la Caroline & de la Virginie, où il s’é- leve à plus de Vingt piés; fes feuilles font ailes & compofées de quatre , cinq, ou fix paires de folio- les, mais celle qui termine le filet commun n’a point de pédicule ; il fort du tronc de cet arbre un fuc épais, Qui a quelque reflemblance avec la gomme copal. On connoït encore de cinq ou fix fortes de Jumacs qui font originaires de l'Afrique : ce font de petits at- briffeaux fort délicats, qui n’ont d'autre agrément que d’être toujours verds. | SUMAC , ( Mar. med. ) ordinaire ou commun > 8& Jumac de Virginie. Les fruits de la premiere efpece de Jumac étoient employés dans la cuifine des anciens ï à titre d’affaifonnement ; auf portent-ils chez plu- feurs botaniftes le titre de Jimac ) OÙ rhus obfoniorum, ThUS culinaria | Ec. les Turcs s’en fervent encore au. jourd’hui , au rapport de Bellon ; mais:l eft abfolu- ment inufité à ce titre parmi nous. | Nous n’employons plus cet atbrifleau, & princi- palèément celui de la feconde efpece, le fmac de Vir- ginie , qu'a titre de remede ; fes feuilles & fes fruits font comptés parmi les plus puifans aftringens : on Tome XP, : | “tam SUM C57 en emploie l’infufion & la décodion dans les cours de ventre &c les hémorrhagies qu'il faut arrêter. Ces remedes font encore mis au rang des bons anti-{cor- butiques. Le fruit de fnac entre dans le firop myrtin & dans le vin aftringent pro to4u, de la pharmacopée de Paris ; les femences entrent dans longuent de la comtefle, SUMAC , f. m. (Teirture.) drogue propre pour teindre en verd ; cette drogue dont on fe fert auf dans l’apprêt des maroquins noirs & de quelques äu- tres peaux , n’eft autre chofe que les feuilles & les jeunes branches de l’arbriffeau , pilées dans un mor- tier, Quoique le fzrmac foit du nombre des drogues co- lorantes , qui font communes aux teinturiers du grand & du petit teint, ileft néanmoins défendu aux uns & aux auires d'en employer de vieux , c'eft-à- dire qui a déja fervi à pafler les maroquins, ou autres peaux. Le meilleur famac pour la teinture eft celui qui eft verdâtre 8 nouveau. C’eft du port de Porto, en Portugal, que vient la plus grande partie du /u- mac qui fe contommeen France. (D. J. SUMATIA, (Géog. anc.) ville du Péloponnèfe dans lArcadie. Paufanias, Zv. FIIL. ce. XXXV]. NOUS apprend que cette ville étoit ruinée de fon tems : &t qu’elle avoir été fituée au midi de Lycoa, autre ville ruinée. (D. J. ) SUMATRA , (Géog. mod.) grande île de l'Océan indien, à Poccident de la preiqu'ile du Malaca & de l'ile de Bornéo, & féparée de celle de Java par le détroit de la Sonde. Cette ile s'étend depuis la pointe d’Achem qui e par les $ deg. 30/. nord , jufqu’au détroit de la Son- de, par les $ deg. 30/. fud, qui font onze degrés. Ainfi cette ile auroit 300 lieues de longueur, & en- viron 70 de large. Elle eft arrofee d’un grand nombre de rivieres, grandes, moyennes & petites. Elle ne manque pas de mines d’étain, de fer & de cuivre. Elle ef femée çà &c là de montagnes très-hautes ; mais l’air de ce pays eft fort mal-fain, à caufe de la ligne équinoxia- le qui le coupe par le milieu, & des pluies qui y regnent une partie de l’année, & qui font enluite fuivies de calmes qui furviennent après des tempêz tes. Cependant les côtes de cette île offrent à la vüe des plaines couvertes d’orangers , de cocotiers & d’autres arbres fruitiers; des forêts toujours ver- doyantes, des collines ornées de bocages, & des ha- meaux où brillent toutes Les beautés champêtres. Les terres produifent une quantité prodigieufe de riz, d'orge, de miel, de cire & fur-tout du poivre. Les lieux incultes & fauvages nourriffent des élé- phans , des fangliers , des cerfs, des finges &c des fer- pens. Les rivieres ne manquént pas de crocodiles qu'on nomme caymans. Les prairies nourrifent quantité de bufles, de bœufs & de chevaux. ‘île de Surarra eft divifée en plufieurs Toyau- mes, dont le plus puiffant eft celui d’Achem ; qui occupe le côté feptentrional de l’île, Le côté méri- dional dépend en partie du royaume de Bantam Fou en partie du Mararam de Java. - On parle la langue malaye dans toute l’île, & la plu- . part des habitans ont embrafé le Mahométifme, à l’e. xemple desMaures.En généralilsfont noirs,de lataille des Javanois, fiers, audacieux, perfides & fangui- naires. Ils craionent leurs rois qui font abfolus, & qui pour des fautes légeres, leur font couper inhu- mainement les piés & les mains. Ils font prefque tout nus, depuis la ceinture en- haut. Les plus magnifiques ont une légere cabaie, qui eft de toile de coton., Leurs édifices , pagodes &z maïfons, font élevés fur des piliers de bois, & bâtis } de légers matériaux, à la maniere des Maures. OCoo 658 SUM Leurs vivres ordinaires font du riz, du porflon, des noix de cocos, & des herbages. On trouve chez eux d’affez bons ouvriers pour la conftruétion des na- vires, pour la fonte des vaifleaux de cuivre, & pour forger des couteaux, des poignards, des javelines. Les Hollandois ont plufieurs forterefles dans cette ile , où ils ont acquis une grande autorité par leur puiffance & leur commerce. Ils fe font fait refpeéter des rois d’Achem, de Bantam & de Java. Ils énlevent tout le poivre du pays, qui eff le plus eftimé des In- des après celui de Cochin. Selon Maffæi l'île de Sumatra eft la Cherfonnèfe d’or des anciens ; du-moins n’eft-ce point la pref- qu’ile de Malacca , car il n’y a point du tout d’or dans tout le pays autour de Malacca, & l’on trouva beau- coup d’or dans Pile de Sxrrarra lorfque les Portugais s’en emparerent. (2. J.) SUMBI, ( Géog. mod.) province d'Afrique au royaume d’Angola, dans l'Ethiopie occidentale, Elie ef fituée parles 11 deg, de larinude méridionale. Plu- fieurs rivieres latraverfent 8 larroferoient fufifam- meni pour la fertilhfer ,f elle étoit cultivée, &z qu'on détruisit les bêtes fauvages qui la défolent. Ses habi- tans ont les mêmes coutumes & la même religion que les Chiffames. ( D. J.) SUMES, (Mytholog.) les Carthaginoiïs honoroient Mercure fous ce nom, qui fignifioit en langue puni- que, le meffager des dieux. (D. J.) SUMMANALIE , f. m, (Myzholog.) gâteau de fari- ne , fait en forme de roue. Les uns dérivent ce mot du dieu Summane auquel on les offroit ; d’autres de fumen, ou de la mamelle de la truie dont ils avoient la forme. SUMMANE , (Mytholog.) un des dieux des en- fers : les Mythologues ne s'accordent point fur cette divinité. Ovide parlant des temples qu’on rebâtit en l’honneur de ce dieu , pendant la guerre contre Pyrrhus, témoigne qu’on ne favoit pas bien quel dieu c’étoit. Pline le naturalfte obférve qu’on attri- buoit à Sumimanus, les foudres & les tonnerres qui arrivoient pendant la nuit, au lieu que ceux qui fe faifoient entendre de jour étoient cenfés venir de Jupiter, Les anciens romains, au rapport de S. Auguftin, avoient eu plus de vénération pour ce dieu infernal, que.pour Jupiter même, jufqu’au tems qu’on bâtit le fameux temple du Capitole, qui attirant alors tous les vœux des Romains, fit oublier jufqu’au nom de Summanus. Cependant 1] avoit encore un temple à Rome du tems de Pline, auprès de celui de la Jeunef- fe, & une fête qu’on célébroit le 24 Juin. On lui 1m- moloit deux moutons noirs, ornés de bandelettes noires. : Macrobe prétend avec beaucoup de vraffemblan- ce, que Suramanus n'eit qu'un furnom de Pluton, que c’eft l’abregé de /xmmus manium , le chef & le fouverain des manes, oule prince des dieux de Pen- fer. Cicéron raconte que le dieu Summanus avoit une fâtue qui n’étoit que de terre, placée fur le faîte du temple de Jupiter. Oette flatue ayant été frappée de la foudre, & la tête ne s’en étant trouvée nulle part, les arufpices confultés répondirent que le tonnerre Vavoit jettée dans le Tibre: elle ÿ fut trouvée toute entiere , à l'endroit qu’ils avoient défigné. (D. J.) SUMMASENT À, (Hif. nur.) c’eft Le nom que les Efpagnols donnent à des vents d’eft & de fud-eft, qui {e font quelquefois fentir nuit & jour pendant une femaine entiere ; ls font frais êt fecs, & regnent pendant les mois de Février, de Mars &c d'Avril dans la baie de Campêché, dans un efpace d'environ 120 lieues , ils foufilent fur-tout dans les bafles marées: on dit qu'ils different également des vents de terre &c des vents de mer. SUMMASERTA, ( Géog. rod. ) riviere de l’Amért- que feptentrionale. Elle a fon embouchure furla côte de la baie de Campêche, On la trouve à l’eft du lac des Marées, lorfqu’on entre à Port-Royal. Elle eft petite , maïs néanmoins aflez grande pour donner en- trée aux pirogues, (D. J.) SUMMUS LACUS où SUMMO LACD , (Géog. anc.) comme décrit l'itinéraire d’Antonin; bourgade d'Italie dans le pays des Eugani, L'iinéraire d’Ân. tonin la place fur la route Brigantia à Milan , en pre: nant par le lac Larius, & il la marque éntre Murus ë&t Comum, à vingt milles dé la premiere de ces pla: ces, & à quinze milles de la feconde. Cette bourgade conferve encore aujourd’hui fon ancien nom un peu corrompu , car on l'appelle Sarmoleco. Mais fi elle a été autrefois très-confidérable, elle à perdu tout fon ancien luftre , par la chüûte d’une montagne voi- fine , qui Pa tellèment ruinée qu’à peine en voit-on quelques veftiges à fix milles de Chiavenne. Ce lieu avoit pris fon nom de fa fituation fur la rive de la par- tie feptentrionale du lac Larius, à laquelle on don- noit anciennement le nom de Lacus fummus , par op- pofition à la partie méridionale qu’on appelloit Lacus cnferior, (D. J.) SUMMUS PENINUS ou SUMMUM PENI- NUM, (Geog. anc.) lieu des Alpes pénines , mar- qué dans l'itinéraire d’Antonin fur la route de Mi- lan à Mayence, en prenant par les Alpes pénines. Ce lieu fe trouve entre Augufta Prætoria & Oëodu- rum , à vinot-cmq milles de chacune de ces places. Il avoit cte ainfi nommé à caufe de fa fituation fur le haut de la montagne , où l’on adoroïit anciennement le dieu Pennius dont parle Tite-Live, Zy, XXI. ch. xxxvi, & dont il eft fait mention dans une ancien- ne ifcription rapportée par Gudius, page 54, n°, 6, Lusius Lucullus Deo Pennio Optimo ; Maximo, Dorium dedir, Cette montagne s'appelle à-préfent le Grand S. Bernard. (D. I.) SUMMUS-PYRENÆUS, (Géog. anc.) lieu que Pitinéraire d’Antonin place fur une des routes de la Gaule en Efpagne , favoir fur celle de Narbonne à Terragone. Ce lieu eft marqué entre 4d Centuriones &t Juneiria, à feize milles du premier de ces lieux, &t à quinze milles du fecond. Il avoit pris fon nom de fa fituation au fommet des Pyrénées, 8 aux con- fins de la Gaule &c de l’Efpagne. Ce lieu eft appellé aujourd'hui Ports par les François, & Puerto par les Efpagnols ; & il fait encore la féparation du Lam- pourdan avec le Rouflitlon. (D. 7) SUMPTUM , {. m.(Gram. Jurifprud.) terme de chancellerie romaine, qui fignifie une copie collation. née , que les maitres du regiftre des fuppliques déli- vrent d’une fignature inférée dans leurs resiftres, au Bas de laquelle ils mettent de leur main femprumex. regifiro fupplicationum apoflolicarum, collationatum per. me nm... ejufdem regifiri magiftrum. Voyez le srairé de l'ufage & pratique de cour de Rome ; pat Caftel, some Ip: 39. (4) Laos SUNA , ( Religion mahomérane. ) nom du recueil des traditions qui concernent la region mahométa- ne ; c’eft léur thalmud ; mais les exemplaires de ce thalmud font fort différens les uns des autres , parce que la tradition eft toujours différente , felon les di- vers pays. Auffi celles dés Perfes mufulrhans, des Arabes, des Africains , dés habitans de Ja Mecque, font oppofées les unés aux autres. Cette oppoñrion, a produit les diverfes feétes de la religion mahomé- tane, 6t à introduit toutes les variations qui fegnent , dans les explications de l’alcoran, (2,7) | SUN. Suxa, (Géog: ane, } ville d'Italie, Puñe de celles où les Aborigènes avoient eu des établiffemens ; & qui fubfftoient du tems de Denis d’Halicarnafle , Z Ice, »}, Cet ancien hiflorien la met à 40 ftades de Véshola; ilajoute qe c’étoit une belle ville, remmar quable principalément par un ancien'temple de Mars. Sylburge croitique c'eft [a ville S24z7 de Prolomée. 61/3 RES PAR LEE REEL s Tag Cor 44 En 2 ÉÉUNCOPULLI , Lim, (Hif. rat, Litholog. ) nom que l’on donné dans les Indes orientales à une pierre qué lon fait éalciner, & que l’on donne enfuite dans lfevre. :: AL he RE EE | SUND:, DéTROIT DU, (Géog mod.) célebre dé: froit d'Europe, dans les états de Daneimarck ; il eft entre les côtes de Schonen-& de Séeland ; c’eft la clé de la mer Baltique. EMfeneur, place dé Danemarck, défendue par la fortereffe de Cronembure, eft fur le bord du Sr74, & garde le pañlage de ce détroit. De Pautre côté, eft le château d'Elfinbourg, dans la pro: vince de Shonen , qui appartient à la Süede, On don: ne à ce détroit 76 lieues de longueur, & $ dans fa plus grande largeur ; mais vis-à-vis la fortereñe de Cronénburgr, 1l n’aipas audelà d’une lieue de large , de forte que les gfos varfféaux n’y peuvent pañer que fous le Canon de la fortereffe ; c’eft ce qui pro- duit üne fomme confidérable au roi de Danemarck, le péage qu'il leve fur les bâtimens qui pañlent par le détroit , rapporte à ce prince environ 36 mille liv. fterling par an: Ce tribut procède d’une ancienne convention des villes anféatiques’, avec lé Dane- matck, pour l'entretien de quelques fanaux'le long de la côte. Lorfque ces villes tommbérent en déca- dence, cette convention devint un droit. On y voit pañler année commune deux milles väiffleaux , parmi lefquels il y en a bien millé appattenant aux Hollan- dois. (D. J.) | SUNDERBOURG , (Géog. mod.) ville de Dane- marck, dans Pile d’Alfen, fur le petit détroit nommé Sunderburger-Sund , à milles de Norodboutg | à 3 de Lensbourg ; à fix au nord deSlefwick, & à fept d'Hadersleben, avec un château. Lors. 27. 43. las 54. 52. (D. J.) q - SUNDERHAUSEN ox SONDERSHAUSEN, {Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Thu- ringe, fur le Wiper, avec un château. Elle appar- fient avec Arnftad, à la branche des comtes de Sch- wartzhboute-Sondershaufen. (D.J. SUNDERLAND , ( Géog. mod.) bourg d’Angle- térre, dans la province de Durham, à l'embouchure de la Were. Ce bourg qui eft confidérable, a droit de marché, &c ils’y fait entr'autres commerces , un riche trafic de charbon de terre. Il fe trouve envi- æonné de la mer, & comme féparé de la terre, quand la marée eft haute ; de-là lui eft venu le nom de Sun derland, (D.J.) SUNDEWTT , (Géog.mod.) petit pays du Jutland, qu'on met dans la principauté de Lugsbourg ; il ap- partient aux ducs de Slefwick & du Holftein Sonder- bourg. À l’orient &c au feptentrion , il eft borné par le détroit qui fépare l'ile d’Alfen de la terre ferme; | au midi , il a le golfe de Fleusbourg ; à l'occident, il a en partie le même golfe & le territoire de Lund- hofftharde. (D. J.) | | . SUNDI oz SUNDO , ( Géogr. mod.) province du royaume de Congo , dans l'Ethiopie occidentale, au mich de la riviere de Zaire. Cette province eft arro- fée d’un grand nombre de rivieres , & a dans fes Montagnes plufieurs mines de fer, & de cuivre. La capitale qui lui donne fon nom , eft à fix lieues de la grande cafcade du Zaire. (D.J.). SUNDIVA , (Géogr. mod.) île d’Afe, dans les In- des , à 6 lieues de la terre ferme de Bengale. On lui donne 30 lieues de tour ; fon commerce confifte à farre une grande quantité de {el, dont tout Le pays Tome XF, : SUN 659 * de Bengale fe fournit, Les Portugais s’ernparerent de cette île en 1602, mais ils furent obligés de l’aban= donner l’année fuivante au roi d'Aracan, qui en eft refté le maître, (D.J.Y MR ULELr SUNDSWALD , ( Géogr. mod. ) ville de Suede ; capitale de la Médelpadie ; à lembouchute d'une grande riviere, dans le golfe de Bothnie, avee un bon port. C’éftune ville nénvelléement bâtie qui prof pere, &c dont les häbitans s'occupent en partie à la fabrique des armes, (D,J.) 4 | SUNIADE , ( Myshol. ) Minerve avoit un temple au haut du promontoire de Sunium ; qui étoit à l’en- trée de l’Attique , & qu’on appelle aujourd’hui le ee Colonne , parce qu'il refte encore dé ce temple dé Minerve dix-neuf colonnes qui font de bout ; Miner: ve fut appellée de-là Suxiade, (D. TI.) 1 :SUNIQUES , Les, ( Géopr. anc, ) Suñicr , peuples de la Gerranie , en decà du Rhein. La plüpart des géographes conviennent, qué’ces peuples dont le nom commence à n'être connu que depuis le téms d'Augufte, faifoient partie des Suéves , qui furent transférés au deçà du Rhein, & qu'ils habitoient en- tré les Ubiéns &c les Tungres. M. Spenet , noir. gem. LV. è: v. fe joint au fentiment commun , & dit que les Szeves dont les Surici faifoient partie, étoient ceux auxquels on avoit donné le nom de Carri Aujourd’hui,quelques géographes prétendent trou: ver dans les noms de quelques lieux, habités autre fois par les Suzie: , l'origine du nom de ce peuple; mais 1l feroit encore plus naturel de dire, que ce font les Sunici qui ont donné leur nom à ces lieux. Quoi qu'il en foit , la demeure de ces peuples en decà du Rheïn ef fixée par Tacite, qui dit que Civilis, après avoir fait alliance avéc lés habitans de Cologne; ré: folut de gagner les cités voifines , ou de réduire par les armes, celles qui s’oppoferoient à fon deffein: que comme 1l s'étôit emparé du pays des Sunici | 8e avoit partagë toute leur jeunefle en diverfes cohor- tes; Claudius Labéon!S’étoit mis 4 litête de quel- ques troupes qu'il avoit levées à la hâte chez les Bé2 thafiens, les Tungres & les Nerviens, & avoit en- trepris de lui réfifter, s’aflurant fur l'avantage du pofs te ; ayant commencé de s’emparer du pont de la Meufe. K On péut conjeéturer de ce técit, & de la connoif fance qu’on a de la demeure des autres peuples, que les Suricr habitoient entre les Ubiens & les Tungres; que la Meufe du côté de l'occident féparoit les Tun- gres & les Ménapiens des Szrici, comme du côté de lorient ; la Roër féparoit ces derniers des Ubiens & des Gugerni' ces mêmes Gugerni & les Ménapii bornoïent au nord les Suicr, (D.JT. SUNIUM , (Géog. anc.) 1°. promontoire de lAt- tique ; c’eft celui où aboutiflent les côtes orientales & méridionales de cette contrée, Strabon , Tite-Li- ve, Ptolomée & divers autres auteurs anciens par lent de ce promontoire, Stace dit: Linquirur eois longè [peculabile proris S'unior. Ce promontoire eft appellé par Vitruve, Zy, IP: ch. vi. Sunium Palladis , {ans doute, à caufe du tem- ple qu'on y avoit bâti à l'honneur de Pallas. Par la même raïfon , il eft nommé Palladis promontoriur dans Homere &c dans Ariftophane. Paufanias , Ziv. I. ch. j. le décrit ainf. Dans cette partie du continent de la Grece, qui regarde les Cy- clades & la mer Egée, s’éleve à l'entrée de l’Attique, le promontoire Sunium, Au bas eft une rade, & au haut un temple dédié à Minerve Suniade. Il ajoute que quand on a pañlé le promontoire Szrium, on voit un peu plus loin la montagne de Laurium, où les Athéniens avoient autrefois des mines d’argent. Le promontoire Sunium eft nommé par les Grecs 0000: 660 SUN modernes, capo Colonaïs ; &t par les Francois , le cap Colonne ; parce qu'on y voit plufieurs colonnes do- riques fur pié, qui font les reftes du temple de Mi- nerve, On y voit aufli des ruines d’édifices qui com- pofoient le bourg de même nom que Le promontoire dont nous parlerons dans l’article fuivant. Les colonnes du temple. de Minerve font blanches, felon M. de Wheler; voyagede Grece, 07. [I. p. 263. & fe voient de fort loin en mer. Ce temple, ajoute-t-1l, eft fitué fur la croupe d’un haut rocher qui s’avance dans la mer. On voit néufcolonnes doriques au fud-oueft, & cinq vis-à-vis. il refte deux pilaftres à l'extrémité méridionale , étant partie du ronaos , où font gravés plufieurs, noms anciens &c modernes. Il femble par les fondemens des murailles, que le temple étoit renfermé dans la forterefle , au- deffous de laquelle on voit d’autres fondemens de murailles, qui font indubitablement ceux de la ville de Sunium.. || y a une petite baie à main droite, où étoit l’ancien port qui eft aujourd’hui abandonné, aufli-bien que la petite île Patroclea ,, que la plüpart appellent Guidroni/a. | 2°, Sunium, bourg de l'Attique, felon Strabon , liv. LX. pag. 398. quile met fur le promontoire de même nom; c’eft apparemment,le bourg Sazium , ani, au rappott d'Etienne le géographe, faifoit par- tie de latribu Léontide.. Ileft bien vrai que dans le marbre qui contient la lifte des bourgs de l’Attique, Sunium eft mis fous la tribu Atalide: mais. ce doit avoir été effet du changement arrivé dans les tribus de l'Attique, au moyen de leur nombre qui fut aug- menté de dix à treize. Suzium, dit M. Spon .. fut célebre pour fon beau temple de Minerye Sunia- de, bâti de la maniere de celui de Minerve à Athe- nes, & d'ordre dorique. Neptune y étoitaufli adoré fous le titre de Suniarator, & on y failoit pendant les fêtes panathénées des combats de galeres. Ce bourg autrefois fort peuplé , ét qu’on pourroit nommer vi//e, eft aujourd’hui fans habitans; & Pon ne peut. juger de fa grandeur que par fes ruines. Le monument le plus entier qui:y refte, eft le temple de Minerve Suniade, avec dix-fept colonnes entieres d’un ouvrage tout femblable à celui, du temple de Théfée à Athènes. On y voit fur un bas-relief de mar- bre de Paros , une femme affife avec un petit enfant, qui comme elle, leve les bras, & paroït regarder avec effroi un homme nud, qui fe précipite du haut d’un rocher. M. Fourmont dans fon voyage de Gre- ce en 1729 prit les dimenfions de ce temple, leva le plan de la ville & du port. (D. J.) SUNNET, f. m. ( Æif. mod.) les Mahométans diftinguent deux efpeces de préceptes dans l’alcoran; -ils appellent furres, ceux dont on peut être difpenfé en de certaines occafñons ; de ce nombre font la cir- concifon, les rites eccléfiaftiques , 6c. On ne peut cependant les omettre fans péché véniel; à-moins qu'il n’y et néceflité. Quant aux préceptes qui font d’une néceffité indifpenfable, ils les nomment fars ; tel eft le précepte appellé Ja/avar, c’eft-à- dire, la confeffion de foimahométane, qu’on ne peut négli- : ger fans mettre fon falut en danger ; tel eft aufli Le zekkiat , ou la néceffité de donner aux pauvres la cin- quantieme partie de fon bien. SUNNING , ( Géog. mod. ) village d'Angleterre, dans Berckshire, fur le bord de la Tamife , un peu au-deflous de Reading. Ce village .dans les premiers fiecles de l'Eglife, a été le fiége de huit évêques, avant que cet honneur futitransféré à Sherborn , &c enfuite à Salisbury. (D. J.) SUNNIS oz SONNIS , ( Æiff. mod. ) feête des ma- hométans turcs atrachés à la funna ou fonna , & op- potés à celle des fchiais, c’efl-à-dire, des mahomé- tans de Perte. Les Sunnis foutiennent que Mahomet eut pour S U O légitime fuecefleur Abubekir, auquel fuccéda Orar puis Oiman, & enfuite Mortuz-Als, neveu & gendre). de Mahomet. Ils ajoutent qu'Ofman étoit fecrétaire, du prophete &c homme d’un génie profond; que les. trois autres étoient-aufli fort éclairés , 8 d’ailleurs très-srands capitaines, & qu'ils ont plus étendu la, loi par la force des armes que par celle des raifons. C’eft pourquoi dans la fette des Suznis, 1l n’eft pas, permis de difputer.de la religion, mais feulement de la maintenir le cimeterre à la main, Les Schiaïs ou, Schiftes traitent les, Sazris d’hérétiques,, qualifica- tion que ceux-ci ne ménagent pas davantage à lé gard des Schiftes, Favern. oyage de Perfe. | SUNTGAW., où SUNDGOW,,(Géog. mod. ):en: latin moderne Surtgowie,.où Sugitenfis pagus; pays: d'Allemagne en Alface..Ileft borné au feptentrion, par la haute Alface; à lorient parle Rhin, & par le, canton de Bafle ; au midi par la principauté de Pos rentru, & parlaFranche-Comté, & à l'occident par les états du duc de Lorraine. : : Ce pays eft du territoire des anciens Rauraques, qui faifoient partie des Séquaniens.. Enfuite le Suzt- gaw fit partie du royaume d'Auftrafie, & puis dw royaume de Bourgogne; d’où il pañla entre les mains de l’empereur Conrard le faliques Le: Sursgaw, avoit alors pour capitale Mulhaufen , qui étoit im médiatement foumile à empire; cependant le com: te de Pfrt, appellé de nos jours par les François comte de Frerresre en -poflédoit une bonne partie... : Les François {e rendirent maîtres de ce pays dans, le dermer fiecle, & il fut céde à la couronne.de Frans ce en toute fouveraineté par le traité de. Munfter, lan 1648. Le Suntgaw. comprend aujourd’hui les bailliages de Frerrette,, Lauier, Altkirc, Tham , & Véfort ; fes lieux.principaux font Frerrette, Béfort, & Huningue. ( D. J.) SUOLA1, ( Géog. mod. ) bourg de Grece , dans la Livadie, fur le golfe de Lépante , au midi du mont Parnafle, & à fixlieues des ruines de Delphes. C’eft l’ancienne Antieyra , fuivant les interpretes de Pto- lomée. ( D. J.) SUOVÉTAURILIES , f. £. pl. (Anrigsrom. ) [u0- vetaurilia , où l’on immoloit un verrat , un béker, & un taureau, comme le.prouve le mot même /-ove- taurilia, qui eft compoié de Jus, ov1s, taurus ; le mot ove eft pris 1ci pour un bélier; car c’eft le mâle de lefpece qui n’étoit point coupé , qu’on offroit dans cette cérémonie ; d’où vient qu’on l’appelloit autre- ment /o/itorilia, c’eft-à-dire , felon Sextus Pompeius, folida , mot qui fignifie que les animaux étoient en- tiers, & qu’ils n’avoient perdu aucune partie de leur Corps. Les facrifices du bélier, du verrat, & du taureau, étoient les plus grands, & les plus confidérables que l’on faifoit à Mars. Ce facrifice fe faifoit pour la lu- ftration du peuple , après le dénombrement du cen- feur, pour l’expiation des champs, des fonds deterre, des armées, des villes, & de plufeurs autres chofes, pour les fanéifier , ou les expier , ou les purifier, &c attirer la proteétion des dieux par cet aéte de reli- gion. Les fzovetaurilia fe diftinguoient en grands & en petits : dans les petits, l’on immoloit de jeunes animaux, un jeune verrat, un agneall, un veau; dans les grands, on facriñoit des animaux parfaits qui avoient toute leur taille, comme le verrat,lebélier, le taureau. Avant le facrifice , on faïfoit faire à ces animaux trois fois le tour de la chofe qu'il s’agifloit de purifier. Que la viétime qui doit être offerte, foit promenée trois fois autour des champs, dit Virgile. Le verrat étoit toujours immolé le premier , comme Panimal qui nuit Le plus aux femences &c aux moif- {ons ; & fucceflivement le bélier &t le taureau. Les fuovétaurilies étoient chez les Romains un fa= S UP crifice à Mars s mais chez les Grecs ce facrifice s’of- froit à d’autres dieux : dans Homere à N eptune, êc dans Paufanias à Efculape. (D...) …SUPANNE , ( Marine. ) quelques marins-enten- ent-par ce-mot, êtreen panne. Voyez PANNE. SUPARA , ( Geogr. anc.) ville de l’Inde, en-deçà du Gange,, fur le golfe Barigazene’, felon Ptolomée, L VII, c.j. qui la donne aux Ariaces, ( D. J.) . SUPER, v.n.( Marine. ) on dit qu’une voie d’eau a fupé, lorfqu'il y eft entré quelque chofe qui en a bouché louverture. | Ve . SUPER ÆQUANI, ( Géog: anc. ) peuples d’Ita- lie, placés dans la quatrieme région par Pline, Z. LIT. c. #17. qui les met dans le pays des Peligni. La: ville eft nommée Superequum par Frontin, p. 170, & co- lorie fuperæquana par Balbus. Holiten dit que c’eft aujourd’hui Caffel-Vecchio fubequo , près de la riviere de Peicara, (D..J.) 01 >," SUPERATION, £ f. (4ffron. ) différence du mou- vement.d’une planete comparée à une autre ou à elle-même en deux points diférens de fon orbite. SUPERBE, adj. ( Gram. ) sl fe dit d’un homme, il eft fynonyme à wair, fier, orgneilleux ; un vain- queur J#perbe : d’une chofe, ilen marque l’éclat, la grandeur, la magnificence ; un ornement fuperbe , un féperbe édifice , une entrée /äperbe , un vêtement fuperbe. . SUPERBE , L f, (Hifl. nat. Bot.) methonica, genre de plante dont la fleur eft en lis, compofée de fix feuilles rangées autour du même centre. Le piitil devient unfnut ovale , divifé dans fa longueur en trois loges qui renferment des femences aflez ron- des. I] faut ajouter aux caraéteres de ce genre, la ra- cine charnue tallée en éouiere, & les feuilles ter- minées par une main. Tournefort, mm. de l’acad. roy. des Sci. an. 1706. Voyez PLANTE. SUPERBE, e7 Anatomie, nom de l’un des quatre mufcles droits de l'œil, appellé auff le reZeveur. Voyez Œrz & Droit. __ SUPERCESSIONS, £ £ pl. (Jurifprud. ) arrêts du confeil d'état qui déchargent les comptables. SUPERFÉTATION, ff. ( Phyfiologie. ) en grec érrxisie , Comme qui diroit furconceprion , lorique la mere concevroit en divers tems divers fœtus d'in- égale grofieur, & qui naïîtroient les uns après les au- tres. Quoique les fecrets des myfteres de la génération foient couverts d’un voile impénétrable , cependant Fexpérience & la théorie fe réuniffent à faire regar- der la fuperfétation comme impotüble, ou du - moins f difficile à imaginer, que les meilleurs phyficiens en mient généralement l’exiftence. Il paroit, ainf que Pa dit Hippocrate, qu'après la conception le cou de la matrice fe reflerre, & que fon orifice {e ferme de maniere à ne pouvoir plus laïffer rien entrer. En- fuite la femence ne peut plus aller de la matrice aux ovaires par les trompes, dont l’émbouchure dans le fond de la matrice eft alors fermée par le placenta du fœtus naïflant; ou, fi l’on veut, un œuf fécondé ne peut plus entrer dans la matrice par une trompe ainfi bouchée; car dans ces premiers tems la matrice étant encore fort petite & fort étroite, le fond en eft aifé- . ment occupé par le placenta, toujours d’autant plus grand à proportion que Le fœtus eft plus petit : enfin le fœtus accru, abaïfle par fon poids Le fond de la matrice, qui ne répond plus à lorifice interne, & par conféquent la femence entreroit vainement dans la matrice, elle ne peut plus prendre la route des trompes qui fe font trop abaïfiées avec le fond au- uel elles font attachées. Mér. de l'acad, ann. | 70$. DAS SUPERFICIE, £. f. ez Géomérrie, eft la même chofe que furface : ainf Pon dit la faperficie d’un cer- cle, d'un triangle, pour dire {a furface ou fon aire. Voyez AIRE SURFACE. (E) | S U P 661 SUPERFICIE , (J'urifprud.) on entend dans'cetté matiere par fperficie, ce qui fe conftruit, édifie, où plante fur le fol, comme une maïfon où un moulin, des arbres. La maxime en Droit eft que, faperfcies Jolo cedis,c’efl-à-dire que celui qui a le fol à le deflus, ét que le bâtiment conftruit fur un fond appartient au propriétaire du fond , faufà tenir compte à celui qui a bâti de ce dont le fond a été amélioré par la : conftruéhon du bâtiment. Voyez aux Inflitutes, 1, IL. ut 1. 30. & fuiv. (4) | | SUPERFICIE , ( Hydraul, ) on ne dit point furfuce en parlant de Pétendue d’eau d’un baffin, mais faperficie, ainfi les eaux de Juperficie font celles qui roulent & qui fe perdent à mefure qu’elles viennent dans un baflin, ce qu’on appelle encore, décharge de fuperficie, K LAN) adj. (Gram. ) il fe dit dés chofes &t des perfonnes. Un homme fsperficiel eft celui qui n'a effieuré des connoïflances que la fuperficie, qui n’a rien appris à fond. Un ouvrage fuperficiel eft celui qui a le défaut de l’homme Jperfciel. Plus il y a d'hommes fuperficiels dans une! contrée, plus, tout étant égal d’ailleurs, il y auta d'hommes profonds, car il n’y a qu'un feul moyen de {e diftinguer des au- tres, c’eft de favoir mieux qu'eux. SUPERFIN, f. m. rerme de Manufaëture, ce mot {e dit pour exprimerfuperlativement la fineffe d’une étofe. Ainfi un drap ,un camelot, ec, fuperfin, eft celui qui eft le plus fin de tous ceux que l’on puiffe fabriquer, où qui a été manufatturé avec de la laine, de la foie, Où autre matiere extrèmement fine, (D. J:) SUPERFIN, terme de Tireur d'or, c’eft du fil d’or ou d'argent trait, tant fin que faux , qui après avoir paflé par une infinité de pertuis ou trous de fliere , toujours en diminuant de groffeur , eft enfin parvenu à n'être pas plus gros qu'un cheveu ; foit que ce fil ait été battu, écaché ou mis en lâme, ou qu’on l'ait enfuite filé fur la foie ou fur le fl de chanvre ou de lin, on ne laifle pas toujours de lui donner le nom de /uperfin, enforte que l’on dit indifféremment de Por & de Pargent trait faperfin, de l’or ou de l'argent battu, écaché, où en lame /“perfn , du fil d’or ou d'argent uperfen. Savary. (D.J.) SUPERFEU , adj. & fubit. ( Gram.) ce qui eft de trop : un mot /perflu, une démarche fuperflue, Le fuperflu, c’'eft-à-dire tout ce qu’on poffede au delà des befoins de fon état : on a dit que c’étoit le patrimoine des pauvres. En mufique, un intervalle eft perf, lorfqu’étant rapporté à la gamme d’w: en majeur , ou à la gamme de re en mineur, cet intervalle eft plus grand qu'il ne l’eft dans ces deux gammes. | De fuperflu , en morale , on a fait fuperfluiré, C’eft par la Juperfluité en tout genre, que les grands fe pi- quent de mériter leur opulence : quelque riche qu'un homme puifle être, on lui pardonnera le dégoût de la fuperfluité, s'il fait accorder à la bienfaifance tout ce qu'il fupprimera de fon fafte. SUPERHUMERAL, (Æiff. facrée.) ce mot fisnifie ce qui fe met fur les épaules; c’eft le terme latin de la vulgate pour défioner l’éphod , ornement facerdo- talchez les Juifs. Voyez ÉPnoD. (D.J.) SUPÉRIEUR , £ m.(Grem. & Jurifprud.) eft celui qui eft élevé au-deflus des autres, comme le Jwpé- rieur d'une communauté. Voyez CONGRÉGATION, COMMUNAUTÉ, COUVENT, MONASTERE, ORDRE, Les cours fupérieures {ont les mêmes qu’on appelle cours fouveraines. Voyez; Cour , CONSEIL. Juge /upé. rieur, et celui devant lequel fe releve l'appel du juge inférieur. Voyez APPEL , JUGE, JURISDICTION, RESSORT. (4) SUPÉRIEURS, caraiteres, terme d’Imprimeur, où ap pelle caraéferes fupériesrs, de petites lettres qui fe mettent au-deflus de la ligne courante, ce qui {ert 62 SUP d'ordinaire aux abréviations, comme lorfaw”ontmrar- que primoavecunp,un, point, &un petit ° au-deflus, {D.J , SUPÉRIEUR, lac, (Géogr. mod.) nom qu’on donne à un lac de l'Amérique feptentrionale!, dans le Ca- nada. C’eft un prodigieux lac qui reccit le fleuve Saint-Laurent, & qui pafle pour avoir trois cens lieues de tour , fur cinquante de longueur. (2: 7.) SUPÉRIORITÉ, { f.(Gram.) avoir la fapériorise, c’eft exceller fur quelqu'un en quelque chote. Il a la fupériorisé fur moi prefque en tout, mais je fuis fi jaloux de a gloire, que jamais mon amour- propre n'eft mortifié. L SUPERLATIF, VE. adjeétif, qui aflez fou- vent eft pris fubftantivement ,| rerme de Grammaire, Ce mot a pour racines la prépoftion /uper (au-deflus de }, & le fupin Zazn (porter ); de fortéque /uper- Jauf figrifielitréralement, qui férs a porter au-def[us de. ‘Cette ctymologie du motindique bien nettement ce que penfoient de la chofe les premiers nomenclateurs; le fuperlæif étoit , felon eux, un degré réel de com- -parafon, & ce degré marquoitla plus grande fupé- riorité : ayoient-ils raifon à | Le faperlarif latin, comme fanéhiffimns, maximus, facillimus, pulcherrimus, peut bien être employé dans une phrafe comparative , mais 1l n'exprime pas plus la comparaifon que la forme poñitive ne l’exprime elle-même. Sanétius en a donné jufqu’à quatorze preuves dans fa Minerve JA, xj. fans rechercher à quoi l’on peut.s’en tenir fur la jufte valeur de toutes ces preuves, Je me contenterai d'en indiquer deux ici. \ La premiere , c’eft que Pon trouve des exemples où l’adjeétif eftau pofinif, quoique la phrafe énonce une comparañon, comme quand Tite-Live dit (8. XXXVI, ) , inter cæteras pugna fuit infignis , & Vir- gile ( Æn. IF.) ,fequimur ve, fanëledeorum, quifquis es, de la même maniere que Pline ( 6. XIII.) dit, anter omnes potentiffèmus odor | && ( lib. IX, } velociffr- anus omnium animalrum . . . eff delphinus , en em- ployant le uperlarif au lieu du pofitif. Enefet, puuf- qu'il faut convenir que la comparaïfon doit être mar- quée par quelque prépofition, dans les phrafes où Padjeétif eft au pofinf, & nullement par ladjeéif même, pourquoine donneroit-on pas la même fonc- tion aux, mêmes prépoñitions , dans des phrafes tou- tes femblables où Fadjeéif eft au /éperlauf? La pré- poñition inter marque également la comparaïion , quand on dit, éer cæteras pugna infignis, 8t:inter ones porentiffmus odor : pareillement fance deorum veut dire fans doute Jante (in numero ou fupra cete- ram turbam ) deorum ; &t velociffimus omniun anima- lium fignife de même velociffimus ( in numero ou fu- , pra cœteram turbam ) omnium animalium. Perizonius croit ( Mirerv. II, xj. nor, 2.7), que cet argument ne prouve rien du tout, par la raïon que les pofitifs fe confiruifent aufñ de la même ma- niere que les comparatifs avec la prépoñtion pre, qui exprime direétement la comparaïfon; c’eit ainf, ditil, que nous Hfons dans Cicéron, #4 bearus pre nobis ; or de cette refflemblance de conftruétion, Sandius ne conclura pas que l’adjeétif comparatif n'exprime pas une comparafon , & par conféquent iln’eft pas mieux fondé à le conclure à l'égard du fuperlauf. Je ne fais ce que Sanétius auroit répondu à cette objeétion; mais pour moi, je prétends que l’on peut également dire du comparatif &c du fuperlauf, qu'ils n’expriment par eux-mêmes aucune comparaifon , &c cela pour Lesraifons pareilles qui viennent d’être allé- guées, S'il eft aufh impofhble avec lun qu'avec l’au- tre d’analyfer uue phrafe comparative, fans y intro- duire une prépoñtion qui énonce la comparafon; il eft également néceflaire d’en conclure que ni l'un SUP P ni l’autre n’exprime cette comparaifon, Ofron trou= ve plufeurs phrafes effeétivement comparatives , où la comparaifon eft explicitement énoncée par-une prépofition!, fous quelque forme que pa- roifle ladjeétif: 1°. fous la forme pofitive: 62/5 na dnte'alies priameia virgo ! (Virg. ) Pre fe formofis in- vidiofa dea eft. (Propert.) Parvam albam pre eë que conderetur fore ( Liv. ) 2°. fous la forme comparative: Pigmalion [celere ante alios immanior dnines (Vire); Prœter cæteras altiorem.….. crucer faut juffir ( Suet. Ÿ » Pre cateris feris murior cerva ( Apul. ÿ: 3°. fous la forme fuperlarive : Antealios pulcherrimus omnes Tur- nus (Virg.); Famoféffima fuper careras ana (Suet.) ; Inter omnes maximus ( Ovid. ); Ex omnibus doitiffi- nus (Val, Maximus. }. [left donc en effet raïfonna- ble de conclure que ni le pofitif, ni le comparatif, ni le fuperlatif n'expriment par eux-mêmes la compas raïfon, & que, comme le dit San@ius, (Zu xÿ. ) vis comparationts non efé innomine ; fed in prepofitione. Mais Perizomus fe déclare contre cette conclufion de la mamiere la plusforte : Serre vix poffum quod auc- cor cenfet, vim comparationis effe in præpofitionibus , non ir nominmibus. ( not. 12 in Minerv. IV. vj.) À quoi ferviroit donc, ajoutetil, la formation du compa- ratif, & que fignifieroit dofior, s'il ne marque pas: direétement &t par lui:mêmela comparaifon? Voici ce que je réponds. Dans toute comparaifon il faut difnguer l’aéte de lefprit qui compare , &c le rap- port que cefte comparaifon lui fait appercevoir entre les êtres comparés: il y a en effet la même différence entre la comparaifon & le rapport , qu'entre le télef: cope &c les taches qu'ilme montre fur le difque du {oleil ou de la lune ; la comparaifon que je fais de deux êtres eft à moi, c’eft un acte propre de mon ef prit ; le rapport que je découvre entre ces êtres par la comparaifon que j'en fais , eft dans ces êtres mê- mes;1l y étoitavant ma comparaifon & indépendam- ment de cette comparaïfon, qui fert à l’y décou- vrir & non à l’y établir ; comme Le télefcope montre les taches de la lune , fans les y mettre ; cela pofé, je dis que la prépofition præ , qui femble plus particu- lièrement attachée à l'adjeétif comparatif, exprime en effet l’aéte de l’efprit qui compare, en un mot, la comparaifon ; au lieu que l’adje@tif que l’on nomme comparatif, exprime le rapport de fupériorité de lun des termes comparés fur l’autre, & non la com- paraïfon même , qui en eft fort différente, Javoue néanmoins que tout rapport énoncé , & conféquemment connu , fuppofe néceflairement une comparaïfon déjà faite des deux termes. C’eft pour cela 1°. que l’on a puappeller comparatifs les adje&ifs doëlior | pulchrior, major, péjor, minor, &c. parce que s'ils n’expriment pas par eux-mêines la compa- rafon, ils la fuppofent néceffairement. C’eft pour cela 2°, que lufage de la langue latine a pu autorifer l’ellipfe de la prépoñtion vraiment comparativepre, fuffifamment indiquée par le rapport énoncé dans l'adjeéhif comparatif. Mais ce que l'énergie fupprime dans la phrafe ufuelle , la raifon exige qu’on le réta- bliffe dans la conftruétion analytique qui doit tout exprimer. Ainfi ocior venris ( Hor. ) fignifie analyti- quement ocior præ ventes ( plus vite en comparaifon des vents ) ce que nous rendons par cette phrafe, plus vise que Les vents. De même f vicinus tuus melio- rem equum habetquam tuus eff ( Cic.), doit s’analyfer ainfi, f£ vicinus tuus habet equum meliorem pre ed 1a- tione Jecundiim quam rationem tuus equus eff bonus, Ego callidiorem hominem quam Parmenonem vidi reminem ( Ter.) , c’eft-à-dire, ego vidi neminem hominem calli- diorem præ eë ratione fecundiim quam rationem vidi Parmenonem callidum. Similior [um patri quam matri ( Minerv. II.x,), c'eft-à-dire, fm fimilior patri pre ei ratione fecundiim quam rationem [um fimilis matri. Major fum quam cui poffir fortuna nocere ( Ovid. ), c'eft-à-dire, major Jam pr@ eë ratione fécun dm quam rationem 1lle homo, cui homini res eff ita ur fortuna poffit nocere, ef? magnus. Major, quan pro re, lœtitia (iv. ), c’eft-à-dire, /œritia major, pr& ed ratione fe- cundior quam rationem letitia debuit effe magna pro re. Cette néceflité de fuppléer eft toujours la même, jufques dans les phrafes où le comparatif fembie être employé d’une maniere abfolue, comme dans ce vers de Virgile ( Æz. 1. ): criffior | € lachrimis oculos Jaffufa nirentes , c’eft-à-dire, siffior pre habitu folito. Ceux qui ne fe font jamaïs mis en peine d’appro- fondir les raifons grammaticales du langage, les Gram- mairiens purement siatores, ne manqueront pas de s'élever contre ces fupplémens , qui leur paroitront des locutions infoutenables & non autorifées par l’u- fage. Quoique j'aie déjà répondu ailleurs aux fcru- pulés de cette fauffe & pitoyable délicateffe, je tranf crirai ici une réponfe de Périzonius, qui concerne direétement l’eipece de fupplément dont il s’agit ici. (Minerv TILL, xiv, not. 7. ) horridiora ea funt fepe, fa- seor, Jed & idcircd , feu elegantie majoris grand, omiffa fant. Nam fi uteremur integris Jemper & plenis locatio- Zibus , quai maxime incomta & prorfus abfona foret latina orario, Et un peu plus bas : vides quam aliend ab atirium voluptate & ofationis concinnitate Jert hæc fup= plemenvta ; Jèd & idcirco etiam præcifa [uns , ur dixi, rerenté tantièm 1018 voculé, in qué vis tranjitionis in comparardo confifiit , féd quæ vis non nifi per illa [up- plementa e%plicart , planè € 1 oportet , poteff. Je reviens au comparatif, puifque J'ai cette occa- on d’en approfondir la nature , & que cela n’a point été fait en {on lieu par M. Dumarfas. Si l’adjeéif ou Padverbe comparatif, par la raïfon quil énonce un #appoït, fuppofe néceflairement une comparaïfon des deux termes; on peut diré réciproquement que la prépoftion pre , qui eft comparative en foi, fup- pole pareillement que Padieétif ou l’adyerbe énonce un rapport découvert par la comparaïfon; ce Tap= port eff en latin celui de fupériorité , comme le feul auquel lufage ait deftiné une terminaifon propre, & le leul peut-être auquel il ait été fait attention dans toutes les langues. De-là viennent 1°. ces locutions fréquentes , où lacompataifon eft très-fenfible, quoi- que l'adieétif ou Padverbe foit au pofñtif, comme nous avons vu plus haut: pre nobisbeatus , pre fe for- BIOS , patvar pre ed quæ condererur. Dé-là vient 2°. que les Eébreux ne connoïffent qué la forme poñitive des adjcélifs & des adverbes, & qu'ils n’expriment leurs comperaïfons que comme on le voit dans ces exemples latiis, ou par la prépofition 167 ou 7e qui en ef labrésé , & qui a la figmification extradive de ex ou celle de pre, ou bien par la prépoñtion 47 qui Veut dire Jäper ; c’eft ainfi qu'il faut entendre le fens -de ce paflage (pf° cxvi. 8. 9.) : bonum ef£ confidere in domino gMam confidere in hornine : boñum ef? Jperare in domino qua jperare in principibus ; le quèm latin étant Yamené à fa valeur analytique, pre ed ratione fecur- din quan rationer bonum ef , rend la valeur de la prépofition hébraïque, & prouve qu'avec Porum il faut foufentendre 74915 que les Hébreux n’expriment point; c’eft encore par un hébraïfine femblable qu'il it dit(pf. caiy. 4. ) excelfus faper omnes gentes dorn- nus ; pOur excel/ror pre omnibus gentibus. [de-là vient | 4%.aue l’on trouve le Japerlatif même employé dans des phrafes comparatives ; dont la comparaifon, eft noncée par une prépoñition , où défignée par le ré- gime néceffifé de la prépoñition , elle eft foufen- tendue ; ane alios pulcherrimus , Jamofiffèma fuper cæ- feras ; intér omnes maximus, ex omnibus doëétiffimus , la prépoñition eft exprimée; gvod minimum guide eftomnibus ferminibus (Matth. xii. 32-), la prépofñtion pre eft indiquée ici par l’ablatif qui en eft le régime néceflaire. Réfumons ce premiér arettment, On trouve des … S U P 663 phrafes comparatives où ladjedif eft a pofitif; la comparaifon n’y eft donc pas exprimée par Padjeëtif, c’eft uniquement par la prépoñition : on trouve d’au- tres phrafes où la même prépoñtion comparative eit exprimée , ou clairement défignée par fon régime . néceflaire , quoique l’adje@if {oit au comparatif ou. au faperlauf ; donc dans ces cas [à même, ’adjedif n'a aucune fignification comparative : j’ai déterminé plus haut en quoi confifte précifément la fignification du degré comparatif; pour celle du Juperlatif, nous lexaminerons en particulier, quand j'aurai ajouté à ce que je viens de dire ; la feconde preuve que j'ai promife d’après SanQuis, & qui tombe direétement fur ce degré. C'eit que l’on rencontre quantité de phrafes où cé degré eft employé de maniere quil n’eft pas poflible d'y attacher la moindre idée de Comparaifon , ce qui feroit apparemment impoñible, sil étoit naturelle- ment deftiné au fens comparatif. Quand Ciceron par exemple écrit à fa femme Térence : ego fum mèferior quam tu quæ es miférrisa ; la propofition eft fans con- tredit comparative , & l'adjectif miférior , qui quali- fe par un rapport de fupériorité, fuppofe nécefai: rement cette comparauon, mais fans l’exprimer; rien ne l’exprime dans cette phrafe , elle n’y eft qu’indis quée , & pour la rendre fenfble il faut en venir à l’a- nalyfe , ego fum miferior ( pre ed ratione Jecundim) guam (rationem) tu, que es miferrima , (es mifera) : or il eft évident que s21/érrima n’eft pas plus compara- tif, ou fi l’on veut, pas plus relatif dans que es mi- Jérrima , que rifera ne l'eft lui même dansites rmifez ra : au lieu du tour complexe que Ciceron a donné à cette propoñrion , il auroit pu la décompofer de’ cette maniere, oùilne refte pas la moindretrace d’un fens relatif : equidem es miftrrima ; fed ego fm mifes rior quam tu ; Vous êtes malheureule, jen conviens : & très-malheureufe ; cependant je Le fuis encore plus que vous, Cette explication là même nous met für les voies du véritable fens de la forme qu’on a nommée Japer- lative ; c’eft une fimple extenfon du fens primitif 8c fondamental enoncé par la forme poñtive , maisfans atcune comparaïfon prochaine ou éloignée , directe ou indireéte; c’eft une expreflion plus énergique de la même idée ; ou fi quelque chofe eft ajouté à l’idée pri utive, c’eft une addition réellement indétermi- née, parce qu'elle fe fait fans comparaifon : jedirois donc volontiers que l’adje&if, ou l’'adverbe!, efbpris alors dans un fensampliatif, plutôt que dans un fens Jupérlatif, parce que cette derniere dénomination : fuppofant | comme on l’a vu plus haut, une com. paraïfon de termes qui n’a point lieu ici, ne peut qu'occafonner bien des erreurs ,-& des difcuffions fouvent auf nuifibles aux progrès de la raifon ; que erreur même, Que ce foit en effet ce fens ampliatif qui caraté- rife la forme particuliere dont ileft ici quefftion , c’eft une vérité atteftée par bien des preuves de fait. 1°. La langue hébraïque & fes dialedes n’ont point admis cette forme ; mais elle y eft remplacée par un idiotifme qui préfente uniquement à Pefprit cette addition ampliative & abfolue ; c’eft la répé- : _tition de l’adje@if même ou de l'adverbe. Cette forte d'hébratlme fe rencontré fréquemment dans la ver- fon vulgate de l’Ecriture | & il eftrutile d’en être prévenu pour en faifir le fens, malrum ef, malum èff, diciromnis emptor ; (\Prov. xx. 1 7.) c’eft-à-dire, pef- Jimi ef. Noyez AMEN, 6 Ipiotisme. La répé- tition même du verbe! eff ericore un tour énergique, que l’analyfe ne, peut rendre que par ce qu’on nom: me fuperlatif : par exemple , féat ! fignifie analyte quêment cpio hoc ut res fiat ; mais fiat , fiat | Cet cu Pio vehementiffime, &cc. hort | 2°. L'idée de cette répétition pour défignerlefens 664 S U P ‘ampliatif, &c celle fur-tout de la triple répétition, mn’étoit pas inconnue aux Latins : le sergeminis tollere honoribus d'Horace, I. od, 1 ; fon robur & æstriplex, TJ. od. 3 ; le tervencficus de Plaute., pour figniñer ur :grand empoifonneur ; {on rrifur , voleur confommé ; on vriparens | fort mefquin ; le mot de Virgile, Z. «æn. 98.0 terque quaterque beati , répeté pat Libulle , o félicem 1llumterque quaterque diem | & rendu encore par Horace fous une autre forme , félices rer 6 am- :plius ; tout cela , & mille autres exemples, démon- tre afez que l’ufage de cette langue attachort un fens ‘véritablement ampliatif., {ur-tout à la triple répéti- tion du mot. 3°. Voflius , de anal. IT. 20. nous fournit de la même vérité , une preuve d’une autre efpece, quoi- -qu'il en tire une conféquence aflez différente ; voici “es proprestermes : 207 parèm hanc [ententiam juvat ; :(1l parle -de fon opinion particuliere, & je lappli- -que à la mienne avec plus de juftefle, fi je neme “trompe ); 4udd fuperlativi, ir ansiquis infcriptionibus, pofitivi geminatione exprimi foleant : ita BB in 115 nocat -benè benè , hoc eft oprimè : 1tem BB, bonis bonis, hoc eft optémis ; © FF. PP. FF. fortiffimi , puffimi, feh- -ciffemi : ivem LL, lébentiffimè ; MM. meritiffumd , etiam malus malus, hoceft peffimus. Vofiius cite Gruter -pour garant dé ce qu'il avance, & jy renvoie avec Jui. 4°, Cet ufage de répéter le mot pour en amplifier Âefens, n’étoit pas ignoré des Grecs, non qu'ils le répétaflent eneïfet, mais ils en indiquoient la répé- tition : Tpig paræpes Aavaci x Télauis 5 (Odyf. SE ) ter beati Danaï 6 quater , c’eft-à-dire , beariffimi Da- ‘nai : on peut obferver que le furnom de Mercure Trifméoifte | requéyirres , a par emphafe une double -ampliation , puifqu'il figmfe littéralement ser 71a- -XmUS. 4°. Les taliens ont un fzperlatif aflez femblable à -celui des Latins, de qui ils paroïfient lavoir em- prunté ; mais 1l n’a dans leur langue que le fens am- pliatif que nous rendons par crès : fapiente , fage; /a- pientiffimo pour le mafculin, & faprentiffimé pour le féminin , très-fage. Jamais il n’a le fens comparatif que nous exprimons par p/us précédé d’un article. 4 Le plus, dit Vénéroni (parc. I. ch. 1j. ) s'exprime +» par 4 pd ; exemples : le plus beau , 27 pix bello ; > le plus grand, 47 pit grande ; la plus belle, Ze piè » bella ; les plus beaux , : pit bell ; les plus belles, + le pit belle». Et de même, le plus fage, 27 pin fa- piente; la plus fage , /2 pit fapiente ; les plus fages, £ pi fapientt , m. ou e pit faptenti, f. I] me femble que cette diftinétion prouve aflez clairement que Le fuperlarif latin n’avoit, de même , que Le fens amplia- tif, & nullement le comparatif. Ileft vrai, car il faut tout avouer , que les Alle- mands ont un /perlarif qui n’a au-contraire que le fens comparatif , & nullement le fens ampliatif: ils difent au pofitif, es, fage ; &c au fuperlatifils di- ent wesffef? , le plus fage; s’ils veulent donner à l’ad- jectif le fens ampliatif, 1ls emplorent l’adverbe /ckr , qui répond à notre srès ou fort, &t 1ls difent Jer weifs, très-fage , fort fage. Cette différence des Italiens & des Allemands ne prouve rien autre chofe que la liberté de l’'ufage dans des différens idiomes ; mais l’une des deux manieres ne prouve pas moins que l’autre la différence réelle du fens ampliatif, & du fens /perlatif proprement dit , & par conféquent labfurdité qu'il y auroit À prétendre que le même mot pût fervir à exprimer Pun& l'autre , comme nos rudimentaires le penfent &c Le difent du faperlasif latin. D’ailleurs la plus gran- de liaifon de l'italien avec le latin , eft une raïfon de plus pour croire que. la maniere italienne eft plus conforme que l’allemande à celle des Latins, 6°. Notre propre ufage ne nous démontre-t-il pas S U P 1 L - L 2 L2 . la même vérité ? Les premiers grammairiens fran< çois voyant le fuperlaif latin dans des phrafes com paratives , &c dans des phrafes abfolues, & £e trou- vant forcés de le traduire dans les unespar p/us, pré- cédé d’un article, & dans les autres par srésou forr, &c. n'ont pas manqué d'établir dans notre langue deux fuperlaiifs , parce que la grammaire latine, dont ils ne croyoient pas qu’il fallüt s’écarter le moins du monde , leur montroit également le faperlarif fous les deux formes : c’eft à la vérité reconnoître biem pofitivement la différence &r la diftin@ion des deux {ens; mais où les aconduits homonymie de leur dé- nomination ? à diftinguer un fuperlatifrelatif, & un Juperlarif abolu : le relatif eft celui qui fuppofe er effet une comparaïfon, & qui exprime un degré de fupériorité univerfelle; c’eft celui que les Allemands expriment par la terminaifone/f, & nouspar p/us pré- cédé d'unarticle, comme weffeft, le plus {age : lab. {olu eft celui quine fuppofe aucune comparaïfon , & qui exprime fimplement une augmentation indéfinie dans la qualité qui individualife le mot ; c’eft celui que les Hébreux indiquent par la double outtriple ré- pétition du mot , quelesItaliens marquent par later= minaifon /fmo pour le mafculin , &c iffima pourle féminin , & que nous rendons communément par la particule srès, comme fapientiffimo , mafc. fapientif Jima , fem. très-fage. Rien de plus choquant à mon gré , que cette diftinétion : l’origine du mot /#perla- sf indique néceflairement un rapport de fupériorité ; & par confèquent un /uperlatif ab{olu eft une forme qui énonce fans rapport , un rapport de fupériorité = c'eft une antilogie infoutenable, mais cela doit fe trouver fouvent dans la bouche de ceux qui répetent enaveugles, ce quia été dit avant eux , & qui veu. lent y coudre , fans réforme , les idées nouvelles que les progrès naturels de l’efprit humain font ap- percevoir. Que conclure de tout ce qui précéde ? que le fyf= tème des degrés n’a pas encore été fufifamment ap- profondi, & que l’abus des termes de la grammaire latine , adaptés fans examen aux grammaires des au- tres langues, a jetté {ur cette matiere une obfcurité qui peut fouvent occafonner des erreurs & des difi- cultés: ceci eftfenfible fur le fapieztiffimo desitaliens, 8 le werffeff des Allemands; le premier fignifie sès- Jage, l'autre veut dire Ze plus Jage, & cependant les grammairiens difent unanimement quetous deux font au fuperlatif, ce qui eft afigner à tous deux le même fens , & les donner pour d’exaéts correfpondans l’un de l’autre, quelque différence qu'ils ayent en effet. Pour répandre la lumiere fur le fyftème des de- grés, il faut d’abord diftinguer le fens graduel de la forme particuliere qui exprime , parce qu’on re- trouve les mêmes fens dans toutes les langues, quoi- que les formes y foient fort différentes. D’après cette diftinéhon , quand on aura conffaté le fyflème des différens fens graduels, il fera aïfé de diftinguer dans les divers idiomes Les formes particulieres qui y cor- refpondent, & de les caraétérifer par des dénoncia- tions converfables fans tomber dans lantilogie ni dans équivoque. Or il me femble que Fon peut envifager dans la fignification des mots qui en font fufceptibles , deux efpeces générales de fens graduels, que je nomme le fens abfolu & le fens compararif. I. Un mot eft pris dans un fens 4b/olu, lorfque la qualité qui en conftitue la fignification individuelle, eft confidérée en foi & fans aucune comparaïfon À avec quelque degré déterminé , foit de la même qualité , foit d’une autre: &c il y a trois efpeces defens abfolus, favoir, le pofif, l'ampliarif & le diminutif. æ r Le fens pofrifeft celui même qui préfente la figni- fication primitive & fondamentale du mot , fans au- | cune cune autre idée accefloire de plus ni de moïns : tel eft le fens des adjeifs , on, avant, fage, & des adverbes bien, favamment , fagement , quand on dit, par exemple, 4" BON livre, un homme SAV ANT , un enfant SAGE, un livre BIEN écrit, parler SAV AM- MENT , conduifez-vous SAGEMENT,. - | Le fens ampliarif eft fondé fur le fens poñitif, & 1 n’en difere que par l’idée accefloire d’une grande intenfité dans la qualité qui en conffitue la figmfica- tion idividuelle : tel eft le fens des mêmes adjeétifs bon, Jage, favant , 8 des mêmes adverbes bien, fa- varmment, fagement, quand on dit, par exemple, vx TRÈS-BON livre, un homme FORT SAY ANT, unenfant BIEN SAGE, un livre FORT BIEN écrit, parler BIEN SAV.AMMENT , conduifey-vous TRES-SAGEMENT. Le {ens diminutif porte de même fur le fens pofi- tif, dont il ne differe que par Pidée accefloire d’un degré foible d’intenfité dans la qualité qui en confti- tue la fignification individuelle : tel eft encore lefens des mêmes adjeëifs, bon, avant , fage , & des mê- mes adverbes bien, favamment, Jagement , quand on dit, par exemple, 4x livre ASSEZ BON , c’efbun hom- 126 PEU SAV ANT, ur enfant PASSABLEMENT SAGE, un livre ASSEZ BIEN écrit, parler PEU SAV AM- MENT , vous vous êtes conduit ASSEZ SAGEMENT ; car il eft viñble que dans toutes ces phrafes on a l'intention réelle d’affoiblir l’idée que préfenteroit le fens pofñtif des adjeétifs & des adverbes, On fent bien qu'il ne faut pas prendre ici le mot de diminutif dans le même fens que lui donnent les Grammairiens en parlant des noms qu'ils appellent Jubflanrifs, tels que font en latin corculum diminutif de cor, Terenriola diminutif de Terentia ; & en ita- lien vecchino, vecchieto , vecchittino, diminutifs de vecchio (vieillard) : ces diminutifs de noms ajoutent à l’idée de la nature exprimée par le nom, l’idée ac- cefloire de petitefle prife plutôt comme un figne de mépris, ou au contraire de carefle, que dans le fens propre de diminution phyfique, fi cé n’eft une dimi- nution phyfique de la fubftance même, comme g/o- bulus diminutif de globus. Les mots pris dans le fens diminutif dont il s’agit ici, énoncent au contraire une diminution phyfique, dans la nature de la qualité qui en conffitue la figni- fication fondamentale, un degré réellement forble d’intenfité : tels font en efpagnol sriffezico (un peu trilte) diminutif de srife, &c en latin srifliculus où Jfubiniflis, diminutif de eriflis, fubobfcenè diminutif dobfcenè, &tc. \ IL Un mot eft pris dans un fens comparatif, lorf- qu'un degré quelconque de la qualité qui conftitue la fignification primitive &c individuelle du mot, eft en effet relatif par comparaïfon, à un autre degré déterminé , ou de la même qualité, ou d’une autre, foit que ces desrés comparés appaïtiennent au mé- me fujet, foit qu’ils appartiennent à des fujets diffé- rens. Or il y a trois efpeces de fens comparatifs, felon quele rapport accefloire que l’on confidere, eft d'égalité, de fupériorité où d’infériorire. Le fens comparatif d'égalité eft celui qui ajoute au fens pofñitif l’idée accefloire d’un rapport a’épalité entre les degrés atluellement comparés. Le fens comparatif de /upérioriré eft celui qui ajoute au fens pofitif l’idée accefloire d’un rapport de fupériorité à l’égard du degré avec lequel on le compare. Le fens comparatif d’infériorisé eft celui qui ajoute au fens poñitif l’idée accefloire d’un rapport d’infé- riorité à l'égard du degré avec lequel on le com- pare. Ainf, quand on dit, Pierre ef AUSSI SA4F ANT, PLUS SAP ANT, MOINS SAP ANT aujourd'hui qu'hier, on compare deux degrés fucceflifs de /avorr confide- rés dans le même fujet: & l’adjeétif /avarc , qui ex- Tome XF. : S UP 665 prime le depré de favoir d’aujourd’hni, recoit de l’ad- verbe 4/7 le fens comparatif d'égalité ; de l’adverbe : plus ; le {ens comparatif de fupériorité ; & de l’ad- verbe moins, le {ens comparatif d'inférionité. Quand.on dit, Pierre eff AUSSI SAVANT, PLUS SAV ANT, MOINS SAVANT que fage, oh compare le degré de favoir qui fe trouve dans Pierre, avec le degré de fageffe dont eft pourvu le même fujet : & au moyen des mêmes adverbes, auffr plus, 1oëns, l’adjeétif favanr recoit les différens fens comparatifs d'égalité , dé fupériorité ou d’infériorité, Si l’on dit, Pierre ef? AUSSI SAF ANT que Paul eff Jage, ou bien, Pierre ef PLUS SAVANT, MOINS SAV ANT que Paul n'efl fage, oh comparerle degré de favoir de Pierre avec Le degré de /ageffe de l'autre. fujet Paul : & les divers rapports du favoir de: Pun à la ageffe de l’autre, font encore marqués par les mèmes adverbes ajoutés à l'adje@if /avanr, On peut comparer différens degrés de la même qualité confidérés dans des fujets, & différencier par les mêmes adverbes les rapports d'égalité, de fupériorité ou d’infériorité. Ainf, pour comparer un degré pris dans un fujet, avecun degré pris dans un autre fujet, on dira , Pierre eff AUSST SAV ANT , PLUS SAVANT , MOINS SAV ANT que. Paul, c’eft énoncer en quelque forte une ésalité , une fupé- rlorité où une infériorité individuelle: mais pour . comparer un degré pris dans un fujet avec chacun des degrés pris dans tous les fujets d’un certain or- dre, on dira, Pierre ef AUSST SAV ANT qu'aucun Jurifconfulte , ou bien, Pierre eff LE PLUS: SAYANT, LE MOÏNS SAV ANT des jurifconfulres ; c’eft -énon- cer une égalité, une fupériorité ou une infériorité univerfelle, ce qu'il faut bien obferver. TT. Voici le tableau abregé du fyftème des divers fens graduels dont un même mot eft fuceptible. S'yfième figuré des fens graduels. ABSOLUS. COMPARATIFS. Poñtif , age. d'évalité, auffi Jage. Ampliatif, sès-fage. . de fupériorité, plus fage. Diminutif, ur peufage. d’infériorité, zoins fage. Sans m'arrêter aux dénominations reçues, j'ai fongé à caraétérifer chacun de ces fens par un nom . véritablement tiré de la nature de la chofe; parce que je fuis perfuadé que la nomenclature exatte des chofes eff l’un des plus folides fondemens du véri- table favoir , felon un mot de Coménius que jai déja cité ailleurs: Totius eruditionis pofuit furdamen- um, qui nomenclaturam rerum naturæ@ G artis perdidi- cit, Jan. Lang. ir. I. period. iv. Or il eft remarquable que le fens comparatif ne fe préfente pas fous la forme unique à laquelle on a coutume d'en donnner le nom; & fi quelqu'un de ces fens doit être appellé faperlauif, c’eft précifé- ment celui que l’on nomme exclufivement corpara- tif, parce que c’eft le feul qui énonce le rapport de fupériorité, dont l’idée eft nettement défignée par le mot de /uperlanf. | Sanétius trouvant à redire, comme je fais ici, à Pa- bus des dénominations introduites à cet égard par la foule des grammairiens , (Mizerv. IT. xj.) Perizonius obferve (Ibid, nor. I.) que quand il s’agit de Pufage des chofes, il eft inutile d’incidenter fur les noms qu'on leur a donnés ; parce que ces noms dépendent de l'ufage de la multitude qui eftinconflante &c aveu PPpp | 666 S Ü P gle; c'que d’ailleurs it doit en être des noms des différens degrés comme de ceux des cas, des genres, & de tant d’autres par lefquels les Grammairiens fe font contentés de défigner ée qu'il y a de principal -däns a chofe, vû la difficulté d'inventer des noms qui en exprimaflent toute la nature, Maïs je ne donnerai pour réponfe à cet habile com- mentateur de la Minerve, que ce que j’ai déja remar- qué ailleurs, voyez IMPERSONNEL, d’après Bowhours 8t Vaugelas, fur la néceflité de diftinguer un bon & un mauvais ufage dans le langage national, & ce que j'en aiinféré par rapport au langage didaétique. J'ajouteräi ici pour ce qui concerne la prétendue difficulté d'inventer des noms qui expriment la na- ture entiere des chofes, qu’elle n’a de réalité que pour ceux à qui la nature eft inconnue; que d’ail- ds , quand on vient à lapprofondir davantage, la nomenclature doit être réformée d’après lesnouvelles lumieres, fous peine de ne pas exprimer avec aflez d’exaflitude ce que lon conçoit; & que pour le cas préfent, j’ofe me flatter d’avoir employé des dénominations aflez juftes pour ne laifler aucune incertitude fur la nature des fens graduels: IV. ne refte donc plus qu’à reconnoïtre comment ils font rendus dans les langues. De toutesles mamieres d'adapter les fens graduels aux mots qui en font fufceptibles , celle qui fe pré- fente lapremiere aux yeux de la Philofophie , c’eft la variation des terminaifons. Cependant, filon ex- ceptele pofitif, qui eft par-tout la forme primitive &r fondamenta e du mot, il n’y a aucun des autres qui foit énoncé par-tout par des terminaifons fpéciales, Nous n’enavons aucune, fi ce n’eft pour le fens æw- pliarif d’un petit nombre de mots confervés au céré- monial, Yéréniffime , éminentiffime, &c. Voyez Bou- hours, Rem. nouv. tome 1. page 312. 8 pour le fens comparatif de fupériorité de quelques mots emprun- tés du latin fans égard à l’analogie de notre langue, comme meilleur, pire, moindre, mieux , moïns, pis ; au-lieu de plus bon , plus mauvais , plus petit | plus bien, plis peu , plus mal: mais ces exceptions mêmes en fi petit nombre confirment Puniverfahité de notre analogie. 1°. Le fens ampliatif a une terminaifon propre en grec, en latin , en italien & en efpagnol ; c’eft celle que l’on nomme mal-à-propos le /uperlatif. Ain srès- Jage fe dit en grec coporales, en latin fapientiffimus , en italien fapentiffimoe , en effagnol prudenriffimo ; mots dérivés despofitifs ccgos, fapiens , fapiente, pru- dente, quitous fignihent age. Dans les langues orien- tales anciennes , le fens ampliatif {e marque par la répétition matérielle du pofirif; & ce tour qui ef propre au génie de ces langues , a quelquefois été imité dans d’autres idiomes ; j'ai quelquefois vu des enfans , fous l’impreffion dela fimplenature, dire de quelqwun , par exemple, qui fuyoit , qu'il étoit 2047 loin, d’un homme dont la taille les avoit frappés par fa grandeur ou par fa petitefle , qu'il étoit grand grand, Ou perit perit, Gc. notre srès, qui nous lert à l’expreffion du même fens, eft l'indication de la triple répétition ; mais nous nous fervons ayfli d’au- tres adverbes , & c’eft la maniere de la plüpart des langues qui n’ont point adopté de terminaïfons aw- pliatives | & fpécialement de l'allemand qui emploie fur-tout l’adverbe /ekr, en latin va/dè , en françois, fort. 2°, Le fens diminutif fe marque prefque par tout par une exprefhien adverbiale qui fe joint au mot mo- difié, comme #7 peu obfeur | un peu trifle, un peu froid. Il y a feulement quelques mots exceptés dans diflérens idiomes , lefquels reçoivent ce fens dimi- nutif, où par une particule compofänte , comme en latin fxbobfcurus , fubsriflis ; où par un changement de terminaifon , comme en latin frigidiufeulus, ou frigidulus; trifliculns ; & en‘efpagnol srifferico, : 3°, Jenñe connoïs aucune langue où le comparatif d'égalité foit exprimé autrement que par une addis tion adverbiale ; auf fage ; auffi loin: fi ce n’eft peut-être dans quelques mots exceptés par hafard , comme santns quiveut dire en latin z4m magrus. 4°, Le comparatif de fupériorité a une terminais fon propre en grec à en latin : de gcc, fage, vient cigorepes, plus [age ; dé même les Latins de /apiens forment fapientior, Comme c'eft dans ces deux lan gues le feul des trois fens comparatifs qui yaitrecu une terminaifon propre , on donne à l’adje&if pris fous cette forme le fimple nom de comparatif Pour: vu qu'on Pentende ainf , il n’y a nul inconvénient; fur-tout fi lon fe rappelle que ce fens comparatif énonce un rapport de fupériorité , quelquefois indi- viduelle 8 quelquefois univerfelle, La langue alle- mande , & peut-être fes dialectes , a deux terminai= {ons différentes pour ces deux fortes de fupériorité + quandil s'agira de la fupériorité individuelle , ce fera le comparatif; &t quandil fera queftion de la fupério- rité umiverfelle , ce fera véritablement le féperlatif# . weifs (age }; weifler ( plus fage }, comparatif; weif& fer ( le plus fage) , c’eft le Japerlatif. D'où il fuit que ce feroit induire en erreur , que de dire que les Al- lémands ont, comme les Latins, trois degrés termi- nés ; le fuperlutif allemand weiffer n’eft point du tout l'équivalent du spurales des Grecs , ni du /apienciffe- mus des Latins, qui tous deux fignifient srès-fage ; 1 ne répond qu’à notre /eplus fage. En italien, en efpagnol &en françois , i1n°y aau« cuneterminaifon deftinée ni pour le comparatif pro prement dit, ni pour le fxperlar!f: on fe fert évale- ment dans les trois idiomes de l’adverbe qui exprime. la fupériorité, piz en italien, mas en efpagnol, p/us en françois; pix fapiente, ital. mas prudente, efp. plus Jage, franc, Voilà le comparatif proprement dit. Pour ce qui eft du fuperlauf , nous ne le diféren- cions du comparatif propre qu’en mettant l’article Le, la , les où fon équivalent avant le comparatif ; je dis fon équivalent , non -feulement pour y comprendre les petits mots du , au , des, aux, qui font contraétés d’une prépofition &c de l'article , mais encore les mots que J'ai appelés aysicles poffeffifs , favoir mon , ma,tmes , notre, NCS; (on, La, tes, votre, vos; fon, Ja, fes, leur, leurs ; parce qu'ils renferment efe@&- vement, dans leur fignification , celle de l’article & celle d’une dépendancerelative à quelqu’une destrois perfonnes, voyez POssess1r. Nous difons donc au comparatif, plus grand, plus fidele, plus tendre , plus cruel, & par exception , meilleur, moindre , Gc. & au fuperlatif nous difons avec l’article fimple , 2 plus grande de mes paffions , le plus fidèle de vos fujers, le plus tendre dejes amis , les plus cruels de nos ennemis, le meilleur de tes domefliques, le moindre de. leurs foucis | ce qui eft au même degré que fi lon mettoit l’artièle pofiefif avant le comparatif, & que Pon dit, m4 plus grande paffion , votre plus fidele fujet, fon plus tendre art, nos plus cruels ennemis , ton meilleur domeffique , leur moindre foucr. Nous confervons au fuperlatif la même forme qu’- au comparatif, parce qu’en effet l’un exprime comme l’autre un rapport de fupériorité ; mais le fuperlatif exige de plus l’article fimple ou Particle pofleffif, & c’eft par-là qu’eft défignée la différence des deux fens: fur quoi eft fondé cet ufage ? Quand on dit, par exemple , #4 paffion eft plus grande que ma crainte , On exprime tout ; & le terme comparé 74 paflion , & le terme de comparaïfon, ma crarnite ; & le rapport de fupériorité de l’un à l’é- gard de Pautre, plus grande ; & la liaïfon des deux termes envifagés fous cet afpeët , que : ainfi l’efprit voit clairement qu'il y a un rapport defupériorité in- dividuelle, . Maïs quand on dit, /a plus grande de mes paffions , Panalyfe eft différente : /a annonce néceflairement un nom appellatif, c’eft fa deftination immuable, & es circonfances de la phrafe n’en défignent pas d’au- tres que paffion ; ainf 1l faut d'abord dire par fupplé- ment, /a ( pañlion ) plus grande : la prépoñition de,qui fuit , ne peut pas tomber fur grande, cela eft évident ; ni {ur plus grande , nous ne parlons jamais ainfi; elle tombe donc fur un nom appellatif encore fous-en- tendu , & comme il s’agit ici d’une fupériorité uni- verfelle , il me femble que le fupplément le plus na- turel eft Ze sosaliré, &€ qu'il faut dire par fupplément, (la totalité) de mes paffions : mais ce fupplément doit tenir par quelque lien particulier à Penfemble de la phrafe, & d’ailleurs plus grande n'étant plus qu'un fimple comparatif exige un que &t un terme indivi- duel de comparaïfon ; je feroïs donc ainfi l’analyfe entiere de la phrafe, a (pañlion ) plus grande que les autres ( paffons de la totalité ).de mes paffions ; ce qui exprime bien clairement la fupériorité univerfeile qui caratérife le fxperlatif. _ Silonditau contraire, #74 plus grande paffion , la fuppreflion totale du terme de comparatfon eft le figne autorife par l’ufage pour défigner que c’eft la totalité des autres objets de même nom , & que la phrafe fe réduit analytiquement à celle-ci, #74 paf fon plus grande( quetoutes mesautres paflions). : Dans ces deux cas, l’article fimple ou pofefif, fervant à individualifer l’objet qualifié par le compa- æatif, eft le figne nature! qu’on doit le regarder com- me extrait à cet égard , de la totalité des autres ob- jets de même nature foumis à la même qualification. 3°. Le comparatif d’infériorité eft exprimé par Adjedif, SUP 667 Vadverbe qui marque linfériorité, du-moins dans toutes les langues dont j'ai connoïflance : les Grecs difent, over gcc; les Latins, mirus fapiens ; les Italiens, #eno fapiente ; les Efpagnols, menos pru- dente ; &t nous, moins fage. Comme moins eft par lui-même comparatif, f nous avons befoin d’en exprimer le fens fuperlatif , nous le faifons comme il vient d’être dit, par l’addi- tion de Particle fimple ou poflefif; £ moins inftruis des enfans, votre moins belle robe. | V. L’expofition que je viens de faire du fyftème des fens graduels feroit incomplette , fi je ne fixois pas les efpeces de mots qui en {ont fufceptibles. Tout le monde conviendra fans doute que grand nombre d’adjeéifs & d’adverbes font dans ce cas : mais il pa- roitra peut-être furprenant à quelques-uns, fi j’a- vance qu'un grand nombre de verbés font également fufceptibles des fens graduels, & qu’il auroit pu at- river dans quelques idiomes , que lufage les y eût caraétérifés par des terminaïfons propres ; cependant la chofe eft évidente. Les adjectifs & les adverbes qui peuvent recevoir les différens fens graduels, & conféquemment des terminaifons qui y foient adaptées , ne le peuvent, que parce que la qualité qui en conftitue la fignifica- tion individuelle , eft en {oi fufceptible de plus & de moins : il eft donc néceflaire que tout verbe , dont la fignification individuelle préfente à l’efprit l’idée d'une qualité fufceptiblé de plus & de moins, foit également fufceptible des fens graduels, & puife recevoir de lufage des terminaifons qui y foient re- latives. Adverbe. Verbe. Pofitif. amoureux amoureufement. aimer. ABSOLUS; { Amplatif, très-amoureux. très-amoureufement, aimer beaucoup! Diminutif. z7 peu amoureux, Ur peu amoureufement, aimer 17 pet. SENS d'égalité. auffi amoureux, auffl amoureufement. aimer autans. COMPARATIFS, + de fupériorité. plus amoureux. plus «moureufement. d'infériorité. ll Quant à la poffibilité des termimaifons qui carac- tériferoient dans les verbes ces différens fens ; c’eft un point qui eft inféparable de la fufcéptibilité même des fens, puifque l'ufage eft d’ailleurs le maître ab- folu d'exprimer comme il lui plait tout ce qui eft de l’objet de la parole. Cela fe juftifie d’ailleurs par plufeurs ufages particuliers des langues. _ 1°, La voix adive & la voix pafhive des Latins donnent un exémple qui auroit pu être étendu davan- tage : fi Pufage a puétablir fur unmême radicaldes va- rations pour deux points de vue fidifférens,rien n’em- péchoit, qu'il n’en introduisit d’autres pour d’autres vues ;& quoique l’onnetrouve point de terminaifons graduelles dans les verbes latins, on y rencontre au- moins quelques verbes compofés qui, par-là, en ont le fens : amare (aimer) , eft le pofitif ; adamare (aimer ‘ardemment), c’eit l’ampliacif : « la prépoñition per, >» dit l'auteur des recherches fur la langue larine ( ch. » xxv. p. 328.) eft dans tous les verbes, comme auffi + dans les noms adjectifs &t les adverbes , augmenta- “tive de ce que fignife le fimple ; & dans le plus #grand nombre des verbes, elle y équipolle à l’un » de ces adyerbes françois, beaucoup ; grandemenr, + fortement , parfaitement où en perfeition , tout-d-fair, # entierement »; 1l eft aé de reconnoître à ces traits le fens ampliatif : malo eft en quelque forte le com- paratif de fupériorité de vo/o, cc. 2°. Les términaifons d’un même verbe hébraïque font en bien plus grand nombre, puifqu’à s’en tenir à la doëtrine de Mafclef, laquelle eft beaucoup plus reflrainte que celle des autres hébraïfans, le même Verbe radical reçoit jufqu'à cinq formes différentes, Tome XV, £ N aimer plus. OLIS AIMOUTEUX. IMOLNS arnoureuferment. aimer moins. que l’on appelle des comjugaifons ; mais que j'appel- lerois plus volontiers des voix : ainfi l’on dit (mefar} tradidit ; (noumefar) traditus eff; (hemefir) sradere fecit ; (hemefar) sradi fecit ; (hethmefar) /e sradidis. Sur quoi 1l faut obferver que je fuis ici la méthode de Mafclef pour la leéture des mots hébreux, 3° La langue laponne , que nous ne foupconnons peut-être pas de mériter la moindre attention de no- tre part, nous préfente néanmoins l’exemple d’une dérivation bien plus riche encore par rapport aux verbes: on y trouve laidet, conduire ; /aideler , con- tinuer Paétion de conduire; /aideter, faire conduire 5 laidetaller , fe faire conduire ; Jaidegaërer , commen- cer à conduire ; /aidefer, conduire un peu ( c’eft le iens diminutif}; /aidaner | Être conduit de plein gré; laidanovet, être conduit maleré foi ou fans s’aider ; laidetaler, empêcher de conduire. Voyez les notes fur le c4. üy. de la defcription hifforique de la Laponie Juédoife, traduit de l'allemand par M. de Kéralio de Gourlay. Je terminerois ici cet article, fi je ne me rappel- lois d’avoir vu dans les mémoires de Trévoux (Oc- tobre 1759. IT. vol, p. 2668.) ‘une lettre de M, Pabbé de Wall, aux auteurs de ces mémoires, fur quelques ex= preffions de notre langue | laquelle peut donner lieu à quelques obfervations utiles, Ce grammairien y exa- mine trois expreffions , dont les deux premieres ont déja été difcutées par Vaugelas , rem. 514.6 85. &la troifieme par M.Fabbé Girard, vrais princip. dife. xj. tom. ÎT. p. 218. Je ne parlerai point ici de la premiere ni de la troïfieme , qui font étrangeres à cet article, & je ne nv'arréterai qu’à la feconde qui y a rapport | | PPT 668 5. EE? dire. Rien de mieux que les obfervations de M. de W. fur la remarque 85. de Vaugelas , & je foufcris à tout ce qu’il en penfe : je crois cependant qu'il au- roit encore dû relever ici quelques fautes échappées à Vaugelas, ne füt-ce que pour en arrêter les ftutes, parce qu’on prend volontiers lesgrands hommes pour modeles. Cet académicien énonce ainf fa regle : Tour adjec- tif mis après le fubflancif avec ce mor plus , entre deux, veut toujours avoir fon article, 6 cet article Je met 1m- médietement devant plus, & toujours au nominatif, SL OU. Barnf ani quoique Particle du fubflantif qui va devant foit en un autre cas, quelque cas que ce foit. I] applique enfuite la regle à cet exemple : c’e/f la coutume des peuples des plus barbares. Gr indépendamment de a doétrine des cas, qui eft infoutenable dans notre langue (voyez Cas), il eft notoirement faux que tout'adjeétif mis après fon fubf- tantif, avec ce mot pus entre deux , veuille toujours avoir fon article : en voici la preuve dans un exem- ple que M. de W. cite lui-même, fans en faire la re- marque ; je parle d'une matiere plus délicate que bril- lante : il n’y a point là d'article avant plus , &t il ne doit point y en avoir, quoique l’adjechif foit après {on fubftantif. Il femble que Vaugelas ait fenti le vice de fon énon- cé, & quil ait voulu en prévenir Pimpreffion. « Au » refte, dit-il plus bas, quand il eft parlé de p/us ici, »# c’eft de celui qui n’eft pas proprement comparatif, » mais qui fignifie srès , comme aux exemples que j’ai » propofés». Mais, comme l’obferve très-bien M. » Patru, « ce plus eft pourtant comparatif dans les » exemples rapportés par l'auteur : car en cette fa- » con de parler ( ce/? la coutume des peuples les plus 5 barbares }, on fouientend de Za terre | du monde; êc » autres femblables qui n’y font pas exprimées... » L'adverbe srès ne peut convenir avec ces manieres » de parler ». J’ajouterai à cette excellente critique de M. Patru , qu'il me femble avoir aflez prouvé que notre plus eft toujours le figne d’un rapport de fupé- riorité, & conféquemment qu'il exprime toujours un fens comparatif; au lieu que notre très ne marque qu'un fens ampliatif, qui eft eflentiellement abtolu, d’où vient que ces deux mots ne peuvent jamais être fynonymes :’ce que Vaugelas envifageoit donc, & qu'il n’a pas exprime, c’eft la diftinétion de la fupé- riorité individuelle , & de la fupériorité univerfelle, dont lune eft marquée par plus fans article, &c l'äu- tre plus, précédé immédiatement d’un article fimple ou d’un article poflefff; ce qui fair la différence du comparatif propre &c du /uperlarif. Outre ce mal-entendu, Vaugelas s’eft encore ap- perçu lui même dans fa regle d’un autre défaut qu'il a voulu corriger ; c’eft qu’elle eft trop particuliere, & ne s'étend pas à tous les cas où la conftruéhion dont il s’agit peut avoir lieu ; c’eft pourquoi il ajou- te : « Ce que j'ai dit de plus, s’entend'auff de ces au- “tres mots rois, 1mieux , plus mal, IOÏNS 11141 ». Mais cette addition-mème eft encore infufhfänte , puifaue l’adjedtif comparatif meilleur eft encore dans le même cas, ainfi que tous les adverbes qui feront précédés de plus où de moins, lorfquils précédent eux-mêmes , & qu'ils modifient un adjeétif mis après fon fubftantif , pour parler le langage ordinaire : ex. je parle du vin le meilleur que lon puiffe faire dans cette province ; du [yffeme le plus ingénieufèment tmaginé, le moins heureujement exécuté, le plutôt reprouvé , êtc. Puifque M. de W. avoït pris cette remarque de Vaugelas en confidération, 1l devoit , ce mefemble, relever tous les défauts de la regle propofée par la- cadémicien , & des correétions même qu'il ÿ avoit faites, & ramener le tout à une énonciation plus gé- nérale , plus claire, & plus précife. Voici comme jé referois la regle, d’après les principes que j'ai po- . fés foit dans cet atticle , oit dans tout autre: £ 4% ad Jeéhif fuperlatif, ow précédé d'un adverbe fuperlatif qui le modifie, ne vient qu'après le nom auquel il [e rap= porte ; quoique le nom foit accompagné de fon article , il faut pourtant répêter Particle fimple avant le mot qui ex: prime le rapport de fupériorité ; mais Jans répéter la prés pofition dont lenom peut étre le complément grammatical, Vaugelas, non content d'établir une regle, chers che encore à en rendre raifon; & celle aual don: ne , pourquoi on ne répete pas avant le fäperlatif la prépofition qui peut être avant le nom, c’ef, dits il, parce qu'on y foufentend ces deux mots, qui font, ou qui fureht, 0 qui fera, ox quelqu'autte tems du verbe fubftantif avec qui. Voici fur cela la critique de M. de W. « S1 l’on ne met point, dit-il, la prépofñition dou » a entre Le Jupirlanf 8 le fubftantif, (il auroit dit la même chofe de toute autre prépofñition , s’il n’a voit été préoccupé , contre fon intention même, de Vidée des cas dont Vaugelas fait mention } ; « ce » n’eft pas, comme la cru Vaugelas, parce qu’on y » foufentend ces mots qui font, qui furent , où qui [ea » ra, Gc. c’eft parce que la prépoñtion n’eft point » néceflaire en ce cas entre l’adjeétif & le fubftantifs, Mais ne puise pas demander à M. de W. pourquoi la prépoñition n’eft point néceffffire entre l’adjectif & le fubftantif; ou plutôt n’eft-ce pas à cette quef- tion-même que Vaugelas vouloit répondre ? Quand on veut rendre raïon d’un fait grammatical , c’eft pour expliquer la caufe d'une loi de srammaire; car ce font les faits qui y font la loi. La remarque de M. de W. fignifie donc que {4 prépofirion r’eff point nécefe faire en ce cas | parce qwelle n’y ef? point néceffaire. Or aflurement il n’y a perfonne qui ne voie évidemment jufqu’à quel point et préférable explication de Vau- gelas. La nécefñité de répéter Particle avant le mot comparatif , vient du choix que l’ufage de notre lanz gue en a fait pour défigner la fupériorité univerfelle, au moyen de tous les fupplémens dont l’article re- veille Pidée, & que j’at détaillés plus haut: ce be foin de Particle fuppofe enfuite la répétition du nom qualifié , lequel ne peut être répété que comme par- tie d’une propofition incidente, fans quoi il y auroit pléonafme; & cette propofition incidente eft ame- née tout naturellement par qui font, qui furent, qui Jéra, Gc. donc ces mots doivent eflentiellement être fuppléés, & dès-lors la prépofition qui précede leur äntécédent n’eft plus néceflaire dans la propoñition incidente’ qui eft indépendante dans fa conftruétion, de toutes les parties de la principale. « Commeileftici queftion du fuperlanf,, dit en- » fuite M. de W, permettez-moi d’oblerver que le » célebre M. du Marfais pourroit bien s’être trompé » quandila dit dans cette phrafe, deorum antiquifft- » mus habebatur cœlum , c’eft comme s’il y avoit cæ- » lim habebatur ansiquiffimus (È numero) deorum. U » me femble que c’eft deus qui eft foufentendu: cæ- » lum habebatur antiquiffimns (deus\ deorum. En ef- » fet, comme je l'ai remarqué dans ma grammaire, » quand nous difons, Luxembourg n'eft pas la » moins belle des promenades de Paris ; C'eft comme » sil y avoit, e Luxembourg reft pas la moins belle » (promenade) des promenades de Paris: & n’efl-ce » pas à caufe de ce fubftantif foufentendu que le » fuperlarif relatif eft fuivi en françois de la prépofi- » tion de, & en latin d’un génitif » ? M. de W. pourroit bien s'être trompé lui-même en plus d’une maniere. 1°. 1] s’efl trompé en prenant occafion de fes remarques, fur une regle qui concerne les fuperlatifs françois pour critiquer un principe qui concerne la fyntaxe des fuperlarifs latins, & qui n’a aucune analogie avec la regle en queflion: 707 erat hic locus. 1°. Il s’eft trompe, je crois, dans fa criti- que ; & voici les raïfons que j'ai de l’avancer. | SU P Îl eft vrai que dans la phtafe latine du P. Jouvenci, interpretée par M. du Marfais, deus eft foufentendu ; & cela eft même indiqué par deux endroits du tex: te: l’adjeétif antiquiffinus fuppofe néceflairement un nom mafculin au nominatif fingulier; & d’autre part deorum, qui eft 1c1 le terme de la comparaïfon énon- cée par Penfemble de la phrafe , demontre que ce nom doit être des, parce que dans toute comparai- {on , les termes comparés doivent être homogenes. Mais il ne s'enfuit point que ce foit à caufe du nor foufentendu deus , que Padjeétif ariquiffémus eft fuivi du génitif deorum : ou bien la propoñition n’eft point comparative, & dans ce cas cœlum habebatur anti- guiffimus deus deorum (en regardant deorum comme complément de deus), fignifie littéralement, Ze cie étoit reputé le très-ancien dieu des dieux ; c’eft-à-dire , le très-ancien dieu créateur & maître des autres dieux : de même que dus deorum dominus locutus ef ( Pf. xlix. 1.) , fignifie Ze feigneur dieu des dieux a parlé. Car le génitif deorum appartenant au nom deus, ne peut lui appartenir que dans ce fens, & alors il ne refte rien pour énoncer le fecond terme de la com- paraïfon, puifqu’il eft prouvé qu'artiquiffimus par lui-même n’a que le fens ampliatif, & nullement le fens fuperlanif ou de comparafon. \16 Quand la phrafe où eft employé un adje@if aw- pliatif, a le fens fuperlarif, la comparaifon y eft tou- jours rendue fenfible par quelque autre mot que cet adjeétif, & c’eft communément par une prépofñition: ante alios pulcherrimas omnes (très-beau au deffus de tous les autres, c’eft-à-dire {e plus beau de tous ; &t afin qu'on ne penfe pas que ce plus beau de tous n’eft que Ze moins laid, l’auteur ne dit pas fimplement, azre alios pulcher, mais pulcherrimus , très-beau , réelle- ment beau); de même, famofffima SUPER cætéras éœna ; INTER omnes Maximus ; EX omibus do&tiffi- imus. Quelquefois aufli l’idée de la comparaifon ef fimplement indiquée par le génitif qui eft une partie du fecond terme de la comparaïfon ; mais il n’en eft pas moins néceffaire de retrouver, par l’analyfe ;la prépoñition qui feule exprime la comparaifon : dans ce cas 1l faut fuppléer aufli le complément de la pré- poftion , qui eft le nom fur lequel tombe le génitif exprimé. I réfulte de-là qu’il faut fuppléer lune des prépo- fitions ufitées dans les exemples que lon vient de voir, & lui donner pour complément immédiat un nom appellatif, dont le génitif exprimé dans le texte puifle être le complément déterminatif ; & comme le fens préfente toujours dans ce cas l’idée d’une fu- pénoritéuniverfelle, le nomappellatif le plus naturel me femble être celui qui énonceta la totalité ; com: me wniverfa turba, numerus integer, Gtc. de même que pour laphrafe françoife j’ai prouvé qu'il falloit fup- pléer /a toraliré avant la prépoñition de. Ainfi deorum antiquiffimus habebatur cœlum, ne peut pas être mieux intrepreté qu'en difant: cœlum habe- barur (deus) antiquiffimus , (ante univerfam turbam) - deorum, où ( Juper uriverfam turbamt) deorum , où (in- ter univerfam turbam ) deorum ; ou enfin (ex integro nu- rer) deorum. Si M. du Marais s’eft trompé, ce n’eft qu'en omettant deus, & l’adjehif integro , qui eff né- ceflaire pour indiquer la fupériorité univerfelle , ou le fens fsperlatif. I eneft de même de la phrafe françoife de M. de Wailly, Ze Luxembourg r'eft pas La moins belle des pro- inenades de Paris, felon l’analyfe que j'ai indiquée plus haut, & qui fe rapproche beaucoup de celle qu’exige le génie de la langue latine, elle fe réduit à celle-ci: Ze Luxembourg neft pas la (promenade) moins belle (que les autres promenades de la totalis fé )'des promenades de Paris. Si ce grammairien trou- voit dans mes fupplémens trop de prolixité ou trop peu d'harmonie, je le prieroïs de revoir plus haut ce S U P 669 aüe j'ai déjà répondu à une pareille objedtion; & J'ajoute ici que cette prolixité analytiquene doit être condamnée ; qu'autant que l’on détruiroit les princis pes raifonnés qui en font le fondement, & que je crois établis folidement. (Æ. R M. B.) SUPERPATIENT , ad. (Arichmer, € Géo.) forte de rapports On dit que deux nombres où deux lignes {ont fuperpatientes, lorfqu'une des deux contient l’au- : tre un certain nombre de fois avec un refte, & que ce refte eft une de fes aliquotes. | SUPER POSITION , f. £ (Géom.) maniere de dé montrer qui confifte à appliquer une figure fur une autre, Voyez fur cela l’article GÉOMÉTRIE. | SUPERPURGATION, LA , L'f. (Médecine) ef une purgation exceflive & trop violente. Voyez PuR- GATION: Elle arrive à la fuite d’un purgatif trop vio- lent, ou donné à trop grande dofe, Un homme qui avoit pris intérieurernent de là poudre de diacarthame , alla à la felle jufqu’à cent fois, ét fut guéri de cette /äperpurgation par un bouillon de chapon, dans lequel on avoit mêlé une once de fucre rofat, cinq grains: de laudanum & un jaune d'œuf, Au lieu de laudanum on emploie quelquefois la thériaque nouvelle de Venife, à la dofe d’un gros &t demi. Burnet, | : SUPERSEDER , v. n. (Gramm. & Jurifp.) du latin Juperfedere ; fignifie en terme de pratique, furfeoir la continuation de quelque aéte ou procédure. Voyez SURSÉANCE. (4) ) SUPERSTITIEUX , (Philofophie.) c’eft celui qui fé fait une idée plus ou moins effrayante de la divis nité & du culte religieux. | La crainte continuelle qui agitoit ce malheureux fur la têre duquel étoit fufpendue une pierre énors me, ne rendoit pas fon état plus trifle, que left quel- quefois la fituation du fuperfirienx, Le fommeil peut délivrer un efclave de la vüe importune d’un maître qu’il détefte , & lui faire oubliet le poids de fes chat . nes; mais le fommeil du /uperfiirtieux eft communé- ment agité par des vifions efrayantes, Il craint l’Etre bienfaifant , & resarde comme tyrannique fon em- pire paternel. Inconfolable dans l’adverfité, 11 fe ju ge digne des maux qu'il fouffre, & ne fuit que de faufles démarches pour en adoucir le firdeau. Ilne croit jamais avoir rempli fes devoirs, parce qu'il men connoït mi l’étendue, ni les bornes. Il s’attache fur-tout aux formalités, qu'il regarde comme des chofes eflentielles. Telle éft la fource des minuties qui font fi cheres aux ames foibles & aux ignorans. Auffi voit-on que les perfonnes de peu de génie, cel: les qui ont été mal élevées, celles qui ont paflé leur jeuneffe dans le vice & le libertinage, deviennent naturellement fuperffitieufes. En général, 1 n’y a point d’abfurdité f grofhere ; ni de contradi@ion fi palpa= ble, que les grands , le petit peuple, les foldats, les Vieilles femmes & la plupart des joueurs, ne fe por- tent à croire fur les caufes invifibles, la religion , la divination, les fonges, 8 toutes les pratiques les plus vaines & les plus ridicules. (D. 7.) SUPERSTITION , (Méraphyf. & Philof. ) tout excès de la religion en général, fuivant l’ancien mot dit paganifme: il faut être pieux, & fe bien garder de tomber dans la /perffition, Religentem effe oportet, relisio[um nefas. Aul, Gell. 10. €. ixs . En effet, la fäperfhrion eft un culte de relision, faux , mal dirigé, plein de vainesterreuts, contraire à la raïfon & aux faines idées qu’on doit avoir de l'être fuprème. Ou fi vous l’aimez mieux , la fpere ffrrion eff cette efpece d’enchantément où de pouvoir magique, que la crainte exerce fur notre ame ; fille malheureufe de l'imagination, elle emploie pour la frapper , les fpe@res ; les fonges & les vifons: c'eft 670 S U P elle, dit Bacon, qui a forgé ces idoles du vulgaire, les génies invifibles, les jours de bonheur ou de mal- heur, les traits invincibles de amour êc de la haine. Elle accable l’efprit, principalement dans la maladie ou dans l’adverfité; elle change la bonne difcipline, &z les coutumes vénérables en momeries & en céré- monies fuperfcielles. Dès qu’elle a jetté de profon- des racines dans quelque religion que ce foit, bonne ou mauvaife , elle eft capable d’éteindre les lumieres naturelles , & de troubler les têtes les plus faines. Enfin, c’eft le plus terrible fléau de humanité. L’a- théifme même ( c’eit tout dire ) ne détruit point cependant les fentimens naturels, ne porte aucune atteinte aux lois, ni aux mœurs du peuple; mais la fuperflirion eft un tyran defpotique qui fait tout céder à fes chimères. Ses préjugés font fupérieurs à tous les autres préjugés. Un athée eft intérefle à Ja tran- quillité publique , par l'amour de fon propre repos ; mais la fuperfhtion fanatique , née du trouble de l1- magination , renverfe les empires. Voyez comme l'auteur de la Henriade peint les triftes effets de cette démence. Lorjqu’un mortel atrabilaire , Nourr: de fuperftition A par cette affreufe chimère, Corrompu Ja religion, Son ame alors eff endurcie , Sa raifon s'enfuit obfcurcie, Rien n’a plus fur lus de pouvoir ; Sa juffice ef? folle & cruelle, # 4 IL eff dénaturé par zele, PA] nr) * Er facrilége par devoir. L'ignorance & la barbarie introduifent la faper/l- tion, lhypocrifie l’entretient de vaines cérémonies, | le faux zele la répand , &c l'intérêt la perpétue. La main du monarque ne fauroit trop enchaïner le monftre de /xperflirion, & c’eft de ce monftre, bien plus que de lirreligion (toujours inexcufable) que le trône doit craindre pour fon autorité, & la partie pour fon bonheur. La fuperflition mile en ation, conftitue propre- ment le fanatifme, voyez FANATISME ; c'eft un des beaux & des bons articles de l'Encyclopédie. (D.J.) SUPIN , f. m. rerme de Grammaire. Le mot latin fupinus fisnifie proprement couché fur le dos ; c’eft l’état d’une perfonne qui ne fait rien , qui ne fe mêle de rien. Sur quel fondement a-t-on donné, ce nom à certaines formeS de verbes latins, comme æmatum , monitnum, reclum, audium., &c ? Sans entrer dans une difcuffion inutile des différentes opinions des grammairiens anciens & modernes fur cette quef- tion, je vais propofer la mienne , qui n’aura peut- être pas plus de folidité, mais qui me paroit du moins plus vraiflemblable. Les verbes appellés reusres par le commun des srammairiens, comime/#, exifio,fio , flo, &tc. Dio- medes dit, au rapport de Voifius, ( 441, III. 2. ) que le nom de fxpins leur fut donné par les anciens, quod nempèvelut otiofa refipinaque dormant, nec as- cionem , nec paflionem fignificantia. Si les anciens ont adopté dans ce fens le terme de /pir, comme pou- vant devenir propre au langage orammatical, c’eft affurément dans le même fens qu'il a été donné à la partie des verbes qui Paretenue jufqw’à préfent, & c'eftavec beaucoup de juftice qu’il en eft aujourd’hui la dénomination exclufive. Qu'ilme {oit permis, pour le prouver, de faire ici une petite obfervation méta- phyfique. | | | Quand une puiflance agit , il faut diftinguer lac- sion, l'aite &c la palfion. L’aite eft l’effet qui réfulte de l'opération de la puiflance, (res aüla ), mais confidé- ré en foi, & fans aucun rapport à la puiflance qui l’a produit, ni au fujet fur qui eft tombée l’opération ; c’eft l'effet vi dans Pabftraétion la plus complete; L’aéfion, c’eft l'opération même de la puiffance; c’eft le mouvement phyfique ou moral , qw’elle fe donne pour produire l'effet , mais fans aucun rapport au fu- jet ur qui peut tomber l'opération. La pa/ffion enfin, c’eft l’impreflion produite pat Paëe, dans le fujet fur qui eft tombée l'opération. Ainfi, Pade tient en quel- que mamiere le milieu, entre laéfion & la paffion ; il eft effet immédiat de lation, & la caufe immédiate de la paffion ; il n’eft ni Paéfion, ni la paffion. Qui dit ation , fuppofe une puiflance qui opere; qui dit pafc ion , fuppofe un fujet qui reçoit une imprefion; mais qui dit aie, fait abftraétion, & de la puiflance aétive & du fujet pañlif. | Or, voilà juftement ce qui difingue le fzpir des verbes: amare (aimer ) exprime l’aétion ; amari ( être aimé ) exprime la pañlion ; amatum (aimé ) exprime Paéte. De-là vient, 1°, que le fupir amatum peut être mis à la place du prétérit de Pinfinitif, & qu'il a efentiel- lement le fens prétérit, dès qu’on le met à la place de l’aétion. Diilum eff, Vaéte de dire eft, & par con- féquent l’aétion de dire a êté , parce que l’attion eft néceffairement antérieure à l’aéte, comme la caufe à l'effet ; ainfi diéfum eff a le même fens que dicere fuié ou dixiffe eff pourroient avoir , fi Pufage les avoit au-» torifes. De-là vient, 2°. que fe prétérit du participe pafñif en françois , enitalien, en efpagnol & en allemand , ne differe du fupin , qu'en ce que le participe eft dé- clinable | 8 que le pin ne l’eft pas : fupir indécli- nable ; loué, fr. lodato, ital. alabado, efp. geloberr, all, Prétérit du participe pafñif, déclinable ; loué, ée, fr. lodato , ta , tal. alabado , da , ep. gelober , te, tes, alL & 1l y a encore à remarquer que le /zpin &t le par- ticipe , dans la langue allemande , ont tous deux la particule prépoñtive ge qui eft le figne de l’antério- rité , & qui ne fe trouve que dans. ces deux parties du verbe lober ( louer ) ; ce qui confirme grandement mes obfervations précédentes. De-là vient, 3°. que le fxpin n’exprimant ni ac- tion, ni pañlion, a pu {ervir en latin à produire des formes aétives & palves ; comme il a più à Pufage, parce que la diverfité des terminaïfons {ert à mar- quet celle des idées accefloires qui font ajoutées à l’idée fondamentale de late énoncé par Le /upins ainfi le futur du participe aétif, amarurus, a , um, 8 le prétérit du participe pañlif, amatus , a , um, font également dérivés du f#pir. Je ne m’étendrai pas davantase ici fur a nature du Jupin, ni fur la réalité de fon exiftence dans notre langue &c dans celles qui ont des procédés pareils à la nôtre , voyez PARTICIPE, art. 11. Mais j’ajouterax feulement quelques remarques, qui font des fuites néceflaires de la nature même de la chofe. 1°, Le fupin eft véritablement verbe, & fait une partie effentielle de la conjugaïfon, pufqul confer., ve l’idée différencielle de la nature du verbe, celle | _de lexiftence fous un attribut, qui eft marquée dans le fäpin par le rapport d’antériorité qui le met dans la clafle des prétérits. Voyez VERBE, PRÉTÉRIT & TEMPS. 2°, Le fupin eft véritablementnom, puifawil peut être fujet d’un autre verbe, comme les noms ou com- plément objeëtif d'un verbe relatif, où complément d’une prépoñtion. Jeum eff, itum erat , itum erie ; le fupineft ici le fujet du verbe fubftantif, & confé- quemment au nominatif; c’eft la même chofe dans cette phrafe de Tite-Live, vÿ.8. Dix non perlisatum senuerat diélarorem, littéralement, r’ayoir pas fait pen- dant long-tems de facrifices agréables aux dieux avois retenu le dictateur, car perlitare fisnifie faire des [acri- fices agréables aux dieux, des facrifices heureux 6 de bon augure ; C'eft-à-dire ce qui avoit retenu le dilateur y c'eff que depuis long-1ems on n’avoir point fait de facrt- frces favorables, Dans Vatron, effe in arcadié [tio Jpec- zatum fuem ; le fupin eft complément objeif de /ccv, & littéralement /cio fpeifatum veut dire, je fais avoir va. Enfin, dans Sallufte, rec ego vos ultum injurias hortor, le fupin eft complément de la prépofñtion ad, fous-entendue ici, & communément exprimée après le verbe Aortor. | 4 - 3°, Le fupin, à proprement parler, n’eft ni de la voix attive , ni de la voix pañlive , puifqu'l n’expri- me m l’aéhion, ni la paññion, mais l’aéte : cependant comme 1l fe conftruit plus fouvent comme la voix active, que comme la voix pañlive, parce qu’on le rapporte plus fréquemment au fujet objectif, qu’à la puflance qui produit l’aéte ; il convient plutôt de le mettre dans le paradigme de la conjugaifon aétive. En eflet, on le‘trouve fouvent employé avec l’accu- fatif pour régime , & jamais [a prépofition 4 ou ab avec Pablatif, ne lui fert de complément dans lé fens pañlif; car wnperratum eft à confuetudine ( Cic. ) {e dit: comme on diroit à l’a@tif émperravimus a con- Jisetudine. | À: 4°, Le fupin doit être placé dans l'infmitif, puuf- qu'il eft communément employé pour le prétérit de Pinfinitif: dium eff, pour dixiffe eff, équivalent de dicere fuit, on a dit. 5°. Quelques grammairiens ont prétendu que le Jupin en u n’eft pas un /upirz, mais Pablatif d’un nom verbal dérivé de /zpin , lequel eft de la quatrieme déclinaifon: je crois qu'ils fe font ttompés. Les noms ] q P verbaux de la quatrieme déclinaifon , différent de ceux de la troifieme , en ce que ceux de la quatrieme expriment en effet l’aéte , & ceux de la troïfieme lac- tion ; ainf viffo , C’eit l’aétion de voir , vifus en eft l'aête ; patho , Vathon de traiter ; paëus, l’aûte même ou le traité; aéfio & aëlus, d’où nous viennent zéon &c aile. Or le fupin ayant un nominatif & un accufa- tif, & furtout un accufatif qui eft fouvent régi par des prépofitions, pourquoi n’auroitil pas un ablatif pour la même fin ? On répond que lablatif devroit être en o à caufe du nominatif en ww: mais il ef viaiffemblable que lufage a profcrit l’ablatif en o, pour empêcher qu'on ne le confondit avec celui du participe pafhf, & que ce qui a donné la préférence - à l’ablatif en z, c’eft qu'il préfente toujours l’idée fondamentale du fupin ; Pidée fimple de Paête, foit qu'on le regarde comme appartenant au /upin, foit qu’on le rapporte au nom verbal de la quatrieme dé- chnaifon , quand il en exifte ; car tous les verbes n'ont pas produit ce nom verbal, & cependant plu- fieurs dans ce cas-là même ne laiflent pas d’avoir le Jipin en z; ce qui confirme lopinion que j’établis ici. (E.R. M.B.) SUPINATEUR,, ez Anatomie, eft le nom de deux mufcles du bras, dont l’un eft appellé Zong fupinateur, & l’autre court [upinateur. | Le coutt fépinatur vient de la partie externe & fupérieure du cubitus & du condyle externe de l’hu- merus , & paflant autour du radius va s’inférer à la partie fupérieure & antérieure de cet os, au-deffous du tendon du biceps. Voyez os planches anatomiques © Leur explication. Le long fxpinateur eft fitué à la partie interne de lavant-bras un peu en dehors, il vient de trois ou quatre travers de doigts au-deffus du condyle externe de l'humerus , de-là s’avançant le long du radius , il fe termine àla partie interne de l’apophyfe ftiloide de cetos. Voyez HumEerRus & RADrus. SUPINATION, f. f. en Anar. eft l’aGion des muf- cles fupinateurs,oule mouvement par lequel ces muf- Où d’arrierez payement que l'on exige des propriétaires & pof- fefleurs de terres & de charges, fous prétexte qu’elles ont été vendues d’abord au-deflous de leur juite va= leur : c'elt ce qu’on appelle fzpplément de finances. SUPPLÉMENT , arc de, c'eft l'arc parcouru par le régulateur , après l'arc de leyée >) dans quelque échappement que ce foit : ainf Le recul dans l’un ÔT le repos dans l’autre , font Pobjet de larc de fupplé- ment, Cet arc varie d’étendue par le plus ou le moins de force motrice ; mais il ne varie point , ou très- au-lieu . éVée, qui peut être appellé arc conf: “art, ne Vañie point d’étendue par Le plus ou lemoins e tems employé à le parcourir. Voyez ARC de levée, SUPPLÉMENT , {. m. ( cerme de Finances. ) ce mot fe dit d'une taxe ou augmentation qu'on fait payer aux acquéreurs des domaines du roi qu’on croit alié- nés au-deflous de leur jufte valeur > Où à des officiers pourvus de charges dont le prix paroît trop mé | diocre ; ce qui n'arrive guere dans le dernier cas ;, | que pour des offices de nouvelle création, Didion, ! de Finances. (D.J. | SUPPLIANT , £ m.(Grem.) en général celui | qui fupplie. Voyez SuPruieR , SUPPLIQUE € Sup PLICATION. SUPPLIANT ,( Artiq, greg, € rom. ) c’étoit la cou- lorfqu'ils defiroient de faire plus d'impreffion fur ceux dont ils vouloient obtenir quelque grace , de s'approcher .du foyer confacré aux dieux Lares, fous la proteétion defquels étoient la maifon & ceux qui l’habitoïent, C’eft ainf qu'Homere nous repré- fente Ulyfle dans la maïfon d’Alcinoïs » dont il vez: noit implorer le fecours ; il alla s’a près aes cendres ; mais Alcinoüs l’en faire afleoir fur un trône magnifique, Thucydide dit la même chofe de Thémiftocle lorf. qu'il vint chez Admete, où ne l'ayant point trouvé, il fe fetta aux piés de [a femme de ce prince, qui lui confeilla de prendre fon fils entre {es bras > ÉtId'at- tendre Admete aux piés du foyer. L’hiftorien ajoute que c’étoit la maniere de fupplier la plus efficace. C’eft encore dans le même état que Plutarque met Coriolan , lorfqu’il arriva chez le prince des Volf- ques ; il entre, dit-il, dans la maifon de Tullns; & aufñ-tôt il s'approche du foyer, où il fe tint dans un grand flence ; car le filence &lair aflligé , étoient encore des marqués affeêtées par les J'épplians ,pour émouvoir la compañon. ( D.J. SUPPLICATION , £Lf ( Gram. ) l’'adion de fups plier. Voyez SuPPLrER & SUPPLIQUE, SUPPLICATION , ( Antig. rom. ) les fupplications chez les Romains étoient ou publiques ou particu- lieres. Les fpplications publiques fe faifoient ou dans les occafñons preffantes , comme dans letems de pefte ou de quelque maladie populaire > OU , Comme nous le dirons dans la fuite, après quelque viétoire ine£ pérée , lorfque celui qui venoit d’être élu général , demandoit au fénat fa confirmation » &en même tems la fxpplication , pour fe rendre les dieux fayo- rables , & pour d’autres fujets encore. … Ces Jupplications étoient des jours folemnels ; oùt il n’étoit pas permis de plaider pour quelque fujet que ce fût, & on les célebroit par des facrifices 5 des prieres & des feftins publics. Quelquefois le fé: nat bornoit à un jour la durée de cette fête ; quel- quefois On y en employoit plufeurs:; & l'hiftoire Qqq fleoir au foyer retira, pour le 682 SU P nous apprend qu’il y en a eu qui ont duré jufqu’à cin- quante jours. Il y avoit une autre efpece de application publi- que , qu'on nommoit le Zedifferne, Voyez LECTIS- TERNE. Les fupplications particulieres n’étoient autre chofe que les prieres que chacun faïloit aux dieux, ou pour obtenir la fanté, une bonne récolte, &c. ou pour les remercier des biens qu’on en avoit reçus. Une feule formule des prieres des payens, fufüra pour en donner quelque idée : je trouve celle-ci, ui a été confervée dans une infcription que Ca- milla Amata fait à la fievre pour fon fils malade. Di- vine febri , fanitæ febri, magne febri, Canulla Amata pro filio malè affeélo. « P. Camulla Amata offre fes » prieres pour fon fils malade, à la divine fevre, à la » fainte fievre, à la grande fievre ». Les vœux peuvent encore être regardés comme des fupplications particulieres. Voyez VOEUX. Les /upplications publiques qu’on faifoit dans Îes féries impératives des Romains , avoient beaucoup de rapport à nos proceflions , car il s’y trouvoit un nombre indéterminé , mais aflez confiderable d’en- fans de l’un &c de l’autre fexe , nés libres, ayant en- core leurs peres,& leurs ineres, parrimi & matrimi, couronnés de fleurs & de verdure, ou tenant à la main droite une branche de laurier , qui marchoiïent à la tête , & chantoïent des hymnes à deux chœurs, Dianam teneræ dicire virgines , Trtonfum pueri dicite cynthiur. Ils étoient fuivis des pontifes , après lefquels on voyoit les maoïftrats , les fénateurs, les chevaliers , les plébéïens, tous habillés de blanc, & avec les marques les plus éclatantes du rang que chacun te- noit dans la république : les dames mêmes , féparées des hommes , & avec leurs plus beaux atours , fai- foient quelquefois le plus brillant ornement de ces fêtes, Il a eu des tems où il ne leur étoit permis de porter de l'or & des habits de diverfes couleurs , que dans ces grandes folemnités : ces jours-là n’é- toient point compris dans la loi oppia. On alloit dans cet ordre fe préfenter devant les dieux de la premiere clafle , dis majorum gentium, qu’on trouvoit couchés fur des lits dreflés exprès, &c rehauflés de paquets ou gerbes de vervene, ou bien debout fur des eftrades , d’où ils paroïfoient refpirer l’encens qu’on leur brüloit, & accepter les viétimes qu’on leur immoloit. Toute cette cérémo- ie eft exprimée dans Tite-Live par ces mots, zre fupplicatum 44 omnia pulvinaria. Ces fupplications s’ordonnoient pour deux raifons tout-à-fait oppofées, pour le bien & pour le mal, Par exemple, un général d'armée qui avoit rem- porté une viétoire fignalée , ne manquoit pas d’en- voyer au fénat des lettres ornées de feuilles de lau- rier , par lefquelles il lui rendoit compte du fuccès de fes armes, & lui demandoit qu’il voultt bien dé- cerner en fon nom des /xpplicarions en aétions de grace aux dieux ; & le decret du fénat étoit fouvent une aflurance du triomphe pour le vainqueur , rium- phi prœrogativa, On ne doit pas s'étonner du grand nombre de jours que duroient ces fêtes , fur-tout vers la fin de la ré- publique. Le fénat en ordonna quinze au nom de Jules-Céfar pour Les viétoires qu’il avoit remportées fur les Gaulois; & ce qui n’avoit encore été fait pour perfonne , 1l en ordonna cinquante en faveur de D. Brutus , qui avoit vaincu Marc-Antoine , dont l’ambirion devenoit auf pernicieufe à la république, que l’avoit été celle de Jules-Céfar. : Cicéron en fit ordonner autant au nom de C. Oc- tavien, d'Hirtius & de Panfa , comme il le dit dans Ja philippique xiy, mais environ vingt ans aupara- SOUPE vant il avoit eu le plaïfir de voir décerner des //p= plications en fon nom, pour autant de jours qu’on en eût jamais accordé aux plus grands capitaines , & cela pour avoir étouffé la conuration de Cati- lina , 8 remis le calme dans toute l'étendue de lem- pire romain, L’orateur conful ne manqua pas de faire valoir cette diftinétion , en exhortant tout le peuple à célebrer ces fêtes avec toute la joie qu’on eft ca- pable de goûter , lorfqu'on connoït la grandeur du péril qu’on a couru, & le miracle par lequel on a été préfervé. | L’äutre occafion de faire des fupplications n’étoit pas fi fréquente ; mais comme lon eft plus fenfible au mal qu’au bien , quand il étoit queftion de parer les traits de la colere célefte , on redoubloit fon zele, on n’épargnoit ni peine , ni dépenfe ; les prieres, les vœux , Les facrifices , les fpeétacles mêmes, pour lefquels on s’imaginoit que les dieux ne devoient pas avoir moins de fenfibilité que les hommes, tout étoit mis en ufage. (D. J. | SUPPLICE , f. m.( Gouvernem. ) peine corpo- relle, plus ou moins douloureufe, plus ou moins atroce. Un difionnaire des divers fupplices , pratiqués chez tous les peuples du monde, feroit frémir la na- ture ; c’eft un phénomene inexplicable que étendue de l’imagination des hommes en fait de barbarie & de cruauté. Gouverner par la force des /upplices, c’eft vouboir faire faire aux fupplices ce qui n’eft pas en leur pou- voir , je veux dire, de donner des mœurs. Les /4p- plices retranchent bien de la fociété un citoyen qui ayant perdu fes mœurs, viole les lois ; mais fi le monde , ou fi la plus grande partie d’un état a perdu fes mœurs, les fupplices les retabliffent-ils ? Ils ar- réteront , je l'accorde, plufieurs canféquences du mal général, mais ils ne corrigeront pas ce mal. La vue des Perfes dans leurs fages établiffemens , au rapport de Xénophon , étoit d’aller au-devant du mal, perfuadés qu’il vaut bien mieux s'appliquer à prévenir les fautes qu’à les punir ; & au lieu que dans les autres états on fe contente d’établir des pu- nitions contre les méchans , ils tâchoient de faire enforte que parmi eux il n’y eût point de méchans. (D. J.) | SUPPLICE DE LA CENDRE, ( Lirrér. facrée & pro- fane.) fupplice particulier à la Perfe , & dont on ne fe fervoit que pour de grands criminels; on les fai- foit périr en les étouffant dans la cendre. Voici la defcription qu’en donne le XT. div. des Macch. On remplifloit de cendres jufqu’à une certaine éléva- tion , une grande tour. Du haut de cette tour on jet- toit le criminel dans la cendre la tête la premiere, & enfuite avecuneroue on remuoit cette cendre autour de lui, jufqu’à ce qu’elle létouffât. Vous trouverez dans Valere Maxime l’origine de ce /zpplice, 1. I. 9. 2. extern. $ 6. C’eft de ce Jupplice qu'Ochus plus connu fous Le nom de Darius Nothus , fit périr Sog- dien fon frere qui s’étoit emparé du trône par des meurtres. Il traita de même Arfites fon autre frere, par le confeil de fa femme Paryfatis. On ne voit dans l’hiftoire que des crimes punis par d’autres crimes. (D.J.) | | SuPPLICES DES HÉBREUX, on remarque plu- fieurs fortes de /upplices ufités chez les Hébreux & mentionnés dans l’Ecriture. On peut les réduire à ceux-ci 1°. le crucifiement ou le fzpplice dela croix dont nous avons parlé fous Les m01s CRUCIFIEMENT & Croix, 2°. la fufpenfon ou la corde, 3°. la la- pidation, 4°. le feu, 5°. le tympanum ou le fouet, 62. la prifon, 7°. l'épée ou la décollation, 8°. la {cie , 9°. précipiter les coupables du haut d’un ro- cher, 10°. les précipiter dans une tour remplie de cendres, 11°. les écrafer fous des épines ou fousles piés des animaux, 12°, leur faire perdre les yeux, 13°. les étendre fur le chevalet , 14°. eur couper les cheveux pour marque d’infamie. On en trouve en- core un grand nombre d’autres marqués dans le Kvre des Macchabées, comme celui de la poële ardente , d’arracher la peau avec les cheveux de la tête, de brüler les côtés & les entrailiesavec des torches ar- dentes , de les déchirer avec dés peignes de fer, d’é- tendre für la roue, de couper les extrémités des piés Oz des mains, éc. mais comme ces derniers étoient moins ufités , & plutôt fuggérés par la barbarie que prefcrits par les lois, nous nous attacherons princi- palement à donner au leéteur une idée des premiers que nous avons indiqués d’après ladiffertation que Le p. Calinet a donnée fur cette matiere; avant que d'entrer dans le détail de chacun, il fera bon d’ob- ferver lesformalités quiprécédoienttous les fupplices. Les rabbins en racontent pluñeurs qui accompa- gnoient & qui fuivoient la décifion des juges en ma- ere criminelle. Quand 1l étoit queftion de décider de la vie ou de la mort d’un homme, on y procédoit avec beaucoup de maturité. Lorfque les témoins avoient été ouis, on renvoyoit l'affaire au lendemain; les juges fe retiroient chez eux , mangeoiïent peu, & ne buvoient point de vin; le lendemain ils fe raflem- bloient deux à deux pour examiner de nouveau plus à loifir les circonftances du procès. Après cet exa- men on pouvoit encore réformer le jugement de ma- niere que celui qui avoit été pour la condamnation, pouvoit changer de fentiment & abfoudre, au lieu que celui qui avoit abfous, ne pouvoit varier ni con. damner. La fentence étant confirmée & prononcée, on conduifoit le criminel au /pplice. Un homme placé À la porte de la cour tenoit un mouchoir à fa main ; un peu plus loin étoit pofté un cavalier ou un héraut à cheval. S'il fe préfentoit quelqu'un pour parler en fa- veur du condamné, la premiere fentinelle faifoit figne avec fon mouchoir, & le cavalier couroit & faïfoit ramener Le coupable, Deux juges marchoient à {es côtés pour entendre s’ilavoit lui-même quelque chofe à dire pour fa juftification. On pouvoit le ramener jufqu'à cinq fois pour entendre ceux qui vouloient parler pour fa défenfe. S'il n°y avoit rien qui arrêtât lPexécution, on ctioit à haute voix: ur rel ef? aban- donné pour un tel crime : tels & els ont dépojé contre lui : Ji quelqu'un a des preuves de fon innocence, qu’il les produife, On donnoit aux fupphciés à boire du vin mêlé d’encens ; de myrrhe ou d’autres drogues fortes ca- pables d’engourdir les fens, & de leur faire perdre le fentiment dela douleur. Salomon confeille de don- ner du vin à ceux qui font accablés de douleur, & nous voyons la pratique de cette œuvre d'humanité envers J. C, dans fa paññon ; on lui offrit du vin de _mytrhe avant qu'il fût crucifié , & du vinaiore lorf- qu'il étoit à la croix > Matth, xxviy, 34. 48. Ces cho- tes étorent générales , & regardoient tous les fppli- cies. | 1°. La fufpenfon ou la corde étoit en ufage chez les Juifs ; mais il n’eft pas für qu’on y penditles cou- pables vivans. Les Juifs difent qu’il n’y avoit que les blafphémateurs & les idolâtres qu’on pendoït ainf; pour les autres, on leur ôtoit apparemment la vie dune autre maniere , & l’on fufpendoit enfuite leurs Corps à un poteau où une croix. Les exemples du pannetier de Pharaon dans la genèfe ; du roi d'Hai, dans Jofué; de cinq autres rois chananéens que ce général fit encore pendre ; d'Aman & de plufeurs autres, prouvent que le fpplic: du gibet étoit connu des Juifs, & que quelquefois on pendoit les hommes vivans , mais que plus {ouvent on pendoïit les cada- vres des coupables après les a voir mis À mott. - 2°. La lapidation confiftoit, comme le nom le por- Torie AP, L'on S U P 683 te, à écrafex un homme à coups de pierrés, que tout Je peuple ou la multitude des affiftans lançoit contre. lus, Cette exécution fe faifoit ordinairement hors des villes, comme il paroït par les exemples du blafphé:, mateur, du violateur du fäbbat, d’Achan & de {aint Etienne, Les Rabbins prétendent que parmi les Hé, breux lapider n’étoir point la même chofe que chez, | tous Les autres peuples; felon eux , celui qui étoit L condamné à ce /xpplice, étoit conduit fur une émi- nence de la hauteur de deux hommes; les deux té- moins le précipitoient de-là fut des cailloux, & s'il n’étoit point mort de {a chûte, le peuple Paccabloit à coups de pierres. Mais cette idée eft une vifion des doéteurs juifs, qui n’a pas le moindre fondement dans lEcriture. | | 3°. La peine du feu, Elle étoit en üfage parmi les Hébreux, même avant la loi. Juda ayant appris que Thamar fa belle-fille étoit enceinte ; voulut la Aire brûler comme adultere. La loi de Moife impofe la peine du feu aux filles des prêtres qui tombent dans limpureté, Levis. xx. 9. Moïfe veut qu'on brûle vif celui qui aura époufé la mere & la fille, & il con-. damne ces femmes au même genre de mort: ce qui {uppofe un feu appliqué à lextérieur. Cependant les auteurs juifs prétendent qu’on ne brûüloit point dans les flammes celui qui étoit condamné au feu ; on l’en- terroit, felon eux, jufqu’aux genoux dans du fumier, on luenveloppoit la gorge d’un grand linge qui étoit tiré à deux, tant que Le patient étoit obli gé d'ouvrir la bouche, ou sl faifoit réfiftance, on la lui tenoit ouverte de force par deux tenailles, puis on lui £i= foit couler du plomb fondu qui confumoit fes entrail. les. Il y a grande apparence que cette idée eft de linvention des rabbins. 4°. Le tyÿmpanum ou le fouet. Les critiques ont été | fort partagés fur la fignification du mot symparum : quelques-uns ont cru qu'il vouloit dire écorcher vif, d’autres, srancher la téje, d’autres, tourmenter fur Le chevales. Dom Calmet croit, d’après Le fcholiafte d'A rifiophane, ail fignifie {: baflonade ou Le Jpplice des verges, dans lequel on faifoit étendre Le criminel par terre , & on le frappoit à coups de bâtons, quelque- fois jufqu’à lui ôter la vie. A l’écard du fouet : lorf- qu'un homme y étoit condamné les exécuteurs de la juftice Le faïfifoient, le dépouilloïent depuisles épau- les jufqu’à la ceinture, & déchiroient même {a tuni- que depuis le col jufqu’aux reins. Ils frappoient fur fon dos avec un fouet de cuir de bœuf compofé de quatre lanieres & aflez long pour atteindre jufcu’à {a poitrine ; 1l y en a même qui veulent qu’on ait frappé fix coups fur le dos, puis trois coups fur la poitrine, à l’alternatif. Le patient étoit attaché fortement par les bras à une colonne affez baffle , afin qu'il fût pan- ché, &c celui qui frappoit, étoit derriere lui monté fur une pierre. Pendant l'exécution les trois juges étoient préfens, & l’un d’eux crioit : £ vous n'objer vez point les paroles de cette loi, Dieu vous frappera dè plaies extraordinaires | vous & vos enfans. Le {econd comptoit les coups, & le troifieme exhortoit Le lice: teur à faire fon devoir. Le nombre des coups n’étoit, felon quelques-uns, que de trente-neuf, ni plus n1 moins; mais Skikard prétend aw’onlediminuoit pour les moindres fautes , & qu'on le réitéroit pour les grandes, | 5”. La prifon. C’étoit en général moins un fpp/ice qu'une punition; mais quelquefois elle étoit regardée comme /#pplice. Ainfi les Pliliftins après avoir crevé les yeux à Samfon, le sarderent dans un cachot oil étoit obligéide tourner la meule, Les lens, Les meno: tes , les entraves, les chaines qui accompagnoient pour lordinatre la prifon, en aggraveïent la peine, Mais les anciens hébreux avoient une efpece de joug compoiée de deux pieces de bois longues & laroës, dans lefquelles on faïoit une entaille pour pañler le QQqqu 684 A Ce cou du criminel. Is fe fervoient auf de ceps ou d’en- traves, qui étoient des bois ouverts de diftance en diftance dans lefquelles on faifoit paffer les jambes des prifonniers à une plus ou moins grande diftance, felon qu'on vouloit Les tourmenter. Prudence a ex- primé ce /upplice dans ces deux vers de fon hym- ne 4° Lignoque plantas inferie Divaricatis cruribus. Il en eft auf parlé dans le livre de Job, c. x. v.27, & dans les proverb. c. vij.v. 22. 6°. Le fupplice de l'épée ou la décollation. On en a plufeurs exemples dans lEcriture. Le pannetier de Pharaon eut la tête tranchée , & après cela fon ca- _davre fut pendu à un poteau, Gezef. xl, y. 19. Abi- melech, fils de Gédeon, fit décapiter 7o fils de Gé- deon fes freres fur une feule pierre , Zrdic. 1x. y. 2. Ceux de Samarie firent couper les têtes aux 7o fils d’Achab , & les envoyerent à Jehu dans des paniers. S. Jean fut décapité dans fa prifon par le commande- ment d'Hérode. March. xiy. 7°. Le fupplice de la fcie, On n’en trouve d’exem- ple que dans la perfonne d’Ifaie qui fut, dit-on, fcié par le milieu du corps depuis la tête jufqu'au curffes par ordre de Manaffé, &c l’on ajoute que ce fut avec une {cie de bois. Mais le p. Calmet remaraue que S.: ! que q Jérôme & les feptante appellent quelquefois du nom de /cie certains gros rouleaux de bois armés de poin- tes de fer qu’on failoit paffer {ur les gerbes pour les battre êc en tirer Le grain, &c que ce fut fous une fem- blable machine que le prophete lfaie fut déchiré & mis en pieces. Que fi l’on veut entendre le paflage de S. Paul où il en eft parlé, d’une fcie proprement dite, il faut reconnoitre que c’étoit une /cie de fer à fcier du bois | fupplice qui n’étoit pas inconnu aux anciens, qui eft en ufage à Siam, & qu’on prétend auff ufité parmi les Suifles. 8°. Précipiter les coupables du haut d’un rocher. On ena quelques exemples parmi les Hébreux. Ama- fias, roi de Juda, fit fauter à bas d’un rocher dix mille iduméens qu'il avoit pris à la guerre, ZZ, Pa- ralip. xxv. 12. Les juifs de Nazareth voulurent préci- piter Jefus-Chrift du haut de leur montagne. S. Jac- ques Le jufie fut jetté en bas de Pendroit le plus élevé du temple dans la vallée qui étoit au pié. 9°. Le précipiter dans une tour remplie de cen- dre ou de poufliere pour les ctouffer. C’étoitun /zp- plice plus en ufage chez les Perfes & les autres peu- ples voifins des Hébreux, que chez les Hébreux mê- mes, où l’on n’en cite aucun exemple particulier à Ja nation. 10°, Ecrafer fous les épines, fous des traineaux ou fous les piés des éléphans font des fupplices inconnus aux peuples d’occident, mais dont on trouve quel- ques exemples dans lEcriture. Il eft dit dans les Jx- ges, c. viij. v. 16, que Gédeon Ctant de retour de la pourfuite des Madianites, écrafa fousles épines &c les ronces du défert les principaux de la ville de Socoth qui lui avoient infulté. Il mit apparemment du gros bois ou de grofles pierres fur les épines qui cou- vroient ces malheureux , afin de les écrafer &c de les faire mourir. C’eft ainfi à-peu-près qu’en ufoient les Romains envers ceux qu'ils fafoient mourir fous la claie:: fub crate necare ; on mettoit le patient fous une claie qu’on chargeoït de groffes pierres. David fit en- core fouffrir un /#pplice plus cruel aux Ammonites pris en guerre ; car il les coupa avec des fcies; il fit -pafler fur eux des chariots armés de fer, Les fit cou- per en pieces avec des couteaux, & les fit jetter dans les fourneaux où lon cuit les briques , ainfi qu’il eff rapporté dans le ZT. div. des Rois, c. xij. v. 31. mais par les fcies il faut entendre les rouleaux de bois armés de pointes de fer dont nousavons parlé ci-deffus, Les chariots étoient des machines propres à brifer Les gers bes , & à en faire fortir le grain, il y en avoit de plu- fieurs fortes , mais tous étoient armés de pierre où de fer. Enfin il les fit pafler par des couteaux de fer &c par un lieu où l’on cuit la brique , foit qu’on entende ces derniers mots d’un four à brique ou du lieu où l’on broie la terre des tuiliers où on écrafa ces malheu- reux; /#pplices horribles, mais tolérés parmi ces peu- ples qui fe permettoient de mettre à mort tout ce qui étoit pris en guerre. Lex nulla capto parcit, aut pœnam impedir. Senec. Ptolomée Philopator voulut faire écrafer les Juifs fous les piés de fes éléphans; on dit que c’étoit chez les Carthagnoïs la peine qu’on infligeoit quelquefois aux deferteurs. | 11°. Arracher les yeux & faire perdre la vue, c’é- toit des /Zpplices peu communs, & dont lon n’a des exemples que dans la perfonne de Samfon & de Na- buchodonofor. 12°, Le fupplice du chevalet confiftoit à étendre violemment le coupable fur une efpece de banc avec des cordes & des poulies, & là on letourmentoit de diverfes manieres. Voyez CHEVALET. 13°. Couper les cheveux des coupables, paroit être un /upplice plus i9nominieux que douloureux; cependant on croit que l’on joignoit la douleur à la honte, qu’on ne fe contentoit pas de couper &t de rafer les cheveux, mais qu’on les arrachoit avec vio- lence , comme on plume un oïfeau vivant: c’eft La propre fignification de l’hébreu & du grec qui fe Lt dans Néhémie, qui dit qu’il reprit les juifs qui avoient époufé des femmes étrangeres, qu'il en battit quel- ques-uns & leur arracha les cheveux, decalvavit eos, en grec, euadupuot aurus. Quelquefois on jettoit de la cendre chaude fur la peau dont on avoit arraché le poil , afin de rendre la douleur plus aiguë &z plus vive. C’eft ainfñ qu’on en ufoit à Athènes envers les adulteres, comme le remarque le fcholafte d’Anifto- phane,, & c’eft encore ainfi qu’en ufent les fauvages d'Amérique qui, lorfqu’ils brülent leurs prifonniers, leur arrachent la peau de la tête, & leur répandent enfuite de la cendre chaude fur le crâne fanglant & dépouillé. Ce fupplice étoit commun en Perfe. Artaxerxès y apporta quelques changemens ; 1l ordonna qu’au lieu d’arracher les cheveux à ceux de fes fatrapes ou gé- néraux qui avoient commis quelque faute, on les obligeroit à quitter la tiare. L'empereur Domitien fit rafer les cheveux êc la barbe au philofophe Apollo- nius. En France on coupe les cheveux aux forciers. On a fouvent fait fouffrir cette peine aux martyrs de la religion chrétienne. Les huis , dans le livre impie qu'ils ont compofé de la vie de Jefus-Chrift fous le nom de To/edos Jefu , difent que leurs ancêtres lui f- | rent couper les cheveux, & lui firent enfuite frotter la tête d’une liqueur qui empêcha les cheveux de croître , & qui le rendit chauve pour toute fa vie, Mais il y a bien d’autres calommies & d’autres im-. pertinences dans cet ouvrage. Calmet , Didfionn. de la Bibl. tom. TI. pag. 599. & Juiv. & differt. fur les fupplices des Hébreux. SUPPLICIER , v.a@. ( Gram. ) exécuter la fen- tence de mort prononcée contre un criminel. SUPPLIQUE , £ f. (Gram. Jurifprud.) eft un aéte qui contient quelque fupplication ou réquifition faite, à un fupérieur, comme la fupplique que fait au pape celui qui requiert de lui la provifion d’un bénéfice : cette fupplique commence en ces termes:heariffime pa- ter fupplicas humilicer fanülitari veffræ devotus 1llius orator N..., &c. C’eft au bas de cette fzpplique que le pape ou le préfet met la fignature qui tient lieu de provi-: fion. Voyez PROVISION , SIGNATURE. On appelle auf fupplique la réquifition qu'un gra- dué fait au redteur pour avoir fa nomination , à lef- fet d'obtenir un bénéfice en vertu des fes grades. Voyez GRADUÉS. | Enfin lon appelle encore fzpplique la démarche que fait un candidat qui fupplie dans quelque fa- eulté, pour y fubir un examen ou autre aéte. Voyez BACCALAURÉAT , EXAMEN, LICENCE, THESE, UNIVERSITÉ. (4) SUPPORT, {. m. (Gram.) il fe dit en général de tout ce qui foutient quelqu'un ou quelque chofe : Ôtez cette piece, & le refte s’écroulera faute de /up- port. Jai perdu mon /wppors en le perdant. Suprorts , (Æifé. nar. Bor.) les fupports {ont cer- taines parties des plantes qui foutiennent &c qui défen- dent les autres: on en compte de dix efpeces. 1°, Le péduncule qui foutient & porte la fleur & le fruit. 2°, La hampe, fcapus, qui eft uniquement deftinée à porter la fruétification ; elle nait immédiatement de la racine & pas du tronc. 3°. Le pétiole qui foutient les feuilles , comme le péduncule foutient la fruétification. 49. La vrille, cérrhus, qui eft une efpece de lien par lequel une plante s'attache à un autre corps. 5°. La feuille florale, braélea, qui eft une efpece de feuille finguliere ; elle fe trouve près de la fleur, & ne paroit qu'avec elle, 6°. La fipule qui forme le bourgeon ëc fe trouve aux infertions. 7°. L’aiguillon , qui eft une pointe fragile; elle tient fi peu à la plante, qu’on l’en détache aifément fans rien déchirer. 8°, Lépine qui eft très-adhérente à la plante. 9°. La glande qui fert à la fécrétion des humeurs, 10°, L’écaille qui fe trouve d'ordinaire dans les chatons à la bafe du calice de quelques fleurs, où fous les fleurs. For. Parif. prodrom. pas. 5. & 6. SUPPORT, ez Architeülure , un poteau ou une mu- raille de brique ajuftée entre les deux bouts d’une pie- ce @e bois pour empêcher que toutfon poids ne porte fur les extrémités feulement. Voyez PORTER. SUPPORT , outil d’Arquebufier; c’eft un billot de bois rond, lourd &c un peu épais , qui eft furmonté par le milieu d’un petit pilier de bois de la groffeur d’un pouce , &c long de fix, &c eft traverfé d’un petit morceau de bois plat en forme de croix, & fert aux arquebuñers pour foutenir le bout d’un canon de fu- fil, quand l’autre bout eft arrêté danslétau. SUPPORT, ez terme de Boutonnier , elt une croix à trois bras. La branche tranfverfale au milieu eft per- cée d’un demi-trou fervant à appuyer louvrage, celle du milieu eft garnie de deux pointes, l’une plus haute à vis & écrou , pour ferrer le f#pport contre la poupée, & l’autre plus petit & plus bas, entrant dans la poupée pour l’y fixer: cet inftrument fert à creu- fer les bourrelets de luftre. Voyez BOURRELETS DE LUSTRE. SUPPORT , dans la pratique de ? Imprimerie ; eftune reglette de bois, plus ou moins forte , que l’on colle à l’endroit de la frifquette qui porte fur un yuide dans la forme , pour foutenir la preffion de la platine en cet endroit, & pour empêcher que le papier ne creve ou ne cafle, ou que limpreffion ne vien- ne trop noire aux endroits découverts où la let- tre ne fupporte pas aflez. Mais comme ces fortes de Supports lent toujours fur fe papier une empreinte defagréable , on eft aujourd’hui dans Pufage d'élever les bois de garniture prefque à la hauteur de la lettre, c’eft-à-dire, à l’épaifleur d’un papier près: en fui- vant cette nouvelle méthode, on a la fatisfa@tion de voir que les bois de garnitures foutiennent mieux l'effort de la prefle,/ménagent même l’œil de la lettre, se empêchent jufqu’à la plus petite apparence de fou- age, AL 68; SUPORT , en terme de Piqueur en tabatiere , c’eft ur morceau de bois quarré par un bout , & percé de plufeurs trous de diftance en diftance. A Pautre ex- trémité 1l eft arrondi, & fe termine en forme de vis. Ce fupport fe plante dans une table, ou furle coin d’un établi, & y eft retenu par le moyen d’une vi- role au-deffus de l'établi, & d’un écrou à main par- deflous, Les trous qu’on voit fur la partie quarrée du J'appor: fervent à recevoir le porte-aigudle ou Le fo- rèt qu'on tourne dans la piece enile faifant joueravec la main. SUPPORT, chez les Tourneurs, eft une partieminif- trante du tour fur laquelle ils pofent leurs outils afm d'avoir plus de force. Voyez la defcription & les f- gures des différentes fortes de fzpports, Woyezlau moe Four. SUPPORT , terme de Blafon, cefontles figures pein- tes à côté de l’écu, qui femblent le fupporter. Les Jupports de l’écu de France font des anges. Il y ena qui ont des fauvages pour /upporis. Les princes de Monaco ont des moines auguftins pour fzpports : les Urfins, des ours, par équivoque à leur nom. On ne doit dire /zpports , que lorfque l’on fe fert des fi- gures des animaux ; & lorfque ce font des anges ou des figures humaines, on doit les appeller senans. (D.3.) SUPPORT ANT , terme de Blajon, i{e dit de la fafce , lorfqw’ellefemble foutenir où fupporter quel. qu’animal qui eft peint au chef de l’écu, quoiqu'il ne porte que fur le champ, & qui met de la différence avec Ja chargée, qui fe dit lorfqu'l y a des pieces qui pofent efletivement fur elle; on le dit auf des jumelles d’une bande d'un croiffant, Méneftrier. (2.J.) SUPPORTÉ , rerme de Blafon, ce mot fe dit des plus hauts quartiers d’un écu divifé en plufieurs quar- tiers , qui femblent être fpportés & foutenus par ceux d’en-bas. On appelle auffi chef fxpporré ou {ou- tenu , lorfau’il eft de deux émaux, & que l'émail de la partie fupérieure en occupe les deux tiers. En ces cas, il eft en effet Japporté par l’autre émail qui eft au-deflous. Méneftrier. (D. J.) SUPPOSER , v. at. ( Gramm. & Jurifprud.) figniñie quelquefois admettre une chofe pour un mo- ment & par forme d’hypothèfe : quelquefois f4p- pofer fignifñie mettre par fraude une chofe au lieu d’u- ne autre, comme /#ppofér un nom , un teftament un enfant. Voyez SUPPOSITION. (A) SUPPOSITIF , v. adj. ( Gram.) le françois , l'i- talien, l’efpagnol, Pallemand , ont admis dans leur conjugaïfonun mode particulier, qui eftinconnu aux Hébreux, aux Grecs , & aux Latins: Je férois, j'au- rois fuit, j'aurois eu fait, Je deyrois faire. Ce mode eft perfonnel , parce qu’il reçoit dans chacun de fes tems les inflexions & les terminaifons perfonnelles & numériques , qui fervent à cara@éri- fer par la concordance , l'application a@uelle du ver- be, à tel fujet détermine : je férois, #4 férois , 11 fe- roit ; nous ferions, vous feriez , ils feroiens, Ce mode eft direét, parce qu'il peut conftituer par lui-même la propoñtion principale, ou lexpreffion immédiate de la penfée : Je lirois volonriers ces ou- LAC AZ Enfin , c’eft un mode mixte, parce qu’il ajoûte à l’idée fondamentale du verbe , l’idée accidentelle d'hypothele &c de fxppofrion : il n’énonce pas l’exif- tence d’une maniere abfolue , ce n’eft que dépen- dämment d’une fäppofition particuliere : je liroës vo- lontiers cet ouvrage | fr 7e l’avois, Parce que ce mode eft dire&, quelques-unsde nos grammairiens en ont regardé les tems comme appar- tenant au mode indicatif. M, Reftaut en admet deux à la fin de l'indicatif ; un qu’il appelle cozditionnel préfent ; comme je ferois ; &CFautre qu’il nomme cor 2 66 SUP slitionnel pale , comme j’aurois fuir. Le P. Bufler les rapporte auf à l'indicatif, 62 11 les appelle remss en- certains, mais il eft évident que c’eft confondre un mode qui n’exprime lexiftence que d’une maniere conditionnelle , avec un autre qui Pexprime d’une maniere abfolue , ainfi que le premier de ces gram- maïriens le reconnoît lui-même par la dénomination de conditionnel: ces deux modes , à la vérité, con- viennent en ce qu'ils font dires , mais ils different en,ce que Pun eft pur , &c l’autre mixte ; ce qui doit empêcher qu'on ne les confonde : c’eft de même parce que l'indicatif & l'impératif font également di- reûts , que les grammairiens hébreux ont regardé l'impératif comme un fimple tems de Pindicatif; mais c’eft parce que l'indicatif eft pur, & l'impératif mix- te, que les autres grammairiens diftinguent ces deux modes. Laraïfon qu'ils ont eu à cetégard ,-eft la mê- me dans le cas préfent ; ils doivent donc en tirer la même conféquence : quelque frappante qw’elle Loit, je ne fache pourtant aucun grammairien étranger qui Vait appliquée aux conjugaifons des verbes de fa lan- gue ; 6c par rapport à la nôtre >. ilny a que M. lab- bé Girard qui lait fentie & réduite en pratique, fans même avoir déterminé à fuivre fes traces , aucun des grammairiens qui ont écrit depuis l'édition de fes vrais principes ; comme s'ils trouvoient plus honora- ble d’erter à la fuite des anciens que Pon ne fait que copier, que d'adopter une vérité mife au jour parun moderne que l’on craint de reconnoïtre pout maître. D'autres grammairiens ont rapporté au mode /u#- jonctif , les tems de celui-ci: Pabbé Régnier appelle l'un premier futur, comme Je ferois , &t l’autre /ecord futur compofé, comme j'aurois fait. La Touche les place de même au fubjonétif, qu'il appelle cozyoc- tif ; je ferois, felon li, en eft un fecond imparfait , ou limparfait conditionnel ; J'aurois fair, en eft le fecond plufque parfait , ou le plufque parfait condi- tionnel. C’eft la méthode de la plüpart de nos rudi- mentaires latins, qui traduifent ce qu’ils appellent l'imparfair & le plufque parfait du fubjonétif: facerem, queje fife, ou je ferois ; féciffem, que j'eufle fait, où jJ'aurois fait. C’eft une erreur évidente , que j'ai démontrée au 104 SUBIONCTIF, 7. 1. & c’eft confon- dre un mode direét avec un oblique. Cette méprile vient, comme tant d’autres, d’une application gauche de la grammaire latine à la langue francçoife ; dans les cas où nous difons 7e ferois, j'au- rois fair , les latiniftes ont vu que communément ils doivent dire facerem, feciffem ; de même que quand 115 ont à rendre nos expreflions 7e fffe, j'euffe faie ; & comme ils n’ont pas ofé imaginer que nos langues modernes puflent avoir d’autres modes ou d’autres terms que la latine, ils n’ont pu en conclure autre chofe, finon que nous rendons de deux manieres limparfait 8c le plufque-parfait du fubjonétif latin. Mais examinons cette conféquence, Tout le mon- de conviendra fans doute, que je ferois êc je file, ne font pas fynonymes , puifque Je ferois eft direét &c conditionnel, & que je fiffe eftoblique & abfolu : or il n’eft pas poffble qu'un feul & unique mot d’une autre langue, réponde à deux fignifications fi diffé- rentes entre elles dans la nôtre, à moins qu’on ne fuppofe cette langue abfolument barbare &c informe, Je fais bien qu’on objeétera que les latins fe fervent des mêmes tems du fubjon@if, & pour les phrafes que nous regardons comme obliques ou fubjonéhves, &c pour celles que nous regardons comme direétes êc conditionnelles ; & je conviens moi-même de la vé- rité du fait ; mais cela ne fe fait qu’au moyen d’ure ellipfe , dont le fupplément ramene toujours lestems dont il s’agit, à la fignification du fubjonéif : i//xd fe Jiffem, ad id litieras meas accommodaffem ; Cic. c’eftà-dire analytiquement,, £ res fuerat ita ut /ciffer silad, res ita ut accommodafflem ad id meas litieras ; la chofe avoit été de maniere que je leuffe fu, {a chofe étoit de maniere que jy eufle adapté ma let- tre. On voit même dans la traduétion littérale , que je nai employé aucun des tems dont il s’agit ici, parce que le tour analytique m’en a épargné le be- foin : les latins ont confervé Pempreinte de cette conftruéhon, en gardant le fubjontif fciffém , accom- modaffem ; mais ils ont abregé par une ellipfe, dont le fupplément eft fuffifamment indiqué par ces fub- jonétifs mêmes , & par Le jf. Notre ufage nous donne ici la mêmelicence,&r nous pouvons dire, ff je l’eufle Ju, j'y euffe adapté ma lectre ; maïs c'eft, comme en latin, une véritable ellipfe , puifque ;’euffe fu, j'euffe adapté font en effet du mode fubjon&tif, qui fuppote une conjon@ion , êc une propoñtion principale, dont le verbe doit être à un mode direét ; &T cecr prouve que M. Reflaut fe trompe encore , && n’a pas aflezap- profondi la différence des mots , quand il rend fon prétendu conditionnel paffe de l'indicatif par y’awrois, Qu j'euffe fait ; c’eft confondre le direët &c l’oblique. C’eft encore la même chofe en latin, mais non pas en françois, lorfqu'il s’agit du tems fimple, appel- lé communément émparfuir. Quand Ovide dit, f pollem, fanior eflem ; c'eft au-lieu de dire analytique- ment, f£ res erat ita ut poffem , res efl ita ut ef/erz Ju- zior ; fi la chofe étoit de maniere que je pufe, la chofe eft de maniere que je fufle plus fage. Dans cet- te traduËtion littérale, je ne fais encore ufage d’au- cun tems conditionnel ; j'en fuis difpenfé par le tour analytique} que Les latins n’ont fait qu'abré- ger comme dans le premier exemple ; mais ce que. notre ufage a autorifé à l'égard de ce premier exem- ple , 1l ne l’autorife pasici , & nous ne pouvons pas dire elliptiquement, f Je puffe, je fuffe plus Juge : c’eft linterdiétion de cette ellip{e qui nous a mis dans le cas d'adopter ou Pennuyeufe circonlocution du tour analytique, ou la formation d’un mode exprès; le goût de la briéveté a décidé notre choix , & nous difons par le mode /#ppofitif, je ferois plus fage, je pouvois ; la nécefité ayant établi ce tems du mo- de fuppofirif , analogie lui a accordé tous les autres dont il eft fufceptible ; & quoique nous puifñions rendre la premiere phrafe latine par le fwbjonthf, au moyen de l’ellipfe ; nous pouvons le rendre encore par le Juppofitif ,| fans aucune ellipfe ; ff 7e l’avois fu ; jy aurois adapté ma leitre. Il arrive fouvent aux habitans de nos provinces voifines de lEfpagne, de joindre au / un tems du fuppofitif : c'eft une imitation déplacée de la phrafe efpagnole qui autorife cetufage; mais laphrafefran- çoïfe le rejette, &c nous difons , f£j'étors, f? j'avois &é, &nonpas, f£e ferois , f£j'aurois éré, quoique les Efpagnols difent f£ effuviéra, fi uviéra eflado. J’aimieux aimé donner à ce modelenom de /p- pofitif, avec M. l'abbé Girard, que celui de condi- tionnel ; mais la raifon de mon choix eft fort différer- te de la fienne : c’eft que la terminaifon eft fembla- ble à celle des noms des autres modes, & qu’elle an- nonce la deftination de la chofe nommée , laquelle eft fpécifiée parle commencement du mot äppofinif, qui fert à la fuppoñition , à hypothefe ; comme z»- pératif , qui fert au commandement ; fxbjonthf, qui fert à la fabotdination des propoñtions dépendantes ; &c, Tous les adjetifs françois terminés en fêt ive, comme les latins en ivus , iva, ivum , ont le même fens, qui eft fondé fur l’origine de cette terminaon. Pour ce qui regarde le détail des tems du /zppo- faif, Voyez TEMS. ( B.E.R. M.) SupposiTioN , f f. ( Gram. & Jurifprud. ) ef lorfque lon met une chofe au-lieu d’une autre, com me une /4ppofition d’un nom pour un autre, où d’un teflament, ou autreacte, ou fignature , qui n’eftpas véritable. | La /ppofition de faits eft lorfqu’on met en avant des faits inventés. | S'uppofition de perfonne eftlorfqu'une perfonne s’an- nonce pour une autre, dont ellé prend le nom pour abufer quelqu'un , où commettre quelqu’autre frau- de. Ce crimeeft puni felon les circonftances, Voyez Papon , Z.. XXII. er. 0, La fuppofition ae part, ou d'enfant , eft lorfqw’un ‘homme ou une femme annoncent pour leur enfant quelqu'un qui ne left point. Ce crime eft fi grave qu'il eft quelquefois puni demort. Voyez au digeff. les titres ad leg. com. de fall. de infbicien. ventre. & de” Ca. .... editlo. So. .. . 10m. I. cant. II. ch. lxxxix. Dard®. . som, IL. L. WIL. ch. xxxj. ( 4 ) SUPPOSITION des anciens auteurs , ( Litéérature. ÿ comme il importe encore d’anéantir l’hypothèfe bi- farre du pere Hardouin , qui a tenté d’établir la fxp- pofiion de la plüpart des anciens auteurs , je vais rapporter ici cinq argumens décififs , par lefquels M. des Vignoles a fappé pour toujours le fyfième imaginaire du jéfuite trop audacieux. Le premier argument qu'il emploie, c’eft que dans les anciens hifloriens , comme Thucydide, Diodorede Sicile , Tite-Live, & autres , que le pe- re Hardouin regarde comme fuppolés: on trouve plufeurs éclipfes de foleil &t de lune marquées, qui s'accordent avec les tables aftrononuiques, & dont les chronologues fpécifient le jour dans Pannée Ju- lienne proleptique , avec exaétitude. Comment con- cevoir que des moines du xüj°. fiecle, fabricateurs de tous ces anciens ouvrages, felon le P. Hardouin, ayent eu des tables femblabies à celles que le roi AI- phonfe fit faire depuis. M. des Vignoles répond en inême tems à une objettion tirée de Pline, & il prouve que ce que Pline dit, n’eft nullement propre à invalider le témoignage des autres écrivains ? Enfecond lieu , on demande au P. Hardouin , où des moines françois du xüj°. fiecle , auroient trou- vé la fuite des archontes athéniens , qui quadre par- faitement avec des infcriptions anciennes qu’ils n’a- voient Jamais vues, & avec toute l’hiftoire. Les faftes des confuls romains fourniffent un argument de la même force ; d’où ces fauflaires ont-ils eu ces faftes, pour les inférer dans leur Tite-Live, dans leur Diodore, & dans leur Denys d'Halicarnafle , en forte qu'ils s’accordent avec les faftes capitolins déterrés depuis peu ? En quatrieme lieu, M. des Vignoles demande d’où 1ls ont fû les noms & la fuite des mois athéniens, puifque l’on a difputé jufqu’au fiecle pañlé, de leur fuite, & que ce n’eft qu’alors qu'il a paru par divers monumens , & par les inf criptions, que Jofeph Scaliger l’avoit bien marquée ? IL falloit que ces moines du treizieme fiecle fuffent bien habiles, pour favoir ce qui étoit inconnu aux plus favans hommes du feizieme & du dixfeptieme fiecle. On peut tirer un nouvel argument des olym- piades, qui fe trouvent fi bien placées dans les hif- toriens grecs prétendus fuppofés : on voit du premier coup d'oeil que ces cinq argumens font fans replique ; mais l’on en fentira encore mieux toute la force, fi l'on fe donne la peine delire les vizdicie veterwm [erip- sorum, que M. Lacroze publia en 1708. contre lé- trange paradoxe, ou pour mieux dire la dangereufe héréfie du P. Hardoun; car c’en eft une que de tra- vailler à détruire les monumens antiques grecs & la- tins, qui font aujourd’hui la gloire de nos études, & le principal ornement de nos bibliotheques, ( D. J. ) SUPPOSITION , f. f. ce mot a aujourd'hui deux fens ex Mufique. 1°. Lorfque plufieurs notes mon- tent ou defcendenr diatoniquement dans une partie fur une même note d’une autre partie, alors ces no- tes diatoniques ne fauroient toutes faire harmonie, ni entrer à la fois dans le même accord, il yena donc qui y font comptées pour rien, & ce font çes notes qu’on appelle zores par fuppofition. | La regle générale eft, quand les notes font égales, que toutes les notes qui font fur Le terms fort doivent, porter harmonie, celles qui paffent fur le tems foible, {ont des notes de fappofftion qui ne font mifes que par goût pour former des degrés conjoints, Remar- quez que par sems fort & 1ems foible, j’entens moins ici les principaux tems dela mefure, que les parties mêmes de chaque tems, Ainfi s’il y a deux notes éga- lès dans un même tems, c’eft la premiere qui porte harmonie , la feconde eft de /#ppoftion ; fi le tems eft compofé de quatre notes égales, la premiere & la troifieme portent harmonie, la feconde & la quatrie- me font par fuppoftion , 6e, Quelquefois on pervertit cet ordre, on pañle la premiere note par /wppofition, & l’on fait porter la feconde; maïs alors la valeur de cette feconde note eft ordinairement augmentée par un point aux dé- pens de la premiere. | Tout ceci fuppofe toujours une marche diatoni- que par degrés conjoints ; car quand les degrés font disjoints , 11 n’y a point de /#ppofition, &c toutes les notes doivent entrer dans l’accord. : 2°. On appelle accords par fuppofition , ceux où la baffe continue ajoute ou fuppofe un nouveau fon au- defflous même de la baffle fondamentale ; ce qui fait que de tels accords excedent toujours l'étendue de Potave. Les difonnances des accords par fppofition doi- vent toujours être préparées par des fyncopes , & fauvées en defcendant diatoniquement fur des fons d’un accord , fous laquelle la même bafle fuppofée puifle tenir comme bafle fondamentale, ou du moins comme une confonnance de accord. C’eft ce qui fait que les accords par Jäppofirion bien examinés , peu- vent tous pañler pour de pures fufpenfons. Voyez SUSPENSION. Il y a trois fortes d'accords par féppofition, tous fous des accords de la feptieme ; la premiere quand le fon ajouté eft une tierce au-deflous du fon fonda- mental, tel eft l'accord de neuvieme; fi l’accord de neuvieme eft formé par la médiante ajoutée au-def- {ous de l'accord fenfñble en mode mineur, alors lac- cord prend le nom de quinre fuperflue. La feconde ef- pece, eft quand le fon fuppofé eft une quinre au- deffous du fon fondamental, comme dans l'accord de quarte ou onzieme; fi l'accord eft fenfible, & qu'on fuppofe la tonique, cet accord prend le nom 687 _ de éptieme füperflue. Enfin la troifieme efpece d’ac- cord par fäppoftion, eft celle où le fon fuppoté eft au-deflous d’un accord de feptieme diminuée ; fi c’eft une quinte au-deflous, c’eft-a-dire que le fon fuppo- {é foit la médiante, Paccord s’appelle accord de quarte G quinte fuperflue; & fi c’eft une feptieme au-deflous, c’eft-à-dire que le fon fuppofé foit la tonique, Pac- cord prend le nom de f£xte mineure & feptieme fuper- flue. À l’évcard des renverfemens de ces divers ac- cords, on trouvera au "04 ACCORD, tous ceux qui peuvent fetolérer. (S SUPPOSITOIRE, f. m. (Pharmac.) enlatin g/ans, Balanus, Ranavoe, parce qu’on le faifoit autrefois d’or- dinaire en forme de gland ; c’eft un médicament plus ou moins folide, rond ou rond-oblong, en forme de petit globe, de petit cône ou de gland , qu’on intro- duit dans Panus pour différensufages. La matiere &c la préparation du f#ppofftoire fimple, font connues même du vulgaire. Il en emploie de différentes, &c l'effet eft néanmoins prefque toujours le même. Telles font un morceau de favon de Venife figuré en petit cône; un petit bout de bougie enduit de beurre; le miel cuit jufqu’à dureté ; une racine de mauve, de guimauve, de bete, &c. dépouillée de fon écorce, figurée convenablement, & enduite d’huile ou de beurre falé.! Ces matieres vulgaires étant pré- 688 SU P parées comme 1l convient, & introduites dans le rec- tum, fervent dans les enfans, & quelquefois dans les radultes , à provoquer les felles &c à émouvoir plus ou moins. Le fippofitoire compofé eft ou flimulant, ou pro- pre aux maladies particulieres de l'anus. La matiere du fuppofitoire fimulant eft excipiente ou excipien- de. L’excipiente eft le miel cuit jufqu’à dureté ; quel- quefois Le favon de Venife, ou le mucilage de la gomme tragacanthe. L’excipiende font toutes les ef- peces d’âcres flimulans, foit fecs en poudre, foit épais &c qui different les uns des autres par leurs de- grés d’acrimonie; tels font le favon, le fel commun, le nitre, le fel ammoniac, l’alun, l’aloës la myrrhe, les mafles de pillules purgatives cochées, le fuc d’ab- {ynthe épaif, le fiel de bœuf épaiffi, le caftoreum; enfin les purgatifs & les émétiques Les plus âcres, comme la coloquinthe, le jalap, la fcammonée, l’eu- phorbe, le fafran des métaux. Les fzppofitoires d'Hippocrate étoient compofés de miel , de fuc de mercuriale, de fel de nitre & de poudre de coloquinte, qu'il faoit introduire dans le fondement en forme longuette comme le petit doigt, & moins encore, pour irriter le mufcle fphin- éter & procurer l'évacuation des matieres. Le fuppofitoire propre aux maladies particulieres du reûtum, eft compofé d’une matiere qui varie fe- lon la différence de la maladie. Elle eft ftimulante, déterfive, balfamique, confolidante , affoupiflante , émollente, aftringente, &c. On prépare cette matiere de trois façons ; ou 1°. on la réduiten mañle dure, emplaftique, & on l'in- troduit ainf dans l’anus; on fe fert quelquefois feu- lement d’un morceau d’emplâtre officinal enduit d’u- ne huile appropriée. 2°. On lui donne encore la confiftance d’onguent, qu'on étend fur de la char- pie ; on en forme une petite tente, & on y attache un fil qu’on laifle pendre en-dehors pour fervir à la retirer de l'anus. 3°. On-en fait une efpece de pâte renfermée dans un linge dont on forme un nouet qu’on introduit dans le fondement. Le choix de tous.les fzppofitoires eft fixé par le différent but qu’on fe propofe, par la vertu connue de la matiere, par Le prix qu’elle coûte &c par la ma- ladie. La grandeur du /zppofitoire détermine la quantité de matiere dont il a befoin, & qui va depuis une drachme jufqw'à fix. De plus l’âge différent, lou- verture plus ou moins grande dureétum malade, &c lation plus où moins lente du Jappofiroire, conve- nablement à l’efpece de maladie qu’on traite , déter- mine fa forme & {à groffeur. Les fuppofitoires qui font durs, doivent être tou- jours enduits d’huule douce, de beurre, de graïfle, Éc. avant de les introduire. Il eft encore néceffaire d’évacuer auparavant les excrémens contenus dans les inteftins, à-moins qu’on n’emploie le /#ppo/iroire dans.cette vie. “Le fuppofitoire peut fouvent remplacer l’ufage des lavemens. purgatifs ; il: peut. être d’un grand.fecours dans les-afeétions foporeufes & apopléttiques. On emploie avantageufement, des f#ppo/lioires appro- priés , dans les maladies particulieres du reétum, des fiftules, de petits ulceres, &c. Mais:il faut fe défier des fuppofitoires qui font âcres, &c l’on ne doit point les ordonner aux perfonnes dont les fibres font déli- cates , ou qui font attaquées de fiflures , d’ulceres,, de douleurs au reétum; ni à celles qui font fujettes au lux-hémorrhoïdal, 6. On a vu des femmes en- ceintes accoucher avant le terme, pour avoir fait ufage de Jappofitoires trop ftimulans. Les fzppofrioires fimples qu’on emploie pour relà-. cher le ventre, font compolés. communément d'une drachme de favon de Venife, d’une demi-drachme de fel commun & d'une quantité fufhfante de miel épaif par la codion; ce /xppo/itoire eftpour un adul- te, & on a foin de l’enduire de quelque huile douce, La matiere médicale de Boerhaave, & M. Gaubius dans fon #71 de dreffer les formules de médecine , ont pris la peine de donner quelques exemples de /zppo- ftoires compolés. (2. J.) | SUPPRESSION , £ £ (Gramm. & Jurifp.) eft Va- néantiflement de quelque chofe. La fuppreffion d’une charge eft lorfqu’on er éteint le titre. | Suppreffion d'une communauté ou confrérie, c’eft lorfqw’on Panéantit & qu’on lui défend de saflermn- bler, Suppreffion d’une piece , eft lorfqw’on la détourne pour en dérober la connoïflance. On entend aufli par /wppreffion d’un écrit , la con- damnation qui eft faite de quelque écrit ou de cer- tains termes qui font dangereux poux le public, ou injurieux à quelque particulier. Suppreffion d’un fait, c’eft la réticence de ce fait. (4) | | SUPPRESSION DE PART, eft lorfqu'une fille ou femme cache la naïance de fon enfant, ou le fa périr auflitôt qu'il eft né, foit en le fuffoquant, foit en le jettant dans un puits, riviere, cloaque ou autre endroit, pour en dérober la connoiffance au public. La loi penulr. cod. ad leg, corr. de fécariis, qui eft de Pempereur Valentinien, déclare ceux qui font con- vaincus d’avoir fait périr Penfant, fujets à la peine capitale. Les ordonnances de nos rois prononcent auff a peine de mort contre les meres coupables de ce cri- me. L’édit d'Henri Il. du mois de Février 1566, veut | même que toute femme qui aura célé fa groflefle, {oit reputée avoir homicidé fon enfant , & qu’elle foit punie de mort. Il eft enjoint aux curés de publier cet édit au prône tous les trois mois. Voyez le sr. des crimes , par M. de Vouglans, #3. 17. ch, v. & les moss | ACCOUCHEMENT , ENFANS, EXPOSITION, PART. A ne DES ÉCOULEMENS, ( Médecine. ) les obfervations des terribles accidens qui furvien- nent à la /xppreffion des écoulemens , font en très-orand nombre , & aflez généralement connues; tous les li- vres de Médecine en font remplis, & il eff peu de perfonnes qui ne puflent rapporter comme témoins oculaires des exemples effrayans dans ce genre. Le danger qui accompagne cette fpprefion , peut varier fuivant la nature des écoulemens, leur ancien- neté, le tempérament & Ja conftitution particu- | lieredu fujet; on peut diftinguer en général trois | fortes d’écoulemens , eu égard à la gravité & la /uhi- tanéis des accidens qu'entraine leur Jéppreflion, Dans la premiere clafle , la moins dangereufe, je comprends ceux qu'on appelle communément 2x- crésions , & quifont des fonétions propres &z conf- . tamment attachées à l’état de fanté, telles font Les excrétions des urines , de la tranfpiration, des fueurs, de la falive , des regles dans les femmes , & . des hémorroïdes dans certains fujets ; leur /xppreffion | occafñonne plus où moins promptement des mala- | dies de différent caratere, fuivant la nature de l’hu- : meur féparée & l'importance des fonctions aux- quelles elle fert, & l'utilité ou la néceflité de fon | excrétion, Voyez tous ces différens articles, La feconde | claffe renferme ces mêmes excrétions lorfqu’elles pa- | roiffent ou font augmentées dans le cours de quel- | que maladie , auxquelles on peut ajouter les hémor- | rhagies par lenez , les éruptions cutanées, les abcès, | les dévoyemens & l’expettoration ; & on peut les confidérer fous deux points devue différens, ou com- me fymptomatiques , où comme critiques. Dans le | cu premier S'U:P2 premier cas., leur Juppreffion n’eft pas, à beaucoup près , auf grave ; elle n'eft cependant pas toujours exempte de danger; mais la fzppreflon des excré- tons critiques caufe mille ravages, & fouvént en- traine une mort prochaine. Elle peut être occafñon- née par les paffions d’ame, & fur-tout par la frayeur fubite, par le froid , &c fur-rout par des remedes contraires , c’eft-à-dire, des aftringens trop forts donnés inconfidérément , ou des remedes qui pro- Curent une excrétion oppolée : enfin les écoulemens de la troïfieme efpece , qui méritent par Le danger preflant attaché à leur féppre/fon une attention par- ticuliere , font ceux que la nature établit, ou entre- -dent lorfqu'ils font formés par accident , pour gué- fir ou prévenir des maladies fâcheufes , pour dépu- rer le fang , Gc. & que l’art, dans les mêmes vues, mite quelquefois ; de ce nombre font les crevañles qui fe font aux jambes des hydropiques , les ulceres familiers aux vieillards & aux perfonnes cacochy- mes, les vieux ulceres , les fiflules anciennes, les larmoyemens devenus habituels, lateigne, la croute de lait, le fluement des oreilles dans les enfans, les crachats purulens , les cauteres , les fetons, &c. Il eftnconcevable avec quelle rapidité les fympto- mes les plus fâcheux , avant-coureurs d’une mort prochaine , fuccedent à la /xppreffion de la plüpart de ces écoulemens : outre le grand nombre de faits atteftés par différens auteurs que je pourrois allé- guer en preuve de cette vérité, & qu’on pourra trouver dans les recueils ordinaires d’obfervations, je n’en rapporterai qu’un feul qui s’eft pañlé fous mes eux, . Un vicillard cacochyme avoit depuis quelques années un ulcere à la jambe, qu’il n’avoit jamais pu venir à-bout: de faire fermer ; après avoir confulté différentes perfonnes qui, foit par prudence, foit par isnorance , avoient laiflé fon ulcere dans le mé- me état ; 1l s’adrefla à moi , me priant de le débar-- rafler d’un mal auf incommode & defagréable, Je vis le danger qu’il y auroità fe-rendre à {es defirs ; ce- pendant pour l'empêcher d’aller chercher ailleursdes fecours d'autant plus dangereux qu’ils feroient plus efficaces , jelui promis de Le guérir, & demandai pour cela beaucoup de tems ; cependant je l’amufai par des remedes indifférens , qui laifferent continuer lécoulemens avantageux de lulcere ; enfin ennuyé : &t rebuté de ce peu de fuccès, il a recours à un chi- rurgien, quin'étant pas affez éclairé pour fentir Les conféquences de ce qu’il faifoit , n’oublia rien pour cicatricer l’ulcere , & il ny réuflit que trop bien; mais à linftant que la cicatrice fut parfaitement fer- mée , le malade tombe comme apople&ique, pref- que fans pouls & fans connoïffänce, & avec beau- coup de difficulté de refpirer ; ayant été appellé , & arrivant au bout de quelques heures , je trouve le malade au räle , déja le froid de la mort occupoit les parties extérieures ; Je n’eus pas de peine à de- viner fa caufe de ce terrible état, & pour n’en aflurer , j’examine la jambe , que je trouvai bien ci- catrifée ; je fais à Pinftant appliquer à l'endroit de lulcere un cautere aétuel & un large véficatoire der- riere le dos, mais ce fut inutilement ; le malade en parut ranimé pendant quelques momens, mais il re- tomba bientôt dans l’agonie , qui fut très-courte. Je fs ouvrir le cadavre , & je trouvai les poumons dé- labrés & remplis d’une grande quantité de pus ; tous les autres vifceres me parurent à-peu-près dans l’état naturel. ; La méthode la plus appropriée & la plus fûre qu'on doitfuivre dans le traitement des maladies oc- cafionnées par la fppreffion de quelque écozlemenr, eff de le rétablir lorfque cela eft poffible, Les fecours qui peuvent remplir cette indication font diférens fuivant les efpeces d'écoulemens ; ils font expoiés à Tome XF, leurs articles particuliers. Foyez URINE , SuruRr ; TRANSPIRATION , REGLES , CRAcHATS, Drar- RHÉE , 6 DIURÉTIQUES, SUDORIFIQUES, EM- MÉNAGOGUES , BÉCHIQUES , PURGATIFS D Ce Pour rappeller les écoulemens attachés aux Érup- tions cutanées , il faut faire reparoïtre ces éruptions par le moyen des bains un peu chauds, & fur-tout en faïfant coucher le malade avec d’autres perfonnes attaquées de la même maladie, Voyez PEAU , ma- ladies de la. Lorfque ces écoulemens viennent de quelque ulcere , d’une fiflule, d’un cautere, &c. qu'on a fait inconfidérément cicatrifer , le {eul moyen de s’oppofer aux accidens furvenus , eft de rouvrir ces ulceres par Le fer ou les cauftiques >» OU, même , quand le mal ef preffant | par le feu ; & fi lon ne peut pas le faire dans l'endroit même de, Vulcere , il faut appliquer les cauteres dans d’autres parties du cotps ; on peut en foutenir & preffer les effets par les véficatoires ; mais le fuccès dépend fur-tout de la promptitude avec laquelle on admi-. niftre ces fecours : le moindre retardement eft fou vent funefte , & la perte de quelques heures eft ir. réparable, (2) SUPPRESSION , feu de, ( Chimie. ) feu qu'on met deflous & deflus un vaiffeau qui contient les ingré- diens fur lefquels il s’agit d'opérer , enforte que la matiere contenue dans le vaïfleau reçoive une cha- leur égale deflus &c deflous, (D. J.) SUPPRIMER , v. a@. ( Gram. ) retrancher À anéantir, abolir , éteindre. On fupprime un droit ; une charge , une piece, une claufe , une condition. SUPPURATIF , f m. & adj. rerme de Chirurgie concernant la matiere médicale externe, médicament qui facilite & procure la formation du pus dans une partie. Voyez Pus. Pour bien connoître les proprié- tés &c la maniere d’agir des remedes fxppurarifs AA faut favoir précifément en quoi conffte l’aétion de la nature qui produit le pus. Voyez SUPPURATION. Nous répéterons ici ce que nous avons dit au m0£ SARCOTIQUE fur la vertu des remedes : elle varie fuivant les cas où on les applique, de forte que le même médicament , qui eft fxppuratif dans une cir- confiance , procure la réfolution dans une autre ne vice verfä. Quand les humeurs qui forment lengor- gement ne font pas fuppurables , & que les vaifleaux- Ont ou frop , ou trop peu d’aétion, pour convertir les humeurs en pus, les remedes qui font réputés les plus favorables à la fuppuration, feroient apphi- qués vainement. La génération du pus ne peut donc être produite par aucun médicament qui ait fpécif- quement la vertu fuppurante ; ainfi l’on doit ad- mettre pour fappuratifs tout remede qui eft capable dans certains cas déterminés de favorifer les {ymp- tomes néceflaites dans ces mêmes cas pour la for- mation du pus. Quand l’inflammation d’une partie eft confidéra- ble , les remedes émolliens . hume&tans & anodyns calment l’érétifme des vaifleaux , rendent leur of cillation plus libre , & peuvent en conféquence procurer la fuppuration. Ainfi dans ce cas le cata- plafme de mie de pain & de lait avec le fafran pa- roit fouvent Jappuratif, ainfi que le cataplafme fait avec les pulpes émollientes. Quand on croit que la fuppuration aura lieu , ce qu’on connoît aux fignes qui annoncent qu'elle fe fera , on ajoute des reme- des gras & onétueux au cataplafme émollient , tels que l’onguent d’althœæa , dé l’onguent de la mer, du bafilicum , ou onguent fxppuratif, ou fimplement de Paxongeou graifle de porc. Si la tumeur eft circonfcrite , & qu'il faille pour obtenir la fuppuration conferver la chaleur de la partie ; & même augmenter un peu l’aétion des vaif feaux , les compofitions emplaftiques , en bouchant les pores & flimulant les fibres, produiront leffet FE G8L- 682. S\ UuP réquis. L'emplâtre diachylum sommé , ou l’onguent de la mere remplront l'intention du chirurgien. Quand il ne fuffit pas de conferver la chaleur de la partié, & qu'il eft néceflaire de l’augmenter, on a recours à des femedes plus a@ifs,: le cataplafme avec les oignons de lis & la thériaque, ou avec les farines réfolutives & le miel ; les feuilles d’ofeille cuites fous les cendres mêlées avec de la graiffe de porc ; le levain avec les fentes de pigeon, de che- vre , de porc ou de bœuf ; & tous les remedes réfi- neux & sommeux. Il y a donc des fuppuratifs émol- liens , des feppuratifs relâchans , des Jippuratifs irri- tans ; ily en a d’antiputrides , dans lefquels entrent des fubffances balfamiques : des efpeces de différen- tés claffes peuvent être employées fucceflivement, & combinées diverfement dans le traitement parti- culier d’une tumeur humorale qui fe termine par füppuration. C’eftau chirurgien à varier les reme- des, fuivant les indications qui fe préfentent. On trouvera les meilleurs principes fur cette matiere, dans le traité de la /xppuration purulente, pat M. Quefnay ; & dans les mémoires qui ont concouru pour le prix de l'académie royale de Chirurgie fur lés remedes Jzppurarifs , imprimés dans le fecond tome du recueil des prix. (Y) ® SUPPURATION, { £ cerme de Chirurgie & de Me: decine ,aGtion de la nature qui convertit des humeurs en pus. Voyez Pus. Lorfque la matiere purulente coule par une folution de continuité , l’aétion qui forme ce pus fe nomme plus particulierement dige/- rion. La fupparation proprement dite , eft la forma- tion du pus dans une partie enflammée , qui fait de la tumeur inflammatoire un abfcès. La produétion du pus dans les inflamimations eft un effet immédiat de laétion des arteres fur les Humeurs mêmes qu'elles contiennent , & fur les graifles renfermées dans le tiflu cellulaire enflammé. Car on remarque que ce ne font ni les mufcles, ni les tendons , ni les nerfs, ni les vaiffeaux principaux qui fuppurent , c’eft tou- jours la membrane adipeufe qui eft le fege de la ma- tiere fuppurée ; les autres parties folides peuvent fe pourrir, maïs elles ne fuppurent pas. Foyez INFLAM- MATION & PHLEGMON. _ L'attention du chirurgien dans le traitement d’une inflammation, confifte à s’oppofer à la fappuration , s’il convient &c s'il eft poffible de l'empêcher ; êt à la procurer ou à la favorifer, quand elle eft avanta- geufe ou inévitable. La réfolution eft fouvent la ter- minai{on la plus convenable. Foyez RÉSOLUTION 6 Résorurir. Mais quandil eft néceflaire qu'une tu- meur fuppure , on ne peut compter que fur Pinflam- mation pour obtenir une fzppuration louable ; mais cette Juppuration qui forme un abfcès ,n’eft pas une terminaifon naturelle de inflammation , puifqu’elle fuppofe en outre dans le tiflu adipeux une folution de continuité accidentelle , dans laquelle Phumeur purulente s’extravafe : les indications principales pour conduire une inflammation à fappuration , doi- vent donc être de procurer cette folution de conti- nuité dans l’intérieur de la partie malade, & de fa- ciliter la colle@ion du pus. M. Quefnay , qui a traité À fond cette matiere intéreflante dans un traité par- ticulier , dont nous avons recommandé la leéture au #10: SUPPURATIF , reconnoit quatre caufes prin- cipales de la formation de labfcès , ou de la dilace- ration du tiflu cellulaire ; 1°, linflammation portée À un point qui ferme les routes des cellules graïffeu- . fes entr’elles , & avec les veines qui reforbent les fucs qui s’épanchent naturellement dans ces'cellules ; 2°, l’aétion violente des vaïleaux , qui produit une humeur âcre & putrefcente ; 3°. la furabondance de l'humeur engorgée, qui rompt les parois qui la re- tiennent ; 4°. les médicamens qui favorifent ces dif- férentes, caules, SU. P: On voit, par cet expofé, qué pour produire di pus il y a quelquefcis indication dé calmer ünein- flammation exceflive, qui fuffoque Les vaïfleaux , &c feroït tomber la partie en moftification; qu'il faut dans d’autres cas ranimer une inflammation foible & languiffante ; qu'ainfi 1l y a des fuppuratifs émolliens &c des fuppuratifs fimulans. _ AT f n ” La Jppuration aun fecond état, qui eft fon ac- croiflement : Pabicès eft déja commencé , il faut en procurer la maturation. és remedes fuphuratifs font alors maturatifs ; mais le pus déja formé coopere plus que tout à la deftruétion du tiffu cellulaire , &c à l’am- pliation du foyer de Pabcès: tous les fucs engorgés L) LA L , . > s’y dépofent ; les accidens de la fievre qui accompa- gnoient Pintlammation commencent à ceffer ; les pul- fations locales qui étoient les agens de la formation du pus diminuent ; &c lorfque Pabfcès eff fait, ce dont on s’apperçoit par la mollefle de la tumeur &c par la’ fluétuation des liqueurs épanchées , il leur faut pro- curer une iflue. Voyez ABSCÈS ; INCISTON. ( F . SUPPUTATION , £ £. ( Arih. ) c'etbfaétion d’ef- timer ou de compter en général différentes quantités, comme FPargent, le tems , les poids, les mefures, Gc. Voyez CALCUL, | SUPPUTER , v. a@.( Arirhmér. ) a@tion de comp- ter, calculer, ou examiner par voie d’arithmétique , en additionnant , fouftrayant , multipliant , ou divi- fant certaines fommes ou nombres, ( D, J. ) SUPRAJONCTAIRES , f. m. ( Æ1f. mod.) off ciers de jufuce créés par Jacques Il. roi d’Arragon, pour faire exécuter Îles fentences des juges ; ils “étoient , dit-on, en Efpagne , ce que font ici les prevôts des maréchauflées. On les appelloit aupara- vant paciaires ËT vicaires, SUPRALAPSAIRES , (LES } £. m. pl. en rermes de Théologie, font ceux qui foutiennent que Dieu , fans avoir aucun égard aux bonnes & aux mauvaifes œu- vres, a rélolu par un decret éternel de fauver les uns &t de damner les autres. Voyez RÉPROBATION. On les appelle auf Ærrelapjaires, & ils font op- pofés à ceux qu'on nomme Sublapfaires 8 Infralap= Jaires. Voyez SUBLAPSAIRES. Suivant les Szpralapfaires, l’objet de la prédefti- nation, eft l’homme en tant qu’il peut être créé, & qu'il peut tomber dans le péché; en fuivant les In- fralapfaires , c’eft l’homme créé &c tombé. Foyez Pr£- DESTINATION. * Il femble que les Sypralaplaires dans un feul de- cret abfolu, confondent deux decrets différens, fa- voir un decret conditionnel qui précede la prévifion de l’obéiflance ou de la défobéiflance de l’homme à la grace de Dieu, &£ le decret abfolu qui fuit cette prévifion. Voyez PRÉSCIENCE. Les Prédéterminans admettent auf un decret ab- {olu antérieur à la prévifion du péché originel, en quoi ils fe conforment au fentiment des Sxpralapfai- res ; mais 1ls fe diftinguent de ces derniers, aufli- bien que des Janféniftes , en ce que leur decret ab- folu renferme des moyens fufifans que Die ne re- fufe à perfonne pour arriver au falut ; de forte que pour ce qui regarde l’article du pouvoir, rien n’em- pêche les hommes de fe fauver. Voyez GRACE. SUPRÉMATIE, ( Gouvernement politique. ) VE= glife reçue dans l’état fous Conftantin , y avoit ap- porté fon culte, qu’elle ne tenoit que de Dieu feul, mais qu'elle ne pouvoït exercer publiquement que | par la permiflion de l’empereur; c’étoit lui qui afem- bloit les conciles; & quand la religion fut encore plus répandue , les fouverains, chacun dans leurs états, exercerent dans les chofes eccléfiaftiques la même autorité que l'empereur. Ainfi le concile d’Or- léans fut convoqué par Pautorité de Clovis; Carlo- man & Pepin fon frere, n'étant que maires du pa- lais, en convoquerent auffñ, à SUR ; r: È Re re 7 1 2 . 5 Ne ; L'affemnblée des conciles généraux intérefoit trop - lautorité des princes féculiers, pour qu'il n’y eût point entre eux par la fuite des tems, de jaloufie au fujet dela convocation. Il falloit, pour les accorder, un lien commun formé par la religion, qui tint À tous, &C qui ne dépendit de perfonne ; c’eft ce qui rendit enfin les papes , en qualité de peres communs des fideles , maîtres de cette convocation, mais avec le concours juite € néceflaire des fouverains. Les légats étendirent beaucoup dépuis les droits du faint fège à cet égard; Charles-le-Chauve autorifa leurs entreprifes, & on les vit fouvent affembler des con- ciles nationaux dans les royaumes où ils furent en- voyés, fans en confulter les fouverains, Æeraule. (2. 1.) | - SUPRÉMATIE , dans la politique angloife ; fignifie la fupériorité ou la fouveraineté du roi fur l’éghie, aufh-bien que fur l’état d'Angleterre , dont il eft éta- bh le chef. Voyez Ror. | La faprémarie du roi fut établie, ou comme d’au- tres parlent, recouvrée par le roi Henri VIIL en 1534, après avoir rompu avec le pape. Depuis ce tems-W , elle a été confirmée par divers canons, aufh-bien que par les ftatuts fynodaux de l’églife an- glicane ; ce qui a donné lieu au formulaire d'un fer- ment que l’on exige de tous céux qui entrent dans lès charges & emplois de léslife & de l’état, de ceux qui afpirent aux ordres facrés, des membres de la chambre haute & de la chambre bafle du parlement, Éc. Voyez SERMENT. | Ledroit de fuprématie confifteprincipalem endans ces articles, 1°. Que l'archevêque de chaque province ne peut convoquer les évêques &x le clergé, ni drefler des canons fans le confentement exprès du roi, com- me il paroît par le ftatut de la vinot-cinquieme an- fée du regne d'Henri VIIL. c. xix. au lieu qu’aupara- vant les affemblées eccléfiaftiques étoient convo- quées , & que l’on y faïfoit dés lois pour le gouver- nement de l’Eglife, fans aucune intervention de l’au- torité royale. Voyez CONvoCATION. 2°. Aujourd'hui on peut appeller de l'archevêque à la chancellerie du roi; en conféquence de cét ap- pel, on expédie une commiffion fous le grarid fceau adreffée à, certaines perfonnes, qui pour la moitié font ordinairement des juges féculiers, & pour l’au- tre moitié des juges eccléhaftiques, ce que l’on ap- pelle Zaïcour des délégués, où 1e décident définitive- ment toutes les caufes eccléfiaftiques ; quoique dans certains cas On permette de revenir de la fentence de cette cour par forme de révifon. Avant ce flatut d'Henri VII. on ne pouvoit appeller de l’archevêé- que qu'au pape feul. Voyez DELEGUEÉ, APPEL, Gt. 3°. Le 101 peut accorder des commiflions à l'effet de vifiter les lieux exempts de la jurifdidion des évê- ques ou des archevêques ; & de-là les appels reflor- tiflent à la chancellerie du roi : au lieu qu'avant le fatut d'Henri VHL, 1l ny avoit que Le pape qui pôût ordonner ces vifites, & recevoir les appels interjet- tés de ces cours. #7 4 “4°. Les perfonnes revêtues des ordres faicrés ne font pas plus exemptes de l'autorité des loïs tempo relles, queles perfonnes féculieres. Voyez ÊxEMm- PTION , IMMUNITÉ ,. Gc. ” 5°. Les évêques & le clergé ne prêtent aucun fer. ment, @T ne doivent aucune obéiflance au pape; Mais ils font obligés de prêter au roi le ferment de- fidélité & de fuprématie, : SURA , ( JE. ner, ) efpece de rat qui fe trouve én Afrique , fut-tout dans le royaume de Congo; il - travaillé fous terre cornme les taupes ; fa chair eft un fanger excellent", & un feflin manqueroit de déli- catefle..fi lon n’y fervoit de ces animaux ; il y a. ce- pendant des negres qui par la fuperflition s’en pri- ECM APE NT UP Va | | vent COMME d'une Viañde pure, | SURA , 04 SURE , ( Relig. mahomer. ) tot arabe qui fignifie proprement un pas ; mais les collééteuts de l’alcoran défignent par ce mot , les différentes fe- étions de cet ouvrage, qui font au nombre de 114 Le pere Souciet dit /uraté au lieu de Jürt, parce qu'en arabe le £é final marqué dé deux points, fe prononce comme re, (D.J.) 3 SURA, ( Géog. anc, ) ville de Syrie, dans la Pal= myrène : Ptolomée, Z. W, c. xv. la marque fur le bord de l’'Euphrate. Pline, Z. Pc, xxiy. dans un en- droit, nomme cette ville Zra, & plus bas, 4 7 «4 xxv]. 1] Pappelle Szre, Il ajoute qu’elle étoit bâtie dans Pendroit où lEuphrate tournant vers lorient : Eiloit les deferts de Palmyrène, Ortélius, le pere Fardouin & Cellarius, conviennent que c’eft cette 683 2 ville qui eff nommée Æavia , Firma, Sura | dans la notice des dignités de l'empire, /&4 24. Le pere Hardouin foutient que düand même on écriroit Ura, au Feu de Sura, la conjecture de Bochart, pare. IL. . 11.0, vJ. Qui voudroit en faire l'Ur des Chaldéens, où de la Babÿlonie , n’en deviendroit pas plus pro: bable , parce que la Babylonie eft trop éloignée de la Palmyrène, Dans une ancienne notice eccléfaftis que, cette ville eff appellée sus, Dans le fecond pañlage de Pline, aui vient d’être cité, on lit : à Sura autem proxime eff Philiféum. Les anciens éditeurs de Pline , au lieu de 4 Sura, lifoïent Ajura , Arura, où Affur. Maïs cet endroit de Pline fufit pour juger qu'il faut lire & Ura, ou a Sura, (D. J.) | SURA, ( Géog, anc.) fleuve de la Gaule belgique, &t l’un de ceux qui fe jettent dans la Mofelle ; Aufo- ne 2 Mofellé , v. 334. le décrit ainf : : . . Pronæc Nemefœque adjura meatu Suta £as properat non degener ire [ub undas Sura srterceprus tibi gracificata fluentis. Ce’ fleuve s'appelle aujourd'hui Saur, & les Fran< çois le nomment le Sour. La Pronæa & la Nemefa, qui, felon Aufone, grofliflent fes eaux, font aujour- d'hui la Prum ou Pruym, & 14 Nyuns. (D. LE Chi SURABONDANCE,, f. f. ( Gram.) abondance exceflive & vicieufe : on dit Jurshondance de droit, Jurabondance de grains & de vin. SURABONDANT , ( Chimie. ) lorfque, outre la proportion reqtufe d’un certain principe pour la for- mation d’une fubftance déterminée , d'un tel mixte, d’un tel compofé, &c. ilexiite dans un fujet chimi- que une quantité indéterminée de ce même princi- pe; on dit de cette derniere quantité qu’elle eft fzr- aborñdante à ce mixte, à ce compofé, Éc. par exem- ple, tous les fels cryftallifables contiennent une cer- taine quantité d’eau eflentielle à leur cryltallifation ; fi des cryftaux d’un fel font unis à une autre portion d’éau qui les réfout en liqueur, éc. on dit de cette eau qu'elle eft frabondante à la cryftallifation ; une certaine quantité de tèrre furabondanre au corps mu- queux, ‘paroît conftituer l’être fpécifique du corps farineux. Voyez FARINE 6 FARINEUX, ( Chimie. ) Une certaine quantité d’acide marin & de mercure, conftitue un compofé connu dans l’art fous le nom de mercure fublimé doux ; fi on charge ce compolé d’une plus grande proportion d'acide , ce qui arrive lorfqu’on convertit le mercure fublimé doux en un autre fel appellé zxercure fublimé corrofif , cette der- niere portion d'acide qu fpécifie Le fublimé corro- ff, eft dite furabondanie. | Les fels neutres métalliques font éminemment pro: pres àfe furcharger d’acide, ou à recevoir dans leur compofition un acide /urabondant : &c les différens tes proportions de ce principe furabondant , font con- fidérablement varier leurs effets , Les phénomenes qu'ils préfentent dans les différens procédés qu’on à p: RRrri 684 SUR exécute fur ces fubflances on avec Qui d’un bout fort de la bri- SUIR 6m coleowcoufinet, 8r1de l’autre eft tétminé par là croupiere:t lef4rdos a d'éfpaceen éfpacedes bandes: de cuir qui y font attachées), 1& dfosndent late lement jufqu'aux fourreau quienvelopent les fecu- lemens ou bandes detcôtés:: l’ufage des /or-dos de contribuer à l’ornement dit/harhois ,» S'en meme tems: fouténir au moven des bandes: létéralés qui font comme des côtes ,'les recuülemens où bandes! de côté, oyez les PI: & fiotres dit Botirrelier! à: ee SUREAU , f. m, (AE. nar, D ot.) Jambicus, genre de plante à fleur monobétaie , En forme de roue, &. xt u 3 in Pres PU a rar MAO profondément découpée ; le milieu de cette fleur eft percé par la pointe du calice, Conime par un clou: lé calice devient dans la fuite üne baïe pleine de fuc, qui renferme des femences Ghlongues. Tournefort, inf. rei herb, Voyez PÉANTE EM Tournefort établit {ous ce gente.de plante 7efpeces de Jareau, & met À leur tête le Jareaucommun à fruit now, farmbucus frulu ir unbelli nigro,l, R. FH. GoGe en anplois , he commonielder Wilth black bérriès,.….... C’eft tantôt un arbre de moyenne hauteur qui rés pand fes rameaux au large ; tantôt un arbriffesu dont les branches font longues, rondes, remplies de beaux coup de moëlle blanche’, ayant-le bois peu: épais, vertes d'abord , & puis erisâtres ; fon tronc ef? COUR» Vert d’une écorce rude, crevañlée & .cerdrée ; fur cette écorce extérieure il s'éhtrouveune feconde qui eft verte, & d’ufage en médecine ; fon boisieft aflez folide , jaunâtre, mais facile à couper ;! {es rameaux font garnis de nœudspar intervalles ; fes feuilles font attachées.cinq ou fix le long d'une côtes comme cel: les du noyer; mais plus petites , dentelées en leurs bords , 8 d’une odeur forte. | Ses fleurs naïflent aux fommités des branches en ombelles ou parafols , amplés, farges , formées en baflinets ou rofettes en cing quartiers, blanches , pe tités , fort odorantes avec cinq étarmines à fommets arrondies. Après que les fleurs font romhées ,ileur fuccede des baies grofles comme celles du séné: vrier , rondes, vertes d’abord ; noires dans leur maturité , pleines d’un fuc rotige foncé ; elles cons tiennent ordinairement dans une feule loge trois fe= mences menues, convexes d’un côté, & de l’autre anguleufes, Ses baies s’appellent dans les boutiques, grana alles, | Cet arbre éroît prefque pat-tout , dans les haies , dans les fofles des villes, dans les vallées, aux lieux ombrageux & humides ; il poufle de très - bonne heure, & fleurit en Mai & Juin : fes baies font mûres en automne, S1 on le cultive dans les jardins, il for: me un arbre aflez gros, élevé, & de longue vie. Il eft raïe en Italie, & dans les pays chauds, parcé qu'il aime les terres graffes. (D. j, SUREAU , (Mar: méd.) où grand /ureaï ; Vufage du Jireau eft très-ancien dans la médecine ; On y em- ploie fon écorce moyenne , fes feuilles, {es flcurs & {es baies , qui font connues dans la phafmacie fous le nom de grana as. Les anciens ont employé la décoétion des feuilles & des tendrons de Jirean, auffi- bien que la déco&ion des racines daris le vin pour vuider les eaux des hydropiques par les felles & par les urines. Les fleurs fraîches foat auf laxatives, mais l'écorce moyenne eff celle des parties du /reau, qui eft regardée comme poffédant le vertu Purgativé au plus haut dévré: Aufi n’eft-ce que cette partie que les modernes emploient À titre de purgatifs. Is en donnent la déco@ion, le fuc ou l'extrair Ces re- medes font véritablement Rydragogues, & ils agit {ent aflez communement par haut & par bas, font ordinairement aflez bien dans les hydropifies , & agiflent fans violence & fans accident, La dofe du fuc eft d’une once; celle de l’écorce - employée à Pinfufion de demi-once; & celle de Pexs trait depuis démigros jufqu'aun gros. Les remedes analogues tirés du petit Jureau où yeble, font beau- coup plus forts. Woyez VEBLE: Les fleurs feches de fureau- qu'on n’emplote gueres que dans cet état, pañent pour diaphorétiques êc pour carminatives. On:les fait entrer quelquefois à: ce dermer titre dans leslayemens. $es fleurs font un remede aflez.peu ufité & aflez foible. Leur principal ufage eft diéretique. On en prépare par infufion pour l'ufage de la table un vinaigre appellé communément vinaigre furat , qui eft fort agréable , &c qui vraiflem- blablement n'emprunte aucune, autre qualité , foit bonne, foir mauvaife, de d'infufion de ces fleurs ; quoique quelques pharmacologifltes n’aient pas man: qué de dire qu'il étoit moins contraire à l’eftomac &, plus fain que le vinaigre pur &c, commun ; &. que quelques perfonnes trouvent peut-être avec plus de fondement que ce vinaigre à une odeur naufeufe, © Ottant à la tête. ps L'eau diftillée des fleurs de furezu eft regardée comme céphalique , cordiale , diaphorétique, 6c. mais elle: eft f foible, chargée d’un parfum fi le- ger, qu'on ne peut guere compter fur un pareil re- mede. | On prépare avec de fuc des baies de furea &t la farine de {eigle des rotules ou trochifques qu’on fait cuire au four, &c qui font connus dans les pharma- cies fous le nom de srochifci granorum aëles, qui font recommandés pour les diflenteries , à la dofe de deux gros jufqw'à demi-once ; c’eft un remede peu ufité & peu éprouvé. On prépare auffi avec le même fuc & une quantité convenable de fucre ( demi-livre , par exemple , fur une livre de fuc), un rob qui eft plus ufité que le re- mede précédent contre la même maladie, Ce rob eft mis aufli au rang des bons diurétiques & des fudori- fiques legers. Les ufages extérieurs du féreau font les fuivans: fes feuilles , qu'on a fait échauffer & refluer fur le feu , étant appliquées fur les enflures , fur les plaies, fur les vieux ulceres, & fur les brûlures , font regardées comme produifant de très-bons effets. Ces feuilles font aufli un ingrédient très-efficace des vins aroma- tiques. | | L’écorce moyenne pilée pañle auffi pour un excel- lent remede contre la brûlure. On en compofe en- core contre ce mal plufieursonguens., qui font tous, fans en excepter celui de Mathiole , des remedes af- {ez mal-entendus, ou au-moins à la vertu defquels l'écorce de fureau ne contribue en rien. On prépare avec les fleurs de fireau une huile par infufñon , qui eft adouciflante comme huule d'olive, & peut-être un peu réfolutive. On fait aufli imbiber ces fleurs dans de l’eau, dans du vin, ou dans Peau diftillée des mêmes fleurs , & on les applique fur Les éréfipeles , les dartres, 6c. à titre de remedes ano- dins,adouciflans, légerement réfolutifs. On peut aflu- ter quil eftau-moins aflez innocent. Les fleurs de fureau entrent dans l’eau vulnéraire & le baume tranquille; les feuilles dans Ponguent martiatum , & l’onguent pour la brûlure; les baies dans l’eau hyftérique; l'écorce dans Ponguent pour la brülure. (2) SUR-ENCHERE,, £. f. ( Gram. ) enchere faite fur une autre. SUR-ÉPINEUX , voyez SUS-ÉPINEUX. SUREROGATION , @UVRES DE , on appelle ainfi ex Théologie , les bonnes œuvres faites au-delà de ce qui eft prefcrit par la loi, tel qu’eft, par exem- ple , l’accompliffement des confeils évangéliques. _ Les Catholiquesfoutiennent, 6 avec raon, que es œuvres de /urérogation {ont méritoires aux yeux de Dieu, puifqu’elles ne font pas commandées à tout le monde, & qu'ily a du mérite à tendreà la perfec: SUR tiofi. Les Proteltans, awcontraire, quiment le mé- rite de toutes {ortes. de bonnés œuvres ,' rejettent conféquemmentles œuvres de furérogation. | SURETÉ , ff. (Gram.) précaution qu’on prend dans les affaires :&c qui met à l’abri de la tromperie, prenez vos furerés avec cethomme. Quelle /ureréme donnera-t:l ? V en a-t-ilud’autres avec un honnête homme que fa parole ? Ce mot fe prend auf pourle repos, la tranquillité, qui naïflent de la confiance; la füreré des rues pendant lanuit, laÿwresé des auber- ges, la furesé de confcience. On dit d’un afyle que c’eft un lieu de fureré ; la furesé de la main ; du pié. SURFACE, f. fem Géométrie, c’eft une grandeur qui naique deux dimenfons ; longueur & largeur | fans aucune épaïfleur. Voyez DiIMENSION 6 GÉO- MÉTFRIE | Dans les corps, la furface efttout ce qui fe pré- fente à l'œil. Onconfidere la furface comme la limite ou la partie extérieure d’un folide: Quand.on parle fimplement d’une /urfuce , fans avoir épard au corps: ou au folide auquehelle appartient ; on Pappelle or- dinairement figure. Voyez FIGURE. (1 Une furface retliligne eft celle qui eft comprife en- tre des lignes droites. | La curvi-ligne eft comprife entre des lignes cour- bes. Voyez COUREE. L Une furface plane eft la même ehofe qu'un plan. Voyez PLAN. | L’aire d'une furface eft étendue ou le contenu de: cette furface. Voyez Aire 6 MESURE ; &c fa quadra- ture confifte à déterminer cette aire. Voyez QUADRA- TURE. Pour la mefure des: furfaces des différentes efpe- ces de corps, commeles fpheres, lescubes , les pa- ralélipipedes , les pyramides, les prifmes, les cônes, Gc. Voyez SPHERE , CUBE, rc. On trouve fur le compas de proportion la ligne des furfaces , que l’on appelle communément ligne des plans. Voyez COMPAS DE PROPORTION. Nous ne finirons point cet article, fans faire re- marquer que l’on s’expofe à des paralogifmes très- grofliers , en confidérant les lignes comme étant com: pofées d’un nombre infini de points égaux ; les urfz- ces comme réfultantes d’un nombre infini de lighes , &z les folides comme engendrés par un nombre infnt defurfaces , ainfi qu’on le fait dans la Méshode des 1n- divifibles. Voyez INDIVISIBLE. « Ce point de vue eft » très-fameux , dit M. Stone dans l'édition de 1743 » de fon diétionnaire de Mathémat. au mot /uperfi- » cies, & peut conduire à une multitude d’abfurdités » lorfqw’on s'applique à rechercher les rapports des » furfaces des corps , &c. Car fi l’on conçoitune py- » ramide ou un cône comme deux folides, dont Pun » foit compofé d’un nombre infini de quarrés égale- »ment diftinéts , & l’autre d’un nombre infini de. » cercles également diftans, paralleles à leurs bafes » refpedives, & croiflant continuement comme » les quarrés des nombres naturels, 1l s’enfuivra que » les furfaces de deux pyramides, ou de deux cônes » quelconques de même bafe &r de même hauteur fe- » ront égales, ce que l’on fait être très-faux pour peu » que l’on ait deteinture de Géométrie ; & la raïon » pour laquelle on tire quelquefois une conclufion » vraie de cette faufle idée, quand on cherche lesrap- » ports des furfaces planes ou folides, compris entre » les mêmes paralleles , c’eft que le nombre infini de » parallélogrammes , dont une figure plane peut être » compofée, & de parallélipipedes infiniment petits » qui conftituent un folide , font tous d’une même » hauteur infiniment petite ; 1ls font:-donc entre eux » comme leurs bafes : €’eft pourquoi l’on peut, en » ce cas, prendre ces bafes comme les parallélogram- » mes ou les parallélipipedes correfpondans ; & 1 , en réfultera aucune erreur ». Mais cela n'arrive que que par accident, c’eft-à-dire, qu'à caufe de Pégalité deshauteurs. (Æ) SURFAIRE,, v. at. & n. N erme de Commerce. )c’eit, demander d’une marchandife beaucoup au-delà du prix qu’elle vaut, ou qu’on a refolu dé la vendre. C’eft toujours une mauvaife maxime à un marchand où fiésociant de furfuire fa marchandife. Les négo- cians anglois, grands & petits, ne f#rfont preique jamais. (D. J.) SURFAIX , f. m. ( Corderie. ) efpece de tiflu grof- fier, ou fangle non fendue par les deux bouts, com- poiée de plufieurs fils de chanvre, qui fe fabrique par les cordiers, & qu'on met par-deflus les autres fangles du cheval pour rendre la elle plus aflurée. SURFEUILLE , ff ( Hiff. nat. Botan. ) c’eft une petite membrane , qui couvre le bourgeon, & qui ouvrant peu-à-peu , n’y laïffe entrer le vent , la pluie & le foleïl que par degrés , &t à proportion que la plante en a beloin. (D. J. SURFONCIERE,, adj. ( Gram.G Jurifprud. ) ten- fe très-fonciere, c’eft celle qui eft impoiée fur Phé- ritage après la premiere rente fonciere. Voyez CENS, FONCIER , RENTE FONCIERE, (4) _ SURGE, LAINE, ( Lainage.) on äppelle /arres fuïges , les laines grafles ouenfuin, qui fe vendent fans être lavées ni dégraiflées ; 1l én vient beaucoup du Levant, & particulierement de Conftantinople, de Smirne, d'Alep, d'Alexandrie , de Chypre, de Bärbarie , de Tunis ; on en tire aufli quantité d’Ef pagne. (D.J.) | _ SURGIR, v. n. ( Marine. ) vieux terme qui figni- fie arriver, où prendre terre, & jettér l'ancre dans un port. | SURHAUSSER , v. a. ( Sréréorom. ) c’eft élever le cintre au-deflus du demi-cercle , où faite un ovale dont le grand axe foit à-plomb par le milieu de la clé. SURI, fm. (verme de relation. ) liqueur que les Indiens tirent du palmier cocotier ,; & qui enivre comme du vin; elle eft agréable au goût dans la nou- veauté, mais à la longue, elle devient forte , & pre- pre à produire un efprit par la difillation. On en obtient encore un vinaigre & une efpece de fucre que les habitans appellent jagra: Pour avoir du /urr, on fait une incifion au fommet de l’arbre, on éleve Pécorce en talus, & le fur: qui diftille fe recueille dans des vaifleaux ; celui du matin eft déja acefcent, & celui du troifieme jour eft acide. Le vinaigre du Juri fe fait en mettant la liqueur fermenter pendant quinze jours. (D. J.) SURIANE,, f.f.( Æifi. nat. Botan.) furianz, genre de plante à fleur en rofe , compoñée de plufieurs pé- tales difpofés en rond. Le pifhl fort du calice & de- vient dans la fuite un fruit qui a plufieurs capfules réunies en forme detête , & qui reñferme une fe- mence le plus fouventronde. Plumier , 20va plane. Americ, gen. Voyez PLANTE. SURJAULE , f. m.( Marine.) on défigne par ce motun cable qui a fait un tour au-tour du jas & de ancre qui eft mouillée, SURICI , ( Géogr. mod. ) île de l’'Archipel, près de la côte feptentrionale de lile de Negrepont. On prend cette ile pour l’ancienne Cicynæthus ou Otu- lis d’Etienne le séographe. (D. J.) - SURIJET , f. m. ( serme de Tailleur.) Ceft une couture ronde & élevée qui fe fait dans certains ou- vrages dutailleur ; & c’eft ce qu'il appelle frjester. SURJETTER , v.a&. ( Gramm. 6 Jurifprud.) fe dit en quelques lieux pour enchérir, offrir un plus haut prix. Ce terme dérivé de /#rJet , qui dans quel- ques coutumes figmifie ezchere OU augmentation de prix. Voyez le Gloffaire de M. de Lauriere au m0: SURIET. (4) SURIGA , (Géog. arc.) ville de la Mauritanie tin- dore XP, cd int SUR 689 . gitane , fur l'Océan atlantique. Somnoïf inoderne éft | Aber felon les uns , & Goz-Porto , felon les autres.! SURINA , ( Géog. mod, ) province de l’Amériqué méridionale aû pays des Amazones, à lorient dé celui de Cufignates , nation qui cultive les plainesfi: tuées fur Le bord méridional du fleuve des Amazones, Les peuples quihabitent cette province font les Surt= nes & les Coripunes, nations les plus curieufes &c les plus adroites de toute Amérique, en ouvrage dé, bois, (2. J.) Vans Le #7 SURINAM , ox SURINAME , ( Géog. mod.) ris viere de l’Amérique méridionale dans la terre ferme, au pays appellé Guiane , où Goyanne. | Cette riviere qui a fon embouchure entre celles de Coupenam & de Soramine , elt fituée dans la Guia- ne fur les côtes de l'Amérique méridionale, à fx ou fept degrés de latitude feptentrionale. Elle donne fon nom à une vafte étendue de pays ; où les Anglois s’étoient d’abord établis, & qu'ils céderent aux Hol- landois en 1674. | la Ce pays a plus de trente lieues d’étendue le long de la riviere, Les Hollandoïs y ont aujourd’hui une colonie très-floriflante , défendue par deux forts, celui de Zeélandia & celui de Sommelfdyk. La colonie de Surinam eft fujette À trois éo-fei- gneurs qui font la compagnie des [Indes occidenta: les , la ville d'Amfterdam , & l'héritier du feu M. de Sommelfdyk; mais la fouveraineté en appartient aux Etats-genéraux. | Les principales produétions du pays pour le com: merce, font dutabac, du bois deteinture, du café & du fucre. Il y croit préfentement aflez de riz , de ca- ca & derocou. Le tabac eft prefque tout confommé par les habitans. Le boïs de teinture a un affez bon débit ; mais le café & le fucre font des objets impor- tans; le café a très- bien réufi, & le fucre vaut mieux qué cehu de l’île des Barbades; on entire une liqueur difüllée qu'on nomme um, qui eft plus forte que Peau de-vie, &c dont on fait un grand négoce dans les colonies angloifes Les orangers, limonniers, citronniers, les melons d’eau, &t les raïfins de vigne, croiflent parfaitement bien dans cette colonie. Les rivieres y font fertiles en poifions. : Les pluies regnent fréquemment dans ce pays de puis le mois de Novembre jufqu’au mois de Juillet, 8c dans cetems-là le vent de nord-eft tempere le cli- mat ; pendant le refte de l’année la chaleur y eft ex: ceflive. Les jours & les nuits y font prefque toujeurs égaux , le foleil fe levant & Îe couchant toujours à fix heures , une demi-heure plutôt , ou plus tard, Dans de certaines faifons de l’année, on prendfur le bord de la mer de très-srofles tortues. On cultive dans la terre ferme la caflave, le bonanoe &autres racines bonnes pour la nourriture. Les guaves & les pommes de pin y naïflent naturellement. Les bêtes fauvages & les animaux venimeux infectent les bois de cette contrée. On y redoute extrèmement trois fortes de tigres, les uns noirs, les autres marquetés &c les autres rouges. Les finges & lés guenons four- millent dans Îles forêts. On y trouve des ferpens en grand nombre , de différentes fortes & grandeurs. Les mofquites y font extrèmement incommodes fur-tout dans les terres bafles & vers la mer. Les terres fablonneufes fontravagées par Les fourmis.En- fin, iln/y a point de pays au monde où il y ait une plus grande quantité de grenouilles & de crapaux. La colonie de Surinam eft gouvernée à Amiterdam pat un college de ditetteurs , qui envoie fes ordres à la régence de Suriram pour l’obfervation de la poli- ce , & detout ce qui eft néceflaire au maintien de la colonie. Ce font aufli les directeurs qui envoient un gouverneur à Surinam; maisil faut qu'il foit approu- vé par les Etats-généraux , auxquels il doit prêter ferment de fidélité, de même qu'aux direéteurs, SS6s 650 SUR Les troupes q\'on entretient pour la füreté de a colonie confiftent en quatre compagnies d'infanterie. Le gouverneur eft colonel de ces quatre compa- gnies , & capitaine de la premiere, (2. J. SURINSTITUTION, L € (Gram. & Jurifprud.) fignifie une inflitution faite fur une autre, comme {4 eft admis éc'inflitué dans un bénéfice fur un titre, & que B foit adimis & inftitué fur la préfentation d’un autre. Voyez INSTITUTION. SURINTENDANT , {. m.( Æiff.rmod.) titre ufit4 en France en divers tems & pour différéntes charge, dans lefquelles il marque la premiere fupériorité. Surintendant de la navivation © du commerce de France , fut le titre que prit le cardinal de Richelieu, à qui n’auroit pas convenu à caufe de fon état, celui d’amital dont la charge avoit toujours été remplie par des militaires du premier ordre. Surintendant des finances, officier qui avoit le ma- niment & [a direétron de toutes les finances ou reye-, nus du roi. Ce titre fut fupprimé en 1661, après la diforace de M. Fouquet. Les fonétions & lPautorité du furintendant ont pañlé au contrôleur général des finances. | Surintendant des bätimens de France, 1 y avoitau- trefois des furintendans particuliers pour les princi- pales maons royales, Mais les furintendans des bâti- mens royaux de Paris étant Les plus confidérables , ils ont eu enfuite le titre de furintendant général des buti- mens, auxquels on a joint le foin des arts & manu- fadures qui fervent à la confiruétion & à lembeliffe- ment des maifons royales, comme l’architeéture, la peinture, la fculpture, les tapifleries. M. Colbert qui eut le titre de furintendunt des bätimens du roi, y ajoutà l’infpeétion fur tous les arts & manufaétures du royaume. Après la mort de Manfart on fubftitua au nom de /xrintendant celui de direcfeur général des bârimens du roi, c’eft ce qu’on appelle en Angleterre infpecleur des travaux. Surintendant général des pofles & relais de France, eftun miniftre chargé de lintpeétion des poñtes. Ce titre-eft encore fubfitant. | Surintendant de la imaïfon de la reine, preniier ofñ- cier de la maïfon de la reine qui en a la principale adminiftration, pour régler les dépentes, payer les officiers, entendre & arrêter les comptes. SURINTENDANT, { Æf. ecclef. ) fignifie aufiun ficpérieur'eccléftaffique dans les différentes églifes pro- teftantes où Pépiicopat n’eft point reçu, & particu- lierement parmi les luthériens d'Allemagne és les calviniites de quelques autres pays. Ce furintendant differe peu d’un évêque quant à l’eutorité ; elle eft feulement un peu plus reftreinte que’ celle de nos évêques diocéfains. Il eff le princi- pal pafteur , &c a linfpeétion fur tous les pafteurs'in- férieurs de fon diftriét ou diocèfe. Voyez EVÊQUE & DiocEse. Ii y avoit autrefois en Aflemagne-des furintendans généraux en ce genre qui étoient au-deflus des /4r27- tèndans ordinaires, comme font les archevèques par- ii lès Catholiques; mais cette dignité ne fubfifte plus. Ilin’y a que le furintendanr de Virtémberg qui prenne la qualité de Järintendant général. 'SURION, ( Géog. mod.) ville de Perfe, célebre parles beaux tapis qu’on y faifoit dans le dernier fie- clé, & qu’on appelle communément sapis de Turquie. Long. 74.40. lat. 30.20.(D. J.) : SURIUM ox SURION , ( Géog. mod. ) ville de la Colchide: Ptolomée, Z: W.'c. x. la marque dans les terres. Pline, 2. WI. c/'iv. la placa dans l’endroiït où le phafe commence à être navigable, & reçoit un fleu- ve auffi nommé Szrium. (D. J.) SURJURER , ( Jurifprudence.) ancien terme de droit: Autrefois quand'un criminel tâchoit de s’excu- fer pat fon propre ferment où par cehii d’un ou plu- SUR - de PES AURA AAC | AA , ; 3 fleurs témoins , 87 que néanmoins fon crime êtoit fi notoire, qu'il étoit convaincu par le ferment d'un plus grand nombre de témoins : Cetté maniere de le convaincre par une contre-information s’appelloit | furjurer. Voyez PURGATION , SERMENT , 6c, SURLETOUT , er cernes de Blifon, fe dit d’un écuflon qui eff fur le milieu d’une écartelute & des pieces qui brochent fur lesautres, _. Chifiey en Génevois, parti d’or & de sueulesau lion de fable fur le tous. à SURLO , f. m, ( Poids du Levant.) il pefe vinet- fept rottolis un quart, à raifon de fept cens vingt dragmes le rottolis, c’eft-à-dire, de quatre livres huit treiziemes ; poids d'Arnfterdam. Savary. (D. J.) : SUREONGE , L £ ( Gram. 6 Boucherte. ) c'eft la partie du bœuf qui refte après qu'on en a coupé lé: paule &c la cuifie & où fe tirent les aloyaux & le flan- Chet. Ceft à la tête de la /urlonge que fe tire la piece païee.. . er: SURMARCHER , v. n,( Prerie, ) 1lfe dit de la bête chaflée, lorfqu’elle révient fur fes erres, & pafle au même lieu. : A SURMECH, f. m. ( rerme de relarion. ) les Turcs appellent Jurmech une poudre d’antimoine crue, de laquelle 1ls fe fervent pour noircir les fourails, ufage des plus anciens qui foit dans le monde. Le meilleur Jurmech de l'Orient fe fait dans la ville d'Hamadanen Perfe , &c les plus aufteres des derviches , ainfi que les femmes turques , s’en peignent les fourcils & les paupieres, ( 2. J.). SURMENER UN CHEVAL, ( Maréchal, ) c’eft la mème chofe que l’outrer, Voyez OUTRER. SUR-MESURE,, L £ ( Eaux & Foréss. ) dans lete- collement des ventes qui fe font parles officiers des eaux & forêts, on appelle /ur-mefure ce qui fe trou- ve entreles piés cornuers de plus que ce qui eff por- té par le procès-verbal d’arpentage. Par lordonnan- ce de 1669, quand 1l fe trouve de la Jar-mefure, le marchand adjudicataire doit la payer à proportion du prix principal & des charges de fa vente. Dicé, des Eaux & Forêts. ( D. J. M. + SURMONTÉ, participe de furmonter. Voyez SUR- MONTER. SURMONTÉ, ( cermte de Blafon. ÿ ce mot fe dit lorfque l’émail de la partie inférieure du chefexcede le refte du chef. Surmonté fe dit auf d’une piece de. lécu qui en aune autre au-deflus d’elle. Il porte de fable au chevron d’or fxrmonsé d’un écuflon, d’une fleur delis, &c. Enfin /#rmonré{e dit encore lorfqw’- une fafce eft accompagnée de quelques pieces qui font mifes au.chet de l’écu ; 1l porte d'argent à une fafce de’gueules Jurmontee de trois rofes de même, Méneftrier. ( D, J.) SURMONTER , v.a@. ( Gram.) c’eft vaincre, s'élever au-deflus , franclur; la riviere a furmonte le parapet : il fe prend au figuré ; il n’y à point d’obfta- cle qu’il ne furmonte , avec l’opiniatreté,, la pruden- ce &t la force qu’il a; on /xrmonte fes paflions, quand elles font foibles. SURMULET.:, voyez BARBARIN. F | SURMULET. , BARBARIN, MOIL, mullus, {mx ( Hiff. nat. Ichthiolog. ) poiflon de mer dont Ronde- let a décrit trois e{peces; on a donné le nom de her barin au furmules de la premiere efpece ; parce qu'il a deux barbillons à lapartie antérieure dé lamachoire; il devient lons d’un pié. Le dos &r la tête font un peu voütés; 1l y a {ur les côtés du corps des traits de cou- leut'd’or qui s'étendent depuis la tête jufqu’à la queue. La peau eft d’un rouge pourpre ; cette couleur paroit à-fravers les écailles, parce qu’elles ont de la tran£ arence ; elles font.grandes, minces &c découpées ; elles fe dérachent afément de la peau; les yeux font rouges ; la bouche-eft petite, &c il #y a pointde dents, Le Jxrmulet a deux nageoïtes rouges près des oues , deux blanches à la partie antérieure du ven tre , une au-defious de anus, & deux fur le dos; la chair de ce poifon a un très-bon goût , mais elle eft dure. | _ Le jurmulez de la feconde efpece eft life & fans écailles ; il a deux barbillons placés au-deflous des ouies ; mais il n’en a point à l'extrémité de la ma- choire comme le précédent ; les côtés du corps font traver{és pat des lignes qui s’étendent depuis le dos juiqu'au ventre; le dos eft rouge; le ventre & les cô- tés du corps ont une couleur blanche ; la tête eft grande & parlemée de taches qui reflemblent à des étoiles ; 1l y a fur toute la longueur du dos depuis la tête jufqu’à la queue, deux rangées de petits os poin- tus ; l’efpace qui fe trouve entre ces rangées eft creux; les os qui recouvrent les ouies, font terminés en- arriere par un aiguillon. On a donné en Languedoc le nom de cavillonne au Jurmules de la troifieme efpece ; il n’a point de bar- _billons à l’extrémité de la machoire; le corps eft court, rond & terminé en pointe par fon extrémité poftérieure à-peu-près comme une cheville; c’eft pourquoi on lui a donné le nom de cavillonne ; il eft d'une belle couleur rouge ; la tête, les ouies &c les nageoires de ce poiflon font femblables À ces mêmes parties du fxrmuler de la feconde efpece, dont il dif- fere principalement en ce qu'il a des écailles qui font petites êr découpées tout-au-tour; elles tendent la jurface de ce poiffon rude & raboteufe : ce qui lui a fait donner le nom de #ullus afperus. Les nageoires des ouies font en partie vertes, & en parties noires en-dedans, &c blanches en-dehors. La chair de ce poiflon eft dure &t feche. Rondelet, kiff mar. des poiflons, Z. part. livre X, chap. üj. iv. & y. Voyez POISSON. SURNAGER , v. neut, ( Gram. ) il fe dit de tout corps qui plus léger en pareil volume que le fluide fur lequelil eft placé, fe foutient à {a furface. Le vin, l'efprit-de-vin , huile /xrragens à l’eau : Les fcories Jirnagent au fer en fufion ; il fe dit auffi au figuré: je ne fais comment il a Jurragé. SURNATUREL , adj. ( Théol. ) fignifie en géné- ral ce qui eftau-deflus de la nature, ce qui furpañle les forces de la nature. Les théologiens font fort partagés pour fixer la vé- ritable notion de ce terme : les uns définiffent le fur- naturel, tout ce qui furpañle les forces a@ives de la nature; d’autres difent que c’eft ce qui furpañle les forces tant a@ives que pañlives de la nature ; mais outre qu'on n'entend pas clairement ce que c’eft que ces forces pafñlives, il eft certain que la création d’une ame ou d’un ange, furpañle les forces a@ives de la nature , 8 n’ef pas cependant proprement un effet furnaturel. D’autres difent que par firreturel on doit enten: dre tout ce qui furpañle l'exigence & les forces tant phyfiques qu'intentionnelles des fubftances exiften- tes & des modifications qui leur {ont naturelles. Quelques-uns prétendent qu’un être ou un effet eft Jurnaturel, dès qu’il fe rapporte à Dieu comme au- teur de la grace ou de la gloire; maïs on {ent afez combien cés définitions font vagues & infufifantes. La plüpart desthéologiens entendent par farratu- rel, tout ce qui furpañle les forces & l’exigence de toute nature crée où à créer, ce quiaun rapport fpécial à Dieu , comme auteur de la grace ou de la gloire, & ce qui fuppofe une union avec Dieu ; foit que cette union foit rée//e & phyfique , comme l’union bypoñfatique, foit qu’elle doit irtentionnelle | immé- diate & prochaine | comme la vifion béatifique ; foit qu’elle {oit intentionnelle | mais médiate & moins prochaine , comme la grace fan@ifiante , les vertus infufes & théologiques , & les autres dons Jurnatu- rels qui font comme autant de degrés pour arriver à Tome AV, SUR 69i la vifion béatifique , ou quiont rapport à l'union hye poflatique. D’autres enfin entendent par frnaturel, ce qui eft au-deflus de toutes les lois naturelles , ce qui furpañle le pouvoir de toutes les créatures exif: tentes ou poffibles , où dans fa fübftance , ou dans la maniere dont il eft produit. On diftingue deux efpeces de färnarurel, Vun par effence, &c l’autre par participation: Dieu feul eft Jurnaturel par eflence ; l'union hypoñtatique, la vie. fon béatifique , la grace, la foi, lefpérancé, la cha- rité , Gc. font furnaturelles par participation , c’eft- à-dire par le rapport immédiat où médiat qw’ellesont | avec Dieu confidéré comme auteur de la grace & de la gloire. C’eft en ce fens qu’on appelle œuvres fur: naturelles, Où dans l’ordre [urnaturel , toutes les ac- tions que l’homme fait avec le fecours de la grace, & qui peuvent être méritoires pour la vieéternelle, par oppofñition à celles qu'il produit par les feules forces de la nature 8&c du libre arbitre, Tout ce qui eft urniaturel eft proprement gratuit par rapport à l’homme , fes forces & fa nature ne l’e: xigent point. Tout ce qui eft /rnaturel n’eft pas tou- jours miraculeux; par exemple, la juftification par les facremens eft furnaturelle | cependant elle n’eft pas miraculeufe , parce qu’elle n’eft pas hors des voies ordinaires de la grace. Quelquefois un effet eft en même tems miraculeux & furnaturel , telle fut la converfion de S.Paul; & quelquefoisaufi un effet eftmiraculeux,fans être proprément furraturel, par un rapport eflentiel à Dieu , comme auteur dela gloire, telle que la guérifon fubite d’un malade, qui n’a pas toujours un rapport direét à Dieu, comme auteur de lagloire , ni de la part de celui quiopere le mira= cle, ni de la part de celui fur lequel il eft opéré : ainfi ces termes miraculeux & furnaturel ne {ont pas exatement fynonymes : cependant dans lufage or- dinaire onles emploie indifféremment. Il eff vrai que tout miracle eff furnaturel en ce qu’il furpañle le pou- voir des créatures , foit dans fa fubftance, {oit dans la maniere dont il eft produit ; mais tout ce qui eft Jurnaturel, n’eft pas pour cela un miracle : on peut confulter fur cette matiere , Cajetan, Suarès, Mé- dina, Ripalda , le cardinal d’Aquirre, Tournely, & les théologiens modernes. - SURNEIGÉE ; f. £. (Vererie,) ce fontles voyesdes bêtes fur la neige, SURNOM , f. m. fignifie un nom ajouté au nom propre, ou aunom de baptème, pour défigner la perfonne de telle ou telle famille. Voyez Nom. Cet ufagefut introduit d’abord par les anciens Ro- mains , qui prenoient des noms héréditaires, & ce fut à l’occafion de leur alliance avecles Sabins, dont le traité fut confirmé à condition que les Romains mettroient devant leur nom un nom fabin , & que les Sabins mettroient un nom romain avant leur nom propre. Ces noms nouveaux devinrent des noms de famil= les , ou des f#rnoms | &c les noms anciens continue: rent d'être des noms perfonnels ; les premiers s’ap- pelloient cognomina , & gentilitia nomina ; 8 les der mers s’appelloient preromina. Voyez PRÉNOM. Quand les François & les Anglois commencerent à faire ufage des premiers, on les appelloit /#rroms, non pas que ce fuflent les noms du pere, mais parce que , felon Cambden, on les ajoutoit aux noms per: fonnels , ou plutôt parce que, felon Ducange, ce nom de famille fe mettoit au commencement au-def: fus du nom perfonnel , de cette maniere : De Bourbon Lours. Au lieu de furroms , les Hébreux , pour conferver la mémoire de leurs tribus , ont coutume de prendre le nom de leur pere, en y ajoûtant le mot de Be, “fils: comme Meichi ben Addi, Addi ben C ofam ; es SSssi 692 SUR de même les Grecs difoient, Îcare, fils de Dédale ; Dédale, fils d'Euflalme, &c. les anciens Saxons di- Soient Conrald, fils de Céolwald ; Céolwald, fils de Cut 3 lesanciens Normands difoient , Jean, fit Ro- bert ; Robert , fix Ralph, &c. Ce auifubffte encore en Irlande, & en Mofcovie , où les czars ont joint leurs noms à ceux de leurs peres : ainfi le czar Pierre fe nommoit Pierre Alexiowirz , c’eft-à-dire , Pierre, fs d'Alexis. dc Scaliger ajoûte que les Arabes prennent lenomou le furnom de leurs peres , fans fe fervir de leur nom perfonnel, comme avez Pace, aven Zoar; c'eft-à- dire , f£/s de Pace , fils de Zour, 6c. Si Pace avoit un fils, & qu’à fa circoncifion on l’eût appellé Æ44y, ce fils auroit pris le nom d’aver Pace, fans faire men- tion d'Aaly ; mais le fiis de ce dernier , fe feroit ap- pellé avez Haly , quelqu’autre nom qu'il eût reçu à la circoncion , &c. Les Romains , par fucceflion detems , multiplie- rent leurs farnoms ; & outre le nom général de leur famille , ou romen gentilitium , ils en adoptoient un autre particulier , pour diftinguer la branche de la famille , ce qu’ils appelloient cogromen ; & quel- quefois un troifieme, par rapport à quelque aétion ou diftintion perfonnelle, comme étoient le nom d’Africanus , pris par Scipion , & celui de Torqua us , pris par Manlius. Ces trois différentes fortes de fr20ms avoientaufl leurs noms différens : favoir zomen, cognomen , &c agnomen ; mais les deux derniers n’étoient point hé- réditaires, parce que dans lefond, ce n’étoient que des efpeces de fobriquets, fur-tout quand ces noms ne marquoient ni une bonne , niune mauvaife qua- lité. Spanheim a traité avec-beaucoup d’exaéutude, ce qui regarde les noms &r les fzrzoms des Romains, de preft. & #fu numifm. diff. 10. Voyez AGNOMEN. Les Romains ont été imités en cela par les autres nations , qui outre l’ordre numéral de fucceffon, qui étoit fufhfant pour diftinouer les princes , leur ont de plus donné divers Jurroms pour les diftinguer , tirés de quelque vertu ou aétion éclatante , où même de quelque qualité corporelle : ainfi parmi nos rois, dans. ceux-là feuls qui ont porté le nom de Philipe, nous trouvons Philipe avpufle ou de conquérant ; Phi- lipe Z hardi, Philipe 4e bel, Phihipe /e long; & dans ceux du nom de Louis , Louis d’outremer |; Louis le débonnaire , Louis le gros | Louis le Jeune , Louis Le pere du peuple, Louis de jufte ; Louis Le grand, &c. Dans l’hiftoire d'Angleterre nous trou- vons qu'Edgar fut furnommé /e paifible, &t Helred, le pareffeux ; Edmond, côte de fer ; Harold, pasre de lievre ; Guillaume , Ze bétard ; Henri, beauclerc ; Jean, fans terre ; &tc. Mais les fils de ces princes n’adopterent point ces noms; Cambden & autrestrouvent étrange que P/ar- ragenes ait êté Le furnom de la famille royale d'Angle- terre , jufqu'au roi Henri VIT; &c celui de Tydur ou Tudor, le nom des rois d'Angleterre depuis Henri VIL. jufqu’à Jacques I; celui de Ssuard,, le nom des rois depuis Jacques I. jufqu'à George I. Celui de Valois , le furnom de la derniere race des rois de France; celui de Bourbon, le furnom de la famille regnante; celui d'OZdembourg, le furnom des rois de Danemark ; & celui d’Habsbourg , le nom de famil- le des empereurs de la maïfon d'Autriche. Voyez PLANTAGENET. | | Duchefne obferve que les /zrr0ms étoient incon- nus en France avant l’année 987. lorfque les feigneurs commencerent à prendre les noms de leurs domai- nes,Cambden rapporte que l’on commença à les pren- dre en Angleterre, un peu avant [a conquête qui fe fit fous le roi Edouard le confeffeur ; mais il ajoûte que cette coutume ne fut pas établie parfaitement parmi le commun du peuple , avant le regne d'E- SUR _douard IL car jufqu’alors où ne prenoit que le nom de fon pere; fi, par exemple, Le pere s’appelloit R:- chard , le fils prenoit le nom de Richard fon, c’eft- |. à-dire f/s de Richard ; mais depuis ce tems-là, Pu- fage des furnoms fut étabh , à ce que difent quelques auteurs, par un acte de parlement. Les plus anciens /urzoms font ceux que Fon trou- ve dans le grand cadaftre ou terrier d'Angleterre, & dont la plüpart font des noms de places, devant lef- quelles on met la particule de , comme Godefridus de Mannevilla, Walterus de Vernon, Robert de Oyly, &c. D’autres prenoient le nom de leurs peres, comme Guliclmus filius Ofberni ; d’autres le nom de leurs charges, comme Æudo Dapifer, Gulielmus Camera- rius , Giflebertus Cocus, &tc. maïs les fimples parti culiers ne prenoient que leurs noms de baptême, fans y ajoüteraucun /#rrorm, En Suede , perfonne ne prit de /zrr0m avant l’an- née 1514. & le commun du peuple n’en prend point encore aujourd’hui, non plus que les Irlandoiïs, Po- lonoiïs , Bohémiens , &c. Ceux du pays de Galles n’en prennent que depuis peu, encore ne font ils formés que par la fupprefion de l’z dans le mot ap, dont ils ajoutentle p au nom de leur pere , comme au-lieu de dire Evaz ap Rice, ils difent aujourd'hui £yan Price , &cc. | Dutillet foutient qu’originairement tous les /wr- noms furent donnés par forme de fobriquets , & il ajoûte que tous ces /#rzoms font fignificatifs &c intel- lisibles pour ceux qui eñtendent les anciennes dia- leftes des différens pays. | La plüpart des /zrr0ms angloïs, 8e ceux des plus grandes familles , font des noms de terres de Nor- mandie, où ceux qui paflerent en Angleterre avec Guillaume le conquerant , & qui porterent les pre- miers ces noms, avoient leurs domaines, tels font les noms Mortimer où Mortemart | Warren ou Varen- nes , Albigny où Aubigny, Piercy ; d'Evreux, Tar= kerville , Neuil, Morufort, &tc. I ajoûte qu'il ny a pas un village en Normandie, qui n’ait donné le nom à quelque famille d'Angleterre; les autres /arroms dérivent des places d’Angleterre,comme 4ffon, Sur- ton, Worron., &tc. Parmi les anciens Saxons , les particuliers pre- notent le nom de baptème de leurpereoude leur mere en y ajoûtant le mot f:z ; plufieurs prenoient Le fr nom de leur métier,comme/eaz Maréchal, Paul Char: pentier, Jacques Tailleur, François Tixerand, &cc. d’au- tres,celui de leur office,commePortier,Cuifrnier,Som- melier , Berger | Charretier , &tc. d'autres, de leur complexion , comme Furrfax, c’eft-à-dire heaux-che- veux , blond ou jaune ; d’autres, le nom d’oifeaux, comme Roitelet, Pinfon, &c. d’autres , les noms d’a- nimaux , comme Mouton, Lievre, Cerf, &cc. d’au- tres, les noms des vents ; d’autres, les noms des faints , 6c. En France les noms de famille font héréditaires ; tant pour les roturiers que pourles nobles , ceux-ci feulement ajoûtent un nombre au nom de baptème qu'ils peuvent avoir commun avec leurs ancêtres , ainfi l’on dit dans les généalogies , Jeaz de Roche: chouart , deuxieme du nom ; Charles de Rohan Guemené, croifieme du nom ; mais cette dénomination numéra= le n’appartient qu'aux aînés des maiïfons. SURNOMMER , v. a&. ( Gram. ) c’eft ajoûter unnouveau nom à celui de famille, ou de feigneurie. Voyez l’article SURNOM, SURNUMÉRAIRE , adj. & fubf. ( Graz. ) qui eft par-deflus le nombre fixe & déterminé. Il y a des convives f#rnuméraires ; des officiers , des foldats /#r- numéraires ; des juges farnuméraires. SURNUMÉRAIRE, en Anatomie, font des parties qui ne s’obfervent pas toujours , ni en mème nom- bre, ni aux mêmes endroits ; c’eft dans ce fens que SUR La Fr H7 CRC 2 ñ F # x # RPC F , | “Pon dit les os furruméraires ; les mufcles furrnimé À rairèse . SURNUMÉRAIRE 0% AJOUTÉE , {. f. er Mufique, toit le nom de la plus bafle corde du fyftème des Grecs; ils Pappelloient en leur langue proflambano- menos, Voyez ce mor. (S) | | . SURON oz SERON, £. m. (Cormm.) ballet cou- vert de peau de bœuf fraîche & fans apprêt, le poil en-dedans, & coufu avec des filets & lanieres de la même peau. Ces ballots viennent ordinairement de la nouvelle Efpagne & de Bunos-Ayres dans l’Amérique méri- dionale. Les uns font remplis d'herbe du Paraguai; les autres de cochenille ou autres marchandifes. Ce mot eft efpagnol, mais francifé, /wrone en efpagnol fignifant un hallor, Didion. de comm. t, TL, M. Chambers obferve que le /#r02 ou feron d’a- mandes pefe deux cens livres, celui de femence d’a- his depuis trois à quatre cens , & celui de favon de Caftille depuis deux cens cinquante jufqw’à trois cens foixante-quinze. Di4. de Chambers. SUR-OS, f, m. chez les Maréchaux, eftune ex- croiflance ou tumeur calleufe & infenfñble, qui vient au canon du cheval au-deffous du genou, en-dedans ou en-dehors. Quand il y enaun autre de l’autre côté en-dehors, on l’appelle fur-os chevillé, parce qu'il perce, pour ainfi dire, Pos ; il eft extrèmement dangereux : les uns lappellent fwr-os double, & d’autres fur-os qui zraver|e. SURPARTICULIERE , SURPATIENTE, &e, Raifon) Voyez RAISON, SURPASSER, v, a&, & n. (Gramm.) avoir de Pa- vantage {ur {es femblables & {ur foi-même ; il s’eft furpallé dans cette occafñon: ce chêne furpalfe en hauteur tous les arbres de la forêt : cette femme /ur- palle en beauté tout ce que j'ai vu.‘ SURPAYER, v. a. (Gremm. Comm.) payer une choïfe plus qu’elle ne devroit valoir, en donner au-delà de fon véritable prix. Didion. de com. 6 de Trévoux. : SURPEAU , f. (Anar.) petite peau qui couvre la peau, êc qui la fuit par-tout. foyez CuricuLE 6 EPIDERME. SURPENTE, 1. f. (Marine.) srofe corde de trente à quarante brafles, qui eft amarrée au grand mât & à celui de mifaine, à laquelle on attache le palan, pour embarquer & débarquer les canons, ou quelques rands fardeaux. SURPLIS , {. m, terme d’Eglife, ernement ecclé- fraftique que les prêtres féculiers portent l'été par- deffus leur foutane lorfqu'ils chantent l'office, ou qu'ils prèchent. Il eff fait de toile &c va jufqu’à mi- jambe , avec deux aîles de même étoife qui pendent plus bas. M. Godeau &c autres écrivent furpelis, & je crois que c’eft la bonne ortographe, parce qu’il eft aflez vraiflemblable que ce mot vient du latin Jeperpellicium , &t parce qu’on le mettoit autrefois fur Paumufle qui couvroit la tête. (D. J.) SURPLOMB, f. m. (Arch) on dit qu'un mur eft en /urplomb , quand 1l deverfe & qu'il n’eft pas - à-plomb. (D. J.) | _ SURPLOMBER, v. a@. (Srseréotomie.) c’eft faire pencher une ligne ou une furface à angle aigu avec Vhorifon; c’eft précifement tout le contraire de £a/ud, Voyez TALUD. … SURPLUÉES , serme de Chaffe , ce font les voies des bêtes après la pluie. SURPLUS , £. m. (Gramm, & Comm.) ce qui eft au-delà d’une certaine quantité , où d’un certain prix. Les marchands font quelquefois des conventions pour la vente de leurs marchandifes , dans lefquelles le furplus, c’eft-à-dire ce qui excede le prix auquel ils fe font fixés, eft pour le commiffionnaire qui Les leur fait Vendre. Souvent auf dans leurs refles , où dans lexcédent de leurs aunages, ils donnent aux acheteurs le furplus, ce qui s’entend de ce qui eftau delà de la jufte mefure que l'acheteur a demandée, & c’eftune petite gratification, Diffion. de com, & de Trévoux. SURPOINT , f. m. (Corroyerie.) on nomme ainf la raclure que Les Corroyeurs ont levée de deffusles cuurs après qu'ils leur ont donné le fuif. Les Maré- chaux fe fervent du /#rpoirt dans quelques maladies de chevaux. (D. J.) | DS SURPRENANT, adj. (Gramm.) qui étonne, qui caufe de la furprife, La nouveauté, l’étrangeté & notre ignorance , voilà les fondemens de la furprife, SURPRENDRE, TROMPER, LEURRER , DU: PER , (Syronym.) faire donner dans le faux , eft l’i- dée Commune qui rend ces quatre mots. Maïs fur- prendre, c’eft y faire donner par adrefle, en faififlant la circonftance de l’inattention. à diftinguer le vrai, Tromper , C’eft y faire donner par déguifement , en donnant au faux lair 8e la figure du vrai. Leurrer, c’eft y faire donner par les appas de l’efpérance, en la faifant briller comme quelque chofe de très-avan: tageux. Duper, c’eft y faire donner par habileté en faiant ufage de fes connoïffances aux dépens de ceux qui n’en ont pas, Ou qui en ont moins. Il femble que fxrprendre marque plus particulieres ment quelque chofe qui induit l’efprit en erreur; que tromper difé nettement quelque chofe qui bleffe la pro- bité ou la fidélité ; que Zexrrer exprime quelque chofe qui attaque direétement l’attente ou le defir ; que duper ait proprement pour objet les chofes où il eft queftion d'intérêt & de profit. Il eft difficile que la religion du prince ne foit pas furprife par Pun ou l’autre des partis, lorfqu’il y en à plufieurs dans fes états. Il y a des gens à qui la vérité eft odieufe, il faut néceflairement les #romper pour leur plaire. L'art des grands eft de Zeurrer les petits par des promefles magnifiques ; & l’art des petitsleft de duper les grands dans les chofes que ceux-ci com- mettent à leurs foins. Girard, Syrzonymes françois. (D.J) | SURPRENDRE 7 cheval, ( Maréchal.) c’eft{e{ervir des aides trop brufquement : c’eft auf approcher de hui lorfqu’il eft à fa place dans l'écurie, fans lui parler auparavant, ce qui lui fait peur & lé porte à ruer, SURPRISE , f. f, (Gramm.) mouvement admiratif de lame, occafionné par quelque phénomène étran- ge. Je ne fais s'il y a beaucoup de diverfité dans la maniere dont nos organes font émus. Tout fe réduit peut-être aux différens deprés d’intenfité & à la di£e férence des objets; & depuis l'émotion la plus légere de plaifir, celle qui altere à-peine les traits de notre vifage, qui n'émeut que l'extrémité de nos levres & y répand la fineffe du fouris, & qui n'ajoute qu’une nuance imperceptible d'éclat à celui de nos yeux, jufqu'aux agitations , aux tranfports de la terreur qui nous tient la bouche entrouverte, le front pâle, le vifage tranfi, les yeux hagards, Les cheveux hérifés, tous les membres convulfés & tremblans , ce nef peut-être qu'un accroiflement fucceffif d’une {eule 8 même aétion dans les mêmes organes , accroifle- ment qui a une infimité de termes dont nous ne re- préfentons que quelques-uns par Les expreflions de la voix; ces termes dans le cas préfent, font f#rpri Ê ») admiration, étonnement , alarme, frayeur, terreur, És . SURPRISES , (Arr. milir.) ce font à la guerre des évenemens ou plutôt des attaques imprévues aux- quelles on ne s'attend point, Il ya des farprifes de différentes fortes, comme celles des armées dans le camp ou dans Les marches, celles des quartiers, des villes, @c. On furprend une armée lorfqu’on tombe fur elle 694 S UR dans fon camp ou dans ia marche, avant qu’elle ait pris aucunne précaution pour fe défendre ; on fur- prend les quartiers &c les villes , quand on s’y in- troduit fecretement, ou qu’on cherche à les forcer par une attaque brufque & imprévue. Ce qui peut faire réuflir les Jurprifes, c’eft le fe- cret, & l’art de fe conduire de maniere qu’on ne donne aucun foupçon à l'ennemi. Si l’on confidere toutes les regles &z les préceptes que prefcrit la fcience militaire pour fe garantir des furprifes, i paroïtra que rien ne doit être plus dif- cile que la réuffite de ces fortes d’entreprifes, Mais fi l’on fait attention que les hommes fe néolisent fouvent fur les devoifs les plus effentiels de leur état; que tous n’ont pas une aflez grande étendue d’efprit pour prévoir tout ce qui peut arriver, & le prévenir ; on verra bientôt que les /#rprifes condui- tes avec art & intelligence peuvent réuflir dans bien des circonftances, {urtout vis-à-vis des généraux bornés ou préfomptueux. Nousavons déja remarqué que les rufes &r les fur- prifes doivent être la reffource des foibles. Voyez Ruses minitairres. C’eft par-là qu'ils peuvent fe foutenir devant les plus puiflans, &c leur faire per- dre l'avantage de leur fupériorité. Comme cette partie de la guerre dépend abfolu- ment de l’efprit & du génie du général ; qu’elle eft le fruit de l’étude & de la réflexion, & que la rou- tine n’apprend rien fur ce füjet; il arrive que les furpries {ont plus rares qu’elles ne l’étoient autre- fois. Il faut que le général imagine lui-même les diffé- rens pieges qu'il veut tendre à fon ennemi, & cela relativement aux connoïffances qu’il a de fon cara- €tere , de fa fcience, du pays qu'il occupe, & de la maniere dont il fait obferver le fervice militaire. C’eft à quoi Anmibal donnoit la plus grande atten- tion, Il changeoït fa maniere de faire la puerre, fu- vant les généraux qui lui étoient oppolés , & c’eft par cette conduite que ce redoutable ennemi des Romains leur fit éprouver tant de défaites. Si l'on fe trouve oppofé à un général qui fe croit fupérieur en tout à fon ennemi, &t qui fe perfuade qu’on le craint, il faut pour le furprendre , Pentre- tenir dans cetteidée, fe retrancher avec foin lorfqw’il eft à portée, affeéter d'éviter avec grande attention toutes les occafions de fe commettre avec lui; & lors qu’on s'apperçoit qu'il fe conduit relativement à l’idée qu’il croit qu’on a de fes forces & de fes ta- lens, qu'il commence à fe relâcher fur Pexaétitude du fervice, il n’eft pas bien difficile de lui tendre les piéges pour tomber furlui , 8 attaquer dans le mo- ment même qu'il penfe qu'on n’a deffein que de Pé- viter. <* Comme les rufes & les moyens qu’il faut employer pour furprendre ennemi, doivent varier à Pinfini, fuivant les circonftances qui peuvent y donner lieu ; 1! eft difficile d’entrer dans aucun détail raïfonné fur cefujet. Nous obferverons feulement que le fecret de fe garantir des wrprifes n’eft pas impoffible, & que la meilleure précaution qu'on puifle prendre à cet égard, confifte à avoir des efpions fürs &c fideles, tà portée de pénétrer les fecrets de l'ennemi , &t d’être informés de tous fes defleins. Mais il ne faut pas que la confiance que l’on a dans les efpions fafle négliger les autres moyens qui peuvent mettre à l’abri des furprifés ; patce qw’il peut arriver qu'un efpion étant découvert , foit obligé de donner des faux avis, comme le prince d'Orange obligea celui de M. de Luxembourg, quiétoit dans fon fecrétariat, d'écrire à ce général, ce qui manqua de le faire battre à Steinkerque. C’eft pourquoi indépendamment des : avis que donnent les efpions , 1l faut éclairer toutes les démarches du général ennenu par des partis com- mandés par des officiers habiles & intelligens, qui SUR puiflent rendre compte de tout ce qui entre & qui fort de fon camp. M. le chevalier de Folard prétend , dans fon com- mentaire fur Polybe, que les événemens de la guerre ne font pas au-deflus de la prévoyance d’un chef ha- bile & expérimenté; & que quandils ne feroient pas tous prévus, on peut au-moins les rendre vains &t inutiles par une défiance : non, dit-il, de celles qui font aflez ordinaires aux efprits trop fins, qui la. pouflent trop loin, mais de celles qui fe bornent aux précautions que la guerre nous enfeigne , qui font de la compétence de tout le monde, & qu’on peut apprendre avant même qu'on ait dormi à l’air d’un camps Fous les cas différens qui peuvent arriver à la guerre , quelques finguliers &c extraordinaires qu’ils puiflent être , font arrivés ; & par conféquent doivent'nous être connus, autant par notre pro- : , preexpérience, que par l'étude de hiftoire qui nous les repréfente. Tout ce qui arrive aujourd’hui eft arrivé il ya un fiecle ou deux; il y en a dix fi l’on veut. Tous les ftratapèmes de guerre qui fe trouvent dans Frontin, dans Polyen , dans une infinité d’hiftoriens anciens Ôt modernes, ont été imités par mille sénéraux. Ceux de lEcriture-fainte , qui en contient un grand nom- bre de très-remarquables, ont trouvé des imitateurs. Tout eft dit, tout eft fait : c’eftune circulation d’é- vénemens toujours femblables , finon dans toutes les circonftances, du-moins dans le fond, Les anciens convenoient qu’ils n’avoient pas befoin derecouriraux oracles pour prévoir lesévénemensde la guerre , ou pour lesfaire naître. Un général pro= fond dans la fcience des armes, & d’ailleurs inftruit à fond des deffleins primitifs de fon ennemi, de la nature de fes forces , du pays où 1l s’engage pour ve- nir à fes fins, de ce qu’il peut raifonnablement tirer de fes troupes & de fa tête, comme de fon coura- ge, peut aifément prévenir les deffeins de fon adver- faire , & les reduire à Pabfurde. Les orands capitai- nes ont tous été remplis de cet efprit prophétique. Qu'on fuive M. de Turenne dans toutes fes attions, & lon verra qu'aucun des anciens n1 des modernes ne l’a furpañlé fur cet article. Il prévoyoit tout ; 1f fafoit ufage de fon efprit, de fes talens, de fa capa- cité; tout celaeft très-grand &c très-étendu. Il dépend de nous de faire ufage du premier, de cultiver les autres, ou de les acquérir par l'étude , & de les per- feétionner par l'expérience. Comment. [ur Polybe, orme IIT. Nous n’entrerons point ici dans le détail des /ur- priés anciennes & modernes. Nous renvoyons pour ce fujet à l’ouvrage de M. le chevalier de Folard que nous venons de citer, où l’on trouve beaucoup de réflexions & d’obfervations fur cet important objet; aux réflexions militaires de M. le marquis de Santa- Crux, 2, 11; aux mémoires de M. le marquis de Feu- quiere ,2, 111, Ge. (Q) SURPRISE, c’eft encore , parmi les Horlogers , le nom d’une piece de la cadrature d’une montre ou pendule à répétition. Cette piece eft reprefentée dans nos Planches de lHorlogerie ; & dans le dé- _veloppement elle eft mince & platte , & porte d'un côté une cheville, que l’on ne voit pas dans là f- gure , parce qu’elle eft par-deflous. Cette cheville: déborde du côté que l’on voit en Æ, & entre dans une fente 2, faite exprès dans le limaçon des quarts, même figure. Cependant l’'ufage ordinaire eff de ne la point faire déborder de ce côté-là, & de renverfer cet ajufte- ment ; c’eftà-dire , de fixer la cheville au limaçon des quarts par-deffous, & de faire la fente dans la furprife. Cette piece fe pofe à-plat contre ce lima- çon, fur la face qui regarde la platine, de façon que la partie À {e trouve fous la partie Q ; elle ef rete: fue dans cette fimation au moyen d’une petite vi- folle 4, 4, qui entre fur le canon de la chauflée, & Qui en la preffant contre le limaçon lui laifle cepen- dant la facilité de pouvoir {e mouvoir horifontale- ment. Voici comment elle fait fon effet ; ajuftée fur 1e limaçon des quarts , ainfi que nous venons de le dire, & tournant avec lui fa cheville , fituée en-def {ous , elle fait fauter étoile, Comme on l’a vu à lar- ticle RÉPÉTITION. Or, la largeur de cette cheville “étant telle que l'étoile en fautant, [a face de la dent qui fuecede à celle qui vient d'échapper vienne frap- per cette cheville par-dertiere ; ce coup produit un petit mouvement horifontal dans la furprife , au moyen de quoi elle déborde un peu le degré 2 du li- maçon par fa partie À ; de forte qu’alors, c’eft com- me fi l’on avoit un limaçon dont ce degré formeroit hae plus srande portion dela circonférence; cette pie- ce eft néceflaire, parceque fi la cheville qu'elle porte étoit fixée au limaçon, elle feroit bien fauter l'étoile de même ; mais comme il faut que dans linitant que l'étoile a fauté , le degré Q foit fitué de façon, que fi lon fait répéter la pendule ou la montre, la queue de la main vienne s'appuyer deflus , afin que la répé- tition fonne l'heure jufte fans quarts ; il arriveroit fouvent que ce degré fe trouvant ou trop ou pas af- fez avancé, la répétition fonneroit tantôt l'heure, tandis qu’il ne feroit encore que les trois quarts, & tantôt l'heure & les trois quarts en fus, tandis qu’elle ne devtoit fonner que l'heure , parce qu’il feroit fort cificile de fare cet ajuftement aflez parfait, pour que dans le même tems que l’étoile a fauté , & par-là que le degré du limaçon des heures a change, il feroit fort dificile, dis-je , que le degré du limaçon des quarts füt aflez bien déterminé, pour qu’il ñe fit pas fonnet à la pendule l’heure trop tôt, ou les trois quarts trop tard. Voyez RÉPÉTITION, " SURRENTINUMPROMONTORIUM,(Géog, anc. ) promontoire d’Italié, fur la côte de la Campa- nie. Tacite ; anal, 1, IV, dit que ce promontoire eft féparé de l'ile de Caprée , par un détroit de trois milles , de forte qu’il eft queftion du promontoire de Minerve, qui prit le nom de Surrentinum , à caufe de la ville de Szrrentium qui erfétoit voifine. (2. JL.) SURRENTIUM PROMONTORIUM, ( Géosr. anc, ) promontoire de la Lybie intérieure ; qui felon Pline , Z F. c. 7. eft la partie occidentale du mont Baru, laquelle s’avance par conféquent dans l'Océan atlantique. On croit que c’eft aujourd’hui le Cap- Verd. (D,.J.) a N SURRENTUM , (Géog.anc.) ville d'Italie, dans la Campanie, fur le bordde la mer. Pomponius Méla, 1. IL, e. iv. qui décrit cette côte en revenant de la Lu- canie, pouraller dansleLatium, place Sarreztumdur le golfe de Pouzzol , aujourd’hui le golfe de Naples, entre le promontoire de Minerve, & Herculaneum, Pline , Z. I{T, c.v. au contraire, qui va du Latium dans la Lucanie , met Surrentum entre le Sarnus & le promontoire de Minerve. Ces-deux auteurs s’accor- dent ainfi. pour Ja pofition de cette ville, qui fubfifte aujourd’hui dans le même endroit, & conferve fon ancien nom, car on l’appelle à préfent Sorrento. C’étoit une colonie romane, felon Frontin,. de colonits , qui l'appelle Sarrertinum eppidur. Au voi- finage font les collines de Surrente, colles Surrenrini, vignoble fameux ; dont le vin Le difputoit aux meil- leurs de Plralie. Ovide , Méram.l. XV. 4. 710. en Fait Péloge : din cé An ErSurrentino gezerofos palmite colles, Et Maïtial dits D) | n Surrentina jbis ? nec murrhené picta nec auçurt Same, dabunt calices h@c tibi vina [uos. Cette ville étoit évêché dès l'an 500. & on Iavoit A SUR 69 ärchevêché tout-4-coûp vers l'an 1659. (D. À) SURREY , ( Géog. mod.) province d’Angletetré avec titre de comté. Ellé et bornée au nord par la Tamife, au midi par la province de Suffex , au le ant par celle de Kent & de Sufflex encore, & au couchant par les comtés de Northampton & de Backa Shire. ; . Elle à trente quatre milles de longueur ; vinet= deux de largeur, & cent douze milles de circuit. On compte dans cet efpace treize hundreds ou quartiers, treize villes ou bourgs à marché, cent quarante pa- roiles , & plus de trente-quatre mille maïfons; ce qui fuflit pour faire comprendre combien cette pro: vince eft peuplée. | | Outre la Tamife , elle a deux tivieres qui l'arro- fent dans toute fa largeur du fud au nord, {avoir le Wey & le Mole ; fon terroir eft {ur-tout abondant en pâturage, où l’on nourfit le meilleur mouton du royaume; on y recueille aufh beaucoup de Blé ; mais les extrémités de ce comté font Beaucoup moins fer- tiles que lemulieu ; c’eft ce qui fait qu'on le comparé à une piece de drap grofiier, avec üne lifiere fine, Guulford en eff la capitale: voyez de plus grands dé: tails dans l’ouvrage intitulé : she zasural hifiory , and antiquities of the county of Surrey. London, &z-fol. Saunders ( Nicolas ), en latin Sanderus, théolo- gien catholique, naquit dans le comté de Surrey , au commencement du feizieme fiecle, devint profeffeur . en droit canon à Oxford, & pañla à Rome pour fa religion, peu de tems après qu'Elifabeth fut montée fut le trône, c’eft-à-dire en 1560. Il fuivit Le cardi- nal Hofius au concile de Trente, en Pologne , & aans fes autres courfes, Il fut lui-même envoyé en Efpagne, en qualité de nonce , par Grégoire XIIL qui le fit enfuite pafler en Irlande avec le même titre, Gt pour y encourager les catholiques de ce royaume dans la rébellion; mais leur défaite obligea Saun- ders de fe cacher dans des forêts, où il fut long-tems errant , & où1l mourut de mifere en 1583. Ses deux principaux ouvrages font: 1°. De vifhili monarchié Ecclefe, librioëto, 2°. De fchifmate anglicano, lebri tres, Ce dernier ouvrage a été traduit en françois A en Italien, & en anglois. L’évêque Gilbert Burnet Ja réfuté, moins pour la bonté de l'ouvrage ; que” pour l'importance du fujet. «11 eft certain, ditle » P. Niceron, que ce livre eft écrit avec trop de » pañhion , qu'on y: trouve bien des faits fufpeits ; » &T qu'on y reconnoit fans peine ; que fon auteur ». avoit plus de zèle contre la prétendue réformation, » que de difcernement dans le choix des Moyens » dont il s’eftfervi pour Pattaquer». "7 7,” Hammond (Henri), né dans le comté de Surrey à en 1605 , mitau jour en 1654, un petit ouvrage fur le fchifime , dans lequel il défend Péglife anglicane , contre les obje@ions des catholiques romains. Ham- mond eft un des favans théologiens d'Angleterre : if cultiva toutes les fciences , & particuherement les antiquités eccléfiaftiques. Il mourut en 1660. dans la 55° année de fon âge , après s'être acquis une haute réputation par pluflenrs ouvrages qui ont été recueillis, &.imprimés à Londres en 1684, en qua tre volumes iz-fol. Ses remarques fur le Nouveau .Feflament.,parurent en 1650. ér-fol. M. le Cleré traduifit cet ouvrage en latin , & le publia à ‘Amie terdam en:1698 ; en 2 vol, i7-fo2, {ous ce titre : No- vu Teffamentum Dorniri noffri. Jefu- Chriffi, ex edisio- ne Vulgaté ; Cum paraphrafi Ë& adnorationibus Hen- rect Hammondi.; mais M. le Clerc y'a joint fes.cor- refüons, & quantité d'excellentes chofes... ©. Evelyn (Jean) naquit à, Wottonen Sarrey., l'an 1620 , |8t employa fept années à voyager dans les pays les plus civiiiés de l'Europe. En 1667. obtint par lon erécit auprés du lord Howard. -depus.due de Norfolck, que les märbrès d’Arundel ; qui étoient 696 SUR dans les jardins de Phôtel d’Arundel , fuffent remis à l’univerfité d'Oxford, qui Pen remercia par des députés. Il procura la bibliotheque d’Arundel à la Société Royale , & lui fit préfent en fon particulier de très-belles tables des veines & des arteres, qu'il avoit appottées d'Italie. Non content de contribuer de tout fon pouvoir à favorifer les efforts des autres, il perfetionna par {es travaux utiles , les connoïffan- ces defès compatriotes. Il mourut en 1766, dans la 86°. année de fon âge. Je citerai quelques-uns de fes ouvrages , dans le grand nombre de ceux qu'il a pu- bliés. Ty. Le principal eft fa Jeulptura, ou lhiftoire de la Chalcopraphie, & de l’art de graver en cuivre, avec un catalogue des plus célebres graveurs, & de leurs produ&tions , Londres 1662. in-8°. il s’agit dans le premier chapitre de cet ouvrage (qui mériteroit d’é- tre traduit), de la fculpture en général , de fes ef- peces , desftiles, & autres inftrumens qu’on y em- ploie. Le fecond chapitre traite de Porigine de la {culpture. Le troifieme roule fur fes progrès chez les Grecs & les Romains. Le quatrieme donne linven- tion de la chalcographie, avec un catalogue des plus célebres maîtres. Le cinquieme concerne le deflein. Le fixieme expofe une nouvelle maniere de graver, ou de demi-teinte , 7%770-finto, communiquée par le prince Robert. - L'auteur, après avoir décrit deux inffrumens em- ployés dans le meézzo-tinco , le hatcher, &le füle, explique la façon de s’en fervir ; 1l finit en difant : cette nouvelle maniere de oraver eft due au hazard, &c c’eft un foldat allemand qui en a la gloire; ayant remarqué quelques ratiflures fur le canon de fon moufquet, il rafina là-deflus , jufqu'à ce qu'il eut trouvé le moyen de produire les effets qu'il défiroit, & qui furpañlent en délicateffe tout ce qu’on a imagi- né dans cet art, pour imiter ces traits admirables que les Italiens appellent zorbidezza. Je fuis le premier anglois, ajoute M. Evelyn, à qui on a fait l’honneur de communiquer ce fecret , & fon altefle qui a bien voulu fe donner la peine de me diriger , m'a permis dele rendre public. | Il yaune feconde maniere de graver, enroulant fur une plaque un inftrument pareil à celui dont nos notaires {e fervent pour diriger leur regle fur Le par- chemin ; feulement le nombre des pointes eft plus grand dans cet inftrument ; & lorfque par la fré- quente friétion fur la furface unie, la plaque eff fuff- f:mment couverte de taches, de maniere que le fond foit aflez obfcur , on emplote le ftyle comme dans la demi-teinte. | Un autre ouvrage de M. Evelyn , eft fa Sy/va, ou difcours fur les arbres de forêts, & fur la propaga- tion du mairain dans les domaines de fa majefte , de Londres, 1664, 1669, & 1679 » in-fol. 1 Soh'calendrier du jardinier , a été imprimé fept ou huit fois avant l’année 1684. L'origine 6 les progrès de la’ navigation € di com- merce , contenant uné hiftoire du négoce en général, de fes avantages , & defes progrès , par M: Evelyn, parut à Londres en 1674. 17-6°. Son difcours philofophique fur la culrurerdes terres , pour perfettionner la végétation & la propagation des plantes , a été extrait dans les sranfaitions philof. n°, 119. p. 454. Son Numifmata , ou difcours touchant les médailles ‘des anciens 6 modernes , êtc. a été imprime à Londres en 1697. i7-fol. M, Evelyn a auf traduit plufieurs ouvrages. &c entre autrés le parallele dél’architetfureancienneG mo- derne de Chambray. Les Anglois lui doivent encore Ja tradu&tion du parfair jardinier, de M. de la Quin- tinie, (Le Chevalier DE JAUCOURT.) SURSAUT , ( Gram. ) expreflion métaphorique, SUR empruntée du mouvement d’un corps qui va en frap- per un autre en tombant & par rebond, & en fens contraire : 1l femble que nous éprouvions quelque chofe de femblable dans interruption fubite du {om- mel. Je nefai ce que j'ai entendu, & je me fuis reveil lé en furfaur. | SUR-SCAPULAIRE , ez Anatomie, nom d’une branche d’artere qui fe diftribue aux différentes pat- ties qui environnent la partie fupérieure de l’omo- plate , qu’on appelle en latin /Capula ; elle vient de fa fouclaviere. Haller, icon. arar. faf. 11. SURSÉANCE , f. f. (Gram. & Jurifprud.) eft un délai qu’on accorde à ceux qui font obligés de payes quelque dette, ou de faire quelque chofe. Les lettres de répit & celles d’état qu’on accorde en chancelle- rie contiennent des claufes dé furféance. | Les arrêts & fentences qui portent défenfes d’exé- cuter les jugemens d’un juge inférieur portent jr- Jéance à toute pourfuite. Ces /urféances font levées en connoïflance de caufe par le juge qui Les a accordées. Voyez DÉFENSES &t SuRsis. (4) SURSÉE , (Géog. mod.) petite ville de Suifle , aw canton de Lucerne, 6 à deux lieues au midi de Lu- cerne , à l’iflue du lac que forme la Sur, près de len- droit d’où elle fort. Cette petite ville eft bien bâtie, & ornée de plufeurs fontaines. Elle a fon avoyer, une police, un confeil, & point de bailli. Long. 25, 48. lai. 47. 3. (D. J.) SURSEMÉ , fe dit encore des porcs ladres qui ont des grains femés çà & là à la langue, ce qui an- nonce que le refte de leur chair en eft remplie, Les porcs /urfémés {ont confifcables avec amende. 11 y à des officiers , confeillers du roi , langueyeurs de cochons, qui veillent à ce qu’on netuepoint desporcs Jarfemes , & qu’on ne difiribue point au peuple de cetts chair mal-faine, | SURSEMER , v. a@. ( Agricule.) c’eft femer de- rechef fur une terre déja enfemencée. On furfeme foit d’une même graine, {oit d’une autre. En plufieurs lieux on furfeme de menus grains {ur le froment. SURSEOIR , v. a. (Gram. & Comm.) differerl’exé- cution d’une chofe.Surfeoir le payement d’une dette, la pourfuite d’une ation contre un débiteur, c’eft fufpendre le droit qu'on a de fe faire payer de {on débiteur , ou de le pourfuivre en juftice. D5%. de Comm. & de Trévoux. SURSIS , 1. m. ( Jurifprud. ) on dit un jugement Jurfis , pour dire fufpendre , différer. Quelquefois on dit un furfis fimplement, pour Jürféance. Voyez SURSÉANCE. (4 SUR-SOLIDE, adj. er Arithmétique , eft la cinquie- me puiffance d’un nombre, ou la quatrieme multi- plication d’unnombreconfidéré comme racine. Voyez PUISSANCE & RACINE. Le nombre 2, par exemple , confdéré comme une racine , & multiplié par lui-même, produit 4, qui eft le quarré ou la feconde puiffance de 2 ; & 4 multiplié par 2 donnent 8, la troifieme pwiflance, ou le cube de 2 ; enfuite 8 multiplié par 2 produit 16, la quatrieme puiflance , ou le quarré quarré de 23 & 16 multiplié encore une fois par 2, produit 32, la cinquieme puiflance , ou-bien le f#r-folide de 2. Un problème furfolide eft celui qui ne peut être refolu que par des courbes plus élevées que les fec- tions coniques. Voyez PROBLEME, ÉQUATION & CONSTRUCTION. Chambers. (E) SUR-TAUX , f. m. (Gram. G Finance. ) taux fuf pe, & qui excede les moyens de celui qu’on taxe, ou la proportion de fes moyens aux moyens des autres. EE SUR-TAXER . v.aét. ( Gram, ) c’eft taxer trop haut. cr | SUR - TONDRE LA LAINE , ( Laïnage. ) c'eft couper avec des forces les extrénutés les moins ee des dès toifons, avant que de les lavér ; ces extrémités s'appellent zeches : émecher ©’eft ôter ces meches. SURTOUT , (rerme de Charretier. ) efpece de pe- tite charrette à deux roues , fort légere, faite en forme de grande manne , & qui fert à potter du ba- gage. (D. J) nés , _ SURTOLT, (Orfévrerie.) piece de vaiflelle d'argent ou d'autre métal , que l'on fert garnie de fruit fur la table des gens riches. Il a quelquefois plufieurs bo- bêches dans lefquelles on met les bougies. Germain a fait des Jtrtours de la plus grande beauté pour la c1- zelure & le goût. (D. J.) | SURTOUT , cerme de Tailleur, nom qu’on a donné à UN /4/f-au-corps qu’on met en hiver par-deflus les autres habits. Ce mot n’a été mis en vogue qu’en 1684; on l’appelloit anciennement /yravis ; comme qui diroit Jurkabir. ( D. J.) SURVEILLANT , f. m. ( Gram. ) celui qui fur- veille. On prend des hommes fages pour frveiller à l'éducation des enfans, SE | SURVENANCE , £. f. (Gram. & Jurifprud.) avé- nement fur lequel on n’avoit aucune raifon de comp- ter. La donation eft revocable par furvenance d’en- fans. : SURVENANT , £ m. celui qui furviens inattendu. Il y a dans les grandes maifons toujours quelques couverts pour les furvenans. SURVENDRE, v. a@. (Gram. & Com. ) vendre une chofe plus haut prix qu'elle ne vaut. SURVENIR , v. aët. & neut. ( Gram. ) arriver inattendu. On le croyoit guéri , mais il eft Jurvenu un accident qui a Ôté toute lefpérance qu’on avoit conçue. Il eff arverz un vent qui a-difiipé lorage ; ilnveft Jurvenu des affaires qui m'ont fait manquer au rendez-vous, M frvient dans le plaiÿr toujours quelqu'incident léger qui en altere la douceur. . SURVENTE ,£ f. (Commerce.) excès du prix d’une marchandife , ce que le marchand exige au-delà de fa jufte valeur. ( D. J. | : SURVETIR , v.neut. (Gram.) c’eft mettre un vêé- tement fur un autre. Le miniftre prèêche /urvéx d’un furplis. _ SURVIE, £.f. (Gram. & Jurifprud.) eft ’a&ion de furvivre plus long-tems qu’un autre. - La Jurvie eft une condition foufentendue dans les inflitutions d’héritier & de légataire, | Les donations de furvie font celles qui ne doivent avoir lieu au profit du donataire, qu’au cas qu’il fur- vive au donäteur. Joyez DONATION. Les gains de furvie font dés gains nuptiaux, qui dépendent dela même condition. Voyez GAINS NUP- TIAOX. (4) . SURVIVANCE, ff. (Jarifprud.) eft le droit que le roi ou quelqu’autre feigneur accorde à quelqu'un de fuccéder à une charge, & de l'exercer lorfqu’elle deviendra vacante. | _ Loïfeau, en fon rraité des offices, LI. c. xij. diftin- gue quatre fortes de furvivance. La premiere qu'il appelle fmple , eft quand on ré- figne Poffice pour en jouir par Le réfignataire au ças qu'il furvive le réfignanr. . La feconde ef la furvivance reçue , où le réfigna- taire eft reçu & inftallé dès le. moment de la ref gnation, de maniere qu'après le décès du réfignant al n’a pas befoin de nouvelle réception ni inftalla- tion. La troïfieme eft la farvivance jouiffante, c’eft-à- dire celle avec laquelle on accorde dès-à-préfent au furvivancier l’exercice par concurrence avec le réfi- gnant. | ; La quatrième, qu’on appelle frvivance en blanc, ft celle où le nom du rte eft laiflé en blanc, de maniere qu’on peut la remplir du nom de telle Tome XF, à * : à SUR 697 perfonne que l’on juge à propos ; cé qui empêche l'office de vaquer par mort. De cette derniere efpece ont été les fsrvivances accordées par lesédits de 1568, 1574, 1 5778 1586, qu’on appelle les édies des furvivances, qui attribuoient cette /rvivance en finançant le tiets-denier deda va- leur de Poffice , même avec la claute de regrès dans les réfignations faites au fils où au gendre de l’ofi- cier, & encore avec la claufe d’ingrès ou accès , fa- _voir que fi officier qui avoit financé, délaifloit un fils mineur , il fuccéderoit à l’ofice & y feroit recu étant en âge, & cependant que loffice feroitexercé par commiflion. Telle eft auf la furvivance attribuce par l’édit du - 12 Décembre 1604, appellé vulgairement l’édis de 4 Pauler, du-moins à l'égard des officiers non fujets à fuppreflion; & à l'égard des autres, quoique ce ne foit qu'une difpenfe des quarante jours > comme il faut réfigner ayant fa mort ; cependant comme il fufit d’avoir pañlé procuration en blanc pour réfi- gner ce que les officiers n'obmettent point , c’eft en effet une furvivance en blanc qui fe renouvelle tous les ans. | Dans l'ufage, on appelle offices 4 furvivance ceux qui n’ont pas racheté la paulette, & qui payent une omme pour jouir de ce droit de Jurvivance. Voyez ANNUEL, CHARGE, CONCURRENCE > EXERCICE, INSTALLATION ,HÉRÉDITÉ, OFFICE > PAULETTE, RECEPTION. (4 etui SURVIVANCIER , £ m. (Gram. & Jurifprud.) eft celui qui a obtenu la arvivance d’un office ou au: tre place, pour l’exercer après le décès de celui QUE en eft actuellement pourvu. Voyez ci-devant SURVI- VANCE. (A4) | SURVIVANT, adj. & fubft. (Gram.) celui qui furvit à un. autre. Les dons & teflamens mutuels fe font au profit du furvivanr. | SURVIVRE, v.a@. & neut. c’eft vivre plus qu'un autre. Le mari a furvéeu à {a femme. On eft prefque für de Jurvivre à quelques-uns de ceux qu'on aime & c’eft une penfée affligeante pour les perfonnes qut ont l’ame délicate & {enfible, [1 y a dés contrées où il eft honteux à une femme de furyivre à fon mari 5 aucune où 1l foit honteux à un mari de Jfurvivre à fa femme. Voilà une des plus fortes preuves de notre injuftice, de notre cruauté, de notre defpo- tifme & de notre jaloufie, On dit au figuré , il a fur- vécu à fa fortune , à fon efprit ; À fon honneur RE réputation. Il y a pour les auteurs de mode une ef- pece de mort qu’ils fentent, & qui leur donne bien de l'humeur ..c’eft celle du gente dans lequel ils ont écrit. L’homme vain eft bien fiché de Jurvivre à l'auteur. Faifons donc, fi nous pouvons, des ou- vrages qui foient de tous les tems & de tous les pays. SURUNGA , (Géogr. mod. ) une des quinze pro- vinces de la grande contrée du fud-eft de Pempire du Japon ; elle a deux journées & demie de longueur, s'étendant de l’eit à l’oueft, & eftdivilée en fept di- fridts; cette province fe diffingue pardla variété de fes villes, villages, collines, & plaines fertiles. (CHERE SURUNGA , (Géog. mod.) ville du Japon, capitale de la province de fon nom, dans l'ilé de Niphon; elle.eit route ouverte, & pleine de boutiques four- mes d’étoffes à fleurs de toute efpece. On bat de la monnoie dans cette ville , comme à Jédo & à Méa- co ; & l'on y fait en particulier des cobangs qui font des pieces d’or plates & en'ovale, dela valeur d’en- viron Cinq ducats. Le château qui lui fert de défenfe eft un bâtiment quarré, fortifié par des foflés & de hautes murailles de pierres de taille. Loxg. 156. 3É latit, 34.27.( D. J.) À 0 SUR UN PIE, ( Rubannerie, ) pañler fur un pié : TRE 698 SUS fe dit lorfque dans un patron , il n’y a que 12 mar- ches écrites au lieu de 24 qui devroient y être, ce que l’on verroit dans une Planche où le patron feroit écrit fur un pié, & fe comprendroit aifément par la comparaïfon de cette Planché avec une autre où de defleim feroit fur deux : expliquons ceci; une haute-liffe qui eft toujours la premiere, c’eft-à-dire, la plus près du porte-rame de devant venant älever, leve avec elle, toutes les rames qu’elle porte fui- vant de paflage du patron. La feconde levant à fon tour , fait le même effet, excepté que toutes Les ra- mes qui laifloient fur la premiere, vont prendre fur celle-ci, &'ainfi des autres alternativement. Ceci entendu, on voit que lorfqu’on dit /wr un pié, on foufcentend que toute rame doitayoir fon contraire, &t que par conféquent un point noir, autrement ap- pellé pris, doït avoir pour répétition un point blanc appellé laiffé, ou pour mieux le faire entendre, un point défigne deux hautes-liffes ; donc fi un point fait un pris fur la premiere haute-lifle, 1l fera un laïflé {ur la feconde ; au contraire, s’il fait un laïflé fur cette premiere, il fera un pris fur la feconde ; il eft donc prefque inutile d'écrire un patron fur deux piés ; & ce w'eft que pour fatisfaire à la routine de certains anciens ouvriers, que l’on s’aflujettit encore à cetufage. Des figures montreroient mieux encore te dont 1l s’agit. Si on voyoit les rames des ex- trémités ou bords de ouvrage, qui a8o rames de large ; on ne verroit lever fur la premiere mar- che de ce patron que tous les points noirs de cette largeur de 80, & à l’autre marche le contraire. Ce qui eft dit ici, doit fervir de regle pour expliquer ce que l’on entend par deux piés. | SURVUIDER , v. aët. ( Gram, ) Ôter ce qu'il y a de trop dans un vaifleau, un fac, pour le répan- dre dans un autre, SUS , ( Géog. anc. } torrent de la Béotie ; Paufa- nias, Z ZX, c. xxx. après avoir dit que ce torrent tombe du mont Olympe, ajoute que les habitans de Larifle avoient une tradition qui concernoit ce tor- rent , & il la rapporte, (D. J. ) Sus,( Géog. mod. ) province d'Afrique, au royau- me de Maroc; elle eft bornée au nord par PAtlas, au midi par la Numidie , au levant par le fleuve Sus, êcau couchant par l'océan. Cette province contient la plus grande partie du royaume de Maroc, & ren- . ferme les villes de Mefle, Tecéut, Garet, Taru- dante , Tagoaft, Aguer , & Garitgueflen, Cette pro- vince eft fort peuplée ; & fa plus grande partie eft unpays plat qui s’arrofe avec les eaux du Szs, qu’on tire par des canaux & des rigoles ; il y a beaucoup de blé, de troupeaux, de vergers, de légumes, & de palmiers. Les habitans font Bereberes, & ont plus d’adreffe pour les armes que les autres barbares. Sus LA, (Géog. mod.) riviere d'Afrique, au royau- me de Maroc ; il y a quelque apparence que c’eft l'Ura de Ptolomée, quila met au huitieme degré de longitude , fousile 28. 30. de latitude. Elle tire fa fource du grand Atlas, traverfe les plaines de Szs auxquelles elle donne {on nom , arrofe les pays Les lus fertiles de ces quartiers, & vient fe perdre dans Focéan , près de Guerteflen. (D. J.) SUS A, (Géog. anc.) nous difons Sufes ou Suyes en françois. Voyez SUSES. Sufa , ville de Perfe, & la capitale de la Sufiane ; eile fut autrefois la réfidence des rois de Perfe, com- ime leremarque Pline, 2. WI. 6. xxvij. Hajoute qu’elle fut bâtie par Darius fils d'Hyflafpes : veius regia Per- Jfarum Sufa à Dario Hyftajpis filio condita. Cela n’eft pasjufte, à-moins que Pline par le mot cozdita, n’en- tende un rétabliffement, ou une nouvelle enceinte; car Sufa eft une tres-ancienne ville, qui, felon Stra- bon, Z XF, p. 228. a été bâtie par Tahonus, pere de Memnon, Il lui donneun circuit de vingt-fix fta- SUÛUS des une figute oblongue, & une fortereile nommée Memnoneum. Hérodote dit que Syfa eftappellce ville de Memnon : Strabon Compare les murs de cette ville avec ceux de Babylone, Je nem’en rapporterai donc pas à Polyclete, qui vouloit que [a ville de Sxfz n’eût point de murailles ; cela n’eït nullement croya- ble de la capitale d’un empire , ni d’une ville, où, felon Diodore de Sicile, Z. XVII. c, xvj. on gar- doit des tréfors immenfes, que divers rois avoient amaffé depuis plufeurs fiecles , pour que leur poftés rité plt s'en fervir dans ün cas de néceffté. L’Ecriture-fainte parle beaucoup de Sufes, qu’elle nomme en hébreu Su/ar, mot qui fignifie un 4s ; c’eft dans cette ville qu'arniva l’hiftoire d’Efther, C’eft dur le fleuve qui y couloit, que Daniel eut la vifon du bélier à deux cornes, & du bouc qui n’en avoit qu'une ; c’eft auffi dans cette ville que Benja- min de Tudele & Abulfarage mettent le tombeau de ce prophete. Enfin, c’eft à Sufan que Néhémie ob= tint du roi Artaxerxès la permiffion deretourner en Judée , & de réparer les murs de Jérufalem. (D. J. } SUSAIN , ou SUSIN , f. m. ( Marine. ) c’eft un . pont brifé, où une partie dutillac, qui regne depuis la dunette jufqu’au grand mât. | SUSANNE , cerme de Pratique, fynonyme à fur= anné , & moins en ufage. Voyez SURANNÉ. SUSBANDE, 1. £ c’eft dans dl’ Artillerie , une ban< de de fer qui couvre le tourillon d’un canon ou d’un mortier quand ils font fur leur affut ; elle eft ordis nairement à charniere. Voyez AFFUT. (O) SUSBEC , f. m. ( Fauconnerie. ) maladie d'oifeaux qui en fait mourir un grand nombre; c’eft une pis tuite chaude & fubtile qui leur diftille du cerveau. SUSCEPTIBLE , adj, ( Gram, ) €apable de rece- voir ; cette terre eft fufceprible d'amélioration ; cet homme d’amendément; cet enfant d'éducation ; ce fujet d'ornement ; l’efprit du peuple de toutes fortes de mauvatfes impreflions, De fufceprible, on a fait. fufcepribilité | fufceprion, SUSCES , {. f. ( Com. ) étoffes qui fe fabriquent au Bengale; ce font des efpeces de taffetas que les Anglois portent à Madras où ils font de vente. SUSCITER, v. a@. (-Gram.) produire, faire naître; Jefus-Chrift difoit que de ces pierres qui étoient à fes piés, 1l en pouvoit /ufciter des enfans à Abraham; Dieu a fufcicé de tems en tems des pro- phetes, des martyrs, des doéteurs, qui ontuni leurs voix à celle de l’univers pout annoncer aux hommes fa gloire, fa puiflance, fa juftice , fon exiftence, Su/- citer lignée à fon frere, c’eft faire revivre {on nom, en époufant fa veuve ; on dit /y/cirer une affaire fà- cheufe , une querelle, un procès, desenvieuxs; cet Ouvrage nous a fuftisé bien des ennemis. SUSCRIPTION , f. £f. (Gram.) adrefle qui eff écrite fur le dos d’une lettre mifive. Voyez ADRESSE 6 LETTRE. | La fufcription doit contenir le nom, les qualités , la profefion, ou la demeure de celui à qui l'on écrit, Sous le mot de demeure , eft compris le nom dela pro: vince, de la ville, du quartier, & même.de la rue où celui à qui la lettre s’adrefle fait a@tuellement fon | féjour ; parce que des erreurs fur cesdifférens points dans les /uféripuions ou adrefles des lettres ,font quel- quefois de la derniere conféquence. Diéfionnaires de Commerce & de Trévoux. SUSDAL , ( Géog. mod.) province de l'empire rufien , avec titre de duché. Elle eft bornée au nord par le Volga, au midi par le duché de Moskou, au levant par celui de Wolodimer, & au couchant par ceux de Jéroflaw & de Roftow; c’eft un pays en fri- che, & tout couvert de forêts remplies de bêtes fau- ves. La capitale & la feule ville de cette province, en a pris le nom ; elle a titre d’archevêché , &c eft fi- tuée dans la partie méridionale du pays, mais toutes SUS fes matfons font en bois, & ceux tu les habitent dans la pauvreté ou la fervitude, tant l'empire rufle eft encore barbare, Long. 59. 38. latir, 56 14. (2. 7.) | SUSE, PROVINCE DE, (Gtog. mod.) province ‘des états du roi de Sardaigne dans le Piémont, avec titre de marquifat, & de vallée ou val. Elle eft bor- née au nord par le val de Maurienne, au midi par Le val de Carmagnole, à lorient par la province de Tu- rin, &t au cotichant par les Alpes. Szfe eft fa capita- le; fes deux principales rivieres font la Doria & le Cénis. Cette province autrefois très-étendue fous le nom de Marche Ségufiane, n’a guere aujourd’hui que vingt-quatre milles de longueur, fur huit milles de largeur. Sa partie feptentrionale eft inhabitable & impraticable, à caufe des hautes montagnes qui la couvrent, & qui font partie du mont Génevre & des monts Cénis. On ne peut pañler de la vallée de Prégel dans le val de Sufe, que par trois endroits qui {ont le col de Collet, Je col de la Roufe, &le col de Féneftrelles. ( D. J.) | SUSE, (Géog. rod.) ville d'Italie dans Le Piémont, capitale de la province à laquelle elle donne fon nom. Elle eft fituée fur les bords de la Doria, à 1; lieues au nord-oueft de Turin. Elle eft environnée de montagnes & de collines fertiles en fruits & en vins. La plaine eft arrofée par la Doria & par le Cé- tuis , qui fournient aux habitans des eaux faines, & à la terre une grande fécondité. Son gouverneur eft en même tems gouverneur de la province ; & la ci- tadelle a fon gouverneur particulier, Long, 24 43. lat. 45. 7. | | Cette ville eff mife par les anciens au nombre des villes les plus illuftres des Alpes, On l’appelloit Se- gufio, Secufio, Secufia, Segufium , & {es habitans Se- gufent, On y voit encore quelques reftes des ouvra- ges des Romains, &c entr’autres ceux d’un arc de triomphe élevée à l’honneutf d’Augufte, | Ammian Marcellin nous apprend qi’on y voyoit le tombeau du roi Cottius, qui y avoit fait fa réfi- dence. Elle étoit encore très-célebre lorfqu’elle des vint la capitale du marquifat auquel elle donna fon nom, & qui comprenoit une partie dela Lombar- die & de la Ligurie. Mais fi la ville de Sufe eft fa- meufe parfon ancien luftre, elle ne l’eft pas moins par les füreurs de la guerre auxquelles fa fituation la toujours expofée. Bellovèfe, Brennus & les Carthaginois, pri- rent cette route pour pañler en Italie, & commi- rent bien des hoftilités dans Le pays. Flavius Valens qui vint après eux, ruina cette ville & les bourga- des voifines , après avoir mis à feu &c à fang la val- lée de Maurienne. Les Goths firent le même ravage loriqu’ls pafferent dans les Gaules, fous le regne de Théodoric. Les Wandales ne furent pas moins bar- bares ; & l’armée de Conftantin, vitorieufe de Ma- xence, après avoir pillé & ruiné tous les environs, détruifit cette ville de fond en comble. Ce ne fut pas là la fin de fes malheurs : elle eut beaucoup à fouffrir de la part des Lombards lorfqu’ils paflerent : dans la Gaule , fous la conduite d’Amon Zaban & de Rodanus, Les Sarrafins, qui vers l’an 900 traver- ferent le val de Szfe pour pénétrer en Italie, portez rent le fer &c le feu dans ce val, & n’épargnerent pas | la ville, Mais de toutes ces calamités, la plus déplorable peut-être , fut celle qu’elle fouffrit de la part de l’em- pereur Barberoufle, quand il pafla d'Allemagne en Italie. Sue fut abfolument réduite en cendres, & dans cet incendie périrent les archives & les an- ciens monumens qui prouvoient l'origine de cette ville. Enfin la divifion defes habitans mit le comble à fes-malheurs. Il ya environ quatre censans qu'il y forma deux partis qui fe firent une longue & cruel- Torre XF, SUS 699 le güctre. Élle fe trouva par-là tellement dépeuplés qu'elle n’eut plus aucune efpérance de fe rétablir, cé qui obligea de reftraindre Penceinte des murs au point obonles voitä-préfent. (D. J. SUSE ; (Géo. mod.) ville d'Afrique en Barbatie, au royaume de Tunis fur la côte, à à lieues de Caf- van, t à 33 de Tunis. Elle a été autrefois confidéra: ble, & a foutenu de longs fieges. Les Turcs en font aujourd’hui les maîtres. Son terroir ne rapporte quë de l'orge, mais le pays a des huiles, des dattes & des figues. (D, J.) SUS=EPINEUX , ex Anaromie, noi d’un mufcle qui prend fes attaches dans toute la foffe fus-épineufe de Fomoplate , & fe termine à la facétte fupérieure de la groffe tubérofité de lhumerus. ÉC SUSERAIN oz SUZERAIN, fr. (Grarm. 6 Jus r1/p:) 1 faut porter cette affaire pardevant le juge /2 Jérain; c’elt-à-dire , le füpérieur, le juge dé reflort, Les feigneurs fuferains font les ducs ; corntes & au tres grands feigneurs. Ils peuvent être juges de ref: fort, &c lès appellations des juges des hauts jufticiers, fe relevent devant le jige, feigneur ///érain, quand il a le droit de refort. $1 Le feigneur /#férain eft un ancien pair de France, les appellations des fentences rendues par {es juges fe relevent itnmédidtément aû parlement; s’il n’eft pas pair, elles fe releyent devant les baïllis où fénéchaux. Aujourd’hui on ne vérife plus letires de duché & pairie qu’à la charge du ref. fort ordinaire. Loyfeau a obfervé que les mots de Juferain 8e de fuféraineté n'avoient été faits que pour défigner cette portion de la puiffance publique 8 de la fouveraineté qui a été ufurpée par Les particu= liers, & que ces termes font auf étranges, què cette efpece de feipneurie eft abfurde. Du T'illet dit que le droit de reffort eft un droit de fouveraineté > c'eft pourquoi les modernes, pour Ôter l'équivoque, appellent fferaineté , le droit de reffort que quelques grands feisneurs du royatime, ont confervé: il faut avoir un titre pour cela. Did. de Trév. yum SUSES où SUZES, (Géog. mod.) ville de Perfe capitale du Kufiftan, à 34 lieues au fud-oueft d’If2 pahan , fur le Caron qui eft le fleuve Eulée des an- ciens. Les Perfans appellent cette ville Schozfch & Schoufchfter. Is tiennent par tradition qu’elle à été bâtie par Houdfchenk, troifieme roi de Pérfe de 14 premiére race nommée des Pifchdadiens. Les tables arabiques placent cette ville dans le troifieme climat. Elles lui donnent 84. 30 de longis, & 31. 30. de larir, Jéptentrionale. | Quant à Pancienne Sufes , cette fuperbe ville au- trefois la réfidence des rois de Perfe en hiver, voyez l’article SUSA. (F2 RE SUSIANE., ( Géog. anc.') les Grecs écrivent tan- tôt Suffana , tantôt Suris : c’eft une contrée de la Perfe ; elle prenoit fon nom de la ville de Sufes {à capitale. Cette contrée avoit pour bornes l’Aflyrie au feptentrion , à lorient lElymaide, dont elle étoit féparée par lefleuve Eulée!, au midile golfe Perfique, &c Le tigre au couchant. Ptolomée, Ziy. VI. ch. ij. lui donne une plus grande étendue; car il y comprend lElymaide, & 1l lui donne le fleuve Oroatis pour borne du côté de lorient. Strabon diftiigue les Ely- méens des Sufiens ; & Pline dit poñitivement que le fleuve Eulée fafoit la féparation entre la Sufrne & l'Elymaide. Le nom moderne de la Sufane et Khus, ou le Khufiflan. ( D. J. SUSIDÆ-PYLÆ , ( Géog. anc. ) fameux détroit des montagnes, entre la Perfide propre & la Sufiane, & qui a pris quelquefois le nom de l’une de ces con- trées , quelquefois de l’autre. Ce détroit , ou pas de montagnes, eft appellé Sz/de-Pilæ par Quinte-Cur. fe, 7. W.c 1j. & Rupes-Sufiades , Sovriadar Uerper pat Diodore de Sicile, Z. XVII, c. xyiij comme il ‘Le trouve au-delà du Pafrigris, il étoit dans la Perfa TTiti 700 SU S propre: ce qui fait qu'Arrien, Z TITI. c. xvij.fenom- ine Lepord'er una > PilæPerfides » &t Strabon Uépoiyaz Tam, PortæPerficæ. C’eftce que nous connoïflons à-préfent fous le nom de Pas-de-Sufe. (D.J.) SUSOR , ( Géog. mod.) petite ville de la Turquie, en Âfie, dans PAnatolie, fur la côte méridionale de la prefqu'ile qui s’étend depuis Smyrne jufqu’à Pile de Scio. Quelques auteurs la prennent pour Pancien- ne Téos, patrie d’Aracréon, & épifcopale fuffragan- te d'Ephète. (D. J.) SUSPECT , adj. ( Gram. ) fur lequel on a des foupçons bien fondés : un auteur /z/peë , une femme fufpeite, une opinion , une doëtrine /u/peüle, une conduite /ufpeële, des mœurs /u/peites ; qui eft-ce qui n’eft pas un peu /u/peét en ce monde? | SUSPENDRE , v. at. ( Gram.) c’eft attacher quelque chofe en-haut : on /4/perd une cage, un luf- tre, une cloche; la terre eft f4/pendue dans l’efpace; au figuré, on dit fxfpendre un jugement, /ufpendre {on jugement, demeurer /4/perdu entre la crainte & lefpérance; fufpendre les progrès de la corruption, du luxe, de limpiété ; f#/pendre de {es fonétions un rêtre , un officier de jufticé, Éc. SUSPENS, adj.( Jurifp. ) du latin fufpenfus , eft ce- lui qui a encoutu la peine de [a fufpenfe , c’eft-à-di- re, que l’ona fufpendu de quelques fon&tions ecclé- faftiques. Voyez ci-après SUSPENSE. (4) SUSPENSE , £. £, ( Jurifprud.) eft uneinterdiétion faite à un clerc de faire les fonétions de fon ordre pendant un certain tems, à la différence de linter- diftion à perpétuité qui emporte la dépofition. La fufpenfe eft une peine propre aux clercs; elle eft plus ou moins grave, felon la qualité des fautes, & elle varie auffi quelquefois felon les ufages des échfes. C’eft ordinairement la premiere peine que pro- nonce le juge d’églife. Il peut l’ordonner fur un fimple interrogatoire de laccufé. Le decret d’ajournement perfonnel emporte fuf- venfe contre les clercs. On diftingue la fzfpenfe en locale ou perfonnelle; elle eft locale, quand Peccléfaftique n’eft interdit de fes fonétions que dans un certain heu, 8 perfonnelle, s’il left en tout lieu. À Elle peut être générale ou bornée à certaines fonc- tions, comme pour la prédication feulement , ou pour la confefhion, ou pour la célébration de la . meñle. Elle peut être indéfinie ou bornée à un tems plus ou moins long , auquel cas elle cefle de plein droit après l'expiration du terme. Un. clerc peut auffi êtreinterdit, non des fondions de fon ordre, mais dequelqu'autre droit, comme un chanoïne que l’onprive pour un tems du droit de fuf- frage, ou de l’entrée au chœur , ou dureyenu de fon bénéfice. Celui qui nobferve pas la fufpenfe, encourt l’irré- gularité. Foyez l’inféitution au droit eccléf. de M. Fleu- ry, & le 10:IRRÉGULARITÉ. (4) SUSPENSEUR MUSCLE , ( Anar. ) ce muicle du tefticule , autrement nommé crémafler , vient non- feulement de la partie inférieure du mufcle oblique interne, mais encore de la corde tendineufe, ou li- gament de Fallope , qui eft formée de l'union des mufcles obliques &c tranfverfes dans leur partie in- férieure. Le mufcle fufpenfeur defcend le long de la tunique vaginale ;:à mefure qu'il approche des tefticules , les fibres charnues qui le compofent,s’écartent, & leur expanfon femble former une efpece de membrane, que plufieurs anatomiftes ont nommé eryshroide ou : rougeûrre, laquelle eft étroitementunie à la vaginale. ._ Véfalea le premier décrit par lettresle mufcle/f- penfeur du tefticule & fon origine, Cafferius enfuite ; &c Cowper beaucoup mieux. ( D. J. | SUSPENSIF, adj. (Juri/prud.) eft ce qui a l'effet de _ fufpendre l’exécution d’un jugement ; en général lap= pel n’eft pas fimplement dévolutif, il eft auf f#/per- JF, excepté dans les cas ou le jugement eftexécu= toire par provilion. Voyez APPEL, EXÉCUTION, DÉFENSES , JUGEMENT, MATIERE SOMMAIRE, PROVISION , SENTENCE PROVISOIRE. (4) SUSPENSION , f. f. ez Méchanique, le point de J'ufpenfion d'une balance eft Le point où la balance eft arrêtée & fufpendue. Les points de fufpenfon des poids de la balance font les points où font attachés ces poids. Le point de /4/penfion d’une balance à bras égaux eft Le point de milieu de la balance. Il n’en eft pas de même de la balance romaine, dont Le point _de Jüfpenfion eft fort près d’une de fes extrémités, Voyez AppuI, BALANCE, LEVIER, PEsON, Ro- MAINE. (O0) SUSPENSION , ( Belles-Lertres. ) figure de rhétori- que par laquelle l’orateur commence fon difcours de maniere que l'auditeur n’en prévoit pas laconclufon, êt que l'attente de quelque chofe de grand excite fon attention & pique fa curiofité. Telle eft cette penfée de Brebeuf dans fes entretiens folitaires. Il s’adrefle à Dieu : Les ombres de la nuit à la clarté du jour, Les tranfports de la rage aux douceurs de l'amour } A étroite amitié la difcorde & l'envie, Le plus bruyant orage au calme le plus doux , La douleur au plaifir, le trépas à la vie, Sont bien moins oppofes que le pécheur à vous. Autre forte de fu/penfron : Vel pater omnipotens adigat me fulmine ad umbras ; Pallentes umbras erebi, noëtemque profundam , Arte pudor qua te violo , aut tua Jura refolvo. Didon s'arrête à la fn du premier vers : elle fortifie {on ferment, elle s’effraye elle-mêmepardes fpeétres, afin de s’encourager à tenir {on ferment. Voici une même /4/penfion dans des vers qui ne le cedent point en beauté à ceux de Virgile ; c’eft Cli- temneftre qui s’adrefle à Orefte qui avoit demandé en mourant que fa cendre füt dépofée à côté de celle d’Agamemnon fon pere ; elle lui dit : #4 veux donc Que je defcende au fand de ces grands monumens | Oxla nuit du trêpas, cette nuit immobile, Delombre de ton pere ef? l'éternel azile. SUSPENSION , {. f. ez Mufique; On appelle ainf tout accord fur la baffe duquel on foutient un ou plufeurs {ons de l'accord précédent , avant que de pañer à ceux qui lui appartiennent ; comme fi la baffe paflant de là tonique à la dominante , je fufpens encore quelques inftans fur cette dominante l’accord de la tonique qui la précede , avant que de leréfoudre fur le fien, c’eftune /zfpenfion. Il y a des ffpenfions quife chiffrent & entrent dans : harmonie; quand elles font diflonantes , ce font toujours des accords par fppofition. Voyez Supro- SITION. D’autres fx/penfions ne font que de soût ; mais de quelque nature qu’elles foient ; on doit tou- jours les aflujettir aux trois regles fuivantes. 1°. La fufpenfion doit fe fare fur le frappé de la melure, ou du moins fur un tems fort, 2°. Elle doit toujoursfe réfoudre diatoniquement, foit en montant , {oit en defcendant, c’eft-à-dire que chaque partie qui a fufpendu, ne doit enfuite monter ou defcendre que d’un degré, pour arriver à l’accord naturel de la note de baffle qui a porté la ffpenfion. 3°. Toute /xfpenfion chiffrée doit {e fauver en def- cendant , excepté la feule note fenfble qui fe fauve en montant, SOUTS Avet ces précautions il n’y a point de /x/penfron Qui ne puifle fe pratiquer avec fuccès; mais c’eit au goût feul qu’il appartient de les diftribuer à-propos. < SUSPENSION , ( Jurifprud. ) fignifie quelquefois ceflation, interruption , comme quand on dit qu’il y a eu ceflation de pourfuites. | Quelquefois /xfpenfion fignifie irterdicfion 5 c’eft ainfi que les défenfes que les cours font aux officiers inférieurs, portent ordinairement la claufe à peine de fufpenfion de leurs charges. Voyez INTERDICTION. En matiere canonique on dit plutôt /zfpenfe que fufpenfion. Voyez SUSPENSE. ( 4) SUSPENSION D’ARMES, en terme de Guerre, eftune treve de peu de jours dont les parties belligerantes conviennent pour avoir Île tems d’inhumer leurs morts, d'attendre du fecours ou les .ordres de leurs fouverains, &c. Chambers. C’eft auffi une treve ou un tems pendant lequel on convient de ne faire aucun aéte d’hoftilité de part & d'autre. Voyez ARMISTICE. ( Q ) SUSPENSION , cerme d’Horlogerie , e dit en géné- ral des pieces ou parties par lefquelles un régulateur eft fufpendu. | Sufpenfion par des foies. La fufpenfion la plus ufitée du pendule, lorfqu’il eft court & léger, comme celui des pendules à reflort, des réveils, &c. eft une foie doublée & attachée au coq par fes deux extrémités ; le haut de la verge du pendule qui dans ce cas eft recourbé ; s’accroche au milieu de la foie , & le mouvement eft communiqué à ce pendule au moyen de la fourchette qui le prend aux environs du ters de fa longueur. Voyez FOURCHETTE 6 PENDULE. Sufperjion par des refforts. Dans les pendules à gran- des vibrations , au lieu de foie on fe fert de deux ref- forts très-affoiblis ; qui paffant au-travers du coq ont retenus par. les parties :de cuivre où ils font rivés. Dans cette pratique , la fourchette a le même ufage que dans la précédente. Foyez la fig. Sufperjion par des coursaux. Une autte fufpenfion ‘qui eft encore fort ufitée dans les pendules , fur:tout en Angleterre, c’eft celle qu’on appelle fu/penfion a couteaux. Elle n’exige point de fourchette, le pendu- le y eft fufpendu à une tige, aux extrémités de la- quelle on forme des angles d'environ 30 degrés, ou des couteaux , lefquels s’appuient dans: des angles anternes plus ouverts fixés fur chacune des platines, ou comme le pratique M. Grahamfur des plans droits paralleles; les angles étant alors le centre de l’arc dé- crit , le frottement devient peu confidérable ; & l’on remédie au petit retard qui peut naïître de la diminu- tion d’élafticité des reflorts. Sufpenfion par des rouleaux. M. Suly, ingénieux ar- tifte , employoit pour le régulateur de fes pendules &c montres marines, une /4/penfior que quelques hor- logers ont aufli appliquée aux pendules ordinaires. Elle confiftoit en deux grands rouleaux pofés.paral- lelement aux platines, & formant entr’eux un angle curviligne auf grand qu'il fe pouvoit. Le pivot de _Farbre qui portoit le péndule & qui en étoit le plus -près venoit s'appuyer dans l'angle ci-deflus. Quand le pendule étoit en vibration, tout le frottement de la fufpenfion étoit peu fenfble; ce frottement fe tranf. portant fur les pivots des rouleaux, qui parcouroient un efpace diminué, dans le rapport de leur gran- deur à celle de leurs pivots. L’expérience.a fait voir que cette /4/penfion ; quoiqu'inférieure aux précé- dentes dans les pendules, pouvoit devenir fort utile pour diminuer Le froftement des pivots des balan- ciers. SUSPENSOIRE,, LIGAMENT , (Anatom.) un des quatre ligamens ainfi nommés du-foie ; c’eft celui: qui ‘fait le partage de la furface convexe du foie en deux lobes. Ce ligament m’eft que la continuation de ce SUS fox | teph du péritoine qui loge la veine otbihéale : il ef attaché par fa partie inférieure tout le long de la fur: face convexe du foie, qui répond direétement à {a {ciflure, & il diftingue par-là le gfand lobe d’avec le petit ; 1l s'avance même pardevant jufqu’au commen: cement de la fciflure , où il communique avec uné capfule particuliere , en s’attachant dans tout ce tra: Jet, non-feulement à l’appendice d’un os du fternum nomme xiphoide,mais même aux portions du diaphra- gme qui lui répondent ; il fe termine enfin environ le milieu de la partie fupérieure & poftérieure du foie à fon ligament nommé coronaire, Ce ligament moyen s'attache aufli obliquement le long de la par: tie fupérieure & poftérieure de la saine du mufcle droit, (D...) SUSPENSOIRE , serme de Chirurgie , bandage qui fert à contenir l’appareil appliqué fur le ferotum, Voyez SCROTUM. Le fufpenfoire eft une efpece de poche dont on ne peut déterminer la largeur : il faut qwelle foit pro= portionnée au volume du férorm ; il fe fait ordinai- tement avec une piece de linge ou de futaine de 8 pouces en quarré, pliée en deux parties évales. On la coupe par un côté, depuis le milieu jufqu’à la réue nion des deux angles de cette extrémité ; en obfer- vant de décrire une ligne courbe. On coudenfuite l'endroit coupé, ce qui donne une efpece de poche. On fait un trou au milieu de la partie fupérieure de cette poche pour pañler la verge, On coud enfuite un bout de bande de trois quaïts d’aune de long , garnie de quelques œillets à l’un des angles fupé- rieurs ; & un autre bout de bande d’un demi: plié s garni de même à l’autre côté, On place aux angles inférieurs deux autres bouts de bande de demi-aune pour faire pafler fous les cuifles. Les chefs fupérieurs s'attachent autour du-corps comme üné ceinture, & les inférieurs pañlent de devant en arriere ; GC après avoir croué chaque cuifle au-deflous du moignon de la feffe , 1ls feront attachés aux côtés de la céinture, un à droite ; l’autre à gauche, Poyez, la fig. 1146 12. PI, XXVIL le fufpenfoire eft lui-même un excellent fecours, 8 un moyen curatif du varicocelé. Voyez VARICOCELE. (7) SUSPICION , 1.f. (Gramn.) foupçon , méfiance ; il y a de véhémentes fpicions qu'il a fait le libelle qu’on lui attribue. La moindre /x/picion de partialité dans une affaire, doit nous.en écarter, par refpeét pour nous-mêmes & pour les autres. :C’eft Le carac= tere de laccufé qui afoiblit ou fortifie la Jufpicion. SUSSEX. , (Géog: mod.) province maritime d’Ans gleterre, dans la partie méridionale de ce royaume, avectitre de comté. Cette province nomméeancien. nement Surh-fex , a retenu le nom des Saxons méri- dionaux , dont le royaume comprenoit ce comté avec le province de Surreq. Le Suflex s'étend en —long du levant au couchant le long dé Océan, qui le borne au. midi & au fud-eft. Du côté du nord , äl fait face au comté de Southampton ; {a longueur eft de 64 milles, fa largeur de 20 milles ; & fon circuit de 58 milles. . al I'eft partagé en fix grands quartiers ,; que les habi- tans du pays appellent rapes ; favoir, Haflings ; Pe- venfey , Lewes , Bramber ; Atundel & Chichefter. Chaque quartier ou rape a une forêt , une riviere & un château , dont il a pris le nom, Hs fontfubdivifés en cinquante-deux hundreds ou centaines; compos fées de trois cens douzé églifes paroïffiales , dans lef quels {e trouvent dix-neuf villes ou bourgs à mar- ché, entre lefquels ikÿ en a neuf qui ont droit de députer au parlement; favoir, Chichefter » Capitale de la province , Horsham, Midhurft, Lewes, New. Shoreham , Bramber , Steyning , Ef-Grinfted & Arundel, | SE ul Il y en faut joindre quatre autres, qui font des 707 SUS places maritimes & des ports fameux, & qui avec _ quatre autres places du comté de Kent, font une efpece de-corps à part, & envorent enfemble feize députés au parlement, qu'on appelle par honneur les barons des cing ports. Les quatre places du comté de Suflex, {ont Hafüings, Winchelfey, la Rye &c Séa- ford. Les quatre autres de la province de Kent, font Douvre, Romney, Sandwich ëc Hyeth. Le terroir de cette province abonde en tout ce qui eft néceffaire à la vie. La mer fournit quantité de poiflon. Les Dunes rapportent du blé abondam- ment. Le milieu du pays eft tapiffé de champs, de rés & de riches pâturages. La partie la plus avan- cée au nord eft prefque toute couverte de bois, qui procurent l'avantage de pouvoir travailler le fer, dont on trouve-des mines dans ce comté. Enfin cette province eft féconde en hommes, qui ont rendu leurs noms célébres dans la poëfie, dans les mathématiques & dans les autres fciences. Je me hâte d’en citer quelques-uns de la lifte de M, Fuller, The Worthies , in Sufiex. Dorfes ( Thomas Sackville , comte de ) homme d’une naïflance illuftre, grand tréforier d’Angleter- se, fous la reine Elifabeth , & pour dire quelque chofe de plus, beau génie , & excellent poëte. Il na- quit dans le comté de Szf/ex en 1556, fit d’excellen- tes études à Oxford, à Cambridge & au temple. Après fes études, 1lvoyagea en France & en Ita- lie où ilfe perfeétionna dans les langues , lhiftoire & la politique. A‘fon retour en Angleterre, 1l prit pofleflion des grands biens que fon pere mort en 1566 lui avoit laiflé, dont il difipa en peu de tems a meilleure partie par la fplendeur avec laquelle il vivoit, ou plutôt-par fes magnifiques prodigalités. fl avoit à fon fervice les plus habiles muficiens de YEurope , & donnoit fouyent des fefüins à la reine êt aux miniftres étrangers, Diflingué par fa narffance &c par fes qualités , tant naturelles qu'acquifes , fa maïfon fut toujours fur un pié honorable ,. & confifta pendant vingt ans en plus de deux cens vingt’ perlonnes, fans compter les ou- vriers êt autres gens à gage ; en même tems 1l rece- voit , par fa noble façon de penfer, un tiers de moins derelrefque les autres feigneurs ; charitable envers les pauvres dans les années de difette, 1l difiribuoit du blé gratuitement à plufieurs paroïffes du comté de Suffex , & en tiroit aufli de fes greniers qu'il fai- Soit vendre au marché fort au-deflous du prix cou- gant. Il futicréé baron de Buckhurften 1567, &cbientôt après envoyé en ambafñlade vers Charles IX. roi de -France, pour des affaires importantes qui regar- -doient les deux royaumes. En 1589, 1l fut fait che- valier de l’ordre de la Jarretiere ; & en 1597 , chan- celier de luniverfiré d'Oxford. En 108, lareine Ehfabeth voyant que fes exhor- tfations &c les confeils de l’âge avoient modérée le cours des profufons dont une certaine grandeur :d’ame héréditaire à fa maïfon avoit été la principale caufe, le nomma grand tréforier d’ Angleterre. Alors -cette princefle en agit en maïtrefle judicieufe & in- dulgente, élle lui tendit la main pour qu'il püt ré- parer fa fortune , prouvant par-là qu’elle le regar- doit comme! un enfant qui avoit part à fes bonnes -gracés. Il mourut fubitement'd’apoplexie étant au confeil le:r9 d'Avril 1608, âgé de 62 ans. Le lord Sackville defcend de lui en ligne direéte. On a loué beaucoup l’éloquence du comte de Dor- fet, maisiencore davantage l’excellence de fa plume. On: dit que fes fecrétaires ne faifoient pas grande -chofe pour lin, lorfqu'ils’agifloit de drefler des pie- ces, parce-qu'il étoit fort délicat pour leftyle & le : choix des expreffons. Il avoit une maniere peu or- dinaire de dépêcher fes affaires, Son fecrétare de confiance, qui l’accompagnoit, prenoït par écrit les noms de ceux qui pourfuvoient quelque demande, & y joignoit la date dutems où 1ls s’adrefloient au grand tréforier pour la premiere fois, enforte que le nouveau-venu ne pouvoit pafler devant un autre plus ancien en date, à-moins que fon affaire partiçu- liere ne püt fouffrir aucun délai, ou qu'il ne füt queftion d’affaires d’etat preffantes. Entre fesouvrages poétiques, on doit mettre 1°. fon Ferrex 8 Porrex, fils de Gorboduc, roi de Bretagne, tragédie réimprimée à Londres en 1736 , 47-8°. 2°, le miroir des magiffrats , où lon prouve par des exemples avec quelle féverité le vice eft puni. Ala fuite de Pépître au lecteur vient l’irrrodutfion en vers de mylord Sackville. Cette irsroduition eft une def- cente dans les enfers , à limitation du Dante. Com- me c’eft un morceau très-rare & entierement incon- nu en France, nous en rapporterons quelques traits qui feront connoître par le pinceau du lord Sacke- ville les élémens de la poéfe pittorefque en Angle- terre, fous le regne d'Elifabeth. L'auteur commence par peindre la Triffeffe, dont la demeuré tenoit toute Penceinte du ténare, gi . « Son corps femblable à une tige brülée par lar- » deur du foleil étoit entierement flétri ; fon vifage » étoit défait & vieilli ; elle ne trouvoit de confola- »# tion que dans les sémifflemens. Telle qu'une glace » inondée de gouttes d’eau , ainfi fes joues tuifle- » lotent de larmes. Ses yeux gros de pleurs auroient » excité la compañlion des cœurs les plus durs, Elle » joignoit fouvent fes débiles mains, en jettant des » cris douloureux qui fe perdoient dans les airs. Les » plaintes qu’elle farloit en conduifant Pauteur aux » enfers étoient accompagnées de tant de fréquens » foupirs, que jamais objet fi pitoyable ne s’eft offert » à la vue des mortels. » À l'entrée de l’affreux féjour de Pluton étoit » aflisle fombrekRemords, fe maudiffant lui-même, 8 » ne ceffant de pouffer d’affreux fanglots. Il étoit dé- » voré de foucis rongeans, & fe confumoit en vain -» de peines & de regrets. Ses yeux inquiets rouloient » de côté & d’autre, comme fi les furies le pourfui- » voient de toutes parts. Son ame étoit perpétuelle » ment défolée de laccablant fouvenir des crimes » odieux qu'il avoit commis. Il lançoit fes regards, vers le ciel, & la terreur étoit gravée fur fon vifa- » ge. Il défiroit toujours la fin de fes tourmens , mais » tous fes defirs étoient infruétueux. » Auprès du Remords étoit la Frayeur have, pâle » & tremblante, courant à l’avanture d’un pas chan- » celant,, la parole embarraflée & le regard tout ef- » faré, Ses cheveux hériflés faifoient relever fa coëf- » fure. Epouvantée à la vue de fon ombre même, » on s’appercevoit qu'elle craignoit mille dangers » imaginaires. » La cruelle Vengeance grinçoit les dents de co » lere, méditant les moyens d’affouvir fa rage, &t de » faire périr fon ennemfavant que de prendre aucun » repos, | » La Mifere fe faifoit aufi remarquer par fon vifa- » ge décharné , par fon corps , fur lequel il ny avoit » que quelques lambeaux pendans , & par fes bras » confumés jufqu’aux os. Elle tenoït un bâton à la » main, &portoit la beface fur l'épaule ; c’étoit fa » feule couverture dans les rigueurs de l’hiver. Elle » fe nourrifloit de fruits fauvages , amers ou pourris ÿ -» L'eau des rüifleaux fangeux lui fervoit de boiffon, » le creux de la main de coupe, &la terre froide de n ht, Æ 1961 » Le Souci, qu’on reconnoïfloit diftinétement par » fes agitations , faifoit fur l'ame un autre genre de :» pitié. Ilavoit les doigts noués êc chargés de rides. » À peine l'aurore at-elle entrouvert nos yeux par » les premiers rayons de la lumiere, qu’il eft debout, » Où plutôt fes paupieres defléchées ne fe ferricnt » jamais. La huit a beau faire difparoîtte lé jour & » répandre fes voiles fombres, il prolonge fa tâche #» à la faveur d’une lumiere artificielle, ; » Îl adnuroit d’un œil inquiet le Sommet] immo: # bile, étendu par terre, refpirant profondément, ” également infenfible aux difgraces de ceux que » maltraite la fortune , & à la profpérité de ceux qu’elle éleve, C’eft lui qui donné le repos au corps, » ledélaflementaulabôureur, la paix &c latranquillité » alame.lleft le Compagnonde la nuit, &cfait la meil- # letrepartiede notre vie fur laterre. Quelquefois il » nousrappellele pañlé par des fonges,nous annonce » les événemens prochains, & plus fouvent encore » ceux qui ne feront jamais. | » À la porte de la Mors étoit fon meffager, vieil- » lard décrépit, courbé fous le poids des années , » fans dents, & prefque aveugle, I maréhoit fur » trois piés, & fe trainoit quelquefois fur quatre. » À chaque pas qu'il faifoït, on entendoit Le clique- » tis de fes os defléchés. La tête chauve , le corps » décharné , il heurtoit de fon poing fec à la porte » de la Mors, hâletant, touflant , & ne refpirant > quavecpeine, . #1 » Aux côtés du vieillard étoit la pâle Maladie ac- » Cablée dansun lit, fans pouls, fans voix, fans goût » étrendant une haleine infeéte, objet d'horreur à # ceux qui la regardent. k _ » Un fpettacle non moins déplorable s’offroit » près d'elle; c’étoit la Fzmire qui, jettant d’affreux »_ regards, demandoit de la nourriture, comme étant 5 prête à expirer, Sa force eft fi grande, que Les mu- # ralles même ne fauroient lui réfifter. Ses ongles h crochus arrachent & déchirent tout ce du fe # préfente ; elle fe dévore elle-même ,ongeant fa #. catcaile hideufe, dont on peut compter les os, » les nerfs &c les veines. Tandis que le poëte avoit » dur elle les yeux fixés & mouillés de larmes de # fang à la vue d’un pareil objet, elle jette tout-d’un- ,# coup un cri dont l'enfer même retentit, On vit à # Vinftant un dard enfoncé au milieu de fa poitrine, # 8€ ce dard venoiït ouvrirun paflage à fa vie. # Enfin parut la Mors elle-même, divinité terni- # ble qui , la faulx à la main , moiflonne indiftine- # ment tout ce qui refpire fur laterre , fans que les # pricres, les lätmes, la beauté , le mérite, la gran- # deur, la puiflance, les royaumes , les empires, s les forces réunies des mortels & des dieux puif- # fent fouftraire perfonne à fon pouvoir irréfiftible. » Tout eft contraint de fubir fes lois inexorables », | Kidder (Richard), favant évêque de Bath & Wells, haquit en 1649, & publia plufieurs ouvrages théo- logiques. Tl fut tué dans fon lit à Wells avec fa fem- me, par la chüte d’une rangée de cheminée que ren: verfa fur fa maïfon la violente tempête du 26 No- vembre 1703. On a fait plufieurs éditions de fonlivre intitulé , /es devoirs de la jeuneffe. Sa démonjtration du Meffie parut à Londres en 1684, 1699 & 1700, en trois volumes 27-80, Son commentaire fur les cinq li- Vres de Moïfe , avec une d/ffertation fur l’auteur du Pentateuque | a été imprimé à Londres en 1694, deux volumes 27.8, L 1 May ( Thomas), poëte & hiftorien , naquit fous le regne de la reine Elifabeth , & mourut fubitement dans une nuit de l’année 1652, Il a donné 1°, din pieces de théâtre. 2°, Un poéme fur le roi Edouard HT. imprimé à Londres en 1635 , 47-8°. Ce poëme commence anfi: « Je chante les hauts faits du troi- » fieme & du plus #rand des Edouards , qui , par fes # exploits , éleva tant de trophées dans la France # vVaincue, S’orna le premier de fes fleurs de lis, & # porta fes armes viétorieufes jufqu'au rivage occi: » dental, Où le Tage roulant fur un fable d’or, fe # précipite dans l'Océan », 3°, Une traduction ef 5 \ L SUS 70 Vers änplois, de la Pharfalé de Lucain, itibiimée à Londres en 1630, :#8°, 4°, Hiftoire du parletieñt d'Angleterre de l’année 1640 , Londres 1645 ; imfoh I dit dans la préface de cette hiftoire : Qzod pluré de pétriæ defénforum , quam de partis adverle rebis geffis expofuerim , mirèm non ef? , guonièm plis Jamie liarisatis mihi cum rpfis , & major indagändi oprériis hitas fuit. SE pars adver[a idem tali probitate cdiderir pofleritas omnia gefla magno cèm fruëtu , cognofcer. Otvay (Thomas), fameux tragique anglois, iaa Quit en 1651 ; il qutta l'univérfité fans y avoir pris aucun degré, & vint à Londres , où il cultiva la poé- fie, & même monta quelquefois fur le théâtre, cé qui lui valut les bonnes graces du comte de Plimouths un des fils naturels de Charles IL En 1677 , il pañla en Flandres en qualité dé cornette dans Les troupes angloifes ; maïs 1l en revint en pauvre équipage JE fe remit de nouveau à la poéfie , & à écrire pour lé théâtre, Il finit fes jours en 168$ à la fleur de fon âve , n'ayant qué 34 ans Quoique royalifte ouverts & dans la plus grande mifere , il n’obtint jamais de Charles IT. Le moindre fecours, & fe vit réduit par un fort fingulier , à mourir littéralement de faim. M. Addifon obferve , qu’Otway a fiivi la nature dans le ftyle de la tragédie, & qu'il brille dans lex: prefion naturelle des pañlions, talent qui ne s’aca quert point par le travail ni par l'étude ; mais ave lequelil faut être né ; e’eft en cela que confifte l& plus grande beauté de l’art ; il eft vrai que quoique ce poëte ait admirablement réufi dans la partie tens dre 8 touchante de festragédies, il y aquelque chofe de trop familier dans les endroits qui aüroïent dû être foutenus par la dignité de l’expreflion, Ses deux meil: leures pièces font Werife fauvée ; où la conjuration. découverte, & l'Orpheline, ou le malheureux maria- ge ; c’eft dommage que cet auteur ait fondé fa tragé- die de Vexif? fauvée fur une intrigue fi vicieufe, que les plus grands caraëteres qu’on ÿ trouve, font ceux de rébelles & detraitres. Si le héros de cette piece eût fait paroître autant de belles qualités pour la dé fenfe dé fon pays, qu'il en montre pour fa ruine , les leéteurs n’auroïent pu trop l’admirer, ni être trop touchés de fon fort; Mais à le confiderer tel qué Pauteur nous le dépeint, tout ce qu’on en peut dire, c’eft ce que Salufte dit de Catilina , que fà mort au toit été glorieufe, s’il eût péri pour le fervice de fa paitie : ? pro patrié [ic concidiffer, Li Sa tragédie l'Orpheline, quoique toute five , peint la paflion au naturel, & telle qu’elle a fon liege dañis le cœur. Mademoifelle Bariy, fameufe aîrice, avoit coutume de dire, qu’en jouant lé rôle de Monimé dans cette piece, elle ne prononçoit jamais fans ver< {er des larmes, ces trois mots, La / pauvre Caffalio ? qui par leur fimplicité font un effet d’un pathétique fublime. | TER Pell (Jean ), mathématicien du xvi]. fiecle, naqitf en 1611. I] fut nommé profefleur en mathématiques à Amfterdam , & en 1646 à Breda ; en 1654 Croms Vel] alors proteéteur , l’envoya pour réfider auprès des canrons proteftans, Il revint à Londres en 1 658, prit la prêtrife, & fut nommé un des chapelains do- meftiques de l’archevêque de Cantorbery. IL mou: tut en 1685. Il a publié quelques livres de mathé- matiques , & entrautres ; 1. celui qui eft intitulés de verd circuli menfuré ; 2:-table de dix mille nom: bres quarrés; favoir , de tous les nombres quarréss entre o & cent millions, de leurs côtés & de leurs racines. Londres 1672 ; :2-fol, . Sadler (Jean), naquit en 161$, & mourut en 1674, San ouvrage intitulé Zes droirs du royaume , parut en 1646, in-4°. dans le tems que l’auteur étoit fecré- taire dé la ville de Londres: Cet ouvrage fut fort efs timé dahs ce tems- là, &c ne l’a pas été moins de= Puis: 794 SUES Olivier Cromwel faifoit grand cas de M. Sadlerd, &c lui offrit par une lettre du 31 Décembre 1640 la ‘place de premier juge de Mounfter en Irlande, avec mille livres fterling d’appointemens ; mais il s’ex- -cufa de Paccepter. Voici le précis de la lettre de Cromwell , qui peint fon carattere , fa conduite , &c on attention à nommer Les meilleurs fujets à toutes les places du gouvernement , 8 à les nommer avec des graces irréfiftibles. Il n’étoit pas pofhble qu'un ‘homme de cette vigilance & de cette habileté ne vint à triompher au-dedans & au-dehors. Lifons fa lettre ‘à Sadler. » Vous propofer, monfeur, à l’improvifte une charge importante, c’eft peut-être s’expofer àvous prévenir de maniere à vous empêcher d'y penfer du tout, ou à prendre le parti de la nécative, quand 1l s'agira de vous déterminer. Nous avons mure- ment réfléchi à ce que nous vous offrons, comme vous vous en appercevrez parles raifons dont nous # appuyons notre demande, & nous vous l’offrons » de bon cœur, fouhaitant que ce foit Dieu, & non pas vous qui nous réponde. » Que Dieu nous ait vifiblement affifté dans les »# grandes révolutions arrivées depuis peu parmi nous, c’eft une chofe que tous les gens de bien # fentent, & dont ils lui rendent graces, perfuadés > qu'il a de plus grandes vues encore : & que com- » me il a manifefté, partout ce qui s’eft pafle , fa {é- » vérite & fa juftice , il viendra auf un tems , où # 1l fera éclater fa grace & fa miféricorde. » Quant à nous, dont il s’eft fervi comme d'inf- # trumentpour cette œuvre, Ce qui caufe notre joie, » c'eft que nous fafons l’œuvre de notre maitre; # qu'il nous honore de fa proteftion; & que nous # vivons dans Pefpérance qu'il ramenera la paix, & > qu'il nous introduira dans le royaume glorieux &c » pacifique qu'il a promis. » Si cette efpérance nous confole , nous ne fom- # mes pas moins réjouis de voir que les affaires pren- » nent un tour qui donne heu de croire que l’éter- s# nel a deflein de faire fentir à cette pauvre île les # effets de fa miféricorde. Nous ne pouvons donc 3 nous difpenfer de faire tout ce qui dépend de nous, 5 (en qualité de foible inftrument) , pour répondre >» aux vues de Dieu, quand l’occafon s’en pré- # fente. » On avoit coutume d’avoir dans la province de >» Mounfter un premier juge, qui, conjointement » avec quelques affefleurs , décidoit des affaires ; #» c’eft cet emploi que je vous prie d'accepter. Com- > me je crois que rien ne vous conviendra mieux » que d'avoir des appointèmens fixes, J'ofe vous » promettre mille hwres fterlino par an,payabiestous # Îes fix mois. Jignore jufqu’où vous resarderez cet # emploi comme une vocation ; ce dont je {uis für, ». c’eft que je n’ai jamais rien fait avec plus, de plar- » fir. Informez-moi cependant le plutôt que vous >» pourrez de votre réfolution. Je mé recommande # à vosprieres, & fuis votre affettionné ami & fer- » viteur. F M Ov æ n..: h 4 v O. CROMWELL, Corke, le 31 Décembre 1649: Selders (Jean) eft regardé des étrangers pour un des favans hommes de l’Europe ; maïs ils ignorent en général la gloire qu’il s’eft acquife dans fon pays, en qualité de membre du parlement , & le rôle qu'il ÿ'a joué , fans pour cela difcontinuer la culture des lettres, & fans que les traverfes qu'il effluya en dé- féndant les droits de la nation , aient eu le pouvoir d’ébranler la force defon ame, Il avoit pris pour fa æevife ces mots grecs, 7 FaAVTUS TV eneuñepiar , la diberté fur toutes chofes. l un. “Tnaquit en 1584, étudia à Oxford, s’y diffingua, & fe fit bientôt une grande réputation par les écrits au’il mit au jour , confécutivement fur divers fujets. En 1625 le roi Jacques [. mécontent du parlement, fitarrêter Selden , avec quelques-uns des membres dela chambre des communes. En 1625 , il fut élu député au premier parlement qui fe tint fous Char- les [. & alors il fe déclara nettement contre le duc de Buckingham. Il s’oppofa encore fort vivement au parti de la cour en 1627 & 1628. » Jene prens pas la parole, dit-il, dans les dé- » bats qu'il y eut touchant la liberté des fujets ; je » neprens pas la parole pour alléguer des raons » fur ce point , le plus important qu’on ait jamais » agité. Cette liberté, qui eft reconnue, je me flatte » de tout le monde, auffi bien que des jurifconful- » tes, a été violée, non fans qu’on fe foit plaint; » mais je ne crois pas, que jamais on en ait lépitimé » la violation, finon en dernier lieu. Le privilese » du habeas corpus a été réclamé ; la caufe a été rap= » Ne par ordre du roi; fignification s’eft faite de » la part du confeil. On a plaidé, on a allègue fept » attes parlementaires : tout cela n’a fervi de rien; » Pautorité feule a agi, on a décidé, que quiconque » _eft emprifonné par ordre du roi ou du confeil, ne » peut être élargi. Pai toujours vu que dans les af- » faires graves, on a coutume d’alléguer publique- » ment les ratfons qu’on a d’agir : il s’agit ici d’une » affaire où fa ue &c {on confeil font intéreflés. » Je defire feulement que quelques-uns du confeil » nous inftruifent de ce qui peut fonder un pouvoit » fi étendu ». L'an 1629 Selden fe fignala de nouveau contre la cour, lorfqu'on agita dans la chambre-bañle de Vot- ter, fi la faifie des effets des membres du parlement par les oMciers de la douane, n’étoit pas une wrola- tion de leurs privileses? L’orateur refufa de propo= fer la queftion , en conféquence de la défenfe du roi Selden hu dit: «1left étonnant, M: l’orateur , que » vous n’ofiez faire une propoñtion lorfque la cham- » bre vous lordonne. Ceux qui vous fuccéderont, ». pourront ainfi déclarer dans tous les cas , qu'ils » ont ordre du roi de ne point faireune propoñtion; ». mais fachez, monfeur, que ce n’eft point là rem- » plir votre charge; nous fommes aflemblés ici pour » le bien public par ordre du roi, & fous le grand, » fceau ; & c’eft le roi lui-même, qui, féant fur fon »,trone, &c en préfence des deux chambres , vous a: » nommé notre Orateur». — Le roi ayant diflout le parlement, Selden fut ara rêté , & emprifonné dans la prifon du banc du roi, où il courut rifque de la vie, à caufe de la pefte qui regnoit dans le quartier, Il recouvra la hberté quel- que tems apres; &c le parlement lui donna cinq mille livres fterling pour le dédommager des pertes qu'ik avoit faites dans cette occañon. de En 1630, il iut encore emprifonné avec quelques feioneurs, ayant été accufé d’avoir répandu un Li belle intitulé propo/itions pour le fervice du roi , de bri= der l’impertinence des parlemens.. La naïflance de Char les, prince de Galles, engagea le roi à ordonner qu’: on mit Selden , & les autres prifonniers , en li berte. UE En.1634, il furvint une querelle entre l’Angle- terre & la Hollande, pour la pêche du hareng fur les côtes de la grande-Bretangne ; Grotius ayant publié en faveur des Hollandois fon are liberum, Selden lu répondit par fon mare claufuin , feu de dominia-mraris, libri duo, Londres 1636, 17-8°, Cet.ouvrage le nut fi bien avec la cour, qu'il ne tint qu'à lui de s’élevet aux premiers emplois, mais 1] leur préfera le platir dé s'appliquer tout entier à l'étude. Leroilui-même ayant rélolut d'Ôter les fceaux à M. Littleton , eut quelqu’envie de les donner à Selden ; mais les lords Claredon & Falkland déclarerent à fa paf qu AS gi ep EG, << Pa elden Selden refuferoit ce pofte. Il accepta feulement la garde des archives de la tour, que le parlement lui confia ; & quelque tems après, il fut mis du nombre des douze commiflaires établis pour l’adminiftration de lamirauté. e En 1654, fa fanté s’affoiblit au commencement de cette année , & il mourut le 16 Décembre fuivant. Ses exécuteurs teftamentaires fe défaifirent généreu- fement de fa bibliotheque, pour en faire préfent à Puniverfité d'Oxfort. Le doéteur Burnet dit que cette bibliotheque étoit eftimée quelque mille livres fter- Ling, &c qu'on la regardoit comme une des plus cu- rieufes de l’Europe. | Tous les ouvrages de Selden ; ont été recueillis par le doéteur David Wilkins, en trois volumes #7-fo/io, à Londres en 1726. Les deux premiers volumes con- tiennent les ouvrages latins, & le troifieme les an- glois. L'éditeur à mis à la tête une vie fort étendue de Selden, & a ajouté à fon édition quelques autres pieces du même auteur qui n’avoient pas encore pa- tu, entre autrés des lettres, des poéfes , 6rc. Il eft afez furprenant , que l'éditeur n’ait point in: féré dans fa colle&ion l'ouvrage intitulé, recherches hifloriques & politiques fur les lois d'Angleterre, de- puis les premiers tems jufqu’au regne de la reine Eli- fabeth. Cet ouvrage eft de Selden ,'& a éte publié fous fon nom à Londres en 1739 , :7-fol, quatrieme édition. Le but principal eft de prouver par des dé- duétions hiforiques, que les rois d'Angleterre n’ont jamais ête revêtus d’un pouvoir arbitraire. Ce livre fut imprimé pour la premiere fois 27-4°, l'an 1640, peu de tems après la mort de CharlesT. Le favoir de Selden eft connu de tout le monde. Le doéteur Hicker obferve néanmoins,qu’il ne pofé- doit pas à fond l’anglo-faxon. Son érudition étoit peu commune, toujours variée, & pleine d’obfervations utiles ; mais 1l manque à fes ouvrages a méthode & la clarté du ftyle. Ses analela anglo-britannica ne font pas connoitre , autant qu’on le defireroit, la religion &z le gouvernement des Saxons , ni les révolutions arrivées parmi eux. Son fameuxtraité de dis Siriis, a trois grands dé- fauts, qui lui font communs avec la plupart de ceux qui ont écrit fur l’idolâtrie des peuples orientaux. 1°. Le peu de choix des citations ; 2°, c’eft que dans cenombre, la plüpart de ceux qui ont écrit des dieux de l'Orient, confondent perpétuellement les dieux des Grecs avec ceux des peuples barbares ; 3°. l’ex- plication allésorique des fables , que Selden n’a pas toujours évitée. Son hifloire des dimes choqua extrèmement le cler- gé, &t fut attaquée de toutes parts. Le but de cet ou- vrage eft de prouver que les dimes ne font pas de droit divin , quoique l’auteur ne veuille pas en con- tefter aux eccléfaftiques la poféffion qui eft fondée fur les lois du pays. , Ses travaux fur les marbres d’Arurdel, lui ont fait beaucoup d’honneur , & nous ont valu les belles édi- tions de Prideaux, en 1676, :2-fo1, & de Mattaire, en 1732. Ses titres d'honneur ont été réimprimés trois ou quatre fois féparément. Nicholfon dit, que pour ce qui regarde la haute & petite noblefle d'Angleterre, elle doit avouer aw’il faut lire cet ouvrage pour ac- quérir une idée générale de tous les différens degrés de diffinétion , depuis celui d’empereur , jufqu’à ce- lui de gentilhomme campagnard. Sonare claufum eftextrèmement loué par les An- gloïs ; quifoutiennent conftamment que l’auteur a démontré contre Grotius par les'anciens monumens biftoriques; lempiredes Anglois fur les quatre mers, & que les François, les Flamands & les Hollandois * n’ont aucun droit d'y pêcher fans leur permifion; mais Grotius à pour lu le fuffrage des étrangers. Tome XF, . | s Ù T F0 Quoi qu'il en foit , la nation angloife eflima fi foft ouvrage de Selden, que ce livre , par ordre exprès du roi & du confeil, fut remis publiquement aux bas rons de l’Echiquier , pour être dépoté dans les archi: ves, comme une piece ineftimable , parmi celles qui regardent les droits de la couronne, | | … Son ffeta, feu commentarins Juris anglicani ; parut à Londres, 2n-4°. &c c’eft un monument de prix pour la nation. On en a donné une feconde édition en 1685, dans laquelle on auroit dû corriger les fautes que Selden lui-même avoit indiquées. Le livre de jure naturali, 6 gentium , a reçu de grandes louanges de Puffendorf ; mais meflieurs lé Clerc & Barbeyra , penfent différemment, Le pre- mier lui reproche fes principes rabbiniques , bâtis fur une fuppofition incertaine de la tradition judai- que. Le fecond ajoute que Selden fe contente de:ci- ter Les décifions des rabbins, fans fe donner la peine d'examiner fi elles font juftes ou non, [left cer- tain que dans un ouvrage de cette nature, 1l fals loit dériver {es principes des pures lumieres de la raifon, &t non pas uniquement des préceptes donnés à Noé, dont le nombre eft fort incertain , & quine font fondés que fur une tradition douteufe, Enfin , dans cet ouvrage de Selden 1l regne beaucoup de de- {ordre , &c fur-tout lobicurité , qu’on remarque en général dans fes écrits. ( Le chevalier DE JAu- COURT.) SUSTENTATION , £. £ (Gram.) aliment, hour: riture en quantité fuffifante à l'entretien de la vie. Il faut manger pour la fuftentarion du corps & des for- ces. On dit auf /#/fenter ; le pain fwffente beaucoup: ce prélat a fuftenté en grain , en riz, tous les pauvres de fon diocète pendant les années pañlées. Au feu: ré, la leêture de l’Ecriture fainte eft plus propre qu'aucune autre à /uffenter Vame. Je ne fais fion ne dit pas mieux fubflenter, que fuftenter. SUSTEREN , ( Géog. mod.) petite ville, aujour- d’hui bourg d'Allemagne dansle cercle de Veftphalie, au duché de Juliers, à lorient de Mafeyck, fur le ruifleau de Zafel. (D. J.) SUSUDAT A, (Géog. anc.) ville de la Germanie, felon Ptolomée, Z. II.'c. x. Il y en a qui veulent que ce foït aujourd’hui Wi/nach, dans la marche de Bran- deboure. (D.J.) SUTERA , (Géog. mod.) petite ville de Sicile dans le val de Mazzara, entre Fiume de Platani & Fiume Salfo..C’eft à-peu-près l’endroit où {e trouve l’ancien- ne Petrina, (D. J.) SUTHER£LAND, (Géogr. mod.) province mariri- me d’Ecofle, au nord du comté de Sofs. Elle eft bor- née à lorient parlamer d'Allemagne, au midi par le Taïne, &c la riviere d'Okell qui la féparent de la pro- vince de Rofs; à l'occident par la feisneurie d’Affint; au nord par la province de Strath-Navern, & au nord-eftpar celle de Caithnefs. Sa longueur eft d’en- viron 40 mil. êc fa plus grande largeur de 20. Lesplus remarquables des rivieres qui l’arrofent font le Shin, lUns, le Brora & l’'Ully , qu'on appelle autrement Helmfdail. Cette province eft toute montueufe, & entrecoupée de trois grandes forêts remplies de bé- tes fauvages, & d’oifeaux des bois de diverfes efpe- ces. Le plus confidérable des lacs du pays eff le lac de Shin : il eft comme tous les autres fécond en poif: fon. L’orge de cette province eft le meilleur qui croïfle dans les pays du nord. Ontire du Sxrherland de très-bon fer des mines. Les anciens comtes de cette province étoient de lammaifon de Murray ; au- jourd'hw-cette feigneurie eft tombée dans la maïfon des Gordons, dont le chef de la branche aînée prend le titre de duc de Gordon, (D.J.) | SUTHWELL, (Géog. mod.)boutg à marché d’ Ans gleterre , dans le Nottingham-Shire fut la Trent, VVvy _ » à à 2 706 SL CS SUTRI, (Géogr. mod.) en latin Susrium ; petite ville d'Italie dans l'état de l’'Eglife, au patrimoine de S. Pierre, fur le Pozzuolo , à ro lieues au nord-oùeft de Rome. Il s’y tint un concile en 1046. Elle fut érigée en évêché au cinquieme fecle par le pape S. Hilaire; mais fon état miférable a fait réunir cet évé- ché à celui de Népi Long. 30. 5. lanit. 42, 10. DT s SUTRIUM, (Géog. anc.) ville d'Italie dans l’'Etru- rie. Cette ville étoit autrefois célebre &t une ancien- ne colonié romaine, felon Tite-Live Z. LX, c, xxx1y. La colonie y avoit été conduite fept ans après que les Gaulois eurent pris la ville de Rome, comme nous lPapprend Velléius Paterculus, Z. I. c, xiv. Au- gufte laugmenta, ce qui fait que dans une infcrip- tion rapportée par Gruter, pag. 302. n. 1. elle eft appellée colonia Julia Sutria. Pline, Z. III. c. y. la connoït fous le nom de co/onia Sutrina, & nomme fes habitans Szrrini. L'itinéraire d’Antonin qui la mar- que fur la voie Claudienne, la met fur la route de Luques à Rome, entre Forum Caffii & Baccane, à : onze milles du premier de ces lieux , & à douze mile les du fecond. Cette ville conferve fon ancien nom. On la nomme préfentement Sur. (D. J.) SUTURE, f. f. en Anatomie, eft une connexion ou d'articulation particuliere de certains os dans le corps animalÿ ainfi nommée parce qu’elle reflemble àune couture. Voyez ARTICULATION. Il y a deux fortes de furures , lune appellée yrace, lorfque les os font dentelés commeunefcie, & reçus mutuellement les uns dans les autres. L’autre appellée fauffe ou écailleufe, lorfque les os avancent l’un fur l’autre comme les écailles de poif- fon, Voyez ÉCAILLEUSE. … Les os du crâne font ordinairement joints enfem- ble par trois Jurures vraies; favoir la coronale, qui va d’une tempe à Pautre. Voyez nos Planches Anar. & l’article CORONAL. La fagirrale qui unit les os pa- niétaux. Voyez l'article SAGITTALE. Et la larbdoïde , ainfi nommée parce qu’elle reffemble au lambda grec A. Voyez LAMBDOIiDE. Outre ces trois futures il ÿ en a une quatrieme, qui eft faufle ou écailleufe, & que l’on fuppofe faufle- ment n'être pas dentelée. Elle joint les os des tempes à l'os fphénoïde , à l’occipital, &c. & on l'appelle auffi future iemporale, Voyez nos PI, Anar. ÉCAIL- LEUSE, Les Naturaliftes difent qu’en Perfe on trouve fou- vent des gens qui ont le crâne compofé d’un feul os, fans aucune /äure, & {ans qu’on voye réfulter de-là aucun inconvénient, M. Fléchier, dans {a We du car- dinal Ximenès, rapporte aufñi la même chofe de ce cardinal. Il femble néanmoins que ce défaut de /zru- res devroit avoir de fâcheufes fuites, comme de ren- dre la tranfpiration fort imparfaite, & de caufer: par- là des pefanteurs de têtes &r des vertiges. Foyez (CRA- NE. La juture fphénoidale , eft uné furure ainf appéllée parce qu’elle environne l'os fphénoiïde qu’elle fépa- re du coronal, de los des temmpes & de l’occipital. Voyez SUTURE, CRANE, SPHÉNOIDE, Gc. - SUTURE DU CRANE, (Phyfiolog.) on nomme /4- sure du crâne, l'articulation ou la jonétion de fes os énfemble. Selon le fyflème des anciens, toutes l'es futures du crâne fe divifent en fitures vraies ou deri- télées, êc en futures faufles ou écaïlleufes; nous al- Jons parler phyfiologiquement des unes &c des autres én général. Véfale, & après lui des Anatomiftes de grande ré- putation, comme Fallope, Spisel, &c, prétendent qu’en examinant la calotte du crâne humain, on ne remarque fur fa face concave, à lendroït des fxures , que des liônes plus ou moins régulieres, au lieu qu'à fa face convexe les dentelures, comme tout le SUT monde fait, y font très-fenfibles. On peut encore expofer cette remarque d’une autre façon, en difant œue les dents qui uniffent les os coronal, pariétaux êt occipital entre eux, ne fe trouvent qu’à la table interne & au diploé, & qu'il n’y a point de dentelure à la table interne de ces os. ) M. Hunauld prévenu en faveur d’une obfervation qui vient de fi bonne part, & qu'il avoit lui-même vérifiée plufeurs fois, fut fort étonné d’y trouver par la fuite des exceptions. Il voulut s’aflurer en exa- minant quantité de cränes, fi ces exceptions n’étoient point un jeu de la nature; & voici ce qu'il a décou- veït. | Les crânes qu’on étudie le plus, & dont on fépare les os pour là démonfiration , font aflez fouvent des crânes de fujets morts après avoit pañlé l’âge de la jeunefle, On ne trouve point pour l'ordinaire de dents à la table interne de ces cränes ; & plus les fu= jets font avancés en âge, & plus l’union des os en-' dedans de la calotte du érâne , paroït en forme de li gnes; ces lignes même s’effacent entierement dans la vieilleffe. Au contraire dans Le bas âge, il y a des dents à la table interne de la calotte du crâne, &les Jutures paroïflent à fa furface concave. Ces dents & ces futures y font d'autant plus apparentes que les fu- jets font plus jeunes. Voilà une variété bien certai- ne, bien conftante , & qui fait porter à faux l’obfer- vation de Véfale, &z d’autres célebres anatomiftes. C’eft de cette variété dont M. Hunauld a tâché de développer les caufes ; & c’eft ce'qu'il a fait avec beaucoup d’efprit. Une voûte, dit-il, a plus d’étendue à fa furface convexe qu'à fa furface concave, & plus une voûte eft épaifle, & plus fa furfäce interne eft petite par rappoft à l’externe. Cette différence d’étendue fait que les pieces qui compofentune voñûte doivent être taillées obliquement , pour être appliquées les unes à côté des autres. S1 l’on fuppofe que les pieces d’u- ne voûte faflent également effort pour s’augmenter fuivant toutes leurs dimenfons, la preffion de ces pieces les unes contre les autres fera plus forte vers la furface concave, que vers la furface convexe, Ces idées fimples appliquées à ce qi fe pafle dans augmentation du crâne, femblent fournir la raifoni de l’efacement des Jrures internes du crâne à un certain âge. Dans l’enfance,le coronal,les pariétaux, & l’occipi- tal,commencent peu-à-peu à s’ajufter enfemble par le moyendes dents, & des échancrures qui fe trouvent à leurs bords.Ces os fontalorstrès:minces,& les dents qui fe trouvent gravées dans toute leur épaifleur, font aufli longues à la table interne qu’à l’externe ; ainfi les fusures coronale, fagitale | & lambdoïde, paroiflent à la furface convexe de la calote du crâne, de même qu’à la furface convexe ; mais enfuite les chofes changent : les os du crâne fe preflent mutuel- lement les uns & les autres, à mefure que leur éten- due augmente : comme en même-tems leur épaifeur devient plus confidérable, il faut néceflairement que les dents aient moins de longueur à la table interne qu’à l’extérne , & il faut que la pointe de ces mêmes dents foit taillée obliquement , car la calote du crâne ainfi qu'une voûte, a moins d’étendue à fa furface concave , qu'à fa furface convexe ; ainfi les bords des os qui la compofent , pour pouvoir s'appliquer à côté les uns des autres, doivent être taïllés obli- quement. - A mefure que l’épaifleur du crâne augmente, fes dents deviennent de plus en plus moins longues à la table interne qu’à l’externe ; cette inégalité de lon- gueut fait que les échancrures, qui ne font que les interftices des dents, ont auffi moins d’étendue à la furface concave du crâne, qu’à la furface convexe; par conféquent fi Pon regarde le dedans de la calote ducrâne, quandil commence à acquérir une certaï- ne épañleur , les Jaures y doivent paroïtre moins confidérables qu’à fa furface externe. Voilà donc déja les dents moing longues, & les échancrures moins profondes à la table interne qu’à l’externe ; maisil faut encore quelque chofe de plus, car avec l’âge Les échancrures fe rempliflent entiere- ment à la table interne , & les dents y difparoifent entierement. Lorfque les os de la calote du crâne commencent à fe prefler réciproquement, par l’augmentation de leur étendue , la partie de la pointe des dents, qui appartient à la table interne, preflée contre les échan- crues de l'os eppofé, trouve moins de réfiftance vers la fubftance {pongieufe du diploë, que contre la table interne des échancrures où ces dents font engagées ; cette partie de la pointe des dents qui ap- partient à la table interne , fe dirigera donc vers le diploë : le peu d’épaifleur de la table interne rend cette détermination facile ; la table interne de la dent, en fe portant ainf vers Le diploë, forme un talus, ë perd le niveau du dedans du crâne ; mais la table interne du fond de l’échancrure , en profite bientôt, en s’avançant fur le talus de la dent oppofée , & elle S'y avance d'autant plus, que les os faifant plus d’ef- fort les uns contre les autres vers leur furface con- cave qu'ailleurs, y font plus difpofés à s’éténdre vers les endroïts où il fe trouve une diminution de ré- fiffance. | Voilà donc en même tems deux nouvelles caufes qui contribuent à effacer les fusvres du dedans de la calote du crâne, 1°. Toute la pointe dés dents qui fe releve vers le diploë, cefle de paroître en dedans du crâne. 2°. La table interne qui s’avance du fond de chaque échancrure , diminue la longueur des dents du côté de leur racine , ainfi par ce double moyen , peu-ä-peu & avec le tems, les dents fe trouvent effacées au-dedans du crâne, iln’y paroït plus de - gure, & lumion des os ne fe fait appercevoir que par des lignes. | Les dents qui compofent les fäures, ne font pas toutes de la même longueur : les petites dents qui ne fontféparées que par de petites échancrures, dif- paroïffent les premieres ; plufieurs dents d’une lon- gueur inégale, placées à côté les unes des auttes ; {e confondent , & n’en font plus qu’une d’une largeur confdérable , lorfque les interftices qui les féparent, font remplis. Il fe trouve encore des dents beaucoup plus longues que les autres : celles-ci difparoïffent plus tard, ou ne difparoiflent même jamais entiere- ment. Toutes ces inégalités donnent à l’union des os en dedans du crâne, la figure de lignes itrégu- _lieres. 3 Lors donc qu’il ne paroïtpoint de dents à la furfa- ce concave du crâne , cela ne fe fait pas, pour empêcher, comme on le ditordinairement , que la _dure-mere ne foit blefiée dans les cas de fraure , OU _d’enfoncement à l’endroit des Jutures ; mais c’eft par une fuite néceflaire de la conformation des os du crÀ- ne, êc de fa figure. C’en eftaflez pour ce quiconcerne les furures vraies ou dentelées : la différence qui fe trouve entre elles, & les futures faufles ou écailleufes , montre que leurs ufages doivent être différens. Dans l’une , lesos s’u- milent par le moyen desavances & des enfoncemens qui font à leurs bords: dans l’autre le bord d’un os eft appliqué fur le bord d’un autre os, & pour s’a- jufter ainfi , ils font tous les deux taillés en bizeau. Prefque tous les anatomiftes ont ou propoférdes rai- {ons de icette différence, ou ont adopté quelques- unes des raifons qu’on avoit propofées avant eux; ce- pendant en les examinant toutes , il paroit qu’on.n’en a point encore trouvé de fufffantes., à exception ge celle que propofe: M, Hunauld 3 dans les:mèmes Tome XV, = Lui jus SUT 707 mémoires de Pacad.des Sciences, an, 1730. (2.7.3 SUTURE , sermede Chirurgie, couture que l’on fait aux plaies , pouren tenir les levres approchées,, afin que le fuc nourricier puiffe les réunir, 7: 0yeg PLATES. Les fasures ne font pas le feul moyen que la chirur- oie emploie pour maintenir lesbords d’une plaie dans le contaët mutuel qui eft néceflaire pour leur confoli dation. Voyez RÉUNION. on a beaucoup abufé en chirurgie de l’opération dela fäture, comme M. Pi- brac la démontré dans une excellente differtation > inférée autroifiemetome des mémoires de l’académie royale de Chirurgie. | | Les fcholaftiques diftinguent plufieurs efpeces de Jutures , qui fe réduifent à l’entrecoupée dont nous allons parler dans cetarticle ; à l’enchevillée qui con“ vient aux plaies pénétrantes du bas ventre > VOYE? GASTRORAPHIE ; à l’entortillée qui fert aux plaies des levres, voyez Bec DELIEvVRE; &àÀ la Jature dux pelletier , dont on prefcrit l'ufage pour les plaies des inteflins: Voyez PLAIES DES INTESTINS. Les trois premieres ont été appellées fivures incarnatives, & elles fe font à points féparés ; la derniere fe nomme reférinülive, parce qu’elle s’oppofe à l'iflue des ma- tieres contenues dans Je canal inteftinal : cette future fe fait à points continus, en furjettant le fl, comme les pelletiers font en coufant les peaux. Quoique la réunion foit l'indication générale que donne la cure des plaies , il y a des cas où il ne faut point mettre en ufage Les moyens de la procurer, Tel< les font 1°. les plaies foupçonnées d’être venimeufes,, parce qu’il eftà propos de donner iflue au venin, & de faire pénétrer lesremedes dans l’intérieur des par< ties où 1l s’eft infinué. 2°, Les plaies accompagnées de grandes inflammations , ne permettent pas l’'ufa- ge des fäiures, parce que les points d'aipuilles aug- menteroient les accidens ; mais on peut fe fervir deg autres moyens uniflans , s'ils peuvent avoir lieu, 3°. Les plaies contufes devant néceflairement fuppu- rer ,.ne peuvent point tre réunies , non plus que celles où il ya une déperdition defubftance, qui em pêche lapproximation des bords de la plaie, 4°, om ne réunit point les plaies qui pénétrent dans l'inté- rieur de la poitrine. Voyez PLAIES DE POITRINE. Se Les plaies où il y a des gros vaifleaux ouverts, n'in= diquent point la réunion : car il faut faire des liga< tures, & comprimer l’orifice des vaifleaux ouverts z ces cas, loin de permettre la réunion, exigent au- contraire fort fouvent qu’on fafle desincifions pour découvrir le vaifleau bleffé. Voyez ANEVRISME FAUX. Dionis, après plufieurs auteurs plus anciens | à cru que l’on ne devoit point réunir les plaies ‘où les os font découverts, à caufe des exfoliations qu'il erx faut attendre. Ce précepte ne doit pas être pris à læ rigueur : on ne doit le fuivre que quand lesos décou- verts font alterés : car s’ils font fimplement décou verts, où même divifés par un inftrument tranchant ; en approchant les parties nouvellement divifées, on. les préfervera de l’impreffion de l'air qui eft nuifible aux 05 découverts; & les fucs nourriciers des parties divifées & rapprochées,fournirale baumelé plus: con. venable pour leur réunion. On pourroit appuyer la pratique de réunir les plaies avec divifion des parties offeufes , furun grand nombre de faits ; nons avons entre autres une obfervation communiquée à l’acas démie royale de Chirurgie, par feu M; de la Peyro- mie, {on préfident , qui eft très-concluante fur ice point de l’art. Unhommereçut obliquementun coup d'inftrument tranchant fur la partie extérieure & moyenne dubras ; los en fut coupénet avec Les muf- cles &c lés tégumens quile couvroient, eñforte que ce brasine tenoit qu’à une bande de peau de la largeur d'un:pouce, fous laquelle étoit le cordon des vai: feaux,: Mde la Peyronie tenta la réunion , bien per: VVvvi 708 SUT fuadé qu’il feroit toujours aflez à tems d’oter le mem- bre, file cas le requéroit: il mit les deux extrémités de los divifé en leur fituation naturelle, fit plufieurs points de fuvure pour la réunion des parties molles, & appliqua un bandage capable de contenir la frac ture; ce bandageétoitfenétre vis-à-vis la plaie, pour la facilité des panfémens : on employa pour topique l’eau-de-vie , animée d’un peu de fel ammoniac, dont on fomenta aufli l'avant - bras &c la main qui étoit froide, livide &z fans fentiment : on parvint à rappeller la chaleur naturelle : on panfa la plaie ; le huitieme jour , l'appareil en fut levé par la fenêtre du banda- ge; le quatorzieme jour, pour le fecond appareil , &c la plaie parut difpofée à la réumion. Le dix-huitié- me la cicatrice fe trouva avancée, la partie prefque dans fon état naturel,&lebattement du pouls fenfble: alors M. de la Peyronie fubftitua un bandage roulé au fénétré: on eut {oin de lever l'appareil de dix en dix jours ; après cinquante jours on l’ôta entierement , & au bout de deux mois de lableflure , le malade fut entierement guéri , à un peu d’engourdiflement près dans la partie. On doit conclure de cette obfervation, qu’on doit tenter la réunion quelque grande que foit la plaie, & qu'il n’y a point d’inconvénient à l’ef- fayer, pour peu que la confervation d’un membre foit vraifflemblable ; la nature ne demandant fouvent u’à être aidée , pour faire des prodiges. Pour faire la faureentrecoupée , ilfaut avoir pré- paré l’appareil convenable ; il confifte en aiguilles, fils, plumaceaux, comprefles & bandes; les aiguilles doivent être plus ou moins grandes, felon la profon- deur de la plaie. Voyez AiGUILLE. Les fils doivent par la réumion de plufeursfils cirés, former un cor- donnet plat: ce cordonnet {era proportionné à Pai- guille , comme l'aiguille à la plaies il fera plus fort pour une plaie profonde que pour une fuperficielle, Tout étant difpofé, on lavera la plaie pour la débar- rafler des ordures & autres corps étrangers qui peu- vent y être, & en Ôter les caillots de fans qui s’op- poferoient à la réunion; le chirurgien doit alors con- fidèrer exactement la grandeur & la profondeur de la plaie: par Pétendue de la plaie, 1l décidera dunom- re de points de /xvure qu’il faudra pour la réunir ; il feroit aufli mal-à-propos de les multiplier fans nécef- fité, que den’en pas faire autant qu’il convient ; dans les plaies qui n’ont qu'une direftion, fi un point {uf- fit, il fe fait ordinairement au miliew: s’il en faut deux ; on les fait à égale diftance entre eux, qu'il y en aura de chaque point à l’angle de la plaie dont il eft le plus proche; PL AXXX, fo. 9. s'il faut trois points, On commencera par celui du nulieu, êcles deux autresferont placés entre le premier & l'angle de la plaie , à droite & à gauche ; ainf durefte. Foy. PI. XX XI. fig. 1. Jai di qu'ordinairement un feul point de /zture fe plaçoit aumilieu de la plaie : car fi la plaie étoit plus profonde versun de fes angles, ce feroit dans cet endroit qu'il conviendroit de faire la future. Lorfque les plaies ont plufieurs direétions, & qu'il y. a un ou plufieurs lambeaux, on doit commencer la future par les angles des lambeaux , fans quoi on rif- queroit de ne pas pouvoir réunir la plaie dans toutes fes parties. PL XX X. fig. 10 6 :1. | La profondeur de la plaie fervira à déterminer à quelle diftance de fes levres chaque point doit être fait ; le fil doit décrire une ligne courbe dans l'épaif- feur. des parties, & il faut que le milieu decette courbe pañle à une ligne du fond de la plaie ; pour y réuflir , 1l faut.que l’égrulle entre d’un côté, à une diftance égale à la profondeur de la plaie, & qu’elle _ forte de. l’autre côté à.pareille diftance; f Von pre- noit moins de parties , le milieu du fl nroit point jufqu’au fondde la plaie: on parvient à en réunir la fuperficie ; mais Les bouches des varfleaux qui ne font SUT point affrontés dans le fond, laffent échapper dt fang & de lalymphe ; 1l s’y forme une fuppuration à . laquelle 1l faut donner iflue par une mafion, lorfque la cicatrice eft bien formée dans toutel’étendue de la fuperficiede la plaie; f laiguille pénetre à trop de diftance , on rifque d’embrafler les parties au-delà du fond de la plaie , ce qui en caufant une douleur inu« tile, ne feroit pas fans danger. Pour pratiquer la fusure, toutes ces mefuresprifes, on rapproche les levres de la plaie : on les fait tenir dans cette fituation par un aide : on prend Paiguille avec la main droite; le doigt index 82 celui du milieu feront fur laconvexité de l'aiguille, 8 le pouce dans la concavité ; la pointe fera tournée du côté de la poitrine de l'opérateur , & le cotdonnet dontelle fe- ra enfilée, fera jetté extérieurement fur la main. Le chirurgien appuiera légèrement le petit doigt & l’an- nulaire de {a main droite fur la partie bleflée, & portera la pointe de aiguille furlapeau , à la diftan- ce convenable ; le pouce & le doigt indicateur de la main gauche, appuieront par leurs extrémités fur le côté oppoié à l’endroit où l’on doit faire entrer la pointe de l’aiguille, 8 par cemoyen on percera tout- à la-fois les deux levres de la plaie ; lorfque la pointe de laigulie eft fufifamment fortie entre les deux doigts de la main gauche,qui par leur compreflion en favorifoient le paifage, on tire l’aiguille par fa pointe avec ces deux doigts de la main gauche, en obfer- vant qu'en même-tems qu'ils faififlent la pointe de l'aiguille pour la titer , on porte deux doigts de la main droite pour foutenir latéralement les parties que l'aiguille traverfe : on continue de faire Les au- tres points fans couper les fils que l’on tient fort là- ches pour qu'ils forment des anfes affez grandes pour faire les nœuds : quand on a fait autant de points que l’étendue de La plaie l’a réquife , on coupe les anfes par le milieu , & on fait Les nœuds à la partig fupé- rieure , ou à la moins déclive de la plaie, fin qu'ils ne s'imbibent n1 de fang ni de pus ; le nœud que l’on fait doit d’abord être fimple , & être aflujetti par un demi-nœud en rofette, afin de pouvoir être defferré ou reflerré au befoin: dans cette vue M. le Dran con- eille de graiffer la fuperficie du nœud avec quelque huile ou pommade, & de mettre par-deffusune petite comprefe auff grafiée. Ces préceptes généraux fouf. frent quelques exceptions. 1°. Lorique les plaies font profondes, on ne prend point les deux levres d’un feul coup d’aiguille: on pé- netre du dehotsau-dedans, à un des côtés dela plaie, &t après avoir retiré entierement l'aiguille , on ache- ve le point en perçant l’autre levre du dedans au-de- hors. 2°, Dans les plaies à lambeaux le nœud ne doit pas toujours fe faire à la partie fupérieure , ou à la par- tie la moins déclive de laplae, car file lambeau eft fait de bas en haut , la réurion exige que le nœud fe fafle en-bas ; & on doit déroger à toute regle qui eft contraire à la fin qu’on fe propofe. L'appareil confifte à mettre fur la plaie un pluma- ceau trempé dans quelque baume vulnéraire, qui ne foit point trop defficatif, de crainte qu'il ne s’op: pofe à la tranfudation purulente qui fe fait toujours du plus ou du moins dans toutes les plaies : on pofe une ou deux comprefles mollettes fur la plaie; on en- toure le membre avecune autre, & on maintientle tout par quelques tours de bande. On prévient , ou on calme l’'inflammation par la faignée &cle régime ; on fomente la plate avec l’eau &t l’eau-de-vie tiede , & on ne leve Pappareil qu'au bout de trois ou quatre jours, à moins qu'il n’y ait des accidens. S'il furvient inflammation, on relâche- rales points, jufqu'à ce qu’elle foit calmée ; pour les refferrer enfuite : quand la réunion eff faite , on ôte les fils en les coupant à la partie oppofée au aœud'< ones rétire doutement & facilement : comme la ci. catrice eftnouvelle, il eftbon de tenir quelquesjours la partie en repos , & même d’appliquer quelques languettes d’emplâtres agglutinatifs pour la foutenir. Les plaies faites par les aiguilles , fe guériflent aifé- ment , 1l fufit d’y couler un peu d’eau vulnéraire ou d’eau-de-vie. (7) SUVARO CAPO, ( Géog. mod.) cap d'Italie, dans le royaume de Naples, fur la côte de la Calabre ul- térieure. Magin veut que ce {oit l’ancien Brestium Promontorium. ( D.J.) SUVEREAU , voyez SAUREL. ! SUVWA , ( Culre & Mythologie, ) divinité très-ré- vérée des Japonois, & qui prefide à la chaffe. On cé- lebre plufieurs fêtes en fon honneur. Voyez SiNros. SUWO, ( Geog. mod. ) une des huit provinces de la contrée montagneufe méridionale de l’empire du Japon. Elle eft divifée en fix ditriéts, & a trois jour- nées d’étendue de left à l’oueft, Son pays abonde principalement en plantes & en pâturages. Les côtes de la mer jui fourmifent du poifion, desécrevifes, des coquillages, & des choles femblables, en auffi grande quantité que partout ailleurs, ( D, J.) _… SUZAN PORTE DE, ( Æiff. des Juifs. ) c’eit ainf que fut appellée la porte orientale du temple de Jé- rufalem. Eile reçut ce nem, parce que l’édit en vertu duquet le temple fut achevé, avoit été donné par Darius, 515 ans avant Jefus-Chrift, dans fon palais de Suzan ou Suze, ainfi que difent les Grecs, Cette ville de Suze fut en conféquence repréfentée en fculpture au-deflus de la porte dont nous parlons, & l'ouvrage a fubfifté jufqw’à la deftru£tion du temple par les Romains. Vüyez Ligfoot de semplo, cap. ii. SUZANNE SAINTE , ( Géog. mod. ) petite ville de France, dans le Maine, à dix lieues du Mans, au bord de la petite riviere d'Hervé; cétoit autrefois une place forte. Long. 17. 14. larir. 48, 0.( D. J.) SUZANNE , ( Cririg. facrée. ) lhiftoire intéreffante de Suzanne {e trouve dans le xuy. chap. de Daniel; c’eft dommage qu'il y ait lieu de douter de fon au- thenticité ; mais l'amour de la vérité doit l'emporter fur tout, On fait qu’une partie du livre de Daniel , favoir depuis le 4 v. dus. chap. juiqu'à la fin du chap. vig. a été écrit originarement en langue chaldaique. Com- me le prophete y parle des aitaires de Babylone, il les écrivit en chaidéen , où langue babylonienne ; tout le refte eft en hébreu. La verfion greque de ce livre dont les éslifesgreques {efervoient , étoitceile de Théodotion. C’eit feulement dans cette verfion greque &z dans la vulgate, que fe trouve lhiftoire de Suzanne , chap. 1j. & celle de lidole Bel & du dra- gon, Ch. xiv, Ces deux hiftoires n’ont jamais été reçues dans le canon des faintes Ecritures par l’églife judaique , comme l’obferve 5. Jérôine. Elles ne font point écri- tes ni en hébreu, ni en chaldaïque ; les hébraïfines qu'on y remarque, prouvent tout au plus qu’elles ont été écrites en grec par un juif quitranfportoit les manieres de parler de fa propre langue, dans celle dans laquelle il écrivoit, comme il arrive d’ordinaire dans ces occafions. Une preuve démonftrative qu’elles ont été écrites originairement en grec parquelque juifhellénifte fans avoir été tirées d’une {ource plus éloignée, c’eft que dans l’hiftoire de Suzanne, Daniel dans {es réponfes aux vieillards fait allufion aux noms grecs des arbres fous lefquels ces calomniateurs de la chafte Suzanne difoient qu’elle avoit commis adultere: allufions qui ne peuvent avoir lieu dans les autres langues. En effet , quand Daniel interroge féparément les deux anciens, l’un d'eux ayant dit qu'il avoit vu S2 qanne commettre l’adultere v7c syivo , c’eft-à-dire fous un lentifque, Daniel lui répond par allufion à S WI 709 syvw, Pange de Dieu a recu ordre, cÿfrar ve péror s c’eft-à-dire , de te couper par le nulieu; & l’autre ayant répondu qu'il l’avoit vue umo spirer, c’eft-à-dire fous un chène verd , Daniel faifant allufion au mot give, lui répond : l'ange du feigneur eft prêt avec l'épée , mpiceu cute, c'eft-à-dire, de te couper en deux, Après cesréflexions, 1l eft difficile de comprendre pourquoi l’éghife romaine a cru devoir attribuer à cettehiftoire de Suzanne la même autorité qu’au refte du livre dé Daniel; car le concile des Trente Je range également parmi les livres canoniques; mais les an aens n’ont rien fait de femblable. Africanus , Eufebe & Apollinaire rejettent ces pieces non feulement comme non canoniques , Mais encore comme fabu- leufes. S. Jérôme n’appelle pas autrement l’hiftoire de Bel & du dragon; enfin ceux quife fontcontentés de les admettre comine des inftruétions pour les mœurs , les ont rejettées comme parties des écritu- res canoniques ; en quoi ils ont étéluivis par les éoli- fes proteftantes qui les placent dans leurs bibles par- mu les livres apocryphes, fans les reconnoitre pour canoniques. (D, J.) SUZERAIN , voyez SUSERAIN, S W SWALE LA, ( Géog. mod. ) riviere d’Angleterre, dans la partiefeptentrionale de ce royaume. Elle naît de hautes montagnes des provinces de Weftmorland, & fe jette dans l'Youre. Cette riviere eft célebre dans Phifloire eccléfiaftique d'Angleterre , parce que S.Paulin, premier archevêque d’Yorck, y baptifa un prodigieux nombre d’anglois convertis au chriftia- mime CD: Jen, HE « SWANSEY o4 SWINSEY, ( Géog. mod.) bourg d'Angleterre, dans le comté de Glamorgan, fur le chemin de Caërmarthen à Londres, à fept milles de Llocher,.à l'embouchure de la riviere de Taw. Ce bourg à été nommé Swaz/èy à caule des porcs ma- rins qu’on voit quelquefois dans fon voifinage. Son havre eft fort bon & fort fréquenté. (D. 7.) SW ART À LA, (Géog,.mod.) riviere d'Allemagne, en Bohème, au cercle de Chrudim, où elle prend fa fource ; elle entre dans la Moravie, mouille Brinn, &t au-deflous de cette ville, elle fe perd dans la Teya, SWARTSTEN ox SWARTSKI®ŒI, 1 m.( Hip. nat. Minéral. ) ce mot qui eft fuédois , fignifie pierre noire. C’eft la même pierre que l’ontrouvera décrite fous lé zom de TrAPP. Elle fe change en verre fans addition, & eft très-propre à faire des bouteilles foli- des, &c fur lefquelles les acides n’agiffent point, Voyez TRAPP, : SWÉRIN , (Géog. mod. ) ville d'Allemagne, capi: tale de la principauté de même nom , au cercle de [a haute Saxe, fur le lac de Swerin , à 18 lieues au fud- eft de Lubeck. Cette ville dans le onzieme fiecle étoit un évêché qui fut converti en principauté fécu- liere par le traité d'Ofnabruck , & cédée au duc de Mekelbourg en compenfation de la ville de Wifmar, qui devoit demeurer aux Suédois. Lorg. 28, 50. lat. 83. 424 (D: 79 | SWERSHAUSEN, ( Géog. mod. ) bourgade d’AI- Temagne , dans le duché de Lunebourg, aux confins de l'évêché d’Hildesherm ; entre les rivieres d’AÂwe &c de Fufe. Ce lieu eft remarquable par la fanglante bataille qui s’y donna le 7 Juillet 1$53,entre Albert, margrave de Brandebourg, qui y fut défait, & Mau- rice , éleéteur de Saxe , qui acheta la viétoire de plu-' fieurs bleflures dont il mourut peu de Jours aprés. SWIATZK, (Geog. mod.) & par Oléarius Surarzki, ville de Pempire ruffien, auroyaume de Cazan, fur une agréable colline, à la droite du Volga, vis-à-vis de Cafan, avec un château bâti en pierre; car tous 710 SX DB les autres bâtimens , même fes tours &c fes remparts, {ont en bois. ( D. J.) SWILLY La, ou /a SUILLIE, ( Géog. mod. ) ri- viere d'Irlande, dans la province d'Ulfter , au comté de Tirconnel, Elle prend fa fource au cœur de ce comté , l’arrofe , & fe jette dans une grande baie à laquelle elle donne le nom de lac de Swz//y, quoique l’eau de ce lac foit falée. (D. J.) % SWINAR ,( Géog. mod.) petite ville de la Tur- quie européenne , dans la Bofnie, aux frontieres de la Hongrie & de lEfclavonmie , fur la Sade, à trois milles au midi de Pofega, & aflez près des ruines de a Servitium d’Antonin. Long, 35, 48. lait. 45. 32. (D. J.) SWORDS, ( Géog. mod. ) ville, ou plutôt bourg à marché d'Irlande, dans la province de Leinfter, au comté de Dublin, proche la mer. (D.J.) SWYNBORG, ( Géog. mod, ) petite ville de Da- nemarck, dans l’ile de Funen, vis-à-vis celle de Lan- geland, fur le bord du détroit qui fépare la Fionie de Vile de Taffing. C’eft de cet endroit que Charles Guf- tave , au commencement de Février 1668, fit pattir fon armée, & la conduifit au milieu des glaces dans les îles de Langeland, de Falfter & de Sélande. (D. 1.) S Y. SYAGROS , ( Géog. anc. ) promontoire de l’Ara- bie heureufe, fur l'Océan indien, au pays des Afcy- tæ, {elon Prolomée , Z. WI. c. vi. c’eft préfentement capo Rizalgate , felon Barri, le cap Sfalcahas, {elon Ramufo, & le cap Furtac, felon d’autres. (2. J.) SYALAGOGUE , ( Médecine. ) voyez SALIVANT. SYALITA , L £. ( Hifi. nat. Boran, éxor. } efpece de pommier du Malabar, arbor pomifera, indica, flore maximo, cui multæ innafcuntur filiquæ, Hort. mal. Il eft haut de quarante à cinquante piés ; {a fleur eft très-belle & très odoriférante ; elle fait place à un gros friut approchant en figure, en goût, en odeur, &t en chaïr, des pommes acides de nos climats. (D. J.) SYBARIS , SuCupie, ( Géog. anc.) 1°. ville d’Ita- lie, dans la Lucamie, à deux cens ftades de Crotone, entre deux rivieres s1le Sybaris qui lui a donné fon nom, & le Crathis, Le Sybaris maintenant appellé Cochilé, rendoit, f l’on engroit Pline, ceux qur bu- voient de fes eaux, d’une complexion plus robuîte, &z d’un teint plus noir que les autres; elles faifoient même crêper leurs cheveux ; elles rendoïent aufli les bêtes ombrageufes; ce qui obligeoit les habitans voifins de cette riviere, d’abreuver leurs troupeaux aïlleurs , parce qu'ils étoient faifis d’éternumens vio- lens, s’ilsufoient des eaux du Sybaris. Le Crathis, qui a gardé le nom de Cake, rendoït ceux qui en buvoient plus blancs, & d’une complexion plus foi- ble : apparemment que les Sybarites ne buvoient que des eaux du Cratlus. Solin prétend que Sybaris avoit été fondée par les Troézéniens, &c par Sagare, fils d'Ajax le Locrien; Strabon veut au contraire qu’elle ait été fondée par les Achéens. Peut-être que cette ville avoit été feu- lement ornée ou agrandie par les Achéens; car fou- vent les anciens auteurs fe fervent du mot de Zéur, ‘pour fignifier agrandir, rétablir. Quoi qu'il en {oit, “cette ville avec le tems s’éleva à un tel point de sran- deur , qu’elle commandoit à quatre nations voifines ; -qu’elle avoit l'empire fur vingt-cinq villes, & qu’elle ‘occupoit cinquante ftades de territoire, couvert de fes habitations, Diodore de Sicile, Z XII. dit que les Sybarites mirent fur pié une armée de trente mille hommes, dans la guerre qu'ils eurent contre Les Cro- toniates; ces derniers néanmoins refterent les vain- queurs, $& Ôterent aux premiers leurgloire &leurs SYB | #ichefles, Milon les repouffa jufque dans leur vilte capitale, dont 1l forma le fiège ; il s’en rendit le maî- ._ tre & la détruifit, Sybaris demeura enfevelie fous fes ruines pen- dant cinquante-huit ans; enfuite fous l’archontatde Callimaque à Athènes , les anciens habitans difper- {és , qui reftoient après cette déroute, fe joïgnirent à quelques theffaliens, avec le fecours defquels ils entreprirent de rebâtir leur ville fur fes anciens dé. bris , & de fes démolitions ; maïs les Crotoniates en prirent ombrage, & les en chafferent au bout de cinq ans. Ainfñ fut détruite & fans retour, cette ville qui avoit été long-tems le fcandale de l'univers par fa mollefle. Woyez-er pour preuve le #10: SyBA- RITES. Cependant peu de tems après, une nouvelle colo- nie grecque fonda fous la conduite de Lampon & de Xénocrite , à quelque diftance de l’ancienne S%yba- ris, la ville de Thurium. Voyez THURIUM , 2°, 1. c’eft un article curieux. 2°, Sybaris , fleuve d'Italie dans la Lucanie. 3°. Sybaris. Ceux qui font verfés danslés antiqui- tés de l'Italie, dit Paufanias, Z. WT. c. xix. veulent que la ville de Lupia, qui eft entre Brindes & Hy-. drunte, ait été appelléeautrefois Sybaris. Cette ville, ajoute-t-1l, a un port fait de mainfd’homme par or- dre & fous l'empire d'Hadrien. 4°. Sybaris , fontaine du Péloponnèfe dans l’A- chaïe propre , près de la ville de Bura. Strabon , Z VIII. p. 386. dit qu'on prétendoit que cette fontai- ne avoit occafionné le nom du fleuve Sybaris, en Italie. | 5°. Sybaris, ville de la Colchide, felon Diodore de Sicile , Z. IF, qui en fait la réfidence du roi du pays. Il ajoute que le temple de Mars où étoit gar- dée la toïfon d’or, ne fe trouvoit qu’à foixante & dix fades de cette ville. (D. J.) SYBARITES., ( Æiff.) peuples de Sybaris, ville de la Lucanie : les terribles échecs qu'ils éprouve- rent de la part des Crotoniates, ne changerent rien à leur luxe &t à leur moilefle. Athénée & Plutarque vous. en feront le détail que je fupprime ici, perfua- dé qu’on aimera mieux y trouver le tableau des Sy- barites modernes, par Le peintre du temple de Gnide, On ne voit point, dit-1l, chez eux de différence entre les voluprés & les beloins; on bannit tous les arts qui pourroient troubler un fommeil tranquilles, on donne des prix aux dépens du public, à ceux qui peuvent découvrir des voluptés nouvelles; les ci- toyens ne fe fouviennent que des bouffons qui les ont divertis , & ont perdu la mémoire des magiftrats qui les ont gouvernés. On y abule de la fertilité du terroir , qui y produit une abondance éternelle ; & les faveurs des dieux fur Sybaris , ne fervent qu’à encourager le luxe & la moliefe, Les hommes font fi efféminés, leur parure eft & femblable à celles des femmes ; ils compofent fi bien leur tein ; ils fe frifent avec tant d’art; ils emploient tant de tems à fe corriger à leur miroir , qu’il femble qu'il n’y ait qu’un fexe dans toute la ville. D Les femmes fe livrent, au lieu de fe rendre; cha- que jour voit fimir les defirs &c les efpérances de cha- que jour; on ne fait ce que c’eft que d'aimer & d’être aimé; on n’eft occupé que de ce qu’on appelle f fauflement Jour. | Les fayeurs n’y ont que leur réalité propre; & toutes ces circonftances qui les accompagnent ft bien ; tous ces riens qui font d’un fi grand prix, ces engagemens qui paroïfent toujours plus grands ; ces petites chofes qui valent tant; tout ce qui prépare un heureux moment; tant de conquêtes au lieu d’uné; tant de jouiffances avant la derniere ; tout cela eft inçonau à Sybaris, . Encore fi elles avoient là moindre modeftie, cetté fotble image de la vertu pourroit plaire : mais non; les yeux font accoutwmés à tout voir, & les oreilles à tout entendre. . Bien-loin que la multiplicité des plaifirs donne aux Sybarites plus de délicatefle , ils ne peuvent plus di- ftinguer un fentiment d’un fentiment. . Ils paflent leur vie dans une joie purement exté- rieure ; ils quittent un plaifir qui leur déplait, pour un plaifir qui leur déplaira encore ; tout ce qu'ils 1ma- ginent eft un nouveau fujet de dégoût. Leur ame incapable de fentir les plaïfirs, femble n'avoir de délicatefle que pour les peines : un ci- toyen fut fatigué toute une nuit d’une rofe qui s’étoit replice dans fon lit, plus doux encore que le fom- mel, _ La molleffe a tellement affoibli leurs corps, qu'ils ne fauroient remuer les moindres fardeaux ; ils peu- vent à peine fe foutenir fur leurs piés; les voitures les plus douces les font évanouir ; lorfqu'ils font dans les feftins , l'eftomac leur manque à tous les inftans. Us paffent leur vie fur des fiéges renverfés, fur le£ quels ils font obligés de fe repofer tout le jour, fans s'être fatigués; ils font brifés , quand ils vont languir ailleurs. Incapables de porter le poids des armes, timides devant leurs concitoyens , lâches devant les étran- gers , 1ls font des efclaves tout près pour le premier maitre. (D. J.) SYBILLE , voyéz SIBILLE. + SYBOTA ; ( Géog. anc. } port de l'Epire : Ptolo- mée,Z. LIL. c, xiv. le marque fur la côte d’Almene, entre embouchure du fleuve Thiamis & la ville Torona. (D. J.) SYCÆ , ( Géog. anc. } nom d’une ville de la Cili- cie, & d’une ville de la Thrace, felon Etienne le géographe. (D. J.) SYCAMINORUM oPPIDT M; ( Géog. anc. ) Sy- carnus &t Sycaminon, ville de Phénicie , au pié du * mont-Carmel, du côté du midi, fur la mer Méditer- ranée , vis-à-vis de Ptolémaide, qui n’en eft éloignée que de la largeur de {on port. C’eft la poñition que Jui donne dom Calmet. Il eft certain que Sycamirum étoit une ville maritime & beu éloignée de Ptolé- maide , puifque , felon Joféphe , ane. Z, XIIL. xx: Ptolomée Latur y fit fa defcente avec fon armée, lorfqu’il vint pour affiéger Ptolémaide. Eufcbe , ir onomafl. ad vocem, sue29, dit que Sÿca- minos eft une bourgade maritime, entre Céfarée & Ptolémaide, près du mont-Carmel, & que dé fon tems on la nommoit Æpha , Ega. Strabon qui l’ap- pelle Sycaminorum urbs,la place entre Ptolémaïde & la tour de Straton.: ce qui s’accorde avec la poñition que lui donne Eufebe. Dans l'itinéraire d’Antonin elle eft auf marquée entre Ptolémaide & Céfarée, à vingt-quatre milles de la premiere de ces villes, 8: à vingt milles de la feconde. ( D. J.). | SYCAMINOS , (Géog. anc. ) ou Sycaminon , añ- cienne ville de la Béotie, appellée aujourd’hui Sca: Mmin0, Où Sicamino , à 5 lieues de Négrepont. 2°. Sy- carrinos eft encore une ville que Plhuloftrate met aux confins de l'Egypte & de l'Ethiopie. Pline & l'itiné- to d’Antonn appellent cette ville Mierz Sicaminos. D. J. | A OMANCIE , L. f divination qui fe faifoit avec des féuilles de figuier , fur lefquelles on écrivoit la queftion ou propoftion fur laquelle on vouloit être éclairci pour l'avenir. Voyez BOTANOMANCIE. Ce mot vient du grec Zvyn, fguier & pavrere ; di- vinatior. SYCOMORE , 1. m. ( Æift. nar. Botan: exo. ) ar- bre étranger nommé fÿcomorus five ficus ægyptia par 3,B, Parlinfon, Rauwolf & Ray ; £cxs folio mori fruc= S Ÿ C ii tum in calice ferens, C. B. P. Son nom eft formé dé Guen , figuier , 8 paopta mrier, comme qui diroit plante qui tient du figuier & du marier ; en effet C’eft une efpece de figuier qui tient beaucoup du mûrier par fes feuilles, & qui devient un grand arbre fort rameux ; fon bois eft dur & robuite , noirâtre, jer- tant ün fuc laiteux quand on y fait des incifions : {es feuilles font femblables à celles du mürier, mais plus rudes 6€ moins vertes; fon fruit eft uhe efbece de figue qui croît attachée À fon tronc; il en porte trois ou quatre fois l’année ; ce fruit differe de la figue commune , premierement , en ce qu'il ne mürit que rarement, à moins qu'on ne l’entame avec l’ongle , Ou avec un couteau ; fecondement, en ce qu'il ne contient point de grains ; troïfiemement, en ec que {on goût eft plus doux. On peut cultiver cet arbre dans les pays chauds ; il a été apporté d'Egypte en Europe. | | Rd : 4 Pline, Z XIII. ch. vij. Théôphraïte, 2. IF. c. à. & Diofcoride, /. I. remarquentque ces figues ne mu tiflent point qu’on ne les entame avec le couteau. Amos , VII, y. 14, avoit dit la même chofe : « Jene » {uis pas prophete, dit-il, je fuisun fimple pafteur » qui me-mêle d’égratiener les /ycomores. Le goût du fruit du /ycomore ef à-peu-près le mê- me que celui des figues fanvages. On féconde cet ar- bre en faifant des fentes dans l’écorce ; il découle continuellement du lait de ces fentes : ce qui fait qu'il s’y forme un petit rameau chargé quelquefois de fix : ou fept figues, Elles font creufes, fans grains, & on y trouve une petite matiere jaune, qui eft ordinaire: ment une fourmiliere de vers. Ces figues font douces, défagréables au goût, mais elles humetent & rafrai- chiflent. Il croît beaucoup de /ÿcomores en Egypte, furtout aux environs du Caire; quelques-uns {ont f gros » qu'à peine trois hommes les pourroient embrafler. Il y en avoit aufli en Judée, puifque Zachée monta fur un fycomore pour voir pafler Jefus-Chrift, la pe- titefle de fa taille Pempéchant de le découvrir autre ment dans la foule; le mot fchikamah traduit par mù- rier, pleatme 77, ÿ. 52, veut dire un fycomore, L'arbre qu'on appelle à Paris fort improprement Jycomore, n’eft autre chofe que le grand érable , acer majus ; la beauté de fon bois le fait rechercher parles Menuifiers & les Ebéniftes, Le véritable fycomrorene vient point en France. (2. J.) SYCOPHANTE, 1m. ( Liriéral. greg. ) cvcpavrae, c’eft-d-dire , calomniateur ; mais ce mot dans {a pre- miere origine , & pris à la lettre, fignifieun déJareur, Un déronciateur de ceux qui tranfportent des Jigues hors de l'Attique , cürov , fique , À Quiva, j'indique, je mon- tre, je mets en lumiere. Les Athéniens étoient grands mangeurs de figues , & les aimoient palionnément; ils firent une loi pour défendre qu’on en tranfportât hors de l’Attique ; cette loi futune occafon aux gens du menu peuple de s’entraccufer, & de fe dénoncer les uns les autres ; mais comme aflez fouventces{or- tes de dénonciations étoient de pures calomnies, on fe fervit du mot de /ycophante | pour dire un ca/om: riateur. (D, J.) | SYCOSE , ff. (Gram. Chirurgie. ) tumeur à Panus quine differe du thyme que par fa groffeur, voyez THYME; en grec, cromsc; & en latin matifca. Celfe en difingue de deux fortes : la dure &c ronde, l'hu- mide &inégalé. SYCOTA , ( Lintérat. ) sorgra ; de 5yuv, figues c’étoit une efpece de mêts fait de caryca, dontla dou- ceur, fuivant Galien, éroit amie des vifceres. (D. J.) SYCOTE, ( Mychol. ) furnom donné à Bacchus à caufe de la nymphe Syca, ou plutôt parce qu’il a le premier planté des figues appellées en grec 502,5: (D.J.) SYCURIUM ; ( Géog,anc, ) ville de la Theflalie, 712 SYE dans la Magnéfe, & an pié du mont Offa, felon Ti- te-Live, Z. XLIT. c. ljv. ( D. J.) SYDERITES , ff. ( Hiff. na. ) Henckel dit que les anciens naturaliftes ont voulu défigner fous ce nom la pyrite à caufe du fer qui y eft contenu. SYDÉROPŒCILUS, {.tm. ( Hiff. rar, Liholog.) nom d’une pierre dont il eft parlé chez les anciens au- teurs , qui ne nous en apprennent rien , finon qu’elle fe trouvoit en Arabie. Son nom femble annoncer qw’- elle avoit des taches de couleur de fer; on croit que c’étoit un granite. SYDEROPYRITES, ( Æif£. rar.) nomfouslequel | quelques auteurs ont voulu défigner la pyrite mar- tiale. Voyez PYRITE. | SIÈNE,, ( Géog. anc. } ville fituée furlarive orien- tale du Nil dans la haute Egypte, au voifinage de l'Ethiopie. Le marbre nommé fyézites, & que quel- ques-uns appellent aufli grises, à caufe qu'il eft ta- cheté de points de différentes couleurs, fe tiroit des montagnes voifines de cette ville. Comme 1l eff très- dur , les Egyptiens s’en fervoient pour éternifer la mémoire des grands hommes, dont ils marquoient les aétions par des caracteres gravés fur des pyrami- des de ce marbre. Ils en ornoient leurs tombeaux; c’eft celui que nous appellons grzrit d'Egypte. Mais ce n’eft pas par fon marbre que S'yére inté- refle les géographes, c’eft par la fixation de fa latitu- de fur laquelle M. de la Nauze a fait des remarques très-curieufes inférées dans les zzém. de Lirtérar, tom. XXVT, in-4°. En voici le précis. Pline , Z. IL. c. lxxiüj. aflure que le jour du folftice à midi, les corps ne font point d’ombre à Syéne, &c que pour preuve on ya fait creufer un puits qui dans ce tems-Rà eft tout éclairé. Strabon a dit la même chofe, & felontousles modernes, cette obfervation démontre que Syéne eft juftement fous letropique du cancer, à 23 deg. 30 m. de larir. fept. M. Delifle lui- même a embraflé ce fentiment dans les ré. de Pacad, royaledes Sciences, année 1708, pag. 370. Ainfi prefque tous les fayans jufqu’à ce jour, ont établi la latitude de Syézé à environ vingt-trois de- orés & demi, parce qu'ils fe font fondés fur la pré- tendue immobilité de lécliptique: l'antiquité, di- fent-ls, a placé la ville de Syézé au tropique, &c le tropique eft environ à vingt-trois degrés & demi de l'équateur ; donc la latitude de Syéré eft d'environ vinet-trois degrés 87 demi; mais tout ce raifonne- ment porte à faux, à caufe de la diminution qui fe fait infenfblement de fiecle en fiecle dans l’obliquité de l’écliptique, diminution qui n’eft plus conteftée au- jourd’hui, furtout depuis que M. Caffini en a donné les preuves dans fes élemensd’Aftronomie, & qu'un autre {avant académicien (M. l'abbé de la Caille ) a trouvé l’obliquité de vingt-trois degrés vingt-huit mi- nutes feize fecondes l’année 1752, par des obferva- tions faites dans l’île de Bourbon, au voifinage du tropique. L’obliquité avoit été beaucoup plus confidérable dans le fiecle d’Eratofthène & de Pythéas, vers Pan _235 ayant Jefus-Chrift, Eratofthène l’obferva d’envi- ron vingt-trois deocrés cinquante-une minutes vingt fecondes., felon le témoignage de Ptolomée ; & Py- théas fit à Marfeille une obfervation d’où réfultoit l’o- bliquité de vingt-trois degrés quarante-neuf minutes vinet-une fecondes vers le même tems. Ce font deux minutes de différence pour les deux obfervations des deux mathématiciens contemporains; de forte qu’en nous arrêtant à l'an 235 avant J. C. & en prenante milieu des deux obfervations, nous aurons pour cette année-là l’obliquité de vingt-trois degrés cinquante minutes vingt fecondes. À ce compte la diminution de l'obliquité depuis l'an 235 avant J. C. jufqu’à Pan 1752.de l’ere chrétienne , aura été de vingt-deux mi- nutes quatre fecondes en dix-neuf cens quatre-vingt SEVVÉ fix ans : ce qui fait une minute en quatfe-vingt-die années, & l’on trouve eneffet aflez exaftement cette proportion par l'évaluation moyenne des autres ob- {ervations de l’obliquité faites dans les fiecles inter- médiaires, LT Strabon fit le voyage de Syéné avec Cornélius Gal- lus, gouverneur de PEgypte, vers l'an 28 avant J. C. L’obliquité de l’écliptique , felon lhypothèfe que nous avons propofée, étoit cette année-là de 23 de- rés 48 minutes 2 fecondes; le zénith de la ville étoit donc'alors à 11 minutes 18 fecondes en-decà du cen- tre du foleil folfticial , & à 4 minutes 31 fecondes par de-là le imbe feptentrional: Syéré, par confe- quent recevoit encore la lumuere verticale : auffi Stra- bon afluroit-il , que le premier canton de l’'Esypte won rencontroit, où le foleil ne fit point d'ombre, étoit le canton de Syene. Le {oleil folfticial n’abandonna le zénith de la ville: qu'environ l’an 380 de JS, C. ainfi les écrivains an- térieurs à cette année 380 & poftérieurs à Strabon, ont eu les mêmes raïfons que lui, de reconnoitre pour leur tems la direttion verticale des rayons fo- laires fur Syéne. Lucain vers lan 60 de J. C. qu'il écrivoit {a pharfale , fuppofoit cette dire@ion; Pline vers l’an7s, difoit qu'il n’y avoit point d'ombre à Syéné le jour du folftice à l'heure de midi. Plutarque vers l’an 90 difoit la même chofe, dans un pañlage pris à contre-fens par Cafaubon , comme fi l'écrivain grec eût prétendu que de fon tems, les gnomons de Syéné n'étoient déja plus fans ombre, pendant qu’il affute le contraire. Arrien vers lan 130, parlant des différentes proje@ions des ombres dans l'Inde, citoit en conformité les expériences de Syéxé. Ptolomée vers lan 140 écrivoit dansle même fens que le foleil pañoit une fois l’an au zénith de Syéré, quand laftre étoit au tropique, Ariftide, contempo- rain de Ptolomée avoit été fur Les lieux : 1l déclare qu’à Elephantine, ville féparée de Syéxré, par le Nil, tout étoit fans ombre à midi, temples, hommes & obélifques. Paufanias vers le même tems difoit auff, que ni les arbres, ni les animaux, ne jettoient au- cune ombre à Syézé, quand le foleil entroit dans le figne du cancer. Servius & Ammien Marcellin, qui ont écrit l’un & l’autrewers l’an 380, quand le foleil : ceffoit de répondre même par fon limbe au zénith de la ville , ont tenu l’ancien langage fur la nullité des ombres dans Syéré ; &t les écrivains poftérieurs, quoique le phénomene eut totalement ceflé, mont pas laïflé de le rapporter, comme un fait toujours {ubfiftant , fans que perfonne fe {oit jamais avifé de le vérifier. De-là l'erreur de ceux d’entre les géo- graphes modernes , qui fuppofant Syéné toujours tous le tropique , & Le tropique toujours à environ 23 degrés & demi de l'équateur, ont prétendu cor- riger la latitude donnée à Syézé, par Eratofthène, & rapprocher de l'équateur cette ville beaucoup plus qu'il ne falloit. Il y avoit à Syéré un fameux puits, totalement éclairé par les rayons dire@s du foleil folfticial. Era- tofthène & les compagnons de fes voyages avoient apparemment fait creufer ce puits: on ne peut guere fe refufer à cette idée, quand on fait qu'Eratofthène choïfit , felon Pline, le voifinage de l'Ethiopie pour le principal début de fes opérations géodéfiques ; &£ quand on voit d’un autre côté, par le témoignage du même Pline & par celui de Servius ,: que de fa- vans mathématiciens voulurent laïffer le puits de S'yéné pour monument de leurs travaux & de leurs découvertes. Il ne faut donc point imaginer que ces anciens obfervateurs , ayant trouvé par hafard le puits totalement éclairé dans le tems du folftice, en ayent conclu la pofition de Syéré fous le tropique proprement dit, & que ce foit ce principe fautif que ait rendu défeueufe leur mefure de la terre: Era- toftène SYL e tofthène certiinement ne fuppofoit pas le puits fous le tropique , puifqu’il plaçoit, comme nous l'avons vû, le tropique à 23 degrés $1 minutes, & Syéne à 24 degrés de Péquateur. D'ailleurs, ceux d’entre les anciens qui avoient quelque habileté, ne pouvoient pas penfer que tout ce qui étoit verticalement éclairé par les rayons fo- laires, fût dès-lors fous le tropique proprement dit, &c fous le centre même du foleil ; ils connoifloient, aufhi-bien que nous, la grandeur de l’efpace où le {oleil vertical abforboit les ombres : ils l’évaluoient, felon Cléomede , à 300 ftades, qui pris pour des ffa- des de 8 au mille romain, comme ils étoient au tems de Cléomede , font 37 milles & demi romains. Or, comme les milles romains font de 75 au degré, les 300 ftades donnent un demi degré ; & fi le diametre du foleil folfticral eft un peu plus grand , la diffé- rence eft fi légere, que les 300 ftades en nombre rond font parfaitement excufés. Comment donc pré- tendre qu'il a fufi aux anciens obfervateurs de la mefure de la terre, de voir un puits totalement éclai- ré, pour en placer auffi-tôt le zénith au tropique & prendre de-là leur mefure? Après tous les caraéteres topographiques &r aftro- nomiques qui nous reftent dans les anciens écrivains fur la pofition de Syézé, 1l ne feroit pas extrèmement dificile d'en découvrir l’emplacement dans la géo- graphie moderne. Plufeurs penfent que la poñtion & la dénomination de Syézé, répondent au lieu nom- mé préfentement Affuana ou Affouan, dans la haute Egypte; mais le peu qu'ils difent fur ce rapport, mé- riteroit une plus ample vérification. Si donc des voya- geurs bien inftruits vouloient s’en aflurer, ils n’au- roient pas heu vraflemblablement de fe repentir de leur entreprife , à caufe de la nature du iol & de celle de l’air, qui partout ailleurs concourant à la deftru@tion des anciens veftiges des villes, femble en favorier la confervation dans le pays dont nous par- ons. Les changemens arrivés au terrein de l’Esyp- te, ne regardent pas tant les monumens de pierre & de marbre , que les atterriflemens & les alluvions formés par le Nil. Des altérations de cette efpece, furvenues dans un intervalle de fept cens ans au voi- finage de Syére , firent qu'Arifüide n’y vit pas tout- à-fait ce qu'Heérodote y avoit vu. La différence des ems devoit donc empêcher l’orateur de Smyrne de critiquer comme 1l a fait , le pere de lhifoire, & elle devroit à plus forte raïfon rendre plus circonf- pets les voyageurs modernes, qui s’en iroient à la découverte de l’ancienne ville de Syéze. Ce ne feroient pasiles géosraphes feuls qui profi- teroient d’un tel voyage de Syézé ; les phyfciens y découvriroient un nouveau climat, dont les fingula- rités ne fauroient manquer d’entichir l’hiftoire natu- selle; ceux qui ont le goût des antiquités retrouve- roient dans les ruines d’une ville, autrefois floriffan- te, ces reftes d’architeéture égyptienne , ces obélif- ques, ces ornemens en tout genre qui étoient enco- re plus communs dans la haute que dans la baffle Egyp- te ; les favans particulierement, curieux de fuivre les traces des Arts 8 des Sciences dans tôus les pays & dans tous les fiecles, pourroient dans un endroit qui fut une des principales ftatiors d’Eratofthène , véri- fer Pexaétitude de fes recherches, & en apprécier le mérite. Enfin, les mathématiciens y feroient des ob- {ervations au tropique, pour déterminer de plus en plus la figure de la terre; obfervations qui paroiffent manquer à celles de l'équateur & du cercle polaire, qu’on a faites il y a trente ans avec beaucoup de gloire. - Maurus Terentianus qui florifoit fous les derniers Antonins, avoit té souverneur de Syéré ; il eft au- -teur d’un petit ouvrage curieux en vers latins , dans lequel 1l traite de la prononciation des lettres, de la Tome XP, SYL 53 mefure , & de la quantité des vers, (Le chevalier DE TAUCOURT.) . SYENITES , ( Æif. nar. ) nom donné par lés an- cigns à un granite, parce qu'il fe trouvoit en Egypte à Syene. SYFINUS LAPIS , (Hifi. nat.) pierre d’un gris de cendre & peu dure, qui frottée d'huile & expo- fée au feu, devenoit très-dure. SYLLABAIRE , adje&. pris fubftantivement , (Gram.) c’eft ainfi que l’on nomme communément le petit livre qui renferme les premier élémens de la lecture, en quelque langue que ce font. Il en eft des élémens de l’art de lire comme de tous les autres da les livres abécédaires ne font point rares , les bons ne font pas communs, & les meilleurs ne font pas fans défauts: c’eft que tout livre préparé pour linf- truétion, &c fur-tout pour celle des enfans, doit être conçu & rédigé par la Philofôphie; non pas cette philofophie fourcilleufe, qui méprife tout ce qui n’eft pas furprenant , extraordinaire, fublime, & qui ne croit digne de fes regards que les objets éloignés d'elle & placés peut-être hors de la fphere de favüe; mais par cette philofophie modefte & rare, qui s'occupe fimplement des chofes dont la connoiffan- ce eft néceflarre, qui les examine avec difcrétion, qui les difcute avec profondeur , qui s’y attache par eftime, & qui les eftime A-proportion de l'utilité dont elles peuvent être, | Il me femble entendre quelques-uns de ces or- guerlleux philofophes dont je viens de parler, re- prendre avec dédain le ton élevé dont je me fersici pour annoncer un genre d'ouvrage qui, à leurs yeux, n'toit peut-être pas même digne d’être in- dique dans l'Encyclopédie. Javoue que la le@ure eft la moindre des parties néceflaires à une éduca- tion; mais au moins c’en eft une, & l’on peut même dire qu’elle eft fondamentale, puifque c’eft la clé de toutes les autres fciences, & la premiere introduc- tion à la Grammaire ; quæ nifi oratori fururo funda- menta fédeliter jecerit, guidquid fuperffruxeris , corruer. C’eft Quintilien qui.en parle aimf. Znff. I. jy. 1. Lui-même, dès le premier chapitre de fon excel- lent ouvrage, s’eft occupé dans un aflez grand dé- tail de ce qui choque ici la faufle délicatefle de nos graves philofophes : & je ne veux leur répondre que par les. propres paroles de ce fage rhéteur, qui dès fon tems avoit à prévenir de pareilles obje&tions. Quôd [? nemo reprehendic patrem qui hec non nepliger- da in fuo filio puret, cur improbetur, fi quis £a-que do- mi fuæ reilè facerer, in publicum promit ? , .. An Phi- Zippus Macedonum rex Alexandro filio JuO prima litte- rarum elementa tradi ab Ariflotele [ummo. ejus ætatis philofopho voluiffer, aut ille fufcepiffer hoc officium , [£ 7on fiudiorum INITIA 4 PERFECTISSIMO QVO- QUE TRACTARI, pertinere ad funmam credidiffec ? On le voit; ce n’eft pas aux plus malhabiles que Quintilien abandonne le foin de montrer les pre- miers élémens , ixiria ; il juge que l'homme le plus parfait n’eft pas de trop pour cette premiere cultu- re, a perfediffimo quoque traëari ; & il en conclut qu'il ne doit pas avoir honte d’expoler au commencement de {on ouvrage fes vies fur la maniere d’enfeioner ces chofes : pudeatne me in ipfis flatim elemensis etiam brevia difcendi monffrare compendia. Tnff, À. j. 4. Me voilà donc encore bien plus autorifé que Quintilien même à propofer ici mes vûes fur la mé- me matiere: elles deviennent une partie effentielle d’un ouvrage, qui ayant pour objet Penchaînement de toutes les fciences & de tous les arts, ne peut & ne doit en néoliger aucune partie: jy fuis d’ailleurs | encouragé par plus d’un exemple dont Quintilien ne pouvoit s’étayer; & le fien même eff le principal de tous. | Quelques-uns de nos fÿllabaires les mieux faits XX TI 4 S FE font de gros 21-douze. Ce font des livres trop volu- mineux pour des enfans, qui aiment à changer fou- vent, & qui croient avancer d'autant ; fi ceit une il- lufon , ileft utile de la leur laiffer, parce qu’elle fert à les encourager. Ajoutez À cette premiere obferva- tion , que des livres fi confidérables font par là mé- me beaucoup trop chers pour leur deftination; la partie la moins aifée des citoyens eft la plus nom- breufe, 8 les enfans ont le tems de déchirer plufieurs fois des livres un peu gros, avant que d'arriver à la fin. Un fÿllabaire doit donc être d’un volume très- mince, tant pour n'être pas fi long-tems néceffaire aux enfans, dont il faut ménager & non pas émoufler le goût, que pour être d’une acquifition plus facile pour tous les ordres de citoyens. Il s’en faut beau- | coup qu'ils puiflent tous fournir à leurs enfans, ces | fecours ingénieux mais difpendieux, que l’art a in- | ventés pour apprendre à lire avec fuccès, comme des fiches, des cartes, une boëte typographique, &c. Mais il y en a peu quine puiffent faire Pacquifi- tion d’un petit livre élémentaire : & s’il eft aflez bien fait pour être utile aux pauvres citoyens, les riches mêmes feront peut-être bien de ne pas le dédaigner. I! n’eft pas bien sûr que le méchanifme de l’enfeigne- tent par le bureau typographique, n’accoutume pas les jeunes efprits à une efpece de marche artiñcielle, qu'il n’eft ni pofüble , ni avantageux de leur faire fui- vre partout. Mais à quoi faut-il réduire un fy/labaire, pour lui donner toute utilité dont il eft fufceptible ? A Pex- poñtion jufte & méthodique de tous les élémens des mots, & à quelque petit difcours fuivi qui fera la ma- tiere préparée des premiers eflais de leéture. TI. Elémens des mots. La premiere chofe qu'il faut faire connoïître aux enfans, ce font les lettres, & les diverfes combinaifons delettres auxquelles l’ufage a attaché la repréfentation des élémens fimples de Ja voix. Je n’irai point groffir cet article d’un détail mi- nutieux qui re peut pas convenir ici, On trouvera (articles LETTRE, CONSONNE, VOYELLE, Drrx- TONGUE), de quoi y fuppléer. Après les lettres doivent venir les divetfes com- binaïifons des confonnes, & l’on feroit bien de par- tager ces combinaifons en feétions, d’après ce qui eft dit de leur fociabilité, 44 mor SYLLABE. Les fyllabes viendront enfuite : 1°. les fyllabes phyfiques , où Le fon fimple eft précédé d’une con- fonne : 2°. celles où 1l eft précédé de deux confon- nes: 3°. celles où il eft précédée de trois confonnes: 4°. les fyllabes dont le je fenfible eft une diphton- eue réelle & auriculaire, foit feule, foit précédée d’une, de deux ou de trois confonnes. Je ne parle point des fyllabes artificielles finales , oùle fon fenfible eft fuivi d’une confonne , parce que je crois qu'il ru utile & plus vrai de détacher cette confonne finale pour la prononcer à-part avec fon fchéva ou e muet prefque infenfble, comme je l'ai montré ailleurs. Voyez SYLLABE. Je ne dis pas non plus qu'il faut nommer toutes les confonnes avec ce fchéva ou e muet, conformé- ment aux vües de la grammaire générale, adoptées depuis par MM. Dumas &r de Launay, &c par les maitres les plus fages, Cette épellation me paroït fi vraie, fi fimple &c fi utile; & l’ancienne au contrai- re, f. inconiéquente, fi embarraflée , & fi oppofée aux progrès des enfans , que je penfe qu’il n’eft plus néceflaire d'infifter fur cela, Mais je remarquerai, comme une chofe importan- te, que pour ce qui concerne les fyllabes dont j’a indiqué le détail éz les divifions ,1ln’en faut omettre aucune dans les tables que l’on en dreffera : fy//abis rullum compendiur eft, perdifcende omnes. C’eft l'avis de Quintilien, (/nff. 1. 7. 5.); & il veut qu'on y ar- + SYL rête les enfaus jufqu’à ce qu’on ait toute la certitude poffible qu'ils ne font plus embarraflés de la diftinc- tion d'aucune fyllabe. Je fuis perfuadé qu'ils ne le feront jamais guere, s'ils nomment les confonnes par le fchéva ; parce qu’il eft aifé de leur faire con- cevoir, qu’au lieu de fchéva, il faut mettre le fon qui fuit la confonne. Il. Eflais de leëfure. Quand les enfans feront fermes fur leurs lettres & fur leurs fyllabes, il faut leur faire lire quelque chofe; mais cela doit être préparé. Je ne trouve rien de mieux imaginé que l’expédient que j'ai vu employé dans quelques fy/labaires. Le dif- cours qui doit fervir de matiere aux premieres leëtu- res, eftimprimé à droite fur la page reio, fous la forme ordinaire; & vis-à-vis, à gauche fur le serfo, le même difcours eft imprimé en pareils caraéteres, mais avec une féparation & un tiret entre chacune des fyllabes de chaque mot. Par exemple: Dieu tou-ché de la ve-rtu de Jo-fe-ph, lui fit trou-ver gra-ce de-vant le gou ve- rneu-f. Dieu touché de la vertu de Jofeph, lui fit trouver grace devant le gouver- neur. On commence à faire lire l’enfant au ver/o; cela elt aifé pour lui, il y retrouve dans un autre ordre les mêmes fyllabes qu'il a vues auparavant : on laver- tit qu’il faut lire de fuite celles qui font attachées par un tiret; que les confonnes finales qui font féparées doivent fe prononcer, comme dans gow-ve-rneu-r; que celles qui ne font pas féparées font muettes, comme dans srou-ver, de-vant : 1l eft bientôt au fait; & on peut , après deux effais, lui cacher le verfo ; &c lui faire répéter la même ledure au redo. Maïs quelle matiere offrira-t-on à fes premiers _ effais? Il me fenble que jufqu’ici on n’a apporté pue- re de difcernement ou d'attention au choix que lon enafait. Dans quelques /ÿ//abaires , c’eft l'oraifors dominicale, la falutation angélique , le [ymbole des apôtres, la confeffion, les commandemens de Dieu & de l'Eglife, & quelquefois les pfeaumes de la pénirence ; chofes excellentes en foï, mais déplacées ici: 1°, parée qu’elles ne font pas de nature à fixer agréable- inent l'attention des enfans, dont la curiofité n°y trouve aucune idée nouvelle nettement développée & tenant à leur expérience: 2°. parce qu’on a foin dans les familles chrétiennes d'apprendre de bonne heure aux enfans les mêmes chofes qu’on leur met ics. fous les yeux, ce qui les expofe à rendre très-bien Penchaînement des fyllabes & la fuite des mots, fans être plus intelligens dans l’art de lire, &t à tromper aïinfi l’efpérance de leurs maitres, qui en les farfant pafer àun autre livre , les trouvent aufli embarrafés 8 auffi neufs que s'ils n’avoient encore rien vu de pareil. | | D'autres /yllabaires ne renferment que des chofes inutiles, déplacées , ou au-deflus de la portée des enfans : jai vu dans l’un des principes de grammaire, &e quels principes ! dans un autre, les fables d'Efs- pe réduites chacune à quatre vers françois, quels quefois difiiciles à concevoir pour les leéteurs les plus raifonnables , tandis qu’en a bien de la peine à proportionner la profe la plus fimple à la foible intel- ligence des enfans. Il eft conftant qu'ils s’occuperont d'autant plus vo- lontiers de leur ledure, qu’ils la trouveront plus à la portée de leur efprit, & qu’ils auront plus de facilité à l'entendre; que rien n’eft moins éloigné de leur in. telligence que les faits hifloriques , parce que ce fonf “des tableaux où 1ls fe retrouvent eux-mêmes , & dont leur petite expérience les rend déja juges compétens; mais que cette matiere même doit ençofe être fap- . + * 4 7 prochée d'eux par la maniere dont on [a leur pré- fente ; que le ftyle doit en être concis & clair Les phrafes fimples & peu recherchées , les périodes courtes & peu compliquées. L’hiftoire de Jofeph la plus intéreffante 8e la plus inftrudtive de toutes pour les enfans , la plus favo- rable au développement des premiers germes de vertu qui font dans leurs cœurs, & la plus propre à mettre dans leurs ames l’idée heureufe & la convic- tion utile des attentions perpétuelles de la providen- ce fur les hommes, me femble mériter par tous ces titres, la préférence fur toute autre hifloire pour paroïtre la premiere fous les yeux de l'enfance. Je voudrois qu’elle fût partagée en plufieurs arti- cles , & que chaque phrafe fût en ans. Ces alinea pris un-à-un , deux à-deux , &c. felon la capacité de chaque enfant , fixeroient naturellement les premie- res tâches; chaque article feroit l'objet d’une répé- tition totale. Après avoir fait lire à l'enfant un ou _ deux verfets, on lui feroit relire äflez pour l’afermir un peu, &z on l’exhorteroit à les relire aflez en fon particulier pour les redire par cœur: ce moyen, en mettant de bonne heure en exercice fa mé- moire & l’art de s’en fervir , lui procureroit plus promptement lhabitude de lire , par la répétition fréquente de l’aéte même. En allant ainf de tâche en en tâche, on ne manqueroït pas de lui faire repren- dre la leéture de tout Particle, quand on feroit à la fin, & de lni faire répeter en entier par cœur, avant que d'entamer le fuivant. Quand on feroit parvenu à la fin de toute l’hiftoire , il feroit bon de la repren- dre, en faifant alors de chaque atticle une feule le- çon , &enfn de tous les articiesune feule répétition, | ou du moins deux répétitions partielles}, qui devien- droient elles-mêmes la matiere d’une répétition tota- le, tant pour la lefture que pour la récitation. Qu'il me foit permis d’analyfer ici cette hiftoire teile que je penie qu’il la faudroit. I. La haine des en- fans de Jacob contre leur frere Jofèph ; ils Le vendenr à des marchands qui vonten Egypte, € font croire & leur pere qu'une bête a dévoré, Il. Jofèph chez Putipkar , puis en prifon ; il eff établi fur tous les autres prifor- aiers. UE, Ses prédictions au grand échanfon & au grand | pannetier du roi. IV. Ilexplique les Jonges du roi. NV. Années d'abondance & de flérilisé ; premier voyage des cnfans de Jacob en Egypte. VI. Second voyage. VIT, Joféph reconnu par fes freres, VII. Etabliffement de la 1raifon de Jacob en Egypte. Après Phiftoire de Jofeph , imprimée , comme je Pai dit, fous deux formes différentes mifes en paral- lele ; on pourroit ajouter quelaw’autre chofe , feule- ment fous la forme ordinaire , afin d’accoutumer les enfans à lire fans trouver les fyllabes décompofées. Maïs 1l faut que cette addition tourne encore au pro- fit des jeunes leéteurs, &r foit relative à leurs befoins | les plus preffans. Les notions des fons, des articu- lations, des voyelles conftantes, des variables, {oit orales , foit nafales; des confonnes labiales, Engua- les, & gutturales, des dentales, des fiflantes , des liquides , des mouillées , des nafales, des foibles & des fortes mifes en parallele; desfyllabes phyfiques, artificielles, ufuelles : les noms & les ufages des ac- cens , de la cédile, de lapoñftrophe, du tiret: les les noms des ponâuations, & la mefure des poies qu'elles indiquent : voilà, fi je ne me trompe, ce qui doit faire la matiere de cette addition. Ce font les principes immédiats de l’art de la le@ure » Qui feront plus intelligibles après les premiers eMais, & qui contribueront à la perfe&tion des fuivans ; pourvu que le ftyle en foit auffi aflujetti aux petites lumieres de Penfance, & qu’on les faffe lire & apprendre aux jeunes éleves avec les mêmes précautions que Fhif- toire de Jofeph. Un fÿllabaire, bien exécuté dans fon détail , eft Tome XF, SYL ts un Ouvrage d'autant plus digne d’un citoyen vrais ment phulofophe , que le public même qu'il ferviroit lui en tiendroit moins de compte : parce qu’en effet plus haber operis quam oflentationis, Quintil. SYLLABE , ff. M. Duclos, dans fes remarques fur le ch. ziy. de la L. partie de la gratnmaire générale , diflingue la fyllabe phyfique de la fyZabe ufuelle. « I » faut obferver, dit-il, que toutes les fois que plu- » fleurs confonnes de fuite fe font fentir dans un mot, # 1} y a autant de /ÿ/labes réelles (ou phyfiques), qu’il » y a des confonnes qui fe font entendre ,) quoiqu'il » n’y ait point de voyelle écrite à la fuite de chaque »confonne ; la prononciation duppléant alors une » muet, la fylabe devient réelle pour l'oreille ,) au » lieu que les fÿZJabes d'ufage ne fe comptent que par » le nombre des voyelles qui fe font entendre > GT QUI » S'écrivent.… Par exemple, le mot armareur eft de »# trois fylabes d'ufage , & de cinq réelles , parce » qu'il faut fuppléer un e muet après chaque r ; on » entend néceflairement a-re-ma-teu-re ». M. Maillet de Boullay , fecrétaire pour les belles- Icttres de l'académie ro yale des belles-lettres, fcien- ces & arts de Rouen, dans le compte qu’il rendit à fa compagnie, des remarques de M. Duclos & du fupplément de M. Pabbé Fromant , dit, en anonçant le même chapitre dont je viens de parler :« Nous ne » pouvons le mieux commencer, qu’en adoptant la » définition de Pabbé Girard , cité par M. Fromant. » Suivant cette définition, qui eft excellente , SE qui » nous fervira de point fixe , /2 SYLLABE efl un fon » fumple ou compoft, prononcé avec toures fes articula- » ton, par une feule impulfion de voix. Examinons »fur ce principe le fyftème adopté par M. Du- » clos, » Qu'il me foit permis de faire obferver à M. du Boullay, qu'il commence fa critique par une vraie pé- tition de principe : adopter d’abord la définition de l'abbé Girard , pour examiner d’après elle Le f yfteme de M. Duclos , c’eft s’étayer dun préjusé pour en déduire des conféquences qui n’en feront que la ré- pétition fous différentes formes. Ne feroit-on pas aufli bien fondé à adopter d’abord le fyflème de M. Duclos pour juger enfuite de la définition de abbé Girard ; ou plutôt ne vaut-il pas mieux commencer par examiner la nature des fy/abes en foi, & indé- pendamment de tout préjugé, pour apprécier en- fuite Le fyftème de l’un & la définition de l’autre Les élémens de la voix font dédeux fortes, les {ons & les articulations. Le {on eft une fimple émif- fion de la voix, dont la forme conftitutive dépend de celle du paffage que lui prête la bouche. Voyez SON, Gramm, L’articulation eft une explofon que reçoit le fon, par le mouvement fubit & inftantance de quelqu’une des parties mobiles de l’organe. 7 oyez H. Il eft donc de Peffence de l’articulation , de précéder le fon qu’elle modifie, parce que le fon une fois écha- pé, n’eft plus en la difpofition de celui qui parle, pour en recevoir quelque modification que ce puiffe être: & l'articulation doit précéder immédiatement le fon qu’elle modifie, parce qu’il n’eft pas poflble que Fexpreffion d’un fon foit {éparée du fon, puifque ce weft au fond rien autre chofe que le fon même lortant avec tel degré de viteffe acquis par telle ou telle caufe. Cette double conféquence , fuite néceflaire de la nature des élémens de la voix, me femble démontrer fans réplique. | 1°. Que toute articulation eft réellement fuivie d’un fon qu’elle modifie, & auquel elle appartient en propre, fans pouvoir appartenir à aucun fon précé- dent ; & par conféquent que toute confonne eft ou fuivie ou cenfée fuivie d’une voyelle qu’elle modifie, fans aucun rapport à la voyelle précédente : ainf ' les mots or , dur ; qui pañlent pour n’être que d’une XXxxi] 716 SYL fllabe, font réellement de deux fons., parce que les {ons o &c u uné fois échapés , ne peuvent plus être modifiés par l'articulation r, & qu'il faut fuppofer enfuite le moins fenfble des ons, que nous appel- lons e muet, comme s’il y avoit o-re, du-re. 2°, Que fi l’on trouve de-luite deux ou trois ar- ticulations dans un même mot, il n’y a que la der- niere qui pre tomber fur la voyelle fuivante, parce qu’elle eff la feule qui la précede immédiatement ; & les autres ne peuvent être regardées en rigueur que comme des explofions d'autant d’e muets inutiles à écrire parce qu'il eft impoñhble de ne pas lés expri- mer, mais auf réels quetoutes les voyelles écrites: ainfi, le mot françoïs Jcribe, qui pafle dans l’ufage ordinaire pour un mot de deux fy//abes, a réellement quatre fons , parce que les deux premieres articula- tions f & k fuppoferit chacune un e muet à leur fui- te, comme sl y avoit fe-ke-r1-be ; il y a pareïllement quatre {ons phyfiques dans le mot /phirx , qui pafle pour n’être que d’une /y/abe , parce que la lettre f- nale x eft double, qu’elle équivaut à f,k, & que chacune de ces articulations compofantes fuppofe après elle Pe muet , comme sil y avoit fe-phix- ke-fe, Que ces e muets ne foient fupprimés dans l’ortho- graphe , que parce qu'il eft impoffble de ne pas les faire fentir quoique non écrits, j'en trouve la preuve non-feulement dans la rapidité exceflive avec la- quelle on les prononce , mais encore dans des faits orthographiques , fije puis parler aïnfi. 1°, Nous avons plufieurs mots terminés en res, dont la ter- minaïfon étoit autrefois précédée d’un e muet pur, lequel n’étoit fenfible que par lalongement de la voyelle dont il étoit lui-même précédé , comme ralliement , éternuement | enrouement, 8tc, aujour- d'hui on fupprime ces e muets dans l'orthographe, quoiqu'ils produfent toujours lalongement de la voyelle précédente , & l’on fe contente , afin d’évi- ter l’équivoque , de marquer la voyelle longue d’un accent circonflexe , ralliment , éternñment, enrot- nent. 2°, Cela n’eft pas feulement arrivé après les voyelles, on l’a fait encore entre deux confonnes , & le mot que nous écrivons aujourd'hui foxpçon, je le trouve écrit /oz/pecon avec l’emuet, dans le Zvre de la précellence du langage françois , par H. Eftiene , ( édir. 1579.) Or ileit évident que c’eft la même choile pour la prononciation, d'écrire foupeçon ou Jfoupçon , pourvw que lon pañle fur Pe muet écrit, avec autant de rapidité que fur celui que l'organe met naturellement entre p &£, quoiqu'il n’y foit point écrit. Cette rapidité, en quelque forte inappréciable de le muet ou/cheva | qui fuit toujours une confonne qui n’a pas immédiatement après foi une autre voyelle , eft préciément ce qui a donné lieu de croire qu'en effet la confonne appartenoït où à la voyelle précédente, ou à la fuivante , quoiqu’elle en Joit féparée: c’eit ainfi que le mot écre fe divife communément en deux parties, que l’on appelle auf /yllabes, favoir a-cre , &t que l’on rapporte éga- lement les deux articulations & & 7 à le muet final : au contraire , quoique l’on coupe aufli le mot arme en deux /ÿl/abes, qui font arme, on rapporte l’arti- culation 7 à la voyelle + qui précede, & l’articula- tion rm à Ve muet qui fuit : pareillement on regarde le mot orcomme n'ayant qu'une /y//abe parce qu’on: rapporte à la voyelle o l'articulation r, faute de voir dans l'écriture &c d'entendre {enfblement dans la prononciation , une autre voyelle qui vienne après &t que l'articulation puuffe modifier. | Il eft donc bien établi , par la nature même des élémens dela voix, combinée avec l’ufage ordinaire de la parole , qu’il eff indifpenfable de diftiiguer en cflet les Jyllabes phyfiques des /ÿ/labes artificielles, \ &c de prendre des unes & des autres les idées qu’en donne , {ous un autre nom , l’habile fecrétaire de l'académie françoife : par-là {on fyftême fe trouve juftifié & folidement établi , indépendamment de toutes les définitions imaginables. - Celle de Pabbé Girard va même fe trouver faufe d'après ce fyftême , loin de pouvoir fervir à le com- battre. C’eff , dit-il , (vrais princip. som. 1. dife. I. pag. 12. ) un fon, fimple ou compolé, prononcé avec toutes fes articulations , par une feule impulfion de voix. Il fuppofe donc que le même fon peut recevoir plu- fieurs articulations , & il dit pofitivement , pag. 115 que la voyelle a quelquefois plufieurs confonnes at- tachées à fon fervice , & qu’elle peut les avoir 4 fz tée ou a fa fuite : c’eft précifément ce qui eft dé- montré faux à ceux qui examinent les chofes en ri- gueur ; cela ne peut {e direque des fyZ/abes ufuelles tout au plus, & encore ne paroït-il pas trop raifon- nable de partager comme on fait les fy/labes d'un mot, lorfqu’il renferme deux confonnes de fuite en- tre deux voyelles. Dans le mot armé, par exemple, on attache 7 à la premiere fy/labe, 8 m à lafeconde, & l’on ne fait guere d'exception à cette reele, fi ce n’eft lorfque læ feconde confonne eft l’une des deux liquides / ou r, comme dans é-cre, aigle. # Pour moi, dit M. Harduin, fecretaire perpétuel » de l’académie d'Arras , rem. div. fur la prononc. » pag. 56. je ne vois pas que cette diftinétion foit » appuyée fur une raïlon valable ; & il me parot- » troît beaucoup plus régulier que lé mot armé s’é- » pellât armé... ... Il n’y a aucun partage fenfible » dans la prononciation de rmé ; & au contraire on » ne fauroit prononcer 47, fans qu’il y ait un par- »tage aflez marqué : le féminin qu’on eft obligé de »fuppléer pour prononcer Pr, fe fait bien moins » fentir & dure bien moins dans rm que dans vr. En »un mot, chaque fon fur lequel on s’arrête d’une » maniere un peu fenfible, me paroît former & ter- » miner une /ÿ//abe ; d’où je conclus qw’on fait dif- » tinétement trois /y/labes en épellant armé, auliew » qu'on n’en fait pas diftinétement plus de deux, en » épellant a-rme. Ce qui fe pratique dans le chant » peut fervir à éclaircir ma penfée. Suppofons une » tenue de plufeurs mefures fur la premiere fyZ/abe » du mot charme ; n’eft-1l pas certain qw’elle fe fixe » uniquement fur la, fans toucher en aucune ma- » niere à l’r, quoique dans les paroles mifes en mu- » fique , 1l foit d’ufage d'écrire cette 7 immédiate- » ment après la, & qu’elle fe trouve ainf féparée » del# par un efpace confidérable ? N’eftil pas » évident, nonobftant cette féparation dans l’écri- » ture, que l’affemblage des lettres rz1e fe prononce. » entierement fous la note qui fuit la tenue ? | » Une chofe femble encore prouver que la pre- » miere confonne eft plus liée avec la confonne fui- » vante qu'avec la voyelle précédente, à laquelle, » par conféquent, on ne devroit pas l’unir dans la » compofition des fÿllabes : c’eft que cette voyelle » À cette premiere confonne n’ont lune fur l’autre » aucune influence direéle , tandisyque le voifinage » des deux confonnes altere quelquefois l’articula- » tion ordinaire de la premiere où de la feconde, » Dans le mot obrus, quoiqu'on y prononce foible- » ment un e féminin après le &, :l arrive que le Z » contraint par la proximité du:, fe change indie » penfablement en p, & on prononce effetlivement. » optus...… Ainfi l’antipathie même qu'il y a entre » Les confonnes 8, #,[ parce que l’une eft foible & » l'autre forte |, fert à faire voir que dans obrus elles » font plus unies Pune à l’autre, que la premiere ne » left avec lo qui la précede. » J'ajoute que la méthode commune me fournit » elle-même des armes qui favorifent mon opinion. » Car, 1°. J'ai déja fait remarquer que, felon cette SON E » méthode, on épelle £-cre 8 E-glé : où penfe donc »* du moins qu'il y a des cas où deux confonnes pla- » cées entre deux voyelles, la premiere aune liaifon # plus étroite avec la feconde, qu'avec la voyelle » dont elle eft précédée. 2°, La même méthode en- _ feigne aflurément que les lettres f°: appartiennent » à une même /ÿ//abe dans ffyle, fatue : pourquoi æen feroit-il autrement dans vaffe , polle, myflere? » [ On peut tirer la même conféquence de pfeaume, » pour rap/odie ; de fpécieux , pour a/peël , refpect , &cc. » de ffrophe , pour affronomie ; de Piolomée,, pour ap- s situde, opranf, &c. C'eft le fyftème même de P.R. » dont il va être parlé. ] 3°. Voici quelque chofe de » plus fort. Qu'on examine la maniere dont s’épelle » le mot axe , on conviendra que lx tout entier eft » de la feconde /yZ/abe, quoiqu'il tienne lieu des deux # confonnes c, s, & qu'il repréfente conféquem- » ment deux articulations. Or fi ces deux articula- » tions font partie d’une même fÿ/labe dans le mot » axe, qu'on pourroit écrire ac fe , elles ne font pas # moins unies dans accès | qu’on pourroit écrire # acsès : 8t dès qu'on avoue que l’a feul fait une /y/- » labe dans accès, ne doit-on pas reconnoître qu'il » en eftde même dans armé & dans tous les cas fem- >» blables ? »# Dom Lancelot , dans fa méthode pour apprendre » la langue latine, connue fous le nom de Port-Royal, > ( craité des lertres , ch. xiv. . üj.) établit, fur la * compofñition des fy//abes , un fyflème fort fingu-. » lier , qui, tout différent qu'il eft du mien, peut * néanmoins contribuer à le faire valoir. Les confon- #» nes , dit:il., gui ne fe peuvent joindre enfemble au # corminencement d'un MOT, 16 S'y joignent pas al mi- » lieu ; mais les confonnes qui fe peuvent joindre en- »Jemble au commencement d'un mot, fe doivent auff »Joindre au rnilieu ; & Ramus prétend que de faire au- ».érerment , C'efl commettre un barbarifme. ILeft bien fùr » que fi la jonétion de telle & telle confonne eft » réellement impoffible dans une poñtion, elle ne » left pas moins dans une autre. M, D. Lancelot fait » dépendre la poflibilité de cette jonétion d’un feul » point de fait, qui eft de favoir s’il en exifte des » exernples à la tète de quelques mots latins. Aïnf, » luivant cet auteur , paflor doit s’épeller pa-flor, | »,parce qu'il y a des mots latins qui commencent par s ff; tels que ffare , flimulus : au contraire arduus » doit s’épeller ar-duus | parce qu'il n’y aucun mot » latin qui commence par rd. La reole feroit embar- #raflante , pufqu'on ne pourroit la pratiquer füre- » ment, à moins que de connoître & d’avoir pré- » fens à l’efprit tous les mots de la langue qu’on vou- » droit épeller. Mais d’ailleurs s’il n’y a point eu chez » les Latins de mot commençant par rd , eft-ce donc » une preuve qu'il ne püt y en avoir ? Un mot conf- >» truit de la forte feroit-il plus étrange que bdellium , » Tmolus , Crcfiphon , Piolomeus ? » À ces excellentes remarques de M. Harduin, j'en ajouterai une, dont il me préfente lui-même le ger- me. C’eft que pour établir la poflibilité de joindre enfemble plufeurs confonnes dans une même fy//abe, il ne fuffroit pas de confulter les ufages particuliers d’une {eule langue , il faudroit confulter tous les ufa- ges de toutes les langues anciennes & modernes ; & cela même feroit encore infufifant pour établir une conclufon univerfeile , qui ne peut jamais être fon- dée folidement que fur les principes naturels. Or il n'y a que le méchanifme de la parole qui puifle nous faire connoître d’une maniere füre les principes de fociabilité ou d'incompatibilité des articulations , & c’eft conféquemment le feul moyen qui puifle les établir. Voici, je crois , ce qui en ef. 1°. Les quatre confonnes conftantes #,n7, 1,17, peuvent précéder ou fuivre toute confonne varia. ble, foible ou forte,w,f,b,p,d,1,8,q4,25, J 3 Che | SET TE 717 2°. Ces quatre confonnes conftantes peuvent ga” lement s’aflocier entre elles, #2, #m, ml,lm,mrs 1 3 Al jdn, nr ,rn,dr, rl 3°. Toutes les confonnes variables foibles peuvent fe joindre enfemble , & toutes les fortes font égales. ment fociables entre elles. Ces trois regles de la fociabilité des confonnes font fondées principalement fur la compatibilité nas turelle des mouvemens organiques, qui ont à fe fucs céder pour produire les articulations qu’elles repré fentent : mais il y a peut-être peu de ces combinais fons que notre maniere de prononcer l’e muet écrit ne puifle fervir à jufhfer. Par exemple, dy fe fait entendre diftinétement dans notre maniere dé pro: noncer rapidement , ezcas de guerre, comme s’il y avoit en-ca-dguer-re ; nous Mmarquons /y dans 4s chez veux , que nous prononçons comme sil y avoit /e- Jveu, êc. c'eft 1c1 le cas où l'oreille doit diffiper les préjugés qui peuvent entrer par les yeux, & éclai- rer l’efprit fur les véritables procédés de la na- ture. 4°. Les confonnes variables foibles font incompa- tibles avec les fortes. Ceci doit s'entendre de la pro: nonciation ; & non pas de l'écriture qui devroit tou- jours être à la vérité, mais qui n’eft pas toujours une image fidele de la prononciation. Ainfi nous écrivons véritablement obus, où l’on voit de fuite les confon- nes #,£, dont la premiere eft foible & la feconde forte ; mais, comme on l’a remarqué ci-defus, nous prononçons optus, en fortifiant la premiere à caufe de la feconde. Cette pratique eft commune à toutes les langues , parce que c’eft une fuite néceflaire du méchanifme de la parole. IL paroïît donc démontré que l’on fe trompe en effet dans l’épellation ordinaire, lorfque de deux confonnes placées entre deux voyelles on rapporte la premiere à la voyelle précédente , 8 la feconde à la voyelle fuivante, Si, pour fe conformer à la for- mation ufuelle des fyZlabes , on veut ne point imagi- ner de fchéva entre les deux confonnes, & regarder . les deux articulations comme deux caufes Qui con= courent àlexplofion du même fon ; il faut les rap- porter toutes deux à la voyelle fuivante , par la rai- {on qu'on a déja alléguée pour une feule articulation, qu'il n’eft plus tems de modifier l’explofon d’un fon quand il eit déja échappé. - Quant à ce qui concerne les confonnes finales, qui ne font fuivies dans l'écriture d'aucune voyelle , nt dans la prononciation d’aucun autre fon que de celui de le muet prelque infenfble, lufage de les rappot- ter à la voyelle précédente eft ablolument en con- tradiétion avec la nature des chofes , & il femble que les Chinois en ayent apperçu & évité de propos dé- libéré l’inconvénient ; dans Leür langue, tous les mots font mono-fÿllabes, ils commencent tous par une confonne , jamais par une voyelle, & ne finiffent jamais par une confonne. Ils parlent d’après la na: ture , & l’art ne l’a ni enrichie, ni défigurée, Ofons les imiter , du-moins dans notre maniere d’épeller ; &t de même qu'il eft prouvé qu’il faut épeller charme par cha-rme , accès par a-ccès , circonfpeëtion par ci= rcon-fpe-&i-on, {éparons de même la confonne finale de la voyeile antécédente, & prononçons à la fuite le Jéhéya prefque infenfible pour rendre fenfble la confonne elle-même : ainfi aéeur s’épellera a-&ez-r, Jacob fera Ja-co-b, cheyal fera che-va-l, &c. Onfent bien que cette maniere d’épeller doit avoit beaucoup plus de vérité que la maniere ordinaire, qu’elle eft plus fimple , & par conféquent plus facile pour les enfans à qui on apprend à lire. Il n’y auroit à craindre pour eux que le danger de rendre trop fenfible le fchéva des confonnes ; qui ne font fuivies d'aucune voyelle écrite ; mais outre la précaution de ne pas imprimer le fchéva propre à la confonne 18 SEVRE finale, un maître intelligent faura bienles prévenir l-deflus, & les amener à la prononciation ferme & ufuelle de chaque mot : ce fera même une occafion favorable de leur faire remarquer qu'il eft d’ufage de regarder la confonne finale comme faifant /y//abe avec la voyelle précédente, mais que ce n’eft qu’une Jyilabe atticielle , 8 non une /yl/abe phyfique. . Qu'éft-ce donc qu'une SYLLABE phyfique? C’eft un fon fenfible prononcé naturellement en un feul coup de voix, Telles font les deux fÿ//abes du mot a-ri : chacune d’elles eft un fon 2,%: chacun de ces fons eft fenfible ; puifque l'oreille les diftingue fans les confondre : chacun de ces {ons eft prononcé naturel- lement , puifque l’un eft une fimple énuffion fpon- tanée de la voix, & que Pautre eft une émiffion ac- célérée par une articulation qui le précede , comme la caufe précede naturellement Peffet; enfin chacun de ces fons.eft prononcé en un feul coup de voix, & c’eft le principal caraétere des /yllabes. : Qu'eft-ce qu'une SYLLABE arrificielle ? C’eft un Jen Jénfible prononcé artificiellement avec d’autres [ons infenfibles en un feul coup de voix. T'elles font les deux {yllabes du mot rom-peur : 1] y a dans chacune de ces fyllabes un fon fenfible, om dans la premiere , ex dans la feconde , tous deux diftingués par organe qui les | prononce, & par celui qui les entend : chacun de ces {ons eft prononcé avec un fchéva infenfble ; o7, avec le fchéva que fuppofe la premiere confonne r, laquelle confonne ne tombe pas immédiatement {ur om, comme la feconde confonne r ; ez, avec le fché- va que fuppofe la confonne finale r , laquelle ne peut naturellement modifier ez comme la confonne p qui précede : chacun de ces fons fenfibles eft prononcé artificiellement avec fon fchéva en un feul coup de voix ; puifque la prononciation natuelle donneroit à chaque fchéva un coup de voix diftinét , fi Part ne la précipitoit pour rendre le fchéva infenfble ; d’où il réfulteroit que le mot srompeur, au“lieu des deux fyllabes artificielles #rom-peur auroit les quatre /y/la- bes phyfques £e-rom-peu-re. Il y a dans toutes les langues des mots qui ont des Jyllabes phyfiques &c des /yllabes artificielles : arzi a deux fyllabes phyfiques ; srompeur a deux fyllabes ar- tificielles ; amour a une fÿllabe phyfique 8 une arti- ficielle. Ces deux fortes de fÿllabes font doncéga- lement ufuelles ; & c’eft pour cela que jai cru ne devoir point, comme M. Duclos, oppofer l'ufage à l4 nature, pour fixer la diftinétion des deux efpeces que je viens de définir : il m'a femblé que l’oppof- tion de la nature & de Part étoit plus réelle & moins équivoque , & qu’une fy/labe ufuelle pouvoit être ou phyfique ou artificielle ; la /ÿ//abe ufuelle, c’eft le genre, la phyfique & l'artificielle en font les ef- peces. Qu’eft-ce donc enfin qu’une SYLLABE ufuelle, ou fimplement une fyllabe? C'eft, en fupprimant des définitions précédentes les caraéteres diftinétifs des efpeces , un fon fenjible prononcé en un feul coup de voix. : Il me femble que lufage univerfel de toutes les langues nous porte à ne reconnoître en effet pour Jyllabes , que les fons fenfibles prononcés en un feul coup de voix : la meilleure preuve que l’on puifle donner , que c’eft ainfi que toutes les nations l’ont entendu, & que par conféquent nous devons l’en- tendre ; ce font les fyZabes artificielles, où lon a toujours reconnu l'unité fy/abique , nonobftant la pluralité des fons rééls que l'oreille y apperçoit ; lieu , lien, leur, voilà trois /yUlabes avouées telles dans tous les tems , quoique lon entende les deux fons 2, ex dans la premiere , les deux fons :, ez dans Ja feconde , 8 dans la troifieme le fon ez avec le fchéva que fuppofe la confonne r ; mais le fon pré- poñtif : dans les deux premieres, &le fchéva dans S Y E la troifieme font prefque infenfibles malgré leur réa: lié, & le tout dans chacune fe prononce en un feul coup de voix, d'où dépend l'unité fy/abique. Il'n’eft donc pas exaët de dire, comme M, Duclos;: ( loc. cit. ) que nous avons des vers qui font à-la-fois de douze fÿllabes d'ufage , & de vingt-cinq à trente | fyllabes phyfiques. Toute fy/Zabe phyfique ufitée dans la lañgue en eft auffñi une /y/Jzbeufuelle , parce qu’elle eft un fon fenfible prononcé en un feul coup de voix; par conféquent on ne trouvera jamais dans nos vers plus de fyllabes phyfiques que de /ÿ/abes ufuelles. Mais on peut y trouver plus de fons phyfiques que de fons fenfibles , 8 de-là même plus de fons que de Jyllabes ; parce que les fjllabes artificielles, dont le nombre ef aflez grand, renferment néceffairement plufieurs fons phyfiques ; mais un feul eft fenfible, êt les autres font infenfibles. On divife communément les fy/abes ufuelles, ou par rapport au fon, ou par rapport à l’articulation. Par rapport au fon, les /y/labes ufuelles font ou incomplexes ou complexes. Une /yllabe ufuelle ircomplexe eft un fon unique ; qui n'eft pas le réfultat de plufeurs fons élémentai- res , quoiqu'il y ait d’ailleurs quelque fchéva fuppo= 1é par quelque articulation : telles {ont les premieres Jÿllabes dés mots , 4-mi , TA-mis , O-vrir, cOU-vrir, EN-ter , PLAN-ter. Une /yllabe ufuelle complexe eft un fon double; qui comprend deux fons élémentaires prononcés diflinétement & confécutivement , mais en un {eul coup de voix : telles {ont Les premieres fy/abes des mOts OI-fo7 , CLOI-Jon , HUI-lier, TUI-lier, Par rapport à l'articulation , les /ÿ/abes ufuelles {ont ou fimples où compofées, | Une fyllabe ufuelle fmple eft un fon unique où double, qui n’eft modifié par aucune articulation : telles font les premieres /ÿWabes des mots 4-mi, ou- vrir , EN-ter, OI-Jon, HUI-lier. Une /yllabe uluelle compofée eft un fon unique ou double, qui eft modifié par une ou par plufeurs ar- ticulations : telles font les premieres fÿ//abes des MOTS TA-7n15 | COU-Vrir, PLAN-ter, CLOI-[orr, TUI- lier, Pour terminer cet article, il refte à examiner l’o- rigine du nom de fyZ/ube, Il vient du verbe grec œa= AauBave, comprehendo ; R.R. cv , cm; 8C AauRare, prehendo, capio : de-là vient le nom ouaa4 84, fyllabe. Prifcien & les grammairiens latins qui Pont fuivi, ont tous pris ce mot dans le fens aétif : SYLLA4B4, dit Prifcien, ef? comprehenfio lirterarim , comme s’il avoit dit, id quod comprehendit listteras. Maïs 1°, cette pluralité de lettres ’eft nullement eflentielle à la nature des /y/abes, puifque le mot 4-5 a réelle- ment deux /y//abes également néceflaires à l’intéprité du mot , quoique la premiere ne foit que d’une let- tre, 29, Ileft évidemment de la nature des fÿ//ubes, telle que je viens de l’expofèr , que Le comprehenfto des Latins & le cuarx484 des Grecs doivent être pris dans ie fens pafñf, id quod uno vocis impulfu compre- henditur ; ce qui eft exattement conforme à la déf- nition de toutes les efpeces de fyZlabes, & appa- remment aux vues des premiers nomenclateurs. (CE. R. M. B.) SYLLABE , ( Werfif. franç.) comme le nombre des Jÿllabes fait la melure des vers françois , il feroit à fouhaiter qu'il y eût des regles fixes &c certaines pour déterminer le nombre des /ÿ//abes de chaque mot ; car il y a des mots douteux à cet égard, &il yena même qui ont plus de /y//abes en vers qu’en profe ; les noms qui fe terminent en ceux, en cel, en en, en ton, en cer, Gc. caufent beaucoup d’embarras à ceux qui fe piquent d’exaétitude : odieux, précieux | ont de trois /yllabes , & cependant cieux , lieux, dieux, n'ont qu'une fyllabe, De même, fel , miel, bien , mien , font moñofyllahes; miais dans Le, ancien, magicien | académicien, mujicien , la terminaifon en ien eft de deux fyflabes. Dans les mots fer, alrier,, métier , la fime en ‘er eft d’une feule /ÿllabe , & de deux dans bouclier | ouvrier, meurtrier & fier uand 1l eft verbe. Toutes ces différences deman- ue une application particuliere pour ne s’y pas tromper, 6 ne pas faire un follécifme de quantité. En général , il faut confulter l'oreille , qui doit être le principal juge du nombre des fÿ//abes , & pour lors la prononciation la plus douce & la plus naturelle doit être préférée. Mourgues. ( D. 1.) SYLLABE, {.f.ez Mufique, sunnaGa ,eft , au rap- ort de Nicomaque., le nom que donnent quelque- Er les anciens à la confonance de la quarte, aw’ils appellorent communément diareffaron. Voyez Dia: TESSARON. .… SYLLABIQUE , adj. ( Gramm. ) qui concerne les fyllabes , qui appartient aux fyllabes , qui leur eft propre. L'unité fyllabique , c'eft ce qui fait qu’une _{yllabe eit une , ce qui dépend fur-tout de l’unité du coup de voix. Voyez SYLLABE. Letems ou la valeur frilakique , c’eft la proportion de la durée d’une fyl- labe relativement à celle des autres fyllabes d’un mê- me difcours. Voye: QUANTITÉ. L’harmonie, le nom- bre ou le rythme n'eft pas le réfultat de la fimple combinaïfon des tems /y//abiques des mots ; &’eft la proportion de certe combinaifon avec la penfée mê- me dont la phrafe ef l'image. . SYLLABUB, f. m. (Pharmacie.) efpece de boiïflon compotfée de vin blanc & de fucre, À auoi l’on ajou- te du lait nouveau. On en fait principalement ufage pendantles chaleurs de l'été. | * Quelquefois on le fait de vin de canarie au-lieu de vin blanc , auquel cas 6n épargne le fucre, & l’on met à la place un peu de jus de citron & de noiïx de mufcade. | La meilleure façon eft de mêler le vin avec tous les ingrédiens dès la veille , & de n’y joindre le lait ou {a crême que le lendemain matin. La proportion eft üne pinte de vin fur trois pintes de lait. Maïs pour faire du /ÿ//abub fouetté , on prend une chopine de vin blanc ou de vin du Rhin, & unepinte de Crème avec trois blancs d’œuf ; on affaifonne le tout avec du fucre, & on le fouette avec des brins de bouleau ; on en ôte l’écume à mefure qu'elle fe forme , on la met dans un vaifleau , & après qu’elle s’y eft repoiée deux ou trois heures, elle eft bonne à manger. . SYLLEPSE , £ £ ( Gramm.) œunaudue, comprehenfio; c’eft la même étymolooie que celle du mot /y//abe , voyez SYLLABE ; maïs elle doit fe prendre ici dans le fens a£tif, au-lieu que dans fy/abe elle a le fens paf GÉ: quAAndie, cormprehenfio duorum fenfuum fub uné voce ; Ou-bien acceprio vocis unius duos fimul fenfus cormprehendentis.. C’eft tout-à-la fois la définition du _ nom & celle de la chofe. # .… La fylkpfé eft donc un trope au moyen duquel le mème mot eff pris en deux fens différens dans la mê- me phrafe, d’une part dans le fenspropre, & de l’au- tre dans un.fens figuré. Voici des exemples cités par M. du Marfais. srop. part. IL. art. xj. pag. 451, « Coridon dit que Galathée: eft pour lui plus dou- _» ce que le thym du mont Hybla ; Galathea thymo » mthi dulcior Hyble , Virg.ecl, vi. 37. le mot doux eftau propre pat rapport au thym, & 1l eft au f- .» guré par rapport À l’impreffion que ce berger dit » que Galathée fait furlui, Virgile fait dire enfuite .» à un autre berger ; 1bid. 41. Ego Sardoïs videar tibi » amarior herkis , ( quoïque je te paroïffe plus amer » que les herbes de Sardaigne, &e.).Nos bergers di- - É . 3 3 » fent , plus aigre qu'un curon verd. » Pyrrhus, &ls d'Achille , l’un des principaux » chef des Grecs , & qui eut le plus de part à l’em- | SYL n9 » brafement de là ville de Troie, s’exprimeen ceg » termes dans l’une des plus belles pieces de Racineë » Andromag. 4. I. fe. yv. » Je Jouffre tous les maux que j'ai faits deÿañ » Troië ; h Vaincu , chargé de fers , de régrèts conjumes » Brälé de plus de feux que je n’en àllumat. » bréle eftau propte , paf tapport aux feux que Pyts » thus alluma dans la ville de Troie; &cileftau figuré, » pat rapport à la pafhion violente que Pyrrhus dir » qu'il reffentoit pour Andromaque. : : : » Aurefte, cette figure joue trop fur les mots pour » ne pas demander bien de la circonfpeétion : il faut » éviter les jeux de mots trop affectés & tirés dé » loin, . Cetté obfervation de M. du Marfais eft très-fabe 3 mais elle autoit pù devenir plus utile, s’il avoit af figné les cas où la /yZ/epfe peut avoirlieu , & qu'il eût fixé l’analyfe des phrafes fylleptiques. Il me femble que ce trope n’eft d’ufage que dans Les phiafes expli- citement comparatives, de quelque nature que feit le rapport énoncé parla comparaifon, ou d'égalité , ou de fupériorité , ou d'infériorité : br£lé d'autant dé feux que j'en allumai; où de plus de feux , où de moins de feux que je n'en allumai. Dans ce cas, ce n’eft pas le cas unique exprimé dans la phrafe | qui réunit fur {oi les deux fens ; 1l n’en a qu’un dans le prémier ter4 me de la comparaifon , &c1l eft cenfé répété avec le fecond fens dans lexpreffion du fecond terme. Ainf le verfet 7o du pf. 118. Coagulatum eff ficut Lac cor eo ru, eft une propoftion comparative d'égalité, dans laquelle le mot coagularum ; qui fe rapporte À cor eo: ru | €ftpris dans un fens métaphorique ; &c le fens propre qui fe rapporte à /4e eft néceflairement atta- ché à un autre mot pareil fous-entendu ; cor eorum coagulatum ef! fècut lac coagulatur. Il fuit de-là que la f/epfe ne peutavoir lieu, que quand Le fens figuré que lon aflocie au fens propre eft autorifé par l’ufage dans les occurrences où il n° a pas de /yllèpfe. C’eft ainfique feux eft de mife dans l'exemple de Racine , parce qu'indépendamment de toute comparaifon on peut dire par métaphore, /es feux de l'amour. Vajouterai que peut-être feroit-il plus fage de reftraindre la /ÿ//epfe aux {euls cas où le {ens figuré ne peut être rendu par un mot propre. M. du Marfais femble infinuer , que le fens figuré qué la fyllepfe réunit au fens propre; efttoujours une métaphore. Il me femble pourtant qu’il ya une vraie Jytlepfe dans la phrafe latine , Nerone neronior ipfo, 8 dans ce vers françois, Plus Mars que le Mars de La - T'hrace;pulque Nero d’une part & Mars de l’autre font pris dans deux fens différens.: or Le fens figuré de ces mots n'eft point une métaphore; c’eft une antono- male ; ce font des noms propres employés pour des noms appellatifs. Je dis que dans ces exemplesil y a /yllepfè , quoique le mot pris à double fens foit ex- primé deux fois: c’eft que s’il n’eft pas répété dans les exemples ordinaites, il eft fous-entendu , comme je l'ai remarqué plus haut, & que Pellipfe n’eft point néceflaire à la conftitution de la /ÿ//epfe. Il ÿ a aufi une figure de conftru@ion que les Grammairiens appellent fyllepfé ou fynrhèfe. Mais comme1l me femble dangereux pour la clarté de l’en- feignement , de donner À un même mot technique des fens différens , je n’adopte , pour nommer la fi- gure dont il s’agit, que le nom /ÿrshèfe, & c’eft fous ce nomque j'en parlerai. Foyez SYNTHESE , Grams maire, ( E. RM. B.) SYLLEPSIOLOGIE, { f. dans l’Economieanimale, c’eft une partie qii traite de la falive. de Ce mot eft compoié du grec oups, falive & 202 y06, difcours. . M? | . SYLLOGISME, fm, ( Logique, ) le fyllogifmne efè 720 SYL un raifonnement énoncé fuivant les regles de lalo- gique. Pour le conftruire., on compare deux idées dont on veut connoitre le rapport ou la différence à une troifieme idée qui fe nomme moyenne. Quand deux idées peuvent être comparées enfemble pour en former immédiatement un jugement afirmatif ou négatif, 1l n’eft pas befoin de recourir au rafonne- ment; mais comme cela ne fe peut pas toujours, c’eft alors qu'on recourt à Pidée moyenne, qui fert de principe de comparaïfon. Sijentreprends, par exem- ple, de prouver que la terre eft fphérique, 1l neft impoffble de comparer immédiatement idée de la figure fphérique & celle de la terre ; mais avecle fe- cours d’une idée moyenne, favoir celle de l’ombre de la terre, qui fe trouve être l'ombre d’un corps fphérique , je ferai la comparaïfon dont il s’agit ; &c voici comment j’exprimerai mOn argument : cour corps eff fphérique , ft fon ombre tombant direitement fur an plan ef? circulaire, quelle que foit la fituation de ce corps; or nous Voyons dans les éclipfes de la lune que l'ombre de la terre a cette proprieté: donc la terre eff un fus , font de véritables maladies: Ils font différens quant à leur nombre , leur effet, &c. Cependant on peut, après les anciens , les rap- porter affez convenablement à des défauts dans les fondions, les excrétions & les retentions. Sous le premier chef doivent être rangées toutes les diminutions , les abolitions , les augmentations êcles dépravations des aétions animales , particulie- rement par rapport à la faim , à la foif, au fommeil & à la veille, 6. Sous le fecond chef doivent être rangées les nau- fées , les vyomiemens ; les lienteries , les affe&ions sSTY M teliaques,, les diarrhées , les dyffenteries, les paf “fonsahaques, &c. Sous le troifieme chef doit être rangéela jauniffe, la pierre, l’hydropife, la fievre, l'ifchurie, la ftran- -gurie, Pafthme, le rhume, &c. Voyez chacune de ces chofes fous fon arsicle particulier, FAIM , Nauske, LIENTERIE, DIARRBÉE , JAUNISSE, HY DROPISIE , PiERRE, FIÈVRE, Gc. Les fyrmptomes critiques font ceux qui marquent & annoncent une crile falutaire ; telle eft l’éruption d'une parotide à la fin ou dans l'augmentation d’une fevre maligne ; telle eft une hémorthagie par l’une des narines, dans Le cas de pléthore , qui s’eft jertée dur la plevre, ou fur le poumon. Les fymptomes en général demandent un traite ment particulier , quoiqu'ils difparoiïflent avec la caufe de la maladie ; mais on doit commencer fur- tout par les abattre dans les maladies aiguës, ainf la -fevre dans toutes les inflammations avec la douleur, fait la premiere indication. Foyez MALADIE. | SYMPTOMES proréformes, ( Médec.) on nomme ænf dans les fievres & autres maladies des fympto- .mes irréguliers fi peu attendus, & fi violens, qu'ils mettent en danger la vie du malade, parce qu'ils dé- zobent au medecin le caraétere de la maladie, & fon état préfent ; enforte qu'il ne peut ia reconnoître, ni par le tempérament, n1 par le pouls, ni par les uri- nes, ni par aucune autre des voies accoutumées. Sou- ventilne remarque qu'un grand friflon, un vomif- fement continuel , une violente diarrhée, une coli- que d’efftomac, des fpafmes, une douleur piquante de côté, ou d’autres accidens qui ne fervent qu’à écarter {on efprit de la vraie méthode curative. Il faut alors s’en tenir aux feuls remedes propres à cal- mer des fymptômes les plus urgens, & ne rien entre- prendre qui puiffé détruire les forces de la nature, &t arrêter les crifes heureufes qu’elle peut opérer. (D. J) SYMPTOSE , f. £ ( Léxicogr. Médic.) oufanis ; ‘terme qui compoié de our & de œiwlu je tombe, dé- _figne laffaiffement ou la contraétion des vaiffeaux, commeil arrive après des évacuations confidérables. Ce mot fe prend auf quelquefois pourun affaiflement du corps accablé de lafitude & de foibleffe ; enfin ce mot fignifie tout abattement particulier de quelque partie que ce foit du corps, des yeux, du vifage, -6c. (D.J.) SYMPULE , 1. m. ( Axéig.) petit vafe dont les pontifes romains fe fervoient dans les facrifices pour faire des libations. | SYNAGOGUE pes Jurrs, (Crisig. facrée.) ce mot grec qui fignifie en général toute aflemblée, fe prend en particuher pour le lieu deftiné chez les Juifs au -fervice divin, lequel confifte principalement dans fa eéture de la loi & des prophetes. .… Ilefltrès-vraiflemblable que le peuple juif n’avoit point de /yragogue avant la captivité ; ce fait paroît quihfié , non-feulement par le profond filence de TEcriture, du vieux Teftament, mais même par plufieurs paflages qui prouvent évidemment qu'il falloit qu’il n’y en eût point alors : car la maxime des Juifs, que là où il n’y a pas de livres de la loi, il ne peut pas y avoir de fyragogue; c’eft une pro- pofition que le bon fens dite; en effet, comme le lervice,efentiel de la fyragogue confiftoit à lire la loï au peuple, 1l en réfulte que là où il n’y avoit point de hvres de la loi, il ne pouvoit pas:y avoir de /y7a- gogue. Quantité de pañlages de l’Ecriture nous marquent combien le livre de la loi étoit rare. dans toute la Ju- dée avant. la captivité, Quand Jofäphat envoya des mifhonnaires dans tous les pays , pour infiruire Le peuple dans Ja loi de: Dieu, 11 Chron. vi. 0. als porterent un exemplaire de. la loi, précaution fort | fimple, mais à préfentil eft fort chargé &fort lon S Y M 743 inutile, s’il y'en eût cu dans les villes où ils alloient : êtil y en eût eu, fans doute , s’il yeüteu des jyrax gogues: 1] {eroit auf ridicule de fuppofer parmi les Juifs une fyragogue fans un exemplaire de la loi, que paru les Proteftans une églife paroïffale fans bible, Or cette particularité prouve qu’on manauoit alors en Judée d'exemplaires de la loi, & qu'il n’y avoit point de Syzapogue ; c’eft donc vraïifemblalle- ment a la leéture qu’Eidras établit de la loi en publie, aprésla captivité, que Les Juifs ont été redevables de léreéhion de leurs fyragooues. Examinons préfente: ment 1°. dans quel lieu on devoit ériger des fy724- gogues ; 21°. quel éroit le fervice qui s’y faloit ; 3°, dans quel rems; 4°, enfin quels miniftres y off ciOient” . 1°. Voici la regle qu’on obfervoit par rapport au heu: par-tout où 1l y avoit dix barel/minr, c’eit à-dire dix perfonnes d'un âge mèr, libres ; qui puffent aff ter conflamment au lervice , on devoit y Ctablir une Jÿnagogue. Selon les rabbins il falloit dix perfonnes tellés,qu'on vient de dire, pour former une aflem- blée légitime : & [à où ce nombre n’étoit pas com plet, on ne pouvoit faire lésitimement aucune par- tie du fervice de la fyragogue. Mais par-tout où l'on pouvoit s’aflurer du fervice de dix perfonnes en état d’aflifter aux aflemblées avec les qualités requifes ; 11 falloit bâtir une /yragogue. Cela ne fe trouvoit que dans un endroit aflez peuplé; & on ne vouloit pas en avoir ailleurs. Car je regarde cette reole comme une défenfe d’en établir où ces conditions ne fe trou- voient pas ; aufli bien qu'un ordre pofitif d'en bâtir où elles {e trouvoient, 8 où le nombre des habitans étoit aflez orand, pour compter qu’on auroit tou- jours fur femaine, aufli bien que le jour du fabbat, au moins dix perfonnes qui auroient le rems d’afifter au fervice, qui ne pouvoit pas fe faire fans ce nom- bre complet d’afñiftans. D'abord 1l n’y eut que fort peu de ces /ynagogues: mais dans la fuite elles fe multiplierent extrèmement, & devinrent auffi communes que Le font parmi nous nos églifes paroïfales , auxquelles elles reffemblent beaucoup. Du tems même de notre Seigneur, il n° avoit pas de ville de judée , quelque petite qu’elle fût, qui n'eüt pour le moins une /yragoque. Les Juifs nous difent, qu'environ ce tems-là , la feule ville de Fibérias en Galilée en avoit douze, & celle de Jérufalem 480. Mais fi l’on prenoit ce nombre à: la lettre, il faudroit pour plufieurs de ces j/ÿyra2g0- gues, avoir recours à l’expédient de quelques favans qui prétendent que ces dix réfidens de fyragogwes, qu'on nomme barelnim, étoient des perfonnes ga- gées ; fans cela, comment s’affurer pour tant de fj24- gogues, d’un nombre fufifant de gens fur femaine, pour former routes ces afflemblées ? Il y avoit au. moins deux de ces jours qui en demandoiïent une fo- lemnelle, auffi bien que le fabbat, Lightfoot, pour lever la difficulté, croit que les bare/nims étoient les * anciens & les muuftres qui ofhcioient dans là S'y24- ogue, - é #0. Paflons au fervice de la fyragogue : il confif- toit dans la priere, la leéture de l’Ecriture & la pré- dication. La priere desJuifs eft contenue dans Les for- mulaires de leur culte. D'abord ce culte étoit fort g. La partie la plus folemnelle de leurs prieres, eff ce qu'ils appellent Schémonché-Eshre ou les dix-neuf prieres. Il eft ordonné à toutes les perfonnes parvenues à l’âge de difcrétion de les offrir à Dieu trois fois le jour, le matin, vers le midi & le foir. On les lit avec folemnité tous les jours d’affemblée ; maiselles ne font néanmoins que comme le fondement d’autres prieres. La feconde partie du fervice de la fyragogue, eft la leéture du vieux Teftament. Cette lediure .eft de 744 SYN trois fortes. 19. Le kiriath-shéma ; 29. la Loi; 3°. es prophetes. Le kiriath-shéma ne confifle qu’en trois morceaux de l'Ecriture. Le premiereft celui qui commence au v. 4. du #7, chap. du Deutéronome, & finit par Leo. Le fecond commence au v. 13 du chap. xJ. du même livre, & finit par le 21. Et le troifieme eft tiré du xv, chap. du livre des nombres, &c commence au 37 v. jufqu’à la fin du chap. Comme en hébreu le pre- mier mot du premier de ces pañlages eft shemz, qui fignifie écoute ; ils donnent à ces trois pañlages le nom de shema; & à fa leêture celui de kiriath-shema , la leture du shema. La leêture de ce shemz eft accom- pagnée de plufeurs prieres & aétions degraces, de- vant & après ; mais la leéture du ské7ze n’eft pas aufli rigide que celle des prieres; 1l ny a que les hommes libres qui y foient obligés le matin 6c le foi : les fem mes & les ferviteurs en font difpenfés; quant à la leûture de la loi & des prophetes , nous en parlerons tout-à-lheure. La troifieme partie du fervice de la fyragogue, eft Pexplication de l’Ecriture , & la prédication. La pre- miere fe faifoit en la lifant, & l’autre après la lecture de laloi & des prophetes. Il eft clair que Jefus-Chrift enfeignoit les juifs de l’une & de l’autre de ces ma- nieres, dans leurs /yragogues. Quand il vint à Naza- teth, Luc, xyj. 17. &c. la ville où il avoit fon domi- cile , on lui fit lire comme membre de la fyragogue, le haphterah, ou la feétion des prophetes, qui fervoit de leçon pour ce jour-là ; & quand il fe fut levé, &c qu'il Peût lue , il fe raflit & l’expliqua, comme cela fe pratiquoit parmi les Juifs ; car par refpeét pour la loi & les prophetes, on ne les lifoit que debout; mais quand on les expliquoit, celui qui ofhcioit étoit affis en qualité de maître. Mais dans les autres /ÿ74- gogues dont il n’étoit pas membre, quand il y alloit , ce qu'il faifoit toujours, Luc, iv. 16, Le jour du fa- bat, en quelqu’endroit qu'il fe trouvât, il enfeignoit le peuple par fa prédication , après la leéture de la loi & des prophetes. C’eft aufli ce qu’on voit prati- quer à S. Paul, aë. XIII. xv. dans la fyragogue d'Antioche, dans la Pifidie : car l’hifoire des aétes remarque expreffément que la prédication fe fit après la leûture de la loi & des prophetes. III, Le terms des aflemblées de la /ÿragogue , pour le fervice divin, étoit trois jours par femaine , fans compter les jours de fêtes & de jetne : & chacun de ces jours-là , on s’aflembloit le matin ; Paprès midi, & le foir. Les trois jours de fÿragogue étoient Le lun. di, le jeudi, & fur-rout le famedi jour du fabbar. On y faïfoit la leéture de la loi , ou des cinq livres deMoïfe, qu’on partageoit en autant de feétions qu'il y a de femaines dans l’année. IV. Pour ce qui eft du miniftere de la fyragogue, il n’étoit pas borné à l’ordre facerdotal. Cet ordre étoit confacré au fervice du temple, qui étoit d’une toute autre nature, & ne confiftoit qu’en oblations , foit de facrifices , foit d’autres chofes. Il eft vrai que pendant le facrifice du matin & du foir, les lévi- tes & les autres chantres , chantoïent devant l'autel , des pfeaumes de louange à Dieu ; &c que pour con- clure la cérémonie , les prêtres bénifoient Le peuple; ce qui reflemble un peu à ce qui fe faifoit dans la fy- napogue ; mais dans tout le refte , ces deux fervices n’avoient rien de commun: cependant pouf confer- ver l’ordre, 1l y avoit dans chaque /ÿrzagogue un cer- tain nombre d'officiers cu de miniftres fixes, qui étoient chargés des exercices religieux qui s’y de- voient faire: on les y admettoit par une impoñition des mains, folemnelle. à Les premiers étoïent les anciens de la fragogue, qui y gouvernoient toutes les affaires , & régloient les exercices. Dans le nouveau Teftament, ils{efont appellés les principaux de la fyagogue ; il n’eftmar- | qué én aucun endroit quel étoit leur nombre; tout ce qu'ily a de für , c’eit qu'il y en avoit plus d'un dans une /ynagogue : car il en eft parié au pluriei dans quelques pañfages dun. Feftament, où il ne s’apit que d’une; & à Corinthe où vraiemblablement 3i n’y avoit pas deux /ynragogues : on en voit deux à qui ce titre éft donné, Crifpe & Softhènes. Après ceux-ci , il y avoit le miniftre de la fyrapo- gue. On ne fait pas bien même fi ce n’étoit pas un de ceux dont on vient de parler; mais enfin , il yavait une perfonne affeétée au fervice de la fynagopue, qu prononçoit les prieres au nom de toute l’aflembiée; & par cette raifon , comme il les repréfentoit tous ; 8 étoit leur meflager, pour ainf dire, auprès de Dieu, on lappelloit en hébreu, fcheliach 7i6bor , l'ange , ou le meflager del’églife. Del vient que dans Papocalypfe , les évêques des fept églifes d'A- fie, font appellés d’un nom pris de la /yragogue , les anges de ces églifes : car comme le fcheliack z1bbor de la fyragogue des Juifs , étoit le premier miniftre qui offroit à Dieu les prieres du peuple, Pévêque étoit auffi dans l’églife de Chrift, le premier miniftre uit offroit à Dieu celles des chrétiens de fon églife. Heityrai que ce n’étoit pas toujours l’évêque qui faloit cette fondion, parce que dans chaque éghie il y avoit des prêtres fouslui, qui la faïfoient {ou- vent au-lieu de lui. Mais dans la /ÿzagogue, ce n'é- toit pas non plus toujours le fcheliach ztbbor qui off- cioit en perfonne : c’eétoit bien fon emploi, &c oi- dinairement 1l Le faifoit mais il ne laifloit pas d’arrs- ver aflez fouvent, qu’on le faifoit faire extraordinaï- rement par quelqu’autre, pourvü que ce füt un fu- jet que l’âge , la bonne conduite, l'habileté , & {a piété , en rendiffent capables, Celui qu’on choïffloit ainfi, étoit pendant cetems-là le fcheliach 21bbor, où l'ange de l’aflemblée : car comme un héraut, ua meflager envoyé de la part de Dieu à fon peuple , et unange de Dieu , puifque Le terme d’ange en hébreu, fignifie proprement un meffager ; tout de même wa meflager de la part du peuple auprès de Dieu , pou- voit fort-bien s’appeller l'ange du peuple. Ce neit qu’en ce dernier fens qu’on donnoit le nom d’ange à ce miniitre de la fynagogue ; mais il appartient aux miniftres de léglife chrétienne , dans Pun & dans l’autre. | Aprèsie féheliach zibbor , venoient les diacres , mis les miniftres inférieurs de la /yragopue , que l’on now- moit en hébreu chazañim , c’eft-à-dire furintendans, C’étoient des minifires fixes , qui fous la direttion des principaux de la fyragogue , avoient le loin & lintendance de tout ce qui s’y fafoit : c’éroient eux qui gardoient les livres facrés de la loi & des pre- phetes , &c du refte de l’Ecriture fainre ; les livres de leur liturgie, & les autres meubles de la fyragegiæ; & qui Les donnoïent quand il falloit s’en fervar, 115 e tenoient auprès de celui qui lifoit les leçons de la loi ou des prophetes , & les corrigeoïent , s’il leur ax rivoit de fe tromper ; enfin c’étoit à eux qu'on rem- doit le livre quand la lefture étoit finie. Aïnf 11 e& dit de notre Seigneur, quand il fut appellé à lire ta lecon des prophetes dans la fyragogue de Nazareth, dont il étoit membre, que quand il eut fini la feftue- re, ilrenditle livre au mimiftre , c’eft-à-dire au ch jan, ou au diacre de la fyragogus. Autrefois il n’y avoit point de perfonne fixe éta- blie pour lire les leçons dans la fyragogne. Les prut- cipaux de la fyragogue appelloient celui de Paflera- blée qu'il leur plaifoit, & qu'ils en connoïfloient 6a- pable , lorfque le tems de les lire étoit venus sily avoit des prêtres dans l’aflemblée , on appelloit da- bord un prêtre; enfuite un lévite , s’il y en avoït= au défaut de ceux-là , on prenoit quelque ifraglite que ce fût ; & cela alloit jufqu’au nombre de fept. De-là vient qu'autrefois chaque fetion de La loi R SYN étoit pattagée en fept parties : c’étoit pour ces fept ‘leéteurs, Dans quelques bibles hébraïques , elles font encore marquées à la marge ; lapremiere parle mot choër , c’eft-à-dire le prêtre : la feconde par ce- lui de /évs, le lévite : la troïfieme par celui de /the- lishi, le troifieme : & ainf du refte, par les noms hébreux qui marquent les nombres jufqu’à celui de fept, pour montrer par-là ce que devoit lire le prê- tre, le lévite, & chacun des cinq autres , dont le choix étoit indifférent, pourvû qu’ils fuflent ifraéli- tes & membres de l’aflemblée, & qu'ils fçuffent bre Phébreu, fans diftinétion de tribu. Le premier officier de la /yrzagogue , après le cha- xanim , étoit linterprete , dont l'office confiftoit à traduire en chaldéen les leçons qu’on lifoit au peuple en hébreu : comme cet emploi demandoit un homme bien verfé dans les deux langues, quand ils en trou- voient un aflez habile, ils lui faïfoient une penfion, & le retenoient au fervice de la fynagogue , dont il devenoit alors miniftre fixe. Pour la bénédiétion, sl y avoit un prêtre dans Paffemblée , c’étoit lui qui la donnoit ; mais s’il ne s’y en trouvoit point, c'étoit le /cheliach-zibbor, qui avoit lu les prieres, qui le faifoit par un formulaire qui lui étoit particulier. Voilà ce qui nous a paru pouvoir être de quelque utilité à nos leéteurs , pour leur faciliter l’intelligen- ce de l’Ecriture , en leur donnant une idée de l’an- cien culte de la fyragogze. Celui que les Juifs prati- quent aujourd’hui, s’en écarte en plufieurs points. Les gens curieux de plus grands détails, pourront confulter la /yragogue de Buxtorf, & celle de M. Vi- tringa, écrites en latin , & fur-tout Maimonides; particulierement dans les traités fuivans , Tephillah, Chagigah , & Kiriath-shema, ( Le chevalier DE Jau- COURT.) SYNAGOGUE , ( Cririque facrée, ) Lieu deftiné chez les Jnfs au fervice divin, qui confiftoit dans [a prie- re , la lefture de la loi & des prophetes, & leur ex- plication, aë. XIII. xy. Voyez-en les détails à Sy- NAGOGUE des Juifs. Il fufira de remarquer ici que le mot grec ouvaycyn, ne fe prend pas feulement dans l'Ecriture pour l’af- femblée relivieufe des Juifs ; mais encore pour toute aflemblée de juges & de magiftrats , au fujet des af faires civiles. Salomon dit par exemple : peu s’en eft fallu que je n’aie été maltraité dans la fyragogue; il ne s’agit point là d’une aflemblée religieufe, De mé- me dans l’Eccléfiaft. 7. 32, que Le Seigneur vous ab- atte au milieu de la fyragogue ; &t ch. xxiy. 34. rendez-vous aux volontés de la fyragogue : c’eft-à- dire foumettez-vous aux grands. Enfin ce mot mar- que une affemblée d’ennemis. David dit, pf. /xxxv. 14, une aflemblée (fyragoga ) de gens, violens a cherché ma perte. (D. J.) SYNALEPEE , f.f. ( Gram.) dans la poéfie latine, lorfqu’un mot finifloit par une #, ou par une voyel- le, & quele mot fuivant commencoit par une voyel- le, on retranchoit dans la prononciation la lettre f- _nale du premier mot : c’eft ce qu’on appelle é//07. Voyez ELisiON. a Les grammairiens latins reconnoiflent deux fortes d'élifion ; 1°. celle de la lettre finale , qu’ils ap- pellent é&hlipfe, du grec 48 1Ci , elidere } brifer. 2°. Celle de la voyelle finale , qu'ils appellent fÿra- lephe | du grec cuvanciqu | counétio , mot compoié de cûv, cum, &T de aauge , ungo : le mot de fyralephe eft donc ici dans un fens métaphorique , pour indi- quer que les deux voyelles qui fe rencontrent, fe mélent enfemble comme les chofes otafless une cou- che de la derniere , fait difparoître la premiere: L'idée générale, & le feul terme d'éAfoz, me femblent fufifant fur cette matière; & foudivifér un pareil objet, c’eft s’expofer à le rendre inintelliai- Tome XV, à SYN 745 ble ? à fofce de divifer certains corps ; on les réduit en üne poudre impaipable, que le vent emporte aie fément , & it n’en refte rien. Poyez fur l’élifion les artic. ÉLISION, BAILLEMENT, Hiarus, (£,R.M.R.) SYNALLAGMATIQUE , adj. { Jurifpr. ) fe dit de ce qui eft obligatoire des deux côtés , à la diffé. rence de certains aétes qui n’obligent qu'une perfon _ne envers une autre : ainf le contrat dé louage eft un atte /ynallagmatique , parce qu'il oblige le bailleur à faire jouir le preneur , & celui-ci à payer le prix du louage ;. à la différence d’une promefle , ou billet, qui n’oblige quele débiteur envers le créancier, Foy. CONTRAT , ENGAGEMENT , OBLIGATION, PRO» MESSE. ( 4 ) SYNANCHE, 1, £ em Médecine, eft une {orte d’efa quinancie, qui attaque les mufcles internes du gofer ou pharynx. Foyer ANGINE 6 ESQUINANCIE. Le mot eft formé du grec ow, avec, & «yye, ferrer , fuffos guer. Lorfqueles mufcles externes du pharynx font atta- qués , la maladie s’appelle parafynanché. Voyez Pa- RASYNANCHÉ, SYNAPHE, ff, dans la Mufique ancienne, eft, felon le vieux Bacchius, la réfonnance de, diateffa- ron ou quarte, qui fe fait entre les cordes homolo- gues de deux tétracordes conjoints. Ainf il y a trois Jyraphes dans le fyftème des Grecs, La premiere,ens tre le tétracorde mejor & le tétracorde hyparon ; la feconde , entre le tétracorde fjrrnemenon 8 le tétra- corde zefon ; & la troifieme , entre le tétracorde die zeugmenon & le tétracorde kyperboléon : car tous ces tétracordes font conjoints. Voyez SYSTÈME, TÉTRA- CORDE, (S) SYNARTROISME,, f. m. ( Rhéror. ) sua Dporepioc : cette figure de rhétorique que Longin appelle artkroïf: me, &t d’autres rhéteurs coacervario , colleëtio | efpece d'amplification qui fe fait par un amas de plufieurs chofes ou d’efpece. d'une chofe , au-lieu de nommer . la chofe même. M. Péarfe en donne pour exemple ce paflage de Cicéron pour Marcellus : Mihil ex iffé laude centurio , nihil prafeülus , nihil cohors | mihil turma decerpie. Quelquefois cette figure, pour peindre plus vive: ment, fe plaît à étaler 6 à accumuler plufieurs faits, plufieurs aétions , qui ont une liaïfon étroite avec la chofe dont on parle ; c’eft ainfi que le même Cicé- ron dit avec tant de force & de fentimens. Qui mihi fratremopratiffimum , meÿfratri: amantiffimo , liberis ro- ffris parentes,, nobis liberos ;'qui dignitatem, qui ordi- nemr, qui fortunas , qui ampliffemam rem publicam, qui patrianr, quénihil poteff efle jucundius, qui denique nofmetipfos, nobis reddidifiis. (D. J.) SYNARTHROSE , ff. e7 Anatomie, eft une forte d’articulation des os du corps, par laquelle ils demeu- rent fans aucun mouvement , du-moins apparent. Voyez ARTICULATION. Le mot eft formé du grec ou ; AVEC, apOpoñ, connexion, articulation. La fynarthrofe eft une articulation , par laquelle Les os font joints fi étroitement enfemble , qu'ils font im- mobiles les uns par rapport aux autres. Dans ce fens, la fynarthroft eftoppofée àla diarthrofe. Voyez Drar- THROSE. Elle fe divife en trois efpeces. La premiere eft 1x Jature , qui reflemble quelquefois aux dents de deux peignes où de deux fcies qui entrent les unes dans les autres , & quelquefois à des écailles qui avancent Pune fur l’autre. Voyez SUTURE. La feconde efpece de /yrarthrofe s'appelle karmo- nie ; & c’eft lorfque les os font unis fans dentelure, foit que la ligne d’union foit droite ou circulaire. Voyez HARMONIE. | La troïfieme efpece eft appellée gomphofe. C’eft lorfqu'un os eft arrêté dans un ra er de 5 bE - nu 746 SYN clou ou de cheville qui eft reçue dans un tton: ayez GOMPHOSE. | SYNAULIE, {. f, rerme de l'ancienne Mufique, c’é- toit le concert de plufeurs muficiens qui jouoient alternativement des chalumeaux ou des flütes , fans qu'il y eùt des voix de la partie. M. Malcolin , qui doute fi les anciens avoieñt une “nufique compofée uniquement pour les inftrumens fans mélange de voix , ne laifle point de citer cette Jyraulie d’après Athénée. Voyez SYMPHONIE, HAR- MONIE , MUSIQUE, &c. (S) SYNAXARION , £. m. ( Hiff. eccléffaf. ) eft le nom d’un livre eccléfiaftique des grecs, o1ls ont recueilli en abrégé la vie de leurs faints, & où 1ls expofent en peu de mots le fujet de chaque fête. Ce livre eft im- primé non-feulement dans la langue greque ordi- naire, mais auflien grec vulgaire ; car on en fit une verfion en cette langue , afin qu'il füt lu du fimple peuple. Il y a bien des chofes fauffes dans ce livre qui a été augmenté ; & l’on peut voir dans les deux dif- fertations que Léo Ollatius a compofées fur les livres eccléfiaftiques des grecs, ce qu'il dit contre Xanto- pule, qui a inféré beaucoup de fauffetés dans les /ÿ= naxares ; c’eft pourquoi l’auteur des cinq chapitres du concile de Florence, attribués au patriarche Gen- nadius , rejette ces additions de Xantopule, & aflüre que ces fortes de fÿnaxares, qui font remplis d’er- reurs, ne fe lifent point dans l’églife de Conftantino- ple. Il faut remarquer qu’on trouve au commence- ment ou à la fin de quelques exemplaires grecs ma: nufcrits du nouveau Teftament , des indices ou ca- talogues, appellés auffi fyraxaria , qui repréfentent les évangiles qu’on lit dans les églifes greques pen- dant les jours de toute l’année. Ce qui eit tiré de leur évangéhftaire qu’on a accommodé aux évangiles, marquant au haut des pages les joursque chaque évan- gile fe doit lire, & par ce moyen on fupplée au livre de Pévangéliftaire. | SYNAXE , f. m. ( Æiff. eccléfraf. ) Le fÿnaxe étoit anciennement l’aflemblée des chrétiens où lon chan- toit les pfeaumes , & où l’on fafoit les prieres en commun. SYNCELLE , {. m. ( Æiff, eccléfaf.) officier de Péglife de Conftantinople, étoitle clerc qui demeu- roit continuellement avec le patriarche. Il y en avoit plufieurs auife fuccédoient,dontle premiers’appelloit le porto-fyncelle, qui étoit témoin de toutes les ations du patriarche. Cette charge a commence à être éta- he dans le 1x. fiecle. Ces poro-fyncelles | comme les archidiacres de Rome, avoient beaucoup de part au patriarchat quand 1l demeuroit vacant. Les autres patriarches & même les évêques avoient des fÿrcel- des, & l’on a aufli donné ce nom à quelques officiers de l’évêque de Rome ; mais il y a long-tems qu'il n°y en a plus en Occident, & que ce n’eft qu’un vain titre en Orient. Zonaras, annal. t. LIT. Le pere Thomaflin remarque que dans, les pre- miers fiecles de l'Eglife les évêques, pour prévenir les mauvais foupçons , devoient toujours avoiriun clerc couché dans leur chambre ; & que c’étoit ce clerc qu’on appelloit fncelle. Cet emploi devint fi confidérable auprès des patriarches de Conftantino- ple, qu'on le vit quelquefois rempli par des-fils & des freres des empereurs. Les évêques mêmes &les métropolitains fe firent un honneur d’en être revè- tus, quoiqu’un pareil office convint fort peu au rang qu’ils tenoient dans l’Eglife. Les /yrcelles prirent de- là occafñon de faire entendre que leur digmité les élevoit au-deflus des évêques & des métropolitains. Auf fe plaçoient-ils au-deffus d'eux dans les cérémo- nies eccléfiaftiques. La. faveur & le crédit des fÿr- «elles à la cour n’avoient pas peu fervi à foutenir cette ufurpation. Leuts-ptérogatives quoique fef- éraintes, font ençore aujoutd'huitres-grandes, Dans SYN lefynode tenu à Conftantinople contre le patriarche Cyrille Lucas qui vouloit répandre en Orient les er: reurs de Calvin, le proto-fyncelle paroit comme la fe- conde dignité de l’églife de Conftäntinople. Thomaf fin, dicipl. ecclefaff. part. I. L. I. c. xbÿ. 6 pare, LI. d. .c. y. part, IP, LE, c. lxxvy. : SYNCHONDROSE, £ £ (Cfféolog.) cuygovdpones de xovdpos , cartilage ; connexion de deux os par lé moyen d'un cartilage : cette articulation cartilagi- neufe paroit dans la connexion commune des os pu: bis , dans celle des côtes avec le flernum , de mème ‘qu’avec les vertebres, &c. Il faut remarquer que les os qui font articulés de cette maniere, dont qu’un mouvement de refflort qui eft proportionné à l’éten- due & au volume du cartilage quides unit, (2. 7.) SYNCHYSE, ff. ( Gram.) cuyyüns , confufio ? R: Row, cum, &c quo, fundo, C’elt une prétendue efpece d'hyperbate, qui fe fait quand les mots d’une phrafe font mêlés entr’eux , fans aucun égard ni à la fucceffon de l’ordre analytique, ni aux rapports qui lent les mots entr'eux. C’eft le refpeë& pour les anciens porté jufqu’à lido: lâtrie & à l’enthoufiafme, qui a fait imaginer un nom honorable pour des écarts réels, plutôt que d’ofer prononcer que ces grands hommes fe fuffent mépris, IE y a du fanatifme à les croire infaillibles, puifqu’ils font hommes : & fouvent on les compromet davan- tage en les louant fans mefure , qu’en les critiquant à propos: Ajoutons qu'il nous arrive fouvent de prendre pour confufon un ordre très-bien fuivi dont la liai- fon nous échappe, parce que nous manquons des lumieres néceflaires où de Pattention requile. Il y a dans lEnéide (71. 348.) un pafñlage regardé jufqu'iei comme une /yzchife très-comphquée ; & Servius au: roit cru manquer à ion devoir de commentateur , s’il n'en avoit pas débrouillé la conftru@tion. « fl fem- # ble, dit M. Charpentier, (Déf. de la langue franc. » difc. IT. part. ITT, p. 269.) que ce pauvre gram- » mairien ait dofné lui-même dans une embufcade » des ennemis , dont il a toutesles peines du monde » à fefauver; & je crois qu'Ence trouva plus faci- »# lement un afyle pour fon pere contre la violence » des Grecs, qu’il n'en a trouvé un pour fon au- » teur contre cette importante fyreñife qu'il ren- » contreicti,c’eft-à dire une franche confuñon, dont » 1l n’a prefque ofé prononcer le nom en fa propre » langue ». On voit que M. Charpentier regarde auff la fynchife comme un véritable défaut; maisil eft per- fuadé que ce défaut exifte dans le pañlage de Virgile dont il s’aoit : je n’en crois rien, &1lmefemble avoir prouvé qu’on ne l'a point encore bien entendu, faute d’avoir bien connu les principes de l’analyfe, la pro- priété de quelques termes latins & la véritable ponc- tuation de ce pañlage, Voyez MÉTHODE, Si donc l’analyfe elle-même vient à nous démon- trer la réalité de quelque fyzchife bien embarraflante dansunancien, difons nettement que c’eftune faute: fi. ja confufñon ne va pas au point de jetter de l’obf- curite fur la phrafe, difons fimplement que c’eft un hyperbate. Voyez HYPERBATE. | SYNGHISE , ( Médec. ) confufion caufée par des coups orbes , reçus fur l'œil avec perte de la vüe, Quand des coups orbes &z violens, des chftes fur des corps durs & éminens , ou pareils.accidens ont fait tant d'impreffion fur loœil, que fes parties extérieu tes {ont déchirées , rompues , féparées, confufes & brouillées., avec perte de la vüe ; ceftce que les Grecs-nomment /ynchifis. Dans le cas de l'œil crevé ou rompu , état de l’œil que les:auteurs appellent rhexis 5 les douleurs & l'inflammationine font pas f grandes que dans la confufion. Dans le whexis tout eft déja détruit, dans le /ynchifis tout n’eft que con S VAN EE fus, laceré, brouillé, mais la deffruttioh de fœil Auit bien-tôt après. (D. J. SYNCHRONE , adj. Ce mot eft d’ufage er Méchar nique 6 en Phyfique, pour marquer les mouvemens ou effets qui fe font dans le même tems. On peut dire en ce fens, que des vibrations ou des chûtes qui 1e font dans le même tems ou dans des tems égaux, font fynchrones ; cependant les mots d’ockrone ou de saurochrore font plusufités pour marquer des effets qui fe font en tems égal, & le mot de fyrckrone pour marquer des effets qui fe font , non -feulement dans un tems égal, mais dans le même tems; ce mot ve- nant de pôvoc, sems , & de our, enfemble, M. Jean Bernoully a nommé courbe fynchrone, une coutbe telle qu’un corps pefant parti du centre ©, fig. 69 Méch. & décrivant fuccefivement les cour- bes CM, Ci, &c. arrive aux différens points D , m , M, &tc, de cette courbe dans le même tems, & dans le plus court tems poffble ; voyez les aëes de Leipfic, année 1697. & le I. volume des Œuvres de M. Bernouilly , imprimées à Laufane, en 4. vol. in-4°. 1743. (0) SYNCHRONISME , f. m. ( Méchen.) terme dont on fe fert pour exprimer l’épalité ou l'identité des , tems dans lefquels deux ou plufeurs chofes fe font. Ce mot eft formé du grec or, avec, 8 ypôroe, tenës , & ainfi les vibrations d’un pendule fe faifant toutes en tems €gal, on peutexprimer cette propriété par le mot de fynchronifine des vibrations; cependant elle s’appelle plus proprement ochronifme ou tauto- chronifime , quoique certains auteurs confondent ces deux termes. Joyez SYNCHRONE, ISOCHRONE & TAUTOCHRONE. (0) SYNCOMISTON , fm. ( Liriérar. ) nom donné par Athenée à une efpece de gros pain que mangent Le. pauvres en plufieurs pays, &c qui ef fait de fari- ne dans laquelle le fon fe trouve mêlé. Ce senre de pain eft fort nourriflant ; mais il ne convient qu’à des laboureurs ou à des gens forts qui font beaucoup d'exercice, (D. JF. | SYNCOPE , f. (Gramm.) c’eft un métaplafine ou une figure de diétion, par laquelle on retranche du milieu d'un mot quelque lettre ou quelque fyllabe. Evyromn, Vient de av, cèm, qui marque ici ce qui eft originairement compris dans le mot, le milieu du mot, de 40770 : Jérndo. Les Latins faifoient grand ufage de la fyncope dans - leurs déclinaifons & leurs conjugaifons : D; pour Dis Den, virm, nummém , feffertiim , liberm pour Deorum , virorum , rummorum , féfertiorum , Li- berorum; apém , infantém , adolefcentâm , loquencäm, au lieu d'apium , infantium , adolefcentium , loquen- aim. And, audiero , audiiffem où même audiffem pour audivi , audivero, audiviffèm. Ce métaplafme eft d’un ufage affez fréquent dans la génération des mots compofés ou dérivés , fur: tout à leur paflage d’une langue à une autre. Sans fortir de la même langue, nous trouverons en latin poflum , Jyrcopé de potis [um ; fcriptum pour fcrib- tum , Jyrcopé de fcribitum qui {eroit le fupim analopi- que; & une infinité d’autres pareils. Au paflage d’une langue à une,autre , aranea vient d’épayrs, en (up primant le + , que nous avions feulement affoibli dans aragnée., que nos peres prononcoient comme le latin digaus ; notre fur vient de fuper ; vie de vita ; dortoir pour dormiroir, de dormitorium, &c. Voyez MÉTAPLASME, SYNÇOPE, en Mufique, Eurora ,eit le prolonge ment du {on fur une même note, contre l’ordre na- turel du tems, NTE Pour bien entendre cette définition , il faut favoir que dans toute efpece de mefure, il ya tcujourstems “ort & tems foible, 8 que chaque tems , & même -fhaque note peuvent encore fe concevoir, divifés Tome XF, Fi SYN 747 eh deux parties, dont l'une eft forte & l’autre foible, Poyez Tes, Or,Pordre naturel veut que chaque note ainfi con: çue, commence par le tems fort de fa valeur, & f2 nuifle pour le tems foible, Toutes les fois donc que cet ordre eff perverti, & qu'une note commence {ur le tems foible & finit fur le tems fort, il y a fyre0pe, Il faut même remarquer que la fyncope n’exifte pas moins, quoique le fon qui la forme, au lieu d’être continu, foit refrappé par deux où plufieurs notes, pourvir que la difpofition de ces notes aui repetent le même fon, foit conforme à la loi que je viens d’és tablir, | La fyncope a fes ufages dans la mélodie, pour l'ex: preflion & le goût du chant ; mais {a principale uti= lité eff dans l'harmonie, pour la pratique des diffos nances, La premiere partie de la fÿzcope fert à la préparation ; la difonance fe frappe fur la feconde; êt dans une fucceflion de diflonances, la premieré partie de la fyrcope fuivante, fert en même tems à fauver la diffonance qui précéde &c à préparer celle qui fuit. Voyez PRÉPARER, Syncope de sw, cum, avec , ÊT emo, je co#pe, je bars ; parce que la /ÿñcope retranche de chaque tems, heurtant pour ainfi dire l’un avec l’autre. M. Ra> meau veut que ce mot vienne du choc des fons qui s’entre-heurtent en quelque maniere dans la diflos nance , comme sl n’y avoit de /y#cope que dans lharmonie, 8 que même alors il n’y en eût point fans diflonance. (S) SYNCOPE , en Médecine , eft une stande & foudai- ne pamoñfon, dans laquelle le malade refte fans aus cune chaleur, ni mouvement, ni connoiffance, ni refpiration fenfble : il eft faifi par tout le corps d’une fueur froide , &c tous fes membres font pâles &cfroids, comme s’il étoit mort. Voyez DÉFAILLANCE. Le mot eft formé du grec où, avec, 8C somrè, couper, où frapper. | % ; La fyrcope eft produite par plufieurs caufes : 1° par un épurfement de forces, comme après une lon« gue diete,; après des évacuations exceflives, des exercices Violens, des bains trop long-tems conti- nues, 6. 2°, par le mouvement irréculiet des ef prits, qui les empêche de fe diftribuer convenable ment dans les parties , comme il arrive quelquefois dans la crainte, la colere , & d’autres paffions vio= lentes ; 3°. par des hémorragies exceffives ; 4°. pat une mauvaile conftitution du fans, comme dans la cacochnnie , ou dans les perfonnes qui ont pris quels que chofe qui diffout ou coagule le fang ; $°. par des maladies cachées, comme des abfcès ou des polypes. du cœur, des vers, &c Une caufe auffñi fort ordi- naire, eft un accès de vapeurs ; Les hypochondrias ques & les femmes vaporeufes y font fort fujettes > le reflerrement du genre nerveux eft la caufe de ce fymptome. Dans ce cas, l'effet prompt & afluré des calmans, des antifpafmodiques , eft une preuve de cette théorie. Dans les affemblées nombreufes 8 preflées, on tombe quelquefois en fyzcope, àcaufe de Pair chaud, épais & impur, que l’on refpire alors, Certaines fem- mes y tombent facilement par l’odeur du mufc, de la civette , &c. Le remède de la fyzcope varie felon la caufe : dans la (ÿrcope il faut donner des efprits volatils & des aromatiques. Heurnius recommande l’eauthériacale, ët l’eau de canelle ; Etmuller le fel volatil de vipere, Pefprit de fel ammoniac , l'huile de fuccin, & la fais gnée en Certains cas. On doit confidérer ici l'accès de {a /ÿrcope, enfuite la caufe éloignée ; l’un & l’autre méritent l'attention du médecin. Dans accès, on doit employer tout ce qui doit tanimer , réveiller, ou rappeller les efprits ; tels font BBbbb ir 743 SEVEN Pafperfon de l’eau froide , les odeurs puantes mifes fous le nez ; tels que laffa fétida, la corne de cerf brûlée , la favatte, le papier brûlé, & autres. On doit mettre la perfonne couchée fur le dos, lui foulevant un peu la tête, &la mettant à abri de la compreffion de fes habits, &c de tout ce qui peut la gêner. Les remedes cordiaux, volatils , amers, tels que le lilium, la teinture de foufre, d’antimoine, l’élixir de propriété , font excellens. Les anti-hyftériques, tels que lateinture de caftor, de laudanum , de benjoin , font aulli indiqués. La caufe demande la faignée dans la pléthore , & la fupprefhon des évacuations ordinaires. Woyez PLÉ- THORE. Dans l’épafliflement du fang , dans la rou- geur du vifage , & la pefanteur de la tête. On doit émétifer & purger, fi les premieres voies font embarraflées de crudités, file canal inteftinal eft rempli d’une bile épaifle, érugineufe, On employera les amers combinés avec les cor- diaux, fi le fang eft épais ; fi les fibres de l’effomac font foibles & rélâchées, les ftomachiques font indi- qués ; on aura récours aux fudorifiques, tels que la fquine, la farfepareille, la bardane, &r autres, fi le fang eft trop féreux, & les fibres trop lâches. Enfin , les eaux thermales, Pexercice moderé, la tranquillité de Pefprit & du cœur, font indiqués dans tous ces cas. SYNCRESE, ( Chimie.) voyez UNION, (Chimie) SYNCRÉTISTES , HÉNOTIQUES , o4 CONCI- LIATEURS, { m.( Æif?. de la Philof. ) ceux-ci con- nurent bien les défauts de la philofophie feétaire ; ils virent toutes les-écoles foulevées les unes contre les autres ; ils s’établirent entre elles en qualité de paci- ficateurs ; &c empruntant de tous les fyftèmes les prin- cipes. qui leur convenoient, les adoptant fans exa- men , & compilant enfembie les propofitions les plus oppofées , 1ls appellerent cela former un corps de doëlrine , où l’on n’appercevoit qu’une chofe ; c’eft que dans le deffein de rapprocher des opinions con- tradiétoires , ils les avoient défieurées & obfcurcies; &t qu’au lieu d'établir la paix entre les Philofophes, il n'y en avoit aucun qui pût s’accommoder de leur tempérament , & qui ne dût s’élever contre eux. Il ne faut pas confondre les Syrcrétifks avec les Eclediques : ceux-ci, fans s'attacher à perfonne, ra- menant les opinions à la difcufñon la plus rigoureu- fe, ne recevoient d’un fyftème que les propofñtions qui leur fembloient réduétibles à des notions éviden- tes par elles-mêmes. Les Syrcréifles au contraire ne difcutoient rien en foi-même ; ils ne cherchoïent point à découvrir fi une afflertion étoit vraie ou faufle ; mais ils s’occupoient feulement des moyens de concilier des affertions diverfes , fans aucun égard ou à leur faufleté, ouàleurvérite. Ce nétoit pas qu'ils necruflent qu'il convenoit de tolérer tous les fyftèmes, parce qu'il n’y en avoit aucun qui n’offrit quelque vérité; que cette exclu- fon qui nous fait rejetter une idée, parce qu’elle eft de telle ou detelle école, & non parce qu’elle eft contraire à la nature ou à l'expérience, marquoit de la prévention, de la fervitude, de la petiteile d’ef- prit, &c qu’elle étoit indigne d’un philofophe; qu'il eft fi facile de fe tromper , qu’on ne peut être trop refervé dans fes jugemens; que les philofophes qui fe difputent avec le plus d’acharnement, feroient ouvent d'accord, s'ils fe donnoient le tems de s’en- tendre; qu’il ne s’agit le plusordinairement que d’ex- liquer les mots , pour faire fortir ou la diverfité ou l'identité de deux propofitions; qu'il eft ridicule d'i- maginer qu’on a toute la fageffe de fon côté; qu'l faut aimer, plaindre & fervir ceux mêmes qu font dans l’erreur , & qu'il étoit honteux que la différen- AU fentimens fût aufli fouvent une fource de haine, Ce n’étoit pas non plus qu'ils s’en tinflent à coms parer les fyflèmes , &c à montrer ce qu’ils avoient de commun Ou de particulier , fans rien prononcer fur le fond. Le fyncrérifle étoit entre les Philofophes, ce qué feroit entre des hommes qui difputent, un arbitré captieux qui les tromperoit & qui établiroit entre eux une faufle paix. , Le Syncrérifme paroîtra fi bifarre fous ce coup d'œil, qu’on n’imaginera pas comment il a punaî- tre, à-moins qu'on ne remonte à l’origine de quel- que feéte particuliere, qui ayant intérêt à attirer dans fon {ein des hommes divifés par une infinité d'opinions contradiétoires, à à établir entre eux la concorde, lorfqu'ils y avoient été reçus , fe trouvoit contrainte tantôt à plier es dogmes aux leurs, tantôt à palher l’oppoñtion qu'il y avoit entre leurs opi- nions & les fiennes, ou entre leurs propres opi- nions, , Que fait alors Le prétendu pacificateur ? Il change l’'acception des termes; il écarte adroitement une idée ; ilen fubflitue une autre à fa place; il fait à celui-ci une quefhion vague; à celui-là une queftion plus vague encore ; 1l empêche qu’on n’approfon- diffe ; 1l demande à lun, croyez-vous cela ? à Pautre, n’eft-ce pas là votre avis ? Il dit à un troifieme, ce fentiment que vous foutenez n’a rien de contraire à celui que je vous propole; il arrange fa formule de maniere que fon dogme y foit à peu-près , & que tous ceux à qui il la propofe à foufcrire, y voyent le leur; on foufcrit; on prend un nom commun, & l’on s’en retourne content. Que fait encore le pacificateur ? Il conçoit bien que fi ces gens viennent une fois à s’expliquer, ils ne tarderont pas à réclamer contre un confentemeñt qu’on leur afurpris. Pour prévenir cet inconvénient, 1] faut impoferfilence;mais il, eft impofñble qu’on {oit long-tems obéi. La circonftance la plus favorable pour le fyncrétifte, c’eft que Le parti qu’il a formé foit menacé;le danger réunira contre un ennemicommun; chacun employera contre lui les armes qui li font propres ; les contradittions commenceront à fe dés velopper; mais on ne les appercevra point, ou on les négligera ; on fera tout à l'intérêt général. Mais le danger paflé , & l'ennemi communterraflé, qu’ar- riverat-1l? C’eft qu’on s'interrogera ; on examinera les opinions qu’on a avancées dans la grande que- relle; on reconnoïtra que, compris tous fous une dénomination commune , on men étoit pas moins divifés de fentimens; chacun prétendra que le fien eff le feul qui foit conforme à la formule foufcrite ; on écrira les uns contre les autres; on s'injuriera ; on fe haïra; on s’anathématifera réciproquement ; on fe perfécutera, & le pacificateur ne verra de reflource , au milieu de ces troubles, qu'à éloigner de lui une partie de ceux qu’il avoit enrôlés, afin de fe conferver le refte. Mais à qui donnera-t-1l la préférence ? il a fes pro- pres fentimens, qui pour l’ordinaire font très-abfur- des, Maïs rien ne quadre mieux à une abfurdité qu'une abfurdité; ainfi on peut, avant fa décifion, prononcer, que ceux qui foutiennent des opinions ä-peu-près fenfées, feront féparés de fa commu- nion. Son fyftême en fera plus ridicule; maïs il en fera plus un : ce fera une déraïfon bien continue & bien enchainée. Il y a des Syncrérifles en tout tems, &c chez tous les peuples. Il y en a en a eu de toutes fortes. Les uns fe font propofés d’allier les opinions des Philo- fophes avec les vérités révélées, & de rapprocher certaines fectes du Chriftianifme, D’autres ont tenté de réconcilier Hippocrate & Galien avec Paracelfe &c fes difciples en Chimie. D’un autre côté, ils ont propoié un traité de paix aux Stoiçiens, aux Epi- turtens $auxAriflotéliciens, D’un autre, 1ls ont tout mis en œuvre pour concilier Platon avec Anflote; Aritote avec Defcartes :nous allons voir avec quel fuceës, _ Il faut mettre au nombre dés Syncrétifles tous ces philofophes qui ont eflayé de rapporter leurs fyt- tèmes cofmologiques à la phyfiologie de Moïte ; ceux qui ont cherché dans lEcriture des autorités {ur lef- quelles ils puflent appuyer leurs opinions, & que nous appellons fhkéo/ophes, .… Un des Syncrériftes les plus finguliers fut Guillaume Poftel. 11 publia un ouvrage intitulé Panthéonofie ou Concordance de toutes Les opinions qui fe font éle- vées parmi les Infideles, les Juifs, les Hérétiques & les Catholiques , & parmi les d #érens membres de chaque églife particuliere fur la vérité ou la vraif- femblance éternelle, C’eft un tiflu de paradoxes où le Chriftianifme & la Philofophie font mis alterna- tivement à la torture. L'ame du Chrift eff la premiere créature : c’eft l’ame du monde. Il y a deux princi- pes indépendans : l’un bon; l’autre mauvais. Ils conf tituent enfuite Dieu. Voyez la fuite des folies de Poftel dans fon ouvrage. . En voiciun autre qui fait baïfer là morale du paga- nifme & celle des Chrétiens, dans un ouvrage inti- tulé Ofculum five Confénfus ethnice € chriffianæ phi- lofophic , Chaldæorum , Ægypriorums Perfarum , Ara- bum , Grœcorum, &c....; C’eft Mutius Panfa. Auguftanus Steuchus Eugubinus s’eft montré plus favant & non moins fou dans {on traité de perenni philofophi4. I corrompt le dogme chrétien; il aitere les fentimens des anciens: & fermant les yeux fur lelprit général des opinions, il eft perpétuellement occupé à remarquer les petites conformités qu’elles peuvent ayow. | | _ L’ouvrage que Pierre:Daniel Huet a donné fous le titre de Quæfliones alnerane de concordié rationis & Jidei, mérite à-peu-près les mêmes reproches. Le Syffma philofophiæ gentilis , de Tobie Pfan- nerus eff un fatras de bonnes & de mauvaifes chofes où l’auteur, perpétuellement trompé par la reflem- blance des expreffions,en conclut celle co fentimens. Quels efforts n’a pas fait Jufte Lipfe pour illuftrer le Stoicifme en le confondant avec la doûrine chré- tienne ? . Cette fantaïfe a été celle auffi de Thomas de Ga- faker : André Dacier n’en a pas été exempt. Il ne faut pas donner le nom de Syncrétifle à Gaf- fendi. Il a démontré à la vérité que la doérine d’É- picure étoit beaucoup plus faine & plus féconde en vérités qu’on ne l’imaginoit communément ; mais il n'a pas balancé d’avouer qu’elle renverfoit toute orale. ac Beflarion , Pie, Ficin n’ont pas montré la même impartialhité ni le même jugement dans leur attache- ment à la doëtrine de Platon. Les fetateurs d'Ariftote n’ont pas été moins ou- trés : que n’ont-ils pas vu dans cet auteur! Et les difciples de Defcartes , croient-ils que leur maître eût approuvé qu’on employât des textes de l'Écriture pour défendrefes opimons? Qu’auroit-il dit à Amerpoel, s’ileût. vu fon ouvrage intitulé de Car- tefeo moifante, five de evidente & facili conciliationé philofophiæ Cartefii, cum hifiorié creationis primo ca- Pite genezeos per Mofem rradité ? | | Paracelfe avoit foulevé contre lui toute la Méde- Cine, en oppofant la pharmacie chimique à la phar- macie galénique. Sennert eflaya le premier avec quelque fuccès de pacifier les efprits. Méchlin, Geor- ge Martin & d’autres fe déclarerent enfuite avec plus de hardiefle en faveur des préparations chi- miques. De jour en jour elles ont prévalu dans la pratique de la médecine. Cependant on ne peut pas dire qu'aujourd'hui même cette forte de fyncrétifme SYN 49 be AA BEL CE LU - RTL A Le ET RO loit éteint ; 11 y à encofe des médecins & des chi rurgiens qui brouillent ces deux pharmacies, & jé ne crois pas que ce foit fans un grand inconvénient pour la vie des hommes | Jean-Baptiite du Hamel travailla beaucoup à mon: trer l’accord de la philofophie ancienne & modernes Cet homme étoit inftruit, 1l avoit recu de là nature un jugement fain; il naquit à Caenen $24, il y étu- dia la philofophie & les humanités: Il vint à Paris où il fe livra à la théologie, à la phyfique & aux mathé: matiques; Il vécut pendant quelque tems d’une vie aflez diverfe. Il voyagea en Angleterre & en Alle- magne ; & ce ne fut qu'en 1760 qu'il publia {on af- tronomie phyfique, ouvrage qui fut fuivi de fon traité. des affeétions des corps, de celui de l’ame humaine , de fa philofophie ancienne 8 moderne À l’'ufage des écoles, de fon hiftoire dé l'académie des fciences 3 de fa concordance de la philofophie ancienne & mo: derne. Dans ce dernier ouvrage , il parcourt tous les {yftêmes des philofophes anciens, il montre la di: verfté & la conformité de leurs opinions, il les con: cilie quand il peut ; il les approuve, ou les refüte; il conclut qu'ils ont vu , mais qu’ils n’ont pas tout vu: Il s'attache d’abord à la philofophie de Platon, Après avoir avec ce philofophe élevé lefprit à la connoif fance de la caufe éternelle & premiere des chofes ; 1l parle d’après Aniflote des principes des corps ; il exa< nine enfuite le {yftême d’Epicure ; il expofe la do: étrine de Defcartes, & finit par deux livres qui con: tiennent les élémens de la chimie, avec quelques expériences relatives à cet art: + AM On ne peut nier que cet auteur nait bien mérité de la philofophie, mais fes ouvrages font tachés de quelques traces de fyrcrétifime. 1] avoit trop à cœur la réconciliation des anciens & des modernes, pour qu'ils pt expofer la do&trine des premiers avectouté l’éxattitude qu’on defreroit. Du Hamel mourut fort âgé ,ul avoit quatre- vingt-deux ans : on le perdit donc en 1706. sadli Mais il y a point eu de fÿxcritifine plus ancien êt plus général que le Platonico-Peripatetico-Stoi- cien: Ammonius , Porphire , Tliemiftius , Julien ;, Proclus ,; Marin ; Origène, Sinefius , Philopones, Pfellus, Boëthius, Beflarion, Fran. Pic, Gaza, Patri- cius , Schahchius, & une infinité de bons efprits en ont:été infectés, en Grece, en Italie, en France , en Angleterre, en Allemaghe, depuis les tems les plus | reculés, jufqu’aux nôtres, les uns donnant la palmé à Platon, les autres l’arrachant à Platon pour en cous ronner Ariftote où Zénon, quelques-uns plus équi= tables la partageant à-peu-près évalement entreux. _ Ce fyncrétifme divifoit les- efprits, & expofoit la philofophie au mépris des gens du monde; lor{qu'il {ortit de l’école de Ramus & de Mélanchton , une efpèce de feéte qu’on pouvoit appeller les philofo= phes mixtes : de ce nombre furent Paulus Fiifcus André Libavius, Heizo-Bucherus, Conrad Duteri: cus, Âlftedius, & d’autres entre lefquels il ne faut pas oublier Keckermann, XP An Le Maïs perfonne ne tenta la reconciliätion d’Añiftoté avec les philofophes modernes, avec plus de chaleur &t de talent que Jean Chriftophe Sturrnius. Il fut d'a bord fyncrérifle, mais cette maniere dé philofopher ne tarda pas à lui déplaite; il devint £ clectique ; il eut une difpute importante avec Henri Morus, Leibnitz ê Schel hammer fur le principe qui agit dans ia na= ture. Morus y répandoit un efpritimmatériel, mais brute; Leibmtz une force a@ive, propre à chaque molécule, dans laquelle elle s’exerçoit ou tendoit à s'exercer felon des loix méchaniques; Schel-ham- mer, lé principe d’Ariftote. | Leibnitz commença & finit comme Sturmius ; je veux dire qu'il pafña du fyncrérifine à VEclectifine. Il patoïît par ce que nous avons dit de cette feéte, 750 SY N qu’elle a peu fait pour Le progrès de la philofophie,: qu'on lui doit peu de vérités, & qu'il ne s’en eft fallu de rien qu’elle ne nous ait engagé dans des dif- putes fans fin. Il s’agit bien de concilier un philofophe avec un autre philofophe ; & qu’efl-ce que cela nous impor- te? Ce qu'il faut favoir, c’efl quieft-ce qua tortou taifon. | | Il s’agit bien de favoir fi un fyffème de philofo- phie s'accorde avec l’Ecriture ou non; & qu'eft-ce que cela nous importe? Ce qu'il faut favoir, c’eft s'il eft conforme à l’expérience ou non. Quelle eft autorité que le philofophe doit avoir pour foi? celle de la nature, de la raïfon, de l’ob- fervation & de l’expérience. Il ne doit le facrifice de fes lumieres à perfonne, pas même à Dieu, puifque Dieu même nous conduit par l'intelligence des chofes qui nous font connues, à la croyance de celles que nous ne concevons pas. Tandis que tant d’efprits s’occupoient à concilier Platon avec Ariftote, Ariftote avec Zénon, les uns ct les'autres avec Jefus-Chrift ou ayec Moife ; le tems fe pañloit, & la vérité s’arrêtoit. Depuis que l’écleétifme a prévalu , que font deve- nus tous les ouvrages des /yrcrétifles ? ils font ou- bliés, | SYNCRITIQUE Remepe. (Medec. anc.) Les mé- thodiftes nommerent remedes fyncririques ceux qui font d’une nature coercitive & aftringente; Thefa- lus écrivit un volume entier fur ces remedes, & deux pages auroïent fuff. (D. J.) SYNDERESE, f £. (Gram.) reproche fecret de la confcience. La marque la plus complete de la fcéle- ratefle parfaite , feroit le défaut de fyrderefe; mais on n’en vient point Là. SYNDESMO-GLOSSE, ez Anatomie, nom d’une partie de mufcles de la langue qui viennent de la partie moyenne du ligament qui unit los hyoide avec le cartilage thiroide, & fe termine à la partie poftérieure de la langue, & à la partie latérale du pharynx. Voyez SYNDESMO-PHARYNGIEN. SYNDESMOLOGIE, ez Anatomie, la partie qui traite des ligamens ; ce mot vient du grec ow en- femble, du verbe d'u, unir, 8E Aoycc, traité, C’eft-à- dire difcours {ur ce qui unit enfemble, ou sraité des ligamens. Weitbrecht, profeffeur en Anatomie à Petershoure, nous a laiffé un sraise in 4°. fur les ligamens , intitulé fyndefmologie, imprimé à Petersbourg en 1742; c’eft le feul srairé que nous ayons fur cette matiere, il eft orné de figures qui ne font pas eftimées par la beauté de la gravure, comme la plupart des figures anato- miques, mais par leur exactitude. Tous les connoif- feurs en fontun très-grand cas. SYNDESMO-PHARY NGIEN, en Anatomie, nom d’une paire de mufcles qui viennent de la partie moyenne, & quelquefois de la partie inférieure des ligamens qui unifflent les cornes fupérieures du carti- fage thyroide avec les grandes cornes de Poshyoï- de ; de-là vont aux parties latérales & fupérieures du pharynx & de la langue. Voyez SYNDESMo- SLOSSE. - SYNDIC, fm. en matiere de Gouvernement de Com. _merce, eft un offücier chargé des affaires d’une ville ou d’une communauté ; c’eft lui qui convoque les afflem- biées, & qui fait les repréfentatious au miniftere & au magiftrat , &c. fuivant l'exigence des cas. Ce mot dérive du latin /yndicus , ou plutôt du grec fyndycos , qui fignifie la même chofe. Le fyndic eft chargé de répondre de la conduite du corps ; il fait & reçoit les mémoires qui regardent les affaires ou les intérêts de la communauté ; il contrôle & corrige les aétions 8 les fautes des particuliers qui dépendent de la communauté, ou du-moinsilles , LA S YN L fait blèmer ou réprimander dans les afflemblés publi- ques. Dans le fond, le fyrdic eft en même terms l’a- gent &rle cenfeur dela:coñimunauté. La plüpart des compagmes de Paris &t d’autres villes, comme les univerhtés GC les communautés des arts &c métiers, ont leur fyzdic aufh bien que la plüpart des villes de Provence & de Languedoc. On appelle aufi fyrdic, celui qui eft chargé de folliciter une affaire commune, & où il eft intéreflé lui-même; comme il arrive en particulier dans les direttions où 1l fe trouve plufieurs créanciers d’un même débiteur qui a fait banqueroute, ou qui eft mort infolvable. Foyez AVOCAT, Etc. Le premier magiftrat de la ville de Genève, s’ap- pelle /yzdic ; il y a quatre fÿzdies pour chaquearmée; leplus ancien préfide au confeil des vingt-cinq, qui eft confeil principal de la ville, & où l’on décide de tou- tes les affaires, tant civiles que politiques : les trois autres fyndics élus ne peuvent revenir en charge qu'au bout de quatre ans ; de forte que le fyndicat roule entre feize perfonnes, que Pon choïfit toujours dans le nombrede ceux qui compofent le confeil des vingt-cinq. Syndic eft aufi le nom que le roi Louis XIV. a accordé par les arrêts de fon confeil d'état pour léreétion des chambres particulieres de commerce dans quelques vifles de fonroyaume aux marchands, négocians ou autres qui compofent lefdites cham- bres. Ceux de Rouen fontappellés fzdics du commerce de la province de Normandie : à Lille fimplement fy1- dics de la chambre de commerce : dans les autre villes ce font des députés ou diretteurs. Voyez CHAMBRE DE COMMERCE , DÉPUTÉS Du COMMERCE, Gr Diflionnaire de commerce , tome IT, lettre V, p. 256. SYNDIC , ( Lisrér. grec. ) rvdmos, ce mot avoit en grec deux fignifications ; 1l fignifioit en premier lieu, tout orateur commis pour défendre avec un autre, la même caufe. En fecond lieu , il défignoit un ora- teur choifi, & député pour foutenir les prérogatives d’une ville, ou d’une nation entiere. Ainfi nous li- fons dans Plutarque , que les Athéniens élurent Arif- tide pour /yrdic, & le chargerent dé plaider au nom de leurs citoyens, la caufe de toute laGrece, on ne pouvoit pas être deux fois /yrdic dans cedernier fens. Nous avons emprunté le terme de fyndic , mais nous en avons un peu détourné la fiemification , car en France il veut dire celui qui eft élu pour prendre foin des affaires d’une communauté, ou d’un corps dont il eft membre. ( D. J.) | SYNDICAT , charge ou fonéhion de fyndic ; il fe dit auffi du tems que le fyndic refte en charge. SYNDROME, ( Lex. méd, ) de dis, courir | de our, & suvdpoun veut direun cozcours.C’eft un mot introduit en Médecine par la fecte des émpiriques, qui l’employoient pour exprimer le concours des fymptomes; tels que font, dans la pléthore , la diften- fon des vaifleaux , larouseur, la pefanteur du corps, linhabilité au mouvement, la tenfion des membres, un fentiment douloureux de laffitude. Ils joignoient à tous ces fignes une vie paflée dans lina@tion , une conftitution vorace, &c la fuppreflion des excrétions otdinaires, Voilà la fyrdrome pléthorique , qui de- mandoit alors la faignée ; les Empiriques formerent de même la/ÿrdrome de la plüpart des maladies , bien plus difficile que celle de la pléthore; mais Galien tourne en ridicule la conduite des empiriques dans leurs fyrdromes , parce que, dit-il , elles arrivent fort rarement , & en même tems lentement ; enforte que fi le médecin vouloit attendre fa /yrdrome de tous les {fymptomes pour des remédes, 1l lui arriveroit fous vent de commencer la cure trop tard. ( D..J.} SYNE,, ( Chronolog. éthiop. ) nom du dixieme mois de l’année éthiopienne. Il commence le*26 Mai du calendrier Juhen-(D,7) L | SYN SYNECDOQUE 04 SYNECDOCHE (£ (Craim) | cet article efbenentier de M. du Marfais: srop. part. II. art, iv, p. 97. Ce que jy ai infère du mien, je l'ai mis a l'ordinaire entre deux crochets | 1. On écrit ordinairement fynecdoche: [c’eflortogra- pheétymologique]; voici les raifons qui me détermi- nent à écrire /yrecdoque. ie 1°. Ce mot n’eft point un mot vulgaire qui foit dans la bouche des gens du monde, enforte qu'on puifle les confulter pour connoître Pufage qu'il faut {uivre par rapport à la prononciation de ce mot. 2% Les gens de lettres que j'ai confultés le pro- noncent différemment ; les uns difent fzecdoche à la françoïfe, comme roche ; & les autrés foutiennent avec Richelet qu’on doit prononcer /ÿrecdoque. 3° Cemotefttout grec, Surerdoyn, comprehenfio ÿ il faut donc le prononcer en confervant au + fa prononciation originale: c’eftainf qu’on prononce & qu’on écrit époque 3 Toy 1 ; MOTIATqUE , java PXAS Fur gxocs Pentateuque,Wivrareuyce; Andromaque, A rdpapaxts Télémaque, Tunéueyoe, &c. On conferve la même pro- nonciation dans écho, s%03 école{{chola) yon, &c. Je crois donc que /ÿzecdoque étant un mot fcienti- que, qui n’eft point dans Pufage vulgaire, il faut l’écrire d’une maniere qui n’induife pas à une pro- nonciation peu convenable à fon origine, . 4°. L’ufage de rendte par ch le » des Grecs ,a introduit une prononciation françoife dans plufieurs mots que nous avons pris des Grecs, Ces mots Étant devenus communs , & l'ufage ayant fixé la maniere de les prononcer & de les écrire, refpec= tons l’ufage; prononçons cathéchifine | machine ; chi- mere, archidiacre, architeite, &c. Comme nous pro- nonçons chi dans les mots françois : mais ençore un coup , fyrecdoque n’eft point un mot vulgaire ; écri- vons donc & prononçons Jynecdoque. Ce terme fignifie compréhenfion : en effet dans la Jynecdoque , on fait concevoir à lefprit plus ou moins que le mot dont on fe {ert, ne fignife dans le {ens propre. | Quand au lieu de dire d’un homme qu'il aimé / vin , Je dis qu'il aime bouteille ; c’eft une fmple métonymie (voyez MÉTONYMIE); c’eft un nom pour un autre; mais quand je dis, cent voiles pour cent vaifleaux , non-feulement je prends un nom pour un autre; mais je donne au mot voiles une fignification plus étendue que celle qu'il a dans le fens propre; je prends la partie pour le tout. | La fynecdoque eft donc une éfpece de métonymie, par laquelle on donne une fignification particuliere, à un mot qui, dans le fens propre, a une fignification plus générale ; ou au contraire, on donne une fionr- fication générale à un mot qui, dans le fens propte, n'a qu'une fignificationparticuliere. En un mot, dans la métonymie, je prends un nom pour un autre ) AU lieu que dans Jynecdoque, je prends le plus pour le sROInS , Où le moins pour le pus, 7 Voici les différentes fortes de fynecdoques que les Grammairiens ont remarquées, © | L Jynecdoque du genre : comme quand on dit, Ze mortels pour es hommes ; le terme de morsels devtoit pourtant comprendre auf les animaux, qui font fu. jets à la mort auffi bien qué nous: anf , quand par les mortels on n’entend que /es hommes , c’eft une fy- recdoque du genre ; on dit Le plus pour le ILOINS, " Dans PEcriture-fainte, crégiure ne fonifie ordinai- rement que es hommes : enntes in mundum univer{uim , predicate evangeliuin omni CREA TURÆ : Marc. xvj 15] C’eftencore ce qu’on appelle la Jÿnecdoque du genre, parce qu’alorsun mot générique ne s'entend que d’une efpeceparticuheré : Créastre effun Mot générique , puiqu'il comprend routes les’ efpeces de .chofes créces, les arbres, les animaux, les métaux, Ec. Ainfi lorfqu’il ne s’enténd'que deshômies “c’eftiun fynec- SYN #ji doquedu geñte, c. 4. d, que fous le nom du gere, on ne conçoit, On n’exprime qu'une efpece particulieres on réftreint le mot générique à la fimple fignification d’un mot quine marque qu'une efpece, Nombre eft un mot qui fe dit de tour affemblage d'unités: les latins fe font quelquefois fervi de ce À mot en le reftreignant À une efpece particuliere, 1°. Pour marquer l'harmonie, le chant :1ly a dans le chant une proportion qui fe compte. Les Grecs apz pellent aufli jv@uos numerus, toût ce qui fe fait avec une certaine proportion : guidqwid certo modo G ra= lions fir. +. . Numeros remini 3 fe verbætenerer, .# Je me fouviens de la mefure, de l'harmonie , dé » lacadence, du chant, de Pair; maisje n’ai pas retenu » les paroles », Virp. éci. ir, 4.5. 2°. Numerus fe prend encore en particulier pour les vers; parce qu’en effetles vers font compofés d’un certain nombre de piés ou de fyliabes : Jéribimus nu: 7neroS. Perf, Jar. J. 3. nous fafons des vers. | 3°. En françois nous nous fervons auffi de ombre Où de zombreux , pour marquer une certaine harmo: nie, certaines melures , proportions ou cadences, qui fendert agréable à Porcilleun air, un vers, une période, un difcours. fl ÿ A un certain ombre qui rend les périodes harmônieufes, On dit d’une pé- riode qu’elle eff fort zombreufe, aumerofa oratio : C, a. d. que le nombre des fyllabes qiu la compofent eft fi bien difiribué , que l’ofcille en eft frappée agréa- blement: zwmerus a auf cette fignification en fatin. 7» oratione numerus larinè, grecs pubs , trefle dicieur, Ad capiendas aures, ajoûte Cicéron. Orat. n, $1, ali- fer 170, 171, 172. NUMErI ab oratore gueruntur ; & plus bas, il s'exprime en ces termes : rifloteles ver: Jim In orariore vetar elfe, numerum Jubet ; Ariftote ne veut point qu'il fe trouveun vers dans la proie, £. a. d. qu'il ne veut point que lor{qu’on écrit en pro- fe, 1l fe trouve dans le difcourste même effemblage de piés, ou le même nombre de frlabesqui forment un vers:1l veut cependant que la profe ait. de l’harz monie ; mais une harmonie qui lui foit particuliere, quoiqu’elle dépende évalement du nombre des fy1- lables & de larrangement des mots. IL. Il y a au contraire la Jjnecdoque de l'éfpece : c’eft lorfqu'un mot qui dans le fens propre ne figmifie qu’- une efpece patticuliere, fe prend pour legenre, C’eft ainfi qu'on appelle quelquefois voleur un méchans kom. me: c'eftalors prendre le moins Pour marquer le plus, [l'y avoit dans la T heflalie, entre le mont Of & le mont Olympe, une fameufe plaine appellée Tempé, qi pañloit pour un des plus beaux lieux de Ja Grece. Les poètes grecs & latins fe font fervis de ce mot Particulier pour marquer toutes fortes de belles came pagnes, « Le doux fommeil, dit Horace, J1L.64, j: » 22, Waïme point le trouble qui regne chez les » grands ; 1lfe plaît dans les petites Maifons de bezu ». gers; à lombre d’un nufleau , où dans ces agréa- » bles, campagnes dont les arbres ne font agités que *, par le zéphyre»; & pour marquer ces campapnes, il fe fert de Tempe : là à es. Sornrus agreflium Lenis virorwm Ron hiimiles domos Fafhidit, uinbroferiate ripam E Won zephyris tapiratà T empe. [M. du Marfais eft trop au-deflus des hommes of dinaires, pour qu’il ne i-pas petmiis de frite for fa: écrits quelques obfervations.tritiques. La tradu@ion ui} donneici du pañläge d'Horace ; n’a pas jce me ae ee lexaétitude exigible; & je ne'fais s’il. n'eft pas demon devoir d'en temarquer Les Auütes, & On peut toujours relever celles des grands hom= # mes... dit M. Duclos, préf de Dhifl, de Louis XXE. » peut-être font-ils les feuls qui en foient dignes, & » dont la critique foit utile » 752 SYN N'aime point le trouble qui regne chez les grands : n’y a rien dans le texte qui indique cette idée ; c’eft une interpollation qui énerve le texte au-lieu de l’en- richir , & peut-être efkceunefaufleté. Non faftidir n’eft pas rendu par z/ fe plaïs : le poëte va au-devant des préjugés qui regardent avec dédain l’état de médiocrité ; ceux qui penfent ainfi s'imagi- nent qu'on ne peut pas y dormir tranquilement, & Horace les contredit, en reprenant négativement ce qu'ils pourroient dire poñtivement , zon faflidit : cette négation eft également néceflaire dans toutes les traduétions ; c’eft un trait caraétériftique de l’o- riginal. Les petites maifons de bergers : l'ufage de notre lan- gue a attaché à pesites maifons , quand il n’y a point de complément , l’idée d’un hôpital pour les fous ; êt quand ces mots font fuivis d’un complément, l'i- dée d’un lieu deffiné aux folies criminelles des riches libertins : d’ailleurs le latin huiles domos dit autre chofe que perites maifons ; le mot huriles peint cequi a coutume d’exciter le mépris de ceux qui ne ju- gent que par les apparences, &c il eft ici en oppoli- tion avec 202 faflidir ; ladjeQif peris ne fait pas le même contrafte, Virorum agrefium , ne fiënifie pas feulement les bergers, mais én général tous ceux qui habitent & cultivent la campagne, les habitans de la campagne. Je fais bien que l’on peut , par la fyrecdoque même, noramer l’efpece pour le genre ; mais ce n’eft pas dans la traduétion d’un texte qui exprime le genre, &t qui peut être rendu fidélement fans forcer le génie de la langue dans laquelle on le traduit. L'ombre d’un ruiffleau ; c’eft un véritable barbarif- me, les ruiffeaux n’ont pas d'ombre : wmbrofam ri- pam fignifie un rivage couvert d'ombre : au-furplus il n’eft ici queftion ni de ruiffeau, ni de riviere, ni de fleuve ; c’eft effacer original que de le furcharger fans befoin. Zephyris agitata Tempe : il n’y a dans ce texte au- cuhe idée d'arbres ; 1l s’agit de tout ce qui eft dans ces campagnes, arbres , arbrifleaux, herbes , fleurs, ruifieaux ; troupeaux, habitans, 6c. La copie doit préfenter cette généralité de l’original. Il me fem- ble aufh, que fi notre langue ne nous permet pas de conferver la /yrecdoque de l'original, parce que Ter- pé n’entre plus dans le fyflème de nos idées volup- tueufes, nous devons du-moins en conferver tout ce qu'il eft poffible , en employant le fingulier pour le pluriel ; ce fera fubitituer la /ÿrecdoque du nom- bre à celle de lefpece , & dans le même fens, du noirs pat le plus. Voici donc la traduétion que j’ofe oppofer à celle de M. du Marfais. « Le fommeil tranquille ne dédai- » gne ni les humbles chaumieres des habitans de la » campagne, ni un rivage couvert d'ombre , niune » plaine délicieufe perpétuellement careffée par les # zéphyres ». | Le mot de corps & le mot d’ame( c’eft M. du Mar- fais qui continue } , fe prennent auf quelquéfois {é- parément pour tout l'homme : on ditpopulairement, fur-tout dans les provinces , ce corps-la pour cer hom- mela ; voila un plaifant corps, pour dire #r plai- Jant perfonnage, On dit auf qu’i/ y « cent mille mes dans une ville, c’eft-à-dire cent mille habitans, Om. nes animæ domñs Jacob ( Genef. x/yj. 27.) toutes les perfonnes de la famille dè Jacob, Geruir fexdecim animas , (ibid. 18. )il eut feize enfans, IT, S'yrecdoque dans le nombre ; c’eft lorfqw’on met un fingulier pour un pluriel ; ou un pluriel pour un fingulier. | 1°, Le Germain révolié, c’eft-à-dire, les Germains, les Allemands. L'ernemi vient à nous, c’eftà-dire, Les ennemis. Dans les hiftoriens latins on trouve fou- vent pedes pour pedices, le fanta/fir pour Les fanraffins, d'infanterie, k £ ù 2°, Le pluriel pour le fingulier. Souvent dans le ftyle férieux on dit zous au-lieu de je; & de même , il eff écrit dans Les prophetes | c’eft-à.dire , dans un li- vre de quelqu'un des prophetes; guod di&lum ef? per pProphetas, Matt. 1j. 23. 3°. Un nombre certain pour un nombre incertain. [me l'a dit dix fois , vingt fois, cent fois , mille fois, c'eft-à-dire , p/ufieurs fois. 4°. Souvent pour faireun compte rond, on ajoute ou lon retranche.ce qui empêche que le compte ne foitrond : ainfi.on dit , la verfion des feptante , au- lieu de dire a verfion des foixante & douze interprètes , qui , felon les peres de l’Eglife , traduifirent l’Ecritu- re-fainte en grec, à la priere de Ptolémée Philadel- phe , roi d'Égypte, environ 300 ans avant Jefus- Chrift. Vous voyez que c’efttoujours ou le plus pour le moins, ou au contrairele moizs pourle plus. IV. La partie pour le tout , € le tout pour la partie. Aïnfi /a tête {e prend quelquefois pour tout l’homme: c’eft ainfi qu’on dit communément ,o2.« payé trans partête, c’eft-à-dire, tant pour chaque perfonne; une tête fe chere , c’eltà-dire , re perfonne Ji précieufe, fi fort aimée. Les poëtes difent , après quelques moifflons , quel- ques étés | quelques hivers , c’eft-à-dire , après quelques Ar2nees. , L’onde , dansle fens propre, fignifie une vague, ur {ot ; cependant les poëtes prennent ce mot ou pour la mer, ou pour l’eau d’une riviere , ou pour la ri viere même. Quinault , {fs , aë, I. fe. 3. 4 Vous juriez autrefois que cette onde rebelle Se.feroit vers fa fource une roure nouvelle, Plutôt qu'on ne verroir votre cœur dégagé : Voyez couler ces flots dans certe vafle plaine ; Cefl le même penchant qui toujours des entraine 3 Leur cours ne change point, & vous avez changé. Dans les poëtes latins , /4 poupe où la proue d’un vaifleau fe prennent pour tout le vaïfleau. On diten françois cent voiles | pour dire cent vaifleaux Teéume ( le toit ) fe prend en latin pour toute la maifon, Æneam in regla ducit teéla | elle mene Enée dans fon. palais. Æn. I. 635. | La porte , &t même Ze feuil dela porte, fe prennent aufh en latin pour toute là maïfon , tout le palais, tout le temple. C’eft peut-être par cette efpece de _ Jÿrecdoque qu’on peut donner unfensraifonnable à ces vers de Virgile. Æn. I, 500. Tum foribus dive, mediä tefludine templi , Septa armis, folioque alrè [ubnixa refedir. Si Didon étoit afñife à la porte du temple , foribus di- væ , comment pouyoit-elle être affife en même terns: fous le milieu de la voûte, medid refludine ? C’eflque par foribus divæ , 1l faut entendre d’abord en général le temple ; elle vint au temple, & fe plaça fous la yoïte. [ Ne pourroit - on pas dire auf. que Didon étoit af- fife au milieu du temple & aux portes de la déefle, c’eft-à-dire , de fon fan@uaire? Cette explication eft toute fimple, & de l’autre part la figure eft tirée de bien loin. | Lorfqu'un citoyen romain étoit fait efclave, fes biens appartenoïent à {es héritiers; mais s’il reve- noit dans fa patrie, 11 rentroit dans la poffeffion & jouiflance de tous fes biens: ce droit, qui eftune ef- pece de droit de retour, s’appelloit en latin, /zs po/f- liminir ; de poft ( après ), & de Zmen ( le feuil de la porte, l’entrée }. Porte ; par fynecdoque &t par antanomafe , fignifie auff Ja cour du grand-feïoneur , de l’empereur turc. On dit, faire un traité avec la porte, c'eft-à- dire, avec la cour ottomane. C’eft une façon de parler qu? nous vient des Turcs: ils nomment porte par excel- lençe , la porte du ferrail; c’eftie palais du fultansou empereur SYN empereur turc; & 1ls enteñdent paf ce mot ce que nou$ appellons Z4 cour. Nous difons , 2/y a cent feux dans ce village ; C’eft- à-dire cent familles. ù On trouve aufhi des noms de villes, de fleuves , _ou de pays particuliers, pour des noms de provinces & de nations. Ovide, Meram. I. Gr, Eurus ad Auroram | Nabathæaque regna receffir. . Les Pélagiens , les Argiens, les Dofiens, peuples particuliers de la Grece, fe prennent pour tous les Grecs, dans Virgile & dans les autres poëtes an- ciens. . On voit fouvent dans les poëtes Ze Tibre pour les Romains ; Ze Ni7 pour les Egyptiens ; La Seine pour les François. Cum Tiberi, Nilo gratia nulla fuit. | | Prop. IL, Elep. xxxuy. 20. Per Tiberim , Romanos ; per Nilum Æpgypiios 17- æelligrto. Beroald. 57 Propers. Chaque climat produit des favoris dé Mars , La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Céfars. | Boileau , £p. I. Fouler aux pies l’orgueil & du Tage & du Tibre. | Ia. Difc. au roi. Par Z Tage’, il entend les Efpagnols ; le Tage eft une des plus célebres rivieres d’Efpagne. V. On fe fert fouvent du nom de LA MATIERE POUR marquér LA CHOSE QUIEN EST FAITE: le pain ou quelqu’autre arbre fe prend dans les poëtes pour “un vaifleau : on dit communément de l'argent, pour des pieces d'argent, de la monnoie, Le fér fe prend pour lPépée ; périr par le fer, Virgile s’eft fervide ce mot pour le foc de la charrue : I, Georg. 30. Ar priàs ienotum ferro quam fcirdimus œquor. M. Boileau , dans fon ode fur la prife de Namur, a dit l’airain , pour dire Zes canons : Es par cent bouches horribles L’airain fur ces monts terribles Vomit Le fer 6 la mort. L’airain , en latin &s, fe prend auf fréquemment’ p] 3 pour la monnoie , les richefles ; la premiere mon- noie des Romains toit de cuivre - æs alienum, le cuivre d'autrui, c’eft-à-dire , le bien d'autrui qui eft entre nos mains , nos dettes, ce que nous devons. Enfin, æra fe prend pour des vafes de cuivre, pour des trompettes, des armes , en un mot pour tout ce qui fe fat de cuivre. [ Nous difons pareillement des dronyes ; pour des ouvrages de bronze |. Dieu ditsà Adam , tu es poufliere , &c tu retour- neras en pouflere, pulvises ; Gin pulverem reverteris ; Genef. ti. 19.c'eft-à-dire, tu as été fait de poufñlere, tu as été formé d’un peu de terre, - Virgile $’eft fervi du nom de l'éléphant pour mar- quer fimplemèent de livoire ; ex auro , folidoque ele: phanto , Georg, [I. 26. Dona déhinc auro gravia fec- toque elephanto , Æn. III. 464. C’eft ainfi que nous difons tous les jours vx caffor , pour dire un chapeau fait de poil de caftor , &c. Tin pius Æneas haflam jacir : Ella per orbem ZÆre cavum triplici per linea terga, tribufque Tranfiit intextum tauris opus. Æn. X. 783. Le pieux Enée lança fa hafle( pique, lance. Voyez le pere de Montfaucon, som. IF. p.65), avec tant de force contre Mézence , qu’elle perça le bouclier fait de trois plagnesde-cuivre, 87 qu’elle traverfa les piquures de toile, & l'ouvrage fait de trois saureaux, c'eft-à-dire , de trois cuirs. Cettè facon de parler ne {eroit pas entendue en notre. langue. l | Maïs 1l ne faut pas croire qu'il foit permis de pren- Tome XV, S Y N 753 dre indifféremment un nom pour un autre, foit par métonymie , foit par /yrecdoque : il faut, encore un coup , que les expreflions figurées foient autorifées par l’ufage , ou du-moins que le fens littéral aw’on veut faire entendre, fe préfente naturellement à l’ef- prit fans révolter la droite raïfon , & fans bleffer les oreilles accoutumées à la pureté du langage. Si Pon difoit qu'une armée navale étoit compofée de cent mäts , ou de cent ayirons, au-lieu de dire cent voiles pour cent vaiffeaux, on fe rendroit ridicule : chaque partie ne fe prend pas pour le tout , & chaque nom Er i ne fe prend pas pour une efpece particu- iére, n1 tout nom d’efpece pour le genre; c’eft l’u- fage feul qui donne à fon gré ce privilege à un mot plutôt qu’à un autre. Ainfi quand Horace a dit, I. od. j. 24, que les com- bats font en horreur aux meres, bella matribus detef= tata; Je fuis perfuadé que ce poëte n’a voulu parler . précifément que des meres. Je vois une mere allar- mée pour {on fils qu’elle fait être à la guerre, ou dans un combat dont on vient de lui apprendre: la nou- velle : Horace excite ma fenfibilité en me faifant pen fer aux allarmes où les méres {ont alors pour leurs enfans ; il me femble même que cette tendrefle des meres eft ici le feul fentiment qui ne foit pas fufcep- tible de foiblefle ou de quelqw’autre interprétation peu favorable: les allarmes d’une maîtrefle pour fon amant n’oferoient pas toujours fe montrer avec la même hberté , que la tendrefle d’une mere pour fon fils. Ainfi quelque déférenc® que j’aie pour le favant pere Sanadon, j'avoue que je ne fauroïs trouverune Jÿnecdoque de lefpece dans bella matribus deseffata. Le pere Sänadon , poëfies d'Horace , tom. I. pag. 7. croit que #atribus comprend ici mème /es jeunes fil- les : voici fa traduétion : Les cormbats qui font pour Les femmes un objet d'horreur. Et dans les remarques, p.12. 1l dit, que « les meres redoutent la guerre » pour leurs époux &c pour leurs enfans ; mais les » jeunes filles ; ajoute-t-1l , ne DOIVENT pas moins » la redouter pour les objets d’une tendreffe lépiti- » me que la gloire leurenleve , en les rangeant fous » les drapeaux de Mars. Cette raifon m’a fait pren- » dre ratres dans la fignification la plus étendue, # comme les poëres Pont fouvent employé. Il me » femble, ajoute-t:1l que ce fens fait ici un plus bel » effet ». ILne s’agit pas de donner ici des inftruétions aux jeunes filles , ni de leur apprendre ce qu’elles doi- vent faire | lorfque x gloire leur enleve Pobjet de leur rendreffle , en les rangeant fous les drapeaux de Mars , c’eit à-dire , lorfque leurs amans font à la guerre ; 1l s’agit de ce qu'Horace a pente. [ Il me féemble qu'il devroit pareïllement n'être que- ftion ici que de ce qu’a réellement peré le pere Sa- nadon , 6c non pas du ridicule que l’on peut jetter fur fes expreffions , au moyen d’une interprétation maligne : le mot doivenr dont il s’eft fervi, & que M. du Marfais a fait imprimer en grosgaratteres , n’a point été employé pour défigner 2 infiruchion > fais fimplement pour cafa@térifer ureconféquence na- rurelle & connue de la tendreffe des jeunes filles pour leurs amans , én un mot, pour exprimer affirmati- vement un fait. C’eft un tour ordinaire de notre langue, qui n’eft inconnu à aucun homme de lettres: ainf 1l y a de Pinjuftice à y chercher un fens éloigné, qui ne peut que compromettre de plus en plus l’hon- nête des mœurs ; déja trop efficacement attaquée dans d’autres écrits réellement fcandaleux |. Oril me femble , continue M. du Marfais, que le terme de meres n'eft relatif qu’à enfans ; il ne left pas mê- me à époux, encore moins aux objets dune rendreffe légitime. Vajouterois volontiers que les jeunes filles s’oppofent à ce qu'on les confonde fous le nom de mères, Maïs pour parler plus férieufement, j’ayoue C'CTET 154 SYN que lorique je his dans la tradu@tion du pere Sana: don , que /es combats font pour les femmes un objet d'horreur, je ne vois que des femmes épouvantées ; au-lieu que les paroles d'Horace me font voir une mere attendrie : ainfi je ne fens point que l’une de ces expreflions puifle jamais êrre l’image de l’autre ; & bien loin que latraduétion du pere Sanadon fafle fur moi un plus bel effet, je regrette le fentiment tendre qu’elle me fait perdre. Mais venons à la /y- necdoque. | Comme il ef facile de confondre cette figure avec la métonymie , je crois qu’il ne fera pas inutile d’ob- ferver ce qui difingue la fyrecdoque de la métony- mie. C’eft, 1°. Que la fynecdoque fait entendre le p/us parun . mot qui dans le fens propre fignifie le 10425 ; ou au au contraire elle fait entendre le 0/25 par un mot qui dans le fens propre marque le plus. 2°, Dans lune & l’autre figure il y a une relation entre l’objet dont on veut parler, & celui dont on emprunte le nom ; car s’iln’y avoit point de rapport entre ces objets,il n’y auroit aucune idée accefloire, & par conféquent point de trope : mais la relation qu'il y a entre les objets , dans la métonymie , eft de telle forte, que l’objet dont on emprunte le nom, {ubfifte mdépendamment de celui dont il réveille li- dée, & ne formepoint un enfemble avec lui ; tel eft le rapport qui fe trouve entre la caufe &c l'effer , en- tre l’aureur & {on ouvrage , entre Cerès & le blé, en- tre le contenant &c le contenu , comme entre la houseille & le viz : au-lieu que la liaïfon qui fe trouve entre les objets, dans la fÿrecdoque , fuppofe que ces ob- jets forment un enfemble, comme le our & la parie; - leur union n’eft point un fimple rapport, elle eft plus intérieure & plus indépendante, C’eft ce qu’on peut remarquer dans les exemples de l’une & de l'autre de ces figures. Voyez TroPe. ( E.R. M. B.) SYNECPHONESE oz SYNÈRESE,, f. £. (Gram.) c’eft une figure de diétion , par laquelle on fe débar- rafle d’une fyllabe , fans rien retranchendes élemens du mot ; ce qui fe fait en prononçant, d’un feul coup de voix , deux fons confécutifs qui, dans lPufage or- dinaire, fe prononcent en deux coups. C’eft ainfi que l'on trouve aureis en deux fyllabes longues, à la fin d’un vers hexametre ; dependent lychni laquearibus 4ä- rets : (Virg.) fzader pour f4adet ; fuades enim vefana James, (id.), 6c. Voyez la méthode latine de P, R, Traité de la poëffe latine , ch. ii. 3. Les anciens grammairiens donnoient à cette figure le nom de fÿrecphonefe , lorfque l’une des deux voyelles étoit entierement fupprimée dans la pro- nonciation, & qu’elles faifoient une fauffe diphton- gue; comme dans a/yearia , fi, pout le prononcer en quatre fyllabes, on dit a/yaria, de même que nous difons Jaz au lieu Jear. Au contraire, ils l’appel- loient Jynérefe , lorfque les deux fons étoient confer- vés & fondus en une diphtongue vraie, comme dans ui, fi nous le sprononçons de même que notre mot LI e VW, françois Zur, Mais comme nous ne fommes plus en état de juger. de la vraieprononciation du latin, ni de difcerner en- tre leurs vraies &c leurs faufles diphtongues, & que ces termes font abfolument propres à leur profodie ; nous ferons mieux de les regarder comme fynonymes par rapport à nous. S'yrecphonefe vient de «ir, cam, & du verbe éxçu- réw , érurcio ; Comme pour dire , duorum fimul fono- TUr eTUTICLAILO. : Synérefe vient auf de œ , cäm , & du verbe apte, capio ; comme fi l’on vouloit dire, duorum fonorum complexio. (E.R. M. B.), SYNGRAPHE, f. m. (Droisrom.) nomquelesRo- | mains donnoient aux billets, promefles &.obliga- tions qu’ils faifoient quand ils empruntoient de l’ar- gent, L Le Jyngraphe étoit fcéllé de l'anneau du débitenr ÿ où étoit gravé fon cachet ; c’eft dans ce fens Que Paffranchi de Trimalcion, qui querelle fi vivement Afcylte & Giton, leur dit : « allons fur la bourfe » emprunter de l'argent ; tu verras filon n’apas de la » confiance en cet anneau, quoiqu'il ne foit que de: »ier. Foyez Pline, Z XXXIIL. c. j. (D.J.) SÉNNADA , ORUM , ( Géog. anc.) ville de la grande Phrygie,&.voifine de celle de Docimia où Do- cimeum, Elle n’étoit pas grande du tems de Strabon , 2. ATI. qui en parlant de cette ville dit, 207 magna urbs. Il ajoute que le marbre de Syzrada étoit en grande réputation. Tite-Live & Ptoloméé écrivent: auf Syrrada au nombre pluriel, - | Etienne le géographe rapporte, qu’on difoit qu'A- camas errant après la guerre de Troye , arriva dans la Phrygie; qu'y ayanttrouvé le prince du pays aflié- gé par fes ennemis, ä lui donna du fecours , & de- vint maître d’une contrée où il bâtit cette ville. Il ajoute qu'Acamas, pour peupler fa ville, raffembla plufieurs Macédoniens venus de Grece, & qui S'é toient établis en Afie; & que de ces gens ramaflés pour demeurer en un même lieu, que dans la fuite les habitans du voifinage corrompirenten celui de Sy Zada ; on donna d’abord à la ville Le nom de Synnea On trouve le mot EYNNAAEON fur diverfes médailles anciennes, Plufeurs auteurs écrivent encore le nom de cetre ville Syrras , adis ; de ce nombre eft Mar- tial, Livre LX, épigramme 76, | De marmore omni, quod Caryflos invenit Quod Phrygia Synras, Afra quod nomas mittir . Prudence, «dv. Symmach, LIT. v, 246, fuit la mê- me ortographe. Et que faxa Paros fecat , € que punica rupes, Que viridis Lacedæmon haber,maculofaque Synnas. Stace , ZT. Silvat. Carn. F. v. 36. dit auf: : } : ; Sola nitet flavis Nomadum accifa metallis Purpura , fola cavo Phrygie quam Synnados auro Ipfe cruensavir maculis lucentibus Arys. Ces témoignages nous font voir que la ville de Syrnada , fournifloit un marbre précieux & tacheté, Ce marbre étoit blanc avec des taches rouges , Où couleur de pourpre, comme le remarque Pline, y. ÆXXXV, ch j, qui au Lv. PV. ch. xxix. écrit Synra= da , dæ | & donne cette ville pour le lieu où fe fai- foient les affemblées Sénérales dé La province. Si cela eff, il falloit que quoique très-petite , elle fût confidérable ; car les Romains ne mettoient les tri bunaux que dans les villes de quelque importance. Dans la fuite on vit Syrrada capitale de la Phry- gie falutaire , &métropole de la province. (D. J.) SYNNEMENON , adj. ez Mufique ; c’eft le nom: que donnoient les Grecs à leur troifieme tétracorde, quand il étoit conjoint avec le fecond, & divifé d’a- _ vec le quatrieme. Quand, au contraire, il étoit con- joint au quatrieme & divifé d'avec le fecond, ce mé-- me tétracorde prenoit le nom dediezeugmenon. Voyez es ce mot, voyez auf TÉTRACORDE , SYSTEME. S$ | SYNNEMENON DIATONOS , étoit duns lan- cienne Mufique, la troifieme corde du tétracorde fyn- nemenon dans le genre diatonique; 8 comme cette troifieme corde étoit la même que la feconde corde du tétracorde disjoint , elle portoit auf le nom de trite dieyeugmenon. Voyez TRITE, SYSTEME, TÉTRA- CORDE. Cette même corde, dans les deux autres genres prenoit le nom du genre" où elle étoit employée , mais alors elle ne fe confondoit pas avec la trite dié- zeugmenon. Vüôyez GENRE. (S | SYNNEVROSE , £ f. (Arar.) eft une elpece de fymphyfe où d'union des os. Foyez SymrHyse, Ce mot eft foimé du grec ou, AVEC 5 êc VEUPOYs nerf. ; li garere, Æ. Fa Ve La /ynrevrofe eft la liaifon des os par un ligament : c’eft ainf que le fémur eft joint à l'os ifchium., la ro- tule au tibia. Voyez LIGAMENT. ) SYNODAL , adj: (Jurifprud.), fe dit de ce &ui eft relatif au fynode , comme un ffatut fyrodal , une or- donance fyzodale , c’eft-à-dire, qui eft émanée du fynode. Voyez SYNODE, (4) éd eus: SYNODALES , épitres , terme d’hifloire eccléfiaffique, étoient des lettres circulaires écrites par le fynode ! : tal ! \ aux prélats abfens, ou lettres générales adreflées à tous les fideles , pour tes informer de ce qui s’eft pañlé _ dans le fynode. | Dans le recueil des conciles, on trouve une gran- de quantité de ces lettres fyrodales. Voyez CoN- CILE. | | SYNODAUX ,; TÉMOINS , serme d’hiffoire ecclés fraffique , toit le nom que l’on donnoit autrefois aux doyens des villes 8 aux doyens ruraux, parce qu'iis fatoient des informations, & rendoient compte dans le fynode épifcopal des defordres qui regnoient par- mi le clergé êc le peuple. Foyez Dove. Après que ceux-ci furent déchus de leurautorité, on les remplaça par une autre forte de témoins /ÿr0- daux, qui reflembloient à des jurés; c’étoit un prêtre &T deux ou trois laiques députés de chaque paroife : enfuite on commença de nommer deux de ces jurés pour chaque diocèfe ; & enfin cet office fut conféré aux marguilliers où anciens du confiftoire. SYNODATIQUE); adj. (Jurifp.) ef le droit que les curés &z les abbés qui font'obligés d’affifter aux fyno- des des évêques, étoient tenus de leur payer: on Pap- pelle fyrodatique parce qawl fe payoït ordinairement dans le fynode,& cathédratique , parcelqu'il fe payoit pro honore cathedræ. Hincmar, archevêque de Reims, reprend plufieurs évêques,quiconvoquoient de fréquens fynodes pour percevoir plus fouvent ce droit, | Quelques-uns prétendent que ce droïît eft le mê- me que celur qu’on appelloit crcada ; maïs d’autres tiennent que celui-ci eft le même que le droit de pro- curation. | Quoiqu’ilen foit de l'identité de ces deux droits, Pufage des fynodatiques eft très-ancien dans l'Eglife. Le concile de Braga ,en 572, en parle comme d’un ufage déjà ancien qui l’autorife. Ce réglementfut confirmé au feptieme concile de Tolede, en 646. Gratien, dans fon decret, rapporte plufeurs dé- cifñions des conciles & des papes fur cette matiere. Suivant un capitulaire de Charles le Chauve, en 844, il étoit au choix de l’évêque de percevour le droit en deniers ou en argent. Quelques évêques l'ayant voulu augmenter, le concile de Chälon-fur-Saône , en 813 , leur défendir de le faire. Le pape Honoré III. écrivant à l'évêque d’Affife, confond le cathédratique & le fynodatique , & le met au nombre des droits dûs à Pévêque dansles éoh- fes foumifes à fa jurifdiétion ; il fixe ce droit à deux fols , qui fe payotent fur le pié que la monnoie étoit lorfque le droit avoit été établi, à moins qu'il n’y eût quelque accord au contraire, Suivant ce qu’en dit Innocent III, ce droit n’é- toit pas par-tout le même, & fe payoit ailleurs qu’au fynode. Le concile de Bourges, en 1584, ordonna que le droit de cathédratique & autres feroient payés par tous ecdléfiaftiques fans diftinétion,à peine d’excom- munication, & autres pourfuites extraordinaires. Le paiement en fut aufñ ordonné par l’afflemblée de Melun en 1579. u : Dans les derniers fecles, ce droit ayant été con- Torre XVe à | SVYN 755 tefté à plufieurs évêques ; la perception eñ a été né- .ghgée dans plufieurs diocèfes. | Dans laflemblée du clergé de 1602 , ce droit fut reclamé par l’évêque d’Autun; & en 1605 le clergé fit des remontrances pour la confervation de ce droit & autres, qu’on refufoit de payer aux évé- ques: Le roi répondit, qu'il vouloit qu’ils leurs fuflent confervés; mais qu'ils fe contenteroient de ce que leur attribuoïit l’article 20 de l’ordonnance de Blois, ‘ | lus M. Bigñon portant la parole , le 33 Février 1637, ne traita pas favorablement le /ÿrodatique ; 1] établit que les curés devoient affifter au fynode , mais qu’ils n'étoient tenus de payer pour cela aucune chofe. Voyez les mémoires du clergé, (A) SYNODE , f. m. terme dont on fe fervoit autre: fois dans l'ancienne Affronomie, pour marquer la con- jonétion de deux où de plufeurs étoiles ou planetes dans le mêmelieu du ciel. Foyez CoNsoNcrTIoN. Cemoteft formé du grec cuvdvc, affemblée, & il eft cOmpofé de sv, avec, & doc, voie où chemin. C’eft de-là qu'on dit le mois fynodique de la lune, pour défigner l'intervalle entre deux conjon@ions tucceflivés de la lune au foleil. Cette derniere ex- preflion eff reflée, & celle de fÿnode a vieilli, (CO) SYNODE , (Jurifprud.) fgnifie en général une af Jemblés del Eniife, Quelquefois le terme de fyrode eft pris pour une aflemblée de l’Egliféuniverielle ou concile écuméni- -que , quelquefois pour un concile; national-ou pro- vincial, Voyez CONCILE. Il y a plufieurs fortes de fynodes Synode de l'archidiaëre | ef la convocation que Parchidiacre fait devant lui de tous les curés dela campagne dans le diocèfe de Paris; il fe tientle mer- credi d’après le fecond dimanche de Pâques. Syndde de Parchevéque, eft celui que tient Parche- vêque dans fon diocèfe propre, comme chaque évé- que dans le fien. Foyez SYNODE ÉpiscopaL. Syrode du grand-chantre , eft celui-que le chantre de la cathédrale tient pour les maîtres -& maîtreffes d'école. Syrrode diocéf[uin | eft celui auquel font convoqués tous les curés autres eccléfaltiques d’un même diocèfe. Voyez ci-zprès SYNODE ÉPISCOPAL. Synode épifcopal où de lévéque , eft la même chofe que /yrode diocéfain ; objet de ces aflemblées eft de faire quelques réglemens &c quelques réformations pour conferver la pureté des mœurs. Les conciles d'Orléans &c de Vernon ordonnent la convocation des fyrodes tous les ans, & que tous les prêtres , même les abhés, feront tenus d'y afifter. Le concile de Trente ordonne auffi la tenue du Jÿnode diocéfain tous les ans , auquel doivent affifter les exempis, qui ne font point fous chapitres géné- taux, @& tous ceux quifont chargés du gouvernement des égliies paroïfiales, ou autres féculieres, même annexes, Ces affembices fe faifoient même anciennement deux fois l’année au mois de Mai, & au calendes de Novembre. \ Les curés des parorfles qui dépendent desabbayes & ordres exempts, ne font pas difpenfés d’affifter au fynode de l'évêque, n'étant pas exempts de fa ju- rudifonf. e réglement de Paflemblée de Melun , en 1570, ordonne aux curés qui viennent au fyrode, de défé- rer à l’évêque le nom'de leurs paroïffiens coupables de crimes publics, afin que le fyzode y pourvoie. Voyez les mémoires du ciergé. Synode national, eft celui qui comprend le clergé de toute une nation. Voyez CONCILE NATIONAL, Syrode de l'official , eft celui que tient l’official, où il convoque tous les curés de la ville, fauxbouros &z ECccci 756 SYN banlieue à Paris: ce/ynodefetientlefundidegs/mode, Synode provincial. Voyen CONCILE PROVINCIAL, S'ynode des religionnaires. Les éohfesprétendues ré- formées avoient leurs /ÿzmodes pour entretenir leur difeipline : 1l y en avoit dés nationaux êrde provin- ciaux. Le /ÿrode de Dordreht pour la‘condamnation des Arminiens , eft un des plus fameux, Les aflem- blées de l’Eglife anglicane ; s’appelloient auf du nom de /yzode. (4) | | SYNODE, convocation d’un, (Dreit polirig.) la plu- part des auteurs du droit civil &c politique, efiment que c’eit aux rois qu’appartient le droit de convo- quer les fyrodes, d'en confirmer les décifiüns, & de faire tout ce que les empereurs ont fait autrefois, & que les évêques de leur tems ont reconnu qu'ils avoient droit de faire. | | ù il paroïtque les princes chrétiens ont feulsle droit de convoquer des /yrodes | par l'hiftoire des conciles généraux aflemblés de leur tems, & par l'exemple de ceux qui fe font tenus dans la fuite, fous différens empereurs. M'paroît encore, par l’hiftoire,, qu’ils ont le droit d’éxaminer , de revoir, d'approuver, &x de caflerdeurs décifions. On fait fur quelton Conftañtin écrivit au concile de Tyr.« Vous tous quiavezténu » le concile de Tyr, rendez-vous auprès de moi, » fans délat, pour y faire voir en ma préfence, la » Juitice du jugement que vous avez rendu ; près » demo, dis-je, à qui vous ne fauriez refufer la » qualité de fidele fervireur de Dieu ». Socrate, Hifi. ecclef.l, L.c.xxxiv. Ireft certain qu'on pouvoïtrefu- fer à Conftantin la qualité qu'il s’arroge de fee fer- viteur de Dieu ; mais en qualité d’empereur, on ne pouvoit lui refufer ie droit deconvoquer le concile, êz de juger fa conduite. Aïnfi lorfque les princes convoquentle clergé en fynode , le clergé eft, 1°. obligé de s’aflembler; 2°. il w’eft pas en droit de s’afflembler de fa propre auto- rité, fi le prince ne le convoque. Ces deux propofi- tions iont prouvées, 1°. par la loi de Dieu, confr- mée par les lois de tous les peuples ; 2°. pär des exemples avant J. C. & dans l’éclife judaique, non feulement depuis le tems de Morfe jufqu’à celui des Macchabées,mais encore après J, C. depuis Conftan- tin juique au-de: xieme fiecle, par les conci- les généraux, & par ies conciles nationaux & pro- vinciaux, affemblés pendant tout cet efpacedetems, fous Les empereurs &c {ous les rois. Les lois payennes déclarerent illégitimes toutes celles qui fe tenoient fans les ordres de l'autorité fouveraine,: quoiqu’elles fuient separ opyior êvexx, dit Solon ; {ous prétexte der. ‘on, 44 prætextu re- ligionis, difent les lois romaines. Les empereurs chrétiens n’ont jamais a#oibli ce droit; au contraire ils lui ont donné plus de force & d’étendue. H fe trouva à Nicée trois cens & dix-huit évêques, entre lefquels il n’y en eut aucun qui refusât de venir quand Conftantin les convoqua, camme n’étant pas légitimement convoqués ; aucun dans ce premier concile, ne déclara qu'il falloit faire renoncer Con- ftantin à fes droits prétendus, & lui repréfenter de ne fe plus mêler des aflemblées & des affaires ecclé- faftiques. | Il réfulte de cet exemple & de plufeurs autres, que l’Eghfe na d’autre droit de s’affembler en /ÿr0- de, que celui qu'elle tire de la permiffion du prince chrétien ; que, quand le fyzode eft affemblé, il ne fauroit decréter,ou conclure fur quelque matiere de dogme ou de difcipline que ce foit, qu'autant que cela aggrée au fouverain ; que le prince peut ratiñier ou annuller tous les aétes du fÿrode, & fufpendre Pexécution de toutes, ou de quelques-unes de fes ordonnances. Qu’enfin l'autorité des aétes fynodaux, dépend entierement du monarque, êt qu'aucun /;- rode n'a le droit de {e {parer fans fon acquiefce- ment. “ | - la colleéfion des conciles. (A) SYN An wa mot, les plus favans politiques foutiennent que l'autorité civile doit s'étendre furles affaires ec- cléfiaftiques: comme fur les civiles; & c’eft-là, dit Grotius,-une des principales prérogatives du fouve: rain; mais en même tems, ajoute-t-il, la raifon & le chriftianifime nous enfeignent que chaque parti- cuker doit jouirdu droït de fuivre le Zffamen de fa confcience; & que la non-conformité avec la reli- gion dominante, ne doit priver perfonne d'aucun droit naturel, ni d'aucun droit civil. (D. 7) : SYNODE D'APOLLON, (Anrig: ron.) c'étoit une efpece de confrérie d’Apollon , où l’on recevoit des gens de théâtre, appellés fcériques, des poëtes , des mufciens, des joueurs d'inffrumens : cette fociété étoit fort nombreufe. Nous trouvons dans Gruter 60 aggrégés au /ÿrode d’Apollon, éfignés par leurs noms & furnoms, entre lefquels je n’en nommeraï qiuun feul, Marc Aurele Sépientrion | affranchi d’Au- guite, & le premier pantomime de fon tems, qui étoit prêtre du /ÿrode d’Apollon, parafite du même Apollon , &z qui fut honoré par l’empereur de char- gesconfidérables, (2 7.) v SYNODES des Calvinifles ex France, (Hiff. du cal= vinif.) nom des aflemblées eccléfiafliqués formées des mimftres &r des anciens des éplifes calyiniftes en France. Ces églifes ont tenu dans ce royaume vinet- neuf Jÿnodes nationaux, depuis lan 1550, jufques à l’année 1659. Le-premier //r0de national des églifes réformées , fe tint à Paris le 253 Mai x 559, au faux- bourg $, Germain. L'on y dreffa la confeflion de fox en quarante articles, &t un projet de difcipline qui fut fouvent retouche par les fyrodes fuivans. Dans le dernier fyrode qui fe tint à Loudun en 1659 , le commifiaire du roi declara que ces nombreules af femblées coûitant beaucoup de frais 8 d’embartas, ët les affaires pouvant être reglées par des /yrodes provinciaux, {a majefté avoit réfolu qu’on ne con- voqueroit plus de /yrode national, que lorfqu’elle le jugeroït expédient. On peut confulter fur ce fujet, lPAijloire de l’édit de Nanres , & celle dés fynodes na- tionaux des Calvinifles, par Aymon. (D.J.) SYNODIES oz VENTES SYNODALES, rerme de Droit, à-préfent inufité, auffi-bien que la chofe qu'il figniñoit, étoient des rentes pécuniaires que chaque curé payoit à l’évêque ou à larchidiacre, dans le cours des vifites qu'ils faifoient vers le tems de P4- ques, #. | Ces rentes s’appelloient /ÿrodales, parce qu’on les payoït ordinairement dans les fynodes, & qu’au- trefois les évêques avoient coutume de faire leurs vifites , &c de tenir leurs fynodes diocéfains en mé: me tems. On appelloit auffi ces rentes procwrations. Voyez PROCURATION. | ; SYNODIQUE , adj. (4ffronom.) le mois fynodi- _gue de la lune eft de vingt-neuf jours &c den, & il differe du mois périodique, ou du tems que la lune met à parcourir le zodiaque, ce dernier mois étant de 27 jours 7 heures. La raifon de cette différen- ce , eft que pendant une révolution de la lune, Le fo- leil fait environ 27 degrés dans le même fens ; il faut _donc pour que la lune fe retrouve en conjon@ion avec le foleil, qu’elle le rattrappe pour aïnf dire, ë& elle emploie environ deux jours à parcourir les 27 Où 28 degrés qu'il faut qu’elle parcoure pour ce- la. Voyez LUNE 6 LUNAISON. SYNODIQUE , (/urifp.){e dit de ce qui eft émané | du fynode , comme une lettre fyrodique, ou lettre ctretilaire qu’un concile écrivoit aux prélats abfens, aux éghfes, où en général aux fideles, pour les in- ftruire de ce qui s’étoit pañlé dans le concile, & le leur notiñer. On trouve de ces lettres fyzodiques dans SYNŒCIES LES, (Antig. grecq.) Gupor tie fête. infüituée par Théfée en mémoire des onze villes de Attique, qu'il avoit engagé à venir habiter con- jointement dans Athènes. Fwexiw figiifie demeurer enfemble. Thucydide ajoute, dès-lors jufqu’à pré- fent , les Athéniens ont célébré la fête guréries I ne faut pas s'arrêter à {a maniere d'écrire ce mot par un , tous les écoliers favent que c’eft le propre de la dialete attique, de mettre fouvent un + au lieu d'une S. Le fcholiafte de Thucydide dit que cette fête étoit en l'honneur de Minerve: & le fcholiafte d’Ariftophane aflure qu'on y faoit à la paix un fa- crifice, dans lequel on ne répandoit point de fang fur l’autel ; ces deuxnarrationsne font poiat incom- patibles. (D.J.) “ | SYNONYME , adj. ( Gram.) mot compofé de la prépoñtion greque our, cum | 8t du mot évupit , rome: de là GUN OURS à COSROMITAtLO » & GUVGVULLGE 9 COgT10mÈ- ans; eniorte que vocabula fynonyma fut diver|à ejuf° dern rei nomina. C’eft la premiere idée que l’on s’eft faite des fynonymes, & peut-être la feule qu’en aient eu anciennement le plus grand nombre des sens de fettres. Une forte de difionnaire que l’on met dans les mains des écoliers qui frequentent nos colleges, & que lon connoit fous le nom général de fÿrony- mes , Ou fous Les noms particuliers de Regia Parnaffr, de Gradus ad Parnaffum, &c. eft fort propre à perpé- tuer cette idée dans toutes les têtes qui tiennent pour irréformable ce qu’elles ont appris de leurs maîtres. Que faut-il penñfer de cette opinion? Nous alions Vapprendre de M. l'abbé Girard, celui de nosgram- matiens qui a acquis le plus de droit de prononcer fur cette matierc. » Pour acquérir la jufteffe, ditil, ( fyronymes »_franç. préf. page x. ) 1 faut {e rendre un peu dif- » ficile fur Les mots , ne point s'imaginer que: ceux # qu'on nomme /yrorymes, le foienr dans toute la * rigueur d'une reflemblance parfaite , enforte que » le fens foit auffi uniforme entr'eux que left la fa- » veur entre les gouttes d’eau d’une même fource ; » car en les confidérant de près, on verra que cette # reflemblance n’embrafle pas toute l'étendue & la » force de la fignification , qu’elle ne confifte que » dans une idée principale, que tous énoncent, mais » que chacun diverfifie à fa maniere par une idée ac- » cefloire qui lui conflitue un caraétere propre & # finguher. La reffemblance que produit l'idée gé- »# nérale, fait donc les mots/fyzonymes ; & la diffé: » rence qui vient de l’idée particuliere qui accom- » pagne la générale, fait qu'ils ne le font pas par- » faitement, & qu’on les difingue comme les di- » verfes nuances d’une même couleur. » - La notion que donne ici des fynonymes cet excel- lent académicien, il l’a juftifiée amplement dans Pou- vrage ingémeux qu'il a fait exprès fur cette matiere, dont la premiere édition étoit intitulée, juféeffe de La langue françoile , à Paris , chez d’Houry 1718, & dont la derniere édition eft connue fous le nom de /y- ronymes françois, à Paris, chez la veuve d'Houry, 3741. On ne fauroit lire fon livre fans defirer ardemment qu'il y eût examiné un plus grand nombre de fyx0ny- mes, Gt que les gens de lettres qui font en état d’en- trer dans les vues fines & délicates de cet ingénieux écrivain, vouluflent bien concourir à la perfetion de Pédifice dontil a en quelque maniere pofé les pre- miers fondemnns. Je lai déja dit ailleurs: il en réfulz _teroit quelque jour un excellent diétionnaire, ouvra- ge d'autant plus important, que l’on doit regarder la juftefle du langage non-feulementcommeune fource d’agrémens | mais encore comme l’un des moyens les plus propres à faciliter lintelligence & lacommu- nication de la vérité. Les chefs-d'œuvres immortels des anciens font parvenus jufqu’à nous ; nous Les en: tendons , nous les admirons même ; mais combien de beautés réelles y font entierement perdues pour S Y N 757 nous , parce que nous ne connoÏflons pas toutes ces nuances finès qui caraétérifent le choix qu'ils ont fair êc di fairé des mots de leur langue ! Combien paf conféquent ne perdons-nouspas de fentimens agréa- bles & délicieux , de plaifirs réels ! Combien:de moyens d'apprécier ces auteurs, &c de leur payer le jufte tribut de notre admiration! Nous n’avors qu'à juger par-là de l’intérétquenous pouvonsavoirnous- mêmes à conftater dans le plus grand détail l’état ace tuel.de-notre langue, & à en affurer l'intelligence aux fiecles à venir, nonobftant les révolutions qui peuvent l'altérer ou l’anéantir: c’eft véritablement : confacrer à l’immortaliré les noms & les Ouvrages de nos Homeres, denos Sophocles , de nos Eurypides , de nos Pindares , de nos Démofthènes , de nos Thu cydides , de nos Chryfoftomes, de nos Platons, de nos Socrates : & les confécrateurs ne s’aflrent-ils pas de droit une place éminente au temple de Mé- moire ? Vagie (é Les uns peuvent continuer fur le plan de l'abbé Girard, afligner les caraéteres diftin@&ifs des fÿ202y- mes avec cette précilion rare qui carattérife cet écri- vain lu-même,& y adapter des exemples qui en dé- montrent la juftefie, & l’ufage qu’il faut en faire. Les autres recueilleront les preuves de fait que leurs leétures pourront leur préfenter dans nos meil. leurs écrivains, de la différence réelle qu'il ya entré plufeurs /yzonymes de notre langue. Le p. Bouhours, dans fes remarques nouvelles fur la langue françoife, en a caraËtériié plufieurs qui pourroient bien avoir fait naitre l’idée de l'ouvrage de Pabbé Girard. Dans le journal de l'académie françoift , par abbé de Choify, que M. l'abbé d'Oliver a inféré dans les opufeutes fur la langue françoife, on trouve l'examen exprès des différences des mots rranuvais & méchant, gratitude 8 reconnoiffance, crainte 8t frayeur, &c. ÎL y aura auffi une bonne récolte à faire dans les remarques de Fran gelas, & dans les noses de MM, Parru & Th. Corneitre, Maïsilne fautpas croire qu’il n’y ait que les Gram: mairiens de profeflion qui puiflent fournir à cette compilation, la Bruyere peut fournir fans effort une douzaine d'articles tout faits : doéfeur & doëte ; héros & grand-homme ; galante 8t coquette ; foible , inconf- tant , lèger 6t volage ; infidele 8 perfide ; émulation, ja. loufie 8t envie ; vice, défaut & ridicule; grofferecé , ruffie cité 8 brutalité ; fuffifant , important & arrogant ; hon- nêéce-homime 8 homme de bien ; talens &x goËr x efpru & bon-fens, Le petit, masrexcellent livre de M. Duclos, con- Jidération fur les mœurs de ce fiecle, fera auf fécond que celui des caraéfères : il a défini po/i &c policé; on vitlion &t perfuafion ; probité & vertu : avilir & deshoz norer ; réputation 8t renommée; illufère & fameux : cré- dit & faveur ; abaiffement êt baffle fe ; fuivre 8T obéir ; naiveté,candeur &t ingénuité ; finefle & pénétration, &c. En général, tous nos écrivains philofophes contri- bueront beaucoup à ce recueil, parce que lefprit de jutefle eft le véritable efprit philofophique ; & peut- être faut-il à ce titre même citer l'Encyclopédie, : comme une bonne fource, non-feulement à caufe des articles exprès qu'on y a confignés fur cette matiere, mais encore à caufe des diftinétrons précifesquel’exa- men métaphyfique des principes des fciences & des arts a néceffairement occafionnées. | Mais la befogne la plus utile pour conftater les vraies différences de nos fyronymes, confifte à com- parer les phrafes où les meilleurs écrivains les ont employés fans autre intention que de parler avec jufteffe. Je disles meilleurs écrivains, &c j'ajoute qu'il ne faut compter en cela que fur les plus philofophes ; ce qui caraétérife le plus petitnombre: les autres, en fe donnant même la peine d’y penfer, fe contentent néanmoins aflez aïfément , & ne fe doutent pas que lon puiffe leur faire lé moindre reproche; en voici 758 SYN une preuve fingulierement frappante. M. le duc de la Rochefoucault s'exprime en cette forte (penf. 28, édir. de Pabbé de la Roche,):« La 7a- » loujte eft en quelque maniere jufte & raifonnable, » puifqu’elle ne tendqu’à conferver un bien quinous » appartient, OÙ que nous croyons nous appartenir; # au lieu que l’ezvie eft une fureur qui ne peut fouf- » frirlebien des autres ». Rien n'eft pluscommun, dit l-deffus fon commentateur, que d'entendre confondre ces paffions. . . Cependant elles ont des objets bien diffe- rens. Mais lui-même fert bientôt de preuve à ce quil obferve ici; car à loccafon de la perfée 55 , où l'au- teur parle de la haine pour les favoris, quel eff, dit l'abbé de la Roche, Ze principe de cette haine , fnonnn fond de jaloufie qui nous fait envier tout le bien que nous voyons dans les autres ? Il eft clair qu'il explique ici la aloufie par l'idée que M. de la Rochefoucault devoit lui avoir fait prendre de l’ezvie, d’où ila mê- me emprunté le verbe ezvixr. Au refte ce n’eft pas la feule faute qu'il ait faite dans fes remarques fur un texte qui nexigeoit de lui que de Pérude & du ref- DEN A ne 7 pr as Quoi qu'il en foit , je remarquerai qu'il fuit natu- rellement de tous les exemples que je viens d’indi- uer dans différens écrivains, que ce qu’enfeigne l’abbé Girard au fujet des différences qui diftinguent les fynonymes, n’eft rien moins qu’arbitraire; qu'il eft fondé fur le bon ufage de notre langue ; & qu’il ne s’agit , pour en établir les décifions fur cet objer, que d’en extraire avec intelligence les preuves répan- dues dans nos ouvrages les plus accrédités & les plus dignes de l'être. Ce n’eft pas non plus une chofe qui appartient en propre à notre 1diôme. M. Gottfched vient de donner( 1758, Leipfick ) des obfervations fur Pufage 6 l'abus. de plufieurs termes & façons de parler de la langue allemande : elles font dit M. Roux ( annales ÉVPOBT. Août 1760. bell. Lett. 1. clyuy. ) : dans le goût de celles de J’augelas fur la langue fran- çoife,& on en trouve plufieurs qui reflemblent beau- coup aux /yronymes de l'abbé Girard. . Il y a long-tems que les favans ont remarqué que la fynonymie n’étoit pas exacte dans les mots Les plus reflemblans. « Les Latins, dit M. du Marais ( crop. » part, IIL.art. xÿj.pag. 304 ),fentoient mieux que » nous cesdifférences délicates, dans le tems même » qu'ils ne pouvoient les exprimer …. Varron ( de s Jing. dat. 1.v.fub fin. ), dit que c’eft une erreur de » confondre agere, facere &t gerere , & qu'ils ont cha- » cunleur deftination particuliere#. Voici le texte de Varron: propter fimilitudinem agendi , 6 faciendi, & gerendi , quidam error his qui putant effe unum ; por Left enim quis aliquid facere & non agere , ut poëta facit fabulam , & non agit ; contra aëtor agit, & non facit; 6 fic a poëté fabula fit & non agitur, ab aëlore agitur € non fit; contrà imperator qui dicitur res gerere , imeo neque agit reque facit, féd gerit , id eff fuftinet , sranf- Zlatum ab his qui onera gerunt qudd fuflinenr. Cicéron obferve ( zfc. Il. n.15. ) qu'il y a de la différence entre dolere & laborare, lors même que ce dernier mot eft pris dans le fens du premier. Zazerefl aliquid inter laborem & dolorem ; fun finitima omni- nù , fèd tamen differt aliquid ; labor efl funütio quædam yelanimivelcorporis gravioris operis vel muneris ; dolor autem motus afper in corpore...Aliud , inquam, ef£ dolere, aliud laborare. Cüm varices fecabantur Ca. Mario, dolebat; cm æflu magno ducebar agmen, labo- rabat. Cette remarque de l'orateur romain m’eft que l'application du principe général qu'il n’y a point de mots tout-à-fait fyrzonymes dans les langues , princi- e qu'il a exprimés très-clairement & tout-à-la-fois juitifié dans fes sopiques (nr. 34 ) : quanquam enim yocabula propè idem valere videantur > LAMEN qQUia Tes differebant ,nomina rerum diflare voluerune. Non-feulement Cicéron a remarqué,çomme gram- mairien, les différences délicates des fyrorymes , il les a fuivies ans la pratique comme écrivain intelli- gent &c habile, Voici comme il différencie dans la pratique amare 8c diligere. Quiserat qui putarer ad eum amoremaquem erga te ha- bebam poffe aliquid accédere ? Tanum acceffit, ut mihi nunc denique armare videar ,antea dilexiffe. ( ep. famil. 1x. 14.) 8t ailleurs : Quid ego tibi commendem eum quem tu ipfe dihigis ? Sed ramen us [cires eum non à me diligi Jolum, verim etiamamari, ob eam rem tibi hec [cribo. (ib.xij. 47.) Les deux adjeétifs gratus & jusundus que nous fommes tentés de croire entierement fÿromymes, &e que nos traduéteurs les plus fcrupuleux traduiroient peut-être indifféremment de la même maniere, fides circonftances marquées ne les déterminoient à y fai- re une attention fpéciale ; Cicéron ena très-bienfenti la différence, &t en a tiré un grand parti. Répondant à Atticus qui lui avoit appris une trifte nouvelle, il lui dit : 5fa veritas estamft jucunda ror eff, mihi ramer grata cf, (ep. ad Auric. üij. 24.) & dansune lettre qu'al écrit à Lucretius après la mort de fa fille Tullia: amor £uis gratus 6 optatus : dicerem jucundum, #i/£ Loc verbum ad tempus perdidiffem. (ep. famil, v. 15.) On voit par-là avec quelle circonfpe@tion on doit étudier la propriété des termes, & dé la Jangue dont on veut traduire, & de celle dans laquelle on tra- duit ,ou même dans laquelle on veut écrire {es pro- pres penfées. # Nous avons, dit M. du Marfais » (Trop. IIT. xij. pag. 304.) quelques recueils des » anciens grammairiens fur la propriété des mots » latins : tels font Feflus , de verhorum fignificatione : » Nonius Marcellus , de varia fignificanone fermonum, » (voyez Veseres grammatici, ) On peut encore con- » fulter un autre recueil qui a pour titre, Aurorés : » linguæ latine. De plus, nous avons un grand nomi- » bre d'obfervations répandues dans Varron, de L7- » gua latina: [il fait partie des grarmmatici veteres} » dans les commentaires de Donat & de Servius: » elles font voir les différences qu’il y a entre plu- » fieurs mots que l’on prend communément pour » fynonymes. Quelques auteurs modernes on fait des » réflexions fur le même fujet : tels font le P. Vavaf- » feur, jéfuite, dans fes Remargi fur la langue latine: » Scioppius,Henri Etienne, de Jatinitate falsd fufpeëté, » &t plufieurs autres ». Je puis ajouter à ces au- teurs, celui des Recherches fur la langue latine. ( 1 vol. tn-12. Parts, chez Moucher 1750.) Tout l'ouvrage eft partagé en quatre parties ; & la troifieme eft entie- rement deftinée à faire voir, par des exemples com- parés, qu'il n’y a point d’expreffions tout-à-fait /yr0- ayines entre elles, dans la langue latine, Au refte, ce qui fe prouve dans chaque langue, par-lautorité des bons écrivains dont la maniere confiate l’ufage, efi fondé fur la raifon même ; & par conféquent 1l doit en être de même dans toutes les langues formées &mpolies. « S'il yavoit des /ÿrorymes » parfaits, dit encore M. du Marfais, (2414. p. 308.) » 1] ÿ auroit deux langues dans une même langue. » Quand on a trouve le figne exact d’une idée, on » n’en cherche pas un autre. Les mots anciens & les » mots nouveaux d'une langue font /yronymes\: » maints eÎt fyronyme de plufieurs; maïs le premier » n’eft plus en ufage; c’eft la grande refflemblance de » figmification, qui eit caufe que l’ufage n’a confervé » que l’un de ces termes, & qu'il a rejetté l’autre » comme inutile, L’ufage, ce [prétendu] tyran des » langues, y opere fouvent des merveilles, que l’au- » torité de tous les fouverains ne pourroit jamais >» y opérer. | » Qu’une faufle idée des richefles ne vienne pas » ici, dit abbé Girard, ( Préf. des Syron. pag. 12.) » faire parade de la pluralité & de l'abondance, J’a- # voue que la pluralité des mots fait la richefle des » langues ; mais ce n’eft pas la pluralité puüre= » ment numérale.....,...... C’eft celle qui vient » de la diverfité, telle qu’elle brille dans les pro- » duftions de la nature....,.. Je ne fais donc cas » de la quantité des mots que par celle de leur va- » leur. S'ils ne font variés que par les fons; & » non par le plus ou le moins d'énergie, d’érendue » & de précifion, de compofition ou de fimplicité, » que les idées peuvent avoir ; ils me paroïiflent plus » propres à fatiguer la mémoire, qu’à enrichir 85 fa. » citer l’art de la parole. Protéger le nombre des » mots fans égard au fens, c’eft, ce me femble, con- » fondre l’abondance avec la fuperfluité, Je ne fau- » rois mieux comparer un tel goût qu’à celui d’un #anaïtre-d'hôtel qui feroit confifter la magnificence » d'un feftin dans le nombre des plats plutôt que » dans celui des mets, Qu'importe d’avoir plufieurs : » termes pour une feule idée? N’eft-il pas plus avan- » tageux d'en avoir pour toutes celles qu’on fou- » haïte d'exprimer »? On doir juger de la richeffe d'une langue, dit M.du Marfais, (Trop. pag. 309.) par le nombre des penféès qu’elle peut exprimer, & non par le nombre des articulations de la voix : & il femble en effet que l’ufage de tous les idiomes , tout indélibéré qu'il paroït, ne perde jamais de vue cette maxime d'économie ; jamais il ne légitime un mot fÿronyme d’un autre, fans profcrire l’ancien, fi la fyrorymie eft entiere; & il ne laifle fubfifter enfemble ces mê- mes mots, qu'autant qu'ils font réellement différen- ciés par quelques idées accefloires qui modifient la principale, « Les /ynonymes des chofes, dit M, le Préfident » de Brofles, dans un mémoire dont j'ai déja tiré » bon parti ailleurs, viennent de ce que les hommes » lesenvifagent fous différentes faces, &leur don- # nent desnoms relatifs à chacune de ces faces, Si la » rofe eft un être exiftant réellement & defoi dans # la nature, fa maniere d’exciter l’idée étant nette » étdiftinéte , elle n’a que peu ou point de Jÿrony- » 75, par exemple, ffeur ; mais fi la chofe eft une #-perception de homme relative à lui-même, 8e à » Pidée d'ordre qu'il fe forme à lui-même pour fa # convenance, & qui n’eft qu’en lui, non dans la » nature, alors comme chaque homme a fa maniere » de confidérer 8 de fe former un ordre, la chofe » -abonde en /ÿzonymes ( mais dans ce cas-là même, les différentes origines des /yronymes démontrentla diverfité des afpeéts accidentels de la mêmeidée prin- cipale , & juftifient la doftrine de la diftindion réelle des /ÿronymes ) ; « par exemple , une certaine éten- » due de terrein fe nomme région, eu égard à ce » qu'elle eft régie par le même prince ou parles mê- » mes lois: province, eu égard à ce que lon y vient » d'un lieu à un autre ( proverire,) [Li & le cde pro- vincia me feroient plutôt croire que ce mot vient de procul & de vincere, conformément à ce qu’en dit Hé< géfippe cité par Callepin ( veré. provincia ) ; fcribis enim Hepefippus, dit:l, Romanos cm vincendo in fuam poteffatem redigerent procul pofiras regiones, ap- Pellavifle provincias : ou bien du verbe vircire ; qui rendroit le. nom de provincia applicable aux régions mêmes qui fe foumettroient volontairement & par. choix à un gouvernement : ce qui fe confirme parce que remarque Cicéron ( Verrin. iv. ) que la Sicile eft la premiere qui ait été appellée province, parce qu’elle fut la premiere qui {e confia à l'amitié & à la bonne foi du peuple romain; mais toutes ces étymologies- rentrent également dans les yues de M. le préfident de Brofles, & dans les miennes ] : «contrée, parce », qu’elle comprendune certaine étendue circonvoi- » fine (sraüus , contraüus, contrada ) : diffriét, en » tant que cette. étendue eft confidérée comme à #. part & féparée d’une autre étendue vorfine ( f- #) tritlus ; diftraütus ) : pays, parce qu'on a çoutume \] SYN 759 » de fixer les habitationsprès des eaux: car c’eft ce » que fignifie le latin pagus.du grec œny4, fons: état, * en tant qu’elle fubfifte dansla forme qui y eft éta- » blie, 6e, . . :Tous ces termes paflent dans Pufage : » On les généralife dans la fuite, & on les emploie » fans aucun égard à la caufe originelle de l’inftitu= » tion, Cette variété de mots met dans les langues » beaucoup d’embarras & de richeffes : elle eft très: » incommode pour le vulgaire & pour les philofo= » phes qui n’ont d’autre but en parlant que de sex. » pliquer clairement : elle aide infiniment au poëte » .Ët à l’orateur, en donnant une grande abondance » à la partie matérielle de leur ftyle. C’eft le fuperflu » qui fournit au luxe, & qui eft à charge dans le » cours de la vie à ceux qui fe contentent de la fime » plicité.» De la diverfité des points de vue énoncés par les mots fynonymes , je coneluroïis bien plutôt que l’a- bondance en eft pour les philofophes une reffource admirable , puifqu’elle leur donne lieu de mettre dans leurs difcours toute la précifion &cla netteté qu’- exige la jufteffe la plus métaphyfique ; mais j'avoue que le choix peut leur donner quelque embarras ; parce qu'il eft aifé de fe méprendre fur des différences quelquefois affez peu fenfibles. «Je nedifconviens pas » qu'il n’y ait des occafions où il foit aflez indifférent » de choïfir ; mais je foutiens qu'il yen a encore »# plusoùles /ÿrozymes ne doivent ni ne peuvent fi- » gurer Pun pour l’autre, furtout dans les ouvrages » médités & compofés avec réflexion. S'iln'eft quef: »* tion que d’un habit jaune, on peut prendre lefouci » ou le jonquille ; maïs s’il faut aflortir ; on eft obli- » gé à confulter la nuance ( préf: des [ynon. ) M. de [a Bruyere remarque ( caraë, des ouvrages d'efpris) qu'entre toutes Les différentes expreflions qui: peuvent rendre une feule de nos pentes , il ry en a qu’= une qui foit la bonne : que tout ce quine left point, eff foible, 6 ne fasisfait pas ur homme d'efprir qui veut fe faire entendre.« Ainf, dit M. du Marfais, (crop. pag: » 307), ceux quife font donné la peine de traduire » les auteurs latins en un autre latin, en affectant: » d'éviter les termes dont ces auteurs fe font fervis, » auroient pu s’épargner un travail qui gâte plus le » goût qu'il n'apporte de lumiere. L’une & l’autre » pratique ( 1l parle de la méthode de faire le thème » en deux façons ) eftune fécondité ftérile qui em- » pêche de fentir la propriété destermes, leur éner- » ge, & la finefle de la langue.» ( Æ£. R. M. B.) SYNONYMIE,, f. f. ( Belles-Lesires. ) figure de rhétorique où l’on emploie plufeurs mots lynony- mes ou différens termes qui tous ont la même font: fication, dansle deflein d’amplifier ou d’enfler le dif. cours. Voyez SYNONYME & AMPLIFIGATION. | Tel eftce pañlage de Cicéron, abiir, evafit, exce(fe, erupit; pour dire que Catilina eft forti de Rome: Ce mot eft formé du grec our, & poux , nom, SYNOQUE,, ( Médec.) oiveyos, en latin fébris con tinens , fievre renfermée dans un feul paroxifme de- puis le commencement jufqu’à la fin, & prolongée pendant plufeurs jours de fuite ; le terme evroyosn'eft pas proprement grec; car 1l faudroit dire avec Hip pocrate curé yes rupéros; mais il a été forgéparletems à l’effet de rendre une idée pour laquelle on man. quoit d'expreflion; enfuite on a établi deux efpeces de fievres fyneques, favoir la fievre fynoque fimple 8 la fievre fynogue putride, Voyez SYNOQUE SIMPLE 6 SYNOQUE PUTRIDE.( D. J. | SYNOQUE SIMPLE , ( Médec. ) forte de fieyre con- tinue fansredoublement, ni rémifion depuis le coms mencement jufqu’à la fin , & qui s’étend au-delà de quatre jours, fans être cependant ni dangereufe ni putride ; c’eft proprement une fi evre éphemere, pros longée au-delà des vingt-quatre heures , mais quine va pas jufqu’au feptieme jour, 760 S. YN Ces caufes font les mêmes que celles de léphe- mere , mais’plus confidérables à-proportion des hu- meurs retenues , & des forces du corps plus foibles pour en produire la coétion ou lexpulfon : de-là vient que ces fymptomes durent plus long-tems , & que fi la coëétion de la maladie ne fe termine pas au bout des quatre jouts , la fanté revient avec peine, & quelquefois cette fievre fe change en fyrzogue pu- tride, [l faut modérer la chaleur fébrile par des boif- fons antiphlogiftiques , rafraîchiflantes , délayantes 8 diurétiques. La faignée ne convient que dans la pléthore fanguine, & les purgations ne doivent être employées que dans une furabondance d’humeurs , qui exigent cette méthode curative d'évacuation par les felles. La fievre /yroque putride demande au con- traire des remedes adminifirés par des mains habiles & prudentes, Voyez SYNOQUE PUTRIDE. (D. J.) SYNOQUE PUTRIDE , ( Médec. ) fievre continue fans rémiflion , & accompagnée de putréfa&ion. Nous n’entrerons pas dans le détail des différentes caufes de ces fortes de fievres continues , accompa- nées de putréfaétions dans les humeurs. D’ailleurs, ER, les différentes conftitutions des malades , felon les différens degrés d’acrimonie, & felon la quantité des humeurs viciées , la même caufe peut produire dans la même maladie différentes complications plus ou moins dangereufes. Mais quand les Médecins con- noîtroient même ces caufes , 1ls n’en apperçoivent que les qualités fenfibles ; 1ls ignorent la nature de leur malignité, parce qu’elle ef inacceffible aux fens ; elle leur eft feulement indiquée & très-obfcurément par ces effets : ainfi étant réduits à tâtonner, ils fa- vent uniquement que toute irritation des nerfs ca- pable d'accélérer exceflivement l’aétion des arteres, produit la fievre, & que lorfque cette irritation eft caufée par quelque fubftance hétérogene mêlée avec les humeurs, la fievre ne peut fe terminer que par la correétion , ou par lexpulfion de cette fubftance nufible , quelle qu’elle foit. On ne connoît point dans les fievres continues de remedes capables de corriger les mauvaifes qualités d’une telle caufe ; ce n’eft que l'expérience qui leur apprend quand ils doi- vent provoquer l’expulfon de cette caufe , & par quelle voie elle peut être expulfée. Eh ! qui ne fait combien cette expérience eft fautive? Cependant 1l faut fe borner là, tant que les hommes feront privés de remedes fpécifiques, capables de corriger ou de détruire immédiatement les mauvaifes qualités des caufes qui produifent la /ÿroque putride. Les caracteres de cette fievre , font une chaleur vive & mordicante , qu'on remarque diftinétement quand on touche long-tems la peau du malade , un pouls inégal 8c un peu concentré , fur-tout dans le commencement de la maladie; les urines {ont , à la fin des exacerbations, un peu plus chargées , 8 d’un rouge plus foncé que dans l’état naturel : cette ef- pece de fleyre commence ordinairement par un frif- fon, ce qui la diftingue d’abord de la fyroque fim- ple , où ce friflon eft plus rare. Souvent cette flevre eft accompagnée de quelques épiphénomenes fpafmodiques ; tels font au-moins la dureté , l'inégalité, le reflerrement du pouls, Pan- xiêté , les inquiétudes, la douleur de tête , des dou- leurs dans les lombes , dans les membres , quelque- fois même le délire , ou l’afloupiflement dans le fort des redoublemens ; mais ordinairement ces affe@ions font moins graves que dansles fievres malignes : elles fufifent cependant pour faire diftineuer dès le com- mencement la fÿnoque putride d'avec la fÿnoque fimple. | Ces épiphénomenes plus ou moins variés, diver- fifienr beaucoup de fievres fynoques ; c’eft pourquoi les auteurs n’en donnent guere une defcription exate, & même d’autant moins exaête , qu'ils ont SYN attribué à la fievre même tous ces épiphénomenes qui lui font étrangers , & qui font des complications de maladie. Il fufüt d’appercevoir, par tous les fignes qu'on vient d’expofer , que la fievre n’eft pas trou- _ blée par cette complication à un degré-où la codion & la crife ne pourroient pas s’accomplir : ainfi nous nous bornons préfentément à la cure particuliere de cette fievre en général. La fynoque putride finit rarement avant le qua- torzieme Jour ; elle s'étend fouvent plus loin , & pa- roît devenir plus forte en s’approchant de fa fin; mais la coétion s’opere alors plus färement, &c ce n’eft pas un mauvais préfage. L’ufage des boiffons farineufes & des bouillons lé- gers délayés dans beaucoup d’eau,ne conviennent pas mal au commencement de cette fieyre; mais les ti- fanes légeres faites avec les racines apéritives , la ré- glifle , les pommes de reinette , les aigrelets & les fels neutres , forment une boïflon encore meilleure pour tempérer la chaleur d’acrimonie. Comme il $’a- git de laver les humeurs , & de les entraîner princi- palement par la voie des urines, il faut rendre les boiflons légérement apéritives ,afin d’exciter l’a&tiom des excrétoires qui les féparent de la mafle des hu- meurs. On doit juger 1c1 combien les remedes adifs, tels que les cordiaux, les fudorifiques, &c. feroient dangereux dans cette forte de fievre , où il s’agit d’humeéter & de relâcher les folides, en évitant toute irritation. La faignée n’eft un remede effentiel que quand la fievre eit accompagnée d’une pléthore fanguine. Lorfqu’il y a dans les premieres voies des matieres dépravées , l'indication de les évacuer eft très-pref. fante , au commencement même de la fyrogue pu tride , pourvu néanmoins qu’il n’y ait aucun fronce- . ment fpafmodique remarquable , ni aucune difpof- tion inflammatoire dans les entrailles. Alors il faut répéter la faignée ; recourir aux lavemens , à l'huile d'amandes douces , & au petit lait en grande quan- tité ; enfuite dans les jours de rémiffion , on pourra recourir aux potions laxatives, La continuation des remedes tempérans & hu- meétans , doit -être proportionnée à la dureté, à la contraétion du pouls & à la violence de la fievre. Sydenham étoit lui-même très-attentif àn’employer ces derniers remedes qu’autant qu’ils étoient nécef- faires ; car l’infufifance de la fievre pour la coftion , lui paroïfloit avec raifon une difpofition fort oppofée à la guérifon de la maladie. Il faut'confulter ce grand médecin, & bien profiter de fes lumieres, auxquelles il fautjoindre les écrits de Baillou , ouvrage que les Médecins françois lifent peu , & dontils fuivent en- core moins les excellens préceptes. ( D.J.) SYNOSTEOGRAPHIE , ez Anatomie. Voyez Sxi NOSTÉOLOGIE, | | SYNOSTEÉOLOGIE , oz la SYNOSTOSE , ox la SYNOSTÉOGRAPHIE , {. £. feu fynoflofis, fynoffeo- graphia, ( Anatomie. ) c’eft la partie de l’'Offéologie qui traite de la coñnexion des os, Boerh. Ce mot eft formé du grec ow , avec ; ogreor, 05; Aoyos, traité de l’arricularion des os. SYNOVIAL , LE , adj. ez Anatomie, ce qui ap- partient à la fynovie. Les glandes fyroviales font du genre des conglo- merées , & font placées dans les cavités inégales des articulations des os, de forte qu’elle peuvent être légérement comprimées fans être écralées. Clopton Havers paroïît être le premier qui nous en ait donné une defcription exaéte : de-là elles ont été nommées haverienes. LUS, Hurgeur fyroviale. Voyez SYNOVIE. SYNOVIE , ( Phyfiolog. Médec, ) en latin muci- lago ; liqueur mucilagineufe-qui fert , tant JE eft ans SAYE NS” dans fon état naturel, à bindre & à lubréfier Îes Î1. gamens & les cartilages des jointures. Clopton Havers eit le premier des modernes qui ait exatement décrit l’origine & la nature de la /y- 7ovie, Îl nous à fait connoître que cette humeur onc- tueufe eftcompolée dela matiere générale de la tranf- piration , & de l’huile médullaire qui vient des cel: lules fituées aux jointures des os. . Cette liqueur mucilagineufe eft fournie par des glandes dupofées dans l'articulation, de maniere à pouvoit être lépérement preflées , mais non point détruites par fon mouvement. Toutes les fois que cette liqueur ef la plus néceflaire , c’eft-à-dire ; que les mouvemens font les plus fréquens , il s’en fépare üne plus grande quantité. Ces glandes font molles & mucilagineufes , fans être friables : elles font pour la plüpart conglomérées , c’eft-à-dire , qu’il fe trouve ün grand nombre de petites glandes enveloppées d’une membrane commune, Leurs conduits excré- toires empêchent les obftruions qui pourroient fe former dans le corps de la glande , & facilitent le re: tour de cette liqueur, quand elle eft en état d’être re- çue par les vaifleaux abforbans , qui doivent fe trou- ver dans les articulations aufh-bien que dans les au- tres cavités du corps: _ On peut, en preflant ces glandes avec les doigts, faire fortir de leurs excrétoires la liqueur mucilagi- neufe , qui reflemble quelquefois au blanc d'œuf, ou à la férofité du fang , & dont le goût eft manifefte- ment falé. Elle ne fe coagule point à la chaleur, comme la férofité ; mais elle devient plus claire , & ñe laiffe , après qu’elle s’eft évaporée, qu’une pel- hcule déliée , d’un goût falé. Certains {els produifent le même effet fur elle que fur Les autres liqueurs de hotre corps, Car les acides la coagulent, & les al: kalis latténuent. om | La quantité de cette liqueur mucilagineufe doit être confidérable , fi l’on en juge par l’écoulement de Jynovie qui accompagne les plaies ou les ulceres des articulations , & dont cé mucilage compofe la plus grande partie, | Les vaïffleaux qui foutmiffent les liqueurs dont ce mucilage fé fépare , n’ont pas befoin de préparation pour être vus ; car on n’a pas plutôt injecté les ar- teres, que les glandes en paroiflent toutes couvertes. Ces glandes n’ont aucune fenfbilité ; tant qu’elles font dans un état fain : mais on y fent des douleurs cruelles , lorfqu’elles s’enflamment & qu’elles vien- nent à fuppuration, ce qui prouve qu’elles ont des nerfs, kb # Ces glandes mucilagineufes font ordinairement lo- gées dans une fubftance cellulaire, qui fe trouve pa- reillement dans d’autres parties du fac formé par les ligamens des articulations , 8 contiennent une ma- tere Onctueufe, qui doit nécefairement être atté- nuée, & pouflée ä-travers les membranes qui l’en- ferment dans la cavité de l'articulation , par la pref- fion qu’elles fouffrent de la part des os qui fe meu- vent. s Cette matiere ondueufe de la fubftance cellulaire, mêlée avec la lymphe fubtile qui s’écoule continuel- lement des petites artères diftribuées dans les liga- mens, eft exttémement propre à entretenir la fléxi- bilité des parties qui compofent les articulations, à les faire glifler également les unes fur Les autres, & à empêcher qu’elles ne s’échauffent, de même que le vieux-oing dont on graifle les roues des chariots, les empêchent de s’ufer & de s’échauffer. Après que cet- te liqueur des articulations a été fuffifamment atté- nuée, elle rentre dans la mafle du fang par les vaif feaux abforbans qu'ont les articulations. S'il arrive par quelque caufe que ce foit, que la Lynovie ne {oit point diffipée , repompée ou fufifam- ment broyée entre les os , elle s’accumulera peu-à- Tome XP. SYN 761 peu, remplira la cavité de la jointure, 8c Ôtera aux os articulés la liberté du mouvement ; cependant la partie la plus fubtile de ce mucilage fe diffipera, &é conféquemment le refte acquerra de la confiftance, Comme le mouvement de la jointure eft la caufé principale de la difipation de ce mucilage, après qu’il a rempli {a deftination ; le mouvement étant gêné où totalement détruit, le mucilage s’accumulera davan: tage , & le mal deviendra incurable, tant par l’épaif fiflement de la liqueur, que par lacrimomie qu’elle acquerra dans la ftagnation, & qui rongera les fur faces cartilagineufes des os, & les ligamens dont les Jointures font entourées, | On reconnoït cette maladie par üne tumeur à la jointure qui eft d’abord molle, & qui s’étend peu-à peu. L'articulation du genou y eft plus fujette qu’une autre. Hippocrate dit, Aphor. 25. fe. 5, qu’on fou: lagera confidérablement ceux qui ont des tumeurs 8 des douleurs aux jointures fans ulcères, en verfant deflus une grande quantité d’eau froide, Des Méde- cins célébres ont adopté depuis peu cette pratique, Peut-être eft-elle capable de produire des effets {alu tares lorfque le mal commence, en reflerrant fubite: ment les parties par le froid qu’on leur communique, & en contraignant ainf l’humeur qui s’accumule à fe difliper, pourvû qu’elle foit fuffifamment fluide, Mais fi humeur eft déja épaifle ; fi elle eft en grande quantité , 1l n’eit guere vraiflemblable que Peau froi- de puifle procurer un vrai foulagement. On aura recours avec plus de fuccès aux fritions A au mouvement de la jointure affeétée, aux fomenta- tions pénétrantes de vin, de fel, de vinaigre & d’uri- ne de perfonnes faines, avec une addition de plantes aromatiques, comme le marrube , le fcordium & la rue , & aux cataplafmes préparés de fubftances fem- blables. Dans les cas opiniâtres , les embrocations d'eaux chaudes minérales, ou qu’on fera tomber len- tement & de haut fur la partie affe@tée, foulageront beaucoup & guériront quelquefois radicalement, Au défaut d’eaux minérales, on fe fervira des fomenta- tions pénétrantes , & l’on en ufera même en forme d’embrocation. _ Nous lifons dans le srairé dès maladies des Os, de M, Petit, qu’on obtiendra les mêmes effets avec l’eau de chaux vive , & une leffive de fel ammoniac verte de haut fur la partie affeétée ; car l’eau de chaux vive & la leffive de fel ammoniac, donnent fur le champ un efprit de fel ammoniac très-pénétrant, qui pañle avec raifon pour un atténuant des plus énergiques, Mais fi la quantité de la fynovie accumulée eft fi gran- de, qu’elle ne puiffe être diffipée par ces moyens; M; Petit veut que l’on découvre la partie la plus bafle de la tumeur avec une lancette, qu’on pénetre jufqu’à la cavité de l’articulation ; qu’on en fafle fortir la li- queur qu’elle contient, & qu’on acheve la cure avec les remedes dont nous venons de faire mention. . 5 arrive par quelque caufe que ce foit, que les ligamens fe roidiflent, il y aura immobilité, quand même toutes les autres parties de la jointure {eroient dans leur état naturel. Cette immobilité fera fuivie d’une tumeur parce que la /ÿzovie accumulée dans la cavité de la jointure ne fera point diffipée par le mou- vemert , d’où il s’en fuivra une ankilofe parfaite, Toutes les caufes capables de produire trop de roi- deur dans les fibres folides, ou même dans les vaif {eaux , peuvent donner lieu à l’ankylofe, Aufñ voyons-nous, que prefque toutes les perfon- nes fort âgées, ont de la roideur & de l’inflexibilité aux Jointures ; ce qui provient en partie de la difette de l'huile grafle deftinée à la lubréfication des os, en partie de la callofité, & quelquefois de l’offification de ligamens. On remarque la même chofe dans les hommes qui ont été occupés à des travaux violens, avant que d'arriver à un grand âge ; l’excès du mou- D D ddd : 62 SYN vement mufculaire a endurci en eux les parties fer- mes du cofps. L’ankylofe eft encore affez fréquem- ment une fuite des violentes imflammations aux liga- mens imaltraités ; ce qui donne lieu à la Ragnation & à la coagulation du fluide dans les vaifleaux qui le coñtientient. Ceux qui ont efluyé des attaques fré- quentes de goutte, font aufli quelquefois incommo- dés de l’immobilité des joïintures. Pañlons aux autres vices de cette humeur onétueufe. Lorfque la fÿzovie devient trop âcre , elle ronge les os & les cartilages, & cela arrive fouvent à ceux qui ont la vérole , le fcorbut , les écrouelles, ou un Jpina ventofa. Lorfque la fécrétion de cette liqueur eft trop petite, l'articulation devient froide, & lorf- qu'on veut la mouvoir, on entend un craquement, ainfi que les vieillards l’éprouvent. Lorfque lé muci- Tage & la lymphe abondent trop, & que les vaifleaux abfofbans ne s’acquittent point autant qu'il faut de leur office , il peut en rétulter une hydropifié des articles dont Hildanus à traité fort au long. Cette _ même caufe felâche quelquefois fi fort les lisamens, que les articulations en deviennent extrèmement foi- bles : delà naiflent des luxations, dont la réduétion eft plus aifée que la cure ; quelquefois enfin, quand cette liqueur s’épanche en trop grande quantité, elle occafionne plufieurs maux très - fâcheux ; tels que Penñflure , la douleur des jointures , des ulcetes fi- nueux, des fiftules , la carié des os, l’immobilité des articles , la maigreur , Patrophie , des fievtres e@- ques & autres maladies femblables. Hippocrate a décrit avec beaucoup d’exattitude , la plüpart dés fytiptomes qui proviennent du mauvais état de la Jynovie, & Hildanus en rapporté des exemples qu'il à vüs. (Le chevalier DE JAUCOURT.) SYNTAGME , {. m. (Belles Lerrres.) la difpofition Où lartangement des chofes dans un cettain ordre. Voyez; COMPOSITION. SYNTAXE, L f. (Gram.) mot compofé de deux MmOts précs ; ou , cm, @ rasre, ordino: de-[à suvra- Es, coordinatio. J'ai dit, (voyez GRAMMATRE, de POrrhologie, $. TI.) que l'office de la fyrraxe eft d'expliquer tout ce qui concerne le concours des Mots réunis pouf exprimer une penfée: & M. du Marfais (#0yez CONSTRUCTION ) dit que c’eft la partie de la grammaire qui donne la connoïffance des fignes établis dans une langue pour exciter un feñns dans Pefprit, On voit que ces deux notions de la fyntaxedont au fondidentiques, quoiqu'énoncées en termes différens. Il feroit inutile de groffir cet article par des répé- titions. Pour prendre uñe idée nette de tout ce que doit comprendre en détail un traité de fyrraxe ; il faut Voir la partie que Je viens de citer de l’arricle GRAMMAIRE , qui én comprend un plan général ; &t en fuivant les renvois qui y font marqués, on confultera pour le détail les arsicles, PRoPOsrTIoN, CONCORDANCE, IDENTITÉ, APPOSITION, RÉGIME, DÉTERMINATION, CONSTRUCTION, IDIOTISME, INVERSION, MÉTHODE, FIGURE , Cas, Gc. Sur- PLÉMENT, PRÉPOSITION, USAGE, 6c. (E.R. M. B.) SYNTEXIS, 1. ex Médecine, eft une exténua- tion ou colliaquation des parties folides d’un corps;ain- fi qu'il arrive fouvent dans les atrophies , lés inflam- mations dés boyaux, les fievres colliquatives, &c. où l’on rend par les felles avec les excrémens , une matiere grafle & d’une odeur fœtide, Voyez COLLI- QUATION, EXTÉNUATION, &c. SYNTHESE , Lf.(Philof. & Mathém. ) eflune efpecé de méthode oppofée à lazalyfe, On fe fert de la fyrrhèfe Ou mérhode [yÿnthérique , pour chercher la vérité par désraifons tirées de principes établis com- mecertains, & de propofitions que l’on a déja prou- vées , afin de pañler aïnfi à la conclufion par un en- chaiñnemenr résulier de vérités connues ou prouvées, Ca Telle eft la méthode que l’on a fuivie dans les élé- mens d'Euclide , 8t dans la plüpart des démonftrations mathématiques des anciens, où l’on part des défini- tions êc des axiomés , pour parvenir à la preuve des propoñitions &r problèmes , & de ces propofitions prouvées , à la preuve des fuivantes. Cette méthode s'appelle auffi meérhode de compo/£- tion ; &t elle eft oppolée à la réfolution ou analyle; auf le mot fyrthèfe eft formé des mots grecs av, enfemble, 8 bene, potion, de forte que fyrrhèfe eft la même chofe que compofition, Voyez € o M p o- SITION. Lä méthode fynthétique eft par conféquent celle dont on fe fert après avoir trouvé la vérité , pour la propofer ou lenfeigner aux autres. Voici fes princi- pales regles. | Avant toutes chofes, on doit expliquer les mots dans léfquels 1l peut y avoir la moindre obfcurité. En effet, ce feroit envain qu’on entreprendroit d’ex- pliquer une chofe à celui qui n’entendroit pas les mots qu’on emploie ; l’intelligence des mots fe donne par les définitions ; 1l y en a une de nom, &une de cho- fe ; dans l’une & dans l’autre , on fe propofe de dé- términer une idée, foit qu'il s’agifle d’une idée que nous ayons befoin d'exprimer par tel ou tel mot, comme dans la défimtion de nom ; ou qu'il foit quef- tion de l’idée d’une chofe déterminée, ce qui a lieu dans la définition de chofe. Cette idée doit être tel- lément déterminée , qu'on puiffe la difinguer de toute autre, car c’eft-là le but de la définition , qui ne doit contenir que cela pour éviter toute confu- fon ; mais 1l faut prendre.garde de ne pas employer dans les définitions, des termes obicuts; fi cela ne peut s’éviter, 1l faut commencer par définir ces ter- més. Les déñnitions n’ont point lieu pour les idées fimples ; tout ce qui a rapport à ces idées, ne fau- roit être expliqué à ceux qui ne les ont pas. Les ex- plications des mots font principalement néceffaires, quand. il s’agit de chofes ou de termes ordinaires, mais dont les notions ne font pas exaétement déter- minées , quoiqu'il n’y ait tien de plus ordinaire que de négliger les définitions dans ces fortes d’occañons. Les mots d’évre, de néant, de perfecion, de volonté, de Ziberté, d'inertie ; Gc. ne font pas entendus dans le même fens par tout le monde. Lorfqu'on a donné une définition, 1l ne faut pas employer le terme dé- fini , dansun autre fens que celui qu’on lui a attribué dans la définition : défaut dont il eft facile de s’ap- percevoir , en fubitituant le défini à la place de la définition ; 1l n’eft pas néceffaire de commencer par les définitions de tous les termes qu’il faut expliquer ; c’eft aflez qu’on explique les mots avant que de les employer, pourvû qu’on prenne garde àne pas inter- rompre un rafonnement, en y faifant entret une dé- finition. Après avoit expliqué les termes , il faut obferver qu'ilne fauroit y avoir de raifonnement dans lequel il n’y ait du moins deux propofñtions à confidérer , de la vérité defquelles dépend celle duraifonnement: ainfi il eft clair qu’on ne fauroit rienprouver aux au- tres par des raifonnemens , à moins qu'ils ne foient perfuadés de la vérité de quelques propoftions: c’efk par-là qu'il faut commencer; mais pour qu'il ny ait aucune dificulté à cet égard , 1l faut choïfit des pro- pofitions dans lefquelles le fujet puifle être immédia- tement comparé avec l’attribut, parce qu’alors tous ceux qui entendent les termes , ne fauroient avoir le moindte doute fur ces propofñtions. Une telle pro- pofition s'appelle un axiome. Voyez AxXIOME. IT. Il faut propofer clairement les axiomes dont on doit déduire les raifonnemens que lon a à faire. If y a des propofitions qui ne font pas des axiomes, mais qu'on emploie comme tels, ce qui eft néceflaire en bien des rencontres : On pourroit les appeller des SYN axiomes rélatifs, c’eft-à-dire des propoñtions Qui à la vérité ne {ont pas claires par elles-mêmes , mais dont la certitude eff parfaitement connue à ceux auxquels nous propofons nos raifonnemens, de forte qu’il feroit inutile de les démontrer, Il ya des fcien- ces entieres qui fervent de fondement à d'autres, êc on les fuppofe connues à ceux à qui on doit expli- quer ces dermeres : au refle, il n'importe gueres qu'un raifonnement foit déduit d’axiomes , dont la vérité fe faitappercevoir immédiatement, ou d’axio- mes relatifs: car dans l’un & l’autre cas, fi le raifon- nement eft bien déduit , 1l ne fauroit y avoit aucun doute fur la conclufon. Si les chofes que nous devons expliquer concernent la pratique , 1l eft néceflaire que celui à quinous entréprenons d’enfeigner cette Pratique, puiile agir. Enfeigner la pratique d’une chofe , c’eft expliquer comment il faut diriger cer- taines aéfions ; mais ces attions mêmes doivent être déterminées d'avance : c’eft cette détermination qi- on appelle demande. Je demande que celui à qui j'en- treprens d’enfeigner la multiplication des nombres , puifie multiplier les nombres exprimés par un feul dam-Aram ; & Laban eft dit. Araméen ou Syrien , comme tradwfent les feptante. Les Araméens , ou les Syriens , occupoient la Méfopotamie , a Chai- dée, une partie de l'Arménie, la Syrie proprement dite ,; comprife entre l'Euphrate à lorient, la Médie terranée à l'occident , la Cilicie au nord , la Phénix . cie , la Judée , & Arabie déferte au midi, Les Hébreux étoient Araméens d’origine , puif- qu'ils venoient de Méfopotamie, & qu'il eft dit que Jacob étoitun pauvre araméen. L’Ecriture défigne ordinairement les provinces de Syrie , par la ville qui en étoit la capitale ; elle dit, par exemple, la Syrie de Damas , la Syrie d’Emotb, la Syrie de Rohob, Gc. mais les géographes partagent la Syrie en trois parties ; favoir, la Syrie propre , ou la haute S yries la Célé-Syrie, c’eft-à-dire la bafle-Syrie , proprement la Syrie creufe ; & la Syrie paleftine. La baute-Syre contenoit la Comagène, la Cyr rnétique ; la Séleucide, & quelques autres petits pays ; & s'érendoit depuis le mont Aman au {epten- trion, jufqu’au Liban au midi ; elle fut appellée dans. la fuite, la Syrie Antiochienne. La feconde commen çoit au Liban , & alloit jufqu’à l’anti-Liban ; elle renfermoit Damas & fon territoire; & parce que cé n’étoit prefque que des vallons entre ces deux hauz tes chaines de montagnes , on l’appelloit C/ Syries Où Syrie-creufe, De l’anti-Liban jufqu’à la frontiere d'Egypte, étoit la Syrie paleftine, Toute la côte de ces deux dermeres, étoit ce que les Grecs appel- loient la Phénicie, depuis Arad jufqu’à Gaza, La Syrie propre devintun grand royaume, lorfque l'empire d'Alexandre fut divifé entre fes capitaines, après {a mort. Ce royaume commenca l'an du monde 3692. c'efl-à-dire, 312 ans avant l’ere vulgaire. Il a duré 249 ans, & a eu vingt-fept rois. Séleucus I. fur= nommé Nicator, fut le premier de fes rois; & An: tiochusXIIL. nommé lAfiatique, fut le dernier, Pom- pée, vainqueur de lorient , le dépouilla du royaus me de Syrie, lan du monde 3941, & ne lui laifla que Comagène. Ainf finit ce royaume , qui étant affit= jetti aux Romains , devint une province romaine. Les Sarrafins {e rendirent maîtres de la Syrie dans EEeceï 772 SYR le feptieme & huitieme fiecle ; les Chrétiens, dans les croifades, leur en prirent une partie, dont'ils jouirent même peu de tems!, fous Godefroi de Bouii- lon. Les Sarrazins y rentrerent bientôt, & larfferent la Syrie aux fultans d'Egypte, à qui les Turcs l’en- leverent. Ce pays fe nomme aujourd’hui Sowrre, ou Soriflan. Voyez SORISTAN. | C’eft dans la Syrie propre, foumife aux Romains , que naquit Publius Syrus , célebre poëte mimique, qui florifoit à Rome , vers la fépt cent dixieme an- née de cette ville, & la quarante-quatrieme avant Jefus-Chrift, Les anciens goûterent fingulierement cepoëte ; Jules Céfar, Caflius Sévérus, & Séneque de philofophe, le préféroient àtous ceux quiPavoient précédé , foit dans la Grece, foit en Italie ; mais ilne refte plus de fes mimés, que des fragmensou fenten- ces qui en furent extraites du tems des Antonins ; el- les ont été jointes à celles de Laberius, & fouvent imprimées ; la meilleure éditiona été donnée en Hol- lande, par Havercamp , en 1708, avec des notes. (D.J.) SYRIE , rois de, (art. numifm.) la partie de l’hif- toire qui concerne les rois de Syrie, elt très-obicu- res on fait feulement que dix ans après la mort d’A- lexandre le grand, Séleucus, lun de fes généraux, fonda le royaume de Syrie, qui fubfifta environ deux cent cinquante ans, c’eft-à-dire, jufqu’au tems où Pompée ayant conquis la Syrie fur Antiochus lafa- tique ;.en fitune province de Pempire romain. On a tirépeu d’éclairciffement de l’hiftoire des rois de Sy- rie , par Jofephe, & par les livres des Macchabées ; mais un heureux hazarda procuré à M. Vaillant (Jean Foix), l’occañon d'éelaircir l’hiftoire de Syrie, par les feules médailles, Un ami quil avoit connu particulierement à Conf- tantinople, lui fit préfent d’un fac remplide médailles, & entr'autres de médailles des rois de Syrie ; ces mé- dailles lui frent naître la penfée d’en chercher d’au- tres , & d'employer tous les moyens poflibles pour en former une fuite complete ; il réuffit dans fon en- treprife par le fecours de plufeurs favans qui lui communiquerent toutes les médailles qu'ils avoient fur cette partie de lhiftoire ancienne. Enfin il {e vit en état de mettre au jour , par les médailles , la repréfentation des vingt-fept rois qui regnerent dans la Syrie, depuis Séleucus I. jufqu’à Antiochus XIIL. dont Pompée fut le vainqueur. Ila prouvé la fucceffion chronologique de ces princes, par les époques différentes marquées fur leur meédail- les ; avecle même fecours, 1l a rétabli la plpart de leurs furnoms, qui étoient corrompus dans les l- vres, ou dont on ignoroit la véritable étymologie. J1 a aufñi déterminé par le fecours des médailles , le commencement de l’ere des Séleucides, Les meil- leurs chronologiftes le rapportoient unanimement à la premiere année de la cent dix-{eptieme olympiade, trois cent treize avant Jefus-Chrift; mais ils ne s’ac- cordoient point {ur le tems de l’année où cette épo- que avoit commencé. M. Vaillant la fixée à lequi- noxe du printems, parce que Antioche, capitale de la Syrie, marquant fes années fur fes médailles, y repréfenta prefque toujours le foleil dans le figne du belier. Telles font les découvertes de M. Vaillant dans lhiftoire des rois de Syrie, par leurs médailles. Cet ouvrage parut fous ce titre : Seleucidarum imperium , five hifloria regum Syriæ, ad fidem numi[matum ac- commodata. Paris 1681. 21-4°. Mais lédition faite à la Haye, en 1732. é7-fo1. eft beaucoup plus belle. Le leeur trouvera dans cet ouvrage également cu- rieux &c utile , tout ce que les anciens auteurs ont dit de chaque roi de Syrie , Les médailles qui s’y rap- portent, où qui y fuppléent, &c leur explication par notre habile antiquare. (2, J. = SYRIENNE , LA DÉESSE, ( Myshol.) 1l y à en Sy tie, dit Lucien, enfon sratré de la déeffe fyrienne , une ville qu'on nomme Sacrée où Sérapolis, dans laquelle eft le plus grand & le plus augufte temple dela Syrie; outre les ouvrages de grand prix, & les offrandes qui y font en très-grand nombre, il y a des marques d'une divinité préiente. On y voit les ftatues fuer, fe mouvoir, rendre dés oracles ; & on y entend fou- vent du bruit, les portes étant fermées. Les richef fes de ce temple fontimmenfes; carony apporte des préfens de toutes parts, d'Arabie, de Phémcie , de Cappadoce , de Cilicie, d’Aflyrie, & de Babylone. Les portes du temple étoient d’or, aufh-bien que la couverture , fans parler du dedans qui brilloit par- tout du même métal. Pour les fêtes & les folemnités, il ne s’én trouve pas tant nulle part. Les uns croient que ce temple a été bâti par Sémiramis , en l’hon- neur de Dérito fa mere: d’autres difent qu'il a été confacré à Cybéle, par Atys, qui le prermier enfei- gna aux hommes les myfteres de cette déefle ; maïs c’étoit l’ancien temple dont on entendoit parler : pour celui qui fubfiftoit du tems de Lucien ,; il avoit été bâti par la fameufe Stratonice, reine de Syrie. Parmi plufieurs ftatues des dieux , on voyoit cel- le de la déefle qui préfidoit au temple: elle avoit quelque chofe de plufeurs autres déeffes ; car elle tenoit un fceptre d’une main, && de lautre une que- nouille ; fa tête étoit couronnée de rayons , & coef- fée de tours , avec un voile au-deflus , comme celui dela Vénus célefte : elle étoit ornée de pierreries de diverfés couleurs , entre lefquelles il y en avoit une fur la tête qui jettoit tant de clarté, que tout lerem- ple en étoit éclairé pendant lanuit; c’eft pourquoi on lui donnoit le nom de /zmpe. Cette ffatue aVoit une autre merveille , c’eft que de quelque côté qu’on la confidérât , elle fembloit toujours vous revarder. Apollon rendoit des oracles dans ce temple, mais il lé faifoit par lui-même , & non par fes prètres ; quand il vouloit prédire, il s’ébranloir , alors fes prêtres le prenotent furleuts épaules, & à leur dé- faut, il fe remuoit luimême & fuoit. Il conduifoit ceux qui le portoient, & les guidoit comme un co- cher fait fes chevaux , tournant de-cà & de-là , & paflant de l’un à l’autre, jufqw’à ce que le fouverain prêtre linterroget fur ce qu'il vouloit favoir. Si la chofe lui déplait, dit Lucien, il recule, finonil avan- ce , & s’éleve quelquefois en air: voilà comme ils devinent fa volonté ; 1l prédit le changement des tems & des faifons , & la mort même, Apulée fait mention d’une autre façon de rendre les oracles , dont les prêtres de la déeffe Jyrienne étoient Les inventeurs ; ils avoient fait deux vers dont le fens étoit : Les bœufs atrelés coupent La terre, afir que les campagnes produifent leurs fruiss. Avec ces deux vers, iln’y avoit rien à quoi ils ne répondiffent. Si on venoit les confulter fur un mariage, c’étoit la chofe même des bœufs attelés enfemble, des campa- gnes fécondes ; fi on les confultoit fur quelques ter- res qu’on vouloit acheter , voilà des bœufs pour les labourer , voilà des champs fertiles ; fi on les con- fultoit fur un voyage, les bœufs font attelés , & tout prêts à partir, & Les campagnes fécondes vous pro- mettent un grand gain ; fi on alloit à la guerre , les bœufs fous le joug, ne vous annoncent-ils pas que vous y mettrezaufli vos ennemis ? Cette déefle qui avoit lesattributs de plufieurs au- tres, étoit, felon Voflius, la vertu générative ou produétive que lon défigne par le nom de mere des dieux. (D. J.) ‘ SYRIENS , ( Æff. eccléfraft. grecq. ) nom qu'on a donné aux chrétiens grecs répandus dans la Syrie, dans la Méfopotamie , dans la Chaldée, & qui fui- voient les erreurs d'Eutychés ; erreurs qu'ils commu- niquerent aux Arméniens, Îls n’admettent qu'une na- . ture en Jefus-Chrift ; ne donnent l’extrême-onétion _ “qu'aux prêtres, & feulement après la mort; ils ne croientpoint le purgatoire, chantent Pofice divinen langue {yriaque , confacrent en pain levé, & ont des abftinences plus aufteres que celles des latins, Enfin les Syriers font à peu de.chofe près dans les mêmes opimons que ceux qu'on nomme /acobires, Voyez JACOB1ITES, (D.J) | SFRINGA , fm. ( Aif, natur. Botan. ) genre de plante afleur en rofe, compofée de plufieurs pe: -tales difpofés en rond. Le pifüul fort du calice & de vient dans la fuite un fruit qui adhere au calice & qui eft turbiné comme la pomme du pin ; ce fruit sou: “vre ordinairement en quatre parties , & 1l eft divifé en quatre loges qui contiennent de petites femen- ces. Tournefort, 22/9, ret herb. Voyez PLANTE. SYRINGA , arbrifleau aflez commun qui s’éleve à fix ou fept piés, 8 quelquefois jufqu’à dix. I poufle quantité de rejettons du pié quiafoibliflent les prin- cipales tiges ft Pon n’a foin d’en retrancher une par- tie. Ses feuilles font oblongues , aflez grandes , ter- minées en pointe , dentelées fur les bords, & d’une verdure agréable. Ses fleurs paroïflent au mois de Mai, & leur durée va jufqu’à la mi-Juin , f la faifon n’eft pas trop feche: elles font blanches ,raflemblées en bouquet ; d’une belle apparence & d’une odeur de fleur d'orange un peu trop forte. Sa graine qui eft extrèmementmenue vient dans des capfules que la ma- turité fait ouvrir au mois d’Août. | Cet arbriffeau eft très-robufte ; il endure lé froid comme le chaud ; 1l réufit dans tous lesterteins. Son principal mérite eft de fe plaire dans les lieux frais, ferrés & couverts , même à l’ombre des autres ar- bres. Il fe multiplie plus que Pon ne veuf par fes re- jettons qui cependant netracent pasau-loin. On peut auf le faire venir très-aifément de bouture. Plus on taülle cet arbrifleau , mieux 11 réufit. On peut faire différens ufages du /yriaga pour l’a- grément dans de grands jardins. Il eft propre à venir en buiffon dans les plate-bandes , à faire de la garni- ture dans les maflifs des bofquets , mais particuliere- ment à former de moyennes paliffades dans des en- droits ferrés ,ombragés, & même écartés, par rap- port à l’odeur trop pénétrante de fes fleurs qui n’eft agréable que de loin. En Angleterre on fe fert de {es fleurs que l’on renouvelle fouvent pour parfumer les gants. Il y a quelques variétés de cet arbrifleau. 1, Le fyringaordinaire; c’eft à cette efpece qu’on doit particulierement appliquer le détail ci-deflus. Le fyringa a fleur double ; cet arbrifleau ne s’éleve qu’à trois ou quatre piés. On regarde fes fleurs com- me doubles, parce qu’elles ont quelques pétales de plus que la fleur fimple; d’ailleurs elles ne fe trou- vent doubles que quand elles font feules ; car dès qu’elles viennent en bouquet elles font fimples. Il y a dans cette variété plus de fingularité que d’agré- ment. 3. Le fyringa à feuilles panachees ; fes feuilles font tachées de jaune, & elles ont peu d'éclat. Il fautà cet arbrifleau un terrein fec & beaucoup de foleil ; car fi -on le mettoit dansun lieu frais & à ombre, ily pren- droit trop de vigueur, & les taches de fes fleurs dif- paroitroient. 4. Le fyringa nain ; 11 nes’éleve guerequ’àun pié, & 11 ne donne point de fleurs. Tout Le fervice qu’on en pourroit tirer feroit d’en faire des bordures pour -regleriles allées dans un lieu vafte, où il mexigeroit ni taille ni culture, parce que cet arbriffeau ne trace point. s. Le fÿyringa de la Caroline ; fes feuilles ne font -point dentelées fur les bords, & fes fleurs font fans odeur, mais plus grandes que celles du fyrirge ordi- naire. Cet arbriflean eft très - rare & ençore peu connu, S Y:R 173 SYRINCA, ( Géogr anc.) ville de l’'Hyrcanie à une petite diftance de’Tambrace. Polybe ,n%v, X c. Jv. dit que cette ville pour fa force & pour lés au- tres commodités , étoit comme la capitale de PHyr- canie. Elle étoit entourée de troisfoffés, larges cha2 cun de frente coudées, & profonds de quinze, Surles deux bords de ces foffést, 1l y avoit un double re: tranchement , & au-delà une forte muraille. Toutes ces fortifications n’empêcherent pas qu'Antiochus le grand , roi de Syrie , ne fe rendit maître de cette ville , après un fege aflez long êc très -'meurtrier, CD Grau | STRINGÆ ,( Géog.anc.)lieu d'Egypte, au-delà du Nil &près de Thebes, felon Paufanias, Gp, L ec +7. qui dit qu’on voyoit auprès de ce lieu un coloffé admirable, C’eft, ajoute-tl,une flatue énorme , qui repréfente un homme affis: plufieurs l'appellent le monument de Mennon ; car on difoit que Memnon étoit venu d’'Ethiopie en Egypte, & qu'il avoit pé< nétré même jufqu'à Sufes. Les Thébains vouloient que ce füt la ftatue de Phaménophés , originaire du pays, & d’autres difoient que c’étoit celle de Séfof- trs, Quorqu'l en foit, pourfuit Paufanias, Cambyfe fit brifer cette flatue , &caujourd’hur toute la partie fupérieure depuis la tête jufqu’au milieu du corps eft parterre, le refte fubffte comme il étoit ; & tous Les jours, aulever du foleil , ilen fort un fon tel quetce- lui des cordes d’uninftrument de mufique lorfqu’elles viennent à fecafler. | Strabon , Zv, XF1II. rappotte ce fait comme Pau: fanias : il en avoit été témoin comme lui, maïs‘il n'étoit pas tout-à-fait fi crédule ; car il'avertitqué le fon qu'ilentendit, & que la ftatue fembloitrendre, pouvoit fort-bien venir de quelques-uns des'affiftans, Il'aime mieux en attribuer la caufe à la fupercherie des gens du pays, qu'à la flatue. EL Ammien Marcellin, Zv, XXII. c. xy.qui écrit Sy- riages , dit qué par ce mot on entend certaines grot: tes fouterraines pleines de détours, que des hom- mes, à ce qu'on difoit, inftruits des rites de la re- ligion , avoient creufées en divers lieux avec des foins & des travaux infinis, par la crainte qu'ils avorent que le fouvenir des cérémomies religieufes ne fe perdit. Pour cet effet, ajoute-til, ils avoient taillé fur la muraille des figures d’oifeaux , de bêtes féro- ces , & d’une infinité d’autres animaux; ce qu'ils ap- pelloient des /ertres hierographiques ou hiéroglyphiques. SYRINGITES , 1. f. (Æif£, nat. Licholog.) Pline dit que c’étoit une pierre femblable au nœud d’une pail: le , & ayant une cavitécomme elle, Boot croit que c’eft l’offéocolle, SYRINGOIDE, PIERRE, ( Fiff. na. ) pierre qui reflemble à un amas de rofeaux pétrifiés. Quelques naturaliftes onf donné le nom de pierre fyringoide à des efpeces de madréporites, compofés de tuyaux placés perpendiculairement à côté les uns des au- tres. D’autres ont donné ce nom à des incruftations ou depôts qui fe font faits dans l’eau fur de vrais ro- feaux, ce qui a produit avec le tems des pierres qui ont confervé la forme des rofeaux fur lefquels le dé- pôt terreux, qui depuis s’eft changé en pierre, eft venu fe placer. (— SYRINGOTOME , f. m. zaffrument de Chirurgie, c’eft une efpece de biftouri circulaire avec lequel oncoupela peau, la graifle, les duretés, & tout ce qui recouvre un canal fiftuleux fitué au fondement où dans une autre partie. Ce mot eft grec;1l vient de p9Ë, fffula, rofeau, fiffule, & de roux, feéfio , incifion, du verbe sure , Jèco, je coupe. On trouve dans Scultet & dans Aquapendente des figures de fyringotomes ; ce font des biftouris cour- bes, des elpeces de petites faucilles boutonnées par leur extrémité, On ne fe fert point de ces inftru- 774 SYR mens. La chirurgie moderne a perfetionné le f5ri2- gorome, en faifant fouder àla pointe du biftouricour- be un flilet d'argent defigure pyramidale : ce filet a fix owhuit pouces de long sil eft plus gros par. fa bafe qui eft foudée à l'acier , &c il va doucement en dimi- nuant pour fe terminer par un.petit bouton. Ce ffilet doit étrerecuit , afin que l’argent ayant fes pores plus ouverts , foit mou & flexible. Voyez la figure 2. PI. XXVIT, Ce fyringotome eft gravé dans une diflertation fur la fiftule à l'anus par Bafius, profeïeur à Hale , en : 1718. On donne l’invention de cet inftrument à M. Lemaire , chirurgien major de l’hôpital royal 8 mi- litaire à Strasbourg, quoiqu’on le trouve dans les an- ciens. Pour fefervir de cet inftrument dans l'opération de la fftule à l'anus , on introduit le filet dans lafiftule, on le fait fortir en-dehors par l'inteftin , & en le ti- rañt on coupe la peau, la graïfle , les duretés, &t tout ce qui couvre le canal fftuleux. #oyez FISTULE À L’ANUS. Cet inftrument eft peu en ufage. (F) SYRINX , f. f. ( Lirrér. & Mythol.) ce mot en grec 8 latin fignifie un su yau où chalumeau fait de rofeau; mais les poëtes donnent ce nom à la flüte du dieu Pan. Ils difent que ce dieu courant comme un étour- di après la nymphe Syringa, dont il'étoit éperdu- ment épris, il n’attrapaqu'un rofeau dans lequel elle fut métamorpholée; alors, pour fe confoler,, il cou- pa d’autres rofeaux dont il fit une flüite qui porta le nom defa nymphe, & devint à la mode parmu les bergers. Ovide en a fait l’hiftoire agréable dans les vers fuivans : Panaque , cim prenfam fibijam Syringa putaret Corpore pro pie calamos tenuife palujtres: Dumqueibi [ufpirat, motos in arundine ventos Effeciffe Jonum tenuem , fimilem quærenrt ; Arte nova vocifque deum dulcedine captum ; Hoc rihi concilinm te cum dixiffe manebi : Atque ita difparibus calamis compagine ceræ Inter fe junétis nomen tenuif]e puellæ. (2. J) SYRITES , ££ (if. nar. Litholog. ) nom donné par quelques auteurs au faphire. Pline donne ce nom à une pierre qui, felon lui, fe formoit dans la veñie du loup. SFRMA , ( Antiq. rom.) longue robe commune aux deux fexes, & qui trainoit jufqu’à terre ; elle étoit d’ufage fur le théâtre, pour repréfenter avec plus de dignité les héros & les héroïnes. (D. J.) SYRMÆA , (Mat. méd. des anciens.) cupuasa ; c’eft un terine équivoque dansles écrits des médecins grecs ; il fignifie quelquefois, 1°. une efpece de ra- Phanus propre à procurer le vomuffement, &c à agir parles felles. Galien dit par cette raifon que les an- ciens entendoient par /yrmæfmus | une évacuation modérée par haut ou par bas. Hérodote parlant des coutumes des Egyptiens, nous apprend que tous les trois mois ils fe provoquoient une évacuation avec le {yrmœa ; pour conferver leur fanté : 2°. cupuusa défi- gne une potion purgative, compofée de fel & d’eau: 3°.ce même mot fignifie une efpece deconfiture faite de miel & de graifle, qui étoit le prix d’un certain exercice en ufage chez les Spartiates : 4°. cupuass , . dans Hippocrate , paroït être quelque potion ou fuc, dans lequelil infufoit de certains remedes. C’eft ainfi qu'il ordonne de faire une mafle de coriza odorata avec du miel , & de la poudre dans du vin odorifé- rant, ou dans du /yrmæa pour chaffer le fœtus ou Parriere-faix. (D. J.) SYRMÉES, ( Ang. grecq. ) cupuæras jeux établis à Lacédémone, qui prenoient leur nom du prix de ces jeux :1l confiftoit en un ragoüt compofé de graifle & de miel , appellé pur. C’étoit bien-là un ragoût SYR de fpartiate. Potter, Ærchæol. græc. tom. p. 431: D, J. SYROP où SIROP , Î. m. (Pharm. Thérapeut, Die- &e. ) on entend pat ce mot en Pharmacie, une dif- folution de fucre dans une liqueur aqueufe, jufqu’au point de faturation. Voyez SATURATION, Chiriie, Ce point de faturation fe trouve entre le fucre & l'eau pure, lorfqu’une partie de ce liquide eft unie à deux parties de fucre ; ou ce qui eft la même chofe, l’eau commune eft capable de difloudre même à froid un poids de fucre double du fien propre ; la liqueur épaifle &z nuelleufe qui réfulte de la conbinaïfon de ces deux fubftances, eft connue dans l’art fous le nom | de fyrop blanc; 8 cet état épais & mielleux dont nous venons de faire mention fous celui de coz/iffance | Jÿyrupeufe ou de fyrop. Mais le fyrop blanc eft une préparation , dont l’u- fage efttrès-rare en Pharmacigër en Thérapeutique. La liqueur aqueufe employée à la préparation des fy- rops ufuels eft prefque.toujours chargée d’une fub£- tance à laquelle elle eftumie, parune diffolution vraie ou chimique. Les différentes fubftances qui fpéci- fient les liqueurs aqueufes employées communément à la préparation des fyrops font, 1°. le principe aro- matique des végétaux, l’alkali volatil fhpontané vé- 1 gétal ou le principe volatil très-analogue à ce dernier qui fe trouve dans plufieurs plantes ,. & enfin l'acide | volarl fpontané végétal. 2°. Des parties extraûtives | où mucilagineufes , retirées deswyégétaux par infu- ’ ° = | fion où par décoëtion; 3°. le corps doux &c le corps acidule, tels qu'ils fe trouvent dans le fuc doux où acidule des végétaux ; 4°. les teintures de quelques fleurs; 5°. la fubftance mufqueufe retirée par décoc- | tion de quelques matieres animales. * Selon que chacune de ces matieres occupe plus ow | moins d’eau, la proportion du fucre pour la fatura- tion de la liqueur aqueufe déja chargée de cette {ub- | flance doit varier. Cette variété n’eft pourtant pas fi confidérable dans le fait, ou d’après l'expérience que la fimple confidération du principe que nous venons d'expofer pourroit Le faire foupçonner. Le Febvre, célébré chimifie François, 8 un des-premiers qui ait porté dansla Pharmacie le flambeau de la Chimie, propofe trop généralement la proportion de neufon- ces de liquide aqueux compofé.pour une livre de {u- cre ; mais les Artiftes ne font point obligés d’avoir une table de ces proportions pour fe guider dans fa compofition de chaque /ÿrop ; ils employent dansles cas les plus ordinaires, une quantité de liquide aqueux très-furabondante ; &c ils diffipent enfuite l’eau fuper- flue par une évaporation à grand feu, qu'ils termi- nent à l’apparition de certains fignes qui annoncent | la confiftance fyrupeufe ou le point de faturation dans tous ces cas: ce qui s’appelle cuire un fyrop à confiftance ; &c ces fignes qu’on n’apprend à faifir fà- rement que par l’exercice ou l’habitude d’ouvrier, font un degré de tenacité, telle qu’une goutte de /ÿ- rop refroidie & ferrée entre deux doigts , file ou s’é- tende entre ces deux doigts, lorfqu’on les écarte dou- cement ; mais feulement jufqu’à la diftance d’une li- gne ou de deux, ou que fi l’on fait tomber un peu de /yrop d’une cwlhere ou d’une fpatule ; les dernie- res gouttes grofhflent &t s’alongent avant que de tomber. Avant que la pharmacie füt perfetionnée par les ütiles obfervations du chimifte , dont nous venons de parler , & par celles de Zwelfer; la maniere de compoler les fyrops , dont nous venons de donner l'idée, étoit la feule employée; mais ces réformateurs ayant obfervé que plufeurs fubftances qu’on faifoit entrer dans la compofition des fyrops étoit altérée, par la longue ébullition employée à la cuite; ils ajou- terent à la méthode ancienne deux nouvelles manie» res de préparer les fyrops. Ils leifferent fubffter l'an: ciehne méthéde pour ceux qui étoient préparés avec de l’eau, qui n’étoient chargés que de fubfances f- xes, telles que les parties extraétives où mucilagi- neufes,, & le corps doux-exquis qu’on retiroit de plufieurs fubftances végétales, par l’infufñion ou par la decottion , & le fuc gélatineux retiré des fub- ftances animales par la décoétion. Cette méthode qui eft très-fimple & très-fuffifante pour ces fubftances que l’ébullition n'altere point , fournit d’ailleurs la commodité de clarifier ce fÿrop par le moyen du blanc d'œuf, opération qui exige ébullition. Foyez CLa:- RIFICATION , Chimie, 6 PHARMACIE* La feconde maniere de procéder à la compoñition des /yrops eft propre aux fucs acides, aux fucs alka- hs volatils, aux eaux diftillées aromatiques, &c aux teintures délicates des fleurs, & fur-tout à celle de ces teintures qui font en même têms aromatiques ; car l’ébullition altere diverfement toutes es matie- res pour faire un /ÿrop avec l’une ou lautre de ces matieres ; par exemple, avec du fuc de citron, de Verjus , d’épine-vinette, ou ayec celui de cochléaria ou de creflon, ou avec une forte teinture de violette ou d’œillet rouge x en prend lune ou lautre de ces liqueurs ( fi c’eft le fuc acide préalablement dépuré par le repos, ou même par une légere fermentation fuivie de la filtration , & fi c’eft un fuc alkali volatil, par la filtration immédiate ) Voyez DÉPURATION , Chimie ), & on y unit par le fecours de la douce chaleur d’un bain- marie , à laquelle on peut même l’expofer dans des vaiffleaux fermés , le double de fon poids de beau fucre blanc & très-pur ; car il ne peut être 1c1 queftion de la clarification qui eft principa- lement deftinée à emporter les impuretés des {ucres communs qu’on emploie à la préparation des,f/yreps, felon le premier procédé. Il faut remarquer que les f{ÿyrops acides ne demandent point unejf grande quan- tité de fucre ; & qu'il eft même bon , tant pour l’a- grément du goût, que pour l’utilité médicamenteufe qu'on laifle leurs acides un peu plus à aud que fi on recherchoit exaétement le point de faturation qui eft prefque pour les fucs acides végétaux , le même que pour l'eau pure. Le /ÿrop d’orgeat ( voyez larti- cle ORGEAT ) eft beaucoup meilleur lorfqu’on le prépare par cette méthode , que lorfqu’on lui fait fu- bir une cuite conformément à l’ancienne maniere, &t felon qu'il eft prefcrit encore dans la cinqüieme Édition de la Phatmacopée de Paris. La troifieme maniere de préparer le fÿrop eft beau- coup plus compliquée ; elle eft deftinée à ceux qui font préparés avec des matieres, dont la principale vertu médicamenteufe réfide dans un principe mo- bile & fugitif, tel que font principalement le prin- cipe odorant & l’efprit volatil des plantes eruciferes. D’après la méthode ou plutôt d’après les principes de le Febvre ou de Zwlfer, on prépare ce /yrop dans un appareil de diftillation. L’exemple de la prépara- tion de l’un de ces /ÿrops qu’on va donner inftruira beaucoup mieux de cette méthode, que l’expoñtion générale qu’on pourroit en faire. L Syrop de flechas | felon la Pharmacopée de Paris. Prenez épis féchés de ftechas, trois onces ; fommi- tés fleuries & féches de thin, de calament & d’ori- gan, de chacun une once & demie; de fauge, de be- toine & de romarin , de chacun demi-once ; femen- ces de rue, de pivoine mâle & de fenouil, de cha- un trois gros; cannelle, gingembre & rofeau aro- matique, de chacun deux gros: toutes ces drogues étant concaflées ou hachées, faites les macérer dans un alambic de verre ou d’étain pendant deux jours, avec huit livres d’eau que vous entretiendrez dans un état tiede; après cette macération, diftillez ai bain-marie bouillant, jufqu’à ce que vous ayez obte- nu huit onces de liqueur aromatique, avec laquelle yous ferez un /ÿrop, çn l’uniflant par le feçours de la SYR 395 chaleur d’un bain-marie, au double de f5n boids dé fucre blanc { d’après le fecond procédé ci-deflus ex2 pol), D'ailleurs , collez & exprimez la liqueur & le marc aui feront reftés au fond de l’alambic ; ajou= tez à la collature quatre livres de fucre communs clarifiez au blanc d’œuf &c cuifez à confiftance de /y: rop auquel, lorfqu'il fera prefque refroidi, vous ajow: terez votre autre /yrop ou celui que vous avez prés paré avec votre eau difillée; c’eft ainf que fe pré= pare le fyrop d'éryfimum , de fyrop d’armoife, le /yz rop antifcorbutique de la Pharmacopée de Paris, avec la feule différence qu’on emploie du vin dans ce derg mer, au lieu de Peau qu’on emploie dans l'exemple cité. te On fe propofe deux vues principales en combofant des {yrops : la premiere de rendre durable la matieré médicamenteufe , foit fimple, foit compofée, qu'ont réduit fous cette forme ; & la feconde, de corriger fon goût défagréable ; ou même de lui donner us goit véritablement agréable. Le fucré eft dans la clafle des corps doux, celui qui poffede éminemment la qualité aflaïfonnante , condiens, qui eft pourtant commune à la clafle entiere de ces fubftances végé: tales, & quele miel poflede en un degré prefque | égal à celui du fucre. L'eau; ou fi l’on veut, la hauie dite aqueufe eft un inftrument très-efficace de defs truétion pour les corps chimiques compofés ; paf conféquent une diflolution aqueufe d’une fubftancé végétale où animale d’un ordre trés-compofé ( com= me elles le font pour la plupart ), & furtout lorfque _cette liqueur eft délayée ou très-aqueufe;une pareïillé liqueur, dis-je, n’eft point durable; elle fubit bién= tôt quelque efpece de fermentation qui la dénature ; le corps doux êc le fucre lui-même ne font point à l’as bri de Paéhivité de cet inftrument, lorfqu'l éft libres mais fi l’eau eft occtipée par un corps aitquel elle eft chimiquement mifcible , c’eft-à-dire, fi elle eft chars gée de ce corps jufqu’au point de faturation , {on in= fluence deftruétive ou au-moins fermentative eft dis minuee, & d'autant plus qu’elle peut recevoir où difloudre ce corps dans une plus häute proportion 3 or comme le fucre eft de tous Les corps connus celux que l’eau peut s’affocier en une proportion plus forte ( nous avons obfervé plus haut qu'une partie d’eau peut diffoudre deux patties de fucre }, il ne doit point paroïtre étonnant qu'il {oit capable de détruire ab{olument cette propriété de l’eau, lorfqw’il loccus pe toute entiere, c’eft-à-dire, qu'il eft mêléavecelle au point précis de faturation. Il y a une obfervation remarquable qui confirme cette dotrine: c’eft qué les matieres mucilagineufes végétales & la matiere gélatineufe animale paroïflent être l’extrème oppofé au fucre quant à la propriété d'occuper l’eau ou dé fixer fon aftivité fermentative ; & auf le mucilagè 8t la gelée faoulent-1ls eau dans la plus foible pros portion connue , c’eft-à-dire, qu'une très-petite quantité de matiere propre de mucilape ou de gelée eft capable de s’aflocier une quantité très:confidéra ble d’eau. Il eft donc tout fimple, & l’expérience le confirme, que les difolutions de mucilage ou de ges lée, même au point de faturation , foient très-peu durables; maisice qui ne s’enfuit pas fi évidemment, &z que l’expérience feule a appnis, c'eft que les li< queurs aquèufes chargées de mucilages ou de gelées animalesne font point durables, lors même qu’elles | {ont eflaifonnées avec le fucre , & qu’on leur a den: né par la cuite, autant qu'il a été poffible, la confifs tence de fyrop. Le fyrop de guimauve, le /ÿrop de né: nuphar, le /yrao de tortue, 6c. font très-fujets à fe corrompre par cette caufe; tous les autrés font des préparations très-durables, quand elles font bien faites, Le fÿrop trop concentré, où dans laquelle la pro portion de fugre eftexcefive, pourvu que çe ne foif 776 SYR pas au point d’avoir abfolument perdu la confiftence liquide, n’eft fujet à d’autres inconvéniens qu’à ce- ni de candir , c’eftà-dire, de dépofer fon fucre fuper- flu par une vraie cryftalifation. Les fyrops font divifés communément dans les pharmacopées, en fyrops fimples & en fyrops com- pofés, &c les uns &c les autres en fÿrops altérans & fÿ- rops pureatifs. Voyez SIMPLE, COMPOSÉ, ALTÉ- | RANT, PURGATIF, On emploie à la préparation de uelques /yrops , felon un ancien ufage, du mel au lieu de fucre : ceux-là s'appellent vulgairement zmiels. On trouve dans les boutiques un miel de concombre fauvage, un miel rofat ,un miel violat , un miel filli- tique, un miel mercurial appellé aufñ /yrop de longue vie. Voyez MERCURIALE, 6c. _ Ontrouve auffi dans les boutiques un remede ap pellé fÿrop très-improprement, &c feulement à caufe de la refemblance qu'il a par da confiftence avec le Jyrop: c'eftle fyrop ou extrait de mars. Voyez l'ars- cle MARS & REMEDES MARTIAUX. Les fyrops font tous des remedes oMcinaux; & c’eft même une fuite du principal objet qu’on fe propofe dans leur préparation , que les médecins nordon- nent point de remedes magiftraux fous cette forme; en effet ce féroit inutilement qu’on s’applhiqueroit à rendre durable un remede qui doit être aonné fur le champ. Que ñ les médecins ordonnent cependant des Jyrops pour être employés fur le champ, telque le fy- rop de pruneaux ou le fyrop de bourrache , c’eft le mot feulement qu'ils emploient, mais non pas la cho- fe ; car ces prétendus /ÿrops contiennent à peine la fixieme partie du füucre néceflaire pour conftituer la vraie confiftence du /yrop. Les fyrops officinaux s’ordonnent par gros ou par once, foir feuls, c’eft-à-dire , cependant diflous dans de l’eau confmune , foit dans les juleps dont 1ls conf- ituent un ingrédient eflentiel, dans des émulfions, des potions , & même dans des apozèmes, quoiqu'ils foientabfolument indifférens à la forme de ceremede. On ne fauroiït difconvenir que le fucre netempere jufqu’à un certain point Paétivité de quelques reme- des , & par conféquent que ces remedes chargés de fucre ne {oient plus doux cæreris paribus, que lefuc, linfufon , la déco&tion, lefprit, leauaromatique, | &c. avec laquelle ils font préparés ; mais il faut bien fe garder de croire que le fucre opere une correéton réelle de ces médicamens, êc encore moins qu'il foit une matierenurfhble 8: dangereufe en foi. Foyez CoR- RECTION , Pharmacie. Voyez Doux. Foyez SUCRE. Au refte l’ufage des fyrops eft pañlé comme bien d’autres genres d’aflaifonnemens, de la pharmacie à l'office &c à la boutique du limonadier: On prépare plufieurs fyrops principalement acides, aromatiques | ou émulffs, tels que le fyrop de limon,, le fyrop de coin, le fyrop de capillaire, le fyrop d’orgeat, 6. qui étant diflous en une proportion convenable dans de Peau fourniflent une boïflon très-apréable &c très- falutaire. (b) Syrop, f. m.( serme de Sucrerie. ) nom d’une des chaudieres dans lefquelles on cuit le vefou ou fuc des cannes, dans les fucreries ou atreliers où on travaille au fucre brut. On lappelle de la forte parce que c’eft dans cette chaudiere par laquelle le vefoupañle avant que d’être réduit fucre, & c’eftlà où1l prend fa con- fiftance , & commence à devenir fyrop. (D: J.) SYRO-PHÉNICIE., ( Géog. anc. ) c’eft la Phénicie proprement dite, dont Sidon étoit la capitale, &t qui ayant été unie par droit de conquête au royaume de Syrie, joignit fon ancien nom de Phénicie à celui de Syrie, de même que la Paleftine fut furnommée Sy- rie , parce qu’elle étoit confidérée comme faifant partie de la Syrie. La chananéenne eft nommée /yro- phénicienne par S.Marc,vi. 26, parce qu’elle étoit de Phénicie , qui étoit alors regardée comme farfant SYR partie dela Syrie, &obéiflant au gouverneur de cette: province, S. Matthieu, c. xv. 22, 24, qui avoit écrit en hébreu ou en fytiaque , l’appelle chananéenne, parce que ce pays étoit véritablement peupléde Cha- nanéens, Sidon étant lefils aîné de Chanaam. (D.J.) . SYROS, ( Géog. anc. ).1°. ville de PAfie mineure dans la Carie; 2°. fleuve du Péloponnèfe , dans l’Ar- cadie , aux confins des Mefléniens & des Mégalopo- ltains ; 3°. île de lAfie mineure fur la côte d'Ionie, fuivant Etienne le géographe, qui parle dune autre ile de même nom dans lAcarnanie ; 4°. Syros ou Sy- ra , île de Archipel voifine de Paros. Elle n’a que vingt-cinq milles de tour, &c eft bien cultivée. On voit fur le port, les ruines de fa capitale autrefois nommée Syros, de même que l'ile. Tourrefort trou- va dans fon voifinage la plante qui donne la manne de Petfe, en latin a/hagi Mazrorum. I] a cru que Phé:- récides étoit né dans cette île de Syros ; maïs il s’eft trompé ; c’eft dans Scyros, île de la mer Egée, à Po- rient de celle d'Eubée. Voyez-en l’article, ( D, J.) SYRTES, ( Géog. ane. ) écueils de lamer Médi- terranée , fur la côte d'Afrique, & appellés préfente- ment Seches de Barbarie, Baxos de Barbara. I] pa- roit d’un pañlage de Pline , 2, F. c. iv. que par le mot de fyrtes on n’entendoit pas feulement des écueils ou bafles , maïs des endroits où les vaifleaux entrainés par les vagues viennent échouer, Lesanciens auteurs diftinguent deuxSyrres,lagran- defur la côte de la Cyrénaique, la petite fur la côte de la Byfacène. Strabon, Z II. p. 123, diftingue, ainfi que Pomponius Mela , mais moins exaétement, la petite Syrte delagtande ; lune & Pautre font très- dangereufes à caufe des bans de fable qui s’y amaf- _fent , & qui changent fouvent de place. Les poëtes parlent quelquefois des Syrres au nom- re fingulier , & quelquefois au nombre plurier, Ce n’eft pastout, ils nomment aufli Syrres les campa- gnes arides & fablonneufes de la Lybie qui s’avan- cent dans les terres, & où l’on ne peut voyager qu’- avec de grandes incommodités. C’eft dans ce dermier fens que Claudien & Virgile ont pris lenom de Syrses, quand l’un a dit, ffant pulvere Syttes getule , 8 Vau- tre, hunc ego getulis agerem , ft Syrtibus exul, Horace dit pareïllement, f£ve per Syrtes 1ter œæfluofas fatlurus, foit qu'il traverfe les fables brülans de PAfrique. Pru- dence placele temple de Jupiter Ammon dans les Syr- tes, c’eft-à-dire, dans des campagnes fabionneufes; car ce temple étoit bien éloigné de la mer. ( D. J. ) SyrTes, € m.pl. ( Marine.) ce font des fables nou- veaux , âgitéspar la mer, tantôt ammoncelés, tantôt difperfés , mais toujours très-dangereux pour les vaifleaux, SYRTITES, { f. (Hiff. nat. Lithol.) nom donné par quelques auteurs anciens à une pierre prétieufe, dans laquelle on voyoit comme des petites étoiles d’un jaune d’or. SYRUS LAPIS, (Hifi. nat. Lishol.) nom donné par quelques auteurs à une pierre, dont on ne nous ap- prend rien, finon qu’elle nageoit à la furface de l’eau. Peut-être étoit-ce une pierre ponce. SYRY , ( Géog. mod.) province de l'Ethiopie, au nord-eft de celle d'Ogara, & dont elle eft féparée par la riviere de Tekelel. C’eft le pays le plus beau & le plus fertile de toute l'Ethiopie. Les lettres édi- fiantes difent qu’on y voit de grandes plaines arrofées de fontaines , des forêts d’orangers , de citronniers, de srenadiers, &c.& des campagnes couvertes de mille fortes de flears qui embaument l'air. La capi- tale de cette province, porte le même nom, &c n'a point été décrite. (D:J.) SYSCIA , ( Géog. anc. ) ville de [a haute Panno- mie , fur la Save , felon Ptolomée , Z. ZI. c. xv. Elle étoit au confluent de la riviere Colapis, 8 au midi de l’île Segeffica , que forme la Save en cet endroit À cel SYS c’eft auf la fitaation que lui donne Pline, >». Z'IT, XX. Strabon ; 2. VII. qui écrit Syftia, en fait une ville fortifiée, ou du-moins il lui donne le titre de Caffet- um. Lofime , Z, IT. c, xlyiiy. fait mention de la garni- fon de la ville Syfcia, fituée fur Le bord de la Save, Velleius Paterculus, Zy. 1, ch. cxij. parle auf de cette ville; & Prudence, serfer 3. en décrivant le martyre de faint Quirinus , évêque de Sy/éia, dit: Urbis mœænia Syfciæ Conceffum fibi martyrem Complexu patris fovenr. Cette ville ; dans l'itinéraire d’Antonin , eft marquée fur la route de Hemona à Sirmium , entre Quadrata ST Variane , à 28 milles de la premiere de ces places, & à 23 milles de la feconde. Dans la table de Peutinger , la ville de Syféia fe trouve au nuhieu de Vile Segeffica | avec lesimar- ques de ville & de colonie, Cette ville fubffte en- core aujourd’hui, & conferve fon ancien nom , cor- rompu en celui de Sif2k, Sifek ou Siffeg : ce n’eft plus qu'une bourgade. La qualité de ville, le nombre des babitans, & la dignité épifcopale : tout cela a été transféré à Zagrab. ( D. J.) | SYSPIÈRITIDE , (Géogr: anc.) Syfpieritis, con: trée que Strabon,, Z. X1. p..503. femble placer dans la grânde Arménie. Conftantin Porphyrogénete met ce pays dans la petite Arménie. Cicéron ad Arricum, nomme cette région Sy/pira. (D. J.) SYSSAR COSE 5 (Médec.) ÜGTApYodis 9 de sur 3 AVEC, & capË , chair, efpece d’articulation qui fe fait pat Pintervention des chairs, où plutôt, comme dit M. Monro, par des mufcles communs à un os, & à un autre. | On entend encore par fÿffarcofe la maniere de traiter les plaies , fur-tout celles de la tête, lorfque le crâne eft découvert , & que l'intervalle entre les levres eft trop grand pour pouvoir les rapprocher, & donner lieu à la réproduétion des chairs; ce que les anciens appelloient grerzulatio. | Enfin Paul Eginette fe fert du terme /ÿffarcofe pour défigner une produétion contre nature des chairs au- tour des vaifleaux, & des tuniques des tefticules, qui donnent lieu au farcocele, ( D. J.) SYSTALTIQUE, adj. (Médec.) ce mot veut dire. tout ce qui a le pouvoir de fe reflerrer, de fe contra- éter. C’eft une épithete qu’on donne au mouvement du cœur, des arteres , des nerfs & des fibres, qui, par leur vertu élaftique , fe contraétent alternative ment, & accélerent le mouvement progrefff des li- queuts. SYSTASE, £ f. (Lexicographie médic.) ce terme eft grec, êt veut dire en général azas d’humeurs ; mais Hippocrate s’en fert quelquefois pour exprimer une efpece de contraétion douloureufe du corps , caufée par quelque fenfation défagréable. (D, J.) SYSTEME , f. m. (Métaphyfique.) fyfleme n’eft au- tre chofe que la difpofition des différentes parties d’un art ou d’une fcience dans un état où elles fe foutien- nent toutes mutuellement , 8 où les dernieres s’ex- pliquent par les premieres. Celles qui rendent raifon des autres s’appellent principes, & le fjffème eft d’au- tant plus parfait, que les principes font en plus petit nombre: ileft même à fouhaiter qu’on les réduife à unfeul. Car de même que dans une horloge il yaun prncipalreflort duquel tousles autres dépendent, ily aaufidanstousles /ÿ/ffèmes un premier principe auquel font fubordonnées les différentes parties qui le com- pofent. On peut remarquer dans les ouvrages des philofo- phes trois fortes de principes , d’où fe formenttrois fortes de fyflèmes. Les uns font des maximes géné- rales ou abflraites, On exige qu'ils foient fi évidens Torne XP, SYS 777 Où fi bien démontrés, qu’on né les puifle révoquer endoute. La vertu que les philofophes leurattribuent eff fi grande , qu'il étoit naturel qu’on travaillât à les multiplier, Les métaphyficiens fe font en cela diflins gués. Defcartes, Mallebranche, Leibnitz, &é. cha- Cuñ à l'envi nous en 4 prodigué : 8 noùs ne devons plus nous en prendre qu’à nous-mêmes , fi notts ne pénétrons pas les chofes les plus cachées. Les prins _Gipes de la feconde efpece font des fuppoñitions qu’« On imagine pour expliquer les chofes dont on ne fauroit d’ailleurs rendre raifon. Si les fuppofñtions ne paroïflent pas impoflibles, & fi elles fourniflent quelque exphcation des phénomenes connus, les philofophes ne doutent pas qu'ils n'aient déconvert les vrais reflorts de là nature, Une fuppoñtion qui donne des dénouemens heureux , ne leur paroît pas pouvoir être faufle. De-là cette opinion que lexpli- cation des phénomenes prouve la vérité d’une fup- poñition , & qu’on ne doit pas tant juger d’un /ÿffe- me pat fes principes , Que par la maniere dont il rend raïon des chofes. C’eft linfuflifance des maximes abftraites qui a obligé d’avoir recours à ces fortes de fuppoñtions. Les métaphÿficiens ont été auf inven< tifs dans cette {econde efpece de principes que dans la premiere. Les troifiemes principes font des faits que l'expérience a recueillis, qwèlle a confultés & conftatés. C’eft fur les principes de cette derniere éfpece que font fondés les vrais fyfèmes , ceux qui mériteroient feuls d'en porter le nom. Conféquem- ment à cela, j'appellerai fÿffèmes abftrairs ceux qui ne portent que fur des fÿf{èmes abftraits ; hypothefes, ceux qui n'ont que des fuppoñtions pour fondements & vrais fyffèmes, ceux qui ne s’appuyent que fur des faits bien prouvés. M. l'abbé de Condillac , dans fon traité des ffR- mes , S'eit appliqué fur-tout à décrire tous les [yfte= mes abftraits, Selon lui, il y a trois fortes de princi= pes abftraits en ufage. Les premiers font des propofi- tions générales exactement vraies dans tous les cas. Les feconds font des propofitions vraies par les cô- tésles plus frappans ; & que pour cela on eft porté à füppofer vraies à tous égards, Les derniers font des fapports vagues qu'on imagine entre des chofes de différente nature. Les premiers ne conduifent À rien. Qu'un géometre, par exemple, médite tant qu'il voudra ces maximes, le tour ef? égal à toutes [es par= les ; a des grandeurs égales, ajoutez des grandéurs égas les , les tous feront égaux; ajoutez-en d’inégales , ils fe= r0nt inégaux : aura-t-il là de quoi devenir un profond géometre ? S'il n’eft donné à aucun homme de deve- mir, après quelques heures de méditation, un Con- dé, un Turenne , un Richelieu , un Colbert; quoi que l'art militaire, la politique & les finances aient commetoutes les autres fciences leurs principes gé- néraux, dont on peut en peu tems découvrir toutes les conféquences: pourquoi un philofophe devien- droit-il tout.ä-coup un homme favant, un homme pour qui la nature n’a point de fecrets; & cela par le charme de deux ou trois propoñitions ? Ce feul pa- tallele fuffit pour faire voir combien s’abufent ces philofophes fpéculatifs , qui apperçoivent une f grande fécondité dans les principes sénéraux. Les deux autres ne menent qu’à des erreurs! Et c’eft ce que l’auteur du traité des fÿ/fèmes prétend prouver , par les différens fyffèmes qu'il parcourt. Bayle, Def- cartes, Mallebranche, Leibnitz, l’auteur de l’aéfior de Dieu fur la créature, & Spinofa, lui fourniflent des exemples de ce qu’il avance. En général le grand dé- faut des yffèmes abftraits, c’eft de rouler fut des no- tions vagues & mal déterminées, fur des mots vuides des fens , fur des équivoques perpétuelles. M. Loke compare ingénieufement ces faifeurs de fyffèmes à des hommes, qui fans argent & fans connoïiffance des cfpeces courantes , compteroient de sroffes fommes 775 SYL ‘avec des jettons, qu'ils appelleroïent louis, livre, écu. Quelques calculs qu'ils fiffent, leurs fommés ne feroient jamais que des jettons: quelques rafonne- mens que faflent des philofophes à /y//èmes abftraits, leurs conclufñons ne feront jamais que des mots. Or de tels fyflèmes , loin de difliper le cahos de la mé- taphyfique , ne font propres qu’à éblouir l'imagina- tion par la hardiefle des conféquences où ils condui- fent, qu'à féduire lefprit par des faufles lueurs d’é- vidence , qu’à nourrir J’entêtement pour les erreurs les plus monftrueufes , qu’à éterniter les difputes, ainfi que laigreur & l’emportement avec lequel on les foutient. Ce n’eft pas qu'il n’y ait de ces /y/ffèmes qui ne méritent les éloges qu’on leur donne. Il y a tels de ces ouvrages qui nous forcent à les admirer. Ils reflemblent à ces palais où le goût, les commodi- tés , la grandeur, la magnificence concourroient à faire un chef-d'œuvre de l’art; mais qui ne porte- roient fur des fondemens fi peu folides, qu'ils pa- roïtrotent ne fe foutenir que par enchantement. On donneroit fans doute des éloges à l'architecte ; mais des éloges bien contrebalancés par la critique qu’on feroit de {on imprudence. On regarderoit comme la plus infigne folie d’avoir bâti fur de fi foibles fon- demens un fi fuperbe édifice ; & quoique ce fùt l'ouvrage d’un efprit fupérieur, & que les pieces en fuflent difpoiées dans un ordre admirable, perfon- ne ne feroit aflez peu peu fage pour y vouloir loger. Sp Par la feule idée qu’on doit fe faire d’un /yffème , il eft évident qu’on ne peut qu'improprement appel- ler fyflème ces ouvrages, où l’on prétend expliquer la nature par le moyen de quelques principes abf- traits. Les hypothèles, quand elles font faites fui- vant les regles que nous en avons données , méri- tent mieux Le nom de /yfème. Nous en avons fait voir les avantages. Woyez l'article HYPOTHESE. Les vrais fyfièmes font ceux qui font fondés fur des faits. Mais ces /yflèmes exigent un aflez grand nom- bre d’obfervarions, pour qu’on puifle fauir l’enchaï- nement des phénomenes. Îl y a cette différence en- tre les hypothèfes & les faits qui furviennent des principes, qu’une hypothèfe devient plus incertaine à mefure qu'on découvre un plus grand nombre d’ef fets, dont elle ne rend pas raïfon ; au lieu qu'un fait eft toujours également certain , & il ne peut cefler d’être le principe des phénomenes, dont il a une fois rendu rañon. S'il y a des effets qu'il n'explique pas, on ne doit pas le rejetter ; on doit travailler à décou- vrir les phénomenes qui le lient avec eux, & qui forment de tous un feul /yffeme. I n’y a point de fcience m1 d'art où l’on ne puifle faire des fy/fèmes : maïs dans les uns , on fe propofe de rendre raifon des effets ; dans les autres, de les préparer & de les faire naître. Le premier objet eft celui de la phyfque ; Le fecond eft celui de la politi- que. Il y a des {ciences qui ont l’un & l’autre, telles {ont la Chimie & la Médecine. SYSTÈME, {. m. (Pzilof.) fignifie en général un aflemblage ou un enchaïnement de principes & de conclufons : ou bien encore, le tout & l’enfemble d’une théorie dont les différentes parties font liées entre elles, fe fuivent & dépendent les unes des autres. Ce mot eft formé d’un mot grec qui fignifie com- pofition ou affemblage. C’eft dans ce fens-là que lon dit un fyffème de Philofophie , un fÿflème d'Aftronomie, 6tc.ale fyf° ème de Defcartes, celui de Newton, &c. Les Théo- logiens ont formé une quantité de fy/fèmes fur la grace. ” Gaflendi a renouvellé l’ancien /yffèrme des atomes, qui étoit celui de Démocrite, fuivi par Epicure, Lucrece, &c. Voyez CORPUSÇULAIRE ; ATOME 6 MATIERE, Les expériences êc les obfervations font les maté: riaux des fyfièmes. Auf rien n’eft-1l plus dangereux en Phyfique , & plus capable de conduire à lerreur, que de fe hâter de faire des /yffèmes , fans avoir au- paravant le nombre de matériaux néceflaires pour les conftruire. Ce n’eft fouvent qu'après un très- grand nombre d'expériences qu’on parvient à entre- voir la caufe d’un effet ,.6t 1l y en a même plufeurs, fur lefquelles des expériences répétées & variées à l'infini, n’ont pu encore nous éclairer. Le Carte- fianifme qui avoit fuccédé au Péripatétifme, avoit mis le goût des /y/lèmes fort à la mode. Aujourd’hui, grace à Newton, 1l paroït qu’on eft revenu de ce préjugé, & qu'on ne reconnoît de vraie phyfique que celle qui s'appuie fur les expériences, & qui les éclaire par des raifonnemens exaéts & précis, & non pas par des explications vagues. VoyezExPÉ- RIENCE 6 EXPÉRIMENTAL, | SYSTÈME , #7 terme d’Aftronomie, eft la fuppoñition d’un certain arrangement des différentes parties qui compoient l'univers; d’après laquelle hypothèefe les Aftronomes expliquent tous les phénomenes ou ap- parences des corps céleftes, &c. Voyez ASTRONO= MIE, PLANETE, Gc. Il y a dans PAftronomie trois /yffèmes principaux ; fur lefquels les philofophes ont été partagés : Le fyf- ème de Prolomée , celui de Copernic, & celui de Fycho-Brahé. Le /yflème de Ptolomée place la terre immobile au centre de lunivers, & fait tourner le cieux au- tour de la Terre d’orient en occident ; de forte que tous les corps céleftes, aftres & planetes fuivent ce mouvement, Voyez PTOLOMÉE. Pour ce-qui eft de l’ordre & des diftances des dif- férens corps qui entrent dans ce /yflème : les voici, D'abord la Lune tourne autour de la Terre; enfuite Vénus, puis Mercure , Le Soleil, Mars, Jupiter &z Saturne. Tous ces aftres, felon Ptolomée, tour- noient autour de la Terre en vingt-quatre heures ; & ils avoientoutre cela un mouvement particulier par lequel ils achevoient leurs révolutions annuelles: Voyez PL, aftron. fig. xlii. Les principaux partifans de ce fy/fème font Arif- tote, Hipparque, Ptolomée & un grand nombre d’anciens philofophes que tout lunivers a fuivi pen- dant plufieurs fiecles, & que fuivent encore plu- fieurs univerfités & autres colleges d’où lon a banni la liberté de philofopher; mais les obfervations des derniers tems ont entierement détruit ce /yffème ; 8e même aujourd'hui on ne manque pas de démonftra= tions pour l'anéantir abfolument. Voyez TERRE, 6e. En effet, les obfervations nous apprennent qu’en quelque lieu que l’on place le Soleil , 1l faut nécef- fairement reconnoïtre qu'il eft renfermé dans l’or- bite de Vénus, puifque cette planete paroiït pañler tantôt derriere le Soleil , tantôt entre le Soleil & la terre. Donc l’orbite du Soleil ne fauroit entourer celle de Vénus , comme-elle l’entoure dans le /yf- tème de Ptolomée. Il en eft de même de Mercure qui eft prefque perpétuellement plongé dans les rayons du Soleil, & qui, parce qu'il s’en écarte beaucoup moins que Vénus, doit par cette raifon avoir une orbite beaucoup plus petite. D'ailleurs, nous n’expofons ici que ce qu'il y a de plus fimple dans le /y/fème de Ptolomée. Si nous y ajoutions tous les cieux de cryftal qu'il imaginoit pourrendre raifon des différens phénomenes céleftes, c’en feroit aflez à un bon efprit pour rejetter entiere= ment cette kyporhe/e. Le /yflème de Copernic place le Soleil immobile au centre de l'univers, fi ce n’eft qu'il donne au So- leil un mouvement de rotation autour de fon axe. Voyez SOLEIL. Autour de lui tournent d’occident en orient, & daûs différentes orbites, Mercure, Vénuè , la T'erré; Mars, Fupiter &t Saturne. Voyez PLANETE. La Lune toufne dans une orbite particuliers au tour de la Terre, & elle l'accompagne dans tout le cercle awelle décrit autour du Soleil, 7oyez Luxe. Quatre fatellites tourhént de-même autour de Ju= piter,êc cinq autour de Saturne, Voyez SATELLITE. Dans la région des planetes font lés cométes quii toutnent autour du Soleil , maïs fur des orbites fort excentriqués, le Soleil étant placé dans un de leurs foyers. Voyez COMETE. | À une difiänçe immenfe, au-delà de la région des planètes & des cometes,, font les étoiles fixes, 7oyez ÉTOILE. - Les étoiles, eu égard à l’immenfité de leur dif tance, 62 au peu de rappoït qu’elles paroiffént avoir à notre monde, ne font pas cenfées en faire partie. I! eft trèscprobable que chaque étoile eft elle-même un foleil & le centre de l’univers & de fon immen- fie, ét toutes les obfervations s’accordent à en prou- ver la vérité. Voyez COPERNIC. | Le fÿJféme qu’on vient d’expofer , eft le plus an- cien; c'eftle prémier qui ait été introduit par Py- thagore en Grece & en Italie, où il a été appellé pendant plufieurs fiecles le /ÿ/fème PYthagoricien : 1] fut finvi par Philolaus, Platon , Archimede, &c. Il le perdit fous le reone de la philofophie péripatéti- cienne ; mâis enfin il fut remis en vigueur heureu- fementl-y a plus de deux cens ans, par Nicolas Co- perme dont il porte aujourd’hui le nom. Voyez-en le Plan, PE, affron: fig. xliv. Voyez auffi COPERNIC. * Le fyflème de Tycho-Brahé revient, à plufeurs Évards , à celui de Copernic; maïs dans celui de Ty- cho-Brahé lon fuppole la tèrré immobile, on fup- prime fon orbite que l’on remplace par l'orbite du Soleil qui tourne autour de la terre , tandis que toutes les autres planetes, excepté la Lune & les fatellites, tournent autour de lui. + pont . Mais il n’ÿ a aucune raifon ni aucun phénomene dans la nature qui oblige d’ävoir recours à un fub- terfuge manitefte, que l'auteur na employé lui- même que par le motif de fa perfuañon fuperfti- tieufe où 1l etoit que c’étoit une chofe contraire À l'Ecriture, que de fuppofer le Soléil immobile & la Terre en mouvement : ce fcrupule n’a pas donné un échec bien confidérable au ‘vrai Jyffème. L’Ecriture, dans les endroits où elle femble fup- pofer le mouvement de la Terre, parle conformé- ment aux idéees vulyairement rècues, & aux fim- __ples apparences. C’elt pourquoi on ne fauroit taxer d'héréfie ceux qui foutiennent l'opinion contraire , üne telle matrere n’intéreflant n1 les mœurs ni la foi. Dailleuts ; la loi découverte par Kepler dans les mouvemens des planetes, & expliquée fi heureufe- ment par le célebre Newton, fournit une démonf- tration dirééte contre le /yffème de Ticho:Brahé. Kepler aobfervé, que les tems des révolutions des planetes autour di Soleil, aÿoient un certain rap- port avec leurs diftances à cèt aftre, & on a trouvé que là même loi s’obférvoit dans les fatellites de Jupiter 8 de Satutne ; & M. Newton a fait voit que cette lor fi admirable étoit une fuite néceffnre de la gravitation de toutés les planetes vers le Soleil, & de la pravitation des fatellites vers leurs planetes principales, en raifon inverfe du quarré des dif tances. De forte que fi {a Lune & le Soleil tour- foïent autour dé la terre, il faudroit que ces deux planetes gravitaflent ou pefaflent vers la terre, com: me font les autres planetes vers le Soleil, & que les tems des révolutions du Soleil & de la Lune autour de la Terre füffent entr’eux dans le rapport que la loi de Kepler établit ; c’effä-dire, comme les rac- nes quatrées des cubes de leurs diftances à la Terre. Or ces temS ñe font point dutout dans çe rapport ; —. TomXP: d’hui même élles ne font plus de faifon , SYS . . 779 d'où il s'enfuit que le Soleil & la Liñé ñé tournent point autour dela Térré comme ceñtre commun: Voyegle plan du fyffème de Tycho ; fig. x. affron. On fe fert aufli en général du mor de fÿ/fèrme pouf marquer une certaine difpoftion ou arrangérment que plufieurs corps ont les uns par rapport aux au tres. Ainfi dans la méchanique, laflemblage dé plu: fieurs corps qui fe meuvent où qui font en repos 3 fur un plan ou für une furface quelconque , s’ap: pelle in fÿ/lèrre de corps; ue verge chargée detrois corps, eft un Jyflème de trois corps, Ga Cham: bers. st SYSTEME, éz Anatomie, C’eft un affemblage des parties d’un tout ; c’eft dans ce fens qu’en parlant dé tous les vaifleaux fänguins, on dit # Jÿfème des vaif: Jeaux fangüins , de 1ous les nerfs, le Jyflème des nerfs 3 OU SYSTEME, ( Belles-Lesrr.) en poéfie, fe dit d’ürié hypothèfe que le poëte choift ; & dont il ne doit jamais s'éloigner. | VE Par exemple, s'il fait fon plan felon la Mytholo: gie, il doit fuivre le /y/fème fabuleux » S'y renferme: dans tont le cours de fon ouvrage, fans y mêler au cune idée de Chriflianifme : fi aü contraire il traite un fujet chrétien , il doit en écarter toutehypothèfg de paganifme. Voyez INvocArIoN 5 MUSES , &c. Ainf dès qu'une fois il ainvoqué Âpollon , ildoit. s’abftenir de mettre fur la feène le vrai Dieu , les anges .oules farnts ; afin de ne point confondre les deux fjffèmes. Il eft vrai que le fyffême fabuleux eft plus gai, plus riche , plus figuré ; mais d’un autre côté quelle figure font, & quel rôle peuvent jouer dans un poëme chrétien les dieux du paganifime > Lé pere Bouhours obferve que le fÿ/fème de la poéfié eft de fa nature entierement payen & fabuleux ; & plu= fieurs auteurs l'ont penfé comme lui ; mais cette Opi- mon n’eft pas univerfelle, & d’autres écrivains céle: bres ont prouvé que les fétions dé la Mytholosie né font nullement eflenitielles à la poéfe ; qu'aujoür- & qu’uri poëmie pour plaire 8 pour intérefler n’a pas befoir de tout cetattirail de divinités & de machines qu’em-= ployoient les anciens. Foyez MacriINE € Mer ÿyEr: LEUX. de SYSTEME, dans d'Art militaire, eft l’arrangerient d’unearmiée , ou la difpofition de toutes les parties de la fortification , fuivant les idées particuliéres d’un général ou d’un ingénieur. Ainfi l’on difoit qu’un ordre de bataille oùtuin of: dre d'attaque eft ; fuivant le Jyffème de M. de Fo= lard , sil étoit conforme à l’arrangement pteferit par cet auteur; 6t de même q\u'une ville eft fortifiée felon le {yflème de M. de V auban, lorfque fa fortifcation eft difpofée felon les regles de ce fimeux iñgémeur. Poyeg à la fuite du mor FORTIFICATION ; les princi- paux fyflèmes de fortifications A Bien des gens fe plaignent de notre fortifications. attuelle, qu'ils jugent mauvaife parle peu de réfif= tance des places, Onfouhaiteroit d’avoirune métho- de plus parfaite & moins difpendieufe que celle qui eften ufage, pour les fendre capables d’une plus longue réfiftance ; mais en attendant awon trouve un fÿffême qui réponde à ces vues , il À ün moyer bien fimple de rendre les places fufceptibles d'une plus longue défenfe fans en augmenter ou changer les fortifications : ilne s’agit pour cela que de ne les confier qu’à des chefs habiles & expérimentés, fort au fait de-la place, de l'artillerie & de tout ce qui concerne le gémé ; on verra alors ce qu’on peut at- tendre de la fortification modetre , comme M. Du= puy-Vauban l'a fait voir dans fa belle défenfe de Bé: thüne. Voyez GUERRE DES siEGESs. (Q Jr - SYSTEME, er Mufique et tout intervalle com : pofé , ou que l’on concoit compofé d’autres intervak ÿ ç L FFfffi 780 SYS les plus petits; & ces intervalles premiers, qui font les étemens du /y/fème s'appellent par les Grecs daf- sèmes. Voyez ce mot. Il y a une infinité d'intervalles différens ; ily a, par conféquent , autant de /ÿ/fèmes poflibles. Pour nous borner ici à quelque chofe de réel, nous par- lerons feulement des /y/fèmes harmoniques; c’eft-à- dire, de ceux dont les élémens font , ou des confon- nances, ou des intervalles engendrés médiatement ou immédiatement par des confonnances. Foyez ÎNTER- | VALLES. Les anciens divifotent les /y/fèmes en fyffèmes par- ticuliers & en /yffèmes généraux. Ils appelloient /yf- tème particulier tout compofé d’au-moins deux inter- valles , tels que font l’oétave, la quinte, la fixte, & même la tierce, Jai traité de ceux-ci au 107 INTER- VALLE, UNE Les fyffèmes généraux qu'ils appelloient plus com- Mmunément diagrammes, étoient formés par la fomme de tous les /ÿ/fèmes particuliers , & comprenoient par conféquent tous les fons employés dans la mélo- pée. C’eft de ceux-là qu’il me refte à parler dans cet article. On doit juger des progrès de l’ancien fy/fème par ceux des inftrumens de mufique deftinés à l’exécu- tion ; car ces inftrumens accompagnant la voix, & jouant tout ce qu’elle chantoit , devoient néceffaire- mentrendre autañt de {ons différens qu'il en entroit dans le /yffème. Or les cordes de ces premiers inftru- mens fe touchoient à vuide ; il y falloit donc autanr de cordes que le fyffème renfermoit de fons , & c’eft ainfi que dès l’origine de la Mufique , on peut fur le nombre des cordes de l’inftrument déterminer le nombre des fons du fÿy/fième. Tout le /y/fème des Grecs ne fut donc d’abord com- pofé que de quatre cordes qui formoient laccord de leur lyre ou cithare. Ces quatre fons, felon quelques- uns, formoient des deorés conjoints, felon d’autres, ils n’étoient pas diatoniques, mais les deux extre- mes fonnoient l’oftave , & les deux fons moyens la partageoient en une quarte de chaque côté, êc en un ton dans le milieu; de cette mamiere : Ur — trie diezeugmenon ; Sol— lichanos mefon , Fu — parypate mefon , : Ur — parypate hypaton. C’eft ce que Roëce appelle Ze sresracorde Mercure. Ce fiflème ne demeura pas long-tems borné à fi peu de {ons. Chorèbe, fils d'Athis , roi de Lydie, y ajouta une cinquieme corde, Hyagnis une fixieme , Terpandre une feptieme , à limitation du nombre des planetes, & enfin Lichaon de Samos la huitieme. Voilà ce que dit Evëce ; mais Pline témoigne que Terpandre ayant ajouté trois cordes aux quatre an- ciennes, joua Le premier de la cithare à fept cordes, que Simonide y en joïgnit une huitieme, 8 Thimo- thée une neuvieme: Nicomaque le Gérafénien attri- bue cette huitieme corde à Pythagore, la neuvieme à Théophrafte de Piérie, puis une dixieme à Hif- tyée de Colophon , &: une onzieme à Timothée de Müilet, Gc. Phérécrate ; dans Plutarque, fait faire au JYflème un progrès plus rapide; il donne douze cordes à la cithare de Mélanippide, & autant à celle de Ti- mothée ; 8 comme Phérécrate étoit contemporain de ces muficiens , fon témoignage et d’un grand poids fur un fait qu'il avoit, pour ainfi dire fous les yeux. Mais comment pourroit-on à un certain point s’af- furer de la vérité parmi tant de contradiétions ; foit entre les auteurs, foit dans la nature même des faits qu'ls rapportent ? Par exemple, le tétracorde de Mercure donne évidemment l’oftave ou le diapa- zon. Comment donc s’eft-il pu faire qu'après laddi- tion de trois cordes, tout le diagramme fe foit trou vé diminué d'un degré & réduit à un intervalle de Jéptieme ? cC’eft pourtant ce que font entendre la pli: part des auteurs anciens , & entr'autres Nicomaque, qui dit que Pythagore trouvant tout le fyffème com pofé feulement de deux tétracordes conjoints qui for- moient entre leurs extrèmes un intervalle diffonnant, il le rendit confonnant en divifant ces deux tétracor- des par l’intervalle d'un ton, cé qui produifit l’oc- tave. Quoi qu'il en foit, c’eft du-moins une chofe cer- taine que le fyflème des Grecs s’augmenta infenfble- meut, tant en haut qu’en bas , & qu’il atteignit, & pañla même l'étendue du difdiapafon,ou de la double ottave ; étendue qu'ils appellent /yf/ema perfäum , maximum, immuatum , le grand {y{tème , Le fyftème parfait , immuable par excellence , à caufe qu'entre ces extrémités, dont l’intervalle formoit uneconion- nance parfaite , étoient contenues toutes les confon- nances funples , doubles, directes & renverfées, tous les fyffèmes particuliers, &t ,felon eux, les plus grands intervalles qui puflent avoir lieu dans la mélodie. Ce fyflème étoit compofé de quatre tétracordes; trois conjoints &c un disjoint , & d’un ton de plus, quifut ajouté au-deffous du tout pourachever ladou- ble oëtave , d’où la corde qui le formoit prit le nom de proflambanomene où d’ajourée. Cela n’auroit dû produire que quinze fons dansle genre diatonique; il y en avoit pourtant feize. C’eft que la disjonétion fe faifant fentir tantôt entre le fecond & leroifieme, tantôt entre le troifieme térracorde & le quatrieme, il arrivoit dans le premier cas qu’après le fon /z, le plus aigu du fecond Ne par en montant le {on /? qui commençoit le troifieme ; ou-bien, dans le fecond cas , que ce même fon {4 commençant lui- même le troifieme tétracorde étoit immédiatement fuivi du f bémol; car le premier degré dechagneté- tracorde étoit toujours d’un femi-ton. Cette différen- ce produifoit donc un feizieme fon, à caufe du ff na- turel qu’on avoit d’un côté, & de l’autre le JE bémol. Ces feize fons étoient repréfentés par dix-huit noms, c’eft-à-dire que las &c le re étant, ou les deux der- niers fons, ou les fons moyens du troïfieme tétra- corde , felon ces deux différens cas dé disjontion, on donnoït à chacun de ces deux fons des noms qui marquoient ces diverfes circonftances. Mais comme le fon fondamental varioit felon le mode , il s’enfuivoit pour chaque mode dans le /fc sème total , une différence du grave à l’aigu qui mul- tiplioit de beaucoup les fons. Car fi les divers mo- des avoient plufieurs fons communs, ils en ayoient aufh de particuhers à chacun ou quelques-uns feule- ment. Aïnfi, dans le feul genre diatonique l'étendue de tous les fons admis dans les quinze modes dénom- brés par Alypius, eft de trois oftaves &un ton ; & comme la différence de chaque mode à fon voifin. étoit feulement d’un femi-ton, il eft évident que tout cet efpace gradué de femi-ton enfemi-ton, produi- foitdans le diagramme général la quantité de 39 fons pratiques dans la mufque ancienne, Que fi déduifant toutes les repliques des mêmes fons on fe renferme dans les bornes d’une feule oétave, on la trouvera divifée chromatiquement par douze fons différens, comme dans la mufique moderne ; ce quieft de la derniere évidence par l’infpe&tion des tables mifes par Meibomius à la tête de louvrage d’Alypius. Ces remarques font néceflaires pour relever l'erreur de ceux qui s’imaginent, fur la foi de quelques moder- nes, que toute la mufiqué ancienne n’étoit compo- fee que de feize fons. re + Gé On trouvera, dans nos Pl.d& Mufiq.une table du y rème général des Grecs pris dans un feul mode & dans. le genre diatonique. À égard des genres enharmoni- ques & chromatiques, les tétracordes s’y trouvoient. bien divifés , felon d’autres proportions; mais com. me \s çontengient toujours également quatre fons &, s 1 trois intervalles confécutifs , de même que dans le genre diatonique , ces fons portoient chacun dans leur genrele même nomque chaque fon qui leur cot- refpondoit porroit dans le diatonique. C’eft pour- quoije ne donne point de tables particulieres de cha- cun de ces genres, Voyez GENRE. Les curieux pour- ront confulter celles queMeibomius a mifes à la tête de l’ouvrage d'Ariftoxene ; on y en trouvera fix une pour le genre-en harmonique , trois pour Le chro- matique , & deux pour le diatonique ; felon-les di- verfes modifications de chacun de ces genres. Ce fÿflème demeura à-peu-près dans cet état jufqu’à l’onzieme fiecle, où Guy d’AÂrezze y fit des change- mens confidérables, Il ajouta dans [e bas une nou- velle corde, qu'il appella Aypoproflambanomenc | & dans le haut, un cinquieme tétracorde qu'il appella Le cétracorde des fuvaiguës. Qutre cela , ilinventa, dit- on,le bémol,néceflaire pour diftinguer le f, deuxieme note d'un tétracorde conjoint d’avecle /? du même tétracorde disjoint , c’eft-à-dire qu’il fxa cette figni- fication de lalettre 4, queS. Grégoire , avant lui , avoit déja aflignée à la a : car puifqw’il eft cer- tan que les Grecs avoient depuis long-tems ces mê- mes conjonéhons & disjonéhions de tétracordes , 8 par conféquent des fignes pour en.exprimer chaque degré dans ces deux diférens cas , 1l s’enfuit que ce n’etoit paS un nouveau {on introduit dans ce /y/fème ar Guy , mais feulementun nouveau nom qu'il don- noit à ce fon , rédufant aïnf à un même degre ce qui en fatfoit deux chez les Grecs. On conçoit aifément que l'invention du contre- “point, à quelque auteurqu’elle foit due, dut bientôt reculer encore les bornes de cefy/fème, Quatre par- ties doivent avoir bien plus d’étendue qu’une feule. Lefyflème fat fixé à quatre oftaves , & c’eit léten- due du clavier de toutes les anciennes orgues. Mais enfin ons’eft trouvé gêné par des limites , quelque efpace qu'elles pflent avoir ; on les a franchies , on s’eftétendu enhaut & en bas : on a fait des claviers à ravallement; on a démanché fanscefle ; & enfin, ons’eft tant donné de licence àrcet égard., que Le /ÿf- tme moderne n’a plus d’autres bornes dans le.haut!, que le caprice des compofiteurs. Commeon ne peut pas de même démancher pourdefcendre, la plusbafle corde des bafles ordinaires ne pañle pas encore le & fol ur; mais:on trouvera également le:rmoyen de gagner de ce côté-l en baïffant le ton du fyffèrxe gé- néral : c’eft même ce qu’onfait infenfblement ; & je tiens pour une chofe certaine que le ton de l'opéra eft plus bas aujourd’hui qu'il ne l’étoit du tems de Lully. Au contraire celui de la mufque inftrumen- tale eft monté, &c ces différences commencent même à devenir aflez fenfibles pour qu’on s’en apperçoive dans la pratique. Voyez dans nos PL, une table générale du grand clavier à ravallement , & de tous les fons qui y font contenus dans l'étendue de cinq o@taves. (S) SYSTEME , (Firance.) on a donné très-bien cenom vers l'an 1720 au projet connu & exécuté par lefieur Law écoflois, de mettre dans ce royaume du papier & des billets de banque pour y circuler, & repré- fenter l'argent monnoyé, comme en Angleterre &z en Hollande. Jai vuplufeurs éloges de ce grand pro- jet , & quelques-uns faits avec éloquence. C’étoit, dit M. Dutot , un édifice conftruit par un habile ar- chitette, mais dont les fondemens n’avoient été faits que pour porteritrois étages. Sa beauté furpafla mê- me les efpérances que l’on en avoit conçues , puif- qu'il fit méprifer pendant quelques mois l'or & l’ar- gent, efpece de miracle que la poñtérité ne croira peut-être pas. Cependant , fans égard au bien que 1a poftérité pouvoit retirer de cette idée, une puif- fante cabale formée contre l’architeéte , eut affez de crédit pour engager le gouvernement à furcharger SYS . FI où à élever cet édifice jufqu’à fept étages, en forte que les fondemens ne pouvant fupporter cette fur- charge , ils s’écroulerent , & l’édifice tomba de fond en comble, Voilà bien de l’efprit en pure perte. Je veux croire cependant Quele fieur Law en for- mant une banque , fe propofoit d'augmenter utile- ment la circulation publique, de faciliter le commer- ce, & de fimplifer la perception des revenus du ro1; Mais comment pouvoit-l {e flatter dans la difette la plus générale, d'établir une banque de crédit qui eût la confiance de fanation & des étrangers ? Si lon parut pendant quelques mois donner la préférence des billets de fa banque à l'argent réel, c’étoit dans la vue de les fondre, &c d'en tirer du profit dès qu’ils auroient hauflé davantage par le délire de la nation. Enfin, les rembourfemens du fieur Law n’ont enrichi que des familles nouvelles en ruinant les änciennes 6t les débris de fon /yfme n'ont produit dans l’état qu'une compagnie exClufive de commerce , dont je laifle à de plus habiles que moi à calculer lesayanta- ges rélativement au bien publie. (D. J. "SYSTEME , ( Rubanier. ) fe dit en galon pour la fa- brication duquel on fe fert de deux navettes, l'une de filé d’or ou d'argent pourtravailler en-deflus, & l’autre de foie convenable à la couleur pour le def- {ous ; par ce moyen il ne paroït point de filé du tout en-deflous , ce qui épargne confidérablement les étof- fes d’or ou d'argent. | SYSTOLE , 1 f. en Médecine, eft la contradion du cœur d’un animal, par laquelle le fang eft pouffé des ventricules du cœur dans les arteres. 72 Oyez CŒUR, SANG , ARTERE, Gc. La Jyflole du cœur eft très-bien expliquée par Lower , qui montre que le cœur eft un véritable mufe cle ,'dont les fibres font mifes en ation, comme celles des autres mufcles, parle moyen de certaines branches de la huitiéme paire de nerfs qui s’y diftri- buent , & qui y tranfmettent du cerveau le fluide nerveux, autrement Les efprits animaux. L’abord de ces efprits fait enfler les fibres mufculaires du cœur, êt ainfi les raccourcit. En conféquence la longueur du cœur diminue , fa largeur ou fon épafleur aug- mente , la capacité des ventricules devient moindre, lesorifices tendineux desarteres fe dilatent, ceux des veines font formés par leurs valvules, & le fang contenu dans les ventricules eft exprimé dans les orifices des arteres. Voyez MuscLe. Tout cela s’appelle fyffole où contratlion du cœur. L'état oppofé à celui-là fe nomme /a diaftole , ou La dilatation du cœur. Voyez Drasrore & Pours. Drake ajoute à lexplication de Lower , que les mufcles intercoftaux & le diaphragme contribuent à la fyftole , en ouvrant au fang un pañlage du ventri- cule droit du cœur au ventricule gauche à-travers les poumons , fans quoi le fang ne pourroit pafler d’un ventricule à l’autre ; & par ce moyen l’obftacle que le fang contenu dansle ventricule droit formeroit né- ceflairement à fa contrattion, ne fubfifte plus, oyez CONTRACTION. Lower & Drake prétendent que la fyffole eft l'é- fat naturel du cœur , & que la diaftole eft {on état violent. Boerrhaave prétend au contraire que la 7/2 sole eft l'etat violent , & la diaftole l'état naturel. SYSTOLE, dans la Poëfie greque & latine, figure ou licence poétique , par laquelle d’une fyllabe longue on en fait une breve, comme dans ce vers de Virgile. Marri longa decem tulerunt faflidia menfes. SYSTYLE , £ £. ( Architeët. ) bâtiment où les co- lonnes font placées moins près les unes des autres, que dans les pycnoftyles ; la mefure de cet efpace- ment eft d'ordinaire de deux diametres, ou de qua- tre modules entre deux fûts. Ce mot eft compofé de eur, avec , & crÜñes, colonne. | q$e.. SE SYTHAS, (Géog: anc. ) fleuve du Péloponnëte, ans la Sicyonie, felon Paufanias , Z. Jl.cap. xiy, Si vous prenez, dit-1l, le chemin qui mene de Titane à Sicyone le long du rivage, vous verrez-à gauche sn temple de Junon, qui n’a plus.ni toit ni itatue ; on croit que ce temple fut autrefois confacre par Prætus fils d'Abas. Plus loin, «en tirant vers le port des Sicyoniens, fi vous vous détournez un peu pour yoir les ariftonautes ( c’eft ainfñi qu'on nomme lar- cénal de Pelline), vous trouverez à la gauche, & prefque fur votre chemin, un temple de Neptune. Mais & vous prenez le grand chemin entre lesterres, vous ne ferez pas long-tems fans côtoyer l'Elyfion & le Sythas, deux fleuves qui vont tomber dans la mer. (D. J. ie f.f, pl. (er Affronomie.) ceftun | terme dont onfe fert également pour marquer la -conjondion &c l’oppoñtion d’une planete avec le Aoleil. Voyez CONJONCTION & OPPOSITION. Ce terme s’employe fur-tout en parlant de la lune. . nVa On fait dans l’Aftronomie phyfique que la force qui diminue la pefanteur de la lune dans les /yyges eit -douhle de celle qui l’augmente dans les quadratutes ; en forte que dans les/yzygies la pefanteur de la lune -eft diminuée. en partie par l’aétion dufoleil; & cette partie eftà la pefanteur totale, comme 1 eftà 89, 36 ; au lieu que dans les quadratures fa pefanteur augmentée eft à la pefanteur totale, comme x eft à 178, 73. Voyez QUADRATURE. | Quand la lune eft dans les fyxygies , fes apfides {ont rétrogrades. Voyez APsiDE & LUNE. Quand la lune eft dans les fyzygies , les nœuds fe meuvent très-vite contre l’ordre des fignes; enfute Jeur mouvement fe rallentit petit-à-petit jufqu’à ce qu'ils parviennent au repos, lorfque la lune arrive aux quadratures. Voyez NŒUD. Enfin, quand les nœuds arrivent aux fyrygies, J'inclinaifon de l'orbite eft la plus petite de toutes. Ajoutez que ces différentes inégalités ne font pas égales à chaque fÿxygie , mais toutes un peu plus grandes dans la conjonétion que dans J’oppoñition. Voyez PLANETE, LUNE , &c. C’eft au célebreM. Newton que nous devons lex- plication de toutes ces inégalités que les Aftrono- mes ont obfervées fi long-tems, fans en pouvoir pé- nétrer la caufe. Ce célebre philofophe a fait voir qu’- elles étoient la fuite de Paétion du foleil fur la lune, & il a employé touteune fe@ion du livre premier de fes principes à expliquer en détail ces différentes inégalités, & à faire voir comment l’aétion du foleif fur la lune les produifoit. Cette feétion eft la onzie- me dece premier livre; & la propofition dans la- quelle il développe les caufes des inégalités dont il s’agit, eft la foixante - fixieme qui a un grand nom- bre de corollaires. Non-feulement ce grand géome- tre les a expliquées , 1l a donné aufli le moyen de les calculer par la théorie de la gravitation; & fes calculs répondent très-bien aux obfervations. Cet accord a été confirmé depuis d’une maniere plus in- dubitable par les géometres qui dans ces derniers tems ont travaillé à la théorie de la lune, favoir, par MM. Euler, Clairant & moi. Voyez LUNE. On peut dire que cette correfpondance & cette précifion {ont la pierre de touche de tout fyftème phyfique. Il n’y a pas d'apparence que la théorie des tourbillons cartéfiens puifle jamais conduire à des ‘ déterminations aufli exaétes & aufli précifes; onn’en pourra jamais tirer que des explications vagues des phénomenes, que l’on expliqueroit aufli-bien par ce fecours, s'ils étoient tous différens de ce qu'ils font. (O0) s 7 SZASCOWAÀ ; ou SEZACHSCHOW, ( Géogrz mod. ) petite ville de la baffe Pologne , au palatinat de Rava, entre Varfovie & Lencici. S ZEBRZIN , (Géog. mod.) petite ville de Polos gne dans le palatinat de Ruffe , fur la rive-gauche du Wicperez, au nord-oueft de Tomarzon. SZOPA , (Hifi. mod. ) c’eft ainfi que l’on nom- moit en Pologne un vafte bâtiment de bois foutenu par des pihers. Autrefois il étoit ouvert de tous cô- tés; mais aduellement il eft fermé pour éviter les violences. Ce bâtiment fe: conftruit au milieu du. champ où s’affemble la diete de Pologne pour lé- leétion d’un roi ; il eft deftiné aux fénateurs ; 8 les nonces ou députés de la nobleffe affiftent à leurs dé- libérations , dont ils rendent compte à leurs confti- | tuans. SZUCZA , ( Géograp. mod. )les François difent Choueza , vilie de la Pruffe polonoïfe au palatinat de Culm , fur le bord de la Viftule, à trois lieues de Culm; elle eft bâtie en briques, & a été long-tems poflédée par les chevaliers teutoniques. Long. 364 44. lat. 53.15,( D. 7.) confonne correfpondante chez les Grecs eft 7 o4 7, & ils la nomment sax : fielle eft jointe à une afpiration; ce qui eft l'équivalent de 4, c’eft & ou S, &c ils l’ap- pellent rhéta, expreffion abrègée de ra héta , parce qu'anciennement ils exprimoient la même chofe par ra. Voyez H. Les Hébreux expriment la même arti- culation par 0, qu’ils nomment rech ; le safpiré par Nn, qu'ils appellent shau ; 8tle r accompagné d’un fiflement , c’eft-à-dire, ss par Ÿ, à quoi ils donnent le nom de rsade. | : La lettre : repréfente une articulation linguale, dentale, ét forte , dont lafoibleeft de, Voyez Lin- GUALE. Comme linguale , elle eft commuable avec toutes les autres articulations de même; organe : comme dentale, elle fe change plus aifément & plus fréquemment avec Îles autres articulations linguales produites par le même méchanifme; mais elleaavec fa foible la plus grande affinité poffible, Dé-là vient qu'on la trouve fouvent employée pour 4 chez les anciens , qui ont dit Jet, aput , quot , haut, pour fed, apud , quod, haud ; &t au contraire adque pout atque. Cette derniere propriété eft la caufe de la maniere dont nous prononçons le 4 final, quand le mot fui- vant commence par une voyelle ou par un # afpiré; nous changeons d'ens, & nous prononçons grand exemple, grand homme, comme sil y avoit grant exemple, grant homme. Ce Weft pas abfolument la néceflité du méchanifme qui nous conduit à cé chan- gement; c’eft le befoin de la netteté : f l’on pronon- çoit foiblement le Z de grand évuyer, comme celui de grande écurie, la diflinétion des genres ne feroit plus marquée par la prononciation. Une permutationremarquable du s, c’eft celle par laquelle nous le prononçons comme une s, comme dans objeilion, patient. Voyez S. Scioppius, dans fon traité de Orchopocié ; qui eft à la fin de {a Grammaire philofophique., nous trouve ridicules én cela : Maxi: mè tamen, dit-1l, 271 cd efférendé ridieuli furt Gall, guos car intentio dicerites audias jintentio az intén- fo la fir, difcernere haud quaquam poffts. W ajoute un peu plus bas : No poseff vocalis poft À pojita eam habere vim , ut Jonum illum qui V lisrere Juus a pro- prius eflimmuter : namuñait Fabius, Kiceftufuslit- terarum ut cuftodiant voces, & velut dépofitumi red- dant legentibus : traque ff in jufti, Jonus ltiere Te affinis jono D, ac fine uilo fébilo non poteftille alius PTT CHE, Subit.mafc. ( Gramim.) c’eft la Fe + es " 4 vingtieme lettre, & la feizie- Fe de tax % Ÿ al me confonne de notre alpha- È T. *: 35 À bet. Nous la nommons sé par ÿ és >. € Jun e fermé ; 1l vaudroit mieux ï Ait D 4 la nommer te par le muet. La ALSACE, Re "Te * à Te ae ane Pt ac ane te D 2 ———— ——— atque alius effe in juftitia. UE Il abufe ,| comme prefque tous les néographes ; de la maxime de Quintilien : les lettres font véritable ment deftinées à conferver les‘fons ; maïs elles ne peuvent le faire qu’au moyen‘dé la fignification ar- bitraire qu’elles ont reçue de l'autorité de l’ufage, pufqu’elles n’ont aucune fignification propre & na- turelle: Que lon reproche à notre ufage, jy con- fens, de n'avoir pas toute la fmplicité pofible : c’eft un défaut qui lui efttcommun avec les ufages de tou- tes les langues, 8cqui parconféquent, ne‘nous rend pas plus ridicules en ce point, que ne le font en d’au- tres les autres nations. La lettre & l'articulation : {ont euplioniques chez nous, lorfque, par inverfion, nous mettons après la troffième perfonne finguliète les mots 27, e/k, & on, ÊT que cétte troifieme petfonne finit par une _ Tome XP, Gti ro voyelle ; comme z-1-1l reçu, aime-t-elle, ÿ alla-re on : &t dans ce cas, la lettre £ fe place, comme on voit, entre deux tirets. La lettre euphonique & les tirets défignent l’union intime & indifloluble du fu- jet, 12, elle, ou on, avec le verbe ; & le choix du & par préférence vient de ce qu'il eft la marque ordi- naire de la troifieme perfonne. Voyez N. T dans les anciens monumens fignifie aflez fou vent Tins où Tullius. C’étoit aufli une note numérale qui valoit 160; &t avec une barre horifontale au-deflus , T vaut 160000. Le T° avec une forte d’accent aigu par en- haut, valoit chez les Grecs 300 ; & fi accent étoit en-bas, il valoit 1000 fois 300, T,= 306000. Le dés Hébreux vaut o ; &c avec deux points difpofés au-deflus horifontalement , vaut 9000. Nos monnoïes marquées d'un T', ontété frappées à Nantes. (Æ. R. M. B.) Ttre, ces trois premiers £, dans leur figure font de vrais z en Ôtant le point & barrant la partie fupé- tieure. Le quatrieme a de plus une ligne mixte ren- vérfée à {a partie inférieure. Ils fe forment dans leur prenuere partie du mouvement fimple du poignet , & dans la feconde lé poignet agir de concert avec les doigts. Voyez les Planch de l'Ecriture, T, srme de Chirurgie, c’eft le nom d’un bandage ainfi dit à raifon de fa figure. Il eft deftiné à conte- nit l'appareil convenable à l’opération de la fiftule à l’anus, aux maladies du périnée & du fondement, On le fait avec deux bandes longues d’une aune , & plus où moins larges, fuivant le befoin. La bande tranfverfale fert à entourer le corps fur les hanches; la perpendiculaire eft coufue au milieu de celle-ci ; elle eft fendue jufqu’à fix ou huit travérs de doigt de la cernture. Le plein de cette bande päñle éntre les fefles | & s'appuie fur Le périnée ; les deux chefs font conduits à droite & À gauche entre la chifle &e les parties naturelles, pour venir s'attacher À là cein- ture par uñ nœud en boucle de chaque côté. Foyez cè que nous avons dit de ce bandage à lasicle Frs- TULE À L’ANUS, au ”101 FISTULE. La figure 14. Plan: che XXVI. repréfente un T fimple; & la fowre 13. montre un double 7. Dans celui-ci il y a deux bran- ches perpendiculaires , coufues À quatre travers: de’ doigt de diffance l’une de Pautre. Le double T con viént plus particulierement pour l'opération de la taille & pour les maladies du périnée, parce qu'on croïfe les deux branches fur le lieu malade, & qu'on läïflé anus libre &c à découvert : avantage que n’a point le T fimple. Sur les conditions du linge propre . à faire le bandage én T, voyez Le mot BANDE. (CH T,enterme de rmines où d’Artillerie | fe dit d’uné figure qui à beaucoup de rappoft à celle d'un T, & qui fe forme par la difpofition & Parrangement des fourneaux, chanibres, où logemens, qui fe font fous une piece de fortification pour la faire fauter. Mine. (Q) T ,en Mufique ; cette lettre fe trouve quelquefois dans les partitions, pour défigner la partié de la taille”, lorfque cette taille prend la place de la bafle, ëz qu’elle eft écrite fur la même portée, la baffe gar- dant le sacer, Voyez TAILLE. Quelquefois dans les parties de fymphonie le T fignifie sous ou surti, 8 eft oppoié à la léttré S', ou au mot /eul ou Jolo, qui alors doit néceffairement avoir été écrit auparavant dans la même partie, Enfin , le T où sr, fur une note, marque daris la ufique italienne , ce qu'ils appellent #ri/lor, Gt nous, tremblement où cadence. Ce FT, dans la ufique fran çoile, a pris la forme d’une petite croix. (Sy Poyez © © © CAE) 704 T À B - n T, dans le Commerce , eft d’ufage dans quelques abréviations; ain TR » abregent sraits Où sraites, & pour livres fterlings, on met L. ST. Voyx ABRÉVIATION. Didlionnaire de Commerce. T À TA, ôn SA, on TSJA, f. m. ( Hifi. nat. Botan. ) c’eft un arbre fruitier du Japon, dont les branches ouflent fans ordre dès le pié. Ses feuilles devien- nent femblables à celles ducerifier , après avoir ref L femblé , dans leur jeunefle, à celles de lévonyme ; {a fleur differe peu de la rofe des champs. La capiule {éminale , qui eft comme ligneufe, s'ouvre dans fa maturité, & donne deux ou trois femences , dont chacune contient un feul noyau de la figure d’une châtaigne , & couvert d’une écorce fort femblable, mais plus petit. 24 AR TAAS, (Géog. mod.) grande riviere de Pempire Ruffien, au pays des Samoyédes. Cette riviere fem- ble tirer fa fource d’une vaîte forêt qui n’eft pas loin de Jénifcéa ; & après avoir arrofé une valte étendue de pays, elle fe jette dans POby, à la gauche de ce fleuve. (D. J.) | TAATA, (Géog. mod.) ville de haute Egypte, entre Girgé & Cardoufle , à une centaine de lieues du Caire , êc feulement à un demi-mille du rivage du Nil. Paul Lucas ne dit que des menfonges fur cette ville; la montagne qui borne le Nil, les grottes de la montagne, les tombeaux , & le ferpent qui s'y trou- vent. (D. J.) TAÂUT., £ m. (Myshol. Egypt.) Taautes, Taau- ous, Thautes, Theuth, Thor, Thooth, Thoieh, &tc. car ce mot eft écrit dans les auteurs de toutes ces ma- nieres différentes; c’eft le nom propre d’un dieu des Egyptiens , ÊT autres peuples 3 fout ce que nous en favons nous vient de Sanchoniaton, par Eufebe qui même , felon les apparences, ne nous a pas toujours rendu les vrais détails de l'auteur égyptien. (D. J.) TABA ou TABO-SEIL, £. m. (Hif£. mod.) cet le nom fous lequel les Negres qui habitent la côte de grain en Afrique défignent leur roi , dont le pouvoir eft très-arbitraire, vû que les peuples le regardent comme un être d’une nature fort fupérieure à la leur. » . pi ANS Sentiment qui eft fortifié par les prêtres du pays , qui, comme en beaucoup d’autres endroits, font les plus fermés fupports de la tyrannie 6 du defpotif- me, lorfqu'ils ny font point foumis eux-mêmes. TABAC, £.m. ( Hifi. naë. Bor. ) herbe originaire des payschauds, ammoniacale, acte, cauftique, nat- cotique, vénéneufe, laquelle cependant préparée par Vart, eft devenue dans Le cours d’un fiecle, par la bifarrerie de la mode &c de l'habitude , la plante la plus cultivée, la plus recherchée , &t l'objet des de- lices de prefque tout ke monde qui en fait ufage, foit par le nez, en poudre; foit en fumée, avec des pi- pes; foit en machicatoire, foit autrement. On ne la connoît en Europe, que depuis la décou- verte de l'Amérique, par les Efpagnols ; & en Fran- ce, depuis l'an 1560. On dit qu'Hermandès de Tole- de, eftun des premiers qui l'ait envoyée en Efpagne &c en Portugal. Les auteurs.la nomment en latin z- cotiana, petunum , tabacum, 8tc. Les Amériquains qui habitent le continent l’appellent pétuz, & ceux des îles yolr. Les François lui ont aufi donné fucceflivement diférens noms. Premierement, ils lappellerent zc0- ciane, de Jean Nicot,, ambaffadeur de François I, au- près de Sébaftien, roi de Portugal en 1559, 1560, &c 1561; minifire connu des favans par divers ouvra- ges , & principalement par fon Diétionnaire fran- cois-latin, 2z-fol. dont notre langue ne peut fe pañfer. Ü envoya cette plante de Portugal en France, avec de la graine pour en femer, dont il fit préfent à Ca- TAB therine de Médicis, d’où vient qu’on la nomma kerbe à la reine, Cette princefle ne put cependant jamais la faire appeller médicée. Enfuite on nomma le tabac, herbe du grand-prieur , à 'caufe du grand - prieur de France de la maifon.de Lorraine qui en ufoit beau= coup ; puis Pherbe de fainte - croix & l'herbe de sourna- bon, du nom des deux cardinaux, dont le dernier étoit nonce en France, & l’autre en Portugal; mais enfin, on s’eft réduit à ne plus l’appeller que sabuc, à exemple des Efpagnols, qui nômmoient sabaco , Pinfirument dont 1ls fe fervoient pour former leur pétun. Sa racine eft annuelle ; fon calice eft ou long, tu- buleux, & partagé en cinq quartiers longs & aigus ; ou ce. calice eft court, large, & partagé en cinq quartiers obtus. Sa fleur eft monopétale, en enton- noir , découpée en cinq fegmens aigus & profonds, étendus en étoile ; elle a cinq étamines : fon fruit eft membraneux, oblong, rondelet, & divifé par une cloifon en deux cellules. On compte quatre efpeces principales de fabac à favoir, 1°. zicotiana major ; latifolia, €. B.P. en fran- çois grand zabac, orand pérun; 2°, nicotiana major , angufti folia, I. KR, B, C. B. P. 3°. zicotiana minor , CG. B.P. 4°. rinor, foliis rugoftoribus La premiere efpece poufle une tige à la hauteur de cinq ou fix piés, groffe comme le pouce, ronde, velue , remplie de moëlle blanche. Ses feuilles font très-larges, épaifles , mollaffes, d’un verd fale, d’en- viron un pié de long, fans queue, velues, un peu pointues, nerveufes, glutineufes au toucher , d’un oùt âcre & brülant. Ses fleurs croïflent au fommet es tiges; elles font d’un rouge pâle, divifées par les bords en cinq fegmens, & reflemblant à de lonss tu- bes creux. Ses vaifleaux féminaux font longs, poin- tus.par le bout , divifés en deux loges, & pleins d’un gtand nombre de petites femences brunes. Sa racine eft fibreufe, blanche, d’un goût fort âcre. Toute la plante a une odeur fort nauféabonde. Cette efpece diminue confidérablement en féchant, & comme on dit aux iles, à la pente; cette diminution eff caufe que les Anglois en font moins de cas que de la fe- conde efpece. En échange, c’eft celle qu’on préfere pour la culture en Allemagne, du côté d'Hanovre & de Strasbourg , parce qu’elle eft moins délicate. La feconde efpece differe de la précédente, en ce que {es feuilles font plus étroites, plus pointues, 6 attachées à leur tige par des queues aflez longues ; fon odeur eft moins forte ; fa fumée plus douce & plus agréable au fumeur. On cultive beaucoup cette efpece dans le Bréfil, à Cuba, en Virginie & en d’au- tres lieux de l'Amérique, où les Anglois ont des éta- bliffemens. La troifieme efpece vient des Colonies françoïfes dans les Indes occidentales, & elle réufft fort bien dans nos climats. La quatrieme efpece nommée petit s4bac anglois , . eft plus bafle & plus petite que les précédentes. Ses tiges rondes & velues, s’élevent à deux ou trois pics de hauteur. Ses feuilles inférieures font affez larges , ovales ,émouflées par la pointe , & gluantes au tou- cher ; elles font plus petites que les feuilles des au- tres efpeces de sabacs ; celles qui croiffent furles ti ges font auf plus petites que les inférieures, & font, rangées alternativement. Ses fleurs font creufes &z en entonnoir ; leurs feuilles font divifées par le bord: en cinq fegmens ; elles font d’un verd jaunâtre, & placées dans des calices velus. Ce rabac a la femence plus grofle que la premiere efpece ; cette femence fe forme dans des vaifleaux féminaux ; on la feme dans des jardins, & elle fleurit en Juillet & en Août. : Toutes les nicotianes dont on vient de parler, font cultivées dans les jardins botaniques par curiofté » mais le tabac fe cultive pour l’ufage en grande quan: té dans plufeurs endroits de Amérique, fur tout dans lesiles Antilles, èn Virgimie, à la Havane , au Bréfil, auprès de la ville de Comana , &t c'eft ce der- fier qu'on nomme ?abac de Vefine, Ar Le szbac croît aufi par-tout en Perfe, particulie- tement dansila Sufiane, à Hamadan, dans la Cara anie deferte, & vers le fein Perfique; ce dernier eft le meilleur. On ne fait point fi cette plante eft originaire du pays, ou fi elle y a ététranfportée. On croit communément qu’elle y a pañlé d'Egypte , & non pas des Indes orientales. A Inous vient du sabac du levant, dés côtés de Gre- ce & Archipel, par feuilles attachées enfemble. Il s’en cultive auffi beaucoup en Allémagne & en Hol- lande. Avant que fa culture fût prohibée en France, elle y étoit très:communé, & il réuffifloit à merveil- le, particulierement en Guyenne , du côté de Bor- deaux & de Clerac, en Bearn, vers Pau ; en Nor: mandie, aux environs de Léry; & en Artois, près Saint-Paul, On né peut voir, fans furprife, que la poudre ou la fumée d’une herbe vénéneufe , foit devenue l’ob- jet d’une fenfation délicate prefque univerfelle : l’ha- bitude changée en paññion , a promptement excité un zele d'intérêt pour perfeétionner la culture &c la fa- brique d’une chofe fi recherchée: & la nicotiane eft devenue par un goût général, une branche très-éten- due du commerce de l'Europe, & de celui d’Amé- rique: rte | es. À peine fut-elle connue dans les jardihs des cu- -rieux, que divers médecins, amateurs des nouveau- tés, l'employerent intérieurement & extérieurement, à la guérifon des maladies. Ils en tirerent des eaux difüllées, & de l'huile par infufñion ou par diftilla- tion ; ils en préparerent des frops & des onguens qui fubfiftent encore aujourd'hui. | Ils la recommandetent en poudre, en fumée, et machicatoire, en errhine, pour purger, difoient-ils, le cervéau & le décharger de fa pituite furabondante. Ils louerent fes feuilles appliquées chaudes pour les tumeurs œdémateufes, les douleurs de jointures, la paralyfe, les furoncles, la morfure des animaux vez tumeux ; ils recommanderent aufli ces mêmes feuil: les broyées avec du vinaigté , Ou incorporées avec des graifles en onguent, & appliquées à l’extérieur pour les maladies cutanées ; ils en ordonnerent la fumée , difigée dans la matrice, pour les fuffocations utérines ; ils vanterent la fumée, le fuc & l'huile de cette herbe, comme un remede odontalpiqué; ils en prefctivirent le firop dans les toux invétérées, lafth. me, & autres maladies de la poitrine. Enfin, ils inon: derent le public d'ouvrages éompofés à la louange | de cette plante; tels font ceux de Monardes, dE- Verhaïtus, de Néander, &e: es Maïs plufieurs autres Médecins, éclairés par une théorie & une pratique plus favante, penferent bien différemment des propriétés du sabac pour la guéri- fon dés maladies ; ils jugerént avec raïfon, qu'il ny avoit ptefque point de cas où fon ufage dût être ad: mis. Son âcreté, fa caufticité ; fa qualité narcotique le prouvent d’abord. Sa faveur nauféabonde eft un figne de fa vertu émétique & cathartique; cette faveur qui eft encore brûlante & d’une acrimonie qui s’at- tache fortement à la gorge ; montre une vértü pur: gative très-irritante. Mais en même tems que la nix cotiané a ces qualités, fon odeur fœtide indique qu’el: le agit pat flupéfa@ion fur les efprits animaux, de même qüe le ftramonim, quoiqu’on ne puifle expli- quer comment elle poffede à la fois uñe vertu flimu: lante & fomnifere ; peut - être que fa Aarcoricité dé- pend de la Vapeur huileufe & fubtile, dans laquelle {on odeur confifte, ”. we . Sa poudre forme par la feule habitude , ine titilas tion agréable fur les nerfs de la mémbrane pifuitaires Tome XF, La TAB #5 Êllé ÿ excité dans le éorhencement des mouvés mens convulfifs, enfuite une fenfation plus déuté, & finalement, il faut pour réveiller le chatouillement ; que certe poudre foir plus aiguifée & plus pénétran: te. C'eft ce qui à engagé des détailleurs pour débi: ter leur 2bac aux gens qui en'ont fait un long ufage ; de le fufpendre dans des retraits, af de le rendre plus âcte, plus piquant, plus fort; & il faut avouer que l’analogie eft bien trouvée. D’autres le mettent au karabé pour imbiber tout-d’un-coup d’une odeur ammoniacale , capable d’affe@ter l'organe ufé de lo dorat: | 4 La fümée du tabac ne devient un plaifir à la lon gue , que par le même méchanifine ; mais cette babe tude eft plus nuifible qu'utile. Elle prive l’éflomac du fuc fahvaire qui lui eft le plus néceflaire pour la digeftion ; auf les fumeurs font-ils obligés dé boiré beaucoup pour y remédier, & c’eft par cette raifon que le sabar fupplée dans les camps À la modicité des vivres du malheureux foldat. La rrachication du cabac a les mêmes inconvéniens; outre qu'elle pâte l’haleine , les dents, & qu’elle cor“ rode les gencives, : … Ceux qui fe font avifés d'employer pout remedé lé cabac , en petits cornets dans les narines , & dé. l'y laifler pendant le fommeil, ont bien-tôt éprouvé le mauvais effet de cette herbe; car fes parties hui léufes & fubtiles, tombant dans la gorge & dans là trachée-artere, caufent au réveil, des toux féches & des vomiflemens violens. MAS Quant à l'application extérieure dés feuilles du tabac , on à des remedes beaucoup meilleurs dans toutes les maladies ; pour lefquelles on vante l’éffica: ce de ce topique: Sa fumigation eft très - rarement convenable dans les fuffocations de l4 matrice. L'huile du r4bac irrite fouvent le mal des dents; & quand elle le diffipe, ce n’eft qu'après avoir brûlé le nerf par fa caufticité, ‘Si quelques perfonnes ont appaité leurs douleurs de dents ; en fumant la nico- tiane , ce font des gens qui ont avalé de la fumée ; ét qui s’en font enyvrés. On ne perfuadera jamais aux Phyficiens qui connoïffent la fabrique délicate des poumons , que le firop d’une plante Â@te & cau: itique foit recommandable dans les maladies de là poitrine. pes de ver La décoétion des feuilles de zabac éft un vomitif, qu'il neft guère permis d'employer ; foit de cette ma: mere, {ot en remede , que dans les Eas les plus pref fans, comme dans lapopléxie & la létharpie, L'huile diftillée de cette plante eft ün f puiflant émétique, qwelle excite quelquefois le vomiffem ent; en meéttaht pendant quelque tems Le nez fur la fiole: dans laqtelle on la garde. Un petit nombre de gout+ tes de cétte huile injeétées dans'une plaie ; caufe des’ accidens mortels | comme l'ont prouvé des expés riences faites fur divers animaux ; par Harderus & Si quelque récueil académique contient des obfer: vations ridicules à la louange du sab2c, cé font affux rément les rnémoires des curieux de la nature ; Mais On n’eft pas plus farisfait de celles qu’on trouve dans la plüpart des auteurs contre l’ufage de cette plantes Un, Paul ; par exemple ; nous aflute que le sabac qu'on prend enfumée ; rend le crâne tout noir, Un Borrhÿ, dans une lettre à Barthôlin, lui mande, qu'u- une perfonne s’étoit tellement defléchée le cerveari à force de prendre du tabac ; qu'après {fa mort ôn ne! lui trouva dans la tête qu’un grumeau noir, compofé de membranes: Il eft vrai que dans le tems de tous: ces écrits ; le £bac avoit allumé une guerre civile entre les Médecins , pour ou contre fon ufase , & qu'ils employerent fans ferupule, le vrai & je faux pour faire trrompher leur parti: Le roi Jacques lui ième ; fe inêla de la querelle ; mais f fon regne hé. SGgsgi 736 T' AB fut qu'incapacité, fon érudition n’étoit que pédante- rie. (D.J.) R | TApac, culiure du, ( Comm.) ce fut vers lan 1520 que les Efpagnols trouverent cette plante dans le Jucatan , province de fa Terre-ferme ; &t c’eft de- là que fa culture a pañlé à Saint Bomingue, à Mari- land, &c à la Virginie. Vers lan 1560, Jean Nicot, à fon retour de Por: tugal , préfenta cette plante à Catherine de Médicis; ce qui fit qu’on l’appella /a nicoriane. Le cardinal de Sainte-Croix & Nicolas Tornaboni la vanterent en Italie fous le nom d'herbe fuinte, que les Efpagnols lui avoient donné à caufe de fesvertus. Cependant l'herbe fainte, loin d’être également accueillie de tout le monde, alluma la guerre entre les Savans ; les ignorans en grand nombre y prirent parti, &c les femmes mêmes {e déclarerent pout ou contre une chofe qu’elles ne connoïfloient pas mieux que les affaires férieufes qui fe pafloient alors en Europe, ë&z qui en changerent toute la face. On fit plus de cent volumes à la louange ou au bläme du sabac ; un allemand nous en a coniervé les titres, Mais malgré Les adverfaires qui attaquerent l'ufage de cette plante, fon luxe féduifit toutes les nations , &c fe répandit de l'Amérique jufqu’au Ja-. on. Il ne faut pas croire qu’on le combattit feulement avec la plume ; les plus puiflans monarques le prof- crivirent très-féveremenr. Le grand duc de Mofco- vie, Michel Féderowits , voyant que la capitale de fes états, bâtie de maifons de bois, avoit été pref- que entierement confumée par un incendie à dont l'imprudence des fumeurs qui s endormoient la pipe à la bouche, fut la caufe, déféndit l’entrée & l’ufage du tabac dans fes états ; premierement fous peine de la baftonnade, qui eft un châtiment très-cruel en ce pays-là; enfuite fous peine d’avoir Le nez coupé; & enän, de perdre la vie. Amurath IV. empereur des Turcs, & le roi de Perfe Scach-Sophi firent les mê- mes défenfes dans leurs empires, & fous les mêmes peines. Nos monarques d'occident, plus rufés po- ltiques, chargerent de droits exorbitans l'entrée du tabac danseurs royaumes , f laifferent établir un ufage qui seft à la fin changé en néceflite. On mit en France en 1629 trente folst par livre d'impôt fur le pétun , car alors le zubae s’appelloit ainfi; mais comme la confommation de ce nouveau luxe eft de- venue deplus en plus confidérable, on en a multi- plié proportionnellement les plantations dans tous les pays du monde, On peut voir la maniere dont elles fe font à Ceylan, dans les Tranfaëf. philof. n°, 278. p.145 6 fuir. Nous avons fur-tout.des ou- vrages précieux écrits en anglois , {ut la culture du zabac en Mariland êten Virginie; en voicilé précis fort abrégé. Le RG à .:Qn ne connoît en Amérique que quatre fortes de tabacs ; le petun , le sabac à langue, le sabac d’ama- zone’, & le sabac de Verine; ces quatre efpeces fleu- riflent.& portent toutes de la graine bonne pour fe | reproduire; foutes les quatre peuvent croitre 4 la hauteur de $ ou 6 piés de haut , 6e durer plufeurs années. -mais ordinairement on les arrête à la hau- teur de deux piés, 8 on les coupe tous les ans. Le s2bac demande une terre prafle, médiocrement forte, unie, profonde , & qui.ne foit pas fujette aux inondations 3 les terres neuves lui font infigiment plus-propres que celles qui ont déja fervi. * Après avoir choïfi {on terrein , on mêle Ja graine du rebac avec fix fois autant de cendre ou de fable, parce que fi on la femoit feule, fa petitefle la feroit poufler trop. épais, _& il feroit impoññble de :tranf- planter la plante fans L endommager. Quand la plante a deux pouces d’élevation hors de terre, elle eft bon- ne à être tranfplantée, Qn a grand foin de farcler les &: e A TAB . couches. & de n’y laifler aucunes maüvaifes herbes 9 4 > dès que lon peut diftinguer Le sabac ; il doit toufôurs être {eul & bien net, Le terrein étant nettoyé, on le partage en allées diffantes de trois piés les unes des autres , & paral: leles , fur lefquelles on plante en quinconce des pi-- quets éloignés les uns des autres de trois piés. Pour cet effet, on étend un cordeau divifé detrois en trois piés par des nœuds, ou quelques autres marques ap- parentes, & l’on plante un piquet en terre à chaque nœud où maraue. Après qu’on a-achevé de marquer les nœuds du cordeau , on le leve, on l’étend trois-piés plus loin, obfervant que le premier nœud ou fnarque ne cor- refponde pas vis-à-vis d’un des piquets plantés, mais. au milieu de l’efpace qui fe trouve entre deux pis. quets, & on continue de marquer ainfi tout le ter- rain avec des piquets, afin de mettre les plantes au lieu des piquets, qui, de cette maniere , fe trouvent plus en ordre, plus aifées à farcler , & éloignées les unes des autres fufifamment pour prendre la nour- riture qui leureftnéceffaire. L'expérience faiticon-: noître qu'il eft plus à-propos de planter en quincons ce, qu'en quarré, &c que les plantes ont plus d’ef- pace pour étendre leurs racines, & pouffer Les feuil- les, que fi elles faloient des quatrés parfaits. Il faut que la plante ait au-moins fix feuilles pour. pouvoir être tran{plantée. Il faut encore que le tems. - {oit pluvieux outeilement couvert, que lon ne doute . point que la pluie ne foit prochaine ; car de tranf- planter en tems fec , c’eft riiquer de perdre tout {on travail & fes plantes, On leve les plantes dou- cement, & fans endommager les racines. On les couche proprement dans des paniers , & on les. porte à ceux qui doivent les mettre en terre, Ceux-: ci font munis d’un piquet d’un pouce de diametre, &. d'environ quinze pouces de longueur , dont un bout eftpointu, & lautre arrondi. | Îls font avec cette efpece de poinçon un trou à la place de chaque piquet qu’ils levent, &t y mettent une plante bien droite, les racines bien étendues: ils l’enfoncent jufqu’à l’œil , c’eft-à-dire, jufqu’à la naïf- fance des feuilles les plus bafles, & preflent molle- ment la terre autour de la racine, afin qu’elle foutien- ne la plante droite fans la comprimer. Les plantes, ainfi miles en terre, & dans un tems de pluie , ne s'arrêtent point, leurs feuilles ne fouffrent pas la moin- dre altération , elles reprennent en 24 heures, &c.- profitent à merveille, Un champ de cent pas en quarré contient environ dix mille plantes : on compte qu'il faut quatre per- fonnes pour les entretemir, êz qu’elles peuventrendre quatre mulle livres pefant de sabac , felon la bonté.de. . la terre, le tems qu’on a planté, & le foin quon ena: pris ; car il ne faut pas s’imaginer qu'il n’y a plus rien . à faire, quand la plante eft une fois en terre. Il faut: travailler fans celle à farcler les mauvailes herbes , qui confommeroient la plus grande partie de fanour- riture. Il faut l'arrêter , la rejettonner, ôter les feuil… les piquées de vers, de chenilles , & autres infeétes; ‘en un mot avoir toujours les yeux &c les mains deflus: jufqu’à ce qu’elle foitcoupée. Lorfque les plantes font arrivées à la hauteur de, deux piés & demi ou environ, &t avant qu’elles. fleuriflent, on les arrête, c’eft-à-dire, qu’on coupe le fommet de chaque tige , pour l'empêcher de erot-, tre & de fleurir; & en même tems on arrache les feuilles les plus bafles , comme plus difpofées à tou- ! cher la terre, 8 à fe remplir d’ordures, On Ôte auf toutes celles qui font viciées, piquéés.de vers, ou qui ont quelque difpofition à la pourriture, & on fe contente de laïfler huit ou dix fewilles: tout-au-plus + fur chaque tige, parce que ce petit nombre bien en- tretenu rend beaucoup plus de sabac , 8t d’une qua-: Üté infiniment meilleure, que f on lardoit cfoitré toutes celles que la plante flourroit produire. On a encore un foin particulier d'ôter tous lesbourgeons ou rejettons que la force dé la feve fait poufler entre les feuilles &r la tige ; car outre que ces rejettons ou feuilles avortées ne viendroïent jamais bien , elles attiferoient une partie de la nourriture des véritables feuilles qui n’en peuvent tropavoir. Depuis que les plantes font arrêtées jufqu’à leur parfaite maturité , 1l faut cinq à fix femaines, felon que Ja faifon.eft chaude , que le terrein eft expoié, qu’il eft fec ou humide, On vifite pendant ce tems-là, au-moins deux ou trois fois la femaine , les plantes pour les rejettonner, c’eft-à-dire en arracher tous les rejettons , faufles tiges ou feuilles, qui naïffent tant fur la tige qu'à fon extrémité , ou auprès des feuilles. Le tabac eft ordinairement quatre mois où environ en terre, avant d’être en état d’être coupé. On con- noît auf approche de fa maturité, quand fes feuil- les commencent à changer de couleur, & que leur verdeur vive & agréable , devient. peu-à-peu plus obfcure : elles panchent alors vers la terre , comme fi la queue qui les attache à la tige avoit peine À fou- tenir le poids du fuc dont elles font remplies: l’odeur douce qu’elles avoient, fe fortifie, s’augmente, & fe répand plus au loin. Enfin quand on s’apperçoit que les feuilles caflent plus facilement lorfqu’on Les ploie, c’eft un figne certain que la plante a toute la matu- rité dont elle a befoin, &c qu'il eft tems de la couper. . On attend pour cela que la rofée foit tombée , &* que le foleïl ait deffléchétoute l'humidité qw’elleavoit répandue fur les feurlles : alors on coupe les plantes par le pié. Quelques-uns les coupent entre deux ter- res , C'eft-à-dire , environ un pouce au-deflous de la fuperficie de la terre ; les autres à un pouce ou deux au-deflus ; cette derniere maniere eft la plus ufitée. On laïfle les plantes ainfi coupées auprès de leurs fouches le refte du jour, & on a foin delesretourner trois ou quatre fois, afin que le foleil les échauffe également de tous les côtés, qu’il confommeune par- tie de leur humidité, & qu'ilcommence à exciter une fermentation néceflaire pour mettre leur fuc en mou: vement. Avant que le foleil fe couche , on les tranfporte dans la cafe qu’on a préparée pourles recevoir, fans jamais laïfler pafler la nuit à découvert aux plantes coupées, parce que la rofée qui eft très-abondante dans ces climats chauds, rempliroit leurs pores ou- verts par la chaleur du jour précédent , & en arré- tant le mouvement de la fermentation déjà commen- cée , elle difpoferoit la plante à la corruption & à la pourriture. C’eft pour augmenter cette fermentation, que les plantes coupées & apportées dans la cafe, font éten- dues les unes fur les autres, & couvertes de feuilles de balifier amorties, ou de quelques nattes, avec des. planches par-deffus, 8 des pierres pourles teniren fujétion : c’eft ainfi qu'on les laïfle trois ou quatre jours, pendant lefquels elles fermentent, ou pour parler comme aux iles françoifes , elles refluent , après quoi on les fait fecher dans Lescafes ou fueries. : ! - On y conftruit toujours ces maïfons à portée des plantations ; elles font de différentes grandeurs , à- proportion de l’étendue des plantations ; on Les b4- tit avec de bons piliers de bois fichés en terre & bien traverfé par des poutres &poutrelles, pour fou- tenir le corps du bâtiment. Cette carcafle faite ; on la garnit de planches, en les pofant l’une fur l’autre; comme l’on borde un navire, fans néanmoins que ces planches foient bien jointes ; elles ne font atta- chées que par des chevilles de bois. . La couverture de la maïfon eft aufi couverte de planches, attachées l’une fur l'autre fur les chevrons, TAB 197 dé änuere que la pluie ñe puiffe entrer dans là mai: lon: & cependant on obferve de laifler une buverz ture entre le toit &c le corps du bâtiment , enforte que l'air y pafle fans que la pluie ÿ entre, parce qu’ on entend bien que le toit doit déborder le corps du bâtimen#. On n’y fait point de fenêtres, on y voit aflez-elair,, le jour y entrant fuffifamment par les por: tes &c par les ouvertures pratiquées entre le toit & le corps du bâtiment, Le {ol ordinaire de ces maïifons eff la terre inêmes mais comme on y pofe les sabacs , 8 que dans des tems humides la fraicheur peut les humeëter & les corrompre, il eft plus prudent de faire des planchers, que l’on forme avec des poutrelles & des planches chevillées par-deflus. La hauteur du corps du bâti- ment elt de quinze à feize piés, celle du toit jufqu’au faite de dix à douze piés; En-dedans du bâtiment, on # place en-travets dé petits chevrons qui font chacun de deux porices & demi en quarré ; le premier rang eft pofé à un pié & demi ou deux piés au-deflous du faîte , le deuxiez me rang à quatre piés & demi au-deflous, le troifiez me de même, 6c. jufqu’à la hauteur de l’homme : leg chevrons {ont rangés à cinq piés de difance l’un dé l'autre, 1ls fervent à pofer les gaulettes, auxquelles on pend les plantes de 2646, Dés que le sabac a été apporté dans dés civieres à la fuerie ; on le fait rafraîchir en étendant fut le plans cher des lits de trois plantes couchées Pune fur l’aus tre. Quand il s’eft rafraîchi environ douze heures , on pañle dans le pié de chaque plante une brochêtte de bois, d’une façon à pouvoir être accrochée & tex nir aux gaulettes, & tout-de-fuite on Les met ainfi à la pente, en obfervant de ne les point prefler l’une contre Pautre. On laïffe les plantes à la pente jufqu’à ce que les feuilles foient bien feches; alofson profité du premier tems humide qui arrive, & qui permet de les manier fans les brifer. Dans ce tems favora= ble on détache les plantes de la pente, & 4 mefure on arrache les feuilles de la tige, pour en former des manoques ; chaque manoque eft compolée de dix à douze feuilles , &r elle fe lie avec une feuille, Quand la manoque n’a point d'humidité, & qu’elle peut être preflée, on la met en boucaux: Le tabac fort de Virginie, fe cultive encore aveé plus de foin que le sakac ordinaire, & chaque mano. que de ce tabac fort, n’eft compofée que de quatré à fix feuilles, fortes, grandes, & qui doivent être d’une couleur de marron foncé ; on voit par-là , qu’- on fait en Virginie deux fortes de manoques de £bacs qu’on nomme premiere & fecondedorte. * Quant au merrain des boucaux, on fe fert pour le faire du chêne blanc, qui eft un bois fans odeur 5 d’autres fortes de bois font égaleñent bons pourvu. qu'ils nayent point d’odeur, On diftribue le.bois en merrain,au-moins fix mois avant que d’être employé: Les boucaux fe font tous d’une même orandeur ; ils ont 4 piés dehaut{ur 32 pouces de diametre dans leur milieu ; ils contiennent cinq ou 66o iv. de éabac feu- lement preflées par l’homme, & jufqu’à mille livres lorfqu'ils font preflés à la prefle ; lesboucaux du 4448 fort , pefent encore davantage, Telle eft la culture du tabac que les fermiers de France achetent des Anglois pour environ quatré millions chaque année. Îl eftsvrai cependant qué quand le revenu du sbuc feroit , comme on l’a dit à pour eux de quarante millions par an, ilne furpafe: roit pas encore ce que la Éouifiane mife en valeur pour cetté denrée, produiroit annuellement À l'état au bout de quinze ans ; maïs jamais les #10acs de la Louifiane ne feront cultivés 8 achetés fans la liberté du commerce. (Le Chevalier DE JAUCOURT. TABAC , manufaëture de. Le tabac resardé comme plante ufuelle. & de pur agrément, n’eft connu en 78 TAPB France que depuis environ1600. Le premier atrèt qui furvint à ce fujet, fut pour en défendre l’ufage , que l’on ctoyoit pernicieux à la fanté ; ce préjugé fut promptemenr détruit par la certitude du contraire, & Le goût pour Le sabac s’étendit affez généralement & en très peu de tems dans toute l’Europe ;äl eft de- venu depuis un objet important de commerce qui s’eft accru de jour en jour. Cette denrée s’eft vendue librement en Franceaumoyen d’un droit de 30 fols qu’elle payoit à l'entrée jufqu’en 1674, qu'ilen a été formé un privilese exclufif qui depuis afubfifté pref- que fans interruption. | À mefure que le goût de cette denrée prenoit fa- veur en France , il sy établifloit des plantations, on la cultivoit même avec fuccès dans plufieurs provin- ces; mais la difficulté, pour ne pas dire limpoñfbi- lité, de faire concourir cette liberté avec le foutien du privilege, fit prendre le parti de fupprimer toutes plantations dans l’intérieur dé l’exten fion du privile- ge ; on s’eft fervi depuis de feuilles de différens crûs étrangers en proportion & en raifon de qualité des fabriques auxquelles chacun d'eux s’eft trouvé pro- pre. = Les matieres premieres que l’on emploie dans les manufadtures de France ,fontles feuilles de Virginie, de la Louifiane , de Flandres, d’Hollande , d’Alface, du Palatinat, d'Ukraine , de Pologne & de Levant. Les feuilles de l'Amérique en général, & furtout celles connues fousle nom de /’in/pection de Virginie, font celles qui pour lecorps & la qualité conviennent de mieux à la fabrique des zabacs deftinés pour larape, celles d'Hollande entrent avec fuccès dans la com- pofition des mêmes fabacs; parmi tous ces crûs diffé- rens, les feuilles les plusjaunes, les plus légeres & les moins piquantes, font celles qui réufüflent le mieux pour les t4bacs deftinés à fumer, &c par cette raïfon celles du Levant &c celles du Mariland y font très-propres. Il feroit dificile de fixer le degré de fupériorité d’un crû fur l’autre ; cela dépend entierement des tems plus où moins favorables que la plante a efluyés pendant fon féjour fur terre, de la préparation qui a été donnée aux feuilles après larécolte, & des pré- cautions que l’on a prifes enfuite pour Les conferver & les employer dans leur point de maturité; de méê- me il ne peut y avoir de procédé fixe fur la compo- fition des tabacs ; on doit avoir pour principeunique, lorfque le goût du confommateur eft connu ,d’entre- temir chaque fabrique dans la plus parfaite égalité ; c’eft à quoi on ne parvient qu'avec une très-grande connoïflance des matieres, une attention fuivie fur la qualitéaétuelle, non-feulement du crû, mais, pour ainfi dire, de chaque feuille que l’on emploie; l’ex- périence diéte enfuite s’il convient de faire des mé-, anges , & en quelle proportion ils doivent être faits. Une manufaQure de sabacsn’exige n1des machines d’une méchanique compliquée, ni des ouvriers d’une intelligence difficile à rencontrer ; cependantles opé- rations en apparence les plus fimples demandent la plus finguhere attention; rien n’eftindifférent depuis de choix des matieres jufqu’à leur perfeétion. Il {e fabrique des sabacs fous différentes formes qui ont chacune leur dénomination particuliere & leur ufage particulier. | \ Les tabacs en carottes deflinés à être rappés & ceux enrolles propres pour la pipe, font objet prin- cipal de la confommation. On fe contentera donc de faire 1e1 le détail des opé- rations néceflaires pour parvenir à former des roles & des carottes, & ona cru ne pouvoir donner une idée plus nette & plus précife de cette manœuvre, qu’en faifant pañler le leéteur, pour ainfi dire, dans - chaçun des atteliers quila compofent, par le moyen des Planches placées fuivant l’ordre du travail , AVEE | une explication relative chacune. | Mais pour n'être point arrêté dans le détail de la fabrication , il paroït néceflaire de le faire préceder de quelques réflexions , tant fur les bâtimens nécef- faires pourune manufaëlure & leur diftribution, que fur les magafins deftinés à contenir les matieres pre: mueres & celles qui font fabriquées. Magafins. L’expoñition eft la premiere de toutes les attentions que l’on‘doit avoir pour placer les ma- gafins; le foleil & lhumidité font également contrai- res à la confervation des sabacs. . Les magafns deftinés pour les matieres premieres doivent être vaftes, &c 1l en faut de deux efpeces, Pune pôur contenir les feuilles anciennes qui n’ont plus de fermentation à craindre, & l’autre pour les feuilles plus nouvelles qui devant encore fermenter , doivent être fouvent remuées ,, travaillées &"empi- lées à différentes hauteurs. " La qualité des matieres de chaque envoi eft recon: nue à fon entrée dans la manufadture, & Les feuilles font placées fans confufion dans les magafins qui leur font propres, afin d'être employées dans leur rang, lorfqu’elles font parvenues à leur vrai point de matu- rité; fans cette précaution, on doit s’attendre à n’é- prouver aucun fuccès dans la fabrication, & à efluyer des pertes & des déchets très-confidérables, Il ne faudroit pour les szbacs fabriqués que des mar gafins.de peu d’étendue, fi les rabacs pouvoient s’ex- pofer en vente à la fortie de la main de l’ouvrier; mais leur féjour en magafn eft un dernier degré de préparation très-eflentiel ; ils doivent y efluyer une nouvelle fermentation indifpenfable pour revivifier lesfels dont l'aîtivité s’étoit affoupie dans le couts de la fabrication; ces magafins doivent être proportion- nés à la confommation , & doivent contenir une provifion d'avance confidérable, A l'égard de l’expofition, elle doit être la même que pour les matieres premieres, & on doit obfer- ver de plus dy ménager des ouvertures en oppoñ- tions droites, afin que l'air puifle y circuler & fe re= nouveller fanscefe. Bâtimens & atreliers. Les magafns de toute éfpece dans une manufacture de sabac devant fupporter des poids énormes , il eft bien difficile de pouvoir les éta- blir afez folidement fur des planchers ; on doit , au- tant qu’il eft poffible , les placer à rez-de-chauflée ; la plüpart des atteliers de la fabrique font néceffaire- ment dans le même cas , parce que Les uns font rem- plis de matieres préparées entaflées , & les autres de machines dont l'effort exige Le terrein le plus folide; ainfi les bâtimens deftuinés à l'exploitation d’une ma- nufaéture de sabac, doivent occuper une fuperficie confidérable, Cependant rien n’eft plus effentiel que de ne pas excéder la proportion néceffaire à une manutention facile ; fans cette précaution , on fe mettroit dans le cas de multiplier beaucoup la main-d'œuvre, d’aug- menter la perte & le dépériflement des matieres , &£ de rendre la régie plus difficile & moins utile. ; Opérations de la fabrique. L.opération, Epoulardage: L’époulardage eft la premiere de toutes lés opérations de la fabrique ; elle confifte à féparer les manoques ( on appelle ranoque une poignée de feuilles plus ow moins forte, fuivant Pufage du pays, & liée par la têre par une feuille cordée ), à les frotter aflez fous la main pour démaftiquer Les feuilles , les ouvrir, & les dégager des fables & de la pouffiere dont elles ont pu fe charger. | Dans chaque manoque ou botte de feuilles de quel- que crù qu’elles viennent, il s’en trouve de qualités différentes ; rien de plus effentiel que d’en faire un triage exact; c’eft de cette opération que dépendle fuçcès d'une manufaure , il en réfulte aufli unetrès- grande économie par le bon emploi desmatieres; on né fauroit avoir un chef trop confommé & trop vigi- lant pour préfider à cet attelier. _ Ilfaut, pour placer convenablement cet attelier , une piece claire & fpacieufe , dans laquelle on puifle pratiquer autant de baïlles ou cafes , que l’on admet de triage dansles feuilles. Les ouvriers de cet attelier ont communément au- tour d’eux, un certain nombre de mannes ; le maitre- ouvrier les change lui-même à mefure , lès examine de nouveau, & les place dans les cafes fuivant leur deftination. | Sans cette précaution, ou les ouvriers jetteroient les manoques à la main dans les cafes & confon- droient fouvent les triages, ouils les rangeroient par tas autour d'eux, où elles reprendroïent une partie de la pouffere dont le frottement lesa dépouillées. Mouillade. La souïillade eft la feconde opération de la fabrique, & doit formerunattelierféparé, mais très-voifin de celui de l’époulardage ; il doit y avoir même nombre de cafes, &c diftribuéescomme celles de l’époulardage, parce quelesfeuilles doivent y être tran{portées dans le même ordre. Cette opération eft délicate, & mérite la plus grande attention ; car toutes les feuilles ne doivent point être mouillées indidéremment ; on ne doit avoir d’autre objet que celui de communiquer à celles qui font trop feches, aflez de foupleffe pour paffer fous les mains des écoteurs, fans être brifées; toutes celles qui ont aflez d’onétion par elles-mêmes pour foutenir cette épreuve , doivent en être exceptées avec le plus grand foin. On ne fauroit en général être trop modéré fur la moullade des feuilles, ni trop s’appliquer à leur con- ferver leur qualité premiere & leur féve naturelle. Une légere hume@tation eft cependant ordinaire ent néceflaire dans le cours de la fabrication, & on en fait ufage dans toutes les fabriques ; chacune a fa préparation plus ou moins compoñée ; en France, où on s'attache plus particulierement au choix des ma tieres premieres, la compofition des fauces eft fim- ple & très-connue ; an fe contente de choifir l’eau la plus nette & la plus favonneufe à laquelle on ajoute ‘ une certaine quantité de {el marin proportionnée à la qualité des matieres. L’Ecotage. L’écotage eft l'opération d’enlever la côte principale depuis Le fommet de la feuille jufqu’au talon, fans cffenfer la feuille; c’eft une opération fort aifée, & qui n’exige que del’apilité & de la foupleffe dans les mains de l'ouvrier ; on fe fert par cetteraifon par préférence , de femmes, & encore plus volon- tiers d’enfans qui dès l’âge de fix ans peuvent y être employés ; ils entevent la côte plus nette, la pincent mieux & plus vite; la beauté du r4bac dépend beau- coup de cette opération; la moindre côte quife trou- ve dans les sabacs fabriqués, les dépare, & indifpo-: fe les confommateurs; ainfi on doit avoir la plus finguliere attention à n’en point fouffrir dans la mafle des déchets, & on ne fauroit pour. cet effet les exa- miner trop fouvent, avant de les livrer aux fileurs. On doit obferver , que quoique la propreté foit effentielle dans tout le cours de la fabrication, & contribue pour beaucoup à la bonne qualité du rabac, elle eft encore plus indifpenfable dans cet attelier. que dans tout autre ; on conçoit aflez combien l’efpe- ce d'ouvriers que l’on y emploie, eft fufpelte à cet égard, & a befoin d’être furveillée. 17 On choïfit dans le nombre des feuilles qui paffent Journellement en fabrique , les feuilles les plus lar- ges &t les plusfortes , que l’on referve avec foin pour couvrir les rabacs ; lécotage de celles-ciforme une ef. pece d’attelier à part, qui fuit ordinairement celui des fileurs , cette opération demande plus d’attention que l’écotage ordinaire; parce que les feuilles doi- TAB 789 vent être plus exatement écotées fur toute leur lon: gueur, & que fi elles venoient à Être déchirées, el- les ne feroient plus propres à cet ufage : on diftingué ces feuilles en fabrique , par le mot de robes. Toutes les feuilles propres à faire des robes, font remifes, lorfqu’elles font écotées , aux plieurs. L'opération du plieur confifte à faire un pli, ou rebord , du côté de la dentelure de la feuille , afin qu’elleait plus de réfiftance ; &c ne déchire pas fous Ja main du fleur. Déthers. Le mot de déchet eft unterrne adopté dans les manufaétures, quoique très-contraire à fa fignifi- cation propre : on appelle ainfi la mafle des feuilles triées, écorées , qui doivent fervir à compofer les tabacs de toutes les qualités, | | Ces déchers {ont tranfportés de noutreau dans la fal: le de la mouillade ; c’eft alors que l’on travaille aux mélanges , opération difficile qui ne peut être con- duite que par des chefs très-expérimentés & très- connoïieuts. | Il ne leur fuffit pas de connoitre le cru des feuilles & leurs qualités diftinétives , 1l y a très-fréquem- ment des différences marquées , pour le goût, pour la fève, pour la couleur, dans les feuilles de même . cru & de mêmerécolte. Ce font ces différences qu'ils doivent étudier pout les corriger par des mélanges bien entendus; c’eft le feul moyen d’entretenir l'égalité dans la fabrication, d’où dépendent principalement la réputation &c l’ac- croiflement des manufactures. Lorfque les mélanges font faits, on les mouille par couche très-léoerement , avec la même fauce dont on a parlé dans l’ersicle de la mouillade, & avec les mêmes précautions, c’eft-à-dire uniquement pour leur donner de la foupleffe , 8z non de l'humidité. On les laiffe ainfi fermenter quelque tems, jufqu’à ce qu’elles foient parfaitement refluyées ; bientôt la mafle prend le même ton decouleur , de goût , & de fraîcheur : alors onpeut la livrer aux fileurs. Arrèlier defileurs. y a deux manieres de filer le tabac, qui font également bonnes , & que l’on em- loie indifféremment dans les manufa@ures ; l’une s'appelle f£/er à la françoife , &t l’autre a La hollandoi- fe ; cette derniere eft la plus généralement en ufage ; la manufaéture de Paris, fur laquelle la Planche qui répond à cet attelier a été deffinée , eft montée à la hollandoife. | | Il n’yaaucune préférence à donner à l’une ou l’au-! tre de ces manieres, pour la beauté , nipour la qua- lité du sabac ; 1l n’y a de différence que dans la ma: nœuvre, & elle eft abfolument imperceptible aux yeux. La facilité ou la difficulté de trouver des ou- vriers de Pune ou l’autre efpece , décident le choix; L'opération de filer le s4bac à la hollandoiïfe , con- fifte à réumir les foupes enfembles, par le moyen d’un rouer, & de les couvrir d’une feconde robe, qui les enveloppe exattement. La Joupe eft une portionde rabac filé à la main, de la longueur d'environ trois piés, &z couverte d’une robe jufqu'à troisou quatre pouces de chaque extré- mité , ce font les chevelures des bouts que. le fleur doit réunir & hanter lun fur autre, L’habileté du fileur eft de réunir ces foupes de maniere que l’endroit de la foudure {oit abfolument imperceptible ; ce qui conftitue la beauté dufilage eft que le foudin foit toujours d’une grofleur bien égale, qu'il foit bien ferme, que’la.couverturein foit life & bien tendue, & par-tout d’une couleur brune & uniforme. : vs «Tor é: Le refte de la manœuvreiefb détaillé dans ka Plan- che, de la maniere la plus exacte. Les fileurs font les ouvriers les plus effentiels d’u- ne manufature , & les plus dificilesià former; al faut pour cette opération des hommes forts mers - 790 TJ A B veux, pour réfifter à l'attitude contrainte, & à Pac- tion où ilé font toujours ; les meilleurs font ceux qui ont été élevés dans la manufatture, & yontfuivi par degré toutes les opérations ; ce qui les accoutume à une juitefle dans la filature, qu’une habitude de jeu- nefle peut feule donner. Roleurs. Lorfque les rouets des fileurs font pleins, on les tranfporte dans Pattelier des fours, pour y être mis en roles, dans la forme repréfentée dans la figure. Les roles font de différentes grofleurs, fuivant leur deftination & leurs qualités : on obferve genérale- ment de tenir les cordons des roles très-ferrés , afin qué Pair ne puiffe les pénétrer , ce qui les défleche- roit confidérablement ; c’eft le dernier apprêt de ce qu'on appelle la fabrique des roles ; chaque role eft enveloppéenfuite dans du papier gris,8t emmagafine, jufqu'à ce qu'il yait acquis par la garde , le point de maturité néceflaire pour pañler à la fabrique du fice- lage. | Fabrique du ficelage. La fabrique du ficelage eft re- gardée dans les manufaëtures , comme une feconde fabrique , parce que les sabacs y reçoivent une nou- velle préparation, & qu'ils ontune autre forte de def- tination : les sabacs qui reftent en roles font cenfés être deftinés uniquement pour la pipe , & ceux qui pañfent par la fabrique du ficelage , ne font deftinés que pour Ja rape. Lorfque les roles ont efluyé un dépôr affez confi- dérable, & qu'ils fe trouvent au point de maturité défirable pour être mis en bouts , on les livre à la fa- brique du ficelage. Coupeurs de longueurs. La premiere opération de cette fabrique eft de couper les cordons du role en longueurs proportionnées à celles que lon veut don- net aux bouts , y compris l’extenfion que la preffion leur procure ; on fe fert à cet effet d’une matrice fer- tée par les deux bouts , & d’un tranchoir. Cettema- nœuvre eft fi fimple qu’elle ne mérite aucune expli- cation , la feule attention que l’on doive prendre dans cet attelier, eft d’accoutumer les ouvriers à ne point excéder les mefures, à tenir le couteau bien perpendiculairement , & à ne point déchirer les robes. Aitelier des preffes. De lattelier des coupeurs,, les longueurs pañlent dans Pattelier des preffes, où elles font employées par diférens comptes , fuivant la eroffeur que lon veut donner aux carottes: On fait des bouts compofés depuis deux jufqu’à huit lon- QUEUES. | -On conçoitque pour amalgamer un certain nom- bre de bouts, filés très-ronds &c très-fermes, & n’en former qu’un tout très-um1, il faut une preffion fort confidérable , ainfi il eft néceffaire que les prefles foient d’une conftruétion très-forte. Voyez la fe. Pour que le £4bac prenne de belles formes , il faut ue les moules foient bien ronds &c bien polis , qu'ils an entretenus avec la plus grande propreté, & queles arrêtes fur-tout en foient bien confervées, afin d'éviter qu’il ne fe forme des bourlets le long des carottes , ce qui les dépare, Ces moules font rangés fur des tables de différens comptes, & les tables rangées fous la prefle, à cinq, fix, & fept rangs de hauteur , fuivant l'intervalle des fommiers. . Ces tables doivent être pofées bien d’aplomb en tout fens fous la prefle , afin que la preffon foit bien égale par-tout; le tabac &. la prefle fouffriroient de la moindre inégalité, On doit obferver dans un grand atelier, de ne donner à chaque prefle qu’un certain nombre de tours à la fois , & deles:mener aïnf par degré , juf- qu'au dernier point de preflion ; c’eft le moyen de ménegér:la prefle , & de former des carottes plus sr 1 À B belles , plus folides , 8 d’une garde plus fire. Cetattelier, tant à caufe de l'entretien des machts nes, qué pour la garniture des prefles, eft d’un détail très-confidérable , & doit être conduit par des chefs très-intelligens. Le ficelage. A mefure-que les carottes fortent des moules , On a foin de ies envelopper fortement avec des lifieres , afin que dans le tranfport , & parle frottement, les longueurs ne puiflent fe defunir, &c elles font livrées en cet état aux fceleurs. Le ficelage eft la parure d’un bout de s4bac3 ain, quoique ce foit une manœuvre fimple , elle mérite beaucoup de foin , d'attention, &c de propreté; la perfeétion confifte à ce que les cordons fe trouvent en diftance bien égale, que les nœuds foient rangés fur une même ligne, &z que la vignette foit placée bien droite ; la ficelle la plus fine, la plus unie, &c la plus ronde, eft celle qui convient le mieux à cette opération. Lotfque les carottes font ficelées, on les remet à quelques ouvriers deftinés à ébarber les boutsavec des tranchoirs : cette opération s'appelle le parage, & c’eft la dermere de toutes ; le rabac eft en état alots d’être livré en vente , après avoir acquis dan des magafins deftinés à cet ufage, le dépôt qui lui eft néceflaire pour fe perfeétionner., | TagAc, prefler de, ( Manuf. de tabac. ) c’eft mets tre les feuilles de s2b4c en piles, après qu’elles ont été quelque tems féchées à la pente, afin qu’elles y puiflent fuer ; quand la fueur tarde à venir , on cou. vte la pile de planches, fur lefquelles on met quel: ques pierres pefantes. La pile, ou prefle, doit être environ de trois piés de hauteur, Labat, (D. 7.) TABAC , sorquettes de , ( Manuf, de tabac.) ce font des feuilles de 4bac roulées & pliées extraordinaire- ment ; elles fe font à-peu-près comme les andouilles, à la referve qu’on n’y met pas tant de feuilles dans lef dedans. Lorique les feuilles de s4bac dont on veut compofer la sorquette, ont été arrangées les unes fur les autres , on les roule dans toute leur longueur , & l’on plie enfuite Le rouleau endeux , en tortillanties deux moitiés enfemble , &c en cordonsant les deux bouts pour les arrêter. Dans cet état, on les met dans des barriques vuides de vin , que l’on couvre de feuilles , lorfqu’on n’y veut pas remettre l’enfon- cure ; elles y refluent, êt en achevant defermenter, elles prennentune belle couleur, une odeur douce, & beaucoup de force, Savary. (D. J.) TaBaAC, ferme du; ( Conim. des fermes. ) les fer- miers généraux ont enlevé la ferme du tabac à la com- pagnie des Indes; ils ontréuni les fous-fermes ; xls ont joint à leur bailune partie des droits annexés à la ferme des oftrois de Lyon; ils ont tenté finale- ment la réunion de la ferme des poftes, en forte que s'ils vont toujours enaugmentant,, il leur faudra le. royaume & lesiles. Mais fans détailler les inconvé- niens de donner continuellement dune compagnie f puiflante , nous nous contenterons d’obferver au fu- jet de la ferme du tabac , qu'il feroit plus avantageux à l’état de faire adminiftrer cette ferme en finance de commerce , qu’en pure finance ; & alors une compagnie commerçante, faifant cultiver fes sabacs à a ELouifiane, à $: Domingue , & dans les autres endroits de nos iles les plus propres à cette plante, | tireroit tous fes befoins de nos colonies , éviteroit une dépenfe annuelle au-moins de cingnullions, vis- à-4s l'étranger , & peut-être parviendroit à faire.du tabac j une branche de commerce d’objet avec les étrangers mêmes. Or cingmillions à deux cent livres de confommation: par perfonne , peuvent faire fub= fifter vingt-cinq mille ames de plus. La culture des tabacs à la Louifiane, fe feroit , fuppoñons , par dix mille ames, chefs &enfans ; voilà untotal detrente: cinq mille perfonnes d’accroiflement. dans. les colo: nies, T'AS mes, & f le fuccès des plantations devenoit un peu confidérable, il artiveroit que les cinq millions dont nous avons parlé, fe trouveroientannuellemeut dans la balance avec l’étranger, 8t que par cette feu- le branche decommerce ,, la France recueilleroit de quoinourrir tous les ans trente-cinq mille hommes de plus, qui font aujourd’hui dans la mifere. Ajou- tons qu'il eff dangereux de mettre en pure finance, une régie qui par fanature devoit être eflentiellement en finance-coramerce, Un autré avantage de cette opération, dc’eft que le commerce, par fon aétivité & fes retours, jette par-tout l'abondance & ha joie , +andis que la finance, par fa cupidite, &c l’art qu’el- 1e a de parvenir à fon but, jette. par-tout le dégoût & le découragement. On ofe bien aflurer qu’il n'entre dans ce jugement, ni haine, ni fatyre; mais on croit voir avec la plus grande impartialité , que les chofes font ainf, (D,J.) Mr TapaAc, voyez NiCOTIANE. vi TABACO 62 TABAGO, ( Géog. mod. ) île de TAmérique feptentrionale , dans la mer du Nord , au feptentrion de l'ile de la Trinité, dont elle eft féparée par un canal afflez large. Cette ile n’a commencé à être habitée qu’en 1632, par les Hollandoïs qui v établirent une petite colome. La France s’en empara en 1678; une de fes armées navales forte de vingt vaifleaux de guerre, s’attacha à ce miférable rocher qui n’eft bon à rien, &c qu'il a fallu depuis céder aux Holïlandoïs qui s’y étoient établis. #oyez TABAGO. TABACOS, fm. ( zerme de relation. ) les efpagnols du Mexique appellent rabacos des morceaux de ro- feaux creux & percés, longs de trois piésou environ, remplis de tabac , d’ambre liquide , d'épices & d’au- tres plantes échauffantes; 1ls allument ces rofeaux par un bout, &c ils attirent par l’autre la fumée, qui les endort en leur ôtant toute fenfation de laffitude & de travail ; c’eft là l’opium des Mexiquains, qu’ils nomment dans leur langue pocyZ (D, J.). TABÆ , ( Géog. anc. ) Etienne le géographe con- noittroïis vilies de ce nom: l’une dans la Carie, lau- tre dans la Pérée , & la troifieme dans la Lydie. Tite- Live, L. XX XVII. c. xiy.en nomme une quatrieme aux confins de la Pifidie, du côté de la mer de Pam- phyle.(D.7) | _TABAGIE, f f. ( Æiff. mod. ) lieu où l’on va fu- mer. Celui qui tieht la schagie , fournit des pipes & du tabac à tant par tête. On caufe , on joue & l’on boit dans les mêmes endroits. Il y a des sabagies du- bliquesen plufeurs villes de guerre où maritimes ; on les appeile auf e/faminers. On donne auffi Le nom de tabagieà la caflette qui renferme la pierre, le bri= quet , l'amadou , le tabac & la pipe, en un mot, l’at- tirail du fumeur. TABAGO oz TABAC , fle de, ( Géog. mod.) cette ile la plus méridionale de toutes les Antilles ou îles Caraibes, eft fituée par les 11 deg. 23 min. au nord de l'équateur, à dix-huit ou vingt lieues dans le fud- eft de la Grenade ; fa figure eft oblongue, & fon cir- cuit peut être d’environ 20 lieues ; toute cette éten- due fe trouve occupée par des monragnes couvertes deforêts, laiffant entr’elles des efpaces aflez confidé- rables au milieu defquels coulent des torrens & des rivieres qui ne contribuent pas peu à fertilifer le ter- rein dont on pourrait tirer un très-grand parti, fi le pays étoit habite. Cette ile a plufieurs bonnes ra- des; lesmeïlleures font celle de Jean le more, fituée vers le nord , & celle de Rochaye placée tur le côté oriental dans la partie du fud; cette derniere ef la plus füre , étant prefque fermée par un banc de caies &t derochers à fleur d’eau , dont la difpoñition natu- relle ne laifle qu'un pañlage fuffifant pour les gros vaifleaux, qui font obligés de ranger la pointe detri- bord, afin d'éviter les rochers qui reftent à bas-bord, & de venir motulleren-dedans fur un fondaflez inégal, Tome XF. T AB 79i Ce fut vers le commencement du fiecle dernier ;. FRE compagne de Fleflingue jetta les premiers Ondemens d’une colonie dans cette île; les Hollan- dois l’augmenterent confidérablement ; ils y bâtirent. une ville & un fort qui furent détruits par l’armée navale aux ordres du maréchal d'Eftrée. Depuis cette conquête les François ont toujoursrefté en poffeffion de Tabago, dontils ont négligé le rétabiffement par des raifons qui feroient trop longues à déduire dans cet article, TABAKIDES , ( Géog. anc. ) village de Grece, dans la Béotie, à trois cens pas de la ville de Thèbes. On y voit un fépulcre de marbre dans une églife gre- que ; que les papas difent être deS. Luc l'évangélifte, ét que M, Spon foupçonne avec plus de raifon pou= voir étre de S. Luc l’hermite, qui a un monañtere de fon nom dans une montagne voifine, (D: J.) TABALTHA , ( Géog anc. ) ville de l'Afrique pros pre, dans la Byzacène. L’itinéraire d’Antonin lamar- que fur la route de Tuburbum À Tabacæ, À 20 milles de Septimunica, & à 32 de Cellæ-Picentinæ: c’étoit une ville épifcopale. (2, J. TABARCA , (Géog. mod.) ville maritime d’Afri que, fur la côte de lamer Méditerrannée , auroyau- me de Tunis, entre la côte maritime de la ville de Tums& celle d'Alver, à 20 lieues à l’eft de Bonne, Long. 25.2. latir, 3 7. 28. (D.J.) TABARDILEO , £ m. ( Médec.) nom efpagnol d’une maladie communeaux étrangers nouvellement débarques en Amérique. C’eftune flevre accompas gnée des fymptomes les plus fâcheux, & qui attaque prefque tous les Européens quelques femaines après leur arrivée dans l'Amérique efpagnole, La mafle du fan & des humeurs ne pouvant pas s’ailier avec l'ait d'Amérique ; niavec le chyle formé des nourritures de cette contrée, s’altere &z fe corrompt. On traite ceux qui font attaqués de cette maladie, par des re- medes généraux, & en les foutenant péu-à-peu ayec les nourritures du pays. Le même mal attaque les efpagnols nés en Amérique ; à leur arrivée én Euro- pe; l'air natal du pere eft pour le fils une efpece de poifon. | | Cette différence qui eft éntre l’aif de deux con trées ; ne tombe point fous aucun de nos fens , & elle meft pas encore à la portée d’aucun de nos inftru- mens. Nous ne la connoïffons que par fes effets; mais il eft des animaux qui paroïffent la connoître par fen- timent; ils ne paflent pas même quelquefois du pays qu'ils habitent dans Le pays voifin où l'air nous fem ble être le même que l'air auquel ils font habitués. On ne voit pas fur les bords de la Seine une efpéce de grarids ofeaux dont la Loire eft couverte. L'inflin& des bêtes eft bien plus fin que le nôtre. (D. 3.) TABASCO , ( Géog. mod. ) gouvernement de l’A- mérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne. Il eft borné au nord par la baïe de Campèche, au midi par le gouvernement de Chiapa, au levant par PYu- catan, êc au couchant par la province de Guaxaca: Ce pays a environ quarante lieues de lons fur autant de large. Comme :l y p'eut prefque pendant neuf mois continus , l'air y eft extrèmement humide, & cependant fort chaud ; la téftre y eft fertile en ma, miel 8 Cacao ; fais cette province abonde aufli en tigres, lions, fangliets, armadilles & en moucherons très-incommodes ; aufli efkce un pays fort dépeu- plé; les Efpagnols n’y ont au’une feule ville de mêmé nom, & qui eft fituée fur la côte de la baie de Cam- pêche. L'ile de Tabafco formée par les rivieres de S, Pierre & de S. Paul, peut avoir douze lieues de lon gueur, êc quatre de largeur vers fonnord;il yadans cette île quelques baies fablonneufes d’où les tortues vont à terre poferleursœufs. (D.J,) TaBAsco , riviere de, ( Géog, mod.) riviere de l'A: , HHbhhh 792 T A D mérique feptentrionale » dans la nouvelle Éfpagne, au gouvernement de même nom, dans fa baie de Campèche. C’eft la riviere la plus remarquable de toutes celles qui y ont leur embouchure. Elle prend fa fource fur les hautes montagnes de Chiapo, ëc après s'être groflie d’autres rivieres, elle court dans la mer par une bouche qui a près de deux mulles de large ; c'eft là que cette riviere abonde en veaux ma- tins, qui trouvent de bonne pâture dans pluñeurs de fes criques. Le veau marin d’eau douce n’eit pas auf gros que le veau marin qui vit dans la mer, tnaïs il a la même figure & le même goût. (D. J.) TABATIERE, { f en terme de Bijourièr, font des boëtes d’or, enrichies de pierres fines ou faufles ; il ena de toute cfpece, umes, gravées, cifelces, in- cruftées , émaillées, tournées, 6c. quartées, ron- des, à huit pans, à contour, à bouge, à doufüne, en peloton, &e. L'on ne finiroit pas fi Fon vouloit nommer tous les noms qu’on a donnés à la rabariere d'or. Il fuflit de dire en général que lon les a tirés des chofes naturelles &communes, auxquelles eiles reflemblent, comme artichaux, poires, oignons, na- vettes, &c. TABATIERE PLAINE, ex terme de Bijoutier, eftune boëte dont le corps eft mañlif d'or, &c enrichie de diverfes manieres, felon le goût du public &t de l'ou. vrier. La partie la plus difficile à faire dans une sabariere d’or ou d'argent, ou montée en lPun ou lautre de ces métaux,-c’eft la charniere: voici comment on Fe- xécutera. Il faut d’abord ‘préparer le fil de charnie- re, Pour cet effet, on prend un brin de fil d’or ou d'argent, quarré ou rond, qu'on applatit partout excepté à {on extrémité, à l’épaifleur d’un quart de ligne, ou à peu près, felon la force dont on veut la charniere; il faut que l’épaiffeur de la partie foit bien égale : l’on roule cette partie applatie , felon fa lon- gueur, fur un fil de fer ou de cuivre rond 9 ÊT on la pafle à la fliere. Cette opération aflemble & appli- que exattement les deux bords de la lame Pun contre l’autre, détruit la cavité & alonge le fil, On tire à la filiere, jufqu’à ce que le trou foit du diametre qu'on defire ; &c quandil y eft, on a un fl d'acier tiré, bien poli , que l’on introduit dans le trou, &c lon remet le tout enfemble dans la filiere: cette feconde opé- ration applique les parties intérieures de la charnie- re contre le fil, & diminue fon épaifleur fans dimi- nuer le diametre. On a foin de graiffer le fil d'acier avant de l'introduire, avec du fuifou de la cire. On tire jufqu’à un trou marqué de la fiiere. On reure le fil d'acier, & comment ? Pour cet effet , on pañle fon extrémité dans un trou jufte de fon diametre de la fliere. Alors l’épaifleur du fil de charniere fe trou- ve appuyée contre la filiere ; on prend les tenailles du banc, & on tire le fl d’acier qui vient feul. Ou bien on prend le bout du fil d’acier dans un étau à main : on pafle le fil de charniere dans un trou plus grand que fon diametre. On prend la pointe reflerrée du filde charniere avec la tenaille du banc, &con tire. Ilarriveaffezfouventquele fild’acierfe caffe dans le fil de charniere, alors on coupe le fil de charniere par le milieu; on fait enforte que dans la coupure ou entalle puiffe être reçu un fil de fer : on le tordautour; &on paffe &r repañle letout dansunefiliere,plus grande que le fl de charniere, mais moindre que le fil de charniere avec le fil de fer mis dans la coupure, êton tire. Quand le fil d'acier eft tiré de la charmiere, onla paffe dans fon calibre, dont la différence des ouvertures n'étant pas perceptible à la vue, l'entrée eft mar- quée. Ily a très - peu de différence entre le trou de la filiere, & le trou du calibre; c’eft pour cela qu’on a marqué le trou de la filiere. On tire la char- niere plufieurs fois par le calibre, afin qu'il puïfle y rentrer plus aifément ; & le fil de charmere eft fini: ceft de ce fil qu’on faitides charnons. Les charnons font des bouts de fil de charniere, Pour avoir des charnons on commence par couper le fil de charniere par bouts d’un pouce &c demrou deux pouces de longueur. On ébarbe un des bouts, êt on le préfente dans le calibre du côté de fon en- es tirée; après lavoir paflé, on a un morceau de bois, dans lequel on place le cahbre à moitié de {on éparf- feur. On fait entrer dans le calibre le fil de charnie- re avec un maillet, jufqu’à ce.qu’il foit à ras du trou de forte, 8 un peu au delà. On a une lame de cou- teau, taillée en fcie, qu’on appelle /cie à charnon, avec laquelle on coupe le bout de charniere excé- dant à ras du trou d'entrée. On lime enfuite les deux faces avec une lime douce. Il faut que le calibre foit trempé dans toute fa dureté, afin que les limes ne mordent pas fur ces faces. Cela fait, on fraife les deux entrées du trou du charnon; puis avec.un outil ap- pellé repouffoir, voyez REPOUSSOIR , on fait fortir Le charnon , & on le repare. Ona une pointe conique, qu'on fait entrer avec force dans le charnon, pour en écarter l’afflemblage &Pappercevoir. Il fautobfer- ver que la matiere dont on a tiré le fil de charmiere, eft crud & non recuit, afin de lui conferver fon éla- füicité. On a un burin, & afin de ne plus perdre de vue Pafflemblage que la pointe a fait paroître, on tire un trait de burin dans toute fa longueur, mais qu’on rend plus fenfible fur les extrémités. Puis on barre ce trait avec la lime , ou lon y fait de petites tranchées perpendiculaires ; puis avecle. burin, on emporte un peu de la vive-arrête du trou libre, car la pointe eff toujours dans Le charnon; puis on ébarbe le bord extérieur, puis on change la pomte de trou, & l’on en fait autant à l’autre bout: pour lors le char- non eft prêt à lier, & à former la charmiere, Il faut avoir les porte-charnieres. Les porte-char- nieres font deux parallélipipedes foudés que les Ax- tiftes appellent gxarrés , que l’on met appliqués l’un au-deflus, & l’autre àla cuvette: celuiqui tientäla cuvette et quelque peu profilé. Il faut que les furfaces, de ces parallélipipedes s’appliquent lune contre l’au- tre , fans fe déborder par dehors. Quand cela eft fait, on divife la circonférence du charnonen trois partres égales. On prend la moitié de la corde dutiers, & lon trace la couliffe fur toute la longueur des quarrés, prenant fur la hauteur de chaque porte-charnieres la moitié de la corde du tiers, & fur la profondeur, les deux tiers du diametre, Il eft évident que quand les charnons ferontfixés dansles coulifles, la boëte s’ou- vrira d’un angle de r20 deorés. Il eft évident que voilà les vive-arrêtes des coulifles déterminées. Après cela, je fais fur ces traits qui déterminentles vive-arrêtes, autant de traits de paralleles qui fer- vent de tenons aux précédens ; car il eft évident que quand on fera la couliffe,les premiers traits difparoï- tront. Pour faire les cent quatre-vingt coulifies , on commence par enlever les angles; pour évider lerefte, on a des échopes à coulifles. Ce font des efpeces de burins qui ont la courbure même du charnon fur leur partie tranchante. On enleve avec cet outil la ma- tiere, & l’on acheve la couliffe ; pour la dreflerona des limes à coulifes. Ce font des limescylindres, ron- des , du diametre de la coulifle, ou un peu plus pe- tit, afin que le charnon ne porte que fur les bords de la coulifle. Avant que de fouder les charnons , on s’aflure que la coulifle eft droite au fond par le moyen d’une petite regle tranchante , que l'on pofe pat-tout, & fur toute la longueur. Il faut que ie nom- bre des charnons foit impair , afin que les charnons des deux bouts qu’on larfle plus longs que les autres,a difcrétion, foient tous deux foudés en-haut. On en- file tous les charnons dans un fil de fer, on pofe les deux couliffes l'une fur l’autre, & on y place les -Charhonss.8c l'on marque avec un compas’ fur Îles potfte-charnieres d’en-haut , la longueur des char- nons des deux bouts, ou maitres charnons; puis avec une pointe on marque au-deflus & au-deflous fur les porte-charnieres, les places de tous les charnons. On défaflemble le tout, puis dans les coulifles,, par- tout où il doit y avoir un charnon foudé, on donne 2 Ou 3 traits de burin tranfverfalement pour don: ner de l’air à la foudure. Onremet les charnons en- filés dans la coulifle du deffous ; on commence par her les deux charnons du bout avec du fil de fer, puis les autres alternativement. Enfuite on retire le fil de fer pañlé dans les charnons , & tous les char- nons de la coulifle d’en-bas tombent. On: les rez prend , ê& on les place & lie dans les intervalles de la coulifie d’en-bas, qui leur ont été marqués par la pointe à tracer, & les coups de burin tranfverfals. Cela fait, on tient avec une pince à charnon, les charnons., & on les rangefelon laflemblage marqué par les traits du burin donnés fort fur les bouts, dans le milieu des coulifles; on commence par faire le couvercle fur la cuvette par le devant, & l’on abaifle les coulifles lune vers l’autre, jufqu’à ce que les charnons fe touchent; puis avec une pointe on les fait engager les uns entre les autres, puis on pofe un des maitres charnons fur une enclumot perpen- diculairement , & l’on frappe fur l’autre maître char- non avec un petit marteau, pour les ferrer tousles uns contre les autres : en obiervant de fe régler fur les traits de compas faits au-deflus qui déterminent la longueur des maîtres charnons, On voitbien qu’il y a entre chaque charnon & la couliffe oppofée, l'in- tervalle au moins du fil de fer ; on frotte les fils de fer de fel de verre, pour empêcher la foudure de s’yat- tacher, puis on les foude ou enfemble , ou féparé- ment. Si enfemble, on fépare beaucoup les couliffes; fi féparément, on commence par rocher avec une eau de borax, le dedans de la couliffe. On charge les charnons de foudure, coupée par paillons, qu’on ne met que d'un côté; on roche d’eau de borax, on fait fécher , en pofant après fur un feu doux; & l’on obferve que les paillons de foudure ne s’écartent point, jufqu'à ce que le borax ait fait fon effet d’é- bulltion. Il eft éflentiel qu'une charniere foit pro- prement foudée. Pour cet effet, il faut mettre une jufte proportion de foudure, tant pour ne point por- ter plufieurs fois au feu,s’il en manquoit,que pour évi- ter d’en charger les coulifles, ou de boucher quel: ques charnons , ou de fouder la cuvette avec Le def- fus: Sion foude enfemble les deux pieces, on arran- ge fa piece fur un pot à fouder, où l’on a préparé un lit de charbons plats ; on arrange fur la piece & au- tour, d’autres charbons allumés, laiffant ou à dé- couvert, ou facile à découvrir, la partie à fouder. On a fa lampe allumée; on entretient le feuavec un foufflet de loin, pour échauffer également la piéce, en prenant foin de ne lui pas donner trop de chaleur: puis on la porte à la lampe, où on foude au chalu- meau. On la tire du feu, on la laïffe refroidir, on la déroche, & on la nettoye ,s’eft-à-dire qu’on enle- ve exattement toute la foudure, fans toucher au charnon, ni à la coulife d’aucune façon. Pour cet effet, On a deux échoppes plates & inclinées ; Pune pour nettoyer à droite, l’autre à gauche , ou une feule à face droite. La charniere nettoyée, on la- raflemble & on y pañle une goupille facile. Ona eu le foin de frotter les charnons de cire, afin que l’ac- tion de la foudure , s’il en eft refté fur les charnons, foit moins violente. On fait aller les deux côtés, & f. Pon apperçoit des traces fur les charnons, c’eft une marque qu'il eft refté de la foudure. Il faut tout démonter, & lôter; c’eft un défaut préjudiciable: & voilà la charniere montée. - TABATIERE DE CARTON , maniere de fabriquer Les Toire XP, T A B 793 tabatiéres de carton , rondes, guarrées & ovales. 1] faut avoit des moules d’un bois bien fec ; les plus crands moules pour homme font du numéro SE LE Is vonttoujours en diminuant d’une ligne jufquat numéro:30 inclufivement, Le. Les moules pour femmes font des numéros 25 & 24, & plus petitsfil’onveut, mais les deux pres miers numéros font les plusenufage, : Ilfautobferver qu'il faut que le bas des cuvettes aient une ligne de plusque lehaut, Il faut que les couvercles aient une lighe de plus que Île haut des cuvettes , & le bas deux hgnes , ainf qu'aux boites quarrées & aux ovales: : Pour faire la colle il faut avoir de bonne farine de froment que l’on délaye bien avec de l'eau de fontai- ne où deriviere; quand elle eff bien délayée&c qu'il n’y refte plus de grumeaux, on la met deflus Le feu, on la remue toujours avec une grande fpatule dé bois de tous côtés, & au milieu du chaudron ; afin qu'il n’y ait aucune partie qui s’y prenne; qu’elle ne {oit m1 trop claire , ni trop épaifle, mais fur-tout qu’+ elle foit bien cuite. Il ne faut point s’en fervir qu’elle ne foit froide ; & lorfqu’elle left, on leve la peau qui s’eft forméé deflus, que l’onjette. 0e Il faut que les bandes de papier ayent 18 lignes de hauteur, &c pour les couvercles 9 , & toute la lon: gueur dupapier , les feuilles de papier ouvertes en deux. Les bandes pour les boîtes pour femmes auront 16 lignes, &-pour les couvercles 8 , & elles feront de la même longueur que les bandes pour les grandes, Il faut mettre fur les grandes cuvettes pour hom me 20 bandes, 8 autant aux couvercles, Pour femmes il faut mettre 16 bandes , & autant aux couvercles. Aux cuvettes pour hommes on met tra 36 quarrés, & autant aux couvercles. Aux cu- vettes pour femmes on mettra 30 quarrés & autant ux cuvettes. On donnéra ci-après la grandeur des quarrés, & la maniere de les arranger. Pour les boîtes quarrées &c les ovales , il faut qué les bandes aient 20 lignes de hauteur pour les cuvet= tes , & 10 pour les Touvercles. Il faut pour celles pour hommes 40 quarrés & 16 pour les couvercles. À celles pour femmes 36 quarrés, & r8 aux cou: vercles, Il fautavoir attention de donner à chaque coleufe lenombre de bandes & de quarrés qu'il lui faut, & prendre bien garde que chacune emploie le nombre qu’on lui aura donné ; y en ayant beaucoup qui en cachent pour avoir plutôt achevé leur ouvrage , s’embarraflant fort peu que leurs boîtes foient for: tes ou non ; ce qui cauie beaucoup de préjudice à ceux qui entreprennent cette fabrique. | Il faut auf avoir l'œil qu’elles ne caffent point leurs bandes & leurs auarrés. | Pour mettre les bandes, il faut avoir foin de coller la table , 8 de mettre les quatre bandes l’une à côté de autre, & mettre de la colle fur les bandes ; après quoi l’on prend une bande que lon tourne au - tour du moule, ayant attention , lorfau’on la tourne , de bien faire {ortir la colle avant de mettre l’autre, & de même jufqu’à la fin des quatre bandes, Il faut avoir attention que les quatre premieres bandes ne furpañlent point le haut des cuvettes , ainfi que les bandes des couvercles. Avant de mettre les bandes aux couvetcles, il faut mettre aux cuvettes fept quarrés, trois d’abord col: lés un fur l’autre, & croïfés , & les quatre autres enfuite , lorfqu'on aura bien fait fortir la colle de deflous les trois premiers, 8 enfuite faire {ortir la colle des quatre autres. | Enfuite vous mettez les cuvettes au four pour les HHhhh ÿ 794 T A B #écher , pendañt lequel:tems vous mettez es bändes aux couvercles, êt enfuite les quarrés de la fnêmé #açon qu'aux cuvettes. Pour les quarrés, il-faut mettre auf de la colle fur da table , & mettre le quarré deflus ; -enfuite mettre de la colle furde quarrè , & ainf jufqu'à la fin: 1 faut fe fouvenir.de mettreles quarrés en triangles x Æaut que les-pointes des quarrésfoientbien applanies, après avoir bien fait fortir la colle , 8 faflent bien le rond. : | Aux moules pour femmes on/mettraz bandes pour les quatre premieres couches, & quatre à la der- niere , ce qui compofera les r6 bandes. ! On mettra fix quarrés À chaque couche trois à troïs, ce qui compoferales so.quarrés. Maniere de monter les boîtes a l’eau. Il faut com- mencet par tremper un quarré de papièr dans de Veau , & lappliquer fur le haut de la cuvetre & du couvercle ; il faut qu'il déborde, afin qu'il puifle s’a- battre un peu fur les côtés de la cuvette ;enfuite VOUS mettez une bande de la hauteur de la cuvette trem- pée dans l’eau , que vous ferez le plus que vos pouvez au-tour de la cuvette, &c prendre garde qu’- élle ne fe cafle , de peur de découvrir Le bois ; ilne faut pas que la bande foit fi longue que celle ci-def- fus, 1fuffit qu'un bout croife de deux ou trois doigts deflus l’autre ; il faut aufi obferver que la bandene doit pas pañler le haut de la cuvette, ainf qu’à la premiere couche, parce que cela feroit creufer les boites. Lorfque les boîtes où l’on aura mis les premieres bandes & les quarrés , feront feches ,n1l faudra qu'un rapeur , avec une rape à bois, rape les pointes des quarrés , & les rende unies aux bandes, & qu'il fafle bien attention s'il n’y a point de vents ou clo- ches aux bandes; &cau cas qu'il y en ait, qu'il les trappe afin qu'il ne refte aucun creux. Âux quatre dernieres couches, on ne mettra que les quatre bandes , que lon fera un peu pañler le haut des cuvettes , & on mettra fécher ; & pendant que les cuvettes fécheront, on mettra les bandes aux couvércles ; quand les cuvettes feront feches ; on rapera le deflus des quatrés , afin que les bandes qui excéderont les moules foient Ôtées , © on met- tra les quarrés ; on en fera autant jufqu’à la fin; à la derniere couche on mettra huit quarrés ; & on ob- fervera de ne les mettre que quatre à quatre , & de bien faire fortir la colle. Le meilleur papier & le plus en ufage , eftappel- lé grand quarré de Caen ; pour la longueur des ban- des, on ouvre une main de papier en deux , & on prend toute la longueur pour les bandes, Pour les quarrés on prend la mefure du haut des moules , & on coupe les quarrés de façon qu'ils dé- bordent un tant foit peu les moules , & cela pour les 2 premieres couches ; & enfuite on les fait un peu _plus grands, à proportion que les boîtes groffiffent. Enfuite on les donne au tourneur pour les tour- ner en-dedans & en dehors ; lorfqu’elles font: ache- vées & bien feches , il faut faire attention qu'ilne faut point que le rapeur rape les boites lorique la derniere couche eft achevée, parce que c’eft affaire du tourneur. L Maniere de vernir les boîtes, Quand les boites font tournées, on y met une couche de vernis à lapprèt, d’un jaune brun; & enfuite on les met fur une grille, la cuvette féparée du couvercle, cependant de façon qw'on puifle reconnoiître le couvercle de la cuvette ; on les met deflus la grille le cul en haut, & on ob- ferve qu’elles ne fe touchent point ; on lesmet dans Je four : quand elles font feches, on y met une autre . couche, & on fait de même jufqu'à fept couches, obfervant de les faire fécher à chaque couche , & gu'elles foient bien feches, Après la dermere couche, on les donne au tour< neur pour Ôter ce qui pourroit y avoir de graye- leux, & les poncer en dedans & en dehors avec de Ja ponce bieh fine trempée dans de l’eau ; enfuite on y met feptà huit couches de vernis noir ; & fur- tout qu’elles foient bien feches à chaque couche ; & il faut obferver que le pinceau ne foit point trop chargé de, vernis , & que les couches ne foient point épaiñes!, n1 le vernis trop épais. : Quand toutes les couches font mifes, vous les faites poncer par le tourneur en-dedans, 8 à la main en-dehors avec de la ponce bien fine, & enfuite du tripoli avec de l’eau ; enfuite vous les faites graver , ou guillocher en or creux , ou en or plat; où vous en faites poler avec de la nacre, du burgos &c des feuilles de cuivre très- minces , il en faut avoir de toute efpece. Pour mettre en or les gravées, ou stillochées , if faut pafler deflus très-légerement un vernis qu’on appelle s10rdant , 8 avant qu’il foit tout-à fait fec, avoir de petits hvrets de feuilles d’or; on applique une feuille d’or deflus doucement avec. la main ; aux boites gravées &c guillochées en or creux, on en met deux feuilles. Pour les boites en couleur, 1l faut mettre deux ou trois couches de couleur Pure après Pautre , c’eft-à- dire qu’il faut que l’une foit feche avant que demettre la fuivante , après quoi on les donne ai tourneur pour les polir en-dedans ; enfuite on y mettrois ou” quatre couches de vernis blanc, l’une après Pautre,la précédente toujours feche avant celle qui fuit; & puis on les luftre avec du tripoli bien fin dans de eau. On fe fert du mordant avant de pofer la nacre; burgos ou le cuivre. | On met toutes ces boîtes dansle four à un feu lent, de peur que l'or oules couleurs ne noirciflent ; 1l faut faire aufli attention qu’il n’y ait point de fume- ron dans le charbon ; quand ce font des boîtes gra- vées, il ne faut mettre de feuilles d’or que fur la gra- vure ; & l’on ôtera quand la boite fera feche, l'or qui eft dans lentre-deux de la gravure avec un petit outil pointu. Quand ce font des boites guillochées à-plat , on ne met point de mordant, mais les couleurs à deux ou trois couches ; après quoi , trois à quatre cou- ches de vernis blanc ; il faut prendre garde que le feu des fours foit bien modéré , de crainte que le ver- nis ne gerfe. Pour celles que lon veut mettre en peinture, 1l ne faut graver qu’autour du couvercle de la cuvette ; la peinture fe fait au milieu; on grave des cartouches aux côtés , dans lefquelles on repréfente des fleurs ; mais quand elles font peintes, 1l ne faut pas les met- tre au four , 1l faut qu’elles fechent d’elles-mêmes. TABAXIR , {. m. (Mar. méd. des Arabes.) Avicen- ne défigne par Le nomvrabaxir, la cendre des racines de cannes à fucre brülées , & les interpretes ontren- du ce mot fabaxir, par celuide /pode ; mais, felon les apparences, ce {pode prétendu, que l’on n’apportoit en Europe qu’en petite quantité dés pays orientaux, : étoit une efpece de fucre encore impur , & non raf- né ; & c’eft auf ce qu'a prouvé Saumaife dans fon traité du fucre. Il n’eft donc pas furprenant que les Arabes , & ceux qui les ont fuivis , aient donné tant d’éloges à ce fpode pris intérieurement; carilsavoient été trompés par la couleur de cendre , & par le rap- port des marchands, qui difoient que cette poudre de couleur cendrée, avoit été tirée des rofeaux ; &. de-là on s’eft perfuadé que c’étoit dela cendre de ro- feaux; Bachin appelle plus juftement zabaxir, la can- ne à fucre, arundo faccharifera , le maraba des Indiens. Voyez MARABA. (D. J.) TABEA, (Géog, anc, ) ville de lAfie mineure T A B dans la grande Phrygie , felon Strabon , Zr. XII. p. 9373.10 pa | | TABÉITES A (Ai. du mahomdr.) Ceft-à-dire , des Jaivans,, feltateurs , ou adhérens de Mahomet, & ils forment Le fecond ordre de mufulmans qui ont vécu de fon tems: Les rabéifles ont de commun avec les fahabi où compagnons du prophete , que plufieurs d'entreux ont été fes contemporains, mais la diffé rence qu'il ÿ a, c’eft qu'ils ne l'ont point vu, ni n’ont converié avec lui, Quelques-uns ont feulement eu l’honneur de lui écrire , & de l’informer de leur con- verfon à liflamifme. T'et fut Le Najashi,ou roi d’Ethio- pie , le premier prince, felon Abd’al-Baki, que Maho- met inyita à embrafler fa religion ; mais qui ne le vit jamais , & eut feulement commerce avec quelques- uns de fes compagnons. Tel fut auf Badhan le per- fan , gouverneur de l'Arabie heureufe, avec tous les perlans, qui, à fon exemple , embraflerent fans dif- ficulté l’iflamifme, Tels furent enfin tous les peuples de l'Arabie, & les princes que le prophete convertit à fa religion. (D, J.) TABELLION, f. m. (Jurifprud.) eft un officier pu- blic qui expédie les éontrats, teflamens & autres ac- tes pañlés par les parties. - : On confond quelquefois le terme de rabellion avec cehu de notaire , fur-tout dans les campagnes, où les notaires des feigneurs font communément appel- lès sabellions. Cependant ces termes rosaire & tabel— lion pris par chacun dans leur véritable fignification, ne font point fynonymes, & le terme de sabellion W’a point été introduit pour défigner des notaires d’un ordre infériéur aux notaires royaux, qui réfident dans les grandes villes. Le terme de rabellion vient du latin cabula, feu ta- Bella, qui dans cette occañon fignifioit ces fablettes enduites de cire dont on fe fervoit autrefois au lieu de papier. On appella chez Les Romains sabularius feu fabellio , officier qui gardoit les aêtes publics ; il exerçoit en même tems la fon@ion de greffier ; c’eft pourquoi les termes de Jcribæ & de tabularii {ont prefque toujours conjoints dans les textes du droit, ë&t fouvent pris indifféremment l’un pour l’autre. Les rabellions romains faifoient même à certains égards la fonction de juges , tant envers les parties, qu'envers leurs procurètrs , & il n’y avoit point d'appel de leurs jugemens; ainfi que le remarque Caffiodore en fa formule des notaires. Les notaires, qui n’étoient alors que les clercs ou les aides des sabellions , recevoient les conventions des parties, qu'ils rédigeoient en fimples notes abré- gées ; & les contrats dans cette forme n’étoient point obligatoires ni parfaits, jufqu’à ce qu’ils euffent été écrits en toutes lettres , 8& mis au net, i7 purum feu 22 mundum redaüti , ce qui fe faïloit par les rabellions. Ces officiers ne fignoient point ordinairement la note ou minute de laéte; ils ne le faifoient que pour les parties qui ne favoïent pas figner. Quand le notaire avoit fait la groffe ou expédition aunet,1l la délivroit fur le champ à la partie {ans être tenu de la faire enregiftrer préalablement, ni même de conferver la note ou minute, laquelle n’étoit plus regardée que comme le projet de l’aûte. Mais ce qu’il faut encore remarquer, c’eft que les contrats ainfi reçus par les notaires , & expédiés par les sabellions , ne faïloient pas à Rome une foi pleine & entiere , jufqu’à ce qu’ils euflent été vérifiés par témoins ou par comparaifon d’écritures ; c’eft pour- quoi pour S’exempter de la difficulté de faire cette vérification , on les infinuoit & publioit apud aa. En France Les juges fe feryoient anciennement de leurs clercs pour greffiers &bour notaires ; ces clercs recevoient en préfence du juge les actes de jurifdic- tion contentieufe; & en fon abfence, mais néanmoins fous fon nom , les aétes de jurifdiétion volon- faire, TAB 795 Dans toutes les anciennes ordonnances jufqu’au tems de Louis XII. les greffiers font commuañément appellés roraires, aufi-bien que les rabellions, & la fonétion de greffiers & rabellions y eft confondue, comme n'étant qu’une feule & même charge, | | Les greffes & zabelliones étoient communément donnés à ferme ; ce qui continua fur ce Pié jufqu’au tems de François. lequel par un édit de lan à S42s érigea les clercs des rabe/lions en titre d'office , &en fit un office féparé de celui du maître , voulant qu’en chaque fiege royal où1l y avoit ‘un rabe/lion, il y eût un certain nombre de notaires , au lieu des clercs où fubflituts que le sabellion avoit auparavant; & que dans les heux où il y avoit plufeurs notaires )Ly eût en outre un #abe/lion: On attribua aux notaires le droit de recevoir les minutes d’adtes, & aux sabers lions le droit de les mettre en grofle, l Mais depuis, Henri IV, réunit Les fonions de no< taire 8 de rabellion | ce qui a eu fon exécution » Ex= cepté dans un petit nombre d’endroits , où la fonc- tion des sabellions eft encore féparée de celle des no- taires. | On entend par drois de tabellionage | le droit de créer des notaires & sabellions ; ce droit n'appartient qu'au ro1, & les feigneurs ne peuvent en établir dans leurs juftices qu'autant qu'ils ont ce droit par leurs titres, & que la conceffion eft émanée du TO1. On donne quelquefois le nom de s24e/lion aux no- taires des feigneurs , comme pour les diffinguer des notaires royaux , quoiqu'ils aient les mêmes fonc- tions , chacun dans leur diftrit. Voyez 4 Noyelle 44 de Juftinien; Loyfeau , des offices , Liv. LT. ch. v. Le re- cueil des ordonnances , &t le mot NOTAIRE. (4 TABELLIONAGE , {. m. ( Gramm., € Jarifprid.} charge &c fonétion du tabellion. AV a TABELLIONNER , v. aû. (Gramm.) mettre em forme un contrat, quand on le livre en parchemin & grofloyé , à la différence de la note où copie de minute de contrat ou obligation qui fe délivreen par- chemin , & fans faire mention du garde-fcel. - TABENNE ; ( Géog. arc. ) lieu d'Egypte , dans fa! haute Thébaïde , fur Le bord du Nil, au diocèfe de Tentyre. C’eft à Tabenne que faint Pacôme bâAtit le premier un monaftere de fa congrégation, Il le gOU+ verna depuis l’an 325 de Jefus-Chrift > Jufqu’à 3 49e DLL ( HART CAMPUS , (Géog. anc.) pays de l'A fie mineure , dans la Myfe, apparemment aux con- fins de la Phrygie. 1 TABEOUN, f. m. terme de relation , Ce mot veuf dire Les Juivans ; c’eft ainfi que les mufulmans appel- lent les perfonnages qui ont fuivi les compagnons de Mahomet , & qui ont enfeigné fa do@rine ; com- me 1ls n’ont paru qu'après la centieme année de l’hé= gire, leur autorité eft beaucoup moindre que celle de leurs prédéceffeurs, ( D. J.) | TABERNA, (Géog. anc.) ce mot a été employé dans la géographie pour défigner certains lieux où les voyageurs s’arrêtoient , où il y avoit une hôtel- lerie , ou un cabaret; & comme quelquefois il s’eft formé des villes dans ces fortes d’endroits,elles en ont pris leur nom. Aïnfi Taberze , aujourd’hui Rheinza- bern ; un autre Taberne eft Berezäbern, forterefle qui afluroit une des principales gorges de la monta- gne des Vofges ; c’eft à celle-ci qu'Adrien de Valois rapporte le Tabernæ d’Aufone. TresTabernæ, Faverne à l'entrée des Vofges; l’italie & l’Epire avoient auf des villes de cemême nom. Voyez TRES TABERNZ. Enfin les Romains ont appellé amfi quelques pla- ces frontières, à caufe des tavernes qui Sy établirent pour la commodité des troupes. (D. J.\ TABERNA, PILA , (Listérat.) Horace entend par taberna non-feulement ce que nous appellons une 74- verneçmaistoutes fortes de boutiques où les gens oifig 796 T AB s’aflembloient pour jafer, 8 pour apprendre des nou- velles. Les Grecs appellent ces boutiques accyac. Le même poëte défigna par pile, les boutiques des librai- res , parce que ces boutiques étoient ordinairement autour des piliers des édifices publics, c’eft pourquoi Catulle joint enfemble saberna &t pila ; Salax taberna, vofque contubernales A pileatis nona fratribus pila. « Infâme boutique, & vous qui habitez, &c qui vous » tenez au neuvieme pilier à compter depuis le tem- »ple des jumeaux fi connus par le bonnet romain D A » qu'ils portent fur la tête... (D. J. ) TABERNA MERITORIA, ( Antig. rom.) l'hôtel de Mars; c’étoit une efpece d'hôtel des invalides à Rome, où l’on nourrifloit aux dépens de la républi- que , les foldats qui avoient combattu vaillamment pour elle. (D. J.) TABERNACLE., f. m. (Menuiferie | Orfévrerie. ) ouvrage de menuiferie, ou d’orfévrerie, fait en for- me de petit temple que lon met fur un autel, pour y renfermer le ciboire où font les faintes hoftes. On appelle rabernacle ifolé , un tabernacle dont les uatre faces, refpeétivement oppoñées , font pareil- les. Tel eft le sahernacle de l’églife de fainteGéné- vieve , & celui des peres de l’Oratoire rue faint Ho- noré à Paris. , Le mot de sabernacle vient du latin sabernaculum , une tente. | TABERNACLE , ( Hiff. facr. ) temple portatif où les Hraélites, durant leur voyage du défert , faifotent leurs aétes de religion, offroient leurs facrifices, & adoroïent le Seigneur. Moyfevoulant établir chez les Ifraélites un culte uniforme , & des cérémonies reglées , fit drefler au milieu de leur camp , ce tem- ple portatif conforme à un état de peuples voya- geurs. Ce temple portatif pouvoit fe monter , fe dé- monter, & fe porter où l’on vouloit. _ IL étoit compofé d’ais , de peaux , & de voiles ; 1l avoit trente coudées delong fur dix de haut, êc au- tant de large, & étoit partagé en deux parties. Celle db onentroit d'abord, s’appelloit Ze fuine, &c c’étoit-là qu’étoient le chandelier , ia table avec les pains de propoñition, & l’autel d’or fur lequel on faifoit brüler le parfum. A2. 2x. 2. Cette premiere partie étoit féparée par un voile, de la feconde partie, qu'on nommoit /e fanüuaire, ou 4 faint des fainrs , dans laquelle étoit l'arche d’al- liance. L’efpace qui étoit au-tour du s4bernacle, s’ap- pelloit Ze parvis, dans lequel, & vis-à-vis entrée du zabernacle , étoit l'autel des holocauftes , & un grand baflin d’airain plein d’eau, où les prêtres fe lavoient avant que de faire les fonétions de leur miniftere. Cet efpace qui avoit cent coudées de long , fur cin- quante de large, étoit fermé d’une enceinte de ri- deaux , foutenus par des colonnes d’airain ; tout le tabernacle étoit couvert de voiles précieux, par-def- fus lefquels il y en avoit d’autres de poil de chevre, pour les garantir de la pluie & des injures de Pair. Les Juifs regardoient le sahernacle, comme la de- meure du Dieu d’Ifraël , parce qu'il y donnoit des marques fenfbles de fa préfence, &c que c’étoit-là w’on devoit lui offrir fes prieres , fes vœux, &c fes offrandes. C’eft auffi pour cette raïfon , que le saber- -nacle fut placé au milieu du camp, & entouré des tentes des Ifraélites , qui étoient rangées tout-au- tour felon leur rang. Judas, Zabulon, & Iffachar, étoient à lorient ; Ephraim , Benjamin, & Manañé, _à l'occident ; Dan, Azer, & Nephtali, au fepten- trion ; Ruben, Siméon, & Gad, au midi. Le grand sabernacle fut érigé au pié du montSinai, le premier jour du premier mois de la feconde an- née après la fortie d'Egypte, l’an du monde 2514. Il tint lieu de temple aux Hraélites, jufqu'à ce que Salomon en eût bâti un, qui fut le centre du culte des Hébreux. L’Ecriture remarque qu'avant que le grand sabernacle, dont nous parlons, fut conftruit, Moïfe en avoit fait un plus petit, qui étoit une efpe- ce de pavillon, placé au milieu du camp ; il Pap- pella Île sabernacle de l'alliance ; maïs il le drefla loin du camp , lorfque les Ifraélites eurent adoré le veau d'or. (D...) | FABERNACIE, ( Critiq. facrée. ) cemot, dans l’E- criture, a une fignication fort étendue ; 1l fe prend quelquefois pour toutes les parties du sabernacle, le fanétuaire , le lieu faint , & le temple même ; 1l fe prend aufli pour zaifon, I. rois, x. 2, pour sente, Gen. zx. 21. pour l’eglife des fideles, Apoc.xxy.3.en-, fin pour le ciel, Hébr, vu. 2. Lemonde, dit Philon, eft le vrai tahernacle de Dieu , dont Le lieu très-faint eft le ciel, Le même auteur remarque que files Ifraé- lites , en fortant d'Egypte , étoient d’abord arrivés dans le pays qui leur étoit promis , ils auroient bâti un temple folide , mais qu’étant obligés d’errer plu- fieurs années dans le défert, Moiïfe leur fit drefler le sabernacle, qui étoit un temple portatif, afin de faire par-toutle fervice divin. ( D. J.) TABERNACLES , fête des ,( Hiff, des Hébr. ) lune des trois grandes fêtes des, Juifs ; 1ls la célébroient après la moiflon, le quinzieme du mois Tir , pen- dant fept jours , qu'ils pafloient fous des tentes de verdure, en mémoire de ce que leurs peres avoient anf campé dansle défert. On offtoit chacun des jours que duroit la fête, un certain nombre de viétimes en holocaufte, &c un bouc en facrifice, pour le péché du peuple, Les Juifs, pendant tout ce tems, fafoient des feftins de réjouiflance avec leurs femmes & leurs enfans , où ils admettoient les Lévites, les étrangers, les veuves , & les orphelins. Les fept jours expirés, la fête fe terminoit par une folemnité qu’on célébroit Le huitiéme jour , & où tout travail étoit défendu de même que le premier jour ; tous les mâles, en ce jour , devoient fe rendre d’abord au sabernacle, &t enfuite au temple; &ils ne devoient point y paroitre les mains vurdes, mais of- frir au Seigneur des dons & desfacrifices d’attions de graces , chacun à proportion de fon bien. ( D. J. ) TABERNACLE, ( Marine.) terme de galere. C’eft une petite élévation vers la pouppe, longue d’envi- ron quatre piés & demi, entre les efpaces où le ca- pitaine fe place , quand il donne fes ordres. ( Q) TABERNÆ MONTANA , 1.f (Hifi. nat. Bor.) genre de plante à fleur monopétale , tubulée en for- me de foucoupe profondément découpée ; le piftil fort du calice, il eft attaché comme un clou, à la partie inférieure de la fleur , & il devient dans la {ui- te un fruit en forme de veflie, qui eft le plus fou- vent double ; ce fruit s’ouvre longitudinalement, & contient des femences oblongues , revêtues d’une chair très - tendre. Plumier, zov. plant, amer. gen. Voyez PLANTE. Miller en compte les deux efpeces fuvantes. Taz- bernæ montana laëtefcens, lauri folio, flore albo , fili- quis rotuñdioribus | Houft. Tabernæ: montana laiteufe, à feuilles de citron ondées. Tabernæ montana laütef- cens , lauri folio , flore albo , filiquis rotundioribus. La premiere efpece eft commune à la Jamaique ; &t dans plufieurs autres contrées des climats chauds de l'Amérique, où elle s’éleve à la hauteur de quinze ou feize piés, & a le tronc droit, uni, & couvert d’une écorce blanchâtre ; du fommet du tronc, par- tent des branches irrégulieres, & couvertes de feuil- les d'un verd luifant ; les fleurs font placées fur le pédicule des feuilles, elles font jaunes; 8 extrème- ment odoriférantes , elles font fuivies de deux fili- ques fourchues, qui contiennent les femences. Ce genre de plantes a beaucoup de rapport à celui du laurier-rofe, fous lequel quelques auteurs de bo- tanique les ont rangées ; cependant leurs femences. n’ont point de duvet , ainfi que celles du lautiet-ro- fe ; elles font feulement contenues dans une fubftance moîle & pulpeufe. Le P:Plumuer en a fait une clafle, en l'honneur du doéteur Jacques Théodore, qu'on appelloit z4- berne montanus, d'un village d'Allemagne où 1l avoit pris naïflance. C’éroit un des plus favans botaniftes dé fon fiecle , & il publia à Francfort un volume 7-fo/. an. 1$90, qui contient les figures de 2250 plantes. On trouva la feconde efpece à la Véra-Cruz, ce fut le doéteur Guillaume Houfton , qui engenvoya en Angleterre des femences qui multipherent cette plante. Miller, ( D. TJ.) TABERNARIÆ Come@bp1z ,(Dram. des Rom.) comédie Où l’on introduifoit les sens de la lie du peu- ple..Onappelloit ces pièces comiques , rabernariæ , tavérneres, parce qu’on y repréfentoit des tavernes furle théâtre. Feftus nous apprend que ces pieces ta- vernieres étoient mêlées de perfonnages de con- dition , avec ceux de la lie du peuple; ces fortes de drames tenoient le mnlieu entre lesfarces, excdie, & les comédies ; elles étoient moins honnêtes que les comédies, & plus honnêtes que les exodes. (D. J) TABERON, (Géog. mod.) ville de Perfe. Lonprr. felon Tavernier, 80. 34. larir. 35. 20. (D. J.) TABES ,f.m. TABIDE, adj. ez Médecine, qui convient généralement à toutes fortes de confomp- tions. Foyez CONSOMPTION ;, PHTHISIE, ATRO- PHIE , MARASME, Gc. sd TABES dorfalis eft une efpece,ou plutôt un degré de confomption , qui vient quelquefois d’excès dans Pate vénérien. Le malade n’a ni fievre, ni degoût, mais une cer- taine fenfation , comme f une multitude de fourmis lui couroit de la tête le long de la moëlle de lépine; &t lorfqu’il urine, ou qu'il va à la felle , il rend une matiere liquide, qui reflemble à la femence. Après un violent exercice, il a la tête pefante, & un tintement d'oreille’, & à la fin il meurt d’une lipy- tie, C’eft-à-dire d’une fievre oùles parties externes font froides, tandis que les internes font brülantes, Les caufes fontlesmêmes que dans la confomption, V'atrophie & la phthifie, en général & en particulier ; la caufe ici eft un épuifement , caufé par la partie la plus fpiritueufe de nos fluides qui eft la femence ; ell eftaufli ordinaire aux femmes épuifées par des fleurs blanches continuelles. La phthifie dorfale eff une ma- ladie incurable ; elleeft fuivie d’infomnie, de féche- refle, d’anxiété, de douleurs noturnes, de tourmens, de tiraillemens dans les membres , & fur-tout dans Pépine du dos. | La cure eft la même que celle de la confomption: ainfi les reftaurans, les fortifians , les gêlees, le vin vieux pris modérément , l’eau de gruau, le lait coupé, les alimens reftaurans aromatifés ; & fur: tout. les bouillons de veau, de bœuf: on doit aller par degré des alimens légers aux plus nourriffans. L'air doit être pur, celui de la campagne dans une plaine, & tempéré, eft le meilleur, le malade s’y proménera. Voyez GYMNASE & EXERCICE. Le fommeil fera long & pris fur un lit modéré- ment mollet , chaud & fec. On Le placera dans un lieu airé, on en écartera toute vapeur mal faine. Les pafñons feront tranquilles, on donnera de la gaieté, on animera l’efprit parles compagnies. Voyez MALADIEDE L'ESPRIT. La meilleure façon de guérir cette maladie, eft de rendre au fang fa partie balfamique & fpiritueufe, emportée par l’excès des plaïfirs de l’amour. Tousles fymptomes des autres maladies s’y ren- | contrant, on doit les calmer ; maïs la caufe feule- étantune fois extirpée, mettra en état d’y remédier. F. CONSOMPTION, PHTuiste. Car cette maladie prend la forme de toutes les différentes efpeces de confomption & de phthifie, F A B 797 | dy TABIÆ ,( Céogr. anc.)heud'itahie , dans la Cam- pame, entre Naples & Surrento, mais plus près de ce dernier lieu. On le nomme aujourd’hui Mouse de la Torre, felon André Baccio. ( D. J. TABIANA, ( Géogr, ane.) ile du golfe Perfique. Ptolomée, Z. WI. c. iy. la marque près de la côte feptentrionaledu golfe ; au voifinage, & à l'occident de Pile Sophtha. (2. J.) 4 4 TABIDIUM , (Géogr. anc.) ville de l'Afrique intérieur , felon Pline, qui, 4, # ce, v. la met au nombre des villes fubjuguées par Cornelius Balba; c’eit le Tabadis de Ptolomée, 4. 1F 6,» ( DJ) TABIENA , ( Géogr. anc.) petite contrée d’Afie,, dans la Parthie , aux confins de là Carmanie, felon Prolomée, Z WT. €. y: (D. JT.) TABIS, f. m. ( Soierie. ) efpece de gros taffctas onde , qui fe fabrique comme le taffetas ordinaire , hors qu'il eft plus fort en chaine &c en treme; on donne des ondes aux #xbis, par le moyen de [a ca- lendre, dont les rouleaux de fer, de cuivre , diver= fement gravés, & appuyant inégalement fur Pétoife, en rendent lafuperhcie mégale, enforte qu'elle reflé- chit diverfement la lumiere quand elle tombe deflus, Savary. (D, J. | Il y a auf le sabis, Draperie, Voyez l'arsicle Maz NUFACTURE EN LAINE, ° TABISER , v. a@. ( Manufaflure de Soierie.) c’eft pañfer fous la calandre une étoffe, pour y faire pa roître des ondes comme au tabis. On sabife la moire, es rubans , des toiles à doublure, des treillis, &c. (D. 7.) | TABLÆ, ( Géogr. anc.) lieu de Pile des Bataves, felon la carte de Peutinger, qui le marque à 18 mi- les de Carpingium, & à 12 de Flenium. On croit que c’eft aujourd’hui Alblas. ( 2. J.) TABLALEM , {. m. (Æif. mod. ) titre que l’on donne chez les Turcs à tous les gouverneurs des provinces; on Le donne aux vifirs, bachas, becs. Alem eftun large étendart porté fur un bâton, fur- monté d'un croifflant ou d’une demi-lune. Le #2J eft untambour, Les gouverneurs font toujours précédés de ces chofes, TABLAS, (Géogr. mod.) le de l’Afie, une des Philippines , au couchant de Pile de Panay, dont elle -eft éloignée de quinze nulles. On lui donne quatre lieues de largeur, & douze de tour. ( D. J. TABLATURE, f. f. er Mujique ; ce font les let- tres dont on fe fert au lieu de notes, pour marquer les fons de plufieurs inffrumens , tels que le luth, la guitarre, le théorbe, & même autrefois la viole. On tire plufeurs lignes paralleles femblables à celles d’une portée, & chacune de ces lignes repré- fente une corde de linffrument., On écfit enluite fur ces lignes des lettres de l'alphabet, qui indiquent le doigt dont il faut toucher la corde. La lettre x in- dique la corde à vuide : £ indique le premier doigt : c le fecond : d le troifieme, &c. | Voilà tout le myftere de la sablarure ; mais comme lés inffrumens dans lefquels on lemployoit, font prefque entierement pañlés de mode, & que däns ceux même dont on joue encore aujourd’hui, on a trouvé les notes ordinaires plus commodes, la s44/a- ture eft depuis long-tems entierement abandonnée en France & en Italie. (S) dt TABLE DE PYTHAGORE ou TABLE DE MULTI- PLICATION. Voyez PYTHAGORE. TaBie, 1 f. Ce mot a dans la langue un grand nombre d’acceptions diverles. Voyez les articles fui- vans. TABLES, er Mathématiques. Ce font des fuites de nombres tout calculés, par le moyen defquels on exécute promptement des opérations aftronomiques, géométriques, Gc. TABLES ASTRONOMIQUES, font des calculs des 798 T AB mouvemens, des lieux & des autres phénomeges des planetes premieres & fécondaires. Voyez PLANETE, SATELLITE, 6€ Les sables affronomiques les plu$ anciennes font celles de Prolomée, que l’on trouve dans fon #/#1a- geff: ; mais elles font bien éloiÿnées d’être conformes aux mouvemens des corps céleftes. Voyez ALMA- GESTE. Al En 1262, Alphonfe XI. roi de Caflille, entreprit de les: faire corriger. Le principal auteur de ce tra- - vail fut Hfaac Hazan, aftronome juif: & on a cru que le roi Alphonfe y avoit aufi mis la main. Ce prince dépenfa 400000 écus pour l'exécution de fon pro- jet. C’eft ainf que parurent les sables alphonfines, auxquelles on dit que ce prince mit lui-même une préface : mais Purbauhius & Regiomontanus en re- marquerent bientôt les défauts ; ce qui engagea Re- giomontanus, & après lui Waltherus & Warnerus, à s'appliquer aux obfervations céleftes, afin de reéti- fier ces sables, maïs la mort les arrêta dans ce tra- vail Copernic, dans fes livres des Révolurions céleffes, au-liéu des sables alphonfines, en donne d’autres qu’il a calculées lui-même fur les obfervations plus récentes, & en partié. fur les fiennes propres. Eraf. Reinholdus {e fondant fur les obfervations & la théorietde Copernic, compila des sables qui ont été imprimées plufeurs fois & dans pluñeurs endroits, Ticho-Brahé’ rematqua de bonne-heure les dé- fauts de ces sables ; ce qui le détermina à s’appliquer luimême avec beaucoup d’ardeur aux obfervations céleftes. fl s’attacha principalement aux mouvemens du Soleil & de la Lune. Enfuite Longomontanus, outre les théories des différentes planetes publiées dans fon Affronomia danica, y ajouta des sables de leurs mouvemens , que l’on appelle sabule danice ; & après lui Kepler en 1627 publia les sables rudol- phines qu font fort eftimées : elles tirent leur nom de l’empereur Rodolphe à qui Kepler les dédia. En 1680, Maria Cunitia leur donna une autre forme. Mercator effaya la même chofe dans fes Obferva- tions aftronomiques, qu'il publia en 1676; comme auffi J. Bapt. Morini qui mit un abregé des sables rudolphires à la tête d’une verfion latine de laftro- nomie caroline de Street publiée en 1705. Lansberge n’oublia rien pour décrier les sables rudolphines ; il conftruifit des sables perpétuelles des mouvemens céleftes, ainfi qu'il les appelle Iui- même : mais Horroxius aftronome anglois , attaqua vivement Lansberge, dans fa défenfe de Pafirono- mie de Kepler. Depuis les sables rudolphines, on en a publié un grand nombre d’autres : telles font Les sables philo- fophiques de Bouillaud, les sables britanniques de Vincent Wing, calculées fur lhypothèfe de Bouil- laud, les sables britanniques de Newton, les sables françoifes du comte de Pagan, par les sables caroli- nes de Street, calculées fur l’hypothèfe de Ward, - les sables novalmagefliques de Riccioli. Cependant parmi ces dernieres, les sables philo- laïques & carolhines fent les plus eftimées. M. Whif- ton, fuivant l'avis de M. Flamftéed , aftronome d’u- ne autorité reconnue en pareille matiere, jugea à propos de joindre les sables carolines à fes leçons aftronomiques. Les rables nommées rabulæ ludoviceæ , publiées en 1702 par M. de la Hire, font entierement conf- truites fur fes propres obfervations , & fans Le fe- cours d'aucune hypothèfe ; ce que lon regardoit comme impofhble avant l'invention du micrometre, : du telefcope & du pendule. M. le Monnier ,de lacademie royale des Sciences de Paris, nous a donné en 1746 dans fes Jnfisusions aftronomiques, d'excellentes sables des mouvemens du foleil, de la lune, des fatellites , des réfraéions , des lieux de plufeurs étoiles fixes. L'auteur doit pu- blier de nouvelles fables de la Lune , dreffées fur fes propres obfervations. Les Affronomes &c les Navi- gateurs attendent avec impatience cet important Ouvrage. Nous avons auffi d'excellentes #zbles des planetes part M. de la Hire, des sables du Soleil par M. de la Caille, 6c, Pourles sables des étoiles, Voyez CATALOGUE. _ Quant à celles des finus, des tangentes & des fé- cantes,de chaque degré &c minute d’un quart de cer- cle, dont on fait ufage dans les opérations trigono- métriques, foyer SINUS , TANGENTES, 6'c. Sur les sables des logarithmes , des rhumbs dont on fait ufage dans la Géométrie 8 dans la Naviga- tion, &c. Voyez, LOGARITHME, RHUMB, Navi- GATION. Tagzes LoxoODROMIQUES; ce font des rables où la différence des longitudes & la quantité de la route que lon a courue en fuivant un certain rhumb , font marquées de dix en dix minutes dé, latitude. Voyez RHuMB 6 LOXODROMIQUE. Chambers. (0) C’eft à ces dernieres sables, & à celles de M. le Monnier qu'il faut s’en tenir aujourd'hui, comme étant les. plus modernes & les plus exaétes, . Dans les sables d'équations du mouvement des planetes, on met d’abord le nom de l'argument, par exemple, diflance du Soleil à la Lure. Enfuite, com- me un figne eft de 30 degrés, on écrit à gauche dans une ligne verticale tous les degrés depuis o juf- qu’à 30 en defcendant; &7 à droite dans une ligne verticale tous les degrés depuis o jufqu'à 30 en montant. Cela pofé, fi on trouve, par exemple, au haut de la sable ces mots, ajourez ou ôtez en defcen- dant , & au haut de la même sdb/e le figne VIE, par exemple, ou tout autre; cela figniñe, que fi on a pour argument VII fign. + 10 degr. 1l faudra ayouser ou ter l'équation qui eft au-deflous de VIT, &c vis-à- vis de 10 degrés dans la colonne qui éft à gauche; & & on a au-bas de la sable ôtez ou ajoutez en montant & au-bas de la même sable le figne IV, par exemple, cela fignifie, que fi on a pour argument IV fignes + 7 decr. il faudra éser ou ajouter l'équation qui eft au-deflus de 4 & vis-à-vis de 7 dans la colonne qui eff à gauche, & ainf des autres. Voyez ÉQUATION. ‘Sur les sables de la Lune , voyez LUKE. TABLES DES MAISONS, er rermes d’Affrologie. Ce font certaines sables toutes dreflées & calculées pour l'utilité de ceux qui pratiquent PAftrolopie, lorfqul s’agit de tracer des figures. Voyez Maïson. TABLES, pour le jet des bombes; ce font dés calculs tout faits pour trouver l'étendue des portées des bom- bes tirées fous telle inclinaïfon qué l’on veut, & avec une charge de poudre quelconque. Voyez MORTIER 6 JET DES BOMBES. Les plus parfaites & les plus complettes que l'on ait, font celles du Bombardier françois par M. Beli- dor. (Q) | TABLES DE LA LOI, ( Théologie. ) on nomme ainfi deux rables que Dieu , fuivant Ecriture, donna d Moiïfe fur le mont Sinaï, & fur lefquelles étoient écrits les préceptes du décalogne. Foyez DÉCALO- GUE. On forme plufeurs queftions fur ces sables, fur leur matiere, leur forme , leur nombre; l’aureur qui es a écrites, & ce qu’elles contenoïent. Quelques auteurs orientaux cités par d'Herbelot, Biblioth. orientale , p. G49. en compte jufqu'à dix, d’autres fept ; mais les Hébreux n’en comptent qüe deux. Les uns les font de bois, les autres de pierres précieufes ; ceux-ci font encore partagés, les uns les font font de rubis, & les autres d’efcarboucle ; ceux qui les font de bois Les compofent d’un bois nommé /e- drou ou fédras, qui eft une efpece de lot que les Mu- fulmans placent dans le paradis. Moïle remarque, que ces tables étoient écrites des deux côtés. Plufñeurs croyent qu’elles étoient per- cées à Jour , en{orte qu’on pouvoit lire des deux cô- tés; d’un côté à aroite, & de l’autre à gauche. D’au- ttes veulent que le légiflateur fafle fimplement cette remarque, parce que pour l’ordinaire , on n’écrivoit que d’un côté fur les tablettes. Quelques-uns enfin, comme Oleafter & Rivet, traduitent ainf le texte hé- breu , e/les éroent écrites des deux parties , quu fe regar- doient lune l’autre ; enforte qu’on ne voyoit rien décrit en-dehors. Il y en a qui croient que chaque table contenoit les dix préceptes, d’autres qu’ilsétoient mi-partis, cinq fur chaque sable ; enfin, quelques- uns font ces sables de dix ou douze coudées. Moife dit expreflément , qu’elles étoient écrites de la main de Dieu, digito Dai fcriptas | ce que quel- ques-uns entendent à la lettre. D’autres expliquent, par Le miniftere d’un ange; d’autres de l’efprit de Dieu, qui eft quelquefois nommé le doigt de Dieu, D’autres enfin, que Moife infpiré de Dieu & rempli de fon Efprit les écrivit, explication qui paroït la plus na- turelle. On fait que Moïfe defcendant de la montagne de Sinaï, comme il rapportoit Les premieres sables de La loi, les brifa d’indignation en voyant les Ifraëlites adorer le veau d’or: mais quand ce crime fut expié, il en obtint de nouvelles qu'il montra au peuple, & que lon confervoit dans l'arche d’alliance. Les Mufulmans difent que Dieu commanda au burin célefte , d'écrire ou de graver ces sables, ou qu'il commanda à l’archange Gabriel de fe fervir de la plume , qui eft Pinvocation du nom de Dieu, & de l'encre qui eft puifée dans le fleuve des lumieres pour écrire Les sables de la loi. Ils ajoutent que Moïfe ayant laiflé tomber les prentieres sables, elles furent rompues , && que les Anges en rapporterent les mor- ceaux dans le ciel, à la referve d’une piece de la grandeur d’une coudée, qui demeura fur la terre & qui fut mife dans larche d’alliance. D’Herbelot, bi- blioth, orientale, p. 649. Calmet, Dé. de la Bible. TABLE des pains de propofition, (Crisig. facrée.) c'e toit une grande sable d’or, placée dans Le temple de Jérufalem , fur laquelle on-mettoit les douze pain$ de propoñition en face, fix à droite , & fix à gauche, Il falloit que cette sable füt très-précieufe, car éile fut portée à Rome, lors de la prife de Jérufalem, & pa- rut au triomphe de Titus, ayec d’autres richefles du temple. Il paroït par les tailles-douces, qu’on porta devant l’empereur, le ichandelier d’or & une autre figure , que Villalpand, Cornelius à Lapide , Riba- ra, & prefque tous les favans qui ont vû autrefois Parc de triomphe à Rome, prennent pour la sable des pains de propofiuion. Il eft vrai cependant que l’obf curité des figures, prefqu’entierement rongées & ef- facées par le tems, rendroiïent aujourd’hui le fait des plus douteux; mais dans d’anciennes copies, on a cri voir manifeftement la sable dont nous parlons, fur-tout à caufe des deux coupes qui font au-deflus ; car on mettoit toujours fur cette rable deux de ces coupes remplies d’encens. Enfin, Jofephe qui avoit été préfent au triomphe de Titus, leve le doute. Il nous parle de bello judaico, Lib. VII. c. xvij. de trois chofes qui furent portées devant Le triomphateur : 1°. la cable des pains de propofition ; 2°. le chandelier d'or, dont il fait mention dans le même ordre que cela fe trouve rangé dans l'arc de triomphe ; 3°, la loi qui ne fe voit point fur cet arc, &t qui apparem- ment n’y fut pas fculptée, faute de place. (2.J.) TABLE DU SEIGNEUR, (Crc. facrée.) c’eft la sable de l’Euchariftie, où en mangeant le pain & en bu- Tome XV, Là s'oii) EL 4 T AB vant Île vin facré, le fidele célebre la mémoire de la mort &c du facrifice de J. C. c’eft pourquoi les Chré: 799 tiens du tems de Tertullien, appellerent leur culte Jacrifice | & fe fervirent du mot d’aurel , en parlant de la sable du Seigneur. On donna te nom d’aurel, parce que le fidele qui s’approche de la table du Sei- gueur , Vient lui-même s'offrir à Dieu , éomme une viélime vivante : Car l’expreflion étre debout 4 l'autel, défigne proprement la viétime qui fe préfente pour être inmolée; comme il paroît par ce vets de Vir- gile , Géorg. Z. 11, & duëlus cornu ffabit facer hircus ad aram, Ainf quandS. Pauldit, Epic. aux Hébreux, ch. xüj. v. 10. nous avons un autel ; c’eft une expref- fion figurée , dont le fens eft » nous avons une vict- » me, fayoir J. C. à laquelle ceux qui font encore » attachés au culte lévitique, ne fauroient avoir de » part ». En effet, les premiers chrétiens n’avoient point d'autels dans le fens propre , & les payens leur en faifoient un crime, ne concevant pas qu'il pût Y avoir une religion fans viétimes &c fans autels. Phi- lon appelle les repas facrés , la sable du Seigneur, (D. J.) TABLES, lois des douze , (Hif. Rom.) code de lois faites à Rome , par les décemvirs vers lan 301 de la fondation de cette ville. Les divifions qui s’élevoient continuellement en- tre les confuls & les tribuns du peuple, firent penfer aux Romains qu'il étoit indifpenfable d'établir un corps de lois fixes pour prévenir cet inconvénient , &t en même tems aflez amples, pour régler les au= tres affaires civiles. Le peuple donc créa des décem- virs, c’eft-à-dire dix hommes pour gouverner la ré: publique , avec l'autorité confulaire, & les chargea de choïfir parmi les lois étrangeres , celles qu'ils ju geroient les plus convenables pour le but que l’on fe propofoit. Un certain Hermodore , natifd’Ephèle, 8 qui s’é toit retiré en Italie, traduifitles lois qu’on avoit rap- portées d’Athenes, & dés autres villes de la Grece les mieux policées, pour emprunter de leurs ordon- nances, celles qui conviendroient le mieux à la ré publique Romaine. Les décemvirs furent chargés de cet ouvrage , auquel ils joignirent les lois royales ; c’eftainfi qu'ils formerent comme un code du Droit romain. Le fénat après un férieux examen, l’auto- tifa par un fénatus-confulte , & le peuple le confr- ma par un plébifcite dans une affemblée des cen- turies, L'an 303 de la fondation de Rome , on fit graver ces lois für dix sables de cuivre, & on les expofa dans le lieu le plus éminent de la place publique ; mais comme il manquoit encore plufieurs chofes pour rendre complet ce corps des lois romaines; les dé- cemvirs dont on continua la magiftrature en 304, ajouterent de nouvelles lois qui furent approuvées , 6t gravées fur deux autres sables, qu’on joignit aux dix premieres, & qui firent le nombre de douze. Ces douze sables fervirent dans la fiute de jurifprudence à la république Romaine. Ciceron en a fait un grand éloge en la perfonne de Craflus, dans fon premier livre de POrateur , 2°, 43. & 44. Denis d'Halicar- nafle, Tite-Live & Plutarque traitent auf fort au long des lois décemvirales , car c’eft ainf qu’on nom- ma les lois des douze sables, Elles fe font perdues ces lois par l’injure des téms: il ne nous en refte plus que des fragmens difpertés dans divers auteurs , mais utilemenr recueillis par lillufire Jean Godefroy. Le latin en eft vieux & bar- bare, dur 8 obfcur ; & même à mefure aue la lan gue fe poliça chez les Romains, on fut obligé de le changer dans quelques endroits pour le rendre intel- Egible. | SR Ce n’eft pas-là cependant le plus grand défaut du code des lois décemvyirales. M. de Mofites qui. va nous "A LE 1e cer contes 800 T AR Vapprendre ; la févérité des lois royales faites pour un peuple compofé de fugitifs, d’efclaves & de bri- gands , ne convenoit plus aux Romains, L’efprit de la république auroït demandé que les décemvirs n’euflent pas mis ces lois dans leurs douze tables ; mais des gens qui afpiroient à la tyrannie, n’avoient garde de fuivre l’efprit de la république. Tite-Live, Liv. I. dit, fur le fupplice de Métius- Fuffétius , diétateur d’Albe, condamné par Tullus- Hofilius, à être tiré par deux chariots, que ce fut le premier & le dernier fupplice où l’on témoipna avoir perdu la mémoire de l'humanité ; il fe trompe ; le code des douze tables a plufieurs autres difpofirions très-cruelles. On y trouve Le fupplice du feu, des peines prefque toujours capitales , le vol pui de mort. Celle qui découvre le mieux le deffein des décem- virs, eft la peine capitale prononcée contre les au- teurs des libelles & les poëtes. Cela n’eft guere du génie de la république, où le peuple aime à voir les orands humiliés. Mais des gens qui vouloient ren- verfer laliberté, craignoient des écrits qui pouvoient rappeller l’efprit de la liberté. On connut fi bien la dureté des lois pénales , infé- rées dans le code des douze tables , qu'après l’expul- fion des décemvirs , prefque toutes leurs lois qui avoient fixé les peines, furent Ôtées. On ne les abro- gea pas expreflement; mais la loi Porcia ayant défen- du de mettre à mort un citoyen romain, elles n’eu- rent plus d'application. Voilà le vrai tems auquel on peut rapporter ce que Tite-Live, y. J. dit des Ro- mains, que jamais peuple n’a plus aimé la modéra- tion des peines. Si l’on ajoute à la douceur des peines , le droit qu’avoit un accufé de fe retirer avant le jugement, on verra bien que lesloïs décemvirales s’étotent écar- tées en plufieurs points de lefprit de modération, fi convenable au génie d’une république , & dans les autres points dont Ciceron fait Péloge, les loïs des douze tables le méritoient fans doute. (D. J.) TABLE DE CUIVRE , ( Jurifp. rom. ) æs , table fur laquelle on gravoit chez les Romains la loi qui avoit été reçue. On affichoit cette sable dans la place pu- blique ; & lorfque la loi étoit abrogée , on Otoit J'afiche , c’eft-à-dire , cette sable. De-là ces mots fx legem , atque refixit. Ovide déclare que dans l’âge d’or , on n’affichoit point des paroles menaçantes gravées fur des cables d’airain. Nec verba minantia fixo ZÆEre ligabantur. Dans la comédie de Trinummus de Plaute , un plai- fant dit, qu'il vaudroit bien mieux graver les noms des auteurs des mauvaifes actions , que [es édits. CD:J5) TABLE ABBATIALE , ( Jurifprud. ) eff un droit dû en quelques lieux à la menfe de l'abbé par les prieurs dépendans de fon abbaye. Voyez Le Di&ion. des Arréts de Brillon , au mot ABBÉ , 7. 107. ( 4) TABLE DE MARBRE , ( Jurifprud. ) eft un nom commun à plufeurs jurifdiétions de Penclos du Pa- lais, favoir la connétablie, l’amirauté & le fiége de la réformation générale des eaux & forêts. Chacune de ces jurifdiétions , outre fon titre particulier, fe dit être au fiege de la rable de marbre du palais à Paris. L'origine de cette dénomination , vient de ce qu'anciennement Le connétable , l'amiral & le grand- maître des eaux & forêts tenoient en effet leur jurif- didion fur une grande rable de marbre qui occupoit toute la largeur de la grand'falle du palais ; le grand chambrier y tenoit aufli fes féances. Cette sable fervoit auf pour Les banquets royaux. Du Tillet, en fon recueil des rangs des grands de France , pag. 97. dit que le dimanche 16 Juin ts 46, le Roi Henri IL. ft fon entrée à Paris ; que le foir fut fait en la grand’falle du palais le foupé royal; que ledit feigneur fut aflis au milieu de la sable de marbre, Cette sable fut détruite lors de l’embrâlement de ka grand’falle du palais , qui arriva fous Louis XIIL, en 1618. Outre la table de marbre dont on vient de parler, il y avoit dans la cour du palais la pierre de marbre, que l’on appelloit aufi quelquefois la s2b/e de marbre. Quelques-uns ont même confondu ces deux sables une avec Pautre. Mais la pierre de marbre étoit différente de la ra- ble de marbre , & par fa fituation , & par fon objet. La pierre de marbre étoit au pié du grand degré du palais, Elle exiftait encore du tems du roi Jean en 1359. Elle fervoit à faire les proclamations publi= ques. Elles fe faifoient pourtant aufh quelquefois fur la sable de marbre en la grand’falle du palais. Voyez le recueil des ordonnances de la troifieme race, tome III. P» 3 #7. aux notes, Quand on parle de la s4hle de marbre fimplement, on entend la jurifdiétion des eaux & forêts qui y tient fon fiese. Elle connoït par appel des fentences des maitries du reflort. Les commuflaites du parle- mént viennent aufli y juger en dernier reflort les matieres de réformation. Voyez EAUX & FORÊTS. Il y a auff des sables de marbre dans plufieurs autres parlemens du royaume , mais pout les eaux & forêts feulement. Elles ont été créées à l’inffar de celle de Paris ; elles furent fupprimées par édit de 1704, qui créa au lieu de ces jurifdiétions une chambre de ré- formation des eaux & forêts en chaque parlement; mais par différens édits poftérieurs , plufieurs de ces tables de marbre ont été rétablies, Voyez EAUX 6 Fo- RÊTS , GRURIE , MAÎTRISE , AMIRAUTÉ , CONNÉ- TABLIE, MARÉCHAUSSÉE. (4) | TABLE DU SEIGNEUR , fignifie domaine du fei- gneur ; mettre en fa £able, c’eft réunir à fon domaine. Ce terme eft ufité en matiere de retrait féodal. Voyez l’article 21 de la coutume de Paris. Quelques-uns pré- tendent que sable en cette occafion fignifie catalogue , &t que mettre en fa sable , c’eft comprendre le fief fervant dans la lifte des biens & droits qui compo- fent le fief dominant. Voyez FIEF RETRAIT FÉO- DAL. (4) | TABLE RONDE, {. f. ( Hiff. mod. ) chevaliers de la sable ronde : ordre mulitaire qu’on prétend avoir été inftitué par Arthur , premier roi des Bretons, vers l'an 516. Voyez CHEVALIER. On dit que ces chevaliers , tous cho fis entre les plus braves de la nation, étoient au normbre de vingt- quatre , & que la sable ronde , d'où ils tirerent leur nom , fut une invention d'Arthur , qui voulant éta- blir entr’eux une parfaite égalité , imagina ce moyen d'éviter le cérémonial , & les difputes du rang au fujet du haut & bas bout de la sable. Lefly nous aflure qu'il a vu cette #4b/e ronde à Wincheftre , fi on en veut croire ceux di y en montrent une de cette forme avec beaucoup de cé- rémonies, & qu'ils difent être celle même dont fe fervoient les chevaliers ; & pour confirmer la vérité de cette tradition, ils montrent les noms d’un grand nombre de ces chevaliers tracés autour de la sable. Lartey , & plufeurs autres écrivains , ont débité férieufement cette fable comme un fait hiftorique. Mais outre que Camdem obferve que la ftrutture de cette sable eft d'un goût beaucoup plus moderne que les ouvrages du fixieme fiecle , on regarde le roi Arthur comme un prince fabuleux , & le P. Pape- brok à démontré qu'avant le dixieme fiecle on ne favoit ce que c’étoit que des ordres de chevalerie. Il paroît au contraire que la sable ronde wa point été un ordre militaire , mais une efpece de joûte ou TAB d'exercice militaite entre deux hommes armés de: lances , & qui différoit des tournois où l’on com-! battoit troupe contre troupe. C’eft:ce que Matthieu | Paris diftingue expreflément. » Non in haffiludio illo , » dit1l, quod TORNEAMENTUM dicitur, fed potius es ir lo ludo militart qui MENSAROTUND'A dicitur ÿ. Et l’on croit qu’on donnoiït à cette joûte le nom de ; table ronde, parce que les chevaliers qui y avoient | combattu venoient au retour fouper chezle prinei- : pal tenant , oils étoient afñis à une rable ronde. : Voyez encore {ur ce fujet l'abbé Juftiniani & le pere Helyot, Plufieurs auteurs difent qu'Artus , duc de Breta- gne , renouvella l'ordre de la £able ronde , qu’on fup- pofoit fauflement avoir exifté. Paul Jove rapporte que ce ne fut que fous l'empire de Frederic, Barbe- roufle qu'on commença à parler des chevaliers.de la table ronde : d’autres attribuent l’origine de ces che- valiers aux faions des Guelphes & des Gibelins. Edouard IL. fit, felon Walfingham , bätir un palais qu'il appella la sable ronde , dont la cour avoit deux cens piés de diametre, TABLE , en terme de Blafon , fe dit des écus ou des écuflons qui ne contiennent que la fimple couleur du champ , & qui ne font chargés d’aucune piece, figure, meuble, &c. On les appelle sables d'attente ; Ou tables rafes. | _ TABLES DU CRANE, ( Anatomie. ) les os du crâne font compofés de deux lames offeufes, qu’on ap- pelle sables : il y a pourtant quelques endroits du crâne où on ne les trouve pas; & dans ces endroits- là, ilnya point de diploë ; c’eft ce qu’il faut bien obferver quand il eft néceffaired’appliquer le trépan. La sable extérieure eft la plus épaifle & la plus po- lie ; elle eft recouverte du péricrâne : l’intérieure “eft plus mince , 6 la dure-mere eft fortement atta- chée à fa furface interne, particulierement au fond & aux futures. De plus, on remarque dans cette table plufieurs fillons, qui y ont été creufés par le battement des arteres de la dure-mere, non-feule- ment lorfque les os étoient encore tendres dans la jeunefle , mais même jufqu’à leur accroiffement par- MÉMNE Æ Ruifch dit qu'il a vu plufeurs fois le crâne des adultes fans diploë ; de forte que l’on ne remarquoit aucune féparation d’une sable d’avec l’autre. … On trouve entre les deux sables du crâne , une in- finité de petites cellules offeufes appellées par les Grecs diploë, & par les Latins mediullium, Ces cel- lules font évidentes dans les crânes de ceux qui font nouvellement décédés particulierement à les du front, à l'endroit où ces os font le plus épais ;'on trouve dans ces cellules un fuc moëlleux, & quan tité de vaifleaux fanguins, qui portent non-feule- ment la nourriture aux os , mais aufli la matiere de cefuc médullaire, Quand on fait l'opération du trépan, & que l’on voit la fcieure de los prendre une teinture rouge, c’eit une marque que l’on a percé la premiere sable, & qu'on eft arrivé au diploë ; il faut percer la fecon- de sable ayec une grande précaution, parce qu’elle eft plus mince que la premiere , &c qu’il ne faut point s’expofer à donner atteinte à la dure-mere, parce que cette faute feroit fuivie de funeftes accidens. A l’occafion d’un coup recu fur la tête, ou d’une chüte , les vaifleaux fangums peuvent fe rompre dans le diploë ; & le fang épanché fe corrompant, caufe dans la fuite par fon âcreté une érofon à la sable in- térieure du crâne, fans qu'il en paroïfle aucun figne à l'extérieur ; la corruption de cette sable fe com- munique bien-tôt aux deux méninges, & à la fub- ftance même du cerveau; de maniere que l’on voit périr les malades, après qu’ils ont fouffert de lon- gues &c cruelles douleurs , fans que l’on fache bien Tone XP | Y: TAB z: d ) 8oi précifément à quoi en attribuer la caufe. | Il arrive auffi à l’occafion du virus vérohique, dont le diploé peut être infeété, que les deux sables du crâne le trouvent cariées ; ce qui fait fouffrir des douleurs violentès aux malades , quand l’exoftofe commence à paroître dans ces véroles invétérées, à caufe de {a fenfibilité du péricrâne ; quelquefois mê- me la carie ayant percé la premiere sable, on en voit partir.des fungus., qui font des excroiflances en for- me de champignons. C’eft un terrible accident; car un nouveau traitement de la vérole n’y peut rien ; & les topiques contre la carie 6£ le fungeus, nie font que pallier fé mal. (D.J) TABLE DU GRAND LIVRE, ( Commerce. ) que les marchands , négocians, banquiers, 8 teneurs de li- vres, nomment aufli a/phabet ; répertoire, où index C’eft une forte de livre compofé de vingt-quatre feuillets dont on fe fert pour trouver avec facilité les endroits du grand livre où font débitées & cré- ditées les perfonnes avec lefquelles on eft en compte ouvert. Voyez DÉBITER, CRÉDITER , COMPTE 6 LIVRE. Les autres livres dont fe fervent les négocians ; foit pour les parties fimples ,foit pour les parties doubles, ont aufli leurs sables ou alphabets particu- liers ; mais ces sables ne font point féparées ; elles fe mettent feulement fur deux feuillets à la tête des li- vres, Voyez LIVRES. Diéfionnaire du Commerce. TABLE , poids de, ( Commerce, ) on nomme ainfi une forte de poids en ufage dans les provinces de Languedoc & de Provence. Voyez Poips. TABLE, ( Archi. ) nom qu’on donne dans la dé- coration d’Architeëture , à une partie unie, fimple, de divertes figures, & ordinairement quarré-lonoue; ce mot vient du latin sabula, planche. Table a croffette, table cantonnée par des croffet- tes ou oreillons ; 1l y a de ces tables à plufeurs pa- lais d'Italie. | Table couronnée | table couverte d’une corniche ; &t dans laquelle on taille un bas-relief ; où l’on ;in- crufte une tranche de marbre noir, pour üne inf cription, Table d'attente, boflage qui fert dans les façades, pour y graver une infcription , & pour y tailler de la fculpture. | Table d'aurel ; grande dalle de pierré ; portée fur de petits piliers ou jambages , ou fur un maffif de maçonnerie , laquelle fert pour dire la mefe. Table de crépi, panneau de crépi; entouré de haïffances badigeonnées dans les murs de face Îes plus fimples, & de piés droits , montans, ou pila- ftres 6c bordures de pierre dans les plus riches. . Table de cuivre, rable compofée de planches où de lames de cuivre , dont on couvre les combles en Suede, où on en voit même de taillées en écailles fur quelques palais. | Tables de plomb , piece de plomb ; fondue de cer- taine épaifleur , longueur & largeur, pour fervir à différens ufages. Table de verre ; morceau dé verre de Lorraine qui eft de figure quarrée-longue. Table en faillie, table qui excede le nud du pare: ment d’un mur, d’un pié-deftal, où de toute autre partie qu’elle décore. | Table fouillée , table renfoncéé dañs le dé d’un pié- deftal, & ordinairement entourée d’une moulure er mamiete de ravalement. E Table ruflique, table qui eft piquée , & dont le pa- tement femble brut ; il y a de ces sables aux grottes & aux bâtimens ruftiques. Daviler. ( D, J.) TABLE DE CALANDRE, ( Calandrerie, ) on ap= pelle ainfi deux pieces de bois fort épaiffes plus lon: gues que larges, qui font la principale partie de Ja machine qui fert à calandrer les étoffes ou lestois Iliiiy .802 T AB les. C’eft entre ces sables que fe mettent les rouleaux fur lefquels font roulés ces toiles & ces _étoffes. (2.1) | | TABLE À MOULE, £erme de Chandelier, longue t4-| ble percée de divers trous en forme d’échiquier, fur { laquelle on drefle les moules à faire de la chandelle | moulée, lorfqu’on veut les remplir de fuif; au- deflous de la table eft une auge pour recevoir le fiuf qui peut fe répandre. (D. J.) L PAT 113, 11) 1, TABLE A MOULE, terme de Cirerte , les blanchif- feurs de cite donnent ce nom à de grands chañis foutenus de plufieurs piés, fur lefquels ils mettent | leurs planches à moules , dans lefquels on.drefle les : pains de cire blanche. Didionnaire du Com. ( D. J.) TABLES AUX VOÏLES, terme de Cirerie , autrement dites carrès, & établis ; ce {ont chez les mêmes blan- chifleurs de cire, de grands bâtis de bois , fur lef- quels font étendues les toiles de l’herberie, où lon met blanchir les cires à la rofée & au foleil, après quelles ont été grélonées, (D. J.) TABLE DE CAMELOT, zerme de Commerce ; on nomme aïnfi à Smyrne Les ballots de ces étoffes qu’on envoie en chrétienté; ce nom leur vient de ce que les ballots font quarrés & plats. ( D. J. ) TABLE, ex terme de Diamantaire , eft la fuperficie extérieure d’un diamant; les sables font fufceptibles de plus ou moins de pans, felon qu’elles font plus où moins grandes , & que le diamant le mérite, TABLE DE NUIT , terme d’Ebénifle , C’eft une pe- tite sable fans ou avec un deflus de marbre, qui fe place à côte du lit, & fur laquelle on pofe les chofes dont on peut avoir befoin durant la nuit. ( D.J.) TABLE DE PLOMB, ( outil de Ferblantier. ) c’eftun morceau de plomb de l’épaifleur d’un pouce & demi, fur fix pouces ou environ de large, &c quinze pou- ces de long, qui fert aux Ferblantiers pour piquer les grilles de rapes & découper certains ouvrages. Voyez la figure, Planches du Ferblantier. | TABLE DE LA MACHINE, en termes de Frifeur de- coffes , eft une efpece de sable couverte d’une mo- quette fur laquelle on met Pétoffe à frifer. Elle ef foutenue à droite fur la troifieme traverfe, & à gau- che fur la feconde, & percée d’un trou à chacune de fes extremités fur lequel font placées des grenouilles à mi-bois. Voyez GRENOUILLE. Voyez les Planches de la Draperie. TABLE , ( Manufaët. de places. ) les ouvriers, qui travaillent à ladouc1 des glaces brutes , appellent la table , le bâti de grofles planches fous lequel eft.maf- tiquée avec du plâtre une des deux glaces qui s’adou- ciflent l’une contre l’autre ; c’eft au-deflus de cette table qu’eft couchée horifontalement la roue dont les adouciffeurs fe fervent pour ufer les glaces, Savary. (D.J.) | La table 4 couler eft une sable de fonte de plus de cent pouces de longueur , &c du poids de douze ou quinze milliers, fur laquelle on coule le verre liqui- de dont on fait les glaces. La largeur de cette sable s’augmente ou fe diminue à volonté , par le moyen de deux fortes tringles de fer mobiles qu’on place au deux côtés plus proches ou plus éloignés , fuivant le volume de la piece qu’on coule ; c’eft fur ces trin- gles que pofe par fes deux extrémités le rouleau de fonte qui fert à poufler la matiere jufqu’au bout de da table. (D.J.) | TABLE, piece de prefle d’Imprimerie , eft une plan- che de chêne environ de trois piés quatre pouces de long fur un pié &c demi de large, &c de douze à qua- torze lignes d’épaifleur , fur laquelle eft attaché le coffre,où eft renfermé le marbre de la prefle ; elle eft garnie en-deflous de deux rangs de crampons ou pattes de fer, cloués à cinq doipts de diftance lun de l'autre, Voyez dans les Planches d’'Imprimerie | & leur explication, la table &c les crampons qui glifent fur les bandes de fer du berceau de la prefles TABLE dont les Faëeurs d'orgues {e fervent pour couler Pétain & le plomben tables oufeuilles min< ces ; eft une forte. fable de bois de chêne inclinéé'à : l'hortfon , au moyen de quelques morceaux de bois .qui la foutiennent par un bout, ou d’un tréteau:Cette - table eff couverte d’un coutil furlequel, au moyen : durable quicontientle métal fondu, on coule lés la- -mes:.de plomb-ou d’étain, en faifant couler le ra- |: ble en defcendant Le long de la planche. Foyez La fig. «89. PL, d'Orgue & Particle ORGUE , où le travail du plomb & de l'étain eft expliqué. LUTASLE D'ATTENTE } (Menuiferie.) éfl un panneau “en fäillie au-deflus des guichets des grandes portes, “urléfquels ‘on fait des ofnemens enfculpture. foyez “des Planches de Menuiferie. TABLE DE BRACELET, e”1 termes de Merteur en œu- vre, éftune plaque en pierreries montées {ur des mor ‘ceaux de velours , ou autres étoffes qui entourent Le bras, 6z qu fe lient & délient par un: reflort prati- qué fous cette plaque. Voyez BOITE DE TABLE, : TABLE DES MIROITIERS, (wffenfile des Mirouriers.) Jes miroitiers qui mettent les glaces au teint , nom- ment pareillementscb/e, une elpece de long éc large établi de bois de chêne, foutenu d’un fort chaflis auf de bois , fur lequel'eft pofée en bafcule ia pierre de hais, où lon met les glacesauteint. (D.J.) , TABLE , ex termes de Paind'épicier , ce font des ef- peces de tours parfaitement femblables à ceux des Boulangers 8 Pätifliers. pe | TABLE DE BILLARD, (Pawsmier.) c’eft un chafñs fait de planches de bois de chène bien unies & bien jointes enfemble , fur lequel on applique le tapis de drap vérdfur lequel on joue au bilard. Cette table eft pofée folidement & de niveau fur dix piés ou pi- liers de charpente ou de menuiferie joints enfemble par d’autres pieces de bois qui les traver{ent. TABLE DE PLOMB, (terme de Plombier.) ou plomb en table, c’eft du plomb fondu & coulé par les plome- biers fur une longue table de bois couverte de fable. Les plombiers appellent auf quelquefois de la forte ce qu'ils nomment autrement des moules, c’elt-à- dire , des efpeces de longs établis garnis de bords tout au-tour, & couverts ou de fable ou d’étofle de laine & de toile, fur lefquels 1ls coulent les #4b/es de plomb. 11 y en a de deux fortes ; les unes pofées de niveau pour les erandes sables de plomb, &c les au- tres qu ont de la pentepour les petites sables. Di, da Comm. (D, J.) Tagres D’EssAr, ( serme de Potier d’étain.) ou rouelles d’ejfai ; on appelle ainfi deux plaques d’é- tain , dont l’une eft dans {a chambre du procureur du roi du châtelet, & l’autre dans celle de la com- munauté ; c'eft{ur ces tables que les maîtres potiers d’étain font obligés d’empreindre ouinfculper les mar- ques des poinçons dont ils doivent fe fervir poug marquer leurs ouvrages, afin d'en aflurer la bonté, Dit. du Com. (D. J.) à TABLE D'UN MOULIN, ( Sucrerie. ) on appelle fa table d'un moulin , une longue piece de bois qui eft placée au milieu du chaffis d’un moulin ; c’eit dans cette piece que font enchäflées la platine du grand rôle, & les embañles des petits tambours, c’eft-à- dire les crapaudines dans lefquelles roulent les pi- vots des trois tambours. (D, J.) TABLE A TONDRE , terme de Tondeurs de draps. ÿ efpece d’ais ou planche de chêne ou de noyer , épaif- fe d'environ trois pouces & demi, large de quinze à feize pouces & longue de neufà dix piés. Cette plan- che eft garnie par le deflus de plufieurs bandes d’une groffe éroffe appellée 4f,mifes une fur lautre,entre lefquelles font plufieurs lits de paille, d’avoine,ou de | bourre tontifle très-fine , &c par-deflus le tout eft üne couvertrire detreillis attachée par des bouts, & lacée par-deflus. La sable à tondreeit pofée fur deux tréteaux de bois inégaux , en forte qu’elle fetrouve “un pen.en talud, ce que les ouvriers apppellent p/2- cée en chaffe; elle fert à étendre Pétoffe defluspourla tondre avec les forces.: lies tondeurs fe fervent en- core d’une,autre table aflez femblabléà la premiere, à la referve quelle eff faite en forme de pupitrelongs & parceque c’eft fur cette; zable qu'ils rangent où couchent le poil d’étoffe avec le cardinal &c-la-brofte, &c qu'enfuite ils la nettoyent-avee la tuile ; ils l’ap- pellent , fuvant ces différens ufages , tantôt sable a ranger & & coucher, &CtantÔt rable anessoyer: Savary DT) eo de M _ TABLE DE VERRE, {, £ ( Witreriea ) c’eft du verre qu'on appelle communément verre de Lorraine, qui fe fouffle.& fe fabrique à-peu-près comme les glaces de nuroifs.; il eft toujours un peu plus étroit par un bout que par l'autre ; &ca environ deux piés &e demi en quarté de tout fens : 1l n’a point de boudine ,. & fert à mettre aux portieres des carrofles de louage ou de.ceux où l’on ne veut pas faire la dépenfe de véritables glaces ; on en met aufli aux chaïles à por- teurs. Les sables de verrs fe vendent au balot ou bals lon compofé de plus où moins de liene , fuivant que c’eit du verre commun ou du verre de couleur: Sa vary. (D, J.) | | | TABLE fe dit au Jeu de trictrac des deux côtés du tablier où Pon joue avec des dames , & dont on fait des cafess Det No La sable du grand jan eft celle qui eft de l’autre côté vis-à-vis celle du petit jan. On l'appelle sable du grand jan, parce que c’eft là qu'on le fait. .… La cable du petit Jan , C’eft la premiere sable où lés dames font empilées. 5 Le mot de sable fe prend encore quelquefois pout les dames mêmes. Voyez DAMES. g… Sitil . TABLE, ( Econom. domefhig.) c’'eft un meuble de bois, dont la partie fupérieure eftune grande furface plane, foutenue fur des piés ; ileft deftiné àun grand nombre d’ufage dans les maifons,; ïl y a des fables à manger, à jouer, à écrire: Elles ont chacune la forme qui leur convient. +0 tévor Es TABLE, menfa; ( Arisig. rom.) les Romains étalerent une grande magnicence dans leszables dontils orne: rent leursfalles & leursautres appartemens ;laplüpart étoientfaites d’un bois de cedre qw’on tiroit du mont Atlas,felonletémoignage dePline,/. XL, c.xv: dont voici les termes: Arles mons peculiari proditur fylvé ; confines ei mauri ; quibus plurima arbor cedri,. & men- farum infania quas famine viris contra margariras , te- gerunt. On y employoit encore quelquefois ün bois beaucoup plus précieux, Ligrum citrum ; qui n’eft pas notre bois de citronnier , maïs d’un arbre beau- coup plus rare que nous ne connoïffons pas, &t qu’on eftimoit fingulierement à Rome. Il falloit être fort riche pour avoir des sables de ce boïs ; celle de Ci: céron lui coutoit près de deux mille écus ; on en vendit deux entre les meubles de Gallus Afinius, qui monterent à un prix fi exceffif, que s’il en faut croire le même Pline, chacune de ces sables auroit fuff pour acheter un vafte champ. Voyez CITRONNIER. L’excès du prix des sables romaines provenoit en- côre des ornemens dont elles étoient éhrichies. Quant à leur foutien , celles à un feul pié fe noim- moient mo7zopodia | celles fur deux piés hipedes , & celles fur trois piés tripedes ; les unes & les autres étoient employées pour manger: mais les Romains ñe fe fervoient pas comme nous d’une feule sable pour tout le repas, ils en avoient communément deux ; la premiere étoit pour tous les fervices-de chair & de poiffon ; enfuite on ôtoit cetté raële , & l'on apportoit la feconde fur laquelle on avoit fervi Le fruit ; c’eft à çette feconde saê/e qu’on chantoit & ! EN £ FT Qu'on faifoit des libations: Virgile nôuS appténd tout cela dans ces deux vers de l’Enéide ; ou il dit : Poffquam prima quies epulis ; menfæque renoræ Crateras magnos flatuun:, € vina coronanr: | 1 Les Grecs & les Orientaux étoiént dans le mêmé ufage. es’ Hébreux même dans leurs fêtes {olemnel: les’ 82 dans leurs repas de facrifice avoient deux 42 bles; àla premiere iis fe régaloient de la chair de là -viétime, & à laféconde ils donnoient à la ronde la coupe de bénédiétion ; appellée la conpe de louange. Pour ce qui regarde là magnificerice des repas dés Romains & le nombre de leurs fervices , nous en avons parlé ous ces deux mots, Autant la frugalité étoit grande chez les premiers Romains ÿ autant leur luxe enice genre étoit extrème fur la fin de la répu= blique ; ceux même dont la sable étoit mefquine étaloient aux yeux des convives toute la fplendeur de leurs buffets. Martial, 2. 1. épigr. fe plaint aprea- -blement de cet étalage au milieu de lamauvaife chers de Varus, Ad Cœnam nuper Varus me fortè vocavit … Ornatus , dives ; parvula cœna fuit. Auro non dapibus onerarur menfa, TETifÈTE Apponunt oculis plurima , pauca gulæis Tunc ego : 707 oculos , féd ventrem pafcere veni Aut appone dapes ; Vare, vel aufer opes. ; ? Ces vers peuvent rappeller au le&teur lé conte dé M. Chevreau ; qui éft dans le Chevréané ; tome IT: « Je me fouviens, dit-il, que Chapelle & moi ayant » été invités chez * ** qui nous rédalà fuivant {à » coutume ; Chapelle s’approcha de moi immédia: » tement après le repas, & me dit à l'oreille : Où # allons-nous dîner au fortir d'ici »2 Pai parlé ci-deflus des sables des Romains , À ri; à deux & à trois piés ; mais je devois ajouter qué leur forme fut très-variable';) ils en eurent de quar= rées ; de lonoues, d’ovales, en fer à cheval , Ge toujours fuivant la mode. On renouvella fous le regne dé Théodore & d’Arcadius celle des sables en demi-croïflant , & on les couvroit après avoif man: gé d’une efpece de courte:pointe ou de matelas pouf pouvoir coucher deflus & sy tepofer ; ils ne con< notffoient pas encore nos lits de repos,nos duchefles; nos chaifes longues. À cela près, le luxe des feigneurs dela cour du grand Théodore & de fes fermiers méritoit bien la cenfure de faint Chryfoftôme: Or Voyoit ; dit-il , auprès de la s44/e fur laquelle on tan: geoit, un vafe d’or que deux hornes pouvoient à peine remuer, & quantité de cruchies d’or rangées avec fymmétrie. Les laquais des convives étoieñt de jeunesgens , beaux , bienfaits, aufi richement vêtus que leur maïtres, & qui portoient de larges braies: Lesmufciens, les joueurs de harpes & de flûtes amu- foient les conviés pendant le repas. Il n°y avoit point à la vérité d’uniformité dans l’ordre des fervices ; mais tous les mets étoient fort recherchés ; quelques: uns commençoient par des oïfeaux farcis de poif fon haché ; & d’autres donnoient un premier {er- vice tout différent. En fait de vins, on vouloit celui de l’île de Thafos, fi renommé dans les auteurs grecs ët latins, Le nombre des parafites étoit toujours con: fidérable à la sable des grands & des gens tiches ; mais les dames extrèmement parées en faifoient le principal ornement ; c’eft auf leur luxe effféné que faint Chryfoftôme cenfure le plus. « Leur fafte, dit: » il, n’a point de bornes : le fard régne fur leurs pau- » pieres & fur tout teur vifage ; leurs jupes {ont en » trelacées de fils d’or ; leurs colliers font d’or, leurs » bracelets font d’or ; elles vont fur des chars tirés ». par des mulets blancs dont lés renes font dorées } _» avec des eunuques à leur fuite, & grand nombre » de femmes & de filles de chambre », Il ef: Vrai 804 que ce train de dames chrétiennes refpire excefive- ment la mollefle, Mais quand faint Chryfoftôme de- clame avec feu contre leurs fouliets noirs, lufans , terminés en pointe , je he fai quels fouliers'plus mo- deftes il vouloit qu’elles portaflent. (D. J.) TABLEAU, f. m.(Peinture: ) repréfentation d’un fujet que le peintre renferme dans une efpace orné pour l'ordinaire d’un cadre ou bordure: Les grands zableaux font deftinés pour les églifes ; fallons., ga- leries &t autres grands lieux; les sableaux moyens, qu’on nomme sableaux de chevalet , &t les petits fa- bleaux fe mettent par-tount ailleurs. La nature eft fepréfentée à nos yeux dansun beau tableau. Si notre efprit n’y eft pas trompé, nos fens du-moins y font abufés. La figure des,objets , lear couleur & les reflets dela lumiere , les ombres, enfin tout ce que l’œil peut appercevoir fe trouve dans un zableau | comme nous le voyons dans la nature. Elie fe préfente dans un sableau {ous la même forme où nous la voyons réellement: Il femble même que Fœil éblou par l’ouvrage d’un grand peintre croit quelquefois appercevoir du mouvement dans fes f- gurest LAN * de L’induftrie des hommes a trouve quelques moyens de rendre les sableaux plus capables de faire beau- coup d'impreflionfur nous ; on les vernit: onles ren- ferme dans des bordures qui jettent un nouvel éclat fur les couleurs , & qui femblent , en féparant les sa- bleaux des objets voifins, réunir mieux entr'ellés Les parties dont 1ls font compofés , à-peu-près comme | 1l paroît qu’une fenêtre rafflemble les différens objets qu’on voit par fon ouverture. Enfin quelques peintres des plus modernes fe font _avifés de placer ‘dans les compofitions deftinées à être vues de loin des parties de figures de ronde- boffe qui entrent dans ordonnance, & qui font co- loriées comme les autres figures peintes, entre lef- quellesäls les mettent. On prétend que oil qui voit diftinétement ces parties de ronde-boffe failhir hors du sableau en foit plus aïfément féduit par les parties peintes, lefquelles font réellement plates, & que ces dernieres font ainf plus facilement lillufion à nos yeux. Mais ceux qui ont vu lavoüte de l'Annonciade de Gènes & celle de Jefus à Rome , où Pon a fait en- trer des figures en relief dans ordonnance, ne trou- vent point que l'effet en foit bien merveilleux. Les hommes qui n’ont pas l'intelligence de la mé- chanique de la peinture, ne font pas en état de dé- cider de l’auteur d’un rableau, c'eft aux gens de l’art qu'il faut s’en rapporter ; cependant l’expérience nous enfeigne qu'il faut mettre bien des bornes à cette connoïflance de difcerner la main des grands maîtres dans les sableaux qu’on nous donne fousleurs noms. En effet les experts ne font bien d’accord en- treux que fur ces sableaux célebres qui, pour parler ainfi , ont déja fait leur fortune , & dont tout le monde fait l’hiftoire. Quant aux sableaux dont l’état n’eft pas déja certain en vertu d’une tradition conf- tante & non interrompue , il n’y a que les leurs & ceux de leurs amis qui doivent porter le nom fous lequel ils paroïflent dans le monde. Les sableaux des autres , & furtout les sableaux des concitoyens, font des originaux douteux. On reproche à quelques-uns de ces tableaux de n’être que des copies, &c à d’au- tres d’être des pafliches. L'intérêt acheve de mettre de l'incertitude dans la décifion de Part, qui ne laïfle pas de s’égarer ; même quand il opere de bonne Loi CU On fait que plufieurs peintres fe font trompés fur leurs propres ouvrages, &c qu'ils ont pris quelque- fois une copie pour l'original qu’eux-mêmes ils avoient peint. Vafari raconte , comme témoin ocu- lire , que Jules Romain, après avoir fait la drape- tic dans un ableau que peignoit Raphaël , reconnut TAB pour fon original larcopie qu’André dellSarte avoit -faite de ce tableau." Lorfqu'il s’agit du mérite des sableaux, le public n'eft pas un juge auflicompétent que lorfqu'il s’agit du mérite des poëmes. La perfeétion d’une partie des beautés d’un rableau | par exemple! la perfe&tion du deffein n’éft bien fenfible qu'aux peintres où aux connoïffeurs qui:ont. étudié la peinture autant que les artiftes mêmes, Mais il feroit trop long de difcu- ter quelles font les beautés d’un rab/eau dont le pu- blic eft un juge non-recufable , & quelles’ font les beautés d’un sableau quine fauroïent être appréciées à leur jufte valeur que par ceux qui fävent les regles de la Peinture. Ki Is exigent par exemple, qu’on obferve trois uni- tés dans un rableau, par rapport au tems , à la vue & à l’efpace , C’eft-à-dire qu'on ne doit repréfenter d’un fujet 1°. que ce qui peut s’être pañlé dansun feul moment ; 2°; ce qui peut facilement être em- braflé par une feule vue ; 3°. ce qui eft renfermé dans lPefpace que Le ableau paroît comprendre. Ils prefcrivent auffi des regles pour les sab/eaux allésoriques , mais nous penfons que les allésortes, toujours pémbles & fouvent froides dans les ouvra- ges ; ont le même caraëtere dans les sableaux. Les rapports ne. fe préfentent pas tous de fuite , il faut les chercher , il en coute pour les faifir , & l’on eft rarement dédofmagé de fa peine. La peinture eft faite pour plaire à lefprit par les yeux, & les ze- bleaux allégoriques ne plaifent aux yeux que par l’ef. prit qui en devine l'énigme. ( D. J.) Maniere &'ôter les tableaux de deffus leur vieille soile; de les remeftre fur de neuve , 6 de räecommoder les en droits enlevés ou gâtés. I faut commencer par ôter le tableau de fon cadre, & l’attacher enfuite fur une ta ble extrémement unie, le côté de la peinture'en- deffus , en prenant bien garde qu’il foit tendu , & ne faffe aucuns plis. Après cette préparation , vous don: nerez fur tout votre #ableau une couche de colle- forte , fur laquelle vous appliquerez à-mefure des feuilles de grand papier blanc, le plus fort que vous pourrez trouver ; & vous aurez foin avec une mo- lette à broyer Les couleurs , de bien preffer, & éten- dre votre papier, afin qu’il ne faffe aucun pli , & qu'if s'attache bien également par-tout à la peinture. Laïf= fez fecher le tout , après quoi vous déclouerez Le se bleau, & le retournerez, la peinture en-deflous &£ la toile en-deflus , fans. l’attacher ; pour lors vous au- rez une éponge , que vous mouillerez dans de lea tiede ; & avec laquelle vous imbiberez petit-à-petit toute latoile, eflayant de tems-en-tems fur les bords, fi la toile ne commence pas à s’enlever & à quitter la peinture, Alors vous la détacherez avec foin tout le long d’un des côtés du rableau, 8 replierez ce qui fera détaché, comme pour le rouler , parce qu’en- fuite en pouflant doucement avec les deux mains, toute la toile fe détachera en roulant. Cela fait avec votre éponge & de l’eau , vous laverez bien le der- riere de la peinture, jufqu’à ce que toute l’ancienne colle , ou à-peu-près, en foit enlevée : vous obfer- verez dans cette opération que votre éponge ne foit jamais trop remplie d’eau, parce qu'il pourroit en. couler par-deflous la peinture , qui déracheroit la colle quitient le papier que vous avez mis d’abord. Tout cela fait avec foin, vous donnerez une cou- che de votre colle , ou de laprét-ordinaire dont on fe fert pour apprêter les toiles fur lefquelles on peint, fur l’envers de votre peinture ainfi bien nettoyée , &t fur le champ vous y étendrez une toile neuve, que vous aurez eu foin de laiffer plus grande qu'ilne faut, afin de pouvoir la clouer par les bords , pour l’étendre de façon qu’elle ne fafle aucun pli, après quoi avec votre molette vous preflerez légerement en frottant pour faire prendre la toile également par- tout, & vous laiflerez fécher ; enfute vous donnerez par-deflus la toile une feconde couche de colle par partie êc petit-à-petit, ayant foin, à-mefure que vous coucherez une partie, de la frotter & étendre avec votre molette, pour faire entrer la colle dans la toile, & même dans la peinture, & pour écrafer les fils de la toile ; le tableau étant bien fec, vous le dé- tacherez de deffus la table , &c le reclouerez fur fon cadre ; après quoi avec une éponge & de l’eau tiede vous imbiberez bien tous vos papiers pour les ôter ; après qu'ils feront Ôtés vous laverez bien pour en- lever toute la colle & nettoyer toute la peinture; enfute vous donnerez fur le sableau une couche d'huile de noix toute pure, &le laifferez fecher pour mettre enfuite Le blanc d'œuf, : Remarques. Lorfque les sableaux que l’on veut changer de toile fe trouvent écaillés, crevañlés ou avoir des empoules, il faut avoir foin fur les endroits défe&tuerix de coller deux feuilles de papier l’une fur l’autre pour foutenir ces endroits, & les empêcher de fe fendre davantage, ou de fe déchirer dans lo- pération , & après avoir remis la toile neuve on ra- juftera ces défauts de la maniere fuivante. Ceux que Fon change de toile fe trouvent raccommodés par l'opération même ; mais fla toile eft bonne , & que lon ne veuille pas la changer , on fait ce qui fuit. Il faut avec un pinceau mettre de la colle-forte tiede fur les ampoules , enfuite percer de petits trous avec une épingle dans lefdites ampoules, & tâcher que la colle les pénetre de façon à pafler deffous. Il faut après cela efluyer légerement ladite colle, & avec un autre pinceau palier fur les ampoules feule- ment un peu d'huile de lin ; après quoi on aura un fer chaud, fur lequel on pañlera une éponge ou un linge mouillé , jufqu’à ce qu'il ne frémifle plus ( crainte qu'il ne fût trop chaud), & alors on pouf- fera ledit fer fur les ampoules, ce qui Les ratachera à la toile , & les Ôtera trout-à-fait. | | Il faut cependant remarquer qu'après, avoir Ôté ces ampoules , il eft néceflaire de mettre par -der- riere une feconde toile pour maintenir l’ancienne ; &t empêcher que les ampoules ne viennent fe for- mer de nouveau ; en voicila maniere. Il faut mettre d’abord fur l’ancienne toile une cou- che de colle-fotte tout le long des bords le long du cadre , & rien dans le milieu , après quoi on appli- quera la feconde toile qu’on fera prendre, en pañant la molette léserement deflus ; on clouera enfuite le tableau fur la table, & on couchera de la colle par parties, que Pon preflera & étendra avec la molette, comme pour changer les sableaux de toile. | Pour raccommoder les crevaffes & Les endroits écailles tant aux tableaux changés de soile gW'aux autres. {] faut prendre de la terre glaife en poudre & de Ja terre d’ombre , délayer enfuite ces deux matieres avec de Fhuile de noix, de façon qu’elles forment comme une pâte ; on ÿ ajoûte fi lon. veut un peu d'huile grafle pour faire fecher plus vite ; on prend enfuite de cette pâte avec le couteau à mêler les couleurs, & on l’infinue dans les crevañles & dans les endroits écaillés , euyant bien ce qui peut s'attacher fur les bords & hors des trous : cette pâte étant bien feche, on donne fur tout le sableau une couche d'huile de noix bien pure, & lorfqu’elle eft feche , on fait fur la palette les teintes des couleurs juftes aux endroits où fe trouvent les crevañles, & on les applique avec le couteau ou avec le pinceau. Pour faire revivre les couleurs des tableaux > Oter tout le noir, & Les rendre comme neufs. I] faut mettre par- derriere la toile une couche de la compofition fui- vante. Prenez deux livres de graiffe de rognon de bœuf, deux livres d'huile de noix , une livre de cérufe broyée à l'huile de noix, une demi-livre de terre TAB 80$ jaune , auf à l'huile de noix , une once : faites fon» dre votre graifle dans un pot , & lorfqu’elle fera tout-à fait fondue , mêlez-y l'huile de noïx , enfuite la cérufe & la terre jaune, vous remuerez enfuite le tout avec un bâton pour faire mêler toutes les drogues ; vous employèrez cette compofition tiede, Pour les tableaux fur cuivre: Prenez du maftic fait avec dé la terre glaife & la terre d'ombre délayée à l'huile de noix ; rempliflez-en les endroits écaillés } après quo vous prendrez du fublimé corrofif, que vous ferez difloudre dans une quantité fuffifante d’eau, vous l’appliquerez defius, & Le laiffèrez fécher; au- bout de quelques heures vous laverez bien avec de l'eau pure ; & sl n’eft pas encore bien désraiffé , VOUS recommencerez ; on peut auf fe fervir de cette eau de fublimé fur les tableaux fur bois & fur toile. Pour ôter le vieux vernis des tableaux , il fuffit de les frotter avec le bout des doigts, &les efluyer ens fuite avec un linge mouillé. TABLEAU EN PERSPECTIVE, c’eft une fur@ce plas ne, que l’on fuppofe tranfparente & perpendiculaire à Phorifon. Foysz PERSPECTIVE. On imagine toujours ce shleau placé à une cer- taine diffance entre l’œil & l’objet : on y repréfente l’objet par le moyen des rayons vifuels qui viennent de chacun des points de l'objet À l'œil en paflant à+ travers Le tableau. Foyez PERSPECTIVE. Chumbers TABLEAU VOTIF, ( Aatig: rom, ) tabula votiva : c’étoit la coutume chez Les Roïmains pour ceux qui fe fauvoient d'un naufrage , de repréfenter dans un 424 bleau tousleurs malheurs. Les uns fe fervoient de ce tableau pour toucher de compaffion ceux qu’ils ren: controient dans leur chemin , & pour réparer par leurs charités Les pertes que la mer leur avoit cauf£es, Juvenal nous Papprend, ‘ Frallura nate naufragus affèm Dum rogat, € pitta fe termpeffate tuetur, « Pendant que celui qui a fait naufrage me deman- » de la charité, & qu'il tâche de fe procurer quelques » fecours en faifant voir le trifte sableau de fon infor- » tune ». Pour cet effet , ils pendoient ce 1244eau à leur cou, & ils en expliquoient le fujet par des chan- fons accommodées à leur mifere, à-peu-près comme nos pelerins font aujourd’hui. Perfe dit plaifamment à ce fujet : Cantes JE naufragus, fem Prorulerim ? Cuntas cum fraëta re in rrabe Pit Ex humero portes. DS TETE « Donnerois-je laumône à un homme qui chante, » après que les vents ont mis fon vaiffeau en pieces ? » Ne chantes-tu pas toi-même dans le même tems que » Ce tableau qui eft à ton col, te repréfente parmi les # débris de ton naufrage ? Les autres alloient confacrer ce même 44/27 dans le temple du dieu auquel ils s’étoient adreffés dans le péril, & au fecours duquelils croyoient devoir leur falut. Cette coutume pañla plus avant, les avocats VO» lurent s’en fervir dans le barreau > Pour toucher les juges par la vue de la mifere de leurs parties & de la dureté de leurs ennemis. « Je n'approuverai pas | . . 4” e è ? » dit Quintilien , Z FL ec. J. ce que l’on faifoit äutre- » fois ; 8 ce que j'ai vu pratiquer moi-même lorfque » l’on mertoit au-deffus de Jupiter, un ab/eeu pour » toucher les juges par lénormiré de lation qu'on y » avoit dépeinte », | | Ce n’eft pas encore tout, ceux qui étoient guérig de quelque maladie alloïent confacterun tableau dans le temple du dieu qui les avoit fecourus , & c’eft ce que nous fait entendre ce paffage de Tibulle, Elep. IE, livre £, 806 T AB Nunc, dea, nunc fucurre mihi, ram poÎfe mederi Piüla docet templis multa tabella tuis. « Déefle, fecourez-moi maïntenant ; car tant de r7- » bleaux qui font dans vos temples , témoignent bien # que vous avez le pouvoir de guérir ». | C’eft fur cela que les premiers chrétiens, lorfqu’ils relevoient de maladie , offroient au faint dont ils avoient éprouvé le fecours , quelques pieces d’or ou - d'argent , fur lefquelles étoit gravée la partie qui avoit été malade. Et cette même coutume dure en- core aujourd’hui, car on voit des gens qui aprèsêtre relevés de maladie, fe font peindre eux-mêmes dans le trifte état où ils étoient, & qu'ils dédient ce sableau au faint par l’interceffion duquel ils ont obtenu leur uérifon. Récapitulons en deux mots les fujets des sableaux votifs. Ceux qui s’étoient fauvés du naufrage, fai- foient repréfenter leur avanture fur un sableau qu'ils confacroient dans Le temple du dieu à qui1lscroyotent devoir leur falut ; ou bien ils le portoient pendu à leur col, pour attirer la compañfion & les charités du pu- blic. Les avocats employoient auffi quelquefois ce moyen pour toucher les juges, en expofant aux yeux la mifere de leurs parties, & la cruauté de leurs en- nemis. Enfin ceux qui relevoient de quelque fâcheufe maladie , confacroient fouvent un fableau au dieu à qui ils attribuoient leur guérifon. Comme Diagoras étoit dans un temple de Neptu- ne, on lui montra plufeurs sableaux , monument de _reconnoiïffance offerts par des perfonnes échappées du naufrage. Douterez-vous après cela , lui difoit- on, de l’heureufe puiflance de ce dieu ? Je ne vois point , reprit-il , les sableaux de ceux qui ont péri malgré toutes leurs promefles. Autre réflexion, Tant de sableaux votifs de voyageurs échappés au naufrage , devoient défigurer étrangement les.autels de Neptune; mais de telles inflitutions étoient né- ceffaires pour maintenir les hommes fous la puiflance des divinités. Horace fe moquoit de ce que lui dit Egnatia, que l’encens brüloit &r fumoit de lui-même fur une pierre facrée; mais ce prétendu miracle en impofoit utilement aux imaginations foibles de la po- pulace. (2. J.) TABLEAU, (Lirsérar.) ce font des defcriptions de paffions , d’événemens, de phénomenes naturels qu'un orateur ou un poëte répand dans fa compofi- tion , où leur effet eft d’amufer, ou d’étonner , ou de toucher, ou d’efrayer , ou d’imiter, Éc. Tacite fait quelquefois un grand rableau en quel- ques mots ; Bofluet eff plein de ce genre de beautés ; il y a des sableaux dans Racine &t dans Voltaire ; on en trouve même dans Corneille. Sans l’art de faire des tableaux de toutes fortes de caraéteres, 1lne faut pas tenter un poëme épique!; ce talent eflentiel dans tout genre d’éloquence & de poëfie , eff indifpenfa- ble encore dans l’épique. TABLEAU , (Marine) partie la plus haute d’une flûte fous le couronnement, où l’on met ordinaire- ment le nom du vaifleau. On l'appelle æzrotr dans les autres bâtimens. Voyez MIROIR. TABLEAU, ( Commerce.) {e dit d’un cadre qui con- tient une lifte imprimée des noms de plufeurs ou de toutes perfonnes d’un même corps , communauté, métier ou profeflion par ordre de date & de récep- tion , ou felon qu’elles ont pañlé dans les charges. Ces tableaux fe mettent ordinairement dans les chambres ou bureaux de ces corps ou communautés, &c quelquefois dans les greffes des jurifdiétions des villes, comme on en voit au châtelet de Paris, où font infcrits les maîtres jurés maçons , charpentiers, sreffers de l'écritoire écrivains vérificateurs des écri- tures , G'c. On dit qu’on parvient aux charges d’un corps ou TAB communauté par ordre de tableau, Îorfque ce n’eft pas’ par le choix du magiftrat , ou par l’éleion des mai- tres, mais felon la date de fa réceptioniqu’on devient garde, juré, ou efgard, Voyez GARD4, JURÉ , Es- GARD. T'ABLEAU MOUVANT , eft un rableau dans lequel font infcrits dans les bureaux des communautés les noms de tous ceux qui ont été gardes ou jurés. On l’appelle sableau mouvant , parce que chacun de ces . noms eft écrit féparement fur une petite carte larse d’ün pouce , inférée dans le szbleau ; à mefure qu'il meurt quelqu'un de ceux qui font ainf infcrits , le concierge a foin de tirer de fa place le nom du dé- fant , &c de la remplir aufli-tôt du nom de celui qui fuit , en failant remonter tous les autres jufqu’au der- mier , enforte que les places d’en-bas qui demeurent vacantes foient deftinées pour les premiers gardes ou jurés qw’on élira. Diéfion. de Commerce. TABLEAU , on donne auffi ce nom à certaines pan- cartes, où en conféquence des ordonnances ou par ordre de juftice , on infcrit les chofes que l’on veut rendre publiques. Ces sableaux , lorfque les affaires concernent le commerce, fe dépofent dansiles gref- fes des jurifdiétions confulaires, où1l y ena ; finon dans ceux des hôtels-de-ville des juges royaux ou des juges des feigneurs. Selon l’ordonnance de 1573, l'extrait des fociétés entre négocians , &c la déclara- tion de ceux qui font venus au bénéfice de ceffion, doivent être inférées dans ces sableaux publics. Voyez CESSION. Îd. ibid. TABLEAU DE BAIE, ( Archir. ) c’eft dans la baie d’une porte ou d’une fenêtre, la partie de l’épaifleur du mur qui paroït au-dehors depuis la feuillure, & qui eft ordinairement d’équerre avec le parement. On nommme auffi sableam le côté d’un piédroit ou d'un jambage d’arcade fans fermeture. (D.J.) TABLEAU, ( Courroyer, ) c’eft un morceau de cuir fort dont la figure eft quarrée. (D. J.) TABLEAU, ( Jardinage. ) fe dit d’une piece de par- terre qui occupe tout leterrein en face d’un bâtiment; ainfi Pon dit un parterre d’un feul sableau. On pour- roit encore nommer un parterre qui {e répete en deux pieces paralelles, un parterre {éparé en deux tableaux, TABLÉE, £. £ (Tonder. de draps.) ce terme fe dit de l’étoffe qui eft attachée avec des crochets fur la table à tondre, lorfque cette partie de Pétofea été entierement tondue. Chaque sablée porte ordinaire- ment un tiers d’étoffe de long. (D. J.) TABLER, v.n.( Tridrac.) c’eft la même chofe que cafer ou difpofer fes dames convenablement pour le gain de la partie. Voyez TRICTRAC. TABLETTE, {. f.( Archi.) pierre débitée de peu d’épaifleur pour couvrir un mur de terrafle, un bord de réfervoir ou de baffin. Toutes les sablerses fe font de pierre dure. On donne auf le nom de rablerte à une banquette. Tablette Pappur, tablette qui couvre l'appui d’une croifée, d'un balcon, &c. Tablerre de bibliotheque , aflemblage de plufeurs ais traverfans , foutenus de montans, rangés avec ordre &t fymmétrie , 8&c efpacés les uns des autres à certai- ne diftance, pour porter des livres dans une biblio- theque. Ces fortes de sableires font quelquefois déco- rées d'architeéturé compofée de montans, pilaftres, confoles, corniches ; rc. On les appelle aufi ar- T7201rE5. . Tablette de cheminée, c’eft une planche de bois où une tranche de marbre profilée d’unemoulure ronde, pofée fur le chambranle ; au-bas d’un attique de che- minée. | Tablerte de jambe étriere, C'eftla derniere pierre qui couronne une jambe éfriere, & qui porte quelque meulure en fallie {ous un ou deux -poitrails. On la. nomme Romme 2mpofle ou coufffner, quand ellerecoit une où deux retombées d'arcade, Paviler. 2 TABLETTE LA ( Fortification..) c’eft dans la for- tification le revêtement du parapet au-deflus du cor- don. (4) a}, TABLETTE , ( uffencile d'ouvriers. ) la tablerre du “boulanger eft un ais fur lequel il met le pain dans fà boutique. La rableise du chandelier eft une efpece de petite table für laquelle il pofe le moule dont il fe fert pour faire de la chandelle, ( D. J.) La sublette de la preffe d'imprimerie eft faite de deux planches de chêne, chacune environ de deux piés de long fur quatre pouces de larges& feize À dix-huit lignes d’épaifleut , jointes l’une contre l’au- ire; elles font arrêtées par les deux extrémités (au moyen de deux efpeces de chevilles de bois quarrés, qui vont néanmoins un peu en diminuant d’une ex- trémité à l’autre ; leur longueur eft de cinq à fix pou- ces {ur quatre pouces de diametre; elles fervent, & on les appelle auffi cZ de La tablette) , parce aw’elles “entrent avec elles dans des mortaifes prifes dans l’é- paifleur 8 dans le dedans de chaque jumelle : ces deux planches font cependant entaillées quarrément dans leur milieu , pour donner pañlage à la boëte qu’elles entourent dans fa circonférence, & main- tiennent dans un état fixe & ftable , ainfi que la pla- tine liée aux quatre coins de cette même boîte. Voyez BOETE , PLATINE. Voyez les Planches de l’m. Prier Le. TABLETTE EN CIRE, ( Lisrérar. ) en latin rcbula cer& linira: où illita ; on appelle sablerres de cire des feuillets ou planches minces enduites de cire, fur lef- quelles on alongtemsécrit, à l'exemple des Romains, avecune efpece de ftile où de poiriçon de métal. Ces fortes de sablestes étoient communément endui- tes de cire noire, & quelquefois de cire verte, pour agrément de la vue, On en faïfoit un srandnombre -de portatives de différentes grandeurs & largeurs, qu'on renfermoit dans un étui fait exprès, où dans un coffre, ou même dans un fac. Toutes ces fortes de tablettes ne {ont pas encore perdues ; on en conferve à Paris dans la bibliotheque du roi, dans celle qui étoit au college des Jéfuites, -dans celle des Carmes déchaux , dans celle de Saint- Germain des prés 8& de Saint-Viftor; on voit enco- re des sablerres en cire à Florence & à Genève. Les sablertes en cire de la bibliotheque du roi font -dans un maroquin rouge doré, & y font confervées apparemment depuis long-tems , puifque le porte- feuille a déja été coté trois fois , premierement 1272, enfuite 5653, & enfin 8727 B. Ce porte-feuille a huit sablettes , toutes enduites de cire noire des deux A, / « , , NE 2 + -COfÉS,, excepté une qui ne left que d’un côté, & qui eft vraflemblablement la derniere du livre. Toutes ces petites planches font détachées & fans numero. On y difngue cependantle fo/io re£lo d’avec le fo/io verfo , par le moyen de la dorure qui eff feulement -du cÔté extérieur qu’on régardoit comme celui dela -tranche. Les huit tables dont nous parlons, contiennent les dépenfes d’un maître d'hôtel ; mais elles font affez dificiles à déchiffrer , à caufe de la pouffere qui cou- vre la plüpart des mots. Il y a des articles pro coqui- né, pro pullis , pro avenä : des articles pouries bains, ad balnea ; tout y eft {pécifié en latin; les fommes font toujours cottées en chiffres romains; les jours que fe font faites Les dépenfes , y font marqués ; en- forte qu’on s’apperçoit qu’il n’y a dans chaque za- blette ou feuillet que la dépenie de quatre ou cinq ours : ce qui fait que tous les huit enfemble ne ren- ferment que la dépenfe d’un mois ou environ, L’é- crivain n’y nomme jamais le lieu où s’eit faite la dé- penfe, non plus que Pannée; mais par la reflem- Tome XF, à . la fuite de celle de Saint-Germain des TAB 807 blanée pour la grandeur des formes & pour Île ca: rattere de l'écriture avec d’autres rablerres , On peut conclure que ces tables de cire font dela fin du répne de Philippe le hardi. Dans le haut d’une des pages fe lit diffinétement die Zune, in feflo omnium fanto: rum * ce qui fufit pour défigner l'an 1283 , auquella touflaint tomba effe&ivement un lundi ; il y a des pa- ges entieres qui paroiflent avoir été effacées en les préfentant au feu. | | Les sablettes en cire qui étoient au college des Jé- fuites , forment, comme celles de la bibliotheque du rot, fept ou huit planches dont l’écriture eft la mê- me que celle des sablertes dontje vais bientôt parler, Ce font des comptes de dépenfes, autres que pour la bouche, mais toujours pour le roi ou pour la cour. L'année y eft marquée fimplement par azno LXXXTIT, ce qui veut dire, felon les apparences , lan 1283 ; Le comptable fait fouvent des payemens à un Marcellus, lequel fe trouve nommé fréquem- ment dans celles que les Carmes confervent > © qui font certainement de l’année 1284. Les sableres écrites en cire, les moins mal con fervées, & les plus dignes de l'attention des hifto- riens par rapport au regne de Philippe le hardi, font |. celles qui font renfermées avec les manufcrits de la bibliothèque des Carmes déchaux de Paris. Elles confiftent en 12 planches , dont il y en a deux qui contiennent la recette des deniers du roi, & dix au= tres qui contiennent la dépenfe. Lorfqu’on a lu les quatre pages de la recette, & qu’on veut lire les vinot pages de la dépenfe, il eft bon de retourner les planches du haut en bas. | Les sablertes de Saint-Germain des prés font fort gâtées ; dansles 16 pages qui les compofent , & dont les feuillets font féparés, fans avoir jamais été chifà frés, on apperçoit feulement qu'il y a des dépenfes pour les achats de faucons , pour des meffasers char: gés d’aller préfenter des cerfs à tels ou telles perfon- nes ; &£ d’autres meflagers qui acheterent des droz gues à Orléans pour limpératrice de Conftantinople qui étoit malade. 4 _Le doéïeur Antoine Cocchi Muchellani a publié une notice imprimée des szblettes de Florence, Elles contiennent les voyages d'été du roi Philippe le bel en 1301; & les sableses de Saint-Viétor , dont nous parlerons bientôt, contiennent les voyages d'hiver de la même année, Elles ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes , & n’en font, à ce qu'on dit, qu'une continuation. M. Cocchi a fait remarquer en général que dans ces sablestes , à chaque jour du voyage, il y a la dé- penfe dé la cour en fix articles , favoir pour le pain, le vin, la cire, la cuifine , Payoine & la chambre , & qu'après une traite d’un mois ou environ, le compta- ble donne Fétat du payement des gages des officiers, puis des chevaliers & des valets pendant cet inter- : valle. Après cela , il continue les différentes ftations du voyage; &c afin qu’on pût juger de lutilité de ces tablettes , 1] rapporte les noms des officiers , cheva- liers 8 valets qui furent payés , &c, M. Cocchi finit par quelques réflexions fur Pufage où l’on étoit alots d’ufer d’eau rofe & de grenade après le repas, & cela à l’occafion de quelque dépenfe de cette nature. Les rablerres de Saint-Vi@or ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes, & n’en {ont qu’une continuation ; elles renferment 26 pages. Les sabletes que la ville de Genève poflede, {ont des planches fort minces de la grandeur d’un 2n-folio, enduites de cire noire. Elles contiennent la dépenfe journaliere de Philippe le bel durant fix mois , & la prés, ce qui forme onze pages. Les favans de Genève ont pris la peine de les déchiffrer, & d’en publier la notice dans la bibliotheque raifonnée , some X XVII. Hs en ont c | KKKEK 808 T AB auffi communiqué une copie très-exaétement figurée à M. Schoeflin , membre de l’académie des Intcript. de Paris. Ces rabletres poftérieures à celles de Saint-Vitor de 6 ou 7 ans, comprennent les articles des fommes payées à ceux qui apportoient des préfens au roi, des aumônes diftribuées dans les lieux de {on pañage aux pauvres, à des religieux ou religieufes, à des gens qui venoient de tous côtés pour être guéris de ce qu'ils appelloient morbus regis ( des écrouelles ), de la dépenfe pour les funérailles des officiers qui mou- roient fur la route, des fommes données à l’abbaye de S. Denis pour des anniverfaires, aux hôpitaux des lieux par où la cour pañoit, à certains ofüciers, lorfque cela étoit d’ufage, outre leurs gages, pour l'achat de chevaux en place de ceux qui mouroient : d’autres fommes pour les offrandes que le roi &c les princes, ou Jareine , fatoient aux églifes qu'ils vifi- toient: pour celles qu'ils employoïent aux jeux : les fommes à quoi éroient évaluées les dixmes, foit du pain feul , foit du pain & du vin que le rois’obligeoit de payer à quelques monaiteres voifins des lieux où il s’arrêtoit pour les repas, fuivant d'anciennes con- ceflions : le payement des gages des nouveaux che- valiers , à mefure que le roien créoit dans {es voya- ges, & le coût du cheval, ou au-moins du frein doré dont il leur faloit prefent. En général les rablerres de Genève paroïffent très-inftructives , & 1l feroit à fou- haiter qu’on en eût confervé beaucoup d’autres de ce genre. L# | On peut tirer plufieurs utilités de ces fortes de sa- blestes , par rapport à d'anciens ufages de la cour, du prince, où de la nation , comme auf pour la vérif- cation de certaines époques, fur lefqueiles on n’a pas de monumens plus certains. On y trouve avecplai- firle prix de diverfes chofes de ce tems-là; par exem- ple, dans les sblertes en cire de Genève on voit que Îe cheval de fomme & le roufhn étoient payés 8 hv. le palfroi 10 liv. le cheval de trait fimplement appellé equus , 12,14 & 16 lv. un grand cheval ( fans doute de bataille ) fut payé 32 li. Le fieur de Trie pour avoir employé 24 jours en fon voyage d’Anpleterre, demanda 150 liv. mais pour fon palfroi & deux rouf- fins qui étoient morts , il requit 120 livres : ce qui faifoit alors une fomme fort confidérable. On accorde à un valet du roi 2 fols 6 deniers pour fes gages par jour , & au curinier le double : ce qui eft fort cher, . fi lon évalue l'argent d’alors à celiu de nos jours, L'article des aumOnes de nos rois forme dans les tablersesde Geneve plus de trois grandes pages 27-fo/. : parce qu’on y marquoit le nom, la qualité & le pays des perfonnes auxquelles elles fe faifoient. Mais ce qui mérite d’être obfervé dans ce détail , c’eft qu’on y apprend que les malades qui étoient alors affligés des écrouelles, venoient trouver le roi de toutesles provinces du royaume, & mème d’Efpagne & d'I- talie. É Il n’eft pas à préfumer que ces gens accouruflent de filoin, feulement pour avoir 20 ou 30 fols qu’on leur donnoït en aumOne , mais apparemment parce que Philippe le bel les rouchoit, quelque jour que ce fût, & fans fe faire attendre. Voyez ECROUELLES. Remarquons encore qu'on qualifioit du titre d’au- mône, per elemofÿnam, tout ce qui fe donnoit gra- tuitement. En vertu de cet ufage, l'écrivain de ces mêmes sablettes marque au jeudi 29 Novembre 1308, que ce jour-là, le roi étant à Fontainebleau, Pierre de Condé, clerc de fa chapelle, reçut huit livres, . per elemofynam. Le pere Alexandre, dominicain, voulant établir que la tradition des Provençaux fur la poffeffion du corps de la Magdelaine eff très-ancienne , fe fert d’u- ne infcription écrite fur une petite sablerte enduite de cire & pour donner du poids à çette infcription ,il TAB dit qu’elle eft du v°. fiecle de Jefus-Chrift, parce qu'on n’a point écrit fur la cire depuis ce fiecle-là. M. l'abbé Lebeuf , dans un mémoire fur cette matie- re , inféré dans le recueil de l'académie des Belles= Lettres, & dont nous venons de profiter, prouve invinciblement contre le dominicain, que Pufa ge d’é- crire fur des sablertes de cire, loin d’avoir ceflé avec le v. fiecle, a été pratiqué plus ou moins dans tous les fiecles fuivans, & même dans le dernier fiecle. L’abbé Chatelain de Notre-Dame de Paris témoi- gne qu’en 1692 les cables du chœur de $. Martin de Savigny , au diocèfe de Lyon, qui eft une maïfon d'anciens religieux de Clugny, étoient de cire verte, & qu'on écrivoit deflus avec un ftilet d'argent. La même chofe eft atteftée pour la fin du même fiecle, à l'égard de la cathédrale de Rouen, par le fieur le Brun des Marettes, auteur du voyage liturgique compoié alors, & imprimé en 1718, à la rélerve qu'on écrivoit le nom des officiers qu'avec un fim- ple poinçon. Peut-être que cet ufage ne fubffte plus aujourd’hui à Rouen; mais il y étoit encore en vi- gueur en 1722; car M, le Beufy vit alors les officiers de la femaine courante :7 sabulis fur de la cire. Les Romains s’en fervoient à d’autres ufages, & prefque toujours pour les lettres qu'ils écrivoient àtable, fouvent entre les deux fervices , au fénat, authéatre, en voyage dans leurs litieres, &c.Ilsnommoientces petites planches ou sablerres enduites de cire, codi- cillos. Cicéron les employoit volontiers pour fes bil- lets à Atticus. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) TABLETTES, ( 1/4 ancien. 6 mod. ) les rablertes que nous employons pour écrire , font une efpece de petit hvre qui a quelques feuilles d'ivoire, de papier, de parchemin préparé, fur lefquelles on écrit avec une touche , ou un crayon , Les chofes dont on veut {e fouvenir. Les sablesres des Romains étoient prefque comme les nôtres , excepté que les feuillets étoient de bois, dont elles eurent le nom de sabellæ , c’eft-à-dire, par- ve cabule ; elles contenoient deux , trois, ou cin feuillets ; & felon le nombre de ces feuillets, elles étoient appellées dipsycha , à deux feuillets ; LripLy- cha, à trois feuillets ; penreptycha, à cinq feuillets celles qui avoient un plüs grand nombre de feuillets, . fe nommoïient polyptycha, d’où nousavons fait pule- 4 tica, des poulets, terme dont on fe fert encore pour dire des lèttres de galanterie, des lettres d’amou. Les anciens écrivoient ordinairement les lettres d’a- mour fur des rablettes | &t la perfonne à qui on avoit écrit la lettre amoureule, faloit réponfe furles mê- mes sablertes, qu'elle renvoyoit, comme nous Pap- prenons de Catulle, od43. (D. JT.) Maniere de faire les tablettes Elanches pour écrire avec un poinçon de cuivre. Prenez du gypfe criblé & pañlé par Le tamis ; détrempez-le avec de la colle de cerf, ou autre, & en donnez une couche fur les feuilles de parchemin ; quand elle fera feche , vous la raclerez pour la rendre unie & polie; puis vous donnerez encore une couche comme deflus , &c ra- clerez unefeconde fois, après quoi , avec de la cé- rufe bien broyée &t tamifée, détrempée dans l'huile de la graine de lin cuite , vous oindrez lefdites sa- blerres , &t les laiflerez fécher à l'ombre pendant cinq ou fix jours; cela fait , avec un drap ou linge un peu mouillé, vous les frotterez & unirez; cela fait, lorfqu'elles auront encore feché dix-huit ou vingt jours, elles feront faites, TABLETTES de bibliotheque , ( Antiq. rom. ) les la- tins appelloient pegmata , ou platei, les tablerres des bibliotheques , fur lefquelles on plaçoit les livres. Ciceron écrit à Atricus, ep. 8. L. IF, enlui par- lant de fa bibliotheque : la difpofition des sablerres eft très-agréable, z2h1/ verufhius quam illa tua pecrma- ta, On avoit coutume de ranger dans un même lien T A B. tous {es ouvrages d’un auteur , avec fon portrait. Quand au terme plarei, Juvenal s’en eft fervi dans la feconde fatyre , vers 7. où1l fe moque de ceux qui veulent paroïtre favans , par la beauté &r la grandeur d'une bibliotheque : car, dit:1l, entre eux, celui-là pañle pour le plus favant, dont la bibliotheque eft ornée d’un plus grand nombre de figures d’Ariftote & de Pittacus. Narn perfeitiffimus horum ef Siquis Ariflotelem femilem , vel Pittacon emit, Et jubet archerypos plateum /érvare cleanthas. (2.1.) TABLETTE, {. f ouvrage de Tablettier, petit meu- ble proprement travaillé , compofe de deux ou plu- fieurs planches d’unbois léger & précieux, quifert d'ornement dans les ruelles , ou dans les cabinets , patticulierement des dames, & fur lequel elles met- tent des livres d’ufage journalier, des porcelaines, 8t des bijoux detoutes fortes. C’eft de ces efpeces de tablettes qu'une communauté des arts &C métiers de Paris atiré fon nom. ( D. J.) | TABLETTE, ( Pharm.) médicament interne , fec, de différentes figures, compofé de différentes matie- res , qui , à l’aide du fucre diflout & cuit, prend une formefolide & caflante : on voit par-là en quoi il difiere du trochifque. La matiere eft ou excipiende ou excipiente. L’excipiende eft prefque tout ce qui entre dans Pé- leétuaire , tant les excipiens , que les excipiendes. L'excipiente eft toujours le meilleur fucre diffous, dans une liqueur appropriée , aqueufe , & cuit à confiftence convenable. - Le choix demande quelques particularités. Il faut que le remede dont 1l s’agit , foit folide & caflant, cohérent fans être vifqueux , qu’il fe fonde aifément dans la bouche , & qu’il ne foit pas défagréa- ble à prendre. Ainfi on ne doit guere y faire entrer les gommes, lesextraits., les fucs épais , les terreux gras, & au- tres femblables qui donnent trop de ténacité. Ce n’eft pas ici non plus le lieu des matieres qui ont une faveur ou une odeur défagréable , parce que le remede doit ou fe fondre dans la bouche , ou être mâché. On ne fait point ufage ici de fels, fur-tout de ceux qui fe fondent, ou qui s’exhalent : on emploie les poudres grofleres , mais qui font molles ; point d’a- cides fofüules , ils empêcheroient le fucre de fe coa- guler. On doit éviter les noyaux qui font remplis d’une huile qui fe corrompt facilement, fi le malade doit ufer du remede pendant long-tems. La srablerre étant folide on peut y faire entrer des remedes très-puif- fans , & qui même pefent beaucoup, pourvü que le mélange foit bien exaû. On peut donner une bonne odeur au remede , en y mettant un peu d’ambre, de mufc, de civette, ou bien lorfque la maffe eft congelée, en la frottant avec des liqueurs qui fentent bon , comme des huiles ef- fentielles, des effences odoriférantes, &c. On peut auf lui donner une couleur gracieufe, en répandant deflus , un peu avant qu’elle fe réfroidifle, des feuil- les d’or ou d'argent, ou bien des fleurs de différen- tes couleurs hachées bien menues. Le nombre des ingrédiens doit être en petite quantité; l’ordre eftle même que dans les trochifques, & dans les pilules, quoique fouvent 1l ne s'accorde pas avec celui de la préparation. La figure eft indifférente , comme elle ne fait ni bien ni mal à la vertu du remede , on peut en laiffer le choix à l’apoticaire: car ou , lorfque la mañle eft prête à fe geler, on la verfe dans une boëte pour qw’- elle en prenne la figure, & c’eft ce qu’on appelle Tome XF, ; TAB 809 Pandaléon ; oubien l'ayant verfée, foit toute entie- re ,foit par parties, dur un plan, on la formeen petites mañles, en maniere de quarrés oblongs , de rhombe,, &c. La mafñle de la sablette fe dérermine très-rarement par les poids, ou par les mefures. Elle n’eft pas fi limitée, qu’elle ne prie bienaller depuis unedrach- me jufqu'à demi - once. La dofe s’ordonne par le nombre, par exemple , fuivant que les cablettes font plus grandes ou plus pe- tites ; par morceaux, quand la mañle n’eft pas divilée ; parle poids, quand on y a fait entrer des ingrédiens efficaces, &c alors la dofe eft plus grande ou plus pe- tite, felon la force & la proportion de ces ingré- diens : elle ne va cependant guere au-delà d’une once. La quantité générale, quand elle eft au-deffous de quatre Onces, ne fe prépare pas commodément. Si cependant on fe fert des rablerres officinales , on en prefcrit qu'autant qu'il en eft befoin pour peu de Jours. La proportion desingrédiens excipiendes entr’eux, fe détermine facilement , én ayant égard à la nature de chacun , au but qu’on fe propofe , aux précau- tions indiquées; celle de Pexcipient à l'égard des ex- cipiendes , e connoît par ce qui fuit. En général, on emploie fort bien le quadruple ; ou le fextuple de fucre , à raïfon des excipiendes. Il faut avoir égard à la pefanteur fpécifique, & à la confiftence des excipiendes. Ceux qui font très-le- gets par rapport à leur grand volume, demandent ine quantité plus confidérable d’excipient ; ceux qui font fecs, durs , poreux , joints avec une petite quan- tité de fucre , deviennent prefque auffi durs que la pierre. Si les excipiendes contiennent en eux-mêmes du fucre, on doit diminuer la quantité de l’excipiens au prorata ; ce qu'il faut obferver pour les conferves , les condits , &c. cependant on laïffe à l’apoticaire à déterminer la quantité de fucre , excepté quand on veut que la dofe foit pefée , parce qu’il en coute peu de lever tous les doutes. La fouftription. On laïffe à lapoticaire la maniere & l’ordre de la préparation : on indique auffi, fibon femble, de quelle liqueur on doit arrofer la mañle ,. & fi on doit l’orner avec des feuilles d’or, ou depe- tites fleurs : on mentionne quelquefois le poids que doit avoir chaque zablerte. Le fucre fait qu’on n’a pas befoin de véhicule ; le but détermine le tems & la maniere d’ufer du reme- de , on le mâche, ou on le laiffe fondre dans la bou- che peu-à-peu. On donne quelquefois fous la forme de sablerres les purgatifs , les antivermineux, les ftomachiques, les carminatifs, les cantarides, les antiglutineux, les aphrodifiaques , les alexipharmaques, les béchiques. Cette forme eft d’ailleurs utile pour l’ufage domef. tique, &pour les voyageurs; elle eft commode pour faire prendre bien des remedes aux enfans & aux gens délicats ; mais elle ne convient pas dans les cas, où il faut que l’aétion foit prompte , ni à ceux qui ont dela répugnance pour Les chofes douces. (D.J.) TABLETIER ; £ m. (Corps de métier ) celui qui travaille en tabletterie. Les maîtres sableriers ne fon- qu’un corps avec les peigniers. Leurs ouvrages part ticuliers font des tabliers pour jouer aux échecs, aw trictrac , aux dames, au renard, avec les pieces né ceffaires pour y jouer; des billes &billards, des cru- cifix de buis ou d'ivoire ; d’où ils font appellés 227 leurs d'images d'ivoire: enfin toutes fortes’d’ouvrages. de curiofité de tour, tels que font les bâtons à fe fou tenir, les montures de cannes , de lorgnettes & de lunettes , les tabatieres , ce qu’on appelle des cuifi- nes , des boëtes à favonnettes, &c, où ils emploient KKKkKKky 810 « TAB Pivoire, & toutes les efheces de bois rates qui vien- nent des pays étrangers, commebuis , ébene , bre- fil, noyer, merifier , olivier, &c. Savary. (D.J.) TABLETTERIE, {. f. (Art méchan. ) art de faire des ouvrages de marquetterie , des pieces curieufes detour, & autres femblables chofes , comme des triétracs , des dames, des échecs , des tabatieres , &c principalement des tablettes agréablement ouvra- gées., d'où cet art a pris {a dénomination. (D. J.) TABLIER , £ m, serre de Lingere | morceau de toilefine, baptifte ou mouffeline, ourlétout-au-tour, & embelli quelquefois de dentelle ; avec une cein- ture en-haut, & une bavette que les dames mettent devant elles, Il y a de ces sabliers bordés , d’autres lacés , & d’autres bouillonnés , tous agrémens faits de rubans de couleurs , autrefois à la mode. Il y a des cabliers de tafetas qui font tout unis; 1l y ena de toile commune , de ferge pour les femmes du petit peuple , & de toile groffiere pour les cuufi- ieres. (D.J.) TABLIER;, er tertue de Barreur d’or , c’eftune peau clouée à la table de la pierre , que le batteur avance fur fes genoux , pour y recevoir les parcelles d’or qui s’échappent de deffous le marteau. TABLIER , uftenicile de Boyaudiers , .qui leur fert à garantit leurs hardes. Les boyaudiers ont trois fortes de sabliers , qu'ils mettent. les uns par-deflus les autres; le premier eft appellé fimplement sablier ; il eft fait de groffe toile qui fert fimplement à garantir leurs hardes Le fecond eft appellé le sablier poiffé ; 11 fe met par deflus le premier , & fert à le garantir ; on l’appelle poiffe, parce qu'il reçoit une partie de l’ordure qui païle à-travers le troifieme. . Letroïfeme eft le wblier à ordure ; il fe met par- deffus le fecond , & c’eft lui qui reçoit toute lor- dure.êc la faleté qui fort des boyaux. . Ces trois tabliers font faits de groffe toile forte, êt s’attachent au-tour des reins avec des cordons ; 1ls defcendent jufqu’au coup de pié. : TABLIER DE CUIR, des Cordonniers, Saveriers , eftune peau de veau qui a un licoi pour retenir la bavette , & une ceinture que louvrier attache au: tour de hu. Foyez la Planche du Cordonnier bottier. TABLIER , terme d'Ebenifle, table divifée en fot- xante quatre carreaux blancs & noirs , fur lefquels on joue aux échécs , aux dames, 6 à d’autres jeux: on dit aujourd'hui darrier ; mais le mot fablier eft bien ancien, car nous lifons dans Joinville , que Le roi ayant appris que le comte d'Anjou, fon frere, jouoit avec meflire Gautier de Nemours , « il fe leva, ” » &caila tout chancelant, pour la grande foiblefle de 5 la maladie qu’il avoit , & quand il fut fur eux , il + printlies dez &c les tables, &c les gefta enla mer, # fe courrouffant très-fort à fon frere, de ce qu'il # s’eftoit fitouft prins à jouer au dez , & que autre- 3 ment ne lui fouvenoit plus de la mort de fon fre- # re , le comte d’Artois, ne des périls defquels no- » tre Séigneur les avoit délivrés; mais meflire Gau- » tier de Nemours en fut le mieux payé, car le roi » gefta tous fes deniers, qu'il vit fur les rabliers, # après les dez & les tables, en la mer». Di&. du Commerce, ( D. J.) | TABLIER DE TYMBALE, serme de Tymbalier, c’eft le drapeau ou la banderolle en broderie d’or & d’ar- gent, qui eft autour des tymbales , & qui les enve- loppe. Ily a un pareil drapeau, mais plus petit, qui peñd-aux trompettes militaires , & ce drapeau fe ñomme bariderolle. ( D.J.) TABLIER, (Comm.) terme ufité en Bretagne , par- ticulierement à Nantes, pour fignifñer un Éureau, où recette des droits du roi. TABLIER, on nomme auffi à la Rochelle drois de: TAB tablier 6 prevôté, un droit de-quatre demers par di- vres de l'évaluation des marchandifes fortant par mer de cette ville pour les pays étrangers, & la Bretagne feulement. Voyez PREVOTÉ. Di&, duiCom TABLINUM, 1. m. (Lirtér.) lesauteurs donnent des fignifications différentes à ce mot sablinum ; les uns difent que c’eftun lieu orné detableaux,, les au- tres un lieu deftiné à ferrer des titres &tpapiers, & d’autres enfin prétendent que c’eft fimplement un lieu: lambriflé de menuiferie & de planches. (D.,J.) TABLOUIN , f. m. ( serme dArtillerie. ) planche où madrier dont eft faite la plate-forme où l’on place les canons que l’on met en batterie. Les s4blowins! foutiennent les roues des affuts | & empêchent que la pefanteur du canon ne les enfonce dans lesiterres. On fait un peu pancher cetteplate-forme vers lé par quét , afin que le canon ait moins de recul, & qu'ils . {oit plus aïfé de le remettre en batterie, (D. Z) TABOGA , ( Géog. mod.) ile de la mer du Sud. dans la baie de Panama. Elle a trois milles de long fur deux de large, & appartient aux Efpagnols ; fon terroir eft en partie aride , & en partie couvert d’at- bres fruitiers, fur-tout de cacaotiers.. Lurir. mérid. 1. (D. J.) TABON , fm. (Æff. nat. Ornirhol.) nom donné par les habitans des iles Philippines à un oïfeau qu: on appelle ailleurs daz, & qui eft remarquable pout la groffeur des œufs qu'il pond; mais tout ce que le pere Nieremberg dit de cet oïfeau eft purement fabuleux. (D. J.) is TABOG , (Géog. anc.) ville d'Afié, dans les mon- tagnes de la Parétacene, fur les frontieres delaPerfe & de la Babylonie, fuivant Quinte:Curfe & Strabon. TABORITES , f. m.p. (Æf. eccle[.) branché ou fette d'anciens Huñites. Foyez Hussites. Vers la fin du quinzieme fiecle, les Hufites s'étant divifés en plufieurs feétes , il y en eut une quifere- tira furune petite montagne fituée en Bohème , à rs lieues de Prague , fe mit fous la conduite de Zifca,, fe bâtit un fort ou château, & lui donna lé nom de Te bor , foit par rapport à ce que le mot ##2h0r fignifie enefclavon, un château , foit paraïlufion à la mon- tagne de Tabor, dont il eft fait mention dans l'Ecriz ture; quoi qu'il en foit, c’eft de-là :Gu'ils ont été appellés Taborifies. | LL Ces feétaires poufferent la prétendue réformation plus loin que Jean Hufs ne Pavoit fait lui-même ; ils rejetterent le purgatoire , la confeffion auriculaire , Ponéion dans le Baptème , la tranfabitanriation, Hs réduifirent Les {ept facremens de léolife romai- ne à quatre ; favoir le Baptème, l'Euchariftie le Mariage & l’Ordination. | Ils foutinrent hardiment la guerre contre l’empez reur Sigifmond ; le pape Martin V. fut obligé de pu- blier contre eux une croifade , qui ne produifit au- cun effet.Cependant leur château de Thabor farafmié. gé en 1458 par Pogebrac, roi de Bohème , & chef des Calixtins. Les Taborifles, après un an éntier de réfiftance , furent emportés d’affaut & pailés au fil de l'épée fans en excepter un feul; la fortereffe fut enfuite rafée. | | | TABOT , f. m. (Hi. mod.) c’eft ainfi que l’on nomme , chez les Ethiopiens ;, une efnece de coffre qui fert en même tems d’autel {ur lequel leurs pré tres célebrent la meffe. Ils ont la plus stande vénéra- tion pour ce coffre , dans l’idée que c’eit l'arche d’al- lance confervée dans le temple de Jérufalem, mais qui, fuivant eux, fut enlevée furtiyement pat des mifionnaires Juifs , qui furent envoyés.en Ethiopie par Le roi Salomon pour inftruire les peuples dans la loi du vrai Dieu. Les Abyffins, quoïqueconvertis au chriftianifme , confervent toujours le même refpeét pour le 2504. Le roi lui-même n’a point la permifion de le voir, Ce coffreeft porté en grande cérémonie z _ TAB par quatre prélats qui fontaccompagnés de beaucoup d’autres ; on dépofe le #ho: fous une tente qui fert d’églife dans les camps où le roi faït fa demeure or- | dinaire, Les miffionnaires portugais ayant voulu fou- mettre les Abyflins au fiese de Rome , tâcherent de fe rendre maitres de cet objet de la vénération du pays. Mais des moines zélés le tranfporterent fecre- tement dans des endroits inaccefibles, d’où le vz- bot ne fut tiré qu’aprèsl’expulfion des mifionnaires catholiques , que l’on avoit trouvés trop entrepre- nans. | TES % (#2 TABOURET, f. m.( Æiff. nat. Botan. ) je ne fai pourquoi ce genre de plante eft ainfi appellé. Il eft mieux nommé bowrfe, où malerte a berger. Tournefort én compté cinq efpeces, dont nous décrirons la principale, Par/ä pafloris major ; folio firhato , I, R. #1. 216. en anglois : the great fhepherd’s-putfe.…. _ Saracine eft blanche, droite, fibreufe, menue,. d’une faveur doucçâtre, &7 qui caufe des naufées ; fa tige eft haute d’une coudée, quelquefois unique, partagée en des rameaux fitués alternativement, Ses feuilles inférieures font quelquefois entieres , mais le plus fouvent découpées profondement des deux côtés, & fans découpures. AY Les fleurs naïflent dans une longue fuite au fommet des rameaux; elles font petites, en croix , ou. com pofées de quatre pétales arrondis, blancs, & de quelques étamines chargées de fommets jaunes ‘leur calice eft aufli partagé en quatré RUE le pl fe, change en un fruit applati long de trois lignes , en forme de cœur, ou femblable à une petite bourfe un peu large. Il eft partagé en deux loges par une cloi- fon mitoyenne, à laquelle font attachés despanneaux de chaque côté ; ces loges renferment de très-petites graines , de couleur fauve, ou roufsâtre. °° Cette plante vient fur les vieilles décombres ; le Jong des.chemins, & dans les lieux incultes &'de- | ferts. Elle eft toute d'ufage ; on lui donne des vertus vulnéraires', aftringentes , rafraîchiflantes ;, & pre que-fpécifiques dans l’épuifement de fang; on la pref- crit par ces ratfons dans les diarrhées, les dyflente- tes & le-piffement de fang; on en applique le fué fur les plaies récentes pourreflerrer les vaifleaux & pré- Yen inflammation. (D: J,) VE . TABOURET, f. m. (Econ..dom.) placet, fee quar- ré qui n'a mi bras , ni doffer. : … Droit de tabourer , en france, eft le privilege dont jouiffent les princeffes & duchefles, & aui confifte à s’afleoir fur un sebouret en préfence de la reine. TABOURET, ( Charpenr, ) efpece de lanterne gar- nie de fufeaux en limande ; à lufage des machines pour puifer les eaux dans les carrieres. à TABOURIN , {. m. serme de galere; c’eftun efpace qui regne vers larbre du trinquet, & vers les ram- bades, d’où fe charge l'artillerie , &c d’où l’on jette en mer les ancres. A la pointe de cet endroit eft Ié- peron qui s’avance hors le corps de la galere, foutenu : | à côté par deux pieces de boïs qui s'appellent cæiffes. TABRA, {.m. (Superffsion.) c’eft le nom d’un ro- cher qui fe trouve en Afrique , fur la côte du cap, & contre lequel les barques. des negres font fouvent naufrage ; c’eft pour cette raifon que les habitansen ont fait une divinité ou un fétiche , auquel ils offrent des facrifices & des libations, qui confiftent à lui im- molerune chevre dont on mange une partie, & dont on jette Le furplus dans la mer ; cependant un prêtre, par descontorfions ridicules & desinvocations , pré- tend confulter le dieu pour favoir les momens qui feront favorables pour la navigation, & il fe fair ré- compenfer de la peine par les matelots qui lui font quelques préfens. TABROUBA , 1. m.(Æif. nat. Botan.) fruit qui croît à Surinam fur un grand arbre de même nom, dont les fleurs font d’un blanc verdâtre. À ces fleurs T AB SI1 ficcéde un fruit qui renferme des graines blanches femblables à celles des figues. On en tire un fuc qui devient noir au foleil, & qui fournit aux Indiensune teinture pour fe peindre le corps. Des branches de cet arbre il fort un fuc laiteux fort amer , dont les fauyages fe frottent la tête pour écarter les infeétes incommodes. . TABUDA , ( Géog. anc. ) fleuve de la Gaule bel- gique. Ptolomée, Æy. IL. ch. jx. le marque dans le pays des Marini, entre Gefforiacum-navale, &l'em- bouchure de la Meufe. On le nomme aujourd’hui l'Efraut , feion M, de Valois. Dans le moyen âge on Pappella par corruption Tabul & Tabula. . TABULÆ NOPÆ., ( Antig. rom.) ceft-à.-dire nouveaux regiffres ; c'étoit.le nom d'un plébifcite qui fé publhoit quelquefois dans la république romaine, & pat lequel toutes fortes de dettes -sénéralement étoient aboles , & toutes obligations annulées, On l'appelloit sbule., tablettes, parce qu'avant qu’on{e. fervit du papyrus où durparchemin , pour écrire les aëtes, on les gravort avec un perit füle für de peti- tes tablettes de boisminée enduites deccire::-Cenom latin sabule demeura même à tous les aftespublics, après qu'on eut ceflé.de les graver fur des plaques de cuivre: lorfqwonles écrivit fur-du parchemin 87 fut du papier. On appelloit l'édit du peuple romain fable, nove,, parce qu'il obligéoit de faire de nou- Velles tablettes, de nouveaux resiftres pour. écrire les aétes , les créanciers ne pouvant plus fe fervir de leurs anciens contrats d'obligation. Aulu:Gelle > LV IR E. (DZ) Sole at TaBULÆ, NOMIN A, PERSCRIPTIONES , ( Lirerar.) rabule. chez les Romains, étoient leurs livres de Comptes, fur lefuels ils écrivoient les fom- mes qu'ils prétoient, où qu’ils empruntoient fans iftérêt, Ou'pour léfquelles 1ls s’obligeoient. Momie fignifie proprement les fommes empruntéesfansinté rêt. Pérfcriptrones ef à-peu-près la même chofe que nos billets payvables'aü porteur. Ainfi ces trois mots défignent les livres de compte des. Romains , les fommes qu'ils prétoient où empruntoient fans in- érêt, & leurs billets payables au porteur, foit que lefdits billets feat à intérêt, ou fans intérêt. (D.T.) TADULÆ, TABULARII, TABULARIA, (Lirtér. 6 Inférip. rom.) tabule ,. contrat qu’on pañle ; sabula- ri , 1ont les notaires chez qui on pañle les contrats: tabularia font les greffes où l’on dépofoit les minu- tes. Il y avoit à Rome un sPu/arium de l’état, où étoient dépolés les titres, aes & monumens tou- chant les biens publics, comme domaines, droitsde port, impoñtions , & autres revenus de la répubh- que: Ce dépôt étoit dans une falle du temple de fa Liberté. « Le fage cultivateur , dit Viroïle, Géore. » Liv. IT. borne à cultiver le fruit de fes vergers, &c » les dons de la terre libérale, ne connoïtnilegref. » fe du dépôt public , ni la rigueur des lois, ni les » fureurs du barreau : » Nec ferrea juga » Infanumque forum , aut populi tabularia vidis » (D.J.) | TABULARIUM, (Ant. rom. )on nommoit ainf le dépôt au greffe de Rome, où étoient les titres, attes & monumens touchant les biens publics, com- me domaines , droits de port , impoñtions & autres revenus de la république. Ce dépôt étoit dans une falle du temple de la Liberté, (D.J.) TABULCHANA,, f.m. ( Æif2. mod.) c’eft ainfi qu’ on nomme chez les Turcs l’accompagrement ou le cortege militaire que le fultan accorde aux grands of- ficiers qui font à fon fervice. Le sabu/chana du grand vizir eft compofé de neuftambours, de neuffifres , fept trompettes, quatre +45 , ou baffins de cuivre qu onheurteles uns çontre les autres, & qui rendent un 812 TAC fon aigu 8&c perçant. On porte devant lui trois queues de cheval treflées avec att. Un étendard de couleur verte, nommé alem , & deux autres étendards fort larges, qu'on nomme bairak. Les autres bachas n’ont pouit un ätbulchana Ÿ confidérable ; ils ne font porter devant eux que deux queues de cheval avec Îles trois étendards. Un beg n’a qu'une feule queue de che- val avec les étendards. Les officiers inférieurs n’ont qu'un fanjak , ou étendard, & ils ne font point por- ter la queue de cheval devant eux. Voyez Cantemir, hifi. ottomane. TABURNE , (Géog. ant.) Taburnus ; montagne d'Italie dans le Samnium , au Voifinage de Csndicum, ce qui lui a fait donner le furnom de Caudinus. Vi- bius Sequefter, en parlant de cette moritagne dit, Taburnus Samnitum olivifer. Gratius , Cyreger , ver]. $. 8. néanmoins ne la décrit pas comme uñe monta- gne agréable & chargée d’oliviers , mais comme une montagne hériflée de rochers. Veniar Caudini faxa Taburni Dardanumque trucem , aut Ligurias defuper Alpes. Le fentiment de Vibius eft appuyé du témoignage de Virgile, | Juvat Imara Baccho Conférere, arque oleo magnum veflire Taburnum. Tout cela fe concilie ;\une partie de cette monta gne pouvoit être fertile, & l’autre hériflée de ro- chers. (D. 7.) TABUT,f. m. (Langue gauloife.) ce vieux mot fignifie felon Nicot, querelle, débat, vacarme , tracas. Il fe trouve dans Cotgrave & dans Montagne. Il ny à pas long-tems, dir ce dernier, que je rencontrai Pun des plus favans hommes de France , entre ceux de non médiocre fortune , étudiant au coin d’une falle , qu'on lui avoit rembarrée de tapiflerie, & autour de lui un sabut de fes valets plein de licence. TAC , on donne ce nom à la falamandre aquati- que, dans diverfes provinces de France. Voyez SALA- MANDRE. TACAHAMACA , f. m. (Hifi. des drog. Exot.) nommé par les Médecins sacamahaca , eft une fub- ftance réfineufe , feche, d’une odeur pénétrante, dont on connoît deux efpeces dans les boutiques de dro- guiftes & d’apoticaires. L'une qui eft plus excellente, s'appelle commu- nément racahamaca fublimée ou en coque; c’eft une réfine concrete, erafle cependant , & un peu molle, pâle , tantôt jaunâtre, tantôt verdâtre ; que l’on cou- vre de feuilles, d’une odeur aromatique; pénétran- te,fuave, qui approche de celle de la lavande, &c de lambre gris; d’un goût réfineux &t aromatique ; mais elle eft très-rare. | L'autre efpece eft la racamahaca vulgaire, qui eft en grains, ou en morceaux blanchätres, jaunâtres , roufsâtres, verdâtres, ou de différentes couleurs, à demi tranfpatens, d’une odeur pénétrante, appro- chante de celle de la premiere efpece, mais moins agréable, Les Éfpagnols l'ont apportée les premiers de la nouvelle Efpagne en Europe, où auparavant elle étoit entierement inconnue. On en recueille auff dans d’autres provinces de l'Amérique, & dans l’île de Madagafcar. L'arbre d’où découle cette réfine, ou par elle- même , ou par incifion que l’on fait à fon écorce, s’appelle arbor populo Jémilis , refinoja , altera, C, B. P. 430. Tecomahaca, dans Fernandès, S5: Tacama- baca foliis crenatis, ligrum ad ephippia conficicienda aptum, dans Pluk. Phyt. | C’eft un grand arbre qui reflemble un peu au peu- plier, & qui a beaucoup d’odeur. Ses feuilles font médiocres, arrondies , terminées en pointe &t den- telées. Les auteurs que nous avons cités ne font au- _cune mention de fes fleurs. Ses fruits naifent à l'ex- TAC trémité des mêmes branches, ils font petits, arron- dis ; de couleur fauve, & renferment un noyau qui differe peu de celui de la pêche. Il découle naturellement de cet arbre des larmes réfineufes , pâles, qui par leur odeur, & la fineffe de leurs parties, donnent la bonne tacahamaca ; mais le fuc réfineux qui découle des incifions de l'écorce, prend différentes couleurs, felon les différentes par- ties de l'écorce fur lefquelles 1l fe répand; étant épaiffi par l’ardeur du foleil,1l forme des morceaux de réfine, tantôt jaune, tantôtrouflâtre,& tantôtbrune, & pa- nachée de paillettes blanchâtres: on préfere avec raifon la premiere tacahamaca; on ne les emploie l’u- ne ou l’autre qu’extérieurement , pour réfoudre & : faire mûrir les tumeurs, ou pour appaïfer la pafñon hyftérique, en en appliquant des emplâtres fur le nombril. (D. J. | TACATALPO, (Géog. mod.) ville de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne , au gou- vernement de Tabafco, fur la riviere de ce nom, à trois lieues au-deflus de Halpo. Elle a dans fon ter- roif une efpece de cacao blanc, qu’on ne trouve point ailleurs, & qui fait le chocolat beaucoup plus moufleux que le cacao ordinaire. (D. J.) TACATUA, (Géog. anc.) ville de l'Afrique pro- pre , fur la côte, entre Ruficades & Hippone. Ptolo- mée, 2. IV. c. üj. Le P. Hardouin dit que le nom mo- derne eft Mahra.( D. J. ) | TACAZE, (Géogr. mod.) ou Tagaze, petite ville d'Afrique au royaume de Fez, fur le bord de la ri- viere de fon nom, à une demi-lieue de la Méditerra- née. Cette ville fut bâtie par les anciens africains ; fes habitans vivent de pain d'orge, de fardines où autres poiflons, & de quelques herbes potageres. CHANT )ES 2 à TAcAZzE ou TAGAZE, (Géogr. mod.) riviere con fidérable d'Abyffinie. Elle a fa fource dans Les mon- tagnes qui féparent les royaumes d’Angofte & de Be- gameder , & tombe enfiñ dans le Nil du côté de l’o- rient. | La riviere de Tacaze grande comme Îa moitié du Nil, pourroit bien être l’Aftraboras des anciens ; c’eft l'opinion de Jean de Barros, le Tite-Live des Portugais : & c’eft aufli le fentiment de M. Delifle, pat deux raïfons. La premiere, dit-1l, eft que felon les jéfuites qui ont été en Ethiopie, elle entre dans le Nil à dix-fept degrés & demi de Zatirude, qui eft à. quelques minutes près, la même hauteur que Ptolo- mée donne à l'embouchure de l’Aftaboras, 700 fta- des au-deflus de la ville Méroé, comme on voit par Strabon , par Diodore & autres. La feconde chofe qui fait croire à M. Delifle que le Tacaze eft le même que l’Aftaboras , eft que cette riviere s'appelle autrement Arhara , comme on le voit par Le rapport des fcheïks du Nubie , &r par ce- lui d’un récolet qui a pañlé cette riviere en allant en Ethiopie. Or les noms d’Arbara & d’Affaboras ne font pas fort différens. Il fuppofe que l’Atbara eft fon véritable nom, &c que les Grecs l’ont altéré comme ils ont fait tant d’autres mots; puifque cela arrive encore très-fouvent à ceux qui font obligés d’em- ployer des noms étrangers dans leurs écrits. Mer. de l’acadèm. royal, des Scienc. \ann. 1708. pag. 378 (D. J.) t TACET , f. m. terme latin qu'on emploie dans Lz Mufique , pour indiquer le filence. Quand, dans le cours d’un morceau de mufique, on a des mefures à compter, on les marque avec des bâtons &c des pau- fes. Mais quard quelque partie doit garder le filen- ce durant un morceau entier , on indique cela par le mot ace, écrit au-deffous du nom de Pair, ou des premiers mots du chant. (S) | TACHA, (Géog. mod.) ville du royaume de Bo- hème, aux confins du haut-Palatinat, fur la riviere { Le Mies. Ziska , Chef des Hufites, la prit d’affaut en 1427, & y mit garnfon. Long. 30. 42. latir, 49,55, TACHAN , (Géog. mod.) ville du royaume de Tunquin, fituée dans une plaine vis-à-vis d’une île de même nom, laquelle eft couverte d’oifeaux qui viennent s’y retirer dans les grandes chaleurs. TACHARI, (Géog. anc.) peuples d’Afie, dans lHyrcanie. Selon Strabon, Z XI. pag. 511. ils étoient Nomades , êc ils furent du nombre de ceux qui chaf- ferent les Grecs de la Baétriane, Ortelius croit que ce font les Tachori que Ptolomée, Z. FI, c, xij. place dans la Sogdiane , contrée voifine. (D. J.) À TACHE, TACHE, £ f. (Lang. franç.) la pro: nonciation détermine Le fens de ces deux mots, qui fignifient deux chofes toutes différentes. Le premier veut dire une arque , une impreffion étrangere qui gâte quelque chofe; & le fecond, un ouvrage que l'on doit finir dans un certain tems, foit par devoir, foit pour de l'argent. La premiere fyllabe du pre- mier mot eft breve ; On alonge au contraire la pre- miete fyllabe du fecond mot, & l’on y met un ac- cent circonilexe. Ménage avoue qu'il ignore l’origi- ñe du mot sache ; mais Cafleneuve a remarqué qu’au- trefois on s’en fervoit pour exprimer les bonnes & les mauvaifes qualités d’un homme, ou d’une bête. L'ancienne chronique de Flandres, parlant de Mar- guerite, comtefle de Flandres, dit ch. xxy. «Et # ‘elle avoit quatre saches ; premierement, elle étoit » une des plus grandes dames du lignage de France; » fecondement, elle étoit la plus fage & la mieux » gouvernant terre qu'on fçeuft», &c, Les autres deux taches {ont qu’elle étoit libérale & riche. Le livre intitulé, Li érabliffément de Li roi de France. «Or » fi aucun menoït fa bête au marché, ou entregens, » 6t qu'elle mordiit où prift aucun, & cil qui {eroit » bleflé fe plaingnift à la juftice, & li autres dift, f- » re, Je n'en fçayvoye mie qu'elle eût telle sache, » Éc.» | Quant au mot séche, les uns le dérivent de sax, taxatio ; d'autres nous apprennent pour expliquer fon étymologie, qu’on appelloit autrefois séche, une pochette, parce que plus on travaille à la séche, &x plus on raflemble d'argent dans fa poche. On pré- tend mêrne qu’on appelle encore séche en Bourgo- gne, une pochette, | On dit dans quelques provinces , donner des fonds à säche, c’eft-à-dire, fous la redevance d’une certaine partie desfruits, felonque l’on en convient. Le fonds eft appellé sachable ou rachible. Ce droit ref. femble au champart qui ne porte ni lods, ni mi-lods, êc ne change point la qualité de l’héritage. (D. J.) TACHES , ez Affronomie, où macule , endroits obfcurs qu’on remarque fur les furfaces lumineufes du foleil, de la lune , & même de quelques planetes. Voyez SOLEIL, LUNE , PLANETE, FACE, Ge. En ce fens , taches, maculæ eft oppofé à facules, Jfacule ; ces taches du foieil font des endroits obfcurs d’une figure irréguliere & changeante qu’on obferve fur la furface du foleil; entre toutes les rackes que nous voyons, il y en a quine commencent à pa- roître que vers le milieu du difque, & d’autres qui difparoïffent entierement après s’être détruites peu- à-peu, à mefure qu'elles fe font avancées. Souvent plufieurs saches fe ramaflent ou s'accumulent en une feule, & fouvent une même tache fe refout en une infinité d’autres extrémement petites. Il n’y a pas long-tems qu’on a remarqué des 41- ches dans le foleil : elles varient beaucoup quant au nombre, 6... Quelquefois il y ena beaucoup, & quelquefois point du tout. Galilée eft le premier qui les ait découvertes auffitôt après l'invention du télef. cope : Scheiner Les obferva dans la fuite avec plus de TA C 713 foin, & à publié un gros livré à ce fujet : dans ce tems là on en voyoit plus de cinquante {ut le {oleil ; mais depuis 175 3 jufqu’en 1670, à peine eñ a-t-on découvert une ou deux: depuis elles ont reparu af fez fouvent en abondance, & il ny à prefque point de volume de l'académie des {ciences où'ii n’en foit fait mention. Il femble qu’elles ne fuivent aucune loi dans leurs apparitions. Quelques-uns s’imaginent que ces sèches peuvent devenir en fi grand nombre, qu’elles cachent touté la face du foleil, ou du-moins la plus grande partie, ëc c’eft à cela qu'ils attribuent ce que dit Plutarque , la raïfon pour laquelle la premiere année du fegné d’Augufte la lumiere du foleil fut 4 foible & f ob{cu- re, qu'on pouvoit aifément la confidérer fans en être éblout. | Les hifioires font pleinés de remarques fur des ans nées entieres où le foieil a paru fort pâle & dépouillé de cette vive lumiere à laquelle les hommes {ont ac: coutumes ; On prétend même quefa chaleur étoit alors fenfiblement ralentie; ce qui poutroit bien ve- nir d'une multitude de raches qui couvroient alors le difque apparent du foleil. Il eft certain que l’on voit {ouvent des saches {ur le foleil dont la furface excede non-feulément PAfe & l'Afrique, mais même oc> cupent un plus grand efpace que n’occüperoit fur le foleil toute la furface de la terre, Voyez Ecripse. À quoi Kepler ajoute qu’en 1747 le foleil paroïfz {oit rougeâtre, de même que quand ôn l’appercoit à travers d’un brouillard épais ; & il conjedtüre delà que les seches qu’on voit dans le foleil font une ef pece de fumée obfcure, ou nuages qui flottént fur fa furface. 4 Trhs "D'autres prétendent que ce font des étoiles ow des planetes qui pañlent devant le corps du foleil. Mais ileft beaucoup plus probable que ce fonr des corps opaques en mamere de croûtes qui sy for-- ment, comme l’écume fur la furface des liqueurs. Pluüfieurs de ces saches paroïffent n’être autre chofe qu'un amas de parties hétérogenes, dont les plus” obfcures & les plus denfes compofent ce qu'Heve- lus appelle le zoyax , & elles font entourées de tous côtés de parties plus rares & moins obicures, comme fi elle avoient des atmofpheres ; mais la fi gure, tant du poyau que des saches enticres, eft variable. En 1644 Hevelius obferva une petite sache qui en deux jours de tems devint deux fois plus grofle qu'il ne l’avoit vüe d’abord, paroïfant en mé- me tems plus obfcure, & avec un plus gros foyau, êt ces changemiens foudains étoient fréquens. I] ob- ferva que le noyau commenca à diminuer infenfible: ment, jufqu'à ce que la sache difparut, & qw'avant qu'il fe fut entierement évanout, il fe partagea en quatre portions qui fe réunirent de nouveau en deux jouts de tems : il y a eu des taches qui ont duré à ” 3; 10, 15,20, 30, & même, quoique rarement, 40 jours. Kirchius en a obfervé une en 1681, de= puis le 26 Avril jufqu'au 17 Juin, Les saches fe meu- rent fur le difque du foleil d'un mouvement qui eft un peu plus lent près du limbe que près du centre. celle que Kirch obferva fut douze jours vifble fur le difque du foleil, & elle fut quinze jours derriere le dique, felon la regle ordinaire qu’elles reviennent au limbe 27 ou 28 joursaprèsqu’elles en font parties. Il faut enfin obferver que les saches fe contrattent près du limbe ; que dans Le milieu du difque elles pa- roïflent plus étendues, ÿ en ayant de féparées les unes des autres vers le limbe, qui fe réuniflent en une feule dans le difque ; que plufieurs commencent dparoître dans le milieu du difque, & que plufieurs difparoïflent au même endroit, qu'on n’en à vü aus cune qui s'écartät de fon orbite près de l’horifon, au-hieu qu'Hevelius obfervant Mercure dans le foleil près de l’horifon, le trouve écarté de 27 fecondes 914 T A C au-deflous de la route qu'il avoit d’abord tenue. On peut conclure de ces phénomenes, 1°. que puifque la dépreflion apparente de Mercure au-def- fous de la route qu’il devroit fuivre, vient de la dif- férence des parallaxes de cet aftreêr du foleil; ces #4- ches, dont la parallaxe eft la même que celle du fo- leil, doivent être beaucoup plus près de lui que Mercure; mais puifqu’elles ont été cachées der- riere cet aftre trois jours de plus qu’elles n’en ont paflé fur celui de fon hémifphere qui nous eft vifi- ble : 1l a y des auteurs qui concluent delà qu’elles n’adherent pas non-plus à la furface du foleil, mais qu’elles en font un peu éloignées ; mais il eft d’autres auteurs qui ne font point de cet avis, 8 qui croient que les saches font adhérentes à la furface du foleil. Voyez SOLEIL. 2°, Puifqu’elles naïffent & difparoïffent au-milieu du difque, & qu’elles fubiflent diverfes altérations, eu égard à leur grandeur, à leur figure & à leurs denfités ; on peut conclure delà qu'elle fe forment êt fe difiolvent enfuite fort près du foleil, & que ce font très-probablement des efpeces de nuages {o- laires formés des exhalaifons du foleil, 3°. Puis donc que les exhalafons du foleil s’éle- vent de fon corps, & fe tiennent fufpendues à une certaine hauteur de cet afire, 1l s'enfuit delà, felon les lois de Phydroftatique, que le foleil doit être entouré de quelque fluide qui puifle porter ces ex- halaïfons vers en haut , fluide qui comme notre at- mofphere doit être plus denfe vers le bas, & plus rare vers le haut; &ipuifque les saches fe diflolvent & difparoïffent au milieu même du difque, il faut que la matiere qui les compofe, c’eft-à-dire, que, les exhalaifons folaites retombent en cet endroits d’où il fut que c’eft dans cet endroit que doivent naître les changemens de l’atmofphere du foleil, & par conféquent du foleil lui-même. 4°. Puifque la révolution des saches au-tour du {o- leil eft très-réguliere, & que leur diftance du foleil eft ou nulle, ou au-moins très-petite, ce ne font donc pas, à proprement parler, les raches qui fe meuvent au-tour du foleil, mais c’eft Le foleil lui- même qui tournant au-tour de fon axe, emporte avec hu les saches, foit qu’elles nagent fur la furface de cet aftre, ou dans fon atmofphere ,& il arrive de-là queles £aches, étant vues obliquement près du. limbe, paroiïflent en cet endroit étroites & oblon- gues. Les saches de la lune font fixes: quelques-uns pré- tendent que ce font les ombres des montagnes ou des endroits raboteux qui fe trouvent dans le corps de la lune; mais leur immobilité détruit cette opi- nion. L'opinion la plus générale & la plus probable eft que les taches de la lune font des mers, des lacs, des marais, éc. qui abforbent une partie des rayons du foleil, 8 ne nous en renvovyent qu’un petit nom- bre, de maniere qu’elles paroïffent comme des saches obicures ; au-lieu que les parties terreftres refléchit- fent à caufe de leur folidité, toute la lumiere qu’elles reçoivent, & ainfi paroïfent parfaitement brillantes. M. Hartfoeker eft d’un autre avis, & prétend que es caches de. la lune, ou du-moins la plüpart, font des forêts, des petits bois, &c. dont les feuilles & les branches interceptent les rayons.que la terre re- flechit, & les renvoye autre part. Les aftronomes comptent environ 48 raches fur la furface de la lune,à chacune defquelles ils ont donné un nom différent. La 21° eft une des plus confidéra- bles, & eft appellée Tycho. Taches des Planetes. Les aflronomes trouvent que les autres planetes ont auffi leurs saches. Jupiter, Mars & Venus en font voir de bien confidérables quand on les regarde avec un télefcope, & c’eft par le mouvement de ces caches que nous conçluons que TAC les planetes tournent fur leur axe, de même que nous inférons le même mouvement dans le foleil, à caufe du mouvement de fes taches. ÿ Dans Jupiter, outre ces saches, nous voyons plu- feursbandes paralleles qui traverfent fon difque ap- parent. Voyez BANDES, PLANETES, SOLEIL, PHA= SES, Gc. Wolf, & Chambers. Le mouvement dessaches du foleil eft d’occidenten orient, mais ilne {e fait pas précifément dans le plan de Porbite de la terre : ainfi laxe au-tour duquel tourne le foleil weft pas perpendiculaire à cet or- bite, S1 lon fait pafler par le cercle du foleil une ligne parallele à celle de l'orbite terreftre,on trouve que cette ligne fait avec l’axe du foleil un angle de 7 degrés ou environ : aïinf l’équateur du foleil, c’eft- à dire le cercle qui eft également éloigné des deux extrémités de fon axe, du de fes deux poles, fait un angle de 7 deprés avec l'équateur de laterre ; & fi. on imagine la ligne où ces deux plans fe coupent, prolongés de part & d'autre jufqu’à la circonférence de l'orbite terreftre,lorfque la terre arrivera dans l’un ou l’autre de cesdeux points diamétralementoppofés, la trace apparente des saches obfervée fur la furface du foleil fera pour lorsune ligne droite:ce qui eft évi-. dent, puifque l'œil eft alors dans Le plan où fe fait leur vrai mouvement: mais dans toute autre fituation de la terre fur fon orbite, l'équateur folaire fera tantôt élevé au-deflus de notre œil, & tantôt abaïflé, & pour lors la trace apparente des saches obfervées {ur le foleil, fera une ligne courbe, Si dans un corps auffi lumineux que le foleil il y ‘a différentes matieres, dont la plus épaïffe ou la plus groffiere forme les saches qui Pobicurciffent, on . ne doit pas être étonné fi les planetes qui font Opa= ques, contiennent aufli des parties folides & fluides qui reflechifient une lumiere plus ou moins vive, & qui Pabforbent prefqu’entierement. La furface de toutes Les planetes doit donc nous paroître couverte d’une infinité de saches, & c’eft aufi ce qw’onare- connu, foit à la vue fimple, foit avec des lunettes. Inff. Ajtron, (0) | TACHE de naiffance, ( Phyfiol, ) un nombre infini darteres & de veines aboutiflent à la peau. Leurs . extrémités réunies y forment un lacis recouvert par Pépiderme. Dans leur état naturel, ces extrémités des vaiffeaux fanguins, ne laïffent prefque pafler que la portion féreufe du fans , la partie rouge continue fa route par d’autres vaifleaux dont le diametre eft plus grand; mais les vaiffeaux qui forment le lacis peuvent acquérir plus de diamêtre, donner un libre paflage à la partie rouge du fang, devenir variqueux, &t par conféquent caufer fur la peau une élévation variqueufe, qui paroîtra rouge ou bleuâtre, felon que dans cette dilatation, Les tuniques dont les vai£ {eaux font compolés, auront plus ou moins perdu de leur épaiffeur. Cetaccident quiarrive quelquefois après la naïf fance , n'arrive que trop fouvent fur le corps des en- fans renfermés dans le fein de leur mere ; les vaifx feaux peuvent être trop dilatés lors de la féconda- tion , & pour peu qu'ils aient été portés au-delà de leur diametre , le mai va prefque toujours enaugmen- tant, parce que ce laris vafculeux n’eft contraint par aucune partie voifine. Delà vient que ces zaches qu’on attribue fauffement à Pimagination de la mere qui a defiré de boire du vin, ou fur qui on en a répandu, s'étendent, s’élevent , débordent au-deflus de la peau, & caufe fouvent une difformité confidérable. Ce lacis des vaïlleaux eft différemment difpoié êz figuré dans les divers endroits du corps. Il eft tout autre fur la peau du vifage qu'ailleurs ; il eft même différent en divers endroits du vifage ; on pourroit peut-être expliquer par-là pourquoi une partie du corps rougit plutôt qu'une autre, C'eft Left fans doute par la raifon de cette même dife- rence , que les saches de vin font plus fréquentes au Vifage que dans d’autres parties du corps, car une partie du corps ne rougit plus facilement qu’une au- tre, qu'autant que la partie rouge du fang y trouve un moindre obftacle à pafler dans le lacis des vaif- feaux. La rougeur fe montre plus facilement au vi- fage qu'ailleurs par cette même raifon , enforte qu'un eftort léger qui ne produit rien fur une autre partie, produira fur le vifage un effet fenfible ; auff quand On examine ces saches à l’aide d’un bon microfcope, la dilatation des vaifleaux s’apperçoit clairement , ëc l’on y voit couler Les parties du fang qui les colo- rent. (D.J.) TACHE DU CRYSTALLIN , { Médecine. ) j'entends par sache du cryflallin, une efpece de cicatrice qui eft communément blanche, qu’on remarque fur fa {u- perficie, & qui blefle la vue. Elle ef le plus fouvent la fuite d’un très-petit ab{- cès ou puftule qui fe forme fur la fuperficie. du cryf- talln , dont l'humeur étant en très-petite quantité & bénigne, fe réfout & fe confomme , fans caufer d'autre altération au cryftallin , que celle du lieu où cette petite puftule fe trouve; & cet endroit du cryf- tallin {e cicatrife enfuite. Dans fon commencement, on la connoît par un nuage fort léger qui paroît fur le cryftallin, & par le rapport du malade qui fe plaint que fa vue eft brouil- lée ; dans la fuite ce nuage devient plus épais, & blanchit enfin. | On ne peut cependant danses premiers mois aflu- Ter pofitivement que ce ne foit pas le commence- ment d'une cataraéte, ou d’une ulcération ambulante du cryftallin, parce qu’on ne peut jugerde la nature de la puftule : mais quand après un , deux ou trois ans, cette sache reîte dans le même état , on peut pro- bablement aflurer qu’elle y reftera toute la vie. Quand cette sache eft blanche, on la voitaifément, & quand elle eft noirâtre ou très-fuperficielle, on ne la peut diftinguer ; mais on conjeéture qu’elle y eft par le rapport du malade. Selon l’endroit que cette sache occupe, les mala- des femblent voir devant l'œil, & en l’air , un nuage qui fuit l’œil en tous les lieux où la vue fe porte. Les malades en font plus ou moins incommodés x fuivant qu’elle eft plus grande , ou plus petite, ou plus profonde, ou plus fuperficielle. Lessaches du cryftallinne s’effacent point, ainfi les remedes y font inutiles : elles n’augmentent point , à-moins qu’elles ne s’ulcerent denouveau ; &elles ne S'ulcerent pas, fans qu'ilfe fafle une nouvelle fluxion d’humeurs fur cette partie ; mais quand cela arrive, le cryftallins’ulcere quelquefois entierement , & il fe forme ainfi une cataracte purulente , ou au-moins une mixte qui tient de la purulente. (D. J.) TACHÉOGRAPHIE, ff. ( Littérar. ) on appel- loït ainfi chez les Romains l’art d'écrire aufi vite que lon parle, par le moyen de certaines notes dont chacune avoit fa fignification particuliere &c défignée, Dès que ce fecret des notes eut été décou. vert, il fut bien-tôt perfeionné ; il devint une efpece d'écriture courante, dont tout le monde avoit la clé, &t à laquelle on exerçoit les jeunes gens. L’empe- teur Tite, au rapport de Suétone, s’y étoit rendu fi habile, qu'il fe faïfoitun plaifir d’y défier fes fecré- taires mêmes, Ceux qui en faifoient une profeflion paticuliere, s’'appelloient en grec raycoypago , & en latin notarii. I] y avoit à Rome peu de particuliers qu n’euffent quelque efclave ou affranchi exercé dans ce genre d'écrire. Pline le jeune en menoit tou- Jours un dans fes voyages, Ils receuilloient ainfi les barangues qui fe faifoient en public. Plutarque attribue à Cicéron l’art décrire en notes abregées , & d'exprimer plufieurs mots par un feul Tome XF, T AC 915$ carattere. [1 enfeigna cet art à Tiron {on affranchi ; ce fut dans dans l’affairede Catilina qu'ilmit enufage cette invention utile, que nous jgnorons en France, & dont les Anglois ont perfeétionné l'idée, Pufage & la méthode dans leur langue. Comme Caton d'U- . tique ne donnoit aucune de fes belles harangues, Cicéron voulut s’en procurer quelques-unes. Pour y réufüir, il plaça dans différens endroits du fénat deux ou trois perfonnes qu'ilavoit ftylées lui-même dans Part sechéographique, 8 par ce moyen ileut, & nous a confervé Le fameux difcours que Caton pro- nonça contre Céfar, & que Sallufte a inféré dans fon hiftoire de Catilina: c’eft le feul morceau d’élo- quence qui nous refte de ce grand homme. (D. J.) L'art sachéographique eft encore en ufage en An- gleterre. TACHI- VOLICATI, ( Géogr. mod. ) bourg de Grece dans la Macédoine ; Nardus croit que c’eft l’ancienne Gyrtone. ( D. J. TACHYGRAPHIE, f. £ (Listérar.) la tachy graphie Où sachéographie , parole compofée des mots grecs 72406, Vite | St ypagu, écriture, eft l’art d'écrire avec ra- pidité & parnotes ; elle eft aufli quelquefois nommée brachy graphie de Gpaxos, court, & YPaGw, J'écris ,ence que pour écrire rapidement , il faut fe fervir de ma- nieres abregées, Aufñ les Anglois qui font ceux de tours les peuples du monde qui s’en fervent Le. plus généralement & y ont fait le plus de progrès , l’appellent-ils de ce nom short-hand, main brieve, courte écriture ow écriture abregée, Herman Hugo dans fon traité, de primo Jérib. origin en attribue l'invention aux Hébreux, fondé {ur se pañlage du pféaumexliv. Lingua mea calamus Jcribæ ven lociter féribentis. Mais nous ferons voir, en parlant du Aotariacon ; que leurs abréviations {ont beaucoup plus modernes , purement Chaldaiques , & inven- tées par les rabins, long-tems après la deftruétion de Jérufalem. Cependant les anciens n’ignoroient point cet arti Sans remonter aux Égyptiens, dont les hiéroglyphes étoient plutôt des fymboles qui repréfentoient des êtres moraux, fous l’image & les propriétés d’un être phyfique, Nous trouvons chez les Grecs des tachéographes & femmeiographes , comme on le peut voir en Diogene Laërce & autres auteurs , œuoiqu'à raïon des notes ou caradteres finguliers dont ils étoient obligés de fe fervir, on les ait aflez généralement confondus avec Les cryptographes. Les Romains qui avec les dépouilles de la Grece tranfporterent les arts en Italie, adopterent ce genre d'écriture, & cela principalement, parce que fou- vent les difcours des fénateurs étoient mal rapportés &t encore plus mal interpretés, ce qui occafonnoit de la confufion & des débats en allant aux voix. C’eft fous le confulat de Cicéron aw’on en voit les premieres traces. Tiron, un de fes affranchis L prit mot à mot la harangue que Caton prononçoit contre Catilina ; Plutarque ajoute qu’on ne connoif. {oit point encore ceux qui depuis ont été appellés notaires ; & que c’eft le premier exemple de cette nature, Paul Diacre , cependant attribue l'invention des premiers 1 100 caraëteres à Ezrius, & dit que Tiron ne fit qu'étendre & perfe@tionner cette fcience, Augufte charme de cette découverte, deftina plu: fieurs de fes affranchis à cet exercice ; leur unique emploi étoit de retrouver des notes. Il falloïit même qu’elles fuffent fort arbitraires & dans le goût de celles des Chinois , puifqu’elles excédoient le nome bre de cinq mille. L’hifioire nous a confervé le nom de quelques-uns de ces tachygraphes , tels que Perunius , Pilargirus , Faunius & Aquila, affranchis de Mécene. à LLIII Se AL 816 T AC Enfin Seneque y mit la derniere main en les rédi- geant par ordre alphabétique en forme de diétionnai- re; aufh furent - elles appellées dans la fuite Zes rotes de Tiron G& de Seneque. Nous remarquerons à ce fujet contre l’opinion des Javans , que les caraëteres employés dans le pfeau- uer,que Trisheme trouva à Strasbourg , & dont il donne un échantillon à la fin de fa polygraphie , ne fauroient être ceux de Tiron , non plus que le ma- nufcrit qu'on fait voir au Mont Caffin, {ous le nom de carafteres de Tiro. Ceci faute aux yeux, lorf- qu'on examine combien ces caracteres font compo- és, arbitraires, longs & difficiles à tracer, au lieu que Plutarque dit expreflément en parlant de la ha- ranoue de Caton. Hanc Jolam orationem Catonis fervatam ferunt Cice- rone confule velociffmos fcriptores deponente at docente, ut perfignaquedam & parvas brevefque notas multarur litte- rarun vin habentes dicta colligerent: c’eft-à-dire qu’elle fût prife à l’aide de courtes notes , ayant la puiffance ou valeur de plufeurs lettres. Or dans les figures que nous en a confervé Gruter, la particule ex , par exem- ple , eft exprunée par plus de 70 fignes différens, tous beaucoup plus compofés , plus difiiciles, & par conféquent plus longs à écrire que la propoñition même. Ces vers d’Aufonne , au contraire , font voir qu'un feul point exprimoit une parole entiere, A . - Qué multa fandi copie Punis p:ratta Jfengulis Ur una vox abfolyitur, Ou cependant purilis doit fe prendre en général pour des fignes ou caraéteres abregés dont plu- fieurs à la vérité n’étoient que de fimples points, comme on verra plus bas dans l’hymne fur la mort de S. Cafñen. On peut donc hardiment conclure d’après ces au- torités, que les notes qu’on nous donne pour être de Tiro , & celles imprimées fous le titre de, de notis ciceromianis , ne {ont point les notes de Tiro, ou au moins celles à l’aide defquelles cet affranchi a écrit la harangue de Caton. Mais comme la T'achy graphie eft une efpece decryp- tograplue , 1l fe pourroit très-bien que Tiro eüt tra- vaillé en l’un & l’autre genre, & que ce füt ces derniers carateres qui nous euflent été confervés. Ce qui paroït appuyer cette conjeéture eft un paf fage du maître de Tiro; Ciceron à Atticus, Z2y. XIII, ép. xxx. dit lui avoir écrit en chiffre : Er quod ad te decem legatis [cripfè parëm intellexifli credo, quia de PATIO {éripleram. 1 Saint Cyprien ajouta depuis de nouvelles notes à celles de $éneque , &C accommoda le rout a l’ufage du Chriflianifine, pour me fervir de Fexpreflion de Vigenere qui dans fon sraité des chiffres, ajoute que cejt une profonde mer de confufion » € une vraie gére de la memoire comme chofe laborteufe infiaiment. En effet, de retenir cinq ou fix mille notes, prefque toutes arbitraires, &c les placer fur lechamp, doit être un trés-laborieux & très-difhcile exercice. Aufli avoit-on des maîtres ou profefeurs en Tachy- graphie, témoin l’hymne de Prudence fur la mort deS, Caffien martyrifé à coups de file par fes éco- hers. Prafuerat fludiis puerilibus, & grege multo. Septus ma gifrer literarum federat Ferba notis brevibus comprendere cunéla peritzs , Rapamgque punilis dia prapeuibus fequi. Et quelques vers après, Recdimus ecce sibi ram millia mulsa notarum , Quum flando, flendo, te docente excepimus. Don poses 1rafer, quod feribimus ipfe jubebas, d'unguam quittum dextera ut ferret fiilum à “LATE Non petimus toties, te præceptore, negatis; Avare doitor, jam fcholarum ferias. Pangere punêla libet, fulcifque incexere fulcos à Flexas catenis tmpedire virgulas. Lib. Lieps Ereearor. Hymn. IX. Ceux qui exerçoïient cet art, s’appelloient cwrs fores (coureurs), quia notis cursèm verba expediebant à caufe de la rapidité avec laquelle ils tracoient le difcours fur le papier; & c’eit vraiffembablement l’origine du nom que nous donnons à une forte d’é- criture que nous appellons courante, terme adopté dans le même fens par les Anglois, Italiens, &c. Ces curfores ont été nommés depuis rotarii, à caufe des notes dont ils fe fervoient, & c’eft l'origine des notaires , dont lufage principal dans les premiers fiecles de lEglife, étoit de tranfcrire Les fermons, difcours ou homélies des évêques. Eufebe, dans fon Hifloire eccléfiaftique, rapporte qw'Origènes {ouffrit à l’âge de foixante ans,que des notaires écriviflent fes difcours, ce qu’il w’avoit jamais voulu permettre au- paravant. S. Auguftin dit dans fa CL XIIT"® épérre, qu'il au- roit fouhaité que les notaires préfens à fes difcours, euffent voulu les écrire; mais que coinme pour des raifons à lui inconnues, ils s’y refufoient , quelques- uns des freres qui y afäitoient, quoique moins expé- ditifs que les notaires, s’en étoient acquittés. Et dans lépisre CLIT, il parle de huit notaires af fiftans à fes difcours; quatre de fa part, & quatre nommés par d’autres, qui fe relayoient, & écri- voient deux à deux, afin qu'il n’y eût rien d’obmis m tien d’alteré de ce qu'il proferoit. | S. Jérôme avoit quatre! notaires & fix libraires : les premiers écrivoient fous fa ditée par notes, & les feconds tranfcrivoient au long en lettres ordi- naires ; telle eft l’origine des libraires. Enfin, le pape Fabien jugeant l'écriture des no- taires trop obfcure pour l’ufage ordinaire, ajouta aux fept notaires apoftoliques fept foudiacres, pour tranfcrire au long ce que les notes contenoient par abréviations. Ceux qui voudront connoïtre plus particuliere- ment leurs fonétions & diftinétions, pourront re- courir à l’arricle NOTAIRE. ; IL paroïît par la 44% novelle de Juftinien ; que les contrats d’abord minutés en cara@teres &t abregés par les notaires ou écrivains des ta- bellions, n’étoient obligatoires que lorfque Les tabel- lions avoient tranfcrit en toutes lettres ce que les notaires avoient tracé sachygraphiquement. Enfin il fut défendu par le même empereur, d’en faire du-tout ufage à l’avenir dans les écritures publiques, à caufe de l’équivoque qui pouvoit naître par la reflem- blance des fignes. Le peu de littérature des fiecles fuivans les fit tellement tomber dans l'oubli, que le pfeautier 14- chygraphique cité par Tritheme, étoit intitulé dans le catalogue du couvent, pfeaurier en langue arménienne, Ce pleautier, à ce que l’on prétend, fe conferve a@tuellement dans la bibliotheque de Brunfwick. Il nous refte à parler d’un autre genre de Trachy- graphie qui s’opere par le retranchement de quel- ques lettres, foit des voyelles comme dans Phé- breu , & fupprimant quelquefois des confonnes; ce qui eft aflez fuivi par ceux qui écrivent dans les claffes, comme /éd. pour fécundim, &c. fur quoi on peut voir lParricle ABRÉVIATION. De cette efpece eft Le zorariacon, troïfieme par- tie de la cabale judaique, qui confifte à ne mettre qu’une lettre pour chaque mot. Les rabbins le diftin- guent en rafche thebath , chefs de diétions , lorfque c’eft la lettre initiale , & fophe cheboth, fin des mots, lorfque c’eft la derniere, - TV A € Ils en coMmbpbofent auffi des paroles téchniques & barbares, comme par exemple, remban pour rabbl; moife der Maïemon, ceft-à-dire, fs de Âlaiemon. Ceux qui voudront connoître plus parti- culierement ces abréviations , en trouveront plus de’ mille au commencement dela Bibliotheque rabhihique de Buxtorf : ils peuvent auffi confuiter les Recuerls de Mercerus, David de Pomis & Schinder, Les rabbins cabaliftiques vont bien plus loin : ils préten- dent que prefque toute l’Ecriture fainte eft fufcep- tible de cette interprétation, & qu’en cela & la gémare conffle la vraie intelligence ou l’efprit de da loi. Ainf dans la premiere parole de la Genefe, au commencement, 1ls Ont trouvé : bara rackia-ares Jchamairn jam theomoth, il créa au commencement les ciiux & la terre & Ll’abime. H ét facile d’appercevoir que le but des rabbins, par ces interprétations forcées, éroit d’éluder les paf- fages les plus formels des prophetes fur l’avénement du Mefñe; prophéties accomplies littéralement dans la perfonne de Jefus-Chrift. Les Grecs ont ainfi trouvé dans le nom d'Adam les quatre parties du monde, ayarcas, orient; Juve, oc- éldert; GORTCS 3 nord ; peonulpra, FLE si Sc 1l y à beau- coup d'apparence que le fameux cbraxadubra & au- tres noms barbares qui fe trouvent {ur les talifmans &t autres monumens des bañilidiens & gnoffiques, ù noms qui Ont donné la torture à tant de favans, ne font que des mots techniques qui renferment plu- feurs paroles. Ce qui donne plus de probabilité à cette conjecture, eft qu'un grand nombre de carac- teres qui fe trouvent fur les talifmans & dans les œu- vres des démonocraphes font vifiblement des mono- grammes. On voit dans Asfppa les noms des anges Michaël, Gabriel, 8 Raphaël, exprimés de cette maniere &t à l’aide de la figure quadrilinéure ou chambrée ; rapportée par le même auteur. On en peut réfoudre un très-srand nombre en leurs lettres conftituantes. Il ne feroit donc pas fur- prenant que ceux qui fe font étudiés à combiner tous les clémens d’un mot dans une feule lettre, euflent réuni les lettres initiales dans üne feule pa- role. Les Romains fe feryoient auf de lettres initiales pour défigner certaines formules uftées dans les inf criptions long-temsavant Cicéron, comme S.P.Q.R. pour Jénatus populujque romanus; D. M. dis mani- bus , &c. dont Gruter nous a donné une ample col- leétion dans fon traité de Infériptionibus vererum. On peut aufh confulter Mabillon de re diplomaticé, ainf que Sertorius, Urfatus, Valerius-Probus, Goltzius, &c. qui nous ont laiffé des catalogues d’abréviations ufi- tées dans les infcriptions, les médailles & les procé- dures. Cet ufage qui ne laïfle pas de charger la mé- moire ; &c ne s'étend qu'à un petit nombre des mots où formules, a lieu dans préfque toutes les langues. Foyez ABRÉVIATION. Quant aux caraëteres sachygraphiques qui font plus immédiatement de notre fujet , 1l y en à d’univer- {els : tels font les cara@eres numériques, algébri- ques, aftronomiques , chimiques, & ceux de la Mu- fique, dont on peut voir les exemples fous leurs ar- ticles refpectifs & particuliers, telles {ont l'écriture chinoife, quelques traités françois manufcrits à la bibliotheque du roi, & la sachygraphie angloife. Les Anglois enfin, ont perfeétionné ce genre d’é- cniture ; & c’eft parmi eux ce que peut-être Ctoit Peridonoycaquen. Chez les Égyptiens, ils l'ont pouffé au point de fuivre facilement l’orateur le plus rapide; & c’eft de cette facon qu’on recueille les dépoñtions des témoins dans les procès célebres, les harangues dans les chambres du parlement, les difcours des Tome XF, TAKE 017 prédicateurs , Sc. de forte qu'on n’y peut rien dire impunément même dans une compagnie, pour peu que quelqu'un fe donne la peine de recueillir les pa- roles. Cet art y eft fondé fur Les principes de la lanoue ët de la Grammaire; ils fe fervent pour cet effet d'un alphabet particulier, compofé des fiones Les plus fim- ples pour Les lettres qui s’emploient le pius fréquem- ment, & de plus compofés pour celles qui ne pa- roïffent que rarement, Ces Caraderes fe peuvent auffi très-facilement unir les uns aux autres , & former ainfi des mMonopsram- mes qi expriment fouvent toute une parole ; tels font les Clémens des tachéographes anglois, qui de- puis un fiecle & demi ont donné une Guarantaine de méthodes , dont nous donnons le titre des principa- les au-bas de cet article. Elles fe trouvent a@uelle. ment réduites à deux , qui font les feules uftées au jourd’hui ; favoir celle de Macaulay & celle de We- fton ; nous nous bornerons à donner ici une lécere idée de la méthode de ce dernier , comme la plus généralement fuivie, 8 parce qu’on trouve plufieurs livres imprimés dans {es caraéteres ; entre autres ; une grammaire, un diélionnaire, les pleaumes, le nouveau-Teftament, & plufeurs livres d'éplife. Le doéteur Wilkins & quelques autres, vouloient à Paide de ce genre d'écriture, former un langage ou plutôt uneceriture univerfelle, c’eft-à-dire , que le même caractere qui fignifie cheval, le françois le 1ût cheval ;langlois , horfe ; Pallemand, pfrd : Pitalien, cayallo ; le latin, equus ; & ainfi des autres. Mais en outre, la différence de conftrudion dans les différentes langues qui {eroit un grand obftacle, & la forme des verbes auxiliaires quidans l'allemand ët l'anglois, different totalement de celle ufitée en françois & en latin , on retomberoit dans l'incon- vénient de la méthode de Tiro, qui requéroit pref- que autant de fignes différens qu’il y avoit d'objets à préfenter. Un anglois, par exemple, naura pas de peine à comprendre que z fignifie Aorfe, parce que ce figne eft compoié de la particule or fuivi dune J', c'eit-à-dire , les trois feules lettres qui fe prononcent, /’k tenant lieu d’une fimple afpiration, & le muet final ne fervant qu’à prolonger le fon; mais ces trois lettres orz ne communiquent à aucune autre nation l’idée d’un cheval. En attendant qu’ontrouve quelquechofe de MIEUX, il y auroit peut-être une méthode fimple & facile à propofer, à laide de laquelle, fur le champ, & fans étude, un chacun pourroit fe faire entendre , & en- tendre les autres , fans favoit d’autres langues que la fienne, Il s’agiroit de numéroter les articles d’un di&ion- nairé en un idiome quelconque , & que chaque peu- ple mit le même chiffre après le même terme dans leurs diétionnaires refpeéhifs. Ces diftionnaires de- voient être compofés de deux parties; l’une à l’or- dinaire, fuivant l’ordre alphabétique ; l’autre, fui- vant l’ordre numérique. Aïnf je fuppofe un françois à Londres ou à Ro- me , qui voudroit dire je viendrai démain ; ignorant la langue du pays, 1l cherchera dans la partie alpha- bétique de fon diétionnaire 7e, que je fuppofe com- me premiere perfonne défignée par le z°, 1. Veriir y par 2800, demain, par 664. Il écrra 1. 664. 2800. l’anglois ou l'italien cher chant fuivant Pordre numérique , iront, J'com: 10- mmorrou | Jo venire domani. Et répondront par d’autres chiffres, dont Le fran çois trouvera l’explication en cherchant le numéro. Je nai mis ici que linfinitif du verbe pour fuivre l’ordre des diétionnaires ; mais il feroit aïfé d’y ajou- ter un figne ou point qui en déterminât le tems. Nous avons aufli quelques auteurs francois qui {e LLII i S10 T AC font exetcés fur la Tachysraphie ; telle eft la plume volante , & quelques manufcrits dans la bibliothe- que du roi ; mais ils ne fe font point appliqués à fim- plifier leurs fignes, ni à en généraliier lufage, ni cette attention fuffifante au génie de la langue; &c aulieu de recourir aux racines de lidiome, ils fe font pris aux branches, Il ne feroit cependant pas impoñfble de rendre à la langue françoïfe le même fervice qu’à l’angloife ; ce feroit une très-srande obligation que le public auroità meffieurs de Pacademie françoife , fi à la fuite de leur diétionnaire, ils compiloient une méthode fa- cile & analogue à la langue. Il ne faut cependant pas {e flatter qu’elle puifie être auffi fimple, ni confifter en aufli peu de caracteres que pour Panglois, qui n'ayant point de genre , le même article exprime le mafcu- lin & le féminin, & le fingulier & le pluriel, De plus, les terminaïfons des verbes auxiliaires ne va- riant guere que dans le préfent, occafionne une bien plus grande facilité. La méthode de Wefton eft fondée fur cinq prin- cipes. c 1°. La fimplicité des caraëteres. 2°. La facilité de les joindre , inférer, & combi- ner les uns aux autres. 3°. Les monogrammes. 4°. La fupprefion totale des voyelles, comme dans les langues orientales. s°.-D’écrire comme lon prononce; ce quiévite les afpirations , les lettres doubles & lettres muet- tes. Les caracteres font en tout au nombre de 72, dont 26 comprennent l'alphabet, y ayant quelques lettres qui s’écrivent de différentes façons, fuivant les circonftances ; & cela pour éviter les équivoques que la combinaifon pourroit faire naître. Les 46 ca- rateres reftans font pour les aïticles, pronoms, commencemens , & terminaifons qui fe répetent fréquemment , & pour quelques adverbes & pro- pofitions. Pour fe rendre cette méthode familiere, on com- mence par écrire en entier les paroles dans le nou- veau caraétere , à l'exception des voyelles que l’on fupprime ; mais le lieu où commence la lettre fui- vante l'indique , c’eft-à-dire, fi le commencement de cette lettre eft au niveau du haut de la lettre précé- dente, cela marque la voyelle à ; fi c’eft au pié, c’eft un z; fi c’eft au milieu , c’eft un z ; un peu plus haut ou un peu plus bas défigne Pe & lo. On croiroit d’abord que cette précifion de placer les lettres empêcheroit d'aller vite; mais cela ne retarde aucunement ; car le fens fournit naturelle- ment la voyelle au leéteur comme dans les lettres mifhves ou phrafes, dont la plüpart des élémens pris féparément, pourroient à peine fe déchiffrer ; ce qui n'empêche pas qu’on n’en life la totalité très-vite. Comme rien ne nuit davantage à la célérité de l’é-. | criture que de détacher la plume de deflus le papier, la perfonne fe joint au verbe, comme dans l’hébreu celui-ci eft uni inféparablement avec fon verbe au- xiliaire , & ordinairement avec fon adverbe ; ce qui loin d'apporter de la confufion, donne de la clarté, en ce que par létendue &c forme de ce grouppe de caraéteres, on voit tout-d’un-coup que c’eft un-ver- be dans un tems compolé. Quand on eff parvenu à écrire ainfñ couramment, on apprend les abréviations ; car chaque lettre 1folée figniñe un pronom, adverbe, où propofñition , @. Chaque union de deux lettres ab, ac, ad, par exem- _ple, en exprime auffi un mot relatif aux élémens qui lacompofent. Il y a auf quelques autres regles d’a- bréviations générales, comme au lieu de répéter une parole ou une phrafe, de tirer une ligne deffous ; quand une confonne fe trouve répétée dans la même .fyllabe, de la faire plus.grande, par exemple même, non — pape f où lm », & le pp, font la double de leur grandeur naturelle , en ce qu'ilsrepréfentent deux #7, deux, deux p; ceux-ci font ordinaire- ment des commencemens de mots, y en ajoutant les terminaifons finales, on fait les paroles w7émo- re Ÿ— nonain f° papauté |: cifeaux. Ainf pour les terminaifons, toutes les paroles qui s’uniffent en /oz ouenfioz , s'expriment par un point dans la lettre, exemple , hameçon AN en le décompofant on trouve una À & un # avec un pomtau milieu de la cottion €, . 1 Les terminaifons ation, étion ,ition , otion , ution,. s’écrivent avec deux points placés à lendroit de la \ voyelle , par exemple , ation : notion : pétition {0 paflion , la marque du pluriel quand on l’'exprime, fe fait par un point derriere la derniere s exemple, Z paffions. la terminaifon men, s'exprime par un # final redoublé, exémple, parlement A fciem- ment, humainement AJ ces regles peuvent s’appli- quer indifféremment à toutes les langues. Nous avons dit que la Tachygraphie angloïfe n°ex- prime que les fons, fans avoir égard à Fortograpke, par exemple, fi on veut écrire de cette façon en françois ils aiment, on retranche l’x final comme fuperflu , dès que le verbe eft précédé du figne de la troifieme perfonne du pluriel ; ce qui abrégeroït la parole d’un tiers , & feroit aime , comme on ne prononce dans certe parole que l feule; on écri- roit en Fachygraphie is m. De plus, comme pour former l’#, 1l faut 7 traits, favoir trois lignes droi- tes, & quatre lignes courbes, & que lr eft fré- quemment ufité; la Tachygraphie l’admet parmi fes caraëteres fimples, &c réduit Les fept lignes À une fimple diagonale, & y joignant le caraéériftique de la troïfieme perfonné du pluriel, 5/5 aimenr, s’é- criroit aufh en françois % compoé de deux traits, au lieu de 28 que nous employons. Enanglois, ce feroit différent ; car aimer fe difant 0 love, on fe fert de / au lieu d'n; & ils aiment S'écriroit U i/s aimotent à, aima \J niaimer/U) qui dérive du {ubftan- ti love amofar, amf que VS? amant lovelefsë fans Lo- vely omourLJ+ aimable À lovelynefs, fubftantif d’ai- mable , 8 qui ne fe pourroit rendre en françois que par le terme d’amabuliré, Quand on fuit un orateur rapide, on peut fuppri- mer entierement les articles quife placent enfuite en relifant le difcours. Il y à apparence que l'écriture chinoïfe, où cha- que parole s'exprime par un caraétere particulier n’eft pas eflentiellement différent de notre Tachygra- plie, & que les 400 clés font 400 caracteres élé- mentaires dont tous les autres font formés , & dans lefquels ils peuvent fe réfoudre. En cela la Tachéo- graphie angloife lui feroit fort préférable, à caufe de fon petit nombre de caracteres primitifs, qui par la même raïfon, doivent être infiniment moins com- pofés que dans un plus grand nombre qui fuppo- fent neceffairement une multiplicité de traits. | Pour m'avoir rien à defirer fur cette matiere , il faut fe procurer lalphabet de Wefton , avec fes 26 caraëieres, & 46 abréviations, l’abrége du di- étionnatre & des regles , & y joindre l’oraifon dominicale, le fymbole des apôtres, &zles dix com- mandemens écrits fuivant ces principes. En outre des méthodes de Wefton & de Macau- lay, on peut confulter les fuivantes, qui ont eu cours en différens tems. Steganographia , or the art of short writing, by Addy. Williss abbreviation , or writing by charaëters , London 1618. Sheltons ; art of short hand writing, Lond. 1659. Mercury, or the fecret and fwift meffengers, by - Wilkins, 1641, I AC Ricts.short hand. | Mafons , art of short writing, London 1672: Easy method of short hand writing, Lozd, 1681. TACHOSA, (Géog. mod.) riviere d’Afie, dans le Turqueftan ; elle fe jette dans le Sihun , & les villes de Casba & de Tefcan, font fituées à fon embouchu- re. (D. J.) TACHUACEE, fm. ( Hifl.nat. Botan.) c’eft le nom fous lequel Les Indiens de quelques parties de la nouvelle Efpagne défignent la plante appellée né. choacan. Voyez cet article. TACIN A, (Geéog. mod.) lieu d'Italie ; Pitinéraire d’Antonin le marque fur la route d’Egroturicum , à Rhegium, entre Metro & Scyllacium , à 24 milles du premier de ces lieux, & à 22 milles du fecond. Sim- ler croit que Tacirza pourroit être la même chofe que le promontoire Lacinium. (D.J.) TACINA, LA, (Géopr. mod.) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure. Elle prend fa fource vers les confins de la Calabre cité- rieure , &t fe perd dans le golfe de Squilace , où elle a fon embouchure , entre celles du Nafcaro. êc du Dragone-Rio, Tucina eft le Tarois où Targines des anciens. (D. J) _ TACITA , 1, £. ( Mythol.) déefle du filence ; elle füt inventée par Numa-Pompilius, qui jugea cette divinité auf néceflaire à l’établiffement de {on nou- vel état, que la divinité qui fait parler. (D.J.) FACITURNE , (Gram.) il fe dit du caradtere de lhomme fombre , mélancolique , & gardant le filen- ce. La taciturnité n’a jamais été prife pour une bonne qualité ; elle infpire Péloignemenr ; elle renferme. Elle eff fi fouvent la compagne de la méchanceté, ou du-moins de l'humeur , qu’où l’on remarque l’une, on fupppoie l’autre. On fuppole que l’homme raci- tüne parleroit, s'il ne craignoit de fe démaïquer, & qu'il laifferoit voir au fond de fon ame, s’il n’y rece- . Joit quelque chofe de honteux ou de funefte. Ce n’eft cependant quelquefois qu'une maladie, ou la fuite d’une maladie, Il y a des nations sacivurnes, des fa- milles sacisurnes ; on devient saciturne avec ceux qu'on craint. FACODRUGITES, fm. ( Hiff. eccléf. ) nom de quelques hérétiques montaniftes ; il leur {ut donné d'une affectation de recueillement qui leur faifoit porter leur fecond doigt dans une narine, ou plu- 10t fur leurs levres, comme des harpocrates ; enforte que ce doigt étoit comme le pivot du nez. On les appelloit par la même raïfon paffulofnichites | phry- g'afles & montanifles. Tacodrugites eft formé de ra- x0c, pivot, & de dpsyyos, nez. TACÇON , on donne ce nom aux jeunes faumons. Foyez SAUMON. | _ TACON, f m. (Zmprimerie. ) on appelle sacon les morceaux de la frifquette que Imprimeur y entail- le , pour donner jour aux endroits de la forme qu’on veut imprimer en rouge, & qu'il colle fur le grand tympan, afin de voir fi l'ouverture de la frifquette &t les morceaux qu'on en a enlevés £ rencontrent parfaitement. (D. J.) TACITE, adj. (Gramm.) fous entendu , quoique non exprimé. On dit une condition sacite, un con- fentement sacire, une paix tacite, une claufe sacire. . TACITE RECONDUCTION , (Jurifprud.) VOYEz ci- devant RECONDUCTION. TACITURNITÉ, ff. (Morale, ) comme la nation Françoife eft fort vive, & qu’elle aïne beaucoup à. parler, il lui a plû de prendre ce mot en mauvaife part ; & d’entendre par saciturnité, l’obfervation du hilence , dont le feul principe eft une humeur trifte ; fombre & chagrine ; mais nous n’adoptons pas cette idée vulgaire, parce qu’elle ne nous paroït pas trop philofophique. La saciturnité, en latin raciturnitas dans Ciceron ; F À C S19 eft cette vertu de converfation qui confifte à garder le filence quand le bien commun le demande, Les deux vices qui lui font oppofés dans l'excès , font le trop parler lorfqu'ileft nuiâble, & le filence hors de faifon, qui eft préjudiciable À la communica- tion qu'on doit faire de fes connoïflances, & aux principaux fervices de la fociété humaine. | La parole étant le principal interprete de ce qui fe pañle en-dedans de notre ame ; &c un figne dont lu lage eft particulier au genre humain, là loi naturelle qui nous prefcrit de donner à- propos des marques d’une fage bienveillance envers les autres’, regle auf la maniere dont nous devons ufer de ce figne , êc en détermine les juftes bornes. La Laciturnité, Par exem- ple, efrequife, toutes les fois que le refpect dû à la Divinité, à la religion établie, ou aux hommes mé- mes qui font nos fupérieurs, exige de nous cette ver- tu, Elle eft encore néceflaire quand il s’agit des fe- rets de l'état, de ceux qui regardent nos amis , nO- tre famille, ou nous-mêmes, & qui font de telle na- ture, que fi on les découvroit , on caufetoit du pré- judice à quelqu'un; fans que d’ailleurs en les cachant, on nuife au bien public. (2. J.) TACRIT o7 TECRIT , (Géogr. mod.) & pat M. de fa Croix, Tecrite ; ville d'Afie, fur le Tigre, au voifinage de la ville de Bagdat, Tameflan s’en rendit maitre lan 706. de l'Hépire. Lozg. felon les tables arabiques de Nafir-Eddin & d'Ulug-Bes, 78. 20, lat. 34. 30, (D.J.) TACT, LE, (Phyfol.\ le 26, le toucher, l'aérou- chement , comme on voudra le nommer ; eît le plus für de tous les fens ; c’eft lui qui rechifie tous les au- tres , dont les effets ne feroient fouvent que des illu- fions , s’il ne venoit à leur fecours ; c’eft en confs- quence le dernier retranchement de l'incrédulité. Il ajouté à cette qualité avantageule, celle d’être la {en- fation là plus générale. Nous pouvions bien ne voir ou n’entendre, que par une pétite portion de notre corps; mais 1l nous falloit du fentiment dans toutes les parties pour n'être pas des automates, qu’on au- roit démontés & déttuits , fans que nous euflions pù nous en apperçevoit ; la nature y a pourvû, partout où fe trouvent des nerfs & de la vie > On éprouve. plus’ ou moins cette efpece de fentiment. Il paroit même que cette fenfation n’a pas befon d’une Orga= mifation particuliere , & que la fimple tiflure folide du nerf lui ef fufifante. Les parois d’une plaie frat- che, le périofte, ou un tendon découvert, ont un fentiment très-vif, quoiqu’ils n’ayent pasles houppes nerveufes qu’on obferve à la peau : on diroit que la nature, oblige de faire une grande dépenfe en {en- fation du soucher, l’a établi À moins de frais qu'il lui a été poffble ; elle a fait enforte que les houppes ner- veufes ne füflent pas abfolument néceflaires ; ainfi le fentiment du soucher eft comine la bafe de toutes les autres fenfations ; c’eft le genre dont elles font des efpeces plus parfaites. Tous les folides nerveux animés de fluides , Ont cette fenfation générale ; mais les mamelons de la peau, ceux des doigts, par exemple, l’ont à un dé- gré de perfeétion, qui ajoute au premier fentiment une forte de difcernement de la figure du corps tou- ché. Les mamelons de la langue enchériffent encore fur ceux de la peau ; ceux du nez fur ceux de la lan gue , & toujours fuivant la fineffe de la fenfation. Ce qui fe dit des mamelons , n'exclut pas le refte du tifu nerveux , de la part qu'il a à la fenfation, Les mamelons y_ont plus de part que ce tiflu dans cer- tains organes, comme à la peau & à la langue ; dans d’autres , ils y ont moins de part, comme à la mem. brane pituitaire du nez qui fait l'organe de l’odorat. Enfin , ailleurs le tiffu du folide nerveux fait prefque feul Porgane , comme dans la vüe ; ces différences 820 FAC vicanent, de ce que chaque organe ef proportionne à Pobjet dont il recoit Prmprefñon. Il étoit à-prosos pour que ie fentiment du soncher fe fit parfaitement , que les nerfs formaffentde-peti- tes ininences fenfbles, parce que ces pyramides font beaucoup plus propres qu'un tifiu uniforme ; à être ébranlées par la furface dés corps. Le goût avoit befoin de boutons nerveux, qui fuffent fpongieux 6c imbibés de la falive , pour délayer, fondre les prin- cipes des faveurs, & leur donner entrée dans leur tiflure, afin d'y mieux faire leur imprefon: Lamem- brane pituitaire qui tapifle organe de Fodorat a fon velouté, fes cornets & fes cellules , pour arrêter es vapeurs odorantes ; mais fon objet étant fubtil, elle n'avoir pas befoin ni de boutons, n1 de pyramides oroflieres. La choroïde a auf fon velouté noir pour ahforber les images ; mais le fond de ce velouts; fait pour recevoir des images, devoit être une membra- ne nerveufe, très-polie & très-fenfible. Nous appellons donc rat où toucher, non pas feu- lement ce fens univerfel , dontäl n’eft prefque aucu- ne partie du corps qui foit parfaitement dépourvue; ais fur-routce {ens particulier, qui fe faitau. bout de la face interne des doïets, comme à fon véritable or- gane. La douleur , la tenfion , la chaleur, le froid, les inécalités de la furface des corps fe font {entir à trous lés nerfs, tant intérieurement gu’extéricure- ment. | Le r2% caufe une douleur fourde dans les vifceres, mais ce fentiment eft exquis dans les ñerfs changes en papilles, & en nature molle: ce s4& n’a point une différénte nature du précédent ,iln’en differe quepar degrés. F + La peau qui eft l'organe du toucher, préfente un tiflu de fibres, de nerfs & de vaïfleaux merveilleu- fement entrelacés. Elle eft collée fur toutes les par- ties qu’elle enveloppe par les vaifleaux fangiuns, lymphariques, nerveux, &, pour lordinaire, par une couche de plufeurs feuillets très-minces , lef- quels forment entreux des cellules, où les extrémi- tés aftérielles, dépofent une huile graïfleufe ; auf lés anatomiftes nomment ces couches de feiullets le ciffu cellulaire ; c’'eft dans ce tiflu que les bouchers introduifent de Pair quand ils foufflent leur viande , pour lui donner plus d'apparence. _ La peau eft faite de toutes ces parties mêmes qui l'attachent au corps qui l'enveloppe. Ces feuillets, ces vaifleaux & ces nerfs capillaires font appliqués les uns fur les autres, par la comprefion des eaux qui environnent Le fœtus dans le fein de la mere, &r par celle de l'air lorfqu'ileft nc. Plufieurs de ces vart- feaux, creux d’abord, deviennent bien-tôt folides, &t ils forment des fibres comme tendineufes, quifont , avec les nerfs la principale tiflure de cette toile épaif- fe. Les capillaires nerveux , apres avoir concouru par leur entrelacement à la formation de la peau, fe terminent à la furface externe ; là fe dépouillant de leur premiere paroi, 1ls forment une efpece de ré- feau , qu’on a nommé corps réricularre. Ce réfeau ner- veux eft déjà une machine fort propre à recevoir Pimpreffion des objets ; mais l'extrémité du nerf dé- pouillé de fa premiere tunique s’épanouïit, & produit le mamelon nerveux; celui-ci dominant fur le ré- feau eft bien plus fufceptible d’ébrantement, 6 par conféquent de fenfation délicate. Uné Iymphèe 1pi- itueufe abreuve ces mamelons, leur donne de la fou- plefle , du reñlort , & acheve par-à d’en faire un or- gane accompir. ur Ces amelons font rarigés fur une même ligne, & dans un certain ordte, qui conflitue les fillons qu’on obferve à la furpéau , & qui font f vifibles au bout des doites.où 1ls fe terminent en fpirale. Quandils y. font parvenus , ils s’allongent fuivant la longueur de cetre partie, &c ils s’uniflent fi étroitement, qu'ils Th C forment les corps folides que nous appellons oz- gles Ecs capillaires fanguins , que nous appellons /»- phatiques à huileux ; qui entrent dans le tiflu de la peau ; s’y difiribuent à-peu-près comme les nerfs ; leur entrelacement dans la peau forme lé réfeau vaf- culare, leur épanouiflement fait l’épiderme qui re- couvre les mamelons, & qui leur eff & néceflaire pour modérer limpreflion des objets, & rendre par- là cette impreffon plus diffinété. Enfin, les clandes fituées fous la peau fervent à abreuverles mamelon nérveux. | il fuitde ce détail, 1°. que l’orsane corporel qui fert au soucher, eft formé par des niamelons où des houpes molles, pulpeufes,médullaires, nerveufes, muaueules, veloutces , en un mot de diverfes efpeces, infni- ment variées en figures ten arrangement, produi- tes par les nerfs durs qui rampent fur la peau , lef quels sy dépouillent de leurs membranes externes, t par-là deviennent frès-mols, & conféquemment très-fenfibles. Il fuit 2°. que fes houppes font humec- tées, & arrofées d’une liqueur très-fluide qui abon- defans celle; 3°, que cette membrane fine & folide qu'on appelle épiderme , leur prête des fillons , des Hnuofñtés, où elles fe tiennent cachées, &c leur {rt ainf de défenfe, fans altérer leur fenfibiité." Ces houppes ontla vertu de fe retirer fur elles-mé- mes , & de refortir. Malpighi qui à tant éclairci la rnaticré que nous traitons, a dit une fois qu’en exa- minant au microfcope les extrémités des doigts d’un homme délicat à un air chaud, il vit fortir les hou- pes nerveulies des fiilons de l’épiderme , qui fem- bloient vouloir toucher & prendre exattement quelque chofe au bout du doigt. Mais ailleurs le inêéme Malpighi ne paroïffant pas bien certain de ce qu'il avoit vu, révoque prefque en doute cette ex- périence. I eft probable cependant que ces houppes s’élevent , comme 1l arrive dans le bout du teton, qui s'étend par le chatouillement. Quand on pré- {enté des fucreries à un enfant qui les aime, & qu’on lui fait tirer la langue devant un miroir, on y voit de toutes parts s'élever de petits tubercules. Le l- maçon en fe promenant fait fortir fes cornes , à la pointe defquelles font fes yeux , qui n’apperçoivent jamais de corps durs, fans que le crantif animal nentre dans fa coquille. Nos houppes en petit for- tent comme les cornes du limaçon en grand ; ainfi, limprefion que les corps font {ur les houppes de la peau , conftitue le sé, qui confifte en ce que l’ex- trémite du doigt étant appliquée à l’objet qu’on veut toucher , les houpes prefentent leur furface à cet ob- jet , & le frottent doucement. Je dis d’abord que l'extrémité des doigts doit être appliquée à l’objet qu'on veut toucher; j’entens iciles doigts de la main plutôt que du pié; cependant le taët Le feroit prefque aufh-bien avec le pié qu'avec la main , files doigts du pié étoient plus flexibles, plus féparés , plusexercés , & s'ils n’éfoient pas en- core racofnis pat le marcher, le poids du corps & la chauflure, J'ajoute, que les houppes préfentent leur furface à Pobjet, parce qu’en quelque forte, fembla- bles à ces animaux qui dreffent l'oreille pour écou-, ter, elles s’élevent comime pour juger de Pobjet qu’- elles touchent, Je dis enfin que ces houppes frottent doucement leur furface contre celle de l’objet, parce que le sat eft la réfiftance du corps qu’on touche. Si cette refiftance eft médiocre, le sozcher en eft clair & difiné*; f elle nous heurte vivement, on fent de la: douleur fans toucher, à proprement parler : c’eft inf que lorfque le doigt eftexcorié,, nous ne diftin- guons point les qualites du corps, nous fouffrons de leut'attouchement : or, fuivant la nature de cet at- touchement , il fe communique à ces houppès ner+ veufes un cértain mouvement dont leffer propagé qufqu’au férforium commune, excite l'idée de chaüd, de froid, de tiede, d’hümide, de fec , de mol, de ur, de pol, de raboteux, de figuré, d’un corps mü ou én repos , proche ou éloigné. L'idée de chatouil- Tement, de démangeaifon , & le plaifir naïflent d’un ébranlement leser; la douleur d’un tiraïllement, d’un déchirement des houppes. | L'objet du coucher et donc de tout corps qui a af- fez de confiftance & de folidité pour ébranler la fur: face de notre peau ; & alors le fens qui en procede nous découvre les qualités de ce corps, e’eit-à-dire fa figure, fa dureté, fa mollefle, fon mouvement, fa diftance, le chaud , Le froid , le tiede, le fec, hu mide , le fluide, le folide , &c. Ce fens difingue avec facilité le mouvemént des corps, parce que ce mouvement n’eft qu’un change- ment de furface , & c’eft par cette raïfon qu’il s’ap< perçoit du pol, du raboteux, & autres degrés d'i- népalité des corps. ve Iljuge aufli de leur diftance ; bonne & belle ob- fervation de Defcartes ! Ce philofophe parle d’un aveugle , où de quelqu'un mis dans un lieu fort obf- cur, qui difinguoit les corps proches ou éloignés, pourvu qu'il eht les mains armées de deux bâtons en croix, dont les pointes répondifient au corps qu’on Jui préfentoit. L'homme eff né ce femble , âvec quelque efpece de trigonométrie. On peut regarder le corps de cet aveugle, comme la bafe du triangle, les bâtons com- me des côtés, &t fon efprit, comme pouvant con- clure du grand angle du fommet, à la proximité du corps; &t de fon éloignement, par la petitefle du mê- meangle. Cela n’eft pas furprenant aux yeux de ces géometres, qui maniant la fublime géométiie avec une extrème facilité, favent mefurer les efforts des fauts, la force de l’aétion des mufcles , les degrés de la voix, êr les raûts des infirumens de mufique. Enfin le fens du coucher difcerne parfaitement le chaud , le froid & le tiede. Nous appellons ze , ce qui ra pas plus de chaleur que le corps humain, ré- ervant le nom de chaud & de froid , à ce qui eft plus ou moins chaud que lui. . Quoique tout le corps humain féñte la chaleut, ce - Sentiment fe fait mieux partout où il ya plus de houp- pes x de nerfs , comme à la pointe de la langue &e des doigts. | La fenfation du chaud ou de la chaleur ef üne forte d’ébranlement léger des parties nerveutes, & un épanouiflement de nos {olides & de nos fluides , produit par laétion modérée d’une médiocre quantité de la matiere , qui compofe le feu ou le principe de la chaleur, foit naturelle , foit artificielle. Quand cette matiere eft en plus grande quantiré,ou plus agi- tée; alors au lieu d’épanouir nos folides & nos li- queurs , elle les brife , les diflour, & cetre a@ion vio- Jente fait la brûlure. | La fenfation du froid au contraire , eft une efpece de reflerrement dans les mamelons nerveux, & en général dans tous nos folides, 8 une condenfation ou défaut de mouvement dans nos fluides , Caufé ou par l’attouchement d’un corps froid,ou par quelqu’au- tte accident qui fupprime le mouvement de notre proprefcu naturel, On conçoit que nosfluides étant fixés ou ralentis par quelqu'une de ces deux caufes ; les mamelons nerveux doivent fe reflerrer , & c’eft ce reflerrement , qui.eft le pncipe de tous les effets du froid fur le corps humain. Le fens dusoucher nous dorine-auffi les fenfations diférentes du fluide &du folide. Un fluide differe d'undohde, parce qu’il n'a aucune partie affez sroffe pour que nous putions la faufir & la toucher > pa diférens.côtés à la fois ; c'e ce qui fait que les fluiz des ontliquides ; les particules qui le compofent ne peuvent Étretouçchées parles particules voiines,qué TT AC 821 dan$ ti point , ou dansun fi petit nombre depoints qu'aucune partie ne peut avoir d’adhérence avec une autre partie. Les corps folides réduits en poudre, mais impalpable , ne perdent pas abfolument leur {o- . ‘hdité, parce que les partiés fe touchant de plufieurs côtés ; confervent de l’adhérence entr’elles, Auf peut-on en faire des petites mañes, & les ferrer pouf en palper une plus grande quantité à-la-fois. Or par le saë on difcerne parfaitement lesefpeces qu’on peut réunir, ferrer , manier d'avec les autres ; ainfi le sé difingue par ce moyen les folides des fluides , 14 glace de leau. Mais ce n’eft pas tout-d’un-coup qu’on parvient à ce difcernement. Le fens du rocher ne fe développé qu'infenfiblement , & par des habitudes réitérées. Nous apprenons à rocher, cômme nous apprenons à voir ; à entendre, à goûter. D’abord nous cherchons à toucher tout ce que nous voyons ; nous voulons toucher le foleil ; nous étendons nos bras pour em brafler l’horifon ; nous ne trouvons que le vuide des airs, Peu-à-peu nos yeux guident nos mains ; 6 après une infinité d'épreuves , nous acquérons la connoif- fance des qualités des corps , c’eft-à-dire, la con- noïffance de leur figure, de leur dureté, de leur mol: lefle, &c. Enfin le fens du toucher peut faire quelquefois ; pour ainfi dite , la fonétion des yeux, en jugeant des diffances , 87 réparant à cet égard en quelque façon chez des aveugles , la perte de leur vue. Mais il ne faut pas s’imaginer que l’art du roncher s'étende jufqu’au difcernement des couleurs , comme on le rapporte dans fa république des lettres (Juin 1685) d’un certain organifte hollandois ; & comme Bartho- lin dans les aéfa medica Hafnienfta, anno 1673, le ra- conte d’un autre artifan aveugle , qui, dit-1l, difcer- noit toutes les couleurs au feul #4. On lit encore dans Aldrovandi, qu’un nommé Gazibafius , natif de Volterre & bon fcülpteut , étant devenu aveugle à l’âge de 20 ans, s’avifa, après un repos de 10 an- nées , d’eflayer ce qu'il pourroït produire dans fon art, 6t qu'il fit à Rome une flatue de plâtre qui ref fembloit parfaitement à Urbain VIIL. Mais il n’eft pas poffble à un aveugle , quelque vivé que foit fon ima- gination, quelque délicat qu'il ait le 48, quelque foi qu’il fe donne à fentir avec fes doigts les inégalités d'un vifage ; de fe former une idée jufte de la figuré de Pobjet , & d'exécuter enfuite la reflemblance de Voriginal. Après avoir établi quel eft Forgane du toucher, la texture de cet organe ; {on méchanifme, l’objet de cé | fens, fon étendue , & fes bornes , il nous fera facile d'expliquer les faits fuivans. 1°. Pourquoi l’aétion du zoucher eft douloureufe ; quand l’épiderme eft ratiflée , macétée ou brûlée # c'eit ce qu’on éprouve après la chûte des ongles, après celle de l’épiderme caufée par des fievres ar- dentes, par la brülure, & dans le gerfe des levres ; dont eft enlevé lépithélion, fuivant Pexpreflion dé Ruyfch. Tout cela doit arriver , parce qu’alors les nerfs étant trop à découvert, & par confèquent trop fenfibles , le #aë fe fait avec trop de force. Il paroît que la nature a voulu parer à cet inconvénient , en mettant üne tunique fur tous les organes de nos fen- fations. , An: : : 39, Pourquoi le £a@ eft-1l détruit, lorfque lépider- me s’épaiflit , fe durcit, devient calleufe, ou eit des- honorée par des cicatrices , &c? Par là raifon qué le soucher {e fait mal quand on eff ganté. Les cals font ici l’obftacle des gants : ce font des lames, des cous ches , des feuillets de la peau, plufieurs fois appli- qués les uns fur lesautres par une violente compref: fion , qui empêche l’impreflion des mamelons ner= veux ; -& ces cals fe ferment fur-tout dans Les parties où la peaueft épaifle ; & ferrée comme au creux de 622 [ A C da main, ou à la plante des piés. C’eft à la faveur de ces cals, de ces tumeurs dures &c infenfibles , dans lefquels tous les nerfs & vaifleaux entamés font dé- truits, qu'il y a des gens qui peuvent, fans fe brû-, 4er, porter dufer fondu dans la main ; & des verriers manier ‘impunément le verre brülant. Charriere, Kaw &c autres, ont fait la même obfervation dans Les faifeurs d’ancres. Plus le revêtement de la peau ‘eft dur &c folide, moins le fentiment du toucher peut s’exercer ; plus da peau eft fine & délicate, plus le fentiment eft vif & exquis. Les femmes ont entr'autres avantages fur es hommes, celui d’avoir la peau plus fine, &c par conféquent le sowcher plus délicat. Le fœtus dans le {ein de‘la mere pourroit fentir par la délicatefle de fa peau , toutes les impreflions extérieures ; mais comme 1l nage dans une liqueur ,-& que les‘liquides reçoivent &c rompent l’aétion de toutes les caufes qui peuvent occafionner des chocs; il ne peut être bleflé que rarement, & feulement par des corps ou des efforts très-violens.Ila donc fort peu, ou plutôtil n’a point d'exercice de la fenfation du 48 général, qui eft commune à tout le corps; comme il ne fait aucun ufage de fes mains, il ne peut acquérir dans le fein de fa mere aucune connoïffance de cette fenfation particuliere qui eff au bout des doigts. À peine eft-il né,qu’on l’en prive encore par lemmaillottementpen- dant fix ou fept femaines, & qu’on lui ôte par-là Le moyen d'acquérir de bonne heure les premieres no- tions de la forme des chofes, comme fi l’on avoit ju- ré de retarder en lui le développement d’un fens im- portant duquel toutes nos connoïffances dépendent. Par la raifon que les cals empêchent Pa&ion du toucher , la macération rend le £oucher trop tendre en enlevant la furpeau; c’eft ce qu'éprouvent les jeunes blanchifieufes, en qui le favon amincit tellement l’é- piderme, qu’il vient à leur caufer unfentiment défa- gréable, parce que le saél des doigts fe fait chez elles avec trop de force. 3°. Quelle eft la caufe de ce mouvement fingulier & douloureux, de cette efpece d’engourdiflement que produit la torpille, quand on la touche? C’eft ce que nous indiquerons au #0 TorpPiLLE. Mais pour ces engourdiflémens univerfels qu’on obferve quelquefois dans les filles hyftériques, ce font des phénomènes où le principe de tout le genre nerveux eft attaque, & qui font très-difficiles à comprendre. 4°. D'où vient que Les doigts font Le principal or- gane du zoucher ? Ce n’eft pas uniquement, répond l’auteur ingénieux de l’hiftoire naturelle de Phomme, parce qu'il ya une plus srande quantité de houppes nerveules à l'extrémité des doigts que dans les autres parties du corps; c’eft encore parce que la main eft divifée en plufieurs parties toutes mobiles, toutes flexibles , toutes apiflantes en mêmetems, & obéi- fantes à la volonté; enforte que par ce moyen les doigts feuls nous donnent des idées diftinétes de la forme des corps. Le zoucher parfait eft un conta@t de fuperficie dans tous les points; les doigts peuvent s'étendre, {e racourcir , fe plier, fe joindre & s’a- jufter à toutes fortes de fuperficies, avantage qui fuf- fit pour rendre dans leur réunion l'organe de ce fen- timent exaét & précis, qui eft néceflaire pour nous donner l’idée de la forme des corps. Si la main, continue M. de Buffon , avoit un plus grand nombre d’extrémités, qu’elle fût, par exem- ple, divifée en vingt doigts, que ces doigts euflent un plus grand nombre d’articulations & de mouve- mens, il n’eft pas douteux que doués comme ils font de houpes nerveufes, le fentiment de leur zoucher ne fût infiniment plus parfait dans cette conformation qu’il ne left, parce que cette main pourroit alors s'appliquer beaucoup plus immédiatement &c plus ‘précifément fur les différentes furfaçes des corps, TAC Sappofons ‘que la main fût divifée en une infinité de parties toutes mobiles & flexibles, &c qui puflent toutes s'appliquer en même tems fur tous les points de la furface des corps, un pareil organe feroit une efpece de géométrie univerfelle , fi Fon peut s’expri- mer ainfi, parle fecours de laquelle nous aurions dans le moment même de l’ursouchement , des idées précifes de la fioure des corps que nous pourrions manier, de l'égalité ou de la rudefle de leur furface, & de la différence même très-petite dé ces figures. S1 au contraire la main étoit fans doigts, elle ne pourroit nous donner que des notions très-imparfai- tes de la forme des chofes les plus palpables, & il nous faudroit beaucoup plus d'expérience & detems que nous n’employons, pour acquérir la même con- noïflance des objets qui nous environnent, Mais la nature a pourvu fuffifamment à nos befoins, en nous accordant les puiflances de corps & d’efprit conve- nables à notre deftination. Dites-moti quel feroit l’a- vantage d’un coucher plus étendu , plus délicat, plus rafiné , fi toujours tremblans nous avions {ans cefle à craindre queles douleurs & les agonies ne s’intro- duififfent en nous par chaque pore ? C’eft Pope qui fait cette belle réflexion dans le langage des dieux: Say what the ufe , were finer fenfes given And touch , if tremblingly alive ail o’er Fo finart and agonize at ev'ry pore ? ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) TACT DES INSECTES, ( if? nat. ) la plüpart des infeétes femblent être doués d’un feul fens qui eft celui du sait ; car ils ne paroïflent pas avoir les or- ganes des autres fens. Les limaçons, les écrevifles , les cancres fe fervent du toucher pour fuppléer au défaut des yeux. Ce fens unique & univerfel,quel qu’il foit dans les infeétes, eft fans comparaïfon plus fin & plus exquis que le nôtre. Quoiqu'il s’en trouve plufeurs qui ont l’ufage de lodorat , de la vue & de loue , il eft aifé de comprendre que la délicateffe de leur s46 peut fuffire à toutes leurs connoïffances ; l’exhalaifon dela main qui s’avance pour prendre une mouche , peut recevoir par le mouvement une altération capable d’affetter cet infeéte d’une maniere quil’oblise às’en- voler. D'ailleurs on a lieu de douter qu’une mouche voie la main qui s'approche, parce que de quelque côté qu'on l'avance, elle fent également , & qu'il n’y a pas plus de facilité à la prendre par-derriere que par-devant. Quand un papillon fe jette dans la flam- me d’une chandelle, 1l y eft peut-être plutôt attiré par la chaleur que par la lumiere; enfin parmi les in- feétes qui excellent dans la fubtilité du toucher , on doit compter les fourmis & les mouches ; je croirois même que la fubrilité du sa de la mouche Pemporte fur celui de l’araignée; en échange la mouche ne pa- roit avoir nigoütfin, n1 odorat fubtil. Ileft du moins conftant qu’on emporfonne lesmouches avec de l’or- pin minéral, dont l’odeur & le #oût font aflez forts pour devoir détourner cer infe‘te d’en goûter. (2. I.) TACT ex Chirurgie, de la guérifon des maladies par le taël, Les auteurs anciens & modernes rapportent comme une chofe merveilleufe , 8 en même tems comme un fait pofitif, la guérifon de plufieurs mala- dies incurables ou opiniatres, par Le feul attouche- ment. Le roi Pyrrhus pañoit pour avoir la vertu de guérir les rateleux , en preflant doucement de fon pié droit le vifcere des malades couchés fur le dos, après avoir fait le facrifice d’un coq blanc. On lit dans Plutarque qu’il n’y avoit point d’homme fi pauvre ni fi abjeét auquel il ne fit ce remede, quand il en étoit prié ; pour toute reconnotffance il prenoit le coq mé- me qui avoit été facrifié, & ce préfent lui étoit très- agréable, Suetone attribue paraillement aux empe- reuxrs T AC teurs Adrien &e Vefpañen la vertu de guérir plufieurs maladies ; & Dion rapporte qu’Agrippa failoit des cures finguhetes par le pouvoir d’un anneau qui avoit appartenu à Augufte. Des naturaliftes ne voyant au- Cun fapport entre la caufe & l'effet prétendu , ont régardé ces œuvres comme des illufions & des pref- tiges dont le diable étoit l'opérateur, par la raifon que ces princes étoient payens , & qu'il eftimpoñi- ble au diable de faire de vrais miracles. C’eft une des gaifons que donne Gaïpard à Rejes dans fon livre intitulé Élyfus jucundarum qguafhonum campus. Mais cet auteur qui n'a point de principes fixes, prétend ailleurs que la vanité des princes, la bafleffe des cour- tifans & la fuperftition des peuples ont été la fource des fingtilieres prérogatives qu’on a attribuées aux maitres du monde qui vouloient exciter l'admiration en s’élevant au-deflus de la condition humaine, Bien- tôt après il change d'opinion, & croit que la nature operte des merveilles en faveur de ceux qui doivent commander aux autres hommes, & que Dieu a pu accorder, même à des princes payens, des dons & des privileges extraordinaires, C’eft ainfi, dit-il, que les rois d'Angleterre puériffent de lépilepfe , les rois de France des écrouelles ; mais en bon & zélé füjet de la couronre d’Efpagne , il croit qu’il convenoit que le plus grand roi de la chrétienté eût un pou- voit fupérieur , c’eft celui de faire trembler le démon à fon afpeët, & de le chafer par fa feule préfence du corps de ceux qui en font poflédés. Tel eit ,felonlui, le privilege des rois d'Efpagne: André Dulaurens , premier médecin du roi Hen- ï1 IV. a compofé un traité de la vertu admirable de guérir les écrouelles par le feul attouchement , ac- cordée divinement aux feuls rois de France très- chrétiens. Cette cérémonie fe pratiquoit de fon tems aux quatre fêtes folemnelles, favoir à pâques , à la entecote, à la touflaint & à noël, fouvent même à d’autres jours de fête, par compaflion pour la mul- titude des malades qui fe préfentoient ; il en venoit de tous les pays, & il eft fouvent arrivé d’en comp- ter plus de quinze cens , furtout À la fin de la pente- cote, à caufe de la faifon plus favorable pour les voyages. Les médecins & chirurgiens du roi vifitent les malades pour ne recevoir que ceux qui font vé- ritablement attaqués d’écrouelles. Les Efpagnols avoient le premier rang, fans aucun titre que l’ufage, êt les François le dernier ; les malades des autres na- tions étoient indifféremment entre-deux, Le roi en revenant de la mefle où il a communié, arrive ac- compagné des princes du fang , des principaux pré- lats de la cour romaine & du grand aumonier, trou- ve les malades à genoux en plufieurs rangs ; 1] récite une priére particuliere , & ayant fait le figne de la croix , il s'approche des malades ; le premier méde- cin pañle derriere les rangs, & tient À deux mains la tête de chaque écrouelleux, à qui le roi touche Ja face en croix, en difant , Ze roi te touche » & Dieu te guérit. Les malades fe levent auffitôt qu'ils ont été touchés , reçoivent une aumône, & s’en vont. À plu- fieurs , dit Dulaurens, les douleurs trés-aigués s’a- douciffent & s’appaifent auffitôt ; les ulceres fe def. fechent à quelques-uns, aux autres les tumeurs di- minueñt ; enforte que dans peu de jours, de mille il y en a plus de cinq cens qui font parfaitement guéris. L'auteur fait remonter l’otigine de ce privilege ad- mirable à Clovis qui le reçut par l’onétion facrée. Ïl rapporte tout ce que difiérens écrivains ont dit À ce fujet, &t il refute Polidor Virgile qui attribue la même vertu aux rois d'Angleterre. Il eft vrai qu’on tient pour certain qu’Edouard a guéri une femme defcro- phules ; mais c’eft un cas particulier, & cette suérifon fut accordée au mérite de ce roi qui pour fa prande piété a été mis au rang des faints, On traite dans cet f ouvrage avec beaucoup plus d’érudition que de goût, Tome XV, Lo TAC 833 de tout ce qui a été écrit d'analogue à ce fujet pat les anciens ; on prouve que l'imagination ne peut en au: cune façon contribuer à la guérifon des écrouelles à l’occañon de l’attouchement des rois , & l’on réfute une objeélion qui méritoit une difcuffion particuliere, Pour contefter le pouvoir furnaturel qui fait Le fujeë de la queftion, l’on convenoit que les Efpagnols, & en général les étrangers, recouvroient efeivement la fanté, & que c’étoit l'effet du changement d’air &c de la façon de vivre,ce qui réuffit pour la guérifon de plufieursautres maladies; mais des confidérations pathologiques fur le caraétere du mal & fur la gué- rHôn radicale des François fans changement d’air ni de régime, on conclud que ce n’eft point âces caufes que les étrangers doivent rapporter le bien qu'ils reçoivent, mais à la bonté divine, qui par une grace finguliere à accordé le don précieux. de guérir aux rois très-chrétiens, L'application de la main d'un cadayre où d’un mo: ribond fur des parties malades, a été regardée par quelques perfonnes comme un moyen très-efficace de guérifon. Suivant Van-Helmont, la fueur des mou: rans a la vertu merveilleufe de ouérir les hémorrhoëi: des & les excroiflänces. Pline dit qu'on guérit Les écrouelles, les parotides & les goëtres, en y appli Quant la main d'un homme qui a péri de mort vio- lente: ce que pluñeurs auteurs ont répété. Boyle s’explique un peu plus fur léicacité de ce moyen, à l’occafon d’üne perfonne qui a été guérie d’une tumeur fcrophuleufe par la main d’un homme mort de maladie lente, appliquée fur latumeur jufqu’à cé que le fentiment du froid eût pénétré fes parties in= times, Quelques-uns recommandent qu'on fefle avec la main du mort des ftidions aflez fortes & aflez long- tems continuces, juiqu'à ce que le froid ait gagné la tumeur, ce qu'il et dificile d'obtenir, puifque le mouvement doit au contraire exciter de la chaleur. Il y en a qui préferent la main d’un homme mort de phthifie , à raïfon de la chaleur & de la fueut qu'on remarque aux mains des phinifiques , qu'on trouve très-fouvent fort humidesà l'inftant de leur mort, Suis vañt Bartholin, des perfonnes dignes de foi ont ufé avec fuccès de ce moyen, & croyent que la tumeur fe diffipe à mefure que le cadavre fe pourrit , ce qui arrive plutôt en été qu'en hiver, j'ai vu plufieurs femmes venir dans les hôpitaux me demander la per- miflion de tenir la plante du pié d’un homme À lago= nie fur un goëtre jufqu'à ce quecet homme fût mort, afurant très-afirmativement que leurs meres ou d’au- tres gens de leur connoiflance avoient été guéries par ce moyen. L'expérience doit tenir ici lieu de raifon- nement : comment nier à des gens la poffbilité des faits qu'ils arteftent, & qui leur donne de la con- fance pour une pratique qui par elle-même ne peut infpirer que de l’averfion ? ( F FACTILE , adj. (Pkyf.) fe dit quelquefois de ce qui peut tomber fous le fens du taét ou du toucher. Quoique les petites parties des corps foient maté rielles, cependant elles ne-font ni sites > Ni vifibles, à caufe de leur petitefle, Les principales qualités sa&iles {ont la chaleur, le froid , la fécherefle , la dureté & l'humidité, Voyez CHALEUR, FROID , DURETÉ, &c. Chambers. ; TACTIQUE (14 )#eft proprement la fcience des mouvemens militaires, ou ; comme le dit Po« lybe, l'art d’aflortir un nombre d'hommes deftinés pour combattre, de les difiribuer par fangs & par files , & de les inftruire de toutes les manœuvres de la guerre. , Ainfi la saëfique renferme l’exercice ou le manie ment des armes ; les évolutions , l’art de faire mar cher les troupes, de les faire camper, & la difpofi tion des ordres de bataille, C’étoir-là ce que les an ciens Greçs faifoient enfeigner dans leurs écoles mi- | M M m m m 824 TAC litaites » par des officiers appelés saÿiciens, Voyez GUERRE. Ïl eft aifé de s’appercevoir de l'importance de la tadlique dans la pratique de la guerre; v’eft elle qui en contient les premieres regles ou les principaux élémens, 8 fans elle une armée ne feroit qu’une mafle confufe d'hommes, également incapable de fe mouvoir fégulierement , & d'attaquer ou de fe dé- fendre contre l'ennemi. C’eft par leurs grandes con- noiflances dans la raëfique que les anciens capitaines faïfoient fouvent ces manœuvres inattendues au mo- ment du combat, qui déconcertoient l'ennemi, 6c qui leur affuroient la viétoire. « Ils étoient plus aflu- » rés que nous de la réuflite de leurs projets, parce » qu'avec des troupes dreflées felon les vrais prin- » cipes de l’art militaire , ils pouvoient calculer avec » plus de juftefle Le tems & la diftance que les difté- » rens mouvemens requéroient. Aufli ne bornoient- » ils pas les exercices aux feules évolutions. Ils fai- » foient faire des marches d’un endroit à l’autre , en » donnant attention au tems qu'ils y employoient , » & aux moyens de remettre aifément les hommes » en bataille. Ces principes, d’après lefquels tout le » monde vouloit paroître fe conduire , afluroïent la » fupériorité du général qui les poñlédoit le mieux. » C’étoient les généraux qui décidoient du fort des » guerres. Le viétorieux pouvoit écrire , J'ai vaincu » les ennemis, & on nlêle taxoit point de vanité. Le » fage Epaminondas s’approprioit Les viétoires ga- » gnées fous fon commandement. N’en déplaife à » Ciceron, Céfar pouvoit en faire autant de la pli- » part des fiennes. Un favant architeéte ne fait point #injuitice à fes maçons, en prenant pour lui feul » honneur de la conftruétion d’un bel édifice ». Mém. milite. par M. Guifchardt , som. I. p. 7o. C'eft aux Grecs qu’on doit les premiers principes ou les premiers écrits fur la sadique ; & c’eft dans Thucydide, Xenophon & Polybe qu'on voit les pro- rès de cet art, qui des Grecs pañla aux Romains , chez lefquels il parvint à fa plus haute perfection. Du tems de Xénophon , la fcience de la guerre s’é- toit déja beaucoup accrue; elle augmenta encore fous Philippe , pere d'Alexandre, & fous ce prince, dont les fuccefleurs , formés par fon exemple & fes principes, furent prefque tous de grands capitaines. On peut obferver les mêmes progrès de l’art mili- taire chez les Romains. « Toujours prêts à renoncer »àleurs ufages poûr en adopter de meilleurs , 1ls »neurent point honte d'abandonner les regles #» que leurs peres leur avoient laïfiées. La saélique du # tems de Céfar n’a prefque rien de commun avec » celle de Scipion & de Paul-Emile. On ne voit plus » dans la guerre des Gaules, du Pont , de Thefalie, » d'Efpagne & d'Afrique , nices manipules de cent » vingt hommes rangés en échiquier, m1 les trois » lignes des haftaires , des princes & des triaires » diftinguées par leur armure. Voyez LÉGION. Le » chevalier de Folard a tort , quand il dit que cet # ordre de bataille en quinconce fubfita jufqu'au » tems de Trajan. Céfat lui-même nous décrit la lé- » gion fous une autre forme. Toutes ces manipules #-étoient réunies & partagées enfuite en dix cohor- »# tes équivalentes À nos bataillons , puifque chacune # étoit depuis cinq jufqu’à fix cens hommes. L’elite # des troupes miles autrefois en un corps féparé , # qu'on appelloit les sriaires, n’étoit plus à la tror- # fieme ligne. On trouve dans Salufte une difpoñition » de marche & un ordre de bataille qu’on prendroit # pour être de Scipion. C’eft le ‘dernier trait que » l'hifloire fournifle de cette ancienne sadique. D’e- # xactes obfervations fixent l’époque de la naïffance # de la nouvelle après le confulat de Mérellus, &c en # font attribuer l’honneur à Marius. # En fuivant les Romains dans leurs guerres fous » les empereurs, on voitleur sadique perdre de fe- » cle en fiecle,ainfi qu’elle avoit gagné. La progref- » fon eft en raïfon de la décadence de l'empire, Sous » Léon & Maurice, il eft auf dificile dereconnoître » la vailique que l'empire de Céfar ». Difcours préli- minaire des méêm. male. par M. Guifcharät. Piufieurs anciens ont traité de lasréfique des Grecs. V. Guerre. Outre ce que Xenophon & Polybe en ont écrit, il nous refte louvrage d’Elien & celui d’Arrien , qui ne font que des extraits des meilleurs auteurs fur ce fuet. M. Guifchardt, qui a traduit la tattique d'Arrien , lui donne la préférence fur celle d’Elien ; parce que, dit-il, l’auteur a retranché ju- dicieufement tout ce que Pautre contenoit de fu- perflu & d'inutile dans la pratique , 8t que d’ailleurs les définitiors font plus claires que celles d’'Elien. Comme Arrien n’a écrit que quelque tems après Elien , on croit aflez communément que fa saülique neft qu’une copie abrégée de celle de ce dernier au- teur ; mais c’eft une copie reéthée par un maître de Part , très-confommé dans la fciènce des armes, au lieu aw’on peut préfumer qu’Elien avoit jamais té à la guerre. Je parierois , dit M. le chevalier de Fo- lard, que cet auteur n’avoit jamais fervi , & que s'il étoir vrai qu'il eût fait la guerre, il en raifonnoit très-mal. Ce jugement eft fans doute trop rigoureux. Car comme Elien n’a travaillé que d’après les auteurs originaux, dont les écrits fubfftoient de fon tems, ce qu'il enfeigne doitnaturellement fe trouver con- forme à la doctrine de ces auteurs ; & eneïlet, com- me l’obferve M. Bouchaud de Buffy, qui vient de donner une nouvelle traduétion de la saifique d’'E- lien, la plüpart des chofes que cet ouvrage con- tient , fe trouvent confirmées par le témoignage des hiftoriens grecs, Il eft vrai qu'Elien , dans fon traité, paroît s'être plus attaché à la saéfiqgue des Macédo- niens qu'à celle des Grecs ; mais comme ils exécu- toient les uns & les autres lés mêmes évolutions ou les mêmes mouvemens, le livre d’'Elien n’en eft pas moins utile pour connoïtre lefentiel de leur £ac- tique, | . Quoi qu’il en foit, 1l paroït qu’Arrien ne trouvoit pas les auteurs aui l’avoient précédé fufifamment clairs & intellisibles , & que fon objet a été de re- médier à ce défaut. M, Guiichardt prétend en avoir tiré les plus grands fecours pour Pintelligence des faits militaires rapportés par les auteurs grecs. À l'égard de la caéfique des Romains ,l ne nous refte des différens traités des anciens, que celui de Vesece, qui n’eft qu'une compilation ét un abrégé des auteurs qui avoient écrit fur ce fujet. On lui re- proche , avec aflez de fondement , de m'avoir pas aflez diftingué les tems dés différens ufages nuli- taires , & d’avoir confondu l’ancien & le moderne. & Quand Vegece parut, dt M. Gutichardt, le mi- » litaire romain étoit tombé en décadence : 1l crut le » relever en faifant des extraits de plufeurs auteurs » déja oubliés. Le moyen étoit bon, fi Vegece avoit » eu de l’expérience & du difcernement.; mais 1l » compila {ans diftinéion ,, êc il confondit, comme » Tite-Live, la sadique de Jules-Céfar ayec celle. des » guerres puniques. Î femble avoir tiré de la difci- » pline militaire de Caton l’ancien, ce qu'il y a de » moins mauvais dans ces inftitutions: .….. En géné- »ral, ileft maigre dans fes détails , & il ne fait » qu'effleurer les grandes parties de l'art militaire ». Il eft certain que cet auteur ne donne qu'une très- lésere idée de la plüpart des manœuvres militaires ; les évolutions y font fur-tout traitées avec une brié- veté exceflive ; Vegece ne fait, pour, ainf dire, au’énoncer les principales. Cependant , malgré tous les défauts.de cette efpece qu’on peut lui reprocher, il ny a, dit M. le chevalier de Folard,.re7 de mieux à lire ni de mieux à faire , que de Le fuivre danses pre- : ebpès. Je ne vois , ajouté ce mêmé auteut , zx de plus inftruthf. Cela va jufgwanu merveilleux dans [es érois premiers livres, le quarrieme eff peu de chofe. Auf l'ouvrage de Vegece eft-il repardé comme un refte précieux échappé à la barbarie des tems. Les plus habiles militaires s’en font utilement fervi, 8 l’on peut dire qu'il a beaucoup contribué au rétablifle- ment de la difcipline militaire en Eufope ; rétabhifie- nent qu’on doit particulierement au fameux Mau: ice prince d'Orange, à Alexandte Farneze duc de Parme , à Pamiral Coligny , à Henri IV. Guftave Adolphe , rc. Ces grands capitaines chercherent à s’approëher de l’ordre des Grecs & des Romains au- tant qué le changement des armes pouvoit le per- mettre ; Car les armes influent beaucoup dans lPar- rangement des troupes pour combattre, ©c dans la preffion des rangs 6c des files, | * Pour ce qui concerne l’arrangement particulier des troupes sreques &c romaines, ou le détail de leur taëlique, voyez PHALANGE © LÉGION. À l'éoard de. la raëlique moderne , voyez ARMÉE, ÉVOLUTIONS, ORDRE DE BATAILLE , MARCHE 6 GUERRE. Le fond de la saéfique moderne eft compofé de celle des Grecs & des Romains. Comme les pre- miers , nous formons des corps à rangs & à files fer- rés ; & comme les feconds, nous ayons nos batail- lons qui répondent aflez exaêtement à leurs cohortes, êt qui peuvent combattre & fe mouvoir aifément dans tous les différens terreins. * Par la preffion des rangs &c des files, les troupes font en état de réfifter au choc des affaillans, & d’at- taquer elles-mêmes avec force & vigueur. Il ne s’a- it pour cet effet que de leur donner la hauteur ou la profondeur convenable, fuivant la maniere dont elles doivent combattre. Notre intention n’eft point d’entrer ici dans un examen raïfonné de notre sadique, le détail en fe- roit trop long, &c 1l exigeroit un ouvrage particulier. Nous nous contenterons d’obferver qu'il en doit être des principes de la rique , comme de ceux de la for- tifcatnon , qu'on tâche d'appliquer à toutes les difé- rentes fituations des lieux qu’on veut mettre en état de défenfe. Qu'ainf la difpofition & l’arrangement des trou- pes doit varier felon le caraétere & la façon de faire la guerte de l’ennemi qu'il faut combattre. Lorfqwon | eft bien inftruit des regles de la saifique , que lestrou- pes font éxercées aux à-droite , aux ägauche , dou- blemens & dédoublemens de files, de rangs & aux quarts de converfon;qu’elles ont contracté d’ailleurs l'habitude de marcher &c d'exécuter enfemble tous les mouvemens qui leur font ordonnés,, iln’eft au- cune figure n'aucun arrangement qu'on ne puifie leur faire prendre. Les circonftances des tems & des lieux doiventfaire juger de la difpofition la plus fa- vorable pour combattre avec le plus d'avantage qu'il eft pofible. En général la saifique fera d'autant plus parfaite , qu'il en refultera plus de force dans Pordre de bataille ; que les mouvemens des troupes fe feront avec plus d'ordre ; de fimplicité & de promptitude ; qu’on fera en état de les faire agir de toutes les manieres qu'on jugera à-propos , fans les expoler à fe rompre ; qu’elles pourront toujours s’aider & fe foutenir réciproquement , & qu'elles eront armées convenablement pour réfifter à toutes les attaques des troupes de différentes efpeces qu’elles auront à combattre. Il eft encore important de s’ap- pliquer dans l'ordre &c l’arrangement des différens corps de troupes, à faire enforte que le plus grand nombre puifle agir offenfivement contre l’ennenu, & cela , en confervant toujours la 4olidité néceflaire pour une athon vigoureuie, & pour foutenir le choc ou l’impétuofité de l'ennemi, De ce principe , dont il eft difiçile de ne pas con- Tome XP, TAC 82; Venir ,1l s'enfuit qu’une troupe formée fur unie trop grande épaifleur , comme par exemple, fur feize fangs, ainfi que l’étoit la phalange des Grecs, n’au: roit pas la moitié des hommes dont elle feroit compos fée, en état d'offenfer l'eñnemi , & qu'un corps fangé auft fur très-peu de profondeur, comme deux ou trois rangs , n'aufoit aucune folidité dans le Choc. Comme left des pofitions où les troupes ne peus vent fe joindre pour combattre la bayonnette au bout du fufil , & que la trop grande hautéur de la troupe n’eft pas favorable à une aéion oùil ne s’a= git que de tirer, on voit par-là qu'il eft néceflaire de changer la formation des troupes, fuivant la maniere dont elles doivent combattre: Dans les aétions de feu, les troupes peuvent être fur trois au quatre rangs , &c dans les autres fur fx ou huit. Voyez fur ce fujetles é/émens de taëtique , p: to: 33 êx 3 CE | , Nous finirons cet article, en ébfervant que les Ros mains perfeétionnerent leur z2@ique en prenant des nations qu’elles avoient à combattre tout ce qui leur parotfloit meilleur que ce qu'ils pratiquoient. C’eft le véritable moyen d'arriver à la perfettion , pourvu que l’on fache difinguer les chofes effentielles de celles qui font indifféfentes , où qui ne conviennent point au caractere de la nation. Par exemple ; on pré- tend qu’on a tort en France de vouloir imiter nos voïfins dans Pufage qu'ils font de la moufaueterie ; parce que nous leur envions à cet égard une propriété qu ils ont peut-être éminemment que parce qu'ils ne peu- vent pas avoir des nOtrés: | « L'on n'entend parler, dit l’auteur du traité maa nufcrit de Péffai de la légion ; que de cette efpece d'imitation , qui eft pernicieufe en ce aw’elie ré: pugne au caraétere national. Les Prufliens , les Al lemands fünt des modeles trop fcrupuleufement détaillés. On poule jufqu’à l'excès la vénération qu'on a pour leurs ufages, même les plus indiffé- rens, Îl eft très-raïfonnable fans doute dechetcher » à acquérir les bonnes qualités dont ils font pour- » vus, mais fans rénoncer à celles que l’ona, ow » que l’on péut avoir fupérieures à eux. Si l’on veut » imiter, que ce foit dansles chofes de principe, & » non d'ufage & de détail (4). Parexemple, penfe: » t-on à la difcipline? il faut chercher à en introduire » une équivalente à celle des étrangers , mais con- » forme au génie dela nation. Imitons-les particus » lierement dans Pattention qu'ils ont eue à ne pas » nous imiter, & à faire choix avec difcernement » une difcipline &t d’un genre de combat aflorti # à leur génie & à leur caractere, Il réfultera alors » de cette imitation leffet précifément contraire -à » laétion de les copier dans les détails. Car nous » prendrions d’aufli bonnes mefures pour mettreno= » tre vivacité dans tout fon avantage, qu'ils en pren: » nent pour tirer parti de leur flegine & de leur do: » cité. Soyons comme les geas depénie, quiavec » un carattere & une façon de penfer qui Leur eft » propre, ne dédaisnent point d'ajouter à leurs qua= » lités celles qu'ils apperçoivent dans les autres, » mais qui fe les approprient fi bien, qu’ils ne font » jamais les copies ni l'écho de qui que ce foit. Il » faut de Pinftruétion & des modeles fans doute, » mais jamais limitation fcrupuleufe ne doit pañler # er Principes. » Il fut un tems où notre infanterie formée parles Le % y SO ÉVÉYX ÿ S = . » guerres d'Italie, fous François. fut aflujettie à un (2) Onpourroit dire fur ce fujet comme Armand danses Femmes favantes de Moliere : Pr\@é. Quand fur une perfonne on pretend fe régler , C’eft par les beaux côtés qu'il faut lui reffembler ; Et ce n'el point du tout les prendre pour modeles ; Ma jéeur, que de touffer & de cracher comme elles, M M m im m ij 826 2? + ŸY Ÿ Y € YO YiN 1, »} Ÿ Ÿ Y Y æ LA bel ordre &à une belledifcipline par fe maréchal de Briflac ; mais eile perdit bientôt tous ces avan- tages par le défordre &r la licence des guerres ci- viles. L » L’hifloire de France , depuis Henri IT. jufqu'à Henri IV. n’expofe que de petites guerres de par- tis & des combats fans ordre; les batailles étoient des efcarmouches générales. Cela fe pratiquoit ainfi faute de bonne infanterie. La cefiation des troubles nous fit ouvrir les yeux fur notre barba- rie ; mais lès matieres militaires étoient perver- ties , ou plutôt perdues. Pour les recouvrer il fal- loit des modeles. Le prince Maurice de Nafau éclairoit alors toute l’Europe par Pordre & la dif- cipline qu’il établifloit chez les Hollandois. On cou- rut à cette lumiere ; on {6 forma, on s'initruifit fous fes yeux à fon école; mais l’on n'imuita rien {ervilement. On prit le fond des connoïfances qu’il enfeignoit par fapratique , & l’on en fit lap- plication relativement au génie de la nation. . » Les grands principes font univerfels ; 11 n'y a que la façon deles appliquer quine peut l'être. On établit alors le mélange des armes & des forces ; on fixa le nombre des hommes du bataillon, &x les corps furentarmés des différentes armes quife pré- toient un mutuel fecours. On vit fous les mêmes. drapeaux des enfans perdus, des moufquetaires , des piques , des hallebardes &r des rondaches. Les exercices qui nousreftent de ce tems-là annoncent des principes de lumiere & de méthode dans l'ini- fruétion, mais ils n’indiquent point l'abandon de l’efpece de combat qui nous étoit avantageux : au contraire , fans imiterprécifément les Hollandoïs, nous profitèmes des lumieres du prince Maurice, conformément à notre génie , & nous furpañlämes bientôt notre modele. » C’eft ainf que l'on peut & que lon doit imiter , fans s'attacher aux méthodes particuheres. Car uelque bonnes qu’elles puiflent être chez les étrangers , il faut toujours penfer que puifqu’elles leur font habituelles dominantes, elles font ana- logues à leur caraétere. Car le caraétere national ne peut fe communiquer; 1lne s’imite point; c’eit, s’il eft heureux , le feul avantage d’une nation fur une autre que l’ennemi ne puifle pas s’approprier; mais quand on y renonce par principe , & qu'on fe dépouille de fon naturel pour imiter ; on finit par n'être ni foiniles autres, & l’on fe trouve fort au-deffous de ceux qu’on a voulu imiter. » Je ne doute pas que les étrangers ne voient avec plaïfir que nous nous fommes privés volon- tairement de Pavantage de notre vivacité dans le choc qu'ils ont toujours redoutéen nous, & qu'ils ont cherché à éluder parce qu'ils n’ont pas cru pouvoir y réffter, & encore moins limiter. Cette imitation étoit hors de leur caractere ; elle leur a patu impraticable ; 1ls{e font fervi de leur propre vertu, & ils fe font procuré des avantages dans un autre genre , en fe faifant un principe conftant de fe dévoyer autant qu'ils le peuvent à Pimpé- tuofité de notre choc. » Ilfaut chercher fans doute à fe rendre propre au genre de combat auquel 1ls nousforcentle plus fouvent ; mais il eft néceflaire en même tems de s'appliquer à employer cette force qu'ils redou- tent ennous, 6c dont ils nous apprennent la va- leur par l’attention qu'ils ont à Péviter, ». Il eft donc néceflaire que notre ordre habituel n'ait pas cette tendance uniquement deftinée à la moufqueterie, & à la deftruétion de toute autre force. C’eft pourquoi il faut fixer des principes & un ordre également diftant de l’état de foibleñe , &z celui d’une force qui n’eft propre qu'à certaines circonftances, ou qui eft employé au-delà de la néceflité ». (Q) - r@, mais {ur une colline voifne. TADGIES , (rerme de relation.) nom qu’on donne aux habitans des villes de la Tranfoxane , & du pays d'Iran , c’eft-à-dire à tous ceux qui ne font ni tarta- res, nimosols , niturcs, mais qui font naturels des villes ou des pays conquis, TADINÆ ,ou TADINUM , ( Géogr. anc. ) & fes habitans Tudinates ; ville d'Italie au pié du mont Apennin, & des frontieres de l'Umbrie. Elle étoit fur la voie Flaminienne, &r le fleuve Rafina mouilloit fes murs. On la nomme aujourd’hui Gzaldo ; cepen- dant Gualdo n’eft pas dans le même lieu que Tadi- (2.J.) TADMOR , (Géogr. mod.) on écrit auffi Thadmor, Tumor, Thamor, Thedmor, Tedmoor &t Tedmor ; maïs qu'on écrive comme on voudra, c’eft l’ancien nom hébraique & fyriaque de la ville célebre , que Les Grecs & les Romains ont nommée Pa/myre. Voyez PALMYRE. TADORNE , TARDONNE., f. f.( Hif. rar. Or- nitholog. ) tadorna bellomii , oïeau de mer qui eft plus petit que l’oie , 6 plus gros que le canard; il a le bec court , large , un peu courbe, & terminé par une efpece d’ongle ; cet ongle & les narines font noires ; tout le refte du becaune couleur rouge ; il y a près de la bafe de la piece fupérieure du bec , une prééminence oblongue & charnue ; la tête & la par= tie fupérieure du coufont d’un verd foncé & luifants le reite du cou & le jabot ont une belle couleur. blanche ; les plumes de la poitrine & des épaules font de couleur de feuille morte, cette couleur for- me un cercle au-tour de la partie antérieure du corps; le bas de la poitrine &c le ventre font blancs ; les plu- mes du defious de l’anus ont une.couleur tirant fur l’orangé , à-peu-près femblables à celle des plumes du deflus de la poitrine ; les plumes du dos & des ailes , à lexception de celles de la derniere articula- tion de aile, font blanches ; les longues plumes des épaules ont une couleur noire; celles de la queue font blanches , à lexception de la pointe qui eft noire. Rai, fÿzop. meth. aviuin, Voyez OISEAU. TADOUSSAC oz Fanousac, (Géog. mod.) port &t établiflement de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, au bord du fleuve S. Laurent, à 30 lieues au-deflous de Québec, près de lembouchu- re de la riviere Saguenai ; c’eft un petit port capable au plus de contenir vangt navires. Lozait. 309. las. 48.334 (D. 1.) TÆDA ,f. m. (Boran. 6 Listérar.) tæda en botani- que, eftle pin des montagnes converti en une fubf- tance gralie. Rai, Dalechamp , Clufius & Parkinfon | ont, je crois, raïon de penfer que le mot #œda eft homonyme, & fignifie quelquefois le Bois gras êt ré- fineux , rar dada, du pin que l’on brüle en forme de torche ; & quelquefois une efpece particuliere d’ar- bre que Théophrafte n’a point connue. On tire de la partie inférieure du pin des montagnes, qui eft près de laracine , des morceaux de bois réfineux donton fe fert pour allumer du feu, & peur éclairer dans plufeurs endroits de l'Allemagne ; la feve fe jettant fur la racine caufe une fuffocation, par le moyen de laquelle larbrefe convertit en :&d4. Le fapin & la melèfe fe convertiflent quelquefois en sæda ; mais cela eft aflez rare , car c’eft une maladie particuliere au pin des montagnes. L'ufage que l’on faifoitdes morceaux de t&da pour éclairer , eft caufe que l’on donne le même nom à toutes fortes de flambeaux , & fur-tour au flambeau nuptial. Auf le mot de sæda fe prend 1l dans les poë- tes-pour le mariage. Catule appelle un heureux ma- triage , felices tœdæe.;, & Séneque nomme sæda , l'épi- thalame ou la chanfon nuptiale, Ariftenete, dans 1a defcription des noces d'Acoucés & de Cydippé , dit qu’on mêla de l’encens dans les lambeaux nuptiaux, afin qu'ils répandiflentune odeur agréable avec leur TAE lumiere ; c'eft un luxe qui nous manque encore, Aars, Où dus, fignifie proprement #7 flambeau où ne torche, de duso , j'allume ; d’où eft venu le latin tœæda, comme de d'aGsor, refcum , divos, ina, On ap- pelloit ainf une torche faite de plufieurs petits mor- ceaux de bois réfineux attachés enfemble, & enduits de poix. Pline fe fert du mot #eda pour fignifier arbre de l’efpece du pin. On tiroit les sde du picæz , du pin, & ex omnibns Sadçipuc, c’eit-à-dire, de tous les arbres tédiferes. Saumaife vous en diroit bien davantage, mais je n’ofe tranfcrire ici fes remarques d’érudition. (D. J.) . TAEL , fm. (Poids chinois. ÿles Portugais difent celle , & les Chinois, /eam. C’eft un petit poids de la Chine , quirevient à une once deux gros de France, poids de marc; il eft particulierement en ufage du cô- té de Canton. Les feize saels font un catis, cent catis font Le pic, & chaque pic fait cent vingt-cinq hyres poids de marc. Savary, (D.J.) TAEL D'ARGENT, ( Monnote du Japon ) monnoie de compte du Japon , qui pafle encore à la Chine pour vraie monnoie. Le sae/ d'argent japonois , vaut trois guldes & demi d'Hollande. ( 2.7.) TAEL-PE, £. m. ( Æiff. mar. ) nom d’un animal auffi petit qu’une hermine, dont les Chinois de Pékin font des fourrures. Ces animaux fe trouvent dans la Tar- tarie orientale, chez les Tartares appellés Ka/kas ; ce font des efpeces de rats, qui forment dans la terre . des rangées d’autant de trous qu'il y a de mâles dans la fociété ; lun d’eux faittoujours fentinelle pour les autres à la furface de la terre, dans laquelle 1l rentre à l’approche des chafleurs ; ces derniers entourent leur retraite , ils ouvrent la terre en deux ou trois endroits, jettent de la paille allumée dans les trous qu'on y a faits, @ par là 1ls font fortir ces petits ani- maux de leurs trous. TÆNARUM FIUMEN , ( Géog. anc, ) fleuve de Thrace, près la ville Aenus, felon Chalcondyle, cité par Ortelius. Leunclavius dit que le nom vul- gaire eft Tunza., &c que ce fleuve fe jettoit dans l'Hébrus, aux environs d'Hadrianopolis. M. de Lifle, dans fa carte de la Grece , appelle ce fleuve Turcia, TÆNTA , {. m. ( Hiff. naï. Infeologie. ) autre- ment Le han ; c’eft une efpece de ver fort irrépu- ler du corps humain ; 1l eft d’une grandeur indéfinie, car on prétend en avoir vù de dix à vinot toifes de long ; en même tems 1l n’a guere que quatre à cinq Bgnes de largeur ; enfin il eft plat commeun lacet, d’où lu vient fon nom de rwban. Son corps eft com- pofé d’anneaux enchâflés régulierement les uns dans les autres, mais avec quelques différences ; les onze premiers anneaux , du côté de la tête, font unis par une membrane fine, qui les fépare tant-Loit-peu les uns des autres ; 1ls font encore un peu plus épais, & plus petits que Les anneaux du refte du corps ; au-def- {ous des fix premiers articles, il y a plufieurs petites éminences rondes, placées en long, comme les piés des chenilles ; la partie fupérieure de chaque arti- culation , c’eft-à-dire celle qui eft vers la tête, eftre- çue dans l'articulation précédente , & la partie infé- rieure reçoit l'articulation fuivante; ce qui fait une articulation perpétuelle ; la cavité où chaque articu- lation eft jointe , paroïttraverfée par des fibres muf- culeufes , qui laffent entre elles de petits efpaces, par où les vifceres communiquent d’un anneau à l’au- tre. Surles côtes de chaquearticulation , on apper- çoitune petite ouverture en forme d'ifiue , où abou- tit un canal qui s'étend jufqu'au milieu de larticula- tion, M. Andry a le pfemier obfervé ces ouvertures ; il les prend pour des trachées, parce que certaines efpeces d’infeétes en ont effettivement qui font dif- potées amnfrtout le long de leur corps, à chaque är- ticulation où incifion, - La peau du serie en fait toute la fubftance ; c’eft un véritable mufcle , formé de fibres difpofées en TAF 827 plufeurs fens , & entrecoupées aux jointures, Elle ne paroïflent cependant qu’à Pintérieur de la peau, Le ver fe plie facilement dans toute fon étendue, mais principalement aux jointures. I eft à préfumer que ce ver vient d’un œuf comme tous les autres animaux ; mais comment cet œuf {e trouveroit1l dans le corps d’un homme ? y eft-1l ve- nu de dehors, enfermé dans quelque aliment, où même , fi lon veut, porté par l’air? on devroit donc voir fur la terre des sœnia,&t l’on n’en a jamais vu.On pourroït bien fuppofer quele chyle dont ils fe nour- riflent dans le corps humain, leur convient mieux que toute autre nourriture qu'ils poñrroient trouver fur la terre , fans y parvenir jamais À plufeurs toifes de longueur ; mais du moins devroit-on connoître les sæntas de terre , quelque petits qu’ils faffent, & l’on n’en connoït point. Il eft vrai qu’on pourroit encore dire que leur ex= trème petitefle les rend abfolument méconnoiff2- bles, & change même leur figure, parce que tous leurs anneaux feront roulés les uns dans les autres ; mais que de cette petitefle qui les change tant , ils puiflent venir à avoir dix à vingt toifes de longueur, c’eftuné fuppofition un peu violente ; quel animal a jamais crû {elon cette proportion? il {eroit donc commode de fuppofer que puifque le sœria ne fe trouve que dans Le corps de l’homme , ou de quel- qu'autre animal, l’œuf dont il eft éclos , eft naturel- lement attaché à celui dont cet animal eft venu ; & ceux qui foutiennent lPhypothèfe des vers hérédi- taires , s’accommoderoient fort de cette idée. - Ce quil y a de plus für, c’eft qu’on peut long- tems nourrir un &zia , {ans s’en appercevoir. Cet hôte n’eft nuifible que par des mouvemens extraor- dinaires, &1ln°y a peut-être que de certains vi- ces particuhers des humeurs , qui l’y obligent en lincommodant , & en l’'irritant ; hors de-là il vit paifiblement d’un peu dechyle, dont la pertefe peut aifément fupporter , à moins que le ver ne foit fort grand, où qu'il ny ait quelqu’autre circonftance particuliere, difficile à deviner, (D. J. é TÆNIOLONGA , (Géog. anc.) ville d'Afrique, dans la Mauritanie tingitane , fur l'Océan ibérique , felon Ptolomée, Æy. 17. j. Le nom moderne, felon Caftald, eft Mefénna. ( D. J.) : TAFALLA , (Géopr. mod.) ville d'Efpagne, dans la Navarre , proche la riviere de Cidaço, à cinq lieues de Pampelune. Elle eft fortifiée , & dans un terroir fertile en excellent vin. ( D. J. TAFARA, { £ ( Æ%ff. nat, Bor.\ plante de l’île de Madagafcar, dont la décoétion & le marc appliqué, ont une vertu admirable pour la guérifon des hernies. TAFFETAS , f.m. ( Soierie ) on donne le nomde cafferas à toutes les étoffes minces & unies, quine fonttravaillées qu'avec deux marches, ou faites com- me la toile ; de façon que toutes les étoffes de cette efpece pourroient être travaillées avec deux lifles feulement ; fi la quantité de mailles dont chaque liffe feroïit compoiée , & qui doit être proportionnée au nombre de fils, ne génoient pas Le travail de l’étoffe , chaque maille occupant plus de place que le fil dont la chaine eft compofée , qui doit être très-fin, fur- tout dans-les safferas unis. C’eft uniquement pour parer aux inconvéniens qui proviendroient de la quantité de mailles , fi cette étoffe étoit montée avec deux lifles , qu’on s’eft déterminé à les monter fur quatre, afin que le fil de la chaîne aît plus de liberté, ét ne doit point coupé par le reflerrement des mail- les beaucoup plus fortes & plus grofles que le même fil. Lesmoëres qui ne font qu’une efpece de safferas , ont jufqu’à dix lies, pour lever moitié parmoitié; & cela , pour que les mailles ne foient pas ferrées. L’armure du safféras eft donc la mème que celle du poil-du double fond, ou de la perfienne ; & quoiqu’- elle foit très-fimple, nous en ferons la démonitration, 826 TAF parce qu'on fe fervira du terme d’armer les poils eñ taffetas , dans les étoftes riches dont nous parlerons, de même que de les armer eh raz de faint Maur, dans les occafions où 1l fera néceflaire, Démonfiration de l'armure des taffetas, LÉ “saffod suof sf 597 1U0p 05» Marches. Les fils font pañlés dans la maille du rafféras, com- me il eft démontré ailleurs. Il eft établi par cette démonftration , que la pre- miere liffe répond à la troifieme , & la feconde à la quatrieme, 6 qu'il fe trouve toujours un fil entre les liffes qui fe rapportent , ou qui doivent lever enfem- ble , ce qui fait que fmivant l’armure, & le pañlage, ou remettage des fils, chacun doit lever alternative. ment , & l’étoffe doit être de même façon deflus que deflous; ce qui ne fauroit être de même dans les fa tins, foit à cinq lifles,, foit à huit , où la trame domi- neratoujours à l'envers, n'étant couverte ou arrêtée que par la cinquieme ou huitieme partie de la chaine. Par la même raïon, fi la trame fe montre plus d’un côté que d'autre, ou domine d’un côté, fuivant les termes de l’art , ilfaut que le côté oppolé foit dominé par la chaîne , comme Îa partie qui garnit davantage. Tous lessafferas, {ous quelque dénomination qu'ils puiffent être, font montés 8 travaillés comme il vient d’être démontré ; eft-ce un saffêtas noir , tramé d’or- ganfin , 1l fera nommé raffetas luftré; eft-1l chiné par la chaine , c’eftun raffèras flambé ; a-t:1l à d’aunes de large, ? ou une aune , c’eft une laife; a-t-il j de lar- ge , & de couleur, c’eftua caffetas d’ Angleterre; a-t-1l demi-aune de large, & des bandes de différentes couleurs, c’efl un safferas rayé ; at-il foixante por- tées & tramé à deux bouts, c’eft un safféras à la bon- ne femme ; eft-il tramé äun bout , & de large, c’eft un saffiras mince ; at-il demi-aune , & cinquante- quatre portées, c’eft la même chofe; eft-il très-min- ce, c’eft un armoifin ; eft:l tramé de coton, c’eft une touloufine ; la chaîne eft-elle teinte par parties, c’eft un saffèras flambé; eft-elle tramée de fil blanc, c’eft une bourre; eft-il à chaîne & trame-crue, c’eft une gafe ; a-t-il un poil de couleur, c’eftun fimple- té; ena-til deux, c’eft un doubleté; ena-tltrois : c’eftuntripleté ; a-t-l une chaîne double & tramée à trois bouts, c’eft un petit gros-de-tours ; eft-iltra- mé à cinq , c’eft la même chofe; eft-il tramé à huit bouts, c’eft un gros-de-naple ; eft:il tramé à douze bouts, c’eftun poulx de foie ; lachaïîne eft-elle d’un grand nombre de fils, c’eft une moire. Enfin le taffe- zas , &t le gros-de-tours n’ayant d’autre différence que lun eftà chaîne double, & a moins de portées: & l'autre à chaine fimple ; on donne autant denoms à ces étoffes, qu’il y ade portées, de largeurs différen. tes , & de brins de fil à la trame , quoique le tout ne foit que safferas. Taÿfetas façonnés. On donne le nom de rafféras fa- gonnes à tous les rafferas brochés , foit én foie, foit en dorure , foit dorure êc foie. Ces saffetas font dif tingués des gros-de-tours , & par la trame , & par le liace. Un saffetas broché doit recevoir deux coups dé trame, chaque fois qu’on pañle es efpolins, ou qu’on broche les lacs’, de façon que la trame doït être fi= ne, afn que les croïfures des deux duites, ou des deux coups pañlés, n’empêchent pas la joñ@ion de la dorure &c de la foie. Le liage d’ailleurs doit être de trois à quatre,parconféquent doitfe trouvertoujours fur la même life, ce qui fait que ouvrier doittoujours avoir foin de faire lever au premier coup de navette, la life fur laquelle fe trouve le liage , afin qu’elle baïfle au fecond, &r que le fil qui doït baïffer pour lier , ne fe trouve pas contrarié, étant néceflaire de. répéter que dans toutes les étoffes en général , il eft d'une néceffité indifpenfable que le fl qui doit lier ou la dorure ou lafoie, n'ait point levé au coup qui à précédé le broché ; ce qui gâteroit totalement l’é- toffe , & larendroiït invendable, à quelque prix qu’on voulüt la donner, Il eft inutile de faire la démonfration de l’armure du cafféras, qui eft de deux marches à l’ordinaire pour la navette , 8 quatre marches pour le liage: Elle eft d’ailleurs fufifamment expliquée. [ Ilfe fabrique a&tuellement à Lyon des safferasliférés ou rebordés & cannelés. Le liféré eft celui dont une navette particuliere pañle fous un lac tiré qui forme des mofaiques , des feuilles, des tiges, même des fruits , & dont latrame eft de la couleur de la chaîne où d’une nuance qui en approche, Le saffitas rebor- dé eff celui dont la trame qui eft ordinairement obf- cure fert à formerle terne dans les fleurs, les feuilles & les fruits nuancés. Le saffras cannelé eft celui dont une portée de la couleur de la châîne ne travaillant que par intervalle, forme un cannelé qui s'exécute en ne faifant lever le poil que tous les quatre coups uné fois. Il fe fait encore des saffesas cannelés à ban- des. Ces bandes font compofées d’une certaine quan: tité de portées ombrées & difperfées dans des par- ties féparées de la chaîne , fuivant le goût du fabri quant, Les portées ombrées font ourdies d’une quan- tité de fils de différentes couleurs dans la bande ; commençant par un fil brun d’un côté, finit de l’au- tre par un fil très-clair, en fuivant une désradation très-exatementmenagée. Il y a auf des rafferas unis, rayés &t ombrés. . On a dit plufieurs fois que la chaîne du 14/45 étoit compofée de quarante portées doubles, ain que celle du gros-de-tour, ce qui vaut autant pour la quantité de fils que quatre-vingt portées fimples.. Or comme dans le safferas lifèré ou rebordé lorgan- fin eft un peu plus fin que dans le gros-de-tour, & que la navette qui pafle pour l’une de ces deux cou- leuts , principalement ceile qui reborde, eft garnie d’une trame différente pour la couleur de celle de la chaîne , êt que cette chaîne n’eft paflée que fur qua- tre liffes ; fi l’on pafloit la trame fur une des quatre lffes levées qui contient le quart de la chaîne, il ar- riveroit que la trame tranfpireroit ( c’eft le terme } au-travers du fond de Péofe, c’eft-à-dire que fi la: chaîne étoit d’une couleur claire , elle noirciroit le! fond ; on a trouvé le moyen pour parer à cet incon- vénient de monter le métier d’une autre façon. * On ourdit la chaîne avec un fl double & un fl fimple, ce qui ne compofe à la fin de lourdifage que quarante portées , moitié doubles & moitié fimples, ou pour la quantité des fils foixante portées ; on our- dit enfuite avec la même foie un poil ou une feconde chaine de vingt portées fimples, lefquelles avec les foixante compofent la quantité ordinaire de quatre- vingt portées fimples , qui cependant ne font enfem- que la même quantité de quarante portées dou- J1ESe | TAF Au-lieu dé quatre fes pour pañler la chaîne à Pordinaire , on en met fix pour faire cétte étoffe, deux defquelles font deftinées pour les fils doubles de la chaine , les quatre autres fervent à y pañler les fils fimples de la premiere chaîne & ceux du poil ; de façon qu’au remettage le premier fil étant un fil double paflé dans la life , viennent enfuite le fil fim- ple de Ia chaine & celui du poil qui font pañlés fur deux lifles différentes, enfuite un fil double qui ef fuivi de deux autres fils fimples paflés comme Les pre- miers, qu remphflent les fix mailles des fix lifes qui compofent le courfe ou les fix mailles des fix lies. Pour travailler létoffe , on fait lever au premier coup de navette les quatre lifles qui contiennent les fils fimples , & au fecond coup les deux liffles qui contiennent les fils doubles , & baïfier à chaque coup pour le rabat les lifles qui fe rapportent à cel- les qui ne levent pas. Les deux coups de naverte étant pallés , l’on fait lever une des quatre lies fim- pies, & on pañle la rebordure ou liféré. On comprend afément qu'une hiffe fmple ne contenant que la hui- eme partie de la chaîne , les fept huitiemes qui ref- tent empêchent que la trame obfcure ne noircifle le fond. Il fe trouve un fecond avantage dans cette fa- çon demonter le métier, qui eft que le liage étant pris fur une des quatre hiffes fimples, la dorure ou la _{oïe ne fe frouve jamais liée par un fil double com- me dans les autres raff ras où gros-de-tours qui ne faurotent lrer que par un fil double ; ce qui n’eft pas auf beau que par un fil fimple. L’on entend les gros- de-tours & safferas qui n’ont point de poil pour lier là figure , qui eft comprife par le broché, le rebordé ou le liféré. Les saffetas cannelés font montés comme les gros- de-tours de femblable efpece. Dans les uns le poil qui fait le cannelé n’eft paflé que dans le corps ; dans les autres , 1l eft pañlé dans le corps & dans les liffes. Pour faire le cannelé dans les raffétas dont le poil n’eft pañlé que dans le corps, on fat lire le fond qui doit être peint fur le deflein par une barre qui eft peinte tous les quatriemes lacs ; & comme ce poil n’a point travaillé pendant trois coups en tirant le fonc , tour le poil étant levé, on pafle un coup de navette entre le poil levé & la partie de la chaîne qui eft baiiée, ce qui arrête le poil au-travers de la piece & forme ie cannelé. l À Pégard de ceux dont Le poil ef paflé dans les Hifes, au-lieu de faire tirer le fond pour le lier, on fait lever au quatrieme coup toutes les lifles dans lefquelies le poil eft pañlé, &c on pañle la navette pour qu’il foit arrêté par la trame. | Les safferas cannelés ombrés font fabriqués comme les précédens , avec cette différence néanmoins que les bandes ombrées doivent être paflées dans les liffes à jour. On a expliqué la façon de faire ces lifles dans le détail qui contient la méthode de faire les moires à bandes fatinées , ainf on ne la répétera pas. On fait encore des taffères avec un liage à l’an- gloife pour lier des parties brochées qui ne font qu'un fond , dans lequel fond on broche des nuan- ces de différente façon ; ce liage qui n’a peut-être jamais té connu en Angleterre, n’eft autre chofe que deux lies de liage pañlées à l'ordinaire comme dans les autres saffétas qui forme une efpece de gaze, & qui ne vaudroit rien pour les autres nuances qui compofent desfleurs', des feuilles &c des fruits, mais qui fait très - bien dans cette efpece de fond , qui ordinairement fait bande , ou droite, ou en forme des. | Lu da r Tajfétas fimpletés, doubletés & triplerés. Dans les rafjerus de cette efpece , la chaîne w’eft point pafée dans le corps. On appelle s4fèras fmpleré celui qui n’a qu'un feuL'corps dans lequel eft pañlé le poil, qui feulie tire & fait la figure, TAF . 829 Les raffetas de cette efpece ontun poil ou uni, où : à bandes de différentes couleurs où ombrées. Le poil uni ou d’une feule couleur fait les fleurs, feuilles ou fruits de même. Les zafecas à bandes de différentes couleurs donnent des fleurs conformes à la difpofi- tion de Pourdiflage ; cette difpofition doit être mar- quée fur le d ffein pour que l’ourdiffage la fuive. Les taffetas dont le poil eft ombré donnent des fleurs de même dans l’étoffe , maïs il faut obferver que Pom- brure ou les parties ombrées des fleurs ne peuvent fe trouver que fur le côté , & non dans la hauteur de Pétoffe , puifque Le poil ômbré ne fauroit en former que Les côtés , attendu fon égalité fuivie pendant la longueur de Pourdiffage. | Les saffétas doublerés donnent deux couleurs aux fleurs dans la hauteur de l’étofe, Dans cette étoffe : il faut deux corps & deux poils, conféquemment le defiein doit être lu deux fois, & difpolé de ficon qu'une couleur de la fleur foit lue fur le cordage re- latif à un corps, & l’autre couleur fur le cordage re- latif à autre, Les saffètas tripletés donnent trois couleurs aux fleurs dans la hauteur de l’étoffe, & doivent être lus trois fois ; ce lifage fe fait de fuite, c’eft-à-dire que quana on alu une couleur une fois feulement, il faut fur le champ pañler aux autres avec la même em- barbe fi le deflein eft lu fur un femple ; & sil eftlu au bouton , 1l faut que le même bouton retienne les trois couleurs lues pour qu'un même lac tire letout. On a eflayé de faire des quadrupletés ; mais la quantité des poils fait que l’étofe ne peut pas fe fer- rer alément, attendu que chaque poil doit contenir quarante portées fimples pour que les fleurs foient garmies.; Cependant comme il arrive que toutes les couleurs enfemble ne fauroient paroître dans la lar- geur de Pétoffe fuivant la difpofition du deffein, s’il 1e trouve difpofé tel, pour-lors le fabriquant fait ourdir le poil, de façon qu’il ne met de portées pré- cifément que dans les parties où il voit que la cou leur devra paroïtre , de façon que certains poils n’au- ront que dix, quinze, vingt portées plus où moins ; pour-lors 1l faut que Pouvrier ait un grand foin de faire plier le poil quand il le met {ur Penfuple de der- riere , de facon que chaque partie {e trouve à droit: Ou vis-à-vis des mailles du corps dans lequel elle doit être paflée ; c’eft pour cela qu'il doit fe trouver des vuides lorique le poil eft tendu à proportion de la foie qui manque dans les poils, par la même rats {on 1l doit s’en trouver de même dans les corps dès, que le deffein eft difpofé pour cela. ! Les saffirus de cette efpece ne fauroïent être faits à grands deffeins , parce que pour. un tripleté 1] fau- droit 1200 cordes de rames & de femples, pour un doubleté 800, &c. ils font tous à 8, ro & 12 répé- titions de fleurs dans la largeur de l’étoffe ; de forte qu'un deflein fur roo cordes fera 8 répétitions dans. la réduétion ordinaire de £oo mailles de corps ; s'il contient 10 répétitions, il faudra 1000 mailles & 500 arcades à cinq arcades chaque corde de rame ; s’il contient 12 répétitions , il faudra r200 mailles & 600 arcades à 6 chaque corde de rame, pour-lors untripleté contiendroit 3600 mailles de corps , à un doubleté 2400 ; ainfi des autres en diminuant 1 p'oportion où en augmentant. Ii £lut néanmoins ob- terver qu'il n’eft pas poffible de porter la rédu@ion du raffétas plus haut que 1200 mailles , attendu que. | cepenre d'éroffe ayant à chaque lac deux coups de na- vette qui croifent, il feroit impoñfible de ferrer, fi | elle étoit portée plus haut, Tous les fabriquans font | au fait d’une femblable manœuvre: il y à d’ailleurs | à Lyon des monteurs de métiers pour ces genres. ; d'étoffes , de même que pour les droguets de toute: efpece , quilifent les deïfeins , attachent les corda- ges, enfeïgnent du deffinateur la difribution de {on 830 TAF ouvrage ; de façon que s'il y a deux mile métiers travaillant dans cegenre, peut-être ne fe trouveroit- il pas dix maîtres en état de les monter. Il ÿ en a actuellement plus de deux mille travaillant qui fa- briquent les uns dans les autres, à raifon de trois au- nes & plus fur chaque métier, dont il y en a eu juf- qu’à trois mille travaillant dans ce feul genre , mais beaucoup plus de droguets que de saffètas, TAFFIA , f. m. (Art diflul.) le taffia, que les An- glois appellent rhum, & les François gaildive , eftun efprit ardent ou eau-de-vie tirée par le moyen de la difillation des débris du fucre , des écumes & des gros firops , après avoir laïffé fermenter ces fubftan- ces dans une fufhfante quantité d’eau. Voici de quelle façon on opere. On commence par mettre dans de grandes auges de bois conftruites d’une feule piece , deux parties d’eau claire, fur left quelles on verfe environ une partie de gros fitop, d’écumes & de débris de fuücre fondus ; on couvre les auges avec des planches , & on donne le tems à la fermentation de produire fon effet. Au bout de deux ou trois jours, feloh la température de l’atmo- fphere , il s’excite dans les auges un mouvement 1ri- teflin, qui chafle les impuretés groffieres , & les fait monter. à la furface de la grappe, c’eft-à-dire de a liqueur, laquelle acquiert une couleur jaune & une odeur aigre extrèmement forte, figne évident que la fermentation a pañlé de fon état fpiritueux à celui d’acidité. C’eftà quoiles Diftillateurs de suffra ne font nulle attention, {e conduifant d’après une ancienne routine : on croit devoir les avertir de veilier foi- gneufement à faifir l’inftant juite entre ces deux de- grés de fermentation , ils y trouveront leur avan- tage par la bonne qualité de la hqueur qu'ils diftille- ront. C’eft ordinairement à la couleur , aufä-bien qu’à Podeur , que l’ouvrier juge f. la grappe eft en état d’être pañlée à l’alembic. Alors on enleve fort exatte- ment toutes Les ordures & les écumes qui furnagent, & on verfe la grappe dans de grandes chaudieres placées fur un fourneau , dans lequel on fait un feu de bois. Ces chaudieres, dont on peut voir la figure dans nos Planches de Sucrerie, font de grandes cucur- bites de cuivre rouge, garnies d’un chapiteau à long bec , auquel on adapte une couleuvre, efpece de grand ferpentin d’étain en fpirale , formant plufeurs circonvolutions au milieu d’un tonneau plein d’eau fraîche, qu’on a grand foin de renouveller lorfqu’elle commence à s’échauffer , l'extrémité inférieure du ferpentin pañle au-travers d’un trou fort jufte percé vers le bas du tonneau ; c’eft par cette extrémité que coule la liqueur diftillée dans des cruches ou pots de rafhnerie fervant de récipiens. … Lorfqu’il ne monte plus d’efprit dans le chapiteau, n délute les jointures du collet; &z après avoir vuidé fa chaudiere ; on la remplit de nouvelle grappe, & on recommence la diftillation , pour avoir une cer- taine quantité de premiere eau diftllée , laquelle étant foible , a befoin d’être repañlée une feconde fois à l’alembic. Par cette reétiñcation, elle acquiert beaucoup de limpidité & de force. Elle eft très-fpi- ritueufe ; mais pat le peu de précaution, elle con- tracte toujours de l’âcreté, & une odeur de cuir tan- né fort défagréable à ceux qui n’y font pas accoutu- més: Les Anglois de la Barbade diftillent le saffa avec plus de foin que nous ne faifons, Ils l’emploient avec de lalimonnade , pour en compofer le punch dont ils ufent fréquemment. Voyez PUuNcH. C’eft en- éore avec le saffia , mêlé des ingrédiens convenables, qu’ils compofent cette excellente liqueur connue fous le nom d'eau des Barbades, qui cependant eft beaucoup plus fine & bien meïlleure lorfqu’eile eft faite avec l’eau-de-vie de Coiïgnac, On emploie com- | TAG munément le r4ff4 pour frotter les membres froiflés, pour foulager les douleurs rhumatifmales. On ajoute quelquefois des huiles de frégate , de foldar, ou de ferpent tête-de-chien : fi on le mêle avec des jaunes d'œufs cruds & du baume de copahu un peu chaud, on en compoie un excellent digeftif propre à nettoyer les plaies. Quoique le fréquent ufage de l’eau-de-vie & des liqueurs fpiritueufes foit pernicieux à la fanté , on a remarqué que de toutes ces hqueurs le raffa étoit la moins malfaifante. Cela paroït démontré par lesex= cès qu’en font nos foldats &z nos negres , qui réfifte- roient moins long-tems à la malignité des eaux-de- vie qu’on fait en Europe. Arr, de M. LE ROMAIN. TAFILET , (Géog, mod.) royaume d'Afrique , en Barbarie, compris dans les états de Maroc. Il eft bor- né au nord par les royaumes de Fremecen & de Fez, au midi par le défert de Barbarie, au levant par le pays des Béréberes , 8 au couchant par les royau- mes de Fez, de Maroc & de Sus. On le divife en trois provinces, qui font Dras, Sara 8: Thuat. Les grandes chaleurs qu’il y fait, & les fables en rendent le terroir ftérile ; cependant il y éroît beaucoup de dattes. Ses principales villes font Tafilet, capitale, Sugulmefle, Timefcuit & Taragale, (D. J.) TAFILET, (Géog, mod.) ville d'Afrique, capitale du royaume, & fur une riviere demême nom. Elle eft peuplée d'environ deux mille béréberes, & fon terroir produit les meilleures dattes de Barbarie, Long. 16. 5. lat. 28.30.(D.1J.) TAFILET , riviere, (Géog. mod,) riviere d’Afrique dans la Barbarie, au royaume du même nom qu’elle traverfe, Elle a fa fource dans le mont Atlas, au pays des Sagars, & fe perd dans les fables-du Sara, ou de- fert de Barbarie. ( D. J.) \ TAFOE, (Géog. mod.) ou Tafou; province d’Afri- que, dans la Guinée proprement dite ,au royaume d'Akim, Vers le midi de cette province, eft la mou- ou de Tafou, où l’on prétend qu’il y a des mines of. TAFURES, (Géog, mod.) petite ville d’Afie, dans Archipel des Moluques, à 8olieues de Ternate. Elle a trois lieues de circuit, des palmiers, du coco, piu- fieurs autres fruits, un grand étang, Gc.enun mot, elle ef fertile, & néanmoins fort dépeuplée par les ravages qu'y commirent les Efpagnols en 1631, & dont elle n’a pu fe relever. (2. J.) TAGÆ, (Géog. anc.) ville de la Parthie aux con- fins de l’'Hyrcanie, près du fleuve Oxus , felon Poly- be, Z. X. n°.26, & {elon Sokin. TAGAMA , ( Géog, anc.) ville d'Afrique dans la Lybie intérieure, fur le bord du Niger, entre Vellé- gra & Panagra, felon Ptolomée, 2. 1F. c. vj. Elleaété épifcopale. TAGAOST , (Géog. mod.) ville d’Afrique, au royaume de Maroc, dans la province de Sus, à 20 lieues de la mer. Les Juifs qui s’y trouvent vivent dans un quartier {éparé, & y font un bon commerce. Long. 10. lar. 28,30. (D. J.) TAGASTE , (Géog. anc.) ville d’Afrique dans la Numidie, entre Hippone & Sicca-Veneria , ou com- me le marque l'itinéraire d’Antonin , fur la route d'Hippone à Carthage, entre Hippone &c Naraggara, à 53 milles de la premiere de ces villes, & à 25 de la feconde. Pline nomme Tagafle, Tageftenfe oppidum, C’étoit un fiege épifcopal, qui a fubfifté long-tems après les ruines de Carthage & d’Hippone. Cette ville a été encore célebre par [a naïffance deS. Auguftin, en l'an 354 de J. C, &c d’Alypiusfon bon ami , qui en devint évêque l’an 394. Tandis que S, Auguftin refutoit les Pélagiens avec La plu- me, Alypius obtint çontre eux de empereur Hono- | rius y T A G nus, les arrêts les plus féveres. Cefont ces arrêts ÿ, 1- s . 1 RUE dit le P. Maimbourg, qui exterminerent l’héréfie'pé- Jagienne de l'empire, parce qu’on chafla de leurs leges tous Les évêques qui ne voulurent pas foufcri- re à la condamnation impériale. Le P. Maimbourg goûtoit fort la converfion produite par le glaive; celle de la perfuañon n’eft-elle pas au contraire dans lefprit du Chriftianifme? Notre Sauveur n’en you- _loit point d'autre. (D.J) | 1 FAGAT , (Géog. mod.) montagne d'Afrique, au royaume de Fez, à 2 lieues au couchant de la ville de Fer. Elle ef fort longue & étroite : toute fa face du côté de Fez eft couverte de vignes ; mais de l’au- tre côté &r fur le fommet, ce font des terres laboura- bles. Les habitans de cette montagne font tous des gens de travail, & demeurent dans des hameaux. CHEB . TAGE, (Géog. mod.) ville de l'Arabie heureufe, ur la route de Moka, entre Manzéri & Manzuel, à 18 lieues de la premiere de ces villes. Celle-ci a quel- ques belles mofquées ; elle eft fermée de murs, & à un château pour la commander ou la défendre. TAGE, LE, (Géog. mod.) en latin Tagus ; grande riviere d'Efpagne, qui felon les anciens , rouloit des paillettes d'or avec fon fable, Taous auriferis arenis celebratur , dit Pline, Z. IF, c. xxij. Elle ne roule plus d'or aujourd’hui, mais-elle en porte beaucoup à l’'Ef pagne & au Portugal, par le commerce. . Ce fleuve a fa fource dans la partie orientale de la nouvelle Caftlle, aux confins du royaume d’Arra- gon. Il traverfe toute la Caftille de lorient À l’occi- dent, &c baigne T'olede : de-là il paffeà Almaraz & À Alcantara, dans l’Eftramadoure d'Efpagne, d’où en- trant dans l’Eftramadoure de Portugal, il lave San- taren , & va former un petit gclfe d’une lieue de lar- geur, qui fert de port à Lisbonne ; & deux lieues au- deffous il fe décharge dans l'Océan atlantique. La marée monte à Lisbonne ordinairement douze piés à pic, & plus de dix lieues en ayant vers fa fource. Le Camoens, dans fa Luffade ,apoftrophe ainfi les mymphes du Tage. « Nymphes, dit-il, fi jamais vous # m'avez infpiré des {ons doux & touchans , fi Jai »» Chanté les bords de votre aimable fleuve , don- # nez-mMmOi aujourd'hui des accens fiers & hardis! » Qu'ils aient la force & la clarté de votre cours | # Qu'ils foient purs comme vos ondes , & que dé- » formais le dieu des vers préfere vos eaux à celles # de la fontaine facrée »! Cette apoñtrophe eft charmante, quoiqw’elle ne renferme point le beau contrafte qui fe trouve dans celle de Denham à ia Tamife, comme le leeut en pourra juger en lifant le mor TAMISE. (D. J.) TAGERA , [ £ (Hif4 nat, Botan. exo.) cette lante croît aux Indes orientales dans les lieux {az Forme , dc s'éleve à la hauteur de trois ou quatre piés. Sa racine eft fbreufe & noirâtre ; fes tiges font rondes, ligneufes & vertes. Ses feuilles viennent par paires jur des pédicules courts ; elles font d'un verd-päle, liffes, larges, oblongues, émouflées per Ja pointe, & cannelées vers la queue, Ses fleurs ont a couleur & la figure de celles du faphora. Cette _plante eft le Jèna fpuria Malabarica, de l'Hort. Malab. K4 _TAGES , {, m. ( Mythologie. ) demi-dieu trouvé endormi fous une motte de terre , & reveillé par un laboureur avec le foc d’une charrue. On lui attribue d’avoir porté l’art de la divination en Etrurie ; c’eft- à qu'Ovide le fait naître de laterre, D’autres poëtes nous le donnent pour le fils du Génie, & petit fils de Jupiter, C’étoit un homme ob{cur , Mais qui fe ren- dit célebre , en enfeignant aux Etruriens l’art des arufpices qui fit fortune à Rome , & immortalifa le nom de l'inventeur ; d’où vient que Lucain dit : Puiffe l'art de Tagès écre un art captieux , Toner. ge TAG 831 Æt.soute ma feience un fonge fpécieux À (D.2) , TAGETES , f. m. ( Boran. ) Tournefort difhngué dix efpeces de ce genre de plante, nommée. par les Anglois she african marygold ; & par les François œillet-d'inde, L’efpece la plus grande à fleur double ; nommée tagetes maxiTnus , re@us, flore maximo > FrHUl- splicato, J._R, H. 488. pouffe À la hauteur d'environ trois piés une tige menue ; nouée , rameule , templie de moëlle blanche. Ses feuilles font femblables , en quelque maniere , à celles de fa taneñe , oblongues, pointues , dentelées en leurs bords , vertes , rangées - plufieursfur une côte terminée par une feule feuille, d’une odeur qui n’eft pas bien agréable ; fes fleurs naïflent feules fur chaque fommet de la tige & des branches , belles, radices » Tondes , &c quelquefois grofles comme le poing , compofées d’un amas de fleurons de couleur jaune dorée, foutenus fur un calice ohlong , ou formé en tuyau dentelé par le haut. Quand cette fleur eft tombée , il lui fuccede des femences longues, anguleufes , noires, conte- nues dans le calice, Cette plante nous vient de Catalogne. Quelques auteurs la recommandent dans la fupprefion des re- gles & des urines , tandis que d’autres prétendent que c’eft une plante dangereufe , ainf que toutes les elpeces d’œillets-d’Inde, Il eft vraiffemblable que le cagetes eft du nombre de ces plantes qui {ont vené- neufes dans un pays & falutaires dans un autre. On peut donc négliger celle-ci dans le nôtre » puifque Dodonée prétend avoir éprouvé , par plufieurs ex- périences , qu'elle devoit être mife au nombre des plantes nuifbles; mais il eft certain qu'elle fait un des ornemens de nos jardins par la beauté de fes fleurs , dont cependant l'odeur eft dangereufe. Miller vous en enfeignera la culture. ( D, J. TAGGAL , o4 TEGGAL, ( Géog. mod. ) ville des Indes, dans l'île de Java, fur la côte feptentrio- nale , vers le milieu de l'ile, entre Japara au levant, &t Tfiéribon au couchant. On y voit de vaftes cam- pagnes de ris, &les Hollandoïs y ont un fort, qui porte le nom de Taggel. Au midi de cette ville, eft in volcan , appellé par les mêmes Hollandois > Berg Taggal, (D.J.) TAGHMOND,( Géog. mod. ) petite-ville d'Ir- lande , dans la province de Leinfter, au comté de Wexford,, à fept milles à l’orient de Wexford. Elle envoye deux députés au parlement de Dublin. Lorp. 11. 10, latte, 52. 10, ( D. J, | TAGIOUAH » ( Géog. mod. ) ville du pays des Negres, qui confine À la partie occidentale de la Nubie. Cette ville donne fon nom à une province , dont les peuples font appellés Tagiouins , gens qui ne {ont attachés à aucune rehgion , c’eft à-dire, quine font ni juifs, n1 chrétiens, ni mufulmans. (D.J. TAGLIACOZZO , ( Géog. mod, ) petite ville d'I. take, au royaume de Naples, dans PAbruzze ulté- rieure , à huit milles au couchant du lac Célano, avec utre de duché. Quelques géographes ont avancé qu'elle a été bâtie des ruines de l’ancienne Carféol: mais outre que l’identité de lieu ne Sy rapporte PE , les reftes de Carféoli fe YOyÿoient encore dans e dernier fiecle dans une plaine Qui en conferva le nom., € qu'on appelle pizro di Carfoli , où eft un bourg nommé Carfoii. | Argoli ( André), néAT. agliaccozzo fur la fin du feizieme fiecle, publia en Médecine & en Aftrono. mie quelques ouvrages latins , qui lui valurent [a chaire de Padoue avec le titre de chevalier de faint Marc. Il mourut vers l'an 1655. (D. JT.) TAGOLANDA îLe, ( Géog. mod. )ile d’Afe À dans lArchipel des Moluques. Elle a fx lieues de tour , une bonne riviere, deux ports &t un volcan NNnann Se . E AT qui n'empêche point quelle ne foit fertile en pal- miers de coco, en ris, en fagou &c en fruits. (D. J.) TAGOMAGO ÎLE , ( Géog. mod.) petite ile pref- que ronde de la mer Méditerranée, près du cap le plus oriental de l’île d'Yvica. (2D,J,) TAGONIUS , ( Géop. anc.) riviere d'Efpagne, dont Plutarque parle dans la vie de Sertorius. C’eft aujourd’hui l'Héxarés , felon Amb. Morales. Les tra- duéteurs de Plutarque rendent Tagonius par le Tage. (D.J. C TACAOM , ( Géog. anc. ) nom que Varron, rei rufiic. L IL. c. v. donne à un cap de la Lufitanie , ap- pellé aujourd’hui sonte di Jinrra. ( D.J.) TAGUMADERT, ( Géog. mod.) ville d'Afrique , aux états du royaume de Maroc , dans le royaume de Tañlet, proche la riviere de Dras , avec un chä- teau fur une montagne, où on tient garnifon. Les en- virons de cette ville font fertiles en blé, en orge & en dattes. (D. J.) TAGUZGALPA., ( Géog. mod.) Wafer écrit Te- gugigalpa ; province de l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne; c’eft un petit pays aux confins de Guatimala & de Nigaragua , entre la ri- viere de Yairepa & celle de Défaguadéro. ( D.J.) TAHABERG , ( Géog. mod.) montagne de Sue- de, dans la province de Smaland, Elle efttrès-haute, & peut-être la montagne du monde oùilfe trouve le plus de fer. (D.J.) TAHNAH , ou TAHANAH ,( Géog. mod. ) ville du Zanguebar , au pays des Caffres. Elle eft fur la côte de Sofala , c’eft-à-dire , fur Le rivage de l'Océan éthiopique. ( D.J.) TAHON. Voyez TAON. TAJACU,, f. m. ( Hiff. mar, Zoolog. ) animal qua- drupede , auquel on a donné le nom de fzrglier du Mexique : en effet , il a beaucoup de reffemblance au fanglier & au cochon par la figure du cotps, de la tête, & même du groin. Il a le pié fourchu ; il eft couvert de piquans , qui ont plus de rapport aux pi- quans du hériflon, qu'aux foies du fanglier & du co- chon , & qui font en partie blanches ou fauves, & en partie noires ou brunes. Il y a au-deflus de la croupe un orifice qui communique au centre d’une grofle glande ; il en fort une liqueur qui a une odeur très-defagréable & très-forte : on l’a comparée à celle du mufc; c’eft pourquoi on a donné au sayacu lenom de porcus mofchiferus. TAJAMENTO , LE, ( Géog. mod.) en latin Tila- ventum majus ; riviere d'Italie dans le Frioul. Elle prend fa fource dans la partie orientale du pays qu’on appelle Cargua , arrofe plufieurs bourgs, recoit dans fon fein quelques rivieres, & va fe jetter dans le golfe de Venife, où elle forme à fon embouchure un petit port qui prend fon nom. TAJAOBA , f. m. ( Hifi. nat. Botan. ) plante du Bréfil qui a beaucoup de reflemblance avec les choux, mais à qui l’on attribue une vertu pulrgative. TA-JASSOU , f.m. ( Hifi. nat.) c’eft le nom que les habitans fauvages du Bréfil donnent à une efpece de fanglier , quia fur le dos une ouverture naturelle qui fert à la refpiration ; quant aux autres parties de cet animal, elles reflemblent parfaitement à celles de nos fanglers ; fes défenfes font tout auf dange- reufes, mais il en differe par {on cri, qui eft ef frayant. | TAIE, £. f. (Hift. nat. @ Chim.) crufla, Vefpece d’e- caille ou de coquille des cruftacées. Voyez CRUSTA- CÉE & SUBSTANCE ANIMALE. (b) TA1E, {. f. (maladie de Pœil. ) tache blanche qui fe forme à la cornée tranfparente. Voyez ALBUGO 6 LEUcOMA , termes que l’ufage a francifés. TArE , (Marechallerie.) mal qui vient aux yeux des chevaux. Îly à deux fo-tes de raies ; l’une eft une ef- pece de nuage qui couvre l'œil; l’autre unetache ron- PAT ” dé, épaïfle & blanche, qui fe forme fur la prunelles On appelle cette aie la perle, parce qu’elle lu reflems ble en quelque façon. Ces maux peuvent venir d’un coup, ou d’une fluxion, & ne font autre chofe que des concrétions d'une lymphe épaiflie fur la cornée, On les difline en mettant fur la saie de la poudre de fente de lézard jufqu'à guérifon , ou de la couperofe blanche , fucre candi , &tutie , parties égales , où du iucre. TAIF, (Géog. mod. ) petite ville de PArabie , au midi de la montagne deGazouan, Son terroir, quoi- que le plus froid de tout le pays d’Hégiaz, abonde en fruits. Tor TAHBL, m. (if. nar. Zool.) rom d’un animal d'Amérique décrit par Marggrave &c par d’autres au< teurs, qui nous le donnent pour être le mâle de l’o+ poflum. Les Portugais appellent cet animal cachorra de malo, & les Hollandoïs ofthratte. Son corps eft alongé ; fa tête eft faite comme celle du renard ; fon nez eft pointu , & fes mouftaches font comme celles du chat. Ila les yeux noirs, fortant de la tête ; les oreilles fontarrondies , tendres, douces & blanches. La queue a des poils blancs près de fon infertion, en- fuite de noirs , & en eft dénuée au bout , où elle eft couverte d’une peau femblable à celle d’un ferpent, TAIKI, fm. (Æ/ff, mod.) c’eft ainfi qu’on nomme chez les Tartares monguls, Les chefs qui comman- dent à chaque horde ou tribu de ces peuples, La dis nité de taiki efthéréditaire , &c pale toujours à Pai= né des fils. [n’y a point dedifférence entreceschefs, finon celle qui réfulte du nombre des familles qu’ils. ont fous leurs ordres. Ces chefs font foumis à un kan dont ils font les vaflaux, les confeillers & les officiers généraux. Tar-xi, (Hiff. mod. Philofophie.) ce mot en chinois fignifie le faire d'une maifon. Une feéte de philofo- phes de la Chine, appellée Za fééfe des ju-kiau , {e fert de ce mot pour défigner Etre fuprème , ou la caufe premiere de toutesles produétions de la nature. Voyez Ju-KIAU. TAIL , fe dit dans l'Ecriture, d'une plume que l’on prépare avec le camfà tracer des caraéteres quelcon- ques. Pour le faire comme il faut , mettez le tuyau de la plume fur le doigt du milieu gauche, rournez-la du côté de fon dos ; faites une légere ouverture à l'extrémité, retournez-la enfuite fur fon ventre, fur lequel vous ouvrirez un grand sail ; de-là fur le dos, pour commencer une fente entre les deux angles de la plume , en mettant perpendiculairement l’extré- mité de la lame du caniffous le milieu de ces angles; pour faire une ouverture nette & proportionnée à la fermeté ou à la molleffe de la plume , tenez le pouce gauche fermement appuyéfur l’endroit où vous vou lez terminer la fente ; enfuite inférez l’extrémité du manche du canif , qui par un petit mouvement de coude, maïs vif, achevera la fente: cela fait, remettez la plume fur fon ventre, pour en formerle bec, que vous déchargerez proportionnément à fa foiblefle ow À fa fermeté: le bec étant décharge, & le grand sal .&c les angles formés commeil convient , felon le vo- lume oule ftyle que vous voulez donner à votre ca= raGere , inférez une autre plume dans celle dont vous voulez achever le bec ; coupez légerement le deflus de fon extrémité, le canif horifontal du côté de la plume. Enfin pour donner à la plume le dernier coup , coupez le bec vivement, obliquement pourle caractere régulier , & également pour l'expédition, Voyez les Planches. TAILLABLE, adj. ( Gramm. Gouvern. G Polit. } qui eft fujet à la taille. Voyez Taie. TAILLADE , £. f. (Gramm.) grande coupure. On portoit autrefois des fabots à sai/lades , c’eft-à-dire ouverts en plufeurs endroits par de grandes cou: pures, | aus TA TAILLADIN, f m, en Confifèñe, fe dit de petites bandes de la chair de citron où d'orange, &c. fen-. dues extrèmement munces, een longueur comme des lardons, airs iÉ | _ TAILLANDERIE, £ £ ( Fabrique deifer.) la rail- landerie défigne ou l’art de fabriquer les ouvrages de fer, ou les ouvrages mêmes que font les taillandiers. L'on peut réduire à quatre clafles les ouvrages de taillanderie; favoir les œuvres blanches, la vrillerie, la srofferie , êtles ouvrages de fer blanc & noir. Les œuvres blanches font proprement les gros ou- vrages de fer tranchant & coupant qui s’aiguifent fur la meule, & qui fervent aux charpentiers, charrons, menurfets , tonneliers , jardiniers, bouchers , 6e, La claffe de la yrillerie | ainfi nommée des vrilles À comprend tous les menus ouvrages & outils de fer & d'acier qui fervent aux orfevres, graveurs , fculp- teurs, armuriers , tabletiers, épingliers | ébéniftes, Éc. LE | Dans la claffe de la grofferiefont tous les plus gros ouvrages de fer qui fervent particulierement dans le ménage de la cuifine, comme toutes fortes de cré- maillers, poëles , poëlons , lichefrites, marmites À chenets de fer, feux de cuifine & de chambre , Chau- dron, chäine, chaînon., &c.'C’eft auffi dans la grof- ferie qu'on met les piliers de boutique ; les pinces, éouprets à paveurs , valet & fergent des menuifers , toutes les efpeces de marteaux de maçons les fers de poulies & autres femblables. | Enfin , la quatrieme clafle comprend tous les ou- vrages quife peuvent fabriquer en fer blanc & noir par les taillandiers-ferblantiers ; comme des plats; af fettes , flambeaux, rapes, lampes , plaques de tole, chandeliers d’écurie, & quantité d’autres. La saillanderieeft comprife dans ce qu'on nomme guinquarllerte ; qui fait une des principales parties du négoce de la mercerie, (D. J.) TAILLANDIER, £ m. (Corps d’onvriers.) artifan qui travaille aux ouvrages de taillanderie. La com- munauté des Taïllandiers de Paris, eft très-confidé- rable , & l'on peut dire qu'il y a en quelque forte quatre communautés réumiés en une feule. Les mai- tres dé cette communauté font qualifiés Taillandiers en œuvres blanches, groffiers, vrilliers, tailleurs de Times, & ouvriers en fer blanc & noir. La qualité de maitre Tuillandier et commune à tousles maî- tres ; les autres qualités fans divifer la communauté, fe partagent entre quatre efpeces d'ouvriers, qui Tont les Tasllandiers travaillans en œuvres blanches ÿ les Traillandiers grofhers ; les Tuillandiers vrilliers : tailleuts de limes ; & les Taillandiers ouvriers en fer blanc & noir. Savary. (D.J.) TAILLANT , f. m. ( 4rr méchanig. ) c’eft le.côté tranchant de tout inftrument , propre à divifer & à couper. pen dé | TAILLANS , ( Groffes forges. ) on appelle raillans , les parties tranchantes de la machine appellée r14- chine à fendre, | | | TAILLAR, CAP , (Géog. mod.) cap de France fut la côte de Provence, dans le golfe de Gènes, entre Aïguebonne & le cap Lardier. TAILLE DES ARBRES; c'eft l'art de les difpofer & de les conduire, pour en tirer plus d'utilité ou plus d'agrément. C’eft le talent primitif qui doit con- füituer habileté du jardinier ; c’eft l’opération la plus eflentielle pour foutenir la fécondité & pour amener lembelliflement ; c’eft, en un mot ; le chef-d'œuvre du jardinage. On n’a guere écrit juiqu’à préfent. que fur la salle des arbres fruitiers ; il eft vrai que c’eft la forte d'arbre qui exige le plus d’être oi gnée; mais tous les autres arbres n’ont pas moins befoin de cet: : te culture relativement aux différens partis qu’on fe propofe d’en tirer. Il eft donc également indifpenfa- ble d’être inftruit de La site qui eft néceflaire aux _ dom x" er , TAT 833 arbres go éleye dans les pepinières; à Ceux quë lon eft dans le cas de tran{planter, foit pour Les cou: per en tête, foit pour tailler les racines ; aux atbrif- _ {eaux pour les former, & aux grimpans pour les di- = riger. Il ne faut pas moins être verfé dans ta taille Ou sonte des palifiades ; des portiques & des alléex couvertes; des avenues & des grandes allées. Il efr encore intéreffant de favoir, de quelle Conféquence ileft de receper & d’élaguer les arbres toujours verds Gt les femis de bois. Enfin, il'eft à-propos de con noître dans certains cas les avantages qu'on peut ef. pérer de la serlle, & les inconvéniens qu'on en doit craindre, | Ce genre de culture devant s’étgndre À toutes les fortes d'arbres & arbrifleaux que l’on cultive, pou l'utilité ou pour lasrèment , il fudroit entrer dans des détails infinis pour expliquer-fa seille qui con- vient à chaque elpece ; mais comme on pourra re: courir à l'aricle de chaque arbre pour s’en inftruiré plus particuliérement ; on fe contentera de donnet ici des régles générales qui puiffent s'appliquer aux différentes claïfes d’arbres qui font l’objet de la divi: fion fuivante, Fa) à Taille des arbres fruitiers. Ones diftingue en fruits à pepin &c fruits à noyau ; la taille Qui convient aux premiers eit différente à plufieurs égards, de cellé qui eft propre aux autres ; la saiMe des fruits À pepin eft moins difficile , moins importante , moins indif. penfable que celle des fruits à noyau. Les arbres fruitiers à pepin fe cicatrifent plus aïfément que ceux à noyau, font plus robuftés, fe prêtent plus volon: tiers à la figure qu’on veut leur donner > & peuvent fe réparer avec plus de fuccès , lorfqw’on les a néoli- gés pendant quelques années ; maïs les fruitiers à noyau croïfient plus promptement, font plus préco- ces pour la fleur, donnent plutôt du fruit & en plus grande quantité que les arbres à pepin : d’où il fuit qu’il faut s'attacher à reftraindre les fruits à noyari êt à difpofer à fruit ceux à pepin ; que lon doit beaucoup plus foïgner les premiers que ces derniers, ët que les meilleures expoñitions doivent être defti nées aux fruits à noyau. La premiere notion de la saifle des arbres fruitiers conduit à diftinguer cinq fortes de branches ; 1°, les Branches 4 bois , font celles qui doivént contribuer à l’arrangement de la forme qu'on veut donner à l’ar- bre. Son âge, fa force, fa figure, & le fujet für le_ quel :l a èté greffé ; doivent décider chaque année du retranchement à faire. 2°, Les branches chiffon- nes, ont de menus rejettons qui ne peuvent don- ner de fruit & qui n'étant pas néceflaires pour la par. niture de l'arbre , doivent être füpprimées. 3°, Les branches de faux bois, font des rejettons élancés, dont les yeux font plats & éloignés, & qu’on peut fuppri- mer comme inutiles. 4°, Les branches gourmandes , font de gros & puiffans réjettons qui ont pris tout-à- coup naïflance fur les fortes branches de bois » & qu’il faut abfolument retrancher , à Moiñs qu'ils ne fuflent propres à garnir une place vuide. s .Enfin, les Branches à fruir font petites, aflez Courtes, par- nies d'yeux gros & ferrés ; on accourcit celles qui font trop longues, 8 même sil y en a des fuperflues on les fupprime. Deux chofesenfuite à obfetver, 1°. de Couper fort près de la branche les rejettons qu'on veut fupprimer en entier ; 2°. de couper près de l'œil & en talus les. branches qu’on ne veutretrancher qu’en partie, & de conferver par préférence l’œil tourné du côté où l’on, veut que la nouvelle pouffe puiffe fe diriger. Après cela, toute l’adreffe de la saille peut fe ré duire à trois points; propreté, économie, prévoyan: ce, Par la propreié, ‘on entend la belle forme de l’ar- bre &t l’agrément qui'doit réfulter du retranchement de tout ce qui peut jetter de la confufion & de l’inc> | NNnan ji 034 T AI galité. L'économie confifte à ménager également la féve , en taillant plus long ou plus court, felon que les arbres font foibles ou vigoureux. Dans ce der- nier cas même, on peut sailler court en laiffant beau- coup de branches capables de divifer la féve ; car c’eft en raifon de fa marche qu'il faut diriger toute l'opération ; d’où1l arrive quelquefois que dans cette vûe , il y a des parties de Parbre que l’on ne caille point du-tout. La prévoyance n’eft pas moins nécef- faire ; elle confifte à juger par avance du fort des branches , à difpofer celles qui doivent donner du fruit, à ménager des reflources pour remplir les vui- des, &c à conferver tout ce qui doit foutenir la per- fe&tion de la forme, quand même Le produit devroit en fouifrir. Les arbres fruitiers fe cultivent ordinairement fous quatre formes différentes ; en arbres de tiges, en buiffon , en efpalier , & en contrefpalier : 1l faut peu d'art pour la faille des arbres de tiges , ou de plein vent; fur-tout fi ce font des fruitiers à pepin. Tout- au-plus doit-on prendre foin dans les commence- mens de façonner leur tête, afin de les difpofer pour toujours à une forme agréable. Mais les fruitiers à noyau étant plus fujets à fe lancer , exigent une at- tention plus fuivie pour contribuer à leur durée, au moyen d’un retranchement bien ménagé. L’art con- fifte ici à divifer la féve, fans trop lui couper che- min; car dans ce dernier cas, elle s’extravafe &z fe tourne en un fuc glutineux que l’on appelle gomme, & cette gomme eft pour les arbres à noyau un fléau qui les fait périr immanquablement. Du refte , la caille des fruitiers de plein vent, tant à pepin qu’à noyau, confifte à retrancher le bois mort, croifé ou fuperflu , & à raccourcir les branches qui tombent trop bas ou qui s’élancent trop fur les côtés. La salle des fruitiers en bxiffon, confifte à les former fur une tige très-bafle , à les difpofer en rond, à les bien évi- der par le milieu en maniere de vafe,, à les tenir éga- lement épais & garnis dans leur contour, & à ne les laifler s'élever qu’à la hauteur de 6 ou 7 piés. La taille des arbres fruitiers en e/palier eft plus d'ficile ; cette forme exige des foins fuivis, une culture en- tendue & beaucoup d’art pour en tirer autant d’agré- ment que de produit; c’eft Le point qui décelle li- gnorance des mauvais jardiniers, & c’eft le chef- _ d'œuvre de ceux qui ont aflez d’habileté pour accor- der la contrainte que l’on impofe à l'arbre , avec le produit qu'on en attend. Les fruits à pepin y con- viennent moins que ceux à noyau, dont quelques efpeces y réuffflent mieux que fous aucune autre forme. Un arbre en efpalier doit avoir une demi-ti- ge, s’il eft deftine à garnir le haut de la muraille, & n’en avoir prefque point s’il doit occuper le bas: il faut enfuite leur donner une forme qui en fe rappro- chant Le plus qu’il foit poffible de la façon dont les arbres prennent naturellement leur croifflance , foit autant agréable à œil, que favorable à la produé&tion du fruit. La figure d’une main ouverte ou d’un éven- tail déplié, a paru la plus propre à remplir ces deux objets. L’attention principale, eft que l'arbre foit éga- lement garni de branches fur Les côtés pour forcer La féve à fe divifer également ; on retranche celles qui font mortes, chiffonnes, fuperflues & mal pla- cées, toujours eu égard à agrément & au produit. On accourcit les branches qui doivent refter , felon l’âge de l'arbre, fa force, fon étendue & la qualité de fon fruit. Les arbres en contrefpalier exigent à- peu-près la même saille, on les conduit & on les cul- tive de même, fi ce n’eft que l’on ne permet pas aux fruitiers en contr'efpalier de s’élever autant que ceux en efpalier, & que ceux-ci ne préfentent qu'une face, au lieu que les autres en ont deux. Taille des arbres en pépiniere. Cette forte de culture #emande également des attentions & des ménage- Del mens. On plante les jeunes arbres en pépiniere après qu’on les a multipliés de sraïîne, de boutures , ou de branches couchées. Ceux venus de graine fe plantent à différens âges, depuis un an jufqu’à trois ou qua- tre, felon leur force ou leurs efpeces. Il y en a quel- ques-unes privilégiées en ce point, c’eft qu’on ne leur doit jamais couper la cime. Tels font le frêne , le châtaignier , le marronnier d'inde, le noyer , le pin, le bonduc, le tulipier, &c. on les altéreroit, on les retarderoit, & en un mot, on leur nuiroit beaucoup fi on en ufoit autrement. Le commun de tous les au- tres arbres fe traite différemment. Il faut couper leur tige jufqu'à deux ou trois yeux au-déflus du ni- veau de laterre; on doit aufli retrancher de moitié les racines pivotantes de tout arbre quelconque, & réduire les autres racines à-proportion de leur lon- gueur. On en ufe ä-peu-près de même pour la taille des jeunes plants venus de bouture , de branches couchées, ou de rejettons. S'ils ont de la force & de bonnes racines on peut fe contenter de réduire feulement leurs branches latérales à deux ou trois yeux. Dans les années qui fuivront la plantation en pépiniere, il faudra chaque année les tailler au prin- tems , mais avec un grand ménagement, qui con fifte à ne jamais retrancher les branches en entier êt feulement peu-à-peu , à mefure que l'arbre prend affez de corps pour fe défendre de lui-même des vents impétueux, & fe foutenir contre le poids de la pluie. C’eft ce qu’on ne fauroit trop recommander aux jar- diniers pépimieriftes ; car c’eft en quoi ils péchent principalement. Leur attention du refte doit fe por- ter à former des arbres d’une tige unie, proportion- née & bien droite. Quand aux plants qui s’y refu- {ent en devenant tortus, raffaux , défe@tueux ou lan- guiffans ; le meilleur expédient eft fouvent de le cou- per au pié. Taille des arbres que lon fe propofe de tranfblanter. C’eft la forte de saille que l’on pratique avec le moins d'attention , & qui en mérite le plus : car c’eft de-là que dépend fouvent tout l'agrément d’une planta- tion. Prefque tous les jardiniers ont la fureur de couper à fept piés de hauteur tous les arbres qu'ils tranfplantent. Il femble que ce foit un point abfolu au-delà duquel la nature doive fe trouver dans l’é-- puifement. Ils ne voient pas que cette vieille rou- tine de planter des arbres fi eourts, retarde beaucoup leur accroifflement, & les prépare à une défe&uofité qui n’eft que trop fouvent irréparable. Des arbres ainfi rabattus , font prefque toujours, à l’endroit de la coupe , un genouil difforme d’un afpe& très-défa- gréable ; on ne peut prévenir ce défaut qu’en laif- fant au-moins douze piés de tige aux arbres deftinés pour des allées, des avenues , des quinconces, &c. On laifle croître pendant quelques années les rejet- tons qu’ils ont pouflés au-deflous des dix premiers prés, enfuite on les élague peu-à-peu pour neleur laifler que les principales tiges qui s’élancent à la cime. C’eftainf qu'on en peut jouir promptement, & qu’on leur voit faire des progrès toujours accompagnés d'agrément, Taille ou tonte des palliffades. Quand on n’a pas employé des plantes d’une bonne hauteur pour for- mer des palliflades , il faut de grands foins pour les conduire & les traiter dans les commencemens. On doit plus s'occuper pendant les deux premieres an- nées à les dreffer & à les diriger, qu’à y faire du re- franchement. La tonte au croiflant ne doit suere commencer qu'à la troifieme année. Leur grande beauté eft d’avoir peu d’épaifleur ; mais comme elles s’épafiffent toujours en vieilliflant ,1l faut alors for- cer latonte jufqu’à deux ou trois pouces près du tronc. Cette opération fait poufler de nouveau branchage qui renouvelle la palliffade , & la remet à fa jufte épaifleur. Si maloré ce retranchement elle fe trouve dégarnie dans le bas, la derniere reflource fera de la rabaïler de quelques piés en-deflus. Ceci fe doit faire au printems ; & la tonte ordinaire après la premiere feve , dans le commencement de Juillet. _ Taille ou élagage des avenues & des allées. L’ufage ft pour les avenues & les orandes allées de laïtler : Mmiônter les arbres tant que leur vigueur peut y four- » ai mir, La grande éleyation en fait la principale beauté. Quant aux allées de médiocre étendue , on fe déter- * mine quelquefois à les arrêter par le haut pour les faire garnir, pour leur donner plus de régularité, ou plutôt pour ménager les vues des bâtimens qw’elles avoïfinent : mais le point principal eft de donner aux avenues & aux allées la forme d’un berceau, foit à une hauteur moyenne , {oit à une grande élevation, fuivant la nature de l'arbre & la qualité du terrein. On ne peut y parvenir avec fuccès qu’en sy prenant de bonne heure , afin de n’être pas obligé de fuppri- mer de grofles branches qui laiffent du vuide, ou dont le retranchement endommage fouvent les arbres. Pendant les 3 ou 4 premieres années de la pläntation, on ne doit s'attacher qu’à retrancher les rejettons inutiles , à fimplifier la tête des arbres, & à diriger les maïtrefles branches qui peuvent garnir la ligne, ou qui doivent prendre de l’élevation. Après ce tems on fera tous les ans au printems une tonte au croif- fant des branches qui prennent leur dire@ion , foit en-dedans de l’allée, foit en-dehors ; d’abord à en- viron un demi-pié du tronc des arbres. Enfuite on fe relâche peu-à-peu de cette précifion, afin d'éviter le chuffonnage des branches. Le but doit être ici de former une forte de palliflade fur de 8 à ro piés d’éle- vation. On fera bien de ne difcontinuer ce foin de culture que quand la plantation aura 20 ans. C’eft le tems où Les arbres auront pris leur force ; on pourra leur permettre alors d'étendre leurs branches fupé- rieures pour faire du couvert, & il fufhra d’y donner un coup de main tous les trois ans pour entretenir les premieres difpofitions, & donner faveur à tout ce qui peut procurer de l'ombre & former un afpe& agréable. | Taille des arbres toujours verds. On'doit pour cette culture diftinguer fpécialement les arbes réfineux qui demandent plusdeprécautionquelesautres arbrestou: joursverds,pour lesretranchemens qu’on eft obligé de faire, foit dans leur premiere éducation , ou lorf- au’on veut leur donner une forme réguliere à mefure qu'il avancent en âge. Si l’on veut leur faire une tète, il ne faut couper les branches que peu-à-peu;, & avoir attention de laifler {ur l’arbre plus de rameaux que lon n’en retranche ; & comme la plpart de ces ar- bres réfineux par la régularité de leur croiffance pouflent plufeurs branches rafflemblées au-tour de la tige dans un même point circulaire , enforte qu’elles fe touchent à leur infertion ; ilne faut fupprimer ces branches qu’alrernativement. Parce que fi onles ôtoit toutes à-la-fois , cela formeroit une plaie au-tour de la tige , d’où1l réfulteroit le même inconvenient, que f: on avoit enlevé une zone d’écorce,& on fait le tort que cette opération fait à un arbre. Üne autre ob- fervation importante , c’eft que Les arbres réfineux qui ont été coupés au pié à quelqu’âge que ce foit, ne repouflent prefque jamais , à-moins qu'il ne foit refté à leur pié quelques rameaux de verdure; encore cela fouffre-t-1l des exceptions. Mais il n’y à nul rif- que à les étêter légerement , fi ce n’eft de mettre en retard leuraccroiffement, parce que la plus vivedes branches voifines de la coupure fe: dreffe naturelle- ment. Du refte on peut tailler & tondre ces arbres; & les reftreindre à la régularité autant que l’on veut, pourvu que lonneretranche que partie des rameaux, & qu'il en refte plus fur l'arbre que l’on n’en aura en- levé ; exception faite des arbres réfineux, les autres toujours verds fe conduifent pour la taille ou la ton- te, Comme ceux qui quittent leurs feuilles, Le mois 1 À Î 935 de feptembre eft le moment le plus propre à cette opération pour tous les arbres verds. Alors leur {eve n'eft plus en mouvement , les plaies ont le tems de s’afflermir avant l’hiver, &on les difpofe pour cette faifon , qui eff celle de leur agrément. Récépage & élasage des fermis de bois, Le récépage eft l'opération la plus profitable dont-on puiffe faire ufase pour accélerer laccroiflement des jeunes femis. On ne peut même guere s’en difpenfer , que quand le femis a été fait dans un excellent terrein, ou que fi c’eft dans un fol de médiocre qualité, on a con- tribué au fuccès par des foins de culture. Mais fi dans un terrein quelconque les jeunes plants fe trouvent foibles, languiffans, de bafle venue , même dépé- riflant, commeil arrive quelquefois, 1l faut les réce- . perau-bout de quatre à cingans ; c’eft Punique moyen de les remettre en vigueur, & d’exciter leur accroif- fement de façon que la plüpart pouflent dès la pre- miere année des rejettons auf élevés qu’étoient les tiges récepées. Si après cette premiere opération on apperçoit encore quelque langeur, il faudra la re- commencer au-bout de quatre ans. C’eft encore un expédient propre à remédier au fléau d’une forte gré- le, au dégât des grands hivers, & aux dégradations du bétail. Mais on peut mettre en queftion s’il eft utile d’élaguer Les femis de bois. Cette forte de cul- ture, encore peu mie en ufage, n’a pas non-plus montré de grands fuccès jufqu’à préfent, On retarde les jeunes arbres en leur retranchant des branches entières; 1l faudroit donc les conduire comme les plans des pépimieres, ce qui n’eft pas plus propofa- ble qu'une culture complette. Avantages & inconveniens de La taille, On tire avan- tage de la taille lorfqw’elle à été faite avec ména- gement, qu'elle a été fuivie avec exaditude, & qu’= elle a été appliquée avec intelligence, Ce foin de culture accélere la jouiffance, prolonge la durée & conftitue l’agrément fous toutes les différentes for- mes dont les arbres font fufceptibles. C’eft le plus grand moyen qu’on puifle employer pour remettre en vigueur les arbres languiffans,pour donner de la force à ceux qui fe chiffonnent & s'arrêtent dans des terreins de mauvaife qualité, pour hâter le progrès de tous les arbres en général, & leur faire prendre des belles tiges. Il peut réfulter au-contraire les plus grands inconvéniens d’une sai//e forcée, ou népligée, ou mal entendue. Par une rai/e forcée ôn entend le retranchement quiaété fait tout-à-la-fois de plufieurs branches entières fur un même arbre. Cette culture mal-adroite & précipitée affoiblit l'arbre, amaigrit la tige &t retarde confidérablement fa croiflance. Une. taille négligée peut quelquefois fe reparer fous une main habile; mais quand elle a été mal appliquée, il eft bien plus difficile d'y remédier. Arricle de M. DAUBENTON , fubdélégue. Nous allons ajouter à ces généralités , le précis fur la nouvelle sai/Ze des arbres , fuivant la méthode de Montreuil , proche de Vincennes, par le fieur abbé Roger Schabot. Ce précis eft extrait de l’ou- vrage que cet auteur eft fur le point de donner au public, qui a pour titre la shéorie G La pratique du Jardinage , d'après la phyfique des végétaux. L. M. de la Quintimie parlant de la zaille des arbres, dit, vott le monde coupe , mais peu Javent tailler. La taille des arbres eft contre nature. Ils ne furent point faits originairement pour être troublés & arrêtés dans leur aétion de végéter, & par conféquent pour être coupés, tailladés, racourcis, élagués, ébottés & tourmentés en mille & millemaniere. Ces opérations. toujours douloureufes pour eux-dans un fens , & ces incifions dérangent à coup für,& troublent l’ordre & le mécanifme de leurs parties organiques ; elles déran- gent auffi la circulation & le mouvement de la feve, a.qui on fait prendre un cours tout oppolé à cekui 836 TAN qui eft réglé par la nature. Ainfi donc en abattant toutes les branches du devant & du derriere d’un arbre en-efpalier , réduifant un arbre en buiflon , en lui faifant prendre uneforme évafée horifontalement, ou bien encore en réduifant les branches de tout ar- bre que ce puiffe être à une certaine longueur feu- lement: enfin.en les fupprimant les unes ou les au- tres, on force la feve qui alloit vers ces branchés, ou taillées ou fupprimées , de fe porter déformais vers celles qui reftent, & à poufler de nouvelles branches , à la place de celles qu’on luiravit. Les arbres des forêts & ceux de la plüpart des vergers ne font point taillés; des uns & des autres la feule nature prend-foin. Cette fage mere pourvoit à leur renouvellement par quantité de moyens qu'il feroit trop long de rapporter ici. 12, II, Les feules maîtres & les modeles les plus par- faits que nous ayons pour lasar/le,, ainfi que pour la culture des arbres , font Les gens de Montreuil, pro- che de Paris, au-deffus de Vincennes. Là eft unnom- mé Pepin, le plus expert, fans contredit pour la taille 8t le régime des arbres de toute nature, pour les raïfins chaflelas 8 pour tout ce qui eft du reflort de l’agriculture jardiniere. Leurs altefles madame la Princefle de Conti &cle prince fon fils, ont fait l’hon- neur à ce grand agriculteur de vifiter fes arbres ; ils ont été émerveillés de leur vafte étendue , ainfi que de la beauté & de la quantité des fruits, Jamais les Girardots , qui furent en leurs tems fi renommés, & les copiftes de Montreuil, ne pouflerent f loin la capacité & la perfeétion en ce genre. ee Il eft néceffaire de dire ici, que tous les jardiniers vulgaires qui s’ingerent de parler de Montreuil, n’en favent pas Le premier mot, pas davantage que l’auteur du sraité de la culture des pêchers, le plus novi- ce detous, tant pour les arbres , que pour ce qui concerne le travail de Montreuil. Il eft dans les ha- bitans de ce lieu un goût inné, & une phyfique inf trumentale & expérimentale pour la saille 6c la cul- ture des arbres , qui font tels qu'il n’y a que ceux qui font initiés aux grands myfteres de la vépération, qui puiflent y connoître quoique ce foit; c’eft l'al- coran pour tous lesautres, … I LI. On doit confidérer principalement deux cho- {es dans la saille des arbres; favoir le matériel & le formel. Le premier confifte dans laéon dela slle, quieft de racourcir 8 d'amputer les branches,ce pour- quoi 1l ne faut que des bras & un infirument en main. Le deuxieme eft le modus ou l'art , linduftrie, le goût, l’ordre & la méthode de racourcir & d’am- puter ; ce point eft l’art des arts. On.peche , quant à lation detaillerles arbres , en quantité de manieres. Jettez les yeux fur tous Les ar- bres de tous Les jardins. Qw’apperçoit-on autre chofe que des chicots, des argots, des onglets, des bois morts ,.des moufles, des galles, de vieilles gommes cariant les arbres de fruit à noyau, des chancres,, de vieilles plaies non recouvertes & defléchées , des faux bois , des branches chifonnes, à quoi ajoutezles eoupes. défectueufes ? . Le plus grand nombre des jardiniers eft tellement accoutumé à voir toutes ces chofes, qu'ils ne les apperçoivent point , & le commun des hommes qui ne s’y connoit pas, n’y prend point garde. Mais pour donner une idée de toutes ces chofes 4 qui font la {ource delaruine & de l’infécondité des arbres: voici en abregé ce qu’elles font. Chicots. On appelle ainfi les reftes des branches, | foit mortes, foit vivantes, qui au lieu d’être coupées près de l'écorce, ont été lafées de la longueur d’un pouce plus où moins ; &c jamais la feve ne peut re- couvrir ces reliquats de branches , qui en. mourant, caufent une forte de gangrene horifontalement à toutes les parties voifines. La figure les repréfente. T'AT Les argots : alez communément onles confond, & néanmoins ce font chofes fort différentes. Les argots font un talus en forme de ce qu’on appelle courçons en Jardinage , lefquels au lieu de couper tout près, on laifle aux arbres , par négligence , par inadver: tence ou par parefle , ainfi que les précédens, & ils produifent les mêmes effets. | Les ‘onglets. Onglet en terme de Jardinage , éft cette partie qui eft à Pextrémité de la salle, laquelle au lieu de couper à environ une ligne près de l’œil ou bouton de la branche, on coupe à une ligne, où une ligne & demi au-deflus. On les appelle ozglers ; à caule qu'ils imitent la faillie de nos ongles ,'qui dé- bordent les chairs de nos doites ; les Jardiniers difent qu’ils les rabattront l’année fuivante à la zaille ; mais outre qu'ils ne le font point, ce font deux plaies pour une. DA Il eft un autre excès, qui eff de couper tout rafi- : bus de l’œ1l pour éviterles onglets: alors on court rique de faire avorter l’œil. Il eft un milieu , c’eft la coupe faite à environ une demi-ligne , au-deffus de l'œil, comme le prefcrit M. de la Quintinie, & Ja plaie fe recouvre promptement. Voici la forme des onglets & celle de la saz//e faite dans les regles, On les met ici en parallele , afin.de pouvoir juger des uns & de l’autre. Les bois morts. Ilne font autres que des branches feches , foit grofles, foit petites , foit moyennes, que par inaftention , par impéritie ou ignorance, par parefle & de propos délibéré, les Jardiniers laiflent fur les arbres durant des tems confidérables. Tou- jours ils doivent les ôter, fi on leur en parle , & ja- mais ne les Ôtent. On n’a que faire de s’efforcer de montrer le tort que la préfence des boïs morts fait aux arbres, Il n’eft ici queftion que de celles qu’il eff ä-propos de couper, foit d'hiver , foit au printems, &t non de certaines grofles branches qui meurent durant l’été. Celles-là on les abat jufqu’à une certaine longueur, & ce qui refte on le couvre au paliflage avec quelque rameau verd du voifinage , & lors de l’hiver onles coupe , mais 1l faut les couper jufqu’au vif, afin que la {eve puifle recouvrir la plaie ; & quand ce font de grofles branches, il faut y appli quer l’emplâtre d’onguent faint fiacre ; favoir de la bouze de vache , ou du terreau gras, ou de la bonne terre qu'on enveloppe avec quelque chifon & de Po fier pour le tenir: par ce moyen la plaie fe recou- vre promptement, &n’eft point fujette à être deflé= chée par l’air , ni incommodée par les humidités, I'eft néceffaire de dire 1c1, que tous les onGueux de quelque nature qu’ils foient ; ne valent rien pour les arbres ; tels que le vieux-oing ,les vieux beures; la cire toute fimple ou compofée , qu’on applique fur les plaies des orangers & autres femblables, On ne donneici aucune raifonphyfique ; mais on s’en tientà Pexpérience. Mettezfur la plaie d’un oranger ou de toutautrearbre, dela cire ou des autresonétueux uf: tés pour empêcher les chenilles & les fourmis d’y monter. Mettez également de la bouze de vache fur une plaie du même arbre, laquelle fera femblable en tout à l’autre ; la premiere eft communément 3 ans à cicatrifer pleinement , & fouvent 4,5, & 6, au lieu que la derniere n’eft qu’un an ou deux au plus. Il n’eft pas néceflaire de dire ici quAl faut fcier ces bois morts, & qu'après avoirfcié, on doit unir avec la ferpette , non pas parce que fuivant le dire des Jardiniers , la fcie brûle; mais pour ôter les peti: tes efquiles que la fcie produit, 8 que la feve ne pourroit recouvrir. | Les mouffes. L’enlévement des moufles appartient à la caille des arbres, comme les précédens, & en eft un-préliminaire, La fouftration de ces plantes paraz fites eft.abfolument néceffaire pour la fanté des ar- bres, Ce font des plantes vivantes dont les petites griftes , qui leur fervent de racines, ehtrent dans la peau de Parbre &z la fucent. De plus ces petites plan- tes, qui ne manquent point de pulluler &c"de s’étene dre, empêchent la refpiration & la tranfpiration, aufhi néceflaire aux arbres qu’à tous les corps vivans, L'humidité encore que ces fortes de plantes qui du- rant les hivers, &r fur-tout lors des gelées, retiennent les paies & autres influences de l'air femblables, attendriflent là peau &c la pourriflent, y caufent des chancres , &t morfondent la feve en paflant. Il faut donc détruire de tels ennemis des véoétaux. Onne dit rien ici fur la maniere d'émoufler, & fur le tems propre à cette Opération. On ne parle pas non-plusde toutes les différentes efpeces de moufles, on dit feu- lement ici qu'il en eft une que perfonne n’appercçoit, 8 que par conféquent on ne {e met point en devoir | d'ôter. Elle éft comme une forte de galle qui fe fait voir fur les afbres , laquelle eft d’un verdun peu plus jaunêtre que la moufle ordinaire, mais qui eft min- ce & platte, éparfe de côté &c d’autre en forme de taches de place en place, & qui caufe évalement du dommage aux arbres. Toutes les différentes fortes de moufles ont encore plus lieu dans les endroits aqua- tiques qu'ailleurs. Les vieilles gormmes. On entend par vieilles Sommes fur les arbres à noyau, non celles qui fluent d’ordi- naire dufant le tems de la vépétation, mais de ces mêmes gommes qui, pour n'avoir point été enlevées alors, fe fontféchées, & par leur {éjour fur les bran- ches les ont cariées, & y ont formé des chancres. C’eft donc au tems de la saille qu’il faut travailler à débarrafier les arbres de ces sommes carriantes, &e à guérir les chancres produits par elle, Voici comme on y procede. I faut durant ou après un tems mou, quand ces gommes font délayées, les enlever avec la pointe de la ferpette, plonger même jufqu’au fond de la plaie, pour n’en point laïfler du tout; puis avec un chiffon ou un linge, un torchon, bien nettoyer la place. Si les plaies font confidérables, il faut recourir à l’em- plâtre d’onguent S. Fiacre, autrement la carie ga- gne toujours, & la branche meurt. Ces sommes font fur les branches le même effet que la gangrenne dans les parties du corps humain. | Les chancres, Is ont tous différentes caufes, mais 1ls font dans le fond les mêmes. Ceux dont je viens de parler dans les fruits à noyau par la gomme, fe guériffent ainfique je viens de le dire. Quant aux au: irès qui arrivent par différens accidens , foit inter- nes, foit externes, tels que font les fra@ures, les contuñons, les écorchures , &c. auxquels-on n’a point remédié, ou les autres qui viennent du dedans Sc du vice de la feve, ou de caducité & de vicilleffe, ou de défaut de bonne conflitution dans les arbres, de même que de la part des racines pâtées, pour- ries &t gangrenées , fe traitent de différentes façons qu'il feroit trop long de rapporter ici. Mais il eft quantité de petits chancres difléminés de toutes parts fur la peau des arbres, à la tise & aux bran- ches, que perfonne n’apperçoit, & qui peu à peu fe multiplient & s'étendent au point que s’en enfuivent la ftérilité 8 la mortalité des arbres. Ce font de pe- ttes taches noirâtres & livides, plus ow moins éten- dues, & fous’ lefquelles la peau n’eft plus vivante, ou eff jaune au lieu d’être verdâtre, comme dans les endroits fains des arbres, Qu’on leve la fuperficie de cette peau & on la verra feche. Ces petits chancres doivent être enlevés comme les orands, à peu de différence près. Fieïlles plaies non recouvertes & defféchées, C’eft auf à la caille qu’on doit s'appliquer à guérir ces fortes de plaies : voici ce que c’eft. On a coupé anciennement de groffes branches, & on les a laïfiées fans y rien mettre, Le hâle après TAT 837 qu'on à fait ces fortes de coupes, les gelées durant l'hiver, les humidités, les vivres, les brouillards ont tranfpiré entre l’écorce & le bois; le foleila enfnis te defléché & en a féparé les parties, le bois ou la partie ligneu fe de la branche s’eft ouvert: de plus des millions d'animaux, comme punaifes, fourmis, pucerons, vers, chenilles , araignées, perceoreil: les, mouches & moucherons, limaçons, lifettes à coupebourgeons, papillons de toutes efpeces , clos portes, 6c. fe font cantoñnés dans ces fentes & ces ouvertures ; entre Îa peau & la partie ligneufe, ils y ont dépoié leurs œufs, & y ont fait leurs progénis tures ; nombre d’entr'eux ont avec leurs pinces fus cé & rongé les endroits qui étoient impregnés de fe ve, au moyen de quoi ces plaies n’ont pu fe recou= vrir. La mortalité de ces branches coupées, fans ÿ avoirappliqué l’emplâtre d’onguentS.Fiacre pouf pré venir tous cesaccidens funeftes , a toujours gagné, Ces fortes de vieilles plaies non recouvertes fe traitent de la forte. Avec la fcie à main on coupe ju£ qu'au vif, puis avec la ferpette on unit, après quoï l'emplâtre d’onguent S. Fiacre. On parle ici des ar2 res qui donnent encore fufifamment des fignes dé vigueur, & non de ceux où il n’y a point de rez mede. | Les faux bois, On nomme ainfi certaines branches qui ne pouflent point d'aucun œil ou bouton , mais de lécorce diretement, à-travers laquelle la fevée perce &c fe fait jour en produifant un rameau vers doyant. Communément parlant , cesfortes de bran: ches ne font point fruétueufes , Ou ne le deviennent qu'après un très-long-tems, On ne taille deflus que dans la néceflité, faute d’autres. Ces branches puls lulent à tous les arbres mal taïllés & mal dirigés, & à proportion qu’on décharge trop un arbre, À pro- portion il en produit davantage quand il eft vigou= reux. Ces branches font d’ordinaire bien nourries s © gourmandes la plupart du tems. En voici en paf= fant une raifon. Quand on taille trop un arbre qui regorge de feye, on lui ôte les récipiens, les vafes & les refervoirs de cette même feve, & comme elle eft abondante, & qu'il faut qu’elle fe loge quelqué part, lesracines en fourniffant davantage qu'il n'ya dé refervoirs pour l’y recevoir , elle s’en fait de nou veaux à la place de ceux qu’on lui ôte; auf n’y a-t-il que les arbres fort vigoureux qui font taillés trop court, parmi les arbres de fruits à pepin fur-tout, qui produifent de ces faux bois. On Ôôte ces derniers quand on taille, & il s’en produit une foule de nou veaux à la faifon fuivante. Remarquez que les arbres qui ne font point vifs, ou qui font malades, ne pro- duifent que peu de faux bourgeons, ou de fort petitss onen ferit la raifon. Ces faux bourgeons fe traitent différemment, mais à la faille communément tous les jardiniers les abbats | tent, &c les arbres en fourmillent à la poufle fuivan: te. Le remede & le fecret pour n’en point avoir, ou pour en avoir moins, eft de donner d’abord aux arz bres qui en produifent une sai/le plus longue & plus multiple, en taillant également fur un plus grand nombre de branches qu’on ne faifoit: enfuite au lieu de couper ces faux bois, il faut les cafler à environ un demi-pouce tout près des fous yeux. Ceci ne re garde que les arbres à pepin. L'effet de cecaflement, dont il fera amplement parlé dans ouvrage promis au public, eft de donner par le moyen de ces fous yeux près defquels on a caflé , ou des lambourdes, ou des brindilles , ou des boutons à fruit pour l’ans née fuivante. Dans l'ouvrage dont on parle, on rend une faïfon phyfique de cet effet qui eft immanquas ble, Branches chifonnes ou branches folles, Les branches appellées chifonnes ou folles, ont une double ofiginée; ou elles croifient naturellement , faute de vigueur 838 TAI de la part de l'arbre ; ou par accident, conféquem- ment au mauvais gouvernement. Dans le premier vas, il faut employer les moyens enfeignés en tems & lieu ‘pour remédier à fa foibleffe de l'arbre. Dans l’autre cas, il faut s’abftenir de donner lieu à la pro- duétion de ces fortes de branches; puis à la sa5/2 les recépér, à-moins qu'on ne foit forcé de fonder fa taille fur quelques-unes d'elles. L'origine & la caufe la plus ordinaire des btan- ches chifonnes dans les arbres vigoureux, tant à pe- pin qu'à noyau, eft la pratique maudite de tous les jardiniers , de pincer , d'arrêter, & de couper les bouts des branches. Ilsne voient point, & ne fentent point que fuivant l’ordre dela nature , chaque bran- che a befoin de fon extrémité pour la circulation & Padtion de la feve , pour fa filtration &t fa perfec- tion, pour y être tamifée & affinée : on lui Ôte cet- te partie organique , 6 comme elle ne peut s’en pañler, elle en produit une nouvelle : on fupprime cette derniere, & elle en produit enfuite jufqu’à lafin de la végétation, où jufqu’à Pépuifement de lafeve, 8 d'ordinaire les branches pincées, fur-tout dans les arbres à noyaux , forment aux extrémités de ces branches ainfi mutilées , ce que M. de la Quintinie appelle des roupillons hériffés de branchettes , ou vul- gairement des séres de faules. Il faut donc d’abord fe défaire de cette pratique ruineufe depincer, ec. enfuite, autant que la nécef- fité le requiert , fupprimer toutes branches chifon- nes, aui {ont par elles-mêmes infertiles. Quand fau- te de branches de bon aloi , on eft forcé & réduit à tailler fur les branches chifonnes , il faut les tailler toutes à un feul œil, pour leur faire pouffer debons bourgeons. Coupe défeueufe. On appelle coupe défeëlueufe ; toute taille, toute incifion qui eft ou trop grande ou trop petite, trop alongée ou trop courte : on peche quant à la coupe des arbres, en deux manieres , fa- voir, quant à l’incifion en elle-même, & quant à la forme, ce vice a pour principe la maladrefle &c l’im- péritie du jardinier. Je m'explique quant à l’un & l'autre point. Unjardinier taille une branche , fur-tout une for- te, &cau-lieu de faire fa coupe courte & horifontale, tant-foit-peu en bec de flute ,il coupe ä un demi pou- ce près plus bas, tirant fon incifion tout-à-fait au bec de flute alongé, de façon qw’elle fe trouve par-der- ricre plus bafie de beaucoup que l'œil qui eff par-de- vant. La figure donnée me fera entendre par ceux qui ne font point fuffifamment verfés dans Îe jardina- ge; ou bien encore, fans regarder fi la branche eft dans fon fens ou non, il la salle comme elle fe pré- fente fous faferpette, tantôt à Pun, tantôt à l’autre côté de l’œil. La coupe eft encore vicieufe quand on coupe par devant l'œil , au-lieu de couper par derriere : alors on laïfle des onglets que cette double coupe vicieu- fe produit infailliblement, & jamais le recouvrement de cette forte de coupe ne peut fe faire. Le même arrive encore, fi après avoir fcié une branche , il omet d’unir la plaie avec la ferpette, la laiffant toute graveleufe avec les efquiles &c les den- telures que produit lafcie à main. Les jardiniers trai- tent ces choes debagatelles ; mais en voicien peu de mots les effets funeftes. 1°, En tirant fa coupe trop en longueur, on ôte À la feve fon paflage pourarriver jufquw’à l’osil, à rai- fon de ce que cette coupe eft beaucoup plus baffe par-derriere , qu’au-deflus de Poil ; à raifon encore de ce que toutes les fois qu’on coupe quelque bran- che que ce foit , le ‘boïsmeurt toujours à une demi- ligne près de l'extrémité de cette coupe, & dès-lors il eft indubitable qu’il faut que l'œil périffe. 2°, Qui ne voit que par cette coupe fi tirée on en- TAT tame la moëlle de Parbre , qu’on la met à l'air, & qu’on l’évente , & que par conféquent cette moëlle qui eft poreufe & fpongieufe , reçoit les gelées d’hi- ver & les printanierés, les neiges & les frimats qui ne peuvent qu’'incommoder cruellement larbre. De plus durant Pété, le grand foleil donnant deflus, la defléche, &e là 1l fe forme un chicot, ou un onglet, auxquels jamais la eve ne peutarriver. 3°, Aux arbresà noyau, la somme eff infaillible pour ces sailles alongées. 4°. Toujours la coupe eftirréguliere quand ayant une mauvaie ferpette, on hache au-lieu de couper net, laiffant des filandres , ou éclatant la peau, & mê- me la partie ligneufe de la branche. Voici maintenant les qualités de la coupe reglée 8&c bien entendue , elle doit être courte, ronde, un peu en bec de flute , liffe & unie, fuivant qu’elle eft ici repréfentée. Voilà ce qui regarde la saille prife en elle-même, & confiderée matériellement. Il eft queftion de le- xaminer formellement , de dire quelques mots fur le modus, quant à ce qui eft de pratique pour la lon- sueur des branches, leur choix, leur nombre. II s’agit d'établir ici des regles certaines pour la raille des arbres detoute efpece, de tout âge, & dans tou- tes les différentes circonftances. On a bien donné des préceptes à ce fujet, mais ceux qui en ont écrit, n’é- toient point phyficiens , & n’avoient point connu Montreuil ; il eft queftion d’entrer dans un certain détail inévitable, On ne parle point ici de la saille du pêcher , dif- ferée jufqu’au printems ; cette queftion nous mene- roit trop loin; il fufit de dire ici que ce délai eff fon- dé fur des raifons péremptoires , comme on le prou- ve en fon lieu : ce qui régle en général pour le tems de la saille de quelqu’arbre que ce foit, c’eft le cli- mat , «la nature du terrein plus ou moins hätif, la poñition , les fonds par exemple & les hauts, les expoñtions particulieres , les circonftances des tems , Ge. Il faut, pout procéder ici avec ordre, partager la raille des arbres quelconques , en efpalier à plein vent, & autres, en trois tems, favoir ce qui eff à faire avant , pendant , & après la saille. Conditions préliminaires & préparatoires de La tulle des arbres. On fuppofe que les arbres qu’on doit tail- ler ont été préparés & ont eu toutes leurs façons d’hi- ver, comme .labours après la chute des feuilles, éc. que s'ils font attaqués par la tigne, la punaife , &c. on les aura lavés ,épongés, broflés &r effuyés, qu’on aura enlevé les sommes cariantes, Îles mouffes dé- vorantes , qu’on les aura fumés fi befoin eft, qu'on auta changé de terre au pié dans le cas , qu’on aura fouillé les racines de ceux qui feroient montre de maladies qui viennent de chancres internes, & qu'un jardinier intelligent ne manque point de conjeéturer habilement, par les fymptômes extérieurs. Après tous ces préliminaires qui font effentiels pour la fanté des arbres, onrequiert deux chofes in- difpenfables , favoir d’abord une infpeétion généra- le {ur l’atbre , pour en voir le fort & le foible , con- fidérer la difpofition de fes branches, voir sil fe porte plus d’un côté que dePautre, afin de le mettre droit en saillanr plus ou moins d’un côté ou de Pau- tre , fuivant fa poñition; voir encore la quantité des branches , foit à bois foit à fruit, fa forme, fa fi- oure, & fa façon d’être à tous égards. La feconde eft de dépaliffer l'arbre en entier , fans quoi il eft im- poffble de bien sailler. Cette feconde condition, M. de la Quintinie, ( ch. vi. de la taille, p. 56.) la re- quiert comme une condition J£re qué non , pour bien faire louvrage. Outre ce qui vient d’être énoncé , il eft une ob- fervation non moins importante ; qui conçerne = outils TAÏ outils pout opérer , favoit une groffe ferpette por les branches fortes , une demi ferpette à long man- che, le touthienafilé; une grofle & une petite fcie à main pour les grofles & les menues branches ; en- fin une pierre douce pour aisuifer , afin de faire une taille propre &.unie. On ne parle point ici de la dextérité requife dans celui qui s/le, pour ne point endommager par des plaies les branches voifines ; on la fuppote. Taille aituelle des arbres. Commencer par émonder fon arbre , en le débarraflant de tous chicots, on: glets , argots, boismou, &c, Failler plutôt que les autres ceux qui pouffent da-’ vantage &t qui preflent. Si on eft obligé , pour remplacer un vuide dans larbre, d'amener des branches de loin, les ménager doucement de peur de les cafler. | Commencer par un côté de l’arbre, procéder en: fuite par l’autre , & finir par le milieu, en obfervant une difribution proportionnelle , afin que l'arbre #oit également plein par-tout. Ne point sailler qu'à mefure on ne palifle. En saillant | prendre garde de trop fecouer ; de peur de cafler en coupant. Obferver de ne point, avec fes habits, fes man- ches , fes bras, abattre les boutons à fruit, les brin dilles, les lambourdes , & autres branches, comme il n'arrive que trop fouvent au plus grand nombre des jardiniets. Regle particuliere concernant la taïlle aëfuelle, Con- ferver prétieufement les branches à fruit , ménager toujours des branches appellées parles gens de Mon- treuil branches crochers , où branches de côté , dans le voïfinage dés branches à fruit ; parce que ces 4rax- ches crochets | appellées ainfi à caufe qu'elles ont la figure des crochets, font les pourvoyeufes & les meres nourrices des branches à fruits, qui toujours font feches par elles-mêmes, & n’ont jamais de fe- ve , mais elles tirent leur fubfftance des branches À bois. - En même tems qu'il faut éviter le dénuement des atbres en saillants trop , on doit fur la confufon en laiflant trop de bois. . Alonger beaucoup, & charger amplement les at- bres vigoureux , & tenir de court les arbres foi- bles. Dans un même arbre où il y a des branches fortes, foit d’un feul côté, foit à un endroit ou À Pautre , tailler fort long , &C tenir fort courtes toutes les foi- bles. Les jardiniers appellent couronner leurs arbres, quand ils taillent toutes les branches , foit fortes, foit foibles,a l'égalité les unes des autres. Alors feule- ment leurs arbres ont une forme réguliere , mais à la poufle les branches fortes font des jets monftrueux , tandis que les foibles ne font que des jets rabougris &c mefquins ; s'ils rabatent à la pouffe les fortes, pour les mettre à la hauteur des foibles, comme iln’arrive que trop, 1ls riinent & perdent leurs arbres. Quant aux branches fortes qu’on eft forcé de sailler long dansuneannée, afin de les fatiguer par des poufles multiphées, on les räbat l’année fuivante, & on les taille encore fort long aux endroits où l’on a aflis fa saiile; les foibles cependant qu'on a saillées fort court, H'ayant que peu a fournir au bois qu’on leur alaifé, fe fortifient, & font en état de fouffrir une plus lon- gue salle par la fuite, | . Quatre fortes de branches, des fortes , des demi. fortes , des foibles, & des branches folles où chi£. fonnes. CR, Les branches fortes , parmi lefquielles font les gourmands, dont il va être patlé , doivent être tail Les fort long, quand elles font bien placées pour la bonne fisure & pour la confitution de l'arbre, Ces branches on Les saille à un pié , un pié & demi, Tome XF, fe Le Cr T'AT 539 deux piés , & jufqu’à trois piés 8&c plus de longueur, fvant loccurence,poux les matter, fauf à rabattre ; comme on vient de le dire. | TR Les demi-fortes, depuis 7, 8, opouces& un pié même, fuivant aufi l'occurrence. | | Tailler trop court les branches fortes & les demi: fortes , on n’a que des branches gourmandes, dé ces branches que , fuivant le terme dont Viroile fe fert, on peut appeller Æxurieufes ; tailler far une trop grande quantité de bois, on n’a point où loger les bourgeons de la pouffe future. Ainf on doit ef pacer beaucoup à diffance convenable les branches fortes &c les demi-fortes , afin d’avoir place pour y ranger les bourgeons à venir lors de la poufie, De plus en taillant court les branches fortes & les demi. fortes , jamais vous n’avez de fruit , & toujours des forêts de ces branches de faux bois dont on a parlé ci-devant ; mais en les alongeant , on eft für d’avoir * une ample moiflon de fruit les années fuivantes > & fort peu ou point de cesbranches de faux bois. Tout ceci gît dans lexpérience &c la pratique, Avec larous fine ordinaire , jufqu'ici vous n’avez eu que des ar: bres chiffons , qui la plûpart du tems rechignent, puis meurent ; & s'ils donnent des fruits , ce n’eft qu'après un long tems ; & le tout eft de jouir, on ne plante qu’à cette fin. Avoir foin de ménager toujoursdes branches dang le bas & dans le milieu , afin de concentrer la feve ; de peur que les arbres ne s’emportent , & que la feve délaiflant le bas & le milieu , ne fe porte versle baut par irruption. Cette maxime eft fondée für une expérience invariable, Pour cet effet, taillez fort couttes à un œil ou deux les branches foibles, pouf leur faire pouffer de plus beaux jets & des brindil: les , où du moins des lambourdespouravoir du fruits au lieu qu’en chargeant les branches foibles, on n’a que des branches chiffonnes. Ces dernieres , les extirper rafe écorce, À moins qu'on n’en eût befoin abfolument : alors les tailler à un feul œil, pour les raifons qui viennent d’être rapportées. | Pour tout ceque deflus, il faut du jugement, du goût , du dfcernement , de la réflexion & une gran= de expérience. : Ne tailler jamais les limboutrdes ni les brindilles 5 ces dernieres n’y point toucher; mais quant aux premmeres , on les cafle par le bout, afin de ne leur point laïfier une f grande quantité de boutons à fruit à former & à nourrir. nu Les branches à fruit qui pouffent aux branches 5 qu’on appelle Éourfés à fruit, dont on verra la 2 gure ; les tailler à déux ou trois yeux feulement, mais conferver précieufement ces bourfes à fruit ; elles font la bafe & la fource des plus beaux fruits ; & en quantité pendant longues années. Conduite 6* direétion des branches appellées gour= andes. faut fuppofer comme un point incontefta: ble ; fondé fur une expérience invariable , que la {eve qui pañle aux gourmands ne peut abfolument refluer dans les branches fru@ueufes quand on abaf les premiers. La raïfon en eft fimple. La féve qui pañle dans les gourmands étant groffiere , non digérée ni af née , ileft impoñhble qu’elle puifle entrer dans les branches frudtueufes. De même que la feve deflinée pour les brindilles 8 pour les lambourdesne peut re- fluer dans les gourmands, parce qu’elle n’eft travail lée que pour être envoyée dans celles-là : de même la fève propre aux gourmands ne peut être reçue dans les branches fruêtueufes, dont les pores & les fibres font toujours maigres & fecs. La preuve en téfulte du fait. Vous abattez les gourmands, & les autres branches non-feulement n’en profitent pas das Vantage ; mais 1l arrive foujours que dès que vous 90000 840 % ab fevtez tout arbre de fes gourmands, dès-lors 1l lani- gui, & la tige ne groflit plus : au contraire quand vous faites des gourmands le fondement de votre caille, la tige profite à vue d'œil, & vous avez des arbres d’une étendue coloffale, & desfruits à Pinfini. Mais comment faut-il tailler les gourmands? en quelle quantité doit-onles laïffer ? & dans quels em- placemens fur les arbres ? On doït les tailler toujours fort longs , conformément à la vigueur de l'arbre. Il faut les efpacer dans l'arbre, & lui en laifler de dif- tance en diffance pour fervir de branches meres, d’où dérivent toutes les autres. Ils doivent faire la bafe des arbres. Dans un arbre fort, on doit laïfler {ur la totalité des branches environ une demi-dou- zaine de gourmands. Toujours ménager à chaque côté de tout arbre en efpalier des gourmands aux cô- tés, pour alonger Parbre deflus. Moyens ; pratiques & fecrets pour faire des gour- mands des branches fru&lueufes. Il faut confidérer les gourmands à la pouffe durant la belle faifon , & à la zaille d'hiver & du printems. Comme le gouverne- ment des gourmands à la poufle regarde l’'ébour- geonnement , je ne dis qu'un mot, favoir qu'alors il ne faut laifler que ceux qui étant bien placés pour la taille prochaine , pourront refter en place, ou bien on ravale alors quelques-uns d’eux pour leur faire pouffer deux ou trois branches latérales, qui porte- ront fruit l’année fuivante dans les arbres à noyau, & qui dans Les arbres à pepins donnent force lam- bourdes. Le vrai moyen dene point avoir de gour- mands, ce n’eft pas de les fupprimer (car plus onles extirpe & plus on ena), c’eft de les laïffer autant ue arbre en peut fouffrir en les taillant prodigieu- rare lonss , fur-tout aux extrémités des CÔTÉ : puis quand l'arbre eft fage , comme difent les gens de Montreuil, on ravale ces branches fi alongées dans le tems , & on les saille plus courtes. ù Il s’agit d’expofer ici la façon de tailler les arbres de tout âge , depuis la plantation jufques dans leur âge le plus avancé. Ceci eftun corollaire de ce qui vient d’être dit au fujet des gourmands. Taille des arbres du premier âge [ur la pouffe de la premiere année, Ne jamais laïfler aucunes branches verticales perpendiculaires au tronc & à la tige ; mais fupprimer Le canal direét de la feve , en faifant pren- dre à tout arbre quelconque la forme d’un V dé- verfé. Les gens de Montreuil pratiquent ce point fort fcrupuleufement depuis plus de cent ans, & jufqu'ici {e font cachés. Il faut néceflairement divifer & par- tager la feve ; 8c toutes les fois qu’elle monte verti- calement & en ligne droite , ellefe porte vers le haut par itruption, abandonnant les branches latérales , tandis que les branches verticales furpañlent fouvent la tige en grofleur. Or la feve ne fe portant qu'obli: quement , ef diftribuée par égalité proportionnelle, fe cuit, fe digere , s’afhne & féjourne : alors tout profite également, &un arbre eft fécond en 2, 3, 4 & ÿ années, au lieu que tout le contraire arrive quand on laïffe des branches verticales. Une expé- tience de cent ans, & de la part de gens qui font leur profeffion & leur commerce defruits , eft un grand préjugé en faveur d’une telle méthode. Sur ces deux branches meres, taillées comme il vient d'être dit en V déverfé , on salle, fuivant la vigueur de l'arbre, à 2, 3, 4,5 ou 6 yeux; &t dans le cas où arbre a pouflé une branche plus forte d’un côté que de lautre , on saille fort longue la plus forte, & on tient très-courte la plus foible, qui, comme il a été dit, rattrape la plus forte, qu’on a beaucoup chargée pour la réduire. A tout arbre que ce puiffe être , lors de la pouffe de la premiere année , on fupprime , outre les bran- ches verticales qui poufferoient , toutes les branches chiffonnes & celles de faux bois. On ne met çes der- T AI nieres À fruit par le caflement , ainfi qu'il a été dit, que lorfque l’atbre eft plus avancé enâge. Taille de La fèconde année. À cette raille de 2,3; 4 où ÿ yeux qu'on a laïfiés fur chaque branche for- mant l’V déverfé, ont pouflé autant de branches ; & à ja feconde raille, au lieu de ravaler , comme font tous les Jardiniers , fur la branche d’en bas , en fa taillant à 2 ou 3 yeux, ont laïffé une ou deux bran- ches , qu’on saille en branches crochets à 3 ou 4 yeux, puis on en Ôte une après , en la coupant rafe écorce, & enfuite on alonge fortement , fuivant la vigueur de Parbre, celle des extrémités. C'eft ainf qu’on fe comporte envers chacune des branches me- res formant l’\ déverfé. Les gens de Montreuil ont obfervé qu’en fuivant la méthode ordinaire & rava- lant fur celle d’en bas, l'arbre fait tous les ans, à pure perte, la poufle de 4 ou ÿ branches, & ou ne produit que fort tard, ou eft épuifé dès fon jeune âge. Ils ont jugé ä-propos de conferver à la feve fes agens & fes rélervoirs qui font fes branches. La figure démontrera ce que lon avance, Rien de plus jufte à cet égard que la comparaifon que font les gens de Montreuil des arbres à plein- vent, qu’on ne aille point, ni qu’on wébourgeonne jamais, avec nos arbres d’efpaliers & nos buiffons, &z qui cependant profitent bien autrement. Ils font encore une réflexion non moins fenfée fur nos arbres d’efpaliers. On leur ôte, difent-ils, toutes les branches du devant & celles du derriere, & par conféquent ils ne forment plus que des demi-arbres , ayant feulement des branches de côté; par confe- quent, pour les dédommager de tant de fouftrac- tions , il faut les alonger d’autant plus , & les char- ger à-proportion qu'on leur ôte davantage. De plus, difent-ils encore, les arbres d’efpaliers font abniés, fumés & foignés , & par conféquent ont plus le moyen & la faculté de nourrir leurs poufles que ceux-là qui font abandonnés à la nature, & qui font privés de tous fes fecours, Ces réflexions font de bon lens. | Comment doit-on fe comporter pour la saz//e, en- vers les arbres foit à pepin, foit à noyau, quine pouffent que des brindilles &t des lambourdes ? Mau- vais figne pour un arbre,les raïfons feroienttrop loz- gues à déduire; mais il faut les jetter à bas dans le plus grand nombre , & tailler celles qu’on conferve À un ou deux yeux feulement pour leur faire pouffer du bois. C’eff un axiome de jardinage, que toujours on a du fruit & des arbres quand on a du bois; mais qu'il eft impoffble d’avoir fruit & arbre, quand on n’a point de bois à fes arbres, il faut que dans peu ils périffent. Quand il y a trop de brindilles &c de boutons à fruit fur un arbre de quelqu'âge qu’il foit , comment le tailler ? Il faut en ôter une partie, fur-tout quand on voit que les boutons à fruit s’alongent tous les ans fans jamais fleurir. C’eft ainfi qu’en le déchar- geant d’une partie de fes boutonsufés & où la feve ne coule plus , on force cette feve à produire 6c des branches à bois , & de rendre fru@tueux les boutons qui reftent. Il n’eft point d'ordinaire d'autre moyen de renouveller de tels arbres , qu’en les taillant fur ce qu’on appelle le vieux bois , ou les pouffes des an- nées précédentes. Taille des arbres formés. Durant les 3, 4,5 & 6an- nées depuis qu'on a planté,on continue de conduire les arbres de la facon dont il a été parlé, favoir la confervation & l’ufage des branches obliques &r laté- rales feulement & la fouftraétion de toutes Les verti- cales, l'emploi des gourmands quand ils font bier placés , fur-tout aux extrémités des côtés, en les ti= rant beaucoup & les alongeant , en laïflant toujours orand nombre de brançhes croçhets ou de côté pour T AT atträire la feve & l'y fixer , afin awelle ne fe porte . 04 ? 4 P point par irruption vers le haut; en efpaçant fes branches, afin:qu'al n’y ait point de confufon, & . qu'il y ait toujours de quoi loger les poufles futures ; en ne déparniflant pas trop non plus, de peur qu'il n’y ait du vuide; en ravalant également , & en con- centrantla feve , refervant toujours auprés des bran- ches à fruit qu’on rai/le longuettes, des branches à bois., qu’on taille fort courtes , pour que la feve ne fe porte pas uniquement vers le haut, mais afin qu'elle fe rabatte ; en traitant enfin les arbres, tant en fanté qu'en maladie, de la façon dont ilaété dit. - Taille des vieux arbres. Parmi les arbres âgésil en eft de très-fains & très-vigoureux ; il en ef de foi- _ bles, & il en eft de caducs. Les uns & les autres doi- vent être taillés différemment. Quant aux arbres anciens qui font encore vigou- reux , tout ce qui vient d’être dit desarbres formés leur convient. À l'égard des foibles, 6n les ménage beaucoup à la saille | en les tenant fort de éourt, & on ne laifle pas d’en tirer abondamment des fruits & d’excel- lens. Affez fouvent ces arbres foibles font des pouf- fes fauvages qui partent du tronc & des racines; Téurs branches ufées à force d’y recevoir la feve, né font plus en état de fa contenir. Les fibres font fapprochées, raccourcies, & comme crifpées, êc Îles pores de la peau font fermés & obtus. Les raci- nes néanmoins {ont encore nerveufes & dans leur force. La feve ne rencontrant par-tout que des obf- truétions dans les parties de l'arbre, s'épanche aflez fouvent, & produit ces fauvageons dont je parle. On les greffe » &t ils renouvellent arbre; &c alors 1ls font préférables à des jeunes. Au lieu de récéper tout l'arbre , comme on fait d’ordinaire, 1l faut pen- dant deux où trois ans laifler du-moins la fouche , our fervir de tuteur à la nouvelle pouffe , & pour fui donner le fems de gfoflir , & de faire un em- patement aflez ample pouf pouvoir être fevré fans danger & fans altération. Alors on fcie tout Le refte de l'arbre, on unit bien la plaie, & on y met Pemplâtre de longuent faint Fiacre, qu’on renou- velle , en cas de befoin, au bout de quelques années; puis on taille cette poufle comme les autres arbres. Taille des arères caducs. La façon de tous les Jar- dimiers de traiter ces arbres, ‘eft de les ébotter, en récépant à une certaine hauteur toutes les vieilles branches. Mais une expérience invariable qui ne s’eft point encore démentie ; a fait voir que ces ar- bres étant trop vieux pour foutenir de pareïllesopé- rations , périfloient peu-à-peu, après avoir langui pendant plufieurs années. Jamais ces fortes de grof fes plaies ne cicatrifent, & la partie ligneufe de ces branches fe carie par les pluies , les gelées, les fri- inats, 6c eft defléchée par l'air, le hâle & les féche- réfles de l’éte. Tout ce qu'on peut faire à ces arbres caducs, c’eft de les tailler fort court fur les meilleurs bois ; c’eft de ravaler amplement fur les vieux bois ; rappro- “her &c rappeller, comme difent les gens de Mon- treuil. Cependant on les laboure amplement, & on leur met au pié de bon fumier confommé. Alors ils ne laiffent pas que de rapporter des fruits fouvent meilleurs que ceux des jeunes, à raïfon d’une gran- de filtration de lafeve à-travers leurs fibres plus fer- rées & plus rapprochées. À US Opérations. fubéquentes de la taille. Quelque ex- pert que puñfle être un jardinier, quelque confom- mé qu'il foit dans Part de tailler, quelques précau. tions qu’il puifle prendre d’ailleurs, & quelque en- iequ'il ait de bien faire, en obfervant les regles, néanmoins, comme nul n’eft infailible, il peut ar- river, & 1l n'arrive que trop fouvent qu’en nombre Torre XP, un me EAN 844 de chofes effentielles on manque fans s'én äppetce- VOIR el “et | | | _ left dufi quantité de petites perfedions requifes pour la propreté & la réoularité de ouvrage , pour l'élé NS | tlégance même , lefquelles fe trouveront manquer: : Comment donc pañlant foudain à un autre arbre $ peut-on s’'appercevoir sl. eft quelques coups de main à donner encôre à celui qu’on quitte, fi onnere- voit {on ouvrage. Le dérail nous meneroit trop loin: Communément après la taille; on laboure les ar- bres, a raïfon de ce qu'en piétinant autour pour les travailler, on l’a battue; & pour la rendre mobile ; on fait le labour du printems, comme on a dû faire celui d'hiver, | Iferoit queflionici de direun mot fur les moyens de mettre à fruit une grande quantité d’arbres qui ne pouflent que du bois, ou bien qui fleuriffent , & dont les fleurs ne nouent jamais:C’eît par lemoyen de la caille accompagnée de divers expédiens , qu’on peut réuflir. Tous ceux-que le jardinage a mis en avant jufqw’ici, n’ont fait autre chofe que fatiouer ftérilement les arbres , 1 Mais comme ce fujet demanderoït une certaine éten: due, & que cet article en a déjà beaucoup, on s’ar- rêtera 1c1., | TAILLE, ff (Jurifprud. ) eft une impoñtion que le roi ou quelqu’autre feigneur leve fur fes fujets. Elle a été ainfi nommée du latin ra/ez ; & par cor- ruption éallia, parce qu’anciennement ufage de lé: criture étant peu commun, l’on marquoit le paye- ment des sai//es{ur de petitesbuchettes de bois appel lées saleæ | fur lefquelles on faïfoit avec un couteau de petites ailes , fentes où coches pour marquer chaque payement. Cette buchette étant refendue en deux , celui qui recévoit la sui/le, en gardoit un côté par-devers lui, & donnoïit l’autre au redevable; & lorfqw’on vouloit vérifier.les payemens ,on rappro- choit les deux petits motceaux dé bois l’un de Pautre, pour voir fi les sailles ou coches fe rappoftoient fur l'un comme fur l’autre ; de maniere que ces sailles oi buchettesétoientcommeune efpece de charte-parties Ces buchettes qui furent elles-mêmes appellées tailles | étoient. femblables à celles dont. fe fervent. encore les Boulangers pour marquer les fournitures du pain qu'ils font à crédit à leurs pratiques ordinai- & un a réufli entre mille: » res , & c’eft fans doute de-là qu’on les nommoit an- - ciennement salemarii où talemelarii,& en francois 1a- lemelrers. | La raille étoit auf appellée ro/ra ou Zevée, du latin tollere. Les anciennes chartes fe fervent fouvent de ces termes salliam veltoltam , & quelquefois maletoltar:; acaufe que cette rie onéreufe, d’où l’on a donné le nom de mualtotiers À ceux qui font chargés de la levée des impôts publics. K: La srlle eft royale ou feigneutiale : celle qui fe. paie au roi, eft fans doute la plus ancienne ; &:il a lieu de croire que la raille feigneuriale ne füt éta- blie par les {cigneurs fur leurs hommes , qu’à Pimi: tation de celle que le roi levoit fur fes fujets. L'origine de la saille royale eft fort ancienne ; on tient qu’elle fut établie pour tenir lieu du fervice mi- litaire que, tous les fujets du roi devoient faire eri perfonne ; nobles, eccléfiaftiques, roturiers »>-per- fonne n’en étoit exempt: On.convoquoit les roturiers où villains lorfque l’on avoit befoin de leur fervice, & cette convoca= tion fe nommoit ha/bannum feu heribannam , herban Ou arriere-ban ; & ceux qui,ne comparoïfloient pas, payoient une amende qu’on appelloit le hazban: | _ Les nobles faifant profeffion de porterles armes, ëc les eccléfiaftiques étant aufti obhgés de fervif.en perfonne à caufe de leurs fiefs, ou d'envoyer quel: qu'un à leur place, n’étoient pas dansle cas de payer une contribution ordinaire pour le fervice militaite; OOvoci | 542 TAT 8e ceft de-là que vient lexemption de will dont jouiffent encoreles nobles & les eccléfiaftiques. Les roturiersau contraire qui par état ne portoient pointles armes, ne fervoient qu’extraordiniairement, dlorfqu’ils-étoient convoqués; & ce fut pour les dif- penfer du fervice militaire que Fon établit la saille , afin que ceux qui ne contribueroient pas de leur per- fonne au fervice militaire, y contribuaffent au moins de leurs deniers pour fournir aux frais de la guerre. On attribue communément l’établifflement des sailles à S. Louis; elles font cependant beaucoup plus anciennes. Pierre Louver, médecin, en fon hiftoire de la ville de Beauvaïs,, rapporte une chartre de Pan 1060, par laquelle il paroit que la saz/le étoit déjà établie, puifqu'il eft parlé d’une décharge qui fut donnée de plufeurs coutumes injuftes, favoir la raille & autres oppreffions , calliam videlicer 6 alias oppreffiones. La plus ancienne ordonnance qui fafle mention de lataille, eft celle de Philippe Augufte en 1190, ap. pellée communément /ese/fament de Philippe Augufte. Elle défend *tous les prélats & vafflaux du roi defaire aucune remife de la saille ou tolte, tant que le roi fe- raoutré-mer au fervice de Dieu ; & comme la raie m'étoit point encore alors ordinaire ni perpétuelle , & qu’on la lévoit feulement pour les befoins extraor- dinaires de l’état, il y a grande apparence que celle doñtileft parlé dans ce teftament , avoit été impofée àloccafion du voyagé que Philippe Augufte fe dif- pofoit à faire outre-mer. We Les feigneurs levoient quelquefois des sai/les non pour eux ; mais pour Le roi: Les prélats en levoient en trois cas, 1°. pour loft ou la chevauchée du roi, 2°, pour le pape , 3°. pour la guérre que leur églife avoit à foutenif. - : Lorfqué la #aille fe levoïit pour-Poft du roi, elle duroit peu, parce que le ban qui toit la convocation &'aflemblée des nobles écecclefiaftiques pour lefer- vice militaire, ne duroit alors que 40 jours. En général les nobles &c eccléhaftiques non mariés & nôn marchandsnée payoient point de sai//e. ” Lés clercs mariés payoient la moîtié de ce qu'ils auroient payé, s'ils n’euflent pas été clercs. Les nobles &c les clercs contribuoient même en certains lieux ou pour certains biens, fuivant des lettres dumois d'Avrili 337; pour la fénéchauflée de Carcaflonne , dans lefquelles 1l eft dit que les nobles & eccléfiaftiques avoient coutume ailleurs de contri- buer auxcai/les & colléétes pour les maïfons &c lieux quilshabitoient. dis | « Onexempta auffi de la saille quelques autres per- fonnés , telles que ceux qui étoient au fervice du roi, lésbaillis royaux ;les-ouvriers de la monnoie. Les bourgeois & même les villains ne pouvoient “aufiétreimpofés à la saille la premiere année qu'ils s'étoient croifés ; maïs fi la saille avoit étéaflife avant qu'ils fe fuflent croifés, ils n’enétoientaffranchis que pour la feconde année , à moins qu’il ne fe fit quel- que levée pour Parmée : ce qui fait connoitre que limpoñtion qui fe faifoit pour loft & chevauchée du roi, étoitalors différente de la saz/e: - 'Céft ce que l’on‘trotive dans une‘ordonnance de Philippe Augufte-dé Pan 1214, touchant lès croifés, où ce prince dit encore qu'ils ne font pas exempts de POft EE de la chevauchée, foit qu'ils aient pris la croix avant où après la convocation. LE, | Suivant cette même ordonnance, quand un croïfé poflédoit des terres fujettes'à la sez/le, ilenpayoïit la taille éomme sil nétoit pas croifé : ce qui fait voir qu'il yavoit dés-lors deux fortes de zat/2e, l'une per- fohnellé aui étoït une efpece de capitation dont les éroïfés étoient, exempts, l’autre réelle qui étoit die pour lés maïfons & terres taillables, c’eft-à-dire, roturieres; les séntilshommes même payoiént lavi/e T AT pour une maïfon de cette efpece, lorfqu'ils ne Poc2 cupoient pas par eux-mêmes. La raille fut leveé par S. Louis em 1248 , à l’occa- _ fonde la croifade qu'il entreprit pour la terre fainte; mais ce n’étoit encore qu'une impoñtion extraordi naire. | | Les lettres de ce prince du mois d’Avril r250,con: tenant plufieurs réglemens pour leLanguedoc,portent queles saillesquiavoient étéimpofées par le comte de Montfort , 8 qui peu aprèsavoient été levées au pro- fit du roi, tandis qu’il occupoit en paix ce pays, de- meuréroient dans le même état où elles avoient été impofées , & que s'il. y avoit eu quelque chofe d’a- jouté, il feroit Ôté. Que fi dans certains lieuxil y avoit eu des confifca+ tions confidérables au profit du roi, la caille feroit di- minuée à proportion jufqu'à ce que les héritages . conffqués parvinffent à des gens tallables. Il eft encore dit que dans les lieux où 11 n’y auroit plus de saille, les anciens droits qui étoient dûs dans le pays d’Alby, & qui avoient ceflé d’être payés de- puis limpofñtion des sailles , feront confifqués ; qu’à l'égard des sailles de Calvifon & autres lieux des envi- rons de Nifmes & des places qui avoient été mifes dans la main du roi, & qui fervoient aux ufages pu- blics, on en compoferoit fuivant ce qui feroit jufte. Le roi permettoit quelquefois aux communes ou villes & bouros érigés en corps & communautés, de lever fur elles-mêmes des sailles autant qu’il en fal- loit pour payer leurs dettes ou les intérêts qui en étoient échus. Les Juifs levoient aufñi quelquefois fur eux des tailles pour leurs affaires communes. S. Louis fit un réglement pour la maniere d’affeoir & de lever la aille ; nous en avons déja parlé au mot ELECTION. Z£ 12 . La caille n’étoit pas encore perpétuelle-fous le roi Jean'en 1358 , puiique Charles V. fon fils, en quali- té de lieutenant du royaume, promit que moyen- nant. l’aide qui venoit d'être accordée par les états, toutes salles & autres impoñtions cefferoient.. Dans une ordonnance du roi Jean lui-même du 29 Avril 1363, faite en conféquence de l’affemblée des trois états de la fénéchauflée de Beaucaireëc de Nif- mes , il eft parlé des charges que les peuples de ce pays avoient fouftert & fouffroient tous les jours par le fait des sailles qui avoient été impofées tant pour la rançon de ce prince que pour l’expulfon des enne- mis, que.pour les gages des gens d’armes & autres dépenfes. | | pa . Les autres cas pour lefquels le roi: levoit la sale, -étoient pour la chevalerie de fon fils ané, pour le mariage de leurs filles. Ces sai/lesne fe levoient que dans les domaines du.ro1. … Dans ces mêmes occafons les vaffaux du roitail- loient auffi leurs fujéts pour payer au roila fomme dont ils devoient contribuer; & ordinairement ils trouvoient bénéfice fur ces levées. _ Ce ne fut qu'en 1445, fous le regne de Charles VIT. que la sazlle fit rendue annuelle, ordinaire & perpétuelle. Ellé ne montoit alors qu’à 1800000 lv. & la cotte de chacun étoit fi modique, que lon s’em- prefloit à qui en payeroit davantage. Depuis ce tems Les sazlles ont été augmentées par degré & quelquefois diminuées ; elles montent pre- fentement à une fomme très-excédente. "4 La sille eft perfonnelle ou plutôt mixte, c'eft-à- dire qu’elle s'impofe fur les perfonnes à raifon de téurs'biens. En quelqués provinces, comme’en Lan< ditedoc, elle eft réelle: ce font les biens qui la doi- Ur dec Jesse Ent Dans les pays où la slle eft perfonnelle ; elle n’eft dtie que par les roturiers ; Les nobles ëc les ec= cléfiaftiques en font exempts. Il y aençorebeaucoup T'AT d'autres perfonnes qui en font exemptes, foir enver- tu de quelque office, commifion ou privilege parti- Culier. L'édit du mois de Novembre 1666 veut que tous fujets taillables qui fe marieront avant ou dans leur vingtieme année, foient exempts de rail/es jufqu’à ce qu'ils aient 25 ans. Mais l'arrêt d'enregifrement por- te que ceux qui contraéteront mariage en la vingt- unierme année de leur Âge ou au-deflous, & qui pren- dront des fermes , feronttaillables, à proportion du profit qu'ils y feront. | L Le grand âge n’exempte point de la sïlle. Le montant général de la aille &t des autres impo- fitions acceffoires, telles que taillon, crue, uftenfile, cavalier , quartier d'hiver » Capitation, eft arrêté tous les ans au confeil du roi ; on y fixe auf Ja por- tion de ces impoñitions que chaque généralité doit lupporter. Ilfe fait enfuite deux départemens de ces impofñ- tions, lun général, l'autre particulier. Ce département général fe fait fur chaque élec- tion par les tréforiers de France en leurbureau , en conféquence du brevet ou commiffion qui leur.eft adrefé par leroi. L’intendant préfide au bureau , & après avoir où le rapport de celui qui a fait les che- vauchées , on expédie en préfence.de l’intendanr les attaches & ordonnances quicontiennent ce que cha- que éleétion doit porter de sail/e. | Le département particulier fur chaque paroiffe fe fait aufh pat l’intendant avec celui des tréforiers de France qui eft député à cet effet , & trois des préfi- dens &c élus nommés & choïfis par lintendant ; on appelle à ce département le procureur duroi ; le re: ceveur des railles & le greffier de l’éle&ion. . Cette répartition faite, lintendant & les officiers de l'éle&ion adreffent des mandemens aux maites & Échevins, fyndics & habitans de chaque paroife, par lefquelsil leur notifie que la paroïfie eft impofée à une telle fomme pour le principal de la saille crues êt impoñtiens y jointes. . Ce mandement porte aufi que cette fomme fera par les colleéteurs nommés à cet effet repartie furles habitans , levée par les colleéteurs, & payée ès _ mains dureceveur des sai/les en exercice , en quatre payemens égaux : le premier au 1° Décembre , le fecond au. 1 Février, le troifieme au dernier Avril, le quatrieme au 1° Oétobre. Ces rôles fe font ordinairement dans le-mois de Novembre. | On y impofe auf 6 deniers pour livre.de la aigle attribués aux colleéteurs pour leur droit de collé@te, êt une certaine fomme pour Le droit de fcel,, fuivant le tarif. th Quand'ily a quelque rejet à faire fur la paroiïfle, on ajoute la fomme au rôle des sail{es en vertu d’or- donnance de lintendant. | Les taxes d'office font marquées dans le mande- ment qui eft adreflé aux colleéteurs, & doiventêtre par eux employées dans le xôle fans aucune diminu- tion , fice n’eft qu'il fit furvenu depuis quelque di- minution dans les facultés du taillable, Ceux qui étant taxés d'office, fe prétendent fur- chargés, doivent fe pourvoir par oppoñtion devant lintendant. On ne doit pas comprendre dans les rôles des ra/- les leseccléfaftiques pourles biens d’églife qu'ilspof. fedent ; les nobles vivant noblement, les officiers des cours fupérieures , ceux du bureau des finances . ceux.de l’éle&ion quiont domicile ou réfidence dans le reflort d’icelle,, & tous les officiers & priviléotés dont les privileges n’ont point été révoqués où fuf- pendus. | | Les gens d’églife, nobles vivans noblement , Of- -ciers de cour fupérieure & fecrétaires du roi ne peu- "T'AT , 88 vent faire valoir qu'une feulé ferme du labour de qua- tre charrues à eux appattenante,les autres privilégiés une ferme de deux charrues feniement. Les habitans qui vont demeurer d'une paroifle dans uneautre, doivent le faire fignifier aux habirans en la perfonne du fyndic, avant le premer Oftobre, | &t faire dans le même tems leur déclaration au greffe, de léleétion dans laquelle eit la paroifle où ils vont demeurer. | : Nonobftant ces formalités, ceux qui ont ainf tranf. féré leur domicile » {ont encore impofés pendant quelque tems au lieu de leur ancienne demeure ; _ favoir les fermiers & laboureurs pendantune année , & les autres contribuables pendant deux, au cas que | la patoïffe dans laquelle’ ils auront transféré leur do- muicile , foit dans le reflort de la même éleétion, & fi elle eft d'une autre, les labouteurs continueront d’être impofés pendant deux années, &c les autres contribuables pendant trois années. Ceux dont les privileges ont été révoqués, qui transferent leur domicile dans des villes franches À abonnées ou tarifiéés, font compris pendant dix ans dans le rôle du lieu où ils avoient auparavant leur domicile. Les habitans qui veulent être impofés dans le lieu de leur réfidence pour tout'ce qu'ils pofledent ouex- ploitent en divérfes paroiïfles , doivent en donner leur déclaration au greffe de l’'éle&ion avant le pre= mier Septembre de chaque année, 5 | _ Les rôles font écrits fur papier timbré avec une: marge fufifante pour y écrire les payemens. Aufli-tôt que le rôle eft fait , les colleéteurs doi- vent le porter avec le double d’icelui à Pofficier de l’éleétion qui a la paroïfle dans fon département, pour être par lui vérifié & rendu exécutoire. Lorfqu'il eft ainfi vérifié} il doit être lu par les colleéteurs à la porte de l’éolife, à l’iffue de la meffs paroïffiale,, le premier dimanche ou jour de fête fui- vant. Es | Ceux qui étant cottifés à l'ordinaire, fe préten— dent furchargés, doivent fe pourvoir devant les of. ciers de l'éleétion; mais Je rôle eft toujouts exécu- toire par provifion. Voyez le gloffaire de du Cange & celui de Lauriere au mot saifle , Le code 6 le inémoriat alphabétique des tailles | & les mots A1DES ; COLLEC- TEURS , COTTE, SURTAUX. (AP sr | TAILLE ABONNÉE, eft celle Qui eft fixée pour toujours à-une certaine fomme. L'abonnement eft où général pour une province ; Ou particulier pour une ville, bourg ou village: Ces abonnemens fe font en confidération de la finance qui a été payée au roi pour l’obtenir. Il ya des seilles feisneurialés qui ont été abon- nées de Même avec les féigneurs. :: zen Pour l'abonnement de la sille royale on obtient des lettres en la grande chancellerie, par lefquelles, pour les caufes qui ÿ font exprimées, fa majefté dé- charge un tel pays où un tel lieu de toutes sei/%s moyennant la fomme de... qui fera payée par chacun an, au moyen de quoi, dans les commiffions qui font adreflées pour a département des tailles ; 1 eft dit qu'un tel pays ou liew ne fera taxé qu’à la fomme de . .:. pour fon abonnement. (4 TAILLE ABOURNÉE,, eft la même que saille abon= née ou jugée. (A) ( TAILLE ANNUELLE, éft celle qui fe leve chaque année, à la différence de certaines si//es feigneuria= les qui ne fe levent qu’en certain cas & extraordi- nairement. Voyez TAILLE AUX QUATRE CAS. (A) TAILLE ES CAS ACCOUTUMÉS, c'éflla rrille (ei gneuriale dûe dans les cas déterminés par la coutu: me Ou par les titres du feigneur. Foy Tarire SEIGNEURTALE @ TAILLE AUX QUATRE CAS: (4) TAILLE ÈS CAS IMPERTAUX ; étoit celle que les 344 , TAI dauphins dé Viennois lévoient, comme plufeuts autres feigneurs en certains cas. On lappelloit ainf parce qu'apperemment les dauphins tirotent ce droit des empereuts , & on lui donnoit ce furnom pour la diftinguer de la saille ferve ou mortaille. Voyez l'hifi. de Dauphiné pat M. de Valbonay , quatriemte difcours fur Les finances: (4) TAÏLLE COMTALE, tallia comiralis, étoit une raille générale que Les dauphins étoient en pofleflion dele- ver dans plufieurs de leurs terres, comme dans celle de Beaumont , de la Mure d'Oyfans, de Vallouyfe j de Queras,d’Exille 8 d’Aulx; celle-ei éroit différente de l’ancienne sai/le ou mortaille , qui confervoit en- core quelques traces de la fervitude. La recette s’en fafoit fur tous les corps de la châtellenie ; elle étoit toujours régléefur le même pié.On voit dans un compte de 1336, qu’elle y eft diftinpguée du fubfide du feigneur , qui étoit apparemmentle fouage. Cette zaille comtale n’a pas été fupprimée dans les lieux où elle étoit anciennement établie ; elle fait encore partie dé la dotation du monaftere de Montileury , lequel a confervé les portions qui lui en furent cé- dées par le dauphin Humbert dans Le tems de fa fon- dation. Voyez l'hifloire de Dauphiné par M. de Val: bonay ,. quatrieme difcours fur les finances. (4) TAILLE COUTUMIERE , eft celle qu'en vertu d’un ancien ufage on a accoutumé de percevoir en certains tems de l’année. Ces sailles font ainfi nom- mées dans plufieurs anciennes chartes , notamment dans la charte de commune de la ville de Laon en 1128. Les termes ordinaires étoient à la Touflaints, à Noël , à Pâque & à la St. Jean. Quelquefois la zaill contumiere ne fe levoit que trois fois lan, favoiren Août, Noël & Pâque. Voyez la coutume de Bourbonnois ; art. 202. TAILLE À DISCRÉTION , voyez FAILLE-A VO- LONTÉ. Mrs TAILLE DOMICILIAIRE , eft la même chiofe que taille perfonnelle ; c’eft celle que Pon paye au-lieu de {on domicile. Voyez Collet Jur Les flaturs de Breffe , part. 359. col. I. | TAILLE FRANCHE ox LIBRE, eft une faille fei- gneuriale qui ne rend point la perfonneferve , quoi- qu’elle foit impoféefur fon chef. Cette saille franche elt dûe dans les cas portés par la coutume, oufixés par lufage ou la convention par homme franc, ou tenant héritage en franchife à devoir d'argent. Woyez la coutume de Bourbonnois , art. 189. celle, de la, Mar- che art. Co &132.8c lesmots MORTAILLE, TAILLE SERVE @ TAILLE MORTAILLE. TAILLE HAUT ET BAS, dans la coutume du duché de Boursogne, eft la saille aux quatre cas qui fe leve fur les taillables hauts & bas, c’eft-à-dire tant fur les vaflaux & autres tenanciers libres , que fur les ferfs & main-mortables. Voyez le ch. x. de cette cou- ume , art. O7 TAILLE JUGÉE ou ABONNÉE eft la mème chofe. TaizLE JURÉE , étoit celle qui fe payoit fans enquérir de la valeur des biens des habitans,, parce qu’elle étoit abonnée &c jugée. Il en eft fait mention ès arrêts de Paris du 26 Mai & 1 Juin 1403, & 3 Juillet 1406 & dernier Mai 1477. Voyez de gloffaire de M. de Lauriere, au mot caille. À TAILLE LIBRE, 04 FRANCHE, Voyez ci-devant TAILLE FRANCHE. TAILLE À MERCI, voyez ci-après TAILLE À VO- LONTÉ. HT TAILLE A MISÉRICORDE , voyez ci-après TAILLE À VOLONTÉ. l Taïzze MIXTE , eft celle qui eft partie perfon- nelle , & partie réelle, c’eft-à-dire qui eft dûe par les perfonnes à proportion de leurs biens: dans tous les pays où la saille eft proportionnelle, on peut dire _qu'elleeft mixte, Voyez Gollet Jar des flatuss de Breffe, Pe 302% TAILLE MORTAILLE , sribuzum mortalium , eft celle que le feigneur leve fur fes hommes de corps &c de condition fervile; favoir la saïlle une fois Pan, foit à la volonté du feigneur, ou felon quelque abon- nement , @c la rrorraille fe paye au décès feulement de l’homme ferf fur les biens par lui délaiffés, foit qu’il ait des enfans ou non, (4) TAILLES NÉGOCIALES, font des railles extraor- dinaires qui font pour le général de la province , ou pour les lieux 8 les communautés particulieres. Voyez Collet fur les fhaturs de Breffe, p. 350. TAILLE DU PAIN ET DU VIN, fallia panis & vini, étoit une levée qui fe faifoit fur Le pain & le vin en nature au profit du roi ou autre feigneur. Suivant une charte de Philippe-Augufte, de lan 1215 , pour la ville d'Orléans , il eft dit que cette les vée feroit faite depuis deux ans. Louis VIIE accorda en 1225 aux chanoines de l’é- gbfe de Paris, que la taille du pain & du vin qui avoit coutume de fe lever à Paris tous les trois ans , feroit levée par eux dans toute leur terre de Garlande, & dans le cloïtre St. Benoït , depuis le commencement des moiffons , & depuis le commencement des ven- danges qufqu'à la St: Martin d'hiver, & que depuis cette fêre jufqu'à Pâques , le roi auroit ladite salle, excepté fur les propres blés & vins des chanoines, & autres perfonnes privilégiées, Le roi levoit néanmoins les sailles fur les terres de certains ferpneurs , & même de quelques églifes , comme il paroït par une charte de Philippe le Hardi de lan 1273, pour l’éclife de St. Merry de Paris, la- quelle charte porte que le roi aura dans toute la terre de cette éghife &c fur fes hôtes Le droit de dan, le guet , la faille, hoft & chevauchée, la saille du pain & du vin, calliam panis & vini, les mefures , la juftice, 6c. Dans une délibération dé Ia chambre des comptes de Paris, de vers l’an 1320 , il eft dit qu’il feroit à propos que le roi fit refondre tous les vieux tour- nois & parifis qui étoient ufés, que le roi eft tenu de les tenir en bon point , ou état, car il en a la taille du pain 6 du vin de [a terre, &c. On voit par-là que cette taille étoit donnée au roxpour la fonte des monnoies. Voyez Le gloffaire de du Cange ; au mot sa/lia, 6 Sau- val aux preuves , p.72 & 77. (A) TAILLES PATRIMONIALES , on entendoit autre- ‘fois fous ce nom les impoftions qui fe faifoient pour les réparations des chemins ; des ponts , des édifices publics & des décorations, Voyez Collet, fur es fla- tuts de Breffe , p. 367. TAILLE PERSONNELLE, eft celle qui s’impofe fur les perfonnes à proportion de leurs facultés ; elle eft oppofée à la saille réelle, qui eft due par les biens , abftra@ion faite de la qualité des perfonnes. Ea salle perfonnelle a lieu dans dix-fept généralités. Voyez TAILLE RÉELLE. | TAILLE DE POURSUITE, eft la aille ferve qui fe leve fur le main-mortable en quelque lieu qu'il fe tranfporte. Voyez la coutume de Troies, TAILLE PROPORTIONNELLE, (Finances) le beau rêve de l’abbé de St. Pierre me s’accomplira-t-il ja- mais? Avant fa mort la saslle proportionnelle fut établie à Lizieux en 1717, & cet établiflement tranfporta les habitansd’unetelle joie, que les réjouiflances publi- ques durerent pendant plufeurs jours. Depuis toutes les paroiïfles du pays fupplierent inffamment que la même grace leur fût accordée. Diverfes villes préfen- terent d’un vœu unanime des placets. Des raifons qu'il ne nous appartient pas de deviner , firent rejet- ter ces demandes ; tant il eft difficile de faire un bien dont chacun difcourt beaucoup plus pour paroïtre Le vouloir , que dans le deflein de le pratiquer ! La ville de Lizieux vit même avec douleur diverfes at- teintes données à une régie qui dans un feul jour ré- TAT tablifloit l’aifance &c les confommations. Un trait dé- cifif achevera de donner une idée des avantages que le roi en retireroit; l’impofition de r 718, avec les ar- rérages des cinq années précédentes, fut acquittée dans douze mois, fans frais ni difcufion. Par un ex- cès le plus capable peut-être de dégrader l'humanité , le bonheur commun fit des mécontens de tous ceux dont la profpérité dépend de la mifere d'autrui. C’eft alors que le peuple en gémiffant s’écrie, fi le Prince étoit fervi comme nous l’aimons ! Depuis ce tems on a eflayé d'introduire la même nature d'impofition en diverfes:provinces du royau- me; mais elle n’a point réufli dans les campagnes, parce qu’on la dénaturée en voulant impofer le fer- mier à raifon de fon induftrie particuliere , au-lieu de limpofer uniquement à raïfon de l’occupation du fonds : dès - lors l'arbitraire continue fes ravages, éteint toute émulation , & tient la culture dansl'état languiffant où nous la voyons. C’étoit précifément fur cette répartition plus jufte des sailles que fe fon- doient Les plus grandes efpérances pour l’avenir;parce qu’on voyoit clairement qu’augmenter l’aifance du peuple, c'eft augmenterles revenus du prince. Coz/£- dérar, fur les finances. Voyez TAILLE. (D.J.) TAILLE AUX QUATRE CAS, eft une saille feigneu- riale que dans certains lieux les feigneurs ont droit de lever fur leurs hommes taillables en quatre cas différens. LE On lappelle saille aux quatre cas , parce qw’elle fe leve communément dans quatre cas qui font les plus ufités ; favoir, pour voyage d’outre-mer du feigneur, pour marier {es filles, pour fa rançon quand il eff fait prifonnier, & pour faire fon fils chevalier. Quelques coutumes n’admettent que trois cas. Dans les pays de droit écrit , cette saille. eft per- çue en certains lieux dans fept ou huit cas, felon que les feigneuts ont été plus où moins attentifs à éten- dre ce droit par leurs fermiers. Les barons de Neuf. Châtel en Suifle la Levoient dans un cinquieme Cas ; favoir , pour acheter de nouvelles terres. En pays coutumier, ce droit ne fe leve ordinai- tement qu'en vertu d’un titre ; les coutumes qui l’admettent font celles d'Anjou & Maine, Norman- die, Bretagne , Auvergne, Bourbonnois, Bouroo- gne, Lodunois, Poitou, Tours. Les trois premie- res ne reconnoïiflent que trois cas, les autres en ad- meftent quatre. Dans la coutume de Bourgogne ce droit eft ap- pellé aide, en Normandie, arde-chevel ; en Poitou & ailleurs, Joyaux-aides ; en Anjou & Maine, doublage ; en Bourbonnoïs , guéte Ou taille aux quatre cas ; en Forez , droit de muage ; en d’autres lieux , droit de com- plaifance, coutumes volontaires. L'origine de ce droit eft fort ancienne. Quelques- uns la tirent des Romains, chez lefquels les cliens étoient obligés d’aider leurs patrons lorfque ceux-ci manquoient d'argent , & qu'il s’agifloit de fe rédi- mer eux ou leurs fils de captivité, ou de marier leurs filles. D’autres rapportent cet ufage au temsde linftitu- tion des fiefs. | Quoi qu'il en foit, il paroït qu’au commencement cette salle ne confiftoit qu’en dons & préfens vo- lontaires que les vaflaux & tenanciers faïfoient À leurs feigneurs dans des cas où il avoit befoin de {e- cours extraordinaires, que les feioneurs ont depuis tourné en obligation & en droit. , Cette aille extraordinaire eft différente de la saille à volonté , à miféricorde & à merci, qui font auf des saïlles feigneuriales | mais qui ne fe levent que fur les ferfs, à la différence delasailleaux quatre cas, quieft auffi due par les vaflaux & autres tenanciers non main-mortables. Le cas de chevalerie étoir autrefois lorfque lon T'AÏI 845 recevoit la ceinture où le baudrier ; préfentement c’eft lorfque l’on recoit le collier de l’ordre du Saint- Efprit , qui eft le premier ordre du roi, Le cas de rançon n’a lieu que quand lefeioneur eft pris-prifonnier portant les armes pour le fervice du roi. | Quand les titres ne fixent pas la quotité de la sai/e aux quatre cas , l’ufage eft de doubler les cens & rentes des emphitéotes , c’eft pourquoi quelques cou- tumes appellent ce droit doublage. Cette aille eft différente de la sai//e à volonté, qui eft annuelle & ordinaire. Chaque feigneur ne peut la lever qu’une fois en fa vie dans chacun des cas dont on a parlé ; encore les voyages d'outre-mer mont-ils plus lieu, ni les casde rançon, vü que le fervice militaire ne fe fait plus pour les fiefs , fi ce n’eft en cas de convocation du ban &r de larriere-ban ; mais dans ce cas même les prifonniers de guerre ne payent plus eux - mêmes leur rançon. À l'égard du cas de mariage, quelques coutumes ne donnent la sas/le que pour le premier mariage de la fille ainée , d’autres pour le premier mariage de chaque fille. Les coutumes qui admettent cette #a1//e font celles de Normandie, Bretagne, Auvergne , Bourbonnois, Bourgogne, Anjou, Maine , Lodunois, Poitou , Tours; elles ne reconnoiffent en général que quatre cas , Anjou & Maine n’en admettent même que trois. Dans les pays de droit écrit on en admet un plus grand nombre, ce qui dépend de la jurifprudence de chaque parlement, En général la quotité de cette salle, & les cas où elle peut-être perçue , defcendent des titres & de lufage, lefquels ne doivent point recevoir d’exten- fion, ces droits étant peu favorables. Ce droiteft pourtant imprefcriptible parce qu'il ef de pure faculté, à-moins qu'il n’y eût eu refus & contradiéion de la part du taillable, auquel cas la prefcription courroit feulement du jour de la contra- diétion, Voyez Cujas, Liv. II, de fundis, rie, 7. Do- live, Liv. IT, ch. viy. Lapeirere, /es, T, n°, 8.Defpeif- fes, son. III, re, 6. fait. 1. Salvaing , des fiefs, ch, xljx. (4) TAILLE RAISONNABLE 0% À VOLONTÉ RAISON- NABLE. Voyez TAILLE A MERCI, A PLAISIR & À VOLONTÉ. TAILLE RÉELLE, eft celle qui eft dûe par les hé- ritages taillables, abftraétion faite de la qualité du propriétaire, foit qu'il foit noble ou non. Les héritages fujets à la sil/e réelle font les biens roturiers , il n’y a d’exempts que les héritages no- bles. Le clergé &gla noblefle, & autres priviléoiés, payent la caille réelle pour les héritages roturiers ; elle eft établie en Languedoc, Guyenne, Provence &t Dauphiné. TAILLE SERVE, eft celle qui ne fe leve quefur les perfonnes de condition ferve & qui les rend mor- taillables ou mainmortables. Foyez MAINMORTE , MORTAILLE , TAILLE FRANCHE, © Les coutumes de Bourbonnoïs , art. 189. 6 la Marche, art. Co. € Des TAILLE TARIFÉE, eft la même chofe que la saslle proportionnelle. TAILLE À VOLONTÉ 04 À DISCRETION, À MERCI O4 À MISERICORDE, ad bereplacitum, c’eft une raille ferve que le feigneurleve annuellement fur fes hom- mes ; on l'appelle sail/e 4 volonté, non pas que le fei- gneur foit le maître de la lever autant de fois que bon lui femble , mais parceque dans l’origine le {ei- gneur faxoit fon rôle aufñ fort & aufli léger qu’il le vouloit ; préfentement il fe fait arbitrio boni viri, & felon la poffibilité. Voyez la Peyrere, lettre T. n. 8. L'hiftorique de çette impoñition eft court, mais 846 T A Ï les réflexions {ur la nature de la chofe font impor- +antes, Lesétats généraux de France, dit M. de Voltaire, ou plutôt la partie de la France qui combattoit pour fon roi Charles VIT contre l’ufurpateur Henn V. accorda généreufement à fon maître une sai//e géné- rale en 1426, dans le fort de la guerre, dans la di- fette, dans le tems même où l’on craignoit de laiffer les terres {ans culture. Les rois auparavant vivoient de leurs domaines , maïs il ne reftoit prefque plus de domaines à Charles VIT. & fans les braves guerriers qui fe facrifierent pour lui c pour la patrie, fans le connétable de Richemont qui le maïîtrifoit, mais qui le fervoit à fes dépens, il étoit perdu. Bientôt après les cultivateurs qui avoïent payé auparavant des sailles à leurs feigneurs dont ils avoient été ferfs, payerent ce tribut au roi feul dont ‘ils furent fujets. Ce n’eft pas que, fuivant plufieurs auteurs, les peuples n’euffent payé une sai//e dès le tems de faint Louis, maisils le firent pour fe déli- vrer des gens de guerre, & ils ne la payerent que pendant un tems ; au-lieu que depuis Charles VIT. la raille devint perpétuelle, elle fut fubflituée au pro- fitapparent que le roi faifoit dans le changement des monnoies. L Louis XL augmenta les sai/les de trois millions, &r leva perdant vingt ans quatre millions fept cens mülle livres par an, ce qui pouvoit faire environ vingt trois nullions d'aujourd'hui, au-lieu que Char- les VIL. n’avoit jamais levé par an que dix-huit cens mille Hvres. Les guerres fous Louis XI. êr François]. augmen- terent Les sailles, mais plufeuts habitans de la cam- pagne ne pouvant les payer, vinrentfe réfugier à Paris, ce qui fut la caufe de fon accroiflement êr du dommage des terres. ( Ce fut bien pis fous Henri TEL. en 1585, car les tailles avoient augmenté depuis le dernier regne d'environ vingt mullions. En 1683 les railles montoient à trente-cinq mil- Hons de livres, ou douze cens quatre - vingt - feize mille deux cens quatre-vinst-feize marcs d'argent, ce qui fait fept pour cent de la mafle de l'argent qui exiftoit alors. Aujourd'hui, c’eft-à-dire avant les guerres de 1754, les recettes générales de la sai/le &t de la capitation, étoient eflimées à foixante & douze millions de livres , ou quatorze cens quarante mille marcs d'argent, ce qu fait environ fix pour cent de la mafle de l'argent. Il paroïît d’abord que la charge des campagnes de France eft moins pefante qw'alots, proportionnellement à nos richeffes:; mais il faut obierver que la confommation eft beaucoup . moindre , qu'il y a beaucoup moins de beffiaux dans les campagnes, & que le ffoment aut moins de moitié; au-lieu qu'il auroit dû augmenter de moitié. Mais paflons à quelques réflexions fur Pimpôt en lui- même ; jeles tirerai denos écrivains fur Cette matiere. M. de Sully regardoit impôt de Îa saifle comme violent & vicieux de fa nature, principalement dans les endroits où la raille n’eft pas réelle. Une expé- rience conftante lui avoit prouvé qu’il nuit à la per- ception de tous les autres fubfides, & que les campa- gnes avorent toujours déperi à mefure queles sai- Les s’étoient accrues. En effet, dès qu'il y entre de Parbitraire , le laboureur eft privé de l’efpérance d’une propriété , 11 fe décourage; loin d'augmenter fa culture illa néglige pour peu que le fardeau s’ap- péfantifle. Les chofes font rédiutes.à ce point parmi les taïllables de l'ordre du peuple, que celui qui s’en. richit n’ofe confommer, &c dès-lors 1l prive les terres du produit naturel qu'il voudroit leur fournir jufqu’à ce qu'il foit devenu aflez riche pour nerien payer du-tout. Cet étrange paradoxe eff parmi nous. une “vérité que les privileges ont rendu commune, L'abus des privileges eft ancien; fans cefle attas qué, quelquefois anéanti, toujours reflufcité peu de tems après, il aura une durée égale à celle des befoins attachés au maintien d’un grand état, au defir natu- rel de fe fouftraire aux contributions, & plus encore aux gênes & à l’aviliffement. Les privileges font donc onéreux à l’état, mais l'expérience de tant de fiecles devroit prouver qu'ils font enfantés par le vice de Pimpôt, & qu'ils font faits pour marcher enfemble, Un premier préfident de la cour des aides, M. Chevalier, a autrefois propofe de rendre la sai//e réelle fur les biens. Par cette réforme le laboureur eùt été véritablement foulagé; ce nombre énorme d'élus & officiers qui vivent à fes dépens devenoit inutile ; les frais des exécutions étoient épargnés; en- : fin le roi étoit plus ponétuellement payé. Malgré tant d’avantages, l'avis n’eut que trois voix. Ce fait efl facile à expliquer; l’affemblée étoit compofée d’ec- cléfiaftiques, de gentilshommes, de gens de robe, tous riches propriétaires de terres, & qui n’en con- noiffant pas le véritable intérêt, craignirent de fe trouver sarants de limpofition du laboureur, comme fi cette impofition leur étoit étrangere, N’efl-ce pas en déduétion du prix de la ferme, & de la fohidité des fermiers, que fe payent les contributions arbi- traires? La confomimation des cultivateurs à leur aife ne retourneroit-elle pas immédiatement au pro- priétaire des terres ? Ce que la rigueur de l'impôt & la mifere du cultivateur font perdre à la culture, n’eft- il pas une perte réelle & irréparable fur leur pro- riété? , Les fimples lumieres de [a raifon naturelle déve- loppent d’ailleurs Les avantages de cette sar/le réelle, &c il fuffit d’avoir des entrailles pour defirer que fon établiffement fût général, ou du-moins qu'on mit en pratique quelque expédient d’une exécution plus fimple & plus courte, pour le foulagement des peu: ples. | | Il y auroïit beaucoup de réflexions à faire fur l’im- poñtion de la saille, Eft-il rien de plus effrayant, par exemple, que ce droit de fuite pendant dix ans fur les taillables qui tranfportent leur domicile dansune ville franche, où ils payent la capitation, les entrées, les oftrois, & autres droits prefque équivalens à la tail? Un malheureux journalier qui ne poffede au- cun fonds dans une paroïle, qui manque de travail, ne peut aller dans une autre où il trouve de quoi {ubffter fans payer la saille en deux endroïts pendant deux ans, & pendant trois s’il paffe dansune troifieme élettion. Fentends déjà les gens de loi me dire, que c’eftune-fuite dela Loi quiattachoitles ferfs à la terre. Je pourrois répondre, que tous les taillables ne font pas , à beaucoup près, iflus de ferfs; mais fans fon- der l’obfcurité barbare de ces tems-là, 1l s’agit de fa- voir fi l’ufage eft bonou mauvais , à non pas de con- noître fon origine. Les rois trouverent avantageux pour eux &c pour leur état d’abolir les fervitudes, &c comme l’expérience a juftifié leur fage politique, al ne faut plus raifonner d’après les principes de fervi- tude. (2.7) | | TAILLE, { £. rerme de Chirurgie, c’eft l'opération dela Hthotomie, par laquelle on tire la pierre de la vellic. Voyez CALCUL. | Cette opération eft une des plus anciennes de la Chirurgie ; on voit par le ferment d'Hippocrate qu’on la pratiquoit de fon tems, mais on ignore ab- folument la maniere dont elle fe fatoit, Aucun au- teur n’en a parlé depuis lui jufqu'à Ex//e , qui donne une defcription exaËte de cette opération. L’ufage s’en perdit dans les fiecles fuivanss & au commence- ment du feizieme, il n’y avoit perfonne qui oiàt la pratiquer, du-moins fur les orandsifujets. Les vefti- q o ets. ges que l'ancienne Chirurgie a laiffés de l'opération de la saillene font que les traces d’une timidité 1gn0- rante ; TAI rante : la plüpart de ceux qui avoient a pierre , ne trouvoient aucun foulagement: les enfans pouvoient efpérer quelque reflource juiqu'à l’âge de quatorze ans ; après.cet âge, l’art étoit ftérile pour eux, C'’eft en France qu’on a d’abord tenté d'étendre ce fecours fut tous les âges ; les tentatives effraye- rent ; les. préjugés des anciens médecins les rendoient fufpeëtes. Selon Hippocrate , les plaies de la veñhe étoient mortelles, Germain Collotméprifa enfin cette faufle opinion ; pour tirer, la pierre , il imagina une opération nouvelle. Ce cas eft célebre dans notre hiftoire. Woyez l’hifloire de Louis XI, par Varillas, page 340. Un archer de Bagnolet (d’autres difent 7 franc-archier de Meudon) étoit condamné à mort; heu- reulement pour lu, 1l avoit une maladie dangereufe. Le détail n’en eft pas bien connu ; l'ignorance des tems la obfcurci; la defcription qu’en ont donnée les hifioriens, eft confufe & contradiétoire : on y entrevoit feulement que ce muferable avoit la pierre. Mezeray aflure fans fondement que cette pierre étoit dans les reins ; il paroît évident qu’elle étoit dans la veñlie. Quoi qu'il en foit , il ne dut la vie qu'à fa pierre. L'opération qui pouvoit Le délivrer de fes maux , fitla feule punition des crimes qu’ilavoit com- mis : C’étoit un effai qui paroifioit cruel ; on ne vou- lut pas même y {oumettre ce miférable par la vio- lence ; on le lui propofa comme à un homme libre, & il le choïfit. Germain Collot tenta l'opération avec une hardieffe éclairée, & le malade fut parfaitement rétabli en quinze jours. Foyez Les recherches hifloriques Jur l'origine , fur les divers états | & fur les progrès de da Chirurgieen France, Paris 1744. La plus ancienne des méthodes connues de faire l'opération de la raifle eft celle de Celfe , à laquelle on a donné le nom de petit appareil. Voici la maniere d’y procéder. Méthode de Celfe où petit appareil, Un homme ro- bufte & entendu , dit cet auteur , 4h. FIL, c. xxvj. s’aflied fur un fiege élevé , & ayant couché l’enfant fur le dos, lui met d’abord fes cuifles fur Les genoux ; enfuite lui ayant plié les jambes, il les lui fait écarter avec foin , lui place les mains fur fes jarrets , les lui fait étendre de toutes fes forces, & en même tems les aflujettit lui-même en cette fituation ; fi néänmoins le malade eft trop vigoureux pour être contenu par une feule perfonne, deux hommes robuftes s’afleyent fur deux fieges joints enfemble, & tellement attachés qu'ilsne puifent s’écarter. Alors le malade eft fitué de lamême maniere que je viens de le dire,furles genoux de ces deux hommes, dont lun lui écarte lajambe gauche, &r l'autre la droite , felon qu'ils font placés, tandis que lui-même embrafle fortement fes jarrèts. Mais foit qu'il n’y ait qu'un homme qui tienne le malade, ou que deux faflent cette même fon@ion, les épaules du malade font foutenues par leur poi- trine , ce qui fait que la partie d’entre les îles qui eft au-deffus du pubis eft tendue fans aucunes rides, & que la vefhie occupant pour-lors un moindre efpace, on peut faifir la pierre avec plus de facilité ; de plus, on place encore à droite & à gauche deux hommes vigoureux , qui foutiennent & empêchent de chan- celer celui ou ceux qui tiennent l'enfant, Enfuite l'opérateur , de qui les ongles font bien coupés, in- troduit dans l’anus du malade le plus doucement qu'il lui eft poffible index & le doigt du nulieu de la main gauche, après les avoir trempés dans l'huile, tandis qu'il applique légerement les doigts de la main droïte fur la région hyposaftrique, de peur que les doigts venant à heurter violemment la pierre, la veffie ne fe trouvât bleflée. Maïs il ne s’agit pas ici, comme dans la plüpart des autres opérations, de travailler avec promptitude , il faut principalement s'attacher à opérer avec füreté ; car lorfque la veflie eft une fois blefiée , 1l s’enfuit fouvent des tiraillemens & atffenfons des nerfs qui mettent les malades en dan- Tome XP, TAT 347 ger de mott, D’abord il faut chercher la pierre vers le col de la veflie ; & lorfqw’elle s’y trouve , l'opé- ration en efb moins laborieute. C’eit ce qui ma fait dire qu'il ne falloit en venir à opération, que lorf: qu'on eft afluré par des fignes certains que la pierre eft ainfi placée ; mais fi la pierre ne fe trouve pas vers le col de la veflie ; où qu’elle foit placée plus. avant, 1l faut d'un côté pafler Les doigts de la main gauche jufqu’au fond de la veflie, tandis que la main: droite continue d'appuyer fur lhypogaître jufqw’à ce que la pierre y foit parvenue, La pierre une fois trouvée , ce qui ne peut manquer d'arriver en fui- vant la méthode prefcrite , 1l faut la faire defcendre avec d'autant plus de précaution , qu’elle eft plus ou moins petite, où plus ou moins polie, de peur: qu'elle n'échappe, & qu’on ne foit obligé de trop fatiguer la vefñe ; c’eft pourquoi la main droite po- fée au-delà de la pierre s’oppofe toujours à fon re- tour en arriére, pendant que les deux doigts de la main gauche la pouflenten en-bas, jufqu’à ce qu’elle foit arrivée au col de la veffie , vers lequel, fi la pierre eft de figure oblongue , elle doit être poufiée, de façon qu’elle ne forte point par l’une de fes ex- trémités ; fi elle eft plate , de maniere qu’elle forte tran{verfalement ; la quarrée doit être placée fur deux de {es angles, & celle qui eft plus grofle par un de fes bouts , doit fortir par celle de fes extrémi- tés qui eft la moins confidérable ; à l'égard de la pierre de figure ronde , on fait qu’il importe peu de quelle maniere elle fe préfente ; fi néanmoins elle fe trouvoit plus polie par une de fes parties, cette par- tie la plus liffe doit pañler la premiere. Lorfque la pierre eftune fois defcendue au coi de la veflie , 1l faut faire à la peau vers l’anus une in- cifion en forme de croïflant qui pénetre jufqu’aw col de la veffe, & dont les extrémités regardent un peu les cuiffes ; enfuite il faut encore faire dans la partie la plus étroite de cette premiere ouverture & fous la peau une feconde incifion tranfverfale qui ouvre le col de la veflie, jufqu’à ce que le conduit de Purine foit aflez dilaté , pour que la grandeur de la plaie furpañe celle de la pierre, car céux qui par la crainte de la fiftule ; que les Grecs appellent cupce puod , ne font qu’une petite ouverture , tombent , & mêmeavec plus de danger, dans l'inconvénient qu'ils prétendent éviter, parce que la pierre venant à être tirée avec violence , elle fe fait elle-même le chemin qu'on ne lui a pas fait fufhifant , & il y a même d’aus tant plus à craindre , fuivant la figure &ies afperités de la pierre : de-là peuvent naître en effet des hémot- ragies & des tiraillemens &c divulfions dans Les nerfs : &t fi le malade eft aflez heureux pour échapper à la mort , 1l lui refte une fiftule qui eft beaucoup plus confidérable par le déchirement du col, qu’elle ne lauroit été fi on y avoit fait une incifion fufñfante. L'ouverture une fois faite, ‘on découvre la pierre dont le corps & la figure font fouvent très-différens 3 c’eft pourquoi fi elle eft petite, on la pouffe d’un côté avec les doigts tandis qu’on lattire de l’autre. Mais fi elle fe trouve d’un voltime confidérable , il faut in- troduire par-defius la partie fupérieure un crochet fait exprès pour cela : ce crochet eff mince en fon ex- trémité , & figuré en efpece de demi-cercle , applati &t moufle, poli du côté qui touche les parois de la plaie, & inégal de celui qui faifit la pierre : dès qu’- on l'a introduit , 1l faut lincliner à droit & à gau- che pourmieux faïfir la pierre & s’en rendre le mat tre, parce que dans le même inftant qu’on l’a bien faifie | on penche auffi-tôt Le crochet : il eft néceffaire de prendre toutes ces précautions , de peur qu’en voulant retirer le crochet, la pierre ne s'échappe au-dedans, & que l’inftrument ne heurtecçontre les levres de la plaie , ce qui feroït caufe des inconyé- mens dont j'ai déjà parlé, à» PPppp 548 TAI . Quandon eftfürqu'ontient faffifamment la pierre, 11 faut faire prefque en même tems trois mouvemens, deux fur les côtés & un en-devant,mais les faire dou- cement, de façon que la pierre foit d’abord amenée peu-à-peu en-devant ; enfuite il faut élever l’extré- mité du crochet, afin que l’inftrument foit plus en- gagé fous la pierre, & la fafle fortir avec plus de fa- cilité ; que s’il arrive qu’on ne puifle pas farfir com- modément la pierre par fa partie fupérieure , on la prendra par fa partie latérale, fi on y trouve plus de facilité; voilà la maniere la plus fimple de faire Po- pération. | Fe: ( Celfe dit plus loin, que Mege imagina un inftru- ment droit, dont le dos étoit large, le tranchant de- mi-circulaire & bien afñlé ; il Le prenoit entre l'index & le doigt du milieu, en mettant le pouce par-def- fus, & le conduifoit de façon qu’il coupoit d’un feul couptout ce qui faifoit faillie fur la pierre. Telle eft la defcription que Celfe fait de la litho- tomie. Tous les auteurs qui l’ont fuivi, rontpref À que fait que le copier. Gui de Chauliac donna affez de réputation à cette méthode, pour qu’elle en prit le nom; & c’eft à elle que l’art a été borné jufqu’au commencement du xvj. fiecle. Elle ne peut être pra- tiquée que fur des petits fujets , &c la chirurgie étoit abfolument fans reflource pour les srands , à-moins que la pierre ne fût engagée dans le col de la vefe ; car hors cette circonftance , 1l n’eft pas-poflible d’at- teindre la pierre avec Les doigts, 8 de la fixer au pé- rinée. . C’eft cette opération à laquelle on a donné depuis le nom de pets appareil. On appelle encore aïnfi Pin- cifion qu’on fait fur la pierre engagée dans luretre. Pour la pratiquer on tire un peu la peau de côté; _onincife la peau, & le canal de l’uretre dans toute Pétendue de la pierre; on la tire avec le bout d’une fonde, ou une petite curette. La peau reprenant fa fituation naturelle , couvre ouverture qu’on a faite à l’uretre, & empêche que l’urine ne forte par la plaie, qui très-fouvent eft guerie en vingt-quatre heures. Du grand appareil. La méthode de Celfe étoit une méthode imparfaite à plufieurs égards : les grands fu- jets attaqués de la pierre étoient abandonnés aux tourmens & au défefpoir. Le petit appareil étoit la reflource des feuls enfans ; encore cette opération fe faifoit ridiculement. Gui de Chauliac prefcrivoit la précaution de faire fauter le malade,pour que la pierre fe précipitât vers les parties inférieures. On fouilloit fans lumiere dans la veflie, on n’avoit aucun égard à la firuêture &t à la pofition des parties que le fer intérefloit. Enfin on chexcha des regles pour con- duire les inftrumengavec certitude ; Germain Collot tenta le premier une opération nouvelle qu’il ima- gina. Cette tentative entreprife avec une hardiefle éclairée’, donna les plus grandes efpérances ; le ma- lade qui en fut le fujet fut parfaitement guerien moins de 15 jours, comme nous l’avons dit au commence- ment de cet article. . Cette opération , malgré de fi. heureux commen- cemens , eft reftée long-tems dans l’oubli. Jean des Romains rechercha la route qu’on pouvoit ouvrir à la pierre , &t enfin par festravaux l’art de la tirer dans tous les âges devint un art éclairé. Marianus Sanétus fon difciple , publia cette méthode en 1524. Elle a fouffert en différens tems & chez différentes nations des changemens notables en plufeurs points, & prin- cipalément, dans l’ufage des inftrumens. _ Pour la pratiquer, on fait fituer le malade conve- nablement. Voyez LIENS. On lui pañle un cacheter dans la veflie, fur lequel on fait avec un lithotome àlancette , une incifion commune à la peau & à l’u- rette , avec les précautions que nous avons pref- crites en parlant de l'opération de la boutonniere; T'AT laquelle ne differe point de ancienne méthode de faire le grand appareil pour l’extra@tion dela pierre. Les bornes de cette inciñon expoloient les mala- des , pour peu que leurs pierres euflent de volume, à des contufions & à des déchiremens dont les {ui- tes éroient prefque toujours fâcheufes ; après l’inci- fion, on mettoit le conduéteur mâle dans la canne- lure de la fonde, &r on le poufloit jufquedans la vef- fe. On glifloit un dilatatoire fur le conduéteur , afin d’écarter tout le paflage , on retiroit le dilatatoire pour placer le conduéteur femelle, & à la faveur de ces deux infrumens on portoit unetenette dans la veflie pour tirer la pierre. | | Toutes ces précautions ne mettoient point à l'abri du déchirement & de la contufion du col de la vef- fe, On fentit la néceflité d'étendre davantage l’ou- verture vers cette partie. C’eft cette coupe à laquelle on à donne le nom de coup de maïtre: elle a donné lieu à la variation des lithoromes | comme nous l’a- vons expliqué à cet article. Voyez LITHOTOME. … M. Maréchal a fupprimé le dilatatoire ; il fuppléa à fon ufage par l’écartement des branches de la te- nette, lorfqu’elle eft introduite dans la veffe. Il trouva de même qu'il étoit moins embarraffant de fe. fervir du gorgeret que des conduéteurs , &c il aban- donna totalement ceux-ci, Voyez GORGERET. Quelque perfeétion qu'on ait tâché de donner à cette Opération , elle a des défauts eflentiels : la divifion forcée d’une portion de l’uretre, du col de la vef- fie, & de fon orifice , la contufion des profates, leur féparation du col de la vefie, comme fi elles euflent été difléquées , font des marques du délabrement qui fuit néceflairement cette opération. Si la pierre eft: eroffe , & que le malade ait eu le bonheur d’échap- per aux accidens prinutifs de opération , 1l refte le plus fouvent incommodé d’une incontinence d’urine, & fouvent de fiftuies, La confidération de ces incon-. véniens & du danger abfolu de cette méthode, a fait recouvrir au haut appareil, ou taillehypogaftrique, opération au moyen de laquelle on tire la pierre hors de la veflie par-une incifion que l’on fait à {on fond , à la partie inférieure du bas-ventre, au-deflus de los pubis. On doit cette méthodeà Franco, chi ruroien provençal. #oyez HAUT APPAREIL. Correttions du grand appareil, connu fous le rom d’appareil-latéral. Le grand appareil, tel que noûs l'avons décrit, confifte à faire une incifon au péri- née parallellement & à côté du raphé: cette incifon, comme nous l'avons dit, a été étendue inférieure- ment du côté du col de la vefie par une coupe inter- ne. Pour la faire cette coupe interne , fans rifque de couper le reftum;,ona diminué la largeur du lithoto- me , on la même échancré , pour que le tranchant fupérieur püt ghffer dans la cannelure de [a fonde, ens’ajuftant à fa convexité. Foyer LITHOTOME.Tou- tes ces précautions, & l'attention tant recommandée de ne point faire violemment l’extraétion de la pier- re, & d’en préparer le pañlage par des dilatations len= tes au moyen de l’écartement des branches destenet- tes , précédé de l’introduétion du doigt trempé dans l’huile rofat tiede, & coulé dans la gouttiere du gor- geret, toutes ces précautions & ces attentions ne mettent point à l’abri des accidens que nous avons rapportés. Il n’eft pas poflible d'ouvrir à toutes les pierres un pañlage qui leur foit proportionné, &e lon ne peut éviter un delabrement fâcheux, pour peu que la pierre ait de volume, parce qu’on ft obligé de {a tirer par la partie la plus étroite de l’angle que for- ment les os pubis par leur réunion. On eft même fort borné pour lincifion destégumens; on ne peut a potter en-bas à caufe du re&tum ; &c fi on coupe trop haut, la peau des bourfes qu'on a été obligé de tirer vers los pubis., fe remettant dans fa fituation natu- telle, recouvre toute la partie fupérieure de linci= fon de luretre , ce qui donne lieu à l’infiltration de FPurine 8 de la matiere de la fuppuration dans le tiflu graiffeux du fcrotum, fource dés abfcès qui fur- viennent fréquemment à cette méthode, & dont on accufe, fouvent mal-à-propos, celui qui a trouffé les bourfes. | On évite ces inconvéniens en faifant une incifion oblique qui commence un peu au-deflus de l'endroit où finit celle du grand appareil décrit, & quife porte vers la tubérofité de lifchion. C’eft à cette coupe oblique & plus inférieure que celle du grand appareil ordinaire,-que les modernes ont donné le nom d’p- pareil latéral. Mais doit-on donner ce nom à une mé- thode qui ne permet l’entrée de la veflie qu’en ou- vrant l’uretre & le col de cet organe ? La taille de frere Jacques n’étoit que le grand appareil ; fon peu de lumieres en anatomie, fur-tout dans les premiers tems , permet de croire qu'il n’étoit que l’imitateur d'un homme plus éclairé que lui, à qui il avoit vu pratiquer Cette opération qu'on croyoit nouvelle. On lit dans Fabricius Hildanus, 48. de lithotom. vefice, ue Pincifion de la saille au grand appareil fe doit ire obliquement, ab offe pubis verfis coxam finiffram. La pratique de notre opération au grand appareil étoit défeflneufe; c’étoit un des effets de la décaden- ce de la chirurgie par l’érat d’aviliflement où elle avoit té plongée quarante ans auparavant que frere Jacques fe fit connoître en France. Voyez le 104 CHi- RURGIEN. De l'opération de frere Jacques. Frere Jacques étoit une efpece de moine originaire de Franche-Comté, qui vint à Paris en 1697. Il s’annonça comme pof- feffeur d’un nouveau fecret pour la guérifon de la pierre. Il fit voir aux magiftrats une quantité de cer- tificats qui atteftoient fon adrefle à opérer. Il obtint la permifion de faire des eflais de fa méthode à l’Hô- tel-Dieu fur des cadavres , fous les yeux des chirur- giens & des médecins de cet hôpital. M. Mery, qui en étoit alors chirurgien major, fur pareïllement chargé par M. le premier préfident d'examiner les épreuves de frere Jacques, & de lui en faire fon rapport. M. Mery dit que « frere Jacques ayant introduit »# dans la veffie une fonde folide , exaftement ronde, »# fans rainure, & d’une figure différente de celles # des fondes dont fe fervent ceux qui taillent fui- » vant l’ancienne méthode, il prit un biftouri fem- # blable à ceux dont on fe fert ordinairement , mais » plus long , avec lequel il ft une incifion au côté # gauche & interne de la tubérofité de lifchium, & » coupant obliquement de bas en haut, en profon- # dant, il trancha tout ce qui fe trouva de parties # depuis la tubérofité de l'ifchium jufqu’à fa fonde » qu'il ne retira point. Son incifion étant faite , il # poufla fon doigt, par la plaie, dans la veffie, pour # reconnoître la pierre. Et après avoir remarqué fa » fituation , il introduifit dans la veflie un inftru- # ment (qui avoit à-peu-près la figure d’un fer à # polir de relieur) pour dilater la plaie, & rendre # par ce moyen la fortie de la pierre plus facile fur » ce dilatatoire qu’il appelloit fon cordutteur, il # pouffa une tenette dans la vefie, & retira aufl- # tôt ce conducteur; & après avoir cherché & chargé » la pierre, il retira la fonde de luretre, & enfuite fa » tenette avec la pierre de la veflie par la plaie, cé » qu'il fitavec beaucoup de facilité, quoique la pierre » fût à peu-près de la groffeur d’un œuf de poule. » Cette opération étant faite , je difléquai, conti- # nue M. Méry, en préfence de MM. les médecins & » chirurgiens de l’hôtel-Dieu, les parties quiavoient »# été coupées. Par la difieétion que j'en fis, & en » les comparant avec les mêmes parties oppofées » que je difléquai auffi, nous remarquâmes que frere » Jacques avoit d'abord coupé des graiffes environ # un pouce & demi d’épaifleur , qu'il avoit enfuite Tome XP, TAI 549 » Conduit fon fcalpel entre le mufcle éreéteur & ac- » célérateut gauche fans les blefler, & qu'il avoit » enfin coupé le col de là veflie dans toute fa lon- » gueur par le côté, à environ demi-pouce du corps » même de la veflie, Sur ce rapport on permit à frere Jacques de faire fon opération fur les vivans. Il tailla environ cin- quante perfonnes ; mais le fuccès ne répondit pas à ce qu’on en attendoit; on fit de nouveau l’examen des parties bleflées, & on reconnut que les unes étoient tantôt intéreflées, & tantôt les autres, en forte qu’on peut dire de frere Jacques qu'il n’avoit point de méthode; car une méthode de taillet doit être une maniere de tailler fuivant une regle toujours conftante,au moyen de laquelle on entameles mêmes parties toutes les fois. Ce font les termes de M. Mo- rand , dans fes Recherches fur l'opération latérale in{é- rées dans les Mér. de lac, roycle des Scienc. ann. 1731. Frere Jacques n’avoit donc point de méthode : il en- tamoit la veflie, tantôt dans fon col tantôt dans fon corps ; 1l féparoit quelquefois le col du corps ; fou- vent 11 traverfoit la veflie, & l’ouvroit en deux en droits ; enfin il intérefloit l’inteflin redum qui ne doit point être touché dans cette opération, &c. M. Méry publia en 1700 un traité fous le titre d'Obfervations fur la maniere de tailler dans Les deux J'exes pour lextraëtion de la pierre, pratiquée par frêre Jacques. L'auteur releve vivement toutes les fautes commifes par le nouveau lithotomifte, en donnant des louanges à fa fermeté inébranlable dans l’opé- ration. Frere Jacques profita de la critique de M. Mery & des confeils qui lui furent donnés par MM. Fagon & Felix, premiers médecin & chirurgien du roi, La principale caufe des défordres de l'opération ve- noit du défaut de guide. Frere Jacques opéroit fur une fonde cylindrique ; mais lorfqu'il ent fait ufage de la fonde cannelée, il pratiqua fon opération avec beaucoup de fuccès. On a de lui un écrit intitulé , Nouvelle méthode de tailler, munie des approbations des médecins & des chirurgiens de la cour, qui lui virent faire à Verfailles trente-huit opérations fans perdre un feul de fes malades. Frere Jacques y re- proche à MM. Mery & Saviard de l'avoir décrié comme feétateur d’un nommé Raoulx qui étoit un fripon , de n’avoir pas aflez examiné par eux-mé- mes, & d'avoir écrit contre lui fur des oui-dires, par plaifir de blâmer l’opérateur & l’opération. M. Raw, fameux profefleur en Anatomie & en Chirurgie à Leyde, vit opérer frere Jacques, & ptatiqua enfuite l'opération de la saille avec un fuccès étonnant; mais il ne publia tien là-deflus. M. Aïbinus a donné un détail circonftancié de tout ce qui tegarde lopération de M.Raw fon prédé- cefleur. Il prétend qu’il avoit perfettionné la saille du frere Jacques, & qu’il coupoit le corps même de la veflie au-delà des proftates. Mais en' fuivant la defcription de M. Albinus, & fe fervant de la fonde de M. Raw, on voit quil eft impoñible de couper le corps de la veffe fans toucher aux profta- tes, à fon col & à l'uretre , & on penfe que M. AI- binus s’eft mépris fur la méthode de M. Raw dont nous ignorons abfolument les particularités , autres que les fuccès extraordinaires dont elle étoit fuivie. Opération de Chefelden. La differtation de M. Albi- mes {ur la salle de Raw , excita l’émulation des chi- rurgiens , &c les porta à faire des expériences pro- pres à les conduire à la perfedion annoncée dans cet ouvrage. M. Chefelden fit kes premieres tentatives ; ilren- contra en fuivant ponétuellement la defcription dé M. Albinus , des inconvéniens qui le conduifirent à une nouvelle opération ; voici la méthode de la pra, tiquér. “à PPpppy 850 T'A On fait fituer le malade à l'ordinaire on introduit un cacheter dans la veflie parl’uretre : on couche le manche de la fonde fur l'aise droite du malade, où, un aide qui doit être trés-adroit &c très-attentif, la tient aflujettie d’une feule main, pendant que. de l’autre il foutient les bourles ; par cette fituation de la fonde , l'uretre elt collé 8: {outenu contre la fm phyle des os pubis, ce qui Péloigne du reétum au- tant qu'il eft pofible dele faire ,& la cannelure de la fonde regarde l'intervalle qui eft entre l'anus & la tubérofité de l’ichion. or | L'opérateur prend un fthotome particulier (PZ. VIIL. fig. 3.), avec lequel il fait une très-prande incifion à la peau &c à la-graiflé, commençant à côté du raphé, un peu au-deflus de l'endroit où finit la fec- tion dans le grand appareil ordinaire, & fimflant un peu au-deflous de l'unus , entre cette partie & latu- bérofité de l'ifchion. Cetteincifon doit être pouñée rofondément entre les muicles, jufqu'à ce qu’on puifle fentir la glande profiate : alors on cherche l’endroit de la fonde , & l’ayant fixée où il faut, fup- poié qu’elle eût ghifié, on tourne en-haut le tran- chant du biftouri: comme la main gauche de l’opéra- teur neft pas occupée à ténir la fonde,le doigtindex decette main étant introduit dans Îa plaie , récon- noit la cannelure de la fonde, &c fert à y conduire.fu- rement la pointe du lithotome, êc en le.pouflant de bas en haut, entre les mulcles.éretteur & accéléra- teuf, on coupe toute la longuéur des proftates de dedans en dehors, pouflant en même-tems le rectum enbas, avec un ou deux doigts de la maïn gauche ; par cesprécautions on évite toujours de bleffer Fin- teftin.: l'opération fe termine de la maniere ordinai- re, par l'introduétion du gorgeret fur la cannelure de la fonde, & par celle des tenettes fur la goûttiere du porgeret.…. VIRE ET a | Cette opération a l'avantage d'ouvrir une voie fuf. fifante pour l’extraétion des pierres ,, par la partie la plus large de l’ouverture de Pangle des os pubis , & on eft {ür de ne point intéreffer le retum. Toutes les parties qu'on déchire & qu'on meurtrit dans le grand appareil ordinaire, font coupées dans l'opé- ration de Chefelden ; & c’eft un principe recu que la fe@ion des parties éft plus avantageufe que leur dé chirement, {ur-tout lorfque ce déchirement eft ac- compagné de contufon. | . M. Chefelden pratiquoit cette opération en An- gleterre avec de grands fuccès ; 1l'avoit abandonné le haut appareil pour cette nouvelle façon de saxller, dont M. Douglafs donna la defcription; mais les maï- tres de l’art ne la jugerent point fuffifamment détail- lée, pour favoir en quoi confiftoit pofitivement la nouvelle métnode. M. Morand voulut s’affurer des chofes par lui-même, il paffa en Angleterre , & vit opérer M. Chefelden; il lui promit de ne rien publier de cette opération , ayant la defcription que lau- teur fe propofoit de communiquer à l’académieroya- le des Sciences. Voyez les recherches [ur l'appareil la- zéral ; mém. de Pacad. des Sciences, année 1731. Pendant le voyage de M. Morand à Londres, M. de Garengeot, &c M. Perchet, premier chirurgien du roi des deux Siciles, qui gagnoit alors fa maitrife à hôpital de la Charité, firent dans cet hôpital plu- fieurs tentatives fur des cadavres : guidés par les fau- tes de frere Jacques , & par les obfervations de M. Mery , ils parvinrent à faire le grand appareil obli- quement , entre les mufcles ereéteur & accéléra- teur gauches, & à incifer intérieurement le col de la veflie & un peu de fon corps. M. Perchet, après bien des expériences , pratiqua cette opération avec réuflite. Voyez ce détail dans le sraité des opérations, par M. de Garengeot, féc. édir. tom Il. L'opération de la sale étoit, comme on voit, l'objet des recherches des grands maîtres de Part. TAT Feu M. de la Peyrome , premier chirurgien du roi, aufüi diflingué par {es grandes connoïflances que par la place qu'il oecupoit, fut confulté de toutes parts fur la matiere en queflion. Les chirurgiens lui ren- doient compte de leurs travaux, & demandoient qu’- il les éclairat de fes confeils ; les magiftrats des villes duroyaume oùaly ayoit., ow-bien où l’on vouloit avoir des lithotomiftes penfonnés. pour exercer l’o- pération,& y pour former des éleves, écrivoient au Chef de la chirurgie, pour qu'il décidàt quelle étoit la meilleure méthode de ,suller. [1 travailla en con- féquence à la defcription d’une méthode où l’on inci- fe les mêmesparties que dans l’opérationde M. Chez felden, mais par un procedé différent. L'opérateur, entre autres chofes, tient lui-même Îe manche de la fonde; ce que M. Chefelden fait faire À un aide, & qui,felon quelques auteurs, eft un inconvénient , parce que la pofition jufte de la fonde, fait toute la {üreté de l'opération; un aide maladroit, ou plus attentif à ce que fait l'opérateur qu’à ce, dont il eft chargé ,.peut donc faire manquer la route que l’on doit tenir. Je-vais donner 1c1 la defcription dont M, de la Peyronie eft auteur, parce qu'elle eft faite avec beaucoup de précifiôn | & qu’elle n’a jamais ctéinprimées Opération de M. de la Peyronie. «Il faut fituer le » malade fur une table, lelier, &c le faire tenir à » l'ordinaire, le conchantun peu plus fur le dosque » dans le grand appareil ; dans cette fituation, la ». partie intérieure du périnée , fur laquelle on doit ». opérer, fe préfentant mieux , On.opere.avéc plus » de facilité; la fonde cannelée doit être d’acier; on » l’introduit dans la veflie (voyez CACHETERISME), ». &t enfuite l’aide qui eft chargé detroufler, affujet- »_tit avec le creux de la main droite, tout le paquet » des bourfes, qu'il range fans le blefler, vers l’aine ». droite : il étendra le doigt indicateur de la même » main , le long du raphé fur toute la longueur du ». mufcle accélérateur gauche, qu'il cache tout en- » tier fous le doigt, il ne découvre tout -au-plus » qu'une très-petite portion latérale gauche de ce » mufcle. ». Cet aide couche le doigt indicateur de la main » gauche , à trois ou quatre lignes de l'indicateur » droit, fur Le mufcle éreéteur gauche, & le cou- » vre entierement aufh , fuizant fa dire@ion ; enfin » ce même aide étendra autant qu'il pourra la peau » qui fe trouve. entre fes, deux doigts indicateurs . » en faifant effort comme pour les écarter lun de » l’autre. s- » L'opérateur panche vers l’aine droite la tête de » la fonde, qu'iltient de la main gauche : alors la » partie convexe de la courbure de la fonde , où eft » la ramure, s'applique à gauche fur toutes les par » ties où lPon doit opérer ; car premierement elle » répond à la partie latérale gauche du bulbe, qui ef » le premier endroit où le canal de l’uretre fera ou » vert, enfuite à la partie latérale gauche de la por- » tion membraneufe de l’uretre ; enfin à la proftate » du même côté, & l'extrémité de ia fonde s'étend » dans la cavité de la veflie, environ à deux ou trois » lignes au-delà de fon col; cette courbure de la fon- » deainfi placée, fait extérieurement entreles deux » doists de l’aide, une petite éminence à la peau, » dont l’endroit le plus faillant répond à-peu-prèsau. » bulbe, qui eft le lieu par où l’on commencera » lincifion. » Pendant que l’opérateur tient de la main gauche » la fonde aflujettie encet état , ils’aflureaujufte, » avec l'indicateur de la main droite, du pointle » plus faillant de la convexité de la fonde, lequel » doit répondre à la partie inférieure latérale gau- » che du bulbe de luretre. Il coupe enfuite avec {on » biffouri la peau quicouvre cette portion du bulbe, » 62il continue fon incifon de la longueur de deux » ou trois travers de doigts, où davantage’, {elon la # grandeur du fujet, en-füivant toujours le milieu » de l'intervalle qui fe trouve entre les doigts indie » cateurs de l’aide; cette incifion coupe feulement la » peau & la graifle, car pour les mufcles, iln’y a # tout au plus que Paccélérateut qui puifle être ef- » fleuré dans fa partie latérale gauche. » Aprés cefteincifion , les parties du conduit qui » font pouflées par la courbure de la fonde, forment # dans l'endroit où la peau &r les graifles font cou- # pées, une bofe fort fenfible, fur-tout vers la par- # tie inférieure latérale gauche du bulbe. Il faut com- # mencer alors par couper cette partie; pour cet ef: # fet on porte la pointe du biffouri au pointle plus >» éminent de cetendroit qui fait bofle, On pénetre >» jufque dans là cannelure de la fonde,qué l’on tient » toujours bien aflujettie , & l’on coupe la partie # latérale gauche du bulbe; on continue de gliifer la » pointe du biftouri le long de la cännelure,on cou- # pe touf de fuite la partie membraneufe de l’uretre, # le mufcle tranfverfal gauche, &c la bande tendi- # neufefituée derriere ce muféle : on coupe enfinla # proftare gauche & le bourelet de la veflie : la prof- » tate fe trouve coupée dans une épaifleur de deux # Ou trois lignes, & environ deux lignes à côté du » verumontanurm, » Aprés cette derniere incifñon, on fait tenir le # manche du biftouri par l'aide, avant de retirer la #. pointé dudit biffourt hors dela cannelure de la fon- » de, le chirurgien prend le sorgeret avec fa main » droite, êcle conduit, à la faveur de la lame du bif- # touri, dans cette cannelure ; lorfaw’il y eft placé , # l’aide retire le biflouri , afin que l’opérateur puif- # fe olifler ce conduéteur, le long de la rainure # quil ne doit jamais abandonner jufqu'à ce qu'il # foit arrivé dans la veflie ; dès qu'il y eft ; il retire # la fonde; il prend enfuite le manche du sorgeret » de la main gauche , & le baiffe doucement vers le » fondement , pour glifler le long de ce condu@eur LA » le doigtindice de la main droite, graiflé d'huile : 5 on écartera peu-à-peu avec ce doigt, fans fecouf- » fes, les levres de lincifion , jufque dansla veffe, # afin de dilater l'ouverture que lon a faite, & de » détruire les brides s’il s’y en trouve , & même de » les couper s’il y en avoit quelqu'’une qui réfiftfât au # doigt, Ou qui empêchât de lintroduire facilement. > Il fera aïfe de les couper avec un biftouri ordinai- » re, conduit {ur ce doigt, ou bien le longde la rai- » hure du conduéteur ; outre tous ces avantages que # lon retire de l’introdu&ion du doist dans la vef- » fie, on a fouvent celui de toucher la pierre, de » s’aflurer du lieu oùelle eft fituée, de fa figure , de » fon volume, & de la maniere la plus facile dé la » charger, & la plusavantaseufe pour la tirer : on » peut d’ailleurs s’aflurer de fon adhérencesly en a, » Après avoir ainfi préparé les voies ,on introduit » aifément la tenetteà la faveur du gorgeret; on tou- » che la pierre avec la tenette , que l’on ouvre êt que » l’on tourneenfuite de façon qu’une des ferres pafle » deflous la pierre & lembrafle en maniere de cuil- »lere ; on la charge, & on la tire doucement &c fans » efort. » L'opération faite felon cette méthode n’eft {u- »jette à aucune variation. On coupe toujours les # mêmes parties; ce qu'on incife, ce qu’on divife ou » écarte avec le doigt ou les inftrumens , n’eft fuf- » ceptible par lui-même d'aucun accident fächeux. # La feule artere qu’on peut ouvrir, eft une branche » de la honteufe interne qui fe diftribue dans le bulbe » de l’'uretre. Elle fe trouve rarement fur la route de » l’incifion ; quand même on ouvriroit cette artere, » l'inconvénient ne feroit pas grand; elle n’eft pas # confidérable , elle fe retire dans les graifles, &c ta- T'AÏ 851 b rit ordinairement fans fecouts. Si elle s’opiniâtre.à » fournit , il eft facile d’en arrêter le fang par la corn- » preflion. S'il y a dés fragimens , ou uné feconde ou » troifieme pierre dans la veffie , on fe conduit com- » me On a fait pour la premiere pierre. » Les infirumens pour faire cétte opération fonts. » 19, La fonde canelée!, qui eft la même que dans #le grand appareil ordinaire, Foyez CACHETER, » Cependant elle fatisféroit mieux aux vues de cette » méthède, fi elle étoit un peu plus convexe, 8: que » le bec füt plus long dé deux lignes otr environ que » les fondes ordinaires, 2°, » El faut un biftouri ( voyez LiTHOTOME. ), » dont le tranchant foit large environ de quatre où » cinq lignes , & long environ de neuf ou dix, & » que la pointe foit courte. Le manche doit être fixé » à la lame ; s’il eft mobile , on l’aflujettira à Pordi- » naire , avec une bandelette, 3°. » Le gorgeret, comme pour l’opération ordis » naire, ( Voyez GORGERET ). | 4°.» On a beloin, de tenettes de toutes efpeces ; » pour employer celle qui paroïîtra la plus convena= » ble à chaque opération en particulier », Toutes ces différentes manieres de pratiquer la taille au périnée , ont été imaginées dans la vue d’ou- vrirun paflage fufhfant aux-pierres qui ontun volume. plus que médiocre , &c d'éviter les contufions inévi: tables dans Popération du grand appareïl tel qu’on le pratiquoit avant frere Jacques, Maloré ces perfec- tions , 1l faut avouer qu'il n’eft pas poffible de faire , par Puretre & par le col de la vefñe , une ouver- ture proportioñnée au volume des profes pierres, c'eft-à dires, une ouverture qui mette à l'abri de meurtffures & de déchiremens violens. On n’exa- gere point en difant que depuis vingt ans cent chirur- giens plus ou moins veriés dans lopération de ja taille | ont imaginé des inftrumens particuliers pour incifer le col de la vefñe avec les proftätes,, des bif tourishithetomes, des gorgerets à lames tranchantes | qui aojflent par des méchaniques différentes; mais quelqu’aitention qu'on donne pour étendre enfuite par lintroduétion du doigt &r par Pécartement gras dué des branches de la tenette la plaie du col de la vefie-par-de-là fon orifice, on fent toujours beau- coup. derréfiftance pour lPextraétion d’une groffe pierre; fa fortie eft difficile, la nature des parties s’y oppofe: Puretre eft tiflu de fibres aponévrotiques qui ne cedent pas afément ; leur déchirement fera d'autant plus douloureux & accompagné de meur- triflure , que les parties extérieures auront été plus ménagées ; cat plus l’incifion extérieure fera éten- due , moins il y aura de réfiftance, & plus l’extrac- tion fera facile , fur-tout lorfqu’on aura coupé obli- quement fort bas pour pouvoir tirer la pierre par la partie la plus large de louverture de l'angle que Les os pubis forment par leur réunion, Les expériences qui nous ont procuré les diffé: rentes méthodes dont nous venons deparler, avoient pour objet d'ouvrir le corps même de la vefie, Tous: les praticiens à qui nous en fommes redevablés cher= choient à découvrir la route que l’on difoit avoir été tenue par M, Raw. On convenoit gépéralement qu’- une pierre pañleroït avec moins iriculté entre des parties charnues , capables de prêter ou de fe déchirer fans peine , qu'entre des parties aponéyre= tiques qui offroient beaucoup de réfiflance. Ce 1e roit fans contredit an avantage:des plus grands, fur- tout dans le cas des pierres molles , qui, malgré toutes les attentions de l’opérateur , fe brifenr au pañlage par la réfiflance des parties ; cet inconvé- nient oblige à reporter plufieurs fois les tenettes dans la veffie ; on fatigue cet organe, & pour peu qu'il y ait de mauvaife difpoñtion de la part du fujet, 852 T AI les accidens qui furviennent caufent fouvent des de- fordres irréparables. C’eft par toutes ces confidérations qu’on defiroit pouvoir mettre communément en ufage le haut ap- pareil ; il met à l'abri des délabremens du col de la veflie , d’où réfultent les fiftules & les incontinences d'urine : dans cette méthode la pierre ne trouve à fon paflage que des parties d’une tiflure affez lâche : lincifion des parties contenantes peut être fuffifam- ment étendue ; le corps de la veflie fouffre fans ré- fiftance une extenfion aflez confidérable , & une di- vifon qui difparoït prefque tout-à-fait aufli-tôt que la pierre en eît fortie; ce feroit donc la méthode de préférence , fi certainees circonftances que nous avons rapportées ne la rendoient fouvent impra- ticable ; il y a même des cas où elle feroit poflible fans qu’on dût la mettre en ufage, comme lorfqu’il faut faire fuppurer & mondifier une veflie malade. Tout concourt donc à faire fentir le prix d’une mé- thode par laquelle on ouvriroit le corps même de la veflie par une incifion au périnée, fans intérefler le col de la veffie ml'uretre. Cette méthode a ététrou- vée par M. Foubert ; elle eft le fruit des recherches qu'il a faites pour découvrir la maniere de tailler attribuée à M. Raw par M. Albinus. | La méthode de M. Foubert eft la feule à laquelle on a pu donner légitimement le nom de saille Jaté- rale. Nous allons en donner la defcription, d’après le mémoire communiqué par l’auteur à l'académie royale de Chirurgie , & qui eft infére dans le pre- mier volume des recueils de cette compagnie. Opération de M. Foubert. La méthode de M. Fou- bert.confifte à ouvrir un pañflage aux pierres, par lPendroit le plus large de l’angle que forment les os pubis , fans intérefler le col de la veflie ni Puretre. Toutes les perfettions qu’on à données au grand ap- pareil, en procurant une ouverture plus grande que celle qu’on pratiquoit anciennement , tendoient à diminuer les inconvéniens de cette opération, parce qu’elles facilitent lintroduétion des inftrumens, & qu’elles épargnent une partie du déchirement que feroit la pierre fi l'ouverture étoit moins étendue. Cependant il eft toujours vrai qu’elles n’empêchent pas que les pierres un peu groffes ne faffent une dila- cération fort confidérable , & qu’elles ne remédient point à d’autres inconvéniens qui dépendent du lieu où Pon opere , qui eft trop ferré par l’angle que for- ment les os pubis, ce qui rend l’extraétion de la pierre fort dificile , & occafionne des contufions qui ont fouvent des fuites fâcheufes. D'ailleurs on ne peut éviter de couper ou de déchirer diverfes parties organiques qui accompagnent le col de la vefie, comme un des mufcles accélérateurs , le vérumon- tanum , le proftate , le col même de la veffie & le conduit de l’urine. Le déchirement ou la fe&tion de ces parties , qui de plus font meurtries par la pierre, peuvent avoir beaucoup de part aux accidens qui ar- rivent à la fuite de l'opération , & fur-tout aux in- continences d'urine , & aux fiftules incurables qui reftent après ces opérations , comme nouslavons dit plus haut. La méthode de M. Foubert n’eft point fujette ces inconvéniens. ILentre dans la veflie par le lieule plus favorable , en oùvrant cet organe à côté de fon col & au-deflus de luretere. On n’a dans cet endroit d’autres parties à couper que la peau, le tiflu des graifles , le mufcle triangulaire, un peu du mufcle releveur de Panus, un peu du ligament de l’angle du pubis & la veflie, La figure 3. de la Planche XIII. repréfente le périnée , où eit marquée la direétion de lincifion extérieure , felon la méthode de M. Fou- bert. La figure 4. de cette Planche eft une difle&ion des mufcles du périnée , & montre endroit de la veflie coupée par l'opération. TAT Pour pratiquer cette opération , il faut des inftru- mens particuliers. On pénetre dans la veflie à-travers la peau & les graifles avec un longtrocar dont la can- nule eft cannelée, ( Z’oyez TRocAR, ) La ponétion de la veflie eft ou impoññble ou dangereufe , fi ce vif cere ne contient pas une fuffiante quantité d’urine, Ainfi cette opération ne convient pas à ceux qui ne gardent point du tout ce liquide. Les perfonnes fort _grafles ne font pas non plus dans le cas d’être taillées par cette méthode, parce que leur vefle n’eft pas or- dinairement fufceptible d’une fufifante extenfon, & qu’il y a de l'inconvénient à chercher la veflie ca- chée profondément fous l’épaifleur des graïfles qui recouvrent la partie de cet crgane qu'il faut incifer., Dans les cas où la veflie eft capable de s’étendre fuf- fifammentêc de retenir l'urine, on pratique la mé- thode de M. Foubert d’une maniere brillante. La dif- ficulté de mettre la veflie d’un pierreux dans Pétat convenable à cette opération, n’a été furmontée qu’a- près bien des tentatives & des réflexions. M. Foubert effaya d’abord les injeétions : c’eft à ce moyen qu'il eut recours pour dilater la veflie du premier malade qu'iltailla en Mai 1731. Il remarqua qu'il étoit ex- trèmement difficile d'injeéter la vefle : car non-feu- lement l’ingeétion fut fort douleureufe au malade, mais elle ne fe put faire même que fort imparfaite- ment , parce que la douleur l’engageoit à faire des mouvyemens ou des efforts qui chafloientune grande partie de l’eau qu’on poufloit dans la vefñe. Dans un fecond malade , M. Foubert s’étant apperçu , en le fondant, que fa veflie étoit fpatieufe , .&c en ayant jugé encore plus fürement par la quantité d’urine qu'il rendoit à chaque fois qu'il pifloit , il lui recom- manda , la veille de l'opération , de retenir le lende- main matin {es urines, ce qu’il fit facilement , M, Foubert l'ayant trouvé endormi lorfqu’il arriva pour le tailler, La circonftance avantageufe d’une grande vefñe fe trouve rarement dans ceux qui ont des pierres, fur-tout lorfqu’elles font grofles ; &c c’eft dans ce cas précifément où il convient le plus de pratiquer la méthode dont nous parlons. L'auteur , confulté par un malade dont la veffie étoit fort étroite & qui ren: doit avec beaucoup de douleur très-peu d'urine à-la- fois, crut que fon opération ne pouvoit convenir dans ce cas. Il lui vint cependant en l’idée que sil accoutumoit le malade à boire beaucoup , la quantité d'urine que formeroit cette boifon pourroit dilater peu-à-peu la veffie : cette tentative eut tout le fuccès poflible ; car non-feulement la vefie parvint à con- tenir une quantité d'urine aflez confidérable pour permettre l’opération , mais de plus le malade fen- toit beaucoup moins de douleur en urinant. M. Foubert eut recours au même expédient pour pouvoir sailler par fa méthode un homme qui uti- noit à tout inftant & très-peu à-la-fois. Il commença à lui faire boire par verrées, de demi-heure en demi- heure , le matin une chopine de tifane faite avec du chiendent, de la reolife & de la graine de lin. Il lui augmenta cette boifon de jour en jour de demi-feptier, juiqu’à ce qu'il füt parvenu à deux pintes. On s’ap- percevoit chaque jour de la dilatation de la yefñe par la quantité d’urine que le malade rendoit à cha- que fois. Au bout de huit jours, il en urinoit au-moins un verre &c demi à-la-fois | & avec bien moins de douleur qu'auparavant. Je me fuis étendu fur cette préparation , parce qu’elle eft d’une grande utilité. En cherchant à éten- dre Pufage de la méthode , M. Foubert a rendu un fervice effentiel à toutes les autres , dont le fuccès dépend très-fouvent de l’état de la veflie. Si cet or- gane eft racorm, les inftrumens qu’on y introduira le fatigueront, & pourront même leblefler , quoique conduits par les mains les plus habiles. J'ai éprouvé T'AT - plufieurs fois Putilité de la préparation preftrite pat - M. Foubert ; elle doit pañler en dogme, & être mife au rang des découvertes les plus avantageufes.qu’on ait faites fur la sai//e,, depuis cinquante ans qu’on tra- | vaille fans relâche dans toute Europe , à la perfec- tion de cette opération, | I ne fuffit pas que la veffe foit capable de conte fuir une fufhfante quantité d'urine , il faut qu’elle en contienne effeétivement pour que l’on puifle zailer fuivant la méthode de M. Foubert: Cet auteur a man- que quelquefois d'entrer dans la veflie avec le tro- car dans des cas où il ne s’y trouva point d'urine , les malades ayant piflé un peu avant l'opération , fans en avoir donné avis. Pour fe garantir de cet incon- vénient , il a trouvé un moyen bien fimple, par le: quel on peut s’aflurer du degré de plénitude de la veflie. On introduit un doigt dans l'anus, & avec la main appuyée fur l'hypogäftre, on fait plufieurs mouvemens alternatifs, par lefquels on peut connot: tre exactement à-travers les membranes du re@tum Le volume ou la plénitude de la veflie. On s’apper- cevroit facilement ,-par cet examen, fi la vefie n’é- toit pas aflez remplie d'urine ; alors on différeroit l'opération. | UE” Pour s’aflurer de la plénitude de la veffie , ily a encore un autre moyen très-facile & bien für. C’eft qu'après avoir accoutumé les malades à boire plu- feurs jours , jufqu’à ce que leur vefle foit parvenue à contenir un verre ou deux d'urine : il faut, le jour qu'on doit faire l’opération, que le malade boivele matin une ou deux pintes de fa tifane ordinaire, & attendre pour opérer que le befoin d’urinerle prefe: dans ce moment, on appliquera Le bandage de l’ure- tre pour retenir les urines ( Planche IX. fig. 5.) , 8x on fera fur le champ l’opération. | Elle exige différentes précautions : on doit être attentif, fur tout dans les perfonnes âgées, à exa- miner la capacité du re@um , parce qu'il y a des fu- jets où cet inteftin eft extrèmement dilaté au-deflus du fphinéter. Dans ce cas, on rifqueroit non-feule- ment dans cette méthode , mais dans toutes les au= | tres d'ouvrir Le rectum, s’il fe trouvoit rempli de ma- tieres , alors il vaudroit mieux remettre l'opération &t vuider linteftin, | .… Cette précaution eft d’ailleurs néceffaire pour que la veflie puifle, lorfqu’on la comprime, comme nous le dirons dans linftant, affaifler le re@um & appro- cher davantage de l'os facrum , afin d’être percée plus fürement par le trocart à l’endroit qu'il con: vient : dans cette vue, il ne faut pas manquer la veille de Popération de faire donner le foir un lave- ment au malade. Le | | Pour pratiquer cette opération, on place le mala= de comme dansleorand appareil. Voyez Planche XIL. fg-3 &4 Un aide releve les bourfes de la main droite, & de la main gauche il comprime l’hypo- gaftre avec une pelotte. Voyez Planche XIII. fix. 3, Le chirurgien introduit le doigt index de {a main gau- che dans lanus ; il poufle ‘e re@um du côté de la fefle droite pour bander la peau du côté gauche à Vendroit où il doit opérer, & pour éloigner l'inteftin du trajet de l'incifion qu'il faut faire. Enfuite il cher- che à-trayers la peau &c les chairs avec le doïgt in- dex de la main droite , la tubérofité de l’ifchium & le bord de cet os depuis l'extrémité de cette tubéro- fité jufqu’à la naïffance du fcrotum. Dans les pre- mieres épreuves fur les cadavres, M. Foubert mar- qua avec un crayon de pierre noire un peu mouillé parle bout, un point environ à deux lignes du bord de la tubérofité & environ à un pouce au-deflus de Vanus, abaïñlé & tiré du côté oppofé par le doigt placé dans le fondement ; 1limarqua un autre point à quatorze ou quinze lignes plus haut que le premier, environ à deux lignes du raphé, & environ auf à TAI 8; deux lignes du bord de los pubis. 11 tira ue ligne de l’un de ces points à l’autre pour marquer extés rieurement le trajet de l'incifion qu’il devoir füre ; & qui devoit regner le long du mufcle ére@teur fans le toucher (Planche XIII. fix. 4), & aller fe terminer au bord de l'accélérateur. Ces mefures bien prifes , la ligne qui devoit regler toute l'opération marqueé avec exaélitude , & le doigt toujours placé dans le fondement pour abaïfler le re@um & le porter du côté droit , il prit fon trocart de la main droite, en plaça la pointe à lextrémité inférieure de la li- gne. La cannelure du trocart regardoit le ferotum : il enfonça cet inftrument jufque dans le corps de la veflie, en le conduifant horifontalement {ans l’in- cliner ni d’un côté ni d’autre ; il perca la vefe à qua- tre ou cinq lignes au-deflus de Puretere, & à-peu- près à la même diftance à côté du col de la veffie. La figure 1. de la Planche XIF. eft une coupe latérale de l'hypogaftre , qui repréfente la direétion du trocart plongé dans la veflie: | Aufli-tôt qu'on a pénétré dans la capacité de ce vifcere, on en eft averti par la fortie de l'urine qui s’échappe par la cannelure du trocart ; alors on retire le doigt du fondement : on quitte Le manche du tro- cart qu'on tenoit avec la main droite pour le pren- dre de la main gauche, fans le déranger ; on tire le poinçon de fa cannule de quatre ou cinq lignes feu: lement, afin que la pointe de cet inftrument ne dé: borde pas le bout de la cannule, On prend le litho- tome (voyeg Planche X'XTI. fig. 1.) de la main droite; onglifle le dos de fa lame dans la cannelure jufqu’à ce que la pointe de cet inftrument {oit arrêté par le petit rebord, qui eft à l'extrémité de cette canne- lure. La réfiftance qu’on fent à la pointe dulithoto- me & une plus grande quantité d’urine qui s'écoule, font connoître avec certitude que l'inffrument eff fuffifamment entré dans la veille, Il faut alors faire Pincifion aux membranes de la veflie ; & pour cet effet, la main droite, avec laquelle ontient le litho: tome , étañt appuyée fermement fur la main gauche, avec laquelle on tient le manche du trocart ; on leve la pointe du lithotome , & dans le même moment on abaïfle un peu le bout du trocart, pour faciliter Pincifion des membranes de la veflie ; voyez Ja fig. 2 de la Planche XIF, on incline un peu le tranchant de la lame du couteau du côté du raphé, afin de donner à cette imcifion une dire@ion pareille à celle dela ligne que nous avons dit avoir été tracée extérieus rement pour les épreuves fur les cadavres. Lorfque l'extrémité du lithotome paroït aflez écartée de celle du trocart , pour avoir fait à la veflie une ouverture fufifante , qui, fur un fujet adulte de saille ordinaire, doit être d’environ treize ou quatorze lignes ; on rabat la pointe du couteau dans la cannelure du tro- cart en le retirant d'environ un pouce ; & l’on fait enfuite une manœuvre contraire à celle que je viens de décrire. Car au-lieu d’écarter le trocart, la pointe du lithotome , c’eft le manche de cet inftrument qu'il faut éloigner de celui du trocart, afin d’achever en tièrement l’incifion qu’on a faite à la peau, aux chairs êt aux graifles qui fe trouvent depuis la furface de. cette peau jufqu'à la veffie, 8 on dirige le tranchant du lithotome felon la ligne que nous avons dit avoir été tracée dans les premiers effais de cette méthode, mais il ne faut pas trop l’étendre, de crainte d’appro- cher trop de luretere & de couper l’accélérareur.. On eft moins retenu fur l’incifion de la peau & des graifles : en retirant le lithotome , on peut étendre cette incifion extérieure jufque proche le fcrotum. Lafo. 2. de la Pianche XIV. eft une coupe latérale. de l’hypogaftre qui repréfente l’incifion de la vef- fie, & les lignes ponétuées montrent l'incifion des chairs. Lorfque l’incifion eft entierement achevée, ‘on 854 TAÏ quitte le lithotome , & on prend Île gorgeret particu- Jierement deftiné à cette opération. Voyez GORGE: rer. On glifle fon bec dans la cannelure du trocart, pour le conduire dans la veflie de la même maniere qu'on ya conduit le lithotome, c’eft-à-dire jufqu’à ce que l’on foit arrêté par le rebord de la cannelure : alors on retire le trocart ; on retourne en-deflus la gouitiere , qui étoit en-deflous lorfqu’on a introduit le gorgeret : ce gorgeret eft formée de deux pieces ou branches, qui peuvent s’écarter &c fervir s'il eft be- foin de dilatation. On porte le doigt dans cette gout- tiere pour examiner l'étendue de Pincifion, on in- troduit les tenettes, on retire le gorgeret, & lon termine l'opération à la façon ordinaire. Après l’extrattion de la pierre, il faut mettre une cannule dans la veflie , voyez figure 2. Planche XITI. pour entretenir , autant de tems qu'il eft néceflaire, le cours des urines & des matieres dela fuppuration. Sans cetteméthode de panfer, lorfque les urines s’at- rêtent , ou bien lorfque les fuppurations deviennent abondantes, & qu’elles n’ont pas un cours aflez li- bre, le tiffu cellulaire s’enflamme &r s’engorge; ce qui occafionne des infiltrations, & même des abfcès gangréneux qui caufent quelquefois la mort. La ca- nule a encore un autre ufage que je ne dois pasomet- tre, qui eft que lorfqu’une pierre trop grofle ou ir- réguliere a ouvert quelques vaiffeaux confidérables, on peut facilement par fon moyen fe rendre maïtre du fang, parce qu’elle fert à contenir la charpie qu'on emploie pour comprimer les vaifleaux. Quelques mauvais fuccès ont fait découvrir un avantage très-important dans cette nouvelle maniere de tailler. k Aucunesméthodes n’ont puouvriraux groffes pier- res une iflue fufffante pour pouvoir les tirer, fans expofer Les parties par où elles patent à une violen- _ce, qui a ordinairement des fuites funeftes ; &t quoi- que M. Foubert ait eu dans fes premieres opérations la fatisfa@ion de tirer heureufement des pierres d'un volume confidérable, il lui eft cependant arrivé en tirant des pierres extrèmement grofles d’avoir eu à forcer unefi grande réfiftance , que ces pierres ont: caufé dans leur paffage des contufñons &r des déchi- remens qui ont fait périr les malades, les uns fort promptement, & les autres à la fuite d’une fuppura- tion très-confidérable & très-longue. . Ces malheurs porterent M. Foubert à faire Pexa- men des parties qui paroifloient former Le plus d’ob- ftacle à la fortie de ces pierres. Il reconnut que c’é- toit le cordon des fibres du bord inférieur du mufcle triangulaire , & la partie du mufcle releveur qui def- cend, à la marge du fphinéter de l'anus, qui cau- foient laprincipaleréfiftance. Voyez Planche XIII. gure 4. Lorfque le volume de la pierre excede l'in- cifion que l’on fait à ces mufcles, elle entraîne avec elle versle fondement les portions de ces mufcles qui s’oppofent à fon paflage, & forme en ramañlant leurs fibres , une bride très-difficile àrompre. Quand M. Fouberteutreconnu quelaréfiftance dépendoïit prin- cipalement de ces portions de mufcles, il comprit quil étoit aifé de fever Pobftacle, non-feulement parce qu'il n’y avoit aucun inconvénient à couper la bride qui le forme , mais encore parce que la pierre qui la porte vers Le dehors,rend cettepetiteopération très-facile. Dans cette idée il fit faire un biftouri courbe à bouton (voyez fig. 1. PL. XIII.) qui püt être porté facilement entre les branches de la tenette fur la pierre, à l’endroit de la bride, pour la couper. On a quelquefois recours au même expédient dans les autres méthodes , mais avec bien moins d'avantage, parce que lon coupe la proftate & Le col de la vef- fe; au lieu que M. Foubert ne coupe qu'un petit pa- quet de fibres qui eft fans conféquence : & depuis qu’il a obfervé cette pratique , il a tiré des pierres fort groffes avec-un heureux fucces. T AT Nouvelle methode larérale. M. Thomas, perfuadé des avantages de la méthode dont nous venons de parler, a travaillé à la rendre plusfacile, & a cru pouvoir y ajouter des perfeftions , en la pratiquant de haut'en-bas ; au lieu que M. Foubert incite les parties de bas en-haut : le procédé eft tout-à-faiv dif férent ; c’eft une autre méthode d’incifer le corps de la veflie vis à-vis le périnée, à côté de fon coL Ily a auffi quelque différence dans la coupe des parties. M: Thomas a préfenté à l’académie royale de Chi- rurgie un mémoire dans lequel il admet la fupério- rité de l'opération, par laquelle on fait la feétion du-corps de la veffie, à la pratique de couper fon col ; enfuite il met fa méthode d'opérer en parallele. avec celle de M. Foubert. Dans celle-ci le trajet du trocart dans la ponétion qui fait le premier tems de l'opération, devient la partie inférieure de Pincis fion complettée, parce qu’on la fait fur la cannelure du trocart de bas en-haut. M. Thomas agit différem- ment ; il porte le trocart immédiatement au-deflous de Pos pubis, un peu latéralement ; &c le trajet de cet inftrument forme la partie fupérieure de Pinci- fion, Par cette inverfion de méthode, fi lon peut fe fervir de ceterme , M.Thomas craint moins de man- quer la veflie ; il y pénetre sûrement, quoiqu’elle contienne une moindre quantité d'urine. L’incifio® fe fait enfuite de haut en-bas, & l’inffrument tran- chant après avoir fait l’ouverture fuffifante au corps de la veflie, coupe en gliflant vers l'extérieur, dw côté de la tubérofité de lifchion , & fait jufqu’aux tégumens une gouttiere, que M. Foubert n'obtient qu'accefloirement par un débridement, au moyen d’un biftouri boutonné , dans le cas de réfiftance des parties externes à la fortie des pierres confidérables 2 encore la borne-t-il aux fibres du mufcle tranfverfal. La feétion prolongée jufqu’à la peau, eft effentielle- ment de Ja méthode de M. Thomas , & elle prévient l’infiltration de l'urine dans le tiffu cellulaire dont M. Foubert a reconnu les mauvais effets, & qu'il empêche par lufage d’une canule : mais dans la nouvelle méthode 1l n’en faut point, fi ce n’eft en cas d’hémorrhagie; & l'expérience a déja montré que cet accident n’étoit point ordinaire. M. Thomas pour pratiquer fon opération, a un inftrument qui réunit au trocart une lame tranchante qui s'ouvre à différens degrés, & un petit gorgeret pour conduire les tenettes dans la veflie lorfque lPincifion eft faite. Jai donné dans un mémoire imprimé, à la fin du III, come des Mémoires de l'académie royale de Chirur- gie, mes réflexions pour la perfetion de cet inftru- ment, & pour le plus grand fuccès de la méthode. J'avois vu à Bicètre un malade opéré deux mois aus paravant par M. Thomas, il étoit refté un petit trou par où fuintoit de Purine fort claire; la cicatrice étoit d’ailleurs très-folide dans toute fon étendue. Quor- que cet homme guérit par le feul fecours de Pem- bonpoint qu'il recouvra, je crus pouvoir dire d’a- près les expériences que j’avois faites de cette mé- thode de sziller fur différens cadavres, que la fiftule pouvoit avoir lieu lorfque l’angle inférieur de la plaie de la veffie feroit au-deflous du niveau de fon orifice; parce que urine trouveroit moins de réfi- ftance à pañler par-là, qu’à reprendre fa route na- turelle. Je propofai un moyen fort fimple d'éviter cette caufe de fftule ; c’étoit de faire coucher le taillé fur le côté oppofé à da plaie, & de placer dans la veflie par l’uretre, une algalie, pour déterminer conftamment le cours de Purine par cette voie; j’a- vançai même, comme on peut le voir dans Le mé- moire cité, qu'on obtiendroit en peu de jours la con- folidatien parfaite de la plaie, lorfque rien d’ailleurs n’ymettroitobitacle. Le fuccès a paflé mes efpéran- ces. M. Thomas a taillé en ma préfence , & de plu- fieuts de nos confreres, un jeune homme de vingt | ans TATI ens où environ : il fuivit le confeil donné, & au bout . de cinquante heures la plaie étoit très-parfaitement cicatrifée. Cet exemple eft très-frappant , & mérite bien qu’on en conferve la mémoire. M. Bufnela pra- tiqué cette méthode avec fuccès, & il y a apparence que ceux qui voudfont s’y exercer trouveront qu’el- le eftauffi facile à pratiquer qu’avantageufe, Ilen fera fans doute fait unie mention plus étendue, dans une diflertation particuliere qu’on lira dans la fuite des volumes de l'académie royale de Chirurgie, Méthode de tailler les femmes. Les femmes font en général moins fujettes aux concrétions calculeufes dans la veflie que les hommes. La conformation des parties permet en elles la fortie de germes ou de noyaux pierreux aflez gros, Cette conftruétion pat-. ticuliere des organes fait auffi que les différentes ma- metres de £ailler les hommes ne leur font point appli- quables. Je ne rapporterai point ici les différentes méthodes qu’on a propofées, ou mifes en ufage, pour tirer la pierre de la veflie des femmes. J'en ai fait le parallele dans un ouvrage particulier fur cette matiere, deftiné à être publié dans un des premiers Volumes que l'académie royale de Chirurgie mettra au jour; je me bornerai à la defcription fommaire des opérations d'ufage, & auxquelles les Chirurgiens paroïffent s'être fixés. Celle qui eff la plus généralement pratiquée fe nomme le grand appareil. Elle eft fort facile, & c’eft probablement cette raifon qui en a fi longtems ca ché les défauts. Pour y procéder , on place la mala- de de même que les hommes: un aide écarte les le- res &t les nymphes ; l’opérateur introduit au moyen d’une fonde cannelée , le conduéteur mâle dans la vefle, puis le conduéteur femelle, voyez Conpuc- LEUR ; &t à l’aide de ces deux inftrumens, on pouffe la tenette dans la vefie; on retire les condu@teuts ; on charge la pierre & l’on en fait l’extradion. Les inftrumens tranchans font bannis de cette maniere d'opérer; on croit dilater fimplement l’urétre & le col de la veflie très-fufceptible d’extenfion, comme on le prouve par des exemples bien confatés, de la fortie {pontanée de très-grofles pierres. Jai eu occa: lion d'examiner ces fortes de faits ; j’ai vu à la vérité, des pierres confidérables pouflées naturellement hors de la veflie, mais ç’a toujours été par un travail très- Jong &c très-pénible. Les pierres font quelquefois plus de fix mois au pañlage avant que de le pouvoir franchir, & les malades pendant ce tems fouffrent beaucoup, & font incommodées d’une incontinence -durine dont ordinairement elles ne guériflent ja- mais , à raifon de la perte du reflort des parties pro- digieufement dilatées, & depuis un fi long tem. Pour juger du grand appareil, il faut obferver ce qui fe pañle dans les différens tems de l'opération. Les conduéteurs fe placent aflez commodément ; mais Pintroduétion des tenettes n’eft pas à beaucoup près fi facile, C’eft un coin que lon poufle, & qui ne peut pénétrer qu'aux dépens du canal de l’uretre, dont le déchirement eft fort douloureux. En forçant ainfi tout le trajet, on meurtrit le col de la veffie ; & il faut avoir grand foin de retenir les croix des con- duéteurs avec la main gauche; de les tirer même un peu à foi, pendant que par une a@ion contraire 5 on poufle les tenettes avec la main droite. Faute de cette précaution, on pourroit par l'effort de Pimpul- fon, percer le fond de la veflie avec l'extrémité des conduéteurs. On lit dans Saviard , obfery. XXXVI], UN fait fur cet accident, . Lorfque les tenettes font introduites, & qu’on 4 chargé la pierre le plus avantageufement qu'il a été poñhble, on en vient à l’extra&tion qui ne fe fait qu’a- vec beaucoup de défordre & de difäcuités : en tirant du dedans au dehors, on étend forcément le corps de la veffie à la circonférence de fon orifice; on Tome XV. | TAI 855 meuttrit & on déchire le col de cet Orane; où en détache entierement le canal de l’uretre , éfet ñés ceflaire de l'effort confidérable qu'il faut faire, parce que les parties en fe rapprochant lesunes furles au= tres du dedans au dehors, forment un obftacle coms mun très-difficile à furmonter, où du moins qu’on n8 furmonte jamais qu'avec violence. Le délâbrement que cette opération occañonne eft plis ou moing grand, fuivant le volume des pierres ; il eft de cons féquence même dans le cas des petites: je lai remar= qué dans toutes les épreuves que j'ai faites Avec ata tention, pour m’aflurer de Peffet de cette méthode dans différentes circonftances; & ces épreuvesont été confidérablement multipliées pendant fix ans que j'ai paflés à l'hôpital de la Salpêtriere, où jai difpoié à mon gré d'untrès-grandnombre de cadavres féminins, … C’eft à ces extenfions forcées 87 à ces déchiremens inévitables, que l’on doit attribuer lesincontinences d'urine que tous les praticiens difent être fréquers ment la fuite de cette opération ; maladies ficheufeg dont il n’eft pas poffble d’efpérer le moindre foula= gement lorfque la pierre eft grofle, & qu’en confé: quence le délâbrement a été confidérable, En fuppoz fant même , comme le dit M. Ledran dans fon #rairé d'opérations, que la malade ne périffe pas de l’inflama mation; ce que plufieurs perfonnes préféreroient ; s’il étoit permis, à une guérifon qui leur laiffe uné infirmité aufli défagréable que left une incontinence d'urine, Pour éviter les déchiremens que caufe une groffe pierre, M, Ledran pratiquoit la méthode fuivante, Il introduit une fonde dans la veflie ; il tourne la can: nelure de cette fonde de maniere qu’elle tesarde l’ins tervalle qui eft entre l’anus & la tubérofité de l'ifz chion. On pañle le long de cette cannelure un petit bifiour1 ,. jufque par-delà le col de la vefie, pout l'incifer. L'opérateur a un doigt dans le vagin, pour diriger la cannelure de la fonde, afin de ne pas cou- per le vagin. Après avoir fendu pat l’introdudion du biftourt, l’uretre & le col de la vefie, on retire le biftouri ; on introduit un gorgeret, le long duquel on porte le doigt dans la veflie, pour fräyerle paflas ge à la tenette avec laquelle on faifit La pierres Cette opération eft précifement pour les femmes ; ce qu’eft l'opération attribuée à M. Chefelden pour les hommes. C’eftla même méthode d’opérer ; il faut dans Pune &c dans Pautre un aide pour tenir la fon- de : ce font les mêmes parties qui font intéreflées ; Puretre & le col de la vefie; elles doivent düng avoir Les mêmes inconvéniens. On peut les voir dans le parallele des sailles de M. Ledran, à Particle de la méthode qu'il attribue à M. Chefelden. J'ai pratiqué la méthode de M. Ledran fur les cadavres; elle pers met l’introduétion des tenettes fans réfiftance : mai pour peu que la pierre ait de volume, elle ne fort pas fans effort, M, Ledran a parfaitement obfervé les déchiremens que produit la fortie de la pierre dans cette méthode ; & il décrit en praticien éclairé, les panfemens méthodiques qui conviennent pour donner 1ffue aux fuppurations qui en font la fuite, J'ai exanuné en différentes occañons , quelles pou voient être les caufes de ces defordres; je me fuis apperçu que l'ouverture intérieure étoit, dans cette méthode, plus étendue que l’extérieure: & qu'ainfi toutes les parties à-travers lefquelles la pief re doit pañler , fe raflemblant pendant l’extradion , formoient une réfiftance commune qu’onne pouvoit vaincre qu'en froïflant, meurtriflant & déchirant. comme dans le grand appareil, St au contraire la coupe externe avoit plus d’étendue, la pierre paf feroit toujours d’un endroit étroit par un plus largé; la réfiftance des fibres ne feroit point commune leur À rupture feroit fucceffive : on éviteroit par-[à les in- QQqaa 856 TAÏ “convéniens de meurtriflures & des déchiremens for- : “és. “en feroit une‘incifion des deux côtés, auroit tous “ces avantages. Il n’y a certainement par rapport à la ‘plaie, aucun inconvénient à faire des deux côtés, -ée qui fe pratique à un. Je fis faire d’abord une fonde ‘#endue -des-deux côtés, pour pouvoir faire deux fec- ‘tionslatérales à luretreen même tems. Les épreuves | e cette opération fur les cadavres, nvy firent remar- -quer des avantages eflentiels. 1°. On peut tirer des : :sroffes ‘pierres avec facilité, Puretre étant cOUpE latéralement dans toute fon étendue , & le bourrelet :mufculeux de l’orifice de:la veflie, étañt incifé inte- rieurement. J’ouvre paï cette double ncifion une “voie d'autant plus libre à la fortie des pierres, que Jouverture eff toujours plus grande à lextérieure ‘que dans le fond , parce que linftrument tranchant qui entre horifontalement , fait fon effet en pouflant vets l’intérieurles parties externes qui font les pre- : ‘mieres divifées : de façon., qu’en retirant du dedans au-dehors les tenettes chargées de la pierre , ‘elles :paflent fucceffivement par une voie plus large. Le fecond avantage eflentiel ,: eft de pouvoir mettre dans beaucoup de cas, les malades à l'abri de l’incon- tinence d'urine, parceque la plaie étant faite par un inffrument bientranchant, & les parties divifées fai- ant peu d’obftacles pendant l’extraétion , elles n’en font pas fatiguées; leur réunion peut donc fe faire d'autant plus facilement , que l'incifion qui a été faite tran{verfalement, lorfque le fujet étoit en fitua- tion convenable , ne forme plus enfuite que deux petites plaies latérales & paralleles, qui viennent ‘obliquement du col de la veflie aux deux côtés de Torifice du vagin; plaies dont les parois s’entretou- chent exaétement même fur le cadavre, en mettant un peu de charpie mollette dans le vagin, pour lu #ervir de ceintre. : Ta Afluré par un grand nombre d'épreuves , de l’ef- fet que produifoit cette méthode, je fis faire un inf- “trument qui la rend plus prompte, plus füre & plus facile à pratiquer. Cet inftrument réunit à la fois les avantages de la fonde, du lithotome & du gorgeret. Il eft compofé de deux parties, dont l’une eft le biftouri, & l’autre un étui ou chappe, dans laquelle Vinftrument tranchant eft caché. Voyez la defcription que jen ai donnée au mot LITHOTOME. Pourfaire l'opération , il faut mettre le fujer en fi- tuation convenable , & qu’un aide fouleve & écarte Les nymphes. Je prends alors Pinftrument , la foie dubiftouri dégagée du reflort qui lafixoit. J’enintro- duis Le bec dans la veffie. Je le contiens avec fermeté par l'anneau avec le doigt index & le pouce de la “main gauche. Mon inftrument étant placé , & dans une diredtion un peu oblique, enfoite que l’extré- inité foit vis-à-vis du fond de la veflie, je prefle le Bthotome, & je fais invariablement deux feétions latérales d’un feul coup. Je retire de fuite le tranchant -dans la chappe, & je tourne mon inftrument d’un ‘demi-tour de poignet gauche, en rangeant la canule ‘dans angle de l'incifñion du côté droit. J’introduis les tenettes dans la veflie à l’aide de la crête qui eft fur la chappe , après leur avoir fait le paflage par l’in- trodu@tion du doigt index de la main droite, trempé dans l’huile rofat. On cherche la pierre & on latire avec facilité : cette opération fe fait très-prompte- ent, & l’on eft sûr des parties qu’on coupe, l’inf- trument ne pouvant faire ni plus ni moins que ce que l’on a deflem qu'il fafle. M. de la Peyronie, dont Le nom eft ficher à la Chirurgre , approuva les pre- rhiets eflais de cette méthode: je lai pratiquée avec le plus grand fuccès, & entr’autres fur une dame âgée de plus de foixante ans, qui fouffroit depuis dix ans ide la préfence d’une’pierre confidérable dans la vef- J’ä cru qu'une opération, au moyen de laquelle ; TAT fie. Au bout de huit jours elle a été parfaitement guérie ; êt dès le quatrieme elle confervoir fes uri- nes. M. Buttét, fmaître ès arts, & en Chirurgie à Etampes , témoin de cette ‘opération, Pa pratiquée depuis avec un pareil fuccès, dans uncas qui en pros meftoitmoins ,.puifque les pierres étoientmwinphées, &t que la plus groffe fe brifa en plufieurs parties , les fragmens fortirent d'eux-mêmes dans la fuite du traitement, & le malade malgré une réunion plus ‘tardive de la plaïe, guérit fans incontinence d'urine. M. Caqué , Chirurgiéa en chef de l’hôtel-dieu de Rheiïms, aauffi adopté ma méthode qui luia réufis Je donnerai l’hiftoire de l’origine & des progrès de cette opération dans uh plus grand détail, mais qui féroit déplacé dans un diétionnaire univer{el, (F) TAILLE, 1. f. (Minéralogie,) c’eft ain qu'on nome mme dans les mines de France, l’endroit où des ou vriers dérachent la mine ou le charbon de terre. . TAILLES DE FOND , & TAILLES DE POINT (Marine.) Voyez CARGUES DE FOND , & CARGUES POINT. | ee : . TAILLE, { Ê zeror, {. m. la feconde,, aptès [a bafle, des quatre parties de la Mufique, C’eft la par= tie qui convient le mieux à la voix ordinaire deë hommes ; & qui fait qu’on l'appelle auf voix hu maine, | , | . La raille Le Givifé quelquefois en deux autres para ties; lune plus élevée , qu’on appelle premiere où kaute-taille ; Vautre plus bafle, qu'on appelle /écorde ou Paffe-raille, . Cette derniere eft, en quelque maniere, une par tie mitoyenne où Commune entre la salle & la bafle, êt s'appelle aufi à caufe de cela concordars, Vayeg PARTIES. (S) | TaïLe DE Haur-B0tS, ( Lutherie. ) inftrument. de Mufique à vent & à anche, & qui eft en tout femblable au haut-bois ordinaire , au-deffous duquel if fonne la quinte, Son étendue eft comprife depuisle fa de la clé de Ÿ ur fa des clavecins, jufqu’au fol , à loétave au-déflus de celui de la clé de g ré Jo/ des mêmes clavecins. Voyez la table du rapport de l’éten: due des infirumèens, © l'article HAUT-BOrs. , TAILLE DE VIOLON, ( Lutherie. ) inftrument dé Mufique , éft la même chofe que la quinte de vio= lon. Voyez QUINTE DE VIOLON. TAILLE, (Gravure, )incifion qui fe fait fur les mé: taux , ou fur d’autres matieres , particulierement fu le cuivre , l’acier &z le bois. Ce mot fe dit auf de la gravure qui fe fait avec le burin fur des planches de cuivre & ailes de bois, dé celles qui font gras vées fur leboïs. Les Scuplteurs & Fondeurs appels lent bafes-tailles , les ouvrages qui ne font pas de plein ronde-boffe ; on les nomme autrement! #5= reliefs. Taille fe dit aufli de la gfavure des poinçons quarrés qui fervent pour frapper les diverfes efpeces de monnoies, d’où les ouvriers qui y travaillent font appellés raiZ/eurs. ( D.J.) TAILLES, C’eft dans la gravure èn bois la même chofe que traits où hachures dans cellé de cuivre. Les saëlles courtes ou points longs, {érvent comme dans celles en cuivre , à ombrer les chairs, & doivent fe retoucher à-propos , mais elles ne font guere d’u« fâge dans la premiere, parce qu’on y fait rarement des figures aflez grandes pour devoir y être finies avec cette propreté que donne le burin dans les ef- tampes gravées en Cuivre. Les railles perdues | ce font des failles ou traité tendus trop fin & plus bas que la fuperficie des au= tres , ce qui les empêche de marquer à l’imprefs fion , particulierement quand elles fe trouvent dans une continuité de zar/les égales , && toutes d’une même teinte; c’eft un défaut irrémédiable, parce qu’on ne peut remettre le bois qui aura été Ôté mal-à-proposà de telles salles, | : TAILLES TROISIEMES, fe dit dans la pravire en cuivre des zailles qui paflent fur les contre-taiiles ou fecondes sailles ; on les appelle aufi sriples-tailles, mais particulierement dans la gravure en bois. TaAtLLE, ( Jozillerse. ) ce terme fe dit des diverfes figures & facettes que les Lapidaires donnent aux diamans &c autres pierres précieufes., en les fciant, les limant &c les faïfant pañler fur la roue. ( D. J.) Taie, ( Marchands Dérailleurs.) morceau de bois fur lequel ils marquent par des hoches owpe- tites incifions , la quantite de marchandife qu’ils ven- dent à crédit à leurs divers chalans: ce qui leur épar- gne le tems qu'il faudroit employer à porter fur un livre tant de petites parties. Chaque sazile et compo- fée de deux morceux de bois blanc & léger , ou plu- tôt d’un feul fendu en deux dans toute fa longueur, à la réferve de deux ou trois doigts de l’un des bouts; la plus longue partie qui refte au marchand, fe nom- me la fouche ; l’autre qu’on donne à l’acheteur , s’ap- pelle /'échanrillon, Quand on veut tailler les marchan- difes livrées, on rejoint les deux parties, enforte que lesincifions fe font également fur toutes les deux; 1l faut aufli les rejoindre, quand on veut arrêter le compte ; l’on ajoute foi aux sailles repréfentées eh jufüce, & elles tiennent lieu de parties arrêtées, Di&, de Savary. ( D. J.) | TAILLE, ( Monnoyage, ) c’eft la quantité d’efpeces que le prince ordonne être faites d’un marc d’or, d'argent ou de cuivre: ce qui fait proprement le poids de chaque piece, On dit que des efpeces font de tant à la saille, pour fignifier qu’on en fait une certaine au marc. Aïnf l’on dit que les louis d’or font à laraille de vingt-quatre pieces , & les louis d'argent ou écus à la raille de fix pieces, lorfqu’on fait vingt-quatre louis d’or d’un marc d’or, & fix écus du marc d’ar- gent. La saslle des efpeces à de tout tems été réglée fur le poids pœncipal de chaque nation , comme de livre chez les Romains qui étoit de douze onces;.en France [a sclle fe fait au poids de marc qui eft de huit onces ; c’eft aufli au marc.que fe fait la sai/le de la monnoïe en Angleterre & dans d’autres états: ce qui s'entend felon que le marc eft plus fort ou plus {oible dans tous ces endroits. Boëfard. (D.J.) PAILLE, ( Maréchal, ) les chevaux font de diyer- {es tailles ; les plus petits ont trois piés, & les plus grands cinq piés quatre ou fixpouces. Différens corps de cavalerie font fixés pour leurs chevaux à des ar lesdifiérentes;ainf ilya des chevaux sai/le de dragons, de moufquetaires, de gendarmes, &c. Les chevaux de belle raïlle pour la {elle ne doivent être nitrop grands n1 trop petits. TAILLE, ( verme de Peïgniers.) on nomme faille dans la fabrique & commerce des peignes à peigner les chéveux, la différence qui fe trouve dans leur longrieur, & cé qui fett à en diftinguer les nume- ros. Chaque aille eft environ de fix lignes, qui ne commencent à fe compter que depuis les oreilles, c’eft-à-dire entre les groffes dents que Les peignesont aux deux extrémités, Savary. (D. J. VAILLE fe dit de la hauteur & de la groffeur du corps humain. Cet homme eft d’une haute saille ; il fe dit plus particulierement de la partie du corps des femmes comprife depuis Le deflous des bras jufqu”- aux hanches; fi elle eft toute d’uné venue, groffe, courte, on dit que cette femme n’a point de saille , &z qu’elle .eft mal faite ; elle eftiégere , fvelte, qu’- elle aille depuis la poitrine jufquaux hanches en di- munuant felon une belle proportion, &c qu’au-deflus des hanches elle foit très-menue, on dit qu’unefem- me a la saille belle. Les vêtemens de nos femmes font deftinés à leur donner de la saille quand elles en manquent, .éc à la faire valoir , quand elles en ont; pour cet effet. on tient ce qu’on appellé leurs corps très-évaiés par le haut ,.& très-étroits par le bas, Tome XF, TAT 857 d'où il ârrive qu'on les étrangle, qu’on les tonpeen deux comme des fourmis , & qu’on tend mai parart ce que la nature avoit bien fait. Grace aux précale , tions qu’on prend pour faire la Zaille, à l’üfage des jarretières & à celui des mules étroites & des petits fouliers , il eft prefque impoñlible de trouver une femme qui n’ait le pié, la jambe, la cuifle & le milieu du corps gâté que | | TAILLE, at pharaon , à la baffette, au lanfyienes & autres jeux pareils , où l’on retourne les cartes deux-à-deux, dont l’une fait perdre êc Pautre gagner, le banquier ou celui qui taille, les pontes, ou ceux qui jouent contre le banquier. Ces deux cartes re- tournées s'appellent une aille, TAILLE ; ( Gram, ) participe du verbe raillers Voyez les articles TAILLE & TAILLER, TAILLÉ ex gouriiere, c’eft ainfi que les botariftes: expriment la figure des feuilles de quelques plantes qui font creuféesen forme de gouttiere detoit, Voyez FEUILLE, TAILLE , on appelle, ex rermes de Blafôn,écu taillé celui qui eff divifé en deux parties par une diagonale tirée de Pangle feneftre du chefaudexrte de la poine te. Lorfqul ÿ a une tranche au milieu de la taille, On dit saillé tranché, &t quand il y a uné entaille fu la tranche, on diteranché taillé, Ce mot vient du latin talea, qui fignifie un rejeston , une petite branche d’ar- bre qu’on plante-en terre. Clercy au pays de Vauds près des Suifles , saillé d’or & de gueules, À un fan- glier iflant de fable 8: mouvant de gueules für l'or. TAILLEBOURG , ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge Talleburgus & Talcaburgus , autrefois pes tite ville, maintenant bourg de France, dans la Sain- tonge , fur la Charente, éle&ion de Saint-Jean d’An- gely, à trois lieues de Saintes. Long. 3 7. 5. larir. 45. 41. (D. J.) TATELE - MAR ox TAILLE -MER , ( Marine. } c’eft la partie inférieure de l’éperon. Voyez Gor- GERES, | Né TAÏLLE-MECHE, f. mer rerme de Cirier, c’eflune planche d'environ trois pouces de large, & dont la longueur n’eft point fixée. Elle eft percée d’un bout a l'autre de plufeurs trous dans lefquels on plante deux chevrles dans une diflance égale à a longueur qu’on veut donner aux meches ; on remplit ces che- villes dans toute leur hauteur, & on coupe enfuite les meches toutesenfemble. Voyez les fo. Planches du Cirier. TAILLER , v.a@. ( Gram. ) c’eft couper, féparer, diviter, donner la forme & la grandeur convenables avec un inftrument tranchant convenable, On aille la pierre , les arbres, la vigne, un habit, un homme attaqué de la pierre, une armée en pieces, &c. Voyez Les articles fuivans. TAILLER , ( Charp.) c’eft couper , retrancher. La taille du bois fe fait en long avec des coins, de tra: vers avec la fcie, & en d’autres fensavecla coignée, la ferpe & le cifeau. Di. de Charpent. (D. J.) TAILLER LA FRISQUETTE, ( cerme d'Imprimerie. ) c’eft découper le morceau de parchemin qui couvre la frifquette, pour que la forme ne porte que fur les endroits qui doivent être imprimés dans les feuilles. qu'on tire. Savary. (D. J.) | TAILLER EN ACIER, er rerme de Fourbiffeur jc’eft l’art: d’ornerune garde d’acter de toutes fortes de f- gures qu'il plait à ouvrier d'y graver;:cet arttient: beaucoup de la fculpture & de la gravure :de l’une, en ce qu'il confifte à découvrir dans une piece:d’aa cier les figures qu’on y a imaginées; de Pautre en ce que dans fes opérationsil.fe fert des butins, com me elles. Pour l’exercer avec fuccès, non-feulement il faut pofléder le deflein, & avoir du coût ; mais. encore une attention & uneadrefle particuliere pour QQgcqi 858 TAI finir des morceaux d’hiftoire entiers dans un fi petit efpace. DA TAILLER, L'ART DE, /es pierres précieufes eft très- ancien; mais cet art comme bien d’autres, étoit fort imparfait dans fes commencemens. Les François y ont réuffi le mieux , & les Lapidaires de Paris, qui depuis 1290 fe font formés en corps, ont porté cet art à fon plus haut point de perfeétion, fur-tout pour la taille des btillans. Ils fe fervent de différentes machines pour sauller les pierres précieufes, fuivant la qualité de celles qui doivent pañler par leurs mains. Le diamant le plus dur fe taille & fe forme fur une roue d’un acier fort doux, tournée par une efpece de moulin avec de la poufñere de diamant, trempée dans l’huile d'olive; ce qui fert à polir le diaman tauffi-bien qu’à le tailler. Foyiz DIAMANT. Les rubis, faphirs & topazes d'Orient, fe forment &z {e taillent fur une roue de cuivre avec de lhuile d'olive & de la pouffiere de diamant , &c on les po- hit fur une autre roue de cuivre, avec du tripoh & de Peau. Voyez Rugr. Les émeraudes , hyacinthes, améthiftes , les gre- nats , agates, & autres pierres moins dures, fe tail- lent fur une roue de plomb , avec de l’émeril & de l’eau, & on les polit fur une roue d’étain avec du tripoh, Voyez ÉMERAUDE, &c. _ La turquoife de l’ancienne & de la nouvelle ro- che, le lapis lazuli, le girafol & l’opale fe taiilent & fe poliffent fur une roue de bois avec du tripoli. Voyez TURQUOISE, Éc. , TAILLER, v. a€t. terme de Monnoie ; c’eft faire d’un marc d’or , d'argent ou de cuivre, la jufte quantité des efpeces qui font ordonnées dans les réglemens fur le fait des monnoies. Il y a dans chaque mon- noie , des ouvriers & ouvrieres ; ces dernieres s’ap- pellent plus ordinairement saillereffes, qui taillent & coupent les flaons ou flans, c’eft-à-dire les morceaux d’or , d'argent ou de cuivre, deftinés à être frappés &c qui les liment & les ajuftent au juite poids des efpeces. (D. J.) | TAILLER CARREAU , 4erme d’ancien monnoyage ; C’étoit emporter des lames de métal, des morceaux quarrés, pour enfuite les arrondir & en former des ancs. TAILLER UN HABIT, terme de Tailleur ; qui figni- fie couper dans l’étoffe Les morceaux néceflaires pour en compofer un habit, & leur donner la largeur &z la longueur requife , pour pouvoir fervir à lufage de la perfonne qui le fait faire. e Pour railler un habit, l’ouvrier étale fur fa table ou établi l’étoffe deftinée pour le faire, & comme toutes les pieces ou morceaux d’un habit , ainfi que de la doublure, doivent être doubles, afin d’être em- ployées , une du côté droit, & l’autre du côté gau- Che ; il met ordinairement l’étoffe en double pour tailler les deux morceaux à la fois. Alors il applique fur cette étoffe un patron ou modele de la piece qu'il veut couper ; & avec de gros cifeaux faits exprès pour les gens de cette profeffion, 1l coupe l’étoffe fout-au-tour du patron, en obfervant cependant de donner aux pieces qu'il coupe l’ampleur néceflaire pour en former de tous les morceaux coufus & joints enfemble , un tout de Îa longueur & de la largeur qu’on lui a prefcrite. | TAILLER LE PAIN , LE VIN » ( Commerce. ) ou les autres denrées ou marchandifes, qu’on vend ou qu’on prend à crédit ; c’eft faire des entailles fur un double morceau de bois, dont l’un eft pour le vendeur ; & l’autre pour l’acheteur.,, afin de fe fouvenir des cho- fes qu’on livre ou qu'on reçoit, ce qui fert comme d’une efpece de journal ; on appelle ce morceau de boisiraille. Voyez TAILLE. Dit, de Commerce. TAILLER , v. n. (Jeux de cartes, ) c’eft tenir les cartes & les paris mis fur ces cartes. Voyez l’arricle TAILLE. TAILLERESSE , £ f. à la Monnoie, {ont les fem- mes ou filles de monnoyeurs, qui nétoient, ajuftent les flancs au poids que l’ordonnance prefcrit; elles répondent de leurs ouvrages, & les flancs qu’elles ont trop diminués font rebutés & cizaillés. Les saillereffes aquftent les pieces avec une écoua- ne , après avoir placé le flanc au bilboquet. Foyez, BILBOQUET. On leur a donné le nom de raillereffe, dans le tems que lon fabriquoit les efpeces au marteau , parce qu’elles tailloient alors les carreaux ( les monnoies anciennes étoient quarrées ) les ajuftoient, &c. TAILLEROËLLE , f. f. (Soirie. ) inftrument pour couper le poil des velours, coupés & frifés. La saillerolle w’eft autre chofe qu'un fer plat de 3 pouces de long &un pouce & demi de large, il a une petite échancrure à unbout, laquelle forme une lan- cette qui entre dans la cannelure du fer &c qui fert à couper le poil du velours. TAILLETTE, £ £ (Ardoifiere.) petite efpece d’ar- doife qui fe coupe dans Les carrieres d’Anjou. _ TAILLEVAS , f. m. ( Lang. gaul.) c'étoit une ef pece de bouclier différent de la targe , en ce qu'il étoit courbé des deux côtés, comme un toît; depuis il a été appellé pavois , felon Fauchet. (D. J.) . TAILLEVENT ; £ m. (Ornitholog.) oïfeau mari- time, qu'on trouve en revenant de l’Amérique en Europe ; je dis en revenant | parce qu’on prend rou- te beaucoup plus au nord en revenant, qu’en allant. Cet oïfeau eft gros comme un pigeon; il 4 le vol de lhirondelle & rafe la mer de fort près , fans doute que c’eft pour y chercher pâture , foit de quelques petits poiflons ou de quelques infe@tes qui volent fur l’eau.” Les saillevenrs {ont toujours dans un mouve- ment rapide, & fans interruption ; ilsme perchent nt jouf , ni nuit fur les vaifleaux ; comme on en voit à des centaines de lieues de terre , il y à grande appa- rence ; qu'ils font leur féjour fur la mer même, & qu'ils fe repofent fur la lame quand ils font las: ce qui fortifie cette opinion, c’eft qu'ils ont les jambes courtes , êt les piés comme ceux d’une oie. (D. J.) TAILLEUR , £. m. (Gram.) celui quitaille. Voyez TAILLE & Taïrter. TAILLEUR-GRAVEUR SUR MÉTAL, ( Corps de ju- rande, ) on le dit des maîtres d’une des communau- tés des Arts & Métiers de la ville de Paris, à qui il appartient exclufivéement à tous autres de graver {ur lor, l'argent, le cuivre, le léton , le fer , l'acier & l’étain, des fceaux , cachets, poinçons, armoiries, chiffres , &c. foit en creux, foit en relief. (D. J.) TAILLEUR D’HABITS, eft celui quitaille , coud , fait & vend des habits. Les maïîtres-marchands sailleurs , & les marchands pourpointiersformoient autrefois deux communautés féparées, qui furent réunies , en 165$ , fous le nom de maîtres-marchands sailleurs-pourpointiers ; 6c 1l fut dreffé de nouveaux ftatuts, qu'ayant étéapprou- vés par les lieutenant civil & procureur du roi au Châtelet, le 22 Mai 1660, furent confirmés par let- tres-patentes, & enregiftrès au parlement les mêmes mois & an. Ces ftatuts ordonnent qu'il fera élu tous les ans . deux jurés, maitres & gardes de ladite communauté pour la répir, avec deux anciens qui reftent en charge, Ils défendent à tous marchands fripiers, drapiers | &c. qui ne feront point reçus ralleurs, de faire m vendre aucuns habits d’étoffe neuve, n1 de façon neuve. 2 A 4 Ils fixent le tems d’apprentiffage à trois ans, dé- fendent de recevoir un apprenti à la maiîtrife , s’il n’a travaillé outre cela trois autres années chez les titres , & ordonnent que l’afpirant fera chef-d’œu: vre. | Ces flatuts contiennent en tout trente articles, dont la plüpart concernent la difcipline & la police de cettecommunauté. TAILLEUR DE LIMES, ( Taïllandiers.) ce font les mêmes que parmi les maîtres taillandiers de la com- munauté de Paris; on les nomme taillandiers-vrilliers. + Ils ont le nom de ailleurs de limes , parce qu’entr’au: tres ouvrages 1ls taillent & coupent les limes d’acier de diverfes hachures, avant que de les tremper. On les appelle vriJliers , parce que les vrilles, petits ou: tils de menuifcets , font du nombre de ceux qu’ils fa- briquent. (D. JT.) | TAILLEUR DE PIERRE, (Coupe des pierres.) c’eft louvrier qui travaille à tailler la pierre, ilfe fert pour cette fin de plufeursoutils, quifont 1°. unteftu ou mañle de fer marquée À dans la PZ.III. fig.28. fes deux extrémités ont chacune un redent pour que l’outil ait plus de prife fur la pierre , fur les bords de laquelle on frappe pour en faire fauter des éclats : le plan du même outil eft en #. B ,Laye où marteau bretelé, qui a du côté étroit un tranchant uni, & de l’autre un tranchant denté, qui fait des fillons ; fon plan eft en ë, C, Cifeau à cifeler, 1l y en a de plufieurs gran: deurs. D , Maillet pour pouffer Le cifeau. E , Marteau à deux pointes pour la pierre “dure ; lorfqu’il eft un peu plus long , on lappelle pioche ; {on plan eft en e. F, Rifilard brételé pour la pierre tendre. G, Crochet. H, Ripe. I, Compas à faufle équerre. #oyez COMPAS D’AF- PAREILLEUR. TAILLEUR GÉNÉRAL DES MONNOIES, (Monn.) c’eft celui à qui il appartient feul de graver &c tailler les poinçons & matrices fur lefquelles les sailleurs particuliers frappent & gravent les quarrés qui doi- vent fervir à la fabrique des efpeces dans les hôtels des monnoies , où , fuivant leur office, ils font at- tachés. Boizard. (D. J.) TAILLEUR DE SEL, (Saline.) on nomme ainf à Bourdeaux, & dans toute la direétion , des commis prépofés à la mefure & vifite des fels qui y arrivent. Savary. (DJ) TAILLEUR , (Jeux de hazard.) c’eft au pharaon, lanfquenet, &c. celui qui tient les cartes & les paris que les pontes propofent fur chacune , & qui les re- tourne deux-à deux , ce qui s'appelle une saz//e, TAILLIS , £. m. ( Eaux & Forés. ) bois que l’on met en coupe réglée, ordinairement de neuf en neuf ans; On le dit par oppofition à bois de futaye. Aiche- der. (D.J.) TAILLOIR , fm. ( Archis. ) c’eft la partie fupé- rieure d’un chapiteau ; elle eftainfi nommée, parce qu’elle reflemble aux afiettes de bois qui ancienne- ment avoient cette forme. On l'appelle aufli afuque, particulierement quand elle eft échancrée fur fes faces. TAILLON, f£. m. (Gram, & Jurifprud.) étoit une nouvelle taille ou augmentation de taille qui fut éta- blie par Henri IL. en 1549, pour l’entretenement , vivres & munitions de la gendarmerie. Ce zaillon montoit au tiers de la taille principale ; mais il a de- -puis été aboli & confondu avecle pié de taille. oyez PAILLE, (4). | TAIÏILLURE , £ f, rerme de Brodeur : ce mot {e dit quand on fe {ert de diverfes pieces couchées de fatin, -de velours , de drap d’or & d’argent, qui s'appliquent comme des pieces de rapport fur l’ouvrage , & qui s’éleventquelquefoisen relief. On l'appelle pluscom- Anunément Éroderie de rapport. | Fiuminale d’Ornano & Fiume Bozzo. T'AËL 859 TAIN , L im. (Miroiterie.) feuille ôu lame d’étain ort mince , qu'on applique dertiere la glace d’un DIS pour y fixer la repréfentation des objets: D: TAÏNE, (Géog. mod.) bourg À marché de PEcoffe féptentrionale , dans la prefau’ile de Cromatty, pro: che le golfe de Dornock, à quarante - cinq lieues au nord-oueft d'Edimboutg. Long. 14, 3, latis, 57. 48, D. J.) ; TAÏNEU, (Géog. mod.) état d’Afie vers la Chine: il forme une elpece de petit royaume à dix journées de Gonfe. Sämfon croit que c'eft le pays que Pro: loméenomme 4fpachara. (D. JT.) TAINS , (Marine.) voyér Tins. | TAIPARA , fm. ( Æiff nar, Zoolog.) nom d’une efpece de perroquet du Bréfil. Il eft de la groffeur d’une alouette ; fon plimage eft d’un jaune citron ; fa queue eft coutte, & ne s'étend pas au-delà du bout des ailes ; fes jambes font grifes ; fon bec eft rouge ; aveé une petite tache en demi-cercle de la même cou- leur près de la tête ; 1l fait fon nid fur les arbres des lieux déferts, où fe trouvent les fourmis. (D, J. TAIRE, v. aét, &c neut. (Gram.) c’eft garder lé filence, renfermer au-dedans de foi ; ne communi- quer à perfonne. On dit sure un fecret ; fe saire fur une affaire ; faire saire un impettinent. Il eft des ac- cafñons où 1l eft bien difficile de fe raire, quoiqu'il foit très-dangereux de parler; Si on ne parloït que quand on eft aflez inftruit pour dire la vérité, on fe rairoit fouvent: on fe sairoit bien fouvent encore , fi on fe refpectoit aflez pour ne dire que des chofes qui va= luffent la peine d’être écoutées d’un homme de fens, C’eift mentir quelquefois que de fe saire, On a fait taire le canon de l'ennemi. Lies vents fe font sus, Les lois fe saifent au milieu des atimes , cela n’eft que trop vrai. La terre fe ur en fa préfence, . TAISSON , (Zoolog.) en latin caxus, melis , en an- glois che badger ; animal à quatre piés qui tient du chien, du cochon & du renard ; nous le connoiffons communément en françois fous le nom de blaireau , voyez-en l’article, (D, J.) | TAJUNA , LA, ( Geog: mod.) riviere d’Efpagne, dans la nouvelle Caftille, elle prend fa fource à quel- ques lieues au midi de Siquença , & fe perd dans le me je , Un peu avant que ce fleuve fe jette dans le age, Y: TAIYVEN , (Géog. mod.) ville dé la Chine, pre miere métropole dela province de Xanci, fur Le bord du fleuve Fuen. Elle eft grande, peuplée & déco= rée de fuperbes édifices. Son territoire eft d’une vafte étendue, & renferme plufeurs villes & plufieurs temples dédiés à des héros. Elle eff, felon le P. Mar: tüni, de 4 degrés 35 minutes plus occidentale que Péking , fous 38°. 33". de latisude. (D. J.) TAKIAS , serme de relation ; nom que les turcs donnent aux monafteres des dervis , & dans lefquels ces moines logent avec leurs femmes. I] leur eft néan- moins défendu d’y danfer, & d’y jouer de la flûte. Les sakias font plus où moins grands. Il y en a en Turquie de très-beaux, & d’autres très - médiocres. (D.J.) TALABO ou TALANO, ( Géog. mod.) golfe de lîle de Corfe , fur la côte occidentale de cette île, entre Capo: Negro & Calo di Agnelo. Il n’eft féparé du golfe d’Ajazzo que par une prefqu’ile. C’eft le Ti: tanus Portus de Ptolomée. Deux rivieres aflez con: fidérables ont leur embouchure dans ce golfe ; favoir, D. J. TALABONG., fm. (Æff. mar. Onitols nom don: | né par les habitans des îles Philippines à une efpece | de héron commun dans le pays, plus petit que no- tre héron, & entierement blanc fur tout le corps. D.J.) TALABRIGA , (Géog, anc.) ville de la Lufitanie, 860 TRAPE {elon Ptolomée ; L. II. c. v. & Appien le premier, la place dens lesterres ; entre Concordia & Rufticana. Aretius juge quec’eft aujourd’hui Talavera dellaRey- na. L'itinéraire d'Antonin marque Talabrica fur la route de Lisbonne à Bracara Augufta , entre Æmium & Lasgobriga , à 40 milles de la premiere de ces pla- ces , x à 18 milles de la feconde. TALÆDITES » {. m. ( Antiq. gréq.) TARMIIITHE à exercices symniques des Grecs en l'honneur de Ju- piter Tañars, Téleien, Potter , archæol. græc. L, IL, €. XX. Lili]. Pe 432: TALAIRES, {. m. pl. ( Listérat.) talaria , nom qu’on donne aux aîles que Mercure porte aux talons, & qu'on appelle auffi a/onnieres. Comme il eft le meflager des dieux , les poëtes ont feint qu'ils lui avoient donné des svlaires, afin de faire leurs mefla- ges plus vite. Au revers d’une médaille d'Antinous, on voit un Pégafe avec Mercure, ayant fes salaires & fon caducée. (D.J TALANDA , ou FALENDA , ou THALANDA, (Géog. anc.) ville de Grece, dans la Bæotie. Elle eft ituée {ur la croupe d’une montagne ; il paroït par les ruines qui fontau-dehors, dans Pétendue d'une demi- licue , qu’elle étoit autrefois fort grande. On le con- noît auf par quelques vieilles églifes , GT par quel- ques tours qui {ont encore debout au-deffus fur la montagne. Wheler qui parle de cette ville dans fon voyage d'Athènes, dit qu’elle eft trop grande pour être le village Hale , que Paufanias place au bord de la ri- viere Platania', fur la côte de la mer, qu’elie paroïît la métropole du pays, & que s'il entend bien Stra- bon, ce ne peut être qu'Opus, ville des anciens , qui donnoit le nom à la campagne & à lamer, & d’où les habitans du pays étoient appellés Locrz-Opuncir, La diftance où Strabon la met de la mer, qui eft d'u- ne lieue ou de #5 flades y eft conforme. D'ailleurs, la petite île dont il parle auparavant appellée alors Atalanta, & qui na point aujourd'hui de nom, donne lieu de croire que la ville qui fubfifte préfen- tement l’a pris & l’a confervé jufqu'à ce Jour, le tems ayant {eulement fait retrancher la premiere lettre. : Quant au village d'Fu/e , il peut avoir été à l'em- bouchure de la riviere qui s'étend davantage à l’eff, & avoir fait les limites de la Bæotie & des Loires. Enfin, touie cette plaine fertile entre Talanda ët le mont Cnémis, étoit, felon toutes les apparences, le medio éud'amr , la plaine heureufe des anciens, (Done TALAPOINS ox TALEPOIS, (Æf. mod.) c’eft le som que les Siamois &c les habitans des royaumes de Laos & de Pégu donnent à leurs prêtres : cepen- dant, dans les deux derniers royaumes, on les défi. gne fous le nom de Fé, Ces prêtres font des efpeces de moines qui vivent en communauté dans des cou- vens, où chacun, comme nos chartreux , a une pe- tite habitation féparée des autres. Le P, Marini, jéfuite mifionnaire, nous dépeint ces moines avec les couleurs les plus odieufes & les plus noires ; fous un extérieur de gravité qui en impofe au peuple, ils fe livrent aux débauches les plus honteufes ; leur orgueil & leur dureté font poufées jufqu'à l’excès. Les salapoins ont une el- ece de noviciat, ils ne font admis dans l’ordre qu'à l’âge de vingttrois ans ; alors 1ls choïfiffent un homme riche ou diftingué qui leur fert, pour ainfi dire , de parrein lorfqu'ils font recus à la profeffion; elle fe fait avec toute la pompe imaginable, Maleré cette profeffion, il leur eft permis de quitter leurs couvens & de {e marier, 1ls peuvent enfute y rentrer de nouveau fi la fantaifie leur prend. Ils portent une tunique de toile jaune qui ne va qu'aux genoux, & elle eft liée par une ceinture rouge; ils ont les bras &e les jambes nuds, & portent dans leurs mains une efpece d’éventail pour marque de leur dignité ; 1ls fe rafent la tête & même les four- cils, le premier jour de chaque nouvelle lune. Is font foumis à des chefs qu'ils choififflent entr'eux, Dès Le grand matin ils fortent de leurs couvens en marchant d’abord deux à deux ; après quoi ils fe ré- pandent de divers côtés pour demander des aumô- nes, qu’ils exigent avec la derniere infolence. Quel- ques crimes qu'ils commettent, le roi de Laos n’ofe les punir ; leur influence fur le peuple les met au deflus des lois , le fouverain même fe fait honneur d’être leur chef. Les salapoins font obligés de fe confefler de leurs fautes dans leur couvent , céré- monie qui.fe fait tous les quinze jours. Ils confai crentde l’eau qu’ils envoient aux malades , à qui ils la font payer très-chérement. Le culte qu’ils rendent aux idoles confifte à leur offrir des fleurs, des par- fums, du riz qu'ils mettent fur les autels. Ils por- tent à leurs bras des chapelets compofés de cent srains enfilés. Ces indignes prêtres font fervis par des efclaves qu'ils traitent avec la derniere dureté: les premiers de l’état ne font point difficulté de leur rendre les fervices les plus bas. Le refpe& qu'on a pour eux vient de ce qu’on les croit forciers, au moyen de quelques fecrets qu’ils ont pour en im- pofer au peuple, qui fe dépouille volontairement de tout ce qu'il a pour fatisfaire Pavarice, la gour- mandife & la vanité d’une troupe de faïnéans inu- tiles & nuifibles à l’état. La feule occupation des #4/4- poins confifte à prècher pendant les folemnités dans les temples de Shaka ou de Sommona-Kodom qui ef leur légiflateur & leur dieu. Voyez cet arricle. Dans leurs fermons ils exhortent leurs auditeurs à dé- vouer leurs enfans à l’état monaftique, & ils les en- tretiennent des vertus des prétendus faints de leur ordre. Quant à leur loi, elle fe borne, 1°. à ne rien tuer de ce quia vie; 2°. à ne jamais mentir; 3°. à ne point commettre l’adultere ; 4°, à ne point vo- ler; 5°. à ne point boire du vin. Ces commandemens ne font point obligatoires pour les: s4/4poins, qui moyennant des préfens en difpenfent les autres, ainfi qu'eux-mêmes. Le précepte que l’on inculque avec le plus de foin, eft de faire la charité & des préfens aux moines. T'els font les sa/apoins du royau- me: de Laos. Il y en a d’autres qui font beaucoup plus eflimés que les premiers ; ils vivent dans les bois ; le peuple, & les femmes furtout, vont leur rendre leurs hommages ; les vifites de ces dernieres leur font fort agréables: elles contribuent , dit-on, beaucoup à la population du pays. : À Siam les salapoins ont des fupérieurs nommés fancrars. Il] y en a, comme à Laos, de deux efpecess les uns habitent les villes, &c les autres les forêts. Il y a auffi des religieufes salapoines , qui font vé- tues de blanc, & qur, fuivant la regle, devroient obferver la continence, ainfi que les sa/apoirs mâles. Les Siamois croient que la vertu véritable ne réfide que dans les salapoins : ces derniers ne peuvent ja- mais pécher, mais ils font faits pour abfoudre les péchés des autres. Ces prêtres ont de très-orands privileges à Siam; cependant les rois ne leur font font point fi dévoués qu’à Laos; on ne peut pour- tant pas les mettre à mort, à-moins qu’ils n'aient quitté l’habit de l’ordre. Ils font chargés à Siam de léducation de la jeuneffe , & d’expliquer au peuple la doétrine contenue dans leurs livres écrits en lan- gue balli ou palli, qui eft la langue des prêtres. Voyez Laloubere, defcriprion de Siam. TALARIUS., iupus, (Liütérar.) Je fuis obligé de né point mettre de mots françois, ne fachant comment on doit appeller dans notre langue le s7/a- rius- ludus des Romains. Il eft vrai feulement que c’étoit une forte de dez d’or ou d'ivoire, qu’on rez TAL iuoit comme les nôtres , dans une efpece de torñet } (pyrrus) avant que de les jetter; mais 1 y avoit cette différence qu'au lieu que nos dez ont fix fa ces, parce qu'ils font cubiques les s4/: des Romains n’en avoient que quatre, parce qu'il y en avoit deux oppoiées des fix qu'ils auroient dû avoir, qui étoient arrondies en cone. bre .* On s’en fervoit, pour deviner auffi bien que poùr jouer, & l’on en tiroit bon ou mauvais augure, fe- lon ce qu'on amenoit. Comme ‘on ‘en jettoit d’ordi- naire quatre à la fois, la plus heureufe chance étoit. ‘quand on amenoit les quatre points différens. Parce ‘qu'on appelloit ces deux faces du nom de quelques ‘ammaux, comme le chien. le vautour , le bañlic ,ou de quelques dieux, comme Vénus, Hercule, Il y a des auteurs qui ont cru qu’elles étoient mat- quées des figures de ces animaux, &t non pas de nom: Pres ni de points, comme nos dez. Mais fi cela eft, 4] faut que ces images fufent affetées à fignifier cha- cune un certain nombre particulier ; car 1l eft conf- tant que de deux faces oppofées l’une valoit un, & autre fix; & de déux autres oppoñées, l’une valoit trois, & l’autre quatre. | Ce jeuétoit bienancien,puifque Îles amans de Péne- ope y jouoient déja dans le temple de Minerve; car c’étoit la coutume de jouer dans les temples, C’étoit zn jeu de vieillard chez les Romains , comme Au- gufté même Le dit, & chez les Grecs un jeu d'enfant; comme 1l-paroit 1°. par la defcription d’un excellent tableau de Polyclete cité dans Pline ; 2°. par Apol- lodore qui y fait jouer Cupidon avec Ganymede; 3°. par Diogene de Laërce, qui dit que les Ephéfiens fe moquoient d'Héraclite.parce qu’il y jouoit avec les. q :P qu'uy] enfans. (D..J.\ AAA CR. TALASIUS, {.m. (Mythol.) tout le monde fait Thifloire de ce romain célebre par fa valeur , par fes vertus, & par la jeune fabine d’une beauté admira- ble, que fes amis enleverent pour lur. Il la rendit heureufe , & fut pére d’une belle & nombreufe fa- iille, enforte qu'après fa mort on fouhaitoit aux gens matiés le bonheur de Ta/afsus ; bien-tôt on en fit un dieu du mariage, que les Romains chanterent comme les Grecs hyménée. (D.J.) | , TALASSA, £ £ (Hit. nat. Botan.) plante des În- des orientales , qui ne produit ni plante, nifleurs, di fruits. Ses feuilles fervent À aflaifonner les ali- mens; mangées vertes, elles exzitent à la volupté TALAVERA, ( Géog, mod. ) ville d’Efpagne, dans la nouvelle Cafüille , fur le bord feptentrional du Ta: ge , à 20 lieues au fud-oueft de Madrid, Cette ville ut prife fur les maures lan 949 par Ramure Il. Ils’y eft tenu un fynode lan 1498 ; les archevèques de Tolede en jouiflent , & y ont un vicaire général ; ce- pendant cette ville eft gouvernée par un juge de po- lice, & douze reéteurs perpétuels. Elle eft grande, fortifiée, contient 7 paroôïfles & plufieurs couvens. Long. 13.27. lat. 39.45. | * Mariana Jean) , célebte jéfuite, & lun des plus habiles hommes de fon fiecle, naquit à Ta/avera en 537, & mourut à Tolede en 1624, à 87 ans. Son traité du changement des monnotes, lui fit des afai- ses à la cour d’Éfpagne, car il y découvrit f bien a déprédation des finances, en montrant les voleries qui fe commettoient dans la fabrique des efneces, que le duc de Lerne qui fe reconnut là vifblement , ne put retenir fa colere. Il ne lui fut pas mal-aifé de chagriner l’auteur, parce que Philippe IT. étoit cen- furé dans cet ouytage comme un prince oifif qui fe repofoit du foin de fon royaume fur la conduite de fes iminiftres. Mariana fottit de prifon au bout d’un an; mais 1l ne s’étoit pas trompé en annonçant que es abus qu’il repréfentoit , plongeroient l’Efpagne dans de grands defordres. On auroit eu bien plus de rafon de linquietter au ANT 865 Tujet d'un autre livre, que l’Efpagne & lItalie Jaif- ferent pafler fans blâme, & qui fut brûlé à Paris par arrêt du parlement , à caufe de da pernicieufe do@ri: né qu'ilcontenoit. Ce livreapour titre, de reve € rez gis inffirunione ; &t parut à Tolède Fan 1598 avecprie vilege du ro1, & avec les approbations ordinaires, C'eft un ouvrage capable d’expofer les trônes à de fréquentes révolutions , & la vie des princes au cou: teau des affaflins , parce que l’auteur affe&e de relez ver le courage intrépide de Jacques Clément , fans ajouter un mot qui tende à le rendre odieux au lecteur. Ce, livre valut aux jéfuites de France mille fanglans reproches, & des infultes très:-mortifiantes. Un autre traité de Mariana a fait bien du bruit, c’eft celui où1l remarque les défauts du gouvernement dé fa compagnie ; mais {es confreres ne demeurent pas d'accord aul foit Pauteur de cet ouvrage, intitulé del governo de la compania di Jefus. We trouve tout entier en efpagnol &c én françois ; dans lé fecond to- me du mercure jéfuitique , imprimé à Genève em :630.1La aufli paru à Bordeaux er efpagñol, en frans cois, en italien & en latin ; l'édition eft de 1625 4 1n-8°, Me QC gs Les fcholies du P. Mariana fur l'Ecritute, Ont mé- rité l'approbation de M. Simon, & lon ne peut dif convenir qu'il ny regne beaucoup de jugement & de favoir, Il choïfit d'ordinaire le meilleur fens ; & il n’eft point ennuyeux dans les différentes interpréta= tions qu'il rapporte, A 2 - | Son hiftoire d'Efpagñe en XXX livres , eft fon ou- vrage le plus important, & Le plus généralement ef- timé dans la république des lettres, Il nous feroit fa cile d’en indiquer les différentes éditions, les tradus étions, les continuations , les critiques & les apolo: gies. Mais pour en abréger le détail nous nous con tenterons de remarquer : 19, Que l'édition latine la plusample , eft celle de la Haye, en 1733, 2-fol. 4: vol. cependanton au- roit pu rendre cette édition encore plus belle & plus complette , en y ajoutant le fummarium de Mariana, qui l’auroït conduite jufqu’en 1621. les tables chro . nologiques des fouverains des diversiérats de PEfpa- one, l'explication des mots difficiles qui fe trouvoient dans les anciennes éditions , &c fur-tout les additions & correétions de Pédition efpagnole de 1608 , foié dans le texte entre des crochets, foit à la marge par des renvois: + F _2°. Que les traduétions efpagnoles font de l’au- teur même, qui nous apprend qu'entre les raifoné qui le déterminerent à ce nouveau travail ; la prin cipale fut ignorance où les Efpagnols étoient alors de la langue latine, Mariana mit au jour fon ouvragé dans cette langue , à Tolede, en 1601. 22-fo4, 2, vol, & l’enrichit de quantité de correétions & d’augmen= tations , qui rendent la tradüétion préférable à l’ori- ginal latin. Cette traduétion fut réimprimée à Mas drid en 1608, 1617, 1623, 1635 , 1650, 1670; 1678. Cette derniere eff la meilleure de toutes , ou quelqu'autre poftérieure , bien entendu qu'elle ait été faite exattement fur celle de i608 , à laquellé l’auteur donnoit la préférence ; en quoi ila été fui- vi par les favans de fon pays ; mais cette édition de 1608 , ne va que jufqu’en 1516; au-lieu que celle dé 1678, continuée par dom Felix de Luzio Efpinoza. va jufqu’en 1678... | 3°. Qu'il y en a deux traduétions françoifes , Pu= ne par Jean Rou , non encore imprimée; & lautré par le pere Jofeph-Nicolas Charenton, jéfuite, Cetre derniere , tout-à-fait femblable au manufcrit de la premiere , a été très-bien reçue du public, & a paru à Paris en 1725 , 27-4°, en cinq gros vol. 4°. Que la traduétion angloife faite fur Pefpagnos le , parle capitaineStevens , & publiée à Londres, en 1699 , ir-fol, 2vol, eft beaucoup plus complette 862 TAL que la traduéhion françoife ; parce qu’elle renferme Jes deux continuations de Ferdinand Camargo, & de F. Bal de Soto, jufqu’en 1669. 5°. Enfin, nous remarquerons que pour faire à Pavenir une bonne édition de lhiftoire de Mariana, ‘danstoutesles langues dont nous venons de parler, il-conviendroit de fuivre le plan dela traduétion an- gloife , y joindre Miniana, 8 Luzio Efpinoza , avec les critiques de Pedro Mantuano , & de Cohon- Truel, ou Ribeyro de Macedo, &c. fuivie de Papo- logie de Tamaio de Vargas; & mettre à la têre du tout, la vie de Mariana , compofée par ce dermier auteur. ( Le chevalier DE JAU COURT. ) TALAURIUM , { Géogr. anc.) campagne dans fendroit où le Danube fe courbe , pour couler du côté de la mer Cromium , felon Ortellius qui cite ‘ Apollonius. Par la mer Cromium, Apollonius entend la mer Adriatique ; ainf la campagne en queftion , devoit être au voifinage de Strigonie , ou de Bude. (D. J.) _ TALBE, fm, cerme de relation | nom qu’on don- _ me à un doûeur mahoméëtan, dans les royaumes de Fez & de Maroc. (D. J.) TALC , (Æff. nat.) talcum'; c’eft le nom qu'on «donne à une pierre, compolée de feuilles très-min- ces , qui font luifantes, douces au toucher , tendres, flexibles, & faciles à pulvérifer ; Paétion du feu Le plus violent, n’eft point capable de produire aucune altération fur cette pierre ; les acides les plus con- centrés n’agiflent point fur elle. Le sa/c varie pour lescouleurs, pour la tranfparence, pour larran- gement, & pour la grandeur des feuilles qui le com- pofent. M. Wallerius compte quatre efpeces de sales ; 1°. Le salc blanc dont les feuillets {ont demi-tranf- parens ; on lui a donné les noms d’argyro damas , de calcum lunæ , flella terræ. 2°, Le salc jaune, compo- fé de lames opaques ; on le nomme quelquefois z4/- cum aureim. 3°. Le talc verdâtre , tel que celui que les François appellent très-improprement , craie de Briançon. Voyez cet article. 49, Le ralc en cubes, qui eft oétogones, &r qui a la figure de lalun. Voyez la minéralogie de Wallerius , tom. I. Ce favant auteur auroit pu y joindre un za/c noïr, qui, fuivant Borri- chius, fe trouve en Norwèége, & qui devient jaune lorfqu'il a été calciné. Il y a auffi du sac gris. Il paroit que c’eft à tort que M. Wallérius a diftin- gué le mica du tale, & qu'il én en a fait un genre par- ticulier ; en effet le ice n’eft autre chofe qu’un sale jaune ou blanc, en particules plus ou moiïns déliées , qui quelquefois fe trouve à la vérité répandu dans des pierres d’une autre nature , mais qui ne perd pas pour cela fes propriétés eflentielles , qui font les mê- mes que celles du salc. | I faut en direautant du verre de Ruffie | qui eft un salc en grands feuilletstranfparens , ainfi nommé par- ce qu'il tient lieu de vitres en plufieurs endroits dela Ruflie & de la Sibérie. Voyez l’article VERRE DE Rus- SIE. Le salc eft une des pierres fur laquelle les natura- liftes ont raifonné avec le plus de confufon, & à la- quelle ils ont le plus donné de noms différens. On croit que le mot sa/c vient du mot allemand salch, qui fignifie du ff, parce que cette pierre paroit grafle au toucher comme du fuif ; cependant comme 1l a été employé par Avicenne , on pourroit le croi- re dérivé de l'arabe. Cette pierre a été appellée par quelques auteurs, /fella terræ | à caufe de {on éclat : d’autres ont cru que c’eft le sal que Diofcoride a voulu défigner fous le nom de 4phrofelne & de féléni- ses ; ce que nous entendons par félénite eft une fub{- tance toute différente : Avicenne l’appelle pierre de dune ; les Allemands le nomment glimmer | lorfqu'il eft en petites partiçules : on lenomme aufli or de char, AA; L OU arpent de chat , {elon qu'il eft jaune ou blanc Quelques auteurs l'ont confondu avec la pierre pécu laire qui eftune pierre gypfeufe que l’ation du feu change en plâtre. Voyez ces article. Enfin on letrou- ve défigné fous le nom de gacies marie , c’eft un sale tranfparent comme du verre, | Ces différentes dénominations, & ces erreurs ; viennent de ce que les anciens naturaliftes n’avoient point recours aux expériences chimiques, pour s’af- furer de [a nature des pierres, & ils ne s’arrêtoient qu’à l’extérieur, & à des reflemblances fouyent trom- peufes. Le célebre M. Pott a fuppléé à ce défaut, par un examen fuivi qu’il a fait du £alc ; le réfultat de fes expériences eft qu'il n’y a aucun acide qui agifle fur le salc, cependant Peau révale concentrée, verfée fur lezalc noir calciné, ou {ur le ra/c jaune , devient d’une belle couleur jaune, ce qui vient de ce qu’elle fe charge d’une portion ferrugineufe, qui étoit jointe à ces rales, &t qui les coloroit ; c’eft-là ce qui a don- né lieu aux alchimiftes de travailler fur le sa/e, pour y Chercher cet or qu’ils croient voir par-tout. Après que cette extraéhion eft faite , on retrouve le z4/c entierement privé de couleur. Le ralc ayant été expofé pendant quarante jours au feu d’un fourneau de verrerie, n’y a éprouvé aucu- ne altération ; le grand feu ne diminue n1 fon éclat, nt fon poids, ni fon onduofité ; il ne fait que le rendre un peu plus friable , & plus aifé à partager en feuil- lets ; mais on prétend que le miroir ardent faitentrer le sac en fuñon , & le change en une matiere vitri= fiée ; ilrefte encore à favoir fi c’eft véritablement du talc qui a été employé dans cette expérience , rap= portée par Hofmann & Neumann. Ainfi Morhof & Boyle fe font trompés doublement, lorfqu’ils ont dit que le sac fe changeoït en une heure de tems, & à un feu doux en chaux ; ils auront pris de la pierre fpéculaire , ou du gypfe feuilleté, pour du sale, & du plâtre pour de la chaux. M. Pott a combiné le sale avec un grand nombre de fels & d’autres fubftances, ce qui lui a donné différens produits. Voyez la tra duétion françoife de la Zrkogeognofte, tom. 1, Le mê- me auteur a obfervé que letsa/c uni avec des terres argilleufes , forme une mafle d’une très-srande dure té, & l’on peut fe fervir de ce mélange pour faire des vaifleaux très-propres à foutenir lattion du feu & des creufets capables de contenir le verre de plomb , qui eft fi fujet à traverfer les creufets ordinai= res. Les Chinois fe fervent d’un sale très-fin, jaune ou blanc , pour faire ces papiers peintsen figures ow en fleurs, dont le fond paroït être d’or ou d'argent. On mêle auffi du sa/c fin dans les poudres brillan< tes dont on fe fert pour répandre fur l'écriture. Le tac fe trouve en beaucoup d’endroits de l’Eu- rope; mais on n’en connoit point de plus beau que celui de Ruffie & de Sibérie , que l’on nomme verre de Ruffée. Voyez cet article. Comme lation du feu ne peut rien fur cette pier= re, il eft très-difficile de connoître la nature de la terre qui lui fert de bafe ; toutes les conjeétures qui ont êté faites là-deflus, font donc très-douteufes & hafardées. Les grenats & les mines d’étain font ordi- nairement accompagnés de pierres talqueufes, qu£ leur fervent de matrices ou de minieres. (—) TALC, huile de , ( Chimie cofmérique. ) c’eft une liqueur fort vantée par quelques anciens chimiftes , qui lui attribuoient des qualités merverlleufes & in croyables , pour blanchir le teint, &t pour confer- ver aux femmes la fraicheur de la jeunefle , jufque dans läge le plus avancé. Malheureufement ce fecret , s’ilajamais exifté , eft perdu pour nous : on prétend que fon nom lui vient de ce quelapierre que nous appellons sac, étoit le principal ingrédient de fa compofition. | M, de Jufi, chimifte allemand, a cherché à faire revivre JT AL revivre tmfecret f inféreflant pour le beau {exe : pour cet efteral prit une partie de #/c de Venife , & deux parties de borax calciné ; après avoir parfaite: ment pulvérifé êr mêlé ces deux matieres, 11 les mit dans un cieufet:, qu'il plaça dans un fourneau à vent, apres l'avoir fermé d’un couvercle ; :ldonna pendant une heure un feu très-violent ; au bout de "Ce temsiltrouva que le mélange s’étoit changé en un verre d’un jaune verdâtre; il réduifit ce verre eñ poudre, puis 1lle mêla avec déux parties de fel de tartre, & fit refondre le tout de nouveau dans un creufet ; par cette feconde fufon' il obtint une mañle; qu'il mit à la cave fur un plateau de verre incliné ; au-deflous duquel étoit unefoucoupe ; en peu de tems la mañle fe convertit en une liqueur dans laquel- le Je sa/cfe trouvoit totalement diffout. | On voit que par ce procedé, lon obtient une li: queur de la nature de celle qui eft connue fous le nom d'huile de artre par défaillance, qui n’eft autre chofe que de lalkalifixe , que Phumidité a mis en li- queur. Il eft tres-douteux que le #4/c entre pour quel- que chofe dans fes propriétés , ou les augmente ; mais il eft certain que l’alkali fixe a la propriété de blan- chir la peau, de la nétoyer parfaitement, 8 d’em- porter les taches qu’elles peut avoir contraëtées ; d’ailleurs il paroit que cette liqueur peut être appli- quée fur la peau fans aucun danger. Voyez les œuires chimiques de M. de Jufti. (—) be TALC de verre de Venife, (Verrerie. ) nom qu’on donne au verre de Venife dont on a foufflé un globe très-mince, & qu’on a enfuite réduit en poudre. Les Emailleurs vendent cette poudre brillante toute pré- parce. (D.J.) we TALCAN, (Géog. mod.) ville d’Afie, dans la pär- tie occidentale du Turqueftan ; e’étoit proprement une forte citadelle, que Genghifcan ne put prendre en 1221 qu'après fept mois de fiege. M. de Lifle place le canton, auquel elle a donné fon nom , vers les 36 deg. de Zatinde entre les 85. & 9 0.dég de lon: gitude, (D, J,) LL TALCATAN, (Géog. mod.) ville de Perfe, dans le Khorafan, fur la riviere de Margab. Quelques-uns la prennent pou ancienne Nifla ou Nifæa, ville de la Märgiane. ( D. J.) TALCINUM, (Géogr. anc.) ville de l’île de Corte ; elle étoit dans les terres, felon Ptolomée , Z. IIT. c, zy. qui la marque entre Sermicium 8 Venicinm. Ce n’eft plus aujourd’hui qu'un village, appellé Ta/cini, à deux lieues de la ville de Corfe , vers lé lévant. (229 J: c TALED , fm, (Miff. judaig.) nom que les Juifs donnent 4 une efpece de voile quatré, fait de laine blanche ou.de fatin, 8 qui a des houpes aux quatre coins. Ils ne prient jamais dans leurs fynagogues qu'ils ne mettent ce voile fur leur tête ou autour de leur col, afin d'éviter les diftraétions, de ne porter la vue m1 à droite ni à gauche, & d’être plus recueillis dans l’oraifon, fi l’on en croit Léon de Modene. Mais dans le fond, ce sa/ed n’eft qu'une affaire de céré- monial ; les Juifs le jettent fur leur chapeau qu'ils -gardent fur la tête pendant la priere , à laquelle ils font fi peu attentifs qu’ils y parlent de leur négoce ëêt autres affaires, & qu'ordinairementils la font avec une extrème confufion. TALEMELIER, TALMELIER, TADLEMANDIER, f. m. termes fynonymes!, qui fignifioient ancienne- - ment boulanger , en latin salemetarius feu ralema- TIUSe LE Il y a lieu de croire que ce mot ralemerarius ve- noit de sa/ed metari , compter fur une raille, parce ae effet de tout tems Les Boulangers font dans l’u- age de marquer fur des tailles de bois la quantité de pain qu'ils fournifent. . Les ftatuts donnés par S, Louis aux Boulangers de Tome XV, | TAL 863 Paris, 8 leurs lettres de maîtrife, leur donnentia qua * 7 1 pe = | Es lité de Boulangers talemeliers. L'ordonnancé du roi Jean, du pénultieme Février 1350, tir. 11. arr, 8: dit que nuls boulangers Ou za/ermeliers ne potirront mét- tre deux fortes de blés dans le pain ; &c 4rr..0. que les prud'hommes qu vifitéront le pain, neféront ms talemeliers. Le vie. 4. des ralemieliers & pâtifiiers porte, art: iquetouté maniere de sa/eliers, fourniers & pc tirs , qui ont accoutumé à cuire pain à bourgeois, le prépareront ès maifons defdits bourgeois, & l’ap- potteront etre chez eux. Dansune autre ordonnance du même roi du 16 Tanvier 1360, il eft parlé des :457- lemeliers, fur quoi M. Secoufié à noté en iargé qu'il ÿ a callemandiers dans la premiere des deux copies de cette ordonnance envoyées de Montpellier, & queée font les Pâtifiers , cé qui peut en effet conve- nr aux Pänfiers dans les endroits oùils étoient con- fondus avec les Boulangers. Il eft encore parlé des talmieliers, qui font les Boulangers , dans une or- donnance de Charles V. du 9 Décembre 1372 ; les pâtifleries , appellées sa/emozfès, ônt pris leûr ñom des salemeliers, (A spot TALENT , fm. (Grém.) c’eft en général de l’ap- titude finguliere à fure quelque chofe, foit que cette aptitude 1oit naturelle, foit-qu'on Pait dcquife. On dit le” salert de la Peinture, de la Sculpture, de la Poëfie , de l’'Eloquence ; la nature a partagé les £4= lens. Il eft rare qu'on ait deux grands 2a/ens : il eft plus rare encore qu’on ne fafle pas plus de cas dans Ja focièté des ralens agréables que des salens utiles, & des uns &c des autres que de la vertu. On dit en: core , il a du sa/ezc dans fon métier. Il a le #4/ent de TALENT, (Monnoie anc.) fameux poids &t mots noie des anciens, qui étoit de différente valeur non: feulement dafs les divers pays , mais dans le pays même , felon que les efpeces qui compoloient le sa- lent'étoiént plus ou moins fortes. * Le talent d’argent en poids chez les Hébreux pé= foit troïs'mille ficles , oiùt 12% livres de r+ onces chaz cune; où'i2 mille drathmes. Quant à {4 valeur, cin- quante mines fafoient le sa/ens fébraïque d'argent ; ce quirevient à450 livres fterlings. Le z/ent d'or des Hébreux für le pié de feize d'argent, reviendtoit à 7200 livres fterlings. 4. ; Le ralént d'Athènes comprenoit foixarité mines 5 qui reviendroient, felon le do@eur Bernard, à 206 Livres fterlings ÿ fchellings. Le 12/7 d’or, À raifon de 16 d'argent, 3300 livres fterlings. Le salent d'argent de Babylone conteñoït 7000 dfagmes d'Athènes, faifant 240 livres fterlings 12 fchellings 6 fois. Le salens d’or , à raifon de 16 d’at= gent, 3850 livres fterlings. Cinquante mines faifoient le #z/err d'argent d’Ale: xandtié , qui revient à 450 livres fterlings. Le r4- lent d'or ; à raifon de 16 d’argent ; 7100 livres fter: lings. | | Le salent de Cyrère étoit égal à Celui d’Alexana drie. Le s4/em de Corinthe étoit le même que celui d'Egine , favoir de Cent mines attiques, le sa/ent de Rhodes étoit de 4502 deniérs romains. Leza/ens thraz cien étoit du poids dé 120 livres, l'ésyptien de Ja livres. | | Les Romains avoiént de grands & dé petits sa/enss Soixante douze livres romains fafoiént leur grand talent, que le doéteur Bernatd évalue à 216 livres fterlings. Plaute défigne toujours le grand £a/enr ro- ain par maghuméalentum ; confidéré comme poids, il pefoit 125 livres. | | Hérodote, en parlant du fa/ent de Babylone, dit qu'il valoit 7o mines d’Eubée. Elien , én parlant du même salent ; dit qu’il valoit 72 mines d’Afhènes. De-l 11 s'enfuit que 70 mines d'Eubée er valoient 72 d'Athènes ; & comme le éalens étroit toujours de RRrre S64 T À L 6o mines , on-voit par-là la différence du salent d'Eu- bée & de celui d'Athènes. Mais il faut quil y eût encore deux autres fortes de talens d'Eubée , ou que les auteurs fe contredi- {ent ; Feflus dit : Euboicum talentum r#mmo græco * féptem millium , noflro quatuor millium dexariorum : le salent d'Eubée eît de 7 mille drachmes greques , & ‘de 4 mille deniers romains. Tout le monde convient qu'il y a ici quelque faute de copifte , & qu'au-lieu de 4 mille deniers romains , il doit y avoir 7 mulle; la preuve en eft que, felonlemême Feftus, la drachme des Grecs & le denier des Romains étoient de même valeur.En effet il dit que le sa/ens d'Athènes, qui étoit de fix mille drachmes, contenoit aufh fix mille de- mers romains. Selon lui donc, le denier romain & la drachme d'Athènes étoient de même valeur, &ily en avoit {ept.mille au sa/ent d'Eubée. Cependant le talent d'Eubée de la fomme que devoit payer Antio- chus aux Romains étoit bien plus fort ; Polybe dit, legar. XXV, p.817. & Tite-Live aufh, L XX XVII. & XXXVIII. qu'il contenoit 80 livres romaines. Or la livre romaine contenoit 96 deniers romains, & par conféquent 10 de ces livres faifeient 7680 , deniers romains, c’eft-à-dire 240 livres fterlings. Mais il faut remarquer qu'il y a une différence dans le traité entre Tite-Live & Polybe ; car quoi- que Tite-Live, dans le projet du traité, dife ; aufli- bien que Polybe, que les 15 mille sa/ens étoient des talens d'Eubée ; dans le traité même , 1l les appelle talers d Athènes ; Tite-Live en traduifant ici Polybe, ‘a fait une faute ; car Polybe dit feulement que Par. gent du payement qu'on donneroit aux Romains {e- FOit , apyupie Athye epise, du meilleur argent d Athè- nes, & Tite-Live ne faifant pas aflez d'attention à .ces expreflions. qui marquent la qualité de l'argent, ® & non pas l’efpece de monnoie, a traduit des sa/ens d'Athènes. Or comme le sa/ens d’Eubée étoit le plus pefant, la monnôie d'Athènes étoit auffi la plus fine de toutes ; & , felon le traité , le payement fe devoit faire de la maniere la plus favorable aux Romains. Ils obligerent Antiochus , pour acheter la paix, de leur payer cette fomme, déja prodigieufe en elle-même, de la mamiere la plus onéreufe pour lui, en ralens les plus forts , & pour la qualité du meilleur on du plus fin argent. | On ne trouve jamais nos auteurs françois d’ac- cordfur l'évaluation desra/ersdesanciens,parcequ'ils ne l'ont jamais faite d’après le poids & le titre, mais toujours d’après le cours variable de nos monnoies; ainfi Budée évalue le za/ent d'Athènes à 1300 livres; Tourreil à 2800, & nos derniers écrivains à 4550 livres. (D. J.). TALENT HÉBRAIÏQUE, ( Monnoie des Hébreux.) monnoie de compte des Hébreux , qui valoit trois mille ficles ; &, felon le doéteur Bernard, 450 livres fterlings. Voyez-en les preuves détaillées à l’arricle MONNOIES des Hébreux. ( D. J.) TALENT, peintre a , ( Paint.) c’eft Le nom qu’on donne à un artifte qui s’applique à quelque genre particulier de peinture , comme à faire des portraits, à peindre des fleurs, à repréfenter des animaux, des payfages , des noces de village , des tabagies, &c. (D. J.) TALEVA , f m. (Æf. rar. Ornitholog. ) oïfeau aquatique de l’île de Madagafcar ; il eft de la groffeur d’une poule ; fes plumes font violettes ; fa tête, fon bec & fes piés font rouges. TALI , {. m. serme de relation | nom que lesIndiens de Carnate donnent au bijou que l'époux, dans la cérémonie du mariage , attache au cou de l’époufe, & qu’elle porte jufqu’au décès de {on mari, pour marque de fon état ; à la mort du mari, le plus pro- che parent hui coupe ce bijou ,r&t c’eft-là la marque du veuvage. (2. J.). | TAL TALICTRUM 1. m. (Hiff. nat. 6 Mar. méd.)nom donné dans la matiere médicale à la graine d’une ef pece de fifymbrium à feuilles d’abfynthe ; on eftime cette graine .aftringente ; on en introduit la poudre dans les narines, pour arrêter les petites hémorrha- gies du nez , mais je crois cette pratique aflez mau- vaife. (D. J.) TALIHR-KARA , fm. ( Æff. mar. Botan, exor, Ÿ grand arbre de Malabartoujours verd ; fon tronc eft blanchâtre ; fon écorce eft unie , poudreufe & cen= drée. Il porte quantité de branches, qui s'étendent au loin, & qui font armées d’épines oblongues , du- res & roides, Sa racine eft cendrée & couverte d’une écorce obfcure. Son odeur eft forte, & {on goût aftringent. Ses feuilles font vertes en-deflus, & ver- dâtres en-deflous , elliptiques., pointues, légerement dentelées par les bords, fortes , épaifles , luifantes, très-odorantes & très-âcres au goût; les feuilles ten: dres qui croiflent au fommet font pour la plüpart d’un rouge purpurin. On n’a point encore vu de fleurs, mi de fruits fur cet arbre. C’eft pourquoi dans le livre du jardin de Malabar on le nomme arbor in- dica jpinofa , flore & fruëtu vidua. ( D. J.) TALINGUER, ÉTALINGUER, v. n. ( Marine.) c’eft amarrer les cables à l’arganeau de l’ancre, TALION , f. m.( Gran. & Jurifprud. ) ralio , loi du salion, lex talionis , eft celle qui prononçoit con- tre le coupable la peine du salon, pœna reciproca, c’eft-à-dire, qu'il fût traité comme il avoit traité fon prochain. Le traitement du sa/ion eft la vengeance naturelle, & 1l femble que l’on ne puife taxer la juftice d’être trop rigoureufe, lorfqw’elle traite le coupable de la même maniere qu'il a traité les autres, & que ce {oit un moyen plus sûr pour contenir les malfai- teurs: Plufieurs jurifconfultes ont pourtant regardé le sz- lion comme une loi barbare, & contraire au droit naturel; Grotius entre autres, prétend qu’elle ne doit avoir lieu ni entre particuliers, ni d’un peuple à l’autre; il tire fa décifion de ces belles paroles d’A- riftide : « ne feroit-il pas abfude-de jufifier & d’imi- » ter ce que l’on condamne en autrui comme une »# mauvaile aétion ». - Cependant la loi du salion a fon fondement dans les livres facrés ; on voit en effet dans l'Exode, que Moife étant monté avec Aaron {ur la montagne de Sinaï, Dieu après lui avoir donné le Décalogue, lui ordonna d'établir {ur les enfans d’Ifraël plufieurs lois civiles, du nombre defquelles étoit la loi du s4/107, [left dit, chap. xxj. que’f deux perfonnes ont eu une rixe enfemble, & que quelqu'un ait frappéune femme enceinte, & l'ait fait avorter , fans lui caufer la mort, ilfera foumis au dommage tant que le mari le demandera , & que les arbitres Le jugeront; que fi la mort de la femme s’eft enfuivie ,en ce cas Moife condamne à mort l’auteur du délit; qu’il rende ame pour ame, dent pour dent, œil pour œil, main pour main, pié pour pié, brülure pour brûlure, plaie pour plaie, meurtriflure pour meurtriflure. On trouve auffi dans le Lévitique, ck. xxjv. que celui qui aura fait outrage à quelque citoyen, il fera traité de même, fra@ure pour fra@ure, œil pour œil, dent pour dent. Dieu dit encore à Moïfe, fuivant le Deutérono- me, ch. xix. que quand quelqu'un fera convaincu de faux témoignage , que les juges lui rendront ainfi qu'il penfoit faire à {on frere ; tu ne lui pardonneras point, dit le Seigneur; mais tu demanderas ame pour ame, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pié pour pié. , Il femble néanmoins que la peine du s4/ion doive s'entendre dans une proportion géométrique plutôt qu'arithmétique., c’eft-à-dire, que l’objet de la Loi TAL | foit moins de faire fouffrir au coupable précifément le même mal qu'il a fait, que de lui faire fupporter une peine égale, c’eft-à-dire, proportionnée à fon crime ; &c c’eft ce que Moife lui-même femble faire entendre dans le Deutérondme, ch. xxv. où il dit que fi les juges voient que celui qui a péché foit di- gne d’être battu , ils le feront jetter par terre & bat- tre devant eux felon fon mesfait, pro renfuré peccati erit 6 plagarum rodus. éfus-Chrift prêchant au peuple fur la montagne { fuivant faint Matthieu, chap. »:).dit : vous avez entendu que lon vous a dit oœ1l pour œil ; dent pour dent ; mais moi je vous dis de ne point réfifter au mal; & que fi quelqu'un vous frappé fur la joue droite, de lui tendre la gauche ; mais il paroît que cette do@rine éut moins pour objet de réformer les peines qué la juflice temporelle inflgeoit, que de réprimer les vengeances particulieres que chacun fe croyoit mal-à-propos permifes , :fuivant la loi du talion , n'étant réfervé qu’à la juitice temporelle de venger les injures qui font faites à autrui, & à la ju- Îtice divine de les punit dans l’autre vie. Il eft encore dit dans l’Apocalypie, chap, xiij. que celui qui aura emmené un autre en captivité, ira lui- même; que Celui qui aura occis par le glaive, fera Occis de même ; mais ceci fe rapporte plutôt à la juftice divine qu’à la juftice temporelle. Les Grecs à exemple des Juifs, pratiquerent auf fa loi du salion. RIRE ÉEE Par les lois de Solon , la peine du 44/07 avoit lieu contre celui qui avoit arraché le fecond œil à un, homme qui étoit déja privé de Pufage du premier, &tle coupable étoit condamnéà perdre les deux yeux: Ariftote écrit que Rhadamante roi de Lycie, fa- meux dans l’hiftoire par fa évérité , fit une loi pour établir la peine du sa/ion qui lui parut des plus juftes;1l ajoute que c’étoit auf la doétrine des Pythagoriciens. Charondas , natif de la ville de Catane en Sicile, êz qui donna des lois aux habitans de la ville de Thu- tium ,rebâtie par les Sybarites dans la grande Grece, y introduifit la loi du czlior ; il étoit ordonné : f quis cuz OculuIm eruerit , oCuÎUM reO parlter eruito ; Mais cette Loi fut réformée, au rapport de Diodore de Sicile, à l’occafion d’un homme déja borgne, auquel on avoit crevé le bon œil qui lui reftoit , il repré- Teñta que le coupable auquel on fe contenteroit de crever un œil, feroit moins à plaindre que lui qui Étoit totalement privé de la vue; qu’ainfi la loi du talion n'étoit pas toujours jufte. Les décemvirs qui formerent la loi des 12. tables, prirent quelque chofe des lois de Solon par rapport à la peine du salon dans le cas d’un membre rompu; ils ordonnerent que la punition feroit femblable à l’offenfe , à moins que le coupable ne fit un accom- modement avec fa partie , { rermbrum rupit, ni cum éo pacit, talio effo : d’autres lifent , /£ mermbrum rupie, u1 cum eo pacit ; talio eflo. Lorfau’il s’agifloit feulement d’unos caflé, la pei- ne n'étoit que pécuniaire, ainfñ que nous l’apprend Juftinien , dans fes inflitutes, sir. de injur. $. 7. On ne fait pas à quelle fomme la peine étoit fixée. Cette portion de la loï des 12 tables eft rappellée par Cicéron, de legibus, Feftus, fous le mot sa/io- A1s, par le jurifconfulte Paul, receprarum fentenr. liv. V. sir. 4. & autres jurifconfultes. Il paroït néanmoins que chez les Romains la loi du talion n'étoit pas fuivie dans tous les cas indiftinéte- ment ; c’eft pourquoi Sextus Cæcilius dans Aulugelle, li. XX! dit que toutes les injures ne fe réparent pas avec 25 as d’airain, que les injures atroces, comme quand on a rompu un os à un enfant ou à un ef clave , font punies plusféverement, quelquefois mê- me par la loi du relion ; mais avant d’en venir à la vengeance permie par cette loi, on propofoit un Tome XF, FAT 306$ aécommodement au coupable; &s'il refufoit de s’ac- commoder, il fubifloit la peine du salion ; fi au con« traire il fe prêtoit à l’accommodement,, l’eftimation du dommage fe fafoit, La loi du sion fut encore én ufage chez lés Roz mains long-tems après la loi des 12 tables ,au-moins dans les cas où elle étoit admife ; en effet, Caton cité par Prifcien , li, FL. parloit encore de fon tems dé la loi du salion | comme étant alors en vigueur, &t qui donnoit même au coufin du bleflé le droit de pourfuivre la vengeance, f? quis membrum rupir ;'aut .05.fregit , talione proximus agnatus ulcifcitur, On ne trouve pas cependant que la loi des 12 ta- bles eût étendu le droit de vengeance jufqu’au cou- fin de loffenfé ; ce qui.a fait croire à quelques au- teurs, que Caton parloit de cette loi par rapport à quelque autre peuple que les Romains. . Mais l’opimon de Théodore Marfilius ; qui ef la plus vraiffemblable , eft que l’ufage dont parle Cas ton, tiroit fon origine du droit civil. Les jurifconfultes romains ent en effet décidé que le plus proche agnat oucoufin du bleffé pouvoit pour- fuivre au nom de {on parent ; qui étoit fouvenr trop malade ou trop occupé pour agir lui-même, On char. geoit auf quelquefois le coufin de la pourfuite du crime , de crainte que lebleffé emporté par fon ref- fentiment, ne commencçât par fe venger, fans atten- dre que lecoupable eût accepté ou refüfé un accom- modement, Au refte, 1l ya toute apparence que la peine du ralion ne fe pratiquoit que bien rarement; car le cou- pable ayant le choix de fe fouftraire à cette peine par un dédommagement pécuniaire , on conçoit ai- iément que ceux qui étoient dans le cas du salon, dimoient mieux racheter la peine en argent, que de fe laifler mutiler ou eftropier, Cette loi ne pouvoit donc avoir lieu que pour les gens’ abfolument miférables, qui n’avoient pas le moyen de fe racheter en argent; encore n’en trou- ve-t-on pas d'exemple dans les hiftoriens. 1! en eft pourtant encore parlé dans le code théo- dofien , de exhibendis reis , L, II. & au titre de accu- Jationtbus, L. tit, quefl, 14. on peut voir Jacques Go: defroy , fur la loi 7 de cetitre, formule 29. Ce qui eft de certain, c’eft que long-tems avant empereur Juftinien, la loi du r4/ion étoit tombée en défuétude , puifque le droit du préteur appellé jus honorarium , avoit établi que le bleffé feroit eftimer le mal par lejuge ; c’eft ce que Juftinien nous apprend dans fesinlütutes , Ly, IV sic, 4. deinjur: K. 7: la peine des injures, dit-il, fuivant la loi des:12 tables, pour un membre rompu, étoit le szlion , pour un os caflé 1l y avoit des peines pécuniaires felon la grande pauvreté des anciens ; les interpretes prétendent que ces peines pécuniaires avoient été impofées comme étant alors plus onéreufes. EC | Juffinien obferve que dans la fuite les préteurs per: mirent à ceux qui avoient reçu quelque injure , d’ef timer le dommage, & que le juge condamnoit lé coupable à payer une fomme plus ou moins forte, fuivant ce qui lui paroïfoit convenable: que la peine des injures qui avoit été introduite par la loi des 12. tables, tomba en défuétude: que l’on pratiquoit dans les jugemens celle qui avoit été introduite par le droit honoraire des préteurs , fuivant lequel l’eflima- tion de linjure étoit plus où moins forte, felon la qualité des perfonnes. | Ïl y a pourtant certains cas dans lefquels les lois ro- maines paroiflent avoir laiffé fubfiter la peine du talion, comme pour les calommiateurs ; celui qui fe trouvoit convaincu d’avoir acculé quelqu'un injufte= ment étoit puni de la même peine qu’auroit fubi l’ac- cufé , s’il etit été convaincu du crime qu’on lui im putoit ; il n’y avoit qu’un feul cas où l’accufateur füt RRtrry 56 TAËL exempt de cette peine, c'eft lorfqu’il avoit été porté à intenter. l'accufation par une jufte douleur pour Poffenfe qu'il avoit reçue: dans fa perfonne ou dans celle de fes proches. Voyez au code la loi derniere de accufation. & la derniere du titre de calomniat, Les prévaricateurs fubifloient aufh la peine du talion ,.L. abimp. ff. deprœvar. t Il enétoit de même dans quelques autres cas qui font remarqués au digefte guod'quifque Juris, 8tc. Le droit canon fe conformant à la pureté de l’é- vanpgile ; paroît avoir rejetté la loi du salion , ainfi qu'il réfulte du canon hæc aurer vita xx. quefi, 4 du canon quod debetur , xiv. guieft. r. du canon Jéx di ë- rentiæ, xxi. quefl. 3 , ©t le canon /ëx différentiæ dans la feconde partie du decret ,caufè23 , queft. 3; mais ce que ces canons improuvent, & fingulere- ment Le dernier, ce font les vengeances particulieres. Nous ne parlons ici que de ce qui appartient à la vin- ditte publique. Ricard, roi des Wifigots, dans le WT. Ziy. deslois des Wifigots, #r. 4, c: y. ordonne que la peine du talionfoit fubie par le coupable, de maniere qu'il ait le choix ou d’être fouetté de verges, ou de payer lef- timation de l’injure, fuivant la loi ou leftimation faite par l’offenfe. | | La peine du salion avoit aufñ lieu anciennement en France en matiere criminelle. On en trouve des veftiges dans la charte dé commune de la ville de Cer- ny, dans le Laonnoïs, de Pan 1184, qguèd f? reus in- ventus fuerit, caput pro capite, tnembrum promembro red- dat | velad arbitrium majoris & juratorum , pro capite aut membri qualitate dignam perfolvet redemptionem. Ii eneft auf parlé dans la charte de commune de la Fere de l’an 1207 rapportée par la Thomaffiere, dans fes coutumes de Berry, dans les coutumes d’Ar- ques de l'an 1231, dans les archives de l’abbaye de S. Bertin, dans la 51°. lettre d'Yves de Chartres. Guillaume le Breton rapporte qu'après la conque- te de la Normandie, Philippe Auguñte ftune ordon- nance pour établir la peine du 4/07 dans cette pro- vince: qu’il établit des champions , afin que dans tout combat qui fe feroit pour vuider les caufes de fang , il y eût, fuivant la doi du sa/ion, des peines égales, que le vaincu, foit Paccufateur ou Paccufé, fût condamné par la même loi à être mutilé ou à per- dre la vie; car auparavant c’étoit la coutume chez les Normands , que fi l’accufateur étoit vaincu dans une caufe de fans, il en étoit quitte pour payer une amende de 60 fols ; au lieu que fi Paccufé étoit vain- cu, il étoit privé de tous fes biens, &c fubifloit une mort honteufe : ce qui ayant paru injufte à Philippe Augufte, fut par lui abrogé, 6c il rendit à cet égard les Normands tous femblables aux Francs : ce qui fait connoître que la peine du £4/1on avoit alors lieu en France. Les établiffemens faits par S. Louis en 1270 , iv, I. ch. üij, contiennent une difpoñition fur le r2/07. Si tu veux, eft-1l dit, appeller de meurtre , tu feras Ois ; mais il convient que tu telies à fouffrir telle peine comme tes adverfaires fouffrirotent, s'ils en étoient atteints, felon droit écrit en digefte, novel, de privatis L. finali. Au tiers Livre on a eu en vue laloi derniere de privatis deliülis, qui ne parle pourtant pas clairement du salon. Le chap. 1. du IT. livre de ces mêmes établifflemens parle auf de la dénonciation ou avertiflement que la juftice devoit donner à celui qui fe plaignoït de quel- que meurtre. La juftice, dit cette ordonnance, lui doit dénoncer /a peine qui efl dire ci-deffus; ce que l’on entend du #4on. Cetre peine a été abrogée dans quelques coutu- mé, comme on voit dans celle de Hainaut, chap. xv. . On tient même communément que la loi du s4/ion eft préfentement abolie en France; 6 il eft certain eneffetaue l’onn’obferve plus depuis long-tems cetté juftice groffere & barbare, qu? faïloit fübir à tous ac2 cufés indiflinétemient le même traitement qu'ils avoient-fait fubir à Paccufateur, L'on r’otdonne plus que l’on crévera uniœil , ni que l’on caflera un mem- brel à celui qui a crevé l’œil où café un membre à un autre; on fait fubir à l’accuié d’autres peines pro- portionnées à fon crime. Il eft cependant vrai de dire que nous obfervons encore la loi du sa/ion pour la proportion des peines que l’on inflige aux coupables. On obferve même encore ftriétement cette loi dans certains crimes des plus graves ; par exemple, tout homme qui tue, felon nos lois , mérite ia mort ; les incendiaires des églifes, villes & bourgs font condam- nés au feu. 1$ Leÿ princes ufent encore entr’eux en tems de guer- re du droit de repréfailles , qui eft proprement une efpece de juftice militaire qu’ils fe font, conforiné- ment à la loi du salion.Voyez REPRÉSAILLES, voyez Al- beric,Balde, Bartole, Felix fpeculztor Auguflinus les confhrutions du royaume d’Arragon , Imbert , le gloff. de du Cangeau mot sa/o , celui de Lauriere , l’Aif?, de la Jurifprud. romaine de M. Terraflon. (4) TALISMAN, f. m. (Divination. figures magiques gravées en conféquence de certaines obfervations juperftitieufes, fur les caraéteres & configurations du ciel ou des corps céleftes, auxquelles les aftrologues, les philofophes hermétiques & autres charlatans at- tribuent des effets merveilleux, & furtout le pouvoir d'attirer les influences céleftes. Voyez THÉRAPHIM. Le mot salifman eft purement arabe ; cependant Menage, apré Saumaife, croit qu'il peut venir du grec résout , Opération Où confécration, Borel dit qu'il eft perfan, & qu'il fignife littéralement une gravéreconf- cellee; d’autres le dérivent de sa/amafcis livceris , qui font des caratteres myftérieux ou des chiffres incon- nus dont fe fervent les forciers , parce qu’ajoutent- ils , alamafca veut dire phanrôme ou illufion. M. Pluche dit qu’en Orient on nommoit ces figures se. lamim, des images ; 8 en effet, comme il le remar- que , « lorfque dans l’origine , le culte des fignes cé- » leftes 8r des planetes fut une fois introduit, on en » multiplia les figures pour aider la dévotion des » peuples & pour la mettre à profit. On faifoit ces » figures en fonte & en relief, affez fouvent par ma- » niere de monnoie , ou comme des plaques porta » ‘tives qu'on perçoit pour être fufpendues par un »# anneau, au cou des enfans, des malades 6 des » morts. Les cabinets des antiquaires font pleins de » ces plaques ouamulettes, qui portent des emprein- » tes du foleil ou de fes {ymboles, ou de la lune , #» ou des autres planetes, ou des différens fignes du Ÿ zodiaque. » Â1/, du ciel, on. 1. pag. 480. L'auteur d'un livre intitulé Les se/ifinans juflifiés > prétend qu'un rahfmuan eft le fceau , la figure , le ca= rattere ou l’image d’un figne célefte , d’une conftella- tion , ou d’une planete gravée fur une pierre fympa- thique ou fur un métal correfpondant à l’aftre ou au corps célefte pour en recevoir les influences. l’auteur de l’hiftoire du ciel va nous expliquer fur quoi étoient fondées cette fympathie &c cette cor- refpondance, 87 par conféquent combien étoit vaine la vertu qu’on attribuoit aux sa/ifmans. & Dans la confeétion des s«/i/inans, ditäl, la plus » légere conformité avec l’aftre ou le dieu en quil’on » avoit confiance, une petite précaution de plus, » une légere reffemblance plus fenfble faufoit préfe- » rer une image Ou une matiere à une autre; ainfi »# Îles images du foleil, pour en imiter l'éclat & la » couleur, devoient être d'or. On ne doutoit pas » même que l’or ne fût une produétion du foleil; » cette conformité de couleur, d'éclat & de mérite » en étoit la preuve. Le foleil devoit donc mettre {a TAL # complafance dans un métal qu'il avoit indübita- » blement engendré, & ne pouvoit manquer d’arrc- » ter {es influences dans une plaque d’or où 1l voyoit » fonimage empreinte, & qui hu avoit été rehgteu- # fement confacrée au moment de fon lever, Parun # raïfonnement femblable , la lune produifoit l’ar- # gent, & favorifoit de toute étendue de fon pou- » voir les images d'argent auxquelles elle tenoit par » les liens de la couleur, de la génération, de la » confécration. Bien entendu que Mars fe plaifoit à # voir fes images, quand elles étoient de fer ; c’é- # toit-là fans doute le métal favori du dieu des com- »# bats... Vénus eut le cuivre , parce qu'il fe trou- # voit en abondance dans l’île de Chypre dont elle » chérifloitle féjour. Le langoureux Saturne fut pré- » polé aux mines de plomb, On ne délibéra pas # long-tems fur le lot de Mercure;un certain rapport # d’agilité lui fit donner en partage le vifargent, »> Mais en vertu de quoi Jupiter fera-t1l borné à la » furintendance de l’étain? Il étoit incivil de préfen- » ter cette commiffon à un dieu de fa forte: c’étoit » lavilir ; mais il ne reftoit plus que l’étain, force » lui fut de s’en contenter. Voilà certes de puiflans » motifs pour affigner à ces dieux linfpeétion fur tel » ou tel métal, 8 une affeétion finguliere pour les » figures qui en font compofées. Or telles font les » raifons de ces prétendus départemens ; tels font 5 aufh les effets qu'il en faut attendre, » Æf£. du ciel, som. Î. pag. 482 6 483. | Il étoit auffi aifé de faire ces raifonnemens,, il y a deux mille ans,qu’aujourd’hui ; mais la coutume , le piéjugé, l'exemple de quelques faux fages qui, foit _perfuafion, foit impofture, accréditoient les e/if- mans, avoient entraîné tous les efprits dans ces fuperfitions, Onattribuoit à la vertu 8 aux influen- ces des ralifinans tous les prodiges qw’opéroit Appol: lonius de Tyane ; & quelques auteurs ont même avancé que ce magicien étoit linventeur des #z/1/- mans ; mais leur origine remonte bien plus avant dans l'antiquité ; fans parler de l'opinion abfurde de quelqués rabbins quifoutiennent que le ferpent d'ai- rain que Moïle fit élever dans le défert pour la def: trution des {erpens qui tourmentotent & tuoient les Ifraëlites , n’étoit autre chofe qu’un £a/ifrran. Quel- ques-uns en attribuent l’origine à un Jacchis qui fut l'inventeur des préfervatifs queles Grecs appelloient gipianra, des remedes cachés contreles douleurs, des fecrets contre les ardeurs du foleil & contre les in- fluences de la canicule. Ce Jacchis vivoit, felon Sui- das, fous Sennyés, roi d'Egypte. D’autresattribuent cette origine à Necepfos, roi d'Egypte, qui étoit poftérieur à Jacchis, & qui vivoit cependant plus de 200 ans avant Salomon. Aufone , dans une lettre à S. Paulin, a dit: Quique magos docuit myfleria vana Necepfos, Le commerce de ces salifmans toit fort commun du tems d’Antiphanes, & enfuite du tems d’Arifto- phane ; ces deux auteurs font mention d’un Pherta- mus & d’un Eudamus, fabricateurs de préfervatifs de ce genre. On voit dans Galien & dans Marcellus Empiricus, quelle confiance tout lemonde avoit à leur vertu. Pline dit qu’on gravoit fur des émeraudes des figures d’aigle &c de fcarabées; & Marcellus Em- piricus attribue beaucoup de vertus à ces fcarabées pour certaines maladies, & en particulier pour le mal des yeux. Ces pierres gravées ou conftellées éroient autant de #4/fmans où l’on faifoit entrer les obfervations de l’aftrologie. Pline, en parlant du jaf- pe quitire fur le verd , dit que tous Les peuples d’O- rientle portoient commeun £4/1/man. L’opinion com: mune étoit , dit-1l ailleurs, que Milon de Crotone ne devoit fes viétoires qu'à ces fortes de pierres qu'il portoit dans les combats, & à {on exemple fes athie- TA L. 867 tes ayoient foin de s’en munir. Le même auteur ajeu- te qu’on fe fervoit de l’hématite contre les embuches des barbares , & qu’elle produifoit des effets falutai- res dans les combats. Aufli les gens de ouerre en Egypte, au rapport d’Élien, portoient des figures de , fcarabées pour fortifier leur courage, & la grande foi qu'ils y avoient, venoit de ce que ces peuples croyotent que le fcarabée confacré au foleil étoit la figure animée de cet aftre qu’ils regardoient comme le plus puffant des dieux, felon Porphyre. Frébellius Pollion rapporte que les Macriens révéroient Alexan: dre le grand d’une maniere fi particuhere , que les hommes de cette famille portoient la figure de ce prince gravée en argent dansleurs bagues, & que les femmes la portoient dans leurs ornemensde tête, dans leurs bracelets, dans leurs anneaux &c dans les autres pieces de leur ajuftement ; jufque-là même que de fon tems, ajoute-t-l, la plüpart des habillemens des dames de cette famille en étoient encore ornés, par- ce que l’on difoit que ceux qui portoient ainfi la tête d'Alexandre en or ou en argent, en recevoient du fecours dans toutesleurs aétions : gwia dicuntur juvarë in omni aëtu fuo qui Alexandrum exprelum , vel auro geffrtant vel argento. Cette coutume n’étoit pas nouvelle chez les Ro= mains, puifque la bulle d’or que portoient au colles généraux ou confuls dans la cérémonie du triomphe, renfermoit des salifmans, Bulla, dit Macrobe, geffas ner erat triumphantinm , quam in triumpho pre fe gere= bant, inclufis intra cam remedils, que crederent adver- Jès invidiam valentiffima. On pendoit de pareilles buls les au co! des enfans, pour les défendre des génies malfaifans , ou les garantir d’autres périls, ze quid objit , dit Varron ; & Afconius Pedianus , fur un en- droit de la premiere verrine déMCicéron où il eft mention de ces bulles , dit qu’elles étoient fur l’efto- mach des enfans comme un rempart qui les défen- doit, féus communiens pelufque puerile ; parce qu’on y renfermoit des salifrmans, Les gens de guerre por- toient auffi des baudriers conftellés. oyez Bau- DRIERS & CONSTELLÉS, Les ralifinans les plus accrédités étoient ceux des Samothraciens , ou qui étoient fabriqués fuivant les regles pratiquées dans les myfteres de Samothrace. C’étoient des morceaux de métal fur lefquels on avoit gravé certaines figures d’aftres , & qu’on en- châfloit communément dans des bagues. [l s’en trou ve pouftant beaucoup dont la forme &c la groffeur font voir qu’on les portoit d’une autre maniere, Pé- trone rapporte qu’une des bagues de Trimalcionétoit d’or & chargée d'étoiles de fer , sorurr aureum , [ed planè ferreis veluti flellis ferruminatum. Et M, Pithou convient que c’étoit un anneau ou un £4/i/man fabri- ii = h L qué fuivant les myfteres de l’ile de Simothrace. Tral: lien , deux fiecles après, en decrit de femblables, qu’il donne pour des remedes naturels & phyfques, quite, à l'exemple , dit-1l, de Galien , qu'en a res commandé de pareils. C’eft au Zvre LX, de fes trairés de médecine , ch. jv. à La fin , où il dit que l’on gravoit fur de l’airain de Chypre un lion , une lune êc une étoile , & qu'il n’a rien vu de plus efficace pour cer« tains maux. Le même Trallien cite un autre philaéte: re contre la colique ; on gravoit fur un anneau de fer à huit angles ces mots , G:uye , ue, 10d , YoAn, n opur d'anos ge Cure, C’eft-à-dire , fuis, fuis , malheureufe. bile, l’alouerte ré cherche, Et ce qui prouve que lon fabriquoit ces: fortes de préfervatifs fous l'afpeét de certains aftres , c’eftce que ce médecin ajoute à la fin de l'article : il falloit, dit-il , travailler à la gra- vure de cette bague au 17 ou au 21 de la lune. La fureur que l’on avoit pour les salifinans {e rés pandit parmi des feétes chrétiennes, comme on le voitdans Tertullien , qui la reproche aux Marcioni- tes qui faifoient métier, ditil, de vivre des étoiles 868 T'AL du créateur: mec hoc erubecentes de flellis icreatoris vr- yere. Peut-être cela doit-il s'entendre de l’Aftrologie judiciaire en général. ILeft beaucoup plus certain que les Valentiniens en fafoient grand ufage , comme le prouve leur abracadabra , prefcrit par le médecin Se- renus fammonicus, qui étoit de leur feéte , &c par leur abrafax , dont lhéréfarque Baflides lui-même fut l'inventeur. Ÿoyez ABRACADABRA G ABRASAX. Des catholiques eux-mêmes donnerent dans ces fuperfüitions. Marcellus , homme de qualité & chré- tien , dù tems de Théodofe, dans un recueil de re- medes qu'il adrefle à fes enfans , décrit Ce salifinan. Unferpent, dit-il, avec fept rayons , gravé fur un jafpe enchâffé en or, ef bon contre les maux d’efto- mac, & il appelle ce philaëtere un remede phyfique : ad flomachi dolorem remedium phyficum fit, 1n lapide lafpide exfculpe draconem radiatum, ut habeat feptem radios, 6! claude auro, & utere in collo. Ce terme de phyfique fait entendre que PAftrologie entroit dans la compoñtion de l'ouvrage. Mem, de l'acad, des Infc. tom. XI. p. 353. 6 fuiv. . On y croyoit encore fous Le regne de nos rois de la premiere race ; car au fujet de lincendie général de Paris, en 585, Grégoire de Tours rapporteune chofe afez finguliere , à laquelle 1l femble ajouter foi, & qui rouloit {ur une tradition fuperflitieufe des Pa- rifiens : c’eft que cette ville avoitété bâtie fous une conftellation qui la défendoit de l’embrâfement , des ferpens & des fouris; mais qu’un peu avant cet in- cendie, on avoit, en fouillant une arche d’un pont, trouvé un ferpent & une fouris d’airan , qui étoient les deux sa/ifmans préfervatifs de cette ville. Ainf ce n’étoit pas feulement la confervation de la fanté des particuliers, c’étoit encore celle des villes en- tieres, & peut-êtie des empires, qu'on attribuoit à la vertu des sa/ifmans ; & en effet, le pelladium des Troyens & les boucliers facrés de Numa étoient des efpeces de talifmans. Les Arabes fort adonnés ŸAftrologie judiciaire, répandirent les sa/i/mans en Europe, après l’invafon des Mores en Efpagne; & 1ln’y a pas encore deux fiecles qu’on en étoit infatué en France , & même encore aujourd’hui ; préfentes fous le beau nom de figures conftellées, dit M. Pluche , ils font illufion à des gens quife croyent d’un ordre fort fupérieur au peuple. Mais on continue toujours d’y avoir con- ‘fiance en Orient. _ On diffingue en général trois fortes de salifinans ; avoir , les aftronomiques , on les connoït par les fignes céleftes, ou conftellations que l’on a gravées deflus, &t qui font accompagnées de caraéteres inin- telligibles. Les magiques qui portent des figures extraordi- naires, des mots fuperftitieux , & des noms d’anges inconnus. Enfin les mixtes fur lefquels on a gravé des fignes céleftes & des mots barbares, mais qui ne renferment rien de fuperfhitieux , ni aucun nom d’ange. Quelques auteurs ont pris pour des za/i/mans plu- fieurs médailles rhuniques ou du-moins celles dont les infcriptions font en caracteres rhuniques ou gothi- ques, parce qu'il eft de notorièté que les nations fep- tentrionales, lorfqu’elles profefloient le paganifme, faifoient grand cas des ra/ifmans.Mais M.Keder a mon- tré que les médailles marquées de ces carateres, ne font rien moins que des sa/ifinans. lne faut pas confondre non plus avec des ficles ou des médailles hébraiques véritablement antiques, cer- tains ralifmans , 8c certeins quarrés compofés delet- tres hébraiques toutes numérales , que l’on appelle _figilla planerarum , dont fe fervent les tireurs d’horof- cope, &c les difeurs de bonne aventure , pour faire valoir leurs myftercs ; non-plus que d’autres figures magiques dont ontrouve les modeles dans Acrippa, TAL & qui portent des noms & des cara@teres hébraïques: Serence des médailles, som. I. p. 308. TALISMAN , ( srme de relation.) nom d’un miniftre inférieur de mofquée chez les Turcs. Les talifmans font comme les diacres des imans, marquent les heu res des prieres en tournant une horloge de fable de quatre en quatre heures ; & les jouts de bairan , ils chantent avec l’iman, & lui répondent. Dx Loir. TALLAGH , (Géog, mod.) petite ville d'Irlande ; dans la province de Mouniter, au comré de Water= ford, fur les frontieres du comté de Corck , à douze milles au fud de Lifmore. Elle envoie deux députés au parlement de Dublin. Long. 11. 44, latit. 52.10. TALLAR ,f m. ( Marine, ) terme de galere; C’eft l'efpace qui eft depuis le courfer jufqu’à Vapoñtis, & où fe mettent les efcomes, TALLARD , (Géog. mod. ) bourg & petit comté de France , dansie Dauphiné , au diocèfe de Gap, {ur la droite de la Durance, avec un bailliage qui reflorrtit au parlement de Grenoble. TALLE , (Jardinage, ) c’eft ordinairement une branche qu'un arbre poutle à fon pié, laquelle eft enracinée , & que l’on fépare du maître pié avec un couteau ou coin de bois, quand elles font trop for- tes. Chaque ralle , pour être bonne, doit avoir un œil au-moins & des racines. On peut avec de la cire d'Efpagne recouvrir les grandes plaies qu’on a faites en les féparant. | On appelle encore salle, Le peuple que l’on déta- che avec la main, au pié des plantes bulbeunfes & li- gamenteufes. TALLEVANNE , ff (Porerie.) pot de grès pro- pre à mettre du beure : c’eftordinairement dans ces fortes de pots que viennent les heures falés ou fondus d'Ifigni , & de quelques autres endroits de baffle Normandie. Les sa//evannes font du poids depuis fix livres jufqu’à quarante, (D. J. TALLIPOT , { m.(Æif£ na. Botan. exot.) le zal- lipor eft un arbre qui vient dans l’ile de Ceylan ; ileft de la hauteur d’un mât denavire, & il et admirable pour fon feuillage. Les feuilles en font fi grandes, qu'une feule eft capable de mettre un homme à cou- vert de a pluie , & par fa texture fouple, on peut la phercomme un évantail. (D. JT. TALLOPHORE , f, m, (Mychol.) on nomimoit «az. lophores, des perfonnes choifies qui alloient aux pro- ceffions des Panathénées, tenant en main des bran- ches d'arbres : Ganacc, un rameau. TALMONT, ou TALLEMONT., (Géogr. mod. ) en latin du moyen âge Ta/emundum caflrum , petite ville de France, en Saintonge, fur le bord de la Gi- ronde, dans urie efpece de prefqu'ile ou rocher, en- tre Mortagne au midi, & Rohan au nord. Le ter- roir de fes environs eft couvert de vignobles, & fon petit port eft affez commode, Longit, 16, 30. larit. 45, 30 Talmont eft encore un bourg de Poitou , à trois lieues de la ville des fables d'Olonne, avec une ab- baye de l'ordre de S, Benoît, fondée en 1040, & qui vaut 4000 li. à l'abbé, Long, 16. 2, las. 42. 32. (D.J.) TALMOUSE, ff ( Pariffier. ) c’eft une piece de’ ptifierie , faite avec une farce de fromage , de beur- re, & d'œufs. TALMUD , f. m. (Cririq. hébraïg.) ouvrage de grande autorité chez les Juifs ; cet ouvrage eft com- pofé de la Mifna & de la Gémare; la Mifna fait le texte, la gémare, le commentaire, & les deux en- femble font le ra/mud, qui comprend le Corps com- plet de la doëtrine traditionelle, & de là relision ju- daique ; mais les Juifs difinguent deux salmuds , le talmud de Jérufalem , compolé en Judée ; & le ra2- zæud de Babylone , fait en Babylone. Le premier fut achevé environ lan 300, & forme un gros ouvra- TAL ge; le fecond parut vers le commencement dufixie me fiecle, & a été imprime plufeurs fois. La derrie: re édition eft d’Amfterdam , en 12 vo/. in-fol. Ces deux ca/muds ; qui étouffent la loi & les pro- phetes, contiennent toute la religion des-Juifs, telle qu'ils la croient & qu’ils la profeflent à préfent, Mais celui de Babylone eft le plus fuivi: l’autre à caufe de fon obfcurite & de la difficulté qu’il y a à l'entendre, eft fort négligé parmi eux. Cependant comme ce sal anud de Jérufalem & la Mifna , font ce que les Juifs ont de plus ancien, excepté les paraphrafes chaldaï- ques d’'Onkelos & de Jonathan; & que l’un & l’au- tre font écrits dans le langage & le ftyle de Judée ; le doéteur Liehtfoor s’en eft fervi utilement pour éclaircir quantité de paflages du N. Teftament, par le moyen des phrafes &c des fentences qu'il y a dé- terrées; car la Mifna étant écrit environ l’an 1 ÿo de Nôtre Seigneur , 1l n’eft pas furprenant que les idio- mes, les proverbes , la phrafe & le tour qui étoient en ufage du tems de Nôtre Seigneur, {e foient confer- vés juique-là. Mais pour l’autre ra/mud, dont le langage 8 le fty- le font de Babylone, & qui n’a été compofé qu’en- viron cinq cens ans après Notre Seigneur , où même plus tard , felon quelques-uns ; on n’en peut pas ti- rer les mêmes fecours à beaucoup près. Quor qu'il en foit, c’eft l’alcoran des Juifs; & c’eft-là qu'eft enfermée toute leur créance & leur religion: il y a cette différence entre ces deux ouvrages, que fi l'un eft plein d’impoftures , que Mahomet a données com- me apportées du ciel ; l’autre contient mille rêveries auxquelles on attribue ridiculement une origine cé- lefte. C’eft cependant ce livre qu’étudient parmi les Juifs , tous ceux qui prétendent au titre de fa- vans. Il faut Pavoit étudié pour être admis à enfei- ner dans leurs écoles & dans leurs fynagogues , & être bien verfés, non-feulément dans la mifna , qui eff le texte, maïs auffi dans la gémare qui en eft le commentaire. Ils préferent fi fort cette gémare à celle de Jérufalem , qu’on ne donne plus parmi eux ce titre à la derniére; & que quand on nomme la gémare fans addition , c’eft toujours celle du ra/mud de Babylone qu'on entend; la raifon eft, qu’en re- gardant la mifna &c cette gémare, comme contenant le corps complet de leur religion , auquel rien ne manque pour la doëtrine , les régles & les rites ; le nom de gézare qui en hébreu fignifie accompliffement &c perfelion , lui convient mieux qu’à aucun autre. Maimonides a fait un extrait de ce sa/mud, oùen écartant la broderie , les difputes , les fables & les autres impertinences, parmi lefquelles étoit confon- du ce qu'il en tire, il ne rapporte que les décifions des cas dont il y eft parlé. Îla donné à cet ouvrage le tre de Fadhachazakah. C’eft un digefte de lois des plus complets qui fe foient jamais faits, non pas par rapport au fonds, mais pour la clarté du ftyle, la méthode &c la belle ordonnance de fes matieres. D’autres juifs ont eflayé de faire la même chofe ; mais aucun ne l’a furpañlé ; & même il n’y en a au- cun qui approche de lui. Auf pañle-t:1l à caufe de cet ouvrage & des autres qu'il a publiés, pour le meilleur auteur qu'ayent les Juifs, & c’eft à fort jufte titre. (D. J.) TALON, fm. er terme d’ Anatomie , fignifie la partie pofférieure du pié. Voyez Pré. En hiver, les enfans font fujets à avoir des mules au talon ; ce font des angelures fort dangereufes & incommodes. Voyez MULE. . Los du salon s'appelle calcaneum ou l’os de léperon. Voyez CaLCANEU M. TALONS DU CHEVAL , les s/ons font toujours deux à chaque pié, & forment la partie du pié qui finit le fabot ; & commencé à la fourchette. Leurs bonnes qualités font d’êtrehants., ronds & bien ou TAT vaifes qualités font d’être bass fertés. Foyez EncAs« TELURE, Léa re Talon fe dit en parlañt du cavalier, de ’éperon dont il arme fes sxlons | &t on dit en ce fens, qu'un chevalentend les sos ; obéit, répond aux r4/ons ; qu'il eft bien dans les sa/ons , pour dire qu'il eft fen- - fible à Péperon , qu'il y obéit, qu'il le craint 8 le fuit, Leira/oz de dedans, de déhors, voyez Drpans & DERORS, On dit promener un cheval dans la main &c dans les #a/ons , pour dire le gouvérner avec la bride 8 l’éperon , lui faire prendre finement les ai- : des de la main &c des salons. Voyez Aides. TALON, f.m. (Bosar. ) on appelle 4/07, la pes tite feuille échancrée qui {outient la feuille des otan- gers; on appelle aufli salon, la partie bafle & la plus grofle d’une branche coupée. Enfin, on appelle s4= lon , l’endroit d’où fortent les feuilles de l'œilleton que l’on détache d'un‘pié d’artichaud. (D. J.) TALON ; (Cozchyl.) ce mot fe dit de la partie la: plus épaifle d'une moule , faite en forme de bec, où eft la charniere. (2. J.) =: TALON, f.m. (4rchir.) moulure concave par le bas , 8 convexe par le haut, qui fait l'effet contraire de la doucine; on l'appelle z4/0% renverf£, lorfque la partie concave eft enhaut. (D. J.) TALON, ( Marine.) .c’eft l'extrémité de la quille, vers l'arriere du vaifleau, du côté qu’elle s’aflemble avec l’étambord. TALON DE RODE , rerine de Galere ; c’eft le pié de la rode de proue ou de la rode de pouppe qui s’en- chäfle à la carene, TALON , ( cerime de Cordonnier. ) ce font plufieurs petits morceaux de cuir collés & chevillés les uns fur les autres’, qu’on attache au bout du foulier ou de là botte , pour répondre à la partie du pié de l’homme qu’on nomme le sa/c7. ( D. J.) TALON DE POTENCE, terme dHorlogerie. Voyez POTENCE , & Les fig. de P Horlogerie, 6 leur explica- £LO7Z. TALON , (Jardinage. ) fe dit d’un artichaut , & exprime la partie baffle d’une branche d’arbre où il e trouve un peu du bois de l’année précédente, Ce font ces branches que l’on prend pour planter, & quel’on: appelle foutures. TALONS, ( Lurtherie. ) dans lorgue , font de petits morceaux de bois (4,0, fig. 17.) , collés les uns comme a fur les touches du clavier inférieur , les autres o au-deflus du clavier inférieur. Ces petits morceaux de bois font faits en confole , comme on Le peut voir dans la fgure : lorfque l’on a tiré le : fecond clavier fur le premier, les s4/o7s, rencontrant ceux du clavier inférieur au-deflus defquels ils font. alors ; fi donc l’otganifte abaïfle une touche du cla- vier fupérieur , le a/on de cette touche rencontrant celui de la touche correfpondante du clavier infé- rieur, la fera baffer en même tems, ce qui fera parler les tuyaux qui répondent à cette touche. TALON, er verme de Mesteur en œuvre, c’eft la par- ” . f 2 . 3 2 9 . tie inférieure de la brifure d’une bouche d'oreille, 4 19 RARECEL 1 . N à l'extrémité de laquelle eft attachée la beliere, à qui elle donnefon nom. Voyez BELIERES du talon. TALON, ( Sertur. & aütres ovriers en ferez dans un pêne de ferrure, l'extrémité qui eft dans la ferrure vers le reffort. Elle eft derriere le pêne, &T fait arrèt contre le cramponnet. Le 44/07 {ert de barbe pour le demi-tour , quand on le fouhaite. CDFB)S DE C’eft , dans un couteau à reflort , la partie infé= rieure de la lame ; le 4/07 eft percé d’un trou où l’on pañle un clou ; la lame tourne fur ce clou , & l’é- chancrure du sa/on va fe placer {ur la tête du reflort: qui Parrète. | | - TALONS gros 6 penss ; où ébauchoirs de fer | dont: 369 verts; c'effardire féparés l’ün de l’autre, Leurs maux ge TA {e fervent les Sculpteurs en plâtre 8 eniffnc. J'oyez. STuc, & PI. de fincay TALON, (erme de Talonnier. ) petit morceau.de bois léger, propre , bien piané, qu'on mer aux ou- r Lers & aux mules defemmes, & quirépond.,.quand}, elles font chaufées, à la partie du pié qu'on appelle , je salon. (D. J.) L | TaLon, ( Vénerie. ) le talon eft au haut du pié du cerf; il fert à diftinguerfon âge; dans les jeunes , le; taloneft éloigné de quatre doigts des o$ ou ergots ;, dans les vieux, il joint prefque les os:;. plus aleft près ; plus le cerf eft vieux. TALON ,( Jeu de cartes. ) c’eft la portion de cartes qui refte après qu'on a difiribué à chaquerjoueur celles qu’il doit avoir pour jouer. TALONNIER , f. m. ( Art méchanig.) ouvrier qui fait des talons de bois pour les Cordonmers. Voyez FORMIERS-T ALONNIERS. TALONNIERE , £f. ( Gram. Hiff. \evcléf. & Mi-, tholog. ) ce font les aîles que Mercure & la Renom- mée portent à leurs talons. | Certains religieux déchaux donnent le même nom, à une portion de leur chauflure. C’eft un morceau de cuir qui embrafle leur talon, & qui vient fe rendre fur le coup de pié où il s’attache. La ralonniere n’eft d’ufage qu’en hiver: TALOU , ou TALLOU, ( Géog. mod. ) contrée de France, proche du pays de Caux en Normandie, Les anciens titres l’appellent Talogienfrs pagus, Ses habitans font nommés Ta/vois dans le roman de Vace. (2.J.) | io db & TALPA , terme de Chirurgie, en françois kaupeou, taupiere, 8t en latin calpañia, &t topinaria , tumeur qui fe forme fous les téeumens de la tête ,ainfi ap, pellée, parce qu'elle reflemble aux élévations que les taupes font dans les prés en fouillant la terre. Le fiege ordinaire de cette tumeur eft dans le tiflu cellulaire qui eft entre le cuir chevelu & lascalotte aponévrotique des mufcles frontaux &c. occipitaux:! Quelques auteurs affurent en avoir vu qui étoient adhérentes au crâne. 4matus Lufiranus rapporte l'obfervarion d’une taupe , à l’extirpation de laquelle, on trouva le crâne carié, avec ulcération des me- ninges &c de la propre fubftance ducerveau. Il faut donc exactement diftinguer l’efpece de tu-. meur qui fe préfente fous Papparence de celle qw’on nomme talpa. Souvent le virus vénérién produit ces fortes de tubercules, & à louverture de la tumeur fuppurée , on trouve le crâne carié: la maladie a fes racines au crâne même ; c’eftle periofte tumefñé & fuppuré qui occafionne la tumeur des tégumens.oy. VÉROLE. Le sa/pa fimple & proprement dit , eft une tumeur de la nature de l’athérome , formée par congeftion . & qui contientune humeur fuiffeufe. Ce n’eft qu'une maladie locale ,aflez commune à gens qui {e portent bien d’ailleurs. Beaucoup de perfonnes ont trois, quatre 8 même un plus grand nombre de ces tu- meurs fans en être incommodées.Il yen a qui s’êle- vent &c forment une tumeur ronde, qui a un pédicule, fufceptible d’être lé avec autant de faciité que de fuccès pour la cure-radicale. | . Fabrice d’Aquapendente multiplie les remedes in- ternes & externes pout la guérifon du #a/pa ; mais il faut toujours , felon cet auteur même , en venir à] Pouverture. Il ne confeille qu’une fimple incifion., lui qui, dans les abfcès folléculeux, ou, ce quieft la même chofe , dans les tumeurs enkyftées recom- mande fi exprefflément de difféquer les tégumens, & d’emporter exatement la poche qui contient la ma- tiere. C’eft le fentiment de Marc-Aurele Severin. fur. le ralpa , & qui a été adopté par Hellwigius,, dont on trouve les obfervations fur cette maladie dans la médecine feptentrionale de Bonet ,s0me I, Jaifouvent réuffi-pat la feule ouverture ; on vuide la tumeur. commetune fimple tanne,.ê&elle guérit dermême.(F): TALUCTÆ , ( Geogr. anc..) peuples de l'Inde ;: aux environs du: Gange,, felon Pline, y WL. c. xix, Le P, Hardouin dit que ces peuples habitoient le pays. uon nomme aujourd'hui le royaume d A/iracan., D..J. TALU D ,f.m. ox TALUS,ox TALUT., (#rchit.} c’eft l’inclinaifon fenfible du dehors d’un mur de ter. raflei, caufée par la diminution de fon épaifleur en. haut , pour poufler contreles terres. ( D.J.) \ Tazupn, ( Coupe des pirres. ) c'eit Pinchnaifon d’une ligne ou d’une furface au-delà de là-plomb en angle obtus AFD , fig..29. plus grand qu'un droit & moindre que 1357. Car dès que la furface eft plus, inclinée , cette inchinaifon s'appelle en glzcis, Voyez: GLACIS. TALUD, en serme de Fortification, eft la pente des terres ou de la maçonnerie qui foutient le rempart, Pour juger de la quantité d’un ca/d , il faut 1ma= _ giner une ligne 4B, tirée à-plomb où perpendicu- lairement du haut du sa/ud. Adur un plan de niveau DC, (PL. de Fortification, fig. 14. ) & une autre ligne BC , prife fur le plan DC, depuis le point B jufqu’au bas C du salud AC. Il faut enfuite compa- ter cette dignesde niveau BC, ( qui dans le plan s’ap- pelle proprement le sa/ud ) avec la perpendiculaire, AB, qui exprime l’élevation des terres ou de la ma- * connerie, foutenues par AC. Par exemple , fi 4B eff de 5 toifes & BC d’une toife, on dit que le sa/ud eft d’une toile fur $ de hauteur , ou, ce qui eft la me- me chofe, qu'il eft la cinquieme partie de la hau. teur. On peut encore juger du sa/ud en menantune li- gne EF, ( PL I. de Fortification , fig. 15.) de niveau à la hauteur de l’ouvrage, & laiflant tomber de Fen G par le moyen d’un plomb, ou autrement une k- gne ä-plomb ÆG, Il eft évident alors que le rapport. de £F' à EG ,fera celui du sa/ud à la hauteur des ter- res dont il s’agit. ; TP Le ralud intérieur d’un ouvrage de fortification. eft celui qui eft en-dedans l’ouvrage. Ainf le salud intérieur du rempart eft celui qui eft du côté de la place. Il fert à foutenir les terres di rempart & à donner la facilité de monter au terre-plein., On lui donne affez ordinairement une fois & demiifa hau- teur, parce que l'expérience fait voir que les terres. qui ne font point foutenues , prennent elles-mêmes naturellèément cette pente. C’eft pourquoi fi la hau- teur du rempart eit de 3 toifes ou de 18 piés, ce za lud fera de 27 piés. . ( Le s«lud extérieur eft la pente des terres oudu re: vêtement du rempart du côté de la campagne. Il for- mece qu'on appelle la cortrefcarpe. Voyez CONTRES- CARPE. | On le fait auffi petit qu'il eft poffible, & de ma- niere feulement qu'il foutienne la pouffée des terres du rempart. | On s’eft autrefois aflez conduit au hazard dans la détermination de l’épaifleur du revêtement &c des taluds qu’on doit leur donner relativement à la hau= teur des terres qu'ils doivent fouremir. Maisen 1726, 1727 & 1728, M. Couplet a donné dans les mémoi- res de l'académie des Sciences plufeurs mémoires Jur la pouffée des terres contre leurs revétemens, & la force des revéremens qu’on leur doit oppofer. Voyez RE- VÊTEMENT. Cette matiere a été auff traitée par M. Bélidor, dans /a fcience des ingénieurs. Elle lavoit été avant M. Couplet par MM. Bulet & Gautier, mais d’une maniere défeétueufe. Dans les remparts revêtus de maçonnerie, le s4- lud extérieur finit au haut du rempart, c’eft-à-dire, au cordon ou au pié de la tablette du parapet , c’eft- à-dire , de fon revêtement, | | Lorfque TAM Lotfque le rempart n’eft revêtu que de gazon, le tuliid extérieur a communement les deux tiers de la hauteur du rempart. (Q) TALUD, (Jardinage.) bien de gens [e confondent avec glacis ; il n’en differe qu’en ce quil eft plus roide que le placis qui doit être doux & impercep- tible. ‘ ; ; C’eft une périté de terre révêtu de gazon, la- quelle fert àfoutenir des terrafles , les bords d’un bou: Hngtin, ou lés recordemens de niveaux de deux al: lées parallelles: NET ES La proportion des grands #a/xs de gazon ef ordi- nairement des deux tiers de leur hauteur ; pour les petits la moitié ou le tiers fuflit , afin de ne pas pri: ver le haut du £a/xs de l'humidité qui tombe toujours en-bäs. te L des On regleraencore cette pente fuivant la qualité de la terre: fi elle eft forte , 6 pouces par pié {ufiront; f elle eft mouvañte on en donnera 0; La maniere dé dreffer les salus & de les Sazônner fe trouvera aux #70rs GAZON & CLAYONNAGE. Talud fe dit encore dans la taille des arbres frui- tiers & fauvages, & alors le 4/ud veut dire pié de bi: che. Voyez PIÉ DE BICHE, TALUDER , v.a@. & neut. ( Coupé des pierres. ) c'eft mettre une ligne ; une furface en sa/ud. TAMAGA , LA, (Géog. mod.) riviere du Portu: gal. Elle à fa fource dans’ la Galice, entre enfuite dans la province de Tra-los-Montes , baigne les mu: tailles de Chiavez, d’Amarante , &c fe jette dans le Doùro. (D.J) LiRT TAMALAMEQUE , ( Géog. mod. ) ville de PA: mérique , dans la Terre-ferme , fur la tiveroite du Rio-Grandé, au gouvernement de Sainte-Marthe, à quelques lieues au-deflus de Ténérife. Elle appar- tient aux Efpagnols , qui la nomment F//a-de-las- Palmas. Quoiqu'il y fafle une chaleur exceflive par les vents du fud, qui y {oufflent la plus grande partie de l’année , cependant fes environs ne manquent pas de pâturages, qui nourriflent beaucoup de bétail. D. JT. Pare ns ff. (Æif£. nat. Botan, anc.) nom que quelques auteurs, & entr'autres Garzias , -ont donné à la feuille indienne des modernes , qui paroït être le malabathrum des anciens. Woyez MA- LABATHRUM. Cette feuille eft femblable à celle du cannelier , dontellene differe que parle goût ; elle eft cependant d’une odeur agréable ,aromatique, & approchant un peu du clou de gerofle ; on ne s’en fert en médecine que comme un ingrédient qui entre dans les compo- fitions thériacales ; l'arbre qui porte cette feuille , eft communement nommé Tamalapatrum. Voyez fon ar- ticle. (D. J.)) | TAMALAPATRUM, f.m. ( Hifi. nat. Bot.exor.) arbre qui porte la feuille indienne, ou la tamalapa- tra. Cet arbre eft un des enzeandria monogynia de Tinæus,& des arbores frutu caulyculuro de Ray. Voici fes fynonymes, canella fylveffris malabarica | Raï Rift. 1562, katon-karna , H. Malab. P. ÿ , 10$ , ca nella arbor, fylveftris. Munt. camalapatrüm , five fo- lium , C.B. P. 400. Cet arbre refflemble aflez au cannelier de Ceylan, {oit pour lodeur , foit pour le goût ; mais il eft plus grand & plus haut. Ses feuilles, quand elles ont ac- quis toute leur étendue , font de dix à douze pouces de longueur & de {fix ou huit de largeur ; leur for- me eft ovalaire. Il fe trouve depuis la queue jufqu’à a pointe trois nervures aflez srofles , defquelles {or= tent tranfverfalement plufieurs veines. De petites fleurs difpofées en ombelles , partent de l'extrémité des rameaux ; elles font fans odeur, d’un verd blan- châtre, à cinq pétales, ayant cinq étamines très petites , d’un verd jaune , garnies de petits fommets, Tome XF, TAM 871 ne Occupent lé milieu, À ces petites fleurs fucz cédent de petites baies qui reflemiblent à nos grofeil: les rouges. Cet arbre croît dans les montagnes du Malabar : il Aleurit au mois de Juillet & d’Aoët ,; & fes fruits font mûrs en Décembre & en Janvier, (D. JT) | 4 | | TAMAN , (Géog. mod. ) ville des états du türe , dans la Circafie , avec un méchant château , où quels ques jañiflaires font en garnifon. Il y a des gÉOpra= phes qui prennent cetté ville pour l’ancienne Coro- condama de Prolomée , mais cela ne fe peüt, car la Corocondama étoit à l'entrée, du Bofphore cimmés rien. (D.J.) | TAMANDUA, fm. (if. nat, Zoologie exo. ) nom d'un animal à quatre piés d'Amétriqué, nommé pat Pifon myrmecophagus , mangeur dé fourrhis ; les Anglois appellent she ant-bear , lors aux fourmis 5 ils l'appellent oxrs, parce que fes piés de derriere font faits comme ceux de l'ours ; il reflémble affez au renard , mais il n’en a pas la finefle, au contraire, 1l éft timide & fot ; il y en a de deux éfpeces , un Brañd qui porte une queue large & garnie de foies où de poils longs , comime ceux d’un cheval, tioirs & blancs ; l'autre petit, dont la queue eft longue, rafe Où fans poil ; l'un & l’autre font fort friands de four- mis , dont la trop grande quantité nuit beaucoup aux biens de la terre. Le petit entortille {a queue aux branches des arbrés, & y demeure fufpeéndu pour attehdre les fourmis , fur lefquelles il fe jette, & les dévore, Les mufeaux de lun & de l’autre font longs & pointus, n'ayant qu’une pcetité ouverture pour leur bouche , en maniere dé trompe: ils n’ont point de defts, mais quand ils veulent attrapper les four- mis , ils lancent hors de leur mufeau une langue fort longue & déliée , avec laquelle ils aplutinent ces pe- tits infeétes ; la pliant &c repliant pour les ÿ ättacher, puis ils les avalent à belles lampées. Leur peau eff épaifle ; leurs piés font garnis d’ongles aigus , avec lefquels ils fe défendent puiflamment quand on les a irrités. Le grand remardua eft nommé par les habi- tans du Bréfil rmandua-guacu ; ila une longue queue garnie de poils rudes comme des vergettes ; i s’en fert comme d’un manteau pour s’en couvrir tout le corps ; voyez Jean de Laet, Lery, Pifon, Maroera: te ; HN dans leurs defcriptions du Bréfil. D. J. | . TAMARA, (Géog. mod.) ville d’Afie, dans l'ile de Socotora, à l'entrée de la mer Rouge, fur la côte féptentrionale de l’île. La rade s'ouvre entre eft-par- nord, & oueft-par-nord-oueft. On y mouille fur dix brafles d’eau, &c fur un bon fond, Laris, 12. 30. (D.J.) TAMARA, les Îles de, (Géog. mod.) autrement les iles de Zos-1dolos ; îles d'Afrique fur la côte de la hau: te Guinée, le long de la côte de Serra Liona : on en tire du tabac, de l’ivoire, en échange de fel & d’eau de-vie. TAMARACA ou TAMARICA, (Géog: mod.) ca: pitainerie du Bréfil, dans l'Amérique méridionale ; elle eft bornée au nord par celle de Parayba , au mi- di par celle de Fernambuc, au levant par la mer du Nord, & au couchant par les Tapuyes, Elle a pris fon nom de Pile de Tamaraca, qui eft à $ lieues d'O- linde ou de Fernambuc. Son port eft aflez éommode du côté du fud, & eft défendu par un château bâti für une colline. Quoique cette capitainetie foit fort tombée par le voifinage de celles de Fernambuc & de Parayba, elle ne laiffe pas néanmoins de produire encore un grand profit à celui qui la poffede. (D: J.) TAMARE, (Géog. anc) ville de la Grande-Bretas gné; Ptolomée, Z. IL. c. üj. la donne aux Domnonii, Son nom moderne eft Tamertou. TAMARIN ,cemarindus, {. m. (Hiff.nar. Bot. )senre de plante àfleur en rofe,compoféede plufieurs pétales Ssss 872 TAM difpotés en rond ; le piftil fort du calice qui eft pro- fondement découpé, & il devient dans la fuite une filique applatie, qui en renferme une autre dans la- quelle on trouve une femence plate & ordinaire- ment pointue. L’efpace quifetrouve entrelesdeux fil ques eftrempli par une pulpe,le plus fouvent noire &e acide. Tournefort, inf? rei herb. App. Voyez PLAN- TE. TamaArin, (Æiff. des drog. exor.) les ramarins font nommés ramar-heudi par les Arabes, dÉvqurixes par A@tuarius , & samarindi dans les ordonnances de nos médecins. Ce font des fruits dont on nous apporte la pulpe, ou la fubftance médullaire, gluante: & wifqueufe, réduite en mañle, de couleur noirâtre; d’un goût aci- de. Elle eft mêlée d’écorce, de pellicules, de fili- ques, de nerfs ou de filamens cartilagineux, 8trmé- me de graines dures, de couleur d’un rouge-brun, luifantes, plus grandes que celles de la caffe iolutive, prefque quadrangulaires &t applaties. Il faut choifir cette pulpe récente, grafle ou gluante; d’un goût noirâtre, acide, pleine de fuc, & qui ne foit point: falffiée par la pulpe de pru- neaux. Avant que de la mettre en ufage, on la net- toie & on.en Ôte les peaux, les filamens ëc les grai- nes. On l’apporte d'Égypte & des Indes. On'ne trouve aucune mention.de ce remede dans les anciens grecs. Les Arabes l'ont appellé smar- hendi, comme fi l’on difoit fruit des Indes; cat le mot camar, pris dans une fgnification étendue fignifie toutes fortes de fruits. C’eft donc mal-à-propos que quelques interpre- tes des Arabes nomment ce fruit peris palmier indien, ou daites indiennes, puilque le fruit & l'arbre font bien différens des dattes & du palmier. L'arbre qui produit ces fruits s'appelle samarinier, tamarindus. Rai, hift. 1748. Siiqua arabica , quæ ta- marindus. C. B. P. 403. Sa racine fe divife en plufeurs branches fibreu- fes, chevelues, qui fe repandent de.tous côtés êz fort loin. Cet arbre eft de la hauteur d’un noyer : il eft étendu au large &c touffu. Son tronc eft quel- quefois fi gros, qu’à peine deux hommes enfemble pourroïient l’'embrafer ; il eft d’une fubftance ferme, roufsâtre, couvert d’une écorce éparfle, brüne, cen- drée & gerfée : fes branches s'étendent de toutes parts &T {ymmétriquement ; elles {e divifent en de petits rameaux , où naïflent des feuilles placées al- ternativement, & compofées de neuf, dix & quel- quefois de douze paires de petites feuilles, attachées fur une côte ; aucune feuille impaire ne termine ces conjugaifons , quoique dans les figures de Profper Alpin, & dans celles du livre des plantes du jardin de Malabar, on repréfente une feuille impaire qui les termine. Ces petites feuilles font longues d'environ neuf lignes, & larges de trois ou quatre, minces, obtufes, plus arrondies à leur bafe, & comme taillées en forme d'oreille; ellesfont acidules, d’un verd-gai, un peu velues en-deflous & à leurs bords. ! Les fleurs fortent des aiflelles des feuilles comme en grappes, portées par des pédicules grèles; elles font compofées detrois pétales, de couleur rofe, par- femés de veines fanguines , longs d’un demi-pouce, larges de trois ou quatre lignes & comme crépus; Vun de ces pétales efttoujours plus petit que les deux autres. Le calice eft épais, pyriforme, partagé en uatre feuilles blanchâtres ou roufsäâtres, qui fe re- fléchiflent d'ordinaire en bas, &t qui font plus longues que les pétales ou feuilles de la fleur, Le piftil qui fort du milieu de la fleur eft crochu , accompagné feulement de trois étamines ; après que la fleur eft pañlée , il fe change en un fruit, femblable par fa grandeur & par fa figure aux goufles de feves: ce fruit eft difingué par trois ou quatre potubéran- 1: AM ces , &c muni de deux écorces , dont l’extérieure ef roufle, caffante &c de l’épaifleur d'une Coque d'œuf; & l'intérieure eft verte &c,plus mince, L'intervalle qui fe ‘trouve entre ces écofces, où le diploë y À occupé par une pulpe molle, noirâtre, acide, vi- neufe, un peu âcre;ily.a quantité defibres capillai- rés qui parcourent ce fruit dans toute fa longueur, depuis {on pédicule jufqu’à fa pointe ; Pécorce inté- rieure renferme des femences très-dures , quadtan- gulaires,applaties, approchant des lupins,, d’un bruña luifant & tache. TNT Le vamarinier croi en Egypte.sen Arabie, dansles deux Indes , en Ethiopie ;.èz dans cette partie de FA frique que l’on appelle 4 Sézégul, On-nous.:en.ap- porte les fruits concaflés., ow plutôt, la pulpe mêtés avec les noyaux, qui fe vend fous le nom de sasza- TEnS. ! énril ces di j EP Cet, arbre produit quelquefois dans les étés chauds, une certaine fubitance vifqueufe , acide ëz roufsâtre, laquelle imite enfuite la,crême de tartre, {oit par fa dureté, foit par {a blancheur. Les Turcs &lesiArabes , étant fur le point de faire un long voyage pendant d’été, achetent, dit Belon, des samarins, non pour s’en fervir comme d’un mé- dicament, mais pour {e.défaltérer., C’eft pour lamè- me fin qu'ils, font confire dans le fucre , ou dans le miel, des soufles desamarins,, foït petites & vertes, foit plus. grandes &.müres , pour les emporter. avec eux lorfqu'ils voyagent dans les deferts de l'Arabie. En Afrique, les Neores,en.compofent une Hqueur, avec de l’eau & du fucre ou du nuel; pour, appaifer leur foif, & c’eft un moyen très-biemtrouvé. Ils ap- pliquent les feuilles de l’arbre pilées, fur les éréfy= peles.. Les Egyptiens. fe fervent du, fuc des mêmes feuilles pour faire périrles vers des enfans. is Les Arabes aflurent tous d’un confentement una- nime,, que les camarirsont la vertu purgatiye quand on les donne endofe fuffifante ; il eft vrai que c’eft un purgatif doux & léger. Mais ce qui convient à peu de puroatifs, c’eft que les samarins non feulement pursent, mais font encore lépérement afiringens, L’ufage les a rendus très-recommandables dans les inflammations , les diarrhées bilieufes, les flevres ar- dentes & putrides, la jauniffe , le diabète, le fcorbut alkalin & muriatique. On en donnerla pulpe dépouil- lée des pepins, des filamens , des péllicules,, &c paf fée par un tamis fous la forme de bol avec du fucre, ou délayée dans une liqueur convenable, eninfufon ou en.décoétion. Les ramarins font encore propres à corriger par leur fel acide, & par leurs parties huileufes , les vi- ces de quelques autres purgatifs violens, comme la fcammonée, la lauréole, & les différentes efpeces de tithymale ; mais n’empêchent pas la vertu émétique des préparations d’antimoine , au contraire 1ls lac croiffent. | Il eft fingulier que les acides tirés des végétaux augmentent la vertu émétique, tandis que les aci- des minéraux la diminuent , & même la détruifent, (D.J.) TAMARIN, voyez SINGE. TAMARINIER, { m.( Hif. nar, Botan.) arbre qui porte les tamarins; on l’a déja décrit en parlant des tamarins , il ne s’agit ici que de le caraëtérifer d’après Linnæus. Le calice eft à quatre feuilles ovales &z égales, La fleur eft compofée de trois pétales, ovoides , un peu applatis , & cependant repliés ; ils font plus pe- tits que les feuilles du calice, dans lefquelles 1ls font iuférés , laifant une efpace vuide au fond du calice. Les étamines font trois filets qui naïffent enfemble dans le calice , finiflent en pointes, & fe penchent vers les pétales de la fleur; leurs boflettes font fim- ples ; le piftil a un germe ovale; le ftyle eft aigu , € T A M penché vers les étamines ; Le ftigma eft unique. Le fruit eft une longue gouïle , de forme applatie, & couverte d’une double peau , entre laquelle eft a pulpe; cette gouffe ne contient qu’une loge. Les fe- mences font angulaires , applaties , & au nombre de trois dans chaque goufle. Linnæi. gez plant. pag. 0. (2.1) _ TAMARSS, samarifeus,, {. m.( Æif. nar, Botan.) gente de plante à fleur en rofe, compofée de plu- feurs pétales difpofés en rond. Le piftil fort du calice & devient dans la fuite une capfule femblable au fruit du faule ; elle eft oblongue & membraneufe, elle s'ouvre en deux parties, & elle renferme des fe- mences garmies d’une aigrette. Tournefort. Injf. rei herb. app. Voyez PLANTE. TAMARIS, tamarifeus , petit arbre qui {e trouve en Efpagne, en Italie, & dans les provinces méri- dionales de ce royaume. Il fait une tige aflez droite, uand on a foin de le conduire, fans quoiil fe charge de quantité de rameaux qui pouflent horifontalement, &t dontles plus vigoureux en exténuant la maîtrefle tige, forment tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, des coudes auffidéfeueux qu'impoffbles à redrefler. Ce petit arbre s’éleve eu peu de tems à 15 ou 20 piés. Son écorce eft ume, rougeätre, & d’un joli af- peét fur les branches , au-deflous de l’âge de 4 ou $ ans, mais fort rude & rembrunie fur le vieux bois. Ses racines font lonoues , éparfes , peu fibreufes , & d’une écorce liffe & jaune. Les feuilles de cet ar- bre font fi petites, qu'à peine peut-on Les apperce- voir en les regardant de fort près. Ce font moins des : ferulles qu'un fanage , qui de loin a la même appa- rence ; à-peu-près, que celui des afperges. Ce font les plus tendres rameaux qui conftituent ce fanage, parce qu'ils font entierement verds, & qu'ils fe fan- nent & tombent pendant l'hiver; à la différence des branches qui font rougeâtres, & qui ne tombent pas: ce fanage eft d’un verd tendre & bleuâtre, d’un agré- ment fort finpulier. Quoique tousceux de nos auteurs modernes qui ont parlé de cet arbre, s'accordent à dire que.cet arbre fleurit trois fois ; il n’en eft pas moins Vrai qu'il ne donne qu’une fois des fleurs pendant les mois de Juin & de Juillet. Elles font très- petites, & raflemblées fort près en grapes d’un pou- ce environ de longueur , fur autant de circonférence: leur couleur ;purpurine blanchâtre avant de s’ou- vrir, lorfqwelles font épanouies, les rend affez apparentes. Les graines qui fuccedent font extrême- ment petites & renfermées dans une capfule triangu- laire & oblongue , qui s'ouvre & laifle tomber les fe- mences à la fin de l'été. | Le samaris, quoiqu’originaire des pays chauds, réfife au froid de la partie {eptentrionale de ce “royaume, Son accroiflement eft très - prompt , il vient aflez bien dans toutes fortes de terreins, pour- vu qu'il y ait de l'humidité, ou au moins de Ja frai- cheur :il fe plaît le longs des rivieres & des ruiffeaux, au-tour des étangs & des eaux dormantes ; mais plus particulierement fur les plages maritimes & les bords des marais falans. On a même remarqué que le #z- maris Étoit prefque le feul-bois que produifent les terres falées des environs de Beaucaire. Néanmoins on le voit réuflir dans différens terreins , quoique médiocres & éloignés des eaux. Ii fe multiplie très-aifément de branches couchées , & fur-tout de bouture qui eft la voie la plus courtes elles réuffif- fent aflez généralement de quelque façon qu’on les fafle, quand même on les planteroït À rebours; & quoiqu'on les laifle expofées au grand foleil. Il faut préférer pour cela les branches qui font de la grof- {eur du doigt : elles pouflent fouvent de 4 piés de Pauteur dès la premiere année, On les fait au prin- tems. La fingularité du fanage & des fleurs de cet atbre, - Tome XV, TAM 873 & la durée de fa verdure qui ne fe flétrit que fort tard en hiver, & qui n’eft fujette À aucuns infec- tes, peuvent engager à l’employer pour l’agrément dans des bofquets d'arbres curieux, Le boïs du samaris eft blanc, affez dur & très- caflant, On en fait dans les pays chauds de petits ba- rils , des gobelets & autres vaifleaux » dans lefquels on met du vin , que l’on fait boire quelque tems après, comme un fouverain remede aux perfonnes attaquées d’obftruétions, &fur-tout pour prévenir les opilations de la rate. Mais la Médecine tire en- core d’autres fervices des différentes parties de cet arbre. Les Teinturiers {e fervent des graines pour leur tenir lieu de noix de alles, & teindre en noir. On connoït deux efpeces de ramaris. I. Le tarmaris de France ou de Narbonne ; c’eft à cette efpece qu’il faut particulierement appliquer le détail que lon vient de faire. Il. Le tamaris d'Allemagne, U s’éleye moins que le précédent. Son fanagea plus de confiftance » & il eft bien plus précoce, {à verdure eft bleuâtre & plus agréable ; fes fleurs font plus apparentes , & durent pendant tout l'été. Son écorce eit jaunâtre; fon ac- croïflement eft auf prompt, & fa multiplication auf aifée; maïs il exige abfolument un terrein hu- mide, du refte il a les mêmes propriétés, ; Notre ramaris où tamarife, nommé tamarifeus Nar: bonenfs ; J. R. H. 661 , a la racine grofle, à-peu-près comme la jambe ; elle poufle une ou plufieurs tiges en abriffeau , lequel forme quelquefois un arbre, à- peu -près comme un coignafher, ayant le tronc couvert d’une écorce rude, grife en dehors, rous geâtre en dedans, & le bois blanc. Ses feuilles font petites , longues & rondes, approchantes de celles du cyprès, d’un verd pâle. _ Ses fleurs naïflent aux fommités de la tige & des rameaux fur des pédicules oblongs, difpofées en gra- pes petites, purpurines, compofées chacune de cinq pétales. Lorfque ces fleurs font pañlées , il leur fuc- cede des capfüules ou fruits pointus, qui contiennent plufieurs femences menues , & chargées d’aigrettes, Cet arbre croît principalement dans les pays chauds comme en Italie, en Efpagne, en Languedoc & ailleurs, proche des rivieres & autres lieux humi- des, Il fleurit d'ordinaire trois fois l’année, au prin- tems , en été & en automne. Il fe dépouille de fes feuilles pendant l'hiver & tous lesans, il en repouffe de nouvelles au printems ; il demande uneterte hu: mide 6e noire ; ilfe multiplie de bouture, & de re- jettons. TamMaRis, ( Mar. méd. & Chimie.) tamaris, pe- tit samaris Ou tamaris d'Allemagne ; & samaris de Narbonne , samaris ordinaire ou commun. On attribue les mêmes vertus à l’un & à l’autre de ces abriffeaux. L’écorce du bois & de la racine eff très-commu- nément employée dans les aposèmes & les bouillons apéritifs, & principalement dans ceux qu’on ordonne contre les obftruétions des vifceres du bas-ventre ; & les maladiesde la peau. Cette écorce eft recardée auffi comme un bon diurétique. Quelques auteurs ont afluré qu’elle étoit très-utile contre les maladies vénériennes, maïs cette propriété n’eft rien moins qu’éprouvée. Les anciens pharmacologiftes lui ont attribué la vertu très-finguliere mais vraiffemblablementtrès- imaginaire,de détruire & confumer la rate, Le {el lixiviel du samaris , eft d’un ufage très-com- mun dans les bouillons & les aposèmes fondans ; purifians, diurétiques , fébrifuges, & dans les Opia- tes & les poudres fébnifuges. La nature de ce {el à été parfaitement inconnue des Chimiftes > Jufqu’au commencement de l’année 17509 , tems auquel M. SSsssi 874 TAM © Montel, célebré apoticaire de Montpellier , de la fociété royale des Sciences, démontra que C’étoit un vrai fel de Glauber abfolument pur. (2) Tamaris , (Géogr.) fleuve de PEfpagne tarra- gonnoïle , au voifinage du promontoire Celtique, felon Pomponius Mela , 2. LE. c. j. Ge fleuve eft nommé Tamara par Ptolomée, Z. [f, cv]. qui mar- que fon embouchure entre celle du fleuve Via ; èc le port des Artabreres. Le samaris donnoit fon nou- “veau nom aux peuples qui habitoient fur ces bords. On lés appelloit Tamarius, On nomme aujourd’hui ce fleuve, Tambra , qui fignifie délices ; il fe jette dans l'Occéan , auprès de Maros, fur la côte de la Galice. Plin. L XXXI. c. ij. lui donnetrois fources, qu'il nomme Tamaricifontes. ( D. J.) | TAMARO LE, ( Géogr. mod.) riviere d’Itahe , au royaumèe de Naples , dans la principauté ulté- ieure. Elle a fa fource au mont Apennin, & fe perd dans le Calore , un peu au-deffus de la ville de Be- nevent. (D. J.) | TAMARUS, (Géogr. anc.) 1°. Fleuve de lagrande Bretagne. Ptolomée, Z. II. c. y. marque fon embou- chute fur la côte méridionale de l'ile, entresl’em- bouchure du Céciou , & celle de lIfaca. Je crois, dir Ortelius, que ce pourroit être aujourd’hui le Tamer, mais Cambden laffirme. 2°. Tamarus , eft encore une montagne de la Ma- cédoine vers l’Epire, felon Strabon , Z. WIL. 327. 3°. Tamarus, eft auffi le nom d’un lieu d'Italie, aux environs de la Campanie. (D. J.) TAMASA , (Géogr. mod.) riviere d’Afie , dans la Mingrélie. Elle fe jette dans la mer noire, au nofd de l'embouchure du Fazzo. C’eft le Chariflus ou Chu- rifle de Pline, de Ptolomée & de Strabon. (2. J. ). _ TAMASSE , ( Géogr. anc. ) Tamaffus ; ville de l'ile de Cypre, felon Prolomée, Z. #. c. iv. qui dit qu’elle étoit dans les terres. Pline ê& Etienne le géo- graphe lifent Tamafeus , leçon qui n'eft pas à rejet- ter , parce qu'on lit le mot Tapæorov, Tamafitarurm ‘ furune médaille rapportée dans le tréfor de Goltzus, outre qu’on trouve dans Ovide, métamorph. /, #, y. 043: Ef! ager indigenæ Tamafeum romine dicunr. Telluris Cyprie pars optima. WEEUES) TAMATIA , £ m. ( Æiff. nat. Ornirhol. ) nom d’un oïfeau fort fingulier du Brefil ; 1left du genre -des poules, & cependant bien différent de toutes celles que nous connoïflons en Europe. Sa tête efl fort grofle , {es yeux font gros & noirs, fon bec eft long de deux travers de doist, large d’un , fait en quelque maniere comme celui du canard, mais poin- tu à l'extrémité ; la lame fupérieure eft noire, lin. férieuré jaune ; fes jambes & fes orteils font longs, & fes cuifles en partie chauves ; fa queue eft fort courte ; fa tête eft noire ; fon dos &c fes ailes font d’un brun obfcur; fon ventre eft de même couleur, avec un mélange de blanc. (D. J.) TAMAVOTA , ou TAMOUTIATA , f. m. ( Æif?. nat. Ichthiol.) poiffon qui fe trouve dans les rivieres du Brefil ; il à la tête fort grofle, les dents très-ai- gués , & des écailles fi dures qu’elles font à l'épreuve du fer ; fa grandeur eft la même que celle d’un ha- reng. me de Décan, entre Vifapour & Dabul , fur une ri- viere nommée Cogna ; Mandeflo dit que cette ville eft aflez grande & aflez peuplée. Ses habitans font banians dereligion. (2. J. TAMBA-AURA, (Géog. mod. ) ville d'Afrique, dans la Nigritie, au royaume de Bambuc , à trente lieues À l’eft de la riviere de Tralemé. Elle eft remar- quable par fa mine d’or qu’on dit la plus abondante 8 | TAMBA , ( Géog. mod.) ville des Indes ,auroyau- du pays, & qui lui a valu le nom de Tomba-aura, J'AMBASINE LA , ( Géog. mod. ) riviere d'Afrique dans la haute-Guinée , elle vient des montagnes nom- méés Machamba , &t coule au royaume ‘de Sierra= ÉiOne OUI) PERS TAMBOS, L m.( Æff. mod, ) c’eft le nom que les anciens Péruviens, fous le gouvernement des In- cas , c’eft-à-dire , avant la venue des Efpagnols, donnoient àdes efpeces de magañins établis de dif tance en diftance , où l’on coniervoit deshabits , des armes &z des grains, enforte que par tout l’empire une armée nombreufe pouvoit être fournie en che- min, de vivres & d'équipages, fans aucun embarras pour le peuple. Les £rmbos étoient en même tems des hôtelleries où [és voyageurs étoient reçus gratis. TAMBOULA , fm. inftrument des negres del A- mérique , fervant à marquer lä cadence lorfqu'ils s’af femblent en troupe pour danfer le calinda ; c’elt une efpece de gros tambour , formé du corps d’un ton- neau de moyenne grofleur , ou d’un tronçon d'arbre creufé , dont l’un des bouts eft couvert d’uñe peau préparée &c bien tendue; cet inftrument s’entend de fort loin, quoique le fon en foit fourd & lugubre: Vaétion de frapper Le s»b0ox/4 s'appelle haboula, & la maniere de s’en fervir eft de le coucher par terre; en S’afleyant deflus , les jambes écartées à-peu-près comme On reprèlenté Bacchus {ur fon tonneau; le negre , dans cette fituation, frappe la peau du plat de fes deux niains, d’une facon plus ou moins accélerée, &t plus ou moins forte , mais toujours en mefure, pour indiquer aux danfeurs les contorfions & les mouvemens vifs ou ralentis qu'ils doivent exécuter; ce qu'ils font tous avec une extrème juftefle & fans confufion ; leur principale danfe , qu'ils nomment calinda | s'exécute preique toujours terre-à-terre, variant les attitudes du corps avecafñlez de graces, &c agitant les piés devant eux êz par le côté, comme s'ils frottoient la terre : ce pas a fes dificultés pour lexécuter avec précifion, fur-tout en tournant par intervalles reglés. Nos chorégraphes pourroient en tirer parti dans la compofition de leurs ballets, & le nommer pas de calinda où de frorteur. Dans les affemblées nombreufés | le amboula eft toujours accompagné d’une ou deux efpeces de gui- tarre à quatre cordes, que lon appelle Banzas ; les négres entremêlent cette mufique de chanfons à voix feule, dont les refrains fe repétent en chorus par toute la troupe , avec beaucoup de jufteffe ; ce qui de loin , ne produit pas un mauvais effet, Arsicle de M.LE ROMAIN. 3 TAMBOUR, ( Are mile.) ce mot fignifie égale- ment l’inftrument militaire qu’on nomme autrement la caif[e , & celui qui en bat. L’inftrument de guerre qu’on nomme szmbour , eft moins ancien que la trompette : on ne voit pas que les romains s’en foient fervis à la guerre. La partie fur laquelle frappent lesbaguettes, atoujours été une peau tendue : on fe fert depuis long-tems de peau de mouton. Ce qu'on appelle maintenant la caiffe, par- ce qu’elle eft de bois , a été fouvent de cuivre ou de laiton,comme le corps de tymbale d'aujourd'hui. Le tambour eft pour linfanterie , comme la trompette pour la cavalerie; & les batteries de tambour font différentes, fuivant les diverfes rencontres : on dit battre la diane, &c. On fe fert du sambour pour avertit les troupes de différentes occafons de fervice , foit pour propofer quelque chofe à l'ennemi; cette derniere efpece de batterie s'appelle chamade. Chaque régiment d’in- fanterie à un tambour major , 8 chaque compagniea le fien particulier. Battre aux champs, ou battre le premier, elt avertir un corps particulier d'infanterie, qu’il y a ordre de marcher; mais fi cet ordre s'étend fur toute l'infanterie d’une armée, cette batterie T AM s'appelle la générale. Battre le fecond , ou battre laflemblée’, c’eft avertir les foldats d'aller au dra- peau. Battre le dernier , c’eft pour aller à la leyée du drapeau, Battré la marche , c’eft la batterie ordon- née, quand les troupes commencent à marcher. Dans un camp , il y à une. batterie particuliere pour regler Pentrée & la fortie du camp, & déter: minet le tems que les foldats doivent {ortir de leurs tentes. Battre la charge, ou battre la guerre, c’eftla batterie pour aller à l’ennemi ; battre la retraite, c’eft la batterie ordonnée après le combat , c’eft auffi celle qui eft ordonnee dans une garnifon , pour obli- ger les foldats à fe retirer fur le foir dans leurs cafer- nes ou chambréés ; battre en tumulte & avec pré- - cpitation , fe dit pour appeller promptement les foldats , lorfque quelque: perfonne de qualité pañle inopinément devant le corps-de-sarde, & qu'il faut faire la parade ; on bat la diane au point du jour , dans une garnifon, mais lorfqu’une armée fait un fie- ge, 11 ny a que les troupes d'infanterie qui ônt mon- té la garde, &t fur-tout celles de la tranchée, qui faf- ent battre la diane au lever de l'aurore, alors cette batterie eft fuivie des premieres décharges decanon que l’obfcurité de la nuit avoit interrompues, par limpoffbilité de pointer les pieces à propos fur les travaux des afiègés. Quand un bataillon eft fous les armes, les sambours {ont {ur les aîles | & quand il défile , les uns font poftés à la tête ; les autres dans les divifions & à la queue: Di&. mil, (D. J.) TamBour , (Zwrh, ) cet inftrument à plufieurs parties qu'il faut diftinguer ; 1ly ale corps ou la caiffe. On peutla faire de laiton ou de bois. Communément on la fait dé chêne ou de noyer. Sa hauteur eft égale à {a largeur. Les peaux dont on la couvre fe ban- dént par le moyen de cerceaux, auxquels font atta- chées des cordes qui vont d’un cerceau à l'autre: ces cordes fe ferrent par le moyen d’autres petites cor- des , courroies ou nœuds mobiles fur les premieres. Chaque nœud embrafle deux cordes, Le nœud eft fait de peau de mouton. Les faéteurs , au-lieu de nœud, difent trans. Les peaux du s4mbour font de mouton, & non d'âne, On les choïfit fortes ou foi- bles , felon l'étendue du sambour. Il ÿ à la peau de deflus , fur laquelle on frappe avec les baguettes ; & la peau de deflous , qui eft traverfée d’une corde à boyau qui s'étend auf, & qu’on appelle le #imbre du tambour. Le timbre eft fait d’une feule corde mife ‘ en double , ou de deux cordes. Il'eft fixé d’un bout fur le cerceau , & de l’autre il pafle par un trou , au fortir duquel on arrête avec une cheville, qui va en diminuant comme un foffet où cône. La éorde ou le timbre fe tend plus où moins, felon au’on force plus ou moins la cheville, dont le diametre augmen- tant à mefure qu'on l’enfonce davantage, bande lé timbre de cet accroiffement. Les cercles qui tiennent ou ferrent les peaux fur la caïfle s'appellent vergeres. Il en eft des baguettes comme des battans de clo- ches , il faut les proportionner à là sroffeur du #77- bour. | + Ce rambour s'appelle sambour militaire : mais il Y en a de deux autres fortes ; l’un qu’on appelle rem- bour de Provence. I] ne differe proprement du premier qu’en ce qu'il eft plus long”; on l'appelle plus com- munément #bourin. L'autre , qui s'appelle saribour de bafque : c’eft une efpece de fas couvert d’une feule peau, dont la caïfle qui n’a que quelques doists de hauteur, eft garnie tout-autout ou de grelots ou de lames fonores, On le tient d’une main, &'onle frappe avec les doigts de l’autre. La hauteur & la largeur des s4mbours doivent gar- der entr’elles les mêmes proportions queles cloches, pour faire les accords qu’on fouhaite. Sil’on veut que quatre tambours fonnent ur, mi, fol ‘ut, il faut que leurs hauteurs foient entr’elles comme les nombres 42 520 3 d TAM 875 Les plus grandes peaux qu’on puifle trouver pour ces infirumens n’ont que deux piés & demi de large, Il faut de l’oreille pour accorder des samboursen- tr'eux. [len faut aufli beaucoup pour battre des mefu- res, & une grande légereté & fermeté de mains pour battre des mefures compofées & des mouvemens vifs. Cefft la force des coups plus ou moins violens “qui doit féparer les mefures, & diftinguer les tems. Il faut que les intervalles’ des coups répondent à la durée des notes de l'air. < TAMBOUR, membrane du, ( Anatomie.) autrement dite le ryrpan de l'oreille eft une pellicule mince, tranfparente, & un peu plate, dont le bord eft rond ëx fortement engagé dans la rainure orbiculaire , qui diftingue le conduit offeux de Poreille externe d'avec la caille du sambour. Elle eft très-bandée ou tendue, fans être tout-à-fait plate ; car du côté du conduit externe, eHe a une concavité légerement pointue dans le milieu ; & du côté de la caïfle, elle a une convexité qui va pareillement en pointe dans le mi- heu qui eft fait comme le centre, Cetté membrane , en partie connue dès le tems d'Hippocrate, eft fituée obliquement. La partie fupés rieure de fa circonférence eft tournée en-déhors ,&la partieinférieureefttournée en-dedans, conformément à la direétion de la rainure ofeufe, Elle eft compofée de lames très-fines &ctrès-adroitement collées enfem- ble, arrofées devaifleaux fanguins découverts & injec- tés par Ruifch, Lalameexterne e{tuneproduétiondela peau & de lépiderme du conduit auditifexterne. On les en peut tirer enfemble comme un doigt de sant. La lameinterne n’eft que la continuation du périofte de la cafe, On peut encore divifer chacune de ces lames en d’autres, principalement après avoir fait macétrer [a membrane entiere dans de l’eau. Elle eft couverte extérieurement d’une toile mucilagineufe très-épaifle dans la premiere enfance. L’enfoncèement du centre de la membrane du tam- bour ou peau du tympan fe fait par l’attache de lof- {élet, appellé zzarteau , dont le manche eft fortement collé à la face interne de lamembrase, depuis la par- tie fupérieure de fa circonférence jufqu’au centre où eft attaché le bout du manche. Le périofte du tympan produit celui des offelets ; il devient affez vifible par linjeétion anatomique qui fait paroître des vaifleaux capillaires, très-diftinte- ment ramuñés fur la furface de ces offelets. Il fe con- tinue furles deux fenêtres, & s'infinue dans le conduit d’Euftachi où 11 s’efface en fe confondant avec la mem- brane interne du conduit. On fait des gens qui peuvent éteindre une bougie en faifant {ortir de l’air par le conduit de loreille ; d’autres , en fumant , en font fortir de la fumée de tabac, ce que j’ai vu exécuter par quelques perfonnes quand j’étois en Hollande. Quelques-uns croient que cela ne peut arriver que parce que le tympan eft percé ; mais la perfo- ration du tympan cauferoit une furdité quelque-tems après ; or comme je n’ai point vu les perfonnes de ma connoMffance qui rendoient la fumée par l'oreille, perdre l’ouie en tout, nien partie, pendant plufieurs années, cette exphcation tombe d’elle-même. D’au- tres veulent , avec Dionis , que la membrane du tem bour ne tient pas écalement à toute la circonférence du cercle offeux dans lequel elle eft enchâflée, mais qu'il y a à la partie fupérieure, un endroit auquel elle eft moins collée, & par-où quelques-uns peu- vent faire pañler la fumée qu’ils ont dans la bouche, Il eft certain qu’il faut qu’il y ait alors quelque ou- verture ; mais Dionis ne dit point avoir vu cet en- droit décollé ou détaché dont il parle. Divers ana tomiftes' l’ont inutilement cherché avec beaucoup de foin, & dans plufieurs fujets. Valfalva, en faïfanr des injeétions dans le canal d'Euftachi , n’a jamais pu 576 TAM faire pafler aucune liqueur dans Le conduit de oreille, mais cette expérience ne prouve rien contre le paf- fage de la fumée ou de l'air. Il imagine pourtant d’a- voir trouvé un pañlage dans un autre endroit du ram boxr, dans des têtes de perfonnes mortes de maladie & de mort violente. Cowper aflüre qu’on trouve cette ouverture à l’endroit fupérieur de cette mem- brane, Rivinus & quelques autres foutiennent que le rambour eft percé dans l'endroit où le manche du marteau s'attache à fa tête, &c que c’eft par-là que la fumée du tabac pañle. Cependant plufieurs anato- miftes du premier ordre cherchent en vain ce petit trou oblique dont parle Rivinus , & ce n'eft vraif- femblablement qu’un jeu de la nature : car Ruyfch dit avoir rempli la caïfle du rambour de vif-argent par le canal d’'Euftachi, & que rien de ce métal fluide ne trouva d'iflue vers l'oreille extérieure. On ne regarde plus la rrembrane du tambour comme le principal organe de l’ouie depuis une expérience qu’on fit à Londres {ur deux chiens, &c qui eft men- tionnée dans Willis & dans les aétes de la fociété royale. On prit deux chiens , on leur creva le tym- pan; & ils n’entendirent pas moins bien qu’aupara- vant la voix de ceux qui les appelloient , cependant peu de tems après ils perdirent l’ouie. Peut-être cette membrane fert-eile de prélude ou de préparation à l’ouie même. Derham penfe qu’un de fes grands ufa- ges eft de proportionner les fons à l’organe inté- rieur ; que par fa tenfon & fon relâchement elle fe met à l’uniflon avec toutes fortes de fons, comme la prunelle fe propottionne aux divers degrés de lu- miere. Une preuve de l’'ufage de cette tenfion & de ce relâchement de la #ermbrane du tambour pour en- tendre diflinétement les fons, c’eft que les fourds entendent plus facilement au milieu d’un grand bruit. Or, fuivant Derham , qui a fait fur ce fujet de pro- fondes recherches , voici la maniere dont les impref- fions du fon fe communiquent au nerf auditif, Premierement , elles agifient fur Le tympan & fur le marteau , .enfuite le marteau agit fur l’enclume, celui-ci fur l'os orbiculaire & fur létrier , & enfin l’étrier communique cette ation au nerf auditif; car la bafe de l’étrier ne couvre pas feulement la fenêé- tre ovalaire au-dedans de laquelle le nerf eft fitué , mais une partie de ce nerf même fe répand fur cette bafe. Il eft vraiffemblable que c’ef-là la maniere dont fe fait l’ouie, ajoutet-il, parce que le tympan étant remué , on peut voir tous les petits offelets fe re- muer en même-tems , & poufler la bafe de létrier alternativement dehors , dans le trou & dans la fenê- tre ovalaire. On le voit dans la taupe, on le peut voir aufh dans les oreilles des autres animaux avec foin, & de maniere que les parties gardent leur fi- tuation naturelle. Le tympan eft bande & relâche par le moyen des petits mufcles qui s’attachent au marteau : mais com- ment cette mémbrane fe bande & fe relâche-t-elle fi -promptement ? comment communique -t-elle fans notre volonté & avec tant de proportion les divers tremblemens de l'air aux autres parties de l'oreille interne ? C’eft, répond-on ; une membrane feche, mince, tranfparente , ces conditions la rendent très- propre à cet ufage ; s’il lui furvient quelque altéra- tion ences qualités, 1l en arrive des duretés d'oreille; tout cela eft vrai, mais tout cela n’explique point une infinité de phénomenes qui concernent l’ouie , les fons & la muñique. . Les ufages que quelques anatomiftes affignent au tympan, comme les feuls & les principaux , favoir 4 fermer l’entrée à l’air froid du dehors, à la pouf fiere & à d’autres chofes nuiibles , ne font que des ufages fubalternes ou du fecond ordre : c’eft comme fi lon difoit, que la peau d’un sembour ne fert qu'à empêcher qu'il n'entre de l’air & de la pouffiere dans lacaïfle. (Lechevalier DE JAUCOURT.) TAMBOUR , c’eft , dans la Fortification, tne tra= verfe dont on fe fert pour empêcher les com muni- cations du chemin couvert aux redoutes & lunettes d’être enfilées. Voyez REDOUTE. Voyez aufi PJ. IF. de Fortification, fig. 3. les traverfes des communica- tions des places-d’armes À & P, aux lunettes ou re- doutes 4 & B. Le tambour , outre l’avantage qu'il a de couvrir les communications de lenfilage ,-{ert encore à les dé- fendre ou à flanquer. (Q) TAMBOUR, (Marine.) c’eft un affemblage de plu- fieurs planches clouées fur les jettereaux de l’épe- ron , & qui fervent à rompre les coups de mer qui donnent fur cette partie de la proue. TamBouR , f. m. ( Hydraul..) eft un coffre de plomb, dont on fe fert dans un baflin pour raflem- bler l’eau qu’on doit diftribuer à différentes condui- tes, ou à plufieurs jets. Voyez MARMITE, Ce peut être encore un tuyau triangulaire, fait d’une table de plomb, dont on forme un tuyau de différentes groffeurs par les deux bouts, pour ra- corder un tuyau de fix pouces de diametre fur un de trois. (Æ) TAMBOUR , ez Archireëture , C’eft un mot qui fe dit des chapiteaux corinthiens & compofites, à caufe qu'ils ont quelques reflemblances à linftrument que les François appellent sambour ; quelques-uns l’ap- lent vafe , & d’autres campan, cloche, &cc. | On fe fert aufli du mot cembour pour exprimer un retranchement de bois couvert d’un plafond ou d’un lambris pratiqué dans le côté d’un porche ou vefti- bule , ou en os de certaines églifes, afin d’empé- cher la vue des paffans & l’incommodité du vent par le moyen des doubles portes. Tambour fignifie auffi un errondiffemens de pierre, dont plufeurs forment le fût d’une colonne qui n’eft pas auffi haut qu’un diametre. On appelle encore sambour chaque pierre, pleine ou percée, dont le noyau d’un efcalier à vis eft com- poié. (D. J.) TAMBOUR , ex Méchanique, eft une efpece de roue placée au-tour d’un axe ou poutre cylindrique, au fommet de laquelle font deux leviers ou bâtons enfoncés pour pouvoir plus facilement tourner l’axe, afin de foulever les poids qu’on veut enlever. Voyez * AXE dans le tambour | TOUR & TREUIL. TAMBOUR , maniere de broder au tambour. Le tambour eft un inftrument d’une forme circulaire , fur lequel, par le moyen d’une courroie & d’une bou- cle, ou de différens cerceaux qui s’emboîtent les uns. dans les autres, on tient tendue une toile ou une étoffe légere de foie , fur laquelle on exécute avec une aiguille montée fur un manche, & qui a fa for- me particuliere, le point de chaïînette., foit avec un fil de foie nue, ou couvert d’or ou d’argent, & cela avec une vitefle & une propreté furprenante. Avec ce feul point, on forme des feuilles, des fleurs, des ramages, & une infinité d'objets agréables dont on embellit l’étoffe deftinée à des robes &c autres ufa- ges. Voyez dans nos Planches le tambour & fes dé- tails , l'aiguille, & même la maniere de travailler, qu’elles feront concevoir plus clairement que tout ce que nous en pouvons dire. * Pour broder au sambour lorfquelétoffe eft montée fur le métier, onprendla-foie, on y fait un nœud, on la prend de la main gauche , on en étend une por- tion en prenant le nœud entre le bout du pouce & le bout de l'index , & pañlant lefil entre le doigt du mi- lieu & le troifieme fous l’étoffe tendue; on tient l’ai- guille de la droite; onpafñle l'aiguille à-travers létoffe en-deflus ; on accroche la partie de la foie tendue avec le erochet de l’aiguille; on tire aiguille , la foie vient en-deflus & forme une boucle.On retourne T'AM l'aiguille. la foie fort de fon crochet ; on renfonce ! l'aiguille entre les deux brins de la boucle ; on tourne la foie en-deffous fur laiguille ; on tire l'aiguille , la foie fe place dans fon crochet lorfque fa pointe eft fur le point de fortir de l’étofle ; quand elle en eft fortie , elle attire la foie de-rechef en boucle ; on fait pañler Cette boule fur la premiere ; & l’on continue de faire ainfi des petites bouclés égales , ferrées, & pañlées les unes dans les autres, ce qui a fait appeller l'ouvrage chainette, _ L’argtwille, Fécrou du manche &r le crochet font dans la même diteétion, C’eft l'écrou qui dirige le mouvement. - +. , | ï . Si l’on travaille de bas-en-haut , on tourne le fil autour de lauguille fur l'aiguille , c’eft-à-dire que quand le fil Commence à pañler fur elle , elle eft en- tre le fl & le corps de celui qui brode. .” Silon travaille de bas-en-haut, au contraire quand on commence le tour du fl fur l'aiguille , c’eit le.fil qui elt entre le brodeur & l’aiguille. Comme Paiguille eft groffe par en-bas, &.eft me- ue par la pointe , le trou qu’elle fait eff large, & le crochet qui eft à la pointe pañle fans s'arrêter à Pé- tofe. : TAMeOUR ; fm. ( Lutherie, machine ronde qui toute feule fert à faire jouer des orgues fans le fecours de la main: Sur ce sembour il y à des reglets commé fur un papier de mufique , & à la place des nôtes ,1l ÿ a des pointes de fer qui accrochent & fontbaïfler les touches felon le fon qu’on defire en tirer. (C2) TAMBOUR , ( serme de Borffelier.) les ouvriers qui les font les appellent chauffe chemifes. C’eft une ma- chine de boïs ou d’ofier en forme de caifle de vérita- ble smbour ; haute de quatre à cinq piés, & large d’un pié & demi , avec un couvercle. Au milieu de cette machine eft tendu un réfeau à claire voie, fur lequélon met une chemife ou autre linge. Ily a def fous un réchaud plein de charbon pour chauñer ou fécher cette chemife ou autre linge. (D. 7.) TAMBOUR, er terme de Confifeur, eft un tamis fort fn pour pañer dufücre en poudre. Voyez Les PL. du Conjfiffeur leur explic. La premiere eft le couvercle; la feconde eftletamis,, & la troifieme la boîte quire- çoit les marieres qui ont pañlé au-travers du tamis. Ces trois pieces s’ajuftent enfemble, en forte que le tamis entre dans les deux autres: TAMBOUR, ( Horlogerie.) nom que l’on donne ordinairement à cette piece d’une montre que les horlogers appelient le barilles. Voyez BARILLET , 6 les Planches de l’Horlogerie. TAMBOUR , ouvrage de Menuiferie, qui fe plaçoit autrefois devant les portes pour empêcher l'entrée du vent ; iln’eft plus d’ufage que pour les églifes.. | Tambour fe dit auffi de la menuiferie qui recouvre quelque failie dans un appartement. TAMBOUR , (Paumier. ) c’eft une partie du orand mur d’un jeu de paume , qui avance dans le jeu de quatre ou cinq pouces. Le s4mbour commence à-peu- près à la moitié de la diftance de la corde de la grille, êt continue jufqu’à la grille , ce qui retrécit le jeu de paume d'environ quatre ou cinq pouces dans cet efpace. Les jeux de paumeappellés guarrésn’ont point de rambour; 11 n°y a que ceux qu'on nomme des de- dans. TamBOUR , ( Serrur. } piece d’une figure ronde qui enrenferme d’autres, comme on voit aux ferru- res des coffres-forts. Les pertuis font montés dans le: tambour. TAMBOUR,(Sorerie.) machine fur laquelle on por- te les chaines pour les plier , ou pour les chiner. TAMBOURS, f.m. pl. ( Sucrérie. ) efpece de gros cylindres de fer qui fervent:à écrater les cannes , & en exprimer le fuc dans les moulins à fuere. On les nomme quelquefois rouleaux ; maïs c’eft impropre- T' AM 877 ment, le rouleau n’étañt que le cylindre de bois dont on remplit le sambour , à-travers duquel pañe l'axe ou pivot fur lequelil tourne. Savary. (D.J.) TAMBOURE-CISSA, fm. ( Hifé. nar. Botan. ) arbre de file de Madagafcar, qui produit un fruit . femblable à une ponime , dont la propriété eft de s'ouvrir en quatre lorfqu'il cft parvenu à maturité; fa chair eft remplie de grains orangés, couverts d’une peau tendre qui donne une teinture femblable celle du rocou. TAMBOURIN, fm. forte de danfe fort à la mode aujourd’huifur nos théâtres. L'air en efttrèssai, & fe bat à deuxtems vifs. Il doit être À l’imitation du flûtet des Provençaux:, 8c la baffle doit toujourstrez frapperla même note, à limitation du rrbouriron galoubé,; dont celui quijoue du fûtet s’accompäghe ordinairement. (S) ' | TAMBOURIN , voyez l'arniéle TAMBOUR. TAMBOURIN , ( lutherie.) ilyatunintrumentk cordes 8 de percufhion de ce nom. C’éft an'loné coïfre de bois , fur lequel font montées des cordés de laiton, que Pon frappe avec deshaguettes! Céluiqui joue de cet inftrumen®t letient debout de la main où plutôt du bras gauche, & le frappe dé la main droite, TAMBOURIN, (terre de Jouaillier.) ou TABOURIN; c’eft une pérle ronde d’um côté 8 plate .de l’autre, quireflemble à une tymbale. "0 YEN-E TAMBRE , LA, (Géog: mod: ) riviere d'Efpasne, en Galice. Elle prénd fa fource dans les monragnes, au nord de Compoftelle ; d’oelle court aufid-oueft P ; Arc e i &t va {e rendre dans la mer. : rai 196 TAME ;:(Géog: rod.) bourg à marchéd'Añslez terre, dans Oxfordshire, fur la riviere de Te >"ŒUi fe joignant à l’Ifis , prend lenom de Thamife. Poyet THAMISE. Ï TAMER ;iLA, ( Géog, mod.) riviere d'Angleterre. Elle a fafource dans Devonshire , qu’élle fépare de la province de Cornouaille; fon embouchure eft dans le havre de Plimouth. (2. J.) TAMETANES , ( Hifi. nat. Boran. ) fruit de l'ile de Madagafcar , dont la racine eft auffi jaune que du fafran | & dont on fe fert pour la teinture. C’eft la même qui eft connue en Europe fous le nom de #rrx TILETLEL TAMIA, (Géog. anc.) ville dela grande-Bretagñe. Ptolomée, Lv,. II, ch. uy. la donne aux Wacomagi, & la place au voifinage de Banaria & d’Alarz Caf tra. Cambden croit que ce pourroit être aujourd’hui Tanéa, lieu d'Ecofle au comté de Rofs. (2.7) TAMINES ,.(Géog. anc.) Tamyna ; ville de lEu- bée , dans le territoire de la ville d'Erétrie , {elon Strabon, Zv. Xp. 447. & Etienne le géographe, C’eft près de cette ville que les Athéniens défrent : les Chalcidiens qui étoient commandés par Callas, & par Taurofthene freres. TAMIS,f.m.(Crainier.) inftrument qui fert à pafler des drogues pulvérifées quand on en veut féparer la partie la plus fine d'avec celle qui eftla plus groffie. re. On s’en fert auf pour couler les hqueurs COMpPO- fées & en Ôter le marc. Le samis eft fait d’un cércie de bois mince & large à difcretion, aw milieu duquel eft placé un tiflu de toile, de foie , de crin, ou de quelqu’autre toile claire fuivant ’ufage qu’on en veut faire. C’eft dans la partie fupérieure du #mis que l’on met la drogue pulvérifée , &c où Pon verfe la H- queur qu'on veut épurer. Lorfque les drogues qu’on a deffein de tamifer ,s’évaporent facilement | on met un couvercle au semis , quelquefois tout de bois, & quelquefois avec le cercle de bois , & le deflus de cuit. Savary. (D. J.) TAMIS,. en cerme de Blanchiflerie | eft un cerceau . garni d’untiflu de corde formant divérsquarrés , ave lequel on ramaffe les pains. AMIS’, cnftrument de Chimie & de Pharmacie; 873 TAM fert à hâter la préparation des poudres fubtiles, en {éparant les parties les plus atténuées des parties Les plus groflieres, auxquelles on fait efluyer une nou- velle trituration , qu’on tamife de nouveau , & ainfi fucceflivement , Gc. Les amis dont on fe fert dans les laboratoires de chimie &t les boutiques des Apo- ticaires , font couverts ou découverts. Les dermiers ne different en rien des sais les plus vulgaires , du samis ou fas à pafler la farine , &c. Il eft de crin ou de foie, felon qu’on le veut, d’un tiffu plus ou moins ferré ; cette efpece de sarris ne fert qu’à préparer les poudres les plus groffieres & les moins volatiles, ou qui font tirées des matieres les plus viles, Les sms font compofés de trois pieces ; celle du milieueftun zamis ordinaire ; les deux autres font un couvercle & un fond formé par un parchemin ou une peau tendue fur un cercle de bois mince. Ces sais , qui font les plus ufités & les mieux entendus, fervent à la préparation des poudres les plus fubtiles , Les plus volatiles & les plus précieufes. Voyez PULVÉRISA- TION , Chimie 6 Pharmacie. TaMrs ,( énffrumenr de Chapelier. ) les Chapeliers fe fervent du samis de crin , &u lieu de l’inftrument qu'ils appellent arçon, pour faire lès capades de leurs chapeaux. ( D. J.) Tamis,( cerme d'Organifle. ) piece de bois percée, à-travers de laquelle paflent les tuyaux de lorgue, &c qui fert à les:tenir en état, ( D.J. Tamis , (Tapifferie de tonture.) les laineurs quitra- vaillent aux tapiferies de ronture de laine, ont plu- fieurs amis, comme de grands pour pañfler & prépa- rer leuts laines hachées, &c de très-petits , qui n’ont pas quelquefois deux pouces de diametre, pour pla- cer ces laines fur le coutil peint & préparé par le eintre. ( D.J.) TAMISAILLE , ff. ( Marine. ) petit étage d’une flûte, quieft pratiqué entre la grande chambre & la dunette , & dans laquelle pafle la barre du gouver- nail. TAMISE , LA, ( Géog. mod. ) Voyez THAMISE. (D.J. TAMISE , 1 f. ( Phyf. & Géog. ) grande riviere qui pañfe à Londres. L'eau de cette riviere que l’on garde dans des tonneaux à bord des vaifleaux, s’enflamme après avoir rendu long-tems une odeur puante , lorf- qu'on expofe une chandelle allumée au trou du bon- don tout récemment ouvert. M. Mufchenbrock con- jeéture que cela vient des huiles des infeétes qui fe font pourris, & que là pourriture a enfuite conver- tis en une efpece d’efprit volauil. Muñflch. ef. de rh. TAMISER , L'ACTION DE, ( Pharmac. ) en latin cribratio ; c’eft l’aétion de pafler une fubftance au ta- mis , pour féparer fes parties fines d'avec les grof- fieres , foit que la fubftance mife autamis foitfeche, pulvérifée ou humide , comme la pulpe des graines, les fruits ou les racines. Quelles que foient les fubftances réduites en pou- dre dont le mélange doit former un médicament , 1l convient de les pafler toutes enfemble ä-travers un tamis ; fans quoi le médicament pourra être différem- ment énergique dans fes différentes parties, & par conféquent agir inégalement, c’eft-à-dire , plus for- tement dans un endroit que dans l’autre. Lors donc qu'on aura à mêler des fubftances plus friables &c plus fortes les unes que les autres, d’untiffu différent , & plus ou moins adhérentes: comme les unes ne man- queront pas de pañler dans le tamis plus prompte- ment que les autres , il eft néceflaire de les remuer enfemble après qu’elles auront été tamifées. Cet avis paroïtra fuperflu à quelques perfonnes , qui ne juge- ront pas fort effentiel de prendre cette précaution ; mais elles changeroient d'avis, f elles connoïfloient les accidens qui furviennent tous les jours , lorfque TAM lé jalap, lipécacuanha & autres ingrédiens fem blables , dont les vertus confftent dans les parties les plus réfineufes, ont été mal mélangés: or cela peut arriver d'autant mieux, que ces parties -réfi- neufes étant auffi les plus fragiles , fe broyent plus facilement dans le mortier , & paffent les premieres à-travers le tamis. D'ailleurs , rien n’eft plus commun chez les Dro- guiftes , que de mettre tout d’un coup dans un mor- tier , deux ou trois fois plus d’un ingrédient qu’iln’en faut pour l’ufage aûuel ; de prendre fur cette quan- tité la dofe marquée par le médecin , & d’enfermer le fuperflu dans un petit vaifleau. Or toutes les par- ties d’un ingrédient, n’ayant pasla même vertu, f l’on ne prévient les inconvéniens réfultans de cette efpece d’hétérogénéité, les premiers malades auront une dofe trop forte; & les derniers, qui ne trouve- ront plus que la partie fibreufe &c ligneufe , auront une dofe trop foible , & feront trompés dans leur attente. ( D, J.) TAMISEUR , {. m. ( Verrerie. ) on nomme ainf, celui qui prépare & tamife les charrées qui fervent à la fonte des matieres dont on fait le verre. (2.J.) TAMLING, f. m. ( Com.) c’eft le nom que les Siamois donnent à ceite efpece de monnoiïe & de poids que Les Chinois appellent suël. Le taël de Siam eft de plus de la moitié plus foible que le taël de la Chine ; enforte que le cati fiamois ne vaut que huit taëls chinois , & qu'il faut vingt taëls fiamois pour le cati chinois. À Siam , le swmlingz ou raël fe fubdivife en quatre ticals où baats , le tical en quatrermayons ou felings, la mayon en deux fouangs, chaque fouang en deux fompayes, la fompaye en deux payes , & la paye en deux clams, qui n’eft qu’une monnoie de compte; mais qui, en qualité de poids, pefe douze grains de ris ; enforte que le samling ou taël fiamois eft de fept cens foixante-huit grains, Voyez TAEL, Diëlionn, de Commerce. TAMMESBRUCK., ( Géog. mod. )-en latin vul- gaire Aogeripontum ;, petite ville d'Allemagne , dans la Thuringe , près de l’Unftruit, Elle appartient à Péleéteur de Saxe , & ce n’eft proprement qu'un bourg. (D. J.) TAMNA,(Géog. anc, ) ville de l'Arabie heurenfe. Pline, 2. VT.c.xxvuy. la furnomme Tama templorum; c’eft la même ville que Ptolomée, Zv. VE ch. 7. ap. pelle Thumna. ( D. I. ) TAMNUS , f. m.( Boran. ) Tournefort difingue deux efpecés de ce genre de plante, nommée par les anciens Botaniftes bryonia nigra,nom que les Anolois lui donnent encore black bryony , & vulgairement ap- pellée en françois /ceau de Notre-Dame, ou racine vierge. La premiere efpece eft à fleur jaune pâle, sam- nus racemofa , flore minore, lureo pallefcente, I. R. A. 102. C’eft une plante farmenteufe , aufi -bien que la bryone blanche; mais elle pouffe de menus farmens fans mains , qui s’élevent en fefpentant, 8 s’entor- tillant autour des plantes voifines : fes feuilles font attachées par des queues longues , & rangées alter- nativement ; elles ont prefque la figure de celles du cyclamen, mais deux ou trois fois plus grandes , & fouvent plus pointues , d’une belle couleur verte lui- fante ,tendres, d’un goût vifqueux. Ses fleurs fortent des aïffelles des feuilles ; elles font difpofées en grap- pes, ayant chacune la forme d’un peut bafän, taillé ordinairement en fix parties, de couleur jaune-ver- dâtre, où pâle. Quelques-unes de ces fleurs qui ne font point nouées, tombent fans laifler aucun fruit ; mais celles qui font nouées , laiflent après elle une baie rouge, ou noirâtre , qui renferme une coëffe membraneufe , remplie de quelques femences : fa ra- cine eft grande , grofe , tubéreufe, prefque ronde, noire . TA M noire en dehors , blanche en dedans , profonde dans la terre , d’un goût âcre. | La feconde efpece eft appellée, par le même Tour- nefort , 4mnus baccifera , flore majore albo, I, R. H, zo2. Ses feuilles font aflez femblables à celles du li- feron. Ses fleurs font faites comme celles de Pefpece précédente , mais plus grandes , & de couleur blan- che. Ses baies naïffent une à une, féparées &r at- tachées chacune à un pédicule court , qui fort de l’aiflelle des feuilles; chaque baie n’eft guere moins groffe qu’une cerife, & contient quatre ou cinq e- inences ; fa racine eft empreinte d’un fuc gluant. L’une & l’autre efpece de rammus croiflent dans les bois ; leurs racines font un peu purgatives by drago- ues. ( D. J.) TAMOATA , f. m.( Æff. nat. Iéhiologie. ) nom d’un poiflon d’eau douce d'Amérique , appellé par les Portugais fo/dido. C’eftun petit porflon oblong, à tête applatie , en quelque mañiere comme celle de la grenouille ; fon mufeau eft petit , ayant à chaque angle un filet en guife de barbe; il n’a point de dents, & {es yeux font extrèmement petits. Il a huit na- -geoires, deux aux oies , dures comme des cornes ; deux fur le ventre, moins dures ; une fur le milieu du dos, une autre près dela queue, & une autre à loppoñite fur le ventre ; fa queue fait lahuitieme na- geoire ; fa tête eft couverte d’une peau dure comme de l’écaille; fon corpseft revêtu d’une efpece de cotte de mailles , faite d’une fubftance dure , écailleufe., dentelée dans les bords , de couleur de rouille de fer; ce poiflon pañle pour être un manger délicieux. Marg- gravit , if. Brafil. (D. J. TAMOATARANA , ff. ( Hiff, nat, Botan.exor.) nom d’une plante bulbeufe qui croît au Bréfil, & dont on mange les bulbes, comme nous mangeons les pa- tates. Ray, Aif. plant. ( D, J.) TAMOLE , {. m. (Æf. mod.) les ramoles font les chefs du gouvernement des Indiens, des îles Caro- .Bnes ; ils laiffent croître leur barbe fort longue, com- mandent avec empire, parlent peu, & affectent un air fort refervé. Lorfqu’un samole donne audience, 1l paroît affis fur une table élevée, les peuples s’in- clinent devant lui, reçoivent fes ordres avec une obéiffance aveugle, &c lui baifent les mains & les piés , quand ils lui demandent quelque grace; il y a plufieurs ramoles dans chaque bourgade, (D.J.) TAMORISA , ( Géogr. anc.) contrée des états du Turc, en Europe; cette petite contrée eft dans la ‘haute Albanie, au couchant de l'Ochrida, & a pour chef-lieu un bourg de fon nom. (D. J.) TAMPER,, e7 serme.de Frifeur d'étoffes., c'eft ap= puyér le frifoir fur l’étoffe, par le moyen d’une 4m- Ft, v0Yex TAMPE, de maniere qu’elle entre bien dans les inégalités du fable dont il eft enduit, & que Ja laine puifle fuivre l’ordre du frifer. TAMPES, ff. en terme de Frifeur d’étofes , font des morceaux de bois ronds qui fe mettent à force, entre le frifoir &t une piece de bois qui regne, com- me nous Pavons déja dit, le long du chafüis, au mi- lieu du fommet. Voyez les fig. 6: les Planches de la Dra- erte. TAMPICO , (Géog. mod.) lac de l'Amérique fep- tentonale , dans la nouvelle Efpagne , au gouverne- ment de Panuco, & au fud de la riviere de Panuco, dont une des branches fort du lac. (D: J. TAMPLON , f. f sermede Tifferand, forte de petits -rots dont les Tifferards de fervent , lorfqu'ils veu- lent augmenterlalaife oulargeurdeleurstoiles, TAMPOE, fm. ( Æif. nat. Bor. exor.) nom d’un fruit des Indes orientales, approchant en figure du mangouftan , mais bien moins bon ; fon écorce eft encore plus épaïfle que celle du mangouftan, il eft fans couronne, & de la couleur de nos pommes-poi- res, Les Indiens le mangent dans les endroits où de Tome XF. . Yaifleau peut recevoir dans un combat. meilleurs fruits leur manquent, ( D, X ) TAMPON, ( Fortificar. ) efpece de bouchon qui fert à fermer l'ouverture d'un vaifleau , où À retenir la poudre dans une arme à feu. Voyez BOuRRE 6 Boucxon., | Ce mot eft françois, quoiqu'il y en ait qui le dée rivent de l’anglois 4p , canelle ou robinet, Quand'on charge un mortier où quelque autre pie. ce d'artillerie, on met ordinairement après la pou dre, une petite piece ronde de bois pour féparer la bombe ; Le boulet ou la cartouche, de la poudre à canon; cette piece s'appelle unsempon, & fert à don- ner plus de force au coup de la piece d'artillerie, 77 MORTIER, Chambers. Le sampon ou le bouchon , dont on recouvre Îe fourrage & le boulet,neicontribue en rien daugmens« ter la violence du coup; il fert feulement à raffleme bler la poudre, & à diminuer l'intervalle qui eft en tré la poudre &c le boulet ; c’eft une erreur de croire qu'un bouchon plus gros qu'un autre & refoulé par un plus grand nombre de coups, porte plus loin, Si en refoulant le bouchon , il pouvoit acquérir la du- reté d’un corps folide , & une forte adhéfion aux pas rois de ame de la piece, comme cela arrive aux bal. les des carabines ou aux rampons , chaflés avec force pour les petards pratiqués dans Le roc; il eft conftant que la diiiiculté que la poudre qui s’enflamme, ren- contreroit à chafler le boulet, donnant lieu à une in- flammation plus complette, ilen recevroit une plus grande impulfon: mais l’on doit avoir de ces deux objets un fentiment bien différent,car comme le four- rage eft compofé de parties flexibles & détachées, qui mont aucune adhéfon avec les parois de la pie- ce, quelle réfiftance peut-il oppofer à la violence de la poudre ? À l'égard de la poudre, lorfaw’elle eft réu- nie dans le plus petit volume qu'elle peut occuper naturellement ; 1l ne faut pas penfer qu’en la refou- lant pour la réduire dans un plus petit efpace, elle en acquiert plus d'aétivité , puifque ce n'eft qu’au- tant qu'il y a des interftices fenfibles entre Les grains, que le feu de celle qui s’enflammera la premiere, peut s'introduire pour allumer le refte: ce qui eft f vrai, que quand elle eff battue 8 réduite en pulve- rain dans'une arme à feu, elle ne s'allume que {uc- céffivement; ainf l’on peur conclure que le feul avan- tage qu'on tire du bouchon pofé fur la poudre , eft feulement de la raflembier dans le fond de la cha bre, & d'empêcher quand elle eftenflammée, qu’el- le ne fe dilate autour du vent du boulet. Quant au bouchon qu’on met fur le boulet , il eft abfolument inutile, fi ce n’eft dans les cas où l’on eft obligé de le foutenir pour tirer horifontalement où de haut en-bas ; maïs peu importe qu'il foit refoulé Ou non, pourvû qu'il ne permette pas au boulet de rouler dans la piece. Saint-ltemy , troïfieme édition -des mémoires d’ Artillerie. (Q TAMPON, f. m. (Æydr.) eft une cheville de bois où un morceau de cuivre applati, rivé & foudé au bout d'un tuyau , à deux piès de la fouche d'un jet. Quand on ne fe fert que d’un sarmpor de bois, on le garnit de linge , on frette le tuyau d’une rondelle de fer afin de pouvoir coigner le sampon , fans craindre de fendre le tuyau. s On fe fert encore de rampons de bois dans les ja ges, pour boucher les trous qui ne fervent point. (Æ TAMPONS , (Marine) ce font des plaques de fer, de cuivre ou de bois, qui fervent à remédier aux dommages que caufent les coups de canon qu'un TAMPONS ox TAPONS DE CANON, (Marine.) plas ques de liège, avec lefquelles on bouche lame du canon , afin d'empêcher que l’eau n’y entre, TAMPONS o4 TAPONS D'ECUBIERS, C Marine. ) TTttt TAM PA ae rieces de bois, longues à-peu-près de à piés &de- } ami qui vont en diminuant, &r dont lufage eft de fer- mer les écübiers , quand le Yaifleau eft à la voilé. Il | + en a qui font échancrées par un côté, afin de bou- cher les écubiers fans Ôter les cables, qu’on fait paf- fer par l’échancrüure ; au défaut de bois, on fait des tampons avec des facs de foin, de bourre, 6e Tampons, f, m. pl. (Archir.) ce font des chevil- des de bois, que lon met dans des trous percés dans un mur de pierre. pour y faire entrer une patte, un clou, &c.ouque l’on met dans les rainures des po- teaux d’une cloïfon, pour en tenir les panneaux de maçonnerie, où dans les {olives d’ün plancher, pour en arrêter les entrevoux, | On appelle auffi zzmpons de petites preces dont les menuifers rempliflent les trous des nœuds de bois, &c qui cachent des clous à tête perdue, des lambris &t des parquets. Daviler. (D. 3.) TAMPONS , en termes de Cloutier d'épingles , ne font autre chofe que deux oreilles de fer qui font fcellées dans unepierre, 8 dans lefquelles tourne le fufeau ou axe de lammeule. Voyez Les figures, Pl, du Cloutier «d’épingles. , | Tampon, fm. (zerme de Graveur.) les sraveurs “en taille douce fe fervent d’une efpece de molette faite d’une bande de feutre roulée qu'ils appellent un LAINPONL. bd TAMPON, fm. (terme d'Imprimeurèn taille-donce. ) c’eft un morceau de linge tortillé pour ancrer la planche. | TAMPON , f. m. (terme de Luthier.) c’eft la partie de la fûte, ou du flageolet , qui aide à faire Pembou- chure de la fte ou du flageolet, & fert à donner le vent. ; | TAMPON, dans les tuyaux de bois des orgues, eft une piece de bois £, fg.3 o.PL.n° 4. d'Orgue, doublée de peau de mouton, le duvet en:dehors, dont lPufa- ge eft de boucher le tuyau par en-haut; ce qui le fait defcendre d’une oétave au-deffous du fon que le tuyau rend quand il eft,ouvert. Le sampon eft armé d’une poignée F, placée à fon centre, laquelle fert à le retirer ow à l’enfoncer à difcrétion , jufqu’à ce que le tuyau rende un fon qui foit d'accord avec celui d’un autre tuyau fur lequel on l'accorde. TAMPONNER, v. a@. ( Gram. ) c’eftfermer avec uu tampon. Le + TAMUADA , ox TAMUDA , ( Géos. anc. ) fleu- ve de la Mauritanie tingitane, felon Pomponius- Mé- la., Liv, I. ch. ii. Ce fleuve fe nomme aujourd’hui la Bédie, & il arrofe le pays des Arabes. C’eft vraif femblablement le Thaludu de Ptolomée. { D.J.) TAMUSIGA, ( Géog. anc. ) ville dela Maurita- nie tingitane. Ptolomée la marque fur la côte de l'Océan, entre le port d’Hercule & le promontoire Ufadium. Le nom moderne eft Fifelfeld, {elon Mar- mol ; Tefeltner, felon Caftald, &c Freffa , felon Niger. TAMWORTH, ( Géog. mod, ) bourg à marché d'Angleterre , dans Stafordshire. ['eft arrofé par le Tamer, .& envoie deux\députes au parlement. TAMUZ , {. m.( Calendrier des Hebreux.) mois des” Juifs, quatriente de l’année faite , & dixieme- de l’année civile , qui répondoit aux mois de Juin & de Juillet. Le dix-feptieme jour de cemois, les Juifs cé- lebroïent un jeûne , en mémoire du châtiment dont Dieu punit l’adoration du veau d’or, ( D.J. ) TAMYNA , ( Géog. anc. ) ville de l’Eubie,, dans Îe territoire d’Erétrie, felon Strabon, iv. Xp. 1447. Plutarque parke-de la plaine de Famynes , dans da vie-de Phocion. ur: TAMYRACA, (Géog.anc.) ville de la: Sarma- tie européenne, près du golfe Carcinite , felon Pto- lomée , 4 IL, ch.v. Etienne le-géographe,&rlepé- riple d’Arrien. Strabon,,-/v. WII, pag. 3:08, connoît dans le même endroit un promontoirenommé Twwy- racès, &cun golfe appellé Tamyracus Jênus ; taïs Wnè païle point de ville , ni fur ce promontoire , m1 fu ce golfe. (D, J.) | TAMYRSA , ( Gtog. ane.) fleuve de la Phémicié, Strabon, y. XVI, p. 755. le met entre Béryte & |. Sidon, Le nom moderne eft Damor, felon quelques- uns. TAN , £. mm. ( Tannere & Jardinage. ) l'écorcé du chêne hachée ê&r moulue en poudre par les'roues d’uÿ, moulin àtan; on s’en fert à la préparation des cuirs. Voyez ECORCE & TANNERIE Le rar nouveau et le pluseftimé , éar lorfqu'il eft vieux & furanné, il perd une partie de fa qualité qui le rend propre à condenfer où à boucher les pores du cuir; de forte que plus on larffe les peaux dans le * tan, plus elles acaquierent de force & de fermeté. * Toute autre partie du chêne, de quelque Âge où grandeur qu'il puifle être, & tout taillis de chêne, {ont pour le moins aufli bons à faite du sa, que lé: Corcedecetathre. ! ù | Après que l’on a amañlé cette matiere, 1l faut la faire bien féchet au foleil, la ferrer dans un endroit fec, & la garder dans cet état jufqu’à ce qu’on l’em- ploie; & pour la réduire en poufliere , ion peut fcier ou fendre menu le plus oros bois, afin de pouvoir être diminué encore par un inftrument dont les tan= neuts fe fervent pour cet effet. Après quoi on le fait féchér de nouvéau dans un four, & enfin on le fait moudre au moulin à #47. Woyez MOULIN. Au dé: faut du bois de chêne , on peut fe fervir de celui d’épine, Ce san eftun engrais fort chaud propre aux ana= nas qui ne peuvent fupporter la vapeur du fumier de cheval. a TANA, (Géog. anc.) où TANAS, fleuve d’Afris que, dans la Mauritanie, entre Lares & Capfe. Sa= lufie en parle’, 27 J'ugurth,e, x, | TANAGER , (Géoganc.)fleuve d'Italie, dans là Lucanie aujourd’hui le Negro : Virgile, Géoro. LIL, y. 241. lui donne l’épithete de ces : Furit mugitibus the Concuffus , filveque, & ficci ripa T'anagre Mais ou les chofes ont changé depuis le tems de Vit: gile , ou ce poëte ne connoïfloit ce fleuveque dé nom ; reproche que l’on peut faire également à Poms ponius Sabinus, qui fait un torrent de Tanager. Cellus Cittadinus, écrivant à Ortelius ; nie abfoz lument que ce fleuve foitun torrent, qui n’a d’eau que dans le tems des pluies. Le Tanager, dit-il, préfentement le Mesro , eft un fleuve qui en reçoit d’autres dans fon lit; par exemple, celui que l’on appelle la osta di Picorno ,'ainfi nommé de l’ancien- ne ville Picernum, auprès de laquelle il prend fa fource, Le Tanager a la fienne dans le mont Albidine, maintenant 2/ monte Porriglione, & 1lfe jette dans le Silér, connu maintenant fous le nom de Séo. Peut-être Virgile a-t-1l appellé le Tarager ficeus, parce qu'il fe perd fous la serre, pendant un efpace de quatre & non pas de vingt milles ; comme le dit Pline, Zv, IT, chui, (D. J.) TANAGRA, (:Géog, anc;) 1°. ville de Grece ; dans la Béotie, au voifinage de Thebes ; Dicéarque Ja met au nombreldes villes fituées fur l'Euripe « Strabon néanmoins , 2. ZX, p, 400) 403, 6410, & Ptolomée , 2. IT, c. Xv.1la marquoient à quelque diftance de la mer, quoique fon territoire pût s’é« tendre jufqu’à la côte. Taragra Étoit à cent trente | ftades de la ville Oropus., à deux censide celle de Platée. Etienne le géographe appelle-cettesville Ge- phyra , & Strabon donne à fes habitans, le-nom.de Géphyréens, | METUTE | Tanagra de Béotie ,'eft-la patrie de Corinne ; fille d’Açhélodore & de. Procratie; elle étroit contempe= 1 40 4 TAN taine de Pindare, avec lequel elle étudia la Poéfie fous Myrtis, femme alors très-diftinguée par ce ta- lent. Corinne nacquit pas moins de gloire que fa maïitrefle , & fe mêloit quelquefois de donner à Pin- dare d’excellens avis, foit comme étant plus âgée, foit à titre de plus ancienne écoliere. Elle lui con- feilloit , par exemple, au rapport de Plutarque, de négliger moins le commerce des mufes, & de mettre en œuvre dans fes poëfies la fable qui en devoit faire le fonds principal , auquel les figures de l’élocution, les vers, & les rythmes, ne devoient fervir que daf- lafonnemens. Pindare, dans le deflein de profiter de cette leçon, fit une ode que nous n’avons plus, mais dont Plutarque & Lucien nous ont confervé les pre- miets vers : en voici la traduétion. « Chanterons-nous le fleuve Ifmene, ou la nym- » phe Mélie à la quenouille dorée, ou Cadmus, ou » la race facrée de ces hommes nés des dents qu'il » fema, ou la nymphe Thébé à la coëffure bleue , » ou la force d'Hercule à toute épreuve, ou la gloire » & les honneurs du réjouiffant Bacchus, ou les nô- » ces d'Harmonie aux blanches mains » à Pindare ayant fait voir cette ode à Corinne, celle- ©i lui dit en riant, qu’il falloit femer avec la main, &t non pas à plein fac, comme il avoit fait dans cette. piece, où 1l fembloit avoir pris à tâche de ramañler prefque toutes les fables. à Corinne dans la fuite entra en lice contre Pindare, & le vainquit, dit-on, jufqu’à cinq fois , quoiqu’elle lui ft fort inférieure. Mais deux circonftances, re: marque Paufanias, contribuerent à ce grand fuccès : Pune, que fes poéfies écrites en dialeéte éolien, fe faifoient entendre beaucoup plus facilement à fes au- diteurs, que celles de Pindare compofées en do- tien : l’autre , qu'étant une des plus belles femmes de fon tems, ainfi qu’on en pouvoit juger par fon portrait, les agrémens de fa perfonne avoient pù féduire les juges en fa faveur ; Pindare appella de ce jugement inique à Corinne elle-même, Le tombeau que les Tanagréens éleverent à la gloire de cette dame, fubfiftoit encore du tems de Paufanias , ainfi que fon portrait, où elle étoit re- préfentée la tête ceinte d’un ruban, pour marque des prix qu’elle avoit remportés fur Pindare à The bes. Il ne nous refte que quelques fragmens de fes poëfes, fur lefquels on peut confulter la bible grec. que de Fabricius. 2°. Tanagra eit encore dans Ptolomée, Z FL. c. y. une ville de la Perfide dans les terres. | 3°. Stace parle d’une Tazagra de l'Eubée. (D. J.) . TANAIDE ,( Mythol. ) furnom de Vénus: Clé- ment Alexandrin dit qu'Artaxercès roi de Perte, fils de Darius, fut le premier qui érigea à Babylone, à Sufe, & à Ecbatane, la ftatue de Vénus Tuzaide, & qui apprit par fon exemple aux Perfes, aux Badtres, & aux peuples de Damas & de Sardes, qu'il falloit lhonorer comme déeffe, Cette Vénus étoit particu- lierement vénérée chez les Arméniens, dans une contrée appellée Tazaitis, près du fleuve Cyrus, felon Dion Caflius , d'où la déeffe avoit pris fon fur- nom, & d’où fon culte a pu paffer chez les Perfes. C’étoit la divinité tutélaire des efclaves de l'un & de l’autre fexe ; les perfonnes mêmes de condition Hbre, confacroient leurs filles à cette déefle; & en vertu de cette confécration., les files étoient autori- fées par la loi à accorder leurs faveurs À un étranger avant leur mariage, fans qu'une conduite auf ex- traordinaire éloignât d’elles les prétendans. (D. J.) TANAIS , ( Géog. anc. ) fleuve que Ptolomée, 1, Pc.yx. Pline, Z. LIL, c. ij. & la plüpart des an- ciens géographes donnent pour la borne de l'Euro- pe & de l’Afie, Il étoit appellé Sy/us ou Sitis par les habitans du pays, felon Pline, Z FI. c. vi. & Eu- fathe , l'auteur du livre des fleuves & des monta- Tome XF, VAR qe 2 = TAN 8si gnes , dit, qü'avant d’avoir le nom de Tunais, :1 avoit celui d'Amazonis. Le nom moderne eft le Don ; les Italiens l'appellent Tara ; on lui à quel- quefois donné le nom de Danube, ce qui n’eft pas furprenant ; puifque ceux du pays donnent indiffé: remment le nom de Doz au Danube & au Tanais : Ciofanus dit que les habitans du pays appellent ce fleuve Amétine ; 6n doit s’en apporter à {on témoi- gnage. Ptolomée & Pline difent que le Tanaïs prend fa fource dans les monts Riphées ; il auroit mieux valu dire dans les forêts Riphées; car il n'y a point de montagnes vers la fource du Don, mais bien de vaites forêts. Le Don eft maintenant un fleuve dé la Ruffe , qui vient du Reffan, & tombe dans la mer Noire, au- deflous d'Afoph, dans la Turquie européane , après un cours de plus de trois cens lieues. La ville d’Afoph eft auffi nommée Tanaïs par Pto: lomée, /. JET. c, v. Etienne le géographe lui donne le titre d’extrepôr, Enfin, les peuples de la Sarmatie européane qui habitoient {ur le bord du Tanaïs, dans l'endroit où ce fleuve {e courbe, font nommés Tz= naïtæ par le même Prolomée, ( D: J. YA TANAPE , ( Géog. anc. ) ville de PEthiopie, fous l'Egypte; c’eft la même que Napate ; & c’étoit, {e- lon Dion Cafius, Z. LIF, la réfidence de la reine de. Candace. (2. J.) . TANARO ,:1E, ( Géog. mod. ) en latin Tanarus ; riviere d’italie ; elle prend fa fource dans PApennin, fur les confins du comté de Tende ; arrofe dans fon cours Les provinces de Foffano , de Chérafco , d’Al: bétano, fe groflit de diverfes rivieres , & va fe jetter dans le P6, près de Baffignana. ( D, J. ) TANATIS , ( Géog. anc. ) ville de la haute Mæ- fe, au voifinage du Danube, felon Prolomée ; 2. TIT, c. jx. qui la marque entre Viminatium lépio & Treta; Niger la nomme Teriana. ( D. JT.) TANAVAGEE , ( Géog. mod.) riviere d'Irlande, dans la province d'Ulfter ; elle fépare le comté d’An: trim de celui de Londonderri, & tombe enfuite dans l'Océan feptentrional. ( D. J.) TANBA, autrement TANSJU , ( Géog. mod, June des huit provinces de la contrée froide du nord , de empire du Japon; on la divife en fix diftridts, & on lui donne deux journées d’étendue ; elle eft paña- blement bonne, & produit beaucoup de ris, de pois, ê&t d’autres légumes. ( D, J TANCAZE , LE, (Géog. mod.) riviere dAbyffis nie. Elle prend fes fources dans les montagnes qui féparent les royaume d’Angofte & de Bagameder , {épare une partie du royaume de Teghin , & tombe dans le Nil. Les anciens la nommoient Aflabaras; (2.J.) , TANCHE , ff ( Hifi. nar. Tähiolog. ) tinca , poif- {on de riviere, qui eft ordinairement plus petit que la carpe ; on trouve cependant quelquefois des a»: ches très-grofles & qui pefent jufqu’à vingt livres. Ce poiflon eft court & épais ; il a en longueur trois fois fa largeur ; le bec eft court & moufle ; le dos a une couleur noirâtre , & les côtés font d’un verd jaunâ- tre, où de couleur d’or. La queue eft laîge ; les écailles font petites &très-adhérentes à la peau. Tout le corps de ce poiflon eft couvert , comme l’anguille , d’une efpece de mucilage ; qui le rend très-el1ffant ; & qui empêche qu’on puifle le retenir dans lesmains É fa chair à peu de goût ; il fe plaît dans les étangs & dans les rivieres marécageufes dont le cours ef lent. Rai, fyrop. meth, pifcium. Voyez POISSON. TANCHE DE MER, snca marina, On a donné le nom de fanche de mer à l’efpece de tourdla pluscom- mune; ce poifon reflemble, par fa figure , à la anche d'eau douce , mais fes écailles font plus grandes. [la neuf pouces de longueur ; il eft en partie d’un rouge- jaunâtre, & eñ partie brun ; ces couleurs font dif= ÿ dune Tttti 892 T AN pofées par bandes alternatives au nombre de cinq où fx, quis’étendent depuis la tête jufqu’à la queue. Le bec eft oblong & relevé en-deflus ; les levres font épaifles , charnues , & excedent les mâchoires ; Pou- verture de la bouche eft petite ; les dents des mè- choires reflemblent à celles d’une fcie. Les nageoires ont de bellés couleurs , telles que le rouge , le bleu & le jaune , difpofés par petits traits : la nageoire de la queue aune figure arrondie quand elle eft éten- due. Raï , fÿrop. meth. pifcium. Voyez POISSON. TANDÉLET , £ m. (Jardinage. ) terme de Fleu- rifte, quiexprime de petites couvertures légeres qui préfervent du hâle les belles fleurs plantées en pleine terre ; ces sandeders reviennent à nos banes de toile que lon tend fur les cerceaux de fer pratiqués au- deflus des belles plate-bandes de fleurs. TANDELINS, £ m.( Salines.) ce font deshottes de fapins qui font étalonnées fur la mefure de deux vaxels. Mais cet étalonnage n’eft pas juridique. I n’a lieu que pour l’intérieur de la faline. Voyez VAXELS. TANESIE , 1 £ ( Æift. nat. Botan. ) tanacerum ; genre de plante à fleur , compoiée de plufieurs fleu- ons profondément découpés, foutenus par un em- bryon, & renfermés dans un calice écailleux & pref- que hémifphérique ; l’embryon devient dans la fuite une femence qui n’a point d’aigrette. Ajoutez aux caraéteres de ce genre que les fleurs font épaiffes, & quelles naïffent par bouquets. Tournefort , 22/2 re herb. Voyez PLANTE. Tournefort compte trois efpeces de ce genre de plante , la commune , celle qui eft à feuilles frifées,, &c celle que nous nommons la mezthe-cog , l'herbe ai coq , le cog des jardins qui eft décrite ailleurs. La sanefie vulgaire, ranacerum vulgare, luieum, C. B. P. 132.1. À. H. 461. en anglois, ke common Jellow-flowerr’d garden-tanzy , a fa racine vivace, longue , divifée en plufieurs fibres qui ferpentent de côté & d'autre. Elle poufle des tiges à la hauteur de deux ou trois piés, rondes , rayées , un péu velues, moëlleufes. Ses feuilles font d’un verd -jaunâtre, grandes , longues , ailées , dentelées en leurs bords, d’une odeur forte 6 d’un goût amer. Ses fleurs naïf- fent au fommet des tiges par gros bouquets arrondis, rangés comme en ombelles, compofés chacun de plufieurs fleurons évaiés &c dentelés par le haut, d’une belle couleur jaune dorée, luifantes rarement blanches , foutenues par un calice écailleux. I {üc- cede aux fleuts des femences menues & ordinaire ment oblongues , qui noirciflent en müriflant. Cette plante croît par-tout, le long des chémins & des prés, dans les champs , aux bords des foffés , dans des lieux humides ; elle fleurit en Juillet & Août. { D.J.) TANESIE, ( Mat. med, ) tanofte ordinaire , où herbe aux vers ; on emploie en médecine les feuilles, les fleurs & les femences de cette plante. La canefie a une odeur forte , defagréable, qui porte à la tête, &c une faveur amere , aromatique, un peu âcre. Elle donne dans la diftillation de l’huile eflentielle, maïs en petite quantité. Ses veïtus les plus reconnues font les qualités vermifuges, utérines &c carminatives. L’infufôn des fleurs, feuillesou des fommutés , foit fleuries , foit en graines, eit un remede fort ordinaire dans les affeétions vermineufes & venteufes. On donne auffi les mêmes parties defléchées & réduites en poudre dans les mêmes cas, foit feules’, foit mêlées à d’au- trés remedes carminatifsé vermifuges. (/oyez CAR- MINATIFS 6 VERMIFUGES. ) La teinture tirée avec le vineft auffi d’ufage dans les mêmes maladies, 8 plus encore dans les fuppreffions des regles, L'infu- ion de sanefie convient encore très-bien pour faire » bols emmenagogues, prendre dans cette dérniere maladie, par-deflus des : Leluc, qui eft moins ufité que tous ces autres re< medes , eft.encore plus puiflant , &c doit être resardé comme un très-bon remede contre les maladies dont nous venons de parler. On peut le donner à la dofe de deux gros jufqu’à demi-once, foit feul, foit étendu. dans quatre onces d’eau diftillée de la même plante, Cette éau difillée poffede une partie des vertus de la ranvfie. Elle fournit un excipient approprié des ju= leps &c des mixtures vermifuges ; & des potions em- menagogues & hyftériques. | La sanefie eft encore mife au rang des meilleurs fébrifuges, des diaphorétiques-alexipharmaques , & des diurétiques appellés chauds. Cette dérniere vertu a été donnée même pour être portée dans la sanefie à un aflez haut degré , pour que l’ufage de cette feule plante ait guéri l’hydropifie en évacuant puifflamment par les urinés. La femence de ranefie eft employée quelquefois au-lieu de celle de la barbotine ou poudre à vers : mais elle eft bien moins efficace que cette derniere femence. Le On emploie auffi la sreffe extérieurement comme réfolutive , fortifiante, bonne contreles douleurs &: les enflures des membres , & même contre les dar+ tres ,lateigne , &c. | On la fait entrer dans les demi-bains & les fomen< tations fortifhiantes & difcuffives , dans les vins aro- matiques , 6. On croit qu'appliquée fur le ventre, elle chafle &x tue les vers, & qu’elle peut provoquer les regles. + On dit que fon odeur chafle les punaïfes & les puces. De >- Les feuilles de sanefre entrent dans l’eau vulné- taire ; les fleurs dans la poudre contre les vers de la pharmacopée de Paris ; les feuilles & les fleurs, dans lorviétan, 6, Cette plante a beaucoup d’analogie avec la grande : abfynthe. (2) TANETUS , ( Géog. anc. ) aujourd’hui Tanedo } bourgade d'Italie, que Polybe , Z£. IT. num. 40. donne aux Botens, Tite-Live, %y. X XX, ch. 19.1em- ble auffi la donner à ce peuple, en difant que C. Ser- vihus & C.'Lutatius avoient été pris au village de: Tanetus par les Boiens , qui ad vicum Tanetum 4 Bois capti fuerant. Pline met les Tarerani dans la huitieme région, qui eft la Cefpadane ; & Prolo-- mée, div. III, ch. 15. marque Tanetum dans la Gaule : appellée Togata. La table de Peutinger, & Pitinéraire d’Antonin, font auf mention de ce lieu. Il étoit {ur la route d’Areminum à Dertona , entre Reggio & Parme , à dix nulles de la premiere de ces villes, & : à neuf milles de la feconde. Ce fut dans ce lieu, fui- vant Paul Diacre , que Narcès défit Buccellinus, gé- néral des troupes de Theudebert , affifté da fecours des Goths qui avoient ravagé Milan, ( D.J. | TANEVOUL , f. m. (ff. nar. Bor. ) arbre de Vile deMadagafcar, dont les feuilles croiffent fans queue autour des branches, auxquelles on croiroit qu’elles font collées ; elles font longues & étroites. TANFANÆ-LUCUS | ( Géog. anc. ) bois facré dans la Germanie , au pays des Marfes, entre l’'Ems &c la Lippe, feloh Tacite, aznal. LT. c. I. avecun temple fameux , qui fut détruit par Germanicus. Il n’eft pas aïfé de décider quel lieu, ou quelle déeffe les Marfes adoroïent fous ce nom: ilfalloit pourtant que fon culte füt célebre , puifque contre Pufage du pays, où lui avoit confacré un temple. | | La plüpart des hiftoriens interpretent le nom de Tanfana, par ladéeffe Fellus, & ilferoit aflez naturel de dire que cette déefie T'anfana , étoit l’herthus des Suéves , ou la terre mere & produétrice de toutes chofes , que les Marfes pouyoient adorer à l’exem= pledesSuéves. | | On pourroit demander f les Marfes avoient effec4 tivement élevé un temple àla déeffe Tanfana, où & Facite ne donne point le nom de temple à quelque grotte, ou à quelqu’endroit retiré dans le bois facré; mais Tacite [ui-même décide en quelque maniere la queftion , lorfqu’il dit que Germanious rafa ou dé. truifit jufqu'aux fondemens, le temple de Tuzfana, (LEE NS TANG , f. m. ferme de Commerce ; c’eftune des ef: peces de mouffelines unies & fines , que les Anglois rapportent des Indes orientales : elle a feize aunes de longueur fur troïs quarts de lärgeur. Tang eftauff une mouffleline brodée à fleurs ; elle eft de même au- nage que l’unie. (D. J.) TANGA , f. f (Commerce, ) monnoïé d'argent, qui a cours chez les T'artares de la grande Bukharie, ë qui vaut environtrente fois argent de France. Elle eft frappée par le kan de ces provinces : d’un côté eft le nom du pays, l’autre marque l’année de l’hé- gire ou de l’ere des mahometans, TANGAGE, f. m. (Marine. ) c’eft le balancement du vaifleau dans le fens de fa longueur, Ce balance- ment peut provenir de deux caufes : des vagues qui agitent le vaifleau , & du vent fur les voiles, qui le fait incliner à chaque bouffée: Le premier dépend ab- folument de l'agitation de la mer, & n’eft pas fufcep- tible d'examen ; & le fecond eft caufé pa lPinclinai- {on du mât, & peut être foumis à des regles. Lorfque le vent agit fur les voiles, le mât incline, & cette inclinaifon eft d'autant plus grande que ce mât eft plus long , que l'effort du vent eft plus confi- dérable , que le vaifleau eft plus ou moins chargé, . & que cette charge eff différemment difribuée. La pouffée verticale de l'eau, s’oppofe à cettein- chnaïfon, ou du-moins la foutient d’autant plus que cette pouflée excéde le moment ou l'efortabfolu du mât fur lequel le vent agit : à la fn de chaque bouf- fée, où le vent fufpend fon ation, cette pouflée re- leve le vaifieau, & ce font ces inclinaïfons & ces relevemens fuccefifs qui produifent le sangage ; ce mouvement efttrès-incommode, & quand il eft con- fidérable , il eft très-nuifible au fillage du vaiffeau. I eft donc important de favoir comment on peut le mo- dérer lorfqu'l eft trop vif, où l’accélérer , fi éette accélération peut être utilé à ce même fillage. Ces deux queftions forment le fond de toute la théorie du sangage ; &t comme tout ceci s’applique aux ba- lancemens du vaifleau dans tous fens , la théorie. du roulis fera aufi comprife dans les folutions fuivantes. On a vû que le mât avoit deux réfiftances à vain- cre pour pouvoir incliner : premierement la pefan- teur du vaifleau & fa charge ; & en fecond lieu la pouflée verticale de l’eau. Voyez MATURE. Mais quand le vaiffeau a incliné, & que la bouffée a cef- 1é, cette pouflée n’a d’autre obftacle à vaincre que fon propre poids : or il eft évident que ce fouleve- ment dépend, 1°. de fa diffance à la verticale, qui pañle par le centre de gravité ; 2°. de fa fituationà l'égard de ce même centre. Dans le premier cas, plus cette diftance fera grande , plus grand fera l’ef- fort de l’eau pour fouleverle vaifleau , parce que la pouflée fera multipliée par cette diftance qui luifer- vira de bras de levier : ainf le rangage fera d’autant plus grand ,' que linclinaïfon du mât, & par confé- quent du vaifleau , fera confidérable, Confiderons maintenant la ftuation du centre de la pouffée verticale, à l'égard du centre de gravité du vaifleau ; & voyons ce que cette fituation peut produire fur le sangage: Si le centre de oravité du vaifleau , & la pouflée verticale de l’eau , COinCI- doient dans un même pont, iln’y auroit rien à chan- ger à ce que je viensde dire, & ce fecond cas re- viendroit au.premier ; mais fi le centre de pravité. eff fupérieur au centre de la pouflée verticale , ilteft évident que la moindre impulfion peut faire tanguer TAN 883 le vaïñean | puifque le centre de fa pefanteur {era au-deffus de {on point de fufpenfon, conforiiément aux lois de la méchanique ; la pouflée verticale de l’eau aura donc un grand avantage alors pouf le re= lever , & par conféquent le tangage fera alors extrés mement prompt, Le contraire aura lieu, file entre de gravité eft au-deflous du centre de la pouflée ver- ticale, parce que Le poids du vaiffeau qui refiflera à l'effort de l'eau, fera multiplié par fa diflance À cet te pouflée ; d’où il faut conclure : 1°. que les balan« cemens du vaifleau feront d’autant plus grands, que l'inclinaïifon du vaifleau fera plus confidérable : 2°, que la promptitude de ces balancemens augmentera en même proportion que l’accroiflement de Péléva tion du centre de gravité du vaifleau , au-deflus de la pouflée verticale: & 3°, que les balancemens {es ront d'autant plus lents, que le centre de la pouflée verticale fera élevé au-deflus du centre de gravité du vaifleau, | Tout ceci ef dit en général fans aucune confdé: ration pour la figure du vaifleau ; cette figure peut encore contribuer à ralentir ou à favorifer le Langage, fuivant qu’eile réfiftera à l’impulfon de Peau, lorsde linchinafon; & il eft certain que moins cette figure aura de convexité , plus elle réfiftera au tanpage, Ce feroït donc un avantage de donner peu de rondeur aux vaifleaux ; mais cet avantage eft balancé par d’autres pour le moins auf importans. : TANGAPATAN , ( Géog. mod. ) ville des Indes x au royaume de Travançor , fur la côte de Malabar ; à huit lieues du cap de Comorin, Long. 96,20, Larit, 8.19. (D.J.) TANGARA , L m.(Æif. nar. Ornitholog. ) nom d’un oïfeau du Brefil, dont on diftingue deux efpe= ces. La premiere eft de la grofleur d’un verrier ; a tête & fon col font d’un beau verd de mer luftré ; avec une fache noire fur le front , précifément à l'in fertion du bec; le deflus du doseft noir » & le baseft jaune; fon ventre ef d’un très-beau blen ; &t le pen- nape de fes aïles eft nuancé de bleu & de noir , ainft que fa large queue. 11 fe nourrit de graines, & ort en tient en cage à caufe de fa beauté ; maïs il n°a pour tout chant que la note Zip , zip. La feconde efpece de s4ngura eft de la groffeur du moineau domeftique; fa tête eft d’un rouge éclatant ët agréable ; fon dos , fon ventre , &t fes'aîles, font d’un noir de jais ; fes cuifles font couverts de plus mes blanches, avec une erofle tache rou ge fanouine : fes jambes font grifes ; fa queue eft courte, Marg- gravi, liff. Brafil, (D... ) TANGENTE ,{f (Géom.) tangente ducercle, cet une ligne droite qui touche un cercle » c’eft-à-dire qui le rencontre de maniere au’étant infiniment pro= longée de part & d'autre , elle ne le cOupera jamais, ou bien qu’elle n’entrera jamais au-dedans de: la Cif= conférence. Voyez CERCLE. ; | Aïnfi la ligne 4 D (Planch, Géomérr. fig: 50.) eft | Une sangente du cercle au point D, Il eft démontré en Géométrie, r°, que fl une ra7« gente À D & une fécante AB font tirées du même À point À, le quarré de la sangence fera égal au re@an, | gle de la fécante entiere 4 B, & de fa portion 4 C qui tombe hors du cercle. Voyez SÉGANTE. 2°, Que fi deux sangentes 4 D , 4 E font tirées ant | même cercle du même point À , ‘elles feront égales entre elles. | TANGENTE , en Trigonomérie.. Une fangente d'un arc 4 E eft une lignedroite Æ F( fo. 1. Trigonomés.) élevée perpendiculairement {ur l'extrémité du dia= , metre, & continuée jufqu'au point F où elle coupe la fécanté CF, c’eft-A-dire une ligne tirée du centre par Pautre extrémité 4 de l'arc ZE. Voyez Arc 6° ANGLE. Ainf la rangente de l'arc E 4 eft une partie d’une 834 TAN zangente d'un cercle, c’eft-à-dire d’une ligne droite qui touche un cercle fans le couper ,interceptée entre deux lignes droîtes tirées du centre C par Les extré- mités de l’arc Æ À. La ligne FE eft la sangenie de d'angle ACE ,comme auff de l’angle 4 C'J ; de forte que déux angles adjacens n’ont qu’une même zar- gente commune. Co-tangente où tangente du complément , C’eft la zax- gente d'un arc qui eft le complément d’un autre arc à un quart de cercle. Voyez COMPLÉMENT. Aïnfi la sangense de l’arc 4 {eroit la co-rangente de l'arc 4 E , ou la sangente du complément de l’arc A E. Trouver La longueur de la tangente d'un arc quelcon- que, le finus de l'arc étant donné, Suppofons l'arc 4E, le finus donné À D , & la rangente cherchée E F. Puifque le finus & la sengente font perpendiculaires au rayon E ©, ces lignes font paralleles entre elles : ainf le co-finus D C eft au finus 4 D comme le finus total eft à la sangente E F. Voyez SINUS. C’eft pourquoi ayant une table des finus, on con- ftruit facilement une table des rangentes. Les sangentes artificielles font les logarithmes des sangentes des arcs. Voyez LOGARITHME. La ligne des cangentes et une ligne que l’on met ordinairement fur le compas de proportion, Foyez-en la defcription & l’ufage à l’arsicle COMPAS DE PRo- PORTION. Tangente dune feétion conique , comme d’une parabole, c’eft une ligne droite qui ne touche ou qui ne rencontre la courbe qu’en un point , fans La cou- per ou fans entrer dedans. Voyez CONIQUE , Cour- BE, EC. En général , sangente d’une ligne courbe eft une ligne droite qui étant prolongée de part & d’autre du point oùelle rencontre cette courbe , eft telle que les deux parties à droite &r à gauche de cette ligne, tombent hors de la courbe , & qu'on ne puiffe me- ner par ce même point aucune ligne droite qui foit entre la courbe & la sangente, & dont les deux par- ties foient fituées hors de la courbe, : Méthode des sangentes. C’eft une méthode de dé- terminer la grandeur & la poftion de la sengente d’une courbe quelconque algébrique, en fuppofant que l’on ait l'équation qui exprime la nature de cette courbe. Cette méthode renferme un des plus grands ufages du calcul différentiel. Voyez DIFFÉRENTIEL. Comme elle eft d’un très-prand fecours en Géo- métrie, elle femble mériter que nous nous y arrê-, tions ici particulierement. Voyez SOUTANGENTE. Trouver la foutangente d’une courbe quelconque alge- brique, Soit la demi-ordonnée p » infiniment proche d’une autre ordonnée P M ( PI. anal. fis. 13.), Pp fera la différentielle de l’abfcife ; & abaïïlant la per- pee mR=Pp,Rm fera la différentielle de a demi-ordonnée. C’eft pourquoi tirant la sengente TM, l'arc infiniment petit Mmne différera pas d’une ligne droite. Ainfi M rm» R fera un triangle rectangle rettiligne appellé ordinairement le sriangle différentiel ou caraëtériftique de la courbe ; à caufe que les lignes courbes font diftinguées les unes des autres par le rapport variable des côtés de ce triangle. Or à caufe du parallélifme des lignes droites 7 R & T P l'angle MmR=MTP; anf le triangle MR eft femblable au triangle T M P. Soit donc AP=x,PM=y,onauraPp=mR=dx, & R M = d y. Par conféquent | RM:mR::PM.PT 7 dx CV PE CCE) EE Fe - Préfentement fi on fubftitue, dans l’expreflion générale 7 _ de la fous-rangente PT, la valeur de 4x prife de l’équation donnée d’une courbe quelcon- FAN que, les quantités différentielles s’évanotuiront, &e la valeur de la fous-sangente fera exprimée en quan- tités ordinaires ; d’où l’on déduit aifément la déter- mination de la sangente ; ce que nous allons éclaircir par quelques exemples. | | 1°. L’équation qui exprime la nature de la para- bole ordinaire eft ay d’où lon tire êt dx 253 Æ donc PT— 1 — HUE 20 RE Ge ‘ dy ady a a à-dire que la fous-rangense eft double de Pabfcife, 2°, L’équation du cercle eft AX=XKX=YY. adx=2ydy. Te | & dx = 2229 : ; ; s a 2% z ns | donc PT= LE = — 2ÿr _Lar-issz == dy Ta-2ixxdy TE se FAR — AK -—K & = 7 y 2 en 3°. L’équation d’une ellipfe eft ay =abx—bx | ne ainfi2cydy=abdx—2bxdx. 2 = dx Tr ydx __. zay? __zabx-2bxt PT= dy —_ab-2bx— Soitay +bx + = 1 eft é y +Hbx +cy x +e—o, qu eit lé quation pour un grand nombre de courbes algébri- ques , ab —2b% es may" ‘dy+nb "dx+sey 7 d x + HrcyT x dy=0o nbx dxtscy x dx=-may" ———— —rcÿ x dy —_——— AGE A ent nb lpscy x? PTS ere te 27 nhatl +scy x! Suppofons , par exemple y°— 4x =o; alors, em comparant avec la formule générale, on a LV = bxt—=—ux 2 om b=-anzi cy" x° —o e= 0 C—= 0, 1—9, S—=0 En fubftituant ces valeurs dans la formule générale de la fous-tangente , on a la fous-sengente de la para- bole du premier genre = 2 ÿ°: 4. Suppofant y5 — x5+4xy—= 0, alors on aura ayr=y;bxt=—3x ; a— 1,M—=3;b—=1:2—=3. cY XX = —AaXY jt —0O T=1 Or ES EU En fubflituant ces valeurs dans la formule générale de la fous-sangente, on a la fous-sengente de la courbe dont l'équation eft donnée, PT=(—33+ayx): (—3#-a7)=Gr—axy): (3% +ay); par conféquent AT =(3y—-axy):G x +ay)-x= =(3y—axy—3 x —axy):(3 +ay)= (3 ax y —2axy):3 x +ay; la valeur de y —x5, ceft- à-dire a x y :(3 x° + ay) étant fubftituée après Fa- voir prife de l’équation de la courbe. Quand lexpreflion de la fous-sangente eft négati- ve, c’eft une marque que cette fous-rangente tombe du côté oppofé à l’origine À des x, comme dans la fig. 13. Au contraire, quand la fous-sangente eft poñt- tive , elle tombe du côté de À, comme dans les fig. 12. 14. 1°. 1.6 14.79, 2. Quand la fous-rangenre eft infinie , alors la sangense !eft parallele à l'axe des x, comme dans les fig. 1%. 16,17 Mihode nverfe des zangenses. C’elt ‘une Méthode de trouver l'équation ou la conftrudtion de quelque œourbe par le moyen de [à sñvezte où de quelque autre ligne, dont la détermination dépend de la ravir. gente donnée. > Act Cette méthode eft une des plus grandes branches du calcul intégral, Foyez InréGrar. | Nous allons donner {on apphcation dans ce qui fuit. Les expreffions différentielles de la rangente, de Re lous-tangente, &te, ayant été expofées dans l'ar- ticle précédent ; f lon fait la valeur donnée égale à Pexpreffion différencielle, & ate Pon intepre l’équa- tion différencielle , ou qu’on la conftruife, f on ne peut pas Pintégrer , on aura la courbe ate l’on cher- Che: par exemple, 1°. Trouver la ligne courbé , dont la foustanpente 27.7 : 4. Puilque la fous sengente d’une ligne al- gébrique eit =y d'x:dy,ona Jdxdy=2yy:a (os + AY dx = 23 dy donc adx—2ydy done . . | HUE ainf ja courbe cherchée eft une parabole dont on a donné la conftruétion à l’arsicle PARABOLE. ‘2°. Trouver la courbe , dont la fous-rangente ef ‘une troifième proportionnelle à r 2 x & y: 2? Bt DOS" e on nous avons DV Vide c & TAxTxdxE=ydy 4 = MER NE | 2 done RL ETENE = rY “done LIX— XX? ainfi [à courbe cherchée eft un cercle, | 3°: Trouver une ligne où la fous-sangénte foit égale à la demt-ordonnée, Purfque ydxidy=y. DT an dx =4y er ; , BÊTE : a le ” il paoït donc que la ligne cherchce eft unie ligne droite. 4°. Pour trouver une courbe dont la fous-rargente foit conftante ; on aura _ = 4 ; donc Le Sr l'équation d'une Jogarithmique , qui fe conftruira par la quadrature de Phyperbole, Voyer HyPeRBOLE & LOGARITHMIQUE. | Ces exemples fuffifent dans un ouvrage tel que celui-ci, pour donner une idée de la méthode. La méthode des rangeñres eft expliquée avec beaü- coup de clarté, &c appliquée à beaucoup d'exemples dans la feconde & la neuvieme fe&tions de Panalyfe des infiniment petits par M. le marauis de VHôpital, Hoyez auf, {ur quelques difficultés de cette métho- de, les Mer. de l'acad. de 1716 € 1729. Ces dificul: tés ont lieu, lorfque le numérateur & le dénomina- teur de la fraétion qui expriment la fous-rangente deviennent l’un & l’autre égaux à zéro. C’eft ce qui arrive dans les points où il y a plufieurs branches qui s’entrecoupent:; alors il faut différentier deux fois Péquation de Ia courbe, & la fra@tion 4? fe trou: ve avoir autant de valeur qu'il y à de branches, On peut voir fur cela, outre les mémoires cités ,; un mé- .moire de M. Camus, dans le volume de l’académie 1747, Où cette matiere eft expolée & difcutée fort clairement. (0) | | TANGER ; (Géog. mod.) pat lesahciens Rotnains Tingis, &t parles Afficains Tara, ville d'Afrique au . Toyanme de Fez, C'étoit la capitale de la coloniero- _ maine dans la Maüritanie tangitane, êc c’eft de-là que - partirent depuis les Maüres qui foumirent l’'Éfpagne. Tant qu'elle leur appartint elle brilla par fa fplen. - Seur , par fes édifices , & par. fes environs ; décorés | qu'ils veulent enfemencer, TAN 88; Aro Lun + a € " st ( e CRE de jardins &c de imaïfôns de plaïfancé, à caufe des eaux qui Sy trouvent, Elle eff bâtie dans une bellè fituation, à so lieues de Fez, dû côté dr nord, fur la côte de l'Océan, près du détroit de Gibraltar! qu'on y traverfe en quelques heures. La mer s’élar: git en avancant vers l’eft, Son terrein n’eft pas fer: tile, mais fes vallons font arrofés par des fources ; Où l’on recueille en abondance des fruits de toute ef pece. % Les rois de Portugal firent des efôrts dans Îé quine äieme fiecle pour s'emparer de Tanger. Edouard roi de Portugal, y envoya fon fils don Ferdinand pour aflieger cette place en 1437, € ce fut fans fuccès. Le roi Alphonfe fut encore obligé d’en lever le fiege en 1463 ; mais ayant pris Arzile en 1471, les häbitans de Tanger effrayés de cet éVéñement, abandonrterent eux-mêmes leur ville, dont le duc de Bra gance fe init en pofleflion , l’on chanta des re Deñm de ce te con quête ;, non-feulement en Portugal, mais dans touté l'Andaloufie , la Cañille , & le foOyaume de Grei nade: dès En 1662, cette place fut donnée À Charles IT, to5 d'Angleterre, pour la dot de {à femme y linfañte de Portugal, Elle étoit alors défendue par deux citadel: les ; mais comme les frais qu'il en coutoit pour en: tretenir les ouvrages & la garnifon ; COnfommotent & au-delà ; les avantages qu’on pouvoit en retirer 4 les Añglois céderent la place démantelée en 1684 à aux rois de Maroc; qui en jouiffent aujourd’hui. Longs fuivant Ibn-Saïd , #, 31. ar, 35. 30: Long. fuivant Harrès , 15.54, 15, lar. 35,55. (D.7,) À TANGER, le, ( Géog. mod, ) petite riviere d'Al: lemaphe ; dans la vieille marche, Elle a fa fourcé près du village de Colbits, & fe jette dans l'Elbe à Tan: germund., petite ville à laquelle elle donne fn nom: TANGERMUND , ( Géop, mod. ) ville d’Allemaz gne, dans le cercle de la bafle:Saxe ; à l’'embouchuré du Tanger dans PElbe, à dix lieues au nord-ouef de Brandebourg , & à deux de Standel Long: 20. 43: lat, C2, 34. . TANGIBLE , VOYez article TACTILE: . : TANGO, (Géog. mod.) une des huit provinces dé la contrée froide du nord de Pempire du J apon ; elle a une journée & demie de largeur du fud au nord, & fe partage en:cinq diftri@s ; c’eft un pays pañable- ment bon, & la met le fournit abondamment de poifs {ons , d’écrevilfes, &r. (DJ) TT TANGUE DE MER, (AU, haï.) {orté de fablé marin. Ce fable que les riverains des côtes mariti: mes de la baffe Normandie ramaflent fur les terres bafles de la mer, pour la culture & l’engrais de leurs terres, Ou pour en former le fel au feu, eft une ef: pece de terre fablonneufe beaucoup plus legere qué les fables communs des fonds de la mer & du bord des côtes ; ces derniers font ordinairement blancs 4 rouflâtres ; jaunes, 8 d’autres nuances, fuivant la nd- ure de ces fonds ; ils font auf lourds ; denfes & pierreux ; la sangue awiconttaire eft très-lévere, &. approche plus dela qualité de la terre ; Céft auf par cette raïfon qw’elle fe charge plus aifément du fel dé Veau de la mer: . La marée rappoîte journielléemenit la tañgue le lonÿ des côtes des amirautés de Granville , Coutances ; Port-Bail & Carteret , Cherbourg & d’Ifigny ; les riverains voifins de ces côtes > & même les labous teurs éloignés de plufieuts lieues de la mer ; Viennent Ja chercher: Les uns répandent la srgvetelle qu'ils l’apportent du rivage; les autres en font des tas, qu'ils nomment tombes &t forieres ; qu'ils forment de cette tangiie ; & de bonnes terres qu'ils mêlent enfemble > $C quand, ce mélange a refté quelque:tems en mafñle ; Où il fe meurit , les laboureurs le répandent fui les terres 11 886 T AN Les laboureurs & les faulniers conndiffent quatre efpeces de rangue;ils nomment la premiere la sanoue degere ; elle eft de couleur de oris-blanc ou cendrée claire , & la vivacité du foleil en rend la fuperficie toute blanche ; il y a rangue ufée, que ces ouvriers rejettent après qu'ilsen ont deux ou trois fois tiré le fel. | La rangue légere eft celle que Pon ramafle fur la fu- perficie des marais falans, & fur les terres voifi- nes des embouchures des rivieres où la marée Papporte facilement à caufe de fa légereté ; cette ef- pece de fable eft fort impregnée de la qualité du fel marin , on le ramafle avec un rateau formé du chan- teau du fond d’un tonneau ; plus le foleileft vif, plus cette rangue a de qualité, parce qu’elle eft plus char- gée de fel; ceux qui la ramaffent n’en enlevent fou- vent que l’épaiffeur au-plus de deux lignes; c’eft cette efpace de fable que les faumiers recueillent pour la formation du {el au feu, & celle que prennent les la- boureurs éloignés du bord de la mer pour échauffer leurs terres ; cette rangue étant par fa légereté plus facile à tranfporter. On la trouve quelquefois à plu- fieurs lieues de la côte. Onramafle la rangue ordinairement enhiver ,tems où l’on n’eft point occupé à la culture de la terre, ni à leurs récoltes, & où les fauniers la népligent ; ils préférent pour ce travail les chaleurs de l'été, La deuxieme efpece de rangue fe nomme par les riverains rangue forre ; elle eft pouffée, de même que la premiere , par la marée , vers la côte oelle fe re- pole, & fouvent s’augmente de maniere qu'il s’y en trouve de l’épaifleur de 15 à 18 pouces; cette sangue fe pourrit en quelque maniere ; elle devient alors d’une couleur de noir d’ardoife, elle n’eft d’aucun ufage pour les fauneries,, elle ne fert qu'aux riverains bordiers voifins de la mer; elle eft trop lourde pour être emportée loin comime la sangue legere ; elle n’a pas auf tant de qualité, mais on y fupplée par la quantité qu’on en met fur les terres, les laboureurs la font ramafler en tout tems ; on la tire avec la bé- che, comme on fait la terre forte , & ceux quien ont befoin lenlevent avec des charroïs , ou fur des che- vaux. Latroifieme efpece de sangue eft celle qui provient des sangues \égeres qui ont déja fervi à lufage des fauniers, & dont ils font pendant les chaleurs de lété des amas ou meulons autour de.leurs fauneries ; & lorfauils en onttiré , autant qu'il leur eft pofible, le fel, ils la tranfportent durant les chaleurs fur le fond de leurs maraïs falans qu’ils läbourent ; ils y paflent enfuite la herfe, & uniflent cette terre fablonneufe avec un inftrument , qu’ils nomment Aaveau, ce qu’- älsfont peu de tems avant les pleines mers des gran- des marées qui couvrent alors leurs marais. Cette culture échauffe Le fol , & rend cette sngue plus propre à s’imbiber de nouveau du fel marin ; les fauniers ramaflent enfuite la sangue , l’ardeur du {o- leil la fait blanchir, & la rapportent autour de leurs fauneries pour en faire un nouvel ufage. La derniere efpece de sangue eft la rangue ufée ; c’eft celle que les fauniers avoient ramaffée fur le ter- rain de leurs falines qu'ils avoient cultivé & dont ils ont tiré une feconde fois le fel ; ces ouvriers après ce fecond ufage rebutent ordinairement cette sangue, comme moins propre àreprendre de nouveau la qua- lité du fel ; {es riverains la viennent enlever, comme on fait la sangue forte, & s’en fervent de même pour la culture de leurs terres ; 1l refte à cette derniere aflez de qualité pour Pufage des labours, & d’ailleurs elle eft beaucoup moins lourde que la zangue forte, &c fe peut'enlever plus loin. _Ilnefe fait aucun commerce de la rangue, parce que ce font ceux quien ont befoin qui la viennent eux-mêmes enlever pour la tranfporter fur les terres; T A N cette forte d'engrais eft libre comme le fable marin , & le varechs de flot que la marée rejette journelle- ment à la côte, & qui appartient aux premiers qui le ramañlent, foit qu'ils {oient du territoire où ces engrais fe prennent ou des paroïfles éloignées qui n’ont pas droit de faire la coupe & la recolte du va- rech vif, croiflant fur les côtes des paroïfles mariti- mes , aux habitans defquelles ces herbes appartien- nent exclufivement. Quelques feigneurs riverains prétendent cepen- dant avoir le droit exclufif de vendre cette sangue, poufiée par la mer le long des côtes de leurs terri- toires, ce quine peut fe foutenir fans titres de la qua- lité prefcrite par l’ordonnance, Quelquefois auffi les riverains pour s’exempter de la peine de ramafler la sangue , achetent celle que les fauniers ont recueillie pour avancer leur travail, & ne point perdre leur tems à ramäñler la srgue, dont ils ont befoin pour la culture de leurs terres. TANGUER, v. n. (Gramm.) c’eft balancer de poupe à proue. Voyez TANGAGE. TANGUEURS 07 GABARIERS, £ m. pl. (Mar:- ne.) ce font des porte-faix , qui fervent à charger &à décharger les grands bâtimens. TANGUT , (Géog. mod.) royaume d’Afie, dans la Tartarie chinoiie. Il eft borné au nord par les états du grand chan des Calmoucks , au midi par la pro- vince d’Ava, au levant par la Chine, 8 au couchant par les états du Mopol. On le divife en deux parties, dont la feptentrionale eft appellée Ze Tibes, & la mé- ridionale /e Tangut propre. C’eft le patrimoine du dalai-lama qui eft le fouverain pontife de tous les Tartares payens ; mais il ne fe mêle que du fpirituel: le contaïfch, grand chan des Calmoucks, gere le temporel. Le dalai-lama habite un couvent qui eft fur le fommet d’une haute montagne, dont le pié eft occupé par plufeurs centaines de prêtres de fa feête. Le royaume de Tangur s'étend depuis Le 94 jufqu’à 100 degré de longis. &t depuis le 30 deg. juf- qu'au 35 de leur. (D. J.) L: TANGUT, (Géog. mod.) ville du Turqueftan, que les Arabes appellent Targhikun: ; elle eft fort proche de la ville d’Illock, au-delà des fleuves Gihon &c Si- hon. Long. felon Abulfeda, 91. ar. féprent. 43. - TANHETANEHEÉ, f. m. (if. nat. Bor.) plante de Vile de Madagafcar ; elle eft tres-aftringente: on s’en fert pour arrêter le fang des plaies. TANI , fm. (Æif4. nas, Bor. exo.) efpece de pru- nier des Indes orientales, qui porte un fruit en for- me de poire, de la groffeur d’une bonne prune, dont la pulpe eft verte, fucculente , infipide & pleine de fuc. Cette prune eft couverte d’une peau unie, rou- ge & luifante ; elle contient un noyau oblong, dans lequel il y a une amande blanche, agréable au goût, & aflez femblable à celle de Paveline. (D. J.) TANt, serme de Commerce, Ceft la meilleure des deux efpeces de foie crue que les Européens tirent du Bengale ; l’autre s’apelle moz1a, qui n’eft propre- ment que le fleuret. TANJA ox TANJOU, f. m.(Æiff. mod.) c’eft le nom que les anciens turcs ou tartares donnoïent à leurs fouverains, avant que de fortir de la Tartarie our faire des conquêtes en Afie, TANJAOR, ROYAUME DE, (Géog. mod.) ou TANJAOUR, petit royaume des Indes fur la côte de Coromandel. Ii eft borné au nord par celui de Gingi, au midi par le Marava , au levant par le royau- me de Maduré, C’eft le meilleur pays de toute l’inde méridionale : le fleuve Cavert l’arrofe & le fertilife. Les principaux lieux de la côte font Tranquebar, qui appartient aux Danois, &t Négapatan aux Hol- landoiïs. Le chef-lieu dans les terres, eft Tanjaor ca- pitale, (D. J.) TANJAOR, (Géog. mod.) ou TANJOUR, PES Fe nue _Pinde méridionale, capitale du royaume de même nom , fur la côte de Coromañdel, au bord d’un bras du fleuve Caver: : c'eft la réfidence d’un roi du pays. Long. fuivant le P. Boucher jéfuite, 96. 33. avis, 11. 7e TANJEBS , f. m. terme de Commerce, on appelle ainfi certaines mouflelines , ou toiles de coton dou- bles, cependant un peu claires, qui viennent des Indes orientales, particulierement de Bengale. Les unes font brodées de fil de coton, & les autres unies ; les brodées ont feize aunes à [a piece, fur trois quarts de large; & les unies feize aunes de long , fur fept à huit de large. Ditfion. de Comm. D, JT. f AT [. {. (Gramm.) retraite des bêtes fau- vages. C’eft ou le fond d’un rocher, ou quelque ca- vité fouterraine , ou le toufiu d’une forêt. On dit la zaniere d’un renard, d’un ours, d’un lion. Il fe prend aufli quelquefois au figuré , & l’on appelle saniere, la demeure d’un homme vorace, folitaire & méchant. TANIS , ( Géogr.anc.) ville de la baffe Egypte, fituée près de la feconde embouchure, ou du fecond bras du Nil, qui en fut appellé bouche Tanitique , Taniticum oflium. La fameufe Tanis qui étoit, fuivant les itinéraires, à 44 milles de Pérufe vers l'occident, & fur un canal qui portoit fon nom, fubfifte encore aujourd'hui au- près de la même embouchure. Les Portulans qui la. placent 60 milles marins à l’orient de Damiette, la nomment la houche de Tennès ou Ténexe, Edrifñ fait mention dans fa géographie, de la ville &.du lac de Tinnis, qui a 30 mulles de longueur d'orient en oc- cident, & qui communique à un autre lac qui s’é- tend jufqw’auprès de Damiette. Le P. Sicard parle de ces deux lacs, & leur donne 66 milles pas de left à loueft. Ils commencent au château de Tiné, & s'étendent jufqu'à Damiette, étant joints en cet endroit au bras du Nil, par un canal de 1500 pas: Veau en eft jaunâtre, ils font très-poiflonneux, & contiennent plufeurs iles, entre lefquelles ef celle de Tanah, où il y a un ancien fiege épifcopal, qui a toujours fubffté fous les Mahométans: Elmacin en fait mention à l’année 939 de J,C. Les Arabes fon- derent, l’année même de la conquête de l'Egypte, une feconde ville de Tazis, dans une autre île de ce lac, où il y avoit quelques anciennes ruines. Cette nouvelle Tanis eft devenue dans la fuite aflez confi- dérable pour avoir une chronique particuliere, fous le titre de serickh Tinnis. La ville de Tanis eftune des plus anciennes de Egypte : car fans vouloir rien conclure de ce qu'il en étoit parlé dans l’hiftoire fabuleufe d’Ifis & d'Of- ris, tradition qui prouve cependant l'idée qu’on avoit de fon antiquité; je me contenterai d’obferver que dans le Zivre des Nombres, il eft dit en parlant de fa ville d'Hébron , déjà floriffante au tems d’Abra- ham, que fa fondation précédoit de fept ans celle de Tzoan: les feptante , qui ont fait leur traduétion en Egypte, rendent ce nom par celui de Taxis. Cette ville fubfifte donc depuis près de 4000 ans; &z elle eft encore fur le bord de la mer. Le lac dans lequel eft la ville de Taris, n’eft féparé de la mer _ que parune langue de fable de troïs milles de largeur. 11 faut conclure de-là que cette partie de la côte d'E- gyte n'a reçu aucun changement. Si cette côte sa- vançoit fans cefle dans la mer, comme on le fuppo- fe, ce progrès, quelque lent qu'il fût, auroit éloigné la mer de la ville de Taxis, pendant cette durée de 4000 ans; & cette ville fe trouveroit aujourd’hui à une aflez grande diftance en-decà de la mer. Mém. des Inférip. tome XVI. p. 369. (D.J.) Te TANISTRIE, 1. £ (Gram. 6 Juri/prud,) ou loi cariffrie, ainfi appellée dérariffri, terme anglois qui fignifie hérisier préfomptif , étoit une loi municipale Tome XF: L'RCRELOE 9 PEROU 7 TAN 587 d'Angleterre qui déferoit les biens du défunt à fon parent le plus âgé & le plus capable de gouverner les biens, fans avoir égard à la proximité du degrés C’étoit proprement la loi du plus fort: ce qui cau- foit fouvent de fanglantes guerres dans les familles, C’eft pourquoi cette loi fut abolie fous le repne de Jacques premier, roi d'Angleterre, & fixieme roi d’Ecoffe de ce nom. Woyez Larrey. (4) TANITICUM OSTIUM, (Géog. arc.) nom due Strabon ,Z. XVII. p. 802. donne à la fixieme em= bouchure du Nil, & qui, à ce quil dit, étoit ap- pellée par quelques-uns faiticum oflium. Hérodote , l, IT. c, xvy. dit que l’eau de cette embouchure ve- noit du canal, ou de la riviere Sébennytique ; mais _Prolomée, Z. IF. c, v. fait une autre difpoñition des bouches du Nil, & cette difpofition s’accorde avec ce que difent Diodore de Sicile, Strabon & Pline. Il ne fair pas venir l’eau de la bouche taririque, du canal febennitique, mais du canal bubaftique ou pélufaque. Le saniticum offium étoit la fixieme em- bouchure du Nil, eñ comptant fes embouchures d’occident en orient; mais elle étoit la feconde, en comptant d’orient en occident. (D. J.) . TANITICUS NOMUS, (Géog. anc.) ou T'ANT- TES , la Tanitide , ptéfeêture de la bafle Egypte, Le long de la branche du Nil , appellée saniticum offium, bouche tanitique. Sa métropole étoit Tamis. (2. J.) _ TANNAIM, fm, (Æiff. des Juifs.) nom ancien des favans Juifs qui enfeignerent dans les fynagogues jufqu’au tems dé la Mifna , la loi orale ou la doc- trine des traditions. Le mot Tarnaïm eft un dérivé de sarah qui figrifñie én chaldéen donné par tradi- tion ; & 1l revient au mot hébreu shzrak, d’où eft tiré celui de r7ifna , ce livre fi célebre parmi les Juifs, & qui n’eft compofé que de la: tradition de leurs docteurs. Voyez MiIsNA. (D.J.) TANNE, f. f. (Phyfiolog.) Les sannes {ont l’hu- meur fébacée de la fueur & de la tranfpiration rete- nue dans fes petits canaux excrétoires. La portion qui couvre le bout du nez, des aîles du nez & du menton, &c. eft chargée d’un grand nombre de follicules fébacées qui produifent une fecrétion d’uniquide huileux, léquel demeure ar- rêté dans les petits canaux excrétoires par une tranf- piration retenue, à caufe du défaut de chaleur qui la rend moins abondante dans cette partie. Cette humeur arrêtée s’épaiffit & fe durcit dans les folli- cules ; d’où on la fait fortir en forme de petits vers par Pexpreflion , & avec une épingle, | Les rannes ne font donc autre chofe qu’une hu- meur blanchätre, huileufe & terreufe de la fueur retenue dans les follicules fébacées du menton, du bout du nez, qui forme comme des mailles, tandis que la matiere qui leur fervoit de véhicule s’éva- pore par la chaleur & la tranfpiration. Cette matiere templit peu-à-peu ces follicules où mailles; alors il en regorge une partie par les petits trous excrétoi- res qui font fur la peau. | Corime cette matiere eft tenace & gluante, elle retient la crafle & la poudre qui vole fur le vifage; & quoiqu’on lefluie fouvent, non-feulement on n’emporte pas la crafle qui s’eft placée fur les extré- mités des sanres qui font dans les enfoncemens de ces trous; mais au Contraire le linge qui effuie le vifage, la ramafle &r la préfle dans ces creux, où elle refte & produit ces petits points noirs, qui paroif- fent dans les pores de prefque tous les nez, & qui forme le petit bout noir de la £arre quand on la fait fortir de fon trou, en la pinçant d’une certaine façon. | | Voilà ce qui perfuade les perfonnes peu inftruites, que les ranries font des vers qui s’engendrent dans la peau, 87 que ce petit point en eft la tête ,au-lieu que C’eft un petit peloton de l'humeur fébacée & VVvvY 883 TAN deffechée dans les réfeaux de la peau, dont {a petite extrémité qui regarde le jour, eff fale &c craffeufe pat la poudre qui fans cefle vole deflus, &c en ef retenue par la matiere gluante de la serre même. I doit paroître plus de sannes funle nez & fur le menton qu'aux autres endroits du vifage, à caufe de leur plus grand nombre de follicules fébacées. C’eft donc fans fondement qu’on a pris les ranmes | pour des vérs, mais je crois plus, c’eft que très- fouvent on s’eft trompé, quand on a cru, par des incifions, avoir tiré des vers du nez, des fourcils & des différentes parties du vifage. En effet, fans . vouloir nier qu’efe@ivement il fe trouve quelque- fois des vers dans le nez, dans les fourcils & dans d’autres parties extérieures du corps humain, 1l eff conftant qu’on fe fait très-fouvent illufion fur cet article, & que ce que l’on prend pour des vers, n’eft communément que du pus épaif. Lorfqu'un bouton a fuppüuré fans qu'on en aït fait fortir la ma- tiere, elle s’y fige, & devient de la confiftance d’une pâte. Le bouton refte ouvert, & le pus qui le rem- plit paroît fur cette ouverture comme une tache brune, parce que l’air en a féché & durci le deflus; c’eft cette tâche que l’on prend pour la tête d’un ver, il faut le faire fortir. On prefle Le bouton; le pus en fortant par l'ouverture du bouton, prend une forme cylindrique, c’eft le ver qui.fort, la tête la premiere, La prefion n’étant pas de tous côtés égale, ce pus ne fort pas par-tout en égale quan-. tité, cela fait qu'il fe recoquille en divers fens, & voilà le ver qui fort vivant, & qui fait des contor- fions. En faut-il davantage pour établir une opinion populaire? On n’auroit cependant qu’à toucher ce prétendu ver, pour fe convaincre qu'il m’étoit rien moins que ce qu'on le croyoit, & c’eft ce dont on ne s’avile pas. Mais les dames feront plus curieufes d’un bon re- mede contre les sannes, que de toute notre phyfio- logie, il faut bien les fatistaire. Le fiel de bœuf dé- gagé de fa partie terreufe & grafñle, de la maniere que M. Homberg l’enfeigne dans les Mém. de l'acad. des Sciences, année 1709. p. 360. fera ce remede qu'il convient d'employer de la maniere fuivante. . Prenez une drachme & demie de la liqueur rouge êc clariñiee du fiel de bœuf, après qu'elle aura été deux ou trois mois expofée au foleil en été, & autant d'huile de tartre par défaillance ; ajoutez-y une once d’eau de riviere ; mêlez-les bien enfemble, & tenez-les dans une phiole bien bouchée ; 1l ne faut pas faite beaucoup de ce mélange à-la-fois, parce qu'il ne fe conférve pas long-tems. Pour s’en fervir, l’on motulle un doigt dans ce mélange, on en tappe l’endroit où font les sannes, on le laifle fécher , & on -en remet; l’on fait cela fept à huit fois par jour, juf- qu'à ce que l’endroit étant fec, commence à deve- nit rouge, alors on cefle d’en mettre ; on fentira ine très-lécere cuiflon, ou plutôt une efpece de chatouillement , 87 la peau fe fera un peu farineufe | pendant un jour ou deux; la farine étant tombée, les sannes feront effacées pendant cinq ou fix mois de tems ; enftuite 1l faudra recommencer le même remede : fi après fa premiere application, c’eft-à- dire , la farine étant tombée, les cnnes n’étoient pas tout-à-fait effacées, 1l en faudroit appliquer deux. fois de fuite, Ce remede du fel de bœuf étant une efpece de leffive , elle entre peu-à-peu dans les pores, où elle détrempe & diflout entierement la sanze. Et comme dans cet état la sanne occupe beaucoup plus de place ! qu’elle ne fanfoit auparavant, la plus grande partie | de fa fubftance fort de fon creux, & S’en va en fa-! rine; il faut un tems aflez confidérable pour rem- | phr de nouveau ces creux. COURT.) 4 (Le chevalier DE Jau- | TANNES, f. f pi. (Men) petites marques qui. reftent fur les peaux des bêtes fauves, même ap- prêtées : ce font les marques des infectes qui les Ont piquées, (2. J.) TANNE, participe du verbe sazner. Voyez T'AN- NER. . TANNÉ, £. m. (serme de Tanneur.) c’eft du tan mêlé de chaux, tel qu’on le retire des foffes lorfqu'on les vuide, & qui a fervi à préparer les cuirs. Le sarné n'eft pas perdu, pour avoir fervi; on en fait des mottes à brüler. TANNÉ , eztermes de Blafon, fe dit d’une couleur brillante , faite de rouge &t de jaune mêlés enfemble, Les Graveurs l’expriment par des lignes diagonales , qui partent du cheffeneftre, comme le pourpre dont ils diftinguent cette couleur par un 7. Voyez Pour- PRE. Dans les cottes d’armes de tous ceux qui en Angle- terre font au-deflous du degré des nobles , cette cou- leur s'appelle sznné, dans celles des nobles hyacin- the, &t dans celles des princes, sére ou fang de dra= £orz. | TANNÉE couleur, ( Teinturerie. ) forte de couleur qui reflemble à celle du tan ou de la chataigne, & qui tire fur le roux obfcur. Une étoffe sz7n6e, un drap tanné font une étoffe, un drap de cette couleur, (D.J) 4 [= TANNÉE fleurs de la, ( Botan. ) les ouvriers em- ployés au tan ont donnéle nom de ffeurs de la tannée à plufeurs touffes d’une efpece de gazon de belle couleur jaune matte, difperlées en differens endroits {ur le haut des monceaux de tan qui ont fervi plu- fieurs mois à tanner & couvrir des cuirs de bœufs, qu'on range par lits l’un fur l’autre dans des foffes fai- tes à cet ulage; enfuite de quoi ce tan retiré des mêmes fofles eft mis en gros tas. Cetan, après avoir fervi, eftalors appellé parles Ouvriers de latannée, & cette matiere ne {ert plus qu’à faire des mottes, dont on fait que les pauvresfe {fervent , faute de bois, pendant l'hiver. : Les touffes en maniere de gazon dont on vient de parler, font donc la yésétation connue chez les Tan- neuts fous le nom de feurs de la tannie. Cette végé- tation fort de la fubftance de la 72m en une efpece d’écume, qui peu-à-peu s’épaifit en confiftance de pâte molle, de couleur jaune-citron, &idel’épaif- {eur de fix à huit lignes. À mefure que cette plante végete, fa furface de vient porreufe êc fponsieufe, bouillonnée,, remplie d'une infinité de petits trous de différent diametre, dont les interftices forment.une efpece de rézeau plus où moins régulier, & fouvent interrompu par des bouillons qui s’élevent un peu au-deflus-de la fuperficie de cette matiere ; quand elle eft à {on der- nier point d’accroifiement, elle a plus de rapport à la furface d’une éponge plate & fine, qu'à toute autre végétation. Sa couleur augmente toujours juf- qu'au jaune doré , & alors elle devient un peu plus folide en {e defféchant en l’air. | On n’apperçoït dans la matricede cette végctation aucunes fibres qu’on puifle foupçonner être ou faire les fonttions de racine pour la produétion decette végétation qui a d'abord. une légere odeur de.boïs pourri, laquelle augmente par la fuite. Sa faveur a quelque chofe du füptique. \ La zannée fur laquelle elle croît, eftalors de cou- leur brune, dure , foulée & plombée, quoique foit humide , & dans linftant de cette produétion, la tannée a une chaleurauffi confidérable depuis fa fur- face juiqu’à un-demi-pié de profondeur, que fi elle -avoit été récemment abréuvée d’eau tiede. - Pendant le premier jour de la naïfflance de la vé- _gÉtation , elle paroït fort agréable à la vue, légere, & comme fleurie, lorfque les portionside gazon qu’- élle forme, s'étendent cireulairement en facon de lobes, jufqu’à dix ou douze potices de diametre; mais fi par hazard elle fe trouve naître en un lieu ex- pofé au midi (ce qui lureft favorable pour fa pro- duétion, &c non-pour fa durée) , les rayons du foleil la réfolvent dès Le fecond jour enune liqueur bleue- jaunâtre , laquelle en peu de téms fe condenfe , & fe convertit entierement em une croute feche épaiïfle d'environ deux lignes. 1 | La végétation ayant ainf difpatu, on trouve quél- ques jours après fous cette croute, une couche, ou lit dé poufliere noire, très-fine, qui a affez de rap- port à la poufiere qu'on découvre dans le lycoper- don , &t qui ici pourroit être de la sannée difloutél, puis defféchée , & enfin convertie en une efpéce de térreau réduit en poudre impalpable, La fleur de la tannée paroîttous les ans vers le come mencement du mois de Juin , ou quelquefois plutôt, fuivant la chaleur du printems. Il eft doncaffez vrait- femblable que le tan qui a fervi à tannerles cuirs , eft la matrice de cette vévétation. En effet la chaux gu’on-émploie pour faire tomber'le poil des airs, les fels, les huiles & les foufres contenus dans les cuirs, joints à l’acide du tan, macérés enfemble dans des fofles pendant plufieurs mois, &c dont letana été parfaitement imbibé , contient des fubitances qui aidées de Pair , font toujours prêtes à produire la vé- gétation dont il s’agit. IL femble que ft Pon compare cette vésétation à l'éponge reconnue pour plante, & dans laquelle on n’apperçoit prefque ni racines , rm feuilles , ni fleurs, ni graines, On pourroit la ranger fous le genre des éponges , & la nommer, en attendant de plus amples découvertes , /pongia fugax , mollis, flive , in pul- vere coriurio nafcens. Mém. de l’acad. des Scieñces, année1727.( D. 1.) | FANNER , v. a@. ( Gram. Arts & Métiers. ) Ma- nicre de tanner les cuirs, Les peaux , telles que font celles de bœuf, de vache, de cheval , de mouton, bélier ou brebis, de fanglier, cochon ou truie , Ge. peuvent être sarnées, c’elt-à-dire qu’on peut les ren- dre propres à différens ufages, felon leur force êr les différentes manieres de les apprèter, par le moyen du tan dont on les couvre dans une foffe definée à cet effet, après qu’on en a fait préalablement tomber le poil, foit avec la chaux détrempée dans Peau , & .cela s’appelle plamer a la chaux, foit avec de la farine d'orge , & cela s'appelle plamer a l'orge, foit enfin par la feule aétion du feu & de la fumée, maniere que l’on pratique déja depuis long-tems à Saint Germain- en-Laie,êc que les tanneurs des autres endroits ieno- rent en partie, ceux de cette ville la reoardant com- me un fecret; ce dernier moyen ne pourroit cepen- dant paroître furprenant qu’à ceux qui ignorent Les effets les plus naturels & les plus à portée d’être re- marqués ; tout le monde fait qu'une peau même vi- vante perd beaucoup de fon poïl pendant Les cha- leurs de Pété, ce que nous appellons mxer ; à plus forte raïon le poil doit:1l quitter une peau morte, lorfqu’elle eft expofée à lation d’un feu & d’une fu- mée dont la chaleur peut égaler , 8: même furpaffe celle de l’été; cette derniere façon s'appelle plamier a la gigée ou a la gigie, terme que nous n'avons trou- vé employé nulle part , & dont nous ne connoïflons ni l'étymologie , mi les rapports, Nous allons expofer avec le plus d’ordre & de clarté qu'il nous fera poflible, ces trois façons de traiter les cuirs. Quelques perfonnes que nous avons eu occafion de voir, & qui nous ont afluré avoir voyagé en Perfe ,nous ont rapporté qu’on s’y fervoit dans quelques tanneries, de fel & de noix de galle pour dépouiller la peau de fon poil ; nous le croyons afïez volontiers, vi que les plus légers mordans peu- vent à la longue occafonner cette dépilation ; on s’y Tome XF, ; TAN 889 | fertaufi, fuivant leur rappoit, de là chaux: maisee qu nous caufe quelque furprife , c’eft que là féche- refle qui regne dans ce pays, acheve, à ce que difent ces perfonnes, Pouvrage, dans l’un & l’autre cas , les Perfans ignorant abfolument Pufage du tan. Peut-être que ces perfonnes douées d’une bonne mémoire fe ont plûs à nous débiter ce qu’elles-en avoient pulire dans le diétionnaire du Commerce, ‘dont nous au- rons occañon de relever quelques erreurs, & répa- rer des omiffions eflentielles fur cet afticle, Arricle T. Maniere de plamer & la chaux. Plamer un cuir la chaux, c’eft lui faire tomber le poilonbour- re, après lavoir fait pafler dans lé plain pour le difz poier à êtré ranne enfuite de la maniere que nous al- lons détailler, Lorfque les Bouchers ont dépouillé Les bœuts qu’- ils Ont tués , C’eft-à dire, lorfqu’ils ont levé les cuirs de deflus, on les fale avec le {él marin & l’alun ou avec le natron, qui eft une efpece de foudé blanche où falpêtre , ce qu'il faut abfolument faire, fi on veut les garderquelque tems ou les envoyer dtloin; car dans le cas oh le tanneur les apprêteroit auffitôt qu’ils auroient été abattus, il feroit inutile de les faler, cette opération n'étant néceflaire que pour en pré- venir la corruption. Lorfque les cturs auront été {a lés , & qu'ils feront parvenus entre les mains des Tanneurs, la premiere chofe qu'il faudra fire pour les apprèter, fera d'en ôter les cornes, les oreilles & la queue, & C’eit ce que les Tanneurs appellent lémoxchet ; on commencera aufñ par cette mème opé- | ration, quand même les cuirs n'auroient point été falés , après quoi on les jettera dans l’eau pour les déeorser du fang caillé, 87 en füre fortir Les autres impuretés qui pourrfoient y être jointess on ne peut déterminer le tems fixe que les peaux doivent y ref ter, moins dans une eau vive comine celle de fontai- ne, plus dans celle de riviere, & plus encore dans unereau croupie & dormante; ce'teins doit auf s’é- valuer félon la fraicheur despeaux, & du plus ou du moins de corps étrangers qui y font joihts, dot il faut qu’elles foient abfolument puroées; cependant un jour & demi doit ordinairement itffire ,& pour peu que louvrier foit intelligent, 1! augmente ou di- minue ce terme, fuivant lés circonftances, après quor on les retire ; on les pofe {ur le chevalet, & on y fait pafler {ur toutes leurs parties un couteau long a deux manches qui n’a point de tranchant, que Pon appelle cozteau de riviere, dont lation.eft de faire lortir l’eau qui entraîne avec elle le fang caillé en les preflant fur le chevalet ; quelques-uns n’en retirent les cornes, les oreilles &c la queue, qu'après avoir été ainfi nettoyées ; mais c’eft s'éloigner de Pordre naturel, Cette opération finie, on doit les replonger dans lariviere , & les y laver jufqu'à ce que l’eau dont elles s’imbibent , en forte nette & pure, enfuite on les met égoutter ; quoique le tanneur, pour s’é- pargner de la peine, puifie s'exempter de pafler le couteau de riviere a tems que nous venons d'indi- À quer, peu cependant y manquent; autrement les peaux nauroient point la netteté requife pour les Opérations fuivantes , & le diétionnaite du Com- merce n'auroit pas dû pañler cet article fous filence, vû que la bonté du cuir dépend en plus grande par- tie de la maniere dont il eft apprêté. Les peaux étant ainfi nettoyées & égotttées, on les met dans un plein, c'eft-à-dire dans une grande cuve de bois ou de pierre, maftiquée en terre, rem- phé d’eau jufqu’à la moitié ou environ, & de chaux tout-à-fait ufée, ce qui lui fait donner le rom de plain-vieux ou mort-plain ; c’eit donc dans un mort- plain que les peaux doivent premierement entrer, autrement on courroit rique de les brûler, ce qui fait que les différens plains par où les peaux doi- vent fucceflivement pañler , doivent aller de devrés VVyvvi 800 TAN en cegrés, jufqu'à ce qu’elles puiflent entrer fans danger dans le plain-vif. On doit Les laïffer dans ce mort-plain environ dix à douze jours, en obfervant cependant de les en retirer tous les deux Jours, quel- quefoismême tous les jours , fur-tout fi la chaux n’é- toit point tout-à-fait ufée ou que les chaleurs fuffent excefhives; on les met égoutter fur le bord du plain qu’on appelle la sraire, &c on les laïffe ainfi en retrai- te à-peu-près le même tems qu’elles ont féjourné dans le mort-glain, c’eft-à-dire un ou deux jours, Quoique nous ayons fixé le tems du féjour des peaux dans le mort-plain à dix ou douze Jours, nous nous garderons cependant bien de les faire pañler immé- diatement après dans le plain-vif, comme nous avons remarqué qu’on indiquoit dans le diétionnaire du Commerce, quoique l’auteur ne les faffe féjourner qu'une nuit dans Je mort-plain, ce qui doit encore les rendre beaucoup plus fufceptibles des impref- fions du plain-vif, ce que nous n’ofons faire même, après un féjour de dix à douze jours dans le mort- plain, féjour qui auroit pù accoutumer infenfible- ment les peaux à l’aétion de la chaux dans toute fa force ; cette marche & ces obfervations paroïtront peut-être de peu de conféquence à ceux qui igno- rent la vraie & unique maniere de sanrer , ou qui n’ont eu fur cet article que des connoïffances fort bornées & fort imparfaites par la difficulté d’en ac- querir de juftes ; mais nous fommes perfuadés qu’un bon ouvrier les mettra à leur juite valeur, & fentira que nous indiquons la maniere de traiter parfaite- ment les peaux, 8 non pas celle de gâter les cuirs. Si le poil quitte facilement les peaux en fortant du mort-plain, ce qu'il eft facile de connoïtre ; on les jette à l’eau pour Les nettoyer en plus grande partie de la chaux dont elles peuvent être couvertes; on les retire enfuite & on les pofe fur le chevalet pour les ébourer , ce qui fe fait avec le même couteau de riviere , dont nous avons parle ci-deffus. Lorfque la dépilation eft complette, on les lave exa@tement & on les met enfiute égoutter ; bien entendu cepen- dant, que fi le poil ne quittoit point facilement les peaux , il faudroit les faire pañer dans un plain dont la chaux ft moins ufée ; on doit alors les en retirer tous les jours pour les mettre en retraite égoutter, comme lorfqu’elles étoient dans le mort-plain, & les y laïfler jufqu’à ce qu’elles foient parvenues au point d’être facilement ébourées. Ce premier & léger ap- prêt donné, il faut les remettre dans un plain qui tienne le milieu entre le mort & le vif; elles y doi-. vent refter environ fix femaines, en obfervant de les en retirer au plus tard tous Les deux jours, & de les laïfler en retraite au moins le même tems; ce terme expiré, on doit les plonger dans un plain-vif & les y laifler environ cinq à fix jours & autant en retrai- te, & cela alternativement pendant un an & même dix-huit mois. Au refte, le tems du féjour dans les différens plains, fans en lever les peaux pour les met- tre en retraite, doit s’évaluer fuivant la faifon, c’eft- à-dire le plus ou moins de chaleur; car en hiver, & fur-tout lorfqu’il gele , elles peuvent refter fix femai- nes, même deux mois fans être mifes en retraite ; Vufage & l'attention font feuls capables de donner de la précifion & de la jufteffe à toutes ces différentes opérations, Le tems que les peaux font en retraite doit être pour la plus grande partie employé à re- muer le plain, afin que la chaux ne s’amañle point au fond, qu’elle foit bien délayée, & qu’elle puifle ainf agir également fur toutes les peaux & fur toutes les parties de chacune. Siles plans qui doivent être ou en partie, ou tout-à-fait vifs avoient notablement perdu de leur force, ilfaudroit y remettre une quan- tité fuffifante de chaux , eu égard à la quantité de peaux qui doivent y entrer & à l’ation qu'on en exi- ge, & c’eft ce qu’on appelle pancer un plain, ce qui fe fait aufh , lorfque. les peaux font en retraite. Les peaux ayant été parfaitement plamées 8 ayant {é- journé fufifamment dans les plains, il faut les por- ter à la riviere &c les y lavér ; on les pofe enfuite fur le chevalet pour les écharner , ce qui fe fait avec un couteau à-peu-près femblable à celui dont on fe fert pour ébourer, à exception que ce dermer doit être tranchant. Après quoi, on doit les gwioffer, c’eft-à- dire les frotter à force de bras fur le chevalet avec une efpece de pierre à éguifer, que l’on nomme quiof- Je où queux , pour achever d’ôter la chaux qui pour- roit être reftée du côte où étoit le poil, aw’on appel- le le côté de La fleur ; on ne doît faite ceïte derniere opération qu'un ou deux jours après que les peaux auront été lavées &z écharnées. Aufi-tôt que les peaux auront été ainfi quioffées ; on les met dans les fofles ; on les y étend avec foin, & on les poudre à mefure avec du tan, c’eft-à-dire avec de l'écorce de jeune chêne, concafiée & réduite en groffe poudre dans des moulins deftinés à cet ufage, & que l’on appelle pour cela moulins à tan. Il eft bon d’obferver ici, que plus le tan eft nouveau , plus il eft eftime , car il perd beaucoup de fa qualité à mefure qu’il vieil- hit; fa principale ation fur les cuirs étant d’en ref- ferrer les pores, il eft conftant qu'il doit être moins aftringent lorfqu’il eft furanné , & fi les Tanneurs avoient à cœur, de ne livrer des cuirs que parfaite: ment apprètés , ils fe ferviroient toujours du tan le plus nouveau, vü que la bonté du cuir ne confifte, que dans la denfité & le refferrement de fes parties ; d’où il eft facile de conclure, que plus les cuirs ref- tent dans le tan pourvû qu'il foit nouveau, &c plus ils acquierent de force & de confiftance pour refifter aux différens ufages auquels on peut les employer. On donne aux cuirs forts cinq poudres, & même fix, au lieu que trois ou au plus quatre doivent fuf- fire lorfqu’ils Le font moins , en obfervant de les im- biber d’eau à chaque poudre qu’on leur donnera , ce que les Tanneurs appellent donner de la nourriture ; pour nous, nous croyons effedivement que l’eau peut bien être aux cuirs une efpece de nourriture , en ce qu’elle diffout le tan , & qu’elle en doït par con- féquent rendre les parties aftringentes, beaucoup plus faciles à pénétrer ; mais 1l faut auffi pour agir fur la quantité de cuirs étendus dans la foffe, qu'il y ait une quantité fuffifante de tan , que nous regar- dons comme la principale & la vraie nourriture qui doit donner aux cuirs fa perfeéhion, La prenuere poudre doit durer environ deux mois. La feconde trois ou quatre, & les autres cinq ou fix plus ou moins , fuivant la force du cuir qui pourra s’évaluer par la grandeur &c l’épaifleur de la peau, par l’âge de l'animal , & par le travail ok il aura pu être aflujetti; de forte que pour qu’un cuir fort ait acquis le degré, de bontérequis pour être employé, il faut qu'il ait féjourné dans les foffes un an & demi, même deux ans , autrement on tanneroit par extrait, comme dans Le diétionnaire du Commerce, qui ne donne aux cuirs les plus forts, qui exigent au moins cinq poudres , que neuf mois & demi de féjour dans les fofles. Nous favons bien que peu de Tanneurs les laiflent le tems que nous aflurons être abfolument ne- ceffaire pour qu'ils foient parfaitement sannes ; mais c’étoit une rafon de plus pour l’auteur du diétion- naire , de relever l'erreur occafonnée, ou par lavi- dité du gain , ou par l’impuifflance de foutenir un métier qui demande de groffes avances ; quelques fpécieufes que peuvent être les raifons des Tanneurs pour déguiler , ou leur avarice , ou leur impuiflance, nous n’en ferons jamaisdupes. La preuve laplus claire & la plus facile à être apperçue par les yeux même les moins clairs-voyans , que les cuirs n’ont point féjourné aflez de tems , foit dans les plains, foit dans les fofles , ou dans les deux enfemble , & qu'ils , FAN “ont pas té fufifamment nourris dans les fofles ; c’eft | lorfqu'en les fendant | on apperçoit dans le milieu une raie blanchâtre, que l’on appelle la cornè ou 4e crudité du cuir ; C’eft ce défaut qui eft caufe que les’ femelles des fouliers ou des bottes s'étendent, tirent l'eau, & enfin fe pourrifient en trèspeu de tems. Les cuirs une fois fuffifamment sennés, on les tire de la foffe pour les faire fécher en les pendant en l'air; enfuite on les nétoie de leurtan, & onles met dans un liéu ni trop fé ni trop humide, on les étendaprès , on les empilé lés uns fur les autres, & On met deflus de groffes pierres ou des poids de fer añn de les redrefler ; c’eft en cet état que le Tanneur peut alors recueillir légitimement le fruit de fes tra- vaux, de fa patience , & de foninduftrie. Les cuirs anfi apprètés s'appellent ewirs plaqués , pour les dif- tinguer des autres différemment travaillés ; cette mamere de fanner, s'appelle snèr enfort, On peut £srner, êt on tanne effedlivement én fort des cuirs de vaches & de chevaux, &ils fe traitent de la même fnaniere que nous venons d’expofer ; mais il ne faut, eu égard à leur force qui eft moindre, ni qu’ils {é- journent auffi long-terñs dans les plains & dans les foffes , ni qu'ils foient auf nourris ; l’ufage indi- quera la quantité de tems & de nourriture qu’exi- geront les cuirs, fur-tout lorfque le Tanneur {aura en diftinguer exattement la force. Lorfqu’on deftine les cuirs de vaches ou de chevaux à faire les empeï. gnes &c les quartiers des fouliers, & des bottes, on doit les rougir , ce qui s'appelle les mettre en coudre ment, Ce qui fe fait de la maniere fuivante ; après qu'ils ont été plamés à la chaux de la façon que nous avons indiquée, ce qui exige beaucoup moins de tes, vu qu'ils nefont pas à beaucoup près fiforts que - les cuirs de bœufs. On les arrange dans une cuve de bois , appellée emprimerie, on y met enfuite de l'eau froide en aflez grande quantité pour pouvoir remuer les cuirs, enleur donnant un mouvement circulaire ; ët c’eft précifément dans ce tems qu’on verfe peu: ä-peu &c très-doucement le long des bords de la cuve : e l'eau un peu plus que tiede en affez grande quan- tité pour échauffer le tout, enfuite on jette par deffus plein une corbeille de tan en poudre; il fut bien fe donner de garde de ceflet de remuer les cuirs en tournant, autrement l’eau & le tan pourroient les brûler; cette opération s'appelle codrer Les cuirs, ou /es braffer pour faire lever le grain ; après que les cuirs ont été ainfi tournés dans la cuve pendant une heure ou deux plus ou moins, fuivant leur force & la chaleur du coudrement; on les met dans l’eau froide pendant un jour entier, on les remet enfuite dans la même cuve & dans la même eau qui a fervi à les rougir , dans laquelle ils reftent huit jours : ce tems expiré on les retire , on les met dans la fofle, & on leur donne feulement trois poudtes de tan dont la premiere dure cinq à fix femaines, la feconde deux mois , & la troifieme environ trois. Tout le refte fe pratique de même que pour les cuits forts. Ces cuirs ainfi apprêtés , fervent encore aux Selliers & aux Malliers. Les peaux de veaux reçoivent les mêmes apprêts que ceux des vaches & chevaux qu’on à mit en coudrement, cependant avec cette différence que les premiers doivent être rougis ou tournés daris la cuve plus de tems que les derniers. Quand les cuirs de chevaux, de vaches & de veaux ont été plamés, coudrés 8 sannés, & qu'on les à fait fé- cher au fortir de la fofle au tan ; on les appelle cuirs OU peaux en croute, pour les diftinguer des cuits pla- ques, quine fervent uniquement qu'à faire les femel- les des fouhiers &z des bottes. Les peaux de veaux en coudrement fervent aux mêmes oùvrages que les cuirs des vaches qui ont eu-le même apprêt ; mais elles fervent à couvrir les livres, à faire des four- reaux d'épée , des étuits & des gaînes à couteaux, TAN oi lorfqu'elles ont été outre celapañéesenatun.Les peaux, de mouton , béliers ou brebis en coudrement qu’on nomme fazannes ; fervent auili à couvrir deslivres, &e les Cordonniers les employentaux talons des fouliers & des bottés pour Les couvrir. Enfinles Tanneurs paf- fent encôre en coudrement & en alun, des peaux de fanghers , de cochons ou de truies ; ces peaux fervent à couvrir des fables, des inalles & des livres d'églife. Il eft à-propos d’obferver ici, que prefqué tous les artifans qui employent ces différentes eipe= ces de peaux , ne fe fervent de la plüpart qu'a près qu’elles ont encore été apprêtées par les Cour: TOyeurs ; nous traiterons cet article en {on tems à pañlons à la façons de plamer les peaux à l'orge. Article IT, Manicre de plamer Les Peaux | Après avoir Ôté les cornes, les oreilles & la queué aux peaux & les avoir layées & nettoyées commé nous l’avons indiqué pour les plamer à la chaux ; on les met dans des cuves, foit de bois ; loit de pierre j & au lieu de chaux, on fe fert de farine d'orge, & on les fait pañler fucceflivement dans quatre, fix & même huit cuves , fuivant la force des cuirs: ces cu ves s'appellent baffemens 8: équivalent aux plains ; il ft à remarquer ; que quoique les Tanneurs mayent pas effettivement le nombre de plains ou de baflemens que nous indiquons être néceflaires $ les peaux font cependant ceafées pañler par ce nom: bre de plains ou de baflemens, parce que la même cuve peut en remettant, ou de fa chaux, fi c’eft un plain , où de la farine d'orge, f c’eft un baffeme a L orgés nt, tenirlieu d'une , de deux , même detrois ; foit plans, foit baflemens ; de forte que pour ce qui regarde Les plains , la cuve qui aura fervi au mort-plain , peut {ervir aprèsde plain-vif, fon le pence pourcetefet, &t af des baflemens, Les peaux reftent dans ces différens baflemens, environ auinze jours dans cha: que, c cette progreflion fucceflive des peaux de baflement en baflement, peut durer quatre, cinq; Même fix mois , felon que le tanneur les a pouflées &t nourries , & {elon la force des cuirs qu'il ya pofés. Ordinairement les peaux fortant du premier bafz fement font en état d’être ébourrées ; Pouvrier at tentit peut feul décider de cet inftant , 6 le faifir. Lorfque les peaux ont fufifamment féjourné dans les bafflemens , on les lave , on les nettoie & on les écharne | comme nous l'avons indiqué en traitant la mamere de plamer à la chaux ; après quoi on les pofe: dans les fofles, & on les y traite de la même façon que ci-deflus, La feule différence qu’il pourroit y avoir, C’eft qu’elles ne féjournent pas à beaucoup près fi long-tems dans les baffemens , fur-tout s'ils font bien nourris, que dans les plains qu'il n’eft guere poflble de hâter, crainte.de brûler les cuits. Nous appellerons ces fortes de baflemens baffemens blancs, pour les diftinguer des baflemens rouges , dont nous allons parler en expliquant la maniere de plamer les peaux à la gigée. Article III. Mantere de plamer les cuirs à La gigée: Les peaux forties des mains du boucher, onles nettoie comme pour les plamer des deux facons que nous venons de traiter ; lorfqu’eiles font bien lavées & bien égouttées , on les met dans des étuves ; on les étend fur des perches les unes fur les autres ; Quand la chaleur les apénétrées, & quand elles font échauf: fées au point que le poil Les puifle Aicilement quitter, on le met fur le chevalet pour fes ébourrer : & s’il fe trouve des endroits où le poil réfifte, on fe fert du fable que l’on feme {ur la peau ; & en:la frottant avec le couteau de riviere, dont nous à vons parlé en traitant la maniete de plamer à la cha UX , On en- . leve le poil quiavoit d’abord réfifté À la feule ation du couteau, Les peaux ne reftent ordinairement que trois ou quatre jours dans ces étuyes ; au refte, le plus où moins de tems dépend abfolument du plus 892 T AN ou moins de chaleur ; lorfquie les peaux font bien ébourées , écharnées & lavées , on les fait pafñler dans huit à dix baffemens plus où moins, fuivant la force des cuurs, Ces fortes de bafñlemens, qu'on ap- pelle #aflemens rouges ,font compolés de jus d’écorce, à qui l’on donne tel degré de force que lon veut, € que l’on connoît au goût & à Podeur. Le tems ordi- naire que doivent relter les peaux dans chaque bafle- ment ,'eft de vingt à trente Jours. Lorfque les peaux ont féjourné un tems fufifant dans les différens baf- femens par où elles ont été obligées de pañler, qu’el- les font bien imbibées, & que le jus en a pénétré toutes les parties , on les met dans les foffes avec la poudre detan , avec les mêmes précautions que nous avons indiquées ci-deffus ; à l’exception cependant ' qu'on ne donne ordinairement que trois poudres aux: péaux qui ont été ainfi plamées , mais 1l faut obfer- ver de charger davañitage les peaux , .&e de fe fervir de tan moins pulvérifé, c’eft-à-dire que l'écorce ne foit que concaflée. Les peaux ne doivent ordinaire ment refter que trois ou quatre mois au plus fous chaque poudre; ce qui peut être évalué à un an pour le total : ainfi cette façon d’apprêter les cuirs, eft beaucoup plus courte que les autres , & ne doit pas les rendre inférieurs en bonté lorfqu'ils font traités avec foin. Lorfque les cuits {ortent de leur troifieme * & derniere fofle, on les met fécher, & le refte fe pratique comme ci-deflus. Les outils &'inftrumens en ufage chez les Tan- neurs font fimples 8 en petit nombre, ils confiftent en de grandes tenaiiles ; un couteau, nommé cou- teau de riviere , qui fert à ébourer ; un autre pour écharner qui differe peu du premier ; de,gros cifeaux, autrement nonvmés forces ; le chevalet, & la quuoffe ou quete. ( Les tenaïlles ontau-moins quatre piés de longueur, &z confiftent en deux branches de fer d’égale gran- deur , &attachées énfemble par une petite cheville de fer ou fommier qui les traverfe à environ fix à huit pouces loin de fon extrémité ; ce fommier eff rivé aux deux côtés, & contient les deux branches, de façon qu’elles ne peuvent fe disjoindre , mais elles y confervent la facilité de tourner comme fur un axe. Ces tenailles férvent à retirer les peaux des plains pour les mettre égoutter fur le bord; quel- quefois cependant on fe fert de crochets, fur-tout lorfque les plains font profonds ; ces crochets ne font autre chofe qu’une petite branche de fer recour- bée , & emmanchée au bout d’une perche plus ou moins longue. Le couteau eft une lame de fer, longue d'environ deux piés & demi, large de deux doigts, dont les deux bouts font enchâffés chacun dans un morceau de bois arrondi & qui fert de poignée , de forte que le tout reflemble affez à la plane dont fe fervent les Charrons, Ce couteau {e nomme couteau de riviere, & fert à ébourer ; on s’en fert d’un femblable pour écharner , avec cette différence néanmoins que le tranchant de ce dernier eft fin, au lieu qu’il eft fort gros dans le premier, &z au’1l ne coupe point. Les cifeaux ou forces fervent à couper les oreilles êc la queue aux peaux que lon difpofe à plamer ; &z c’eft ce qu’on appelle l’émoucher. Le chevalet eft une piece de bois creufe & ronde, longue de quatre à cinq piés, difpofée en talus, fur laquelle on étend les peaux , foit pour les ébourer, foit pour les écharner , foit enfin pour les quioffer. La quiofle ou queue eft une efpece de pierre à aiguifer , longue de huit à dix pouces, & aflez po- lie ; on la fait pañler fur la peau à force de bras du côté de la fleur qui eff l'endroit où étoit le poil, pour achever d'Ôter la chaux & les ordures qui pourroient être reftées ; & c’eft ce qu’on appelle gioflér Les cuirs. Le quioflage ne fe fait, comme nous l'avons obfervé, qu'après les avoir lavés & écharnés, Avec quelque attention que nous ayons traité cet article , il nous paroîtroit cependant imparfait fi nous ne donnions 1c1 le plan d’une tannerie avec toutes les commodités néceflairesà cette profefion. Pour conftruite donc une tannerie utile 8 com- mode, fur-tout lorfqu’on n’eft pas gêné par le ter- rein, on doit la difpofer en quarrélong,. comme, | par exemple, quarante piés fur cent vingt; d’un bout au milieu de fa largeur doit fe trouver la porte dont l'ouverture foit fufhfante pour le paflage des char- rois ; aux deux côtes de la porte, on fera élever un bâtiment qui fervira de logement au tanneur &c à fa faille. La hauteur du rez-de-chauffee feroit celle de la porte fur laquelle regneroit Le bâtiment ; après ce bâtiment doit être une grande cour, au nulieu de laquellé on confervera un chemin de la largeur au- moins de l’entrée , & qui réponde en droite ligne à la porte. Aux deux côtés de cette voie, on prati- duera des fofles à tan , que Pon peut multiplier fe- 16n la force du tanneur, &t le terrein dont il peut dif- pofer. Ces foffes à tan doivent porter environ cinq piés de profondeur &7 cinq piés de diametre, ce qui feroit par conféquent quinze piés cinq feptiemes de circonférence ; 1l faudroit obferver de ne point ap- procher trop près de la vote ces foffes à tan aux deux bouts de la cour , afin que les charroïs euflent la li- berté de tourner. A la fuite de la cour doit fe trouver un autre bâtiment , dont le rez-de-chaufite foit de toute la largeur du terrein. La porte de ce bâtiment doit être en face, de la porte de la maïfon & aufñ large ; c’eft dans cette piece que lon doit pratiquer les plains qu’on peut difpofer à droite 8 à gauche, &t multiplier épalement comme les fofles à tan, 8 dont les dimenfions font à-peu-près les mêmes ; en- fin il doit y avoir une porte fur le derriere qui ré- ponde à celle de l'entrée , afin d'aller à la riviere, car il eft'très-à-propos , pour ne pas dire indifpen- fable, qu’elle pañfe en travers à environ dix ä douze piés de diffance du mur du dernier bâtiment où font les plains. Le rez-de-chauflée de cet endroit doit ne point être fi élevé, afin que la chaleur fe conferve &t fe concentre. Au-deflus de ce rez-de-chauflée , on peut bâtir des magafns , on en peut auf pratiquer dans la cour un de chaque côté, & adofié contre l'endroit où font Les plains ; ce qui éviteroit la peine demonter les cuirs, de même que les tourbes ou mottes qu'on peut également mettre dans la cour fur des claies deftinées à cet ufage. Ces mottes fe font avec le tan qui fort des foffes , & font d’un grand fecours Phiver pour les pauvres qui n’ont pas les moyens de brüler du bois. Une tannerie ainfñ dif pofée pourroit paffer pour belle & commode ; mais comme fouvent on ne peut difpofer du terrein felon fes defirs, on eft alors obligé de fe conformer aux lieux , fe contentant de fe procurer par la façon de diftribuer, les commodités indifpenfablement nécef- faires. Voyez fur cet article les Pl, & leur explic. TANNERIE, L £, (Archis.) grand bâtiment près d’une riviere , avec cours & hangars, où l’on fa- conne le cuir pour tanner & durcir, comme les az neries du fauxbourg S: Marcel à Paris. (D. J.) TANNEUR, f. m. c’eft un marchand ou artifan qui travaille à la tannerie , & qui prépare les cuirs avec la chaux êcle tan. Les Tanneurs préparent les cuirs de plufieurs ma- nieres, {avoir en coudrement ou plaqués, commeles peaux de bœufs qui fervent à faire les femelles des fouliers & des bottes, Ils préparent les cuirs de vache en coudrement ; ces cuirs fervent aux cordonniers pour les empei- gnes des fouliers êc des bottes ; aux felliers pour les carofles &c les feiles | & aux bourreliers pour les harnois des chevaux, Îls prepatentles cuirs de veaux en courefnent où à l’alun ; les veaux en coudrement fervent aux mê- mes ufages que les vaches ; ceux qui font pañlés en alun fervent aux couvertures deslivres, ec. | Les peaux de mouton pañlées en coudrement où bafanne , fervent à couvrir des livres , à faire des cuirs dorés , Gc | Enfin les Tanneurs paflent aufñ en coudrement & en alun les peaux de fangliers, &c. qui fervent à cou- vrir des coffres. Les Tarneurs de Paris forment une communauté confidérable , dont les ftatuts accordés par Philippe- le-Belen 1345, contiennent 44 articles, Il n'y ena que 16 qui concernent les Tanneurs ; Les autres con- cernent lesCourroyeurs. | Les articles de ces ftatuts qui regardent en parti- culier les Tanreurs, font communs à tous les Tan- reurs dans l'étendue du royaume. Les Tanneurs de Paris ont quatre jurés dont la ju- rande dure deux ans, &c on en élit deux tous les ans. Ils ont outre cela deux jurés du marteau pour la mar- que des cuirs, | | ù Pour être reçu maître sanneurà Paris, il faut être fils de maitre ou apprenti de Paris. L’un & l’autre doi- vent faire preuve de leur capacité ; le premier par la feule expérience, & l’autre par un chef- d'œuvre. L’aprenriffage eft de cinq années au-moins, & les maîtres Tazneurs ne peuvent avoir qu'un apprenti à la fois , ou deux tout-au-plus. Chaque ranneur eft obligé de faire porter {es cuirs aux halles, pour y être vifités 8 marqués ; il ne leur eft pas permis d’en vendre fans cela. | S1 les cuirs fe trouvent mal apprêtés , ils font ren- dus au saxrenr pour les remettre en fofle, s’il y a du remede, finon on les brûle, & le sarneur ef con- damné en l’amende, qui confifte dans la perte de fes cuirs pour la premiere fois, & qui eft plus forte en cas derécidive. Enfin , il eft défendu par l’article 16. aux Tan- neurs , tant forains, que de la ville , de vendre leurs cuirs ailleurs que dans les halles 8 aux foires pubh- ques qui fe tiennent cinq fois l’année. TANOR , ROYAUME DE, ( Géog. mod. ) petit royaume des Indes méridionales , fur la côte de Ma- Îabar ; fon étendue n’eft que d'environ dix lieues, en quaïté, mais d’un terroir fertile, & dans un air tres-pur. Il eft borné au nord pat le royaume de Ca- cut , au midi & au lévant par les états du Samorin A ët au couchant par la mer. Son cheflieu emprunte fon nom, il eft à quinze milles au midi de Calicut..Lar. fuivant le pere Thomas, jéfuite, 12 4. (D.J. TANOR , ( Géog. mod.) ville des Indes, fur la côte de Malebar, capitale d’un petit royaume de même nom , à cinq lieues au midi de Calieut. Larre, TE, 450 TANOS, ( Æiff. nat.) nom donné par les anciens naturalftes à une pierre précieufe qui {e trouvoit en Perte, Pline dit que c’étoit une efpece d’émeraude ; mais elle étoit , dit:on, d’un verd defagréable , & remplie de falerés & de défauts. TANQUEUR , f. im. (Owvrier.) les tarqueurs font des portefais qui aident à charger & décharger les Vaifleaux fur les ports de mer, On les nomme auf gabarriers , du mot,.de pubarre, qui fignifie une a/Ze, ou bateau dans lequel on tran{porte les marchandifes du vaiffeau fur Les quais , ou des quais aux navires. Did. du Com. (D.J.) ét M | TAN-SI, € m.( if. mod. ) c’eft ainf que dans le royaume de Tonquin l’on nomme lés lettrés ou {a- vans du premier ordre, qui ont pañlé par des degrés inférieurs diftingués par différens noms. Le premier degré par lequel ceslettrés font obligés de pañler , eft celui des fn-de ; il faut pour y parvenir avoir étudié la rhétorique , afin de pouvoir exercer les fonétions FE AT @:- I AN 593 d'avocat , de procureur & dé notaire, Le candidat, après avoir acquis la Capacité requife ; fubit un exa- men,; à la fuite duquel on écrit fon nom fur un rez giitre ; & on le préfente au roi; qui lui permet dé prenûre le titre de f7-de. Le fecond degré s’appellé dow-cum ; pour y parvenir il faut avoir étudié pen: dant Cinq anses mathématiques , la poéfie & la mu fique ; l’aftrologie & l’aftronomie. Au bout de %e tems , on fubit un nouvel examen, à la fuite duquel On prend le titre de dowkam. Enfin le troifieme degré, qui eft celui des raz.ff , s’acquiert pat quatre années d'étude des lois, de la politique & des coutumes, Au bout de ce tes le candidat fubit un nouvel examen en préfence du roi, des grands du royaume & des lettrés du même ordre. Cet examen le fait la ri gueur ; &z fi le candidat s’en tire bien , il eff conduit à un échaffaud dreflé pour cet effet ; là il éft revêtu d'un habit de fatin que le roi lui donne , & fon nom eft écrit fur des tablettes fufpendues à l'entrée du palais royal. On lui afigne une penfon, & il fat partie d'un corps parmi lequel on choifit les mandas rins Ou gouverneurs , les miniltres & les principaux magiftrats du pays. da TANSIFT , ( Géog. mod. ) riviere d'Afrique , a royaume de Maroc.Elle tiré fa fource des montégnes du grand Atlas , & fe perd dans l'Océan ; aux envi rons de Saf. e- | TANTALE, {. m. ( Myrhol.\ ceroi deliydie, dé Phrygie, ou de Paphlagonie felon quelques-uns , et un des princes à qui l'antiquité a reproché les plus grands crimes ; & par cette raifon les poëtes l’ont condamné dans les enfers à être altéré de {oif au mis lieu d’une eau cryftalline , qui montoit juiqu’à fa bouche , & dévoré de faim parmi des fruits délis cieux qui defcendoient fur fa tête, T'ntale ; dit Ovi- de ; court après l’onde qui le fuit, & tâche vainez ment de cuerlhir le fruit d’un arbre qui s'éloigne, Les anciens cependänt ne font pas d'accord, ni fut la nature du châtiment de Tantale ; ni furcelle de fes forfaits, D'abord pour ce qui regarde fa punition , a traditiond'Homere & de Viroile differe de celle d’Eu= _ripide & de Pindare , qui repréfetent Tarcale ayant la tête au-deflous d’un rocher dont la chute le menace à tout moment. Cicéron , dans fa quatrieme Tufcua lane , parlant des tourmens que caufe la crainte, dir: « c’eft de ce fupplice que les. poëtes ont entendu » nous tracer limage, en nous peignant Tzzrale dans » les enfers avec uni rocher au-deflus de fa tête, tou- » Jours prêt à tomber pour le punir de fes crimes », _. Quels étoient donc les erimes de Taniale? Leg üns l’accufent d’avoir fait fervir aux dieux , dansun feftin , letmembres de fon fils Pélops qu’il avoit égor: gé, pour éprouver leur divinité; c’eft-à-dire, fui- vant lexphication d’un mythologue moderne ; d'a voir voulu faire aux dieux le barbare facrifice de fon fils. D’autres lui reprochent d’avoir révélé le fecret des dieux dont il étoit grand-prêtre ; ce qui fiomfe d'avoir découvert les myftéres de leur culte, Enfin Cicéron penfe que les forfaits de ce prince étoient la fureur & l’orgueil. Horace l'appelle auf fuperbe Juperbum Tantalum, I s'enorgueilloit follementde{es richeffes immenfes, qui donnerent lieu au proverbe s les talens de Tantale | & au fupplice qu'il éprouva dans, les enfers. (D.J) | TANTALE, fm, (Hydraul,) où propofe de conf: trure un sansale quidoit couchéfurie bord d’un vale, & jufqu'aux levres duquel l'eau s’approche , &c en: fuite S’écoule dès qu'elle y eft arrivée; [I ne faut pout cela que conftruiré un vale 4 F GB , fip. n°, 2. Hyd, dans lequel on placera' un fyphon renverfé CDE, telque fa plus longue branche Ç D forte hors dus vale ; &€ que orifice € de la plus petite branche foit fort proche du fond du vafe, fans pourtant y toucher, Si on verfe'de l’eau dansle vale 4 F G B cette eau 894 TAO montera en même tems par l'ouverture € dans le fy- phon jufqw’à ce qu’elle {oit arrivée en 2, après quoi elle s’écoulera par l'ouverture £ ; de forte que fi on place une figure fules bords du vale À F, cette figu- re fera une efpece de raztale. (0) “ TANTAMOU , £ m. ( Hifi. nar. Botan.) racine dune plante de l’île de Madagafcar , qui reflemble au nénuphar, & dont la fleur*eit violette. On fait cuire cette racine dans l’eau ou fous la braïfe. Elle eft re- cherché par la propriété qu’elle a d’exciter à l’aéte | vénérien. TANTE , L £.(Gram.@ Jurifprud. ) terme rela- tif par lequel on défigne la fœur du pere où de la mere de quelqu'un. La sente paternelle ou fœur du pere eft appellée en droit amita , la tante maternelle , ou fœur delamere, rmaterera. La grande tante ef la {œur de l'aieul ou aïeule de quelqu'un ; on Pappelle prande sante, parce qu'elle eft rame du pere ou de fa mere de celui dont il s’agit ; cette qualité eft rela- tive à celle de petit neveu ou petite mece. Îl y a grande-ranre paternelle & grande-ante maternelle. Dans la coutume de Paris , la sante comme l’on- cle fuccede à fes neveux & nieces avant les coufins- germains ; elle concourt comme l’oncle avec le ne- veu du défunt qui n’a point laïflé de ireres ni de fœurs. Paris, art. 338 € 339: (4) TANUS, (Géog. anc.) fleuve de l’Argie ; il avoit fa fource au mont Parnou , & fon embouchure dans le golfe Thyréatique , felon Paufantas , Zy. II. chap. xxxvi. Ortelius croit que c’eftle Taraës d’Euripide, qui dit qu'il fervoit de borne entre le territoire d’Ar- gie & celui de Sparte, TAOCE , (Géog. anc.) nom d'une ville & d’un promontoire de la Perfide , felon Ptolomée , y. F1. : ch. jy. qui place la ville dans les terres, &c Le pro- montoire entre lé fleuve Oroatis &c le Rhogomanus. TAON , f. m. (Æift. nar. Inféélolog. ) tabanus ; mouche à deux aîles. M. Linngus fait mention defix efpeces de saons ; cet infeéte incommode beaucoup en été les animaux , & principalement les chevaux, par les piquüres qu'il leur fait avec fon aiguullon ; 1l leur face le fang qui fort de ces plaies, & il s'en noufrit, Swammerdam a reconnu que cet infeéte a, indépendamment de cet aiguillon , une trompe avec laquelle il pompe le fuc des fleurs, qui lui fert de nourriture quand il n’eft pas à portée d’avoir du fang des animaux. Co/küion acad. 10m, W,. de la partie étrangere. Voyez INSECTE. has TAON, ( Science microfc. ) le raon dépofe fes œufs far l'eau ; ils produifent une efpece de petits vers , dont l’extrémité de la queue eft cerclée de poils mo- biles , qui étant étendus fur la furface de pet les mettent en état d'y flotter. Lorfqu'il veut defcendre vers le fond , ces poils s’approchent les uns des au- tres , & forment une figure ovale , dans laquelle 1ls enferment une petite bulle d’air; par le moyen de cette bulle, le ver eft capable de remonter ; fi cette bulle s'échappe, comme il arrive quelquefois, le ver exprime d’abord de fon propre corps une autre bulle . femblable , pour fuppléer à la premiere, Sa gueule a trois divifions, d’où fortent trois petits corps pointus, qui font dans un mouÿement conti- nuel, comme les langues des ferpens. Ces vers fe rencontrent fouvent dans l’eau que l’on prend à la furface des foflés. Le mouvement de leurs inteftins eft aflez facile à diftinguer. Il faut lire fur le z407 Swammerdam , hif£. des infeût, ( D. J. ) __ Taon MARIN. Rondelet a donné ce nom à unin- feéte que l’on trouve fur le corps de divers poiflons, tels que le thon, l’empereur , les dauphins, 6e. Cet infeéte fuce Le fang de ces poifloñs comme la fang- fue , & les tourmente beaucoup pendant le tems de la canicule. Rondelet , AE des infeût, 6 zoophites, ch. . Voyez INSECTE. | | T A P TAOS L ( Géog. anc. ) Teus ; nom moderne de Téos , viile de l’Afie mineure, dans la partie méri dionale de la péninfule Myonefus, au fud du cap Ca- lonborurt , anciennement Aroeznum. Elle avoit un port, & étoit à foixante & onze mille pas de Chio & à-peu près à la même diftance d'Erythrée. Poyet Téos.(D. 7.) | T408 LAPIS , ( Hif. ar.) nom donné par lesan- ciens Naturaliftes à une agathe de différentes cou- leurs, & qui reffembloït aux plumes de la queue d’un paon. TAP , f im.( Marine.) on appelle caps de pierriers fix pieces de bois de deux piés de longueur, fur Ge PR AUPE LraY 2 5 : . pouces d’équarriflage , que lon fixe fur Fapoftil pour loutemir les pierriers. TAPABOR , £ m. ( Marine. ) forte de bonnet à Pangloïfe qu’on porte fur mer, & dont les bords fe rabattent fur les épaules. TAPACAOU,f£m.(Hiff.mod. terme de relation. valet au fervice des Talapoins de Siam, Chaque talapoin a pour le fervir un ou deux sapacaous. Ces domeftiques font féculiers , quoiqu’ils foient habillés comme leurs maîtres , excepté que leur habiteft blanc , & que ce- lui des Falapoins eft jaune. Ils reçoivent l’argentque l’on donne pourles Talapoins. Ils ont foin des jardins êt des terres du couvent , & font tout ce que les Ta- fapoins ne peuvent faire felon la Loi. ( D. J. TAPACRI , ( Géog. mod. ) province de l’Améri- que méridionale, au Pérou , dans le diocèfe de la Plata. Elle a vingt lieues de long , fur douze de lar- ge, & fon terroir nourrit grand nombre de brebis. (D.J.) TAPACURES , LES , ( Géog. mod. ) peuples de PAmériqué méridionale , au Pérou , au levant de l'audience de los Charcos ; ils ont donné le nom aux montagnes qu’ils habitent. Leurs mœurs ne different point de celles des Moxes, dont ils tirent leur Oripi- one. ( D.J.) TAPAYAXIN, f. m. (Æf. nat. Zoologie. ) nom d’une éfpece bien remarquable de lézatd du Mexi- que , appellée par Hernandés Zacereus orbicularis. I] eft aufli large que long, ayant quelquefois quatre pouces en longueur comme en largeur. Il eff cartila- gineux, nué des plus belles couleurs, froid au tou- cher , &r fi pareffeux qu'il fe remue à peine de fa pla- ce, même quand on l’y excite. Sa tête eft élevée, dure , $c munie d’une couronne de piquans pour fa défenfe. C'eft néanmoins un animal très-innocent , très-apprivoifé , qui ne bouge , & qui paroït content d’être touché 8 manie ; mais ce qui eft fort extraor- dinaire , c’eft que , fi on le blefle à la tête ou aux yeux , 1l darde quelques gouttes de fang de l’une ou * de autre de fes parties bleffées. Hernandez, Z. IX, ch. xuy. ( D.J. ) TAPAYSE , 07 TAPAYOSOS, ( Géog. mod, ) pro- vince de l'Amérique méridionale, au pays des Ama- zones ; elle eft arrofée de la grande riviere de fon nom. On vante la fertilité de fon terrein, qui eft peuplé de plufeurs habitations, dont la nation eft vaillante & redoutée de fes voifins, parce qu’elle fe fert de fleches empoifonnées. ( D. J. TAPAYSE, LA , ( Géog. mod, ) grande riviere de l'Amérique méridionale , au pays des Amazones. Son origine n’eft pas encore connue. Oneft perfuadé , à voir fa grandeur, que fa fource eftentre la côte du Bréfil & Le lac Xaraye. Son embouchure eft fur larive méridionale du fleuve des Amazones , entre les bou- ches des rivieres Madere & Paranayba. ( D. J.) .« TAPE, L f. ( Marine, ) la tape eff un bouchon dont l’on ferme l'ouverture ou la bouche du canon des vaifleaux , afin que quand la mer eft sroffe , l’eau ne puiffe pas entrer dans lame du canon, ce qui gâte- roit la poudre. Aubin. ( D.J.) TAPE , enverme de Brafferie, eft la même chofeque Û bonde ; bonde; la zape fert à boucher les trous qui font dans les fonds des cuves ou des bacs. TAPE, en serme de Raffineur., eft un bouchon de linge, phé de maniere qu'il ferme parfaitement le trou dela forme, fans qu’on foit obligé de l’enfoncer trop avant ; car dans ce cas , lendommageroit la tête du pain, TAPÉ, fucre, verme de fucrerie } on appelle duyzcre tapé, du fucre que les affronteurs vendent aux îles Antilles, pour du fucreroyal, quoique ce ne foit véritablement que du fucre terré, c’eft-à-dire, de la caflonade blanche, préparée d’une certaine manie- re. Voyez Sucre. (D. J.) .TAPECON, RASPEÇON, RESPONSADOUX, RAT, {, m. ( Æiff. rar, TIchthiolog.) unarofcopus j poffon de. mer quirefte fur les rivages; 1l a un pié de longueur: onluia auf donné le nom de corcemplateur du ciel, parce que fes yeux font placés fur la face fupérieure de la tête, de façon qu'il femble regarder le ciel: Pouverture de fa bouche eft fort grande: ila la tête grofle: les couverteres des ouïes ont à l’extrémité, des pointes dirigées enarriere: le dos aune couleur noire, &leventre eft blanc : 1ly a fur les côtés du corps deux traits formés par des écailles, ils s’éten. dent depuis la tête jufqu’à la queue: le refte ducorps eft couvert d’une peau dure fans écailles. Ce poit- fon a auprès de l'ouverture des ouies, deux nageoï- res longues & fortes, de diverfes couleurs : deux na- geoires plus petites & blanches, près de lamachoire inférieure , une au-deflous de l’anus, & deux fur le . dos : la premiere des nageoires du dos, eft petite, noire, 6 placée près de la tête ; l’autre s'étend juf- qu'à la queue, qui eft terminée par une nageoirefort large : il ya après chaque nageoïre de la machoire in- férieure , un os garni de trois aiguillons, La chair de ce poiflon eft blanche, dure, & de mauvaife odeur. Rondelet, #iff. nat. des poiflons , premiere par: ie, Liv, X, ch. x. Voyez POISSON. TAPÉEN , £ m. (Marine. ) c’eft une voile dont on fe fert fur les vaifleaux marchands, lorfqu’ils vont ventarriere, pour empêcher que la marée & les cou- rans n’emportent le vaifleau , & ne le faflent déri- ver : on la met à une vergue fufpendue vers le cou- ronnement , enforte qu’elle couvre le derriere de la pouppe , & qu’elle déborde tant à ftribord qu’à bas- bord, de deux braflées à chaque côté : on en fait auf ufage fur les petits yachts & fur les buches, pour continuer de filler pendant le calme , ou pour mieux venir au vent. Celui de ces derniers bâtimens eft quarré. TAPECUL , terme de Charpentier | c’eft la partie chargée d’une bafcule qui fert à lever ou à baiffer plus facilement un pont levis, & qui eft prefque en équilibre avec lui. Jouffe. (D.J.) TAPÉINOSE , Zfez TAPAINOSE , 1. m. ( Rhéror. ) c’eft-à-dire diminution ; c’eft la figure oppofée à l’Ayperbole , ou fi l’on aime mieux , c’eft l’hyper- bole de diminution. Un poëte comique grec a dit aflez plaifamment , pour faire rire le peuple : « Cet » homme poflédoit une terre à la campagne, qui ». n'étoit pas plus grande qu’une épitre de lacédé- # monien ». (D.J. TAPER, v. a@. ( Gram.) c’eft frapper de la main à petits coups. Voyez les arsicles fuivans. TAPER , cerme de Coëffeufe , c’eft peigner les che- veux courts contre l’ordre ordinaire , en faifant aller le peigne de la pointe à la racine: cela les enfle, & les fait paroitre plus épais. ( D. J. TAPER, v. a. cerme de Doreur :; on met le blanc en tapant, quand c’eft pour dorer des ouvrages de fculpture , c’eft-à-dire, qu’on le couche en frappant plufeurs coups du bout du pinceau , afin de mieux faire entrer la couleur dans les creux des ornemens, (D: PE) ab. + ak Tome XP, TAP 895 TAPER ne forme , rerme de fucrerie » ©’elt boucher le trou qui eft à la pointe d’une forme de fucre , aveg. du linge ou de l’étofe, pour empêcher qu’elle re fe purge, c'elt-a-dire ; que le fitop n’en forte, jufqu’à ce qu’elle foit en état d’être percée avec le poinçons Savary. ( D.J. U | TAPERA , 1 £ (Hifi. nat. Ornirho, ) hirondelle du Bréfil, nommée par Les Portugais qui l’habitent , audorintra. Elle a la taille, la figure, 8& le vol de nos hirondelles ; fa tête, fon col ; fon dos, fesaîles , SE fa queue, font d’un brun grifâtre ; fa gorge & fa poitrine font d’un gris-blanc, ( D.J. ) TAPETI, £ m.(Æiff nat, Zoologie.) efpece de lapin communaux Indes occidentales, & nommé par quelques naturaliftes | cuniculus americanus. I eft de la taille de nos lapins, dont il a les oreilles ainfi que le poil ; qui eft un peu rougeâtre fur le front , avec une efpecede collier blanc autour du col | quelques fois fur la gorge, ou fur le ventre ; fes yeux font noirs ; fa mouftache eft femblable à celle de nos la pins, maïs il na point de queue, ( D.J.) TAPHIUSIENNE Pierre , ( fl nas, ) lapis sas phiufius ; Pline donne ce nom à une pierre qui étoit une efpece d’étite , ou depierre d’aigle, qu’on trou= voit près de Léucadie, dans un endroit appellé Tas= phiufus. | TAPHNIS , ( Géog. faër. ) ville d'Egypte. Jéré{ mie en parle fouvent, ch. x. v. 16, ch. lil. V7 8,9, Ge. &t on prétend qu'il y fut enterré. Les fas vans croient que laphais , ou Taphne, eft la même ville que Daphnz Pelufiæ, à feize milles au fud de Pélufe , fuivant l'itinéraire d'Antonin. ( D. J.) TAPHRON , ou TAPHROS , (Géog. anc.) ville de l’Arabie heureufe, Ammien Marcellin, Z XXIIL, c. vj. la met au nombre des plus belles villes du pays; mais les manufcrits varient par rapport à l’ortogra phe de ce nom. Il y en a plufieurs qui lifent Taphra, au-lieu de Taphron. (D. 1.) TAPHRURA , où TAPHRA, ( Géog. anc.) {e- lon Pline &Pomponius Méla; ville de Afrique pro= pre, fur le golfe de Numidie. L’anonyme de Ra- venne, / LI. ce. xv. la nomme Taparura | de même que latable de Peutinger. ( D. J. | TAPIE, Tapra, 1. f ( Aiff. nar, Bor.) genre de plante à fleur polypétale, anomale , & compofée de quatre pétales dirigés en“haut ; le piftil fort du milieu du calice, il eft attaché à un long pédicule , &t ildevient dans la fuite un fruit rond charnu , dans lequel on trouve plufieurs femences qui ont prefque la forme d’un rein. Plumier, z0v, plant. amer, gen, Voyez PLANTE. TAPIJERETE , fm, ( if, nat. Zoologie.) nora d’un animal qu’on trouve dans quelques endroits de l'Amérique , & que les Portugais appellent are. Il eft de lataille d’un petit veau, & à-peu-près de la f- gure d’un cochon ; fa tête eft plus grofle que celle du cochon, &c finit en pointe vers le fommet ; ila une efpece de bourfe pendante à l'ouverture du groin ; qui eft attachée à un fort mufcle au moyen duquel il la refferre à fa volonté ; chacune de fes mâchoires eft garnie de dix dents incifives, avec une efpace vuide entre ces dents & les molaires, qui font sgrofles, & au nombre de cinq de chaque côté; de forte que cette bête a vingt dents incifives , & vingt dents molaires ; fes yeux, femblables à ceux du cochon, font fort petits ; {es oreilles font arrondies & mobi: les ; fes jambes font grofles & baffes comme celles de nos cochons; Les cornes de es piés font divifées en quatre parties ; 11 n’a point de queue ; fa peau eft dure & coriace, couverte d’un poil court, brun A Fr * 3 à ë fr > mélangé de tachures blanches. Il vit dans l’épaifeur des bois, dort le jour, & ne pait que la nuit, ou de grand matin ; 1l recherche fur-tout les tiges de canne de fucre ; il fe rafraichit quelquefois dans X Xxxx | 896 TAP l'eau , &c nage à merveille; fa chair eft d’un fort mau- vais goût, mais les naturels du pays s’en accommo- dent. (D. J.) | TAPIROUSSOU, L m. (Æiff. naï.) gtand animal quadrupede du Bréfil. Il eft de la grandeur d’unbœuf, mais il n’a point de cornes, fon cou eft plus court ; fes ‘oreilles font longues &c pendantes, fes piés ne font point fendus, 8c femblables à ceux d’un âne; fa queue eft courte, fes dents font aiguës &c tranchan- tes; fon poil eft aflez long & d’une couleur rougeä- tre. Les Sauvages le tuent à coups de fleches, on le prennent dans des piéges. Sa peau fert à leur faire des boucliers ; lorfqu’elle a éte féchée,, elle eft à l'é- preuve de la fleche. La chair de cet animal, foit fraiche , foit boucannée, eft très-bonne , & reffem- ble à celle du bœuf. TAPIS, £ m. ( Comm.) efpece de couverture tra- vaillée à l'aiguille fur le métier, pour mettre fur une table , fur une armoire, où même fur le car-, reau. Les sapis de Perfe & de Turquie font les plus eftimés, fur-tout les premiers. Les sapis qui n’ont que du poilou de la pluche fur un côté feulement, étoient nommés par les anciens saperes ; êt ceux qui: en avoient des deux côtés, amphitapetes. Les sapis qui viennent en France des pays étran- gers (car il ne s’agit pas ici de ceux de fes manufaétu- rés), font des sapis dePerfe & de Turquie, ceux-ci ou velus ou ras, c’eft-à-dire ou à poil ccurt, ou à long poil. Les uns & les autres fe tirent ordinaire- ment de Smyrne; il yen a de trois fortes. Les uns qu’on appelle mofquers, fe vendent à la piece fui- vant leur grandeur & leur finefle, & font les plus beaux &c les plus finsde tous. Les autres fe nomment tapis de pié, parce qu'on les achete awpié quarre. Ce font les plus grands de ceux qui s’apportent du Levant. Les moindres sapis qu'on reçoit de ce pays, fe nomment cadene, (D. J.) m* Tapis. Manufaëlure royale de tapis façon de Tur- quie , établie a la Savonnerie au fauxbourg de Chaïllot, près Paris. Les métiers pour fabriquer les sapis façon de Turquie, font montés comme ceux qui fervent à faire les tapiferies de haute-hiffe aux Gobelins, c’eft- à-dire, que la chaine eft pofée verticalement; favoir, le rouleau ouenfuple des fils en-haut, & celui de l’é- toffe fabriquée en-bas. La façon de travailler eft totalement différente de celle de faire la tapiflerie. Dans le travail des za- pis , louvrier voit devant lui Fendroit de fon ouvra- ge , au lieu que dans la tapiflerie, il ne voit que l’en- Vers. | L'ourdiffage des chaines eft différent aufli; dans celles qui font deftinées pour les sapis, lourdifieur ou l’ourdifleufe doit avoir foin de ranger les fils de façon que chaque portée de dix fils ait le dixieme d’une couleur différente des neuf autres qui tous doi- vent être d’une même couleur, afin de former dans lalongueur une efpece de dixaine. Le deflein du sapis doit être peint fur un papier telique celui qui fert aux deffeins de fabrique , mais beaucoup moins ferré, puifqu'l doit être de la lar- geur de louvrage que l’on doit fabriquer. Chaque carreau du papier doit avoir 9 lignes verticales, & une dixieme pour faire la diflinétion du quarré qui réponde au dixieme fil de la chaîne ourdie. Outre ces lignes verticales, le papier eft encore compofé de dix lignes horifontales chaque carreau, qu coupent les dix lignes verticales , & fervent à conduire l’ouvrier dans le travail de fon ouvrage. Les lignes horifontales ne font point diftinouées fur la chaine comme les verticales, mais l’ouvfier fupplée à ce manquement par une petite baguette de fer, qu'il pofe vis-à-vis la ligne horifontale du def- fein lorfqu'il veut fabriquer l'ouvrage. Le deflein eft coupé par bandes dans fa longueur, pour que l’ouvrier ait moins d’embatras ; & chaque bande contenant plus où moïns de carreaux eft pofée: dérriere la chaîne vis-à-vis l’ouvrier, | Lorfque l'ouvrier veut travailler:, il pofe fa ba= guette de fer, vis-à-vis la ligne horifontale du def- fein ; & pafñlant fon fufeau fur léquel eft la laine où {oie de la couleur indiquée par le deffein, il embrafle la baguette de fer & le fil de la chaîne un par un juf- qu’à la dixieme corde , après quoi il s'arrête ; & pre=. nant un fill le pañe au-travers de la même dixaine, de façon qu'il y en ait un pris & un laïffé, après quoi il en pafle un fecond'oùil laffe ceux qu'ila pris, & prend ceux qu’il a laïflés, ce qui forme une efpece de: gros-de-tours:ou taffetas, qui forme le corps de l’é- toffe, enfuite ayec un petit peigne de fer il ferre les deux fils croifés qu'ilapañté,de facon qw’ils retiennent le fil de couleur, qui forme la figure du pis ferré, de façon qu'il peut les couper fans craindre qu'ils fortent de la place oùils ont été pofés. La virgule de fer fur laquelle les fils de couleur {ont pañlés.eft un peu plus longue que la largeur de: la dixaine : elle.eft courb£e du côté droit., afñn que Pouvrier puifle la tirer, & du côté oppofé elle a un. tranchant un peu large, ce qui fait que quand l’ou- vrier la tire , elle coupe tous les fils dont elle étoit enveloppée ; que fi par hazard ilfe trouve quelques L fils plus longs les uns que les autres après que la vir-: gule eff tirée, pour lors l’ouvrier avec des cifeaux a: foin d’égalifer toutes lesparties. 2 En continuant le travail, 1l faut que l’ouvrieripañle: dix fois la baguette dans le carreau, pour que fon ou: vrage foit parfait; quelquefois iln’en pafñle que huit, fi la chaine eft trop {ferrée , parce que la chaîne doit: être ourdie & ferrée proportionnellementaux lignes verticales du deffein. Quoique toutes Les couleurs différentes foient paflées dans toute la largéurdel’ou- vrage; néanmoins il eft indifpenfable d’arrêter & de couper dixaine par dixaine , attendu.que fi avec une baguette plus longue , on vouloit aller plus avant ou en prendre deux , la quantité de fils ou foie de couleur dont elle fe trouveroit enveloppée, empè-- cheroit de la tirer , & c’eft la raifon qui fait que cha- que dixaine on coupe, ce qui n'empêche pas néan- moins, que fi la même. couleur eft continuée dans la dixaine fuivante , on ne continue avec la même laine ou foie dont le fil n’eft point coupé au fu- feau. | Les jets de fils que l’ouvrier pañle pour arrêter la laine ou foie qui forment la figure de l'ouvrage, doi-. vent être pañlés & encroifés dans tous les travers où il fe trouve de la laine-ou foie arrêtée | il n’en faut pas moins de deux pafñlées ou jettées bien croifées, ët bien ferrées , parce qu’elles forment ce qu’on ap- pelle srame dans les velours cifelés, & compofent,,. avec la croïfée de la chaine, ce que nous appellons ordinairement /e corps de l’éroffe. Tapis de lis, (Lirtérar.) les sapis de pourpre fer- voient pour les lits des tables chez les Grecs & les Romains. Théocrite, {dy/le 115 , en parlant des lits préparés pour Vénus dans la fête d’Adonis, n’oublie point les zapis de la poutpre faits à Milet &c à Samos. Horat. far. vj. fait aufli mention de ces sapis ou cou- vertures de pourpre étendues fur des lits d'ivoire. In locuplete domo veftigia , rubro ub: croco Tinéla Juper leëlos canderet vefiis eburnos. Ce n’étoit pas feulement le prix de la matiere , mais. uffi Pexcellence de ouvrage, & entrautresdes re- préfentations de figures sigantefques , ou de fables héroiques , qui anciennement rehaufloient déja la beauté de ces fortes de sapis ; témoin celle du lit nup- tial de Théris, dont parle Catulle, & qu'il appelle, pour le dire en paffant du nom général de Vefis, comme fait Horace à fon exemple dans le pañlage , e T AP ue je viens de rapporter. Voici celui de Catulle. Hze Weflis prifeis hominum variata figuris Herour: miré viriutes indicat arte. (SLR TAPiS , (Jardinage.) font de grandes pieces de ga- zon pleines & fans découpures qui fe trouvent dans: les cours & avant-cours des maifons , dans les bof- quets , les boulingrins ; les parterres à l’angloife, & ” dans le milieu des vrandes allées & avenues dont le ratiflage demanderoit trop de foins. TAPIS, rafèr le tapis , en terme de manege ; c’eft ga- loper près de terre, comme font les chevaux anglois qui n’ont pas le galop élevée. Lorfqu'un cheval ne leve pas afiez Le devant, qu’il a les allures froides, & les mouvemens trop près de terre, il rafe le rapis. Voyez ALLURE , GALOP. TAPIS DE BILLARD, ({ Paumier.) c'eft une srande piece de drap verd, qu’on bande avec force , ët qu'on attache avec des clous fur la table du billard, C’eft fur ce sapis qu'on fait rouler les billes, en les pouflant avec une mafie ou une queue. : TAPIS VERD, (Gram. Juri/prud.) on entend par ce terme une certaine aflemblée de fermiers généraux du ro, où 1ls tiennent confeil entr’eux fur certaines affaxescontentieufes. (4) TAPISSENDIS , f. £. pl. serme de Commerce ; forte de toiles de coton peintes , dont la couleur pañle des deux côtés. On en fait des sapis & des courtes-poin- tes, (D. J.) TAPISSER , v.a@. ( Tapiffier.) c’eft tendre une tapifierte & en couvrir les murailles d’un apparte- ment ou quelqu’autre endroit. C’eft ordinairement l'emploi des maîtres tapifliers &c de leurs garçons. Voyez TAPISSIER. TAPISSERIE , ff. (Tapiffier.) piece d’étofe ou d'ouvrage dont on fe fert pour parer une chambre, ou tel autre appartement d’une maïfon. On peut faure cet ameublement de toutes fortes d’étoffes, comme de velours, de damas , de bro- cards, de brocatelle , de fatin de Bruges, de cale- mande , de cadis, 6c. mais quoique toutes ces étof fes taillées & montées fe nomment spifferies , on ne doit proprement appeller ainf que les hautes & baf- les Lies , les Bergames , les cuirs dorés , les tapiffe- rLes de tenture de laine , & ces autres que Pon fait de coutil , fur lequel on imite avec diverfes cou- leurs les perfonnages & les verdures de la haute- Lffe. | Ce genre de tableaux, ou fi l’on veut cette forte d'ameublement, dans lequel les oies , la laine & les pinceaux Tracent de tous côtés Chafles & payfages , En cet endroit des animaux , En cer autre des perfonnages. n'eftpoint d’une inventionnouvelle;les Latinsavotent de riches tapifferies , qu'ils nommoïient aulez, & les Grecs les appelloient avant eux peripera/inata. Pline nousapprend que lesRomains donnerentfeulement le nom aulæa aux tapifferies , lorfqu'Attale , roi de Per- game, eut inftitué le peuple romain héritier de fes états &c de tous fes biens , parce que parmi les meu- bles de fon palais, 1l y avoit des sapifleries magnifiques brodées d’or ; ainfi aulœa eft dit «b aulæa. (D. J, Tapifferie de haute & bafle- life. Voyez Particle Lissr. L ) Tapifferie de Beroame. Voyez BERGAME. T'apifferie de cuir doré. Voyez Cuir Doré. Tapiferie de coutil. Voyez COUTIL. T'APISSERIE DES GOBELINS ; l’on nomme ainfi une manufatture royale établie à Paris au bout du fauxbourg faint Marceau , pour la fabrique des zapif- Tome XF. T AP So7 Jèries 8 meubles de la couronné. Foyer T'APISSERtE. La maïfon où eft préfentement cette manufa@ure, avoit été bâtie par les freres Gobelins, célebres tein- turiers , qui avoient les premiers apporté À Paris le fecret de cette belle téintute d’écarlate qui a conter vÉ leur nom, auffli-bien que la petite riviere de Bié- vre, fur le bord de laquelle ils s'établirent, & que depuis l’on ne connoît guere à Paris que fous le nom de riviere des Gobelins. Ce fut en l’année 1667, que celui-ci changea fon nom de Tobie Gobelin, qu'il avoit porté jufques-Ià, en celui d’hdrel royal des Gobelins , en conféquence de lédit du roi Louis XIV. M. Colbert ayant rétabli & embelli les maifons royales, fur-tout le château du Louvre, & le palais des Tuileries, fongea à faire travailler à des meu- bles qui répondiffent à la magnificence de ces mai- fons, Dans ce deffein, il raflembla une partie de ce qu'il ÿ avoit de plus habiles ouvriers dans le TOYaU- me en toutes fortes d'arts & de manufadtures , parti- culierement de peintres, de tapifliers, de fculpteurs, d’orfévres, & d’ébénifles, & en attira d’autres de différentes nations par des promeñes magnifiques , des penfions , & des priviléges confidérables. .* Pour rendre plus ftable létabliffement qu’il pro- jettoit , 1l porta le roi à faire l’acquifition du fameux hôtel des Gobelins , pour les y louer , & à leur don- ner des réglemens qui afluraflent leur état, & qui fixaflent leur police. Le roi ordonne & flatue que lefdites manufaQu- res feront régies & adminiftrées par le fur-intendant des bâtimens, arts, & manufa@ures de France ; que le$ maîtres ordinaires de fon hôtel prendront con- : notflance de toutes Les aétions ou procès qu'eux, leur famille , 87 domeftique , pourroient avoir ; qu’on ne pourra faire venir des pays étrangers des tapiffe- ries | Êr. La manufatture des Gobelins eft jufau’à préfent la premiere de cette efpece qu'il y ait au monde: {a quantité d'ouvrages qui en font fortis, & le grand nombre d'excellens ouvriers qui s'y font formés, font incroyables. En effet, c’eft à cet établiffement que la France eft redevable du progrès que les arts & les manufa- étures y ont fait. Rien n'égale fur-tout la beauté de ces zapifferies : fous la fur-intendance de M. Colbert & de M. de Louvois fon fucceffeur , les szpifféries de haute & de bafle-lifle, y ont acquis un degré de perfe&ion fort fupérieur à tout ce que les Anglois & les Flamands ont Jamais fait. Les batailles d'Alexandre, les quatre faifons, les quatre élémens , les maïfons royales | & une fuite des principales aétions du roi Louis XIV. depuis fon mariage Jufqu’à la premiere conquête de la Franche- Comté, exécutés aux Gobelins, fur les defleins du célebre M. le Brun, direéteur de cette manufalture, {ont des chefs-d’œuvre ence genre. TAPISSERIE DE PAPIER ; cette efpece de tapife- rie n’avoit long-tems fervi qu'aux gens de la campa- gne, & au petit peuple de Paris, pour orner, & pour ainfi dire, tapifler quelques endroits de leurs cabanes , & de leurs boutiques & chambres ; mais für la fin du dix-feptieme fiecle, onles a poufiées à un point de perfeéion & d'agrément, qu'outre les grands envois qui s’en font, pour les pays étran- gers & pour les principales villes du royaume , il n’eft point de maïfon à Paris, pour magnifique qw’elle foit, qui n'ait quelque endroit, foit garde-robes, foit lieux encore plus fecrets, qui n’en foit tapifié , &t affez agréablement orné. | Pour faire ces sapifferies , qui font préfentementle principal objet du commerce de la dominoterie, les Dominotiers, s’ils en font capables , finon quelque XXxxxi] 398 TAP deffinateur habile , fait un deffein de fimples ‘traits fur plufeurs feuilles de papier , collées enfemble de la hauteur &c largeur que l’on defire donner à cha- que piece de sapifferie. | Ce deffein achevé fe coupe «en morceaux, ‘auf hauts & aufli longs que les feuilles du papier que lon a coutume d'employer en ces fortes d'impref- fions ; & chacun de ces morceaux fe grave enfuite féparément fur des planches de.bois de poirier, de la maniere qu'il a été.dit à Particle DES GRAVEURS SUR BOIS. Pour imprimer ces planches ainf gravées, on fe {ert de prefles affez femblables à celles des Impri- meurs en lettres; à la réferve que la platine n’en peut être de métal, mais feulement de bois, longue d’un pié & demi, {ur dix pouces de large; & que ces prefles n’ont ni chaffis, ni tympans , ni frifquettes, ni cornieres., m1 couplets , hors.de grands tympans, propres à imprimer huiftoires, comme portent les anciens réglemens.de la Librairie. L'on fe fert aufli de l’encre & des balles des Impri- meurs; & de même qu’à l’Imprimerie, on n’efluie point les planches, après qu’on les a noircies, à caufe du rehef qu’elles ont, qui les rend plus femblables à une forme d’imprimeur , qu'à une planche en taille douce. Les feuilles imprimées & féchées, on les peint, & on les rehaufle de diverfes couleurs en-détrempe, puis on les aflemble pour en former des pieces; ce e font ordinairement ceux qui les achetent ; fe vendant plus communément à la main, que mon- téees. L'on ne dit point ici quels font les fujets repréfen- tésfur ces legeres sapifferies , cela dépendant du goût &c du génie du peintre; mais il femble que les gro- tefques & les compartimens mêlés de fleurs, de fruits, d'animaux , & de quelques petits perfonna- ges, ont jufqu’ici mieux réuffi que les payfages & les efpeces de haute-hiffes, qu’on y a quelquefois voulu peindre. TAPISSERIE DE TONTURE DE LAINE; c’eft une efpece de rapifferie faite de la laine qu’on tire des draps qu’on tond , collée fur de la toile ou du coutil. On l’a d’abord fait à Rouen, mais d’une maniere eroffiere ; car on n’y employoït au commencement que des toiles pour fonds, fur lefquelles on formoit des defleins de brocatelles avec des laines de diver- fes couleurs qu’on colloit deffus après les avoir ha- chées. On imita enfuite lés verdures de haute-liffe, mais fort imparfaitement ; enfin, une manufaéture de ces fortes de sapifferies s'étant établie à Paris dans le faubourg faint Antoine, on y hafarda des perfon- nages, des fleurs, & des grotefques, & l’on y réuf- fit aflez bien. Le fond des sapifferies de cette nouvelle manufa- éture peut être également de coutil ou de forte toile. Après les avoir tendues l’une ou l’autre exaétement {ur un chaffis de toute la grandeur de la piece qu’on a deflein de faire, on trace les principaux traits & les contours de ce qu’on y veut repréfenter, & on y'ajoute les couleurs fucceflivement, à mefure qu’on avance l'ouvrage. Les couleurs font toutes les mêmes que pour les tableaux ordinaires, & on les détrempe de la même maniere avec de l’huile commune mêlée avec de la térébenthine ou telle autre huile, qui par fa ténacité puiffe haper & retenir la laine , lorfque le tapiffier vient à l’apphquer. À l'égard des laines, il faut en préparer de toutes les couleurs qui peuvent entrer dans un tableau, avec toutes les teintes & les dégradations néceflai- res, pour les carnations &c les draperies des figures humaines, pour les peaux des animaux, les pluma- ges des oïifeaux , les bâtimens, les fleurs; enfin, tout ce que le tapifier veut copier , ou plutôt fuivre fur l'ouvrage même du peintre. Ontire la plüpart de ces faines de deflus les diffé- rentes efpeces de draps que les tondeurs tondent ; c'eneft proprement la tonture : mais comme cette tonture ne peut fournir toutes les couleurs & les teintes néceflaires, il y a des ouvriers deflinés à hacher des laines, 8 d’autres à les réduire en une efpece de poudre prefqueimpalpable, en les paffant fucceffivement par divers fas ou tamis., & en hachant de nouveau ce qui n’a pu pañler. Les laines préparées, 8 le deffein tracé fur la toile ou fur le coutil, on couche horifontalement le chaf- fis fur lequel l’un ou l’autre eft étendu fur des trai- teaux élevés de terre d'environ deux piés ; & alors le peintre commence à y peindre quelques endroits de fon tableau , que le tapiflier-lainier vient couvrir de laine avant que la couleur foit feche; parcourant alternativement l’un après l’autre toute la piece, juf- qu'à ce qu’elle foit achevée. Il faut feulement obfer- ver que lorfque les pieces font grandes , plufeurs lainiers & plufeurs peintres y peuvent travailler à- Ja-fois. La maniere d'appliquer la laine eft f ingénieufe ; mais en même tems fi extraordinaire, qu'il ne faut pas moins que les yeux même pour la comprendre. On va pourtant tâcher de Pexpliquer. ù Le lainier ayant arrangé autour de lui des laines de toutes les couleurs qu’il doit employer, féparées dans de petites corbeilles ou autres vaifleaux fem- blables, prend de la main droite un petit tamis de deux ou trois pouces de longueur, de deux de lar- geur, & de douze ou quinze hgnes de hauteur.Après quoi mettant dans ce tamis un peu de laine hachée de la couleur convenable, & le tenant entrele pou- ce &le fecond doist , il remue légerement cette laï- ne avec quatre doists qu’il a dedans, en fuivant d’a- bord les contours des ira avec une laine brune, &êc mettant enfuite avec d’autres tamis & d’autres laines les carnations, fi ce {ont des parties nues de figures humaines ; & les draperies, fi elles font nues, &t à proportion de tout ce qu'il veut repréfenter. Ce qu'il y a d’admirable & d’incompréhenfble ; c’eft que le sapifféer lainier eft tellement maitre de cette pouffere laineufe, & la fait fi bien ménager par le moyen de fes doigts, qu’il en forme des traits aufi délicats qu’on pourroit le faire avec le pinceau, & que les figures fphériques, comme eft, par exemple, la prunelle de l’œil, paroiflent être faites au compas. Après que l’ouvrier a lainé toute la partie du ta- bleau ou rapifferieque le peintreavoit enduite de cou- leur , il bat légerement avec une baguette le deflous du coutil ou de la toile à l'endroit de fon ouvrage, ce qui le dégageant de la laine inutile , découvre les figures, qui ne paroïfloient auparavant qu’un mélan- ge confus de toutes fortes de couleurs. Lors enfin que la sapifferie eft finie par ce travail alternatif du peintre & du lainier, on la laiffe fécher fur fon chaflis qu’on dreffe de haut en bas dans lat. telier; après qu’elle eft parfaitement feche, on donne quelques traits au pinceau dans les endroits qui ont befoin de force , mais feulement dans les bruns. Ces fortes de zapifferies, qui, quand elles font far- tes de bonne main, peuvent tromper au premier coup d'œil, & pafler pour des hautes-lifles, ont deux de- fauts confidérables auxquels il eft impofhble de re- médier; l’un , qu’elles craignent extrèmement hu midité, & qu’elles s’y gâtent en peu de tems ; l’au- tre, qu'on ne fauroit les plier comme les zapifferies ordinaires pour les ferrer dans un garde-meuble ; ow les tranfporter d’un lieu dans un autre, & qu’on eft obligé , lorfqu’elles ne font pas tendues , de les te- nir roulées fur de gros cylindres de bois , ce qui oc- T A P cupe beaucoup de place, & eft extrèmement imcom- mode, | TAPISSIER , f. m. marchand qui vend, qui fait _ouqui tend destapifieries & des meubles. Yayez Ta- PISSERIE. La communauté des marchands Tapiffiers eff très- ancienne à Paris; elle étoit autrefois partagée en deux;- lune fous le nom de sraitres-marchands Tapiffiers de haute-lifle, farazinois & rentrayure ; l’autre fous ce- lui de courtepointiers , neuftrés & couftiers. La grande refflemblance de ces deux corps pour leur commerce donnant occafon à de fréquens diffé- réns'entreux, la jon@ion & l’union en fut ordonnée par arrêt du Parlement du 11 Novembre 1621; & par trois autres des 3 Juillet 1627 , 7 Décembre 1629, & 27 Mars 1630, il fut enjoint aux maitres des deux communautés de s’aflembler pour dreffer de nouveaux Statuts, & les compiler de ceux des deux corps; ce qui ayant été fait, les nouveaux fta- tuts furent approuvés le 25 Juin 1636 par le lieute- nant civil du châtelet de Paris , fur l'approbation du- quelle roi Louis XITT. donna fes lettres patentes de confirmation au mois de Juillet fuivant, qui furent enregifirées en parlement le 23 Août de la même année. Ces nouveaux articles font rédigés en cinquante- Buit articles ; le premier permet aux maîtres d’avoir deux apprentis, qu’ils ne doivent prendre toutefois qu’à trois ans l’un de l’autre, à la charge de les en- gager au moins pour fix ans, Ce grand nombre d’ap- prentis étant devenu à charge à la communauté, & les maîtres ayant délibéré dans une affemblée géné- rale fur les moyens de remédier à ce défordre, leurs délibérations préfentées au lieutenant de pohce ; il fut reglé par jugement du 19 Septembre 1670, qu’à avenir les maîtres ne pourroient engager qu’un feul apprenti, & non à moins de fix ans. Le dix-feptieme parle de {a réception des appren- tis à la maïtrife , après avoir fervi outre leur appren- tiflage, trois ans de compagnons chez les maîtres, & après avoir fait chef-d'œuvre. Le xxxi7. & les fuivans jufqu'au xlviy. inclufive- ment, reglent la largeur, longueur, maniere &t t- fures des coutils, dont le commerce eft permis aux maitres Tapiffiers. Dans le xlvu;. jufqu'au hj. inclufivement, 1l eft pareïllement établi les qualités ,| longueurs &c lar- peurs des mantes ou couvertures de laine, dont le nésoce eft aufli accordé aufdits maitres. Le lv]. traite de l’éleétion des maîtres, de la con- frérie le lendemain de la S. Louis, & de celle des ju- rés le lendemain de la S. François. Les jurés doi- vent être au nombre de quatre; un de haute-liffe 1a- razinois, deux courtepointiers & un neuftre. Deux des quatre jurés fortent chaque année, enforte qu’ils font tous deux années de fuité en charge. Ils font obligés de faire leurs vifites tous les deux mois. Les autres articles font de difcipline , &t marquent les marchandifes que les maîtres Tapiffiers peuvent vendre, & les ouvrages qu’ils peuvent faire. Tapiffier- lainier ; on appelle amnfi louvrier, qui -dans les manufaétures où l’on fabrique les taprfleries de tonture de laine, applique cette laine réduite en poufliere fur les parties de l'ouvrage du peintre à mefure qu'il le peint , & avant que la peinture {oit tout-à-fait féche. Voyez TONTURE. … Tapiffier en papier. C’eft une des qualités que pren- nent à Paris les dominotiers-imagers , c’eft-à-dire ces fortès de papetiers-imprimeurs qui font le papier- marbré , ou qui en mettent en diverfes autres cou- leurs. On les appelle Tapiffiers, parce qu’en effet, ils gravent, impriment & vendent des feuilles de pa- pier , Où font repréfentés par parties differens def- feins, dont on compofe , en les réuniMant & les col- FT JAP 399 lant enfemble, des rapifleries rehauflées de couleurs qui font un effét très-agréable. Voyez DOMINOTIER & GRAVURE ex BOIS. TAPISSIERE ABEILLE , (if. nar. des Infei.) la tapiflerie dont elle décore fon appartement eft d’un rouge vif; elle fe fert de feuilles de coquelicot. Cette _ abeille eff plus velue que les autres mouches à miel; elle conftruit fon nid le long des grands chemins & dans les fentiers qui font voifins des blés. (D. 4.) TAPETI, L m. (if nat, Zoolog.) c'eft une ef- pece d’agouti particuliere au Bréfil ; 1l eft de la gran- deur d’un cochon de lait d’un mois; 1la le pié four- chu , la queue très-courte , le mufeau &c les oreilles d'un hévre ; fa chair eft excellente à manger. TAPON , voyez; TAMPON. . TAPOSIRIS, ( Géog. anc.) 1°. ville d'Egypte, à une Journée au couchant d’Aléxandrie , felon Stra- bon, dv. XVIL. p. 799. 2°, Ville d'Egypte, un peu au-delà de la précé- dente, felon Strabon: mais il eft le feul des anciens qui mette deux villes de Capojtris ; à Poccident d’A- léxandrie. Tous les autres géographes n’en marquent qu’une dans ce quartier-là ; de forte qu’on ne fait à laquelle des deux villes on doit rapporter ce qu’ils difent de Tapofiris , dont ils n’écrivent pas même le nom de la même maniere. Plutarque , 22 Offride , auffi-bien que Procope, Ædif. liv. VI. c. j. écrivent Taphofrris. Ce dernier, après avoir remarqué que la côte qui s'étend depuis la frontiere d’Aléxandrie juf- qu'à Cyrene, ville du pays de Pentapole, a retenu le nom général d'Afrique, dit, 1l y a dans cette côte une ville appellée Taphofiris , à une journée d’Ale- xandrie, & où l’on dit qu'Ofiris , dieu des Egyptiens, eft entré. Juflinien a fait bâtir dans cette ville un de A y & des palais pour loger les magiftrats. TAPOUYTAPERE , (Géog. mod.) c’eft-à-dire de- .meure des Tapuys; contrée de Amérique méridio- nale au Bréfil, dans la capitainerie de Para; elle fait une partie du continent , & n’en eft féparée que par un canal, qui va jufque dans la baie de Marannan. (2270) TAPROBANE, ( Géopr. anc.) Taprobana où Ta- probane , ile célébre que Ptolomée , Zv. VIT. ch. iv. | marque à Poppoñite du promontoire de l’Inde appel- lé Cory , entre les golfes Golchique & Argarique. Les anciens ; favoir, Pomponius-Mela , Strabon , Pline & Prolomée , nt donné des defcriptions fi peu seflemblantes de Taprobane , que pluñeurs habiles gens ont douté , fi Pile de Taprobane de Pline étoit la même que celle de Ptolomée : &.comme la plü- part fe {ont accordés à dire , que ancienne Tapro- bane , étoit l'ile de Ceylan daujourd’hui, il s’eft trouvé des auteurs de nom, qui, voyant que tout ce qu'on difoit de cette ancienne ile ne convenoit pas à Pile de Ceylan, ont été la chercher dans l’île de Su- matra. De ce nombre font Orofe, Mercator, Jule Scaliger , Rhamuño & Stukius; mais il n’eft guere probable que les Romains ni les habitans d’Alexan- drie , ayent navigé juiqu’à Sumatra; c’eft en partie ce qui a obligé Saumaife , Samuel Bochart, Cluvier & Haac Voflius, à prendre l'ile de Ceylan pour l’île de Taprobane. En effet, tout ce que dit Ptolomée de l'ile de Taprobane , convient aflez à Pile de Ceylan, pourvû que l’on convienne que la defcription qu'il donne doit emporter fur celle de Pine, & qu'il s’eft trompé en la faifant trop grande, en la plaçant trop au nudi, & en l’avançant jufqu'au-delà de l'équateur. Cependant les difficultés qui fe trouvent à concilier toutes ces différentes opimons , ont porté M. Caffni à placer l'ile de Taprobaxe dans un autre endroit; & voici le fyflème qu'il a imagine. La fituation de l’île de Taprobane , fiivant Ptolo- mée, au feptieme livre de fa géooraphie, étoït vis- 900 1 À P à-visdu promontoire Cory. Ce promontoireeit pla- cé par Ptolomée, entre Pinde & le Gange, plus pres de l'Inde, que du Gange. Cette ile Faprobane étoit divifée par la ligne équinoxiale en deux parties iné- gales ;-dont la plus grande étoit dans l’hémifphere boréal , s'étendant jufau'à 12 ou 13 degrés de latr- tude boréale. La plus petite partie étoit dans l’hc- mifphere auftral, s’étendant jufqu'à deux degrés êc demi de latitude auftrale. Autour de cette ile, il y avoit 1378 petites îles’ parmi lelquelles il s’en trou- voit dix-neuf plus confidérables, dont le nom étoit connu en occident. Le promontoire Cory ne fauroit être autre que celui qui ef appelle préfentement Comori où Coro- rin , qui eft aufi entre l’Inde &c le Gange, & plus près de l'Inde que du Gange. Vis-à-visce cap, iln’y a pas préfentement une auili grande île que la Tapro- ane ai foit divifée par l'écumoxial, &€ environnée de 1378 Îles: mais il y a une multitude de petites Ses appellées Maldives, que les habitans difent être au nombre de 12000 , fuivant la relation de Pirard qui y à demeuré cinq années; ces îles ontunroi, qui fe donne le titre de roi de sreïge provinces, 6" de dorze mille iles. Chacune de ces treize provinces eft un amas de petites iles, dont chacune eft environnée d’un grand banc de pierre, qui la ferme tout-au-tour comme une grande muraille : on les appelle æsoous. Elles ont chacune trente lieues de tour, un peu plus où un peu moins , & font de figure à-peu-près ovale, Elles {ont bout à bout Pune de l’autre , depuis fe nord juf- qu’au fud ; & elles font féparées par des canaux de. | mer, les unes larges, les autres fort étroites. Ces bancs de pierre qui environnent chaque attolon, font-fi élevés, &c la mer s’y rompt avec une telle 1m- pétuofité , que ceux qui font au milieu d’un attolon, voient ces bancs tout-au-tour avec les vagues de la mer qui femblent hautes comme des maïfons. L’en- clos d’un attolon n’a que quatre ouvertures, deux du côté du nord, & deux du côtédu fud , dontune eft à left, l’autre à l’oueft, & dont la plus large eft de deux cens pas, & la plus étroite un peu moins de trente. Aux deux côtés de chacune de ces entrées, il y a désîles, mais les courans & les plusgrandes ma- rées en diminuent tous les jours le nombre. Pirard ajoute , qu’à voir Le dedans d’un de ces at- tolons , on difoit que toutes ces petites îles , &r les canaux de mer qu'il enferme , ne font qu’une plaine continue, 8c que ce n'étoit anciennement qu'une feule île coupée depuis en plufieurs. On voit prefque par -tout le fond des canaux qui les divifent, tant ils font peu profonds , à la referve de quelques en- droits ; & quand la mer'eft bafle , l’eau n'y monte pas à la ceinrure , mais feulement à mi-jambe pref- que par-tout. Il y aun courant violent & perpétuel , qui, depuis Le mois d'Avril jufaw’au mois d'Oétobre, vient impétueufement au côté de Poueit, & caufe des pluies continuelles qui y font l'hiver ; pendant les autres fix mois, les vents font fixes du côté de left, & portent une grande chaleur, fans qu'il pleuve jamais , ce qui caufe leur été. Au fond de ces canaux , il y a de grofles pierres, dont les habitans fe fervent à bâtir, & il y a quantité de broufailles , qui reflemblent au corail : ce qui rend extremement difficile le paffage des bateaux par ces canaux. Linfcot témoigne que, fuivant les Malabares , ces petites Îles ont été autrefois jointes à la terre ferme, & que par la fucceflion des tems, elles en ont été détachées par la violence de la mer, à caufe de la baffeffe du terrein. Il y a donc apparence que les Maldives {ont un refte de la grande ile Taprobane, & des 1378 îles qui l’environnoient, qui ont été em- portées par les courans , fans qu’il en foit refté autre Chofe que.ces rochers , qui devoient être autrefois _dans la vie de Nicias. les. bafes des montagnes ; de forte qu’elle n’eft plus capable que de diviler les terres qui font enfermées en-dedans de leur citeuit. Il eft du-moins certain que ces îles ont la même fituation à l'égard de équino- xial , & à l’écard du promontoire , & de l’Inde & du Gange, que Ptolomée affione à divers endroits de l'ile Taprobane. | Les anciens ont donné plus d’un nom à cette île, mais, celui de. Taprobane eft le plus célebre. On l’a appellée Pile de Palzfmundi ; & on l'a quelquefois nommée Salice, (2, J.) T'APSEL, {.m.( rerme de Commerce. ) c’eft une grofe toile de cotonrayée , ordinairement de cou- leur bleue, quivient des Indes orientales | parti- cülierement de Bengale. (2. J.) | TAPSIE, L£ ( Æift nat. Botan. ) tapfla ; genre de plante à fleur en rofe & en ombelle, compofée de plufeurs pétales difpofés en rond, & foutenus par un calice , qui devient dans la fuite ua fruit compoié de deux femences longues , flriées , & entourées d’une grande aile plate &c échancrée le plus fouvent de chaque côté. Tournefort , if reë herb. Voyez PLANTE. TAPSUS, (Géog. anc. ) felon Virgile, Æred. Liv. IL, v. 680. &t Thapfus felon Theucydide; pé- ninfule de la partie de Sicile, qu'on nomme Vel-dr- Noto ; elle eft à dix-huit milles d’Agouite , fur la côte: orientale , entre Hy//a paroa, ou Megara , vers le nord , & Syracufe vers le midi. Cette péninfule, à laauelle le P. Catrou donne le nom d’/., eft fi baffe &z fi enfoncée dans la mer, qu’on la croiroit enfe- velie dans les flots. On Pappelle aujourd’hui Z/o/e delli Manghifr. 1] y avoit anciennement une petite ville de même nom fur l’ifthme ; Plutarque en parle PEN TAPTI, LE ,04 TAPHI, (Géog. mod.) riviere des Indes , dans les états du Mogol. Elle a fa fource aux confins des provinces de Candish & de Balagate , 8 fe jette auprès de Surate dans le solphe de Cambaye. ( D, J.) TAPUYAS, ( Giog. mod, ) nom commun à plu- fieurs nations fauvages de l'Amérique, au Bréfil. Ces peuples habitent dans les terres, fans avoir ni bourgades , m1 villages, n1 demeures fixes. Ils font grands, robuftes, hardis &c redoutés des européens. GDET Len | FAPYRA.COAYNANA , f. m.( Hiff, nat. Botar exo. ) grand arbre du Bréfil, dont les branches s’é- tendent au loi, & dont l'écorce eft cendrée ; fes feuilles font oppofées les unes aux autres, placées fur des pédicules fort courts, & femblables à celles du féné. Ses fleurs forment des épis , & ont cinq pé- tales à trois petites cornes femi-lunaires, qui s’êle- vent avec les étamines. Il fuccede à ces fleurs des filiques vertes avant que d’être mûres , noires ou brunes dans la matu- rité, inchinées vers la terre, longues d’environ un pié , & tant-foit-peu recourbées. Ces filiques font dures, ligneutes, 8 ne fe brifent que fous le mar- teau ; elles font compofées d’un grand nombre de cellules , de la capacité d’une plume, féparées par des cloifons, & contenant chacune une amande de la figure & de la groffeur de celles de Pamandier , blanches , tirant fur le jaune, unies, luifantes , du- res comme de la corne, & couvertes d’une pulpe glutineufe , noirâtre, femblable à la cafle , amere & defagréable au goût , aftringente dans fa verdeur , &c l. laxative dans fa maturité. Le rapyra-coaynanaelt proprement le cafler du Bréfil, & fa pulpe purge mieux que celle du cafier d'Egypte ; aufli cet arbre eft-1l nommé caffa fiflule Brafiliana , par C. B. P. foluiva Brafiliana Park. ce. ru Brafiliana , flore incarnato, par Breynius, D. J, ) & e: TAPYRASPECIS , ( Æif. nar. Botan. exor: ) éfpece de laiteron du Brefl. Cette plante n’a qu’une tige, qui s’éleve à la hauteur de la jambe-de l'homme: Ses feuilles font étroites , oblongues, dentelées &1ve- lues. Ses fleurs. croïffent au fommet de la tige! & font couvertes de duvet. (D. J.) DONNE 21 TAPYRI ,( Géog. anc: ) peuples d’Afie, que Pli ne, 2v. Wlch. 16, & Strabon, Liv, XL. pag: S14.joi- gnentavecles Amariace & les Hyrcaniens, Üs ont dif férensides Tapori de Ptolomée, mais ce font les mê- mes qu'ilnomme Tapuri, Le P, Hardouin dit queles Tapyri8t les Armariacæ, habitoientle pays qu’on nomme préfentementle Gi/an, Ils étoient grands VO: leurs, &c fi adonnés au vin , qu'ils fe fervoient dé cette hiqueür pour tout remede. Les hommes por- _toient dés robes noïre$ & des cheveux longs; les femmes avoient des robes blanches , & pôrtoient les cheveux courts, Les Tapyris étoient fi pewattachés aux femmes. qu’ils avoient prifes, qu'ils les laioient époufer à d’autres , après qu'ils en avoient éu deux ou trois enfans. Celui d’entr’eux qui avoit donné les plus grandes marques de valeur & de courage , avoit le pouvoir de choifir celle qui étoït le plasà fon gré. (D en er STE | ci TAQUE , ff. (Jeu de billard.) inftrument dont on fe fert pour jouer au billard, & qui differerd’un autre inftrument qu'on nomme aufñ Pr//ard. La raque eft compolfée d’une longue verge de bois flexible de la groffeur d’un pouce, & qui va-toujours én dimi- nuant imperceptiblement juiqu’à l’autre bout, qui entre dans une mafle poftiche de bois , qui-eft pet: pres femblable à la mafle de l’inftrument appellé #:7- dard. ( D.J.) EE PAT 1 _: TAQUER ,, rerme d'Imprimerte : c’éft àvant que de ferrer entierement une forme ; & après'avoir ar- rête foiblement les coins ; abaifler les lettres hautes ; ou plus élevées qu’elles ne doivent être , avec le ta- quoir , fur lequel on frappeléserement avec le man. che du marteau, en parcourant tout l’efpace de la forme. Voyez Taquoir. = TAQUET-FILIEUX 07 Frreux , (Marine) nom qu'on donne à différentes fortes de crochets de bois petits, où l’on amarte diverles manœuvres. Voyez encore SEP DE DRISSE, _ TAQUET 4 coRNes, (Marine) c’eft un raguer à cornes ou à branches, qui fert à lancer les manœu- vies. [l'y a des raguers dans les farques , au grand mât &au mât de mifaine; on amatre les cornets à ceux de ce dernier mât, 14 TAQUET A GUEULE où A DENT ; ( Marine.) taquet qui fe,cloue par les deux bouts, & qui eft échancré par le dedans. TAQUET DE FER, (Marine.) efpece de taquér à gueule, qui fert dans les conftruions & le radoub des vaifleaux, à faire approcher & joindre les mem- bres, les préceintes & les bordages. TAQUET DE LA CLÉ DES ÉTAINS, ( Marine.) Poyez CLÉ DES ÉTAINS. FAQUET DE MAST DE CHALOUPE, (Marine. 1a- ques à dents qui eft vers le bas du mât, & où l’on amarre la voile. TAQUETS D'AMURE, (Marine) ce font des pie- ces de bois courtes & grofles frouées, qu’on appli- que de chaque côté du vaifleau, pour fervir de dogue d’amure, Voyez DOGUE D’AMURE. TAQUETS DE CABESTAN, (Marine) Voyez Ca- BESTAN G FUSEAUX, PAQUET D'ÉCHELLE , (Marine) pieces de bois qui fervent d’échellons, ou de marches aux échelles des côtés du vaifleau. TAQUETS D'ÉCOUTES, (Marine) Voyez Bit- TES. FAQUETS DE HAUBANS, ( Marine.) longues pie- ces de bois amarrées aux haubans d’artimon ,oùily T'AR 901 a des chevillots, qui fervent À éfancer les Carpués: TAQUETS DE HUNE À L’ANGLOTSE, (Marine.) cé font deux demi-ronds, qui fervent de hune, étant mis aux deux côtés du bout du mât de beaupré. FAQUETS DE PONTON, (Marine.) gros raquers ÿ femblables à ceux qui fervent de dogue d’amure aux Vailleaux, par où pañlent les attrapes lorfqu’on Les carene. | , n'a TAQUETS DE VERGUE, (Marine. ) ce font deux taÿuers qui font à chaque vergue. | | TAQUETS siMPLEs, ( Marine.) taguers qui oft la forme d’un coin, & qui fervent À divers ufages. TAQUETS, PIQUETS, (Jardirage.) petits piquers que l’on enfonce à tête perdue & À fleur de térre, 4 la place des jalons qui ont été dréffés fur Palis gnement, Où qui ont été buttés ou déchargés fui- vant le mivellement. Ces raguèrs ainfi enfoncés, ne s’atrachent point, reglent le niveau ou la pente d’u- ne allée, &t fervent àfaire des repaires pour drefler le terrein, TAQUET, f. m. (Tonneler.) petit morceau de cer- cle aiguifé par les deux bouts, qu'on met en rabat: tant les tonneaux entre les torches pour les mainñte- fuit. (D. J,) . TAQUET, terne de Fauconnerie, c’eft un aïs fur le bout duquel on frappe pour faire revenir l’oifeau ; lorfqu’il eft au foleil en liberté. TAQUIS, {. m. (Corn.) on appélle roi£e en Laquis | des toiles de coton qui fe fabriquent à Alep ou aux environs. | | ; TAQUOIR, f. m. uffenfile d'Inprimerie, c’eftun mofceau de bois tendre, ordinairement de fapin , très-uni, au moins d’un côté, lequel eft de fept à huit pouces de long, {ur trois à quatre de large, & huit à dix lignes d’épaifleur , dont on fe {ert pour ta= quer les formes, c’eft-à-dire pour abaïfler les lettres qui fe trouvent trop hautes, parce que leut pie n’eft pas. de mveau avec celui des autres : À quoi il faut faire attention avant de fêrrer les formes , telles qu’elles doivent l’êyre pour être garanties d’accidens. Voÿez TAQUER. TAQUONS, f m: pl. ferme d’Imprimerie, ce font des efpeces de hauffes, faites avec de petits morceaux de papier qué lon met fous la forme, fur le carton, où que lon colle fur le tympan, pour faire paroître des lettres un peu baffes , ou des lignes Qui viennent trop foibles. On appelle encore saguons , les décou- pures de papier ou dé parchemin, que l’on retire d'une frfquette taillée pour imprimer rouge 6c noir. Voyez HAUSSÉS, CARTON, TYMPAN. | TARABAT , f. m. cerme de religieux, forte d'inftru: ment groflier , fervant à reveiller les religieux dans la nuit, pour les avertir d'aller prier Dieu au chœur. Il ya un sabarat en forme de creffelle, dont on fe fert dans la Semaine Sainte pour avertir d’ailer À tene- bres. Il y en a d’autres qui ne confiftent qu’en une petite planche avec de gros clous mis en haut & en bas , & une verge de fer qui frappe deflus, (D. 78) TARABE, f m. (if. nur. Ornithol.) nom d’un perroquet du Bréfil, tout verd excepté fut la tête, la gorge & le commencement des aîles qui font rou- ges; fon bec &c fes jambes {ont d’un gris-brun. Mar: gravii. Æff. Brafil. (D. JT.) TARABITES , £ f. (Æf mod.) ce font des ma- chines, auf fimples que finsuliers, dont les habitans du Pérou fe fervent pour paffer les rivieres, & pouf {e faire tranfporter d’un côté à l’autre, ainfi que les chevaux & les beftiaux. La sarabire eft une fimple corde faite de liane, ou de courroies très-fortes de ciur, qui eft tendue d’un des bords d’une riviere à Pautre. Cette corde eït attachée au cylindré d’un tourniquet, au moyen duquel on lui donne le degré de tenfion que l’on veut. À cette corde ou tarabite, font attachés deux crocs mobiles qui peuvent pars 1) 902 TAR “courir toute fa longueur , 8c qui foutiennent un pan- nier aflez grand pour qu'un homme puile s’y cou- cher, en cas qu'il craigne les étourdiffemens aux- quels.on peut être fujet en paflant des rivieres qui font quelquefois entre des rochers coupés à pic d’u- ne hauteur prodigieufe. Les Indiens donnent d’abord une fecoufle violente au panier, qui par ce moyen coule le long de la carabite ; &t les Indiens de lPautre bord, parle moyen de deux cordes , continuent d’at- tirer le panier de leur côté. Quand il s’agit de faire pañfer un cheval ou une mule, on tend deux cordes ou tarabites , Vune près de l’autre; on fufpend Panimal par des fangles qui paflent fous fon ventre, &c qui le tiennent en refpeét fans qu'il puifle faire aucun mou- vement. Dans cet état, on le fufpend à un gros croc de bois qui coule entre les deux sarabites, par le moyen dune corde qui l'y attache. La premiere fe- coufle fuffit pour faire arriver l'animal à l’autre rive. Il y a des tarabites qui ont 30 à 4o toifes de longueur, & qui font placées à 25 ou 30 toiles au-deflus de la riviere. TARABOQUE, f. m. (Æif. eccléf.) ce fut ainf qu’on appella dans le quatorzieme fecle quelques . habitans d’Ancone qui tenoient le parti de Louis de Baviere., & qu’on accufoit d’héréfie & de débauche. Un frere mineur, inquifiteur, eut ordre de les faire arrêter en Efclavonie, où il paroît qu'il fe retire- rent. TARAC, f. m. (Hifi. nat. Litholog.) nom dune pierre qui nous eft inconnue, &c dont on ne nous apprend rien, finon qu’elle avoit des vertus médici- nales , & que l’on fubftitue le fang de dragon à fa place. Voyez Boëce de Boot. _TARAGALE, (Géog. mod.) ville d'Afrique au royaume de Tafilet, dans la province, fur la gauche de la riviere de même nom. Cette ville a pour dé- fenfe un château fortifié, où on tient garnifon. Son terroir eft planté de palmiers, 8e fertile en pâturages. Long.41,48. lat. 27. ( D. J.) TARAGUICO-AYCURABA , L m. (Æiff. mar. Zoolog.) nom d’une efpece de lefard du Brefil, dont . la queue eft couverte de petites écailles triangulai- res, marquetées de quatre taches brunes régulieres ; fon dos eft joliment ondé de rayeures brunes. TARAGUIRA , f. m. (Æifé nat, Zoologie.) nom d’un léfard d'Amérique, qui eft de la longueur d’un pié; fon corps eft tout couvert de petites écailles triangulaires, grifes-brunes : il eft très-commun aux environs des maïfons du fud de l'Amérique. Il court avec une grande rapidité, mais toujours en tortillant fon corps; & d’abord qu’il apperçoit quelque cho- {e il a une maniere finguliere de branler fa tête avec une extrême vitefle. (D. J.) TARAIJO, f. m. (if. nat. Botan. ) efpece de laurier cerife du Japon, dont les fleurs font à quatre pétales, odorantes, d’un jaune pâle, & ramañlées en grand nombre fous les aiffelles des feuilles. Son fruit, qui contient quatre femences, eft rouge, de la grof- feur & de la figure d’une poire ; on le cultive dans les jardins, où 1l conferve toujours fa beaute. TARAMA , ( Géog. mod.) province de l’'Améri- que méridionale, au Pérou, dans l’audience de Lima, à 24 lieues de la viile de ce nom: fon terroir eft fertile en mais. (D. J.) TARANCHE, 1. f. serme de Vigneron, grofle che- ville de fer qui fert à tourner la vis d’un prefloir par le moyen des omblets &c des leviers. Trévoux. TARANDE, £ m. ( Æiff. nar. Zoolog.) c’eft un animal fauvage gros comme un bœuf, Il a la tête plus grande que le cerf, eft couvert d'un poil comme ce- Jui d’un ours, & naît dans les pays les plus fepten- frionaux, comme en Laponie, (D. J.) TARANJA, £m. (Æiff. nat, Bot. ) arbre d’Afri- . que &c des Indes orientales. IL eft petit & rempli Wa TAR d’épines ; fon fruit eft rond & couvert d’une écorce jaunâtre ; le dedans eft rouge &z a le osoût d’une oran« ge, quoique fa chair foir plus ferme. AP TARANIS , f. m. ( Myrhol. des Gaul.) nom que les Gaulois donnoient à Jupiter, & fous lequel ils lui immoloient des viétimes humaines. Taranis ré pondoit au Jupiter tonnant des Romains, mais ce dieu métoit pas chez les Gaulois le fouverain des dieux, il n’alloit qu'après Efus, le dieu dela guerres & la grande divinité de ces peuples.#( D. J.) TARANTAISE, LA, ( Géogr. mod.) province de Savoie, avec titre de comte. Elle efl bornée au nord par le duché de Savoie, au midi par le comté de Maurienne, au levant par le duché d’Aoft, & au couchant encore par lercomté de Maurienne, C’eft le pays quhabitoient les Céntrons, peuples bien marquésidans Célar , au premier livre de {es Com- mentaires. Pline les place auffi dans les Alpes graién< nes, qu'il nomme Centroniques , à caufe de fes peu- ples, qui étoient, cemme il dit, limitrophes des Otoduriens ou des Vallaifans, Oéodurenfes 6 eorum fimitimi Centrones. Les Centrons étoient les premiers des Alpes graiennes, Leur capitale étoit nommée Forum Claudi : C’eft le nom romain marqué par Pto< lomée. à La ville des Centrons n’eft plus qu'un village qui a confervé fon nom. Darentafra où Tarentaife, devint la capitale, non-feulement des Centrons, mais des Alpes grecques & pennines ; elle eft marquée dans l'itinéraire d’Antonin , & dans la carte de Peutin- . ver. Elle étoit alors évêché, & fut archevêché dans le neuvieme fiecle. Cette ville de Tarertaife, en don nant fon nom au pays, a perdu le fien elle-même, & s'appelle aujourd’hui Monftiers, Monaflerium , à caufe d’un monaftere fondé en ce lieu, où les arche: yèques demeuroient. Voyez MONSTIERS. | La Tarentaife eft un pays ftérile & plein d’affreu- fes montagnes. La riviere d’Ifere la traverfe d’orient en occident, & y prend une de fes fources. Innocent V. appellé Pierre de Tarentaife, parce qu’il étoit né dans la ville de ce nom en 1249, fe fit religieux de l’ordre de faint Dominique , devint pro- vincial de fon ordre , archevêque de Lyon, cardinal d'Offie, grand pénitencier de lPéglife romaine , & énfin pape après la mort de Grégoire X. Il fur élu à Arezzo le 21 Février 1276, & mourut au bout de cinq mois. Il a laïflé des‘ouvrages que perfonne ne lit aujourd’hui , tant ils refpirent la barbarie. (D. J. TARAPACA , VALLÉE DE, ( Géogr. mod. ) vallée de l'Amérique feptentrionale, au Pérou, dans l’au- dience de Los - Charcas,, près de la côte de la mer du Sud. On dit qu'il s’y trouve quelques mines d’ar- gent. Au-devant du continent il y a une ile nommée l’fe de Gouane, & que M. de Lifle marque à dix-neuf degrés quelques minutes. (D. J.) TARARE, ( Géog. mod. ) nom commun à une montagne d'Afrique, au royaume de Tremecen , & à une montagne qui eft à fix lieues de Lyon, fur le chemin de Roanne, & dont on a rendu le paflage très-commode. Cette derniere montagne a pris fon nom du gros bourse qui eft fitué au-bas, dans une vallée, fur la petite riviere de Tordive. Tarare, en latin du moyen âge, Tararia , eft encore une mon- tagne de France, qui fépare le Lyonnoïs du Beaujo- lois. (D.J.) | TARAS, fm. (Médailles) fils de Neptune, pañle pour le fondateur des Tarentins, qui le mettoient fur leurs médailles fous la forme d’un dieu marin monté fur un dauphin, & tenant ordinairement 1 trident de fon pere; ou la maflue d'Hercule, fymbole de la force ; ou une chouette, pour défigner Miner- ve, protectrice des Tarentins ; ou bien une corne d’abondance , pour fignifier la bonté du pays où il avoit bâtiT'arente; ou enfin avec un potà deuxanfes, & TAR & une grappe de raifin avec le tyrfe de Bacchus, fymbole de l'abondance du vin chez les Tarentins, Taras avoit une ffatue dans le temple de Delphes, où.on lui rendoït les honneurs dûs aux héros. (2. J. FaRAS, ( Géog. ane.) 1°, fleuve d'Italie, dans la Japigie , près de la ville de Tarente, felon Paufanias, 2, XX, c. x, &t entre Métaponte & Tarente, felon Appien , civil, 4 FH conferve fon ancien nom, à la terminaifon près ; car les uns le nomment préfente- ment Tara, &t les autres Turo. Ce n’eft proprement qu’un rurffeau qui fe jette dans le golfe de Tarente, près de Torre de Taro, 2°, Taras , fleuve de l'Epire , felon Vibius Sequef ter, de fluminibus, p.83. 3°. Taras, ville del’Afie mineure, felon Curopa- late cité par Ortelius. | 4°, Taras, fleuve de Scythie, {elon Valerius Flac: eus. ( D. J. TARASCON,( Géog. mod, ) ily a en France deux etites villes de ce nom; l’une eft dans le pays de Eoix , fur le bord de la riviere, à trois lieues au-def£ fus de la ville de Foix. Long, 10. 12. Lar. 43. L'autre Tara/torz beaucoup plus confidérable, eft en Provence , au diocèfe d'Avignon, fur la rive gau- che du Rhône, vis-à-vis Beaucaire, avec laquelleeile communique par un pont de bateaux. Sa fituation eft à 4 lieues au midi d'Avignon , &c à $ d'Arles. H y aune viguerie, un chapitre & quelques couvens. Sonterroir eft délicieux , & l’on y refpireun air fort tempéré. Elle députe aux aflemblées générales de la Provence, &c fes députés y ont le premier rang, Long. 22.20. lait, 43. 48. Cette ville eft très-ancienne ; car Strabon & Pto- lomée en font mention fous le même nom qu'elle por- te aujourd’hui ; 1ls la nomment Tarafto. _Molieres ( Jofeph Privat de )phyfcien cartéfien, y naquit en 1677; 1l devint profefleur au college royal en 1723 ; membre de l’académie des Sciences en 1729 , & mourut à Paris.en 1742. Il a publié des leçons de phyfique en quatre vol. 27-12, dans lef- quelles 1l admet non-feulement les tourbillons de Defcartes , mais il. croit pouvoir en démontrer l’exif- tence dans lefyflème du pen. Les leçons de cetau- teur ne pañleront pas à la poftérité. (D. J) FARASQUE, £ f. animal chimérique dont on effraie les enfans en quelques provinces de France; on le repréfente à leur imagination ayant fur fon dos un panier d'où fort une marionnette qui danfe & qui faute. _ TARASUN, L£f (Dicte. ) efpece de biere owde liqueur fermentée que font les Chinois ; elle efttrès- forte 8 très-propre à enivrer. Pour faire cette li- queur, on prend de l’orge ou du froment qu’on fait germer , 6t on le fait moudre groffierement ; on en met une certaine quantité dans une cuve, on l’hu- mecte foiblement avec de l’eau chaude; alots on couvre la cuve avec foin; on verfeenfuite de lanou- velle eau bouillante , & on remue le mélange, afin que l’eau le pénetre également, après quoi on re- couvre encote la cuve ; on continue vetfer de l’eau bouillante , & à remuer jufqu’à ce qu’on s’apper- çoive que l’eau qui furnage , à parfaitement extrait le malthe ou le grain germé, ce qu’on! reconnoit lorfqu’elle eft fortement colorée, & devenue gluan- te & viqueufe. On laïfle refroidir Le tout jufqu’à de- venir tiede; alors on verfe la liqueur dans. un vaif- feau plus étroit , que l’on enfouit enterre., après y avoit jointun peu. de houblon chinois , qui eft pref- 1é, 8 à qui on donneà-peu-près la forme d’une tuile; on recouvre bien de terre le vaifleau qui y a été en terré, &c on laifle la liqueur fermenter dans cet état, Le houblon des Chinois quia été preflé dans des moules, porte déja fonilevain avec lui: ainf il n’eft pas befoin d'y joindre aucune matiere férmentante. : Tome XF, : | Janias, (D. J.) | TAR 903 En Eurôpe où l’on na point de ce houbloñ préparés On pourroit y fuppléer en mettant du houblon bouilli en petite quantité, pour ne point rendre la liqueur trop amere , & en y Joignantun peu de levire ou dé mie de pain, ce qui produiroit le même effet, Lorfz que la matiere eft entrée en fermentation; on ob= ferve fi la fermentation eft ceflée » Ce qu’on recons noït lorfque matiere qui s’étoit gonflée, commence à s’affaifler; alors on la met dans des facs de srofle toile que l’on ferme enles nouant, que l’on met fous un prefloir, & la liqueur que le prefloir fait fortir de ces facs, fe met fans délai dans des tonneaux que lon met dans la cave, & que l’on bouche avéc foin; de cette façon l’on a une biere qui éftetrès-bonne, lorfqu’elie a té faite proprement & avec foin, Foyeÿ le voyage de Sibérie par M, Gmélin. | TARATES, ( Géog. arc.) Taraëi, peuples mons tagnards de Pile de Sardaigne, Strabon, z. 7. P: 225), dit qu'ils habitoient dans des cavernes y À Que quois qu'ils euflent un terrein propre pour le froment!, ils en négligeoient la culture , aimant mieux piller les champs d’autrut, Ils s’adonnoient auf à [a piraterie ; car Strabon ajoute qu'ils défoloient les Pifans ; oit dans Pile , foit dans le continent, (D.J, TARAXIPPUS, f. m.(Mythoz, € Gyrnaft.) génie malfaifant, dont la ftatue placée dans les Hippodro= mes de fa Grece rempliffoit d’épouvante les chevaux attelés au char de ceux qui difputoient les prix de l4 courfe, | La lice où l’hippodrome étoit compoi& de deux parties, dont l’une étoit une colline de hauteur mé: diocre, & l’autre étoit une terrafle faite de main d'homme. À l’extrémité de cette partie de la lice qui étoit en terrafie , il ÿ avoit un autel de figureronde confacré à un génie que l’on regardoit comme la terreur des chevaux, &c que par cette raifon l’on nommoït Tus TAXippus. | l Quand les chevaux venoient À pañfer devant cet autel, dit Paufanias , fans que l’on fache pourquoi, la peur les faïfifloit tellement, que n’obéiffant plus nia la voix, ni à la main de celui qui les menoit , fouvent 1ls renverfoient 8 le char & Pécuyer ; auf faifoit-on des vœux &c des facrifices à Taraxippus pour lavoir favorable. L'auteur qui étoitaflez mauvais phyfcien & fort fuperflitieux, recherche les raifons de cette épous vante; mais au lieu d’en donner la caufe phyfique , ilne rapporte que des opinions populaires fondées fur la fuperftition qui a été de tous les teins , de tous les pays, &c autant de la nation greque que des au tres. , Dans Pifthme de Corintheil y avoit auf un T4 raxippus que l’on croyoit être ce Glaucus, fils de Si- fyphe , qui fut foulé aux piés de fes chevaux dans les jeux funebres qu’Acafte fit célébrer en l'honneur de fon pere, À Nemée on ne parloit d'aucun génie qu fit peur aux chevaux; mais au tournant de la lice,il y avoit une grofle roche rouge comme du feu , dont l'éclat les éblouifloit, & les étonnoit de la même ma= niere qu’eüt fait la flamme; cependant, fi l'on ert croit Paufanias, à Olympie , Taraxippus leur faifoit || bien une autre frayeur. I finit en difant que , felon eux, Taraxippusétoit un furnom de Neptune Hippius : ce n°eft pas-là fatifs faire la curiofité du leéteur qui attend qu’on lui aps prenne la véritable caufe d'une éponvante fi fubites L'auteur pouvoit bien dire ce qu'il eft fi naturel de penfer , que les hellanodices où direéteurs des jeux | ufoient de quelque artifice fecret pour efaroucher anf les chevaux , afin que le fuccès des courfes de char devenu par-là plus hazardeux & plus difficile, en devint ant plus glorieux, Abbé Gédoüin fur Pas YYyyy O04 TAR TARAXIS , (Lexicog. médic, ) rapuëis ; dérégle- ment , trouble, confufon. Hippocrate emploie fou- vent ce mot, de même que le verbe raparrw, Je rrou- ble, dont il eft dérivé, pour fignifier ce défordre où déréglement du ventre à des inteftins, qui eft caulé par un cathartique, outelle autre caufe que ce foit. L'adje@if rarachodes , rapayudee, s'applique auff aux maladies, aux fievres & au fommeil inquiet, qui font accompagnés de réveries. Tepaé:e défigne encore dans les médecins grecs une chaleur & pleurs de l'œil, accompagnée d’une rou- geur contre nature, laquelle procede de quelque caufe externe , comme du foleil, de la fumée, de la Doufliere, du vent, &c,. Cette légere ophthalmie cefle d'elle-même par la ceffation de la cante. (D.J.) TARAZONA o4 TARACONA, ( Géog. mod, ) ville d'Efpagne, au royaume d'Aragon, fur les con- fins de la vieille Caftille, au bord de la riviere nom- mée Chilés, à jo lieues de Madrid, & à 66 de To- lede, dont fon évêque eft fuffragant. Elle a trois pa- roifles , divers couvens, & un hôpital bien renté. Tarazona eft fort ancienne ; on la nomma d’abord Tyria- Aufonia. Augufte en fit une ville municipale ; les Maures y demeurerent jufqu'en 1120, qu'Al- fonfe , roi d'Aragon & de Cafille, la leur enleva, & y établit un fiege épifcopal. Son diocèfe étend fa jurifdiétion en Caftille & en Navarre, & vaut, dit- on, à fon évêque quinze mille ducats de rente. On tint dans cette ville un concile lan 1229 , & les états y ontété quelquefois convoqués. Le terrein abonde en blé, vin, huile , fruits, légumes , bétail, gibier, volaille, Long. 16. 7. latis. 41. 52. Cano, en latin Cunus ( Melchior }, religieux do- minicain, & l’un desplusfavans théologiens efpagnols du xvj. fiecle , naquit à Tarazona, 8tie rendit habile dans les langues, la philofophie & la théologie. Il enfeisna cette derniere fcience avec beaucoup d’é- clat dans l’univerfité de Salamanque. Il afifta , com- me théologien, au concile de Trente, fous Paul IX. & fat enfuite fait évêque des Canaries en 1552. Comme il vouloit s'attacher à la cour , 1l ne garda pas longtems {on évêché. Philippe IT. le confidéra beaucoup. Il fut provincial de Caïülle, & mourut à Tolede en 1560. Nous avons de lui plufieurs ouvrages, entr'autres, {on traité latin intitulé , /ocorum theologicorum libri duodecim , & qui ne parut qu'après fa mort; il eft écrit avec élégance, mais il a le défaut de contenir de longues digreflions & des queftions étrangeres au ‘fujet! L'auteur s’y montre néanmoins un homme d’ef- prit très-verfé dans les belles-lettres &r dans la con- noïflance de lhiftoire eccléfiaftique moderne, je n’en veux pour preuve que le pañage fuivant. « Je le dis avec douleur, & non dans le deffein # d'infulter perfonne( c’eft Canus qui parle ), Laër- » ce a écrit avec plus de circonfpechion les vies des # philofophes , que les Chrétiens n’ont écrit celles » des faints; Suetone eft plus impartial & plus vrai ». dans l’hiftoire des empereurs, que ne le font les » écrivains catholiques , je ne dirai pas dans celles » des princes , mais dans celles des martyrs, des » vierges & des eonfefleurs, d'autant que Laërce &r » Suétone ne cachent ni les défautsréels-des philofo-. » phes & des empereurs les plus eftimés, n1 même » ceux qu'on leur a attribués ; mais la plüpart de nos # écrivains font ou fi pafionnés, ou fi peu finceres, # qu'ils ne donnent que du dégoût; outre que je fuis » perfuadé que bien loin d’avoir fait du bien à lé- » glife, ils lui ont au contraire fait beaucoup de » tort... De plus il eft inconteftable que ceux qui »# écrivent l’hiftoire eccléfiaftique, en ÿ mêlant des » faufletés ou des déguifemens, ne peuvent être des » gens droits & finceres, & que leurs ouvrages ne # ont compofés que dans quelques vues d'intérêt, TAR » ce qui eftune lâcheté, ou pour en impofer aux » autres , ce qui eft pernicieux. ( D, J. ) TARBES, (Géog. mod.) ou TARBE, ville de France, capitale du comté de Bigorre, fur la rive gauche de l'Adour , dans une belle plaine, à neuf lieues au fud-oueft d’Aufch, & à fixau levant de Pau. Cette ville a fuccéde à l’ancienne Bigorre, nom- mée Begora, caffrum begorenfe, qui fut ruinée avec la plupart des autres villes de Gafcogne, par les invañons des Batbares. Tarbes s’eft accrüe de fes ruines, & a été bâtie à plufieurs reprifes. Son églife cathédrale eft dans le lieu où étoit ca//rum begorrenfe, appellé par cette raïon aujourd’hui la Sec, Il y a dans cette ville, outre la cathédrale, une églife paroïfliale & deux couvens, l’un de cordeliers 8x l’autre de carmes. Les PP, de la doëtrine ont le col- lege & le féminaire. La fénéchauflée de Tarbes eft du reflort du parlement de Touloufe. L'évêché de Tarbes , ou pour mieux dire, de lan: cienne Bigorre, n’eft pas moderne ; car fon évêque aflifta au concile d’Agde en 506. Cet évêque eft fuf- fragant d’Aufch, & préfident-né des états de Bi- gotre. Son diocefe renferme trois cens quatre-vingt- quatre paroïfles ou annexes , & vaut environ vingt- cinq mille liv. de revenu. La ville de Tarbes éprouva en 1750 une fecoufie de tremblement de terre, qui combla feulement une vallée voifine. Long. 17. 33. latit. 43. 10. (D. J.) : TARCOLAN , (Géog. mod.) ville des Indes dans le royaume de Carnate, au nord de Cangivouran dont elle dépend. C’étoit une ville afflez confidé- rable, pendant que les rois de Golconde en étoient les maitres ; mais elle a perdu tout fon luftre fous le ‘grand-mogol, qui a réduit fon enceinte à une très- petite étendue, (D. J.) TARDENOÏS, LE (Géog. mod.) en latin du moyen âge, cardenenfis ager, petit pays de France dans le Soiflonnois au gouvernement de lIfle de France. Son chef-lieu eft la Feré en Tardénois. (D. J.) TARDER, v. neut. &t aët. (Gram.) n’arriver pas affez tôt. Ne rardez pas: Les pluies ont fait sarder les couriers. Le crime ne sarda pas à être puni. On dit que la lune serde ; qu'une horloge sarde. Tarder 1e prend aufli pour différer ; ne tardez pas votre récon- ciliation : pour attendre avec impatience; il me sarde bien d’avoir cette épine hors du pié. TARDIF, adj. (Gram.) qui vient trop tard, qui eft lent à produire, à croïtre, à venir, à exécu- ter, &c. Il fe dit des chofes &c des perfonnes; un ar- bre sardif ; un fruit ardif; un efprit sardif. Une mort prompte vaut mieux pour celui qui connoit les maux de la vie, qu’une guérifon sardive. Le bœuf & la tor- tue font des animaux sardifs. De rardif, on a fait tardivise ; mais il eft peu d’ufage : on ht cependant dans la Quintinie, hätiviré & tardivite. TARDONE. Voyez TADORNE. TARDOUERE, LA ox LA TARDOIRE, (Géog. mod.) riviere de France, qui eft fouvent à {ec. Elle a fa fource dans le Limoufin , près de Char- lus, arrofe le Poitou , PAngoumois, & tombe dans la Charente, Ses eaux font fales, bourbeufes & pro- pres pour les tanneries. ( D. J.) TARD-VENUS, £ m. pl. ( Aif. de France.) ow MALANDRINS; c’étoient de grandes compagnies - compofées de gens de guerre, qui s’afflembloient fans être autorifées par le prince , &z fe nommoient un chef; elles commencerent à paroître en France, fuivant le continuateur de Nangis en 1360, &c fu- rent nommés sard-venus. Jaquet de Bourbon, comte. de la Marche, fut tué à la bataille de Briguais, en voulant difiper ces grandes compagnies qui avoient défolé la France, & qui pafñlerent enfuite en Italie, Hénauk, (D, J.) } TARE, {.{ (Com.) fignifie tout défaut ou dé- chet qui fe rencontre fur le poids, la qualité où la quanute des marchandiles. Le vendeur tient ordi: nairement compte des £ares à Pacheteur. Tare fe dit encore du rabais ou diminution que l’on fait fur la marchandife par rapport au poids des -.caifles, tonneaux 87 emballages. Ces rares font difé- rentes fuivant la diverfe nature des marchandifes, y ayant mème beaucoup de marchandifes où l’on n'ac- corde aucune #ere : quelquefois elle eff réglée par Pu- fage; mais le plus fouvent, pour obviér à toute con- teflation, l’acheteur doit en convenir avec le ven- deur. Les rares font beaucoup plus communes en Hol: lände qu’en France, Le fieur Ricard, dans fon aise du névoce d'Amfterdam, ch. vi. de lédir. de 1722, eft entré fur cette matiere dans un grand détail dont voici quelques exemples. La rare de lPalun de Rome eft de quatré livres par fac: | | De Vazur, trente-deux livres par barril: Du beure de Bretagne & d’irlande, vingt pour cent: | Du poivre blanc, quarante livres par barril; du poivre brun, cinq livres: Du quinquina, douze &c quatorze livres par fe- von, Ge. Diéfionn. de Comm. ARE D'ESPECES, (Com) diminution que l'on fouffre par rapport au changement des monnoies, Ditfionn, de Comm. ; ; FARE DE CAISSE, (Com.) perte qui fe trouve fur les facs d'argent, loit fur les faufles efpeces, 1oit fur les mécomptes en payant &r en recevant. On pafñle ordinairement aux caifiers des rares de caïffes. FARE, {. € (Monnoie.) c'eft une potite monnoie d'argent de la côte dé Malabare, qui vaut à-peu-près deux liards. T'en faut feze pour un fänou, qui eft une petite piece d’or de la valeur de huit fols. Ce {ont-làlesfeules monnoies que Les rois malabares faf. fent fabriquer &t marquer à leur coin. Cela n’em: pêche pas que les monnoies étrangeres d’or & d’ar- gent, n aient un libre cours dans le commerce felon leur poids; mais on ne voit guere entre les mains du peuple que des rares & des fanons. (D. J.) . TARE, L m. (Marine.)|nom que les Normands & les Picards donnent au goudron. Vojez Go u- DRON. A TAREFRANKE, Voyez GLORIEUSE. TAREIBOTA, f. m. ( Æf, nat. Ophiolog.\ nom d'une efpece de ferpent d'Amérique, qui ainfi que le caraboôia , eft amyhibie , vivant dans l’eau comm fur terre; ce font l’un & l’autre de petits ferpens: “entierement noirs ; ils mordenf quand on les atta- que, mais leur bleffure n’eft pas dangereufe. (D.J.) TAREIRA, fm, (Æif. ner. Ichehyol.) nom d’un poiflon des mers d'Amérique, où on eñ pêche pour les manger}, mais dont le goût eft aflez médiocre, Son corps oblong &r épais s’'amenuife graduellement vers la queue. Sa tête s’éleve en deux éminences au- deffus des yeux, qui font jaunes avec une prunelle noire. Son nez eff pointu ; fa gueule eft large, jaus nâtre en-dedans , atmée à chaque mâchoire & fur le palais , de dents extrémement pointues ; ce poiflon a huit nageoires, en comptant fa queue fourchue pour une; mais toutes font d’une fubftance tendre, mince, douce, avec des rayons pour foutien. Ses écailles , délicatement couchées les unes fur les au- tres, font fort douces au toucher. Son ventre eft blanc, mais fon dos &fes côtés font marqués de raies longitudinales, vertes & jaunes. Magravii, Bif. brafil. (D. J.) TARENTASIA , ( Géog. anc.) ville des Alpes Graïennes, chez les Centrons. C’eft aujourd’hui Tome XF, Mouftiercen-Tarentaife. (D. J. 4 TARENTE, (Géogr. mod.) en latin Tarrrrem à voyez ce mot où l’on a Rittoute fon hiftoire. Tarente moderne, énitalien Tarento, n’occupe aujourd’hui qu'une des extrémités de Pancienne Turentum, & l'on n'y trouve aucun veflige de la grandeur & dela fpiendeur qu’elle avoit autrefois ; tout Le pays de fon voifinage eft prefque défert. ; : C’eft une petite ville d'Italie, dans la tetre d’O: trante ; au royaume de Näples, fur le bord de lamer, dans un golfe de même nom, à 15 lieues au fud-eff de Bari &c à 55 eftde Naples. La riviere Gale en pafle à trois milles, quoiqu’elle en füt éloignée dé cinq du tems de Tite-Live ; vraiflemblablement fon. lit s’eft Élarei du côté de Tarenre. Les habitans de cette ville font de miférables pêcheurs, & même des efpeces de barbares redoutés des voyageurs, Longs 35. 8. Hatit, 40. 30. (D, 7.) | _ TARENTULE ox TARANTULE » daïs l'hifloire naturelle ft nn infecté venimeux , dont la morfure a donné le nom à la P'oyez TARANTISME. | La tarentule eft une efièce d’araignée, xinfi ap= péllée à caufe de la ville dé Tarente dans la Pouille ; où elle fe trouve principalement, Elle eff de la orof- féur énviron d'un gland ; a Huit piés & huit yeux ; fa couleur cft différente ; maïs elle eft tou jours garnie de poils. De fa bouche fortent douze efpéces de cornes un peu recourbées, dont les poin- tes font extrémement digues | & par lefquelles elle tranfmet fon venin. M. Geoffroy obferve que fes cornés font dañs un mouvement Continuel , fur-tout lorfque l'animal cherche {à nourriture, d’où il conjedure qu'elles peuvent être des efpeces de narines mobiles. La sarentule {e trouve en plufieurs autres endroits de Pltalie , 8t même dans l’ile de Corfe ; mais celles de la Pouille font fes feules dangéreufes. On prétend même que celles-ci ne le font plus lorfqw’elles font tranfportées ailleurs. On ajoute que même dans la Pouille il ny a que celles des plaines qui foient fort à craindre, parce que l'air y eft plus chaud que fu les montagnes. | M. Geoïroy ajoute que, felon quelques-uns, la tarentulé weft yenimeufe que dans la fafon de l’ac- couplement ; & Baglivi dit qu’elle left feulement pendant les chaleurs de l'été , mais fur-tout pendant ; , / F " naladie appcllée #raneifirre: e elle Liciias la canicule ; êr qu’alors étant comme enragée, elle fe jette fur tout ce qw’elle rencontre. Sa morfure caufe une douleur qui d’abord paroît a-peu-prés femblable à éelle que caufe la piquure d’une abeille ou d’une fourmi. Au bout de quelques heures ; on fent un engourdifflement, 8c la partie af fetlée fe trouve marquée d’un petit cercle livide, ui bientôt après devisnt une tumeur très- doulou- reufe. Le malade ne tarde pas à tomber dans une profonde mélancolie, fa refpiration eft très-difficile, fon pouls devient foible , la connoïfance diminue ; enfin il perd tout-à-fait le fentiment & le mouve- ment , &t il meurt à-moins que d'être fecouru. Mais ces fymptomes font un peu différens , füivant la na- ture de la zarentule &c la difpofition de la perfonne. Une averfion pour le noir & le bleu : & au con- traire une affeétion pour Le blanc, le rouge & le verd font d’autres! fymptomes inexplicables de cette ma- ladie, Fous les remedes que la Me par le raïfonnement, confiflent en quelques applis aux & des fudorifi- ques ; mais tout cela eft peu efficace. Ce qui vaut in: finiment mieux, & que la raifon ne pouvoit jamais découvrir, c’eft la mufique, Voyez Musique. Dès que le malade a perdu le fentiment & le mou: vement, on fair vemir un muficien qui eflaie diffé: YYyyy y 906 T À R rens airs fur un inftrument ; & lorfqu'il a rencontre celui qui plait au malade , on voit. aufli-tôt celui-ci faire un petit mouvement: fes doigts commencent À fe remuer en cadence, enfuite fes bras, puis fes jambes & tout le corps fucceflivement. Enfin il fe leve fur fes pies & fe met à danfer, devenant tou- jours plus fort & plus ahf. Quelques-uns continuent à danfer pendant fix heures fans relâche. | On met enfuite le malade au lit ; & quand on juge qu'il eft fufifamment repofé de fa danfe, on le fait lever en jouant le même air pour danfer de nou- veau. * On continue cet exercice pendant plufieurs jours, c’efi-à-dire pendant fix ou fept au plus. Alors le ma- lade {e trouve exceflivement fatigué & hors d’état de danfer plus long-tems, ce qui eft la marque dela guérifon ; Car tant que le poifon agit fur lui, il dan- feroit, f l’on vouloit , fans difcontinuer jufqu’à ce qu’il mourût de foiblefe. Le malade fe fentant fatigué, commence à revenir à lui-même, & fe réveillecomme d’un profond fommeil, fans aucun fouvenir de ce qui lui eft arrivé dans fon paroxyfme, & pas même d’avoir danté, Quelquefois 1l eft entierement guéri apres un pre- mier accès. Si cela n’eft pas, 1l fe trouve accablé de mélancolie , il évite la vue des hommes & cherche l'eau ; & fi on ne veille exaétement fur lui, 1l fe jette dans quelque riviere. S'il ne meurt pas de cette fois, 1] retombe dans fon accès au bout de douze mois, & on le fait danfer de nouveau. Quelques-uns ont régulierement ces accès pendant vingt ou trente ans. Chaque malade aime particulierement un certain air de mufique ; mais les airs qui guériffent font tous en général très- vifs & très-animés. Voyez AIR 6 To. Ce que nous venons de rapporter fut communi- _qué en 1702 à l’académie royale des Sciences, par M. Geoffroy , à fon retour d'Italie , & fut confirmé pat les lettres du P. Gouye. Baglivi nous donne la même hiftoire dans une differtation compofée exprès fur la sarentule , & publiée en 1696. il n’eft pas étonnant qu'on ait ajouté quelques fa- bles à des faits fi extraordinaires; comme par exem- ple , que la maladie ne dure que tant que la serenrule vit ; & que la sarentule danfe elle-même pendant tout ce tems-là le même air que la perfonne mordue. Théorie des effets de la morfure de la tarentule, pa M. Geoffroy. Cet auteur conçoit que le fuc empoi- {onné que tranfmet la sarentule, peut donner aux nerfs un depré de tenfon plus grand que celui qui leur eft naturel, ou qui eft proportionné à leurs fonc- tions ; de-là vient la perte de connoiffance & de mou- vement, Mais en même tems cette tenfion fe trou- vant égale à celle de quelques cordes d’un inftru- ment , met les nerfs à luniflon avec certains tons, & fait qu'ils vont ébranlés &c agités par les ondulations &z les vibrations de l'air qui font propres à ces tons. De-là cette guérifon merveilleufe qu’opere la mufi- que : les nerfs étant par ce moyen rétablis dans leur mouvement naturel, rappellent les efprits qui aupa- ravant Îles avoient abandonnés. Voyez UnissoN & ACCORD. On peut ajouter, avec quelque probabilité & fur les mêmes principes , que l’averfion du malade pour certaines couleurs vient de ce que la tenfion de fes nerfs, même hors du paroxyfme, étant toujours dif férente de ce qu’elle eft dans l’état naturel, les vibra- tions que ces couleurs occafonnent aux fibres du cerveau font contraires à leur difpofition, & pro- duifent une diflonnance qui eft la douleur. Théorie des effers de la morfure de la tarentule | par le D. Mead. La malignité du venin de la sarencule confifte dans fa grande force & fa grande aftivité TAR pat laquelle il exciteauff:tôt dans tout ce fluide artés riel une fermentation extraordinaire qui altere con- fidérablement fon tiflu ; en conféquence de quoi il arrive néceffairement un changement dans la cohé- fon des particules de ce liquide ; & par ce Moyen les globules de fang qui auparavant fe prefloient les uns les autres avec une évale force fe trouvent avoir une aétion irréguhere 8 fort différente ; enforte que Mes font fi fortement unis enfemble qu'ils orment des molécules , & comme de petits pelo- tons. Sur ce pié-là, commeil ya alors un plus grand nombre de globules enfermés dans le même efpace qu'il n'y avoit auparavant , & que Pimpulfon de plufieurs d’entre eux , lorfqu’ils font unis enfemble, varie fuivant le degré de leur cohéfion , fuivant leur gtoffeur , leur figure, 6. Pimpétuoñité avec laquelle ce fang artériel eft pouflé vers les parties , ne ferx pas feulement plus gtande quelquefois qu’à lordi- naire ; mais encore la preflion fut les vaïfleaux fan- guins fera néceflairement irréguliere & fort in£- gale ; ce qui arrivera particulierement à ceux qui de diftendent le plus aifément, tels que ceux du cer- veau, Gc. En conféquence le fluide nerveux doit fubir divers mouvemens Ondulatoires , dont quelques-uns feront femblables à ceux que différens objets agiffant fur les organes du corps où fur les pafñions de l'ame exci- tent naturellement, De-là s’enfuivent néceffairement . certains mouvemens du corps qui font les fuites or-- dinaires de latrifiefle, de la joie , du défefpoir, & autres paflions de lame. Voyez Passions. Il y a alors un certain degré de coagulation du fang , laquelle étant accompagnée d’une chaleur ex- traordinaire , comme il arrive dans le pays où les tarentules abondent , produira encore plus fürement les effets dont nous avons parlé : car les efprits fépa- rés du fang ainfi enflammé & compofé de particules dures , fines &c feches, ne fauroient manquer d’avoir part à cette altération , c’eft-à-dire qu’au-lieu que leur fluide eft compofé de deux parties, l’une plus aétive & plus volatile, Fäutre plus vifqueufe & plus fixe , qui fert en quelque façon de véhicule à la pre- miere, leur partie vifqueufe fe trouvera alors trop femblable à la partie aétive ; par conféauent ils au- ront plus de volatilité & de force qu’à Pordinaire ; c’eft pourquoi à la moindre occafon ils fe porteront irrépulerement à chaque partie. De-R s’enfuivront des fauts, de a colere ,ou de la crainte pour le moindre fujet ; une extrême joie pour des chofes triviales, comme des couleurs par ticulieres , 8 chofes femblables ; & d’un autre côté de la triftefle dès qu’une chofe ne plaît pas à la vues des ris, des dicours obfcenes & des aétions de mê- me nature , 6€ d’autres pareils fymptomes qui {ur- viennent aux perfonnes mordues par la seremule » parce que dans la difpofition où eft alors le fluide nerveux, la plus légere caufe le fait refluer avec ondulation vers le cerveau , & produit des images aufli vives, que pourroit faire la plus forte impref- fion dans l’état naturel de ce fluide, Dans une telle confufion , les efprits ne peuvent manquer , même fans aucune caufe mamfefte , de fe jetter quelque- fois avec précipitation fur les organes vers lefquels ils fe portoient le plus fouvent en d’autres tems; & l’on fait quels font ces organes dans Les pays chauds. Les effets de la mufique fur les perfonnes infeétées, du venin de la sarentule , confirment la do@rine pré- cédente. Nous favons que le mouvement mufculaire n’eft autre chofe qu’une contraétion des fibres, cau- fée par le fang arteriel, qui fait une effervefcence avec le fluide nerveux, lequel par la légere vibra- tion & le trémouflement des nerfs , eft déterminé à fe porter dans les mufcles, Voyez Muscuraire. Aïnk la mufque a un double effet, &r agit égale TAR ment {ur le corps & fur l’ame. Une harmonie vive éxcite dans l’ame des mouyemens violens de joie & de plaïfir, qui font toujours accompagnés d’un pouls plus fréquent & plus fort, c’eft-à-dire, d’un abord plus abondant du fluide nerveux dans les mufcles ; * ce qui eft aufli-tôt fuivi des aétions conformes à la nature des parties. pu Quant au corps, puifqu'il fuit pour mettre les mufcles en aétion , de caufer aux nerfs ces tré- mouflemens qui dérerminent leur fluide à couler al- ternativement dans les fibres motrices , C’eft rout un que cela fe fafle par là détermination de la volonté, ou par les impreffions extérieures d’un fluide élafti- que. | Cé fluide élaftique, c’eft l'air, Of, on convient que les fons confftent en des vibrations de l'air : c’eft pourquoi étant proportionnés à la difpofition du ma- lade , ils peuvent aufi réellément ébranler les nerfs que pourroit faire la volonté , & produire par con- 1équent des effets femblables, L'utilité de la mufique pour les petfonnes mordues de Ja rarentule, ne confifte pas feulement en ce que la mufique les fait danfer, & leur fait ainfi évacuer par la fueur une grande partie du venin ; mais outre cela, les vibrations réitérées de l'air que caufe la mufique, ébranlant par un coritaët immédiat Les f- bres contraétiles des membranes du corps , &£ fpécia- lement celles de Poreille, qui étant contiguës au éer- véau, communiquent leurs trémouflemens aux mem- branes & aux vaifleaux de ce vifcere; il arrive que ces fecoufles & ces vibrations continuées détruifent entierement la cohéfion des parties du fang, & en empêchent la coagulation ; tellement que le venin étant évacué par, les fueurs , & fa coagulation du fang étant empêchée par la contra@ion des fibres mulculaires, le malade fe trouve guéri. Si quelqu'un doute de cette force de l'air, 1 n’a qu'à confidérer , qu’il eft démontré dans le méchas nifme , que le plus léver mouvement du plus petit corps peut furmonter la réfiftance du plus grand poids qui eft en repos ; & que le foible trémoufle: ment de Pair , que produit le fon d’un tambour , peut ébranler les plus grands édifices. | Mais outre cela , on doit avoir beaucoup d’égard à la force déterminée , & à la modulation particu- lhiere des trémouflemens de Pair ; car les corps ca- pables de fe contraëter , peuvent être mis en aétion par un certain degré de mouvement de lair qui les environne ; tandis qu'un plus grand degré de mou- vement, différemment modifié, ne produira aucun effet femblable, Cela ne paroïît pas feulement dans deux inftrumens à cordes , montés au même ton; mais encore dans l’adrefie qu'ont certaines gens de trouver le ton particulier qui eft propre à une bou- teille de verre, & en réglant exaétement leur voix fur ce ton, la pouffant néanmoins avec force & long- tems, de faire d’abord trembler la bouteille , & en- fuite de la cafler, fans cependant la toucher ; ce qui n'arriveroit pas , fi la voix étoit trop haute, ou trop bafle. Foyez SON. Cela fait concevoir aifément , pourquoi les diffé- rentes perfonnes infeétées du venin de la rarenrnle, demandent différens airs de mufique pour leur gué- rifon ; d'autant que les nerfs 8: les membranes dif- traétiles ont des tenfions différentes , & par confé- quent ne peuvent toutes être mifes en aéhon par les mêmes vibrations de l'air. Je n’ajouteraique quelques réflexions fur ce grand article. Il eftafle#fingulier que ce foit dans la mufique qu'on ait cru trouver le remede du tarantifme ; mais les dépenfes d’elprit qu'ont fait quelques phyficiens pour expliquer les effets de la mufique dans cette maladie, me femblent encore plus étranges : fi vous en croyez M. Geoffroy , par exemple, la raïon de TAR 967 la privatiôt de mouvement & de connciffance, vient de ce que le venin de la sarentule caufe aux nerfs une tenfon plus grande que celle qui leur eft naturelle, Il fuppofe enfuite., que cette tenfion, égale à celle de quelques cordes d’inftrument, met lesnerfs à l’uniflon d’un certain ton, &les oblige à frémir, dès qu'ils font ébranlés par les ondulations propres à cé ton pattieulier ; enfin il établit que le mouvement rendu aux nerfs par un certain mode, y rappelle les efprits qui les avoient prefque entierement abandon: nés, d’où il fait dériver cette cure mufcale fi furpre=. nante. Pour moi jé ne trouvé qu’un roman dans touté cette explication, . D'abord elle fippofe une tenfion extraordinaire de nerfs qui les met à l’unifflonavec la corde d’un inf: trument, S1 cela eft, il faut que les membres du ma- lade foient roides & dans la contraétion, felon l’ac- tion égale où inégale des mufcles antagoniftes : ot l’on ne nous repréfente pas les malades dans un état de roideur pareille. D'ailleurs , fi c’eft par l'effet dé l’uniflon ou de l'accord qu'il y a entre le ton de linftrument & Les nerfs du malade qu’ils reprennent leurs mouvemens ; ils femble qu’il s’agiroit de mon: ter l’inftrument fur le ton qui le met en accords avec ces nerfs, & c’eft néanmoins ce dont le mufcish ne fe met pas en peine. Il paroït bien étrange que tant de nerfs de différente groffeur & longueur puiffent fans deflein , fe trouver tendus de maniere à former des accords ; ou ce qui feroit encore plus fingulier , &t même en quelque forte impoflble , à être à l’unifi fon avec le ton de linftrument dont on joue, Enfin, fi les efprits ont prefqu’entierement abandonné ces nerfs , comme le fuppofe encore M. Geoffroy , jé ne conçois pas comment il peut en même tems {up2 pofer que ces nerf foient tendus au-delà du naturel, pufque fuivant l’opinion la plus généralement reçue , ce font Les efprits , qui par leur influence tendent les nerfs. | Je pourrois oppofer à l’hypothèfe de M. Méad de femblables difhcultés , mais j’en ai une bien plus: grande qui m’arrête , c’eft la vérité des faits dont je voudrois m'aflurer auparavant que d’en lire l’expli- cation. MM. Geoffroy, Méad, Grube , Schuchzer & autres, n'ont parlé de la srensule, que fur Le témoi- gnage de Baghivi-qui n’exerçoit pas la médecine à Tarente ; par conféquent l’autorité de ce médecin n'eft pas d'un grand poids , & fes récits font fort fufpeéts, pour ne rien dire de plus. D’abord uné araignée qui par une petite piquûre femblable à celle d’une fournu, caufe la mort malgré tous les remé- des, excepté celui de la mufique, eft une chofé in- croyable. Une araignée commune en plufeurs en- droits de Pltahe , & qui n’eft dangereufe que dans la Pouille, feulement dans les plaines de ce pays, 8c feulement dans la canicule, {aifon de fon accou- plement, où pour lors elle fe jette fur tout ce quelle rencontre ; une telle araignée, dis-je, eft un in- feéte unique dans le monde ! on raconte qu'ellé tranfmet fon venin par fes cornes, qui font dans un mouvement côntinuel, nouvelle figularité | on ajou: te pour completter le roman , que les perfonnes qui font mordues de cette araignée , éprouventune aver: fion pour les couleurs noire & bleue, & une affec: tion pour les couleurs blanche | rouge & verte; Il me prend fantaifie de fimplifier toutes ces fables ; comune on fait en Mythologie; & voici ce que je penfe. La plûpart dés hommes ont pour les araignées une averfon naturelle ; celles de la Pouille peuvent mériter cette averfion , & être réellement verñimeu: fes. Les habitans du pays les craignent beaucoup ; ils font fecs, fanguins, volupteux ; ivrognes, im- patiens faciles à émouvoir, d’une imagination vive ; & ont les nerfs d’une grande irritabilité ; le déliré 908 T À R. , s. e ; za Fu ë à Ê des faifit au moindre mal, & dans ce déhre ; il eft bien naturel qu'ils s'imaginent avoir été piqués de da rarentule. Les cordiaux & les fudorifiques Teur font nuifibles 87 empirent leur état; on met donc -enrufage lerepos, la fraicheur, Les boifions : ainfi que la mufque qui calme leurs fens » ëc qu ils aiment avec pafion: voilà comme.elle pucrit la prétendue morfureifi dangereufe.de la sareniule, Certe expofi- tion n’eft pas metveilleufe, mais elle efffondée fur le boniens, la vraiflemblance , & la connoïflance du caratere des habitans de la Pouille, ( D. J) TARENTUM , ou TARAS , (Géog. anc.) ville d'Italie, dans la Pouille Meflapienne, au fond d’un golfe; elle étoit à cinq milles du Galefus: Tousles hiftoriens &c géographes, Strabon , Pine, Pompo- nius Méla, Tite-Live, Florus , Trogus Pompée, Solin, Tacite, &c Procope parlent de cette célebre ville fondée708 ans avant Pere chrétienne, La diverfité des fentimens fur fon ofiginé, prouve qu’elle nous eft inconnue. Antiochus veut qu'elle ait été fondée par quelques Barbares de Crete ‘qui , venus de Sicile, aborderent dans cet endroït avec leur flotte, & defcendirent à terre, Solin en attribue lafondation aux Héraclides. Servius croit qu’elle eft due à Tara fils de Neptune. Enfin d’autres préten- dent plus vraiffemblablement , que Tarezre-éroitune colonie de Lacédémoniens , qui furent conduits fur les côtes de la Tapygie Meffäpienne par Phalante, environ 696 ans avant l’ere chrétienne, & 55 ans depuis la fondation de Rome. Horace adopte cette origine ; ilappelle Tatente,, Ocbalia rellus, du nom d'Osbalus, compagnon de Phalante , venus de Lacé- démone dans la Lucanie, où 1l établit une colonie, &t bâtit la ville de Tarerse. Le même poëte faifant ailleurs, Z. II. od. 5, l’élo- ge de cette ville, dit: «files imuites parques me re- » fufent laconfolation que je leur demañde, jeme » retirerai dansle pays où Phalante amena jadis une » coionie de Lacédémoniens , oùle Galafo ferpente ». à-travers degras pâturages, où les troupeaux font » chargés d’une richettoifon que l’on conferve avec » grand foin ; ce petit canton a pour moi des char- » mes, que je ne trouve nulle part ailleurs; là ,cou- » leun miel délicieux, qui ne céde point à celui de » PAttiques [à , les olives:le difputent en bonté à » celles de Vénafre. Le printems y regnetune gtan- » departie de l’année; les hivers y font tiedes, & » l’âpreté des aquilons n’altéra jamais la douce tem- » pérature de l'air qu'on y refpire ; enfin les côteaux » y étalent aux yeux les riches préfens du dieu de » la treille, & n’ont rien à envier aux raifins de » Falerne, Ces riantes collines nous invitent tous » deux à nous y retirer; c’eft-là, mon cher Septi- » mius, que vous me rendrez les derniers devoirs, » _& que vous arroferez de vos larmes les cendres de » votre poëte bien-aimé. Undè fi parcæ prohibent ITIQUE , Dulce pellitis ovibus Galefr Flumen , & regnata petam Laconi Rura Phalantho. Ile terrarum mihi prater omnes, Angulus rider ; ubi non Hymerto Mella decedunt , viridique certat | Bacca Venafro. Ver ubt longum, tepidafque prœbet J'apiter brumas ; 6 amicus Aulon, Fercili Baccho , minimum Fulernis Invider uvis. Ille ze mecum locus , & bear, Poflulant arces : 101 tu calentem Debitä fparges lacrymé favillam, FVatis amici. Tarente , fituée fi favorablement par lanature, de- vint en peu de terns très-purante. Elle avoit une flotte confidérable, une armée de trente mille hom- mes détpié, 2 dé trois mille chevaux montés par d'éxcellens officiers ; c’étoit de la cavalerie Iégere, êtleurs cavaliers avorent l’ädreffé de fauter d’un che- val'{ur l’autre; cette cavalerie étoit fi fort éftimée, QUE raparriiCey figmiñoit former de bonnes troupes de cavalerie, LUE Mais la profpérité perdit Tarenre ; elle abandonna la vertu pour le luxe , &r fon goût pour le plaifir fut porté fi loin., que Le nombre des jours de l’année ne fufifoit pas aux Tareztins pour leurs fêtes publiques. Îls abatoient tout le poil de leur corps , afin d’avoir la peau plus douce, & facrifioient aux reftes de cette nudité ; les femmes ne fe paroient que de robestranf- parentes, pour qu'aucuns de leurs charmesine fuffent voilés ; les hommes lesimiterent, & portoient aufli des habits de foie; 1ls fe vantoient de connoître feuls. le prix du moment préfent, tandis, difoient-ils, que: par-tout ailleurs on remettoit fans cefle-au lende- Ian à jouir des douceurs dela vie, & l’on perdoit fon terns dans les préparatifs d’une jouiffance future ; enfin , ls porterent f loin l'amour de la volupté, que Pantiquité mit en proverbe les délices de Ta- rente. Tite-Live, Z IX, &: XII, à détaillé les jeux qu'on faifoit dans cette ville, en l'honneur de Plu- tus : il ajoute qu’on les célebra magnifiquement dans la premiere guerre entre les Carthaginois & les Ro- mains. | | Des mœurs fi différentes des premieres qu’eurent les. Tarentins dans leur inflitution, d’après l'exemple de Pythagore & d’Archytas, amollirent leur cou- rage, énerverent leur ame, 8&cpeu-à-peu la républi- que déchue de fon état floriflant, fe vit réduite aux dernieres extrémités; au-lieu qu’elle avoit coutume de donner des capitaines à d’autres peuples, elle fut contrainte d'en chercher chez les étrangers , fans vouloir leur obéir, nifuivre leurs confeils ; aufli de- vinrent-ils la victime de leur mollefle & de leur ar- rogance. Strabon marque deux caufes principales de la rui- ne de Tarente : la premiere , qu’elle avoit dans Pan- née plus de fêtes que de jours; & la feconde, que lans les guerres qu’elle eut avec fes voifins , fes troupes étoient indifciplinables. Enfin , après bien des revers , elle perdit fa liberté pendant les ouerres dAnnibal; & devenue colonie romaine, elle fut plus heureufe qu’elle n’avoit jamais été dans l’état de fon fybarifme. Florus écrivant les guerres entre les Romains & les Tarentins , fait le récit de la fortune & de la dif grace de cette ville ; il dit que Tarenre étoit autre- fois la capitale de la Calabre , de la Pouille, & de la Lucanie, Sa circonférence étoit grande, fon port avantageux , fa fituation merveilleufe , à caufe qu’- elle étoit placée à l'embouchure de la mer Adriati- que , à la portée d’un grand nombre de places mari- times où fes varfleaux alloient; favoir en rie, dans l’Illyrique , dans l'Epire , en Achaïie, en Afrique , & en Sicile, Au-deffus du port, du côté de la mer, ctoit le théâtre de la ville qui a occafonné fa ruine : car le peuple s’y étantrendu un jour pour voir des jeux qui s’y fafoient , obferva que dés hommes pañloïent près du rivage ; on les prit pour des payfans. Les Taten- tins fans autre éclaircifiement » {e Moquerent d'eux» êcles tournerent en ridicule, [I fetrouya que c’étoient des Romains qui , choqués des railleries de ceux de Tarente ; envoyerent bientôt des députés pour fe plaindre de pareils affronts. Les Tarentinsne fe con. tenterent point de leur faire une réponfe hautaine ils les chafferent encore honteufement de leur ville. Ce fur là la caufe de la guerre que les Romains leur déclarerent ;"elle fut fanglante 8 dangereufe de paït êt d'autre. Les Romaïns mirent {ur pié une groffe armée pour venger les injures de leurs concitoyens. Celle des Tarentins n’étoit pas moindre, & pour être mieux en état de fe défendre, 1ls appellerent à leur fecours Pyrrhus, roi des Epirotes. Celui-ci vint en Italie avec tout ce qu'il put ramafler de troupes dans l’'E- pire, en Theflalie , & en Macédoine. Il battit d’a- bord les Romains ; 1l en fut enfuite battu deux fois , 8&c obligé d'abandonner l'Italie ; ce qui entraina la perte de Tarenre, quifut foumife aux Romains. Tite-Live & Plutarque , dans la vie de Fabius qui s’empara de Turente, détaillent la grandeur, la puif- fance , & les richefles de cette ville : 1ls remarquent que l’on comptoit trente mille efclaves faits prifon- niers, &c envoyés à Rome, avec quantité d’argent, & quatre-vingt mille livres pefant d’or en monnoie, IS ajoutent qu'il y avoit de plus un fi grand nombre d’étendarts , de tables, & d’autres meubles de prix, qu’on mettoit un fi riche butin en parallele avec ce- lui que Marcellus avoit apporté de la ville de Syra- cufe , à Rome. On ignore en quel tems &c par qui Tarente a té ruinée, ni quand elle a été rebâtie fur Le pié qu’on la voit aujourd’hui ; peut-être ce dernier événement atriva-t-l par des habitans de Calabre, chaflés de leur patrie , lorfque Totila, roi des Goths, pilla la ville de Rome, Quoi qu'il en foit, Tarenre n’eut alors qu’une petite partie de fon ancienne grandeur. Après la décadence de Pempire romain en occi- dent , les Tarentins furent foumis aux empereurs de Conftantinople, jufqu’à l’arrivée des Sarrafns en Italie, qui s'emparerent du golfe de Tarente, & con- quirent la grande Grece , la Lucanie , la Calabre, la Pouille , une partie de la Campanie , & le pays des Salentins & des Brutiens. Tarente tomba dans la fuite fous la domination des princes & rois de Na- ples, qui honorerent ce pays du titre de principauté. Plufieurs particuliers en ont porté le nom , entre lefquels on compte quelques perfonnes de la famille des Urfins de Rome. Le dernier prince de Tarente de cette famille, fe nommoit.Jean , & poffedoit de bel- les qualités. Aujourd'hui Tarente n’eft plus qu’une bicoque , érigéeten archevèché : on n’y retrouve aucun veftige de fon ancienne fplendeur, de fon théâtre, de dés bâtimens publics , & de l’embouchure de fon fa. meux port. O&avien & Antoine , afpirant tous deux à la fou- verane puiflance , ne manquerent pas de {e brouil- ler fouvent. Leur réconciliation étoit toujours peu durable, parce qu’elle n’étoit jamais fincere. Parmi les négociations qui fe firent pour les raccommoder, Fhiftoire nous en marque deux principales , l’une en 714. & l’autre en 717. Cette dermerefe fit à Tarente, par les foins d'Oftavie , & Mécene qui fut toujours un des entremetteurs,, à. caufe de fon attachement pourOétavien, mena Horace avec lui pour l’amufer, &c lui fit voir Brindes &c Tarenre ; c'eft pourquoi j'aitiré de ce poëte la defcription des agrémens du territoire de cette ville , #o/le Tarentum, Il na pas beaucoup changé , ilefttoujours gras & fertile. Var- ron faifoit comme Horace l'éloge de fon miel, Pline en vantoitles figues, les noix, les châtaignes, & Le fel, qu'il dit furpañler en douceur & en blancheur tous les autres fels d'Italie; fes porreaux étoient forts ,-Ovide en parle ainfi : Fila Tarentini graviter redolentia porri ÆEdifhi, quoties ofcula claufa dato. Mais je me garderai bien d’oublier les hommes cé- lebres , tels qu'Archytas, Lyfis, Arifloxene, 6c. à qui Tarente a donné le jour. On fait aufique Py- TA R 909 : thagore y demeura long-tems , & qu'il y fut en très- haute confidération Archytas ; grand philofophe , srand aftronome, prand géometre , grand général , grand homme d’é- tat , & ce qui releve encore tous fes talens , citoyen auf vertueux qu'éclairé, gouverna Tarente {a patrie, en qualité de premier magiitrat, Il vérifia cette ina- xime fouvent répétée , que les états font heureux qui ont de grands hommes pouf conduéteurs, Archytas fut un modele de conduite & de probité; on le tira fouvent de l’obfcurité de fon cabinet, pour lui confier les emplois les plus épineux, & illes exerça toujours avec gloire. Il commanda {ept fois l’armée dé la ré- publique , & ne fut jamais vaincu. Il florifloit un peu plus de 400 ansavant J.C.puifqu’il étoit contem- poran de Platon , qw'il acheta de Polide , capitaine de vaïfleau, Quel efclave, & quel maitre! On trou- ve dans Diogene Laërce deux lettres, que ces deux grands hommes s’écrivirent. | | Archytas eft le premier qui a fait fervir la connoif- fance des mathématiques à l’ufage de la fociété , &il n’a été furpañlé que par Archimède. Au milieu de fes études , fi fouvent interrompues par les foins du gouvernement & par le tumulte des armes, il trou- va la duplication du cube , & enrichit les méchani- ques de la vis & de la poulie ; Fabricius , b:b. græc, tom. 1.p. 485. vousinftruira de quelques autres dé- couvertes qu’on lui attribue. ; Cë grand homme écrivit &c laifla divers ‘ouvra- ges de tous genres, de mathématiques , de philofo- phiques , & de moraux , du-moins à en juger parles titres qui nous en reftent & qu’on trouve dansles an- ciens. Fabricius & Stanley vous en donneront la lifte. Porphyre nous a confervé un fragment d’un traité des mathématiques, qu'il aflure être le moins fuf- peét des ouvrages attribués à Archytas. Henri Etien- ne a fait imprimer ce fragment en grec avec d’autres ouvrages ; & M. Jean Gramm , favant Danois, l’a fait réimprimer avec une verfon latine de fa:main,& une differtation fur Archythas,à Coppenhague,r707, 1n=4°% Platon avoit recueilli foigneufement tous les ouvrages, d'Archytas , & il avoue généreufement , dans une de fes lettres , qu’il en tira beaucoup de profit. | Cicéronnous a confervé la fubftance d’un difcours d’Archytas contre Pamour de la volupté, qui dansfa durée étouffe toutes les lumieres de l’efprit; voyez le livre de Seneët. cap. xj.& Stanley , Mifl. philof. pars. VIII. p. 821. La conduite d’Archytas répondit à fes écrits moraux , & c’eft-là ce qui doit rendre fa mé- moire vénérable. Il s’attira l’eftime générale par fa modeftie , par fa décence, &c par le frein qu'il mit à fes pañons. Plutarque rapporte que ce grand hom- me étant de retour de la suerre , où 1l avoit comman- dé en qualité de capitaine général, trouva toutes fes terres en friche , 8 rencontrant fon fermier: « il » t'en prendroit mal, lui dit-il , fi jen’etois dans une » grande colere ». ne oies t : Diogène-Laërce parle de quatre autres perfonnes du nom d’Archytas., & qui tous quatre ont eu. de la réputation ; l’un de Mitylene, qui éroitmuficien; un fecondquia écrit fur l’agriculture ; le troifieme étoit poëte, &,le quatrieme architecte; 1l ne faut lesscon- fondre les uns niles autres avec notre Archytas éleve de Pythagore. Horace nous apprend la particularité qui regarde fa mort. Il périt par un naufrage fur la mer Adriati- que, &c fut jetté fur les côtes de la Pouille , à Mati- ne, ville maritime des Salentins fur lemerlonienne, dans le pays qu’on appelle aujourd’hui la serre d'O-, trante. Voyez comme en parle le poëte de Vénufe, ode xxviy. liv. J. peus « Archytas, vous qui.pouviez mefurer la vafte » étendue des terres &des mers , & compter lé noms OTO T AR » breinfini des grains de fable , vous êtes arrêté au- » jourd’hui fur le rivage de Matine faute d’un peu de » poufhere. Que vous fert maintenant d'avoir par s votre intellisence percé levuide immenfe des airs, » & parcouru tout l’univers d’un pole à l’autre , puif- » que tant de fublimes connoïffances n’ont pu vous » sarantir d’un funefte trépas » à Te maris G terre, numeroque carentis aren@ Menforem cohibent, Archyta, Pulveris exigui, propè listus , parva Maninum Munera ! nec quidquam tibi prodef Aèrias tentaffe domos , animoque rotundum Percuriffe polum , morturo. Lyfis fat dans fa jeunefle difciple de Pythagore déja vieux. Ce philofophe ayant refufé lentrée de fon école à Cylon, l’un des premiers de Crotone, mais dont le caraétere d’efprit ne lui convenoit pas ; celui-ci à la tête d’une partie des citoyens, qu'ilavoit ameutés pour fe venger , mit le feu au logis de Path- lete Milon, où étoient affemblés environ quarante pythägoriciens qui furent tous brûlés, où accablés de pierres, à la referve de Lyfis & d’Archippe , ou, felon d’autres , de Philolaus , qui étant jeunes & dif pos, eurent le courage de fe fauver. Lyfis fe retira en Achaye, puis à Thèbes, où ildevint précepteur d’'E- paminondas. Il y établit une école publique, y mou- rut & y fut enterré. Le pythagoricien Théanor y vint dans la fuite à deflein de faire transférer en Italie les os du défunt , au rapport de Plutarque , lequel ra- conte aflez au long cette hiftoire. On vante fur-tout en la perfonne de Lyfis fon exac- titude à tenir fa parole, même dans les occafions de très-petite importance ; & c’eft de quoi lamblique allésue exemple qui fuit. Lyfis ayant fait un jour fa priere dans le temple de Junon ; rencontra, comme il en fortoit , Euryphâme de Syracufe , l’un de fes condifciples , qui venoit y faire la fienne. Celui-ci dit à Lyfis qu'il le rejoindroit inceflamment , &c le pria de l’attendre, Lyfis le lui promit, &c s’affit fur un banc de pierre qui étoit à l'entrée du temple. Eury- phâme , après fa priere, fe trouva tellement abforbé dans fes profondes méditations , qu'il en oublia fon ami ; il fortit par une autre porte. Lyfis lattendit le refte du jouf, la nuit fuivante , une partie du lende- main, & l’auroit attendu plus long-tems , fi Eury- phâme en entrant dans l’école, & ne l’y voyant pas, ne fe fût reflouvenu dela rencontre de la veille. Cela le fit retourner au temple, d’oùil ramena Lyfis, qui Pavoit attendu conftamment; &c il hu dit que quel- que dieu l’avoit ainfi permis pour faire éclater en lui une exacutude fi fcrupuleufe à tenir fa parole. Telle étoit celle des Pythagoriciens à garder celle de’leur maître! _ Lyfis compofa des commentaires fur la philofo- phie de Pythagore , lefquels font perdus. Diogene Éaërce témoigne que de fon tems on lifoit quelques ouvrages de Lyfis , fous le nom de Pythagore. Plu- fieuts attribuent à fes difciples les vers dorés , que d’autres donnent à Plulolaüs, mais que M. Fabri- cius prétend être l'ouvrage d'Empédocle., comme il s'efforce de le prouver dans fa bibliotheque greque. I! refte aujourd’hui fous le nom de Lyfis, une lettre adreflée à Hipparque , où ce philofophe reproche à cet ami de divulger les fecrets de la philofophie de eur maître commun. On trouve cette lettre dans dif- férens recueils indiqués par M. Fabricius, entre au- tres dans celui de Thomas Gale , publiéfous le titre d’opafcula mythologica 6 philofophica. Il'eft parlé dans Strabon & dans Athénée d’un autre Lyfis poëte, auteur des vers ioniens effeminés &c im- pudiques , lequel fuccéda en ce genre d'écrire à So- tadès | & à l’étolien Alexandre , qui s’y étoient, dit-on, exercées en profe, d’où on les avoit tous fur- nommés Kivasdexoyous ; les difciples de ceLyfis s’ap= pelloient Lyfodi , Aunwdus , de même que ceux de Simus , autre poëte du même goût, maïs plus ancien que Lyfis, fe nommoiïent Simodi, sus. Mém, de littér. tome XTITI. in-4°, p.234. Arifloxene étoit fils du muficien Mnéfas , autre- ment appellé Spinéhare, Etant dans la ville de Man- tinée , il y prit du goût pour la Philofophie , & s’é- tant de plus appliqué à la Mufique, il n’y perdit pas fon teras. Il fut en premier lieu difciple de fon pere, 8 de Lamprote d'Erythrée , puis du Pythagoricien Xénophile, enfin d'Ariftote > fous lequelil eut Théo- phrafte pour compagnon d'étude, Arifloxène vivoit donc, comme l’on voit, fous Alexandre le Grand & fes premiers fuccefleurs , & il fut contemporain du meflénien Dicéarque , hiftorien très-fameux. De touslesouvrages philofophiques, hiftoriques > philologiques &c autres qu'Arifloxène avoit compo- 1és ,| & dont on trouve une exa@te notice dans ‘la bibliotheque greque, Zy. LEI.c.x. 10m. IL. p. 257. de M. Fabricius, ne nous refte aujourd’hui que festrois Evres des élémens harmoniques ; 8e c’eft le plus ancien traité de mufique qui foit venu jufqu’à nous. Meurfius pour Ja premiere fois en publia le texte, fuivi de ceux de Nicomaque &c d’Alypius,autresmufciens grecs, 8 des notes de l'éditeur, le tout imprimé à Leyde en 1616, ën-4°. La verfion latine d’Ariftoxène & celle des harmoniques de Ptolomée faites par Antonin Go- gavin, avoient paru conjointement à Venife dès l’an- née 1561, 27-4°. Maïs on a vu reparoître avec un nouvel éclat le texte grec d’Ariftoxène , revu & cor- rigé fur les manufcrits , accompagné d’une nouvelle verfion latine, &c des favantes notes de Mare Meï- bom , qui l’a fait imprimer à la tête de la belle édi- tion qu'il nous a donnée des muficiens grecs, à Am- fterdam en 1652, 52-49, deux vol. Il eft parlé de cet ouvrage d’Ariftoxène touchant la mufique dans plu- fieurs auteurs anciens, tels qu'Euclide, Cicéron, Vitruve, Plutarque, Athénée, Ariftide, Quintilien, Ptolomée , Boëce, &c. A l'égard de fes autres traitésconcernant la Mufi- que , & qui font perdus , ils rouloïent | 1°. fur les joueurs de flite, les flûtes & autres inftrumens de Mufique ; 2°. fur la maniere de percer les flûtes ; 3°, fur la Mufique en général, ouvrage différent des har- moniques &c dans lequel 1l‘s’agifloit, non-feulement des autres parties de cet aït , telles que la rhythmi- que, la métrique, Porganique., la poétique & l’hy- pocritique, mais encore de l’hiftoire de la Mufique & des muficiens; 4°, fur la danfe employée dans les tra- gédies ; 5°. fur lès poëtes tragiques. De tousles mu- ficiens dogmatiques grecs que le tems nous a confer- vés , Ariftoxène eff le feul dont Plutarque fafle men tion. Mém, de lirrér. tom. X. in-4°, p. 300. Pacuve ; né à Brindes ; mourut à Tarente, âgé de près de go ans. Il étoit petit-fils d'Enrius', & vivoit vers la cent cinquante-fixieme olympiade. Doué de beaucoup d’efprit , il le cultiva foigneufement par la leéture des auteurs grecs, dont il fit pañler les ri- cheffes dans fes compoñitions. Rome n’avoit point eu de meilleur poëte tragique avant lui, & il s’en eft même trouvé très-peu qui Payent écalé jufqu’au tems des Céfars. (Le Chevalier DE JAUCcOURT.}) TARER , v. aét. ( ferme de Comm. ) C’eft peferun pot ou une bouteille avant que-d’y mettre la drogue ou la liqueur , afin qu’en la repefantaprès , on puifle favoiraujufte combien:il y en eft entré: 1 à Dans le commerce des fucres, onraréünebarique; & l’on en met le poids. fur un.des fonds poux entenir plusaïfément compte àW’acheteur, en comparant ce qu’elle pefe vuide avec ce qu’elle pefe pleine. Saya= TARERONDE, voyez PASTENAGUE. ‘ TARF',LE, (Géog. mod.) petite riviere d’Ecofle, ” FOR sans dans la province de Nithesdale : elle fe jette! dans le Bladnoch , après avoir coulé quelque tems à l’occi- dent de Krée. | TARGA, ( Géog. mod.) petite ville d'Afrique , au . royaume de Fez , fur la côte de la Méditerranée, dans une plaine , à fept lieues de Tétuan, avec un château bâti fur un rocher. La pêche y eff très-abon- dante, mais les environs de la ville n’offrent que des forêts remplies de finges , & des montagnes efcar- pées. Marmol prétend que Targa eft le Taga de Pto- lomée, à 8. 20. de longitude & À 35. 6. de Laritude. (2: 7. | | TARGE , £ f. o4 TALLEVA, (Are. mil.) ef pece de grand bouclier, dont on s’eit fervi autrefois pour couvrir les troupes. Elles avoient à-peu-près le même ufage que nos mantelets, excepté que les mantelets font roulés ou pouflés par les travailleurs, au-lieu que les sarges étoient portées par des gens particuliers pour couvrir les. combattans ou les atta- quans. #oyez Pavors. (Q) TARGE, £ f. (Jardin.) ornement en maniere de croiffant, arrondi par les extrémités, fait de traits de buis , &7 qui entre dans les compartimens des par- terres. Il eft imité des sarges, ou sargues , bouchers antiques dont fe fervoient les Amazones , & qui étoient moins riches que ceux de combat naval des Grecs. C’eft ce que Virgile nomme pee lanara. (2.J.) _ TARGETTE, f. f. ( Serrur. ) efpece de petit ver roux monté fur une platine , avec deux craämponets. Elle fepofe aux guichets & croïfées, à la hauteur de la main, & derriere les portes. Il y en a à panache, d’ovales & de quarrées. On les appelle rargertes à panaches , quand les bouts de la platine font découpés , & repréfentent quelques fleurons ; sargesres ovales , lorfque la platine eft ovale ; sargertes quarrées, loxfque la platine eft quarrée. On les fixe à vis ou à clous. | - TARGETTE, f. f. ( serme de Lainape. ) petit mor- ceau de gros cuir que les ouvriers laineurs ou éplei- gneuts s’attachent fur le dos des doiets de la main, qu'ils nomment rain de devant , pour empêcher de les écorcher en travaillant avec la croix où font mon- tées les brofles de chardon vif dont ils fe fervent pour lainer ou éplaigner les éroffes {ur la perche. Savary. TARGETTE ox TERGETTE, font de petites regles de bois de chène, qui ont à leurs extrémités un trou dans lequel pafle un morceau de fil de laiton recuit, que l’on fait tenir en Le tortillant avec des pincettes; 1 doit y avoir environ trois pouces du filde laiton qui ne doit pas être tortillé. Pour pouvoir attacher la targette, {oit aux pattes de la brece , ou aux anneaux des bourfettes ou des demoifelles pour faire des rar- gettes , on prend des lates à ardoïfes, qui font les la- tes fur lefquelles les couvreurs attachent les ardoïfes; on les rabote bien, & on les réduit à une ligne d’é- _ paifleur ; on drefle enfuite le champ d’un côté feule- ment , & avec le trufquin des menuifiers armé d’une pointe coupante ; on traceun trait à $ ou 6 lignes de la rive , & en paffant plufieurs fois le trufquin, on détache entierement la sargerte. TARGINES où TARGIS , ( Géog. anc.) fleuve d'Italie. Pline, Zv, ZI, ch. x. le met dans le pays de Locres. C’eft aujourd’hui le Taciza. Ortelius remar- que que Gabriel Barri place une ville de même nom près de ce fleuve, & que cette ville eft préfentement nommée Vérnauda. ( D. J. | TARGOROD , (Géogr. mod.) ville de la Molda- vie, au confluent de la Sereth & de la Moldaw , à1 $ lieues au-deffous de Soczowa. Quelques séogräphes la prennent pour la Ziridäva de Piolomée, 4v. 111. ch. vi. mais Lazius prétend que lenom modernede Ziridavaeft Scareften, (D. J.} Tome XF, TAR gir TARGUM, (Crisique facrée.) c’eft urié paraphrafe chaldaique.. lAse Là fm Lessargums ou paraphrafes chaldaiques font des verfons du vieux l'eftament, faites fur l'original , 8€ écrites en chaldéen , qu’on parloit dans toute PAfy« rie, la. Babylonie, la Méfopotamie ; la Syrie & la Pa: leftine: On fe fett encore de cette langue dans les éghfesneftoriennes & maronites, comune on fait du latin dans celles des catholiqués romains en Occi- dent. Le mot sargum ne veut dire autre chofe que verfion en général ; mais parmi les Juifs ce terime eft confacré , & marque toujours les verfons chaldaï: ques, dont jai promis derparler avec recherche ; jé vais remplir ma parole. ELA ALE | Ces verfions furent faites à l’'ufage &c pour l’inf truction des juifs du commun:, après le rerour de là captivité de Babylone ; car quoique plufieurs des per: fonnes de diflinétion euffent entretenu Phébreu pen: dant cette captivité , & l’euffent enfeigné à leurs en- fans ; 8 que les livres de la fainte Ecriture qui furent écrits depuis ce retour, excepté quelques endroits de Daniel & d'Efdras, & le verf: 11. du x. ch. de Jé- témie , fuffent encore écrits dans cette langue: ce- pendant le peuple en général à force de converfer avec es Babyloniens , avoit appris leur langue, & oublié la fienne propre, Il arriva de-là que quand Efdras lut la loi au peuplé (Néhém, vi. v. 4. 8.)1l lui fallut plufieurs perfonnes, qui fachant bien leg deux langues, expliquaflent au peuple en chaldaï: que ce qu'il leur Hfoit en hébreu. Dans la fuite, quand on eut partagé la loi en cinquante-quatre feétions , &t que l’ufagefe fut établi d’en lire ne toutes les fe- maines dans les fynagogues, on employa la même méthode de lire d’abord le texte en hébreu , & d’en donner immédiatement après l'explication ou la tra- duétion en chaldaique. Dès que le leéteur avoit lu un verfet en hébreu, un interprete, qui étoit auprès de lui, le mettoit en chaldaique : & donnoït ainf de verfet en verfet toute la traduétion de la feétion ait peuple. Lt Voilà ce qui fit faire les premierestraduétions chal: daiques, afin que ces interprètes les euflent toutes prêtes. Et non-feulement on les trouva néceflzires pour les aflemblées publiques dans les fynagogues , mais très -commodes pour les familles , afin d’y avoir l’Ecriture dans une langue que le peuple en: tendit. On ne fit d’abord des sargums ou paraphrafes chal- daïques que pour la loi, parce qu’on ne lifoit d’a bord que la loi, ou les cinq livres de Moïfe dans les fynagogues; ce qui dura jufqu’à la perfécution d’An. tiochus Epiphanes. Comme dans ce téms-Jà on com- mença à Hire dans les fynagogues les prophètes , il fallut néceflairement en faire des verfions, tant pour l'ufage public que pour celui des particuliers ; car puiique l’Ecriture eft donnée aux hommes pour leur édification , il faut que les hommes l’aient dans une langue qu'ils entendent. De-là vient qu’à la fin toute Ecriture fut traduite en chaldaïique. Cetouvrage fut entrepris par différentes perfonnes & à diverfes reprifes par quelques-uns même dans des vues différentes; car les unes furent faites comme des verfonspures & fimples,pour l’ufage des fynagogues; êt les autres,;comme des paraphrafes & des commentai res, pour linftruétion particuliere du peuplestout cela fit qu'il fe trouva quantité de ces sargums aflez diffé rens les uns des autres ; de même il fe rencontra de la différence entre les verfions de l’Ecriture, qui fe firent en grec dans la fuite, parce que les auteurs de ces verfons fe propofoient chacun un différent but, comme l’octaple d’Origene le montroit fuffifamment, Sans doute quil y avoit auffi autrefois un bien plus grand nombre de ces sargums, dont la plüpart fe font perdus, &c dont 1l n’eft pas même fait mention aujour- ZZrzz g1ù T'AR d'hui, Onne fait pas s’il y enta eu quelqu'un de com- plet, ou qui aït êté fait fur tout le vieux Teftament par la:même perfonne; maïs pour ceux qui nous ref- tent , ils font de différentes mains ; l’un furune par- tie, 6t Pautre firune autre, 11 y.en a huit, 1°. celui d'Onkelos,, fur les: cinq livres de Moiïfe; 2°. Jonathan Ben-Uzziel, fur lespro- phetes, c’eft-à-dire , fur Jofaé, les Juges, Samuel, Les Rois, Hfaie, Jérémie, Ezéchiel, êt les x17. petits prophetes:;.3°, un autre fur la loi , attribué au même . Jonathan: Ben-Uzziel; 4°. le rargum de Jérufalem, auf fur la lois 5°. le sargumdur les cinq petits livres appellés regillorsh ; c’eft-à-dire, fur Ruth, Efther , TÉccléfiafte , le cantique de.Salomon & les lamen- tations de Jérémie ; 6°. le fecond sargum fur Efther ; 7°. le targum de Jofeph le borgne, fur Job, les pfeau- mes 8 les: proverbes; enfin, 8°. le sargum fur les deux livres des chroniques. Sur Efdras, Néhémie & Daniel, il ny a point de sargum.. La raïon qu’on en donne ordinairement, c’eft qu'une grande partie de ces livres eft déja en chaldaïque dans, Poriginal, & n’a point par confé- quent befoin de verfon chaldaïique. Et cela eft vrai des-livres de Daniel & d'Efdras;smaisil ne l’eft pasde celui de Néhémie. Sans doute qu’autrefois il y avoit des verfons de l’hébreu de ces livres, qui aujour- d’hui font perdues. On a cru long-tems qu'il ny avoit point de sargum fur les chroniques non-plus; parce qu'onne le connoïfloit pas, jufqu'à ce que Beckius en a publié un à Augsbourg ; celui du premier livre , Pan 1680, & le rargum du fecond , l’an 1683. Comme le sargum d'Onkélos eft le premier en rang, parce qu'il eft fur le pentateuque; jecrois que c’eft aufli le premier compoié , & le plus ancien de tous ceux qui font parvenus jufqu’à nous. Le ftyle de ce targum prouve aufi ion antiquité; caril approche le plus de tous de la pureté du chaldaique de Daniel êc d’Efdras , qui eft ce que nous avons de plus ancien sans cette langue. Le sarzum d’'Onkéloseft plutôt une verfion qu’une paraphrafe ; en effet , 1l fuit fon original mot-à-mot, & le rend pour l'ordinaire fort exa@tement. C’eft fans comparaifon le meilleur ouvrage de cette efpe- ce. Aufli les juifs l’ont-ils toujours préféré de beau- coup à tous Les autres ; & ont-ils pris la peine d'y mettre les mêmes notes de mufique , qui font à l’ori- gina! hébreu ; de forte qu'il fe peut lire avec une ef- pece de chant dans leurs fynagogues , en même tems que l'original, & fur le même air, fi cette efpece de chant fe peut appeller air. Elias le Iévite nous ap- prend qu’on l'y hioïitalternativement avecletéxte hé- breu, de la maniere dont j'ai dit ci-deflus que, cela fe pratiquoit. Il faut remarquer que cet auteur‘eft de tous les écrivains juifs qui ont traité de cette matie- re , celui qui en parle le plus pertinemment. Au reite l’excellence & l’exadtitude du sargum d'Onkélos nous font juger que cet Onkélos étoit juif. Il ne falloit pas moins pour réufhir, comme il a fait dans un ouvrage fi pénible , qu'un homme élevé dès l'enfance dans la religion & dans la théologie des juifs , & long-tems exercé dans leurs cérémonies & leurs dogmes, & qui poflédât auffi parfaitement l’hébreu &c le chal- déen , que cela étroit poffible à un juif de naiffance. Le sargum qui fuit celui d'Onkélos , eft de Jona- than Ben-Uzziel fur les prophetes. C’eft celui qui approche le plus du premier pour lapureté du ftyle: mais il n’eft pas fait fur le même plan; car au lieu que le zargum d'Onkélos eft une verfion exaëte qui rend l’hébreu mot-à-mot ,. Jonathan prend la liberté de paraphrafer, d'étendre & d’ajonter tantôt une hif toire 8 tantôt une glofe , quine font pas toujours beaucoup d'honneur à l'ouvrage; en particulier fon travail fur les derniers prophetes eff encore moins Clair , plus négligé &T moins littéral que çe qu'il a fait fur les premiers. Onappelle premiers propheres le livre de Jofué, les Juges, Samuel & les Rois ; & derniers prophetes Ifaie , Jérémie, Ezéchiel & Îles xij. petits prophetes. Le troïifieme sargum , dans l’ordre où je lai placé, eft celui qu’on attribue au même Jonathan Ben-Ur- ziel fur la loi ; mais le ftyle de cet ouvrage prouve clairement qu'il n’eft pas de lui; car il eft fort diffé- rent de celui de fon véritable sargum fur les prophe- tes que tout le monde lui donne ; & pour s’en con- vaincre, il ny a qu'à comparer l’un avec l'autre avec un peu d'attention. Outre cela cette paraphrafe s’é- tend bien davantage ; & eft encore plus chargée de glofes, de fables, de longues explications, & d’au- tres additions,que n’eft celle de Jonathan fur les pro- phetes. Mais ce qui prouve clairement que cette paraphrafe eft plus moderne, c’eft qu’il eft parlé de diverfes chofes dans ce sargum | qui n’exiftoient pas encore du tems de Jonathan, ou qui n’avoient du- moins pas encore le nom qui leur eft donné dans ce cargum. Par exemple, on y voit les fix ordres ou li- vres de la Mifna, près de deux cens ans avant qu’elle füt compoiée par R. Judah, On y trouve auffi Conf- tantinople & la Lombardie, dont les noms ne font nés que plufieurs fiecles après Jonathan. On ne fait pas qui eft le véritable auteur de ce sar- gum, ni quand il a été compofé. IL faut qu'il ait été long-tems dans l’obfcurité parmi les juifs eux-mêmes; car Elias le lévite, qui a fait le traité Le plus étendu fur les paraphrafes chaldaiques , ne l’a point connu ; puifqu'il parle de tousles autres, fans dire un feul mot de celui-ci; &t jamais on n’en avoit owi parler avant qu'il parûüt imprimé à Venife , il y a environ deux fiecles,. Apparemment qu’on n’y mit le nom de Jonathan que pour lui donner du relief, &c faire que ouvrage fe débitât mieux. Le quatrieme raroum eft auffi fur la loi, &c écrit par un inconnu ; pérfonne ne fait n1 qui en eft l’au- teur, ni quand il a été compofé. On l’appelle le sar= gum de Jérufalem ; apparemment par la même rai- {on qui a fait donner ce nom à un des talmuds ; c’eft- à-dire, parce que c’eft le dialeéte de Jérufalem, car le chaldéen ou la langue d’Afyrie avoit trois diale- étes. Le premier étoit celui de Babylone, la capitale de Pempire d'Affyrie. Le fecond dialeéte eft celui de Comagene ou d'Antioche, qu’on parloit dans toute PAffyrie; c’étoit dans ce dialette qu’étoient écrites les verfions de l’Ecriture &c les liturpies des chré- tiens de Syrie & d’Aflyrie d'autrefois, & de ceux d’aujourd’hui-même ; fur-tout des Maronites , qui demeurent fur Le Mont-Liban , où le fyriaque eft en- core la langue vulgaire du pays. Le troifieme de çes dialectes eft celui de Jérufalem , où celui que par- loient les juifs à leur retour de la captivité. Celui de Babylone &c celui de Jérufalem s’écrivoient avec les mêmes caracteres ; mais les caracteres d’Antioche étoient différens ; & ce font ceux que nous appellons Jyriaques. Ce targum de Jérufalem n’eft pas au refte une pa- raphrafe fuivie , comme le font tous les autres, Elle n’eftque fur quelques pañlages détachés , que Pauteur a cru avoir plus befoin d'explication que les autres. Tantôt il ne prend qu’un verfet, ou mêmeune partie de ce verfet ; tantôt il en paraphrafe plufeurs à la fois; quelquefois il faute des chapitres entiers ; quel- quefois il copie mot à mot le sargum qui porte le nom de Jonatham fur la loi; ce qui a fait croire à Drufius , que c’étoit le même rergum. Le cinquieme sargum, eft la paraphrafe fur les li- vres qu'on appelle mevillorh : le fixieme , eft la fe- conde paraphrafe fur Éfther: & le feptieme, eft la paraphrafe {ur Job , les Pfeaumes & les Proverbes. Ces trois sargums font du ftyle le plus corrompu du dialeéte de Jérufalem, On ne nomme point les au- teurs des deux premiers ; mais on prétend qué pour le troifième , il a été compofé par Jofeph le borgne, fans nous apprendre pourtant quand a vécu ce Jo- feph, ni quel homme c’étoit. Quelques juifs même aflurent , que l’auteur de celui-ci eft tout auf peu connu que le font ceux des deux précédens. Le fe- cond sargum fur Efther eft une fois auf long que le premier , & {femble avoir été écrit le dernier de rous ceux-ci, à en juger par la barbarie du ftyle. Celui qui eft fur le meoillork, dont le premier fur Efther fait partie, parle de la mifna & du talmud , avec Pex- plication. Si par-là 1l entend le talmud de Babylone, comme il n’y a pas lieu d’en douter, ce sargum ef écrit depuis Le talmud dont il parle , c’eft-à -dire, depuis l’an 500, qui eft la plus grande antiquité qu’on puifle donner à la compilation du talmud de Baby- Jone. Le huitieme & dernier de ces fargums, dans l’or- dre où nous lesavons mis, eft celui qui eft fur deux livres des chroniques ; & c’eft celui qui a paru le dernier: car il n’étoitpoint connu Jufqu’en l’an 1680, ue Beckius en publia la premiere partie à Augsbourg a un vieux manulcrit , & trois ans après la feconde. Jufques-là tous ceux qui avoient parlé des paraphra- fes chaldaiques , avoient infinué qu’il n’y en avoit ja- mais eu fur ces deux livres , excepté Walron, qui marque avoir oui-dire , qu'il y avoit un rargum ma- nuicrit fur les chroniques dans la bibliotheque de | -Camdbrige;mais cet avis ne lui vint qu'après que fa polyglotte fut achevée ; & cela fit qu’il ne fe donna pas la peine de l’aller déterrer. On fait qu'efedtive- | - ment parmiles livres d’'Erpenius, dont le duc de Buckingham a fait préfent à l’univerfité d'Oxford , il y'a une bible hébraique manufcrite en trois volumes, qui a un sargum où paraphrafe chaldaï- que fur les chroniques; mais cette paraphrafe ne . va pas plus loin que le G v. du ch. 23.du premier Liv. & n'eft pas trop fuivie ; ce font feulement quel- ques courtes slofes qu’on a mifes par-ci par-là à la marge. Ce manufcrit a été écrit l’an 1347, comme cela paroït par un mémoire quieft à la fin ; mais 1l ny a rien dans Ce mémoire quimarque quand cette glofe chaldaique, a étécompofée , ni par qui. Les juifs & les chrétiens s'accordent à croire, que Le sargum d'Onkélos fur la loi, & celui de Jonathan fur les prophetes , font du-moins aufli anciens que la venue de Jefus-Chrift au monde. Les hiftoriens juifs le difent pofitivement , quand 1ls rapportent que Jo- nathan étoit l’éleve le plus confidérable que forma Hüllel ; car Hillel mourut à-peu-près dans ie tems de la naïffance de N. 5. &c qu'Onkélos étoit conrempo- rain de Gamaliel le vieux , fous qui faint Paul fit fes études. D'ailleurs ce témoignage eft foutenu par le ftyle de ces deux ouvrages , qui eft le plus pur de . tout ce qu'on a du dialeëte de Jérufa!em , & fans mé- lange des mots étrangers que les juifs de Jérufalem & de Judée adopterent dans la fuite. I effdonc vraif- femblable que l’un & l'autre sergum ont été compo- {és avant la venue de N. S. & que celui d'Onkélos eft le plus ancien, parce que c’eft le plus pur des. deux. La feule obje@tion qu’on peut faire contre l’anti- quité des sargums d'Onkélos &c de Jonathan, c’eft que ni Origene, n1 faint Epiphane, ni faint Jérôme, ni finalement aucun des anciens peres de l’Eglife n’en ontparlé; mais cet argument nésatifné prouverien, parce que les Juifs d'alors cachoïent leurs livres-& leur fcience autant qu'il leur étoit poffible. Les rabins même qui enfeignerent l’hébreu à faint Jérôme, le feul des Peres qui ait étudié le chaldaïque , ne ve- _noïent chez lui qu’en cachette, & toujours de nuit, comme Nicodeme à J. C. craignant de s’expofer au reffentiment deleurs ne les chrétiens ont été. plus de mille ans fans connoître ces deux sergums ; & Tome XF, Au Le TAR 913 à peine y a-t-il trois cens ans qu'ils font un peu com- muns parmi nous. Quant aux autres sergums , ds font inconteftäble- ment plus nouveaux que ceux dont nous venons de parler ; le ftyle barbare le prouve en général ; & les fables tamuldiques dont ils font remplis, juftifient- qu'ils n’ont paru qu'après le talmud de Jérufalenr, ou même Île ralmud de Babylone , c’eft-ä-dire, de- puis lé commencement du quatrieme fiecle , ou plu- tôt vers le commencement du fixieme. Je ne faurois décider ft ces rzrgums d’Onkélos & de Jonathan étoient déja reçus & autorifés du tems de Notre Seigneur ; maïs il eft bien für qu'il y en avoit déja dont on fefervoit , & en public, &en pat- ticulier , pour linftru@ion du peuple , &c qu'il y en avoit non-feulement fur la loi & fur les prophetes , mais fur tout le refte du vieux Teftament,carles Juifs n’avoient Jamais pratiqué la maxime de ne donner au peuple la parole de Dieu, quedans une langue incon- nue. Difperfés parmi les Grecs , ils la lui donnoient en grec : dans les pays où le chaldéen étoit la langue vulgaire , ils lavoient en chaldéen. Quand on fit lire à J. C. la feconde leçon dans la fynagogue de Naza- reth, dont il étoit membre , il ya beaucoup d’appa- rence que ce fut un ergum qu'il eut : car le paflage d'{faie, lxy. 1. telqu'il fe trouve dans S. Luc, iv, 18, n’eft exattement ni l’hébreu, ni la verfon des fep- tante : d’où Fon peut fort bien conclure , que cette différence venoit uniquement de la verfion chaldai que dent on fe fervoit dans cette fynagogue. Et quand fur la croix il prononça le pféaume xxij. y. j, elt, el, lama fabachthani ? mon Dieu , mon Dieu ï pourquoi m’avez-vous délaiffé ? ce ne fut pas l’hé- breu qu’il prononça, ce fut le chaldéen ; car en hé- breuil y a, eli, eli, lama azabtani ? & le mot Ja- bachihan ne {e trouve que dans la langue chaldaïque.… Les sargums font fort anciens parmi Les Juifs après. l'Ecriture fainte. Cela eft bien certain par rapport à celui d'Onkélos &c de Jonathan; & quoique les au- tres ne foient pas, à beaucoup près, fi anciens, il eft pourtant vrai qu'ils font prefque tous tirés d’autres. anciennes glofes , où paraphrafes chaldaïques , dont on s’étoit fervi fort long-tems avant que ceux-ci re- çüflent la forme qu’ils ont aujourd’hui. Il faut convenir que tous les seroums en général fervent à expliquer quantité de mots & de phrafes' hébraïques , qui, fans ce fecours, embarrafleroient beaucoup aujourd’hui. Enfin ils nous tranfmettent plufieurs anciens ufages & coutumes des Juifs, qui éclairciflent extrèmement les livres fur lefquels ils ont travaillé. a La meilleure édition des sergums , eft la feconde grande bible hébraïque de Buxtorf le pere 4 Bäle en 1620. Cet habile homme s’y eft donné beaucoup de peine, non-feulement à publier le texte chaldaique correët, maïs il a pouflé l’exaétitude jufqu’à en cor- riger avec foin les points qui fervent de voyelles. Ces targums S’écrivoient d'abord, aufli-bien que tou- tes les autres langues orientales , fans points-voyelles, Dans la fuite , quelques juifs s’aviferent d’y en met- tre ; mais comme 1ls s’en étoient aflez mal acquittés,. Buxtorf entreprit de les corriger, fuivant les regles qu'il fe fit fur la pontuation de ce qu'il y a de chal- daique dans Daniel & dans Efdras. Quelques criti- ques prétendent que c’eft trop peu que ce qui eft dans ces deux livres, pour en former des regles pour toute la langue ; &c que Buxtorf auroit mieux fait de n'y point toucher , & de les faire imprimer fans points : enforte qu’on n’eût pour guide que les let- rres alep, he, vau &T Jod, qu'on appelle marres lec= tionis. Mais Buxtorf connoïfloit mieux ce qu’il falloit que ceux qui fe mêlent de le critiquer. C’eft l’hom- me de fon fiecle à qui le public aït Le plus d’obliga- tion en ce genre. Ses ouvrages font favans & judt- ZLzzz y O1 4 TAR cieux; & fon nom mérite d’être tranfmis avec.hon- neur à la poftérité. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TARI, ALTÉRÉ, adj.(Jardinage.)fe dit d’une plante qui a befoin d’eau , & que les féchereffes d’une faïfon, ou la négligence que lon aeue de la mouiller à-pro- pos , ont rendu altérée. TARIER. Voyez TRAQUET. | TARIF , £ m. ( Franc. Comm. Douane. )table où catalogue ordinairement dreffé par ordre alphabéti- que , contenant en détail les noms des marchandifes, &-les droits pour leur pañlage ,, les entrées ou les {orties du royaume. | "* L’ordonnance du prince, art. 6, enjoint au fer- mier d’avoir dans chaque bureau, en un lieu appa- rent, un tarif des droits ; cela eft jufte &r exécuté en partie, puifque par-tout on voit quelques lambeaux d’une pancarte enfumée , qui reflembie à quelque chofe de pareil. Maïs ne devroït-on pas profcrire les pancartes à la main ? Tous les changemens furvenus dans les sarifs , ne devroient-ils pas être connus? La fûreté publique n’exigeroit-elle pas auffi que dans chaque chambre de commerce du royaume , il y eût fous la garde des confuls , un livre que les négocians pourroïent confulter , 8e où tous les arrêts furvenus fur chaque efpece, fe trouveroient dépofés ? C'eft le fermier qui propofe la loi , qui la rédige , & lui feul en a connoïflance. On imprime à la vérité quelques arrêts du confeil ; mais les plus intéreflans ne font pas publiés , fur-tout lorfqu'ls font favorables au commerce, Rien n’eft plus propre à introduire lar- bitraire dans la perception , police aufli ruineufe pour les revenus publics que pour le contribuable ! Cela explique la différence qui fe trouve fouvent en- tre les entrées ou les forties du royaume , les droits perçus dans un port ou dans un autre ; ce cas n’eft pas fi rare qu’on l’imagine. | Enfin f l’ufage qu’on propofe eût été établi depuis long-tems , beaucoup de nouveautés qui ont aujour- dhui pour titre la prefcription, n’auroient point été admifes, & le commerce auroit moins de charges à porter. Perfonne ne peut nier que la loi ne doive être connue dans tous fes détails par tous ceux qui y font foumis; mais dans les conteftations qui s’é- levent entre le négociant & le fermier , celu-cia Pa- vantage d’un homme fort & robufte qui fe battroit avecun aveugle. Il y a plus, tout rarif des droits d’entrée & de {or- tie des marchandifes dans un royaume, doit fans doute être reglé fur la connoïffance intime du com- merce , des étrangers qui vendent en concurrence , &t des convenances réelles des confommateurs. Quant au sarif exorbitant que les fermiers ont ob- tenu fur la fortie de plufieurs denrées qui paroïffent furabondantes dans ce royaume , il a fa fource dans cet ancien préjugé que les étrangers ne peuvent fe pafler de la France, en quoi l'on fe trompe beau- coup. Cette idée ridicule a été fondée en partie dans le tems où la France vendoit des blés prefaque exclu- fivement, où les Polonoïs n’avoient point encore Vart de deffécher leurs grains ; où la Hollande n’en faifoit pas lecommerce ainfi que l'Angleterre , où le Portugal & l'Efpagne navoient pas autant de vignes qu’ils en ont planté depuis ; où la fortie des vins n’é- toit point affranchie comme elle left aujourd’hui dans ce dernier pays ; où Allemagne fabriquoit peu de toiles ; enfin dans ces tems où tous ces commerces de concurrence n’exiftoient point encore. Concluons qué tant que les sarifs ne feront pas regardés comme une affaire de raïfon &t non de for- me, il n’y a rien à efpérer des foins qu’on fe donnera dans ce royaume en faveur de la profpérité du com- merce. Confidérat. fur Les finances. ( D. J.) TARIF, ( Manufait, des glaces, ) la compagnie des glaces établie à Paris, a aufli fon tarif ; Qui Con- TAR tient toutes Les largeurs &c hauteurs des glaces au’ellé fait fabriquer , & le prix qu’elle les vend, ce qui eft d'une grande commodité pour les bourgeois & pour les miroitiers. Savary. (D. J. Tarir, (Monnou) C’eft cette partie des déclara= tions 6c édits, qui marque le titfe des nouvelles éfpe- ces, & combien il doit y en avoir.de chacune à la taille de l’or ou de l'argent ; ce mot défigne encore ces petits livrets que dreflent d’habiles arithméti- ciens , pour aider au public à faire plus exäétement & facilement leurs calculs, & qui ont été néceffai- res dans les fréquentes remarques, refontes, aug- mentations, & diminutions des efpeces d’or êc d’ar- gent, qu n'ont été que trop fouvent faites pour le malheur de l’état. ( D. J.) | TARIFS o4 COMPTES FAITS , (Comm.) ce font des efpeces de tables, dans lefquelles on trouve des ré- duétions toutes faites de différentes chofes, comme des poids, mefures, monnoies, rentes à divers de niers, Gc. ces sarifs font extrèmement commodes dans le commerce, quand ils font faits avec exacti- tude & précifon. /d. ibid. TARIFFE, (Géog. mod.) ville d’Éfpagne, dans l’Andaloufie, fur le détroit de Gibraltar, à $ lieues au fud-oueft de la villé de ce nom; elle eft pauvre &t dépeuplée, quoique dans un climat doux, tem- pére & fertile, Long. 12.25. las. 35.50, (D. I.) TARIJA , ( Géog. mod.) ville de l'Amérique mé= ridionale, au Pérou, à cinquante lieues au fud-oueft du Potofi, dans une grande vallée, dout elle a pris le nom, entre les montagnes de Chiriguanos, pref- que à l'embouchure d’une petite riviere qui fe dé. charge dans Rio-Grandé. Las. méridionale 21. 48. (D. J. ) | - TARIN ox TIRIN , f. m. (ff, nat. Ornithologie.) curinella, oïfeau qui reffemble à Ja linotte par [a for- me de la tête & de tout le corps; 1l a la tête & le dos verds, & lecroupion d’un verd jaunâtre ; le der- riere de la tête & le cou ont une couleur cendrée; il y a cependant des individus dont le fommet de la tête, la face fupérieure du cou, & les plumes des épaules font en partie d’un jaune verdâtre & en par- tie bruns; toute la face inférieure de cet oïfeau a une couleur verte, à l'exception des plumés qui en- tourent l’anus qui font blanchâtres. Les mâles ont le deflus de la poitrine & le ventre d’un beau jaune, La queue a deux pouces de longueur, elle eft entiere- ment noire, à l’exception de extrémité des barbes des plumes qui a une couleur verdâtre, Les grandes plumes des ailes ont la même couleur que la queue, ëc les petites font vertes; certains individus ont l’ex- trémité des grandes plumes , & celles du fecond rang blanches, & la queue un peu fourchue. Cet oïfeau chante très-agréablement. Willughbi, Orrxs. Poyez OISEAU. TARIN, ( Monnoie.) monnoie de compte, dont les banquiers & négocians de Naples, de Sicile & de Malthe, fe fervent pour tenir leurs livrés. Le sarir à Naples vaut environ dix-huit fols de France, &c à Malthe il vaut vingt wrains, ce qui revient prefqu’au même. Savary. (D, J. | __ TARINATES, ( Géog.anc.) peuples d’ftalie, dans la Sabine, felon Pline, Æv. IIT. ch. x1j. Il y a encore aujourd’hui dans la Sabine une bourgade appellée Tarano ; on croit qu’elle retient le nom de ces peu- ples. (2. J.) | | TARIR, v.a@. & neut. ( Gramm.) c’eft s’épuifer d’eau, devenir à fec. Les ruifleaux ont rer: & les prés ont fouffert. On a dit que l’armée de Xercès étoit fi nombreufe qu’elle sariffoi les rivieres. TE fe prend au figuré; cet homme ne sarir point dans la conver- fation ; c’eft un efprit ércariffable.. | TARKU , (Géog. mod.) on écrit auffi Tirk, Tark, Targhve, petite ville d’Afe, dans les états de l'en: FAR pireruflien, & la-capirale du Dagheftan. Elle eft f- tuce fur Ja-côte occidentale de la mer Cafpienne , à quinze lieues au nord de Derbent, entre des rochers efcarpés, pleins de coquillages. (D. 3.) TARLATANE, f f. (Comm.) elpece de toile fine qui a béaucoup.de rapport à la moufleline. Les fem- ‘mes faifoient autrefois des coëffes, des manchettes, & des fichus de arlarane. Lorfque les hommes por- toient des cravates longues, amples, tortillées , elles étoient-auffi fouvent de rarlatane. (D. J.) … TARMON, ( Geog. mod.) petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Fermagnach, au nord du: lac Earnes , fur les frontiéres du comté Dunnesal, Cette ville a un château pour fa défenfe. (2.7) 4 _ TARN, LE, (Géog. mod.) en latin Tarnis, tivieré de France ;en Languedoc. Elle prend fa fource dans le Gévaudan, au mont de Lofere, près de Florac, traverfe le Rouergue , rentre dans le Languedoc, mouille Aiby, Montauban, & fe jette dans la Ga- ronne , au-deflous de Moiffac, Elle commence à être . navigable à Gaillac, & facilite le trañc des vins de ce pays avec les Anglois, (D. J. TARNANTANT-CHARONSS, ff. (Com.)mouf: féline où toile de coton, blanche & très-claire, qui vient des Indes orientales, & fur-tout à Pondichery, TARNE, ( Géog.anc.) nom, 1°. d’une ville de PAchaie, felon Etienne le géographe ; 2°. d’une ville de la Lydie, felon Strabon , Z, IX. p. 193.3°. d’une fontaine de Lydie, felon Pline, 2. F. c.xxiv. qui dit qu’elle fortoit du mont Tmolus. (D. J.) TARNIS, ( Géog. anc, ) fleuve de la Gaule aqui- tanique. Pline, Z. 1V.c. xix. & Sidonius Apollinaris parlent de ce fleuve. Quelques-uns Pont pris pour la Dordogne; mais comme Pline dit que le Tarnis {é- paroïit les Tolofani des Perrocort , c’eft-à-dire, les Touloufains , des Périgourdains, ce ne peut être que le Taru, quiconferve ainf fon ancien nem. (D. J. TARNOW,( Géog. mod.) petite ville de Pologne, dans Îe palatinat de Cracovie, entre les rivieres de Dunajec & de Wiftoc, à environ 15 lieues eft de Cracovie. | Mb En 1561 mourut dans fon palais de cette ville le général Tarnow ( Jean) âgé de 73 ans, homme d’un mérite rare , & qui rendit de grands fervices à la Po- logne fa patrie. Après l'étude des arts & des fciences dans fa jeunefle, 1] fe mit à voyager ; il parcourut toute lAfie mineure, la Palefline, la mer Rouge, l'Egypte & la côte d'Afrique , où il fignala fa valeur contre les Maures. À fon retour, Sigifmond, roi de Pologne, le nomma général de toutes fes troupes. Il défitles Moldaves , les Mofcovites & les Tartares, Couronné des mains de la viétoire , il eut tout à ef- fuyer de la jaloufie de fes compatriotes; mais pour la faite ceffer, 1l fe retira volontairement dans fon chä- teau , & y vécut en fimple particulier. Il y trouva dans le témoignage de fa confcience , dans la gloire qu'il s’étoit acquife , dans le commerce de fes amis & dans la leéture , de quoife confoler, & pañler ee douceur le refte de fes jours, (D. J. ) TARNO WITS, (Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne, en Siléfie, à quatre milles de Strélitz. (D. J 4; TARO , (Géog. mod.) ou Fal-di-Taro , petit pays d'Italie, aujourd’hui lune des dépendances du Plai- fantin. Il ef fitué entre le Parméfan , le Plaïfantin & l’état de Gènes. Son chef-lieu prend fon nom, & * s'appelle Borgo-di-Val-di-Taro, Ce petit pays dont le duc de Parme fit l’acquifition en 1682, a eu long- tems fes feigneurs particuliers. (D. J. Taro,( Géog.mod. ) ou Borgo di val di Taro , pe- tite ville d’Itahe , dans le Plaïfantin, fur la rive droi- te du Faro, &c capitale du petit pays appellé ’a/-di- Taro ,à douze lieues au fud-oueft de Parme, Long, 27. 25, lant, 44.35, ( D, J.) | T'IARRA 915 TARO /, ( Géog. rod. ) en latin Terts, fivieré d'Italie. Elle a fa fource dans la partie méridionalé du duché de Milan, traverfe le Parméfan , & tombé dans le Pô entre les embouchures de l’'Ongina & de la Parma, (D. J.) éiur TARODUNUM , ( Géog. anc. ) ville de la Ger- manie, Ptolomée, Z TT. c, x}. la marque près du Da: nube , au voifinage d'Are Havie ; Lazius croit que le nom moderne et Dornfrer. (D. J.) | TARONA , ( Géog. anc.) ville de Cherfonnèfe Taurique, Elle étoit dans Les terres , felon Prolomée, € Fe 77. qui k place entre Taphros & Portigia, TAROPECZ, ( Géog. mod. ) ville de l'empire tufien, dans le duché de Refcow , aux confins de la Lithuanie & du duché de Smolensko. (D. J.) TAROT , fm. ( serme de Lurher. ) inftrument à anches & à vent qui aonze trous, & qui fert de bafle aux concerts de mufettes. ( D. J. TAROTS , terme de Cartier, ce font des efpeces de cartes à jouer, dont on fe fert en Efpagne, en Allemagne &: d’autres pays. Ces cartes font mar- quées différemment de celles dont on fe fert en Fran: ce; & au heu que les nôtres font diflinguées par des cœurs , des carreaux, des piques & des trefles, elles ont des coupes, des deniers , des épées & des bâ- tons appellés en efpagnol, copas , dineros , efpadil. las, bajlos. L’envers des cartes appellées sarors eft communément orné de divers compartimens. . TAROT, f. m. ( serme de joueur de dés.) c’eft une efpece de dé d'ivoire , dont chaque côté porte fon nombre de trous noirs , depuis 1 jufques & compris 6, & dont on fe fert pour jouer. (D. J.) TAROTIERS , { m. ( rt méchanig. ) ouvriers quifont des tarots. C’eft un des noms que l’on donne aux maîtres cartiers faifeurs de cärtes à jouer, dans leurs ftatuts de l’année 1594. Voyez CARTIER. | : TAROUPE , ff. ( Anatom. ) efpace qui eftentre les deux fourcils ; il eft chargé de poils dans quelques perfonnes , & c’étoit-là le cas de M. de Turenne ; Le comte de Buffy trouvoit quefa saroupe velue lui ren: doit la phyfonomie malheureufe ; quoi qu’il en foit, c’eftune diformité à nos yeux; mais les anciens pen: foient tout le contraire; car ils employoient l’art pour faire naître du poil dans cette partie, & réu- nir les deux fourcils : arte fupercilii confinia nuda re- pletis , dit Ovide. (D. J.) | TARPEIEN, ( if. anc.) épithete que l’ona dons né à un rocher de Rome, dont la hauteur eft confi- dérable , & d’où la loi des 12 tables avoit ordonné de précipiter les coupables de certains crimes capi- taux. C’eft fur ce rocher qu’on avoit bâtile capitole. Voyez CAPITOLE. p Il fe peut que le mont Tarpeien fût autrefois aflez efcarpé d’un côté pour tuer fur le champ ceux que l'on précipitoit de fa cime, mais il eft impoñlble qu'il ait té Jamais de cette élévation furprenante que lui ont donnée quelques auteurs, s’ilen faut ju ger par celle qu’on lui voit à préfent. Voyez Les Lettres . de Burnet, p. 238, 6 le voyage de Miflon, p. 103. Ce rocher reçut fon nom d'une veftale appellée Tarpeia, qui livra aux Sabins le capitole dont fon pere étoit gouverneur, à condition que les ennemis lui donneroient tout ce qu’ils portoient à leurs bras gauches , entendant parler de leurs bracelets; mais les Sabins , au lieu de lui préfenter ces joyaux, lui jetterent leurs boucliers qu'ils portoient auff au bras gauche, & l’écraferent fous le poids de ces armes. D’autres attribuent la trahifon du capitole à {on pere Spurius Tarpeius ; ils ajoutent qu’il fut préci- pité .du rocher par ordre de Romulus, & que depuis ce tems-là on fit fubir le même fupplice à tons ceux qui s’étoient rendus coupables du crime de trahifon, .ÆARPEIENS jeux, ( Ayxig rom, ) jeux inltitués à 916 TAR Rome par Romulus en l'honneur de Jupiter Fere- trius ; mais comme on les nommoit plus communé- ment jeux Capitolins , voyez CAPITOWNS. ( D. J.) TARPEIUS, (Mythologie.) Jupiter a quelquefois ce furnom à caufe du temple qui lui étoit confacré fur le mont Tarpeien, depuis appellé Capirole ; il y avoit aufli les jeux sarpeiers ou capitolins , que Pon célébroit en honneur de ce dieu. (D. J:) TARQUINIE , Tarquinii , ( Géog. anc. ) ville de {a Tofcane, felon Tite-Live, /. I. c. xxxiv. {es habi- tans font nommés Tarquinienfès. Voyez ce mot. Tanaquille, femme de Tarquinius Prifeus , roi de Rome, étoit née à Tarquinie, où elle fut mariée à Lucumon , homme très-riche, & qui par cette al- liance efpéra de s’avancer aux dignirés ; cependant, comme il y trouva de grands obftacles en Tofcane, Tanaquille fon époufe Pengagea de venir s'établir à Rome avec elle. Il s’y rendit , fe fit nommer Targui- nius, & s’infinua de telle forte dans les bonnes gra- ees du roi, que les charges qu'il en obtint lui don- nerent lieu d’afpirer à la couronne , & de réuflir dans cette ambition. Il fut tué dans fon palais l'an 38 de fon regne. | Tanaquille , fans fe déconcerter de ce rude coup, fit tomber la couronne fur la tête de Servius Tullius fon gendre. La mémoire de cette habile femme fut vénérée dans Rome pendant plufeurs fiecles ; on y confervoit les ouvrages de fes mains, &c l’on attri- buoit de grandes vertus à fa cemture. Varron, contemporain de Cicéron, aflüre qu’il avoit vu au temple de Sangus la quenouille & le fu- feau de Tanaquille, chargés de la laine qu’elle avoit filée ; ilajoute que l’on gardoït an temple de la For- tune une robe royale qu’elle avoit faite, & queSer- vius Tullius avoit portée. Pline nous apprend que c’étoit à caufe de cela que les filles qui fe marioient étoient fuivies d’une perfonne qui portoit line que- nouille accommodée , 8 un fufeau garni de fil. Il:dit auffi que cette reine fut la premiere qui fit de ces tu- niques tiflues, que lon donnoit aux jeunes garçons ils prenoïent la robe virile, &caux filles qui fe ent. morale , maïs comme à une caufe phyfique. Ils fup- pofoient que Tanaquille avoit trouvé d’excellens re- medes contre les maladies, & qu’elle les avoit en- fermés dans fa ceinture. C’eft pourquoi ceux qui en Ôtoient quelques raclures fe perfuadoient qu’el- les leur apporteroïent la guérifon, non pas à caufe que lame de cette reine récompenferoit leur foi, mais à caufe qu'ils enleveroient quelques particules des remedes qu’eile y avoit mis. Ainfi l’on ne peut pas faire des comparaïfons exactes entre ceux qui -recouroïent à la ftatue de Tanaquille pour enfrotter la ceinture, & ceux qui tâchent d’avoir tüne piece d’étole de faint Hubert, ou qui font toucher leurs chapelets à quelques reliques. De part &c d’autre, il y a beaucoup de crédulité ; mais laiflons , dit Bayle, aux gens de loifir à examiner fi l’ancienne Rom égale en cela la nouvelle. ( D. J.) TARQUINIENSES, (Géog. anc.) peuples d’Ita- lie dans la Tofcane ; c’eft ainfi que Pline, /. III, c.w. appelle les habitans de la ville , qui eft nommée par Tire-Live, 2. Le. xxxiv. & xlyij, Tarquinii ; & Tar-" quinia par Ptolomée, Z. LIL, c. j. Juftin,Z XX. c. j. dit qu’elle tiroit fon origine des Grecs. Elle devint enfuite colonie romaine , &t enfin un fiege épifcopal. Le nom moderne de cette ville eff Z2 Tarquinia, & par corruption /4 Tarquina. Onatrouvé , felon Labat, voyage d’Iralie , 2. F. en travaillant dans les environs de Cornette, à mi- côte d’une colline , les anciennes fépultures de la Ville Tarquinia, Ces fépultures ou ces srottes font à || ” Les Romains attribuoient de grandes vertus à la. ceinture de cette princefle , non comme à une caufe: TAR * mi-côte de la colline, fur laquelle étoit cette ville infortunée ruinée depuis tant de fiecles, qu’on n’en avoit prefque plus aucune mémoire. Ces grottes, qui ont fervi de fépulchre aux héros de ce tems, font creufées dans Le tuf dont cette montagne eft compo- fée. Ce font, pour la plüpart, des chambres de dix à douze piés en quarré , {ur neuf à dix piés de hauteur. Onvoyoit dans quelques-unes des reftes de peintu- res, c’eft à-dire du rouge, dubleu, du noir , qui fem- bloient marquer des compartimens plutôt que des figures , car l'humidité a tout effacé. On y a trouvé des armes que la rouille avoit prefque confommées, comme des épées & des lames de couteaux. Ce qu’on a rencontré de plus entier & en plus grande quan- tité , ce font des vafes de terre & des pots aflez gros. À la vérité ces pieces &t particulierement celles qui étoient verniflées étoient ollaires , d’une efpece de talc blanchâtre , qui en couvroit toute la fuperficie. fans endommager le vernis. La montagne Tarquinia eft à préfent un bois, où il n’eft pas aïfé de rien dé- couvrir qui puifle faire connoître quelle étoit la gran« deur de la ville, ( D. J.) . TARRABENTI, (Géog. anc. ) peuples de l’île de Corfe. Ptolomée, Z. IL. c. ij. les place au midi des Cervini, & au couchant de l'île. Le territoire qu’ils occupent eft appellé par Léander Bafhilica-Puefe. TARRAGENSES,( Géog, anc.) peuples de PEf- pagne citérieure ; 1ls étoient alliés à des Romains , felon Pline , Z. III. c. üij. Leur ville étoit nommée Tarraga par Ptolomée, Z, II, c.vy. qui la place dans les terres, & la marque dans le pays des Vafcones. . On la nomme aujourd’hui Tarrega ; elle eft dans la Catalogne , à fix lieues de Lérida, (D. J.) TARRAGONE,, (Géog. mod.) petite ville d’Efpa- gne , dans la Catalogne , fur une colline, dont la pente s'étend jufqu’au rivage de la mer Méditerra- née, entre deux rivieres , le Gaya &le Francoli. Elle eft fituée à 20 lieues au couchant de Barcelone , & à 90 de Madrid. L’air y eft pur, & il s’y fait du com- merce enhuile, en lin & en vin. Son territoire eft très-fertile , & offre un des plus beaux payfages du monde ; mais fon port n’eft pas bon, à caufe des ro< éhers qui en empêchent l’entrée aux gros vaifleaux! Tarragone eft honorée d’une univerfité & d’un fiege archiépifcopal, qui a difputé la primatieà celui de Tolede. Son diocefe s’étend fur 197 paroïfles, L’ar: chevêque jouit de vingt mille ducats de revenu, &a pour fuffragans les évêques de Barcelone , de T'or« tofe, de Lérida , de Girone , &c. Tarragone eft fortifiée de baftions & d’autres ou vrages réguliers à la moderne. Plufeurs de fes mai- fons font prefque toutes bâties de grofles pierres de taille quarrées. Long, 18, 55. latir. 41.10. Les Romains la nommerent Taraco , d’où les Ef- pagnols ont fait Tarragona. Les Scipions s’en étant rendu maîtres dans les guerres puniques , en firent le lieu de leur réfidence, ainfi qu’une belle place d’ar- mes contre les Carthaginoiïs. Augufte s’y trouvant dans la vingt-troifieme année de fon regne, lui don- na le titre d’Augufla , & y reçut pluñeurs ambaña- deuts. Ses habitans , par reconnoïffance, bâtirent un temple en fon honneur. L’empereur Antonin le Pieux aggrandit fon port, &c le garnit d’un grand mole. En- fin cette ville devint f puiffante & fi confidérable, que , dans la répartition qui fut faite de l'Efpagne, les Romains donnerent {on nom à la plus grande par- tie de ce vafte continent , en l’appellant £/pagne tar- ragonoife, Après cela faut-il s'étonner qu’on ait trouvé dans cette ville & aux environs beaucoup de monumens anciens, comme des médailles , des infcriptions, &c les ruines d’un cirque où fe faifoient les coutfes des chevaux dans une place nommée aujourd’huila p/aça de la Fuente ? LU TAR On y a auf trouvé les ruines d’un théatre, qui étoit en partie taillé dans le roc &en partie bâti de gros quartiers de marbre, dans l’endroit où eft à pré- {ent Péglife de Notre-Dame du miracle. Cette éolife, anf que la cathédrale, doivent leur conftru@tion aux pierres & au matbre qu'on a tirés des débris de cet ancien théatre des Romains. Les Maures prirent Turragone en #10 , & la déman- telerent. Le pape Urbain Il. y envoya une colonie en 1038, & enfuite céda cette ville à Raymond Be- - renger, comte de Barcelone. Les François affiége- rent Tarragone en 1641, fans pouvoir s’en rendre maîtres. dr à Elle eft la patrie d'Orofe (Paul), prètre, & hifto- rien eccléfiaftique du v. fiecle. Il lia grande connoif- fance avec $. Auguftin, qui envoya en 41$ à Jéru- falem auprès deS. férôme , pour le confulter {ur lori- gine de l’ame. Quoi qu'il en foit de la réponfe aa pû faire S. J£- rôme, ce fut au retour du voyage de Paleftine que le prêtre de Tarragone compoña {on hifloire générale, qui commence avec le monde & qui finit l’an 416 de Jefus-Chrift, Il yena plufieurs éditions ; la pre- miere eft, je penfe, à Venife en 1 500; la feconde eftà Paris en 1506 , chez Petit ; la troifieme en 1 524, à Paris, 27-fol. Ces trois éditions font moins correctes que les fuivantes , à Cologne 1536, 1542, 1 S61, HZ. On ne peut contredire raifonnablement le juge- ment que Cafaubon porte de cet ouvrage, qui néan- moins n'eft pas fans utilité. On voit à-travers les ter- mes honnêtes du favant critique de Genève, qu'iln’en faoit pas grand cas. En effet la tâche que prit Orofe étoit au-deflus de fes forces. Il ignoroit le grec, & connoïfloit fort peu l’hiftoire romaine. D'ailleurs il peche fouvent contre la chronologie, & croit trop ux bruits populaires, On dit qu'il avoit intitulé {on livre de mifèrié ho- minum ; Mais j'imagine que c’eft quelque homme d’efprit qui lui a prêté ce titre fi convenable à l’hif. toire en pénéral, & plus encore à l’hiftoire ecclé- faftique qui eft le miroir des miferes de Pefprit hu. main & des maux que fon intempérance fait dans le monde. (Le chevalier DE JAUCOURT.) TARRAS, (Géog. anc.) ville de l’île de Sardaigne, fur la côte occidentale de l’île. Ptolomée, Z. JL, c DA la marque entre le port Coracodès & l'embouchure du fleuve Grfus..Le nom moderne eft Largo , felon Marius Niger. (D. J.) | TARRATE, (Géog. mod.) petite contrée d’Ethio- pie ; au royaume de Tigré & au nord de Caxumo. COTES TARREAU, f. m. (4 méchanig.) outil d’acier trempé, fait en vis, & fervant à faire les écrous des vis. Il doit s’ajufter au trou de la filiere ; & chaque trou d’une filiere fimple doit avoir fon sarreau. TARREAU, (Arquebuf.) c’eft un morceau d'acier trempé, rond , de la groffeur d’un pouce par en-bas, &t quarré par en-haut: le bas eft garm de vis fort aiguès. Les Arquebufers s’en fervent pour marquer des vis creufes, ou des écrous en introduifant le zarreau dans un trou, & le faifant tourner avec le porte-rarreau. Îls en ont de plus gros & de plus petits les uns que les autres. TARREAU DE CHARRON, efpece de tarriere en forme de cône, qui fert à donner de l’entrée aux ef- fieux dans le moyeu des roues. Le sarreau eft accom- pagné d’un crochet qui aide à faire fortir le copeau. Pour forger une tarriere fimple, une tarriere en cuillere & un sarreau, on prend une barre de fer, on étend le bout deftiné à former la cuilliere de a lar- TAR 917 peur &T de l'épaiffeur convenables: on Pacére: on rend les côtés & l’extrémité tranchans ; on Menage plus d'épaïfleur au milieu, Quand la piece eft forgée , on la forme à la lime , & on l’acheve en la trempant. TARREAUDER , v. a&t, serme de Serrurier, c'eft faire avec ün tarreau, un trou dans uné piece de métal ou de bois, qui ferve d’écrou, pour y faire en= trer une vis. (D, J.) TARREGA, (Géog. mod.) ville d'Efpagné dans Là Catalogne, fur une colline , près de la riviere Cervez ra , 6 lieues de Lérida, fur la route de cette ville à Barcelone. Les anciens romains connurent cette ville fous le nom de Tarraga,. Les Maures en ont été les maîtres, & Raymond Bérenger la leur enleya en 1163. C’eft aujourd’hui le chef-lieu d’une viguerie dans un terroir abondant en blé, vin, huile & bétail, D.) sd TARRER , v. at. 2ermme de Blafon, ce verbe fignis fie donner un certain tour au heaume ou timbre de Vécu. On dit sarrer de front, de côté ou de profil. Ce terme employé pour lés cafques, vient de leurs gril les qui étoient autrefois repréfentées à la maniere des tarots de cartes. Mencf?, TARRIERE, L f, (Ares méchan.) outil de fer fers vant aux Charpentiers & aux menuifiers: il yenaä. de plufieurs fortes, & de différentes groffeurs, Ce mot, felon Félibien, vient du grec Tepéo , terebro , per< cer avec un inftrument. Quand la sarrière eff grofle, les ouvriers difent une groffé sarriere; & quand elle eft petite, ils difent un Zaceres, ou une petite sarriere. Il y à trois fortes de rarrieres : les unes tournées en vis tranchantes ; les autres avec une pointe aiguë en vis, 6'c. les autres ont le bout en forme de cuillie- res de table, dont tous les bords font tranchans.. Cette derniere forte de carriere eft fur-tout à lufage des Sabotiers : ils s’en fervent pour façonner & polir la place du pié dans le fabot. (2. HE TARRIERE A RIVET, outil de Charron, cet outil eft fait comme les autres rarrieres, & eff plus menu, plus court & plus fin ; il leur fert À former des petits trous pour mettre des clous rivés. Voyez Les fig. 6 PI, du Charron. TARRIERE À CHEVILLE OUVRIFRE , Outil de Char ron, cet outil eft fait comme les autres rarrieres CX= cepté qu'il eft un peu plus gros & plus court, & qu'il fert aux charrons à former des trous dans Pa= vant-train pour pofer la cheville ouvriere. T'ARRIERE À GENTIÈRE ,ouril de Charron , cet ou- til eft exatement fait comme la rarriere À goujon, & eft un peu plus mince ; elle fert aux charrons À pers cer les trous aux gentes des roues, TARRIERE À GOUJON, outil de Charron, cet outil eft exaftement fait comme lefleret long , à l’excep- tion qu’il eft plus fort, plus grand & plus large, & qu'il fert à former les trous dans les moyeux, TARRIERE, (Charpenr.) outil de fer aceré » Qui eft emmanché de boïs en potence, & qui en tour- nant, fait que le fer perce le bois où il touche, & fait de grands trous propres à mettre les chevilles, Il y en a de plufieurs fortes en groffeur & grandeur, (2.1) TARRIERE , éerme de Mineur, inftrüment dont le mineur fe fert pout percer les terres. Quelquefois la carriere eft tout d’une piece; d’autres fois elle a deg _ brifures qui s’ajuftent les unes aux autres. Son ufage eft pour {e précautionner contre le contre-mineur, Quand le mineur l'entend travailler, il perce laterre du côté qu’il entend le bruit avec fa rarriere , qu'il alonge tant qu'il veut par le moyen des brifures ; & dans ce trou il poufle une groffe gargouille , à la= quelle 11 met le feu pour étonfer le contremi= Ë 918 TAR neur. D'autres fois le mineur donne.pat cé tromun camouflet au contre-mineur. Diéf. milis. (D, I.) TARROCK ., f. m. (Hiff. nar. Ichrhyol.) oxfeau de met de la clafle du Zarus où mouette, & difingué chez les Ornithologiftes par le nom de /arus cinereus Belloni. I] eft de la groffeur & de la forme de nos pi- geons, excepté que fa tête eft plus large &c plus groffe. Sa queue n’eft pas fourchue; fa gorge, fa poi- trine & fon ventre font d'un blanc de neige; fa tête eft du même blanc, avecune tache noire de chaque côté. Le bas du cou eft tout noir ; le milieu du dos & des épaules font grifes; les grandes plumes de fes aîles font noires & blanches : mais ce qui le diflingue véritablement de tous les autres oïifeaux de {on gen- re, c’eft qu'il n’a point d’orteil de derriere. IL eft très-commun fur quelques côtes d'Angleterre , êt en particulier fur celles de Cornouailles. Raï. Orxzhol. page 264. (D. J.) TARSATICA , (Géog. mod.) ville de lillyrie, fe- lon Pline, Z. ZIL. c. xxwij. & Ptolomée, 2. IL. c. vi. On croit que c’eftaujourd’huilavillede Fume. (D.J.) TARSÉE , £ m. ez Anatomie, eft ce qu'on appelle communément le cou du pie. C’eft le commencement du pié, ou l’efpace qui eft entre la cheville du pré ëz le corps du pié, qu’on appelle mératarfe. Voyez Pré 6 MÉTATARSE. Le rarfè répond au carpe ou poignet de la main. Il eft compofé de fept os, dont le premier eft appellé affragale, & par les Latins, ralus 6c os balifle. (Voyez ÂSTRAGALE) ; le fecond calcaneum ; le troifieme eft l'os raviculaire , que les Grecs appellent féaphoïde ; lé auatrieme, cinquieme & fixieme font innominés, & appellés par Fallope cunéiformes, à caufe de leur figure; le feptieme eftle cuboide. Voyez chacun de ces os décrit dans fon article propre, N'AVICULAIRE , CUNÉIFORMES, Éc. Tarse, eft auf le nom que quelques anatomiftes donnent aux cartilages qui terminent les paupieres, &t d’où naïflent les cils où poils des paupieres. Voyez PAUPIERE. Ces cartilages font extrèmeméent minces &c dcliés, ce qui les rend légers & flexibles, Leur figure eft demi-circulaire ; celui de la paupiere fupérieure eft un peu plus long que celui de l'inférienre : ils fer- vent tous deux écalement à fermer lœil. Voyez Css. TARSE, ( Géog. anc.) Tarfus, ville d’Afie dans la Cilicie, la plus belle, la plus ancienne & la plus peu- plée de la province. Sans nous arrêter à toutes les fables qu’on a débi- tées fur le nom &c l’origine de Tarfe, il eft conftant que cette ville avoit été fondée par les Argiens, ou du moins qu’elle avoit été augmentée par une colo- nie greque, & que fes habitans excellerent dans Pé- tude des belleslettres, de la philofophie &c de toutes les fciences quiétoient cultivées chezles Grecs, puif- que Strabon ne craint point de dire qu’ils furpaflerent en cela Athènes, Alexandrie & toutes les autres aca- démies du monde; 1l ajoute que leur ville étoit fort. puiffante , & foutenoit avec éclat fa dignité de mé- tropole. Le Cydnus traverfoit la ville de Tarfe, felon leté- moisnage de Denys le périégete, de Strabon, de Pomponius Mela, de Pline, d’Arrien &c d’Ammien | Marcellin. Pline Pappelle v1//e Libre ; elle l’avoit appa- remment été anciennement , comme coloniegreque, & 1 nous apprend qu’elle jouifloit auf de fa liberté fous les Romains. Quelques-uns croyent qu’elle mérita aufli les pri- vileges de colonie par fon grand attachement à Jules Céfar, & que ce privilege communiqua à tous {es concitoyens la qualité de citoyens romaizs.S.Paul qui | TAR étoit né à Tarfe, comme ille dit lui-même, a, #17: 3, Jouafioit de ce droit par fa naïffance, D’autres fou- tiennent que Tarfé.étoit feulement ville libre, & non! colonie romaine, dutems de S. Paul , parce quel’on netrouve dans les médailles aucun veftige de cetitre de colonie romaine,;ayant le regne de Caracalla ou celui d'Héliogaballe , & qu’ainfi le privilege de citoyen ro- main n'appartenoit pas à l’apôtre fimplement comme citoyen de Tarfe, mais par quelque droit particulier que fon pere ou les ayeux aVoient acquis, C’eft à Tarfe que fe rendit Cléopatre mandée par Antoine , & c’eit-là qu'il en devint amoureux. Elle fit ce voyage , dit Plutarque, fur un vaiffeau brillant d'or & orné des plus belles peintures; les voiles étoient de pourpre, les cordages d’or&x de foie, & les rames d'argent. Ces rames étoient mamiées au fon des flutes , qui joint à celui des chalumeaux &z des lyres, faifoit un concert délicieux. Cléopatre parée galamment comme on peint la déefle Vénus, étoit couchée fous un pavillon broché d’or ; fes femmes toutes d’une excellente beauté re- préfentoient les nymphes & les graces. La poupe & la proue étoient remplies des plus beaux enfans dé- euifés en amour, & quelques-uns d’eux étoient àfes côtés, avec des éventails dont ïls l’'éventoient pour la ratraichir. Elle avançoit dans cet équipage fur le fleuve Cydnus, au fon de mille inftrumens de mu- fique. Les deuxrives du fleuve étoient embaumées de l’o- deur de parfum que lon brûloit dans fon vaifleau. Tout le peuple de Terfe la prit pour Vénus qui venoit chez Bacchus pour le bien de l’Afie. On quitta letri- bunal d'Antoine pour courir au-devant d'elle ; ce ro- main lui-même aila la recevoir, & en devint éper- dument amoureux. | | H foupa chez elle, & y trouva des préparatifs d’u- ne magnificence qui lui étoit inconnue. Ce qui le furprit davantage, ce fut la quantité de flambeaux dont les appartemens étoient éclairés ; ils étoient fuf- pendus, appliqués & rangés avec tant d’art, de va- ricté & de fymmétrie, que de toutes les fêtes quife trouvent décrites dans l’hifioire, l’on prétend que c'étoit celle qui faifoit Le fpeétacle le plus raviffant. Jai dit à l’'arsicle de SoLt en Cilicie, que Chryfippe y vit le jour ; cependant quelques auteurs lui don- nent Tarfe pour patrie. Quoi qu'il en foit , e’étoit un efprit fortfubtil en matiere de raifonnement; l'art de la dialeétique la plus déliée ne lui échappoit point ; ë& la folution de fes argumens étoit fi difficile , qu’- elle pañfa en proverbe pour exprimer une chofe im- poffble. Ilcompofa un grand nombre d'ouvrages qui Ont péri. Après fa mort les Athéniens éleverent en fon honneur une ftatue dans le céramique. Hermogène nâquità Tarfe en Cilicie dans le fecond fiecle de l’ere chrétienne. Ce fut un prodige en toute maniere. À l’âge de dix-fept ans il publia fes livres de rhétorique que nous avons encore. Il mit au jour à vingt ans fon livre des idées, & à vingt-cinq ans 1l oublia tout ce qu'il favoit. | Athénodore | célebre philofophe floicien, étoit auf de Tarfe en Cilicie; 1l vint à la cour d’Aupufte, qui l’éleva aux plus grands honneurs, &c Le fit pré> | cepteur de Tibere ; mais il n'eut pas le bonheur de pouvoir corriger le mauvais caractere de ce prince. Il mit au jour divers ouvrages qui ne nous {ont pas parvenus. Strabon en cite un fur Océan & fur fon flux & reflux. Nettaire, evèque de Conftantinople vers la fin du quatrieme fiecle , eut Tarfé pour patrie. Il m’étoit pas moins diftingué par fes vertus, que par fa naïflance & par fon rang ; caril exerçoit la préture. Il fut fait évêque n'étant pas encore baptifé , de forte qu'il paf: fa de l’état de cathéeumene à celui de pafteur de lé- olfe. plie. Sa douceur envers les autres fetes, & les Apol- inariftes en particulier , lui attira une lettre de Gré- goire de Naziance, où il le prefloit de févir contrée les hérétiques , & de gagner l’empereur Théadofe, mourut en 397, & les Grecs l’honorent dans quel. ques-uns de leurs livres, éomme un faint ; il étoit du- moins un évêque fage , modéré & pieux. (Le cheva- Der DÉ JAUCOURT.) | TARSE oz plutôt TARSON , ( Géog. mod.) en latin Tarfus ; cette ville d’Afe autrefois la plus belle de la Cilicie, n’eft aujourd’hui qu’un tas de ruines, dans la Caramanie, à huit lieues d’Adana. Il y a dans le Voifinage de fes ruinés uñe églife d’Arméniens pañla- lement belle. Lasir. 37. 12. (D. J.) FARSIA, ( Geéog, mod. )petite ville, ou pour mieux dire , bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieuré , environ à douze milles au midi de Caflano. On croit communément que c’eft l’ans cienne Capräfæ.( D. J.) + TARSIUM, ( Géoôg. anc.) ville de la bäflé Pan: none, felon Prolomée, 2. IL. c. xvj. C’eft la ville de Tarfum d’Aurelus Viétor, epitom. p. 5i, qui ditque les empereurs Tacite & Maximin y finirent leurs jours. (D. J.) TARSO, {. m, (jf. nat. ) nom que l’on donne én Italie à des petits cailloux blancs roulés & arron- dis, qui fe trouvent en grande abondance dans le lit de la riviere d’Arne qui paffe à Florence. On s’en fert pour compofer la fritte du verre blanc appellé éryftal, On en trouve auffi près dé la ville de Pre au pie du monñt Verrhcola, & près de Mafla, fuivant . Néri, qui prétend que ces piertes font une efpece de marbre : mais il eft viñible qu'il fé trompe en cela, vi que le marbre ne feroit point propre à entrer dans la comipoñtion du verte qu’il tendroit laiteux, étant une piérre calcaire ; ainf le zar/o doit être re- gardé comme une efpece de caillou ou de quartz, roulé & arrondi par le mouvement des eaux. TARSURA, ( Géog. anc, ) fleuve de la Colchide, Arrien met fon embouchure entre celles des deux fleuves Sirgames & Hippus. (D. J.) TARTANE, ff. (Marine.) c’eft une barque dont on fe fert fur la Méditerranée , qui ne porte qu’un ar- bre de meftre ou un grand mât, & un mât de mifai- he, Lorfqu’il fait beau, fa yoile eft à tiers point, & on fait üfage d’un tréou de fortune dans les gros tems. Voyez Tréou. Cette mâture forme la principale dif: férence qu'il y a de ce bâtiment à une barque; je dis /a principale différence, parce que les dimenfions de ces deux bâtimens ne font point femblables, comme on en jugera, en Comparant celle d'une barqueavec les fuivantes. , Proportions d'une tartañe. Lohgueut jié. pouces. de la quille portant furterre, ,. . . 38 Eparieur déiquille" pr En En En TE TÉTPCHAOEMAEINI RIT Hauteur de la façon de l'arriere, ; , . Hauteur de la façon de l'avant, . : . PR Hauteur du premier queratenavant,. . 9 Hauteur du fecond queratenavant,: . 11 Hauteurde létrave, + 1.04 14 Guétedeétraves ete mOi Hauteur de Pétambord, , . , : . 14 Quête de l'étambord, . 4 . : . : 4 Hauteur du premier querat en arriere, : 9 Hauteur du fecond queratenarriere, . 11 Largeur de la préceinte, . . . , ; Epaifleur de la préceinte, : + : , , o Largeur du maître gabarit, . : . 15 Hauteur du premier queratau milieu, , 4 Hauteur du fond de cale, , +: : , , 7 Hauteur du plat-bord, . . . . . 9 . TARTARE, fm. ( Myrholos. ) lieu du fupplice des tyrans & des coupables des plus grands crimes. Tome ÀV , Run O © ww © © © © TAR 919 C’eft l’abime le plus profond fous la terre. Le mot Taprapiev {é trouvé dans Plutarque pour Beler où trembler de froid ; & d’autres auteurs, comme Hé: fiode , s’en {ont auffi fervi dans ce fens, parce qu'ils penfoient , que qui dit le primim obfeurim dahs la nature, dit aufh le primum frigidum: e ‘ Homere veut que cétte prifon ne foit päs moins éloignée des enfers en Fleurs Que les enfers le font du ciel. Virgile ajoute qu'elle eft fortifiée dé trois enceintes de murallés, & entourée du Phlégé- ton, torrent impetueux, dont les ondes énflamrées entraînent avec fracas les débris des rochers: uné haute tour défend cette affreufe prifon , dont là grande porte et foutenue pat deux colonnés de dia- mans, que tous les efforts des mortels & toute la puiflance des dieux ne pourroient brifér ; couverte dune robe enfanglantée , Tifiphone eft aflife nuit 8 jour à la porte dé cetté prifon terrible , qui retentit de voix gémiflantes, de cruels coups de fouet & d’un bruit affreux de chaînes, Mais je fuis bien ridicule de ne pas laifler parler le prince des poëtes dans fon beau langage: | Sub ripe fenijtré Menia lata videt triplici circumdara muro : Que rapidus flammis ambit torrentibus amnis Tartareus Phlegeton, torquetque fonantia [axe ; Porta adverfa ingens, folidoque adamante colimne is ut nulla viräm , non ipft exfcindere ferro Cœlicolæ valeant:: flat ferrea turris ad auras. Tifphoneque Jedens, pallé fuccinéta cruenré ; Vefébulum infomnis fervar noëtefque diefques Hinc exaudiri gemitus, 6 fæva fonare Verbera 3 tm ffridor ferri, tratleque catene, À Conftitit Æneas » ffrepitumque exterritus haufît, Æn. hb; VI. Vs: 548. Un dé nos poëtes lyriques s’eft auffi fürpafé dans là defcription du sartare ; lifons-la, | Qu'entens-je ! Le tartare S'ouvre, Quels cris! quels douloureux accens À mes yeux la flamme y découvre- Mille fupplices renaiffans, La fur une rapide roue, Trion dont le ciel fe joue, Expie a jamais fon amour. La le cœur d'un géant rebelle Fournit une proie éternelle A l'avide faim d'un Yaurour, Autour d'une tonrie pérece Se laffent ces nombreufes fœurs j Qui [ur les freres de Lincée » Wengerent de folles rerreurs : va Sur cette montagne gliflance ÆElevant la roche roulante, Sifiphe gémit fans fecours ; Er plus loin cette onde fatalé Tafulte à la foif dé Tantale, Lirrite , € le trahir toujours. Si on trouvoit dans toutes les odés dé M. de là Motte le feu & la verve qui brillent dans celle-ci, ellés auroient eu plus d’approbateurs ; mais c’eft Milton qui a lé mieux réufi de tous les modeïnes dans la peinture du rarrare, Elle glace d’effroi, & fait drefler les cheveux de ceux qui l’a lifent. Selon l'opinion commune , il n’y avoit point de retour , ni de grace à efpérer pour ceux qui étoient une fois précipités dans le sertare : Platon néanmoins n’embrafle pas tout-à-fait ce fentiment. Ceux , dit= il, qui ont commis ces grands crimes, mais qui ne {ont pas fans remede, comme ceux qui font coupa- bles d’homicide , mais qui en ont eu enfuite du regret, ceux là font néceflairement précipités dans le sarcare » & après y avoir féjourné une année, un flot les en AAAaaa 920 TAR retire; & lorsilspañfentparle Cocyte, onle Péryphle- géton, delà ils vont au lac Acherulia, où 1ls appellent Darleur nom ceux qu'ils ont tués , &c les fupphent Snflamment de fouffrir qu'ils fortent de ce lac, & de leur fre la grace de les admettre en leur compagnie. S'ils peuvent obtenir d'eux cette faveur , ils font d’a- bord délivrés de leurs maux, finon ils font de nou- veau rejettés dans le serrare; enfuite une autre an- née ils reviennent au fleuve, comme cï-devant, & réterent toujours leurs prieres , jufqu’à ce qu'ils Zient Aéchi ceux qu'ils ont offenfés. C’eft la peine établie par lesjuges. | a Quelques mythologifles croient que l’idée du tartare, a été formée fur le Tartefle des anciens, qui étoit une perite île à l'embouchure du Bétis, aujourd'hui Guadalquivir en Efpagne : mais c’eff plutôt du fameux labyrinte d'Esypte qu'eft tirée la prifon du carare , ain que toute la fable des enfers. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TARTARES ox TATARS, ( Géogr. mod. ) peuples qui habitent prefque tout le nord de PAfñe. Ces peu- ples font partagés préfentement en trois nations dif- férentes ; favoir, 1°. les sartares ainfi nommés; 2°. les Callmoucks 3 3°. les Moungales : car les autres peuples-payens diperfés par toute la Sibérie, & fur les bords dela mer Glaciale , font proprement des peuples fauvages, féparés, quoique defcendant des | anciens Turtares. Les Tartaresparticulierement ainfi nommés, Pro- feflent tous le culte mahométan , quoique chez la plüpart ce culte tient beaucoup plus du paganifme , que du mahométifme, Tous les Tarares fe fubdivi- fent en plufieurs nations, qu'il importe de faire con- noître : les principales font. 1°. Les Tartares Barabinskoi ; 2°, les Tartares Baf- kirs, € ceux d'Uffa; 3°. les Tartares de Budziack. 4°. les Tartares Calmoucks ; 5°, les Tartares de la Cafat- Jchia Orda ; 6°. les Tarsares de la Crimée ; 7°. les Tartares Circailes ; 8°. les Tartares du Dagheffan ; o°. les Tartares Koubarte ; 10°. les Tartares Mounga- Les : 11°. les Tartares Nogais ; 12°. les Tartares Télan- gours ; 13°. les Tartares Tongafes ; 14°, les Tartares de la grande Boucharie, 15° Enfin les Tartares Uf- becks, Les Tartares Barabinskoi, font des peuples payens de là grande Tartarie. Ils habitent le défert de Bara- ba, qui s'étend entre Tara & Tomskoï ; ils demeu- rent dans des huttes creufées en terre , avec un toit de paille, foutenu par des pieux élevés de trois piés ; cette nation eft tributaire du czar. Les Tartares Baskirs, où de Baskain & d'U/ ja, oc- cupent la partie orientale du royaume de Cafan, ëe les Tartares d'Uffa occupent la partie méridionale. Les uns & les:autres font grands & robuftes; 1ls ont le teint un peu bafané, les cheveux noirs, ê les fourcils fort épais ; ils portent une robe longue de gros drap blanc, avecune efpecede capuchon at- taché dont ils fe couvrent la tête en hiver. Les fem- mes font habillées à lafaçon des payfanes de Ruffie, {ur-tout depuis qu'ils font foumis à cette couronne ; leur langue eftun mélange de langue sarrare &t ru fienne. Quoiqu'ils obfervent encore la circonci- fion, & quelques autres cérémonies mahomeétanes, ils n’ont plus aucune connoïffance de l’aicoran , êT n’ont par conféquent ni moullhas ,ni mofquées; en- forte aueleur religion tient beaucoup du paganifme, chez ceux quin’ontpasembraflé leculte grec. Comme le pays qu'ils habitent eft fitué entre les 52 d. 30.de longitude , & le 57. d. de latitude ; ce pays eft fer- tile en grains, en fruits , en miel & en cidre, Aufñ les Tartares Baskirs & d'Uffa , fement de l'orge , de Pavoine & d’autres grains, habitent dans des villa- ges bâtis à la maniere de Ruflie, &c fe nourriflent de leur bétail & de la chaffe, | Les Tarrares de Budziack , habitent vers le rivage occidental de la mer Noire ,\ entre Pemboucaure du Danube & la riviere de Bos. Quoique ces Tur= tares foient une branche de ceux de la Crimée, & qu’ils ên aient la religion &r les coutumes, cependant ils vivent indépendans de la Porte, &c du chan de la Crimée. ls n'obeiflent qu’à des murfes, chefs des différens ordres qui compofent leur corps. Ils font même quelquefois des incurfions fur les terres des Furcs, & fe retirent chez eux après le pillage. On dit que leur nation peut faire environ trente nulle hommes. | Les Tartares Callmoucks , occupent une grande partie du pays qui eft entre le Mongul &t le Wolga, Ils font divifés en plufieurs hordes particuliers, qui ont chacune leur aucoes, ou chan , à part. Les Cail- moucks n’ont point d’habitation fixe, mais feule- ment des tentes de feutre, avec lefquelles 1ls cam- pent & décampent en un inftant. Ils fe mettent en marche au printems, le long des pâturages, fur les bords du Wolga , & menent avec eux quantité de chameaux , de bœufs, de vaches, de chevaux, de moutons & de volailles. Is viennent de cette ma- nisre en forme de caravanes à Affracan, avec tou- tes leurs familles pour -y commercer. Ils échangent leurs beftiaux pour du blé, du cuivre, du fer, des chauderons , des couteaux, des cifeaux , du drap, de la toile, &c. Les Callmoucks font robuftes & guerriers. Ils y en a. toujours un corps dans les troupes du czar , fuivant le traité d'alliance fait avec eux, &c ce corps monte à environ fix mille hommes. | Les Tartares de la Cafatfchia Orda, font une bran- che des Turtares mahomëtans, qui habitent dans la partie orientale du pays de Turkeftan, entre la ri- viere de Jemba & celle de Sirth. Ils ont la taille moyenne, le teint fort brûlé, de petits yeux noirs brillans & la barbe épaifle. Ils coupent leurs cheveux qu'ils Ont extrêmement forts &C noirs, à quatre doigts de la tête, & portent des bonnets ronds d’un empan de hauteur, d'un gros drap ou feutre noir, ayee un bord de pelleterie ; leur habillement confifte dans une chemiie de toile de coton, des culottesde peau de mouton, & dans une vefte piquée de cette toile de coton, appellée kiraiha par les Rufles; mais en hiver ils mettent par-deflus ces veftes une lon- gue robe de peau de mouton, qui leur fert en été de matelats ; leurs bottes font fort lourdes & faites de peau de cheval, de forte que chacun peut les façon- ner lui-même ; leurs armes font le fabre, Parc &c la lance, car les armes à feu font jufqu’à prélent fort peu en ufage chez eux. Ils font toujours à cheval, en courfe , où à la chafle, laïiffant le foin de leurs troupeaux &r de leurs habitations à leurs femmes, & à quelques efclaves. Ils campent pour la plüpart fous des tentes ou hutes vers les frontieres des Callmoucks & la riviere de Jemba, pour être à portée de butiner. Dans l'été ils paffent fort fouvent les montagnes des Aigles , &c viennent faire des courfes jufque bien avant dans la Sibérie , à l’oueft de la riviere d’Irtis, Les Cara-Kalpaks ; qui habitent la partie occi- dentale du pays de Turkeftan, vers les bords de la mer Cafpienne , font les fideles alliés 8: parens des Tartares de la Cafatfchia Orda , & les accompagnent communément dans leurs courfes, lorfqu'il y a quel- que grand çoup à faire. | Les Tartares de la Cafatfchia-Orda, font profeffon du culte mahométan, maïs ils n’ont ni alcoran, ni moulhas, ni mofquées, enforte que leur religion fe réduit à fort peu de chofe. Ils ont un chan qui réfide ordinairement en hiver dans la ville de Tafchkant, &c qui en été va camper fur les bords de la riviere. de Sirth, & les frontieres des Callmoucks; mais leurs & TAR mutfes particuliers qui font fort puiffans, ne laiffent suere de pouvoir de refte au chan. Ces Tartares peuvent armer fout-au-plus trente mile hommes, êtavec les Cäta-kälpaks cinquanté mille, tous à cheval. | . | Les Tartares de la Crimée font préfentement parta- gés en trois branches , dont la premiere eft celle des L'artares de la Crimée; la feconde, celle des Tartares de Budziach ; & la troifieme celle des Turrares Kou- bans, Les Tartres de la Crimée font les plus puiflans de ces trois branches ; on les appelle aufiles Tarra- res de Perékop, ou les Tartares Saporovi, à caufe que par rapport aux Polonois qui leur donnent ce nom, ts habitent au-delà des catarattes du Boryfthène. Ces Tarrares occupent à-préfent la prelqu’île de la Crimée, avec la partie de la terre ferme au nord de cette prefqu’ile, qui eft féparée par la riviere de Sa- mar de l'Ukraine, & par la riviere de Mius du refte de la Ruffie. Les Tartares de la Crimée font ceux de tous les Tarrares mahométans qui reflemblent le plus aux Calmoucks, fans être néanmoins fi laids; mais ils font petits & fort quarrés; ils ont le tein brûlé, des yeux de porc peu ouverts, Le tour du vifage plat, fa bouche aflez petite, des dents blanches comme de Pivoire, des cheveux noirs qui font rudes comme du crin, & fort peu de barbe. [ls portent des chemi. fes courtes de tôile de coton, & des caleçons de la même toile; leurs culôttes {ônt fort larges & faites de quelque gros drap ou de peau de brebis ; leurs Yeftes font de toile de coton, piquée, à la maniere des caffetans des Turcs; $& au-deflus de ces veftes ils mettent un manteau de feutre, ou de peau de brebis. | | ” Leurs armes font le fabre, l'arc, & la flèche. Leurs chevaux font vilains & infatigables. Leur religion eft la mahométane. Leur fouverain eft un chan allié de la porte Otromane, & dont le pays eft fous la pro- teéion du grand-feigneur. C’eft dans la ville de Bafcia-Sarai, fituée vers Le milieu de [a prefqu’ilé de Crimée, que le chan fait ordinairement fa réfidence, La partie de la terté ferme au nord de Perékop, eft occupée par des hordes de Turrares de la Crimée, qui vivent fous des huttes, & fe nourriflent de leur bétail, Iorfqu'ils n’ont point occafñon de brigander. Les sarsares de ce pays pañlent pour les plus aguer- ris de tous les Tarrares. ils font prefque toujours en courfe, portant avec eux de la farine d’orge , du bif- cuit, & du fel pour toute provifion, La chair de che- val &c le lait de jument font leurs délices. Il coupent la meilleure chair de deflus les os, par tranches, de lépaifleur d’un pouce , & les rangent également fur le dos d’un autre cheval, fous la felle , &t en ob- fervant de bien ferrer la fangle, & ils font ainf leur chemin. Au bout de trois ou quatre lieues ils levent la feile, retournent les tranches de leur vian: de , remettent la felle comme auparavant, & conti- nuent leur traite. À la couchée Le ragoût fe trouve tout prêt ; le refte de la chair qui eft à l’entour des os fe rôtit à quelques bâtons, & fe mange fur -le- champ au comenceinent de [a courte. Au retour du voyage, qui eft fouvent d’une cen- taine de lieues & davantage, le chan prend la dixme de tout le butin, qui confifte communément en ef- claves ; le murfe de chaque horde en prend autant fur la part qui peut revenir à ceux qui font fous fon commandement, & le refte eft partagé également entre ceux qui ont été de la courfe. Les Tarcares de fa Crimée peuvent mettre jufqu’à quatre-vingt mille hommes en campagne. | | Les Tartares Circaffes habitent au nord-oueft de la mer Cafpienne , entre l'embouchure de la riviere de Wolga & la Géorgie. Le peuple qui eft préfente- ment connu fous le nom des Crrcaffes , eft une bran- che des tartares mahométans. Du-moins les Circafles Tome XV j PAR 921 confervent-ils jufqu'aujourd’hui la lañgue , les cou- tumes, les inclinations, & même l'extérieur deë Tartares ; nonobftant qu'on puifle s’appercevoir facilement qu'il doit y avoir bien du fang des anciens häbitans du pays mêlés chez eux, parmi celui des Tañtares. s . [ya beaucoup d'apparence que les Tartares Cir- cafles, aufli-bien que les Dagheftans, font de la pot: ténité de ceux d’entre Les Tartares qui furent obli- gés , du tems que les fofis s’emparerent de la Perfe, de fe retirer de ce royaume pour aller gagner les montagnes qui font au nord de la province de Schir- Yan, d’où les Perfes ne les pouvoient pas chañer fi facilement, & où ils étoient à portée d'entretenir correfpondance avec les autres tribus de leur nation; qui étoient pour-lors en poffeffion des royaumes de Cafan & d’Aftracan. Les Tartares Circafles font aflez laïds ; & prefque toutes leurs femmes font très-belles. En été elles ne portent qu'une fimple chemife d’une toile de coton, fendue jufqu’au nombril, & en hiver elles ont des robes femblables à celles des femmes ruffiennes : elles fe couvrent la tête d’une forte de bonnet noir qui leur fied fort bien ; elles portent autour du cou plu- fieurs tours de perles de verre noir, pour faire d’au- tant mieux remarquer les beautés de leur gorge ;elles ont un tein de lys & de rofe ; les cheveux &les plus beaux yeux noirs du monde. | . Les Tarsares Circaffes fe font circoncire, & obfer: vent quelques autres cérémonies mahométanes ; mais la religion grecque commence À faire beaucoup de progrès dans leur pays. Ils habitent en hiver dans dés villages, & ont pour maifons de chetives chaux mieres; en été ils vont camper la plüpart du tems dans les endroits où ils trouvent de bons pâturages , favoir vers les frontieres du Dagheftan & de la Geor: gie , où le pays eft fort beau, & fertile en toutes fortes de légumes & de fruits. C’eft de la partie mon- tueufe de la Circafie que viennent les chevaux cir: cafles ; tant eftimés en Ruflie, pour leur viîtefe, la grandeur de leurs pas, & la facilité de les nourrir, Les Circafles ont des princes particuliers de leur nation auxquels ils obéiflent, & ceux-ci font fous la - proteétion de la Ruflie , qui poffede Terki, capitale de tout le pays: les Circafles peuvent faire une vingtaine de mille hommes armés. Les Tartares du Daghean s'étendent en longueur depuis la riviere de Buftro, qui tombe dans la met Cafpienne, à 434. 207. de Zatitude jufqu’aux portes de la ville de Derbent ; & en largeur, depuis le ri- vage de la mer Cafpienne, jufqu’à fix lieues de la ville d'Erivan. Le pays eft par-tour montueux, mais 1l ne laïfle pas d’être d’une grande fertilité dans les endroits où 1l eft cultivé. Ces Tartares font les plus laids de tous les Tarares mahométans. Leur tein eft fort bafiné , & leur taille au-deflous de la médiocre eft très -renforcée ; leurs cheveux font noirs & rudes comme des foies de co- chon ; leurs chevaux font fort petits, mais leftes à la courfe , & adroits à grimper les montagnes ; ils ont de grands troupeaux de bétail, dont ils abandon: nent le foin à leurs femmes & à leurs efclaves , tan: dis qu'ils vont chercher à voler dans la Circafie & dans la Géorgie, des femmes & des enfans, qu'ils expofent en vente à Derbent, à Erivan, & à Tifis. Is obéifient à divers petits princes de leur nation qui prennent le nom de fultans, & qui font tout auffi voleurs que leurs fjets ; ils nomment leur grand Chan /chemkal, dont la dignité eft éle@tive. Ce fchem- Kal réfide à Boinac. Tout barbares que font les Tar- tares Dagheftans , ils ont un excellent ufage pour le bien de leur pays ; favoir que perfonne ne fe peut marier chez eux, avant que d’avoir planté dans un certain endroit marqué, cent arbres fruitiers, d’où AAAGaaï 022 TAR vient qu’on trouve par -tout dans les montagnes du Dagheitan, de grandes forets d'arbres fruitiers de toute efpece. | à Ces mêmes montagnes, dont ils connoiïfent feuls les fentiers, ont fervi à conferver jufqu’ici Les Tur- tares Dagheftans dans Pindépendance des puiffances voifines ; cependant la fortereffe de Saint-André que les Rufles ont bâtie dans le cœur de leur pays, fur le bord de lamer Cafpienne, entre Derbent& Terk1, non feulement les tient en bride, mais porte bien la mine de les contraindre un jour à l’obéiffance de la Rufe, d'autant plus que toutes leurs forces ne mon- tent guere qu’à quinze ou vingt mille hommes. Les Tartares Koubans habitent au fud de la ville d'Aflof, vers les bords de la riviere de Koucan, qui a fa fource dans la partie du mont Caucafe , que les Rufles appellent Turki-Gora, & vient fe jetter dans le Palus Méotide, à 464 15/. de latitude au nord- eft de la ville de Daman. Ces Tartares font encore une branche de ceux de la Crimée, & étoient autrefois foumis au chan de cette prefqu'ile ; mais préfentement ils ont leur chan particulier, qui eft d’une même famille avec les chans de la Crimée. Il ne reconnoïit point les ordres de la Porte, & fe maintient dans une entiere indépendan- ce, par rapport à toutes les puiflances vorfines, La plus grande partie de ces sartares ne fubfiftent que de ce qu'ils peuvent piller fur leurs voifns , &r fournif- fent aux Turcs quantité d’efclaves circañes, géor- giennes & abafles, qui font fort recherchées, … C’eft pour couvrir le royaume de Cafan contreles invañons de ces Tartares,quele czar Pierre a faitéle- ver un grand retranchement qui commence auprès de Zarifta fur le Wolga, & vient aboutit au Don, vis-à-vis la ville de Twia. Lorfque les Tartares de la Crimée ont quelques grands coups à fare, les Kou- bans ne manquent pas de leur prêter la main: ils peuvent former enfemble trente à trente-cinq mille hommes. Les Tartares Moungales, Mogoules, ou Murgales, occupent la partie la plus confidérable de la grande Tartarie, que nous connoïiflons maintenant {ous le nom du pays des Moungales, Ce pays, dans l'état où il eft à préfent,eft borné à l’eft par la mer orientale,au fud par la Chine, à l’oueft par le paysdes Callmoucks, & au nord par la Sibérie. Il eff fitué entre Les 40 &c so degrés de aride, 8 les 110 & les 150 degrés de longirude ; en forte que le pays des Moungales n’a pas moins de quatre cens lieues d'Allemagne delon- gueur , & environ 150 de largeur. Les Moungales qui habitent à-préfentce pays font les defcendans de ceux d’entre les Mogoules,qui après avoir été pendant plus d’un fiecle en poñleffion de la Chine, en furent rechaflés par les Chinois vers lan 1368; & comme une partie de ces fugitifs s’é- tant fauvée par l’oueft, vint s’établir vers les fources des rivieres de Jéniféa & Sélinga , l’autre partie s’en étant retirée par left, & la province de Léaotung, “alla s’habituer entre la Chine &x la riviere d’Amur. Ontrouve encore à l’heure qu’il eft deux fortes de Moungales, qui font fort différens les uns des au- tres , tant en langue & en religion, qu’en coutumes & manieres; favoir les Moungales de l’oueft, qui ha- bitent depuis la Jéniféa jufque vers les 134 degrés de longitude, & les Moungales de left, qui habitent depuis les 134 degrés de longitude jufqu’au bord de la mer orientale. Les Moungales de l’oueft vivent du produit de leur bétail , qui confifte en chevaux , chameaux, vaches & brebis. Ils confervent le culte du Dalaï- Lama, quoiqu’ils ayent un grand-prêtre particulier appellé Kuruchta. ls obéiffent àun kan , qui étoit autrefois comme le grand kan detous les Moungales ; mais depuis que les Moungales de Feft fe font empa- TAR à rés de la Chine,il eft beaucoup déchu de fa puiffance: cependant il peut encore mettre cinquante mille che- vaux en campagne, Plufieurs petits kans de Moun- gales, qui habitent vers les fources de la Jéniéa & les deferts de Gobr, fui font triburaires , 8r quoiqu'it fe foit mis lur-même fous laproteGion dela Chinepour être d'autant mieux en état de tenir tête aux Call- moucks, cette founiilion n’eft au fonds qu’une fou- milhion précaire &c honoraire, Il ne paye point detri- but à l'empereur de la Chine, qui le redoute même plus qu'aucun autre de fes vofins, &c ce n’eit pas fans raifon ; car s'il lui prenoit jamais fantaifie de s’u- nir avec les Callmoucks contre la Chine, la maifon quireone préfentement dans cet empire , #auroit qu'à fe tenir ferme fur le trône. | Les Moungales de l’eft reffemblent aux Moungales de l’oueft, excepté qu'ils font plus blancs , fur-tout le fexe. Ils ont des demeures fixes, & même des vil- les & des villages ; mais leurreligionn’eft qu’un mé- lange du culte du Dalai-Lama &c de celui des Chi- nois. Ils defcendent prefque tous des Mosouls fuoi- tifs de la Chine, & quoiqu'ils ayent encore quelques petits princes qui portent le titre de ka, C’eft une légere fatisfa@tion que la cour de Pekin veut bien leur laiffer. Leur langue eft un mélange de là langue chinoïfe & de l’ancienne langue mogoule,. qui n'a prefque aucune affinité avec la langue des Moungales de l’oueft. ? F Les Tartares Nogais, Nogaïens , de Naguï, de Nz- gaia ou Nagaiski, occupent la partie méridionale des landes d’Aftracan, & habitent vers les bords de la mer Cafpienne , entre le Jaick & le Wolga : ils ont les Cofaques du Jaick pour voifins du côté de lo- rient ; [es Callmoucks dépendans de PAjuka-Chan du côté du feptentrion; les Circafles du côté de l’occi- dent, & la mer Cafpienne les borne verslemidi. Les Tartares Nogais font à-peu-près faits comme ceux de Dagheftan, excepté que pour furcroit de difformité , 1ls ont le vifage ridé comme une vieille femme, Ils logent fous de petites huttes , & campent pendant été dans les endroits où ils trouvent les meilleuts pâturages. Ils vivent de la chafle, de la pêche & de leur bétail. Quelques-uns même s’atta- chent à l'agriculture. Ils font maintenant foumis à la Ruflie,ma1s fans être fujets à d’autre contribution que celle de prendre les armes toutes les fois que l’empe- reur de Ruffe le demande ; & c’eft ce qu'ils font avec plaïfir , parce qu'ils ont les mêmes inclina- tions que tous les autres sartares mahométans , c’eft- à-dire d’être fort âpres au butin. Ils peuvent armer jufqu’à vingt mille hommes , & ne vont à la guerre qu'à cheval. | Les Tartares Télangouts habitent aux environs du lac que les Rufles appellent O/éro-séleskoi, & d’où la grande riviere Obi prend fa fource. Ils {ont fujets du Coutaïfch, & menent à-peu-près la même vie que les autres callmoucks. Les Tartares Tongous ou Tungufes, {ont foumis à lempire rufien, Ces peuples occupent à-préfent une grande partie dé la Sibérie orientale, & font divifés par les Ruffes en quatre Branches principa- les, favoir : | | 1°. Les Podkamena-Toungouf , qui habitent en- tre la riviere de Jéniféa &z celle de Léna, au nord de la riviere d’Angara. 2°. Les Sabatski-Toungouf , qui habitent entre la Léna, & le fond du golfe de Kamtzchatka , vers les 60 degrésde latitude au nord de lariviere d'Aldan, 3°, Les Olenni - Toungouf , qui habitent vers les fources de la Léna , & de la ri- viere d’Aldan , au nord de la riviere d’Amut. 4°. Les Conni-Toungouf , qui habitent entre le lac Baikal &t la ville de Nerzinskoi , & le long de la riviere d’Amur. Il n’eft pas difficile d’appercevoir que ces peuples TAR font 1flus d’un même fang avec tousles autres sara res , parce qu'ils ont ä-peu-près les mêmes inclina- tions & la même phyfonomie ; cependant ils ne font pas tout-à-fait fi bafannés & fi laids que les Call- moucks , ayant les yeux beaucoup plus ouverts, & le nez moins écrafé que ne les ont ces derniers. Ils font pour la plüpart d’une taille haute &robufte, & font généralement plus aéifs que les autres peuples de la Sibérie. Les Podkamena-Toungouf & les Sabatski-Toun- goufi ne different guere en leur maniere de vivre des Oftiakes & des Samoyedes leurs vorfins. Ils portent en hiver des habits de peaux de cerfs ou de rennes, le poil en dehors, & des culottes, bas & fouliers de ces mêmes peaux tout d’une piece. Ilsvivent en été de la pêche, & dans l’hiver de la chañle. Ils n’ont point d’autres prêtres que quelques fchammans, qu’ils con- fultent plutôt comme des forciers , que comme des prêtres. u Les Olenmi-Toungoufi vivent pareillement de la chafle & de la pêche ; mais ils nourriflent en même tems des befliaux , & s’habillent tant en été qu’en hiver de peaux de brebis , ou de jeunes daims ; 1ls fe fervent de bonnets de peaux de renards qu’ils peu- vent abattre à l’entour du cou lorfqu’il fait bien froid, Les Conni-Toungouf font les moins barbares de tous ces peuples ; 1ls fe nourriflent quafi tous de leur bétail , & s’habillent à-peu-près comme les Moun- gales , auxquels 1ls reflemblent beaucoup en toutes chofes. Ils coupent leurs cheveux à la façon des Cail- moucks & des Moungales , & fe fervent des mêmes armes qu'eux ; ils ne cultivent point de terres; mais au-lieu de pain , ils fe fervent des oignons de lis jau- nes qui croiflent en grande quantite en ces quartiers, dont 1ls fontuneforte de farine après les avoirféchés; & de cette farine ils préparent une bouillie qu'ils trouvent délicieufe : ils mangent aufh bien fouvent les oignons lorfqu'ils font féchés , fans en faire de la farine ; ils font bons hommes de cheval , &c leurs femmes &c leurs filles montent également à cheval, & ne fortent jamais fans être armées. Tous les Toungoufes en général font braves & ro- buftes ;1ls habitent des huttes ou maïfons mouvan- tes; leur religion eft à-peu-près la même par-tout, & 1ls prennent autant de femmes qu’ils en peuvent en- tretenuir. Il n’y a qu’un petit nombre de conni-toun- goufi qui obéiffent à la Chine ; Le refte de ce peuple eft fous l’obéiflance de la Rufie, qui en tire les plus belles pelleteries de la Sibérie. Les Tartares Usbecks habitent la grande Bucharie &t le pays de Charafs’m. La grande Bucharie eft une vafte province de la grande T'artarie, & elle renfer- me les royaumes de Balk , de Samarçande & de Boik- kahrah. Les Usbecks de la grande Bucharie viennent camper ordinairement aux environs de la riviere d’Amur, & dans les autres endroits où ils peuvent trouver de bons pâturages pour leurbétail, en atten- dant des occafions favorables de brigandage. Ilsfont des courfes fur les terres voifines des Perfans, ainf que les Usbecks du pays de Charafs’m; &iln’y a ni paix , m treve qui puifle les empêcher de piller, parce que les efclaves & autres effets de prix qu'ils raviflent , font toute leur richefle. Lorfque leurs for- ces font réunies , ils peuvent armer une quarantaine de millehommes d’aflez bonne cavalerie, TPousles Tartares tirent leur nom d’un des fils d’A- lanza-Cham , appellé Taser, qui le donna à fa tribu, d’où 1l a pañlé aux alliés de cette tribu, & enfuite À toutes les branches, des peuples barbares de l’Afe, qui butinoient fur leurs voifins , tant en tems de paix qu’en tems de guerre; cependant ils ont porté le nom de turcs, jufqu’à ce que Genghis-Chanles ayantran- gés fous fon joug, le nomdezures eft infenfblement veny à fe perdré , & a fait place à celui de rartares, TAR 923 fous lequel nous les connoïffons à-préfent, Quand Genghis-Chan eut envahi lAfie méridionale, ÔC qu'= on eut conçu que ce prince des Mogoules étoit en même tems le fouverain des Tarrares, on choïfit de donner à tous Les peuples de ces quartiers le nom de Tartares qu’on connoïfloit, par préférence à celuide Mogoules dont on n’avoit jamais entendu parler. Les Tartares tant mahométans que Callmoucks Moungales , prennent autant de femmes légitimes qu'ils veulent, ainfi qu’un grand nombre de concu bines , qu'ils choififlent d’ordinaire parmi leurs efcla- ves ; mais les enfans qui naiflent des unes & des au- tres font également légitimes & habiles à hériter de leurs peres. Tousles Tartares font accoutumés de tirer la même nourriture des chevaux que nous tirons des vaches & des bœufs; car ilsne mangent communément que de la chair de cheval &'de brebis, rarement de celle de bœuf ou de vache , qu'ils n’efliment pas à beaucoup près fi bonne. Le lait de jument leur fert aux mêmes ufages qu’à nous le lait de vache, & on aflure que le lait de jument eft meilleur & plus gras. Outre cela , il eft bon de remarquer que prefque dans toute la T'ar- tarie , les vaches ne fouffrent point qu'on les traye ; elles nourriflentà la vérité leurs veaux, mais d’abord qu’on lesleur Ôte, elles ne fe laiffent plusapprocher, &t perdent inceffamment leur lait , en forte que c’eft une efpece de néceflité qui a introduit l’'ufage du lait de jument chez les Tartares. Ils ontune maniere-finguliere de combattre, dans laquelle ils font fort habiles. En allant à l’aétion, ils fe partagent fans aucun rang, en autant de troupes qu'il y a d'hordes particuliers quicompofent leur ar- mée , & chaque troupe a fon chefà latête. Ils ne fe battent qu'àcheval , & tirent leursfleches en fuyant avec autant d’adrefle qu’en avançant; en forte qu’ils trouvent toujours leur compte à harceler lesennemis de loïn,,en quoi la vitefle de leurs chevaux leur eft d’un grand fecours. Ils ont tous une exafte connoïffance des aimacks ou tribus dont ils font fortis, & ils en confervent {oigneufement la mémoire de génération en géné- ration. Quoique par la fuite du tems une telle tribu vienne à fe partager en diverfes branches, ils ne laiflent pas pour cela de compter toujours ces branches pour être d’une telle tribu ; en forte qu’on ne trouvera jamais aucun sartare , quelque grofler qu'il puiffe être d’ailleurs, qu ne fache précifément de quelle tribu 1l eft fu. Chaque tribu ou chaque branche féparée d’une tribu, a fon chef particulier pris dans la tribu mê- me, qui porte le nom demwrfa ; & c’eft proprement une efpece de majorat qui doit tomber d’aïné en at- né dans la poftérité du premier fondateur d’une telle tribu, à moins quesquelque caufe violente ne trou- ble cet ordre de fuccefion. Un tel murfa doit avoir annuellement la dixme de tous les beftiaux de ceux de fa tribu, & la dixme du butin que fa tribu peut faire lorfqu’elle va à la guerre, Les familles qui compofent une tribu, campent d'ordinaire enfemble , & ne s’éloignent pas du gros de l’horde fans en faire part à leur murfa , afin qu'il puifle favoir où les prendre lorfqu'il veut les rap- peller. Ces murfes ne font confidérables à leur chan, qu’à proportion que leurs tribus font nombreufes ; & les chans ne {ont redoutables à leurs voifins , qw”- autant qu’ils ont beaucoup de tribus, & des tribus compolées d’un graad nombre de familles fous leur obéifance. C’eft en quoi confifte route la puiffance, la grandeur &rla richeffe d’un chan des Tartares. C’eft une coutume qui a été de tout tems en ufage chez les Tartares , que d'adopter le nom du prince, pour lui marquer leur affeétion ; j'en citerai pour preuve le nom de Moguls ou Mungales, & celui de ÿ4 TAR Tartars, que cette partie dela nation turque qui obéffoit à Mogull, où Mungul-Chan, &c à fon frere Tartar-Chan , prit anciennement. C’eft auffñi la ve- ritable dérivation du nom d’Usbecks que les Tartares de la grande Bucharie & du pays de Charaflin , por- tent en mémoire d'Usbeck-Chan. Les Mungales de Peft ont adopté lenom de Manfueurs, de Menfueu- Chan, empereur de là Chine. Semblablement les Cailmoucks-Dfongari, fujets de Contaïfch, ou grand chan des Callmoucks , ont pris Le nom de Consaifchi, pour témoigner leur attachement à ce {ouverain. . Tous les Tartares, même ceux qui ont des habi- tations fixes, emportentavec eux dans leurs voyages, leurs effets de prix, non-feulement quand ils chan- gent de demeure , mais même en allant à la guerre. De-là vient que lorfqu'il leur arrive de perdre une bataille , une partie de leur bagage refte ordinaire- ment en proie au vainqueur ; mais ils font en quel- que mamere néceflités d’emporter leurs effets avec eux, parce qu'ils laifleroient autrement leurs biens & leurs familles en proie aux autres Turtares leurs voifins, quine manqueroient pas de profiter de leur abfence pour les enlever. On remarque que prefque tous les Tartares con- fervent non-feulement les mêmes ufages en général, mais auf la même façon de bâtir leurs cabanes; car foit qu’ils habitent dans des huttes, ou qu'ils aient des demeures fixes , ils laiflent toujours une ouverture au milieu dutoit, qui leur fert de fenêtre 8c de che- mince. Toutes leurs habitations, foit fixes foit mou- vantes , ont leurs portes tournées au midi, pour être à labri des vents du nord, qui font fort pénétrans dans la grande Tartarie. | Les Tartares devroïent être libres, & cependant ils fe trouvent tous dans l’efclavage politique. L’au- teur de ’efprit des lois en donne d'excellentes rai- fons , que perfonne w’avoit développées avant lui. Les Tartares , dit ce beau géme , n’ont point de villes, ils n’ont point de forêts ; leurs rivieres font prefque toujours glacées ; is habitent une immenfe plaine ; ils ont des pâturages êc des troupeaux, &tpar conféquent des biens: mais ils n’ont aucune efpece de retraite, mi de défenfe. Sitôt qu'un kan eft vaincu, on lui coupe la tête, & fes fujets appartiennent au vainqueur : on ne les condamne pas à un efclavage civil, ils feroient à charge à une nation qui n’a point deterres à cultiver, & n’a befoin d’aucun fervice domeftique ; 1ls augmentent donc la nation ; maïs au-lieu de l’efclavage civil, on conçoit que Fefcla- sage politique a dû s'introduire. En effet, dans un pays où les diverfes hordes fe font continuellement la guerre, & fe conquierent fans cefle les unes les autres; dans un pays où par la. mort du chef,le corps politique de chaque horde vain- cue efttoujours détruit , la nation en généralne peut guere être libre: car 1l n’y en a pas une feule partie, qui ne doive avoir été un très-grand nombre de fois fubjuguée. Les peuples vaincus peuvent conferver quelque liberté, lorfque par la force de leur fituation, ils font en état de faire des traités après leur défaite : mais les Tartares , toujours fansdéfenfe , vaincus une fois, ont jamais pu faire des conditions. D'ailleurs, le peuple Tartare en conquérant le mi- di de PAñe , & formant des empires ; doit démeu- rer dans lefclavage politique , parce que la partie de la nation qui refte dans le pays, fe trouve foumife à un grand maître qui , defpotique dans le midi, veut encore l’être dans le nord; & avec un pouvoir arbi- traire fur les fujets conquis , le prétend encore furles fujetsconquérans. Cela fe voit bien aujourd’hui dans ce vañte pays qu’on appelle la Tartarie chinoife , que Pempereur gouverne prefque aufli defpotiquement que la Chine même, TAR Souventune partie de la nation: Tartare qui à con: quis , eft chafiée elle-même , celle rapporte dansfes déferts un efprir de férvitude ; awelle a acquis dans le climat de l’efclavage, L’hiftoire de la Chine nous en fournit des exemples, & notre hiftoire ancienne auffi. Les Tarsares détruifant l'empire gtec, établi rent dans les pays conquis , la fervitude & le defpo- tifme. Les Goths , conquérant l’empire romain , fon- derent la monarchie x la liberté. À moins que toute la grande Tartarie ne foit entre les mains d’un feul prince, comme elle l’étoit du terms de Genghis-Chan , ileft impoffibleque le commercé y fleuxifle jamais: car maintenant que ce pays ef partagé entre plufieurs princes , quelque porté quei puifle être Pun ou l’autre d’entr’eux à favorifer le commerce , 1l ne peut y parvenit fi es voifns fe trouvent dans des fentimens oppofés. Il n’ÿ à même . que du côté de la Sibérie, de la Chine, & des Indes, où les marchands peuvent aborder d'ordinaire eñ toute liberté , parce que les Callmoucks 8 Mounga- les négocient parfblement avec les fujets des états voifins , qui ne leur font pas la guerre. Difons un mot du droit des gens des Tartares. Ils paroïflent entr'eux doux 87 humains , &c ils font des conquérans très-cruels : ils paflent au fil de l'épée les’ habitans des villes qu'ils prennent ; 1ls croient leur faire grace lorfqu’ils les vendent, ou les diftribuent à leurs foldats. Ils ont détruit l’Afie depuis les Indes jufqu’à la Méditerranée ; tout le pays qui forme lo: rient de la Perfe, en eft refté défert. Voici ce qui pa< roit avoir produit un pareil droit des gens. Ces peuples n’avoient point de villes ; toutes leurs guerres fe faoient avec promptitude 8 avec impé: tuofité ; quand ils efperoïient de vaincre, 1ls com- battoient ; ils atgmentoient l’armée des plus forts, quand ils ne l’efperoient pas, Avec de pareilles couù- tumes , ils trouvoient qu’il éroit contre leur droit des gens , qu'une ville qui ne pouvoit leur réfifter , les arrêtât : 1ls ne regardoïent pas lés villes comme une aflemblée d’habitans , mais comme des lieux propres à fe fouftraire à leur puiffance. Ils n’avoient aucu art pour les affièger , &c ils s’expoloïent beaucoup en les afégeant ; ils vengeoïent par le fang tout ce- lui qu'ils venoient de répandre. L'idée naturelle aux peuples policés qui cultivent lesterres , &c qui habitent dans des maifons ;, a été de bâtir à Dieu une maïfon où ils puñlent l’adorer > mais les peuples qui n’ont pas de maïfons eux-mé: mes, n’ont point fongé à bâtir un temple à la divi= nité. C’eft ce qui fit que Genghis-Chan marqua fe plus grand mépris pour les mofquées ; ne pouvant comprendre qu'il fallüt adorer Dieu dans un bâ- ment couvert, Comme les Tartares n’habitent point de maïfons, ils n’élevent point de temples. Les peuples qui n’ont point detemples, ont unlé- ger attachement à leur religion. Voilà pourquoi les T'artares fe font peu de peine de pañler du paganifme au mahométifme , ou à.la religion grecque. Voriä pourquoi les Japonoiïs ; qui tirent leur origine des Tartares , permirent de prècher dans leur pays la re- ligion chrétienne. Voilà pourquoi les peuples barba- res , qui conquirent l'empire romain , ne balance- rent pas un moment à embrafler le chriftianifmes Voilà pourquoi les Sauvages de l'Amérique font f peu attachés à leur propre religion; enfin, voilà pourquoi, depuis que nos mifhonnaires leur ont fait bâtir au Paraguai des églifes , ils font devenus zelés pourla nôtre, Mais limmenfité des pays conquis par les Turtares, étonne, & confond notre imagination. Il eft humi- hant pour la nature humaïne, que ces peuples bar: bares ayent fubjugué prefque tout notre hémifphè- re, jufqu’au mont Atlas. Ce peuple’, fi vilain de f- gure, eft Le dominateur de l'univers : il eft également TAR le fondateur & le deftruéteur des empires, Danstous les tems , il a donné fur la terre des marques de fa puiflance : dans tous les âges il a été le fleau des na- tons. Les Tartares dominent fur les vaftes pays qui forment l'empire du Mogol : maîtres de la Pere, ils vinrent s’afféoir fur le trône de Cyrus, & d'Hyftai pes : & pour parler de tems moins reculés, c’eft d'eux que font fortis la plüpart des peuples qui renverfe- rent l'empire romain, s’empaterent de l’Efpagne, & de ce que les Romains pofiedoient en Afrique, On les vit enfuite aflujettir les califes de Babylon- ne. Mahmoüd , qui fur la fin du onzieme fiecle, con- quit la Perfe & l'Inde, étoit un Tarsare. Iln’eft pret. que connu aujourd’hui des peuples occidentaux, que parla réponfe d'une pauvre femme qui lui demanda jufhce dans les Indes , du meurtre de fon fils, commis dans llraque perfienne. Comment voulez-vous que je rende jufüice de fi loin, ditle fultan? Pourquoi donc nous avez-vous conquis , ne pouyant nous gouverner, répondit la même mere? Les Tartares moungales , ou mongoules, ontcon- quis deux fois la Chine, & la tiennent encore fous leur obéiffance. Voici comme l’auteur de leffai fur l'hifloire a pemt cette étrange révolution, arrivée au treizieme fecle, c’eft un morceau très-intérefant. Gaflar-chan , ayeul de Genghis-chan , fe trou- vant à a têre des tribus mongoules, plusaguerries & mieux armées que les autres , força plufieurs de fes voïfins à devenir fes vafflaux, & fonda une éfpece dé monarchie parmi des peuples errans. Son fils affer- mutcette domination naïflante, & Genghis-chan fon petit fils, l’étendit dans la plus grande partie de la terre connue, Après avoir vaincu un rival de gloire, qui pofle- doit un puiffant état entre les fiens & ceux de la Chi- ne , ilfe fi élire fouverain des chans rartares , fous le nom de Genghis-chan , qui figmifie le grand chan. Revêtu de cette fuprème dignité, il établit dans fes troupes la plus belle difcipline militaire, & entre au- tres lois , il en porta une toute nouvelle qui devoit faire des héros defes foldats. Ii erdonna la peine de mort contre ceux qui dans le combat , appellésau fecours de leurs camarades, fuiroient au-lieu de les défendre, En même tems il mit en œuvre un reflort qu'on a vu quelquefois employé dans l’hiftoire, Un prophete prédit à Genghis-chan , qu'il feroit roi de Punivers , &c les vaffaux du grand chan s’encoura- gerent à remplir la prédiétion. Bientôt maître de tous les pays qui font entre le Wolga & la muraille dela Chine , il attaqua cet ancien empire qu'on appelloit alors le Carai ; prit Cambalu, que nous nommons aujourd’hui Pekrg, foumittout, jufqu’au fond de la Corée, &c prouva qu'il n’y a point de grand con- quérant qui ne foit grand politique. Ci Un conquérant eft un homme dont la tête fefert, avec une habileté heureufe du bras d'autrui ; Gen- ghis gouvernoit fi adroitement la partie de la Chine qu'ilavoit conquife, qu’elle nefe révolta point pen- dant qu'il couroit à d’autres triomphes; & il {cut fi- bien régner dans fa famille , que fes quatre fils, qu'il fit fes quatre lieutenans généraux, mirent leur jalou- fie à le bien fervir , & furent les inftrumens de fes victoires. Mohammed Kotbeddin Kouarefm-Schah , Maître de Turkeftan & de prefque toute la Pere ; marcha contre Genghis , avec quatre cens mille combattans. Ce fut au-delà du fleuve Jaxartes , près de la ville Otrar, capitale du Turkeftan, & dans les plaines immenfes qui font par-delà cette ville, au 43 degré de latitude, que Parmée de Mohammed rencontra l'armée sartare , forte de fept cens mille hommes : commandée par Genchis, &c par fes quatre fils : les mahométans furent taillés en pieces, & la ville d'O- trar fut prife, TAR 925$ De ces pays qui-font vers la Tranfoxane , le vain: queur s'avance à Bokharah , capitale des états de Mohammed , ville célebte dans toutel’Afe, & qu'il avoit enlevée aux Samanides, ainfi que Samarcande ; l'an de J. C. 1197. Genghis s’en rendit maître l'an 1220. de J. GC. Par cette nouvelle conquête, les con= trées à Porient & aumidi de la mer Cafpienne, furent foumifes , &. le fultan Mohammed, fugitif de pro- vinces en provinces » trainant après lui fes tréfors © lon infortune, mourut abandonné des fiens, Genghis pénétra jufqu'au fleuve. de l'Inde , & tandis qu’une de {es armées foumettoit l’Indoftan ; une autre, fous un de fes fils, fubjuguatoutes les pro- vinces qui font au midi & à l'occident de la mer Caf- pienne , le Corafflan, l'Irak , le Shiryvan & l’Aranz elle paffa les portes de fer, près defquelles la ville de Derbent futhâtie, dit-on, par Alexandre, C’eft lu: nique pañlage de ce côté de la haute Âfe , à travers les montagnes efcarpées du Caucafe. De-à, mat- chant le Iong du Volga vers Mofcow, cette armée pat-tout viétorieufe ravagea la Rufie! C’étoit pren- dre ou tuer des befliaux & des efclayes ; chargée de ce butin, elle repafla le Volga, & retourna vers. Genghis-chan, parlenord-eft de la mer Cafpienne; Aucun voyageur n’avoit fait, dit-on , le tour de cet- te mer ; &r cés troupes furent les premieres quientres prirent une telle’ courfe par des pays incultes, im< praticables à d’autres hommes qu'à des Tartares, auxquels il ne falloit ni provifons ni bagages, &c qui fe nourrifloient de lachaw de leurs chevaux. _Ainf, dans la moitié de la Chine, & la moitié de l’indouftan, prefque toute la Perfe jufqu’à l'Euphras : te, les frontieres de la Ruflie, Cafan, Aftracan : toute la grande Tartarie, furent fubjugués par Gen- ghis, en près de dix-huit années. En revenant des Indes par la Perfe & par l’ancienne Sogdiane, il s’ar- rêta dans la ville de Toncat, au nord-eft du fleuve Jaxaïte, comme au centre de fon vaite empire, Ses fils viétorieux, les généraux, & tous les princes tri= butaires, lui apporterent les tréfors de lAfe. Il en fit des largefes à fes foldats, qui ne connurent que par lui, cette efpece d’abondance, C’eft de-là que les Ruffes trouvent fouvent des ornemens d'argent & d’or, & des monumens de luxe enterrés dans les pays fauvages de la Tartarie. C’eft tout ce qui refte de tant de déprédations. Genghis tint dans les plaines de Toncat une cour triomphale, aufli magnifique au’avoit éré guerriere celle qui autrefois lui prépara tant de triomphes. On ÿ Vitun mélange debarbarietartare, & de luxe afiaa tique; tous les chans & leurs vaflaux , compagnons de fes méoires , étoient fur cesanciens chariots icy- thes, dont l'ufage fubfifte encore jufque chez les Tartares. dela Crimée ; mais les chars étoient cou verts des étoffes précieufes, de l'or, & des mierres ries de tant de peuples vaincus. Un.des fils de Gen- ghis, lui fit dans cette diete, un préfent de cent mille chevaux. Ce futici qu'il reçut les adorations de plus de cinq cens ambafñladeurs des pays conquis, De-là , il courut à Tangut royaume d’Afie , dans la Tartarie chinoïfe, pour remettre fous le joug fes habitans rébelles. Il fe propofoit , âgé d'environ 70 ans, d'achever la conquête du grand royaume de la Chine, objet le plus chéri de fon ambition; mais une maladie l’enleva dans fon camp en 1226, lorf- qu'il étoit fur la route de cet empire, à quelques lieues de la grande muraille, , Jamais ni avant, niaprès Jui, aucun homme n'a fubjugué tant de peuples. Il avoit conquis plus de dix-huit cens lieues de lorient au couchant, & plus de mille du feptentrion au midi. Mais dans fes con- quêtes , il ne fit que détruire ; & fi on excepte Boz- harah, & deux outrois autres villes dont il permit qu'on réparät les ruines, fon empire de la frontiere 9%6 TAR de Ruffie jufqu’à celle de la Chine, fit une déva- ffation. nul à Si nous fongeons que Tamerlañ qui fubjugua de- puis une fi grande partie de PAfie, étoit un serrure, 8: même de la race de Genghis; f nous nous rap- pellons qu'Uflon-Caflam qui régna en Perfe, étoit auf né dans la Tartatie; fi nous nous fouvenons qw’Attila defcendoit des mêmes peuples, enfin, fi nous confidérons que les Ottomans font partis du bord oriental de la mer Cafpienne, pour mettre fous le joug l’Afie mineure, l’Afabie, l'Egypte, Conftan- tinople, & la Grece : tout cela nous prouvera , que , les Tartares ont conquis prefque toute la terre. Les courtes continuelles de ces peuplés barbares, qui regardoient les villes comme les prions des ef- claves des rois ; leur vie néceflairement frugale ; peu de repos goûté en pañlant fous une tente , ou fur un chariot, ou fur la terre, en firent des générations d'hommes robuftes, endurcis à lafatigue, qui n'ayant rien à perdre, & tout à gagner, fe porterent loin de leurs cabanes, tantôt vers le Palus Méotide, lorf- qu’ils chafferent au cinquieme fiecle les habitans de ces contrées, qui fe précipiterent fur l'empire ro- main ; tantôt à l’orient & au midi, vers l'Arménie & la Perte; tantôt enfin, du côté de la Chine, & jufqu’aux Indes. Ainfi ce vafte réfervoir d'hommes ignorans , forts, & belliqueux, a vom fes inonda- tions dans prefque tout notre hémifphere : &t Les peu- ples qui habitent aujourd’hui leurs déferts, privés de toutes connoïflances , favént feulement que leurs peres ont conquis le monde. Mais depuis que les Tartares de lorient , ayant fub- jugué une feconde fois la Chine dans le dernier fie- cle, n’ont fait qu'un état de la Chine, & de la Far- tarie orientale : depuis que l’empire ottoman s'eft abätardi dans la mollefle & l’oifiveté ; depuis que empire de Ruffie s’eft étendu, fortifié, &r cvilité; depuis enfin que la terre efthériflée de remparts bor- dés d'artillerie, les grandes émigrations de tels peu- ples ne font plus à craindre; les nations polies {ont À couvert des irruptions de ces nations barbares. Toute la Tartarie, excepté la Chine, ne renferme plus que des hordes miférables, qui feroient trop heureufes d’être conquifes à leur tour, silne valoit pas encore mieux être libre que civihfé. Toutes ces réfléxions par lefquelles je finis, font de M. de Vol- taire. Pai parlé des Tartares ayec un peu d’étendue &c de recherches, parce que c’eft le peuple le plus fingu- lier de l'univers. Jai mis du choix dans mon extrait, parce que cet ouvrage le requiert néceflairement, & parce que les curieux trouveront tous les détails qu'ils peuvent defirer dans l’hiftoire des Tarsares, imprimée à Paris en 1758 , en 5 vol. in-4°. Ce livre de M. de Guignes eft excellent, & mérite d’orner toutes les bibliotheques , où l’on raflemble lhiftoire des nations. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TARTARIE, ( Géog. mod. ) vafte pays qui com- prend une partie de PAfe, en allant vers le nord , depuis les états du turc, la Perfe, &c la Chine , juf- qu’à la mer Glaciale. On divife la Tarrarie en trois grandes parties; favoir en Tartarie chinoïe , qui ap- partient à l'empereur de la Chine ; en Turtarte inde- pendante , qui eft gouvernée par divers chans; &t en Tartarie ruffienne , qui occupe un terrein immenfe. La Turrarie Crimée , eft ancienne Cherfonnèfe tau- rique célebre autrefois par le commerce des Grecs, & plus encore parleurs fables ; contrée toujours fer- tile & barbare ; elle eft nommée Crimée , du titre des premiers chans , qui s’appelloient Crim, avant les conquêtes des enfans de Genghis. La petite Tartarie, eft une province tributaire de la Turquie , & qui eft fituée au nord du Pont-Euxin; elle eft habitée par divers tartares, On l’a nommée petise Tartarie, pour la diftinguer de la grande Tar- tarie en Afie , fur laquelle on peut lire le hvre inti- tulé, Relation de la grande Tartarie, Amfl. 1737. 2 volumes 17-12. On doit à M. Witfen ( Nicolas) , un des plus ha- biles &c des plus illuftres magiftrats de la Hollande dans le dernier fiecle, une excellente carte de la Tartarie feptentrionale &z orientale, TE Pour ce qui eft des peuples tartares qui habitent Pune & l’autre Tartarie, &t qui font ou payens, ow mahométans , nous ayons fait une énunfération dé- taillée de leurs diverfes branches & nations, au #01 TARTARES. (D. J.) TARTARIN, voyez MARTIN-PÊCHEUR. TARTARISER , v. a@t. (Chim.) c'eft reéifier par le tartre. Voyez RECTIFIER & TARTRE. On dit de l'efprit-de-vin rartarifé. re TARTARO, LE, (Géog. mod.) riviere d'Italie dans l’état de Venife ; elle a fa fource dans le Vero- nefe , & au-deflous de la ville Adria ; elle fe partage en deux bras, dont l’un fe jette dans PAdige, & l’autre fe perd dans le P6. (D. J.) TARTAS, ( Geogr. mod.) petite ville de France dans la Gafcogne , {ur la Midouze, à vingt lieues de Bourdeaux, à fix d’Acqs, &c dans fon diocèfe. Elle doit fon origine aux Gafcons qui la bâtirent, & elle a eu fes vicomtes fous les comtes de Gafcogne., dès l'an 960. Elle n’a que deux petites paroïfles ; mais elle étoit fort peuplée , lorfque les Proteftans en étoient les maîtres {fous la prote@tion du roi de Na- varre ; ils la tenoient alors pour une de leurs places de fureté. Long. 16, 45. latit. 43. 50. (D. J.) TARTE., f. f serme de Périffier, piece de pâtiflerie de fruits, de confitures, de crème, &c. compofée d'une abaifle & d’un couvercle découpé, ou par petites bandes proprement arrangées, à quelque dif= tance les unes des aures. (D, J. TARTELETTE, { f. en Pärifferie, c’eft une ef- pece de petits pâtés qu’on garnit de confitures ou de crèmes. TARTESIORUM, sALTUS , (Géog. mod, ) forêts d'Efpagne. Juftin en parle, . XL1F. c, iy.êt dit qu'on prétendoit que ces forêts avoient été habitées par les Curètes. (D. J.) . TARTEÈSSE , (Géog. anc.) Tarreffus , ville de la Bétique. Strabon, Z. III. p. 148. dit que le fleuve Bostis fe jettoit dans la mer par deux embouchures, & qu'entre ces deux embouchures il y avoit eu au- trefois une ville appellée Tarseffus, & il ajoute que le pays des environs s’appelloit Tarteffida. Mais & nous nous en fapportons à Pomponius Méla, Z. IT. c. yj. dont le témoignage eft préférable, puifqu'il étoit né dans ce quartier-là , nous trouverons que Tartefjus étoit la même chofe que Cartéja ; qu’elle étoit voifine de Calpe & fur la baie que formoit ce promontoire, appellée aujourd’hui la baie de Gi- braliar. (D. J.) TARTESSIDE , ( Géog. anc.) Taræeffis, contrée d’'Efpagne dans la Bétique, vers l'embouchure du fleuve Bœtis. C’étoit,felonStrabon, Z. III. p. 148. le pays qu'habitoient defontems les Turdales, &c ilavoit été ainfi nommé de la ville Tarteffus qui ne fubfiftoit plus du tems de Strabon. Eratofthène donnoit auffi le nom de Tarseffis au pays voifin de Calpe & à Pile Erythéa: & Scaliger remarque que cette Tarseffide eft appellée par Autone campi argauthonit, du nom d’un certain Argauthonius qui, {elon les änciennes hüftoires, régna dans ce pays-là. (D. J.) TARTI,LAPrS, (Hifi. na, Lythol.) pierre dont parlent quelques auteurs quilurattribuent de grandes vertus & ne nous apprennent rien à fon fujet, finon awelle reffembloit à des plumes de paon, & qu'elle étoit très-belle. TARTONRAIRE, f, f, (fe nar, Bot.) sise e T AR de thyntelée qui croît en arbrifleau aux envirdns de Marfeille, dans Îes fables près le bord de la mer. Elle difere de la lauréole & du mézéréon par {es feuilles très-courtes , un peu arrondies, foyeufes & blanchâtres. Ses fleurs naiflent des aiflelles des feuil-. les, & font très-petites. C. Bauhin & Tournefort appellent cette plante, shymelæa folüs candicanti- bus, ferici inffar mollibus. Lobel la nomme, sarron- raria, gallo-provincie Maffilienfium. Les feuilles : de cet arbrifleau font mifes au nombre des purgatifs violens. (D, J.) TARTRE, f. m. (Chim.) On appelle #arire un des produits de la fermentation vineufe qui s’at- tache au parois des tonneaux dans lefquels s’exé- cute cette fermentation, fous la forme d’une croûte faline. | Le nom de sartre a été donné par Paracelfe; ce mot eit barbare; le éartre étoit auparavant connu fous le nom de pierre de vin. & de el effenriel de vin. On donne encore le nom de serre à cette matiere qui s'attache aux dents, & à cette croûte que dé- : pofe l’urine dans les pots-de-chambre ; mais ce n’eft pas de ces matieres dont 1! eff ici queftion : elles ap- partiennent l’une & l’autre à la claffe des concré- tions pierreufes qui {e forment dans les animaux. Voyez PIERRE o4 CALCUL HUMAIN, Le sartre dé vin dont nous traitons feulement dans cet article, fait des couches plus ou moins épaifles, 1°. fuivant que le vin a reftélong-tems dans le ton- neau ; 2°. felon que le vin eft plus ou moins co- loré, plus ou moins fpiritueux. Les vins acidules, cifent certains chimiftes, font ceux qui donnent le plus de zarrre : tels font, par exemple, les vins du Rhin: cette loi n’eft pas générale. Les vins des envi- rons de Montpellier comme ceux de Saint-Georges, qui ne font point acides, donnent beaucoup de Lar- tre, fans compter la lie qui eft fort abondante & qui eft très-chargée de sertre, Voyez Lie. | Nos vins ronges de Languedoc, tirés du tonneau, &t que Fon met dans du verre, fe décolorent en- tierement au bout de dix ou quinze ans, & for- .ment fur les paroïs du verre une croûte fort épaïfle qui .eft un excellent rartre. Le vin décoloré qu'on. verfe dans une autre bouteille, dépofe encore du cartre qui eft meilleur que le premier, On diftingue le sartre en blanc & en rouge : le premier eft fourni par les vins blancs, & le fecond par les vins rouges. Nous n’avons à Montpellier &c aux environs que du sarére rouge. Quoique tous les auteurs,&t principalement les Pharmacologiites,dans toutes leurs formules, recommandent de prendre le cartre blanc de Montpellier: ils ont confondu avec le cartre blanc la crème ou cryftal de sarvre qu’on prépare dans le bas Languedoc, & qui eft.en efet très-blanc. On tire le vrai sartre blanc de plufeurs pays. . Certains cantons de l'Allemagne en fourniflent beaucoup à Montpellier. On en retire du Vivarais ; & les teinturiers qui en emploient beaucoup, le font venir de Florence. Le blanc eft toujours préferé au rouge, à -caufe qu'il contient moins des parties étrangeres ; car le zartre rouge ne differe dt blanc que parce qu'il con- tient beaucoup de parties colorantes du vin rouge, qü eff une fubflance abfolument étrangere à la compofñtion propre du sartre. Le sartre rouge eft celui que nos vins nous four- niflent en abondance & le {eul qu’on emploie dans le bas Languedoc, dans nos fabriques de cryftal de _zartre, Ce qui n'empêche point que ce cryftal ne foit très-parfait ; puifque la purification dont il fera quef- tion plus bas, & par laquelle on convertit le zartre en cryftal de serre, lui enleve entierement toute gette partie colorante & étrangere. Il faut choifir Tome XF, TAR 92? l'un & lautré en grofles croûtes, épaïlles, dures, pelantes, & dont les furfaces qui touchent au vin, {oient hérifées de plufeurs petits points brillans, car ces points font des cryftaux , & dès-lors on eft afluré qu'un tel sertre donnera dans la purifica- tion beaucoup de cryltal. Les vins blancs donnent beaucoup moins de sartré que le rouge; on le retire l’un & Pautre des parois du tonneau auxquels il eft fortadhérent, parle moyen d'un inftrument de fer tranchant qu’on appelle ra- cloire. Le artrenon purifé, tel qu’on lé retire du tonneau, s'appelle sarsre crud; &c celui qui eft purifié par la ma- nœuvre que nous expoferons plus bas,s’appelle crée Où cryffal. Le rarire crud patoît formé par un fel acide d’une: nature fort finguliere , & principalement remarqua= ble par fon état naturel de concrétion, & par fa dif- ficile folubilité dans l’eau, propriétés que les Chimif- tes déduifent de union de cet açide à une matiere huileufe , &c à une quantité confidérable de terre re tout chargé d’une terre furabondante & d’une matie: re colorante , qui font précifément les matieres qu’on en fépare par la purification. | On retire par la diftillation du sarsre crud à feu nud & graduellement élevé, dans une cornue les produits fuivans ; 1°. une eau infipide ; 2°, une eau légere- ment acide ; 3°. quelque gouttes d’huile claire, un peu jaunâtre, pénétrante ; il pafle en même tems un efprit que le fentiment dominant donne pour un aci- de , mais qui eft un alkali volatil foible ; c’eft dans le tems que commencent à pafler ces produits,que l’air fe dégage de la compofition du rartre, & qu’il fort avec violence ; 4°. de l’huile plus épaifle & de l'air ; 5°. de l’alkali volatil qui éft quelquefois concret & qui s'attache au col de la cornue , ou dans le balon; 6°. le réfidu on produit fixe n’eft pas un charbon pur, il contient un alkali fixe tout formé. C’eft un fait unique en Chimie , 1l n’eft pas du tout femblable aux charbons qui reftent après la diffillation des végé- taux, qu'il faut brûler pour détruire la partie phlo- giftique , afin de pouvoir en retirer le {el lixiviel. Le réfidu du sartre donne au contraire, par la fimple li- xiviation &c Évaporation, & fans avoir fait précéder la calcination , le {el alkali pur & bien blanc ; c’eft ce - el qu’on appelle improprement /e/ de tarire. Voyez ÂLKALI FIXE fous le 104 générique SEL. L’alkali fixe de serre peut fe préparer auffi en brie lant le sartre à l'air libre. Ce fel eft la bafe du nitre À ce font les alkalis fixes de cette efpece les plus purs, & les plus employés dans les travaux chimiques ; c'eft ce fel tombé en déliquium , qui eft connu dans le langage vulgaire de l’art fous le nom d’Auile de rar- tre, par défaillance, Foyez Derrourvum & AikaAtr FIXE fous le mot SEL. Le sertre crud eft d’un grand ufage dans les arts, mais principalement dans les teintures; un célebre teinturier de cette ville m’a dit, qu'il Pemployoit avec fuccès dans la teinture en noir, pour Les étoffes de laine ; il fert encore pour les débouillis, Nous par- lerons plus amplement de fon emploi par rapportaux tentures, en parlant de la crême de rartre à la fin de cetarticle, | En Médecine, on fe fert peu du fartré crud , on le fait entrer dans quelques Opiates officinales apériti- ves dans les dentifrices, voyez DENTIFRICE , mais on préfere ordinairement celui qui eft purifié : quant aux propriétés de lalkali fixe du sarcre, voyez ALKA- LI FIXE fous le mot SEL, L’efprit de tartre , c’eft-à -dire fon alkali volatil fous forme liquide , eft mis par les autéurs au rang des remiedes deftinés à l’ufage intérieur, & fur-tout lorfqwileftre@tifié.Il paffe pour diurétique,diaphoré- tique, hyftérique, bon contre l’afthme ; la paralyfe, BBBbbb | ÿ28 TAR l'épilepfe. Ce remede eft peu ufités 8 il n'a que les qualités communes des efprits atkahis volatils, hut- leux.On pourroit pourtant le donner àla dofe moyen- ne d’un gros, dans une liqueur appropriée. L'huile difillée de rarrre eft rarement employée , même dans l’'ufage extérièur, & cela à caufe de fa puanteur , qu'on peut lui enlever, il eft vrai, en trés- grande partie en la rettifiant à l’eau ; mais comme cette huile n’a que les vertus communes des huiles empireumatiques traitées de la même maniere ; il eft très-peu important de préparer celle-ci par préféren- ce pour lufage médicinal. Voyez ALKALE VOLATIL fous lemor générique SEx, & HUILE EMPIREUMATI- QUE fous le mot HUILE. Les Chimiftes employent le sarsre crud,, rouge &c blanc , comme fondant fimple, & comme fondant ré- duétif, dans la métallurgie; mêlé à parties égales de nitre & brûlé, fait lalkalh fixe exremporaneum , 11 s’ap- pelle encore J{ux blanc, avec demi-partie de nitre flux noir, voyez FLUX DOCISMATIQUE,ulentre dans le régule d’antimoine ordinaire, dans la teinture de mars, dans les boules de mars, dans le sarére chalibé dans le /ilium de Paracelfe, & dans le firop de rofes pâles, compofé du codex , &tc. | Voici la maniere dont on prépare, l’on dépure &c: ‘on blanchit la crême ou le cryftal de sartre. La def- cription de cette opération eft tirée d’un mémoire de M. Fizes, qui eft imprimé dans le volume de la- cadémie royale des Sciences poux Pannée 1725. Je ferai obferver auparavant , que les fabriques de cryftal de sartre fe font fort multiphées depuis la pu- blication du mémoire de M. Fizes ; nous en avons à Montpellier, 1ly ena du côté d’Uzès, à Bedarieux, 6c. On im’aflure qu'il y en a en Italie, dans le du- ché de Florence. M. Fizes a compofé fon mémoire d’après celles qui étoient établies , à Ariane &r à Cal- viflon. “ Les inftrumens qui fervent pour faire le cryftal » de zartre font; 1° une grande chaudiere de cuivre » appellée oulidou , qui tient environ quatre cens » pots de la mefure du pays; elle eft enchâfée toute # entiere dans un fourneau. _» 2°. Une cuve depierre plus grande que la chau- » diere:, 8 placée à fon côté à deux piés de diftance, » 3°. Vingt-fept terrines verniffées, qui toutes » enfemble tiennent un peu plus que la chaudiere ; »# ces terrines font rangées en trois lignes paralleles, » neuf fur chaque ligne; la premiere rangée eft à 3 » ou 4 piés de la chaudiere & de la cuve, les deux # autres font entr’elles à une petite diftance, comme » d’un pié. | »_4°. Neuf manches ou chaufles d’un drap groflier » appellé cordelar ; ces manches aufli larges par le » bas que par le haut, ont environ 2 prés de lon- » gueur fur neuf pouces de largeur. » 5°. Quatre chauderons de cuivre qui tous en- femble tiennent autant que la chaudiere , als font » à-peu-près égaux, & d'environ cent pots chacun ; s» als font placés fur des appuis de maçonnerie éloi- # gnés du fourneau. » 6°. Unmoulin à meule verticale pour mettre le » sartre crud en poudre. Il y a encore queiques au- # tres inftrumens de moindre conféquence, dont il » fera fait mention dans: la fuite de ce mémoire. » L'on commence à travailler vers les deux à trois » heures du matin, en faifant du feu fous la chau- -» diere que l'on a remplie la veille de deux tiers de + l’eau qui a fervi aux cuites du sarrre de ce même jour , & d’un tiers d’eau de fontaine, Lorfque » l’eau commence à bouillir , on y jette trente li- » vres de: sartre en poudre ; 6c un quart-d’heure » après, on verfeavec un vaifleau de terrela liqueur » bouillante dans lesneuf manches, quifont fuipen- # duesà une perche placée horifontalementifurtrois + ww, 2 Ÿÿ nr. + YF % Ÿ n A Le v DA V LA LA La r + D 4 LA à 4 LA Va C v LA 4 + à 4 > 2 TAR fourches de bois de trois piés & demi de haut. Les neuf premieres terrines qui fe trouvent fous ces manches étant prefque pleines, on les retire, & on place fucceffivement fous ces manches les a8- tres terrines. » Dans l’efpace de moins d’une demi-heure ; & l’eau filtrée étant encore fumante dans ces terri- nes, on voit des cryftaux fe forter fur la furface 1l s’en forme auf dans le même tems contre les parois &t aux fonds des terrines. » Pendant que les cryftaux fe forment ainfi, les uvriers , fans perdre de tems , verfent dans la chaudiere Peau qui a êté retirée dés quatre chau- s 9 272 tte / o derons, où s’efl achevé lejour précédent le cryftal de sartre ; &t quand elle commence àbouilhir , on y jette trente livres de sartre crud en poudre : ce- pendant l’on verfe par inclination l’eau des vingt- lept terrines dans la cuve de pierre, ayant eu foin avant de la verfer de remuer avec la main la fur- face de cette eau , afin d’en faire précipiter fur le * champ les cryftaux au fond de la terrine. Après que ces terrines ont été vuidées, on y voit Les cryftaux attachés au fond & aux côtés ; pour-lors le frire fe trouvant avoit bouilli un quart-d’heure on filtre comme auparavant la liqueur bouillante dans les mêmes vingt-fept-terrines chargces des cryftaux précédens ; 8 pendant que cetre liqueur fe refroidir êc qu'il fe forme de nouveaux cryftaux on fait ; fans perdre de tems , pafler l’eau de la cuve dans la chaudiere, en la verfant avec un vaif. feau de terre ; & lorfqu’elle commence À bouillir on y jette lamême quantité de sartrécrud en pou dre qu'aux deux autres cuites. On filtre enfuite dans les mêmes terrines dont on vient de vuider l’eau dans la cuve, & qui font chargées de plus en plus de cryftaux : en un mot, on fait dans la jour- née fucceflivement cinq cuites & cinq filtrations femblables , en fe fervant pour les trois dernieres cuites , de Peau qu’on:a verfée dés terrines dans la cuve. ; # Il s'employe environ deux heures & demie à chaque cuite, y comprenant la filtration qui la fuit &t qui fe fait en peu de tems , enforte que la cin- quieme cuite finit vers les trois heures du foir. On laiffe alors refroïdir les terrines pendant deux heu- res ; & après en avoir verfé l’eau dans la cuve, on les trouve fort chargées de cryflaux, que les ou- vriers appellent péres. Quand ils ont verfé l’eau des terrines dans la cuve ; ils ont laiffé ces pâtes avec aflez d'humidité pour pouvoir les détacher plus commodément avec une racloire de fer; & les ayant ainfi ramaflces,, 1ls en rempliflent quatre terrines, où ils les laïffentraffeoir un quart-d’heure pour que leau qui furnage s’en fépare, afin de pouvoir la verfer dans la cuve. Ces pâtés paroïffent pour-lors grafles, roufles, & pleines de cryftaux blanchâtres : on lave par trois fois avec de l’eau de fontaine dans cès mêmes terrines ces pâtes , les y agitant avec les mains , &les retournant plu- fieurs fois les unes fur les autres, l’eau quia fervià la premiere dé ces lotions que l’on verfe après eft très-foncée , celle de la deuxieme eft rouffâtre, & celle de la troïfieme un peu trouble ; enfin les pâ- tes deviennent d’un blanc tirant fur le roux. » L'on remarquera ici, 1°. qu'après chaque fl- tration qui fuit la cuite , on nettoie les manches ; 29, que les eaux que l’on verfe par inclination des terrines dans la cuve après la formation des cry£- taux , font d'un roux foncé &r d’un goût aigrelet ; 3°. qu'après la derniere cuite l’on retire de la cuve l’eau du deflus, dont ontemplit les deux tiers de. la chaudiere pout fervir avec un tiers d’eau de fontaine à la premiere cuite qui doit {e faire le len- demam-matin, Comme on l’a dit au commencés » inent de l’opération : on fait écouler.le refte de » l’eau de la cuve en débouchant un trou dont elle ». eft percée auprès du fond; & comme l’on trouve » ordinairement encore quelques quantités de pâtes » ramafiées au fond de la cuve, on les lave dans qua- # tre ou cinq pots d’eau froide différente pour les » mettre avec les autres. » Toutes ces pâtes ayant été formées par le tra- » vail de toute la journée, elles font miles en ré- » ferve dans un baquet pour être employées Je len: » demain , comme nous l’allons dire. » À dix heures du matin, on remplit d’eau de fon- » taine les quêtre chauderons de cuivre , qui font » placés fur une même ligne au fond de lattelier » fur des petits murs de la hauteur de deux piés, » afin de pouvoir aifément faire du feu deffous, & » le retirer enfuite quandil le faut. Cependant on a » détrempéun peu auparavant dansune terrine avec # quatre ou cinq pots d’eau , quatre ou cinq livres # d'une terre quife trouve à deux lieues de Mont- » pellier auprès d’un village appellé Mervie, Cette » terre eft une forte de craie blanche (4), compo- » fée d’une fubftance graffe, qui blanchit Peau & la » rend comme du lait épais, & d’une fubftance fa- blonneufe , dure, qui ne peut fe difloudre: 8 qui refte au fond de la terrine. On verfe doucement cette eau blanchie dans deux chauderons , on fait fur le champ une nouvelle détrempe de pareille quantité de cette terre blanche, & on l’emploie » comme la premmere pour blanchir Peau des deux » autres chauderons, prenant garde en verfant qu'il »# ne tombe rien de la partie fablonneufe qui doit refter toute entiere au fond de la terrine en petits # IMOfCEAUX », | Jai remarqué moi-même que ces petits morceaux indiffolubles méchaniquement dans l’eau, & qui ref tent au fond du vaifleau , étant bien lavés faifoient le plus fouvent effervefcence avec les acides miné- raux. Ce qui démontre ce que j'ai avancé dans la note précédente, « L'eau des quatre chauderons étant ainfi blan- » chie, on allume le feu ; &c lorfau’eile eft bouillante, » on y jette les pâtes qu’on diftribue également dans » chacun ; on continue lébullition , &zil fe forme » bientôt une écume blanchâtre & fale, que lon » retire par le moyen d’une forte d’écumoire de » toile groffiere : peu de tems après & la liqueur » continuant à bouillir, 1l fe forme fur la furface une » crème ; & lorfqu'on a encore laiffé bouillir un » quart-d'heure, on retire entierement le feu de » deflous les chauderons. La crême pour-lors durcit » peu-ä-peu , & paroïtinégale, raboteufe & comme » ondée. On laifle ces chauderons fans feu, &fans >» y toucher que le lendemain vers les trois on qua= >» tre heures du matin, tems fufifant pour que l’opé- ration foit achevée. Cettecrême, de molle qu’elle » étoit, eft devenue une croute blanche & rabo- » teufe, qui couvre entierement la furface de l’eau ; » elle eft épaïfle d’une ligne & demie , & n’eft pas HAS Cut Eÿ4 > 4 “e (2) Cette terre n’eft pas une craie ; fi elle l'étoit ;, elle fe- roit union avec l'acide du sartre , avec lacuelle elle a plus de rapport qu'avec la partie grafle & colorante , & formeroit un fel neutre ,' & ne convertiroit point le rarrre en crème. C’eft une terre argilleufe d’un blanc fale, qui contient quelquefois un peu de fable ou de terre calcaire, mais en fi petite quan- tité , que les trois acides primitif vertés fur cette glaife ne font point d'efflervefcence. J'ai cependant apperçu quelque- fois fur certains morceaux de cette terre que l'acide nitreux donnoit quelques Jégeres marques d’effervefcence, Ce qui prouve feulement que cette terre étoit mélangée de quelque peu de terre calcaire , mais le fond de la terre employée eff une argile, Dans certaines fabriques nouvellement établies & qui font éloignées de Merviel , on a trouvé d'autres mines de cette argile pour s’en fervir aux mêmes ufages que de laterre de Merviel, & toures ces découvertes ont été faites par des fimples ouvriers qui ignorent la Chimie. Tome XF, | F A D29 » f dure que celle que l’onitrouve attachée à toute » la furface du fond &x des côtés du chauderon , le » premiere fe nomme créme desartre, & la feconde » cryftal de tartre ; célle-c1 eft épaifle d'environ trois » lignes, &c a fes cryftaux plus difinéts. Quoique # jenayepu cependant y rien obferver de réculier, on voit feulement d’un côté & d’autre qu’ils ont différentes facettes luifantes (2). # Voici la maniere dont on retire toutes ées con: » crétions falines. On creve en diférens endroits la » croute de la furface, on jette par-deflus de l’eau » avec la main ; 8 quoiqu’elle ne foit fecouée qu’af. » fez foiblement , on la voit précipiter fur le champ. » On vuide enfuite l’eau des baquets,, enfaifant pan: » cher le chauderon, elle fort roufle & aflez claire » jufque vers le fond où elle devient alors épaifle , » trouble & plus foncée. Quand or eft parvenu à la » voir de cette couleur, on jette dans Le chauderon » Cinq ou fix pots d’eau de fontaine que l’on ren- » verfe d'abord ; & en frappant les bords de ce » chauderon avec une piece de fer , on fait par cet » Ébranlement féparer & tomber par morceaux le » cryftal de sarire dans le fond du chauderon où il » fe mêle avec la crême de sartre qui y a déja été » précipitée. On jette encore de l’eau de fontaine , » & On remue le tout enfuite avec la main, enforté » que cette eau qui a fervi à cette lotion, n’en fort » quetrouble, blanchâtre, & chargée de cette terre » que l’on avoit employée; on continue ces lotions » jufqu’à ce que l'eau forte claire. On ramafle en- » fuite le cryftal de sarsre mêlé avec la crême ; on » étend fur des toiles pour le faire fécher , où au foleif, ou à l’étuve, & on a pour-lors le cryftal de » zartre très-dépuré & bien blanc. » Îl faut être attentif à féparer dans les tems mar- » qués le cryftal de srre, parce que fi on le laifloit » quelques heures de plus dans le chauderon, les » cryflaux roufliroient, ». Lorfaqu'on fait cette féparation, l’eau eft encore » un peu ticde & a un goût aigrelet ; fi on la laïifloit » entierement refroidir, la crême de rerrrene {e fou: tiendroit plus fur la furface, mais fe précipiteroit »# d'elle-même. » Ton retire de chaque chauderon vingt-deux à » vinot-trois livres de cryftal & de crême dé sarrre » prifes enfemble ; en forte que cent cinquante li ŸY © 4 Le à. 4 + (2) Voici ce que j'ai obfervé, tant für la cryfallifation du tertre crud, que du cryflal de sartre. Le tartre , tel @v'on le retire des tonneaux de vin, a detrès-petits cryftaux , dont la plüpaït font terminés par des faces inclinées entr'elles fous un angle droit ; mais dès que ce {el eft blanchi & putitié par la terre de Merviel, fa cryftallifation eit affez changée , & on n'y voit guere plus de parallellipipedes re&angles. Ce fe! quiy a caufe de fon peu de difiolubilité , exige une grande quan- tité d’eau & même bouillante , fe cryflallile toujours avec pré- cipitation lorfque la diflolution fe refroidit ; auf ne donne-t 4 que de très-pctits cryflaux, même dans le travail en grand, ces cryflaux font compolés de grouppes, d'une grande quan- tité de prifmes aflez irréguliers, dont les faces brillantes font toutes paralleles & rangées dans trois plans. On diftingue très- bien que ce ne font ni des lames ni des aiguilles. Pour obfer- ver la forme la plus réguliere du cryftal de rartre , il faut le faire diflondre dans de l'eau bouillante : quand cette eau en eft bien chargée, on en verfe fept ou huit gouttes fur une glace de miroir non-étamée ; dès qu'on s'appercevoit qu’a- près le refroidiffement il s’eft formé fur la glace un nombre fufifant de cryftaux pour l'obfervation!, on incline la glace doucement pour faire écouler l'eau , qui autrement auroit cone tinué de donner des cryflaux , & le grand nombre de ces cryftaux qui font difpolés à fe groupper, auroit empêché qu'ils euflent été ifolés ; ce qui eft néceflaire poux l'obferya- tion. On a, par ce moyen, des cryftaux aflez réoulierement terminés , mais fort petits, on fe fert d'un microfcope o d'une lentilie d'environ une demi-ligne de foyer pour les bien obferver. Ce font des prifmes un peu applatis ; dont la plus grande face eft le plus fonvent exagone , quelquefois o&o- gone , & qui paroiflent avoir fx faces. Si l’eau ef moins char- gée & la cryfallilation plus prompte, leur applatiffement ef un peu plus confidérable, B BBbbD ÿ. 930 TAR » vres de tartre, qui ont été employées en cuites, » fourniffent quatre-vingt-huit où quatre-vingt-dou- » ze livres, tant de cryltal, que de crême. Ainf le » sartre crud ordinaire fournit les trois cinquiemes » de fon poids où environ; mas le rartre blanc cry- » ftallin & bien choifi, en fournit les deux tiers». On voir par ce procédé qui eft fort fimiple, qu'on dépouille Le sersre de fa partie colorante & d’une pat- tie de fa terre. Le rartre étant un des {els des plus dif- ficiles à difloudre dans l’eau, on eft obliséde le faire bouillir à grande eau ; pour le tenir en difolution, afin que la terre de Merviel', ou toute autre terre ar- “gilleufe blanche, s’unifle à la partie orafle & colo- rante, avec laquelle elle a plus de rapport qu'avec le {el. Par cette manœuvre insénieufeon a un fel bien blanc & bien pur, ce qui eft d’une grande utilité pour les arts, & un grand avantage pour Pufage qu'on en fait en médecine & dans les travaux chimiques, Le cryftal ou crême de sartre eft d’un emploi im- menfe dans l’art dela teinture; cette grande confom- mationde ce feleftla caufe qu’on en a dansle bas Lan- guedoc multiplié les fabriques. Cefel eff employé principalement dans les reintures de lines, conjoin- tement'avec l’alun pour les préparer à recevoir les parties colorantes de matieres vépétales qui font le fondement de la couleur. Avant de teindre les laines en écarlate ou autres rouges, &c. on les fait ‘pafler par une préparation que les Teinturiers ap- -pellent éouillon, & on fait entrer du sarsre dans pref- que tous les bouillons employés aux teintures de bon teint ; mais on prefere le cryftal de sarére. Ces bouillons contiennent d’ailleurs prefqu’aufi conf- tamment de l’alun. Un teinturier de cette ville n’a dit que le cryftal de sarzre étoit mis dans ce bouillon -pour détruire cette grande fhpticité que Palun exer- ce fur les laines. D'ailleurs le cryftal de serrreadoueit beaucoup les fibres de la laine, & les difpofe àrece- voir les corpufcules colorans. Le cryftal de sarire eft encore fi fort employé dans les teintures par fa qualité de fel très-dur, & prefque indifloluble dans l’eau froide, ouvrant les pores du fujet qu'onveut teindre, y développant les atomes colorans, &c les fixant de maniere que Paétion de l’air & du foleil ne des puifle détruire. | Je ne finirois point fur l’emploi du crvital de rar- tre dans la teinture des laines &t des foies!, fl j’étois obligé de nommer toutes Les couleurs où préliminai- rement l’on fait entrer la crème de fartre. Voyez TEINPURE, voyez aufli l’article de la reinture pat M, Hellot. On fe fert encore de la crême de sartre pour dif- foudre avec l’eau commune le verd-de-sris, ce qui donne un beau vert céladon; cette couleur s'emploie fur le papier , par exemple, pour les plans, pour les cartes géographiques, pour les eftampes à décou- pures: on appelle cette couleur verd d'ingénieur, Lorfque la difiolution eft trop chargée de crème de sartre, elle luit fur le papier, comme fi on Pavoit chargée de beaucoup de somme arabique; ainf 1l meft point .néceflaire de faire entrer dans cette cou- _ leur, la moindre dofe de cette somme. Le cryftal de sarsre eft fort employé en médecine & en chimie. Plufeurs chimiftes fe font occupés à rechercher à le rendre plus foluble qu'il n’eft. M. le Fevre , médecin d'Uzès, a trouvé que le borax uni à la crême de cartre, ou cryftal de sartre, le ren- doit plus foluble dans une moindre quantité d’eau qu'ilne fe diffout ordinairement. Voyez les mémoires de l'académie royale des Sciences, pour l'année 1728. MM. Duhamel & Grofle ont trouvé que le {el de {oude produifoit le même effet; l’eau de chaux, la chaux d’écailles d’huitres, celle de la flala&tite, celle du gips, la flalaétite, les écailles d’huitres, les yeux d’écrevifles non calçinés, les différentes craies, la T AR corne de cerf calcinée, rendent la crême de 4artre foluble, 8 forment des fels neutres par leur com- binaifon. Voyez les mémoires de l’acadèmie royale des Sciencés, année 1732, page 323 ; 6 1733, page 260% M. de la Sône a trouvé qu'une partie de fel fédatif rendoit folube quatre parties de crême de rarrres Voyez Les inémoires de la même académie , année 1755: M. Pott, fameux chimifte de Berlin’, dit dans fa Diifertation: fur l'union de l'acide du visriol avec l'acide du tartre, que Phuile de vitriol mêlée avec deux par- ties de surire {ec en poudre, ou à parties épales, ne fait point d’effervelcence, d’écume ni de vapeur; mais qu'en remuantle mélange, ils’échauffe un peu, devient mol, & forme une poix artificielle. Sion diftille ce mélange, on a 1°. un acide de sarsre très- a@tif, que M. Venel a dit dans les féances de la fo- ciéte Royale, être un vrai acide nitreux qui pou- voit en être retiré immédiatement, par un procédé particulier, dans un état pur, nud; ce qui étoit ur des faits par lefquels il démontroit le mtre entier dans le sarére : 2°, de l'acide fulphureux volatil Quandon a pris parties égales d'huile de vitriol &t dé | vartre, on n'obtient point d'huile dans la difüllation; aucontraire, avec deux parties de sarcre il fe mani fefte un peu d’huile vers la fin de la diftillation. J'ai remarqué en faifant du fel végétal avec certais nes crêmes de sarzre ; qu'il fe précipitoit beaucoup de terre ; & avec quelques autres, qu'il s’en précis pitoit moins. La plupart de ces terres faifoient efter- vefcence avec les acides. Une partie de cetté terre pourroit avoir été unie à la crême de sarsre dans la purification, puifque la terre argilleufe qu’on ÿ em- ploie contient quelquefois un peu de terre calcaire. La crême de sartre eft employée efficacement en médecine , dans les fievres ardentes , dans toutes {ortes d'obftruétions , dans les maladies cacheëtiques & hypocondriaques. On l’ordonne fouvent avec fuccès, dans les accès de ñevre; on la mêle aux doux laxatifs, comme la caffe. Son indiflolubihité eft la caufe qu’on ne peut l’ordonner qu’à petite dofe dans les purgations où il n’entre pas de cafle; car j’ai re- marqué que la moëlle, ou les bâtons de cafle qu’on fait bouillir avec la crême de urtre bien en poudre fine, étoit propre à en diffoudre une plus grande quantité que l’eau feule. Il fuffit de la faire entrer dans les purgations fans cafle, à la dofe d’un gros jufqu’à deux ; on peut la donner à la dofe de demi- once, quand on l’emploie avec la cafle, &r fur-tout pour une médecine en deux verres. Je crois qu’elle s’y diffoudra parfaitement en foutenant l’ébullition un bon quart d’heure, La crème de sartre eft très-employée pour caïller le lait, dont on fait le petit-lait. On fait entrer la crème de sartre dans les opiates fébrifuges, apériti- ves, purgatives, méfentériques, &c. Elle entre dans la poudre cornachine, dans la poudre pour la goutte purgative, dans la conferve de rofes rouges {olide, dans la poudre tempérante de Sthal, 6e. | La chimie s’en fert dans beaucoup de fes opéra- tions ; elle entre dans Le fel végétal ou sarsre foluble, dans le fel de feignette, dans le sarére émétique , dans la panacée antimoniale, &t dans la teinture de Mars tartarifée, extrait ou firop de Mars, dans la teinture martiale de Ludovic, &c. Article de M, MON- TET, waître apoticaire, & membre de la fociété royale des Sciences de Monpellier. TARTRE , ( Médecine. ) ce fel 8 fes différentes préparations font d’ufage en médecine ; on les em- ploïe dans toustles cas où il faut ouvrirles voies &e pouffer par les felles & par les urines. Le sarrre purifié avec la terre de Merviel eft d’u- fage {ous le nom de créme de tartre ; on l’ordonne dans les potions purgatives & apéritives en qualité de laxatif & de fel neutre. La dofe eft de demi-once: on l’emploie même pourles goutteux , ce qui prouve que Le médicament eft par lui-meme innocent, mais il fe diflout facilement. Le rarire alkalifé ou Palkali du varére eft aufi due fage ; c’eft le meilleur de tous les alkalis que la mé- decine puifle employer. C’eft un grand diaphoréti- que , un abforbant & un ffomachique.. La liqueur acide tirée par la difüllation du sarrre, eft calmante , rafraichiflanté, bonne dans les fievres ardentes ; on en donne dans les tifanes, däns les ju- leps, Le Tartre foluble. Le rartre par lui-même eft infoluble dans l’eau froide ; mais lorfque le feu l’a pénétré, & que l'acide eft incorporé de nouveau avec lalkali , il eft plus aifé à fondre, & c'eftle sarere foluble. Ce fel eft un purgatif doux, ci- devant fort à la mode , que l’on ordonnoit à ladofe d’une demi-once ou d’une once dans une pinte d’eau de riviere. Ilen- treencore aujourd'hui dansles médecines ordinaires; mais fon crédit eft tombé depuis que le fel de la Ro- chelle &cle fel d'Epfom ontfait fortune en médecine, TARTRE STIBIÉ où ÉMÉTIQUE, eft une prépara- tion d’antimoine faite avec fon foie & fon verre à parties égales avec le double de crême de rarire. Cet émétique eft le meilleur & Île plus affuré de tous. On peut le donner fous telle forme & à telle dofe que lon veut ; & d'autant que l’on connoïit fa dofe & fa vertu , on peut l’augmenter ou le dimi- nuer plus aifément au gré du médecin!, felon les for- ces du malade & l'exigence des maladies; car , felon les obfervations des plus habiles chumiftes, le sarsre émétique qui contient un quart de grain de réoule par grain eft trop violent , mais celui qui ne contient que trois feiziemés de grains par grain eft fait en propor- tion qui eft bonne &c füre ; car il fait vomir eficace- ment à la dofe de deux ou deux grains & demi; car il introduit alors dans l’eftomac fix ou fept feiziemes deprains & de régule, . La facon la plus fûüre de donner l’émétiaue d’antiz Ç P q moine, eft de le prefcrire dans un poiflon ou d:ux d’eau à la dofe de deux grains, lorfqw’on veut faire vomir efficacement. Sur quoi 1l faut favoir que le grand lavage ou véhicule Pétend trop & émoufle fes pointes, de même que donné à trop petite dofe, comme à un grain, à un quart de grain , il fatigue violemment fans exciter de vomiflement ; 1l faut un milieu. _C’eft la vertu émérique du £arrre flibié, qui lerend le fpécifique afluré dans toutes les maladies qui pro- viennent de plénitude d’eftomac ; c’eft unfgrand pré- fervatif dans les maladies inflammatoires , dans les engorgemens du cerveau , parce qu’en irritant l’ef- tomac , il agit violemment fur le cerveau , & lui donne des fecouffes qui aident à dégorger fes vaif- feaux du fang qui n’y peut circuler. L’émétique fti- bié donné-à-propos dans le cas de faburre ou de cru- dité, l’'évacue puiffamment , & empêche les mauvais éffets que {on paflage dans les fecondes voies pour- roit y caufer. Mais pour produire fñrement cet effet, 1l faut connoître cer état avant de l’ordonner, &c y préparer dûment le malade felon les circonftances, par la faignée & la boiffon , quoiqu'il eft bien des cas où 1l faut employer cet émétique fans aucun préli- minaire , comme dans l’apoplexie , dans l’indigef- tion , dans la plénitude des premieres voies fans au- cune marque de chaleur , & fouyent même dans {a foiblefle , dans l'engourdifflement des membres, la pefanteur de tête , l’accablement, la laffitude. Qui connoîtra fürement les indications & la façon dé pla- cer ce remede , pourra s’aflurer de pratiquer avec fuccès dans toutes fortes de maladies, foit aiguës &c chroniques. C’eft le plus court moyen d’abréger le traitement des maladies, quelle qw’en foit la çaufe. T'ATR 93€ Le raftre flibié devient altérant , apéritif, & diapho: rétique où tonique , lorfqu'il eft donné À srañde dofe & en lavage ; alors continué pendant long-tems , il rétablit au mieux le reflort dé l'éftomac affoibli par les crudités ou la trop grande quantité d’alimens. Les convalelcens fe trouvent bien de fon ufage en guife d’eau minérale, . TARTRE SOLUBLE , smnre de elle eflapéritive, diurérique, émmenagogue & purgative ; elle eftaro- matique ; elle échaufe , confolide les plaies , déterge les ulceres. < Tartre regénéré | ou terre folide du tartre. C’eît le plus grand réfolutif que nous ayons , un fondant ä un défobftruétif favonneux , huileux & acide en même tems, combiné avec un alkali ; il eft volatil, ët peut pañler pour Le {el volatil de sartre de Vanhel- mont, aufl efficace que l’alkaeft, & préférable à beaucoup de remedes inventés par la chimie ; c’eft le vinaigre radical des Chimiftes. La teinture de ser- tre régénéré elt auf un remede efficace ; car elle unit l’alkali, Pacide &c Pefprit huileux des vévétaux, Ce rartre folié diffout ain dans l’alkoo! , eft le petit elixir des anciens chimiftes ; il leve les obftrudtions ; 1] pénetre dans les plus petits vaifleaux ; il ranime les facuités vitales 8 suérit par les fueurs; il peut furmonter les maladies les plus opiniâtres. T'arcre regénéré. plus commun. On peut ; felon M, Boerhaave ) faire un cartreregénéré moins difpens dieux, en mêlant la potafle avec quinze fois autant de vinaigre ; en coulant la folution & la faifant épaifs fr, ce qui eft une opération facile. Pline parle de ce remede , & dit que la cendre de ferment difloute dans le vinaigre guérit les maladies de la tate. | TARTRE VITRIOLÉ, ( Médecire. ) ce {el a toutes les propriétés des fels vitriolifés ; il eft compofé de l'acide vitriolique, qui eft un grand apéritif, & du tartre alkalié, qui eft auf fort attenuant, Les deux réunis doivent former un grand défobftruant ; auffi s’en fert-on dans les apozèmes atténuans & défobfe truans , dans les affections du foie & de larate. . Ce fel eft un des plus a@ifs que nous ayons ; ileft plus aétif que le fel de Glauber, & le même que le {el de duobus &t le fel polychrefte de Glafer. La dofe eft d'un gros dans une potion ordinaire ; mais en lavage on ordonne à deux gros, & jufqu’à trois, Nota. Que fi Phuile de vitriol qui a fervi À faire ce fel étoit chargée de particules cuivreufes, ce que l’on reconnoit par la couleur verte de Peau où fe fait la diflolution, & par la couleur terne & bleue du fel , 1l faut le calciner , ou le refondre pour lui ôter ce cuivre qui le rendroït émétique. Ce remede n’eft pas autant employé qu’il le de vroit être. TARTRE , ( Teinture, ) les Teïnturiers mettent le cartre au nombre des drogues non colorantes, c’eft-à-dire, qui ne fervent point à donner de la cou leuraux étoffes , mais qui Les préparent À la recevoir, Cette drogue bien ou mal employée dans les bains où bouillons, met une grande diférence dans les tentures, La crême ou cryftal de rartre qu’emploient les T'eine turiers du grand teint , n’eft autre chofe que le rarrre blanc ou rouge mis en poudre , & enfuite par le moyen de l’eau bouillante, de la chauffe & de la cave, rédtut en petits cryftaux blancs. ( D, J. TARTRE MARTIAL 04 CALIBÉ, ( Mar, méd, ) voyez MARTIAL. TARUDANT , ( Géog. mod.) ville d'Afrique ,au royaume de Maroc, capitale de la province de Sus dont elle porte auffi le nom. Elle eft à deux lieues Fe midi du grand Atlas, & pañle ençore pour une des 932 T'A:sS bonnes villes d'Afrique par fon commerce. Long, 9. 52. latit. 29.18. ( D. J:) | TARUIDUM, ou TARUEDUM , ( Géog. anc ) promontoire de la Grande Bretagne. Ptolomce, L IF, ce. iÿ. le marque fur la côte fepientrionale apres 1 ci bouchure du fleuve Nabœus. On croit que c’eft pré- fentement Dungishehéad en Etolie , dans la province de Cathuet. ( D.J.) TARUNTIUS , {. m.( Affronom., ) c’eftle nom de la quarant:eme tache de la lune, fuivantde catalogue ue le p. Riccioli nous en a donné dans fa félénogra- phie, (D.J.) LE TARUS , ( Gtog. anc.) fleuve d'Italie , dans Ja Gaule cifpadane , felon Pline , /. JET. €. xyy. Il acon- fervé fon nom ; on l'appelle Faro. (D. J.) TARUSATES , ( Géog.anc.') peuple de la Gaule aquitanique , & dont Céfar, div. IT. ch. xxuy. & xxvi. fait mention. M. Samfon , dans fes remarques fur la carte de l'ancienne Gaule, dit : on ne difpute prefque plus aujourd’hui que le pays des Farafares ne foitle Turfau , & Aire eff la capitale du Turfau. (2.J7.) TARY , f.m. (zerme de relation, ). c’eft ainfi que les voyageurs appellent la liqueur qui diftille des co- cotiers ; c’eft le feul vin que l’on recueille dans le pays de Malabar , & même danstoute l'Inde; car la liqueur qui fe tire des autres efpeces de palmiers, eft prefque de même nature que celle qui fort du coco- tier, Ce vin n'eft pas à beaucoup près fi agréable que celui que l’on exprime des raifins, mais il enivre tout de même. Quandil eftrécemment tiré, il eftex- trèmement doux ; fi on le garde quelques heures, il devientplus piquant, & en mêmetems plus agréa- ble ; il eft dans fa perfeétion du foir au matin ; mais 1l s’aigrit au bout de vingt-quatre heures. On n’a point dans les Indes d'autre vinaigre que celui-là. En diftillant le jus du cocotier , lorfqu’il eft parvenu à fa plus grande force , &c avant qu'il ait commencé de contraéter de laigreur , on enfait d’af- fez bonne eau-de-vie; on peut même la rendre très- forte en la paflant trois fois par l’alembic. Les Bréfiliens ne s’adonnent point , comme lesTn- diens, à tirer le s4ry des cocos; ils n’en font pas non plus d’eau-de-vie, parce que les cannes de fucre leur en fourniffent fuffifamment, & que d’ailleurs on leur en porte beaucoup de Lisbonne qui eft bien meileu- re que celle qu’ils pourroïent faire. ( 2. J. ) TAS, MONCEAU , f£. m. ( Syronym. Gram.) ils {ont éSalement un aflemblage de plufñeurs chofes pla- cées les unes fur les autres, avec cette différence que le zas peut être rangé avec fymmétrie, & que le mmonceau n'a d'autre arrangement que celui que le ha- zard lui donne. Il paroïit que le mot de sas marque toujours un amas fait exprès, afin que les choles n'étant point écartées, occupent moins de place, & que celui de monceau ne défigne quelquefois qu’une portion déta- chée par accident d’une maffe ou d’un amas. On dit un sas de pierres, lorfqw’elles font des ma- tériaux préparés pour faire un bâtiment: & l’on dit un zonceau de pierres , lorfqw’elles font les reftes d’un édifice renverfé. Tas {e dit également au figuré en profe &en vers: l’orateurne doit point étoufter fes penfées fous un zas de paroles fuperflues. Un tas d'hommes perdus de dettes & de crimes. Corneille. Quoiqu'un tas de grimauds vantent notre éloquence , Le plaifir ef? pour nous de garder le filence. Defpreaux. (D.J.) Tas, (érchireit.) c'eft le bâtiment même qu’on éleve. On dit retailler une pierre fur less, avant que de Paflurer à demeure, (2D.J.) PAS DE CHARGE, ( Archueïit, Coup. de pierres. } c’eft une faillie de pierres dont les lits avançantles uns fur les autres, font l'effet d’une voûte; de forte qu'il faut des pierres longues pour balancer la partie qui eftfans appiu. Mais ce genre d'ouvrage n’eft bon qu'en petit , ou feulement pour les premieres pier- res.de la naiffance d’une voûte. On-voit de tels ou- vrages au château de Vincennes près Paris, pour porter les creneaux. | LE Tas, ( Arts méchaniques, )efpece d’enclume fans talon ni bigorne, & par conféquent quarrée. Il y en ade différentes groffeurs.Le sas des Orfevres fontplus forts que ceux des autres ouvriers. Un gros sas fe for se,comme l’enclume,ërs’aciere de même. Pour faire un sas à queue,onfoude plufieurs barres de fer enfem- ble de Ia longueur & grofleur qu’on fe propofe de donner au sas, On commence par corroyer deux barres, puis davantage, pour parvenir à ce qu’on appelle er/ever le tas ; cela fait, on tourne une viro- lede fer plat autour du bout des barres corroyées, pour former da tête du s25 & lui donner plus de lar- geur qu'au refte du corps de la piece, .& empêchér en même tems que les barres foudées enfemble ne s’écartent par quelque défaut de foudure, ce qui n’ar- rive que trop fouvent, ou par la mauvaife qualité du fer , ou par la négligence du forgeron qui laifle des crafles entre les-fers; on prépare enfuite la table du tas , comme celle de Penclume; on prendunebarre d'acier quarré que l’on drefle eu petites billes de la longueur d’un pouce & demi; on les range debout toutes jes unes à côté des autres, felon l'étendue de la table ; on Les entoure d’une bande de fer plat que Ponnomme & maréchal; cette bande tient les billes preflées; on les foude, on les corroie ; la barre de fer qui les ceint, s'appelle érrier ; on laïffe à Pétrier une queue qu'on nomme réfoard: cette queue fert à manier la piece au feu & fur l’enclume; après qw’- Ona foudé & corroyé les billes , on conpe avec la tronche l’étrier tout-au-tour , excepté à l'endroit où le réfigardtient à la table, parce que c’eft parle moyen de cette queue que l’on portera latable fur le rasz on foude latable au £45 ; cela fait, on{épare la queue. Ïl yaune autre maniere de faire latable d’un 455; on prend une longue barre d’acier que l’on tourne plu- fieurs fois fur elle-même, jufqu’à ce que fes circonvo- lutions aient pris l’étendue que l’on veut donner à la table ; on y foude enfuite une barre de fer plat pour empêcher lacier de brüler , lorfquw’on foudera la ta- ble au #45. On en fait autant aux têtes des marteaux. Il y a des ras de différens noms, dessas à carreler, à embouter. Ts fervent à un grand nombre d'ouvriers différens. Voyez les arncles fuivans. TAS, en terme de Bouronnier, c’eft une efpece de petite enclume à queue qui entre dans unbillot, dont la partie sroffe & ronde eft gravée au milieu du bord d’un trou d’une certaine grandeur, lequel left lui- même d’un deflein en creux, dans fon fond, pour imprimer ce deffein fur la calotte. On a plufieurs sas de différens deffleins & grandeurs , felon l'exigence des cas. Voyez CALOTTE. TAS, ( Coutellerie. ) inftrument dont fe fervent les Couteliers pour retenir les mitres des couteaux de table, c’eft-à-dire, y former ce rebord qui eft entre la lame du couteau & [a foie ou qui fert à lemman- cher. Savary. TAS À PLANER, ( outil de Ferblantier. ) c’eft un morceau de fer quarré dont la face de deflus ef fort unie & polie, & la face de deffous eft faite en queue, pour être polée & aflujettie fur un billot. Les Fer- blantiers s’en fervent pour planer &c emboutir Les pieces de ferblanc qu'ils emploient. Foyez Les Plan- ches du Ferblanrier. TAS ASOYER, ounil de Ferblantier | ce tas eff fait à-peu-près comme une bigorne dont les deux pans font quarrés, & forment une efpece de demi-cercle en-dedans ; la face de deflus ce z4s eft garnie de plu- fieurs fentes faites dans le large de cétte face, les unes un peu plus larges & profondes que les autres. Les Ferblantiers s’en fervent pour faire le rebord ou ourlet des entonnoirs & autres ouvrages. Voyez Les Planches du Ferblartier. Tas, les Graveurs fe fervent de ceterme pour ex- primer une efpece de petite enclume qui leur fert à repouffer le cuivre par-derrierela gravure , lorfqu’il fe trouve quelque défaut fur les planches. Voyez Les Planches de la Gravure. La pointe que l’on voit au bas, eft pour entrer dans Le billot fur lequel Le 425 eft pofé. Tas, ( Æorlogerie. ) petite enclume qu’on met dans un étau par fa, partie inférieure. Voyez les PL, & Les fig. de ? Horlogerie. [l'y en a de plufieurs efpeces. La ftruêture de la piece que l’on veut forger ou redreffer par leur moyen,indique celui dont on doit fe fervir.. Les Horlogers, Orfevres & Metteurs-en-œuvre font ceux qui font le plus d’ufage de cet outil. LAS, en 1erme d'Orfevre, eft une petite enclume À Buit pans en quarré comme la grande; elle n’en diffe- re que par fa grandeur, &c une queñe qui entre dans le billot. Elle fert pour les petits ouvrages & pour planer. Voyez PLANER ; pour lors il faut qu’elle foit bien polie, de même que les marteaux. Voyez Les Planches. PETIT TAS, en terme d'Orfevre, c’eftun morceau de fer plat de figure ovale & portatif, dont on fe fert au leu d’enclume pour les ouvrages qui peuvent fe frappper fur létabli. Voyez Eragzr. Foyez Les Plan- ches. | Tas CANELÉ , (Orfévr.) c’eft un ras de fer dans lequel on a gravé ou limé des moulures, & qu'on forme fur l'argent en frappant à coup de marteau. Il y a beaucoup de vaiffelle ronde ancienne dont Les mou- Jures étoient frappées fur le szs ; mais depuis que l’on -a perfe“ionné la vaïflelle , ces fortes de ras ne font plus guere d’ufage. TAS DROIT , rerme de Paveur ; c’eft une rangée de pavés fur le haut d’une chauffée , d’après laquelle s’é- tendent les aîles en pente, à droite & à gauche, juf- ques au ruïfleau d’une large rue , ou jufque aux bordures de pierre ruftique d’un grand chemin pavé. (D.J.) TAS , en terme de Planeur, eft une efpece de petite enclume fort unie fur laquelle on plane les vaiffelles plates. On le couvre de cuir , de bois, 6. quand il eft queftion de polir Pouvrage au marteau. 74 oyez Les Planches. | | FAS ou TAssEAU, (Tailland.)cet outil, de la na- ture des précédens, fert au taillandier à former le col- Jet aux cifeaux,becs-d’âne, & autres outils fembla- bles, Ses différentes parties font la tête où l’on a pra- tique le quart où fe place la foie desccifeaux ; le corps où 1l y a une ouverture qui fert à faire dortir la foie du cifeau lorfqu’elle adhere ; lafoie du sas même par laquelle elle fe fixe dansle belier qui fert de-bafe au as. T'AS, (Tirer d’or.) c’eft une efpece d’enclume,dont Pacoutreur {e fert pour battre {es flieres en rebou- chant les trous trop grands. , . Tas, (Jeu detricrac.) en terme de tri@rac on ap- pelle le sas, lamas des dames qu’on fait auxicoins du triétrac avant que de commencer le jeu. C’eft la mê- me chofe que la mañle & la pile. Quand après avoir jetté fon dé on porte fa main au 145, fans dire j’adon- fe, on eft obligé de jouer du-moins une.des dames du T'AS 933 tas, fuivant la loi, dametouchée dame jouée. Ré- gles du tri&rac. (D. JT.) TASAGORA , (Géog. anc.) ville de la Mauritanie céfarienfe , felon litinéraire d’Antonin, qui la mar- que fur la route de Ca/a à Ruffocurum. TASCHE, 1. f, serme de Péche,ufité dans le reflort de lamirauté d'Abbeville. C’eft une forte de pêche pra- tiquée par les pêcheurs de fur Somme, qui fe fervent de leurs heuillots ou goblettes , forte de petits bateaux, pour faire la pêche des anguilles d’une maniere parti- culiere. [ls nomment cette pêche la saféhe, Pour la faire ils prennent une quantité de vers de terre qu'ils en- filent d’un bout à l’autre avec un gros fil à coudre, jufqu'à ce que ce fil, d’une longueur proportionnée, en foit entierement rempli ; ils font avec ce fil ainfi amorcé, une pelote ou paquet qu'ils attachent avec une petite ficelle au bout d’une perche legere, dont ils mettent le bout ainfi garni fur le fond de Peau, & tiennent l’autre bout à la main, & lorfquls s’ap- perçoivent par le mouvement de la perche que l’an- guille mord à lappât, ils la relevent promptement, & emportent en même tems le poiffon. Chaque pêcheur a un femblable inftrument , ceux de fur Somme ont trois petits bateaux plats, du port environ d’un demi-tonneau , femblable au picoteur des pêcheurs d'Honfleurs ; cette pêche fe fait de nuit feulement, & elle feroit de jour infrüdueufe. TASCHKANT, (Géog. mod.) petite ville de la Tar- tarie, fur la droite de la Sirri; c’eft la réfidence d’hi- ver du chan des Tartares de la Cafatfchia-Orda. Long. 92. 40. larit..45. (D. J.) TASCIA , (Géog. mod.) petite ville des états de la Turquie afatique, dans là province de Toccat , au- deflous des montagnes Noires: TASCODRUGITES, voyez TACODRUGITES. TASCODUNITARI & CONONIENSES ; ( Géog. anc. ) peuple de la Gaule narbonoïfe , felon quelques manufcrits de Pline, Z, ZZL, c. iv. au lieu de quoi d’autres manufcrits & quelques exemplaires imprimés portent Tafcoduni, Tarufconenfes ; d’autres Tajconi, Taracunonienfes. Le P. Hardouin, qui fuit cette derniere.leçon, regarde les autres comme des noms corrompus. [l fé fonde fur le manufcrit de la bibliotheque royale ; & fur l’ordre alphabétique que Pline eft accoutumé de fuivre. Les Tafconi, ajoute-t-l , habitoient vraifflemblablement dans l’en- droit où eft aujourd’hui Montauban, ville que mouille la petite riviere Te/co , qui pouvoit avoir donné fon nom au peuple Ta/coni ou Tejcon:. Quant aux Taruf2 conienfes | dit le P. Hardouin , ils tirent leur nom de Tarufco, ville des Sais , & aujourd’hui appellée Ta- rajcon. ( D. JT.) | TASIMA , ( Géog. mod.) une des huit provinces de la contrée froide du nord de l'empire du Japon ; cette province a deux journées de longueur de left à loueft , & fe divife en huit diftrids. | TASOT ,f. m.(Mefure de longueur , Com.) c’eft la Vingt-quatrièeme partie du cobit, ou aune de Surate. Chaque ca/os a un peu plus qu’un pouce de soi, en- forte que le cobit eft de deux piés feize lignes. T'ASSAO 04 TASSAIE , fm. (Cxif£ne exociq.) chair de bœuf, mais plus communément de vache, cou- pée par grandes aiguillettes ,un peu falée & féchée au foleil, cette chair fe conferve long tems, & peut être tranfportée fort loin; il s’en fait une grande-con- fommation fur les côtes de Caraque, de Caïtagene & de Portobello. Pour la manger , il faut la mettre deffaler ,la bien laver ,.êt la faire reveniridans de l’eau tiede avant de la faire cuire; elle fe renfle beau- coup , s’attendrit & a fort bon goût. On prépare de la mêmemamiere des aiguillettes de cochon, qui étant deflalées & cuites peuvent paffer pour ur mets très appétiflant, | | 934 TT AYS TASSE, f. f. (Ouvrages de différens ouvriers.) forte de väfe de bois, de terre, de fayance, de porcelai- ne ou de métal, dont on fe fert pour boire ; 1l y en a de toute grandeür, ct de toutes figures ; les unes fans anfes, d’autres avec une ou deux petites anfes , fimples ou façonnées, 6e (D. J.) Es Tasse, (Liriérar.) chez les Romains celui qui ver- {oit à boireétoit obligé, pour remplir une feule safe, de puifer avec un petit gobelet nommé cyathe, à plu- fieurs reprifes , & juiqu’à neuf ou dix fois dans le crater, qui étroit un grand vaifleau plein de vin. Le buveur s'impatientoit, le vin même verfé du crater dans le cyathe , 8e renverfé du cyathe dans la caffe , pouvoit s'évanter & perdre de faforce. Pour remédier à tous ces petits inconvéniens , on inventa l’ufage des vaffes inégales. On en fit fre de petites, de moyennes & de grandes, Les petites étoient Leféxrans, quitenoit . . + 2 cÿathes. Le quadrans 4 . . .' . + 3 Cyathes. Le siens + + + « +, + #4 Cyÿathes. Les moyennes étoient Le quincunx, quitenoit . . $ cyathes. Le femis ou l’hémine . . . : 6 cyathes Le féptunx. . . + . + 7 Cyathes, DE és ON MN, ROC NATURES Les grandes étoient Le dodrans , quitenoit . . . 9 Cyathes. Le dextrans AN MT OCT AtHEst Irene DOI TRI cyathes, Torrentius fur les vers d'Horace , pocula cum cya* -#ho, Gc. rapporte un paflage d’Athénée, par où 1l pa- toit que les Grecs aufli-bien que les Romains, ont fait ufage du cyathe &c des raffes inégales. Athénée introduit un homme qui fe fait verfer dix cyathes de vin‘dans une feule safe ; & voici comme il le fait par- ler, « Echanfon, apporte une grande saffe. Verfe-y » les cyathes qui fe boivent à ce que l’on aime; qua- ; tre pour les perfonnes qui font ici à table, trois pour # l'amour. Ajoute encore un cyathepour la viétoire » du roi Antigonus. Holà. Encore un pour le jeune # Démétrius. Verfe préfentement le dixieme en » l'honneur de l’aimable Vénus. Chez les Romains du tems de Martial , lorfqu’on vouloit boire à un ami ou une amie, on demandoit autant de cyathes qu'il y avoit de lettres au nom de la perfonne à qui l’on alloit boire. C’eff le fens de Pé- piyramme de Martial. w Nœvia fex cyathis, feptem Jufhinia libatur , Quinque Lycas, Lyde quatuor , Ida tribus, 6e. C’eft auffi le fens de ces deux vers du même Mar- tal : Quincunces & fex cyathos, beffemque bibamus , Caïus ut fat, Julius & Proculus, Horace a dit: Qui mufas amat impares Ternos ter cyathos attonitus petet Vates. Tres prohibet fupra Rixarum meruens tangere gratia. Ce qui vouloit dire ; qu’un bon büveur ami des mu- es, doit en l'honneur de ces neuf déefles , boire en un feul coup neuf cyathes; mais que les graces ne permettent pas que l'on boive plus de trois cyathes à la fois; car 1l y a bien de la différence entre boire neuf cyathes,& boire neuf fois. Boire neuf cya- thes, c’eftne boire qu'une safle, boire neuf fois, c’eft boire neuf saffes. (D. J.) ) | © Tasse d loire des Gaulois ; ( Ufages des Gaulois. ) -TAS en latin ga/eola , finum. Les anciens Gaulois aÿoient leurs saffes à boire, faites en forme d'ovale, qu'ils appellent galeolas, & qu'ils ont enfuite nommé g07- doles , d’un mot corrompu par les Vénitiens, qui ont baptilé de ce nom leurs nacelles pour aller dans les tues de Venife. Varron dit, /. I. de vicé roman. Ubi erat vinum in menfé pojitum galeato, vel fino ureban- tur : de-là les Romains forgerent leur verbe galare, boire à la mode gauloïfe. Il refte encore chez les fup- pôts de Bacchus du mot gallure, dans ce qu'ils ap: pellent boire à la régalade ; C’eft une façon de boire qui ne diffère du fabler qu’en ce que le fabler fe fait en un feul coup, & que la régalade ou le gallet fe fait en plufieurs. (D. 7.) TASSE , terme de Tourneur ; petit vaïfleau de bois en forme de safe , qu'on place au-deflus de [a tour- nette, & dans laquelle safe on met la pelote de co- ton , de fil , ou de foie qu’on a dévidé. Tasse, ( Géog.mod. ) les géographes, donnent le nom de raffe., aux lieux où fe font les amas d’eau que Pon appelle Zacs. La saffe eft ce qui contient l’eau d’un lac, enforte que la saffe eft à un lac, ce que le lit eft à une riviere. TASSÉ , adj. (4rchir.) épithete qu’on donne à un bâtiment qui a pris fa charge dans Fe étendue, ou . dans une feule partie. (D.J.) _TASSEAU , £. m. (4rts méchan, ) t’eft en géné- ral un outil que l’on met dans l’étau pour relever les ouvrages en tôle , ou qui eft fixe fur l’étabhi, & fert à pofer l'ouvrage pour les petites rivures , &c à dref- fer de petites pieces. Les taffeaux prennent différens:noms, fiuvant les formes que l’on donne à la tête. | Le raffeau quarré eft celui dont la tête eft quarree, & plate, | À: Le taffeau cannelé eft celui fur la tète duquel on a formé des cannelures. Le saffeau à côte eft celui dont la tête eft faite en forme de côte, ou de tranchant arrondi. Le saffeau à embourir eft celui dont la tête eft creu- fée de la forme que l’on fe propofe de donner aux pieces à emboutir. Le saffeau à pié de biche eft celui dont la tête ef fai- te en pié de biche, Toutes ces fortes de saffeaux , qua fervent à relever les ornemens entôle,ou en cuivre qui fe pofent fur les grilles, balcons , rampes d’ef- calier, Ge. font faits d’une barre de fer quarrée &z acierée des deux bouts , qui forment deux têtes; an milieu du corps on pratique fur les faces une entail- le à chaque face , pour recevoir les mâchoires de l’étau, & empêcher le saffeau de s’en échapper, lorf- qu’on frappe deflus pour relever l'ouvrage. _ TassEAUx, {. m. pl. ( Archir, ) petits dés de moï- lons , maçonnés de plâtre, où l’on felle des fapines , afin de tendre fürement des lignes pour planter un bâtiment. Daviler. ( D.J.) TASSEAUX, terme de Charon ; il y a quatre faf- faux , ce font des morceaux de bois plats, longs de : dix pouces , épais de trois, & larges d’environtrois, qui font attachés tant fur le devant que fur le derrie- re, de chaque côté du brancard, pour élever les planches qui fervent fur le derriere, aux domefti- ques , & fur le devant aux pages. Woyez Les fig. & les PL, du Sellier. 1 TassEAU , £. m. ( Charp. ) petit morceau de bois, arrêté par tenon & mortaife fur la force d’un comble, pour en porter les paimes. On appelle auf raffeaux, les petites tringles de bois qui fervent à-foutenir les tablettes d’armoire. (Du) T, TASSEAU 04 MANIGLE , fm. ( Lainage.) inftru- ment qui fert aux tondeurs de draps ; pour faire aller les forces avec lefquelles ils tondent les étoftes, Sz= vary. (D, 3.) | ECG 4 TASSEAU, TAT TASSEAU, ferme de Lurhier, moule , ou forme fur laquelle on colle les éclifles qui font le corps d’un luth , ou d’un autre inftrument. (D. J. | TASSER , v. n. ( Széréorom. ) on appelle de ce nom Paffailement d’une voûte , dont la charge fait diminuer la hauteur, & refferrer les joints. (2. J.ÿ TASSETTE , { £ rermed’Armurier, cet tout le fer qu eft au-bas de la cuirafle | & qui couvre les cufles de Phomme armé: onappelle aufiles raffestes, euiflardes, (D. J.) 7: TASSING , ( Géog. mod.) petite île de Danne- marck , entre les iles de Fionie & de Langeland. EL le sa qu'une lieue de long, & autant de large , & cependant elle contient deux bourgs & quelques hameaux, (D. J.) FASSIOT , { m. les vanniers appellent ainf une latte fort mince, & mife en croix, par laquelle ils commencent certains ouvrages de cloture , comme les vans, les vannettes, &c. TASSOT , on donne ce nom dans diverfes provin- ces de France à la falamandre aquatique. 7’oyez SALAMANDRE. : TASTA, (Géog. anc. ) ville de la Gaule, dans PAquitaine, {elon Ptolomée, Z. ZI. c. vij. M. de Valois foupçonne que ce feroït aujourd’hui Montef- quiou , bourg fitué fur POfe , en latin OfFda ou Ofi- dus. (D.J.) TASTATURA , f. f. ( Mufig. ival, ) ce mot qui fignifie les touches du clavier de quelque inftrument de mufique, a été fouvent employé pour fisnifier les priludes , ou fantaifiss, que les maîtres jouent fur le champ, comme pourtâter & s’aflurer f l’inftrument eft d'accord, (D. 7.) TASTO , ( Mufiq. ital. ).ce mot veut dire souche. on trouve quelquefois dans des baffes-continues ces mots, raflo folo , qui fignifie avec une touche fèule, pour marquer que les inftrumens qui accompagnent, fens. (D. J.) | TAUCOLES , f m, (ff. mod. ) feuilles d’atbres dont les Chingulais ou habitans de l’île de Ceylan fe fervent pour écrire ; elles recoivent facilement l’im- preffon du fület, mais On ne peut point les plier fans les rompre. TAUDIS, L m. (Archir. ) petit grenier pratiqué dans le fond d’un comble, d’une manfarde. C’eft auf un petit lieu pratiqué {ous la rampe d’un efcalier, pour fervir de bucher, ou pour quelqw’autre com- modité. Davier, (D. J.) TAVE LA, (Géogr. mod. ) riviere d'Angleterre, au pays de Galles. Elle a fa fource dans Breknok- shire , traverfe Glamorgan-shire, & après avoir mouillé Landaf & Cardif, elle tombe dans le solfe qui forme embouchure de la Saverne. (CET: TAVEBROTECH, f. m. (ff, mar. Médecine.) arbre de l’île de Madagafcar ; on aflure qu’en le met- tant en décottion avec du miel & Le bois de mer ap- pellé par les habitans sengouarach, il fournit un re- mede excellent contre la pleuréfie, la pulmonie, & toutes les maladies de la poitrine. TAVELE, adj. ( Pellerier. ) qui a des taches ou des marques fur la peau. On dit qu’une peau de tigre Ou autreanimal, propre à faire des fourrures, eftéa- yelée, c'eft-à-dire qu'elle efttâchetée ou mouchetée. TAVELER , ere de Pelletier-Fourreur, qui fignifie moucheter l’hermine avec de petits morceaux de peaux d'agneau de Lombardie , dont la laine eft lui- fant & très-noire, TAVELLE, £ £. ( Lainage.) efpece de petite trin- gle de bois très-plate, qui fert à battre la treme de ce qu'on appelle un petit métier, Trévoux. ( D. F, TAVELLE, [. f. (Paflemenrerie.) efpece de pafe- ment fort étroit, qu’on met quelquefois en euife de pañlepoil , fur les coutures des habits , pour les mar- quer. Trévoux, (D. J. TAVELURE, c’eft la bigarrure d’une peau qui eft tavelée. On dit, la savelure de cette peau de tigre eft très-belle. TAVELURE, trie de Fruconnerie, ce mot fignifie des mailles ou taches de différentes couleurs qui fe trouvent fur les plumes de loifeau de proie. (2.J.) TAVERNA, (Géor. mod.) petite ville du rOVau- me de Naples, dans la Calabre ultérieure, fur PAIN. Cette ville a été épifcopale ; mais en 1222 , lévé- ché fut transféré à Catanzaro, Long, 34, 25. larir, 38.42 (D. UF] TAVERNAGE, £ m.(Gram. & Jurifprud.) fignifie quelquefois le droit que les vendans vin payent au feigneur pour la permifion detenir taverne; fouvent il fe prend pour l’amende qui eft dûe par les taver- mers, quand ils ont vendu le vin à plus haut prix .- Forme XV, | j à dé fur les brancards. | T À V 037 Qu'il n'avait été taxé par le juvé, éohane dans l'an pé, ne dans l’an cienne coutume de Normandie, c, +17, Payez le glof, de Lauriere, (4) | TAVERNE, CABARET, HOTELLERTE » AU BERGE , ( Lang. franç.) raverne & cabares fignifent ä-peu-près la même chole ; c’eft un lieu où l’on vend le vin à pot &c à pinte, Hôtellerie fignifie une maïfon où des voyageurs logent & mangent, Auberve eftune maifon où l’on prend des perfonnes en penfion, & où Von va manger ordinairement, Mais pour m'étendre un peu davantage, J'ajouté que Îles savernes, à parler proprement, font les lieux où l’on vend le vin par afliete, & où l’on donne à manger. Les cabarers ont les lieux où l’on vend feu: lement du vin fans nappe & fans affiette , qu’on ap pelle & huis coupé & pot renverft ; cependant le mot de zaverze emporte avec foi quelque idée moins hon- nête & plus bafle que celui de caharer ; la principale taifon en eft que raverne eft plus en ufage dans les édits &t dans les difcours publics contre les ivropnes, que dans la bouche des Parifiens qui {e fervent du mot de cabaret au lieu de celui de saverne, 8e qui lorf: qu'ils parlent des cabarets de province, difent Lévela lerte, Taverne doit venir du latin. Horace dit: Nec vicina fubeff vinum prebere taverna ; Que poffr. Hôtellerie eftun logis garni que tient un hôtellier, où il reçoit les voyageurs, les pañlans ; les loge, les couche & les nourrit pour de l'argent : c’eft un pite fur une ronte. Auberge eft une maïfon où l’on donne à manger, foit en penfion , foit par repas, pour une certaine fomme, Les François ont décoré la plûpart de leurs auberves du nom d’hccel , & les Flamands les ont imi- tés. (D: J.) TAVERNES LES TROIS, voyez TRES TABERNE. COST ( TAVERTIN, ( Géog. mod. ) montagne de l’Afri- que ; au royaume de Fez, proche la vile de Fez, du côté du nord. Elle a des creux de roches fouterrai- nes où l’on conferve du blé fort long-tems, (2.7) TAUGASTE, (Géog. mod.) ville du Turqueftan ; au voifinage de la Sogdiane, près de l’Indus, felon Nicéphore Callifte. (2. J.) TAUGOURS, f. m. pl. ( Méchan.) petits leviers dont on fe fert pour tenir un effieu de chatette b HIT) TAVIGNANO ee, ( Géog, mod, ) riviere de l’île de Corie. Elle a fa fource versle milieu de l’île > & fe dégorge dans la mer, entre l'embouchure de lé tang de Diane & celle de l'étang d'Urbain, ( D.7) T'AVIRA ox TAVILA, ( Géog. mod. ) ville de Por- an- tugal, dans {a province d'Algarve, dont elle ef la ca pitale. Elle eft fituée fur le bord de la mer ,.à l'em- bouchure du Gilaon , entre le cap de S, Vincent & le détroit de Gibraltar. Elle n’a que deux paroi es Cd un hôpital & quatre ou cinq couvens. Sa forterefiz a été bâtie parle roï Sébaftien. Son port eft un des meilleurs du royaume, & la campagne des environs Étbe eft égaiement agréable & fertile. Long, 9. 55, La AO) ee, TAVISTOCK ox TAVESTOCK,, (G é0g, mod.) ville d'Angleterre , en Devonshire, fur la droite da Taw. Elle doit fon origine à un ancien monaflere qui fut détruit par les Danois, Malmesbury rapporte que de fon tems cette ville étoit agréable par R com- modité de {es bois, par la ftruéture de {es églifes & par les canaux tirés de la riviere , qui couloient de- vant les boutiques , & qui emportoient toutes les immondices, Long. 13.35. latir. 50.30. Le poëte Browne ( Guillaume ) naquit dans cette ville, vers l’an 1590, & mourut en 1645. Après ayoir fait fes études à Oxford, il entra chez le comte LM ‘pi CECccci 938 TAU de Pembroke qui lui témoïgna beaucoup d’efime , & il ft fi bien fes affaires dans cette maifon, quil fe vit en état d'acheter une terre; mais fes poëfies paf- torales imprimées en 1625 à Londres, en deux to- mesir-8°, lui procurerent une grande réputation, àc elle n’eft pas encore perdue , fi je m'en rappotte au jugement de M. Philips & autres, dans leurs vies des lus célebres poëtes angloïs. (D. J.) TAVIUM, ( Géogr. anc. ) ville de la Galatie, dans le pays des Trocmi. Strabon, li. XII. p. 567, après ‘avoir donné à cette ville le titre de Caffellum, lui donne celui d'Erporium. Pline, L. #. ch, xxxiy. dit que c’étoit la premiere place des Trocmi , & Ptolo- mée, L. V.c.iv. la nomme la premiere, comme la métropole de ces peuples. (D. PL TAULAC, . m. ( Miff, rat. Minéralog.) nom don- né par les peuples des Indes orientales à une efpece d’orpiment qui y eft fort commun, Il eft d’un jaune fale, en partie compofé d’une mafle irréguliere, &c en partie de petites lames femblables à des écailles de poifon; toute la mafle étant expofée au feu, brüle, jette des fumées abondantes, &c fe fond lentement ; les Indiens, après lavoir calciné plufieurs fois, en font ufage dans les fievres intermittentes. Wood- ward, catal.foffil. (D.J.) \ TAULANTI, (Géog. anc. ) peuples de Plllyrie’, felon Thucydide, y. 1. quiles dit voifins d'Epidam- num. Polybe, 2. ZI. Tite-live, 2. ÆLII. c. xx. & Ptolomée,/. III. c. xiij. font aufli mention de ce peu- ple. (D. J. ) TAUMALIN ou TAOMALI, f. m.ce mot en lan- gage caraibe, fignifie fauce, à quoi la graïfle des cra- Des & des tourlouroux a beaucoup de rapportpar fon état naturel; auffi dit-on communément dans le pays un saumalin de crabe, un raumalin de tourlouroux ; cette fubftance étant cuite, n’a point le fafidieux des autres graifles ordinaires: c’eftune efpece defar- ce compoiée par la nature dans le corps des animaux de l’efpece des chancres; elle n’a befoin d’aucun af- faifonnement ; fa délicateffe furpañle celle des fauces les plus fines; fon goût eft exquis, & ne peut fe comparer. TAUNTON , ( Géog. mod.) ville d'Angleterre en Sommerfetshire, {ur la rive droite du Taw, dans, une agréable fituation. Elle députe au parlement, & a droit de marché. Ses environs offrent de charman- tes prairies, de beaux jardins, &t un grand nombre de jolies maifons de campagne. Long. 142 19, latir. $1,22. (D. J.) | TAVOLARO , ( Géog. mod. } petite ilefur la côte orientale de la Sardaigne, à embouchure du gol- he de Terra-Nova. C’eft, à ce qu’on crôit l’Hermæa Infula de Ptolomée, 2. II. c. ig. (D. SE) 0 ET TAVON , £. m. ( Æifk nat. Ornitholog. ) oïfeau de mer des îles Philippines ; il eft noir , plus petit qu’une poule, mais il a les piés & le cou fort longs. Ses œufs qu'il pond fur le fable, font aufh gros que ceux d’une oie ; on aflure que lorfque les petits font éclos, on ytrouve le jaune entier , ëe qu'ils font auf bons à manger qu'auparavant. On prétend que la fe- melle raflemble fes œufs quelquefois au nombre de quarante ou cinquante, qu'elle enterre fous le fable; lorfque la chaleur du foleil les a fait éclore, ils fortent du fable , & la mere qui eftperchée fur un arbre, par {es cris les excite à forcer les obftacles &c à venir au- près d'elle, | “TAUORMINA oz TAORMINA , ( Géog. mod. ) anciennement Tauwromenium , Ville de Sale, dans le val Demona, fur la côte orientale de l'ile, entre le golphe de Saint-Nicolas au nord, & Caftel-Schifo au midi. Elle a eu le titre de colonie, & lon y voyoit encore dans le feiriemefiecle, quelques ruines d'un temple d’Apollon, où les habirans alloient confulter fon oracle , lotfqu'ilsentreprenoient de voyager hors TAU de Pile. Long. 33.12. lait. 57. 49. (D. J.) TAUPE , £. f. (Hifk nat. Zoolog.) animal quadru- pede quia environ cinq pouces de longueur depuis le bout du mufeau jufqu’à la queue. La saupe vitfous . terre ; elle eft noire ; cependant il y en a aufli des blanches, & d’autres qui ont le corps comme mar- bré de taches noires & detaches blanches. Lepoileft doux, court &c épais; le mufeau reffemble au groin du cochon ; le cou, les jambes & la queue font très- courts. Il y a cinq doigts à chaque pie ; ceux de de- vant font très-larges, & ont des ongles plus grandes que ceux d'aucun autre ammal à proportion de la grandeur du corps. Les piés de devant ont par leur conformation plus de rapport à des mains qu'à des piés ; a paume eft tournée en-arriere , &c les doigts. font dirigés obliquement en-dehors & en-bas, & très- propres à jetter laterre à côté êten-arriere, lorfque Vanimal la foule pour s’y cacher. Les yeux font ex- trèmement petits , en partie recouverts par la peau, & entierement cachés fous le poil ; on ne peur les trouver qu’en l’écartant à Pendroit de chaque œil. La taupe de Virginie differe de la saupe de ce pays en ce qu’elle ale poil de couleur noirâtre , luifant & mêlé d’un pourpre foncé. La raupe rouge d'Amérique n’a que quatre doigts aux piés de derriere, &c feulement trois à ceux de devant ; le doigt extérieur des piés de devant eft plus FRE que les deux autres ; il aaufli un ongle plus fort, plus long , pointu &t un peu recourbé. Le poil eft d’un roux tirant fur le cendré clair. Au refte la zaupe rouge d'Amérique reflemble à la zawpe de ce pays-ci. La raupe dorée de Sibérie reflemble à la précé- dente par la conformation des piés ; elle a le nez plus court que celui de la saupe de ce pays-ci; maïs elle eft de la même grandeur. Le poil a diverfes cou- leurs; le verd & la couleur d’or y dominent, Rega. anim, Voyez; QUADRUPEDE: TAUPE , (Mar. méd.) Le fage Juncker lui-même compte le cœur & le foie de sæwpe parmi les bons remedes des convulfons épileptiques : mais c’eft un éloge bien modefte , en comparaïfon de celui que Les anciens pharmacologiftes ont fait de layazpe ; ils ont mis parmi Les remedes fa chair, fa tête, fon fang , fa oraifle & fur-tout fes cendres. Mais tous ces préten- dus remedes , & même celui dont parle Juncker, font abfolument inufités. Le bouillon de saupe eft un remede de bonne- femme pour guérir les enfans de l’incommodité de pifler au lit. () | TAUPE DE MER. Voyez SCOLOPENDRE. TaAUPE-GRILLON. Voyez COURTILLIERE. Taure, f. f. ( Chirurg.) efpece de tumeur dure, qui furvient à la tête, avec une ouverture par la- quelle on peut exprimer la matiere ténace. Cette tumeur eft un follicule membraneux , contenant une matiere grofliere, & ayant un trou au milieu. Ce petit rélervoir qui contenoit auparavant une hu- meur fluide, fe remplit d’une matiere épaïfle , parce que ce qu'il y a de plus conftant s'évapore, &c ce qui refte s’épaifñit toujours davantage, la tumeur recevant toujours une nouvelle matiere , devient toujours plus dure; Les liqueurs qui couloient dans la membrane s’y arrêtent & la gonflent; d’un autre côté, les vaifleaux fanguins étant comprimés, le fang y coule plus lentement, s’y dépouille de fa partie fluide, & forme une couleur noire. Il fem- ble réfulter de-là qu'il y a des réfervoirs où fe ramafle la matiere que filtrent les arteres des ré- fervoirs qui font voifines des conduits excrétoires. Voyez Taipa. (D. J.) TAUPIERE, f. f. terme de Jardinier. forte de ra- tiere de forme ronde ou quarrée, qu’on fait de fer blanc eu de bois, & dont on fe fert dans les jardms | TAU pout prendre les rats & les taupes, (D. J.) TAUPINIERE, f. f. serme de Jardinier, petit mon- ceau de terre qu'une taupe a éleyé en creufant deflous. TAUPKANE , f. m. zerme de relat. arfenal d’ar- tillerie chez les Turcs : il eft fitué à la pointe qui re= garde Le ferrail hors des murs de Galata; saupkane veut dire place des canons. (D. J. TAURANIA, (Géog. anc.) ville d'Italie dans la Campanie : elle ne fubfifloit déja plus du tems de Pline, Z. ZIL. c, v. Ib eft fait mention dans Pompo- mius Méla, Z. IL. c. iv. d’une ville nommée Tuwri- num; & dans Strabon, Z. WI. p, 254. d’une contrée appellée Tauriana ; mais tout cela n’a rien de com- mun avec la Tauriana de Pline, quoique Cafaubon ait cru le contraire. Le Tazrinum de Pomponius Méla, & la sauriana regio de Strabon , étoient dans le Bru- tium, au-lieu que Pline marque la ville de Tuura- nia dans la Campanie. (D. J.) TAURASIN], campr, ( Géog. anc.) plaine d'Italie , dans la Sabine, au voifinage de la ville Maze- ventum,felon Tite-Live,Z. IF. c, xx. Le même auteur l’appelle dans un autre endroit, Zik. XL. c. XV) , taurafinorum ager , &t il dit qu’on y tranfporta des Li- guriens. (D. J. TAURCA, ( Géog. mod.) peuplade de Béréberes en Afrique, au royaume de Tunis, & au-dedans du pays. Son circuit eft de plus de vingt lieues. Cette contrée abonde en dattes & en froment. (D. J.) TAURE, ff. (Econom. ruf.) ce mot fe dit non- feulement d’une génifle qui n’a pas fouffert les ap- proches du taureau, mais encore d’une jeune vache qui n’a point encore vélé, quoiqu’elle foit pleine. C’eft Pufage général des gens de la campagne : ils étendent même ce nom de raure à toute jeune va- che qui a eu un ou deux veaux. ( D. J. TAURE A, (Lirétérat.) punition d’ufage chez les Romains : elle confiftoit à fouetter avec un fouet fait de lanieres de cuir de taureau. (D. J.) TAUREAU, NERF, ( Mar. méd.) priapus tauri. Voyez Bœur. ‘ TAUREAU-VOLANT. Yoyey MOUCHE-CORNUE. TAUREAU-CERF , ou TAUREAU-CARNIVORE, taurus-carnivorus des anciens, dont on a promis au mot Jukotyro , de parler avec quelqu’étendue , -on va tenir parole. Agatharchide le cnidien qui vécut autour de la cent cinquantieme olympiade , environ cent quatre- vingt ans avant la naïflance de Jefus-Chrift, eft le premier parmi les anciens, qui fafle mention de ce bœuf grand & carnacier. Il en donne une defcription fort ample dans les reftes de fon sraité de la mer Rouge, confervés par Photius dans fa bibliotheque, & qui ont été pareillement imprimés avec fa vie dans les Geographie vetenis fériptores græci minores , publiés par M. Hudfon. L 1l paroïtra par ce qui fuit, que la plupart des au- teurs qui ont vécu après lui, n’ont fair que le co- pier. Voici le chapitre où il traite de cet animal, fe- lon la tradu&tion de Laurentius Rhodomannus , de fauro-carnivoro. Omnium , que adhuc commemorawvi , immariffimum & maximè indomitum ef? taurorum ge- ZUS., quôd carnes vorat, magnitudine craffius domef- #icis , 6 perniditate antecellens, infigniter rufium. Osei ad aures ufque deduëlum. Vifus glauco colore magis rutilat quäm leoni. Cornua alias non.fecès atque au- Tes mOvet, [ed in pugné ,ut firmo tenore confiffant facit. Ordo pilorum inverfus contra quam aliis arimantibus. Beffias etiam validiffimas aggreditur, & cœteras omnes Vénatur, maximèque greges incolerum infeflos reddit Mmaleficio. Solèm eftarcu & lnnced vulnerabile. Quod t2 caufa eff, ut nemo id fubigere, quamvis mulri id ten- “arint ; valuerits in foffam tamen, aut fimilem ei do- dum, ft quandd incidit, præ anim férocié cird Jaffoca- LA 0 939 tir, Ided relè putatnr, efiam à troglodyris , fortitudiné lors € velocitate equi, € robore tauri P'&ditum , Jerroque cedere nefcium. = Diodore de Sicile, dans le JII, Hy. de fa Piblio- theque , n’a fait que copier Agatharchide, même juf= qu’à fe fervir, à peu de chofes près, de fes propres paroles, Il a ajouté néanmoins les particularités fui: vantes : que fes yeux reluifent de nuit; qu'après avoir tué d’autres bêtes, il les dévore: & que ni la force &c le courage des bergers, ni le grand nombre de chiens, ne font pas capables de lef- frayer quand il attrape des troupeaux de bétail. Le paflage fuivant qui a du rapport au même ani- mal , eft tiré de Strabon. Suns & ibidem, in Arabié : tauri feri, ac qui carnem edant, noffros magnitudine & celeritate longè fiperantes, colore rufo, Pline paroït auf avoir copié Agatharchide. Ses paroles font : Sed atrociffimos habez Æthiopia tauros Jÿtvefires | majores agreftibus, velocitare anve omnes, colore fulvos, oculis cærukeis , pilo in contrarium verfo, ritlu adaures dehifiente, juxtà cornua mobilia, fergort duritia filicis, ornne refpuens vulnus. Feras om- nes verantur , 1pf2 non aliter quam foveé capti forisate intereun£, Le même auteur, dans le x4y. chapitre du WIIT. livre de {on Hifloire naturelle, fait men- ton d’une efpece de bœufs d'Inde: Boves indici , quibus camelorum alsitudo traditur, cornua in letitu= dinem quaternorim pedurm. Il eft trés-probable que ces bœufs-d’Inde font les mêmes que ceux d’Ethiopie décrits ci-deflus, prin- cipalement fi on fappoie que les copiftes de Pline ont écrit Zaritudinem, auieu d’alrisudinem. Salinus n’a fait que copier Pline, avec cette feule différence, qu'il les appelle irdicos tauros , laureaux des Indes ;au-lieu que Pline lui-même les décrit parmi les animaux d’Ethiopie. Ceci ne doit pas pourtant paroïtre étrange , Quand on confidere que l’Ethio- pie a été comprife parmi les Indes par quelques auteurs anñçiens. La defcription qu’Elien donne de ces animaux eft patfaitement conforme à celle d’Agatharchide y & il femble l'avoir empruntée de lui : il en fixe la gran- deur au double de la grandeur des bœufs ordinaires de la Grece. IL y a encore un autre paflage dans Elien fur ces bœufs d’'Ethiopie; le voici. Prolomeo fecundo ex 1n- dié cornu allatum ferunt | guod tres armphoras caperet : unde conjicere poffumus bovers illum , à quo ejufmodi cantim Cornu extitiffet | maximar fuffe. Ludolf, dans {on hiftoire d’Ethiopie , parlant de ces grands bœufs éthiopiens, conjeture que ce font les saurelephantes que Philoftorgius le cappadocien dit avoir vu à Conftantinople de fon tems. Les pa- roles de Philoftorgius citées par Ludolf, font ; 4ubee & cerra illa, maximos & vafiiffimos elephantas , Un0 € taurelephantes | ut vocartur , quorum SEAUS quUOnd cœ- tera Omnia, bos maximus eff, corio vero coloreque ele- Phas, 6 fermè etiam magmitudine. Il paroït des paflages que je viens de citer, qu'il y a en Ethiopie, & felon toutes les apparentes, auf dans les contrées Méditerranées de l'Afrique, où fort peu de voyageurs ont jamais pénétré, unetrès- grande efpece de bœufs, pour lemoins deux fois auf grands que nos bœufs ordinaires , avec des cornes d’une grandeur proportionnée , quoiqu’autrement ils en different en bien des chofes. Il faut cependant fe dé- fier de toutes les relations des chofes extraordinaires faites par les anciens , le fabuleux y étant prefque toujours mêlé avec le vrai. Maïs quant à cette grande efpece de bœuf, quel- ques auteurs modernes nous affurent qu'il ÿ a un pa- reil animal dans ce pays-lÀ, quoiqu’aucun , que je fache, n’en ait donné une defcription fatisfaifante, Ludolf dit feulement qu’il ya en Ethiopie des bœuf 946 1 \ À d'une gtandeur extraordinaire, deux fois auf grands que les bœufs de Hongrie, & qu'ayant montré quel- s; ; pit / . ques bœufs d'Allemagne des plus grands à Grégoire. Abyflinien (les écrits &z la converfation duquel di fournifloient les mémoires ee {on ouvrage ), il fut afluré aw’ils n’étoient pas d’une grandeur, moyenne comparable à ceux de fon pays. | Il ef fair mention auffi dans divers endroits de let- tres des jéfuites , de la grandeur de ces bœufs ; & le même Ludolf cite le paflage fuivant , tiré d’une let- tre d'Alphonfe Mendez, patriarche d'Ettiopie , da- tée le 1 Juin 1626: buoi grandiffimi, di corna fmifu- ramente groffe è lunghe , talmente che nella corna di craf* cuno di elle potea capire un otre piccolo di vino : c’eft- à-dire, des bœuf très-grands, avec des cornes fi lon- gues &c fi épaifles, que chacune pourroit contenir un petit outre de vin. Woyez l’article SUKOTYRO. (D.J.) | TAUREAU-FARNÈSÉ, (Seulps. antig.) morceau de fculpture antique qu’on a trouvé tout entier , & qui fubüfte aujourd’hui à Rome ; il eft ainfi nommé, parce qu'il fe voit dans le palais Fernèfe. Cet ouvrage de la main d’Apollonius & de Tau- rifcus a été fait d’un même bloc de marbre jufqu’aux cornes , &c fut apporté de Rhodes à Rome. Ceft un grouppe de fept figures. Une femme ( Dircé ) paroit attachée par fes cheveux à une des cornes du raz reau ; deux hommes s'efforcent de la précipiter avec le saureau dans la mer du haut d’un rocher ; uneautre femme & uh petit garçon, accompagnés d’un chien, regardent ce fpectacle efrayant. ‘Ce monument eff fort confidérable par fon éten- due & pat fa confervation. Il y a dix-huit palmes de hauteur qui font douze de nos piés &c quatotze pal: mes de largeur en tout fens, qui valent 9 piés &r =. Ce grand grouppe a été plnfeurs fois expliqué de- puis le renouvellement des arts, parce que fonéten- due a frappé les favans. Properce lui-même er parle, 1, III. eleg. xii. En voici le fujet en peu de mots: Dircé, femme.de Lycus, roi de Thebes, traita fort inhumainement pendant plufeurs années la rei- ne Antiope que Lycus avoit répudiée, & qui étoit la mere de Zéthus & d’Amphion ; mais Dircé étant enfuite tombée fous la puiflance de ces deux princes, ils Pattacherent aux cornes d’un raureau indompté, & la firent af périr miférablement. Voilà le trait d'hiftoire au’Apollomus & Taurifcus ont voulu re- préfenter ; voici préfentement quelques remarques de M. de Caylus fur lexécution de Part. On a peine, dit-il, à reconnoître Dircé dans lou- vrage des deux artiftes. Les deux freres font d’un affez bon ftyle, ils ont l'air feulement de vouloir ar- têter le saureau qui paroît fe défendre , & être au moment de renverfer une figure de jeune femme dra- pée, qui femble , par fon mouvement, aller plutôt au-devant de ce même saureau, que d’être condam- née au fupplice qu’on lui prépare ; & la difpoñition de toute la figure n'indique rien qui ait rapport à fa trifte fituarion, À côté, prefque derriere le sureau, on voit une figure de femme drapée & debout, qui vraiffemblablement eft Antiope; mais elle ne grouppe avec les autres figures ni d’aétion , ñ1 de compofñ- tion, La cinquieme figure à demi-drapée & qui re- préfente un pâtre , eft diminuée de près de moitié, quoiqu'elle foit pofée fur le plan le plus avancé. In- dépendamment de ce ridicule, elle eft de mauvaife maniere , & n’eft liée en aucune façon aurefte du grouppe. Le chien, dans fa pofture, paroît ne fervir arien. En un mot, felon M. de Caylus,, il y a plus de magnificence dans-ce morceau, que de favoir & de goût. Il eft vrai que Pline n’en fait aucun éloge. (D.J.) TAUREAU DEMITHRAS, (Morum, antiq.) on voit gommunément Mithras fur un saureau | dont il tient F A ÙÜ les cothes de fa main gauche , tandis que de l’autre il lui enfonce un poignard dans le cou. On ne fait pas trop ce que veut dire cet emblème ; du-moins jé n’en connois point de bonne explication. Si Mithras repréfente le foleil, que défignent les cornes du 47- reau ? Eft-ce la lune, eft-ce la terre ? Et fi c’eftl’une ou l’autre , que fignifie ce poignard qu'il lui plonge dans le cou Dr DT.) sr \ FPE TAUREAU, L m.ez Affronomie, c’eft un des douze fignes du zodiaque , & le fecond dans l’ordre des f- ones. Voyez SIGNE & CONSTELLATION. Suivant le catalogne de Prolémée, il y a quarante: quatre étoiles dans la conftellation dusazrezu ; qua tante-un, felon celui de T'ychon ; dans le caralogué anoglois , cent trente-cinq. FAUREAUX, combais de ; ( EHif?. mod.) fètes trèss célebres & très-ufitées parmi les Efpagnols qui les ont prifes des Mores, & qui y font fi attachés, que ni le danger qu’on court dans ces fortes d'exercices, ni les excommunmications que les papes ont lancées contre ceux qui s’y expofent, n’ont pu les en dé- prendre. Ces fpeétacles font partie des réjouiffances publi= ques dans les grands événemens, comime au mariage des rois, à la naïiffance des infans ; on les donne dans de grandes places deftinées à cet ufage en préfence du roi & de la cour, des mimfires étrangers, & d’un nombre infini de fpeétateurs placés fur des amphi- théatres dreflés autour de la place. Voici à-peu-près ce qui s’y pafle de plus remarquable. À l’un des coins de la place eft un réduit appellé tauril où voril, capable de contenir trente où qua- rante saureaux qu'on y enferme dès le matin. Lorf que le roi eft placé fur fon balcon , fes gardes s’em- parent de la place , en chaflent toutes les perfonnes inutiles pour la laiffer libre aux combattans ; quatre huifiers-majors vifitent les portes de la place ; & loriqu’ils ont aflüré le ro1 qu’elles font fermées, fa majefté commande qu’on fafle fortir un taureau. Ces jours-là les combattans font des perfonnes de qua- lité, & ils ne font vêtus que de noir, mais leurs crea dos ou effafters font richement habillés à la turque, à la morelque, &c. On nelâche qu'unsaureauà-la-fois, &t on ne lui oppofe qu’un combattant qui Pattaqué ou avec la lance , ou avec des efpeces de javelots qu’on appelle re/onnes. On ouvre le combat fur les quatre heures du foir, le championentre dans la car- riere à cheval, monté à la genette, fuivant l’ufage du pays, c’eft-à-dire fur des étriers tellement ra- courcis que fes piés touchent les flancs du cheval. Le cavalier , accompagné de fes creados, va faire la ré- vérence au roi, aux dames les plus apparentes , tan- dis que, dansletauril, on irrite le saureau , qu’on en che quand il eft en furie. Il en fortavecimpétuofité & fond fur le premier qui Pattend , mais le combat- tant Le prévient en lui jettant fon manteau , fur le- quel animal pafle fa premiere fougue en le déchi- rant en mille pieces ; c’eft ce qu'on appelle fzerce buena, À ceux qui l’attendent de pié ferme, le sav reay n'enleve quelquefois que leur chapeau , quel- quefois il les poufle en l’air avec fes cornes , & les blefle ou les tue. Cependant le cavalier, en latta- quant de côté , tâche de lui donner un coup de ja- velot ou de lance dans le cou , qui eft l’endroit favo- * rablepourletuer d’unfeul coup. Tandis que lesaureau attaque & combat, il eft défendu de mettre l’épée à la mainpourletuer. Mais filecheval ducombattantvient \ À em ° A ! . : à être bleflé, ou lui-même defarçonné, alors il eft obli- gé d'aller à pié & le fabre à la main fur le saureau 3 c’eftce qu'on nomme erpeno ; & les trompettes don-: ñent le fignal de ce nouveau genre de combat , dans lequel les creados & les amis du cavalier accourent dans l’enclos l’épée à la main , & tâchent de couper les jarréts au seureau ; la précipitation oulatémérité font qu’il en coute fouvent la vie à plufeurs : ce- pendant il s’en trouve d’aflez adtoits pour couper une jambe au saureau d’un feul coup, fans lui donner prife fur eux : dés qu'il eftune fois abattu , tous les combattans fondent fur lui l'épée nue , le frappent d’eftoc &c de taille jufqu'àce qu'il foit mort , &qua- tre mules richement caparaçonnées le tirent hors de la carriere, Enfuite de quoi on en lâche un autre, & ainfijufqu'à vingt-trois. Ce n’eft pas feulement à Ma- drid êt dans les autres grandes villes, maïs encore dans les bourgs & les villages qu’on prend ces diver- üflemens, Jouvain , voyage d’'Efbagne. _ TAUREAU , l'ile du, (Géogr. mod. ) petite île de France, en Bretagne , dans le diocèle de Tréguier, Elle eft fituée à l'embouchure de Morlaix , & défen: due par un port. ( D. J.). | TAUREDUNUM CASTRUM , ( Géogr.) châ- teau du Vallais ; fur une montagne près du Rhône, felon Gregoire de Tours. Z IF. ec. xxxj. Bellefo: rêt & M.Corneille, tops par la reflemblance du nom, Ont dit que Tezredurum caffrum étoit la ville de Tournon dans les Cévennes : mais ils n’ont pas fait attention que ce château devoit être au-deflus de Genève, par conféquent bien loin des Cévennes. Une ancienne chronique met Tazredunum Caftrum , ou z20ns Taureturieus, pofitivement dans le Vallais. Hoc anno , dit cette chronique, (ann. 583 de J.C.) mons validus Tauretunenfts in territorio Valenfi , isa Jubito ruit , ut cafirum cut vicinus erat G vicos cum om- aibus habitantibus | oppreffiffler, &c. Cette chronique ajoute que, par la chûte de cette montagne, le lac de Genève fe déborda tellement, quil renverfa plu fieurs anciens villages qui étoient bâtis fur fes bords, ê&c un erand nombre d’églifes ;. que le pont de Ge- nève en fut emporté, ainfi que les moulins, & qu'il entra dans cette ville une f grande quantité d’eau qué plufieurs perfonnes furent fubmergées. Ce defaf. tre eft rapporte plus au-long dans Gregoire de Tours. (D. J:) TAUREIA , f. f. (Antiq. greg.) raupelaæ ; fète chez: les Grecs.en l'honneur de Neptune, d’où la ville de Cyzique a pu donner le nom de raupécu au mois où elle célébroit cette fête. On appelloit auf, à ce qu'il femble , Tauréon le lieu de laflemblée. Elle étoit fo- lemnelle 8 compofée de trois collèges de prêtreffes, &c les facrifices qui étoient offerts occafñionnoient une dépenfe.confidéräble. Les. facrificatrices , furnom- mées raritimes , devoient être confacrées aux divi- nités de la mer, &t principalement à Neptune. Cette fête duroit pluñeurs jours. Il paroït queles prêtrefles étoient chargées par fondation ou autrément des frais de la fête. Clidicé, grande prêtreffe de Neptune, leur avoit fait préfent de fept cens ftateres pour la dépenfe d’une feule folemnité, ce qu’on peut éva- luer à la fomme de vingt mille trois cens livres de notre monnoie, Aruiq. greg. du C. de Caylus, rome LI. CHATS TAURENTINUM , ( Géogr. anc..) lieu de la _ Gaule, furle bord de la Méditerranée, au voifinage de Marfeille. L'itinéraire d’Antonin écrit Taurentum. On croit que c’eft aujourd’hui Le port de Toulon. D: 1 ( RE ; ( Géog. anc. ) ville de la Darda- me européenne, au-delà du territoire de Duras, pro- che du fort de Bédériane , felon Procop. Æd:f 1. IF. c. J. Ceft de cette ville , ajoute-t-il, d’où Juftinien, le réparateur de l'empire, a tiré fa naïffance. Il la fit clore d’une muraille en quarré, éleva quatre tours aux quatre côins , & fonda tout proche une autre ville, qu’il nomma la premiere Juftiniene. T'aurefum eft donc la patrie de Juftinien ; & voici le tableau de fon regne, par l’auteur de la grandeur & de la décadence des Romains. | Quoique Béhifaire eût envahi Afrique, repris Car- : thage, Rome & Ravenne fur les ennem * JIT. c. iv. le marque fur la côte de la mer d FAU 941 is, la mau- ons , {es ve- dechanger, deffeins , un mode par une réels, mêlés à vale conduite de leñpereur, fes profuf xations , {es rapines , fa fureur de bâtir } de réformer, {on inconftance dans fes regne dur & foible devenu plus incom longue vieilleffe, furent des malheurs des fuccès inutiles & une gloire vaine. Les conquêtes\ide Bélifäire qui avoient pour caufe non la force de Pempire , mais de certaines circonf- tances particuheres, perdirent tout. Pendant qu'on y occupoit les armées, de nouveaux peuples pafle- rent le Danube , défolerent lillyrie, la Macédoine ë& la Grece; & les Perfes, dans quatre invañons, f- rent à l'Orient des plaies incurables, Plus ces con= quêtes furent rapides , moins elles eurent un établif- fement fohde ; lItahe & Afrique furent à peine conquifes , qu'il fallut les reconquérir. Juftinien avoit pris fur le théatre u s’y étoit long-tems proftituée : elle je un empire quin’a point d'exemple da St mettant fans celle dans les afair les fantaifes de fon fexe, elle corro & les fuccès les plus heureux. Le gouvernement de ce prince n’étoit pas feule- ment peu fen{é, mais cruel. Juftinien ñnôn-content de faire à fes fujets une injuftice générale en les accaz blant d'impôts exceflifs, Les défoloit pat toutes fortes de tyrannies dans leurs affaires particulieres. Enfin ce qui mit le comble À linjuftice de fon gou: vernement ; c'eft d’avoir détruit par Pépée où par fes lois les feétes qui ne dominoient pas, c’eft-à- dire des nations entieres. Quant aux forts qu'il fit bâtir, dont la lifte couvre des pages dans Procope ce ne font que des monumens de la foiblefe de lempire fous le regne de ce prince. 11 mourut lan 566 Gé PIC à 84ans, après en avoir tegné 38. (2. J. TAURI , (Géog. anc.) peuples de la Sarmatie eu- ropéenne, felon Tacite, Anal. /, XII. Cés peuples font aufh connus {ousle nom de Taurofiyches. (D.J.) TAURIANA REGIO , (Géog. anc.) contrée d'I- talie, dans la Lucanie , au-deflus du pays des Tu- rions , felon Strabon , Z, PT. p. 254. (D. JT.) T'AURTANUM , (Géog. anc.) ville d'Italie , Chez les Brutiens, felon Pomponius-Mela » Liv. ET, c. iv, & Pline, %5. IT. c. y. quelques exemplaires de ce der- mer portent Torvenum pour Taurianum ; on voit en- core les ruines de cette ville auprès du village de Pa- lena ; elle étoit voifine du port d'Orefte, appellé au- jourd’hui Porso-Ravagliofo. (D. JT) | TAURTANUS-SCOPULUS, (Geog.anc.)rocher d'Italie, chez les Brutiens , felon Ptolomée ; Qui, À e e Tyrrhe- della nave. ne femme qui 2Ouverha avec nsleshiftoires ; es les paffions & mpit les viétoires né; On nomme aujourd’hui ce rocher pierra ou fimplement zave. (D. J. FAURICORNE , (Myshol.) furnom donné à Bac. chus, parce qu’on le repréfentoit quelquefois avec une corne de taureau à la main ; cette corne étoit un fymbole fort convenable à Bacchus. (CSE TAURIES, ff. pl. (Anrig. grecq.) fêtes célébrées chez les Grecs, en l'honneur de N eptune. Dans les RER De Re taurtes , On n’immoloit à ce dieu que des taureaux noirs. Voye Potter, 4rchæol. grec. £ les détails au 704 TAURETA. (D.J.) TAURILIENS , Jeux , (Antiq. rom. ) Taurilia : jeux inflitués par Tarquin le Superbe, enl’honneur des dieux infernaux. On les nommoit Taurilia , {elon Servius, parce qu’on leur immoloit une vache fté- tile , saura ; mais Feftus croit avoir plus de raïfon, que ces jeux furent appelés sazrisia, parce qu’on leur facrifioit un taureau, dônt la chair étoit diftri- büée au peuple. Il yavoit chez les Romains trois for tes de jeux, en l'honneur des divinités infernales ; fayoir, les jeux sauriliens , les compitaux & les t6- om, 1, p, 432, & 942 TAU rentims. Les premiers étoient célébrés rarement, & : toujours hors de Rome , dans Îe cirque Flaminien , de crainte d'évoquer en la ville les dieux des enfers. Les féconds fe folemnifoient dans les carrefours, en l'honneur des dieux Lares ; &les derniers fe faifoient dans le-champ de Mars, de cent en cent ans, à la gloire de Pluton & de Proferpine. (D. 1.) TAURINI, (Géog. anc.) peuples d'Italie, au-delà du PÔ , par rapport à la ville de Rome. Pline, Z XF, c. x. & Ptolomée, Z. IH. c. j. en font mention. Ces peuples habitent aujourd’hui le Piémont. (D. J.) TAURIQUE ; (Mythol.) furnom de Diane, parce quelle étoit honorée dans la Cherfonèfe zaurique. D. J. : une , facrifice, (Antiqg. rom.) Jacravaurica, facrifices qui fe faifoient à l'honneur de Diane, fur- nommée Taurique, parce qu’elle étoit fpécialement honorée chez les Taures., peuples de la Cherfonèfe taurique. (D. JT.) | | TAURIS ox TABRITZ, (Géog. mod.} ville de Perfe, capitale de la province d’Adherbipian qui fait partie de l’ancienne Médie. Elle eft fituée au bout d'une plaine , & environnée de montagnes de trois côtés , de la même maniere qu'Erzeron , & elle jouit d'un air auffi inconftant qu'Erivan. Un ruiffeau, ou ‘plutôt un torrent, baigne une partie de cette ville. Le circuit de Tauris eft,, dit-on , de 30 milles ; ce wil y a de fàr, c’eft qu'elle eft remplie de jardins & de grandes places publiques , qui font de vrais champs. Les mofquées font belles &c nombreufes. Les vivres fent à grand marché dans cette ville. Ses habitans y font un commerce -continuel avec les Turcs, les Arabes , les Géorgiens, les Mingréliens, les Indiens , les Mofcovites & les Tartares. Ses Ba- zars font couverts & garnis de riches marchandifes , entrautres d’étoffes de foie, & de belles peaux de chagrin. On compte dans Tauris plus de cent mille ames. On eftime fa fondation à l’an de l'hégire 75. Tamerlan s’empara de Tauris an 795. de l'hégire. Soliman s’en rendit maître fur Schah.Thamas, roi de Perfe, l'an 955. de Fhégire. Amurat IL. fultan des Turcs, reprit la même ville que Soliman avoit aban- donnée , l’an 992 de lhégire. | | Tauris et la Gabris de Ptolomée, nom qui convient £ort bien à la fituation de Tauris, que les Arabes ap- pellent Tabris, | RM R Je fai que l'opinion commune eft que Tauris té- pond à la ville d’Echatane ; Chardin, Oléanus, Her- bert & autres, font de cette.opimon, qui a aufhiété adoptée par de célébres géographes ; mais elles ne peutfubffter , fi Pona égard à tout ce que Les anciens nous ont dit de la Médie , &z aux diftances qu'ils nous ont données de cette capitale aux autres villes de ce pays. D'ailleurs, fi Ecbatane avoit été à la partie £eptentrionale de la Médie, comme ef la ville de Taw- ris, elle n’auroit pas été à portée d'envoyer du fe- cours à Babylone, comme le dit Xénophon, & au- toit aufü été trop éloignée vers le nord, pour avoir été fur la route d'Alexandre, qui alloit d’Opis aux portes Cafpiennes, comme il paroït par les hiftoriens qui ont décrit les expéditions de ce prince. Ces par- ticularités reviennent parfaitement à la fituation de Ja ville d’'Amadan, qui eft la feconde ville de Perfe, our la grandeur: ce qui eft d'autant plus vraiflem- blable , que lorfque l’Ecriture-Sainte parle d’Ecbara- ne, la verfon fyriaque rend le nom de cette ville par lenom d’Amathan., très-approchant du nom d’4- .madan. Les tables arabiques de Naffir-Eddin & d'Ulug- Bec, donnent à Tauris 82. degrés de longitude, & 38. deyrés de /aritude feptentrionale. (D. J.) TAURISANO , ( Géog. med.) bourg du royaume de Naples, où naquit en 158$, Panini (Lucio) à qui à l’âge de 34 ans, en 1619 . fut emprifonné & brûlé à Touloufe pour fes impiétés, par arrêt du par. lement de cette ville. :: Je ne dirai rien ici de fa vie, me contentant de renvoyer le leéteur aux livres furvans qu'il peut con- fulter. J. M. Schrammait de wird & féripiis famoft athei Jul, Cœf. Vanini. Cuftrini 1713, ë-4°, La Croze, Entretiens fur divers Jujets d'hifloire 6 de litré- rature. Amt. 1711. Apologia pro Jul, Cœf. Vanino. Cofmopoli 1714. Durand. La vie & Les féntimens de Lucilio Vanrini. Rotterdam 1717, 2-12. Les deux ouvrages de Vanini qui ont fait le plus de bruit, font fon Amphitéâtre 8e fes Dialogues. Le premier parut à Lyon en 161$ ,42-8°, fous cetitrez Amphiteatrum @tern@ providentiæ, divino-magicum , chriffiano-phyficum , aftrologico-catholicum | adverfus veteres philofophos atheos , épicureos; peripatericos & floicos , autore Julio Cœfare Vanino, philofopho, theo< logo, ac juris utriufque doëtore. Il eft approuvé pas Jean-Claude de Ville, doéteur en théologie ; Fran- çois de Soleil, official & vicaire-général de Lyons Jacques de Vegne, procureur du roi; & M.Seve, leutenant-général de Lyon, qui s'expriment en ces termes: Æidem facimus, nos hoc opus evolyiffe, nihil- que in e0 catholice & roman fidei contrarium aus re pugnans, fed peracutas G pr@validas rationes juxtæ Janam fublimiorum in facré theelogié magifirorum do rinam (6 quam utiliter !) contineri, Ge. Prefque tous les habiles critiques jugent auffi que ce livre eft très-innocent du côté de l’Athéifme, & que tout au contraire , l’exiftence de Dieu y eft dé- montrée; mais om y découvre en même tems beau= coup de fcholaftique, des idées bifarres, hafardées ; obfcures; un efprit peu judicieux, vainement fubtil, courant après les paradoxes, &c plein d’aflez bonne opinion de lui-même. | Ses Dialogues parurent à Paris en 1616, 17-89 fous ce titre : Jul Cœfaris Vanini, neapolitani, theo- logi, philofophi, & Juris utriufque doéloris, de admi- randis nature, reginæ , deæque mortaliurn,'arcanis , Libri guatuor, imprimé avec privilege du roi; & au revers du titre, on lit l'approbation fuivante : Nos fubfigna- tt, doëores in alm& faculrate theologicé Parifienfr, fr dem facimus, vidiffe 6 legiffe dialegos Julii Cœfaris Va- rini philofophi preflantiffimi, in quibus nihil relisiont catholicæ , apoftolicæ 6 romanæ repugnans aut contra- rium reperimus, no ue fubtiliffimos , digniffimofque qu? cypis-demandentur. Die 20 menfis Mai: 1616, Signé ; Francifcus-Edmundus Corradin , guard. cenv, fr, min. Paris; Æ. Claudius le Petit, doctor regens. On dit, pour excufer les approbateurs , que Va= nini fit plufieurs additions aux cahiers qu'il leuravoit fait voir, & qu'il attacha au front de fon livre ces mots impies: D: admirandis naturæ, reoine , deeque mortalium,arcanis. Il efttout-à-fait vraiflemblable que Vanini n’avoit pas d’abord mis ce titre; & c’eft peut- être ce qui a donné lieu d’aflurer qu’il avoit fuppofé d’autres cahiers à ceux du manufcrit. Quoi qu'il en {oit, l'ouvrage eft auffi méprifable qu'il eft ridicule, extravagant & impie. En rendant rafon de la figure ronde du ciel, Vanini dit qu’elle étoit convenable à un animal éternel & divin, parce que cette figure eft circulaire. Dans le cinquante- deuxieme dialogue, 1l attribue l’origine & la déca- dence des religions aux aftres, par la vertu defquels fe font les miracles. Dans le cinquante-troifieme, 1} déclare que le pouvoir de prédire l'avenir vient de ce que l’on eft né fous la conftellation qui donne la faculté de prophétifer. Ailleurs, il foutient qu’iln’eft pas hors de vraiffemblance qu’un nouveau légiflateur reçoivedesaftres la puiflance de reflufciter les morts. Ce petit nombre de traits fuffit pour faire connoître le caraétere de ces pitoyables Dialogues, & le génie de leur auteur. Venons aux procédures que le parle- ment de Touloufe fit contre bu, Seurons-ep extrait SM du récit de M. Gramond, qui étoit alors préfident de ce parlement. Prefque dans le même tems (au mois de Février 1619, dit ce préfident) , fut condamné à mort, par arrêt de notre cour, Lucilio Vanini, que j’ai tou- jours regardé comme un athée, Ce malheureux fai- _ doit le médecin, & étoit proprement le féduéteur de la jeunefle imprudente & inconfderée ; il ne con: nofloit point de Dieu, attribuoit tout au hafard, adorant la nature comme une bonne mere , & com- me la caufe de tous les êtres, C’étoit là fon erreur principale , & il avoit la hardieffe de la répandre chez les jeunes gens pour s’en faire autant de feéta- teurs ; 11 fe moquoit en même tems de tout ce qui eft facré & religieux. Quand on l’eut mis en prifon, il{e déclara catho- lique, & contrefit l’orthodoxe. Ilétoit même fur le point d’être élargi à caufe de Pambiguité des preu- ves,lorfque Francon, homme de naïfiance 6t de pro- bité , dépofa que Vanini lui avoit fouvent nié l’exi- fience de Dieu, & s’étoit moqué en fa préfence des myfteres du Chriftianifme. On confronta le témoin x l’accufé, & le témoin foutint fa dépofition. Vanini fut conduit à l’audience , & étant fut la fel- lette, on l’interrogea fur ce qu’il penfoit de l’exiften- ce de Dieu : 1l répondit , qu’il adoroit avec l’Eclife, ün Dieu entrois perfonnes, & que la nature démon: troit évidemment l’exiftence d’une divinité, Ayant par hafard apperçu une paille à terre, il la ramaña, &t étendant la main, il parla à fes juges en ces ter- mes : « cette paille me force à croire qu'il y aun » Dieu». De-là ayant paflé à la Providence, 1lajou- ta : « Le orain jerté en terre femble d’abord détruit, » & commence à blanchir, il devient verd & fort de » terre , il croit infenfiblement ; les rofées l’aident à » fe développer ; la pluie lui donne encore plus de » force; il fe garnit d’épis, dont les pointes éloi- » gnent les oifeaux, le tuyau s'éleve & fe couvrede » feuilles ; il jaunit 6 monte plus haut; peu après il # commence à baïfler, jufqu’à ce qu’il meure; on le » bat dans l'aire, & la paille ayant été feparée du # grain, celui-ci fert à la nourriture des hommes, » celle-là eft donnée aux animaux créés pour lufa- > ge du genre humain ». Il concluoït de cela feul, que Dieu ef l’auteur de toutes chofes. Pour répondre à l’objection qu'on auroit püfaire, que la nature étoit la caufe de ces produdions, il re- prenoit fon grain de blé, & remontoit de caufe en caufe à la premiere , raifonnant de cette maniere, Si la natute a produit ce grain, qui eft-ce qui a produit Pautfe grain, qui la précédé immédiatement} Si ce grain eft aufli produit par la nature , qu’on re: monte jufqu'à un autre, jufqu’à ce qu'on foit arrivé au premier, qui néceflairement aura été créé, puif- qu'on ne fauroit trouver d'autre caufe de fa produc- tion. Il prouva enfuite fort aulong que la nature étoit incapable de créer quelque chofe ; d’où il conclut que Dieu étoit l’auteur & Île créateur de tous les êtres, Vanimi, continue M. Gramond , difoit tout cela par crainte plutôt que par une perfuafion inté- rieure ; & comme les preuves étoient convaincantes contre lui , 1l fut condamné à la mort. Voyez Gabr. .Barthol. Grammundi hifloria , liv, III. pag, 208. 210. Quel qu’ait été Vanini , les procédures du parlez ment de Touloufe , & fa rigueurenvers ce malheu- reux , ne peuvent guere s’excufer. Pouren juger fans prévention , il faut confidérer ce miférable tel qu'il parut dans le cours du procès, pefer les preuves fur lefquelles il fut condamné, 8x laffreufe févérité dune fentence par laquelle ilfut brûlé vif, & au préalable fa langue arrachée avec des tenailles par la main du . bourreau. Il y a toutes les apparences du monde que Vanini. TAU 94 S'étoit depuis long tems échappé eñ difcoûts hibrés injurieux à la religion , fous & impies ; mais la res trattation qu'il en fit devoñbiuffire à des juges, quel: les que fuflentfes penfées fecrettes que Dieu feulcon: noifoit. La dépoñition d’un unique témoin ne fufis {oit pas,eufle été celle d’un dauphin même: Le préfis . dent du parlément ne cite que M, Francon , hommé de naïffance & de probité tant qu’on voudra; la loi requéroit au-moins outre des preuves par écrit deux hommes de cet ordre ; & la loi ne doit jamais être violée, fur-tout quand il s’agit de la peine capis tale. | . Ce qui prouve qu’on n’oppofoit rien de démontré &t de concluaht pour la condamnation à un fupplicé horrible,c’eft que quelques-uns des juges déclarerent qu'ils ze penfoient point avoir de preuves fuffifantes , SE que Vanini ne fut condamné qu'à la plwraliré des voix, C’eft encore une chofe remarquable , qu'il ne paroîf point qu'onait allegué fes ouvragesen preuve contre lui ; ni le crime qu’on aflure qu'il avoit commis dans un couvent en Îtahe. Aprés tout , le parlement de Touloufe pouvoir 8 devoit rep'imer l’impiété de ce malheureux par des voies plus adaptées à la foblefle humaine, & plus conformes à la juftice , à l'humanité & à la relision, En déteftant l’impiété qui excite lindignation, on doit avoir compaflon de la perfonne de Ppie. Jé n'aime point voir M; Gramond , préfident d’un par< lement, raconter dans fon hiftoire le fupplice de Va niniavec un air de contentement & de joie. Il avoit connu Vaniniavant qu’ilfüt arrêté; il le vit conduire dans le tombereau;il le vit au fupplice, &ne détourna pas les yeux, ni del’aétion du bourreau quilui coupa la langue, ni des flammes du bucher qui confumerent fon corps. Cependant tous les bons efprits qui joigrient les lumieres à la modération, ont regardé Vamini, après un mür examen, commeun miférable fou digne d’être renfermé pour le refte de fes jours. Il joigncit à uné imagination ardente peu ou point de jugement, La leëture de Cardan , de Pomponace ; & d’autres au- teurs de cette efpece, luiavoient de fois i'auttetroux BI Le fens commun. Ilrafoloit de l’aftrologie, mêlant dans fes ouvrages le faux &c le vrai, le mauvais & le bon, difputant ätort & ä-travers ; de forte qu’on voit moins dans fes écrits unfyfième d’athéifme, que la produétion d’une tête fans cervelle & d’un efprit : déréglé. Voilà l’idée que s’en font aujoutd’hui dés horiimes de lettres très-refpeétables , & c’eft en particulier le jugement qu'en porte le favant Brucker dans {on A, rit, phulof. tom. IV, part. IV. pag. 380-682. dont je ne Contenterai de citer quelques lignes qui m’ont paru très-Judicieufes ; les voici : à. e Superfhtiont itague , enithufiafno 6 inani de rebus Achili motologiæ ; ffultiffimum Vanini fe addixifle in geniur , e0 rminus dubitandum eff, qud mind$ paucæ ile lueis clatioris féintillæ, que hinc indè émicant, [4 pérate iflas tenebras potuerunt. Af? his fe junxerat inepta | ambitio , qié fe veteris € recentioris ævi keroïbus tanté. eruditionts jailantid prafertbat , ut rifim senere legentes 1eGUEATÉ à, à Sufficere hec pauca poffunt, us inrelligamus Anpy= cyris opus.habuifle cerebrum Vanini, & extreme fiului- dia notam fuflinere. Que infelicitas exorbitantis. [ne regente judicio imaginationis, non potuit on valdè au- gert, cm inepriffimi ill præceptores contigiffent | qui oleum camino addere, quam aqua ignem dolosè latenter exiinouere maluerunt , qualis Pomponatii 6 Cardani : Lbri, atque difciplina fuerunt. His rosus corruprus Va miRuS , quid Jlatuerit ; de quo certam fententiam figeres , | 2pfe tgnoravit ; 6 fine mente philofophé blaterans, bona s maln, réa, inique, vare, fall, ambigua, diputandi 944 TAU acie inter fe commifla attulit , rion fatis gnarus, i1à [ub- rui pietatis G veritatis revelate , maænia. Quid quid igitur vel in bhilofophiam , vel in chriflia- nam fidem peccavit Vaninus , peccaviffe aurem levem , futilemque fcriprorem plurima fatemur , non tam impie- tati direile & [yflemati ingdificatæ , quam extremæ de- mentiæ hominis mente capti adferibendum effe putamus ; digni gui non flammis, [éd ergafiulo fapere didiciffer. | Tous ces détails netomberont pointen pure perte pour Les jeunes gens avides de s'inftruire , &£ ama- teurs de la vérité. Ces jeuñes gens deviennent quel- quefois des magiftrats, qui éclairent à leur tour les tribunaux dont ils font membres , 8e les dirigent à ne porter que des arrêts qui puiflent être approuvés par la poftérité. (Lechevalier DE JAUCOURT.) | TAURISCT, (Géog. anc.) 1°. peuples de la Pan- nonie ; felon Strabon, lv. WII, pag. 314. 8&t Pline, liv. IIT. c. xxv. Ce font aujourd’hui les habitans de la Styrie appellés Stermarck en allemand. Srier , dans cette langue , fignifie la même chofe que saurus en latin, enforte que Sriermarck ne veut dire autre chofe que les limites des Tauri. 2°, T'aurifci ; peuples des Alpes. Selon Polybe, Zy. IT. n. 13. les Taurifgtes n’habitoient pas loin de la fource du Rhône. Ce font ces mêmes peuples qui du tems de Céfar , infpirerent aux habitans de PHelvétie le deffein de pañler en Italie, & de s'emparer de ce pays abondant en vins & en fruits excellens. Ils fu- rent les premiers des Gaulois celtiques ; même du canton de Zurich , dont 1ls faifoient alors partie, qui entreprirent cette grande expédition, &quiofe- tent eflayer de forcer les paflages des Alpes. Leurs defcendans , les Taurifques modernes, font Les habi- tans du canton d'Uri. (D. J. ) TAUROBOLE, f. m. (facrifice des Payens.) tau- robolium ; mot compofé de raupor , taureau, &T de Boca effufion; efluñon du fang d’un taureau. Efpece de fa- crifice expiatoire & purificatoire du paganifme, dont @n ne trouve point de trace avant le regne d’Anto- min , & dont l’ufage paroit avoir ceffé fous les empe- reurs Honorius & Théodofe le jeune ; mais comme c’eft une des plus bizarres & des plus fingulieres cé- rémonies du paganifme, je crois qu'on ne fera'pas fâché de la connoïtre. Prudence qui pouvoit l'avoir vue, nous la décrit aflez au long. On creufoit une foffe aflez profonde, où celui pour qui fe devoit faire la cérémonie , defcendoit avec des bandelettes facrées à la tête , avec une cou- ronne , enfin avec tout un équipage myftérieux. On mettoit fur la fofle un couvercle de bois percé de quantité de trous. On amenoit fur ce couvercle un taureau couronné de fleurs, & ayant les cornes &le front orné de petites lames d’or. On l’égorgeoit avec un couteau facré ; fon fang couloit par un trou dans la fofle , & celui qui y étoit le recevoir avec beaucoup de refpett. Il y préfentoit fon front , fes joues , fes bras , fes épaules , enfin toutes les parties de fon corps, & tâchoit à n’en point laïfler tomber une goutte ailleurs que fur lui. Enfuite 1l fortoit de-là h:- deux à voir , tout fouillé de ce fang, fes cheveux, fa barbe , fes habits tout dégouttans ; mais aufñfi il étoit purgé de tous fes crimes, & régénéré pour l’é- ternité ; caril paroït poftivement par les infcrip- tions , que ce facrifice étoit pour ceux qui le rece- voient , une révénération myitique & éternelle. Il falloit le renouveller tous les vingt ans , autrement iFperdoïit cette force qui s’étendoit dans tous Les fie- cles avenir. Les femmes recevoient cette régénération auff bien que les hommes; on y aflocioit qui l’on vouloit ; &t ce qui eff encore plus remarquable, des villes en- tieres la recevoient par députés. Quelquefois on fai- foit ce facrifice pour le falut des empereurs. Les pro- vinces envoyoient un homme fe barbouiller en leur FrANET à nom, de fang de taureau , pour obtenir à l'empereur une longue &t heureufe vie, Tout cela eft clair par les infcriptions. Les sauroboles avotent principalement lieu pour la confécration du grand-prêtre , &c des autres prêtres de Cybele, On trouva en 1705, fur la montagne de Fourvieres à Lyon , une infcription d’un sawrobole qui fut célébré fous Antonin le pieux, Pan 160 de J. C. Elle nous apprend qu'il fe fit par ordre de la mere des dieux Idéenne , pour la fanté de Pempereur &t de fes enfans , &t pour l’état de la colonie lyon- noïfe. Voyez là-deflus les mém, de l'acad, des Inferipes (D. JT.) FAURO- CASTRO, ( Géog. mod. ) petite ville de la Grece, dans la Livadie, vis-à-vis de l'ile de Neprepont, dans l’fthme d’une prefqu’ile qui bor- ne la plaine de Marathon, au-delà du marais, où la côte fait un promontoire : c’étoit l’ancienne ville de Rhamus , & ce ne font aujourd’hui que des ruines. Cent pas au-deflus, fur une éminence, on voit les débris du temple de la déeffe Néméfis ;1l étoit quar- ré, & avoit quantité de colonnes de marbre, dont il refte à peine quelques pieces: Ce temple étoit fa- meux dans toute la Grece, & Phidias lavoit encore rendu plus recommandable par fa belle flatue de Néméfis, dont Strabon fait honneur à Agéracrite de Paros. (D. J.) TAUROCHOËIES, (Ansiq. grecg. ) fêtes qu'on célébroit à Cyfique en Phonneur de Neptune; c'é- toient proprement des combats de taureaux ; enfuite on les immoloit au dieu après les avoir long-tems agacés & mis en fureur ; saurus, Un taureeau, ÊC ycnn, fureur. (D.J.) TAUROCINI;(Géog. anc.) peuples d'Italie, dans la grande Grece , au voifinage de la ville Rke- gium, felon Probat le srammairien, 27 visa Pirgili qui cite les origines de Caton. Ces peuples tiroient leur nom du fleuve Taurocinium, fur le bord duquel ils habitoient ; ce fleuve s’appelle aujourd’hui Rezzo, felon Léander. (D.J.) | TAUROCINIUM , ( Géog: anc.) fleuve d'Italie, dans la grande Grece ; ce fleuve s'appelle aujour- d’hui Rezzo, felon Eéander. ( 2. J.) TAUROCOLLE, (Lrrtérar.) 1. f. taurocolla, c’eft- à-dire colle de taureau ; les anciens la faïfoient avec les oreilles & les parties génitales de cet animal ; les _ modernes la font encore à-peu-près de la même ma: mere, & elle efteftimée ; cependant la colle de poif | fon mérite de beaucoup la préférence, comme plus ‘ durable, plus ténace, & plus fimple. (2. 7.) . TAUROMENIUM , ( Géog. anc. ) ville de Sicile, dans la Péloriade , fur la côte. Pline, Zv. IL c, va. qui en fait mention , lui donne le titre de colonie, êT ajoute qu’on la nommoïr auparavant Naxos. L'iti- néraire d’Antonin la nomme Tauromenium Naxonz c’eft qu'après la rune de Naxos, les habitans furent moi à Tauromemum , comme le dit Diodore de Sicile, 4 XIV. p. 182. & L'XVT. p. 401. La ville de Tauromenium étoit fituée fur le mont Taurus, & celle de Naxos avoit été bâtie fur la pente de cette montagne du côté du midi. Au-liéu de Tau- romenium, quelques manufcrits de Pline portent Tay- rominium, & les habitans de cette ville font quelque- fois appellés Tauromenitani, & quelquefois Taurormt- nitam. Cicéron, orar. frument. cap. vj. qui donne à : cette ville le nom de confédérée | écrit Tauromeni- rana civitas ; &c Siius Italicus, 4 ATP. y. 257. fuit l'autre ortographe. Taurominitana cernunt de fede Charybdim. On lit fur uñé médaille de l’empereur Tibere ces mots: Co. Aug. Tauromen. le nom moderne eft Tuor- mine. ; Timée, hiftorien grec, naquit à Tauromenium., & TAU florifloit au terns d’Agathocles., qui mourut l'an 4. de la 123. olympiade. il écrivit plufeurs livres qui font tous perdus. Il écouta le feul efprit de vengeance à l'égard d’Agathocles dans fon hifioire de Sicile; d’ail- leuts Diodore & Cicéron avouent qu'il étoit très- dote &c très-éloquent. (2. J) TAUROMINIUS , (Géogr. ane.) fleuve de Sicile, {elon Vibius Sequefter, qui le marque entre Syra- cufe & Meffine, & ajoute qu'il avoit donné fon nom à la ville Tauromenium, qu’on appelloit autrement Eufeboncora. Ge fleuve eft l'Onobala d’Appien, bez, civ. L PF. & c’eft aujourd'hui le Camara. (D. J.) . TAUROPHAGE, (Myshol. Yimangeur de taureau; on trouve ce furnom donne à Bacchus, peut - être parce qu’on lui facrifoit plus fouvent des taureaux qu'aux autres dieux, (2. J.) | TAUROPOLIE, (Antig. grecq. ) cette épithete qui veut dire profettrice des taureaux , fut donnée à Diane par les habitans de Pile Nicaria , qui lui con- facrerent un temple fous ce nom. On trouve dans Goltrius une médaille frappée dans cette ile, où d’un côté Diane paroïît en équipage de chaffe, &t de l’au- tre une perfonne montée fur un taureau. C’eft de l'île de Nicaria que le culte de cette déefle pañla, felon Tite-Live, Z XLIV. à Andros & à Amphipo- ls, ville de Thrace. (D. J.) TAUROPOLIES, £ £ pl.( Lirrérar.) fête en lhon- neur de Diane & d’Apollon sauropoles ; on la célé- broït dans les deux îles Icaries, celle de l’Archipel & celle de la mer Egée. Dans licarie de l’Archipel on voyoit un temple de Diane appellé Tewropolium , & Callimaque aflure que de toutes les iles, iln’y en avoit pas de plus agréable à cette déefte, Denis d'Alexandrie prérend qu'on facrifioït dans celle du fein perfique à Apollon Tzuropole. Euftathe fon commentateur dit qu’on vénéroit fort refpec- tueufement Apollon & Diane Tauropoles dans l'île d’Icarie de la mer Egée: concluons de- là que ces divinités faifoient l’objet du culte des habitans de ces deux îles. Tazropole fignife ici prorcéfeur des saureaux, &t non pas marchand, ainfi que le nom femble le faire entendre. Je ne räpporterai point ce que les anciens auteuts ont penfé {ur ce nom, le mieux eft de s’en tenir à Suidas; mais je doistemarquer que Diane Faropole métoit pas feulernent honorée dans les îles Icaries, mais encore dans celle d’Andros &c à Ampiupolis en Thrace, comme nous Rapprenons de Fite-Live, Il ñe faut pas confondre le nom de sauropols avec celui de sawrobole. Le taurobole étoit un facriñice tout particulier, que Prudence a décrit, & qui a été encore plus favamment expliqué par M. de Boze. Voya TauroBoLe. (D. J.) TAUROPOLION, ( Géog. anc.) nom d'un ter? ple confacré à Diane dans l'île d'Icarie, felon Stra- bon; c’eft auffi le nom d’un autre teniple d’Artémi- de ou de Diane dans l’île de Samos, felon Etienne le géographe. (D. J.) TAUROPOLIS , (Géos. anc.) ville de la Carie, felon Etienne le géographe. Ortelius dit qu’on Pap- pelle à préfent Srauropolz. TAURO-SCYTHES, Les, ( Géog. anc.) Tauro- Scythe ou Tauri-Scythe ; peuples qui fafoient partie des Tauri , & qui habitoient au voifinage de la pé- ninfule appellée /4 coure d'Achille. Ptolomée, 2, FIT. ch.xij. fixent la demeure des Tauro-Seythes dans ce quartier. TAURUNUM , (Géog. anc.) ville de fa baffle Pannonie, à l'embouchure du Save dans le Danube. On l’appelle aujourd’hui 4/ba-Greca , où Belprade, en allemand Grichifch-Werffemburg. La notice des di- gnités de l'empire, Je. 57. fait mention de cette Tome XV, T À Ü 945$ ville, auffñ-bien que l'itinéraire d’Antonin, & la tar ble de Peutinger. (DJ) | TAURUS , nora latin de la conftellation ‘du tau2 reau. Foyer TAUREAU \ Taurus, (Gcog. anc. ) nom commun à quelques montagnes ; mais la principale de ce nom eft le Tau- rus d'Âfie , & c’eft la plus grande montagne que nous connoïfons, d’où vient auf qu’on la nommée Tan: rus , car la coutume des Grecs étoit d’appeller raupos tauri, ce qui étoit d’une grandeur déméfurée. Lé plus grand nombre des auteurs, entr'autresStrabon , Pline & Pomponius Mela font commencer cette mon: tagne au promontoire Sacrum ou Chelidonium , quoi- qu’elle traverfe toute la Carie jufqu’à la Perée , mais {es branches de ce côté-là n’ont pas femblé mériter lé nom de Taurus. Dans tous Les pays où s'étend cette montagne, elle prend des noms différens & nou veaux, comme par exemple Taurus, Imaüs, Emo: dus, Paropanufus, Pariades, Niphates, Caucafus , Sarpedon, Tragus, Hircanus,, Carpius, Scythicus, Gc. Pline dit que.ces diverfes branches du Taurus; étoient appellées en général mors Cérauniens par les Grecs. Dans les endroits où le mont Taurus laiffe des ouvertures & des paflages , on leur donne lenom dé Portes ou de Pydes , il y a les Portes arméniennes, les Portes cafpiennes , & Les Pyles de Cilicie, 2°, Taurus, montagne de la Germanie, felon Ta- cite, annal, , Æ. c. lv. 8, XII. c. xxwiiy. Spenef croit que C’eft celle qu’on nomme aujourd’hui der Heyrich, où Dunsberg, montagne de la Hefle près de Gieflen. Taurus eft auf le nom 1°, d’un fleuve de l’Afe mineure, au voifinage de la Pamphylie, felon Tite- Live ; 2°. d'un fleuve de Péloponnèfe près de Troë« zene; 3°. d’un lieu de Sicile à 6o ftades de Syracufe. TAUSIHEB , {. m. serme de relation ; tribunal chez les Perfes, qui connoït de toutes les finances, & qui juge toutes les affaires qui s’y rafportent. TAUSTE,, (Géog. mod.) bourgade d’Efpagne , que Silva nomme wi//e, & qu'il met au nombre des cinq premieres de lAragon, à deux lieues des con= fins de la Navarre, fur la petite riviere de Riguel. Cette bourgade a droit de fufrage dans les aflem- blées, & ne peut pas être alhiénée, Ses magiftrats font réputés nobles , & fes habitans jouifient de plufeurs franchifes. (D. J.) TAUTOCHRONE, f. m. fe dit er Méchanique E* en Phyfique, des effets qui fe font dans le même tems, c’eft-à-dire, qui commencent & qui finiflent en tems J égaux, Ce mot vient des mots grecs raulos , idem , Le mê= me, (Se Xpovcs à LeTTISe Les vibrations d’un pendule, lorfqu’elles n’ont pas beaucoup détendue , font fenfiblement sausochrones, c'eft-à-dire , fe font en tems ésaux. Voyez ViBRa- TION. | TAUTOCHRONE, COURBE , ez Méchanique, eff une courbe Q 48 ,( fo. Méch.) dont la propriété eff telle, que fi on laiffe tomber un corps pefant le long de la concavité de cette courbe, il arrivera toujours dans le même tems au pointle plus bas 4, de quelque point qu'il commence à partir , de forte que s'ilmet par exemple , une feconde à venir de 8 en 4, il mettra pateillement une feconde à venir de C'en 4, s’il ne commence à tomber que du point €, & de même une feconde à venir de Men À, s’il ne come mence à tomber que du point M, & ainf de tous les autres points, On appelle encore courbe rautochrone une courbe telle que fi un corps pefant part de 4 avec une vi- teffe quelconque, il emploie toujours le même tems à remonter le long de l’arc 4M, ou AC, ou AB, le< quel arc.fera d'autant plusgrand , que la vitefle avec laquelle il eft parti de 4 eft plus grande. DDDdddr L/ ur. + r: 940 TAU On nomme la premiere efpece tantochrones , s44- tochrones en defcendant | &t la feconde efpece , sauro- chrones en montant. | M. Huyghens a trouvé le premier que la cycloide étoit la rautochrone dans le vuide , foit en montant, foir en defcendant , en fuppoñfant la pefanteur uni- forme, Voyez {on horologium ofcillatorium. . MM. Newton & Herman ont auffi trouvé les sau- tochrones dans le vuide, en fuppofant que la gravité tendît vers un point , & füt reglée fuivant une loi quelconque. Pour ce qui regarde les sautochrones dans les mi- Leux réfiftans, M. Newton a auf fait voir que la cy- cloide étoit encore la sautochrone , foit en montant, foit en defcendant , lorfque le milieu réfifte en raifon de la fimple vitefle. Voyez le II. Liv. des principes ma- thématiques ; prop. xxvj. &t on pourroit démontrer ce que perfonne que je fache , n’a encore fait, que la cycloide feroit auf la seurochrone dansun milieu dont la réfiftance feroit conftante. Il eft yrai que le point où les chutes raurochrones fe terminent , ne feroit pas alors le point plus bas, ou le fommet de la cycloide, sais un point placé entre le fommet de la cycloide &z fon origine. M. Euler eft le premier qui ait déterminé la rawto- chrone dans un milieu réfiftant , Comme le quarré de la vitefle. Voyez les mém. de l’acad. de Pérersbourg, 2. IV. fon mémoire eft du mois d'Oûtobre 1729 , & dans les 16m. de l’acad. des Sciences de Paris, pour l'année 1730. On trouve un mémoire de M. Jean Bernoully, où 1l réfout le même problème. On n’at- tend pas de nous que nous entrions fur ce fujet dans un détail qui né pourroit être à portée que des feuls géometres. M. Euler a continué cette matiere dans le IT. vol, de fa méchanique , imprimée à Pétersbours 1736, & on y trouve un grand nombre de très- beaux problèmes fur ce fujet. Enfin M. Fontaine a donné dans les 16m. de acad. de1734,un écrit fur cette matiere, dans lequelil ré- fout ce problème par une méthode toute nouvelle, &t au moyen de laquelle il découvre la sautochrone dans des hypotheles de réfiftance , où on ne peut la trouver par d’autres méthodes. Nous croyons de- voir faifir cette occafion de faire connoïtre'aux géo- metres un fi excellent ouvrage, qu’on peut regarder comme un des plus beaux qui fe trouvent parmi les mémoires de l'académie des Sciences de Paris. C’eft ce que nousine craignons point d’aflurer après avoir lu ce mémoire avec attention, & nous pourrions nous appuyer 1c1 du témoignage que lui a rendu un aéometre célebre, qui a travaillésfur cette matiere fort long-tems , &r avec beaucoup de fuccès. Lorfque Le milieu ne réfifte point ,:où que la réfif- tance elt conftante , la sautochrone eit affez facile à trouver, parce qu'il ne s’agit alors que de trouver une courbe AM , telle que la force accélératrice qui meut le corps en chaque point M {oit proportion- nelle à Parc 4M ; c’eft cequ’ontrouve démontré dans plufieurs ouvrages. Quelques géometresontvouluap- pliquer cette méthode à la recherche des sawrochrones dans des milieux réfiftans, & fe font imaginés les avoir trouvées. Maisil faur prendre garde que quand le milieu eft réfiftant comme une puiflance ou une fonétion quelconque de la vitefle, la force accéléra- trice fe combinealorsavecla réfifance , qui eft plus cu moins grande, felon que la vitefle left plus ou moins. Ainf,pour un même point M la force accé- lératrice eft différente , felon que le corps a plus ou moins de vitefle en ce point, c’eft-à-dire, felon qu’il eft tombé d’un point plus ou moins élevé. On ne fauroit donc fuppofer alors qu’en général la force accélératrice M foit proportionnelle à Parc 4M. Nous avons cru devoir avertir de cette erreur, où pourroient tomber des géometres peu attentifs en FAU voulant réfoudre ce problème. (10) 1 TAUTOCHRONISME , f. m. (Wech.) eft la pro- priété par laquelle deux ou plufieurs effets font tau- tochrones , ou la propriété par laquelle une courbe eft tautochrone ; ainf on dit le sawsochronifime des vi- brations d’un pendule ; le sausochronifme de la cycloï- | de, &c. (O0) TAUTOGRAMME , adj. ( Poéfe. ) de rares. même ; ÀT ypauua, lettre ; on appelle un poëme tautogramme Ôt des Vers cautogrammes ,| ceux dont tous les mots commencent par une même lettre, Baïllet citeun Petrus Placentius, allemand, qui pu- blia un poëme saurogramme , intitulé , pugna porco- rum , dont tous les mots commençoient par un P.Le poëme eft de 350 vers , & l’auteur s’y cacha fous le nom de Publius Porcius. Un autre allemand , nommé Chriftianus Pierius, a compoféun poëme de près de 1200 vers fur J.C. crucifié, dont tous les mots com mencent par un C. Un bénédiétin nommé Hubaldus, avoit prélenté à Charles le chauve un poëme sauro- gramme en honneur des chauves, & dont tous les mots de ce poëme commençoient aufh par un C. On appelle encore ces fortes de fadaifes des vers lezcrifés, fur lefquels on a dit depuis long - tems , ffulium eff difficiles habere nugas. ( D. J.) TAUTOLOGIE , f. f, ( Gram. ) pléonafme de mots , d'idées , ou répétition inutile des mêmes cho- | {es ; la saurologie ne fert qu’à rendre le difcours long & faftidieux. Le premier & le plus agréable tauto: logue eft le poëte Ovide. | FAUTOLOGIQUE , adj. ( Pkyf. } échos raurolo- giques , font ces échos qui répetent pluñeurs fois lé même fon ou la même fyllabe. Voyez ÉcHo. TAUT-SE , 1 f.( Æiff. mod.) c’eft le nom d’une feéte de la Chine , dont Lao-kiun eft le fondateur, & qui a un grand nombre de partifans dans cet empire, Les livres de ZLao-kiun fe font confervés jufqu’à ce jour ; mais on aflure qu'ils ont été altérés par fes dif ciples, qui y ont ajouté un grand nombre de fuperfti- tions. Ces ouvrages renferment des préceptes de morale propres à rendre les hommes vertueux, à leur infpirer le mépris des richeffes , 8 à leur incul- quer qu'ils peuvent fe fuflire à eux-mêmes. La mo- rale de Lao-kiun eftaffez femblable à celle d'Epicure; elle fait confifter le bonheur dans la tranquillité de Pame ,-& dans Pabfence des foins qui font fes plus grands ennemis, On aflure que ce chef de fecte ad- mettoit un dieu corporel. Ses difciples font fort adon- nés à Palchimie , ou à la rechereche de la pierre phi- lofophale ; ils prétendent que leur fondateur avoit trouvé un elixir au moyen duquel on pouvoit fe ren- dre immortel. [ls perfuadent de plus au peuple qu'ils ont un commerce familier avec les démons , par le fecouts defqueis ils operent des chofes merveilleufes & furnaturelles pour le vulgaire. Ces miracles, joints à la faculté qu’ils prétendent avoir de rendreles hom- mes immortels , leur donnent de la vogue , fur-tout parmi les grands duroyaume êc les femmes ; il y a eu même des monarques chinois à quiils en ont im- pofé. Ils ont plufieurs temples dédiés aux démons en différens endroits de l’empire ; mais la ville de Kiang- fi eft lé lieu de la réfidence des chefs de la fete ; il s’y rend une grande foule de gens qui s’adreflent à eux pour être guéris de leurs maladies, & pour fa- voir Pavenir ; ces impoñfteurs ont le fecret de leur ürer leur argent, en place duquel ils leur donnent des papiers chargés de caraéteres magiques & myt- térieux. Ces forciers offrent en facnifice aux dé- mons un porc, un oïfeau & un poifion. Les céré- monies de leur culte font accompagnées de poftures étranges , de cris effrayans , & d’un bruit de tambour qui étourdit ceux quiles confultent , &r leur fait voir tout ce que les impofteurs veulent, oyez Duhalde, kif de Lachine, LE 4 a T: À Zà TAVURNO, ( Géoe. mod. ) montagne d'Îtalie ai royaume de Naples , dans la partie occidentale dela principauté citérieure, aux confins de la terre de La- bour , près d’une riviere qui fe jette dans le Voltur- no. (D. J.) TAW ,LE, ( Géog. mod.) petite riviere d’An- gleterre. Elle traverfe une partie du Dévonshire , & après s'être jointe à la Turridge, à trois milles de la mer d'Irlande, elles s’y jettent de compagnie dans FOcéan. (2. J.) | FAUX, TARE, TAXATIONS, (Lang. franc.) le premier fignife , 1°. ce qu’on paye pour la taille ; 2°. le prix qu’on met fur les denrées &z fur les mar- chandifes ; 3°. la fixation des intérêts & des mon- noïes ; enfin 1] s'emploie quelquefois au figuré. Re- gnier à dit : 1l met au même sax le noble & le co- quin, Taxe eft ce que les aufés, les comptables, &c quelques autres perfonnes doivent payer. Taxarions eft ce qui eftaccordé aux tréforiers & aux receveurs généraux fur l'argent qu'ils reçoivent , pour les dé- dommager des frais qu’ils font dans l'exercice de leurs charges , & ces fortes de dédommagemens les enrichuflent avec rapidité, Taxe fignifie auffi le réglement fur le prix des denrées , & le prix même établi par le réglement ; faire la saxe des vivres rola taxe de là livre de pain, On dit auffi au palais saxe de dépens , pouf fignifier la procédure qu’on fait pour régler êc liquider les dépens adjugés. Ce mot a bonne grace au figuré. Il y a des livres, des feuilles pério- diques , qui ne font autre chofe que des raxes, que la cabale met fur les préjugés des hommes. ( D. J.) Taux DU ROI, ( Juri/prud. ) eft le denier auquel le roi fixe les arrérages des rentes perpétuelles & les intérêts des fommes qui en peuvent produire. Ce taux eft préfentement au denier vingt, & il n’eft pas permis au particulier de excéder , parce . que cette fixation eft de droit public. Voyez Ar- GENT, ARRÉRAGES , DENIER , INTÉRÈT, RENTE. Surtaux , en fait de taille, eft un saux excefif, ou répartition eéxorbitante. Voyez SURTAUX G@ TAIL- LE. (4) TAUX, £. m.( Police de commerce. ) prix établi & fixé fur des marchandifes & denrées par autorité pu- blique, ou quelquefois par la feule volonté ou fixa- tion du marchand ; c’eft le grand prevôt de l’hôtel qui fixe Le saux de certaines marchandifes qui {e ven- dent à la fuite de la cour. Savary. (D. 72) TAXCOTE, f. m. (Æif.) oficier dans l'empire orec, dont la fon@ion étoit celle des appariteurs ou huïffiers des princes & des magiftrats. TAXATEUR , f. m.( Jurifprud. ) fignifie celui qui taxe quelque chofe , qui évalue, qui y met le prix, Les txateurs de dépens font des procureurs tiers, qui taxent &c reglent le taux des dépens entre leurs confreres. Ils ont été créés en 1635, enfuite fuppri- més, puis rétablis en 1680. Poyez DÉPENS, PRo- CUREUR, TAXE, Tiers RÉFÉRENDAIRE. (4) TAXE , ( Jurifprud. ) fignifie la fixation d’une chofe. On appelle saxe ou cote d'office ,l'impoñition que les élus ou l’intendant mettent {ur certains taïllables a tels que les officiers & bourgeois. Voyez TAILLE, Taxe fèche , eft une efpece d'amende à laquelle on condamne ceux qui font convaincus du crime de pé- culat, Xoyez PÉCULAT. Taxe des dépens , eft la liquidation, ou lévalua- tion &r fixation des dépens adjugés à uné partie con- tre l’autre. Pour parvenir à cette svxe , le procureur de la partie qui a obtenu la condamnation de dépens, fait fisnifier au procureur adverfe {a déclaration de dépens ; le procureur défendant met fes apofulles en marge de la déclaration, pour faire rayer Où MmoO- dérer les articles qu’il croit en être fufceptibles ; le procureur tiers arrête & fixe les articles, " E La 4 TT A X 947 Les dépens ainf taxés, on en délivre ün exéeu- toire, en | uelquefois le défendeur interjette appel de là taxe, 8 même de l’exécutoire, fi c’eit dévantunjuge inférieur. Voyez COMMISSAIRE AU CHASTELET y DÉPENS , EXÉCUTOIRE , FRAIS, PROCUREURS j RÉFÉRENDAIRE, Tiers. (4) | TAXE, (Gouv. polirig.) Voyez IMPÔTS, SUBSIDES; je n’ajouterai qu'un petit nombre de réflexions. Il faut éviter foigneufement dans toutes les impo- ftions , des préambules magnifiques en paroles ,, mais odiéux dans l’effet, parce qu’ils révoltentle pu- blic. En 1616, on doubla la axe des droits {ur les rivieres pour foulager le peuple, portoit le préambule de l'édit; quel langage? Pour ioulager le peuple , on doubloit les droits qu’il payoit auparavant dans le tranfport de fes récoltes. Pour {oulager le peuple, Où arrétoit la vente des denrées qui le faifoient vi- vre, & qui le mettoient en fituation de payer d’au- tres droits. On doit chercher dans tous les états à établir les taxes les moins onéreufes qu’il foit pofible au COrps de la nation. Il s’agiroit donc de trouver pendant la Paix, dans un royaume, comme la France, un fonds dont la perception ne portât point fur le peuple; telle feroit peut-être une saxe proportionnelle & gé- nérale fur les laquais, cochers , cuifiniers , Maîtres- d'hôtels , femmes de chambre , carroffes y Ge, parce que la multiplication de ce genre deluxe , devient de jour eh jour plus nuifible à la population & aux befoins des campagnes, Cette sexe fe leveroit fans frais comme la capitation, & fon produit ne s’éloi- gneroit pas de douze millions, en ne taxant point le premier faquais ou femmede chambre de chaque par. ticulier; mais en mettant trente-fix livres pour le fe: cond laquais, foixante & douze livres pour le troi- fieme , & ainf des fecondes & troifiemes femmes de chambre. On n’admettroit d'exception qu’en fa- veur des officiers généraux dans léur gouvernement &t conformément à leur grade. Onpourroit créer fur ce fonds environ cinquante millions d’annuité à 4 pour cent , remboutfable en fix années , capitaux & intérêts. Ces cinquante mil- lions feroient donnés en payement de Hquidation de charges les plus onéreufes d’aliénation , de domai- nes & droits domaniaux. Le produit de ces rembour- femens ferviroit À diminuer d’autres impoñtions. Au bout des fix ans après l’extinétion des prennie- tes annuutés , 1l en feroit créé de nouvelles pour un pareil rembourfement, Dans l’efpace de vingt ans, On éteindroit pour deux cent millions d’aliénations É & on augmenteroit les revenus publicsde douze millions au moins. Lesannuités étant à court terme, ce qui eft toujours Le plus convenable au public, & dès-lors aux intérêts du Roi, & aFe@ées {ur un bon. fonds , elles équivaudroïent à Pargent comptent , parce que cet effet a la commodité de pouvoir fe négocier fans frais, & fans formalités. On fentira en particulier l'avantage d’une saxe qui fe perçoit fans frais, fi l’on confidere feulement quil Je pere 9 q y a en France, plus de quatre-vingt mille hommes chargés du recouvrement des saxes du royaume, qui à ratfon de mille livres lun-dans l’autre, font quatre- vingt millions de perdusfur la perception des droits impoiés par Le roï. Confderat. fur les finances. (DT) Taxe DES JUIFS , (Cririque facrée. ) Voyez Tri- BUT ;, & PuBricaix. ( D.J.) TAXE DECONTRIBUTION, (Art milir.) où fim- plement contributions ; droits, taxe, que le général fait payer aux placés & pays de la frontiere, pour le racheter des infultes & du pillage. Le prince aui fait la guerre ne fe contente pas de prendre de l’ar- gent fur fes fujets , ilprend encore des mefures avec fon général, pour trouver les moyens d'augmenter G4ù AR ou d’épargner fes fonds. Ces moyens font Les consri- butions. I y en a de deux fortes, celles qui fe tirent en fubfftances oucommodités, & celles qui fe tirent en argent. Celles qui fe tirent en commodités oufubfiftances, fontiles srains , les fourrages, les viandes , les voi- tures tant par eau que par terre , les bois de toute efpece, Les pionniers, le traitement particulier des troupes dans les quartiers d'hiver, &c leurs logemens. On ne fait aucune levée, qu'on n'ait fait un état jufte du pays qu'on veut mettre en contribution , afin de rendre l’impofition la plus équitable, & la moins onéreufe qu'il fe peut. On ne demande point, par exemple, des bois aux lieux qui n’ont que des grains ou des prairies , & des chariots aux pays qui font leurs voitures par eau. La levée des blés fe fait fur les pays qui ont paifiblement fait leur récol- te, & comme par forme de reconnoïffance pour la tranquillité dont ils ont joui parle bon ordre & la difciplhine de lParmée. Celle de Pavoine & autres. grains pour les chevaux a le prétexte du bonordre, par lequel un pays eft infiniment moins chargé, que s’il étoit abandonné à l’avidité des cavaliers, quiin- différemment enleveroïent les grains où ils les trou- veroient, fans ordre & fans regle. Celle des fourrages fe fait de même, mais on prend un tems commode pour les voitures, & on la fait dans les lieux, où on a réfolu de les faire confumer par les troupes. Celles des viandes fe fait, sil eftpoftble, fur les pays con ne peut faire hiverner les troupes, afn qu’elles ne portent pas la difette dans celui où feront les quartiers d’hiver. Les voitures foit par terre, foit par eau, exigent pour remplir les magafns, faits fur les dertieres des armées de munition de guerre &t de bouche , pour la conduite de la grande armée , 8 des munitions devant une placeaffégée , ou pour le tranfport des malades & des bleflés, ou pour le tranfport des matériaux deftinés à des travaux. On fait les impoñtions, de bois, ou pour des paliflades, ou pour la conftruétion des cafernes &r écuries, ou pour le chauffage des troupes pendant l'hiver. On affemble des pionniers pour fortifier des poftes defti- nés à hiverner les troupes, pour faire promptement des lignes de circonvallation autour d'une place affié- gée ; pour la réparation des chemins & ouverture des défilés, pour la conftruéhion des lignes, qu’on a faites à deflein de couvrir les lignes, &t de l’exemp- ter des contributions, & pour combler les travaux faits devantune place qu’on aura prife. L'uftencile pour les troupes prife fur le pays enne- mi, fe tire de deux manieres. Les lieux où elles hi- vernent , ne la doivent fournir que pour les commo- dités que Le foldat trouve dans la maïfon de fon hôte, uppofé qu’il n’y ait ni ne puifle avoir de cafernes dans ce heu ; s1lyena, la contribution en argent eftcompenfée avec ces commodités, & doit être moindre que celle qui fe leve fur Le plat pays, ou dans les villes où il n’y a point de troupes logées. La contribution en argent s'étend plus loin qu'il eft poffible. On l’établit de deux manieres: volontaire- ment fur le pays à portée des places, & des lieux deftinés pour les quartiers d'hiver: par force, foit par l’armée même pendant qu’elle eft avancée, foit par les gros partis qui en font détachés pour péné- trer dans Le pays qu’on veut foumettre à la contribu- tion. Elie s’établitauffi derriere les places ennemies, & les rivieres par la terreur ; foit par des incen- diaires déeuifés, qui femént des billets ; foit par les différentes manieres dont on peut faire pañler les rivieres à de petits partis, qui s’attachent à enlever quelques perfonnes confidérables du pays, ou au- trement. Enfin on tient des états de toutes les comrributions quife levent, & le prince doit avoir une attention bien grande fur les gens qu'il en charge, parce qui n’eft que trop ordinaire qu'ils en abufent pour leur profit particulier ; & lorfque les corsriburions ne {ont pas judicieufement établies & demandées , Fintérêt particuher de ceux qui les impofent ou perçoivent, prévaut toujours fur lintérêt du prince. (2.J.) TAXE DES TERRES , ( Hif. d'Angleterre.) I n’y a point en Angleterre de taille n1 de capitation ar- bitraire , mais une axe réelle fur les terres ; elles ont êté évaluées fous le roi Guillaume II. La saxe fubfifte toujours la même, quoïque les revenus des terres aient augmenté ; ainfi perfonne n’eft foulé, & perfonne ne fe plaint; le payfan n’a point les piés meuftris par les fabots, il mange du pain blanc, il eftbien vêtu , il ne craint point d’aug- menter le nombre de fes beftiaux , ni de couvrir fon toit de tuiles, de peur que l’on ne haufle fes ims pôts l’année fuivante. Il y a dans la grande-Bretagne beaucoup de payfans qui ontenviron cinq ou fix cent livres fterling de revenu , & quine dédaignent pas de continuer à cultiver la terre qui les a enrichis, & dans laquelle 1ls vivent libres. Æif, Univerf. r. IF. CHE) un | | TAXER, v.a&. (Gram,) c’eft fixer un prix à une chofe. Voyez les articles TAXE. TAXGÆTIUM , ( Géog. anc.) ville de la Rhé- tie, felon Ptolomée, Z. IT. c. xiy. On croit que c’eft peut-être T'uffenberg. ( D. J.) TAXIANA, ( Géog. anc. ) ile du golfe perfique, fur la côte de la Sufiane, à l'occident de l'ile Tabiana, felon Ptolomcée , Z FT. ci, (D. J.) TAXIARQUE > f. m, (Anriq. d'Athènes.) Tabiap= os commandant d'infanterie d’une tribu d'Athènes. (CLAIR TAXILA, ( Géog. anc. ) ville de l’Inde, en-decçà du Gange. Strabon, Ptolomée , & Etienne le Géo- graphe, parlent de cette ville. Ses peuples font nom- més Taxili dans Strabon , & Taxilæ dans Pline. TAXIS, dans l’ancienne architeéture , étoit ce qu’- on appelle ordonrance dans la nouvelle ; & Vitruve dit que c’eft ce qui donne les juftes dimenfions à cha- que partie d’un bâtiment , eù égard aux ufages aux- quelsil eft deftiné. Foyez ORDONNANCE ,,PRoPoR- TION , & SYMMÉTRIE. , TAXIS , terme de Chirurgie | qui fignifie la réduc- tion de quelque partie du corps dans fa place natu- relle. Telle eft dans les hernies la réduétion de lin- teflin you de l’épipioon , qu’on fait rentrer dans la capacité du bas-ventre ,. en les maniant artiftement avec les doigts. Woyez REDUCTION , INTESTIN , 6’ EPIPLOON. C’eft auf par le raxis que fe fait la réduétion des os déplacés dansles luxations & les fraétures, Ce mot eft grec raêie , sec, ordinalis ; arrange= ment. (F) TAXOCOQUAMOCHITL, ( Boran. ) nom amé- ricain d’une plante du Méxique , qui eft une efpece de phaféole ; la gouffe de cette plante a été décrite & repréfentée dans Bauhin, s. L. c. xy. elle a cinq pouces de longueur, demi-pouce de largeur, &c finit en pointe ; elle eft partagée en vingt ou vingt-quatre loges diftinétes, compofées par autant de fines mem- branes qui les féparent, pour loger à part autant de graines qu'il y a de cloïfons; ces graines {ont d’un . bai-brun , & approchant en figure de celles du ge- nêt. (D.J.) TAY ,1e , (Géag. mod. ) en latin Tayus, Taas, riviere d'Ecofle, Elle a fa fource dans la province de Broad-Albain , au mont Grantsbain,, &tfe jette dans la mer du Nord ; parune embouchure de deux milles delarge, à fept milles au-deffous de Dondée, & à fix de fzint André &c d’Aberden. C’eft après le Fith., la plus grande riviere d'Ecofle, & elle divife ceroyau- he en deux parties, là feptentrionale & la méridio- | nale. Cette riviere eft navigable dans le cours de “vingt milles; elle baigne Dunkeld, Perth, Aber- neth, Dondée, & Storton ; fes bords font en quel- ques endroits fort efcarpés. (D.J.) TAYAMOM , f. m. ( Æiff. mod. Superft.) c’eft ainfi que les mahométans nomment une efpece de purification ordonnée par l’alcoran ; elle confifte à fe frotter avec de la pouffiere , du fable, ou du gravier , lorfqu’on ne trouve point d’eau pour faire les ablutions ordinaires ; cette forte de purification à lieu pour les voyageurs , ou pour les armées qui paf- fent par les défertsarides , 8€ où lon ne trouve point d’eau ; pour lors elle tient lieu de la purification con- nue fous le nom de wodu ; où d’abdéfi, TAY-BOU-TO-NI, f. m. ( Æiff. mod.) c’eft le nom que les habitans du Tonquin donnent à des Jon- gleurs, ou prétendus magiciens , qui , au moyen de quelques charmes , perfuadent au peuple qu'ils peu- vent guérir toutes fortes de maladies ; leur maniere de procéder à la guérifon d’un malade , eft dedanfer autour de lui , en faifant un bruit horrible, foit avec unetrompette , foit avec une efpece de tambour, foit avec une clochette, 6. & en prosnel des pa- roles myftérieufes pour conjurer les démons, au- près defquels ils prétendent avoir beaucoup de crédit, TAYDELIS , {. m. ( Hiff. mod.) c’eft infi que l’on nomme au royaume de Tonquin des efpeces de devins, qui n’ont d'autre fonétion que de chercher & d'indiquer les endroits les plus avantageux pour enterrer les morts ; ces endroits ; fuivant les Chinois & les Tonquinois , ne fontrien moins qu’indifférens, & l’onapporte le plusgrand {crupule dansleur choix. Les #aydelis examinent pour cet effet, la pofition des lieux, les vents qui y regnent, le cours des ruiffeaux, G:c. & jamais un tonquinois n’enterreroit fes parens fans avoir confulté ces prétendus devins fur la fépul- ture qu'il doit leur donner. Le devin, fuivant l’ufage, ne lui donne point fes confeils gratuitement. TAYGETAÀ , (Géog. anc;) montagne du Pélopon: nèfe , dans l’Arcadie ; mais elle étoit d’une telle éten- due, qu’elle coufoit dans toute la Laconie, jufqu’au voifinage de la mer, près du promontoire Tanarum. Cette montagne eft haute & droite, fi ce n’eft dans l’Arcadie, où s’approchant des montagnes de cette contrée, elle forme avec elles un coude aux confins de la Meflénie & de la Laconie. La ville de Sparte étoit bâtie au pié de cette mon: tagne, qui étoit confacrée à Caftor & Pollux: Serz vius dit pourtant qu’elle a été confacrée à Bacchus. Comme 1l y avoit quantité de bêtes fauves dans cette montagne, la chafle y étoit abondante, & les filles de Sparte s’y exerçoient ; ce qui a fait dire à Properce, 24. III. éleg. i4. Et modo Taygeti crines ad/perfa pruiné, Sectatur patrios per Juga longa canes. Virgile, au-lieu de dire Taygerus dit Taygeta , en fous-entendant le 7704 juga : ..... Virginibus bacchata lacænis Taygeta. Et Stace a dit : Nufquam umbræ veteres , minor othtis € ardua . fidunt; Taygeta, exalii viderunt aëra montes. _Le mont Taygere eft bien,connu ; 1l forme trois éhaines de montagnes , une à l’oueft vers Calamata &t Cardamylé, une autre au nord vers Néocaftro en Arcadie, & une autre au nord-eft du côté de Mifitra. Ces diverfes branches ont aujourd’hui des noms dif- férens : celle qu va de la Marine vers Mififtra s’ap- pelle Vouni-tis- Portais ; &t auprès de Mifitra elle prend le nom de Vouni-tis-Mifitras, La terre eft TICH 946 creufe de ce côté-là, & on y trouve une infinité de cavernes. Anciennement un coupeau du Taygerus emporté par un effroyable tremblement de terre, fit pénir vingt mille habitans de Lacédémone , & ruina la ville toute entiere, ce qui arriva la quatrieme.an- née de la foixante-dix-feptieme olympiade, c’eftà- dire 469 ans avant Jefus-Chrift. Thucydide, Dio- dore, Paufanias, Plutarque, Ciceron, Pline, Elien, en un mot toute l’hiftoire a parlé de cet événement. TAYN, (Géogr. mod.) petite ville de l'Ecoffe fep- tentrionale, dans la province de Rofs, für la rive du golfe de Dornock. La riviere à laquelle elle donne fon nom, baigne cette ville & celle de Dornock. Cette riviere eft formée de trois autres qui font aflez conf: dérables, favoir le Synn , POkel, &PAvon-charron; qui coulent dans Le comté de Sutherland ; le Tayz fe Jette enfuite dans la mer par une fort large embouchui te, apoellée le golfe de Dornock; (D.TI.) TAYOLLES, f. f. ph ( Langue françoife.) efpeces de ceintures de fil ou de laine. TAYOM, fm. (Æiff. nat.) plante qui croît en Amérique , dans la Guiane, & dont on ne nous ap- prend rien, finon que fes feuilles fe mangent come celles des épinars. M. Barrére lappelle arum maxi- mu Œgyptiacun,quod vulgd colocafra. TAYOO,( Vénsrie. ) c’eit le terme du chaffeur quand il voit la bête, favoir le cerf, le dain & le che: vreuil. _ TAYOVAN ox TAY VAN, ( Géog. mod.) petite ile de la Chine, fur la côte occidentale de l'ile For- mofe : ce n’eft proprement qu’un banc de fable aride de près d’une lieue de longueur, & d'un mille de large ; mais ce banc eft fameux dans les relations des Voyageurs, parce que les Hollandois s’en rendirent maitres & y bâtirent une fortereffe qu'ils nommerent le fort de Zélande, Les Chinois s’en empareïent en 1662, & y tiennent une garnifon. Le havre de Tayo- van efttrès-commode, parce qu'on y peut aborder en toutes faifons. Lat. 22.23. (D.J.) TAZARD , f. m.( Zchthiolog.) poiffon fort com: mun fur les côtes de Amérique, & dans les îles fituées fous la zone torride ; on en trouve aflez fou vent qui portent quatre à cinq piés de longueur, & même plus. La figure du saÿyard approche de celle du brochet ; il a la tête pointue, la gueule profonde & bién garnie de dents aiguës 8&c très -fortes, Cé poiflon eft vigoureux, hardi & vorace, engloutif- fant tout-ce aul rencontre avec une extrème aviz dité ; 1l a peu d’arèêtes; fa chair eft blanche , ferme, nourriflänte ; d’un très-bon goût, & peut s’accom- moder à différentes fauces.. | | TAZI, (if mod. Culr.) c'eftle nom que les Méxiquains donnoient à la déeffe de laterre : on dit que ce mot fignifioit l’ayeule commune. | TAZUS,(Géog. anc.) nom, 1°. d’une ville de là Cherfonnèfe taurique, felon Ptolomée, 4 LIL, c, vy: 2°. D'une ville de la Sarmatie afiatique, fur la côte feptentrionale du Pont-Euxin, felon le même Ptolo: mée ; LP cri. (2. Ur) T C TCHA-HOA , ( if. nat. Boiañ.exot.) genre de plante d’un grand ornement dans les jardins de la Chi: ne, 1l y en a quatre efpeces, dit le P, Duhalde, qui portent toutes des fleurs, & qui ont du rapport à no- tre laurier d'Efpagne , par le bois & par le feuillage ; {on tronc eft gros comme la jambe ; fon fommet a la forme du laurier d'Efpagne , fon boïs eft d’un gris blanchâtre & liffé. Ses feuilles font rangées alterna- tivement, toujours vertes, de figure ovale,términées en pointe , crenelées en forme de fcie par les bords, épaifles & fermes, d’un verd obfcur par-deflus, com- me la feuille d'oranger , & jaunâtre en-deflous , atta- g50. TCH chées aux branches par des pédicules aflez gros. . De l’aïffelle des pédicules , il fort des boutons., de le groffeut, de la figure &c de la couleur d’une noi- fette ; ils font couverts d’ua petit poil blanc &c cou- «ché, comme fur le fatin. De ces boutons, il fe forme des fleurs-de la grandeur d’une piece de 24 fols; ces fleurs font doubles, rougeâtres comme de petites ro- fes, & foutenues d’un calice : elles font attachées à a branche immédiatement , & fans pédicules. Les atbres de la feconde efpece font fort hauts; la feuille en eft arrondie, & fes fleurs qui font grandes 8 rouges, mêlées avec les feuilles vertes, font un fort bel effet. Les deux autres efpeces en portent aufli, mais plus | petites &c blanchâtres ; le milieu de cette fleur eft rempli de quantité de petits filets , qui portent cha- cun un fommet jaune & plat, à -peu-près comme dans les rofes fimples, avec un petit pifhil rond au milieu, foutenant une petite boule verte, laquelle en eroffiflant, forme le péricarpe qui renferme la grai- ne. (D...) TCHAOUCA , f. m. serme de relation, cavalier turc, de la maïfon du grand-feigneur ; les schaouch ont le pas devant les fpahis ; ils portent des piftolets aux arçons de leurs felles, & des turbans d’une figu- re plate & ronde. Duloir. (D. J.) TCHELMINAL, voyez CHELMINAR, TCHENEDGIR , {. m. £erme de relation , officier de la table du grand-feigneur ; ils font au nombre de cinquante pour Le fervir , & leur chef fe nomme Tche- nedgir-Bachi. Duloir. (D. J.) TCHIAOUSCH-BACEHI , f. m. serme de relarion , commandant ou chef des chiaouxs il garde avec le capidgi-bachi la porte du divan, quand 1l eft affem- blé, & ces deux officiers menent au grand-feigneur lesambafladeurs , quand 1l leur donne audience, Dz- doir. (D. J.) TCHIGITAI, (Hifi. na.) grand animal quadru- péde , femblable à un cheval bai, clair, avec cette différence , qu'il a une queue de vache &c de très-lon- gues oreilles. Cet animal fe trouve daus le pays des Tartares monguls , & en Sibérie où l’on en rencon- tre quelquefois des troupeaux entiers ; 1l court ex- trèmement vite. M. Meflerfchmid qui en avoit vü, a appellé cet animal un wwlet ; en effet, il reflemble beaucoup à un mulet, mais il a la faculté de fe pro- pager , ainfi il faudroit appeller ww/es qui provigne. Voyez le voyage de Sibérie, de M. Gmelin. TCHITCHECLIC, (Géog. mod.) ville du Mogo- liftan, long, felon M. Petit de la Croix , 117. 30. lar. $0. (D.J.) TCHOHAGAR, f. m. serme de relation , porte-man- teau du grand-feigneur ; c’eft le troifieme page de la cinquieme chambre appellé kas-oda , c’eft-à-dire chambre privée, qui a cet-emploi. Duloir, (D. J.) TCHORBA , terme derelation, c’eft une efpece de crème deris, que les Turcs avalent comme un bouil- lon ; il femble que ce foit la préparation du ris dont les anciens nourrifoient les malades. (2. J.) TCHORVADGI, f. m. terme de relation, capitaine de janiflaires ; Les shorvadgis portent dans les céré- moiges des tütbans pointus, du fommet défauels fore une haute & large aigrette, plus grande encore que ne {ont les panaches qu’on met en France fur la tête des mulets, Duloir. (D, J) | TCHUCHA , fm. ( Minéraleg. ) efpece de miné> ral; c’eft peut-être le cinnabre fi rare de Diofcoride. Le meilleur vient de la ville de Chienteou, dans la province de Houguans : on le trouve dans les miness il eft plein de mercure, On aflure même que d’une livre de schucha » On pourroit tirer un quart de livre de mercure ; mais le £chucha eft trop cher pour faire cet eflai: les groffes pieces font de grand prix ; lorf- qu'on le garde, il ne perd rien de {a vivacité & de {a couleur, Il a {on rang parmi les remedes internes: pour cela on Le réduit en une poudre fine ; & dans la lotion, on ne recueille que ce que l’eau agitée éle- ve &c loutient, C’eft alors un cordial chinois pour rés tablir les efprits épuifés ; mais je crois qu'il ne pro» duit guere cet effet. (D. J, art TCHUKOTSKOI , (Hifi. mod.) peuple de l’Afie orientale , qui habite lès confins de la Sibérie , fur les bords de POcéan oriental ; ils font au nord de Ko- rekis, 8e de la peninfule de Kamtchatka qui eft fou- mile à empire de Ruffe; ils font féparés du pays des Korekis, par la riviere Anadir, & vivent dans l'indépendance, Ces peuples habitent dans*des caba- nes fous terre, à caufe de la rigueur du froid qui re- gne dans ce climat; ils{e nourriffent de poiffon qu’ils pêchent dans la mer, ou de la chair des rennes , dont ils ont de grands troupeaux, & qu'ils emploient aux mêmes ufages que l’on fait ailleurs des chevaux ; ils fe font tirer par ces animaux attelés à des traîneaux, 8 voyagent de cette maniere. Ces peuples, ainfñ que ceux de leur voifinage, n’ont ni idée de Dieu, ni culte, ni tems marqué pour faire des facrifices ; cependant de tems à autre, ils tuent une renne ou un chien, dont ils fixent la tête & la langue au haut d’un pieu ; ils ne favent point eux-mêmes à qui ils font ces facrifices , & ils n’ont d’autre formule que de dire; c’eff pour toi, puiffe-tu nous envoyer quelque chofe de bon. Les Tchukotskoi n’ont point une morale plus éclai- rée que leur religion, Le vol eft chez eux une chofe eftimable, pourvû que l’on ne foit point découvert, Une fille ne peut êtremariée à moins qu’elle n’ait fait preuve de fon favoir faire en ce genre. Le meurtre n’eft pas non plus regardé comme un grand crime, à moins que ce ne foit dans fa propre tribu, alors ce font les parens du mort qui fe vengent fur le meur- trier. La polygamie eit en ufage parmi eux ; ils font part de leurs femmes &c de leurs filles à leurs amis, & regardent comme un affront, lorfqw’on refnfe leur politefle. Les Tchukorsko: font de dangereux voifins pour les Korekis & pour les fujets de la Rufie, chez ui ils font de fréquentes incurfions. TCHUPRIKI, (Æ1ff. mod. économie.) c’eft le nom que les habitans de Kamtschatka donnent à du poif fon, moitié cuit & moitié fumé, dont ils fe nourrit. fent, & qu'ils font auffi fécher pour le manger com- me du pain. Onaflure que le porffon préparé de cette maniere eft aflez bon. FIN DU QUINZIEME VoivME RS AC ME A dr mi nas ELA Dei ne ass À 1 UMA Rabat dns En | Pas pes Mt nn PEUMEQNI Ce Le M ne ic hs RTS { ce à il à € ! NIAN INSTITUTION LIBRARIES WLUSS 3 9088 00761 7558